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THÈSE DE DOCTORAT
Soutenue à Aix-Marseille Université
le 17 décembre 2020 par
Hana DOUAFER
Développement et évaluation d’une forme pharmaceutique
antibiotique pour inhalation vis-à-vis des bactéries
pulmonaires résistantes de Pseudomonas aeruginosa
Je soussigné, Hana Douafer, déclare par la présente que le travail présenté dans ce manuscrit est
mon propre travail, réalisé sous la direction scientifique de Jean Michel Brunel et Véronique Andrieu,
dans le respect des principes d’honnêteté, d'intégrité et de responsabilité inhérents à la mission de
recherche. Les travaux de recherche et la rédaction de ce manuscrit ont été réalisés dans le respect à
la fois de la charte nationale de déontologie des métiers de la recherche et de la charte d’Aix-
Marseille Université relative à la lutte contre le plagiat.
Ce travail n'a pas été précédemment soumis en France ou à l'étranger dans une version identique ou
similaire à un organisme examinateur.
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons
Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
REMERCIEMENTS
Ce travail de thèse s’est trouvé au cœur d’une collaboration entre l’école doctorale science de la vie et
de la santé ED62 et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Algérien
et a été réalisé au sein du laboratoire : UMR-MD1 Membranes et cibles thérapeutiques ainsi que le
Laboratoire de bio-ingénierie pharmaceutique, service de pharmacie galénique, biopharmacie et
cosmétologie de la faculté de pharmacie, Université d’Aix-Marseille, France.
Ce travail n’aurait pas pu se faire sans l’aide et le soutien de nombreuses personnes. Je ne peux
commencer la présentation de ces travaux sans les remercier.
Je souhaite tout d’abord remercier de tout mon cœur mon directeur de thèse le Dr Jean Michel
BRUNEL de m’avoir encadré, d’avoir dirigé cette thèse, ainsi que de m’avoir accordé sa confiance
durant les années passées sous sa supervision. Ses compétences, sa modestie, sa rigueur scientifique et
sa disponibilité permanente n’ont cessé de me motiver dans l’accomplissement de ce travail. Je lui
exprime toute ma reconnaissance pour m’avoir toujours soutenu et encouragé dans toutes mes
démarches. C'est un honneur pour moi d’avoir travaillé avec lui, je lui suis infiniment reconnaissante.
Merci pour avoir fait de mes difficultés les tiennes. Merci de ne pas avoir accepté que je fasse une
thèse sur articles, et voilà je te l’avoue : TU AVAIS RAISON.
Je souhaite aussi manifester mes remerciements à ma co-directrice de thèse la Dr Véronique
ANDRIEU pour ses conseils avisés et ses remarques constructives. Ses qualités pédagogiques
remarquables ont contribué à l’avancement de mon travail. Elle a toujours su m’apporter de précieux
conseils et des solutions concrètes à mes diverses interrogations et questions.
Je tiens à remercier le Dr Jean Michel BOLLA, et à lui exprimer toute ma reconnaissance pour m'avoir
accueillie tout au long de mon travail dans son laboratoire « Membranes et cibles thérapeutiques » et
pour m’avoir permis de profiter d’excellentes conditions de travail. Je le remercie pour son soutien, sa
bienveillance et ses conseils.
Je tiens à manifester ma profonde gratitude au Pr Philippe PICCERELLE, directeur du laboratoire
de bio-ingénierie pharmaceutique qui m’a accueillie dans son laboratoire et a mis à ma disposition
tout le matériel nécessaire pour l’accomplissement des tests de caractérisation aérodynamiques des
solutions et des poudres pour inhalation, je le remercie pour sa gentillesse inestimable et son soutien.
iii
J’adresse également mes vifs remerciements au Dr Catherine Llanes et Pr William Couet, qui m’ont
fait l’honneur de rapporter ma thèse et pour l'intérêt qu'ils ont porté à ces travaux et au Pr Laurent
Papazian pour avoir accepté de faire partie du jury et d’examiner ce travail.
J’adresse mes profonds remerciements au Ministère Algérien de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique de m’avoir accordé les financements nécessaires pour réaliser cette thèse.
Je tiens à remercier également le Dr Emmanuel WAFO de m’avoir fourni toute l’aide et les facilités
nécessaires pour effectuer les différents dosages analytiques dans les meilleures conditions. Qu’il soit
assuré de ma profonde gratitude.
Mes Vifs remerciements s’adressent au Pr Michelle SERGENT, de m’avoir accordé de son temps
dans l’élaboration, l’explication et l’interprétation des résultats du plan d’expériences.
Je remercie également le Pr. Jean-Marie Pagès pour ses remarques et ses conseils scientifiques précieux
durant les réunions d’équipe. Je ne peux qu'admirer ses compétences.
Par ailleurs, je tiens également à adresser mes sincères remerciements aux personnes non encore citées
dont les professeurs, les permanents, les anciens et futurs docteurs ainsi que les stagiaires, en
particulier Sophie, Aurélie, Johane, Mrunal, Julia, Jack, Thomas, René, Amane, Martial, Faustine
et Samy qui ont contribué à créer une atmosphère de travail agréable et conviviale, une ambiance si
merveilleuse… jamais oubliable, en leur souhaitant tout le succès … tout le bonheur.
Comment ne pas remercier mes très chers parents à qui revient tout le mérite pour leurs sacrifices et
leurs encouragements, l’ensemble de mes proches et de ma famille en particulier mes chères copines
Azza, Faiza, Fella, Marwa et Nada pour tous les instants inoubliables que j’ai passés avec elles.
Quoi que je fasse ou que je dise, je ne saurai point vous remercier comme il se doit.
Merci !
iv
Dédicaces
Avec mes sentiments de gratitudes les plus profonds, je dédie ce modeste travail :
A l’âme de mon grand-père paternel regretté, dont je n’ai pu jusqu'à présent oublier son
amour et son soutien ; J’espère que, du monde qui est sien maintenant, il apprécie cet humble
geste comme preuve de reconnaissance de la part de sa petite fille qui a toujours prié pour le
salut de son âme.
A l’âme de mon grand-père maternel regretté ;
Puisse dieu le tout puissant, les avoir en sa sainte miséricorde !
A celui qui a toujours garni mes chemins avec force et lumière… mon très cher père, son
affection me couvre, sa bienveillance me guide et son soutien a toujours été ma source de
force pour affronter les différents obstacles ;
A la plus belle perle du monde, la plus forte des mamans… ma tendre mère qui m’a toujours
soutenu et encouragé dans mes choix ;
Aucun hommage ne pourrait être à la hauteur de vos sacrifices, de l’amour et de l’affection
dont vous n’avez jamais cessé de m’entourer tout au long de ma vie, j’espère que vous
trouvez dans ce travail un vrai témoignage de mon profond amour et éternelle
reconnaissance ;
A mes petits anges : mon neveu Youcef, mes cousins Baraa, Raghed et Chahd
A mes étoiles qui éclairent ma vie : ma sœur Imane et mon frère Mohamed ;
A mes grands-mères nous demandons à Dieu de les réserver une longue vie
A tous les membres de ma famille, mes tantes, mes cousines, mes oncles, mes amies, mes
voisins et tous ceux qui m’ont prodigué des encouragements et se sont donné la peine de me
soutenir durant ces années d’étude
A l'ensemble des professeurs qui m'ont instruite et m’ont accompagnée durant mes études.
A tous ceux qui me sont chers ;
A tous ceux dont l’oubli du nom n’est pas celui du cœur
Douafer Hana
v
Sommaire :
SOMMAIRE : ................................................................................................................................................... VI
RÉSUMÉ .......................................................................................................................................................... IX
SUMMARY ....................................................................................................................................................... X
LISTE DES ABRÉVIATIONS ................................................................................................................................ XI
LISTE DES FIGURES ........................................................................................................................................ XIII
LISTE DES TABLEAUX ..................................................................................................................................... XVI
LISTE DES SCHÉMAS .....................................................................................................................................XVII
INTRODUCTION GÉNÉRALE .............................................................................................................................. 1
CHAPITRE 1 : .................................................................................................................................................... 5
LES ADJUVANTS AUX ANTIBIOTIQUES : UNE STRATEGIE PROMETTEUSE POUR RESTAURER L’EFFICACITE DES
ANTIBIOTIQUES CLASSIQUES ............................................................................................................................ 5
(SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE) ........................................................................................................................ 5
I. INTRODUCTION : ................................................................................................................................................... 6
II. RESISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES : ........................................................................................................................... 8
II.1. Modification de la cible ........................................................................................................................... 8
II.2. Pompes d’efflux : ..................................................................................................................................... 8
II.3. Inactivation de l’antibiotique : ................................................................................................................ 9
III. RESISTANCE PAR MUTATIONS : ............................................................................................................................ 12
IV. ADJUVANTS AUX ANTIBIOTIQUES : ........................................................................................................................ 13
IV.1. Inhibiteurs des bêta-lactamases : ........................................................................................................ 15
IV.1.1. Inhibiteurs irréversibles : ............................................................................................................................... 15
IV.1.2. Inhibiteurs réversibles : ................................................................................................................................. 18
IV.2. Inhibiteurs des pompes d’efflux : ......................................................................................................... 21
IV.3. Perméabilisants membranaires : ......................................................................................................... 26
V. CONCLUSION .................................................................................................................................................... 35
CHAPITRE 2 : .................................................................................................................................................. 36
NOUVEAUX ADJUVANTS POLYAMINES POUR RESTAURER LA SENSIBILITE DE PSEUDOMONAS AERUGINOSA
AUX TETRACYCLINES ...................................................................................................................................... 36
(RESULTATS EXPERIMENTAUX) ...................................................................................................................... 36
I. INTRODUCTION : ................................................................................................................................................. 37
II. POLYAMINES : ORIGINES, ROLE ET POTENTIEL THERAPEUTIQUE .................................................................................... 38
II.1. Géraniol et dérivés polyaminoisoprényles ............................................................................................ 40
II.2. Squalamine ............................................................................................................................................ 41
II.3. Ianthelliformisamines ............................................................................................................................ 42
II.4. Motuporamines ..................................................................................................................................... 42
II.5. Halocyamines ........................................................................................................................................ 45
II.6. Dérivés indoliques ................................................................................................................................. 46
II.7. Dérivé polyaminoisoprényle NV716 ...................................................................................................... 48
III. SYNTHESE DES DERIVES POLYAMINOISOPRENYLES .................................................................................................... 49
IV. ACTIVITE ANTIBACTERIENNE DES DERIVES POLYAMINOISOPRENYLES ............................................................................. 50
IV.1. Détermination des Concentrations Minimales Inhibitrices CMIs ........................................................ 51
IV.2. Evaluation de l’activité antibactérienne des dérivés polyaminoisopréniques seuls et en combinaison
avec les différentes cyclines ......................................................................................................................... 52
vi
IV.3. Etude de la perméabilisation de la membrane externe ....................................................................... 56
IV.4. Effet des différents dérivés sur la perméabilité membranaire ............................................................ 59
IV.5. Effet sur la viabilité bactérienne .......................................................................................................... 61
V. CONCLUSION .................................................................................................................................................... 62
CHAPITRE 3 : .................................................................................................................................................. 64
AVANTAGES ET LIMITATIONS DE L'ADMINISTRATION DES ANTIBIOTIQUES PAR VOIE PULMONAIRE POUR LA
PRISE EN CHARGE DES MALADIES RESPIRATOIRES INFECTIEUSES................................................................... 64
(SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE) ...................................................................................................................... 64
I. INTRODUCTION................................................................................................................................................... 65
II. ANATOMIE ....................................................................................................................................................... 65
III. TRAITEMENTS PULMONAIRES CIBLES ..................................................................................................................... 67
IV. VOIE D'ADMINISTRATION PULMONAIRE ................................................................................................................. 69
IV.1. Aérosolthérapie.................................................................................................................................... 70
IV.2. Biopharmaceutiques inhalés ................................................................................................................ 72
IV.3. Mécanismes d'élimination des particules d'aérosol après inhalation ................................................. 74
IV.3.1. Clearance Mucociliaire (CMC) ........................................................................................................................ 75
IV.3.2. Dégagement mécanique ................................................................................................................................ 75
IV.3.3. Macrophages Alvéolaires (MA) ...................................................................................................................... 75
IV.3.4. Dégradation enzymatique ............................................................................................................................. 76
IV.4. Mécanismes et facteurs influençant le site de dépôt des particules inhalées..................................... 76
IV.4.1. Impaction inertielle ........................................................................................................................................ 78
IV.4.2. Sédimentation ................................................................................................................................................ 78
IV.4.3. Diffusion......................................................................................................................................................... 79
V. DISPOSITIFS D’INHALATION .................................................................................................................................. 80
V.1. Nébuliseurs : ......................................................................................................................................... 81
1. Les nébuliseurs à jet ......................................................................................................................................... 81
2. Les nébuliseurs ultrasoniques .......................................................................................................................... 82
V.2. Inhalateurs-doseurs pressurisés (pMDIs) .............................................................................................. 84
V.3. Inhalateurs de poudre sèche (IPS) ........................................................................................................ 86
1. Les IPSs passifs : ............................................................................................................................................... 87
2. Les IPSs actifs : ................................................................................................................................................. 87
V.3.1. Ingénierie des particules pour inhalation ........................................................................................................ 91
V.4. Inhalateurs à brume douce (Soft Mist Inhalers) SMIs ........................................................................... 92
VI. ANTIBIOTIQUES INHALES .................................................................................................................................... 93
VII. CONCLUSION .................................................................................................................................................. 99
CHAPITRE 4 : ................................................................................................................................................ 102
CARACTERISATION AERODYNAMIQUE D’UNE SOLUTION POUR NEBULISATION DE LA COMBINAISON
NV716/DOXYCYCLINE ................................................................................................................................... 102
(RESULTATS EXPERIMENTAUX) .................................................................................................................... 102
I. INTRODUCTION................................................................................................................................................. 103
II. ÉVALUATION AERODYNAMIQUE DES PARTICULES FINES : L’IMPACTEUR DE NOUVELLE GENERATION NGI ........................... 104
III. ANALYSE DES DONNEES .................................................................................................................................... 107
IV. EVALUATION DE L’EFFICACITE DE LA COMBINAISON DOXYCYCLINE/NV716 VIS-A-VIS DES SOUCHES CLINIQUES DE P.
AERUGINOSA ....................................................................................................................................................... 108
V. CARACTERISATION AERODYNAMIQUE DES AEROSOLS DE LA DOXYCYCLINE ET DU NV716 SEPAREMENT PUIS EN COMBINAISON109
VI. DETERMINATION DE L'INFLUENCE DES CONCENTRATIONS DES SUBSTANCES ACTIVES ET DE LA DUREE DE NEBULISATION SUR LES
PROPRIETES AERODYNAMIQUES .............................................................................................................................. 113
VII. INFLUENCE DU DISPOSITIF DE NEBULISATION SUR LES PROPRIETES DE L’AEROSOL DE LA COMBINAISON DOXYCYCLINE/NV716
........................................................................................................................................................................ 115
VIII. CONCLUSION ............................................................................................................................................... 121
CHAPITRE 5 : ................................................................................................................................................ 122
vii
FAISABILITE D'UNE POUDRE SECHE INHALEE A PARTIR DE LA COMBINAISON DOXYCYCLINE/NV716 SELON LA
METHODOLOGIE DES PLANS D’EXPERIENCES ............................................................................................... 122
(RESULTATS EXPERIMENTAUX) .................................................................................................................... 122
I. INTRODUCTION................................................................................................................................................. 123
II. METHODOLOGIE DES PLANS D’EXPERIENCES .......................................................................................................... 124
II.1. Terminologie ....................................................................................................................................... 125
II.2. Espace expérimental ........................................................................................................................... 126
III. ELABORATION DES PLANS D’EXPERIENCES UTILISES DANS L’ETUDE ............................................................................. 127
III.1. Détermination du meilleur lactose constitué de particules de grande taille ..................................... 127
III.2. Détermination des facteurs influençants les propriétés aérodynamiques de la combinaison
doxycycline/NV716 .................................................................................................................................... 128
IV. RESULTATS ET DISCUSSION ................................................................................................................................ 130
IV.1. Influence de différents facteurs sur les propriétés aérodynamiques de la poudre de la combinaison
doxycycline/NV716 .................................................................................................................................... 136
IV.1.1. Influence du taux de remplissage sur l'aérosolisation de la poudre du mélange Doxycycline/NV716 ........ 139
IV.1.2. Influence du taux de principes actifs ........................................................................................................... 139
IV.1.3. Influence de l'excipient support .................................................................................................................. 140
IV.1.4. Influence de l'ordre d'introduction des différents principes actifs .............................................................. 140
IV.2. Mélange optimal ................................................................................................................................ 142
V. CONCLUSION :................................................................................................................................................. 143
CHAPITRE 6 .................................................................................................................................................. 144
LES HANAMINES ........................................................................................................................................... 144
(RESULTATS EXPERIMENTAUX) .................................................................................................................... 144
I. INTRODUCTION................................................................................................................................................. 145
II. SYNTHESE DES DERIVES HANAMINES : .................................................................................................................. 145
III. ÉTUDE DE L’ACTIVITE ANTIBACTERIENNE ET DE LA CAPACITE DES HANAMINES A POTENTIALISER L’ACTIVITE DES ANTIBIOTIQUES
........................................................................................................................................................................ 147
III.1. Détermination de la nature de l’interaction ...................................................................................... 149
IV. ETUDE DU MECANISME D’ACTION ANTIBACTERIEN DES HANAMINES HD3 ET HD13 ..................................................... 151
IV.1. Évaluation de l’effet membranotrope des Hanamines HD3 et HD13 ................................................ 152
IV.1.1. Perméabilisation de la membrane externe : étude de l’hydrolyse de la nitrocéfine ................................... 152
IV.1.2. Perturbation de l’intégrité membranaire : étude de la libération d’ATP ..................................................... 153
IV.1.3. Dépolarisation membranaire : mesure de la libération du DiSC3(5) ........................................................... 155
IV.2. Action des composés HD3 et HD13 sur la performance des pompes d’efflux d’E. aerogenes EA289 157
V. CONCLUSION .................................................................................................................................................. 161
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES .................................................................................................. 162
MATERIELS ET METHODES ........................................................................................................................... 166
DONNES SUPPLEMENTAIRES ........................................................................................................................ 185
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................ 191
viii
RÉSUMÉ
Plusieurs approches ont été envisagées pour lutter contre la propagation des souches
bactériennes résistantes en constante expansion. L’une des plus prometteuses consiste en la
combinaison d’antibiotiques avec d’autres entités chimiques non antimicrobiennes « les
adjuvants » tels que les dérivés de type polyaminoisoprényle en offrant un meilleur accès
interne aux antibiotiques administrés conjointement et/ou en inhibant leur expulsion.
L’évaluation in vitro de leurs activités potentialisatrices de l’action de la doxycycline vis-à-vis
de la bactérie P. aeruginosa nous a permis d’identifier le meilleur dérivé (le composé NV716).
L’étude de son mécanisme d’action a permis de conclure que le NV716 perturbe l’intégrité de
la membrane bactérienne externe de manière dose-dépendante.
Une solution pour inhalation à base de leur combinaison (NV716/doxycycline) a été développée
et évaluée selon les recommandations de la pharmacopée (EP, USP) en utilisant le Next
Generation Impactor, un appareil qui permet la mesure de la taille des particules inhalées. Le
diamètre aérodynamique des gouttelettes (MMAD = 3,4-4,4 μm) a été démontré conforme aux
normes recommandées pour les aérosols thérapeutiques (<5 μm), avec une Fraction de
Particules Fines élevée (FPF > 50%) requise pour maintenir leurs concentrations à un niveau
supérieur à leurs Concentrations Minimales Inhibitrices (CMI) au site d'infection. Une étude
supplémentaire a ensuite été menée sur l'administration pulmonaire de cette même combinaison
(NV716/doxycycline) sous forme d’une poudre, nous avons ainsi pu identifier les facteurs
influençant le comportement aérodynamique de notre poudre combinée pour inhalation et la
meilleure formulation a été obtenue en regroupant les facteurs optimaux sans utiliser un panel
d'excipients qui peuvent affecter négativement les voies respiratoires déjà affaiblies par une
infection à P. aeruginosa.
Finalement, une autre classe de molécules chimiosensibilisantes agissant en synergie avec la
doxycycline et l’érythromycine a été développé. Les différentes méthodes biophysiques
utilisées ont démontré la capacité des meilleurs composés à agir sur l’intégrité physique des
membranes bactériennes et sur les performances d'efflux des pompes de type AcrAB-TolC.
ix
SUMMARY
Several approaches have been considered to fight the spread of ever-expanding resistant
bacterial strains and one of the most promising is the combination of antibiotics with non-
antimicrobial chemical entities namely adjuvants such as polyaminoisoprenyl derivatives by
offering them a better internal access and/or inhibiting their expulsion. Evaluation of their
potentiating activities with respect to the action of doxycycline against P. aeruginosa allowed
us to identify the best derivative (compound NV716). The study of its mechanism of action led
to the conclusion that this latter disrupts the integrity of the external bacterial membrane in a
dose-dependent manner.
An inhalation solution based on the NV716/doxycycline combination was developed and
evaluated using a Next Generation Impactor, a device used to measure the size of inhaled
particles. The aerodynamic droplet diameter (MMAD = 3.4-4.4 μm) meets the recommended
standards for therapeutic aerosols (<5 μm) and a high Fine Particle Fraction (FPF > 50%)
required to maintain their concentrations above their Minimum Inhibitory Concentrations
(MICs) at the site of infection.
An additional study was then performed for pulmonary administration of the same combination
as a powder. We were able to identify the factors influencing the aerodynamic behavior of our
combination and the best formulation by combining some optimal factors without using a panel
of excipients that can negatively affect the airways.
Finally, another class of chemosensitizing molecules acting synergistically with doxycycline
and erythromycin has been developed. The various biophysical methods used have
demonstrated the ability of the best compounds to act on the physical integrity of bacterial
membranes and on the efflux performance of AcrAB-TolC type pumps.
x
LISTE DES ABRÉVIATIONS
1,2'-diNA : 1,2-dinaphthylamine
ABC : ATP-Binding Cassette
ADJ : Adjuvant
ALIS : Suspension d’Inhalation de Liposome d’Amikacin
AMA : Aspergillomarasmine A
AMP : Adénosine monophosphate
AMPs : Peptides Antimicrobiens Endogènes
ATP : Adénosine Triphosphate
AZLI : Aztréonam Solution pour Inhalation
BLSE : Bêta-Lactamases à Spectre Etendues
BPCO : Bronchopneumopathie Chronique Obstructive
CA-SFM : Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie
CCCP Carbonylcyanure m-chlorophénylhydrazone
CDC: Center for Disease Control
CFC : Chlorofluorocarbone
CFTR : Gène Régulateur de la Conductance Transmembranaire
CMC : Clearance Mucociliaire
CMI : Concentration Minimales Inhibitrice
CMO : Collecteur terminal à Micro-orifices
CSA : Antibiotique Stéroïdiens Cationiques « Céragénine »
CTAB Cétyl de tétrabutylammonium
Dae : Diamètre aérodynamique équivalent
DCE : Diamètre de Coupure Effectif au débit de 60 litres/min
DCE’ : Diamètre de Coupure Effectif au débit d'échantillonnage Q
DD : Dose Délivrée
DE : Dose Emise
Disc3 (5) : Iodure de 3,3'-dipropylthiadicarbocyanine
DMF : Diméthylformamide
EGCG : Épigallocatéchin-3-gallate
EP Pharmacopée Européenne
EPI : Inhibiteurs des Pompes d’Efflux
EUCAST : European Committee for Antimicrobial Susceptibility Testing
FDA : Food and Drug Administration
FIC : Concentration Inhibitrice Fractionnaire
FPD : Dose de Particules Fines
FPF : Fraction de Particules Fines
GC-MS : Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse
GSD : Écart type géométrique
HFA : Hydrofluoroalcanes
HPMC : Hydroxypropylméthylcellulose
xi
HTAP : Hypertension Artérielle Pulmonaire Primitive
IC50 Concentration Inhibitrice médiane
INT : Nitrotétrazolium
IPS : Inhalateur de Poudre Sèche
LPS : Lipopolysaccharide
MA : Macrophages Alvéolaires
MAC : Mycobacterium avium complex
MATE : Multidrug And Toxic-compound Extrusion
MBL : Métallo-Bêta-Lactamases
MDR : Résistance Multiple aux médicaments
MDRAB : Acinetobacter baumannii Multi-Résistant
MFS : Major Facilitator Superfamily
MMAD : Diamètre Aérodynamique Massique Médian
MNT : Mycobactérioses pulmonaires Non-Tuberculeuses
NADH : Nicotinamide Adénine Dinucléotide réduit
NGI : Impacteur de Nouvelle Génération
ONM : Observatoire National de la Mucoviscidose
PA : Principe Actif
PAβN : Phénylalanine Arginine-β-Naphtylamide
PBP : Protéines de Liaison aux Pénicillines
PEG : Polyéthylène Glycol
Ph. Eur : Pharmacopée Européenne
PLGA : Acide polylactique-co-glycolique
PMB : Polymyxine B
PMBn : Polymyxine B nonapeptide
pMDIs : Inhalateurs-doseurs pressurisés
PVP : Polyvinylpyrrolidone
Q: Débit d'échantillonnage
Q1 1er quartile
Q3 3èm quartile
RND : Resistance-Nodulation-cell Division
SAW : Atomisation par ondes acoustiques de surface
SBL : Sérine- Bêta-Lactamases
SMI : Inhalateurs de brouillard doux
SMR : Small Multidrug Resistance
THF : Tétrahydrofurane
TIP : Tobramycine sous forme de poudre
TIS : Tobramycine Solution pour Inhalation
TPP+ : Tétraphénylphosphonium lipophile
USP Pharmacopée Américaine
VRSA : S. aureus Résistant à la Vancomycine
XDR : Ultra-résistante
XDRAB : Acinetobacter baumannii Extrêmement-Resistant
xii
LISTE DES FIGURES
xiii
Figure 35. Influence de la taille des particules sur leur site de dépôt au niveau pulmonaire .............. 80
Figure 36. Schéma d'un nébuliseur à jet d'air ....................................................................................... 82
Figure 37. Schéma d'un nébuliseur ultrasonique .................................................................................. 82
Figure 38. Représentation schématique d'un nébuliseur à mailles vibrantes ...................................... 83
Figure 39. Schéma des inhalateurs-doseurs pressurisés pMDIs ........................................................... 85
Figure 40. Représentation schématique des types d'inhalateurs à poudre sèche IPSs ........................ 88
Figure 41. Illustration schématique de l’inhalateur Respimat® Soft Mist™ montrant les composants
clés de l’appareil et les détails de l’uniblock 356 .................................................................................... 93
Figure 42. Impacteur de Nouvelle Génération NGI utilisé pour la caractérisation aérodynamique des
aérosols 402........................................................................................................................................... 105
Figure 43. Attachement du nébuliseur à l’impacteur NGI au cours du test d’impaction ................... 106
Figure 44. Pourcentage de souches de P. aeruginosa (a) et facteur de gain (b) lié à la restauration de
l'activité de la doxycycline en présence de l’adjuvant NV716 ............................................................ 108
Figure 45. Distribution massique de chaque composé (Doxycycline et NV716) sur les étages de
l’impacteur NGI résultant de la nébulisation de chaque composé seul ............................................. 111
Figure 46. Caractérisation des gouttelettes (MMAD et GSD) (a) et Fraction des Particules Fines (FPF%)
(b) obtenues par la nébulisation de la combinaison doxycycline/NV716 ........................................... 112
Figure 47. Distribution massique sur les étages de l’impacteur NGI résultant de la nébulisation des
deux composés ensemble (doxycycline/NV716) ................................................................................ 113
Figure 48. Propriétés aérodynamiques de l'aérosol de la combinaison selon différentes
concentrations de doxycycline et du NV716 (a) et différentes durées de nébulisation (b) ............... 114
Figure 49. Caractérisation des gouttelettes (a) et Fraction des Particules Fines (b) de l'aérosol de la
combinaison doxycycline/NV716 généré par différents nébuliseurs ................................................. 118
Figure 50. Distribution de masse de la doxycycline et du NV716 sur les étages du NGI obtenue avec
trois nébuliseurs différents : PARI eFlow® (a), Pari Sprint® (b) et Pari LC Plus® (c) ............................ 119
Figure 51. Comparaison des performances des trois nébuliseurs (PARI LC Plus®, PARI Sprint® et PARI
eFlow®). ............................................................................................................................................... 120
Figure 52. Représentation du domaine de variation avec les niveaux bas et haut d’un facteur (a) ainsi
que du domaine expérimental défini par les domaines des différents facteurs (b).430 ...................... 126
Figure 53. MMADs obtenus pour les particules des deux composés en association avec les deux types
de large lactose (a) ainsi que leur domaine de variation (b)............................................................... 131
Figure 54. Effets d'interaction de premier ordre – MMAD, en fonction du type de lactose (a) et en
fonction du principe actif (b) ............................................................................................................... 132
Figure 55. Fraction de Particules Fines obtenues avec les différents mélanges des deux composés
avec les deux types de large lactose (a), le domaine de variation des FPFs (b).................................. 133
Figure 56. Effets d'interaction de premier ordre – FPF, en fonction du type de lactose (a) et en
fonction du principe actif (b) ............................................................................................................... 133
Figure 57. Doses Emises et Doses Délivrées obtenues à partir des différents mélanges des deux
composés avec le lactose LH206 (a) ou RESPI003 (b) ......................................................................... 134
Figure 58. Profils de dépôt sur les étages du NGI des particules inhalées de la doxycycline (a) ou du
NV716 (b) délivrées séparément ou en tant que combinaison NV716/doxycycline en mélange avec le
lactose LH206 (c) ou RESPI003 (d) ................................................................................................... 135
Figure 59. Propriétés aérodynamiques MMAD (a) et FPF (b) des aérosols impliquant un mélange des
poudres de la doxycycline et du NV716 selon différents facteurs. Box Plots pour les réponses MMAD
(c) et FPF (d) représentent graphiquement leur plage de variation. .................................................. 137
Figure 60. Analyse de l'impact de plusieurs facteurs sur les caractéristiques aérodynamiques : le
MMAD (a, b) et la FPF (c, d) du mélange doxycycline/NV716 testé en inhalation. ............................ 138
Figure 61. Ordre et durée de mélange des deux composés avec le lactose pour obtenir une poudre
pour inhalation. ................................................................................................................................... 140
xiv
Figure 62. Modèles de dépôt sur les étages du NGI du mélange doxycycline /NV716 délivrés selon les
facteurs optimaux ............................................................................................................................... 143
Figure 63. CMIs du composé HD3 et de la doxycycline vis-à-vis de PA01 (a). CMIs (µg/mL) du
composé HD13 et de l’érythromycine vis-à-vis de K. pneumoniae ATCC 51296 et de E. coli ATCC
25922 (b) ............................................................................................................................................. 148
Figure 64. Principe du test d’échiquier permettant la détermination simultanée des CMIs et de la FIC
............................................................................................................................................................. 149
Figure 65. Cinétique d’hydrolyse de la nitrocéfine en présence du HD3 (a) et HD13 (b)................... 152
Figure 66. Principe de l’étude de l’effet d’un composé sur l’intégrité membranaire (libération d’ATP
intracellulaire) des bactéries à Gram-négatif, selon la thèse de Marine Blanchet 166 ........................ 154
Figure 67. Mesure de la libération d’ATP en présence des composés HD3 et HD13 chez PA01(a), K.
pneumoniae ATCC51296 (b) et E. coli ATCC25922 (c) ......................................................................... 155
Figure 68. Principe du test de dépolarisation membranaire (libération du DiSC3(5)) réalisé sur une
bactérie à Gram-négatif, issu de la thèse de Marine. Blanchet 166 ..................................................... 156
Figure 69. Mesure de la fluorescence du DiSC3(5) chez PA01(a), K. pneumoniae ATCC51296 (b) et E.
coli ATCC25922 (c) en présence des composés HD3 et HD13 ............................................................ 157
Figure 70. Principe du test d’efflux en temps réel par l’évaluation de l’efflux du 1,2'-diNA déclenché
par le glucose, selon la thèse de Marine Blanchet166 ........................................................................... 158
Figure 71. Mesure de la capacité des composés HD3 (a) et HD13 (b) à inhiber l’efflux chez EA289 . 159
Figure 72. Mécanisme d’action des deux meilleurs Hanamines (HD3 et HD13) ................................ 160
xv
LISTE DES TABLEAUX
xvi
Tableau 25. CMIs des Hanamines (µM) seules et en combinaison avec la doxycycline (SYN1) ou avec
l’érythromycine (SYN2) utilisées à 2 µg/mL vis-à-vis de PA01, K pneumoniae ATCC51296 et E. coli
ATCC25922 .......................................................................................................................................... 147
Tableau 26. Valeurs des FICs obtenues avec différentes combinaisons de la doxycycline ou
érythromycine) avec les Hanamines HD3 et HD13 vis-à-vis de 3 souches à Gram-négatif ................ 150
xvii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Les antibiotiques, qu’ils soient bactéricides (qui tuent directement la bactérie) ou
bactériostatiques (qui inhibent la croissance bactérienne) ont été longtemps considérés comme
des produits miraculeux qui ont révolutionné la thérapeutique clinique. Ils ont permis de traiter
les maladies infectieuses, très courantes à l’époque pré-antibiotique et ainsi sauvé la vie des
millions de personnes qui n'auraient peut-être pas survécus sans leur utilisation.1,2 Au fils des
ans, en raison de leur facilité de prise (généralement sous forme de comprimés pour la voie
orale), leurs coûts relativement faibles et leur efficacité dans le traitement des maladies
infectieuses telles que les pneumonies, les otites et les infections cutanées, leur utilisation s’est
ancrée dans notre culture.1 Ils sont également employés à titre prophylactique pour prévenir le
développement des maladies infectieuses ainsi que dans divers consommables tels que le savon,
le dentifrice et même dans la nourriture.1 Ainsi, avec cette utilisation excessive et inappropriée
des antibiotiques les bactéries ont développé leurs propres moyens de défense et sont devenues
de plus en plus résistantes à leur action. Au cours des 20 dernières années, le monde a connu
une fréquence croissante d’émergence et de dissémination des souches résistantes qui sont
devenues une véritable menace de plus en plus préoccupante pour la santé publique.3
Malheureusement, l’âge d’or inauguré par les antibiotiques n’a pas duré longtemps
puisqu’après seulement huit décennies d'utilisation certaines infections bactériennes sont en
train de devenir incurables.2
En outre, dans le cas des maladies infectieuses respiratoires, il existe un besoin urgent de
développer de nouveaux modes de délivrance des antibiotiques étant donné que l’efficacité d’un
traitement ne dépend pas uniquement du potentiel thérapeutique du principe actif mais
1
Introduction générale
C’est dans ce cadre d’idées que ce projet de thèse se situe dont l’objectif principal était de
contribuer à la recherche de solutions pour lutter contre la résistance bactérienne aux
antibiotiques et ceci à travers :
2
Introduction générale
Les résultats les plus significatifs de ce travail ainsi que les éventuelles perspectives seront
résumées dans la conclusion générale. Enfin, dans la partie matériels et méthodes, nous
détaillerons les matériels et les différents protocoles expérimentaux utilisés tout au long de ce
travail de thèse.
