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Complément

Endomorphismes y liques
18
(H-P !)

I DÉFINITION THÉOR EME 18.4 Soit f un endomorphisme admettant n


valeurs propres distinctes. Alors l’ensemble des endomor-
DÉFINITION 1 Soit E un K-espace vectoriel de dimension phismes qui commutent avec f , appelé le ommutant
finie n. Soit f ∈ L(E). On dit que f est un endomor- de f :
phisme y lique si et seulement si il existe x ∈ E tel que 
C(f ) = g ∈ L(E) ; f ◦ g = g ◦ f }

Bx = x, f (x), . . . , f n−1 (x) est l’ensemble des polynômes en f :

soit une base de E. C(f ) = P(f ) ; P ∈ K[X] = K[f ].
C’est également C(f ) = Kn−1 [f ].
PROPOSITION 18.1 Soit f un endomorphisme nilpotent
d’ordre n dans un espace vectoriel de dimension n. Alors Démonstration :
f est cyclique. • On a bien sûr K[f ] ⊂ C({).
• On choisit une base B = (b1 , b2 , . . . , bn ) de E, propre
pour f , et on pose

II PROPRIÉTÉS A = mat(f ) = diag (λ1 , λ2 , . . . , λn ) .


B

THÉOREME 18.2 Soit f un endomorphisme admettant n Soit g ∈ L(E) tel que f ◦ g = g ◦ f .


Pour i = 1, . . . , n, on a Eλi (f ) = Vect(bi ) et cette droite
valeurs propres distinctes. Alors f est cyclique. est stable par g, ce qui prouve que g(bi ) ⊂ Vect(bi ).
Ainsi, la base B est également diagonalisante pour g.
Démonstration : On choisit une base E = (e1 , e2 , . . . , en ) Notons B = mat(g) = diag (µ1 , µ2 , . . . , µn ).
B
propre pour f et on note (λ1 , λ2 , . . . , λn ) les valeurs propres On considère maintenant le polynôme interpolateur
Pn 
associées. On pose x = ei et B = x, f (x), . . . , f n−1 (x) . de Lagrange associé aux scalaires (λ1 , λ2 , . . . , λn ) et
i=1 (µ1 , µ2 , . . . , µn ) (ce qui est possible car les λi sont dis-
La matrice M = matE (B) est une matrice de Vander- tincts deux à deux) :
monde, plus précisément M = V (λ1 , λ2 , . . . , λn ), ce qui
montre que M est inversible donc B est une base de E. ∀i ∈ J1 ; nK P(λi ) = µi .
On a alors immédiatement B = P(A) et donc g = P(f ).
Cela montre que C(f ) ⊂ Kn−1 [f ].
THÉOREME 18.3 Soit f un endomorphisme cyclique et • On a donc K[f ] ⊂ C({) ⊂ Kn−1 [f ] ⊂ K[f ] ce qui montre
diagonalisable. Alors f admet n valeurs propres distinctes. l’égalité entre ces ensembles.

Démonstration : On choisit donc x ∈ E vérifiant  E = K[f ](x).


Notamment, la famille x, f (x), . . . , f n−1 (x) est libre, donc
c’est une base de E. Dans cette base, la matrice de f est une THÉOR EME 18.5 Soit f un endomorphisme cyclique (dia-
matrice compagnon. Le polynôme caractéristique de cette gonalisable ou non !). Alors
matrice compagnon est donc égal au polynôme P = Xp + 
n−1
P C(f ) = P(f ) ; P ∈ K[X] = K[f ]
ak−1 Xk (exercice classique, une simple récurrence) et 
k=0
on sait que les sous-espaces vectoriels propres associées sont = P(f ) ; P ∈ Kn−1 [X] = Kn−1 [f ].
tous de dimension 1. Donc f est scindé simple.
Démonstration : Soit x ∈ E tel que Bx soit une base de E.
On commence par démontrer le lemme suivant :
☞ Contre-exemple 1 L’hypothèse « diagonalisable » est essentielle !
Par exemple, l’endomorphisme dont la matrice dans la base cano-
nique de C2 est LEMME 18.6 L’application linéaire
 
1 1 ψ : C(f ) −→ E
mat(f ) =
can 0 1
g 7−→ g(x)
est bien cyclique (prendre x = e2 ), mais Sp(f ) = {1} et f n’est pas
diagonalisable. est injective.

