Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Cours de Micro Ecopo 2021
Cours de Micro Ecopo 2021
Mai 2021
INTRODUCTION
L’économie est une discipline de la science économique qui étudie le comportement des agents
économiques considérés comme centres de décisions individuels agissant pour leur bien - être propre
dans un contexte de production et de répartition des ressources supposées rares. A travers l’analyse
des comportements du consommateur et du producteur (on dira aussi de l’entrepreneur et ou plus
communément de l’entreprise), les néo - classiques bâtissent leur théorie de la production et de la
répartition des richesses et proposent en même temps, leur propre définition de l’optimum économique
dans un contexte de libre concurrence.
La libre concurrence entre les producteurs, ces agents économiques qui vendent (ou qui « offrent »)
leurs produits et les consommateurs qui achètent (ou qui demandent) les produits nécessaires à la
satisfaction de leurs besoins (ou qui leur procurent de l’utilité) aboutit à la formation de l’équilibre sur le
marché grâce au jeu de la loi de l’offre et de la demande qui va imposer la formation du prix et des
quantités d’équilibre des biens ainsi échangés.
Pour mener à bien leur démonstration, les néo classiques utilisent la démarche du raisonnement « à la
marge ». Ainsi, le consommateur n’aura pas atteint son «équilibre » tant que la consommation d’une
unité supplémentaire du bien demandé lui procure un surcroît de satisfaction ou « d’utilité ». Cette
utilité marginale est en effet selon les néo classiques à la base des choix du consommateur sur le
marché.
De même l’entrepreneur continuera à produire ou à offrir des biens sur le marché, tant que la
productivité liée à l’utilisation d’une unité supplémentaire d’un facteur de production (utilisé dans le
processus de fabrication des biens qu’il met sur le marché) reste positive, c’est à dire tant qu’elle
assure un accroissement de l’offre. Cette productivité marginale, (tout comme le coût marginal des
facteurs) est à la base du comportement d es producteurs. Pour cette raison, l’école néo classique est
dite également école marginaliste. L’analyse marginaliste porte sur quatre grands axes qui forment ce
que l’on appelle communément la théorie néoclassique, objet du cours de micro économie.
Le cours de Microéconomie est souvent considéré par les étudiants comme un cours abstrait et
manquant de sens. Il faut dire que les sciences économiques sont parfois présentées de façon
fortement formalisées et nombreux ceux qui ont le sentiment de faire davantage des mathématiques de
l’économie ! Pour notre part, nous considérons que la formalisation mathématique est nécessaire, mais
non suffisante. Il faut mettre l’outil mathématique au service de l’économie et non au cœur de celle-ci.
C’est la raison pour laquelle nous avons cherché a relevé dans ce polycopie un double défi : donner
du sens à l’analyse théorique et offrir les outils mathématiques permettant aux étudiants de
réussir les différents exercices et problèmes qui leur sont demandés.
L’objectif de ce support est donc de présenter de façon simple et accessible, mais néanmoins
complète, les bases de l’analyse économique et financière. Nous avons voulu mettre à la
disposition des étudiants à la fois l’essentiel des connaissances à acquérir et des mécanismes à
assimiler et un instrument de travail permettant de se familiariser avec les principaux concepts et
exercices qu’ils seront amenés à rencontrer.
L’analyse micro-économique utilise les instruments conceptuels de l’école Néo - classique dont le but est
d’expliquer de la formation des prix « phénomène le plus évident de la vie économique » (cf. A. Benachenhou :
Introduction à l’analyse économique, OPU, Alger, 1976, p.273). A travers l’analyse des comportements du
consommateur et du producteur (on dira aussi de l’entrepreneur et ou plus communément de l’entreprise), les néo
- classiques bâtissent leur théorie de la production et de la répartition des richesses et proposent en même temps,
leur propre définition de l’optimum économique dans un contexte de libre concurrence.
La libre concurrence entre les producteurs, ces agents économiques qui vendent (ou qui « offrent ») leurs produits et
les consommateurs qui achètent (ou qui demandent) les produits nécessaires à la satisfaction de leurs besoins (ou qui
leur procurent de l’utilité) aboutit à la formation de l’équilibre sur le marché grâce au jeu de la loi de l’offre et de la
demande qui va imposer la formation du prix et des quantités d’équilibre des biens ainsi échangés.
Pour mener à bien leur démonstration, les néo classiques utilisent la démarche du raisonnement « à la marge ». Ainsi,
le consommateur n’aura pas atteint son «équilibre » tant que la consommation d’une unité supplémentaire du bien
demandé lui procure un surcroît de satisfaction ou « d’utilité ». Cette utilité marginale est en effet selon les néo
classiques à la base des choix du consommateur sur le marché.
De même l’entrepreneur continuera à produire ou à offrir des biens sur le marché, tant que la productivité liée à
l’utilisation d’une unité supplémentaire d’un facteur de production (utilisé dans le processus de fabrication des biens
qu’il met sur le marché) reste positive, c’est à dire tant qu’elle assure un accroissement de l’offre. Cette productivité
marginale, (tout comme le coût marginal des facteurs) est à la base du comportement des producteurs. Pour cette
raison, l’école néoclassique est dite également école marginaliste.
variable dépendante peut être isolée. En tenant tous les autres facteurs constants, un scientifique est en mesure de se
concentrer sur les effets d'un unique facteur donné dans une situation complexe de causalité.
Exemple : le prix détermine la demande ceteris paribus. En ajoutant ceteris paribus on reconnaît l'influence possible
d'autres facteurs (dans l'exemple, les revenus des consommateurs, leur nombre, leurs préférences, etc.) et on les
exclut du modèle : toutes les variables autres que celle étudiée sont considérées comme inchangées.
Les lois économiques ont un caractère de lois naturelles comme celles de l’ordre physique, elles sont donc
universelles et permanentes. Leur utilité se justifie par le fait qu’à partir de ces lois :
- les dirigeants des entreprises ou des Etats adoptent des lignes de conduite suivant les circonstances.
- l’adoption de mesures d’ordre économique et des prévisions…
Exemples :
- la loi de moindre effort ou principe hédonistique : maximum de satisfaction, la spécialisation professionnelle
- la loi de l’offre et de la demande ou la loi du marché, la loi de Gresham, la loi d’Engel, la loi de profit, la loi de finances,
la loi de l’intérêt personnel…
1.1.5. FAIBLESSE DE LA SCIENCE ECONOMIQUE
A quoi tient la faiblesse de la science économique ? Elle tient à deux causes :
1. A la différence des autres sciences positives, elle ne dispose que d’une faculté très limitée d’expérimentation. Elle se
borne à observer les phénomènes de la vie sociale, il ne lui est guère permis de se livrer sur elle à des expériences
ainsi qu’en use le biologiste sur les animaux, les physiciens et chimistes sur la matière inanimée. On conçoit dès lors
que faute de pouvoir manipuler à leur gré le champ offert à leur observation, les économistes marquent une fâcheuse
tendance à s’évader dans l’abstraction à ériger leurs hâtives inductions en principes absolus.
2. Par ailleurs, l’économie politique est une science de l’homme : le comportement ultérieur des volontés restera
toujours pour elle enveloppé d’un certain mystère. Ce qu’elle avait pris hâtivement comme principe absolu valable en
tout temps et en tout lieu s’avère n’être que des formules contingentes appropriées aux besoins d’un moment passager.
L’ECONOMIE POLITIQUE ET LES AUTRES SCIENCES
Selon Léon WALRAS, on distingue :
1. L’économie pure (ou abstraite ou mathématique) : c’est celle qui vise à découvrir les lois économiques qui
s’établiraient dans un régime hypothétique de libre concurrence organisée. Elle est basée sur la déduction.
2. L’économie appliquée (ou concrète) : c’est celle qui « basée sur l’observation des faits, s’évertue à en dégager
des lois convenant à la généralité des cas. Sans doute, les résultats obtenus maquent-ils parfois d’une
précision rigoureuse et laissent-ils à certains cas exceptionnels. Elle est basée sur l’induction.
3. L’économie sociale : dans un sens large, c’est celle qui étudie les sociétés humaines, dans un sens plus étroit,
c’est celle qui étudie les moyens de diminuer les injustices sociales par une meilleure répartition des revenus.
Elle est l’œuvre de SISMONDI.
Cette subdivision n’est pas exhaustive, car l’économie pure, appliquée ou sociale peut être analysé sous différentes
branches de l’économie : économies industrielle, monétaire, publique, mathématique, internationale, de la santé, du
travail, de l’environnement…
L’activité économique n’est qu’un aspect de l’activité humaine. A côté de celle-ci qui est purement matérialiste,
coexistent d’autres activités : morales, religieuses, familiales, physiques…
L’économie politique a donc des rapports étroites avec :
- la morale : qui dicte des règles de conduite parfois contraires aux seuls intérêts économiques. Exemple :
l’amour du travail, prévoyance, considération de l’homme…
- la géographie : fournit à l’économiste une meilleure connaissance des conditions physiques et naturelles de
l’activité économique
- la sociologie : apporte des renseignements indispensables sur l’environnement dans lequel se situe l’activité
économique
Elles sont le support d'une production plus collective et plus interactive des savoirs et des compétences. Elles
permettent des pratiques innovantes en réseau. Elles systématisent l'accumulation du savoir dans des bases de
données, l'intégration des connaissances et leur mobilisation, les externalités de connaissance.
L'Informatique et les TIC sont un facteur majeur de croissance économique. Comme le montre Philippe Breton :
« Le micro-ordinateur est né d’un projet social formulé au début des années 1970 à Berkeley en Californie par un
groupe radical américain, qui avait surtout comme souci la démocratisation de l’accès à l’information qui répondra à
un désir d’innovation technique moteur de la croissance économique et du développement.
- la recherche de l’intérêt individuel est les plus sûrs moyens d’assurer la richesse des nations (le mobile de
l’intérêt personnel se confond le plus souvent avec l’intérêt général), par conséquent le rôle de l’Etat doit être
strictement limité. C’est la fameuse théorie de la « main invisible ».
- Le travail humain est l’origine première de la valeur des biens. C’est la théorie de la valeur d’un bien ; il
distingue entre la valeur d’usage (valeur subjective) qui dépend de l’utilité et la valeur d’échange de dépend du
coût de production. Par l’échange international, il énonça la théorie des avantages absolus : « le maxime de
toute nation est de ne jamais essayer de produire chez soi la chose qui lui coûtera moins à acheter qu’à faire ».
A. SMITH est plus connu par sa fameuse « loi de l’offre et de la demande » : le prix d’un bien est fonction de
l’offre et de la demande de ce bien, ceteris paribus. Avec l’adaptation de cette loi à la production, au salaire, à la
monnaie…
2. DAVID RICARDO (1772-1824) homme d’affaires et économiste anglais a principalement traité de la répartition
des richesses. Dans son ouvrage « principes de l’économie politique et de l’impôt », il préconise :
- la théorie de la rente foncière : la rente des propriétaires fonciers tend spontanément à s’accroître par suite de
la demande de produits de la terre alors que ces derniers sont des oisifs qui ne contribuent pas directement au
progrès économique.
- la théorie quantitative de la monnaie : la valeur d’une monnaie est liée à sa quantité en circulation sur le
marché càd à l’offre qui en est faite.
- la théorie des coûts comparatifs : le commerce international est avantageux pour tous les pays à condition que
chacun d’entre-deux se spécialise dans les produits pour lesquels son avantage comparatif est le plus
important. Il s’agit de la dotation factorielle.
3. Thomas Robert MALTHUS (1776-1834) : pasteur britannique, il est surtout célèbre par sa loi de la population :
« il prétend que la misère existante provient d’un excès de la population résultant de la croissance en
progression géométrique (1,2,4,8…) tandis que les moyens de subsistance ne croissent que selon une
progression arithmétique (1,2,3,4…) chaque terme de ces progressions correspondant à une période de 25
ans. Malthus que était un pasteur, prônait donc la limitation des naissances, non par des procédés
anticonceptionnels (ce que certains lui imputent) mais par la contrainte morale, c.à.d. l’abstention de
procréation en dehors du mariage et l’ajournement du mariage tant que l’homme n’est pas en mesure d’assurer
la charge familiale.
Cependant, les prévisions de Malthus ont été démenties par les faits :
- en ce qui concerne la population : dans les pays développés, la natalité a fléchi, puis si la population pouvait
croître de cette manière, il aurait + de 100 milliards d’hommes sur terre alors qu’il n y a que 6,671 milliards
(estimation en 2007).
- En ce qui concerne les subsistances : en dépit de l’accroissement de la population, jamais une disette due au
surpeuplement n’est survenue même s’il y a des zones de faim dans le monde due au sous-développement et
la mauvais distribution de la production alimentaire mondiale.
4. John STUART MILL (1806-1873), fut individualiste. Il a perfectionné la doctrine libérale qu’il résuma clairement
en ses grandes lois :
- la loi de l’intérêt personnel : « il n’y a pas d’avantage durable sans contrepartie ». Ainsi, l’intérêt personnel est
le moteur du développement, il conduit à l’intérêt général.
- La loi de la libre concurrence : l’individualisme implique la liberté (d’où le nom de l’école libérale) dans tous les
actes de la vie économique et donc l’opposition à toute intervention de l’Etat
- La loi du l’échange international : le commerce international est basé sur la loi de l’offre et de la demande.
5. Jean Baptiste SAY (1767-1832) : industriel français, il fut connu par sa « loi de débouché » : les produits
d’échangent contre des produits, la monnaie ne servant que d’intermédiaire et le principe hédonistique ou la loi
de moindre effort (optimisation des efforts : maximiser l’avantage et minimiser le coût »
Pour le courant socialiste, avec le chef de fil KARL MARX, Jean PROUDHON, Saint SIMON, SISMONDI DE
SISMONDE…qui est une réaction contre l’école libérale à cause de la concentration des ouvriers dans des
centres industriels qui vivent misérablement avec des conditions de travail très dures vers la moitié du 19ème
siècle.
Parlons de Karl MARX (1818-1883) : économiste, philosophe et homme politique allemand, ami d’Engels il est le
père du « marxisme » qui est une socialiste réaliste basée sur ses œuvres : le capital et le manifeste
communiste. Les idées de Marx se résument par :
- le matérialisme historique et la lutte des classes : la philosophie marxiste est matérialiste, elle rejette la
possibilité de construire l’ordre social par la raison. Pour Marx, ce ne sont pas les idées qui mènent le monde
mais les conditions matérielles. L’histoire est donc commandée par les transformations techniques et la lutte
des classes qui participent à la production.
- Il distingue ainsi deux classes diamétralement opposées (patron et ouvrier, riche et pauvre…bref les
oppresseurs et les opprimés) : la classe capitaliste ou les bourgeois, classe dominante qui possède le capital
et dispose ainsi des moyens de faire travailler autrui à son profit en pesant sur le cours d'achat de la force de
travail et le prolétariat, les personnes qui n'ont pas de capital et sont contraintes de vendre leur force de travail
pour subsister.
- Il s'agit de la classe salariée. Ainsi, les prolétaires doivent lutter pour renverser les bourgeois. Marx critique
fortement le rôle de la religion. Marx est athée et s’en revendique, sans faire de l'athéisme une nouvelle
« religion ». Marx s'intéresse surtout à la religion à cause du rôle qu'elle exerce sur la société. Pour Marx, la
religion est une structure créée par la classe dominante, et qui évolue selon ses besoins. La religion et les
hommes qui la font (prêtres, évêques, etc) sont des alliés objectifs de la classe dominante (et, pour ce qui est
du haut clergé, en est directement membre).
- La religion permet de justifier les inégalités sociales, et permet au prolétariat de mieux les supporter. Elle laisse
le peuple dans l’illusion que sa condition n’est pas si terrible, en lui donnant des exemples bibliques, des
bienfaits de la souffrance…Marx pense que si on élimine la religion, la classe ouvrière prendra conscience de
sa misère, le refusera, et permettra la naissance d’une société socialiste.
- Ce qu récuse avant tout Marx, c’est l’effet anesthésiant, aliénant et mystifiant des religions sur la mentalité
collective dans son expression célèbre : « la religion est l’opium du peuple ».
- la doctrine marxiste comporte les théories suivantes : la théorie de la valeur-travail, la théorie de la plus-value
(dans le régime du salariat, l’ouvrier touche un salaire inférieur à la valeur créée par le travail, cette différence
est la plus value appropriée par le capitaliste), la théorie de la concentration des capitaux, la théorie de la
prolétarisation croissante et la théorie de l’effondrement final.
DE 1871 aux années 1930 : avec le courant néoclassique ou néo-libérale avec Wilfredo PARETO (1848-1923 Il
introduisit le concept de l'efficacité et aida le développement du champ de la microéconomie avec des idées
telles que la courbe d'indifférence), Alfred MARSHALL (1842-1924 avec la loi des rendements non
proportionnels : un producteur passe par le rendement croissant en premier lieu puis décroissant dans un
second temps,) ; les fondateurs du marginalisme avec Carl MENGER (1840-1921), Léon WALRAS (1834-1910 a
décrit l'équilibre général de concurrence parfaite et cherché à montrer que cet équilibre est optimal. Il veut dire
par là que l'équilibre de concurrence parfaite permettrait le plein emploi de tous les facteurs de production.
toute la population active serait occupée et tous les capitaux seraient utilisés, il crée le concept d'« utilité
marginale » au sein de la théorie de la valeur) et l’approche dynamique avec Joseph SCHUMPETER (1883-1950
le rôle de l’innovation dans la croissance), Vladimir Ilitch Oulianov dit LENINE (1870-1924 révolutionnaire et
fondateur de l’URSS par son approche marxiste, il fait ses études sur l’impérialisme en prônant le marxisme
poussé jusqu’à ces dernières conclusions : abolition de la propriété privée des biens de production et la dictature
du prolétariat).
1.4.7. Des années 1930 jusqu’aujourd’hui : avec le courant keynésien et le courant néo-classique. LA
REVOLUTION KEYNESIENNE : par John Maynard KEYNES (1883-1946) économiste et un mathématicien
britannique. Son héritage intellectuel s'étend de la social-démocratie à certaines formes de libéralisme avec ses
disciples du néo-classique John Hicks, Paul Samuelson, Franco Modigliani, Milton Friedman, Edmond
Malinvaud...
Parlons de John Maynard KEYNES : son célèbre ouvrage « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie », il est considéré comme le plus grand économiste du XXe siècle et reste à ce jour la figure tutélaire de
la macroéconomie moderne.
Parmi les concepts novateurs apportés par Keynes, on retiendra surtout :
a) ceux de l'équilibre de sous-emploi où le chômage est possible pour un niveau donné de la demande effective ;
b) l'absence d'ajustement par les prix entre les demandes et les offres d'emploi afin de résorber le chômage.
L'ajustement se fait donc par les quantités ;
c) une théorie de la monnaie fondée sur la préférence pour la liquidité (motif de transaction, motif de précaution
et motif de spéculation) ;
d) la notion d'efficacité marginale du capital comme explication de l'investissement, faisant de l'investissement la
cause déterminante de l'épargne.
e) la loi psychologique fondamentale qui affirme que lorsque le revenu augmente, la consommation augmente
moins que proportionnellement ce qui revient à dire que la propension à consommer est comprise entre 0 et 1.
Cette propriété découverte par Keynes sera reformulée par la suite dans le cadre de la théorie des choix
intertemporels.
Ces concepts ont accrédité à l'époque la possibilité de politiques économiques interventionnistes qui
élimineraient les récessions et freineraient les emballements de l'économie. L'ensemble de ces notions constitue
une méthodologie et a engendré une nouvelle sous-discipline de l'économie appelée macroéconomie. C’est la
révolution keynésienne.
CHAPITRE PREMIER :
LA THEORIE DE LA DEMANDE
1.1 Présentation générale du problème du consommateur
Soit x = (x1, x2, ... , xl ) un complexe (vecteur) de l biens ; chaque composante xh du vecteur
représente la consommation en bien h. «Le consommateur choisit le meilleur complexe x
dans un ensemble de complexes qui sont à priori possibles pour lui1.» Il faut d’abord définir
quels sont les complexes possibles et ensuite dire ce que signifie le meilleur complexe x. Le
consommateur est soumis à une contrainte physique et à une contrainte économique.
Contrainte physique
Soit X l’ensemble des complexes possibles (ou l’ensemble des consommations
possibles). La contrainte s’écrit x ε X où X est donné à priori et représente les
contraintes physiques qui sont imposées au consommateur. X peut être défini de
plusieurs façons, par exemple :
X= R+l x ε X implique que toutes les composantes de x sont non négatives (xi ≥ 0, i
= 1, 2, ... , l). Dans ce cas, le consommateur n’offre rien.
X ⊂ R+ certains vecteurs sont exclus de l’ensemble, par exemple pour représenter le fait
l
1
Malinvaud, E., Leçons de théorie microéconomique, 4ème éd., Dunod, Paris, 1982, (p. 12).
qu’il cherche à maximiser. Soit x1 et x2 deux complexes de biens. u(x1) > u(x2) signifie que
le consommateur préfère x1 à x2. Un équilibre du consommateur est un vecteur x0 qui
maximise l’utilité u(x) sous les contraintes physiques et économiques.
Données exogènes : u, X, R, p
Var. endogènes : x h (h = 1,..., l)
Le vecteur x0 dépend de u, X, p et R. Si x0 est unique, on peut écrire : x 0
= ξ (p ,R )
c’est-à-dire : x 1 = ξ1 ( p 1 , p 2 , . . . , p l , R )
x 2 = ξ2 ( p 1 , p 2 , . . . , p l , R )
M
x h = ξh ( p 1 , p 2 , ... , p l , R )
où ξh est la fonction de demande du consommateur pour le bien h, laquelle fonction dépend
des prix et de son revenu.
