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L’invention et la transformation de l’État-providence

L'État Providence est un modèle de gouvernance dans lequel l'État joue un rôle central
dans la protection sociale et le bien-être des citoyens. Son développement s’explique par la
nécessité de trouver une forme d’assurance générale contre les risques associés au
développement de la société industrielle. Il concentre le bien-être des citoyens par la
protection sociale, la rationalisation et l’objectivation du droit au secours que constitue le
passage d’une solidarité subjective à une solidarité objective ainsi que la garantie d’une
prévoyance collective par la mise en place d’un ensemble de services sociaux.
L’ensemble de ses droits aux allocations et aides financières dessine en France la figure
emblématique de l’État Providence qui perd son sens originel pour devenir l’équivalent
fonctionnel du « Welfare State ». Pour le sociologue Robert Castel tous les citoyens doivent
pouvoir en dispenser selon les droits intangibles. Tandis que pour T.H Marshall, l’État-
providence est vu comme l’étape ultime de la reconnaissance des droits du citoyen. Les
formes d’Etat Providence dépendent des arrangements conclus antérieurement ainsi que de
l’évolution des intérêts sociaux au sein des différentes configurations nationales.

Le concept de l'État Providence peut être attribué à Otto von Bismarck, chancelier de
l'Allemagne au XIXe siècle, qui est à l’origine du modèle bismarckien de la protection
sociale. Afin de protéger les travailleurs, son but a été d’introduire un système de protection
sociale contre les risques de maladie (1883), les accidents de travail (1884), la vieillesse et
l’invalidité (1889). Le modèle bismarckien est fondé sur une logique assurantielle.
Concrètement, à la manière d’une assurance, les salariés cotisent pour acquérir des droits et,
en cas de réalisation d’un risque, les droits acquis garantissent aux assurés une aide donnée,
tel qu’un revenu de remplacement. Il s’agit, d’une protection fondée exclusivement sur le
travail, et qui est, de ce fait, limitée à ceux ayant pu exercer une activité professionnelle. Elle
est fondée sur une participation financière qu’on appelle les cotisations sociales. Ces
cotisations ne sont pas proportionnelles aux risques, mais aux salaires.
Après la Seconde Guerre Mondiale, une période de renouveau économique et sociale a fait
apparaître un deuxième modèle, provenant cette fois-ci du Royaume-Uni. Il s’agit du modèle
beveridgien, conçu par l’économiste et homme politique britannique Lord William Beveridge.
Dans un de ces rapport, il développe la notion de « Welfare State » ("Etat de bien-être"). Ce
modèle, est fondé sur une logique assistancielle et repose sur trois principes. Tout d’abord le
principe d’unité, qui consiste à unifier tous les régimes d’assurances sociales en un système
d’assurance nationale sous l’autorité unique de l’Etat et financé par l’impôt. Le principe
d’universalité est ce qui conduit à une protection étendue à tous les citoyens et à tous les
risques sociaux. Les travailleurs salariés ne sont plus les seuls bénéficiaires de la protection
sociale. Et enfin, nous avons le principe d’uniformité, qui permet au système d’être financé
par une contribution unique et une prestation identique pour tous, sans distinction entre les
différents revenus.
En France, il faut attendre la moitié du 19 ème siècle pour que l’effort mutualiste puisse se
déployer. La prévoyance mutualiste apparaît alors comme la solution privilégiée pour mettre
fin à la question sociale et adoucir le sort des classes ouvrières. Ce n’est ensuite qu’en 1945,
par les ordonnances des 4 et 19 octobre, que va être créé une Sécurité sociale, selon le modèle
« bismarckien », généralisant la couverture d’assurance sociale à la presque totalité de la
population française. Ce système va permettre une fusion entre l’assurance maladie,
l’assurance retraite et l’assurance chômage pour les travailleurs. L’assurance sociale opère
alors pour une redistribution « horizontale », financée par les cotisations sociales et
patronales, où les bien-portants paient pour les malades, ceux qui ont un emploi paient pour
ceux qui sont au chômage et ainsi de suite.
A partir de 1964, la Sécurité sociale va rencontrer des déficits élevés dont elle n’arrivera pas à
maitriser. C’est pourquoi, en 1967, la Sécurité Sociale va être divisée en trois branches qui
sont : la maladie, la famille et la retraite. Chaque branche devient alors responsable de ses
ressources et de ses dépenses, ce qui va permettre un meilleur contrôle de l’évolution des
dépenses et de l’équilibre des comptes. Par la même occasion, trois caisses nationales sont
donc créées pour en assurer la gestion : la Caisse nationale d’assurance maladie des
travailleurs salariés (Cnamts), la Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs
salariés (Cnavts), et enfin la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). La gestion de
la trésorerie des différentes branches est quant à elle confiée à l’Agence centrale des
organismes de sécurité sociale (Acoss).
Dans les années 1970 et 1980, la France va commencer à faire face à des problèmes
économiques tels que le chômage et l'inflation, ce qui va la conduire à des réformes
économiques et des changements dans le système de protection sociale. Cependant, la France
va continuer à maintenir un système de protection sociale fort tout en s'adaptant aux défis
économiques et sociaux. Le pays va ainsi adopter un certain nombre de réformes pour
moderniser le système de protection sociale. Parmi elles, on peut citer la baisse de l’âge de
départ de la retraite à 60 ans, le 26 mars 1982. En 1997, la Carte Vitale est mise en place.

inclure d'autres prestations telles que les allocations familiales, les prestations de logement et
les prestations pour les personnes âgées et handicapées.

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