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DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

Semestre : 2
Ensemble : 2
2021-2022

Pr : Hicham Khalouk
Introduction
Tout ordre juridique présuppose l’existence d’une société et
toute société exprime spontanément son propre système de droit.
Par conséquent, il est facile d’entendre que le droit international
constitue l’ordre juridique de la société internationale.
1. Définition
Le droit international public, autrefois appelé droit des gens, est
le droit applicable à la société internationale. Il désigne l’ensemble
des règles qui régissent les rapports entre les personnes de cette
société internationale, les Etats, les organisations internationales, et
d’autres sujets du droit international.
Initialement constitué des seuls Etats souverains, le droit
international public classique regroupait dès lors l’ensemble des
règles de droit régissant les rapports interétatiques. Par conséquent,
la discipline s’est d’abord attachée à l’étude des relations qui se
tissent entre Etats jaloux de la souveraineté territoriale que leur
reconnaît la Renaissance : elle s’intéressera donc prioritairement à
la diplomatie, au commerce, au transport et, bien sûr, à la guerre.
En effet, on a longtemps tenu l’Etat, détenteur de la souveraineté,
pour seul sujet possible du droit international. Mais avec
l’apparition et la prolifération des organisations internationales qui
caractérisent le XXème siècle, cette définition apparaît de moins en
moins exacte dans la mesure où elle laisse dans l’ombre l’existence
de rapports internationaux établis par des acteurs ou des sujets qui

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ne sont pas forcément des Etats. L’Etat a perdu ainsi le monopole
de la qualité de sujet du droit international public.
2. Objectif du cours
Le but du cours se résume à bien comprendre :
- Le concept et les principes de base du droit international
public ;
- L’application du droit international dans l’ordre interne
(Entre moniste et dualisme) ;
- les différentes sources du droit international public,
leurs modes de formation et d’application ;
- ainsi que les sujets du droit international public, les
principaux étant les Etats et les organisations internationales.
3. Plan du cours
Chapitre 1 : Cadre général du cours
Section 1 : Naissance et évolution du droit international public
Section 2 : Les fondements du Droit international public
I - Les théories volontaristes
1. Le volontarisme unilatéral : la théorie de
l'autolimitation
2. Le volontarisme plurilatéral
3. Le néo-volontarisme : le positivisme
II- Les théories non volontaristes ou objectivistes
1. La théorie du droit naturel
2. La théorie normativiste
3. La théorie de l'école sociologique

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Section 3 : Le droit international public et les autres types de
règles.
I- Le droit international public et le droit international
privé
II- Droit international et droit interne
1. Le dualisme
2. Le monisme
III- Droit international public et droit naturel
IV- Droit international public et morale
internationale
V- Droit international public et courtoisie
internationale
Chapitre 2 : Les sources du droit international public
Section 1 : Les traités et les conventions internationales
I- La notion
II- L'élaboration du texte conventionnel
1. La négociation
2. La rédaction : contenu des traités
3. La signature
4. La ratification
5. L’enregistrement
III- L’adhésion
IV-Les réserves
V-L’entrée en vigueur
VI-La validité des traités

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1.Les vices du consentement
2.Illicéité de l'objet du traité
VII-Extinction des traités
Section 2 : Les autres sources du droit international
I- La coutume internationale
1. La notion
2. Les éléments constitutifs de la coutume
 L’élément matériel
 L’élément psychologique
II- Les principes généraux du droit
III- La jurisprudence
IV- La doctrine
V- L'équité
VI- Les actes unilatéraux
1. Les actes unilatéraux étatiques
2. Les actes unilatéraux des organisations
internationales
Chapitre 3 : Les sujets du droit international public
Section 1 : l’Etat en droit International
I- Définition de l’Etat
II- Les éléments constitutifs de l’Etat
1. La population ou les nationaux
2. Le territoire
3. Le pouvoir public

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III- La reconnaissance, condition d’exercice des
compétences internationales de l’Etat
1. La reconnaissance d’Etat
2. La reconnaissance de gouvernement
IV- Les formes juridiques de l’Etat
1. L’Etat unitaire
2. L’union d’Etats
 L’union personnelle
 L’union réelle
 La confédération
 La fédération ou Etat fédéral
V- La succession d’Etats
Section 2: Les organisations internationales
intergouvernementales
I- Notion et caractéristiques
1. La définition
2. Les caractéristiques
3. Les catégories d’organisations
II- le système onusien
1. Les organes principaux de l’ONU
 L’Assemblée générale
 Conseil de sécurité
 Le Conseil économique et social
 Le Conseil de tutelle
 La Cour internationale de Justice

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 Le Secrétariat
2. Les organes subsidiaires
3. Les institutions spécialisées
Références bibliographiques

Chapitre 1 : Cadre général du cours

Section 1 : Naissance et évolution du droit international public


Le droit international trouve son origine dans des principes
juridiques et dans des pratiques coutumières qui remontent à
l’Antiquité. En effet, depuis toujours, les sociétés humaines,
établies sur des territoires distincts, ont organisé les relations et les
rapports qu’elles ont pu entretenir. L’émergence de la civilisation
de l’écriture en Mésopotamie permet que des accords soient
conclus entre souverains. L'un des premiers traités internationaux
est le traité de la Perle, traité de paix qu'a signé le pharaon égyptien
Ramsès II avec le roi des Hittites en -1296. Ce traité avait
notamment pour objet l'extradition des « réfugiés politiques » ainsi
qu'un accord de non-agression et reposait sur les croyances des
différents dieux de chacune des parties. Mais c'est surtout avec
l’essor des cités grecques, à partir du Ve siècle avant notre ère, que
les règles internationales se sont multipliées et diversifiées :
diplomatie, protection consulaire, arbitrage, traités.
Rome reprit une grande partie de l’héritage grec pour le
développer encore. Ces règles internationales, dont la formation

