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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple – Un But – Une Foi
Ministère de l’Enseignement
Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
***************
Université Gaston Berger de Saint Louis
****************

UFR de sciences juridiques et politiques

MÉMOIRE DE MASTER II
DROIT PUBLIC
DROIT DE LA DÉCENTRALISATION ET GESTION DES
COLLECTIVITÉS LOCALES

La prévention des risques environnementaux du contrat


minier en Mauritanie.

Présenté par :
M. Oumarou Harouna CAMARA
-----------
Sous la direction de :
Pr Pape Meïssa DIENG, professeur de droit public

Année académique 2017-2018

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Dédicaces

Je dédie ce travail à :

Ma mère Nayé Lamine CAMARA

À Mon Père Harouna CAMARA

À mes sœurs et frères y compris cousins et cousines ;

À mes anciens de l’UGB ;

À mes amis (es) ;

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Remerciements

Je tiens à remercier, tout d’abord, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB), université
d’excellence et temple du savoir grâce à qui mes études au Sénégal ont pu être possibles.

Je tiens, également, à remercier particulièrement mon encadreur, le professeur Pape Meïssa


DIENG pour l’enseignement transmis au cours du déroulement de cette recherche, et pour tout
le temps accordé à lire et à discuter ce document.

Je remercie, aussi, le Docteur Abdoulaye GUISSÉ pour sa disponibilité sans faille qu’il a bien
voulu m’accorder malgré la soutenance de sa thèse. Tant les discussions engagées ainsi que les
relectures furent des sources de réflexion prolifiques.

Ma reconnaissance s’adresse, aussi, aux doctorants de l’UFR SJP de l’UGB, notamment


Moustapha Béchir NIANG et Mahamat ATTEIB pour le partage d’idées et pour m’avoir
généreusement ouvert leurs riches bibliothèques personnelles.

Je remercie vivement ma famille malgré la distance, leur présence et leur soutien sans faille
m’ont aidé plus qu’ils ne peuvent le penser.

Je remercie, enfin, mes amis qui, juristes je pense à Pape Abou KANE et Mouhamadou
Mansour CISS pour la relecture, correction et suggestion. Je remercie particulièrement mon
ami Bruno FAYE, et tous ceux qui ont eu à parler de « la prévention des risques
environnementaux dans le contrat minier ». Je ne saurai conclure ces propos sans remercier mes
cousins Youssouf Dramane KAMARA, ASSA Sikhou CAMARA et Samba Seiyidi
CAMARA. Toute ma reconnaissance pour leur générosité infinie.

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Liste des sigles et principales abréviations

AJDA Actualité Juridique de Droit Administratif

BIC Bénéfice industriel et commercial

CEDH Cour Européenne des Droits de l’Homme

CIJ Cour Internationale de Justice

CIRDI Centre International de règlements des différends relatifs


aux investissements

Dalloz Recueil périodique Dalloz

EIE étude d’impacts environnementaux

ICCM Conseil International des Mines et des Métaux

ISO Organisation Internationale de Normalisation

LGDJ Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence

JORIM Journal Officiel de la République Islamique de Mauritanie

MERN Ministère de l’Énergie et des Ressources Naturelles

PNUE Programme des Nations Unies pour l’Environnement

PUF Presses Universitaire de France

PPR Plan de prévention des risques

RFDA Revue Française du Droit Administratif

RDP Revue de Droit Public et de la Science Politique en France et à l’étranger

RJE Revue Juridique de l’Environnement

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Résumé

L’étude de la prévention des risques environnementaux du contrat minier repose principalement


sur deux mécanismes. Ils sont ordonnés sur une échelle à divers degrés, lesquels sont énumérés
dans ce présent mémoire. C’est ainsi que la première partie du travail cherche à démontrer les
aspects matériels de la prévention à travers le contrat, dont ceux-ci ont pour but d’empêcher la
survenance d’un dommage écologique. Il s’agit en réalité des techniques tirées directement
contrat. Ce sont donc des obligations contractuelles pesant sur l’exploitant minier. Elles sont
triplement obligatoires. L’exploitant doit réaliser une étude d’impact environnemental (EIE)
avant l’exécution du contrat, il est tenu également d’adopter un système de prévention des
risques pendant l’exploitation. Enfin, il doit restaurer le site en vue d’empêcher la survenance
des nouveaux risques.

D’une part, la réalisation des risques est égalemesnt empêchée par une juxtaposition des moyens
contractuels renforcés. Ces techniques sont dites auxiliaires ou alternatives, en ce sens qu’elles
ne sont pas directement liées au contrat minier d’origine, notamment le cas du contrat
d’assurance. D’autre part, la prévention des risques environnementaux se traduit par des
techniques extracontractuelles. Ces techniques constituent la base législative de la protection
de l’environnement et par ricochet dotées d’une dose de prévention. Elles résident
principalement dans l’ordre juridique interne et externe, mais elles peuvent aussi découler des
standards propres au secteur minier.

D’une manière globale, l’analyse de la prévention des risques environnementaux du contrat


minier conduit à l’établissement de passerelle entre l’environnement et la gestion rationnelle
des ressources naturelles. Le premier a pour but sa sauvegarde, tandis que le second est dominé
par la maximisation de profit. Mais la réalisation de ce dernier affecte ou voir même conduit à
la dégradation du premier. C’est dans cette logique que se pose avec acuité un problème, à
savoir la conciliation de ces deux intérêts opposés.

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

SOMMAIRE

Dédicaces…………………………………………………………………………………..1
Remerciements……………………………………………………………………………..2
Liste des sigles principales abréviations….........................................................................3
Résumé………………………………………………………………………………………4
Introduction…………………………………………………………………………………6
PREMIÈRE PARTIE :
LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES D’ORIGINES CONTRACTUELLES…………13
Chapitre I : Les techniques juridiques directement rattachées au contrat…………………….14
Section 1 : l’usage de la technique d’étude d’impact environnemental………………………15
Section 2 : le recours au mécanisme de la réhabilitation……………………………………..21

Chapitre II : Les techniques alternatives de prévention indirectement liées au contrat………29


Section 1 : la souscription à un contrat d’assurance………………………………………….30
Section 2 : les mesures subsidiaires préventives fortement recommandées………………….35

DEUXIÈME PARTIE :
LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES EXTRACONTRACTUELLES…………………40

Chapitre I : les techniques existant dans l’ordre juridique interne……………………………41


Section 1 : les techniques législatives de la prévention……………………………………...42
Section 2 : l’emploi des techniques matérielles de la prévention…………………………….45

Chapitre II : les techniques existant dans l’ordre juridique international……………………51


Section 1 : les mécanismes normatifs internationaux de la prévention des risques
environnementaux……………………………………………………………………………53
Section 2 : les mécanismes juridictionnels de prévention de risques environnementaux……60

Conclusion…………………………………………………………………………………66
Bibliographie………………………………………………………………………………68S

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Introduction générale

Il n’y a pas de protection efficace de l’environnement sans une prévention rigoureuse.


Dans notre monde, l'environnement est au cœur de tout. Sa protection constitue un impératif
pour toutes les nations. Aujourd’hui, force est de constater que les États se heurtent
inextricablement dans une logique ambivalente. Ils doivent concilier deux impératifs. L’un
relatif à la protection de l’environnement, l’autre reposant sur un ordre essentiellement
économique, notamment la recherche de profit, en l’occurrence l’exploitation des ressources
naturelles. Cette exigence financière vise principalement à satisfaire les besoins sociaux de plus
en plus croissants. Cet objectif de conciliation conduit inéluctablement à une intrication entre
deux ordres qui, de prime abord sont susceptibles d’antinomie. De ce fait, l’Etat à travers ses
prérogatives régaliennes doit impérativement combiner et harmoniser ces deux ordres
relativement opposés.

Par sa déclaration de politique d’environnement et de développement durable du 17 mars 2001,


le gouvernement mauritanien réaffirme « sa volonté de développer une politique
environnementale efficiente servant de levier au développement durable déjà garant pour tout
développement économique et social harmonieux centré sur l’homme et son écosystème ».
Cette déclaration constitue a priori une raison valable de prévenir les risques environnementaux
de l’exploitation minière.

En effet, la Mauritanie possède une géologie propice à une grande diversité. De ce fait, les
mines constituent un des plus importants secteurs de l’économie1. Les industries extractives
représentent une part considérable de l’économie mauritanienne. Plus de 35% du PIB sont
générés par le secteur minier2.

Pourtant, cette manne financière n’a pas en réalité cachée le revers de la médaille pour les
autorités mauritaniennes. Dès l’an 2000, un ministère délégué auprès du premier ministre,
chargé de l’environnement et du développement durable fut créer. Cette décision politique
confirme la place importante des questions environnementales.

Les États cuprifères doivent naturellement exploiter la richesse de leurs sous-sols, et c’est en
dépit des contraintes environnementales. Cette exploitation est aujourd’hui confrontée à
plusieurs défis. Parmi ces défis, il y a la protection de l’environnement, qui aujourd’hui et

1
Rapport préparé par AECOM Consultants Inc., Projet minier Tazadit Mauritanie, Étude d’impact
environnemental et social, septembre 2011, p1.
2
Disponible sur www.cnitie.mr.

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

depuis le sommet de Stockholm de 1972 tous les pays sont impliqués dans cette mission.
Assurément, ces pays doivent, dès lors, adopter des politiques environnementales prudentes et
efficaces répondant aux normes internationales dont ils sont les destinataires par excellence.
Ces engagements internationaux ont exigé un renforcement de la législation environnementale.
Au premier chef l’Etat est à la fois acteur et arbitre des préoccupations environnementales de
tous les secteurs, tel que la pèche, les mines etc. Il n’en demeure pas moins que, les sociétés
minières, sont aussi des acteurs à part entière de la protection l’environnement. Ce constat est
partagé aussi par certains. On peut dire avec Jean-François Calmette que « en effet, que les
acteurs privés et certains outils de droit privé participent de plus en plus à la protection de
l'environnement »3.

En effet, l’activité minière met en relation très souvent plusieurs acteurs. Mais dans le cadre de
sa régulation, l’Etat demeure l’acteur central du secteur extractif. Il détient essentiellement la
compétence exclusive des normes environnementales applicables au secteur minier. De ce fait,
l’Etat entretient des relations multiples avec les sociétés minières. Ces relations sont à la fois
économiques, c’est le cas lorsque, l’Etat perçoit les taxes et redevances. Il peut aussi être
actionnaire dans la mesure où il détient une part du capital de l’entreprise minière. In fine, l’État
entretient des rapports contractuels4 avec les entreprises du secteur minier. Ces rapports sont
parfois susceptibles d’entraîner un déséquilibre entre les parties5. L’État exerce plusieurs types
de contrôles sur ces entreprises et particulièrement sur la règlementation environnementale. De
façon synthétique, l’Etat veille au respect des équilibres, dans l’optique d’atteindre les objectifs
du développement durable. Mais comment y arriver ? Étant donné que l’exploitation provoque
une profonde modification du milieu physique, naturel et humain. La modification de la
topographie lors de la phase d’exploitation de la mine est extrêmement importante. Elle induit
une augmentation de la pression sur les ressources végétales, génère une importante production
de poussière et une destruction progressive d’habitats et potentiellement d’espèces floristiques6.

Compte tenu des multiples impacts que peut avoir l’activité minière sur l’environnement, il est
néanmoins urgent de trouver des solutions adéquates pour cette question d’ordre planétaire.

3
CALMETTE Jean-François « Le droit de l'environnement : un exemple de conciliation de l'intérêt général et des
intérêts économiques particuliers ». In, Revue Juridique de l'Environnement, n°3, 2008. pp. 265.
4
Les entreprises minières ne participent pas à l’élaboration de la convention minière type. C’est cette forme
d’unilatéralisme ce que R. CHAPUS appelle les contrats d’adhésion.
5
CHAPUS René sur la distinction acte unilatéral et contrat, Droit administratif général, tome 1, 15e éd.,
Montchrestien 2001, p492.
6
Projet de mine et manutention F’Derick 1, EIES, Egis, version 3 du 16 décembre 2016, p28.

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

C’est dans ce contexte bien précis que l’adage selon lequel « il vaut mieux prévenir que guérir »
aurait tout son sens et que par conséquent, il apparaît nécessaire de s’intéresser à la prévention
des risques environnementaux du contrat minier. Dans le système juridique en vigueur, la
prévention des risques environnementaux est presqu’une aporie. Elle relève quasiment de la
complexité.

Cependant, avant d’aborder la problématique juridique, il convient d’apporter des précisions


d’ordre terminologique. Le problème de la définition de la notion de prévention s’est posé avec
acuité tant dans l’ordre juridique international que dans l’ordre juridique interne. Les
législateurs se sont plutôt aventurés dans une déduction généraliste et énumérative.

En droit international, la prévention est d’abord un principe de son éponyme. Elle est une règle
coutumière énoncée dans la Déclaration de Stockholm de 1972, reprise également par la
Déclaration de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement durable, selon laquelle les
États sont tenus de mettre en œuvre tous les moyens à leur disposition pour éviter que les
activités qui se déroulent sur leur territoire, ou sur tout espace relevant de leur juridiction, ne
causent un préjudice sensible à l’environnement d’un autre Etat7.

Au plan interne, en dépit de la panoplie des textes relatifs à la protection de l’environnement et


des lois régissant l’activité minière, la prévention n’a pas fait l’objet d’une définition clairement
formalisée.

À cet effet, en référence au dictionnaire le Robert, la notion de prévention est monosémique.


Elle dérive du mot prévenir et qui est considéré comme un ensemble des mesures préventives
contre certains risques. En droit de l’environnement, il est considéré comme un principe général
de droit à côté des principes de précaution et celui de pollueur-payeur. Mais la définition
avancée par le vocabulaire juridique semble être au moins explicite. Cette définition donne au
moins une lueur d’espoir. C’est ainsi qu’elle considère la prévention comme un ensemble des
mesures et institutions destinées à empêcher ou au moins à limiter la réalisation d’un risque, la
production d’un dommage, l’accomplissement d’actes nuisibles etc. En s’efforçant d’en
supprimer les causes et les moyens8.

Toutefois, la doctrine a imprimé à la notion de prévention une clarté assez singulière. Elle a
systématisée la notion de prévention en lui donnant toutes ses lettres de noblesses. Pour Michel
PRIEUR, la prévention consiste à empêcher la survenance d’atteintes à l’environnement par

7
Lexique des termes juridiques, Dalloz 23e Edition, p812 et suivants.
8
Gérard CORNU, vocabulaire juridique, Association Henri-Capitant, 7e éd., PUF, p703.

9
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

des mesures appropriées dites préventives avant l’élaboration d’un plan ou la réalisation d’un
ouvrage ou d’une activité9.

Toujours dans la logique de la clarification des termes, en s’accordant avec le vocabulaire


juridique, le risque est ainsi considéré comme un évènement dommageable dont la survenance
est incertaine et quant à sa réalisation ou à la date de cette réalisation, se dit aussi de l’éventualité
d’un tel évènement en général, que l’évènement spécifié dont la survenance est envisagée10.

Les risques en droit de l’environnement se rapportent aux risques naturels et qui sont considérés
comme d’éventuels évènements dommageables ayant pour cause l’intensité anormale d’un
agent naturel, tel que l’affaissement de terrain, avalanche, crue, incendie de forêt, cyclone,
séisme11. Pour Valérie LASSERE, le risque est aujourd'hui la marque d'une société inquiète
devant ce qu'elle perçoit comme la multiplication des dangers, menaces, catastrophes,
accidents, défauts de sécurité, urgences et crises. Il est omniprésent12. Ces définitions nous
paraissent peu adaptées dans le contexte de notre étude. On s’efforcera ainsi à un exercice de
synthèse et d’adaptabilité au regard de la question étudiée. Cela étant, les risques
environnementaux de l’exploitation s’apparentent à un ensemble d’éventualités nuisibles à
l’environnement ayant pour origine lié soit à un événement naturel soit à une activité exercée
par l’homme sur les éléments constitutifs de la nature.

Enfin, le contrat du point de vue environnemental constitue un mode de régulation des rapports
homme/environnement au-delà des ordres13. Cela implique la juxtaposition de deux branches
distinctes du droit. Celle concernant les contrats, et l’autre relative à l’environnement. Ce
phénomène est appréhendé par Mathilde HAUTERAU-BOUTONNET comme l’émergence
d’un « droit contractuel de l’environnement », lequel est bien connu en droit américain
notamment avec des auteurs tels qu’E. W. Orts et E. Dekelaere14.

9
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, 5e édition, précis Dalloz 2004, p71.
10
Gérard CORNU, op. cit, p819.
11
Lexique des termes juridiques, op cit, p930.
12
Valérie LASSERE, « le risque », Rec. Dalloz 2011, p1632.
13
HAUTERAU-BOUTONNET Mathilde, « le contrat environnemental », Dalloz 2015, p217.
14
E. W. Orts et K. Deketelaere, Environmental Contracts, Comparative approches to regulatory innovation in the
United States and Europe, Kluwer Law International, 2001, p5.

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Aujourd'hui, face à la montée des risques environnementaux et de l'importance accordée à la


protection de l'environnement, un nouvel ordre public s'ouvre aux contractants : l'ordre public
écologique15.

L’étude de la question de la prévention des risques environnementaux du contrat minier se situe


à la croisée de plusieurs chemins. Différentes branches du droit s’embrassent. Elles ont
beaucoup de points de rencontre. À cet effet, notre réflexion ne prétend pas à une étude
exhaustive de la question. Nous ne prendrons pas en considération les questions se rapportant
à la responsabilité pénale tant du point de vue des personnes morales de droit public mais aussi
celles de droit privé. Quel que soit l’arsenal répressif existant, la politique de l’environnement
se veut persuasive et éducative. Elle a une forte répugnance à l’utilisation des mesures extrêmes
sauf en cas de nécessité absolue16. Seront également exclues du champ d’étude les relations
fiscales qui lient l’exploitant minier à l’État. En clair, la réflexion sera centrée sur les différentes
techniques juridiques susceptibles de prévenir les risques environnementaux au cours, pendant
et après l’exploitation minière. Ces techniques seront profondément étudiées tour à tour.

Face à la luxuriance des normes environnementales, et pour mieux illustrer notre réflexion, il
est opportun de s’intéresser à titre démonstratif à quelques lois fédérales canadiennes. Par
conséquent, la législation de la République Islamique de Mauritanie et les lois internationales
ayant un caractère contraignant ou non seront privilégiées. Pour des raisons de clarté et de
précision certaines conventions minières entre l’Etat Guinéen et quelques entreprises opérant
dans le secteur minier seront abordées. D’autres législations seront convoquées de façon
incidente. Il s’agit particulièrement de la France mais aussi de sa jurisprudence en la matière.
Nous n’occulterons point les différents traités internationaux en matière de la protection de
l’environnement étant donné que ceux-ci constituent le socle de base de cette discipline.

