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Master 2 Biodiversité – Ecologie – Evolution

Parcours Dynamique et modélisation de la biodiversité


Année 2015-2016

Source : ONF-NFB Canada

LE SAFRAN
Rapport ethnobotanique sur Crocus sativus.

Sylvain MARUEJOLS & Mathilde FERMOND


Enseignante : Aline MERCAN
Janvier 2016
[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

1. Safran : de la plante à l’épice

Crocus sativus L. de la famille des Iridacées est plus


connu sous le nom de Safran en France. Doté d’un
bulbe, on la considère comme une plante vivace haute
de 10 à 30cm, et capable de fleurir de septembre à
octobre (tela-botanica). Cette plante est facilement
reconnaissable grâce ses feuilles fines et longues
insérées directement sur le bulbe, avec ses grandes
fleurs en forme de coupe, de couleur violette (Thomas
et al. 2016) (Figure 1). On note également la présence
de pistils possédant de grand stigmates colorés et
odorants. Ce sont ces stigmates qui, une fois séchés,
nous donne l’épice appelé safran, utilisé dans de
nombreux plats ou en tant que colorant, parfum ou
médicament (Lachaud 2012, Lachaud 2016).

L’origine exacte du Safran reste peu claire, mais


semble être originaire du Moyen-Orient, plus
particulièrement en Iran, ou encore de Grèce, il y a plus
de 5000 ans. Nous pouvons noter que c’est à partir de Figure 1 : Schéma de l’anatomie principale
de Crocus sativus - bulbesdesafran.com.
l’Iran que Crocus sativus a été introduit en Espagne en
passant par l’Afrique du Nord, pour arriver jusqu’en France au XIIième siècle, avec des
cultures toujours présente au Maroc et en France. D’autres sources, nous révèle que c’est à
partir de Grèce que le Safran est arrivé au Moyen Orient, ou encore que le Safran est d’origine
Mongole. L’invasion Mongole en Iran aurait alors permis l’introduction de Crocus sativus et
connu le chemin que nous avons précédemment décrit.
On voit donc une acclimatation de Crocus sativus possible dans des régions bien
différente. Elle se plait dans des régions à climat tempéré à semi-aride, sur des sols plutôt
acides et pauvres, et ne demande pas beaucoup d’eau, seulement pendant sa période de
floraison pour qu’elle puisse se déclencher. Elle aime donc le climat Méditerranéen (Deo
2003). Ainsi, le safran est capable de vivre dans un climat froid l’hiver, même en présence de
neige, chaud l’été, mais le plus important avec des précipitations en automne assez
importantes pour sa floraison.
En ce qui concerne la reproduction du safran, elle se fait uniquement par voie végétative
grâce à l’épaississement de la base d'une tige formant un bulbe fils solide (Deo 2003) (Figure
2). La présence d’organe mâle et femelle nous permet de montrer la possibilité d’une
reproduction sexuée, mais les graines issue de cette reproduction ne sont pas viable, la plante
est stérile. Cette stérilité serait dû à une hybridation entre espèces il y a des milliers d’années,
mais nous remarquons un manque d’information sur le sujet (Grilli Caiola 2004). Cet hybride
aurait donc subi une intensive sélection, grâce à sa culture pour ses stigmates. La stérilité du
Safran ne permet pas son existence à l’état naturel. En effet, l’absence de gestion par
l’homme, peut amener à la perte du safran, puisque celui-ci va se reproduire de manière

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

végétative, et s’accumuler dans une région


localisé, ce qui va réduire l’espace vitale de la
plante, conduisant à la mort des individus.
Actuellement, Crocus sativus existe en culture
principalement en Iran, en Inde, en Grèce, au
Maroc, en Azerbaïdjan, en Afghanistan et en
Espagne, dans l’ordre décroissant de la
dominance sur le marché mondial
(FranceAgriMer 2013). On le remarque
Figure 2 : Cycle de vie du Crocus sativus - Ministère également au Québec, malgré un climat plus
de l’agriculture royaume du Maroc.
froid. Il est toujours capable de réaliser son cycle
de vie grâce aux différentes saisons avec sa reproduction asexuée au printemps, et son repos
végétatif l’été (Figure 2).