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s’est poursuivie de façon hétérogène pendant le Moyen âge (qui
s'étend du Ve siècle au XVe siècle, soit environ 1000 ans),
demeuraient généralement imposées par le plus fort parti et ne
constituaient pas un ensemble cohérent.
Toutefois, il est loisible d’affirmer que les structures
fondamentales de la société et du droit international contemporain
se sont mises en place dans le courant du XVIIe siècle. L’étape
probablement la plus marquante est la conclusion en 1648 des
Traités de Westphalie.
Les traités de Westphalie, ont mis fin à la guerre qui ravagea
l’Empire germanique principalement pour des raisons religieuses
internes au christianisme : le refus catholique de la Réforme
protestante. Ces traités sont traditionnellement considérés comme
l’acte de naissance du droit international moderne. Ils jettent les
fondements juridiques de la société internationale moderne, une
société composée d’Etats souverains et égaux qui n’acceptent plus
au-dessus d’eux aucune autorité supérieure.
Le XIXe siècle va élargir progressivement la conception
minimale de l’intérêt collectif. Les traités de Vienne de 1815
contiennent pour la première fois certains engagements au sujet de
la traite négrière, ce qui constitue une reconnaissance d’une autre
valeur de nature collective. L’Acte final du Congrès de Vienne, a
également restauré l’ordre ancien et en perpétuant l’alliance des
monarques qui s’étaient coalisés contre la France révolutionnaire,
puis contre Napoléon (Le Congrès de Vienne est la rencontre des

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monarques européens suite à la défaite de Napoléon en 1814). Les
pays vainqueurs de Napoléon I ainsi que les autres Etats européens
consacrent une forme d’intérêt commun au maintien de l’ordre
monarchique en Europe.
L’affirmation d’intérêts collectifs va ainsi croître
considérablement au cours du XIXe siècle, en même temps que
s’établit une interdépendance croissante entre les Etats européens,
interdépendance qui est alimentée par la révolution industrielle, le
développement des moyens de communication et l’explosion des
échanges internationaux de toute nature.
Des traités multilatéraux sont conclus pour réglementer la
coopération internationale, par exemple dans les domaines des
télégraphes et des postes, des communications fluviales et
ferroviaires de la santé publique, de la protection des ressources
naturelles, de la protection des blessés de guerre ou de la
codification du droit de la guerre (Conventions de La Haye de
1899 et de 1907). Cette floraison des traités multilatéraux
s’accompagne de développements institutionnels : les conférences
deviennent périodiques ; progressivement, ce sont de véritables
organisations internationales qui apparaissent, fondées sur un traité
constitutif et dotées d’une personnalité juridique propre. Ces
organisations internationales servent d’enceintes à leur tour à
l’adoption de nouveaux traités multilatéraux sur des questions
d’intérêt commun.

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La première organisation internationale créée serait la
Commission centrale pour la navigation du Rhin en 1815 (après le
Congrès de Vienne). Suivirent la création en 1865 de l’Union
internationale du télégraphe (future Union internationale des
télécommunications), basée à Genève, et celle en 1874 de l’Union
générale des postes (future Union postale universelle), basée à
Berne. Toutes deux furent rattachées aux Nations unies après leur
création (en 1947 pour l’UIT et en 1948 pour l’UPU), et sont
toujours opérationnelles.
Au contraire des sociétés internationales antérieures au 20ème
siècle qui, elles, étaient régionales, la société internationale
contemporaine est universelle. Elle est composée de l’ensemble
des Etats de la planète et non pas uniquement de certains d’entre
eux issus de la même région. La Société des Nations (S.d.N) est la
première organisation internationale de nature politique à vocation
universelle. Sa création est d’ailleurs étroitement liée au règlement
de la paix.
Toutefois, c’est l’Organisation des Nations Unies qui a donné
au droit international un développement considérable, notamment
par sa codification entreprise dès 1947, par la rédaction de
nombreux traités, les résolutions du Conseil de sécurité, les
décisions de l’Assemblée générale, les actes des organisations
subsidiaires et spécialisées, les interprétations dans les situations
concrètes par la jurisprudence de la Cour internationale de Justice.

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L'intégration et le développement de la place de la dimension
internationale dans les activités humaines bouleverse radicalement
les règles du jeu dans les rapports internationaux. C'est ainsi
qu'apparaissent de nouvelles catégories de sujets de droit
international et de nouvelles techniques de relations
internationales. Bien que principal sujet de droit international
public, l'Etat ne représente plus le seul et principal centre d'intérêt
dans les rapports internationaux. A côté des organisations
internationales publiques dont le nombre ne cesse de se multiplier,
se développent des organisations non publiques dont l'influence
grandit et qui constituent de véritables centres de décisions
politiques, tant de relation que d'intervention. Ainsi en est-il des
sociétés dites multinationales, mais même de simples organisations
non gouvernementales disposent d'une présence médiatique fort
importante.
Aujourd’hui, le droit international connait une véritable
mutation. Il ne peut plus être perçu comme étant uniquement le
droit de la société interétatique. Il est désormais le droit de la
société humaine universelle, selon l’analyse de Michel Virally.
Mais il s’agit toutefois d’un droit qui est en cours de formation.

Section 2 : Les fondements du Droit international public


L'interrogation sur les fondements du Droit international public
consiste à rechercher d'où les règles positives tirent leur validité,
leur caractère obligatoire. Dans la doctrine classique deux grandes

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catégories de solution seront proposées : les unes relèvent de ce
que l'on appelle les théories subjectivistes ou volontaristes, les
autres relèvent de ce que l'on appelle les théories objectivistes ou
non-volontaristes.
Nous les examinerons successivement.
I - Les théories volontaristes
L'idée de base des théories volontaristes est celle selon laquelle
la règle de droit a son origine dans l'expression d'une volonté : la
volonté de l'Etat.
Ces théories, qui fondent le droit international sur la volonté
des Etats, se présentent toutefois sous trois aspects différents : le
volontarisme unilatéral, le volontarisme plurilatéral et le
positivisme.
1. Le volontarisme unilatéral : la théorie de l'autolimitation

Selon cette théorie, l'Etat ne peut être lié par le droit que s'il
accepte le droit dans l'ordre interne, il est alors lié par ce qu'il l'a
accepté. Il peut également se limiter dans ses rapports avec les
autres Etats.
2. Le volontarisme plurilatéral

Selon cette deuxième théorie, le droit international est certes


créé par la volonté de l'Etat, mais il ne résulte pas des volontés
"isolées" des Etats. Le droit résulte de la volonté commune des
Etats. Cette fusion des volontés peut être expresse (ce sont les

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conventions), elle peut être tacite (coutume), mais il faut toujours
cet accord de volonté.
3. Le néo-volontarisme : le positivisme

La doctrine positiviste est inspirée de la pensée d'Auguste


Comte. Elle est caractérisée par le souci de ne considérer comme
règle de droit que ce qui est reconnu et effectivement pratiqué par
les Etats. L'objet de la science du droit est le droit positif.

