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STRATÉGIE INDUSTRIELLE

SEMESTRE : PRINTEMPS-ETÉ
ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2022/2023
FILIÈRE : ECONOMIE / GESTION
NIVEAU : S6
PR. SALHI SALAH EDDINE
BIBLIOGRAPHIES RECOMMANDÉES
[1] JACQUEMIN A., Sélection et pouvoir dans la nouvelle économie industrielle, Economica, 1985.

[2] ARENA R. et al., Traité d’économie industrielle, Economica, 1991.

[3] MORVAN Y., Fondements d’économie industrielle, Economica, 1991.

[4] GLAIS M., Economie industrielle, Les stratégies concurrentielles des firmes, iitec, 1992.

[5] TIROLE J., Théorie d’organisation industrielle, Economica, 1993.

[6] Carlton D. W. et Perloff J. M., Economie Industrielle, De Boeck Université, 1998.

[7] CHEVALIER J.-M., L’économie industrielle des stratégies d’entreprises, Montchrestien, 2000.

[8] LEVET J.-L., L’économie industrielle en évolution, Economica, 2004.

[9] HANANE L., Firme et marché, Ed. Dar Essalam, 2004.

[10] ARENA R. et al., Traité d’économie industrielle, Economica, 1991.

[11] BAUDRY B., CHASSAGNON Y., Les théories économiques de la firme, La Découverte, 2014.

[12] CHEVALIER J.-M., L’économie industrielle des stratégies d’entreprises, Montchrestien, 2000.
BIBLIOGRAPHIES RECOMMANDÉES
[13] CORIAT B., WEINSTEIN O., « Les théories de la firme : entre contrat et compétences, une revue critique des développements récents »,
Revue d’Economie industrielle, n° 129-130, I, 2010.

[14] COUTINET N., SAGO-DUAREUX D., Economie des fusions-acquisitions, La Découverte, 2003.

[15] DOSI G., TEECE D., WINTER S. G, “ Les frontières de la firme”, Revue d’Economie Industrielle, 1er trimestre, 1990.

[16] GLAIS J.-J., Economie industrielle, les stratégies concurrentielles des firmes, Litec, 1992.

[17] HANANE L., Firme et marché, Dar Essalam, 2004.

[18] JACQUEMIN A., Sélection et pouvoir en économie industrielle, Economica-Cabay, 1985.

[19] MORVAN Y., Fondements d’économie industrielle, Economica, 1991.

[20] LEVET J.-L., L’économie industrielle en évolution, Economica, 2004.

[21] TIROLE J., Théorie d’organisation industrielle, Economica, 1993.

[22] WILLIAMSON O., Les institutions de l’économie, IinterEdition, 1994

[23] Védie, H.-L. (2012). manuel d'économie industrielle. Paris: Dunod.


PLAN
Chapitre 1 : Economie Chapitre 2 : Les
industrielle et structure de stratégies industrielles
marché

Chapitre 3 : La théorie
des jeux
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
1. Définitions et concepts de base
1.1. L’économie industrielle (EI)

L’économie industrielle est la branche des sciences économiques qui s’intéresse à l’étude de la
structure des marchés et son impact sur le comportement des entreprises avec une focalisation sur
les situations de concurrence imparfaite.

L’économie industrielle possède une position méso économique, inscrivant sa problématique à mi-
chemin entre les perspectives microéconomique et macroéconomique.

L’économie industrielle (E.I) a pour objectif d’étudier les relations d’interdépendance entre les
composantes du système productif. Elle a pour objectif l'étude de la structure des entreprises, des
marchés et de leurs interactions.

L’E.I considère comment les entreprises sont organisées et comment elles sont en concurrence dans
le monde réel.
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Structure de marché : parmi les principaux déterminants de la structure d’un marché, il y a l’état de
l’offre et la demande qui est reflété par le nombre et le poids des acteurs présents de chaque côté.
Comportement : les stratégies adoptées par les entreprises en tenant compte de la structure du
marché et en fixant pour objectif ultime la performance avec ses deux dimensions : commerciale
(chiffre d’affaire) et financière (profit).

La concurrence imparfaite : le marché est dominé par un ou plusieurs acteurs.

• Autres concepts de base :


Organisation : toute réunissant des membres qui agissent de manière coordonnée pour la réalisation
d’un objectif commun.
Entreprise : toute organisation dont les membres se fixent pour objectif la réalisation d’un profit à
travers la production et la vente des biens et services.
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Firme : le concept couvre la dimension productive déjà incluse dans le terme « entreprise » et lui
ajoute la dimension managériale relative au partage du pouvoir entre les différentes parties prenantes
(actionnaires, managers, employés et ouvriers).
Marché : il est composé de trois principaux éléments à savoir, une offre, une demande et des prix qui
se forment selon des mécanismes qui différent d’une structure à l’autre. La rencontre entre l’offre et
la demande peut se faire physiquement ou virtuellement.
1.2. L’économie industrielle et la microéconomie : l’économie industrielle comme un objet de la
microéconomie

L’économie industrielle est une discipline indépendante de la microéconomie.


