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PROKOFIEV ET LE CINEMA D’EISENSTEIN

Avant propos :
Lors du stage inter académique (académies de Besançon et Dijon) j’ai été sollicitée pour une intervention sur Prokofiev. Bon nombre de travaux conséquents ont déjà été
transcrits par ailleurs par d’autres collègues ; ce travail permettra aux collègues présents au stage d’avoir, comme ils le souhaitaient, une trace de cet exposé.
Conformément aux textes officiels du B.O et aux demandes des collègues, mon propos fut essentiellement axé sur le travail du compositeur pour « Alexandre Nevsky ».
Le contenu (restitué ici dans ses grandes lignes) devait permettre à un public non spécialiste de comprendre la démarche de l’artiste et d’obtenir quelques pistes
méthodologiques concernant l’analyse de séquences filmiques. Le contexte historique est volontairement bref, mon intervention se voulant essentiellement didactique :
l’analyse, basée exclusivement sur l’audition (et ses rapports à l’image) pouvant être abordée ainsi avec des élèves de Terminale suivant l’option Histoire des arts.

I- Bref panorama de la musique russe.


1. Avant Prokofiev :
Afin de mieux comprendre l’héritage culturel de Prokofiev, il apparaît important de rappeler quelques évolutions dans la vie musicale de la Russie.
Avant l’ère de Pierre le Grand, la vie musicale en Russie était partagée entre musique populaire (le folklore russe) et musique religieuse (la liturgie orthodoxe).
Ce n’est qu’à partir du XVIII° siècle, sous Pierre le Grand que la musique occidentale se fait alors connaître.
Le XIX° siècle voit l’arrivée de compositeurs importants pour l’évolution de la musique en Russie :
- dans la première moitié du siècle, avec Glinka le fondateur de « l’Ecole Russe », des liens commencent à se créer entre musique populaire russe et musique
occidentale.
- dans la deuxième moitié du siècle le Groupe des Cinq mise sur un art russe basé essentiellement sur le folklore. Parmi eux, notons l’intérêt porté par Moussorgsky,
Rimsxky-Korsakov, Borodine, à la musique française de leur contemporain Berlioz. Cette période fut également marquée par la personnalité de Tchaïkovsky, qui bien
que considéré comme le premier grand compositeur russe n’échappa pas à la critique (on lui reprocha parfois son côté trop « occidentaliste »)
Ainsi donc le monde musical de la Russie fût très tôt partagé entre la culture nationale et occidentale, tendance que l’on ne manquera pas de sentir dans la personnalité
de Prokofiev.

2. A l’époque de Prokofiev :
Au début du XX° siècle, l’opposition entre ces deux mondes ne fera que se renforcer :
- Dès 1924 une scission radicale s’établit entre l’association des musiciens prolétaires prônant la simplicité, et celle des musiciens contemporains tournés vers les pays
étrangers occidentaux dont ils jouent la musique.
- En 1930 la création par le gouvernement de L’Union des compositeurs réduit considérablement la liberté des artistes, limitant leurs créations au seul service du parti.
Dans ce paysage, quelques irréductibles, Prokofiev, Chostakovitch, Khatchatourian tentent d’imposer leur propre style au risque d’être accusés de » formalisme ».

RQ : on peut éventuellement effectuer quelques rappels sur la musique moderne dans d’autres pays, chez d’autres compositeurs (Debussy….) permettant de mieux
comprendre en quoi Prokofiev est un compositeur « inclassable » n’appartenant à aucune école, à aucun mouvement véritable.

