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Cour 3
Cour 3
Reynolds. Ainsi, à chaque instant et en chaque point de l’espace, toute grandeur ci-dessous). On écrit alors de façon générale, pour respecter l’égalité en trace des 2
(comme chaque composante de vitesse Ui ou la pression p) est décomposée en sa tenseurs (qui sont de trace nulle) :
sens statistique.
L’utilisation de la décomposition de Reynolds dans l’équation de continuité
instantanée et dans l’équation de Navier-Stokes instantanée, puis l’application de la
moyenne, fait alors apparaître des inconnues supplémentaires dans ces équations
moyennées, les tensions de Reynolds u i' u 'j , qui sont des grandeurs statistiques
d’ordre 2.
Ainsi, on a alors, de façon générale :
4 équations moyennées : 1 équation de continuité moyennée
3 équations de Navier-Stokes moyennées
Les termes de production et de dissipation sont, dans la plupart des situations, la turbulence Ret prend en compte de façon explicite les propriétés de la turbulence,
largement dominants, de sorte que l’on est amené à écrire (on parle alors de par l’intermédiaire des grandeurs ut et lt. Comme nous l’avons vu à la 2ème séance de
turbulence en équilibre) cours, ce n’est en effet pas tant la valeur de la vitesse moyenne, mais la valeur des
Production = Dissipation gradients de vitesse les plus forts, qui compte pour la production de l’énergie
et à considérer que représente à la fois turbulente. Nous verrons juste après comment la valeur de ce nombre de Reynolds
- le terme de production de l’énergie turbulente au niveau des gros Ret permet de caractériser le rapport entre les plus grandes et les plus petites échelles
tourbillons (en lien direct avec les gradients de vitesse moyenne),
de la turbulence, et comment, par exemple, il permet de calculer le nombre de points
- son taux de dissipation à petite échelle (en lien direct avec la viscosité
de maillage qu’il faudrait utiliser pour simuler le plus exactement possible un
moléculaire et les gradients de vitesses fluctuantes), et donc, également,
écoulement turbulent.
- son taux de transfert à travers les différentes échelles lorsque les tourbillons Mais il nous faut tout d’abord définir la taille caractéristique des tourbillons les plus
se fractionnent pour former des tourbillons de plus en plus petits. petits au sein de l’écoulement, ceux qui sont associés à la dissipation de l’énergie
Nous verrons à la fin de cette séance de cours que ces propriétés pour sont à la base cinétique turbulente par effet des forces de viscosité, cette énergie turbulente étant
du raisonnement de cascade d’énergie qui conduit à la mise en évidence du spectre de transformée en chaleur par le frottement visqueux qui apparait entre deux zones de
Kolmogorov.
3 4
petite taille soumises à des fluctuations de vitesse différentes. Cette échelle de 4 fois lt comme dimension de la boîte de calcul, ce qui conduit à N de l’ordre de 1011
longueur caractéristique est appelée l’échelle de Kolmogorov , et elle est définie à 1012 points de maillage. Même avec les plus gros calculateurs actuels, qui utilisent
1/ 4
3 le calcul parallèle en faisant travailler ensemble un grand nombre de processeurs
par : =
(actuellement, on atteint plusieurs milliers sur les plus gros systèmes de calcul, c’est
On peut alors réécrire Ret comme ce que l’on appelle le HPC – High Performance Computing), on est vraiment à la
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limite de ce qu’il est possible d’obtenir pour des applications en météorologie ou dans
k 2 k12 / 6 k 3/ 2 l
1/ 3
u .l
Re t = t t = = = . 3 = t le domaine de la fusion, par exemple. Ce petit calcul illustre bien un des autres points
qui pénalise les écoulements turbulents : une hiérarchie de tourbillons qui s’étale sur
lt
= ( Re t )
3/ 4 une très grande gamme, en nécessitant des moyens de calcul qui sont à la limite de ce
Soit aussi
que permettent les ordinateurs les plus puissants. Ainsi, on est le plus souvent dans
l’obligation de tronquer les maillages à des échelles nettement plus grandes que , de
l’ordre de 20 à 30 fois , ce qui introduit des erreurs (ou imprécisions) dans les
résultats que l’on obtient.