1.2 La représentation des préférences
Parmi l’ensemble X des consommations possibles, le consommateur choisit des complexes
de biens selon ses préférences. On peut représenter ces préférences de deux façons :
• soit par un préordre de préférences (relation de préférence) ;
• soit par une fonction d’utilité (u(x)).
Nous verrons que sous certaines hypothèses, il est équivalent de travailler avec l’une ou
l’autre de ces représentations.
La théorie des préférences
Définition : Soit «f» la relation qui est définie entre les x de X.
1) x1 ≥ x2 signifie que x1 est préféré à x2. C’est la relation de préférence faible. Le
consommateur pense que x1 est au moins aussi bon que x2.
(en termes d’utilité : u(x1) ≥ u(x2)).
2) x1 f x2 signifie que x1 est préféré à x2. C’est la relation de préférence forte ; x1 f x2 si
x1 ≥ x2 mais non x2 ≥ x1. (en termes d’utilité : u(x1) > u(x2)).
3) x1 ~ x2 signifie que le consommateur est indifférent entre x1 et x2. C’est la relation
d’indifférence ; x1 ~ x2 si x1 f x2 et x2 f x1. (en termes d’utilité : u(x1) = u(x2)).
Si on veut que les x de l’ensemble X soient ordonnés par la relation «f », cette relation doit
respecter certaines exigences.
1.2.1 Axiomes de la théorie des préférences
A.1 (Ordre total) Pour tout couple x1, x2 ∈ X, ou bien x1 ≥ x2 ou bien x2 ≥ x1. Tous les
complexes de biens peuvent être comparés entre eux.
A.2 (Réflexivité) Pour tout x ∈ X, x ≥ x
A.3 (Transitivité) Si x1 ≥ x2 et si x2 ≥ x3 alors x1 ≥ x3. Cet axiome nous assure qu’il y a un
meilleur élément dans l’ensemble, ce qui est nécessaire pour les problèmes de
maximisation.
Les axiomes A.1, A.2 et A.3 définissent un préordre sur X
1.2.2 Lien entre le préordre et u
A.4 Pour tout x0 ∈ X
( x ∈ X | x0 ≥ x) l’ensemble de tous les x qui ne sont pas préférés à x0 et
( x ∈ X | x ≥ x0) l’ensemble de tous les x auxquels x0 n’est pas préféré ;
sont fermés dans X
L’axiome A.4 nous assure qu’il n’y ait pas de discontinuité dans les choix du consommateur :
intuitivement, si x1 est préféré à x2 et que x3 est «très près» de x1, alors x3 est aussi préféré à
x2 .
Remarques
• Imposer les hypothèses sur u est équivalent à imposer des axiomes sur «≥».
• On peut tout aussi bien construire la théorie du consommateur à partir de u qu’à
partir de «≥ ». En général, il est plus simple de la faire à partir de u.
1.3.1 Utilité ordinale vs utilité cardinale
Utilité ordinale
Définition : Si l’utilité représentée par u(x) est ordinale, la fonction u peut être remplacée
par n’importe quelle transformation strictement croissante û(x) = φ(u(x)) avec
φ’>0.
En d’autres termes, u peut être remplacée par n’importe quelle fonction ou transformation
strictement croissante û(x), sans que cela ne change la solution au problème du
consommateur. En fait, û(x) et u(x) ont les mêmes surfaces d’indifférence (courbe
d’indifférence, dans le cas de deux biens). Dans l’exemple ci-dessus, que l’on prenne u(x) ou
û(x), le couple (X1, X2) = (8, 2) se place sur la courbe d’indifférence la plus éloignée. Tout
ce qui change, c’est la «valeur» de cette courbe (16 dans le cas de u(x), 4 dans le cas de û(x)).
On parle d’utilité ordinale, puisque l’on raisonne en termes de classement des choix de
consommation : tous les couples de la seconde courbe d’indifférence sont préférés à ceux de
la première. Exemple, le couple (8, 2) est préféré à (3, 3) autant au niveau de u(x) que de
û(x), car 16 est supérieur à 9, tout comme 4 est supérieur à 3.
Utilité cardinale
Soit x1, x2, x3 et x4 avec u(x2) > u(x1) et u(x4) > u(x3).
Peut-on comparer u(x2) - u(x1) avec u(x4) - u(x3) ?
Peut-on savoir, par exemple, si u(x2) - u(x1) > u(x4) - u(x3) ?
Si l’utilité (ou satisfaction) représentée par u est ordinale, la réponse est non. En effet, on a
vu que dans ce cas, u peut être remplacée par une fonction monotone croissante û(x). Or,
même si on a u(x2) - u(x1) > u(x4) - u(x3), il n’est pas certain que û(x2) - û(x1) > û(x4) - û(x3).
(exercice : vous pouvez le constater par vous même en posant u(x) = x1x2, u$( x1 , x 2 ) = x1 2 x 2 2 ,
1 1
(exercice : vous pouvez le constater en posant u(x)=x1x2 et u’(x)=2x1x2 +10, x1=(3, 3),
x2=(4, 4), x3=(2, 2) et x4=(9,1)).
1.3.2 Hypothèses sur u
H.1 u ∈ C² (i.e. u est deux fois continûment dérivable).
Pour résoudre le problème de maximisation de l’utilité du consommateur, il est utile,
quoique non essentiel, que la fonction u soit dérivable deux fois.
∂u ∂u ∂u ∂u
= , ,...,
∂x ∂ x1 ∂ x 2 ∂ xl
∂ 2u ∂ 2u ∂ 2u
∂ x 2 , ∂ x ∂ x ,... , ∂ x ∂ x
U =
1 1 2 1 l
(matrice hessienne)
∂ u 2
∂ u
2
∂ u
2
, , ... ,
∂x l∂x1 ∂x l∂x 2 ∂ x l2
∂u
H.2 u est strictement croissante (i.e. > 0 )
∂x
On suppose que la satisfaction du consommateur augmente avec x (le consommateur
est insatiable).
H.3 u est différentiellement strictement quasi-concave
∂u
i.e. ζ ' U ζ < 0 p o u r ζ ≠ 0 e t ζ ' = 0 , où U est la matrice hessienne de u.
∂x
Cette dernière hypothèse nous assure que les surfaces (courbes) d’indifférence sont
convexes.
1.3.3 Le taux marginal de substitution
Soit u(x) la fonction d’utilité du consommateur. Le taux marginal de substitution du bien s
par rapport au bien r mesure la quantité du bien r qu’il faut donner au consommateur en
échange d’une unité de bien s, de manière à ce que sa satisfaction (utilité) demeure la même.
Soit x1 et x2 tels que u(x1) = u(x2).
∂u ∂u ∂u
∆ u = u ( x 1 ) − u ( x ²) ≈ d u = dx 1 + d x 2 + . . .+ dx = 0
∂ x1 ∂x2 ∂ xl l
Supposons que seules les quantités des biens s et r varient, i.e. dxh=0, pour tout h ≠ r ou s
On a alors :
∂u
∂u ∂u ∂xr ∂x s
du = dx r + dx s = 0 =− = TMS s ,r
∂xr ∂xs ∂xs ∂u
∂xr
Le taux marginal de substitution correspond au prix personnel du consommateur pour le bien
s, exprimé en terme du bien r. Le TMS est toujours négatif : le consommateur ne cédera une
unité du bien s que si on le compense par une quantité positive du bien r (les courbes
d’indifférence sont convexes).
Par ailleurs, le TMS varie le long de la courbe d’indifférence : quand le consommateur
possède peu du bien s, il exigera une plus grande compensation en bien r quand vient le
temps de céder une unité du bien s, que quand il possède beaucoup du biens. (voir graphique
1-02)
xr
1- 02
∆ X r
∆ X r
u (x)
xs
∆ X s ∆ X s
On suppose que les préférences du consommateur sont représentables par une fonction
d’utilité u(x) définie sur X. La consommateur cherche à maximiser u(x) tout en étant soumis
à certaines contraintes, soit x ∈ X et px ≤ R. La solution d’équilibre nous donne x0 = ξ(p, R)
représentant la fonction de demande du consommateur. Pour que l’équilibre puisse exister et
que les fonctions de demande aient des propriétés «sensées», on doit faire des hypothèses sur
u(x), hypothèses que nous avons déjà établies précédemment, et sur X (en gros, X doit être un
ensemble convexe, fermé et borné). Le problème est donc : maximiser u(x) sujet à x ∈ X et
px ≤ R, ce qui revient à maximiser le lagrangien :
Max L = u(x) - λ(p’x - R)
x ,λ
Remarques
Dans la mesure où X ∩ (x | px ≤ R) ≠ φ, p > 0 et que les hypothèses sur X (convexe, fermé et
borné inférieurement) et sur u (continûment dérivable et croissante) sont respectées, alors
l’équilibre existe. Si la fonction u est quasi-concave, les conditions de second ordre sont
automatiquement satisfaites et les conditions de premier ordre deviennent nécessaires et
suffisantes. Si la fonction u est strictement quasi-concave, l’équilibre est unique.
∂u
1) − λp = 0 h = 1,...,l
∂xh
l
2) − p x +R = 0
h=1
h h
Une solution ( x o = ( x1o , x2o ,..., xlo )) de ce système d’équations est un équilibre du
consommateur.
Considérons l’équation 1) pour h = s , r. On a :
∂u ∂u 1
− λps = 0 λ = *
∂xs ∂xs ps
∂u ∂u 1
− λpr = 0 λ = *
∂xr ∂xr pr
∂u 1 ∂u 1
d’où λ = * = *
∂x s ps ∂xr pr
∂ u
∂ x s p
∂ u = s
(condition d’équilibre)
∂ x r p r
∂u
dxr ∂xs
i) le côté gauche : = − ∂u représente la pente de la tangente à la courbe
dxs ∂xs
d’indifférence. C’est le TMS s,r ;
ii) le côté droit (pour fin de représentation graphique, on suppose xh = 0 pour h ≠ r , s)
dx r p
= s représente la pente de la droite budgétaire, car dans ce cas, prxr + psxs = R
dx s pr
ps R
xr = − xs + .
pr Pr
Ainsi, les conditions d’équilibre peuvent s’écrire :
ps (∀ s ,r ; s ≠ r )
TMS s ,r = − p
r
h
ph xh = R
À l’équilibre, le taux marginal de substitution TMSs,r (ou valeur personnelle accordée par la
consommateur au bien s - exprimée en terme du bien r) sera égal au rapport des prix -ps/pr (ou
prix relatif «officiel» du bien s - exprimé en terme du bien r), et ce, pour tous les couples de
biens (s, r). De plus, le consommateur doit respecter sa contrainte budgétaire.
1.4.2 Existence des fonctions de demande (*)
Le système d’équations :
∂u
∂x − λph = 0
(*) h h = 1 ,...,l
l
− ph xh + R = 0
h =1
est un système de l + 1 équations avec 2 (l + 1 ) variables (l variables xh, l variables ph, λ et
R).
Les fonctions de demande existent-elles ? C’est-à-dire, peut-on exprimer x1, x2, ... , xl et λ en
fonction de p1, p2, ... , pl et R ?
( )
Soit b o = x 1o , . . . , x lo , λ 0 , p 1o , . . . , p lo , R o un point qui satisfait les l + 1 équations (*). La
réponse est oui si la dérivée du système d’équations (*) par rapport aux variables x1, x2, ... , xl
et λ (et évaluée au point bo) est une matrice de rang maximal (application du théorème des
fonctions implicites).
Par exemple, pour le système
∂u
− λ p1 = 0
∂x1
∂u
− λp2 = 0
∂x2
- (p1x1 + p2x2) + R = 0; si la matrice
∂ 2u ∂ 2u
− p1
∂ x2 1 ∂ x1x 2
2
∂ u ∂ 2u
∂x x − p2
∂ x 2
2 1 2
− p 1 − p 2 0
rang maximal et donc que les fonctions de demande existent. Lorsque l’on travaille avec une
fonction d’utilité particulière, le calcul direct des fonctions de demande remplace la preuve
d’existence. C’est ce que l’exemple suivant vient illustrer.
Soit u(x1, x2) = x1x2 la fonction d’utilité du consommateur, p1 le prix de x1, p2 le prix de x2 et
R son revenu. Le problème du consommateur est alors de maximiser son utilité compte tenu
de sa contrainte budgétaire, c’est-à-dire :
M axL = x 1 x 2 − λ ( p1 x 1 + p 2 x 2 − R )
x1 , x 2 , λ
(p1, p2, > 0)
∂ξ ∂ξ ∂ξ
dx = + x ' d p + p'dx
∂p ∂R ∂R
∂ξ
dx = Kdp + p'dx (3)
∂R
∂ξ
où K est la matrice de Slutsky, est le vecteur d’effets-revenu et p’dx représente la
∂R
variation du revenu réel. Si la variation du revenu réel est nulle, i.e. p’dx = 0, on a de (3) :
dx
dx = Kdp K = pdx =0
dp
Posons l = 2. Dans ce cas, (3) peut s’écrire :
dx1 K11 K12 dp1 ∂ξ1 ∂R
dx = K + ∂ξ ( p1dx1 + p 2 dx 2 )
2 21 K 22 dp 2 2 ∂R
∂ξ 1 ∂ξ 1 ∂ξ 1 ∂ξ 1
∂p + x + x
∂ R 1 ∂ p 2 ∂ R 2 K 11 K 12
1 =
où K= ∂ξ
2 + ∂ξ ∂ξ ∂ξ K 22
x 2 21
K
2
x1 2
+ 2
∂ p 1 ∂R ∂p 2 ∂R
De façon générale, on peut écrire :
∂ ξr ∂ ξr ∂ ξr
k r ,s = = + x
∂ps pdx = 0
∂ps ∂R s
∂ ξr ∂ ξr ∂ ξr
ou : = − x
∂ps ∂ps pdx = 0
∂R s
∂ ξ ∂ ξ ∂ ξr
r
= r
− x
∂ p s ∂ p s p d x = 0
∂ R s
1- 05
À ce point, le
x2
consommateur
maximise son
R
P2
C
utilité uo en
B
A
consommant q1
unités de x1 .
uo
Quand le prix x1
augmente ( p1
u'
q 1' q 1''
→ p1’) la droite de
q1 R R x1
P1 ' P1
u − p ∂ξ ∂p
∂ξ
∂R λ I 2 0
− p ' ≡ (* )
0 ∂ λ ∂p
∂λ
∂R x ' − 1
ou I2 est la matrice identité d’ordre 2 :
1λ I 2 0 λ I 2 0
soit 1 x ' − 1 l’inverse de x'
λ − 1
1λ I 2 0
En post-multipliant (*) de chaque côté par 1 x'
λ − 1
on obtient :
U − p 1 λ ( ∂ξ ∂ p + ∂ξ ∂ R * x ') − ∂ξ ∂ R I 0
≡
− p
0 1 λ ( ∂ξ ∂ p + ∂λ ∂ R * x ') − ∂λ ∂ R 0 I
ou :
U − p 1λ K − ∂ξ ∂R I 0
≡
− p 0 1 λ ( ∂ λ ∂ p )
c
− ∂λ ∂R 0 I
que l’on appelle l’équation fondamentale transformée.
À l’aide de cette dernière équation, on peut facilement démontrer les propriétés suivantes :
• K ≡ K’
• Kp ≡ 0
• ζ’Kζ < 0 pour ζ ≠ θp, θ ∈ R
∂ξ
• p' ≡ 1
∂R
dont nous allons parler à la prochaine section.
1.4.4 Les propriétés des fonctions de demande
Soit xh = ξh(p1, p2, ... , pl, R) la demande du bien h. On a les propriétés suivantes :
1o K ≡ K’ : la symétrie
∂xr ∂xs
Kr, s = Ks, r ou = = 0
∂ p s pdx = 0 ∂ p r pdx=0
∂xr ∂xr ∂xs ∂xs
ou + xs = + xr
∂ps ∂R ∂pr ∂R
L’effet de substitution de r pour s est égal à l’effet de substitution de s pour r.
Exemple :
Supposons que r représente le café et s le thé. Ces deux biens étant substituables l’un à
l’autre, on devrait avoir dans ce cas :
∂ x r ∂ x s
> 0 e t > 0
∂ p s pdx= 0 ∂ p r pdx= 0
L’égalité des effets de substitution entre ces deux biens reflète 2 choses :
∂ x ∂ x
1) r
> 0 s
> 0 (et vice versa)
∂ p s p d x = 0
∂ p r p d x = 0
si l’effet de substitution du café pour le thé est positif, il doit en être de même pour l’effet de
substitution du thé pour le café (et vice versa). C’est une condition de cohérence interne.
∂ x r ∂xs
2) = = 0
∂ p s pdx= 0 ∂ p r pdx=0
Si, en plus, les effets de substitution sont égaux, cela nous assure qu’il n’y a pas de sur-
réaction ou de sous-réaction à une variation compensée de prix, de la part du consommateur.
2o Kp ≡ 0 : Homogénéité
Le fait que les fonctions de demande soient homogènes de degré 0 en p et R signifie que le
consommateur ne souffre pas d’illusion monétaire : quand les prix et le revenu augmente
dans les mêmes proportions, sa demande ne change pas.
∂ξ
3o p' ≡ 1 : additivité
∂R
∂xh
Soit p h la propension marginale à consommer du bien h. Cette propriété nous indique
∂R
que la somme des propensions marginales à consommer est égale à 1. Autrement dit : si R
augmente d’un dollar, ce dernier sera entièrement dépensé.
K est définie négative. Cette propriété implique que les termes de la diagonale de K sont tous
négatifs. En effet, les termes de la diagonale de K, par exemple,
∂ x r
K rr =
∂ p r pdx= 0
représentent l’effet de substitution d’un bien quand son propre prix varie. Il est évident que
le consommateur ne peut conserver la même utilité, quand le prix d’un bien augmente, que
s’il y substitue un autre bien. Donc cet effet de substitution est toujours négatif. Ce qui
revient à dire que la pente de la demande compensée (ou Hicksienne) d’un bien est toujours
négative.
Il n’en va pas nécessairement de même pour la demande classique (Marshallienne) d’un bien.
En général, il est vrai que la demande d’un bien décroît par rapport à son prix et donc que la
pente de la fonction de demande ∂x/∂p est négative. Il existe cependant des cas où la pente
de la fonction de demande peut être (souvent localement seulement) positive : c’est le cas
des biens Giffen. On a alors :
Mais si r est un bien inférieur, le résultat est incertain ; la fonction de demande aura une
pente négative si l’effet-revenu ne dépasse pas (en valeur absolue) l’effet de substitution. La
fonction de demande aura une pente positive si, au contraire, l’effet-revenu est plus important
que l’effet substitution. Dans un tel cas, on dit qu’il s’agit d’un bien Giffen. Le signe des
autres éléments de la matrice K nous indique s’il s’agit de biens substituables ou
complémentaires.
∂xr
Si > 0 r et s sont des biens substituables ;
∂ps pdx = 0
∂xr
< 0 r et s sont des biens complémentaires ;
∂ps pdx = 0
∂xr
= 0 r et s sont indépendants.
∂ps pdx = 0
∂x
p 2 2 + p ∂x3 = − p ∂ x1
∂ 3 1
p 1 pdx = 0 ∂ p1 pdx = 0 ∂ p1 pdx=0
Or, selon 4o : K 1 1 = ∂ x 1 est toujours négatif.
∂p1
pdx = 0
Soit u(x1, x2) = x1x2. Quelle est la matrice de Slutsky associée à cette fonction d’utilité ?
Nous savons que les demandes pour les biens x1 et x2 du consommateur sont :
x1* = R/2p1 et x2* = R/2p2
∂ x1 ∂ x1 R 1 R
K 11 = + x1 K 11 = − 2 + *
∂ p1 ∂R 2 p1 2 p1 2 p1
2R R R
K 11 = − 2 + 2 = −
4 p1 4 p1 4 p 12
∂ x1 ∂ x1 1 R R
K 12 = + x 2 K 12 = 0 + * =
∂p2 ∂R 2 p1 2 p2 4 p1 p 2
∂x2 ∂x2 1 R R
K = + x1 K 21 = 0 + * =
21
∂ p1 ∂R 2 p2 2 p1 4 p1 p 2
∂x2 ∂x2 R 1 R R
K 22 = + x 2 K 22 = − 2 + * = −
∂p2 ∂R 2 p2 2 p2 2 p2 4 p 22
On obtient :
− R 4 p 12 R
4 p1 p 2
K = R −R
4 p1 p 2 4 p 22
Vérifions les propriétés des fonctions de demande :
1o K ≡ K’ évident, puisque k12 = R/4p1p2 = k21
− R 4 p2 R
4 p1 p 2 p 1 − R 4 p1 + R
4 p1 0
2 o
Kp ≡0 R 1
= =
4 p1 p 2
−R
4 p 22
p 2 R 4 p 2 − R
0
4 p2
∂x ∂x 1
12 p1
∂R
3 o
p’*∂x/∂R = 1 = ∂x = 1
∂R
2
∂R 2 p2
∂x 1 2 p1 1 1
p' = [ p1p2 1 ]
= 2+ 2 =1
∂R 2 p2
R R
4o K est définie négative : K11 = − 2 < 0 et K 22 = − 2 < 0
4 p1 4 p2
Remarquons finalement que k12 > 0 et donc que les biens x1 et x2 sont substituables
(inévitablement, dans ce cas, parce qu’il n’y a que deux biens).
