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Cas n° 1 : La SARL PTS IMMOBILIER

La SARL PTS IMMOBILIER est une société de construction immobilière dont le siège social est situé à Nantes
(44). Elle travaille régulièrement pour des chantiers importants comman‐ dés par la ville ou par de grandes
entreprises de la région.

Au mois de décembre 2019, elle a eu un litige avec l’un de ses clients concernant la construc‐ tion d’un bâtiment
industriel. Ce dernier lui reproche de ne pas avoir respecté ses engage‐ ments permettant de bénéficier d’un
bâtiment respectant les nouvelles normes d’isolation thermique.

Au final, la SARL PTS IMMOBILIER a eu pour obligation de reprendre les travaux et de refaire certains murs,
ce qui a entraîné un coût supplémentaire qui n’était pas prévu. De plus, ses salariés étant occupés par ce chantier,
elle a été obligée de retarder l’exécution d’autres chantiers déjà programmés entraînant un décalage dans les
paiements.

Au 12 mars 2020, la SARL PTS IMMOBILIER connaît des difficultés du fait de cette situation et a dû négocier
avec sa banque une autorisation de découvert. Cependant, cette autorisa‐ tion est temporaire et la SARL risque
de ne pas pouvoir payer certaines factures au mois de juillet, d’autant plus que la période estivale est une période
pendant laquelle elle connaît toujours un ralentissement de son activité.

L’idéal serait qu’elle puisse négocier avec ses fournisseurs afin d’obtenir des délais de paiement.

Marc Frenoux, gérant de la SARL PTS IMMOBILIER, a discuté de cette situation avec son responsable
financier qui lui a indiqué la possibilité de demander l’ouverture d’une procé‐ dure de conciliation judiciaire.
Marc Frenoux est hésitant, car il craint que l’ouverture d’une telle procédure soit mal interprétée sur le marché et
entraîne une méfiance de ses parte‐ naires actuels ou futurs. Il n’est pas certain non plus que la SARL PTS
IMMOBILIER puisse en bénéficier.

1. Indiquez à Marc Frenoux si la SARL PST IMMOBILIER peut bénéficier de l’ouverture d’une
conciliation judiciaire.
2. Comment pouvez-vous le rassurer concernant les effets de cette ouverture à l’égard de ses partenaires ?

La procédure de conciliation a été ouverte le 20 mars 2020 pour une durée de 4 mois. Elle a permis à la SARL
PST IMMOBILIER de négocier avec plusieurs de ses fournisseurs afin de compenser les difficultés temporaires.

Cependant, le 20 septembre 2020, la SARL PTS IMMOBILIER se retrouve en situation de ces‐ sation des
paiements. La période estivale n’a pas permis de conclure de nouveaux contrats et la SARL a par ailleurs perdu
un marché qu’elle pensait acquis auprès de la ville de Nantes. Elle ne peut honorer les dernières factures et son
gérant, Marc Frenoux, décide, le 3 octobre 2020, de déposer le bilan pour tenter de trouver des solutions afin de
sauver son entreprise. Il espère pouvoir tout de même continuer à gérer sa SARL pendant cette période.

3. Expliquez la décision prise par Marc Frenoux.


4. Présentez-lui les principales conséquences de cette prise de décision.

Avant de déclarer la situation de la SARL PTS IMMOBILIER au tribunal de commerce de Nantes, Marc
Frenoux a pris le soin de régler quelques affaires urgentes. Ainsi, le 25 sep‐ tembre, il a réglé deux factures à
l’un de ses fournisseurs, Saïd Melchir, un ami d’enfance afin d’être certain que ce dernier soit payé. Marc ne
souhaitait pas, en effet, que ses difficultés puissent se reporter sur la société de Saïd Melchir. Il a donc réglé ces
factures par anticipa‐ tion. De même, le 30 septembre, il a réglé la facture arrivée à échéance d’un autre de ses
fournisseurs, Hervé Duchmoll avec lequel Marc partage une passion commune, le tir à l’arc. Ce dernier a eu
connaissance des difficultés de la SARL PTS IMMOBILIER lors d’une séance d’entraînement au cours de
laquelle Marc s’est confié. C’est d’ailleurs lui qui l’a décidé à déclarer la situation de la SARL au tribunal de
commerce.