En effet, deux raisons principales ont présidé à ce choix. Premièrement, c’est en raison de
l’abondance des ressources minières dont regorge le sous-sol mauritanien. Dès lors, l’étude aura
pour objectif d’identifier et de déterminer les techniques préventives des risques
environnementaux du contrat minier. Cela aboutira sans doute à une optimisation des différents
instruments préventifs dans l’ordre juridique interne et international. Il y a aussi une mutation
progressive de la régulation juridique des questions environnementales. Deuxièmement, il
ressortira de cette étude une synthèse sur les techniques de gestion des risques par les parties.

15
BOUTELET Marguerite et FRITZ Jean-Claude (dir.), L'ordre public écologique, Bruylant, 2005, cité par
Mathilde.
16
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, précis Dalloz, Paris 1984, p993.

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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

En concevant les risques comme un processus dynamique, tous les éléments qui sont
susceptibles d’avoir un lien plus ou moins proche avec le problème de l’environnement sont
pris en considération dans notre analyse. On aboutira ainsi, à travers une démarche intégrée des
outils préventifs, par une combinaison d’un ensemble des règles d’ordre préventif à une
technique préventive née de la condensation de ces règles. Ce qui a comme finalité de voir
l’aspect homogène de ces règles.

L’articulation entre le droit de l’environnement et le contrat minier n’est pas un hasard.


D’abord, le droit de l’environnement est traditionnellement rattaché au droit public. C’est un
droit composé essentiellement des règles exorbitantes du droit commun. L’État impose des
normes aux sociétés minières ou parfois traite avec ces dernières par le processus contractuel.
D’où l’importance ici des différents dispositifs de la police administrative spéciale. Ensuite, le
phénomène de contractualisation nous invite à voir ces normes sous un autre registre. Elles
perdent de moins en moins leur caractère unilatéral et tendent vers une dimension concertante.
Cela montre en effet que les règles relatives à la protection de l’environnement apparaissent
relativement flexibles. Cette souplesse tient à la nécessité de leur adaptabilité au contexte socio-
économique. Le droit des contrats est marqué par le sceau du libéralisme. Soucieux de la
satisfaction des intérêts particuliers, cependant il n'ignore guère les considérations sociales
d'intérêt général17.

Enfin, aujourd’hui force est de constater qu’avec l’augmentation des risques et l’importance
accordée à la protection de l’environnement, les détenteurs des titres miniers sont dès lors
appelés au respect d’un ‘‘ordre public dit écologique18’’. D’autres normes viennent graviter
autour de ces risques notamment en matière d’assurance. Tout cela mène à dire que la
prévention des risques environnementaux repose sur une foultitude de normes et de principes.
Du point de vue du droit public ou du droit civil, l’activité minière peut établir la théorie du
risque, à travers une mise en corrélation de la responsabilité sans faute de l’État et la
responsabilité civile et pénale de l’entreprise minière. Ainsi on peut sans doute affirmer que le
sujet revêt à bien des égards des intérêts théoriques variés. En effet, cette affirmation se
corrobore à raison de l’imbrication des multiples branches du droit qui sont susceptibles
d’intervenir pour s’emparer de la question.

17
MEKKI Mustapha, L'intérêt général et le contrat, Contribution à l'étude d'une hiérarchie des intérêts en droit
privé, préf. J. Ghestin, LGDJ, 2004, p411.
18
Nous empruntons l’expression à M. BOUTELET, in L'ordre public écologique, J.-C. Fritz (dir.), Bruylant, 2005.

12
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Au-delà de la théorie, la prévention apparaît comme un modèle plus efficace que le principe
pollueur-payeur. Il permet de maintenir l’équilibre entre l’économie et l’environnement. C’est
une technique peu couteuse et plus facile à mettre en œuvre. Le principe de prévention constitue
de ce faite une méthode anticipative mais aussi curative à l’instar du principe pollueur-payeur.

Au regard de tout ce qui précède, une problématique générale gouverne ce sujet. Elle vise à
déterminer comment le droit mauritanien appréhende la survenance des risques
environnementaux résultant de l’exploitation minière sur son territoire. Ce qui revient à
s’intéresser à une question particulière, il s’agit bien de savoir quelles sont les techniques
préventives des risques environnementaux du contrat minier à l’aune du système juridique
mauritanien. De prime à bord, la réponse à une telle interrogation n’est pas facile. Mais nous
tenterons d’apporter dans la mesure du possible quelques éléments de réponse en guise
d’éclaircissement.

De ce fait, on évaluera les techniques préventives inhérentes au contrat minier. Celles-ci


constituent une sorte d’obligations contractuelles préalables à toute activité minière. Mais ces
techniques propres au contrat paraissent insuffisantes d’où la contractualisation des méthodes
supplémentaires, notamment en matière d’assurance. Au-delà de ces techniques spécifiques, il
existe d’autres instruments de nature plus générale à vocation préventive. C’est le cas des
techniques régulièrement incorporées dans l’ordre juridique interne, lesquelles se manifestent
tant du point de vue textuel mais aussi du point de vue matériel. De surcroit, dans le même ordre
d’idée, ces techniques sont consolidées par des mécanismes normatifs internationaux. On
observe également la fonction cardinale des standards internationaux et de l’approche
préventive par voie contentieuse. Ces outils constituent la base préventive des risques
environnementaux du contrat.

En vertu de toutes ces considérations, il apparaît opportun de traiter en premier lieu les
techniques préventives d’origine contractuelle (première partie) avant de d’aborder en second
lieu les techniques préventives extracontractuelles (deuxième partie).

13
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

PREMIÈRE PARTIE :

LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES D’ORIGINE CONTRACTUELLE

L’étude des techniques préventives d’origine contractuelle paraît incontournable dans


le but de protéger l’environnement. La prise en compte de l’environnement par le droit minier
a été ponctuelle et progressive19. Ces techniques constituent la base substantielle contre les
troubles écologiques des activités extractives.

C’est pourquoi les risques environnementaux susceptibles de découler de l’activité minière


exigent une ingénierie contractuelle afin d’en limiter les effets néfastes. C’est ainsi qu’il existe
deux principales techniques ayant des rapports soit directs ou indirects avec le contrat minier.
Mais à raison d’innombrables manifestations du risque ayant aujourd’hui envahi le droit20 dans
toutes ses manifestations, il faut comprendre que le contrat minier à lui seul, apparait un
insuffisant pour prévenir les risques environnementaux liés à son exécution.

Pour ce faire, il est opportun de s’intéresser à ces éléments préventifs applicables au contrat
minier. D’une part, il s’agit des techniques juridiques préventives directement rattachées au
contrat minier (chapitre premier). D’autre part, une jonction des techniques supplémentaires
s’est progressivement imposée comme mode alternatif de prévention des risques
environnementaux (chapitre deuxième).

19
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, Dalloz 4e édition, 2001, p682.
20
MOURY Jacques, « le droit confronté à l’omniprésence du risque », Rec. Dalloz 2012, p1020.

14
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Chapitre premier :

Les techniques juridiques directement rattachées au contrat

Le contrat minier qui est aussi appelé convention minière constitue dans sa forme
matérielle un support juridique servant de base référentielle pour les parties ayant exprimé leur
volonté en vue de mener une activité minière. Parmi les clauses stipulées dans le contrat minier,
il y a celles portant sur la protection de l’environnement.

En effet, ce sont ces techniques que l’on considère comme étant des instruments directement
rattachés au contrat ou bien encore ayant des liens directs avec le contrat. Comme on l’a rappelé
plus haut, ces instruments sont aujourd’hui pris en compte par le législateur. Ils sont donc
revêtus d’une valeur législatif, et avec comme but la protection de l’environnement. Mais le
contrat minier entretient un lien ombilical avec ces techniques juridiques en vue de prévenir les
risques et de protéger l’environnement.

Dans ce rôle protecteur, certaines normes sont revêtues d’un caractère préventif. Deux
instruments majeurs remplissent cette fonction préventive. Il s’agit d’un côté l’usage de la
technique d’étude d’impact environnemental (section première), d’un autre côté, c’est le
recours au mécanisme de la réhabilitation du site (section deuxième).

15
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Section 1 : l’usage de la technique d’une étude d’impact environnemental

Le contrat minier quel que soit son lieu d’exécution prévoit des mécanismes préventifs pour la
protection de l’environnement. Il faut rappeler que l’étude d’impact environnemental (EIE)
revêt un caractère obligatoire. En effet, elle demeure une condition substantielle à la formation
du contrat minier. La consécration obligatoire de l’EIE est en réalité un phénomène législatif21.

Les activités minières s’inscrivent dans un vaste domaine composite. Elles sont associées à la
gestion des diverses ressources naturelles. Sans prétendre à l’exhaustivité, celles-ci
comprennent au premier plan la terre, l’eau et la biosphère dans son ensemble. Dans le but de
préserver les ressources naturelles et de garantir un environnement viable pour les populations
environnantes, l’obligation de réaliser une EIE se manifeste ainsi comme une technique de
prévention dans la plupart des contrats visant une exploitation minière22. L’EIE subordonne
l’activité minière à une exigence d’une évaluation appropriée des incidences. Elle a pour
objectif de prévenir les risques environnementaux avant même le commencement de l’activité
minière.

En simplifiant et pour le besoin de l’analyse, on peut dire que l’EIE renferme deux éléments
essentiels. Dès lors, nous mettrons en exergue en premier lieu la notion de l’EIE (paragraphe
1) et en second lieu son contenu sur le plan juridique (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : la notion d’Étude d’Impact Environnemental

La notion d’EIE est difficile à saisir. À l’heure actuelle, ni le législateur, ni le juge n’ont donné
une définition. Mais force est de remarquer que le législateur mauritanien s’est efforcé
d’adopter une définition à partir des critères variables. En effet, on peut le constater à travers
l’article 14 du code de l’environnement23 qui dispose que « les activités susceptibles d’avoir les
effets sensibles sur l’environnement sont soumises à une autorisation préalable du Ministre
chargé de l’Environnement. L’autorisation est accordée sur la base d’une étude d’impact
environnemental (E.I.E) ». En effet, il ressort de cette disposition une énumération d’un
ensemble des critères. Le législateur retient d’abord la nature dommageable, c’est-à-dire une

21
De l’étude d’impact sur l’environnement, voir art. 14 de la loi n°2000-45 portant code de l’environnement de la
République Islamique de Mauritanie, JORIM du 30.10.2000, N°985, p654-668.
22
Les travaux de recherche sont dispensés d’étude d’impacts mais soumis à une notice d’impacts s’ils relèvent de
la déclaration.
23
Loi n°2000-045 op. cit. p3.

16
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

activité susceptible de porter un préjudice à l’environnement. Ensuite, il détermine le régime


juridique applicable à cette activité dangereuse. Enfin, le législateur mauritanien attribue la
compétence au ministre de l’environnement la délivrance de cette autorisation.

Face à de cette imprécision législative de la notion de l’EIE, le droit n’est pas resté muet sur la
question. C’est ainsi que, le dictionnaire juridique appréhende la notion sous l’angle du droit
administratif comme l’ensemble des études préalables à la réalisation d’aménagement ou
d’ouvrages qui, par leurs dimensions ou par leurs conséquences sur le milieu naturel, peuvent
porter atteinte à celui-ci, doivent comporter l’étude de leurs conséquences prévisibles sur
l’environnement24. À la lumière de ces précisions, l’EIE recouvre une place privilégiée dans la
prévention des risques environnementaux. Mais deux courants majeurs apporteront plus tard
des contributions essentiellement notables.

Apparue aux États-Unis vers les années7025, la notion d’EIE suscite débat. Les tentatives
doctrinales d’une définition de la notion ont fait l’objet de plusieurs approches. Cette dispersion
fait que le débat reste encore posé. Mais deux courants semblent s’imposer en dépit de cette
polémique. Il y a le courant dit « administrativiste » conduit par Michel Prieur. Le second
courant est sous les auspices du Professeur Eric-Naim GESBERT, que l’on peut considérer
comme les partisans de l’approche scientifique de la notion d’EIE.

Pour les défenseurs de la conception administrative, en suivant la théorie de Michel PRIEUR,


la notion d’EIE s’assimile à une simple procédure administrative. Elle est une procédure
administrative, car pour prévenir il faut connaître et étudier les effets néfastes d’un projet. De
plus, le professeur Ibrahima LY s’inscrit aussi dans la même logique. Il estime d’abord qu’au
Sénégal ni la loi ni le décret ne définissent la notion. En outre, il considère à cet effet que « l’EIE
devient une composante de la planification de toute activité publique ou privé26 ». Il résulte
donc de cette idée qu’une EIE ne concerne pas seulement les activités minières. Elle est un
moyen pour l’administration d’accomplir une mission bien déterminée.

En ce qui concerne les partisans de la théorie scientifique, le Professeur ÉRIC NAIM-


GESBERT appréhende la notion de l’étude d’impact écologique comme un mécanisme

24
Lexique des termes juridiques, op. cit., p455.
25
Cf., KISS Alexander et LAMBRECHTS Claude, « les procédures d’étude d’impact en droit comparé », RJE,
1976, nos 3-4, p239.
26
LY Ibrahima, La problématique du droit de l’environnement dans le processus de développement économique
d’un pays africain : l’exemple du Sénégal, thèse soutenue le 26 février 1994, UCAD, p187.

17
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

d’évaluation scientifique fondamental du droit de l’environnement27. Fondée sur une méthode


scientifique, l’EIE se présente alors comme une expertise scientifique dans le domaine
juridique.

La conception fondée sur le critère de la procédure administrative nous paraît plus pertinente.
Cette position se justifie à travers notre champ d’analyse. Puisque celle-ci permet de mieux
répondre du point de vue juridique aux préoccupations de cette recherche. De ce fait, on
s’attarde à appréhender l’EIE comme une mesure préventive des risques environnementaux du
contrat minier. Le dépôt de dossier de l’EIE28 auprès de l’autorité compétente constitue
corrélativement un gage de protection et de prévention de l’environnement. Mais on ne peut
sans doute ignorer l’importance des sciences expérimentales dans la prévention des risques. Les
scientifiques jouent un rôle essentiel dans l'analyse écologique du droit, parce qu'eux seuls
savent mesurer l'impact d'une activité humaine sur l'environnement29.

La procédure de l’EIE telle que précisée dans la règlementation mauritanienne passe


principalement par neuf phases. Il s’agit de l’initiation à la procédure, de l’élaboration des
termes de références qui est transmis au ministère chargé de l’environnement, du cadrage de ce
dernier, de la consultation publique, de l’élaboration du rapport portant sur un résumé non
technique, d’une enquête publique, d’un avis de faisabilité du ministère, d’un rapport final de
l’EIE et enfin d’un suivi environnemental30.

Au-delà de sa fonction sa administrative et scientifique, et en raison de son caractère composite


de ses missions, l’EIE est conduite à délivrer une vue synoptique des risques environnementaux
liés à l’exploitation de la mine. Après avoir défini le concept de l’EIE, il convient de déterminer
précisément son contenu juridique.

Paragraphe 2 : le contenu de l’EIE

Que renferme le dossier d’EIE ? Cette question constitue une préoccupation importante, auquel
une réponse s’impose. Pour apprécier la portée juridique de l’EIE, il faut d’abord l’analyser
sous le prisme du droit international de l’environnement parallèlement au droit interne. Il s’agit

27
NAIM-GESBERT Éric « étude d’impact écologique » in RJE n°4, 2005, p597.
28
Pour une étude approfondie voir BRACONNIER Stéphane, la technique de l’EIE et le renouveau de l’action
publique, RDP 1998, tome 3, p818.
29
HENRY Guillaume, « l’Analyse Écologique du Droit : un nouveau champ de recherche pour les juristes » RTD
com. 2009, p289.
30 30
Projet de mine et manutention F’Derick 1, op. cit., p44.

18
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

d’une interpénétration31 de ces deux ordres juridiques, à partir desquels on pourrait dégager la
portée juridique de l’EIE. C’est toute l’aporie du contenu de l’EIE. En réalité, c’est à partir de
ces sources juridiques que l’on pourrait déterminer le contenu de l’EIE.

D’abord sur le plan international, l’EIE constitue un instrument de mise en œuvre du principe
d’action préventive32. Bien avant la convention de Stockholm de 1972, on a pu constater avec
A. KISS que cette procédure est déjà posée par la législation américaine. Mais plus tard, la
Déclaration de Rio consacre à son tour par ces termes « une étude d’impact sur
l’environnement, en tant qu’instrument national, doit être entreprise dans tous le cas des
activités envisagées qui risquent d’avoir des effets nocifs sur l’environnement et dépendent de
la décision d’une autorité nationale compétente »33. Une esquisse d’éléments du contenu se
dévoile.

Toujours au niveau international, il existe une pléthore de conventions qui exige la réalisation
d’une EIE34. En 1978, le Programme de Nations Unies pour l’environnement (PNUE) l’a posé
dans un texte en ces termes « principes de conduite dans le domaine de l’environnement pour
l’orientation des Etats en matière de conservation et d’utilisation harmonieuse des ressources
naturelles partagées par deux ou plusieurs États ».

En Mauritanie, le contenu de l’EIE est organisé par le décret n°2004-094 du 24 novembre


200435. Il renferme 6 éléments. Une analyse de l’état initial, une présentation du projet en
passant par une analyse des impacts sur l’ensemble de richesses du territoire. Une indication
sur les risques éventuels pour l’environnement hors du territoire national de l’activité projetée,
il faut rappeler que cette étape a été à l’origine de l’adoption des EIE mesure rendue obligatoire
par le célèbre litige opposant les USA et le Canada. Ensuite, une indication des lacunes relatives
aux connaissances ainsi que des incertitudes rencontrées dans la mise au point de l’information
nécessaire, ce point est un catalyseur entrainant parfois la mise œuvre du principe de précaution.
Enfin, Il y a le plan du promoteur assorti des mesures visant à réduire ou à compenser les

31
Cf., Alexander KISS, « les principes généraux du droit international de l’environnement sont-ils reflétés par le
code de l’environnement ? », in RJE, numéro spécial, 2002, le code français de l’environnement p15-20.
32
Michel PRIEUR, op. cit., p67.
33
Principe 17, Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, conférence réunie à Rio de Janeiro du
3 au 14 juin 1992.
34
Parmi ces conventions, on peut citer la convention régionale du Koweït en date du 24 avril 1978 pour la
coopération dans le domaine du milieu marin contre la pollution du golfe persique. Il y a également la convention
du 10 décembre 1982 sur le droit de la mer à travers son article 206.
35
Décret N°2004-094 du 24 novembre 2004 relatif à l’étude d’impact environnemental, JORIM du 30 mai 2005,
p1095.

19
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

conséquences dommageables du projet et un résumé se rapportant aux rubriques précédentes


destinées à l’information du public et du décideur.

En droit comparé, la législation française est de ce point de vue très précise. La récente
réforme36 a d’ailleurs renforcé le contenu de l’EIE. L’ordonnance de 2016 porte le nombre
d’éléments du contenu de l’EIE à 1237. L’étude doit répondre à plusieurs principes généraux
imposés par ce texte. Il s’agit entre autres d’une approche globale du projet, le principe de
réduction à la ressource des impacts et d’une démarche itérative.

