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EL RHAZALI Nezha ENCG-FES

Fiscalité Internationale

Thème 1 :
Introduction à la fiscalité internationale

Concept de fiscalité L’objet de fiscalité Sources de la fiscalité


internationale internationale internationale

- Déterminer les conditions - Le droit des Etats :


d’imposition des opérations
La fiscalité internationale Il comprend des règles de droit fiscal
internationales. c-à-d des
recouvre l’ensemble des applicables à l’intérieur du territoire
opérations faites par un
règles qui déterminent où et souverain.
résident d’un Etat sur le
comment, dans un contexte
territoire d’un autre Etat ou - Les conventions fiscales :
transfrontalier, un revenu
avec un résident d’un autre
spécifique d’un contribuable Le droit conventionnel comprend les
Etat.
peut être imposé. règles applicables pour les pays
- Fixer les règles relatives à signataires, conduisant à réglementer leu
l’imposition des biens ou du souveraineté pour certaines impositions.
capital détenues par un
résident d’un Etat sur le -L’ harmonisation fiscale :
territoire d’un autre Etat.
(cas de l’union européenne)

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Thème 2 :
Concurrence fiscale, souveraineté et politique fiscale

I. Aperçu historique du système fiscal au Maroc


Le système fiscal marocain a, depuis la fin du 19° siècle, connu une évolution sous la pression des
contraintes budgétaires, marquée par la période coloniale ayant permis l’instauration des premiers impôts
modernes et fondée, depuis l’indépendance, sur le consentement, la solidarité et l'incitation économique, pour
aboutir actuellement à un système moderne comparable à ceux en vigueur dans les pays développés à économie
libérale.

Le régime fiscal au
lendemain de Le système fiscal moderne
l’indépendance
• Des taxes intérieures à L’objectif  l’élaboration d’un système fiscal moderne, cohérent,
la consommation efficient et plus universaliste.
• La taxe sur le chiffre  La mise en place d’un système qui assure :
d'affaires  Une meilleure répartition de la charge fiscale et un élargissement de
• Concernant l’assiette et la réduction des taxes.
l'imposition du travail  Un renforcement des garanties que la loi accorde aux contribuables.
• la taxation des  Le remplacement de la taxe sur les produits et les services par la Taxe
professions libérales, sur la Valeur Ajoutée.
industrielles et  La suppression des impôts catégoriels appliqués par nature de revenu
commerciales et leur remplacement par l’impôt sur les sociétés (IS) et de l’Impôt
Général sur le Revenu (IGR).

II. La souveraineté fiscale des Etats


La souveraineté politique La souveraineté fiscale
Permet à chaque Etat d’exercer sur son Accorde à chaque Etat de percevoir l’impôt sur son territoire.
territoire l’ensemble de ses droits. C-à-d le pouvoir exclusif d’organiser librement et de mettre en
œuvre le prélèvement fiscal dans un territoire déterminé.

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Droit international Droit constitutionnel Droit communautaire


public interne
le mot souveraineté la souveraineté est La souveraineté se conçoit essentiellement
désigne le pouvoir de l'Etat l'expression du pouvoir en termes de limitation de compétences des
de déterminer et conduire d'autodétermination d'un Etats dans l'espace communautaire. Les
librement sa politique peuple. Elle désigne le droit Etats membres de tels espaces renoncent à
intérieure et extérieure. d'un peuple de choisir s'il l'exercice d'une compétence autonome dans
Les seules limites à son veut être souverain ou pas et certains domaines pour l'exercer en
action étant ses propres le cas échéant de choisir son commun par l'intermédiaire d'une
engagements et le droit système politique et institution supranationale qu'ils créent.
international économique.