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II- Serge Prokofiev (1891-1953)
1. Son parcours et son style :
a. le personnage :
Compositeur à la forte personnalité, extravagant, amoureux de son art. Il ne renonça jamais à ses objectifs, en témoignent de nombreux articles explicatifs sur ses
théories, en réponse aux critiques dont il fut la cible. Bien qu’ayant un grand amour pour la Russie son œuvre n’a jamais été le fruit de concessions, conscient cependant
que le peuple russe a besoin d’une musique propre qu’il va falloir créer.
Ses difficiles relations avec son pays natal, et les divers apports lors de ses voyages font de son œuvre gigantesque un art tout en contrastes.
b. un parcours chaotique semé d’embûches :
Cette personnalité originale, pleine de contrastes s’explique en partie par son parcours.
Dès ses premières œuvres (autour de 1900) son originalité se fait sentir à travers un style très personnel alliant rigueur formelle et attirance pour la modernité.
Aux antipodes de Stravinsky au langage plus avant-gardiste, il fût cependant soutenu par quelques fervents défenseurs appréciant en lui ce « mélange simple et savant ».
Après différents séjours à l’étranger (Etats-Unis et France) entre 1918 et 1933 marqués par de nombreux échecs (Suite Scythe, 1er Concerto pour piano), il
revient définitivement en Russie en 1936. C’est alors qu’il compose sa Cantate Rouge pensant alors devenir une figure marquante de son pays. Il ne reçoit
malheureusement que des critiques véhémentes, les textes de Lénine convertis en chants populaires déplaisant fortement au public.
Après la deuxième guerre mondiale et le manifeste de Jdanov, Prokofiev connaît à nouveau de nombreuses difficultés. On l’accuse de formalisme, son Histoire
d’un homme véritable est condamné puis censuré …
Difficile pour lui de se soumettre aux directives du parti tout en restant fidèle à ses propres idées. S’imposer comme le compositeur dont la Russie avait besoin ne
fût jamais une tâche facile.
Même sa mort passa inaperçue, masquée par celle d’une personnalité plus importante : Staline…
c. caractéristiques générales de sa musique :
Sa musique revêt un caractère très personnel où se côtoient modernisme et sensibilité romantique, consonances et dissonances, simplicité et complexité. Elle est
avant tout « mélodique » et fut très tôt marquée par la musique populaire de son pays qui transparaît à travers de nombreux thèmes.
L’harmonie loin de ses contemporains viennois (tout en offrant parfois quelques dissonances) reste en grande partie fidèle au langage diatonique (cf A.N. th des croisés)
Quant au rythme, il est l’exemple même de la rigueur, précis, pouvant même être le mouvement interne qui souvent conduit l’œuvre. (cf A.N. la bataille de la glace)
d. le contexte précédent « Alexandre Nevsky » :
A son retour en Russie en 1936 c’est le pédagogue et le pianiste plus que le compositeur que l’on accueille. C’est cependant pour Prokofiev l’occasion d’essayer
de s’imposer à nouveau en tant que créateur. Notons quelques œuvres remportant un certain succès ( Pierre et le loup, Roméo et Juliette ) lui offrant la reconnaissance du
gouvernement stalinien.
Mais en 1937, il accumule les déboires : critiques et attaques. C’est dans ce contexte plutôt noir que se fait la rencontre avec Eisenstein.

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2. Prokofiev – Eisenstein :
a. La rencontre :
Des rencontres entre les deux artistes avaient déjà eu lieu, en Russie comme à l’étranger. L’idée d’une collaboration avait déjà été lancée, chacun ayant pour l’autre une
grande estime. Prokofiev considérait en effet Eisenstein comme un « fin musicien » et le cinéaste reconnaissait la musique comme « un élément majeur de l’action
cinématographique ».
b. Un parcours comparable ?
Tout comme Prokofiev, Eisenstein eut des relations tumultueuses avec le régime soviétique. Après le succès passé du Cuirassé Potemkine c’est aussi le
pédagogue que l’on reconnaît : en 1932 il est alors professeur de mise en scène et d’esthétique cinématographique à l’Institut du cinéma de Moscou. Après un congrès
sur le cinéma en 1935 il tombe en disgrâce. Accusé lui aussi de « formalisme », il est considéré comme un artiste beaucoup trop éloigné des préoccupations du peuple.
Conscient cependant de son talent, Staline se tourne à nouveau vers lui en 1937 pour Alexandre Nevsky … lui imposant alors une équipe entièrement
« recomposée ».
c. L’image dans la musique de Prokofiev :
Bien que n’ayant pas souvent composé pour le cinéma, on peut noter à travers l’œuvre de Prokofiev un certain intérêt porté à « l’image », à la « représentation » :
- goût pour la musique à programme
- grand sens de la théâtralité