5. Que pensez-vous de la validité des actes passés par Marc Frenoux ?


Cas n° 2 : La SA MAXTRANSPORT

La SA MAXTRANSPORT est une société de transport de marchandises créée en 2004 à Rennes. Elle est
spécialisée dans le transport de marchandises périssables dans toute la région.

Récemment, Mickaël Souly, DG de la SA MAXTRANSPORT a pris des contacts pour racheter une autre société
de transport bretonne et étendre ainsi la couverture géographique de son entreprise. Pour financer cet achat, il
décide de proposer aux actionnaires une augmentation de capital qui pourrait donner lieu, s’ils le souhaitent, à
l’entrée de nouveaux actionnaires dans la SA.

Evelyne Dante, directrice financière de la SA MAXTRANSPORT n’approuve pas le projet M. Souly qu’elle
juge risqué. En effet, les comptes sociaux pour cette année ne permettent pas de dégager les bénéfices attendus et
il serait souhaitable d’augmenter les réserves et non d’investir dans de nouveaux projets.

Mickaël Souly a déjà bien avancé dans les négociations et ne souhaite pas revenir en arrière.

Il demande à Evelyne de modifier les comptes afin de faire apparaître un montant de béné‐ fices au moins aussi
élevé que celui de l’exercice comptable passé pour ne pas inquiéter les actionnaires.

Il présentera ces comptes aux associés lors de la prochaine AGO et pourra ainsi faire voter la distribution d’un
montant de dividendes équivalent aux années antérieures. En présentant cette situation positive, Mickaël Souly
compte convaincre les actionnaires de voter l’aug‐ mentation du capital social.

Raphaël Dirova, commissaire aux comptes de la SA MAXTRANSPORT, constate des irrégulari ‐ tés dans les
comptes qui lui sont présentés. Il demande alors des explications à Evelyne qui n’ose avouer ce que le dirigeant
de la SA MAXTRANSPORT lui a demandé de faire. Raphaël n’y prête pas plus attention. Il est tombé sous le
charme d’Evelyne et, la voyant mal à l’aise, il décide de ne pas chercher davantage et certifie les comptes tout en
lui proposant un dîner le soir même.

6. Que pensez-vous de la demande faite par Mickaël à Evelyne ?

7. Qu’en est-il du versement envisagé des dividendes ?


8. Analysez la situation de Raphaël.

Mickaël Souly est toujours à l’affût de bons plans financiers pour faire fructifier son argent.

Début novembre, il a pris connaissance sur Internet d’un nouveau placement annonçant une rentabilité de 8 %.
Méfiant, il a commencé par investir des sommes raisonnables après avoir demandé communication d’un certain
nombre de documents certifiant le respect par l’entreprise gestionnaire du placement des règles de droit
françaises. Puis, le placement affi‐ chant la rentabilité prévue sur ces premiers dépôts, il a augmenté les
versements effectués pour atteindre, au final, près de 230 000 €.

Cependant, le 2 septembre, lorsqu’il décide de retirer son argent pour effectuer un achat, il apparaît que la société
de placement n’existe pas. Mickaël Souly n’arrive plus à contacter aucun responsable et commence à penser
qu’il ne reverra jamais son argent.

Il décide alors de porter plainte.