La microéconomie est connue sous le modèle walrassien (structure du marché CPP).
- Pure : aucun acteur ne peut influencer le prix sur le marché d’une façon directe et unilatérale.
- Parfaite : les acteurs disposent d’une information totale, fiable et gratuite.
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En microéconomie, les producteurs et les consommateurs sont analysés alors que l’E.I prend un
aspect plus réaliste à ces composantes.
-L'objet de l'économie industrielle
L'économie industrielle a pour objet l'étude de « l'organisation et du fonctionnement des entreprises
et des marchés dans le monde réel » (Médan et al, 2000). L'organisation industrielle tire l'essentiel de
ses outils de la microéconomie et de la théorie des jeux.
-Le but d'une entreprise industrielle
Une entreprise industrielle est une organisation dont le but est de produire certains biens ou services.
Pour produire ces biens, elle combine des facteurs de production, tels que la force de travail, le
capital matériel (locaux, machines, etc.). Ainsi, elle a une fonction économique dont la principale
mission est d'assurer la mise à disposition du marché, en temps voulu, des produits que l'entreprise a
décidé de développer, vendre et commercialiser.
➔ La production industrielle est une production lourde et importante qui touche certains secteurs
compétitifs, notamment l’automobile, l’aéronautique, l’agro-alimentaire, le textile-cuir, électronique,
l'extraction des matières premières,...etc.
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1.3. La genèse de l’économie industrielle

Au début du 20ème siècle, le point de départ de l’économie industrielle est l’étude des marchés
de concurrence pure et parfaire (CPP) au sens de la microéconomie traditionnelle et l’analyse
des hypothèses de base de ce modèle.
Il y a lieu de rappeler que l’économie industrielle s’est construite en remettant en cause les
hypothèses classiques du modèle de la concurrence pure et parfaite (CPP).
En effet, nous pouvons affirmer sans conteste que l’économie industrielle se focalise plutôt sur
l’étude des comportements des entreprises sur des marchés où la concurrence est imparfaite, ce
qui rend de tels marchés défaillants puisque l’équilibre concurrentiel à long terme n’y est pas
assuré.
L’histoire de l’émergence de l’économie industrielle peut être relatée à travers une périodisation
entre les premières réflexions avant la genèse de la discipline d’un côté, et la genèse à
proprement parler de l’économie industrielle de l’autre côté.
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C’est grâce à l’économiste A. Marshall que les jalons de l’économie industrielle ont vu le jour,
notamment à travers ces deux ouvrages « Economics of Industry (1879) et « Principles of economics
».
Le développement de cette discipline est dû à plusieurs facteurs. Le capitalisme naissant était au
départ « un capitalisme sauvage » caractérisé par l’apparition sur les marchés de vastes empires
industriels qui tendent à la concentration et où seuls les meilleurs survivent. Les règles de
fonctionnement du marché n’étant pas établis, le modèle de la concurrence pure et parfaite (CPP)
s’avère irréalisable.
Afin d’éviter que l’économie ne soit soumise à des tendances monopolistiques, il a été indispensable
de poser des règles de jeux pour la concurrence. C’est dans cet esprit-là qu’est votée en 1890 la
première loi Antitrust de l’histoire « Sherman Act (cette loi prohibe le monopole et la tentative de
monopolisation, collusion) qui a été complété par la suite par d’autres textes juridiques.
La loi anti trust en 1890 appelée la « Sherman Act » ; Ce fut le premier texte qui institua une
interdiction formelle du monopole et prévit des sanctions contre les tentatives de monopolisation.
Cette loi interdit également toute forme de collusion et prévit des pénalités en cas de non-respect des
obligations légales.
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Cependant, les lois de jurisprudence ne donnaient pas un sens économiques aux
concepts juridiques inscrits dans les textes, il fallait par exemple définir les termes de
monopole, tentative de monopolisation, concurrence,… etc.
Ainsi, plusieurs affaires et litiges relevant de la concurrence entres des entreprises ont
été présentée devant le pouvoir judiciaire et attendaient la décision du législateur qui
était limité à cause de la non intégration des concepts économiques.
Il fallait donc définir le marché pertinent (segment du marché sur lequel on va
analyser s’il y a oui ou non une diminution de la concurrence), le monopole, les
ententes, la collusion tacite ou explicite, les opérations de fusion horizontales,
verticales et conglomérales, les pratiques de discrimination,…. etc.
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La remise en cause du CPP
Pour l’économie industrielle, les hypothèses avancées dans le cadre du modèle CPP sont plus
théoriques et souvent difficiles à réaliser.
Les biens ne sont pas homogènes avec la différenciation croissante des produits ;
L’atomicité du côté de l’offre n’est plus vérifiée avec le phénomène de concentration ;
L’entrée au marché peut être contrainte avec le développement des barrières à l’entrée ;
La question de transparence est remise en cause dans le cas où l’information n’est pas
parfaitement disponible.
Conclusion
Les principales hypothèses de la CPP remises en cause par l’économie industrielle
Fin du marché de la concurrence pure et parfaite
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1.4. Les principales écoles de la pensée mésoéconomique

