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Les réseaux du Vatican

Tout homme qui réfléchit à l’évolution de l’univers ou sa propre destinée est engagée, devrait comprendre qu’il est pris dans
une lutte gigantesque, planétaire, ou le vainqueur sera ou bien les maîtres du profit réglé par l’ordre ou le désordre établi, ou
bien les chefs des esclaves révoltés pour arracher et rétablir par leur dignité d’hommes que le besoin contraint de travailler
mais libre de fixer par leur libre consentement les justes conditions de leur travail. Ces propos que l’on attribuerait volontiers à
un disciple de Marx ont été écrit en réalité en 1972 par une espèce d’ecclésiastique en voie de disparition. Auteur de la préface
du Secret des guerres ou la genèse de l’agression, un ouvrage d’Albert Norden, historien communiste de l’ex R.D.A., l’abbé jean
Boulier, ancien professeur à la faculté catholique de droit de Paris, était un religieux catholique qui s’interrogeait sur une
hypothétique filiation entre le message originel de l’évangile et les doctrines d’émancipation populaire. Dépeignant sans
complaisance les horreurs du rêve américain et le marché aux esclaves de l’Europe de la liberté, paraphrasant jean Jaurès qui
clamait que le capitalisme porte la guerre en nuées, il identifiait la culpabilité systématique du grand capital derrière tous les
conflits d’un siècle hanté par les guerres et quelques uns des pires génocides de l’histoire de l’homme. Jean Boulier avait été
formé à l’école des jésuites, un ordre partisan de la théologie de la libération que ses détracteurs accusaient de relayer la
subversion marxiste au sein de l’église. Ses adversaires conservateurs ne reculèrent devant aucunes compromissions pour
s’emparer du gouvernement de l’église, aussi malsaines fussent elles, reprenant l’avantage et terrassant la dissidence.
L’organisation internationale catholique responsable de ce retour de l’ordre moral s’appelle l’Opus Deï, devenu un instrument de
contrôle des églises locales au service du pouvoir temporel du Vatican. Un destin qui n’est pas sans rappeler celui d’une autre secte
qui régna par la terreur religieuse sur l’Espagne du XVIeme siècle, avant d’imposer son fanatisme dans l’église universelle :
l’inquisition. L’abbé jean Boulier écrivait, qui ne comprend le passé ne peut saisir le présent. Nous sommes tentés d’y ajouter les
fameux mots de Voltaire, plus l’homme sera éclairé plus il sera libre, en espérant qu’un jour l’être humain se réveille et parvienne,
définitivement, à écraser l’infâme.
Nous vivons une époque où un déluge d’informations ne génère paradoxalement qu’une ignorance et un obscurantisme croissant,
soigneusement entretenus par des médias sous contrôle. De plus en plus de citoyens quand ils ne cultivent pas une indifférence
satisfaite s’adonnent à un ésotérisme de pacotille, aux tables qui tournent et à la lecture de Voici. Le combat commencé il y a plus de
deux siècles entre ceux qui ne reconnaissent que la propriété comme premier droit des hommes contre ceux qui y privilégie le droit à
l’existence prend à l’aube du troisième millénaire une configuration inquiétante, le clergé retrouvant peu à peu auprès du grand capital
le rôle de bras séculier qu’il avait du temps de la monarchie.
Une situation qui n’est pas le fruit d’une évolution logique et saine de nos société contemporaines, mais bel et bien une vaste
campagne de désinformation, coups tordus et autres opérations spéciales orchestrés autant par le Vatican, l’Opus Deï, Communion
et libération que par les services secrets occidentaux sous l’égide de la CIA, ainsi que leur double obscur : la Mafia (terme désignant
autant le syndicat américain que Cosa Nostra sicilienne).
L’un des plus illustres parrains de Chicago, Sam Giancana, chef incontesté jusqu’en 1975 et auxiliaire de la CIA, qui fut tout de même
reçu en audience privée par le pape Paul VI en 1968, révélait que les prêtres lui rappelaient le quartier comme il était autrefois. Dans
le personnel du diocèse, il y a des gars de Chicago qui d’après Strich (cardinal de cette mégapole) vont arriver au sommet... jusqu’au
Vatican. Strich est ambitieux. Et l’église est comme tous les autres trafics politiques. Il y a un racket derrière chaque autel quand c’est
un type comme Strich qui mène la danse, ou comme il dit qui fait l’oeuvre de Dieu. Sam Giancana qui fut l’un des instigateurs de la
débâcle de la baie des cochons et vraisemblablement celui du meurtre de John et Bobby Kennedy, ainsi que de Marylin Monroe (quoi
qu’en dise la légende) utilisait des prêtres catholiques pour ses transferts de fonds internationaux dans une énorme affaire de
blanchissement d’argent qui fournissait des liquidités au Vatican. L’un des gars de Chicago au sein du personnel du diocèse auquel le
parrain faisait allusion n’était autre que Paul Marcinkus, originaire de Cicero dans la banlieue de la ville, ancien fief du légendaire al
Capone.
En 1952, sur recommandation de Strich et du cardinal Spellman, Marcinkus obtient un poste au Vatican, suivant ses études à l’ENA
du saint siège, l’académie pontificale. Il fera un stage à la Continental Illinois Bank en 1959, après avoir été nonce apostolique en
Bolivie et au Canada, pour revenir à Rome un peu plus puissant. C’est l’époque où Castro, après avoir été aidé par les américains
passe dans le camps soviétique. L’Amérique latine est à deux doigts de basculer dans la révolution, les curés de base évangélisant
les loubards ou prenant le maquis, comme en Colombie, contre les impérialistes yankees. Le concile Vatican II parle d’ouverture ou
d’oecuménisme.
Un vent de panique souffle sur Washington, la CIA assistée du SIFAR (contre espionnage militaire italien) posant des micros dans le
bureau et les appartements du pape pour contrôler l’église romaine. C’est de cette manière que l’agence d’espionnage américaine
parviendra à être informé de l’état de santé précaire du pape Jean XXIII, influant ainsi sur le choix du successeur élu par un conclave.