9. Identifiez l’infraction en cause dans ce cas.


10. Présentez à Mickaël la procédure à suivre pour se constituer partie civile.
EXERCICE 2

Cour de cassation, Chambre commerciale Arrêt du 22 janvier 2020, n° 18‐17.030


Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Attendu, selon l’arrêt attaqué (Amiens, 22 mars 2018), que la société Phone, dirigée par M. S..., a été mise en
redressement judiciaire le 23 juin 2010 ; que son plan de redressement a été arrêté le 20 avril 2011 ; qu’un
jugement du 3 juillet 2013 a prononcé la résolution du plan et a ouvert la liquidation judiciaire de la société
Phone, la SCP [...] étant désignée liquidateur ; que le 31 mai 2016, le liquidateur a assigné M. S... en res‐
ponsabilité pour insuffisance d’actif ;

Attendu que M. S... fait grief à l’arrêt de le condamner à payer au liquidateur, ès qualités, la somme de 240 000
euros à titre de contribution à l’insuffisance d’actif alors, selon le moyen, que lorsque la liquidation judiciaire
d’une personne morale fait apparaître une insuffisance d’actif, le tribunal peut, en cas de faute de gestion ayant
contribué à cette insuffisance d’actif, décider que le montant de cette insuffisance d’actif sera supporté, en tout
ou en partie, par tous les dirigeants de droit ou de fait, ou par certains d’entre eux, ayant contribué à la faute de
gestion ; que seules des fautes de gestion antérieures à l’ou‐ verture de la procédure collective peuvent être prises
en compte ; qu’en l’espèce, la cour d’appel a constaté que le tribunal de commerce de Compiègne a ouvert une
procédure de redressement judiciaire à l’égard de la société Phone par un jugement du 23 juin 2010 et désigné
M. Q... en qualité de mandataire judiciaire ; que par jugement du 20 avril 2011, le même tribunal a arrêté le plan
de redressement de la société Phone, avant de convertir la procédure en liquidation judiciaire par jugement du 3
juillet 2013 ; qu’en se fondant, pour condamner M. S... à payer à M. Q..., ès qualités, la somme de 240 000 euros
au titre de l’insuffisance d’actif de la société Phone, sur l’absence de comptabilité pour l’exercice clos le 31
décembre 2012 et l’absence d’approbation des comptes qui s’en est suivie à la date du 30 juin 2013 et la
poursuite de l’activité déficitaire de la société Phone à compter de l’ouverture du redressement judiciaire, et plus
particulièrement à compter de 2011, autant de fautes de gestion qui étaient toutes postérieures à l’ouverture de la
procédure collective intervenue le 23 juin 2010, la cour d’appel a violé l’article L. 651‐2 du Code de commerce ;

Mais attendu que la faute de gestion visée par l’article L. 651‐2 du Code de commerce doit avoir été commise
avant l’ouverture de la liquidation judiciaire qui autorise l’exercice de l’action en responsabilité pour
insuffisance d’actif ; qu’après avoir relevé qu’un jugement du 3 juillet 2013 avait constaté un nouvel état de
cessation des paiements de la société Phone, prononcé la résolution de son plan de redressement et ouvert sa
liquidation judi‐ ciaire, l’arrêt retient exactement que ni le jugement ouvrant le redressement judiciaire, ni celui
arrêtant le plan de redressement n’exonèrent le dirigeant social de sa responsabilité et que les fautes de gestion
commises pendant la période d’observation du redressement judiciaire, comme pendant l’exécution du plan,
peuvent être prises en considération pour fonder l’action en responsabilité pour insuffisance d’actif dès lors
qu’elles sont antérieures au jugement de liquidation judiciaire ; que le moyen n’est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS, la Cour : REJETTE le pourvoi.

1. Exposez les faits en recensant les différentes étapes par lesquelles la société PHONE est passée.
2. Formulez le problème de droit.
3. Rappelez la définition de la notion de « faute de gestion ».

4. Quelles sont les conditions d’engagement de la responsabilité civile du dirigeant en cas de cessation des
paiements ?
5. Quelles sont les précisions apportées par cette décision de la Cour de cassation ?

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