 La souveraineté fiscale n’existe que si 3 conditions se sont réunies:

Compétence Autonome Exclusif


L’Etat doit avoir toute compétence pour Le Système fiscal doit être Le système fiscal doit être
créer son système fiscal: autonome: il doit être complet exclusif: c.-à-d. limité à
un ensemble d’impôt qui rentre en relation (toutes les règles d’assiette) un territoire précis et
ainsi il doit contenir toutes les déterminé, et non pas un
dynamique avec son système économique
règles de sanction et de système uniforme à tous
et son appareil socio-dynamique. contrôle. les Etats.

 Etat est Souverain sur son territoire :

Pouvoir Normatif Pouvoir Exécutif Pouvoir Juridictionnel


Liberté de légiférer et Territorial  Un Etat ne peut Une décision obtenue dans un
d’établir son système fiscal. exercer un pouvoir de contrainte que Etat n’est en principe exécutoire
sur son territoire. que dans cet Etat.

La souveraineté fiscale peut être limitée :


• Dans l’ordre interne d’un Etat. C’est le cas des paradis fiscaux.

• En raison du risque de conflit qu’il peut exister avec un autre Etat lui-même doté de la souveraineté fiscale.

• à cause de l’adhésion de l’Etat à un traité international qui contient des dispositions fiscales tels que les
accords de l’OMC, ou quand ce dernier fait parti d’une union où s’exercice un droit communautaire.
(Exp : L’interdiction des subventions fiscales ; L’interdiction de la discrimination envers les produits des
autres Etats).

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N.B : Les Etats n’ont plus une souveraineté fiscale absolue étant donné qu’ils sont limités dans
leurs décisions par un ensemble de contraintes internes et externes qui sont omniprésentes. Donc
ils ne peuvent plus fixer librement leurs politiques fiscales.

 Critères de rattachement nécessaires :


Personnel Territorial Fonctionnel
- Résidence - Source de Revenu En raison de l’exercice des
- Nationalité fonctions.
 Critère de rattachement : La territorialité (Voir le cours Diapo 13 => 17)

III. Politique fiscale Marocaine


1. Définition :

 La politique fiscale est l’ensemble des décisions prises par les pouvoirs publics en matière de fiscalité. Elle
vise à modifier le droit fiscal en fonctions d'objectifs déterminées.
 La politique fiscale représente l’art de la détermination des caractéristiques générales de l’impôt en
fonction des données économiques et psychologiques offertes par la société.
 La politique fiscale renvoie donc à la manière dont le gouvernement exerce une influence sur
l’économie par l’ensemble de ses décisions budgétaires.

2. Objectifs :

 Financement des dépenses publiques : Infrastructures de base, hôpitaux, Ecoles, TGV…


 La redistribution des revenus : RAMED, Bourses de scolarité, Caisse de solidarité sociale…
 Régulation de l'activité économique et stabilisation : Pression fiscale, Nombre d’impôts…
 Incitations fiscales et attractivité des IDE.

3. Contraintes :

 Comportement des agents économiques


 Effets contradictoires entre les secteurs de l’économie
 Les coûts d’administration

4. Orientations :

 Une fiscalité qui s’oriente vers l’axe de la justice sociale


 Une juste répartition de la charge fiscale et la sauvegarde du pouvoir d’achat de la classe moyenne.
 Une fiscalité qui permet de lutter contre la spéculation
 Une fiscalité qui permet de réduire le champ de l’informel
 Une fiscalité qui prend en charge partiellement le financement de la couverture sociale.

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IV. La concurrence Fiscale


1. Définition
 La concurrence fiscale est une rivalité entre les pays qui essayent d’attirer le plus grand nombre
d’investisseurs en modulant leur fiscalité.
 La concurrence fiscale a pour but de rendre le pays plus attractif pour les investisseurs, de rendre les
entreprises locales plus compétitives, afin d'attirer ou de conserver des résidents fortunés.

2. Pourquoi concurrencer les états fiscalement ?


 La pratique de la concurrence fiscale a pour but :
 De rendre un État plus attractif pour les investisseurs.
 D'inciter les élus à une meilleure gestion des collectivités.
 De rendre les entreprises locales plus compétitives et ainsi de favoriser les exportations
 D’attirer ou de conserver des résidents fortunés.