4
Chapitre 1 :
(Synthèse bibliographique)
5
Chapitre 1
I. Introduction :
Depuis la découverte de la pénicilline en 1940 par Alexander Fleming, les antibiotiques ont
représenté l’une des plus importantes avancées en thérapeutique clinique.9 Cependant, le
développement des mécanismes de résistance aux antibiotiques par les bactéries d’une part, et
la disponibilité d’un nombre restreint de nouveaux antibiotiques d’autre part tendent à limiter
les possibilités de traitement des infections bactériennes (Figure 1).
Ainsi, pour réduire l’émergence de cette résistance, il est capital de comprendre les différentes
stratégies mises en œuvre par les bactéries pour résister à l’action des antibiotiques.10
Pour qu’un antibiotique soit fonctionnel, trois conditions doivent être remplies :
6
Chapitre 1
L’altération d’une de ces conditions entraine une résistance à l’action de l’antibiotique, qui peut
survenir selon différents mécanismes (Figure 2) :
A
Impermeabilité
membranaire
Antibiotique
B
Surexpression des
Chromosome pompes d’efflux
Plasmide
Pompe d’efflux C
Modification
La cible d’antibiotique de la cible
B-Lactamase
D
Inactivation
de l’antibiotique
7
Chapitre 1
Dans ce chapitre nous examinerons les différents types de mécanisme de résistance connus
et les nouvelles stratégies mises au point pour lutter contre cette résistance bactérienne grâce
au développement d’adjuvants permettant d’améliorer les performances des antibiotiques.
Un autre mécanisme de résistance est l’expulsion active des antibiotiques vers l’extérieur de la
cellule. Cette résistance est due à des protéines de transport spécifiques nommées les pompes
d’efflux et impliquées dans l'élimination des substances toxiques.12 Ce type de résistance affecte
surtout les antibiotiques (en particulier les macrolides, les tétracyclines et les fluoroquinolones)
qui exercent leur action à l’intérieur de la cellule et inhibent la biosynthèse des protéines et de
l’ADN.11-13 Les pompes d'efflux diffèrent par leur spécificité et leurs mécanismes,11-13 certaines
sont spécifiques n'exportant qu'un seul type de molécule, d’autres sont dites à large spectre et
8
Chapitre 1
sont capables d’expulser des classes de molécules structurellement distinctes, définissant ainsi
la résistance multiple.11,14-16
Ces pompes sont classées en cinq familles : la famille ATP-Binding Cassette (ABC), la famille
Small Multidrug Resistance (SMR), la famille Major Facilitator Superfamily (MFS), la famille
Multidrug And Toxic-compound Extrusion (MATE) et la famille Resistance-Nodulation-cell
Division (RND).11,14-16 Cette classification tient compte du nombre d’unités qui composent la
pompe (unique ou multiple), la source d’énergie utilisée et le type de substrat exporté.16 Le
phénomène d’efflux d’antibiotique est un mécanisme « actif » qui nécessite de l’énergie pour
le déplacement des composés contre leur gradient de concentration, on note que toutes les
familles des pompes d’efflux utilisent la force protomotrice pour avoir l’énergie nécessaire à
leur fonctionnement, à l’exception de la famille ABC qui utilise l’énergie fournie par
l’hydrolyse de l’ATP.15,17
Plusieurs stratégies ont été développées par les bactéries pour s’opposer à l’effet des
antibiotiques, l’une d’elles implique la production d’enzymes capables de modifier ou de
dégrader l’architecture de l’antibiotique par le biais de réactions d’hydrolyse, de transferts de
groupes et de mécanismes d’oxydoréduction.11
L’inactivation des antibiotiques par hydrolyse est un mécanisme de défense facilité par la
présence de liaisons chimiques sensibles à l’hydrolyse (par exemple les liaisons esters ou
amides) qui constituent la cible de nombreuses enzymes telles que les estérases et les amidases
excrétées par les bactéries et capables de cliver ces groupes fonctionnels sensibles conduisant
ainsi à l’inactivation de l’antibiotique avant qu’il n’atteigne sa cible.11 Le développement de
tels catalyseurs aussi efficaces témoigne de la puissance des mécanismes de défense des
bactéries vis-à-vis des antibiotiques.18
De nombreuses enzymes ont été rapportées dans la littérature comme capables de modifier ou
de détruire les antibiotiques et les bêta-lactamases représentent les enzymes de résistance les
plus répandues et cliniquement les plus importantes.19
Elles sont responsables du clivage hydrolytique du cycle bêta-lactame, l'élément structural clé
responsable de l'activité de certains antibiotiques, puisqu’il assure l’acylation irréversible des
9
Chapitre 1
De nombreuses études réalisées sur une variété de micro-organismes ont révélé la présence de
nombreux loci génétiques impliqués dans la résistance aux antibiotiques.11 Les gènes
responsables de résistance sont très variés, d’une part parce qu’il y a plusieurs cibles différentes
de l’antibiotique dans la cellule et d’autre part parce que certaines cibles nécessitent
l’expression de nombreux gènes à la fois.11
On distingue ainsi deux types de résistance :
11
Chapitre 1
Le génome bactérien est constitué d’éléments portant les informations génétiques nécessaires
tout au long du cycle de vie de la cellule bactérienne. En plus des chromosomes, d’autres
éléments génétiques accessoires comme les transposons et les plasmides jouent un rôle
important dans des situations particulières assurant la survie de la bactérie.19,31
Vu que les chromosomes peuvent être hérités de façon verticale d’une bactérie à ses
descendantes et que les éléments génétiques accessoires peuvent être transmis latéralement à
d’autres bactéries voisines,31 la résistance peut être transmise d’une bactérie à l’autre de façon
rapide et facile par transfert de plasmides, de bactériophages, d’ADN nu ou de transposons.23,32
Cette capacité à partager les gènes de résistance nouvellement acquis par transfert de gènes à la
fois vertical et horizontal constitue un grand défi pour la lutte contre la résistance aux
antibiotiques.
On note que le transfert des gènes de résistance se fait selon trois mécanismes. Premièrement,
par conjugaison : ce qui nécessite un contact physique étroit entre les deux bactéries, où
l’adhésion des bactéries les unes aux autres facilite le transfert des plasmides, des gènes de
résistance et des transposons. Dans ce cas les gènes de résistance peuvent être portés sur : un
plasmide conjugué ; un transposon porté sur un plasmide conjugué ou bien un plasmide
conjugué mobilisable sur un chromosome.33 Le deuxième mécanisme est basé sur la
transduction qui consiste en l’incorporation accidentelle d’ADN bactérien initialement porté
sur un chromosome ou un plasmide, dans un bactériophage ou un virus infectant qui va
transporter les gènes de résistance à la cellule infectée.19,34 Le troisième mécanisme possible est
12
Chapitre 1
la transformation qui se fait par absorption d’ADN nu généré par la décomposition des cellules
bactériennes.19
1. Une thérapie anti-virulence où les agents qui ne sont pas bactéricides inhibent
indirectement la voie moléculaire responsable de la communication bactérienne,
2. Une thérapie combinée où les cliniciens prescrivent deux ou plusieurs antibiotiques en
même temps en traitement empirique pour assurer la couverture de tous les pathogènes
bactériens possibles,
3. Le développement d’antibiotiques moléculaires hybrides en fusionnant différents
agents biologiquement actifs en une seule entité hétéromérique avec l'espoir de
conserver les actions biologiques des différents constituants, 35
4. Une approche combinée antibiotiques-adjuvants.
13
Chapitre 1
1. Groupe 1 : adjuvants qui possèdent une activité antibactérienne exercée directement sur la
cellule bactérienne.44
2. Groupe 2 : englobe les composés dits « composés auxiliaires » qui augmentent la
perméabilité de l’agent pathogène à l’antibiotique.45-47
3. Groupe 3 : basé sur la nature de la cible :
3.1. Le Groupe 3A : est réservé aux adjuvants qui exercent leur action directement sur la
cible (le blocage des voies métaboliques et la perturbation de la physiologie
bactérienne).
14
Chapitre 1
3.2. Le Groupe 3B : pour les adjuvants qui potentialisent l’activité des antibiotiques en
affectant les propriétés de l’hôte.
Il est à noter que parmi les adjuvants du Groupe 3, les adjuvants de la sous-classe A sont les
seuls utilisés en clinique, alors que ceux du Groupe 3B sont actuellement explorés dans des
modèles précliniques.37
La capacité presque illimitée des bactéries à survivre dans des conditions défavorables leur a
permis de résister à l’action inhibitrice exercée par les antibiotiques et la production d’enzymes
capables d’hydrolyser les molécules antibactériennes est l’un des mécanismes de défense mis
en place.48
Ainsi, l’émergence des souches bactériennes productrices de bêta-lactamases, enzymes
capables de dégrader les bêta-lactamines a limité considérablement l’utilisation de ces dernières
en thérapeutique à long terme. Avec l'augmentation exponentielle des bêta-lactamases, on
assiste ainsi à la nécessité à développer de nouvelles classes d’inhibiteurs efficaces.49
Ces inhibiteurs sont classés en deux types différents (irréversible et réversible) selon le type
d'inhibition exercée :
15
Chapitre 1
16
Chapitre 1
Les bêta-lactamases sont classées en quatre classes selon des critères structuraux d’une part et
leurs mécanismes d’actions d’autre part, trois d’entre elles (sérine-lactamases (SBL) : classe A,
C et D) utilisent dans leurs mécanismes un site actif sérine, alors que les enzymes de la classe
B font intervenir des cations métalliques divalents (Zn2+) au cours de l’hydrolyse de
l’antibiotique et sont appelées "métallo-bêta-lactamases (MBL)". Actuellement, l’une des
préoccupations majeures consiste en la recherche de molécules capables d’inhiber à la fois les
deux classes de bêta-lactamases.
17
Chapitre 1
Les inhibiteurs réversibles se lient à l’enzyme de façon provisoire. Ces agents sont impliqués
dans un équilibre dynamique et la réduction de leur effet inhibiteur est sensible à une simple
dilution de l'inhibiteur. Ainsi, la conception de nombreux adjuvants tels que l'avibactam en
2015 ou le vaborbactam en 2017 inhibant les -lactamases apparaît cruciale pour maintenir une
bonne efficacité clinique de la classe -lactamine des antibiotiques. L’avibactam est déjà
disponible sur le marché et l’utilisation du varbobactam a également été approuvé récemment
aux États-Unis .1,40,61,62 De plus, contrairement aux inactivateurs décrits précédemment,
l’avibactam est un inhibiteur covalent et réversible de la plupart des enzymes, à l'exception de
l'enzyme KPC-2 pour laquelle une hydrolyse lente a été observée.63
Bien que les molécules appropriées soient difficiles à élaborer étant donné la grande différence
mécanistique et structurelle entre les sérine-bêta-lactamases (SBL) et les métallo-bêta-
lactamases (MBL) une étude a montré que les boronates cycliques 23 et 24 (Figure 5) peuvent
être considérés comme inhibiteur à double rôle, agissant comme des analogues du premier
intermédiaire tétraédrique commun à ces deux classes dans les voies d’hydrolyses catalysées
par ces enzymes. Ceci a été confirmé par une analyse cristallographique d’un boronate cyclique
complexé avec la bêta-lactamase CTX-M-15. Ceci les rend capables d’inhiber les représentants
des diverses classes des bêta-lactamases y compris A71 BLSE, CTX-M-15, les enzymes de la
classe C et deux variantes OXA-23 et OXA-48 hydrolysant les carbapénèmes.64
Aujourd’hui, les recherches continuent dans ce domaine et quatre nouvelles combinaisons dont
trois englobent une nouvelle classe d’inhibiteurs qui ne sont pas des -lactamines.51
Le choix de l’inhibiteur à combiner avec une β-lactamine est un processus complexe qui doit
prendre en considération plusieurs critères (Figure 5, Tableau 1) :
18
Chapitre 1
O O
O S
OH NH2 OH
O
N HO NH OH
NH
O N O O
CONH2 O OH
AVE1330A 19 Aspergillomarasmine A 20
HN O
H H
N N
S O H
N
O
O OH OH N
NH2 O OSO3H
H2N
O O
HN HN
HO HO
B B
HO O HO O
HO O HO O HO
Parmi les recherches réalisées dans ce domaine, la combinaison d’un stéroïde appelé le
stigmastérol 25 avec l’ampicilline a permis une nette amélioration de la sensibilité de cette
dernière contre toutes les bactéries résistantes aux bêta-lactamines testées. Cette synergie a été
validée par le calcul de l'indice de Concentration Inhibitrice Fractionnaire (FIC) qui exprime le
degré de synergie entre les médicaments antibactériens (Voir CHAPITRE6 page 149), pour
deux médicaments A et B en interaction, la somme de leurs FICs FIC = FICA+FICB permet de
définir la nature de l'interaction (additivité, synergie ou antagonisme) .65 Ainsi, l’indice FIC de
la combinaison stigmastérol/ampicilline inférieur à 0.5 suggère que le stigmastérol peut
restaurer l’efficacité de l’ampicilline, par inhibition des bêta-lactamases.66
19
Chapitre 1
(µg/mL )
S. pyogenes >200 1,56 (ND)
25 66 AMP ND
E. coli 100 6,25 (ND)
P. aeruginosa >200 6,25 (ND)
S. aureus 01A400 Penicillinase 200 1,56 (3,12)
(µg/mL)
S. epidermidis 01B116 N.D >25 1,56 (3,12)
10 67 PENI G
H. influenzae 54A042 N.D 200 1,56 (1,56)
B. fragilis 78C004 N.D 200 3,12 (0,78)
E. coli GN5482 TEM-1 (A) 4 0,5 (ND)
K. pneumoniae IP1 TEM-2 (A) 16 0,5 (ND)
( µg/mL )
K. pneumoniae 25637 TEM-4 (A) 32 0,5 (ND)
1756 CAZ
E. coli CF3 TEM-8 (A) 64 2 (ND)
K. pneumoniae IP86 SHV-2 (A) 64 1 (ND)
E. coli KB10 PER-1 (A) >64 4 (ND)
AMP >16 ≤8 (10)
PIP > 64 ≤16 (10)
AZT > 16 ≤1 (10)
E. coli (EC113) CTX-M-27 (µg/mL )
24 68 FAZ > 16 4 (10)
ST 131 (A)
CRO > 32 <0.5 (10)
CAZ 8 ≤1 (10)
FEP > 32 ≤4 (10)
(µg/mL )
K. pneumoniae
20 69 MEM NDM-1 (B) 32 1 (8)
N11-2218
(µg/mL )
20
Chapitre 1
Les mécanismes d’efflux contribuent à la résistance vis à vis de nombreuses classes d’agents
thérapeutiques. Ils résultent de l’activité des transporteurs membranaires impliqués dans une
variété de processus physiologiques nommés les pompes d’efflux.71,72 Ces pompes exercent un
rôle protecteur par l’expulsion de l’antibiotique vers l’extérieur de la cellule bactérienne.71
Certaines sont sélectives n’expulsant qu’un substrat spécifique d’autres sont non sélectives et
transportent une large gamme de composés structurellement différents (colorants, solvants
organiques, détergents…), y compris différentes classes d’antibiotiques.73 Cette dernière
catégorie de pompes est d’un intérêt clinique majeur puisqu’elles peuvent rendre une infection
bactérienne non traitable par les antibiotiques disponibles, conférant ainsi le phénotype de
résistance multiple aux médicaments (MDR), défini par une résistance à au moins trois classes
différentes d’antibiotiques.74,75 Ainsi, la conception de molécules qui s’opposent à l’action de
ces pompes en améliorant l’entrée de l’antibiotique et en empêchant son expulsion à l’extérieur
de la cellule bactérienne constitue une approche intéressante qui ouvre la porte à la restauration
de la sensibilité bactérienne.
Dans ce contexte, une thérapie combinatoire d’antibiotiques avec de petites molécules qui
bloquent les systèmes d’efflux multidrogues nommées les inhibiteurs des pompes d’efflux
(EPI) semble constituer une stratégie prometteuse pour vaincre la multirésistance.76 La
surexpression des pompes d’efflux MDR contribue à la résistance bactérienne aux antibiotiques
soit par la résistance intrinsèque à un antibiotique spécifique ou à une famille entière
d’antibiotiques. L’inhibition des pompes d’efflux permet ainsi la restauration de la sensibilité
des souches bactériennes résistantes et limite l'émergence de nouveaux mutants résistants.73-77
Le ciblage des pompes d’efflux se fait de différentes manières à savoir :
Le développement des inhibiteurs des pompes d’efflux doit tenir compte de trois facteurs
indispensables : le type des bactéries pathogènes à cibler, le type de pompe à inhiber, le type
d’antibiotique à potentialiser,78 également d’autres caractéristiques pharmacodynamiques et
21
Chapitre 1
paramètres cinétiques doivent être pris en considération pour garantir l’efficacité de ces
inhibiteurs. Ainsi, l’inhibiteur idéal doit répondre aux exigences suivantes :
L'une des difficultés rencontrées lors du ciblage de ces pompes d’efflux est liée à la variété des
fonctions physiologiques que ces inhibiteurs peuvent toucher, ce qui peut provoquer des
toxicités inattendues lorsqu'elles sont bloquées. C’est pourquoi la recherche s’axe sur le
développement de composés inhibant spécifiquement les pompes opérant uniquement chez les
cellules procaryotes.73 Devant cette nécessité, une grande variété d’études ont été réalisées pour
identifier les substrats et les inhibiteurs de ces pompes, ainsi que pour définir la mise en œuvre
des thérapies basées sur l'inhibition de l'efflux (Figure 6, Tableau 2). Cependant, on notera
qu’à ce jour aucun inhibiteur n’a été homologué pour ce genre de traitement des infections
bactériennes en clinique humaine ni vétérinaire et le seul inhibiteur documenté est actuellement
le MP-601.205 26 administré sous forme d’aérosol sous ventilation assistée chez les patients
atteints de pneumonie ou de mucoviscidose.72,73
Des dérivés de quinoléine ont été testés en tant qu’inhibiteurs des pompes d’efflux vis-à-vis des
souches cliniques MDR d’E. aerogenes surexprimant des pompes d’efflux de type AcrAB leur
conférant une résistance aux antibiotiques. Ainsi, avec sa chaîne latérale ramifiée
pipéridinyléthylique, le composé 7-nitro-8-méthyl-4-(2 '-(pipéridinyléthyl)-aminoquinoline 27
a présenté l’activité inhibitrice la plus élevée à la concentration la plus faible, et lorsqu’il est
utilisé en combinaison avec le chloramphénicol une accumulation intracellulaire de
l’antibiotique associé a été observée. Concernant l'inhibition de la pompe observée, une
explication a été donné, basée sur le fait que la structure TolC d’Escherichia possède un canal
22
Chapitre 1
Figure 6. Structures chimiques des inhibiteurs des pompes d’efflux (composés 26-32)
Une autre étude a démontré que la Conessine 28, un alcaloïde stéroïdien naturel extrait de la
plante Holarrhena antidysenteric, présente une activité inhibitrice de la pompe d’efflux
MexAB-OprM ou de MexB exprimées chez P. aeruginosa. Cette molécule a aussi permis de
réduire les CMIs d’un facteur 8 pour tous les antibiotiques considérés, à savoir : cefotaxime,
érythromycine, lévofloxacine, novobiocine, rifampicine, tétracycline.82
23
Chapitre 1
Dans une étude qui cible l’inhibition du transporteur AcrB d'Escherichia coli, une série de
composés basée sur un pharmacophore 2-naphthamide a été synthétisée et testée pour la
capacité de ses composés à potentialiser les antibiotiques et s’opposer à la résistance
bactérienne conférée par l’expression de la pompe d'efflux AcrAB-TolC. Ainsi, le composé 4-
isopentyloxy-2-naphthamide 29 est apparu comme étant le plus efficace en réduisant la CMI de
l’érythromycine et du chloramphénicol au seuil observé chez les souches sensibles n’exprimant
pas de pompes d’efflux. Ce composé peut ainsi être considéré comme un inhibiteur spécifique
de la pompe d’efflux AcrB puisqu’il ne montre aucun effet sur la CMI de la rifampicine qui
n’est pas un substrat d'AcrB.83
24
Chapitre 1
Tableau 2. CMIs des antibiotiques en présence des inhibiteurs 27-31 vis-à-vis des bactéries à
Gram-négatif.
CHL 24 6 (64)
CIP 0,13 0,06 (2)
ERY 128 16 (128)
KAN 16 4 (2)
84
E. coli AG102 AcrAB-TolC
30 LVX 0,13 0,03 (128)
OXA >650 650 (32)
PIP 4 2 (32)
TET 8 2 (64)
CAR 64 64 (128)
CHL 64 16 (128)
P. aeruginosa CIP 1 0,5 (128)
31 85
PA01 Mex-AB-OprM NOV 512 128(128)
TET 8 2 (128)
TMP 128 32 (128)
25
Chapitre 1
Dans ce contexte, plusieurs chimiosensibilisateurs qui altèrent les porines et les canaux
membranaires ont été étudiés comme les détergents, les tensioactifs, les polymyxines, et les
peptides antimicrobiens, certains même (les lipopeptides cycliques polycationiques et les
peptides antimicrobiens cationiques)89,90 sont utilisés en combinaison avec des antibiotiques
pour lutter contre les souches résistantes.91,92
Une étude a ainsi permis l’évaluation de l’activité antibactérienne d’un peptide, le GBP via son
action sur la membrane d’E. coli. Ce peptide a démontré une action antibactérienne
concentration dépendante vis-à-vis d’E. coli.93 L’étude de son effet sur la morphologie des
cellules d’E. coli montre que le GBP induit des dommages à ces cellules avec des changements
morphologiques importants, conduisant à des cellules possédant des structures externes
« ridées » arrivant même à des fragmentations à haute concentration de GBP. Ce peptide
26
Chapitre 1
cationique détruit la barrière membranaire et perturbe le canal ionique d’E. coli ce qui entraine
une fuite des ions Ca2+, K+ et Mg2+. Cet effet est généralement observé chez les peptides
membranaires qui provoquent la mort cellulaire par fuite des ions (Ca2+, K+ et Mg2+) en
affectant la tension superficielle des membranes, en perturbant les canaux ioniques déjà
existants ou en provoquant la formation de nouveaux canaux.93
Son effet sur la perméabilité de la membrane externe améliore la sensibilité d’E. coli à de faibles
concentrations pour deux antibiotiques hydrophobes : l’érythromycine et la rifampicine
incapables de pénétrer la membrane intacte des bactéries à Gram-négatif, mais capables de
perforer les membranes endommagées par des polycations. Toutes ces observations tendent à
indiquer que le GBP endommage la membrane externe et augmente sa perméabilité.93
Dans le même contexte, une étude a porté sur l’évaluation de l’effet de la ménadione 33
(vitamine K) (Figure 7, Tableau 3) sur la perméabilité membranaire des souches
multirésistantes de S. aureus, P. aeruginosa et E. coli. La ménadione, est une vitamine
liposoluble synthétique convertie en vitamine K2 au niveau intestinal et a démontré une activité
antibactérienne uniquement vis-à-vis des souches de P. aeruginosa. Cependant, son utilisation
en combinaison avec des antibiotiques de la famille des aminosides a permis la réduction des
concentrations inhibitrices de ces derniers ce qui témoigne une action synergique de cette
association thérapeutique.94
O
Me
Ménadione 33
H2N O N H2N O OH
H
H H
H H
H2N O O NH2
H2N O O NH2
CSA-13 34 CSA-8 35
27
Chapitre 1
En 2014, une étude a été réalisée sur l’extrait d’Holarrhena antidysenterica, une plante
médicinale dont l’écorce est habituellement utilisée en médecine traditionnelle pour traiter la
dysenterie surtout amibienne. 95 Présentant uniquement une faible activité antibactérienne,
l’extrait éthanolique de cette plante a été combiné avec la novobiocine, un antibiotique doué
d’une activité antibactérienne efficace contre des bactéries à Gram-positif. Cette association a
permis l’amélioration de l’activité de la novobiocine vis-à-vis des souches XDRAB, MDRAB,
et des isolats cliniques non-MDRAB.95 L’inversion de la résistance des souches à la
novobiocine a été rapportée comme étant due à l’action perméabilisante de la membrane par
l’extrait de H. antidysenterica.
Tableau 3. CMIs des antibiotiques en présence de la ménadione 31, CSA-13 32, et CSA-8 33
vis-à-vis des bactéries à Gram-négatif
µg/mL)
156,2 2,4 (64)
GEN
S. aureus 358 312,5 2,4 (64)
NEO
156,2 2,4 (64)
AMK
(µg/mL)
312,5 2,4 (32)
33 94 GEN
P. aeruginosa 03 625 2,4 (32)
NEO
78,1 2,4 (32)
AMK
(µg/mL)
156.2 2,4 (64)
GEN
E. coli 27 625 2,4 (64)
NEO
312,5 2,4 (64)
(µg/ mL)
ERY 70 1(1,5)
E. coli ATCC 10798 NOV >500 1(0,8)
34 96
P. aeruginosa ATCC 27853 NOV 70 1(2)
ERY 70 1(5)
(µg/ mL)
Les peptides antimicrobiens endogènes (AMPs) sécrétés par les cellules épithéliales, les
neutrophiles et les glandes exocrines représentent une ligne de défense importante dans
l’immunité innée contre les pathogènes invasifs. Les AMPs déstabilisent ainsi la membrane
28
Chapitre 1
externe des procaryotes suite à la formation d’une hélice amphipathique ou de courts feuillets
bêta.97,98 Ces peptides sont considérés comme des molécules antibiotiques en raison de leur
capacité à induire une dysfonction membranaire non spécifique et à la rapidité de leur
action.99,100 Cependant, leur utilisation en thérapeutique pose de nombreux problèmes à savoir
les coûts élevés de production à grand échelle, la difficulté de synthèse et de purification ainsi
que les mécanismes de résistance que développent les bactéries à leurs égards. Ainsi, les
protéases secrétées par les bactéries ont été démontrées comme étant capables de neutraliser les
AMPs.101-103
Pour remédier à ce problème et en se basant sur les propriétés avantageuses des AMPs, une
nouvelle classe d’antibiotique stéroïdiens cationiques (CSA) a été conçue et dénommée
« Céragénine » où des groupes aminoalkyles substituent le groupe alcoxyle du stérol considéré
(Figure 7, Tableau 3).104,105 Les céragénines présentent l’avantage d’être résistants à l’action
des protéases puisque ceux ne sont pas des peptides, de posséder des structures simples et faciles
à produire en grandes quantités. Par ailleurs, ils s’incorporent de façon plus stable dans les
membranes et ont une capacité inhabituelle à former des complexes avec les
phospholipides.105,106 D’autre part, la charge positive de ces lipides antimicrobiens cationiques
assure leur attraction électrostatique vers les membranes chargées négativement (bactéries,
virus, champignons et protozoaires) et cause la mort de la cellule par un dysfonctionnement de
la membrane.106
Les céragénines 34-35 synthétisés pour imiter les structures cationiques et les propriétés
amphiphiles des peptides antimicrobiens, partagent avec eux le même mécanisme d'action. Ils
induisent une dépolarisation rapide de la membrane bactérienne et perméabilisent les
membranes externes des bactéries à Gram-négatif, augmentant ainsi la sensibilité des
microorganismes aux antibiotiques hydrophobes.107-109 Ainsi, bien que la CMI de
l’érythromycine utilisée seule contre une souche résistante de Klebsiella pneumoniae soit de 70
μg/mL, sa combinaison avec le CSA-8 (35) conduit à une inhibition de la croissance à une
concentration de 1 μg/mL.101,104,110
CSA-13 (composé 34) en combinaison avec la gentamicine induit une synergie ou une
additivité contre les souches résistantes de S. aureus à la méthicilline et à la vancomycine
isolées chez des patients aux États-Unis. Ainsi, une additivité a été observée contre VRSA (S.
aureus résistant à la vancomycine de Pensylvania) dans le cas des associations de CSA-13 avec
la daptomycine, le linézolide et la vancomycine.96 Récemment, une étude réalisée sur soixante
souches d’A. baumannii résistantes aux carbapénèmes, a rapporté une activité bactéricide de
29
Chapitre 1
CSA-13. Néanmoins, en combinant CSA-13 avec les antibiotiques tels que la colistine et la
tobramycine des synergies ont été obtenues et aucun antagonisme n'a été observé.111
Par ailleurs, une étude a montré que les polyamines de type naphthylacétylspermine 36, un
analogue synthétique de la toxine de l’araignée joro (Nephila clavata), et la méthoctramine
(N,N’-bis[6-[[(2-methoxyphenyl)methyl]amino]hexyl]-1,8-octanediamine) 37, initialement
connus comme antagonistes des récepteurs muscariniques, potentialisent l’action des
antibiotiques hydrophobes comme la novobiocine et l'érythromycine. A titre d’exemple, la CMI
de la novobiocine seule vis-à-vis d’E. coli est de 128 µg/mL alors qu’en association avec le
composé 37 à 8 µg/mL la CMI de la novobiocine baisse à 16 µg/mL. De façon similaire, la
CMI de l’érythromycine vis-à-vis de l’E. coli baisse de 64 à 16 µg/mL lors de sa combinaison
en présence du composé 37 utilisé à une concentration de 8 µg/mL. Ainsi, le composé 36 joue
le rôle de perméabilisant membranaire facilitant la diffusion de ces antibiotiques à travers la
membrane externe d’E. coli (Figure 8, Tableau 4).112 Ces deux polyamines provoquent la
libération des cations divalents (Ca2+) qui stabilisent le lipopolysaccharide LPS, et stimulent
l’absorption d'un tétraphénylphosphonium lipophile (TPP+) qui est habituellement favorisée
par la perturbation de la membrane externe.113 Ce mécanisme d’action n’est pas spécifique à
ces deux polyamines vue que d’autres peptides polycationiques comme la polylysine et la
protamine 113,114
et également d’autres antimicrobiens tels que la chlorhexidine et le
polyhexaméthylène biguanide115 ont été rapportés comme améliorant la perméabilité
membranaire par déstructuration du LPS.
30
Chapitre 1
31
Chapitre 1
Finalement, les résultats des différents essais réalisés ont permis de conclure que la
perméabilisation de la membrane bactérienne chez E. aerogenes EA289 par les dérivés de la
motuporamine était en relation avec le changement du potentiel électrique transmembranaire
conduisant à une altération de l’homéostasie des protons.120
O
Me Me
O O
NH(CH2)3NH(CH2)4NH(CH2)3NH2
CH2NH(CH2)6NH(CH2)8NH(CH2)6NHCH2
Naphthylacétylspermine 36 Méthoctramine 37
H
N NH2
NH3 OSO3H
O
3Cl OH
HN O
NH2
N OH
H2 N
H H
Squalamine 38 Claramine A1 39
NH(CH2)3NH(CH2)3NH2 NH(CH2)4NH(CH2)4NH2
MOTU-N33 40 MOTU-N44 41
Br Br
MeO 3Cl + MeO 2Cl
H2
N NH3+ NH3+
N NH N
NH Br H2+
Br H2+
O O
Ianthelliformisamine A 42 Ianthelliformisamine B 43
H2+ H2+
N N
Br
Br
OMe
MeO
HN
NH Br
Br
O
O
Ianthelliformisamine C 44
NH3+ 4Cl H2+
Br N NH2+
MeO 2Cl N N
H2+ H2+
H
N N NH3+
Br
O 46
45
32
Chapitre 1
Dans cette même ligne de recherche, une série de dérivés ianthelliformisamines A, B et C (42-
44) a été identifiée, synthétisée et utilisée pour renforcer la sensibilité des bactéries à Gram-
négatif vis-à-vis des antibiotiques hydrophobes.121 Ainsi, des dérivés naturels et synthétiques
ont été utilisés pour restaurer l’activité de la doxycycline vis-à-vis d’E. aerogenes EA289, P.
aeruginosa PA01 et K. pneumoniae KPC2-ST258. D’un point de vue mécanistique, l’absence
d’efflux d’ATP observé avec l’association de la doxycycline et du dérivé le plus actif (composé
45) témoigne de la non-affection de l’intégrité de la membrane bactérienne externe, alors que
la dépolarisation de la membrane de la souche de PA01 témoigne de la perturbation du gradient
de protons.
En vue d’ étendre cette approche à d'autres substituants hydrophobes, des dérivés polyamino-
isopréniques ont été rapportés comme étant capables de réduire les niveaux de résistance chez
des entérobactéries multirésistantes vis-à-vis de l’acide nalidixique et le chloramphénicol.122
De plus, une autre étude a démontré que le dérivé 46, lorsqu’il est utilisé en combinaison avec
la doxycycline était le plus actif en abolissant complétement la croissance bactérienne avec un
indice FIC pour la combinaison de 0.09. Ce résultat témoigne d’une forte synergie entre
l'antibiotique considéré et l'agent chimiosensibilisant polyaminoisoprényle associé. Ainsi, le
composé 46 permet la réduction de la résistance des bactéries MDR vis-à-vis de deux
antibiotiques appartenant à deux familles différentes : la doxycycline et le chloramphénicol.123
Tout cela permet de suggérer que le composé 46 est capable de surmonter la résistance naturelle
de P. aeruginosa étant donné sa structure polyamino-farnésyle facilitant la diffusion de la
molécule à travers la membrane externe de P. aeruginosa, cette membrane étant connue pour
sa forte imperméabilité due à la présence d’une double couche lipidique très hydrophobe. De
plus, la chaine spermine chargée positivement pourrait interagir avec la charge négative de la
membrane bactérienne externe conduisant à sa dépolarisation et donc sa fragilisation.123
Enfin, il a pu être démontré que le composé 46 est capable d’inhiber l’efflux chez P. aeruginosa
par réduction de la source d’énergie du gradient de proton.123
Finalement, il ne faut pas oublier que ces résultats restent préliminaires, car plusieurs des
concentrations d'adjuvant énumérées dans les tableaux sont assez élevées et il semble peu
probable que ces concentrations puissent être atteintes cliniquement sans danger chez les
patients. Néanmoins, cela ouvre la voie à une nouvelle stratégie de lutte contre la résistance
bactérienne.
