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réalités pédiatriques # 181_Octobre 2013

Le dossier
Vitamine D

Comment mieux comprendre


le métabolisme de la vitamine D ?

RÉSUMÉ : La vitamine D n’est pas une vitamine au sens strict car l’insolation peut être source de synthèse.
Cependant, son caractère aléatoire sous nos climats ainsi qu’une alimentation courante peu riche en
poissons gras contraignent à une supplémentation médicamenteuse, particulièrement chez le jeune enfant
et probablement l’adolescent chez lesquels la vitesse de croissance est élevée.
Le reflet du statut vitaminique D de l’organisme est représenté par le taux plasmatique de 25(OH)D. La régulation
des étapes de synthèse jusqu’au métabolite terminal est assurée par des mécanismes de rétrocontrôle, mais
aussi de dégradation sous-cutanée en cas d’insolation excessive, ou de dégradation du métabolite actif
terminal en cas de synthèse excessive.
L’action de la vitamine D se fait comme une hormone stéroïde par l’intermédiaire de récepteurs répartis
dans l’organisme, et pas seulement au niveau de l’intestin, pour y favoriser l’absorption active du calcium.
Cela augure des actions extra-osseuses de cette vitamine sur le système immunitaire ou la régulation de la
prolifération cellulaire.

A vec la quasi-disparition du
rachitisme carentiel du nour-
risson grâce à l’enrichisse-
ment des laits infantiles, le sujet de la
vitamine D était peu ou prou passé aux
[ Launevitamine D n’est pas
vitamine

Théoriquement, la vitamine D ne devrait


pas être considérée comme une vita-
oubliettes jusqu’à ce que l’on mette en mine “définie comme produit vital que
évidence, ces dernières années, des l’organisme ne peut produire” puisque
actions autres qu’osseuses et promet- sa synthèse est réalisée dans la peau
teuses dans le domaine de l’auto-immu- sous l’effet de l’insolation. Cependant,
nité ou du contrôle de la prolifération les conditions pour que cette insolation
cellulaire, des nouveaux venus dans la soit efficace sont réduites en France,
régulation de son métabolisme comme comme dans les régions tempérées de
le FGF23 ou encore des mutations du l’hémisphère nord avec un minimum
gène de l’enzyme responsable de la en mars et un maximum en août, mais
➞ É. MALLET dégradation de son métabolite actif, autour de midi, horaires en général à évi-
Faculté de Médecine à Rouen, levant ainsi le voile sur ce que l’on appe- ter du fait des coups de soleil ! Et plus
Centre de référence des maladies lait l’hypersensibilité à la vitamine D. sérieusement de risque à long terme de
rares du calcium et du phosphore
et CIC INSERM 204, Tout ceci a pu faire écrire au pape nord- cancer de la peau.
ROUEN. américain de la vitamine D, Michael F.
Holick – dans la très scientifique revue Cette photosynthèse est liée aux rayons
The Journal of Clinical Investigation UVB de longueur d’onde particulière :
– l’article intitulé Resurrection of vita- 290 à 315 nanomètres. Il faut faire
min D deficiency and rickets… Ce qui se savoir aux amateurs que les cabines de
passe de traduction ! bronzage délivrent en général des UVA.

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Le fait de vivre dans une région enso-