III- Alexandre Nevsky


1. La relation image-son :
a. « les idées musicales » :
Utiliser des thèmes musicaux de l’époque (chants de bataille et musique orthodoxe du XIII° siècle) ou créer une musique originale ? Prokofiev renonce vite à la
première idée pensant que cette musique était complètement étrangère au public de ce début de siècle. Il s’agissait au contraire avec des thèmes originaux forts et très
« figuratifs » de décrire au mieux les personnages et l’action tout en insufflant un fort caractère national dynamisant le peuple.
b. mise en œuvre : une étroite relation.
Qui de la musique ou de l’image précède l’autre ? Les deux cas semblent présents dans Alexandre Nevsky.
Les témoignages ne manquent pas mentionnant que la création musicale s’est faite en parallèle du film (Prokofiev se rendait chaque jour sur le tournage avant de se
mettre à la composition ; puis il soumettait sa musique à Eisenstein qui opportunément décidait de retravailler certaines scènes). On imagine ainsi fort bien que la
Bataille de la glace fut montée en plans contrastés sur la musique.
Nul doute alors que la musique de film ne prit alors un grand tournant dans l’histoire devenant un genre à part entière.

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2. Analyse :
a. Présentation générale :
Sept grands thèmes musicaux (numérotés ici de A à G , voir tableau en annexe) et correspondant pour la plupart aux différents tableaux du film sont
remarquables. Leur caractère et leurs éléments de langage permettent de les regrouper en différentes « catégories » :
- les thèmes « savants » au caractère « nationaliste » (c’est à dire de couleur russe) : thèmes A et F.
- les thèmes « populaires », hymniques au caractère « patriotique » marqué : thèmes B et D.
- l’opposant : thème C.
- Les « tableaux-synthèse » des éléments précédents : thèmes E et G.

b. Eléments d’analyse :
Rq : les points mentionnés ci-dessous sont présentés de façon schématique et non exhaustive,
en tant qu’éléments repérables par des élèves de Terminale HA.
Ils mettent ainsi en évidence les relations que l’on peut établir entre les différents thèmes.
Ils complètent le tableau proposé à la fin de l’exposé mentionnant le minutage des moments clés.

 Les thèmes « savants » au caractère nationaliste (A et F)

 La Russie sous le joug mongol (A) :

 Deux motifs :
 La domination des mongols :
- caractère immobile, terrifiant
- unisson avec extrêmes des tessitures
- dissonances
- modes de jeu : tremolos
- rythme du début ( – ∪ ∪ – : long/court/court/long) valorisant les valeurs longues.
- répétition du motif initial symbolisant la domination.
- nuance forte du motif initial
 Un paysage de désolation :
- statisme : pédale, prédominance des valeurs rythmiques longues
- dépouillement : thème plaintif énoncé à découvert
- mode mineur
- nuance piano

 Couleur russe : timbre du cor anglais, utilisation de la modalité


Aspects « savants » : maitrise de la dissonance, choix particuliers d’orchestration.

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 Le chant des morts (F) :
 Des éléments comparables avec le thème A :
- contexte : on se trouve juste après un conflit (non filmé pour A, filmé pour F)
- image : paysage de désolation
- atmosphère : funèbre.
- éléments musicaux :
 introduction aux cordes aigües sur les mêmes notes que le thème A mais en valeurs longues et régulières.
 importance donnée aux cordes graves.
 tempo lent.
 nuance piano.
 Aspects « savants » :
- proche d’un air de cantate religieuse : solo de mezzo-soprano
- thème : plus mélismatique que les thèmes « hymniques », de couleur russe
- structure : entrées des voix en imitation ( en style fugué de l’aigu au grave) (rq : très audible dans la cantate)
- éléments de figuralisme :
 solo, tempo lent, valeurs longues… symbole de désolation
 voix de tessiture moyenne figurant la « Mère-Patrie »
 entrées en imitation : reproduction d’une même situation.
 écriture horizontale pouvant illustrer la vision des morts à perte de vue.

