Edités par

Marie-Laure Chaieb

Les Pères de l'Eglise

a
l'écoute du peuple de Dieu

S ensus fife fium et úiscours øutorisés

[urønt f øntiquité tørúive

Actes du VII' colloque de La Rochelle

9,l0 et 11 octobre 2015
sous la double présidence de
@ Associatíon CarftastPatruz - Novembre 2016
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
pour tous pays.
ISBN : 979-1.0-95732-00-6 Mme Catherine MeruB Mgr Bernard HoussBr
Doyen de la Faculté de Droit Évêque de La Rochelle
de La Rochelle et Saintes

CøritascPøtrum
 Éil¿sncsNcn, ET EVOLUTToN
DE LA DoCTRINE SUR I'ESPRIT SenqT
SON TNSPIRATION ET SA RECEPTION
PAR LE PEUPI.E np Dmu

Dans ma communication j'essaierai de retracer l'émergence et

l'évolution de la doctrine sur l'Esprit Saint, spécialement dans la seconde
moitié du quatrième siècle en tenant en compte de la manière dont cette
doctrine était inspirée et reçue dans le peuple de Dieu.
À l'exception de quelques passages johanniques et pauliniens
brillants, le reste du Nouveau Testament ne fournit qu'une réflexion
pneumatologique naissante. Alors que les Pères apostoliques n'avancent
pas beaucoup dans cette discussion, c'est seulement à la fin du deuxième
siècle que deux auteurs vont discuter sérieusement le rôle de l'Esprit dans
le salut. Dans sa polémique anti-gnostique, l'évêque Irénée réfléchit sur
l'Esprit dans I'oircovopío. Pas beaucoup plus tard en Afrique du Nord,
Tertullien va produire quelques idées importantes aussi. Néanmoins,
comme dans de nornbreux autres domaines de la discipline théologiçlue, ce
sera Origène qui va commencer une réflexion systématiquè sur le Saint-
Esprit, basée sur des données scripturaires et laissant plusieurs questions
ouvertes, par exemple si l'Esprit est une créature ou nonl. Toutefois, cette
discussion pneumatologique fut clairement secondaire par rapport à la
question christologique. Au siècle suivant, plein de conflits, ni Arius ni le
concile de Nicée n'accordent une grande importance à la personne de
l'Esprit Saint, étant tous les deux concentrés presque exclusivement sur ie
statut du Christ.

1. Cf. P. AncÁnerp, < The Holy Spirit in the Origen's De Principiß 3.1 >, dans Robert
Sovos and Gyorgy HEtoi, (ed). Origeniana Nona. Leuven: Peeters 2009,25-47.
L'Esprit et le Peuple 143 P. Argarate
 Néanmoins, cela ne signifie pas que l'Esprit a été totarement
ignoré. En ce qui concerne les adversaires d'Athanase, l'information qu'il a reçue
Il joue en effet un certain rôle dans le système ãe Marcel
d,Ancyre, ce qui
va provoquer une vive opposition de la part d'Eusèbe de Sérapion se réfère à un groupe qui, après avoir quitté les ariens, affirme
de césarée, qui clame
que l'Esprit est une créature du Fils. A côté de ces toutefois que l'Esprit est une créature, plus précisément un ange. Il s'agit
discussions doõtrinales,
le fort impact de l'émergence et du développement de I'ascetisme d'un mouvement local (ce qui expliquera pourquoi l'évêque de Thmuis en
et du
m¡nachisme ne peut être ignoré, car il apporte un regain
d,intérêt pour Gregoriana ; GoNzÁrnz, C.I., El desarrollo dogmático en los concilíos cristológicos (1991),
l'Esprit, plus dans le domaine spirituel qrr" dun, le domai'ine
doctrinal. Santafe de Bogotá : Consejo Episcopal Latinioamericao ; GR¿N¡oo, C. Atanasio de
Autour de 349 cyrille de Jérusalem, s'adressant aux catéchumènes Alejandría. Epístolas a Serapión sobre el Espíritu Santo (2007), Madrid : Ciudad Nueva ;
et
en leur cofirnentant le symbole de foi, consacre deux catéchèses HANSoN, R.P.C.,The Search for the Christian Doctrine of God. The Arian Controversy.
