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2016 Qccs 3969
2016 Qccs 3969
COUR SUPÉRIEURE
(Chambre civile)
N° : 500-17-095218-163
DOUGLAS KUKURA
Défendeur
______________________________________________________________________
JUGEMENT
______________________________________________________________________
I
[1] Par sa demande en injonction interlocutoire provisoire, la demanderesse Pivotal
Payments Corporation (« Pivotal ») requiert l’émission de diverses ordonnances visant
à obliger le défendeur, M. Kukura, à respecter les obligations auxquelles il s’est engagé
dans son contrat de travail, à savoir des engagements de non-concurrence et de non-
sollicitation de clients ou d’employés pendant une période de 12 mois suivant la fin de
son emploi et un engagement de non-divulgation de renseignements confidentiels.
[2] M. Kukura, par l’entremise de ses procureurs, conteste vivement cette demande
d’injonction provisoire et en demande le rejet pour divers motifs qui seront analysés ci-
après.
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II
[4] La technologie et les services de Pivotal sont utilisés par plus de 60 000
marchands à travers le Canada, les États-Unis et l’Europe. Le principal établissement
de Pivotal et son siège social sont situés à Montréal d’où ses employés peuvent
dispenser des services et interagir avec la plupart des marchands.
[6] Elle affirme que l’industrie du e-commerce est très compétitive. En tout temps,
les marchands peuvent cesser d’utiliser ses services et sa technologie pour utiliser ceux
d’une entreprise compétitrice. Afin d’assurer la rétention de sa clientèle, Pivotal assigne
à ses plus importants marchands un petit groupe d’employés afin qu’ils reçoivent un
service hors pair. Pour mieux servir ses marchands et générer une nouvelle clientèle,
Pivotal donne à ses gérants accès à des informations hautement confidentielles sur ses
stratégies d’affaires.
[7] Afin de s’assurer de la compétence de ses gérants, Pivotal leur fournit une
formation de six à douze mois pour qu’ils puissent desservir adéquatement la clientèle.
[8] M. Kukura a été engagé par Pivotal à titre de « Relationship Manager » [gérant
des relations avec la clientèle] le 7 avril 2014, tel qu’en fait foi son contrat de travail
signé le 2 avril 2014 (P-2).
[10] Quoique M. Kukura pouvait négocier les termes de son contrat de travail, il n’a
pas jugé bon de le faire, même si d’autres employés de Pivotal l’ont fait.
[13] Quand M. Kukura a quitté Pivotal le 8 juillet 2016, il était alors responsable des
relations avec 89 marchands V.I.P. représentant approximativement 94 comptes de
marchands. De surcroît, le portfolio de marchands V.I.P. dont il s’occupait représentait
des revenus bruts annuels excédant 2 millions de dollars. Entre autres, M. Kukura
administrait 11 comptes appartenant aux 50 plus importants marchands de Pivotal
incluant le deuxième plus important compte de la compagnie.
[14] Le 8 juin 2016, M. Kukura a avisé Pivotal qu’il démissionnait de son poste à
compter du 8 juillet 2016. Son courriel de démission mentionne notamment :
« [h]owever, I’ll be leaving to welcome my son into this world then pursue a new
opportunity »1. Cette démission a littéralement pris par surprise Pivotal étant donné
l’intense implication de M. Kukura dans les activités de l’entreprise.
[15] Le 4 août 2016, Pivotal a appris que M. Kukura avait été engagé depuis juin
2016 par son compétiteur direct Paysafe Group (« Paysafe »). À la lumière de ces faits,
la demanderesse a été en mesure de conclure que les agissements de M. Kukura
étaient en violation des engagements de son contrat d’emploi, notamment
l’engagement de ne pas travailler pour un compétiteur direct, l’engagement de ne pas
utiliser de l’information confidentielle appartenant à Pivotal et l’engagement de ne pas
solliciter ses clients ou ses employés.
[16] C’est ainsi que, sur le fondement de ces violations, Pivotal a intenté le 17 août
2016 sa demande d’injonction provisoire, interlocutoire et permanente afin d’obliger
M. Kukura à respecter les engagements qu’il a contractés en vertu de son contrat de
travail .
1
Pièce P-3.
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III
[18] Les procureurs du défendeur ont produit quant à eux une déclaration
assermentée de M. Kukura qui explique notamment les raisons de sa démission du 8
juin 2016. Cette déclaration confirme aussi qu’il a été engagé en juin 2016 par la
compagnie Paysafe, compétitrice directe de Pivotal. Selon M. Kukura, son départ de
Pivotal et son emploi au sein de Paysafe ne causent absolument aucun préjudice à la
demanderesse.
