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Preventions Des Risques
Preventions Des Risques
REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple – Un But – Une Foi
Ministère de l’Enseignement
Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
***************
Université Gaston Berger de Saint Louis
****************
MÉMOIRE DE MASTER II
DROIT PUBLIC
DROIT DE LA DÉCENTRALISATION ET GESTION DES
COLLECTIVITÉS LOCALES
Présenté par :
M. Oumarou Harouna CAMARA
-----------
Sous la direction de :
Pr Pape Meïssa DIENG, professeur de droit public
1
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Dédicaces
Je dédie ce travail à :
2
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Remerciements
Je tiens à remercier, tout d’abord, l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB), université
d’excellence et temple du savoir grâce à qui mes études au Sénégal ont pu être possibles.
Je remercie, aussi, le Docteur Abdoulaye GUISSÉ pour sa disponibilité sans faille qu’il a bien
voulu m’accorder malgré la soutenance de sa thèse. Tant les discussions engagées ainsi que les
relectures furent des sources de réflexion prolifiques.
Je remercie vivement ma famille malgré la distance, leur présence et leur soutien sans faille
m’ont aidé plus qu’ils ne peuvent le penser.
Je remercie, enfin, mes amis qui, juristes je pense à Pape Abou KANE et Mouhamadou
Mansour CISS pour la relecture, correction et suggestion. Je remercie particulièrement mon
ami Bruno FAYE, et tous ceux qui ont eu à parler de « la prévention des risques
environnementaux dans le contrat minier ». Je ne saurai conclure ces propos sans remercier mes
cousins Youssouf Dramane KAMARA, ASSA Sikhou CAMARA et Samba Seiyidi
CAMARA. Toute ma reconnaissance pour leur générosité infinie.
3
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
4
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Résumé
D’une part, la réalisation des risques est égalemesnt empêchée par une juxtaposition des moyens
contractuels renforcés. Ces techniques sont dites auxiliaires ou alternatives, en ce sens qu’elles
ne sont pas directement liées au contrat minier d’origine, notamment le cas du contrat
d’assurance. D’autre part, la prévention des risques environnementaux se traduit par des
techniques extracontractuelles. Ces techniques constituent la base législative de la protection
de l’environnement et par ricochet dotées d’une dose de prévention. Elles résident
principalement dans l’ordre juridique interne et externe, mais elles peuvent aussi découler des
standards propres au secteur minier.
5
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
SOMMAIRE
Dédicaces…………………………………………………………………………………..1
Remerciements……………………………………………………………………………..2
Liste des sigles principales abréviations….........................................................................3
Résumé………………………………………………………………………………………4
Introduction…………………………………………………………………………………6
PREMIÈRE PARTIE :
LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES D’ORIGINES CONTRACTUELLES…………13
Chapitre I : Les techniques juridiques directement rattachées au contrat…………………….14
Section 1 : l’usage de la technique d’étude d’impact environnemental………………………15
Section 2 : le recours au mécanisme de la réhabilitation……………………………………..21
DEUXIÈME PARTIE :
LES TECHNIQUES PRÉVENTIVES EXTRACONTRACTUELLES…………………40
Conclusion…………………………………………………………………………………66
Bibliographie………………………………………………………………………………68S
6
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Introduction générale
En effet, la Mauritanie possède une géologie propice à une grande diversité. De ce fait, les
mines constituent un des plus importants secteurs de l’économie1. Les industries extractives
représentent une part considérable de l’économie mauritanienne. Plus de 35% du PIB sont
générés par le secteur minier2.
Pourtant, cette manne financière n’a pas en réalité cachée le revers de la médaille pour les
autorités mauritaniennes. Dès l’an 2000, un ministère délégué auprès du premier ministre,
chargé de l’environnement et du développement durable fut créer. Cette décision politique
confirme la place importante des questions environnementales.
Les États cuprifères doivent naturellement exploiter la richesse de leurs sous-sols, et c’est en
dépit des contraintes environnementales. Cette exploitation est aujourd’hui confrontée à
plusieurs défis. Parmi ces défis, il y a la protection de l’environnement, qui aujourd’hui et
1
Rapport préparé par AECOM Consultants Inc., Projet minier Tazadit Mauritanie, Étude d’impact
environnemental et social, septembre 2011, p1.
2
Disponible sur www.cnitie.mr.
7
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
depuis le sommet de Stockholm de 1972 tous les pays sont impliqués dans cette mission.
Assurément, ces pays doivent, dès lors, adopter des politiques environnementales prudentes et
efficaces répondant aux normes internationales dont ils sont les destinataires par excellence.
Ces engagements internationaux ont exigé un renforcement de la législation environnementale.
Au premier chef l’Etat est à la fois acteur et arbitre des préoccupations environnementales de
tous les secteurs, tel que la pèche, les mines etc. Il n’en demeure pas moins que, les sociétés
minières, sont aussi des acteurs à part entière de la protection l’environnement. Ce constat est
partagé aussi par certains. On peut dire avec Jean-François Calmette que « en effet, que les
acteurs privés et certains outils de droit privé participent de plus en plus à la protection de
l'environnement »3.
En effet, l’activité minière met en relation très souvent plusieurs acteurs. Mais dans le cadre de
sa régulation, l’Etat demeure l’acteur central du secteur extractif. Il détient essentiellement la
compétence exclusive des normes environnementales applicables au secteur minier. De ce fait,
l’Etat entretient des relations multiples avec les sociétés minières. Ces relations sont à la fois
économiques, c’est le cas lorsque, l’Etat perçoit les taxes et redevances. Il peut aussi être
actionnaire dans la mesure où il détient une part du capital de l’entreprise minière. In fine, l’État
entretient des rapports contractuels4 avec les entreprises du secteur minier. Ces rapports sont
parfois susceptibles d’entraîner un déséquilibre entre les parties5. L’État exerce plusieurs types
de contrôles sur ces entreprises et particulièrement sur la règlementation environnementale. De
façon synthétique, l’Etat veille au respect des équilibres, dans l’optique d’atteindre les objectifs
du développement durable. Mais comment y arriver ? Étant donné que l’exploitation provoque
une profonde modification du milieu physique, naturel et humain. La modification de la
topographie lors de la phase d’exploitation de la mine est extrêmement importante. Elle induit
une augmentation de la pression sur les ressources végétales, génère une importante production
de poussière et une destruction progressive d’habitats et potentiellement d’espèces floristiques6.
Compte tenu des multiples impacts que peut avoir l’activité minière sur l’environnement, il est
néanmoins urgent de trouver des solutions adéquates pour cette question d’ordre planétaire.
3
CALMETTE Jean-François « Le droit de l'environnement : un exemple de conciliation de l'intérêt général et des
intérêts économiques particuliers ». In, Revue Juridique de l'Environnement, n°3, 2008. pp. 265.
4
Les entreprises minières ne participent pas à l’élaboration de la convention minière type. C’est cette forme
d’unilatéralisme ce que R. CHAPUS appelle les contrats d’adhésion.
5
CHAPUS René sur la distinction acte unilatéral et contrat, Droit administratif général, tome 1, 15e éd.,
Montchrestien 2001, p492.
6
Projet de mine et manutention F’Derick 1, EIES, Egis, version 3 du 16 décembre 2016, p28.
8
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
C’est dans ce contexte bien précis que l’adage selon lequel « il vaut mieux prévenir que guérir »
aurait tout son sens et que par conséquent, il apparaît nécessaire de s’intéresser à la prévention
des risques environnementaux du contrat minier. Dans le système juridique en vigueur, la
prévention des risques environnementaux est presqu’une aporie. Elle relève quasiment de la
complexité.
En droit international, la prévention est d’abord un principe de son éponyme. Elle est une règle
coutumière énoncée dans la Déclaration de Stockholm de 1972, reprise également par la
Déclaration de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement durable, selon laquelle les
États sont tenus de mettre en œuvre tous les moyens à leur disposition pour éviter que les
activités qui se déroulent sur leur territoire, ou sur tout espace relevant de leur juridiction, ne
causent un préjudice sensible à l’environnement d’un autre Etat7.
Toutefois, la doctrine a imprimé à la notion de prévention une clarté assez singulière. Elle a
systématisée la notion de prévention en lui donnant toutes ses lettres de noblesses. Pour Michel
PRIEUR, la prévention consiste à empêcher la survenance d’atteintes à l’environnement par
7
Lexique des termes juridiques, Dalloz 23e Edition, p812 et suivants.
8
Gérard CORNU, vocabulaire juridique, Association Henri-Capitant, 7e éd., PUF, p703.
9
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
des mesures appropriées dites préventives avant l’élaboration d’un plan ou la réalisation d’un
ouvrage ou d’une activité9.
Les risques en droit de l’environnement se rapportent aux risques naturels et qui sont considérés
comme d’éventuels évènements dommageables ayant pour cause l’intensité anormale d’un
agent naturel, tel que l’affaissement de terrain, avalanche, crue, incendie de forêt, cyclone,
séisme11. Pour Valérie LASSERE, le risque est aujourd'hui la marque d'une société inquiète
devant ce qu'elle perçoit comme la multiplication des dangers, menaces, catastrophes,
accidents, défauts de sécurité, urgences et crises. Il est omniprésent12. Ces définitions nous
paraissent peu adaptées dans le contexte de notre étude. On s’efforcera ainsi à un exercice de
synthèse et d’adaptabilité au regard de la question étudiée. Cela étant, les risques
environnementaux de l’exploitation s’apparentent à un ensemble d’éventualités nuisibles à
l’environnement ayant pour origine lié soit à un événement naturel soit à une activité exercée
par l’homme sur les éléments constitutifs de la nature.
Enfin, le contrat du point de vue environnemental constitue un mode de régulation des rapports
homme/environnement au-delà des ordres13. Cela implique la juxtaposition de deux branches
distinctes du droit. Celle concernant les contrats, et l’autre relative à l’environnement. Ce
phénomène est appréhendé par Mathilde HAUTERAU-BOUTONNET comme l’émergence
d’un « droit contractuel de l’environnement », lequel est bien connu en droit américain
notamment avec des auteurs tels qu’E. W. Orts et E. Dekelaere14.
9
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, 5e édition, précis Dalloz 2004, p71.
10
Gérard CORNU, op. cit, p819.
11
Lexique des termes juridiques, op cit, p930.
12
Valérie LASSERE, « le risque », Rec. Dalloz 2011, p1632.
13
HAUTERAU-BOUTONNET Mathilde, « le contrat environnemental », Dalloz 2015, p217.
14
E. W. Orts et K. Deketelaere, Environmental Contracts, Comparative approches to regulatory innovation in the
United States and Europe, Kluwer Law International, 2001, p5.
10
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Face à la luxuriance des normes environnementales, et pour mieux illustrer notre réflexion, il
est opportun de s’intéresser à titre démonstratif à quelques lois fédérales canadiennes. Par
conséquent, la législation de la République Islamique de Mauritanie et les lois internationales
ayant un caractère contraignant ou non seront privilégiées. Pour des raisons de clarté et de
précision certaines conventions minières entre l’Etat Guinéen et quelques entreprises opérant
dans le secteur minier seront abordées. D’autres législations seront convoquées de façon
incidente. Il s’agit particulièrement de la France mais aussi de sa jurisprudence en la matière.
Nous n’occulterons point les différents traités internationaux en matière de la protection de
l’environnement étant donné que ceux-ci constituent le socle de base de cette discipline.
En effet, deux raisons principales ont présidé à ce choix. Premièrement, c’est en raison de
l’abondance des ressources minières dont regorge le sous-sol mauritanien. Dès lors, l’étude aura
pour objectif d’identifier et de déterminer les techniques préventives des risques
environnementaux du contrat minier. Cela aboutira sans doute à une optimisation des différents
instruments préventifs dans l’ordre juridique interne et international. Il y a aussi une mutation
progressive de la régulation juridique des questions environnementales. Deuxièmement, il
ressortira de cette étude une synthèse sur les techniques de gestion des risques par les parties.
15
BOUTELET Marguerite et FRITZ Jean-Claude (dir.), L'ordre public écologique, Bruylant, 2005, cité par
Mathilde.
16
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, précis Dalloz, Paris 1984, p993.
11
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
En concevant les risques comme un processus dynamique, tous les éléments qui sont
susceptibles d’avoir un lien plus ou moins proche avec le problème de l’environnement sont
pris en considération dans notre analyse. On aboutira ainsi, à travers une démarche intégrée des
outils préventifs, par une combinaison d’un ensemble des règles d’ordre préventif à une
technique préventive née de la condensation de ces règles. Ce qui a comme finalité de voir
l’aspect homogène de ces règles.
Enfin, aujourd’hui force est de constater qu’avec l’augmentation des risques et l’importance
accordée à la protection de l’environnement, les détenteurs des titres miniers sont dès lors
appelés au respect d’un ‘‘ordre public dit écologique18’’. D’autres normes viennent graviter
autour de ces risques notamment en matière d’assurance. Tout cela mène à dire que la
prévention des risques environnementaux repose sur une foultitude de normes et de principes.
Du point de vue du droit public ou du droit civil, l’activité minière peut établir la théorie du
risque, à travers une mise en corrélation de la responsabilité sans faute de l’État et la
responsabilité civile et pénale de l’entreprise minière. Ainsi on peut sans doute affirmer que le
sujet revêt à bien des égards des intérêts théoriques variés. En effet, cette affirmation se
corrobore à raison de l’imbrication des multiples branches du droit qui sont susceptibles
d’intervenir pour s’emparer de la question.
17
MEKKI Mustapha, L'intérêt général et le contrat, Contribution à l'étude d'une hiérarchie des intérêts en droit
privé, préf. J. Ghestin, LGDJ, 2004, p411.