II- Les théories non volontaristes ou objectivistes


Les doctrines objectivistes ont en commun de penser que la
règle internationale existe en dehors de la volonté des Etats. Le
droit trouverait alors son fondement dans une "volonté", une
norme, un principe, qui seraient extérieurs et supérieurs à la
volonté de l'Etat. Reste alors à définir en quoi elle consiste, et
naturellement plusieurs conceptions s'affrontent :
- La théorie du droit naturel : l'objectivisme moral ou
métaphysique ;
- La théorie normativiste : la "théorie pure du droit" :
l'objectivisme logique ;
- La théorie de l'école sociologique : l'objectivisme
sociologique.
1. La théorie du droit naturel
Cette théorie est fort ancienne. C'est ainsi qu'au XVIIIème siècle,
au nom du droit naturel, on va estimer que le bon ordre de la

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société internationale est assuré par la reconnaissance des droits
fondamentaux de l'Etat :
-droit à l’indépendance ;
-droit à l’égalité ;
-droit au respect mutuel ;
-droit au commerce international.
Droits que l'on considère comme relevant des principes du droit
naturel.
2. La théorie normativiste
Le système de la "théorie pure du droit" a été créé par Hans
Kelsen. La force obligatoire du droit international découlera
d'après Kelsen de la "loi de normativité" dont on trouve
l'illustration dans ce que l'on appelle la "pyramide de Kelsen". Un
enchaînement de normes, de règles hiérarchisées, dont l’ensemble
constitue l’ordonnancement juridique. Chaque norme tire sa force
obligatoire de sa seule conformité à la norme supérieure. La règle
inférieure doit être conforme à la règle supérieure, et c’est cette
conformité avec les règles supérieures qui constitue le véritable
fondement du droit.
3. La théorie de l'école sociologique
Selon cette théorie, le droit n'est pas le résultat de la volonté de
l'Etat, mais le résultat de la vie sociale, des nécessités de la vie en
société. De ce fait naissent des règles sociales nécessaires, car sans
elles la vie en commun ne serait pas possible. Alors se forme un
droit international (inter social).

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Section 3 : Le droit international public et les autres types de
règles.
Le droit international public constitue un droit, c’est-à-dire un
système juridique organisé, que l’on peut distinguer d’autres types
de règles.
I- Le droit international public et le droit international privé
L’expression « droit international » devrait normalement
embrasser tous les rapports de droit traversant une frontière
étatique. Il y’a deux sphères que le droit international sépare
traditionnellement : celle des rapports publics et celle des rapports
privés. Le droit international est ainsi constitué de deux branches :
Le droit international privé, appelé autrefois droit des conflits des
lois, qui est l’ensemble des règles de droit applicable aux
personnes privées de nationalité différente impliquées dans des
relations juridiques internationales. Il s'agit des règles relatives à la
nationalité des personnes physiques ou morales ; Il a pour but de
résoudre les conflits de lois issus de relations entre personnes
étrangères, en particulier de savoir quel est le droit qui s'applique à
la relation et de traiter des conflits de juridiction ; de la condition
des étrangers ; de la compétence des tribunaux à l'égard des
étrangers.
Prenons l'exemple d'un couple formé d'un Américain et d'une
Française. Ils se sont mariés en France et habitent au Québec. S'ils
souhaitent divorcer, ce sont les règles du droit international privé

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qui leur permettra de savoir si c'est un tribunal des Etats-Unis, de la
France ou du Québec qui pourra prononcer leur divorce. Le droit
international privé concerne aussi les entreprises. C'est par exemple
le cas lorsque tu achètes sur Internet un objet qui est vendu par une
compagnie étrangère. Si tu as un problème important avec ton
achat et que tu décides de poursuivre la compagnie, ce sont les
règles du droit international privé qui s'appliqueront.
Le droit international public quant à lui a pour objet de régler
les relations entre Etats ou organisations internationales. Donc,
dans le cadre du droit international privé, deux entités de droit
privé sont concernées dans la relation juridique, alors qu’en droit
international public, une collectivité publique est toujours présente
dans cette relation.
II- Le droit international et le droit interne
Le droit international exerce une grande influence sur l’ordre
constitutionnel des Etats. La mise en œuvre du droit international
dans les systèmes de droit interne constitue l’un des problèmes
classiques du droit international, qui s’étudie normalement sous
l’intitulé de « monisme et dualisme ». Les différentes constitutions
contemporaines sont soit d’inspiration dualiste, soit d’inspiration
moniste.
1. Le dualisme

Le dualisme ou le pluralisme est l’ensemble des théories qui


admettent la coexistence des ordres juridiques internes et de l’ordre
juridique international, sans possibilité d’intégration ou de

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regroupement dans un ordre juridique commun. Selon cette théorie,
le droit interne et le droit international sont deux systèmes
juridiques distincts. D’abord, par leurs sources. Car la source du
droit interne, c’est la volonté de l’Etat lui-même, alors que la
source du droit international, c’est la volonté commune de
plusieurs Etats. Ils sont distincts, ensuite, par leur objet : le droit
interne règle au sein de l’Etat les rapports entre les individus, alors
que le droit international régit les rapports interétatiques. Le
dualisme découle ainsi du dédoublement de la personnalité de
l’Etat et de la souveraineté : l’Etat ne peut logiquement être soumis
dans son ordre interne à des normes qui proviennent directement de
l’ordre international.
2. Le monisme