On cultive donc le Safran pour ses stigmates, qui seront séchés pour créer l’épice. Il faut
savoir que ses stigmates renferment une essence aromatique (substances odorantes et
volatiles) riche en safranal et en phényl-éthanol, de glucosides amer, de vitamine B, et des
pigments caroténoïdes composé de crocine et picrocrocine. La picrocrocine permet la saveur
amère du safran et la crocine lui confère une couleur “jaune d’or”, soluble dans l’eau, et le
lait, mais c’est le safranal qui est le principal responsable de l’arôme du safran, et il lui donne
son parfum (McGee 2007). Le safranal est donc important pour l’épice, mais est une huile très
volatile (McGee 2007). Ainsi, cette épice est très sensible aux fluctuations du niveau de pH, à
la lumière et aux agents oxydants, c'est pourquoi elle doit être stockée dans un récipient
hermétique pour minimiser ces contacts

Le Safran est donc une fleur et une épice très coûteuse dû à son mode de récolte réalisé
principalement de manière manuelle, et dû à un nombre important de stigmate nécessaire pour
effectuer un poids raisonnable d’épice, 150 fleurs sont récolté pour 1g de safran (Thomas et
al. 2016) ! C’est pourquoi, dans ce rapport nous nous sommes intéressés à la fleur de safran et
son épice, en étudiant les usages traditionnels et actuels de la plantes, ses propriété cité
comme étant pharmaceutique, l’économie autour de cette plante mais également l’impact de
sa culture, sa réglementation, et enfin la qualité de l’épice.

2. Mythes et usages autour du Safran

Les premières représentations du Safran ont été remarquées sur des fresques grecs, et
alimente l’histoire de leur mythologie (Figure 3). En effet, l’histoire raconte qu’un jeune
homme nommé Crocus est mort accidentelle en jouant au disque avec Hermes. Ce sont les 3
gouttes de sang issu de la blessure de Crocus qui en tombant au sol, donna naissance au
Crocus sativus et ses 3 stigmates rouge (Fortuna 1997). Cette fleur symbolise alors la
résurrection et la puissance vitale, pour les grecs. Il existe une seconde version sur
l’apparition du Safran qui serait dû à un amour non partagé de Crocus pour Smilax, qui le
transforma en fleur, le Safran (Willard 2002). La mythologie cite également des vertus

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

aphrodisiaques à cette plante, en racontant


que Zeus invitait ces conquêtes sur un lit de
safran pour stimuler leur désir et renforcer sa
vigueur sexuelle.

On constate également une utilisation du


Safran depuis de milliers d’année, en tant que
médicament, cosmétique ou pour des rites. En
1550 avant Jésus Christ, on remarque, chez
les égyptiens, les premiers écrits montrant
l’utilisation du Safran, avec notamment un
traité médical rédigé en hiéroglyphe,
Figure 3 : Fresque minoenne incomplète qui représente montrant l’utilisation du Safran, dans une
la cueillette du Safran (petite touffes rouges), découverte trentaine de composition médicale (Figure 4).
dans les fouilles d’Akrotiri - or3r.fr.
On note la présence de remède à base de
Safran pour notamment lutter contre des maladies gastro-intestinales, qui utilise ses graines,
ses stigmates ou encore bien d’autre partie de la plante (Willard 2002). Les égyptiens
utilisaient aussi Crocus sativus à des fins culinaires mais aussi dans des rituels tel que son
utilisation pour teindre les bandelettes des momies, purifier les sanctuaires et attirer les bons
esprits grâce à du safran brûlé. Son utilisation en produit de beauté est également constatée,
chez les égyptiens avec Cléopâtre qui l'utilisait pour protéger sa peau. Le safran était un
composant d’eau de toilette (le Kyphi), et le Khôl
qui permettait aux égyptiens de protéger leurs yeux
des infections, dues au vent de sable... Cléopâtre en
faisait également usage pour ses propriétés
aphrodisiaques (Willard 2002). Ses pouvoirs
aphrodisiaque sont aussi connu en Orient, et est
utilisé dans le thé pour augmentait la sensibilité et
le désir de la femme, mais aussi pour multiplier la
vitalité et la virilité de l’homme.

