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Université d’Abomey-Calavi (UAC)

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Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (FLLAC)

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DEPARTEMENT DES LETTRES MODERNES (DLM)

MEMOIRE DE
Maîtrise ès Lettres Modernes

OPTION : Littérature africaine orale

SUJET:
Le destin dans la production chantée de Gbèzé

Réalisé et soutenu par : Directeur :


Ferdinand Sourou Missenhoun Ascension Bogniaho

Professeur Titulaire des .

Jury : Universités (CAMES).

Président : Professeur Ascension Bogniaho

1er Examinateur : Professeur Mahougnon Kakpo

2ème Examinateur : Docteur Bertin Elomon

Mention : Très bien


Laboratoire Béninois de Recherches et d’Etudes en Traditions Orales

(LABRETO)

Année académique : 2016-2017


Sommaire

Dédicace………………………………………………………………………………………………………………. ii
Remerciements……………………………………………………………………………………………………. iii
Résumé/ Abstract ………………………………………………………………………………………………. iv
Liste des tableaux………………………………………………………………………………………………. v
Introduction…………………………………………………………………………………………………………. 1
Chapitre 1 : Un artiste fécond, un milieu et un art axé sur le destin…… 4
1-Aklampa, une prestigieuse localité…………………………………………. ……………………. 4
2- Gbèzé, un chanteur prolixe……………………………………………………………..………… 7
3-Clarification du sujet………………………………………………………………………………………. 13
Chapitre 2 : De l’objet de la recherche au matériau………………………… 18
1-Elaboration du corpus témoin………………………………………………………………………… 18
2-Le traitement………………………………………………………………………………………………….. 19
3-Le corpus……………………………………………………………………………………………………….…. 23
Chapitre 3: Gbèzé et le destin : pour une typologie raisonnée des
chansons…………………………………………………………………………………….. 25
1- Le critère des rythmes…………………………………………………………………………………… 25
2- Le critère de la diachronie………………………………………………………………………….. 27
3- Le critère du volume et de la structure profonde des chansons…………….. 32
4- Le critère des entrées………………………………………………………………………………….… 33
5- Le critère du thème…………………………………………………………………………............. 34
6- Le critère de l’énonciation…………………………………………………………………………...... 36
Chapitre 4 : Le destin en plusieurs teintes…………………………………….… 38
1-Les thèmes……………………………………………………………………………………………………….. 38
2-Le champ sémantique du destin………………………………………………………………….… 51
Chapitre 5 : Les moyens langagiers de l’expression du destin chez
Gbèzé……………………………………………………………………………….………… 55
1- La grammaire de Gbèzé……………………………………………………………………............ 55
2- La syncope……………………………………………………………………………………….……………. 61
3- L’aphérèse………………………………………………………………………………………..……………… 61
4- L’apocope…………………………………………………………………………………………………………. 62
5- La logique………………………………………………………………………………………………………. 62
6- Le symbolisme au service de l’expression du destin………………………………….. 65
7- La langue de Gbèzé dans l’expression du destin……………………………..……….….. 66
8- Les inspirations…………………………………………………………………………………………..... 69
Conclusion……………………………………………………………………………………………………………. 72
Bibliographie…………………………………………………………………………………………..………….… 74
Annexe…………………………………………………………………………………………………..…………….. 78
Table des matières………………………………………………………………………………………………. 97

Deux images sont incluses dans ce mémoire : une photo de l’artiste Gbézé et un dessein
des instruments des rythmes tchingounmè et toba.

i
DEDICACE

A mes parents, auteurs de mes jours,

Recevez ce travail

En signe de ma gratitude.

ii
REMERCIEMENTS

Nos sincères remerciements s’adressent :

 A Dieu, pour tous les bienfaits qu’il m’a accordés.


 A Monsieur le Professeur Ascension Bogniaho, mon maître, Directeur
de mes recherches. Sa disponibilité, sa rigueur, sa patience et ses
recommandations ont aidé à la rédaction de ce mémoire. Merci
monsieur le professeur pour votre laboratoire (LABRETO:
Laboratoire Béninois de Recherches et d’Etudes en Traditions
Orales), gracieusement mis à notre disposition tout au long de ce
travail. Nous en avons tellement profité qu’on serait tenté de dire
qu’aucune génération, qu’aucune promotion n’a autant bénéficié de
votre générosité que la nôtre.
 A Messieurs Elomon Bertin, Oladélé Yayi, pour la façon spontanée
avec laquelle ils ont accepté de nous aider par leurs conseils.
 A Mesdames et Messieurs les Professeurs du Département des
Lettres Modernes, pour les multiples savoirs qu’ils nous ont assurés.
 A Monsieur Elie Missenhoun et son épouse, pour tout leur soutien.
 A Monsieur Etienne Houngbohouè, mon tuteur-bienfaiteur, pour
s’être bien occupé de mon éducation.
 A mes frères Dominique Sèna Missenhoun, Parfait H. Missenhoun,
Martial Yéligbo Montcho, pour leur soutien financier et moral.
 A tous nos camarades chercheurs du LABRETO, pour les fructueux
échanges.
 A nos inoubliables amis et compagnons des Lettres Amos Houanou,
Venceslas Vito, Mohamed M. Malehossou, Gildas Togni, Pascaline
Zolikpo, Euphémie Akoha, Ferlo Agbo, Just Togbé, pour leur soutien
moral.

iii
Résumé

Natif d’Aklampa Allawénonsa dans la commune de Glazoué, l’artiste Gbèzé est


une figure emblématique de la musique traditionnelle béninoise. Depuis la mort
de son frère aîné Justin Avossè Tokponho en novembre 1996, il pratique le
tchingounmè. A ce rythme, s’est ajoutée, depuis près d’une dizaine d’années, la
pratique du toba. Gbèzé attache du prix à la production de chansons qui
développent la question du destin. En effet, cette catégorie de chansons occupe
une place prépondérante dans toute sa production. Trois principales
caractéristiques la définissent : la longueur ou le volume, les sous-thèmes qui
participent à son expressivité, la langue et la grammaire dans le traitement du
destin. D’abord, les chansons empreintes de destin sont longues. Ensuite, elles
recèlent beaucoup de sous-thèmes qui les rendent plus expressives ; ce qui
confirme que Gbèzé chante la vie. Ce sont : l’amour, la femme, la mort,
l’autoglorification, la pauvreté, la paix, la méchanceté humaine, l’ingratitude, la
jalousie, la générosité, la prospérité, etc. dont le traitement se fait avec un
lexique de récrimination ou de complainte, de résignation et parfois de
défaitisme. Enfin, Gbèzé utilise dans ce lexique, un registre courant et ingénieux,
rythmé et débouchant sur des rimes. Cette marque particulière rend très riche et
poétique son style.

Mots clés : littérature orale, destin, production, Gbèzé, Tchingounmè, Toba.

Abstract

Born in Aklampa Allawenonsa in rural district of Glazoué, Gbèzé is a famous


singer in Benin traditional music playing. Since the death of his elderly brother
Justin Avossè Tokponho in 1996 of November, he plays Tchingounmè. In
addition, he starts playing Toba for nearly ten years. Gbèzé is devoted in
producing songs related to ‘’Fate». In fact, he reserves an important place to
that type of songs; which are characterized by three main features: the length,
the small-headlines which lead to its expressiveness, the language and grammar
used. First of all, talking about the volume, his songs about “Fate’’ are long;
besides, they deal with many other small themes which enable them to be more
expressive. And then, Gbèzé sings about life issues such as: love, woman, death,
selfishness, poverty, peace, human nastiness, ungratefulness, jealousy,
generosity, prosperity; which are treated with protest or lament, resignation;
sometimes with defeatism. Finally, Gbèzé uses in this lexicon a current and
ingenious register, opening to rhymes. This particular way gives back very rich
and poetical his style.

Key words: oral literature, fate, production, Gbèzé, Tchingounmè, Toba.

iv
Introduction

La parole est pour l’Afrique ce que représentent les zébrures pour les zèbres. Les
deux réalités sont comme scellées par une certaine intimité légendaire, très
rigide, qui consacre le lien et en assure le dynamisme. L’oralité, forme
d’expression première, se veut ainsi une macrostructure qui porte, reflète et
révèle à l’universel bien de manifestations culturelles des sociétés. Les travaux
des chercheurs : Denise Paulme, Jean Derive, Jean Cauvin, Ascension Bogniaho,
Bienvenu Koudjo ont confirmé l’existence de la littérature orale dont la
reconnaissance avait suscité assez de polémiques. Elle a été spécifiquement
étudiée par ces chercheurs à travers ses principaux genres qui sont : le conte, le
proverbe, la chanson. Cependant, des aspects de cette littérature restent
inexplorés. C’est pour en étudier un à partir de la chanson que nous avons décidé

de travailler, dans le cadre de nos recherches actuelles, sur le sujet intitulé :


« Le destin dans la production chantée de Gbèzé ».

Le thème du destin appartient de façon générale à la littérature, qu’elle soit


écrite ou orale. Dans la littérature écrite, ce thème n’est pas contemporain mais
un poncif de tous les temps. Ainsi, nous avons Sophocle (Œdipe Roi); Henri-
Frédéric Amiel (« Journal intime »); Christine de Suède (Maximes et pensées) ;
Eschyle (Prométhée enchaînée); Simon de Bignicourt (Pensées et réflexions
philosophiques); Henri Bergson(L’évolution créatrice) ; Cicéron(Du destin), etc.
Cela atteste bien l’idée selon laquelle la question du destin est une préoccupation
de tous les temps. Nombreux sont les écrivains africains qui ont donné leurs
conceptions du destin à travers leurs productions. Il s’agit notamment de Djibril
Tamsir Niane1, Ahmadou Kourouma2, Albert Camus3, Olympe Bhêly-Quenum4,
etc. La littérature orale n’est pas en reste ; certains artistes de musique
traditionnelle en parlent fréquemment dans leurs productions notamment
Gbétchéou, Dakossi Dénis, Aïkpémi, Gbèmawonmèdé, etc. Il existe des
chanteurs qui développent obsessionnellement le destin avec une particularité et
une conception figée, tangibles dans leurs chansons. C’est bien le cas chez
l’artiste Gbèzé qui pratique les rythmes traditionnels tchingounmè et toba. Il le

1
Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue, Présence Africaine, Paris, 1960.
2
Ahmadou Kourouma, Les soleils des indépendances, Editions du Seuil, Paris, 1970.
3
Albert Camus, L'Étranger, éd. Gallimard, p.183.
4
Olympe Bhêly-Quenum, Un piège sans fin, Présence Africaine, Paris, 1958.
1
fait avec un point de vue conceptuel et un style propre à lui compte tenu de ses
préoccupations spécifiques.

En littérature orale comme en littérature écrite, deux conceptions du destin se


dégagent. La première est celle selon laquelle le devenir de l’être est dans la
main de la divinité suprême, déterminé et irrévocable : c’est la conception
originelle du terme. Quant à la seconde, elle place l’homme au centre de son
sort, c’est-à-dire que l’homme est le seul maître de son destin. Quelle est alors
la conception que Gbèzé fait du destin?

Considérant que toute littérature est fonctionnelle, les productions chantées de


Gbèzé se préoccupent de l’être, de son devenir. Les chansons qui traitent du
destin dans la production de Gbèzé se classent en plusieurs types et recèlent
des sous-thèmes qui les aident à être plus expressives. Ainsi, quel traitement
fait-il du destin et au sein de quelle thématique?

Conscient du fait que Gbèzé n’est pas le seul artiste qui aborde le destin dans sa
production, nous tombons d’accord que le traitement ne sera pas le même
compte tenu des préoccupations spécifiques à chaque chanteur. Comment Gbèzé
traite-t-il alors le destin dans sa production orale ?

L’ensemble de ces interrogations amène à montrer que Gbèzé a une conception


du destin. Il conduit à décrire l’œuvre de Gbèzé, à montrer qu’il développe le
destin au sein d’une thématique abondante. Ainsi, nous pouvons estimer que
l’artiste Gbèzé chante le destin et en déduire que dans le domaine de la chanson,
il est un artiste très productif avant de déboucher sur le style édulcoré avec
lequel il traite ce thème.

La présente réflexion qui se propose d’examiner ces questions, s’organise autour


de cinq chapitres qui en constituent les grands axes. Le premier présente l’artiste
à travers sa culture, sa vie et sa discographie et clarifie les notions clés du sujet
tandis que le second élabore le corpus-témoin après avoir indiqué de façon très
brève les méthodes identifiées pour son établissement. Le troisième chapitre
établit la typologie raisonnée des chansons traitant le destin. Quant au
quatrième, il montre la pluralité des thèmes abordés par Gbèzé dans son œuvre.
Pour sa part, le cinquième chapitre examine la langue de l’artiste Gbèzé et la
grammaire y afférente.

2
Pour aboutir aux objectifs et vérifier ou infirmer les hypothèses de notre travail, il
est indispensable de recourir à des théories littéraires appropriées. Il s’agit des
méthodes critiques qui permettent d’examiner, d’analyser, d’expliquer et
d’apprécier les textes. Celles que nous retenons sont : la méthode
expérimentale, la sociocritique, la critique thématique, la critique historique, le
formalisme et la stylistique. Ce diagramme vise à montrer comment s’exprime le
destin chez Gbèzé.

3
Chapitre 1

Un artiste fécond, un milieu et un art axé sur le destin

1. Aklampa, une prestigieuse localité


1.1- bref aperçu historique

Aklampa est une localité du Bénin. C’est un arrondissement de Glazoué dans


le département des Collines. Composé de quatre grands villages dont
Afizoungo, Allawénonsa, Lagbo et Sowouianji, Aklampa est une prestigieuse
localité par sa géographie, les hommes qui l’habitent et sa culture. Elle jouit
de deux (02) saisons pluvieuses et de deux (02) saisons sèches à l’image des
communautés voisines et celles du sud Bénin. C’est une localité qui a pour
activité principale l’agriculture. Cette activité occupe quatre vingt-cinq pour
cent (85%) de la population. Le maïs, l’arachide, le haricot, l’igname, le
sésame, le soja, le manioc sont les produits vivriers cultivés à Aklampa. On y
cultive également des produits de rente tels que le coton et l’anacarde.

Originaire du Plateau d’Abomey, la population actuelle mahi d’Aklampa avait


émigré de cette région vers les collines. Selon l’histoire, les rois d’Abomey lui
livraient constamment de bataille dans la capture d’esclaves. Dirigé par son
ancêtre Agossou Djanjan, l’actuelle population d’Aklampa émigre vers le nord
pour chercher de refuge dans les collines où il opposait, comme il le pouvait,
une résistance à ses ennemis. Un jour, une famille de cette localité,
assoiffée, composée du père, de la mère et de leur enfant, alla à la recherche
de l’eau. Elle découvrit une rivière. Oubliant d’abord leur fils, la mère a bu et
a ensuite servi son mari qui a bu aussi. Quand arriva le tour de Aklan, le
génie de la rivière s’étant fâché, fit assécher miraculeusement cette rivière.
Aklan demanda à boire et sa mère lui répondit tristement qu’il n’y en avait
plus. Alors, Aklan éclata en sanglots et décéda finalement. Ses parents
l’inhumèrent sur la rive de ce cours d’eau. Dans l’optique de renforcer la
sécurité de sa population en pleine belligérance, Agossou Djanjan lui dit :
‘’Allons nous installer à côté de la tombe de Aklan’’, d’où le nom Aklampa (à
côté de Aklan).

4
1.2. La culture
1.2.1. La langue

La langue parlée à Aklampa est le mahi. Cette langue est, en effet, parlée à
Thiô, Ouèdèmé, Assanté qui sont aussi des arrondissements de Glazoué. Le
tableau suivant récapitule les localités de locuteurs de mahi en dehors de la
commune de Glazoué.

COMMUNES/ REGION ARRONDISSEMENTS


Ouèssè Ouèssè, Gbanlin, Djégbé
Dassa Gbaffo, Soclogbo, Paouingnan
Savalou Tous les arrondissements
Agonlin (Covè, Zagnanado, Ouinhi) Tous les arrondissements
Bonou Damè Wogon et ses environs
Adja-Ouèrè Massè et ses environs
Kétou Adakplamè et ses environs

Dans son Manuel dahoméen, Maurice Delafosse consigne sa tentative de


description de la langue mahi. Il est parvenu à la conclusion selon laquelle« le
mahi se rapproche davantage du Dahoméen (bien entendu fongbé), il n’y a guère qu’une
différence de prononciation. Le mahi parle du nez et de la gorge »1.

C’est une langue que beaucoup de personnes confondent avec le fon sans
faire attention à la différence dans la manière de prononciation. Justin
Madindé souligne clairement cette différence entre les deux langues:« A l’
opposé du fon qui paraît lent, le maxi a une allure rapide car il utilise trop de syncopes,
d’aphérèses et d’apocopes »2.

1.2.2. La religion

Outre la langue qui participe à l’expression de la culture, notons que jusqu’à


nos jours, Aklampa conserve ses traditions socio-culturelles et ses cultes. La
religion traditionnelle influe considérablement sur la vie des mahi d’Aklampa.
Ils conçoivent certes un Etre Suprême appelé « Mahu », c’est-à-dire Dieu
mais qu’ils vénèrent à travers des divinités intermédiaires telles que :

1 Maurice Delafosse, Manuel dahoméen, Paris, Ernest Leroux, 1894, p.9, cité par Akuessi Justin Sourou Madindé, « Les
chansons auto-laudatives dans l’œuvre de Gbèzé : forme et style », mémoire de maîtrise Lettres Modernes, UAC, 2013.
2 Akuessi Justin Sourou Madindé, « Les chansons auto-laudatives dans l’œuvre de Gbèzé : forme et style », mémoire de

maîtrise Lettres Modernes, UAC, 2013, p.3.

5
Sakpata, Xèviosso, Dan, Lisa, Bluku, Ci, Aguè, Bossikpon, Ninsuxué. Les plus
représentatives sont : Sakpata, Xèviosso, Dan, Lisa et Bossikpon.

Sakpata est une divinité des maxi1. C’est le dieu de la variole et de la terre
très redoutable et très craint. « Sakpata est le dieu de la variole. Il est si redoutable que
dans les familles on n’ose prononcer son nom. On préfère l’appeler aïnon, c’est-à-dire le

propriétaire de la terre »2. Maximilien Quenum résume tout en écrivant que


Sakpata est : « le dieu de toute la croûte terrestre »3.

Xèvioso est le dieu du tonnerre, le dieu de la pluie. C’est le juge intransigeant


qui châtie au moyen d’une hache le coupable et délivre l’innocent. L’animal
totémique des adeptes de Xèvioso est le bélier.

Lisa ou Sègbo-Lisa est la divinité qui assure le rythme du jour et de la nuit.


Elle est la fertilité, la maternité, la douceur, la grâce, la puissance guerrière,
la force et la ténacité. Lisa imprime à l’homme le rythme de la vie. On la
confond avec Dieu.

Dan, appelé encore Dan aïdo hwèdo est le vodun représenté sous la forme du
serpent arc-en-ciel et qui, selon les croyances endogènes, aurait aidé la
divinité Lisa (confondue à Dieu) dans sa tâche de création du monde. « Dan
aïdo hwèdo, écrit Argyle, est la puissance qui rend Mahu-Lisa capable de donner forme et
figure à l’univers et il est aussi la force qui soutient l’univers »4.

Ninsuxué est le dieu qui représente les ancêtres à qui on doit respect et
vénération.

Bossikpon est le vodun qui veille sur une population. En réalité, Bossikpon
n’était pas une divinité au départ. Selon l’histoire telle que enseignée par les
mahinus d’Aklampa, c’était Bo sou houé kpon c’est-à-dire « le gris-gris
capable d’assurer la protection de la famille ». En effet, ce gris-gris provient
de Ouémè Djigbé et avait été introduit pour protéger la localité d’Aklampa car
la sorcellerie y régnait en maître. Grâce à ce gris-gris, la sorcellerie n’a plus
sévi pendant près de 30 ans. Après, Bossikpons’est révélé aux hommes de

1 Germain De Souza, Conception de vie chez les fon, Publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
de Paris, p.49.
2 Germain De Souza, op cit
3 Maximilien Quenum, Au pays des Fons (us et coutumes du Dahomey), Paris, 1938, p.49.
4
Argyle, The fon of Dahomey, p.178, cité par Germain De Souza, Conception de vie chez les fon, Publié avec le
concours du Centre National de la Recherche Scientifique de Paris, p.40.
6
cette localité en manifestant son désir d’être désormais vénéré. Ainsi, il
devient fétiche que toute la population adore.

Il est donc clair que la religion traditionnelle est très développée à


Aklampa.Cependant, elle cohabite avec d’autres confessions religieuses telles
que : le catholicisme, le christianisme céleste, l’Assemblée de Dieu,
l’Association des Disciples du Christ, l’Eckankar, l’Union Renaissance
d’Hommes en Christ qui sont de très faible importance en ce qui concerne le
nombre de fidèles.

Cette diversité de divinités et de religions chez les populations d’Aklampa


renforce la richesse culturelle de cette localité. Elle l’est également pour ses
différentes cérémonies festives ou mortuaires. Il s’agit notamment de Sukukↄ,
nyididé et l’enterrement d’un défunt.L’artiste Gbézé fait partie de cette
société.

2- Gbèzé, un chanteur prolixe

2.1- Origine et naissance de Gbèzé

Tokponho Gbèfognon Modeste à l’état civil, Gbèzé Zèguè-Zougou est un


artiste chanteur né le 21 février 1979 à Aklampa Allawénonsa dans la sous-
préfecture de Glazoué. Il est mahi, de père et de mère. Malgré la proximité de
sa maison familiale avec l’école, Gbèzé est le seul à n’avoir pas fréquenté de
tous ses frères. Les occupations champêtres aux côtés de son père ont fait
rapidement de lui à la fois un paysan et un chasseur.

Dès 1989, il intègre le groupe de musique traditionnelle Tchingounmè de son


frère aîné Justin A. Tokponho dit Gbèzé en tant que danseur et batteur
principal de la gourde. Il a poursuivi avec ardeur et détermination sa
prestation jusqu’au 08 novembre 1996 où décède son frère, fondateur de ce
groupe. Selon l’histoire, son frère aurait été tué par le roi Alokpon qui se
serait transformé en serpent pour le mordre mortellement, car jaloux du
génie musical de ce dernier. Mais, Gbèzé nous apprend récemment dans son
30ème album que personne n’avait tué son grand frère et que c’était l’œuvre
du destin. Avant de mourir, son grand frère lui fit cette confidence qu’il livre
aux auditeurs: « J’ai vu un groupe de tchingounmè qui a réuni une immense foule et qui
prestait. On m’a dit que c’était Gbèzé mais je constatai qu’il ne s’agissait pas de moi. Donc, le

7
vrai futur chanteur Gbèzé n’est pas moi. Il est à venir ». Et juste après avoir été mordu
par un serpent, le défunt Gbèzé dit à son frère : « Mon frère, je ne sortirai pas
vivant de cette morsure. Garde le secret pour toi et n’informe point les parents, de peur qu’ils

me devancent. Mais sache que c’est toi qui prendra ma relève après ma mort ». C’est donc
pourquoi, deux semaines seulement après cette tragique et douloureuse
disparition, Modeste prend avec vaillance la relève de son feu frère sous le
même nom d’artiste que lui, « Gbèzé », suite à une réunion des sages du
comité dirigeant le groupe. C’est ainsi qu’il a commencé à réorganiser le
groupe en initiant un autre batteur de gourde.

Le 2 février 1997, il fait sa première animation avec le groupe à Aklampa


Allawénonsa. C’était sous l’étonnement de toute la population qui l’a
fortement ovationné. C’était sous l’étonnement de toute la population qui l’a
fortement ovationné. Le 5 février 1997, il participe à un concours de
différentes vedettes de la sous-préfecture de Glazoué et de Savalou où il
occupa le 2è rang à la suite de son frère aîné Louha, une figure marquante du
rythme Tôba. A ce concours qui a connu la participation de 24 artistes locaux,
il a reçu des mains du Ministre de la culture d’alors M. Timothée Zanou, un
diplôme d’honneur. C’est en 1998 qu’il mettra sa première cassette sur le
marché discographique. La seconde cassette en 1999. En 2000, il a sorti deux
différentes cassettes qui ont connu un grand succès.

Actuellement, Gbèzé est le caïd du tchingounmè légué par Alokpon. En 2008,


il fut le lauréat de la Coupe Nationale du Vainqueur des Artistes du Bénin
(CONAVAB). La même année, un différend l’opposa à son meilleur ami
chanteur Allèvi et réveilla en lui son génie en toba, rythme des mahinous
dans lequel il excelle depuis près de dix ans. Dans son 20è album, les doyens
Allèdo et Ezin Gangnon lui confièrent la destinée du rythme toba. Auteur de
nombreuses cassettes, l’artiste Gbèzé a actuellement, à son actif, trente (30)
albums. Il est polygame (marié à trois femmes) comme la plupart des artistes
chanteurs.

On retient que Gbèzé est un chanteur jeune, polygame, polyvalent et très


talentueux.

8
2.2. La discographie de Gbèzé

Le jeune artiste Gbèzé a, à son actif, trente (30) albums si nous considérons
aussi, comme lui-même le recommande, les deux albums de son défunt
frère. C’est la raison pour laquelle son premier album porte le volume trois(3)
car il assure la relève. Cela se trouve renforcé par son nom d’artiste qui est
celui de son défunt frère.

