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1994-95

Leçon sur le produit scalaire.

Titre de la leçon ( n° 40 en 1993): Définitions et propriétés du produit scalaire dans le plan.


Expression dans une base orthonormale, application au calcul de distances et d'angles.

Tout ce qui suit est écrit pour la géométrie d'un plan P, mais reste valable, avec d'infimes
modifications, dans l'espace. Une unité de longueur est choisie une fois pour toutes.
Je vais donner deux présentations possibles:
La première est celle que l'on trouve actuellement dans tous les bouquins (de première, ou de seconde
s'ils sont vieux de quelques années) du secondaire.
La seconde est plus proche de celle des manuels des années 70-80. J'expliquerai plus loin pourquoi je
la préfère.
Présentation 1: Les prérequis sont le calcul vectoriel, les propriétés de la projection orthogonale sur
une droite (en particulier le fait que les rapports de projection de d sur d' et de d' sur d sont
identiques).
I: Définition du produit scalaire.
→ →
Nous appellerons produit scalaire OA.OB le nombre défini comme suit
→ →
Si O = A, OA.OB = 0
Si O≠A, soit H la projection
→ →
orthogonale de B sur la droite OA, alors OA.OB
 
= OA OH (qui ne dépend pas de l'orientation
choisie sur la droite OA).
→ → → →
Propriété 1: Si O'A' = OA et O'B' = OB, et si H' est la projection de B' sur la droite O'A', alors il
   
existe une translation qui envoie (O,A,B,H) sur (O',A',B',H'), donc on a O'A' O'H' = OA OH, c'est à
→ → → → → →
dire que les produits scalaires O'A'.O'B' et OA.OB coïncident ; autrement dit la quantité OA.OB ne
→ →
dépend que des vecteurs OA et OB, elle ne dépend pas du choix de l'origine O que l'on a prise pour
les représenter. Cette démonstration est valable si O≠A, s'il n'en est pas ainsi l'égalité reste vraie car ces
deux produits sont nuls.
→ →
Ceci nous permet de parler du produit scalaire de deux vecteurs U et V.
→ → → →
Propriété 2: OA.OB = OB.OA.
Ceci résulte du fait que (fig ci-contre),
   
OA OH = OB OK par symétrie du rapport de
projection orthogonale. Cette démonstration est
valable si O≠A et O≠B, s'il n'en est pas ainsi
l'égalité reste vraie car ses deux membres sont
nuls.
Propriété 3: Supposons O≠A et O≠B, et orientons la droite OA de O vers A, alors, par définition du
 → →
cosinus, on a OH = OB cos (OA,OB), donc le produit scalaire de deux vecteurs non nuls est encore
donné par la formule:
→ → → →
OA.OB = OA OB cos (OA,OB).
→ → → 
2 Noter que l'on peut écrire OX au lieu de OX. En particulier OA2 = OA 2 = OA2 = OA2
Propriété 4: En particulier deux vecteurs non nuls perpendiculaires ont un produit saclaire nul.
Réciproquement si deux vecteurs ont un produit scalaire nul, ou bien l'un des deux est nul, ou bien ils
sont perpendiculaires. Deux vecteurs dont le produit scalaire est nul sont dits orthogonaux.
II: Bilinéarité du produit scalaire.
→ → → → → → → → →
Propriété 5: Soient O, A, B et C, posons OD = OB + OC , alors OA.OD = OA.OB + OA.OC

En effet sur la figure ci-contre on a OK =

HL (les projections de deux bipoints équipollents,
 
sont deux bipoints équipollents), donc OK = HL.
Il en résulte que
\o(OA;\s\up5()) \o(OL;\s\up5()) =
       
OA OH + OA HL = OA OH + OA OK
Ce qui est l'égalité annoncée. Mais ceci n'est
valable que si O≠A, dans le cas où O=A, l'égalité
reste vraie car ses deux membres sont nuls.
→ → → → → →
Propriété 6: Si OC = λ OB, alors OA. OC = λ OA. OB.
En effet sur la figure ci-contre on a
     