33
Chapitre 1
Tableau 4. CMIs des antibiotiques en présence des adjuvants 36-46 vis-à-vis des bactéries à
Gram-négatif
(µg/ mL)
36 112 NOV 128 1 (64)
E. coli
ERY 64 4 (64)
(µg/ mL)
NOV 128 16 (8)
37 112 E. coli
ERY 64 16 (8)
(µg/ mL)
CIP 0.25 0,03 (0,4)
TET 2 0,125 (0,4)
E. coli AG100
FEP 0.5 0.06 (0,4)
ERY 512 256 (0,4)
(µg/ mL)
118 CIP 16 <1 (3,2)
38 P. aeruginosa PA01
TET 16 4 (3,2)
FEP 8 1 (3,2)
ERY 512 256 (3,2)
(µg/ mL)
CIP 0,5 0.015 (1,6)
E. aerogenes ATCC 13048
TET 2 0.25 (1,6)
FEP 0,25 0.03 (1,6)
ERY 512 128 (1,6)
34
Chapitre 1
V. Conclusion
En résumé, plusieurs approches ont été développées pour lutter contre la résistance bactérienne.
Les inhibiteurs des bêta-lactamases actuellement disponibles sur le marché ne sont pas vendus
en tant que médicaments individuels mais ils sont co-formulés avec un autre antibiotique β-
lactamine ayant une demi-vie sérique similaire. Ceci a pour avantage en plus de la commodité
du dosage, de minimiser le développement de la résistance pouvant résulter d'une exposition
variable à l'un ou l'autre des antibiotiques. Les inhibiteurs des bêta-lactamases élargissent le
spectre des antibiotiques β-lactamines existant en inhibant les enzymes bêta-lactamases
produites par les bactéries pour les désactiver. Sans doute, assisterons-nous, dans un avenir
proche, à une efficacité réduite de cette stratégie (inhibiteurs des bêta-lactamases) en raison de
l’émergence des bactéries XDR (ultrarésistantes).
35
Chapitre 2 :
(Résultats expérimentaux)
36
Chapitre 2
I. Introduction :
Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à la sélection de bactéries résistantes dont
le génome a été modifié soit par mutation et/ou acquisition de matériel génétique, favorisant
leur développement au détriment des bactéries sensibles. Ce phénomène de résistance aux
antimicrobiens en constante expansion compromet l'arsenal des antibiotiques existants et met
de plus en plus les cliniciens dans des situations d’impasses thérapeutiques, notamment en ce
qui concerne les infections à bactéries à Gram-négatif qui constituent l'une des principales
menaces actuelles pour la santé publique.124,125 Dans ce contexte, Pseudomonas aeruginosa, un
agent pathogène opportuniste qui provoque rarement des maladies chez les personnes en bonne
santé mais qui est responsable d'infections graves chez les patients atteints de mucoviscidose
ainsi que chez les patients immunodéprimés, entraîne un taux de mortalité élevé dans cette
population.8,126-129 Il est donc urgent de développer des agents thérapeutiques capables de
modifier l'intégrité de la membrane externe de la bactérie et/ou sa perméabilité, car cette
dernière limite fortement la diffusion de nombreuses molécules antibiotiques hydrophobes. En
absence d’une stratégie innovante pour lutter contre les agents pathogènes multirésistants
(MDR), de nombreux domaines de la médecine seront gravement touchés. Ainsi, le concept
d'adjuvants aux antibiotiques, capables de restaurer l'efficacité de l'agent antibiotique vis-à-vis
de la souche résistante concernée, pourrait constituer une stratégie précieuse. Pour cela, un
adjuvant idéal doit répondre aux exigences suivantes :
1. Être spécifique de la cible bactérienne et idéalement exempt de toute activité
pharmacologique sur les cellules eucaryotes,
2. Pouvoir atteindre une concentration thérapeutiquement efficace dans le sérum et
atteindre sa cible in vivo,
3. Être dépourvu d'activité antibactérienne pour réduire la possibilité d’induire des
mécanismes de résistance.130
Dans ce contexte les composés dérivés des polyamines ont été récemment explorés pour leur
effet antibactérien. Ils constituent ainsi une source prometteuse de composés dans la lutte
contre la résistance bactérienne. Récemment, il a été rapporté au laboratoire la capacité d’un
dérivé polyaminoisoprényl : le composé NV716 58 à potentialiser l'activité du florfénicol dans
le traitement de l’infection pulmonaire porcine à Bordetella bronchiseptica.131 Dans la
continuité de ces études, nous décrirons ici un modèle d'adjuvant raisonné basé sur des
molécules polyaminoisoprényles substituées, constituées d'un noyau terpénique et portant
divers groupes polyaminés, permettant de réaliser une polypharmacie sur la bactérie P.
37
Chapitre 2
Les polyamines sont des molécules polycationiques qui ont été décrites pour la première fois
en 1677 dans le liquide séminal et depuis largement identifiées dans tous les organismes vivants
y compris les bactéries, les champignons, les plantes et tous les types de cellules eucaryotes.
Elles sont constituées d’un squelette d'hydrocarboné aliphatique comportant des groupes azotés
quaternaires et caractérisées par une charge positive nette au pH physiologique.133
38
Chapitre 2
différentes étapes.138,139 Elles stimulent la synthèse de certaines protéines in vitro 140 et in vivo
141
et induisent également l'assemblage in vivo de la sous-unité ribosomique 30S.142,143 Des
études réalisées sur des mutants d’E. coli auxotrophes aux polyamines ont permis de mettre en
évidence le rôle des polyamines dans la croissance de la bactérie.144 En outre, certaines d’entre
elles comme la cadavérine et la spermine ont été rapportées comme étant des régulateurs
naturels de l'activité des pores réduisant la perméabilité de la membrane externe des bactéries
et donc de leur sensibilité aux traitements antibiotiques.145-149
Des études réalisées sur les polyamines ont également suggérées qu’elles jouent un rôle
important dans la protection des cellules contre les conditions toxiques externes y compris le
stress oxydatif , les radiations , le pH acide et d'autres agents toxiques.150 Dans le même temps,
il a été démontré chez E. coli que les analogues synthétiques des polyamines : la
naphtylacétylspermine et la méthoctramine synthétisées comme étant des dérivés synthétiques
respectivement de la toxine de l’araignée joro et d’un antagoniste des récepteurs muscariniques
augmentent la perméabilité de la membrane externe par perturbation de l’intégrité du LPS ; ce
qui permet d’accroitre la sensibilité bactérienne aux antibiotiques hydrophobes tels que la
novobiocine et l'érythromycine qui autrement traversent difficilement la membrane externe des
bactéries.112,150 De plus, en fonction de la dose employée, les polyamines sont capables
d’augmenter la sensibilité de P. aeruginosa aux antibiotiques de type β-lactamines, au
chloramphénicol, au triméthoprime et à l'acide nalidixique.134 L'influence critique apparente
des polyamines sur le développement et la survie des cellules ont ainsi conduit à ce que les
polyamines soient de plus en plus prises en compte pour la conception d'agents
chimiothérapeutiques.151
Nous présentons ci-après un aperçu sur des travaux antérieurs relatifs à cette thématique,
réalisés dans notre laboratoire et qui comme nous le verrons ont permis de démontrer le
potentiel des polyamines dans la lutte contre la résistance bactérienne aux antibiotiques.
Plus particulièrement, nous décrirons leur capacité à agir en tant qu’adjuvant permettant la
potentialisation et la restauration de l’activité des antibiotiques classiques vis-à-vis des bactéries
à Gram-négatif, ainsi que l’influence de chaque composant structural dans l’activité et/ou la
toxicité de ces composés.
39
Chapitre 2
En 2009, une étude menée par Lorenzi et al. sur les huiles essentielles extraites à partir des
plantes de Corse a permis de dévoiler la capacité de l’huile essentiel de Helichrysum italicum à
réduire la résistance au chloramphénicol de la souche EA27 à un niveau proche de celui obtenu
avec la phénylalanine arginine-β-naphtylamide (PAβN).152 Une évaluation plus approfondie de
la capacité de l’extrait d’H. italicum à réduire la résistance aux antibiotiques chez d’autres
bactéries à Gram-négatif a démontré que cette huile essentielle contient des composés qui
modulent la résistance aux antibiotiques chez plusieurs espèces de bactéries à Gram-négatif en
ciblant les mécanismes d'efflux. Plusieurs éléments ont permis d’émettre cette conclusion : cet
extrait a permis une diminution de la CMI du chloramphénicol pour les isolats d'E. aerogenes,
d'A. baumannii et de P. aeruginosa. En outre, l’huile essentielle d’H. italicum potentialise
l’activité du chloramphénicol vis-à-vis d’une souche surexprimant la pompe d’efflux AcrAB-
TolC et restaure la sensibilité d’une souche qui surexprime d’autres pompes d’efflux différentes
de AcrAB.152 Parmi les composés isolés des deux fractions les plus actives de cet extrait un
composé nommé le géraniol 47 s’est avéré être un puissant inhibiteur des mécanismes d'efflux.
En outre, un classement de l'activité des inhibiteurs des pompes d’efflux a démontré que le
géraniol est un inhibiteur très puissant de la résistance dans un mutant acrAB par rapport au
PAβN. Ces résultats ont permis de conclure que le géraniol pourrait être une nouvelle source
potentielle de médicaments utiles en thérapie, et qu’il pourrait également contribuer à mieux
comprendre la multirésistance MDR chez les bactéries à Gram-négatif.152
40
Chapitre 2
Dans une seconde étude, l’évaluation de la relation entre la structure du géraniol et son activité
inhibitrice a permis de démontrer que la structure terpénique était essentielle à son effet
inhibiteur tandis que le groupement hydroxyle pouvait être remplacé de manière appropriée par
une fonction amine augmentant considérablement sa solubilité dans les milieux aqueux sous la
forme de sel (chlorhydrate, tartrate…).153 Ainsi, une stratégie chimique originale a été élaborée,
permettant la synthèse d’une série de nouveaux dérivés polyaminés du géraniol avec des
rendements modérés à bons.
Figure 11. Structures chimiques des deux meilleurs dérivés polyaminoisoprényles vis-à-vis
des souches MDR d’Enterobacter aerogenes Ea289 et de Salmonella enterica Thyphimurium
BN10055
II.2. Squalamine
L'utilisation des composés qui ciblent les membranes externes des bactéries à Gram-négatif a
été considéré comme une approche intéressante pour le développement d'agents antibactériens
induisant difficilement l’émergence de souches résistantes. Un autre exemple type de ces
composés polyaminés est la squalamine 38 : un aminostérol cationique soluble dans l'eau isolé
d’un requin, l’aiguillat (Squalus acanthias). Ce composé exerce une puissante activité
antimicrobienne à large spectre par perturbation de l’intégrité membranaire. En outre, grâce à
son insensibilité aux mécanismes de résistance par efflux, la squalamine reflète le fort potentiel
des polyamines comme une alternatif de lutte contre l’émergences des agents pathogènes
MDR.154
41
Chapitre 2
II.3. Ianthelliformisamines
Par ailleurs, un criblage à haut débit réalisé sur des fractions de produits naturels a permis
d’identifier à partir de l’extrait de l’éponge marine Suberea ianthelliformis des dérivés
polyaminés de type ianthelliformisamines capables d’agir comme adjuvants aux antibiotiques
(voir CHAPITRE 1). Ainsi, le dérivé 42 a montré une activité sélective vis-à-vis de P.
aeruginosa, une cytotoxicité IC50 (Concentration Inhibitrice médiane) de 6.8 μM (CMI = 35
μM) et 77% d’inhibition des souches de S. aureus à 175 μM.155
II.4. Motuporamines
Une autre famille des polyamines est représentée par « les motuporamines » isolées de l'éponge
marine Xestospongia exigua. Elles sont caractérisées par un large macrocycle et un motif
norspermidine leurs conférant un intérêt biologique intéressant. Les motuporamines possèdent
une puissante activité antimigratoire et antiangiogénique notamment vis-à-vis des carcinomes
mammaires et pancréatiques.
Une étude a été réalisée dans le but de synthétiser de nouveaux analogues qui moduleraient la
cytotoxicité de cette classe de composés et amélioraient leurs propriétés antimigratoires. Les
résultats ont montré que le déplacement de la chaîne polyaminée hors du cycle permet d’obtenir
42
Chapitre 2
En outre, les motuporamines sont douées d’une bonne activité antibactérienne ainsi qu’une
activité potentialisatrice agissant en synergie avec de nombreux antibiotiques en particulier
avec la doxycycline vis-à-vis des bactéries à Gram-négatif (E. aerogenes EA289, P. aeruginosa
PA01 et K. pneumoniae KPC2 ST258) (Tableau 5).
Pour la plupart, les dérivés polyaminés agissent sur l’intégrité de la membrane bactérienne de
différentes manières. A titre d’exemple, le dérivé motuporamine MOTU-N44 41 (Figure 14)
induit une forte dépolarisation de la membrane bactérienne. Cet effet a été évaluée par les
changements du potentiel électrochimique de la membrane en utilisant l’iodure de 3,3'-
dipropylthiadicarbocyanine (DiSC3(5)) qui s’accumule dans les membranes hyperpolarisées
(fluorescent). En présence du MOTU-N44 41 le gradient de proton a été rompu (dépolarisation
membranaire) et le DiSC3(5) est relargué vers le milieu extérieur (atténuation de la
fluorescence) (Figure 15-b). Le mécanisme postulé semble d’autant plus plausible que la
dépolarisation membranaire désactive la pompe d’efflux par inhibition du gradient de protons
et renforce ainsi l’activité de l’agent antibiotique. Dans ce contexte, l’inhibition des pompes
d’efflux par le composé MOTU-N44 41 a été prouvée vis-à-vis de la souche EA289
surexprimant la pompe AcrAB-TolC appartenant à la famille des pompes d'efflux RND qui
utilise le gradient de protons à travers la membrane interne comme source d'énergie. Ainsi,
l’effet du composé MOTU-N44 41 sur le fonctionnement des pompes d’efflux a été observé
via la surveillance du transport d’un substrat de cette pompe : le 1,2-dinaphthylamine (1,2'-
diNA). En présence du MOTU-N44 41 une inhibition dose-dépendante du transport de ce
43
Chapitre 2
44
Chapitre 2
II.5. Halocyamines
Toujours sous l’océan, les tunichromes sont des petits peptides isolés des cellules sanguines
d’organismes marins appartenant à la classe des ascidies. Plusieurs rôles biologiques ont été
rapportés pour les tunichromes allant de la formation des tuniques (réticulation), la réparation
des blessures jusqu’à la séquestration des ions métalliques ou l’inhibition de la croissance
bactérienne. Plus particulièrement, les halocyamines (A et B) isolée de l'ascidie Halocynthia
roretzi ont montré des effets antibactériens, antiviraux et cytotoxiques.
Tout d’abord, afin d’explorer le potentiel antibactérien du produit marin naturel l’halocyamine
A 50, une étude a été réalisé afin d’élaborer un protocole permettant sa synthèse chimique au
laboratoire.157 Cependant, l'halocyamine A synthétique n’a montré que de modestes activités
antibactériennes (Figure 16).
Ainsi, une série d’analogues de l'halocyamine A 50 ont été synthétisés et évalués pour leurs
activités biologiques vis-à-vis d’un panel de bactéries à Gram-positif et à Gram-négatif. Les
résultats ont montré que les substitutions par l'alanine ont donné lieu à une augmentation de
l'activité, les analogues de di-alaninyle (l’analogue di-L-alaninyl 51 et l’analogue di-D-alaninyl
52) présentaient une activité plus puissante avec des valeurs de CMI basses vis-à-vis des
bactéries à Gram-positif (S. aureus et E. faecalis). En outre, l'activité de l’analogue lipophile
protégé par le groupement trityle de l'halocyamine A 50 à l'égard de E. coli est particulièrement
45
Chapitre 2
encourageante, suggérant que l'exploration d'analogues plus lipophiles pourrait être utile dans
la compréhension et la recherche de nouvelles molécules efficace vis-à-vis des bactéries à
Gram-négatif.158
Une étude menée sur des alcaloïdes polyamines dérivés du produit naturel ianthelliformisamine
C 44 a permis d’identifier deux dérivés de la polyamine 6-bromoindolglyoxylamide 53 et 54
possédant une activité antibactérienne vis-à-vis des bactéries à Gram-positif : S. aureus et S.
intermedius et également vis-à-vis de la bactérie Gram-négatif P. aeruginosa pour le composé
53 (Figure 17). Ainsi, une série de dérivés 6-bromo a été synthétisée. L’évaluation de leurs
activités biologiques a permis de conclure que les analogues ayant un motif polyamine exercent
une activité antibactérienne plus prononcée que les dérivés qui en sont dépourvus du noyau tout
comme les dérivés ayant une chaîne polyamine plus courte. En outre, le composé 53, possédant
une chaine spermine s’est montré le plus efficace de tous les dérivés, permettant de renforcer
l’activité des antibiotiques vis-à-vis d’un panel de souches à Gram-négatif dont E. coli, K.
pneumoniae et A. baumannii. Son activité a été rapportée comme étant liée à sa capacité de
dépolarisation et de perturbation de l'intégrité des membranes bactériennes.159
46
Chapitre 2
Néanmoins, cette capacité à perturber les membranes s’est également étendue aux cellules des
mammifères conférant au composé 53 une cytotoxicité et une forte activité hémolytique des
globules rouges. Ainsi, le composé 53 a été le point de départ d'une nouvelle étude, visant
l’exploration de l’influence de la substitution sur l’activité, à la recherche de nouveaux
potentialisateurs dépourvus de cytotoxicité (exprimée en terme de Concentration IC50) et de
propriétés hémolytiques. Quatre analogues ont été identifiés (7-méthoxyindole, 7-fluoroindole,
7-méthylindole et 5-méthylindole) démontrant une activité plus importante et à minima
équivalente à celle du produit de départ (composé 53) dans la potentialisation de l’activité de la
doxycycline vis-à-vis de P. aeruginosa ATCC27853 (Tableau 6).
Il convient de noter que la localisation relative ainsi que la nature (méthyle, méthoxy ou fluor)
de ces substituants constitue un facteur critique déterminant la puissance de l'activité observée
(Figure 18). Parmi ces quatre nouveaux potentialisateurs, le 7-méthoxyindole 55, le 5-
méthylindole 56 et le 7-méthylindole 57 étaient 3 à 10 fois moins cytotoxiques avec un faible
voir négligeable effet hémolytique sur les globules rouges 160
47
Chapitre 2
48
Chapitre 2
Dans le but d’optimiser encore plus l’activité du meilleur dérivé polyaminoisoprényle le NV716
58 et d’étudier la relation entre les composants de sa structure chimique et son activité nous
avons commencé nos études préliminaires d'optimisation par la synthèse du dérivé NV716 58
en mettant en œuvre une réaction de substitution nucléophile du chlorure de farnésyle par la
spermine dans diverses conditions expérimentales (Schéma 1, Tableau 7).
ou
ou Solvant,
49
Chapitre 2
Les sept molécules 58-64 ont été évaluées pour leurs activités antibactériennes seules et en
combinaison avec un panel d’antibiotiques appartenant à la famille des tétracyclines vis-à-vis
de la souche bactérienne de référence P. aeruginosa PA01 afin de comprendre leur mécanisme
50
Chapitre 2
La CMI d’un composé est définie comme étant la plus faible concentration d’une gamme de
dilution d’un antibiotique capable d’inhiber la croissance d’une culture bactérienne in vitro.
Ainsi l’activité antibactérienne d’un composé sera d’autant plus forte que la valeur de sa CMI
sera plus faible. Il existe différentes méthodes permettant la détermination de la CMI, pour la
détermination des CMIs des différents dérivés nous avons utilisé la méthode de référence de
microdilution en milieu liquide (Figure 20), réalisée selon le protocole recommandé par le
Comité de l'Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie (CA-SFM ,
EUCAST).161,162 Elle consiste en l’exposition de la culture bactérienne à des concentrations
décroissantes de chacun des différents composés (200 µM- 0,39 µM). La valeur de la CMI de
chaque composé correspond à la concentration du premier puits où il n’y a pas de croissance
bactérienne visible.
51
Chapitre 2
La lecture est effectuée à l’œil nu en se référant au contrôle positif (un contrôle de croissance
des bactéries seules) ou après l’ajout d’iodure de nitrotétrazolium INT dans le cas d’une culture
invisible à l’œil nu. Il s’agit d’un réactif incolore sous sa forme oxydée mais caractérisé par une
coloration rouge sous sa forme réduite par le NADH secrété par les bactéries. Ce changement
de coloration permet de révéler la présence de bactéries vivantes dans le milieu. Les valeurs de
CMIs correspondent à la moyenne de 3 déterminations indépendantes.
Les sept composés 58-64 ont tout d’abord été évalués pour leurs activités vis-à-vis de la souche
bactérienne de référence P. aeruginosa PA01 afin de nous permettre de déterminer leurs CMIs
ainsi que la quantité de composé qui peut être utilisée sans produire d’activité antibactérienne
directe.
Comme le résume le Tableau 8, tous les composés ont montré des CMIs variant de 100 à 400
µM, à l'exception du dérivé NV716 58 qui a montré une CMI de 25 µM. Il convient également
de noter qu'une CMI de 144 µM (64 µg/mL) a été retrouvée pour la doxycycline dans les mêmes
conditions expérimentales.
Composés 58 59 60 61 62 63 64 Doxycycline
64
CMI (µM) 25 100 100 100 >400 >400 >400 144
(µg/mL)
Les composés ont été ensuite tous testés pour leur capacité à potentialiser l'activité de la
doxycycline vis-à-vis de P. aeruginosa PA01 à 3 concentrations fixes différentes (2,5, 5 et 10
µM). Les résultats sont regroupés dans la Figure 21 et Tableau 9.
52
Chapitre 2
CMI de la doxycycline
40
(µg/mL)
30
20
10 2,5 µm
5 µm
10 µm
0
58 59 60 61 62 63 64
Composés
Figure 21. Effet dose-dépendant des différents composés 58- 64 testés en combinaison avec
la doxycycline contre P. aeruginosa PA01
Composés 58 59 60 61 62 63 64
Facteur de gain (composé
128 32 32 16 4 8 2
à 10 µM)
Cependant, cette concentration pourrait être considérée comme élevée par rapport à un composé
utilisé comme adjuvant. Par conséquent, nous avons déterminé la concentration de chaque
composé nécessaire pour diminuer la CMI de la doxycycline au seuil de sensibilité (2 μg/mL).
Ainsi, les concentrations requises des différents dérivés pour restaurer l'efficacité de la
doxycycline vis-à-vis de P. aeruginosa PA01 (2 µg/mL) sont résumées dans le Tableau 10.
53
Chapitre 2
Tableau 10. Concentrations des différents composés nécessaires pour rétablir l'activité de la
doxycycline à une concentration de 2 µg/mL vis-à-vis de P. aeruginosa PA01
Composé 58 59 60 61 62 63 64
Concentration (µM) 1,56 6,25 6,25 12,5 25 50 100
Ces données ont confirmé que parmi les composés testés le composé NV716 58 possède les
meilleures propriétés adjuvantes, puisqu’une concentration de 1,56 μM (1,6 µg/mL) permet de
diminuer la CMI de la doxycycline contre P. aeruginosa à son niveau de sensibilité de 2 μg/mL.
Les autres composés doivent être utilisés à des concentrations légèrement plus élevées dans le
cas des dérivés du groupe farnésyle (6,25 µM pour 59 et 60) ou modérément élevées pour le
dérivé 61 (12,5 μM), alors que les composés du groupe géranyle doivent être utilisés à des
concentrations très élevées comme pour le composé 64 qui doit être employé à une
concentration de 100 μM.
A partir de ces résultats, nous avons procédé à l'utilisation de divers antibiotiques de la famille
des tétracyclines et à la détermination de l'efficacité des différentes combinaisons antibiotiques-
adjuvants par rapport à P. aeruginosa PA01 (Figure 22). Ainsi, leur activité antibactérienne en
présence ou en l'absence d'adjuvants polyaminoisoprényles à une concentration de 10 µM a été
déterminée.
64
Déméclocycline Tétracycline Oxytétracycline
32 32 32 32
16 16 16 16 16 16 16
8 8 8 8 8 8 8
0,25 2 2 4 21 4 42 4
0,50
Tétracyclines NV716 59 60 61 62 63
seules Composés
16 16
8
4
0,50 0,25
2 2 1
NV716 60
Composés
Figure 23. Restauration de l'activité des cyclines vis-à-vis de PA01 en présence des dérivés
NV716 58 et 60 (utilisés à une concentration de 10 µM).
Par ailleurs, ces derniers résultats suggèrent également que l'encombrement stérique généré, et
la nature hydrophobe du groupe farnésyl constituent les facteurs les plus importants pour
déstabiliser l'intégrité de la membrane externe de la bactérie. D'autre part, en prenant en
considération pour chaque antibiotique testé le paramètre LogP qui reflète le comportement réel
et la biodisponibilité d'un composé ionisable dans une solution, une corrélation significative
avec l'activité du facteur de gain a été observée (Figure 24).
En effet, les cyclines présentant les valeurs du LogP les plus élevées (à savoir, les dérivés les
plus hydrophobes : la minocycline et la doxycycline) ont montré une meilleur activité avec des
facteurs de gain plus élevés . Ceci nous laisse penser qu’ils présentent une meilleure affinité
avec les constituants (par exemple le lipide A) de la membrane externe déstabilisée assurant de
fait une meilleure pénétration dans les bactéries.
55
Chapitre 2
Afin d’étudier le mécanisme d’action de ces dérivés in vitro, nous avons procédé à l’évaluation
de leur effet sur l’intégrité de la membrane bactérienne externe.
La méthode utilisée est basée sur l’étude de la cinétique d’hydrolyse de la nitrocéfine 65. Le
principe est ainsi illustré par la Figure 25. La nitrocéfine est une céphalosporine chromogène
caractérisée par un changement rapide de la couleur distinctive du jaune (max à pH 7=390 nm)
au rouge (max à pH 7= 486 nm) dû à l’hydrolyse du cycle bêta-lactame par une bêta lactamase.
Elle est sensible à l’hydrolyse par toutes les β-lactamases produites par les bactéries à Gram-
positif et à Gram-négatif.163 Ainsi elle a été largement utilisée pour la détection de la production
des bêta-lactamases par les bactéries.164,165
56
Chapitre 2
extracellulaire
nitrocéfine
1.
mesure de
l'absorbance
2.
3.
β-lactamase
nitrocéfine hydrolysée
périplasme
Dans notre étude, ce chromophore est incapable d’atteindre l’espace périplasmique seul
puisqu’étant dépourvu d’activité perméabilisante de la membrane bactérienne et d’activité
antibactérienne. Son entrée nécessite donc la présence de molécules capables de lyser ou
déstructurer la membrane externe. Une fois dans l’espace périplasmique, la nitrocéfine est alors
hydrolysée par les enzymes β-lactamases périplasmiques, cette réaction d’hydrolyse est révélée
par le changement de sa couleur quantifié par un changement d’absorbance. Il est ainsi possible
d’évaluer l’action de nos composés sur la perméabilité de la membrane externe en mesurant la
variation d’absorbance de la nitrocéfine hydrolysée 66 à 490 nm en fonction du temps (Figure
26).163
Plus précisément, une faible valeur d’absorbance mesurée traduit l’absence de perturbation
membranaire par le composé étudié tandis qu’une valeur élevée de l’absorbance mesurée
implique un effet perméabilisant de la membrane bactérienne externe par le composé testé,
important.
57
Chapitre 2
Deux composés ont été utilisés comme contrôles positifs : la polymyxine B (PMB) et la
polymyxine B nonapeptide (PMBn). Les pourcentages de perméabilisation de chaque composé
testé ont été calculés par la normalisation des données en fonction de l’efficacité de la
perméabilisation induite par la PMB. La PMB est un antibiotique peptidique polycationique
appartenant à la famille des polypeptides, connue pour son activité bactéricide rapide vis-à-vis
des bactéries à Gram-négatif. La PMB exerce une double action, elle se lie à la membrane
externe entraînant sa désorganisation structurelle, ce qui facilite par la suite l'entrée de la
polymyxine elle-même et d'autres agents hydrophobes ou amphipathiques, puis elle se lie à la
membrane cytoplasmique, entraînant la fuite des composants cytoplasmiques, ce qui provoque
la mort cellulaire. Cependant, la PMB attaque également la membrane cytoplasmique des
cellules eucaryotes et est donc trop toxique pour une utilisation en clinique.167
L’élimination du groupe acyle gras de la polymyxine a permis d’obtenir la PMBn avec une
toxicité considérablement réduite; mais, l'activité bactéricide a été perdue (Figure 27).167 Bien
que la PMBn soit dépourvue d’activité antibactérienne, elle reste capable d'interagir comme son
composé parent avec le lipopolysaccharide (LPS) de la membrane externe de la bactérie.168
58
Chapitre 2
L'interaction hydrophobe de la PMBn avec la membrane bactérienne externe est d'une grande
importance pour son action perméabilisante. En effet, la PMB a deux régions avec des
propriétés hydrophobes : la fraction d'acide gras à l'extrémité N et le segment D-Phe5-Leu6 dans
le cycle peptidique. Ainsi, l'élimination de la queue grasse a supprimé son activité
antimicrobienne directe et la modulation du segment hydrophobe de la PMBn a réduit son effet
perméabilisant de la membrane externe.169
Afin d'étudier le mécanisme d'action des dérivés polyaminoisoprényles, leur effet sur l'intégrité
de la membrane externe de la souche de référence de P. aeruginosa PA01 a été évalué en
réalisant l’étude de la cinétique d'hydrolyse de la nitrocéfine décrite précédemment.
Quatre témoins ont été utilisés : deux témoins négatifs : un témoin constitué par la bactérie P.
aeruginosa PA01 en croissance et un témoin du tampon phosphate PPB, deux témoins positifs :
le premier constitué par la PMB et le deuxième par la PMBn (voir Annexe 1). Ainsi, les courbes
de la cinétique d'hydrolyse de la nitrocéfine en présence des dérivés 58-64 sont présentés dans
la Figure 28.
2 2
Abs490nm (a.u.)
Abs490nm (a.u.)
1,5 1,5
1 1
0,5 0,5
0 0
0 5 10 15 20 25 30 0 5 10 15 20 25 30
Temps Temps
À la même concentration de 64 μM, les résultats ont montré une perturbation forte et rapide de
la membrane bactérienne par les dérivés du groupe farnésyle 58-61 comparable à celle causée
par la molécule du contrôle positif : la PMB (Figure 28-a). Cet effet a été révélé par une
augmentation rapide du taux d'hydrolyse de la nitrocéfine. Cependant, les dérivés 62-64 du
59
Chapitre 2
groupe géranyle agissent lentement sur la membrane bactérienne, donnant un profil cinétique
d'hydrolyse comparable à celui obtenu avec la PMBn (Figure 28-b). Il est à noter que ces
résultats sont en bonne corrélation avec ceux obtenus dans nos tests précédents relatifs à
l’activité des combinaisons antibiotiques-adjuvants.
Les pourcentages de similarité de l'effet sur l'intégrité de la membrane causé par chaque
composé (64 μM) avec celui de la PMB sont résumés dans la Figure 29.
120 100
b
membranaire (%)
Perméabilisation
100 83
76 71 75
80 66 61
60 51
39
40
20
0
PMB NV716 59 60 61 62 63 64 PMBn
Différents composés
Figure 29. Comparaison des effets de perméabilisation membranaire des dérivé 58-64
(64µM) avec ceux de la PMB
Il est à noter que des concentrations plus faibles (32 et 16 μM) ont été testées pour chaque
composé et ont conduit à une réponse similaire démontrant que cet effet est dose dépendant. La
Figure 30 montre les résultats obtenus avec différentes concentrations du composé NV716
(pour les autres composés 59-64 (voir Annexes 2-3).
100 83
74
membranaire (%)
Perméabilisation
80 63
60
40
20
0
64 32 16
Concentrations (µM)
En outre, le composé NV716 58 a été choisi pour la réalisation d’une expérience contre des
mutant de P. aeruginosa déficients en pompes d'efflux : PA403 (mexAB, mexCD, mexEF,
60
Chapitre 2
Ainsi, le dérivé NV716 58 peut être considéré comme un substrat puissant des pompes d'efflux
CD, EF et/ou JK puisqu'une faible variation de sa CMI est constatée à la fois vis-à-vis de PA01,
PA403 et PA01 (OprM). De plus, on peut noter la faible influence de la délétion de l'OprM sur
les CMIs obtenues pour la doxycycline et le NV716, ce qui suggère que les pompes CD et EF
peuvent expulser la doxycycline en dehors de la bactérie.
Enfin, en considérant la souche PA403, la concentration intracellulaire de doxycycline est
augmentée en présence du dérivé NV716 58 puisqu'on a obtenu une CMI de doxycycline de
0,008 µg/mL correspondant à 128 fois celle observée contre PA01.
Toutes nos données suggèrent que ces dérivés polyaminoisoprényles perturbent l'intégrité de la
membrane externe des bactéries à Gram-négatif de manière dose-dépendante. Néanmoins, le
groupement farnésyle (58-61) confèrent aux composés un effet perméabilisant plus important
que celui obtenu en présence du groupement géranyle (62-64).
Aucune différence significative n'a été mesurée dans les cinétiques d’action de la doxycycline
à sa propre CMI (64 µg/mL) et la combinaison de la doxycycline avec le NV716 58 utilisés à
des concentrations de 8 µg/mL et 2,5 µM, respectivement. Elles présentent tous les deux un
effet bactériostatique puisque le compte bactérien est resté constant au cours du temps
61
Chapitre 2
2E+10
3E+08
CFU/mL
6E+06
1E+05
3E+03
5E+01
1E+00
0 1 2 3 4 5 6
Temps (h)
Figure 31. Effet bactéricide/ bactériostatique de la doxycycline seule ou en combinaison avec
le composé NV716 58 utilisés à différentes concentrations vis-à-vis de P. aeruginosa PA01
V. Conclusion
Dans ce chapitre, une stratégie chimique originale a été développée, permettant d'obtenir de
nouveaux composés polyaminoisoprényles avec des rendements modérés à bons.
La diversité structurale de ces dérivés a permis de mieux comprendre les éléments structuraux
importants pour leur activité restauratrice de la sensibilité des souches résistantes. Ainsi, parmi
tous les dérivés synthétisés, les dérivés du groupe farnésyle 58-61 ont montré un fort effet sur
le niveau de sensibilité aux antibiotiques tétracyclines vis-à-vis des souches bactériennes
résistantes de P. aeruginosa. Le dérivé NV716 58 s’est ainsi montré comme étant l’adjuvant le
plus puissant en combinaison avec la doxycycline parmi tous les dérivés testés, permettant de
diminuer la CMI de la doxycycline vis-à-vis de la souche de référence de Pseudomonas
62
Chapitre 2
aeruginosa PA01 au-dessous de son seuil de sensibilité (2 µg/mL) lorsqu’il est utilisé à une
faible concentration de 1,56 µM (1,6 µg/mL).
L’ensemble des résultats obtenus au cours de cette étude indiquent que l’activité de ces dérivés
est due à une perturbation de l’intégrité de la membrane bactérienne externe de manière dose-
dépendant résultant en sa perméabilisation facilitant l’entrée des antibiotiques. L’effet
perméabilisant le plus élevé a été obtenu avec le dérivé NV716 58. Cette capacité à perturber
l'intégrité de la membrane externe des bactéries a été corrélée au niveau d'hydrophobie des
antibiotiques tétracyclines.