Protégé par quatre anticommunistes virulents, le cardinal Spellman, David Kennedy, le directeur de la continental Illinois bank qui
deviendra secrétaire au trésor sous Nixon, John B. Connaly, gouverneur du Texas et futur ministre des finances du même Nixon,
John Sheen, archevêque de Newport, ainsi que le secrétaire d’état du Vatican, Dell’acqua, Marcinkus se retrouvera chef de la
sécurité du nouveau pape Paul VI. Il est nommé secrétaire général de la banque du Vatican le 6 janvier 1969.
Ses méthodes se révéleront d’emblée peu catholiques. Selon une équipe d’enquêteurs spécialistes de la Mafia américaine,
Marcinkus a été mêlé à une falsification de titres et d’obligations des sociétés Pan American, Chrysler, American Telephon &
Telegraph. On cite à ce propos le nom du ministre des finances de Nixon, Connaly. Une enquête interrompue à la demande du
président américain qui dira : cette affaire est montée pour éliminer mes plus fidèles collaborateurs dans notre combat contre le
communisme international. Marcinkus devenu secrétaire général de la banque du Vatican, c’était la première fois qu’un américain
occupait un poste aussi élevé dans la hiérarchie. Au sommet de sa carrière, il allait être accusé de blanchissement d’argent dans le
cadre du scandale de la banque Ambriosiano mêlant le Vatican, le syndicat américain, Cosa Nostra sicilienne aux services secrets et
à une loge maçonnique dévoyée, la loge P2. Il fut aussi soupçonné d’avoir trempé dans la liquidation du pape Jean Paul Ier en 1978,
après seulement vingt cinq jours de règne. Le cardinal Albino Luciani, Jean Paul Ier de son nom de scène, sera découvert mort dans
son lit par une bonne soeur le matin du 28 septembre 1978. Affolée, elle appelle le chef du service de sécurité qui reste enfermé dans
la chambre, seul, pendant une demi heure. Lorsqu’il en ressort pour prévenir un médecin et le secrétaire d’état, il n’y a plus un papier
sur le bureau du défunt pape. Malgré cette mort suspecte, le cardinal Luciani ne souffrant pas de maladie, il, ne sera ordonné aucune
autopsie.
Les liaisons entre la CIA et le saint siège remontent à l’appel de Pie XII à la guerre sainte contre le communisme. Personne, disait le
pape, ne peut être un bon catholique et en même temps un vrai socialiste . En aucun cas, le socialisme ne peut se concilier avec la
confession du catholicisme. Les américains s’engagèrent a encourager cette nouvelle croisade. Un accord, dit plan X fut même signé
entre le saint siège et le département d’état.
Désignée depuis le début de la guerre froide sous le terme générique d’église du silence, diverses opérations des services secrets
occidentaux furent ainsi menées sous couvert de l’église catholique. Incluant un gigantesque complot européen anticommuniste
orchestré par la CIA (associée à la Mafia et à l’extrême droite) de l’immédiat après guerre aux années contemporaines qui sera révélé
par Guilio Andreotti, en 1991 : le Glaciaux ou Glaive et les réseaux Stay behind. Aucun responsable français n’a officiellement
confirmé l’existence de ces réseaux qui étaient encore très récemment implantés dans toute l’Europe. Crées par Henri Ribière, le
patron socialiste du SDECE (service d’espionnage français), en liaison avec les américains au début de la guerre froide, on y trouera
autant Jacques Foccart que François De Grossouvre (alias monsieur Leduc ) qui dirigera ce groupe à l’échelle nationale après avoir
été chef de section pour le Lyonnais. Plus grave, le SDECE embauchera les services d’anciens responsables de la collaboration tels
René Bousquet (qui fournira le fichier anticommuniste de l’occupation) ainsi que Paul Touvier qui malgré ses crimes sera protégé par
une partie de la hiérarchie catholique.
Au mépris de la vérité et du sens de l’histoire, les gouvernants français qui se sont succédés ont préféré, à ce sujet, faire baigner leur
peuple en pleine ignorance et confusion bêtifiante. On comprend mieux, dès lors, pourquoi ils ont pu bénéficier d’une telle impunité
jusqu’à leurs morts. On a appris tout récemment que le Glaciaux, réactivé depuis environ un an en Europe, se consacrerait au
renseignement et à la lutte contre la menace terroriste découlant de l’immigration.
Les rapports entre les différents pouvoirs temporels en Italie depuis la fin de la seconde guerre mondiale, pour qui veut comprendre
l’évolution et les causes du retour de l’ordre moral, sont à cet égard significatifs. Le Vatican s’est toujours opposé au pouvoir
républicain, imposant une présence quasi hégémonique à Rome depuis près de dix sept siècles. En 1870, bien que le nouveau
parlement italien assure au pape un traitement annuel et l’extratèrritorialité de ses palais, ce dernier refusait de reconnaître le nouvel
état, allant jusqu’à publier un document interdisant aux catholiques de participer aux élections, qu’ils soient candidats ou électeurs. Il
faudra attendre 1912 pour que les catholiques italiens soient autorisés sous certaines conditions à participer à la vie politique. Benito
Mussolini constitua son premier gouvernement en 1922 grâce à l’appui de ministres du parti populaire créé en 1919, le parti
catholique, ainsi que sur intervention directe du pape. Pie XI puis Pie XII comprenant que le fascisme était le meilleur rempart contre
le mouvement communiste international, particulièrement bien implanté en Italie, conduiront à la signature des accords de Latran qui
mit un terme à la dispute état-église.
Le fascisme vaincu, les communistes furent les premiers à se doter après guerre d’une structure et d’un réseau national qui allaient
leur permettre être partout et de prendre en main un pays en grande partie détruit. La base de la première république était
l’antifascisme. Le pape s’apercevant que le vide laissé par le fascisme était une chance unique incita les catholiques à créer la
démocratie chrétienne, victorieuse de l’union de la gauche en 1948.