(XVI-
xuÐ à l'Esprit. Pas intéressé par un exposé doctrinal, il se limite à exposer (2005) Grand Rapids, MI: Baker Academic : 318-381 ; HmoN, A., <<Zur Theologie der
richement ce que les deux Testamenis disent sur i,Esprit. 'Tropici' dans den Serapionbriefen des Athanasius. Amos 4, 13 als Pneumatologische
Malgré une Belegstelle > (1974) Kyrios, 14:314 ; JAMMARRoNE. L., Lettere a Serapione sulla divinità
attitude conservatrice_marquée à cet égard et demandant dello Spiríto Santo (1983) Padua : Ed. Messaggero ; LevttNsru, Ã., Der Heilige Geist als
explicitement à ses
auditeurs de ne pas aller au-delà de l'Écriture, ces catéchèses Geist Christí und Geist der Gläubigen. Der Beítrag des Athanasios von Alexandrien zur
constituent un
signe que l'Esprit Saint est maintenant recon¡u théologiquement, Formulierung des Trinitarischen Dogmas im vierten Jahrhundert (1969), Leipzig : St.
principalement en raison de sa présence dans la tradition, Benno- Verlag ; LEnou, J., Athanase d'Alexandríe. Lettres ò Sérapion sur la divinité du
re symbole, et, Saint-Esprit (1947), Paris : Cerf; Lrnt, J., Des Heiligen Athanasius vier Briefe an Serapion
pas moins, la prière de I'Église.
Bischof von Thmuis (1913), Munich : Kempten; MtcNr, J.P., Pøtrologiae Graecae Tomus
En 358/359, se cachant dans re désert et protégé par ses moines, 26 (1851), Paris: Imprimerie Catholique ; Opttz, G.-H., (Jntersuchungen zur Uberlieferung
Athanase reçoit une lettre d'un de ses évêques, sérapion, der Schriften des Athanasius (1935), Berlin, Leipzig : Walter de Gruyter; Se¿rp, H.,
lui demandant des < Das Präskript zum ersten Serapionsbrief des Athanasios von Alexandreia als
conseils sur la façon de procéder ur"" rr groupe àe chrétiens, pneumatologisches Programm > (1972) Vigiliae Christianae,26:188-199;S,texE, H.
qui, ayant
quitté l'hérésie arienne, considèrent le saint-Esprit < Beobachtungen ar Athanasischen Pneumatologie > (1973a) Neue Zeitschrift fiir
comme une créature, et
s'appuient sur une interprétation particulière de certains passages systematische Theologie, 15 348*364; SeeKE, H., Pneumatologica. Untersuchungen zum
bibliques Geist Versteindnis im Johannesevangelíum, bei Origenes und Athanasios von Alexandreia
et des arguments logiques. profondément choqué, Athanåse
réiond par une (1973b) Frankfurt am Main : Diagonal-Verlag ; SaarE, H., < La notion de la Trinité à visée
longue lettre adressée à l'évêque Sérapion, pleine de passages
iibtiqu"r, pansotériologique chez Origène et son déplacement inha-ecclesial chez Athanase
il examine les arguments bibliques ef rogiques transmis pãr sérapion, etoùil d'Alexandrie >> (1974) tn Politíque et théologíe chez Athanase d'Alexandrie. Actes du
fournit en outre ses propres arguments sur ce thème. En raison de colloque de Chantiþ 2j-25 septembre 1973. Edited by Kannengiesser, Ch. Paris :
l'extension de cette réponse, Sérapion va demander deux fois Beauchesne :295-304 ; SewIus, K., Athanasius \lerke. Erster Band. Erster Teil. Die
d,avoir des dogmatischen Schriften. 4. Lieferung. Epístulae I-IV ad Serapíonem (2010) Berlin-New
réponses abrégées. À h suite de côh, nous avons les trois (quatre)
lettres à York: De Gruler ; Suaru.tNo, C.R.B. , The Letters of Saint Athanasius concerning the Holy
Sérapion sur le Saint-Esprit, ce qui deviendra une étape Spirít. Translatedwith Introduction and Notes (1951) London : Epworth Press ; Stnnnu,
àåcisive dans le
développement de la théologie de l,Esprit Saint2. H.J., < Herméneutique de l'exégèse dogmatique d'Athanase > (19'/4) tn Politique et
thiáologíe chez Athanase d'Alexandrie. Actes du colloque de Chantilly 23-25 septembre
1973. Edíted by Kannengiesser, Ch. Paris: Beauchesne : 195-214 ; Sit',toNlru, M., 1/
2.cf. P. AncÁnerE, << The Holy spirit in Athanasius, Epistres to serapion >>, Cristo. Volume II. Testí teologici e spiritualí in lingua greca dal IV al VII secolo (1990) 2
dans coptic édition. Milano : Mondadori ; Tutz, M., Athanasiana. Zu Leben und Lehre des Athanasius
Journal, Journal of the canadian sociery
for coptic studies 2 (zbrr), 23-43. Aussi (1995) Berlin and New York : Walter de Gru1ter ; TonnaNce. T.F., < Spiritus Creator: A
cavppli,, c, < The Doctrine of the Holy spirit in the theology of Athanasius
>, scottish Consideration of the Teaching of St. Athanasius and St. Basil >(1965) in Theologt dans
Journal of rheology (197 q 27 : 408440 ; carraNEo, E. Atanasio,
Lettere a serapione. Lo Reconstruction Edited by Torrance, T.F. London : SCM Press: 209-228 ; Wet-xrn, J.B. <
spÌrito santo. Traduzione, introduzione e note a cura di Enrico Convenance épistémologique de l'homoousion dans la théologie d'Athanase >(1974) in
cattane-o s.l (19g6) Rome :
città Nuov¿ ; I-o, << La bestemmia contro 1o spirito Santo (Mt 12,3r-32) Politique et théologie chez Athanase d'Alexandrie. Actes du colloque de Chantílly 23-25
ins. Atanasio. >l in
studia Patrßtica (19gg), vol. )oü. edited by Livingstone, E.A.
