LA MAISON ÉCOLOGIQUE hors-série #14

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Bois,
CETTE MAISON BOIS EN POTEAU-
POUTRE, PAILLE ET TERRE A ÉTÉ
BÂTIE PAR UN AUTODIDACTE. MAIS
L’AUTOCONSTRUCTION N’EST PAS

paille
VOUÉE À LA SOLITUDE. POUR MENER
À BIEN SON PROJET DANS LA VIENNE,
PAUL A SU SE FAIRE ACCOMPAGNER
PAR DES PROFESSIONNELS

terre,
ET DE NOMBREUX BÉNÉVOLES.

E
et
trio
ntre faire construire une maison et en
construire une, Paul et son ex-compagne
hésitent longuement. Réflexion faite, ils choi-

gagnant
chantier accompagné
reportage
2,5 ans 1 417 €/m2 20 kWh/m2.an
Texte et photos Patricia Prioton
(sauf mention contraire)
sissent un mix des deux options, séduits par
un vaste terrain sur les bords du Clain, entre
ville et campagne viennoises. Objectif : réali-
ser une maison bois-terre-paille. « Le fruit d’une sensibilité
écologique héritée de mes parents et de mon travail chez
Biocoop depuis six ans », confie Paul Baudouin. Pour mener
à bien son projet, cet autodidacte en matière de construction
s’entoure de professionnels : Bois & paille charpente pour
la structure poteau-poutre isolée en paille, la conception
technique et l’accompagnement sur chantier, Alternative
Habitat pour l’étude thermique, Chaux & Co pour les enduits.
Mobilisés grâce aux réseaux sociaux (Facebook et Twiza)
90 bénévoles participent au chan-
tier d’août 2017 à octobre 2019.
Famille, amis et clients du magasin Mobilisés
où il travaille prêtent main forte. grâce aux réseaux
« Une aventure humaine riche en
sociaux, 90 bénévoles
échanges et convivialité. »
Après avoir visité des maisons participent
construites par Bois & paille char- au chantier.
pente, Paul choisit une structure
poteau-poutre isolée par l’exté-
rieur en botte de paille. « C’était la
solution la plus adaptée pour obtenir une majorité de murs
revêtus d’un enduit, appliqué directement sur la paille, et
du bardage bois sur les façades les plus exposées aux
intempéries, nord et ouest », indique Aurélien Bouquet,
co-gérant de la Scop. Paul apprécie aussi l’esthétique de
ce mix d’enduit et de bardage « qui évite l’effet chalet ».
LA MAISON ÉCOLOGIQUE hors-série #14
20 chantier accompagné
UNE DALLE EN BOIS
sur pilotis
« JE NE VOULAIS PAS de dalle béton en raison de l’énergie grise
nécessaire à sa confection, sans compter la consommation
de sable, ressource de plus en plus rare », précise Paul,
qui a autoconstruit la dalle en bois sur la base d’un
accompagnement (400 €) de Bois & paille : conception et plans
du bureau d’études, fourniture des matériaux, prêt du matériel,
observation sur chantier. Ainsi, la mise en œuvre s’est menée
sans encombre, en deux mois. « Grâce à l’accompagnement,
Paul a économisé le prix de la main d’œuvre, soit environ 50 %
du prix d’une dalle en bois clé en main », indique Aurélien.
La dalle est montée sur des pieux métalliques (Techno Pieux)
vissés à 4 à 6 m dans le sol selon la profondeur du « sol
dur », évitant des fondations en béton. Surélever la maison
de 30 cm a permis de sécuriser l’habitation en cas de crue
importante (proximité du Clain). « Ces douze pieux répartis
sous la maison et quatre sous le garage créent aussi un vide
sanitaire permettant une ventilation naturelle sous dalle pour
éviter la condensation et assainir la maison. C’est encore plus
En clin d’œil à la paille recouverte
d’enduit terre, Paul a créé un
hublot pour la garder apparente.
© BOIS & PAILLE
important avec du bois qu’avec du béton, car si on cloisonne,
l’humidité pourrait dégrader au fil du temps les éléments de
structure. C’est aussi bien pratique en cas d’intervention sur
les réseaux d’assainissement sous la dalle », détaille Eddy
Fruchard. Pour réaliser une dalle bois sans pilotis, il aurait fallu
créer un vide sanitaire, décaisser sous la maison et aménager
une ventilation tout autour avec des courettes anglaises.
La dalle en bois close par des panneaux d’OSB forme des
caissons remplis d’isolant, pulsé entre les solives. Elle
est recouverte d’une chape en béton d’argile « maison »
d’environ 7 cm, composée de terre (achetée), sable, gravier
et paille et réalisée avec l’aide de Chaux&Co. Les réseaux
d’électricité et d’eau s’encastrent directement dans la chape.
l’aménagement, ce qui amène à échanger fréquemment
avec le maître d’ouvrage. Sinon, on risque de se retrouver
avec des pièces de bois qui passent devant une fenêtre ! »
Choix des bois, une balance subtile
La structure est en douglas, « essence disponible loca-
lement, moins onéreuse que le chêne », note Paul, au
départ séduit par la noblesse du chêne, qui plus est en
structure apparente. « De 470 € HT/m3 pour le douglas
à 830 € HT/m3 pour le chêne, ça ne rentrait pas dans le
budget », souligne Aurélien. Bois & paille charpente solli-
cite la filière courte et emploie du bois certifié PEFC, issu
de forêts durablement gérées dans le centre de la France
(scierie Barbot, à Chouppes). « Le douglas, classe 3 hors
aubier, est idéal en charpente, ossature, bardage, car il n’a
pas besoin d’être traité. Naturellement durable, résistant
aux insectes xylophages, ce bois local, dense et résistant,
est plus stable que des essences comme le pin des Landes
et l’épicéa », explique-t-il. Seuls les chevrons de charpente
et certains précadres sont en épicéa traité classe 2, car
« les sections des chevrons n’existaient pas en douglas
chez notre fournisseur. De plus, ces chevrons utilisés en
caissons remplis d’isolant, entre pare-pluie et frein-va-
peur, n’ont pas besoin d’être classe 3 et nécessitent l’em-
ploi d’un bois à moins de 18 % d’humidité ».