[23] Ils contestent aussi la demande d’injonction provisoire visant le respect de son
obligation de non-sollicitation de clients et d’employés vu l’absence de preuve de
préjudice à cet égard.
[25] Toutefois, les procureurs de M. Kukura ne s’opposent pas à ce qu’il lui soit
ordonné de respecter l’obligation de confidentialité stipulée dans son contrat de travail2.
[26] Pour répondre à la question en litige, le tribunal se penchera d’abord sur les
principes régissant l’exécution en nature d’obligations contractuelles en droit civil
québécois. Ensuite, il examinera le droit substantiel invoqué par Pivotal. Il s’attardera
enfin sur le véhicule procédural utilisé en l’instance pour obtenir l’exécution en nature
afin de déterminer si Pivotal a droit aux ordonnances d’injonction provisoires sollicitées
et s’il est opportun pour le tribunal de les accorder.
2
L’art. 2088 al. 1 C.c.Q. oblige d’ailleurs le salarié à ne pas faire usage de l’information à caractère
confidentiel qu’il obtient dans l’exécution ou à l’occasion de son travail.
3 e
Jean-Louis BAUDOUIN, Pierre-Gabriel JOBIN et Nathalie VÉZINA, Les obligations, 7 éd., Cowansville,
Éd. Yvon Blais, 2013 (ci-après « Baudouin »).
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[28] L’exécution en nature comporte deux composantes qui ne doivent pas être
confondues : (1) le droit substantiel dont on veut forcer l’exécution en nature; et (2) le
véhicule procédural pour mettre en œuvre l’exécution en nature de ce droit substantiel
(Baudouin, no 732, p. 859). Il importe d’analyser chacune de ces composantes.
[30] Il s’agit de trois obligations de ne pas faire (art. 1373 C.c.Q.). L’exécution en
nature de ces trois obligations est reconnue depuis longtemps en droit civil québécois et
ne pose donc pas problème en l’espèce.
[32] En l’espèce, Pivotal a clairement le droit de forcer le respect des trois obligations
de ne pas faire auxquelles s’est engagé M. Kukura en signant son contrat de travail, en
acceptant pendant deux ans le salaire qui lui a été versé et en profitant de la formation
que Pivotal lui a fournie dans le cadre de son emploi.
[33] Essentiellement, Pivotal doit établir qu’elle a droit aux ordonnances d’injonction
provisoires sollicitées et qu’il est opportun pour le tribunal de les accorder. En effet,
l’injonction – il convient de le rappeler – est un recours exceptionnel et discrétionnaire
tirant son origine de la common law (A.I.E.S.T., local de scène no 56 c. Société de la
Place des Arts de Montréal, 2004 CSC 2; [2004] 1 R.C.S. 43, par. 13-14).
(1) L’urgence
[40] Ce critère est peu exigeant et vise essentiellement à écarter les recours futiles
ou vexatoires : RJR — Macdonald Inc. c. Canada (Procureur général), [1994] 1 R.C.S.
311, 337-338; 143471 Canada Inc. c. Québec (Procureur général); Tabah c. Québec
(Procureur général), [1994] 2 R.C.S. 339; Placements Pellicano inc. c. Montréal (Ville
de), 2012 QCCS 2805, par. 62.
[41] Évidemment, l’apparence de droit doit être examinée à la lumière de l’art. 2089
C.c.Q., règle d’ordre public, qui dispose :
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2089. Les parties peuvent, par écrit et en termes exprès, stipuler que, même
après la fin du contrat, le salarié ne pourra faire concurrence à l’employeur ni
participer à quelque titre que ce soit à une entreprise qui lui ferait concurrence.
[43] Cependant, à la présente étape des procédures, le tribunal estime que les
arguments du défendeur, fondés sur le caractère déraisonnable du délai de 12 mois, du
territoire canadien, de l’interdiction de travailler pour une entreprise faisant concurrence
à Pivotal et de la protection des intérêts légitimes de cette dernière, ne rendent ni futile
ni vexatoire son recours fondé notamment sur la clause de non-concurrence stipulée
dans le contrat de travail de M. Kukura. Ces arguments soulèvent tout au plus des
questions sérieuses à juger satisfaisant ainsi au critère de l’apparence de droit.
[44] Mais il importe de souligner cet extrait des motifs conjoints des juges Sopinka et
Cory dans RJR – MacDonald, préc., p. 337-338, qui confirme sans équivoque que le
présent jugement ne préjuge aucunement de la validité des trois obligations « de ne pas
faire » stipulées dans le contrat de travail du défendeur :
Once satisfied that the application is neither vexatious nor frivolous, the motions
judge should proceed to consider the second and third tests, even if of the
opinion that the plaintiff is unlikely to succeed at trial. A prolonged examination
of the merits is generally neither necessary nor desirable. [soulignement ajouté]
[45] En l’espèce, il est manifeste que le défendeur viole son obligation de non-
concurrence en travaillant pour une compétitrice directe de la demanderesse.
