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Voici ’internet du futur Face a|'écrasante su} atie des géants de linternet, le web3 entend restituer 4 l'utilisateur le contrdle donn nnelles. Son arme? La technologie décentralisée de la block chain. Pure utopie ou lable révolution ? DOCUMENT 1 ‘est l'un dos sujets qui a enflammé ’édition 2022 du CES, la grand-messe mondiale de la tech. Les patrons de Ia Silicon Valley rent des débats houleux, les adeptes ne jurent plus que par Ii: le web, internet décentralisé dans lequel des cryptomonna les utilisatours gorderaient le controle sur leurs données personnelles, vision nourrie de Ia défiance grandissante envers les maftres incontestés du web 2.0, les Gafam (Google, Apple, Facebook. Amazon et Microsoft), est sur toutes les lbvros digitale, Alors que Face book est empétré dans des sc Cambridge Analytica, que les algorithmes de recommandation font office de bofte noire et que Google et Apple contrélent les magasins applications mobiles, le webs semble une porte de sortie indispensable, Mais il divise. Pour certains, tion en marche, pour d'autres, une utopie inat- il sagit d'une veritable révoli- twignablo; et quelques détractours n'y voient méme qu'une immense bulle spéculative lige ‘aux cryptomonnaies. Pourquoi? Décryptons. VUDELEXTERIEUR, LA MEME APPARENCE, MAIS UNE ARCHITECTURE DIFFERENTE 1 faut dabord bien comprendre que pour Pt lisatour le web3 tel qu'imaginé se material sorait de la méme manitre que internet que nous connaissons Il serait composé de sites intomot, de solutions de paiement, d'applica tions mobiles. Bef, son apparence serait out faitcom: dans son architecture. Cas pout sextirper des Galan, le webs sappuieait sur lablockchain, _latechnologie Vorigine de la cryptomonnaio. 3 Fondé en 2000, Bitcoin reste & ce jour le pre- tier systime d'échange monétare &-grande Schell totalement indépendant des banques. Ala plac d'un valideur unique ot centralise une. Sa véritable spécificitétiendrait [[ Lhistoire de Fnformatique estjalonnée de technologies qui ontété décriées puis ont i par révolutonner nate quoticien ‘0084 BEN MOKHTAR Drectice de 4 recerche en ysis? ‘Ssrmues au CNRS les transactions y sont vrifiées par une mul- titude d'uilisatours du réseau, Bt ga marche: “Biteoin fonctionne sans bug ni accroc depuis, teize ans, cequiestune élatante réussie tech nologique”, salve le mathématicien Jean-Paul Delahaye, professeur énérite& l'université de de Lille 1 Les développeurs du webs esparent ainsi que, aprés avoir névolutionné la finance, la blockchain sattaque internet. Et pour ce faire, ils misent sur les avancées réalisées en 2015 par ‘une blockchain particule: Ethereum. Quand Bitcoin n'est eapable de gérer que des transac- tions simples, celle fait touner de petits ‘programmes informatiques, nommés “contrat {ntelligents”, “Comme pour les transactions ‘monéiaies, le fit que les contrat inelligents stexécutent en méme temps chez tous les util sateurs rend leurs résultats incontes- tables”, précise Sonia Ben Mokhtar, directrice do rechorcho en systimes dlistibués au CNRS. En théorie il est done impossible de violer les rogles dictées par le programme, ni de cen- traliser toutes ses données. Plusieurs applications déventralisées, appe- [ges “DApps”, se basent deja sur ces contratsintelligonts et par extension, «llosefflourent lore du webs on sf franchissanttotaloment du contréle de ‘multnationales.Disponibles en ligne, LLBRY propose par exemple un service vidéo semblablea YouTube tandis que Leeroy imite Twitter Probleme: si ce fonctionnement est merveil- Jeux surle papier, en pratique, ces applications sont lentes ot peu ergonomiques. Des limita- tions qui viennent du principe méme de la blockchain: valider chaque opération par une ‘multitude d’utilisatours est un processus long ct gourmand en énergie, “Aujourd’hui, on est donc obligé de limite Ia taille et la complexité des contrat intlligents” explique Soni Ben Mokbtar. Cale au prix de our attractvité! “Une Dapp ne peut rendre un service équivalent @ celui d'une application centralisée quan prix dune plus grande complexité”, déplore Julien Gossa, maitre de conférences a 'université de Strasbourg, I faudra probablement sarmer de pationce pour voir des DApps arriver& matu- Fité “Les premiéres versions de WhatsApp ou 96 evi Mansi 2022 Facebook étaient a des eux de.ce qu'elles sont ‘aujourd'hui, rappelle Sara Tucci-Piergiovanni, directrice du Laboratoire des systemes intlli- gents et distribués au CEA. Diici dix ans, ex- ‘pétience ulilisatous sera bien supérieure pour les services blockchain. LES ponNées TouJouRS stocKées SURLES SERVEURS TRADITIONNELS Allant dans le sens de cette prophétie, une my- riade de nouvelles blockchains comme Solana, trond, Teas ou Avalanche ont émergé cos der nits années. Avec elle, des promesses de te sactons toujours plus ides et de contain ligets plus peformants. Dautres blockchains dites “de niveau 0” comme Polkadot atachent :méme a erer des ponts entre ls blockchains, ‘of assurent une interopérabilité entre les difié- Tentes DApps. Pea peu, le web3 sorganise. 