18
Nous empruntons l’expression à M. BOUTELET, in L'ordre public écologique, J.-C. Fritz (dir.), Bruylant, 2005.
12
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Au-delà de la théorie, la prévention apparaît comme un modèle plus efficace que le principe
pollueur-payeur. Il permet de maintenir l’équilibre entre l’économie et l’environnement. C’est
une technique peu couteuse et plus facile à mettre en œuvre. Le principe de prévention constitue
de ce faite une méthode anticipative mais aussi curative à l’instar du principe pollueur-payeur.
Au regard de tout ce qui précède, une problématique générale gouverne ce sujet. Elle vise à
déterminer comment le droit mauritanien appréhende la survenance des risques
environnementaux résultant de l’exploitation minière sur son territoire. Ce qui revient à
s’intéresser à une question particulière, il s’agit bien de savoir quelles sont les techniques
préventives des risques environnementaux du contrat minier à l’aune du système juridique
mauritanien. De prime à bord, la réponse à une telle interrogation n’est pas facile. Mais nous
tenterons d’apporter dans la mesure du possible quelques éléments de réponse en guise
d’éclaircissement.
En vertu de toutes ces considérations, il apparaît opportun de traiter en premier lieu les
techniques préventives d’origine contractuelle (première partie) avant de d’aborder en second
lieu les techniques préventives extracontractuelles (deuxième partie).
13
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
PREMIÈRE PARTIE :
Pour ce faire, il est opportun de s’intéresser à ces éléments préventifs applicables au contrat
minier. D’une part, il s’agit des techniques juridiques préventives directement rattachées au
contrat minier (chapitre premier). D’autre part, une jonction des techniques supplémentaires
s’est progressivement imposée comme mode alternatif de prévention des risques
environnementaux (chapitre deuxième).
19
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, Dalloz 4e édition, 2001, p682.
20
MOURY Jacques, « le droit confronté à l’omniprésence du risque », Rec. Dalloz 2012, p1020.
14
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Chapitre premier :
Le contrat minier qui est aussi appelé convention minière constitue dans sa forme
matérielle un support juridique servant de base référentielle pour les parties ayant exprimé leur
volonté en vue de mener une activité minière. Parmi les clauses stipulées dans le contrat minier,
il y a celles portant sur la protection de l’environnement.
En effet, ce sont ces techniques que l’on considère comme étant des instruments directement
rattachés au contrat ou bien encore ayant des liens directs avec le contrat. Comme on l’a rappelé
plus haut, ces instruments sont aujourd’hui pris en compte par le législateur. Ils sont donc
revêtus d’une valeur législatif, et avec comme but la protection de l’environnement. Mais le
contrat minier entretient un lien ombilical avec ces techniques juridiques en vue de prévenir les
risques et de protéger l’environnement.
Dans ce rôle protecteur, certaines normes sont revêtues d’un caractère préventif. Deux
instruments majeurs remplissent cette fonction préventive. Il s’agit d’un côté l’usage de la
technique d’étude d’impact environnemental (section première), d’un autre côté, c’est le
recours au mécanisme de la réhabilitation du site (section deuxième).
15
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Le contrat minier quel que soit son lieu d’exécution prévoit des mécanismes préventifs pour la
protection de l’environnement. Il faut rappeler que l’étude d’impact environnemental (EIE)
revêt un caractère obligatoire. En effet, elle demeure une condition substantielle à la formation
du contrat minier. La consécration obligatoire de l’EIE est en réalité un phénomène législatif21.
Les activités minières s’inscrivent dans un vaste domaine composite. Elles sont associées à la
gestion des diverses ressources naturelles. Sans prétendre à l’exhaustivité, celles-ci
comprennent au premier plan la terre, l’eau et la biosphère dans son ensemble. Dans le but de
préserver les ressources naturelles et de garantir un environnement viable pour les populations
environnantes, l’obligation de réaliser une EIE se manifeste ainsi comme une technique de
prévention dans la plupart des contrats visant une exploitation minière22. L’EIE subordonne
l’activité minière à une exigence d’une évaluation appropriée des incidences. Elle a pour
objectif de prévenir les risques environnementaux avant même le commencement de l’activité
minière.
En simplifiant et pour le besoin de l’analyse, on peut dire que l’EIE renferme deux éléments
essentiels. Dès lors, nous mettrons en exergue en premier lieu la notion de l’EIE (paragraphe
1) et en second lieu son contenu sur le plan juridique (paragraphe 2).
La notion d’EIE est difficile à saisir. À l’heure actuelle, ni le législateur, ni le juge n’ont donné
une définition. Mais force est de remarquer que le législateur mauritanien s’est efforcé
d’adopter une définition à partir des critères variables. En effet, on peut le constater à travers
l’article 14 du code de l’environnement23 qui dispose que « les activités susceptibles d’avoir les
effets sensibles sur l’environnement sont soumises à une autorisation préalable du Ministre
chargé de l’Environnement. L’autorisation est accordée sur la base d’une étude d’impact
environnemental (E.I.E) ». En effet, il ressort de cette disposition une énumération d’un
ensemble des critères. Le législateur retient d’abord la nature dommageable, c’est-à-dire une
21
De l’étude d’impact sur l’environnement, voir art. 14 de la loi n°2000-45 portant code de l’environnement de la
République Islamique de Mauritanie, JORIM du 30.10.2000, N°985, p654-668.
22
Les travaux de recherche sont dispensés d’étude d’impacts mais soumis à une notice d’impacts s’ils relèvent de
la déclaration.
23
Loi n°2000-045 op. cit. p3.
16
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Face à de cette imprécision législative de la notion de l’EIE, le droit n’est pas resté muet sur la
question. C’est ainsi que, le dictionnaire juridique appréhende la notion sous l’angle du droit
administratif comme l’ensemble des études préalables à la réalisation d’aménagement ou
d’ouvrages qui, par leurs dimensions ou par leurs conséquences sur le milieu naturel, peuvent
porter atteinte à celui-ci, doivent comporter l’étude de leurs conséquences prévisibles sur
l’environnement24. À la lumière de ces précisions, l’EIE recouvre une place privilégiée dans la
prévention des risques environnementaux. Mais deux courants majeurs apporteront plus tard
des contributions essentiellement notables.
Apparue aux États-Unis vers les années7025, la notion d’EIE suscite débat. Les tentatives
doctrinales d’une définition de la notion ont fait l’objet de plusieurs approches. Cette dispersion
fait que le débat reste encore posé. Mais deux courants semblent s’imposer en dépit de cette
polémique. Il y a le courant dit « administrativiste » conduit par Michel Prieur. Le second
courant est sous les auspices du Professeur Eric-Naim GESBERT, que l’on peut considérer
comme les partisans de l’approche scientifique de la notion d’EIE.
24
Lexique des termes juridiques, op. cit., p455.
25
Cf., KISS Alexander et LAMBRECHTS Claude, « les procédures d’étude d’impact en droit comparé », RJE,
1976, nos 3-4, p239.
26
LY Ibrahima, La problématique du droit de l’environnement dans le processus de développement économique
d’un pays africain : l’exemple du Sénégal, thèse soutenue le 26 février 1994, UCAD, p187.
17
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
La conception fondée sur le critère de la procédure administrative nous paraît plus pertinente.
Cette position se justifie à travers notre champ d’analyse. Puisque celle-ci permet de mieux
répondre du point de vue juridique aux préoccupations de cette recherche. De ce fait, on
s’attarde à appréhender l’EIE comme une mesure préventive des risques environnementaux du
contrat minier. Le dépôt de dossier de l’EIE28 auprès de l’autorité compétente constitue
corrélativement un gage de protection et de prévention de l’environnement. Mais on ne peut
sans doute ignorer l’importance des sciences expérimentales dans la prévention des risques. Les
scientifiques jouent un rôle essentiel dans l'analyse écologique du droit, parce qu'eux seuls
savent mesurer l'impact d'une activité humaine sur l'environnement29.
Que renferme le dossier d’EIE ? Cette question constitue une préoccupation importante, auquel
une réponse s’impose. Pour apprécier la portée juridique de l’EIE, il faut d’abord l’analyser
sous le prisme du droit international de l’environnement parallèlement au droit interne. Il s’agit
27
NAIM-GESBERT Éric « étude d’impact écologique » in RJE n°4, 2005, p597.
28
Pour une étude approfondie voir BRACONNIER Stéphane, la technique de l’EIE et le renouveau de l’action
publique, RDP 1998, tome 3, p818.
29
HENRY Guillaume, « l’Analyse Écologique du Droit : un nouveau champ de recherche pour les juristes » RTD
com. 2009, p289.
30 30
Projet de mine et manutention F’Derick 1, op. cit., p44.
18
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
d’une interpénétration31 de ces deux ordres juridiques, à partir desquels on pourrait dégager la
portée juridique de l’EIE. C’est toute l’aporie du contenu de l’EIE. En réalité, c’est à partir de
ces sources juridiques que l’on pourrait déterminer le contenu de l’EIE.
D’abord sur le plan international, l’EIE constitue un instrument de mise en œuvre du principe
d’action préventive32. Bien avant la convention de Stockholm de 1972, on a pu constater avec
A. KISS que cette procédure est déjà posée par la législation américaine. Mais plus tard, la
Déclaration de Rio consacre à son tour par ces termes « une étude d’impact sur
l’environnement, en tant qu’instrument national, doit être entreprise dans tous le cas des
activités envisagées qui risquent d’avoir des effets nocifs sur l’environnement et dépendent de
la décision d’une autorité nationale compétente »33. Une esquisse d’éléments du contenu se
dévoile.
Toujours au niveau international, il existe une pléthore de conventions qui exige la réalisation
d’une EIE34. En 1978, le Programme de Nations Unies pour l’environnement (PNUE) l’a posé
dans un texte en ces termes « principes de conduite dans le domaine de l’environnement pour
l’orientation des Etats en matière de conservation et d’utilisation harmonieuse des ressources
naturelles partagées par deux ou plusieurs États ».
31
Cf., Alexander KISS, « les principes généraux du droit international de l’environnement sont-ils reflétés par le
code de l’environnement ? », in RJE, numéro spécial, 2002, le code français de l’environnement p15-20.
32
Michel PRIEUR, op. cit., p67.
33
Principe 17, Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, conférence réunie à Rio de Janeiro du
3 au 14 juin 1992.
34
Parmi ces conventions, on peut citer la convention régionale du Koweït en date du 24 avril 1978 pour la
coopération dans le domaine du milieu marin contre la pollution du golfe persique. Il y a également la convention
du 10 décembre 1982 sur le droit de la mer à travers son article 206.
35
Décret N°2004-094 du 24 novembre 2004 relatif à l’étude d’impact environnemental, JORIM du 30 mai 2005,
p1095.
19
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
En droit comparé, la législation française est de ce point de vue très précise. La récente
réforme36 a d’ailleurs renforcé le contenu de l’EIE. L’ordonnance de 2016 porte le nombre
d’éléments du contenu de l’EIE à 1237. L’étude doit répondre à plusieurs principes généraux
imposés par ce texte. Il s’agit entre autres d’une approche globale du projet, le principe de
réduction à la ressource des impacts et d’une démarche itérative.
Au regard du contenu de son contenu, l’EIE peut être considérée comme un document de
référence. En ce sens, le titulaire d’une autorisation minière est tenu au respect des exigences
environnementaux produites par cette étude, d’où son caractère obligatoire. La convention
minière entre la République de Guinée et la société SEMAFO S.A. est très explicite. On peut
observer à travers son article 3038 que la protection de l’environnement constitue dès lors un
enjeu majeur. La réalisation préalable de cet instrument par l’entreprise minière peut sans doute
être considérée comme une technique de prévention. Il s’agit ainsi d’une action préalablement
posée et résultant directement de la conclusion du contrat.
L’EIE comporte des failles, ce qui l’éloigne de tout attribut de la perfection. En effet, elle
connaît des nombreuses limites. Vouloir énumérer toutes ces limites dans le cadre de cette
modeste étude apparaît téméraire. Et c’est pour des raisons évidentes liées à l’espace et au temps
nous conduisent à nous limiter à l’essentiel. C’est ainsi qu’il convient d’en retenir deux limites
36
Ordonnance n° 2016-1058 du 3 août 2016 relative à la modification des règles applicables à l'évaluation
environnementale des projets, plans et programmes, JORF n°0181 du 5 août 2016 texte n° 10, disponible sur le
site www.legifrance.gouv.fr.
37
Ces 12 éléments sont listés exhaustivement sur le site https://www.actu-environnement.com.
38
Convention signée le 2 avril 2002 entre l’État de Guinée et SEMAFO Guinée S.A. pour l’exploitation des
gisements d’or de Kiniero, adoptée par la loi N°2002-024.
39
LAHORGUE Marie-Béatrice, « l’insuffisance qualitative du dossier d’étude d’impact », AJDA 2012, p275.
40
Conseil d'État, 6ème et 1ère sous-sections réunies, 14/10/2011, N° 323257, Rec. Lebon.
41
LAHORGUE Marie-Béatrice, op. cit., p275.
20
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
essentielles. Il s’agit d’une part des limites résultant de son efficacité et d’autre part des limites
qui tiennent à sa véritable valeur juridique.
Si l’objectif d’une EIE consiste à prévenir la survenance d’un risques susceptible de nuire à
l’environnement, force est de remarquer que celui-ci est à moitié atteint. L’EIE ne produit pas
toujours les résultats escomptés. Le risque n’est pas un phénomène tout à fait maitrisable. À ce
stade, on peut évoquer l’inefficacité parfois avérée de cette technique préventive au regard des
nombreuses accidents survenues dans l’exploitation minière. Des tels accidents résultent
souvent soit des actions anthropiques ou soit des conséquences d’une catastrophe naturelle.