3. Qui profite de cette concurrence fiscale ?

 Les bases fiscales les plus mobiles,


 Les bases taxables des entreprises (capitaux et bénéfices)
 Les revenus et les patrimoines financiers des personnes physiques les plus fortunées.
 Les investisseurs et épargnants bénéficient de cette concurrence.
Mais elle s’avère dommageable pour les Etats.

4. Qu’est-ce qu’on entend par la concurrence fiscale dommageable ?

La concurrence fiscale dommageable est un concept défini par l'Organisation de Coopération et


de Développement Économique (OCDE) et l'Union Européenne. Il désigne les pratiques fiscales non
transparentes, qui diffèrent fortement des pratiques fiscales habituellement acceptées, qui sont offertes
à certaines entreprises seulement et/ou qui ne sont pas en rapport avec une activité réelle.

5. Les conséquences de la concurrence fiscale

 Selon le rapport de l’OCDE, la concurrence fiscale ferait apparaître Trois dangers majeurs :

1- Atténuation de la souveraineté réelle des États.

2- Perte de capacité à financer les fonctions collectives par assèchement des recettes publiques.

3- Les paradis fiscaux ne connaissent pas la crise.

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V. La fiscalité des pays maghrébins


• A l’instar des entreprises, les Etats se sont alors mis en concurrence entre eux pour offrir
l’environnement fiscal le plus attractif possible.

• Chaque Etat cherche à être plus compétitif, y compris en offrant une fiscalité plus compétitive qui
rendrait l’entreprise plus compétitive.

• En dépit des spécificités socio-politiques marquées qui caractérisent chaque pays du maghreb central,
(à savoir le Maroc, la Tunisie et l’Algérie) l’histoire commune des trois pays a créé entre eux une
certaine homogénéité culturelle et éducative qui a été renforcée par leur coopération avec l’Union
Européenne.

1. La contradiction de la réalité maghrébine

 Les Etats maghrébins ont des économies similaires. Sur bien de secteurs, ce sont des économies
concurrentes qui se disputent le marché européen pour écouler des produits comparables tels que le
textile ou le produit touristique.

 En même temps, les Etats maghrébins sont confrontés à une concurrence fiscale entre eux dans la
mesure où ils s'emploient à inciter des investissements extérieurs, plutôt rares et de taille modeste.

2. Concurrence intermaghrébine

• Afin d’être plus attractif, chacun des pays du Maghreb central a donné aux investisseurs
étrangers un certain nombre d’avantages à savoir :

Des conventions
Les garanties offertes à l’investisseur Une réduction en matière fiscales afin d’éviter la
d’impôt double imposition

 Les trois législations ont proclamé les garanties Les Etats se lancent dans une Les pays maghrébins
de transfert, et de la sécurité juridique. sorte de guerre des taux des ont conclu des
 L'investisseur bénéficie de la faculté du recours impôts de droit commun. conventions fiscales de
à l'arbitrage, mais la concurrence - Le Maroc a réduit le taux non double imposition
intermaghrébine peut être perçue à travers la de l'IS à 35% en 2007 puis a dont le but essentiel,
tendance à accorder des avantages fiscaux 30% en 2008. pour ces Etats, est
similaires et qui consistent en : - La Tunisie a adopté, en d'éviter que les
• L'exonération totale ou partielle des bénéfices, 2006, une loi portant sur la avantages fiscaux
• La mise en place d'un régime favorable de réduction des taux de l'impôt. concédés au profit des
déduction des provisions, amortissements et Elle a réduit son taux d’IS de investisseurs ne soient
abattements divers ; 35% à 30 % en 2012, et à neutralisés par
• La prise en charge par l'Etat des travaux 25% en 2014. l'imposition des
d'infrastructure. - L'Algérie l'ait fixé, depuis bénéfices dans le pays
1999, à 30%. de l'investisseur.

