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I. OUVRAGES GENERAUX
A. Manuels et précis
- Loïc CADIET, Découvrir la justice, Dalloz, orientation 1997 ; Droit judiciaire privé, Litec, 2ème
éd.1998
- Gérard CORNU et Jean Foyer, Procédure civile, PUF 3ème éd. 1996
- S. GUINCHARD, Mega code de proc. Civ., Dalloz 1999
- Marie-Laure RASSAT, Instituions judiciaires PUF, 2ème éd. 1996
- G. COUCHEZ, Proc. Civ. Dalloz 1998
C. Ouvrages spécialisés
D. Thèmes particuliers
E. Codes
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PROCEDURE CIVILE
On enseigne généralement que le droit a pour fonction première de régir l’activité sociale des
personnes. Le droit de la famille ou le droit des obligations permettent aux sujets de droit de savoir
si la loi autorise les activités qu’ils envisagent et dans l’affirmative, quels sont les moyens d’y
parvenir. La procédure civile encore appelée droit judiciaire privé ne s’inscrit pas dans une pareille
perspective. Elle ne sert pas à apprendre la vie juridique. C’est un droit sanctionnateur et un droit
servant. Droit sanctionnateur car le droit judiciaire privé rejoint l’un des fondements les plus sûrs
de la juridicité en ce qu’il n’y a de règle de droit que lorsqu’une sanction est retenue par l’autorité
publique. Droit servant parce que le droit judiciaire privé apparaît comme un droit auxiliaire, un
droit qui vient au secours du droit substantiel (règles de droit ordinaires). En effet, l’application du
droit n’est pas normalement contentieuse, mais en cas de besoin, le droit judiciaire privé vient
porter main forte pour un meilleur respect du droit substantiel.
La procédure civile ou le droit judiciaire privé est l’une des disciplines de droit qui a pour objet la
réalisation de la justice. Certes le mot justice est chargé de significations multiples. Il désigne tout
d’abord les moyens tendant à réduire les inégalités entre les hommes. On parle par exemple de
justice sociale. La justice désigne ensuite l’ensemble des institutions qui permettent de rendre le
service public de la justice c’est-à-dire de juger les procès opposant par exemple de simples
particuliers entre eux, ou encore les particuliers à l’Etat. Le juge est de ce fait investi de la mission
de vérifier la régularité de toute situation juridique, de contrôler la conformité de celle-ci avec les
lois en vigueur. Le contrôle peut être exercé de façons diverses. En effet, la vérification de la
régularité de l’élection du député diffère de celle d’un délégué du personnel, de la validité ou
nullité d’un mariage, d’un contrat, ou pour juger un délinquant. Quelle que soit la procédure qu’il
choisit, le juge doit se soumettre à un ensemble de formalités fixées à l’avance par le législateur.
Ainsi, le processus qui tend au règlement des litiges par un juge est qualifié de procédure.
La procédure évoque en général des formalités à accomplir en vue d’un résultat qui reste le plus
souvent généralement aléatoire. Cependant, la définition de la procédure est plus précise en droit.
Elle s’entend d’un ensemble d’actes ou de formalités dont l’accomplissement permet à une
juridiction de trancher un problème juridique.
Il est à noter que l’expression ‘’procédure’’ entendue dans son sens technique, semble inapte à
englober toutes les matières habituellement traitées sous cette dénomination. C’est pourquoi
d’autres termes avaient été suggérés tels par exemple le droit judiciaire et le droit processuel.
L’expression « droit judiciaire » est à première vue satisfaisante puisqu’elle désigne l’ensemble
des règles applicables au procès. Cependant, elle reste équivoque dans la mesure où il existe
parallèlement en France deux ordres de juridictions : celle de l’ordre judiciaire (civil et pénal) et
celle de l’ordre administratif sans ignorer les autorités administratives indépendantes qui peuvent
exercer des fonctions juridictionnelles, ainsi que le Conseil constitutionnel. Or dans son sens
propre, le droit judiciaire ne recouvre pas l’organisation et les conditions de fonctionnement de
toutes juridictions.
On a d’autre part émis l’objection que si, les règles de procédure tendent le plus souvent à assurer
la sanction des droits subjectifs, individuels, elles demeurent des règles d’organisation et de
fonctionnement d’un service public. Elles sont à la fois des règles de droit public et de droit privé.
En outre, on relève qu’à partir du moment où il existe d’autres types de procédures tels par
exemple la procédure pénale et la procédure administrative, il est préférable de ménager une
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certaine unité de terminologie en maintenant l’expression ‘’la procédure’’. Il faut souligner que
certains auteurs utilisent l’expression droit processuel pour désigner la même réalité. Cette
appellation a l’avantage, grâce à sa neutralité d’englober à la fois le droit judiciaire privé, le droit
judiciaire pénal ainsi que l’activité juridictionnelle des tribunaux de l’ordre administratif et de
toutes les autorités qui rendent des décisions juridictionnelles.
L’évolution du droit au cours des siècles a conduit à accorder une importance de plus en plus
grande aux autorités judiciaires. En effet, la règle juridique est d’une mise en œuvre spontanée de
la part des citoyens si ceux-ci veulent bien la respecter. Or tel n’est pas souvent le cas et pour cela
il a été indispensable de prévoir les moyens de la concrétiser dans les hypothèses où elle est
méconnue. L’Etat se trouve dans l’obligation d’assurer la justice s’il ne veut pas que les individus
se fassent justice à eux-mêmes, situation qui serait de nature à perturber l’ordre public. Tout ceci
justifie la nécessité d’organiser et de faire fonctionner un service public de la justice ; l’existence
de ce service public et la faculté d’y recourir peuvent jouer également un rôle préventif en incitant
chaque individu à respecter les droits d’autrui, pour ne pas courir le risque d’un procès et d’une
condamnation. Si les conflits soumis à la justice présentent un caractère accidentel, il n’en demeure
pas moins indispensable que soient prévus les moyens de les résoudre. La création des maisons de
justice au Togo dénote de la volonté de l’Autorité d’instaurer la paix sociale dans notre pays.
Tout ceci étant acquis, nous pouvons définir la procédure civile comme un ensemble de formalités
que doit accomplir une juridiction d’ordre civil pour trancher un problème juridique.
Pour mieux comprendre le cours sur la procédure civile ou connaître cette science, il convient
d’abord de déterminer son utilité, ses caractères puis ses sources.
Du point de vue théorique, la procédure permet de ressortir la distinction entre le droit et la morale
c’est-à-dire le juridique et le non juridique. La possibilité offerte aux plaideurs de s’adresser aux
tribunaux est l’un des critères de juridicité. Celle-ci se caractérise par « la qualité pour certaines règles
de pouvoir faire l’objet d’un jugement par un tiers en cas de litige. Aussi si un ordre juridique peut
exister sans législateur et sans exécutif, il ne peut exister sans une forme de juge apte à se prononcer
sur l’interprétation des règles ». On peut aussi ajouter que la procédure conduit celui qui y recourt à
mener ses investigations dans toutes les branches du droit. On ne peut s’intéresser au droit substantiel
sans prolongement vers le droit procédural. La procédure n’existe jamais pour elle-même. Elle
embrasse tous les secteurs du droit.
Quant à son utilité pratique, disons d’abord que la procédure est un gage de paix sociale en ce qu’elle
permet, grâce à l’intervention de juridictions spécialisées, de vérifier la régularité ou l’irrégularité de
toute situation juridique. L’idée de contrainte étant inséparable de la règle de droit, le recours à une
autorité est souvent nécessaire pour donner satisfaction aux intérêts légitimes et éviter le recours à la
justice privée.
On peut dire ensuite que le droit judiciaire est indispensable dans tous les domaines à la mise en œuvre
du droit substantiel ».
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2) Les caractères de la procédure civile
La procédure présente deux traits caractéristiques : c’est un droit impératif et un droit formaliste.
Le caractère impératif se justifie par le fait que l’on ne peut abandonner aux plaideurs le choix de la
juridiction à saisir ou des formalités à accomplir. Si tel était le cas, la justice serait aléatoire et très
arbitraire. Les institutions judiciaires par lesquelles l’Etat s’acquitte de son devoir de rendre la justice
aux sujets de droit forment un service public que les justiciables ne sauraient utiliser et manipuler
selon leur désir. Les règles relatives à l’exercice des actions, celles relatives à l’organisation judiciaire,
celles de compétences d’attribution sont impératives.
Le caractère formaliste en revanche est un gage contre l’arbitraire du juge. Le jugement reste encore
plus sévère à l’encontre du formalisme. En effet, un plaideur a toujours du mal à accepter la perte d’un
procès qui lui était favorable sur le fond, pour une question de procédure. C’est difficile d’admettre par
exemple, que la rédaction incorrecte d’un acte introductif d’instance puisse suffire à faire rejeter une
demande bien fondée, ou encore qu’on puisse attacher une importance décisive au fait que l’appel a
été interjeté un jour après l’expiration du délai. Les deux vertus du formalisme sont d’une part la lutte
contre l’arbitraire et de l’autre la sécurité du plaideur qui s’y soumet. Si nous reprenons les exples ci-
dessus, on pourrait dire que si l’acte introductif d’instance comporte toutes les mentions voulues, le
juge ne pourra pas l’écarter (rejet de l’arbitraire du juge) au motif qu’il n’apporte pas à l’adversaire
une information suffisante. De même, la fixation d’un délai chiffré protège celui qui fait appel dans le
délai contre tout danger lié à l’opinion que pourrait avoir le juge du second degré sur la question. Les
connaissances relatives à la proc.civ., doublées d’expériences, permettent de donner des chances aux
dossiers d’aboutir heureusement. Il suffit de parcourir certains dossiers d’appel et de cassation pour se
rendre à l’évidence du nombre d’affaires qui ont été irrémédiablement gâchées à la suite d’erreurs
procédurales graves, dont la cause est presque toujours l’ignorance des règles de procédure.
Les divers problèmes qui constituent l’objet de la procédure civile peuvent être groupés autour de trois
notions juridiques fondamentales, celle de l’action, de juridiction et d’instance.
- La théorie de l’action montre dans quelles conditions une personne peut obtenir d’un tribunal la
reconnaissance ou la sanction de ses droits.
- Enfin la théorie de l’instance contient les règles de procédure à l’aide desquelles la prétention
peut être soumise à l’activité juridictionnelle du juge. L’instance réalise la connexion de
l’action, prérogative reconnue aux particuliers avec la juridiction, fonction essentielle de l’Etat.
La procédure civile a diverses sources ; on a d’abord les textes. En France, le code de procédure civile,
entré en vigueur en 1807, est le document de base. Ayant fait l’objet de beaucoup de retouches, ce
code a constitué jusqu’à une époque récente le document essentiel pour l’étude de la matière. Une
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réforme fut apportée relativement aux procédures civiles d’exécution par la loi n° 91-650 du 9 juillet
1991.
Au Togo, c’est le Décret n° 82 – 50 du 15 mars 1982 complété et modifié par le Décret n° 89 – 179 du
28 décembre 1989 qui a élaboré le Code de procédure civile. L’article premier de ce Code énonce
expressément que ses dispositions s’appliquent devant toutes les juridictions de l’ordre judiciaire,
civiles, commerciales, sociales. Des lois organiques fixent respectivement le statut des magistrats,
l’organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature ainsi que l’organisation et
le fonctionnement de la Cour suprême. Un certain nombre de textes sont en voie d’être adoptés dans le
cadre du programme de modernisation de la justice.
A côté des sources principales que sont la loi et les règlements, on peut mentionner aussi la
jurisprudence (référence est faite aux arrêts de la Cour de Cassation), la coutume (elle comble parfois
les lacunes des dispositions écrites comme par exemple les usages du palais) et enfin la doctrine qui a
la possibilité d’influer sur les procès par les suggestions faites.
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PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE LA JUSTICE CIVILE
La notion de procédure civile évoque celle de justice ainsi que les institutions mises en place pour
l’assurer. C’est la réalisation contentieuse des droits, que ce soit le droit privé, le droit pénal ou le droit
public. Dans cette optique la procédure civile vise à la défense des droits des personnes qui relèvent du
droit privé, en assurant la sanction de ces droits.
Le terme procédure évoque à la fois le procès c’est-à-dire une série de formalités à accomplir pour
atteindre cet objectif, de même que l’organisation du service public de la justice. Généralement, la
justice s’inscrit dans une durée pour permettre au juge de mûrir sa réflexion et aux justiciables de se
ménager le temps nécessaire à l’accomplissement des formalités exigées pour atteindre cet objectif. Il
est vrai, la procédure a mauvaise réputation. On décrit çà et là le nombre d’obstacles qui freinent le
bon déroulement de la justice et l’instauration d’une justice juste. En dépit de ces aventures, la
procédure continue de jouer un rôle essentiel car elle est indispensable à la réalisation concrète des
droits.
Il faut souligner que la procédure civile appartient à la fois au droit privé et au droit public ; au premier
parce qu’elle vise à la défense des intérêts des particuliers, plus particulièrement des personnes
physiques et morales, au second, du fait que la procédure touche à l’organisation du service public de
la justice.
L’expression ‘’procédure civile’’ n’a pas étymologiquement parlant le sens restrictif qu’on lui accorde
dans la science juridique. Le terme ‘’civil’’ n’évoque pas seulement le droit civil. En d’autres termes,
la procédure civile n’est pas que la procédure du droit civil. Le mot ‘’civil’’ vient de citoyen. En effet
celui-ci se livre à diverses activités que l’on retrouve dans la procédure civile lorsque de telles activités
(à l’exclusion des activités militaires) conduisent à un contentieux. La procédure civile est ainsi la
procédure du citoyen, dans ses conflits liés à son activité commerciale, sociale ou rurale, sans oublier
le droit de sa protection sociale. D’un point de vue global, nous dirons que la procédure civile c’est la
procédure de la société civile. Ainsi on englobe dans la procédure civile la procédure suivie devant les
tribunaux de commerce, les tribunaux paritaires de baux ruraux, les conseils de prud’hommes et les
tribunaux des affaires de sécurité sociale.
La procédure civile permet aux particuliers de défendre non seulement leur propriété et leurs droits
patrimoniaux mais encore leur nom, leur honneur, leurs droits de famille ainsi que des libertés
essentielles, telles que celle de penser, d’écrire ou de faire le commerce. Cependant, la procédure
civile se singularise à son tour en fonction des juridictions concernées. C’est ainsi qu’à côté de la
procédure civile, au sens étroit suivi devant les tribunaux de droit commun (TJ, TPI) il y a une
procédure commerciale, une procédure prud’homale, une procédure des loyers, une procédure des
référés etc… Mais toutes ces différentes procédures sont comprises dans une large acception de
l’expression procédure civile.
La détermination de la justice civile nous conduit à mettre essentiellement l’accent sur l’organisation
de la justice civile. A ce propos, nous allons voir la manière dont sont organisées les juridictions
publiques (chapitre I) puis nous allons déterminer le personnel judiciaire (chapitre II).
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CHAPITRE I - LES JURIDICTIONS
Les juridictions encore désignées par tribunaux constituent les organes appropriés pour apprécier les
droits et obligations juridiques et pour statuer sur les différends y relatifs. En réalité, les litiges peuvent
être résolus de manières variées. Il y a des modes non juridictionnels de règlement des litiges à savoir
la conciliation (les parties en présence s’entendent directement pour mettre fin à leur litige, au besoin
avec l’aide d’un tiers, conciliateur), la médiation (le médiateur contrairement au conciliateur recherche
les éléments de l’entente des parties qu’il leur propose sans les leur imposer) la transaction (chaque
partie abandonne une partie de ses prétentions, formalisée dans un acte signé par les intéressés). La
transaction est une « convention par laquelle les parties, au moyen de concessions réciproques
terminent une contestation née ou préviennent une contestation à naître ». En matière administrative,
on a le recours gracieux porté devant l’autorité dont émane l’acte incriminé que l’on tente de persuader
du caractère illégal ou inopportun de sa décision et le recours hiérarchique porté devant le supérieur de
l’autorité auteur de l’acte critiqué, à qui l’on demande de l’annuler en usant de son pouvoir
hiérarchique.
Il est à noter qu’en France, dans le cadre de la réforme du 23 mars 2019, la loi renforce le recours
préalable aux modes alternatifs de règlement des litiges (conciliation, médiation, procédure
participative) lorsque la demande de l’une des parties tendra au paiement d’une somme n’excédant pas
un certain montant, ou sera relative à un conflit de voisinage. La saisine du tribunal doit, à peine
d’irrecevabilité que le juge peut prononcer d’office, être précédée, au choix des parties de l’un des
modes alternatifs énoncés ci-dessus.
A côté des modes non juridictionnels, on a des modes juridictionnels dont l’arbitrage (c’est-à-dire
justice rendue par un juge privé sur accord préalable des parties en litige) et les tribunaux publics.
Au Togo, c’est la Loi n° 89/31 du 28 novembre 1989 qui a institué la Cour d’arbitrage du Togo, en
abrégé la CATO. Un texte appelé Règlement d’application (pris conformément à l’art. 43 de la loi ci-
dessus citée) porte sur les statuts de la Cour d’Arbitrage, le Règlement de la Conciliation-Médiation et
le Règlement d’Arbitrage. Ce dernier prévoit les conditions et les modalités d’organisation des
procédures arbitrales. Il comporte des dispositions relatives à la constitution de la juridiction arbitrale,
à la mise en œuvre de la procédure d’arbitrage et au règlement des frais d’arbitrage.
L’activité juridictionnelle des tribunaux est commandée par la nécessité de sauvegarde des droits de
l’homme. L’art. 6-1 de la convention-européenne des droits de l’homme retient que « Toute personne
a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal établi par la loi … ».
Les tribunaux offrent une garantie de compétence et d’impartialité dans le raisonnement juridique.
C’est la raison pour laquelle les parties trouvent auprès des tribunaux un avantage essentiel, inhérent à
leur caractère étatique. Il faut souligner que les tribunaux n’ont pas uniquement pour mission de dire le
droit. Ils accomplissent aussi des actes non juridictionnels. En effet, l’intervention d’une juridiction ne
vise pas toujours à trancher des litiges. C’est le cas par exemple des mesures d’ordre intérieur qui
tentent seulement à assurer la bonne marche de la procédure des actes d’administration judiciaire qui
correspondent à la gestion du tribunal (inscrire une affaire au rôle des audiences), de l’ordonnance par
laquelle le juge confère la force exécutoire à une transaction. … On peut même citer le rôle joué par la
chambre d’accusation en matière pénale : elle donne un avis en matière d’extradition, elle statue sur la
réhabilitation judiciaire …
Les juridictions sont organisées par la loi et les règlements et deux facteurs dominent une telle
organisation. On a d’un côté le désir de confier aux mêmes personnes les magistrats de l’ordre
judiciaire, les affaires civiles et pénales. De l’autre on note la volonté d’institutionnaliser une
séparation très nette entre le contentieux judiciaire et le contentieux administratif. En France, le reflet
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de l’organisation juridictionnelle est marqué par deux principes : l’unité des juridictions civiles et
pénales et la séparation des contentieux, sous réserve de la création de certaines juridictions
d’exception dont la composition est particulière, afin de répondre à certains besoins.
Dans les développements qui vont suivre, nous allons présenter les juridictions et parler de leur
compétence.
Pendant longtemps, on s’est interrogé de savoir s’il était judicieux que les juridictions reflètent un
caractère collégial ou si elles devaient être composées d’un juge unique. De même il était question de
voir quels juges devaient siéger, est-ce ceux ayant fait carrière ou au contraire les personnes dont la
profession n’est pas de juger.