On verra plus loin comment des remèdes financiers sont administrés à l’EIE en tant que
technique préventive afin de pallier aux insuffisances qu’elle génère. C’est notamment le cas
de la mutualisation des risques sur la base du contrat d’assurance42. De ce fait, on peut dire que
même sur le plan scientifique, l’EIE n’empêche point la survenance d’un accident ou d’une
catastrophe naturelle.
Partant de cette logique, une autre difficulté s’est progressivement posée à l’EIE. Elle est
d’ordre théorique. Ce problème porte particulièrement sur la distinction entre l’EIE en tant que
procédure administrative et l’EIE en tant que condition juridique à la conclusion du contrat
minier. Sur le plan juridique, l’EIE demeure en soi une question ambiguë. La problématique
soulevée porte naturellement sur la nature juridique de l’EIE ? Il est très difficile de répondre à
cette question. Puisque le législateur n’a pas donnée une définition précise à celle-ci encore
moins les différents contrats miniers que nous avons étudiés. Le débat sur la véritable nature
juridique reste encore une question d’actualité.
Mais sous le bénéfice de ces développements, on peut retenir que l’EIE constitue
inexorablement un modèle classique d’une technique préventive des risques environnementaux
du contrat minier. C’est ainsi qu’on peut la qualifier d’une technique ex ante de la prévention.
Cela résulte du fait que la réalisation d’une EIE s’effectue toujours avant le démarrage de toute
opération minière.
42
En matière d’assurance, les parties peuvent conclure un contrat en ce sens sur la base d’un risque survenu ou
d’un risque convenu.
21
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Retenir que la restauration constitue une technique préventive apparaît de prime abord comme
un paradoxe. Cependant, la dimension triviale de cette affirmation ne doit en aucun cas occulter
la fonction abstraite de cette technique. C’est pourquoi, il serait arbitraire de s’en limiter à cette
première impression. La réhabilitation se rapproche de la technique managériale de la gestion
environnementale45, mais cette dernière se démarque d’elle par son caractère extensif et
progressif. Il est donc opportun de mettre en exergue son objet (paragraphe 1) avant de voir
les difficultés liées au mécanisme de la réhabilitation (paragraphe 2).
43
LEROUX Christine, « La réhabilitation des mines et carrières à ciel ouvert », in dossier bois et forêts des
tropiques, 2002, n°272 (2), p2.
44
En Mauritanie, le code de l’environnement précité à travers ses art.41 et s posent l’obligation de protéger le sol
et le sous-sol. Le code minier pose aussi en son article 73 la remise en état des lieux et ainsi que leur sécurisation.
Au canada, il est prévu un plan de réaménagement et de restauration au terme de la loi minière M-13.10. Ce plan
est organisé conformément aux dispositions de l’article 232.1.
45
Cf. au cours du Pr YONKEU Samuel, système de management environnemental, 15e école d’été en évaluation
environnementale, Douala du 05 au 10 septembre 2011.
46
Lexique des termes juridiques, précité p890.
22
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
réhabilitation équivaut à la restauration qui désigne les mesures prises pour redonner aux
terrains les utilisations convenues d’avance une fois que l’exploitation minière a pris fin.
Implicitement, cela veut que les mesures de restauration ne soient pas minées par une pollution
résiduelle (telle que la présence de toxines dans des sols utilisés pour la remise en végétation
ou la présence de drainage rocheux acide)47.
Pour faire court, on peut décomposer l’objet de la réhabilitation en deux catégories distinctes.
La première catégorie se rapporte à la sécurisation des lieux. Quant au second objet de la
réhabilitation, il est orienté vers la revégétalisation, qui à son tour vise moult objectifs.
À la fin des travaux d’exploitation, la société fait une demande de déclaration adressée aux
autorités compétentes pour leur faire part de son intention de fermer les sites. Cette déclaration
constitue donc un avis de fermeture du site. Elle implique l’obligation de sécurisation des lieux
incombant à l’exploitant. La sécurisation est une mesure immédiate et urgente. En effet, elle
vise à prévenir le site affecté par les activités visées dans la convention minière. Dans ce
contexte, la réhabilitation a la particularité d’une mesure qui s’apparente à la trilogie classique
de la police administrative. Elle est de ce fait un outil du contrat pour prévenir les risques
environnementaux liés à l’exploitation minière.
47
Conseil international des mines et métaux (ICCM), guide des bonnes pratiques : exploitation minière et
biodiversité, p50.
48
L’art. 28.1 de la convention de base signée le 08 juin 2010 entre la république de Guinée et la société Alliance
Mining Commodities pose en ce sens le fondement juridique de la réhabilitation, lequel découle directement des
dispositions du code minier. Disponible sur www.contratsminiersguinée.org, consulté le 07 novembre 2018 à
01h :41.
23
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
fin de construction. Le but est de confirmer le respect de la prise en compte de toutes les
exigences convenables pour un environnement adéquat49. La convention précitée signée par
Alliance Mining Commodities avec la République de Guinée est très instructive en ce sens.
Pour la mise en œuvre de cet objectif, il faut partir du principe de la réduction du taux de
toxicité. C’est une technique qui consiste à prévenir les risques d’une pollution des eaux
souterraines, de l’air ou d’éviter la survenance d’une maladie ou d’un dommage écologique
résultant des déchets toxiques déversés dans le site. Plusieurs techniques sont employées par
les sociétés minières pour réduire le taux de toxicité de leur site. Parmi celles-ci, il y a l’apport
du compost. Produit issu du compostage des déchets. Il peut être utilisé comme amendement
organique, améliorant la structure des sols, ou comme engrais nourrissant les plantes50.
En effet, une expérimentation sur une ancienne mine de plomb et de zinc, en Chine à Shaoguan
a montré l’efficacité de cette technique51. Ce premier objectif a pour conséquence de prévenir
la survenance des risques majeurs. Il s’agit principalement des risques de contamination des
eaux souterraines autrement dit les nappes phréatiques et aquifères, de prévenir ou de réduire
au moins des dommages parallèles susceptibles de provenir des déchets déversés dans le site
exploité.
49
Projet de mine et manutention F’Derick 1, op. cit., p198.
50
Définition disponible sur le site www.actu-environnement.com, consulté le 14 juin 2018 à 04 :08.
51
LE ROUX Christine, op. cit., p12.
52
Paulo de Sa, Gary McMahon, « Les ressources minérales : un atout pour le développement de l’Afrique
subsaharienne ? », Annales des Mines, responsabilité et environnement 2010/2 (N°58), p81.
24
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Ensuite, la revégétalisation du site peut être conçue sensiblement comme une contribution
socio-environnementale voire même économique de la société minière. En effectuant la
réhabilitation, les populations riveraines bénéficient largement des avantages. La réhabilitation
vise en ce sens à instaurer un équilibre de ces trois piliers indissociables proclamés par le
sommet de Rio de Janeiro en 1992.
Le constat est clair. La réhabilitation renferme une panoplie d’objets. Ce qui rend son contenu
difficilement saisissable au regard des normes régissant l’exploitation minière. Il faut donc
garder à l’esprit que des nombreuses entraves restreignent la technique de la réhabilitation.
La réhabilitation d’un site fait l’objet de nombreuses difficultés. Plusieurs raisons expliquent
cette complexité. De façon concrète, parmi ces difficultés on retiendra la complexité de son
régime juridique. C’est un phénomène qui est lié à l’hyper règlementation en l’espèce. L’autre
écueil auquel se heurte la réhabilitation concerne son effectivité. Tous ces obstacles empêchent
à la réhabilitation d’être revêtue du sceau d’une garantie préventive contre les risques
environnementaux des opérations minières.
53
DE LANGERON Claire, « Contribution actuelle et objectifs du secteur des métaux en matière de responsabilité
environnementale des entreprises », Annales des Mines-responsabilité et environnement 2009/2 (N°54), p68.
54
BOISSON DE CHAZOURNES Laurence, « La mise en œuvre du développement durable », in septièmes
rencontres internationales d’Aix en Provence, les Nations Unies et la protection de l’environnement : la promotion
d’un développement durable, COLLOQUE des 15 et 16 janvier 1999, sous la direction de Sandrine Maljean-
Dubois et Rostane Mehdi, p62, 66 et 67.
55
DE LANGERON Claire, op cit., p69.
25
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
réhabilitation. La réhabilitation dispose d’un régime juridique à l’origine législative, mais elle
s’est progressivement incrustée dans le domaine contractuel. Les titulaires d’autorisations
minières, en procédant à la phase d’exploitation concluent une convention. C’est donc sur la
base de cet arsenal juridique que reposent les obligations qui leur incombent en matière de
réhabilitation.
Les règles régissant la réhabilitation concernent l’ensemble des étapes ayant trait à la fermeture
et à la remise en état des lieux du site exploité. Plusieurs normes interviennent pour encadrer le
processus de réhabilitation. Sans prétendre à l’exhaustivité. Parmi celles-ci on mettra l’accent
sur quelques-unes qui nous paraissent essentielles. En effet, on peut distinguer d’une part les
règles portant sur la procédure de fermeture, d’autre part celles relatives aux conditions portant
sur de la réhabilitation proprement dite.
Le régime juridique est exceptionnellement complexe. Tout d’abord les règles régissant l’arrêt
des travaux sont également diverses et varient d’un pays à un autre. De ce fait, il est difficile de
saisir les règles qui encadrent la réhabilitation du site exploité. Dès lors, son champ
d’application dépasse largement les seules règles du contrat minier. D’autres dispositions
peuvent être concernées par le régime juridique de l’après mine56. Par ailleurs, le régime de la
réhabilitation peut devenir complexe en raison de la propagation du risque vers d’autres
territoires.
C’est le cas lorsqu’une exploitation se trouve dans une frontière avec un État voisin, ou sur le
territoire de deux communes contiguës soumises à un même ordre juridique. Ces circonstances
conduisent au problème du traitement juridique du risque. Philipe BILLET considère que la
difficulté est qu’il n’existe pas un mais plusieurs territoires de risques, à l’étendue variable selon
le risque en cause, divisible le cas échéant en plusieurs zones en fonction de l’intensité de celui-
ci. Cette variabilité du risque naturel complique son traitement juridique, dans la mesure où son
territoire se superpose à d’autres territoires d’actions existants57. Mais il faut souligner que cette
thèse est à relativiser. Une nuance existe entre les États fédérés et les États avec un système
d’organisation administrative décentralisée. Pour cette dernière, les questions relatives au
traitement juridique du risque sont du ressort des autorités centrales.
56
HUGLO Christian, « Les conséquences des exploitations minières du passé », Annales des Mines, juillet 1998,
p79.
57
BILLET Philippe, « Le formatage juridique des zones exposées à un risque naturel majeur : vers un
renouvellement des territoires du risque », in Mélanges offerts à Jean-Claude Helin, perspectives du droit public,
litec 2004, p99.
26
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Pour finir avec la complexité de la réhabilitation, il convient de jauger son efficacité. Elle peut
se mesurer par rapport à deux actions distinctes. D’une part, la garantie financière ou provision,
et d’autres par le temps consacré pour la remise en état. Pour les fonds consacrés à la
réhabilitation il est très difficile de déclarer une somme exacte en ce qui concerne la Mauritanie.
En effet, la convention minière type adoptée par la loi n°2002 du 20 janvier 2002 prévoit une
provision financière en vertu de son article 17 qui dispose que « la société d’exploitation est
autorisée à constituer en franchise d’impôt sur le bénéfice industriel et commercial une
provision pour réhabilitation du site sur lequel sont conduites les opérations minières. Le
montant maximal de la dotation au titre de cette provision est égal à cinq pour cent du bénéfice
imposable au titre de l’exercice au cours duquel elle est effectuée (…) ». Cette disposition
contractuelle constitue une garantie pour couvrir les coûts de la réhabilitation du terrain, après
la fermeture des mines. Le placement des fonds de réhabilitation n’est pas une mesure
préventive spécifique à la Mauritanie. Il est admis également dans la plupart des pays de
l’Afrique subsaharienne58 et au Canada.
Au Canada, la réhabilitation constitue un enjeu majeur pour les pouvoirs publics. En septembre
2013, la ministre des Ressources Naturelles Mme Martine OUELLET a présenté le projet de
loi 43 proposant une nouvelle loi sur les mines (au Québec). Ce projet avait pour but de
renforcer particulièrement les dispositions relatives à la réhabilitation. Il introduit en ce sens
l’obligation de dépôt d’une garantie financière accompagnée d’un plan de réaménagement et
de restauration en trois versements, cette garantie vise l’ensemble des sites miniers60. Une autre,
innovation a été proposée par le projet. Elle porte sur l’introduction du plan de restauration
comme condition d’acquisition du certificat d’autorisation.
58
Ils rétorquent que presque toutes les lois et réglementations minières actuellement en vigueur en Afrique
subsaharienne prévoient des mesures appropriées de protection de l’environnement, complétées, dans bien des cas,
par des garanties financières destinées à couvrir les coûts de réhabilitation des terrains, après la fermeture des
mines. Paolo de Sa, Gary McMahon, op cit., p81.
59
Florent Lager et autres, « Les grands enjeux juridiques des investissements miniers et pétroliers en Afrique »,
extrait des actes de la Ve édition du Congrès Africain des juristes d’affaires, COJA 2012, p5.
60
Le journal Barreau du Québec, Vol 45 N°9, septembre 2013, p8.