Au regard du contenu de son contenu, l’EIE peut être considérée comme un document de
référence. En ce sens, le titulaire d’une autorisation minière est tenu au respect des exigences
environnementaux produites par cette étude, d’où son caractère obligatoire. La convention
minière entre la République de Guinée et la société SEMAFO S.A. est très explicite. On peut
observer à travers son article 3038 que la protection de l’environnement constitue dès lors un
enjeu majeur. La réalisation préalable de cet instrument par l’entreprise minière peut sans doute
être considérée comme une technique de prévention. Il s’agit ainsi d’une action préalablement
posée et résultant directement de la conclusion du contrat.

La question des mesures de prévention est également essentielle dans la jurisprudence39. Le


juge administratif français a eu à statuer sur la composition des éléments substantiels de l’EIE.
Il s’agit de l’affaire société OCREAL40, il a ainsi opté pour la détermination du contenu à travers
la technique du faisceau d’indices. L'insuffisance qualitative du contenu de l'étude d'impact
constitue alors un vice de procédure susceptible d'entraîner l'illégalité de la décision
administrative prise au vu de cette étude41.

L’EIE comporte des failles, ce qui l’éloigne de tout attribut de la perfection. En effet, elle
connaît des nombreuses limites. Vouloir énumérer toutes ces limites dans le cadre de cette
modeste étude apparaît téméraire. Et c’est pour des raisons évidentes liées à l’espace et au temps
nous conduisent à nous limiter à l’essentiel. C’est ainsi qu’il convient d’en retenir deux limites

36
Ordonnance n° 2016-1058 du 3 août 2016 relative à la modification des règles applicables à l'évaluation
environnementale des projets, plans et programmes, JORF n°0181 du 5 août 2016 texte n° 10, disponible sur le
site www.legifrance.gouv.fr.
37
Ces 12 éléments sont listés exhaustivement sur le site https://www.actu-environnement.com.
38
Convention signée le 2 avril 2002 entre l’État de Guinée et SEMAFO Guinée S.A. pour l’exploitation des
gisements d’or de Kiniero, adoptée par la loi N°2002-024.
39
LAHORGUE Marie-Béatrice, « l’insuffisance qualitative du dossier d’étude d’impact », AJDA 2012, p275.
40
Conseil d'État, 6ème et 1ère sous-sections réunies, 14/10/2011, N° 323257, Rec. Lebon.
41
LAHORGUE Marie-Béatrice, op. cit., p275.

20
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

essentielles. Il s’agit d’une part des limites résultant de son efficacité et d’autre part des limites
qui tiennent à sa véritable valeur juridique.

Si l’objectif d’une EIE consiste à prévenir la survenance d’un risques susceptible de nuire à
l’environnement, force est de remarquer que celui-ci est à moitié atteint. L’EIE ne produit pas
toujours les résultats escomptés. Le risque n’est pas un phénomène tout à fait maitrisable. À ce
stade, on peut évoquer l’inefficacité parfois avérée de cette technique préventive au regard des
nombreuses accidents survenues dans l’exploitation minière. Des tels accidents résultent
souvent soit des actions anthropiques ou soit des conséquences d’une catastrophe naturelle.

On verra plus loin comment des remèdes financiers sont administrés à l’EIE en tant que
technique préventive afin de pallier aux insuffisances qu’elle génère. C’est notamment le cas
de la mutualisation des risques sur la base du contrat d’assurance42. De ce fait, on peut dire que
même sur le plan scientifique, l’EIE n’empêche point la survenance d’un accident ou d’une
catastrophe naturelle.

Partant de cette logique, une autre difficulté s’est progressivement posée à l’EIE. Elle est
d’ordre théorique. Ce problème porte particulièrement sur la distinction entre l’EIE en tant que
procédure administrative et l’EIE en tant que condition juridique à la conclusion du contrat
minier. Sur le plan juridique, l’EIE demeure en soi une question ambiguë. La problématique
soulevée porte naturellement sur la nature juridique de l’EIE ? Il est très difficile de répondre à
cette question. Puisque le législateur n’a pas donnée une définition précise à celle-ci encore
moins les différents contrats miniers que nous avons étudiés. Le débat sur la véritable nature
juridique reste encore une question d’actualité.

Mais sous le bénéfice de ces développements, on peut retenir que l’EIE constitue
inexorablement un modèle classique d’une technique préventive des risques environnementaux
du contrat minier. C’est ainsi qu’on peut la qualifier d’une technique ex ante de la prévention.
Cela résulte du fait que la réalisation d’une EIE s’effectue toujours avant le démarrage de toute
opération minière.

À cette première technique préventive rattachée directement au contrat, vient s’ajouter


immédiatement une autre technique et fait office d’une technique de prévention progressive des
risques environnementaux.

42
En matière d’assurance, les parties peuvent conclure un contrat en ce sens sur la base d’un risque survenu ou
d’un risque convenu.

21
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Section 2 : le recours au mécanisme de la réhabilitation

L’obligation de réhabiliter le site exploité constitue la deuxième technique préventive des


risques environnementaux du point de vue contractuel. Elle découle également et d’une manière
directe des dispositions protectrices de l’environnement dans le contrat minier. La prise de
conscience de la nécessité de la réhabilitation minière est toutefois récente43. Le code minier et
le code de l’environnement44 posent mutuellement le caractère obligatoire de cette
responsabilité qui incombe à l’exploitant. Il est également prévu comme une obligation par le
décret n°160-99 du PM/MMI du 30 décembre 1999.

Retenir que la restauration constitue une technique préventive apparaît de prime abord comme
un paradoxe. Cependant, la dimension triviale de cette affirmation ne doit en aucun cas occulter
la fonction abstraite de cette technique. C’est pourquoi, il serait arbitraire de s’en limiter à cette
première impression. La réhabilitation se rapproche de la technique managériale de la gestion
environnementale45, mais cette dernière se démarque d’elle par son caractère extensif et
progressif. Il est donc opportun de mettre en exergue son objet (paragraphe 1) avant de voir
les difficultés liées au mécanisme de la réhabilitation (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : l’objet de la réhabilitation

De prime abord, notons que la réhabilitation dans le contrat minier se distingue de la


réhabilitation en droit commercial ou en droit pénal. Pour cette dernière, de façon globale, la
réhabilitation porte sur la déchéance d’une condamnation pénale. En ce qui concerne le premier,
elle est une institution permettant de relever un débiteur, qui a été déclaré en état de cessation
des paiements, des déchéances découlant d’une faillite personnelle ou de l’interdiction de
diriger, gérer, administrer une entreprise commerciale ; cette réhabilitation peut être de droit ou
facultative46. Mais en ce qui concerne la réhabilitation dans le contrat minier, il s’agit de la
remise en état des lieux où se déroulaient les opérations minières. En termes généraux, la

43
LEROUX Christine, « La réhabilitation des mines et carrières à ciel ouvert », in dossier bois et forêts des
tropiques, 2002, n°272 (2), p2.
44
En Mauritanie, le code de l’environnement précité à travers ses art.41 et s posent l’obligation de protéger le sol
et le sous-sol. Le code minier pose aussi en son article 73 la remise en état des lieux et ainsi que leur sécurisation.
Au canada, il est prévu un plan de réaménagement et de restauration au terme de la loi minière M-13.10. Ce plan
est organisé conformément aux dispositions de l’article 232.1.
45
Cf. au cours du Pr YONKEU Samuel, système de management environnemental, 15e école d’été en évaluation
environnementale, Douala du 05 au 10 septembre 2011.
46
Lexique des termes juridiques, précité p890.

22
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

réhabilitation équivaut à la restauration qui désigne les mesures prises pour redonner aux
terrains les utilisations convenues d’avance une fois que l’exploitation minière a pris fin.
Implicitement, cela veut que les mesures de restauration ne soient pas minées par une pollution
résiduelle (telle que la présence de toxines dans des sols utilisés pour la remise en végétation
ou la présence de drainage rocheux acide)47.

Contrairement à la première technique à savoir la réalisation obligatoire d’une EIE, la


réhabilitation écologique ou remise en état des lieux est une prévention post ante, c’est-à-dire
qu’elle se réalise principalement après l’exploitation des gisements. L’exploitation minière
s’effectue généralement à travers deux modes. Il y a d’une part l’exploitation des mines à ciel
ouverte et d’autre par une exploitation de minérale par voie souterraine. Tous ces modes
peuvent provoquer des incidences sur l’environnement. Pour atténuer ces nuisances, tout
titulaire d’une autorisation d’exploitation est tenu de remettre en état son site et les lieux affectés
par les opérations minières48. La réhabilitation évite l’aggravation des préjudices résultant de
ces opérations.

Pour faire court, on peut décomposer l’objet de la réhabilitation en deux catégories distinctes.
La première catégorie se rapporte à la sécurisation des lieux. Quant au second objet de la
réhabilitation, il est orienté vers la revégétalisation, qui à son tour vise moult objectifs.

À la fin des travaux d’exploitation, la société fait une demande de déclaration adressée aux
autorités compétentes pour leur faire part de son intention de fermer les sites. Cette déclaration
constitue donc un avis de fermeture du site. Elle implique l’obligation de sécurisation des lieux
incombant à l’exploitant. La sécurisation est une mesure immédiate et urgente. En effet, elle
vise à prévenir le site affecté par les activités visées dans la convention minière. Dans ce
contexte, la réhabilitation a la particularité d’une mesure qui s’apparente à la trilogie classique
de la police administrative. Elle est de ce fait un outil du contrat pour prévenir les risques
environnementaux liés à l’exploitation minière.

Dans son rapport de plan de fermeture, le projet de mine et de manutention de F’Derick 1


envisage conjointement avec un agent de contrôle environnemental une vérification finale de

47
Conseil international des mines et métaux (ICCM), guide des bonnes pratiques : exploitation minière et
biodiversité, p50.
48
L’art. 28.1 de la convention de base signée le 08 juin 2010 entre la république de Guinée et la société Alliance
Mining Commodities pose en ce sens le fondement juridique de la réhabilitation, lequel découle directement des
dispositions du code minier. Disponible sur www.contratsminiersguinée.org, consulté le 07 novembre 2018 à
01h :41.

23
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

fin de construction. Le but est de confirmer le respect de la prise en compte de toutes les
exigences convenables pour un environnement adéquat49. La convention précitée signée par
Alliance Mining Commodities avec la République de Guinée est très instructive en ce sens.

Pour la mise en œuvre de cet objectif, il faut partir du principe de la réduction du taux de
toxicité. C’est une technique qui consiste à prévenir les risques d’une pollution des eaux
souterraines, de l’air ou d’éviter la survenance d’une maladie ou d’un dommage écologique
résultant des déchets toxiques déversés dans le site. Plusieurs techniques sont employées par
les sociétés minières pour réduire le taux de toxicité de leur site. Parmi celles-ci, il y a l’apport
du compost. Produit issu du compostage des déchets. Il peut être utilisé comme amendement
organique, améliorant la structure des sols, ou comme engrais nourrissant les plantes50.

En effet, une expérimentation sur une ancienne mine de plomb et de zinc, en Chine à Shaoguan
a montré l’efficacité de cette technique51. Ce premier objectif a pour conséquence de prévenir
la survenance des risques majeurs. Il s’agit principalement des risques de contamination des
eaux souterraines autrement dit les nappes phréatiques et aquifères, de prévenir ou de réduire
au moins des dommages parallèles susceptibles de provenir des déchets déversés dans le site
exploité.

Pour la revégétalisation du site, l’objet de la réhabilitation consiste à la remise en état naturel


des lieux. La revégétalisation s’inscrit dans une logique future. Elle est implicitement orientée
vers les objectifs de développement durable. Vraisemblablement, elle est une juxtaposition
partielle des objectifs du développement durable. Le concept de développement durable est
entendu au sens du rapport Brundtland comme un développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Quand le
secteur minier d’un pays est géré de manière transparente, en mettant l’accent sur l’atténuation
des problèmes environnementaux et sociaux et la maximisation des liens économiques, ce
secteur peut contribuer effectivement au développement durable du pays concerné52. Claire De
LANGERON souligne aussi que depuis le début du 19e siècle les activités minières ont été
soumises à une règlementation dont l’esprit était proche de ce que l’on appelle aujourd’hui « le

49
Projet de mine et manutention F’Derick 1, op. cit., p198.
50
Définition disponible sur le site www.actu-environnement.com, consulté le 14 juin 2018 à 04 :08.
51
LE ROUX Christine, op. cit., p12.
52
Paulo de Sa, Gary McMahon, « Les ressources minérales : un atout pour le développement de l’Afrique
subsaharienne ? », Annales des Mines, responsabilité et environnement 2010/2 (N°58), p81.

24
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

développement durable »53. Selon Laurence BOISSON DE CHAZOURNES, il est mis en


œuvre par trois modalités à savoir les conventions de protection de l’environnement en tant
cercle de légalité et les principes généraux comme véhicules d’intégration des préoccupations
de protection de l’environnement et enfin à travers les passerelles institutionnelles54.

Ensuite, la revégétalisation du site peut être conçue sensiblement comme une contribution
socio-environnementale voire même économique de la société minière. En effectuant la
réhabilitation, les populations riveraines bénéficient largement des avantages. La réhabilitation
vise en ce sens à instaurer un équilibre de ces trois piliers indissociables proclamés par le
sommet de Rio de Janeiro en 1992.

Le constat est clair. La réhabilitation renferme une panoplie d’objets. Ce qui rend son contenu
difficilement saisissable au regard des normes régissant l’exploitation minière. Il faut donc
garder à l’esprit que des nombreuses entraves restreignent la technique de la réhabilitation.

Paragraphe 2 : les difficultés de la réhabilitation

La réhabilitation d’un site fait l’objet de nombreuses difficultés. Plusieurs raisons expliquent
cette complexité. De façon concrète, parmi ces difficultés on retiendra la complexité de son
régime juridique. C’est un phénomène qui est lié à l’hyper règlementation en l’espèce. L’autre
écueil auquel se heurte la réhabilitation concerne son effectivité. Tous ces obstacles empêchent
à la réhabilitation d’être revêtue du sceau d’une garantie préventive contre les risques
environnementaux des opérations minières.

De façon synthétique, la surabondance des règlements n’est pas le produit de la


contractualisation. Elle est un phénomène qui résulte de la dispersion des règles relatives à
l’encadrement du secteur extractives et celles concourant à la protection de l’environnement.
Cela implique une dispersion des textes difficile à respecter, car il arrive souvent que les textes
soient trop éloignés de la réalité du quotidien et qu’ils manquent de cohérence 55. Comme
conséquence, on note l’absence d’une application stricte des règles applicables à la

53
DE LANGERON Claire, « Contribution actuelle et objectifs du secteur des métaux en matière de responsabilité
environnementale des entreprises », Annales des Mines-responsabilité et environnement 2009/2 (N°54), p68.
54
BOISSON DE CHAZOURNES Laurence, « La mise en œuvre du développement durable », in septièmes
rencontres internationales d’Aix en Provence, les Nations Unies et la protection de l’environnement : la promotion
d’un développement durable, COLLOQUE des 15 et 16 janvier 1999, sous la direction de Sandrine Maljean-
Dubois et Rostane Mehdi, p62, 66 et 67.
55
DE LANGERON Claire, op cit., p69.

25
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

réhabilitation. La réhabilitation dispose d’un régime juridique à l’origine législative, mais elle
s’est progressivement incrustée dans le domaine contractuel. Les titulaires d’autorisations
minières, en procédant à la phase d’exploitation concluent une convention. C’est donc sur la
base de cet arsenal juridique que reposent les obligations qui leur incombent en matière de
réhabilitation.

Les règles régissant la réhabilitation concernent l’ensemble des étapes ayant trait à la fermeture
et à la remise en état des lieux du site exploité. Plusieurs normes interviennent pour encadrer le
processus de réhabilitation. Sans prétendre à l’exhaustivité. Parmi celles-ci on mettra l’accent
sur quelques-unes qui nous paraissent essentielles. En effet, on peut distinguer d’une part les
règles portant sur la procédure de fermeture, d’autre part celles relatives aux conditions portant
sur de la réhabilitation proprement dite.

Le régime juridique est exceptionnellement complexe. Tout d’abord les règles régissant l’arrêt
des travaux sont également diverses et varient d’un pays à un autre. De ce fait, il est difficile de
saisir les règles qui encadrent la réhabilitation du site exploité. Dès lors, son champ
d’application dépasse largement les seules règles du contrat minier. D’autres dispositions
peuvent être concernées par le régime juridique de l’après mine56. Par ailleurs, le régime de la
réhabilitation peut devenir complexe en raison de la propagation du risque vers d’autres
territoires.

C’est le cas lorsqu’une exploitation se trouve dans une frontière avec un État voisin, ou sur le
territoire de deux communes contiguës soumises à un même ordre juridique. Ces circonstances
conduisent au problème du traitement juridique du risque. Philipe BILLET considère que la
difficulté est qu’il n’existe pas un mais plusieurs territoires de risques, à l’étendue variable selon
le risque en cause, divisible le cas échéant en plusieurs zones en fonction de l’intensité de celui-
ci. Cette variabilité du risque naturel complique son traitement juridique, dans la mesure où son
territoire se superpose à d’autres territoires d’actions existants57. Mais il faut souligner que cette
thèse est à relativiser. Une nuance existe entre les États fédérés et les États avec un système
d’organisation administrative décentralisée. Pour cette dernière, les questions relatives au
traitement juridique du risque sont du ressort des autorités centrales.

56
HUGLO Christian, « Les conséquences des exploitations minières du passé », Annales des Mines, juillet 1998,
p79.
57
BILLET Philippe, « Le formatage juridique des zones exposées à un risque naturel majeur : vers un
renouvellement des territoires du risque », in Mélanges offerts à Jean-Claude Helin, perspectives du droit public,
litec 2004, p99.

26
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Pour finir avec la complexité de la réhabilitation, il convient de jauger son efficacité. Elle peut
se mesurer par rapport à deux actions distinctes. D’une part, la garantie financière ou provision,
et d’autres par le temps consacré pour la remise en état. Pour les fonds consacrés à la
réhabilitation il est très difficile de déclarer une somme exacte en ce qui concerne la Mauritanie.
En effet, la convention minière type adoptée par la loi n°2002 du 20 janvier 2002 prévoit une
provision financière en vertu de son article 17 qui dispose que « la société d’exploitation est
autorisée à constituer en franchise d’impôt sur le bénéfice industriel et commercial une
provision pour réhabilitation du site sur lequel sont conduites les opérations minières. Le
montant maximal de la dotation au titre de cette provision est égal à cinq pour cent du bénéfice
imposable au titre de l’exercice au cours duquel elle est effectuée (…) ». Cette disposition
contractuelle constitue une garantie pour couvrir les coûts de la réhabilitation du terrain, après
la fermeture des mines. Le placement des fonds de réhabilitation n’est pas une mesure
préventive spécifique à la Mauritanie. Il est admis également dans la plupart des pays de
l’Afrique subsaharienne58 et au Canada.