leillée ne garantit pas pour autant cette
synthèse, car la chaleur conduit au confi-
nement à l’ombre ou de brèves sorties
[ Les besoins en vitamine D
sont liés à la vélocité
de croissance
infantiles soient enrichis en vitamine D
dans notre pays, mais de façon “nor-
mande”, c’est-à-dire à 400 UI/L, ce qui
nécessite toujours une supplémentation
avec des moyens de protection contre Dans la mesure où les apports en vita- médicamenteuse adaptée par règle sous-
le soleil. mine D sont partagés entre insolation et tractive à 800 UI/jour. Pour mémoire et
alimentation, il est difficile de détermi- pour lire les étiquettes, 1 microgramme
Quant à l’apport en vitamine D par l’ali- ner un besoin. En outre, la croissance sta- est égal à 40 UI !
mentation, sa teneur n’est notable que turale augmente les besoins en calcium
dans les poissons gras, flétan, thon, et en phosphore et donc en 1,25(OH)D,
morue…, ce qui avait conduit à utiliser
la fameuse huile de foie de morue dans
ce qui accroît d’autant les besoins en
vitamine D, en particulier dans les deux [ est
La vitamine D
une hormone (fig. 1)
la prévention du rachitisme ; cela signifie premières années de la vie et vraisembla-
aussi qu’une alimentation normale n’en blement à l’adolescence. Les manifesta- Cette vitamine est en fait une hormone
apporte que peu. À ce propos, on peut se tions cliniques de la carence s’expriment stéroïde du fait de sa structure chimique
demander pourquoi ces poissons vivant d’ailleurs à ces âges, d’où la formule “le mais aussi de ses modalités d’action.
en profondeur avaient cette teneur en rachitisme est une maladie de l’os en En effet, après la synthèse sous-cutanée
vitamine D puisque sa synthèse est liée croissance”. à partir d’une molécule de structure
à la lumière ? La réponse avancée est que proche du cholestérol, le 7-déhydro-
ces poissons se nourrissent de plancton Chez le jeune enfant, l’apport négli- cholécalciférol sous l’effet des rayons
qui, lui, vit en surface des mers. geable par l’alimentation et aléatoire UVB, par un processus thermique, de
par l’insolation explique la situation cholécalciférol de structure stéroïde
Le lait de vache – base des laits indus- particulièrement à risque de carence et ou vitamine D3 naturelle transportée
triels – n’en contient pas, ce qui ne donc la nécessité d’une supplémenta- dans le sang par une protéine, la vita-
choque pas, à l’inverse du lait maternel tion médicamenteuse. L’incidence du min D-binding protein. Ensuite, deux
où “breast is the best” sauf l’absence de rachitisme en France a conduit aux cir- hydroxylations successives vont avoir
la vitamine D ? Cette question a conduit culaires ministérielles de 1963 et 1971 lieu : d’abord au niveau du foie en 25 par
à des interrogations et des études dont concernant les modalités de la supplé- une enzyme 25-hydroxylase pour don-
certaines se sont intéressées non pas à mentation en vitamine D des nourris- ner le 25(OH)D ou calcidiol ; puis dans
la phase lipidique pour cette vitamine sons, 1 200 UI/jour jusqu’à 18 mois puis le rein, plus exactement dans les cellules
liposoluble mais aqueuse avec la sur- l’hiver jusqu’à 5 ans avec l’option d’une tubulaires en 1 par une 1-hydroxylase
prise d’y constater la présence de déri- dose de charge en cas de doute sur la pour aboutir au métabolite actif dihy-
vés sulfoconjugués de la vitamine D. compliance. Cependant, cette mesure droxylé 1,25(OH)2D3 ou calcitriol.
Eurêka ? Eh bien non, car ces dérivés se n’a pas fait disparaître cette maladie D’origine rénale, ce calcitriol va être actif
sont révélés inactifs. Enfin, lorsque les carentielle, car les conseils de supplé- à distance – en particulier au niveau de
métabolites 25 et 1,25-hydroxylés de la mentation ne pouvaient être suivis à la la cellule intestinale – pour favoriser
vitamine D ont pu être dosés, il n’en a pas lettre et dans tous les milieux. l’absorption active intestinale du cal-
été décelé dans lait. Cela étant, la vita- cium, d’où sa définition d’hormone.
mine D passe dans le lait, mais il faut La France, comme la République tchèque,
qu’une mère prenne per os de l’ordre de n’avait pas pris la décision d’enrichisse- La pharmacopée a utilisé pour la pro-
4 000 UI/jour pour assurer une supplé- ment des laits infantiles en vitamine D. Il phylaxie du rachitisme l’ergocalcifé-
mentation satisfaisante à son nourrisson. faut dire que la véritable épidémie de cas rol, ou vitamine D2, par irradiation de
d’hypercalcémie en Grande-Bretagne l’ergostérol végétal. Des travaux relatifs
Par conséquent, l’apport de calcium par dans les années 1950 – chez des nour- à son absorption intestinale et sa demi-
les produits laitiers serait le plus appro- rissons recevant de l’ordre de 4 000 UI vie lui font préférer le cholécalciférol ou
prié du fait de la présence de protéines par jour de vitamine D par l’alimenta- vitamine D3 dite naturelle.
et de leur action stimulantes de l’IGF1 tion lactée – a peut-être incité quelques
ou insulin-like growth factor 1. En effet, décideurs de l’époque à agir avec poids Synthétisée sous la peau, ou absorbée
l’IGF1 stimule la réabsorption tubulaire et mesure, même s’il était suggéré un par l’intestin et incorporée aux chylomi-
du phosphore et la synthèse rénale de facteur d’hypersensibilité chez certains crons, la vitamine D est à la foie stockée
calcitriol, conduisant à une absorption enfants lequel se confirmera par la suite. et relarguée par le foie et le tissu adipeux.
intestinale plus élevée de calcium. Il faudra attendre 1992 pour que les laits Ce rôle de stockage dans le tissu adipeux