 Les thèmes « hymniques » (B, D)


 Chant sur Alexandre Nevsky (B) :
Rq : Succédant au thème A, il en présente quelques points communs, notamment dans l’accompagnement : trémolos, pédale (Do), notes répétées.
 Thème hymnique : (d’allure populaire, facilement mémorisable)
- à l’unisson
- répétitif, basé sur des cellules courtes
- mouvements mélodiques « simples » :
plutôt conjoint (gamme) ou disjoint (arpèges d’accords parfaits)
- harmonie simplifiée
- ambitus moyen (Â octave )
- instrumentation : de type fanfare, moins de subtilité dans le traitement des timbres.
- thème en levée invitant au mouvement (B1)
- tempo proche d’un tempo de marche (B2)
- mode Majeur donnant une couleur optimiste
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 Deux motifs ( B1, B2 ) : correspondant au texte


 B1 = souvenir de la victoire mais inquiétude latente :
- cf : points communs avec A
- Tempo lent
- caractère plus posé : ( + de valeurs longues)
 B2 = fierté, virilité (cf texte) :
- chœur se répond (donnant un certain dynamisme)
- tempo : Piu mosso
- rythme : importance des croches
- mélodie : extrêmement simple, basée sur des gammes ascendantes
- orchestration : cuivres + caisse-claire = fanfare
- nuance : forte
- fin en apothéose : crescendo (« Aux armes, fière Novgorod »)

 Aux armes peuple russe (D) :

Rq : Bien que dans un contexte différent de B (pas de rappel de batailles précédentes, ce thème est un autre exemple d’invitation au combat, de patriotisme exalté.

 Deux motifs ( D1, D2 ) : correspondant aux couplets du texte


 Thèmes hymniques :
- mélodies très simples à l’ambitus restreint
- motifs en levée
- importance des percussions
- forme rondo
- figuralisme : tutti (peuple russe) / chœur d’hommes (le guerrier ) / chœur de femmes (la Mère Russie)
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 L’ennemi :

 Les croisés dans Pskov (C ) :


Ce tableau est constitué de différents motifs représentant majoritairement la menace et la barbarie du clan adverse :
- C1 : représentant la menace teutonne
- C2 : hymne des croisés
- C4 : motif des trompes teutonnes
- C3 : thème de Vassilissa : plus « sensible »

 La barbarie :
- C1 : agressif, inquiétant, menaçant
- dissonance très marquée
- nuance forte
- accents figurant le martèlement
- rythme chaotique (1ère mesure)
- orchestration : cuivres agressifs, timbales, cymbales
- C4 : menaçant, inquiétant
- nuance forte
- accents figurant le martèlement
- basé essentiellement sur l’intervalle do-sol répété

 La menace :
- C2 : sorte de fanatisme, aspect inhumain, inquiétant
- unisson
- texte scandé obstinément sur une formule mélodico-rythmique répétée en mouvement descendant
- peu mélodique

 L’image de la Russie plus « humaine » :


Thème de Vassilissa C3 :
- thème empreint de sensibilité : chanté au violon, plus mélodique, plus ample
- rq : thème repris à la fin du tableau à la trompette sur une harmonie plus dissonante (cf lien image)
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 Les tableaux synthèse :

 La Bataille de la glace (E) :


Ce tableau est un véritable poème symphonique composé de différents épisodes opposés, en lien avec les plans filmiques (caractéristiques des deux clans).
Bien que marqué par un certain patriotisme, on peut identifier un certain nombre de procédés savants (recherches de timbres, richesse du contrepoint…)
Quelques éléments repérables chronologiquement :
 La froideur de la scène : « E1 »
- note tenue (Do)
- trémolos cordes graves
- masse orchestrale
 La menace de l’ennemi :
- hymne des croisés « C2 »
 La marche au combat :
- instrumentation : caisse-claire
- accélération progressive
- crescendo
- arrivée du chœur figurant la force
 Le combat :
 grande ampleur, contrepoint de plus en plus serré : thèmes nouveaux et rappels des précédents
 opposition des deux entités motiviques :
- thème des partisans : en correspondance avec l’image : fierté, sûrs de leur réussite, se déplaçant avec agilité… « E2 »
- tempo vif
- thème énergique, enjoué, relativement léger
- rythme de cavalerie (noire-2 croches)
- orchestration colorée
- tonalité majeure
- thème des opposants : image de la brutalité - cf C
- dissonances
- plus statique, empesé
 Le dénouement :
- victoire annoncée :
- supériorité de « E2 » (plus convaincant) par rapport à « C »
- arrivée d’un nouveau thème « E3 » : victorieux, « musique de cirque » : (milieu du tableau)
* instruments aigus, sonnailles
* tempo vif
- reprise de « D2 »
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- chute progressive de l’ennemi :
- dissonances accentuées
- opposition marquée grave/aigü
- fusées descendantes
- ralenti
- présence de bruits de plus en plus marquée
- fin de l’épisode : coup de timbale final ( au moment où la glace cède)

