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Texte bac n°15 : Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, 1913

« Zone », les 24 premiers vers

1 À la fin tu es las de ce monde ancien Etude en classe.

2 Bergère ô tour Eiffel le troupeau des Etude en classe.


ponts bêle ce matin

3 Tu en as assez de vivre dans l’antiquité 3ème vers isolé du poème ; reprise du pronom « Tu »
grecque et romaine (dédoublement du poète) ; reprise du thème de la lassitude («
tu en as assez », formulation presque relâchée, peu poétique) ;
CC de temps et lieu à̀ la fois (« dans l’antiquité́ grecque et
romaine »), qui, associé au « monde ancien » du vers 1,
renvoie au siècle qui vient de s’achever (XIXe) et aux formes
d’art classiques, jugées dépassées par Apollinaire.

4 Ici même les automobiles ont l’air Adverbe déictique, renvoie au Paris dans années 1910 (Belle
d’être anciennes Epoque), présent de l’écriture ; image banale des «
automobiles » renforcée par l’adverbe « même » (peut-être
associée à̀ l’idée d’ancienneté́, donc dépréciées, parce qu’elles
se déplacent horizontalement).
5 La religion seule est restée toute neuve Vers encadré par le GN « la religion », ainsi mis en valeur +
la religion adjectif « seule » employé́ comme adverbe d’insistance ;
apparent paradoxe, puisque la religion n’est ni récente ni
moderne ; le groupe adjectival « toute neuve », insistant et
mélioratif, renvoie à la vitalité́ de la religion chrétienne + idée
de permanence avec le verbe d’état « est restée » (la religion
n’est pas inscrite dans le temps, le sentiment religieux est
éternel).
6 Est restée simple comme les hangars de Apollinaire est séduit par les formes modernes d’architecture,
Port-Aviation la simplicité́ des constructions industrielles (ici, l’aéroport situé
au nord de Paris, créé en 1909 et lieu de départ de la course
Paris-Rome, en 1911) ; par ailleurs, l’aviation renvoie à l’envol,
à la verticalité́ (comme la tour Eiffel et, plus loin, le Christ aux
vers 40-41 du poème).

7 Seul en Europe tu n’es pas antique ô Pronom « tu » qui ne renvoie pas au double du poète cette fois
Christianisme mais au « Christianisme », également apostrophé de façon
laudative par le biais du vocatif (souligne l’élan lyrique du
poète) ; de ce fait, rapprochement étonnant entre le poète et
la religion.
8 L’Européen le plus moderne c’est vous Formulation emphatique. Pronom « vous » mis en valeur par le
Pape Pie X présentatif et complété́ par l’apostrophe « Pape Pie X » ;
association a priori paradoxale de la modernité́ et de la religion
(le Pape Pie X était particulièrement conservateur, mais il a
donné sa bénédiction en 1911 à l’aviateur Beaumont,
vainqueur de la course Paris-Rome).
9 Et toi que les fenêtres observent la Retour du dédoublement du poète par le biais de la 2ème
honte te retient personne du singulier, traduit le malaise du poète, tiraillé
entre « la honte » et l’envie de se « confesser » (vers suivant).
10 D’entrer dans une église et de t’y Retour du CC de temps « ce matin » ; la dimension
confesser ce matin autobiographique affleure (cf. enfance pieuse évoquée à la
suite de l’extrait étudié́), avec l’idée que le poème est comme
une confession intime, un retour sur le parcours du poète
(comme homme et comme artiste).
11 Tu lis les prospectus les catalogues les Énumération des supports d’une nouvelle forme de poésie,
affiches qui chantent tout haut celle des temps nouveaux (le développement de la publicité́
s’accompagne d’une recherche plastique de plus en plus
affirmée chez les affichistes).
12 Voilà la poésie ce matin et pour la prose Présentatif valorisant (phrase emphatique) soulignant le lien
il y a les journaux entre ce qui précède et la « poésie » ; structure en chiasme du
vers, avec nouveau présentatif et nouvelle énumération.
13 Il y a les livraisons à 25 centimes Suite de l’énumération ; idée de profusion traduite par les
pleines d’aventures policières pluriels, la locution prépositionnelle « pleines de », les adjectifs
14 Portraits des grands hommes et mille « grands », « mille » et « divers ».
titres divers

15 J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai Description faite du point de vue du poète, qui semble flâner
oublié le nom dans Paris (verbe de perception) ; adjectif démonstratif
déictique (comme au vers 2) ; apparition du passé composé,
brouillage temporel.
16 Neuve et propre du soleil elle était le Connotation positive des deux adjectifs + métaphore musicale
clairon à connotation méliorative (lumière, éclat). Renouvellement du
lyrisme + association des sens de la vue et de l’ouïe.
17 Les directeurs les ouvriers et les belles Énumération de noms au pluriel, dont le dernier, valorisé par
sténo-dactylographes l’adjectif mélioratif « belles », est un terme spécialisé́
désignant des employées de bureau capables de prendre en
note divers textes et de la taper à la machine (emploi associé à
la modernité́) ; ces personnes animent la rue.
18 Du lundi matin au samedi soir quatre Importance du rythme : période indiquant l’amplitude de la
fois par jour y passent semaine de travail + répétition « quatre fois ».
19 Le matin par trois fois la sirène y gémit Temporalité́ plus générale, itérative (« le matin ») ; la « sirène
», bruit urbain : personnification.
20 Une cloche rageuse y aboie vers midi « Une cloche », autre bruit associé au rythme du travail :
personnification. Idée de régularité́ rythmique, nouveau type
de musique.
21 Les inscriptions des enseignes et des Esthétique moderne, à l’unisson : nouvelle énumération
murailles d’éléments concrets de la vie quotidienne ; l’absence de
ponctuation souligne l’idée d’images juxtaposées (comme un
patchwork cubiste).
22 Les plaques les avis à la façon des Comparaison qui pourrait sembler péjorative (cf. suffixe -
perroquets criaillent aillent), mais qui s’inscrit en fait dans le contexte moderne de
la rue, valorisé par le verbe du vers 23.
23 J’aime la grâce de cette rue industrielle Nouveau déictique valorisant (« cette rue industrielle »,
reprise du vers 15), souligne l’intérêt du poète pour la ville
moderne (verbe modalisateur « j’aime » + connotation
méliorative du nom « grâce ») ; ne pas y voir une association
oxymorique, paradoxale, mais plutôt un refus du passéisme et
une esthétisation de l’urbanisme grâce à des éléments a priori
communs, prosaïques.
24 Située à Paris entre la rue Aumont- CC de lieu d’une grande précision géographique (nord-ouest
Thiéville et l’avenue des Ternes de Paris, 17e arrondissement) ; indication étonnante dans un
texte poétique.

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