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formation |synthèse

Les virus entériques


humains rejetés dans
les eaux usées sont très
résistants dans le milieu
extérieur et peuvent
être retrouvés dans les
eaux de surface, les
eaux littorales ou les
aliments. Parmi les virus
entériques, les virus
des hépatites A et E,
qui ont longtemps été
confondus, occupent
une place importante.

© SPL / BSIP
Virus et environnement : les hépatites A et E
Hépatite A
Le virus de l’hépatite A (VHA) est un virus à transmission entérique de la famille des Picornaviridae, du genre Hepatovirus.
Dans le sang les particules virales sont pseudo-enveloppées mais dans les selles, le VHA est un virus nu, possédant
une capside lisse très résistante.

La conservation antigénique de ce virus pour lequel il n’existe qu’un seul sérotype


est très importante. Le VHA est un virus cultivable ce qui a permis l’élaboration d’un
vaccin pour prévenir l’hépatite A.

Épidémiologie
La transmission du VHA est presque toujours féco-orale, soit par contact direct, soit par
l’intermédiaire d’aliments, de boissons ou de surfaces contaminées (tasse, cuillères).
L’endémicité de l’hépatite A est liée aux facteurs socio-économiques, les pays où cette
endémicité est la plus élevée étant les pays d’Afrique, d’Asie du sud et d’Amérique
centrale et du sud.
Dans les pays où l’endémicité est élevée, la prévalence est > 90 % à l’âge de 10 ans.
Les infections sont le plus souvent asymptomatiques et les épidémies sont rares.
Dans ces pays l’amélioration des conditions d’hygiène, la réduction de la taille des
familles et donc une amélioration socio-économique globale entraînent actuellement
une évolution dans le sens de la diminution de la prévalence.
© STAREKASE / STOCK.ADOBE.COM

Une vaccination universelle a été mise en place dans 16 pays en 2016, pays où la
prévalence de l’hépatite A est élevée ou intermédiaire.
Dans les pays où la prévalence est faible cette vaccination est ciblée et ne concerne
que les groupes à risque (voyageurs dans les zones de forte endémie, milieux à
risque…).
L’Europe et la France sont des zones de très faible endémie. En France la séroprévalence
(< 50 % à l’âge de 50 ans) et l’incidence (2/100 000 h) de l’hépatite A sont faibles.

20 OptionBio | janvier-février 2019 | n° 591-592


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Sur les fruits et légumes la persistance du VHA est également


longue, la congélation ne détruisant pas les virus (aucune
altération à 90 jours sur des fruits rouges congelés à -20 °C).
Par ailleurs les nombreux cas groupés observés notamment
aux États-Unis et liés à la consommation de fruits rouges
congelés montrent une persistance d’Infectiosité de plusieurs
mois (framboises récoltées et congelées très en amont de la
consommation).

Quelle est la part de la transmission alimentaire


dans l’hépatite A
La détection des cas alimentaires d’hépatite A est compliquée.
La transmission est rarement rapportée sauf en cas d’épidé-
mies de grande envergure. De plus seuls les pays industrialisés
effectuent une surveillance active avec notification des cas,
or les aliments impliqués sont souvent produits en zone de
| Figure 1. Nombre de cas d’hépatite A notifiés en France entre 2006 et 2017. moyenne et forte endémie où la surveillance est inexistante.
Référence : ecdc.europa.eu Le produit source est rarement mis en évidence malgré la pos-
sibilité de détection du VHA par RT-qPCR.
La mortalité de l’hépatite A est de 0,1 % avant 15 ans et aug- En dehors des plans spéciaux il n’existe pas à l’heure actuelle
mente avec l’âge (2,1 % > 40 ans). de surveillance de la contamination naturelle des fruits,
La transmission de l’hépatite A pouvant être interhumaine, un légumes et coquillages.
risque épidémique existe en Europe, le VHA pouvant diffuser à Grâce à l’épidémiologie moléculaire il est possible de connaître
partir de groupes à risque non immuns en population générale. aujourd’hui la provenance des souches, 3 génotypes humains
En 2017, 21 pays de l’Union européenne ont été touchés par différents étant identifiés (un génotype Inde/Madagascar,
une épidémie concernant au départ les homosexuels masculins. un génotype Afrique de l’Ouest, un génotype de distribution
En France cette épidémie a causé en 2017 un nombre impor- mondiale).
tant de cas (figure 1). La surveillance de l’hépatite A en France montre une différence
considérable entre le nombre de cas infectés (déterminés par
Transmission alimentaire du VHA des études de séroprévalence), le nombre de cas symptoma-
La transmission alimentaire est en Europe la 2e cause des épi- tiques (évalué par le nombre d’hospitalisations et de décès), le
démies principalement liées à la consommation de fruits de mer nombre de cas diagnostiqués et de cas notifiés pour lesquels il
(surtout les huîtres et les palourdes). Les fruits et légumes sont existe une sous-déclaration importante malgré la DO.
également souvent incriminés bien que moins souvent respon-
sables que les fruits de mer. Ce sont surtout des baies rouges Conclusion
surgelées et des légumes semi-séchés (tomates séchées La part alimentaire des infections VHA est faible alors que la
importées de Turquie) qui sont à l’origine de ces épidémies. transmission interhumaine du virus est prédominante.
La contamination des végétaux impliqués dans les épidémies La surveillance des épidémies permet d’identifier les sources
d’hépatite A est dans > 50 des cas rapportés due à des mani- alimentaires en combinant épidémiologie clinique et molécu-
pulateurs infectés (élimination de 107 particules virales /mg de laire ainsi que l’origine géographique des souches.
selles et VHA restant infectieux plusieurs heures sur les mains). Actuellement le nombre d’investigations est faible. Des études
Les épidémies d’hépatite A en relation avec l’alimentation cas-témoins ponctuelles sur des cas sporadiques permettraient
peuvent également être liées à des contaminations environ- de hiérarchiser les voies de transmission, les aliments à risque
nementales des aliments (boues fertilisantes, eaux d’irrigation et les pratiques des consommations. |
non potables, eau de mer quand dysfonctionnement ou absence Déclaration d’intérêt : l’auteure déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
de traitement des eaux usées).
La surveillance du VHA dans les eaux usées en France n’est CHANTAL BERTHOLOM
Professeur de microbiologie
pas systématique contrairement à ce qui est appliqué pour École nationale de physique-chimie-biologie – Paris
les indicateurs usuels de contamination fécale comme E. coli. bertholom44@orange.fr

La persistance du VHA dans l’environnement (eaux, sols et source


D’après une communication d’Anne-Marie Roque-Afonso (Paris).
surfaces) est très longue et la perte d’Infectiosité très lente. Congrès national de la Société française de microbiologie, 1-3 octobre 2018, Paris
Cette persistance est favorisée par l’humidité et les tempéra- (France).
tures basses.

OptionBio | janvier-février 2019 | n° 591-592 21

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