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CHAPITRE 1: INTRODUCTION GENERALE A L’ETUDE DES IMPOTS EN

COTE D’IVOIRE

L’impôt est une contribution au budget de l’Etat à la charge des individus par des Lois de
finances. Ces lois de finances et leurs annexes fiscales proposées par le gouvernement et
votées par l’assemblée nationale, autorisent le gouvernement à lever des impôts,
aménager l’assiette des impôts, supprimer des impôts, … et ce aux fins de réaliser
l’équilibre économique et financier.

La fiscalité ou droit fiscal est une matière du droit public. Elle peut être définie comme
étant des règles, des lois, des règlements relatifs au prélèvement de l’impôt en vigueur
dans un pays. En somme, c’est l’ensemble des textes qui organisent les rapports
financiers entre l’Etat et les contribuables.
Ces textes sont réunis et agencés suivant une codification pour donner le Code Général
des Impôts (CGI).
Les impôts sont omniprésents à toutes les étapes de la vie de l’activité de l’entreprise et
frappent :
- Les actes affectant les structures ou le patrimoine de l’entreprise (création de la
société, modification du capital, fusion des sociétés, dissolution de société…)
- L’activité de l’entreprise : TVA ; AIRSI ; TOB ; …
- Le potentiel ou les facteurs de production de l’entreprise
o Facteur travail (main d’œuvre) : impôt sur salaire
o Facteur capital économique (outil de travail) : les impôts fonciers, les
patentes
- Les bénéfices réalisés par les entreprises : impôt BIC, impôt synthétique.
Dans le cadre de ce chapitre relatif à l’introduction à l’étude des impôts en Côte d’Ivoire,
nous verrons les notions fondamentales de l’impôt (section 1) puis dans la section 2,
nous présenterons le cadre juridique et technique de l’impôt (section 2).

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Section 1 : Les notions fondamentales de l’impôt
Pour cerner les contours de l’impôt, nous traiterons d’abord la définition, les
caractéristiques de l’impôt et son importance dans la société (1) puis de la classification
des impôts (2) et les principaux rôles de l’impôt (3). Enfin, nous étudierons les
administrations chargées de l’impôt en Côte d’Ivoire.

1- Définition, les caractéristiques de l’impôt et son importance dans la société.


Selon le dictionnaire LAROUSSE, l’impôt est un prélèvement que la société exige de
l’individu en vertu du principe de solidarité nationale pour subvenir aux dépenses d’intérêt
général et aux charges des dettes de l’Etat.
On peut aussi dire que l’impôt est un prélèvement pécuniaire requis des particuliers
(personnes morales et physiques) par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie en
vue de couvrir les charges publiques.
L’impôt est :
- une prestation pécuniaire
- requise des particulier (personne physique et morale de droit privé et
exceptionnellement les personnes morales de droit public)
- fonction de leurs capacités contributives
- requis par voie d’autorité et à titre définitif.
2- La classification des impôts
Les impôts peuvent être classés en fonction :
- de leur qualification par la loi ;
- de l’organisme qui les perçoit ;
- de la nature de l’impôt.
2-1 Les impôts selon leur qualification par la loi
On distingue les impôts directs et les impôts indirects
2-1-1 Les impôts directs
Ils frappent annuellement un contribuable déterminé (personne physique et morale) au titre
des revenus ou bénéficies qu’il réalise ou de certains éléments de son patrimoine.
Exemple : impôt sur le revenu, impôt sur des sociétés des capitaux, taxe d’apprentissage,
taxe à la formation professionnelle, taxe foncière…

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2-1-2 Les impôts indirects
Ils frappent la dépense, la consommation, la circulation des richesses :
Exemple :
Les taxes sur le chiffre d’affaire
Les taxes indirectes
Les droits d’enregistrement et de timbre

2-2 Les impôts selon l’organisme qui les perçoit


- Les impôts perçus par l’Etat, tels que les impôts sur les revenus, l’impôt sur le
bénéfice, la TVA, une partie des droits d’enregistrement.
- Les impôts perçus par les collectivités locales, tels que les impôts locaux (taxes
professionnelles, taxe foncière) et une partie des droits d’enregistrement.