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3. Stratégies de lutte contre la concurrence fiscale

 Les stratégies de lutte contre la concurrence fiscale sont de Deux ordres :

1- L'amélioration de l'attractivité du territoire : cette stratégie vise à rendre plus rentable un


investissement sur un territoire plus taxé qu'un autre.

2- Les accords internationaux visant à construire des cartels fiscaux

 Etude de cas : Impôt sur le revenu le Maroc comparé à la France, la Tunisie et l’Algérie (voir l’exposé)

 CONCLUSION :

La mondialisation et l’intensification de la concurrence entre entreprises sur


le marché mondial ont eu, et continuent d’avoir, de nombreux effets positifs, ce n’est
pas le cas en matière de concurrence fiscale. Toutefois, cette dernière ce dirige vers
une prolifération des pratiques fiscales dommageables, et ce notamment, en
intensifiant la coopération internationale, pour protéger les base d’imposition et éviter
la réduction de la prospérité à l’échelle mondiale que provoquent des distorsions
d’origine fiscale des mouvements de capitaux et flux financiers.

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Thème 3 :
La double imposition
La double imposition est un problème classique de la fiscalité internationale que les pays ont commencé à
appréhender dès les années 20. Le problème est ancien. Nombreuses actions ont été prises pour remédier au
problème de la double imposition. En effet Dans chaque pays on essaye de conclure plusieurs conventions
fiscales dans ce sens. Et pourtant la double imposition reste toujours un problème bien vivant.

I. Généralités sur la double imposition


1. Définition

La double imposition désigne le fait, pour un revenu, d’être imposé deux fois au niveau fiscal.

 Par exemple : Si une entreprise est présente dans 2 pays dont les Etats n’ont pas conclu de convention de
double imposition entre eux, elle devrait en théorie s’acquittter de ses impôts dans les 2 pays.

 La double imposition internationale Est constituée lorsqu’un contribuable se trouve atteint, au titre d’une
même base et d’une même période, par des impôts de nature comparable appliqués par deux ou plusieurs
juridictions fiscales nationales, Cette double imposition surgit généralement d’un conflit des lois entre
l’assujettissement à une obligation illimitée d’un Etat et à une obligation territoriale de l’autre Etat, d’un
conflit de règles de source laissant une grande part de subjectivisme à chaque législateur.

2. Les Types de la double imposition

 Il convient de distinguer Deux grands types de double imposition :

Double imposition Juridique Double imposition Economique


Un même revenu soumis plusieurs fois à un impôt de même nature du
même contribuable durant la même année dans deux Etats Idem mais Contribuables différents
différents. Exemple : (Un dividende taxé au
-Exemple : (Double résidence, Taxation dans l’Etat de résidence et niveau de la société ET du
l’Etat de la source). bénéficiaire).

« Une double imposition se produit Le phénomène de la double imposition se produit lorsque 2


lorsque les autorités fiscales de deux E/ses liées (société mère et filiale) sont installées dans 2 pays et
Etats perçoivent un impôt comparable qu’un conflit naît entre 2 administrations sur les revenus à
auprès d’un même contribuable sur prendre en considération pour l’assiette de l’impôt.
une même matière imposable et pour Le pays du siège de la filiale peut refuser la déduction de ses
une même période de temps ». revenus de la base imposable tandis que l’Etat du siège de la
société mère peut comprendre ses revenus dans la base
imposable. Il se réalise en général à la suite de la vérification de
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la comptabilité dans l’un des 2 Etats.
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II. Méthodes d’élimination de la double imposition

1. Les règles d’imposition

 Ces règles peuvent être classées en 6 catégories, à savoir:

1) Imposition par l'État de la résidence sous réserve de l'existence d'établissement stable ou de base fixe dans
l'autre Etat.
2) Partage de l'imposition entre l'État de la résidence et l'État de la source, le droit d'imposition étant plafonné
uniformément dans les deux États contractants :
3) Partage de l'imposition entre l'État de la résidence et l'État de la source, le droit d'imposition étant plafonné
différemment dans les deux États contractants.
4) Imposition par l'État de la source.
5) Partage de l'imposition entre l État de la résidence et l'État de la source, le droit d'imposition étant plafonné
dans l'État de la source.
6) Partage de l'imposition entre l'État de la source et l'État de la résidence, le droit d'imposition étant plafonné
dans l'État de la résidence

2. Méthodes de lutte contre la double imposition

La Méthode de l’Exemption La Méthode de l’Imputation


Ou de l’Exonération : - l’Etat de résidence permet à ses contribuables
Un Etat renonce à imposer certains types de revenus. d’imputer sur l’impôt national l’impôt supporté
L’Etat de la résidence n’impose pas certains revenus de à l’étranger sur leurs revenus de source
source étrangère, voire même renonce à imposer tous les étrangère.
revenus de source étrangères : il implique, dans ce - la technique du crédit d’impôt admet la
dernier cas, la taxation selon le principe de la source. déduction de l’impôt étranger de l’impôt national,
afférent un même revenu

L’Exemption intégrale L’exemption L’imputation L’imputation ordinaire


avec intégrale
progressivité L’impôt Ou Partielle :
Lorsqu’il applique la méthode de payé La déduction accordée dans
l’exonération intégrale, l’Etat qui  L’Etat prend effectivement l’Etat de R au titre de l’Impôt
n’a pas le droit d’imposer ne tient le revenu dans l’Etat de payé dans l’Etat de S se limite
aucun compte des revenus qui ont exempté en source est à la fraction de l’impôt
été perçus dans l’autre Etat. Il peut considération intégralement correspondant aux revenus de
s’agir d’une exonération dans l’Etat pour déterminer déduit de Sources étrangères.
de la source ou dans l’Etat de la le taux l’impôt dû  Lorsque l’impôt dû de
résidence. progressif dans l’Etat de l’Etat de source est plus élevé
 L’Etat de la résidence néglige d’impôt résidence et que dans l’Etat de résidence,
complètement le revenu étranger, et applicable aux ce sans la fraction excédentaire de
établit l’impôt sur les autres revenus revenus non aucune limite l’impôt payé ne sera plus
du contribuable. exemptés. déductible.

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Thème 4 :
La domiciliation fiscale : L’établissement stable
I. Définitions des notions d’établissement stable et
de domicile fiscal
1. Définition du domicile fiscal

Pour une personne physique Pour les personnes morales


•Le domicile fiscal est une notion distincte de Le domicile fiscal d’une entreprise est là où les bénéfices
la nationalité d’une personne ou de la réalisés par celle-ci seront imposable, C-à-d qu’il y
résidence principale. aura lieu d’application du régime d’imposition relatif à
• Le domicile fiscal d’une personne physique cet Etat.
est l’état duquel il dépend fiscalement, C-à-d Si cette entreprise exerce son activité dans un autre Etat
là où le régime fiscal lui sera appliqué. par l’intermédiaire d’un établissement stable qui y est
situé, le pouvoir d’imposition est dévolu à cet Etat.

2. Définition d’un établissement stable

 La notion de l’établissement stable a l’avantage de localiser la source des revenus d’une activité en
vue de déterminer le droit, pour un Etat contractant, d’imposer les bénéfices d’une entreprise de
l’autre Etat contractant. Cette entreprise n’est imposable que dans la mesure où les bénéfices sont
imputables à l’activité de cet établissement.
 Une entreprise d’un Etat qui exerce une activité dans l’autre Etat n’est imposable dans cet Etat
que si l’activité dans cet Etat est exercée par l’intermédiaire d’un établissement stable.
 La notion d'établissement stable est essentielle pour apprécier si des activités industrielles ou
commerciales exercées dans un Etat ou territoire autre que celui de la résidence de la personne
morale concernée sont imposables au lieu de la résidence ou, au contraire, au lieu d'exercice de ces
activités.
 Il peut s’agir :

⇒ D’un siège de Direction (au sens de siège de direction régionale, de direction technique, de direction
commerciale, par exemple),

⇒ D’une succursale (installation ayant un caractère permanent comportant des locaux, des équipements et du
personnel. Elle n’a pas de personnalité juridique, elle constitue un simple prolongement de la société mère).