Le renforcement des législations africaines notamment l’instauration des mécanismes de


garanties financières pour la protection de l’environnement est un constat unanime. Les effets
néfastes des activités minières sur l’environnement ont conduit de ce fait à une exigence
financière comme garantie au même titre que la réalisation d’une étude d’impact
environnemental59.

Au Canada, la réhabilitation constitue un enjeu majeur pour les pouvoirs publics. En septembre
2013, la ministre des Ressources Naturelles Mme Martine OUELLET a présenté le projet de
loi 43 proposant une nouvelle loi sur les mines (au Québec). Ce projet avait pour but de
renforcer particulièrement les dispositions relatives à la réhabilitation. Il introduit en ce sens
l’obligation de dépôt d’une garantie financière accompagnée d’un plan de réaménagement et
de restauration en trois versements, cette garantie vise l’ensemble des sites miniers60. Une autre,
innovation a été proposée par le projet. Elle porte sur l’introduction du plan de restauration
comme condition d’acquisition du certificat d’autorisation.

58
Ils rétorquent que presque toutes les lois et réglementations minières actuellement en vigueur en Afrique
subsaharienne prévoient des mesures appropriées de protection de l’environnement, complétées, dans bien des cas,
par des garanties financières destinées à couvrir les coûts de réhabilitation des terrains, après la fermeture des
mines. Paolo de Sa, Gary McMahon, op cit., p81.
59
Florent Lager et autres, « Les grands enjeux juridiques des investissements miniers et pétroliers en Afrique »,
extrait des actes de la Ve édition du Congrès Africain des juristes d’affaires, COJA 2012, p5.
60
Le journal Barreau du Québec, Vol 45 N°9, septembre 2013, p8.

27
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

La réhabilitation peut ne consister qu’à une stabilisation et une mise en sûreté de la zone, ou
simplement un reverdissement. Elle peut aller jusqu’à la restauration écologique61. Une remise
en état naturel des lieux coûte extrêmement chère. Le caractère dispendieux de la réhabilitation
rend la tâche encore complexe aux sociétés minières mais aussi à l’État pour certains sites
abandonnés dont l’identification des propriétaires pose problème ou du fait de leur insolvabilité.
Les problèmes d’insolvabilité et d’abandon se sont posés au Canada. Depuis 2006, 134 millions
de dollars ont été investis par le Ministère pour la restauration, la sécurisation, l'entretien et le
suivi des sites miniers abandonnés. Plusieurs de ces sites ont fait l'objet de travaux de
restauration au courant des dernières années dans différentes régions du Québec. Le MERN
réalise actuellement l'inspection de ces sites et en assure le suivi environnemental62.

Le 31 mars 2016, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a inscrit aux
comptes publics un montant de 1,22 $ à titre de passif environnemental minier, dont 803,4 M$
pour les sites miniers actuellement abandonnés et 418,3 M$ pour les sites miniers où le MERN
pourrait avoir à agir étant donné le statut financier précaire des responsables. Depuis 2006,
134 M$ ont été investis par le MERN pour la restauration, la sécurisation, l’entretien et le suivi
des sites miniers abandonnés63.

Selon le MERN, la restauration de certains de ces sites présente un défi considérable, compte
tenu des problématiques qui peuvent y être associées (par exemple, le drainage minier acide, le
drainage minier neutre contaminé, la sécurisation des ouvertures souterraines, etc.), des
superficies affectées, de l’éloignement de certains de ces sites et du contexte de réalisation.

L’étude des techniques préventives directement rattachées au contrat en vue d’empêcher la


survenance des risques environnementaux laisse entrevoir un goût d’inachevé. Il en résulte des
développements précédents, que les techniques contractuelles traditionnelles apparaissent
évidement insuffisantes pour atteindre la mission préventive. C’est pourquoi, la tendance
actuelle révèle fortement une panoplie de techniques alternatives en vue de pallier aux
insuffisances décelées. À cet effet, nous aborderons dans le chapitre suivant les techniques
alternatives de la prévention indirectes au contrat minier.

Ces deux grands types de techniques ayant une fonction préventive ne résument pas le spectre
des situations rencontrées. De ce fait, il faut accorder une place particulière à deux autres

61
LEROUX Christine, op. cit., p7.
62
http://mern.gouv.qc.ca/mines/restauration/exemples-restaurations.jsp, consulté le 20/12/2017 à 20h 43.
63
http://mern.gouv.qc.ca/mines/restauration/restauration-sites.jsp, consulté le 20/12/2017 à 20h 43.

28
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

catégories d’outils quasi-contractuels susceptibles de prévenir ces risques. En tout état de cause,
au-delà des techniques préventives rattachables au contrat minier, force est de constater qu’à
travers les nouvelles exigences en matières environnementales apparaissent d’autres moyens
complémentaires de prévention. Mais contrairement aux techniques contractuelles, ayant une
force juridique obligatoire, ces moyens auxiliaires ont parfois une force juridique obligatoire,
alors que d’autres parmi eux restent à la marge du droit.

29
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Chapitre 2 : les techniques alternatives de prévention indirectement liées au


contrat

Après avoir étudié les techniques directement rattachées au contrat minier, ce second
chapitre est l’occasion de présenter les techniques alternatives de prévention des risques
environnementaux. Fort de ces premières considération, le rôle des techniques alternatives est
analysé au regard du contrat d’assurance et les mesures subsidiaires non contractuelles.

En effet, il ressort de précédentes techniques des insuffisances remarquables qui montrent


l’incapacité de ces techniques à prévenir à eux seules les risques environnementaux découlant
de l’exploitation minière. Compte tenu de ce paramètre, il est nécessaire de rechercher d’autres
dispositifs de renforcement susceptibles de remplir la tâche de prévention.

L’accent sera mis sur la souscription à un contrat d’assurance (section 1), et on étudiera par la
suite les mesures subsidiaires préventives des risques environnementaux (section 2).

30
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Section 1 : la souscription à un contrat d’assurance

La souscription à un contrat d’assurance environnemental nous conduit très rapidement à établir


les liens entre le droit de l’environnement et le droit des assurances. Cette tâche relève à priori
d’une étape délicate. En effet, même s’il reste récent, le droit de l’environnement est une matière
à vocation universelle. Quant à celui des assurances, il connait des siècles d’existence. C’est un
droit par nature partiel, individuel et a un caractère contractuel. C’est pourquoi, nous ne
manquerons pas d’établir des liens entre ces deux disciplines juridiques dans le cadre de la
prévention des risques environnementaux du contrat minier.

La prévention a su créer des affinités entre, d’une part le droit de l’environnement et d’autre
part le droit des assurances. L’essentiel de ces rapports est tissé par le risque. On assiste
aujourd’hui de ce qu’Emmanuel Kant appelait le droit cosmopolite. Cela démontre une fois
de plus l’importance de la prévention au regard des disciplines juridiques y relatives. Étant
donné que les techniques directement rattachées au contrat minier n’ont pas aboutis aux
résultats escomptés. La technique basée sur la souscription à une assurance se révèle ainsi
comme prophylactique à la survenance des risques en matière d’exploitation minière.

Le droit de l’environnement ou le droit des assurances sont en constante évolution et adaptation.


Le premier vise à la préservation de l’environnement en fonction des avancées technologique
et sociale. Quant au second, il cherche à apporter des garanties nécessaires, lesquelles tendent
à la couverture des risques encourus par les personnes, les biens et les activités en fonction de
ces mêmes avancées technologiques et sociales64. Nous examinerons succinctement la place du
contrat d’assurance (paragraphe 1) avant de mettre en relief les avantages qui en découlent
(paragraphe 2).

Paragraphe 1 : la place du contrat d’assurance dans la prévention des risques


environnementaux

Les risques environnementaux sont latents dans bien des secteurs industriels mais demeurent
souvent méconnus. La pollution du sol, la pollution des eaux de surface ou des nappes
phréatiques, des dommages à la faune et à la flore protégées ainsi qu’aux biotopes, les
dommages corporels, matériels ou immatériels aux tiers, la pollution de l’air, sont des exemples

ALEXANDRE Anne-Gwenn, « Risques environnementaux approches juridique et assurantielle Europe et


64

Amérique du Nord », in Collection Cahier de droit international, vol.1, p16 et 17.

31
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

non exhaustifs des risques environnementaux que court toutes entreprises minières et dont les
conséquences financières ne sont pas à sous-estimer.

La souscription à un contrat d’assurance apparait comme une technique fondamentale dans la


prévention des risques environnementaux du contrat minier. L’assurance est nécessaire pour en
garantir la solvabilité de l’exploitant minier. Or, la charge économique que représente pour un
industriel la restauration de l’environnement, dégradé par son activité, sera le plus souvent
insupportable en dehors de l’assurance65.

Bien qu’il ne soit pas obligatoire dans l’exploitation minière, le contrat d’assurance
environnemental joue toutefois un rôle prépondérant dans la protection de l’environnement. S’il
arrive à réaliser cet objectif, on en déduit qu’il a rempli sa fonction préventive.

D’une manière générale, l’assurance est une opération par laquelle une partie, l’assuré, reçoit
l’engagement, moyennant une rémunération, la prime (ou cotisation) pour lui ou pour un tiers,
en cas de réalisation d’un risque, d’une prestation (pécuniaire ou en nature) par une autre partie,
l’assureur (société d’assurance ou mutuelle d’assurance), qui ; prenant en charge un ensemble
des risques, les compenses conformément aux lois de la statistique66.

Dans une conception restrictive, l’assurance est considérée comme la réunion des personnes
qui craignent l’arrivé d’un événement dommageable pour elles, se cotisent pour permettre à
celles qui seront frappées par cet événement, de faire face à ses conséquences67. C’est à ce
niveau que les compagnies d’assurances et les sociétés d’exploitations minières peuvent
accorder librement leurs volontés en vue de la conclusion d’un contrat afin de prévenir les
risques environnementaux liés à cette activité. Dès lors, on assiste à l’apparition d’une nouvelle
technique comme un moyen alternatif de la prévention.

La prévention affiche un double objectif. D’une part elle a pour objectif de diminuer voire
d’éliminer la fréquence des sinistres, et au final de réduire le coût moyen des sinistres qui ont
pu être évités68. En outre, ce qui est intéressant dans la prévention c’est surtout la réduction des
risques. Ainsi, en ce sens nous rejoignons Y. LAMBERT-FAIVRE que la prévention se traduit

65
La décision publique face aux risques, rapport du séminaire sur les risques animé par Michel MATHEU, in la
Documentation française, p105.
66
Gérard CORNU, vocabulaire juridique, 8e éd., PUF, Paris, 2007, p84.
67
ALEXANDER A-G, les risques environnementaux, Bruxelles, Bruylant, 2009, p25. Définition tirée de l’ouvrage
collectif de ELIASHBERG Constant et COUILBAULT François, les grands principes de l’assurance, l’Argus de
l’assurance, Paris, 9e éd., 2009, p53.
68
ALEXANDER A-G, op. cit., p232.

32
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

d’abord par le respect scrupuleux des normes juridiques. Ensuite, elle met en évidence les
moyens techniques instaurés par l’entreprise. Au final, la prévention est mise en pratique par
les moyens humains constitués au sein de l’entreprise qui visent une vigilance constante de la
direction, des cadres, du personnel etc...

D’autre part, la prévention peut être conçue comme un outil du développement durable, dans la
mesure où ce dernier a investi ces dernières années tous les secteurs économiques, notamment
celui de l’assurance du risque environnemental. Cela implique que le développement durable
est le fruit de deux problématiques à savoir l’urgence de sauvegarder l’environnement d’un
côté, la nécessité de poursuivre le développement économique de l’autre côté en particulier
pour les pays pauvres69.

De plus, la compagnie d’assurance joue un rôle important dans l’atténuation des risques. Elle
dispose d’une panoplie d’instruments. Parmi ceux-ci on peut retenir, l’analyse du dossier de
l’EIE. L’analyse détaillée des données transmis par la société minière est une étape
précontractuelle. Elle s’effectue avant la conclusion par les parties du contrat d’assurance. Cette
étape a pour but d’analyser l’assurabilité des risques liés à l’activité. Contrairement à cette
étape, la compagnie d’assurance peut mettre en œuvre un autre outil de prévention. Il s’agit de
l’audit environnemental. Il se poursuit pendant toute la durée du contrat. L’audit est également
un outil de contrôle et de surveillance70. Au Canada, l’audit figure dans toutes les polices
d’assurances. Ces mesures de police présentent des similarités avec certains pays.

Toutes ces méthodes employées par la compagnie d’assurance à l’occasion d’un contrat le liant
avec une société minière favorise fortement la prévention des risques. Elles permettent
également de limiter les conséquences d’une éventuelle atteinte à l’environnement.

Paragraphe 2 : les avantages liés à la souscription d’un contrat d’assurance


environnemental

L’adhésion à un contrat d’assurance par une société minière présente de nombreux avantages.
Sans verser dans une énumération exhaustive, nous en retiendrons trois parmi ceux qui de ce
point de vue nous paraissent les plus importants.

69
ALEXANDER A-G, op. cit., p233.
70
ALEXANDER A-G, op. cit., p246.

33
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

D’abord, la conclusion d’un contrat d’assurance présente des avantages liés à la protection de
l’environnement. Cela implique que le contrat vient anticiper efficacement les atteintes à
l’environnement à travers les outils de prévention dont dispose la compagnie. En ce sens à
travers le prisme de la prévention, le droit de l’environnement pénètre de façon diffuse dans le
droit des assurances, d’où leur acheminement vers un objectif commun qui consiste à protéger
l’environnement71.

Ensuite, on peut appréhender les avantages du contrat d’assurance environnementale du point


de vue de la responsabilité en cas d’atteintes à l’environnement. Il faut souligner qu’en
concluant un contrat d’assurance, l’admission de la responsabilité devient, dès lors, très facile
à établir. Longtemps, les atteintes à l’environnement sont restées sans auteurs. Cela a conduit
presque à un vide juridique pour le droit de l’environnement, dont les conséquences peuvent
aboutir à la multiplication des charges incombant à l’État. Nous avons vu le cas des sites
abandonnés au Canada, où les autorités ont été confrontées pécuniairement à la restauration
desdits sites.

Enfin, le contrat d’assurance a pour mérite, la création d’une véritable mutualisation des risques.
La mutualisation permet à la compagnie d’assurance de faire face à ses engagements financiers
à travers le groupement d’un plus grand nombre des personnes, qui souhaitent se mettre à l’abri
d’un même type de risque72. En effet, le recours à la mutualisation constitue une technique
préventive sur le plan interne de la compagnie d’assurance. Mais il n’est toujours pas facile de
mutualiser les risques environnementaux. Cette complexité résulte au moins de deux éléments
majeurs. D’une part, du fait que ces risques présentent parfois un caractère nouveau dont la
connaissance technique n’est pas assez développée et partagée par l’ensemble des acteurs du
secteur assurantiel. D’autre part, c’est en raison de leur dimension catastrophique entraînant des
conséquences financières extrêmement élevées. Pour garantir l’assurabilité de ces risques, les
compagnies utilisent deux techniques distinctes : elles font usage de la réassurance ou bien de
la coassurance73.

Si le contrat d’assurance environnemental présente des avantages, il connait par ailleurs des
difficultés relevant de degré variable. En effet, les conditions juridiques sont déterminées par la

71
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, Dalloz, Paris, 5e éd., 2004, p49.
72
Voir sur ce point, ALEXANDER A-G, op. cit., p202.
73
En dehors de ces techniques, pour la couverture des risques environnementaux les compagnies ont été amenées
à se regrouper sous la forme de pool. Expression d’origine anglaise To pool est un verbe, il signifie grouper ou
mettre en commun.

34
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

notion d’aléa74. Il est un élément commun à tous les contrats d’assurance et à fortiori ceux de
l’environnement75. Dans le vocabulaire juridique, l’aléa est ce qui relève de l’inattendu. Pour
A. LE GARS, l’aléa est un événement non prévisible ou le tour imprévisible que peuvent
prendre les évènements76. Toutefois, l’aléa dans le risque environnemental présente une
particularité importante. Cette spécificité est double. Il convient donc de distinguer le caractère
accidentel du caractère graduel.

Premièrement, le risque peut comme on l’a souligné plus haut, survenir d’un accident. En ce
sens le risque se produit de manière instantanée. Le risque environnemental accidentel peut être
défini comme la survenance des dommages causés par un événement soudain et fortuit
(incendie, explosion, rupture d’une canalisation, une erreur…) qui déclenche l’effet immédiat
des substances toxiques77. Cette particularité du risque environnemental ne présente pas assez
largement une difficulté majeure pour le contrat d’assurance.

Deuxièmement, la spécificité du risque environnemental peut également se présenter au regard


de son caractère graduel. On s’alignera avec ALEXANDER A-G, que le risque non instantané
est plus complexe à appréhender. Cette complexité résulte de l’absence de soudaineté du fait
de son déroulement dans le temps. Le risque environnemental graduel est classiquement défini
comme un événement dont le fait générateur n’a pas un caractère de soudaineté et qui résulte
de l’émission répétitive ou continue de substances dont l’accumulation crée le dommage78.
L’absence d’un fait générateur est donc à l’origine de la complexité de ce risque.

Pour s’en tenir à l’essentiel des difficultés, il revient sans doute à mettre en évidence celles
générées par l’évaluation. Les dommages écologiques purs n’ont pas en réalité une valeur
marchande comme ceux résultant par exemple d’un accident de voiture ou d’incendie d’un
immeuble sous couvert d’assurance.

De ce fait, il semble à priori difficile d’évaluer les dommages qui résultent d’une atteinte à
l’environnement commise par une société minière. Mais sur ce point on peut apporter une

74
L’aléa est une notion indispensable au risque qu’en son absence un contrat d’assurance est déclaré nul. Telle est
l’analyse dégagée par la cour de cassation française dans l’affaire Société de groupement français (GFA) et autres
c/ auxiliaires, 1er civ., 9 novembre 1999.
75
ALEXANDER A-G, op. cit., p54.
76
LE GARS Alexander, « L’aléa dans l’assurance industriel », environnement N°2, février 2006, p15. Cité par
Alexander A-G, op. cit., p54.
77
S. LE DAMANY, Les assurances et l’environnement, Gazette du Palais, 20 février 1993, p163. Cité par
ALEXANDER A-G, op. cit., p58.
78
LAMY assurance 2009, N°1994, p749, cité par Alexander A-G, idem, p59.

35
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

nuance. C’est par exemple le cas d’un site dégradé, à ce propos la restauration du milieu naturel
apparait comme une technique palliative à la difficulté de l’évaluation du risque qu’encourt
l’environnement. Il est évident qu’il sera possible de chiffrer les préjudices et allouer une
indemnité en argent destinée au remboursement des dépenses occasionnées par cette
restauration79.