S’agissant de la 1ère préoccupation, l’on fit valoir en faveur de la collégialité, que la décision, œuvre de
plusieurs juges est le fruit d’une délibération permettant à chacun de ceux-ci de mieux appréhender les
données du problème. Véritable garantie d’impartialité, le principe de collégialité fut perçu comme un
moyen mis à la disposition de chaque juge pour contrôler l’activité de ses collègues. Mieux encore, on
a fait valoir que la collégialité favorise l’indépendance de la justice, dans la mesure où plusieurs juges
partageant la responsabilité de la décision, peuvent mieux résister aux influences extérieures. Toutes
ces considérations ont été combattues par les tenants de la composition des juridictions à juge unique.
Ceux-ci ont fait valoir que rien ne garantie qu’une décision rendue par un collège de juges soit
nécessairement meilleure et qu’en pratique c’est un seul juge qui a voix prépondérante et impose son
point de vue à ses collègues. Quelle que soit la pertinence de ces débats, l’on constate que la tradition
du droit judiciaire est favorable au système de la collégialité, même si des exceptions se développent
de plus en plus.
Pour ce qui est du problème de la qualité du juge devant siéger, les réponses sont variables. En effet
certaines juridictions ont une composition homogène. Il en va ainsi premièrement de celles qui ne sont
constituées que de magistrats de carrière telle la cour de cassation, des C.A., des TGI et des tribunaux
d’instance regroupés en France sous la nouvelle appellation de TRIBUNAL JUDICIAIRE.
Deuxièmement, on peut citer les juridictions qui ne comprennent que des juges occasionnels choisis en
raison du lien existant entre leur activité principale et celle des parties au procès ou par rapport à
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l’objet de ce dernier. C’est actuellement le cas des tribunaux de commerce et des conseils de
prud’hommes qui deviendront plus tard des chambres spécialisées du TJ. D’ailleurs, avec la nouvelle
réforme, les greffes des juridictions prudhommales fusionnent avec ceux des TJ.
Enfin il y a des juridictions composées à la fois de juges de carrières et de juges occasionnels. C’est le
système dit de l’échevinage (tribunaux paritaires de baux ruraux et tribunaux des affaires de sécurité
sociale).
Avant d’amorcer notre étude proprement dite, il est nécessaire de dire un mot sur la hiérarchie des
juridictions. Elle est tout d’abord traduite par la distinction entre juridictions inférieures et juridictions
supérieures. Les juridictions inférieures sont celles de 1ère instance ou du 1er degré. Ensuite, on peut
signaler la C.A qui connaît en principe des appels interjetés contre les décisions de toutes les
juridictions de 1ère instance qui se trouvent dans son ressort territorial. Au plus haut niveau de la
hiérarchie des juridictions de l’ordre judiciaire se situe la Cour de cassation. La hiérarchie se traduit
aussi par le fait que les membres des juridictions hiérarchiquement supérieures font des inspections au
sein des juridictions pour constater ou assurer le bon déroulement des procès. Les juridictions
présentent le tableau suivant : d’un côté on a les juridictions de droit commun, les juridictions
d’exception et les juridictions ordinaires spécialisées (Togo)
Une juridiction est dite de droit commun lorsqu’elle a vocation à statuer sur toute affaire dont la
connaissance n’est pas attribuée, en vertu d’un texte exprès, à une autre juridiction. Comme juridiction
de droit commun, nous pouvons citer les tribunaux de grande instance (au Togo les TPI) et les Cours
d’appel.
A. Les TJ et TPI
1. Organisation
Au Togo, les TPI jouent les mêmes rôles que les tribunaux judiciaires (anciens TGI) apportés par la
réforme du 23 mars 2019 et opérationnels depuis janvier 2020. Ils sont présidés par un Président du
tribunal éventuellement un Vice-président, un ou plusieurs juges d’instruction, un procureur de la
République et son substitut, un greffier en chef et un greffier. La composition tient compte en fait de
l’importance des litiges réglés.
En France, le nouvel article L.211-3 du code de l’organisation judiciaire issu de la réforme
BELLOUBET du 23 mars 2019 dispose « Le tribunal judiciaire connaît de toutes les affaires civiles et
commerciales pour lesquelles compétence n’est pas attribuée, en raison de la nature de la demande, à
une autre juridiction ». Le TJ devient le juridiction de principe pour toute matière, à l’exception de
celles dévolues à certains tribunaux spécifiques lesquels sont maintenus (tribunaux de commerce,
conseils de prud’hommes, tribunaux paritaires de baux ruraux).
Au Togo, la réforme en profondeur de l’organisation judiciaire issue l’Ordonnance n° 78 – 35 du 7
sept. 1978 est amorcée depuis 2005 pour adapter la justice à l’évolution socio-économique du pays,
surtout au regard du PND dont l’axe 3 nécessite la mise en place des tribunaux de grande instance dans
chaque région administrative du pays (en remplacement des TPI de 1ere et 2è classe), la création des
tribunaux d’instance à compétence civile et correctionnelle à la place des TPI de 3è classe qui dispose
d’une maison d’arrêt, l’institution du principe du double degré de juridiction en matière criminelle et
administrative, ainsi que la création des juges et des chambres d’application des peines qui seront
compétents pour organiser l’exécution des peines prononcées par les juridictions pénales. Pour finir, la
réforme tend à mettre en place le principe de la collégialité au niveau des juridiction en matière
correctionnelle pour garantir les droits fondamentaux des prévenus.
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Il faut souligner que de l’Ordonnance l’alinéa 3 de l’art. 32 de l’Ordonnance du 7 sept. 1978 ci-dessus
citée dit expressément que le TPI peut toutefois, si le nombre des affaires ne justifie pas l’affectation
de trois magistrats, comprendre un président du tribunal, un juge d’instruction chargé du parquet ou
juge unique qui cumule les fonctions de président, de juge d’instruction et de procureur de la
République.
Les magistrats affectés à chaque tribunal sont tous les magistrats de carrière. Le nombre de ceux-ci
varie selon les tribunaux.
Ceci étant, comment fonctionnent les TGI ou TPI ?
La formation ordinaire du TGI (nouveau TJ) est collégiale et les juges doivent en principe être en
nombre impair de sorte à ce qu’une majorité puisse être dégagée. Généralement le tribunal siège en
audience publique c’est-à-dire que les débats sont faits en présence du public. Mais il peut arriver que
le tribunal siège en chambre de conseil et là les débats ont lieu à huis clos, hors la présence du public,
dans un local réservé aux délibérations de la juridiction. Il est à noter que la chambre du conseil exerce
en principe une juridiction gracieuse et exceptionnellement une juridiction contentieuse.
Il arrive que le législateur institue un juge unique dans une matière déterminée. C’est le cas de la loi du
5 juillet 1985 qui a précisé que le contentieux relatif aux accidents de la circulation terrestre
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relèverait désormais du TJ (ancien TGI ) statuant à juge unique avec la possibilité de renvoyer l’affaire
à la formation collégiale.
Au Togo, on peut citer le juge aux affaires matrimoniales, le juge de l’exécution, le juge pour
enfant.
On reconnaît au président du TJ ou TPI diverses attributions. En effet, c’est lui qui représente le
tribunal, exerce un droit de surveillance sur les juges qui relèvent du ressort de ce tribunal. Outre ces
pouvoirs, il a la charge de procéder à la répartition du personnel et les affaires entre les chambres. Ce
sont là des attributions d’ordre administratif.
Cependant le président se voit reconnaître d’autres pouvoirs : il préside les audiences en formation
collégiale (c’est-à-dire il dirige les débats), rend des décisions provisoires, des ordonnances, (régler
une situation urgente, procédé non contradictoire) de référé des ordonnances sur requête (par exemple
saisine conservatoire). Dans des secteurs déterminés, il dispose du pouvoir de rendre des décisions
définitives. Décisions provisoires et décisions définitives marquent le caractère d’ordre juridictionnel
dont est empreint ce type de pouvoir du juge.
Elles sont juridictions du 2nd degré des décisions de toutes juridictions de 1ère instance. Elles ont
pratiquement toute la compétence au 2nd degré. Nous allons, comme précédemment voir leur
organisation et leur fonctionnement.
Les chefs des CA sont le 1er président (pour le siège) et le Procureur général (pour le parquet). Comme
attribution d’ordre administratif, le premier, en tant que Chef de la juridiction organise la cour comme
il l’entend et exerce les fonctions suivantes : roulement et remplacement des conseillers, distribution
des affaires et surveillance du rôle général, exécution du règlement intérieur, convocation aux
assemblées générales et aux cérémonies de la cour après avis conforme du procureur général et enfin il
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assure la discipline des magistrats du siège. Le président peut siéger à toutes les chambres ou déléguer
un conseiller.
Le PG lui organise le parquet général et exerce la discipline des magistrats placés sous son autorité
ainsi que celle des officiers interministériels.
Au Togo, la loi du 21 octobre 1980 (art. 2) prévoit que les CA peuvent siéger en audience foraine
devant les TPI pour la bonne administration de la justice.
Au Togo, elles sont au nombre de deux à savoir le tribunal de travail composé d’un président et de
deux juges, et le tribunal pour enfants créé auprès de chaque TPI, présidé d’un magistrat, assisté
éventuellement d’un juge. Dans les juridictions où l on relève de faibles taux d’affaires concernant les
mineurs, le président desdites juridictions sont juges chargés en même temps du tribunal pour enfants.
Il est à noter pour finir qu’il est créé auprès du TPI 1ère classe de Lomé des cabinets (8 au total)
chargés de l’instruction. Ces cabinets sont présidés par un doyen appelés doyen des juges
d’instruction.
La Cour de cassation occupe une place exceptionnelle au sein de l’ordre judiciaire. Elle est la plus
élevée des juridictions de l’ordre judiciaire et ne constitue pas un 3ème degré de juridiction.
Son rôle consiste à réaliser l’unification dans l’interprétation des règles de droit. Elle est également
comme son nom l’indique, juge de cassation.
Le rôle traditionnel de la cour de cassation est de connaître des pourvois qui lui sont soumis. En
France, un nouveau rôle lui a été en outre attribué par la loi n° 91-491 du 15 mai 1991 prévoyant la
possibilité pour toute juridiction de l’ordre judiciaire appelée à statuer de saisir pour avis la cour de
cassation lorsque cette juridiction est ‘’saisie’’ d’une demande soulevant une question de droit
nouvelle présentant une difficulté sérieuse et se posant dans de nombreux litiges.
Au Togo, l’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême sont déterminés par la loi organique
n° 97-05 du 6 mars 1997, qui abroge la loi n° 81-4 du 30 mars 1981. La Cour suprême est la Haute
juridiction de l’Etat en matière judiciaire et administrative.
La Cour suprême togolaise est présidée par un magistrat nommé par décret en conseil de ministres, sur
proposition du conseil supérieur de la magistrature.
La Cour suprême togolaise comprend deux chambres : la chambre judiciaire et la chambre
administrative. Chacune des deux chambres est composée d’un président de chambre et d’au moins
quatre conseillers nommés par décret en conseil des ministres, sur proposition du conseil supérieur de
la magistrature.
Le ministère public est exercé auprès de la cour suprême par le parquet général composé du procureur
général et des avocats généraux nommés par décret en conseil des ministres, sur proposition du Garde
des Sceaux, ministre de la justice, après avis du Conseil supérieur de la magistrature.
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B. Fonctionnement de la Cour Suprême (CS) et de la Cour de cassation.
Selon l’art. 13 de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la CS du Togo retient que
« Les chambres ne peuvent valablement siéger que si cinq (5) membres sont réunis.
Les décisions de chaque chambre sont prises à la majorité des membres qui siègent. En cas de partage,
la voix du président est prépondérante ».
L’art. 14 complète en disant qu’ « En cas d’insuffisance temporaire du nombre des membres d’une
chambre, le président de la Cour suprême peut, après avis du président de la Cour d’appel, désigner
des magistrats de la Cour d’appel pour compléter ladite chambre ».
La Cour de cassation tout comme la CS a des attributions d’ordre juridictionnel et des attributions non
juridictionnelles. Nous allons préciser les différentes fonctions de la cour de cassation.
1. Fonctions juridictionnelles
• On parle de formation simple lorsque l’une des chambres siège. Il s’agit en d’autres termes de
l’audience ordinaire. Chaque chambre a, à sa tête, un Président qui peut éventuellement être
remplacé par le plus ancien des conseillers. La C. cass. française connaît essentiellement deux
formations : une à trois conseillers et une autre à cinq conseillers. La formation à trois est une
formation restreinte pour alléger le travail de la formation normale. Elle peut, soit rejeter le
pourvoi, soit casser la décision qui lui est soumise. On parle de formation à cinq lorsque la
solution du pourvoi (solution nouvelle) ne s’impose pas et une formation à trois dans le cas
contraire. Au Togo, la formation est de cinq membres.
- La saisine d’une chambre mixte s’impose lorsque s’est produit un partage égal de voix devant
la chambre de la C. cass. devant laquelle l’affaire a d’abord été portée ou lorsque le procureur
général le requiert avant l’ouverture des débats. Dans ces deux hypothèses, le renvoi de
l’affaire devant la chambre mixte est donc obligatoire. La saisine de cette chambre est
facultative lorsqu’une affaire pose une question relevant normalement des attributions de
plusieurs chambres, ou qui a reçu ou est susceptible de recevoir devant les chambres des
solutions divergentes. La chambre mixte est constituée par ordonnance du 1er président. Elle est
composée de magistrats appartenant à trois chambres au moins, en fonction de la nature de la
question soumise à son appréciation. Elle est présidée par le 1er président de la cour de
cassation ou par le plus ancien des présidents de chambre.
AU TOGO, ON N’A PAS DE FORMATION EN CHAMBRE MIXTE.
- La formation en assemblée plénière a été substituée par la loi du 3 juillet 1967 en France à ce
que l’on appelait jusqu’alors les chambres réunies de la cour de cassation. Elle doit donc être
saisie lorsque, après cassation d’un 1er arrêt ou jugement, la décision rendue par la juridiction
de renvoi est attaquée par les mêmes moyens que ceux qui avaient entraîné la cassation. Il faut
noter qu’une loi du 3 janv. 1979 a prévu la saisine facultative de l’Assemblée plénière lorsque
l’affaire pose une question de principe, notamment s’il existe des solutions divergentes soit
entre des juges du fond, soit entre les juges du fond et la cour de cassation. En pareil cas
l’Assemblée plénière peut être saisie dès un 1er pourvoi. C’est le 1er Président qui préside
l’Assemblée plénière. C’est au Procureur général qu’il appartient normalement de porter la
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parole aux audiences de l’Assemblée plénière. Cependant, en cas d’empêchement, il peut se
faire remplacer par le 1er avocat général ou par un avocat généra par lui désigné.
En principe, lorsque l’Assemblée plénière casse la décision qui lui a été déférée, il y a lieu de
saisir une autre juridiction de renvoi qui doit d’ailleurs se conformer à la décision de l’Assemblée
plénière sur les points de droit tranchés par cette dernière. Cependant l’Assemblée plénière peut,
comme les chambres de la cour de cassation, casser sans renvoi dans certaines hypothèses
notamment en cas de censure consécutive à un pourvoi dans l’intérêt de la loi, ou en cas de
cassation fondée sur le caractère tardif ou irrégulier de l’appel (l’arrêt d’appel, qui n’aurait donc
pas dû être rendu, étant alors anéanti), ou en cas de cassation pour contrariété de jugement, plus
généralement encore lorsque la cassation n’implique pas qu’il soit à nouveau statué sur le fond.
Au Togo, la loi organique dit expressément que le président de la CS préside les chambres réunies.
Celles –ci n’ont pas été prévues par la loi organique définissant l’organisation et le fonctionnement de
la CS togolaise. En France, la cour de cassation exerce des fonctions non juridictionnelles. Les
formations chargées d’assurer ces fonctions sont la formation en saisine pour avis, les formations
administratives et le service de documentation et d’études de la cour de cassation.
Pour asseoir l’autorité des chambres de la cour de cassation, cette formation peut être appelée à rendre
des avis qui ne lient en principe aucune juridiction. Cette formation spéciale comprend le 1er Président,
les six (6) présidents de chambre et deux (2) conseillers désignés par les chambres intéressées par la
question dont l’avis a été requis.
Enfin la cour de cassation dispose d’un service de documentation auquel est attaché un certain nombre
de magistrats. Ce service a pour mission de rassembler tous les éléments d’information utiles aux
travaux de la cour, de tenir un fichier central contenant sous une série unique de rubriques les
sommaires de toutes les décisions de la cour de cassation et des décisions les plus importantes des
autres juridictions. Une publication est faite dans des bulletins mensuels (Bull. civ et Bull. crim.) des
décisions proposées par le Président de la chaque chambre.
Au Togo, on a le recueil des arrêts de la cour suprême à consulter sur www. coursupremetogo.tg
Déterminer la compétence d’une juridiction c’est rechercher quel est celui qui parmi les tribunaux
existants, possède le pouvoir juridique d’instruire le litige (c’est-à-dire de réunir tous les éléments de
fait et de droit nécessaires pour rendre la décision) et de le juger. Lorsqu’une difficulté d’ordre
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juridique doit être réglée par la voie de la justice, l’un des problèmes qui se posent est évidemment de
déterminer la juridiction qui est légalement apte à connaître de cette difficulté, d’où la nécessité de
fixer les règles de compétence, d’exposer les sanctions de ces règles et enfin de voir dans quelles
circonstances la loi prévoit des assouplissements.
Il faut éviter de confondre la compétence des notions voisines telle que la recevabilité et la procédure.
La recevabilité est l’ensemble des conditions qui doivent être réunies pour qu’une juridiction puisse
être saisie d’une contestation. Ainsi par exemple, on ne peut pas dire que l’existence d’une
contestation sérieuse rend incompétent le juge des référés, puisqu’il n’existe pas d’autre juge qui
puisse statuer sur la même demande, pour rendre la même sorte de décision. L’ordonnance de référé ne
peut être rendue que par le président du tribunal qui est seul compétent. La compétence renvoie à la
répartition des affaires entre les juridictions.
Il faut également distinguer la règle de compétence de la règle de procédure. En effet, un tribunal peut
siéger en formation collégiale ou à juge unique, en chambre de conseil ou publiquement. Il ne s’agit là
que de règles de procédure et non de compétence, parce que ces formations ne disposent pas d’un
pouvoir juridictionnel propre, puisque c’est le même tribunal qui statue.
La différence de nature entre les règles de procédure et les règles de compétence se traduit
concrètement dans la formulation des décisions rendues. Lorsqu’une formation ne dispose pas d’un
pouvoir juridictionnel propre, ses décisions sont rendues au nom du tribunal. Lorsqu’un juge dispose
d’un pouvoir juridictionnel propre, il statue en son nom personnel (ex ; le président du tribunal qui
rend une ordonnance la formule comme suit : « nous, Président du tribunal…. » ; un juge du tribunal
qui tranche seul une affaire rend un jugement qui commence par : « Le Tribunal ».
Il faut envisager ici deux sortes de compétence. La compétence des juridictions internationales et celle
des juridictions internes.
Pour ce qui est de la 1ère compétence, elle intéresse essentiellement le problème de conflits de lois et de
juridictions. En effet, en raison de l’objet du litige, des tribunaux de plusieurs Etats peuvent avoir
vocation à statuer. Il est nécessaire, dans de telles circonstances de rechercher préalablement à quel
système national de juridiction sera dévolue la compétence. Exemple : un accident d’automobile
survenant en France entre un conducteur belge et un conducteur italien. Le développement du tourisme
et celui des relations commerciales internationales ont accru la fréquence des litiges dans lesquels se
posent, selon la terminologie du droit international privé, des questions de conflits de lois et des
questions de conflits de juridiction. Bien qu’un tribunal n’applique pas seulement son droit national, la
saisine d’un tribunal étranger peut avoir pour conséquence que le litige sera résolu selon la législation
de cet Etat. Tous les Etats disposent des règles de conflits de lois et celles de conflits de juridictions.
