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BASES GÉNÉTIQUES DE L’ÉVOLUTION – HAV504B

CHAPITRE 3 : LES MUTATIONS


Le 19/09/2022 INTRODUCION
Individu type : définir les caractères qui sont diagnostiques de certaines espèces
(ressemblances). Mais avec les mutations, quasiment tous les individus diffèrent entre eux et au
cours du temps.
Dans la nature, il n’y a pas de « type sauvage », mais uniquement des mutants. Une part de la
variation est due à l’environnement.
Ces variations sont omniprésentes du point de vue génétique (on trouve toujours de la variabilité
entre les individus). Les mutations sont à l’origine de la diversité génétique.
Mutation :
- Définition génétique : modification de l’information génétique et décelable par un
changement brusque et d’emblée héréditaire intervenant au niveau d’un ou plusieurs
caractères.
- Définition moléculaire : tout changement affectant la séquence nucléotidique (mutation
ponctuelle), ou l’agencement ou la quantité des gènes.

1. ORIGINE DES MUTATIONS

Les mutations :
- Mutations induites : apparition suite de traitements par agents mutagènes (rayons X, UV,
agents chimiques, …)
- Mutations spontanées : apparition en absence de traitement mutagène connu, grâce à
différents mécanismes.
Fréquence de mutation : 10-5 à 10-9 mutations/site/génération (souvent pendant la réplication).
Le taux est très variable d’un individu à l’autre.
Expérience de Luria & Delbrück (1943) :
 Les mutations sont-elles induites en réponse adaptative à l’environnement ? Ou sont-elles
toutes dues au hasard ?
Expérience sur la bactérien E. coli en présence d’un virus bactériophage. Ils les font se multiplier
sans, puis avec bactériophage. Si le bactériophage induit la mutation, alors tous les milieux de
culture devraient avoir un taux de mutation égal. Si la mutation n’a rien à voir avec
l’environnement, elle peut apparaître à n’importe quel moment dans la généalogie (même sans
bactériophage).
Ils ont observé une variation énorme de la quantité de mutations (bactéries résistantes) une fois
le bactériophage introduit. Les mutations sont donc toutes dues au hasard.
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2. MUTATION ET PHÉNOTYPES

On peut classer les mutations selon leur effet sur la valeur sélective :
- Les mutations neutres (pas d’effet),
- Les mutations délétères (néfastes),
- Les mutations létales (mort).
Les mutations apparaissent plus ou moins tôt dans le développement de l’embryon. Plus elles
apparaissent tôt, plus elles peuvent avoir un effet important.
Les mutations somatiques = mutations dans n’importe quelle cellule => ne se transmettent pas
à la descendance.
Les mutations germinales = mutations dans les cellules germinales => transmission à la
descendance.
Chez les végétaux, une mutation à l’origine somatique peut être transmise si elle survit dans une
cellule susceptible de donner la lignée germinale d’une branche.

3. MUTATIONS PONCTUELLES
Les types de mutations ponctuelles :
- Substitutions de bases : transitions A->G ou de C->T (fréquentes car échange entre
purines et pyrimidines) ou transversions (transitions dans tous les sens).
Une mutation spontanée fréquente : la désamination de la cytosine => transforme la cytosine
en uracile => après le prochain cycle de réplication on se retrouve avec T et A (car U et G se
désassocient) => CG -> désamination -> UG -> réplication -> UA -> réparation -> TA.

Le 03/10/2022
- Addition ou délétion de bases : c’est une mutation ponctuelle, souvent liée à la
réplication, ainsi qu’aux processus de formation de boucles dans les séquences répétées
=> microsatellites (marqueurs génétiques = uniques à chaque individu).
Si les mutations ont lieu dans des zones non codantes ni régulatrices => mutation neutre (pas
d’effet).
Si les mutations ont lieu dans une zone codante :
- Addition ou délétion => décalage du cadre de lecture, ce qui peut entraîner la perte
intégrale de la structure et fonction de la protéine.
- Mutation ponctuelle => ne change pas l’acide aminé = mutation silencieuse =
mutation synonyme (~neutre). Il peut y avoir un changement sur l’acide aminé, et l’effet
sur la protéine est variable. Lorsqu’une mutation engendre un codon stop => on parle
de mutation non-sens => protéine inactive.
Si les mutations ont lieu dans une zone régulatrice : modification de la quantité d’expression
d’une protéine.
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Exemple d’un décalage de lecture pour une protéine commune au Chimpanzé et à l’Homme : la
mutation « frameshift ».
Exemple des groupes sanguins ABO :
On a 1 locus avec 3 allèles : A, B et O. La substance H (glycoprotéine) est modifiée en antigène A
par le produit de l’allèle IA, on en antigène par le produit de l’allèle IB. En revanche l’allèle IO est
incapable de coder pour un produit capable de modifier la substance H.
Lorsque l’on séquence le gène chez plusieurs personnes, les allèles IA et IB diffèrent par 4
substitutions nucléotidiques, ce qui induit un changement de la séquence nucléotidique =>
addition de 2 résidus sucrés différents.
Les individus IOIO [O] montrent une séquence avec une délétion de nucléotide => décalage du
cadre de lecture et formation d’un codon stop => pas de production de glycosyltransférase => pas
de dégradation de la substance H.

