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CPGE Ibn Timiya Marrakech Corrigé Devoir Libre No 11 2022/2023

MPSI 5 Prof :Abdelilah Sabir

interpolation polynomiale

Première partie : polynôme d’interpolation

1. a) Le polynôme N est de degré n + 1 ; il admet pour racines les réels x0 < x1 < · · · < xn .
b) Le polynôme Lk est de degré n ; il admet pour racines les réels xi , à l’exception de xk .
2. Notons λk le réel non nul λk = Lk (xk ). Le polynôme Pn défini par
n
X f (xk )
∀t ∈ R, Pn (t) = Lk (t)
λk
k=0

est de degré inférieur ou égal à n (combinaison linéaire de tels polynômes) et vérifie bien Pn (xk ) = f (xk )
pour tout entier k ∈ [[0, n]].
3. La fonction f étant de classe C n+1 , la fonction |f (n+1) | est continue, donc bornée sur le segment [a, b].
4. a) Il suffit de choisir A = f (x)−P n (x)
N (x) , ce qui est possible car x n’est égal à aucun des xk , donc N (x) 6= 0.
b) Pour chaque entier k ∈ [[0, n]], on a f (xk ) = Pn (xk ) et N (xk ) = 0, donc ϕ(xk ) = 0, ce qui fait n + 1
points deux à deux distincts en lesquels la fonction ϕ s’annule. Numérotons α0 < α1 < · · · < αn+1 ces
points. Sur chaque intervalle [αk , αk+1 ], la fonction est dérivable et vérifie ϕ(αk ) = ϕ(αk+1 ), donc il existe
un réel ck ∈]αk , αk+1 [ tel que ϕ′ (αk ) = 0. On a en particulier c0 < c1 < · · · < cn , ce qui fait n + 1 zéros
(au moins) pour la fonction ϕ′ .
c) La fonction ϕ′ étant encore dérivable, on en déduit l’existence de n points distincts en lesquels la
fonction ϕ′′ s’annule, puis... pour arriver enfin à l’existence d’un point cx ∈]a, b[ vérifiant ϕ(n+1) (cx ) = 0.
(n+1)
Le polynôme Pn étant de degré inférieur ou égal à n, on Pn (cx ) = 0, alors que N (n+1) (cx ) = (n + 1)!
(en effet, le polynôme N est de degré n + 1 exactement et de coefficient dominant égal à 1). La relation
ϕ(n+1) (cx ) = 0 s’écrit donc f (n+1) (cx ) = A(n + 1)!. Reportant dans la relation ϕ(x) = 0, on trouve

f (n+1) (cx )
f (x) = Pn (x) + N (x).
(n + 1)!

5. Soit x ∈ [a, b]. (n+1)


(cx )
– Si x est distinct des xk , on a |f (x) − Pn (x)| = f (n+1)! N (x) , avec

|f (n+1) (cx )| 6 Mn+1 et |N (x)| 6 sup |N (t)|,


t∈[a,b]

d’où la première inégalité. Mais, pour t ∈ [a, b] et k ∈ [[0, n]], on a |t − xk | 6 |b − a|, d’où

|N (t)| = (t − x0 ) · · · (t − xn ) 6 |b − a| × · · · × |b − a| = (b − a)n+1 ,

d’où la deuxième inégalité.


– Si x est l’un des xk , on a f (x) − Pn (x) = 0, donc l’inégalité est encore vraie.

6. a) On a N ′ (t) = 2t, donc la fonction N est décroissante sur l’intervalle [−1, 0] et croissante sur [0, 1] ; son
minimum est donc atteint en t = 0 ; le maximum en t = −1 ou en t = 1 (ou en les deux à la fois). Comme
on a N (−1) = N (1) = 12 et N (0) = − 12 , on trouve que l’on a |N (t)| 6 12 pour tout réel t ∈ [−1, 1], le cas
|N (t)| = 12 étant atteint pour t = ±1 et pour t = 0 (et pour ces valeurs uniquement).
Cette majoration est bien meilleure que celle obtenue à la question précédente (on trouvait |N (t)| 6
(b − a)2 = 4).
b) Considérons le polynôme R(t) = N (t) − Q(t) : c’est un polynôme de degré inférieur ou égal à 1. Si le
polynôme Q vérifie |Q(t)| 6 21 pour tout réel t ∈ [−1, 1], alors on a

1
R(−1) = N (−1) − Q(−1) = − Q(−1) > 0
2
et, par un argument analogue, R(0) 6 0 et R(1) > 0. Il existe donc un réel c1 ∈ [−1, 0] tel que R(c1 ) = 0
et un réel c2 ∈ [0, 1] tel que R(c2 ) = 0.