Une longue ère de stagnation anticommuniste s’ensuivit, les évêques et les curés dispersés dans toute la péninsule parvenant à
verrouiller la société italienne jusque dans les plus petits détails. C’est l’âge d’or de l’église catholique italienne. Les prêtres sont
soutenus financièrement par le budget de l’état italien, tandis que le Vatican ne paie pas d’impôts sur ses biens innombrables qu’il
possède en dehors des murs. Ses liens privilégiés avec la démocratie chrétienne lui permettent d’intervenir même auprès des préfets
de la république afin qu’ils interdisent les maillots de bain trop déshabillés sur les plages italiennes. Tout le monde se sent espionné
par le Vatican lorsque l’on découvre que le SIFAR (contre espionnage militaire de la république italienne) surveille même des leaders
démocrates chrétiens dans le but de ficher leurs éventuelles escapades extra conjugales. Une opération orchestrée par le cardinal
Siri, un ultra de la préservation de la foi catholique et de la guerre froide. La confusion est presque totale entre le pouvoir religieux et
le pouvoir temporel.
Elle mènera à l’apparition d’une contestation timide lorsque les jeunes catholiques s’aperçoivent que la réalité de la présence de
l’église a peu de chose en commun avec le message de l’évangile. Des prêtres ouvriers aux différents groupe d’opposition intérieure
qualifiés de catho-communistes, la contestation n’épargnera pas la hiérarchie, conduisant les plus extrémistes de ces catholiques à
prendre part à la création des premiers groupes contestataires étudiants puis à la formation de groupes armés, notamment des
Brigades rouges à Milan, en 1970.
De plus, l’Italie sur le plan religieux est coupée en deux. Dans le nord, la dimension idéologique reste importante et la démocratie
chrétienne, ainsi que les différentes associations catholiques y sont bien implantées, assurant à leurs membres une appartenance à
un milieu catholique qui prend en charge tous les aspects de la vie. Cette vision totalitaire, théocratique de la société qui offre une
sécurité matérielle, psychologique, et intellectuelle assure à l’église de beaux jours.
Dans le sud, en revanche, la présence de l’église est presque de type féodal. L’église catholique, comme les autres pouvoirs, est
restée clientélisme, conditionnée par l’esprit de clocher et le désir d’entretenir une religiosité traditionnelle. Le morcellement du
pouvoir religieux de l’église favorisa les infiltrations de la Mafia, toujours prête à se mettre sous la protection des puissants, peu
importe que leur pouvoir soit politique ou religieux, social ou économique. Le silence complice de la plupart des responsables
religieux du nord comme du sud face à la corruption généralisée au sein même de la démocratie chrétienne ; le parti catholique,
explique pourquoi de nombreux fidèles habitués à confondre appartenance politique et obédience religieuse ont finalement rejeté
l’une et l’autre.

Le krach de la banque Ambriosiano est l’une des affaires qui illustre le mieux la dégénérescence du pouvoir des plus hautes autorités
catholiques. Nous avons vu que Sam Giancana et le syndicat utilisèrent l’église dans les années soixante pour convoyer des millions
de dollars. Un magot qui arrivait à la Continental Illinois (ou Marcinkus fit un stage en 1959), une banque qui possédait des gros
intérêts au sein de la Finibank, établissement bancaire suisse dont le Vatican était partiellement propriétaire et que contrôlait le
financier Michelle Sindona, grand argentier de la Mafia américaine et sicilienne, dont la famille Gambino.
Une partie de l’argent était convertie en obligations puis transférée à la Finibank ou dans un autre établissement bancaire européen
contrôlé par Sindona tandis que le reste des fonds était placé dans des banques d’Amérique centrale ou du sud, comme Panama,
transitant ensuite par la banque du Vatican à Rome, puis à la Finibank en Suisse pour arriver dans les mains de Sindona ou d’un
prêtre dont l’influence grandissait : Mgr Marcinkus. Michelle Sindona, ancien président des jeunesses catholiques siciliennes, fut
recommandé au début de sa carrière au cardinal Battista Montini, alors secrétaire d’état au Vatican et plus tard connu sous le nom de
Paul VI. Il fut aussi en contact avec l’incomparable spécialiste du marché noir, affilié à la Mafia américaine dans son exil doré en Italie,
Vito Genovése. Il devint le banquier attitré du saint siège sous Paul VI avec le contrôle total de ses investissements à l’étranger pour
le compte de la banque du Vatican, l’IOR, instituto per l’opere di religione, l’institut pour les oeuvres religieuses.
Contrôlant la bourse de Milan, il avait une telle capacité d’intervention dans les finances du pays que le premier ministre Guilio
Andreotti l’appela un jour le sauveur de la lire. Le banquier que le magazine Times présentait en couverture en 1973 comme l’homme
le plus important d’Italie après Mussolini et pour lequel l’Italie, les Etats unis et le Vatican avait claqué plus de deux milliards de
dollars, afin de lui sauver la mise, était membre d’une loge maçonnique de type écossais au même titre que les protecteurs et
Marcinkus lui même, Spellman, Kennedy, Connaly et Sheen.
La CIA désireuse d’améliorer sa situation financière aurait employé ses circuits de blanchissement de fonds, l’agence utilisant déjà
l’IOR pour subventionner des partis et des mouvements politiques européens. En 1972, Paul VI bombarde Marcinkus président de
l’IOR, une promotion qui dérangeait l’Opus Deï mais avec laquelle l’organisation catholique du composer une fois arrivée au pouvoir,
en 1978, après l’élection de Jean Paul II. Marcinkus avait trop de dossiers, il savait trop de secrets, on ne pouvait pas le congédier
sans risque.
l’Oeuvre de Dieu, née en Espagne avant la guerre civile avait soutenu Franco et proliférait dans les régimes les plus autoritaires
d’Amérique latine, réussissant à s’imposer en plaçant des hommes clefs aux postes importants de la curie romaine. Au Vatican, les
secrétaires d’état changent mais l’appareil reste. Le substitut du secrétaire d’état est le véritable personnage capital. Le cardinal
Baggio, sorte de ministre de l’intérieur, le cardinal Samore qui dirige les archives secrètes sont membres de l’Opus Deï, ainsi que le
nouveau substitut du secrétaire d’état, Mgr Martinez Somalo, l’un des chefs de l’organisation.