⇒ D’un bureau d’achat (exploité au Maroc où une société étrangère procède à des achats de marchandises en vue
de la revente. Même si ce bureau est destiné à approvisionner directement la société étrangère ou un de ses
établissements à l’étranger).

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⇒ D’un magasin de vente (il s’agit d’une installation fixe par l’intermédiaire de laquelle une entreprise étrangère
effectue des ventes de M/ses. La base taxable dans ce cas est constituée par les bénéfices réalisés au Maroc par
cet établissement).

⇒ D’un chantier de construction ou de montage (à condition qu’il soit établi pour une durée assez longue et qu’il
soit dirigé par un préposé qui a la qualité pour engager la société étrangère et traiter en son nom).

⇒ D’une usine, un atelier, une mine, un puits de pétrole ou de gaz, une carrière ou tout autre lieu d'extraction des
ressources naturelles.

 Dans la famille d’établissements stables, la doctrine marocaine ajoute également :

⇒ L’entrepôt mis à disposition des tiers,


⇒ La ferme ou la plantation agricole,
⇒ Le lieu d’exploration de ressources naturelles.
⇒ les chantiers de construction et de montage ainsi que les activités de surveillance s’y rapportant pour une durée
de six mois avec des exceptions concernant, entre autres, l’Espagne et la Suède pour lesquelles cette durée est
portée à 12 mois.
⇒ La fourniture de services par un prestataire non-résident si sa durée est de six mois.

3. La définition du droit interne de l’établissement stable

Selon l’article 5 du CGI : « Les sociétés, qu’elles aient ou non leur siège social au Maroc, sont
imposable en raison de l’ensemble des produits, bénéfices et revenus se rapportant aux biens qu’elles
possèdent, aux activités qu’elles exercent et aux opérations lucratives qu’elles réalisent au Maroc, même à
titre occasionnel ».

 3 éléments doivent être réunis pour qu’il y ait établissement stable :


Une installation qui est le
support d’une activité
Une installation matérielle ayant génératrice de profits, C-à-d
une certaine permanence contribuant à la formation ou Une autonomie de gestion suffisante
à l’accroissement de la valeur pou l’établissement
des biens ou services dont
l’entreprise entend tirer
profit.
Il peut s’agir d’un siège de Un simple stockage sans achat Il faut que le résultat soit rattachable à
direction, d’une succursale, d’une ni vente n’est pas un l’établissement, ce qui implique que ce
agence, d’une unité de production établissement. dernier soit investi d’un véritable pouvoir
industrielle… (voir page 10 Les bureaux d’achat sont de décision autonome et ne soit pas un
simple transmetteur d’ordre de
résumé). retenus comme
l’entreprise.
Il peut donc s’agir d’une établissements s’ils sont
Il doit y avoir une direction propre
installation provisoire ponctuelle. installés en vue d’opérations effective.
commerciales.

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N.B :

Une entreprise étrangère est réputée exercer une activité au Maroc, et réaliser ainsi des bénéfices
d’exploitation de source marocaine dès lors que :

- La société étrangère opère par le biais d’un établissement stable qu’elle a au Maroc.

- Lorsque, en l’absence de tout établissement stable, la société étrangère réalise au Maroc des opérations
formant un cycle complet d’opérations.

 Cycle commercial complet


L’exercice d’une activité peur résulté d’un cycle commercial complet sans que l’entreprise étrangère
dispose au Maroc d’un établissement stable ou un représentant qualifié doté de pouvoirs suffisants pour engager
cette entreprise.

La notion de Cycle Commercial Complet recouvre une série d’opérations nécessaires à la réalisation
d’un profit.