En outre, le problème d’évaluation se pose notamment à travers la collecte de données sur les
sinistres environnementaux. Ce constat est également mis en évidence par une Insurance
Europe. Selon cet organisme européen, il n’y a pas de données de sinistres qui permettent de
calculer le coût moyen d’un sinistre environnemental ou de prévoir le sinistre maximum
possible ou le sinistre raisonnablement escomptable80.

Section 2 : les mesures subsidiaires préventives fortement recommandées

En dehors de toutes les mesures de nature contractuelles, il existe d’autres systèmes de


prévention dépourvus de tous liens avec les contrats. Ces techniques sont utilisées de façon
alternative. Leur application incombe naturellement à l’exploitant minier.

Les mesures subsidiaires peuvent se rapporter de façon concrète d’abord à l’instauration d’un
système de management de risques (paragraphe 1), ensuite à l’application du principe de
précaution (paraphe 2).

Paragraphe 1 : l’instauration d’un système de gestion de risques

Le système de management des risques est un outil presque commun à toutes les sociétés
minières. Mais la généralisation de cette pratique revêt un caractère particulier, car chaque
système élaboré doit correspondre aux spécificités de chaque site exploité. Il est mise en œuvre,
maintenus et tenus à jour conformément à un système ou une norme reconnue à l’échelle

79
DUTARET Jean-Louis, GABAÏ Sophie, De LA GIRAUDIERE Anne Philippe, assurance du risque pollution,
Apogée, Collection ECOplanet, 1994, 28, cité par ALEXANDER A-G, op. cit., p96.
80
« The environnement liability directive. En Hancing sustainable insurance solutions » colloque organisé par
Insurance Europe, Bruxelles, Belgique, 13 février 2008, document de synthèse, p15. Cité par ALEXANDER A-
G, op. cit., p97.

36
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

nationale81. La norme ISO 14001 de l’Organisation internationale de normalisation est à cet


égard l’exemple typique.

Le système de gestion a pour but de prévenir au mieux, les risques résultant des facteurs
endogènes et exogènes. L’instauration d’un système de gestion est inhérente à la vie des
entreprises. C’est un système qui permet d’éviter à une entreprise des conséquences fâcheuses
à tous les niveaux. Une entreprise qui ambitionne de pérenniser ses activités, doit s’engager
d’une part dans la maîtrise des risques notamment ceux qui sont directement sous son contrôle,
et d’autre part, dans la saisie des opportunités qui se présentent à elle82. Ce système est une
technique permettant de trouver un équilibre optimal entre la saisie des opportunités et la
limitation des menaces. L’instauration d’un système de management des risques cherche la
mise en adéquation des moyens d’exploitations vis-à-vis de l’environnement mais il permet de
garantir une adaptation plus ou moins permanente de l’exploitant dans le cadre des opérations
minières.

La gestion des risques comporte plusieurs étapes dans le processus de la prévention. Parmi les
principales étapes, on peut retenir l’identification et l’évaluation. L’identification consiste à
rassembler l’ensemble des ressources dont l’entreprise a besoin pour fonctionner et de les
rapprocher à tous les événements aléatoires dont la survenance pourrait l’en priver de façon
partielle ou totale, temporaire ou définitive83.

Quant à l’évaluation, elle a pour objet de prendre des décisions sur les risques qui doivent être
traités et les priorités de traitement en s’appuyant sur la criticité et les résultats de l’analyse84.

Ces deux éléments constituent foncièrement la base d’un système de gestion interne de la
société minière. Ils sont donc des techniques alternatives permettant d’empêcher la survenance
des risques liés à l’exploitation minière.

81
Code de pratiques écologiques pour les mines et les métaux, Canada, 2009, p3.
82
NDIAYE Ibrahima Sorry, la gestion des risques professionnels et environnementaux : dans le domaine minier
guinéen, L’harmattan, 2015, p27.
83
NDIAYE Ibrahima Sorry, op. cit., p28.
84
NDIAYE Ibrahima Sorry, op. cit., p30.

37
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Paragraphe 2 : l’application du principe de précaution

Apparu vers à la fin des années 1980 dans divers textes internationaux85, le principe de
précaution est depuis la succession des grands accidents catastrophiques technologiques ou
naturelles un outil de prévention privilégié. Ultime technique de prévention, le principe de
précaution conduit à une démarche « prudente » face à des situations marquées par l’incertitude
quant aux effets liés à certaines activités86.

L’Agenda 21 du sommet de Rio conçoit le principe de précaution comme un outil d’anticipation


aux risques environnementaux. Son principe 15 estime que « pour protéger l’environnement,
des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les Etats selon leurs capacités.
En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique
absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives
visant à prévenir la dégradation de l’environnement ». Il ressort de ce principe une limite
importante, car il considère l’Etat comme unique acteur en mesure d’appliquer le principe. Mais
il faut retenir que cette limite ne constitue pas un obstacle quant à son application par les
personnes privées.

La notion de précaution n’a pas fait l’objet d’une définition légale en droit mauritanien. De
plus, la convention minière type issue de la loi n°2002-02 du 20 janvier 200287 ne fait pas
également mention de l’expression du principe de précaution. Elle est d’ailleurs une notion
politique plutôt que juridique. C'est davantage une règle de comportement qu'une norme de
droit au sens strict, ce qui a d'ailleurs une incidence sur le traitement juridique du problème88.

Toutefois, le législateur français en donne une définition de la notion du principe de précaution.


En effet, aux termes de l’article L. 110-1, II, du code de l'environnement « 1°- Le principe de
précaution, selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et
techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées
visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût
économiquement acceptable »89.

85
VEROT Yvan, « Principe de prévention et précaution un équilibre à trouver ? », Annales des Mines, juillet 2000,
p71.
86
Yvan VEROT, op. cit., p77.
87
JORIM 15 avril 2002, p1020.
88
FRANC Michel, « Traitement juridique du risque et principe de précaution », AJDA, 2003, p365.
89
Loi n°2016-1087 du 8 août 2016, version consolidée, 1 er janvier 2018, disponible sur le lien suivant,
www.legifrance.gouv.fr

38
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

La doctrine n’est pas restée muette sur la définition. En effet, Yvan VEROT considère que le
principe de précaution correspond, par la prise en compte des connaissances et des techniques
disponibles au moment de la décision et au fur à mesure de leur évolution dans le temps, à la
démarche de gestion d’un risque correctement identifié et évalué avec l’adoption des mesures
adéquates de prévention et de maitrise90.

Le recours au principe de précaution conduit dans le cadre de l’exploitation minière à établir


une corrélation avec le principe de prévention des risques. Cela se manifeste concrètement à
travers l’application des mesures d’atténuation afin de minimiser les impacts environnementaux
résultant de cette activité. Ces mesures peuvent se traduire à travers une variété d’actions. Il
s’agit entre autres de la gestion d’effluent minier, de l’application de la lignosulfonate91 etc...

Sans établir explicitement une distinction entre le principe de précaution et celui de prévention,
on peut dire tout de même qu’à ce niveau une jonction s’établie naturellement entre eux.
L’enchevêtrement de ces deux principes s’explique d’abord par la complémentarité, en ce sens
que le premier fournit des outils qui ne sont pas à la disposition du principe de précaution afin
de rendre efficace le système de prévention interne de la société minière. D’autre part, ils visent
communément à prévenir et à protéger l’environnement contre les impacts négatifs de l’activité
minière.

Le développement minier, aujourd’hui, doit se faire dans le cadre minimal du développement


durable, un concept qui inclut l’environnement, mais aussi l’impact sur les communautés
locales et les retombées à long terme92. Pour ce faire, les sociétés minières doivent recourir à
des actions collectives. Ce moyen permet de faire participer l’ensemble des acteurs sur le terrain
de la prévention, et dans le but d’une protection environnementale efficace. Elles sollicitent à
ce sujet la participation du public.

L’expression ‘’public’’ renvoie ici aux communautés locales susceptibles d’être affectées par
les impacts environnementaux de l’exploitation minière. Il s’agit de communautés
environnantes du site. Partant de ce critère géographique, le public apparaît, dès lors comme un
acteur clés dans la prévention des risques environnementaux. Il est à ce sujet, un procédé
pratique et efficace. La participation du public a pour but de s’assurer que les décisions en

90
VEROT Yvan, op. cit., p74.
91
Ces mesures et autres sont appliquées par la société Mine de Cuivre de Mauritanie, une filiale de First Quantum
Minerals Ltd selon un document intitulé responsabilité et gestion environnementales et sociales.
92
NORMAND Mousseau, le défi des ressources minières, éd. MultiMondes, 2002, p96.

39
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

matière de planification et de gestion environnementales des mines résultent d’une consultation


informée, générale et juste du public93.

La participation du public a d’ailleurs été consacrée tant part le droit national que le droit
international ou communautaire. C’est le sens de la convention d’Aarhus du 25 juin 1998. En
Mauritanie, le ministère de l’environnement conformément à la réglementation nationale exige
que les sociétés minières procèdent à une journée de sensibilisation. C’est le sens du projet de
mine et manutention F’Derick 1. Suite à la transmission et la validation des termes de références
de l’EIE, la Direction du Contrôle Environnemental dudit ministère a demandé à la Société
Nationale Industrielle et Minière (SNIM) par une lettre en date du 06 décembre 2015,
d’organiser une journée de présentation du projet en application de la législation en vigueur94.

93
Code de pratiques écologiques pour les mines et métaux, op. cit., p54.
94 94
Projet de mine et manutention F’Derick 1, op. cit., p232.

40
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

DEUXIÈME PARTIE :

LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES EXTRACONTRACTUELLES

C’est un exercice bien périlleux que celui qui consiste à tenter d’appréhender en
quelques pages un sujet aussi complexe que celui des techniques préventives des risques
environnementaux en dehors du contrat minier. Le contrat minier présente une complexité
tenant à la présence de trois types de clauses.

D’abord, c’est un contrat régi par des dispositions incorporées directement dans l’ordre
juridique international. Puisqu’il se range dans la catégorie des contrats d’investissements
internationaux. Ils sont à cet effet régis par une multitude des normes internationales avec une
prédominance des règles financières soumises à une protection juridique intransigeante. La
protection des investissements a entraîné la réduction considérable de la liberté normative de
l’État hôte. Cette prédominance laisse entrevoir au préalable une difficulté d’application
effective des normes environnementales d’une manière générale.

Ce foisonnement est subversif à toute typologie rigoureuse de techniques préventives, car les
textes ont des caractéristiques composites et sont de nature diversifiés. Mais en simplifiant cette
diversité, on peut observer deux techniques organisées de façon graduelle.

Ensuite, l’insertion d’une clause compromissoire renvoyant les litiges nés de sa mise en œuvre
devant une juridiction arbitrale internationale, rend encore la tâche plus embarrassante. Enfin
une clause de droit applicable à ce contrat renvoyant au droit interne, fonde explicitement
l’intervention des textes de cette échelle. Il s’agit ici en clair d’étudier les différents textes
prévus par lesdits ordres dans une optique préventive.

Il convient dans cette seconde partie de procéder à une identification fut-elle possible des
techniques préventives des risques environnementaux dans ces différents ordres juridiques.
C’est ainsi que nous montrerons dans un premier temps les techniques existant dans l’ordre
juridique interne (chapitre premier) avant de s’intéresser aux techniques relevant de l’ordre
juridique internationale (chapitre deuxième).

41
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

CHAPITRE PREMIER : LES TECHNIQUES EXISTANT DANS


L’ORDRE JURIDIQUE INTERNE

Les problèmes liés à l’environnement font partie des préoccupations quotidiennes des
gouvernements aux quatre coins du monde95. Au demeurant, les pouvoirs publics n’en restent
pas moins à la marge. Ils sont impliqués à tous les niveaux. C’est ainsi que pour prévenir les
risques environnementaux liés à l’exploitation des ressources naturelles, un encadrement
échelonné s’est progressivement instauré au niveau national.

Dans cette règlementation, on peut observer en effet, l’existence des techniques tirées de la loi,
autrement dit les techniques législatives de la prévetion (section 1), celles-ci sont concrétisées
par des actions matérielles (section 2).

95
Ignacio Pichardo Pagaza, « La protection de l'environnement et l'administration publique en Amérique Latine
», Revue Internationale des Sciences Administratives (RISA) 2006/1 (Vol. 72), p148.

42
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Section 1 : les techniques législatives de la prévention

Il faut souligner que les techniques législatives de la prévention se manifestent dans deux
mouvements importants. Il s’agit d’une part le foisonnement continu des textes préventifs
(paragraphe 1) d’autre part, il y aujourd’hui une certaine évolution manifeste vers une
singularisation d’un régime juridique propre à la prévention (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : l’usage des normes préventives multiples

Il faut rappeler que depuis que l’environnement est devenu une priorité pour les États, la
réglementation ne cesse de s’accroître. Donc en quelques années, la protection de de
l’environnement s’enlise progressivement dans le corpus juridique. Ce phénomène est
échelonné suivant la hiérarchie de normes. De la constitution aux simples règles de police on y
retrouve des instruments ayant pour objet de protéger l’environnement et par voie de
conséquence la prévention des risques environnementaux, qui peuvent être le fait des activités
de l’homme ou de la nature.

Sur le plan constitutionnel, la pauvreté de ces normes est doublement manifeste. Elle apparaît
aussi bien sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Celle-ci pose inéluctablement de
façon explicite les limites en matière de la protection de l’environnement, et d’une manière
particulière celles relatives à la prévention. En clair, la constitution du 20 juillet 1991, révisée
en 2017 ne contient qu’un seul article qui fait mention de la notion l’environnement. Il s’agit
de l’article 57.

Cette disposition constitutionnelle renvoie d’ailleurs aux matières dont la détermination du


régime général est reconnue au législateur. Dans un tel contexte, il est très difficile d’évoquer
une certaine amorce de constitutionnalisation de la prévention dans l’ordre juridique
mauritanien. Mais dans certains pays, comme la France, la constitution ouvre explicitement
cette voie, avec notamment la charte constitutionnelle de l’environnement96. Partant de cette
idée de la compétence législative, force est de constater que la prévention prend ses racines
dans la norme fondamentale à savoir la constitution. Depuis lors, on assiste à une exubérance
des normes susceptibles de prévenir les risques environnementaux.

96
Adoptée le 28 février 2005 par le parlement français réuni en congrès à Versailles avec plus de 95% des suffrages
exprimés.

43
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Même si la constitution mauritanienne est restée laconique à ce propos, il faut souligner qu’à la
différence des pays fortement industrialisés, la Mauritanie pourrait à son tour accorder à
l’environnement une place prépondérante.

En réalité, la constitutionnalisation n’est rien d’autre que le changement de valeur normative


d’une norme préexistante, qui devient constitutionnelle. Il s’agit le plus souvent de l’élévation
d’une norme résultant soit d’une révision constitutionnelle, soit de l’adoption d’une nouvelle
constitution, soit d’une décision du juge constitutionnelle97. La constitutionnalisation signifie
ainsi la primauté des normes constitutionnelles sur les autres normes qui sont inferieures dans
la hiérarchie, notamment la loi.

Même si elle n’est pas incorporée de façon formelle dans l’ordre juridique mauritanien, la
prévention demeure comme un principe consacré en droit international de l’environnement.
Nonobstant cette incorporation, le principe de la prévention est implicitement introduit dans
l’ordre juridique interne au regard des nombreuses conventions dont la Mauritanie est
signataire. Mais il faut souligner que ce principe lorsqu’il entre en conflit avec d’autres
principes à valeurs constitutionnels tels que la liberté du commerce et de l’industrie98, le juge
ou l’arbitre désigné par les parties doit procéder à la méthode de la conciliation.

Compte tenu de la définition précédente, la question de la constitutionnalisation de la prévention


semble être définitivement tranchée en Mauritanie par son inexistence flagrante. Mais pourtant
toujours, dans l’esprit de la fameuse disposition, l’article 57 laisse présager une certaine prise
en considération indirecte de la prévention. Ce qui nous permet d’identifier avec le doyen L.
FAVOREU deux effets du phénomène de la constitutionnalisation : les effets directs qui ont
comme conséquence la stabilisation et la juridicisation. En ce qui concerne les effets indirects,
le phénomène vise à renforcer les compétences du législateur.

À cet égard certaines constitutions sont plus expressives, aux rangs desquelles figure la
constitution française, notamment son article 34 à propos des domaines réservés au législateur,
il y a la compétence de celui-ci à fixer les principes fondamentaux de la préservation de
l’environnement. De ce fait, il lui appartient de concilier le principe de la prévention 99.

97
BARBÉ Vanessa, « Le droit de l’environnement en droit constitutionnel comparé : à l’’étude des effets de la
constitutionnalisation », université d’Orléans, p2 disponible sur
http://www.droitconstitutionnel.org/congresParis/comC8/BarbeTXT.pdf/
98
Article 10 de la constitution mauritanienne du 20 juillet 1991.
99
Voir à ce propos CAUDAL Sylvie, « le devoir de prévention : une exigence fondamentale fortement dépendante
du législateur », environnement n°4, avril 2005, comm.31.

44
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

L’insertion d’une charte constitutionnelle relative à l’environnement a valu à la France de faire


bouger un pan entier de la prévention. L’article 3 de cette charte impose certains devoirs à tous
tels que la prévention des atteintes à l’environnement.

De plus, la constitution brésilienne articule de façon spécifique l’exploitation des ressources


minières et protection de l’environnement. C’est ainsi qu’il ressort de son article 225,
paragraphe 2 que « l’exploitation des ressources minérales, l’exploitant est tenu de remettre en
état les lieux ». Cette disposition signifie que l’exploitant est ténu du point de vue de la
constitution de réparer les dommages environnementaux. Cette obligation concerne la
restauration et la remise en état des lieux des sites miniers. La constitution brésilienne valorise
la prévention grâce à l’EIE100.

Les causes de la constitutionnalisation résultent pour la plupart de l’inefficacité du droit


international de l’environnement. Elles sont également relatives à l’absence d’une juridiction
spécialisée. La constitutionnalisation ici envisagée pourrait dès lors combler ce vide
institutionnel. En définitive, la constitutionnalisation permet de donner une force juridique à la
prévention consacrée naguère à l’échelle des différents ordres juridiques. L’article 57 précité
vient par cette occasion donner la compétence au législateur, laquelle a eu comme résultat une
singularisation d’un régime légal de prévention.

Paragraphe 2 : la singularisation manifeste d’un régime juridique de la prévention

Comme on l’a indiqué précédemment, la singularisation d’un régime propre à la prévention


découle des effets de la constitutionnalisation. C’est surtout en France que la
constitutionnalisation du droit de l’environnement a produit ses effets sur les différents acteurs
du processus normatif et, en particulier, sur le législateur101. En donnant la compétence au
législateur de déterminer ce régime, les règles relatives à la prévention des risques
environnementaux résultant de l’exploitation minière se trouvent dès lors organisées dans un
cadre juridique bien spécifique dans l’ordre juridique interne. Ces règles concernent
explicitement la protection de l’environnement contre toute atteinte. Parmi celles-ci on peut
déceler succinctement celles relatives à la prévention de façon particulière.