OK = λ OH, donc OA OK = λ OA OH. Ce
qui est l'égalité annoncée. Mais il faut traiter
à part le cas où O=A.
Nous résumerons ceci en disant que le produit scalaire est linéaire par rapport à son premier
argument. Puisqu'il est symétrique, il l'est aussi par rapport à son second argument.
→→ → → → → → →
Propriété 7: Soit (O, i , j ) un repère orthonormé, et soit u = x i + y j et v = x' i + y' j deux
→→
vecteurs; alors u . v = xx' + yy'.
On applique la bilinéarité, et on tient compte du fait que deux vecteurs orthogonaux ont un
produit scalaire nul.

Présentation 2: Les prérequis sont le calcul vectoriel, et le calcul de la longueur (ou de la norme) d'un
vecteur dans une base orthonormée.
I: Définition du produit scalaire.
→ →
Etant donnés deux vecteurs u et v , on appelle produit scalaire de ces deux vecteurs le nombre
→→ 1 → → → →
u . v = [ u + v 2 – u 2 – v 2]
2
On peut justifier cette définition en remarquant que le produit scalaire est un outil pour déterminer si
deux vecteurs sont perpendiculaires. En effet, d'après le théorème de Pythagore et sa réciproque, le
produit scalaire est nul si et seulement si, ou bien l'un des deux vecteurs est nul, ou bien les deux
vecteurs sont perpendiculaires. Deux vecteurs dont le produit scalaire est nul sont dits orthogonaux.
Ce sera la propriété 1.
→→ → → → → → →
Propriété 2: Soit (O, i , j ) un repère orthonormé, et soit u = x i + y j et v = x' i + y' j deux
→→
vecteurs; alors u . v = xx' + yy'.
→→ 1
Car u . v = [((x+x')2+(y+y')2) – (x2+y2) – (x'2+y'2)] , d'après les formules, supposées
2
connues, qui donnent la norme d'un vecteur exprimé dans une base orthonormée.
En fait tout ce qui suit repose sur cette formule, et sur le fait que la quantité xx' + yy' ne
3
dépend pas de la base orthonormée dans laquelle on travaille.
II: Les propriétés du produit scalaire.
→ → →→ →→
Propriété 3: Quels que soient u et v : u . v = v . u . Car xx'+yy' = x'x+y'y
→ → → → → → →→ →→
Propriété 4: Quels que soient u , v1 et v2 et le scalaire λ: u .(v1 +λv2) = u .v1 + λ u .v2
Car x(x1+λx2) + y(y1+λy2) = (xx1+yy1) + λ (xx2+yy2)
On démontre de même la linéarité par rapport au premier argument, ou on la déduit de la symétrie.
Propriété 5: Soit trois points O, A et B. Supposons O≠A, et soit H la projection de B sur la droite OA,
→ →  
alors OA.OB = OA OH .
Pour s'en convaincre on travaille dans un repère
orthonormé (O,\o(i;\s\up4(→ )),\o(j;\s\up4(→ ))) dont le
→ →
vecteur i est colinéaire à OA. Dans ce repère nos deux
 
vecteurs ont pour coordonnées (OA,0) et (OH,y). Il en
 
résulte que leur produit scalaire est OA OH + 0.

→ → 
Supposons que i soit de même sens que OA, alors OA = OA, et (si les deux points B et O
 → → → → → →
sont distincts) OH = OB cos (OA,OB), il en résulte que OA.OB = OA OB cos (OA,OB).