Le monisme suppose l’unité des ordres juridiques et postule


soit la primauté du droit interne, soit celle du droit international.
En effet, si les instances internationales sont favorables à
donner au droit international public la primauté qui doit lui revenir,
les Etats ne sont pas tous aussi enclins à le faire. Les Etats sont très
réservés quant à un principe de primauté du droit international
public, principe qui limiterait leur action : cette réserve se traduit
d’ailleurs par leur silence puisqu’il n’existe pas de traité qui
reconnaisse formellement cette primauté.
Toutefois, certaines juridictions internationales, comme la Cour
de justice de l’Union européenne ou la Cour européenne des droits
de l’homme, font primer les engagements internationaux sur

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l’ensemble des règles internes des pays concernés, y compris leur
Constitution.
De son côté, la Convention de Vienne sur le droit des traités du
23 mai 1969 stipule en son article 27 : « une partie ne peut
invoquer les dispositions de son droit interne comme justifiant la
non-exécution d’un traité ». On peut nettement en déduire la
supériorité du Droit international dans son ensemble.
III- Le droit international public et le droit naturel

Le droit international est un droit distinct des principes de droit


naturel, il est le droit tel qu'il est réellement établi, il n’est pas figé
et évolue en fonction des mutations de la société international, des
idéologies dominantes et des éventuelles contraintes du moment (la
guerre et la paix, le climat, les progrès technologiques, la corona
virus etc.). Alors que les règles de droit naturel ne changent pas,
elles sont d’application universelle, supérieures au droit positif.
Les premiers grands auteurs en droit international public,
Francisco de Victoria, Francisco Suarez et Hugo Grotius
l’assimilent à la morale, distinguant l’honnête du malhonnête, le
juste de l’injuste. Dans cette hypothèse, le droit naturel correspond
aux règles permettant de rendre la justice sur la scène
internationale, à l’instar de la morale internationale telle qu’elle est
définie à la base.
IV- Droit international public et morale internationale

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Le droit international public se distingue de la morale
internationale, qui est un code de bonne conduite entre les
gouvernements sur les plans diplomatique et politique, non
juridiquement sanctionné car non obligatoire. Les Etats font appel
à ce code lorsqu’il s’agit de trouver une solution à leur litige qui ne
peut être résolu par le droit positif, les règles en vigueur. Ce sont
les normes établissant une opposition entre le bien et le mal. A
défaut de se transformer en règle conventionnelle ou coutumière,
ces règles morales ne peuvent être opposées au droit positif. Elles
sont néanmoins parfois intégrées dans les actes fondamentaux de
certains Etats : c’est le cas de la Constitution irlandaise de 1937.
Bref, la morale dans les relations internationales ne crée que des
obligations morales et non des obligations juridiques. Seul le droit
crée des obligations juridiques même dans le domaine des relations
internationales.
V- Droit international public et courtoisie internationale

Le droit international public se distingue de la courtoisie


internationale, qui est un ensemble d’usages suivis à titre de
simples convenances et pour des raisons de commodité pratique.
Elle régit la manière d'agir dans les rapports internationaux et se
fonde sur des considérations d'égards mutuels, de réciprocité
conforme aux exigences d'une bienséance généralement et
réciproquement pratiquée. Des usages qui ne sont pas obligatoires,
qui ne sont pas sanctionnés juridiquement et que l’on retrouve
notamment dans le cadre des relations diplomatiques.

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En effet, ces règles de courtoisie sont susceptibles
d’interprétations divergentes et ne s’appliquent que si les Etats le
souhaitent ; aucune contrainte ne s’imposant aux Etats.
A ce titre, les salutations maritimes ne sont pas obligatoires et
ne constituent qu’un acte de courtoisie et d’étiquette. Lorsque des
navires de guerre se rencontre en pleine mer, la courtoisie exige
que le commandant qui a le grade le moins élevé, salue le premier
et que le salut lui soit rendu coup pour coup. Si un navire de guerre
isolé rencontre une escadre, il est tenu de saluer le premier. Les
navires de guerre ayant à leur bord des chefs d’Etats ou des
ambassadeurs, reçoivent le premier salut. Les navires marchands
ne se doivent aucun salut ; c’est un acte absolument volontaire et
gracieux.

Chapitre 2 : Les sources du droit international public


Les sources formelles du droit international sont indiquées dans
l’Article 38 du statut de la Cour Internationale de Justice, annexé à
la charte des Nations Unies. Ce sont : les conventions
internationales ; la coutume internationale comme preuve d'une
pratique générale, acceptée comme le droit ; les principes généraux
du droit reconnus par les nations civilisées ; les décisions
judiciaires et la doctrine des publicistes les plus qualifiés des
différentes nations, comme moyen auxiliaire de détermination de la
règle de droit. Par ailleurs, ce texte reconnaît l’équité si les parties
sont d'accord. Toutefois, en plus des sources mentionnées par le

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Statut de la C.I.J., il convient de citer les actes unilatéraux des
organisations internationales et des Etats.
Section 1 : Les traités et les conventions internationales
I- La notion
Le traité est un accord conclu par écrit entre sujets du droit
international destiné à produire des effets juridiques et régi par le
droit international.
Il existe deux catégories de traités : les traités bilatéraux (entre
deux Etats) ou multilatéraux (entre plusieurs Etats) ; selon que
l’Etat se lie à une seule autre partie ou que l’Etat se lie à plusieurs
autres parties.
Le mot « traité » a un sens fort général. Certains traités portent
des noms particuliers. Le traité constitutif de l’ONU est désigné
sous le nom de la Charte. Le traité de l’Atlantique Nord est qualifié
de Pacte atlantique et les textes du traité de Versailles créant la
Société des Nations portaient aussi le nom de Pacte. On parle
également de convention, de déclaration, de protocole, d’échange
de notes, de statut, de modus vivendi, de concordat, etc. cette
terminologie est d’usage dans la langue juridique.