[46] La clause de non-concurrence à laquelle s’est engagé M. Kukura est claire : il lui
est interdit de travailler pour une compétitrice directe de Pivotal. À cet égard, l’art. 2089
C.c.Q. prévoit à son 1er alinéa que : « [l]es parties peuvent, par écrit et en termes
exprès, stipuler que, même après la fin du contrat, le salarié ne pourra faire
concurrence à l’employeur ni participer à quelque titre que ce soit à une entreprise qui
lui ferait concurrence» (soulignement ajouté).
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[47] Ainsi, cet article prévoit que Pivotal avait deux options : (1) interdire à M. Kukura
de lui faire concurrence ou (2) lui interdire de participer à quelque titre que ce soit à une
entreprise qui lui ferait concurrence. La deuxième option retenue par Pivotal interdit à
M. Kukura de travailler pour une entreprise qui lui ferait concurrence sans égard à la
[48] Les agissements de M. Kukura établissent la cause d’action de Pivotal par l’effet
conjugué des art. 2089, 1458 al. 1, 1590 et 1601 C.c.Q. En tant que signataire du
contrat de travail, M. Kukura a l’obligation de l’exécuter entièrement, correctement et
sans retard. Pivotal a, quant à elle, le droit de forcer l’exécution en nature des
obligations découlant de ce contrat de travail.
[49] Enfin, aucune des deux exceptions à la règle générale selon laquelle un juge ne
devrait pas procéder à un examen approfondi sur le fond ne s’applique en l’espèce
(RJR – MacDonald, p. 338-339).
[52] De plus, la nature du préjudice que subit Pivotal par la violation des
engagements du défendeur est clairement sérieuse et irréparable car les clauses
contractuelles avaient justement pour but d’éviter la présente situation.
[53] La difficulté de quantifier les pertes subies par Pivotal, résultant de la violation
par le défendeur de son engagement de ne pas travailler pour une entreprise lui faisant
concurrence, constitue un autre motif pour conclure que le critère du préjudice sérieux
ou irréparable est rempli en l’espèce.
dans cette affaire, il n’y avait pas de clause de non-concurrence limitant les activités
post-emploi d’un employé. Or, en l’occurrence, le défendeur est lié par une clause de
non-concurrence clairement stipulée dans son contrat de travail.
[56] Selon le droit québécois, ce critère ne doit être analysé que si le droit de Pivotal
est douteux4. Pourtant, les arrêts de la Cour suprême énonçant les critères de
l’injonction interlocutoire ne rendent aucunement ce critère de la prépondérance des
inconvénients conditionnel à ce que le droit invoqué par le demandeur soit douteux 5. Ce
critère doit, selon les enseignements de la Cour suprême, toujours être analysé et doit
favoriser le demandeur pour qu’une ordonnance d’injonction interlocutoire soit émise.
Les motifs conjoints des juges Sopinka et Cory dans RJR – MacDonald, préc., p. 342 et
343 sont, à cet égard, éloquents :
4
Société de développement de la Baie-James c. Kanatewat, [1975] C.A. 166; Brassard c. Société
zoologique de Québec inc., 1995 CanLII 4710 (QC CA), EYB 1995-29033, [1995] R.D.J. 573 (C.A.).
5
Voir notamment Manitoba (P.G.) c. Metropolitan Stores Ltd., [1987] 1 R.C.S. 110; RJR - - MacDonald
inc. c. Canada (P.G.), [1994] 1 R.C.S. 311.
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[57] Tout comme le droit le plus clair ne donne pas droit à une injonction
interlocutoire en l’absence de préjudice irréparable (Brassard, préc., p. 582), un droit
clair ne devrait pas non plus donner droit à une injonction interlocutoire si la
prépondérance des inconvénients ne favorise pas le demandeur.
[58] Partant, quoique le tribunal soit d’avis que Pivotal a démontré en l’espèce
l’apparence d’un droit clair, il importe de déterminer si la prépondérance des
inconvénients la favorise.
[59] Après analyse, le tribunal est d’avis que le poids des inconvénients favorise
nettement la demanderesse. Si la demande d’injonction est refusée, les obligations de
« ne pas faire » stipulées dans le contrat de travail de M. Kukura resteront lettre morte,
alors que la demanderesse est en droit de forcer le défendeur à respecter ses
engagements. De plus, Pivotal ne bénéficiera pas du temps et de l’argent investis au
bénéfice du défendeur qui travaille maintenant pour une compétitrice directe, Paysafe.