N° Année Maison de Titre des Titres Nbre de


Vol. de production albums chansons
produ- /album
tion
Djô gni bô atin man dan
Djô gni bô Alônoussè bolo noudé
1 1996 Dinapel atin man Oun sé dô minon yôlô mi 04
dan Gbèzé dô gbè nan bo wa lelo
E dida gban
Fitè mindé lè dé
2 1997 Dinapel Avi do Mindé vo djè 05
kouliho Avi do kouliho
Tohoun tohoun
E yôlômi
E mi non sèkpon mi
3 1998 Dinapel E yôlômi Ado ni man yawéo 05
Sô dié zin édèè
Fi dé man djè
E non wa yi é
Sè dé do logozo
4 1999 Dinapel E non wa yi E houé a 05
é Do wian mi sé a
Africa N°1
Atchanouvi hla
Kou don tagba
5 2000 Dinapel Atchanouvi Adjinakou guélou
hla Mon é na tchi 06
Chaîne yéyé
Avô gbè do nou wé

Kpo man djè tan mè


Houa guin
Dagbé vè wa
6 2000 Dinapel Kpo man djè Esclavage
tan mè Nou wa min 07
Awahètè
Asi ô koun mè é non da de

9
Souhè
Mè towé dé a dé mè
7 2001 Dinapel Souhè Honton tché 05
Do houé wé
Asi mi non da
Djô gni ma houé do to dé
Avô hô do kouli ho
8 2001 Dinapel Djô gni ma Gan nan do atchè 05
houé do to
Gni déssou

Mè mon mè bo
Flé hôssa djizo
Gbédé un gbè
Ma na won
Assou tchènon dé a
9 2002 Dinapel Flé hôssa Dan houé kou 08
djizo Houè miton djo
Kpétôvi yalénou
Dan wli béssé
Troukpinka
Nouhamè sèyi zô
Atinman kpon tô
10 2003 Dinapel Troukpinka Ouèssènou dèhouin 07
Didjan mi wa
Miton vô
Enseignant
Ahohè
Egni gbè da lô wé
11 2004 ACM Ahohè Mon oun man non mon yôyô 06
Avô tché bibli
Man dô mi ho azôn kan
Han mlan mikpon
Adran jè han kô
Kin do houé gbé
A nan da mi an ?
12 2005 ACM Adran jè han Sè wa tco man dou lé 07
kô Lo man dja kédji kigbé
Nounkounnon kpo towé dié
Tokanhotô non gbè zoun an
Kpo é kpla gnibou
Gbè wè non
Mahou man nan diké
E na gbè ni towé
Nin yé gbon bô mi non yôlô mi
13 2007 ACM Kpo é kpla Sègbo didè wè do mi 08
gnibou Mahou a blo sôgni mon
Dada tché houé a gnon
Atanon do kin amissatô
Kpé lo kolo gba sè do

10
Atanon do Gbè do guissi mi 07
14 2007 ACM kin Mi kou gni lôdjou
amissatô E man gni gbètô ho ô
Oun ho kan dô noun nan gnon
E nan dô kpon gbon adô min
Adji ko hou yé
Agban é alô do ô
AUTO- Adji ko hou Fié min tché lè dé 06
15 2008 PRODUC- yé Mi kou do tamè dagbé
TION Gnonnou assoudatô
Hinnou ho
Ahô zodji
AUTO- Kanlin daho
PRODUC- Ahô zodji Noumon da kômin 06
16 2009 TION Ahô zodji To dié oun kou bè mi sé a
Waa gbèzé
Emi dja dé djèlè gbé
Man yôkpô kpèvi ma non da
Man yôkpô zoyihoun
AUTO- kpèvi ma Noud ô do minhou
PRODUC- non da Aklounon nou bioukpétô
17 2009 TION zoyihoun Man ta gba man dô gbèmèho 07
Nou djan mè
Tchi dja do tosso bô gan sa
Nou wa min sô nan vô dé dan
Singbé dji zo
Sinwinlin
AUTO- Kou do non do assan
18 2010 PRODUC- Singbé dji zo Avô é do min si ô 06
TION O man hoé man sô houn ounté
Kpétô yalénou
Danhomè guévi
19 AUTO- Danhomè Gbèmèho
2010 PRODUC- guévi Ago oo do Dada lè honmin 04
TION Agbacadja tôlo
Vlafo nou dé djan man houé
nin
AUTO- Kpo tché kpé O na bo gni milliardaire
20 2011 PRODUC- hanhou Mi dô ni kpétô 06
TION Oun dô nou wé ba mon non sé
Mi kou akpô
Sègbo soun bliki
AUTO- Min é dou hounsou
PRODUC- N’kolè do té Man ya man gnon
21 2012 TION kpon wé Sin man non sa yi kpodji 04
Tôba bricolé
AUTO- Min é dou hounsou
22 2012 PRODUC- Zingbigba tolo 05

11
TION Enan wanou mindé
Min nan si kin an
Tchiyé hou
Oundjidjon kouhoun dji
Sègbo do kpèdé
AUTO- Kpétô gbétowé dié
23 2013 PRODUC- Téglé-vi Zangbétô gbo loko 07
TION Rythme Zindo
Aligbo(Cotonou-Bohicon)
Nou é do non djèlè
Yêhoué zèhouè
AUTO- Gbètô déwékpo
PRODUC- Yêhoué Alôgô gbètô ton
24 2014 TION zèhouè Djiwu man kpingnisso 06
Anan wadan gandji
Djimankplon zoun
Ayatô agbèdè
Azon mandjè kèdè
AUTO- Ayatô Aklounon merci
25 2014 PRODUC- agbèdè Mi kpé mindé nou myan ? 06
TION Oun mon akwè ô
Oun gbè kandé
Sè é do adakpô
Tridji ou Valeur
AUTO- Sè tché wè Yédô yédô
26 2015 PRODUC- nan atchè Yé non dô ho do Aklounon wou 06
TION ton mi Tôtché digbé

Vidolé

Tôba tôba
AUTO- Min ô ho kplodo
27 2015 PRODUC- Adi man non Vi ô sè wè non nan 05
TION si tékan dan Tôtché ku ô to wè di
Ayinon tché
Houhô dokpo gé é
Min éda édou a
Egnin oun man do
AUTO- Houhô dokpo Ani kpo
28 2015 PRODUC- gé é Dôkounnon 06
TION Alié ho afôzontô

AUTO- Gbètô mèwé Gbètô mèwé


29 2015 PRODUC- Akonkpikpan 05
TION Jonon
Gbétô sin walô
Ejlo sè ô

12
Houn ho dokpo gué é
Gbétô sin walô
Avô émin Bénin dé ô
Akonkpikpan
30 2016 AUTO- Oun dago o
PRODUC- Bonus Min nous sou min noukoun min 10
TION Nayé min non
Gnonou ho
Kangbè wézou
Dôkoun djè do gbé
30 - - 179

Titre 1 : La discographie de Gbèzé.

Gbèzé est un chanteur mahi. Il fait du rythme tchingounmè hérité de son


défunt frère. Il pratique aussi le toba. Il a produit au total 30 albums et 179
chansons. Malgré la faiblesse de sa formation, Gbèzé a toujours donné un
titre à ses albums. Un constat est noté à ce niveau précis. A l’instar des
recueils de nouvelles ou de poèmes en littérature écrite, la plupart de ses
albums portent le titre d’une chanson composant ces derniers (souvent la
première chanson de la face A ou la première piste).

On retient également que de 1996 à 2003, tous les albums de Gbèzé ont été
produits par Dinapel. De 2004 à 2007, c’est la maison de production
d’Alèkpéhanhou, roi de Zinli, qui s’en est chargée. Il s’agit de l’ACM
(Alèkpéhanhou et Compagnie de Musique). Mais à partir de 2008, Gbèzé fait
de l’autoproduction. Néanmoins, il fréquente deux studios : Kidjo et Satel.
Tout Net Production est son réalisateur de clips vidéo.

3. Clarification du sujet

Notre sujet de recherche ainsi formulé : « Le destin dans la production


chantée de Gbèzé » mérite d’être explicité ici afin d’indiquer son contenu
intrinsèque. Pour ce faire, les termes « destin », « production » serviront de
base.

3.1. Le destin

Le mot destin vient du latin « destinare » qui signifie « destiner ». Selon le


Larousse, le destin est une « puissance qui règlerait d’avance les événements
futurs ». Le Robert illustré 2014 écrit que c’est une « puissance qui, selon

13
certaines croyances, fixerait de façon irrévocable le cours des événements ». C’est,

pour le même dictionnaire, « ce qu’il adviendra de quelque chose ». Reprenant le


même sens et presque exactement les mêmes termes du dictionnaire Le
Robert illustré 2014, le dictionnaire Universel précise que le destin est une
« puissance qui, selon certaines croyances, réglerait la vie des hommes et le cours
des événements » ; c’est le « sort particulier d’une personne ou d’une chose ». Le
Dictionnaire des Concepts pour sa part, définit ainsi le destin : « force de ce qui
arrive et qui semble nous être imposé sans qu’aucune de nos actions ne puisse rien
changer ». Selon le dictionnaire numérique Encarta, le destin est un
« enchaînement imprévisible, irrésistible des événements et des causes », le « sort
particulier de chaque homme ou d’une chose ». Par ailleurs, le philosophe Henri

Bergson estime que « le destin est ce qui conduit le monde à travers le temps »1.
Pour Jean Claude Carrière, c’est une« lutte héroïque mais absurde, perdue
d’avance contre un ennemi supérieur à tout autre »2. Le philosophe, poète et

écrivain suisse Henri-Frédéric Amiel dit, pour sa part, que « le destin, c’est
l’écrasement du petit, la loi du plus fort »3. Avec Cicéron, c’est ce qui gouverne le

monde. Les théologiciens Thomas d’Aquin et Saint Augustin ont une


conception religieuse du destin. Selon eux, le destin, c’est ce qui réside dans
le secret de Dieu et qui peut être compris ou deviné par celui qui obéit aux
prescriptions divines ; c’est-à-dire celui qui a reçu l’esprit de Dieu ou le Saint-
Esprit par sa droiture. On retient qu’il s’agit de la vision des fatalistes sur le
destin. De leur entendement, le libre arbitre n’existe pas ; le destin,
irrévocable, se joue de notre vie. C’est donc suivant les décrets de ce destin
que les richesses viennent et s’en vont. Celui qui sait alors comment il doit se
conduire peut faire toute sorte d’efforts, mais il ne recueillera jamais de ses
actions d’autre fruit que celui qui est réservé par la volonté de son destin : il
est impossible de lutter contre son destin, c’est lui qui nous mène. Cette
conception des fatalistes rejoint celle des dictionnaires. Elle s’accommode
avec la conception originelle du destin à en croire la mythologie grecque.
Œdipe accomplit son funeste destin en le fuyant : sans le vouloir, il a tué son
père et épousé sa mère.

1
Henri Bergson, L’évolution créatrice, PUF, Paris, 1907.
2
Jean Claude Carrière, Tous en scène, Odile Jacob, Paris, 2007.
3
Henri-Frédéric Amiel, « Journal intime » du 11 avril 1867.

14
D’autres conceptions du destin nécessitent d’être passées en revue pour
montrer combien le terme fait partie des grandes préoccupations des
penseurs et écrivains.

Jean-Paul Sartre, philosophe et écrivain français, précurseur de


l’existentialisme, pense qu’il n’y a pas d’essence humaine figée et préétablie,
essence qui précéderait l’existence. A l’en croire, l’homme surgissant dans le
monde y dessine sa figure ; il est donc l’artisan de son destin. L’avenir de
l’homme, pour Sartre, est une page vierge qu’il doit remplir. Ainsi dit,
l’homme doit être responsable par la prise en charge totale de son destin qui
crée sa nature et le monde.

Quand nous considérons la question du destin avec les auteurs africains, nous
constatons que les conceptions sont les mêmes chez presque tous les
auteurs. Albert Camus croit à un destin préétabli par Dieu mais estime que ce
destin peut subir de petites transformations par les actions de l’homme. Ces
transformations que l’homme même élit sont considérées comme des
intermédiaires du grand destin. Pour lui, créer, c’est aussi donner une forme à
son destin. Sa conception se rend plus explicite lorsqu’il consigne : « Que
m'importaient la mort des autres, l'amour d'une mère, que m'importaient son Dieu, les vies
qu'on choisit, les destins qu'on élit, puisqu'un seul destin devait m'élire moi-même et avec moi

des milliards de privilégiés qui, comme lui, se disaient mes frères »1.C’est la vision du
destin en tant qu’une histoire singulière au sein d’autres histoires.

Ahmadou Kourouma quant à lui, rejoint l’idée selon laquelle le destin est
défini et inébranlable par l’action humaine. On le remarque à travers ses
personnages Fama et Salimata dans Les soleils des indépendances. En effet,
Salimata, femme de Fama, est demeurée, malgré tous les rites accomplis,
une femme stérile. C’est bien ce que Ahmadou Kourouma nous donne à lire à
la page 68 de son roman Les soleils des indépendances : « Elle avait le destin de
mourir stérile ». Destin qui conditionne aussi celui de son mari car parce qu’elle
avait le destin de mourir stérile, mourra, la lignée des princes dont Fama est
le dernier et légitime descendant.

On lit la même vision du destin chez Olympe Bhêly-Quenum à travers Un


piège sans fin. En clair, d’une enfance heureuse, la vie d’Ahouna s’est

1
Albert Camus, L’Étranger, éd. Gallimard, p.183.
15
transformée en un enchaînement sporadique de malheurs sans qu’il n’y fît
rien. Sa perte est née de la jalousie morbide d’Anatou. Rien n’a pu arrêter le
plan du destin qui chevauche et téléguide Ahouna jusqu’au supplice du feu.
Toutes les tentatives pour se réconcilier avec sa femme ont échoué et comme
si le destin devrait irrévocablement s’accomplir, il interdit à ses beaux-parents
d’en parler à ses parents dont l’intervention était fort probable d’aboutir et
déserte le toit conjugal qui conduit à son expiration.

Au regard de toutes ces définitions, nous pouvons retenir que le destin est
une force, une puissance, un pouvoir qui trace, fixe ou détermine
irrévocablement le sort, le devenir ou ce qu’il adviendra de quelqu’un ou de
quelque chose. On retient d’abord que c’est la vision des fatalistes sur le
destin. En résumé, le libre arbitre n’existe pas. Le destin, inébranlable et
inévitable dispose donc de notre vie. Ensuite, il y a une autre vision du destin.
Elle est celle des existentialistes. Pour eux, il est inconcevable de penser que
l’homme se conduit dans la vie comme un aveugle. C’est lui qui donne un
sens à son existence. En clair, l’homme est le seul artisan de son destin.

3.1.1. Destin, fatum et destinée : quelle corrélation ?

Quand on considère d’une manière moins rigoureuse les définitions des


dictionnaires à propos des trois termes « destin », « destinée » et « fatum »,
l’on est rapidement tenté de prendre l’un pour l’autre. Il n’en est pas
cependant question même si les frontières entre ces trois termes ne sont pas
tangibles. Le destin exprime l’idée d’une loi suprême, immuable, qui a réglé
d’avance la suite et l’enchaînement de tous les événements importants de
l’existence humaine. La destinée quant à elle, désigne plutôt cette suite et cet
enchaînement mêmes, surtout quand on les considère au point de vue spécial
des individus. En résumé, « Le destin règle, dispose, ordonne, et ce qui en résulte est
notre destinée »1. Pour ce qui est du fatum, il est un terme latin employé aussi
pour désigner le destin. C’est un fait inéluctable commun à tous et inscrit
dans le destin qui est spécifique à chaque être.

Au demeurant, le destin est une puissance surnaturelle irrévocable propre à


chaque individu qui héberge en son sein le fatum, lui aussi inéluctable mais
commun à tous. La destinée est la fin, l’aboutissement du destin.

1
René Bailly, Dictionnaire des Synonymes de la Langue française, Larousse, Paris, 1947, p.198.
16
3.2. La production

Le terme « production » se définit selon Le Robert illustré 2014 comme une


« création », une « réalisation ». Une production, y lit-on encore, est une
« création intellectuelle, littéraire, artistique d’une personne ». C’est encore
« l’ensemble des œuvres d’un artiste ». A l’instar du dictionnaire Le Robert
illustré 2014, le dictionnaire Larousse définit une production comme
« création », « une réalisation » ; « l’ensemble de la production d’un artiste,
d’un écrivain ». Pour Encarta, c’est le résultat d’une création littéraire.

On retient pour ce qui concerne le cadre de la recherche, que la production


est l’ensemble des créations, en parlant des ouvrages de l’esprit. La
production chantée serait donc l’ensemble des œuvres chantées d’un artiste ;
ce qui insinue clairement que nous nous retrouvons pleinement dans le
champ de la littérature orale.

Au bout du compte, le sujet de recherche « Le destin dans la production


chantée de Gbèzé » se comprend comme la question du sort irrévocable de
quelqu’un dans l’ensemble des œuvres chantées de l’artiste Gbèzé.

La présente recherche porte donc sur les chansons de Gbèzé qui parlent de la
force ou de la puissance qui trace, fixe ou détermine le sort, le devenir de
quelqu’un dans l’ensemble des œuvres chantées de cet artiste. Elle cherche à
en extraire la perception de Gbèzé et le style qui les porte. Nous procédons,
pour la suite immédiate, à l’élaboration de l’objet de l’étude : le corpus-
témoin ou le matériau.

17
Chapitre 2

De l’objet de la recherche au matériau

1. Elaboration du corpus témoin

Les 30 albums de Gbèzé contiennent en tout et pour tout 179 chansons. Elles
traitent d’une myriade de thèmes et certifient l’épatante activité productive
du chanteur. Leur analyse méticuleuse permet de les classer sous des veines
ou orientations imposées à l’artiste par des contingences extérieures. Ces
veines sont : l’amour, la femme, l’autoglorification, l’inconscience de la
jeunesse, la paix, la méchanceté humaine, l’ingratitude, la jalousie, la
générosité, l’adversité, l’histoire événementielle, le bonheur, l’enfant, etc.
Chaque tendance recèle un certain nombre de chansons spécifiques, mais on
en trouve qui appartiennent à plusieurs orientations à la fois. Aussi
l’établissement du corpus commande-t-elle des actes de décantation. Ils sont
l’acquisition des albums, l’audition, le codage, la sélection des deux pièces
spécimens-témoins, la transcription et la traduction juxtalinéaire, la
traduction élaborée ou littéraire.

1.1. L’acquisition des cassettes

L’élaboration du corpus-témoin nous a amené à rencontrer des personnes


proches de l’artiste et des membres de son orchestre. Aussi, sommes-nous
rapproché de l’aîné chercheur Justin Madindé qui a efficacement aidé à avoir
une bonne partie de la production chantée de Gbèzé. Également, des
kiosques et discothèques de Cotonou ont été sillonnés pour avoir l’ensemble
de ses pièces orales chantées.

1.2. L’audition

Le thème du destin est abondant dans la production chantée de Gbèzé. Il a


fallu écouter attentivement tous les 181 morceaux des trente (30) albums
pour s’en assurer. Pendant cette audition, certaines paroles ont été
clairement entendues mais d’autres sont restées indiscernables et
incomprises. Du coup, nous nous sommes rapproché des gens du terroir de
l’artiste, ancrés dans la culture d’Aklampa, pour nous les expliquer. Ce travail

18
a permis de connaître quelque peu l’œuvre de l’artiste Gbèzé. En effet, sur les
cent soixante dix neuf (179) chansons des trente (30) albums, quarante (40)
expriment clairement le destin, soit un pourcentage de 22.34%. Les 77.66%
restants sont partagés entre une flopée de thèmes à savoir l’autoglorification,
l’inconscience de la jeunesse, la paix, la générosité, le développement,
l’adversité, etc.

1.3. La sélection de la chanson-spécimen du corpus

Après l’écoute attentive des chansons de Gbèzé exprimant le destin, nous


sommes confrontés à de sérieuses difficultés de choix de la chanson-modèle
du corpus. Ces difficultés sont liées à la richesse aux plans sémantique et
phonologique de ces chansons. Finalement, le choix a été porté sur une (01)
chanson sur la base de deux critères : le critère de volume (chansons moins
longues) et/ou celui de l’évocation abondante du destin dans ces pièces
orales. Dans une recherche en littérature orale au niveau de la Maîtrise, le
corpus vise à prouver que le jeune chercheur a d’une part la maîtrise des
langues de travail ( le mahi et le français) et, la maîtrise des techniques de
collecte ainsi que la transcription, d’autre part.

L’utilité de ce corpus réside, dans une large mesure, en ce qu’il constitue le


champ d’expérimentation des preuves et exemples qui confirment les
analyses. Toutefois, il importe de notifier que des preuves et exemples
peuvent être tirés des textes non représentés du corpus.

2. Le traitement

Les 40 chansons choisies pour le corpus sont soumises à un même


traitement : le codage. Seule la chanson-spécimen a subi la transcription et la
traduction juxtalinéaire, et la traduction élaborée.

2.1. Le codage

Le codage est l’établissement d’une fiche signalétique d’une chanson. Il peut


donc se faire simplement au moyen des références de la maison de
production ou d’édition. Par exemple, la chanson n°1 éditée en 1996
s’identifie de la façon suivante : DIL 1996 vol.1 FA ch1 : Djo gni bô atin man
dan : c’est là un code originel ou référentiel. Cependant, pour les besoins de

19
l’étude, il est préférable d’éditer un autre type de code, le code in libro. Il se
marque de la façon suivante :

 Le sigle en deux lettres du nom de l’artiste


 L’année de production en ses chiffres décimale et d’unité
 Le sigle de la maison de production ou d’édition
 Le numéro du volume ou de l’album
 La lettre ou le numéro de la face s’il s’agit d’une cassette, cela n’est
pas possible pour un CD
 Le numéro de la chanson quand il s’agit d’une cassette ou le numéro de
la piste s’il s’agit d’un CD.

Cette règle permet d’identifier la chanson ci-dessus : Gb96DNP1A1. Un tel


marquage permet de coder toutes les chansons. Cependant, la quantité des
pièces orales produites par Gbèzé ne peut être étudiée dans le cadre de ce
mémoire de maîtrise ; aussi, peut-on légitimement réduire la taille du
matériau. Le bon sens recommande de choisir une chanson par album, celle-
là tout à fait significative au regard de l’objectif général de la recherche. De la
sorte, le matériau compte 40 chansons, soit 22.34% de cette production
chantée. Certes, on peut les mettre par orientation, mais ce faisant, le risque
sera grand, dans une moindre mesure, de sélectionner des chansons de la
même veine. Le matériau ainsi se présente comme suit.

N° N° de Code du chercheur Titre


l’album
1 3 Gb98DIL1A2 Emi sèkpon mi
2 4 Gb99DIL4A2 Sè dé do logozo
3 5 Gb99DIL5B3 Avô gbè do nou wé
4 6 Gb00DIL6B1 Nou wa min
5 7 Gb01DIL7B1 Do houé wé
6 8 Gb01DIL8B1 Gni déssou
7 9 Gb02DIL9A1 Flé hôssa djizo
8 9 Gb02DIL9A3 Ma na won
9 9 Gb02DIL9B2 Houè miton djo
10 10 Gb03DIL10A2 Nouhamè sèyi zô
11 10 Gb03DIL10A3 Atinman kpon tô
12 11 Gb04ACM11B1 Avô tché bibli

20
13 11 Gb04ACM11B2 Man dô mi ho azôn kan
14 12 Gb05ACM12A4 Sè wa tcho man dou lé
15 12 Gb05ACM12B2 Nounkounnon kpo towé dié
16 13 Gb07GZZ13-2 Gbè wè non
17 13 Gb07GZZ13-6 Sègbo didè wè do mi
18 13 Gb07GZZ13-7 Mahou a blo sôgni mon
19 13 Gb07GZZ13-8 Dada tché houé a gnon
20 14 Gb07GZZ14A2 Kpé lo kolo gba sè do
21 14 Gb07GZZ14A3 Gbè do guissi mi
22 14 Gb07GZZ14B1 Mi kou gni lôdjou
23 14 Gb07GZZ14B2 Oun ho kan dô noun nan gnon
24 15 Gb08GZZ15A2 Agban é alô do ô
25 15 Gb08GZZ15B2 Gnonnou assoudatô
26 16 Gb09GZZ16A3 Noumon da kômin
27 17 Gb09GZZ17A2 Noudô do minhou
28 17 Gb09GZZ17B2 Nou wa min sô nan vô dé dan
29 18 Gb10GZZ18A2 Sinwinlin
30 19 Gb10GZZ19-2 Gbèmèho
31 20 Gb11GZZ20-7 Sô ayi towé djonou Sê
32 21 Gb12GZZ21-2 Man ya man gnon
33 22 Gb12GZZ22A1 Zingbigba tolo
34 23 Gb13GZZ23-2 Sègbo do kpèdé
35 25 Gb14GZZ25-2 Azon mandjè kèdè
36 25 Gb14GZZ25-6 Oun gbè kandé
37 26 Gb15GZZ26-1 Sè é do adakpô
38 27 Gb15GZZ27-3 Vi ô sè wè non nan
39 29 Gb15GZZ29B2 Ejlo sè ô
40 30 Gb16GZZ30-4 Akonkpikpan
Titre 2:Tableau de codification

Comme il serait fastidieux de transcrire et de traduire dans ce mémoire les 40


chansons, l’étude a choisi de sélectionner un (01) spécimen-témoin afin de
montrer aux lecteurs la nécessité de procéder à un tel exercice dans les
recherches en littérature des traditions orales. Il doit son choix à son volume
ainsi qu’à son appartenance à la même préoccupation thématique, le destin.
Il s’agit de la chanson Gb02DIL9B2 (Houè miton djo).

21
2.2. La transcription et la traduction juxtalinéaire
2.2.1. La transcription

Conscient qu’il n’existe pas un alphabet propre à la langue mahi, l’on s’est
servi de l’alphabet national fon, élaboré par les spécialistes du CENALA pour
la transcription des langues nationales. Cet alphabet se présente comme
suit :

2.2.1.1. Alphabet fↄngbe

1- Les voyelles orales


A a
E e
ԑԑ
I i
O o
ↄↄ
U u
Les voyelles
2- Les voyelles nasales
An an
ԑn ԑn
Inin
ↄn ↄn
Un un

1- Les consonnes simples


B C DƉ F G H X J K L M N P R S T U V W
YZ
b c d ɖ f g h x j k lm n
prstuv w y z
Les consonnes
2- Les diagrammes
Gb gb
Kp kp
Ny ny

Liste alphabétique a b c d ɖ eԑf g h x l j k kp l m


n ny o ↄ p r s t u v w y z

22
2.2.2. La traduction juxtalinéaire

La traduction juxtalinéaire est une traduction brute et élémentaire. Elle


permet d’une part de connaître le sens ordinaire des mots des textes chantés
et, amène à découvrir la complexité et la richesse de la grammaire mahi,
d’autre part.

2.2.2.1. Les précautions de la traduction

Il faut noter que certains mots sont abrégés dans la traduction juxtalinéaire.
Car ils ne peuvent pas rester sous la transcription à laquelle ils se rapportent.
Il s’agit de :

Clan = Appellatif clan

Avoir hab = Avoir l’habitude

D’autres, pour le même motif, sont représentés par « Phat » qui signifie
« phatique ».Il s’agit des particules dicto- modales d’insistance,
d’interrogation, des morphèmes d’instance, de futur et de négation.