II- L'élaboration du texte conventionnel


Les traités sont élaborés en différentes phases : la négociation la
rédaction, la signature, la ratification, l’enregistrement.
1. La négociation

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Le droit de négocier et de conclure des traités est un des
attributs essentiels de la souveraineté nationale. L’exercice n’en
peut être régi que par le droit public interne de chaque pays.
Cette phase vise à définir les obligations de chacune des
parties. Elle est le fait des représentants des Etats, dûment
mandatés (les plénipotentiaires). Les négociateurs doivent justifier
de leurs compétences (lettres de pleins pouvoirs). Les conventions
de Vienne établissent que certaines personnes n’ont pas à établir
qu’elles sont habilitées : ce sont les chefs d’Etat, les ministres des
affaires étrangères et les chefs de missions diplomatiques.
Du fait de l'élargissement de la société internationale, la
négociation des traités multilatéraux se déroule aujourd'hui le plus
souvent à l'initiative puis au sein d'une conférence internationale
placée sous les auspices d'une organisation internationale.
Principalement l'ONU, ou des institutions spécialisées.
2. La rédaction : contenu des traités
Lorsque les parties à la négociation arrivent à un accord, le
texte est adopté, contenant un préambule, des articles, et
optionnellement des annexes.
Le préambule indique le cadre du traité, le nom des parties « les
Hautes Parties contractantes », le nom des négociateurs, etc.
Le corps du traité contient les clauses matérielles convenues par
les parties. Il est généralement divisé en articles, eux-mêmes
divisés en paragraphes ou alinéas, et les annexes.
3. La signature

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La signature équivaut à une approbation préliminaire. Elle
n’entraîne pas d’obligation exécutoire, mais affiche l’intention
d’un Etat d’examiner le traité au niveau national et d’envisager de
le ratifier.
4. La ratification
La ratification est l'acte solennel par lequel l’Etat s’engage
internationalement par l'autorité étatique constitutionnellement
compétente pour conclure les traités (selon le droit interne de
chaque Etat). La ratification reste cependant un acte discrétionnaire
que l'Etat n'est pas tenu d'exécuter.
5. L’enregistrement
L’article 102 de la charte des Nations Unies prévoit
l’enregistrement des traités au secrétariat des Nations Unies.
« Aucune partie à un traité qui n’aura pas été enregistré ne pourra
invoquer ledit traité devant un organe de l’Organisation ».
III- L’adhésion
Cette procédure permet à un Etat qui n'a pas signé le texte d'un
traité d'exprimer en une seule fois son engagement. Elle a donc la
même portée qu'une signature suivie d'une ratification. En effet,
Bien que l’adhésion et la ratification produisent le même effet, les
procédures sont différentes. Dans le cas de la ratification, l’Etat
signe le traité d’abord, et le ratifie ensuite. La procédure
d’adhésion s’accomplit en une seule fois, elle n’est pas précédée
par un acte de signature.
IV- Les réserves

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Aux termes de la convention de Vienne de 1969, l’expression
"réserve" s’entend d’une déclaration unilatérale, faite par un Etat
(quand il exprime son engagement), par laquelle il vise à exclure
ou à modifier l’effet juridique de certaines dispositions du traité
dans leur application à cet Etat.
V- L'entrée en vigueur
La diversité des moyens mis à la disposition des parties pour
l’entrée en vigueur d’un traité démontre qu'il n'existe pas de règles
fixes à ce sujet. La volonté des parties est déterminante. Un traité
entre en vigueur suivant les modalités et à la date fixée par ses
dispositions ou par accord entre les participants à la négociation.
En pratique, pour les traités bilatéraux, elle se réalise
généralement au moment de l'échange des instruments de
ratification (une lettre par laquelle un chef d'Etat ou une autorité
compétente confirme la signature que son plénipotentiaire a
apposée au bas d'un document valant accord avec un pays
étranger). Concernant les traités multilatéraux les conditions
peuvent être très diverses. Souvent, l'entrée en vigueur ne se
réalisera que lorsqu'un nombre suffisamment représentatif d'Etats
aura ratifié le traité (le nombre étant fixé par le traité lui-même).
A titre d’exemple, la convention sur le Droit de la mer signée
en 1982 à Montego Bay exigeait pour son entrée en vigueur la
ratification de 60 Etats. De même, la convention de Rome créant la
Cour pénale internationale (CPI) a exigé pour son entrée en
vigueur la ratification de 60 Etats. Parfois, les traités multilatéraux

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vont prévoir d’autres conditions supplémentaires. Ainsi, on peut
citer le cas de Charte des Nations unies dont l’entrée en vigueur fut
subordonnée à sa ratification par les cinq membres permanents du
Conseil de sécurité.
VI- La validité des traités
Pour produire ses effets juridiques, un traité doit satisfaire à un
certain nombre de conditions qui visent à assurer la régularité du
consentement des cocontractants et la licéité de l'objet du traité. A
défaut, les dispositions du traité sont frappées de nullité.
1. Les vices du consentement
La convention de Vienne sur le droit des traités a cherché à
transposer au plan international la théorie des vices du
consentement qui existe en droit privé. Elle distingue plusieurs cas
d’irrégularité substantielle : l’erreur (art 48), le dol (art 49), la
corruption du représentant de l’Etat (art 50), la contrainte exercée
sur le représentant d’un Etat (art 51), la contrainte exercée sur un
Etat par la menace ou l’emploi de la force (art 52).
2. Illicéité de l'objet du traité
L'article 53 de la Convention de Vienne dispose : « est nul tout
traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit avec une
norme impérative de Droit international général (…) acceptée est
reconnue par la communauté des Etats dans son ensemble en tant
que norme à laquelle aucune dérogation n'est permise ». Ces
normes supérieures constituent le jus cogens.
VII- Extinction des traités

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Certains traités sont conclus pour une période de temps définie
à l'avance et s'éteignent quand arrive ce terme. Dans d'autres cas,
c'est la survenance d'un événement extérieur qui va entraîner son
extinction : apparition d'une nouvelle norme de Jus cogens avec
laquelle le traité n'est pas compatible, conclusion d'un nouveau
traité par les parties, exécution impossible du traité (exemple la
construction d'un barrage sur un fleuve asséché). En dehors de ces
hypothèses, la dénonciation unilatérale d'un traité par une partie est
illicite (article 56 de la Convention de Vienne) et ne peut mettre fin
aux obligations conventionnelles.
Section 2 : Les autres sources du droit international
I- La coutume internationale
1. La notion
La coutume internationale est le mode le plus ancien. Elle
permet de former des règles générales, applicables en principe à
tous les Etats dans des conditions d’égalité. Elle contient en outre
les règles les plus importantes.
Il y a coutume lorsque l’on peut constater une pratique générale
des Etats, acceptée par eux comme étant obligatoire. La coutume
est ainsi une pratique générale acceptée comme étant de droit.
2. Les éléments constitutifs de la coutume
 L’élément matériel
La coutume comporte un élément matériel, la pratique ou un
« usage constant et uniforme », qui consiste en la répétition
prolongée des mêmes actes dans le temps et dans l’espace.