100
V. sur ce point, Paulo Affonso LEME MACHADO - Cahiers du Conseil constitutionnel n° 15 (Dossier :
Constitution et environnement) - janvier 2004.
101
AGUILA Yann, « Le Conseil constitutionnel et l'environnement », Nouveaux Cahiers du Conseil
constitutionnel, n° 43 avril 2014.

45
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

La compétence attribuée au législateur, va de ce fait être à l’origine de l’adoption de deux


principaux codes en Mauritanie : il s’agit bien évidement du code de l’environnement et du
code minier. Ce dernier est plus ancien que le premier, car il date de 1999 avant de connaitre
plusieurs révisions dont le dernier en date est celle de 2008 à travers la loi n°2008-11 du 27
avril 2008 et qui a été modifiée par la loi n°2014-08 du 29 avril 2014 portant code minier, alors
que le code de l’environnement ne date que de l’an 2000 à travers la loi n°2000-045. Ces lois
posent de façon transversale une myriade de normes susceptibles de prévenir les risques
environnementaux. À titre d’exemple on peut retenir l’article 42 du code minier précité qui
exige des garanties environnementales que doivent fournir le demandeur d’un permis
d’exploitation minière. En ce qui concerne la loi cadre de l’environnement, notamment son
article 9 dispose que le ministre chargé de l’environnement doit identifier les risques de
dégradations de l’environnement et de le prévenir. Il doit procéder par une collaboration avec
les autres ministres concernés tel que prévu par l’article 8 de la même loi.

Section 2 : l’emploi des techniques matérielles de la prévention

Fortement caractérisé par un critère finaliste de protection, l’environnement est


particulièrement influencé par la forte connotation idéologique de l’intérêt général. Le maintien
d’un ordre public écologique est une obligation qui incombe à l’État102. Considéré comme un
service public ayant un caractère d’intérêt général, la protection de l’environnement passe
obligatoire par la prévention. Cette dernière demeure traditionnellement une opération de police
administrative. Elle se traduit par la mise en œuvre des techniques à caractère matériel. Ces
techniques peuvent être conçues comme des actions administratives visant à empêcher la
survenance d’un risque environnemental ou voire l’atténuer en cas de réalisation de ce risque.
C’est dans cet ordre d’idée que le Professeur Jean-Marie PONTIER qualifie la prévention
comme étant devenue une mission primordiale de l’État.

L’administration dispose en effet de deux modes d’actions. Elle peut agir par la voie unilatérale,
caractérisée par l’édiction d’un acte administratif visant à modifier l’ordonnancement juridique.
Elle peut en outre agir par la voie contractuelle, nouant des relations avec les particuliers. Parmi
ces moyens dont dispose l’administration, elle privilégie dans le cadre de la prévention, le plus
souvent la voie unilatérale. Ce choix s’explique par la nature de l’évènement, car les pouvoirs

102
Conseil d’État 15 mars 1968, commune de casis, disponible sur www.legifrance.fr

46
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

doivent rapidement prendre une décision103. Cependant, l’analyse des techniques matérielles de
la prévention nous conduira à nous intéresser d’abord au fondement de ces techniques
matérielles (paragraphe 1) avant de mettre en relief les différentes opérations administratives
de la prévention (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : le fondement des techniques matérielles de la prévention

Une intervention matérielle de la puissance publique est foncièrement enracinée dans la


constitution. En effet, le droit à un environnement sain constitue une mission pour
l’administration. Ce qui en toute légalité donne la compétence à l’administration d’adopter des
mesures de préventives. Elle repose sur l’idée selon laquelle que l’environnement serait conçu
comme un intérêt général à satisfaire—constitutionnellement garanti—il revient de ce fait aux
autorités administratives d’adopter des mesures nécessaires à sa sauvegarde. On attribue ainsi
à l’administration l’obligation de prendre des mesures préventives, cette idée est également
défendue par le juge administratif dans une décision du conseil d’État104. En effet, le juge
considère que la protection de la nature est l’un des aspects de la protection de la salubrité
publique. La prévention en tant que contrainte qui s’impose à l’État, trouve son origine dans le
droit international à la faveur d’un litige opposant les USA au Canada en raison d’émission de
souffre générées par une usine canadienne dont les impacts ont touché les agriculteurs
américains105.

Elle est également justifiée dès que l’initiative privée présente des défaillances, en l’occurrence
la société minière contractante. Cette hypothèse est largement admise dans la jurisprudence
française à travers un célèbre arrêt du conseil d’État. Selon J-M PONTIER, le rôle de la
puissance publique apparait directement à partir du moment où un évènement, un fait, est
considéré par le corps social comme un risque, il devient presque nécessairement un problème
politique et un devoir spécifique pour les gouvernants106.

Gouverner c'est prévoir, selon la célèbre formule de Pierre Mendès-France. Mais, en matière de
prévention des risques, la prévision est un exercice de plus en plus complexe. Les gouvernants
doivent faire la part entre le certain, le probable et l'improbable107. Les justifications de

103
La décision publique face aux risques, op. cit., p111.
104
C.E, 13 janvier 1988, Syndicat National de la production autonome d’électricité.
105
Fonderie de trail 1941.
106
PONTIER Jean-Marie, La puissance publique et la prévention des risques, AJDA 2003, p1759.
107
PONTIER JM, op. ct., p1752.

47
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

l’intervention de l’administration dans la prévention se manifestent également dans la plupart


des politiques publiques. On observe, que l’environnement est à l’heure actuelle au centre de
toutes les décisions publiques. C’est ainsi que les projets étatiques sont pris à la suite de leur
évaluation environnementale. Il s’agit d’une des caractéristiques contemporaines de l’action
publique. C’est pour l’essentiel les raisons apparentes de l’intervention de l’administration, il
s’agit pour le contrat minier d’un contrôle opéré sur l’EIE et qui apparait comme une forme de
prévention.

En réalité, c’est à la suite de ce contrôle que, l’autorité administrative décide d’octroyer le titre
d’exploitation ou de le refuser. L'objet de la réglementation est fréquemment, soit d'autoriser,
soit d'interdire. L'interdiction est une arme à la fois discutable et éventuellement efficace pour
la prévention des risques108. Face à ce constat, la prévention semble s’inscrire dans une
volubilité assez singulière dans le système juridique mauritanien.

Par ailleurs, l’administration dispose d’une myriade d’actions pour intervenir dans le cadre de
la prévention. Ce constat n’épuise pas le sujet. Il convient à cet égard de mettre en exergue
quelques opérations administratives fondamentales susceptibles de prévenir les risques
environnementaux.

Paragraphe 2 : les opérations administratives de la prévention

Les autorités administratives disposent d’une palette d’instruments pour prévenir les risques
environnementaux et particulièrement ceux liés à l’exploitation minière. Il s’agit des opérations
comportant à la fois des interdictions mais aussi des autorisations. Ces opérations constituent
pour l’administration des moyens de prévention contre les atteintes des toutes natures. En clair,
ce sont des opérations qui concourent à la maitrise ou à l’atténuation des risques. Compte tenu
de la pluralité de ces opérations, il n’est pas aisé d’établir une liste exhaustive. Toutefois, il est
convenable de transcrire quelques-unes à ce propos.

La prévention étant le propre de l’administration sur la base des projections futures, elle octroie
des autorisations d’exploitations ou celles relatives à la construction des bâtiments ou délivrent
des permis d’extension du site en cours d’exploitation.

108
PONTIER JM, op. cit., p1756.

48
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

En premier lieu, la meilleure technique de prévention jugée pertinente dans cette étude passe
relativement par l’exigence d’une autorisation préalable pour l’exercice d’une activité polluante
ou risquant de porter atteinte à l’environnement. L’accord de cette autorisation est cependant
conditionné par la réalisation d’une EIE. Cette fonction préventive est inscrite dans les textes.
Elle est plus particulièrement mise en évidence par les dispositions relatives au pouvoir de
police organisée par le décret n°2009-131 du 20 avril 2009109 portant police des mines. En effet,
ce décret prévoit en son article 2 que la police des mines vise à contrôler et inspecter la conduite
des opérations minières ainsi que la conformité des dépôts d’explosifs civils, à prévenir et
mettre fin aux dommages imputable aux activités de recherche et d’exploitation et d’une façon
générale à faire respecter les dispositions prévues par le code minier et ses textes d’application.

En second lieu, il faut rappeler que si l’autorisation constitue un instrument de prévention


efficace, il n’en demeure pas moins que l’interdiction en est un. Elle se traduit aussi par
l’édiction d’un acte administratif, lequel a pour but de suspendre l’exercice d’une opération
minière. Cette décision de suspension peut être temporaire ou permanente. Lorsque la mesure
préventive porte préjudice aux droits de l’exploitant, il est en droit d’être indemniser. C’est le
sens de la décision du conseil d’État du 2 mars 1932110. Par cette décision la haute juridiction
administrative française a reconnue à une société concessionnaire de l’État le droit d’être
indemniser.

De plus, un autre moyen semble montrer ses vertus dans les opérations préventives réalisées
par l’administration. Paradoxalement à sa fonction première, l'expropriation n'est pas destinée
normalement à répondre à une situation de risque. Elle peut, cependant, être utilisée dans un tel
contexte. L’expropriation figure parmi les différentes techniques auxquelles la puissance
publique peut faire recours pour imposer aux membres de la collectivité des prestations exigées
par l’intérêt général. L’expropriation pour cause d’utilité publique, est, à maints égards, la plus
remarquable et la plus importante111. En effet, R. CHAPUS conçoit l’expropriation comme
étant une procédure qui, déclenchée par l’État, est close par une décision de l’autorité
judiciaire ; elle permet de contraindre une personne privée (ou même une personne publique,
en ce qui concerne son domaine privé) à céder à une personne publique ou privée la propriété

109
Décret publié au journal officiel de la République islamique de Mauritanie en date du 30 juin 2009 sous le
n°1194.
110
Conseil d’État, 02 mars 1932, Société Mines de Joudreville, in GAJA, 17 e Edition, p312.
111
CHAPUS René, droit administratif général, tome 2, 14e Edition, Montchrestien 2000, p673.

49
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

d’un immeuble--et cela en raison des exigences de l’utilité publique--et moyennant une juste et
préalable indemnité.

À cet égard, diverses dispositions prévoient, par exemple, l'expropriation dans le cas de risques
miniers. C’est le cas de l’article 30 de la loi de 20008, qui prévoit que le Ministère peut, sur
avis motivé de ses services techniques, ordonner la cessation de travaux, s’il le juge nécessaire,
pour permettre l’utilisation du territoire à des fins d’utilités publiques. Il ressort de cette
disposition que l’expropriation constitue une opération administrative destinée à prévenir les
risques environnementaux. Mais par une récente décision du conseil d’État français112, le juge
de la haute juridiction administrative apporte d’importantes précisions sur l’application du
principe de prévention aux actes portant déclarations d’utilité publiques113. En effet, il ressort
de cette décision pour respecter le principe de prévention, une DUP doit prévoir des mesures
pour éviter, réduire et compenser les atteintes à l’environnement provoquées par le projet.

L’action administrative passe également par l’établissement des plans. Pour J-M PONTIER
de nombreux plans n’ont pas d'objectif de prévention, ne sont pas destinés à prévenir des
risques. Mais, inversement, la politique de prévention utilise cette technique en raison de son
caractère prévisionnel.

Le plan de prévention peut être conçu pour certains auteurs comme un outil juridique dans le
périmètre duquel l’administration prend des mesures pour limiter les effets des accidents
susceptibles de survenir dans les installations114. Il a pour but de délimiter un périmètre exposé
aux risques. Il vaut servitude d’utilité publique.

Le plan d’urgence environnemental a pour but de préciser les moyens pour assurer une
intervention efficace lors d’une situation d’urgence pouvant entrainer des impacts sur le
voisinage. Il vise à réduire le plus possible les dommages au niveau des personnes, des biens et
de l’environnement115. Il faut dire que ce plan est établi en collaboration avec les autorités
administratives compétentes. En Mauritanie, ce sont les walis (gouverneurs) de régions ou leurs
représentants qui ont la compétence d’intervenir en cas de sinistre et sont appuyés par la
Direction de la Protection Civile. Par exemple, le site du projet Tazadit son plan d’urgence

112
C.E section 9 juillet 2018, commune de Villiers-le-Bâcle et autres Contre France Nature Environnement, Ile de
France, req. n°410917, disponible sur www.conseil-etat.fr.
113
Marie-Christine de Montecler, AJDA, 16 juillet 2018.
114
AUBRIL Laure et TRAORE Seydou, droit de l’urbanisme droit de l’environnement, préparation au concours
rédacteur territorial, Centre National de la Fonction Publique Territorial 2009, p271.
115
Rapport sur l’EIES du projet Tazadit Mauritanie, septembre 2011, p7-1.

50
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

conceptuel porte principalement sur les situations d’urgences environnementales significatives


tels que les incendies, les explosions, le déversement des matières dangereuses ou encore les
émissions de gaz toxiques116. Toutes ces situations sont susceptibles de créer un risque pour
l’environnement.

Les plans de prévention des risques qui permettent de délimiter les zones directement exposées
à des risques, et celles qui ne sont pas directement exposées, mais où certaines occupations du
sol pourraient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux, en sont une bonne illustration.
Le code minier de 2008 mis à jour en 2014 impose aux titulaires de titre minier d’établir un
plan dont les formes sont fixées par le décret117 d’application. C’est ainsi qu’au terme de
l’article 27 du décret que l’exploitant à l’obligation de mettre lesdits plans à la disposition de
l’administration des mines. Il ressort également dans le même décret notamment à travers son
article 32 l’obligation d’établir un plan d’urgence en cas d’accident.

L’intervention pour la mise en œuvre d’un plan fait appel à deux types d’intervenants. Il y a
d’une part les intervenants internes. Ce sont des structures rattachées à la société minière. Et
sont seules habilités à intervenir en cas de survenance d’un risque. D’autre part il existe des
intervenants qui sont externe à la société minière ; c’est le cas des autorités administratives
telles que la Direction de la Protection Civile, les ministères concernés ou encore les services
de sécurité étatiques d’une manière générale.

En France, dans un avis contentieux de 2001, le Conseil d'État118 a considéré qu'il résultait de
la combinaison de plusieurs textes que les plans de prévention des risques naturels prévisibles
étaient des « documents comportant une note de présentation et des plans graphiques établis par
l'autorité administrative, ont pour objet et pour effet de délimiter des zones exposées à des
risques naturels à l'intérieur desquelles s'appliquent des contraintes d'urbanisme importantes,
que ces contraintes s'imposent directement aux personnes publiques ainsi qu'aux personnes
privées et peuvent notamment fonder l'octroi ou le refus d'une autorisation d'occupation ou
d'utilisation du sol » et que, par suite, ces plans de prévention des risques sont des documents
d'urbanisme.

116
Rapport sur l’EIES du projet Tazadit Mauritanie, septembre 2011, p7-1.
117
Décret n°2009-131 du 20 avril 2009 portant sur la police des mines en Mauritanie.
118
3 décembre 2001, n° 236910, AJDA 2002, p. 177, note Henri Jacquot.

51
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

CHAPITRE II : LES TECHNIQUES D’ORDRE INTERNATIONAL

La règlementation internationale de l’environnement est très large. Elle est diversifiée


et de surcroît complexe. La conférence organisée par les Nations unies à Rio de Janeiro en 1992
a érigée les questions d’environnement et de développement durable aux premiers rangs
des préoccupations de la communauté internationale119. Cette conférence a largement contribué
au développement du droit international de l’environnement.

Mis en place dans des contextes différents, le droit international de l’environnement est un droit
multidimensionnel. À cela, il ne faut pas ignorer également le caractère élastique résultant des
risques environnementaux de l’exploitation minière. C’est ainsi qu’une multitude de stratégies
juridiques sont élaborées dans le domaine de la conservation de la nature et de la protection de
l’air et l’eau. Ces éléments qui composent l’environnement trouvent leur protection affaiblie à
l’issue de l’exploitation des ressources minières. Cette inquiétude ne laisse guère en rade le
droit international.

D’une manière générale, le droit international de l’environnement est dominé par une
prévalence des normes souples et flexibles (soft Law), mais force est de reconnaitre, que son
caractère flexible et ductile ne l’a pas empêché d’émerger vers de normes plus ou moins rigides
et juridiquement contraignantes (hard Law). Dans le domaine minier, ces normes correspondent
à des standards internationaux spécifiques à la pratique minière d’autres sont revêtues d’une
dimension généraliste visant à la protection de l’environnement. Il s’agit des conventions de
diverses formes. Il est apparu au cours de l’histoire des problèmes environnementaux liées à
l‘exploitation minière dans un espace géographique donné, mais ces problèmes ont traversé les
frontières. Ceux-ci ont posé avec acuité la nécessité d’une coopération entre les États. Le
phénomène qui résulte du changement climatique a entrainé spontanément la dégradation de
l’écosystème. C’est ainsi que la communauté internationale élabore des instruments juridiques
susceptibles de répondre à ces types de problèmes dont le caractère ambigüe n’est plus à
démontrer. La prévention des risques environnementaux appliquée à un contrat d’exploitation
minière constitue aujourd’hui un impératif de sécurité pour tous les peuples.

Nous examinerons d’abord les mécanismes normatifs internationaux de la prévention des


risques environnementaux liés à l’exploitation (section 1) avant de voir que l’application de ce

119
TSAYEM DEMAZE Moïse, « Les conventions internationales sur l'environnement : état des ratifications et
des engagements des pays développés et des pays en développement », L'Information géographique 2009/3 (Vol.
73), DOI 10.3917/lig.733.0084. p84.

52
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

cadre normatif conduit le plus souvent à un contentieux difficilement saisissable. Ce qui nous
dirige vers une analyse des mécanismes juridictionnels de prévention dans une approche
purement contentieuse (section 2).

53
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Section 1 : les mécanismes normatifs internationaux de la prévention des


risques environnementaux

Sans rappeler les accidents industriels majeurs ayant connu les pays industrialisés. Parmi les
pays avec une croissance industrielle lente comme le cas de la Mauritanie, ils n’en demeurent
pas moins à l’abri de telles catastrophes. Comme l’écrit Michel PRIEUR « la succession
dramatique de catastrophes écologiques et les découvertes scientifiques alarmantes, en alertant
et en inquiétant les associations de défense de l’environnement et les medias, ont poussé les
gouvernements à prendre des mesures tant à l’échelle nationale aussi bien que sur le plan
international. Les crises environnementales ont en effet des répercussions au-delà des frontières
ou sur l’espace international »120.

Toutes ces raisons ont conduit la communauté internationale à élaborer une panoplie de textes.
L’exploitation des ressources minières constitue un enjeu national, mais néanmoins son
importance stratégique fait que les enjeux liés aux industries extractives—pétrolier et
minières—dépassent bien souvent le contexte national121. C’est dans cet esprit que naissent des
normes juridiques supranationales, et qui aujourd’hui, sont résolument tournées vers une
approche d’uniformisation.