En outre, la stratégie et le mode de marketing de Pivotal vont probablement être utilisés
à son détriment par le défendeur. Il existe aussi un risque réel de perte de clientèle.
Enfin, la violation par le défendeur de ses engagements contractuels risque
vraisemblablement d’avoir une influence néfaste sur les autres employés de Pivotal.
D’ailleurs, la preuve révèle que d’autres employés de Pivotal pourraient être tentés
d’imiter M. Kukura. Il est donc urgent et nécessaire d’arrêter cette hémorragie qui
pourrait conduire ultimement à la destruction de l’entreprise de Pivotal.
[61] Cet argument ne peut, dans les circonstances, être retenu. Au moment de sa
démission, M. Kukura avait déjà été engagé par Paysafe. Or, le défendeur savait – ou
devait savoir – que son contrat de travail lui interdisait clairement de travailler pour
Paysafe sans égard à la question de savoir s’il ferait ou non concurrence à son ancien
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*
[70] Ensuite, la demanderesse n’a rien à se reprocher, elle a agi avec diligence, elle
n’a pas renoncé à ses droits et elle n’a pas non plus d’autres recours utiles pour forcer
l’exécution en nature des engagements contractuels du défendeur.
If parties, for valuable consideration, with their eyes open, contract that a
particular thing shall not be done, all that a Court of Equity has to do is to say, by
way of injunction, that which the parties have already said by way of covenant,
that the thing shall not be done; and in such case the injunction does nothing
more than give the sanction of the process of the Court to that which already is
the contract between the parties. It is not then a question of the balance of
convenience or inconvenience, or of the amount of damage or of injury – it is the
specific performance, by the Court, of that negative bargain which the parties
have made, with their eyes open, between themselves.6
[72] Plus près de nous, ce même principe découle de l’effet conjugué des art. 1373,
1458, 1590, 1601 C.c.Q. et de l’art. 509 C.p.c.
[73] Il ne faut pas non plus minimiser la vertu préventive d’une injonction prohibitive
lorsque la probabilité d’un préjudice appréhendé est établie : 9055-6473 Québec inc. c.
Montréal Auto Prix inc., 2006 QCCA 627, par. 46.
* *
*
[74] En conséquence, le tribunal conclut que Pivotal a démontré qu’elle avait droit
aux ordonnances d’injonction provisoires sollicitées et qu’il est opportun pour le tribunal
de les accorder.
6
Dans cette affaire, il s’agissait d’une injonction permanente, mais le principe demeure le même en
matière d’injonction interlocutoire.
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VI
[75] En somme, en droit civil québécois, la signature d’un contrat entraîne pour
chaque contractant le devoir d’honorer ses engagements. En l’espèce, les ordonnances
[76] Comme la Cour d’appel du Québec l’a souligné avec beaucoup d’à-propos :
Dans un monde où la signature d'un contrat veut dire quelque chose, la Cour ne
peut pas fermer les yeux sur une situation où une partie paraît transgresser
délibérément et indifféremment ses engagements contractuels.7
[78] GRANTS a provisional injunction, to be valid and executory until September 2nd,
2016, at 5 p.m.;
7
Ubi Soft Divertissements Inc. c. Champagne-Pelland, 2003 CanLII 13559 (QC CA), EYB 2003-48437,
J.E. 2003-1981, par. 20.
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be developed, customer lists, the prices it obtains or has obtained from the
sale of, or at which it sells or has sold its products, and services used by it,
the suppliers and costs thereof, the manner of its operation, its marketing,
product development and other plans, and any financial affairs of plaintiff
[80] ORDERS any person who becomes aware of these orders to abide by them;
[83] AUTHORIZES all persons responsible for service of any order issued in the
present judgment to take all necessary measures to serve it and to prevent or remove
any impediment to its service, including service of the orders outside legal hours, by
bailiff, telecopy, electronic mail or by leaving certified copies of such orders (as well as
of the present proceedings) in Defendants’ mailbox, by sliding same under the door or
by any other means in the absence of Defendants’ or should any one of them refuse to
answer or to accept such service;
__________________________________
GÉRARD DUGRÉ, J.C.S.
Me Luc Thibaudeau
Me Laurence Bich-Carrière
Mme Marie Catherine Ducharme
LAVERY, DE BILLY, S.E.N.C.R.L.
Procureurs de la demanderesse
Me Alexandre W. Buswell
Me Frédéric Massé
BORDEN LADNER GERVAIS
Procureurs du défendeur
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