27
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
La réhabilitation peut ne consister qu’à une stabilisation et une mise en sûreté de la zone, ou
simplement un reverdissement. Elle peut aller jusqu’à la restauration écologique61. Une remise
en état naturel des lieux coûte extrêmement chère. Le caractère dispendieux de la réhabilitation
rend la tâche encore complexe aux sociétés minières mais aussi à l’État pour certains sites
abandonnés dont l’identification des propriétaires pose problème ou du fait de leur insolvabilité.
Les problèmes d’insolvabilité et d’abandon se sont posés au Canada. Depuis 2006, 134 millions
de dollars ont été investis par le Ministère pour la restauration, la sécurisation, l'entretien et le
suivi des sites miniers abandonnés. Plusieurs de ces sites ont fait l'objet de travaux de
restauration au courant des dernières années dans différentes régions du Québec. Le MERN
réalise actuellement l'inspection de ces sites et en assure le suivi environnemental62.
Le 31 mars 2016, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) a inscrit aux
comptes publics un montant de 1,22 $ à titre de passif environnemental minier, dont 803,4 M$
pour les sites miniers actuellement abandonnés et 418,3 M$ pour les sites miniers où le MERN
pourrait avoir à agir étant donné le statut financier précaire des responsables. Depuis 2006,
134 M$ ont été investis par le MERN pour la restauration, la sécurisation, l’entretien et le suivi
des sites miniers abandonnés63.
Selon le MERN, la restauration de certains de ces sites présente un défi considérable, compte
tenu des problématiques qui peuvent y être associées (par exemple, le drainage minier acide, le
drainage minier neutre contaminé, la sécurisation des ouvertures souterraines, etc.), des
superficies affectées, de l’éloignement de certains de ces sites et du contexte de réalisation.
Ces deux grands types de techniques ayant une fonction préventive ne résument pas le spectre
des situations rencontrées. De ce fait, il faut accorder une place particulière à deux autres
61
LEROUX Christine, op. cit., p7.
62
http://mern.gouv.qc.ca/mines/restauration/exemples-restaurations.jsp, consulté le 20/12/2017 à 20h 43.
63
http://mern.gouv.qc.ca/mines/restauration/restauration-sites.jsp, consulté le 20/12/2017 à 20h 43.
28
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
catégories d’outils quasi-contractuels susceptibles de prévenir ces risques. En tout état de cause,
au-delà des techniques préventives rattachables au contrat minier, force est de constater qu’à
travers les nouvelles exigences en matières environnementales apparaissent d’autres moyens
complémentaires de prévention. Mais contrairement aux techniques contractuelles, ayant une
force juridique obligatoire, ces moyens auxiliaires ont parfois une force juridique obligatoire,
alors que d’autres parmi eux restent à la marge du droit.
29
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Après avoir étudié les techniques directement rattachées au contrat minier, ce second
chapitre est l’occasion de présenter les techniques alternatives de prévention des risques
environnementaux. Fort de ces premières considération, le rôle des techniques alternatives est
analysé au regard du contrat d’assurance et les mesures subsidiaires non contractuelles.
L’accent sera mis sur la souscription à un contrat d’assurance (section 1), et on étudiera par la
suite les mesures subsidiaires préventives des risques environnementaux (section 2).
30
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
La prévention a su créer des affinités entre, d’une part le droit de l’environnement et d’autre
part le droit des assurances. L’essentiel de ces rapports est tissé par le risque. On assiste
aujourd’hui de ce qu’Emmanuel Kant appelait le droit cosmopolite. Cela démontre une fois
de plus l’importance de la prévention au regard des disciplines juridiques y relatives. Étant
donné que les techniques directement rattachées au contrat minier n’ont pas aboutis aux
résultats escomptés. La technique basée sur la souscription à une assurance se révèle ainsi
comme prophylactique à la survenance des risques en matière d’exploitation minière.
Les risques environnementaux sont latents dans bien des secteurs industriels mais demeurent
souvent méconnus. La pollution du sol, la pollution des eaux de surface ou des nappes
phréatiques, des dommages à la faune et à la flore protégées ainsi qu’aux biotopes, les
dommages corporels, matériels ou immatériels aux tiers, la pollution de l’air, sont des exemples
31
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
non exhaustifs des risques environnementaux que court toutes entreprises minières et dont les
conséquences financières ne sont pas à sous-estimer.
Bien qu’il ne soit pas obligatoire dans l’exploitation minière, le contrat d’assurance
environnemental joue toutefois un rôle prépondérant dans la protection de l’environnement. S’il
arrive à réaliser cet objectif, on en déduit qu’il a rempli sa fonction préventive.
D’une manière générale, l’assurance est une opération par laquelle une partie, l’assuré, reçoit
l’engagement, moyennant une rémunération, la prime (ou cotisation) pour lui ou pour un tiers,
en cas de réalisation d’un risque, d’une prestation (pécuniaire ou en nature) par une autre partie,
l’assureur (société d’assurance ou mutuelle d’assurance), qui ; prenant en charge un ensemble
des risques, les compenses conformément aux lois de la statistique66.
Dans une conception restrictive, l’assurance est considérée comme la réunion des personnes
qui craignent l’arrivé d’un événement dommageable pour elles, se cotisent pour permettre à
celles qui seront frappées par cet événement, de faire face à ses conséquences67. C’est à ce
niveau que les compagnies d’assurances et les sociétés d’exploitations minières peuvent
accorder librement leurs volontés en vue de la conclusion d’un contrat afin de prévenir les
risques environnementaux liés à cette activité. Dès lors, on assiste à l’apparition d’une nouvelle
technique comme un moyen alternatif de la prévention.
La prévention affiche un double objectif. D’une part elle a pour objectif de diminuer voire
d’éliminer la fréquence des sinistres, et au final de réduire le coût moyen des sinistres qui ont
pu être évités68. En outre, ce qui est intéressant dans la prévention c’est surtout la réduction des
risques. Ainsi, en ce sens nous rejoignons Y. LAMBERT-FAIVRE que la prévention se traduit
65
La décision publique face aux risques, rapport du séminaire sur les risques animé par Michel MATHEU, in la
Documentation française, p105.
66
Gérard CORNU, vocabulaire juridique, 8e éd., PUF, Paris, 2007, p84.
67
ALEXANDER A-G, les risques environnementaux, Bruxelles, Bruylant, 2009, p25. Définition tirée de l’ouvrage
collectif de ELIASHBERG Constant et COUILBAULT François, les grands principes de l’assurance, l’Argus de
l’assurance, Paris, 9e éd., 2009, p53.
68
ALEXANDER A-G, op. cit., p232.
32
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
d’abord par le respect scrupuleux des normes juridiques. Ensuite, elle met en évidence les
moyens techniques instaurés par l’entreprise. Au final, la prévention est mise en pratique par
les moyens humains constitués au sein de l’entreprise qui visent une vigilance constante de la
direction, des cadres, du personnel etc...
D’autre part, la prévention peut être conçue comme un outil du développement durable, dans la
mesure où ce dernier a investi ces dernières années tous les secteurs économiques, notamment
celui de l’assurance du risque environnemental. Cela implique que le développement durable
est le fruit de deux problématiques à savoir l’urgence de sauvegarder l’environnement d’un
côté, la nécessité de poursuivre le développement économique de l’autre côté en particulier
pour les pays pauvres69.
De plus, la compagnie d’assurance joue un rôle important dans l’atténuation des risques. Elle
dispose d’une panoplie d’instruments. Parmi ceux-ci on peut retenir, l’analyse du dossier de
l’EIE. L’analyse détaillée des données transmis par la société minière est une étape
précontractuelle. Elle s’effectue avant la conclusion par les parties du contrat d’assurance. Cette
étape a pour but d’analyser l’assurabilité des risques liés à l’activité. Contrairement à cette
étape, la compagnie d’assurance peut mettre en œuvre un autre outil de prévention. Il s’agit de
l’audit environnemental. Il se poursuit pendant toute la durée du contrat. L’audit est également
un outil de contrôle et de surveillance70. Au Canada, l’audit figure dans toutes les polices
d’assurances. Ces mesures de police présentent des similarités avec certains pays.
Toutes ces méthodes employées par la compagnie d’assurance à l’occasion d’un contrat le liant
avec une société minière favorise fortement la prévention des risques. Elles permettent
également de limiter les conséquences d’une éventuelle atteinte à l’environnement.
L’adhésion à un contrat d’assurance par une société minière présente de nombreux avantages.
Sans verser dans une énumération exhaustive, nous en retiendrons trois parmi ceux qui de ce
point de vue nous paraissent les plus importants.
69
ALEXANDER A-G, op. cit., p233.
70
ALEXANDER A-G, op. cit., p246.
33
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
D’abord, la conclusion d’un contrat d’assurance présente des avantages liés à la protection de
l’environnement. Cela implique que le contrat vient anticiper efficacement les atteintes à
l’environnement à travers les outils de prévention dont dispose la compagnie. En ce sens à
travers le prisme de la prévention, le droit de l’environnement pénètre de façon diffuse dans le
droit des assurances, d’où leur acheminement vers un objectif commun qui consiste à protéger
l’environnement71.
Enfin, le contrat d’assurance a pour mérite, la création d’une véritable mutualisation des risques.
La mutualisation permet à la compagnie d’assurance de faire face à ses engagements financiers
à travers le groupement d’un plus grand nombre des personnes, qui souhaitent se mettre à l’abri
d’un même type de risque72. En effet, le recours à la mutualisation constitue une technique
préventive sur le plan interne de la compagnie d’assurance. Mais il n’est toujours pas facile de
mutualiser les risques environnementaux. Cette complexité résulte au moins de deux éléments
majeurs. D’une part, du fait que ces risques présentent parfois un caractère nouveau dont la
connaissance technique n’est pas assez développée et partagée par l’ensemble des acteurs du
secteur assurantiel. D’autre part, c’est en raison de leur dimension catastrophique entraînant des
conséquences financières extrêmement élevées. Pour garantir l’assurabilité de ces risques, les
compagnies utilisent deux techniques distinctes : elles font usage de la réassurance ou bien de
la coassurance73.
Si le contrat d’assurance environnemental présente des avantages, il connait par ailleurs des
difficultés relevant de degré variable. En effet, les conditions juridiques sont déterminées par la
71
PRIEUR Michel, Droit de l’environnement, Dalloz, Paris, 5e éd., 2004, p49.
72
Voir sur ce point, ALEXANDER A-G, op. cit., p202.
73
En dehors de ces techniques, pour la couverture des risques environnementaux les compagnies ont été amenées
à se regrouper sous la forme de pool. Expression d’origine anglaise To pool est un verbe, il signifie grouper ou
mettre en commun.
34
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
notion d’aléa74. Il est un élément commun à tous les contrats d’assurance et à fortiori ceux de
l’environnement75. Dans le vocabulaire juridique, l’aléa est ce qui relève de l’inattendu. Pour
A. LE GARS, l’aléa est un événement non prévisible ou le tour imprévisible que peuvent
prendre les évènements76. Toutefois, l’aléa dans le risque environnemental présente une
particularité importante. Cette spécificité est double. Il convient donc de distinguer le caractère
accidentel du caractère graduel.
Premièrement, le risque peut comme on l’a souligné plus haut, survenir d’un accident. En ce
sens le risque se produit de manière instantanée. Le risque environnemental accidentel peut être
défini comme la survenance des dommages causés par un événement soudain et fortuit
(incendie, explosion, rupture d’une canalisation, une erreur…) qui déclenche l’effet immédiat
des substances toxiques77. Cette particularité du risque environnemental ne présente pas assez
largement une difficulté majeure pour le contrat d’assurance.
Pour s’en tenir à l’essentiel des difficultés, il revient sans doute à mettre en évidence celles
générées par l’évaluation. Les dommages écologiques purs n’ont pas en réalité une valeur
marchande comme ceux résultant par exemple d’un accident de voiture ou d’incendie d’un
immeuble sous couvert d’assurance.
De ce fait, il semble à priori difficile d’évaluer les dommages qui résultent d’une atteinte à
l’environnement commise par une société minière. Mais sur ce point on peut apporter une
74
L’aléa est une notion indispensable au risque qu’en son absence un contrat d’assurance est déclaré nul. Telle est
l’analyse dégagée par la cour de cassation française dans l’affaire Société de groupement français (GFA) et autres
c/ auxiliaires, 1er civ., 9 novembre 1999.
75
ALEXANDER A-G, op. cit., p54.
76
LE GARS Alexander, « L’aléa dans l’assurance industriel », environnement N°2, février 2006, p15. Cité par
Alexander A-G, op. cit., p54.
77
S. LE DAMANY, Les assurances et l’environnement, Gazette du Palais, 20 février 1993, p163. Cité par
ALEXANDER A-G, op. cit., p58.
78
LAMY assurance 2009, N°1994, p749, cité par Alexander A-G, idem, p59.
35
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
nuance. C’est par exemple le cas d’un site dégradé, à ce propos la restauration du milieu naturel
apparait comme une technique palliative à la difficulté de l’évaluation du risque qu’encourt
l’environnement. Il est évident qu’il sera possible de chiffrer les préjudices et allouer une
indemnité en argent destinée au remboursement des dépenses occasionnées par cette
restauration79.
En outre, le problème d’évaluation se pose notamment à travers la collecte de données sur les
sinistres environnementaux. Ce constat est également mis en évidence par une Insurance
Europe. Selon cet organisme européen, il n’y a pas de données de sinistres qui permettent de
calculer le coût moyen d’un sinistre environnemental ou de prévoir le sinistre maximum
possible ou le sinistre raisonnablement escomptable80.