Dès le VIIIième siècle av. JC, Homère cite le


Safran dans ces écrits comme étant un médicament
et un parfum. Une pratique tinctorial à également
été constaté chez les bouddhistes après la mort de
Bouddha, 500 av. JC, pour teindre leur robe
traditionnel. Le « jaune solaire » étant une couleur
sacrée symbole de pureté, de sainteté et
d'immortalité.
Durant le premier siècle av. JC, Pline et Figure 4 : Papyrus de traité médicinal utilisant le
Safran - scott.net.
Disocoride montre son utilisation afin de provoquer
l’urine, calmer la toux et pour son pouvoir aphrodisiaque. Les romains croyaient également
que boire une infusion à base des stigmates de fleurs ou de fleurs entières pouvait leurs
permettre d’échapper à l’ivresse. Les romains utilisés beaucoup le safran comme encens lors

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

de cérémonie religieuse, et en tant que parfum pour masquer la présence de citoyens


malodorants en sortant des théâtres (Willard 2002).
Au XVIIième et XVIIIième siècle Crocus sativus est beaucoup utilisé notamment pour la
“pilule cynoglosse”, qui est médicament contenant du cynoglosse, jusquiame, myrrhe, safran
et extrait d'opium (Debuigne et Couplan 2013). Il entrait également dans la composition du
laudanum, avec de l’opium, de la cannelle et du girofle créé par thomas Sydenham vers 1660.
Mélangé avec du vin il était connu pour procurer le sommeil des malades. A cette époque, on
appelait Crocus sativus le “roi des végétaux” ou “l’ami des poumons” (Debuigne et Couplan
2013).
A partir du XIXième siècle, le médecin botaniste Joseph Roques reconnaît des propriétés
aromatiques, stomachiques, emménagogues (qui stimule le flux sanguin), et aphrodisiaques au
Safran. Tandis que le docteur Henri Lerclerc le conseillait pour calmer les douleurs gastriques
et l'insuffisance ovarienne chez les femmes anémiées et lymphatique.

Nous pouvons donc voir de multiples utilisations du Safran pour ses propriétés
médicinales, mais aussi cosmétiques au cours du temps. Cependant il existe une autre
utilisation, mais cette fois-ci plutôt culinaire. En effet, en cuisine, le Safran est connu pour
être un colorant, pour sa coloration jaune-orangé, mais également pour être un exhausteur de
goût (Lachaud 2016). On note son utilisation dans de nombreux plats arabes, européens,
indiens, et iraniens. Celui-ci peut se retrouver dans du fromage, des liqueurs, des soupes, dans
certains curry, mais également dans les confiseries. On constate également son utilisation
dans des plats à viande mais aussi comme condiment accompagnant le riz. Nous le retrouvons
dans un des plats les plus connu : la Paella chez les espagnol, mais on le voit également dans
la cuisine française avec la bouillabaisse. Dans d’autre pays comme l’Italie nous pouvons voir
des préparations majoritairement sous forme de confiserie et boisson alcoolisée. Il existe
encore bien autre préparations utilisant le safran, dans de nombreux pays.

3. Les propriétés qu’on lui confère

L’utilisation du Crocus sativus est parvenu jusqu’à nos recettes de grand mère pour soigner
les nourrissons à l’arrivée des premières dents, avec un massage à base de miel et de safran
sur les gencives. On considérait ce remède comme étant une lotion naturellement antiseptique,
et sera utilisé en thé pour apaiser des règles douloureuses (Debuigne et Couplan 2013). On
constate donc l’utilisation du Safran en médecine traditionnel avec son utilisation externe, afin
de soulager l'arrivée des dents chez le nourrissons, mais existe également par voie interne. On
peut l’utiliser dans des infusions en t’en que stomachique, aphrodisiaque, pour soulager des
menstruations douloureuses, mais aussi comme antidépresseurs (Debuigne et Couplan 2013).
Toutes ses propriétés pharmaceutiques sont essentiellement attribuées à la crocine,
picrocrocine et au safranal (Khorasany et Hosseinzadeh 2016) du Safran. Ainsi la majorité des
remèdes utilisent l’épice du Safran. Cependant nous pouvons également voir des propriétés
antioxydantes provenant des tépales de la fleur. En effet, en 2016, Kakouri et ses collègues lui
confèrent officiellement des propriétés antioxidantes et antimicrobienne, attribué aux
composés phénoliques des tépales du Safran. Ces conclusions ont pu être réalisées grâce à une

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

comparaison d’extrait de composé phénolique à partir des feuilles de Melissa officinalis,


connu pour ses propriétés antioxydants.

Figure 5: Tableau des différents effets thérapeuthiques du Safran d’après Khorasany et Hosseinzadeh. Les références
mentionnées seront listées en annexe.