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Vitamine D

Les métabolites 25 et 1,25 de la vita-


Vitamine D2 Vitamine D3 mine D sont actuellement tous deux
dosés en routine biochimique, leur
Alimentation UVB (290-315 nm) concentration plasmatique étant de
l’ordre du ng/mL pour le 25, mais seu-
Parathyroïdes lement du pg/mL pour le 1,25 ; ainsi,
PTH 7-déhydrocholestérol
pour ce dernier, une extraction pré-

Inactivation

alable au dosage s’avère nécessaire.
Prévitamine D3
Bien que représentant le métabolite
Foie TD Vitamine D3 actif, le 1,25 dû à sa demi-vie brève, de
25-hydroxylase
Peau concentration parfois trouvée normale
Vitamines D au cours de rachitismes carentiels du
Chylomicrons
fait d’une brève synthèse, est supplanté
Graisse
25(OH)D DBP par son métabolite d’amont – le 25(OH)
+
Métabolite majeur circulant D – quant à l’estimation du statut vitami-
VDR
– CaBP nique D en pratique courante. En ce qui
1α-hydroxylase Ca concerne la définition des seuils de sta-
+ 1,25(OH)D2 DBP TRPV6
FGF23 tut, elle est controversée. Il y a presque
24-hydroxylase Intestins consensus à propos du seuil de carence
Ca et Ph absorbés Absorption puisque correspondant à une situation
Rein Bile calcique de rachitisme, c’est-à-dire 10 ng/mL ou
Acide calcitroïque RANKL RANK Os 25 nmol/L, car l’équivalence est de 1 ng/
Calcification mL pour 2,5 nmol/L en système interna-
Calcémie VDR Ostéoblaste
Phosphorémie Préostéoblaste
tional, ou de la surcharge à 100 ng/mL
Résorption ou 250 nmol/L avec apparition d’une
Ostéoclaste
calcique hypercalciurie. En revanche, le seuil
d’insuffisance, défini comme le taux
plasmatique de 25(OH)D au-dessous
Fig. 1 : Synthèse et métabolisme de la vitamine D. UVB : rayons ultraviolets B ; PTH : parathormone ;
TD : tube digestif ; DBP : D-binding protein ; VDR : récepteur vitaminique D ; FGF : fibroblast growth factor ;
duquel il y a réaction parathyroïdienne,
Ca : calcium ; Ph : phosphore ; CaBP : calcium-binding protein. est beaucoup plus discuté : à 20 ng/mL
chez l’enfant, il serait plus élevé chez
est un élément de controverse dans fréquente peut faire choisir le métabolite l’adulte avec, comme argument supplé-
l’appréciation du statut vitaminique D déjà 25-hydroxylé. En cas de surdosage, mentaire, que les actions extra-osseuses
réel des adolescents obèse en particulier, l’effet sera prolongé. nécessiteraient des niveaux de l’ordre de
même si le peu d’activités extérieures et 30 ng/mL ou 75 nmol/L.
l’habillement couvrant plaident pour un La pharmacopée dispose d’un dérivé
déficit. hydroxylé seulement en 1 (le 1 alpha (OH)