2-3 Les impôts selon leur nature


- Les impôts sur le revenu ou les bénéfices : impôt sur le revenu, impôt sur les
sociétés.
- Les impôts sur les dépenses : TVA, taxes diverses
- Les impôts sur le capital : droits d’enregistrement sur l’acquisition des moyens de
production de l’entreprise.

3- Les principaux rôles de l’impôt


On distingue trois rôles à savoir :
3-1Rôle budgétaire de l’impôt
L’impôt sert à renflouer les caisses de l’Etat, procurer des recettes en vue de la
construction des écoles, des hôpitaux, payé les salaires des fonctionnaires, des
policiers, des militaires des gendarme, etc.
3-2 Rôle économique de l’impôt
Afin d’attirer le maximum d’investisseurs, l’Etat va utiliser l’ impôt comme un
instrument politique et économique. En effet il s’en sert pour orienter l’activité
économique du pays. C’est le cas par exemple à l’incitation fiscale à l’investissement.

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3-3 Le rôle social
L’Etat se sert de l’impôt pour assurer une sorte de redistribution des richesses du pays
entre les citoyens. Cette redistribution se fait sous forme d’assistance.

4- Les administrations en charges de l’impôt en CI


4-1 La Direction Générale des Impôts (DGI)
Elle est chargée de déterminer l’assiette, d’opérer le contrôle, le recouvrement, les
contentieux des impôts directs et indirects, des droits d’enregistrement et de timbre. En
effet, elle gère les impôts intérieurs à l’exception de ceux perçus par voie de rôle.

4-2 La direction générale de la comptabilité publique et du trésor


Elle est chargée du recouvrement des droits perçus par voie de rôle.
4-3 La direction des douanes
Elle est chargée de l’assiette, du recouvrement, du contrôle, des contentieux, des droits et
des taxes inscrits au tarif des douanes.
Section 2 : Elaboration juridique et technique de l’impôt
L’étude de l’élaboration juridique et la technique de l’impôt nous conduira à présenter les
sources du droit fiscal, puis la technique fiscale. Enfin, les différents régimes d’imposition
en Côte d’Ivoire retiendront notre attention.
2-1 Les sources du droit fiscal
2-1-1 Les sources internationales
Comme sources internationales, nous avons les traités internationaux régulièrement ratifiés
par la Côte d’Ivoire. Ces traités visent à éviter les doubles impositions. A cela, il faut
ajouter les directives de l’UEMOA qui oblige les Etats membres à modifier leurs
législations nationales de façons à réaliser une certaine harmonisation des fiscalités dans le
cadre de la communauté économique.
2-1-2 Les sources nationales
Les textes réglementaires (décrets et arrêtés ministériels) complètent la loi. La jurisprudence
établie par les tribunaux, précise l’interprétation à donner aux différents textes de loi et
directives. Enfin, la doctrine administrative (instructions, réponses ministérielles) fournit
une réponse officielle aux questions que les textes ne règlent pas clairement.

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La fiscalité tire sa substance des diverses sources que sont :

1 La constitution 7 Les arrêtés


2 Les ordonnances 8 Les notes et circulaires
3 Les traités internationaux 9 La jurisprudence : les arrêts
4 Les conventions internationales 10 La doctrine
5 Les lois de finances et particulièrement 11 Les « lettre-réponse » ou « Solutions
les Annexes fiscales Individuelles »
6 Les décrets 12 Etc.

NB : « Le code général des impôts » et les « livres des procédures fiscales » ainsi que « le
code des investissement » etc., regroupent les lois et autres dispositions fiscales en vigueur.