Le capital propre de l’IOR, sans compter les 800 milliards de lires qui correspondent aux dépôts des congrégations et des ordres
religieux se chiffrait à 55 milliards de nos francs au début des années 80. L’IOR participait, à l’époque au capital des banques
Ambriosiano, Bafisud, Cisalpine, banque pour le commerce continental (qui a financé le coup d’état du Général Pinochet), Rothschild,
Hambro’s, Chase Manhattan, Morgan, Bakers trust et les sociétés General Motors, Shell, RCA, ITT... Plus de 25 tonnes d’or étaient
déposés à Fort Knox aux Etats unis. Lorsque Jean Paul II accède au pontificat, il sait que Marcinkus et Roberto Calvi (président de la
banque Ambrosien) ont fait parvenir en Pologne plus de quarante millions de dollars pour aider l’église et Solidarnosc. Il le sait
d’autant mieux que c’était à sa demande, au travers de l’église polonaise américaine.
En 1980, c’est l’escalade. L’IOR contrôle 16 % des actions de l’Ambrosiano quand cette dernière lance une série d’emprunts par
l’intermédiaire de ses sociétés écrans : Bellatrix, Manic, Enin, Belrosa, Marbella... Garantis par Ambrosien, ces emprunts
internationaux transitent par l’IOR et rapportent de confortables bénéfices placés sur des prêts à court terme. Au bout du compte, ces
sommes étaient destinées à acheter des hommes politiques et des groupes de presse. Le groupe Rizzoli, le plus important d’Italie
passe doucement entre les mains de Mgr Marcinkus, Calvi et Gelli de la loge P2.
On raconte que l’affaire Rizzoli commença chez monsieur Dominique Fratoni, au casino du Ruhl à Nice. Les deux associés de l’ami
de Jacques Médecin, mort en 1992 à Lugano, que la justice de leur pays tient pour des mafiosi, ont simplement plumé le patriarche
Angelo Rizzoli. Il aurait perdu au jeu une quinzaine de milliards d’ancien francs et l’IOR lui aurait avancé plusieurs milliards de lire en
échange de 80 % de son journal, le corriere della serra. L’affaire de la banque Ambrosien ou scandale de l’IOR mit la lumière sur la
complicité entre le Vatican, représenté par l’IOR de Mgr Marcinkus et Cosa Nostra, représenté par Michelle Sindona, le banquier de
Dieu et de la Mafia.
Un système fonctionnant sous la houlette du grand vénérable licio Gelli, également maçon de rite écossais et grand maître de la loge
maçonnique la plus fermée du Monde : la loge P2. Sindona fut le trait d’union entre l’honorable société, la démocratie chrétienne, le
saint siège et la banque Ambrosien de Roberto Calvi. La longue collaboration qui s’était instaurée entre ces différents acteurs avais
permis à la démocratie chrétienne de Guilio Andreotti de recevoir régulièrement des financements occultes, à Cosa Nostra de
blanchir d’importantes sommes d’argent et au Vatican de percevoir des pourcentages non négligeables.
Une affaire qui allait se terminer par au moins trois morts violentes, dont celle de Roberto Calvi, retrouvé pendu sous le pont des
Blackfiars à Londres et celle de Michelle Sindona, empoisonné à la strychnine dans une prison italienne peu avant sa comparution
devant les juges. Aujourd’hui, l’hypothèse la plus plausible de l’assassinat du banquier Calvi est celle d’un meurtre décidé par la Mafia
de Toto Riina pour le punir de ne pas avoir rendu à temps une importante somme que l’organisation lui aurait prêté, lâché par
Marcinkus. De la même façon que l’Opus Deï lâchera en 1981, après des années de collaboration, la loge propaganda du, la loge P2,
sinistre organisation de Liccio Gelli qui voulait imposer une solide dictature à l’Italie et à laquelle appartenaient militaires de haut
grade, financiers, ministres, ainsi que des dirigeants de presse...
Durant plus d’une dizaine d’années, tous les chefs des services secrets italiens seront membres de la P2, la loge devenant une
gigantesque machine à collecter et à distribuer l’argent, les faveurs et les protections parmi les plus grandes institutions d’Italie. Le
saint siège perdant le contrôle de ses alliés, (qui s’apprêtaient à faire une ouverture à gauche en finançant le parti socialiste italien.
Un acte intolérable pour le Vatican qui avait des fonds en jeu dans cette affaire) organisa une fuite contrôlée de dossiers confidentiels
sur la P2.
Il apparaîtra vite que propaganda du entretenait des liens étroits avec la Mafia et surtout avec le terrorisme d’extrême droite,
responsable des attentats meurtriers de Milan, du train Italicus et surtout de la gare de Bologne. Quelques uns des épisodes les plus
sanglants d’un complot de déstabilisation organisé par des extrémistes fascistes manipulés par les services secrets italiens, la
stratégie de la tension. Marcinkus, à défaut être inquiété, sera nommé par Jean Paul II vice président du gouvernement papal sous
les ordres directs de Baggio, le cardinal qui a facilité le coup d’état de l’Opus Deï à l’intérieur du Vatican.
Protégeant Jean Paul II comme il le faisait pour son prédécesseur, il devint également évêque titulaire d’Orta, un diocèse tunisien
historique qui n’existe plus qu’a l’état de symbole depuis Saint Augustin. Une commission de contrôle de l’IOR composée de quinze
cardinaux trouva un déficit de quatre vingt milliards de lires, Marcinkus fut remplacé par un membre de l’Opus Deï, Mgr Renato
Dardozzi. L’ancien président sera renvoyé aux Etats unis à l’initiative de Jean Paul II pour éviter de comparaître devant les tribunaux
de la péninsule, malgré un mandat d’arrêt international qui fut levé ultérieurement. Cette affaire ne semble pas avoir servi de leçon au
Vatican puisque l’IOR a de nouveau été compromise, au début de 1994, dans le procès Enimont.