- In en est ainsi des opérations d’achat de M/ses suivi de leur revente effectuées au Maroc par des
entreprises étrangères.

- C’est également le cas des études réalisées au Maroc par une entreprise étrangère au profit d’une
entreprise marocaine.

 Les conventions fiscales internationales ne retiennent pas le critère de cycle complet d’activité défini par le
droit interne.

4. La notion du domicile fiscal au Maroc

 D’après l’article 23 du Code Général des Impôts, une personne physique est considérée comme ayant son
domicile fiscal au Maroc lorsqu'elle y dispose de son foyer permanent d'habitation, du centre de ses intérêts
économiques ou lorsque la durée continue ou discontinue de ses séjours au Maroc dépasse 183 jours pour toute
période de 365 jours.

 Selon l’article 73, tout changement du domicile fiscal ou du lieu du principal établissement doit être
signalé à l’administration fiscale par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise contre
récépissé ou par souscription d’une déclaration sur ou d’après un imprimé -modèle établi par
l’administration dans les trente (30) jours qui suivent la date du changement.

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 D’après l’article 23 du Code Général des Impôts, il y a trois critères pour déterminer le domicile fiscal qui
sont les suivants: (par ordre d'importance)

2- Le centre
1- Le foyer permanent d’habitation d’intérêts 3- La durée du séjour au
économiques Maroc
Il s'entend du lieu où le contribuable réside Il s'entend du lieu Toute personne ayant
habituellement et de manière permanente. d'exercice de la ou des séjourné au Maroc d'une
La permanence de l'habitation, condition activités du manière continue ou
essentielle, suppose que le logement aménagé à contribuable. discontinue pendant plus de
cette fin, est réservé par le contribuable à son usage (critère d’ordre 183 jours, est considérée
et ou à celui de sa famille de manière continue et professionnel). comme ayant son domicile
non occasionnelle. fiscal au Maroc.

 Pour les personnes morales, le domicile fiscal c’est le pays où se situe le siège, ou le centre de direction.

II. L’importance de la détermination d’un établissement stable


La notion d'établissement stable est essentielle pour apprécier si des activités industrielles ou
commerciales exercées dans un état ou territoire autre que celui de la résidence de la personne morale
concernée sont imposables au lieu de la résidence ou, au contraire, au lieu d'exercice de ces activités.

C’est à dire que cette notion est importante pour déterminer la compétence en matière
d’imposition entre deux États.

III. Le rôle des conventions dans la définition de l’établissement


stable (exemple de la convention franco-marocaine)
Généralement, on se réfère à l’article 5 du modèle de convention OCDE (organisation de coopération et
de développement économique) pour établir les conventions fiscales internationales.

 Convention Franco-Marocaine
Selon l’article 3 de la convention : Le terme « établissement stable » désigne une installation fixe
d’affaires où une entreprise exerce tout ou partie de son activité.

 On ne considère pas qu’il y a établissement stable si :


★ Il est fait usage d’installations aux seules fins de stockage, d’exposition ou de livraison de marchandises
appartenant à l’entreprise.

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★ Des marchandises appartenant à l’entreprise sont entreposées aux seules fins de stockage, d’exposition ou
de livraison.

★ Des marchandises appartenant à l’entreprise sont entreposées aux seules fins de transformation par une
autre entreprise.

★ Une installation fixe d’affaire est utilisée aux seules fins de publicité, de fourniture d’informations, de
recherches scientifiques ou d’activités analogues qui ont pour l’entreprise un caractère préparatoire ou
auxiliaire à condition qu’aucune commande ne soit recueillie.

IV. Les caractéristiques conventionnelles d’un établissement


stable
 La définition conventionnelle d’un établissement stable :
En droit conventionnel, il y a deux théories qui s’affrontent en matière de rattachement de la matière
imposable à la souveraineté fiscale d’un Etat.