Les mesures subsidiaires peuvent se rapporter de façon concrète d’abord à l’instauration d’un
système de management de risques (paragraphe 1), ensuite à l’application du principe de
précaution (paraphe 2).
Le système de management des risques est un outil presque commun à toutes les sociétés
minières. Mais la généralisation de cette pratique revêt un caractère particulier, car chaque
système élaboré doit correspondre aux spécificités de chaque site exploité. Il est mise en œuvre,
maintenus et tenus à jour conformément à un système ou une norme reconnue à l’échelle
79
DUTARET Jean-Louis, GABAÏ Sophie, De LA GIRAUDIERE Anne Philippe, assurance du risque pollution,
Apogée, Collection ECOplanet, 1994, 28, cité par ALEXANDER A-G, op. cit., p96.
80
« The environnement liability directive. En Hancing sustainable insurance solutions » colloque organisé par
Insurance Europe, Bruxelles, Belgique, 13 février 2008, document de synthèse, p15. Cité par ALEXANDER A-
G, op. cit., p97.
36
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Le système de gestion a pour but de prévenir au mieux, les risques résultant des facteurs
endogènes et exogènes. L’instauration d’un système de gestion est inhérente à la vie des
entreprises. C’est un système qui permet d’éviter à une entreprise des conséquences fâcheuses
à tous les niveaux. Une entreprise qui ambitionne de pérenniser ses activités, doit s’engager
d’une part dans la maîtrise des risques notamment ceux qui sont directement sous son contrôle,
et d’autre part, dans la saisie des opportunités qui se présentent à elle82. Ce système est une
technique permettant de trouver un équilibre optimal entre la saisie des opportunités et la
limitation des menaces. L’instauration d’un système de management des risques cherche la
mise en adéquation des moyens d’exploitations vis-à-vis de l’environnement mais il permet de
garantir une adaptation plus ou moins permanente de l’exploitant dans le cadre des opérations
minières.
La gestion des risques comporte plusieurs étapes dans le processus de la prévention. Parmi les
principales étapes, on peut retenir l’identification et l’évaluation. L’identification consiste à
rassembler l’ensemble des ressources dont l’entreprise a besoin pour fonctionner et de les
rapprocher à tous les événements aléatoires dont la survenance pourrait l’en priver de façon
partielle ou totale, temporaire ou définitive83.
Quant à l’évaluation, elle a pour objet de prendre des décisions sur les risques qui doivent être
traités et les priorités de traitement en s’appuyant sur la criticité et les résultats de l’analyse84.
Ces deux éléments constituent foncièrement la base d’un système de gestion interne de la
société minière. Ils sont donc des techniques alternatives permettant d’empêcher la survenance
des risques liés à l’exploitation minière.
81
Code de pratiques écologiques pour les mines et les métaux, Canada, 2009, p3.
82
NDIAYE Ibrahima Sorry, la gestion des risques professionnels et environnementaux : dans le domaine minier
guinéen, L’harmattan, 2015, p27.
83
NDIAYE Ibrahima Sorry, op. cit., p28.
84
NDIAYE Ibrahima Sorry, op. cit., p30.
37
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Apparu vers à la fin des années 1980 dans divers textes internationaux85, le principe de
précaution est depuis la succession des grands accidents catastrophiques technologiques ou
naturelles un outil de prévention privilégié. Ultime technique de prévention, le principe de
précaution conduit à une démarche « prudente » face à des situations marquées par l’incertitude
quant aux effets liés à certaines activités86.
La notion de précaution n’a pas fait l’objet d’une définition légale en droit mauritanien. De
plus, la convention minière type issue de la loi n°2002-02 du 20 janvier 200287 ne fait pas
également mention de l’expression du principe de précaution. Elle est d’ailleurs une notion
politique plutôt que juridique. C'est davantage une règle de comportement qu'une norme de
droit au sens strict, ce qui a d'ailleurs une incidence sur le traitement juridique du problème88.
85
VEROT Yvan, « Principe de prévention et précaution un équilibre à trouver ? », Annales des Mines, juillet 2000,
p71.
86
Yvan VEROT, op. cit., p77.
87
JORIM 15 avril 2002, p1020.
88
FRANC Michel, « Traitement juridique du risque et principe de précaution », AJDA, 2003, p365.
89
Loi n°2016-1087 du 8 août 2016, version consolidée, 1 er janvier 2018, disponible sur le lien suivant,
www.legifrance.gouv.fr
38
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
La doctrine n’est pas restée muette sur la définition. En effet, Yvan VEROT considère que le
principe de précaution correspond, par la prise en compte des connaissances et des techniques
disponibles au moment de la décision et au fur à mesure de leur évolution dans le temps, à la
démarche de gestion d’un risque correctement identifié et évalué avec l’adoption des mesures
adéquates de prévention et de maitrise90.
Sans établir explicitement une distinction entre le principe de précaution et celui de prévention,
on peut dire tout de même qu’à ce niveau une jonction s’établie naturellement entre eux.
L’enchevêtrement de ces deux principes s’explique d’abord par la complémentarité, en ce sens
que le premier fournit des outils qui ne sont pas à la disposition du principe de précaution afin
de rendre efficace le système de prévention interne de la société minière. D’autre part, ils visent
communément à prévenir et à protéger l’environnement contre les impacts négatifs de l’activité
minière.
L’expression ‘’public’’ renvoie ici aux communautés locales susceptibles d’être affectées par
les impacts environnementaux de l’exploitation minière. Il s’agit de communautés
environnantes du site. Partant de ce critère géographique, le public apparaît, dès lors comme un
acteur clés dans la prévention des risques environnementaux. Il est à ce sujet, un procédé
pratique et efficace. La participation du public a pour but de s’assurer que les décisions en
90
VEROT Yvan, op. cit., p74.
91
Ces mesures et autres sont appliquées par la société Mine de Cuivre de Mauritanie, une filiale de First Quantum
Minerals Ltd selon un document intitulé responsabilité et gestion environnementales et sociales.
92
NORMAND Mousseau, le défi des ressources minières, éd. MultiMondes, 2002, p96.
39
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
La participation du public a d’ailleurs été consacrée tant part le droit national que le droit
international ou communautaire. C’est le sens de la convention d’Aarhus du 25 juin 1998. En
Mauritanie, le ministère de l’environnement conformément à la réglementation nationale exige
que les sociétés minières procèdent à une journée de sensibilisation. C’est le sens du projet de
mine et manutention F’Derick 1. Suite à la transmission et la validation des termes de références
de l’EIE, la Direction du Contrôle Environnemental dudit ministère a demandé à la Société
Nationale Industrielle et Minière (SNIM) par une lettre en date du 06 décembre 2015,
d’organiser une journée de présentation du projet en application de la législation en vigueur94.
93
Code de pratiques écologiques pour les mines et métaux, op. cit., p54.
94 94
Projet de mine et manutention F’Derick 1, op. cit., p232.
40
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
DEUXIÈME PARTIE :
C’est un exercice bien périlleux que celui qui consiste à tenter d’appréhender en
quelques pages un sujet aussi complexe que celui des techniques préventives des risques
environnementaux en dehors du contrat minier. Le contrat minier présente une complexité
tenant à la présence de trois types de clauses.
D’abord, c’est un contrat régi par des dispositions incorporées directement dans l’ordre
juridique international. Puisqu’il se range dans la catégorie des contrats d’investissements
internationaux. Ils sont à cet effet régis par une multitude des normes internationales avec une
prédominance des règles financières soumises à une protection juridique intransigeante. La
protection des investissements a entraîné la réduction considérable de la liberté normative de
l’État hôte. Cette prédominance laisse entrevoir au préalable une difficulté d’application
effective des normes environnementales d’une manière générale.
Ce foisonnement est subversif à toute typologie rigoureuse de techniques préventives, car les
textes ont des caractéristiques composites et sont de nature diversifiés. Mais en simplifiant cette
diversité, on peut observer deux techniques organisées de façon graduelle.
Ensuite, l’insertion d’une clause compromissoire renvoyant les litiges nés de sa mise en œuvre
devant une juridiction arbitrale internationale, rend encore la tâche plus embarrassante. Enfin
une clause de droit applicable à ce contrat renvoyant au droit interne, fonde explicitement
l’intervention des textes de cette échelle. Il s’agit ici en clair d’étudier les différents textes
prévus par lesdits ordres dans une optique préventive.
Il convient dans cette seconde partie de procéder à une identification fut-elle possible des
techniques préventives des risques environnementaux dans ces différents ordres juridiques.
C’est ainsi que nous montrerons dans un premier temps les techniques existant dans l’ordre
juridique interne (chapitre premier) avant de s’intéresser aux techniques relevant de l’ordre
juridique internationale (chapitre deuxième).
41
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Les problèmes liés à l’environnement font partie des préoccupations quotidiennes des
gouvernements aux quatre coins du monde95. Au demeurant, les pouvoirs publics n’en restent
pas moins à la marge. Ils sont impliqués à tous les niveaux. C’est ainsi que pour prévenir les
risques environnementaux liés à l’exploitation des ressources naturelles, un encadrement
échelonné s’est progressivement instauré au niveau national.
Dans cette règlementation, on peut observer en effet, l’existence des techniques tirées de la loi,
autrement dit les techniques législatives de la prévetion (section 1), celles-ci sont concrétisées
par des actions matérielles (section 2).
95
Ignacio Pichardo Pagaza, « La protection de l'environnement et l'administration publique en Amérique Latine
», Revue Internationale des Sciences Administratives (RISA) 2006/1 (Vol. 72), p148.
42
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Il faut souligner que les techniques législatives de la prévention se manifestent dans deux
mouvements importants. Il s’agit d’une part le foisonnement continu des textes préventifs
(paragraphe 1) d’autre part, il y aujourd’hui une certaine évolution manifeste vers une
singularisation d’un régime juridique propre à la prévention (paragraphe 2).
Il faut rappeler que depuis que l’environnement est devenu une priorité pour les États, la
réglementation ne cesse de s’accroître. Donc en quelques années, la protection de de
l’environnement s’enlise progressivement dans le corpus juridique. Ce phénomène est
échelonné suivant la hiérarchie de normes. De la constitution aux simples règles de police on y
retrouve des instruments ayant pour objet de protéger l’environnement et par voie de
conséquence la prévention des risques environnementaux, qui peuvent être le fait des activités
de l’homme ou de la nature.
Sur le plan constitutionnel, la pauvreté de ces normes est doublement manifeste. Elle apparaît
aussi bien sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Celle-ci pose inéluctablement de
façon explicite les limites en matière de la protection de l’environnement, et d’une manière
particulière celles relatives à la prévention. En clair, la constitution du 20 juillet 1991, révisée
en 2017 ne contient qu’un seul article qui fait mention de la notion l’environnement. Il s’agit
de l’article 57.
96
Adoptée le 28 février 2005 par le parlement français réuni en congrès à Versailles avec plus de 95% des suffrages
exprimés.
43
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Même si la constitution mauritanienne est restée laconique à ce propos, il faut souligner qu’à la
différence des pays fortement industrialisés, la Mauritanie pourrait à son tour accorder à
l’environnement une place prépondérante.
Même si elle n’est pas incorporée de façon formelle dans l’ordre juridique mauritanien, la
prévention demeure comme un principe consacré en droit international de l’environnement.
Nonobstant cette incorporation, le principe de la prévention est implicitement introduit dans
l’ordre juridique interne au regard des nombreuses conventions dont la Mauritanie est
signataire. Mais il faut souligner que ce principe lorsqu’il entre en conflit avec d’autres
principes à valeurs constitutionnels tels que la liberté du commerce et de l’industrie98, le juge
ou l’arbitre désigné par les parties doit procéder à la méthode de la conciliation.
À cet égard certaines constitutions sont plus expressives, aux rangs desquelles figure la
constitution française, notamment son article 34 à propos des domaines réservés au législateur,
il y a la compétence de celui-ci à fixer les principes fondamentaux de la préservation de
l’environnement. De ce fait, il lui appartient de concilier le principe de la prévention 99.
97
BARBÉ Vanessa, « Le droit de l’environnement en droit constitutionnel comparé : à l’’étude des effets de la
constitutionnalisation », université d’Orléans, p2 disponible sur
http://www.droitconstitutionnel.org/congresParis/comC8/BarbeTXT.pdf/
98
Article 10 de la constitution mauritanienne du 20 juillet 1991.
99
Voir à ce propos CAUDAL Sylvie, « le devoir de prévention : une exigence fondamentale fortement dépendante
du législateur », environnement n°4, avril 2005, comm.31.
44
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
100
V. sur ce point, Paulo Affonso LEME MACHADO - Cahiers du Conseil constitutionnel n° 15 (Dossier :
Constitution et environnement) - janvier 2004.
101
AGUILA Yann, « Le Conseil constitutionnel et l'environnement », Nouveaux Cahiers du Conseil
constitutionnel, n° 43 avril 2014.
45
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
L’administration dispose en effet de deux modes d’actions. Elle peut agir par la voie unilatérale,
caractérisée par l’édiction d’un acte administratif visant à modifier l’ordonnancement juridique.
Elle peut en outre agir par la voie contractuelle, nouant des relations avec les particuliers. Parmi
ces moyens dont dispose l’administration, elle privilégie dans le cadre de la prévention, le plus
souvent la voie unilatérale. Ce choix s’explique par la nature de l’évènement, car les pouvoirs
102
Conseil d’État 15 mars 1968, commune de casis, disponible sur www.legifrance.fr
46
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
doivent rapidement prendre une décision103. Cependant, l’analyse des techniques matérielles de
la prévention nous conduira à nous intéresser d’abord au fondement de ces techniques
matérielles (paragraphe 1) avant de mettre en relief les différentes opérations administratives
de la prévention (paragraphe 2).