2-2 La technique fiscale


La technique fiscale comporte quatre opérations :
- l’assiette ;
- la liquidation ;
- le recouvrement ;
- le contrôle.
2-2-1 L’assiette
L’assiette est l’ensemble des règles appliquées ou des opérations effectuées pour :
- établir l’existence de la matière imposable (éléments qui doivent être soumis à
l’impôt) ;
- évaluer cette matière imposable ;
- déduire les exonérations et les abattements ;
- en vue de déterminer la base imposable ou base d’imposition.
Mais au sens strict, l’assiette peut être définie comme la base imposable ou base
d’imposition.
2-2-2 La liquidation
La liquidation est l’opération de calcul de l’impôt. Elle consiste à appliquer à la base
d’imposition le taux prévu en vue d’obtenir le montant de l’impôt.

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2-2-3 Le recouvrement
C’est l’ensemble des opérations et pratiques, des règles et procédures qui permettent de
faire passer l’impôt du patrimoine du contribuable dans les caisses de l’Etat. Le
recouvrement des impôts et taxes est assuré par le comptable public.
En d’autres termes, le recouvrement, c’est la perception de l’impôt par le comptable public
ou le paiement par le contribuable.

2-2-4 Le contrôle fiscal et les sanctions


C’est le pouvoir reconnu à l’administration fiscale de vérifier l’exactitude des informations
fournies par le contribuable et du montant de l’impôt dû. En effet, le système déclaratif
laisse toute latitude au contribuable de déclarer à l’administration la matière imposable et
par conséquent l’impôt dû. Dès lors, il implique pour celle-ci le pouvoir d’exercer le
contrôle afin de :
- vérifier l’exactitude des déclarations effectuées par le contribuable et de l’impôt dû ;
- appréhender les défauts et insuffisances de déclaration
- réclamer les compléments d’impôt dû ou les impôts éludés.

3- Les différents régimes d’imposition en Côte d’Ivoire


Le dispositif légal comprend quatre (4) types de régimes d’imposition adaptés à la taille des
entreprises sur la base du critère de chiffre d’affaires annuel. A chacun de ces régimes,
correspondent des obligations et des formalités particulières. Ces régimes sont les suivants :

- le régime du réel normal d’imposition (RNI) ;

- le régime du réel simplifié d’imposition (RSI) ;

- le régime de l’impôt synthétique (IS) ;

- le régime de la taxe forfaitaire des petits commerçants et artisans.

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3-1 Le régime du réel normal d’imposition (RNI)

Le régime du bénéfice réel normal ou régime réel normal d’imposition (RNI) est un régime qui
s’applique aux entreprises dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses, excède 150
millions de francs. (Article 34 CGI).

Les entreprises dont le chiffre d’affaires s’abaisse en dessous de la limite de 150 millions de
francs, ne sont soumises au régime du bénéfice réel simplifié, ou le cas échéant, au régime de
l’impôt synthétique, que lorsque leur chiffre d’affaires est resté inférieur à cette limite pendant
trois exercices consécutifs.

Le chiffre d’affaires de 150 millions de francs est ajusté au prorata du temps d’exploitation pour
les entreprises qui commencent ou cessent leurs activités en cours d’année.

Les contribuables relevant du régime du bénéfice réel normal sont astreints à des obligations
comptables et fiscales.

Au plan comptable, ils sont tenus de produire leurs états financiers annuels conformément au
droit comptable OHADA, au droit comptable bancaire ou au Code de la Conférence
Interafricaine des Marchés des Assurances (CIMA).

Au plan fiscal, ces contribuables doivent mensuellement souscrire leurs déclarations d’impôts et
en effectuer le paiement auprès de la recette des Impôts de rattachement.

Les états financiers sont à fournir en cinq exemplaires destinés respectivement à l’Administration
fiscale, à l’Institut national de la Statistique, à la Comptabilité nationale et à la Banque centrale
des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

Les états financiers doivent également être transmis par voie électronique.

En cas de discordances constatées entre les informations portées sur les différents supports ci-
dessus indiqués, celles figurant sur la version papier font foi.

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3-2 Le régime du réel simplifié d’imposition (RSI)

Le régime du bénéfice réel simplifié ou régime du réel simplifié d’imposition (RSI) s’applique
aux personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses, est
compris entre 50 et 150 millions. (Article du 45 CGI).