Dans la continuité de notre travail et sur la base des résultats obtenus dans ce chapitre ainsi
qu’au cours d’autre travaux réalisés précédemment dans notre laboratoire sur le dérivé NV716
58, nous avons envisagé le développement et l’évaluation d’une forme pharmaceutique
inhalable du composé NV716 en combinaison avec la doxycycline dédiée à l’administration
par voie pulmonaire pour la prise en charge des infections respiratoires causées par
Pseudomonas aeruginosa. Avant de présenter les résultats de la caractérisation des formes
inhalées développées à partir de la combinaison NV716/doxycycline, l’administration des
thérapies antibactérienne par voie pulmonaire, ses avantages et ses limitations sont détaillés
tout au long du chapitre suivant (CHAPITRE 3).
63
Chapitre 3 :
(Synthèse bibliographique)
64
Chapitre 3
I. Introduction
Différents modes d'administration ont été mis au point pour la délivrance de médicaments et de
nanomédicaments destinés à traiter ou à diagnostiquer les maladies pulmonaires telles que le
cancer du poumon, la tuberculose ou la mucoviscidose.173 Dans ce contexte, l'augmentation de
la résistance aux antibiotiques a créé un besoin urgent de développer de nouvelles méthodes
d’administration des antibiotiques aux patients souffrant d'infections pulmonaires afin,
principalement, d'augmenter l'efficacité des médicaments, de minimiser le risque d'émergence
des souches résistantes et de prévenir la réinfection des patients.5 Ainsi, la voie pulmonaire a
connu un réel regain d'intérêt pour l'administration des antibiotiques inhalés en tant qu'outil
précieux dans la gestion des maladies pulmonaires telles que la mucoviscidose , la tuberculose
et la pneumonie.5,174-177 La maladie pulmonaire la plus courante « la mucoviscidose » est une
maladie génétique caractérisée par un trouble autosomique récessif dû à une mutation du gène
régulateur de la conductance transmembranaire (CFTR) qui entraîne un épaississement des
sécrétions de plusieurs organes.178,179 Bien que cette anomalie entraîne de nombreuses
complications, la caractéristique clinique la plus gênante est l'infection chronique à
Pseudomonas aeruginosa, qui est associée à des exacerbations aiguës et à des lésions
pulmonaires progressives nécessitant une prise en charge rapide des patients sous
antibiothérapie.178,180 Dans ce contexte, l'administration d'antibiotiques anti-pseudomonas par
inhalation a permis de délivrer de fortes doses directement dans les poumons avec une
absorption rapide et une toxicité systémique minimale.181,182 Les antibiotiques les plus
couramment utilisés sous forme d'aérosol pour la gestion à long terme de l'infection à P.
aeruginosa chez les patients atteints de la mucoviscidose sont la tobramycine et le
colistimethate de sodium. 180,181
Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur les avantages et les limitations de
l'administration de médicaments en aérosol pour le traitement des maladies infectieuses.
II. Anatomie
Chez l’homme, le système respiratoire représente un système complexe avec une étroite relation
structure-activité, il se devise d’un point de vue fonctionnel principalement en deux régions
vitales : les voies aériennes conductrices et la région respiratoire.183 La région conductrice est
composée de : la cavité nasale, les sinus, le nasopharynx, l’oropharynx, le larynx, la trachée,
65
Chapitre 3
‐ La cavité nasale (le nez) : représente la voie d’entrée de l’air extérieur dans le système
respiratoire.
‐ La cavité buccale : qui assure la communication entre l’appareil respiratoire et
l’environnement extérieur en cas d’obturation des narines.
‐ Le pharynx : un conduit musculaire qui représente une voie commune entre l’appareil
respiratoire et digestif.
‐ Le larynx : qui est un organe de phonation et une partie rétrécie de l’appareil respiratoire.
‐ La trachée : un long conduit de 10 à 15 cm, qui fait suite au larynx, constitué d’une
succession d’anneaux cartilagineux superposés, sa muqueuse est tapissée d’un épithélium
cilié.
‐ Le poumon, un viscère ayant la forme d'un demi-cône, de consistance molle et élastique,
comparable à une éponge remplie d'air et de sang.
66
Chapitre 3
Les deux poumons sont logés dans le thorax, de part et d’autre du cœur, enveloppés par la
plèvre, et partagés en lobes par des scissures (des fentes profondes), le poumon droit comprend
trois lobes (supérieur, moyen et inférieur), tandis que le poumon gauche est divisé en seulement
deux lobes (supérieur et inférieur). Chaque lobe contient des bronches toutes rattachées à la
trachée, et se ramifient en bronchioles plus étroites, qui se terminent par une dilatation brutale
formant le sac alvéolaire. La paroi de ce dernier, très mince constitue le siège des échanges
respiratoires.187,188
67
Chapitre 3
Il existe deux modes de ciblage thérapeutique, le ciblage passif et le ciblage actif. 192 Le ciblage
passif tire parti de la différence micro-environnementale entre les cellules normales et les
cellules malades en utilisant les avantages des conditions physiopathologiques des cellules,
notamment une vascularisation accrue, une surexpression des récepteurs de surface, une
porosité accrue et une morphologie variée.193,194 Le ciblage actif représente un processus bien
contrôlé et coordonné qui a été mis au point pour améliorer la rétention de médicaments sur son
site d'action ciblé, en tant qu'approche complémentaire à la méthode précédente.192 Ainsi, il
facilite la livraison de biomolécules de haut poids moléculaire telles que l'ADN et l'ARN en
surmontant le rejet par la barrière physiologique. Ce mode vise à améliorer la spécificité de la
cible en utilisant une méthode orientée vers les récepteurs de surface pour laquelle les ligands
conçus ont une grande affinité.192,195
Dans ce contexte, au fil des ans, les systèmes d'administration de médicaments colloïdaux, en
particulier les nanoparticules, ont fait l'objet d'une grande attention. Les nanoparticules
présentent de nombreux avantages par rapport aux autres systèmes d'administration de
médicaments en raison de leurs caractéristiques particulières (telles que leur petite taille, leur
grande surface et la possibilité de modifier leurs propriétés de surface). Par conséquent, elles
peuvent être administrées par différentes voies, notamment par voie parentérale, orale,
intraoculaire, transdermique ou pulmonaire.191
68
Chapitre 3
Dans ce contexte, l'aérosolthérapie est devenue une méthode privilégiée pour l'administration
de composés thérapeutiques ou diagnostiques, soit localement soit systématiquement .203
L'administration ciblée de nanoparticules dans les poumons est un nouveau domaine d'intérêt
car elle permet de réduire la dose thérapeutique nécessaire et les effets secondaires en diminuant
l'exposition systémique .191,204 En outre, les propriétés du vecteur peuvent être modifiées pour
cibler différents types de cellules spécifiques.204
69
Chapitre 3
Cette voie d’administration à caractère non invasif est dotée d’une grande surface absorbante185
et une bonne perméabilité grâce à sa membrane extrêmement fine et richement vascularisée. En
terme d’administration locale, ce mode d'application topique du médicament permet de réduire
les effets secondaires engendrés par les concentrations systémiques élevées observées avec les
méthodes d’administration classiques, ce qui permet également de réduire le coût du traitement
puisque les doses utilisées seront plus faibles.188 En comparaison avec la voie orale,
l’administration systémique du médicament par voie pulmonaire permet une absorption rapide,
une faible dégradation en raison de l’activité enzymatique comparativement plus faible au
niveau pulmonaire, et d’éviter l’effet du premier passage hépatique, ce qui permet une meilleure
biodisponibilité des médicaments notamment dans le cas des peptides.183,188
De nos jours, de nombreuses pathologies respiratoires et systémiques sont traitées par des
médicaments administrés par voie pulmonaire.205,206 En outre, de nombreux laboratoires
pharmaceutiques ont profité des avantages de la voie pulmonaire pour développer des formes
inhalées permettant l’administration systémique de l'insuline, des hormones de croissance
humaines et de l'ocytocine. 184,188
IV.1. Aérosolthérapie
L’aérosolthérapie, une pratique exercée depuis l’antiquité, bénéficie aujourd’hui d’un véritable
regain d’intérêt. Elle consiste à « administrer les médicaments sous formes d’aérosol dans les
poumons à travers les voies respiratoires ». Le mot « aérosol » est utilisé pour définir un
système de particules dont le diamètre est suffisamment petit pour qu’elles restent en
suspension dans un gaz (l’air le plus souvent). Ces particules peuvent être liquides (gouttelettes)
ou solides (poudre), de différentes formes et tailles.207 L’objectif principal de l’aérosolthérapie
est généralement une délivrance locale du médicament, lorsque le poumon constitue l’organe
ciblé par le traitement administré, mais elle peut être aussi utilisée dans certains cas pour une
administration systémique permettant au médicament d’atteindre la circulation générale et ainsi
plus facilement son site d’action voulu.208 Ce mode d’administration permet d’augmenter la
rapidité et l’efficacité du traitement, et de limiter les effets secondaires en raison du dépôt local
des particules médicamenteuses ; cependant, l’efficacité du traitement est conditionnée par
plusieurs facteurs notamment le site de dépôt de l’aérosol au niveau des voies respiratoires, qui
70
Chapitre 3
est influencé par les propriétés physiques de l’aérosol, les conditions d’inhalation et l’anatomie
des voies respiratoires.207
Les propriétés aérodynamiques des aérosols déterminent leur site de dépôt, ces propriétés sont
influencées par la taille et la densité des particules qui constituent l’aérosol, et puisque ce
dernier est un système polydispersé hétérogène de particules de différentes tailles et formes, le
diamètre aérodynamique équivalent (Dae) a été défini pour caractériser la taille des particules
quel que soit leur poids, leur forme et leur densité. Ainsi, par définition, le diamètre
aérodynamique : « est le diamètre d’une sphère ayant la même vitesse de chute que la particule
et une masse spécifique égale à 1 g/cm3».207 Le site de dépôt d'une particule inhalée dans les
poumons est principalement conditionné par son diamètre aérodynamique (Dae) et par le
schéma respiratoire du patient.209 Ainsi, la distribution aérodynamique de la taille des particules
et la vitesse des particules sont considérées comme les deux principaux facteurs physiques
affectant le dépôt total et régional de substances inhalées dans les voies respiratoires
humaines.210
Le diamètre aérodynamique est le diamètre géométrique qu'une particule semble avoir sur la
base de sa vitesse, si elle est supposée être sphérique et a une densité de 1 g/cm 3 ; en d'autres
termes, le diamètre géométrique d'une particule sphérique ayant une densité unitaire (1 g/cm3)
est équivalent à son diamètre aérodynamique.211 Comme de nombreuses particules naturelles
ont des densités massiques proches de 1 g/cm3, et en considérant que la sphéricité est une
tendance naturelle basée sur des considérations d'énergie de surface, une telle particule "de
base" s'est avérée utile pour discuter des sites et de l'étendue du dépôt des particules d'aérosol
dans les poumons en fonction de la taille des particules 211.
71
Chapitre 3
En outre, la Dose de Particules Fines correspond à la masse des particules de substance active
dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 5 µm.214 La Dose Emise (DE) représente la
masse totale de substance active émise par l'inhalateur.213
50 %
Diamètre des
particules µm
50% 50%
masse masse
MMAD = 3 µm
72
Chapitre 3
des moyens autres que l'extraction directe d'une source biologique native (non modifiée)".
(Directive de la Commission 2003/63/EC).217,218 En d'autres termes, les produits
biopharmaceutiques sont des molécules complexes souvent préparées à partir de systèmes
vivants et dotées d'une certaine spécificité, nouveauté et capacité prometteuse à traiter des
maladies chroniques pour lesquelles il n'existe pas encore de traitement efficace.218
Actuellement, plusieurs produits biopharmaceutiques (dont la plupart sont à base de protéines)
sont approuvés aux États-Unis et en Europe pour le traitement de diverses maladies.219,220 Bien
que ces produits soient délivrés par injection, leur administration par d'autres voies a été
étudiée.221 L'administration par injection pose de nombreux problèmes qui limitent l'adhésion
du patient au traitement, notamment la nécessité de faire appel à un professionnel de la santé
ayant une certaine expertise.222 En outre, l'administration orale des produits
biopharmaceutiques reste assez difficile en raison de leur faible biodisponibilité due au
métabolisme par premier passage hépatique et de leur sensibilité à certaines enzymes gastro-
intestinales.223 Dans ce contexte, l'administration systémique de produits biopharmaceutiques
inhalés attire actuellement une attention considérable, principalement en raison de l'efficacité
de l'absorption de certaines de ces molécules par les poumons.224 Leur administration par
inhalation s'est avérée intéressante en raison de la grande surface des poumons et de la proximité
des systèmes alvéolaires et vasculaires, ce qui maximise le potentiel d'administration médicale
au poumon et/ou à la circulation systémique.224
73
Chapitre 3
l'administration, les particules inhalées doivent avoir une distribution de taille spécifique pour
une administration efficace sur le site d'action souhaité.222 Les produits biopharmaceutiques ont
souvent une structure tridimensionnelle complexe, de sorte que les processus de formulation et
de génération d'aérosols doivent être réalisés de manière à garantir la non-dénaturation ou la
modification des molécules, puisque le moindre changement de structure ou de propriétés de
surface pourrait affecter son efficacité, sa toxicité et/ou son immunogénicité.224 L'incorporation
d'excipients est souvent nécessaire pour obtenir une taille de particules dans la gamme des
particules respirables et une durée de conservation maximale. Pour les thérapies protéiques, les
excipients les plus couramment utilisés sont le mannitol, le saccharose, le chlorure de sodium
et le tréhalose.226 En outre, les produits biopharmaceutiques sont des molécules relativement
grosses, qui nécessitent l'ajout d'un activateur d'absorption pour être absorbées au niveau
alvéolaire.227 Cela pourrait potentiellement augmenter la taille des particules en raison de leur
piégeage ou de leur encapsulation dans les activateurs d'absorption.228 Non seulement la taille
aérodynamique des particules produites mais aussi les propriétés de leur surface doivent être
contrôlées, car la micronisation augmente la charge électrostatique des particules, favorisant
ainsi leur agglomération.222 Un autre défi est l'élimination rapide des protéines des poumons,
qui nécessite l'administration répétée de ces produits biopharmaceutiques (une ou deux fois par
223,224,229
jour), ce qui limite l'observance du patient. Dans ce contexte, la PEGylation semble
être une approche prometteuse pour assurer l'efficacité thérapeutique des protéines, puisque la
conjugaison avec le polyéthylène glycol (PEG) améliore la stabilité de la protéine et prolonge
sa rétention sous forme intacte dans l'organisme.222 Elle consiste en la fixation covalente d'une
ou plusieurs chaînes de PEG (un polymère composé d'unités répétitives d'éthylène glycol) à une
molécule.230 Cela réduit la fréquence d'administration pulmonaire et améliore ainsi l'observance
du patient, en particulier dans le cas de traitements chroniques.222
À l'intérieur des voies respiratoires, les particules inhalées sont soit éliminées vers l'extérieur
de l’organisme, soit absorbées dans la circulation sanguine ou lymphatique, soit dégradées.231
Le poumon humain est équipé de nombreux mécanismes dans différentes régions des voies
respiratoires pour empêcher les particules d'aérosol de pénétrer dans le poumon profond.232,233
Bien que ces mécanismes protègent les voies respiratoires d'une exposition désastreuse à des
matières étrangères, ils constituent de véritables barrières à l'administration de médicaments par
74
Chapitre 3
inhalation.209 Par conséquent, pour qu'une particule de substance active puisse pénétrer
profondément dans les poumons, elle doit être capable de surmonter les obstacles suivants 233:
Une autre ligne de défense innée est représentée par l'élimination mécanique, qui comprend la
toux, l'éternuement ou l'ingestion de particules inhalées déposées dans les voies respiratoires
supérieures. Ce mécanisme concerne les particules d'une taille ≥ 10 μm et se produit
instantanément après leur dépôt dans les grandes voies respiratoires ou il n'est efficace qu'en
raison du débit d'air élevé dans cette région.232 Ainsi, la toux devient le principal mécanisme de
libération dans de nombreuses maladies respiratoires (telles que la bronchite, l'asthme ou la
pneumonie) où la CMC est altéré, ce qui nécessite de maintenir la taille des particules au-dessus
de ≤10 μm pour obtenir l'effet optimal du médicament.236,237 En outre, les particules encore
plus petites qui peuvent s'échapper et se déposer dans la région alvéolaire du poumon subissent
un certain nombre de mécanismes qui inhibent leur absorption.234,238 Ces barrières d'absorption
agissent à des degrés divers en inhibant la perméation des médicaments dans la circulation : la
couche de mucus, la couche de liquide de la muqueuse alvéolaire, l'épithélium alvéolaire, les
macrophages et d'autres cellules.233
Les macrophages sont considérés comme des cellules essentielles pour le maintien des
processus tissulaires homéostatiques, la réparation et l'immunité.239 Ainsi, les macrophages
pulmonaires résidant dans l'espace alvéolaire sont dotés d'une capacité phagocytaire.234 Ils
75
Chapitre 3
assurent une fonction centrale de maintien de la réponse immunitaire innée, en tuant les agents
pathogènes et en éliminant les particules inhalées peu solubles qui restent dans l'espace
alvéolaire pendant un temps suffisant.234 Cela réduit considérablement la quantité de
médicament nécessaire pour obtenir l'effet thérapeutique.232,240 Cependant, ils sont inefficaces
pour éliminer les particules inférieures à 200 nm.209 En outre, ils participent au mécanisme
d'activation des réponses immunitaires adaptatives par la sécrétion de cytokines et la
transduction de signaux.234,239 D'autre part, les macrophages alvéolaires représentent le
principal obstacle à la libération contrôlée de médicaments dans les alvéoles.232 La majorité des
matériaux utilisés pour prolonger la libération d'un médicament présente toutes les
caractéristiques physico-chimiques qui en font une cible idéale pour l'élimination par les
MA.236,237
La délivrance pulmonaire des médicaments sous forme d’aérosol se fait principalement selon
deux modes d’administration : l’inhalation nasale et l’inhalation orale. Cependant, plusieurs
caractéristiques anatomiques limitent l’administration nasale et rendent l’administration orale
plus favorable.185 Des études réalisées dans ce domaine ont démontré une meilleure
administration orale des particules ayant un diamètre de 5 µm avec un pourcentage de perte de
seulement 20% comparé à 85% de pertes lors d’une administration nasale.237,244 L’efficacité
des traitements inhalés ne dépend pas seulement du principe actif mais elle est également
76
Chapitre 3
influencée par la proportion du médicament déposée dans les poumons 245,246 et par son site de
dépôt dans les voies respiratoires. Pour certaines substances, cette proportion est retenue dans
les zones périphériques de l’appareil respiratoire.247 Ainsi, les voies respiratoires ont fait l’objet
de nombreuses études au cours des 50 dernières années, principalement pour évaluer les doses
absorbées des substances inhalées surtout suite à l’exposition au niveau professionnel.248,249
Dans ce contexte, les résultats ont permis la compréhension des mécanismes de dépôt et de
transport des aérosols.205
1. Les facteurs liés aux propriétés physiques de l’aérosol : tels que la taille des particules
générées par le dispositif d’inhalation, leur forme, densité, charge électrique et
hygroscopicité. Trois principaux paramètres déterminent ces propriétés physiques : la
formulation chimique du médicament y compris le principe actif, l’appareil générateur de
l’aérosol et le gaz vecteur. Ainsi deux nébuliseurs différents peuvent générer à partir du
même médicament deux aérosols avec des MMADs différents ; à l’inverse, deux
médicaments différents nébulisés avec le même appareil peuvent conduire à deux aérosols
présentant des paramètres physiques proches.
2. Les facteurs liés aux conditions de l’inhalation notamment le rythme respiratoire y
compris le débit inspiratoire, le volume d'inspiration, la pause respiratoire en fin
d’inspiration et la coordination main-inspiration.
3. Les facteurs liés aux voies respiratoires, tels que la clairance mucociliaire plus rapide au
niveau des voies aériennes proximales, la géométrie des voies aériennes qui dépend
principalement de l’âge, du sexe, de la nature et la sévérité de la maladie obstructive
bronchique.250 205,245,251
De nombreuses études ont été menées à grande échelle en utilisant des modèles in vivo, in vitro
et mathématiques pour étudier le dépôt d'aérosols dans les poumons.252 Ainsi, il a été démontré
que la quantité de médicament atteignant les voies respiratoires est directement proportionnelle
à son efficacité clinique.253 Récemment, de nouvelles études portant sur le dépôt oro-pharyngé
des médicaments ont identifié d’autres facteurs contrôlant le transport et le dépôt oro-pharyngé,
notamment la vitesse des particules, le diamètre de l’embout buccal, et les effets électrostatiques
liés à l’appareil d’administration.205,254-257
77
Chapitre 3
Principalement, la taille des particules inhalées et leur taux d'inhalation sont les facteurs qui
déterminent où elles se déposent dans les différentes parties des voies respiratoires.258,259 Ce
260
dépôt est le résultat de l'interaction de différents mécanismes physiques fondamentaux .
Cependant, l'impaction, la sédimentation et la diffusion sont les principaux mécanismes de
dépôt.261 Ces mécanismes sont examinés ci-dessous (Figure 34 ) :
Elle dépend du débit, qui est conditionné par le diamètre aérodynamique des particules. Ce
mécanisme concerne les grosses particules ou gouttelettes (≥5 μm). Les particules inhalées ont
tendance à se déplacer en ligne droite.259,261 À grande vitesse, les grosses particules ne peuvent
pas suivre le trajet du flux d'air dans la zone où il y a un changement massif de sa direction.233,261
En conséquence, les particules de grande taille et de masse (densité) élevée heurtent les parois
et se déposent dans les zones où les voies respiratoires supérieures se ramifient. 252 La
probabilité d'un impact augmente avec l'augmentation de la vitesse de l'air, de la fréquence de
respiration et de la taille des particules.233 Ainsi, l'impaction représente le principal mécanisme
de dépôt observé dans les voies respiratoires supérieures et lors du passage dans la région oro-
pharyngée et trachéo-bronchique où la vitesse de l'air est élevée et le flux d'air est
turbulent.185,262,263 Ainsi, elle peut être partiellement influencée par l'hyperventilation (Figure
34-a).185
IV.4.2. Sédimentation
C'est le mécanisme par lequel les particules se déposent dans les zones où le débit d'air est plus
lent (dans les voies respiratoires inférieures des bronches et dans la région alvéolaire).261 Les
particules ayant un diamètre aérodynamique compris entre 0,5 et 5 μm peuvent éviter
l'impaction dans les voies aériennes supérieures et ainsi atteindre les régions
trachéobronchiques et alvéolaires inférieures où elles se déposent par sédimentation.261 Cette
dernière se produit lorsque la force gravitationnelle agissant sur une particule dépasse la force
totale de la résistance de l'air.233 Ainsi, les particules en phase dispersée sédimentent et tombent
hors du flux d'air à un rythme constant en raison de la gravité ou d'une force centrifuge imposée
dans ces régions pulmonaires.233,252 Ce mécanisme s'observe principalement pour les particules
supérieures à 0,5 μm.237,259,263,264 La probabilité de dépôt de particules par sédimentation est
proportionnelle au temps de séjour dans les voies respiratoires, augmente avec l'augmentation
78
Chapitre 3
IV.4.3. Diffusion
C'est le principal mécanisme de dépôt des particules inférieures à 0,5 μm, causé par les
mouvements browniens.261 La collision des molécules de gaz avec de petites particules
d'aérosol exerce des pressions discrètes et non uniformes sur la surface des particules, ce qui
entraîne un mouvement brownien aléatoire.233 Ce dernier conduit au dépôt de la substance
active et à sa diffusion dans les alvéoles.252 La diffusion est régie par la taille géométrique plutôt
qu'aérodynamique des particules.266-268 Le mouvement brownien est plus important avec la
diminution de la taille des particules et du débit d'air, et devient le principal mécanisme de dépôt
des particules dans les bronchioles, les alvéoles et aux bifurcations des voies respiratoires
bronchiques.233,261 La probabilité de dépôt par diffusion dans la région alvéolaire augmente avec
le rétrécissement des voies aériennes et l'augmentation du temps de séjour (Figure 34-c).269
Impaction (a)
Exhalation
Dae ˃ 5µm
Dae ˂ 0,5µm
Sédimentation (b)
1 ˂ Dae ˂ 3µm
Diffusion (c)
Dae ˂ 1µm
Figure 34. Les principaux modes de dépôt des particules d'aérosol dans les voies respiratoires
Les particules en suspension dans l'air, vont être inhalées et pénètrent dans les voies
respiratoires via les voies nasale ou orale. On définit la propriété d’inhalation d’une particule
par sa capacité à pénétrer les voies aériennes principales, elle dépend du diamètre
aérodynamique des particules inhalées, et représente la fraction d’air qui entre dans les voies
79
Chapitre 3
respiratoires. Une fois à l’intérieur de l’appareil respiratoire, les particules inhalées peuvent se
déposer dans différentes régions. 205,245,250
Le flux d’air subit des changements de vitesse et de direction au fur et à mesure qu’il pénètre
plus profondément dans l’appareil respiratoire. Au niveau de la trachée, le flux d’air est à une
vitesse maximale, qui diminue lorsque l’air passe dans les poumons. Puis, au niveau des voies
respiratoires supérieures, l’élasticité des poumons donne lieu à un changement de géométrie,
favorisant l’impaction des grosses particules (> 5 µm) puisqu’elles ne peuvent pas suivre le
courant d’air. Les bifurcations carinii représentent le principal site d’impact des particules
inhalées. Généralement, une partie importante de la dose émise par les inhalateurs-doseurs
pressurisés (pMDIs) et les Inhalateurs de Poudre Sèche (IPS) se dépose par impaction au niveau
oro-pharyngé. Les particules d’un diamètre compris entre 2 et 5 µm subissent une réduction de
l’influence des effets inertiels. Leur dépôt se fait par sédimentation gravitationnelle au niveau
des petites voies aériennes et de la région alvéolaire, tandis que les plus fines particules (<0,2
µm) sont soumises à des mouvements browniens et se déposent par diffusion d’une manière
aléatoire sur les parois et à la périphérie des poumons (Figure 35).205,245,250
Dae >5 μm
Figure 35. Influence de la taille des particules sur leur site de dépôt au niveau pulmonaire
V. Dispositifs d’inhalation
Les formes inhalées sont l'une des formes pharmaceutiques les plus difficiles à développer.258
La complexité de cette forme découle du fait que son efficacité dépend non seulement de la
80
Chapitre 3
V.1. Nébuliseurs :
Les nébuliseurs sont des dispositifs de conversion des solutions médicamenteuses en aérosol
pour inhalation.275,276 La substance médicamenteuse est dissoute ou en suspension dans un
liquide (généralement une solution aqueuse).212 Ces nébuliseurs utilisent deux principes pour
engendrer des aérosols selon un mécanisme mécanique et selon un mécanisme électrique. Il
existe trois types de nébuliseurs.
1. Les nébuliseurs à jet d’air (pneumatiques) qui utilisent une source de gaz
comprimé (air ou oxygène) permettant la création des gouttelettes à partir d’une
solution ou d’une suspension pour nébulisation, tel que le PARI LC PLUS® (PARI
GmbH, Stranberg, Germany) (Figure 36).
81
Chapitre 3
Aérosol généré
Gaz comprimé
Aérosol généré
Entrée d'air
Solution à nébuliser
Eau
Ondes ultrasoniques
Cristal piézoélectrique
3. Les nébuliseurs à mailles vibrantes sont définis comme des systèmes de micro-
pompes en raison de leur mécanisme de génération d'aérosols impliquant de
l'énergie forçant la solution médicamenteuse à s'écouler par de petites ouvertures à
travers une plaque ou une membrane (tels que les nébuliseurs eFlow®rapid et
Atomisor Pocket Aeroneb® Go ) (Figure 38).277
82
Chapitre 3
Solution à nébuliser
Tamis vibrant
Aérosol généré
Avec les progrès de la technologie de nébulisation, de nombreuses nouvelles méthodes ont été
développées, en particulier celles utilisant les ultrasons et l'atomisation électrohydrodynamique,
278-280
permettant un contrôle plus rigoureux du processus d'atomisation pour fournir des
aérosols monodispersés ou à dispersion réduite avec la possibilité d'ajustement de la taille des
gouttelettes,281 en modifiant la fréquence de fonctionnement de la vibration ultrasonore grâce à
la conception de l'électrode.282-284 Ainsi, l'atomisation par ondes acoustiques de surface (SAW)
est une technique simple et rapide qui peut être réalisée sur un microdispositif à l'échelle de la
puce pour la génération de gouttelettes d'aérosol dans la gamme du micron et du
submicron.282,285 Par rapport aux techniques d'atomisation ultrasonique standard,286 elle offre
des fréquences de fonctionnement beaucoup plus élevées et permet donc la génération de
gouttelettes de plus petite taille constituant des aérosols monodispersés,282 Ainsi, elle a été
considérée comme une alternative prometteuse à la nébulisation ultrasonique et représente une
révolution dans la technologie microfluidique pour la formation de nanoparticules pour
l'administration ciblée de médicaments et de nombreuses autres applications.287 En outre, en
raison de la fréquence de travail plus élevée, la propension du médicament pulvérisé à la
dénaturation est fortement réduite.288,289
Les nouveaux nébuliseurs basés sur des technologies émergentes telles que l'atomisation
microfluidique par ondes acoustiques de surface ont démontré une grande efficacité de diffusion
(FPF allant de 70 à 80 %). Il convient également de noter que certains d'entre eux sont équipés
d'un logiciel de contrôle numérique et d'un retour d'information sur les performances du
nébuliseur.290 Leur utilisation s'est révélée efficace pour la production d'aérosols appropriés
contenant du salbutamol, utilisé pour le traitement de l'asthme. Les gouttelettes de l'aérosol
produites avaient une taille optimale de 2,84 µm de MMAD, adaptée au dépôt dans la région
83
Chapitre 3
Les nébuliseurs sont des dispositifs polyvalents, qui ont été utilisés pour la nébulisation d’un
large éventail de composés thérapeutiques, permettant une administration passive aux
patients.212,275 Cependant, ils sont encombrants, nécessitent une source d’alimentation externe,
un long temps d’administration et un bon entrainement du patient ou une supervision
professionnelle.260 Par ailleurs, leur portabilité limitée et leurs coûts relativement élevés ont
limité leur emploi à l’utilisation hospitalière et aux soins ambulatoires.212,291,292
Le premier pMDI a été approuvé en 1956 ; au fil des ans, en raison de leur facilité d’emploi ils
ont représenté le système de délivrance par inhalation le plus populaire. Ils sont connus comme
étant le pilier du traitement par inhalation de l'asthme.273,293,294 Ils représentent environ 80% du
marché mondial, surtout parce qu’il s’agit d’un dispositif portable, discret, et relativement facile
à utiliser particulièrement dans les situations critiques telles que les crises d’asthme aigues.
En outre, la haute étanchéité de ces dispositifs empêche la contamination microbienne et leur
confère une longue durée de vie, ce qui fait du pMDI un dispositif attractif pour l’industrie
pharmaceutique (Figure 39).212,295
84
Chapitre 3
Réservoir
Phase gazeuse
Phase liquide
Valve doseuse
Le chlorofluorocarbone (CFC) était le premier gaz propulseur utilisé dans les inhalateurs-
doseurs. 204 Toutefois, en raison de son effet délétère sur la couche d'ozone, son utilisation a été
interdite par les Nations Unies conformément au protocole de Montréal.258,296 Après de
nombreux essais, les hydrofluoroalcanes (HFA), en particulier le HFA-134a et le HFA-227, ont
été choisis pour remplacer les propulseurs CFC en raison de leurs propriétés adaptées à cette
forme pharmaceutique.210,258 Les HFA ne contiennent pas de chlore et n'ont donc pas de
potentiel d'appauvrissement de la couche d'ozone. Ainsi, la béclométhasone et l'albutérol, deux
médicaments majeurs dans le traitement de l'asthme, ont été formulés dans le HFA-134a et sont
actuellement approuvés dans plusieurs pays.210,297 Cependant, les HFA ont des propriétés
physiques et chimiques différentes de celles des CFC.258 Les inhalateurs-doseurs à base de CFC
nécessitent l'utilisation d'agents tensioactifs pour améliorer la stabilité physique des
suspensions, pour empêcher l'agrégation des particules de substance active et pour lubrifier la
valve doseuse. Dans le cas des inhalateurs-doseurs à base d'HFA, le pouvoir de solubilisation
limité des agents de surface a conduit à l'utilisation de l'éthanol pour dissoudre les agents de
surface. Ainsi, certains stéroïdes solubles dans l'éthanol (comme le dipropionate de
béclométhasone) forment une solution dans la formulation à base de HFA, plutôt qu'une
suspension obtenue dans le CFC. Ces solutions peuvent donner lieu à des aérosols présentant
une FPF plus élevée, ce qui permet un dépôt plus important de médicament à la périphérie du
poumon.258,297
Outre les problèmes de solubilisation et de compatibilité entre le principe actif et le propulseur
rencontrés lors de la formulation des inhalateurs-doseurs (en particulier dans le cas de certains
85
Chapitre 3
médicaments à base de peptides), ils présentent plusieurs autres inconvénients tels que
l'obstruction de l’orifice du bouton pressoir, l'augmentation de la taille des particules pendant
le stockage et la vitesse initiale élevée de pulvérisation entraînant un dépôt oropharyngé
important et une perte substantielle du médicament.275
Récemment, des pMDIs avec un MMAD proche de 1 μm ont été développés et commercialisés.
Ils présentent des propriétés intéressantes par rapport au dépôt dans les poumons, mais jusqu’à
ce jour aucune application avec des antibiotiques n’a été rapportée.
Un troisième système de délivrance pulmonaire a été développé dans le but de résoudre les
problèmes de coordination et d’éviter l’utilisation des gaz propulseurs CFCs des pMDIs : les
inhalateurs de poudre sèche (IPSs). 272
L’utilisation de ces dispositifs d’administration pulmonaire par voie sèche est devenue très
attractive, parce qu’ils offrent plusieurs avantages notamment la stabilité chimique de la poudre
par rapport aux solutions aqueuses administrées par nébulisation.298 Ils sont adaptés à la
délivrance des médicaments faiblement solubles dans l'eau et les médicaments à base de
protéines et de peptides fragiles aux contraintes de cisaillement produites lors de l'inhalation.