Les propriétés que nous venons de voir peuvent toutes êtres exprimées sous forme
∂xr ps ∂xr ps
d’élasticité . Soit : E rs = * , E r*s =
∂ps xr ∂ p s pdx = 0 x r
Ers = élasticité du bien r au prix du bien s
Ers* = élasticité compensée du bien r «au prix du bien s
∂xr R p x
Soit = =
r r
Z * ,b
r
∂R x r r
R
zr = élasticité-revenu du bien r
br = part du budget consacré au bien r
4o Substituabilité dominante : E
s
*
rs =0
Définition :
v(p, R) ≡ u(x1*, x2*, ... , xl*) ≡ u[ξ1(p1, p2, ... , pl, R), ξ2(p1, p2, ... , pl, R), ... , ξl(p1, p2, ... , pl,
R)]
Propriétés de v
1- 07
1.5.2 Identité
de Roy
p1
Soit xh* = ξh(p1,
... , pl, R) la
demande
classique ou
ensemble convexe
Marshallienne
pour le bien h.
Cette fonction
v ( p1 , p 2 , R ) = k peut être
obtenue de la
fonction
p2 d’utilité
indirecte, car :
∂v
= ξh ( p , R )= ∂ph
x *
h − ∂v
pour h = 1, 2, ... , l
∂R
v = v(p1, p2, R) = u(x1*, x2*) = u[ξ1(p1, p2, R), ξ2(p1, p2, R)]
∂ v ∂ u ∂ ξ1 ∂ u ∂ ξ2
1. = +
∂ p1 ∂ x1 ∂ p1
*
∂ x 2* ∂ p 1
∂ v ∂ u ∂ ξ1 ∂ u ∂ ξ2
2. = +
∂ p2 ∂ x 1* ∂ p2 ∂ x 2* ∂ p 2
∂ v ∂ u ∂ ξ1 ∂ u ∂ ξ2
3. = +
∂ R ∂ x 1* ∂ R ∂ x 2* ∂ R
∂ u ∂ ξ1 ∂ ξ1 * ∂ u ∂ ξ2 ∂ ξ2 *
= * + x1 + * + x1
∂ x1 ∂ p1 ∂R ∂ x2 ∂ p1 ∂R
∂u ∂u
= * k 11 + k
∂x1 ∂ x 2* 2 1
= λp1K11 + λp2K22, car ∂u/∂xh* =λph (h=1, 2) (conditions d’équilibre du consommateur)
= 0 car p’K ≡ 0
∂v ∂v * ∂v
∂p1
On a donc + x 1 = 0 , ce qui implique x 1* = − ∂ v
∂ p1 ∂ R ∂R
∂v
∂p
De la même façon, on peut montrer que x 2* = − ∂v
2
∂R
La fonction de dépense associe à chaque (p, u) le coût minimal d’obtenir u aux prix p = (p1,
p2, ... , pl) (u est le niveau d’utilité u(x1, x2, ... , xl) = u).
x$1 = h1 ( p1 ,..., pl , u )
x$ 2 = h2 ( p1 ,..., pl , u )
Min{ px | u(x) ≥ u } donne
M
x$ l = h l ( p1 ,..., pl , u )
où hr est la fonction de demande Hicksienne pour le bien r.
Définition :
l
e( p, u ) ≡ ph x$ h
h =1
Propriétés de e
Remarques
∂ hr ∂e2
= = ∂xr = K r s représente l’effet substitution ou l’effet-prix
∂ps ∂ p s∂ p r
∂ps pdx = 0
oudu = 0
compensé.
La demande compensée n’est pas observable. Toutefois, par l’équation de Slutsky, on a que :
∂ hr ∂xr ∂xr ∂xr
= = + x , où ∂xr/∂ps et ∂xr/∂R sont observables.
∂ps ∂ p s pdx = 0 ∂ps ∂R s
1.5.5 La dualité
Le problème du consommateur
Primal Dual
M ax u(x1 , x 2 ) Min p1x1 + p2x2
x1 , x2
x1 , x 2
p1 , p2 , R ← variables exogènes → p1 , p2 , u
1- 08
x2 x2
p1x1+p2x2
R
P2
(x *
, x 2* )
1
( x$ 1 , x$ 2 )
u*
u
− p1 − p1
p2 p2
x1 x1
x$1 = x10
On obtient et donc Ro = p1x1o + p2x2o
x$ 2 = x 20
Si on considère le problème primal avec R = Ro et les mêmes prix p1, p2, soit :
M ax u(x1 , x 2 ) s.c. p1x1 + p2x2 ≤ Ro
x1 , x 2
On obtient x1 * = x1 o et u* = u
o
x2 * = x2
D’une façon générale, on a :
1. ξr(p, R) ≡ hr(p, v(p, R)) pour tout r
2. hr(p, u) ≡ ξr(p, e(p, u))
3. Équation de Slutsky :
hr(p, u) = ξr(p, e(p, u))
∂ hr ∂ ξr ∂ ξr ∂ e
= +
∂ps ∂ps ∂R ∂ps
∂ ξr ∂ ξr *
= + xs
∂ps ∂R
2
Par exemple, si T=4 périodes, ces quatre périodes sont les suivantes: t=0, t=1, t=2 et t=3.
3
Remarquez que la valeur prise par l'indice t nous indique le nombre de périodes "dans le futur" et, par
conséquent, correspond exactement au nombre de périodes d'actualisation.
dans le cas général d'une économie comportant H biens. Pour simplifier l'écriture, nous
noterons xt = (x1t,x2t,...,xHt) le vecteur de consommation à la période t.
La fonction d'utilité intertemporelle s'écrit maintenant:
T −1
sujetà
t=0
pt xt = W
|T P I A | > |T P I B |
Le TPI5 mesure le nombre d'unités de consommation future que le consommateur est prêt à
échanger pour obtenir une unité supplémentaire de consommation présente. Au numérateur,
l'expression ∂u/∂C0 n'est rien d'autre que l'utilité marginale de la consommation courante. Au
dénominateur, nous avons ∂u/∂C1, c'est-à-dire l'utilité marginale de la consommation future.
Le TPI est donc le rapport entre ces deux utilités marginales.
4
On rencontre aussi parfois l'expression "facteur d'escompte subjectif".
5
Certains auteurs définissent plutôt le TPI de la façon suivante: ((∂u/∂C0)/(∂u/∂C1)) - 1.
Nous obtenons l'équation d'une droite de pente -(1+i) et d'ordonnée à l'origine R0(1+i) + R1.
La figure 2 représente graphiquement la contrainte budgétaire intertemporelle.
6
Ceci explique en partie pourquoi on observe toujours des taux d'intérêt positifs.
La condition nécessaire d'un maximum de cette fonction exige que les dérivées partielles par
rapport à C0, C1 et λ soient nulles d'où
Soit ( C 0* , C1* ) le choix optimal du consommateur et (R0, R1) la distribution initiale de ses
revenus. Un individu est prêteur (ou épargnant) à la période courante s'il choisit un point tel
que R0 > C 0 . Par définition, la différence R0 - C 0* est l'épargne de l'individu (figure 6).
Graphiquement, un individu est prêteur (ou épargnant) à la période courante si son choix
optimal est situé à gauche de ses dotations initiales le long de la droite budgétaire.
Un individu est emprunteur à la période courante s'il choisit un point tel que C 0* > R0 . Par
définition, la différence C 0* - R0
6
Dans notre modèle, ce marché des capitaux est supposé parfait, c'est-à-dire que le taux d'emprunt et de prêt est
le même, il n'y a aucun frais de transaction et l'on peut prêter ou emprunter n'importe quel montant sans
restriction.
Graphiquement, un individu est emprunteur à la période courante si son choix optimal est
situé à droite de ses dotations initiales le long de la droite budgétaire.
Si un consommateur est emprunteur à la période courante, il sera nécessairement épargnant à
la période future. Le montant qu'il devra rembourser à la période 1 correspond à l'emprunt de
la période 0 augmenté des intérêts, c'est-à-dire:
Considérons une situation risquée où il y a "S" évènements (ou états du monde) possibles
E1,E2,...,Es,...,ES et où à chaque évènement Es est associé une valeur de la variable Xs et une
probabilité9 πs (avec 0 < πs < 1 et Σ πs = 1).
L'espérance mathématique ou la valeur espérée de la variable, notée E[X], est donnée par:
8
On parle alors de variables aléatoires.
9
Les probabilités pertinentes seront données dans les problèmes. Nous ne nous soucions
aucunement de leur provenance ou de leur nature.
E[X] = πs X s
s =1
La valeur espérée d'une variable est la somme pondérée de toutes les valeurs qu'elle peut
prendre, les facteurs de pondération étant leurs probabilités d'occurence respectives. C'est la
valeur moyenne à laquelle on devrait s'attendre lorsque S tend vers l'infini.
La théorie économique des choix face à des alternatives risquées a été developpée, entre autres,
par von Neumann et Morgenstern10. Comme nous allons le voir, l'hypothèse de base du modèle
est, qu'en présence de risque, les individus font des choix basés sur l'utilité espérée ou
l'espérance mathématique des utilités. Cette hypothèse repose sur un certain nombre
d'axiomes11 (que nous n'exposerons pas ici cependant) qui sont sensés représenter la
rationnalité des choix en environnement risqué . Sans discuter les axiomes de base, il est
toutefois possible de montrer comment on peut construire une fonction d'utilité de von
Neumann-Morgenstern.
Considérons une situation risquée, par exemple une loterie, comportant S gains possibles, dont
les valeurs sont X1,X2,...,Xs,...,XS et où les Xs sont ordonnées selon un ordre de préférence
10
Cette théorie fut d'abord proposée par Bernouilli en 1738, mais a été reprise et développée
davantage par von Neumann et Morgenstern en 1944.
11
Voir à ce sujet, entre autres, "Calcul économique et microéconomie approfondie", Claude
Fourgeaud et Anne Perrot, 1990, p.169 à 172.
Il est important de noter que les fonctions d'utilité nous servent de moyen pour comparer
l'utilité retirée de différentes alternatives risquées et cerner l'attitude face au risque qu'un
individu peut manifester.. Enfin, il ne faudrait pas confondre cette fonction d'utilité avec celle
déjà présentée dans le cadre du cours. La fonction d'utilité de von Neumann-Morgenstern doit
satisfaire des axiomes additionnels. Toutefois, pour ce qui suit, les trois propriétés suivantes
seront suffisantes:
Dans les pages qui suivent, nous nous intéressons aux situations où la variable incertaine est la
richesse W du consommateur. La courbe d'utilité u=u(W) exprime la satisfaction retirée par l'individu
de chaque niveau de richesse.
La théorie des choix en contexte d'incertitude suppose que les individus se comportent de
manière à maximiser l'utilité espérée E[u(W)] des différentes alternatives risquées qui leur sont
proposées. Dans le cas particulier où un évènement Es est certain (πs=1), l'utilité espérée
correspond à l'utilité associée à la richesse certaine à laquelle donne lieu la réalisation de cet
évènement u(Ws).
Soit une fonction d'utilité de von Neumann-Morgenstern u=u(W). Une situation risquée A est
préférée à une situation risquée B si et seulement si
E[u(W) ]A > E[u(W) ]B
Les différentes alternatives risquées sont classées selon leur utilité espérée.
Nous savons déjà que u'(W) > 0 et que la fonction d'utilité est croissante. Le signe de la dérivée
seconde de la fonction d'utilité u''(W) nous renseigne davantage sur la forme de la fonction
d'utilité et son implication particulière en ce qui a trait à l'attitude face au risque. Trois cas sont
possibles:
Afin d'illustrer ces trois cas, utilisons une situation risquée où, pour simplifier, la richesse ne
peut prendre que deux valeurs: W1 avec une probabilité de π1 et W2 avec une probabilité de π2
= 1 - π1.
Illustrons d'abord le cas d'une fonction d'utilité concave (u''(W) < 0) (figure 3).
La richesse espérée est le point sur l'axe horizontal correspondant à π1W1 + π2W2 = E[W].
U Figure
Y
U(W2)
U(E[W])
E[u(W)]
Z
U(W1)
W1 E[W] W2 W
Toujours sur la figure 3, nous avons identifié l'utilité associée à une richesse certaine de W1 par
le point Z et l'utilité associée à une richesse certaine de W2 par le point Y. L'utilité espérée
d'une situation risquée où la richesse ne peut prendre pour valeur que W1 ou W2 se trouve sur la
corde ZY, à un point correspondant à π1 u(W1) + π2 u(W2) = E[u(W)]. Graphiquement, l'utilité
espérée d'une telle situation risquée est en fait la hauteur de la corde ZY mesurée à W=E[W].
Une fonction concave passe toujours au-dessus de n'importe quelle corde tracée à partir de deux
points de la fonction. C'est dire qu'une richesse certaine égale à E(W) procure davantage de
satisfaction à l'individu qu'une situation risquée combinant W1 et W2 avec revenu espéré égal à
E(W)), dont l'utilité est donnée par E[u(W)] (ceci est vrai quelles que soient les proportions π1
et π2).
On voit que:
u[E(W)] > E[U(W)]
Une fonction d'utilité concave représente les préférences d'un individu qui a de l'aversion pour
le risque.
Définition: Un individu a de l'aversion pour le risque s'il préfère (il atteint un niveau
d'utilité plus élevé pour) une richesse certaine égale à w à une situation risquée
de richesse espérée E[W] = w.
Souvent, on caractérise également la personne ayant de l'aversion pour le risque comme étant
celle qui refusera systématiquement de prendre part à une situation risquée dont l'espérance de
revenu net est nulle, ou, en d'autres termes, dont le coût correspond exactement au revenu
espéré12.
Sur la figure, on voit bien que si l'individu participe à la loterie et W=W1, sa perte d'utilité sera
de u(W0) - u(W1), alors que si W=W2, il gagne u(W2) - u(W0) en utilité. Or,
u( W 0) - u( W1) > u( W 2) - u( W 0)
L'utilité marginale de la richesse est décroissante pour l'individu qui a de l'aversion pour le
risque.
U
U(W2)
u(W2) – u(W0)
u(W0) – u(W1)
U(W1)
W1 E[W] W2 W
En général, les individus ont de l'aversion pour le risque13. Voyons tout de même de façon
sommaire les deux autres cas.
12
En anglais, on utilise le terme "fair game" pour décrire un telle situation.
13
En finance, la théorie de portefeuille est fondée sur ce principe largement vérifié.
Pour l'individu neutre face au risque, s'il participe à la loterie de l'exemple 2 et perd 1000$
(W=W1), sa perte d'utilité est la même que ce qu'il gagnerait en utilité en remportant 1000$
(W=W1).
L'utilité marginale de la richesse est constante pour l'individu neutre face au risque.
Finalement, illustrons le cas d'une fonction d'utilité convexe (u''(W) > 0).
FIGURE 6
Une fonction convexe passe toujours au-dessous d'une corde tracée à partir de deux points de la
fonction. C'est dire qu'un revenu certain égal à E(W) procure moins d'utilité à l'individu qu'une
situation risquée construite à partir de W1 et W2.
On voit que:
u[E(W)] < E[u(W)]
Une fonction d'utilité convexe représente les préférences d'un individu qui recherche le risque.
Définition: Un individu recherche ou aime le risque s'il préfère (s'il atteint un niveau
d'utilité supérieur pour) une situation risquée d'utilité espérée E[u(W)] = w à une
richesse certaine égale à w.
L'utilité marginale de la richesse est croissante pour l'individu qui recherche le risque.
TABLEAU 1
Signe de la dérivée Forme de la fonction Attitude face au risque
seconde d'utilité
u''(W) < 0 Concave Aversion au risque
u''(W) = 0 Linéaire Neutre face au risque
u''(W) > 0 Convexe Recherche le risque
Supposons que la totalité de la richesse d'un consommateur qui a de l'aversion pour le risque se
résume à un immeuble. Il envisage l'achat d'une police d'assurance contre le feu. Sa richesse
sans assurance sera de W1 si l'immeuble est incendié et de W2 (la valeur de l'immeuble) si
l'immeuble n'est pas incendié. S'il y avait feu, nous faisons l'hypothèse que les dommages
causés par l'incendie seraient fixes et égaux à W2 - W1. Le consommateur estime à π1 la
probabilité de voir son immeuble incendié. Quelle est la prime maximale qu'il serait prêt à
payer pour une assurance complète contre le feu ?
FIGURE 7
Il existe une richesse certaine égale à W3 qui procure exactement le même niveau de
satisfaction u(W3) = E[u(W)] ). Supposons que le consommateur assure son immeuble et paie
une prime P. En échange, s'il y a feu, la compagnie d'assurance s'engage à rembouser la totalité
des dommages W2-W1.
S'il n'y a pas de feu, la richesse du consommateur sera de W = W2 - P.
S'il y a feu, la richesse du consommateur sera de W = W1 - P + (W2 - W1) = W2 - P.
En assurant son immeuble, le consommateur s'expose maintenant à une situation certaine où sa
richesse prendra la valeur W2 - P.
Le modèle que nous venons de présenter peut également servir à comparer des options
d'investissement.
Supposons qu'un investisseur a la possibilité d'investir dans trois projets. Le projet A garantit à
l'investisseur un rendement R1. Par ailleurs, le projet B peut produire un rendement de R2 ou de
R3. Enfin, le projet C peut rapporter un rendement de R4 ou de R5.
le rendement espéré des trois projets soit identique. Représentons graphiquement ces trois
projets et la courbe d'utilité de l'investisseur qui, comme les théories financières le supposent, a
de l'aversion pour le risque (figure 8).
FIGURE 8
Puisque
E[u(R) ]A > E[u(R) ]B > E[u(R) ]C
le projet B est préféré au projet C, et le projet A est a son tour préféré au projet B. À rendement
espéré égal, l'investisseur choisira le projet moins risqué. Pour affirmer qu'un projet est plus ou
moins risqué qu'un autre, la mesure de risque la plus souvent employée en finance est l'écart-
type
n
σ= ( X
i=1
i
2
- E[ X i ]) (écart - type)
Chaque investissement peut être représenté par un point dans l'espace E[R]-σ. Essayons de
tracer une courbe d'indifférence formée des combinaisons de E[R] et σ qui procurent le même
niveau d'utilité à l'investisseur. Pour que l'investisseur soit indifférent entre les trois projets, le
rendement espéré du projet B doit passer de E[R] B à E[R] B̂ et celui du projet C de E[R] C à
E[R] Ĉ .
FIGURE 9
Ainsi, pour maintenir un même niveau d'utilité donné , l'augmentation du risque σ doit être
compensée par une augmentation du rendement espéré E[R].
Pour l'individu qui a de l'aversion pour le risque, la courbe d'indifférence E[R]-σ a donc une
pente positive et
δE[R]
>0
δσ
De façon générale plus σ augmente, plus la compensation en E[R] exigée par unité de σ
augmente. Ceci nous donne une courbe convexe. En appliquant le même raisonnement, on
obtient que
- dans le cas d'un investisseur neutre face au risque, la courbe est une droite horizontale
et
δE[R]
=0
δσ
- dans le cas d'un individu qui aime le risque, la courbe a une pente négative, et
généralement, est concave.
δE[R]
<0
δσ
Dans le MEDAF, ce sont ces courbes d'indifférence qui sont utilisées pour déterminer les
proportions investies dans l'actif sans risque et dans le portefeuille de marché pour un
investisseur.
CHAPITRE DEUXIEME :
THEORIE MICROECONOMIQUE DE L’OFFRE
Introduction
La théorie du comportement du consommateur repose sur l’hypothèse de cette capacité de l’individu (I) à établir des
choix de consommation à l’aide de l’utilité qu’il retire des différentes quantités de biens qu’il achète sur le marché de
ces biens compte tenu de ses goûts, de son revenu et de leurs prix. Son objectif étant de maximiser cette utilité. La
consommation consiste donc pour l’individu (I) à transformer des quantités de biens achetées pour « produire » de
l’utilité pour lui - même.
De la même façon, le producteur (on dira aussi l’entrepreneur et par extension, l’entreprise) est un individu
(l’entreprise comme l’individu est considérée comme centre de décision autonome) dont l’activité consiste également
à transformer des quantités de biens et services acquises sur le marché pour fabriquer un produit (P) non pas « pour
lui - même » mais qu’il vendra sur le marché aux consommateurs (demandeurs) de (P) : la consommation et la
production sont des activités complémentaires l’une de l’autre !
En produisant puis en vendant (P), le producteur cherche à maximiser son profit. Cet objectif du producteur dépend
donc des quantités de biens et services qu’il transforme pour obtenir les quantités de produits P qu’il ira vendre sur le
marché. Le volume de sa production dépend, en d’autres termes, de la quantité de facteurs de production qu’il achète
et qu’il utilise dans la fabrication de (P). Les dépenses occasionnées par l’achat des facteurs de production constituent
des « coûts de production » du produit (P) : les coûts de production dépendent donc des quantités de facteurs. Au
total on retient de ce qui précède :
1. Le consommateur obtient de l’utilité U, en transformant par la consommation, des quantités de biens achetés sur le
marché.
2. De même, le producteur obtient un produit (P) en transformant par la production des quantités de facteurs de
production achetés sur le marché.
3. Alors que le consommateur cherche à maximiser son utilité compte tenu des prix des biens qu’il consomme, le
producteur cherche à maximiser son profit compte tenu des prix des facteurs de production qu’il utilise dans la
fabrication de son produit.
