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VarvaroLRomane11 12
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L'Éruoe DE LAvARrarroN :
DIALECTOLOGIE ET ETHNOLINGUISTIQUE
a. Méthodologie
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cettaines régions d'Amérique telle que l'Argentine, I'ancien aos a templacé
b. De l'étude des formes à l'étude des usages
tti, ce q,a a génêré le système suivant (on parle de uoseo) '.
leuts usage, r-r'"t est pas moins intétessant, comme ceux des profloms pl. Llstedes
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donc d'une linguistique ethnographique, proche de celle qui set à décrire
les langues et cultures extTa-européennes.
12.
L'Étuoe DE L.avARIATIoN :
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Itnguistzque romafte / 2. L'étade de la uariaTion : les aTlas linguistiques
inutile d'enquêter sur la rriticulture dans un endroit où l,on ne cultive pas spécialement paùante: de nombreuses formes se répètent d'un point à
ia vigne ou sur les noms de poissons en haute montagne) et éclairei le I'autre sans grandes différences. Mais il faut savoir lire ces cartes, lès
maximum de phénomènes linguistiques. déchiffret. ci-dessous, nous donnons un exemple corrcret de catte
une fois que le questionnaire est préparé, on choisit les zones de linguistique, tiré de I'Adas linguistique italo-suisse (AIS), dont le titre
i'enquête. En théorie, elles devraient êLe- nombreuses mais, de cette original est Spracb- and Sachatlas ltaliens wnd der Siidschweiq$tg. 1,0).
manière, la recherche deviendtait, en pratique, infinie. L,enquête'r doit
donc choisir de façon réaliste un nombre limité de localités. A' débot, b. L'interprétation des cartes
on privilégiait les localités isolées et lointaines, câï on recherchait surtout
les formes linguistiques archarques. plus tard, on se rendit compte
que les Gilliéron tnteryrétatt les cartes selon des métaphores géologiques.
grands centres et les voies de communication étatent tout aussi Les innovations successives s'y présentent donc cornme dans le domaine
importants. on pensait également que ies points choisis devaient être de la géologie, où les stïâtes supelposées et les fractures successives sont
équidistants, àva'nt de prendre conscience au rait que la distance entre facilement repérables, car elles séparent (rendent non continues) des
deux localités ne se mesure pas uniquement en kilomètres : des localités strates alrparav^nt continues. Envisageons par exemple 1a distdbution
ptoches peuvent être isolées et des localités éloignées peuvent entretenir
des résultats de F- initial dans la péninsule ibédque. Le portugais et le
de nombreux contacts. La construction du reseau^ des localités est catalan ont conservé cette consonne initiale latine (nunxg ) port.
entreprise déltcate et dépend également des possibilités réelles de forno,
cat.forn); en espâgnol, par contre, elle a dispara (horno). La strate la plus
l'enquêteur (certains lieux sont difficilement accessibles, n,offrent pas de anci.enne correspond naturellement à Ia conserv-ation, alors que
possibilités de logement, erc.). l'innovation F > h> A a rompu avecla continuité de cette strate, enh
Il faut ensuite choisir les sujets. plus un atlas est conséquent et le divisant en deux espaces distincts. En effet, 1es documents nous
questionnaire riche, plus il est difficile d'uiliser deux sujets, oL plus. Le apprennent qu'au Moyen Age, les dialectes romans de I'Espagne
sujet doit être enclin à se laisser prendte au
)eu, il doit maîtriser son musulmane conservaient ce F- initial. Seul le castillan a lentement
dialecte, ne pas (oo peu) être influencé px d'autres vadétés (à généralisé l'aspiration, puis la perte du F, évolution opérée à patir d'un
commencer patra iangue standard). Il faut donc qu'il ait très peu voyagé petit espace au nord.
et qu'il soit peu instruit. Il doit également ,rrr. prononciation Depuis les premiers atlas, on observe que les isoglosses qui
représentative de la cofrrmunauté à laquelle il".ràit
appartient-. Il n,est pas séparent l'espace dans lequel un phénomène se réalise de l'espace où ce
toujours simple de trouver un tel sujàt dans le-s temps impartis même phénomène ne se réalise pas (ou se réalise différemment) se
ien
génêrzl, quelques jours, ou, parfois, un seul jou). supelposent rarement. Il peut même ardver et le cas est assez fréquent
une fois que le sujet a été choisi, le questionnaire doit lui être -
soumis de façon appropriée. Les questions sont inditsç1ss, pour ne pas
- qu'au sein d'une même localité, un phénomène donné (par ex., le
passage C+" > ttjl >
que, dans sa réponse, le sujet se limite à répétet la question. 11 importe
concernés; dans ce cas, il faut donc tracer une isoglosse pour chaque
aussi de déterminer au pÉaIable si ie sujet et/ou l'enquêteur ont le droit
mot. De façon gênétale, cela confirme i'hypothèse de l'inexistence de
ou non d'apporter des corrections (Gilliéron, par exemple, ne le ftontières dialectales nettes et de I'existence, pâr contïe, de conTinua
permettait pas). Les réponses sont transcdtes en aiphabet phonétique, de
^porr, dialectaux. on entrevoit également que le changement linguistique se
façon à restituer le patrer de manière adéqaate. lLsp..t diffuse non seulement dans l'espace (d'un endroit à I'autre), mais aussi,
ethnographique de l'enquête, il se peut que des objets ou des coutufires
au même endroit, d'un mot à l'autre, paï ( contagion > (ou plus
locales soient documentés via des dessins ou des photographies.
exactement diffusion lexicale), jusqu'à se généraliser lorsque tous les
Lorsque tout le matétiau a été Écolté, on confectionne les cartes :
mots potentiellement concernés sont touchés.
sur chacune d'entre elles, un seul éIément tiré de chacune des enquêtes
menées. À première \,'ue, une carte d,atlas linguistique n,est pas
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En France, l'espace dialectal est fortement influencé par le ptestige
(et donc pat la capacité de diffusion) de la iangue des grandr ..trtt"., à"
telle sorte que la diffusion des innovations ne passe pâs touiours d'une
localité aux localités environnantes, mais plutôt d'une localité de grand
prestige à des localités de prestige moyen (même si elles ne sont pâs
contiguës) et finalement à la pénphéde. Jules Gilliéron, et surtout l(arl
Jaberg, ont constaté que Ie panorama dialectal français était déterminé
par l'influence de Paris et, à moindre échelle, par celle de villes cofnme
Marseille, Lyon ou Bordeaux. L'espace qui en résulte n,est pas composé
d'espaces compacts isolés, mais d'une aire de fond homogène, patsemée
d'aires mineutes d'innovations.
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Fig. 11- L'isoglosse La spezia-Rimini tracée sur la carte de fond de I'AIS.
En téalité, six isoglosses distinctes sont tracées (voir la légende en bas de
la carte), qui coihcident pour la plupart. on peut p"r apercevoir
Fig. 10 - une partie de carte de I'Atlas linguistique italo-suisse : r,Italie deux isoglosses qui passent du nord au sud et opposent "ontr.les dialectes
du notd-est et du centre sur la carte Iv, 820 'le marchét (on peut observer gallo-italiques (à I'ouest) des autres parlers (à I'est).
le passage des formes septentrionales avec lénition aux formes centrales,
sans lénition).
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IJrugzivique romane
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