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Introduction
Au cours des vingt dernières années, l’accélération de l’internationalisation des économies
puis leur mondialisation et la globalisation des marchés financiers, qui en a résulté, ont rendu
impérative l’harmonisation, à l’échelle mondiale, de l’information comptable et financière
fournie aux investisseurs. L’introduction des normes IAS/IFRS en est la conséquence.
L’IASB (l’International Accounting Standards Board) est l’organe chargé de rédiger ces
normes. C’est une instance de normalisation indépendante qui élabore des normes
internationales d’information financière évolutives neutralisées des contraintes juridiques et
fiscales nationales.
Ainsi le référentiel IFRS = (IAS+SIC) + (IFRS+IFRIC)
Avec :
• IAS : International Acconting Standards (Normes internationales comptables) ;
• SIC : Standing Interprétations committee (Interprétation des normes IAS) ;
• IFRS : International Financial Reporting Standards (Normes Internationales
d’Informations Financières) ;
• IFRIC : International Financial Reporting Issues Committee (Interprétations des normes
IFRS).
Le référentiel IFRS vise donc la production d’une information financière transparente, de
grande qualité dans le but d’améliorer la comparabilité des états financiers. Il permet, ainsi, à
l’utilisateur de l’information comptable de disposer d’informations plus riches présentant un
caractère prédictif rendant facile l’élaboration des prévisions. De plus, ce référentiel exige de
produire des informations par secteurs d’activité et par zones géographiques.
La démarche d’analyse financière est sans doute affectée par l’introduction de ces normes.
En effet la performance de l’entreprise, mesurée par des agrégats comptables, se trouve modifiée
même si les opérations qui sont traduites dans les documents comptables n’auront pas changé.
Ces états financiers, qui sont désormais au nombre de cinq, concernent les comptes
individuels et les comptes consolidés. Ils forment un ensemble indissociable. Le tableau des flux
de trésorerie et le tableau de variation des capitaux propres ne constituent pas des éléments de
l’annexe mais plutôt des états financiers à part entière.
Ces états financiers ont pour objectif de fournir des informations sur la situation financière
et la performance en vue d’aider à la prise de décisions économiques.
La norme IAS 1 fournit le cadre global d’établissement des états financiers ainsi que les
conditions minimales pour le contenu de chaque état financier, elle est complétée par la norme
IAS 7 (tableau des flux de trésorerie) et la norme IAS 34 (informations à indiquer lors de la
présentation des états financiers intermédiaires).
Nous essayerons à présent de mettre l’accent sur les grands principes et les notions clés qui
font évoluer la présentation de ces états financiers.
I-1 Définition de quelques notions fondamentales
Nous évoquerons brièvement les définitions de certaines notions clés :
• Un actif : est une ressource contrôlée par l’entreprise du fait d’événements passés et dont
elle attend des avantages économiques futurs.
• Un passif : est une obligation actuelle de l’entreprise résultant d’événements passés et dont
le payement doit minorer ses ressources.
• Les capitaux propres : sont définis de façon résiduelle comme la différence entre les actifs
et les passifs.
• Les produits : correspondent à des avantages économiques entrants au cours de l’exercice
comptable et ayant comme contreparties les augmentations d’actifs ou les diminutions de
passifs.
• Les charges : correspondent à des avantages économiques sortants et ayant comme
contreparties les diminutions d’actifs ou les augmentations de passifs.
I-2 Impact des normes IAS/IFRS sur les états financiers
Le référentiel IFRS met en exergue les points suivants d’une grande importance pour le
travail de l’analyste financier :
• C’est un référentiel établi à l’intention des marchés financiers et donc des investisseurs. En
effet, l’enjeu principal des normes IAS/IFRS est de faciliter le fonctionnement des marchés
de capitaux, cela passe par la protection des investisseurs en préservant leur confiance
envers les marchés financiers. L’idée est de pouvoir obtenir une meilleure évaluation de
l’entreprise grâce à une information financière plus transparente et plus comparable ;
• Il est fondé sur une approche reflétant la réalité de l’activité économique de l’entreprise
par rapport au marché. Le bilan de l’entreprise doit désormais refléter la valeur actuelle de
ses actifs et de ses passifs, il ne correspond plus à une évaluation historique de son
patrimoine ;
• Il est déconnecté des contraintes fiscales et des environnements juridiques de chaque pays.