299
Ainsi, ils ne posent pas de problèmes de stockage (pas de respect de la chaîne du froid) ni
des problèmes liés à la reconstitution des poudres sous forme de solutions pour nébulisation,
cela est particulièrement intéressant dans le cas des antibiotiques et des vaccins dans les pays
en développement où le transport et le stockage au froid peuvent être problématiques.300
En outre, les IPSs sont faciles à utiliser, beaucoup plus pratiques que les nébuliseurs à jet
classiques car ils sont petits, portables et réduisent considérablement le temps nécessaire à
l'administration d'une dose,301-303 ce qui permet une meilleure observance thérapeutique par le
patient.304 En comparaison avec les pMDIs, la plupart des IPSs sont actionnés par l’inspiration
du patient ce qui permet une coordination automatique entre le fonctionnement de l’inhalateur
et la respiration du patient ;305,306 par conséquent, ils ne nécessitent pas de coordination entre le
déclenchement de la dose et l’inhalation au moment de la libération du médicament. Ils
présentent l’avantage de n’utiliser aucun gaz propulseur, en particulier les CFCs.272,305,307,308 En
outre, ils permettent une meilleure délivrance pulmonaire des médicaments contrairement aux
pMDIs qui fonctionnent sous pression et émettent la dose du médicament à une grande vitesse,
entrainant un dépôt élevé au niveau de l’oropharynx.212,309,310
86
Chapitre 3
Les inhalateurs de poudre sèche délivrent des formulations médicamenteuses sous forme de
poudres respirables seules ou mélangées avec un excipient non respirable.311-313 Ils sont classés
en deux classes :
2. Les IPSs actifs : « de nouvelle génération » ont été conçus afin de surmonter ce
problème et de permettre une précision de la dose émise et une aérosolisation
reproductible. Ils apportent une énergie externe pour disperser la poudre et ne
dépendent pas du débit d’inspiration du patient.291,314 Ainsi, ils ont montré une
efficacité de dispersion supérieure à celle obtenue avec les IPS passifs. D'autre part,
il convient de noter que cette énergie vient soit d’un gaz comprimé, d’un moteur de
roues motrices ou de cristaux piézo-électriques vibrants. 318,319
Ces appareils sont principalement utiles pour une délivrance pulmonaire ou systémique dans
des conditions où le pouvoir inspiratoire du patient ne peut pas être invoqué.320,321
Selon la méthode d’administration de la poudre, ils sont classés en trois types :
Les IPSs à dose unique : qui délivrent une seule dose fournie dans une gélule (en gélatine ou
hydroxypropylméthylcellulose HPMC) qui sera perforée lors de l’actionnement de l’IPS pour
libérer la poudre. Les dispositifs à doses multiples qui contiennent un certain nombre de doses
préremplies dans des gélules ou des blisters et les IPSs multidoses composés de réservoirs
remplis de poudre. Dans ce dernier type, les doses sont échantillonnées par un système de
mesure volumétrique à chaque actionnement par le patient (Figure 40).291,322
87
Chapitre 3
IPS à dose
unique
IPS à doses
multiples
IPS multidoses
(reservoir)
Figure 40. Représentation schématique des types d'inhalateurs à poudre sèche IPSs
La première génération des poudres sèches pour inhalation était basée sur la préparation de
poudres simples (obtenues par un simple mélange de médicaments micronisés) et d’inhalateurs
simples (IPSs passifs à gélule).
La deuxième génération est constituée des mêmes poudres simples de première génération
associées à des dispositifs plus sophistiqués sur le plan technique.270 Traditionnellement, la
plupart des formulations d’IPS sont composées d'un mélange de particules de substance active
micronisées mélangées avec du lactose comme support, ou parfois d'agrégats de particules de
substance active pures. Pour ces formulations, les fabricants se sont concentrés à optimiser les
performances des dispositifs d'inhalation, par exemple en améliorant la conception de l'embout
buccal, ils ont pu obtenir une faible turbulence de l'air et donc une désintégration plus efficace
des agrégats de particules et une dose plus élevée de particules fines.316 Ces dispositifs
comprenaient des IPSs multidoses passifs et des IPSs actifs.270
La troisième génération de poudres inhalées se caractérise par des poudres sophistiquées ( taille,
granulométrie...) et par l'utilisation de dispositifs d'inhalation très simples.270 Il convient de
noter que l'optimisation de l'administration du traitement par inhalation peut être réalisée non
seulement grâce à des dispositifs améliorés, mais aussi grâce à une formulation plus
sophistiquée qui se disperse facilement dans le flux d'air qui traverse l'inhalateur et peut donc
être administrée à l'aide de simples dispositifs d'inhalation.323 Ainsi, les poudres sophistiquées
se caractérisent par une meilleure fluidification et une cohésion interparticulaire réduite. Les
progrès de l'ingénierie des particules ont conduit à un meilleur contrôle des propriétés des
particules, notamment la taille et la distribution des particules, leur morphologie, leur porosité,
88
Chapitre 3
leur densité et leur énergie de surface. Le contrôle de ces propriétés a, à son tour, conduit à un
contrôle optimal d'attributs tels que la fluidisation, la dispersibilité, la stabilité chimique et les
propriétés pharmacocinétiques/pharmacodynamiques des poudres, permettant une libération
optimale par inhalation, le plus souvent par des dispositifs simples.270
La dispersion de la poudre à partir d’un IPS fait intervenir deux mécanismes consécutifs, le
processus appelé « fluidification » qui permet de délivrer une dose précise de médicament dans
l’air inhalé par le patient en une seule respiration, ensuite les agglomérats de particules sont
désagrégés afin de créer un nuage respirable de particules fines qui seront transportées vers les
poumons avec l'air inspiré.253,314,324,325 La désagglomération est favorisée par l’augmentation de
la turbulence du flux d’air.326,327 Ainsi, un plus grand effort inspiratoire du patient permet une
meilleure dispersion des agglomérats et la création d’un aérosol avec des particules plus fines
par rapport à un débit plus faible rencontré chez les patients souffrant de problèmes respiratoires
(obstruction grave des voies respiratoires). Cependant, une inhalation très rapide peut entrainer
un dépôt pharyngé important par impaction.275
Deux principaux problèmes sont rencontrés lors de la formulation des IPSs ; le pourcentage de
particules fines FPF et la dose émise ED relativement faibles, cela est généralement attribué
aux forces inter-particulaires et leur tendance à former des agglomérats rendant leur dispersion
très difficile et empêchant leur dépôt optimal au niveau pulmonaire.291,328
Conventionnellement, les poudres pour inhalation sont formulées à partir de particules de
substance active micronisées d’un diamètre compris entre 1 et 5 µm mélangées à de grosses
particules porteuses (excipient) afin d’améliorer leur écoulement, réduire leur agrégation et
faciliter leur dispersion.324,325,329
89
Chapitre 3
Une délivrance efficace de la poudre exige que les forces d’adhésion entre le principe actif et
le support ne soient pas trop fortes pour permettre un détachement facile du transporteur lors
de l’inhalation. Ainsi, un équilibre entre les forces d’adhésion et celles de cohésion doit être
ajusté pour assurer une adhésion suffisante qui assure à son tour la stabilité de la formulation
(mélange homogène et uniformité de la dose) et aussi pour garantir un détachement aisé entre
les particules actives médicamenteuses et les particules du support. Il a été démontré que
l’efficacité d’une formulation en poudre est influencée fortement par la qualité du lactose, sa
90
Chapitre 3
Les progrès récents et la sophistication croissante de la thérapie par inhalation ont suscité un
intérêt considérable pour le développement de nouvelles technologies pour formuler des
particules inhalées sur mesure, permettant une délivrance pulmonaire optimale.315 L’ingénierie
des particules est un outil pratique permettant la production contrôlée de particules avec des
caractéristiques souhaitées pour un coût moindre. Une grande variété de techniques a émergé
au cours de la dernière décennie pour fabriquer des particules avec des propriétés pour
l’inhalation adaptées telles que : une distribution granulométrique peu étendue (dispersée), une
dispersion améliorée et une biodisponibilité optimisée pour une utilisation simple. Certaines
sont même à libération prolongée et/ou permettent un ciblage précis.260,315,343 En outre, la taille
géométrique de ces particules comprise entre 100 nm et 100 µm a démontré une diversité de
propriétés physico-chimiques et biologiques. Par exemple, les particules ultrafines sont
capables de contourner la clairance par les macrophages et passent facilement à travers
l’épithélium pulmonaire. Bien que cette propriété soit particulièrement intéressante pour une
administration systémique, elle est en contre partie liée à une augmentation apparente de la
toxicité.344-347
91
Chapitre 3
Plusieurs études épidémiologiques ont montré le lien entre une exposition accrue à des
concentrations élevées de particules fines ou ultrafines et des effets néfastes sur la santé. 344,348
Principalement, l'observation des effets cardiovasculaires a déclenché la discussion sur
l'amélioration du passage de ces particules à travers l'épithélium respiratoire vers la circulation
et ensuite vers d'autres organes cibles (tels que le cœur, le foie et le cerveau) avec des
conséquences néfastes sur la fonction cardiaque, la coagulation sanguine et les fonctions du
système nerveux central.344,349 En outre, en raison de leur surface spécifique élevée, ces
particules ultrafines sont considérées comme ayant une toxicité spécifique, qui pourrait
conduire à l'induction de radicaux d'oxygène et à la catalyse de réactions chimiques.344,350-352
En vue d’améliorer l’administration des médicaments dans les poumons et surtout de surmonter
les difficultés rencontrées par les patients avec l'utilisation des pMDIs et des IPSs (supprimer
la nécessité de la coordination main-poumons des patients, permettre une utilisation facile sans
effort inspiratoire important) un nouveau système d’inhalation a été conçu : l’inhalateur de
brume ultra-fine (SMI).353 Par définition, les inhalateurs de brume ultra-fine, sont des
pulvérisateurs similaires aux pMDIs, qui atomisent la solution médicamenteuse permettant son
administration sous forme de brouillard plus fin et d’une façon plus lente comparablement aux
autres dispositifs de pulvérisation. La durée de pulvérisation plus lente est destinée à faciliter
voire à réduire la coordination du patient entre l’action de la main pour libérer la dose et
l’inhalation exigée pour les pMDIs.274,354 Actuellement, un seul produit appartenant à cette
classe est disponible sur marché le Respimat® Soft Mist™ Inhalateur (Boehringer Ingelheim,
Ingelheim am Rhein, Allemagne),274 développé avec les caractéristiques d'un inhalateur idéal
qui fonctionne indépendamment de l'état de santé du patient (Figure 41).353 Pour la
pulvérisation d’une dose précise de la solution médicamenteuse en fines particules inhalables,
l’inhalateur Respimat® utilise un système de buse extrêmement fine, l'Uniblock, sans l’emploi
de gaz propulseur. L’aérosol ainsi généré est caractérisé par une fraction élevée de particules
fines FPF et un profil de dépôt au niveau pulmonaire favorable par rapport aux inhalateurs à
poudre sèche et aux inhalateurs-doseurs pressurisés (le dépôt de la substance active au niveau
pulmonaire est maximisé tandis que le dépôt oropharyngé est minimisé). En raison de sa plus
grande efficacité de délivrance des médicaments, il permet l’administration de doses plus
faibles tout en offrant un meilleur contrôle des symptômes.353,355 L’équivalence clinique entre
92
Chapitre 3
Embout buccal
Uniblock
Verre
Base transparente
Ressort
Cartouche
Figure 41. Illustration schématique de l’inhalateur Respimat® Soft Mist™ montrant les
composants clés de l’appareil et les détails de l’uniblock 356
Les antibiotiques en aérosol sont de plus en plus utilisés pour la prise en charge des infections
pulmonaires à Pseudomonas aeruginosa chez les patients atteints de la mucoviscidose, ces
infections sont généralement associées à une perte plus rapide de la fonction pulmonaire et une
diminution significative de la survie.357-359 L’administration répétée des antibiotiques inhalés
chez ces patients a été de plus en plus pratiquée au cours des deux dernières décennies,360 ce
qui a permis de contourner les problèmes de faible pénétration des antibiotiques dans le tissu
pulmonaire parenchymateux et les sécrétions bronchiques ainsi que leur toxicité systémique
due à l’exposition prolongée, rencontrés dans le cas de l’administration intraveineuse.361 En
93
Chapitre 3
outre, les antibiotiques inhalés ont entrainé une amélioration de la fonction pulmonaire et une
diminution du taux d’hospitalisation.362
Les seuls antibiotiques approuvés pour une administration pulmonaire sont : la tobramycine
[Tobramycine Solution pour Inhalation (TIS ; TOBI®, 300 mg/5 mL)], le colistiméthate de
sodium [Colistine pour nébulisation (Colimycine ®, 1 MUI/ 3 mL)], et plus récemment,
l'aztréonam [Aztréonam Solution pour Inhalation (AZLI ; Cayston®, 75 mg)].363 En 2018, la
formulation pour inhalation à base de liposomes d’amikacine [Suspension d’Inhalation de
Liposome d’Amikacin (ALIS ; Arikayce®, 70mg/mL)] a été approuvée par la FDA aux États-
Unis.364
Dans ce contexte, la tobramycine a été commercialisée sous la forme d’une solution nommée
TOBI® ( 300mg/ml) administrée à l’aide d’un nébuliseur à jet réutilisable : le PARI LC PLUS®
combiné à un compresseur approprié assurant un débit de 4 à 6 L/min , et également sous le
nom de Bramitob® (300 mg/4 ml) en combinaison avec le nébuliseur à jet réutilisable PARI
LC PLUS ™ et le compresseur PARI TURBO BOY ™.361 Ainsi, une dose de 300 mg de
tobramycine administrée deux fois par jour de façon intermittente améliore significativement
la fonction pulmonaire et réduit la densité de P. aeruginosa dans les expectorations.361,365,366 Il
convient également de noter que plusieurs études ont rapporté une réduction importante de
l'inflammation des voies respiratoires ainsi qu'une éradication totale de P. aeruginosa jusqu'à
trois mois après la fin du traitement.366-368
La colistine représente un exemple type de médicaments qui ont bénéficié des avantages de
l’administration par inhalation. Ainsi, en 1985 une étude a démontré que l’administration locale
de la colistine par inhalation s'est avérée cliniquement efficace dans le traitement des patients
atteints de mucoviscidose.369 Une autre étude a montré que l’inhalation de la colistine réduit la
détérioration des fonction pulmonaires ainsi que la réponse inflammatoire qui se manifeste
généralement après l’achèvement d’une cure de thérapie vis-à-vis de Pseudomonas aeruginosa
par voie intraveineuse.370
Les antibiotiques disponibles dans le commerce sous forme de solutions pour nébulisation
présentent plusieurs inconvénients, puisque leur administration nécessite un compresseur et un
nébuliseur et dure environ 20 minutes par dose sans tenir compte du temps nécessaire pour le
nettoyage et la désinfection de l’équipement. Ces inconvénients peuvent être un fardeau et
conduire à une mauvaise adhésion à ce type de traitement par les patients et notamment les
patients jeunes atteints de mucoviscidose.362,371,372 D’autre part, les caractéristiques favorables
94
Chapitre 3
95
Chapitre 3
Dans ce contexte, la formulation de l’aztréonam sous forme de sel de lysine a été développée
pour l’administration pulmonaire. Contrairement au phénomène d’antagonisme observé avec
la tobramycine, le lysinate d’aztréonam n’a pas démontré une diminution d’activité en présence
des composants d’expectoration des patients atteints de mucoviscidose.377 L’étude de la
pharmacocinétique et de la tolérance du lysinate d’aztréonam à des doses croissantes (75, 150
et 225 mg) a montré immédiatement après l’administration d’une dose unique dans chacun des
cas des concentrations d’aztréonam dans les expectorations supérieures à la CMI connue pour
P. aeruginosa vis-à-vis de cet antibiotique (32 mg/ml).377 En outre, l’exposition systémique
était faible, les concentrations plasmatiques d’aztréonam ont été démontrées très inférieures à
celles observées avec l’administration intraveineuse et également à celles associées à la toxicité
systémique.377 Sur la base de ces résultats, d’autres études ont été réalisées pour évaluer
l'innocuité, la tolérance et l'efficacité de l’aztréonam en inhalation selon différents critères de
patients et schémas posologiques.379-381 Elles ont démontré que l’utilisation de l’aztréonam en
inhalation à court terme n’entraine pas une diminution de la sensibilité de P. aeruginosa à
l’aztréonam et n’est pas associé à l'apparition de nouveaux agents pathogènes dans les
poumons.379 En outre, il a été rapporté que l'aztréonam inhalé constitue un traitement d'appoint
efficace pour la prise en charge des infections chroniques à P. aeruginosa des voies respiratoires
chez les patients atteints de mucoviscidose déjà traités de manière intensive par la tobramycine
inhalée.380 Par ailleurs, chez les patients avec une exacerbation pulmonaire modérée à sévère
n’ayant pas reçu un antibiotique antipseudomonal ou d'azithromycine, un traitement de 28 jours
avec l’aztréonam en inhalation améliore significativement les symptômes respiratoires.381
Il est également à noter que le mode de croissance de type biofilm ralentit considérablement la
pénétration des aminosides et représente un défi majeur pour la délivrance des antibiotiques,382
à cause des interactions électrostatiques des aminosides avec le mucus et la matrice du biofilm
et de leurs faibles activités vis-à-vis des bactéries avec un phénotype de croissance lent.383 Face
à une telle situation, l’approche envisagée est l’administration directe d’antibiotiques aux
poumons via l’inhalation, cependant, la taille trop petite des particules inhalées résulte en leur
élimination rapide des poumons,384,385 limitant la durée à laquelle l’antibiotique se trouve à un
96
Chapitre 3
niveau supérieur à sa CMI au voisinage local de la bactérie. Ainsi, ce temps de séjour court au
niveau pulmonaire exige une administration répétée d’au moins deux fois par jour.382
En 2008, l’utilisation des liposomes inhalés a permet une délivrance efficace avec des
concentrations suffisantes de l’antibiotique au niveau des sites d’infections cibles sur une
période prolongée qui pourrait améliorer le traitement des infections pulmonaires dues à la
mucoviscidose.382 Dans ce contexte, la délivrance intratrachéale d’une formulation de
tobramycine sous forme de liposomes inhalés a permis d’augmenter significativement la
rétention médicamenteuse dans les poumons et d’améliorer ainsi l’activité antibactérienne.386-
388
97
Chapitre 3
Une étude réalisée récemment a démontré que ces effets indésirables peuvent être gérés à l'aide
de diverses techniques et approches en vente libre permettant aux patients de continuer à utiliser
ce traitement. On peut ainsi prendre l’exemple de la dysphonie (effet indésirable le plus signalé)
qui a été considérablement réduit par l'ingestion de liquides apaisants, le gargarisme avec de
l'eau chaude ou de la glycérine et le rinçage de la bouche après la nébulisation.389 Il convient
de noter que l'éducation des patients avant et pendant le traitement par l’ALIS est essentielle
pour optimiser le potentiel de réussite de cette thérapie. Ainsi, les patients bien informés sont
plus conscients des effets indésirables potentiels liés au traitement et des stratégies de gestion
des symptômes sans avoir besoin de l’intervention d'un prestataire ni d’arrêt du traitement, ce
qui renforce considérablement à la fois la tolérance et l'observance.389
Tableau 12. Avantages et limitations des différents antibiotiques commercialisés sous forme
d’aérosol
Composé
Ref Forme Problèmes résolus Avantages Limitations
98
Chapitre 3
VII. Conclusion
99
Chapitre 3
Dans de telles situations, l’administration des antibiotiques sous leurs formes inhalées
directement dans les vois aériennes offre une solution prometteuse qui a démontré son efficacité
dans la gestion des maladies infectieuses pulmonaires, permettant d’atteindre une
administration ciblée et d’obtenir des concentrations plus élevées au niveau du site d’infection
avec une faible exposition systémique. Il a été démontré que cette voie d'administration
maximise la concentration pulmonaire des antibiotiques tout en minimisant les effets
secondaires dus à une faible exposition systémique. En outre, la majorité des études ont
confirmé le profil de sécurité acceptable des antibiotiques inhalés. Contrairement à
l'administration systémique des antibiotiques, qui est considérée comme le principal facteur de
résistance bactérienne aux antibiotiques, leur administration pulmonaire locale n'est pas
associée à une résistance accrue ou à une toxicité systémique. Cependant, les formes inhalées
sont considérées comme des formes de dosage complexes et difficiles à développer en raison
de la nécessité d'un contrôle strict de la distribution granulométrique des aérosols ainsi que de
leur comportement aérodynamique et de leurs propriétés de surface pour assurer un dépôt
optimal sur le site d'infection cible.
Bien que la mise au point de traitements efficaces basés sur des antibiotiques inhalés soit
complexe, les récents progrès technologiques ont permis de faciliter le développement de
médicaments inhalés. Ainsi, les nouveaux nébuliseurs à mailles ont permis de réduire au
minimum les résidus de médicaments et d'augmenter l'aérosolisation. Grâce à des techniques
avancées d'ingénierie des particules et la conception intelligente des appareils, les inhalateurs à
poudre sèche sont devenus un moyen attrayant pour l'administration de fortes doses
d'antibiotiques. En outre, les formulations liposomales, polymères et nanoparticulaires des
antibiotiques représentent des systèmes avancés d'administration de médicaments permettant le
ciblage des sites d’infection, le contrôle de la libération et l'amélioration de l'activité
antimicrobienne des antibiotiques dans les poumons.
100
Chapitre 3
Ainsi, grâce à cet examen de différentes nouvelles techniques mises à disposition pour le
traitement des maladies respiratoires infectieuses par inhalation, nous pouvons conclure avec
certitude que le développement de ces traitements est entre les mains sûres des scientifiques qui
se concentrent sur le développement de nouvelles techniques d'administration des médicaments.
Cependant, il est essentiel que la communauté médicale continue d'innover dans le
développement de formulations et de dispositifs d’administration pour la voie respiratoire afin
de résoudre les complications du traitement des infections pulmonaires ; en effet, l'application
de ces techniques peut apporter des changements révolutionnaires dans le traitement de ces
maladies et améliorer considérablement la qualité de vie des patients.
Dans ce contexte, et sur la base des résultats présentés dans le CHAPITRE 2 détaillant la
restauration de l’efficacité de la doxycycline en présence du composé NV716, et en vue
d’exploiter les avantages du concept d’adjuvant aux antibiotiques ( CHAPITRE 1) en tant que
stratégie prometteuse pour lutter contre l’émergence des souches résistantes et pour restaurer
l’efficacité des antibiotiques classiques déjà commercialisés, nous avons envisagé le
développement et l’évaluation d’une solution dédiée à l’administration par inhalation pour la
prise en charge des infections respiratoires à Pseudomonas aeruginosa permettant de bénéficier
des avantages de cette voie d’administration..
101
Chapitre 4 :
(Résultats expérimentaux)
102
Chapitre 4
I. Introduction
Récemment, les antibiotiques inhalés sont devenus un outil précieux dans la gestion des
maladies pulmonaires pour augmenter l'efficacité de l'administration du médicament sur le site
de l'infection. Ainsi, l’aérosolthérapie offre l’avantage de cibler efficacement les voies
respiratoires avec la rapidité de l’obtention de l’effet pharmacologique tout en évitant l’effet du
premier passage hépatique.398 En outre, elle permet de réduire la dose de médicament inhalée
par rapport à celle administrée par voie orale ou parentérale tout en conservant le même effet
local. Cela permet de limiter considérablement les effets indésirables systémiques liés à la forte
dose de médicament. D'autre part, la concentration locale du médicament dans les voies
respiratoires est beaucoup plus élevée en cas d'administration par voie pulmonaire qu'en cas
d'administration par voie orale ou parentérale. Grâce à ces avantages, l’aérosolthérapie a connu
une forte expansion durant ces dernières années. Ce qui a fait du poumon une porte d’entrée
des médicaments à visée locale et/ou systémique et non pas seulement un organe à traiter.399
Les statistiques réalisées par l’Observatoire National de la Mucoviscidose (ONM) ont montré
qu’en 2004 sur 4500 patients recensés 75% reçoivent des aérosols en thérapie au long cours,
certains d’entre eux reçoivent même deux médicaments par cette voie d’administration (un
antibiotique et un mucomodificateur).215
Après administration par inhalation, seule une fraction du médicament peut atteindre la zone
cible prévue.205 Ainsi, la connaissance de la quantité effective du médicament déposée est
primordiale dans la compréhension et l’optimisation de la délivrance dans les régions
ciblées. Cette compréhension est aussi nécessaire pour la mise au point du schéma posologique
qui assure la délivrance des quantités suffisantes de substances actives au patient.205
Bien que la compréhension du dépôt des particules inhalées au niveau pulmonaire reste un
problème complexe,401 une meilleure compréhension des divers facteurs influençant leur dépôt
augmente la précision du dépôt pulmonaire et permet de cibler une maladie spécifique et de
réduire l’exposition des voies respiratoires saines aux médicaments.265 Plusieurs facteurs
103
Chapitre 4
influencent le site de dépôt des particules inhalées au niveau de l’appareil respiratoire. En plus
des conditions respiratoires, il dépend principalement de la distribution granulométrique des
particules de l’aérosol.401 Ainsi, il est important de déterminer la taille des particules générées
par le dispositif d’inhalation utilisé ainsi que le pourcentage des particules ayant un intérêt
thérapeutique par inhalation.
104
Chapitre 4
et qui porte les buses, et un couvercle à l’intérieur duquel s’effectue le passage entre les
différents étages (Figure 42). En outre, une tuyère d’admission avec des dimensions internes
bien définies et adaptées au trajet de circulation de l’air est attachée à l’entrée de l’impacteur.
Un adaptateur d’embout est utilisé pour assurer l’étanchéité entre l’inhalateur et la tuyère
d’admission. La circulation de l’air à travers l’impacteur s’effectue selon un trajet en dents de
scie.
Ainsi, le principe de fonctionnement de l’impacteur repose sur le passage d’un flux d’air généré
par un dispositif d’inhalation (nébuliseur) ayant entraîné les particules médicamenteuses, à
travers les orifices de plus en plus étroits des différents étages séparés par les plateaux
d’impaction. Au fur et à mesure que l’on pénètre plus profondément dans l’impacteur, le flux
d’air devient de plus en plus rapide permettant ainsi à l’impacteur de fractionner les particules
inhalées qui selon l’énergie cinétique qu’elles auront emmagasinée s’impacteront sur un plateau
ou continueront leur chemin avec le flux d’air vers l’étage suivant. L’appareil est calibré de
telle sorte que, pour un flux d’air déterminé, chaque étage récolte la fraction du nuage d’aérosol
présentant un Dae seuil bien défini.
105
Chapitre 4
Ce test permet le calcul des paramètres nécessaire à l’évaluation des aérosols principalement :
le Diamètre Aérodynamique Massique Médian MMAD, la dose de particules fines FFD et le
pourcentage de particules fines FPF. L’interprétation statistique de la distribution en taille des
particules de l’aérosol se fait par rapport au MMAD qui partage la masse des particules de
l’aérosol en deux moitiés également réparties de part et d’autre du MMAD : 50 % des particules
(exprimées en masse ) déposées sur les étages de l’impacteur ont un diamètre aérodynamique
106
Chapitre 4
Etages du NGI X
Etage 1 0,54
Etage 2 0,52
Etage 3 0,50
Etage 4 0,47
Etage 5 0,53
Etage 6 0,60
Etage 7 0,67
X = facteur de normalisation prédéterminé pour chaque étage
DCE’= diamètre de coupure effectif au débit d'échantillonnage Q
DCE = diamètre de coupure effectif au débit de 60 litres/min
Q = débit d'échantillonnage [litres/min].
Ainsi dans notre cas, à un débit de 15 L/min les diamètres de coupure effectifs des différents
étages sont :
107
Chapitre 4
La dose délivrée représente la masse totale de médicament administrée dans l’appareil (NGI) à
partir de l’embout buccal de l’inhalateur en excluant la quantité déposée sur le nébuliseur.
Le MMAD et l'écart type géométrique GSD, sont calculés à partir du graphe représentant la
fraction cumulative de la substance active par rapport au diamètre de coupure effectif en échelle
log-probabilité (la distribution étant supposée être log-normale). Le MMAD correspondant à
50% de particules inferieures à cette taille (ou Probit 5) est calculé à partir du graphique
représentant la fraction cumulative de la substance active par rapport au diamètre effectif de la
coupure en échelle log-probabilité (la distribution étant supposée être log-normale) (voir les
données supplémentaires Annexe 4).
70 50 44
Pourcentage de souches (%)
a
Pourcentage de souches (%)
60 58 b
40
50 33
40 30
32
30 20
20
8 10 6
4
10 2 1
2
0 0
[4 - 24] [42-64] [100 - 256] >1000 0,25 0,5 0,75 1 2 >4
Facteur de gain CMI de doxycycline (10 µM de NV716)
Figure 44. Pourcentage de souches de P. aeruginosa (a) et facteur de gain (b) lié à la
restauration de l'activité de la doxycycline en présence de l’adjuvant NV716
108
Chapitre 4
Les résultats indiquent que l’utilisation du NV716 en combinaison avec la doxycycline conduit
à une amélioration de l'activité antibactérienne contre un large panel de souches résistantes de
P. aeruginosa. Ainsi, la combinaison doxycycline/NV716 était plus bactéricide que les
composés purs utilisés seuls, l’adjuvant NV716 a induit une diminution de la CMI de la
doxycycline de 64 μg/mL à 0,25-0,5 μg/mL avec un facteur de gain de 42-256 fois lorsqu'il est
utilisé à une concentration de 10 µM. Ainsi, la CMI de la doxycycline vis-à-vis de plus de 96%
des souches bactériennes de P. aeruginosa considérées a été abaissée à un niveau inférieur ou
égal au seuil de sensibilité de P. aeruginosa (2µg/mL) (voir les données supplémentaires
Annexe 5). En outre, 77% des souches sont très sensibles à la combinaison doxycycline/NV716
et impliquant une CMI pour la doxycycline variant de 0,25 à 0,5 µg/mL en présence de NV716
(10 µg/mL). Ces résultats soutiennent l'hypothèse que la forme combinée augmente l'effet de
destruction vis-à-vis des souches avec un gain énorme en termes d’efficacité antibactérienne
par rapport à la doxycycline utilisée seule, ce qui suggère l'utilisation puissante d'une telle
combinaison en aérosolthérapie pour la prise en charge des infections respiratoires à
Pseudomonas aeruginosa.
Dans un premier temps, la solution pour inhalation de chaque composé a été évaluée, puis la
solution des deux composés pris ensemble (doxycycline /NV716) a été testée. La nébulisation
a été réalisée à l’aide du nébuliseur PARI LC Plus®, qui est un nébuliseur pneumatique.
109
Chapitre 4
En outre, la caractérisation aérodynamique des aérosols est également réalisée par la Fraction
de Particules Fines (FPF) qui représente le pourcentage de particules ayant un diamètre
aérodynamique (Dae) adapté à un dépôt pulmonaire. La FPF obtenue pour l’aérosol de la
doxycycline est de 55%, et de 57% pour l’aérosol du NV716. Les deux aérosols présentent plus
de 50 % de FPF, ce qui reflète l’efficacité des deux aérosols, étant donné que plus de 50 % des
particules de chaque aérosol ont un diamètre aérodynamique inférieur à 5 μm, leur permettant
d'atteindre les régions profondes des poumons (site d'infection) assurant des quantités
suffisantes sur le plan thérapeutique.
L'écart-type géométrique GSD obtenu avec l'aérosol de doxycycline de 3,2 est supérieur à celui
obtenu avec l'aérosol NV716 de 1,8 ; ce qui entraîne une large dispersion du diamètre
aérodynamique des gouttelettes de doxycycline autour de la moyenne (MMAD) par rapport à
la dispersion du Dae des gouttelettes du NV716. Il en résulte une plus grande quantité de
doxycycline déposée sur le 1er et le 7ème étage par rapport à celle du NV716 très minime sur ces
deux étages.
D'autre part, la masse de chaque composé déposé sur chaque étage de l'impacteur, la tuyère et
l'embout du nébuliseur, résultant de la nébulisation de chaque composé seul par le nébuliseur
PARI LC Plus® a été déterminée comme l'illustre la Figure 45.
110
Chapitre 4
Doxycycline NV716
Figure 45. Distribution massique de chaque composé (Doxycycline et NV716) sur les étages
de l’impacteur NGI résultant de la nébulisation de chaque composé seul
L'histogramme de dépôt in vitro des deux composés sur les étages de l'impacteur NGI montre
une distribution gaussienne avec un maximum de dépôt sur l'étage 4 de l'impacteur et ce pour
les deux aérosols testés.
Les résultats de cette première partie de l’étude ont démontré pour les aérosols de chaque
composé seul des propriétés aérodynamiques convenables pour la voie inhalée. Ils peuvent
atteindre les derniers étages de l’impacteur qui représentent des régions profondes de l’appareil
respiratoire avec des quantités satisfaisantes. A partir de ces résultats, nous avons envisagé la
nébulisation des deux composés ensemble.
111
Chapitre 4
Le PARI LC Plus® a montré des débits de nébulisation compris entre 0,29 et 0,34 mL/min
permettant de nébuliser pendant 6 min des volumes compris entre 1,72 et 2,06 mL.
5
4,2
3,1 3,1 64 %
4 3,1 2,9
2,6
3 55 %
2 ème
1
3 mesure
ème
0 2 mesure
ère
1ère mesure 2ème mesure 3ème mesure 1 mesure
Figure 46. Caractérisation des gouttelettes (MMAD et GSD) (a) et Fraction des Particules
Fines (FPF%) (b) obtenues par la nébulisation de la combinaison doxycycline/NV716
Les profils de distribution in vitro de l’aérosol de la combinaison sur les différents étages du
NGI, la tuyère et l’embout du nébuliseur (Figure 47) confirment cette large dispersion des
gouttelettes et montrent une bonne distribution gaussienne des deux composés avec un
maximum de dépôt sur l’étage 4 de l’impacteur qui représente les bronches secondaires, même
étage présentant le maximum de dépôt que ceux obtenus avec les aérosols de chaque composé
seul.
112
Chapitre 4
Finalement, il est à noter que la nébulisation simultanée des deux composés permet d’obtenir
jusqu’ à 64% de FPF c’est à dire que 64% des gouttelettes de l’aérosol de combinaison ont un
intérêt thérapeutique et peuvent atteindre le site de l’infection, ce qui montre une bonne
efficacité de l’aérosol de la combinaison par rapport à celles des aérosols des composés pris
séparément.
Doxycycline + NV716
Masse déposée (mg)
4
3
2
1
0
Figure 47. Distribution massique sur les étages de l’impacteur NGI résultant de la
nébulisation des deux composés ensemble (doxycycline/NV716)
Tout d'abord, les propriétés aérodynamiques de l'aérosol généré à partir de la solution des deux
composés pris ensemble (doxycycline et NV716) à différentes concentrations ont été évaluées.
La durée de la nébulisation a été fixée à 6 minutes et quatre concentrations différentes ont été
utilisées pour chaque composé : 10, 15, 20 et 30 mg/mL (Tableau 15).
113
Chapitre 4
10 mg/mL (Tableau 16). Le nébuliseur utilisé dans ces deux séries de tests est le nébuliseur
PARI LC Plus®.