Ceci étant précisé, il convient de réserver l’essentiel de l’étude aux règles de compétence nationale à
savoir celles de compétence d’attribution et celle de compétence territoriale et ensuite l’étendue de la
compétence. (Au Togo, cf. le CTPF).
Les deux (2) séries de règles correspondent à deux (2) types de questions que l’on doit en principe
résoudre successivement à savoir premièrement : à quelle catégorie appartient la juridiction à saisir
(question de compétence d’attribution), ensuite compte tenu du fait que chaque tribunal a un certain
ressort géographique, quelle est, au sein de la catégorie retenue, la juridiction territorialement
compétente (question de compétence territoriale). Voyons à présent le contenu de chaque règle.
1. La compétence d’attribution
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Elle est déterminée par les règles relatives à l’organisation judiciaire et par des dispositions
particulières. Les motifs sur lesquels reposent les règles de compétence d’attribution sont nombreux et
variés. Bien souvent c’est la matière même de l’affaire qui est prise en considération, et c’est la raison
pour laquelle on dit couramment que la compétence d’attribution est une compétence déterminée « en
raison de la matière ». Au-delà de cette considération, c’est quelquefois l’importance de l’intérêt
litigieux, plus précisément le montant de la demande qui fixe cette compétence. Nous allons orienter
cette étude dans deux (2) directions : la compétence d’attribution des juridictions de droit commun et
la compétence d’attribution des juridictions d’exception.
a.1. Le TJ ou TPI
Au Togo, l’art. 39 de l’ordonnance du 7 septembre 1978 retient qu’en 1er et dernier ressort, les TPI
peuvent connaître en matière civile et commerciale des actions jusqu’à la valeur de 100 000 F en
capital ou 10 000 F en revenus annuels calculés soit par rente, soit par prix de bail. Au-delà, ils
statuent à charge d’appel.
Il faut noter que le TJ dispose d’une compétence exclusive. En effet, il existe un certain nombre de
matières qui sont réservées au TJ. Ainsi, l’on ne saurait valablement saisir une juridiction d’exception
à titre principal d’une question relative à l’une de ces matières. En outre si une telle juridiction est
saisie d’une affaire qui est de sa compétence, mais où, à l’occasion de cette affaire se pose une
question qui est de sa compétence, la juridiction d’exception doit surseoir à statuer jusqu’à ce que le
tribunal, saisi par l’un des plaideurs de cette question, ait tranché celle-ci.
Lorsqu’il est saisi d’affaires relevant de sa compétence exclusivement, le TGI statue en 1er et dernier
ressort quand l’intérêt en jeu ne dépasse pas 4000 euros (art. R. 211-3 COJ).
Selon l’art. R. 211-4 (D. n° 2009-1693 du 29 déc. 2009) le TJ a une compétence exclusive dans
les matières suivantes :
- Etat des personnes : mariage, filiation, adoption, déclaration d’absence ;
- Rectification des actes d’état civil ;
- Successions ;
- Amendes civiles encourues par les officiers de l’état civil ;
- Actions immobilières pétitoires et possessoires ;
- Récompenses industrielles ;
- Sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire lorsque le débiteur n’est ni
commerçant ni immatriculé eu répertoire des métiers ;
- Assurance contre les accidents et les maladies professionnelles des personnes non salariées en
agriculture ;
- Droits d’enregistrement, taxe de publicité foncière, droits de timbre et contributions indirectes
et taxes assimilées à ces droits, taxes ou contributions ;
- Baux commerciaux à l’exception des contestations relatives à la fixation du prix de bail révisé
ou renouvelé, baux professionnels et conventions d’occupation précaire en matière
commerciale ;
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- Inscription de faux contre les actes authentiques ;
- Actions civiles pour diffamation ou pour injures publiques ou non publiques, verbales ou
écrites.
La chambre du conseil est compétente pour connaître des affaires gracieuses (absence de litiges) – art.
434 du NCPC, telles par exemple les demandes d’homologation de convention de changement de
régime matrimonial, ou encore d’adoption ou de rectification d’actes d’état civil.
Cependant il faut souligner que la chambre du conseil a une compétence exceptionnelle en matière
contentieuse tels les cas où la loi exige que les débats aient lieu en chambre de conseil (art. 248 c.civ.,
en matière de divorce et de séparation de corps, art. 1074 al. 1er NC¨PC relatif à la filiation mod. D. n°
2009-1591 du 17déc. 2009).
La loi reconnaît au juge du TJ ou TPI le pouvoir de décider que les débats se dérouleront en chambre
du conseil dans certaines hypothèses. Aux termes de l’art. 435 du NCPC (art. 117 CT de Proc. Civile)
« le juge peut décider que les débats auront lieu ou se poursuivront en chambre du conseil s’il doit
résulter de leur publicité une atteinte à l’intimité de la vie privée, ou si toutes les parties le demandent
ou s’il survient des désordres de nature à troubler la sérénité de la justice ».
La compétence du juge unique a été écartée expressément en matière disciplinaire et en matière d’état
des personnes. S’agissant par exemple du divorce, la loi du 11 juillet 1975 a confié des pouvoirs
importants au juge délégué aux affaires matrimoniales. Sauf qu’il ne peut pas prononcer lui-même le
divorce et statuer sur ses conséquences ; ce n’est que dans l’hypothèse de divorce sur demande
conjointe que la décision est prise par le seul JAM. Certains textes législatifs accordent au juge unique
la compétence – loi du 5 juil. 1985 et 9 jull. 1991.
Le Président de ces juridictions a diverses attributions. Il est appelé à exercer d’importants pouvoirs
(qui peuvent être délégués à d’autres juges) en ses qualités de juge des référés, juge des requêtes et
juge de l’exécution.
Le Président du TGI peut prendre des ordonnances de référé. L’ordonnance de référé « est une
décision provisoire rendue à la demande d’une partie, l’autre présente ou appelée, dans les cas où la loi
confère à un juge qui n’est pas saisi du principal pouvoir d’ordonner immédiatement les mesures
nécessaires ». Selon l’art. 808 NCPC « le président du tribunal GI peut ordonner en référé toutes les
mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend ».
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Il résulte de ce texte que le juge des référés ne peut pas trancher une contestation sérieuse ;
l’ordonnance de référé est une décision provisoire.
En sa qualité de juge des requêtes, le Président du tribunal a vocation à rendre des ordonnances sur
requête. Celle-ci est une décision provisoire rendue non contradictoirement dans les cas où le
requérant est fondé à ne pas appeler la partie adverse. Le Président du tribunal est saisi par requête
dans les cas spécifiés par la loi telle par exemple la requête tendant à la rectification d’actes de l’état
civil. Tout comme l’ordonnance de référé, l’ordonnance sur requête est une décision provisoire.
Au Togo, le code de procédure civile du 15 mars 1982 désigne comme juge de l’exécution le président
du tribunal. Il en est de même en France (loi n° 91-650 du 9 juillet 1991). Ainsi le président est
compétent pour connaître des difficultés relatives aux titres exécutoires et des contestations qui
s’élèvent à l’occasion de l’exécution forcée, même si elles portent sur le fond du droit, sauf si elles
échappent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire.
Le président du tribunal peut également autoriser les mesures conservatoires et connaître des
contestations relatives à leur mise en œuvre. A cela s’ajoutent les demandes en réparation fondées sur
l’exécution ou l’inexécution dommageable des mesures d’exécution forcée ou des mesures
conservatoires.
Il faut souligner qu’une telle compétence a un caractère impératif en ce que tout juge autre que le juge
de l’exécution doit relever d’office son incompétence.
Les CA étaient traditionnellement juges d’appel en matière civile pour toutes les affaires examinées en
premier ressort par les tribunaux civils et par les tribunaux de commerce. Elles ont désormais vocation
à connaître de la quasi-totalité des appels des décisions des juridictions relevant de l’ordre judiciaire.
Elles connaissent en effet de l’appel dirigé contre les décisions de toutes les juridictions d’exception,
des tribunaux d’instance, des tribunaux paritaires des baux ruraux, des tribunaux des affaires de
sécurité sociale, conseils de prud’hommes. Le seul appel qui leur échappe est celui formé contre les
décisions des tribunaux du contentieux de l’incapacité (1er degré c’est le juge des tutelles), qui est
examiné par une formation spéciale instituée à cet effet.
La cour d’appel est la juridiction de droit commun du second degré. Elle a même une compétence
exceptionnelle comme juge de 1er degré en matière criminelle : elle peut avoir à statuer en 1er et
dernier ressort sur des demandes de récusation ou de renvoi (art. 349, 359 et 364 NCPC). Elle peut par
ailleurs, trancher directement certains litiges lorsqu’elle use de son pouvoir d’évocation (art. 89 et 568
NCPC) : droit accordé aux juridictions d appel saisies d’un recours contre un jugement de statuer sur
le fond du litige (souvent lorsqu’il y a des incidents procéduraux).
Une CA comprend d’ordinaire plusieurs chambres. Les magistrats d’une cour d’appel ont reçu le nom
de conseillers. A la tête de la juridiction se trouve placé un premier président qui préside la 1 ère
chambre. Lorsque la cour est composée de deux chambres, la 1ère est ordinairement une chambre
civile, la 2nde une chambre des appels correctionnels.
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b) La compétence d’attribution des juridictions d’exception
On n’a plus de juridiction d’exception au Togo. En France il y avait des juridictions dites de proximité
tels les tribunaux d’instance et les juridictions de spécialité c’est-à-dire les tribunaux de commerce et
les conseils de prud’hommes.
Nous avons dit précédemment que les tribunaux d’instance institués par l’ordonnance n° 58-1273 en
date du 22 décembre 1958, lesquels ont succédé aux justices de paix dont la création remontait aux
Assemblées révolutionnaires fusionnent avec les anciens TGI pour devenir le TJ (avec pour
conséquence la disparition de l’ancien taux de ressort ventilant les compétences entre TI et TGI qui
était fixé à 10 000 euros). Le tribunal d’instance était créé pour être proche des justiciables en ce qu’il
manifeste la volonté de régler les litiges en conciliateur. On lui attribue depuis de nombreuses années
de compétences nouvelles dans des domaines variés. Ainsi, il exerçait des fonctions dont le caractère
est plus administratif que judiciaire : apposition et levée des scellés, établissement des actes de
notoriété et des certificats de nationalité.
Le juge d’instance avait la qualité de juge des tutelles et à ce titre, rend également des ordonnances sur
requête, des ordonnances de référé, celles portant injonction de payer ou de faire. Désormais cette
compétence est dévolue au juge des contentieux de la protection.
D’abord, il peut rendre des ordonnances sur requête ; telles par exemple les ordonnances portant
injonction de payer en vue du recouvrement de créances commerciales. (cf. art. 3 et 54 de l’Acte
uniforme de l’OHADA portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution).
Ensuite, le président du tribunal de commerce peut rendre des ordonnances de référé. En effet, dans les
cas d’urgence, le président du tribunal commercial peut, dans les limites de la compétence de la
juridiction à laquelle il appartient, « ordonner en référé toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune
contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend ». Il peut aussi prescrire en référé des
mesures conservatoires ou de remise en état pour prévenir un dommage imminent ou pour faire cesser
un trouble manifestement illicite. Il peut également accorder une provision au créancier dans les cas où
l’existence de l’obligation n’est pas sérieusement contestable. Un tribunal de commerce comprend
nécessairement un président, un Vice-président, un président de chambre et des juges.
En France, les juges des tribunaux de commerce sont élus (les magistrats professionnels peuvent
s’inscrire sur la liste des candidats à cette élection). Pour cela, il faut remplir la condition d’âge (avoir
au moins trente ans), justifier d’une activité commerciale depuis au moins cinq ans, ne pas avoir subi
certaines condamnations. Les juges commerciaux sont élus pour une durée déterminée. Ils sont
rééligibles.
Ceci étant examiné, il convient d’examiner à présent sur la compétence territoriale
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2. La compétence territoriale
En droit pénal, pour rattacher une affaire à la juridiction instituée dans un certain ressort, on retient en
général une triple possibilité : le lieu de commission de l’infraction, la résidence d’une personne
impliquée dans l’infraction, le lieu d’arrestation des personnes poursuivies.
Les critères de rattachement territorial sont variés. Suivant les hypothèses, un tribunal peut être
compétent, par exemple parce que dans son ressort se situe l’emplacement d’un immeuble en litige,
soit encore le domicile du défendeur ou celui du demandeur.
Le NCPC contient des règles générales de compétence territoriale auxquelles il faut ajouter les règles
particulières.
a.1) Le principe
« On ne peut soustraire une personne à ses juges naturels ». Le principe qui domine en la matière est
que « la juridiction territorialement compétente est, sauf disposition contraire, celle du lieu où demeure
le défendeur » (c’est la règle actor sequitur forum rei) Voir art. 42 al. 1 NCPC.
La règle posée par l’art. 42 repose sur une considération d’équité : c’est à celui qui prend l’initiative du
procès de supporter l’inconvénient qu’il peut y avoir à agir devant une juridiction éventuellement
éloignée de son domicile et non pas au défendeur qui, par hypothèse, subit le procès. Il s’agit d’une
mesure protectrice du défendeur. Il est à noter que d’une manière générale, s’il est impossible que l’on
puisse déterminer un lieu où demeure le défendeur, le demandeur peut saisir la juridiction de son
propre domicile ou de sa résidence, ou celle de son choix s’il demeure à l’étranger. Aussi, s’il y a
plusieurs défendeurs résidant dans des localités différentes, le demandeur peut saisir à son choix, la
juridiction du lieu où demeure l’un d’eux. Si tel est en fait le principe qui domine les règles de
compétence territoriale, il y a aussi de nombreuses dérogations.
La loi elle-même permet que dans certaines circonstances qu’il y ait affirmation de la compétence d’un
tribunal déterminé ou encore une option de compétence.
La loi a déterminé des domaines dans lesquels la compétence de juridiction est spécifiée. Il s’agit
notamment des domaines immobilier, successoral.
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En ce qui concerne tout d’abord les immeubles, est déclarée seule compétente « la juridiction du lieu
où est situé l’immeuble ». Cette exigence se justifie par la proximité. En effet, la juridiction du lieu de
situation de l’immeuble est celle qui est à même de rassembler les informations utiles à l’instruction de
l’affaire ou encore pour mieux contrôler l’exécution des mesures ordonnées par le juge.
Pour ce qui ressort du domaine successoral, la loi retient que : « sont portées devant la juridiction dans
le ressort de laquelle est ouverte la succession jusqu’au partage inclusivement :
En matière successorale, il est à noter que le lieu d’ouverture de la succession est généralement celui
du dernier domicile du défunt, c’est donc devant le tribunal de ce dernier domicile que doivent être
portées les actions de nature successorale. Ce tribunal est compétent tant que la succession n’est pas
partagée. Après partage, la compétence sera régie par le principe général qui est la compétence du
tribunal du lieu du défendeur, sauf en matière immobilière où le principe demeure la compétence du
lieu de situation de l’immeuble.
Les plaideurs disposent dans certaines circonstances d’une possibilité d’opter pour la compétence de la
juridiction du lieu du défendeur.
Les hypothèses qui offrent cette option sont variées. D’abord, en matière contractuelle, la juridiction
du lieu de la livraison effective de la chose ou du lieu de l’exécution de la prestation de service peut
être compétente.
Ensuite, en matière délictuelle, la juridiction du lieu du fait dommageable ou celle dans le ressort de
laquelle le dommage a été subi, peut être compétente. Et là, seule la victime directe dispose d’une telle
option. Les victimes par ricochet n’y ont pas droit.
Il faut également citer les actions de nature mixte (personnelle et réelle) qui peuvent être exercées.
Dans une telle hypothèse, est compétente la juridiction du lieu où est situé l’immeuble.
Enfin, en matière d’aliments ou de contribution aux charges du mariage, le demandeur dans une telle
action peut opter pour la juridiction du lieu où demeure le créancier.
Nous allons procéder simplement à l’énumération de quelques unes de ces règles. Il s’agit notamment
des règles concernant les litiges en matière d’assurance, de redressement et de la liquidation
judiciaires.
- Dans le 1er cas, le code des assurances françaises retient que le tribunal en principe compétent
pour connaître des litiges concernant le règlement d’indemnités d’assurance est le tribunal du
domicile de l’assuré ; si le litige porte sur les objets assurés, c’est le tribunal de la situation de
tels objets assurés qui est compétent. Si l’assurance porte sur les accidents (quelle que soit leur
nature), l’assuré aura la faculté d’assigner l’assureur devant le tribunal du lieu où s’est produit
le fait dommageable.
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- Pour ce qui est du redressement et de la liquidation judiciaire des entreprises, seul est
compétent le tribunal de commerce (art. L. 722-15 COJ). Au Togo, ce sont les chambres
commerciales de TPI.
Il faut mentionner qu’il existe des règles particulières aux tribunaux d’instance, aux conseils de
prud’hommes, aux juridictions de loyers et aux juridictions de sécurité sociale (se reporter à
vos recherches).
Lorsqu’on parle de l’étendue de la compétence d’une juridiction, l’on veut déterminer dans
quelle mesure cette juridiction est compétente pour connaître de la demande par laquelle une
instance a été engagée, peut statuer sur des questions qui viennent à se poser lors de ladite
instance. Ces questions sont variées. Elles peuvent se rapporter soit aux moyens de défense par
lesquels l’adversaire dans le procès veut faire rejeter la demande formulée ; soit aux demandes
incidentes c’est-à-dire les demandes postérieures à la demande initiale (principale) venant se
greffer sur le procès en cours. Pour dégager ces règles de l’étendue de la compétence, on va
opérer une distinction entre les juridictions de droit commun et les juridictions d’exception.
Tout comme leur nom l’indique, les juridictions de droit commun ont une compétence étendue
qui leur permet en principe de connaître de toutes les questions qui viennent se greffer sur celle
qui constitue l’objet de la demande initiale. Le Nouveau Code de procédure civile précise dans
l’une de ses dispositions qu’en principe « toute juridiction saisie d’une demande de sa
compétence connaît, même s’ils exigent l’interprétation d’un contrat, de tous les moyens de
défense … ». Peu importe que les moyens soulèvent des questions qui, si elles avaient fait
l’objet de la demande initiale, auraient échappé à la compétence de la juridiction saisie : dès
lors que lesdites questions ne sont soulevées que dans le cadre de défenses, elles peuvent être
tranchées par la juridiction compétemment saisie de la demande principale.
En dehors de cela, il faut ajouter que les juridictions de droit commun ont une vocation de
principe à connaître des demandes incidentes c’est-à-dire les demandes qui viennent se greffer
sur le procès en cours et qui ne sont au demeurant recevables qu’autant qu’il existe entre elles
et la demande principale un lien suffisant. Il s’agit de demandes additionnelles,
reconventionnelles ou en intervention (1 tiers qui veut être partie au procès engagé par les
parties originaires).
Il y a lieu de noter que l’aptitude des juridictions de droit commun à trancher des questions
soulevées à l’occasion de moyens de défense ou de demandes incidentes connaît cependant des
limites dans la mesure où elles sont tenues de réserver les questions qui relèvent de la
compétence exclusive d’autres juridictions. Il s’agit des questions dites préjudicielles qu’il ne
faut pas confondre avec les questions préalables. Ces dernières doivent être résolues par le
tribunal saisi de l’affaire alors que les questions préjudicielles sont tranchées par une autre
juridiction parfois même par une autorité non juridictionnelle (la juridiction devant laquelle se
pose une question préjudicielle a l’obligation de surseoir à statuer sur le litige dont elle est
saisie jusqu’à ce que l’autorité compétente ait tranché la difficulté qui faisait l’objet de la
question préjudicielle).
