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Cours 5 - La France Dans La Seconde Guerre Mondiale
Cours 5 - La France Dans La Seconde Guerre Mondiale
Yann Jeantet
maintiennent leurs relations diplomatiques avec le régime de Vichy, l’influence de la France libre
sur la résistance intérieure reste très limitée.
En France, jusqu’en 1942, la Résistance est très diverse et très désorganisée ; elle rassemble
plusieurs courants politiques hétérogènes : d’abord, bien sûr, une gauche antifasciste et non-
communiste, mais aussi une droite nationaliste hostile à l’occupant. Il faut, en outre, distinguer
une zone Sud non occupée, où les actes armés ont été moins courants, et une zone Nord où ces
derniers ont été plus intenses, même si globalement les deux zones ont suivi une même évolution
politique : jusqu’au début de l’année 1942, l’action politique et la propagande y ont été privilégiées
par rapport à la lutte armée.
Si la première Résistance accomplit surtout des actes de sabotage ralentissant ou contraignant
l’occupation du territoire, elle se militarise peu à peu. Ce virage militaire est d’autant plus difficile
à mettre en place que certains s’y montrent réticents comme le général de Gaulle, considérant
qu’une telle action relèverait plutôt du rôle de l’armée. Les répressions sanglantes de l’occupant
qui, pour chaque soldat allemand tué, prend de 50 à 100 otages dans la population civile,
contribuent également à terroriser la population. Mais peu à peu ces mouvements armés se
multiplient et des francs-tireurs sont organisés à partir de 1942. La même année, les « maquis » se
forment en grand nombre dans les zones montagneuses ou forestières comme le massif du
Vercors, la Lozère, les Cévennes, le Limousin et le Morvan.
1.4.2. Vers l’unification de la Résistance
À partir de 1942, le nombre de résistants augmente de manière importante pour trois raisons :
L’offensive Barbarossa de l’Allemagne contre l’URSS qui amène les communistes français
à entrer en résistance (certains l’étaient déjà).
L’occupation de l’intégralité du territoire par l’armée allemande
La création en 1942 de la « Relève » qui donne lieu ensuite à la création du STO en février
1943
Cette Résistance s’organise et s’unifie autour du général de Gaulle. Son principal concurrent, le
général Giraud, d’abord soutenu par les Américains, s’efface en novembre 1943. De Gaulle, établi
à Londres et soutenu par les Britanniques, devient ainsi l’incarnation de la Résistance
française.
Le 27 mai 1943, la Résistance s’unifie grâce à un organe chargé de la coordonner : le Conseil
national de la Résistance dirigé à ses débuts par Jean Moulin. Cet ancien préfet engagé dans le
Front populaire avait refusé de prêter serment au maréchal Pétain en 1940. Il rejoint Londres où il
rencontre de Gaulle. Le choix de Jean Moulin, qui bénéficie de son statut de haut fonctionnaire au
service de l’État, apparaît moins périlleux que celui du général de Gaulle, peu apprécié des
Américains et dont certains résistants craignent qu’il ne soit pas un démocrate sincère. Jean
Moulin arrive à unifier la Résistance, d’abord en œuvrant à un compromis entre les différentes
tendances politiques représentées chez les résistants, puis en unifiant ceux-ci dans le cadre des
deux zones, zone Sud et zone Nord, ce qui aboutit à la création du Conseil national de la Résistance
(CNR). L’arrestation puis la mort de Jean Moulin n’arrête pas cependant ce mouvement
d’unification de la Résistance dans le cadre du CNR.
Les forces traditionnelles de droite sont pour leur part encore désorganisées et en partie
décrédibilisées après l’épisode du régime de Vichy, tandis que le parti radical, qui a dominé la fin
de la IIIe République, ne forme plus qu’une force politiquement marginale.
Avec le référendum du 21 octobre 1945, le général de Gaulle, président du GPRF, propose
directement au peuple français de trancher sur le sens que doit prendre cette nouvelle république
à travers deux questions.
96% des Français et des Françaises se prononcent pour une nouvelle Constitution et rejettent
ainsi la Troisième République. Le 13 novembre 1945, la nouvelle Assemblée constituante, à
majorité communiste (26% des sièges au PCF) et socialiste (23% des sièges à la SFIO), élit à
l’unanimité le général de Gaulle comme chef du gouvernement.
Si le retour au modèle républicain est acquis pour le général de Gaulle, président du GPRF,
celui-ci rejette le retour au modèle de la IIIe République parlementaire. La question centrale des
institutions devient vite un sujet de débats entre le général de Gaulle et la nouvelle assemblée
constituante qui entend bien faire de l’assemblée le cœur des nouvelles institutions.