Le métabolite actif est le dérivé terminal


D), ce qui lui confère l’activité du méta-
bolite 1,25 après le passage dans le foie, [ Un métabolisme
particulièrement régulé
dihydroxyle 1,25(OH)D2 mais le taux mais avec l’avantage d’une demi-vie
plasmatique du 25(OH)D est le reflet du plus longue – de l’ordre de 12 h – qui À chaque étape de synthèse, il existe un
statut vitaminique D de l’organisme. autorise en thérapeutique 1 à 2 prises mécanisme protecteur vis-à-vis d’une
par jour. Ces dérivés 1-hydroxylés ont production excessive de cholécalciférol
La demi-vie de la vitamine D est calcu- transformé le traitement vitaminique D ou de métabolites hydroxylés.
lée en mois (environ 6 mois), celle du des situations où il y a une diminution
25(OH)D en jours (15 à 30 jours) et celle de l’activité de la 1-hydroxylase rénale >>> D’abord, en cas d’insolation exces-
du 1,25(OH)2D en heures (5 à 8 h). Ces comme par exemple dans l’insuffisance sive par bains de soleil, un processus
notions sont essentielles en thérapeu- rénale ou les syndromes hypoparathy- thermique survient, en l’occurrence
tiques. En effet, si la prescription est pro- roïdiens et le rachitisme dit pseudo- de dégradation sous-cutanée du cholé-
phylactique, particulièrement par dose carentiel par mutation inactivatrice de calciférol en un produit inactif. Ainsi,
de charge, le choix sera celui de la vita- l’enzyme qu’une posologie modeste on constate chez des personnes très
mine D ; une insuffisance hépatique peu guérit de manière remarquable. bronzées de leur été des concentra-

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tions de 25(OH)D qui plafonnent à en diminuant l’expression des transpor- majoration de l’expression de RANKL
120-130 nmol/L, à la limite supérieure teurs. Il circule dans le sang sous forme qui va interagir avec son récepteur RANK
des normes. inactivée, livré par des peptidases dont sur le pré-ostéoclaste pour induire une
l’endopeptidase membranaire PHEX. De activité ostéoclastique mature avec
>>> Ensuite, au niveau du foie, se pro- fait, le rachitisme hypophosphatémique libération de calcium et de phosphore.
duit une régulation de l’activité de la dans sa forme à transmission dominante Cependant, des récepteurs ont été mis en
25-hydroxylase par la concentration est une maladie de l’ostéoblaste et non évidence au niveau de nombreux tissus,
plasmatique de 25(OH)D. C’est une pre- une maladie rénale. Ce rachitisme lié à peau et kératinocyte, pancréas et cellule
mière protection contre une surcharge l’X est dû à une mutation inactivatrice bêta de Langerhans, etc. suggérant des
en vitamine D. Cependant, il existe des du genre PHEX, entraînant une augmen- actions autres qu’osseuses. Le corollaire
molécules qui, de par leur structure tation du taux de FGF23 responsable de est, par exemple, l’utilisation d’un analo-
chimique, échappent à cette régula- l’hypophosphorémie. gue – le calcipotriol – dans le traitement
tion ; c’est le cas du dihydrotachystérol du psoriasis car il inhibe la prolifération
ou calcamine, heureusement retiré du des kératinocytes.