 L’entrée d’Alexandre dans Pskov (G) :


Atmosphère de kermesse patriotique, riche en couleurs orchestrales.
Retour de différents thèmes :
 « F » : accueil et enterrement des héros
 « E3 » : début fête
 supériorité des motifs « B1» et « D3 » : acclamation d’Alexandre : le héros.

IV- Conclusion / interprétation personnelle :


Par ses différents procédés utilisés la musique d’Alexandre Nevsky présente des points communs avec quelques genres représentatifs de la musique savante :
- l’opéra : présence de leitmotiv (symbole d’une idée, d’un personnage…)
- le poème symphonique : discours linéaire, théâtralisation de la musique
- la cantate : formation (orchestre, chœur, soliste)

Bien que valorisant l’aspect patriotique, nationaliste (couleur des thèmes) la musique de Prokofiev témoigne de qualités musicales l’élevant au rang des « grands
compositeurs ». En témoigne la maîtrise des procédés d’écriture (orchestration, structure, langage harmonique…).
A cet égard remarquons l’équilibre structurel de cette musique de film (cf. tableau : « interprétation personnelle ») :
- progression croissante jusqu’au climax : La Bataille de la glace (situé exactement au milieu du film)
- le clan adverse pris dans un étau avant le conflit, prémonition de sa défaite :
 C entouré par les deux thèmes patriotiques B et D
- la symétrie valorisant le héros :
 les thèmes AB peuvent être mis en parallèle avec les thèmes FG : les deux tableaux rappelant que la Russie sort victorieuse de ses conflits grâce à
Alexandre Nevsky élevé en véritable héros.
Commentaire personnel :
Cette structure ABA’ peut rappeler celle des ouvertures à la française symbole de l’hommage au commanditaire (citons par exemple : les opéras de Lully et leurs
liens à Louis XIV). Cette mise en scène musicale est dans Alexandre Nevsky un exemple de la relation de la musique au pouvoir : la structure (par son retour
thématique) glorifiant le sauveur da la Patrie.
Bibliographie :
SERGE PROKOFIEV, Michel Dorigné, Fayard, Paris 1994
LA MUSIQUE AU CINEMA, Michel Chion, « les chemins de la musique », Fayard, 1995

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ALEXANDRE NEVSKY
Quelques éléments de repérage – moments clés
Isabelle Magnin, Lycée Nodier – Stage HDA 10-11-2004

Tableaux - cartons Minutage Eléments de l’action Sons = bruitages Musique : thème Remarques

Générique - distribution
- mus résumé hist, // image
2min01 - résumé histoire
 A : La Russie sous le joug mongol  enchaînement
1ère image 2min37 - paysages
Le lac de Pletchevo 3min35 - procession pêcheurs - B : Chant sur A. Nevsky - musique caract.nationaliste
anticipe image
- arrivée des chevaux - sons "naturels" :
ou synchro image (texte)
chevaux, voix,
vent, pas dans l’eau - bruitages anticipent image
8min53 - départ mongols -B
- musique : "avertissement"
anticipation / évts à venir
Sa seigneurie 11min17 - différents plans rapprochés, - sons de cloches - effet sonore (+en+fort)
Novgorod-la-Grande église
12min25 - cris lointains
- foule à venir, scène de marché
- bruitages synchro image;
16min21
- foule arrive sur la glace, - cloches, cris foule anticipent image
annonce de la prise de Pskov