Mais, alors que pour le consommateur, la consommation des quantités achetées est une consommation finale, pour le
producteur l’utilisation des facteurs de production est une consommation intermédiaire.
De plus si pour le consommateur, l’évaluation de l’utilité est ordinale, pour le producteur, le volume de production est
quantifiable (l’évaluation cardinale de la quantité produite est possible).
Enfin, il faut retenir que si pour le consommateur la maximisation de son utilité dépend de son revenu (quantité de
monnaie)compte tenu des prix des biens qui lui procurent de l’utilité, pour le producteur, la maximisation de son profit
dépend de la différence entre ces recettes (obtenues en vendant son produit) et ses dépenses (occasionnées par
l’achat des quantités de facteurs de production).
En résumé, le producteur rationnel cherchera à augmenter ses ventes de produits pour maximiser son profit. Celui - ci
sera donc le résultat
1. du volume (quantité) de production
2. du niveau des coûts de production
Le comportement rationnel du producteur s’analyse ainsi à travers :
-La relation entre les quantités produites et les quantités de facteurs utilisées : c’est l’approche par les fonctions de
production et
-La relation entre les recettes et dépenses : c’est l’approche par les fonctions de coûts.
Autrement dit, ce que l’on va appeler la fonction d’offre du producteur sur le marché de (P) peut - être analysée du
point de vue technique (combinaison de facteurs et volume de production) ou du point de vue économique (quantités
vendues et prix des facteurs de production). Le producteur utilise, pour obtenir le produit (P) qu’il va offrir (vendre) sur le
marché des facteurs de production dont les quantités sont liées au volume de la production. Certains facteurs de
production demeurent fixes durant la période de production pendant que d’autres facteurs varient en fonction du
volume de la production.
On définit ainsi, pour une période déterminée de production deux types de facteurs de production : le facteur fixe et le
facteur variable.
On dira alors que :
-le facteur (K) est fixe lorsque la quantité utilisée (k) de (K) est indépendante de la quantité (p) fabriquée du produit (P)
au cours d’une période temporelle (T) donnée.
-le facteur (L) est variable lorsque la quantité utilisée (l) de (L) dépend de la quantité (p) du produit (P) fabriquée
durant la même période (T).
Ainsi, les facteurs sont fixes ou variables en fonction de la période considérée. Les facteurs variables seront d’autant
plus nombreux que la période de production est longue. Autrement dit, les facteurs considérés comme des facteurs
fixes au cours d’une période deviennent des facteurs variables lorsque s’allonge la période de production.
La courte période (CP) sera donc définie comme étant la période où « la capacité de production » installée (outillage,
bâtiments) reste inchangée : En CP, la main d’œuvre et les matières premières sont des facteurs variables tandis que
les bâtiments et l’outillage sont des facteurs fixes.
La longue période (LP) sera au contraire définie comme étant la période temporelle suffisamment longue pour que la
capacité de production installée change : le producteur procède à des investissements dont le but est d’accroître la
production.
En CP, il existe des facteurs fixes (la capacité de production installée) et des facteurs variables (la main d’œuvre et les
matières premières).
En LP, tous les facteurs sont variables (la main d’œuvre, les matières premières et la capacité de production changent
avec le volume de la production.
L’approche technique du comportement du producteur est basée sur l’analyse de la relation entre le volume de la
production et les quantités de facteurs de production. C’est l’analyse par les fonctions de production.
La fonction de production est l’expression mathématique de cette relation entre les quantités de facteurs de production
et les quantités de produit obtenues. Compte tenu de ce qui a été développé en introduction, il y a lieu de considérer la
fonction de production de courte période et la fonction de production de longue période.
L’hypothèse établie de la CP est que la capacité de production installée (terre, outillage et bâtiments) ne varie pas : ce
sont des facteurs fixes. Au contraire, les volumes de la main d’œuvre et des matières premières varient en fonction du
volume du produit fabriqué : ce sont des facteurs variables.
Supposons donc un producteur (une entreprise) qui fabrique sur une capacité donnée de production, un produit (P) à
partir de deux facteurs (K) et (L).Si l’on désigne par (p) la quantité de produit (P) obtenue et par (k) et (l) les quantités
de facteurs utilisées pour fabriquer (p), on pourra écrire symboliquement que :
P = f (k, l) (I)
La relation (I) est la fonction de production de l’entrepreneur (E). Elle exprime le fait que le volume de production (ou
la quantité) du produit (p) dépend des quantités (k) et (l) de facteurs utilisées.
Comme la fonction d’utilité du consommateur, la fonction de production est supposée continue sur son intervalle de
définition. Cela implique que les quantités de facteurs de production sont divisibles «à l’infini » et ce même s’il n’est
pas « tout à fait » réaliste de parler d’utilisation d’un huitième d’ouvrier ! C’est une hypothèse de travail dont la
conséquence est de dire que :
La quantité du produit (p) peut - être obtenue à l’aide d’un nombre infini de combinaisons de facteurs K et L.
Dés lors, cette hypothèse de la continuité permet de définir deux nouveaux concepts :
-le concept de productivité physique des facteurs et
-le concept d’iso - produit.
A partir de la relation « technique » qui relie le volume du produit (p) aux quantités de facteurs k et l, on définit les
concepts de productivité totale, productivité moyenne et productivité marginale d’un facteur de production.
La relation (2) exprime le fait que le volume de production (p) varie en fonction de la seule variable l puisque k0 est une
constante. Elle représente la productivité totale du facteur L. Elle est obtenue à l’aide d’une combinaison d’une
quantité variable du facteur L et d’une quantité constante du facteur K.
La relation (3) montre que la productivité moyenne du facteur L est égale au rapport de la quantité totale (p) du
produit sur la quantité (l) du facteur L utilisée pour obtenir (p).
La productivité marginale d’un facteur de production exprime la variation de la productivité totale de ce facteur lorsque
la quantité utilisée de ce facteur. Reprenons la fonction de production donnée par la relation (I) ci dessus. Nous avions
supposé qu’elle était continue sur son intervalle de définition. De la relation (I), on avait tiré la relation (2) qui exprime
le fait que le volume de la production est fonction de la seule variable (l). Appelons ∆l la variation du facteur L et ∆p la
variation correspondante de p. On définit la productivité marginale du facteur L comme la limite du rapport ∆p/ ∆l
quand ∆l tend vers 0. Autrement dit, si pmg désigne la productivité marginale du facteur L, on aura :
La productivité marginale d’un facteur L est égale à la variation de la productivité totale consécutive à la variation d’une
unité de la quantité (l) utilisée de ce facteur. Elle s’exprime à l’aide de la dérivée partielle de la fonction de production
(I).
Le raisonnement, à la base de cette loi des rendements décroissants est le suivant (cf. l’ouvrage déjà cité du Pr.
A.Benachenhou p.282.) : L’utilisation croissante d’un facteur variable (l) combinée avec un facteur de production fixe va
entraîner probablement dans un premier temps (Ph.I) un rendement croissant (une production (p) plus que
proportionnelle) puis celle ci va probablement, dans un second temps (Ph.II) se ralentir et croître moins rapidement
que l’augmentation des quantités de facteurs utilisées. C’est ce qu’expriment le tableau et le graphique précédent.
Ainsi, la loi des rendements décroissants (certains auteurs préfèrent parler de « loi de la productivité
marginale décroissante » (Cf. J. Lecaillon, in Analyse micro économique : Ed. Cujas Paris 1967, p.83) signifie que la
phase où la production est la plus efficace est celle où l’augmentation des quantités de facteurs production implique la
décroissance de la productivité marginale. Ainsi sur le graphique (cf.7), on remarque :
-La courbe représentative de Pmg passe par un point maximum correspondant au point d’inflexion de la courbe
représentative de Pt (à partir duquel, l’augmentation de la production est moins que proportionnelle à la quantité de
facteur utilisée). La courbe Pmg commence alors à décroître jusqu'à s’annuler au moment où Pt atteint son
maximum.
La courbe représentative de Pmg coupe la courbe PM (du produit moyen) en son point maximum ce que l’on
démontre assez facilement :
En effet, on sait que la courbe PM = Pt/l = f(k0,l)/l, atteint son maximum lorsqu’on a :
(Pt/l)’ = 0 c’est à dire lorsque f’l(k0,l) = 0.
f’(k0,l)/l2 = f(k0,l)/l2
f’(k0,l) = Pm et f(k0,l)/l = PM
Dans ce qui précède, nous avions considéré la relation fonctionnelle p = f(k0, l) entre la quantité produite (p) et un
facteur de production (l) qui variait pendant que l’autre (k) restait constant (noté k0). Dans l’hypothèse de la variation
des deux facteurs, il est plausible, tout en restant dans la courte période, d’envisager des combinaisons de facteurs (k,
l) qui permettent d’obtenir le même volume (p0) de production. La relation fonctionnelle devient dans ce cas :
P0 = f(k, l)
Donc la représentation graphique, appelée courbe d’iso-produit ou isoquants, peut-être définie comme la
représentation de toutes les combinaisons de facteurs K et L qui donnent le même niveau de production.
k
P0 p2
p1 p1 < p0<p2
k2
k1
k0
l1 l2 l0 l
Fig. 8 : Courbes d’iso - produit.
Les courbes d’iso-produit (isoquantes) sont de même nature que les courbes d’indifférence de la théorie du
consommateur. En particulier, elles permettent de définir le taux marginal de substitution des facteurs lorsque l’on se
déplace le long de la courbe d’iso - produit, c’est à dire, lorsque varient les combinaisons de facteurs sans que cela
n’implique une variation de la quantité produite.
Comme dans le cas du consommateur, il est « intéressant » pour le producteur rationnel de savoir à quel taux il va
pouvoir substituer les facteurs de production de manière à garder le même niveau de production, c’est à dire de faire
varier la combinaison de facteurs tout en restant sur la même courbe d’iso - produit. Pour ce faire, il va déterminer le
taux marginal de substitution technique, en raisonnant à partir de la différentielle totale de la fonction de production p =
f(k, l). On a en effet :
dp = δp/δk. dk + δp/δl. dl
δp/δk
dp = 0 d’où l’on tire : δp/δl. dl = - δp/δk. dk = - dl/dk
δp/δl
La quantité (-dl/dk) qui représente l’opposé de la pente de la courbe iso - produit est appelée taux marginal de
substitution technique (noté TMST).
Le TMST est égal au rapport des productivités marginales des facteurs de production puisque l’on sait
que δp/δl = Pm (l) et δp/δk = Pm (k).
Rappelons que nous avons « opposé » la courte période à la longue période en faisant valoir que dans l’hypothèse de
la LP, tous les facteurs de production, y compris la capacité de production installée, est des facteurs variables.
Autrement dit, en LP, il n’existe pas de facteurs fixes.
On dira que l’échelle de la production a varié, lorsque les quantités de facteurs de production utilisés par le
producteur varient simultanément dans la même proportion. On parlera également dans ce cas du changement de
la taille de l’entreprise. Il est ainsi intéressant de savoir comment varie la production lorsque change la taille de
l’entreprise.
Considérons un entrepreneur qui décide à un moment déterminé de modifier dans la même proportion les quantités de
ses facteurs de production (équipements, travail et matières premières). Quelle va être la quantité produite dans ces
nouvelles conditions ? C’est là en réalité la question des rendements d’échelle qu’il est amené à se poser.
Supposons par exemple une variation des quantités de facteurs passant du simple au double :
Si, lorsque la quantité de facteur passe du simple au double et que parallèlement la quantité produite augmente dans
la même proportion, alors on dira que les rendements sont constants. Ce cas est parfaitement plausible, il n’est
cependant pas systématique. En effet, pour différentes raisons (techniques, organisationnelles et managériales, les
modifications des quantités de facteurs dans une certaine proportion n’induisent pas toujours une variation directement
proportionnelle de la quantité produite. Deux autres possibilités peuvent se présenter :
A. Si la variation de la quantité produite est plus que proportionnelle à la variation des quantités de facteurs utilisés,
on dira que les rendements sont croissants.
B. Si au contraire, la variation de la quantité produite est moins que proportionnelle à la variation des quantités de
facteurs utilisés, on dira que les rendements sont décroissants.
Soit p = f (k, l) une fonction de production à deux variables k et l. On dira que cette fonction est une fonction de
production homogène de degré (λ) , (λ ∈R) si
∀ a ∈ R+- 0 , on a :
On énonce différemment, qu’une fonction de production est homogène de degré (λ) lorsque la multiplication des
facteurs par une constante (a) entraîne la multiplication de la fonction par la valeur (aλ) .
Rappelons que si on a : f(ak, al ) = aλ f(k, l) = aλ f(k, l) = aλ. p, alors p = f(k, l) est dite fonction homogène de degré (λ).
Supposons une fonction de production p = f(k, l) homogène de degré λ >1. D’après ce qui précède, on peut écrire que :
∀a ∈ R+ - (0) on aura f(ak, al) = aλ. f(k, l) = aλ.p. Ce qui signifie qu’en multipliant la quantité de facteurs par a , la
quantité produite a été, elle, multipliée par la quantité aλ > a ( on sait en effet que ∀λ > 1, on aλ > a) ; c’est à dire que
la quantité obtenue du produit est plus que proportionnelle à la quantité des facteurs utilisés : dans ce cas, on dira
que les rendements sont croissants.
Exemple : Posons λ = 2 et envisageons le cas où le producteur décide de tripler la quantité de ses facteurs de
production : c’est à dire que a = 3). La fonction de production étant par hypothèse, une fonction homogène, on peut
donc écrire : f(3k, 3l) = 32 .f(k, l) = 9p. Ce qui montre qu’en multipliant par 3, les facteurs de production, le producteur a
multiplié par 9 la quantité produite. Les rendements sont plus que proportionnels à la quantité de facteurs utilisés
Supposons maintenant que la fonction de production p= f (k, l) est homogène de degré λ =1. Multiplions les quantités
de facteurs par a > 0 ; on aura , toujours d’après la définition de la fonction homogène : f(ak, al) = a1. f(k, l) = a .p. Ce
qui signifie qu’en multipliant la quantité de facteurs par a , la quantité obtenue produite a été, elle, multipliée par la
même proportion a. (on sait en effet que ∀a , a1 = a) ; c’est à dire que la quantité obtenue du produit est
proportionnelle à la quantité de facteurs utilisés : dans ce cas, on dira que les rendements sont constants.
Exemple : Supposons que dans ce cas, le producteur décide également de tripler la quantité de ses facteurs de
production. On peut écrire donc de la même façon : f(3k, 3l) =31.f(k, l) = 3p. Ce qui signifie qu’en multipliant la quantité
de facteurs par 3, la quantité de produit obtenue est également multipliée par 3. Les rendements sont constants.
Exemple : Posons λ =1/2 et envisageons de même que le producteur décide de tripler la quantité de ses facteurs de
production. On peut donc écrire : f(3k,3l) = 31/2f(k, l) = 31/2 .p. Comme 31/2 < 3, on voit que la quantité obtenue du produit
est moins que proportionnelle à la quantité de facteurs utilisés. Les rendements sont décroissants.
Remarque : Considérons une fonction de production homogène de degré λ = 0. On peut donc écrire que f(ak, al) =
a0 f(k, l) = a0.p. Or, on sait que ∀ a >0 on a a0 = 1 On en déduit que lorsqu’une fonction de production est
homogène de degré λ =0, on aura toujours f(ak, al) = f(k, l) = p. C’est un cas particulier parmi les fonctions de
production à rendements décroissants (fonction de production homogène de degré :λ < 1).
Les propriétés mathématiques des fonctions homogènes (cf. par exemple Economie et Mathématiques, Ouvrage
collectif Ed. PUF Paris 1965, Tome 1 p. 383) ont une signification économique intéressante à étudier s’agissant des
fonctions de production.
Propriété 1 : On démontre en mathématiques que les fonctions homogènes de degré λ admettent des dérivées
partielles qui se présentent-elles - mêmes sous la forme de fonctions de production homogènes de degré (λ -1).
Conséquence : Si une fonction de production p= f(k, l) est homogène de degré λ =1, les dérivées partielles sont des
fonction homogènes de degré λ =1 - 1 = 0.
Or on sait que les dérivées partielles d’une fonction de production représentent les productivités marginales des
facteurs de production de cette fonction. Cela signifie que celles - ci restent inchangées lorsque varie l’échelle de la
production.. On aura donc :
Propriété 2 : Les fonctions de production homogènes obéissent à l’identité d’Euler qui s’énonce comme suit :
Lorsqu’une fonction de production p= f(k, l) est homogène de degré λ, l’égalité ci après est toujours vérifiée :
où, comme on l’a vu, Pmk (respectivement Pml) représente la productivité du facteur K (du facteur L).
Conséquence : Si p= f(k, l) est une fonction de production homogène de degré λ= 1 on aura (puisque λp = p) :
P = k. Pmk + l. Pml
Cette dernière égalité exprime la règle dite de « l’épuisement de la production ». Elle montre en effet que si le prix
de chacun des facteurs de production K et L était égal à sa productivité marginale, la production (p) serait exactement
égale à la rémunération (Rf) des quantités k et l des facteurs utilisés. En conséquence de quoi on déduit que :
1. La rémunération des facteurs de production serait supérieure à la quantité produite de P lorsque la fonction de
production est homogène de degré λ > 1.
2. A l’inverse la rémunération des facteurs de production serait inférieure à la quantité produite de P (ce qui laisserait
un surplus de production à l’entreprise) lorsque la fonction de production est homogène de degré λ < 1.
λ=1 Constants Rf = P
La fonction Cobb-Douglas est une fonction de production homogène de type particulier qui porte le nom des deux
économistes américains qui l’ont étudiée en s’employant à analyser les effets de l’augmentation des quantités des
facteurs K et L dans une même proportion. La particularité de cette fonction de production tient d’abord à sa
formulation caractéristique. Elle se présente en effet sous la forme :
P = f(l, k) =β lα k1- α
Augmenter la quantité de facteurs dans une même proportion revient à multiplier l et k par le même nombre a > 0. Il
vient : β(al)α. (ak)1-α ce qui donne en isolant le facteur commun (a) :
a (β lα k1- α) = a. p = a1. p
La fonction COBB-D OUGLAS est une fonction homogène de degré λ =1
Comme la fonction Cobb-Douglas est une fonction homogène de degré 1, ses dérivées partielles sont, (en vertu de la
propriété 1 des fonctions homogènes), elles - mêmes des fonctions homogènes de degré λ = 0.
Calculons ces dérivées partielles. Après calculs, il vient :
Appliquons alors la propriété 2 c’est à dire : λp = λf(k, l) = l. (δp/δl) + k.(δp/δk). Comme on vient de montrer que la
fonction Cobb - Douglas était homogène de degré λ = 1, on doit avoir : p = l.(δp/δl) + k.(δp/δk), soit (puisque p=β lα k1-
α) :
Commentaire : Ce résultat montre que si on rémunère les facteurs de production selon leur productivité marginale
respective (δp/δl pour le facteur travail et δp/δk) pour le capital), la production totale est répartie exactement entre les
facteurs dans les proportions α pour le travail et (1- α) pour le capital. On démontre par ailleurs assez facilement que
α et 1- α représentent respectivement l’élasticité de (p) par rapport aux facteurs L et K.
I. Position du problème
Les développements précédents sont basés sur l’aspect technique du comportement du producteur où il était question
de combinaison de facteurs et de quantités produites. Pour aller plus loin dans l’analyse, nous allons introduire
maintenant des éléments d’ordre économique afin de mieux cerner l’objectif ultime du producteur rationnel.
Comme tous les autres biens économiques, les facteurs de production ont un prix déterminé par le marché (de chacun
de ces facteurs). Ils s’imposent donc en tant que tels lorsque l’entrepreneur choisit une certaine combinaison
« technique » de production.
De même, le prix du produit P que mettra en vente le producteur est déterminé par le marché de P: il s’impose là aussi
comme une donnée dont tient compte le producteur dans sa stratégie de production. En d’autres termes, le producteur
ne peut pas vendre son produit au prix qu’il veut. Il n’exerce par hypothèse, aucune influence ni sur le marché des
facteurs de production qu’il utilise ni sur celui des produits qu’il met lui-même en vente.
Ces hypothèses sont une conséquence du Marché de Concurrence Pure et Parfaite (MCPP) que nous analyserons
plus loin, dans lequel évolue le producteur rationnel. Celui - ci cherche non pas tant à produire plus mais à mettre sur
le marché une certaine quantité du produit P qu’il fabrique, de manière à maximiser son profit. Ainsi, un producteur
rationnel (on dira aussi un entrepreneur rationnel) aura un double souci :
1. d’une part, il cherchera à vendre (à produire) une quantité du produit P telle qu’il puisse réaliser une recette R
maximale.
2. d’autre part il cherchera à minimiser les dépenses occasionnées par l’achat des facteurs de production, c’est à dire à
minimiser ses coûts totaux (Ct) de production.
Dans un souci de simplification de l’analyse, plaçons - nous dans le cas où l’entrepreneur utilise sur une capacité de
production fixe (déjà installée), deux facteurs variables (L et K) respectivement le facteur travail et le facteur capital et
ce pour fabriquer le produit (P).