26
 L’élément psychologique
La coutume comporte également un élément psychologique, ou
reconnaissance du caractère obligatoire de la règle. La coutume se
distingue ainsi de l’usage et de la courtoisie internationale ; elle
repose sur le sentiment constant d’une obligation juridique.
II- Les principes généraux du droit
Les principes généraux du droit sont communs à la logique de
tous les systèmes juridiques. Ils constituent une source du droit
international pouvant combler ses lacunes. Ces principes, le juge
doit les chercher ainsi dans les règles communes aux droits internes
des principaux systèmes juridiques mondiaux ( ex : la primauté du
droit international sur le droit interne, le principe de
l’indépendance de l’Etat, l’obligation de respecter les traités
« pacta sunt servanda », l’obligation de réparer en cas de
manquement à une obligation, le principe de bonne foi, l’autorité
de la chose jugée).
III- La jurisprudence
La jurisprudence internationale recouvre l'ensemble des
décisions juridictionnelles (CPJI, CIJ…) ou arbitrales. Considérés
isolément, un arrêt ou un avis d’une juridiction internationale
constitue un précédent ou un moyen de détermination du droit, non
la jurisprudence.
IV- La doctrine
Par doctrine, on entend, les positions des auteurs, des sociétés
savantes ou des organes appelés à formuler des opinions juridiques

27
sans engager les sujets de droit (Etat, organisation internationale)
dont ils relèvent.
V- L'équité
L'équité correspond à l'idée de justice inhérente à toute règle de
droit, qui doit animer le juge international et le guider pour
appliquer le droit.
VI- Les actes unilatéraux
Adoptés par un seul sujet de droit international (ou parfois par
plusieurs, par exemple à l'issue d'une conférence de chefs d'Etat),
et imputables à leur seul auteur, ces actes, qu'ils émanent des Etats
ou des organisations internationales créent des droits et des
obligations au plan international.
1. Les actes unilatéraux étatiques
Il s'agit des actes par lesquels l'Etat exprime unilatéralement sa
volonté ou manifeste son opinion. Certains de ces actes peuvent
avoir une portée juridique sur la scène internationale.
2. Les actes unilatéraux des organisations internationales
Les actes émanant des organes collégiaux des organisations
internationales font l'objet d'une terminologie très variée : on parle
de résolutions, de recommandations, de décisions, de directives, de
règlements, etc. La doctrine qualifie de manière générale
l'ensemble des actes unilatéraux des organisations internationales
de résolutions, ce terme générique regroupant des décisions, à
portée obligatoire, et des recommandations, non obligatoires.

28
Chapitre 3 : Les sujets du droit international public
Un sujet est celui qui, à l’intérieur d’un système juridique, a des
droits et des obligations, et qui dispose des moyens pour agir en
justice pour la protection de ces droits. Un sujet du droit
international a donc la personnalité juridique internationale.
Section 1 : l’Etat en droit International
A l'origine, l'Etat était le seul sujet du droit international. Il est
le sujet originaire et primaire de ce droit.
I- Définition de l’Etat
L’Etat répond à la définition suivante : c’est un groupement
d’individus fixé sur un territoire déterminé et placé sous l’autorité
effective d’un gouvernement.
II- Les éléments constitutifs de l’Etat
Trois éléments conditionnent l’existence juridique d’un Etat :
- Le territoire, fondement géographique de l’Etat ;
- La population, fondement démographique de l’Etat ;
- Les pouvoirs publics, fondement politique de l’Etat.
Aucun de ces trois éléments ne doit manquer ; à défaut, il ne
peut être question d’Etat au sens juridique du terme.
1. La population ou les nationaux
Les nationaux d’un Etat sont l’ensemble des personnes
humaines unies à cet Etat par un lien de sujétion appelé nationalité.
Les nationaux gardent ce lien même s’ils ne résident pas
effectivement dans l’Etat dont ils ont la nationalité.

29
L’Etat est libre de déterminer quels sont ses nationaux. Il utilise
à cette fin le droit du sol « jus soli » ou droit du sang « jus
sanguinis » (hérédité, mariage, etc.).
Mais pour qu’une population puisse former un Etat, il faut
qu’elle soit établie sur un territoire de façon fixe et permanente.
2. Le territoire
Le territoire est l’espace géographique terrestre, maritime et
aérien délimité par les frontières d’un Etat. Le territoire national,
valeur souvent sacralisée, ne peut pas être violé.
Il comprend le sol et le sous-sol et relève de la compétence
absolue et exclusive de l’Etat souverain. Il est délimité par des
frontière, délimitations juridiques entre Etats, qui sont soit
naturelles telles qu’une mer, un fleuve ou une montagne, soit
artificielles et donc tracées par l’homme suite à des accords
bilatéraux ou multilatéraux entre Etats concernés.
3. Le pouvoir politique
L’Etat doit avoir un pouvoir politique organisé, c’est-à-dire un
gouvernement, quelle que soit sa forme et quel que soit son mode.
Le gouvernement doit être capable d’exercer réellement son
pouvoir de commandement sur tout le territoire : il doit être «
effectif ». Les missions régaliennes lui appartiennent.
III- La reconnaissance, condition d’exercice des
compétences internationales de l’Etat
La reconnaissance est exercée selon deux formes : La
reconnaissance d’Etat et la reconnaissance de gouvernement.