L’élimination d’une ou de plusieurs hypothèses de la concurrence pure et parfaite conduit


directement à une situation imparfaite dont les formes les plus connues sont le monopole, la
concurrence monopolistique et l’oligopole.
Cette nouvelle réalité a débouché sur la naissance de l’économie industrielle en tant que
prolongement de la microéconomie.
A partir des années 1930, des études ont été menées aux Etats-Unis pour analyser les situations
de concurrence imparfaite dans certains secteurs dominés par les grands groupes industriels.
Deux principales écoles de l’EI tracent l’évolution de l’économie industrielle :
❖ L’école de Harvard
❖ L’école de Chicago
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❖ L’école de Harvard
Les premiers développements de l’économie industrielle sont démontrés par l’école de Harvard.
L’école de Harvard (Edward Mason (1940), Joe Bain (1956), Chamberlin) se développe pour essayer
de fournir des lignes directrices à la politique de la concurrence.
L’école de Harvard est basée sur des études empiriques (économétriques et statistiques,….) :
𝑃𝑎𝑠 𝑑𝑒 𝑓𝑜𝑛𝑑𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑡ℎé𝑜𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠

𝑅𝑒𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑎𝑢 𝑠𝑒𝑛𝑠 𝑢𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒
Le principe de cette école repose le paradigme SCP : Structure ➔ Comportement ➔ Performance
Structure de marché : Nombre de vendeurs et acheteurs, degré de différenciation des produits,
structure des coûts et degré d’intégration.
Comportement : il s’agit de la stratégie des entreprises (prix, quantité, publicité, investissement,
R/D)
Performance : Profit, innovation, efficacité.
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Le paradigme SCP signifie que la structure de marché influence le comportement des entreprises,
ce qui détermine la performance du marché.

Puisque l’école de Harvard a fourni des lignes directrices à la politique de la concurrence, donc il y a
une place pour l’intervention de l’Etat afin de limiter les comportements du monopole et de ne pas
réduire le bien-être de la société.
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Les limites du paradigme SCP :
Dès l’apparition de ce paradigme, plusieurs critiques ont été formulées à l’égard de ce
modèle :
• L’aspect linéaire de cette relation : il faut tenir compte des boucles de rétroaction,
c.à.d. le caractère interactif du paradigme.
• Problème de l’évaluation des performances des structures : la diversité des
indicateurs de performance pose problème pour évaluer l’efficacité d’une industrie.
On distingue entre l’efficacité statique et l’efficacité dynamique.
-L’efficacité statique est mesurée par le surplus social, c'est-à-dire l’efficacité de
l’allocation des ressources.
-L’efficacité dynamique est l’efficacité de la création de ressources.
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❖ L’école de Chicago (1970)
Le paradigme institué par l’école de Harvard a été remis en cause pour deux raisons à savoir,
l’absence d’un fondement théorique et le sens unique attribué à la relation entre structure,
comportement et performance.
La seconde vague dans les années 70 : le paradigme SCP est remis en cause : À défaut de
confirmation empirique concluante.
L’école de Chicago (Stigler, Posner, Bork, Peltzman) se développe en réaction : Approche
comportement ➔ Performance ➔ Structure.
L’école de Chicago a insisté sur la réciprocité de la relation entre les trois éléments du paradigme
(relation dans les deux sens). La stratégie adoptée par une entreprise peut aboutir à l’élimination de
ses concurrents et, par conséquent, le changement de la structure de marché (par exemple tendre vers
un monopole).
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Un comportement peut affecter la structure.
La performance peut affecter le comportement et la structure.
La relation entre structures et performances doit être inversée, ce sont les performances des
entreprises qui sont à l’origine des structures.
Les limites de l’école de Chicago :
L’école de Chicago se caractérise par un manque des outils nécessaires pour décrire les
interactions stratégiques ;
Le non recours à la théorie des jeux ;
La non prise en compte de l’asymétrie de l’information.
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❖ La nouvelle économie industrielle (Post-Chicago)
La nouvelle économie industrielle (NEI) dite également l’économie industrielle « post-
Chicago » s’affirme à partir des années 1980 comme une discipline s’inscrivant dans une
perspective du renouveau, à la fois théorique et méthodologique, de la problématique centrale
de l’économie industrielle.
En effet, sa démarche repose sur une étude empirique de modélisation en même temps qu’elle
fait usage de la théorie des jeux et de la théorie de l’information dans le but essentiel d’analyser
les conflits stratégiques pouvant naître entre les firmes (la théorie des jeux dynamiques non-
coopératifs).
Le renouveau méthodologique est également établi à l’aide de l’introduction des effets de
rétroaction entre les comportements et les structures puisque les structures sont considérées
comme une fonction des comportements et des performances, ce qui permet d’envisager des
influences mutuelles entre structures, comportements et performances.
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L’analyse des comportements des acteurs (stratégies) dans la dynamique temporelle avec prise en
considération des asymétries d’information a permis de réaliser des progrès considérables dans les
travaux de recherche de la NEI que l’on peut globalement scinder en deux approches
complémentaires :
- l’approche dite de la Business School se focalisant principalement sur l’analyse de la
construction des stratégies des firmes (prix, positionnement des produits, concentrations, prises
de participation, effets sur la concurrence, sur l’industrie, sur les consommateurs, etc.), et
- l’approche de la Régulation s’intéressant principalement à l’étude de la concurrence (Droit de
la concurrence, Régulation des monopoles publics ou privés et des secteurs organisés en
réseaux ouverts à la concurrence).
L’école Post-Chicago a mobilisé des méthodes quantitatives avancées, notamment la théorie
des jeux pour modéliser les interdépendances, les interactions et les conflits entre les
concurrents au sein d’un marché.
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Les travaux de Joseph Schumpeter sur la concurrence
Schumpeter (1883-1950) va renouveler la théorie de la croissance économique à travers ses deux
ouvrages « Une théorie de l’évolution économique » et « Capitalisme, socialisme et démocratie ».
Dans ses analyses, Schumpeter place au cœur de l’évolution économique l’entrepreneur innovateur.
C’est l’acteur central du changement grâce à son esprit novateur et à son rôle majeur dans la diffusion
du progrès car il crée de l’activité économique grâce à son innovation. Schumpeter distingue 5 types
d’innovation :
- Production de nouveaux biens ;
- L’utilisation de nouvelles méthodes de production ;
- L’émergence de nouveaux débouchés ;
- L’utilisation de nouvelles matières premières ;
- Des nouvelles formes d’organisation du travail.
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Ces innovations ont plusieurs effets puisqu’elles produisent des externalités positives. En
innovant, un entrepreneur crée de la compétence. Schumpeter a prouvé que les innovations sont
associées à des monopoles temporaires. Le principal instrument de création de ce monopole est
le brevet.
En général, pour Schumpeter, ces innovations arrivent par grappes. L’économie évolue grâce à
ses grappes d’innovations qui sont le moteur de l’évolution économique même si elles créent
un phénomène de destruction créatrice.
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1.5. Définitions des structures du marché