Les MMADs ainsi que les FPFs obtenus à partir de la nébulisation des deux composés ensemble
(doxycycline et NV716) à l'aide du nébuliseur PARI LC Plus® pour différentes concentrations
des deux composés impliqués ainsi que pour différentes durées de nébulisation sont résumés
dans la Figure 48 (a et b respectivement).
114
Chapitre 4
Les résultats obtenus permettent ainsi de conclure que la concentration en principes actifs
n'influence pas les propriétés aérodynamiques de l'aérosol de la combinaison, puisqu'un FPF
supérieur à 50% est toujours obtenu. Cela permet d'adapter la posologie sans influencer les
propriétés aérodynamiques et la capacité des particules à atteindre le site de l'infection en
quantité nécessaire pour assurer leur efficacité thérapeutique.
Les résultats obtenus par l’évaluation de l'effet de la durée de nébulisation sur les paramètres
aérodynamiques obtenus précédemment n'ont montré aucune variation du diamètre
aérodynamique en fonction de la durée de nébulisation, avec des MMADs allant de 3,4 à 4 μm
conformes aux normes requises pour les aérosols thérapeutiques (MMAD < 5 μm). De plus, le
pourcentage de particules fines FPF (allant de 55 à 60 %) n'est pas influencé par la durée de
nébulisation (1, 3, 6 ou 10 min) et reste toujours dans la même zone comprise entre 50 et 60%
(Figure 48-b).
Ces résultats nous ont permis de conclure que les paramètres aérodynamiques de l'aérosol de la
combinaison doxycycline/NV716 généré par le PARI LC Plus® ne dépendent pas de la durée
de nébulisation et sont reproductibles dans le temps, ce qui évite l'absence du dépôt des
gouttelettes en quantité insuffisante au niveau du site d'action souhaité même si le patient ne
respecte pas précisément la durée de nébulisation requise.
Il existe trois types de nébuliseurs : les nébuliseurs pneumatiques (jet d'air), les nébuliseurs
ultrasoniques et les nébuliseurs à membrane vibrante.403 Le type de nébuliseur le plus
couramment utilisé est le nébuliseur à jet, qui utilise une source de gaz comprimé (compresseur)
pour créer l'aérosol à partir de la solution médicamenteuse.404 Le gaz comprimé est forcé à
travers un système de tubes reliés à une buse. Lorsque la section du tube diminue, la vitesse de
l'air augmente, créant une zone de basse pression autour de la buse (effet Venturi). La chute de
pression créée par le passage du jet à grande vitesse à travers la buse fait monter la formulation
liquide sur les parois internes d’un tube d'alimentation depuis le réservoir de liquide (effet
Bernoulli). A l’extrémité de ce tube, un film liquide est constitué, puis il se produit un processus
complexe de fragmentation du film liquide qui permet la création de gouttelettes d'aérosol. Les
grosses gouttelettes peuvent alors se heurter aux parois du nébuliseur et se recycler dans le
115
Chapitre 4
Ainsi, une étude portant sur l'influence du dispositif de nébulisation et visant l’amélioration des
propriétés aérodynamiques de l’aérosol généré à partir de la combinaison doxycycline/NV716
a été réalisée à l'aide de trois nébuliseurs différents. Deux autres nébuliseurs ont été choisis, en
plus du PARI LC Plus® utilisé précédemment, le PARI Sprint® : un nébuliseur pneumatique à
jet d’air appartenant à la même famille de nébuliseur que le PARI LC Plus® et le PARI eFlow®
: un nébuliseur à membranes vibrantes. Le choix des nébuliseurs pneumatiques (à jet d'air) était
basé sur le fait que ce sont les dispositifs d'administration de médicaments les plus couramment
409
utilisés pour les maladies pulmonaires et sur leur capacité à s'adapter à la nébulisation de
mélanges de médicaments. Nous avons débuté notre étude avec le nébuliseur pneumatique
PARI LC Plus®, qui est le nébuliseur pneumatique le plus couramment utilisé dans le domaine
de la nébulisation. La société Pari nous a par la suite proposé le PARI Sprint®, qui représente
la nouvelle version de ses nébuliseurs pneumatiques. Afin de comparer les nébuliseurs
pneumatiques à un nébuliseur utilisant une autre technologie, un nébuliseur à membrane
vibrante (PARI eFlow®) a été choisi. Les nébuliseurs à membrane vibrante représentent la
technologie la plus récente, qui surmonte les inconvénients des nébuliseurs à jet et à
ultrasons.410 Les nébuliseurs ultrasoniques de moins en moins utilisés pour l'administration
pulmonaire de médicaments n'ont pas été retenus car ils conduisent à des gouttelettes d'un
diamètre relativement important de (3,7- 10,5 µm) par rapport à ceux obtenus avec des
nébuliseurs pneumatiques (1,2- 6,9 µm),185 ne permettant pas un dépôt des principes actifs dans
la partie des poumons ciblée par notre formulation (lieu de résidence de Pseudomonas
aeruginosa dans les poumons). Par ailleurs, ils ne sont pas recommandés pour la nébulisation
de mélange de médicaments.187
116
Chapitre 4
Ainsi, après avoir fixé la concentration des principes actifs et la durée de nébulisation, nous
avons procédé à la caractérisation des différents aérosols générés par les différents nébuliseurs.
Les conditions de nébulisation (les concentrations des deux substances actives, la durée de la
nébulisation et le dispositif de nébulisation) ainsi que les paramètres de nébulisation (volume
nébulisé et débit de nébulisation) obtenus avec chaque nébuliseur sont résumés dans le Tableau
17.
Tableau 17. Comparaison des paramètres de nébulisation obtenu par trois nébuliseurs
différents (PARI LC Plus®, PARI Sprint and PARI eFlow®)
Ainsi, l'aérosol produit par le PARI Sprint® a un MMAD de 4,4 μm et un GSD de 2,3 alors que
la nébulisation avec le PARI LC Plus® conduit à un aérosol avec un MMAD de 3,4 μm et un
GSD de 2,8. Les gouttelettes d'aérosol produites par le nébuliseur à mailles vibrantes PARI
eFlow® présentaient quant à elles un MMAD de 4,2 μm et un GSD de 1,8. Par ailleurs, les
fractions de particules fines FPF varient de 60% pour le dispositif PARI LC Plus®, 54% pour
le PARI Sprint® et 60% pour le PARI eFlow®.
D’après les résultats obtenus, on peut remarquer que chaque nébuliseur possède sa propre
spécificité :
- Le PARI LC Plus® a généré des gouttelettes avec le MMAD le plus petit de 3,4 μm.
117
Chapitre 4
- Le PARI Sprint® a donné les meilleurs résultats en termes de débit de nébulisation de 0,59
mL/min qui assure la nébulisation en 6 min de 3,5 mL de la solution d'inhalation contre 1,88
mL et 2,9 mL nébulisés par le PARI LC Plus® et le PARI eFlow® respectivement.
- Le PARI eFlow® et le PARI LC Plus® ont donné le plus haut pourcentage de particules fines
de 60 % contre 54 % de particules fines générées par le PARI Sprint®.
Figure 49. Caractérisation des gouttelettes (a) et Fraction des Particules Fines (b) de l'aérosol
de la combinaison doxycycline/NV716 généré par différents nébuliseurs
Les histogrammes de la distribution de masse des deux composés (doxycycline et NV716) sur
les différents étages de l'impacteur, la tuyère et l'embout du nébuliseur obtenus avec chaque
dispositif : le PARI LC Plus®, le PARI Sprint® et le PARI eFlow® sont présentés dans la
Figure 50. Les trois nébuliseurs ont généré des aérosols avec un maximum de dépôt sur l'étage
4 de l'impacteur en présentant des histogrammes de distribution d’allure gaussienne dans les
trois cas.
118
Chapitre 4
Doxycycline NV716 a
10
Doxycycline NV716
10
0
PARI LC® SPRINT
10 Doxycycline
8
6
4
2
0
PARI LC PLUS®
Figure 50. Distribution de masse de la doxycycline et du NV716 sur les étages du NGI
obtenue avec trois nébuliseurs différents : PARI eFlow® (a), Pari Sprint® (b) et Pari LC
Plus® (c)
119
Chapitre 4
de doxycycline ont été déposées sur les étages 1 et 7 et presque aucune trace du NV716 à l'étage
7.
Le PARI LC Plus® et le PARI Sprint® ont donné des GSDs similaires de 2,8 et 2,3 permettant
une large dispersion des deux composés sur les différents étages de l'impacteur. Le dépôt
maximal étant observé sur l'étage 4 avec une distribution homogène des deux composés sur les
autres étages ce qui permet de garantir la synergie entre la doxycycline et l'adjuvant NV716 et
donc l'efficacité de la combinaison vis-à-vis de P aeruginosa. De plus, on constate la présence
de NV716 sur tous les étages de l'impacteur même sur l'étage 7 contrairement à ce qui est
observé avec le PARI eFlow®.
En outre, une étude comparative des performances des trois nébuliseurs souligne clairement
leurs différentes spécificités, comme l'illustre la Figure 51.
Figure 51. Comparaison des performances des trois nébuliseurs (PARI LC Plus®, PARI
Sprint® et PARI eFlow®).
Les résultats indiquent clairement que bien que le nébuliseur Pari Sprint® donne un FPF
légèrement inférieur (54 %) à celui obtenu avec le PARI LC Plus® (60 %) et le PARI eFlow®
(60 %), il conduit à la plus forte Dose Emise de 43 mg par rapport à 30 et 32 mg nébulisés avec
le PARI LC Plus® et le PARI eFlow®), respectivement. Il est à noter que ces résultats sont dus
à sa haute performance permettant la nébulisation d'un volume supérieur à ceux nébulisés par
les deux autres nébuliseurs. Par conséquent, la Dose Délivrée (DD) qui correspond à la masse
120
Chapitre 4
Ainsi, le nébuliseur PARI Sprint® semble préférable pour la délivrance de notre combinaison
(Antibiotique-Adjuvant) car en plus de sa capacité à assurer une distribution homogène des
deux composés sur les différents étages de l'impacteur NGI nécessaire à la restauration de
l'activité de la Doxycycline par le NV716, il génère des gouttelettes avec un MMAD adapté à
l'administration pulmonaire et permet aux particules de médicament d'atteindre le site de
l'infection. De plus, ses performances élevées en termes de nébulisation rapide (0,59 ml / min)
permettront au patient de réduire la durée de sa séance de nébulisation et donc d'améliorer sa
qualité de vie.
VIII. Conclusion
La nouveauté du travail décrit ici consiste en (a) l'utilisation d'une combinaison adjuvant-
antibiotique pour le traitement des infections respiratoires causées par Pseudomonas
aeruginosa ; (b) la préparation de l’adjuvant NV716 sous forme de sel hydrosoluble facile à
solubiliser pour l'aérosolisation et (c) son incorporation avec la doxycycline dans une forme
liquide aérosolisée pour tirer parti de l'administration locale dans les poumons.
121
Chapitre 5 :
(Résultats expérimentaux)
122
Chapitre 5
I. Introduction
Les Inhalateurs de Poudres Sèches (IPS) possèdent de nombreux avantages par rapport aux
autres dispositifs d’inhalation, l’absence de propulseur ainsi que leur état solide leur confèrent
une meilleure stabilité chimique par rapport aux aérosols liquides et aux inhalateurs doseurs
pressurisés.411 En outre, ils ne nécessitent pas une force motrice externe pour assurer leur
fonctionnement et sont d’une utilisation plus facile pour les patients puisqu’ils sont portables et
ne nécessitent pas une coordination entre l'inhalation et l'actionnement de l’inhalateur.271,412,413
Récemment, l'accent a été mis sur le développement de l'inhalation de poudre sèche 412 et une
large gamme d’IPS est ainsi actuellement disponible permettant de maximiser la délivrance
pulmonaire des médicaments avec une faible variabilité.413
De façon générale, les formulations de poudres sèches pour inhalation sont basées soit sur des
agglomérats libres de particules médicamenteuses micronisées dont la taille aérodynamique est
inférieure à 5 µm, soit sur un mélange de ces particules médicamenteuses adhérant à la surface
de larges particules porteuses d’excipient (généralement le lactose).413,414 L’ajout de ce support
a pour but d’augmenter la fluidité et la dispersion des particules de substance active.415
Cependant, le problème majeur avec les antibiotiques tant pour la formulation que pour la
conception du dispositif est leur administration constante à forte dose dans les poumons. La
difficulté provient de la forte teneur en principe actif (PA) respirable de taille micrométrique,
dont l’augmentation de la cohésion entre ces particules médicamenteuses entraîne une
diminution de leur désagglomération et favorise leur adhésion à la paroi de l'inhalateur, ce qui
entraîne une diminution des propriétés d'écoulement et de la dispersion des aérosols.415 Ainsi,
pour surmonter la nature cohésive des fines particules inhalables du PA, améliorer leur
écoulement et favoriser leur aérosolisation, des particules porteuses relativement grosses sont
généralement utilisées.416-418 Il existe un certain nombre d'excipients qui peuvent être
incorporés dans une poudre sèche pour inhalation, tel que le lactose, le mannitol, le glucose et
des agents de lubrification qui améliorent l’écoulement de la poudre tel que le stéarate de
magnésium.260,419,420 L’excipient le plus couramment employé est le lactose, également utilisé
dans certains produits commercialisés, sous forme de fines particules de taille micrométrique
incorporées en vue d’augmenter la performance aérosol d'une formulation.421-423
123
Chapitre 5
De plus, l’adhérence de la particule médicamenteuse à la particule porteuse ne doit pas être trop
forte pour faciliter son détachement et assurer une bonne délivrance dans les poumons.342
Dans ce contexte, il a été démontré que l’ajout du lactose fin permet d’augmenter la Fraction
de Particules Fines.425 Ainsi, les particules fines de lactose favorisent la rupture des agglomérats
du PA en se répartissant sur la surface du support, amortissant ainsi les forces de frottement et
de pression et permettant de diminuer les forces d’adhésion PA-support.415 Plus précisément,
la liaison des particules de lactose fin aux sites actifs du support empêche les particules
médicamenteuses fines de se lier à ses sites à haute énergie, qui se lient ainsi aux régions de
surface du support comparativement plus lisses et à faible énergie,426 ne demandant que des
forces relativement faibles pour le détachement PA-support.415
Dans ce chapitre, une autre forme pharmaceutique pour inhalation basée sur la même
combinaison de la doxycycline avec le dérivé polyaminoisoprényle NV716 est étudiée afin
d'évaluer l'adaptabilité de ce mélange à l'administration pulmonaire sous forme d’une poudre et
d'identifier l'influence de plusieurs paramètres non médicamenteux sur l'efficacité
d'aérosolisation de ce mélange pour optimiser sa délivrance vers son site d'action cible.
Dans ce contexte, un plan d’expérience est un plan qui permet d’attribuer des unités
expérimentales à des niveaux de traitement et d’analyse statistiques. Il permet aussi
124
Chapitre 5
Y = f (x )
i
Son objectif principal est d'établir le lien de causalité entre les variables indépendantes et
dépendantes dans un espace expérimental défini.428 En outre, son objectif secondaire est
d'extraire le maximum d'informations avec le minimum de ressources (réalisation du minimum
d’expériences), grâce à l’application des règles mathématiques et à l’adoption d’une démarche
rigoureuse.428,429
II.1. Terminologie
Dans le but de simplifier la communication dans le domaine des plans d’expériences ; différents
termes ont été introduits, on peut citer :
− Le domaine expérimental : signifie la zone expérimentale étudiée et qui est définie par
les normes inférieures et supérieures des variables expérimentales.
− Les facteurs : sont les variables expérimentales qui peuvent être modifiées
indépendamment les unes des autres.
− Les variables indépendantes : identiques aux facteurs.
− Les variables continues : sont les variables indépendantes qui peuvent être modifiées
de façon continue.
− Les variables discrètes : sont les variables indépendantes qui seront modifiées par
étapes, (tel que le type de solvant).
− Les réponses : la valeur mesurée des résultats des expériences.
− Le résidu : la différence entre le résultat calculé et le résultat expérimental. 427
Une bonne compréhension de la méthode des plans d’expériences s’appuie sur deux notions
principales : la notion de l’espace expérimental et celle de la modélisation mathématique.
Dans chaque étude réalisée, l’expérimentateur s’intéresse à une grandeur qu’il mesure à chaque
essai ; c’est la réponse qui est une grandeur d’intérêt. Sa valeur dépend de plusieurs variables,
125
Chapitre 5
appelées facteurs. Chaque grandeur dépend donc de plusieurs facteurs, et chaque facteur est
représenté par un axe gradué et orienté (Figure 52).
Dans chaque essai, la valeur attribuée à un facteur est appelée niveau. Afin d’étudier l’influence
d’un facteur donné, on limite ses variations entre deux bornes : une borne inferieure ou niveau
bas et une borne supérieure qui est le niveau haut. Le domaine de variation du facteur ou plus
simplement le domaine du facteur regroupe toutes les valeurs que peut prendre le facteur entre
le niveau bas (noté – 1) et le niveau haut (noté +1) (Figure 52-a). Ainsi, le second facteur est
représenté par un second axe gradué, orienté et disposé perpendiculairement au premier, il sera
également défini par son niveau haut, son niveau bas et son domaine de variation. Ses différents
facteurs permettent l’obtention d’un repère cartésien qui définit un espace euclidien à deux
dimensions limitant un espace connu sous le nom d’espace expérimental (Figure 52-b).430
a b
Figure 52. Représentation du domaine de variation avec les niveaux bas et haut d’un facteur
(a) ainsi que du domaine expérimental défini par les domaines des différents facteurs (b).430
Le domaine d'étude est défini par le regroupement des domaines de tous les facteurs, il
représente la zone de l’espace expérimental choisie par l’expérimentateur pour réaliser ses
expériences (Figure 52-b). Ainsi, une étude comportant une série d’expériences bien définies
est représentée par des points répartis dans le domaine d’étude.430
126
Chapitre 5
La forte cohésion inter-particulaires et le mauvais écoulement des fines particules des poudres
à inhaler nécessite l'ajoute des particules porteuses (généralement de lactose) plus grosses pour
améliorer leur aérosolisation. Les particules de principe actif d'une taille inférieure à 5 µm se
détacheront de leur support (le lactose) et continueront leur chemin vers les poumons à travers
les voies respiratoires pour exercer leur effet thérapeutique tandis que les grosses particules de
lactose seront bloquées dans la sphère ORL et resteront ensuite avalées, dissoutes et éliminées
par le tube digestif.
Dans notre étude d’optimisation nous avons utilisé trois types de lactose grade
inhalation (fournis par la société DFE Pharma, Allemagne) : deux lactoses constitués de larges
particules (Large lactose) : le Lactohale® 206 (LH206) et le Respitose® ML003 (RESPI003),
le dernier est constitué de fines particules (Lactose fin) : le Lactohale® 210 (LH210) (Voir
Partie matériels et méthodes).
Ainsi, nous avons commencé par une pré-étude, afin de déterminer quelle taille entre les deux
types de lactose LH206 et RESPI003 était la plus convenable pour améliorer la dispersibilité
des poudres inhalées de nos composés. Pour cela, un plan d'expérience a été mis en place
comportant 2 facteurs : le principe actif (PA) avec 2 niveaux (doxycycline, NV716 et
doxycycline+NV716 ensemble) et le type de lactose (Lactose) avec 2 niveaux (lactose LH206
et lactose RESPI003) (Tableau 18).
Tableau 18. Résumé des facteurs et des niveaux de la pré-étude conçue pour choisir la
meilleure taille du large lactose
127
Chapitre 5
Ainsi, les deux types de lactose ont été utilisés en association avec la doxycycline seule, le
NV716 seul ainsi qu'avec le mélange doxycycline/NV716 pour la caractérisation
aérodynamique de la poudre à l'aide de l'impacteur NGI (Tableau 19).
Chaque mélange (M) a été rempli manuellement dans une gélule HPMC
(hydroxypropylméthylcellulose) de taille 3 (Voir Partie matériels et méthodes). Les gélules
ont ensuite été testées in vitro par inhalation en utilisant le HandiHaler® DPI (Boehringer
Ingelheim Ltd, Allemagne), pour réaliser l'évaluation aérodynamique de la poudre.
Tableau 19. Différents mélanges proposés pour la pré-étude permettant de choisir la taille
optimale du large lactose
Excipient PA
Taille des
Nom (%) Doxycycline (%) NV716 (%)
particules (µm) *
5 0 M1
95
LH206 75-95 0 5 M2
90 5 5 M3
5 0 M4
95
RESPI003 20-50 0 5 M5
90 5 5 M6
* Taille des particules de lactose mesurée par une méthode laser par le fournisseur
Dans cette partie de l'étude, notre objectif était d'étudier l'adaptabilité des deux composés
(doxycycline et NV716) à être inhalés simultanément sous forme d'une poudre préparée par la
lyophilisation des deux composés sans utilisation d'excipients. Par la suite, nous avons procédé
à l’étude des facteurs influençant leur comportement aérodynamique en inhalation en vue
d’optimiser leur aérosolisation. Ainsi, l'influence du taux de remplissage de la gélule, du taux
des principes actifs, du type de lactose (deux types ont été utilisés : le large lactose seul et le
mélange de large lactose avec du lactose fin) et de l'ordre d'introduction des différents
composants du mélange a ainsi été prise en compte en relation avec le Diamètre Aérodynamique
Massique Médian (MMAD) et la Fraction des Particules Fines (FPF). Cette approche permet
d'examiner les facteurs affectant le comportement aérodynamique et la dispersibilité de la
combinaison des deux composés (doxycycline et NV716) et de comprendre comment ils
128
Chapitre 5
peuvent influer l'efficacité et le site de dépôt de la poudre d'inhalation considérée dans les voies
respiratoires. Un plan d'expérience a été établi en étudiant quatre paramètres comme preuve de
concept : la teneur en principes actifs (doxycycline + NV716), le taux de remplissage des
gélules, le taux de principe actif, le type de lactose et l'ordre d'introduction des différents
composés. Les différents facteurs ont été étudiés en utilisant deux niveaux, sauf pour le dernier
(l'ordre d'introduction des composants du mélange) qui comporte quatre niveaux, les valeurs
utilisées pour chaque niveau et chaque facteur sont indiquées dans le Tableau 20, et la
conception des expériences réalisées sont résumées dans le Tableau 21. Le plan d'expérience
choisi est un plan de dépistage dont l'objectif est de comparer le comportement des différents
niveaux pour chaque facteur.431
Tableau 20. Domaine expérimental résumant les différents facteurs étudiés et leurs niveaux
129
Chapitre 5
Tableau 21. Plan expérimental proposé pour étudier l'influence de plusieurs facteurs sur
l'efficacité d'aérosolisation du mélange de poudre de la doxycycline et du NV716
Taux de Taux de
Expérience Lactose Ordre d’introduction
remplissage [PA]
L'objectif principal de cette étude est d'étudier l'influence de plusieurs facteurs sur l'efficacité
d'aérosolisation d'une poudre pour inhalation constituée d'un mélange de deux principes actifs
(doxycycline et l'adjuvant NV716) qui agissent en synergie. Ainsi, dans un premier temps, nous
avons commencé par étudier l'aptitude des deux composés (doxycycline et NV716) à
l’inhalation séparément ou en combinaison, en utilisant comme excipient deux types de lactose
pour inhalation. Ces deux types de lactose diffèrent par la taille de leurs particules mais sont
tous les deux considérés comme étant à large gamme.
130
Chapitre 5
Comme indiqué dans le Tableau 22, l'utilisation du lactose LH206 a conduit respectivement à
des MMAD de 3,4 ; 9,4 et 5,3 µm et des FFP de 33 ; 6 et 13 % pour la poudre de la doxycycline
seule, l'adjuvant NV716 seul et pour le mélange doxycycline/NV716. L'ajout de lactose
RESPI003 à la poudre de la doxycycline seule, du NV716 seul et de leur mélange (Doxycycline/
NV716) a permis d’obtenir des FPFs de 42 ; 6 et 22 % et des MMAD de 3,4 ; 9,2 et 5,6 µm
respectivement.
La Figure 53 résume les MMADs des particules des aérosols des différentes poudres
(doxycycline, NV716 ou doxycycline/NV716) délivrées en mélange avec le lactose LH206 ou
le RESPI003 (a) ainsi que le domaine de variation du MMAD (b) :
a
Doxycycline seule
10 9.4 9.2
NV716 seul
8 Doxycycline/NV716 b
MMAD (µm)
6 5.3 5.6
4 3.4 3.4
0
ES 6
ES 6
ES 6
3
3
20
20
20
00
00
00
LH
LH
LH
PI
PI
PI
R
Type de lactose
Figure 53. MMADs obtenus pour les particules des deux composés en association avec les
deux types de large lactose (a) ainsi que leur domaine de variation (b)
Comme le montre la Figure 53-a, la poudre de doxycycline a donné un MMAD de 3,4 µm,
quel que soit le type de lactose utilisé. La poudre du composé NV716 a donné un MMAD de
9,4 µm avec le LH206 et de 9,2 µm avec le RESPI003. En revanche, le mélange des deux
131
Chapitre 5
LH206 9 .4 Doxycycline/NV716
RESPI003
9 .1 a Dxycycline
b
NV716
9 .4
9 .1
MMAD (µm)
MMAD (µm)
5 .6
5 .3
5 .6
3 .4 5 .3
3 .4 3 .4
Figure 54. Effets d'interaction de premier ordre – MMAD, en fonction du type de lactose (a)
et en fonction du principe actif (b)
En outre, comme le montre la Figure 54, pour cette première réponse (MMAD) étudiée par le
plan d’expérience réalisé, le seul facteur influent est le principe actif. Le type de lactose de
grande taille n'a montré aucune influence sur le MMAD des particules, les résultats obtenus
avec les deux types sont similaires (Figure 54-a). Toutefois, on peut observer que la réponse la
plus faible est obtenue avec la doxycycline seule, la réponse la plus élevée est obtenue avec
l'adjuvant NV716 seul et le mélange des deux poudres conduit à un résultat intermédiaire
(Figure 54-b). La Figure 55 montre la fraction de particules fines obtenue avec les différents
mélanges testés des deux composés avec les deux types de large lactose.
132
Chapitre 5
a
Doxycycline seule
50
42 NV716 seul
40 Doxycycline/NV716
32
FPF (%)
b
30
22
20
13
10 6 6
0
ES 6
ES 6
ES 6
3
3
20
20
20
00
00
00
LH
LH
LH
PI
PI
PI
R
R
Type de lactose
Figure 55. Fraction de Particules Fines obtenues avec les différents mélanges des deux
composés avec les deux types de large lactose (a), le domaine de variation des FPFs (b)
Les formulations basées sur le lactose LH206 ont donné des FPFs de 33, 6 et 13 % pour la
poudre de doxycycline seule, de NV716 seul et de leur mélange (doxycycline/NV716)
respectivement. Alors que l'utilisation du lactose RESPI003 permet l’obtention des FPF de 42
% pour la doxycycline seule, 6 % pour le NV716 et 22 % pour le mélange doxycycline/NV716.
A partir de ces résultats, on peut noter que même si le RESPI003 n'influence pas la FPF obtenu
avec la poudre de NV716, son utilisation a permis une nette amélioration du pourcentage de
particules fines obtenu avec la doxycycline seule et avec le mélange doxycycline/NV716.
LH206 Doxycycline/NV716
RESPI003
a Dxycycline b
42 NV716 42
32 32
FPF (%)
FPF (%)
22 22
13
13
6 6
6
Figure 56. Effets d'interaction de premier ordre – FPF, en fonction du type de lactose (a) et
en fonction du principe actif (b)
133
Chapitre 5
La Figure 56 confirme que dans le cas de la poudre d'adjuvant NV176 (Figure 56-a), le type
de lactose n'a aucune influence sur la FPF. Cependant, dans le cas de la poudre de doxycycline
seule ou en mélange avec le NV176, le type de lactose a une influence notable puisque le lactose
RESPI003 permet une augmentation significative du pourcentage de particules fines.
La Figure 57 résume les résultats des doses émises et délivrées obtenues suite à la délivrance
de la doxycycline seule, du NV716 seul ou de la combinaison des deux, en mélange avec le
lactose RESPI003 (a) ou le lactose LH206 (b).
a b
100 Dose Emise 100 Dose Emise
Dose Délivrée Dose Délivrée
80 80
Doses (mg)
Doses (mg)
60 60
40 40
20 20
0 0
Doxycycline NV716 Doxycycline/NV716 Doxycycline NV716 Doxycycline/NV716
Principes actifs Principes actifs
Figure 57. Doses Emises et Doses Délivrées obtenues à partir des différents mélanges des
deux composés avec le lactose LH206 (a) ou RESPI003 (b)
Comme le montre la Figure 57, le lactose RESPI003 permet l'administration de doses plus
élevées que le lactose LH206, et ce pour les poudres des deux composés délivrés séparément
ou en combinaison. En outre, le lactose RESPI003 (Figure 57-b) conduit à une perte moindre
en principes actifs (différence entre la Dose Emise et la Dose Délivrée) par rapport au lactose
LH206, en particulier dans le cas de la combinaison doxycycline/NV716.
Les profils de dépôt sur les différents étages de l'impacteur NGI, des particules inhalées des
deux composés délivrés séparément ou en combinaison en utilisant le lactose LH206 ou le
lactose RESPI003 comme excipient sont regroupés dans la Figure 58.
134
Chapitre 5
7 a 7 b
Doxycycline_LH206 NV716_LH206
6 Doxycycline_RESPI003 6 NV716_RESPI003
5 5
4 4
3 3
2 2
1 1
0 0
1
8
e
e
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Les étages du NGI Les étages du NGI
12 12
c d
Doxycycline Doxycycline
10 10
NV716 NV716
Masse déposée (mg)
6 6
4 4
2 2
0 0
1
8
e
e
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
ag
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Et
Les étages du NGI Les étages du NGI
Figure 58. Profils de dépôt sur les étages du NGI des particules inhalées de la doxycycline (a) ou du
NV716 (b) délivrées séparément ou en tant que combinaison NV716/doxycycline en mélange avec le
lactose LH206 (c) ou RESPI003 (d)
Les deux types de lactose de grande taille ont conduit à une distribution gaussienne des
particules des différentes poudres testées sur les étages de l'impacteur avec des maximums de
dépôt sur : l'étage 2 pour la poudre de l’adjuvant NV716 et son mélange avec la doxycycline et
sur l'étage 3 pour la poudre de la doxycycline seule. Cependant, le lactose RESPI003 permet
un dépôt de particules supérieur à celui obtenu avec le LH206 et ce pour tous les mélanges
testés. De plus, pour la formulation du mélange de la doxycycline avec le NV716, le RESPI003
permet un dépôt élevé des deux composés sur les étages du NGI par rapport à ceux obtenus
avec le LH206. Plus précisément, dans le cas du composé NV716, on remarque que le
RESPI003 facilite sa dispersion sur les différents étages en donnant une masse déposée plus
élevée par rapport à celles obtenues avec le lactose LH206, améliorant ainsi le rapport entre les
deux composés (doxycycline et NV716) sur chaque étage, ce qui est fortement recommandé
dans notre cas pour assurer la synergie de l'activité antibactérienne entre les deux composés.
135
Chapitre 5
Ainsi, nous pouvons conclure que le mélange obtenu avec le lactose RESPI003 est moins
cohésif que celui obtenu avec le lactose LH206, ce qui permet un détachement plus facile des
particules fines. Cette légère amélioration de la fluidité apportée par le RESPI003 facilite la
désagglomération de la poudre. Il a été ainsi démontré que le lactose RESPI003 est adapté à
l'optimisation des propriétés d'aérosolisation de notre poudre afin d'obtenir un comportement
aérodynamique optimal des particules.
D'après les résultats obtenus dans cette étude préliminaire, nous pouvons conclure que le lactose
RESPI003 améliore la fluidité de notre mélange à inhaler, ce qui facilite la désagglomération
des particules. Il sera ainsi utilisé dans le reste de notre étude d'optimisation de l'aérosolisation
des poudres sèches pour obtenir un comportement aérodynamique optimal des particules.
La partie précédente de l'étude nous a permis de sélectionner la taille optimale du lactose pour
une bonne dispersion des poudres sèches des deux composés qui ont été testés séparément ou
en combinaison. Dans cette seconde partie, nous porterons uniquement notre attention sur
l'optimisation du mélange des deux composés (délivrance de la doxycycline et du NV716
simultanément).
136
Chapitre 5
7
a Valeur b
6 Moyenne 4.6
MMAD (µm)
Ecart-type 0.6
5 Minimum 3.6
Maximum 5.9
4 Q1 4.2
Médiane 4.3
3 Q3 5.2
3.5 4.0 4.5 5.0 5.5 6.0
MMAD (µm)
E1
E2
E3
E4
E5
E6
E7
E8
E9
0
1
2
E1
E1
E1
Expériences
40
c Valeur d
30 Moyenne 24
Ecart-type 6
FPF (%)
20 Minimum 14
Maximum 38
10 Q1 21
Médiane 24
Q3 26
0 15 20 25 30 35
FPF (%)
E1
E2
E3
E4
E5
E6
E7
E8
E9
0
1
2
E1
E1
E1
Expériences
Figure 59. Propriétés aérodynamiques MMAD (a) et FPF (b) des aérosols impliquant un
mélange des poudres de la doxycycline et du NV716 selon différents facteurs. Box Plots pour
les réponses MMAD (c) et FPF (d) représentent graphiquement leur plage de variation.
La variation des différents facteurs étudiés par le plan d'expérience a donné lieu à une large
gamme de MMAD compris entre 3,6 et 5,9 µm avec un MMAD moyen de 4,6 µm. En outre, la
FPF moyenne obtenu était de 24 %, la plus faible FPF obtenue était de 14 % tandis que le
pourcentage le plus élevé de particules fines obtenu était de 38%. Ainsi, d'après ces résultats,
nous pouvons remarquer une différence dans les MMADs obtenus, certains sont adaptés à
l'administration pulmonaire (inférieurs à 5 µm), tandis que d'autres sont supérieurs aux normes
recommandées pour une administration par voie pulmonaire (supérieurs à 5 µm). En outre, il
existe une énorme différence entre le pourcentage de particules fines allant de 14 à 38%, ce qui
influence la concentration des principes actifs au niveau de leurs sites cibles dans les zones
profondes des poumons, et par conséquent leur activité antibactérienne et leur efficacité
thérapeutique.
La variation des propriétés aérodynamiques des poudres obtenues reflète l'influence des
différents facteurs étudiés, et souligne la possibilité d'optimiser l'aérosolisation des poudres
conçues pour l'inhalation sans même avoir recours aux techniques sophistiquées d'ingénierie
137
Chapitre 5
343
des particules inhalées (telles que la préparation de grosses particules poreuses pour
432,433
l'administration pulmonaire ) ainsi que l'importance de les prendre en considération lors
de la mise au point d’une poudre sèche pour inhalation.