De plus, trois éléments importants doivent être mis en évidence à la lecture des normes
IAS/IFRS ;
• La primauté du bilan sur le compte de résultat : L’un des objectifs majeurs des normes est
de fournir une vision plus claire de la valeur du patrimoine à partir de la simple analyse
du bilan. Le bilan est donc prédominant sur le compte résultat. Les actifs et les passifs, y
compris ceux figurant dans les normes nationales hors bilan, devront figurer à leur juste
valeur ;
• La mesure de la perte de valeur et de dépréciation des actifs : les actifs doivent apparaître
pour une valeur n’excédant pas la valeur recouvrable soit la valeur la plus élevée entre le
prix de vente net d’un actif et sa valeur d’utilité. Le prix de vente net est celui que pourrait
réaliser l’entreprise en cas de vente de l’actif dans des conditions de concurrence normales.
La valeur d’utilité est estimée par actualisation des flux de trésorerie futurs attendus durant
la période d’exploitation de l’actif ainsi que des flux liés à sa sortie en fin de durée d’utilité.
On pratique une dépréciation sir la valeur recouvrable est inférieure au coût historique.
• La prééminence du fond sur la forme : Il est impératif, au nom du réalisme économique,
que les transactions et autres événements soient comptabilisés en fonction de leur
substance et leur réalité économique et non pas seulement selon leur forme juridique.
Dans cette perspective le référentiel IFRS consacre le point de vue économique et
juridique en permettant l’inscription dans le bilan des biens financés par crédit bail.
Aucun format de bilan n’est imposé, la norme IAS 1 précise les postes devant apparaître au
minimum au bilan. On retrouve ci après une présentation qui permet de découvrir les normes
qui modifient la présentation des documents financiers et par suite leur analyse :
Nous précisons à présent certains postes importants pour l’analyse financière du bilan.
II-1 Les immobilisations en non valeurs
Dans le plan comptable marocain, cette rubrique regroupe les frais préliminaires, les charges
à repartir et les primes de remboursement des obligations. Ces charges sont immobilisées afin
de pouvoir les étaler sur plusieurs exercices et éviter qu’elles alourdissent les charges de l’exercice
où elles sont encourues. En normes IAS/IFRS, par contre, ces charges ne peuvent faire l’objet
d’une immobilisation, elles sont obligatoirement comptabilisées dans les charges de l’exercice
où elles sont encourues. En ce qui concerne les primes de remboursements des obligations, elles
sont directement déduites de l’emprunt obligataire concerné pour retenir dans le bilan le
montant effectivement collecté.
II-2 Les immobilisations incorporelles (IAS 38) :
Une immobilisation incorporelle est un actif non monétaire identifiable sans substance
physique, détenu en vue de son utilisation pour la production ou la fourniture de biens ou de
services, pour une location à des tiers, ou à des fins administratives.
La norme IAS 38 impose de comptabiliser une immobilisation incorporelle :
• Si et seulement s’il est probable que les avantages économiques futurs attribuables à l’actif
iront à l’entreprise ;
• Et si le coût de cet actif peut être évalué de façon fiable.
Les dépenses relatives à un élément qui ne respectent pas ces critères devront être
comptabilisées en charges.
En normes IAS/IFRS, l’amortissement n’est valable que pour certaines immobilisations
incorporelles (celles dont la durée d’utilité est finie), la réévaluation est possible et on utilise un
mode d’amortissement linéaire, mais en normes marocaines l’amortissement est obligatoire
pour toutes les immobilisations incorporelles et la réévaluation est interdite, de même que pour
les normes IFRS on utilise le mode d’amortissement linéaire.
En ce qui concerne le goodwill, en normes IAS/IFRS il est comptabilisé en tant qu’actif
mais l’amortissement est non autorisé suite à la révision de l’IAS 38. En normes marocaines il
est comptabilisé en tant qu’actif et on utilise un mode d’amortissement linéaire : la durée
maximum est de 20 ans (durée d’utilité de l’immobilisation concernée).
Il est à préciser, aussi, que dans les normes marocaines, les frais de recherche et de
développement sont comptabilisés en immobilisations. Dans le référentiel IFRS, par contre, il
faut distinguer entre les dépenses dites de recherche comptabilisées en charges et les dépenses
qualifiées de développement inscrites en immobilisations.