30
1. La reconnaissance d’Etat
Elle est l’acte par lequel un sujet de droit international, et en
particulier un Etat, vient constater officiellement l’existence d’un
nouvel Etat sur la scène internationale. Cet acte discrétionnaire
peut être effectué selon diverses modalités : explicite ou implicite ;
individuelle ou collective ; de jure ou de facto.
2. La reconnaissance de gouvernement
Elle intervient lors du changement de gouvernement d’un Etat
ancien, en dehors des règles constitutionnelles prévues (un coup
d’Etat, une révolution, ou tout autre événement).
IV- Les formes juridiques de l’Etat
On distingue deux grandes formes d’organisation de l’Etat :
l’Etat unitaire d’un côté et les Etats composés de l’autre côté avec
leurs trois formules : les unions d’Etats, la confédération et le
fédéralisme.
1. L’Etat unitaire
C’est la forme la plus simple d’Etat, une structure dans laquelle
une seule autorité juridique et politique avec un seul chef d’Etat, un
seul organe exécutif et un seul organe législatif. Détenant
l’ensemble de ses compétences sur son territoire, régi par un seul et
même droit.
2. L’union d’Etats
L’union d’Etats ne donne généralement pas naissance à une
personnalité juridique nouvelle.
 L’union personnelle

31
On appelle union personnelle les Etats qui ont le même chef
d’Etat, situation fréquentes autrefois dans le cas des monarchies
héréditaires mais c’était souvent une source de conflits.
 L’union réelle
Elle rassemble des Etats qui par des organes communs gèrent
leur politique étrangère. Elle était autrefois un complément de
l’union personnelle.
 La confédération
Elle est une forme d’union réelle plus élaborée dans laquelle
plusieurs Etats gèrent leur politique étrangère et des matières
intérieures à ces Etats comme l’armée, la monnaie, l’économie, etc.
sur base d’une convention internationale conclue entre ces Etats.
L’organe commun suprême est généralement une Diète composée
de représentants des Etats membres, qui prend ses décisions à
l’unanimité.
La Confédération d’Etats est une association peu structurée. Les
Etats demeurent indépendants, bien qu’unis par un pacte
multilatéral, pour des raisons d’intérêt commun. Dans l’histoire,
certaines confédérations ont mené à la constitution de fédérations.
 La fédération ou Etat fédéral
L’Etat fédéral est une association complexe. Il est le résultat de
l’union de plusieurs Etats dits fédérés (Etats fédérés aux Etats-
Unis, Lander en Allemagne, Cantons en Suisse, ou provinces au
Canada), il absorbe la personnalité de ses membres. C’est une
véritable union constitutionnelle entre plusieurs Etats qui donne

32
naissance à une organisation commune qui constitue elle-même un
Etat, un Etat d’Etats ; la base juridique est souvent un acte de droit
interne à caractère constitutionnel. La fédération a un chef d’Etat
unique et souvent deux assemblées parlementaires : une élue au
suffrage universel et une composée des Etats fédérés.
V- La succession d’Etats
La « succession d’Etats » est la substitution d’un Etat à un
autre dans la responsabilité des relations internationales d’un
territoire (article 2 des Conventions de Vienne de 1978 et de 1983).
Autrefois on considérait que l’Etat successeur héritait de tous les
droits et obligations de l’Etat précédent. Des Conventions récentes
en matière de succession d’Etats tendent à laisser l’Etat successeur
plus libre d’accepter ou non la succession. Normalement, le
principe de la « table rase » s’applique à la responsabilité
internationale : il n’y a pas d’idée de continuité et l’auteur de l’acte
est seul responsable. La convention de 1983 restreint la succession
à certaines dettes. L’Etat successeur reprend l’intégralité des dettes
localisées contractées dans l’intérêt du territoire concerné, une part
proportionnelle des dettes générales concernant le territoire cédé.
Section 2: Les organisations internationales
intergouvernementales
I- Notion et caractéristiques
1. La définition
Une organisation internationale est une personne morale établie
par un traité ou une convention internationale par des Etats ou des

33
organisations internationales afin de coordonner une action sur un
sujet déterminé ou sur plusieurs sujets. Elle est dotée d'une
personnalité juridique internationale propre et d'un appareil
permanent d'organes en vue de défendre les intérêts de ses
membres. Michel Virally a proposé de définir l’organisation
internationale comme « Une association d’Etats, établie par accord
entre ses membres, et dotée d’un appareil permanent d’organes
assurant leur coopération dans la poursuite des objectifs d’intérêts
communs ».
2. Les caractéristiques
L’OIG a cinq caractéristiques qui sont une base interétatique,
une base volontaire, une autonomie, des organes permanents ainsi
qu’une fonction de coopération.
3. Les catégories d’organisations
Il y a deux catégories d’organisations : les organisations
internationales à vocation universelle réunies dans le cadre du
système onusien et celles à vocation continentale ou régionale.
Les organisations régionales peuvent être définies comme des
organisations internationales qui ne sont ouvertes qu’à des Etats
liés par une solidarité déterminée. Cette solidarité peut être
géographique (OEA, UA, UMA), linguistique et ethnique (ligue
des Etats arabes) religieuse (Organisation de la Conférence
Islamique), politique et militaire (OTAN, UEO), économique (UE,
AELE, NAFTA).

34
Les organisations universelles ou mondiales ont vocation à
regrouper l'ensemble des Etats de la planète, sans considération de
leur puissance ou de leur système politico-économique. Telle est la
pratique actuelle de l'O.N.U.
II- Le système onusien
L’Organisation des Nations Unies est une organisation
internationale fondée en 1945. Aujourd’hui, elle compte 193 Etats
Membres. La mission et le travail des Nations Unies sont guidés
par les objectifs et principes énoncés par sa Charte fondatrice.
L’ONU est constituée de six organes principaux, des organes
subsidiaires et des institutions spécialisées.
1. Les organes principaux de l’ONU
Les organes principaux des Nations Unies sont les suivants :
l’Assemblée Générale, le Conseil de Sécurité, le Conseil
économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale
de justice et le Secrétariat.
 L’Assemblée générale
L’Assemblée générale est le principal organe délibérateur,
décisionnaire et représentatif des Nations Unies.
Chaque année au mois de septembre, les Etats Membres au
complet se réunissent à l'Assemblée générale à New York pour sa
session annuelle et pour le débat général au cours duquel de
nombreux chefs d'Etat prennent la parole.
Chaque année, l'Assemblée générale élit un Président pour un
mandat d'une année. Les décisions sur certaines questions