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– Si c1 < c2 , le polynôme R admet au moins deux racines, donc il est nul (car de degré inférieur ou égal
à 1) : c’est impossible car, par hypothèse, le polynôme Q est différent du polynôme N .
– Sinon, on a c1 = c2 = 0, donc R(0) = 0. La fonction R étant affine et s’annulant en 0, R(−1) et R(1)
sont de signes opposés. Or on sait que R(−1) > 0 et R(1) > 0, donc l’un des deux est nul, donc R a au
moins deux racines, donc il est nul : c’est encore impossible.
Dans tous les cas on aboutit à une absurdité. Il existe donc bien un réel c ∈ [−1, 1] tel que |Q(c)| > 12 .
1
c) Le résultat précédent montre que, en choisissant {x0 , x1 } = {± √12 }, on trouve sup |N (t)| = ,
t∈[−1,1] 2
1
alors que l’on trouve sup |N (t)| > pour tout autre choix des points x1 et x2 . C’est donc ce choix
t∈[−1,1] 2
qui est optimal.

Deuxième partie : polynômes de Chebychev

1. Soit p ∈ N. Pour t ∈ R, on a
p  
ipt it p p
X p
e = (e ) = (cos t + i sin t) = cosp−k t(i sin t)k
k
k=0
X p  X p

2k
= p−2k
cos k
t(−1) sin t+i cosp−2k−1 t(−1)k sin2k+1 t
2k 2k + 1
k k

d’où, en prenant la partie réelle :


X p  X p 
cos pt = cosp−2k t sin2k t = (−1)k cosp−2k t(1 − cos2 t)k = Tp (cos t)
2k 2k
k k

en notant Tp le polynôme défini par


X p 
∀x ∈ R, Tp (x) = xp−2k (x2 − 1)k .
2k
k

Les polynômes xp−2k (x2 − 1)k étant tous de degré p exactement, le polynôme Tp est de degré inférieur ou
égal à p. Il est en fait de degré égal à p car ces polynômes sont tous affectés de coefficients positifs pour
la somme P : les termes de degré p ne peuvent donc pas s’annuler. Plus précisément, le terme de degré p
est égal à k 2pk , dont on a déjà vu qu’il était égal à 2p−1 pour p > 1 (rappel : on écrit la formule du

binôme pour calculer 2p = (1 + 1)p et 0p = (1 − 1)p ; faire la demi-somme de ces deux égalités permet de
calculer le coefficient cherché).
2. Soit P un polynôme vérifiant ∀t ∈ R, P (cos t) = cos(pt). Soit x un réel appartenant à l’intervalle [−1, 1].
Choisissons t ∈ R tel que x = cos t. On a

P (x) = P (cos t) = cos(pt) = Tp (cos t) = Tp (x).

Par suite, le polynôme P − Tp admet une infinité de racines (tous les réels de l’intervalle [−1, 1]), donc
c’est le polynôme nul : on a P = Tp .

3. Commençons par chercher des racines du polynôme Tn+1 dans l’intervalle [−1, 1]. Pour cela, choisissons
x ∈ [−1, 1], puis t ∈ [0, π] tel que x = cos pt. L’égalité Tn+1 (x) = 0 s’écrit Tn+1 (cos t) = 0, soit

cos (n + 1)t = 0,

ce qui équivaut à l’existence d’un entier k ∈ [[0, n]] tel que (n + 1)t = π2 + kπ, ou encore tel que t = (2k+1)π
2n+2
(la condition sur k provient de ce que t ∈ [0, π], donc (n + 1)t ∈ [0, (n + 1)π]).
On trouve donc n + 1 racines pour le polynôme Tn+1 : les points cos (2k+1)π 2n+2 , k ∈ [[0, n]]. Ces racines sont
deux à deux distinctes car la fonction cos est strictement décroissante sur l’intervalle [0, π] (en particulier,
ces racines décroissent lorsque k croît ; pour les ordonner comme le demande l’énoncé, il faut donc poser
xn−k = cos (2k+1)π
2n+2 , soit xk = cos
(2n+1−2k)π
2n+2 ). Ces racines appartiennent clairement toutes à l’intervalle
] − 1, 1[, et le polynôme Tn+1 n’en a pas d’autres, car il est de degré n + 1 (et on lui a déjà trouvé n + 1
racines).

