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République Démocratique du Congo

MINISTÈRE DE LA FONCTION PUBLIQUE, MODERNISATION


DE L’ADMINISTRATION ET INNOVATION DU SERVICE PUBLIC
ÉCOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION

8e Promotion SIMON KIMBANGU

Travail pratique du Cours de Décentralisation financière et fiscale des


Provinces et des Entités Territoriales Décentralisées

L’exploitation des compétences des provinces et des ETD


en matières fiscales comme déclencheur du
développement à la base

Par Justin BIRIMWIRAGI MASUMBUKO

Formateur : Moise ASSANI


Expert Consultant au COREF

Mars 2023
1

ÉLÉMENTS DE RÉPONSE

Les dispositions de l’article 3 de la Constitution du 18 février 2006 reconnait aux


provinces et aux entités territoriales décentralisées une la personnalité juridique et sont
gérées par les organes locaux.
La décentralisation est fondée sur la délégation de compétences à des collectivités
locales mais également sur l’existence de ressources financières suffisantes pour les assumer.
L’équilibre entre ces deux piliers de la décentralisation est capital pour assurer une
autonomie réelle. En effet, le transfert par le pouvoir central d’une partie de son pouvoir
fiscal et financier aux entités décentralisées doit leur permettre d’assumer de façon
autonome les responsabilités et les charges qui leur sont dévolues par la constitution et les
lois. La décentralisation fiscale et financière est la répartition des ressources publiques et
l’organisation des rapports financiers entre le pouvoir central, les provinces et les entités
territoriales décentralisées (ETD)1. La décentralisation étant ce mode gestion, elle poursuit
trois objectifs dont l’approfondissement de la démocratie, le développement local et la lutte
contre la pauvreté.
L’exploitation des compétences des Provinces et des ETD en matières fiscales
comme déclencheur du développement à la base trouve son fondement aux alinéas 1 et 3
de l’article 3 de la Constitution qui disposent que « les provinces et les entités territoriales
décentralisées de la République Démocratique du Congo sont dotées de la personnalité
juridique et sont gérées par les organes locaux ; elles jouissent de la libre administration et
de l’autonomie de gestion de leurs ressources économiques, humaines, financières et
techniques ».
A l’instar de cinq piliers ou axes stratégiques du Plan Stratégique National de la
Réforme entre autre la réforme budgétaire, la gestion fiscale (recettes et invasions fiscales),
la gestion de la dépense publique, la comptabilité et la trésorerie et enfin le contrôle, pour
remettre le budget au centre de la réforme et répondre au critère de crédibilité, la réforme
a mis en place une sixième stratégie s’occupant de la Réforme des Finances publiques en
provinces. Celle-ci est étant une plateforme minimale de la gestion des finances publiques
en provinces et les ETD.
Malgré les compétences transférées aux provinces et des attributions des ETD entre
autres l’autonomie de gestion de leurs ressources doit être soumise à un contrôle régulier
soit administratif, parlementaire, juridictionnel et même citoyen pour permettre une gestion
optimale de ces ressources mais ce qui fait aujourd’hui un problème au niveau des ETD car
absence des organes locaux élus2 et qui continuent à être gérées conformément aux
dispositions du Décret-loi n°082 du 02 juillet 1998 portant statut des autorités chargées de
l’administration des circonscriptions territoriales.

1
Cellule Technique d’Appui à la Décentralisation « CTAD » du ministère de l’intérieur de la RDC, La décentralisation en bref, main 2019, p77.
2
Art 8 et 70 de la loi organique n° 08/016 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des Entités Territoriales
Décentralisées et leurs rapports avec l’Etat et les Provinces « Les entités territoriales décentralisées sont dirigées par des organes délibérants élus au
suffrage universel et des organes exécutifs collégiaux élus par les organes délibérants ».
2

La province est une composante politique et administrative du territoire de la


République, dotée de la personnalité juridique et qui jouit de l'autonomie de gestion de ses
ressources humaines, économiques, financières et techniques3, celle-ci a deux institutions
notamment l’Assemblée Provinciale4 et le Gouvernement Provincial5. Le Gouverneur de
province étant une autorité politique et administrative joue à cet effet une double casquette.
Celui-ci est redevable devant l’Assemblée provinciale6. A cet effet, le rôle de l’Assemblée
Provinciale est prépondérant dans la gestion optimale des ressources des provinces.
En regard des dispositions de l’article 204 de la Constitution, les provinces ont reçu
des compétences en matières fiscales mais celles-ci peinent à y arriver étant donné que
plusieurs difficultés sont posées en matières de partage des recettes fiscales par rapport à
qui est des impôts, des taxes et redevances dont certains sont partagés entre le pouvoir
central et les provinces7. Il en est de même des ETD. En effet, aujourd’hui la loi n°18/004
du 13 mars 2018 détermine la base financière des provinces et des ETD.
La maximisation des recettes au niveau des provinces et des ETD contribue à
l’utilisation rationnelle des ressources et la mobilisation des recettes au niveau national, étant
donné qu’avec la promulgation de la loi des finances en 2011, le Gouvernement Central
avait l’obligation d’accompagner les provinces et les ETD dans la mise en œuvre de leurs
réformes fiscales. L’optimisation de ces ressources est un gain au formalisme du
développement des provinces.
Aujourd’hui, le système fiscal appliqué au niveau des provinces et des ETD est une
fiscalité cédée car système qui existait déjà au niveau central et qui a été transféré aux
provinces et aux ETD. Mais il s’observe, en dépit de toutes ces lois et textes règlementaires
en vigueur, que nos provinces et nos entités territoriales décentralisés peinent à décoller
étant donné qu’aujourd’hui, malgré la volonté de bien faire, ces ETD sont encore gérées
par des autorités sans mandant du peuple, sans conseils locaux souffrant ainsi de manque
de redevabilité et parfois ne permettant pas la crédibilité budgétaire8 qui se traduit par la
mauvaise gouvernance. Et en application des alinéas 2 et 3 de l’article 175 de la Constitution,
certaines provinces et ETD n’attendent que les frais de « rétrocession » pendant que la
mobilisation de leurs recettes locales est un facteur déterminant pour le décollage de ces
entités ; ceci faisant aussi suite aux fuites des capitaux (fraudes et évasions fiscales) de
certaines parties du territoire national.
Comme il est déjà dit, l’exploitation des compétences des provinces et des ETD en
matières fiscales comme déclencheur du développement à la base doit tenir compte de la
décentralisation financière en offrant des services permanents et de qualité mais également
des compétences pour la mobilisation des ressources, source de la satisfaction des besoins
et des services publics.

3 Art 2 de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces.
4 Alinéa 1 et 2 Article 7 de la n°08/012 du 31 juillet 2008 précitée « L'Assemblée provinciale est l'organe délibérant de la province. Elle délibère dans le
domaine des compétences réservées à la province et contrôle le Gouvernement provincial ainsi que les services publics provinciaux et locaux. Elle
légifère par voie d'édit ».
5 Article 22 de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 précitée « Le Gouvernement provincial est l'organe exécutif de la province ».
6
Alinéa 2 de l’article 198 modifié par modifié par l’article 1er de la Loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 citée ci-haut.
7 Litera 7 de l’art 203 de la Constitution du 18 février et al 1 de l’art 48 de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 précitée.
8 Art 44 et 45 de la loi n°08/012 du 31 juillet 2008 précitée.

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