Elle est également justifiée dès que l’initiative privée présente des défaillances, en l’occurrence
la société minière contractante. Cette hypothèse est largement admise dans la jurisprudence
française à travers un célèbre arrêt du conseil d’État. Selon J-M PONTIER, le rôle de la
puissance publique apparait directement à partir du moment où un évènement, un fait, est
considéré par le corps social comme un risque, il devient presque nécessairement un problème
politique et un devoir spécifique pour les gouvernants106.
Gouverner c'est prévoir, selon la célèbre formule de Pierre Mendès-France. Mais, en matière de
prévention des risques, la prévision est un exercice de plus en plus complexe. Les gouvernants
doivent faire la part entre le certain, le probable et l'improbable107. Les justifications de
103
La décision publique face aux risques, op. cit., p111.
104
C.E, 13 janvier 1988, Syndicat National de la production autonome d’électricité.
105
Fonderie de trail 1941.
106
PONTIER Jean-Marie, La puissance publique et la prévention des risques, AJDA 2003, p1759.
107
PONTIER JM, op. ct., p1752.
47
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
En réalité, c’est à la suite de ce contrôle que, l’autorité administrative décide d’octroyer le titre
d’exploitation ou de le refuser. L'objet de la réglementation est fréquemment, soit d'autoriser,
soit d'interdire. L'interdiction est une arme à la fois discutable et éventuellement efficace pour
la prévention des risques108. Face à ce constat, la prévention semble s’inscrire dans une
volubilité assez singulière dans le système juridique mauritanien.
Par ailleurs, l’administration dispose d’une myriade d’actions pour intervenir dans le cadre de
la prévention. Ce constat n’épuise pas le sujet. Il convient à cet égard de mettre en exergue
quelques opérations administratives fondamentales susceptibles de prévenir les risques
environnementaux.
Les autorités administratives disposent d’une palette d’instruments pour prévenir les risques
environnementaux et particulièrement ceux liés à l’exploitation minière. Il s’agit des opérations
comportant à la fois des interdictions mais aussi des autorisations. Ces opérations constituent
pour l’administration des moyens de prévention contre les atteintes des toutes natures. En clair,
ce sont des opérations qui concourent à la maitrise ou à l’atténuation des risques. Compte tenu
de la pluralité de ces opérations, il n’est pas aisé d’établir une liste exhaustive. Toutefois, il est
convenable de transcrire quelques-unes à ce propos.
La prévention étant le propre de l’administration sur la base des projections futures, elle octroie
des autorisations d’exploitations ou celles relatives à la construction des bâtiments ou délivrent
des permis d’extension du site en cours d’exploitation.
108
PONTIER JM, op. cit., p1756.
48
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
En premier lieu, la meilleure technique de prévention jugée pertinente dans cette étude passe
relativement par l’exigence d’une autorisation préalable pour l’exercice d’une activité polluante
ou risquant de porter atteinte à l’environnement. L’accord de cette autorisation est cependant
conditionné par la réalisation d’une EIE. Cette fonction préventive est inscrite dans les textes.
Elle est plus particulièrement mise en évidence par les dispositions relatives au pouvoir de
police organisée par le décret n°2009-131 du 20 avril 2009109 portant police des mines. En effet,
ce décret prévoit en son article 2 que la police des mines vise à contrôler et inspecter la conduite
des opérations minières ainsi que la conformité des dépôts d’explosifs civils, à prévenir et
mettre fin aux dommages imputable aux activités de recherche et d’exploitation et d’une façon
générale à faire respecter les dispositions prévues par le code minier et ses textes d’application.
De plus, un autre moyen semble montrer ses vertus dans les opérations préventives réalisées
par l’administration. Paradoxalement à sa fonction première, l'expropriation n'est pas destinée
normalement à répondre à une situation de risque. Elle peut, cependant, être utilisée dans un tel
contexte. L’expropriation figure parmi les différentes techniques auxquelles la puissance
publique peut faire recours pour imposer aux membres de la collectivité des prestations exigées
par l’intérêt général. L’expropriation pour cause d’utilité publique, est, à maints égards, la plus
remarquable et la plus importante111. En effet, R. CHAPUS conçoit l’expropriation comme
étant une procédure qui, déclenchée par l’État, est close par une décision de l’autorité
judiciaire ; elle permet de contraindre une personne privée (ou même une personne publique,
en ce qui concerne son domaine privé) à céder à une personne publique ou privée la propriété
109
Décret publié au journal officiel de la République islamique de Mauritanie en date du 30 juin 2009 sous le
n°1194.
110
Conseil d’État, 02 mars 1932, Société Mines de Joudreville, in GAJA, 17 e Edition, p312.
111
CHAPUS René, droit administratif général, tome 2, 14e Edition, Montchrestien 2000, p673.
49
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
d’un immeuble--et cela en raison des exigences de l’utilité publique--et moyennant une juste et
préalable indemnité.
À cet égard, diverses dispositions prévoient, par exemple, l'expropriation dans le cas de risques
miniers. C’est le cas de l’article 30 de la loi de 20008, qui prévoit que le Ministère peut, sur
avis motivé de ses services techniques, ordonner la cessation de travaux, s’il le juge nécessaire,
pour permettre l’utilisation du territoire à des fins d’utilités publiques. Il ressort de cette
disposition que l’expropriation constitue une opération administrative destinée à prévenir les
risques environnementaux. Mais par une récente décision du conseil d’État français112, le juge
de la haute juridiction administrative apporte d’importantes précisions sur l’application du
principe de prévention aux actes portant déclarations d’utilité publiques113. En effet, il ressort
de cette décision pour respecter le principe de prévention, une DUP doit prévoir des mesures
pour éviter, réduire et compenser les atteintes à l’environnement provoquées par le projet.
L’action administrative passe également par l’établissement des plans. Pour J-M PONTIER
de nombreux plans n’ont pas d'objectif de prévention, ne sont pas destinés à prévenir des
risques. Mais, inversement, la politique de prévention utilise cette technique en raison de son
caractère prévisionnel.
Le plan de prévention peut être conçu pour certains auteurs comme un outil juridique dans le
périmètre duquel l’administration prend des mesures pour limiter les effets des accidents
susceptibles de survenir dans les installations114. Il a pour but de délimiter un périmètre exposé
aux risques. Il vaut servitude d’utilité publique.
Le plan d’urgence environnemental a pour but de préciser les moyens pour assurer une
intervention efficace lors d’une situation d’urgence pouvant entrainer des impacts sur le
voisinage. Il vise à réduire le plus possible les dommages au niveau des personnes, des biens et
de l’environnement115. Il faut dire que ce plan est établi en collaboration avec les autorités
administratives compétentes. En Mauritanie, ce sont les walis (gouverneurs) de régions ou leurs
représentants qui ont la compétence d’intervenir en cas de sinistre et sont appuyés par la
Direction de la Protection Civile. Par exemple, le site du projet Tazadit son plan d’urgence
112
C.E section 9 juillet 2018, commune de Villiers-le-Bâcle et autres Contre France Nature Environnement, Ile de
France, req. n°410917, disponible sur www.conseil-etat.fr.
113
Marie-Christine de Montecler, AJDA, 16 juillet 2018.
114
AUBRIL Laure et TRAORE Seydou, droit de l’urbanisme droit de l’environnement, préparation au concours
rédacteur territorial, Centre National de la Fonction Publique Territorial 2009, p271.
115
Rapport sur l’EIES du projet Tazadit Mauritanie, septembre 2011, p7-1.
50
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Les plans de prévention des risques qui permettent de délimiter les zones directement exposées
à des risques, et celles qui ne sont pas directement exposées, mais où certaines occupations du
sol pourraient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux, en sont une bonne illustration.
Le code minier de 2008 mis à jour en 2014 impose aux titulaires de titre minier d’établir un
plan dont les formes sont fixées par le décret117 d’application. C’est ainsi qu’au terme de
l’article 27 du décret que l’exploitant à l’obligation de mettre lesdits plans à la disposition de
l’administration des mines. Il ressort également dans le même décret notamment à travers son
article 32 l’obligation d’établir un plan d’urgence en cas d’accident.
L’intervention pour la mise en œuvre d’un plan fait appel à deux types d’intervenants. Il y a
d’une part les intervenants internes. Ce sont des structures rattachées à la société minière. Et
sont seules habilités à intervenir en cas de survenance d’un risque. D’autre part il existe des
intervenants qui sont externe à la société minière ; c’est le cas des autorités administratives
telles que la Direction de la Protection Civile, les ministères concernés ou encore les services
de sécurité étatiques d’une manière générale.
En France, dans un avis contentieux de 2001, le Conseil d'État118 a considéré qu'il résultait de
la combinaison de plusieurs textes que les plans de prévention des risques naturels prévisibles
étaient des « documents comportant une note de présentation et des plans graphiques établis par
l'autorité administrative, ont pour objet et pour effet de délimiter des zones exposées à des
risques naturels à l'intérieur desquelles s'appliquent des contraintes d'urbanisme importantes,
que ces contraintes s'imposent directement aux personnes publiques ainsi qu'aux personnes
privées et peuvent notamment fonder l'octroi ou le refus d'une autorisation d'occupation ou
d'utilisation du sol » et que, par suite, ces plans de prévention des risques sont des documents
d'urbanisme.
116
Rapport sur l’EIES du projet Tazadit Mauritanie, septembre 2011, p7-1.
117
Décret n°2009-131 du 20 avril 2009 portant sur la police des mines en Mauritanie.
118
3 décembre 2001, n° 236910, AJDA 2002, p. 177, note Henri Jacquot.
51
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Mis en place dans des contextes différents, le droit international de l’environnement est un droit
multidimensionnel. À cela, il ne faut pas ignorer également le caractère élastique résultant des
risques environnementaux de l’exploitation minière. C’est ainsi qu’une multitude de stratégies
juridiques sont élaborées dans le domaine de la conservation de la nature et de la protection de
l’air et l’eau. Ces éléments qui composent l’environnement trouvent leur protection affaiblie à
l’issue de l’exploitation des ressources minières. Cette inquiétude ne laisse guère en rade le
droit international.
D’une manière générale, le droit international de l’environnement est dominé par une
prévalence des normes souples et flexibles (soft Law), mais force est de reconnaitre, que son
caractère flexible et ductile ne l’a pas empêché d’émerger vers de normes plus ou moins rigides
et juridiquement contraignantes (hard Law). Dans le domaine minier, ces normes correspondent
à des standards internationaux spécifiques à la pratique minière d’autres sont revêtues d’une
dimension généraliste visant à la protection de l’environnement. Il s’agit des conventions de
diverses formes. Il est apparu au cours de l’histoire des problèmes environnementaux liées à
l‘exploitation minière dans un espace géographique donné, mais ces problèmes ont traversé les
frontières. Ceux-ci ont posé avec acuité la nécessité d’une coopération entre les États. Le
phénomène qui résulte du changement climatique a entrainé spontanément la dégradation de
l’écosystème. C’est ainsi que la communauté internationale élabore des instruments juridiques
susceptibles de répondre à ces types de problèmes dont le caractère ambigüe n’est plus à
démontrer. La prévention des risques environnementaux appliquée à un contrat d’exploitation
minière constitue aujourd’hui un impératif de sécurité pour tous les peuples.
119
TSAYEM DEMAZE Moïse, « Les conventions internationales sur l'environnement : état des ratifications et
des engagements des pays développés et des pays en développement », L'Information géographique 2009/3 (Vol.
73), DOI 10.3917/lig.733.0084. p84.
52
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
cadre normatif conduit le plus souvent à un contentieux difficilement saisissable. Ce qui nous
dirige vers une analyse des mécanismes juridictionnels de prévention dans une approche
purement contentieuse (section 2).
53
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Sans rappeler les accidents industriels majeurs ayant connu les pays industrialisés. Parmi les
pays avec une croissance industrielle lente comme le cas de la Mauritanie, ils n’en demeurent
pas moins à l’abri de telles catastrophes. Comme l’écrit Michel PRIEUR « la succession
dramatique de catastrophes écologiques et les découvertes scientifiques alarmantes, en alertant
et en inquiétant les associations de défense de l’environnement et les medias, ont poussé les
gouvernements à prendre des mesures tant à l’échelle nationale aussi bien que sur le plan
international. Les crises environnementales ont en effet des répercussions au-delà des frontières
ou sur l’espace international »120.
Toutes ces raisons ont conduit la communauté internationale à élaborer une panoplie de textes.
L’exploitation des ressources minières constitue un enjeu national, mais néanmoins son
importance stratégique fait que les enjeux liés aux industries extractives—pétrolier et
minières—dépassent bien souvent le contexte national121. C’est dans cet esprit que naissent des
normes juridiques supranationales, et qui aujourd’hui, sont résolument tournées vers une
approche d’uniformisation.
Ces instruments sont transposables globalement dans le secteur minier. Mais il ressort de cette
analyse que des techniques dissuasives des instruments internationaux existent pour prévenir
les risques environnementaux (paragraphe 1). À côté de celles-ci subsistent bien évidement
des outils alternatifs de prévention des risques environnementaux à travers l’existence de
standards internationaux de la pratique minière (paragraphe 2).
120
Droit international public, bilan et perspectives, sous la direction de Mohamed Bedjaoui, Pedone, UNESCO,
chapitre 47, p1086. Cité par Jean-Marc La vieille, droit international de l’environnement, ellipses, Paris, 1998,
p18.