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Il existe deux types de questions préjudicielles : les questions préjudicielles générales et les
questions préjudicielles spéciales. Les 1ères sont celles qui relèvent de la compétence d’un autre
‘’ordre’’ de juridiction, voire parfois d’une autorité gouvernementale. Exemple : les questions
préjudicielles administratives (réservées aux juridictions répressives) et des questions
préjudicielles diplomatiques (réservées au gouvernement puisque c’est de l’interprétation d’un
traité qu’il s’agit). Les questions préjudicielles spéciales sont celles qui relèvent d’une autre
juridiction mais appartenant au même « ordre » que la juridiction saisie du procès. Ainsi une
juridiction civile peut avoir à surseoir à statuer pour permettre à une autre juridiction civile de
trancher une question échappant à la compétence de la 1ère.
La règle traditionnelle qui affirme que le juge de l’action est juge de l’exception a vocation à
jouer également devant les juridictions d’exception. Ce qui limite la compétence de celles-ci
reste les hypothèses où un moyen de défense soulève une question relevant de la compétence
exclusive d’une autre juridiction. Dans ce cas, elles doivent surseoir à statuer. Ces hypothèses
sont très nombreuses : existence de questions préjudicielles générales, compétence exclusive de
certaines juridictions d’exception.
Pour ce qui est des demandes incidentes, la compétence des juridictions d’exception est
beaucoup moins étendue que celle des tribunaux de grande instance. Les juridictions
d’exception ne peuvent pas statuer sur des demandes (même incidentes) qui excèdent leur
compétence d’attribution. En revanche, il faut reconnaître qu’elles peuvent traiter les demandes
incidentes qui excèdent leur compétence territoriale.
Le service public de la justice est régi par des principes fondamentaux applicables à tous les
services publics. La violation de tels principes entraîne des sanctions. Relativement à la
sanction des règles de compétence, disons que lorsqu’un plaideur s’adresse à un service public
de la justice, il revient à celui-ci d’orienter son affaire vers l’organe qui devra normalement en
connaître. En la matière, il faut souligner il y a nombreux incidents qui se rapportent tant à
l’incompétence des tribunaux qu’à la litispendance ou à la connexité.
La répartition des compétences se fait entre les tribunaux de l’ordre judiciaire et ceux de l’ordre
administratif. Ainsi, lorsqu’un problème de détermination de l’ordre de juridiction compétent
pour connaître d’un litige se pose, il revient au tribunal des conflits (composé paritairement de
membres issus du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation) coiffant les 2 ordres de trancher.
Nous allons voir dans un 1er temps le règlement des incidents relatifs à la compétence de la
juridiction avant de voir les autres incidents.
L’incompétence peut être soulevée dans deux situations : soit c’est l’une des parties à
l’instance, souvent le défendeur, qui soulève la question de l’incompétence, soit c’est le juge
qui la soulève d’office.
L’exception d’incompétence peut être soulevée par l’une des parties dans des conditions très
strictes. D’abord, il faut déterminer le moment auquel le moyen tiré de l’incompétence peut
être invoqué.
Ensuite, il y a nécessité de motiver l’exception d’incompétence soulevée.
Dans le premier cas, la loi retient que toutes exceptions de procédure doivent être soulevées
simultanément et avant toute défense au fond ou fin de non recevoir. Cette exigence est posée à
peine d’irrecevabilité même si la partie à laquelle est opposée l’exception n’invoque pas la
tardiveté.
En ce qui concerne la seconde condition, il s’agit d’expliquer les raisons pour lesquelles on
soulève l’incompétence du juge saisi. La partie qui conteste la compétence de la juridiction à
laquelle le demandeur a entendu soumettre l’affaire doit avoir une attitude positive en ce sens
qu’elle doit faire connaître dans tous les cas devant quelle juridiction « elle demande que
l’affaire soit portée ».
Les deux conditions énumérées doivent être remplies ; à défaut, le juge n’est pas tenu
d’examiner la pertinence de la contestation.
Le juge peut relever d’office son incompétence dans un certain nombre de circonstances.
D’abord, lorsque le défendeur dans un procès ne comparait pas, le juge peut toujours relever
son incompétence. Il est bien évident que dans une telle hypothèse, ce n’est pas le demandeur,
partie qui a saisi le juge, qui peut soulever l’incompétence du tribunal. L’adversaire qui ne
comparaît pas ne peut d’ailleurs pas soulever l’incompétence.
Ensuite, le juge se voit reconnaître le pouvoir de relever d’office son incompétence lorsqu’il y a
violation d’une règle de compétence d’attribution ou encore lorsqu’il y a méconnaissance d’une
règle de compétence territoriale.
Dans le 1er cas, l’incompétence ne peut être prononcée d’office que si la règle méconnue est
d’ordre public. En cas de méconnaissance d’une règle de compétence territoriale, le Nouveau
Code de procédure civile opère une distinction entre les matières gracieuse et contentieuse.
Pour ce qui est du domaine gracieux, le juge peut relever d’office son incompétence territoriale
puisque dans une telle instance, il n’y a pas de défendeur.
24
2. La décision sur la compétence et les voies de recours
Il est à noter que lorsque le juge se déclare incompétent, il doit absolument désigner la
juridiction qu’il estime compétente (art. 96 al.2 NCPC) et cette désignation s’impose aux
parties sauf si l’une d’elles forment un contredit qui est une voie de recours spécifique à
l’incident de procédure.
Le contredit est une voie de recours tout comme l’appel. Cependant, les deux voies de recours
sont ouvertes dans des cas différents. Ainsi quand un plaideur forme un contredit au lieu d’un
appel ou réciproquement, l’art. 91 NCPC dit « que la cour n’en demeure pas moins saisie » ;
cela signifie que l’erreur est indifférente et la juridiction d’appel va examiner le recours formé
contre le jugement rendu au premier degré. Il reste que le contredit aurait été formé à tort et le
plaideur qui a formé à tort le contredit doit, dans un délai d’un mois, satisfaire aux conditions
de l’appel pour que sa décision soit recevable.
La décision du juge qui se prononce sur la compétence de la juridiction saisie ne peut être
attaquée que par la voie du contredit. Tout cela suppose que le juge n’a pas encore statué sur le
fond du litige.
Le contredit, qui intervient dans deux situations (celle où le juge s’est déclaré incompétent et
celle où, dans un premier jugement, il s’est borné à se déclaré compétent) doit, à l’instar de
l’exception d’incompétence, être motivé, à peine d’irrecevabilité. La cour d’appel peut
également rendre des arrêts sur contredit lorsqu’elle estime que la juridiction primitivement
saisie était incompétente et là elle doit désigner la juridiction qu’elle estime compétente. Ce
pouvoir n’existe pas en matière répressive, administrative, arbitrale ou étrangère. Le juge peut
se déclarer effectivement compétent pour régler le litige. Dans ce cas, il statue sur le fond du
litige. En pareille hypothèse, si un plaideur veut attaquer la décision du juge pour cause
d’incompétence, il doit utiliser la voie de l’appel. La cour d’appel peut, soit confirmer la
décision qui lui est déférée quant à la question de compétence, soit au contraire l’infirmer.
Dans le 1er cas, la décision du 1er juge passe en force de chose jugée. Dans le 2nd cas, la cour
doit renvoyer l’affaire devant la cour qui est juridiction d’appel relativement à la juridiction qui
eût été compétente en 1ère instance, exception faite des affaires relevant de la compétence
répressive, administrative, arbitrale ou étrangère.
La litispendance c’est la situation créée par le fait qu’un litige soit pendant (porté) devant deux
juridictions également compétentes pour en connaître. Dans une telle hypothèse, lorsque la
juridiction saisie est du même degré, celle qui est saisie en second doit se dessaisir au profit de
la première si l’une des parties le demande, et, à défaut d’une telle demande, elle peut le faire
d’office.
Par connexité il faut entendre qu’entre des affaires portées devant deux juridictions distinctes, il
existe un lien tel qu’il soit de l’intérêt d’une bonne justice de les faire instruire et juger
25
ensemble par une seule juridiction. On demandera tout simplement à l’une de ces juridictions
de se dessaisir et de renvoyer en l’état les connaissances de l’affaire à l’autre juridiction.
Pour que l’exception de connexité soit recevable, il faut la soulever suffisamment tôt car elle
peut être rejetée si la demande est tardive révélant ainsi une intention dilatoire de la part du
demandeur. Des recours sont possibles contre les décisions se prononçant sur les incidents
soulevés.
Les règles de compétence matérielle ou territoriale ne sont pas toutes inflexibles. En effet,
certaines règles de compétence sont fixées pour des motifs de bonne administration de la
justice et auxquelles on ne peut pas déroger puisque ce sont des règles d’ordre public. Par
contre, il y a beaucoup d’autres règles qui ont été posées essentiellement dans l’intérêt privé
des parties, et comme telles, sont admises à être modifiées et à étendre la compétence d’une
autre juridiction à leur litige.
Cette extension de compétence d’un tribunal autre que celui normalement compétent est
appelée prorogation de juridiction. Au-delà de cette technique, il y a d’autres possibilités tel par
exemple l’abandon de la compétence territoriale de droit commun, la plénitude de juridiction,
la correctionnalisation judiciaire.
Proroger la juridiction d’un tribunal, c’est lui permettre de connaître d’une affaire ne rentrant
pas normalement dans sa compétence. La prorogation peut venir de la loi : exemple renvoi
après cassation. Elle peut aussi découler de la volonté des plaideurs. La tendance du législateur
moderne est de restreindre dans ce domaine la liberté des parties, dans le souci de protection du
défendeur qui, sans cela, peut être amené à plaider loin de son domicile parce qu’il a signé,
sans y prendre garde, une clause attributive de juridiction.
On peut cependant accepter qu’une juridiction de droit commun (TGI par exemple) puisse
bénéficier d’un élargissement de compétence (TGI saisi d’une affaire commerciale). Cette
extension de compétence est encore mieux admise si la juridiction possède la plénitude de
juridiction. C’est le cas de la CA parmi les juridictions civiles.
Il peut arriver que les parties à un contrat insèrent une clause dérogeant à la compétence d’un
tribunal pour connaître de leur litige. Cette dérogation était largement ouverte mais suite aux
abus, la loi a restreint cette faculté en la réservant uniquement aux commerçants (art. 48 de
NCPC). C’est ce qu’on appelle la clause attributive de compétence.
26
B. Abandon de la compétence territoriale de droit commun
C. La plénitude de juridiction
C’est une règle qui donne des pouvoirs étendus à une juridiction pour connaître de certaines
affaires, dérogeant ainsi aux règles de compétences matérielle, personnelle et territoriale.
Exemple la Cour d’assise.
D. La correctionnalisation judiciaire
Elle se traduit par une extension de la compétence du tribunal saisi du litige au principal, qui peut
connaître du problème accessoire qui vient se greffer sur celui-ci, sauf si ce litige annexe relève de
la compétence exclusive d’une autre juridiction (c’est-à-dire d’un autre ordre de juridiction)
exemple devant un tribunal d’instance se pose un problème relatif à la propriété d’un immeuble, le
tribunal peut trancher ce problème bien que ce soit pas de son ressort.
27
CHAPITRE II. – LE PERSONNEL JUDICIAIRE
Ils sont couramment appelés juges en ce qu’ils ont pour mission fondamentale de dire le droit. Il y a
deux catégories de magistrats : ceux de carrière sont recrutés et composent les cours, les tribunaux de
GI et les tribunaux d’instance. De l’autre côté, nous avons les juges occasionnels qui siègent dans les
juridictions d’exception. Ceux-ci, contrairement aux précédents, sont désignés. Notre étude portera
uniquement sur les magistrats de carrière.
Les magistrats de carrière sont recrutés soit par concours, soit sur titre. Au Togo ils sont recrutés sur
concours ou lorsqu’ils sont nantis d’un diplôme de l’Ecole Nationale d’Administration en
magistrature. La formation est assurée aujourd’hui par le Centre de Formation des Profession de
Justice (CFPJ).
En France deux types de concours sont ouverts à deux catégories de public. La 1ère catégorie comprend
les candidats titulaires de la licence en droit ou du diplôme d’un Institut Régional d’Administration. La
seconde catégorie concerne les fonctionnaires et agents de l’Etat, des collectivités territoriales ou d’un
établissement public. Les candidats admis à l’un de ces concours entrent, en qualité d’auditeurs de
justice, à l’Ecole Nationale de la Magistrature, en vue de recevoir une formation professionnelle. Ces
auditeurs de justice prêtent serment avant d’entrer en stage. Ils participent à l’activité de la juridiction
à laquelle ils sont affectés, sans pouvoir cependant rendre de décision. A l’issue de la période de
formation, les auditeurs de justice sont nommés magistrats du 1er groupe du 2nd grade par le Président
de la République.
S’agissant du recrutement sur titre, il existe également deux types de recrutement : un recrutement en
vue d’un accès à l’Ecole Nationale de la Magistrature. Les postulants recrutés sont des auditeurs de
justice qui auront comme dans le 1er cas, à recevoir une formation professionnelle.
Il existe ensuite un recrutement en vue d’une intégration dans le corps judiciaire directement en qualité
de magistrat. Ainsi, peuvent être recrutés des personnes qui ont exercé pendant un délai variable
certaines activités comme les activités administratives, juridiques ou judiciaires.
Tout ceci étant précisé, disons que l’on distingue parmi les magistrats de carrière deux grandes
catégories de magistrats : les magistrats du siège et les magistrats du parquet.
Ce sont des juges dont le statut est défini par la loi. Les magistrats du siège n’ont pas été soumis
entièrement au même statut que des fonctionnaires dans le souci d’assurer leur indépendance par
rapport au pouvoir exécutif. Leur statut est tout à fait original afin d’assurer leur protection d’une part
et de l’autre, assurer celle des justiciables.
28
A. La protection du juge
Une fois nommés, les magistrats sont inamovibles, ce qui veut dire qu’ils ne peuvent être destitués,
suspendus ou déplacés que dans des conditions prévues par la loi. Ils ne sont pas à la discrétion du
pouvoir exécutif. Justement, c’est à l’égard d’un tel pouvoir que les magistrats sont les plus protégés
contre les risques de pression de tous ordres. Tous les magistrats du siège, sans distinction, bénéficient
de l’inamovibilité. Pour prononcer des mesures de destitution, de suspension ou de déplacement
d’office d’un magistrat, il faut un avis conforme du conseil supérieur de la magistrature statuant
comme conseil de discipline des magistrats du siège.
En dehors de la règle de l’inamovibilité, la protection des magistrats du siège se traduit aussi par leur
promotion et avancement. En effet, ils entrent généralement très jeunes dans la profession afin
d’accomplir une carrière et il est normal qu’ils puissent évoluer.
Il y a des règles relatives à l’avancement. Le magistrat occupe d’abord un poste du 1er groupe du 2nd
grade. Pour passer au deuxième groupe de ce grade, il lui faut notamment être inscrit sur une liste
d’aptitude. L’accession au 1er grade suppose, entre autre, une inscription au tableau d’avancement. Les
questions d’avancement ne relèvent pas de la compétence du pouvoir exécutif mais plutôt du ressort
d’une commission d’avancement laquelle est composée d’un collège de magistrats dont les membres
sont élus au sein du corps judiciaire. Il convient de signaler que le tableau d’avancement établi par la
commission est communiqué pour avis au conseil supérieur de la magistrature.
Les dispositions régissant le statut des magistrats protègent aussi les justiciables.
Les règles protectrices des justiciables ont pour vocation d’assurer d’une part la prévention de leurs
droits et d’autre part de la sanction de leur violation.
Toutefois, il y a lieu de nuancer pour dire qu’il est des activités qui ne sont guère susceptibles de porter
atteinte à l’indépendance de celui qui les exercent. C’est ainsi qu’on peut très bien concevoir qu’un
magistrat puisse dispenser des cours ou se livrer à des travaux scientifiques, littéraires et artistiques.
Les incapacités en revanche sont des interdictions faites au magistrat de plaider ou de juger (incapacité
générale). Il y a des incapacités qui ne jouent qu’à l’occasion d’un procès bien déterminé. On peut
citer les cas de récusation par lesquels un plaideur peut se voir reconnaître la possibilité de faire écarter
un juge de la juridiction saisie. Même le juge peut s’abstenir de juger lorsqu’il considère en sa
personne qu’il y a une cause de récusation. Le plaideur peut parfois obtenir le renvoi à une autre
juridiction bien que la juridiction saisie soit celle normalement compétente pour connaître du procès.
Ce sera le cas lorsqu’il y a une cause de suspicion légitime, de sûreté publique ou s’il existe des causes
de récusation contre plusieurs juges.
29
2. Sanctions de la violation des règles protectrices
Les sanctions sont d’ordre disciplinaire mais il n’empêche qu’on puisse engager la responsabilité
civile des magistrats. Le magistrat s’expose à des sanctions en cas de faute disciplinaire. Constitue une
faute disciplinaire tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur, à la
délicatesse ou à la dignité. Les sanctions disciplinaires sont nombreuses. On a la réprimande avec
inscription au dossier, la révocation avec suspension des droits, le déplacement d’office du
contrevenant, la rétrogradation etc.. Ces sanctions sont du ressort du Conseil Supérieur de la
Magistrature siégeant comme conseil de discipline (deux formations : formation normale et formation
en conseil de discipline). Au Togo le Conseil Supérieur de la Magistrature est composé de neuf
(9) membres : trois magistrats de la Cour suprême, quatre magistrats des cours et tribunaux (deux de
chaque juridiction), un député élu par l’Assemblée nationale, une personnalité n’appartenant ni à
l’Assemblée nationale, ni au gouvernement ni à la magistrature, choisie par le président de la
République en raison de sa compétence. Le Conseil Supérieur de la Magistrature (C.S.M.) est présidé
par le président de la Cour suprême.
Pour préserver leur indépendance, on n’a pas voulu faire jouer contre les juges le droit commun de la
responsabilité civile. Néanmoins, il est prévu la possibilité pour les plaideurs de demander la
réparation des préjudices consécutifs à la violation par le juge, de ses devoirs professionnels. Ainsi, les
magistrats du corps judiciaire ‘’ne sont responsables que de leurs fautes personnelles’’. Les fautes
personnelles se rattachant au service public de la justice ne peuvent être engagées que sur l’action
récursoire de l’Etat.
Ce sont les magistrats du parquet qui constituent ce que l’on appelle le ministère public. Le ministère
public en matière civile n’est représenté organiquement qu’auprès des seules juridictions de droit
commun (tribunaux, CA et C. cass.). Par contre il est un principe fondamental de la procédure
répressive, qu’un représentant du ministère public soit présent auprès de chaque juridiction pénale,
qu’elle soit de droit commun ou d’exception.
Après avoir présenté l’organisation institutionnelle du ministère public, nous allons relever les
attributions.
Les membres du ministère public sont des magistrats et des fonctionnaires. Cette double qualification
permet de comprendre un certain nombre de règles concernant le statut et les caractères du ministère
public. Nous allons voir la composition de cet organe, ses caractères et le statut des magistrats du
parquet.
Près les Cours d’appel, le parquet est composé d’un procureur général, d’un ou de plusieurs avocats
généraux et d’un ou de plusieurs substituts. En ce qui concerne la Cour de cassation, le ministère
public est représenté par un procureur général, un premier avocat général et des avocats généraux.