Leuven : peeters :420425 ; septembre 1973. E1nted by Kannengiesser, Ch. Paris : Beauchesne'.255-275 ;
Wnnexov,
FITSCIßN, K., Serapion von Thmuis. Echtà und inechte T .G., Athanasius : A eological Introduction (2007) Aldershot : Ashgate ; WoLnvsru, 1., <<La
Schríften sowie die Zeugnisse des
Athanasius und anderer (1992) Berlin-New york : de Gruyter Pneumatologie des Pères Grecs avant le Concile de Constantinople I > (1983) tn Credo in
processíone dello spírito santo in s. Atanasio
; Grulrawr, G. Divinità e Spiritum Sanctum. Atti del Congreso Teologico Internazionale di Pneumatologie, Roma 22-
ltoso; i.o-. : pontificia università 26 marzo 1982.Yol I. Citta del Vaticano: Liberia Editrice Yaticana:127-162.
L'Esprit et le Peuple ru4 p. Argarare
L'Esprit et le Peuple 145 P. Argarate
appelle à son métropolitain) qui après l'expulsion d'Athanase de son siège
est né sous f influence de Aetius et d'Eunome en 356, desquels les
membres de ce groupe ont appris que l'Esprit étaitla créature du Fils. En
358, à cause de l'échec arien en Egypte, ils reviennent à l,Eglise.
cependant, tout en acceptant la divinité du Fils et prétendant être en
communion avec les orthodoxes, ils faisaient circuler cette doctrine
anoméenne sur l'Esprit en rendant publics les arguments d,Aetius.
Dans les lettres, le groupe est désigné par le nom de tpoærrcoí. Est-ce
Athanase qui crée cette dénomination, ou bien la prend-il des lettres de
sérapion ? Puisque celles-ci n'existent plus, nous ne pouvons pas être sûrs
du terme utilisé par Sérapion. Néanmoins, à cause de la façon ãbrupte dont
il est introduit dans les lettres et la description plutôt vague, nous pouvons
supposer que le terme procède de Sérapion et son miiieu, et Athanase
reprend une terminologie déjà formulée.
Le terme est connecté avec tpónoç, et celui-ci est compris comme
une herméneutique particulière de passages bibliques. Avant de présenter
les deux exégèses bibliques clés de ses adversaires, Athanase se réfere à ces
tpóæor. Selon lui, ceux-ci sont inventés ou conçus et pervertissent le texte
biblique. Ils semblent se référer à une certaine interprétation allégorique ou
figurative des Écritures, extrapolée de leur contextè. Bien qu'Athanase ne
désapprouve pas f interprétation figurative et même fait usage de celle-ci,
en particulier dans ses æulres antérieures, il s,oppose à cette
herméneutique particulière plus qu'à la méthode elle-même. En réalité, tous
les partis de la -controverse arienne jouent avec des interprétations
< topiques > de l'Écriture où l'interprétation littérale était défavorable à
leurs propres opinions, et pas plus que les orthodoxes dans leur exégèse de
Prov 8,22 (<<Yahvé m'a ctéée, prémices de son ceuvre, avant ses æuvres
les plus anciennes >>).
En tout cas, il n'y a pas beaucoup de preuves sur ce qu,étaient les
tpónor ernployés, au-delà d'une manière assez vague de I'interprétation de
passages bibliques qui ont rencontré la désapprobation d'Athanase. ceci est
plus précis quand il leur reproche I'ignorance des critères de base dans
l'interprétation de textes, concrètement de ne pas distinguer entre les
différents esprits. Il semble que la critique d'Athanase au-delà d'exégèses
particulières, vise plutôt leur attitude vis-à-vis des Écritures.
Athanase les appelle < parfaits dans cette médisance contre I'Esprit ! >
et les décrit cornme fivmpû,ropü,loúvteç, c,est à dire, < combaltant
l'Esprit >. Bien que moins fréquent que rpoTclKoí, la désignation de
ruveupo,topú1oL apparemment inventée par Athanase, aura un impact plus
L'Esprit et le Peuple 146 p. Argarate
il survivra au conflit local égyptien
longtemps et, contrairement à tponrroí,
en devenant un nom général pour tous ceux qui s'opposent à la
reconnaissance de la pleine divinité de l'Esprit dans les conflits de la
seconde moitié du IV" siècle. Néanmoins, une nette difference entre les
rponrrcoí et les nveupotopú1or postérieurs doit être soulignée. Alors que ces
derniers sont essentiellement conservateurs, hésitants, et dans une certaine
mesure contradictoires, en évitant toute déclaration sur le Saint-Esprit, sur
la base de l'absence de preuve biblique autour de son caractère divin, la
doctrine des tponrrcoí est très claire : l'Esprit est une créature (< ils disent
que le Saint-Esprit est une créature >> ; qu'ils << comptent l'Esprit avec les
créatures >>), I'un des anges et des esprits serviteurs, le Grand Ange, ne
différant des anges que dans le degré.