121
Thierry LAURIOUL & Émile RAYMOND, le droit pétrolier et minier en Afrique, EJA, LGDJ, 2016, p107.
54
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
La convention de Lugano du 8 mars 1993 sur la responsabilité civile des dommages résultant
d’activités dangereuses pour l’environnement est à l’origine de premiers instruments juridiques
dissuasifs de manière explicite. Cette convention pose ainsi sur le plan international, une
technique juridique préventive. Ce régime juridique de responsabilité étant de nature générale,
c’est-à-dire applicable à tous les dommages environnementaux, le contrat minier ne peut donc
y échapper.
La responsabilité revêt une dimension plurielle. Elle peut être civile, en ce sens sa fonction
principale consiste en une réparation du préjudice causé non dans l’hypothèse civiliste, c’est-à-
dire un dommage subi par une personne, mais plutôt sous l’angle environnemental, autrement
dit les atteintes portées à ce dernier. Elle est également pénale dans la mesure où elle punit les
auteurs d’un trouble à l’ordre public écologique. Enfin, la responsabilité est administrative,
lorsque l’action ou l’inaction de la puissance publique122 est à l’origine du dommage. Ces
différentes déclinaisons se recoupent très largement, puisqu’il s’agit à chaque fois de répondre
de son fait, qu’il soit illicite ou non. En effet, en matière de l’environnement, l’établissement
de la responsabilité se caractérise par une fonction préventive123. Cette hypothèse est également
corroborée par Michel DESPAX, en affirmant à propos de la responsabilité civile que « plutôt
que la réparation matérielle du dommage effectivement causé, c’est surtout le caractère
préventif de cette responsabilité et son action dissuasive qui font d’elle, dans la lutte pour la
salubrité des eaux, une arme plus efficace à bien des égards, que la menace, voir l’application
effective d’astreintes ou de sanctions pénales »124.
122
CHAPUS René, droit administratif général, Montchrestien, 15e éd., tome 1, p1227.
123
TRUILHÉ-MARENGO, E, « section 3- responsabilités environnementales » in droit de l’environnement de
l’union européenne, Bruxelles, éditions Larcier, 2015, p235.
124
M. DESPAX, Droit de l’environnement, Paris, Litec, 1980, n° 276, p. 305.
55
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
L’effectivité de ces instruments est le plus souvent garantie par une contribution pécuniaire,
généralement annuelle, imposée aux sociétés minières à un fonds de développement
économique local. De façon concrète, l’institution de ces outils vise à la prévention et à
l’atténuation des risques. Ces instruments posent de ce fait un cadre préventif juridiquement
encadré par le droit international. Le paiement d’une rente pécuniaire pour la protection de
l’environnement constitue une intervention en amont en cas de survenance d’un risque. À
contrario, la responsabilité n’est mise en œuvre qu’en cas d’atteinte avérée à l’environnement
et avec toutes les conditions que cela exige. Mais le caractère dissuasif de la responsabilité lui
a valu une place de choix parmi les mécanismes de prévention.
56
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
potentielles des projets internationaux sont nombreuses : l’exploitation des mines peut
contaminer l’eau ; et accélérer la déforestation125.
La pollution peut être à l’origine d’une activité minière. Pour prévenir ce risque
environnemental, la convention de New York126 préconise ainsi en vertu de son article 21, la
prévention, la réduction et la maitrise de la pollution. Toujours dans cette dynamique
préventive, l’article 27 de cette même convention préconise également la prévention et
l’atténuation des conditions dommageables. La pollution survenue lors d’une exploitation
minière se qualifie d’elle-même.
Elle consiste en l’introduction, dans les milieux, de trop grandes quantités d’agents chimiques,
physiques ou biologiques entraînant une altération de l’environnement, de nature à mettre en
danger la santé humaine, à endommager les ressources alimentaires ou biologiques, ou encore
à détériorer les biens matériel127. En effet, l’exploitation minière provoque le rejet de substances
toxiques. Celles-ci étant par nature nocives contribuent fortement à la dégradation de la couche
d’ozone. Pour prévenir ce risque particulier susceptible de résulter de l’exploitation minière, en
droit international, le texte fondateur a plus d’une trentaine d’année d’existence. Il s’agit de la
convention de vienne du 22 mars 1985 relative à la protection de la couche d’ozone. La question
qui se pose ici est de savoir comment dans une convention interétatique—relative à
l’environnement—des personnes privées pourraient-elles être impliquées ? C’est-à-dire une
personne morale de droit privé, notamment les entreprises minières.
A priori, la réponse à cette question paraît très difficile. Mais si l’on part du principe des
relations contractuelles qui existent entre l’investisseur, c’est-à-dire le signataire du contrat
minier et le pays d’accueil, une esquisse de réponse pourrait en être déduite. En effet,
l’exécution d’un tel contrat ne peut ignorer ou violer les engagements juridiques internationaux
du pays hôte. Dans cette logique, le contrat est contraint à une adaptation juridique aux
situations déjà existantes. Il ressort de cette analyse que les contrats miniers sont également
125
ASFAR-CAZENAVE Caroline et RAVILLON Laurence, « L’appréhension de la dette écologique en droit du
commerce international : approches contractuelle et contentieuse », VertigO - la revue électronique en sciences de
l'environnement [En ligne], Hors-série 26 | septembre 2016, mis en ligne le 09 septembre 2016, consulté le 08
février 2018. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/17485 ; DOI : 10.4000/vertigo.17485.
126
La convention de New York du 21 mai 1997 relative aux droits d’utilisation des cours d’eaux internationaux à
des fins autres que la navigation.
127
Lambert 1996, cité par Gregory Schneider-Maunoury, la responsabilité environnementale de l’État à
l’entreprise en France et aux Pays-Bas, en Allemagne, L’Harmattan, p10 et s.
57
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
régis par le droit international. On verra plus loin les techniques d’articulation de cette
dichotomie normative à travers une approche contentieuse.
Il faut également rappeler que la convention sur diversité biologique128 intervient pour encadrer
les activités minières. Dans son préambule, elle reconnait que la diversité biologique est une
préoccupation commune à l’humanité. La convention contraint avec rigueur à une exploitation
rationnelle et adéquate des ressources naturelles et particulièrement les mines. Cette rationalité
implique globalement une exploitation dans une perspective durable. Toujours dans le
préambule, la convention note que la prévention et l’anticipation peuvent être employées en cas
de menace susceptible de réduire cette diversité.
Après avoir réuni les normes environnementales susceptibles de prévenir les risques en
l’espèce, l’examen montre deux éléments essentiels du mécanisme normatif à l’échelle
internationale. En premier lieu, l’éparpillement des instruments juridiques de prévention génère
ainsi une fragilité du cadre normatif. Il rend ainsi la prévention relativement moins efficace. Il
faut remarquer que cette précarité est apparente dans la mesure où il est difficile de réunir des
textes ayant chacun un domaine d’application bien déterminé.
En second lieu, néanmoins cette fragilité n’est pas totalement absolue. Elle peut être relativisée,
en ce que la précision d’un texte sur un domaine spécifique permet de résoudre avec précision
la problématique soulevée. Il en est par exemple du caractère multidimensionnel de ces normes
internationales. Cette flexibilité offre une possibilité d’accumuler ces normes pour la prévention
des risques dans le cadre de l’exploitation minière.
Excepté cette dissémination entre les normes environnementales applicables aux différents
domaines auxquels l’activité minière est susceptible de porter atteinte. C’est ainsi que dans le
128
Convention sur la diversité biologique Nations Unies signée le 5 juin 1992. Deux protocoles ont été approuvés
pour renforcer les actions de la CDB. Il s’agit du protocole de Cartagena pour la prévention des risques
biotechnologiques, entré en vigueur 2003. Et le protocole de Nagoya pour l’accès aux ressources génétiques et le
partage juste et équitable entre les pays, entré en vigueur en 2011.
129
Conseil International des mines et métaux (ICCM), op. cit., p13.
58
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
contrat minier des dispositions spécifiques sont insérées dans le but de protéger
l’environnement. Ce bloc normatif adossé au contrat, donne compétence tant au juge national
qu’à l’arbitre dont ce dernier trouve sa source par l’intermédiaire d’une clause compromissoire
incluse dans le contrat (v. infra section 2).
Si le droit international est organisé de façon dispersée, néanmoins il reste possible de regrouper
dans ce cadre quelques éléments susceptibles de prévenir directement les risques
environnementaux du contrat minier. Après avoir étudié partiellement les instruments
juridiques internationaux de nature contraignants, il convient de voir rapidement les standards
internationaux de l’exploitation minière.
Il faut dire qu’il existe au niveau international, la reconnaissance unanime des règles non
coercitives applicables à l’exploitation minière. Ces normes sont donc incitatives et peuvent
parfois assujettir les entreprises minières à des conditionnalités instaurées par des organisations
internationales.
Pour les normes ISO, il faut souligner qu’elles répondent avant tout aux problèmes d’unification
que posent les règles juridiques internationales en matière de la protection de l’environnement,
tel qu’évoqué plus haut, notamment avec l’éparpillement surtout dans le secteur minier. Étant
130
Caroline Asfar-Cazenave et Laurence Ravillon, op. cit.
59
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
donné aussi que les problèmes environnementaux traversent les frontières, cela a suscité la
nécessité d’instaurer des règles communes à l’échelle mondiale.
La norme ISO 14001 remplit une fonction préventive particulièrement déterminante. Elle
apparaît comme une initiative volontaire des entreprises, soucieuses d’améliorer le contrôle des
impacts environnementaux, de gagner la confiance des pouvoirs publics et des populations131.
Ces normes de gestion environnementale sont apparues avec la publication du rapport de
Brundtland et la conférence de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement. En réalité,
le recours aux normes ISO pourrait ainsi permettre aux États de se désengager de la régulation,
en ce sens que les entreprises elles-mêmes utilisent la prévention de façon volontaire.
L’application des normes ISO par les entreprises comportent plusieurs enjeux. D’abord pour
les enjeux réglementaires, ils permettent à l’entreprise d’exister conformément aux lois en
vigueur. Ensuite, en ce qui concerne les enjeux économiques, par exemple, ils permettent à
celle-ci d’optimiser les coûts associés à l’intégration des préoccupations environnementales132.
Enfin, il existe des enjeux stratégiques qui ont pour objectif de conforter la position
concurrentielle de l’entreprise sur le marché133.
On peut estimer que dans les politiques internationales préventives, les bailleurs de fonds afin
d’évaluer l’impact des nouveaux projets vérifient que ces derniers ont été élaborés et seront
réalisés en accord avec ces politiques en matière de respect de l’environnement. Il s’agit entre
autres les principes de l’Équateur, les critères de performance de la société de Financement
international et de ses directives134.
Les principes de l’équateur sont aussi applicables aux entreprises minières, ils sont au nombre
de dix principes. Ils peuvent être perçus comme des normes de performances en matière de
gestion environnementale. Ces principes s’apparentent à des instruments de contrôle a priori
exercés par la société financière internationale par le biais des établissements financiers qui
appliquent ces principes (EPFI) sur les entreprises. Dès lors, l’EPFI ne fournira de financement
de projet ou de prêt aux entreprises liées à un projet que la soumission de ceux-ci aux principes
de 1 à 10135. On peut dire que c’est en vertu de ce principe que la Banque Mondiale a approuvé
131
RAHMANI Mounir, « Les enjeux de l’adoption de la norme ISO 14001 », Revue des sciences humaines N°44,
juin 2016, p46.
132
Mounir RAHMANI, op. cit., p54.
133
Mounir RAHMANI, op. cit., p54.
134
Rapport de l’AECOM, projet TAZADIT Mauritanie, septembre 2011, p2-9.
135
Les principes de l’équateur, cadre de référence du secteur financier visant à identifier, évaluer et gérer les
risques environnementaux et sociaux des projets, juin 2013, p4, disponible sur www.equator-principles.com.
60
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
pour le compte de l’État mauritanien un prêt de 10.30 millions pour renforcer les capacités du
secteur minier et aider le gouvernement à gérer les activités du secteur minier national d’une
manière qui soit environnementalement, socialement et économiquement durable136.
En adoptant ces principes, les EPFI ont comme objectif de s’assurer que les projets qu’ils
financent soient développés d’une manière socialement responsable reflétant des pratiques
saines en matière de gestion de l’environnement137.
Aujourd’hui, on assiste à une tendance de conciliation entre les normes et les standards.
L’institut International de Développement Durable constitue l’exemple le plus abouti
d’institution jouant le rôle de la conciliation des normes. Dans cet ordre d’idée Jean-François
Calmette écrit que cette conciliation des intérêts est concomitante à l’évolution de l’intérêt
général138.
La prévention par des mécanismes normatifs de prévention des risques est par ailleurs
corroborée par les mécanismes juridictionnels préventifs.
136
Pour plus d’informations voir sur www.worldbank.org.
137
Les principes de l’équateur, op. cit., p5.
138
CALMETTE Jean-François, op. cit., p268.
139
CUENDET Sabrina, « accords d’investissement et développement durable, comment concilier la protection des
investissements étrangers avec la promotion du développement durable », la note de conventions, réguler la
mondialisation, n°14, 2014, p13 disponible sur http://convention-s.fr.
61
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
compétence. Dans une certaine mesure, cette compétence est partagée avec le juge
international. Cette hypothèse peut être soutenue par l’article 38 de la CIJ 140.
À cette occasion, la décision rendue par le juge peut être favorable à la prévention. Mais, comme
on le sait, la survenance d’un risque relève de l’incertitude, la décision de justice peut opter
pour la protection des investissements. À l’issue de ce contentieux, parfois des contestations
naissent. Se pose alors le conflit de compétence juridictionnelle. À ce niveau, il est opportun
de rechercher le juge compétent pour trancher les litiges résultant de ces évènements.