Refusant le retour d’un régime d’assemblée, le général de Gaulle démissionne le 20 janvier 1946
sans provoquer de réactions dans l’opinion publique française. Les raisons officielles en sont sa
volonté de mettre en place un exécutif fort, contredite par les forces de gauche, et son rejet du
poids excessif que prennent les partis dans le fonctionnement du GPRF. Alors qu’il espérait
probablement, grâce à sa démission, créer un électrochoc et être rappelé au pouvoir, le général de
Gaulle se marginalise ainsi.
En réalité, en tenant compte fiscalement des charges de famille, le régime ne fait que poursuivre
les efforts entrepris par les gouvernements de la IIIe République, auteurs en 1939 du « Code de la
famille ».
2.1.2 L’Église, pilier de l’ordre moral
Le régime considère l’Église comme le pilier de l’ordre moral qu’il veut promouvoir. Des
subventions sont accordées aux écoles privées. Des catholiques sont présents dans les instances
du nouveau pouvoir.
Cependant, l’entente initiale ne dure guère : le régime, dirigé par des hommes de la IIIe République,
comme Laval, ou par des technocrates, qui entourent Darlan, rejettent tout cléricalisme. La
majorité des catholiques s'en détourne en 1942, tout en gardant leur estime, voire leur confiance
au Maréchal, au fur et à mesure que la collaboration s’intensifie.
2.1.3 Le travail de la terre ou la primauté accordée à l’agriculture
Le projet social de Vichy vise à réorganiser la société dans un sens traditionnaliste : la primauté
officielle est donnée à l’agriculture, à cette « terre, qui, elle, ne ment pas » selon les mots
prononcés par le maréchal Pétain le 25 juin 1940. Le folklore devient une culture dominante ; elle
est une réalité au sein de laquelle peut s’enraciner le mythe de la terre.
La loi du 2 décembre 1940 crée la Corporation paysanne, qui regroupe tous ceux qui vivent de la
terre et fixe les rapports professionnels. Ce système, qui devait donner une large autonomie aux
agriculteurs par rapport à l’État, ne produit pas le résultat escompté à cause de la nécessité du
ravitaillement. La Corporation devient, ainsi, un instrument du pouvoir.
2.1.4 La volonté d’insuffler un état d’esprit nouveau
La politique éducative du régime se donne pour objectif premier de combattre l’influence néfaste
des instituteurs réputés socialistes et pacifistes. Les Écoles normales départementales sont
supprimées. Vichy fait porter ses efforts sur les aspects extrascolaires de l’éducation. Le rôle
principal est dévolu aux chantiers de jeunesse qui, à partir de 1941, remplacent le service militaire
pour les jeunes hommes de 20 ans, astreints, pour une durée de 9 mois, à des travaux d’intérêt
collectif dans un esprit proche de celui du scoutisme.
Le souci de formation des cadres entraine la création de l’école de formation des cadres, implantée
à Uriage : il y règne l’état d’esprit des non-conformistes des années 1930, soucieux de former des
« chefs » animés d’un esprit communautaire et spiritualiste, porté davantage vers le service que
vers le pouvoir. L’école est finalement dissoute en 1942.
La régénération de la population suppose le développement et l’encouragement de la pratique du
sport. Le 13 juillet 1940, Jean Borotra est nommé commissaire au Commissariat général à
l’Éducation générale et aux Sports. Maréchaliste convaincu, il veut régénérer la Nation supposée
décadente par une rénovation physique en rupture avec les politiques menées en faveur des loisirs
et des sports du Front populaire. Aussi, pour lui, le sport et l’éducation physique, les activités de
plein air doivent être un moyen de réunir tous les Français et un facteur de redressement moral. Il
compte également créer un continuum de l’École à l’État au travers des associations sportives et
de leurs fédérations pour faciliter la poursuite des mêmes objectifs.
Cependant, la lecture et l’analyse des discours politiques montrent une certaine continuité entre
les discours et pratiques de Léo Lagrange et Jean Borotra. Ils s’attachent tous deux à privilégier le
sport de masse (amateurisme) au détriment du sport spectacle. Les finalités hygiéniques (santé)
et eugéniques (sauvegarde de la race, régénérescence de la race) du sport sont valorisées par les
deux gouvernements. En outre, si Léo Lagrange conçoit sa politique dans un esprit démocratique
et de liberté, en refusant tout amalgame avec le modèle totalitaire allemand, Jean Borotra refuse
également d’user de ses méthodes. Enfin, la construction de nouvelles installations sportives, la
formation des cadres, l’instauration de brevet (Brevet sportif populaire, puis Brevet sportif
national) et du contrôle médical sont des objectifs communs.
instructions du maréchal Pétain sur les plans civique, social et moral ». En somme, elle surveille,
voire dénonce.