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Troisième partie : optimalité du choix de ces abscisses d’interpolation

1
1. La factorisation de Tn+1 est donc Tn+1 (x) = 2n (x − x0 )(x − x1 ) · · · (x − xn ), d’où la relation N = 2n Tn+1 .

2. Commençons par remarquer que, pour tout réel x ∈ [−1, 1], on a |Tn+1 (x)| 6 1 (en effet, en écrivant x
sous la forme x = cos t, on a Tn+1 (x) = Tn+1 (cos t) = cos (n + 1)t ), donc que supx∈[−1,1] |Tn+1 (x)| 6 1.
La borne supérieure est en fait égale à 1 : en effet, on a Tn+1 (1) = Tn+1 (cos 0) = cos 0 = 1. Cherchons
en quelles valeurs de x ∈ [−1, 1] cette borne supérieure est atteinte, i.e. cherchons les réels x ∈ [−1, 1]
vérifiant Tn+1
 (x) = ±1, ou encore les réels t ∈ [0, π] tels que Tn+1 (cos t) = ±1, ce qui s’écrit encore
cos (n + 1)t = ±1. On a toujours (n + 1)t ∈ [0, (n + 1)π], donc l’égalité cos (n + 1)t = ±1 équivaut à

l’existence d’un entier k ∈ [[0, n + 1]] tel que (n + 1)t = kπ, soit t = n+1 . La borne supérieure est donc
atteinte en chacun des n + 2 points cos n+1 , k ∈ [[0, n + 1]]. Par suite, on a supx∈[−1,1] |N (x)| = 21n , la

borne supérieure étant atteinte en les mêmes points que pour le polynôme Tn+1 . Plus précisément : on
a N (1) = 21n , N (cos n+1
π
) = −1 2π 1
2n , N (cos n+1 ) = 2n ... Les signes des valeurs prises par N en ces points
alternent.
3. Raisonnons par l’absurde en supposant que supx∈[−1,1] |Q(x)| < 21n et considérons le polynôme P =
N − Q : c’est un polynôme de degré inférieur ou égal à n (les termes de degré n + 1 disparaissent). Par
hypothèse, on a Q(1) < 21n , donc P (1) > 0. De même, on obtient P (cos n+1 π 2π
) < 0, P (cos n+1 ) > 0... Il
π 2π π
existe donc un réel α0 ∈] cos n , 1[ tel que P (α0 ) = 0, un réel α1 ∈] cos n+1 , cos n+1 [ tel que P (α1 ) = 0...

et un réel αn ∈] − 1, cos n+1 [ tel que P (αn ) = 0. On a donc trouvé n + 1 racines deux à deux distinctes
au polynôme P , qui est de degré inférieur ou égal à n, donc ce dernier est le polynôme nul, donc Q = N ,
ce qui contredit le fait que les points yi ne sont pas les mêmes que les points xi . On a donc bien
1
sup |Q(x)| > .
x∈[−1,1] 2n

4. Si les points y0 < · · · < yn d’interpolation ne sont pas les racines x0 < · · · < xn du polynôme Tn+1 , alors
supx∈[−1,1] |N (x)| > 21n alors que cette borne supérieure est égale à 21n en choisissant les abscisses xi . Ce
sont donc ces abscisses qu’il vaut mieux choisir. (En réalité, on peut même montrer que, si les yi ne sont
pas les xi , on a même supx∈[−1,1] |N (x)| > 21n : inégalité stricte, mais c’est un peu plus compliqué : il
faut alors parler de multiplicité des racines du polynôme P ...).

Page 3/3 Fin

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