Le saint siège a reconnu que le fameux institut, l’IOR, a servi de relais pour le transfert à l’étranger de 93 milliards de lires, un maxi
pot de vin payé à tous les partis politiques italiens pour s’assurer la mainmise sur la chimie italienne. Un scandale qui démontre que
l’IOR, chargé de gérer l’argent du Vatican, continue à servir en toute discrétion de banque parallèle. La justice italienne a aussi ouvert
une enquête sur les pots de vin versés à l’occasion de la restauration de la fameuse cathédrale de Monreale, d’une valeur de
plusieurs milliards de lires, qui avaient directement profités au principal clan de Cosa Nostra, celui de Corléone que dirigeait Toto
Riina actuellement en prison. Le secrétaire de l’archevêque, Mario Campisi, fut accusé d’avoir rendu de nombreux services à Léoluca
Bagarella, le beau frère de Riina. Le successeur du patron du premier trust mondial de l’héroïne avait ainsi l’habitude de téléphoner et
donc de diriger les activités de Cosa Nostra de l’intérieur même de l’archevêché en utilisant le téléphone personnel de Mgr Salvatore
Cassica, évêque de Monnedo, qui fut par ailleurs mis en examen pour corruption et trafic d’influence.
Dès lors, on ne s’étonnera pas du bien fondé des accusations de magistrats de Torre Anunziata (province de Naples) qui, grâce à
des témoignages de repentis recoupés par des indices matérielles et des écoutes téléphoniques, mettent en cause en 1995 le
cardinal Ricardo Maria Carles, archevêque de Barcelone, dans un trafic d’armes, de pierres précieuses et, surtout, de cocaïne qui
profiterait à la Mafia italienne. L’intéressé a évidemment démenti, ainsi que le ministre de l’intérieur espagnol et le porte parole de
l’Opus Deï.
Cette organisation catholique est pourtant responsable de la création en Colombie d’un centre informatique installé par le saint siège,
jouissant du statut d’extraterritorialité et dont le rôle est de ficher les activités politiques des religieux sud américains. Un certain
nombre d’ecclésiastiques de ce continent séduits par un marxisme populaire s’opposant aux dictatures militaires auraient ainsi pu être
facilement liquidés par des escadrons de la mort. Toutes les enquêtes approfondies menées par des journalistes sud américains
réfutant la désinformation occidentale accusent les militaires d’extrême droite être les réelles bénéficiaires du trafic de drogues et,
comme en Colombie, ceux de la stratégie de la tension (narco terrorisme) mise sur le dos de Pablo Escobar au début des années 90.
Assistés de la CIA qui a pu s’ingérer un peu plus dans les affaires nationales des pays d’Amérique latine, ils réussirent à pervertir,
corrompre et manipuler les guérillas marxistes ou nationalistes contrôlant de vastes territoires (M19, FARC en Colombie, Sentier
Lumineux au Pérou... ).
L’Opus Deï a soutenu les Contras du Nicaragua en lutte contre les Sandinistes isolés, soutenu par des jésuites. On sait, depuis
l’affaire de l’"Iran gâte" sous le règne de Ronald Reagan, a quel point la Contras a été impliquée dans le trafic de cocaïne avec la
bénédiction de la CIA, au nom de la lutte anticommuniste. Les investigations des magistrats italiens, comme celle du juge Palermo au
début des années 80 sur le troc armes-drogues, ont donc toutes les chances de passer aux oubliettes de l’histoire ou sous séquestre
pour cinquante ans pour cause de raison d’état.
Ce bref survol d’un demi siècle de relations sulfureuses entre le Vatican et l’état italien démontre quels périls menacent la République
française des lors que l’église se mêle des affaires de la nation.

Deux scandales majeures de la cinquième République prouvent que la France n’est pas différente de l’Italie dès qu’il est question
intérêts et de partage des pouvoirs. Le meurtre du prince De Broglie, le 24 septembre 1976, dont le dénouement officiel fut
unanimement contesté fut un cas unique de géologie politique. Une affaire que le président de la 1ere section de la cour d’assise de
Paris qui présida contre vents et marées le procès, le magistrat André Giresse, appela le Watergate français. Un scandale qui
n’explosa pas, la droite comme la gauche au pouvoir au moment du jugement intrigant au nom de sombres tractations politiques pour
couvrir une police qui avait caché la vérité et bafoué la justice de la République. On y trouve en strates les principaux composants de
l’histoire de France de ces trente dernières années.
Le prince De Broglie, député de l’Eure, secrétaire d’état sous les gouvernements Debré puis Pompidou, signataire des accords
d’Evian qui mirent fin à la guerre d’Algérie, fut également l’un des fondateurs du parti des républicains indépendants au coté de
Valéry Giscard d’Estaing et de Raymond Marcellin. Malgré les déclarations de Michel Poniatowski, alors ministre de l’intérieur, il
apparu que la police était au courant d’un contrat lancé sur la tète du prince et pire que la surveillance dont il faisait l’objet avait été
levé un peu avant son assassinat. Ce fut les deux fameux rapports de l’inspecteur Roux, ignorés par sa hiérarchie et révélés par le
Canard Enchaîné en 1980 qui firent rebondir l’affaire.
Quatre pistes furent évoquées au procès cachant le même mobile.
  La piste politique après la disgrâce du prince, mis au banc du tout nouveau UDF de Giscard d’Estaing et qui devait rallier avec
armes et bagages le RPR de Jacques Chirac au moment de sa création en 1976.
  La piste arabe mêlait le prince à de sombres tractations d’armes et de pétrole destinées à financer les services secrets algériens
en générant de juteuses commissions.
  Plus crédible fut la piste espagnole qui voyait le prince lié au scandale de la Matesa, l’un des plus grands procès politico financier
des dernières années du franquisme. Entre 1959 et 1969, 80 % des crédits espagnols à l’exportation dans le domaine du textile ont
été alloués à la Matesa, fleuron de cette industrie en Espagne. 800 millions de francs allaient disparaître, la presse révélant en 1969
que tous les ministres et les industriels impliqués dans l’affaire étaient membres de l’Opus Deï. Cette organisation catholique
internationale crée en 1928 par le très influent José maria Escrima (béatifié en 1992 par Jean Paul II) s’est lancé dans le recrutement
international des élites pour imposer au monde un régime théocratique futur... Implantée en France depuis 1956, l’Opus Deï cherche
à bâtir l’élite européenne qui doit arriver un jour au pouvoir, sous couvertd’échanges culturels et d’octroi de bourses.