2.3. La traduction élaborée

Elle comporte quelques difficultés. Ces dernières sont liées au fait que les
langues maxi et français sont différentes l’une de l’autre. De même, des
vocables maxi n’ont pas leur équivalence en français. Nous nous sommes
alors servi des mots au sens approximatif pour résoudre quelque peu ce
problème. Bref, « nous nous sommes efforcé à rester le plus près des textes en évitant d’en
altérer la signification profonde et parfois en respectant l’esthétique littéraire »1.

3. Le corpus

Le corpus, comme nous l’avons dit plus haut, est composé d’une quarantaine
de chansons. Un (01) spécimen est transcrit et traduit (traductions
juxtalinéaire et élaborée). Les trente et neuf chansons restantes sont
résumées. Le tout est renvoyé en annexe.

1Ascension Bogniaho, Histoire du ‘’han’’ ou la chanson populaire dans « Wémè’’, Thèse de Doctorat de 3e cycle, Université
de Paris XII, Université de Créteil, Sorbonne, 1980. 308 pages.
 Outre l’alphabet fↄn, nous nous sommes aussi inspiré de cette thèse pour faire ce travail de transcription.

23
Au terme de ce deuxième chapitre, on retient que Gbèzé a une discographie
très riche et variée. Une discographie dont la chronologie est clairement
connue. La collecte de ce répertoire et celle des différentes informations sur
l’artiste ont permis de mieux auditionner les chansons afin de sélectionner
40 qui font partie du corpus. Elles ont été toutes codées. Une seule chanson a
été transcrite et traduite ; les autres ont été résumées succinctement.
L’ensemble a donné le corpus renvoyé en annexe. A la fin de l’élaboration du
corpus, il convient à présent d’entrer dans l’analyse ou la vérification par
l’établissement de la typologie des chansons de Gbèzé développant le destin.

24
Chapitre 3

Gbèzé et le destin : pour une typologie raisonnée des chansons

La chanson traditionnelle est prolifique, en général. Il est donc nécessaire


d’en faire, à partir des critères normés, une typologie. Ce sont les critères du
rythme, de la diachronie, de la structure profonde et du volume, des entrées
et celui des thèmes.

1. Le critère des rythmes

Le critère des rythmes est encore appelé critère de l’orchestre. L’orchestre est
l’ensemble ordonné de personnes qui pratiquent un rythme caractérisé par
une organologie et un type de chanson. Il donne souvent son nom aux
chansons.

Gbèzé pratique actuellement, en dehors du tchingounmè, le toba. Il paraît


donc important de regarder le critère de ces deux rythmes.

1.1. Le tchingounmè

Rythme funéraire chez les maxi des collines, le tchingounmè aurait été
inventé par Adisso, ancien esclave affranchi à la cour royale d’Abomey qui
retourna chez lui à Savalou sous le règne du roi Kpengla (1774-1789).
S’inspirant en effet d’une musique alors aboméenne (Zinli), il l’adopta aux
conditions géographiques de sa région natale et le pratiquait à l’occasion des
décès. Il remplaça ainsi la jarre-tambour dite Kpezin par le gota, calebassier
vidé de son fruit de façon à laisser subsister l’enveloppe ; c’est un
membranophone. Pour émettre le son, il suffit de taper sur l’orifice de cette
gourde à l’aide d’un éventail. A cet instrument, Adisso associa deux cloches,
une paire de hochets et deux calebasses moins volumineuses que le gota,
renversées dans des récipients remplis d’eau donnant un son différent : c’est
le ‘’tohoun’’ qui intervient dans le tchingounmè.

A la mort de Adisso, Gblago Mantcha et Affokpé l’ont respectivement succédé


dans la pratique du rythme. C’est au temps de Affokpé que le rythme a porté
le nom atchèhounmè et se jouait en cercle. Au fil du temps, il est devenu
tchingounmè. Après Affokpé, le tchingounmè connaîtra une autre innovation

25
avec Akpovi Athanase qui lui a ôté son caractère funèbre. Succède à
Athanase, Alokpon, le révolutionnaire du rythme. Dans les années 1970, il
introduit l’aérophone flûte ou kpété dans cette musique et l’a popularisée. Il
lui a donné un caractère de réjouissance. Aussi a-t-il multiplié certains
instruments et en a créés d’autres.

A la suite d’Alokpon, plusieurs autres artistes se sont intéressés au rythme. Il


s’agit de Houéssin, Gbétchéou, Gbèzé, Zokpon et bien d’autres chanteurs.
Aujourd’hui, Gbèzé est devenu une vedette incontournable, une icône de
tchingounmè car il l’a tellement maîtrisé et rénové. Il a substitué les
récipients par des sceaux qui contiennent chacun trois (03) calebasses
quelquefois. Par ailleurs, Gbèzé pratique depuis près de dix ans le toba,
rythme dans lequel il excelle et émerveille la population qui l’adule. Il paraît
donc judicieux de découvrir aussi ce rythme.

1.2. Le rythme toba

Rythme essentiellement éducatif, le toba appartient à la tradition populaire.


Et une certaine approche génésique semble s'imposer. Il se jouait au clair de
la lune par les jeunes du Danxomè. Ils y invitaient toujours des personnes
âgées qui profitaient de l’occasion pour leur raconter des contes, légendes et
histoires, leur transmettant ainsi du savoir. Les instruments utilisés étaient
essentiellement éphémères et à corde : branche de palme dont on entaillait
une partie.

Jadis, le roi interdit la pratique de toute musique à Savalou. Car les sons de
toba, liane aquatique outillée en instrument sonore, attiraient des génies qui
faisaient des ravages humains. Cependant, Adakpè introduit courageusement
la musique à Savalou en omettant l’instrument maudit. Après Adakpè,
d’autres artistes l’ont succédé et ont apporté au rythme leur touche. Il s’agit
notamment d’Allèdo et Ezin Gangnon. Mais il faut reconnaître que c’est Ezin
Gangnon qui a véritablement rénové le toba. La guimbarde ou guidigbo, le
tambour puis la caisse ont fait leur apparition dans le jeu musical grâce à lui,
fusionnant peu à peu le rythme à un autre genre musical : le hanyè autrefois
pratiqué par les amazones pour le plaisir des rois de Danhomè. C’est ce que
Gangnon lui-même semble expliquer en ces termes :

26
« Allèdo ne joue pas un autre système, c’est le mien qu’il joue. Dans son système que je lui
connais, on n’y jouait ni du tam-tam, ni de la castagnette, ni la grosse caisse que nous
appelons guidigbo. C’est moi qui ai introduit ces instruments dans l’exécution du rythme »1.

A la suite de ce dernier, Louha, Allèvi et Gbèzé pratiquent le toba.


Aujourd’hui, le rythme a retrouvé ses marques et connaît d’autres
raffinements intéressants grâce à Gbèzé.

En définitive, l’on peut retenir que Gbèzé, en dehors de cengunmԑhan, fait


également du tobahan que le public raffole avec plaisir.

A l’analyse des deux rythmes, on est tenté de faire une petite synthèse
comparative. Le tchingounmè et le toba s’apparentent surtout sur le plan de
l’organologie. Certains instruments tels que la flûte (aérophone) et la
castagnette (membraphone) du tchingounmè se retrouvent dans celui du
toba. L’on peut alors comprendre, sans s’y méprendre, ce pourquoi Gbèzé
n’éprouve aucune difficulté à pratiquer cumulativement les deux rythmes. Il
les fait très bien au point que les anciens pratiquants du tchingounmè et du
toba aient perdu leur brillance.

2. Le critère de la diachronie

Les chansons dans lesquelles Gbèzé développe la thématique du destin sont


constantes sur une période donnée. Ce qui préoccupe ici, est donc l’évolution
du traitement du destin dans la production de Gbèzé, selon le temps. Il
s’agira de déterminer la période à laquelle appartiennent les chansons
développant ce thème afin de dire si ces chansons sont anciennes ou
nouvelles.

Dès le début de sa carrière musicale en 1998, Gbèzé s’est intéressé au destin,


et, il le chante au sein d’une thématique composée de l’homme, la femme, le
mariage, la jalousie, l’ingratitude, la misère, l’amour, etc. Déjà dans son
premier album publié en 1998, la vedette Gbèzé, touchée par le décès
prématuré de son frère aîné, parle du destin. En témoigne le morceau
Gb98DIL1A2 titré « E mi sè kpon mi » dudit album dans lequel il raconte la
mort de son frère et parvient à la conclusion selon laquelle c’était « Sԑ », son
destin qui s’était accompli. A cela s’ajoute le fait que Gbèzé soit issu d’une

1Donatien Gbaguidi, « Entretien exclusif avec une ancienne gloire de la musique traditionnelle ‘’ Toba’’ : Ezin Gangnon
révèle ses combats avec les forces du mal et parle de son intimité », in L’Evénement Précis du 10/10/2012.

27
famille dont les parents sont cultivateurs et pauvres. En effet, ayant participé
activement aux travaux champêtres aux côtés des siens, il a vécu la misère et
toutes les vicissitudes quotidiennes qui vont avec elle. L’artiste réalise alors
que malgré la volonté et les efforts consentis par ses parents pour sortir de
la pauvreté, leur condition de vie ne s’est pour autant améliorée. Il en déduit
que c’est le sort à eux réservé par le destin face auquel nul ne peut
entreprendre avec succès une lutte. Gbèzé développe le destin dans presque
tous ses albums.

En effet, dans la chanson Gb98DIL1A2 (E mi sè kpon mi) de sa toute


première cassette, le chansonnier pleure la disparition de son frère. En
réponse aux calomniateurs qui attribuent la mort de son frère à des sources
abjectes, Gbézé dit qu’il fallait s’en prendre au destin qui en a décidé ainsi.
Dans la chanson Gb99DIL4A2 (Sè dé do logozo) de l’album suivant, Gbèzé
compare le destin de l’homme à la carapace de la tortue et l’homme lui-même
à l’animal dont les mouvements de danse ne se font pas sentir à cause de
cette carapace. Il ajoute que ce sont les poils du singe qui prédestinent cet
animal à paraître comme un être qui ne sue pas. Il compare ainsi le destin à
la carapace de la tortue et aux poils du singe qui masquent tous les efforts
fournis par leurs détenteurs.

Par ailleurs, dans la chanson Gb99DIL5B3 (Avô é gbè do) de l’album 5, Gbèzé
s’identifie au charognard qui ne possède pas, à l’image des autres oiseaux, de
cheveux mais qui se voit contraint de l’admettre car c’est une manifestation
du destin. Il y exhorte tout humain à se conformer au sort que lui réserve son
destin sans se plaindre. Dans la chanson Gb00DIL6B1 (Nou wa min) de
l’album 6, il dit que tout malheur humain sur cette terre est une émanation
du destin. Dans la chanson Gb01DIL7B1 (Do houè wè) de l’album 7, l’artiste
dit que l’homme vient accomplir aveuglément ses actes sur la terre ; il ne les
commet pas. En effet, les actes qu’il pose étant déjà préétablis par son
destin, il les met en application sans y apporter une touche particulière : il est
donc passif de ses actes. Dans la chanson Gb01DIL8B1 (Gni desu) de l’album
8, Gbèzé interdit à ses détracteurs et calomniateurs de penser qu’il est le
responsable des événements qui lui arrivent dans sa vie. Donnant le récit d’un
jeune homme qu’un roi a vainement décidé de condamner à mort par

28
complot, deux fois successivement, il conclut qu’aucun malheur ne lui arrivera
si ce n’est pas le plan de son destin.

Dans la chanson Gb02DIL9A1 (Flé hosa dji zo) de l’album 9, Gbèzé dit que ni
la maladie, ni personne sur cette terre ne peut porter atteinte à son devenir
car c’est seulement son destin qui pourrait en être capable. Dans la chanson
Gb02DIL9A3 (Ma na won) du même album, il se rappelle le décès tragique de
son frère aîné, l’accepte comme émanant du désir de son destin et l’incrimine
d’avoir fait de lui « un sans frère » parmi les hommes. Dans la chanson
Gb02DIL9B2 (Houè miton djo), toujours du même album, Gbèzé s’identifiant
à la jarre trouée qui n’a pu contenir de l’eau, dit qu’il n’en est pour rien et
indexe le potier qui le destine à garder cette forme ; il se confond dans ce cas
au destin. Il donne alors raison à ses médisants qui se moquent de sa
situation de vie précaire et culpabilise le destin. Dans la chanson
Gb03DIL10A2 (Nou ha min) de l’album 10, l’artiste fait savoir que l’honneur
d’un homme est l’expression de son destin. Dans la chanson Gb03DIL10A3
(Atinman kponto) du même album, il substitue le vent au destin qui empêche
le décompte des feuilles d’un arbre malgré l’ambition de celui qui
l’entreprend. Le vent, représente le destin et il s’oppose à tout désir ou action
humaine qui ne fait pas partie de sa prévision. Il conclut que si une injure
n’offusque pas son destin, il n’a donc pas le droit d’en être vexé.

Dans la chanson Gb04ACM11B1 (Avo tché bibli) de l’album 11, l’artiste


compare une femme féconde et une femme stérile et dit qu’aucune d’elles
n’est responsable de sa situation et n’en sait absolument rien. L’homme subit
donc son sort sans à aucun moment le maîtriser et doit s’en remettre à lui.
Dans la chanson Gb04ACM11B2 (Man do mi ho azon kan) de l’album 11, la
vedette dit que l’aveugle n’a jamais voulu ce handicap et considère ce
problème comme l’œuvre du destin face à laquelle toute action humaine ne
serait que vanité. Il dit par ailleurs que l’homme est voué à la souffrance
quand le destin le décide. Dans la chanson Gb05ACM12A4 (sè wa tcho man
dou lé) de l’album 12, l’artiste dit que même si le sorcier prétend tuer un
homme, il ne le pourra jamais sans l’approbation de Dieu. Gbèzé pense ainsi
que le destin est prédestiné par Dieu, l’être suprême, puissant, sans qu’aucun
obstacle ne puisse le renverser. Dans la chanson Gb07GZZ13-2 (gbè wè non)
de l’album 13, le chanteur dit que c’est parce que Dieu aurait délibérément

29
choisi de le rendre pauvre que ses ennemis se moquent de lui. Et s’il devrait
incriminer quelqu’un, ce serait son destin. Dans la chanson Gb07GZZ13-8
(Dada tche houe agnon) de l’album 13, Gbèzé s’identifie à la jarre trouée et
notifie qu’elle n’est pas conçue de la même façon qu’une jarre normale.
L’équivalent du potier dans ce cas est «sԑ », l’être suprême qui dispose de
tout. Il s’en suit que les destins ne s’équivalent pas mais sont inaliénables.
C’est pourquoi, dans cette vie, il y a des pauvres et des riches.

Dans la chanson Gb07GZZ14A2 (kpé lo kolo gba sè do) de l’album 14, la


vedette dit que les rancunes de ses ennemis qui souhaitent qu’il ne soit plus
invité à prester ne seront de nul effet car cela ne fait pas partie de la volonté
de Dieu qui demeure le seul maître de son destin. Dans la chanson
Gb07GZZ14A3 (Gbè do guisi mi) du même album, Gbèzé s’adresse aux aigris
traumatisés et rongés par la percée irréversible de son génie et de sa
condition de vie qu’ils jugent meilleure. Il dit qu’il fallait s’en prendre plutôt à
son destin au lieu de le calomnier. Dans la chanson Gb07GZZ14B2 (Oun
hokan do nou na gnon) et toujours dans le même album, l’artiste décrit
l’attachement et la persévérance de son père dans l’exécution des travaux
champêtres dont lui-même a été témoin. Il raconte avoir vu son père
plusieurs fois se servir de la main gauche pour manger l’igname et,
simultanément, se servir de celle droite pour sarcler parce qu’il ne voulait pas
se donner de répit. Mais malgré cela, il est demeuré tel que son destin a
voulu : pauvre. Dans la chanson Gb08GZZ15B2 (Gnonnou assoudato) de
l’album 15, il implore le destin à lui accorder la prospérité afin qu’il lui en
retourne sa part en signe de gratitude. Dans la chanson Gb09GZZ16A3 (Nou
mon da komin) de l’album 16, l’artiste dit que c’est le destin qui peut tolérer
que quelqu’un soit envoûté. Le contraire s’avère impossible.

Dans la chanson Gb09GZZ17B2 (Nou wa min so nan vo dé dan) de l’album


17, il considère sa condition comme une prévision du destin et se dit prêt à
l’accepter par résignation. Dans la chanson Gb10GZZ18A2 (Sinwilin) de
l’album 18, Gbèzé répond à ses rancuniers en s’identifiant à l’éléphant
qu’aucun animal de la brousse ne pourra jamais égaler en grandeur. Il dit
aussi que le margouillat ne pourra jamais se mesurer ou être confondu avec
le varan, et il en conclut que le destin programme l’homme pour une vie, une
certaine personnalité auxquelles les rancunes des ennemis ne peuvent

30
toucher. Dans la chanson Gb10GZZ19-2 (Gbèmèho) de l’album 19, Gbèzé dit
que la liberté de l’homme n’existe pas ; sa responsabilité non plus : quoiqu’il
fasse, cela lui est dicté par le destin. Dans la chanson Gb12GZZ21-2 (Man ya
man gnon) de l’album 21, la vedette dit qu’il ne faut en aucun cas
responsabiliser nos ennemis des malheurs qui surviennent dans notre
existence. Car leur désir ne se produirait pas s’il ne recevait pas l’adhésion du
destin. Dans la chanson Gb12GZZ22A1 (Zin gbigba tolo) de l’album 22, il dit
que celui qui porte une bassine sur la tête, c’est pour un but déterminé. C’est
donc Dieu qui l’a envoyé sur la terre pour une mission précise qui reste dans
son secret et dont personne ne peut empêcher l’accomplissement. Dans la
chanson Gb13GZZ23-2 (Sègbo do kpèdé) de l’album 23, il fait savoir qu’on se
couvre du pagne de son destin et qu’il serait inutile de vouloir lui imposer
quoique ce soit. Dans la chanson Gb14GZZ25-6 (Oun gbè kandé) de l’album
25, le chansonnier dit qu’il ne fait que subir les peines voulues par son destin
qui s’oppose à la concrétisation de ses rêves. Il s’identifie à la poule à cou nu
qui a éprouvé le vain désir de pousser des plumes à la gorge comme les
poules ordinaires.

Dans la chanson Gb15GZZ27-3 (Vi o sè wè non nan) de l’album 27, Gbèzé


soutient que l’argent n’achète pas un enfant et exhorte les femmes stériles à
cesser leurs couinements. Il dit que c’est l’œuvre du destin perçu comme une
fatalité qu’aucune force ne rompt. Dans la chanson Gb15GZZ29B2 (E djlo sè
o) de l’album 29, il dit que sa condition est liée au fait que ses rêves et ceux
du destin ne concordent pas. Dans la chanson Gb11GZZ20-7 (So ayi towé djo
nou sè) de l’album 20, l’artiste recommande de s’abandonner à son destin qui
s’accomplit sans condition. L’homme dans ce cas est un instrument du destin,
défini comme quelque chose élevé, de plus vaste : il le réaliserait en
l’ignorant, de manière inconsciente.

En définitive, Gbèzé chante le destin depuis 1998 jusqu’à nos jours. Aussi,
plusieurs des chansons qui développent ce thème intègrent en leur sein des
emprunts à la langue française faisant ainsi d’elles des chansons bilingues,
frappées du sceau de la modernité. Elles sont donc des chansons modernes
ou nouvelles ou hwenuyↄyↄhan.

31
3. Le critère du volume et de la structure profonde des chansons

De toutes les chansons de Gbèzé, les pièces orales exprimant le destin font
sept (07) à dix (10) minutes. Ce sont des chansons longues ou hangaga. En
témoigne la chanson spécimen du corpus de cette recherche qui compte cent
quatre-vingt six(186) versets. Leur structure est variable. En effet, elles ont
une introduction ou hanbibԑ qui ouvre la chanson et renseigne sur la
thématique à développer, un refrain ou hanyiyi qui reprend le plus souvent
l’introduction avec parfois une variante, un développement ou hanko dans
lequel l’artiste affiche son intention d’expliquer ou d’illustrer la thématique de
sa chanson. Le développement ou hanko est introduit par diverses formules.
La formule d’annonce de la chanson Gb02DIL9B2 (Houè miton djo) se
remarque à travers les versets 102 et 103 :

- Nu e zↄn bↄ han ce ɖↄ mↄ e - Ce pourquoi j’ai ainsi chanté

- Timԑ tↄn nԑ un xwe kↄn nԑ - Je m’en vais vous l’expliquer

Il se dégage, à l’observation, que cette pièce a commencé par un long prélude


instrumental qui se remarque très souvent chez Gbèzé. Cette chanson s’ouvre
sur certains versets que Gbèzé répète indéfiniment et seul un bon moment et
après, les fait répéter également en chœur plusieurs fois en guise de refrain.
Il se dégage là le souci de focaliser l’attention de l’auditeur. La substance
même de la chanson se trouve déjà dans cette introduction. C’est pourquoi le
développement ou le hanko n’est annoncé qu’à partir du verset cent
deux(102) alors que la pièce orale contient en tout et pour tout cent quatre
vingt six(186) versets. Le développement se limite à une partie explicative,
une illustration de l’introduction ou du hanbibԑ.
Certaines chansons, très peu d’ailleurs, n’ont pas de formules introductrices
du développement. Il s’agit, par exemple, de la chanson Gb02DIL9A1(Flé
hossa djizo) de l’album 9.

En outre, les chansons longues ont une conclusion ou hanfufo qui est la
dernière partie de la chanson. Chez Gbèzé, elle est variable et se confond
avec une partie à danser appelée Ayahan. Le hanfufo fait le bilan des idées
développées dans la chanson. L’artiste la termine souvent en donnant un
enseignement où, soit il conseille le courage, la persévérance et l’optimisme

32
soit il conclut en incriminant le destin des malheurs qui surviennent dans
l’existence de l’homme.
Il est donc clair que les chansons de Gbèzé qui traitent du destin ont une
structure complexe du hanga. Cette forme de chanson lui permet d’évoquer
beaucoup d’événements qui sont l’œuvre du destin.

4. Le critère des entrées

Généralement, toute chanson a une entrée. On désigne par entrée la phrase


d’ouverture, l’expression ou le mot d’ouverture de la pièce orale ou de la
chanson. Elle peut être directe ou indirecte. Une chanson est directe
lorsqu’elle commence directement soit par un proverbe ou une incantation.
Les pièces orales qui sont de cette catégorie sont appelées des chansons ex
abrupto1, pour reprendre l’expression de Ascension Bogniaho dans sa thèse
d’Etat. Une chanson est indirecte quand elle commence par une formule de
personnification, d’apostrophe, d’interpellation ou une formule ordinaire. Le
tableau ci-après récapitule les chansons développant le destin selon leur
entrée.

Entrées Morceaux et titres Albums


Gb99DIL4A2(Sè do logozo):proverbe 4
Gb01DIL8B1( Gni déssou ) : proverbe 8
Gb02DIL9A1(Flé hossa djizo) : proverbe 9
Gb03DIL10A3(Atinman kponto) : sentence 10
Gb05ACM12A4(Sè wa tcho man dou lé ):proverbe 12
Directe Gb05ACM12B2( Nounkounnon kpo towé dié ): sentence 12
Gb07GZZ13-2( Gbè wè non sun gni nin bo é non yolo) : 13
Sentence
Gb07GZZ13-6( Sègbo didè wè do mi ésè é do tolo wè do 13
Gbèzé ): proverbe
Gb07GZZ14A2(Kpé lo kolo gba sè do ): sentence 14
Gb08GZZ15B2( Agban é alo do o ): sentence 15
Gb09GZZ16A3( Noumon da komin ) : sentence 16
Gb09GZZ17A2(Noudo do minhou ) : sentence 17
Gb10GZZ18A2(Sinwilin ) : proverbe 18
Gb12GZZ22A1(Zin gbigba tolo ) : sentence 22
Gb13GZZ23-2 (Sègbo do kpèdé man do ): sentence 23
Gb14GZZ25-6(Oun gbè kandé ) : proverbe 25
Gb15GZZ26-1(Sè é do adakpo ): proverbe 26
Gb98DIL1A2( Emi sè kpon é ) 01

1 Ascension, Bogniaho, Chants funèbres, chansons funéraires du sud-Bénin : forme et style, thèse de doctorat d’Etat ès
lettres, Paris IV, Sorbonne, 1995.

33
Gb99DIL5B3(Avo é gbè do nou wé ) 05
Gb00DIL6B1( Nou wa min ) 06
Indirecte Gb01DIL7B1( Do houè wè ) 07
Gb02DIL9A3( Man nan won) 09
Gb02DIL9B2( Houè miton djo ) 09
Gb03DIL10A2( Nouhamè sèyi zo ) 10
Gb04ACM11B1( Avo tché bibli ) 11
Gb04ACM11B2(Mi ho azon kan ) 11
Gb07GZZ13-7(Mahou a blo sogni mon ) 13
Gb07GZZ13-8(Dada tché houé a gnon) 14
Gb07GZZ14A3( Gbè do guissi mi ) 14
Gb07GZZ14B1(MI kou gni lodjou ) 14
Gb07GZZ14B2(Oun hokan do nou nan gnon ) 15
Gb08GZZ15A2( Gnonnou assoudato ) 15
Gb09GZZ17B2( Nou wa min so nan vo dé dan ) 17
Gb10GZZ19-2(Gbèmèho ) 19
Gb11GZZ20-7 (So ayi towé djo nou sè ) 20
Gb12GZZ21-2( Man ya man gnon ) 21
Gb14GZZ25-2( Azon man djè kèdè ) 25
Gb15GZZ27-3(Vi o sè wè non nan ) 27
Gb15GZZ29B2(Ejlo sè o ) 29
Gb16GZZ30-4(Akonkpikpan ) 30
Titre 3: Tableau des entrées

A l’analyse du tableau ci-dessus réalisé, il apparaît que la colonne de l’entrée


directe compte dix-sept(17) chansons soit quarante et deux virgule cinq pour
cent (42.5%) des chansons, tandis que celle de l’entrée indirecte en compte
vingt-trois(23), soit cinquante-sept virgule cinq pour cent (57.5%) des
chansons. On en déduit que la plupart des chansons de Gbèzé exprimant le
destin sont dominées par les entrées indirectes. La formule des entrées
indirectes renferme, le plus souvent, les marques de l’inclusion de l’artiste.
Elle lui permet de montrer d’une part que certains événements qui arrivent à
l’homme, y compris lui-même, proviennent obligatoirement du destin et de
souligner la puissance universelle du destin, d’autre part. Quant à l’entrée
directe, Gbèzé s’en sert pour exprimer l’impuissance de l’homme face au
destin, une impuissance qui le voue à la résignation, au défaitisme. Ainsi, elle
s’inscrit parfaitement dans l’expression du destin.