Soit pl et pk les prix unitaires des facteurs L et K, sur les marchés de L et K. Appelons l et k respectivement les
quantités utilisées de ces facteurs variables pour la production d’une certaine quantité p du bien P. Dans ces
conditions, les coûts d’utilisation des facteurs seraient : Cl = l. pl et Ck =, k. pk respectivement pour le facteur L et
pour le facteur K. Si par ailleurs, on désigne par les coûts Cf liés aux facteurs fixes, on aura au total :
Ct = Cl + Ck + Cf (1)
C’est, l’équation du coût total, dans laquelle la somme (Cl + Ck) représente le coût d’utilisation des facteurs variables
que l’on note :
Cvt = Cl + Ck = l. pl + k. pk = Ct - Cf (2)
Ct = Cvt + Cf (3)
Remarque : Le coût total n’est pas illimité dans la mesure où les ressources de l’entrepreneur ne sont elles - mêmes
pas illimitées. Une fois installée sa capacité de production (dont le coût est Cf), les ressources disponibles (Rd) pour
l’achat des quantités l et k respectivement des facteurs variables L et K sont au plus égales coût variable total puisque
l’objectif du producteur est de minimiser ses coûts. On a alors :
Rd = Cvt = l. pl + k. pk (4)
L’équation (4) appelée équation de coût (dans laquelle l et k sont les variables et pl et pk sont des paramètres)
représente une droite appelée la ligne d’iso-coût.
Par un raisonnement analogue à celui qui nous a permis de représenter la droite budgétaire dans le cas du
consommateur rationnel, on construit la droite représentant l’équation de coûts du producteur que l’on a appelée ligne
d’iso - coût (voir Fig. 9).
o (l)
l0 B
Ligne d’iso - coût
Comme la droite budgétaire dans le cas de l’analyse du comportement du consommateur, la ligne d’iso - coût est
décroissante. Sa pente est donc négative. On démontre cela assez facilement en effet, à partir de l’expression (4) ci -
après :
Rd = Cvt = l. pl + k. pk (4)
De cette expression on peut mettre en évidence la valeur de la pente de la ligne d’iso - coût en opérant une
transformation de l’écriture de (4) d’où l’on peut tirer :
représente l’équation d’une droite de la forme y = ax + b. Nous savons que dans ce cas la pente de y est égale à (a).
Par analogie, on déduit que dans l’expression (4’), la pente est égale à[- (pk/ pl)]. Comme la quantité (pk/ pl) est
positive, puisqu’elle représente le rapport des prix des facteurs de production, la quantité [- (pk/ pl)] est
nécessairement négative. Ce qui implique que la ligne d’iso - coût est décroissante
1. L’équilibre du producteur
Les développements consacrés à l’équation de coût laissent entrevoir que le producteur rationnel vise à déterminer la
combinaison optimale des facteurs de production qui lui permettra de fabriquer une quantité (p) de P telle que son
profit soit maximum.
Graphiquement, cet objectif se traduit par la nécessité de faire coïncider l’iso - quant de niveau le plus élevé avec la
ligne d’iso-coût correspondant à un coût total donné. Sur la fig. 9, cette situation est représentée par le point E0 (l0,
k0). Plus les ressources nécessaires à la couverture des coûts totaux (coûts fixes + coûts variables) sont importantes
plus l’iso - quant correspondant à ces ressources est éloigné de l’origine.
Commentaire
k La fig.10 représente différentes situations d’équilibre E1,
E2 et E3, correspondant à des niveaux de production P1, P2 et P3
eux - mêmes différents parce que correspondants à des coûts totaux
différents. Ainsi on a d’après ce graphique
p3 p3 > p2 >p1
p1 p2 S
E2 E3
E1
O l
Situations d’équilibre
L’équilibre du producteur se présente sous la forme d’un problème lié qui peut être formalisé mathématiquement par :
Max. p = f(l, k)
S/C Rd = Ct - Cf = l. pl + k. pk
Les quantités de facteurs k0 et l0 qui satisfont à la contrainte ci dessus forment la solution au problème de l’équilibre du
producteur. Elles constituent en effet la combinaison de facteurs de production qui permet au producteur de réaliser le
volume de production maximal compte tenu de la nécessité pour lui de minimiser ses coûts.
Tel que nous venons de l’identifier, le problème du producteur consiste à rechercher le niveau de production maximal
sans dépasser le niveau des coûts exprimé par l’équation (4) ci - dessus. Graphiquement, comme le montre la fig.9,
la solution à ce problème se situe au point de tangence (E0) entre la ligne d’iso - coût et la courbe d’iso - produit de
niveau le plus élevé (p0).
Au niveau de ce point, les pentes de la ligne d’iso - coût et celle de la courbe d’iso - produit sont par définition égales.
Comme la pente de la courbe d’iso - produit est donnée par le rapport dl/dk (représentant la dérivée de la fonction l =
f(k)) tandis que la pente de la ligne d’iso - coût est, nous l’avons montré plus haut (a =- pk/pl), on peut donc écrire qu’à
l’équilibre on a toujours :
TMST l à k = Pml/Pmk = Pk/Pl
A l’équilibre, le rapport des prix des facteurs de production est égal au rapport de leurs productivités marginales
qui est lui - même égal au taux marginal de substitution technique entre les facteurs.
Reprenons la fig.10. Joignons les points O, E1, E2, E3 . On obtient une courbe (OS) dont l’origine est le point O (0, 0)
correspondant à un niveau de production nul. Cette courbe exprime la manière dont varie l’équilibre du
producteur lorsque varient les quantités de facteurs de production. Pour cette raison, elle est appelée sentier
d’expansion de l’entreprise. Le sentier d’expansion appelé aussi courbe d’échelle traduit l’activité de l’entreprise à
mesure que se modifie l’échelle (ou taille) de l’entreprise.
Le sentier d’expansion d’une entreprise aura la forme d’une droite dans le cas d’une fonction de production homogène
et ce en vertu de la propriété P1 des fonctions homogènes (cf. supra). On se rappelle en effet que celle - ci signifie que
les productivités marginales des facteurs de production restaient inchangées lorsque les quantités de facteurs variaient
dans les mêmes proportions. Par suite les lignes d’iso - coût(l1k1 ; l2k2 ; l3k3) successives étaient parallèles entre elles
de sorte que les points d’équilibre successifs E1, E2 et E3 soient alignés.
(k)
k3 S
k2
E3
k3
E2
E1
O
l1 l2 l3 (l)
Fig.11 : Sentier d’expansion et fonction de production homogènes
a. Rappels
a1 - Le sentier d’expansion est la représentation graphique de tous les points d’équilibre E1, E2, E3 ... correspondant à
chaque fois au niveau de production maximum et au coût de production minimum.
a2. Dans le cas d’une fonction de production homogène, le sentier d’expansion est le lieu géométrique de tous les
points d’équilibre où les TMSl à k entre les facteurs de production L et K et les rapports des productivités marginales
correspondant sont invariables (égaux).
b. Conséquence
Les définitions et le résultat ci dessus rappelés impliquent comme conséquence, le fait que dans le cas d’une fonction
de production homogène, la courbe représentative du sentier d’expansion est une droite (Cf. fig.11).
1. Notion de profit
En achetant sur des quantités k et l sur le marché des facteurs de production K et L respectivement au prix (pk) et (pl),
le producteur supporte des coûts d’utilisation des facteurs liés à la quantité fabriquée (p) du produit P qu’il va vendre
(sur le marché de P) au prix unitaire donné (pu). Ce faisant le producteur cherchera à vendre un volume de produit tel
qu’il puisse réaliser une recette maximale, compte tenu de ses coûts totaux.
Autrement dit lorsque le producteur met sur le marché une quantité (p) de produit, il réalise un profit (π) égal à la
différence entre la recette totale (Rt) et le coût total (Ct). Son objectif est donc moins de réaliser un volume de plus en
plus important de P, mais de produire une quantité (p) de P telle que son profit (π) soit maximum. Or par définition on
a : (π) =(Rt) - (Ct). On peut donc énoncer qu’en définitive le producteur a pour objectif ultime, la maximisation de son
profit
Comme Rt est égal au produit de la quantité vendue (p) par le prix unitaire pu on peut écrire que : Rt = pu. p.
De même on sait que Ct = l. pl + k. pk + Cf (où Cf représente le coût fixe), il vient puisque p = f(l, k) :
Le producteur cherche à maximiser (π) tel qu’exprimé par l’équation (2). Celle ci comme on le voit, montre que le profit,
comme le volume de production est une fonction des quantités k et l des facteurs utilisés ; en effet les prix Pl et Pk
ainsi que le coût fixes sont des constantes.
Pour que la fonction exprimée par la relation (2) ci-dessus, il faut que les conditions du premier ordre et du second
ordre soient vérifiées.
Ce résultat exprime donc le fait que le producteur atteint son optimum lorsque les productivités marginales des
facteurs de production sont égales en valeur aux prix unitaires de ces mêmes facteurs.
Les conditions du second ordre permettent de savoir si l’extremum de la fonction (trouvé grâce à l’étude des conditions
du premier ordre) est un maximum ou au contraire, un minimum.
On sait en effet que cet extremum sera un maximum si les dérivées d’ordre 2 sont négatives.
Comme le prix (pu) est positif, les quantités (4) et (5) (qui donnent les dérivées partielles de (π) par rapport au facteur L
et par rapport au facteur K ) ne seront négatives que si les quantités (δ2p/δl2) et (δ2p/δk2) sont elles - mêmes
négatives. Or (δ2p/δl2) et (δ2p/δk2) expriment respectivement les pentes des courbes de productivités marginales de
ces mêmes facteurs. Cela montre bien que celles - ci sont décroissantes. On peut donc conclure que le profit
maximum ne peut être obtenu qu’en phase de rendements décroissants.
L’analyse du comportement du producteur par la fonction de production telle que nous l’avons exposée dans les
développements précédents est basée sur la relation entre les quantités de facteurs de production utilisés et la
quantité du produit fabriqué : c’est l’approche technique du comportement du producteur.
Cet aspect de l’analyse du comportement du producteur est complété par l’approche économique basée sur les
coûts liés à l’utilisation des facteurs de production dont les prix unitaires sont fixés par le marché. Ils s’imposent donc
en tant que contraintes au producteur.
En régime de concurrence, le prix du produit vendu par celui - ci est également fixé par le marché. C’est donc une
donnée dont dépend sa recette. L’approche économique du comportement du producteur est une basée sur les
fonctions de coûts que nous étudions successivement courte et en longue période.
Rappelons qu’en courte période il existe des coûts fixes attachés aux facteurs fixes (dont les montants demeurent
constants quelle que soit la quantité de produit fabriquée) et des coûts variables attachés aux facteurs variables (dont
les montants évoluent avec la quantité produite). Par contre, nous savons qu’en longue période, tous les facteurs de
production sont des facteurs variables puisque par hypothèse la capacité de production installée elle - même, peut
varier.
Nous avons défini le sentier d’expansion (voir supra) du producteur (on dit plus exactement le sentier d’expansion de
l’entreprise) comme étant la représentation graphique de tous les points d’équilibre c’est à dire de tous les points
correspondants à des niveaux de production maximums obtenus à des niveaux de coûts minimums.
Nous avons que le coût total (Ct) est une fonction du volume (p) de la production dont l’expression est :
Ct = ϕ (p) + Cf (1)
Où (Cf) représente le coût de la capacité de production installée c’est à dire du facteur fixe. De l’équation (1) on tire :
Cf = Ct - ϕ (p) (2)
Comme par ailleurs on a : p= f (k, l), la quantité ϕ (p) représente les coûts liés aux facteurs variables. Elle est égale à
(Ct - Cf). On énonce alors que le coût variable total production noté (Cvt), est égal au coût total de production (Ct)
diminué du montant des coûts fixes (Cf). La quantité ϕ (p) représente le coût d’utilisation des facteurs variables.
Elle est donnée par la relation :
L’expression (1) ci - dessus, donne le montant de la dépense totale minimale que le producteur accepte de payer
pour obtenir le niveau de production (p) situé sur le sentier d’expansion de son entreprise. Par ailleurs il est toujours
intéressé à connaître, lorsqu’il fabrique une certaine quantité (p) du produit P, à combien lui revient la fabrication
d’une unité de ce même produit P. En fait, il s’intéresse au coût total moyen de production. De même, il apparaît
utile pour le producteur de savoir comment varie le coût total de sa production lorsque la production varie d’une unité.
Cette question renvoie à la définition du coût marginal, c’est à dire du coût de la dernière unité produite.
A partir des relations (1), (2) et (3) ci - dessus on détermine les expressions du coût total moyen, du coût fixe moyen et
du coût variable moyen en divisant respectivement les quantités, (Ct), (Cf) et (Cvt) par le volume de production (p). On
obtient ainsi :
Définit comme la variation de coût total lorsque varie la production d’une unité, le coût marginal noté (Cmg) est la limite
du rapport (∆Ct/ ∆p) quand (∆p) tend vers zéro. Le coût marginal exprime ainsi la dérivée de (Ct) par rapport à (p). Il
est donné par la relation :
Cmg = dCt/dp =ϕ’(p) + (dCf/dp). Comme Cf est une constante, on a donc (dCf/dp) = 0. Il vient alors :
A partir d’un exemple numérique simple exprimé par le tableau ci - après, on peut tracer les courbes représentatives
des différentes catégories de coûts.
Nbre Coût fixe Coût Coût total Coût fixe Coût Coût total Coût
d’unités de (Cf) variable (Ct) moyen variable moyen marginal
(p) (Cvt) (Cf/p) moyen (Ct/p) Cmg =
(Cvt/p) (dCt/dp)
1 190 100 290 190 100 290 -
2 190 130 320 95 65 160 30
3 190 150 340 63.3 50 113.3 20
4 190 200 390 47.5 50 97.5 50
5 190 260 450 38 52 90 60
6 190 360 550 31.6 60 91.6 100
Ct
Cvt
190 Cf
(p)
0 1 2 3 4 5 6
Commentaire de la Figure
1. La courbe représentative des coûts fixes (Cf) est parallèle à l’axe des abscisses. Cette forme particulière de la
courbe (Cf) s’explique par la définition même des coûts fixes. Ceux - ci restent en effet constants, quel que soit le
volume (p) de la production.
2. La distance qui sépare les courbes (Cvt) et (Ct) est égale à la distance qui sépare l’axe des abscisses de la courbe
(Cf) correspondant au montant des coûts fixes. On sait en effet et par définition que : Cvt = Ct - Cf et Ct = Cvt + Cf
3. Les deux courbes représentatives des coûts totaux (Ct) et (Cvt) présentent chacune un point d’inflexion
conformément à la loi des rendements décroissants. En effet, celle - ci se traduit par l’allure de ces courbes
traduisant ainsi le fait que dans un premier temps, les coûts de production augmentent à un taux plus que
proportionnel à l’augmentation de la quantité de facteurs de production utilisée ; puis, à partir de ce point d’inflexion
l’augmentation des coûts de production s’effectue à un rythme moins que proportionnel. Cela est encore plus visible
lorsque l’on observe l’allure des courbes des coûts moyens et celles du coût marginal .
Commentaires
1. La Fig. 14 représente les courbes des coûts moyens (Ct M, CvtM, et Cf M) et celle du coût marginal (Cmg). On y
remarque d’emblée la forme de la courbe du coût fixe moyen (Cf M) qui décroît (jusqu'à devenir asymptote à l’axe des
abscisses) à mesure que la quantité produite augmente. Elle exprime le fait que plus la quantité produite augmente plus
le coût d’utilisation des facteurs fixes (de la capacité de production installée) diminue.
2. Par contre, les courbes de coûts moyens (total et variable) ainsi que celle du coût marginal commencent par
décroître, passent par un minimum, puis s’accroissent. Cette allure des trois courbes (Ct M, CvtM et Cmg ) confirme
l’effet de la loi des rendements décroissants : lorsque les rendements sont croissants, les coûts moyens et marginal
sont décroissants et à l’inverse, lorsque les rendements sont décroissants, les coûts sont croissants
3. On remarque également, sur la Fig.14, que la courbe (Cmg) coupe les courbes (Ct M) et (Cvt M) en leur minimum
respectifs. Ce que l’on démontre facilement, sachant qu’une fonction admet un minimum au point où sa dérivée du
premier ordre est nulle. Dans le cas des courbes (Ct M) et(Cvt M) on doit avoir respectivement :
Or, on sait que pour qu’un rapport soit nul, il faut que son numérateur soit nul. Ce qui veut dire que l’égalité (1) peut être
ramenée à :
p . Ct’ - Ct = 0 p . Ct’ = Ct Ct’ = Ct/p. Or Ct ’ = Cmg, on a donc bien : Cm = Ct/p. Ce qui signifie que lorsque le
coût moyen est minimum, il est égal au coût marginal
A partir de (2) : d(Cvt M)/dp = 0 d(Cvt/p)/dp = 0 (p . C’vt - Cvt)/p2 = 0. De cette dernière égalité on tire : p .Cvt’ - Cvt
= 0 p . Cvt’ = Cvt Cvt’ = Cvt/p. Or Cvt/p = Cvt M et on sait que Cvt’ = Ct’ = Cmg puisque Cvt = Ct - Cf et qu’ainsi, on
a dCvt/dp = dCt/dp = Cmg . En définitive, on a : Cm=Cvt/p = Cvt M. Ce qui démontre là aussi que lorsque le coût variable
moyen est minimum, il est égal au coût marginal.
b1. Rappels
Nous savons que l’entrepreneur n’exerce aucune influence ni sur les prix (pl) et (pk) des facteurs de production qu’il
utilise ni sur le prix (pu) du produit P qu’il fabrique. Ces prix sont en effet, (hypothèse essentielle), des données du
marché qui s’imposent à lui en tant que telles. Il en tient compte pour produire (organiser son offre sur le marché).
On sait par ailleurs que plus la quantité (p) qu’il vend est importante, plus sa recette Rt augmente. Donc sa recette, au
même titre que ses coûts est une fonction de (p). Le profit (π) qui est la différence entre la recette et les coûts de
production est donc lui - même également une fonction de la quantité (p). On a en effet :
π = Rt - Ct ou encore : π = [pu. p] - [ϕ (p) + Cf] d’ou :
On sait qu’une fonction admet un extremum au point où sa dérivée première est nulle: c’est la condition de premier
ordre.
D’autre part, pour que cet extremum soit un maximum, il faut que sa dérivée seconde soit négative : c’est la
condition de second ordre.
Reprenons l’équation (1). Elle est de la forme π = f(p). Pour que cette fonction admette un maximum, il faut que les
deux conditions précédentes soient vérifiées.
Or la quantité ϕ’(p) représente le coût marginal de la production (le coût de la dernière unité produite). On peut donc
conclure, d’après l’équation (2) que :
Le profit est maximum pour un volume de production (p) tel que le coût marginal soit égal au prix unitaire (pu)
Cette dernière équation montre que si la quantité [-ϕ’’(p)] est négative, cela implique nécessairement que ϕ’’(p) est
positive. Or ϕ’’(p) représente la pente de la courbe du coût marginal. En effet on a ϕ’’(p) = [ϕ’(p)]’= d2Ct/dp2. Comme
ϕ’’(p) = d2Ct/dp2 >0, on en déduit (Fig. 15) que:
Le volume (P) de production qui maximise le profit est réalisé en phase ascendante de la courbe de coût
marginal.
O ( p)
p
Rappelons qu’en courte période, il était question de coûts fixes liés à la capacité de production installée et de coûts
variables liés à l’utilisation des facteurs variables. En courte
période, le producteur cherchait à utiliser au mieux cette capacité de production installée (équipements, outillage...)
dont le coût (Cf) demeurait constant quel que soit le volume de
production. Celui - ci, une fois le coût fixe acquitté, dépendait des quantités (l) et (k) de facteurs variables dont les prix
respectifs pl et pk sont donnés par le marché.
En longue période le producteur, lorsqu’il prévoit un développement futur de ses ventes, peut décider de changer en
les augmentant ses capacités de production. Ce faisant, il va investir. L’investissement fait suite à une étude de
marché qu’on escompte favorable. Il implique un changement de la capacité de production déjà installée et induit une
modification des coûts précédemment fixes : En longue période, même les coûts de production qui étaient fixes vont
devenir des coûts variables du fait de l’augmentation des dépenses induite par l’investissement entrepris par le
producteur.
La longue période se distingue de la courte période par le fait que tous les coûts sont des coûts variables. C’est
en effet une période suffisamment longue pour que la capacité de production puisse également changer entraînant une
variation de (Cf).
En longue période les coûts fixes deviennent donc une fonction croissante de la capacité installée. En effet, plus
celle - ci sera importante, plus les coûts (Cf) qui lui sont attachés iront en augmentant. On peut donc traduire cela par
la relation ci - après :
Cf = ψ (I) (1)
Par analogie avec le raisonnement effectué dans l’analyse de courte période, la fonction de coût total de longue période
s’écrira :
L’équation (2) montre qu’à toute installation I correspond un coût total dont l’expression est de la forme :
CtI = ϕ (p) + CfI (3)
Ainsi pour différentes installations (I1, I2, I3...), le coût total s’écrira successivement :
Etant « à l’écoute de son marché », l’entrepreneur rationnel prendra ses dispositions pour modifier sa capacité de
production de manière à fabriquer la quantité du produit P telle qu’il puisse répondre à la demande future de son
produit.
Pour répondre l’évolution future de la demande, l’entrepreneur envisagera la modification de ses capacités de
production. Il calculera à chaque fois le coût total (pour chacune des capacités de production envisagées) et choisira
alors celle qui lui permettra de satisfaire la demande tout en minimisant ses coûts de production.
a1. Remarque
En procédant de la même manière que pour les fonctions de coûts de la courte période, on peut déterminer les coûts
moyen (CMLp) et marginal (CmgLp) de longue période.