Remarque: Ce qui rend la seconde présentation plus agréable pour une leçon de CAPES, c'est d'une
part qu'elle est formée de deux énoncés de base (une définition, un théorème simple (la propriété 2))
puis de conséquences immédiates que l'on met dans un ordre quelconque, et d'autre part qu'aucune des
démonstrations et aucun des énoncés ne comporte de cas particuliers. La première présentation est
dangereuse pour un candidat à l'oral du CAPES car d'une part il faut mettre les arguments dans un
ordre bien précis, d'autre part elle comporte un grand nombre de cas particuliers (si O = A …) qui ne
sont pas difficiles mais qu'on risque d'oublier. Il faut savoir qu'elle est très à la mode dans les manuels
actuels. Cette mode provient du fait que l'on a voulu calquer la définition du travail d'une force. Pour
montrer que les maths pouvaient servir à quelquechose !! Préoccupation à la mode dans certains
milieux vers les années 80. C'est, dans le cas présent, complètement imbécile car cela fait bien
longtemps qu'au niveau seconde ou première les physiciens ne font plus travailler que des forces
colinéaires à la vitesse. Mais la mode est restée. En fait dans les manuels les cas particuliers ne gènent
pas, car on les oublie, ce qui donne des cours logiquement incorrects. Les élèves ne remarquent pas
ces incorrections. C'est la règle générale, mais il me semble pourtant très dangereux de montrer à des
élèves - de quelque niveau qu'ils soient - des entorses à la logique. Il ne faut pas attendre du jury qu'il
ferme les yeux sur de telles erreurs.

Applications: A la suite de ce qui précéde (première ou seconde présentation) il reste à donner des
applications. Le titre de la leçon impose que celles-ci soient des problèmes de distances et d'angles; ce
n'est pas une restriction car le produit scalaire ne peut guère servir à autre chose. Voici quelques
exemples; le jour du CAPES on peut les accompagner d'une application numérique.
Application 1: Soit ABC un triangle dont on connait les longueurs des cotés AB = c, BC = a et
CA = b. Calculer ses angles.
→ → → → → → →
On écrit BC2 = (AC – AB)2 = AC2 + AB2 – 2 AC.AB , et cette formule s'écrit encore
→ →
a2 = b2 + c2 – 2bc cos (AC,AB). Ce qui donne l'angle en A du triangle. Mais attention cet angle est
donné par son cosinus, c'est donc l'angle non orienté qui est donné. Pour avoir l'angle orienté il
4
faudrait faire appel au déterminant.
Application 2: Trouver la distance du point A à la droite BC.
→ → → →
On note H la projection orthogonale de A sur BC. On a AC = AH + HC. Notons u le

quotient du vecteur BC par sa norme, et orientons la droite AC de A vers C. Le produit scalaire des
→ → → → → →  → → →→
vecteurs AH et u est nul; donc AC. u = HC. u = HC; d'où l'on déduit HC = ( AC. u ) u . On en
→ → → →
déduit AH = AC – HC, et la distance cherchée en prenant le carré scalaire de AH.

On pourrait aussi chercher un vecteur unitaire othogonal à u (en base orthonormée si le

vecteur u a pour coordonnées (x,y), alors ses deux vecteurs orthogonaux unitaires ont pour
→ → →→ → → →
coordonnées (y,–x) et (–y,x)). On a alors AH = ( AC. v ) v . Donc AH2 = HC = ( HC. v )2

Application 3: Donner, en repère orthonormé, une équation de la droite perpendiculaire au vecteur u
et passant par A.
→ →
On écrit que M est sur cette droite si et seulement si AM. u = 0.
Application 4: Des points A et B et un nombre k étant donnés, trouver le lieu des points M tels que
→ →
AM2 – BM2 = k (voir leçon sur le barycentre)
Application 5: Des points A et B et un nombre k étant donnés, trouver le lieu des points M tels que
→ →
AM2 + BM2 = k (voir leçon sur le barycentre)
Application 6 : Soient quatre points A, B, C et D, montrer que
→ → → → → →
AB.CD + BC.AD + CA.BD = 0
En déduire
1) que les trois hauteurs d'un triangle ont un point commun.
2) que dans un tétraèdre si deux couples d'arètes opposées sont orthogonaux, le
troisième l'est aussi.

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