5. Le critère du thème

Le répertoire des productions de Gbèzé comporte un nombre assez important


de thèmes. Cependant, la thématique qui gouverne toute sa production est le
destin. Elle s’éclate en sous-thèmes qui prédominent donc dans les pièces

34
orales l’exprimant, bien qu’elle en soit l’objectif majeur. On peut citer : la
mort, la maladie, la souffrance, la pauvreté, la vie et ses épreuves, la
jalousie, la médisance.

 La mort se perçoit dans les chansons suivantes que nous avons appelées
Kuhan: Gb98DIL1A2 : KU, Gb98DIL1A2 Gb98DIL1A2 : Emi sè kpon é,
Gb99DIL5B3 : KU, Gb99DIL5B3 : Avo é gbè do nou wé, Gb00DIL6B1 : KU,
Gb00DIL6B1 : Nou wa min, Gb01DIL7B1 : KU, Gb01DIL7B1 : Do houè wè,
Gb02DIL9A3 : KU, Gb02DIL9A3 : Man nan won, Gb04ACM11B2 : KU,
Gb04ACM11B2 : Mi ho azon kan , Gb07GZZ13-8 : KU, Gb07GZZ13-8 :
Dada tché houé a gnon, Gb07GZZ14B1 : KU, Gb07GZZ14B1 : Mi kou gni
lodjou, Gb09GZZ17B2 : KU, Gb09GZZ17B2 : Nou wa min so nan vo dé
dan, Gb11GZZ20-7 : KU, Gb11GZZ20-7 : So ayi towé djo nou sè.
 La souffrance se remarque dans les chansons suivantes nommées
nuwamԑhan: Gb03DIL10A2 : NUWA, Gb03DIL10A2 : Nouhamè sèyi zo,
Gb16GZZ30-4 : NUWA, Gb16GZZ30-4 : Akonkpikpan.
 La pauvreté se perçoit dans les chansons suivantes désignées sous le nom
de wamamↄnↄhan: Gb04ACM11B1 :WAMA, Gb04ACM11B1 : Avo tché bibli,
Gb05ACM12B2 :WAMA, Gb05ACM12B2 : Nounkounnon kpo towé dié,
Gb05ACM12B2 : WAMA, Gb05ACM12B2 : Oun hokan do nou nan gnon,
Gb10GZZ19-2 : WAMA, Gb10GZZ19-2 : Gbèmèho, Gb12GZZ21-2 :
WAMA, Gb12GZZ21-2 : Man ya man gnon, Gb12GZZ22A1 : WAMA,
Gb12GZZ22A1 : Zin gbigba tolo, Gb13GZZ23-2 : WAMA, Gb13GZZ23-2 :
Sègbo do kpèdé man do, Gb15GZZ29B2 : WAMA, Gb15GZZ29B2 : Edjlo sè
o.
 La vie et ses épreuves se remarque dans les chansons suivantes appelées
gbԑhan: Gb99DIL4A2 : GBE, Gb99DIL4A2 : Sè dé do logozo,
Gb01DIL8B1 : GBE, Gb01DIL8B1 : Gni déssou, Gb02DIL9B2 : GBE,
Gb02DIL9B2 : Houè miton djo, Gb03DIL10A3 : GBE, Gb03DIL10A3 :
Atinman kponto, Gb07GZZ13-2 : GBE, Gb07GZZ13-2 : Gbè wè non sun
gni nin bo é non yolo, Gb07GZZ13-6 : GBE, Gb07GZZ13-6 : Sègbo didè
wè do mi, Gb07GZZ13-7: GBE, Gb07GZZ13-7 : Mahou a blo sogni mon,
Gb07GZZ14A2 : GBE, Gb07GZZ14A2 : Kpé kolo gba sè do,
Gb08GZZ15A2 : GBE, Gb08GZZ15A2 : Agban é alo do o, Gb08GZZ15B2 :
GBE, Gb08GZZ15B2 : Gnonnou assoudato, Gb09GZZ16A3 : GBE,
Gb09GZZ16A3 : Noumon da komin, Gb14GZZ25-2 : GBE, Gb14GZZ25-2 :
35
Azon man djè kèdè , Gb14GZZ25-6 : GBE, Gb14GZZ25-6 : Oun gbè kandé
, Gb15GZZ27-3 : GBE, Gb15GZZ27-3 : Vi o sè wè non nan.
 La maladie se remarque dans la chanson suivante identifiée sous le nom
azↄnhan: Gb05ACM12A4 : AZON, Gb05ACM12A4 : Sè wa tcho man dou lé.
 La calomnie se perçoit dans les chansons suivantes marquées
wangbԑnumԑhan: Gb09GZZ17A2 : WANG, Gb09GZZ17A2 : Noudo do
minhou, Gb15GZZ26-1 : WANG, Gb15GZZ26-1 : Sè é do adakpo,
Gb10GZZ18A2 : WANG, Gb10GZZ18A2 : Sinwilin.
 La jalousie se remarque dans les chansons suivantes appelées
mԑnusumԑnukumԑhan: Gb15GZZ29B2 : MENU, Gb15GZZ29B2 : Flé hossa
djizo, Gb07GZZ14A3 : MENU, Gb07GZZ14A3 : Gbè do guissi mi.

Tout bien considéré, le nombre de chansons s’élève à quarante (40), soit cent
pour cent (100%) de la production sur le destin. Parmi ces quarante (40)
chansons, on dénombre dix(10) chansons mortuaires ou kuhan, soit vingt
cinq pour cent (25%) du corpus de destin, deux(02) chansons de souffrance
ou nuwamԑhan, soit cinq pourcent (5%), sept(08) chansons de pauvreté ou
wamamↄnↄhan, soit vingt pour cent (20%), quatorze (14) chansons de la vie
et ses épreuves ou gbԑhan, soit trente sept (35%), une chanson (01) de
maladie ou azↄnhan, soit deux virgule cinq pour cent (2.5%), trois (03)
chansons de médisance ou wangbԑnumԑhan, soit sept virgule cinq pour
cent(7.5%) et deux chansons (02) de jalousie ou mԑnusumԑnukumԑhan. La
chanson de vie et de ses épreuves l’emporte donc sur les autres types de
chanson développant le destin. On retient que, lorsque Gbèzé chante le
destin, il raconte les tourments et les multiples problèmes auxquels le destin
soumet l’homme.

6. Le critère de l’énonciation

Le système d’énonciation des chansons développant le destin s’organisent


autour de trois éléments chez Gbèzé : le chanteur, le chœur et les instruments
de musique. D’abord, le chanteur fait l’introduction et le chœur dit le refrain.
Ensuite, le chanteur fait le développement et le chœur intervient encore. Enfin,
il fait la conclusion qui finit par le refrain repris par le chœur. Tout ceci est
accompagné par les instruments de musique de façon synchrone. Il s’en suit

36
que les chansons de Gbèzé traitant le destin obéissent à une énonciation
responsorielle et ont une fonction mnémotechnique.

En somme, l’artiste fait du tchingounmè et du toba. Les chansons de Gbèzé


qui traitent du destin sont longues. Elles s’éclatent en sous-thèmes. On peut
les classer en sept catégories : les chansons qui parlent de la mort (kuhan),
celles qui parlent de la pauvreté (wamamↄnↄhan), celles évoquent la souffrance
de l’homme (nuwamԑhan), celles qui parlent de la maladie (azↄnhan), celles qui
traitent de la vie et ses épreuves (gbԑhan), celles qui parlent de la médisance
(wangbԑnumԑhan) et la dernière catégorie, celles qui parlent de la jalousie
(mԑnusumԑnukumԑhan). Les chansons de Gbèzé empreintes de destin sont des
chansons nouvelles sur le plan des critères du temps. Les entrées indirectes
dominent ces chansons.

37
Chapitre 4

Le destin en plusieurs teintes

Gbèzé est un artiste chanteur prolifique. Il développe une gamme de thèmes


qui presse et enrichit de façon merveilleuse le contenu de sa production
chantée. Ce contenu tourne autour du destin, véritable noyau fédérateur.
Mais il s’éclate en d’autres visions : la mort, la méchanceté humaine, la
maladie, la femme, l’amour, l’ingratitude, la pauvreté, le bonheur, l’enfant,
etc. Il convient donc, après la typologie amorcée au chapitre précédent, de
passer en revue cette thématique abondante avant de regarder la sémantique
du destin.

1. Les thèmes
1.1. La mort

La mort renvoie à l’idée de cessation de la vie. Gbèzé traite de ce thème pour


deux raisons. En effet, alors qu’il était jeune, il assiste à la tragique et
douloureuse disparition de son frère aîné Tokponho Justin, il était chanteur.
En outre, il chante la mort pour satisfaire au goût d’un public friand des
rythmes et chansons mortuaires. La mort est imprévisible selon son
entendement, une entrave à toute entreprise humaine et la matrice du
destin. Le chanteur corrobore cette perception dans les pièces orales
Gb98DIL1A2 (Emi sè kpon é), Gb99DIL5B3 (Avo é gbè do nou wé),
Gb00DIL6B1 (Nou wa min), Gb01DIL7B1 (Do houèwè), Gb04ACM11B2 (Mi ho
azon kan) et surtout dans la chanson Ma na won de l’album 9. Les chansons
précitées donnent à voir une évolution de la pensée de l’artiste de la parque :
elle est un frein au bonheur de l’homme. Autrement dit, en l’absence de la
mort, la quiétude de l’homme serait totale, mais la rusée vient enlever à
l’improviste soit l’homme soit ses proches. Au demeurant, elle est comme une
écharde plantée dans le destin de l’homme pour l’empêcher d’accomplir sa
mission jusqu’au bout ; elle détruit, afflige et génère des lamentations à
cause de son caractère hypocrite et pervers. Sont témoins, les versets
suivants de la chanson Ma na won de l’album 9 :

- Kpↄn le ɖe ɖo akↄhwanmԑ - Regarde tel qu’il était dans sa collectivité !

- E winyan bo do akↄhwanmԑ - Il y était un adolescent épanoui

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- Bↄ ku wa hui - Et la morte est venue le faucher

- Do nↄ wa yԑsi bo hu mԑ ɖagbe - La mort, hypocrite, vient

ôter des généreux


- Ku ma nↄ ɖo azan co bo nↄ hu mԑ - Elle ne prévient pas avant de faucher
- Ku nↄ tafu gbԑtↄ - La mort fait du tort à l’homme

- Ayi ɖe ko hↄn ↄ gbԑvihan lele - Et chaque jour, que de lamentations

- Abadahwe jԑsu ku nↄ nu ahan fo - La mort, c’est elle qui finit de boire

- Bo nↄ hԑn ka nyinyԑn - Et brise les calebasses.

1.2. La maladie

La maladie est l’altération plus ou moins sensible de la santé. C’est la


condition anormale du corps ou de l’esprit d’un être qui cause de l’inconfort
ou du disfonctionnement. Gbèzé perçoit la maladie comme la cause, l’élément
dangereux qui refrène l’homme dans son élan vers la prospérité. En clair, elle
empêche ou ralentit l’éclosion de ses rêves. La chanson Gb05ACM12A4 (Sè
wa tcho man dou lé) de l’album 12 l’exprime éloquemment :

- Sԑ wa ajↄ ma ɖu le e - Voilà le destin de l’homme

qui s’est peiné sans bénéfice !


- Mi mↄ nu e azↄn nↄ wa a - Voyez-vous ce que la maladie fait ?

- Azↄn nↄ ɖe do ni gbԑtↄ - La maladie déshonore l’homme

- B’ԑ e nↄ wa hwe ɖo akↄhwan mԑ - Et il devient un bon à rien dans sa

collectivité
- Gbԑze ɖↄ azↄn e - Gbèzé, j’interpelle la maladie

- Fi e o kpla mi wa ɖi e - Voici là où tu m’as amené !

Ainsi, Gbèzé aborde le thème de la maladie dans un schéma triangulaire avec


le destin et la mort: le destin se sert de la mort pour s’accomplir, la mort
utilise à son tour la maladie pour se réaliser. C’est ce que ces versets de la
chanson Gb01DIL7B1 (Do houè wè) portent à croire:

- Ma e ma nyi do hwԑ wԑ - Ce n’est pas la faute à la mort

- Azↄn wԑ ɖe do nu mi ɖo akↄhwanmԑ - C’est la maladie qui vous a flétri dans

la collectivité

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- Bↄ mi ma sↄ nyi gandotↄ ɖe - Et vous n’êtes plus des valeureux

Et Gbèzé conclut :

- Nyikↄ e gbԑ mԑtↄn jԑ ↄ - C’est le nom de son destin

- Jԑn kↄn nↄ jԑ - Qu’on se l’approprie à l’avenir

Enfin de compte, on réalise que la mort et la maladie sont au service du


destin.

3.2. La pauvreté

La pauvreté dénote l’idée d’un manque permanent ; la victime se doit par son
travail de le combler pour mieux vivre. Elle avilit l’homme et en fait un être
méprisé. C’est également une volonté du destin, celle-là, opiniâtre qui veut
maintenir son client dans un état de dénuement et de précarité en dépit de
ses efforts. Gbèzé exprime éloquemment ces idées dans les chansons
Gb07GZZ14B2 (Oun hokan do nou nan gnon), Gb10GZZ19-2 (Gbèmèho),
Gb12GZZ21-2 ( Man ya man gnon ), Gb12GZZ22A1 (Zin gbigba tolo),
Gb07GZZ13-6 (Sègbo do kpèdé man do ), Gb15GZZ29B2 (Edjlo sè o).Par
exemple, dans la chanson Gb12GZZ21-2 (Man ya man gnon), il affirme :

- Ma ya ma nyↄ ni nu ɖe - La pauvreté n’est pas une condition à désirer

- Ɖe jan ma do mԑsito ↄ - Quand on est pauvre

- Mԑmԑ nↄ vԑ ɖo - Il est difficile que l’on ait des amis

L’anecdote suivante, racontée par l’artiste dans la chanson Gb07GZZ14B2


(Oun hokan do nou nan gnon), illustre bien sa conception :

« A ma naissance, j’ai tous les jours vu mon père au champ, en train de travailler. Lorsque l’homme
travaille, il est normal qu’il se repose à l’ombre pour manger. Mais il arrive très souvent que mon père ne
s’offre point ce plaisir quand il travaille. Quand l’heure de manger arrive, il se sert de l’igname cuit dans sa
main gauche, la houe dans la seconde main et travaille simultanément qu’il mange, sans boire de l’eau.
Sans répit, infatigablement. Mais il n’a réalisé que ce que le destin lui a réservé. Sa condition n’a pas
changé malgré les peines qu’il se donne et son acharnement au travail : il est resté pauvre ».

La pauvreté est alors liée au sort. Elle ne peut être combattue par les efforts
de l’homme.

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3.3. La jalousie

La jalousie est le sentiment de frustration injustifiée de ne pas posséder


quelque chose que quelqu’un possède et qu’on n’a pas, tels que la richesse,
les succès, la gloire, les talents. Gbèzé en compte beaucoup dans sa vie
comme le clament ses chansons. Il est allé jusqu’à caractériser le jaloux. Son
talent serait la cause des animosités dont il fait l’objet. En effet, non
seulement certains l’envient, mais aussi ils lui en veulent parce qu’il est très
créatif, pourvu d’une imagination facile et d’un don de virtuosité. D’autres
tentent de l’imiter sans y parvenir. C’est ce que disent les versets suivants de
la chanson Kpo é kpla gnibou de l’album 13 :

- Dan Aiɖo hwԑɖo wԑ nu mi ɖo dan hwan mԑ -Je suis le serpent arc-en-ciel


parmi les serpents

- Bↄ hwԑkan e Sԑ na mi ↄ tomԑn’emi - Et les couleurs que Dieu m’a


données
- E ku nyi dan ɖe hwԑ o - Ce ne sont pas les rayures de
n’importe quel serpent
- Caglogosu jlo na vlԑ hwԑkan ce - Les rayures du python semblent
ressembler aux miennes
- O ka kpↄn ↄ vogbigbↄn lԑ ɖewu - Mais, à l’observation, on se rend
compte qu’il y a de différence

Gbèzé s’identifie donc au serpent arc-en-ciel pourvu de rayures sans pareille.


Les rayures représentent son talent que ses détracteurs jalousent et tentent
de plagier sans réussir.

3.4. La méchanceté humaine

La méchanceté est le caractère de ce qui cherche à faire du mal. Trois


catégories de faits caractérisent ce thème qui se déploie dans la production
chantée de Gbèzé. La première est constituée des détracteurs de l’artiste ; ils
lui en veulent à mort. C’est ce qu’il développe dans la chanson Atchanouvi
hla de l’album 5. En effet, en racontant la vaine tentative du tonnerre de
foudroyer la colline qui lui a arraché sa femme, Gbèzé sous-entend que ses
détracteurs qui pratiquaient le rythme tchingounmè avant lui, et qui en
étaient des icônes veulent le tuer parce qu’il leur a ravi leur place.

41
La deuxième catégorie est faite de personnes qui, dans les chansons
phobiques prophétisent la déchéance précoce du génie créateur de Gbèzé.
C’est en réponse à cette catégorie qu’il affirme dans la chanson de l’album
10 :

- Hansinↄ ɖe nↄ kↄhanlo ji ↄ - Vous chanteurs qui exécutez des


chansons d’adversité,
- Ɖe ma na mↄ hanwi kↄn tԑ ce - Aucun de vous ne me verra en panne
d’inspiration.

Il insinue par là que l’inspiration, c’est Dieu qui la donne. Alors, aucun être
humain n’a le pouvoir de détruire ce qu’Il a créé, d’arracher un don qu’Il a
fait à quelqu’un. Ses adversaires ne peuvent donc mettre fin à son inspiration
car il la détient de Dieu : c’est son destin.

La troisième quant à elle, concerne la société en général. En effet, le projet


esthétique de l’artiste est de dévoiler la méchanceté de l’homme pour une
éducation sociale. C’est l’exemple de la chanson Dagbé vè wa ni gbèto de
l’album 6 où l’artiste raconte la mésaventure d’un homme qui a sauvé un
caïman qui était sur le point de mourir de faim. En effet, après l’avoir sauvé,
ce dernier veut le manger. Gbèzé conclut alors que la méchanceté humaine
est sans bornes et qu’il faut savoir secourir les humains. Des êtres sont nés
méchants.

3.5. L’amour

L’amour se définit, grosso modo, comme l’inclination envers une personne.


C’est un sentiment intense et agréable qui incite les êtres à s’unir. Il a ici un
caractère passionnel fondé sur l’instinct sexuel. La conception que Gbèzé en
a, fait penser à la littérature courtoise de la période classique française. En
effet, il se dit prêt à mourir pour la femme. Il appréhende même l’amour
comme une réalité transcendant la mort. Pour preuves, les versets suivants
de la chanson Mon oun man non mon yôyô de l’album 11 :

- Valafo jԑsi hu mi ↄ - S’il arrivait que la mort me prenne


- Unte e na bolo gbԑn ↄ - La façon dont il faut agir
- Kpetↄvi yalenu un na ko ɖↄ ɖo gbԑhwenu - Kpétovi yalénou, je le dirai de mon
vivant

42
- Co bo wa ku - Avant de mourir
- Enyi ku hu Gbԑze - Si la mort venait prendre Gbèzé
- Ni e ja yↄdo ce kun gbe ↄ - Voici comment construire ma
tombe

- E na kun bԑ na gↄngↄn ganji - Il faut qu’elle soit assez profonde


- Bↄ alↄkpa e e bolo singbo ↄ - Et comme à la manière d’un étage
- E nↄ sↄ dalu ɖenu nԑ ↄ - On le coiffe d’une dalle
- E sↄ mi ɖo odo ↄ mԑ ↄ - Si on m’ensevelit
- Kpetↄvi yalenu dalu na ɖenu -Kpétovi yalénou, il y aura la dalle au
dessus de ma tombe

- Bↄ ku wa hu we hweɖexwe ↄ - Et quand tu mourras


- E na sↄ ɖi do jice pԑpԑpԑ - On t’enterrera juste sur la dalle
- Enyi e nↄ mↄ mԑɖe ɖo ku ↄ - Et si on se rencontrait dans
l’au-delà

- Mi na nↄ mↄ miɖe ɖo asava denu - On se verra dans le pays des morts

Dans la chanson Awaxè tè de l’album 6, l’artiste affirme que deux êtres


peuvent s’aimer intensément. Mais si ce sentiment réciproque que l’un
éprouve envers l’autre n’est pas accepté par Dieu, s’il n’est pas inscrit dans le
projet de leur destin, ils ne parviendront jamais à s’unir, à se marier. Voici
comment il l’exprime :

- Nyi kpo do hwi kpo ↄ - Toi et moi


- Mi jlo mi ɖe - Nous nous aimons
- Cobↄ sԑ ma yi gbe tↄn - Pourtant Dieu ne l’a pas accepté
- Nyi kpo do hwi kpo ↄ - Toi et moi
- Mi jlo mi ɖe - Nous nous aimons
- Cobↄ gbԑ ma yi gbetↄn - Pourtant la vie ne l’a pas accepté
- Nu jlo mԑ ma jlo sԑ - La volonté n’est point la destinée

Les chansons Xonton tchè de l’album 7, Gbétovi yalénou de l’album en sont


également autant d’exemples.

43
3.6. La femme

Gbèzé chante le mauvais côté de la femme. Il expose ses vices : l’hypocrisie,


l’infidélité, le vol, l’insoumission au mari. Les versets ci-après de la chanson Asi
mi non da de l’album 7 résument ces aspects :

- Asi e mi nↄ da alↄkpatↄn sukpo - Il existe plusieurs sortes de femmes


- Ɖetin bo nyi gbanbenↄ - Il y en a qui sont insolentes
- E kԑnu do nu wa wu ↄ - Lorsqu’on leur fait de reproche
- Azↄn jԑn e nↄ jԑ - Elles en tombent malades
- Asidatↄ tԑkpↄn - Courage à l’époux!
- Mԑɖe ɖo gnↄnu yi kpikpo xↄmԑ - Celui qui demeure avec sa
femme jusqu’à la vieillesse
- Hun mi nywin ɖↄ ayixa e ɖo ↄ sukpↄ - Sachez que c’est au moyen
d’assez d’esprits

La conclusion à laquelle est parvenue Gbèzé est donc claire. L’homme qui
parvient à garder une femme sous son toit jusqu’à la vieillesse est un
endurant. Car, elle est capricieuse.

Par ailleurs, l’artiste montre que ces vices sont soit liés à l’éducation reçue par
la femme auprès de ses parents, soit hérités de sa mère. Cette conception se
retrouve dans la chanson Gnonou asu dato de l’album 15 :

- Enyi o da gnↄnu - Si tu épouses une femme


- Bo ni nↄtↄn nyi ajotↄ ↄ - Dont la mère est une voleuse
- Asi we lↄ na wa ja jo - Ta femme volera aussi

L’on peut donc se permettre d’affirmer que cette conception de l’artiste rejoint
le proverbe « Telle mère telle fille ». A ce niveau, la femme qui est le reflet de
sa mère en matière de morale, hérite, par ricochet, le destin de cette dernière.
En effet, du moment où chaque acte posé par la femme rappelle la mère, l’on
peut parler de destin inné ou hérité : le destin de la mère a conditionné celui
de la fille ; elle a le destin de sa mère. Il devient une question héréditaire en
transitant du mental de la génitrice à celui de la progéniture. C’est de la
prédestination. Gbèzé fait ainsi une analogie et allie imaginaire et génétique.

44
3.7. Le mariage

Ce terme s’emploie de façon générale et absolue pour désigner la société de


l’homme et de la femme qui s’unissent légalement par le lien conjugal pour
perpétuer leur espèce et s’aider l’un et l’autre dans leur commune destinée.
Pour Gbèzé, c’est un bonheur que tout homme devrait avoir. Mais ce n’est pas
toujours le cas chez tout le monde. Il pense que c’est parce que l’acte de
mariage n’est pas inscrit dans le destin d’un homme qu’il ne parvient pas à se
marier. Et lorsque le destin le maintient dans le célibat, il devient la risée de
ses amis, de son entourage. C’est ce que font croire les versets 28, 29, 30, 31
et 32 de la chanson Gb02DIL9B2:

- Kpԑ towe kpe asi wu bo da - Ton promotionnaire a pu se marier


- Nu o ma ko ɖa a - Et tu en es incapable
- A zun we ɖↄ na e - Il va t’en injurier
- Co asi ma da - Pourtant, le célibat
- Ku nyi xԑnnu ɖe o - N’est pas un objet de persiflage

Et pour conclure, l’artiste affirme dans les versets 48 et 49 de la même


chanson :

- Esԑ ma wa ɖie - Si Dieu ne décide pas


- E ma nↄ wa e - Il est impossible de décider

La conception de l’artiste du mariage se fait donc assez claire: avant de


prétendre se marier, il faudrait d’abord que son destin l’ait déjà accompli ;
autrement, l’homme est contraint au célibat.

1.9. L’enfant

L’enfant est un terme très général qui désigne tout garçon ou toute fille, depuis
la naissance jusqu’à l’adolescence. La conception que l’on fait de l’enfant en
général est universelle. Il est le fruit de l’amour, celui qui se chargera de la
pérégrination des œuvres de ses géniteurs. L’enfant représente pour ses
parents et la société, une richesse. C’est l’une des raisons fondamentales pour
lesquelles l’on se marie. Selon Gbèzé, c’est Dieu qui donne l’enfant. Pour
preuves, nous avons les versets 166 à 172 de la chanson Gb02DIL9B2:

45
- Esɛgbo ce nɛ ma ji vi nɛ - Voilà que mon Dieu n’a pas voulu

que j’aie d’enfant

- Un bota xo ama bo yi xɔ vi bo nɔ wa ɖo a - Vais-je courir pour en avoir ?

