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§2.

LES ACTES JURIDIQUES UNILATERAUX COLLECTIFS ET


CONTRATS COLLECTIFS.

L’acte juridique unilatéral collectif est la manifestation unilatérale de volontés d’un


ensemble de personnes unies par une communauté d’intérêts. On peut citer l’exemple d’une
décision prise par une assemblée de co-propriétaires d’un quartier ou d’un immeuble. De cette
décision qui constitue un acte juridique unilatéral collectif peut résulter des obligations pour
tous les co-proprietaires.
Le contrat collectif est un contrat dont les effets peuvent s’appliquer à des personnes
autres que les parties contractantes. On peut citer en droit du travail l’exemple de la
convention collective.

Dans le contrat collectif, il y a échange de consentements entre deux personnes ou


deux catégories de personnes. On peut dire qu’il y a une manifestation bilatérale de volontés.
Dans l’acte unilatéral collectif, l’on est en présence d’une manifestation unilatérale de
volontés. De façon imagée, l’on peut dire que dans l’acte juridique unilatéral collectif, « il n’y
a pas de partenaire en face de ceux qui ont manifesté leur volonté ».

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Chapitre II : La classification des contrats.

Une distinction est faite entre les classifications traditionnelles et les classifications
modernes.

SECTION I : LES CLASSIFICATIONS TRADITIONNELLES.

On peut procéder à la classification des contrats en fonction de la réglementation


applicable (§1), en fonction du mode de formation (§2), ou quant à l’objet du contrat (§3).

§1. LA CLASSIFICATION EN FONCTION DE LA REGLEMENTATION.

Une distinction classique est faite entre les contrats de droit interne et les contrats
internationaux (A) et entre les contrats nommés et les contrats innomés (B).

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§2. LA CLASSIFICATION DES CONTRATS QUANT A LEUR MODE DE
FORMATION.

13 – Si l’on se réfère à leur mode de formation, une double distinction doit être faite. La
première distinction concerne les contrats consensuels, solennels et réels (A). La seconde
distinction concerne les contrats à exécution instantanée, les contrats à exécution successive et
les contrats à exécution échelonnée (B).

A. LA DISTINCTION DES CONTRATS CONSENSUELS, SOLENNELS ET


REELS.

Cette distinction des contrats consensuels, solennels et réels nous vient du droit
romain qui connaissait les contrats re, litteris, verbis et consensu.

14 – Les contrats consensuels sont des contrats qui se forment par le seul échange des
consentements en l’absence de toute formalité1. Il en est ainsi de la vente. Selon les
dispositions de l’article 1583 du code civil, le contrat de vente doit être considéré comme
conclu et la propriété acquise de droit à l’acquéreur dès lors qu’il y a accord entre les parties
sur la chose et sur le prix. Peu importe que la chose, c’est-à-dire le bien acheté, n’ait pas
encore été livré à l’acquéreur par le vendeur ni le prix payé.

15 – Contrairement au contrat consensuel, le contrat solennel nécessite, outre l’échange de


consentements des parties, l’accomplissement d’une formalité laquelle consiste dans la
rédaction d’un écrit. Cet écrit consiste généralement dans la rédaction d’un acte authentique.
Ainsi la constitution d’une hypothèque nécessite la rédaction d’un acte notarié2.

Le non-respect de la formalité prescrite par la loi entraîne la nullité absolue du contrat


solennel.

1 -V o ir l a d é fin i tio n d e s co n t r at s co n s en su e l s donn ée p a r l ’ a rt i cl e 1109 n ou vea u d u nou ve a u c o d e


civil français issu de l’ordonnance n° 2016-131 du 10 févr. 2016. « Le contrat est consensuel lorsqu’il se forme par le seul
échange des consentements quel qu’en soit le mode d’expression.
Le contrat est solennel lorsque sa validité est subordonnée à des formes déterminées par la loi.
Le contrat est réel lorsque sa formation est subordonnée à la remise d’une chose».

2 -V o ir les ar tic le s 2 0 1 et 2 0 5 d e la ré for me de l’ Ac te Uni for me OH AD A port ant organis ation de s


sûretés, adoptée le 15 décembre 2010.

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Il faut préciser qu’en principe tous les contrats sont consensuels sauf prescription
contraire du législateur.