Pour conclure sur ce point, même une première lecture des lettres ne
permettrait pas au lecteur d'échapper à leur caractère fortement biblique.
Athanase commence en fournissant des principes herméneutiques qui
aident à l'exégèse des textes scripturaires qui se réfèrent à l'Esprit. A la
suite, il se liwe à une analyse détaillée des preuves bibliques invoquées par
ses adversaires. Après, il fournit une très longue série de passages bibliques
et les interprète. Dans les lettres un passage suit I'autre à l'appui de sa
compréhension du caractère incréé de l'Esprit. Sa principale accusation
contre les tponrrcoí porte sur leur manipulation des Ecritures et leur manque
de respect envers les textes sacrés
La position d'Athanase est dans une large mesure exprimée d'une
manière négative. Cela pourrait être expliqué par le moment particulier
dans les controverses théologiques. Comrne ceia va se passer plus tard au
synode d'Alexandrie, Athanase est en train d'unifier les partisans du
concile de Nicée. Basile même, quelques arurées plus tard, montre aussi une
attitude < politique > similaire à l'égard de l'Esprit. Dans le cas d'Athanase,
il est wai que, au moins dans deux passages, il est très proche d'afftrmer la
divinité de l'Esprit. En effet, en se référant à la Triade, il ajoute : < qui est
confessée corffne Dieu (0eoÀoyoópevog). En plus de cela, deux fois l'Esprit
est qualifié d'ô¡rooúotoç, ce concept étant la première fois appliqué à lui.
Néanmoins, tout le reste des textes présente la divinité de l'Esprit en termes
négatifs, en indiquant son être non-créaturel. L'Esprit n'est pas une
créature, explicitement pas un ange; différent des créatures dans son être et
son agir. Positivement exprimé, l'Esprit est < de > (érc) ou ( en D (êv) Dieu.
Alors que l'Esprit est de Dieu, du Père, une caractéristique de la
pneumatologie d'Athanase est son accent christologique. L'Esprit Saint est
aussi l'Esprit du Fils.
L'Esprit et le Peuple 147 P' Argarate
 Enfin, en écrivant ces lettres Athanase propose le premier traité sur
Saint-Esprit. ces lettres et leur application quasi immédiate dans
domaine des politiques ecclésiastiques à travers ie synode d,Alexairdrie
le Tomus ad
Antiochenos mettent définitivement la question
pneumatologique à l'ordre du jour théologique du quatrième siècle.
Et en
réfléchissant sur l'Esprit, il réussit à fournir la première discussion
systématique et la formulation du mystère trinitaire, païce que le saint-
Esprit perfectionne la Triade. Il est intéressant de notõr qu,Athanase, qui
n'avait traité jamais de maniere systématique la question pneumatologique,
ne reviendra plus à elle sauf à l'exception du Tomus ad Antiocheroi
ru
très brève, même si très importante, référence à I'Esprit. "t
Probablement à un moment proche de celui où Athanase rédige ses
lettres et non loin de lui, à Alexandrie, Didyme écrit son traité sur le Saint-
Erplit, où il réfléchit sur l'Esprit basé presque exclusivement sur les
Ecritures. sans aller bien au-delà, et manquant d,une terminologie
technique, il insiste fortement sur l'égalité dans l,essence des tróis
personnes divines. Malgré toutes ces limitations, la pertinence de ce travail
ggut être donnée par rme possible d¿te antérieure du traité. Dans ce cas,
bien que limité aux données bibliques, le travail de Didyme serait la
première proclamation de la pleine divinité de I'Esprit3.
En 362, également à Alexandrie, un synode très décisif a lieu, dont
Athanase informe les Antiochiens dans le Tomus ad Antiochenosa. Le
synode est crucial en rassernblant le parti nicéen divisé et en établissant des
conditions minimales. L'une d'elles, exprimée négativement, applique
l'anathème à ceux < qui disent que le saint-Esprii est une créature et
séparée de l'essence du christ >. La question pneumatologique est
maintenant manifestement à l'ordre du jour théologique. Et tãnãis que
I'hypostase de l'Esprit a gagné l'acceptation universelle et consciente, et a
commencé à être considérée coflìme une personne en relation personnelle
avec le Père et le Fils, différentes positions théologiques se pãsent à cet
égard. Il y avait beaucoup de gens qui ont tro,rvê plus facile de le
considérer comme créature possédant une dignité et un pouvoir uniques, ou
3.