Au terme de ces textes, la prévention apparait comme un élément fondamental à la survenance


des risques environnementaux liés à l’exploitation minière. En ce sens, la prévention par le biais
des textes coercitifs et incitatifs est dès lors un outil adéquat. Elle garantit la protection de
l’environnement en tant que patrimoine commun de l’humanité. C’est pourquoi des textes ne
cessent de s’accroître dans le but de préserver ce patrimoine. On verra ainsi quelles sont les
actions organisées par le droit international en vue de prévenir ces risques environnementaux
susceptibles de découler des opérations minières.

Ces instruments sont transposables globalement dans le secteur minier. Mais il ressort de cette
analyse que des techniques dissuasives des instruments internationaux existent pour prévenir
les risques environnementaux (paragraphe 1). À côté de celles-ci subsistent bien évidement
des outils alternatifs de prévention des risques environnementaux à travers l’existence de
standards internationaux de la pratique minière (paragraphe 2).

120
Droit international public, bilan et perspectives, sous la direction de Mohamed Bedjaoui, Pedone, UNESCO,
chapitre 47, p1086. Cité par Jean-Marc La vieille, droit international de l’environnement, ellipses, Paris, 1998,
p18.
121
Thierry LAURIOUL & Émile RAYMOND, le droit pétrolier et minier en Afrique, EJA, LGDJ, 2016, p107.

54
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Paragraphe 1 : les techniques dissuasives des instruments internationaux en matière de


prévention

La dissuasion est susceptible de constituer une technique pertinente de prévention de risques


sur le plan international. Elle paraît avoir une fonction cardinale, non seulement comme une
technique préventive efficace mais comme technique contribuant à la détermination d’un
régime juridique au regard de l’ordre de public international. Cette dissuasion peut résulter de
la mise en œuvre du principe de responsabilité environnementale ou bien d’un mécanisme
financier.

La convention de Lugano du 8 mars 1993 sur la responsabilité civile des dommages résultant
d’activités dangereuses pour l’environnement est à l’origine de premiers instruments juridiques
dissuasifs de manière explicite. Cette convention pose ainsi sur le plan international, une
technique juridique préventive. Ce régime juridique de responsabilité étant de nature générale,
c’est-à-dire applicable à tous les dommages environnementaux, le contrat minier ne peut donc
y échapper.

La responsabilité revêt une dimension plurielle. Elle peut être civile, en ce sens sa fonction
principale consiste en une réparation du préjudice causé non dans l’hypothèse civiliste, c’est-à-
dire un dommage subi par une personne, mais plutôt sous l’angle environnemental, autrement
dit les atteintes portées à ce dernier. Elle est également pénale dans la mesure où elle punit les
auteurs d’un trouble à l’ordre public écologique. Enfin, la responsabilité est administrative,
lorsque l’action ou l’inaction de la puissance publique122 est à l’origine du dommage. Ces
différentes déclinaisons se recoupent très largement, puisqu’il s’agit à chaque fois de répondre
de son fait, qu’il soit illicite ou non. En effet, en matière de l’environnement, l’établissement
de la responsabilité se caractérise par une fonction préventive123. Cette hypothèse est également
corroborée par Michel DESPAX, en affirmant à propos de la responsabilité civile que « plutôt
que la réparation matérielle du dommage effectivement causé, c’est surtout le caractère
préventif de cette responsabilité et son action dissuasive qui font d’elle, dans la lutte pour la
salubrité des eaux, une arme plus efficace à bien des égards, que la menace, voir l’application
effective d’astreintes ou de sanctions pénales »124.

122
CHAPUS René, droit administratif général, Montchrestien, 15e éd., tome 1, p1227.
123
TRUILHÉ-MARENGO, E, « section 3- responsabilités environnementales » in droit de l’environnement de
l’union européenne, Bruxelles, éditions Larcier, 2015, p235.
124
M. DESPAX, Droit de l’environnement, Paris, Litec, 1980, n° 276, p. 305.

55
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Parallèlement à la responsabilité environnementale, une autre technique dissuasive s’est


progressivement incorporée tant dans le corpus du droit national aussi bien que dans le droit
international de l’environnement. Il s’agit d’imposer aux cocontractants de l’administration le
paiement d’une somme d’argent en vue de couvrir les éventuels dommages environnementaux.
L’instauration de ce fond de compensation innerve aujourd’hui le droit international, sous
l’expression de la dette écologique. La notion de dette écologique peut ressortir, dans les
contrats d’exploitation minière, de la notion d’accords entreprises/communautés locales, qui
prennent aussi l’appellation d’accords communautaires de développement durable ou de contrat
sur les répercussions et avantage, qu’ils aient pour objet de préserver un écosystème, de créer
des habitats spécifiques pour certains animaux, ou de mener la réhabilitation écologique d’une
carrière.

L’analyse de la prévention des risques environnementaux replacée dans une optique


d’exploitation minière prend davantage en compte les compensations financières qui doivent
être opérées comme des instruments économiques préventives.

L’effectivité de ces instruments est le plus souvent garantie par une contribution pécuniaire,
généralement annuelle, imposée aux sociétés minières à un fonds de développement
économique local. De façon concrète, l’institution de ces outils vise à la prévention et à
l’atténuation des risques. Ces instruments posent de ce fait un cadre préventif juridiquement
encadré par le droit international. Le paiement d’une rente pécuniaire pour la protection de
l’environnement constitue une intervention en amont en cas de survenance d’un risque. À
contrario, la responsabilité n’est mise en œuvre qu’en cas d’atteinte avérée à l’environnement
et avec toutes les conditions que cela exige. Mais le caractère dissuasif de la responsabilité lui
a valu une place de choix parmi les mécanismes de prévention.

La difficulté d’appréhender les techniques préventives propres aux risques environnementaux


de l’exploitation minière réside dans l’éparpillement des textes internationaux en la matière.
Sur le plan environnemental, l’exécution d’un contrat minier fait intervenir de nombreux textes
internationaux. L’application des règles internationales en la matière peut s’opérer soit
directement ou indirectement. Il faut constater que malgré ce foisonnement de normes, il
manque pratiquement une convention internationale ou un traité portant singulièrement sur
l’aspect préventif des risques environnementaux. Lorsque de tels risques se réalisent, l’on sait
pertinemment les effets néfastes qu’ils engendrent. Les conséquences environnementales

56
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

potentielles des projets internationaux sont nombreuses : l’exploitation des mines peut
contaminer l’eau ; et accélérer la déforestation125.

La pollution peut être à l’origine d’une activité minière. Pour prévenir ce risque
environnemental, la convention de New York126 préconise ainsi en vertu de son article 21, la
prévention, la réduction et la maitrise de la pollution. Toujours dans cette dynamique
préventive, l’article 27 de cette même convention préconise également la prévention et
l’atténuation des conditions dommageables. La pollution survenue lors d’une exploitation
minière se qualifie d’elle-même.

Elle consiste en l’introduction, dans les milieux, de trop grandes quantités d’agents chimiques,
physiques ou biologiques entraînant une altération de l’environnement, de nature à mettre en
danger la santé humaine, à endommager les ressources alimentaires ou biologiques, ou encore
à détériorer les biens matériel127. En effet, l’exploitation minière provoque le rejet de substances
toxiques. Celles-ci étant par nature nocives contribuent fortement à la dégradation de la couche
d’ozone. Pour prévenir ce risque particulier susceptible de résulter de l’exploitation minière, en
droit international, le texte fondateur a plus d’une trentaine d’année d’existence. Il s’agit de la
convention de vienne du 22 mars 1985 relative à la protection de la couche d’ozone. La question
qui se pose ici est de savoir comment dans une convention interétatique—relative à
l’environnement—des personnes privées pourraient-elles être impliquées ? C’est-à-dire une
personne morale de droit privé, notamment les entreprises minières.

A priori, la réponse à cette question paraît très difficile. Mais si l’on part du principe des
relations contractuelles qui existent entre l’investisseur, c’est-à-dire le signataire du contrat
minier et le pays d’accueil, une esquisse de réponse pourrait en être déduite. En effet,
l’exécution d’un tel contrat ne peut ignorer ou violer les engagements juridiques internationaux
du pays hôte. Dans cette logique, le contrat est contraint à une adaptation juridique aux
situations déjà existantes. Il ressort de cette analyse que les contrats miniers sont également

125
ASFAR-CAZENAVE Caroline et RAVILLON Laurence, « L’appréhension de la dette écologique en droit du
commerce international : approches contractuelle et contentieuse », VertigO - la revue électronique en sciences de
l'environnement [En ligne], Hors-série 26 | septembre 2016, mis en ligne le 09 septembre 2016, consulté le 08
février 2018. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/17485 ; DOI : 10.4000/vertigo.17485.
126
La convention de New York du 21 mai 1997 relative aux droits d’utilisation des cours d’eaux internationaux à
des fins autres que la navigation.
127
Lambert 1996, cité par Gregory Schneider-Maunoury, la responsabilité environnementale de l’État à
l’entreprise en France et aux Pays-Bas, en Allemagne, L’Harmattan, p10 et s.

57
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

régis par le droit international. On verra plus loin les techniques d’articulation de cette
dichotomie normative à travers une approche contentieuse.

Il faut également rappeler que la convention sur diversité biologique128 intervient pour encadrer
les activités minières. Dans son préambule, elle reconnait que la diversité biologique est une
préoccupation commune à l’humanité. La convention contraint avec rigueur à une exploitation
rationnelle et adéquate des ressources naturelles et particulièrement les mines. Cette rationalité
implique globalement une exploitation dans une perspective durable. Toujours dans le
préambule, la convention note que la prévention et l’anticipation peuvent être employées en cas
de menace susceptible de réduire cette diversité.

Le défrichement du terrain (telle que la construction de routes d’accès, le forage exploratoire,


l’enlèvement des morts-terrains ou la construction de parcs à résidus miniers) ou de rejets
directs dans les plans d’eau (dépôt de résidus miniers dans les plans d’eau, par exemple, ou rejet
dans l’environnement d’effluents provenant des parcs à résidus miniers) ou dans l’air (comme
les poussières ou les émissions de fonderie)129. Toutes ces activités illustrent parfaitement la
position névralgique de l’environnement.

Après avoir réuni les normes environnementales susceptibles de prévenir les risques en
l’espèce, l’examen montre deux éléments essentiels du mécanisme normatif à l’échelle
internationale. En premier lieu, l’éparpillement des instruments juridiques de prévention génère
ainsi une fragilité du cadre normatif. Il rend ainsi la prévention relativement moins efficace. Il
faut remarquer que cette précarité est apparente dans la mesure où il est difficile de réunir des
textes ayant chacun un domaine d’application bien déterminé.

En second lieu, néanmoins cette fragilité n’est pas totalement absolue. Elle peut être relativisée,
en ce que la précision d’un texte sur un domaine spécifique permet de résoudre avec précision
la problématique soulevée. Il en est par exemple du caractère multidimensionnel de ces normes
internationales. Cette flexibilité offre une possibilité d’accumuler ces normes pour la prévention
des risques dans le cadre de l’exploitation minière.

Excepté cette dissémination entre les normes environnementales applicables aux différents
domaines auxquels l’activité minière est susceptible de porter atteinte. C’est ainsi que dans le

128
Convention sur la diversité biologique Nations Unies signée le 5 juin 1992. Deux protocoles ont été approuvés
pour renforcer les actions de la CDB. Il s’agit du protocole de Cartagena pour la prévention des risques
biotechnologiques, entré en vigueur 2003. Et le protocole de Nagoya pour l’accès aux ressources génétiques et le
partage juste et équitable entre les pays, entré en vigueur en 2011.
129
Conseil International des mines et métaux (ICCM), op. cit., p13.

58
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

contrat minier des dispositions spécifiques sont insérées dans le but de protéger
l’environnement. Ce bloc normatif adossé au contrat, donne compétence tant au juge national
qu’à l’arbitre dont ce dernier trouve sa source par l’intermédiaire d’une clause compromissoire
incluse dans le contrat (v. infra section 2).

Si le droit international est organisé de façon dispersée, néanmoins il reste possible de regrouper
dans ce cadre quelques éléments susceptibles de prévenir directement les risques
environnementaux du contrat minier. Après avoir étudié partiellement les instruments
juridiques internationaux de nature contraignants, il convient de voir rapidement les standards
internationaux de l’exploitation minière.

Paragraphe 2 : l’existence de standards internationaux

Toujours au niveau international, il existe de mécanismes internationaux ayant diverses formes


pour prévenir les atteintes de l’exploitation minière à l’environnement. Sans avoir la prétention
d’une énumération exhaustive, nous évoquerons quelques standards internationaux applicables
au contrat minier sous le registre environnemental. Ces standards ont une fonction préventive
au même titre que les outils dissuasifs. Parmi ces standards nous en retiendrons d’un côté
l’applicabilité contingente des normes ISO et d’un autre côté les Principes d’Équateur. Les
conventions minières et les contrats de partage de production négociés ne comportent pas
forcément de clauses environnementales très détaillées ; de ce fait, ils renvoient aux lois
nationales (voir supra chapitre 1)… pas forcément très protectrices, mais aussi aux standards
tels que les Principes d’Équateur, dans lesquels le traitement des populations locales est
essentiel130.

Il faut dire qu’il existe au niveau international, la reconnaissance unanime des règles non
coercitives applicables à l’exploitation minière. Ces normes sont donc incitatives et peuvent
parfois assujettir les entreprises minières à des conditionnalités instaurées par des organisations
internationales.

Pour les normes ISO, il faut souligner qu’elles répondent avant tout aux problèmes d’unification
que posent les règles juridiques internationales en matière de la protection de l’environnement,
tel qu’évoqué plus haut, notamment avec l’éparpillement surtout dans le secteur minier. Étant

130
Caroline Asfar-Cazenave et Laurence Ravillon, op. cit.

59
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

donné aussi que les problèmes environnementaux traversent les frontières, cela a suscité la
nécessité d’instaurer des règles communes à l’échelle mondiale.

La norme ISO 14001 remplit une fonction préventive particulièrement déterminante. Elle
apparaît comme une initiative volontaire des entreprises, soucieuses d’améliorer le contrôle des
impacts environnementaux, de gagner la confiance des pouvoirs publics et des populations131.
Ces normes de gestion environnementale sont apparues avec la publication du rapport de
Brundtland et la conférence de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement. En réalité,
le recours aux normes ISO pourrait ainsi permettre aux États de se désengager de la régulation,
en ce sens que les entreprises elles-mêmes utilisent la prévention de façon volontaire.

L’application des normes ISO par les entreprises comportent plusieurs enjeux. D’abord pour
les enjeux réglementaires, ils permettent à l’entreprise d’exister conformément aux lois en
vigueur. Ensuite, en ce qui concerne les enjeux économiques, par exemple, ils permettent à
celle-ci d’optimiser les coûts associés à l’intégration des préoccupations environnementales132.
Enfin, il existe des enjeux stratégiques qui ont pour objectif de conforter la position
concurrentielle de l’entreprise sur le marché133.

On peut estimer que dans les politiques internationales préventives, les bailleurs de fonds afin
d’évaluer l’impact des nouveaux projets vérifient que ces derniers ont été élaborés et seront
réalisés en accord avec ces politiques en matière de respect de l’environnement. Il s’agit entre
autres les principes de l’Équateur, les critères de performance de la société de Financement
international et de ses directives134.

Les principes de l’équateur sont aussi applicables aux entreprises minières, ils sont au nombre
de dix principes. Ils peuvent être perçus comme des normes de performances en matière de
gestion environnementale. Ces principes s’apparentent à des instruments de contrôle a priori
exercés par la société financière internationale par le biais des établissements financiers qui
appliquent ces principes (EPFI) sur les entreprises. Dès lors, l’EPFI ne fournira de financement
de projet ou de prêt aux entreprises liées à un projet que la soumission de ceux-ci aux principes
de 1 à 10135. On peut dire que c’est en vertu de ce principe que la Banque Mondiale a approuvé

131
RAHMANI Mounir, « Les enjeux de l’adoption de la norme ISO 14001 », Revue des sciences humaines N°44,
juin 2016, p46.
132
Mounir RAHMANI, op. cit., p54.
133
Mounir RAHMANI, op. cit., p54.
134
Rapport de l’AECOM, projet TAZADIT Mauritanie, septembre 2011, p2-9.
135
Les principes de l’équateur, cadre de référence du secteur financier visant à identifier, évaluer et gérer les
risques environnementaux et sociaux des projets, juin 2013, p4, disponible sur www.equator-principles.com.

60
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

pour le compte de l’État mauritanien un prêt de 10.30 millions pour renforcer les capacités du
secteur minier et aider le gouvernement à gérer les activités du secteur minier national d’une
manière qui soit environnementalement, socialement et économiquement durable136.

En adoptant ces principes, les EPFI ont comme objectif de s’assurer que les projets qu’ils
financent soient développés d’une manière socialement responsable reflétant des pratiques
saines en matière de gestion de l’environnement137.

Aujourd’hui, on assiste à une tendance de conciliation entre les normes et les standards.
L’institut International de Développement Durable constitue l’exemple le plus abouti
d’institution jouant le rôle de la conciliation des normes. Dans cet ordre d’idée Jean-François
Calmette écrit que cette conciliation des intérêts est concomitante à l’évolution de l’intérêt
général138.

À côté de cette forme de conciliation, il existe des nombreuses initiatives visant à


responsabiliser les entreprises. On peut mentionner les principes directeurs de global compact
de l’ONU. Ces instruments n’ont aucune force juridique en tant que tels, mais plutôt un
caractère « recommandatoire » comme l’a vivement soutenue Sabrina CUENDET139.

La prévention par des mécanismes normatifs de prévention des risques est par ailleurs
corroborée par les mécanismes juridictionnels préventifs.

Section 2 : les mécanismes juridictionnels de prévention de risques


environnementaux

Les tribunaux internationaux d’arbitrage en recevant la compétence à travers la clause


compromissoire insérée dans le contrat minier peuvent intervenir ouvertement sur les questions
d’ordre environnemental. Mais il faut souligner que l’arbitre n’a pas le monopole de la

136
Pour plus d’informations voir sur www.worldbank.org.
137
Les principes de l’équateur, op. cit., p5.
138
CALMETTE Jean-François, op. cit., p268.
139
CUENDET Sabrina, « accords d’investissement et développement durable, comment concilier la protection des
investissements étrangers avec la promotion du développement durable », la note de conventions, réguler la
mondialisation, n°14, 2014, p13 disponible sur http://convention-s.fr.

61
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

compétence. Dans une certaine mesure, cette compétence est partagée avec le juge
international. Cette hypothèse peut être soutenue par l’article 38 de la CIJ 140.