• Définition du marché
Le marché d’un bien ou d’un service donné est conditionné par l’existence d’une offre, d’une
demande et des prix qui se forment selon des mécanismes qui dépendent de la nature de sa structure.
Plusieurs définitions peuvent être données au marché selon la considération qu’on veut lui donner,
mais qui posent des problèmes quant à la limitation de ce marché.
-Le marché peut être défini comme « une chaîne de substituts. En partant d'un bien, on englobe ses
substituts, puis les substituts de ces substituts,… etc, jusqu‘à ce qu'il existe un écart assez important
entre les substituts ».
NB : On dira que deux biens sont substituables si quand le prix de l'un augmente, les quantités
demandées de l'autre bien augmente également.
-Le marché peut également être défini en fonction de la corrélation entre les prix, comme indicateur
de la compétition, et les quantités produites .
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• Les déterminants de la structure du marché
Le fonctionnement du marché dépend de plusieurs facteurs, parmi les principaux se trouve sa
structure.
La structure du marché représente les caractéristiques qui influent sur le choix et les stratégies des
entreprises en matière du profits attendu, le prix de vente, le volume de production…
La structure de marché fait référence au mode d’organisation des acteurs (offreurs et demandeurs) au
sein d’un marché. Les principaux déterminants de cette structure sont :
o Les barrières à l’entrée et à la sortie ;
o Le nombre d’offreurs et de demandeurs ;
o Le degré de concentration ;
o Le degré d’intégration ;
o Le degré de différenciation des produits.
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o Les barrières à l’entrée et à la sortie
Ce sont des restrictions réglementaires, techniques ou financières qui entravent l’accès des
entreprises à la branche ou les empêchent de la quitter.
Par exemple l’existence de brevets de fabrication ou de capital fixe important peuvent constituer des
barrières à l’entrée.
o Le nombre de vendeurs et d’acheteurs
Il représente le nombre d’acteurs du côté de l’offre et de la demande. Il peut s’agir d’un seul acteur,
quelques acteurs ou un grand nombre d’acteurs. Ce nombre détermine la nature de la concurrence au
sein d’un marché (concurrence parfaite ou imparfaite).
o Le degré de concentration
Le degré de concentration est un indicateur du pouvoir que peuvent avoir les entreprises sur le
marché. En effet, une concentration élevée signifie que le marché est dominé par quelques entreprises
qui concentrent une part très importante du chiffre d’affaire et du volume de production.
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o Le degré d’intégration
Le degré d’intégration reflète le mouvement d’intégration des activités par les entreprises au sein
d’un marché.
L’intégration verticale concerne l’internalisation de certaines activités en amont (production de
certains intrants) et/ou en aval (circuit de distribution). En effet, à travers les opérations de fusion,
une entreprise peut intégrer ses propres fournisseurs de pièces ou de matières premières, comme elle
peut intégrer les distributeurs de ses produits.
L’intégration horizontale se base également sur des opérations de fusion et permet à une entreprise
d’intégrer des concurrents qui offrent des produits similaires aux siens, ce qui renforce son poids sur
le marché.
o Le degré de différenciation des produits
Fait référence au degré de substituabilité des produits offerts par les entreprises concurrentes. L’offre
peut ainsi être homogène ou constituée de produits différenciés.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Plusieurs structures sont envisagées selon le nombre d’intervenants sur le marché,
comme est montré dans le tableau suivant :
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
2. Le marché de la concurrence pure et parfaite (CPP)
2.1. Définition de la concurrence pure et parfaite