En fait, dans la pratique, on utilise plutôt un autre nombre de Reynolds pour
caractériser la turbulence, car il varie sur une gamme plus réduite de valeurs. C’est le
nombre de Reynolds R qui utilise la micro-échelle de Taylor comme échelle de
u t .
longueur, R = . Cette échelle de longueur est définie comme :
1/ 2
1/ 2
u'
2
u 2t
=
Ainsi, le rapport entre les plus grandes et les plus petites échelles de la turbulence est 2
u ' /15
directement relié à la valeur du nombre de Reynolds de la turbulence (à la puissance x
3/4). Ceci a un impact direct sur le nombre de mailles qu’il faudrait utiliser pour
En effet, on est souvent amené à faire l’hypothèse d’isotropie de la turbulence, qui
simuler le plus précisément un écoulement turbulent. Par exemple, pour Ret=10000,
revient à considérer que les propriétés de la turbulence sont indépendantes de la
on obtient lt/=1000, soit, en supposant que le maillage est de forme cubique, un
direction de l’espace. Même si cette hypothèse n’est vérifiée en général que pour des
nombre de mailles au moins égal à N=(lt/)3=109. En pratique, si on veut s’affranchir nombres de Reynolds de la turbulence de l’ordre de 10000 et plus, elle reste une
correctement des conditions aux limites que l’on impose au domaine de calcul, de approximation raisonnable pour des nombres de Reynolds plus faibles. Elle nécessite
façon à ce qu’elles n’influent pas sur le résultat du calcul, il faut prendre au moins 3 à en effet que l’influence des gradients moyens de vitesse qui génèrent la turbulence
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par l’intermédiaire du terme de production que nous avons vu précédemment (qui est U U U U 2 u3
Pr oduction = −u ' v ' = t . = u t lt ( ) = Dissipation = = t
U y y y y lt
le plus souvent associé à uniquement et u ' v ' en générant donc des tourbillons
y
U ut
Soit Sij =
qui ont une direction privilégiée comme on l’a vu avec l’exemple de la couche de y l t
mélange) perde son empreinte au fur et à mesure des déformations que subissent les
D’autre part, comme :
tourbillons et de leur fractionnement en tourbillons de plus en plus petits.
u i' u i' u2
L’hypothèse d’isotropie de la turbulence implique donc que : = . = sij' sij' = 15 t2
x j x j
u ' 2
u '2 = v'2 = w '2 = u 2t et = 15 ( ) ut
x sij'
Alors
Il existe alors un lien entre Ret et R : R = 15Ret . En effet,
2
Ainsi, les deux échelles de longueur lt et sont toutes les 2 reliées à la vitesse
u .
2 2
u .u 2 2
u k 4 2
R = = 2 = 15 15 = 15 Re t
2 '
t t t t
caractéristique de l’agitation turbulente ut et soit à Sij soit à s ij .
2
( /15)
Pour terminer cette section, nous allons maintenant revenir sur la notion de
3 2
Même si, de façon stricte, k est égal à u ' , il est usuel de considérer, dans les
2 décorrélation entre les échelles extrêmes, que nous avons introduite à partir de
considérations phénoménologiques, notamment lorsque nous avons parlé de
calculs d’ordre de grandeur comme ici, que u t u k . On verra, lorsque l’on
2 '2
l’isotropie de la turbulence, mais sans vraiment s'appuyer sur les équations du
s’intéressera au spectre de Kolmogorov, que le nombre de Reynolds R prend des mouvement. Pour cela, nous allons donc reprendre les différents termes de l'équation
valeurs de l’ordre de quelques centaines à quelques milliers et qu’il permet de bien de bilan pour l'énergie cinétique de la turbulence, et nous allons évaluer l'ordre de
regrouper les résultats, et ce, quelque soit l’écoulement qui est considéré. On peut grandeur de chacun de ses termes, en se servant des résultats obtenus précédemment,
alors obtenir, également, la relation qui relie lt et : ut u
Sij et sij' t .