Cf. P. AncÁn¡r¡, < Zwischen Origenes, Athanasius und Kyrill. Ein weiteres Kapitel
alexandrinischen Penumatologie. Das Traktat "ûber den Heiligen Geist" des Didynos
dans : Dmitrij Bumazhnov. Christliches tigl,,pten in der spcitantlken Zeit (Studrenund
zu Antike und Christentum 79). Tübingen, Mohr Siebeck;2013, pp g1_91.'
4.
cf. cnaNcseolq Ypurr¿. Die synodelon Alexandrien (362). DiZ-dog*"rgochichtliche und
kirchenpolitische Bedeutungfi)r die Kirche im 4. Jahrhunderr. Munsier 20õ5.
L'Esprit et le Peuple 14g
le comme un être intermédiaire, ni Dieu, ni créature. Et, sans aucun doute,
il y
le qui ont préfêrê laisser àl'êcart toute la
en avait beaucoup plus d'autres
question et ne rien dire du tout. Tous trois courants d'opinion ont
et
probablement été représentés dans ce qui sera plus tard désigné par le terme
impropre de < macédoniens >>, ou plus adéquatement exprimé,
rveupocopú1or. Cette catégorie est constituée par un large spectre de
positions théologiques, qui ont seulement en coÍtmun le refus de souscrire
à la pleine divinité de l'Esprit.
L'an suivant, Basile cornmence en quelque façon sa réflexion
pneumatologique ; réflexion qui va conduire jusqu'au De spiritu sancto en
3755. En effet, déjà en 363 dans le troisième liwe de l'Adversus Eunomium,
il s'occupe de l'Esprit, en lui étendant l'ôpooóoroç. Après cela le thème
pneumatologique est continué avec le huitième prologue de son De Fide,
De Spiritu, homélies 15 et 16, et les homélies sur les Psaumes. Basile est
devenu ainsi de plus en plus conscient de l'importance de l'Esprit Saint à
l'ordre du jour théologique. C'est toutefois seulement avec son De spíritu
sancto qu'il réussit à produire une discussion pneumatologique
systématique. En effet, après avoir rompu avec son mentor Eustathe de
Sébaste, il développait la pneumatologie d'Athanase, restant toutefois
prudent et, dans une certaine mesure, ambigu sur la divinité de l'Esprit ; il
appartiendra à son ami Grégoire de Nazianze de porter la pensée
pneumatologique à son achèvement patristique.
Dans son De spiritu sancto, Basile présente ses adversaires cornme
rveuporopú1or, faisant d'eux un front solide et clair. Qui sont-ils ? Tout
d'abord, ils ne sont pas les tponrrcoí dénoncés par Sérapion à Athanase. Au
tout début du traité (chapitre 2), Basile introduit une citation très
significative de l'anoméen Aetius, qui lance la discussion sur la philosophie
du langage et de la connexion entre le langage et la réalité. Cela vient après
que Basile mentionne la forte controverse sur sa terminologie doxologique.
Le principe d'Aetius conduit à affrmer que des termes différents
5. (
Cf Basil's Treati,qe On the Holy Spirit >, dans Gunnar a¡ ll¿iI-rsrnÔn¡ (ed). The
Actuality of Saint Basil the Great. Ãbo [Turku], Finland, 2011, pp 10-42. Aussi Pnucn, B.
< Autour du traité sur le Saint Esprio> in Recherches de Science Religieuse 52 (1964),204-
232 ; Pnucru, B. Introduction to Basile de Césarée. Sur le Saint-Esprit ; introduction, texte,
der traduction et notes par Benoit Pruche. Edition: 12. éd.l Paris : Édition du Cerf, 1968 ;
>, PRUCHE, B, <L'originalité du traité de saint Basile sur le Saint-Esprit> dans: RSPhTh 32
Texte (1948), 207-221 ; Poucnr, Jean R" ( Le traité de Saint Basile sur le Saint-Esprit : Son
milieu originel >> in Recherches de Science Religieuse 84,3 (1996),325-350; Poucrnr,
Jean R., < Le traité de Saint Basile sur le Saint-Esprit (suite) : sa structure et sa portée > in
Recherches de Science Religieuse 85,1 (1997),11-40.
p. Argarate L'Esprit et le Peuple 149 P. Argarate
(prépositions) renvoient à des réalités différentes (les personnes divines) et
cela sera appliqué, bien sûr, à l'Esprit Saint. Néanmoins, après cette
référence pertinente à Aetius, il disparaît totalement du De spiritu sancto, et
il débat surtout avec son disciple Eunome, qui est le seul wãiment envisagé
au long du traité.
outre Eunome, Basile pense également aux homoiousiens. parmi ce
groupe, auquel Basile appartenait autrefois, il y avait deux attitudes à
l'égard du Saint-Esprit. Les homoiousiens de droite allaient dans la
direction de l'ôpoouoroç nicéen, le seul obstacle étant I'identification du
concile entre oúoíu et ùnóo'ua,<irç mais le Tomus ad Antiochenos avait déjà
soutenu que les différentes terminologies d'une ou trois hypostases sont
équivalentes. Différente êtaitla position des homoiousiens de gauche, sous
la direction d'Eustathe, qui clairement rejetaient le terme di Nicée, en
refusant aussi de reconnaître la divinité de I'Esprit.