La Théorie de la réalisation La théorie de l’appartenance économique


- Seules les installations que acquièrent ou réalisent - Toute installation permanente qui s’intègre
directement des bénéfices sont considérée comme à l’économie du pays est un établissement
établissement stable soumis à la loi fiscale où elles se trouvent. stable. Ce pays est en droit d’imposer tous les
Tel est le cas des usines et ateliers de fabrication. revenus de l’entreprise que entretient sur son
- Les installations qui ne permettent pas la réalisation d’un sol un tél établissement, que les revenus se
profit réel ne sont pas considérés comme des établissements rattachent ou non à l’établissement stable.
stables, installations à usage de dépôt ou d’exposition des - A chaque Etat attribué les revenus qui lui
M/ses, bureaux d’études, de publicité ou de recherche appartiennent ou non à l’établissement stable.
scientifique qui ne permettent qu’indirectement la réalisation - Cette dernière théorie qui est retenue pour la
des bénéfices. plupart des conventions fiscales.
 Selon l’OCDE, 2 critères pertinents permettent d’établir la présence d’un ES1 :

● L’installation fixe d’affaires. ● La présence d’un représentant de l’entreprise dans


l’autre Etat contractant.
C’est là où l’entreprise exerce tout ou une - Une entreprise est considérée comme ayant un
partie de son activité. établissement stable dans un État autre que celui de sa
=> Selon l’article 5 de la Convention modèle résidence, même en l’absence d’une installation fixe d’affaire,
de l’O.C.D.E. sur l'établissement stable: lorsqu’une personne y agit pour son compte et dispose dans
Cette notion comprend notamment: cet État de pouvoirs qu’elle y exerce habituellement, des
un siège de direction, une succursale, un pouvoirs lui permettant de conclure des contrats au nom de
bureau, une usine, un atelier et une mine, l’entreprise.
un puits de pétrole ou de gaz, une carrière - Toutefois, on ne pourra pas retenir la notion d’établissement
ou tout autre lieu d’extraction de ressources stable si par exemple l’activité de cette personne est limitée à
naturelle. l’achat de marchandise pour l’entreprise.

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Etablissement Stable

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V. La qualification d’établissement stable en matière de


commerce électronique

Le site Web d’une entreprise héberge sur un serveur étranger lui assurant l’accès auprès des
utilisateurs, où qu’ils soient situés, constitue-t-il un établissement stable, de cette entreprise dans cet Etat
étranger.

 Conditions cumulatives d’exercice d’un établissement stable :

En matière de commerce électronique, l’établissement stable déroge au principe de taxation dans l’Etat
de résidence de l’E/se, à condition de respecter les règles suivantes :

Les sites qualifiés d’établissement stable permettent d’effectuer « en ligne » un cycle de vente complet :
sélection du produit ou du service, commande, paiement et livraison.

Installation fixe d’affaires Fixité de l’installation d’affaires


La notion d’ES peut être appliquée à Le site doit revêtir un caractère fixe (absence de
l’emplacement où se trouve localisé le serveur. déplacement pendant un laps de temps suffisant),
Celui-ci doit être exploité, détenu ou loué par le L’incertitude réside dans le fait qu’un site peut être
cyber-commerçant. facilement déplacé d’un serveur vers un autre par exemple
établi dans un autre Etat.

 CONCLUSION :

 Chaque État souhaite exercer et protéger ses prérogatives de


souveraineté fiscale car l’économie de celui-ci en dépend. En effet à
l’heure actuelle chaque État prend des décisions pour récolter le plus
d’impôts ou pour éviter l’évasion fiscale.

 Dans ce même contexte et afin de protéger les sociétés du risque de


double imposition et de faciliter les échanges économiques
internationaux que la notion de l’établissement stable a émergé.

 Ainsi, la notion d’établissement stable est en perpétuel changement


car elle s’adapte avec les besoins du marché, et c’est la raison pour
laquelle que la notion d’établissement stable des activités
électroniques a été développée.

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