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 endomorphismes cycliques

Démonstration du lemme : ❏ Soit g ∈ C(f ) tel Si l’on note (λ1 , λ2 , . . . , λm ) le spectre de u, et


que ψ(g) = 0. Alors g commute avec f et e1 , e2 , . . . , em la liste formée du premier vecteur de chacune
g(x) = 0 ; par suite,  l’image par g de la famille des bases, posons
x, f (x), . . . , f n−1 (x) est nulle ; or cette famille est
une base, donc g = 0 ❏ x = e1 + e2 + · · · + em .
Chaque ek est dans Fλk (u) qui est stable par u. Autrement
Conclusion : ψ est injective.
dit, pour tout polynôme Q on a
m
X
Q(u)(x) = Q(u)(ek )
On en déduit que dim C(f ) 6 n. Or C(f ) contient triviale- | {z }
k=1
ment Kn−1 [f ]. ∈Fλ (u)
k

qui ne peut être nul que si chaque Q(u)(ek ) est nul, c’est-à-
LEMME 18.7 dim Kn−1 [f ] = n.
dire si Q divise (X − λk )d(λk ) ; puisque ces polynômes sont
premiers entre eux, Q(u)(x) est nul si et seulement si Q divise
Démonstration du lemme : On sait déjà que
d
dim Kn−1 [f ] 6 n. Y
(X − λk )d(λk ) .
Montrons que la famille (Id, f, . . . , f n−1 ) est libre.
k=1
❏ Soient (α0 , α1 , . . . , αn−1 ) des scalaires tels que
α0 Id +α1 f + · · · + αn−1 f n−1 = 0. On applique cette Ce polynôme est donc le polynôme minimal de u. Puisqu’il
relation à x ; le fait que Bx soit libre montre que est de degré d(λ1 )+ · · · + d(λm ) = n, il s’ensuit que la famille
αi = 0 pour i = 0, . . . , n. ❏ 
Bx := x, u(x), . . . , un−1 (x)
La liberté de la famille (Id, f, . . . , f n−1 ) montre
que dim Kn−1 [f ] > n. est libre, c’est donc une base !

On en déduit que dim C[f ] = n. Puisque Kn−1 [f ] ⊂ C(f ) et


que ces deux sous-espaces vectoriels ont même dimension, il (b) ⇒ (a) Réciproquement, supposons u cyclique et que
sont égaux. Bx0 := x0 , u(x0 ), . . . , un−1 (x)

Enfin, on conclut par les inclusions
soit une base de E. Alors dans une telle base la matrice de u
K[f ] ⊂ C(f ) = Kn−1 [f ] ⊂ K[f ] est une matrice compagnon :
 
qui montrent l’égalité des ensembles. 0 −a0
1 0 −a1 
 
 . ..

THÉOREME 18.8 Soit u ∈ L(E). Alors il y a équivalence
 
C = mat(u) =  1 −a2 
B  
 .. .. 
entre les énoncés :  . 0 . 
(a) ∀λ ∈ C rg(u − λ idE ) > n − 1 ; 1 −an−1
 et son polynôme caractéristique est P0 = a0 + · · · +
(b) ∃x0 ∈ E rg x0 , u(x0 ), . . . , un−1 (x) = n.
an−1 Xn−1 + Xn .
On remarque alors que C − λ In est toujours de rang au
Démonstration : (a) ⇒ (b) Toutes les valeurs propres de u moins n − 1 (les n − 1 premières colonnes sont échelonnées).
sont telles que dim Eλ (u) = 1.
Tout d’abord un petit rappel :

LEMME 18.9 Si v est un endomorphisme d’un espace vecto-


riel F de dimension finie d, si v est nilpotent et si rg v =
d − 1, alors v est nilpotent d’indice d − 1 et notamment il
est cyclique.

Démonstration : Par technique des noyaux itérés, le


noyau de vk est de dimension au plus k ; ainsi vd−1 6=
0. On choisit alors un vecteur a tel quevd−1 (a) 6= 0,
et la famille Ba = a, v(a), . . . , vd−1 (a) est une base
de F.
On décompose maintenant l’espace E en la somme des
sous-espaces caractéristiques :
M
E= Fλ (u) Fλ (u) = Ker(u − λ idE )n .
λ∈Sp u

Sur chacun des sous-espaces caractéristiques (évidemment


stables par u), l’endomorphisme induit uλ est tel que
nλ := uλ − λ idFλ (u)
est nilpotent (c’est le principe de la « super-
trigonalisation » !). Par hypothèse, le noyau de nλ est
de dimension 1, donc d’après le lemme précédent, chaque nλ
est cyclique et a pour matrice dans une base Bλ adéquate
 
λ
1 λ 
 
Jd (λ) =  . . 
 .. .. 
1 λ

Son polynôme minimal est donc (X − λi )d(λ) où d(λ) est la


dimension de Fλ (u).

Walter Appel Compléments de Mathématiques, Math Spé MP**

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