Pskov 21min13 - gros plan 4 ennemis, - C : Les croisés dans Pskov musique = caricature
foule autour du bûcher
- dialogues
26min05 - Vassilissa vers son père - + dialogues - C3 : (cordes) - musique : synchro / pers;
+ sentiments = "sensibilité"
26min50 - peuple piétiné; femmes et - absence bruitage
- C : sonneries de trompette - musique = repr "force"
27min25 enfants, sacrifice
- C : chœur

- enfants sacrifiés -C
= "sensibilité"
- pendaison rq : arrêt brusque musique,
- C3 : trompette coupée net par plan suivant

Pereiaslav 29min15 - raccommode filets - dialogues


31min20 demande à AN de devenir chef
- musique "propagande"
33min31 - départ des paysans - D : Debout, peuple russe
Novgorod 35min50 - arrivée d’AN + combattants - cloches - D3 : (cordes)
37min33 - annonce d’AN - dialogues, cloches - D : orchestration ý
40min21 -Vassilissa part à la guerre - D : chœur de femmes
chœur d’hommes
tutti
42min15 - office ennemis - dialogues -C
- forêt, neige, blizzard, -pas, vent, épées  relation entre C et A
début bataille // début film
- image de désolation - sorte d’accalmie avant la
46min08 - attente des soldats -A bataille

Le lac de Tchoud 49min - élaboration plan d’attaque - dialogues


53min - sonneries  lien avec scène suivante

Le 5 Avril 1242 E : La Bataille sur la glace RQ : qques nouveaux motifs


54min - ciel,attente, progression soldats - "E1" " E…"
en ligne + rappels th
54min47 - silence total
- sol désert
54min51 - C : (sonnerie/piano)
- ennemi
- avancée des troupes ennemies caisse-claire / chœur
- bruitages
59min24 - rencontre
 synchro narratif :
1H02 - AN : "pour la Russie!" - "E2" (trompette, thème victorieux) en fonction des
- bruit épées, cris
1H04 - gros plans combat D2 (+ rapide) évènements successifs
représentation des 2 clans
1H07m34 - scènes musicales, préparation
- bruitages
ennemi avant nouvelle offensive - "E3" (motif fête russe victorieuse)  // poème symphonique
1H13m20 - bataille 2 chefs interrompu par C
1H15 - attaque tente des opposants  opposition 2 univers thématiques
+ rappel de C
1H15m50 - course à la victoire; soldats en
mouvement. - "E2" + D (vents, caisse-claire)

1H19 - glace cède - importance percussions


(tambours graves)
1H21
- AN : contemple la scène F : Le champ des morts
1H21m57 figuralisme (paroles)
- recherche survivants - prénoms - F : (violon)
1H23 féminins murmurés ( thème mélodique) musique = // ambiance
- jeune femme
(choeur) // allégorie
(solo : "l’un est couché")

Pskov 1H29m48 - église - cloches G : l’entrée d’Alexandre dans Pskov

1H30m32 - foule agenouillée, sortie corps -F


"synthèse"/ bribes leitmotiv
- opposants - bref motif "C"
synchro th / pers, clans
1H31m53 - acclamation d’AN et soldats -B
- successions de brefs motifs D3, C RQ : apparition de tous les
1H34 - discours AN "justice soit faite" thèmes (sauf A)

1H41m35 - début fête - "E3" (thème folklorique)

1H42m34 - discours final -B


AN:avertissement Apothéose finale =
+ générique (plan : soldats) Hommage au chef

Interprétation personnelle : mise en parallèle des tableaux successifs

A plante le décor – souvenir du conflit … latent mais


exemples de "formalisme" dans
Alexandre Nevsky
B victoire possible grâce à AN contre
C
le clan adverse, contre lequel il faut lutter C encadré par 2 thèmes patriotiques B et
D D
-----------------------  patriotisme exalté
E progression constante de A à E
lutte entre les 2 clans; tension; paroxysme, synthèse ý éléments
début séquence = milieu film
F La Russie endeuillée
"retour à" :
G sort victorieuse grâce à AN AB // FG  // opéra baroque

 Rigueur structure
Isabelle Magnin, Lycée Nodier – Stage HDA 10-11-2004
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