Parallèlement, la sainte Mafia prit pied dans le monde des affaires français, ses ambitions nécessitant de l’argent. Investissant à
hauteur de plus d’un tiers des actions de la Banque des intérêts français, l’Opus Deï allait ainsi siéger au coté de l’actionnaire
principal de la banque, la Société financière pour la France et les pays d’outre mer présidé par Edmond Giscard d’Estaing, le père de
Valéry. Un VGE qui, ministre des finances, était très lié à Antoine Pinay, sympathisant actif de l’Opus Deï et père du nouveau franc...
En 1967, De Broglie rencontrait Juan Vila Reyes, administrateur de la Matesa, pour créer la Sodetex, vraisemblablement présenté par
un personnage trouble, escroc et ancien collaborateur qui devint le cerveau financier des affaires avalisées par le prince, Raoul de
Leon. Ce dernier aurait aussi arrangé une réunion entre Vila Reyes et Giscard d’Estaing ainsi qu’un voyage à Madrid du futur
président français pour rencontrer des membres de l’Opus Deï. Il aurait été question d’un projet de création d’un parti politique
espagnol sur le modèle des républicains indépendants français. La Sodetex, dans l’esprit de Vila Reyes et de l’Opus Deï était au
centre d’un dispositif financier mis en place dans le monde pour remplir les caisses de la sainte Mafia. En fait, la société servait de
super taxi, utilisant des fausses factures pour blanchir l’argent que l’état espagnol versait à la Matesa pour soutenir ses exportations.
De Broglie, naïf, aurait accepté de prendre la tète de la Sodetex, vraisemblablement sur ordre.
Lorsque l’état espagnol, après la liquidation de la Matesa, demanda la restitution du capital au prince, il fut dans l’impossibilité de le
restituer, très certainement versé à une caisse politique. Raoul de Leon et jean de Broglie signèrent un protocole d’accord en juin
1974 pour rembourser l’état espagnol, un mois après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing. Un protocole qui ne fut jamais honoré...
  La quatrième piste, croisant la piste espagnole remontait au plus puissant des gangs de la Mafia française d’après guerre et de la
cinquième république, le gang des ferrailleurs. Le prince De Broglie, prêt à toutes les compromissions pour rembourser ses dettes prit
part à un gigantesque trafic de faux bons du trésor qui devait être écoulés en Europe et surtout en Afrique (ils coûteront 140 millions
de francs au Gabon). Proche de ceux qui fabriquent les bons et qui organisent le trafic, il aurait voulu en profiter personnellement et
mis en danger l’organisation. Le juge Michel, un peu avant qu’il ne meure assassiné à Marseille en 1981, cherchait à prouver que les
bénéfices de ce trafic de faux bons et de faux billets auraient très bien pu être destinées à financer des laboratoires d’héroïne
marseillaise d’une french connection renaissante (l’originale fut démantelée en 1973), la french sicilian connection.
L’affaire fit surtout la lumière sur les relations inquiétantes entre des truands fichés au grand banditisme, des barbouzes proche de l
’organisation et des policiers de la IIeme section des renseignements généraux, la police politique française. La section politique la
plus sensible, s’occupant des affaires spéciales, de la surveillance des personnages importants, la police des coups tordus, des
opérations montées à l’occasion pour neutraliser des gêneurs ou des adversaires trop irritants des régimes en place.
La république a aussi sa police secrète, bien que les renseignements généraux ait été crées en 1941 sous le régime national du
maréchal Pétain. La IIeme section, chargée du suivi des partis politiques fut officiellement suspendu à la suite d’une plainte des
socialistes, en 1994, mais elle peut toujours être chargée de prévisions électorales. L’indignation de ces derniers n’empêcha pas
François Mitterand d’utiliser illégalement la cellule anti terroriste de l’Elysée de 1981 à 1995 (écoutes téléphoniques, désinformation,
intimidation...) de la même manière qu’hier les gaullistes utilisèrent le SAC pour leur manoeuvres de basse politique. Quoi qu’il en
soit, le cadavre du prince De Broglie fut enterré en grande pompe, le pouvoir intrigant face à une opinion publique anesthésié et
indifférente pour éviter ce Watergate français.
L’autre affaire qui défraya la chronique de la Vème république fut le scandale des avions renifleurs. Une escroquerie non éludée
officiellement dont l’appellation prêtait pourtant à sourire. Les 650 pages du rapport de la commission parlementaire, rendu publique
en 1984, laissèrent les lecteurs sur leur faim. Manquant de moyens d’investigations, les parlementaires se sont heurtés à la fois au
secret défense que l’état brandit (quels que soit les dirigeants )dès qu’il s’agit de ses basses oeuvres et au silence des principaux
témoins.
Le 28 mai 1976, pierre Guillaumat, PDG d’Elf Erap signe avec Philippe De Weck, directeur de l’union des banques suisses, un contrat
peu ordinaire. Pour 400 millions de francs, la société française s’assure pour une année l’exclusivité d’un procédé de détection
pétrolière révolutionnaire connu sous le nom de code de projet Aix. C’est Jean Tropel, le responsable de la sécurité chez Elf qui a été
le cheval de Troie en introduisant dans la compagnie pétrolière l’homme clef de l’affaire, jean Violet, avocat international.
Les deux hommes se sont connus au SDECE (ancêtre de la DGSE, le service d’espionnage français) dont Tropel est un ancien
colonel, ex responsable de la sécurité du fameux service VII démantelé après l’affaire Ben Barka en 1965 et Violet un ex honorable
correspondant. Ce dernier a fait une brillante carrière internationale grâce au parrainage Antoine Pinay (surnuméraire de l’Opus Deï
et ancien président du conseil sous la IVeme république) qui le recommandera au patron du SDECE, Pierre Boursicot. En 1955,
Antoine Pinay qui est ministre des affaires étrangères fait accréditer l’avocat à la délégation française de l’ONU à New York avec pour
mission d’empêcher une condamnation de la politique algérienne de la France. Jean Violet y rencontre un homme qui va jouer un rôle
capital dans sa vie, le révérend père Dubois, dominicain français chargé des missions spéciales pour le compte du Vatican (plus
exactement pour certain Monsignori dont le cardinal Siri).