-Le coût moyen, on le sait représente le coût par unité produite. Il est obtenu au moyen de l’égalité suivante :
Le coût marginal quant à lui représente le coût de la dernière unité produite. Il s’exprime à l’aide de la dérivée première
de la fonction de coût total. Ainsi on aura :
Supposons que pu soit le prix de longue période du produit P, fabriqué par le producteur. Si celui - ci écoule sur le
marché une quantité p , sa recette de longue période serait alors :
RtLp =. Si (πLp) désigne le profit de longue période, on aura alors :
On sait que le profit est maximum lorsque : dπLp/dp = 0 soit pu - ω’(p) = 0. Ce qui montre que :
L’équation (4) signifie que le profit est maximum lorsque le prix du marché est égal au coût marginal de longue période.
C’est donc un résultat similaire à celui de la courte période.
La règle de l’égalisation du prix de vente au coût marginal, apparue comme la solution au problème de la maximisation
du profit du producteur en longue période, n’est pas vérifiée lorsque la fonction de production est homogène de degré
1, c’est à dire pour toutes les fonctions de production de type COBB-DOUGLAS. Celles-ci ont la particularité en effet,
d’avoir des rendements constants. Dans ces conditions, on sait que les coûts totaux de production augmentent
proportionnellement à la quantité de facteurs utilisés, c’est à dire, proportionnellement au volume de la production.
Dans ce cas particulier d’une fonction de production à rendements constants, l’équation du coût total donnée par
l’égalité (4) ci dessus deviendra :
où (c) est une constante puisque les coûts sont proportionnels à la production (par définition de la fonction de
production homogène de degré 1).
L’équation (4)’ indique que le coût total de longue période reste constant quel que soit le volume de production. Cela
signifie que (c) représente le coût par unité produite, c’est à dire le coût moyen. En effet, de l’équation (4)’, il vient :
La constante (c) représente également le coût marginal puisque celui - ci, on le sait est égal à la dérivée du coût total
de production, soit :
CmLp = d(CtLp)/dp = d(cp)/dp = c (2)’
Finalement, en comparant les équations (1)’ et (2)’ on déduit que dans le cas des fonctions de production homogènes
de type Cobb - Douglas, le coût moyen est égal au coût marginal soit :
CMLp = CmLp = c (5)
On sait, par hypothèse, que le producteur n’exerce aucune influence sur le prix de vente (pu) de P. De même, on sait
que le profit maximum ne sera atteint que si le coût marginal est égal au prix de vente. Par conséquent, pour que le
profit soit maximum, le producteur doit non seulement égaliser le coût marginal au prix de vente, mais également au
coût moyen de production . Ce qui signifie en fait que l’équation (5) exprime en réalité une double égalité dans
laquelle le prix de vente est à la fois égal au coût moyen et au coût marginal. soit :
L’équation (5)’ reflète une situation particulière qui ne permet pas au producteur de déterminer la capacité de
production à mettre en place pour parvenir à son objectif de maximisation du profit. Comme il ne peut modifier par lui -
même le prix de vente de son produit, il se trouve en face de trois situations possibles illustrées par l’exemple ci -
après :
Pour illustrer cette indétermination de la capacité de production à mettre en place pour maximiser le profit de longue
période (πLp), supposons que l’évolution du coût total de production (CtLp) consécutive à l’évolution future supposée du
volume (p)
Jusqu’ici l’analyse développée à propos du comportement du producteur n’a pas tenu compte du facteur temps. La
longue période a été présentée comme une suite de courtes périodes dans laquelle tous les raisonnements (de courte
période) étaient applicables. En effet, la longue période était simplement définie comme une période suffisamment
longue pour que « tous les facteurs deviennent des facteurs variables ».
L’analyse de longue période ne prenait pas en compte le décalage « temporel » entre le moment où l’entreprise (le
producteur) effectue ses dépenses (supporte des coûts de production) en achetant les facteurs de production et en
renouvelant ses équipements et outillages et le moment où elle vend ses produits ( où elle réalise des recettes). Dans
la réalité pourtant, l’entreprise doit « attendre » un certain temps avant de réaliser des recettes, après avoir effectués
des dépenses. Cette « période d’attente » est évidemment d’autant plus importante lorsqu’il s’agit de dépenses
« lourdes » occasionnées par la réalisation d’un important investissement.
Pour bien cerner la réalité du comportement du producteur, il faut donc passer de l’analyse statique développée
jusqu’ici, à l’analyse dynamique qui aura à prendre en compte justement ce décalage temporel entre la réalisation
d’une dépense résultant d’un investissement et la réalisation des recettes résultant de la vente des produits par
l’entreprise. Ce faisant, on aborde désormais la question de la maximisation du profit « dans le temps ».
Considérons un producteur « rationnel » qui décide d’effectuer un investissement (It), par exemple l’achat de nouvelles
machines plus performantes, au cours d’une année (t). L’installation de ces nouvelles machines lui permettra de
fabriquer un produit (P) qu’il vendra au cours de l’année (t+1). Soit R(t+1) la recette réalisée au cours de l’année (t+1)
grâce à la vente de la quantité (p) du produit (P) fabriquée après la réalisation de l’investissement (It). On peut noter
alors que :
La relation (1) signifie que la recette réalisée au cours de l’année (t+1) est une fonction de l’investissement (It) réalisée
durant l’année (t).
La dérivée de la fonction (1) qui représente la variation de la recette lorsque varie l’investissement est donnée par la
relation (2) ci après :
Exemple : Soit une entreprise dont les recettes ont augmenté de ∆R = 1000 KDA au cours de l’année (t+1) suite à un
investissement effectué par elle au cours de l’année (t) dont le montant est de 800 KDA. Le taux de variation de la
recette consécutive à la variation de l’investissement est égal à ∆R/∆I = 1000/800= 1,25 = 125%.
Ce taux montre que pour chaque investissement supplémentaire de 1 KDA effectué par l’entreprise durant l’année (t),
elle réalise une recette de 1,25 KDA au cours de l’année (t+1) soit une « prime » de 0,25KDA par KDA investi (par unité
monétaire investie). Cette prime exprime « le taux de rendement marginal interne » de l’investissement. Elle est
également appelée « taux marginal d’efficacité du capital (TEMC) » de l’entreprise. Le TEMC, généralement noté ( r
) est donné par la formule :
r = f’(It) -1 (3)
Remarque
On parlera de taux marginal de rendement interne par opposition au taux de rendement externe qui est lié lui, à un
investissement effectué sous forme de placement sur le marché des capitaux
On a émis l’hypothèse que l’entrepreneur effectuait un investissement (It) au cours de l’année (t) qui est récupérable au
cours au cours de l’année (t+1), éventuellement augmenté d’une prime. Ce faisant, l’entrepreneur « avance » une
somme disponible à l’année (t) sachant qu’il ne pourra la récupérer qu’au cours de l’année (t+1). Comme il est
rationnel, il doit déterminer la meilleure manière pour lui d’utiliser cette somme disponible. En d’autres termes il doit
pouvoir dire s’il est préférable pour lui de l’investir dans son entreprise ou au contraire de la placer sur le marché des
capitaux.
Supposons que (i) soit le taux d’intérêt pratiqué sur le marché des capitaux. En plaçant la somme (It), l’entrepreneur
disposerait à l’année (t+1) d’une somme égale à :
Inversement, la somme R(t+1) disponible à l’année (t+1) aura à l’année (t) une valeur actualisée (c’est à dire rapportée
à l’année (t)), R’ telle que :
Le profit (π) de l’entrepreneur sera déterminé donc par la comparaison des deux sommes actualisées, c’est à dire
rapportées à l’année (t). Or on sait que (π) représente la différence entre les recettes et les dépenses de l’entreprise
soit :
L’équation (3) montre que le profit de l’entreprise est une fonction de It. Aussi, pour maximiser le profit, il faut que les
deux conditions ci après soient vérifiées :
dπ/dIt = 0 [f’(It) x1/(1+i)] - 1 = 0 . Or on sait par ailleurs (cf. définition du TEMC) que f’(It) = (1+r) d’où en remplaçant
f’(It) par cette valeur, la condition devient :
Ce qui montre que la condition pour que le profit soit maximum dans une opération d’investissement est que le TEMC (
r ) soit égal au taux d’intérêt (i) pratiqué sur le marché des capitaux.
On sait la condition du second ordre pour que le profit soit maximum est que la dérivée seconde (de la relation (3) ci
dessus soit négative), c’est à dire que :
Puisque le taux d’intérêt (i) est normalement positif, le rapport 1/(1+i) est également positif. Par conséquent la relation
(4) montre que pour que d2π/(dIt)2< 0, il faut nécessairement que la quantité [f’’(It)] soit elle-même négative. Or si f’’(It)
< 0 cela implique que f’(It) est une fonction décroissante. Or on sait que f’(It) représente le TEMC (r). On énonce donc
cette conclusion importante :
2. conséquences
a. 1er cas : Supposons que f’’ (It) < 0 et que (r) > (i)
Dans ce cas, l’entrepreneur aura avantage à emprunter sur le marché des capitaux la somme (It) pour l’investir dans
son entreprise. En effet comme (r) > (i), l’emprunt rapportera plus qu’il ne coûte. Il continuera à investir tant que le
TEMC (r) reste supérieur à (i). Il aura atteint le maximum de son profit lorsque ( r) = (i) c’est à dire lorsque la condition
du 1er ordre est réalisée.
b. 2ème cas : Supposons que f’’(It) < 0 et que (r) < (i)
Dans ce cas, l’entrepreneur aura avantage à placer ses fonds sur le marché des capitaux plutôt qu’investir dans son
entreprise : une diminution de son investissement augmentera son profit jusqu'à ce que (r) atteigne le niveau de (i).
D’une manière générale, pour (r) donné toute baisse du taux d’intérêt (i) intervenant sur le marché des capitaux
stimulera l’investissement et à contrario, toute hausse du taux d’intérêt (i) intervenant sur le marché des capitaux aura
pour effet découragera l’investissement.
Comme pour le consommateur dont la quantité demandée est fonction du prix du bien acquis, la quantité offerte du
bien P par l’entrepreneur est une fonction du prix (pu) de ce bien.
De même qu’on a représenté la fonction de demande par une courbe dont l’allure est liée à la fonction d’utilité du
consommateur, la fonction d’offre peut être représentée par une courbe dont la forme dépend de la fonction de coût du
producteur.
Le profit réalisé par un entrepreneur dépend de la quantité « vendue » du bien P qu’il fabrique.
Soit Op la quantité vendue par un entrepreneur E1sur le marché de P. La quantité Op représente la « part » de
l’entrepreneur E1 sur le marché de P. Elle est fonction du prix (pu) de P. Cette relation entre la quantité offerte Op et le
prix peut s’écrire :
Op = f(pu) (1)
La relation (1) est une fonction croissante du prix en ce sens que plus le prix (pu) augmente plus l’offre de E1 est
importante. On sait en effet que la condition première du profit maximum est que le prix (pu) du marché est égal au
coût marginal des facteurs de production (cf. supra).
2. L’offre du marché
On appelle offre du marché l’offre globale (OG) du produit P mise sur le marché par l’ensemble des producteurs de
P. L’offre du marché représente la somme arithmétique de toutes les offres individuelles (Oi) de tous les producteurs Ei
qui vendent le produit P. Elle est donnée par l’équation (2) ci après, où n représente le nombre totale des « offreurs »
du produit P:
n
OG = Oi (2)
i =1
On appelle coefficient (ou indice) d’élasticité de l’offre du produit P par rapport à son prix (pu) l’indice Eo/p qui mesure
la variation relative de la quantité offerte sur une période donnée, induite par une variation relative de (pu). Ce
coefficient d’élasticité est donné par l’expression :
On sait que pour un bien ordinaire, la courbe d’offre présente une pente positive (l’offre est une fonction croissante du
prix). Dans ce cas le prix et la quantité offerte varient dans le même sens. C’est à dire qu’une augmentation
(respectivement une baisse) du prix sur le marché entraînera une augmentation (respectivement une baisse) de l’offre :
le coefficient d’élasticité - prix est donc positif lorsque le bien P est un bien ordinaire. On dira alors que :
Remarque
Comme pour le cas de l’élasticité de la demande on parlera de « coefficient d’élasticité d’arc » par opposition au
« coefficient d ’élasticité ponctuelle » : le coefficient d’élasticité d’un arc se calcule à l’identique, en prenant en
considération le point situé à mi - distance entre les deux extrémités de l’arc sur la courbe d’offre (voir supra le calcul
de du coefficient de l’élasticité d’arc dans le cas de la courbe de demande).
CHAPITRE TROISIEME :
L’ANALYSE DE MARCHES EN CONCURRENCE
IMPARFAITE
Section 1 : le marché du monopole
2 hypothèses : le monopoleur choisit le prix les demandeurs sont price takers
Une première conséquence fondamentale de la définition du monopole est que toute la
demande s'adresse à lui.
Cad: dès qu'il a choisi un niveau de prix soit p par ex., la quantité qui lui est demandée est
celle de la demande collective qd ( p ) qui se manifeste à ce prix sur le marché la recette
totale: RT = p × qd ( p )
b) RECETTE MOYENNE
La recette moyenne d'un producteur quelconque est définie en général par le rapport RT Q .
Dans le cas du monopole, on a la fonction qd ( p) au dénominateur puisque RT = P × qd ( p) ,
il s'ensuit que la recette moyenne est égale à p expression générale des recettes du
monopole :
Soit la fonction de demande : q = f ( p)
et son inverse : p = p( q)
La recette totale : RT = p × q peut s’écrire : RT = p( q) × q et la recette
[ ]
marginale : Rm = dRT dq = dq( q ) dq q + p( q)
La recette moyenne : RM = RT q , est égale à l’inverse de la fonction de
[ ]
demande : RM = p( q ) × q q = p( q)
Puisque identité entre prix et recette moyenne la courbe de recette moyenne se confond
avec la courbe de demande collective.
c) RECETTE MARGINALE
Cas d'un offreur price taker = La recette marginale se définit comme *** ∆RT ∆Q ***
égalité fausse dans le cas de monopole.
Lorsque pour vendre davantage, un monopoleur baisse son prix, sa recette marginale
est plus petite que le (nouveau) prix auquel il vend.
Relation entre recette marginale et élasticité de la demande :
comme ∈qp = (dq dp) × ( p q ) , la formule définissant Rm peut s’écrire :
(
Rm = p(1 + dp dq × q p) = 1 + 1 ∈qp × p )
La recette marginale est inférieure au prix de vente se traduit par le fait que la courbe de
recette marginale se situe en dessous de la courbe de demande collective qd(p), qui est aussi
la courbe de recette moyenne. La recette marginale atteint dès lors le niveau 0 bien avant que
la recette moyenne et donc le prix soient nuls. Négative bien que le prix et la recette moyenne
soient toujours positifs --> raison:
zone de recette marginale négative correspond aux quantités pour lesquelles la recette totale
décroît.
d) VARIATION DE LA RECETTE TOTALE SELON L'ELASTICITE DE LA
DEMANDE
Lorsque le monopoleur change son prix de vente, sa recette totale varie et le sens de cette
variation (hausse ou baisse) n'est pas nécessairement le même que celui du changement de
prix.
L'élasticité de la demande par rapport au prix permet cependant de préciser lequel de ces 2
effets aura lieu:
Si demande élastique: toute baisse de prix accroît la recette totale l'accroissement de quantité
proportionnellement plus élevé que l'abaissement du prix, la réduction des recettes dues à ce
dernier est plus compensée par l'augmentation de la quantité. Si demande inélastique: la
baisse du prix fait décroître la recette totale la perte de recette due à l'abaissement du prix
n'est en effet pas suffisamment compensée par les gains en quantité. Si élasticité unitaire:
l'accroissement proportionnel de la quantité vendue est égal à la réduction proportionnel du
prix de telles sorte que la recette reste inchangée. En cas de hausse du prix les effets sur la
recette totale sont évidemment de sens opposé.
§2. PRIX ET QUANTITES D'EQUILIBRE SUR LE MARCHE D'UN PRODUIT
a) DETERMINATION DE L'EQUILIBRE
La production assurant le profit maximum est celle pour laquelle la recette marginale est
égale au coût marginal.
b) PROPRIETES DE L'EQUILIBRE
En monopole, l'offreur constitue à lui seul toute l'industrie: il n'y a qu'une firme. La paire
[ p , q ( p )] constitue l'équilibre du producteur et aussi du marché. De plus à cet équilibre, il
e e e
ne saurait y avoir de rationnement: connaissant la demande qui s'adressera à lui au prix qui
maximise son profit, le monopoleur a intérêt à le servir entièrement, et à produire exactement
ce montant-là. D'autre part, si l'équilibre est atteint pour une quantité telle que la recette
marginale soit égale au coût marginal, la différence entre recette marginale et prix de vente
implique que:
L’équilibre du monopoleur est constitué par le choix de production q qui rend le profit
maximum. Une condition nécessaire pour qu’il en soit ainsi est que q soit solution de
l’équation : d ∏ dq = dRT dq − dCT dq = 0 c’est à dire : dRT dq = dCT dq
L'existence de l'équilibre de monopole ne dépend pas du ait que le coût marginal soit
croissant ou non
c) déplacements de l'équilibre
L'équilibre de monopole est déterminé par les positions respectives des courbes de demande
collectives et du coût marginal ou équivalemment des courbes de recette et de coûts totaux. Si
la demande se déplace vers la droite, les coûts restant inchangés, le profit augmente. Si les
prix des inputs augmentent, la demande ne bougeant pas, le profit diminue.
§3. prix et quantités d'équilibre du monopoleur d'un bien non produit
a) determination de l'equilibre
L'objet d'un monopole n'est pas produit: cas de ressources naturelles, le monopoleur n'a pas
de coût de production.
La maximisation de son profit devient alors identique à la maximisation de la recette totale
qu'il peut retirer de la vente de son bien.
§4. conclusion
Qui choisit le prix?
- la réponse est évidente
A quel niveau se situera-t-il?
- le prix monopole est toujours supérieur au coût marginal. Et comment s'explique son
évolution dans le temps?
- par des déplacements éventuels de l'équilibre dus eux-mêmes à des modifications des
déterminants de la demande et/ou des conditions de production.
marginale. La quantité qu'elles produisent est déterminée par la rencontre entre leur coût
marginal et le prix fixé par la firme dominante.
a) Le DUOPOLE DE COURNOT
Concerne le cas d'une industrie comportant seulement 2 entreprises, mais il peut être étendu à
des cas où elles sont plus nombreuses.
Le postulat essentiel de Cournot: Chaque entreprise, lorsqu'elle maximise son profit total ou
sa Recette Totale, suppose que l'entreprise adverse maintient sa production constante. A
partir de ce postulat, on assiste à une guerre de mouvements entre les 2 entreprises, jusqu'à ce
que l'on parvienne à la situation où chacune d'entre elles vend exactement 1/3 du montant
total de la quantité qui aurait été vendue sur un marché de concurrence parfaite. L’analyse de
duopole de COURNOT a été complétée par les analyses d’équilibres de BERTRAND et de
STACKELBERT
Issue des mathématiques, la théorie des jeux étudie le comportement stratégique d’acteurs
interdépendants. Autrement dit, dans un contexte où les décisions des acteurs ont une influence réciproque sur
chacun d’eux, il s’agit d’étudier la manière dont les acteurs choisissent les décisions qu’ils vont prendre. Le
principal théoricien de la théorie des jeux est un mathématicien américain d’origine hongroise, John von
Neumann (1903-1957). "A partir du moment, où l’on prend en compte la réaction des autres à nos propres
actions, on rentre dans la théorie des jeux"1.
A ce titre, elle trouve de nombreuses applications en économie notamment dans l’étude du comportement
des firmes en concurrence imparfaite. Elle est particulièrement pertinente dans l’étude de marché en
situation d’oligopole. L’autre modèle de la concurrence imparfaite, le monopole, nous intéresse relativement
peu, puisqu’il n’implique pas de raisonnement stratégique (la firme est seule sur le marché et fixe les prix).
.
L’oligopole : cadre privilégiée d’application de la théorie des jeux
1.1 Pertinence de la théorie des jeux vis-à-vis des marchés oligopolistiques et cadre
d’application
La théorie des jeux étudie les comportements stratégiques d’acteurs interdépendants. Or pour définition,
"l’oligopole est la situation d’un marché où le nombre des producteurs est suffisamment limité pour que les
décisions de l’un d’entre eux aient une influence sur les décisions des autres et réciproquement"2. La théorie
des jeux trouve donc tout naturellement son application sur un marché oligopolistique, qui implique des
raisonnements stratégiques étant donné l’interdépendance des différents producteurs.
Dans le cadre d’un marché oligopolistique, la condition d’atomicité n’est pas respectée. On est donc
en concurrence imparfaite. Chaque entreprise a suffisamment de poids dans la production totale du marché pour
influencer l’équilibre des prix, et par conséquent les ventes ( et surtout le profit !) de ses concurrents. Chacune
entre alors dans un comportement stratégique puisqu’elles sont interdépendantes. De manière classique, une
entreprise peut jouer sur deux variables stratégiques pour faire évoluer le prix d’équilibre du marché et
maximiser son profit : le prix de vente et le volume de la production.
Il convient toutefois de faire attention dans l’utilisation du prix comme variable stratégique. Il ne s’agit
en aucun cas d’un pouvoir de fixation des prix par différenciation des produits qui relèverait de la
concurrence monopolistique, à laquelle ne s’applique pas la théorie des jeux. La condition d’homogénéité
est respectée. Sinon, il ne s’agit plus tout à fait d’un oligopole et la théorie des jeux perd de sa pertinence.