Les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires s’abaisse en dessous de la limite
de 50 millions de francs, ne sont soumises au régime de l’impôt synthétique, sauf option pour le
régime simplifié d’imposition, que lorsque leur chiffre d’affaires est resté inférieur à cette limite
pendant trois exercices consécutifs.

Les personnes physiques ou morales exclues du régime de l’impôt synthétique conformément à


l’article 75 du Code général des Impôts, relèvent également du régime du bénéfice réel simplifié,
lorsqu’elles remplissent le critère du chiffre d’affaires.

Le chiffre d’affaires limite compris entre 50 et 150 millions de francs est ajusté au prorata du
temps d’exploitation pour les contribuables qui commencent ou cessent leurs activités en cours
d’année.

Les contribuables soumis au régime du réel simplifié d’imposition (RSI) sont tenus de produire
leurs états financiers annuels conformément au droit comptable OHADA. Ils sont autorisés à
tenir une comptabilité simplifiée qui comporte les registres obligatoires suivants :

- un livre des achats ;


- un livre des frais généraux ;
- un livre des salaires et des charges sociales ;
- un livre des ventes et des prestations réalisées ;
- un livre de caisse retraçant jour par jour les recettes, les dépenses, les prélèvements et les
apports effectués par l’exploitant ;
- un livre d’inventaire des stocks, des immobilisations, des créances et des dettes.
3-3 Le régime de l’impôt synthétique (IS)

Le régime de l’impôt synthétique est prévu par les articles 72 et suivants du Code général des
Impôts (CGI). Il s’agit d’une cotisation forfaitaire annuelle dont le tarif est fixé par la loi en
fonction des tranches de chiffre d’affaires réalisé.

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Aux termes des dispositions de l’article 73 du CGI, sont soumises au régime de l’impôt
synthétique, les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires annuel, toutes taxes
incluses, est compris entre 5 et 50 millions de francs.

Les personnes physiques ou morales dont le chiffre d’affaires s’abaisse en dessous de la limite
de 50 millions, ne sont soumises au régime de l’impôt synthétique, que lorsque leur chiffre
d’affaires est resté inférieur à cette limite pendant trois exercices consécutifs.

Les chiffres d’affaires limites prévus ci-dessus sont ajustés au prorata du temps d’exploitation,
pour les contribuables qui commencent ou cessent leurs activités en cours d’années.

Sont exclues du régime de l’impôt synthétique, les personnes relevant de plein droit de la taxe
forfaitaire municipale instituée par l’ordonnance n° 61-123 du 14 avril 1961.

Les contribuables relevant du régime de l’impôt synthétique peuvent opter, avant le 1er février
de chaque année, pour le régime du bénéfice réel simplifié d’imposition ou pour leur
assujettissement à l’impôt sur les bénéfices non commerciaux. L’option prend effet à compter du
1er janvier de l’année au cours de laquelle elle est exercée et elle n’est révocable qu’après les
trois exercices comptables qui suivent sa date d’effet et sur autorisation expresse des services de
la Direction générale des Impôts.

Les contribuables sont tenus de souscrire au plus tard le 15 janvier de chaque année leur
déclaration au moyen d’un imprimé conforme au modèle prescrit par l’Administration.

3-4 Le régime de la taxe forfaitaire des petits commerçants et artisans.

La taxe forfaitaire des petits commerçants et artisans est instituée par l’ordonnance n° 61-123 du
14 avril 1961. Elle est due par les personnes qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à cinq (5)
millions de francs. Elle est perçue au profit des municipalités sur le territoire des communes et au
profit des départements lorsque l’activité est exercée hors des limites communales.

L’assiette, le recouvrement et le contrôle sont assurés par les services municipaux dans le
périmètre communal et par la DGI en dehors de ce périmètre. La taxe forfaitaire recouvrée en
dehors du périmètre de la commune est reversée au département.

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Les contribuables soumis à la taxe forfaitaire des petits commerçants et artisans qui réalisent un
chiffre d’affaires supérieur à 2 millions de francs, sont tenus de noter chronologiquement, leurs
différentes opérations, dans un cahier de recettes et un cahier de dépenses.

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