[
marché. En ce qui concerne la possibi- Un mode d’action
lité d’utiliser une dose de charge chez à la manière d’un stéroïde Des polymorphismes ont été identifiés
le jeune enfant, la dose de 2 à 2,5 mg des récepteurs cellulaires sur le gène codant VDR sur sa région
ou 80 à 100 000 UI était la plus adaptée ubiquitaires promotrice. Certains d’entre eux sont
avec un pic de 25(OH)D de l’ordre de capables de moduler l’expression du
100 nmol/L et une couverture de 3 mois. Les actions du métabolite actif VDR avec, comme conséquence, une
En revanche, la dose de 15 mg, soit 1,25(OH)2D nécessitent une liaison modification de fonction. Par exemple,
600 000 UI, n’a pas sa place en pédiatrie avec un récepteur spécifique, le vita- il y a des arguments sur l’influence de
car donnant un pic excessif et supérieur min D receptor (VDR), ainsi que la ce polymorphisme (en position 10-12 du
à 300 nmol/L avec un effet rémanent au- translocation du VDR occupé vers le VDR P comme promoteur) sur la quantité
delà de 6 mois. noyau cellulaire, et ce à la manière d’apports en lait nécessaire à la minéra-
d’un stéroïde dont la lipophilie per- lisation des vertèbres lombaires chez
>>> Enfin, la mise en évidence très met un passage facilité de la paroi cel- des adolescentes, appréciée par densi-
récente de la mutation de CYP24A1 lulaire. Dans le noyau, le couple VDR tométrie osseuse biphotonique. Chez
codant pour l’enzyme 24-hydroxylase 1,25(OH)2D se lie à des séquences ADN les jeunes filles caucasiennes porteuses
rénale – laquelle conduit à un dérivé inac- spécifiques de régions promotrices et d’un variant génétique présent dans 99 %
tif, l’acide calcitroïque éliminé après la contrôle l’expression des gènes impli- des populations africaines ou asiatiques,
bile – régule la quantité de métabolite actif qués dans le métabolisme osseux, mais la minéralisation osseuse ne semble pas
1,25 formé. Cette mutation a été retrou- aussi de la prolifération et différencia- être influencée par les apports de cal-
vée dans quelques cas d’hypercalcémie tion de nombreux types cellulaires. Le cium ou de lait, alors que celles porteuses
infantile dite idiopathique et prendrait métabolite 25(OH)D peut se lier mais du variant typiquement caucasien (70 %
en compte pour partie les observations avec une faible affinité. de la population) ont un besoin d’un
de nourrissons décrites par Lightwood, apport de lait supérieur à 260 mL/j, soit
lorsque l’enrichissement des laits infan- Les actions principales reconnues du au moins 900 mg de calcium pour pré-
tiles au Royaume-Uni pouvait amener 1,25(OH)D sont intestinales et osseuses. server leur minéralisation osseuse. On
jusqu’à 4 000 UI de vitamine D par jour. Au niveau de la cellule de l’intestin comprend mieux que des alimentations
grêle, l’action pour favoriser l’absorp- pauvres en produits lactés, en particu-
À l’inverse, l’activité de l’enzyme tion active du calcium se réalise par lier chez des Asiatiques, n’aient pas de
1-hydroxylase rénale, essentielle à la l’intermédiaire d’un récepteur couplé conséquence apparente, ce que l’on peut
synthèse du métabolite actif, bénéficie de à l’acide rétinoïque VDR RxR pour aug- considérer comme un phénomène géné-
manière finaliste de l’action stimulante menter l’expression du canal calcium tique d’adaptation à l’environnement ?
de l’hypocalcémie, de la synergie avec la épithélial TRPV6 comme le transient
parathormone et subit celle du nouveau receptor potential cation channel sub-
venu, le FGF23 de fibroblast growth fac-
tor. En effet, ce facteur synthétisé notam-
family V member 6 et la calbindine-D9K,
une protéine transporteuse du calcium.
[ Des actions osseuses bien sûr
ment par les ostéoblastes inhibe dans le Il est probable que la qualité du pic
tubule rénal proximal la formation de Au niveau de l’os et d’un récepteur sur de masse osseuse acquise à la puberté
calcitriol et la résorption des phosphates l’ostéoblaste, l’action se manifeste par une constitue l’une des préventions de sur-

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Vitamine D

venue trop précoce de l’ostéoporose de leillement dans la prise en charge de la témoin d’une activité vitaminique sur
l’âge mûr avec son risque de fracture tuberculose qui a valu à Niels Finsen le le muscle, résolutive avec la vitamino-
dont celle du col fémoral, véritable pro- prix Nobel en 1900. On comprend mieux thérapie. Ainsi, c’est sans surprise qu’ils
blème de santé publique. le développement des sanatoriums dans apprennent par le biais des revues pres-
des sites caractérisés par leur ensoleille- tigieuses que la vitamine D a un rôle pré-
ment et parfois leur altitude (comme ventif des chutes, et donc des fractures,

[ … Mais des actions


extra-osseuses :
entre mythes et réalités (fig. 2)
Briançon, la plus haute ville d’Europe),
dévolus aux patients tuberculeux avant
l’avènement de la streptomycine. Le lien
est fait avec le travail fondamental démon-
dans des institutions de personnes âgées.

