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Langage

I- Non le langage ne peut pas tout dire

A) Le langage est un outil imprécis, voir grossier.

Le langage nous empêche de percevoir le monde en tant que tel. En effet, selon Bergson, celui-ci
est essentiellement composé de nom communs. Or ceux-ci rendent les objets génériques, et leur
enlève ce qu’ils ont d’unique. Ainsi, le mot machine ne représente pas toute la variété d’objets
mécaniques possible. Ce mot ne fait pas la distinction entre un robot, un automate ou un ordinateur,
il ne tente que de représenter l’ensemble des machines de manière imprécise.

B) Le langage est plus qu’imprécis, il retire ce que les choses ont d’unique

Le langage peut avoir pour but d’exprimer ce que l’on ressent. Or il arrive que celui-ci ne soit pas
suffisant pour exprimer nos impressions. Comme le montre l’expression « ce je-ne-sais-quoi »,
notre capacité à s’exprimer peut parfois se trouver restreinte. Ainsi, il arrive qu’un individu ressente
un mélange de colère et de tristesse, qui rendent son ressenti unique, mais qu’il ne possède qu’un
mot général, celui qu’est « colère » pour l’exprimer. De plus, il est impossible de retranscrire les
sentiments humains. En effet, chaque individu a des sentiments uniques qui lui sont propres. Le
langage, qui ne fait que généraliser ces sentiments, ne peut donc pas être un outil efficace pour les
exprimer. Une amitié ne sera pas la même pour chaque individu. Les sentiments !!

C) Plus qu’imparfait, le langage est même voué à disparaître et s’appauvrir au fil du temps

Le langage est certes un outil permettant la communication, cependant, plus l’utilisation d’un mot
s’étend, plus sa signification s’éteint.
En effet, prenons l’exemple du mot « genre ». De nos jours, nombreux sont les adolescents, voir les
adultes qui utilisent ce mot. Cependant, quel en est son sens véritable ? À force de l’utiliser à tort et
à travers, connaissons-nous encore la signification exacte de ce mot ? À force de s’appauvrir ainsi,
les mots finiront par perdre de leur sens. Le langage permet la communication mais celui-ci est
confronté malgré lui à sa propre perte.

Le langage est donc un outil qui n’a pas l’air de pouvoir tout exprimer. En effet, celui-ci est un outil
imprécis et grossier. De plus, il retire la singularité des choses, leur enlève ce qu’ils ont d’unique.
Enfin, le langage est un outil voué à disparaître et dont l’utilisation excessive le fait courir à sa
perte.
Cependant, sommes-nous en droit de tout dire ? En effet, le langage nous donne-t-il le droit de tout
dire ?

II- Nous ne sommes pas en droit de tout dire

A) Certains usages de la parole doivent être proscrits par l’État

En effet, dans un de ces textes, Spinoza aborde la question de la vie en société. Il montre que pour
assurer une vie collective, on doit renoncer chacun à son droit d’agir par soi-même. On ne peut
donc pas faire ce que le l’on veut. Cependant, cela ne s’applique pas à la pensée, en effet, selon
Spinoza, on ne peut pas faire ce que l’on veut, mais on peut dire que l’on veut.
Cependant, l’auteur a quand même précisé ses propos. En effet, cette liberté n’est pas illimitée,
l’usage de la parole doit passer par certaines conditions. Premièrement, il faut faire la distinction
entre un usage passionnel et rationnel. Un usage passionnel de la parole a lieu lorsque l’on laisse
libre cours à ses émotions. Contrairement à l’usage rationnel, qui est l’aboutissement d’une mûre
réflexion. Selon Spinoza, il ne faut donc pas user du langage de manière passionnel. Ainsi, lorsque
Gabriel Attal a martelé : « C’est la réforme ou la faillite ! », il faisait ici un usage passionnel de la
parole afin de susciter la peur. Le seconde condition est la distinction entre action et parole. L’auteur
nous montre qu’il ne faut pas que nos paroles se muent en actions. Ainsi, on peut être en désaccord
avec un gouvernement, mais en aucun cas le renverser par nous même. En effet, cela engendrerait
une autre injustice. Nous ne sommes donc pas en droit de tout dire, car l’usage de la parole doit
passer par plusieurs conditions sine qua non.

B) On ne peut pas tout dire, car les paroles ne sont pas qu’à but descriptif, certaines sont
performatives. Ainsi, on ne peut faire une promesse que l’on ne tiendra pas.

En effet, c’est ce que montre Austin dans son texte. Celui-ci montre tout d’abord qu’il existe des
énoncés performatifs. Ceux-ci se distinguent des constatifs qui ne font que dire quelque chose à
propos de quelque chose. Les énoncés performatifs ne sont pas vrais ou faux, mais malheureux ou
heureux. De plus ceux-ci ont pur but final une action. Ainsi, si je dis « je te pardonne », son énoncé,
ici performatif, a pour but de pardonner l’interlocuteur. Cependant, même ces énoncés doivent
respecter certaines conditions pour pouvoir être dites.
En effet, selon Austin, il faut que le statut de l’interlocuteur et que le contexte soit opportuns. Ainsi,
on ne peut marier une 2 personnes dans la rue si l’on n’est pas un prêtre. Aussi, on ne peut marier
un homme et une chaise, du moins, pas selon les orientations sexuelles actuelles.
De plus, cet énoncé doit respecter la condition de sincérité. Si on dit que l’on pardonne une
personne, on doit le penser véritablement, pour que nos paroles soient plus que des mots.
Enfin, il faut que l’on s’engage à respecter ce que l’on a dit. Une promesse n’est pas un acte
ponctuel mais permanent. C’est un engagement sur la durée.

C)

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