16 – Le contrat réel est le contrat qui ne se forme que par la remise de la chose, objet du
contrat ; le seul accord des volontés s’avère insuffisant1. A défaut de la remise de la chose, le
contrat réel n’est pas valablement conclu ; la sanction du défaut de remise de la chose est la
nullité absolue. On peut à titre d’exemple citer le contrat de dépôt (article 1919 du code civil),
le contrat de gage (articles 92 et suivants de la réforme du code OHADA sur les sûretés du 15
décembre 2010) et le contrat de prêt (articles 1874 et suivants du code civil).

B. LES CONTRATS INSTANTANES, LES CONTRATS A EXECUTION


SUCCESSIVE ET LES CONTRATS A EXECUTION ECHELONNEE.

17 – La distinction entre les contrats à exécution instantanée, les contrats à exécution


successive et les contrats à exécution échelonnée résulte de la doctrine2 ; elle ne figure nulle
part dans le code civil.

17.1 – Selon la doctrine, le contrat est à exécution instantanée lorsque l’exécution par les
parties de leurs obligations se fait en un trait de temps, en général par une prestation unique.
Tel est le cas de la vente d’un objet ou du mandat portant sur une seule opération3.

17.2 – Le contrat est à exécution successive lorsque l’exécution des obligations contractuelles
par l’une des parties ou par les deux se fait par la répétition des prestations créant un rapport
permanent d’obligations. On peut encore dire comme le professeur Carbonnier, que dans les
contrats à exécution successive, les prestations dues par l’une au moins des parties s’exécutent
d’une manière permanente4. On peut citer l’exemple du contrat de prêt, du contrat de bail et
du contrat de travail.

1-Voir en droit français, Jobard-Bachelier (M. N), « Existe-t-il des contrats réels en droit français ? » ; R.T.D. civ. 1985, p. 1.

2-Demogue, « Traité des obligations en général », Librairie A. Rousseau, Paris, 1923, t. 2, 917 ; Planiol, Ripert et Esmien,
« Traité pratique de droit civil français », t. 4, Obligations, 1ère partie, L.G.D.J., 2° édition, 1952, n° 45, p. 48 ; Carbonnier,
« Droit civil, Les obligations », Tome IV, P.U.F. coll. Thémis, 11° édition, 1982, n° 64, p. 244.

3- Pour une définition légale voir l’article 1111-1 nouveau du nouveau code civil français (Ord. n° 2016-131 du 10 févr.
2016). « Le contrat à exécution instantanée est celui dont les obligations peuvent s’exécuter en une prestation unique.
Le contrat à exécution successive est celui dont les obligations d’au moins une partie s’exécutent en plusieurs
prestations échelonnées dans le temps».

4-Voir Carbonnier, « Droit civil, Les obligations », Editions P.U.F., collection Thémis, 11° édition, 1982, n° 64, p. 244.

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Le contrat successif peut être soit à durée déterminée soit à durée indéterminée. Il est à
durée déterminée lorsque les parties ont fixé un terme à leurs engagements. Il peut s’agir d’un
contrat de bail conclu exclusivement pour la période des vacances ou d’un contrat de travail
conclu pour un an.

Le contrat successif est à durée indéterminée lorsque les parties n’ont pas stipulé
d’échéance comme dans le contrat de travail à durée indéterminée.

17.3 – Entre les contrats instantanés et les contrats à exécution successive, la doctrine a créé
une catégorie intermédiaire, les contrats à exécution échelonnée1. Dans ce dernier type de
contrats, l’exécution par les parties de leurs obligations s’échelonne dans le temps. On peut
citer comme illustrations les contrats d’abonnement de fourniture de l’électricité, d’eau, de
gaz, de téléphone et d’internet.

Les contrats à exécution échelonnée peuvent revêtir également la forme d’un contrat
d’entretien d’une machine ou d’un contrat d’abonnement à une revue ou encore la réalisation
d’une série de leçons d’auto-école contre paiement d’un forfait global2.

Ce dernier exemple révèle les limites de la distinction des contrats à exécution


successive et des contrats à exécution échelonnée. Aussi certains auteurs, pour rendre la
distinction aisée, ont proposé le critère de la divisibilité ou l’indivisibilité des conventions,
tandis que d’autres se fondent sur le critère de la durée3.

En dépit des critères proposés, la distinction entre les deux contrats demeure délicate.
Aussi l’on doit s’interroger sur les intérêts de la distinction des contrats à exécution
instantanée, contrats à exécution successive et contrats à exécution échelonnée.