Afin d’évaluer l’efficacité de Crocus sativus contre la dépression une étude en 2005 à été
réalisé par Akhondzadeh et son équipe. Ils ont récolté les résultats d’un traitement sur
différent patient atteint de dépression grâce au safran ou à un placebo, pendant 6 semaines,
évaluer selon les critères d’Halmiton. Les résultats de cette étude montrent une efficacité
significative du Safran contre la dépression légère à modéré. Sur le marché nous pouvons
observer ce type de comprimé, notamment avec le médicament Zafranpure des laboratoires

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

pharmaco : “stop à la perte de morale, l’anxiété et l’altération de l’humeur !”(Lomma 2013).


Ce médicament s’établit sur le principe actif du safranal et crocine, vendu sous forme de
comprimé, et agissent sur les trois neurotransmetteurs qui régulent notre humeur : l’adrénaline
(stress), la sérotonine (plaisir) et la dopamine (moral), d’après le communiqué de presse du
Zafranpure (Lomma 2013). On remarque également des propriétés anti-cancéreuse chez les
composés du Safran. En effet, l'étude des tissus tumoraux dans le cancer gastrique chez le rat,
réalisé par Bathaie en 2013 a montré que la corcétine (composé central de la crocine) inhibe la
progression tumorale, et affirme qu’elle peut être utilisée comme traitement contre le cancer
de l’estomac humain.
Un tableau récapitulatif des maladies, pouvant être soignée par le safran, a été réalisé par
Khorasany et Hosseinzadeh en 2016 (Figure 5). Il montre pour chaque maladie, les doses et le
principe actif du traitement provenant du Safran. Nous pouvons donc voir un usage très varié
de Crocus sativus comme médicament, pour le système nerveux centrale, système
immunitaire, le système urinaire, les problèmes cardio-vasculaire, mais aussi pour les yeux et
la peau. On constate également que le principe actif et le dosage du traitement sont différents
pour chaque maladie. Cependant nous remarquons une prédominance du safranal crocine et
picrocrocine comme matériel effectif, les mêmes que ceux qui procure le goût et la couleur de
l’épice du Safran.
Il faut cependant faire attention, car ces propriétés thérapeutiques qui dépendent également
du lieu de culture du Safran. En effet, on lui confère des propriétés antioxydantes, mais il faut
savoir que pour l’étude menée par Kakouri utilise des Safrans cultivés en montagne. Ainsi,
leur métabolisme est adapté à la vie en milieu montagnard, grâce notamment à la présence
d’antioxydant. Ce type de remarque est surement valable pour bien d’autres constituants
thérapeutiques du Safran.

4. Le contrôle qualité

Tout comme bien d’autres produit, le Safran exige une certaine qualité pour sa vente, afin
d’éviter des fraudes montrant une médiocre qualité, malgré son prix élevé. Nous pouvons
donc noter l'existence de nombreuses fraudes, sur ce produit, qui ont pu être listées, mais
aucun chiffre exact n’a pu être trouvé. Ces fraudes touchent particulièrement la qualité du
Safran vendu puisque nous pouvons observer que malgré un prix élevé, le Safran peut être
vendu sous forme de poudre
contenant le plus souvent un
mélange de pétale de
carthames séchées (plante du
genre Carthamus), de barbe de
maïs, du curcuma ou paprika
(Figure 1). Mais dans d’autres
cas il peut contenir du sable ou
encore de la brique pilée.
Figure 6 : Photos montrant à gauche Safran de qualité et à droite un Cependant ces fraudes ne
exemple de Safran frauduleux, safraniersdeprovence.f.
montrent pas nécessairement