30
Il est à noter qu’il n’existe pas de parquet organisé auprès des juridictions d’exception d’ordre civil
mais le ministère public peut intervenir dans le cadre de ces juridictions.
a) L’indépendance
Elle se manifeste en 1er lieu par rapport aux Cours et tribunaux. L’indépendance se traduit par la
possibilité qui est reconnue au parquet d’agir librement dans le cadre de l’exercice de l’action publique
par exemple. Les juges pénaux ne peuvent d’ailleurs pas se saisir eux-mêmes, ils doivent attendre la
décision du parquet. A l’égard de leurs confrères, les magistrats du siège n’ont aucune possibilité
d’adresser un avertissement (blâme) ou une injonction aux magistrats du ministère public.
A l’égard des justiciables, l’indépendance se manifeste par le fait qu’une victime peut déclencher
l’action publique mais elle ne peut pas obliger le ministère public à soutenir l’accusation. Inversement,
le désistement de la partie civile ne peut empêcher le parquet de demander une condamnation et
éventuellement d’exercer une voie de recours. L’irrécusabilité des magistrats du parquet est également
une manifestation de l’indépendance. Tandis qu’un juge du siège peut être récusé aussi bien en matière
civile qu’en matière pénale, le ministère public ne peut se voir appliqué une telle mesure (art. 669 al. 2
C. Pro. Pénale). L’explication est très simple, le représentant du parquet est une partie au procès, on ne
peut récuser un adversaire. On peut en revanche le récuser s’il est seulement partie jointe au procès.
Les membres du ministère public sont des agents du pouvoir exécutif, lesquels dépendent étroitement
du garde des Sceaux, ministre de la justice. Celui-ci se trouve donc au sommet de la hiérarchie, ce qui
soumet les magistrats du parquet à sa subordination autorisant le supérieur à leur donner des
instructions relatives au fond même de leur activité. Le Ministre de la justice exerce son autorité sur le
procureur général près la cour de cassation et sur les procureurs généraux près les Cours d’appel.
Quant à ces derniers, ils exercent leur autorité non seulement sur les membres du parquet de la Cour
mais encore sur le procureur de la République, ce dernier ayant autorité sur les membres de son
parquet et sur les officiers du ministère public du tribunal de police (en France) ou de la Direction de
la police judiciaire (Togo).
(Le tribunal de police est le tribunal compétent en matière de contravention constitué par le juge du
tribunal d’instance, un officier du ministère public et un greffier).
Il apparaît nettement que c’est le procureur général qui exerce les fonctions essentielles. C’est lui qui
délègue ses attributions aux autres membres du parquet. La hiérarchie voudrait que tout membre du
ministère public tienne informé son supérieur. Un tempérament remarquable est apporté au principe de
la subordination hiérarchique. Il résulte de l’application de la règle traditionnelle selon laquelle « si la
plume est serve, la parole est libre ». Cela signifie que si dans ses conclusions écrites, un membre du
ministère public doit respecter les instructions de son supérieur, il peut oralement développer un point
de vue contraire auxdites instructions. Il est clair en effet qu’un magistrat ne peut être tenu de parler
contre ses opinions personnelles. Tout ceci traduit la liberté de parole que l’on reconnaît au ministère
public.
31
c) Le ministère public, un corps indivisible
L’indivisibilité du corps signifie que chaque membre du parquet représente le ministère public. C’est
dire que les membres d’un même parquet peuvent se remplacer les uns les autres au cours d’un même
procès, ce qui constitue une différence considérable par rapport aux magistrats du siège. En ce qui les
concerne, une juridiction doit être composée des mêmes juges du début des débats au prononcé de la
décision. Les caractéristiques du ministère public ne peuvent pas ne pas rejaillir sur son statut.
Les magistrats du parquet font partie, comme les juges du siège, du corps judiciaire. Cependant, du fait
qu’ils sont des agents du pouvoir exécutif, ils ne jouissent pas des mêmes prérogatives que ces
derniers. Il faut relever au passage qu’un magistrat, au cours de sa carrière, peut parfaitement passer du
siège au parquet et inversement, et cela en raison de l’unité du corps judiciaire.
Toutefois, il faut préciser que dans la mesure où les membres du ministère public sont des agents du
pouvoir exécutif, l’on a voulu garantir, tout comme pour leurs collègues du siège, l’indépendance
contre les risques de pressions en provenance du pouvoir exécutif. C’est ce qui explique que leur statut
diffère considérablement sur certains points de celui des autres magistrats.
D’abord, leur nomination n’est pas liée à l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature. Ils sont
nommés par décret du Président de la République. Il importe de souligner ensuite que les membres du
ministère public, contrairement aux magistrats du siège, sont amovibles. Ils peuvent être affectés à
d’autres responsabilités sans même qu’ils y aient consenti. Un tel système pourrait facilement conduire
à l’arbitraire. Pour pallier ce risque, plusieurs textes ont été adoptés ayant pour objet d’organiser une
protection des magistrats du parquet en imposant au ministre de prendre l’avis d’une commission
avant toute sanction disciplinaire grave. Ainsi, si la commission de discipline estime qu’il n’y a pas eu
faute dans l’exercice des fonctions, aucune sanction ne peut être prise sans que la question ait été
soumise à une commission spéciale. Sa décision s’impose au garde des Sceaux.
La faute disciplinaire ne s’entend pas de l’erreur du juge, en fait ou en droit, mais de « tout
manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur à la délicatesse ou à la dignité ».
L’erreur relève du jeu des voies de recours et la faute de discipline de tout ce qui pourrait ternir
l’honorabilité de la fonction notamment par les comportements du magistrat dans sa vie
professionnelle, y compris certains aspects de sa vie privée. Le critère c’est le lien entre ces
comportements privés et l’image que donnera de lui le magistrat dans l’exercice de sa fonction de
juge.
Le ministère public a diverses attributions. Elles sont d’ordre judiciaire et extra judiciaire. Les
premières sont de loin les plus importantes.
Par attributions judiciaires, l’on entend toutes celles qui se rattachent de près ou de loin à une action
judiciaire, c’est-à-dire à un acte de juridiction gracieuse ou contentieuse. Le rôle du ministère public
s’exerce particulièrement dans le procès pénal même s’il joue aussi un rôle non négligeable en matière
civile.
32
a) Le rôle du ministère public dans le procès civil
En matière civile, le ministère public peut exercer ses attributions de deux manières différentes selon
qu’il intervient comme partie principale tout comme un autre plaideur ou comme partie jointe en
s’immisçant dans un procès qui a été engagé en dehors de lui.
La distinction entre le ministère public « partie principale » mérite d’être présentée avant que soient
envisagées les conséquences et l’application d’une telle distinction.
* Distinction
Lorsque le ministère public intervient comme partie principale, il peut avoir la position de demandeur
ou de défendeur s’il a été assigné. Très souvent, le ministère public agit comme représentant de
certaines personnes morales que la loi lui impose de défendre. En revanche lorsque le ministère public
intervient dans le procès comme partie jointe, il n’a pas la qualité de plaideur, il n’est l’adversaire ni
du demandeur ni du défendeur. Il se contentera de présenter au tribunal son opinion, son avis qui ne lie
pas forcément les juges chargés de rendre la décision.
C’est par la voie d’action que le ministère public intervient comme partie principale dans un procès
civil. Il est considéré comme une véritable partie au procès. C’est ainsi qu’il peut signifier ses actes de
procédure à ses adversaires et recevoir la signification des leurs, il ne peut pas être récusé (on ne
récuse pas son adversaire), il prend la parole comme le ferait tout autre plaideur et il peut exercer des
voies de recours contre la décision rendue si celle-ci ne lui donne pas satisfaction. Toutefois, il faut
relever que la règle selon laquelle le plaideur ayant succombé dans le procès doit supporter les dépens
n’est pas applicable au ministère public. Lorsque le ministère public succombe, l’Etat paie les frais de
celui-ci, la partie gagnante supporte la charge de ses frais.
Le ministère public intervient comme « partie jointe » par la voie de réquisition. Ici, il n’a pas la
qualité de plaideur. Il n’est pas une véritable partie au procès. Ceci explique que si le ministère public
peut être conduit à donner son avis, il ne peut pas accomplir les actes de procédure auxquels sont
normalement tenus les plaideurs et ceux-ci n’ont pas à lui signifier les actes qu’ils accomplissent. Ici,
contrairement à ce qui était dit précédemment, le ministère public peut être récusé comme un magistrat
du siège. Il prend la parole le dernier et ne peut en principe exercer de voies de recours contre les
décisions rendues contrairement à ses conclusions.
En matière civile, la voie de réquisition est la voie normale. Ainsi le ministère public ne peut donner
son avis sur une affaire que si le dossier de celle-ci lui est communiqué. La communication peut être
légale, facultative ou judiciaire.
La communication est dite légale lorsqu’une loi dispose qu’une affaire doit être obligatoirement
communiquée au ministère public à peine de nullité du jugement. L’art. 425 NCPC énumère deux
séries de litiges où la communication est obligatoire. Il s’agit :
33
Il est à noter que la liste n’est pas limitative puisque le dernier alinéa de l’art. 425 NCPC renvoie aux
dispositions particulières qui renvoient, de façon ponctuelle, la communication du dossier au ministère
public.
La communication dite facultative relève de l’initiative du ministère public. L’art. 426 NCPC dispose
à cet effet que : « Le ministère public peut prendre communication de celles (procédures) des autres
affaires dans lesquelles il estime devoir intervenir ». Ici l’intervention du ministère public s’explique
par l’intérêt qu’il porte à l’affaire, intérêt qui peut être juridique ou non.
La communication judiciaire est celle qui émane du juge (art. 427 NCPC). Le juge peut décider
d’office de la communication d’une affaire au ministère public pour requérir son avis.la
communication doit intervenir « en temps voulu » pour ne pas retarder le jugement, et le ministère
public est avisé de la date du jugement (art. 428 et 429 NCPC).
Il y a lieu de mentionner que si la voie de réquisition est la voie normale et principale en matière
pénale, la voie d’action quant à elle, demeure exceptionnelle en matière civile. En effet, ce sont des
textes particuliers qui admettent le pouvoir du ministère public d’agir comme partie principale. C’est
le cas par exemple en ce qui concerne les mesures d’assistance éducative.
Le rôle du ministère public est très important dans le procès pénal dans la mesure où toute infraction à
la loi pénale fait naître au profit de l’Etat un droit de punir. Ce droit de punir donne naissance à une
action qu’on désigne par action publique, qui est exercée par le ministère public.
Le ministère public est partie principale dans le procès pénal et intervient toujours comme un
demandeur qui requiert l’application de la loi.
Le rôle du ministère public se révèle en matière de déclenchement de l’action publique et de son
existence.
On va simplement procéder à leur énumération. Le ministère public joue les rôles extrajudiciaires
suivants :
- rôle de surveillance ou de contrôle. Exemple : rôle en matière d’état civil ou le ministère public
(le Procureur de la République) doit relever, lors de la vérification des exemplaires des
registres d’état civil, les contraventions qui ont pu être commises par les officiers de l’état
civil ; les prisons sont surveillées par les magistrats du ministère public etc..
- rôle en matière d’instruction de dossiers, surtout en ce qui concerne les dossiers de candidature
aux différents offices ministériels (huissiers, notaires, commissaires priseurs…) ; instruction
des requêtes en changement de nom etc…
- rôle en matière de notification judiciaire : ici le ministère public joue le rôle de boîte à lettre. Si
une personne qu’on veut assigner se trouve en territoire étranger, on ne peut pas lui signifier
34
directement les actes de procédure, le parquet du tribunal où la demande est formée s’en
charge.
Les auxiliaires de justice sont des hommes de loi, des professionnels du droit, dont les activités sont
très nombreuses et variées. Parmi eux, certains font partie intégrante des juridictions et aident les
magistrats et les juges à remplir leur mission. Il s’agit d’abord du personnel des secrétariat - greffes
dont le rôle est spécial. Ensuite nous pouvons citer les fonctionnaires de la police judiciaire et les
experts, qui jouent un rôle très important dans l’information du juge pénal et la recherche des preuves.
Enfin, il y a ceux qui mènent des actions à caractère préventif et ceci de façon bénévole. Ce sont les
conciliateurs, les séquestres, les administrateurs judiciaires, les mandataires judiciaires à la liquidation
des entreprises. Toutes ces personnes citées sont désignées comme des auxiliaires du juge, qu’on
oppose aux auxiliaires des parties. Ceux-ci sont une catégorie d’auxiliaires de justice dont l’activité
consiste à organiser les différentes phases du procès, à conseiller les plaideurs, à développer leurs
prétentions, à citer en justice les parties, à poursuivre l’exécution forcée des jugements. La
présentation des auxiliaires se fera sommairement. Nous allons par ordre d’importance voir en premier
lieu les avocats, en second lieu les officiers ministériels et enfin les autres auxiliaires de justice.
§I - Les avocats
Ce sont des professionnels libéraux qui se mettent au service des plaideurs, en coopérant au service de
la justice.
Il est à noter qu’au Togo, l’exercice de la profession d’avocat est réglementé par l’Ordonnance n° 80 –
11 du 9 janvier 1980 et la loi n° 88-7 du 27 mai 1988 modifiant les art. 3 et 9 de l’Ordonnance.
Il est soumis à certaines conditions qui varient d’un Etat à l’autre. D’abord, il faut avoir la nationalité
du pays dans lequel on veut exercer ou être ressortissant d’une organisation régionale (UE, UA etc…)
dont ce pays est membre.
D’autre part, il faut satisfaire la condition de moralité. Celle-ci consiste en l’absence de certaines
sanctions prononcées contre le postulant. Ainsi, l’intéressé ne doit pas avoir fait l’objet de
condamnation pénale ou de sanction disciplinaire ou administrative (destitution, radiation, retrait
d’agrément …) pour agissements contraires à l’honneur, à la probité, et aux bonnes mœurs etc…
Le législateur togolais prévoit à l’art. 10 de l’ordonnance ci-dessus citée que : « Nul ne peut accéder à
la profession d’avocat s’il ne remplit pas les conditions suivantes :
- être togolais et jouir de ses droits civils et politiques
- être titulaire de la licence ou de la maîtrise en droit
- n’avoir pas été l’auteur de faits ayant donné lieu à condamnation pénale pour agissements
contraires à l’honneur, à la probité ou aux bonnes mœurs
- n’avoir pas été révoqué ou destitué d’un emploi ou office public ou condamné pour faillite ou
liquidation judiciaire
35
- avoir effectué un stage sanctionné par un certificat d’aptitude, sauf dispense particulière.
S’agissant du stage, c’est le décret n° 88-98 du 6 juin 1988 qui organise l’examen d’aptitude au
stage du barreau. Cet examen est organisé chaque année. Les déclarations de candidature
doivent être adressées au Bâtonnier de l’ordre des avocats accompagnées de pièces exigées.
La profession d’avocat est incompatible avec certaines activités qui sont de nature à porter atteinte à
l’indépendance de l’avocat. Au Togo, tout avocat qui contreviendrait à cette règle sera puni de 10 000
à 100000 F (art. 6).
Les avocats établis près d’un tribunal judiciaire constituent en principe un ordre ou barreau. Chaque
barreau est administré par un Conseil de l’Ordre dont les membres sont élus par l’Assemblée générale
des avocats. Le Conseil de l’Ordre est présidé par un bâtonnier, qui est le représentant légal de l’Ordre.
En France, il y a une innovation qui a consisté à créer le conseil national des barreaux, un
établissement public doté de la personnalité morale dont le rôle est, entre autres, de représenter la
profession d’avocat auprès des pouvoirs publics.
L’avocat est titulaire d’un certain nombre de droits et soumis à certaines obligations.
D’abord, il est couvert par une immunité judiciaire, ce qui exclut toute sanction pénale à son encontre
en cas d’injure, de diffamation ou d’outrage commis dans l’exercice de ses fonctions. Toutefois, des
sanctions d’ordre disciplinaire sont possibles en cas de manquement au serment. L’avocat est
également protégé par la règle de l’inviolabilité du cabinet (et du domicile). Exemple : on ne peut faire
de perquisition dans son cabinet ou à son domicile pour découvrir les documents en vue d’établir la
culpabilité du client. La perquisition est possible si elle est faite par un juge d’instruction en présence
du bâtonnier.
Quant à ce qui concerne les obligations, l’avocat est tenu de veiller à sa probité, à la loyauté, au respect
à l’égard de la justice. Particulièrement, l’avocat est tenu au secret professionnel. S’agissant des modes
d’exercice de la profession, l’avocat peut exercer à titre individuel (forme traditionnelle d’exercice à la
profession). La profession peut être exercée en groupe (association d’avocats ou sociétés civiles
professionnelles). La réforme de 1990 permet même l’exercice de la profession sous forme de sociétés
d’exercice libéral (société à forme anonyme, SARL). Il convient enfin d’insister sur deux autres
modalités d’exercice de la profession : l’exercice en qualité de collaborateur (il n’est pas salarié et a
36
une clientèle personnelle) et l’exercice en qualité de salarié (ici, il ne peut plus avoir une clientèle
personnelle). Le lien de subordination est écarté car le législateur précise que l’avocat salarié
« bénéficie de l’indépendance que comporte son serment et n’est soumis à un lien de subordination
que pour la détermination de ses conditions de travail ».
Selon l’art. 4 al. 1 de l’Ordonnance du 9 janvier 1980, l’exercice de la profession d’avocat est réservé
à ceux qui y ont été régulièrement admis et y ont été inscrits au barreau.
Le conseil de l’ordre siège comme conseil de discipline des avocats. Il poursuit et réprime les
infractions et les fautes commises par les avocats inscrits au tableau.
a) Fonction d’assistance
L’avocat a toujours pour mission d’assister son client notamment en l’aidant lors des consultations. Il
doit fondamentalement conseiller son client quant aux rédactions d’actes sous seing privé ou pour ce
qui concerne les demandes dans la résolution des litiges. L’avocat plaide pour son client devant les
juridictions lors des débats oraux. Il a d’ailleurs le monopole de la plaidoirie devant les juridictions de
droit commun. En tant qu’il exerce sa fonction d’assistance, l’avocat peut intervenir devant toute
juridiction, sans limitation territoriale.
b) Fonction de représentation
Ce rôle consiste à accomplir les actes de procédure au nom et pour le compte du client. Lorsqu’une
affaire relève de la compétence exclusive du TJ, chaque partie doit obligatoirement « constituer
avocat » c’est-à-dire se faire représenter par un avocat. Il existe un monopole de l’avocat pour la
représentation des parties devant le TJ.
37
Cependant l’obligation de constitution obligatoire d’avocat connait des limites si une loi ou un
règlement le prévoit ou encore dans certaines matières telles que celles relevant de la compétence du
juge de l’exécution, lorsque la demande devant le tribunal judiciaire porte sur un montant inférieur ou
égal à 10 000 euros, ou lorsque le montant est indéterminé ayant pour origine l’exécution d’une
obligation dont le montant n’excède pas 10 000 euros. Enfin, dans certaines matières énumérées dans
le code de l’organisation judiciaire.
La fonction de représentation implique deux activités : postuler et conclure. Postuler, c’est accomplir
les différents actes de procédure et conclure, c’est aviser officiellement par voie de conclusions, le
juge et la partie adverse des prétentions de son client ainsi que les arguments sur lesquelles celles-ci
reposent. Le mandat qui lie l’avocat à son client est dit présumé depuis la demande en justice jusqu’à
l’exécution du jugement. Le mandat d’assistance est territorial.