1-Voir les ouvrages généraux précités en droit français et l’article de Gross (M.L.), « Les contrats à exécution échelonnée »,
D. 1989, chron., p. 49 et s. ; Lépargneur, « La prorogation des contrats à exécution successive après un cas de force
majeure » ; Thèse, Paris, 1920, p. 1 ; Gross (B), « Observations sur les contrats par abonnement », J.C.P. 1987, I. 3282.

2- Voir à titre d’exemple, Cass. Civ., 13 janvier 1987, J.C.P. 1987, II, 20 860, note Goubeaux ; Cass, 1ère chambre civile, 28
avril 1971, D. 1971, p. 608, note G.C.M. ; J.C.P. 1972, II, n° 17 083, note Remond.

3-Voir en droit français Gross (L.M.) précité et les différents ouvrages généraux français précités.

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§3. LA CLASSIFICATION DES CONTRATS QUANT A LEUR OBJET.

18 – La classification des contrats selon leur objet permet de faire la distinction entre trois
catégories de contrat: les contrats synallagmatiques et les contrats unilatéraux (A), les contrats
commutatifs et les contrats aléatoires (B), les contrats onéreux et les contrats à titre gratuit (C).

A. LES CONTRATS SYNALLAGMATIQUES ET LES


CONTRATS UNILATERAUX.

19 – Définition –La distinction entre les contrats synallagmatiques et les contrats unilatéraux
résulte des dispositions des articles 1102 et 1103 du code civil1.

19.1 – Le contrat synallagmatique ou bilatéral est le contrat qui fait naître des obligations
réciproques et interdépendantes entre les parties. On peut citer l’exemple du contrat de vente
qui fait naître des obligations à la fois à la charge du vendeur et de l’acquéreur (article 1102
du code civil). Chacune des parties est à la fois créancière et débitrice. Le vendeur est tenu de
transférer la propriété de la chose ( sauf la vente avec clause de réserve de propriété) et de la
livrer. L’acquéreur est tenu en contrepartie de payer le prix de vente de la chose. Dans le
contrat de bail, le bailleur est tenu d’accorder au locataire la jouissance des lieux loués et le
locataire est tenu en contrepartie de payer le loyer. On peut citer encore l’exemple du contrat
de travail où l’employé est tenu d’exécuter une certaine prestation et l’employeur est tenu de
lui verser un salaire en contrepartie du travail fourni2.

19.2 – Le contrat unilatéral – Selon les dispositions de l’article 1103 du code civil, le contrat
« est unilatéral lorsqu’une ou plusieurs personnes sont obligées envers une ou plusieurs autres,
sans que de la part de ces dernières, il y ait d’engagement3 ».

1- Voir en droit français Sériaux (A), «La notion de contrat synallagmatique, Mélanges Ghestin, L.G.D.J. 2001, p. 777.
2- Pour une définition analogue voir l’article 1106 nouveau du nouveau code civil français issu de l’ordonnance n° 2016-131
du févr. 2016. « Le contrat est synallagmatique lorsque les contractants s’obligent réciproquement les uns envers les autres.
Il est unilatéral lorsqu’une ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres sans qu’il y ait d’engagement
réciproque de celles-ci ».
3- Voir le nouvel article 1106 du code civil français précité.

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Il résulte de ces dispositions que le contrat unilatéral est l’accord de volontés qui ne
crée d’obligations qu’à la charge d’une seule partie. Dans les contrats unilatéraux, seule une
partie a la qualité de débiteur et l’autre partie a la qualité de créancier. On n’a qu’un seul
créancier et un seul débiteur. Ainsi dans le contrat de prêt à titre onéreux, seul l’emprunteur
assume une obligation : celle de restituer le capital et de payer des intérêts. Dans le contrat de
dépôt à titre gratuit, qui est également un contrat unilatéral, seul le dépositaire assume une
obligation : celle de restituer la chose déposée au terme fixé dans le contrat.

La donation est aussi un contrat unilatéral car il ne crée d’obligations qu’à la charge du
donateur (celui qui fait la libéralité) ; le donateur est obligé de transférer la propriété du bien
donné au donataire (celui qui bénéficie de la donation). Mais s’il s’agit d’une donation avec
charges, la donation change de nature juridique, elle devient un contrat synallagmatique car le
donateur est tenu de transférer la propriété du bien et le donataire est chargé d’exécuter la
charge que contient la libéralité.