La Figure 60 montre l'analyse des différents facteurs qui influent sur les propriétés
aérodynamiques : MMAD (Figure 60- a, b) et FPF (Figure 5- c, d) des différents mélanges de
poudres obtenus en fonction des différentes expériences réalisées.
a b
Remplis 50 %
Remplis (1)
[PA] 100 %
Lactose
Ordre
2.5 %
Ordre [PA] (2)
Ordre 10 %
Ordre
Ordre Large
Ordre Lactose (3)
Ordre
Fin + large
Ordre
Ordre Doxy 2mn + NV716 2mn
Ordre Doxy 4mn + NV716 4mn
Ordre
NV716 2mn + Doxy 2mn
Ordre Ordre (4)
Ordre NV716 4mn + Doxy 4mn
Ordre NV716/L 2mn + Doxy/L 2mn
Ordre NV716/L 4mn + Doxy/L 4mn
c d
Remplis
50 %
[PA] Remplis (5)
Lactose 100 %
Ordre
Ordre 2.5 %
Ordre [PA] (6)
10 %
Ordre
Ordre
Ordre Large
Lactose (7)
Ordre Fin + large
Ordre
Ordre Doxy 2mn + NV716 2mn
Ordre
Ordre
Doxy 4mn + NV716 4mn
Ordre NV716 2mn + Doxy 2mn
Ordre NV716 4mn + Doxy 4mn Ordre (8)
Ordre NV716/L 2mn + Doxy/L 2mn
Ordre NV716/L 4mn + Doxy/L 4mn
Figure 60. Analyse de l'impact de plusieurs facteurs sur les caractéristiques aérodynamiques :
le MMAD (a, b) et la FPF (c, d) du mélange doxycycline/NV716 testé en inhalation.
138
Chapitre 5
L'influence du taux de principe actif (PA) sur le profil aérodynamique du mélange de poudres
(doxycycline et adjuvant NV716) a été étudiée en fixant deux taux de PA : 2,5 % et 10 % du
mélange des deux poudres par rapport au volume total de la poudre dans la gélule (volume total
Vt = VPA + VLactose).
Comme le montre la Figure 60-b-2, le taux de PAs a une influence sur le MMAD des particules
inhalées, qui est inversement proportionnelle à ce taux de PA, puisqu'un taux de 2,5% est
associé à une augmentation du MMAD alors que l'augmentation du taux de PA à 10% entraîne
sa diminution. En revanche, pour la Fraction de Particules Fines (Figure 60-d-6), le taux de PA
est directement proportionnel à la FPF. Un taux élevé en principe actif (10 %) entraîne une
augmentation de la FPF alors que sa diminution à 2,5 % permet la diminution de la FPF.
Ce résultat est particulièrement avantageux dans notre cas, puisqu'un résultat optimal se résume
en un faible MMAD (moins de 5 µm) permettant un dépôt optimal dans les parties profondes
des poumons (le site de l'infection bactérienne) et une FPF élevée assurant une concentration
suffisante (supérieure à la CMI de l'antibiotique) au site de l'infection. Ainsi, pour une
délivrance optimale de notre mélange de poudre, un taux élevé de PA de 10% est fortement
recommandé, permettant une diminution du MMAD et une augmentation de la FPF.
139
Chapitre 5
Le dernier facteur étudié est l'ordre d'introduction (avec la durée de mélange) des différents
constituants (principes actifs et excipient) dans le mélange final délivré à l'aide de l'inhalateur
de poudre sèche. Ainsi, six niveaux d’étude définis pour ce facteur, sont résumés dans la Figure
61.
Figure 61. Ordre et durée de mélange des deux composés avec le lactose pour obtenir une
poudre pour inhalation.
140
Chapitre 5
Selon les résultats obtenus, résumés dans la Figure 60, l'ordre d'introduction des différents
composants dans le mélange final pour inhalation a un impact sur le MMAD et aussi sur la FPF.
Selon la Figure 60-b-4, l'ordre qui conduit au plus faible MMAD est obtenu avec le mélange
de la doxycycline d'abord avec le lactose (pendant 4 min) suivi de l'ajout de NV716 (Figure
61-b). En outre, le mélange du NV716 en premier lieu avec du lactose (pendant 4 minutes) puis
l'ajout de la doxycycline (mélange pendant 4 minutes) entraîne également une diminution du
MMAD (Figure 61-d). Ce résultat implique que l'ordre dans lequel les deux composés sont
mélangés avec le lactose a peu d'influence, cependant la durée de 4 min est plus favorable pour
obtenir de faibles valeurs de MMAD.
Le mélange de la doxycycline avec le lactose pendant 2 min suivi de l'ajout du NV716 conduit
au MMAD le plus élevé et est donc l’ordre le plus défavorable (Figure 61-a). En outre, la
division du lactose en deux parties et les mélanger avec chaque composé séparément pendant 2
min ou 4 min ((Figure 61-e et f) ont montré des effets similaires avec une augmentation du
MMAD et sont ainsi défavorables.
En ce qui concerne la FPF (Figure 60-d-8), l’ordre le plus défavorable est celui impliquant le
mélange de chaque composé séparément avec le lactose pendant 2 min, suivi du mélange des
deux mélanges (Figure 61-e), cela conduit ainsi à la réponse la plus faible du FPF.
En outre, les deux expériences commençant par la doxycycline, qu'ils aient été mélangés
pendant 2 min ou 4 min à chaque fois, sont également défavorables (Figure 61-a et Figure 61-
b) et présentent de faibles FPF. En revanche, les 3 expériences commençant par le NV716
(pendant 2 ou 4 min ou son mélange avec la moitié de la quantité de lactose pendant 4 min)
permettent l'augmentation de la FPF et sont recommandées pour l'optimisation de la FPF
(Figure 61-c, Figure 61-d et Figure 61-f). Ainsi, pour ce paramètre (FPF), l'ordre
d'introduction est plus influent par rapport à la durée du mélange, et c'est l'introduction du
NV716 en premier qui est la plus favorable permettant l'augmentation de la FPF.
Donc, si l'on combine les résultats obtenus pour les deux réponses (MMAD et FPF), on peut
conclure que l'ordre d'introduction optimal pour notre mélange de composés est celui qui
prévoit de mélanger d'abord le NV716 avec du lactose pendant 2 min, puis d'ajouter la
doxycycline et de mélanger encore pendant 2 min (Figure 61-c), puisque cela entraîne une
diminution du MMAD et une augmentation de la FPF.
141
Chapitre 5
Tous les résultats précédemment présentés nous permettent d’envisager une formulation
optimale pour les deux composés assurant un meilleur profil aérodynamique en inhalation sous
forme de poudre. Le Tableau 23 et Figure 62 résument les différents constituants du mélange
optimal ainsi que ses caractéristiques aérodynamiques et son profil de dépôts sur les étages de
l’impacteur.
Taux de remplissage 50 %
[PA] 10 %
Lactose Large (RESPI003)
Ordre d’introduction NV716 2mn+Doxy 2mn
MMAD (µm) 4.1 (+/- 0.1)
FPF (%) 38 (+/- 0.9)
La Figure 62 laisse apparaitre que les deux composés sont uniformément répartis sur les
différents étages du NGI. On peut observer sur chaque étage de l’impacteur la présence des
deux composés déposés de manière homogène. De plus, leurs quantités déposées sont égales
sur la plupart des étages (étages 1,5, 6, 7 et 8) et très proches sur le reste (étages 2, 3 et 4). Ceci
est particulièrement important pour notre combinaison afin d'assurer la potentialisation de
l'activité de la doxycycline par l'adjuvant NV716 permettant d’atteindre l'effet pharmacologique
souhaité.
142
Chapitre 5
0,8
a
Doxycyline
0,4
0,2
0,0
Etage 1 Etage 2 Etage 3 Etage 4 Etage 5 Etage 6 Etage 7 Etage 8
Figure 62. Modèles de dépôt sur les étages du NGI du mélange doxycycline /NV716 délivrés
selon les facteurs optimaux
V. Conclusion :
Les résultats obtenus ont démontré l'influence de différents facteurs sur l'efficacité
d'aérosolisation de notre combinaison de principes actifs, dont certains permettent d'améliorer
leur comportement aérodynamique (tels que le taux de remplissage de 50% du volume de la
gélule, le taux de PAs de 2,5% et l’emploi du large lactose RESPI003 en tant qu’excipient
utilisé seul). A l’inverse d’autres paramètres entraînent une augmentation du MMAD ou une
diminution de la FPF et sont donc défavorables à notre formulation (comme le remplissage à
100% des gélules et le taux de principes actifs de 2,5%). Ainsi, la combinaison des différents
facteurs favorables nous a permis de trouver la bonne formulation permettant d'optimiser au
mieux la délivrance simultanée des deux composés sous forme de poudre inhalable. Nous avons
ainsi pu identifier les facteurs influençant le comportement aérodynamique de notre poudre
combinée pour inhalation, ce qui nous a permis de trouver la meilleure formulation en
regroupant les facteurs optimaux sans même avoir recours à des techniques sophistiquées
d'ingénierie des particules ou utiliser un panel d'excipients (comme les agents améliorant la
fluidité et les lubrifiants) qui peuvent affecter négativement les voies respiratoires souvent
affaiblies par une infection à P. aeruginosa.
143
Chapitre 6
Les Hanamines
(Résultats expérimentaux)
144
Chapitre 6
I. Introduction
Dns ce chapitre, nous décrirons le développement d’une nouvelle classe de dérivés d’acides
gras polyaminés en vue d’améliorer les activités biologiques du dérivé polyaminoisoprényle
NV716, qui a été envisagé en jouant sur la longueur de la chaine hydrophobe (acide gras)
possédant comme dans le cas de NV716 de nombreuses double liaison permettant ainsi
d’accroitre le degré d'hydrophobicité de la molécule ce qui semblait selon nos études
antérieures contribuer à une bonne activité des dérivés polyaminoisoprényles. Nous étudierons
également leurs mécanismes d’action vis-à-vis des bactéries à Gram-négatif.
La synthèse de nouveaux types de dérivés polyaminés, les Hanamines (HD), s’effectue à partir
d’acides gras naturels tels que l’acide oléique, linoléique, docosahexaénoïque, et
eicosapentaénoïque. A titre d’exemple pour la synthèse du dérivé HD1, nous avons réalisé un
couplage peptidique entre l’acide oléique et la spermine dans les conditions suivantes.
Les dérivés HD1, HD2, HD3 et HD4 sont ainsi obtenus suivant les mêmes conditions
opératoires avec un rendement de 47%, 53%, 61% et 22% respectivement.
145
Chapitre 6
Par la suite et par analogie avec la structure du dérivé NV716 précédemment étudié contenant
un grand nombre d’insaturations dans sa structure mais également de résultats biologiques
préliminaires, un grand nombre d’analogues du composé HD3 ont été préparés et sont présentés
dans le Tableau 24.
HD5 56
HD6 61
HD7 49
HD8 52
HD9 61
HD10 56
HD11 48
HD12 42
HD13 42
HD14 28
HD15 30
HD16 41
HD17 53
146
Chapitre 6
L’activité antimicrobienne (CMI) des Hanamines a été évaluée vis-à-vis de trois souches
bactériennes à Gram-négatif : Pseudomonas aeruginosa PA01, K pneumoniae ATCC51296 et
E. coli ATCC25922. Nous avons également procédé à l’évaluation de leur effet en tant
qu’adjuvant à la doxycycline et à l’érythromycine utilisées à une concentration de 2 µg/mL vis-
à-vis de ces mêmes souches bactériennes. Les résultats sont présentés dans le Tableau 25.
Tableau 25. CMIs des Hanamines (µM) seules et en combinaison avec la doxycycline
(SYN1) ou avec l’érythromycine (SYN2) utilisées à 2 µg/mL vis-à-vis de PA01, K
pneumoniae ATCC51296 et E. coli ATCC25922
Par la suite, nous avons procédé à l’évaluation de ces composés en tant qu’adjuvants à la
doxycycline vis-à-vis de PA01 et à l’érythromycine vis-à-vis de K. pneumoniae ATCC51296
et E. coli ATCC25922.
Les résultats ont permis d’identifier deux composés permettant la réduction de la CMI de la
doxycycline et de l’érythromycine au seuil de sensibilité de 2 µg/mL. Le composé HD3 qui a
permis la restauration de l’activité de la doxycycline vis-à-vis de PA01 lorsqu’il est utilisé à
6.25 µM (3.2 µg/mL) et la potentialisation de l’activité de l’érythromycine vis-à-vis de K.
pneumoniae et E. coli lorsqu’il est utilisé à 12.5 µM (6.4 µg/mL). Le deuxième composé est le
composé HD13 qui restaure l’efficacité de l’érythromycine vis-à-vis de K. pneumoniae et E.
coli lorsqu’il est utilisé à 1.56 µM (0.7 µg/mL) et à 12.5 µM (5.5 µg/mL) respectivement.
La Figure 63-a résume les CMIs du composé HD3, de la doxycycline, du HD3 en présence de
la doxycycline à son seuil de sensibilité (2µg/mL) et de la doxycycline en présence du HD3 (5
µg/mL). On peut clairement voir que l’utilisation du composé HD3 à 5 µg/mL permet de réduire
la CMI de la doxycycline de 64 à 0.25 µg/mL, et que la restauration de l’efficacité de la
doxycycline (CMI = 2 µg/mL) nécessite l’utilisation du composé HD3 à 3.2 µg/mL.
a b
100 HD3 300 HD13
HD3 (Doxycycline : 2µg/mL) HD13 (Erythromycine 2 µg/mL)
256
Doxycycline Erythromycine
250
80 Doxycycline ( HD3 : 5 µg/mL) Erythromycine (HD13 6.6 µg/mL)
64 200
CMI (µg/mL)
CMI (µg/mL)
60
50
150 128
40
100
20 44
50
22
3.2
3 0.25 5.5
6
3e-001 0.7
1 0.25
3e-001 1
0 0
PA01 Kp ATCC 51296 E. coli ATCC 25922
Figure 63. CMIs du composé HD3 et de la doxycycline vis-à-vis de PA01 (a). CMIs (µg/mL)
du composé HD13 et de l’érythromycine vis-à-vis de K. pneumoniae ATCC 51296 et de E.
coli ATCC 25922 (b)
148
Chapitre 6
à 2 µg/mL requiert l’utilisation du composé HD13 à une concentration de 0.7 et 5.5 µg/mL
respectivement.
Afin d’évaluer les interactions in vitro entre la doxycycline et le composé HD3 vis-à-vis de
PA01 et de l’érythromycine avec le composé HD13 vis-à-vis de K. pneumoniae et E. coli nous
avons procédé à la détermination de la Concentration Fractionnée Inhibitrice qui nous a permis
de calculer l’indice de Concentration Fractionnaire Inhibitrice (Index FIC : Fractionnal
Inhibitory Concentration Index).65
Figure 64. Principe du test d’échiquier permettant la détermination simultanée des CMIs et de
la FIC
149
Chapitre 6
Ainsi, pour deux molécules A et B en interaction, l’indice FIC de cette combinaison exprime la
nature de l'interaction (synergie, indifférence ou antagonisme).65 La définition des seuils des
différents types d’interaction selon EUCAST 435 est comme suit : une interaction est considérée
synergique lorsque son indice FIC est inférieur à 0.5, un effet additif est retenu lorsque 0.5 <
FIC ≤ 1, des seuils compris entre pour 1 < FIC < 2 signifient une indifférence et des valeurs de
FIC ≥ 2 sont utilisées pour définir un antagonisme.436
Les résultats de l’évaluation de la nature des interactions entre deux antibiotiques (la
doxycycline et l’érythromycine) avec les deux meilleures Hanamines (HD3 et HD13) sont
regroupés dans le Tableau 26.
Tableau 26. Valeurs des FICs obtenues avec différentes combinaisons de la doxycycline ou
érythromycine) avec les Hanamines HD3 et HD13 vis-à-vis de 3 souches à Gram-négatif
150
Chapitre 6
Les différentes combinaisons du composé HD3 avec l’érythromycine vis-à-vis d’E. coli en vue
d’étudier la nature de leur interaction ont démontré des valeurs de FICs comprises entre 0.18 et
1.01 avec une valeur moyenne de 0.71 qui s’interprète comme la résultante d’une additivité des
activités des deux composés. La meilleure combinaison est celle impliquant l’utilisation de 10
µg/mL du composé HD3 avec 32 µg/mL d’érythromycine. De plus, la combinaison de
l’érythromycine avec le composé HD13 a donné des FICs compris entre 0.22 et 1.05 avec une
valeur moyenne de 0.73 traduisant une additivité des activités des deux composés vis-à-vis de
E. coli. La meilleure combinaison est celle de 8.8 µg/mL de HD13 avec 1 µg/mL
d’érythromycine.
L’étude du mécanisme d’action des Hanamines HD3 et HD13 a été menée sur 4 souches
bactériennes à Gram-négatif différentes à savoir Pseudomonas aeruginosa PA01, K.
pneumoniae ATCC 51296, E. coli ATCC 25922 et E. aerogenes EA289.
151
Chapitre 6
De nombreux antibiotiques sont beaucoup plus efficaces contre les bactéries à Gram-positif que
contre de multiples bactéries à Gram-négatif.437 Cette différence est due principalement à la
présence d’une couche membranaire supplémentaire " la membrane externe" chez les bactéries
à Gram-négatif.437,438 qui représente une structure hautement spécialisée et forme l'interface
entre la cellule bactérienne et son environnement externe.439 cette membrane sert de barrière
protectrice importante très difficile à franchir qui contrôle efficacement et bloque l'accès des
solutés et des agents externes à la membrane cytoplasmique y compris les antibiotiques, les
détergents et les produits chimiques toxiques.439 La plupart des antibiotiques visent des
processus intracellulaires, d’où la nécessité de pénétrer l'enveloppe de la cellule bactérienne
pour accéder à leurs cibles.438 Cependant, dans le cas des bactéries à Gram-négatif, la faible
perméabilité de la paroi bactérienne extérieure empêche l'obtention d’un effet antibiotique
suffisant à faibles doses.86,440
En vue d’évaluer l’effet des deux meilleurs Hanamines HD3 et HD13 sur la membrane
bactérienne externe, nous avons réalisé le test de perméabilisation bactérienne vis-à-vis de
Pseudomonas aeruginosa PA01 (bactérie type qui secrète les béta-lactamases nécessaire au
test) basé sur l’hydrolyse de la nitrocéfine et dont le principe a été déjà expliqué précédemment
(Voir CHAPITRE 2). La Figure 65 regroupe les résultats de la cinétique d’hydrolyse de la
nitrocéfine en présence des composé HD3 et HD13.
2.0 a
a
PMB
2.0
b
b PMB
PMBn PMBn
(a.u.)
(a.u.)
1.5 1.5
HD3 (256 µM) HD13 (256 µM)
490nm
490nm
Abs
0.0 0.0
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps (min) Temps (min)
Figure 65. Cinétique d’hydrolyse de la nitrocéfine en présence du HD3 (a) et HD13 (b)
152
Chapitre 6
Afin d’évaluer l’effet des deux composés HD3 et HD13 sur l’intégrité membranaire des
bactéries à Gram-négatif (PA01, K pneumoniae et E. coli) nous avons procédé au suivi de la
libération d’Adénosine Triphosphate (ATP), un nucléotide présent uniquement dans le
cytoplasme bactérien. Ainsi, le principe de la méthode utilisée est basé sur la quantification par
bioluminescence de l’ATP relargué dans le milieu extracellulaire par suite de l’addition d’un
couple de réactifs (luciférine/luciférase) responsable de la formation d’oxyluciférine
accompagnée de l’hydrolyse de l’ATP en AMP avec émission de photons quantifiable à 560
nm.166 L’émission de photons mesurée par bioluminescence reflète ainsi la perturbation de
l’intégrité de la membrane bactériennes induite par le composé testé (Figure 66).
Dans notre cas différentes concentrations (128-4 µM) ont été testées pour chacun des deux
composés (HD3 et HD13) vis-à-vis des trois souches bactériennes. La luminescence a été
mesurée après un temps de contact de 1 minute. Le pourcentage de libération d’ATP a été
calculé par rapport à celui obtenu en utilisant le cétyl de tétrabutylammonium (CTAB) pris
comme témoin positif permettant une libération totale de l’ATP.
153
Chapitre 6
Figure 66. Principe de l’étude de l’effet d’un composé sur l’intégrité membranaire (libération
d’ATP intracellulaire) des bactéries à Gram-négatif, selon la thèse de Marine Blanchet 166
Ainsi, sur PA01 (Figure 67-a) on observe très nettement que l’ajout du composé HD3 entraine
une importante libération d’ATP même à de faibles concentrations, le maximum de libération
d’ATP étant induit pour la plus grande concentrations (128 µM). Cette libération d’ATP
témoigne ainsi d’un fort effet de lyse membranaire. En outre, on observe une libération d’ATP
dose-dépendante induite par le composé HD13. Cependant, l’effet du composé HD3 sur la
libération d’ATP dans le cas de PA01 est beaucoup plus important que celui exercé par le
composé HD13.
A l’inverse, sur K. pneumoniae (Figure 67-b) et E. coli, le composé HD13 induit une libération
d’ATP plus importante que celle observée en présence du composé HD3. On constate donc
que de faibles modifications structurales entre les composés HD3 et HD13 conduisent à des
comportements différents au niveau de leurs interactions avec les membranes bactériennes.
154
Chapitre 6
210000 aa
175000 HD3
105000
70000
35000
0
128 64 32 16 8 4 CTAB 0.1%
Concentration (µM)
b cc
210000 b 210000
105000 105000
70000 70000
35000 35000
0 0
128 64 32 16 8 4 CTAB 0.1% 128 64 32 16 8 4 CTAB 0.1%
Concentration (µM) Concentration (µM)
Figure 67. Mesure de la libération d’ATP en présence des composés HD3 et HD13 chez
PA01(a), K. pneumoniae ATCC51296 (b) et E. coli ATCC25922 (c)
Afin d’évaluer l’impact des Hanamines HD3 et HD13 sur la membrane cytoplasmique des
bactéries à Gram-négatif utilisées précédemment, nous avons procédé à l’étude de la
dépolarisation de leurs membranes internes en présence de ces deux composés. Le principe de
la méthode consiste en la mesure de la fluorescence d’une sonde carbocyanine hydrophobe
(l’iodure de 3,3'-dipropylthiadicarbocyanine (DiSC3(5)) caractérisée par sa capacité à
s’accumuler dans les membranes hyperpolarisées. En milieu extracellulaire, cette sonde est
fluorescente, cependant son accumulation dans les membranes hyperpolarisées provoque un
phénomène d’auto-atténuation du signal de fluorescence (quenching de fluorescence) Figure
68-1. 166,441
L’ajout d’un composé capable d’induire une dépolarisation de la membrane bactérienne, permet
d’établir un équilibre des charges de part et d’autre de la membrane, le gradient de proton est
ainsi rompu, ce qui conduit au relargage du DiSC3(5) qui n’a plus d’affinité pour la membrane
dépolarisée (Figure 68-2). Ainsi, le suivi de la variation de la fluorescence (RFU, Relative
Fluorescence Unit; excitation à 622 nm, émission à 690 nm) en fonction du temps permet
d’évaluer l’état de l’environnement du DiSC3(5) et d’étudier l’impact des composés sur la
155
Chapitre 6
mesure de la
1. 2. Composé à 3. fluorescence
DiSC3(5) +
+ tester
milieu
extracellulaire
périplasme porine
+ +
+ + + + + H +- +- + H
cytoplasme - - - - - + - +- +- +
H H
Figure 68. Principe du test de dépolarisation membranaire (libération du DiSC3(5)) réalisé sur
une bactérie à Gram-négatif, issu de la thèse de Marine. Blanchet 166
Les résultats du test de dépolarisation membranaire montrent que les deux composés (HD3 et
HD13) exercent un effet de dépolarisation sur les membranes bactériennes des trois bactéries testées
même lorsqu’ils sont utilisés à de faibles concentrations ( Figure 69). On observe qu’à forte
concentration (128, 64 et 32 µM), la dépolarisation induite par le composé HD13 sur les 3 souches
testées est plus importante que celle induite par le composé HD3. Cependant, parmi les trois
bactéries utilisées, la bactérie K. pneumoniae est plus sensible à la dépolarisation.
156
Chapitre 6
100
a HD3
Membrane depolarization (%)
80 70
HD13
60 62 57 59
60
47
42 37 42 100
HD3 20
b
78 HD13
80 73
65 0
56 128 64 32 16 8 4
60
47 43 Concentration (µM)
38 35
40 32 31
31 30
20
0
128 64 32 16 8 4
Concentration (µM)
IV.2. Action des composés HD3 et HD13 sur la performance des pompes
d’efflux d’E. aerogenes EA289
Afin d’évaluer la capacité des deux composés HD3 et HD13 à inhiber les pompes d’efflux nous
avons procédé à la mesure de la fluorescence en temps réel d’une sonde connue comme étant
substrat des pompes AcrAB-TolC de la bactérie EA289 à savoir le 1,2'-dinaphthylamine (1,2'-
diNA).
La souche bactérienne EA289 est un isolat clinique multirésistant d’E. aerogenes 442,443
157
Chapitre 6
Dans ce contexte, le suivi du relargage extracellulaire d’un substrat des pompes d’efflux
AcrAB-TolC permet d’étudier le fonctionnement de ces pompes et ainsi l’évaluation de la
capacité des molécules à les inhiber.166
Dans un premier temps, les bactéries sont incubées avec la sonde lipophile (le 1,2'-diNA)
fluorescente en milieu membranaire en présence de carbonylcyanure m-chlorophénylhydrazone
(CCCP) (Figure 70).445,446 Ce dernier est un ionophore capable de désactiver la force proton-
motrice nécessaire au fonctionnement des pompes d’efflux par le transport des protons de part
et d’autre de la membrane cytoplasmique. Les composés à tester sont alors ajoutés à différentes
concentrations suivis par l’addition du glucose (source d’énergie) en vue de réactiver les
pompes d’efflux désactivées par l’action du CCCP (Figure 70).445,446 166
La variation de la
fluorescence du 1,2'-diNA est mesurée en fonction du temps (RFU, Relative Fluorescence Unit
; excitation à 370 nm, émission à 420 nm) afin d’évaluer l’inhibition de son efflux par HD3 et
HD13. La RFU mesurée a été normalisée afin d’exprimer un pourcentage d’inhibition de
l’efflux (% RFU). La réalisation du test sans l’ajout du composé d’intérêt (glucose seul) atteste
de l’activité des pompes d’efflux.
Les résultats de l’efflux en temps réel du 1,2'-diNA en présence du composé HD3 et HD13 sont
représentés sur la Figure 71.
Figure 70. Principe du test d’efflux en temps réel par l’évaluation de l’efflux du 1,2'-diNA
déclenché par le glucose, selon la thèse de Marine Blanchet166
158
Chapitre 6
a b
120
addition de glucose
a 120
addition de glucose
b
Inhibition d'efflux (% RFU)
0 0
0 400 800 1200 1600 2000 0 400 800 1200 1600 2000
Temps (s) Temps (s)
Figure 71. Mesure de la capacité des composés HD3 (a) et HD13 (b) à inhiber l’efflux chez
EA289
Comme le montre la Figure 71, l’addition du glucose seul (contrôle négatif) induit le transport
actif de plus de 55% du 1,2’-diNA, ce qui traduit le bon fonctionnement des pompes d’efflux
et l’absence de toute inhibition de l’efflux. Cependant, en présence des composés HD3 ou
HD13 (Figure 71 -b) à forte concentration (256 et 128 µM) on observe une inhibition totale de
l’efflux du 1,2’-diNA. Cette inhibition diminue progressivement avec la dose, le plus faible
pourcentage d’inhibition (80 %) est observé avec la plus faible concentration testée (16 µM).
Ces résultats suggèrent donc que les Hanamines HD3 et HD13 exercent un effet d’inhibition
sur le fonctionnement des pompes d’efflux AcrAB-TolC. Cependant, d’après les résultats des
tests précédents qui montrent l’impact des deux composés sur l’intégrité de la membrane
bactérienne et leur capacité à déstabiliser le potentiel transmembranaire des bactéries à Gram-
négatif, cette inhibition de l’efflux peut être également une conséquence de la désactivation de
la force protomotrice (gradient de proton) qui constitue la source d’énergie des pompes d’efflux
AcrAB-TolC.
L’ensemble des résultats obtenus nous ont permis d’imaginer le mécanisme d’action des deux
meilleurs Hanamines HD3 et HD13, la Figure 72 résume leurs différents sites d’action et le
principe de leur activité potentialisatrice des antibiotiques.
159
Chapitre 6
Sans HD Avec HD
Perméabilisation membranaire
HD
ATB
Entrée de l’antibiotique
Perméabilité limitée
Dépolarisation
Pompe d’efflux membranaire
Action de
l’ATB
Inhibition de l’efflux
Membrane polarisée
La perméabilité limitée (1) de la membrane des bactéries à Gram-négatif ainsi que l’expression des pompes d’efflux (2)
empêche l’entrée et l’accumulation de certains antibiotiques (ATB). Le composé HD (HD3/HD13) perméabilise la membrane
externe (4), perturbe l’intégrité des membranes bactériennes (5) et induit sa dépolarisation (6). En outre, il inhibe le
fonctionnement des pompes d’efflux (7). Ceci facilite l’entrée des antibiotiques à cible intracellulaire
(Doxycycline/Erythromycine), empêche leur expulsion et ainsi potentialise leurs actions.
Figure 72. Mécanisme d’action des deux meilleurs Hanamines (HD3 et HD13)
160
Chapitre 6
V. Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons décrit le procédé de synthèse d’une série de dérivés d’acides gras
polyaminés de façon simple et avec de bons rendements chimiques.
L’étude de leurs activités antibactérienne in vitro vis-à-vis de trois souches bactériennes à
Gram-négatif (PA01, K pneumoniae et E. coli) a permis de confirmer qu’ils sont dépourvus
d’activité antibactérienne propre. Cependant, leur utilisation en combinaison avec la
doxycycline et l’érythromycine nous a permis d’identifier les deux meilleurs dérivés : le
composé HD3 qui potentialise l’action de la doxycycline vis-à-vis de PA01 et le composé
HD13 permettant la restauration de l’efficacité de l’érythromycine vis-à-vis de K pneumoniae
et E. coli. La détermination de l’indice FIC de leurs différentes combinaisons a permis de
confirmer la nature synergique de leurs interactions.
Par ailleurs, l’étude mécanistique réalisée pour deux des composés (HD3 et HD13) a permis de
démontrer leur capacité à agir sur l’intégrité des membranes bactériennes. Ils induisent ainsi la
perméabilisation de la membrane externe et la dépolarisation de la membrane cytoplasmique chez
les bactéries à Gram-négatif avec une capacité à déstabiliser le potentiel transmembranaire qui s’est
traduit par la libération de l’ATP intracellulaire. De plus, nous avons également pu mettre en
évidence leur effet perturbateur sur le bon fonctionnement des pompes d’efflux de type AcrAB-
TolC chez EA289.
Cependant, d’autres études d’optimisation et d’évaluation de leur toxicité restent à réaliser en vue
d’aboutir au design du meilleur adjuvant possible utilisable à une concentration optimale
équivalente ou inférieure à celle de l’antibiotique qui lui sera associé.
161
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
Ainsi, nous avons envisagé l’évaluation de cette combinaison dans une solution pour inhalation
dédiée à la prise en charge des infections respiratoires causées par P. aeruginosa. D’après les
162
Conclusion générale et perspectives
Afin d'exploiter les avantages de la poudre sèche pour inhalation et d’évaluer l'adaptabilité de
cette même combinaison (doxycycline/NV716) à l'administration pulmonaire sous forme d’une
poudre, une étude supplémentaire a ensuite été réalisée en utilisant la méthode des plans
d’expériences. Il s’agissait de faire varier différents facteurs en vue d’étudier leur probable
influence sur l’efficacité de délivrance de notre combinaison et de trouver la formule optimale
permettant un dépôt optimal des deux composés (doxycycline et NV716) au niveau du site
d’infection ciblé. Les résultats obtenus discutés dans le CHAPITRE 5 permettent de surligner
l’influence des différents facteurs étudiés. Ainsi, la formulation optimale a été définie en
combinant les meilleurs facteurs permettant l’obtention des meilleurs propriétés
aérodynamiques (le plus faible MMAD et la plus élevée FPF) de la poudre combinée pour
l’inhalation et ceci sans même avoir recours à des techniques sophistiquées d'ingénierie des
163
Conclusion générale et perspectives
particules ou utiliser plusieurs excipients (tels que les agents améliorant la fluidité) qui peuvent
affecter négativement les voies respiratoires déjà affaiblies par une infection à P. aeruginosa.
L’ensemble des résultats des différentes études réalisées dans ce travail de thèse démontre que
la combinaison doxycycline/NV716 pourrait apparaitre comme un traitement potentiel
prometteur pour la prise en charge des infections pulmonaires à P. aeruginosa. Il convient de
mentionner que l'originalité de ce travail provient de l'administration simultanée par inhalation
de deux principes actifs qui agissent en synergie, ce qui signifie que la présence des deux
composés en quantité suffisante et à des proportions précises sur le même site est essentielle
pour obtenir l'effet pharmacologique attendu, ce qui complique son développement. En outre,
l’adjuvant NV716 a été préparé sous forme de sel hydrosoluble facile à solubiliser pour
l'aérosolisation, sa combinaison avec la doxycycline ainsi que leur administration par inhalation
permet d’espérer la réduction des doses administrées et ainsi la diminution des effets
indésirables systémiques.
Ces premiers résultats sont suffisamment encourageants pour espérer de nouveaux travaux dans
la continuité de ce sujet original et innovant. Ainsi, de nombreuses perspectives de recherche
in vitro/in vivo peuvent être proposées à la suite de ce travail :
164
Conclusion générale et perspectives
- Des études complémentaires doivent être menées pour une meilleure évaluation in vivo
de cette formulation sur un modèle animal avant d’envisager une application potentielle
clinique. On peut citer :
• Des études pharmacocinétiques chez des rats sains afin de déterminer la dose
optimale à administrer qui assure des concentrations efficaces pour l’activité
antibactérienne tout en restant loin de la zone de toxicité et des effets
indésirables résultant de l’exposition systémique.
• Des études pharmacocinétiques chez des rats infectés sont nécessaires pour
évaluer l'efficacité de la combinaison doxycycline/NV716 dans des
conditions pathologiques.
165
Matériels et méthodes
166
Matériels et méthodes : Chimie
A. Chimie
I. Matériels
I.1. Réactifs:
Tous les solvants ont été purifiés selon les procédures standards, et les réactifs utilisés étaient
disponibles dans le commerce. Le méthanol, l'acétate d'éthyle et le dichlorométhane ont été
achetés auprès de VWR et utilisés sans autre forme de purification. La chromatographie sur
colonne a été réalisée sur du gel de silice SDS (70-230 mesh). Les spectres RMN 1H et RMN
13
C ont été enregistrés en CD3oD sur un spectromètre Bruker AC 300 fonctionnant à 300 et 75
MHz, respectivement (les abréviations habituelles sont utilisées : s : singulet, d : doublet, t :
triplet, q : quadruplet, m : multiplet). Le tétraméthylsilane a été utilisé comme étalon interne.