- Gbeɖe gbeɖe un gbɛ - Jamais, jamais je refuse

-Un junjɔn ayi - Je suis resté assis

-Bo sɔalɔ ce ɖo gba kpowun - Soucieux, mon menton dans la


paume de ma main

- Esɛ ko sa do axi ɖe mɛ nu mi jɛn - Si Dieu me réserve un sort

- Ajaxotɔɖɔ un ma yi lo - Moi, chanteur, je ne peux

que l’accepter

L’homme peut détenir toute la richesse de ce monde. Mais il ne peut avoir


d’enfant que si Dieu le veut. L’argent ou la richesse d’un homme ne peut lui
procurer d’enfant. Procréer est alors une œuvre divine. Si le destin veut qu’un
homme ou une femme bénéficie de ce don, il le lui offre gratuitement. Dans le
cas contraire, il peut se donner toutes les peines possibles de ce monde, y
mettre toute sa fortune, il ne l’obtiendra jamais. Alors l’artiste, tout en
récriminant contre le destin, recommande qu’on se soumette à sa volonté. Les
versets suivants de la chanson2 renforcent cette perception de l’artiste:

- Linlin ɖe xɔ e mɛɖe yi - Le désir qui a poussé une

femme à l’acte sexuel


- Bo mɔ aɖi bo ji - Et qui lui a procuré d’enfant

- Jɛn mɛɖe yi bo nyi wɛnsinɔ - C’est avec la même intention

qu’une autre femme l’a faite


- Vi nɔ jlo wɛnsinɔ -La femme stérile a le désir
d’avoir un enfant
- Bɔ wɛnsinɔ na ɖedo nukɔn b’ azɔn - Pour faire chemin avec lui

- Egbɛmɛ nu ɔ egolo - Et le destin en est contre


- Aɖi jiji glo wɛnsinɔ - La femme stérile n’a pas pu
enfanter

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- Vijiji glo wɛnsinɔ - Elle est incapable d’avoir un enfant
- Sɛ tɔn mɔ ɖɔ aɖivi jlo e - Son Dieu sait qu’elle désire
avoir un enfant
- Co hwan ma mɔ din - Pourtant, la femme n’a pas pu
l’avoir
- Sɛgbo gbɛ ɖa elo -Dieu, le destin est méchant

Dieu est à l’origine de la procréation chez une femme. Il reste indifférent au désir
de l’homme et applique sa volonté. Il est donc injuste, méchant.

1.10. Le bonheur

Le bonheur se définit comme un état caractérisé par sa durabilité et sa stabilité,


et désigne un bien-être complet du corps et de l’esprit. En termes clairs, il est un
état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité ; état agréable et
équilibré de l’esprit et du corps, d’où la souffrance, le stress, l’inquiétude et le
trouble sont absents. Il est l’un des sous-thèmes principaux dont se sert Gbèzé
pour exprimer sa conception du destin. Pour lui, l’homme ne peut trouver le
bonheur par ses propres efforts. Les versets suivants (175 à 184) de la chanson
Gb02DIL9B2 attestent cette perception :

- Nuwa kaka nɔ mɔ nu mɛ ɔ - Si les efforts humains procuraient

conséquemment leurs fruits

- Wamamɔn ku na sukpɔ o - Il n’y aurait pas eu assez de pauvres


- O na wanu kaka a - Même si tu travailles ardemment

- Gosin Aja bo yi kpɔn Ayɔ - Partant du pays Adja pour celui d’Ayo

- Ku zɔn o - Cela ne règle pas la situation

- Nuwa kaka a - Travailler sans répit

- Gosin Aja bo yi kpɔn Ayɔ - Du pays Adja au pays Ayo

- Odɔkun ɔ sɛnu wɛ nyi - La richesse est un don de Dieu

- Bɔ mawu ma na - Et si Dieu ne donne pas

- E ma nɔ jɛ - Il est impossible de l’avoir

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Il est clair que la richesse ou le mieux-être caractérise aussi le bonheur. Alors,
le bonheur se résume à une vie heureuse, une vie paisible, une vie sans
problème. A l’instar du commun des mortels, l’artiste pense que le bonheur est
un don de Dieu et émane du destin. On ne peut l’avoir par ses propres efforts.
Se tracasser, se peiner, travailler ardemment seraient des tâches lâches si l’on
n’est pas prédestiné à jouir de ses fruits.

C’est à la quête du bien-être que l’homme se donne de la peine. Et, c’est de la


manière qu’il exprime sa reconnaissance à Dieu quand il l’obtient, c’est encore
de la même façon qu’il s’en prend à lui lorsqu’il il ne l’a pas. Dans la chanson
Gb08GZZ15B2 (Gnonnou assoudato), l’artiste l’exprime clairement :

- Sԑ kinklԑn - Dieu, je t’en supplie

- Nan mi dↄkun - Accorde-moi la prospérité

- Boni ma na towe d’emԑ - Et je te retourne ta part

Il implore l’indulgence du destin pour avoir la richesse et promet lui retourner


une part en signe de gratitude. On note dans ces versets une désolation et une
résignation qui ont propulsé l’artiste à la supplication du destin qu’il sait
implacable. Il lui reconnait ainsi son autocratie sur l’homme.

Aussi, peut-on comprendre qu’en l’absence de la maladie, de la mort, de la


stérilité, de la pauvreté ainsi que tous les problèmes auxquels l’existence
humaine se trouve confrontée, le bonheur serait un acquis immarchandable.
C’est donc pourquoi l’homme s’en prend chaque fois au destin quand il est
confronté à l’une de ces vicissitudes, véritables freins au bonheur.

1.11- La récrimination contre Dieu

Récriminer, c’est exprimer une plainte, un reproche motivé surtout par le


désagrément que cause ce qui a été fait. La récrimination désigne le reproche
qu’on formule envers quelqu’un, en emportant l’idée de plainte verbale. Elle
est une accusation – généralement- véhémente que l’on fait contre une
personne pour quelque faute, quelque erreur, quelque fait plus ou moins
blâmable. Gbèzé utilise dans ses chansons des termes ou expressions pour
récriminer contre Dieu. En clair, l’artiste agresse et responsabilise Dieu pour

48
plusieurs raisons qu’il livre clairement à son auditoire à travers les versets
suivants de la chanson Gb02DIL9B2 (102 à 136):

- Le destin est méchant


- Doyen Alokpon, le destin est mauvais
- Et moi Gbéouviahikonnou
- Je n’ai pas pu le faire
- Et si je l’avais pu
- Est-ce que les ennemis allaient maintenant s’en moquer ?
- Papa Dinapel, Dieu est méchant
- Regarde tout ce qui peut te seoir
- Tu en médites
- Et ton Dieu a déjà tout vu
- Ton Dieu a déjà tout vu
- Tu n’es parvenu à réaliser aucun
- Le désir qui a poussé une femme à l’acte sexuel
- Et qui lui a procuré d’enfant
- C’est avec la même intention qu’une autre femme l’a faite
- Mais est demeurée inféconde
- La femme stérile a le désir d’avoir un enfant
- Pour faire chemin avec lui
- Et le destin en est contre
- La femme stérile n’a pu enfanter
- Elle est incapable d’enfanter
- Son Dieu a vu qu’elle a le désir d’avoir un enfant
- Pourtant, la femme n’a pas pu l’avoir
- Dieu, le destin est très méchant
- Je te dis que
- Dieu est très méchant
- Regarde comme il est, le destin
- Quelqu’un a acheté de véhicule
- C’est seulement son pneu qui est crevé
- Et il l’a complètement garé
- Sans aucun autre problème
- Et dans le même pays
- Il y en a qui ne possèdent même pas un vélo
- Dieu est méchant

D’abord, il accuse Dieu des malheurs qui surviennent dans l’existence humaine ;
malheurs face auxquels il demeure totalement indifférent. Gbèzé culpabilise et
décrie Dieu d’être à l’origine des malheurs qui accablent l’humanité et de prendre
partie dans la distribution des biens aux hommes. Il Le traite de cruel, de
sadique ou de pervers, parce qu’Il est, de son entendement, sourd aux multiples
jérémiades des humains. Les difficultés, les peines et même les prières des
hommes, tout est inefficace pour que l’homme connaisse la prospérité, le
bonheur, si cela n’est pas inscrit sur son destin.

Les versets suivants de la chanson Gb03DIL10A3 expriment cette autocratie du


destin qui dispose sans gêne de la vie d’un homme :

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- Même si tu travailles ardemment
- Partant du pays Adja pour celui d’Ayo
- Cela ne règle pas la situation
- Travailler sans répit !
- Du pays Adja au pays Ayo !

- La richesse est un don de Dieu

- Et si Dieu ne donne pas

- Il est impossible de l’avoir

Et à Gbèzé de conclure par ce questionnement dans les versets 185 et 186 de la


même chanson :

- Est-ce que je ne travaille pas ?


- Peut-on dire que ma situation est liée à la paresse ?

Les peines, la volonté humaine ne sont donc d’aucune importance si le destin ne


décide pas. L’indigence n’est donc pas liée à la paresse de l’homme.

On note également que Gbèzé se plaint du sort à lui réservé par le destin. Pour
lui, il devrait connaître le bonheur, la prospérité comme les autres. Cette idée se
trouve dans la chanson Gb03DIL10A3 à travers ses versets 140, 141, 142 et
143 :

- La panthère est née avec des rayures sur le corps


- Et l’antilope a également des rayures sur la peau
- Et le buffle de la brousse

- Quel péché a-t-il commis pour ne pas en avoir ?

La panthère et l’antilope représentent les semblables de Gbèzé et, lui-même, le


buffle qui ne possède pas ce que les autres ont. Dans cette complainte, il
souligne le caractère arbitraire, injuste du destin. Et dans cette condition, il opte
pour la résignation considérée comme une contrainte. C’est ce qu’il exprime dans
la même chanson à travers les versets 144 à 155 :

- Gbèzé, j’ai déjà accepté

- Sans enfant, le célibat

- C’est cette vie que m’a voulu mon Dieu

- Et vais-je refuser?
- Je ne vais pas pour autant me pendre et mourir

- Je resterai vivant
- Pour voir les œuvres de Dieu
- Jusqu’au jour de ma mort
- Je ne vais pas pour autant me jeter à l’eau

- Je demeurerai vivant

50
- Pour voir les œuvres de Dieu

- Jusqu’au jour de ma mort

Dans cette résignation mêlée au défaitisme, l’artiste refuse de se donner la


mort malgré les vicissitudes de la vie.

Il est à noter qu’en dehors de ces thèmes, Gbèzé chante la famille, la


médisance, l’ingratitude, etc. Certaines de ses chansons sont aussi des
hantan1. Cependant, nous n’envisageons pas développer ces derniers dans le
souci de ne pas nous éloigner de notre objectif principal.

4. Le champ sémantique du destin


On parle de champ sémantique pour désigner l'ensemble des différentes
significations d'un même mot dans les différents contextes où il se trouve.
Dans chacune des expressions, le même mot a un sens précis différent.

Etudier le champ sémantique du destin revient à voir comment ce mot se


charge de sens, comment il est utilisé par Gbèzé, puis perçu et interprété par
tout le monde.

2.1. Sԑ et Mahu dans la culture mahi : la hiérarchie

Dans la culture mahi comme fon, Mahu est le nom couramment attribué à
Dieu. Il est conçu comme le Dieu suprême et unique, créateur de tout. C’est
donc Mahu qui a le pouvoir de créer et de donner vie. Il faut souligner que
dans la culture mahi, on désigne aussi Mahu par Gbԑɖotↄ (celui à qui
appartiennent la vie, le monde). Quant au Sԑ, il est considéré comme l’âme
invisible de l’homme, immuable et personnel : c’est le destin. Pour les
maxinus, Sԑgbo (le Grand Sԑ, utilisé pour désigner également Mahu) a pour
rôle de donner la vie à tout homme et à tout vivant, et d’assigner à chacun la
manière personnelle de réaliser son Sԑ (son destin). Il en ressort donc que le
Sԑ est une émanation de Mahu qui est au dessus de tout.

1
Le hantan est la mise en chanson des récits événementiels et fictionnels.
51
2.2. Le lexique du destin : pour une étude sémantique

Pour désigner le destin, l’artiste Gbèzé utilise un lexique varié et


impressionnant. Il s’agit des termes Sԑ, Gbԑ, Sԑgbo, Gbԑdotↄ, Alↄnusԑ, Mahu et
Aklunↄn.

En effet, comme nous l’avons déjà dit, Sԑ signifie destin et Mahu, le Dieu
suprême. Gbԑ signifie la vie, dans un sens très large qui n’est pas seulement la
vie matérielle, mais la force reçue de Dieu. Gbԑɖotↄ est donc le créateur assimilé
à Dieu. Sԑgbo est le Grand Sԑ, c’est-à-dire le créateur qui a une force de vie qui
se réalise pour chaque personne dans une direction bien particulière. Alↄnusԑ et
Aklunↄn sont aussi des vocables utilisés pour désigner simplement Dieu.

A l’intérieur de tout cet ensemble utilisé par Gbèzé pour désigner le destin, ce
sont les appellations Sԑ, Gbԑɖotↄ et Gbԑ qui prédominent. Il se dégage clairement
que l’artiste se confond dans l’appellation du destin dans l’utilisation des
terminologies. Cette confusion est liée à un fait culturel. Car dans la culture
maxi dont il est originaire, l’on se sert souvent de n’importe quel des termes
précités pour désigner le destin sans faire attention ou considérer les
différences. Et cela se justifie. Si le Sԑpermet la réussite ou l’échec de l’homme,
si l’on ne peut détruire ou endommager ce qu’il a créé, la raison est qu’il est
fort et plus fort que tout : il est donc la force suprême qu’on peut confondre à
Mahu ou Dieu. De même, devant les événements fortuits, devant les situations
sur lesquelles l’homme n’a aucune prise et qu’il ne peut donc diriger, l’homme
s’en remet au Sԑ, conçu comme l’autorité suprême qui ne dépend de personne
et à qui on ne peut demander de compte , et en même temps comme le
destin ; ce qui explique aussi la confusion. L’on peut donc se permettre de dire
que l’ensemble des termes utilisés par l’artiste Gbèzé pour nommer le destin
sont hérités de son patrimoine culturel. C’est également de sa culture qu’il
tient l’amalgame des mots pour appeler le destin. De ce fait, il donne
l’impression qu’il confond Dieu et le destin. Or Dieu, c’est l’Etre-suprême et le
destin, son suppôt, son assistant.

Toutefois, on peut noter chez Gbèzé une évolution dans l’appellation du destin.
Il fait souvent une fusion des termes qui, dans sa culture, servent chacun à
désigner le destin. Par exemple, dans les versets 70 et 114 de la chanson
Gb02DIL9B2, l’artiste dit respectivement:

52
- Aklunↄn-gbԑ
- Sԑgbo-gbԑ

Au demeurant, Gbèzé développe le destin. Il le fait au sein d’une thématique


plurielle et variée. Elle est composée de : la mort, la maladie, la pauvreté, la
jalousie, la méchanceté humaine, le mariage, l’amour, la femme, l’enfant et le
bonheur. L’agglomération de ces sous-thèmes aide l’artiste à exprimer
clairement sa conception du destin. Par exemple, la mort est plantée dans la vie
de chacun. Que l’individu le veuille ou pas, il meurt. Par ailleurs, il le fait au
moyen d’une sémantique riche. Gbèzé se sert des termes du patrimoine culturel
pour parler du destin. Il s’agit de : Sԑ, Gbԑ, Sԑgbo, Gbԑdotↄ, Alↄnusԑ, Mahu et
Aklunↄn. Il en crée d’autres par fusion puisqu’on attribue à l’un et à l’autre le
même pouvoir, celui de créer et de donner vie. L’on peut donc dire que tout
ceci a efficacement contribué à expliciter la conception que Gbèzé fait du destin.
Elle est demeurée la même dans toutes les chansons sur lesquelles a porté la
recherche. Elle peut être résumée à la pensée suivante de Djibril Tamsir Niane :

« Dieu a ses mystères que personne ne peut percer. Tu seras roi, tu n’y
peux rien, tu seras malheureux, tu n’y peux rien. Chaque homme trouve
sa voie déjà tracée, il ne peut rien y changer.»1

Niane dira encore, un peu plus loin, au sujet de Soundjata :

« Chaque homme a sa terre : s’il est dit que ton destin doit s’accomplir en
tel pays, les hommes n’y peuvent rien ; Mansa Tounkara ne pouvait pas
retenir Soundjata car le destin du fils de Sogolon était lié à celui du
Manding. Ni la jalousie d’une marâtre, ni sa méchanceté, n’ont pu modifier
un instant le cours du grand destin.»2

Cette perception rejoint également celle de Vigny :

« Gémir, pleurer, prier est également lâche.

Fais énergiquement ta lourde tâche

Dans la voie où le sort a voulu t’appeler,

Puis après, comme moi, souffre et meurs

sans parler.»3

En termes clairs, la conception que Gbèzé a du destin est qu’il conditionne


l’existence de l’homme et s’accomplit selon qu’il serait établi et il faut y croire.
L’homme n’est qu’une marionnette du destin qui s’accomplit toujours malgré
tout. Les productions chantées de Gbèzé se préoccupent de l’être, de son

1 Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue, Présence Africaine, Paris, 1960, p.36.
2Djibril Tamsir Niane, op.cit., p.90.
3 Alfred de Vigny, Lesdestinées, Michel Lévy frères, Paris, 1864.

53
devenir et en responsabilisent la divinité suprême. L’homme suit, dès sa
naissance, une vie toute tracée qui le conduit sans qu’il n’ait le pouvoir de la
modifier que ce soit par la prière, les efforts personnels ou même les
jérémiades. Et ceci, jusqu’à la destinée commune : la mort. Ce faisant, Gbèzé
se démarque de certains écrivains et artistes qui qualifient d’inféconde l’idée
selon laquelle le destin est imprévisible, inévitable et que l’on doit s’y
conformer. Sa conception s’inscrit alors dans la droite ligne de la conception
originelle; celle des fatalistes.

54
Chapitre 5

Les moyens langagiers de l’expression du destin chez Gbèzé

Cette cinquième partie s’intéresse à la construction ou l’organisation expressive


des chansons qui traitent du destin. Ce volet de l’étude permettra de voir de
façon claire, la démarche esthétique de l’artiste dans l’élaboration de ses
productions orales développant le destin : le style.

1. La grammaire de Gbèzé

1.1. La rime

C’est la terminaison phonétique identique de deux ou plusieurs fins de vers. On


distingue en littérature orale, la rime initiale, la rime interne, la rime finale. On
distingue également les rimes plate, croisée et embrassée qui font partie de la
poésie moderne. Cette distinction se fait selon la composition des versets.

1.1.1. La rime initiale

La rime initiale est la répétition d’un même son, ou d’un même mot, ou d’une
même syllabe au début de deux ou plusieurs versets rapprochés ou intercalés
par un verset de type différent. Nous la remarquons dans la chanson
Gb02DIL9B2à travers les versets 52 et 53 :

- Hwԑ mitↄn jↄ
- Hwԑ mitↄn nyↄ din

Elle est également présente aux débuts des versets suivants de la chanson
Gb03DIL10A3 :

- Esɛ jɛ nyi
- Egbɛ sun nyi ɖe we

1.1.2. La rime interne

C’est la répétition d’un même son à l’intérieur d’un même verset. Des exemples
nous sont donnés dans les versets 88, 103 et 189 de la chanson Gb02DIL9B2:

55
Dans le premier cas, il porte sur la syllabe ‘’wԑ’’et dans le deuxième, la
syllabe‘’nԑ’’. Dans le troisième cas, les syllabes ‘’ma’’ et ‘’tↄn’’.

- Emi na ɖↄ hwԑ tↄn wԑ a


- Timԑ tↄn nԑ un xwe kↄn nԑ
- Ma mɛ co tɔnma na nyɔn hun Gbɛze tɔn gbeɖe

Une autre illustration nous est également donnée dans ce verset de la chanson
Gb03DIL10A3:

- Bɔ kpasa ka konu ka/ka


De la rime interne, naissent les figures de style telles que l’assonance et
l’allitération.

1.1.2.1. L’assonance

C’est une homophonie des voyelles. En d’autres termes, c’est la répétition de


sons vocaliques identiques ou comparables dans un vers ou dans un verset. Un
exemple d’assonance nous est fourni dans le verset 165 de la chanson
Gb02DIL9B2. Il porte sur la voyelle ‘’o’’.

- Un bota jajo bo yi xɔ xun bo wa doa

Un autre exemple se retrouve dans le verset 02 de la chanson Gb03DIL10A3:

- Ma nɔ xaama e ɖo atinɔ unta

1.1.2.2. L’allitération

C’est la répétition recherchée d’une même consonne à l’intérieur d’une phrase,


d’un vers ou d’un verset. Par exemple, elle porte sur la consonne ‘’m’’ du verset
130 de la chanson Gb02DIL9B2:

- Nu mԑcelԑmi e ma kpↄn
Dans le verset suivant de la chanson Gb03DIL10A3, l’on a une autre illustration.
Elle porte sur la lettre ‘’n’’.

-Ni nukun vɔ

56
1.1.3. La rime finale

Elle est définie comme la répétition d’un même son, d’une même syllabe d’un
même mot à la fin de deux ou plusieurs versets. Il y a un exemple de rime finale
à travers les versets 16, 17 et 18 de la chanson Gb02DIL9B2:

- Hwԑ mitↄn jↄ
- Ayinↄvi hwԑ towe jↄ
- Saɖonuvi hwԑ towe jↄ
Nous relevons une autre illustration à travers les versets 89 et 90 de la chanson
Gb03DIL10A3:

- E ɖɔ to tɛ mɛ o na yi kaka
- Hɛn tɛ nu wɛ o na yi kaka
Tout comme la rime initiale et la rime interne, la rime finale entraîne une autre
figure d’expression appelée épiphore.

1.1.3.1. L’épiphore

L’épiphore est une répétition par laquelle un ou plusieurs mots reviennent à la fin
de chacun des membres de chaque phrase ou de plusieurs versets successifs.
Une illustration est donnée à travers les versets 13 et 14 de la chanson
Gb02DIL9B2:

- Bo ɖↄ mi zun mi ɖ’ esa e
- Ohwԑ mi tↄn ɖe wԑ a e

Nous en avons également constaté à la fin des versets suivants de la chanson


Gb03DIL10A3:

- Aɖi jiji glo wɛnsinɔ


- Vi jiji glo wɛnsinɔ

1.1.4. La rime plate

Les rimes sont plates lorsqu’elles se présentent sous la forme aabb. Une
illustration est fournie à travers les versets 26, 27, 28 et 29 de la chanson
Gb02DIL9B2:

57
- Ɖe ma d’ asi we (a)
- Nԑ o ka na gbԑ zungbe gbↄn e (a)
- Kpԑ towe kpe asi wu bo da (b)
- Nu o ma ko da a (b)

1.1.5. La rime croisée

Les rimes croisées se présentent sous la forme ab ab. Nous en voulons pour
preuves les versets 164, 165, 166 et 167 de la chanson Gb02DIL9B2:

- Esɛgbo ce nɛ ma xɔ xun nɛ (a)


- Un bota jajo bo yi xɔ xun bo wa do a (b)
- Esɛgbo ce nɛ ma ji vi nɛ (a)
- Un bota xo ama bo yi xɔ vi bo nɔ wa ɖo a (b)

1.1.6. La rime embrassée

Les rimes sont dites embrassées lorsqu’elles présentent le schéma a bb a. Voici


un exemple de rimes embrassées à travers les versets 139, 140, 141 et 142 de
la chanson Gb02DIL9B2:

- Alɔnusɛ jɛn bolo mԑnɛ ɔ (a)


- Kpɔvɛvi ɔ gbo hwɛkan (b)
- Bɔ sɛnwlɛagbanli towe gbo hwɛkan (b)
- Bɔ agbɔ e ɖo akyamɛ ɔ (a)

1.2. Le rythme

Le rythme est une composante musicale de la langue. Il met en valeur certains


mots en communiquant à la phrase un mouvement particulier. Le rythme est
caractérisé par l’appui rythmique qui divise le verset en segments. Il peut être
binaire, ternaire ou quaternaire.

58
1.2.1. Le rythme binaire

Il est binaire lorsque l’appui divise le verset en deux segments. Il est binaire
croissant lorsque le premier segment est moins rempli de syllabes que le second.
Voici une illustration au verset 142 de la chanson Gb03DIL10A3:

- Bɔ agbɔ e ɖo akyamɛ ɔ

Dans ce verset, la parole prend appui sur ‘’e’’ pour rebondir après ; ‘’e’’ est donc
l’appui rythmique. Il divise le verset en deux membres. Le premier compte trois
syllabes (Bɔ / a/gbɔ ) alors que le second en compte cinq (ɖo/ a/kya/mɛ/ɔ). Ce verset
est donc binaire croissant. D’autres illustrations s’observent dans les versets
suivants :

-Bɔ / kpasa / ka / konu / kaka (Gb03DIL10A3)

- Hun/ gbɛ /e /mi / wa /a (Gb03DIL10A3)


- Gbԑ / ce wԑ / tun / zun / tin (verset 12 de la chanson Gb02DIL9B2)

Les mots soulignés dans ces versets sont des appuis rythmiques. Les coupes ont
servi à compter le nombre de syllabe qui se trouve de part et d’autre des appuis
rythmiques.

Le rythme est binaire décroissant lorsque le premier membre du verset compte


plus de syllabe que le second. Nous avons une illustration dans le verset 84 de la
chanson Gb03DIL10A3:
- A/tin /a/za/gun/lo/ko/ wɛ /ɖɔ
Dans ce verset, l’appui rythmique est ‘’wԑ’’. Il divise le verset en deux membres.
Le premier compte huit syllabes alors que le second n’en compte qu’une seule.
Voici d’autres exemples fournis dans les versets ci-après :

- Bo /mɔ / a/ɖi / bo / ji(Gb03DIL10A3)


- Mɛ/ɖe/ ba / kɛ/kɛ a/fɔ/sɔ/kwin / nɛ / lo/bo / ba/kpo(Gb03DIL10A3)
- Hwԑ / mi/tↄn / ɖe / wԑ / a / e(verset 1 de la chanson Gb02DIL9B2)

59
Le rythme est binaire régulier lorsque le premier membre du verset compte
exactement le même nombre de syllabe que le second. Il se remarque dans le
verset 140 de la chanson Gb02DIL9B2:
- Kpɔ/vɛ/vi / ɔ /gbo / hwɛ/kan

Dans ce verset, l’appui rythmique est ‘’ↄ’’, il divise le verset en deux membres Le
premier compte trois syllabes de même que le second, trois. D’autres
illustrations nous sont fournies dans les versets suivants : 107 et 144 de la
chanson Gb02DIL9B2:
-Vo/si/sa / wԑ / sԑ / zↄn / mi
- Gbɛ/ze / un / ko / yi/gbe/na

1.2.2. Le rythme ternaire


C’est un rythme divisé en trois segments. Il peut être aussi croissant ou
décroissant. Le rythme ternaire croissant se trouve dans le verset 171 de la
chanson Gb02DIL9B2:
E/sɛ / ko / sa / do / a/xi / ɖe / mɛ / nu / mi / jɛn
Dans ce verset, le morphème ‘’ko’’ et ‘’ɖe’’ sont les appuis rythmiques. Ainsi, le
verset est en trois segments. Le premier segment est en deux syllabes (E/sԑ), le
deuxième en quatre syllabes (sa/ɖo/a/xi) et le troisième en quatre syllabes
(mԑ/nu/mi /jԑ).
Le rythme tertiaire décroissant se remarque dans le verset 182 de la chanson
Gb02DIL9B2:
- O/dɔ/kun / ɔ / sɛ/nu / wɛ / nyi
Les appuis rythmiques de ce verset sont les mots ‘’ↄ’’ et ‘’wԑ’’. Le premier
segment comporte trois syllabes (o/ɖↄ/kun), le deuxième en compte deux
(sԑ/nu) et le troisième en compte un (nyi).