L’homogénéité des produits a pour effet de limiter l’intérêt du prix comme variable stratégique sur un
marché oligopolistique. En effet, si une entreprise choisit de diminuer son prix pour augmenter ses parts de
marché, elle doit s’attendre à une réaction immédiate des autres entreprises qui vont baisser leurs prix pour
conserver leurs parts de marché. Au final, elle aura réduit ses profits sans augmenter ses parts de marchés. Par
contre, elle aura réduit les profits de la branche toute entière. Augmenter son prix n’a aucun sens non plus,
puisque l’entreprise y perd des parts de marchés et diminue donc son profit. Lorsqu’il y a homogénéité du
produit, il ne peut y avoir qu’un seul prix de marché, le plus bas. Puisque tous les produits sont identiques,
les consommateurs achètent à l’entreprise qui pratique le prix le plus bas.
La variable stratégique essentielle en oligopole est donc le volume de production.
1.2 Une première application de la théorie des jeux : la guerre des prix
La variable prix se trouve disqualifiée sur courte période car toutes les entreprises ont la capacité de
réduire rapidement leur prix pour conserver leurs parts de marché. Certes, mais pour combien de temps ? En
oligopole, une entreprise peut volontairement vendre à perte pour forcer ses concurrents à la suivre,
jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus continuer. A ce moment, elle en profite pour les évincer du marché et se
placer en situation de monopole. Il s’agit là d’une stratégie de guerre des prix qui peut faire l’objet d’une
première application de la théorie des jeux. Prenons l’exemple, d’un duopole (cas particulier d’oligopole), où
l’entreprise Dupont et Durand qui fabriquent des pères noëls en chocolat sont en concurrence. Un double choix se
pose à chaque entreprise : pratiquer le prix du marché, ou des prix de guerre pour tenter de conquérir les parts de
marché de son adversaire. Une matrice des gains permet de représenter les gains associés à chaque choix en
tenant compte des réactions de la concurrence.
Prix de Durand
20 -150
Prix de Dupont
Prix du marché
20 -20
-20 -100
Guerre des prix
-150 -100
Le raisonnement de base de la théorie des jeux peut se résumer de la manière suivante : il s’agit de choisir la
stratégie la plus favorable sachant que la concurrence analyse votre stratégie et agit au mieux de ses
intérêts. Dans cet exemple, chaque entreprise possède une tactique dominante. On parle de tactique
dominante lorsqu’une entreprise possède un meilleur choix qu’elle que soit la décision prise par l’autre
entreprise. Ici, Durant s’il pratique le prix du marché est gagnant quelle que soit la décision de Dupont. En effet,
si Dupont pratique le prix du marché, il gagnera autant que lui, 20€. Si Dupont se lance dans une guerre des prix,
il perdra moins que lui, 20€ comparé à 150€. On peut suivre le raisonnement inverse pour Dupont. Le meilleur
choix stratégique pour les deux entreprises consiste à pratiquer le prix du marché. Ainsi, ils sont sûrs de sortir
gagnants. Ils choisiront donc probablement le choix stratégique numéro 1. On parle alors d’un équilibre
dominant, correspondant au cas où les deux entreprises possèdent une tactique dominante.
La situation précédente présente un cas particulier de l’utilisation de la variable stratégique qu’est le prix.
Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que la variable stratégique essentielle en oligopole reste le volume de
production et non le prix.
Pour développer un second aspect qui présentera une application directe dans la stratégie des entreprises
sur un marché oligopolistique, il peut-être intéressant de se reporter au paradigme de la théorie des jeux : le
dilemme du prisonnier. Il a été développé pour la première fois par Albert W.Tucker, détenteur de la
chaire de Mathématiques à Princeton dans les années 50 et 60.
Prenons, le cas de Bonnie and Clyde, complices des mêmes forfaits. Ils sont arrêtés par la police,
interrogés séparément et ne disposent d’aucun moyen de communiquer entre eux. La police ne dispose pas de
preuves valables juridiquement. Les policiers essaient donc de faire avouer les deux prisonniers. Deux alternatives
s’offrent à chacun d’eux : nier le crime ou l’avouer, correspondant à une peine plus ou moins lourde. On peut
modéliser ce cas par une matrice comme précédemment.
Bonnie
Avoue nie
Lourde peine
Lourde peine
avec remise
Avoue Remise de
Lourde peine
Clyde
peine
avec remise
Remise de
Faible peine
nie peine
Faible peine
Lourde peine
Si les deux complices avouent, ils sont tous les deux condamnés à une lourde peine, mais avec une remise
de peine puisqu’ils ont coopérés. Si tous les deux nient, ils sont tous les deux condamnés à une faible peine, car il
n’y pas assez de preuve pour justifier une lourde peine. Par contre si l’un des deux avoue et donne son complice
qui nie, il obtient une remise de peine pour avoir coopéré, alors que son complice se voit condamné à une lourde
peine. En pensant collectif, ils auraient intérêt à nier ensemble. Néanmoins, en niant, chacun prend le risque d’être
condamné à une forte peine si l’autre avoue. La tactique dominante de chacun consiste donc à avouer, et
l’équilibre dominant se fait lorsqu’ils avouent, encourant ainsi une lourde peine avec remise. En conclusion,
le choix optimal collectif, ne correspond pas à la conjonction des choix optimaux individuels. Cette logique
aura des conséquences forte dans l’application de la théorie des jeux aux stratégies de production des entreprises
en Oligopole.
Appliquons désormais, le principe de la théorie des jeux (développé ci-dessus) aux choix
stratégiques concernant le volume de production que doit faire chaque entreprise dans un oligopole.
Dans cas du même duopole que précédemment, les entreprises Durand et Dupont se retrouvent confrontées
à un double choix : produire plus pour faire baisser les prix du marché et ainsi conquérir d’avantage
de parts de marché, ou produire moins pour faire monter les prix et ainsi accroître leur profits.
Néanmoins, dans le contexte de marché duopolistique, chaque entreprise est obligée de prendre compte les
réactions de son concurrent. On formalise ce cas à l’aide d’une matrice des profits.
Niveau de production
Durand
faible fort
ction
80 100
faible
u
d 80 10
nt
ro
po
ep
eDu
ud
d
a
ive
10 60
fort
N
100 50
4 situations se présentent :
• Agression réciproque. Durand et Dupont décident d’une forte production. La répartition des parts de
marché n’évolue pas. Durand garde le léger avantage qu’il avait au départ, et son profit s’élève à 60
alors que celui de Dupont s’élève à 50. La stratégie de conquête de part de marché lancé par les
deux entreprises a échoué. Par contre, leur profit a diminué et par extension ceux de la branche tout
entière (cf. 1.1 le volume de production variable stratégique essentielle).
• Cartel. Dupont et Durant s’entendent préalablement pour réduire tous les deux leur production, faire
grimper les prix et ainsi augmenter leur profit. Ils réalisent alors tous les deux un profit de 80, ce qui
est le choix stratégique collectif optimal. Cet exemple illustre bien la tentation de conclure des
ententes et de contourner les lois sur la concurrence, nota. les lois antitrusts mise en place par un Etat
soucieux de conserver une consommation forte favorable macro-économiquement à l’économie. En
effet, le surplus de profit enregistré par les 2 entreprises se fait au détriment des consommateurs qui
ont dû débourser plus pour acheter moins, ce qui aura des effets sur leur consommation générale
(effet de revenu).
• Agression gagnante de Dupont. Dupont décide de produire fortement alors que Durand produit
faiblement. Dupont est à même de baisser ses prix et remporte donc des parts de marché, augmentant
ainsi ses profits, 100 contre 10 pour Durand.
• Agression gagnante de Durand. Inverse du raisonnement précédent.
Contrairement aux cas précédents, Dupont et Durand ne possèdent pas chacun une tactique
dominante. Il n’y a donc pas d’équilibre dominant. En effet, Durand possède bien une tactique
dominante. Quelque soit le choix de son adversaire, s’il décide de produire fortement, il sort vainqueur.
Par contre Dupont n’ a pas de tactique dominante. Il n’a pas de meilleur choix quelque soit le choix de
son adversaire. Il doit donc prendre le meilleur choix compte tenu du choix que fera certainement son
adversaire. C’est là que la théorie des jeux devient pertinente. Dans la pratique, il est rare de
trouver des cas d’équilibre dominant, où les deux entreprises auraient le même poids sur le marché.
Sachant que Durand va jouer sa tactique dominante, Dupont a tout intérêt à assurer ses parts de marché
et ainsi son profit en produisant fortement. L’équilibre du marché se fera donc par une agression
réciproque. On appelle cet équilibre, l’équilibre non coopératif ou encore l’équilibre de Nash, du
nom du célèbre mathématicien américain, Nobel d’Economie, Nobel de Mathématiques, qui l’a
mis en évidence.
LA CONCURRENCE MONOPOLISTIQUE
Le terme de « concurrence monopolistique », qui semble paradoxal, fut introduit par Edward
Chamberlin dans son ouvrage The Theory of monopolistic Competition (1933). Cette notion est
ambivalente:
P P
Courbe de
demande à une
Courbe de
entreprise en demande à
concurrence pure P* une entreprise
et parfaite en monopole
Q Q
Plus la différenciation est efficace, plus la courbe de demande à l’entreprise se rapproche d’une droite
verticale.
Toute entreprise cherche, selon l’hypothèse de rationalité, à maximiser son profit en
produisant la quantité pour laquelle la recette marginale est égale au coût marginal (voir schéma).
La recette marginale : c’est le montant reçu pour une unité supplémentaire vendue. En
concurrence pure et parfaite, recette marginale = prix ; et en situation de concurrence monopolistique,
recette marginale < prix (comme en situation de monopole).
Le coût marginal : c’est le coût engendré par la production d’une unité supplémentaire du
produit.
E Q
Q
Le concurrent monopolistique
1 vend la quantité (Q1) déterminée l’égalité recette marginale / coût
marginal, au prix correspondant sur la courbe de demande (P1). Le prix de vente est donc supérieur au
coût moyen : l’entreprise fait un surprofit. Ces profits attirent d’autres entreprises et les incite à entrer
sur le marché.
celle de courte période, car à long terme, la possibilité de substitution est plus grande, il en résulte que
la capacité excédentaire sera d'autant plus faible pour ne pas dire insignifiante.
b) les cas où il y a forte différenciation coïncident le plus souvent avec la présence d'un petit nombre
de vendeurs et des barrières à l'entrée --> analyse de l'Oligopole.
*La différenciation des produits: L'entreprise déjà établie est déjà connue et a créé des
habitudes à l'égard de son produit. Cet état de fait lui donne un avantage vis à vis des concurrents
actuels et des concurrents potentiels ceux-ci doivent en effet supporter des frais de vente des frais de
publicité supérieur pour vendre une même quantité que celles des entreprises établies. Soit vendre une
quantité moindre pour un même budget de publicité.
*Si l'entrée est complètement bloquée (barrières élevées pour décourager toute initiative) les
firmes établies maximisent purement et simplement leurs profits joints, et si elles coopèrent,
produisent ensemble q1 au prix p1. On retombe en fait dans l'Oligopole, qui donnera des prix stables
s’il est du type coopératif instables si la rivalité s'instaure entre les firmes existantes.
*L'entrée n'est pas totalement bloquée (barrières n'étant pas assez élevées pour décourager toute
initiative). Les entreprises peuvent se concerter pour "PRIX-LIMITE" plus faible que celui qui
maximiserait les profits de l'industrie en courte période, mais suffisamment bas pour écarter en longue
période les concurrents potentiels. Le prix-limite sera évidemment d'autant plus bas que les barrières
à l'entrée sont réduites; mais il aura pour plancher le coût moyen agrégé des firmes existantes. Ce type
d'arrangement relève de la nature de l'oligopole coopératif
(ressources naturelles); mais en tout état de cause, un accroissement venant de la demande du facteur
entraîne une hausse de prix, une diminution une baisse.
En premier lieu, il se caractérise par le grand nombre d’entreprises qui empêche toute concentration
du pouvoir de fixation des prix dans les mains de producteurs individuels. Toujours selon la théorie,
une réduction de ce nombre d’entreprises correspond à un éloignement de l’optimum
concurrentiel. Le monopole, situation où il n’y a qu’un producteur, apparaît ici comme le cas
extrême. Mais dans tous les autres cas, à savoir l’oligopole, le cartel, ou en concurrence
monopolistique, on obtient toujours ou presque un résultat de même nature qu’en situation ne
monopole. En effet, certains producteurs, de par le pouvoir économique qu’ils concentrent, peuvent
pratiquer un prix supérieur au coût marginal, le coût moyen n’étant pas à son minimum en longue
période. Or, toutes ces situations se traduisent par une réduction du nombre de producteurs
indépendants. De ce fait, dans l’optique traditionnelle, la préservation de la concurrence a souvent été
assimilée au maintien d’un grand nombre d’entreprises. D’où la condamnation libérale, des
monopoles bien entendu, mais aussi d’une trop forte concentration des entreprises.
Un marché est dit contestable si la concurrence potentielle sous la forme d’une menace d’entrée
d’une nouvelle firme joue le même rôle en termes d’efficacité qu’une concurrence réelle due à la
présence effective de plusieurs entreprises sur le marché.
La théorie met l’accent sur la concurrence potentielle des producteurs qui ne sont pas sur
le marché mais qui peuvent y entrer. Si un marché est contestable, les producteurs en place
craignent les entrées sur le marché et pratiqueront des prix bas, identiques à ceux de concurrence pure
et parfaite.
L’apport essentiel de cette théorie se situe dans l’attention portée à la liberté de sortie. Dans l’optique
de concurrence, l’entrée libre n’est pas suffisante pour contester la position des firmes en place. Il faut
également que l’entreprise ne risque pas un montant trop important de pertes irrécupérables si sa
tentative venait à échouer. Si après être entrée et avoir donc procédée à divers investissements
nécessaires tels que des études de marché … la nouvelle entreprise s’aperçoit qu’elle ne parvient pas
atteindre la rentabilité souhaitée, elle voudra se retirer. Si elle a pu amortir une bonne partie des coûts
fixes engagés au départ, si elle peut revendre aisément les équipements mis en place…le coût de sortie
restera faible. Plus le coût de sortie est faible, plus les concurrents extérieurs sont tentés par une entrée
sur un marché ; plus il est élevé et moins le marché est contestable.
Pour résumer, un marché parfaitement contestable est un marché où la liberté d’entrée est totale,
et où les entreprises qui sortent après une tentative d’entrée ratée ne risquent pas d’autres coûts
que l’amortissement normal des moyens de production engagés.
A cela trois conditions : absence de barrière à l’entrée ; absence de coûts fixes irréversibles appelés
« sunks costs » ; possibilité d’entrer et de ressortir avant que la firme en place ait pu réagir par une
baisse des prix : « hit and run party ».
III. Effets
Si le coût de sortie d’un marché est nul ou faible, les firmes extérieures au marché ne prennent
pratiquement aucun risque en tentant d’y prendre place. Dans ce cas, les entreprises présentes sur le
marché doivent tenir compte, non seulement de la concurrence des autres producteurs déjà présents,
mais aussi de la concurrence potentielle de toutes les firmes extérieures qui pourraient facilement
entrer sur le marché. En conséquence, sur un marché contestable, même s’il y a peu de producteurs,
voire un seul producteur, ceux-ci peuvent être conduits à se comporter comme des firmes en situation
de concurrence parfaite afin d’échapper à la menace permanente des concurrents potentiels.
Ainsi, un monopole ou une firme en concurrence monopolistique ne peuvent durablement
réaliser des super-profits, par rapport aux firmes concurrentielles, que si elles ne subissent pas
la menace d’entrée de nouvelles entreprises. Mais si le marché est contestable, n’importe quelle
entreprise peut entrer sur le marché pour vendre le même bien ou service au prix élevé qui permet les
super-profits, et prendre sa part de la rente des producteurs déjà en place. L’offre totale augmentant
sur le marché, les entreprises en place devront finalement réagir en baissant leur prix (ce qui fera
baisser les profits), et le mouvement devrait durer tant que subsistent des profits supérieurs à ceux que
l’on peut réaliser dans les secteurs concurrentiels. Si les coûts de sortie sont nuls ou négligeables, la
nouvelle entreprise peut très bien repartir dès que la réaction des firmes en place a entraîné la chute
des prix et des profits : elle opère ainsi un « raid » sur un marché qu’elle peut quitter dès qu’il cesse
d’être profitable. Dans le but d’éviter les raids de ce type, les entreprises en place peuvent être
contraintes à pratiquer des prix qui dissuadent les entrées sur le marché.
Au final, si le marché est parfaitement contestable, un oligopole, un monopole ou un marché
de concurrence monopolistique peuvent très bien être conduits à pratiquer une tarification au
coût marginal .
IV. Limites
Cependant, on constate que certains types de marchés restent par nature difficilement
contestables. D’une part en raison des coûts fixes considérables et irrécupérables en cas d’échec :
c’est le cas des monopoles naturels où les caractéristiques de l’offre et de la demande sont telles que
la production se fait à un moindre coût si elle est réalisée par une seule entreprise plutôt que répartie.
D’autre part grâce à la disposition momentanée d’une technologie et d’un savoir-faire unique : c’est le
cas du monopole technologique temporaire.
D’autre part, un monopole sera toutefois protégé si la règle de l’inertie des consommateurs joue.
Les consommateurs sont en effet habitués à acheter certains produits (problème de fidélité,
d’attachement à la marque). Aussi, pendant un certain temps au moins, des consommateurs, en dépit
des nouveaux concurrents, vont continuer à acheter le produit du monopoleur (c’est la cas par
exemple des magazines spécialisés).
En conclusion, il est indéniable que le concept de « marché contestable », s’il ne remet pas
strictement en cause l’analyse classique, l’enrichit de manière intéressante. Il permet de comprendre
l’influence de l’existence d’entrants potentiels sur le comportement des entreprises installées sur le
marché. La théorie des marchés contestables permet de démontrer que les effets attendus de la
concurrence pure et parfaite ne dépendent pas d’abord du nombre de producteurs mais de la liberté
d’entrée et de sortie sur les marchés. En conséquence, une politique de concurrence doit s’attacher à
préserver les conditions de la contestabilité. Cette analyse a servi de fondement théorique au
mouvement de déréglementation dans le secteur privé (transport aérien par exemple) et dans le secteur
public (télécommunications en France par exemple). Dans ce dernier cas, l’Etat prend à sa charge les
infrastructures de réseau, ce qui donne la possibilité à des entreprises d’entrer (avec paiement d’un
droit d’entrée) plus facilement car elles n’ont pas à supporter les investissements coûteux
d’infrastructures.
CHAPITRE QUATRIEME :
LES DETERMINANTS DE LA DEFAILLANCE
DU MARCHE
L'information est dite imparfaite lorsque les agents de l'économie (au niveau du
marché) ont accès à une information partielle ou coûteuse au cours de leur prise de décision.
Cette définition générale peut toutefois recevoir deux interprétations différentes.
L'information imparfaite peut tout d'abord être analysée dans le cadre d'une asymétrie
d'information entre plusieurs individus. Il s'agit alors de décrire les relations entre deux
agents ou deux groupes d'agents aux intérêts divergents, qui se distinguent essentiellement
par l'ensemble informationnel à partir duquel ils prennent leurs décisions. Ainsi, un individu
observera directement un événement ou une action, alors que l'autre individu doit s'en
remettre aux indications (éventuellement fausses) que lui transmet l'individu informé (cf. E.
Brousseau, 'Asymétrie d'information (et contrats)', pour les problèmes 'd'anti-séléction' et de
'risque moral'.
L'information imparfaite peut toutefois être analysée dans un second cadre, que nous
allons développer plus particulièrement ici.
Certaines analyses traitent en effet de l'incapacité des individus à recenser tous les
événements et actions, voire même à les envisager. On parle alors d'incomplétude de
l'information: il ne s'agit plus d'une différence d'appréciation de l'information qui favorise
certains individus par rapport aux autres, mais d'une incertitude globale qui affecte les
individus dans leur ensemble, de manière égale pour tous. Dans ce cas, les ensembles
d'information ne sont pas donnés, mais doivent être construits par les agents. L'un des
domaines privilégiés d'application de cette notion d'imperfection de l'information est, sans
doute, la théorie de la firme. L'intérêt principal d'intégrer cette notion était, à l'origine, pour
les économistes, de se démarquer des analyses traditionnelles qui décrivent la firme comme
une "boîte noire" parfaitement efficiente, n'entretenant avec son environnement (fournisseurs,
clients, concurrents, banques) que des relations d'échange marchand.
Cette conception technique était jugée trop simpliste en regard des spécificités et des
comportements concrets de la firme. L'enjeu théorique a donc consisté, dans la littérature
récente, à élaborer des hypothèses réalistes sur l'acquisition et la transmission -
nécessairement imparfaites - des informations, afin d'analyser le fonctionnement de la firme
tant au niveau interne (relations intra-firme) qu'externe (relations inter-firmes, relations
firmes-banques, etc.). Les analyses de la firme ont pu alors décrire différents modes
d'organisation (contrats de marché, partenariat, intégration, etc.) dont le rôle est soit
d'éliminer ou de gérer les effets de l'absence d'information, soit d'assurer la création
d'information. Nous tenterons, dans cet article, de souligner ces apports dans la présentation
des principales analyses de la firme: l'analyse des coûts de transaction (section 1), la théorie
des contrats incomplets (section 2) et l'approche en termes de compétences dynamiques
(section 3).