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

un prix pour le “Safran” plus faible, qu’une vraie poudre de Safran. Il est donc nécessaire de
regarder l’origine, et donc la traçabilité du produit pour avoir plus de chance de ne pas se
tromper sur sa qualité.
L’organisation internationale de la normalisation (ISO) a donc adopté des normes ISO pour
lutter contre la fraude du Safran, en montrant un gage de qualité pour les producteurs de
Safran respectant ces normes. Il existe donc deux normes ISO : la 3632-1, créé en 2011, et la
3632-2, imposé en 2010. Ainsi pour avoir une certification ISO, des laboratoires sont chargés
de déterminer si le safran est pur, en vérifiant qu’aucune autre matière étrangère n’est présente
dans le produit vendu. Il existe également des fraudes concernant l’humidité du produit. En
effet, un séchage insuffisant du Safran permet un poids plus élevé, et donc un prix plus élevé.
Cette méthode est donc également considérée comme une fraude que les normes ISO prennent
également en compte.
Nous pouvons donc voir des fraudes, mais à cause du prix élevé du Safran, on remarque
que ce condiment peut être remplacé en cuisine par d’autre produit. Notamment avec du
Carthamus tinctorius, plus connu sous le nom “faux-Safran”, ou encore par du Curcuma
longa, qui grâce à ces rhizome séché donne une poudre jaune souvent utilisé dans le curry.
L’utilisation de ces condiments permet bien la couleur jaune-orangé des plats, comme avec le
Safran, mais ne peut imiter son parfum. Les problèmes de fraude ne sont donc pas nouveaux.
En effet, en 1872 ils en existaient déjà, comme nous le montre la conclusion de la thèse de
Pierre Bastiou : « On peut tirer de ce qui précède cette conclusion : c’est que jamais le
pharmacien ne doit acheter de safran pulvérisé » (Bastiou, 1972).

5. Economie du Safran

5.1. Production
Le Safran est classé par l’organisation des Nation Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) dans la catégorie « SPPICES NES » code 0723. Cette catégorie contient également :
les baies de Laurier (Laurus nobilis); les grains d’aneth (Anethum graveolens); les graines de
fenugrec (Trigonella foenum-graecum); le thym (Thymus vulgaris); et le curcuma (Curcuma
longa). Il est donc très difficile d’avoir des statistiques précises de la production mondiale de
Safran puisque l’organisme fournissant habituellement ce genre de statistique (FAO) a
considéré qu’il n’était pas nécessaire de séparer ces épices au vue de leur faible importance au
niveau de commerce mondial. Malgré la présence de contrebande importante pour cette épice.
Néanmoins, il est possible d’obtenir des données sur la production du Safran via les
données sur le commerce du Safran. Il ressort que l’Iran domine le marché du Safran avec
90% de la production mondiale exportée (M. Ghorbani, 2008), la Grèce est loin derrière en
2ème position (Figure 7).

Figure 7 : Les plus grand pays


producteur de Safran, en tonnes,
en 2013/2014 (Source: FAO,
World Bank)

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

5.2 Echanges
Le plus grand exportateur est bien sur l’Iran. Cependant, jusqu’à présent l’Iran a été
confronté à des sanctions internationales, afin de les persuader à se conformer aux règles
internationales. Ils étaient pouvait donc difficilement vendre leur Safran dans le monde, ils ont
alors trouvés une alternative. En effet, c’est l’Espagne qui achetait le Safran iranien (soit
directement en passant par le Turquie ou les Emirats arabes unis), pour le revendre comme du
Safran espagnol (en Espagne et à l’étranger, l’Espagne étant un gros consommateur de
Safran, notamment pour ces qualités culinaire comme nous l’avons vu précédemment).

Ci-dessous nous pouvons voir les chiffres des importations et exportations de Safran en
millier de dollars américain, ces dernières années (Base de données : UN COMTRADE le
code du Safran est le 091020), par pays et dans le monde (données agrégées : violet) (Figure
8). Cependant nous pouvons noter que pour l’Iran les données récoltés sont des données
« miroir » (en jaune), étant donné les faits cités précédemment. Une carte sur la balance
économique du Safran en 2014, a donc pu être réalisée et est illustrée en Figure 9. Nous
observons alors les exportations et les importations du Safran pour chaque pays, nous
montrant quelques pays à forte balance économique notamment l’Inde, l’Iran, les Etats Unis
et la Norvège

valeur valeur valeur valeur valeur valeur valeur valeur valeur valeur
Exportateurs exportée exportée exportée exportée exportée Importateurs importée importée importée importée importée
en 2011 en 2012 en 2013 en 2014 en 2015 en 2011 en 2012 en 2013 en 2014 en 2015
Monde 374637 188824 176106 197231 187756 Monde 266817 186648 177855 196729 191254
Iran, Espagne 38715 42644 38809 40139 51583
République
islamique d' 292432 106542 90760 99765 89831 Italie 21564 19050 18365 15889 17195
Etats-Unis
Espagne 50283 51423 47315 47516 47160 d'Amérique 14007 14715 12553 13733 13425
Portugal 4435 3849 10770 18056 21883 Arabie
saoudite 6733 7946 8286 10851 11370
France 6257 2368 3973 7100 6205
France 10650 8669 9427 13801 10239
Pays-Bas 1034 610 814 1132 3312
Inde 8353 6133 6944 10820 9673
Afghanistan 2225 3824 940 3645 3305
Suède 7921 7188 5988 6754 9228
Chine 1204 840 1061 1415 2857 Royaume-
Uni 5353 3764 5844 7325 8174
Allemagne 3391 2645 3353 3038 2177
Argentine 5101 5519 7672 5224 7198
Grèce 928 928 696 1440 1766
Emirats
Inde 1516 2171 1885 1850 1605 arabes unis 30255 21094 24286 7029
Figure 8 : Exportation (à gauche) et Importation (à droite) de Safran au cours des 5 dernières années en milliers de USD
Sources : Calculs du CCI basés sur les statistiques de UN COMTRADE.