II-3 Les immobilisations corporelles (IAS 16) :
Les immobilisations doivent être comptabilisées initialement par leur coût. La valeur varie
avec le temps et l’usage. Elles font chaque année l’objet d’un amortissement économique (coût
historique amorti). Une autre méthode alternative est toutefois autorisée, il s’agit du montant
réévalué c'est-à-dire la juste valeur avec modification consécutive des amortissements. L’option
pour la juste valeur est certes d’une grande importance pour l’analyse financière du bilan mais
elle rend plus difficile la comparaison entre des entreprises qui auront fait des choix de
réévaluation différents.
Il est à préciser que le référentiel IFRS oblige, en matière d’amortissements, une approche
par composants distincts.
La conséquence pour l’analyse financière est que les capitaux propres se trouvent fortement
touchés par ces nouvelles dispositions ce qui amplifie leur volatilité.
Fonds de roulement =
Capitaux permanents – Actif non courant
Capitaux propres
Capitaux propres + Passifs courants ou non
Qui mesure la capacité d’endettement total de l’entreprise. Ce ratio doit dépasser 1/3.
* Ratio d’endettement à terme :
Capitaux propres
Capitaux propres + Passifs non courants
qui mesure la capacité d’endettement à plus d’un an de l’entreprise. Il doit être supérieure
à 1/2.
*Délai de remboursement des passifs non courants :
Qui doit être inférieur à 3 ans pour être acceptable selon les établissements financiers.
• Rentabilité économique
Résultat opérationnel / Actifs non courants + BFR + trésorerie
et équivalents de trésorerie
On peut retenir au dénominateur les capitaux propres + passifs non courants + découverts
bancaires
• Rentabilité financière
Rentabilité financière =
Résultat net consolidé / Capitaux propres part groupe
et intérêt minoritaires de début d’année
Exprime la rentabilité des actionnaires du groupe. Elle doit en moyenne dépasser 15%.
• Le poids des charges financières
Il permet de voir quels sont les profits et les pertes (ex : les réévaluations des
immobilisations) non comptabilisés dans le compte de résultat.
Ce tableau recense essentiellement :
• les montants de transactions sur le capital avec les actionnaires et les distributions ;
• les mouvements sur les résultats non distribués (accumulés en réserves) ;
• les variations spécifiques aux capital social, prime d’émission, réserves, expliquant la valeur
comptable au début et à la fin de l’exercice.
IV-2 Le tableau des flux de trésorerie
Ce document retrace les flux de trésorerie générés et employés au cours de chaque exercice
et explique ainsi la variation de trésorerie constatée au bilan. Il procure une information
nouvelle par rapport au bilan et au compte de résultat.
Le tableau des flux de trésorerie explique la variation de trésorerie en présentant les flux de
trésorerie intervenus sur la période selon la nature des activités :
- opérationnelles ;
- d’investissement ;
- et de financement.
CONCLUSION
Les états financiers en normes IFRS visent à fournir une meilleure représentation du
patrimoine de l’entreprise.
Le référentiel IFRS accorde une primauté à la vision économique du bilan. Il consacre la
notion de « juste valeur ». Il pourra donc y avoir réévaluation de certains actifs, mais également
dépréciation. L’objectif étant de procéder annuellement à un test de dépréciation des actifs
pour approcher au maximum la valeur de marché.
S’agissant du compte résultat, il est relégué au second ordre et l’élément nouveau concerne
l’introduction de la notion de « produits des activités courantes ». Il fait également ressortir
certaines informations nouvelles : le résultat opérationnel, le coût de l’endettement financier
net, etc.
Le référentiel IFRS a aussi normalisé certains états financiers très utiles pour l’analyse
financière, il s’agit de l’état de variation des capitaux propres et du tableau des flux de trésorerie.
Le travail d’analyse financière se trouve donc complètement modifié, le rendant à la fois plus
riche et plus complexe.
Plus riche par la diversité et la profondeur des informations à exploiter.
Plus complexe par la multitude des choix offerts pour la comptabilisation de certaines
opérations. A cet égard, les états financiers en normes IFRS ne dispensent pas les analystes
financiers de faire des retraitements pour dégager l’information dont ils ont besoin. Pire, ils
sont obligés d’opérer, peut-être, plus de retraitements en raison de la diversité des choix
comptables (option pour la juste valeur ou option pour le coût par exemple).
Finalement, les méthodologies d’analyse financière ne vont pas changer. Les indicateurs et
les ratios d’analyse financière vont rester les mêmes. C’est plutôt la signification de leurs
contenus qui change. Ce n’est donc pas une question de forme mais plutôt une question de
fond.
Bibliographie
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