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Adolf Loos Documents.

Adolf Loos, par Oskar Kokochka, crayon sur papier, 1916, Kunsthaus, Zurich.
Extraits de son livre : Malgré tout, Vienne 1931. Recueil de ses écrits 1900-1930.

L’admiration pour l’Amérique.


« Ce n’est pas pour rien si l’Amérique a atteint le summum de l’économie et du progrès, des conditions
d’hygiène et d’affluence des masses…L’on obtient un permis de construire d’un gratte-ciel en une heure aux
Etats-Unis alors que pour une minuscule maison ouvrière il faut des pétitions, de commissions, des
inspections et je ne sais quoi encore… ».

La détestation des styles.


« C’est l’artisan et non l’artiste, qui devrait être notre guide dans le monde des objets utilitaires…ces vingt
dernières années, nos mains se sont couvertes d’ampoules en manipulant des poignées de portes
renaissances, baroque ou rococo… »

L’architecture n’est pas « un art » à part entière.


« L’œuvre d’art est l’affaire privée de l’artiste, pas une maison. D’une œuvre d’art on n’est responsable
devant personne, d’une maison on l’est devant tout le monde. L’œuvre d’art veut secouer les gens de leur
petit confort personnel (ou de leur complaisance). Le rôle de la maison est d’être confortable. L’œuvre d’art
est révolutionnaire, la maison est conservatrice. »

Le concept révolutionnaire du Raumplan


« Je ne projette ni plans, ni façades, ni coupes. Je projette de l’espace. A vrai dire il n’y a chez moi ni sous-
sol, ni rez-de-chaussée, ni étage supérieur, il n’y a que des espaces (pièces) qui communiquent, des
vestibules, des terrasses. Chaque pièce a besoin d’une hauteur déterminée-celle de la salle à manger diffère
de celle de l’office-c’est pourquoi les plafonds sont à hauteurs différentes. Ensuite on doit relier ces pièces
entre elles de telle manière que le passage se fasse imperceptiblement et naturellement mais aussi de la
façon la plus efficace. C’est je vois bien un mystère pour les autres. Pour moi c’est une évidence… »
Cité par Dietrich Worbs dans sa thèse Raumplan, Stuttgart, 1982.

L’ornement est la main d’œuvre gaspillée et donc la santé gaspillée…Mais aujourd’hui, l’ornement est aussi
du matériel gaspillé et l’un et l’autre signifient du capital gaspillé (…) L’ornement n’a plus aucun lien avec
notre culture..Il n’est pas susceptible de développement…Quel a été le sort de l’ornementation d’Henri Van
de Velde ? (…) Où seront les travaux d’Olbrich dans dix ans ?
(...) Je prêche pour les aristocrates. Je supporte les ornements lorsqu’ils font le bonheur de mes semblables
(…) je supporte les ornements du cafre, du Perse, de la paysanne slovaque (…) car tous n’ont d’autre moyen
d’illuminer leur existence. Nous, nous avons l’art qui a pris la relève de l’ornement.. après une rude journée
de labeur, nous allons écouter Beethoven ou Tristan et Yseult. Mon cordonnier ne peut pas. (son seul plaisir
est d’ornementer les chaussures par des dentelures, de petits trous (…) Mais celui qui écoute la neuvième
symphonie, puis s’assied pour dessiner un motif de tapisserie, est un imposteur ou un dégénéré (…)
L’absence d’ornement a porté les divers arts à des sommets insoupçonnés. Les symphonies de Beethoven
n’auraient jamais été écrites par un homme qui se serait prélassé dans la soie, le velours et la dentelle…
« Ornement et crime », conférence 1908, essai publié en 1913

…Si pour l’artiste tous les matériaux sont d’une valeur égale, ils ne sont pas pour autant tous propres aux
mêmes fins. La solidité requise et les nécessités de la construction exigent souvent des matériaux qui ne
s’harmonisent pas avec la finalité de l’immeuble. L’architecte a pour tâche d’élaborer un espace chaud et
intime. Les tapis ont cet aspect chaud et intime. Il décide donc d’étendre un tapis sur le sol et d’en
surprendre d’autres aux quatre murs. Mais on ne construit pas une maison avec des tapis. Le tapis de sol
aussi bien que les tapis des murs exigent une structure capable de les supporter de façon adéquate. Trouver
cette structure ne constitue que la seconde tâche de l’architecte…
Extrait du journal « Neue freie Presse », 1898.

«Les projets doivent être conçus en partant de l’intérieur. J’apprends à mes élèves à penser dans
les trois dimensions, en cubes. »

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