En France, la fonction de représentation échappe à l’avocat devant les CA, où ce rôle est dévolu aux
avoués. Aussi, si un avocat n’exerce devant un tribunal que l’une des deux fonctions (assistance ou
représentation) et si l’une des parties au procès entend que son affaire soit plaidée par un avocat qui
n’est pas établi auprès du tribunal saisi, elle devra en outre être représentée par un autre avocat,
territorialement apte à postuler et conclure devant la juridiction considérée.
L’officier ministériel est titulaire d’une charge encore appelée office ministériel qui lui donne le
monopole d’une profession. L’office comprend deux éléments :
- 2èmemt le droit de présentation est le droit pour le titulaire de l’office de « présenter » son
successeur. Le droit de présentation est un droit de nature mobilière qui par conséquent est
transmissible entre vifs (à titre onéreux ou gratuit) et à cause de mort.
Comme officiers ministériels qui sont en même temps auxiliaires de la justice civile, nous pouvons
citer les avoués près les CA, les avocats au CE (Conseil d’Etat) et à la Cour de cassation et les
huissiers de justice. Les huissiers audienciers sont chargés du service intérieur des tribunaux et en
particulier de la police des audiences.
Les huissiers de justice ont une compétence limitée à un certain ressort territorial.
On a d’abord les greffiers qui sont des fonctionnaires faisant partie du personnel de la juridiction à
laquelle ils sont attachés. Ils ont à leur tête un greffier en chef qui se trouve placé sous l’autorité des
chefs de la juridiction. Il est dépositaire des minutes et archives et en assure la conservation. Il délivre
des expéditions et copies et a la garde des scellés et de toutes sommes et pièces déposées au greffe.
Ensuite viennent les administrateurs judiciaires et les mandataires liquidateurs qui interviennent
notamment dans le cadre des procédures de redressement et de liquidation judiciaire.
Enfin on peut citer les conciliateurs dont la mission est de « faciliter, en dehors de toute procédure
judiciaire, le règlement amiable des différends portant sur des droits dont les intéressés ont la même
disposition ». Ce sont généralement d’anciens magistrats ou avocats ou enseignants d’université etc…
qui contribuent bénévolement à la justice en donnant des conseils en vue d’éviter que des différends ne
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débouchent sur un contentieux, de concilier des personnes en désaccord. Puisqu’il intervient en dehors
de toute procédure judiciaire, le conciliateur n’est pas forcément un juge, raison pour laquelle on le
considère comme un auxiliaire de la justice.
Les statuts des différents auxiliaires de justice sont en voie d’être adoptés. Les textes des avant-projets
de loi sont élaborés dans le cadre de la modernisation de la justice togolaise.
L’instance est la procédure engagée devant une juridiction. C’est un ensemble d’actes de procédure à
accomplir devant une juridiction afin que celle-ci déclare recevable ou non l’action engagée. La
théorie de l’instance civile nous conduit d’abord à dégager les notions fondamentales puis le
déroulement même de cette instance.
Le procès révèle trois étapes de droit : le droit substantiel, le droit d’agir et l’acte de procédure. A
chaque droit correspond une défense : le droit substantiel renvoie à la défense au fond (DF), le droit
d’agir entraîne les fins de non-recevoir ( FNR) et enfin l’acte de procédure implique l’exception de
procédure (EDP).
Nous allons voir tour à tour l’action en justice, les actes de procédure et les délais de procédure.
Vu du côté de l’adversaire, l’action est le droit de discuter le bien fondé de cette prétention. L’action
permet au demandeur de saisir une juridiction et de l’obliger à se prononcer sur le fond de sa demande.
S’agissant de l’adversaire, c’est une prérogative qui lui permet de discuter le bien fondé de la demande
de celui qui a pris l’initiative du procès.
Il y a lieu de distinguer l’action des notions voisines telles que le droit substantiel, la demande ou la
défense.
Le droit substantiel c’est le droit invoqué au fond du procès. Ainsi le droit d’action peut exister mais
pas le droit substantiel. C’est alors qu’on peut déclarer recevable le droit d’action mais l’action mal
fondée.
Quant à la demande et à la défense, elles expriment le droit d’action. En d’autres termes, elles
consistent dans l’exercice de ce droit. Le droit d’agir peut exister sans qu’un acte procédural ne le
concrétise car l’action a un caractère facultatif et libre. De plus, un justiciable peut légitimement se
tromper sur le contenu de ses droits et par conséquent, ne pas exercer légitimement l’action. Toutefois,
il convient de relever que si le droit d’agir est libre, il n’est pas pour autant discrétionnaire puisque la
juridiction sanctionne en la matière l’abus de droit d’ester en justice. La cour de cassation a bien relevé
ce genre d’abus dans une décision. Selon elle, l’exercice d’une action en justice ne peut constituer une
faute susceptible de donner lieu à des dommages intérêts que s’il constitue « un acte de malice ou de
mauvaise foi » ou, tout au moins « une erreur grossière équipollente au dol ».
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Pour mieux cerner la notion d’action en justice, nous allons présenter les conditions d’existence du
droit d’action, la réalisation du droit d’action et les différentes classifications des actions en justice.
Il y a deux conditions essentielles qui sont l’intérêt et la qualité pour agir. Jadis, on ajoutait aux deux
conditions la capacité mais l’on relève depuis peu que la capacité n’est pas une condition de l’action
mais une condition de régularité de l’action.
En effet, selon l’art. 31 NCPC « l’action est ouverte à tous ceux qui ont un intérêt légitime au succès
ou au rejet d’une prétention, sous réserve des cas dans lesquels la loi attribue le droit d’agir aux seules
personnes qu’elle qualifie pour « élever ou combattre une prétention ou pour défendre un intérêt
déterminé ».
Un principe traditionnel affirme que ‘’pas d’intérêt pas d’action’’. L’intérêt pour agir doit pour cela
revêtir des caractères. Il doit être légitime, né et actuel, personnel et direct.
1. La légitimité de l’intérêt
Elle signifie que l’intérêt, qu’il soit patrimonial ou extrapatrimonial, doit être fondé sur un droit qui au
demeurant, ne peut être admis que pour protéger des situations légitimes. L’intérêt légitime doit être
juridiquement protégé. En fait en parlant de la légitimité de l’intérêt, le législateur a regroupé des
questions qui relèvent exclusivement du droit substantiel. En d’autres termes, des questions qui
traduisent la qualité pour agir.
2. L’intérêt né et actuel
En règle générale, chaque fois qu’un plaideur sollicite l’effet juridique de la règle de droit, il invoque
la question de l’intérêt à agir. Cela signifie que l’intérêt qui est pris en considération ne peut être que
celui qui existe au moment où l’action est exercée ; ce qui exclut les intérêts qui ne sont pas encore
concrétisées ou qui sont simplement éventuelles. Ne sont pas admises les actions préventives (telles
l’action provocatrice, l’action interrogatoire et l’action déclaratoire).
L’action provocatrice désigne l’action engagée par une personne qui se vante d’être titulaire de
certains droits et qui mène une action forcée contre une autre qui se prétendait titulaire d’un droit à le
faire valoir immédiatement sous peine de le perdre.
L’action interrogatoire est une action par laquelle il était possible de forcer une personne disposant
d’un délai à exercer immédiatement son option (exemple en vue de forcer un héritier à dire s’il accepte
ou refuse une succession avant l’expiration du délai d’option reconnu à celui-ci).
Enfin, l’action déclaratoire est une action par laquelle il était possible de faire constater l’existence ou
l’inexistence d’un droit en dehors d’une contestation actuelle. Dans cette action la demande a pour
objet de faire constater que sont remplies une ou plusieurs conditions contenues dans une règle de droit
pour permettre, au moment venu d’agir de façon efficace. (ex :ds l’action déclaratoire je demande au
juge de constater qu’un contrat est muni d’un terme, et si cela est acquis, à l’arrivée du terme,
j’obtiendrai l’exécution dudit contrat).
Toutefois il y a des exceptions à l’irrecevabilité des actions préventives. La jurisprudence est favorable
aux actions dites déclaratoires.
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3. L’intérêt personnel et direct
C’est celui qui a un intérêt qui peut agir en justice. C’est généralement un particulier qui prétend être
titulaire d’un droit fondamental et qui soutient que ce droit a été méconnu, qui agit. Cependant il y a
des hypothèses dans lesquelles c’est un groupement ou une personne morale qui trouve nécessité
d’agir en justice. Exemple : une personne morale qui a un patrimoine, peut invoquer une atteinte à l’un
de ses droits patrimoniaux en cas d’endommagement d’un bien. Un syndicat peut agir en justice
lorsqu’il y a des faits qui portent un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession
qu’il représente. Cette solution est d’origine jurisprudentielle mais la réglementation sur le droit du
travail l’a reprise. Contrairement à cette hypothèse, la jurisprudence rejette souvent les actions
engagées par les associations. Cette sévérité semble être la conséquence de la difficulté qu’il y a à
caractériser l’intérêt collectif invoqué par les associations car elles se donnent souvent des objectifs
très vagues de telle sorte que les intérêts dont elles entendent assurer la défense rejoignent finalement
l’intérêt général. L’intérêt collectif susceptible d’être pris en considération dans le cadre de ces actions
dites collectives doit être nettement distinguées à la fois de l‘intérêt individuel des membres du
groupement et de l’intérêt général. De telles actions lorsqu’elles sont refusées, la jurisprudence relève
que le groupement dont il s’agit n’a pas qualité pour agir, ce qui conduit à une confusion entre la
qualité pour agir et l’intérêt « personnel et direct » qui doit justifier la recevabilité d’une demande.
On peut la définir comme le titre juridique permettant à une personne d’invoquer en justice le droit
dont elle demande la sanction. Autrement dit, le demandeur doit être le destinataire de la règle de droit
dont il sollicite le bénéfice.
Fréquemment, on confond la qualité avec le pouvoir d’agir qui évoque la représentation en justice. La
qualité pour agir est une notion assez difficile à isoler. Elle est difficilement dissociable de celle
d’intérêt, qui est le plus souvent la seule véritable condition requise. L’action, rappelons-le, est ouverte
à tous ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au rejet d’une prétention, réserve faite des cas dans
lesquels la loi attribue le droit d’agir aux seules personnes qu’elle qualifie pour élever ou combattre
une prétention ou pour défendre un intérêt déterminé. Dans cette dernière hypothèse on parle d’actions
‘’attitrées’’ exemple : seuls les époux peuvent agir en divorce, seules certaines personnes peuvent faire
annuler un acte entaché d’une cause de nullité relative, alors que d’autres peuvent aussi avoir un
intérêt à de telles actions.
Une personne peut exercer les droits d’autrui mais en vertu d’un droit d’action qui lui est propre
exemple : le créancier qui exerce l’action oblique. Il exerce à titre personnel des droits et obligations
d’autrui.
A. Les demandes
Toute personne qui veut faire examiner une prétention par le juge doit faire une demande. Celle-ci se
présente comme l’acte juridique par lequel l’on soumet au juge une prétention.
On a différents types de demande qu’il faudra présenter avant d’envisager leurs effets.
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1. Les différentes catégories de demandes
Celui qui prend l’initiative d’un procès fait une demande appelée demande initiale. A celle-ci peuvent
se joindre d’autres demandes provenant soit du demandeur lui-même, soit du ou des adversaires. Ces
dernières demandes sont dites demandes incidentes.
a) La demande initiale
Couramment appelée aussi demande introductive d’instance, la demande initiale « est celle par
laquelle un plaideur prend l’initiative d’un procès en soumettant au juge ses prétentions ». C’est la
demande initiale qui introduit l’instance, qui lance les hostilités, et qui conduit le juge, lorsque toutes
les conditions sont réunies, à déclarer recevable la prétention du demandeur. Il faut éviter de confondre
la demande et la prétention. La 1ère c’est l’acte processuel par lequel le juge est saisi de la 2è.
Lorsque l’instance est déjà engagée, des demandes peuvent se greffer sur la demande initiale. Il peut
s’agir de la demande reconventionnelle, de la demande additionnelle et de l’intervention.
- La demande reconventionnelle est une demande faite par celui contre qui l’instance est
engagée. Elle se présente comme un moyen de défense lui permettant de riposter, d’attaquer la
prétention du demandeur en présentant à son tour une demande. C’est une défense qui prend la
forme d’une attaque. En effet, par le moyen de la demande reconventionnelle, le défendeur
originaire prétend obtenir un avantage autre que le simple rejet de la prétention de son
adversaire.
- La demande reconventionnelle peut être un acte pur ou un acte hybride. Elle est pure
lorsqu’elle ne constitue pas du tout une défense, et donc qu’elle n’exerce aucune influence sur
le sort de la demande formée par l’adversaire. Ex : au cours de la liquidation d’une succession,
l’un des cohéritiers soutient qu’un bien A, prétendument indivis, lui appartient déjà de façon
exclusive. Il demande que le bien soit retiré de la masse successorale. Un autre cohéritier
formule la même prétention à propos d’un bien B. quelle que soit la solution que donnera le
juge pour ce qui est du bien B, le sort du litige ne sera pas modifié pour ce qui est du bien A.
La demande reconventionnelle peut être un acte hybride, et là, elle est à la fois une demande et
une défense. C’est souvent le cas en matière de procès en divorce.
- La demande additionnelle est faite par le plaideur qui a introduit l’instance. Par elle, il désire
modifier ses prétentions antérieures.
- L’intervention est une demande dont l’objet est de rendre un tiers partie au procès engagé entre
les parties originaires soit par sa volonté (intervention volontaire) soit à la demande d’une
partie au procès (intervention forcée).
Selon le Nouveau Code de procédure civile, les demandes incidentes sont formées à l’encontre des
parties à l’instance par simples conclusions et non par assignation. Par contre, lorsque lesdites
demandes sont faites à l’encontre des parties défaillantes ou des tiers, elles doivent respecter les
formes prévues par la loi pour introduire une instance.
Pour finir, il faut noter que la recevabilité des demandes additionnelle et reconventionnelle est
subordonnée à la condition d’existence d’un lien suffisant entre elles et la prétention originaire
(demande initiale)
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2. Les effets de la demande en justice
Toute demande en justice présente des effets tant à l’égard du juge qu’à l’égard des parties.
D’abord, on peut dire que la demande en justice impose au juge de statuer c’est-à-dire de trancher le
fond de l’affaire. S’il s’estime incompétent, il doit surseoir à statuer en rendant une décision
d’incompétence. Par contre, s’il considère la procédure irrégulière, il va déclarer la demande
« irrecevable ». Toutes ces considérations amènent à dire que le juge saisi doit en principe rendre une
décision même si celle-ci n’est pas une décision sur le fond de l’affaire.
Le juge saisi doit normalement se prononcer sur ce dont il est saisi et pas au-delà. On dit que la
demande en justice fixe le cadre de la décision du juge. Normalement, c’est au moment de la demande
que le juge doit fixer le cadre de celle-ci. Il y a néanmoins des exceptions à un tel principe. Exemple :
en matière de responsabilité civile, la jurisprudence affirme que le montant des dommages intérêts doit
être déterminé en se plaçant au jour où la décision est rendue.
Envisagée du côté des parties au procès, la demande en justice crée un lien juridique d’instance qui
sera étudié ultérieurement. En effet, le fait d’être engagé dans un procès d’une manière active comme
demandeur ou de manière passive comme défendeur tisse entre les plaideurs un réseau de droits et
d’obligations.
C’est une défense procédurale. On la définit comme tout moyen qui tend soit à faire déclarer la
procédure irrégulière ou éteinte, soit à en suspendre le cours. Ici la contestation porte uniquement sur
la procédure. Le terme exception dans notre contexte prend le sens de moyen de défense.
Lorsqu’il oppose une exception de procédure au demandeur, le défendeur veut simplement faire savoir
que le moment du débat au fond de l’affaire n’est pas encore indiqué. Pour cela il paralyse
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provisoirement l’instance ou même l’anéantit ; ce qui induit que le demandeur peut éventuellement
aborder le débat au fond dans le cadre d’une nouvelle instance à venir.
Elle est une défense procédurale. Aux termes de l’art. 29 CTPC « constitue une fin de non- recevoir
tout moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au fond,
pour défaut de droit d’agir, tel le défaut de qualité, le défaut d’intérêt, la prescription, le délai préfix, la
chose jugée ».
La FNR paraît proche de l’exception de procédure puisque le juge dans ce cas ne doit pas examiner le
fond de l’affaire. Elle est également proche de la défense au fond lorsqu’elle est accueillie par le juge
en ce sens que si le procès était déjà engagé, il est définitivement arrêté.
Il est à noter que « les FNR doivent être relevées d’office lorsqu’elles ont un caractère d’ordre public,
notamment lorsqu’elles résultent de l’inobservation des délais dans lesquels doivent être exercées les
voies de recours » (art. 32 CTPC).
Il convient de noter que le juge « peut condamner à des dommages intérêts ceux qui se seraient
abstenus, dans une intention dilatoire, de soulever plus tôt une FNR ».
Lorsque la régularisation de la situation donnant lieu à la FNR est possible et qu’elle intervient avant
que le juge statue, l’irrecevabilité doit être écartée.
Les classifications des actions reposent sur des critères variés que sont la nature du droit dont il s’agit
d’assurer la sanction et l’objet du droit lui-même. A ces deux critères de distinction vient s’ajouter une
sous distinction au sein de l’une des deux précédentes catégories.
Sous cette distinction on range trois types d’action : les actions réelles, les actions personnelles et les
actions mixtes.
• Par action réelle, on désigne toute action destinée à assurer la sanction d’un droit réel.
Exemple : l’action en revendication du droit de propriété, de l’usufruit ou des servitudes est
qualifiée d’action réelle.
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• L’action personnelle est celle qui tend à assurer la sanction d’un droit personnel c’est-à-dire un
droit de créance. Exemple : l’action exercée par un locataire à l’encontre de son bailleur pour le
voir condamné à effectuer les grosses réparations. Cette catégorie est la plus vaste car la
jurisprudence a tendance à y faire entrer toute action ne relevant pas d’autres catégories
définies. Exemple : les actions relatives à l’état des personnes (ensemble des éléments de droit
privé caractérisant l’existence juridique et la situation familiale de la personne).
• Une action est dite mixte lorsque le titulaire du droit d’agir est en mesure d’invoquer tout à la
fois un droit réel et un droit personnel : Exemple : un droit réel sur l’immeuble est une action
réelle. Il peut aussi exercer une action personnelle contre le vendeur en délivrance dudit
immeuble.
Les actions fondées sur l’objet du droit sont les actions mobilières et les actions immobilières. L’action
mobilière assure la sanction d’un droit mobilier c’est-à-dire un droit portant sur un meuble. De même
lorsque le droit de sanctionner n’est pas expressément classé parmi les immeubles, l’action
correspondante est mobilière. Exemple : l’action tendant à obliger un entrepreneur à construire un
immeuble ou à accomplir certains travaux sur un immeuble est mobilière. Quant à l’action
immobilière, elle est destinée à assurer la sanction d’un droit portant directement sur un immeuble (par
nature, par destination, par l’objet auquel il s’applique ou par déclaration de la loi). Le législateur met
côte à côte les actions personnelles et mobilières et les actions réelles et immobilières. Mais il n’est pas
inconcevable que l’on puisse avoir des actions réelles mobilières. Par contre, on constate la rareté des
actions personnelles immobilières. Exemple : la revendication d’un tel appartement, d’un immeuble en
construction lorsqu’un contrat a pour objet le transfert de la propriété d’un tel appartement.
Seront envisagées ici les actions possessoires et les actions pétitoires. Après avoir ressorti la
distinction, nous verrons le régime juridique qui leur est applicable.