l t u ( /15)
3 1/ 2
u 2
1 1 lt
= . t
= t
= Re t = R
ut 15.() 1/ 2
15 15
k 1 1 Ui
Uj - [ p'u ' j + u 'i u 'i u ' j -2 u 'i s'ij ] - u 'i u ' j - 2 s'ij s'ij
Ainsi que les relations qui relient les échelles de longueur caractéristiques l t et aux xj xj 2 xj
1 Ui U j 1 u i' u j
'
Advection Diffusions turbulente Production (>0) Dissipation ()
cisaillements moyen Sij = ( + ) et fluctuant sij = (
'
+ ) . En
2 x j x i 2 x j x i
1 p' u i'
effet, si l’on considère (comme nous l’avons vu précédemment) que • L'ordre de grandeur du terme lié aux fluctuations de pression, , est
x i
Production = Dissipation,
u 3t / l t puisque l'on peut approximer la pression p par u2, comme c'est usuel en
alors on obtient, d’une part :
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mécanique des fluides, et que le gradient spatial d'une grandeur moyennée est de que nous avions déjà vu précédemment la décorrélation qui s'instaure entre des
l'ordre de grandeur de 1/lt, phénomènes d'échelles différentes,
u u u
' ' '
• Finalement, les deux autres termes de l'équation de bilan de l’énergie cinétique
• L'ordre de grandeur du terme de diffusion turbulente, i j j
, est lui aussi
x i
de la turbulence k, le terme de production et le terme de dissipation , sont aussi tous
u 3t / l t ,
les deux du même ordre de grandeur, u 3t / l t , ainsi que nous l'avons déjà vu.
• L'ordre de grandeur du terme de transport par les contraintes visqueuses,
x j
mécanismes de fractionnement et donc de transfert d’énergie sont indépendants de la
−1/ 2
Re t par rapport à la première estimation, qui traduit en fait une décorrélation viscosité : c’est ce qu’il a appelé le domaine inertiel. En pratique, ce domaine inertiel
s’étend entre lt et . Finalement, Kolmogorov a aussi postulé que, dans le domaine
entre le "phénomène grande échelle" ( u i u t ) et le "phénomène petite échelle"
'
( sij' u t / ), ce facteur étant justement de l'ordre de grandeur du rapport des inertiel, la répartition spectrale de l’énergie turbulente E( k ) 1 ne dépend que de (le
échelles correspondantes lt et , ainsi que nous l'avons vu précédemment taux de transfert) et du nombre d’onde que l’on considère, par l’intermédiaire de son
lt
( (Re t )1/ 2 ). Ceci établit donc sur une base plus rigoureuse et plus précise que ce
1
Afin d’éviter toute ambiguité dans les notations, on appellera ici k l’énergie cinétique de la turbulence et k le module
du nombre d’onde même si, de façon usuelle, la même lettre k représente ces deux grandeurs.
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module k , sous la forme d’une loi en puissance dont les exposants sont appelés petites échelles lt/ augmente avec le nombre de Reynolds, ce sous-domaine est de
plus en plus étendu au fur et à mesure que l’on considère des nombres de Reynolds
respectivement et :
plus grands. Il s’étend du côté des grandes échelles (petites valeurs de k ) puisque,
E( k ) = C. k
de l’autre côté, la normalisation impose de se limiter à la valeur de 1 pour la variable
Où la constante C est alors (supposée être) indépendante à la fois du type
d’écoulement (jet, couche limite, sillage, …) et du nombre de Reynolds. k .
Avec ces hypothèses, les valeurs de et de s’obtiennent alors par une simple
analyse dimensionnelle. En effet, si l'on écrit que l'on doit avoir, par définition
k = E( k )d k
k
E( k ) L3T −2 puisque k u 2 L2T −2 et k L−1
k
u 3t
La dimension de est, quant à elle, L3T −3L−1 = L2 T −3
lt
En identifiant avec la forme recherchée pour E( k ) , E( k ) = C. k , on obtient
alors, par identification des exposants sur les temps T et sur les longueurs L,
respectivement :
-2 = -3, soit = 2/3
et 3 = 2 - , soit = 4/3 - 9/3 = - 5/3
Soit, finalement :
−5/ 3
E( k ) = C. 2 / 3 k
Qui est la célèbre loi de Kolmogorov. Lorsque l’on rend adimensionnelles les
abscisses (avec l’échelle de Kolmogorov ) et les ordonnées (avec la grandeur
(.5 )1/ 4 ), la figure qui suit montre que, en effet, il existe bien un sous-domaine
inertiel dont les propriétés sont indépendantes du nombre de Reynolds (ici R ), avec
le spectre qui suit bien la loi de Kolmogorov en puissance -5/3 du nombre d’onde (en
échelles doublement logarithmiques). Comme le rapport entre les grandes et les
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