Un marché concurrentiel est un marché qui regroupe de nombreux acheteurs et vendeurs qui
échangent des produits identiques de sorte que chaque acheteur et vendeur sont preneurs
de prix. Donc les actions de chaque acheteur ou vendeur n’exerce aucun impact sur le prix
du marché.
2.2. Les hypothèses de la concurrence pure et parfaite

Le marché de la CPP se caractérise par les hypothèses suivantes :


L’atomicité ;
La transparence ;
L’homogénéité ;
La mobilité.
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• L’atomicité des acteurs
Le marché de la CPP est caractérisé par la présence d’un grand nombre d’acheteurs et de
vendeurs. Dans ce cas, aucun agent n’a le poids/le pouvoir qui lui permet de fixer ou de
modifier le prix (par une action individuelle/isolée). Le prix est fixé par le marché: les agents
sont preneurs de prix (price takers). Autrement dit, le prix est déterminé par une action
collective ainsi qu’il est exogène qui s’impose à tous. L’hypothèse de l’atomicité suppose
l'absence totale de monopole.
• L’homogénéité du produit
Les produits offerts sur un marché de CPP sont supposés identiques par tous les acheteurs. Il
n’y a aucune caractéristique particulière. Le client est indifférent face aux produits des
différentes firmes. Aucune différence de qualité ou de présentation ne doit le différencier du
produit des autres entreprises. La publicité est totalement absence et n’aucune raison d’être Les
produits sur le marché sont considérés par les consommateurs comme des substituts parfaits.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
• La libre entrée / sortie sur le marché ; la fluidité
L’entrée ou la sortie d’un marché de CPP est possible (pour les deux agents) à tout moment
sans barrières ni coûts. Il n’existe aucune barrière, ni juridiques, ni technologique, ni financière
pour accéder ou quitter le marché. Cette condition est inspirée de libéralisme, et plus
précisément de la maxime de Vincent de Gournay : « Laissez faire, laissez passer » ;
Ces 3 premières conditions sont celles d’une concurrence pure. Une concurrence parfaite est
caractérisée par :
• La transparence : information parfaite
Un marché de CPP requiert que l’information soit parfaitement partagée entre l’ensemble des
intervenants sur le marché (caractéristiques du produits, les facteurs de productions utilisés, le
prix, la quantité offerte et demandée …). Un producteur ne peut vendre son produit à un prix
supérieur au prix du marché. La transparence totale du marché exclut qu’un agent puisse
tricher.
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• La mobilité des facteurs de production Capital et travail
Les facteurs de production peuvent se déplacer librement d’un marché à l’autre. Il existe une
mobilité complète de tous les facteurs de production, travail, capital ou autres. Cette mobilité
n’est aucunement entravée par des coûts de transfert d’un secteur à l’autre de l’économie. Les
firmes peuvent se déplacent des secteurs et des régions les moins rentables vers les secteurs et
les régions les plus rentables, sans coût de transfert notoire. La mobilité sectorielle et spatiale
des entreprises est mue par la logique du profit.
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2.3. L’équilibre du marché de la CPP

Le déterminant de l’équilibre du marché est la force constituée par l’offre globale et la demande
globale. Les agents (consommateurs ou producteurs) ne peuvent pas changer le prix.
La notion d’équilibre du marché implique la détermination du prix du marché, de la quantité
échangée et de la quantité individuelle de l’entreprise.
Le prix et la quantité d’équilibre sont déterminés par l’intersection entre l’offre et la demande
du marché.

L’offre = La demande
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Si le prix est trop élevé, l’excès d’offre devrait conduire à sa diminution et s’il est trop bas, la rareté
du bien sur le marché entraînera son accroissement.
- Pour le prix P1, la quantité offerte est supérieure à la quantité demandée. Ceci suppose un
rationnement de l’offre en ce que les firmes n’arrivent pas à écouler leurs produits sur le marché
comme elles l’auraient souhaité. On a ainsi : Dans ces conditions, pour écouler les invendus, les
firmes seraient appelées à revoir à la baisse le prix auquel elles souhaiteraient vendre le bien.

- En revanche, si le prix du marché est P2, la


quantité demandée est supérieure à celle offerte.
On parle ainsi d’un rationnement de la demande
en ce que les consommateurs achètent moins
que ce qu’ils auraient voulu.