L’action pétitoire tend à protéger le titulaire d’un droit réel immobilier c’est-à-dire d’assurer la
sanction du droit de propriété. Ici, le juge saisi statue sur le point de savoir si celui qui exerce une telle
action a un droit de propriété sur l’immeuble revendiqué. L’action possessoire protège le possesseur et
même le détenteur, autrement dit la possession et la détention en tant que fait. Le juge saisi n’a pas à
statuer sur l’existence d’un droit sur l’immeuble à propos duquel l’action est exercée. Il a simplement
à trancher la question de savoir si l’auteur de l’action a subi un trouble dans sa possession ou sa
détention et à sanctionner ce trouble s’il s’est avéré. L’action possessoire présente un intérêt du fait
que très souvent, celui qui exerce des actes de possession est en réalité le propriétaire de l’immeuble.
De plus, le trouble possessoire, même émanant de quelqu’un qui est réellement propriétaire de
l’immeuble est de nature à porter atteinte à la paix sociale. Un particulier ne peut se faire justice à soi
même. Ainsi lorsqu’on est titulaire d’un droit et qu’un tiers usurpe ce droit, il est normal de s’adresser
à la justice.
En France, la compétence des tribunaux est différente selon que l’action exercée est pétitoire ou
qu’elle est possessoire. Dans le 1er cas, c’est le TGI qui est compétent et dans le second c’est le
tribunal d’instance.
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2-Le régime juridique des actions possessoires
L’action pétitoire est soumise au régime de droit commun et pour cela nous allons réserver son étude.
On distingue entre trois actions possessoires : la complainte, la dénonciation de nouvel œuvre et
l’action en réintégration. Il existe des règles communes applicables à ces trois actions mais aussi des
règles particulières.
Jusqu’en 1975, la protection possessoire n’était en principe accordée qu’au véritable possesseur. Une
loi du 9 juillet 1975 a généralisé cette solution particulière en l’étendant à toutes les actions
possessoires. La protection possessoire tend d’abord à la protection du possesseur mais, l’art. 2282 c.
civ. précise qu’elle peut être accordée au détenteur contre tout autre que celui dont il tient ses droits.
Ainsi un preneur ne saurait agir au possessoire contre son bailleur, auteur d’une atteinte à sa détention.
Son action doit se fonder sur la violation des clauses du contrat de bail.
Pour être protégée, la possession ou la détention doit être paisible.
Le délai pour agir au possessoire est assez bref. L’art. 1264 NCPC dispose que « les actions
possessoires sont ouvertes dans l’année du trouble ».
Pour protéger le possesseur ou le détenteur, le fond du droit ne peut être invoqué. Il y a donc la règle
de non cumul entre la protection possessoire et le fond du droit (art. 1265 NCPC al. 1). Des
conséquences se dégagent : le juge saisi au possessoire ne peut pas statuer sur le fond du droit, ni
même se déterminer à partir d’éléments qui relèvent du fond du droit.
S’agissant des parties, les précisions suivantes s’imposent :
- Le demandeur (victime du trouble) qui s’est placé immédiatement sur le terrain du pétitoire ne
peut plus ensuite agir au possessoire. C’est l’hypothèse où il estime avoir un droit de propriété
sur l’immeuble.
Les actions possessoires concernées sont la complainte, la dénonciation de nouvel œuvre et l’action en
réintégration.
• La complainte
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La complainte est une action qui a pour but de faire cesser un trouble actuel de la possession ou de la
détention. Le trouble dont il s’agit ici suppose un comportement ou l’émission d’une prétention
impliquant contradiction de la possession d’autrui. Exemple : aller régulièrement chercher de la terre
sur le terrain du voisin ; sommer le débiteur des revenus d’un immeuble de les lui payer…
Au moment de l’action, le trouble doit être actuel. De même, la possession doit avoir une durée d’au
moins un an au moment où se produit le trouble (il peut s’agir de la possession faite par des tiers).
Contrairement à la 1ère action dans laquelle l’on exige l’actualité du trouble, ici le trouble ne doit pas
être encore réalisé. La dénonciation de nouvel œuvre tend à empêcher la réalisation du trouble
possessoire. Exemple : une personne a entamé des travaux de construction sur son terrain et les
travaux tels qu’ils sont conçus vont certainement entraîner un empiétement sur le terrain voisin. Le
propriétaire de celui-ci peut dans une action en dénonciation de nouvel œuvre faire arrêter l’exécution
des travaux entrepris. Ici contrairement au principe qui veut que l’intérêt pour agir soit actuel, l’intérêt
est simplement éventuel. Tout comme dans la complainte, la possession doit être paisible et avoir duré
au moins une année.
• L’action en réintégration
Dans l’action en réintégration, celui qu’on assigne a utilisé une violence ou une voie de fait pour
déposséder le demandeur. L’action en réintégration est soumise à la condition que la possession ou la
détention soit paisible. De plus celle-ci peut avoir duré moins d’un an (art. 1264 NCPC).
Les actes de procédure renvoient au formalisme exigé pour la recevabilité des actions en justice. Ils
sont accomplis pour le compte des parties par des auxiliaires de la justice, essentiellement les avocats.
S’agissant de la rédaction des actes de procédure, ils doivent l’être par écrit en langue officielle du
pays (français). Ce sont les huissiers qui rédigent la plupart d’actes. La loi précise les mentions
obligatoires qui doivent y figurer :
- La date de l’acte : mention importante permettant de s’assurer que l’acte a été accompli dans le
délai requis. Il est important de connaître le point de départ d’un tel délai.
- Les éléments d’identification du requérant : pour les personnes physiques, il s’agit de leurs
noms, prénoms, professions, domicile, nationalité, date et lieu de naissance. Quant aux
personnes morales, l’acte doit mentionner la forme, la dénomination et le siège social…
- Au cas où l’acte doit être remis à une personne autre que son destinataire, la mention doit être
faite dans l’acte.
Ces précisions faites, nous allons réserver les développements aux questions de la notification des
actes de procédure et les sanctions des irrégularités pouvant affecter les actes de procédure.
La signification ne se fait pas à n’importer quel moment. Elle doit être normalement accomplie un jour
ouvrable et à une heure légalement considérée comme une heure de jour (entre 6 h du matin et 19 h le
soir). En cas de nécessité, le juge peut permettre une dérogation. Au Togo, l’art. 59 CTPC retient 6h et
20h sauf jours chômés et fériés et également avec permission du juge en cas d’urgence pour la
dérogation.
Les significations varient selon que le destinataire est domicilié sur le territoire national, ou qu’il se
trouve à l’étranger ou encore s’il est sans domicile, ni résidence ni lieu de travail connu.
La signification à domicile ne peut être faite qu’en cas d’impossibilité de signifier à personne. En
d’autres termes, l’impossibilité tient au fait que l’huissier ne trouve pas le destinataire de l’acte à
domicile.
A défaut de remettre l’acte à son destinataire, la loi a prévu que « la copie peut être remise à toute
personne présente » y compris les voisins à l’exclusion de la personne qui a requis de signifier l’acte à
la partie adverse (selon la jurisprudence, cela préserve les droits de la défense).
La personne à qui est faite la signification doit l’avoir acceptée et pour cela, après avoir décliné ses
identités, elle donne récépissé (s’il s’agit de voisin). Si personne ne veut recevoir copie de l’acte, celui-
ci peut être déposé par l’huissier à la mairie (la signification sera réputée faite à domicile), ce qui sera
mentionné sur un registre qui sera émargé par le destinataire lorsqu’il se présentera.
48
.
Pour informer le destinataire que la signification est faite, l’huissier doit laisser au domicile de celui-ci
un avis de passage dans lequel il mentionne l’endroit où la copie de l’acte a été laissée afin qu’il puisse
la retirer.
D’autre part, l’huissier doit le jour même ou au plus tard le 1er jour ouvrable suivant, envoyer à
l’intéressé une lettre simple comportant les mêmes mentions que l’avis de passage. La lettre doit
contenir par ailleurs une copie de l’acte de signification.
Dans une telle hypothèse, l’huissier dresse un procès-verbal dans lequel il mentionne toutes les
diligences accomplies pour rechercher le destinataire de l’acte à signifier. Le même jour ou au plus
tard, le 1er jour ouvrable suivant, il doit à peine de nullité envoyer audit destinataire, à la dernière
adresse connue, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, une copie du procès-
verbal, à laquelle est jointe une copie de l’acte objet de la signification. Il doit informer le destinataire,
par lettre simple, de l’accomplissement d’une telle formalité.
Lorsque le destinataire de l’acte est domicilié à l’étranger, on recourt à une signification au parquet. Le
procureur, après avoir visé l’original de l’acte, reçoit de l’huissier deux copies qu’il doit faire parvenir
au ministre de la justice aux fins de transmission. Les délais courent à partir de la date de la remise de
l’acte au parquet. Le même jour ou plus tard le 1er jour ouvrable, l’huissier doit expédier au
destinataire, par lettre recommandée, la copie certifiée conforme de l’acte.
La loi a prévu un certain nombre de règles dérogatoires pour assouplir la rigidité des mesures
entourant la signification, ceci dans l’intérêt des parties et de la bonne administration de la justice. On
peut prendre l’exemple en matière du droit des sociétés où la signification faite à une succursale
équivaut à la signification faite à la société mère. Ici, la succursale devient représentant de la société.
Nous savons que les personnes morales n’ont pas une existence matérielle. Le problème de la
signification des actes à ces personnes se pose. D’abord, la loi prévoit que la notification destinée à
une personne morale de droit privé ou à un établissement public à caractère industriel et commercial
est faite au lieu de son établissement. Si la personne morale n’a plus d’établissement connu, au lieu
indiqué comme siège social par le registre du commerce, la signification doit être faite au parquet qui
se chargera d’accomplir les formalités nécessaires pour que l’acte parvienne à son destinataire.
Ensuite, il est prévu que la signification faite à personne morale est réputée être faite à personne
lorsque l’acte est délivré à son représentant légal ou aux personnes habilitées à cet effet.
En définitive, notons que les règles de formes applicables aux significations sont prescrites à peine de
nullité, sanction de l’irrégularité affectant les actes de procédure.
49
§II - Les sanctions des irrégularités affectant les actes de procédure
La sanction ordinaire est la nullité de l’acte irrégulier. Cependant, dans notre domaine, on concilie
rigidité et souplesse car nullité ne semble pas en toute hypothèse la sanction indiquée. Nous allons voir
tour à tour le régime de la nullité et les effets de la nullité.
Deux catégories de nullités sanctionnent l’irrégularité affectant les actes de procédure : la nullité pour
vice de forme et la nullité pour irrégularité de fond.
Il est de principe que ‘’pas de nullité sans texte’’. Cela signifie qu’en présence d’un texte de loi
édictant la nullité, le juge ne peut refuser de l’appliquer ; cependant l’absence de pouvoir
d’appréciation du juge peut éventuellement permettre à une partie de mauvaise foi, cherchant à
retarder le cours du procès, d’obliger une juridiction à annuler un acte alors même que cette partie
n’avait subi aucun préjudice du fait de l’irrégularité commise. Pour pallier cet inconvénient, les auteurs
ont proposé une solution qui fut consacrée par la jurisprudence. Elle consiste à distinguer entre les
formalités substantielles (ou essentielles) et les formalités secondaires (ou accessoires). Le juge était
autorisé à écarter la règle ‘’pas de nullité sans texte’’ en cas d’inobservation d’une formalité
substantielle. Autrement dit lorsque dans l’accomplissement d’un acte une formalité considérée
comme étant substantielle (importante) n’avait pas été respectée, le juge pouvait annuler l’acte même
si aucun texte ne prévoyait que l’inobservation de cette formalité devait être sanctionnée par la nullité.
Exemple : un acte d’huissier ne comportant aucune signature. Pour remédier à la difficulté de
déterminer ce qui est substantiel et secondaire, le législateur a adopté un texte disposant qu’une nullité
d’acte de procédure ne pourrait désormais être prononcée qu’au cas où l’irrégularité invoquée aurait eu
pour effet de nuire aux intérêts de la partie adverse.
Depuis les réformes du NCPC, l’annulation d’un acte de procédure pour vice de forme suppose la
réunion de deux conditions à savoir :
1ère : l’existence d’un texte édictant la nullité sauf en cas d’inobservation d’une formalité substantielle
ou d’ordre public (art. 114 NCPC).
2ème : il faut l’existence d’un grief : la nullité ne peut être prononcée qu’à charge pour l’adversaire qui
l’invoque de prouver le grief que lui cause l’irrégularité même s’il s’agit d’une formalité substantielle
ou d’ordre public. La jurisprudence antérieure a été remise en cause. La mise en œuvre de la nullité de
l’acte pour vice de forme amène à dire que c’est par la voie d’une exception de procédure que la partie
qui entend faire déclarer un acte de procédure nul doit soulever la nullité. Ainsi :
• si un vice de forme affecte l’acte introductif d’instance, la nullité devra être invoquée au tout
début de l’instance c’est-à-dire avant tout moyen de défense.
• Si un vice de forme affecte un acte intervenu en cours d’instance c’est-à-dire du cas où le débat
au fond est déjà engagé, celui qui entend faire annuler l’acte oppose l’exception de nullité
avant de poursuivre la discussion au fond.
La nullité considérée ici se rapporte à une irrégularité qui touche au fond même de l’acte de procédure.
Elle est plus fondamentale que la première catégorie de nullité. Rentrent dans cette catégorie les
50
irrégularités affectant la validité de l’acte en ce qui concerne le défaut de capacité d’ester en justice, le
défaut de pouvoir d’une partie ou d’une personne figurant au procès comme représentant soit d’une
personne morale, soit d’une personne atteinte d’une incapacité d’exercice et le défaut de capacité ou de
pouvoir d’une personne assurant la représentation d’une partie en justice.
Contrairement aux nullités pour vices de forme, (en ce qu’elles doivent être soulevées rapidement),
l’exception de nullité fondée sur l’inobservation d’une règle de fond peut être proposée en tout état de
cause c’est-à-dire à n’importe quelle hauteur de la procédure. (Mais le juge peut condamner à des
dommages intérêts si celui qui veut soulever l’exception la retarde à des fins dilatoires).
L’annulation intervenue en cours de procès va simplement retarder le procès car la procédure peut être
reprise et continuée à partir du dernier acte valable.
On peut engager la responsabilité civile des auxiliaires de justice en cas d’annulation d’actes par eux
accomplis. En effet, ils sont mandataires.
Pour finir, il y a lieu de signaler que le NCPC prévoit des possibilités de régularisation d’actes
entachés d’un vice de forme ou d’une irrégularité de fond. Ce sera le cas, s’agissant d’actes affectés
par un vice de forme lorsque la nullité est couverte par la régularisation ultérieure de l’acte si aucune
forclusion n’est intervenue et si la régularisation n’entraîne aucun grief (préjudice).
Pour ce qui est des actes entachés d’une irrégularité de fond, la loi dispose que « dans les cas où elle
est susceptible d’être couverte, la nullité ne sera pas prononcée si sa cause a disparu au moment où le
juge statue ».
Le temps de tout procès repose sur des délais appelés délais de procédure. Les délais de procédure
n’ont pas tous la même nature ni la même finalité. S’agissant de la nature, le principe est que les délais
de procédure sont tous légaux ; ce qui signifie que la durée de chacun d’eux résulte d’une disposition
du Code de procé. Civ.
A côté des délais légaux se trouvent les délais judiciaires. Ce sont les délais dont la durée est fixée par
le juge. Pour ne pas enfermer les délais dans des proportions trop grandes, on a laissé au juge le
pouvoir d’en fixer pour le bon déroulement du procès.
Il ya lieu de noter que les délais en jours et en mois sont très fréquents en droit judiciaire. Ils
concernent en particulier les voies de recours qui doivent être exercés rapidement.
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Le point de départ du délai s’appelle le dies a quo et le point d arrivée c est le dies ad quem. En
principe, on ne prend pas en compte le jour où se produit l’événement qui le fait courir. Ex si
l’événement qui fait courir le délai se produit le 12 mai à 15h, le point de départ c’est le 13 mai à 0
heure.
S’agissant du point d’arrivée, on distingue le délai franc de celui qui ne l’est pas. Lorsqu’un délai est
franc, le délai n’expire que le lendemain du dernier jour du délai, de sorte que l’acte soumis à un délai
de forclusion peut encore être accompli le lendemain du dernier jour. Lorsque le délai n est pas franc,
c’est l inverse qui se produit. Ex si l’événement qui fait partir le délai se produit le 6 avril et si le délai
est de quinze jours, le dernier jour pour accomplir l’acte est le 21 avril (6+15=21).
Lorsque le dernier jour du délai tombe sur un jour inutile (samedi, dimanche, jour férié ou chômé), la
loi prévoit la prorogation du délai jusqu’au premier jour ouvrable suivant.
Pour en savoir davantage, faire des recherches
La présentation sera très succincte. Nous allons voir la procédure devant le tribunal puis devant
quelques principales juridictions d’exception.
Devant le TGI, on distingue deux types de procédures : celle de droit commun et les procédures
spéciales.
A. L’introduction de l’instance
On introduit une instance civile par une assignation, ensuite par l’accomplissement de formalités
destinées à assurer la saisine du tribunal.
1-L’assignation
L’assignation est un acte d’huissier par lequel le demandeur cite son adversaire à comparaître devant
le tribunal. L’acte lui étant signifié, il est donc officiellement avisé du déclenchement de la procédure.
L’assignation doit contenir des mentions telles l’indication du tribunal où la demande est faite,
l’avocat mandaté par le demandeur (rappelons que la constitution d’avocat emporte élection de
domicile. Ainsi les actes de procédure pourront être régulièrement signifiés au demandeur par la
remise de l’acte à son avocat), l’objet de la demande et un exposé des moyens (ce qu’on appelle le
libellé de l’acte), l’indication du délai de comparution et une mention relative à la sanction de la non-
comparution (généralement ce sera qu’à défaut de comparution le jugement sera rendu contre lui sur
les seuls éléments fournis par son adversaire) et enfin l’indication des pièces sur lesquelles la demande
est fondée.
Toutes les mentions citées sont prescrites à peine de nullité. L’assignation entraîne des effets purement
procéduraux dont voici quelques uns.
Ensuite, le demandeur (ou à défaut le défendeur) doit accomplir, dans les 4 mois de l’assignation, la
formalité de saisine du tribunal.
La saisine du tribunal est opérée lorsque le représentant du demandeur ou celui du défendeur procède à
la remise au secrétariat-greffe d’une copie de l’assignation. A défaut d’une telle démarche dans les 4
mois de l’assignation, celle-ci sera caduque.
- Le greffier ouvre un dossier de l’affaire. C’est sur ce dossier que sont portés le nom du ou des
juges ayant à connaître de l’affaire et celui des avocats des parties. Dans ce dossier sont
classées des différentes pièces de la procédure.
- Les parties : elles doivent faire connaître à la juridiction saisie et mutuellement leurs
prétentions et l’argumentation sur laquelle celles-ci reposent, ceci est fait par voie de
conclusions.
Les conclusions contiennent une partie consacrée aux ‘’motifs’’ où est développée l’argumentation sur
laquelle le plaideur appuie ses prétentions, et une partie contenant le dispositif c’est-à-dire les
‘’différents chefs de demande’’, autrement dit, ce qui est demandé au tribunal et sur quoi celui-ci aura
à statuer.
Les plaideurs doivent se faire connaître mutuellement leurs conclusions (principe du contradictoire).
Ils doivent également déposer ces conclusions au secrétariat-greffe où elles seront jointes au dossier de
l’affaire.
B - L’audience
Il faut tenir compte ici d’un certain nombre de règles générales en principe applicables devant toutes
les juridictions et en particulier devant les tribunaux de grande instance, règles qui figurent aux articles
430 et suivants du nouveau code de procédure civile.