Exemple de la myopathie de Duchenne (DMD) et de Becker (DMB) :


Ce sont des maladies récessives, caractérisées par une faiblesse puis une dégénérescence
musculaire.
Ces maladies touchent un gène du chromosome X, le gène de la dystrophine => les hommes XY
sont davantage touchés que les femmes XX => ils ne sont pas « protégés » par leur chromosome Y,
tandis que les femmes peuvent être « protégées » par leur deuxième chromosome X qui peut
présenter un allèle dominant.
La myopathie de Duchenne est causée par un décalage du cadre de lecture => pas de synthèse de
la dystrophine => forte dégénérescence des muscles et très précoce (dès l’enfance).

4. MUTATIONS CHROMOSOMIQUES

Les mutations chromosomiques sont des mutations qui vont toucher l’ensemble du
chromosome.
Le nombre de chromosome est variable selon les espèces (46 chez l’Homme, 8 chez la Drosophile,
28 chez le blé, …).
Situation classique 2n => on parle d’euploïdie = cycle méiose / fécondation (passe de la forme
haploïde à diploïde).
Il peut y avoir 2 types de changement :
- Changement du « jeu complet » de chromosomes = euploïdie aberrante (3n, 4n, 6n, …)
- Changement d’une « partie du jeu » de chromosome => aneuploïdie (trisomie =
chromosome en plus / monosomie = chromosome en moins)
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Cas biologique chez les Hyménoptères :


Les mâles sont tous haploïdes tandis que les femelles et ouvrières sont diploïdes => le
déterminisme du sexe se fait par le nombre de copie de chromosomes. Ils sont produits par
parthénogenèse (œuf sans fécondation).
Fardeau génétique : ensemble de mutations récessives délétères => cause d’empêchement du
développement de la plupart des zygotes haploïdes ➔ il leur faut un allèle dominant pour pouvoir
« masquer » l’allèle délétère récessif et pouvoir permettre au zygote de se développer (il est alors
2n).
Si l’allèle récessif délétère se retrouve à l’état homozygote après fécondation => dépression de
consanguinité.
Les Hyménoptères ont trouvé un moyen de faire face à ce fardeau génétique (= charge génétique
= « mutation load »).

Le nombre de copies de chromosome est proportionnel à la taille de la cellule. On parle de


polyploïdie.
Plusieurs origines de la polyploïdie :
- Autopolyploïdie => plusieurs jeux de chromosomes issus d’une même espèce.
- Allopolyploïdie => plusieurs jeux de chromosomes issus d’espèces différentes après
hybridation.
Cas des autotriploïdes (3n) : croisement entre 2n et 4n => en général stériles car il y a la formation
de gamètes diploïdes et des gamètes haploïdes (gamètes aneuploïdes). Cette pratique est utilisée
en agronomie => investissement meilleur dans la croissance et moins dans la reproduction =>
individus plus gros et meilleurs.
L’allopolyploïdie est également très présente surtout chez les végétaux. Elle est très utilisée en
agronomie, notamment lors de la domestication des plantes : cas du blé ou du genre Brassica.

Cas des aneuploïdies :


- Nullisomie => manque les 2 membres d’une paire spécifique => létal
- Monosomie => manque 1 chromosome d’une paire spécifique => syndrome de Turner
- Trisomie => un chromosome en plus pour une paire spécifique => syndrome de la
Trisomie 21
Types de chromosomes :
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Modification de la structure chromosomique par une ou plusieurs cassures du chromosome,


suivie d’une perte ou réarrangement d’une partie du matériel génétique :
- Translocation : une portion de chromosome se retrouve sur un autre chromosome
- Inversion : portion de chromosome échangée avec une autre portion d’un autre
chromosome
- Délétion : retrait d’une portion de chromosome
- Duplication : portion dupliquée
Lors d’une inversion chromosomique, les chromosomes ne peuvent plus recombiner car il n’y
a plus d’homologie des séquences lors de la méiose. Il peut alors y avoir une accumulation de
mutation différentes sur les deux portions de chromosomes qui ne recombinent plus.
C’est le cas du Combattant varié (Philomachus pugnax) qui a un dimorphisme sexuel très visible,
et dont les mâles peuvent présenter 3 phénotypes/comportements différents :
- Gros mâles, roux, qui se battent pour les femelles
- Petits mâles blanc dits satellites => ne se battent pas
- Petits mâles semblables aux femelles => mimétisme
Ces différentes stratégies sont associées à une inversion chromosomique puis à des mutations
différentes sur les zones non recombinantes (la recombinaison est possible uniquement dans
la région centrale de l’inversion). Cette inversion remonterait à 3 Ma.

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