1.2.3. Le rythme quaternaire


C’est un rythme divisé en quatre segments. Nous en avons remarqué dans les
textes de notre corpus. C’est l’exemple des versets suivants de la chanson
Gb03DIL10A3:
- E/gbɔ / bo / sɔ /do / tɔ / ni / tɔ / sa / hɛn / yi
- Ji/jɔ / e / han / nɛ / jɔ / bɔ / un / ɖɔ / mɔ / le

60
Les mots soulignés dans ces versets sont des appuis rythmiques. Les coupes ont
servi au décompte des syllabes. Il faut préciser que le rythme qui prédomine
dans les textes est le rythme binaire. Il évoque la dualité. Le rythme tertiaire
n’est pas aussi moins important. La présence ou l’utilisation fréquente des deux
types de rythmes s’accorde harmonieusement avec le destin qu’on ne peut
maîtriser ou saisir. C’est donc l’expression de la dimension plurielle du destin.
Pour imprimer aux textes le rythme adéquat, Gbèzé fait recours à un certain
nombre de figures de style telles que : la syncope, l’aphérèse et l’apocope.

2. La syncope
Elle est la chute d’un son ou d’une syllabe à l’intérieur d’un mot. C’est aussi un
métaplasme consistant en la disparition d’un ou plusieurs phonèmes au sein
d’un même mot.

Syncope Forme normale Sens en français


ɖ’asiwe ɖo asiwe Etre chez toi
ɖ’esa ɖo asa tↄn mԑ Sous/ dans
B’ԑ ɖↄ bↄ e ɖↄ Et on a dit
Gbewuv’axikↄnnu Gbewuvi axikↄnnu Appellation clan
ɖ’alↄmԑ ɖo alↄmԑ Dans la main
B’azↄn Bo na zↄn Pour faire chemin
tomԑn’ԑmi tomԑnu emi Chère population
Gbԑz’agunnↄn Gbԑze agunnↄn Gbèzé, propriétaire du
groupe
Zun’tin zun sin atin L’arbre à palabres
Kpod’azↄn Kpodo azↄn Et la maladie
D’ayixa mԑ Do ayixamԑ Dans le coeur
N’ԑmi Nu emi A vous

3. L’aphérèse
C’est la chute d’un son ou d’une syllabe au début d’un mot. Voici quelques
exemples d’aphérèse dans le tableau ci-après.

Aphérèse Formule normale Sens en français


xԑ Awaxԑ oiseau
Sԑ Alↄnusԑ Dieu
Vi Adjivi Enfant
Sԑgbo Alↄnusԑgbo Dieu
Hun zohun voiture

61
4. L’apocope
C’est la chute d’une ou de plusieurs syllabes à la fin d’un mot.

Apocope Forme normale Sens en français


Alↄ Alↄkwԑ Main
Afↄ Afↄkwԑ Pied
Aɖi Aɖivi Enfant
Kԑkԑ Kԑkԑvi vélo
Hwe Hwevi Poisson

5. La logique
On désigne par logique, les mots de liaison et signes de ponctuation qui assurent
la cohérence d’un texte. On en trouve dans les textes chantés de Gbèzé qui
développent le destin. Il y en a qui expriment soit l’addition soit l’opposition.
D’autres, soit la cause ou la conséquence.
L’addition est marquée aux moyens des connecteurs logiques tels que’’ kpo
do…kpo’’, ‘’bo ou lobo’’, ‘’bↄ’’, ‘’nu’’.
‘’kpodo… kpo’’ signifie ‘’et’’. Il relie deux noms. Un exemple nous est donné dans
ce verset de la chanson Gb03DIL10A3:
- Co /abadaxwe/ ku / kpod’/azon / kpo

‘’Bo’’ ou ‘’lobo’’ ou ‘’bↄ’’ traduisent également ‘’et’’. Ils sont utilisés pour
coordonner des propositions indépendantes. Nous en avons constaté dans les
versets suivants :
- Bɔ sɛnwlɛagbanli towe gbo hwɛkan (verset 141 de la chanson Gb02DIL9B2)
- Un bota xo am/ bo yi xɔ vi /bo nɔ wa ɖo a( verset 167 de la chanson
Gb02DIL9B2)
- Lobo jɛkɔn sɛ mɛvo ɔ(Gb03DIL10A3).
Le premier verset contient une seule proposition indépendante. Le deuxième
verset en compte trois. Le dernier verset quant à lui contient une seule
proposition indépendante.
De même, la conjonction de coordination ‘’et’’ est parfois traduite par ‘’nu’’.
Voici un exemple aux versets 130 et 131 de la chanson Gb02DIL9B2:
- Ma jlԑ ɖo nu yԑ go -Je vais vous en donner la preuve
62
- Nu mԑcelԑmi e ma kpↄn - Et mes auditeurs, vous verrez

Pour ce qui est de l’opposition, elle est marquée à l’aide des connecteurs logiques
‘’co’’ ou ‘’cobↄ’’ qui signifient ‘’pourtant’’. Par illustration, considérons les versets
54 et 55 de la chanson Gb03DIL10A3 qui entretiennent un rapport d’opposition :
- Aman nɔ o xliso - Une feuille vieillit

- Co aman nɔ lɛ zɔn ɖo aman unta - Pourtant, une autre en pousse

L’opposition est aussi constatée à travers ces versets de la chanson


Gb03DIL10A3:
- Olinlin ɖ’ asiwun ce - J’ai assez de projets
-Co un gbɔogbɔ- Pourtant j’ai renoncé à tout

Nous en avons encore à travers les versets 122 et 123 de la chanson


Gb02DIL9B2 :
- Ganɖiɖo nↄ ɖo goto ce - Je possède encore assez de force

- Cobↄ esԑ ma wa le - Mais si Dieu ne réalise pas

La cause est marquée par le connecteur logique ‘’ɖo’’. Il signifie ‘’car’’ ou ‘’parce
que’’ ou même ‘’puis que’’.
Les versets 125, 126, 127,128 et 129 de la chanson Gb02DIL9B2sont en relation
de cause.
- Avↄ e nyↄ nu mԑsԑ - C’est le pagne dont son Dieu a voulu

- Wԑ Gbԑze agunnↄ - Que Gbèzé, propriétaire du groupe

- Un xo ɖↄ e nↄ cynyↄn - J’ai chanté qu’on s’en couvre

- Ɖo nu e zↄn bↄ han ce ɖↄ mↄ le - Car voilà pourquoi je le dis

- Ma jlԑ ɖo nu yԑ go -Je vais vous en donner la preuve

On lit également cette relation de cause à effet à travers les versets 152,
153,154, 155 et 156 de la même chanson.
- Tɔ jɛn un ma na yijɛ nɛ -Je ne vais pas pour autant me jeter à l’eau

-Un na nɔ fi - Je resterai vivant

-Bo na kpɔn gbɛnuwa yijɛ gbe e gbe - Pour voir les œuvres de Dieu

63
- Ku na hu mi do ɔ - Jusqu’au jour de ma mort

- Ɖo fi e Gbɛze un kpɔn ɖo ɔ - Car, selon moi Gbèzé

Quant à la conséquence, elle est traduite par le connecteur logique ‘’hun’’. Il est
l’équivalent de ‘’par conséquent’’ ou ‘’donc’’.
Les versets 157,158, 159 et 160 de la chanson Gb02DIL9B2 entretiennent une
relation de conséquence.
- Enyi nuxamɛtɔ e nɔdo avɔtɔn - Si les malheureux doivent sortir en se
vêtant de leur parure de misère
- Boni e nɔ to ɖo aligbodji enyi ɔ -Et s’aligner pour leur exhibition
de la voie au bord
- Ma mɛco tɔn ma na nyɔn hun Gbɛze tɔn gbeɖe -Je parie que, moi Gbèzé, ma parure
serait meilleure à celle de certains
- Hun unte esɛ ɖo mɛ e wɛ e nɔ nɔ - Par conséquent, l’on vit aux
dépens de Dieu.

Dans ces versets, ‘’hun’’ a le sens de ‘’par conséquent’’. Une autre relation de
conséquence est fournie dans les versets 70, 71,72, 73 et 74 :

- Hɛn tɛ nu wɛ o na yi kaka -Dans quelle collectivité iras-tu

- Bo na ba xo kpo sinwu - Et tu n’y trouveras pas de problème ?

- Hunɖɔ nu mi - Dis-le moi donc

- Hun gbɛ e mi wa a - Par conséquent, dans cette vie où nous

sommes venus

- Ablu mɛ jɛn mi zɔn bo wa fi nɛ - C’est par l’obscurité que nous y sommes

Dans ces versets, la conséquence est doublement exprimée par ‘’hun’’. Dans le
premier cas, il traduit ‘’donc’’ ou ‘’alors’’. Dans le deuxième cas, il a le sens de
‘’par conséquent’’.

A l’instar des connecteurs logiques, les signes de ponctuation participent aussi à


la cohérence d’un message, à la logique sémantique d’un texte littéraire. L’artiste
Gbèzé en fait un usage savant dans le traitement du destin. Que ce soit le point,
la virgule, le point-virgule, le point d’exclamation, le point d’interrogation ou

64
même les suspensions, tous ces signes de ponctuation contribuent
intrinsèquement à la poésie de l’artiste. Ainsi, le point correspond à la chute de
voix ; il marque un arrêt assez important. Ce qui permet à l’artiste soit de
reprendre de souffle soit de changer de gamme, d’intonation dans la chanson.
Outre la virgule qui marque un arrêt assez court, le point-virgule est marqué par
un arrêt moins important que le point et un arrêt plus important que la virgule.
Le point-virgule, comme l’indique son nom, recherche le juste milieu entre long
arrêt et courte pause. Les points d’interrogation et d’exclamation quant à eux, se
remarquent très vite à l’intonation. L’un est la manifestation de l’étonnement, de
l’indignation; et l’autre, celle de questionnement direct qui réveille le public et
l’associe à la cause du chanteur. L’emploi des suspensions se révèle à travers les
silences, les arrêts prépondérants exprimant les non-dits de l’artiste.

6. Le symbolisme au service de l’expression du destin


Nous entendons par symbolisme un procédé par lequel un artiste exprime ses
idées, ses sentiments et ses valeurs au moyen de symboles plutôt que de
déclarations explicites. Il est un caractère essentiel de la vraie poésie. Gbèzé fait
l’usage d’un symbolisme très frappant dans l’expression du destin. A travers les
versets 38, 39, 40 et 41 de la chanson Gb02DIL9B2, Gbèzé fait référence à la
symbolique de la jarre trouée, façonnée par le potier à laquelle il identifie
l’homme et lui-même. Le potier dans ce cas, représente le destin. A travers
cette image, l’artiste montre la faiblesse ou l’impuissance de l’homme et son
innocence face au destin. En clair, Gbèzé veut signifier que c’est le destin qui
façonne l’homme à sa guise. Dans les versets 161, 162 et 163 de la même
chanson, il s’assimile au charognard qui n’a pas pu avoir de poils à la tête
comme les autres oiseaux. C’est pour montrer qu’il ne doit pas se plaindre de sa
condition de vie qui n’est pas meilleure à celle des autres : c’est l’œuvre du
destin. Dans les versets 1, 2, 3, 4 et 5 de la chanson Gb03DIL10A3, il substitue
le vent au destin qui empêche le décompte des feuilles d’un arbre malgré
l’ambition de celui qui l’entreprend. Le vent, de son entendement, représente le
destin. Il s’oppose à tout désir ou action humaine qui ne fait pas partie de sa
prévision. Dans la chanson Gb99DIL4A2, Gbèzé compare le destin de l’homme à
la carapace de la tortue et l’homme lui-même à l’animal dont les mouvements de
danse ne se font pas sentir à cause de cette dernière. Il renchérit sa démarche
lorsqu’il compare le destin aux poils du singe qui empêchent que les efforts

65
humains portent de fruits. Dans la chanson Gb14GZZ25-6, Gbèzé s’identifie à la
poule à cou nu qui a éprouvé le vain désir de pousser des plumes à la gorge
comme les poules ordinaires.

Au demeurant, Gbèzé utilise les images pour exprimer le destin, pour faire
ressortir son autocratie sur l’homme, son caractère irrévocable et inébranlable. Il
le fait par un symbolisme variant : il est tantôt dans le concrétisme, tantôt dans
l’abstrait.

7. La langue de Gbèzé dans l’expression du destin

7.1. Le multilinguisme au service de l’expression du destin

Dans le traitement du destin, on remarque, qu’à l’instar des Africains en situation


de diglossie, Gbèzé emprunte à la langue française des formes de langage, des
locutions ou même des mots pour exprimer ses idées. En effet, le français est la
langue officielle au Bénin, et il est clair que la pratique linguistique engendre des
interférences linguistiques aussi bien du côté des langues nationales
qu’étrangères. Dans les chansons de Gbèzé, on rencontre le Idasha et le
français.

7.1.1- Idasha

Nous notons deux expressions qui expriment les interférences linguistiques à


l’intérieur de la langue maxi. Il s’agit par exemple de l’expression ko ɖu mi(dans la
chanson Gb11GZZ20-7) qui signifie « Cela ne m’offusque pas ». Il y a également
l’expression ou la phrase Mi ku yi lↄju (chansonGb11GZZ20-7) qui est l’équivalent
en français de l’expression consolatrice « mes condoléances » lorsqu’il y a deuil
dans une famille. L’usage de cette langue par Gbèzé peut s’expliquer par la
proximité entre la communauté Idasha et celle des maxi du centre Bénin dont il
est issu.

66
7.1.2. Le français

Le français a influencé les chansons de Gbèzé (surtout en vocabulaire) qui


développent le destin bien que ce dernier soit illettré. Il lui est parfois difficile de
procéder à la substitution de certains termes de la langue française parce qu’ils
sont déjà ancrés dans le répertoire lexical du peuple maxi ou fon. Il s’agit des
mots : directeur, terrain, docteur, major, professeur, bic, radio, bac, papa,
ministre, député, doctorat, pot.

Il faut noter également que Gbèzé emploie certains termes ou locutions


carrément fon. Ces mots ou locutions fon n’ont de différence en maxi que dans la
prononciation et ceci, légèrement comme l’a su bien souligné Maurice Delafosse :
« Le mahi se rapproche davantage du Dahoméen (entendu fongbé) ; il n’y a guère

qu’une différence de prononciation. Le mahi parle du nez et de la gorge »1.

Voilà autant d’éléments qui montrent que les chansons de Gbèzé empreintes de
destin reposent sur un complexe linguistique qui leur donne assez d’originalité.

7.2- Un lexique polyvolets

Gbèzé met du soin dans son langage pour se départir un peu du langage
commun. Il le fait en utilisant les termes d’un lexique spécialisé qu’il alterne
parfois avec leurs équivalents du lexique courant. Ce travail qu’il fait relève de
l’art et rend la langue sublime, suave et permet en même temps de savoir qu’il
maîtrise parfaitement sa langue. Dans le tableau ci-dessous, nous avons donné
un échantillon des mots du lexique spécialisé et ceux du lexique courant.

Terme Lexique spécialisé Lexique courant


Dieu Ajalↄnↄn, Alↄnusԑ, Sԑgbo Mahu, Aklunↄn
Maman Ajinↄn, nae Nↄ
Papa Dԑ, dada Tↄ
Femme Asifԑ, gnↄnu Asi
Pauvre Nuxamԑtↄ Wamamↄnↄn
Richard Dↄkunnↄn, agbangbonↄn Akwԑnↄn
Ami Salu, kpԑ Xↄntↄn
Enfant Aji, ajimԑvi Vi
Fou Lԑnnↄn Taɖunↄn
Nom Gni Gnikↄ
Mort Saɖexwe, abaɖaxwe, do, jԑsin Ku
Voiture Zohun Hun

1
Maurice Delafosse, Op.cit.

67
Vélo Kԑkԑ afↄsↄkwin, kԑkԑ afoɖokpo Kԑkԑ
Lamentation Avi han, gbԑvi han Avi
Feu Minyↄn Zo
Penser Lԑn, lo Lin
Faire Wa Bolo

Les mots du lexique spécialisé et ceux du lexique courant sont des synonymes
certes, mais ils ne disent pas toujours la même chose. Pour preuve, lorsque
l’artiste utilise le terme ‘’ Asi’’, c’est pour faire allusion à la femme mariée en
général. Mais lorsqu’il utilise ‘’Asifԑ’’, c’est pour parler spécifiquement de la femme
qui s’est nouvellement mariée. De même, lorsque l’artiste emploie le terme
‘’akwԑnↄn’’, c’est pour désigner le richard par rapport au côté financier. Mais
lorsqu’il utilise ‘’agbangbonↄn’’ ou ‘’dↄkunnↄn’’, il fait allusion à tous ses biens.

7.3. Les déverbatifs chez Gbèzé

Le déverbatif est « un substantif issu de la transformation d’un verbe »1.Dans les


chansons de Gbèzé qui traitent du destin, on constate des substantifs dont la
construction s’écarte des normes habituelles de formation du nom. Il s’agit des
mots où est concentrée toute une phrase. Il les utilise pour développer
conception du destin. Nous avons découpé quelques uns dans les tableaux ci-
dessous. Ce découpage montre clairement les différentes classes grammaticales
qu’ils comportent. Il s’agit de :

Substantif Décomposition
Nom Verbe Nom
Mↄnɖↄtↄ Mↄn ɖↄ tↄ
(chose) (dire) (père)
Ajaxotↄ Aja Xo tↄ
(musique) ( taper) (père)

Substantif Décomposition
Nom Verbe verbe
Afↄsↄkwin Afↄ sↄ kwin
(pied) (prendre) (conduire)

Substantif Décomposition
Nom Nom Verbe Nom
Atinmankpↄntↄ Atin man kpↄn tↄ

1
AscensionBogniaho, « Essai pour une poétique de la chanson traditionnelle béninoise», Revue du CAMES,
Série B, Vol 004, 2002.

68
(arbre) (feuille) (regarder) (père)

Substantif Décomposition
Nom Verbe Pronom Nom
Kԑndomitↄ Kԑn do mi tↄ
(Rancune) (semer) (moi) (père)

Substantif Décomposition
Verbe Morp.nég Verbe Nom
Wamamↄnↄn Wa ma mↄ nↄn
(faire) (ne pas) (avoir) (mère)

Substantif Décomposition
Nom Verbe Nom Nom
Nuxamԑntↄ Nu xa mԑn tↄ
(chose) (arriver) (quelqu’un) (père)

Substantif Décomposition
Verbe Nom
Mimԑntↄ Mimԑn tↄ
(construire) (père)

8. Les inspirations

On entend par inspiration, l’objectif ou l’intention poursuivi par le créateur à


travers ses chansons. L’examen de la thématique de destin chez Gbèzé révèle
deux grandes intentions de création : l’intention poétique et l’intention
didactique.

8.1. L’inspiration poétique

Elle est une création, une invention de toute pièce à partir des matériaux
langagiers dont la finalité est l’émulation de l’auditeur. Ce type d’inspiration est
donc la résultante d’un travail appliqué. L’inspiration poétique s’observe chez
Gbèzé dans les chansons de mort. Par exemple, on la retrouve dans les chansons
Gb98DIL1A2 (Emi sè kpon é), Gb01DIL7B1(Do houè wè). On la retrouve
également dans la critique de certains faits sociaux, dans l’accusation du destin :
c’est l’intention poétique phobique. En témoignent les versets 11, 12 et 13 de la
chanson Gb02DIL9B2.

- Gbԑzeɖↄ hwԑmitↄn nyↄ dinn -Gbèzé dit que la faute n’émane pas de vous
- Gbԑ ce wԑ tu zun tin - C’est mon destin qui a planté l’arbre d’injures
- Bo ɖↄ mi zun mi ɖ’ esae - Pour que vous m’injuriez à son ombre
69
Dans ces versets, Gbèzé accuse le destin d’avoir été le véritable auteur des
calomnies dont il est victime.
Nous avons un autre exemple dans la chanson Gb02DIL9B2à travers ses versets
92, 93, 94 et 95.

- Egbɛ ɖa - Le destin est méchant


- Bɔ linlin ɖ’ asiwu ce - J’ai assez de projets
- Co un gbɔogbɔ - Pourtant j’ai renoncé à tout
- Sɛgbo gbɛ da ɖin - Le destin est très méchant

Dans ces versets, Gbèzé récrimine ou culpabilise son destin qui le contraint à la
résignation.

8.2- L’inspiration didactique


L’inspiration didactique vise à transmettre des enseignements, des leçons de
moral à quelqu’un. C’est le cas des versets 125, 126, 127 de la chanson
Gb03DIL10A3.
- Avↄ e nyↄ nu mԑsԑ - C’est le pagne dont son destin a voulu

- Wԑ Gbԑze agunnↄun xo - Que j’ai chanté

- Ɖↄ e nↄ cynyↄn - Qu’on s’en couvre

A travers ces versets, Gbèzé informe son auditoire de la subordination de


l’homme au destin, il le subit. Gbèzé enseigne par là sa conception du destin.

On la retrouve également dans les versets 65, 66 de la chanson Gb02DIL9B2.

- Egbɛ sun nyi ɖe we - Si ton destin te donne un nom

- Hun jɛba vo - Accepte de le porter pour vivre heureux

Gbèzé, dans ces versets, enseigne qu’on doit se fier totalement à son destin afin
de vivre sans embarras. Il serait inutile de chercher à y apporter de touche
personnelle. L’homme serait, dans ce cas, comme un aveugle conduit par le
destin.

70
Au bout du compte, Gbèzé utilise un lexique spécialisé et un lexique courant pour
montrer son professionnalisme dans l’art musical et sa maîtrise de la langue dans
le traitement du destin. Car, comme le pense Boileau, tout ce que l’on conçoit
bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. Son talent
d’artiste créateur, son ingéniosité dans le traitement de ce thème se confirment
avec l’utilisation des déverbatifs propres à lui. Car, en matière d’art, il y a la
création.

71
Conclusion

Au terme de cette recherche, il importe de faire le point. L’objet de cette étude


est la production chantée d’un artiste du centre Bénin, Gbèzé. Il fallait, de cette
production, faire ressortir sa conception du destin et la manière dont ce thème
est traité. Des objectifs, des hypothèses, une problématique et une méthodologie
ont servi d’outils de recherche et d’étude. L’ensemble a permis d’obtenir les
résultats auxquels nous sommes parvenus, appréciables. Gbèzé est un chanteur
de renom de la région des collines, Aklampa. Il fait du tchingounmè et du toba,
tous des rythmes traditionnels de cette région. Sa production discographique est
très vaste. Il est à son trentième (30ème) album en vingt (20) ans de carrière
seulement avec cent soixante dix-neuf (179) chansons.

Parmi ces productions orales musiquées, quarante (40) ont subi un traitement de
codification. Ces dernières traitent du destin. Une (01) seule est traduite et
transcrite pour servir de spécimen-témoin. Il s’agit de Houè miton djo. Les trente
et neuf autres chansons sont résumées. Il convient de noter que la recherche a
pris en compte toutes les quarante (40) chansons du corpus.

L’étude de celles-ci révèle que Gbèzé fait du tchingounmè et du toba avec une
prédilection particulière pour le thème du destin. Ces chansons sont longues avec
des formules d’entrées variables. Celles indirectes dominent sa production
chantée. Elles obéissent à une énonciation responsorielle et ont une fonction
mnémotechnique. Elles sont gouvernées par les intentions poétique et
didactique.

La conception que Gbèzé fait du destin est celle des fatalistes : l’homme
n’accomplit pas ses actes, il les subit. Plusieurs sous-thèmes lui ont permis
d’exprimer sa vision. Il s’agit de la mort, la jalousie, la pauvreté, la méchanceté
humaine, la maladie, la femme, l’amour, l’enfant, le bonheur, etc. C’est ce qui
confirme que Gbèzé chante la vie, qu’il développe le destin au sein d’une
thématique plurielle. Un vocabulaire spécifique à la langue permet à l’artiste
d’exprimer sa vision. Elle provient tout à la fois de son vécu personnel et de
l’imagination collective de son peuple. Marquées par un réalisme surprenant, les
pièces orales musiquées de Gbèzé sont exprimées par des mots qui, malgré la
cruauté du destin qu’ils dénoncent, sont porteurs de charme et de poésie. Le

72
style de Gbèzé est innovant, épatant et montre qu’il a une parfaite maîtrise de sa
langue et de sa culture.

On peut en déduire que Gbèzé est une icône des la musique traditionnelle
béninoise, spécifiquement des rythmes tchingounmè et toba. Il a apporté ses
marques à ces deux rythmes : ces dernières lui doivent des innovations
incontournables. Cependant, nous lui reprochons d’être très réservé car il nous a
été difficile de le rencontrer une fois au cours de notre recherche. Mais nous
avons rencontré un jeune homme très proche de lui qui nous a fourni assez
d’informations sur lui et sa production. La richesse et l’étendue de sa production,
son style édulcoré stimulent une autre étude plus élargie, si on nous l’autorisait.