L’on ne doit pas confondre le contrat unilatéral et l’acte juridique unilatéral. Le contrat
unilatéral est un contrat c’est-à-dire qu’il résulte d’un accord de volontés tandis que l’acte
unilatéral résulte de la manifestation d’une seule volonté. Le testament, qui est la
manifestation de volonté d’une seule personne, le testateur, est l’illustration de l’acte
unilatéral. Par contre, la donation, contrat unilatéral, exige la rencontre de deux volontés bien
qu’une seule des parties est obligée. La première manifestation de volonté qui est l’offre
émane du donateur (celui qui donne) et la seconde manifestation de la volonté (acceptation)
émane du donataire (le bénéficiaire de la donation). Aussi l’acceptation du donataire rend la
donation irrévocable.

19.3 – La notion de contrat synallagmatique imparfait – Il peut arriver qu’au cours de son
exécution, un contrat unilatéral se transforme en contrat synallagmatique. Il est alors désigné
par l’appellation contrat synallagmatique imparfait. Il en est ainsi lorsque le contrat unilatéral
engendre postérieurement à sa conclusion des obligations à la charge de l’autre partie qui
initialement n’en était pas tenue. Si l’on se réfère au contrat de dépôt à titre gratuit, il s’agit
incontestablement d’un contrat unilatéral. Seul le dépositaire est tenu de restituer la chose
déposée. Mais s’il s’avère que le dépositaire a engagé des frais pour conserver la chose
déposée, le déposant est tenu d’une obligation, celle de rembourser au dépositaire les frais
effectués.

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B. LES CONTRATS COMMUTATIFS ET LES CONTRATS ALEATOIRES.

20 – Les contrats commutatifs et les contrats aléatoires sont des subdivisions des contrats
onéreux et des contrats synallagmatiques.

20.1 – Le contrat est commutatif lorsque chacune des parties s’engage à donner ou à faire
une chose qui est regardée comme l’équivalent de ce qu’on lui donne ou de ce qu’on fait pour
elle (article 1104 du code civil). Il résulte des dispositions de l’article 1104 du code civil que
les contrats commutatifs se caractérisent par l’équivalence de prestations réciproques.

Ces prestations réciproques des parties sont connues et évaluables au moment de la


conclusion du contrat. La vente et le bail sont des contrats commutatifs car les prestations des
parties sont connues au moment de la formation de ces contrats et sont équivalentes.

20.2 – Le contrat aléatoire est un contrat dans lequel l’exécution de l’obligation de l’une des
parties dépend d’un événement futur et incertain appelé aléa (article 1104, alinéa 2 du code
civil). Le contrat aléatoire est donc un contrat qui a pour objet de garantir un risque. On peut
citer à titre d’exemple le contrat d’assurance-décès qui est un contrat aléatoire par nature ;
l’exécution par l’assureur de sa prestation (celle de verser le montant du capital décès) dépend
d’un événement incertain qui est la date de la mort du souscripteur. Il en est de même du
contrat de vente contre rente viagère qui est le contrat par lequel l’acheteur s’engage à verser
au vendeur une rente jusqu’à sa mort. L’étendue des obligations du débirentier (le
cocontractant qui doit payer la rente viagère) varie avec la date de la survenance de la mort du
crédirentier (le cocontractant qui bénéficie de la rente). Les articles 1968 et suivants du code
civil sont relatifs au contrat de rente viagère.

C. LES CONTRATS A TITRE GRATUIT ET LES CONTRATS A TITRE ONEREUX.

21 – Définitions – Le contrat à titre onéreux est celui qui assujettit chacune des parties à
donner ou à faire quelque chose dans l’attente d’une contrepartie (article 1106 du code civil).
La vente, le contrat de travail, le contrat de bail, le contrat de prêt à intérêt sont des contrats à
titre onéreux.

Les contrats à titre gratuit, encore appelés contrats de bienfaisance, sont des
contrats dans lesquels l’une des parties procure à l’autre un avantage sans en attendre une
contrepartie (article 1105 du code civil). Le contrat de donation entre vifs est l’exemple même
du contrat à titre gratuit ; le donateur (celui qui donne) transfère au donataire (le bénéficiaire)
la propriété d’un bien dans un but désintéressé1.

Certains contrats peuvent être onéreux ou à titre gratuit selon les cas. Ainsi le contrat
de dépôt fait entre les mains d’un ami lequel s’engage à restituer l’objet déposé sans réclamer
une rémunération est un contrat à titre gratuit. Le contrat de dépôt devient un contrat à titre
onéreux dès lors que le dépositaire exige une rémunération.
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