INCROYABLE PERIPLE POUR FUIR L'ENFER DES GOULAGS
SOVIETIQUES
18 Novembre 1942
QUATRE PRISONNIERS (
YOUGOSLAVE ET UN AMER
GOULAG SOVIETIQUE SITU:
PIEDS PLUS DE 6.000 KM POU!
AINSI RETROUVER LA LIBERTE.
Votre envoyé spécial a Calcutta,
Ronald Dowing, a rencontré a
Ihépital un de ces hommes,
Jofficier de Ja cavalerie
Polonaise, Slavomir Rawicz qui
a accepté, malgré son état de
fatigue, de raconter son évasion
et sa passionnante aventure a
vous tous, les chers lecteurs du
Times.
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YAKOU TSR, ONT PARCOURU A
SE REFUGIER EN INDE ET
The Times
LITUANIEN, UN
NAD S DUN
Suite 4 la signature du pacte
germano-soviétique du 23 aotit
1939, !URSS envahit une partie
de Ja Pologne dés le 17 septembre
de Ia méme année.18 Novembre 1942
Lofficier Slawomir Rawicz a été
capturé par larmée rouge le 19
novembre 1939 et incarcéré dans la
prison de Lubyanka 4 Moscou. En
effet, étant donné qu'll faisait partie
de Iélite, le pouvoir soviétique
voulait l’éliminer. Ainsi, le NKVD le
considérait comme un espion car il
parlait le russe Maigré les
nombreuses sAumiliations et
tortures subles, il n'a jamais signé
de son plein gré des aveux de
culpabilité qui lauraient conduit
trés certainement devant un
peloton d'exécution. II fut donc
condamné 4 25 ans de travaux
forcés et envoyé dans un train a
« bestiaux » dans un goulag au sud
de Ja Sibérie, plus précisément a
Yakoutsk (camp 303).
The Times
Daprés ses dires, les goulags
soviétiques seraient comparables
aux camps de travail mis en place
par le régime nazi. En effet, il ma
expliqué les conditions extrémes
que Jes détenus connaissaient, a
savoir : une marche forcée de
prés de mille kilométres, la
construction de Jeur propre
baraquement, le froid glacial de
Sibérie, Je travail jusqua
Jépuisement voire Ja mort, le
manque de nourriture, la violence
vis-a-vis des détenus’ En
conclusion tout est mis en place
pour nier votre existence, vous
déshumaniser.18 Novembre 1942
Notre officier polonais décida de
fuir cet enfer. Pour ce faire, il
comprit rapidement qu'il devait
sentourer dautres détenus s'il
voulait avoir une chance de réussir
son évasion et de survivre dans cet
environnement hostile, Leur plan
était de rejoindre Je lac Baikal, de
descendre vers Je sud Sans
dévoiler le nom et Ja qualité de la
personne - pour des raisons de
sécurité bien évidentes - il a
bénéficié d'une complicité au sein
méme du goulag. Cette personne
Jui a fourni non seulement des
vivres , des précieux conseils, du
matériel de survie (un fer de hache,
des peaux, des « gubkas »
champignons bouillis et séchés
pour faire du feu.) mais lui a dicté
également le moment de
Tévasion.
Sept prisonniers qui se connaissent
a peine vont ainsi réussir 4 senfuir
de lenfer du goulag ; c'est le début
dune longue marche de plus de
6000 km qui va les amener a
traverser la Sibérie, la Mongolie, la
Chine, le Tibet, [Himalaya pour
arriver en Inde.
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The Times
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fe18 Novembre 1942 The Times
UNE MARCHE FORCEE
Cette marche devait se faire sans laide
de personne, sans carte, sans étre vus des
soviétiques afin quils ne soient pas
dénoncés aux autorités. Ils devaient donc
constamment se cacher en URSS, de. peur
de se faire reprendre.
Lors de cette longue traversée, nos sept
évadés ont fait la rencontre dune jeune
Polonaise de 17 ans Kristina , qui avait
fui, comme eux Ja brutalité de la
répression du régime soviétique, une
ferme collectivisée (kholkoze). Elle a
donc rejoint leur groupe.18 Novembre 1942
The Times
Les difficultés rencontrées d'une telle odyssée sont évidemment
nombreuses, 4 savoir:
- Les conditions climatiques
effrayantes des régions quils ont
traversées. Le froid de Sibérie
avec des températures de -30' C,
Ja neige, le blizzard, ce vent froid
qui vous glace le corps ; la
chaleur écrasante du désert de
Gobi et le manque deau ; la
traversée de
I'Himalaya-
- Le manque de nourriture et
deau. La faim qui les pousse a
manger tout ce quils trouvent
méme des serpents. La
nourriture était une véritable
obsession, ils auraient non pas
donné tout lor du monde mais
une poignée de diamants contre
un peu de nourriture.. La soif qui
les poussait 4 boire tout ce quils
trouvaient comme dans une
flaque de boue. La traversée du
désert de Gobi fut
particuliérement compliquée sur
ce point.
- La perte des compagnons
dévasion devenus des amis et
amie, Quatre des compagnons
de route dont malheureusement
Ja jeune Kristina nont pas
survécu lors de la traversée du
Désert de Gobi et de Himalaya.18 Novembre 1942
Lofficier mia décrit les paysages
Aostiles, Ja majestuosité des
montagnes et ta beauté de
lenvironnement. il a également été
impressionné par la gentillesse des
populations locales (mongoles et
tibétaines ). Ces personnes qui vivent
dans Ja misére ont un grand sens de
Thospitalité. Les habitants rencontrés
Jeur offraient a boire, a manger, en
sacrifiant un animal et le gite sans
wien attendre en retour.
Nous ne pouvons quétre admiratifs
par Texploit que ces quatre
Prisonniers ont réalisé en
séchappant de jenfer des goulags
pour retrouver leur dignité. leur liberté,
Jeur humanité IIs ont défié leurs
geéliers, un régime autoritaire, la
nature. A leur maniére, ce sont des
héros de Ja liberté qui ont risqué leur
vie pour vivre libres,
The Times
Le récit de Slawomir Rawicz est
tellement passionnant et captivant
que Ja rédaction d'un seul article. de
journal nest pas suffisant pour
décrire leur épopée en détail ; il
faudrait donc peut-étre écrire un
livre pour raconter tout ce quils ont
vécu, leurs rencontres, leurs doutes,
Jeurs joies, leurs peines et leurs
réussites.
Votre correspondant de presse a Calcutta
Ronald Dowing