D’autres actions sont pressenties compte


tenu des résultats expérimentaux dont
On connaissait la relative ubiquité des trant que le 1,25(OH)D produit localement ceux sur le système immunitaire ; bien
récepteurs de la vitamine D, mais c’est la va activer – au niveau du macrophage – que ces résultats nécessitent d’être
mise en évidence d’une synthèse tissulaire la synthèse d’un peptide antimicrobien, étayés par des études d’intervention de
autocrine de 1,25(OH)D qui a lancé le débat. la cathélicidine, qui est impliquée dans longue durée sur de larges cohortes, ils
la défense de première ligne contre le suscitent néanmoins l’attention dans des
>>> D’abord, c’est la renommée revue Mycobacterium tuberculosis. affections telles la sclérose en plaque où
Lancet qui lève le voile sur un possible le statut vitaminique D est monitoré. De
effet préventif de la vitamine D adminis- >>> De même, l’hypothèse de l’action là à réduire la mortalité globale, comme
trée à dose adaptée, en Finlande dans antiproliférative et celle de la vitamine D le présentent des travaux épidémiolo-
la petite enfance, sur la survenue ulté- dans la prévention de certains cancers giques récents et apparemment sérieux,
rieure du diabète de type 1. Cette étude de l’adulte, comme celui du côlon, a été il y a un pas… mais que les statisticiens
portant sur une cohorte de plus de 10 000 posée. Il existe des études impliquant semblent avoir franchi !
enfants sur plus de 30 ans n’a pas été le 1,25(OH)2D dans la régulation des
démentie par les études ultérieures réu- gènes de contrôle de la prolifération cel- En conclusion, le nombre de publica-
nies dans une confortable méta-analyse. lulaire tels p21 et p27. Mais les pédiatres tions au sujet de la vitamine D évolue
Ceci est en accord avec l’effet de la vita- connaissent ces “bourrelets métaphy- actuellement de manière exponentielle
mine D sur le pancréas et la sécrétion saires”, expression clinique d’une pro- et concerne un grand nombre de spé-
d’insuline ainsi que son rôle démontré lifération anarchique du cartilage lors cialités. Puisse cette vitamine tenir ses
in vitro sur l’immunomodulation. du rachitisme favorisé par l’hypophos- promesses avec un rapport coût/effica-
phatémie. Dans ce même rachitisme cité d’exception. Pour l’heure, beaucoup
>>> Ensuite, l’éclairage assez extra- carentiel, les pédiatres constataient une d’effervescence pour une vitamine dont
ordinaire sur l’effet bénéfique de l’enso- hypotonie, “la myopathie rachitique”, on pensait avoir tout dit !

Immunomodulation
Pour en savoir plus
Alimentation • H OLICK MF. Resurrection of vitamin D
T ⇒ régulation cytokine UVB deficiency and rickets. J Clin Invest,
Lymphocytes Contrôle de la prolifération
cellulaire dans prostate, côlon…
2006;116:2062-2072.
B ⇒ synthèse Vitamine D
• MALLET E. Vitamine D. Encyclopédie
immunoglobulines
Médico-Chirurgicale. Pédiatrie, 4-002-G-
Macrophage Anti-infectieux Foie 10, 2010.
VDR⇒ ⇓p21, p27 • GARABÉDIAN M, MALLET E, LINGLART A,
LIENHARDT-ROUSSIE A. Métabolisme phos-
⇑CD BK phocalcique et osseux de l’enfant. 2e édi-
1,25(OH)2D
1-OHase 1-OHase tion 2011. Médecine Sciences publications
1,25(OH)2D 25(OH)D Lavoisier Paris.
VDR • VIDAIHLET M, MALLET E, BOCQUET A et al.
VDRmRNA Cellule
1-OHase mRNA La vitamine D : une vitamine toujours
⇓ Rénine 1,25(OH)2D d’actualité chez l’enfant et l’adolescent.
Rein
TLR Contrôle pression Mise au point par le comité de nutrition
artérielle Pancréas de la Société Française de Pédiatrie. Arch
LPS Pediatr, 2012;19:316-328.
Sécrétion d’insuline
Contrôle glycémique

L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits


Fig. 2 : Actions non calcémiques ou squelettiques de la vitamine D2 et mise en évidence de la synthèse d’intérêts concernant les données publiées
autocrine de 1,25(OH)D. dans cet article.

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