1. Opportunisme et analyse des coûts de transaction
Les raisonnements en termes de coûts de transaction ont été élaborés à l'origine par
R.H. Coase (1937) afin de comprendre les déterminants de l'émergence de la firme, mais c'est
certainement à O.E. Williamson (1989) que reviennent les principaux travaux de
développement et d'enrichissement de cette analyse.
L'objectif de l'analyse transactionnelle williamsonienne est de déterminer une forme
d'organisation optimale ou, dans les termes de l'auteur, une 'structure de gouvernance
efficiente', dans un contexte où (1) l'incertitude est présente, et (2) les actifs sont spécifiques.
L'incertitude a des origines essentiellement comportementales. Les agents ont une 'rationalité
limitée' au sens de H. Simon (1976), mais surtout ils ont des comportements 'opportunistes',
qui vont de la non communication d'informations privées, à la transmission délibérée
d'informations fausses d'un agent à l'autre pour des raisons stratégiques. L'opportunisme
williamsonien peut donc être lié à des problèmes d'asymétrie d'information entre partenaires,
mais il a également une autre origine associée à la spécificité des actifs.
C'est ce que l'auteur appelle le problème du 'hold up'. En effet, lorsque deux firmes s'engagent
dans une transaction, elles décident bien souvent de réaliser des investissements particuliers,
qui sont destinés à faire aboutir leur projet commun. Ces investissements sont dits spécifiques
au sens où ils n'ont de valeur que dans le cadre de cette relation contractuelle et ne peuvent
être redéployés vers d'autres usages. Dès lors, si l'une des firmes adopte un comportement
opportuniste en ne réalisant pas les investissements prévus, elle peut prendre en otage l'autre
firme qui s'est déjà engagée en la menaçant de briser le contrat si les conditions de la
transaction ne sont pas révisées en sa faveur. Afin de limiter ces pratiques manipulatrices, les
deux partenaires devront s'entendre sur une structure de gouvernance efficiente qui doit
assurer non seulement la minimisation des coûts de production, mais aussi celle des coûts de
transaction. Les coûts de transaction correspondent aux coûts de bureaucratie engendrés par
l'écriture des contrats et englobent également les dépenses liées à la transmission, au
traitement et à la vérification des informations. L'hypothèse de base est que toutes les
transactions sont coûteuses, qu'elles prennent la forme de simples relations de marché, de
contrats de long terme ou qu'elles soient organisées dans le cadre d'une opération
d'intégration.
Les principaux résultats de cette analyse sont les suivants. Lorsque la spécificité des
actifs est faible, les relations de marché seront préférables car c'est cette forme d'organisation
qui assure la plus forte minimisation des coûts de transaction et de production. Dans ce cas,
en effet, les problèmes de manipulation et de hold up ne peuvent apparaître puisque le marché
sanctionne par définition les efforts de chacun à leur vraie valeur. En revanche, un système
intégré sera mieux adapté si la spécificité des actifs est forte car, dans cette situation, les
mécanismes d'ajustement et de contrôle du marché sont significativement faussés. C'est en
effet l'intégration qui minimise cette fois les coûts de transaction en permettant, en particulier,
la mise en oeuvre de procédures d'audit afin de vérifier la véracité des information transmise.
Enfin, lorsque le degré de spécificité est intermédiaire, l'usage de 'formes d'organisation
hybrides' (franchises, systèmes de redevance, etc.) sont préconisées pour limiter l'apparition
de comportements opportunistes et annuler, par là même, toute manipulation de l'information.
pendant la durée du contrat prendre toutes les décisions qui lui semblent adaptées, comme par
exemple ajuster la capacité de production en fonction de la demande, sans en inférer
systématiquement à l'autre partenaire. L'intérêt de ce mode d'organisation est d'éviter, au
moins temporairement, les problèmes de conflits, les problèmes d'opportunisme ou
d'incompatibilité des choix qui pourraient émerger si les décisions étaient prises de manière
indépendante par les deux partenaires. Lorsque l'incertitude se dissipe dans la seconde
période, les stratégies optimales sont connues et peuvent être comparées à celles
effectivement réalisées. Si l'écart entre stratégie optimale et stratégie effective est important,
le contrat de la première période est jugé inadapté et une renégociation peut alors être
engagée sur la base d'une nouvelle allocation des droits résiduels entre les deux partenaires.
3. Création d'information et approche en termes de compétences dynamiques
Cette approche regroupe un certain nombre d'analyses qui ont pour points communs
(1) de ne pas concevoir la firme comme une somme d'individus, mais comme un ensemble,
une collectivité, qui se développe en interaction avec son environnement; (2) de ne pas
privilégier la rationalité du choix entre des alternatives données, mais d'étudier plutôt les
problèmes de viabilité qui correspondent à l'impossibilité radicale de connaître les stratégies
adaptées; (3) de souligner l'importance de mettre en oeuvre des procédures de création
d'information destinées à explorer de nouveaux problèmes, à construire au cours du temps de
nouvelles solutions en développant les compétences de la firme.
Les analyses dites d'équipe peuvent être rangées dans cette catégorie. J. Marshak et R.
Radner (1972) décrivent par exemple la firme comme un 'lieu d'unité', au sens où les
différentes entités qui la composent ont les mêmes intérêts et les mêmes objectifs. Ainsi,
chaque équipier (individus, entreprises partenaires ou départements d'une même firme) est
confronté à un problème simple: soit accepter l'objectif commun et rester dans la relation
organisationnelle, soit ne pas adhérer au projet collectif et quitter la relation. Cette hypothèse,
que les commentateurs considèrent en général comme très restrictive, est toutefois justifiée
par un souci de simplicité formelle. En effet, l'argument retenu est que si les théories
modernes de la firme fournissent des conclusions mathématiques robustes dans le cadre de
deux joueurs, l'étude des conflits d'intérêts multilatéraux affaiblit considérablement ces
résultats.
La relation organisationnelle est avant tout une collectivité au sein de laquelle on acquiert de
l'information, on la partage, on l'utilise pour établir une décision. Cette analyse privilégie
l'image d'une firme qui doit développer ses ressources, en concevant et en testant de
nouvelles relations informationnelles entre les équipiers, avant de pouvoir les utiliser. Elles
étudient comment vont être prises les décisions à un niveau collectif, sachant que chaque
entité contrôle différentes variables d'information et d'action. L'importance des conflits
d'intérêts n'est pas négligée pour autant. En effet, dans les analyses récentes, il est possible de
décrire le comportement d'entités qui ont des intérêts différenciés.
M. Aoki (1988), en particulier, décrit des jeux de négociation qui prennent place soit entre
une firme et une banque, soit entre les employés et les dirigeants de la même entreprise. Dans
cette perspective, l'auteur cherche à construire des schémas d'incitation compatibles avec une
structure informationnelle d'équipe, qui est par définition collective. Plus généralement, son
analyse tente de définir une compatibilité entre les systèmes informationnels et incitatifs qui
caractérisent la firme et la nature du marché sur lequel cette firme intervient. Ainsi, la
cohérence de deux systèmes particuliers est étudiée: celle du système américain et celle du
système japonais.
D'autres travaux participent également de cette approche en soulignant cette fois la
double origine de l'imperfection de l'information: l'information imparfaite peut concerner les
événements ou les actions des autres agents; elle peut aussi être liée à la dimension
productive de la firme. Une firme a en effet pour fonction essentielle de produire avant
d'échanger et, dans cette activité, elle doit rendre compatibles les choix qu'elle a réalisés dans
le passé avec les options qu'elle envisage pour le futur. Ces thèmes sont notamment abordés
par R. Nelson et S. Winter (1982), G. Dosi, D. Teece et S. Winter (1990), W. Lazonick
(1991), et R. Langlois (1992), mais leurs origines sont à rechercher chez des auteurs tels que
A. Marshall (1890), J. Schumpeter (1941), E. Penrose (1959) ou G.B. Richardson (1960). Ce
dernier auteur montre que les simples relations de marché ne peuvent fournir la base
d'information nécessaire à la prise de décision des entreprises. C'est seulement par des
relations de coopération, d'alliance ou d'intégration que les firmes peuvent construire leur
ensemble d'information.
Ce raisonnement dénote un changement de perspective assez significatif par rapport aux
analyses que nous avons développées dans les sections précédentes. En effet, l'objectif, dans
ce contexte, n'est pas de subir la nécessaire incomplétude de l'information en essayant
d'affaiblir ou de gérer les effets de l'incomplétude de l'information. Il s'agit d'adopter un
comportement d'action sur l'environnement en développant de nouvelles compétences au
cours du temps.
Quelles sont les principales limites et défaillances de marché
I- Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?
A) Comment les marchés sont-ils organisés ?
Dans une économie de marché, la régulation par les prix sera optimale s'il existe un marché
concurrentiel de concurrence pure et parfaite défini par cinq conditions. Ce modèle est
une référence, mais en réalité les marchés ne respectent pas toutes ces conditions et connais-
sent souvent des imperfections. Il s’agit de limites de marché.
Il existe différentes structures de marché.
Absence d'atomicité
(1) Dans le cas du monopole, la concurrence n’existe pas : un seul offreur approvisionne le
marché. Comme l’offreur est seul sur le marché, c’est lui qui fixe le prix de marché : il est
donc price maker. De ce fait, sur un marché monopolistique, les prix sont plus élevés que
sur un marché parfaitement concurrentiel car l’offreur est unique et il n’a donc pas de
concurrents capables de proposer le même produit à un prix plus bas.
Il existe 3 types de monopole :
- monopole naturel : lié à l’importance des économies d’échelle donc un nouvel entrant ne
peut être compétitif face au monopoleur en place
- monopole lié à la détention d’une ressource rare (contrôle d’une ressource essentielle
par une entreprise empêchant d’autres entreprises de développer leur activité)
- monopole légal accordé par l’Etat à un producteur de façon temporaire (par des brevets
pour inciter l’innovation) ou permanente (services publics)
(2) Dans un deuxième type de structure, quelques offreurs approvisionnent le marché ; il
existe une certaine concurrence. On dit alors qu’il s’agit d’un oligopole. La fixation du
prix n’est pas aussi libre que sur un marché monopolistique car chaque offreur doit tenir
compte du prix pratiqué par les quelques concurrents
Absence d'homogénéité du produit
Enfin, en situation de concurrence monopolistique, chaque firme offre un produit qui lui est
spécifique, se trouvant ainsi en situation de monopole. Les offreurs disposent alors d’une
certaine liberté pour déterminer le prix et la quantité offerte puisque la différenciation du
produit réduit l’élasticité-prix de la demande en fidélisant le consommateur (le
consommateur reste attaché au produit du fait des ses caractéristiques différentes).
Néanmoins ce monopole est relatif puisque les offreurs concurrents sont assez nombreux.
La différenciation du produit peut découler des qualités propres à ce produit mais aussi de la
marque, des différences de présentation et d’emballage …
=> Ces structures de marché non ou peu concurrentielles sont favorisées par des barrières à
l’entrée (d’ordre technologique, liés au coût d’installation, liés aux politiques hostiles des
entreprises déjà en place)
(2) Dans certains cas, les entreprises restent en position de concurrence, et la stratégie de
l'une des entreprises va viser à maintenir ou accroître sa part de marché grâce à une guerre
des prix (dans la grande distribution, les vendeurs pratiquent des réductions mutuelles de
prix pour affaiblir ou éliminer un concurrent)
(3) Enfin, les firmes peuvent tenter d’éliminer les concurrents en s’associant les unes avec
les autres parfois par le biais de pratiques illicites. L'entente passée entre elles rapproche
alors la situation d'un marché de monopole, car elle vise à contrôler les quantités produites
ainsi que le prix de vente, mais cette entente reste souvent fragile, ce qui nécessite d'en
surveiller constamment l'application.
D’autres stratégies légales se traduisent notamment par des opérations de concentration, qui
elles-mêmes peuvent entraîner une réduction du nombre d’offreurs sur le marché concerné.
Elles conduisent à une réduction du nombre d’entreprises dans un grand nombre d’activités
et que les structures de marché des grands secteurs de production.
(Darty / Fnac)
C) La régulation de la concurrence
La concurrence imparfaite peut avoir des conséquences néfastes, notamment pour les
consommateurs : les pouvoirs publics donc à la réguler dans le but de maintenir les prix
aussi bas que possible. Le droit de la concurrence a pour objectif de préserver la loyauté
dans les relations économiques. L’existence d’une concurrence effective est indispensable au
bon fonctionnement de l’économie, à la régulation du marché.
Les ententes illicites (les opérateurs de la téléphonie avant l’arrivée de Free, les cartels des
lessives) qui perturbent le fonctionnement du marché.
La recherche d’une position dominante sur le marché n’a rien de répréhensible en soi, le
droit français et le droit communautaire interdisent l’abus de domination, qui consiste, pour
une ou plusieurs entreprises, à profiter de leur force et de leur situation de leaders pour
fausser les conditions de l’échange, verrouiller le marché, et de façon générale fausser le jeu
de la concurrence.(Google)
Depuis 1976 aux Etats-Unis, 1990 dans l’Union Européenne, les entreprises désirant
s’engager dans des opérations de concentration (fusions-acquisitions) de grande dimension
doivent en informer au préalable les autorités de la concurrence qui, après examen, décident
ou non de les autoriser.
Contrairement aux cas d’entente et de position dominante, la démarche est ici préventive.
Les autorités doivent mesurer l’impact de l’opération sur le degré de concurrence sur ce
marché : risque-t-elle de permettre l’exercice d’un pouvoir de marché générateur d’une
hausse durable et injustifiée des prix ? (la Commission a bloqué en 2007 le projet de rachat
d’Aer Lingus par Ryanair, estimant que la nouvelle entité serait en situation de monopole sur
vingt-deux lignes au départ de Dublin)
Définition: « On appelle défaillance du marché une situation dans laquelle, pour des raisons
techniques, la régulation par le marché se révèle impossible ou inadéquate ».
L'asymétrie d’information est une situation dans laquelle certaines caractéristiques d’une
transaction sont connues d’une partie et ne peuvent pas, sans coût supplémentaire, être
découvertes par l’autre partie soit avant (ex ante) ou après l’établissement du contrat (ex post)
entre les parties.
2 cas de figure :
(1) Sélection adverse (ou sélection adverse) : Un des agents ignore certaines
caractéristiques de la transaction. Il risque d’être trompé au moment où il va signer le
contrat. (ex ante)
(2) Alea moral : Un des agents peut dissimuler son comportement qui ne sera révélé
qu’après la signature du contrat (ex post). L’aléa moral résulte du fait que l’un des deux
contractants adopte un comportement opportuniste car l’autre n’est pas en mesure
d’observer son comportement (modèle du tire-au-flanc, assurances)
ex :
Monde du travail : salariés qui ne travaillent pas quand le patron a le dos tourné ou une fois
qu’ils ont signé un CDI.
Cas des assurances : le fait d’être garanti peut accroître la prise de risque de la part de
l’assuré. (L’assuré va prendre des risque en se disant que de toute façon, il est assuré)
Le spéléologue qui se retrouve coincé dans une grotte : est incité à prendre des risques
inconsidérés puisqu’il ne sera pas le seul à être sanctionné par son inconscience et il a même
toutes les chances d’être sauvé. Il peut s’attendre à ce que les pompiers viennent à son
secours pour le sauver. De plus, il ne paiera pas la facture.
Solutions :
Dans les assurances : Un assureur est tenté de distinguer « statistiquement » les groupes à
faible risque et ceux à risque élevé, de façon à ajuster le niveau des primes au niveau des
risques : par exemple, en différenciant les primes d’assurance selon l’âge, le niveau d’études,
le nb de Km parcourus,… Mais ce type de solution présente des difficultés éthiques (la cour
européenne de Justice a récemment interdit de discriminer les assurés automobiles selon le
sexe).
Le système des bonus-malus constitue une autre façon de discriminer statistiquement les
assurés puisque les conducteurs à risque élevé paient plus que les autres (il s’agit
fréquemment d’hommes jeunes). En cas d’accident de la route responsable, une somme reste
à la charge de l’assuré pour couvrir les réparations du véhicule : c’est ce qu’on appelle une
franchise.
Dans le monde du travail : Verser aux salariés des salaires supérieurs au salaire d’équilibre
permet d’augmenter la productivité du travail et de s’attacher leur loyauté. En cas de besoin,
on peut alors leur demander des efforts particuliers ; ils seront moins enclins à aller voir
ailleurs (cela réduit le « turn over », donc les coûts d’embauche et de formation) ; ils seront
aussi moins disposés au conflit et plus disposés à la coopération avec la direction.
B) Les externalités et les biens collectifs ne sont pas pris en charge par le
marché
En cas d’externalités, le système de prix et donc le marché ne guide plus les agents vers
des décisions socialement optimales et il en résulte des formes d’inefficacités dans
l’organisation des activités de production et de consommation. Il y a donc dans ce cas une
défaillance du marché et nécessité d’une intervention publique qui doit empêcher les
externalités négatives (en les taxant ou en réglementant) et inciter les agents à générer des
externalités positives (en les subventionnant)
b) Le marché et la prise en charge des biens collectifs
Certains biens et services n’ont qu’un ou aucun de ces deux caractères. Lorsqu’ils sont
caractérisés à la fois par la non rivalité et l’impossibilité d’exclusion par le marché ce sont
des "biens collectifs purs"
Les biens collectifs purs constituent une défaillance de marché qui nécessitent
l’intervention de l’Etat
L’exemple l’éclairage public : Tous ceux qui passent dans une rue éclairée par les
équipements de la commune bénéficie de toute la lumière sans que cela diminue le moins du
monde l’éclairage pour les autres passants. Cette situation rend impossible l’exclusion par le
marché : comment faire payer un passant qui peut répondre simplement qu’il n’a rien
demandé. S’il est rationnel il va naturellement adopter un comportement de passager
clandestin (free rider). En l’absence d’intervention publique, il y a de fortes chances que
personne ne financera une telle activité qu’il est impossible de rentabiliser (impossible de
faire payer un prix).
Le marché est défaillant pour la production des biens collectifs purs (activité non rentable
car non exclusion par les prix) L’Etat doit assurer la production des biens collectifs purs : un
fondement de l’intervention de l’Etat.
Rq : Ils sont financés par les pouvoirs ou ils peuvent être confiés à une entreprise privée.
Ex : La distribution de l’eau potable est un service public confié aux collectivités territoriales
qui déterminent librement leur mode de gestion : soit elles assurent directement ce service
sous la forme d’une régie ; soit elles le délèguent à une entreprise privée.
L'asymétrie d’information est une Marché des voitures Sur un marché, l’accès à L’Etat peut contrôler l’information mise à
situation dans laquelle certaines d’occasion : les mauvaises l’information est inégal. disposition des consommateurs. Il peut
caractéristiques d’une transaction sont voitures chassent les bonnes Par conséquent, certains réglementer l’attribution des labels par exemple,
connues d’une partie et ne peuvent (antiselection) agents n’ont pas la contrôler la publicité, obliger les producteurs à
pas, sans coût supplémentaire, être possibilité de faire les fournir certaines informations sur la qualité de
découvertes par l’autre partie soit Dans un contrat d’assurance bons choix car ils ne leurs produits (Par exemple la présence d’OGM
avant (ex ante) ou après automobile, l’assureur n’a disposent pas de toute ou obligation de faire un contrôle technique
l’établissement du contrat (ex post) pas de moyen de vérifier le l’information nécessaire. avant de vendre une voiture)
entre les parties. comportement de l’assuré. Ne
prend-il pas trop de risques ? Le prix ne joue plus son compagnie d’assurance : franchise
Anti-sélection : Un des agents ignore Être assuré ne le pousse-t-il rôle de signal / bonus-malus
certaines caractéristiques de la pas à prendre plus de risques (information sur la qualité)
transaction. Il risque d’être trompé au ? (aléa moral)
moment où il va signer le contrat.
c’est la conséquence Positives : l’augmentation de En cas d’externalités, le 1ère possibilité : L’Etat va taxer les activités qui
d’une activité la valeur d’un terrain suite à système de prix et donc le ont des externalités négatives pour que les agents
économique qui n’est la création d’une activité marché ne guide plus les économiques prennent en compte le coût qu’ils
pas prise en compte économique (gare TGV agents vers des décisions impliquent à la collectivité.
par le marché, c’est-à- Paris/Reims, usine Mac Cain socialement optimales et il D’autre part, l’Etat va encourager les activités qui
dire qui n’implique pas à Matougues) en résulte des formes ont des effets externes positifs par des
le paiement d’un prix Négatives : la pollution est d’inefficacités dans subventions.
déterminé par le l'effet externe négatif le plus l’organisation des activités - 2ème possibilité : encadrer les activités par des
marché ; on parlera évident ; la fermeture d'une de production et de normes et des règlementations (interdire les
d'externalité positive si gare ou d'un bureau de poste consommation. activités polluantes, certains matériaux dangereux
les conséquences sont ont des externalités négatives
positives et sur les autres activités de la
d’externalité négative si localité, nuisances sonores,
les conséquences sont olfactives, visuelles…
négatives.
Un bien collectif admet deux Défense nationale, feu Le marché est défaillant Prise en charge directe ou indirecte
caractéristiques qui sont la non d’artifice, l’éclairage public, pour la production des par les pouvoirs publics
rivalité (la consommation de ce bien un digue,…. biens collectifs purs
ne peut empêcher la consommation de (activité non rentable car
ce même bien par un autre individu) et non exclusion par les prix)
la non exclusion (il est impossible
d'exclure par les prix l'usage de ce
bien).
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
103