La rareté qui va en résulté devrait déboucher sur


un ajustement à la hausse du prix auquel le bien
sera vendu sur le marché.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
En cas de déséquilibre entre offre et demande globales, les forces du marché arrivent à interagir
de sorte à restaurer l’équilibre, on conclut qu’elles sont efficaces. Autrement dit, les « forces
spontanées » tendent toujours de ramener le niveau du prix à la situation d’équilibre chaque
fois qu’il s’en écarte.
Nous distinguons trois types d’équilibres partiels concurrentiels correspondant à trois périodes
de temps :
o L’équilibre de très court terme : l’offre est fixe
o L’équilibre de court terme : l’offre varie grâce aux variations du facteur travail (facteur
capital est fixe à court terme)
o L’équilibre de long terme : tous les facteurs de production varient et les entreprises peuvent
entrer et sortir de la branche.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
2.3.1. L’équilibre de très court terme : l’offre est fixe
Durant la période du très court terme, les facteurs de production sont constants (ne
varient pas), la quantité d’offre du bien est alors fixe.
› Les facteurs de production (travail et capital) ne varient pas
A très court terme (TCT), la quantité offerte par les entreprises sur le marché d’un
bien X est donnée et est fixe. L’offre est fixe (constante).
› La quantité offerte par les entreprises et sur le marché est fixe
› A très court terme, l’offre est parfaitement inélastique (offre verticale)
➔ Seul le prix d’équilibre s’ajuste, suite à des variations de la demande
(déplacements de la courbe de la demande : Hausse ou baisse de la demande).
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ

Graphiquement, l’équilibre est le point d’intersection de la courbe de l’offre (qui est


représentée par une ligne verticale car O est fixe) et de la courbe de demande D1.
Algébriquement, la firme est à l’équilibre de (TCT) lorsqu’elle produit une quantité à un prix
qui égalise le Cm : (P* = Cm(qi*)).
P*: est le prix d'équilibre lorsque la courbe de demande est D1.
Q*: est la quantité échangée à l’équilibre.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ

D1: Courbe de demande de référence (initiale).


Etant donné que l’offre du bien X (quantité) est parfaitement inélastique (Q* sur le graphe), c’est le prix
d’équilibre du bien X (P* sur le graphe) qui s’ajuste suite à des déplacements de la courbe de demande de
ce même bien.
Le déplacement de la courbe de demande vers la droite (de D1 à D2) crée un nouveau prix d’équilibre
P**, mais la quantité Q* ne change pas.
Le déplacement de la courbe de demande vers la gauche (de D1 à D3 ) crée un nouveau prix d’équilibre
P***, **, mais la quantité Q* ne change pas.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
2.3.2. L’équilibre concurrentiel en courte période
Durant la période du court terme, seul le facteur travail est variable, la quantité d’offre est alors variable
grâce aux variations du facteur travail (Le facteur capital est invariable).
• Le nombre d’entreprise dans une branche est donné fixe : il n’y a pas d’entrée de nouvelles entreprises.
• La capacité de production de chacune des entreprises est fixe (à CT seul le facteur travail qui varie). La
production ne peut être accrue que dans la limite des capacités de production existantes.
De ce fait, la demande adressée à l’entreprise est parfaitement élastique. Il s’agit d’une courbe
horizontale.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Pour une entreprise concurrentielle :
• Elle peut vendre autant qu’elle voudra au prix de 6 par unité ;
• Elle diminue sa production pour tout prix au-dessus de 6. La demande est nulle ;
• La demande est infinie pour tout prix au-dessous de 6 mais une perte pour
l’entreprise.
Donc, le niveau de production de l’entreprise n’a pas d’impact sur le prix de marché
du bien. La firme ne choisit donc pas son prix de vente. Toutefois, elle va tenter de
maximiser ses profits en choisissant le niveau optimal de production.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
L’équilibre pour chaque entreprise correspond au niveau de la production qui maximise ses
profits ; c’est-à-dire, la production optimale. Elle maximise sont profit en maximisant sa
production.
Le profit est maximum à condition que la dérivée de la fonction du profit soit nulle : 𝜋 = 0.
𝜋 = 𝑅𝑇 − 𝐶𝑇

𝑑𝜋 𝑑 𝑅𝑇 𝑑 𝐶𝑇
= − =0
𝑑𝑄 𝑑 𝐶𝑇 𝑑𝑄

Donc, 𝑅𝑚 − 𝐶𝑚 = 0 ➔ 𝑅𝑚 = 𝐶𝑚

La maximisation du profit est réalisée lorsque : Cm = Rm

Ainsi, tant que le Cm implique une Rm supérieure, l’entreprise a intérêt à produire davantage
pour accroitre son profit.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
𝑅𝑇 = 𝑃 ∗ 𝑄

𝑑𝑅𝑇
𝑅𝑚 = =𝑃
𝑑𝑄

La règle de maximisation du profit est Rm= Cm

Donc : P= Cm

La firme doit donc choisir le niveau de production qui respecte P = Cm

Synthèse
1. La maximisation du profit est réalisée lorsque P= Cm ; signifie que les prix de ventes sont les coûts de
la production ;
2. L’offre des entreprises correspond au niveau de la production qui maximise leur profit : égalisation
entre coût marginal et prix du marché (p=Cm) ;
3. L’entreprise est en situation d’équilibre lorsque P= Cm.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
La détermination graphique de l’équilibre

Le choix de la production optimale qui maximise le profit à court terme est déterminé par le prix de marché (la droite de la
demande parfaitement élastique et horizontale P=Rm) et les courbes de Cm (la partie croissante de la courbe du coût
marginal (la fonction de l’offre)) et CMV à court terme.