Eustathe étant proche de la position d'Arius au début de sa carrière a
ensuite évolué vers une position homoiousienne. Connu cornme un ascète
prestigieux, il montrait des liens manifestes avec la famille de Basile, en
particulier avec sa sæur Macrine. Grâce à elle, il est devenu le mentor de
Basile et son initiateur dans la vie monastique, en visitant avec lui des lieux
monastiques dans les années 350. cette amitié sera troublée, néanmoins,
par l'attitude ambiguë d'Eustathe envers Nicée. Depuis plusieurs années,
Basile, déjà dans une situation ecclésiastique très complexe comme évêque,
avait évité la rupture avec lui. cependant, la pression des défenseurJ d.
Nicée, en particulier Théodote de Nicopolis, mettra Basile dans une
situation fort difficile. En juin 372, Llle rencontre et a avec lui un débat
célèbre sur le saint-Esprit en arrivant finalement à un accord. presque
imrnédiatement après, Eustathe se rétracte. Basile et Théodote de Nicopolis
envoient à Eustathe une déclaration de foi à souscrire, déclaration prise
dans la lettre r25 de Basile. celle-ci, contenant déjà en résumé la doctrine
du De spiritu sancto futur, a été destinée à servir de préparation pour un
synode des évêques de la cappadoce, l'Arrnénie et du pont. court devant le
synode, Eustathe abjure sa signature de la confession de foi, en conduisant
ainsi à la rupture définitive avec Basile. Eusthathe est allé plus loin et
commence à l'attaquer en rendant publique une vieille correspondance
entre Basile et Apollinaire. Après cette rupture définitive, Eustathe devint
le chef du parti Pneumatomachien et tint un synode à cyzique en 376. De
cette façon, eunomiens et eusthathiens parviennent à former un front
commun qui nie la divinité de l'Esprit saint. En résumé, au long du De
L'Esprit et le Peuple
150 P. Argarate
spiritu sancto, Basile engage des discussions avec les positions anoméer¡res
et homoiousiennes de gauche.
Deux ans après le débat mentionné ci-dessus avec Eustathe, le 5 ou 7
septembre de 374, peut-être, Amphiloque étant présent, Basile célèbre la
mémoire du martyr Saint Eupsychius, en utilisant dans cette liturgie une
ancienne forme de doxologie qui dans une certaine mesure était tombée
hors d'usage : < Gloire au Père, avec (petú) le Fils, dans (ouv) I'Esprit
Saint > au lieu de la ligne de forme courante : < Gloire au Père, par le Fils,
dans l'Esprit Saint (ev rA 'AyíA llvaupotr) >>. Sur ce terrain, il lui est
immédiatement reproché ce que ses adversaires considèrent comme une
innovation (< mots étranges et contradictoires >). Écoutons le propre
rapport de Basile sur l'origine du conflit.
Amphiloque ayant exprimé son désir d'une instruction spéciale sur la
valeur de ces prépositions discutées, le but de Basile en rédigeant le De
spiritu sancto est donc de justifier cette doxologie (< avec le Saint-Esprit >)
et, plus important encore, la théologie qui la soutient. Nous devons être
conscients que Basile se trouve dans une position difficile. Il est soupçonné
dans son orthodoxie de deux côtés différents : d'une part parce qu'il ne
précise pas clairement la divinité du Saint-Esprit et d'autre part, de le
glorifier avec le Père et le Fils.
Le De spiritu sancto serait donc la tentative de Basile de concilier les
homoiousiens de droite, rassemblés autour de Melèce d'Antioche et les
homoiousiens de gauche regtoupés autour d'Eustathe de Sébaste. Drecoll
voit dans le De spiritu sancto un document de base qui réconcilierait tous
les homoiousiens à un synode en373. Ce sera là, pourtant, où Ia rupture
avec Eustathe aura lieu. Après cela et la critique déjà mentionnée sur la
doxologie en374, Basile va ajouter les chapitres 1 et 30. Ainsi Basile tente
maintenant de gagner les homoiousiens de gauche qui n'ont pas suivi
Eustathe. Faisant ainsi, il évite de mentionner explicitement soit le credo de
Nicée soit la distinction entre oùoío et uæóo'toorç. Enfin, en adressant son
ffavatl à Amphiloque il tend la main à son allié le plus important à ce
moment au-delà de sa zone d'influence6.