Le père Dubois en liaison avec le colonel Hervé, chef du SDECE en poste à l’ONU, et jean Violet parviendront en 1959 à éviter une
condamnation de la France en soudoyant les ambassadeurs du Brésil, du Pérou puis du Paraguay et du Nicaragua affiliés au camp
tiers mondiste. Un religieux que l’on retrouvera à tous les moments décisifs de l’affaire des avions renifleurs. Devant la commission
parlementaire, le responsable des dominicains en France, Jean René Bouchet, affirmera que le père Dubois, mort en 1979, était mêlé
à des affaires étranges pour un ecclésiastique : financements clandestins, lutte contre la subversion en Amérique latine, soutien de
l’église derrière le rideau de fer... Le père Dubois paraissait s’intéresser plus aux moyens qu’au but.
Un autre religieux, l’abbé Marnier, membre de l’Opus Deï, correspondant de l’abbé Dubois à Fribourg en territoire helvétique,
confesseur et ami de Philippe De Weck, directeur des Banques suisses, sera également présent à la signature des différents
contrats. L’affaire pourrait être comparable à celle de la Matesa en Espagne à la fin des années soixante, l’argent détourné servant
l’oeuvre de Dieu. Jusque en 1982, date de son rattachement direct au pape Jean Paul II qui le chérit, l’Opus Deï a constamment eu
besoin d’argent pour ses missions évangéliques. L’hypothèse selon laquelle l’escroquerie aurait été décidé en haut lieu afin de
rembourser l’Opus Deï de ses efforts financiers antérieurs ou pour honorer des dettes contractées dans le passé apparaît
vraisemblable (l’argent disparu via la Sodetex dirigée par jean De Broglie ?).
Mr Violet a informé jean Tropel qui lui même a convaincu Jean Guillaulat, P. D. G. d’Elf, d’un projet qui devait être une révolution
technologique capable de détecter à plusieurs milliers de mètres sous terre du pétrole. Certaines mauvaises langues affirment que
c’est Valéry Giscard d’Estaing lui même qui aurait introduit jean Violet chez Elf Erap. L’invention est une escroquerie, la machine ne
détectant que des nappes de pétroles dûment répertoriées. Le premier contrat signé par Elf en 1976 porta sur 400 millions de francs,
l’incontournable Antoine Pinay à qui Giscard d’Estaing doit son premier portefeuille ministériel, apportant sa caution morale à
l’invention.
L’affaire fut suivie au plus haut niveau puisque le président français autorisa Elf à méconnaître les obligations de contrôle administratif
et financier et le contrôle des changes. Un transfert illégal de capitaux vers la Suisse qui sera reproché à la société nationale. Sans
aucune garantie, Elf a versé la première fois 400 millions de francs pour un projet que garantissait la seule parole de jean Violet. Les
inventeurs, un ingénieur belge fantasque, Alain De Villegas, et un réparateur de télé italien aux talents d’escroc, Aldo Bonasoli, ont
auparavant eu leur projet financé durant quatre ans par Carlos Pesenti, un gros industriel italien qui aurait été membre de la loge P2.
Une piste italienne qui ne sera pas exploitée, pierre Péan révélant dans son livre sur l’affaire que des réunions avaient eu lieu en
Suisse pour empêcher toute investigation en Italie. Pourtant, en 1977, soit un an après la signature du premier accord, Alexandre De
Marenches, patron du SDECE de 1970 à 1981, enverra à la présidence une note sur jean Violet qu’il a lui même évincé du service,
suspecté être un agent du Vatican : méfiez vous, c’est (jean Violet) un spécialiste de ce genre d’activités, nous le connaissons bien, à
vous d’aviser. Jean Violet est resté jusqu’à son licenciement l’honorable correspondant le mieux payé du service. La note ne
dissuadera pas Raymond Barre, alors premier ministre, de classer l’affaire prioritaire, arrangeant un dîner avec Antoine Pinay, jean
Violet, Alain De Villegas, Philippe De Weck et Pierre Guillaumat ou le projet ne sera pas remis en question.
Sous l’égide d’Albin Chalandon, nouveau P.D.G. d’Elf Erap, un nouvel accord portant sur 500 millions de francs supplémentaires est
signé à Zurich en 1978. Elf exploitera le procédé à parts égales avec la Fisalma (société implantée à Panama, paradis fiscal,
représenté par Philippe De Weck). Malgré une note présidentielle datant de 1979 que Giscard brandira au procès en 1984, attestant
du doute de la présidence par rapport à l’invention, la supercherie aura duré trois ans. Un véritable scientifique, Jules Horrowick,
physicien au centre d’essai atomique, confondra les inventeurs du système des avions renifleurs à l’occasion d’un test. Il est clair que
les escrocs ont dû avoir recours à des complicités internes à l’état major d’Elf (véritable état dans l’état possédant son propre service
de renseignement qu’Alexandre De Marenches, atlantiste proche des américains tentera de dénoncer... ) pour avoir les clichés des
nappes de pétrole déjà existantes.
La piste italienne conduisant à la loge P2 montre le rôle de Carlos Pesenti, banquier du 12eme groupe financier italien qui a été
l’actionnaire principal de la banque Ambrosien. La banque qui détenait une partie des fonds du Vatican et qui travaillait avec l’IOR de
Mgr Marcinkus. Une close spéciale du premier contrat signé en 1976 imposait à Elf de dédommager Carlos Pesenti à hauteur de 80
millions de francs. Un pactole que l’intéressé, mort en 1984, affirmait avoir touché. On parle d’un détour vers une caisse politique, une
organisation secrète. La démocratie chrétienne dont Pesenti a été le trésorier ? La loge P2 dont il fut très probablement membre ?
Pour preuve de sa bonne foi, il envoya 30 millions de francs à Elf quand éclata le scandale. Un geste qui peut être interprété comme
un dédouanement pour éviter qu’on aille fourrer le nez dans ses affaires. Les inventeurs, ainsi que jean Violet, ne seront pas
inquiétés par Elf, la société nationale ne portant pas plainte contre eux malgré un trou de 800 millions de francs. L’ombre de l’Opus
Deï plane sur toute cette affaire. La plupart des protagonistes, jean Violet, le père Dubois, l’abbé Marnier, Antoine Pinay étaient des
membres ou des sympathisants de cette organisation. Pierre Guillaumat, dans un courrier adressé à Raymond Barre, soulignera le
rôle important qu’ils semblaient jouer dans ce scandale. Avec le retour de la droite aux affaires après la complaisante parenthèse
mitterandienne, l’Opus Deï, institutionnalisé par Jean Paul II et dépendant directement du saint siège, semble avoir mis les bouchés
doubles pour accélérer le recrutement des élites européennes chargées de bâtir le régime théocratique et totalitaire de demain. Le
démantèlement du bloc soviétique a redonné à l’église un pouvoir considérable, Jean Paul II désignant la France comme le prochain
levier de sa politique européenne après ses échecs en Pologne et en Irlande.