35
importantes, telles que les recommandations relatives à la paix et à
la sécurité, l'admission de nouveaux membres et les questions
budgétaires, sont prises à la majorité des deux tiers des Etats
Membres, mais les décisions sur les autres questions sont prises à
la majorité simple.
 Le Conseil de sécurité
Il revenait à l’ONU, à travers le Conseil de Sécurité, de régler
les conflits internationaux et même les conflits internes d’abord de
façon pacifique et le cas échéant, le Conseil de Sécurité est seul
habilité à ordonner l’emploi de la force. Cela suppose, qu’aucun
Etats ne peut décider unilatéralement d’user de la force dans les
relations internationales.
Le Conseil de sécurité est composé de 15 Etats membres soit 5
membres permanents (Etats-Unis, Chine, Fédération de Russie,
France, Royaume-Uni) et 10 membres élus pour deux ans. Les
résolutions se prennent à la majorité de neuf comprenant les
membres permanents.
 Le Conseil économique et social
Principal organe chargé de la coordination et du dialogue et de
la prise de recommandations sur les questions économiques,
sociales et environnementales, ainsi que dans la mise en œuvre des
objectifs de développement adoptés au niveau international. Le
Conseil se compose de 54 membres, dont 18 sont élus chaque
année par l’Assemblée générale pour des mandats de trois ans.
 Le Conseil de tutelle

36
Le Conseil de tutelle a été créé en 1945 en vertu du Chapitre
XIII de la Charte des Nations Unies, en vue de superviser 11
territoires placés sous l'administration de sept Etats Membres et de
s'assurer que les mesures nécessaires étaient prises pour les
préparer à l'autonomie et à l'indépendance. En 1994, tous les
territoires sous tutelle avaient accédé à l'indépendance ou à
l'autonomie.
Le Conseil de tutelle a mis fin à ses activités au 1er novembre
1994 et amendé son règlement intérieur pour abroger l'obligation
de se réunir annuellement. Il ne se réunit désormais que dans les
cas et aux endroits où les circonstances le justifient, à sa demande
ou sur décision de son Président ou à la requête d'une majorité de
ses membres ou de l'Assemblée générale ou du Conseil de sécurité.
 Cour internationale de Justice
Le Statut de la Cour internationale de Justice fait partie
intégrante de la Charte. La C.I.J. a une origine antérieure aux
Nations Unies : elle a succédé à la Cour permanente de justice
internationale créée en 1920 ; Composée de 15 juges élus pour 9
ans par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, elle siège à
La Haye (Pays-Bas). Seuls les Etats sont parties aux actions devant
la Cour. La Charte ne les oblige pas formellement de recourir à la
Cour pour régler leurs litiges juridiques bien que tous les membres
des Nations Unies soient de fait membres de la C.I.J. Ses langues
officielles sont le français et l’anglais.

37
C’est le seul des six organes principaux des Nations Unies à ne
pas avoir son siège à New York.
 Le Secrétariat
Il est composé du Secrétaire général et de dizaines de milliers
de fonctionnaires recrutés sur le plan international, qui s’acquittent
des diverses tâches quotidiennes de l’Organisation. Le Secrétariat
est au service des autres organes principaux de l’ONU. Chef de
l'administration de l'ONU, le Secrétaire général est nommé par
l’Assemblée générale pour un mandat de cinq ans renouvelable, sur
recommandation du Conseil de sécurité.
2. Les organes subsidiaires
Les organes subsidiaires sont créés par les organes principaux
de l’ONU, auxquels ils sont soumis hiérarchiquement.
Conformément à l’article 7 de la Charte et avec un budget
indépendant :
- PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) ;
- HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés) ;
- UNRWA (L'Office de secours et de travaux des Nations
unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) ;
- CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le
Commerce et le Développement) ;
- UNICEF (Le Fonds des Nations unies pour l'enfance) ;
- PAM (Programme Alimentaire Mondial), etc.
La Charte prévoit cette possibilité qui incombe expressément à
l’Assemblée générale (art. 22) ou au Conseil de sécurité (art. 29),

38
ainsi qu’à tout autre organe principal (art. 68) comme le Secrétariat
général et le Conseil économique et social.
La création des organes subsidiaires, répond au souci de mieux
adapter la structure de l’organisation, aux exigences requises pour
l’accomplissement de sa mission.
3. Les institutions spécialisées
En dépit de leur appartenance à « la famille » des Nations unies,
les institutions spécialisées sont des organisations internationales
intergouvernementales autonomes. Comme l’Organisation des
Nations Unies, chaque institution spécialisée est une personne de
droit international public, jouissant sur le territoire de chacun de
ses membres, de la capacité juridique et des privilèges et
immunités qui lui sont nécessaires pour atteindre ses buts. Chacune
est financièrement indépendante.
Les institutions spécialisées ont été créées, conformément à
l’article 57 de la Charte des Nations unies par accords
intergouvernementaux et pourvues, aux termes de leurs statuts,
d’attributions internationales étendues dans les domaines
économiques, social, de la culture intellectuelle et de l’éducation,
de la santé publique et autres domaines connexes, reliées à
l’Organisation. Chaque institution spécialisée est constituée par un
ensemble d’Etats qui, souvent, ne représentent qu’une partie des
membres des Nations Unies.
Les principales institutions spécialisées sont les suivantes :

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- UNESCO (l’Organisation des Nations unies pour
l'éducation, la science et la culture), à Paris ;
- OIT (Organisation Internationale du Travail), à
Genève ;
- OMC (Organisation Mondiale du Commerce), à
Genève;
- UIT (Union Internationale des Télécommunications), à
Genève ;
- OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété
Intellectuelle) à Genève ;
- FAO (l’Organisation des Nations unies pour
l'alimentation et l'agriculture) à Rome ;
- UNESCO (l’Organisation des Nations unies pour l'éducation,
la science et la culture), à Paris.

Références bibliographiques
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Thèses :
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Cours :
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https://books.openedition.org/pum/22223?lang=fr
- Signature, ratification et adhésion, le processus de création
d’obligations impératives pour les gouvernements
https://www.unicef.org/french/crc/index_30207.html

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