Dans le système du CIRDI instituant l’arbitrage en 1966 à travers l’insertion dans le contrat
d’une clause compromissoire fait échapper aux juridictions domestiques les différends nés à
140
L’article 38 prévoit que « la Cour, dont la mission est de régler conformément au droit international les
différends qui lui sont soumis, applique : Les conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant
des règles expressément reconnues par les États en litige (…) ».
141
Caroline ASFAR-CAZENAVE et L. RAVILLON, op., cit..
62
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Si l’arbitrage est a priori la voie classique de règlement des différends tel que prévu dans la
plupart des contrats miniers, ou encore comme le soulignent C. Asfar-Cazenave et
L. Ravillon142 si non juge du droit commun. Mais en réalité, la compétence arbitrale n’est pas
absolue. L’introduction récente des questions environnementales dans les contrats
internationaux d’investissements laisse apparaître des suspicions pour la détermination exacte
du juge compétent. C’est dans cet esprit que certains auteurs sont allés jusqu’à nier cette
compétence aux tribunaux arbitraux, notamment avec Corine LEPAGE qui estime qu’au
niveau international, la prévention souffre de l’absence d’une juridiction spécialisée, étant
donné que le CIRDI ne dispose pas de compétence en matière environnementale 143. Cette
appréciation mérite d’être nuancée ou voire même rejetée, car les tous premiers litiges ayant
opposé les Etats ont été tranché par voie d’arbitrage144 ou entre État et entreprise minière.
Par ailleurs, la Cour internationale de justice avait pourtant mise en place une chambre spéciale
pour connaître les questions environnementales. C’est ainsi qu’aux termes du paragraphe 40 du
rapport des administrateurs sur la convention CIRDI, le droit international public est applicable
au sens de l’article 38 du statut de la CIJ, autrement dit le droit applicable aux différends
interétatiques. Cette juridiction n’est pas parvenue aux résultats escomptés. Le manque
d’efficacité de cette chambre résulte de plusieurs facteurs.
Pour l’essentiel, deux arguments suffisent à illustrer ce phénomène : primo, les différends sont
rarement soumis à son prétoire. Ce contournement peut s’expliquer par des raisons de célérité
et de rationalité, les parties préfèrent régler leur différend par la voie arbitrale. Secundo,
l’attitude réticente de la chambre dans l’interprétation des normes environnementales est un
obstacle à la résolution juridictionnelle des différends145. On peut soutenir que, le juge de la CIJ
reste hermétique face aux questions environnementales. L’attitude évasive de la cour s’est
également exprimée dans l’affaire Gabcikovo et Nagymaros, laquelle elle fait prévaloir des
règles du droit international au détriment du droit international de l’environnement.
142
Caroline ASFAR-CAZENAVE et L. RAVILLON, op., cit., p2.
143
LEPAGE Corine, lacunes du droit de l’environnement, in Yves Jégouzo, « pouvoir », p130.
144
Affaire de la fonderie de trail entre les États-Unis et le Canada du 11 mars 1941.
145
Pour une étude approfondie de cette question, Cf., à l’article d’Alida ASSEMBONI-OGUNJIMI, la CIJ et le
droit international de l’environnement, université de Lomé, 14 décembre 2011, disponible sur http://afrilex.u-
bordeaux4.fr.
63
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
De plus, il ressort d’une étude que la création de chambre spéciale pour l’environnement pose
des problèmes particuliers au niveau de la compétence et du fonctionnement même de
l’institution judiciaire146. La création d’une chambre environnementale au sein de cette cour est
en soi une forme préventive pertinente, mais elle n’a pas fait montre d’un mécanisme préventif
assez mature. Par contre des efforts sont perceptibles notamment dans le cadre de sa compétence
consultative même si celle-ci ne vise pas explicitement le domaine des mines, elle peut s’en
rapprocher.
Eu égard à tous ces dysfonctionnements attachés à la cour, la place prépondérante des tribunaux
dans la prévention des risques environnementaux nous apparait sans discussion. Cette
prédominance des tribunaux se manifeste au regard des faiblesses qui sont liées au statut de la
cour, en ce sens qu’elle règle de façon directe les contentieux interétatique et non celui entre
État et entreprise minière ou toute autre personnes morales de droit privé. Mais la cour n’ignore
pas cependant, les questions environnementales qui relèvent du principe de sa compétence et
soumises au principe de pacta sund servanda. Sur cette base, la prévention ne peut non plus lui
échapper.
Après avoir examiné la compétence juridictionnelle avec tous les dysfonctionnements qui s’y
attachent, reste à voir comment le juge compétent opère à une mise en œuvre de la prévention
à travers l’articulation contingente des intérêts opposés.
L’examen de la prévention des risques environnementaux du contrat minier par une approche
juridictionnelle montre que, les normes environnementales cohabitent avec des instruments de
nature économique. Il s’agit en réalité d’un conflit normatif147 entre les obligations
internationales de l’environnement et la protection de l’investissement. Contrairement aux
contrats commerciaux internationaux où l’investisseur bénéficie d’une protection inflexible, les
146
Ranjeva Raymond, l'environnement, la Cour internationale de Justice et la Chambre spéciale pour les
questions de l'environnement, In Annuaire français de droit international, volume 40, 1994, p439 et suivants.
147
Pour une étude approfondie sur les techniques juridiques de prévalence entre les normes environnementales et
les règles internationales de l’investissement, voir Vinuales JORGES E. « foreign investment and the
environnement international law : ambiguous relationship », british yearbook of international law, 2009, p284.
64
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
contrats miniers par leur caractère inéluctable de protéger l’environnement, posent aujourd’hui
l’existence d’une nécessité d’articulation de ces instruments.
L’exigence de conciliation résulte de l’obligation de prévention qui incombe à l’État, dont celle-
ci se manifeste le plus souvent par l’édiction des mesures préventives. Cette élaboration des
normes préventives est susceptible d’aboutir à un contentieux. L’entreprise saisit de ce fait
l’arbitre, sur la base de la clause compromissoire. À l’heure actuelle, les entreprises minières
implantées sur le territoire mauritanien n’ont pas fait l’objet d’un recours contentieux devant
les arbitres. Ce constat nous amène à observer une pauvreté aussi bien qualitative que
quantitative. Mais toutefois, en dehors de cet espace géographique, on retrouve des décisions
arbitrales allant dans l’optique préventive.
Dans une autre affaire, le tribunal arbitral pose une véritable démarche de conciliation. En
l’espèce, il s’agit de l’affaire Parikering-compagnies AS contre Lituanie, le tribunal estime que
les Etats ont le droit d’exercer leur pouvoir législatif souverain d’une manière juste et
raisonnable et que l’investisseur doit anticiper un éventuel changement des circonstances et
structurer ses investissements afin de les adapter aux modifications de l’ordre juridique.
Cette hypothèse est envisageable, lorsque les conditions d’exploitation changent et provoquent
ainsi des impacts négatifs sur l’environnement. L’intervention de l’Etat pour légiférer peut aussi
en outre s’appuyer sur la base du principe reconnu par l’assemblée générale de l’ONU à savoir
la souveraineté permanente des États sur leurs ressources naturelles.
C’est dans cet ordre d’idées que naquit un ordre public transnational. Ses origines remontent
vers les années 1990. C’est la jurisprudence française149 qui a évoquée en premier l’existence
148
Metalclad Corporation US c. Mexique, CIRDI N°ARB (AF) 97/2, décision du 30 août 2000. En l’espèce, il
s’agit d’une autorisation du gouvernement fédéral contestée par une autorité municipale en considérant que celle-
ci présente des risques écologiques pour les cactus endémique.
149
Cour d’appel de paris, 25 mai 1990, fougerolle S.A C. Procofrance S.A, disponible sur www.legifrance.fr
65
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Les arbitres sont tenus de respecter les principes d’ordre public international même à l’encontre
de la lex contractus150 conformément à l’article 2 de la résolution adoptée par l’institut de droit
international en 1989. Il faut que les mesures de police correspondent de manière plus
fondamentale à des valeurs généralement partagées dans la communauté internationale pour
que les arbitres se sentent tenus d’en assurer le respect151.
L’ordre public transnational qui tire son fondement sur le développement durable protège
également des valeurs non marchandes. Ce qui implique que la protection de l’environnement
est un objectif commun à tous les Etats au niveau international. Dans ce cas, le rôle joué par
l’arbitre est de garantir le respect fondamental qui s’impose à l’arbitrage. Pour Jean Bernard
RACINE « le processus d’élaboration de l’ordre public transnational est identique à celui des
principes généraux du droit. Il suffit que la règle soit largement partagée pour devenir un
principe général sans qu’il soit besoin de constater une unanimité.
Une règle d’ordre public transnational n’est donc pas une règle consacrée dans tous les systèmes
juridiques mais seulement répandue dans une grande majorité de ceux-ci »152. En effet, on peut
dire que l’arbitre peut soulever d’office, la prévention comme un motif d’ordre public, en ce
sens que celle-ci relève a priori du droit international de l’environnement et est déterminée
comme un principe général substantiellement rattaché à cette discipline.
Il n’est pas sans doute facile d’accéder aux sources de l’ordre public transnational. Cet obstacle
résulte d’une pluralité de raisons. Mais il faut simplement garder à l’esprit que l’ordre public
transnational trouve son fondement dans la solution juridictionnelle issue d’un litige contractuel
tranché par un arbitre153. De par la nature des choses, les occasions offertes à un arbitre
international de recourir au concept d'ordre public transnational paraissent devoir être peu
fréquentes ; ceci dans la mesure où, l'arbitre ne pouvant être saisi que par les parties, c'est à
150
Loi applicable à défaut de choix des parties en droit conventionnel.
151
GAILLARD Emmanuel, l’ordre juridique arbitral : réalité, utilité et spécificité, Revue de Mc Gill Law journal,
p902.
152
RACINE J-B, l’arbitrage commercial international et l’ordre public, LGDJ, 1994, p647.
153
LALIVE Pierre, Ordre Public Transnational (ou Réellement International) Et Arbitrage International.
Rev.d.Arb. 1986, at 329 et seq disponible sur www.trans-lex.org.
66
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
l'une d'elles qu'il appartiendrait d'invoquer un contrat dont la conclusion ou l'exécution serait
contraire à un ordre public véritablement international.
67
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Conclusion
En somme, l’étude de la prévention des risques environnementaux du contrat minier
s’articule essentiellement autour de deux grandes techniques. Certaines sont liées au contrat lui-
même alors que d’autres sont extérieures au contrat. Cela montre synthétiquement que les
techniques préventives appliquées à l’exploitation sont protéiformes et s’appliquent de façon
asymétrique.
Il a été observé que ces techniques se scindent en deux grandes familles. D’abord, il y a celles
qui sont endogènes au contrat minier et d’autres exogènes à celui-ci. Dans les techniques
internes au contrat minier, il existe des mécanismes préventifs élaborés par le législateur, tels
que la procédure d’étude d’impact environnemental ou l’usage de la réhabilitation. Elles sont
toutes obligatoires et s’imposent à l’exploitant. Par contre d’autres revêtent un caractère relatif
non contraignant. Il s’agit de la souscription à un contrat d’assurance, qui est d’ailleurs une
technique alternative de prévention. De plus, il y a l’application du principe de précaution.
Celui-ci est un principe purement politique. Il est également caractérisé par une absence de
clarté par rapport à son degré d’application. Mais il demeure toutefois un instrument de
prévention relativement efficace.
Au-delà de ces techniques, la prévention des risques environnementaux dans le contrat minier
peut être appréhendée par des méthodes externes au contrat. Cette technique s’inscrit dans une
dynamique graduelle. Elle s’articule autour de deux ordres juridiques distincts. La prévention
peut dans un premier temps être saisie par la règlementation nationale. Dans ce cas, les autorités
locales se contenteront d’appliquer les normes environnementales nationales. Cela concerne
donc la législation nationale dans sa globalité. Ensuite, elles peuvent mettre en œuvre des
moyens matériels tirés de cette législation pour encadrer et éviter la survenance d’un risque
environnemental. En outre, les pouvoirs publics peuvent également recourir aux dispositions
environnementales du droit international pour prévenir les risques susceptibles de nuire à
l’environnement.
Enfin, il faut retenir que la prévention peut être le fait du juge ou d’un arbitre. Ce cas de figure
est possible dans l’hypothèse où les mesures environnementales des autorités nationales sont
considérées comme abusives par l’exploitant et les défèrent devant les tribunaux. Ici, l’arbitre
ou le juge procèdera raisonnablement à la conciliation des intérêts des parties. Mais il ne
courbera pas l’échine devant l’intérêt général, car la sauvegarde de celui-ci est une priorité qui
va au-delà des intérêts partisans.
68
La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
Au total, il faut noter que la prévention des risques environnementaux qui résultent de
l’exploitation minière obéit à un ensemble de mécanismes. Elle fait intervenir plusieurs acteurs.
Ces mécanismes sont pour l’essentiel intrinsèquement liés au fait qu’ils sont à l’origine d’une
création législative et règlementaire. Par cet ordre de choses, les acteurs sont inévitablement
liés par une armature juridique dichotomique.
154
Claire Crépet DAIGREMONT, chapitre 11 « la protection découlant du droit international des contrats »
in Droit des investissements étrangers, Bruxelles, Bruylant, 2017, p335-358.
69
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Dédicaces
REMERCIEMENTS
Résumé
Sommaire
Introduction générale
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La prévention des risques environnementaux du contrat minier en Mauritanie.
77