ó. Sru- la théologie du De spiritu sancto, cf. A¡on, Ysabel de, < La 'koinônia' du Saint-
Esprit dans le traité sur le saint-Espril de saint Basile > in lrénikan 77 Q004),239-210 ;
Asre, Gerardo, < El Espíritu Santo en las cartas dogmáticas de San Basilio >> in Estudios
trinitarios 18 (1934), 255-275; B¡ersy, Chr. 4., < The Holy Spirit dans the Cappadocians :
Past and Present >> in Modern Theologt 26,1 (2010), 90, 119 (especially 91-98) ;
Cevarceun, Elena, < 'Theognosia' pet mezzo dello Spirito e inconoscibilità dello Spirito
nel De Spiritu Sancto di Basilio di Cesarea >> in Augustinianum 19 (1979), 404-414 ;
151
L'Esprit et le Peuple P. Argarate

Cinq ans plus tard, on l'espace de quelques mois, Grégoire de
Nazianze prononce à constantinople deux discours célèbres, le premier sur
la fête de la Pentecôte, le second constituant le cinquième et ãernier des
fameux << discours théologiques >. Là, il rompt avec les réserves
publiques de Basile et proclame ouvertement la divinité de l'Esprit et, ce
faisant, donne sa forme définitive à la pneumatologie patristique. Dans son
cinquième < discours théologique >7, Grégoire, après avoir exposé sa
camlm, R. < La procession du Saint-Esprit d'après la litwgie grecque de Saint Basile >
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Obgq,
519-529.
7 doctrine atteindra son plein développement. Dans l'Anastasia, Grégoire
cf. AncÁnern, Gregory of Nazianzus, oration 3I on the Holy spirit nNicu Dumitrascu
P.
(ed.), The Ecumenical l-ægacy of the cappadocians, Houndmills-New york: palgrave
Macmillan, 2016: 185-198
L'Esprit et le Peuple 152 p. Argarate
pensée sur I'Esprit, discute les arguments rationnels de ses adversaires.
Toutefois, afin de fournir un peu de clarté dans une sitûation très complexe,
dans les paragraphes 5-6 il offre un état de la question sur les différentes
positions concernant la question pneumatologique. Parmi les cinq réponses
possibles, il laisse rapidement de côté les Sadducéens et les philosophes
païens et se concentre entièrement sur la pensée chrétienne. Beaucoup de
confusion règne ici. Cela peut être décrit de la manière suivante : alors que
certains considèrent l'Esprit comme une evépyero (conçu explicitement
comme un << accident >), d'autres le comprennent coÍtme une oóoío (ou
objeÐ. Parmi ceux-ci, certains le considèrent comme une créature (les
eunomiens et les homoiousiens), tandis que d'autres, le regardent corrìrne
; Dieu. Néanrnoins aucun de ces groupes (avec peut-être l'exception des
eunomiens) n'est parmi les principaux destinataires du discours. Les wais
destinataires sont en effet ceux qui, sur la base de ce qu'ils considèrent
cornme un manque de preuves scripturaires claires, évitent de le considérer
comme Dieu ou créature. Comme déjà w, ces agnostiques sont connus
sous le terme impropre de Macédoniens ou flvÐpuro¡rú1or, qui ne se
reconnaissent pas dans les Tpoærrcoí visés par Athanase. En effet ceux-ci
avaient une conception positive de l'Esprit en I'identifiant avec un ange,
tandis que les flveupoto¡ró1or, conìme Grégoke vient de le dire,
simplement ignorent qui est l'Esprit et évitent toute déclaration au sujet de
son statut. En outre, ces adversaires abordés dans le cinquième discours ne
sont pas nécessairement des gens en dehors de la propre communauté pro-
nicéene de Grégoire, mais pourraient être des moines du patriarcat
d'Antioche présents à l'Anastasia.
Enfin, parmi ceux qui jugent l'Esprit être Dieu, Grégoire décrit deux
attitudes : ceux qui le soutiennent en privé (probablement Basile) et ceux
qui, comme lui-même, proclament publiquement la divinité de l'Esprit. La
pneumatologie de Grégoire construit le centre de sa réflexion théologique
et amène le mystère trinitaire à sa pleine formulation. Il est donc clair que
sa doctrine de l'Esprit Saint doit être considérée comme le sommet de
l'évolution pneumatologique des quatre premiers siècles, affichant des
progrès évidents en matière du développement antérieur, notamment par
rapport à Athanase et Basile. Dès le début de sa carrière épiscopale, Grégoire
désigne explicitement l'Esprit Saint < Dieu > et < consubstantiel >, défiant de
cette manière ouvertement la réserve de Basile. Cependant, ce ne sera llue
dans le cinquième et dernier discours théologique liwé en été 380 que cette
mentionne clairement son programme théologique et offre une
pneumatologie pleinement développée, qui lance des défis graves, et parmi
L'Esprit et le Peuple 153 P. Argarate
eux en particulier le problème de la base biblique. Avec ce propos, il
propose une herméneutique non seulement des textes bibliques, mais aussi
de la révélation de Dieu et, nous ayant fourni ainsi une clé ã,interprétation
de l'Écriture et la tradition, il monire comment la divinité de l,Esprit saint
est présente dans la Bible et dans la vie de l,Éghse.