L’Opus Deï étant autant derrière les olympes-frics de Mr Samaranch, affilié à l’oeuvre de Dieu qui supprima en 1981 le mot amateur
de la charte olympique, que derrière la béatification de soixante quatre martyrs de la révolution française lors d’un voyage de Margie
Sudre, secrétaire d’état chargée de la francophonie du gouvernement Juppé en octobre 1995. Le président Chirac a d’ailleurs été
reçu une première fois le 26 septembre 1995 par le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’état du Vatican, ainsi qu’en janvier 1996 où
le président est venu témoigner de la fidélité de la France à son héritage chrétien. C’était la première visite d’état d’un président
français au Vatican depuis 1959. Jacques Chirac a assuré que c’est notamment auprès de l’église, de son message, de son guide
dans le secours de la foi que beaucoup d’hommes cherchent une raison d’espérer, la force de surmonter leurs souffrances. Estimant
que la république française est largement inspirée par les valeurs évangéliques, Jean Paul II s’est insurgé contre la remise en cause
du droit à la vie des personnes de la conception jusqu’à la mort.
Une allusion à l’IVG et à l’euthanasie qui reste le credo préféré du pape. La multiplication des actions anti I.V.G. coordonnées par le
Vatican masque la volonté papale d’opposer au Maghreb et à l’Afrique une natalité européenne. Les préoccupations spirituelles du
saint père ne concernent apparemment pas les africains puisqu’il autorise archevêque de Nairobi au Kenya a brûler des préservatifs,
des brochures d’informations sur le SIDA et des livres d’éducation sexuelle comme symboles pornographiques dans un pays
gravement touché par cette maladie. Pour contrôler ses ouailles en France, le Vatican a délégué dans notre pays en octobre 1995
son nouvel ambassadeur, le nonce apostolique Mario Tagliaferri en remplacement de Laurenzo Antonietti rappelé à Rome pour avoir
fait preuve de mollesse dans l’affaire des évêques d’Evreux dont Mgr Gaillot.
Mgr Tagliaferri, véritable commissaire du pape, qui n’a jamais eu une vision très optimiste sur l’évolution des démocratie occidentales
est le responsable de la canonisation des martyrs espagnols (franquistes) de la guerre civile. A quand la béatification de Pétain,
Bousquet, Touvier et Cie... . ? Membre de l’Opus Deï comme tous les responsables du saint siège, le nonce apostolique qui est
particulièrement conservateur entend mettre au pas les évêques conciliaires (fidèles au précepte d’ouverture du concile Vatican II) et
préparer la venue du pape en septembre 1996 pour la célébration de Clovis. Les obscures tractations électorales d’une droite voulant
récupérer les électeurs catholiques intégristes sensibles au discours du Front national conduisent des représentants de la république
laïque à célébrer Clovis qui était jusqu’à présent uniquement un symbole pour les monarchistes.
On compte dans le gouvernement Chirac un certain nombre de membres ou de sympathisants de l’Opus Deï, Gaudin, Codacionni,
De Veyrinas ainsi que le lumineux chrétien des Alpes, Hervé Gaymard, ministre de la santé, (dont la femme, directrice de cabinet de
Colette Codaccionni est membre de l’association du professeur Lejeune, instigateur d’actions anti I. V. G. ) qui a eu la charitable idée
d’imposer une loterie pour l’obtention des nouvelles thérapies anti SIDA, projet heureusement abandonné.
Un parti démocrate chrétien français renaît apparemment de ses cendres (Douste Blazy, Bayroux, ... ), tendance dont les membres
ont brillé par l’absence de déclarations lorsque furent défoncées à la hache les portes de l’église St Bernard où étaient réfugiés des
maliens condamnés à faire la grève de la faim pour la régularisation de leurs papiers, préférant intriguer pour annihiler l’abominable
responsable de la décadence : l’esprit de 1968. Le pouvoir politique qui a voulu lancer un signal fort au tiers monde avec l’affaire des
sans papiers est beaucoup plus indulgente envers les intégristes catholiques qui occupent l’église St Laurent du Chardonnet depuis
plus de dix ans, fief de sympathisants du Front national. L’Opus Deï préfère mettre en avant le droit sacré à la propriété, incompatible
avec le communisme, privilégiant la charité plutôt que la solidarité.
Robespierre qui est mort guillotiné par les thermidoriens en 1792 pour avoir voulu défendre le droit sacré à l’existence, doit se
retourner dans sa fosse commune. Le petit père Combes, responsable de la loi de séparation de l’église et de l’état en 1905 doit en
faire autant... Quoi qu’en disent les culs bénis et les bâtisseurs d’empire qui bafouent le plus beau symbole de la France à travers le
monde, les soldats de l’an II, l’année 1996 est celle de la commémoration des 125 ans du martyr des victimes de la commune de
Paris avant être celle de la célébration du païen Clovis, chef de guerre calculateur et adorateur de divinités aryennes... non seulement
on nous peint des diables sur des murailles pour mieux nous effrayer, mais en plus on nous prend pour des cons... aux armes,
citoyens...
O. TH.
Biographie :
  Dans le secret des princes Alexandre De Marenches et Christine Ockrent
  La piscine Roger Faligot et Pascal Krop
  l’argent sale François D’Aubert
  La pieuvre claire Sterling
  Le secret des guerres ou la genèse de l’agression Albert Norden
  les écuries de la Vème Thierry wolton
  le juge Michel Alain Laville
  seule la vérité blesse, l’honneur de déplaire André Giresse
  rupture à l’italienne, église, Mafia, communisme Elio Comarin
  notre homme à la maison blanche Samuel et Chuck Giancana...

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