La pénétration progressive du droit de l’environnement dans les contrats d’investissements


d’une manière générale, accorde de plus en plus une place prépondérante à l’arbitrage au
détriment des tribunaux classiques. La donnée environnementale n’échappe plus aux relations
contractuelles transnationales comme le souligne Caroline Asfar-Cazenave et
Laurence Ravillon141. Il s’agit en réalité de diverses obligations tirées du contrat et qui révèlent
la manifestation de la volonté des parties soit de gérer le risque environnemental soit de protéger
l’environnement. De plus, ces obligations peuvent découler de la législation interne et
internationale. Ainsi se pose la nécessité de chercher un juge compétent (paragraphe 1), sans
pour autant occulter les conciliations contingente des intérêts économiques et
environnementaux (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : la recherche d’un juge compètent

Les mesures de prévention prises par l’administration conformément au droit international


peuvent modifier des situations juridiques existantes. Ces évènements sont susceptibles bien
évidement troubler les relations contractuelles. Compte tenu de la différence statutaire entre les
parties, l’un bénéficiant du privilège du préalable, exceptionnellement soumis au régime du
droit commun, alors que l’autre partie est entièrement assujettie à ce dernier régime, ne
bénéficiant que rarement d’une prérogative de puissance publique. Lorsque lesdites mesures
sont contestées, le plaignant dispose d’un droit de recours devant les tribunaux.

À cette occasion, la décision rendue par le juge peut être favorable à la prévention. Mais, comme
on le sait, la survenance d’un risque relève de l’incertitude, la décision de justice peut opter
pour la protection des investissements. À l’issue de ce contentieux, parfois des contestations
naissent. Se pose alors le conflit de compétence juridictionnelle. À ce niveau, il est opportun
de rechercher le juge compétent pour trancher les litiges résultant de ces évènements.

Dans le système du CIRDI instituant l’arbitrage en 1966 à travers l’insertion dans le contrat
d’une clause compromissoire fait échapper aux juridictions domestiques les différends nés à

140
L’article 38 prévoit que « la Cour, dont la mission est de régler conformément au droit international les
différends qui lui sont soumis, applique : Les conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant
des règles expressément reconnues par les États en litige (…) ».
141
Caroline ASFAR-CAZENAVE et L. RAVILLON, op., cit..

62
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

l’occasion de l’exécution du contrat minier. La matière environnementale, irriguée par des


normes d’ordre public est donc arbitrable.

Si l’arbitrage est a priori la voie classique de règlement des différends tel que prévu dans la
plupart des contrats miniers, ou encore comme le soulignent C. Asfar-Cazenave et
L. Ravillon142 si non juge du droit commun. Mais en réalité, la compétence arbitrale n’est pas
absolue. L’introduction récente des questions environnementales dans les contrats
internationaux d’investissements laisse apparaître des suspicions pour la détermination exacte
du juge compétent. C’est dans cet esprit que certains auteurs sont allés jusqu’à nier cette
compétence aux tribunaux arbitraux, notamment avec Corine LEPAGE qui estime qu’au
niveau international, la prévention souffre de l’absence d’une juridiction spécialisée, étant
donné que le CIRDI ne dispose pas de compétence en matière environnementale 143. Cette
appréciation mérite d’être nuancée ou voire même rejetée, car les tous premiers litiges ayant
opposé les Etats ont été tranché par voie d’arbitrage144 ou entre État et entreprise minière.

Par ailleurs, la Cour internationale de justice avait pourtant mise en place une chambre spéciale
pour connaître les questions environnementales. C’est ainsi qu’aux termes du paragraphe 40 du
rapport des administrateurs sur la convention CIRDI, le droit international public est applicable
au sens de l’article 38 du statut de la CIJ, autrement dit le droit applicable aux différends
interétatiques. Cette juridiction n’est pas parvenue aux résultats escomptés. Le manque
d’efficacité de cette chambre résulte de plusieurs facteurs.

Pour l’essentiel, deux arguments suffisent à illustrer ce phénomène : primo, les différends sont
rarement soumis à son prétoire. Ce contournement peut s’expliquer par des raisons de célérité
et de rationalité, les parties préfèrent régler leur différend par la voie arbitrale. Secundo,
l’attitude réticente de la chambre dans l’interprétation des normes environnementales est un
obstacle à la résolution juridictionnelle des différends145. On peut soutenir que, le juge de la CIJ
reste hermétique face aux questions environnementales. L’attitude évasive de la cour s’est
également exprimée dans l’affaire Gabcikovo et Nagymaros, laquelle elle fait prévaloir des
règles du droit international au détriment du droit international de l’environnement.

142
Caroline ASFAR-CAZENAVE et L. RAVILLON, op., cit., p2.
143
LEPAGE Corine, lacunes du droit de l’environnement, in Yves Jégouzo, « pouvoir », p130.
144
Affaire de la fonderie de trail entre les États-Unis et le Canada du 11 mars 1941.
145
Pour une étude approfondie de cette question, Cf., à l’article d’Alida ASSEMBONI-OGUNJIMI, la CIJ et le
droit international de l’environnement, université de Lomé, 14 décembre 2011, disponible sur http://afrilex.u-
bordeaux4.fr.

63
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

De plus, il ressort d’une étude que la création de chambre spéciale pour l’environnement pose
des problèmes particuliers au niveau de la compétence et du fonctionnement même de
l’institution judiciaire146. La création d’une chambre environnementale au sein de cette cour est
en soi une forme préventive pertinente, mais elle n’a pas fait montre d’un mécanisme préventif
assez mature. Par contre des efforts sont perceptibles notamment dans le cadre de sa compétence
consultative même si celle-ci ne vise pas explicitement le domaine des mines, elle peut s’en
rapprocher.

Eu égard à tous ces dysfonctionnements attachés à la cour, la place prépondérante des tribunaux
dans la prévention des risques environnementaux nous apparait sans discussion. Cette
prédominance des tribunaux se manifeste au regard des faiblesses qui sont liées au statut de la
cour, en ce sens qu’elle règle de façon directe les contentieux interétatique et non celui entre
État et entreprise minière ou toute autre personnes morales de droit privé. Mais la cour n’ignore
pas cependant, les questions environnementales qui relèvent du principe de sa compétence et
soumises au principe de pacta sund servanda. Sur cette base, la prévention ne peut non plus lui
échapper.

Après avoir examiné la compétence juridictionnelle avec tous les dysfonctionnements qui s’y
attachent, reste à voir comment le juge compétent opère à une mise en œuvre de la prévention
à travers l’articulation contingente des intérêts opposés.

Paragraphe 2 : l’articulation contingente entre les intérêts économiques et


environnementaux

L’examen de la prévention des risques environnementaux du contrat minier par une approche
juridictionnelle montre que, les normes environnementales cohabitent avec des instruments de
nature économique. Il s’agit en réalité d’un conflit normatif147 entre les obligations
internationales de l’environnement et la protection de l’investissement. Contrairement aux
contrats commerciaux internationaux où l’investisseur bénéficie d’une protection inflexible, les

146
Ranjeva Raymond, l'environnement, la Cour internationale de Justice et la Chambre spéciale pour les
questions de l'environnement, In Annuaire français de droit international, volume 40, 1994, p439 et suivants.
147
Pour une étude approfondie sur les techniques juridiques de prévalence entre les normes environnementales et
les règles internationales de l’investissement, voir Vinuales JORGES E. « foreign investment and the
environnement international law : ambiguous relationship », british yearbook of international law, 2009, p284.

64
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

contrats miniers par leur caractère inéluctable de protéger l’environnement, posent aujourd’hui
l’existence d’une nécessité d’articulation de ces instruments.

L’exigence de conciliation résulte de l’obligation de prévention qui incombe à l’État, dont celle-
ci se manifeste le plus souvent par l’édiction des mesures préventives. Cette élaboration des
normes préventives est susceptible d’aboutir à un contentieux. L’entreprise saisit de ce fait
l’arbitre, sur la base de la clause compromissoire. À l’heure actuelle, les entreprises minières
implantées sur le territoire mauritanien n’ont pas fait l’objet d’un recours contentieux devant
les arbitres. Ce constat nous amène à observer une pauvreté aussi bien qualitative que
quantitative. Mais toutefois, en dehors de cet espace géographique, on retrouve des décisions
arbitrales allant dans l’optique préventive.

L’articulation introduit une certaine connexité entre intérêts financiers et obligations


environnementales. Dans ce cas, le tribunal arbitral se prononce pour la plupart sur les questions
d’intérêt général qui sont directement liées au pouvoir de l’État de légiférer. C’est le cas
lorsqu’une mesure préventive des risques environnementaux fait l’objet d’un recours devant
l’arbitre. À titre d’exemple, la décision du tribunal arbitral148 à propos de la construction d’un
centre de traitement des déchets toxiques dans l’affaire Metalclad Corporation contre Mexique
illustre parfaitement ce cas de figure.

Dans une autre affaire, le tribunal arbitral pose une véritable démarche de conciliation. En
l’espèce, il s’agit de l’affaire Parikering-compagnies AS contre Lituanie, le tribunal estime que
les Etats ont le droit d’exercer leur pouvoir législatif souverain d’une manière juste et
raisonnable et que l’investisseur doit anticiper un éventuel changement des circonstances et
structurer ses investissements afin de les adapter aux modifications de l’ordre juridique.

Cette hypothèse est envisageable, lorsque les conditions d’exploitation changent et provoquent
ainsi des impacts négatifs sur l’environnement. L’intervention de l’Etat pour légiférer peut aussi
en outre s’appuyer sur la base du principe reconnu par l’assemblée générale de l’ONU à savoir
la souveraineté permanente des États sur leurs ressources naturelles.

C’est dans cet ordre d’idées que naquit un ordre public transnational. Ses origines remontent
vers les années 1990. C’est la jurisprudence française149 qui a évoquée en premier l’existence

148
Metalclad Corporation US c. Mexique, CIRDI N°ARB (AF) 97/2, décision du 30 août 2000. En l’espèce, il
s’agit d’une autorisation du gouvernement fédéral contestée par une autorité municipale en considérant que celle-
ci présente des risques écologiques pour les cactus endémique.
149
Cour d’appel de paris, 25 mai 1990, fougerolle S.A C. Procofrance S.A, disponible sur www.legifrance.fr

65
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

d’un ordre public transnational « d’essence véritablement internationale et d’application


universelle ». D’une manière globale, l’ordre public transnational est formé par l’ensemble des
textes internationaux ratifiés par deux ou plusieurs États.

Les arbitres sont tenus de respecter les principes d’ordre public international même à l’encontre
de la lex contractus150 conformément à l’article 2 de la résolution adoptée par l’institut de droit
international en 1989. Il faut que les mesures de police correspondent de manière plus
fondamentale à des valeurs généralement partagées dans la communauté internationale pour
que les arbitres se sentent tenus d’en assurer le respect151.

L’ordre public transnational qui tire son fondement sur le développement durable protège
également des valeurs non marchandes. Ce qui implique que la protection de l’environnement
est un objectif commun à tous les Etats au niveau international. Dans ce cas, le rôle joué par
l’arbitre est de garantir le respect fondamental qui s’impose à l’arbitrage. Pour Jean Bernard
RACINE « le processus d’élaboration de l’ordre public transnational est identique à celui des
principes généraux du droit. Il suffit que la règle soit largement partagée pour devenir un
principe général sans qu’il soit besoin de constater une unanimité.

Une règle d’ordre public transnational n’est donc pas une règle consacrée dans tous les systèmes
juridiques mais seulement répandue dans une grande majorité de ceux-ci »152. En effet, on peut
dire que l’arbitre peut soulever d’office, la prévention comme un motif d’ordre public, en ce
sens que celle-ci relève a priori du droit international de l’environnement et est déterminée
comme un principe général substantiellement rattaché à cette discipline.

Il n’est pas sans doute facile d’accéder aux sources de l’ordre public transnational. Cet obstacle
résulte d’une pluralité de raisons. Mais il faut simplement garder à l’esprit que l’ordre public
transnational trouve son fondement dans la solution juridictionnelle issue d’un litige contractuel
tranché par un arbitre153. De par la nature des choses, les occasions offertes à un arbitre
international de recourir au concept d'ordre public transnational paraissent devoir être peu
fréquentes ; ceci dans la mesure où, l'arbitre ne pouvant être saisi que par les parties, c'est à

150
Loi applicable à défaut de choix des parties en droit conventionnel.
151
GAILLARD Emmanuel, l’ordre juridique arbitral : réalité, utilité et spécificité, Revue de Mc Gill Law journal,
p902.
152
RACINE J-B, l’arbitrage commercial international et l’ordre public, LGDJ, 1994, p647.
153
LALIVE Pierre, Ordre Public Transnational (ou Réellement International) Et Arbitrage International.
Rev.d.Arb. 1986, at 329 et seq disponible sur www.trans-lex.org.

66
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

l'une d'elles qu'il appartiendrait d'invoquer un contrat dont la conclusion ou l'exécution serait
contraire à un ordre public véritablement international.

67
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Conclusion
En somme, l’étude de la prévention des risques environnementaux du contrat minier
s’articule essentiellement autour de deux grandes techniques. Certaines sont liées au contrat lui-
même alors que d’autres sont extérieures au contrat. Cela montre synthétiquement que les
techniques préventives appliquées à l’exploitation sont protéiformes et s’appliquent de façon
asymétrique.

Il a été observé que ces techniques se scindent en deux grandes familles. D’abord, il y a celles
qui sont endogènes au contrat minier et d’autres exogènes à celui-ci. Dans les techniques
internes au contrat minier, il existe des mécanismes préventifs élaborés par le législateur, tels
que la procédure d’étude d’impact environnemental ou l’usage de la réhabilitation. Elles sont
toutes obligatoires et s’imposent à l’exploitant. Par contre d’autres revêtent un caractère relatif
non contraignant. Il s’agit de la souscription à un contrat d’assurance, qui est d’ailleurs une
technique alternative de prévention. De plus, il y a l’application du principe de précaution.
Celui-ci est un principe purement politique. Il est également caractérisé par une absence de
clarté par rapport à son degré d’application. Mais il demeure toutefois un instrument de
prévention relativement efficace.

Au-delà de ces techniques, la prévention des risques environnementaux dans le contrat minier
peut être appréhendée par des méthodes externes au contrat. Cette technique s’inscrit dans une
dynamique graduelle. Elle s’articule autour de deux ordres juridiques distincts. La prévention
peut dans un premier temps être saisie par la règlementation nationale. Dans ce cas, les autorités
locales se contenteront d’appliquer les normes environnementales nationales. Cela concerne
donc la législation nationale dans sa globalité. Ensuite, elles peuvent mettre en œuvre des
moyens matériels tirés de cette législation pour encadrer et éviter la survenance d’un risque
environnemental. En outre, les pouvoirs publics peuvent également recourir aux dispositions
environnementales du droit international pour prévenir les risques susceptibles de nuire à
l’environnement.

Enfin, il faut retenir que la prévention peut être le fait du juge ou d’un arbitre. Ce cas de figure
est possible dans l’hypothèse où les mesures environnementales des autorités nationales sont
considérées comme abusives par l’exploitant et les défèrent devant les tribunaux. Ici, l’arbitre
ou le juge procèdera raisonnablement à la conciliation des intérêts des parties. Mais il ne
courbera pas l’échine devant l’intérêt général, car la sauvegarde de celui-ci est une priorité qui
va au-delà des intérêts partisans.

68
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Au total, il faut noter que la prévention des risques environnementaux qui résultent de
l’exploitation minière obéit à un ensemble de mécanismes. Elle fait intervenir plusieurs acteurs.
Ces mécanismes sont pour l’essentiel intrinsèquement liés au fait qu’ils sont à l’origine d’une
création législative et règlementaire. Par cet ordre de choses, les acteurs sont inévitablement
liés par une armature juridique dichotomique.

La réglementation internationale et nationale régissant les mécanismes de prévention établit des


ponts avec un pan entier des branches du droit. On a pu constater les rapports que le droit de la
prévention entretient avec le droit des assurances de façon particulière. Sur un autre registre, il
entretient également des liens avec le droit administratif de manière systématique et générale.
C’est le cas du droit de l’urbanisme, de la domanialité publique ou encore du droit des contrats
internationaux, notamment la protection154 de ceux derniers par les pouvoirs publics locaux.

154
Claire Crépet DAIGREMONT, chapitre 11 « la protection découlant du droit international des contrats »
in Droit des investissements étrangers, Bruxelles, Bruylant, 2017, p335-358.

69
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

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 Constitution mauritanienne du 20 juillet 1991.
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domaine du milieu marin contre la pollution du golfe persique.
 Convention du 10 décembre 1982 sur le droit de la mer.
 Convention de New York du 21 mai 1997 relative aux droits d’utilisation des cours
d’eaux internationaux à des fins autres que la navigation.
 Convention sur la diversité biologique Nations Unies signée le 5 juin 1992.
 Convention entre l’État de Guinée et SEMAFO Guinée S.A. pour l’exploitation des
gisements d’or de Kiniero.
 Convention de base signée entre la république de Guinée et la société Alliance Mining
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75
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

TABLES DES MATIÈRES :

Dédicaces

REMERCIEMENTS

Liste des sigles et principales abréviations

Résumé

Sommaire

Introduction générale

PREMIÈRE PARTIE : LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES D’ORIGINES


CONTRACTUELLES

Chapitre premier : les techniques juridiques directement rattachées au contrat

Section 1 : l’usage de la technique d’étude d’impact environnemental

Paragraphe 1 : la notion d’EIE

Paragraphe 2 : le contenu de l’EIE

Section 2 : le recours au mécanisme de la réhabilitation

Paragraphe 1 : l’objet de la réhabilitation

Paragraphe 2 : les difficultés de la réhabilitation

Chapitre 2 : les techniques alternatives de prévention indirectement liées au contrat

Section 1 : la souscription à un contrat d’assurance

Paragraphe 1 : la place du contrat d’assurance dans la prévention des risques


environnementaux

Paragraphe 2 : les avantages liés à la souscription d’un contrat d’assurance


environnemental

Section 2 : les mesures subsidiaires préventives de risques environnementaux fortement


recommandées

76
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.

Paragraphe 1 : l’instauration d’un système de gestion de risques

Paragraphe 2 : l’application du principe de précaution

DEUXIÈME PARTIE : LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES


EXTRACONTRACTUELLES

CHAPITRE PREMIER : LES TECHNIQUES EXISTANT DANS L’ORDRE


JURIDIQUE INTERNE

Section 1 : les techniques législatives de la prévention

Paragraphe 1 : l’usage des normes préventives multiples

Paragraphe 2 : la singularisation manifeste d’un régime juridique de la prévention

Section 2 : l’emploi des techniques matérielles de la prévention

Paragraphe 1 : le fondement des techniques matérielles de la prévention

Paragraphe 2 : les opérations administratives de la prévention

CHAPITRE II : LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES D’ORDRE INTERNATIONAL

Section 1 : les mécanismes normatifs internationaux de la prévention des risques


environnementaux

Paragraphe 1 : les techniques dissuasives des instruments internationaux en matière de


prévention.

Paragraphe 2 : l’existence de standards internationaux.

Section 2 : les mécanismes juridictionnels de prévention de risques environnementaux

Paragraphe 1 : la recherche d’un juge compètent

Paragraphe 2: l’articulation contingente entre les intérêts économiques et


environnementaux

77

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