73
BIBLIOGRAPHIE

I- LES SOURCES ORALES

Elles sont constituées des informateurs qui nous ont donné des explications
ou tous autres renseignements sur l’artiste et ses textes. Ils sont très
nombreux. Nous leur rendons un grand hommage. De peur de produire une
liste de reconnaissance non exhaustive, nous avons choisi de ne pas nommer.
Cependant, certains parmi eux méritent d’être spécialement cités pour avoir
été tout le temps à nos côtés pour nous servir. Ne pas les citer relèverait, à
notre avis, d’un signe d’ingratitude sauvage. Il s’agit notamment de :

N° NOM ET PRENOMS AGE STATUT LIEU DE LIEU DE CONTACTS


SOCIAL PROVENANCE RESIDENCE
1 Sognon-Dès Henri 25ans Etudiant Aklampa Abomey- 66288876
Calavi
2 Donou B. Rick 33ans Agent Allada Cotonou 97892463
Comptable
4 Hounsonlon Georges 35ans Cultivateur Glazoué Abomey- 96140073
Calavi

II- LES SOURCES ECRITES


1. Les ouvrages spécifiques de littérature orale

Cette rubrique regroupe les différentes thèses et mémoires, les différents


articles, actes de colloques, communications scientifiques des enseignants
et d’autres personnes intervenant dans le domaine.

BOGNIAHO (Ascension)
 Histoire du ‘’han’’ ou la chanson populaire dans ‘’ Wémè’’,
Thèse de Doctorat de 3e cycle, Université de Paris XII, Université de
Créteil, Sorbonne, 1980. 308 pages.
 Chants funèbres, chansons funéraires du sud-Bénin : forme et
style, Thèse de Doctorat d’Etat ès lettres, Paris IV, Sorbonne, 1995,
374 pages,
 « Littérature orale au Bénin : Essai de classification endogène des
types de parole littéraire », in Ethiopiques, nouvelle, série, Vol 4,
Dakar, n°3-4, des 3° et 4° trimestres, 1987.
 « A la découverte de la chanson populaire au Bénin », in Itinéraires
et contacts de cultures, Paris, L’harmattan, vol.8, 1988.

74
 « Conte écrit, conte oral : Dilemme ou jeu d’un écrivain », in
Mélanges Jean PLIYA, Cotonou, Les éditions du Flamboyant, 1994.
 « Littérature orale et développement » in Littératures, art et
société (actes des journées d’études du Grelef des 18-20 mars 1999
à Cotonou), Cotonou, Editions du Flamboyant, 1999.
 « Oralité et écriture chez Olympe Bhêly-Quenum », in Mélanges
Olympe Bhêly-Quenum, Cotonou, 2001.
 « Essai pour une poétique de la chanson traditionnelle béninoise»,
Revue du CAMES, Série B, Vol 004, 2002.
 « Le veuf, la veuve et l’orphelin : des victimes de la mort et de la
société », in Annales Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines (FLASH), UAC, Bénin, n°7, août 2002.
 « Méthodologie de la recherche en littérature orale », in Voix et
voies nouvelles de la littérature béninoise, Cotonou, Les Editions
des Diasporas, 2011.
DJOUAMON (Sylvestre), Innovations esthétiques et thèmes dans
l’œuvre d’Alèkpéhanhou, mémoire de maîtrise ès Lettres,
DLM/FLASH/UAC, 2001-2002, inédit.
HOUENOU (Athanase), Le destin dans l’œuvre romanesque de Jean
Pliya, mémoire de maîtrise ès Lettres Modernes, DLM/FLASH/UAC, 1992,
inédit.
HOUNGNIHIN (Estella Clotilde), La forme et le style de la chanson
d’Ezin Gangnon : pour une image plurielle de l’homme, mémoire de
maîtrise ès Lettres Modernes, DLM/FLASH/UAC, 2013, inédit.
MADINDE (Akuessi Justin Sourou), Les chansons auto-laudatives dans
l’œuvre de Gbèzé : forme et style, mémoire de maîtrise ès Lettres
Modernes, DLM/FLASH/UAC, 2013, inédit.

2. Les ouvrages généraux sur la littérature

Cette section concerne les différents ouvrages sur la littérature, les


théories littéraires, l’histoire et la civilisation.

AMIEL (Henri-Frédéric), « Journal intime » du 11 avril 1867.

75
BARBERIS (Pierre), La sociocritique, in Méthodes critiques pour
l’analyse littéraire, Paris, Nathan, 2002.

BARTHES (Roland), Le degré zéro de l’écriture, Paris, Seuil, 1972.

BERGEZ (Daniel), La critique thématique, in Méthodes critiques pour


l’analyse littéraire, Paris, Nathan, 2002.
BERGSON (Henri), L’évolution créatrice, PUF, Paris, 1907.
BHELY-QUENUM (Olympe), Un piège sans fin, Présence Africaine, Paris,
1958.
BOURNEUF (Roland) et OUELLET (Real), L’univers du roman, Paris,
Presses universitaires de France, 1972.

CAMUS (Albert), L'Étranger, éd. Gallimard, p.183.

CARRIERE (Jean Claude), Tous en scène, Odile Jacob, Paris, 2007.

CAUVIN (Jean), Comprendre la parole traditionnelle, Paris, Les


classiques Africaines, Edition Saint Paul, Paris (Issy-les-Moulineaux), 1978.

DE SOUZA (Germain), Conception de vie chez les fon, Publié avec le


concours du Centre National de la Recherche Scientifique de Paris, 1975.
KOUROUMA (Ahmadou), Les soleils des indépendances, Editions du
Seuil, Paris, 1970.
LABOV (William), Sociolinguistique, Paris, Les Editions de minuit, 1976.

NIANE (Djibril Tamsir), Soundjata ou l’épopée mandingue, Présence


Africaine, Paris, 1960.

SAULNIER (Pierre), Noms de naissance, conception du monde et


système de valeurs chez les Gun du Sud-Bénin, SMA, Madrid, 2002.

TODOROV (Tzvetan) et DUCROT (Oswald), Poétique de la prose, Paris,


Seuil, 1980.

ZAHAN (Dominique), La dialectique du verbe chez les bambaras,


Paris/ La haye, Mouton et co, 1963.

76
III- DICTIONNAIRES, ENTRETIENS ET SITOGRAPHIE
 Le Dictionnaire Encyclopédie Universalis.
 Le Grand Robert 2014.
 Le petit Larousse 2012.
 BAILLY (René), Dictionnaire des Synonymes de la Langue
française, Larousse, Paris, 1947.
 GBAGUIDI (Donatien), « Entretien exclusif avec une ancienne gloire
de la musique traditionnelle ‘’ Toba’’ : Ezin Gangnon révèle ses
combats avec les forces du mal et parle de son intimité », in
L’Evénement Précis du 10/10/2012.
 Dictionnaire numérique Encarta
 www.google.fr
 www.wikipédia

77
ANNEXE
Comme nous l’avons indiqué dans le chapitre 2 de cette recherche, nous livrons
ici la chanson-spécimen du corpus, transcrite et traduite et le résumé des trente
et neuf restantes.
1- Transcription et traduction de la chanson-spécimen

Titre : Hwԑ mitↄn jↄ


Raison/votre/ être bon
Auteur : Gbèzé (Gb02DIL9B2)
1 - Hwԑ / mitↄn / ɖé / wԑ / à / e
Faute/ votre / aucun / c’est / pas /phat
2 - Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / père /phat
3 -Hwԑ / mítↄn / jↄ
Raison / votre / être bon
4 – Un / ɖↄ / hwԑ / mítↄn / ɖé / wԑ / à / e
Je / dire / faute / votre / aucun / c’est / pas / phat
5-Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / père / phat
6- Hwԑ / mitↄn / jↄ
Raison / votre / être bon
7- Àtín / e / kú / ɖó / gbé /ↄ
Arbre / qui / mourir / dans / brousse / la
8- E /bó / nyi / zó / wԑ / nↄ / ji /á
On / ne pas /être / feu / c’est /avoir hab/ brûler / phat
9- Ɖé / mà /ɖ’ / àsi / we
Quelque chose/ ne pas / avoir / chez / toi
10- Nԑ / o / kà / nà / gbԑ / zungbe / gbↄn / lo
Comment / tu / pouvoir / phat / refuser / insulte /phat
11- Gbԑze / ɖↄ / hwԑ / mítↄn / nyↄ / dín
Gbèzé / dire / raison / votre /être bon / trop
12- Gbԑ /ce /wԑ / tún / zùn / tín
Vie / ma / c’est / planter / brousse / arbre
13- Bó / ɖↄ / mi / zùn / mi / ɖ’ /esa /e
Et / dire / vous / insulter / moi / sous / en / phat
14- Òhwԑ / mítↄn / ɖé / wԑ /à /e
Raison / votre / aucun /c’est /pas /phat

78
15- Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela /dire /pères /phat
16- Hwԑ / mítↄn / jↄ
Raison / votre / être correcte
17- Àyinↄvi / hwԑ / tòwe / jↄ
App.clan / raison / ta / être correcte
18- Sàɖònùvi / hwԑ / tòwe / jↄ
App clan /raison /ta /être bon
19- Ègbԑ / tòwe/ tún / kò / tín
Vie / ta /planter/ à palabre / arbre
20- Bó / ɖↄ / e / kò / we /ɖ’ /esa / e
Et /dire / on / insulter / toi /sous /en / phat
21- Òhwԑ / mítↄn / ɖé /wԑ /à /e
Raison/vous / votre / aucun / c’est /ne pas / phat
22- Òmↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire /père / phat
23-Òhwԑ / mítↄn / jↄ
Raison / votre / être correcte
24- Àtín /e / kú / ɖó / gbe /ↄ
Arbre / qui / mourir / dans / brousse / la
25- E / bó / nyi / zó / wԑ / nↄ / ji /á
On / ne pas / être / feu / c’est / phat / avoir hab/ brûler
26- Ɖe / mà /d’ /àsi / we
Quelque chose/ ne pas / avoir/ chez / toi
27- Nԑ /ò / kà / nà /gbԑ / zúngbe / gbↄn/ e
Comment / tu / pouvoir/ phat / refuser / injures /phat /phat
28- Kpԑ / tówe / kpe / àsi / wú / bó / dà
Ami / ton / pouvoir / femme / sur / et /épouser
29- Nú /ò / mà / kó / ɖà /à
Et / tu / ne pas / pouvoir / épouver
30- À / zún / we / ɖↄ / nà / e
Il / insulter / toi / pour /cela /phat
31- Có / àsi / mà /dà
Or / femme/ ne pas /épouser
32- Kú / nyi / xԑnnú / ɖé /ó
Ne pas / être / infânie /aucun /phat
33- Kpԑ / tówe / kpe / xↄ / wú / bó / wà
Ami / ton / pouvoir/ maison / sur / et / faire construire

79
34- Nú /ò / mà / kó / wà /à
Et / tu /ne pas /pouvoir /construire/phat
35- À / zún / we /ɖↄ / nà /e
Il / insulter / toi /pour /cela /phat
36- Có / xↄ / mà / wà
Or / maison /ne pas / construire
37- Kú / nyi / xԑnnú / ɖé /o
Ne pas / être / infânie / aucun /phat
38- Àjàlàlàzԑn /e / yi / tↄ
Jarre trouée / qui / aller / source
39- Bó / mà / hԑn / sín /ↄ
Et / ne pas / contenir / eau / phat
40- Èmi / nà / ɖↄ / hwԑ / tↄn / wԑ /á
Vous / aller / dire / faute / sa / aucun / phat
41- Mimԑntↄ / wú /e / sín
Le fabricateur / sur / cela / causer
42- Èsԑ / mà / ɖↄ / ɖie
Dieu / ne pas / dire / phat
43- E / mà / nↄ / ɖↄ /e
On / ne pas / avoir hab / dire / phat
44- Àjàlàlàzԑn /e / yí / tↄ
Jarre trouée / qui / aller / source
45- Bó / mà / hԑn /sìn /ↄ
Et /ne pas /contenir/eau / phat
46- Èmi / nà /ɖↄ / hwԑ / tↄn /wԑ /á
Vous / aller / dire / faute / sa / aucun /phat
47- Mimԑntↄ / wú /e / sín
Le fabricateur / sur / cela /causer
48- Èsԑ / mà / wà / ɖie
Dieu / ne pas / faire / phat
49- E / mà / nↄ / wà / e
On / ne pas / phat / faire / phat
50- Òhwԑ / mitↄn / ɖé / wԑ /à /e
Raison / votre / aucun / c’est / pas / phat
51- Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / père / phat
52- Hwԑ / mitↄn / jↄ
Raison / votre / être correcte

80
53- Hwԑ / mitↄn / nyↄ / dín
Raison / votre / être correcte / trop
54- Sàdónúvi / hwԑ / tòwe / jↄ
App clan / raison / ta / être correcte
55- Ò / nà / yí / axí / mԑ / ní
Tu / avoir hab / aller / marché / dans / et
56- E / nà / nyi / xwàn / ɖó / we /ↄ
On / avoir hab / lancer / cailloux / sur / toi / phat
57- Sԑ / jԑn / nà / zↄn
Dieu /c’est / qui /commanditer
58- Ò / nà / yí / àxí / tԑntì
Tu / avoir hab /aller / marché / milieu
59- Bó / ní / àhwàn / jԑ / yò / tòwe / nú /ↄ
Et / si / foule / suivre / fesse / ton /derrière/ phat
60- Àlↄnùsԑ / jԑn / nà / zↄn
Dieu / c’est / qui / commanditer
61 - Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / père / phat
62-Hwԑ / mitↄn / jↄ
Raison / votre / être bon
63- Ègbԑ / tòwe / tún / kó / tín
Vie / ta / planter / à palabre / arbre
64- Bó / ɖↄ /e / kó / we / ɖ’ / esà / e
Et / dire / on / insulter/ toi / sous / en / phat
65- Òhwԑ / mitↄn / ɖé / wԑ /à /e
Raison / votre / aucun / c’est / pas /phat
66- Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / ceux / phat
67-Hwԑ / mi / tↄn / jↄ
Raison / vous / votre / être correcte
68- Ee e e e e !
69-Òhwԑ / mi / tↄn / ɖé / wԑ /à /e
Raison / vous / votre / aucun / c’est / ne pas / phat
70- Òmↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / père,ceux / phat
71- Hwԑ / mi / tↄn / jↄ
Raison / vous / votre / être correcte
72- Àtin /e / kú / ɖó / gbe /ↄ

81
Arbre / qui / mourir / dans / brousse / la
73- E / bó / nyi / zó / wԑ / nↄ / ji /á
74- Ɖe / mà /d’ /àsi / we
Quelque chose / ne pas /avoir / chez / toi
75- Nԑ /ó / kà / nà / gbԑ / zún / gbe / gbↄn / e
Comment / tu / pouvoir/ refuser / injures
76- Kpԑ / tòwe / kpe / àsi / wú / bó / dà
Ami / ton / pouvoir / femme / sur / et /épouser
77- Nú /ó / mà / kó / ɖà /à
Et / tu / ne pas / pouvoir / épouser/ phat
78- À / zún / we / ɖↄ / nà /e
Il / insulter / toi / pour / cela / phat
79- Có / àsi / mà / dà
Or / femme / ne pas / épouser
80- Kú / nyi / xԑnnù / ɖé /o
Ne pas / être / infânie / aucun / phat
81- Kpԑ / tòwe / kpe / xↄ / wú /bó /wà
Ami /ton /pouvoir/maison/ sur /et /faire
82- Nú /ó / mà / kó / wà /à
Et / tu / ne pas / pouvoir / construire / phat
83- À / zún / we / ɖↄ / nà /e
Il / insulter / toi / pour / cela /phat
84- Có / xↄ / mà / wà
Or / maison / ne pas / construire
85- Kú / nyi / xԑnnú / ɖé /o
Ne pas / être / infamie / aucun / phat
86- Àjàlàlàzԑn /e / yí / tↄ
Jarre trouée / qui / aller / source
87- Bó / mà / hԑn / sín / ↄ
Et / ne pas / contenir / eau / phat
88- Èmi / nà / ɖↄ / hwԑ / tↄn / wԑ /á
Vous / aller / dire / faute / sa / aucun /phat
89- Mimԑntↄ / wú / ésín
Le fabricateur / sur /causer
90- Èsԑ / mà / ɖↄ / ɖie
Dieu / ne pas / dire / phat
91- E / mà / nↄ / ɖↄ /e
On / ne pas / avoir / dire / phat

82
92- Àjàlàlàzԑn / e / yí / tↄ
Jarre trouée / qui / aller / source
93- Bó / mà / hԑn /sín / ↄ
Et / ne pas / contenir / eau / phat
94- Èmi / nà / ɖↄ / hwԑ / tↄn / wԑ /á
Vous / aller / dire / faute / sa /aucun / phat
95- Mimԑntↄ / wú / ésín
Le fabricateur / sur /causer
96- Èsԑ / mà / wà / ɖie
Dieu / ne pas / faire / phat
97- E / mà / nↄ / wà /e
On / ne pas / avoir hab / faire / phat
98- Òhwԑ / mitↄn / ɖé / wԑ /à /e
Raison / votre / aucun / c’est / ne pas / phat
99- Mↄ / ɖↄ / tↄ / lԑ
Cela / dire / ceux / phat
100- Hwԑ / mitↄn / jↄ
Raison / votre / être correcte
101- Èmԑ / ce / lԑ
Gens / mes / les
102- Nú / e / zↄn / bↄ / hàn / ce / ɖↄ / mↄ /e
Chose / qui / causer / et / chanson / ma / dire / cela / phat
103- Tímԑ / tↄn / nԑ / un / xwe / kↄn / nԑ
Explication / so n / voici / je / s’en aller / à /phat
104- Xó /e / ɖò / gòlihàn / mԑ
Parole / qui / est / chanson de gota / dans
105- Bↄ / gbԑze / un / xò / àjà / ce / ɖↄ / mↄ / le /ↄ
Et / Gbèzé / je / jouer /chanson / ma / dire /cela / phat/phat
106-Tòmԑnù / e / mì
Auditeurs / phat / vous
107- Vòsisà / wԑ / sԑ / zↄn / mì
Plainte / c’est / Dieu / commander / moi
108- Bↄ / Ànànùdòkↄnnú
Et / app clan
109-Un / jà / wliwlihwlegbe
Je / s’en aller / raconter
110- Ò / dàn / jójó / kàkà
Tu / remuer / / tellement /

83
111- Nì /e / nyↄ / nú / we / kpó
Et / Il / prospérer /pour / toi / ou
112- Màn /nyↄ /nú /we /kpo ↄ
Ne pas / être bon / à / toi / phat
113- Gbԑze / àgunnↄn
Gbèzé / propriétaire du groupe
114- Nↄ / jԑn /o / nà / nↄ / mԑ / jԑn / zↄn
Rester / phat / tu / avoir hab / rester / dans / c’est / faire
115- Bↄ / gbԑwàtↄ / ɖò / fi / gege
Et / êtres humains / être / ici / nombreux
116- Fԑ / bòló / xwe / àfↄɖe
Il / faire / année / 200
117- Bó / bòló / kànwekò
Et / faire / 100
1118- Ò / nà / bòló / hwe / lìvílìví / òlóvà
Tu / Même si / faire / année / un million /un million
119- Nú / e / nyↄte / nú /e /ↄ
Chose / qui / être bon / pour / toi / la
120- Gbԑ / mà / jà / ɖókpó / bló / gbe
Destin / ne pas / phat / un / faire / phat
121- Àyì / ce / nↄ /mↄ / nú /có
Cœur / mon / phat / voir /chose /pourtant
122- Gàndido / nↄ / ɖó / gótò / ce
Force / avoir hab / être / corps / mon
123- Cóbↄ / esԑ /mà / wà / le
Mais / destin / ne pas / faire / phat
124- E / mà / nↄ / wà
On / ne pas / avoir hab / faire
125- Àvↄ /e / nyↄ / nù / mԑsԑ
Pagne /qui / être / à / son destin
126- Wԑ / Gbԑze / àgúnnↄ
C’est / Gbèzé / propriétaire du groupe
127- Un / xù / ɖↄ /e /nↄ / cynyↄn
Je / jouer / dire /on /avoir hab / se couvrir
128- Ɖó / nú /e /zↄn /bↄ /hàn /ce / ɖↄ /mↄ /le
Car / la chose / qui / faire / et /chanson / ma / dire /cela/ phat
129- Mà / jlԑ / dò / nú / yԑ / gò
Je / mesurer / à /chose / cette / sur

84
130-Nú / mԑcelԑmi /e / mà / kpↄn
Et / mes auditeurs / vous / allez / voir
131- Àxìzàngbe /sùn / nú /ò /sↄ /àxì /nú / hùn
Jour du marché / arriver /si / tu /s’apprêter / marché /chose /phat
132- Nↄ / kpↄn / zↄnlín / e / di / we
Il faut/ regarder /démarche/ que/ marcher/ phat
133- Àxìyítɔ / e / ɖe / ɖó / àxìlìxò /ɔ
Les usagers du marché / qui / être entrain / sur / voie du marché / la
134- Mԑɖé / nɔ /dó / cígànvɔ / tɔn / gànji
Certains / avoir hab / porter / tissu de valeur / son / très bien
135-Bɔ / zɔnlí / tɔn / nɔ /hwԑn / mԑjɔmԑ / zɔnlí
Et / démarche / sa / ressembler à / personne aisée / démarche
136- Bɔ / ò / kpɔn /ɔ / ò / nà / mɔ / ɖɔ / fԑ / wԑ / é / ɖe
Et / tu / regarder / tu /voir /que /tranquille / c’est / il / être
137- Nà / mínyànnùkún / ní / mԑɖé / cób’ /ԑ / nↄ / wà / jàjàjà
Chose / préoccuper /à / quelqu’un / Et / il / faire / avec agitation
138- Èmԑɖé / zɔn / àfɔkpà / mà /dó / ɖò / yìyìwe
Quelqu’un / marcher / souliers / ne pas /porter /en / marchant /
139- Àlɔnùsɛ/ jɛn / bóló / mԑnɛ /ɔ
Dieu / c’est / faire / celui-là / phat
140- Kpɔvɛví / ɔ /gbó / hwɛkàn /
Panthère / phat / tracer / cicatrice /
141- Bɔ / sɛnwlɛàgbànlí / tówe / gbó / hwɛkàn /
Et / antilope / ton / tracer / cicatrice
142- Bɔ /àgbó / e / ɖó /àkyàmɛ / ɔ
Et / buffle / qui / être / brouse / la
143- Àgɔn / tɛ /é /kà / jɛ / bɔ /hwɛkàn/ɖéjàn/mà /ɖó /gótó /tɔn
Péché / quel / il /phat /commettre/ et /traces /aucun/ne pas / sur /corps/ son
144- Gbɛze / un / kó / yígbénà
Gbézé / je / déjà / accepter /
145- Ví / mà / ɖó / àsi /mà / ɖó
Enfant / ne pas / avoir / femme /ne pas / avoir /
146- Gbɛ / wɛ / jóló / àlɔnùsɛ / ce
Vie /c’est / vouloir / Dieu / mon
147- Bɔ / un / màsɔ / gbɛ / á
Et / je / phat / refuser/phat/
148- Kàn /jɛn / un /mà / nà / sɔ /do / kɔ / bó /kú / nɛ
Corde /c’est / je / ne pas / avoir hab /mettre/ au / cou / et /mourir/ phat

85
149- Un /nà /nɔ / fí
Je / phat /rester / ici
150- Bó / nà / kpɔn /gbɛnúwà / yíjɛ / gbe /e/gbe
Pour / phat / voir /les oeuvres de la vie / jusqu'à /jour / où
151- Kú / nà / hú / mì / dó /ɔ
La mort / phat / tuer / moi / phat /
152- Tɔ / jɛn / un / mà / nà / yíjɛ / nɛ
Rivière/ c’est / je / ne pas / phat / phat / se jeter / phat
153- Un /nà /nɔ / fí
Je / phat /rester / ici
154-Bó / nà / kpɔn / gbɛnúwà / yíjɛ / gbe /e/gbe
Pour / phat / voir / les oeuvres de la vie / jusqu'à / jour / où
155- Kú /nà / hú / mì /do /ɔ
La mort /phat /tuer / moi / phat /
156- Ɖó / fí / e / Gbɛze / un / kpɔn / dó / ɔ
Car /à / où / Gbèzé / je / regarder / sur /phat
157- Ènyi /núxàmɛtɔ / e / nɔ / dó / àvɔ / tɔn
Si / miséreux / on / avoir hab / porter / pagne / son
158- Bó /ní /e / nɔ / tò / ɖó / àligbódji /ènyi / ɔ
Et /si / on / phat / s’installer/ sur / la voie / être / phat
159- Mà / mɛ / có / tɔn / mà / nà / nyɔn / hùn / Gbɛze / tɔn /gbeɖé
Phat / gens / tous / leur / ne pas / phat /être bon / plus / Gbézé / son /jamais
160- Hún / unte / èsɛ / ɖó / mɛ / ɖò /e / wɛ /e / nɔ / nɔ
Donc / comme / Dieu / faire / être / faire / phat / c’est / on / phat / rester
161- Àklàsúvíbɛóxɛ
Fils de chavognard/oiseau au gros bec
162-Gbԑze / xò / àjà / ɖɔ
Gbèzé / jouer / musique / dire
163- Ɖà / mà / ɖó / ce / nyɔn / sín
Cheveux / ne pas / avoir /mon / être bon /phat
164- Èsɛgbó / ce / nɛ / mà /xɔ / xún / nɛ
Dieu / mon / phat / ne pas / acheter/ voiture / voilà/
165- Un / bótà / jàjó / bó / yí / xɔ / xún / bó / wà / dó /á
Je / avoir hab / voler / et / aller / payer / voiture / et /venir / conduire / phat
166- Èsɛgbó / ce / nɛ / mà / jì / ví / nɛ
Dieu / mon / phat / ne pas / enfanter / enfant /voilà que
167- Un /bótà / xò / àmà / bó / yí / xɔ /ví / bó /nɔ / wà / ɖó / á
Je /avoir hab /taper/feuille/ et /aller /trouver/enfant/et /avoir hab /venir/avoir/ phat