On remarque cependant, que le marché mondial du Safran est susceptible de connaitre


du changement dans les années à venir puisque les sanctions sur l’Iran ont été levées en
Janvier 2016. Enfin, dans la région du Cachemire, la culture du safran a drastiquement
diminué à cause de beaucoup de facteurs différents (Husaini et al. 2013) notamment le

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

manque de systèmes d’irrigation, la concurrence internationale et la contrefaçon. Le


gouvernement indien a lancé un plan de sauvegarde du Safran mais les résultats restent à
venir.

Figure 9 : Carte mondiale des balances commerciale du Safran

6. Impact du Safran

6.1 Impact environnemental


Tout d’abord, Le safran n’a besoin que de très peu d’intrants : seulement un faible apport
lors de la plantation (fertilisation de fond en matière organique) et un 20 à 30 jours avant
chaque floraison (engrais minéraux).De plus, le Safran peut être cultivé en milieu sec : il a
donc un très faible impact sur la ressource en eau. Son mode de culture dépend alors
principalement des régions (Kafi et al., 2007). On remarque un impact positif sur le paysage,
proche de celui des lavandières et contribue à sa diversité. Par ailleurs, il a un faible impact
sur la biodiversité. De plus, l’analyse de cycle de vie du Safran iranien nous montre que la
culture d’un hectare de Safran produit autant de gaz à effet de serre qu’un hectare de kiwi et
trois fois moins qu’un hectare de pomme (Khanali, 2016). La culture du Safran a donc un
impact relativement faible sur l’environnement.

6.2 Impact social


En Iran, la culture du safran à globalement un impact social positif, les populations
profitent de la culture de Safran et de l’augmentation des prix ces dernières années.
Cependant, elles ne touchent qu’un petit pourcentage du prix de vente final due à
l’accumulation des intermédiaires entre la production et la vente.

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

Au Maroc, les populations des régions safranières ont une majorité de leurs revenus qui
vient du Safran mais le Safran à tendance à creuser les inégalités entre les familles
relativement riches et les familles plus pauvre. En effet, la production de Safran nécessite des
investissements initiaux importants et seules les familles relativement plus riches ont assez de
capital pour les effectuer. Les autres familles sont obligées de louer leur force de travail.
L’augmentation du prix de ces dernières années a donc creusé les inégalités entre les familles
relativement plus riches et les familles plus pauvres car les premières ont profité de
l’augmentation des prix alors que les secondes beaucoup moins. (Aboudare et al., 2014)

Conclusion
Le Safran est donc une épice très prisée pour ses qualités, ses propriétés culinaires, mais
aussi thérapeutiques. Cette dernière est néanmoins méconnue, mais montre depuis quelques
années un succès dans son domaine, d’après les nombreuses études réalisées. On remarque
donc l’importance de l’utilisation du Safran, pouvant engendrer un poids économique
important pour certain pays, comme en Iran. Le prix onéreux de cette épice, nous fait
constater que le Safran subit d’importante fraude. On observe alors une prise de conscience
récente nécessaire pour contrôler sa qualité, notamment avec la règlementation ISO. Il faut
également noter que le Safran peu être toxique à partir de 20g/kg de poids donc au vue du prix
du Safran et de son usage, l’intoxication est peu probable (Palomares, 2015).

Un tour d’horizon autour du safran a donc été réalisé, mais nous conclurons en rappelant
qu’il faut nuancer notre travail. En effet, nous pouvons voir un manque de référence pour
appuyer nos propos, notamment pour la partie traitant des usages.

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Références :

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[Le Safran] ETHNOBOTANIQUE

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