La notion introduite par Grégoire de < révélation progressive > est
très pertinente et doit être comprise non pas comme une révélation extra-
biblique, comme dans le cas de Basile, mais comme la révélation
eschatologique de l'Esprit de sa propre divinité dans l'Église. cette
révélation et cette conscience ont lieu dans << l'espace > du baptême, où
l'Esprit divinise et à travers cela, nous arrivons à reconnaître la divinité de
cet Esprit divinisant. Tout au long de ce discours, en continuité avec les
autres, Grégoire exprime clairement que le mystère de Dieu, 0eo1"o1ío, ne
peut être compris ou vécu que dans le contexte de la liturgie produite par le
Saint-Esprit : 0eo),oyío est donc ouvertement ôo(oî"oyío. En óuffe, abordant
un dilemme déjà posé à Athanase, Grégoire arrive à formuler (même sans
l'élaborer entièrement) pour la première fois la spécificité de I'origine
intra-trinitaire de l'Esprit sous le terme technique de << procession >>.
_ Néanmoins, la position de Grégoire ne sera pas entièrement acceptée
par le synode de constantinople en 381, lequel sera reçu plus tard comme
le deuxième concile æcuménique8. Bien que présidé par Grégoire pour une
période, le synode n'adopte finalement pas son langage théologique mais
celui de Basile à travers l'élaboration de son frère Grégoire de Nysse, en
refusant de proclamer l'Esprit Dieu ou ôpooúoroç. paradoxalement, la
tradition a reçu le credo de constantinople dès ta lecture pneumatologique
de Grégoire. En d'autres termes, il est devenu la norme de considéier
constantinople comme le concile, qui a affirmé la divinité de l'Esprit, alors
que le texte du symbole se réfère à l'Esprit seulement avec la terminologie
biblique de < seigneur et celui qui donne la vie (tò rúprov rcor (roonoróv)>.
Conclusion
Je viens de fournir une présentation courte et schématique de
l'évolution de la pensée pneumatologique; évolution qui parachève le
8. cf. P. Ancenere, <<Le saint concile
de constantinople (3gl) >> in La dramatique
concilíaire. Coups de théâtre, tactíque et sincërité des convictions dans tes déba*
concíliaires de I'Antiquité à vatican II, université Lille 3, Lille (sous presse).
L'Esprit et le Peuple t54 P. Argarate
dogme trinitaire, en laissant pour le siècle suivant les aigres débats
cluistologiques.
Le Saint-Esprit toujours présent dans la vie de l,Église dans la foi, la
spiritualité, les credo, et surtout la lex orandi n'avait pas reçu jusqu,à la
seconde moitié du quatrième siècle une formulation théologique. ce sera
seulement quand la question christologique commencera à se fixer, que
I'intérêt d'approfondir le statut de l'Esprit se développera. À h différence
de l'évolution christologique qui, comme je viens de l'affirmer, continuera
encore, le thème du Saint-Esprit se fixera en deux décennies. D'une part on
voit comment les débats christologiques ont fortement influencé les débats
pneumatologiques positivement et négativement. Positivement parce qu,on
applique des arguments déjà utilisés pour le Christ à l'Esprit, par exemple
l'argument sotériologique. Négativement, à cause de l'introduction d,une
terminologie philosophique extra-biblique pour le Christ, on essaie de
rester pour l'Esprit dans un domaine biblique, voire d'un biblicisme
traditionaliste.
Tout le débat pneumatologique se déroule autouÍ des ascètes et des
moines. On a expliqué aussi l'irruption de f intérêt pour l'Esprit à partir de
l'émergence du phénomène monastique et de son lien profond avec
I'Esprit, moteur de l'expérience de la quête radicale de Dieu. Athanase se
retrouve entouré de moines quand il rencontre pour la première fois le
débat sur le Saint-Esprit. Basile commence aussi à s'intéresser à ce thème à
partir de son expérience monastique et spécialement à travers son mentor
Eustathe. D'autre part, c'est ce moine qui, entouré d'ascètes, se convertira
en guide du mouvement pneumatomaque. Finalement Grégoire de
Nazianze est confronté dans son auditoire à des moines qui trouvent dans
son enseignement une doctrine < étrange > et < non-biblique >. Tant
Athanase que Didyme, Basile et Grégoire en recevant le sensus fidelium,
notion toute complexe, explorent les Écritures et développent ainsi la
doctrine de l'Esprit Saint ; doctrine reçue avec différentes nuances au
concile de Constantinople et réinterprétée encore une fois par le synode de
l'année suivante en 382.
Pablo Anc¡.nanp
Université de Graz
L'Esprit et le Peuple 155 P. Ægarate