Le graphique
suivant illustre
la situation de
l’équilibre
concurrentiel
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
A l’équilibre de court terme l’entreprise peut réaliser un profit positif, négatif ou bien nul.
• Profit positif
L’entreprise peut dégager un profit positif : Si elle vend sa production au prix p* supérieur au CM (q*).
P* > CM (q*) : π* > 0 (gain).
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
• Profit négatif
L’entreprise peut subir une perte : Si elle vend sa production au prix P* inférieur au CM(q*). P* < CM (q*)
π < 0 (perte).
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
• Profit nul
L’entreprise peut réaliser un profit nul : Si elle vend sa production au prix P* qui égalise le CM (q*). P* =
CM (q*) π = 0 (ni perte ni gain)
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Seuil de rentabilité et seuil de fermeture
Afin de réaliser un profit positif ou au moins nul (ne pas perdre), l’entreprise n’accepte d’offrir
sur le marché que si le prix fixé est supérieur ou égal au coût moyen de production : ce qu’elle
a dépensé en moyenne pour produire chaque unité (P ≥ CM(q)).
En revanche, l’entreprise réalise des pertes si elle offre son produit sur ce marché à un prix
inférieur au minimum de son coût moyen (P<CMmin). C’est-à-à-dire à un prix au-dessous du
MinCM.
❖ Seuil de rentabilité (SR)
Le seuil de rentabilité correspond au niveau d'activité minimum à partir duquel la firme devient
rentable (P=MinCM). C’est le moment à partir duquel les recettes obtenues couvrent
l'ensemble des coûts exposés par la firme. Au-delà de ce seuil, l'entreprise est réputée accéder à
la zone enviable du bénéfice (profit). Autrement dit, l’entreprise commence à générer des
profits.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
❖ Seuil de fermeture (SF)
Le seuil de fermeture correspond au prix le plus bas pour lequel il y a une quantité
offerte. Il est atteint pour un prix correspondant au minimum du CVM (P=MinCVM).
Donc ce cas, une entreprise peut accepter de produire temporairement à perte (à court
terme) en récupérant uniquement le coût variable moyen (accepter de perdre la totalité
ou une partie du coût fixe moyen).
Si P < CMV, l’entreprise doit fermer : Elle n’arrive même pas à couvrir ses coûts
variables. L’entreprise cesse la production immédiatement.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Figure : Seuil de rentabilité (SR) et Seuil de rentabilité et seuil de fermeture
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
2.3.3. L’équilibre à long terme en CPP
Dans le cadre de l’analyse de courte période en situation de concurrence, on a supposé que durant cette
période d’analyse le nombre de firmes en concurrence reste stable et que ces firmes ne puissent pas
modifier leur taille et leurs installations.
Sachant que le marché de la CPP se base sur l’hypothèse de mobilité des facteurs de production et sur
l’hypothèse de fluidité (libre entrée et sortie), l’analyse à long terme tient compte du fait que les entreprises
qui se trouvent sur le marché peuvent changer de taille et d’installations pour s’adapter aux conditions du
marché.
À long terme :
› Les facteurs de production (travail et capital) varient ;
› Des nouvelles entreprises peuvent entrer dans le marché ;
› Les entreprises existantes peuvent augmenter ou baisser leur capacité de production ;
› Les entreprises existantes peuvent rester ou quitter le marché ;
› À l’équilibre, l’entreprise produit une quantité au prix qui égalise le minimum du cout moyen.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
L’équilibre
A long terme, la perspective de réaliser des profits incite des entreprises à entrer sur le marché
ou la réalisation des pertes pousse certains offreurs à le quitter : le nombre d’entreprises
s’ajuste.
Les entreprises qui ont réalisé des profits (Il existe des profits économiques : P>MinCTM) à
court terme attirent l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché (pas de barrières à l’entrée +
information parfaite sur les technologies/facteurs utilisés, etc.). Ainsi, la transparence de
l’information sur la technologie de production incite les offreurs à choisir la technologie la plus
efficace. On peut alors considérer que toutes les firmes adoptent la même technologie à long
terme, donc elles sont identiques.
L'arrivée de nouvelles firmes va accroître la quantité globale offerte sur le marché. La demande
est inférieure à l’offre. Il en résultera un abaissement du prix d'équilibre, et par conséquent un
amenuisement du profit de chaque firme jusqu’à ce qu’il devient nul.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Tant que le profit de long terme est positif, il y a incitation à entrer dans la branche,
les nouvelles entrées déplacent la courbe d’offre de CT vers la droite et le prix
d’équilibre baisse ce qui entraine une baisse du profit des entreprises en place jusqu’à
où il s’annule. Cela s’explique par la loi d’épuisement du produit (π=0).
La loi d’épuisement du produit : les néoclassiques ont montré à travers la CPP que
chaque fois qu’il y a des surprofits supérieurs au profit normal, ils sont absorbés en
longue période par la concurrence pure et parfaite des nouvelles firmes qui
apparaissent sur le marché.
A long terme, les entreprises vont vendre à un prix qui est égal au cout moyen.
Donc, l’équilibre de long terme correspond au minimum du cout moyen.
P = MinCTM
De ce fait, l’équilibre de long terme va se rétablir au seuil de rentabilité.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Résumé :
Le marché concurrentiel finit par atteindre un état d’équilibre à LT quand :
– Les profits économiques sont nuls
– P = min du CM
– Les consommateurs paient le plus bas prix possible
– Le nombre des firmes s’ajustent sur le marché
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
3. Le surplus Social en CPP
A priori les intérêts des consommateurs et des producteurs sont divergents. En quoi le prix d’équilibre qui
s’établit sur le marché est-il optimal, du point de vue « social » ? Autrement dit, Est-ce que le prix
d’équilibre est capable de réaliser une économie du bien-être.
L’économie du bien-être mesure les bénéfices que les consommateurs et les producteurs tirent de leur
participation au marché et établit si le mécanisme de marché permet de maximiser ces bénéfices.
L'économie du bien-être cherche également à examiner si le mécanisme de marché est effectivement une
bonne manière d’allouer les ressources rares.
En revanche, le problème de l’affectation des ressources aux besoins d’une société (les individus) paraît
immense dans certains contextes.
De ce fait, l’économie du bien-être permet d’évaluer si l’allocation des ressources assurée par le marché est
parfaitement optimale en ce qui concerne l’affectation aux besoins des individus.
L’étude de surplus social (surplus du consommateur et celui du producteur) permet de répondre aux
questions ci-dessus.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
3.1. Le surplus du consommateur
Le surplus du consommateur est une évaluation monétaire de la satisfaction qu’il a retirée de sa satisfaction
sur un marché donné.
Le surplus du consommateur mesure le bénéfice que le consommateur tire de sa participation au marché. Il
est donné par sa volonté à payer moins ce qu’il paie effectivement pour acquérir le bien.
Suivant Pareto, ce surplus est un indicateur de bien-être en ce que l’argent qui n’a pas été dépensé peut être
utilisé pour financer l’achat d’autres biens.
La mesure du surplus du consommateur