Tous les déplacements chimiques sont donnés en ppm. L'analyse par spectroscopie de masse a
été effectuée par le Spectropole (Laboratoire d'analyse, Université d'Aix-Marseille). La pureté
des composés a été vérifiée par HPLC analytique (colonne C18, éluant CH3CN-eau-TFA
(90:10:0,025, v/v/v), 0,5-1 mL/min) avec un détecteur PDA couvrant de 210 à 310 nm. Tous
les composés présentaient une pureté supérieure à 95%, déterminée par HPLC-PDA à 214 et
254 nm.
II. Méthodes
Pour la synthèse du dérivé NV716 (composé 58) on a procédé comme suit : à une solution de
spermine (450 mg, 2,27 mmol) et de triéthylamine (450 µL, 4,5 mmol) dans du THF distillé
(10 ml) est ajouté goutte à goutte du chlorure de farnésyle 1 (480 mg, 2 mmol) dans du THF
distillé (15 ml).
ou
ou Solvant,
167
Matériels et méthodes : Chimie
Le mélange réactionnel est agité à température ambiante pendant 24 h, puis concentré sous vide.
Le résidu brut est purifié par chromatographie sur colonne de gel de silice (éluant
CH2Cl2/MeOH/NH4OH, 7:3:1) pour obtenir le composé pur souhaité sous la forme d’un solide
jaune avec un rendement de 64 %.
Composé 58 (NV716): solide jaune; Rdt : 64%; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.05-4.93
(m, 3H), 2.93-2.57 (m, 14H), 2.19-1.92 (m, 10H), 1.63-1.87 (m, 23H). 13C (MeOD): = 142.24,
134.83, 131.09, 124.86, 124.17, 117.32, 47.90, 47.69, 47.64, 46.61, 44.01, 40.60, 39.83, 33.97,
31.20, 26.97, 26.30, 25.66, 25.11, 24.90, 17.62, 16.90, 15.93. C25H50N4 MS (ESI+) m/z 407.41
(100%, [M + H]+).
Composé 59 : huile jaune; Rdt: 41%; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.33-5.38 (m, 1H),
5.15-5.21 (m, 2H), 3.22-3.24 (m, 2H), 2.63-2.72 (m, 2H), 2.49-2.59 (m, 10H), 1.59-1.92 (m, 31
H) . 13
C (MeOD): = 141.16, 135.71, 132.01, 124.30, 123.51, 120.56, 47.41, 46.32, 45.32,
39.71, 39.41, 33.25, 31.92, 27.35, 26.74, 24.12, 22.10, 18.68, 16.03. C24H48N4 MS (ESI+) m/z
393.39 (100%, [M + H]+).
Composé 60 : huile jaune ; Rdt : 61%; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.34-5.38 (m, 1H),
5.16-5.21 (m, 2H), 3.32 (s, 1H), 3.22-3.26 (m, 2H), 2.63-2.69 (m, 2H), 2.49-2.55 (m, 6H), 2.02-
2.06 (m, 8H), 1.59-2.00 (m, 19H) . 13C (MeOD): = 141.66, 135.71, 132.11, 124.30, 123.51,
120.51, 47.41, 46.31, 46.02, 45.21, 39.69, 39.41, 33.19, 31.89, 26.74, 24.62, 22.00, 18.78,
16.43. C21H41N3 MS (ESI+) m/z 336.33 (100%, [M + H]+).
Composé 61: huile jaune; Rdt: 42% ; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.34-5.38 (m, 1H),
5.16-5.20 (m, 2H), 3.34 (s, 1H), 3.22-3.26 (m, 2H), 2.39-2.50 (m, 12H), 2.02-2.04 (m, 8H),
1.52-1.79 (m, 16H) . 13C (MeOD): = 141.56, 136.01, 132.01, 124.32, 123.50, 120.41, 59.91,
168
Matériels et méthodes : Chimie
58.02, 47.21, 45.31, 39.69, 38.82, 33.42, 26.64, 24.52, 21.95, 18.78, 16.41. C21H42N4 MS
(ESI+) m/z 351.34 (100%, [M + H]+).
Composé 62: huile jaune; Rdt: 38%; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.34-5.38 (m, 1H), 5.17-
5.22 (m, 1H), 3.29 (s, 1H), 3.22-3.24 (m, 2H), 2.60-2.67 (m, 2H), 2.53-2.55 (m, 10H), 2.01-
2.04 (m, 4H), 1.49-1.79 (m, 19H) . 13C (MeOD): = 141.68, 132.00, 123.32, 120.11, 47.41,
46.32, 45.39, 45.32, 39.46, 31.92, 27.33, 26.44, 24.42, 18.63, 16.09. C19H40N4 MS (ESI+) m/z
325.33 (100%, [M + H]+).
Composé 63: huile jaune; Rdt: 54%; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.33-5.38 (m, 1H),
5.16-5.22 (m, 1H), 3.32 (s, 1H), 3.22-3.26 (m, 2H), 2.60-2.68 (m, 2H), 2.50-2.55 (m, 6H), 2.02-
2.04 (m, 4H), 1.52-1.79 (m, 16H) . 13C (MeOD): = 141.58, 132.01, 123.52, 120.51, 47.41,
46.31, 46.01, 45.32, 39.43, 31.92, 26.44, 24.32, 18.78, 16.11. C16H33N3 MS (ESI+) m/z 268.27
(100%, [M + H]+).
Composé 64: huile jaune; Rdt: 46%; 1H NMR (MeOD, 250 MHz): = 5.33-5.38 (m, 1H), 5.17-
5.22 (m, 1H), 3.32 (s, 1H), 3.22-3.23 (m, 2H), 2.39-2.60 (m, 12H), 1.98-2.01 (m, 4H), 1.52-
1.79 (m, 13H) . 13C (MeOD): = 141.62, 132.00, 123.54, 120.51, 59.95, 56.03, 47.21, 45.19,
45.32, 39.45, 38.82, 26.44, 24.62, 18.63, 16.19. C16H34N4 MS (ESI+) m/z 283.28 (100%, [M +
H]+).
Dans un ballon, on place 282 mg d’acide oléique (1 mmole) dans 15 mL de CH2Cl2 et on ajoute
202 mg de spermine (1 mmole), 129 mg de diisopropylethylamine (1 mmole) et 442 mg de
BOP (1 mmole). On laisse sous agitation 12h à température ambiante. On concentre sous vide
et on purifie par chromatographie sur gel de silice en utilisant un éluant de type méthanol puis
un mélange de CH2Cl2/méthanol/ NH4OH (7/3/1). Le produit est obtenu sous la forme d’une
huile jaune visqueuse avec un rendement de 47%.
169
Matériels et méthodes : Chimie
HD1 : huile jaune visqueuse (mélange d’isomères): 1H NMR (250MHz) : 0.83 (t, J = 2.5 Hz,
3H), 1.10-1.62 (m, 22H), 1.69-2.15 (m, 17H), 2.67-2.96 (m, 10H), 3.12-3.29 (m, 3H), 5.27 (m,
13
2H), 7.53 (m, 1H) , C NMR (62.5 MHz) : 183.14, 130.81, 128.87, 125.38, 125.27, 49.61,
46.40, 37.04, 33.11, 30.88, 30.65, 30.39, 30.28, 28.18, 27.04, 23.78, 14.52. C28H58N4O MS
(ESI+) m/z 467.463 (100%, [M + H]+).
170
Matériels et méthodes : Chimie
Les dérivés HD5 et HD17 ont tous été synthétisés suivant le mode opératoire mise en œuvre
dans la synthèse de HD3.
171
Matériels et méthodes : Microbiologie
B. Microbiologie
I. Matériel
La souche bactérienne ciblée dans cette étude est la souche de référence de Pseudomonas
aeruginosa PA01, deux autres mutants de P. aeruginosa déficients des pompes d'efflux : PA403
(mexAB, mexCD, mexEF, mexXY, mexJK) et PA01(OprM) (mexOprM) ainsi qu’un panel
de souches cliniques de P. aeruginosa (voir Données Supplémentaires Annexe 5) et d’autres
bactéries ont été utilisées : E. coli ATCC 25922, K. pneumoniae ATCC 51296 et E. aerogenes
EA289. Les souches bactériennes ont été préalablement stockées dans du glycérol à 15% (v/v)
à -80 °C pour une cryoprotection. Une colonie de la culture fraîche de chaque souche a été
incubée dans un tube de culture contenant 3 mL de bouillon Mueller-Hinton (MH) à 37 °C
pendant une nuit sous agitation. Cette suspension a été utilisée pour la préparation de
l'inoculum.
Les composés chimiques synthétisés sous forme de chlorhydrate (NV716, les dérivés
polyaminoisoprényles, polyaminogéranyles et les Hanamines) ont été solubilisés dans de l’eau
distillée et des solutions stocks à 10 mM ont été préparées.
La phénylalanine arginine ꞵ-naphthylamide (PAꞵN) a été achetée auprès de Sigma, la
nitrocéfine a été achetée auprès de la société Thermo Fisher Scientific (Illkirch, France).
Le réactif luciférine/luciférase, la nitrocéfine, l’iodure de 3,3'-dipropylthiadicarbocyanine
(DiSC3(5)), le 1,2'-dinaphthylamine (1,2’-diNA) et le carbonylcyanure m-
172
Matériels et méthodes : Microbiologie
II. Méthodes
L’activité antibactérienne des antibiotiques et des différents composés a été évalué par la
détermination de leurs CMIs vis-à-vis des souches décrites précédemment. La CMI est par
définition la plus faible concentration d’un composé nécessaire pour induire une inhibition
visible de la croissance bactérienne après un temps d’incubation de 24 h à 37 ° C.
Les CMIs des différents composés ont été déterminées par la méthode de microdilution en
plaque conformément aux recommandations du Comité de l’Antibiogramme de la Société
Française de Microbiologie (CA-SFM). A partir des solutions mères à une concentration de
départ de 6,4 mg/mL pour les antibiotiques et 10 mM pour les composés, des dilutions en
cascades ont été réalisées à partir de la 3ème ligne de la microplaque, la première étant réservé
au milieu de culture (le témoin négatif) et la deuxième sert de témoin positif contenant la
suspension bactérienne seule sans composés antibactériens. Les suspensions bactériennes ont
été ajustées au standard de 0,5 McFarland (environ 1,5 × 108 unités formant des colonies UFC/
ml). L’inoculum final est ajusté à 1,5 × 105 UFC/puits. La lecture des plaques se fait après 18
h d’incubation à l’étuve 37 °C par examen visuel pour déterminer leur turbidité. Les mesures
ont été répétées 3 fois.
Dans ce test on a évalué les effets antibactériens des combinaisons de chaque antibiotique avec
chacun des différents composés. Cette évaluation a été faite de deux manières.
Dans une première approche, l'influence des adjuvants considérés à divers concentrations sur
la CMI de l’antibiotique a été évaluée. Une série de dilutions en cascade de l’antibiotique (de
128 μg/mL à 0,25μg/mL) a été réalisée à partir de la solution de départ (6,4 mg/mL). Dans
chaque colonne de la microplaque, la concentration de chaque adjuvant a été fixée à 2,5 ou 5
173
Matériels et méthodes : Microbiologie
Dans un second temps, la concentration de la doxycycline a été fixée dans chaque puits à 2
mg/µL qui correspond au seuil de sensibilité selon le CLSI (même chose pour les autres
antibiotiques) et on a varié la concentration des différents composés pour évaluer l’effet
potentialisateur de chaque composé et de déterminer sa CMI en combinaison. La concentration
de départ de chacun des composés est de 10 mM. Des dilutions en série de chaque composé ont
été réalisées dans des microplaques à 96 puits stériles. L’antibiotique a été ajusté dans chaque
puits à 2 µg/mL. La suspension bactérienne de la souche considérée a été préparée à partir de
colonies ayant été cultivées pendant une nuit. La concentration bactérienne est ajustée à 1,5 ×
105 UFC / puits. La CMI de chaque combinaison a été déterminée après 18 h d'incubation à 37
°C à l’étuve. Le test a été répété trois fois.
Des solutions mères de ces agents ont été préparées dans de l'eau distillée stérile à une
concentration de 10mM pour les Hanamines (HD3 et HD13) et de 12.8 mg/mL pour les
antibiotiques (doxycycline et érythromycine). Les essais ont été réalisés sur des microplaques
à 96 puits sur la base des valeurs CMIs obtenues précédemment. Ainsi, sur l'axe X de la
microplaque 11 concentrations ont été testées pour le premier composé (la doxycycline ou
érythromycine) : 256, 128, 64, 32, 16, 8, 4, 2, 1, 0.5 et 0.25 µg/mL et sur l’axe Y 7
concentrations du deuxième composé (le composé HD3 ou HD13) sont évaluées 40, 20, 10, 5,
2.5, 1.25, 0.62 µM. La colonne 12 étant réservé à la détermination de la CMI de l’antibiotique
seul et la ligne H est réservée à la détermination de la CMI de l’Hanamine seul. 92 µL de
suspension bactérienne standardisée à 0,5 McFarland ont été ajoutés dans chaque puits.
Après préparation, toutes les plaques ont été incubées pendant 24 heures à 37 °C. Ensuite, la
concentration la plus faible à laquelle aucune croissance visible ne s'est produite a été
174
Matériels et méthodes : Microbiologie
enregistrée comme étant la valeur CMI des agents testés de façon individuelle ou combinée.
Ces CMIs sont utilisées pour déterminer la Concentration Inhibitrice Fractionnée qui permet le
calcul de l’indice FIC à l’aide de la formule suivante :
L'indice FIC a été ensuite utilisé pour déterminer la nature de l’interaction (synergie,
antagonisme ou indifférence) entre les agents antibactériens et les composés testés.
Les cinétiques de bactéricidie ont été réalisées avec des concentrations en doxycycline et en
NV716 correspondantes à leurs CMIs vis-à-vis des souches de référence P. aeruginosa PA01.
On ajoute la doxycycline et le composé NV716 à une suspension bactérienne contenant environ
5.105 UFC/mL de bactérie. 2 mL de la suspension bactérienne testée sont ensuite prélevés après
0, 1, 3 et 6 h et différentes dilutions de la suspension sont réalisées. Chaque inoculum bactérien
est utilisé pour ensemencer une gélose MHII et le comptage des colonies effectué après
incubation des géloses à 37 °C pendant 24h permet de calculer la concentration bactérienne en
UFC/mL (technique du dénombrement en milieu solide).
A partir d’une culture de nuit, une dilution de PA01 à 1/100 a été faite dans un bouillon de
MHII (100 µL de suspension bactérienne dans 10 mL de MHII), et mise sous agitation à 37 °C
jusqu’à atteindre la phase exponentielle de croissance (Densité Optique DO600nm ˃ 0,5).
Ensuite, l’imipénème est ajouté à la dilution précédente en raison de 10 mg/ mL pour induire
un taux plus élevé de β-lactamases. Après 2h, les cellules sont récupérées par centrifugation
(4000 tours à 20 °C pendant 20 min) et lavées deux fois avec le tampon phosphate de potassium
stérile 20 mM (pH= 7,2). Après le deuxième lavage, le culot est récupéré et la DO600nm est ajusté
à 0,5 avec le tampon sans forte agitation pour éviter l’éclatement des cellules.
Une série de dilutions de chaque composé a été réalisée (128 µM - 16 µM) dans une
microplaque. Trois puits témoins ont été utilisé : un témoin négatif contenant le tampon PPB,
deux témoins positifs : le premier contentant la PMB et le deuxième contenant la PMBn. 100
175
Matériels et méthodes : Microbiologie
µL de la suspension bactérienne ajustée à une DO600nm de 0,5 ont été ajoutés dans tous les puits
remplis précédemment, puis 50 µL de nitrocéfine sont ajoutés pour une concentration finale de
50 µg/mL. La lecture de la plaque a été faite à 490 nm à l’aide d’un lecteur de microplaque
Infinite M200 (Tecan) équipé d’un spectrophotomètre pendant 1h avec un intervalle de 1
minute entre deux mesures.
La mesure de l’efflux d’ATP a été réalisée en vue d’évaluer l’effet des composés (HD3 et
HD13) sur l’intégrité membranaire des bactéries PA01, Kp ATCC 51296 et E. coli ATCC
25922. Une colonie de chacune des souches a été préalablement cultivée dans du milieu MH
toute la nuit à 37 °C. Une solution a été préparé contenant l’HEPES (5 mM) et le glucose (250
mM, pH 7.2) dans l’eau distillée stérile. Dans une microplaque 96 puits, 100 µL de cette
solution sont déposés dans chaque puits et des dilution successive au 1/2 d’une ligne à l’autre
ont été réalisé à partir de la solution du composé à tester (10 mM).
Dans une autre plaque (Corning 96 Flat white) 10 µL de chaque dilution du composé sont
transférés à partir de la première plaque et 90 µL de la suspension de la bactérie considérée
ajusté a une DO600nm= 0.1 dans du milieu HEPES glucose sont ajoutées dans chaque puits.
Après 1 min de contact, 50 μL de réactif luciférine/luciférase sont ajoutés dans chaque puits.
Après 1 min de contact une mesure de la bioluminescence est effectuée à 37 °C par un lecteur
de microplaque Infinite M200 (Tecan). Une solution de CTAB à 0.1% final dans un puits
contenant 10 μL de milieu et 90 μL de suspension bactérienne a été utilisée comme contrôle
positif (il induit l’efflux d’ATP).
En vue d’évaluer la dépolarisation membranaire induite par les composés (HD3 et HD13) chez
PA01, Kp ATCC 51296 et E. coli ATCC 25922, nous avons procédé à la mesure de la
fluorescence de l’iodure de 3,3'-diéthylthiacarbocyanine DiSC3(5). Une colonie de chaque
bactérie a été cultivée dans un bouillon MHII pendant 24 h à 37 °C. Les suspensions
bactériennes ainsi préparées sont centrifugées à 10000 tours/min à 20 °C pour récupérer les
bactérie (le surnageant est jeté) qui sont par la suite lavées deux fois avec une solution de
saccharose tamponnée (250 mM) contenant le sulfate de magnésium (25 mM) et l’HEPES (5
mM). Les bactéries sont remises en suspension et la DO600nm est ajustée à 0.1. Elles sont
176
Matériels et méthodes : Microbiologie
incubées avec le colorant fluorescent DiSC3(5) (concentration finale de 3 μM) pendant 15 min
à 37 °C (pénétration du colorant dans les membranes bactériennes). Les bactéries sont ensuite
lavées pour éliminer le colorant non lié.
Dans une microplaque 96 puits, 90 µL de bactéries contenant le DiSC3(5) sont ajoutées dans
chaque puits, ensuite 10 µL de chaque concentration du composé à tester (dilutions au ½
réalisées dans une autre plaque) sont ajoutées. Le DiSC3 relargué est mesuré par fluorescence
(RFU, Relative Fluorescence Unit ; λex = 622 nm, λem = 690 nm) en utilisant un lecteur de
plaque Infinite M200Pro (Tecan). L’efficacité de dépolarisation est calculée en tenant compte
de la RFU maximale enregistrée correspondant à la fluorescence d’une solution de CTAB à
0.1% dans du tampon HEPES.
La capacité des composés (HD3 et HD13) à inhiber l’efflux chez E. aerogenes EA289 a été
évaluée en mesurant en temps réel la fluorescence d’une sonde connue comme étant substrat
des pompes AcrAB-TolC, le 1,2'-dinaphthylamine (1,2'-diNA).
Une colonie de la bactérie E. aerogenes EA289 est cultivé dans le milieu MH. Une fois la phase
stationnaire de croissance bactérienne est atteinte, les bactéries sont recueillies par
centrifugation, remises en suspension dans du PPB contenant du carbonylcyanure m-
chlorophénylhydrazone (CCCP, 5 μM) pour obtenir une DO600 nm de 0.2. Elles sont ensuite
incubées toute la nuit à 37°C avec le 1,2'-diNA (32 μM).
Avant l'addition des composés à tester à la concentration désirée, les cellules bactériennes sont
lavées avec du PPB pour éliminer l’excès du CCCP puis remise en suspension. 100 μL de cette
suspension sont ajoutés dans chaque puits d’une microplaque (Corning 96 Flat Bottom black)
avec 50 µL du composé à tester. Après 5 min, 10 µL du glucose (50 mM) est ajouté pour
énergétiser les bactéries et réactiver les pompes d’efflux désactivées par l’ajout du CCCP.
L’efflux du 1,2'-diNA incorporé dans la membrane est suivi par mesure de la fluorescence du
1,2'-diNA (RFU, Relative Fluorescence Unit ; λex = 370 nm ; λem = 420 nm) en utilisant un
lecteur Infinite M200Pro (Tecan).
177
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
C. Pharmacie galénique
I. Matériels
Trois systèmes de nébulisation ont été utilisés pour la nébulisation des différentes solutions
dans l’ensemble des tests réalisés. Le nébuliseur pneumatique à jet d’air le Pari LC Plus® a été
sélectionné (approuvé par la FDA pour la nébulisation de plusieurs médicaments) pour la
caractérisation aérodynamique des différents aérosols et selon différentes conditions. Le Pari
LC Plus® est relié au compresseur PARI BOY® SX qui génère de l’air comprimé à une
pression opérationnelle (nébuliseur raccordé) de 1,6 bar.
Deux autres nébuliseurs ont été utilisés pour étudier l’effet du dispositif de nébulisation sur les
propriétés aérodynamiques de l’aérosol généré à partir de notre solution : le Pari Sprint® couplé
au compresseur PARI BOY® SX et le PARI eFlow® rapid : un nébuliseur à tamis vibrant qui
fonctionne par vibration d’un tamis au contact avec le liquide à nébuliser. Les 3 dispositifs de
nébulisation ont été offerts par la société PARI.
Le dispositif d'inhalation utilisé pour la caractérisation aérodynamique dans cette étude est
l'inhalateur à poudre sèche IPS : le HandiHaler® (Boehringer Ingelheim Ltd, Allemagne), un
inhalateur à dose unique activé par la respiration, ce qui signifie que l'inhalation déclenche la
libération du médicament. Une gélule remplie en poudre est placée dans l'appareil. Son
fonctionnement est basé sur la libération de la poudre de la gélule percée, suivant l'inspiration
du patient. La taille portable, l'efficacité et la commodité de l'HandiHaler® en font une méthode
simple et adaptée au traitement par inhalation.
I.2. Excipients:
Trois lactoses pour inhalation ont été utilisés dans cette étude, ils ont été fournis par la société
DFE Pharma (DFE Pharma, Allemagne). Deux types de lactose sont constitués de larges
178
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
D10 = diamètre de 10% des particules, mesuré par une analyse Laser. D50 = diamètre de 50% des
particules, mesuré par une analyse Laser. D90 = diamètre de 10% des particules, mesuré par une
analyse Laser.
Le logiciel CITDAS® (version 3.10 Wibu qui répond aux exigences de l'USP 32 et de la
Ph.Eur.6, Copley Scientific Ltd, Nottingham, UK) a été utilisé pour le calcul des différents
paramètres de performance d'aérosolisation. Le logiciel GraphPad Prism 8 (GraphPad
Software, Etats Unis) a été utilisé pour créer les différents graphiques. Le logiciel Azurad
(AZURAD SAS, France) a été utilisé pour la construction et le traitement du plan expérimental.
II. Méthodes
La caractérisation aérodynamique des différentes solutions pour inhalation a été réalisée selon
les recommandations de la Pharmacopée Européenne en vigueur, en utilisant l’impacteur de la
nouvelle génération (NGI). Le NGI est un impacteur en cascade à haute performance, de
précision, classifiant les particules et comportant sept étages, plus un collecteur de micro-
orifices (CMO). Une tuyère d’admission a été attachée à l’entrée de l’impacteur. Un adaptateur
d’embout en caoutchouc a été utilisé à l’entrée du port d’induction du NGI pour assurer
l’étanchéité de l’assemblage du nébuliseur au NGI.
179
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
inhalation, le débit a été mesuré par un débitmètre Copley, un régulateur de flux (Copley
Scientific,UK) et une pompe (Copley Scientific,UK) ont été assemblés au NGI. Un filtre interne
était nécessaire au débit utilisé, il a été placé avant le dernier étage Collecteur Terminal à Micro-
orifices (CMO) pour collecter toutes les gouttelettes extra-fines à la sortie du NGI.
Le NGI a été refroidi pendant au minimum 90 min à 5 °C pour réduire l'évaporation des
gouttelettes, limiter la possibilité de changement de taille des particules et assurer un
environnement proche de 100% d’humidité relative à l'intérieur du NGI pendant l’expérience.
La nébulisation doit commencer dans un délai qui ne dépasse pas 5 min après le retrait du NGI
du réfrigérateur.
Le nébuliseur est attaché à la tuyère d’admission, 5 mL de la solution pour inhalation ont été
mis dans le réservoir du nébuliseur et la nébulisation a été pratiqué pendant la durée déterminée
selon le test. A la fin de la nébulisation la pompe est arrêtée et la quantité de principe actif
déposé sur chaque étage de l’impacteur NGI ainsi que sur la tuyère d’admission, le filtre interne
et l’embout du nébuliseur est récupéré avec un volume suffisant d’eau ultra pure.
La détermination de la quantité déposée sur chaque étage est faite par dosage par
chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectroscopie de masse (GC-MS). Pour chaque
test, trois différentes déterminations ont été réalisées.
Dans un premier temps, la solution pour inhalation à base de chaque composé seul a été évaluée
puis on a procédé à l’évaluation de la solution des 2 composés ensemble (doxycycline/NV716)
en inhalation (Tableau 1). Le nébuliseur utilisé dans cette partie de l’étude est le Pari LC
Plus® ; 5 mL de chaque solution ont été ajoutés au réservoir du nébuliseur à chaque fois. La
dose de chaque composé est de 10 mg/mL choisie en fonction de la limite de détection des deux
composés par la méthode de dosage utilisée, étant donné que la quantité nébulisée de chaque
composé sera répartie sur les différents étages de l’impacteur et ensuite récupérée par un volume
suffisant d’eau ultra pure c’est à dire diluée au fur et à mesure du test. La durée de nébulisation
a été fixée à 6 min. Chaque test a été réalisé en triplicata.
180
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
En plus du Pari LC Plus® utilisé dès le début de l’étude, deux autres nébuliseurs ont été
sélectionnés pour l’évaluation aérodynamique de la solution de la combinaison
doxycycline/NV716 en inhalation. Le Pari Sprint® est un nébuliseur pneumatique à jet d’air
qui utilise une source d’air comprimé pour générer l’aérosol comme le Pari LC Plus® et le Pari
eFlow® rapid utilise la technologie de membranes vibrantes pour la création de l’aérosol. La
durée de nébulisation a été fixée à 6 min et la concentration de chaque composé à 10 mg/mL
pour la doxycycline et 10 mg/mL pour le NV716. Le volume initial mis dans le réservoir de
chaque nébuliseur est 5 mL. Chaque nébuliseur a été pesé vide, après le remplissage par la
solution et après la nébulisation pour déterminer le volume nébulisé et le débit de nébulisation
pour chaque nébuliseur.
Trois solutions ont été préparées : la première contient de la doxycycline seule, la deuxième
contient du NV716 seul et la troisième contient le mélange doxycycline/NV716 ensemble. Les
solutions ont été préparées avec de l'eau hautement purifiée (Millipore Synergy® UV, Système
181
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
Elle a été réalisée dans un lyophilisateur à l'échelle du laboratoire (Alpha 1-4 LSCbasic, Martin
Christ, GmbH, Allemagne).
− Préchauffage : le lyophilisateur a été programmé pour 30 min à une pression de 5,17
mbar et une température de 20 °C.
− Le séchage primaire a été effectué à une température de 32 °C et à une pression de 1
mbar pendant 20 h.
− Pour le séchage secondaire, la température de conservation a été portée à 37°C pendant
40 heures.
Après la lyophilisation, les flacons contenant les poudres lyophilisées ont été immédiatement
scellés hermétiquement et stockés dans un dessiccateur sur gel de silice jusqu'à leur utilisation
pour la caractérisation aérodynamique.
Les différents mélanges ont été remplis individuellement dans des gélules HPMC
(hydroxypropylméthylcellulose) de taille 3 (0,3 ml) à l'aide d'un gélulier manuel (Voir données
supplémentaires Annexe 6). Le poids cible d'un remplissage à 100 % a été fixé à 200 mg.
Les Tableau 19 et Tableau 21 résument le taux des différents composants de chaque mélange,
leur ordre de mélange et leur durée. Les gélules remplies ont été immédiatement utilisées pour
la caractérisation aérodynamique ; ainsi, aucune gélule n'a été stockée pendant plus de 2 h, pour
éviter l'absorption d'humidité qui pourrait influencer le comportement de la poudre en
inhalation et donc la reproductibilité des résultats. Chaque gélule a été pesée avant et après le
remplissage afin d'évaluer l'uniformité de la masse remplie.
182
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
La performance des aérosols de poudre lyophilisée a été évaluée selon les recommandations de
la Pharmacopée européenne (Ph. Eur.) [monographie 2.9.18] en utilisant l'impacteur de
nouvelle génération (NGI, Copley, Nottingham, UK). Il a été couplé à une gorge USP fixée à
son entrée à un adaptateur d'embout buccal permettant la fixation de l'inhalateur de poudre
sèche IPS utilisé : le "Handihaler®". Le NGI était également équipé d'un préséparateur
conforme à la recommandation de la Pharmacopée pour la caractérisation aérodynamique de
l'inhalation de poudre sèche.
Avant chaque dispersion, une fine couche d'huile de vaseline a été appliquée sur les différentes
étages de l'impacteur (E1-E8) et à la plaque du pré-séparateur pour minimiser le rebond des
particules. Pour chaque dispersion, l’IPS a été chargé avec une gélule HPMC de taille 3 remplie
de la poudre à inhaler. Pour toutes les mesures, un débit de 43 ± 0,5 L/min a été appliqué à
travers l'impacteur pendant 6 s, pour faire passer un total de 4 L d'air à travers l'inhalateur avec
une chute de pression d'environ 4 kPa appliquée à travers l'inhalateur. Ce débit a été obtenu à
l'aide d'un régulateur de débit (Copley Scientific,UK) et d'une pompe (Copley Scientific,UK)
assemblés au NGI et a été mesuré par un débitmètre Copley.
La gélule est percée, l'IPS est fixé à la tuyère via l'adaptateur de l'embout buccal, puis la pompe
est mise en marche pour réaliser l'aérosolisation de la poudre. Un lot de plusieurs gélules (en
fonction de la dose de principe actif incorporée dans la gélule) est dispersé à chaque passage
afin de garantir l'obtention d'une dose quantifiable à chaque étage.
Après la dispersion, la poudre déposée sur chaque étage du NGI ainsi que dans la tuyère, le pré-
séparateur et l'embout buccal de l'inhalateur IPS est récupérée avec un volume suffisant d'eau
ultra-pure. Différents volumes d'eau ultra-pure ont été utilisés pour récupérer la poudre, afin de
permettre une concentration quantifiable des deux composés (doxycycline et NV716) : 5 ml
pour la gorge, 15 ml pour le pré-séparateur, 2 ml pour l'inhalateur et 1 ml pour chacune des
différents étages du NGI (étage 1 - étage 8). La détermination de la quantité déposée à chaque
étage est effectuée par chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectroscopie de masse.
Pour chaque test, les résultats donnés correspondent à la moyenne de 2 mesures.
183
Matériels et méthodes : Pharmacie galénique
La séparation et l'analyse chromatographiques des échantillons ont été réalisées à l'aide d'un
système de chromatographie en phase gazeuse en réseau Agilent Technologies 6890N
(injecteur et passeur d'échantillons Agilent 7683B) et couplé au détecteur de spectromètre de
masse Agilent 5973 Network. La séparation a été réalisée dans une colonne capillaire Zebron
ZB50 (Phenomenex) de 30m × 0,25mm de diamètre interne (I.D.) × 0,25μm d'épaisseur de film.
Le volume d'injection était de 1 μL, et le débit du gaz vecteur hélium était de 1mL/min. Les
températures de la ligne de transfert MS, de la source d'ions et du quadripôle ont été fixées à
280, 230 et 150◦C, respectivement. La température de l'injecteur était de 250◦C (splitless), et le
four a été programmé de 40 (temps de maintien : 0,5 min), à 280◦C à 10◦ C/min, (temps de
maintien : 5 min). Ions sélectionnés pour la détection de chaque composé : Doxycyline : 393 ;
315 ; 255 ; 175 ; 147 ; NV716 : 205 ; 177 ; 159, 137. Les chromatogrammes des deux composés
sont présentés dans les données supplémentaires (Annexe 7-8-9).
Deux solutions mères concentrées de chacun des deux composés (doxycycline et NV716) ont
été préparées par dissolution de quantités suffisantes (1 mg de chaque composé à part) dans de
l’eau ultra pure pour obtenir une solution concentrée (1000 µg/ml) qui sert de solution mère
pour la préparation des solutions filles diluées à des fins d'étalonnage.
Des solutions de concentrations de plus en plus faibles (500, 250, 125, 62,5 et 31,25 µg/ml) de
chaque composé (doxycycline et NV716 ont été préparées par des dilutions en cascade en
rajoutant à chaque fois le volume nécessaire d’eau ultra pure à un volume initial de la solution
mère.
Les solutions ont été agitées à la main puis à l’aide d’un agitateur vortex IKA Lab Dancer
pendant 3 minutes. Les solutions sont ensuite transférées dans des vials et directement soumises
au dosage par chromatographie en phase gazeuse couplée à la masse.
184
Donnés supplémentaires
185
Donnés supplémentaires
Annexe 1. Courbes des témoins positifs (PMB et PMBn) et négatifs (Bactérie PA01 et tampon
PPB) utilisés pour l’évaluation des effets de perméabilisation membranaire des différents
composés
PAO1 PBB PMB PMBn
2,5
2
Abs490nm (a.u.)
1,5
0,5
0
1 6 11 16 21 26
Temps (min)
120 100
membranaire (%)
Perméabilisation
100
74
80 67
60
54 51
44 43
40 33 28
20
0
PMB NV716 59 60 61 62 63 64 PMBn
Différents composés
120 100
membranaire (%)
Perméabilisation
100
80 63
60 51
41
40 30 29 32
20 17
20
0
PMB NV716 59 60 61 62 63 64 PMBn
Différents composés
186
Donnés supplémentaires
187
Donnés supplémentaires
188
Donnés supplémentaires
Annexe 6. Le remplissage manuel des gélules utilisées pour la délivrance de la poudre via le
HandiHaler®
NV716
189
Donnés supplémentaires
Doxycycline
NV716
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Soumise
CHEMICAL BIOLOGY AND DRUG DISCOVERY, 3-5 july 2019, Nantes, France.
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