Sans entrer dans le détail de tous ces textes, dont la lecture est toutefois conseillée pour une idée plus
précise de la matière, l’on insistera sur les grands principes gouvernant le déroulement des débats, puis
sur la clôture de ceux-ci.
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1 - Les principes gouvernant le déroulement des débats
▪ Le principe
Celui-ci est posé (à deux reprises) par la disposition figurant aux articles 22 et 433, alinéa 1er du
nouveau code : « Les débats sont publics, sauf les cas où la loi exige (ou permet) qu’ils aient lieu en
chambre du conseil ». Le public doit dont normalement être admis à assister à l’audience au cours de
laquelle l’affaire est plaidée : Cons. Etat, 4 oct. 1974, D. 1975, 369, note Auby, J.C.P. 1975.11.17967,
note Drago, Rev. Trim. Dr. civ. 1975.354, obs. Normand.
La publicité est considérée comme une condition de clarté, de régularité des débats. Elle est présentée
comme une garantie pour les plaideurs (d’une manière générale, comme une garantie de bonne
justice) : elle est donc une exigence fondamentale dans laquelle le Conseil d’Etat n’a pas manqué de
voir un principe général du droit judiciaire. La règle de la publicité des débats est au demeurant posée
par plusieurs conventions internationales, dont notamment la Déclaration universelle des droits de
l’homme (art.10) et la Convention européenne des droits de l’homme (art. 6).
▪ Les exceptions
Si la publicité des débats judiciaires peut apparaître, d’une manière générale, comme une garantie pour
les plaideurs, il est cependant admis que, pour certaines affaires, la discrétion s’impose : l’intérêt
même des parties, le souci en particulier de ne pas porter atteinte à l’intimité de leur vie privée
commandent quelquefois que le public ne soit pas admis à l’audience.
Les rédacteurs du nouveau code n’ont pas manqué en effet de prévoir certaines exceptions au principe
de publicité. Cependant, ils sont allés à cet égard au-delà des solutions jusque-là admises.
Sans doute les articles 22 et 433, alinéa 1er, lorsqu’ils réservent (après avoir affirmé le principe de la
publicité des débats) les cas où la loi exige que l’audience ait lieu en chambre du conseil, ne font-ils
que reprendre une règle depuis longtemps acquise. Il arrive en effet que, pour certaines affaires, un
texte législatif écarte le débat public en disposant que l’affaire sera jugée en chambre du conseil (v. par
ex. les art. 248 et 298 C. civ. en matière de divorce ou de séparation de corps).
Le nouveau code va en revanche beaucoup plus loin qu’autrefois lorsqu’il reconnaît au juge, dans un
certain nombre d’hypothèses, le pouvoir de décider que les débats auront lieu hors la présence du
public.
C’est ainsi que l’article 435 prévoit que le juge (c’est-à-dire, dans le cadre de la procédure
actuellement examinée, le président du tribunal ou de la chambre à laquelle l’affaire a été distribuée,
lequel dirige les débats) « peut décider que les débats auront lieu ou se poursuivront en chambre du
conseil s’il doit résulter de leur publicité une atteinte à l’intimité de la vie privée, ou si toutes les
parties le demandent, ou s’il survient des désordres de nature à troubler la sérénité de la justice ».
L’article 446 du nouveau code prévoit que les règles relatives à la publicité (ou éventuellement à
l’absence de publicité) des débats doivent être observées à peine de nullité. Cependant, le même texte
ajoute qu’aucune nullité ne pourra être ultérieurement soulevée pour inobservation de ces règles si elle
n’a pas été invoquée avant la clôture des débats. Par ailleurs, la nullité ne peut être relevée d’office.
54
Il convient de remarquer au demeurant qu’en raison des pouvoirs reconnus au président de la
juridiction, il sera en pratique bien difficile de faire sanctionner par une nullité l’inobservation des
dispositions relatives à la publicité ou à la nécessité de tenir l’audience en chambre du conseil.
L’article 437 dispose en effet que :
« S’il apparaît ou s’il est prétendu, soit que les débats doivent avoir lieu en chambre du conseil alors
qu’ils se déroulent en audience publique, soit l’inverse, le président se prononce sur-le-champ et il est
passé outre à l’incident.
Si l’audience est poursuivie sous sa forme régulière, aucune nullité fondée sur son déroulement
antérieur ne pourra être ultérieurement prononcée, même d’office ».
Traditionnellement, le droit judiciaire accorde une grande importance au débat oral. L’on voit dans
l’oralité des débats une forme favorable à la contradiction (encore que cette forme soit susceptible de
favoriser certaines « surprises ») : il est affirmé que l’oralité offre l’avantage d’une contradiction
vivante et directe et permet au juge de mieux saisir les grandes lignes d’une affaire que ne le lui
permet la lecture d’un dossier qui peut être volumineux. Tout justiciable a droit à un débat oral : Ass.
Plén., 24 novembre 1989, D. 1990, J. 25, conclu. Cabannes.
Toutefois, l’on a pu se demander s’il ne serait pas utile, avant les débats proprement dits, d’éclairer
d’ores et déjà les juges du tribunal par un rapport rédigé par un magistrat ayant participé à l’instruction
(actuellement par le juge de la mise en état en principe) dont celui-ci donnerait lecture à ses collèges
appelés à trancher le litige : rapport qui serait entièrement rédigé parce que la rédaction permet une
plus grande précision, mais qui serait ensuite lu (souci d’oralité tout de même), et cela avant les débats
proprement dits car il s’agit d’éclairer ceux-ci.
L’inconvénient de ce système, que l’on n’a pas manqué de dénoncer, est que le juge-rapporteur, qui,
par hypothèse, connaît bien l’affaire, risque d’influencer par trop les autres magistrats et que le rapport
est susceptible de constituer, ne serait-ce que virtuellement, une sorte d’avant jugement. Aussi bien le
droit judiciaire, qui avait antérieurement rendu ce rapport obligatoire, est-il revenu sur cette obligation,
tout en laissant cependant subsister la possibilité d’un tel rapport, qui est donc désormais facultatif.
L’article 785 du nouveau code contient à cet égard les dispositions suivantes :
« S’il estime que l’affaire le requiert, le président de la chambre peut charger le juge de la mise en état
d’établir un rapport écrit : exceptionnellement, il peut en charger un autre magistrat ou l’établir lui-
même.
Le rapport expose l’objet de la demande et les moyens des parties, il précise les questions de fait et de
droit soulevées par le litige et fait mention des éléments propres à éclairer le débat.
Le magistrat chargé du rapport présente celui-ci à l’audience, avant les plaidoiries, sans faire connaître
son avis ».
Il ressort à l’évidence de ce texte que l’on a entendu limiter la mission du juge-rapporteur à une
présentation aussi neutre que possible des éléments de la cause, étant bien souligné que ledit juge ne
doit pas donner son avis dans son rapport.
Cette procédure simplifiée est évidemment de nature à accélérer le cours du procès, mais elle
méconnaît en même temps les avantages ci-dessus relevés (en ce que ceux qui sont appelés à juger
doivent avoir une connaissance directe des débats).
Dans toutes les hypothèses (normales) où cette procédure simplifiée ne sera pas utilisée, les débats
auront donc lieu devant la formation collégiale, ceux-ci étant dirigés par le président de al chambre à
laquelle l’affaire aura été distribuée : ce président est chargé de veiller au bon ordre de l’audience, et
tout ce qu’il ordonne pour l’assurer doit être immédiatement exécuté (art.438).
Les débats consistent essentiellement dans les plaidoiries, après lesquelles sont éventuellement
présentées les conclusions du ministère public.
▪ Les plaidoiries
Elles interviennent dans l’hypothèse où, en application de l’article 785, l’établissement d’un rapport a
été demandé par le président de la chambre, aussitôt après la lecture dudit rapport par le juge
rapporteur. Dans l’hypothèse inverse, elles interviendront dès après l’ouverture de l’audience.
Par la plaidoirie, chaque avocat développe oralement les prétentions de son client.
Il résulte des dispositions générales (art. 440, al. 2) que le demandeur, puis le défendeur sont
successivement invités à exposer leurs prétentions. En pratique, ce sont les avocats qui, dans leur
plaidoirie, procèdent à cet exposé. Toutefois, alors même qu’il s’agit ici d’envisager la question au
regard d’une procédure qui se déroule devant le tribunal de grande instance, procédure dans laquelle la
représentation (pour l’accomplissement des actes de procédure) est obligatoire, les parties se voient
offrir la possibilité, assistées de leur représentant, de « présenter elles-mêmes des observations orales »
(art. 441, al. 1er) : c’est là une application du principe selon lequel les parties « peuvent se défendre
elles-mêmes » (art. 18 nouv. C. pr. Civ.), sinon en accomplissant les actes de la procédure, du moins
en formulant oralement leurs prétentions. Il convient de relever néanmoins que la juridiction « a la
faculté de leur retirer la parole si la passion ou l’inexpérience les empêche de discuter leur cause avec
la décence convenable ou la clarté nécessaire » (art.441 al. 2).
La parole est donc d’abord donnée à l’avocat du demandeur (ou éventuellement au demandeur lui-
même), puis à celui du défendeur (voire au défendeur personnellement). Le premier peut ensuite
obtenir la parole pour répliquer, de même que le second pour répondre à la réplique du premier et ainsi
de suite. Par ailleurs, le président et les juges peuvent inviter les parties (ou leur avocats) à « fournir
les explications de droit ou de fait qu’ils estiment nécessaires ou à préciser ce qui paraît obscur »
(art.442).
« Lorsque la juridiction s’estime éclairée, le président fait cesser les plaidoiries ou les observations
présentées par les parties pour leur défense » (art. 440, al. 3).
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Lorsque le ministère public est partie jointe au procès, il peut (et parfois doit) formuler des
conclusions. Sans doute celles-ci peuvent-elles être écrites (auquel cas elles peuvent être déposées au
début de l’audience, avant l’audition des parties), mais lorsque le magistrat du parquet est présent à
l’audience, ses conclusions peuvent être présentées oralement. Elles le sont alors après les plaidoiries
ou explications postérieures. Il en résulte que les plaideurs ne peuvent répondre au ministère public,
tout au moins verbalement. C’est ce qu’exprime l’article 443, alinéa 1er du nouveau code aux termes
duquel « le ministère public, partie jointe, a le dernier la parole ». Dans une décision, l’audition du
ministère public avait précédé celle de l’avocat ; ce qui a entrainé la cassation. (Civ. 2è, 14 nov. 1975,
J.C.P. 1976.11.18511. note R. Martin et S. Van Der Corput-Bernardini, Rev. Trim. Dr. civ. 1977.187.
obs Perrot). Cependant, la Cour de cassation est revenue sur sa position (Civ. 1ère, 22 juin 1976, D.
1976 Inf. Rap. 255, J.C.P. 1976.IV.275, Rev. Trim. Dr. civ. 1977.187, obs. Perrot).
Dès que le tribunal s’estime suffisamment informé (c’est-à-dire à l’issue des plaidoiries ou des
explications postérieures, voire après l’audition du ministère public) intervient la clôture des débats et
l’affaire est mise en délibéré (les membres du tribunal s’accordent un certain temps de réflexion -
dont la durée est très variable - avant de rendre la décision) Il arrive que le jugement soit prononcé
« sur le champ », mais, le plus souvent , il y a renvoi du prononcé, pour plus ample délibéré, à une date
que le président indique.
Après la clôture des débats, il ne doit plus être question en principe d’envisager une poursuite de la
discussion, de prendre de nouvelles conclusions (l’on sait au demeurant que de nouvelles conclusions
écrites sont interdites dès qu’est intervenue la clôture de l’instruction, de nouvelles conclusions écrites
sont interdites dès qu’est intervenue la clôture de l’instruction, donc avant même l’ouverture des
débats oraux).
Autrefois, une pratique s’était cependant établie (fondée sur un très ancien texte), selon laquelle les
avocats déposaient, non pas de véritables conclusions, mais ce que l’on a appelé des « notes en
délibéré ». La pratique était contestable dans la mesure où ces notes pouvaient contenir des éléments
nouveaux, par exemple des arguments non invoqués – et donc que l’adversaire n’avait pu discuter –
avant la clôture des débats. Le tribunal ne pouvait donc tenir compte de ces notes sans risquer de
porter atteinte à la contradiction.
Les rédacteurs du nouveau code de procédure civile ont entendu régler le problème et ils ont posé, à
cet égard, une règle énergique qui figure à l’article 445 : « Après la clôture des débats, les parties ne
peuvent déposer aucune note à l’appui de leurs observations… ». Cependant le même texte prévoit
deux exceptions, au demeurant très justifiées ; c’est ainsi que des notes peuvent être déposées après la
clôture des débats, soit pour permettre aux plaideurs de répondre aux arguments développés par le
ministère public, soit à la demande du président (celui-ci pouvant en effet demander des explications
complémentaires aux parties, en vue d’éclairer tel point du litige, ou éventuellement pour permettre à
l’une d’elles de répondre à un argument qu’elle n’a pas été en mesure de critiquer parce qu’il était
contenu dans une note d’explication directement demandée à l’adversaire par le président).
Ces dispositions ont pour objectif la limitation des possibilités pour les parties de déposer des notes en
délibéré. Cela ne signifie pas pour autant en pratique la disparition de telles notes, même en dehors des
hypothèses où elles sont exceptionnellement permises par l’article 445. C’est qu’en effet, il faut tenir
compte des textes relatifs à la réouverture des débats.
Il convient de signaler tout d’abord que dans certains cas la réouverture des débats s’impose. C’est
ainsi que le président doit l’ordonner « chaque fois que les parties n’ont pas été à même de s’expliquer
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contradictoirement sur les éclaircissements de droit ou, de fait qui leur avaient été demandés ». De
même il y a lieu de reprendre les débats en « cas de changement survenu dans la composition de la
juridiction ».
Ensuite, il importe de souligner qu’en dehors de ces cas, le président dispose d’un pouvoir général de
décider de la réouverture. C’est ce qu’affirme immédiatement l’article 444 NCPC : « Le président peut
ordonner la réouverture des débats ». Dès lors, il lui est loisible en pratique d’user de cette faculté
lorsqu’un élément nouveau est porté à sa connaissance, spécialement lorsqu’il en est informé par une
note en délibéré.
On va réserver notre étude aux procédures qui se déroulent devant le président d’une juridiction, à
savoir le référé et la requête.
A-Procédure de référé
Lire les articles 157 à 162 CTPC
Il s’agit d’une procédure accélérée. C’est la raison pour laquelle les textes n’imposent aucun délai
précis de comparution. Le NCPC indique que la demande « est portée par voie d’assignation à une
audience tenue à cet effet aux jour et heure habituels des référés » en précisant que si « néanmoins, le
cas requiert célérité, le juge des référés peut permettre d’assigner, à heure indiquée, même les jours
fériés ou chômés, soit à l’audience, soit à son domicile portes ouvertes » (heures de jour).
Toutefois, l’urgence ne doit pas conduire à la méconnaissance des droits de la défense. Sans doute la
partie assignée doit-elle réagir rapidement eu égard aux circonstances, mais encore faut-il qu’elle
dispose d’un minimum de temps pour le faire : aussi le nouveau code prévoit-il que « le juge s’assure
qu’il s’est écoulé un temps suffisant entre l’assignation et l’audience pour que la partie assignée ait pu
préparer sa défense » (Civ. 2è, 18 févr. 1987, D. 1987. Inf. Rap. 51). L’autorisation d’assigner
« d’heure à heure » ne dispense pas ensuite le juge de vérifier si le défendeur a disposé d’un temps
suffisant pour préparer sa défense Il faut signaler par ailleurs que le juge des référés dispose de « la
faculté de renvoyer l’affaire en état de référé devant la formation collégiale de la juridiction à une
audience dont il fixe la date ».
Sous réserve de l’utilisation de cette dernière faculté, le président du tribunal de grande instance aura
donc à statuer immédiatement sur la difficulté qui lui est soumise.
Les parties comparaissent en personne ou par mandataire, souvent un avocat. Après avoir entendu les
parties, le président rend en principe aussitôt son ordonnance de référé en ordonnant une mesure
d’instruction et en renvoyant à une audience ultérieure.
L’ordonnance de référé est exécutoire par provision (c’est-à-dire qu’elle peut être exécutée sans qu’il
soit besoin d’attendre l’expiration du délai d’exercice de l’appel et même d’ailleurs si un appel a été
interjeté). Le juge peut toutefois subordonner l’exécution provisoire à la constitution d’une garantie. Il
peut, en cas de nécessité, ordonner que l’exécution aura lieu au seul vu de la minute, c’est-à-dire sans
que l’ordonnance ait été préalablement signifiée.
S’agissant des voies de recours qui peuvent être exercées contre une ordonnance de référé, l’on
relèvera qu’il résulte de l’article 190 (modifié par un décret du 14 mars 1986) qu’une telle ordonnance
peut être frappée d’appel, à moins qu’elle n’ait été rendue en dernier ressort en raison du montant ou
de l’objet de la demande. Le délai d’exercice d’un tel recours est de quinze jours (cet appel devant être
porté devant la cour d’appel et non pas devant le premier président de cette juridiction). Quant à la
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voie de l’opposition, elle est ouverte (dans le même délai contre l’ordonnance rendue en dernier ressort
par défaut.
Il y a lieu de tenir compte de textes généraux et de textes spéciaux concernant le président du tribunal
de grande instance, toutes dispositions qui figurent dans le nouveau code de procédure civile.
La requête, par laquelle est saisi le président, doit être motivée et présentée en double exemplaire. Elle
doit comporter l’indication précise des pièces invoquées. Lorsqu’elle intervient à l’occasion d’une
instance, elle doit indiquer la juridiction saisie. Il est précisé qu’en cas d’urgence, elle peut être
présenté au domicile du juge (art. 495, al. 3).
L’article 813, alinéa 1er, indique que la requête est présentée par un avocat, ou par un officier public ou
ministériel dans les cas où ce dernier y est habilité par les dispositions en vigueur.
Dans la mesure où la procédure par requête est une procédure unilatérale, il ne saurait y avoir de
débats entre parties : le président aura donc tout au plus à entendre les observations du requérant (ou
plus exactement de son représentant) ; ensuite il rend son ordonnance, laquelle doit être motivée et être
exécutoire sur minute. Une copie de la décision est laissée à la personne à laquelle elle est opposée. Le
double de l’ordonnance est conservé au secrétariat de la juridiction.
Cette ordonnance, dont l’on sait qu’elle peut être modifiée ou rétractée, est exposée à des voies de
recours :
- S’il n’est pas fait droit à la requête, appel peut être interjeté dans un délai de quinze jours : civ.
2è, 16 mai 1990, J.C.P. 1991.II.21645, note Du Rusquec, Rev. Trim. dr. civ., 1991.172, obs
Perrot ). Cet appel étant instruit et jugé comme en matière gracieuse.
- S’il est fait droit à la requête, tout intéressé peut en référer au juge qui a rendu l’ordonnance :
civ. 2è, 3 janv. 1979, D. 1979 inf. Rap. 291, obs. Julien.
Au Togo, le juge de l’exécution c’est le président de la juridiction dont l’une des chambres a rendu une
décision. Les parties au procès ont la faculté de se faire assister ou représenter.
Les décisions du juge de l’exécution sont susceptibles d’appel devant la cour d’appel. L’appel n’est
pas suspensif mais le président de la cour d’appel a la faculté d’ordonner le sursis à exécution de la
mesure.
Section II – Procédures devant les juridictions d’exception : pour mémoire. Faire des recherches
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