86
168- Gbeɖé/ gbeɖé/ un / gbɛ
Jamais / jamais/ je / refuser
169- Un / júnjɔn / àyí
Je / s’assoir / terre
170- Bó / sɔ /àlɔ / ce / ɖó / gbà / kpówún
Et / mettre / main / ma / au / menton / seulement
171- Èsɛ / kó / sà / dó / àxì / ɖé / mɛ / nú / mì / jɛn
Dieu / phat / vendre / dans / marché / un / dans / à / moi / phat
172- Àjàxótɔ / ɖɔ / un / mà / yí / lo
Chansonnier / dire / je / phat / prendre / phat
173- Vóɖiɖé / zɔn / ní / klàn / vó /ɔ
Grimace / faire / pour que / singe / être à laise/ phat
174- Àsɔ / nà / ɖò / yàji / wɛ / ɖò / àkyà / mɛ /ànyi
Il / phat / être / souffrir / encore / dans / brousse/ dans / phat
175- Núwà / kàkà /nɔ / mɔ / nú / mɛ /ɔ
Travailler / trop / avoir hab / trouver / chose / soi / phat
176- Wàmàmɔnɔ / kú / nà / sùkpɔ / ó
Pauvres / ne pas / être nombreux / phat
177- Ò / nà / wànú / kàkà / à
Tu / phat / travailler / trop / phat
178- Gòsín / àjà / bó / yí / kpɔn / àyɔ
Quitter / Adja / et / aller / voir / Ayo
179- Kú / zɔn / o
Ne pas / faire / phat
180- Núwà / kàkà / à
Travailler / trop / phat
181-Gòsín / àjà / bó / yí / kpɔn / àyɔ
Quitter / Adja /et / aller / voir / Ayo
182- Òdɔkùn /ɔ / sɛnú / wɛ / nyí
Richesse / la /apanage de Dieu / c’est / être
183- Bɔ / màwú / mà / nà
Et / Dieu / ne pas / donner
184- E / mà / nɔ / jɛ
On / ne pas / avoir hab / devenir
185- Ònú / un / mà / nɔ / wà / nà
Chose / je / ne pas / avoir hab / faire / phat
186- Dòkɔnnú / fɔnlín / ce / jɛn / ɖó / mí / le / nà
App Clan / paresse / ma / c’est / faire / moi / ainsi / phat

87
Traduction élaborée

1- Ce n’est point de votre faute


2- Les calomniateurs
3- Vous avez raison
4- Je dis que ce n’est pas de votre faute
5- Les calomniateurs
6- Vous avez raison
7- L’arbre mort dans brousse
8- N’est ce pas le feu qui le consume ?
9- Si tu es pauvre
10- Comment refuserais-tu des affronts ?
11- Gbèzé dit que la faute n’émane pas de vous
12- Ma vie a planté l’arbre d’injures
13- Afin que vous m’injuriez à son ombre
14- Ce n’est guère votre faute
15- Les calomniateurs
16- Vous avez raison
17- Descendant d’Ayinon, tu as raison
18- Descendant de Sadonou, tu as raison
19- Ton Dieu a planté l’arbre à palabre
20- Afin qu’on s’en serve pour te critiquer
21- Cela ne dépend pas de vous
22- Vous qui le dites
23- Vous avez raison
24- Le bois mort de la brousse
25- N’est-ce pas le feu qui le consume ?
26- Lorsque tu n’as rien
27- Comment peux-tu refuser les affronts ?
28- Ton promotionnaire a pu se marier
29- Et tu n’as pas pu le faire
30- Il va t’en injurier
31- Pourtant le célibat
32- N’est pas un objet de persiflage
33- Ton ami a pu se construire un abri
34- Et tu n’as pas pu le faire
35- Il va t’en insulter
36- Pourtant être sans abri
37- N’est pas un objet de persiflage
38- La jarre trouée qui est allée à la rivière
39- Et n’a pas pu contenir de l’eau
40- Allez-vous l’accuser ?
41- C’est la faute au potier
42- Si Dieu ne décide pas
43- On ne décide pas
44- La jarre trouée qui est allée à la rivière
45- Et n’a pas pu contenir de l’eau
46- Allez-vous l’accuser ?
47- C’est la faute au potier
48- Si Dieu ne fait pas

88
49- On ne le fait pas
50- Ce n’est pas de votre faute
51- Ceux qui disent cela
52- Vous avez raison
53- Vous avez parfaitement raison
54- Fils de Sadonou, tu as raison
55- Si au marché
56- Les gens te jetteront de la pierre
57- C’est ton Dieu qui l’a voulu
58- Si au milieu du marché
59- Une foule te poursuivra
60- C’est que ton Dieu en a voulu
61- Ceux qui disent cela
62- Vous avez raison
63- Ton Dieu a planté un arbre servant aux quolibets
64- Sous lequel il a demandé qu’on se moque de toi
65- Vous avez raison
66- Ceux qui disent cela
67- Vous avez raison
68- Onomatopée
69- Ce n’est pas de votre faute
70- Les médisants
71- Vous avez raison
72- Le bois mort de la brousse
73- N’est-ce pas le feu qui le consume ?
74- Lorsque tu n’as rien
75- Comment peux-tu refuser les injures ?
76- Ton promotionnaire a pu se marier
77- Et tu ne l’as pas pu
78- Il va t’en injurier
79- Pourtant le célibat
80- N’est pas un objet de persiflage
81- Ton ami a pu se construire un abri
82- Et tu n’as pu le faire
83- Il va t’en insulter
84- Pourtant être sans abri
85- N’est pas un objet de persiflage
86- La jarre trouée qui est allée à la rivière
87- Et n’a pas pu contenir de l’eau
88- Allez-vous l’accuser ?
89- C’est la faute au potier
90- Si Dieu ne décide pas
91- On ne décide pas
92- La jarre trouée qui est allée à la rivière
93- Et n’a pas pu contenir de l’eau
94- Allez-vous l’accuser ?
95- C’est la faute au potier
96- Si Dieu ne réalise pas
97- On ne réalise pas
98- Ce n’est pas de votre faute

89
99- Les médisants
100- Vous avez raison
101- Mes auditeurs
102- Ce pourquoi j’ai ainsi chanté
103- Je m’en vais vous l’expliquer
104- La raison qui sous-tend ma chanson de Gota
105- Et Gbèzé, j’ai chanté ainsi
106- Mes auditeurs
107- Ce sont les plaintes que le Destin m’a réservées
108- Et, moi fils de Dokonou
109- Je m’en vais raconter
110- Si tu te peines n’importe comment
111- Et si tout prospère pour toi
112- Ou rien ne va
113- Gbèzé, propriétaire du groupe
114- C’est pour que tu acceptes cette vie
115- Qu’il y a les humains autour de toi
116- Il faut faire deux cents ans
117- Et faire ensuite cent ans
118- Même si tu vis pendant des millions d’années
119- Ce dont tu rêves
120- Dieu, le destin ne t’en fera aucun
121- J’ai pourtant des rêves
122- Je possède encore assez de force
123- Mais si Dieu ne réalise pas
124- Il est impossible de le faire
125- C’est le pagne dont son Dieu a voulu
126- Que j’ai chanté
127- Qu’on s’en couvre
128- Ce pourquoi j’ai ainsi chanté
129- Je vous en donne la preuve
130- Et mes auditeurs, vous verrez
131- Le jour du marché
132- Il faut bien observer
133- La démarche des usagers du marché
134- Certains s’habillent élégamment
135- Et leur démarche témoigne de leur aisance
136- Et les observant, tu te rends compte qu’ils sont heureux
137- D’autres, préoccupés, s’agitent
138- Il y en a qui marchent pieds nus
139- C’est pourtant Dieu qui les a aussi créés
140- La panthère est née avec des rayures sur le corps
141- Et l’antilope a également des rayures sur la peau
142- Et le buffle de la brousse
143- Quel péché a-t-il commis pour ne pas en avoir ?
144- Gbèzé, j’ai déjà accepté
145- Sans enfant, le célibat
146- C’est cette vie que m’a voulu mon Dieu
147- Et vais-je refuser?
148- Je ne vais pas pour autant me pendre et mourir

90
149- Je resterai vivant
150- Pour voir les œuvres de Dieu
151- Jusqu’au jour de ma mort
152- Je ne vais pas pour autant me jeter à l’eau
153- Je demeurerai vivant
154- Pour voir les œuvres de Dieu
155- Jusqu’au jour de ma mort
156- Car, selon moi Gbèzé
157- Si les malheureux doivent sortir en se vêtant de leur parure de
misère
158- Et s’aligner pour leur exhibition au bord de la voie
159- Je parie que, moi Gbèzé, ma parure serait meilleure à celle de
certains
160- Donc, l’on vit selon la volonté de Dieu
161- Fils du charognard
162- Gbèzé, je chante en disant
163- Je suis fier d’être chauve
164- Voilà que mon destin n’a prévu que j’achète de véhicule
165- Vais-je voler et en acheter ?
166- Voilà que mon Dieu n’a pas voulu que j’aie d’enfant
167- Vais-je courir pour l’avoir ?
168- Jamais, je refuse
169- Je suis resté assis
170- Soucieux, mon menton dans le creux de ma main
171- Si Dieu me réserve un sort
172- Moi, le chansonnier, je ne peux que l’accepter
173- Si seules les grimaces suffisent que le singe soit à l’aise
174- Va-t-il encore se lancer dans la brousse pour braver d’autres
difficultés ?
175- Si les efforts humains procuraient conséquemment ses fruits
176- Il n’y aurait pas eu assez de pauvres.
177- Même si tu travailles ardemment
178- Partant du pays Adja pour celui d’Ayo
179- Cela ne règle pas la situation
180- Travailler sans répit
181- Du pays Adja au pays Ayo
182- La richesse est un don de Dieu
183- Et si Dieu ne donne pas
184- Il est impossible de l’avoir
185- Est-ce que je ne travaille pas ?
186- Peut-on dire que ma situation est liée à la paresse ?

91
2- Résumé des chansons
 Gb98DIL1A2 ( Emi sèkpon mi )
Dans cette chanson, Gbèzé raconte la tragique et douloureuse disparition de son
frère. Il apporte un démentiaux médisants qui attribuent cette disparition à des
sources abjectes.Ilconclut en disant que son frère a simplement répondu à l‘appel
de son Dieu.

 Gb99DIL4A2 (Sè dé do logozo)


Dans cette chanson, il dit que celui qui ne parvient pas à profiter des fruits de ses
efforts doit savoir que c’est son destin qui en estla cause.

 Gb99DIL5B3 (Avo é gbè do nu we o)


Cette chanson dit que l’homme doit accepter toute charge que lui fait porter son
destin. Il doit cesser les lamentations car c’est la volonté de Dieu.

 Gb00DIL6B1 (Nu wa min)


Gbèzé a démontré que tout malheur qui arrive à un homme est déjà inscrit dans
son destin.

 Gb01DIL7B1 (Do houè wè)


Tous les actes de l’homme sont préétablis. L’homme est comme une marionnette
guidée par ledestin. Pour avoir raison sur lui, ce dernier se sert de la maladie et
de la mort.

 Gb00DIL8B1 (Gni désou)


Il s’agit du récit du vécu d’un jeune homme qu’un roi a voulu mettre à mort trois
fois successivement par complot. Il ne l’a pas pu. EtGbèzé conclut qu’aucun
malheur ne peut frapper un homme si cela n’émane pas de la volonté de Dieu.

 Gb02DIL9A1 (Fléxosa ji zo)

Gbèzé pense que ni la maladie ni la méchanceté humaine ne peuvent modifier le


devenir d’un homme ;seul Dieu en est capable.

 Gb02DIL9A3 (Ma na won)


Dans cette chanson, il est question d’un procès fait à Dieu. L’artiste y incrimine le
destin d’avoir cautionné le décès précoce de son frère aîné.

 Gb03DIL10A2 (Nouhamè sèyi zo)


Dans cette pièce orale chantée, Gbèzé pense que les problèmes de la vie
constituent des barricades pour le bonheur d’un homme. Il peut se donner de la
peine et travailler incessamment à la quête du bonheur et de son honneur ; il ne
peut les obtenir que si son destin en a la volonté.

 Gb03DIL10A3 (Atinman kpon to)


On retient de cette chanson que l’homme doit accepter tout ce qui lui arrive dans
sa vie. Car, sa volonté n’est pas celle du destin. Lorsqu’un homme connaît une
humiliation, c’est que son destin est le premier à l’avoir connue.

92
 Gb04DACM11B1 (Avo tché bibli)
Dans cette chanson, Gbèzé parle de la stérilité et de la fécondité de la femme. Il y
démontre qu’enfanter est un don de Dieu. Par conséquent, une femme qui ne
parvient pas à procréer toute sa vie, tient sa stérilité de son destin.

 Gb04ACM11B2 (Mado miho azon kan)


Gbèzé affirme dans cette chanson que l’homme est voué à la souffrance quand
Dieu le décide. La maladie, la mort et les peines de la vie le vaincront s’il les tient
ainsi du destin.

 Gb05ACM12A4 (sè wa tcho ma dou lé)


Il parle dans cette chanson d’une dame qui s’est beaucoup préoccupée de l’avenir
de ses enfants. Par la grâce de Dieu, les enfants ont grandi et sont devenus
riches. Mais, à ce moment où elle devrait jouir de sa progéniture, elle tombe
gravement malade et meurt malgré les efforts de ses enfants pour la maintenir en
vie. Elle n’a donc pas pu jouir des fruits de son labeur, elle a eu alors un destin
ingrat et méchant.

 Gb05ACM12B2 (Noukoun non kpo towé dié)


L’artiste dit qu’il a beaucoup de projets auxquels il pense incessamment. Mais qu’il
ne pourra les réaliser que lorsque l’heure de Dieu aura sonné.

 Gb07GZZ13-2 (Gbè wè non)


Gbèzé refuse ici d’incriminer ceux qui se moquent de sa condition de vie précaire.
Sa pauvreté, il la tient de Dieu. C’est lui qui a voulu que les hommes le désignent
sous le vocable « pauvre ».

 Gb07GZZ13-6 (sègbo didè wè do mi)


Cette chanson s’adresse particulièrement aux ennemis de l’artiste et aux hommes
vivant dans la même société que lui en général. L’artiste est conscient qu’il
mourra un jour certes, mais si cela arrivait plus tôt, qu’on ne pense pas que ce
sont ses ennemis qui ont eu raison sur lui. Ils ne détiennent aucun pouvoir sur lui
si ce n’est pas la volonté de Dieu.

 Gb07GZZ13-7 (Mahou ablo so yi mon)


Pensez-vous que Dieu abandonnera sa créature? Espérez toujours ! Dieu maîtrise
tout ce dont nous rêvons. L’homme doit avoir confiance en Dieu et l’espérer.
C’estcet enseignement que donne l’artiste à travers cette pièce orale chantée.

 Gb07GZZ13-8 (Dada tché houéo agnon)


Tout le monde n’a pas le même destin. Certains sont nés pauvres, d’autres riches.
C’est Dieu qui en est l’ordonnateur.

93
 Gb07GZZ14A2 (kpé lo kolo gba sè do)

Cette pièce orale décrit de la jalousie. Elle s’adresse aux adversaires de Gbèzé qui
le jalousent du faitqu’il est le plus sollicité. Et puisque cela est la volonté de Dieu,
dit-il, les rancunes de ses ennemis ne seront que de nul effet.

 Gb07GZZ14A3 (Gbè do guisi mi)


L’artiste décrit, dans cette chanson, la plus grande maladie de l’homme : la
médisance attisée par la haine inféconde et illégitime. Lorsqu’un individu va de
l’avant, la haine et ses œuvres de déstabilisation ou même d’anéantissement
l’accablent. Pourtant, nul n’est capable de se doter du pouvoir d’élévation et
d’onction divine. L’effort n’est qu’un témoignage de la volonté de réussir de
l’homme. La réussite est surtout une décision de Dieu.

 Gb07GZZ14B1 (Mi kou yi lodjou)


Cette chanson console et donne du courage aux personnes dont les proches sont
fauchés par la mort. Elle leur conseille de cesser les lamentations et de s’en
remettre à Dieu.

 Gb07GZZ14B2 (Oun ho kan do nou na gnon)


Gbèzé invite dans cette chanson à la persévérance, même dans la souffrance afin
de réaliser ses rêves. Il faut lutter pour accéder au bonheur. Dans le cas où l’on
n’y parvient pas, il faudra attendre l’heure de Dieu.

 Gb08GZZ15A2 (Agban é alo do)


L’homme est obsédé par la réalisation des projets rentables. Il ne pense qu’à cela
nuit et jour mais il n’a pas les moyens. C’est son destin qui ne se trouve pas dans
la même logique que lui.

 Gb08GZZ15B2 (Gnonnou assou dato)


Dépassé par les peines qu’il endure, l’artisteimplore l’indulgence de Dieu afin qu’il
lui accorde la prospérité et qu’en retour, il lui retourne sa part en signe de
reconnaissance.

 Gb09GZZ16A2 (Nou do min hou)


L’artiste dit que les critiques des hommes font partie des éléments de la vie que
Dieu a créés. C’est pourquoi il ne s’en soucie point.

 Gb09GZZ16A3 ( Nou mon da ko min)


On retient dans cette chanson qu’avant que quelqu’un soit envoûté, il faudrait que
cela fasse partie de son destin. Dans le cas contraire, c’est impossible.

94
 Gb09GZZ16B2 (Nou wa min so nan vo dédan)
Cette chanson évoque le sujet de la mort. Dans une famille, elle fauche des
proches très chers. Elle génère des grincements de dents et des lamentations.
Gbèzé invite les éplorés à accepter leur sort et à cesser les lamentations. Car, la
vie ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu.

 Gb10GZZ18A2 (Sinwinlin)
S’identifiant à l’éléphant qui dépasse tous les animaux de la brousse en grandeur,
Gbèzé s’adresse à ses adversaires qui lui promettent une défiance. Il soutient
alors que le destin programme l’homme pour une vie, une certaine personnalité
auxquelles la jalousie et les rancunes ne peuvent toucher.

 Gb10GZZ19-2 (Gbèmèho)
Gbèzé dit que la liberté de l’homme n’existe pas ; sa responsabilité non plus :
quoiqu’il fasse, tout lui est dicté par le destin.

 Gb11GZZ20-7 (So ayi towé djo nou sè)


Dans cette chanson, Gbèzé recommande de s’abandonner à son destin qui
s’accomplit sans condition.

 Gb12GZZ21-2 (Man ya man gnon)


Ici, la vedette dit qu’il ne faut en aucun cas responsabiliser nos ennemis des
malheurs qui surviennent dans notre existence. Car, leur désir ne se produirait
pas s’il ne recevait pas l’adhésion du destin.

 Gb0DIL6B1 (Zingbigba tolo)


Par cette chanson, Gbèzé revivifie les âmes meurtries et redonne le bon goût de
l’existence aux esprits désespérants. Il y pose sa thérapie à tous ceux qui, dans
des situations embrouillées et difficiles pensent qu’il n’y a plus d’issue. Il dit que
Dieu qui aime toutes ses créatures ne saurait abandonner une seule en
difficultés. L’homme ne serait pas venu sur la terre pour avoir comme unique
mission la souffrance.

 Gb13GZZ23-2 (Sègbo do kpèdé)


Dans cette chanson, Gbèzé fait savoir qu’on se couvre du pagne de son destin et
qu’il serait inutile de vouloir lui imposer quoique ce soit.

95
 Gb14GZZ25-2 (Azon man djè kèdè)
Cette chanson enseigne que rien n’arrive à l’homme sans que ce soit la volonté de
Dieu. Ce ne sont pas par nos propres efforts ou par notre propre force que nous
survivons.

 Gb14GZZ25-6 (Oun gbè kandé)


On retient de cette pièce orale que c’est le destin qui est responsable des
malheurs qui surviennent aux hommes. Gbèzé souligne le caractère injuste du
destin qui permet aux autres de réussir là où lui, il échoue.

 Gb15GZZ26-1( Sè é do adakpo)
Gbèzé parle de la puissance que Dieu lui a donnée. Cette puissance, aucun aigri
n’a le pouvoir de la lui arracher ou de la détruire. C’est Dieu qui la donne.

 Gb15GZZ27-3 (Vi o sè wè non nan)


Gbèzé soutient que l’argent ne peut acheter un enfant, c’est un don de Dieu. Il
exhorte les femmes stériles à cesser les couinements :elles ont le destin de
mourir stériles ; il n’y a plus rien à faire.

 Gb15GZZ29B2 ( E djro sè)


L’artiste soutient que sa condition de vie est liée au fait que ses rêves ne
concordent pas avec les prévisions du destin.

 Gb16GZZ30-4 (Akonkpikpan)
Seul Dieu est le détenteur du secret de la vie. Même le fâ n’est pas parvenu à le
déceler. C’est pourquoi l’artiste, dit-il, s’est désormais interdit l’égoïsme.

96
Table des matières

Sommaire……………………………………………………………………………………………………………… i
Dédicace………………………………………………………………………………………………………………. ii
Remerciements……………………………………………………………………………………………………. iii
Résumé/ Abstract………………………………………………………………………………………………. iv
Liste des tableaux……………………………………………………………………………………………….. v
Introduction…………………………………………………………………………………………………………. 1
Chapitre 1 : Un artiste fécond, un milieu et un art axé sur le destin…… 4
1-Aklampa, une prestigieuse localité…………………………………………. ……………………. 4
1.1- Bref aperçu historique……………………………………………………………………………….… 4
1.2- La culture………………………………………………………………………………..…………………… 5
1.2.1- La langue…………………………………………………………………………………………..……. 5
1.2.2- La religion…………………………………………………………………………………………………. 5
2- Gbèzé, un chanteur prolifixe……………………………………………………………..………… 7
2.1- Origine et naissance de Gbèzé…………………………………………………………………. 7
2.2- La discographie de Gbèzé…………………………………….…………………………………… 9
3-Clarification du sujet………………………………………………………………………………………. 13
3.1- Le destin……………………………………………………………………………………………………… 13
3.1.1- Destin, fatum et destinée : quelle corrélation ?................................. 16
3.2- La production………………………………………………………………………………………..……… 17
Chapitre 2 : De l’objet de la recherche au matériau…………………………. 18
1-Elaboration du corpus témoin………………………………………………………………………… 18
1.1-L’audition………………………………………………………………………………………………………. 18
1.2-La sélection de la chanson-spécimen du corpus et justification…………………. 19
2-Le traitement………………………………………………………………………………………………….. 19
2.1-Le codage………………………………………………………………………………………………………. 19
2.2-La transcription et la traduction juxtalinéaire……………………………………………. 22
2.2.1- La transcription…………………………………………………………………………………………. 22
2.2.1.1.- Alphabet fↄngbe……………………………………………………………………………..….. 22
2.2.2- La traduction juxtalinéaire………………………………………………………………………. 23
2.2.2-1-Les précautions de la traduction…………………………………………………………... 23
2.3-La traduction élaborée………………………………………………………………………………….. 23
3-Le corpus……………………………………………………………………………………………………….…. 23
Chapitre 3: Gbèzé et le destin : pour une typologie raisonnée des
chansons…………………………………………………………………….………….. 25

97
1- Le critère des rythmes…………………………………………………………………………………… 25
1.1- Le tchingounmè……………………………………………………………………………………………. 25
1.2- Le rythme toba………………………………………………………….………………………………… 26
2- Le critère de la diachronie………………………………………………………………………….. 27
3- Le critère du volume et de la structure profonde des chansons…………….. 32
4- Le critère des entrées…………………….…………………………………………………………….… 33
5- Le critère du thème……………………………………………………………………………............ 34
6- Le critère de l’énonciation…………………………………………………………………………...... 36
Chapitre 4 : Le destin en plusieurs teintes…………………………………….… 38
1-Les thèmes……………………………………………………………………………………………………….. 38
1.1-La mort……………………………………………………………………………………….……………….… 38
1.2-La maladie……………………………………………………………………………………………………… 39
1.3- La pauvreté…………………………………………………………………………………………….……. 40
1.4-La jalousie…………………………………………………………………………………..………………… 41
1.5-La méchanceté humaine……………………………………………………………………………... 41
1.6-L’amour………………………………………………………………………………………….……………... 42
1.7-La femme………………………………………………………………………………………………………. 44
1.8-Le mariage…………………………………………………………………………………………………….. 45
1.9-L’enfant…………………………………………………………………………………………..…………….. 45
1.10-Le bonheur……………………………………………………………………………………….………… 47
1.11-La récrimination contre Dieu………………………………………………………………..….… 48
2-Le champ sémantique du destin……………………………………………………………………. 51
2.1- Sԑ et Mahu dans la culture maxi : la hiérarchie……………………………………….… 51
2.2- Le lexique du destin : pour une étude sémantique………………………….......... 52
Chapitre 5 : Les moyens langagiers de l’expression du destin chez
Gbèzé…………………………………..……………………………………….………… 55
1- La grammaire de Gbèzé………………………………………………………………………........... 55
1.1- La rime……………………………………………………………………………………………………….. 55
1.1.1- La rime initiale……………………………………………………………………….………………... 55
1.1.2- La rime interne…………………………………………………………………….…………………… 56
1.1.2.1- L’assonance………………………………………………………………………………........... 56
1.1.2.2-L’allitération………………………………………………………………………………………….… 56
1.1.3- La rime finale…………………………………………………………………………………………… 57
1.1.3.1- L’épiphore………………………………………………………………………………….…………… 57
1.1.4- La rime plate……………………………………………………………………………………………… 58

98
1.1.5- La rime croisée……………………………………………………………………………………..… 58
1.1.6- La rime embrassée………………………………………………………………………..…………. 58
1.2- Le rythme……………………………………………………………………………………………………… 59
1.2.1- Le rythme binaire…………………………………………………………………………........... 59
1.2.2-Le rythme ternaire………………………………………………………………………….…………. 60
1.2.3-Le rythme quaternaire……………………………………………………………….……………. 61
2- La syncope……………………………………………………………………………………….……………. 61
3- L’aphérèse………………………………………………………………………………………..……………… 61
4- L’apocope…………………………………………………………………………………………………………. 62
5- La logique………………………………………………………………………………………………………. 62
6- Le symbolisme au service de l’expression du destin………………………………….. 65
7- La langue de Gbèzé dans l’expression du destin………………………….………….….. 66
7.1- Le multilinguisme au service de l’expression du destin……………………………. 66
7.1.1- Idasha...........................................................................…………..…. 66
7.1.2- Le français…………………………………………………………………………………………………. 67
7.2- Un lexique polyvolets…………………………………………………………………….……………. 67
7.3- Les déverbatifs chez Gbèzé………………………………………………………………………... 68
8- Les inspirations…………………………………………………………………………………………..... 69
8.1- L’inspiration poétique………………………………………………………….…………………….. 69
8.2- L’inspiration didactique...........................................................………….. 70
Conclusion……………………………………………………………………………………………………………. 72
Bibliographie…………………………………………………………………………………………..………….… 74
Annexe…………………………………………………………………………………………………..…………….. 78

99

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