La surface sous la courbe de demande et en


dessus du prix du marché mesure le surplus
des consommateurs, c.à.d. le bénéfice (ou
bien-être) qu’ils tirent de leur participation
au marché.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ

Le surplus des consommateurs peut être mesuré par


l’aire entre la courbe de demande et prix de marché.

Plus précisément, le surplus des consommateurs (SC)


est donné par le triangle « AEpe » et celui des
producteurs SP est donné par le triangle « EBpe ».

𝑯𝒂𝒖𝒕𝒆𝒖𝒓 ∗ 𝒃𝒂𝒔𝒆 (𝑷𝒎𝒂𝒙 − 𝑷𝑬 ) ∗ 𝒒𝑬


𝑺𝑪 = =
𝟐 𝟐
𝒒𝑬
𝑺𝑪 = න 𝑷(𝒒𝒅) 𝒅𝒒 − 𝑷𝑬 𝑸𝑬
𝟎

NB : Le SC augmente lorsque le prix diminue


CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
3.2. Le surplus du producteur
Le surplus du producteur mesure le bénéfice que le producteur retire de sa participation au marché.
La surface entre la courbe d’offre et le prix du marché mesure le surplus du producteur = montant reçu par
le producteurs – coût de production.
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
La mesure du surplus du producteur
Le surplus du producteur mesure l’avantage que le producteur retire d’une vente. Il est égal à la différence
entre le prix qu’il a reçu et le prix auquel il était prêt à le vendre (prix d’équilibre).

Le surplus des producteurs peut être mesuré par l’aire


entre la courbe d’offre inverse et le prix de marché.
Le surplus du producteurs est quant à lui, donné par
la différence entre le produit prix quantité d’équilibre
et l’intégrale aux bornes [0 – qE] de la fonction
d’offre inverse :
𝒒𝑬
𝑺𝑷 = 𝑷𝑬 𝑸𝑬 − න 𝑷(𝒒𝑶) 𝒅𝒒
𝟎
𝑯𝒂𝒖𝒕𝒆𝒖𝒓 ∗ 𝒃𝒂𝒔𝒆 (𝑷𝑬 − 𝑷𝑴𝒊𝒏 ) ∗ 𝒒𝑬
𝑺𝑪 = =
𝟐 𝟐

NB : Le SP augmente lorsque le prix augmente.


CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
3.3. Le surplus social (bien-être collectif) en CPP
Le surplus social mesure le bien-être social. L’économie du bien-être social fait le lien entre
l’allocation des ressources et le degré de satisfaction des individus. Autrement dit, le surplus
collectif ou total, mesure l’avantage que le l’économie retire d’un échange.
Le surplus social est égal à la somme du surplus consommateur et du producteur.
Le prix d’équilibre concurrentiel est le seul à pouvoir maximiser le surplus total (le bien-être
social). Autrement dit, ST est maximal à l’équilibre.

ST = SC + SP
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ
Le prix d’équilibre qui s’établit sur le marché est un prix considéré optimal du point de vue «social», parce
qu’il permet aux consommateurs et aux producteurs qui participent à l’échangent de dégager un surplus
(bien-être social).
CHAPITRE 1 : ECONOMIE INDUSTRIELLE ET STRUCTURE DE MARCHÉ

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