6 Mais ses détractours sovlignent un autre probléme: calui du stockage des données. *Comme chaque validateur doit pouvoir sto- ker Fintégralits des blos vais depuis For- ‘ine, une blockchain ne peut pas stocker en tlleaéme les fichiers lourds de iype photos cu vidéos” explique Jean-Paul Delahaye. Son fonctionnement deviendrait ingéreble. En pra- tique, done, la blockchain héberge les seules preuves de validité de l’échange, les fichiers tuxemiémes stant stockés sur des servers 2004) Dédié Aa Consultation a'e-mats et de sites inter: ret, Larchitecture réseau est loss large ‘ment cistribuée entre les ordinate Web 2.0 (2004-aujourd’hui) Dé. loopement des naissance des réseaux s0¢ tecture se concentre entre les mains ce ‘quelques acteurs (Googie, Amazon, Web3 (aujourd’hui eles innovations cryptogrephiaues pro metient de nouvelles applications décen: tralisées dont les usages restont defini. 10 traditionnels. Or ces serveurs sont gérés soit directement par Tentreprise ayant développsé la App, soit par des opératours de servic cloud, Aoux services centralisés! Retous au point de Apart: & quoi bon décontralisor los appli tions si de grandes entreprises possédent tou jours nos données sur leurs serveurs? Game over pour le webit? Pas si Cardautres innovations veniés du domaine 5 de la ryplographie, seraient sur le point de { résoudrece point de ction. tune dnteeles i se nomme “Ia preuve & divulgation nulle de connaissance”, ou “zero knowledge proof”.Der- & titre co nom rtors se cacho un tour do passo- E passo mathématique de haute voléo, quia dail § leurs été récompensé pare Prix Turing en 2012, ce potooe permet dechanger une prewe sur un objet sans rien divulguer de cet objet, Jot de données ou des lignes de code via un systime d'encodage physique. Encore une fois, ces processours sécurisés sont limits, car trés gourmands en calculs, tndis que le “zero knowledge proof” est incapable da tor des quantités importantes de données “Mais ces technologies progressent tes vite cstime Sonia Ben Mokhtar. De son c0té, Gilles Fodak, ancien chercheur Inia et fondateur de 1a saci iBxec, rappel que “le web 1.0 n'a reellement explosé que lorsque des protocoles exyptographiques comme hitps on permis de ‘sécuriser les paioments en ligne. Cestla meme ‘istoiravec le webs, qui se développera gre Comment limiter le énergétiques du webs? Reposant sur des blockchains plus récentes, le webS pourrait évter la catastrophe énergétique de Bitcoin. Car ‘depuis 2008, os sytémes de validation des transactions ‘ont évolué: de la “prewve de travail”, on est passé ala premier systéme, le vérficateur ‘met sa puissance de calcul & la disposition du réseau, ‘andis que dans le secon, ily engage une somme d'argent en cryptomonnaie. Une fagon de montrer patte blanche, car ces sommes sont confisquées en cas de ‘tentative de fraud! Selon une récente étude de ’Univer- sity College London, la “preuve d'enjeu” consommerait 1000 fois moins «énergie que la “preuve de travail" soit peu prés autant qu'une simple transaction Visa. “preuve d'enjeu”. Dans: 4 Fadjonction de la blockchain et de Vinfor- ‘matique confidentele’ {Lavoie semble danc bien tracée pourle webs. 12 Reste une question majeure, sinon primor- diale: los utilisatours seront-ils préts& quitter les applications centralisées pour les DApps? ‘Des sorvices aternatifsvisant @ décentraliser, Io web ont déja ét6 développées... sans pour ‘outant susciter adoption au- tuel web relive de 'illusion. Cotte nouvelle vvorsion pourrait seulement venir en complé- ‘ment. “Le web3 fera vraisemblablement naiire de nouveaux usages sans faire disparaitre les anciens, prvoit Gilles Fedak. Regardez, lessor. vices mails ef les sites du web 1.0 n’ont pas 6té remplacés par les réseaux sociaux du web 2.0." LES MQNDES VIRTUELS COMME PREMIERES DEMONSTRATIONS 5 “Toujours estil quici ot I, les premiers bal- butiements du webs apparaissent. Nous pou- ‘vons citer les jeux vidéo “jouez. pour gagner™ Cplay to earn”), qui récompensent en cryp- tomonnaie la progression de Vutilisateur, ou 'émission ot échange de certificats de pro- priété numériques, les famoux NFP “Pour ‘instant, ces usages ‘concernent essentiellement des _mondes vrtuels dotés d'une vie et d'une économie propre, que Ton pourrait regrouper sous le terme de métavers”, résumo Sara ‘Tucci-Piergiovanni. A pluslong terme, d'autres usages pouraient émerger autour dela rmarchandisation des données personnelles issues de V'inter- net des objets. “Si je posséde tune montre connecté, je pour- zai décider do contréler Faccés { mes données cardiaque, les ‘ouvrant & mon cardiologue, zai les coupant mon assu- ur’, illustre Gilles Fedak. De méme, nous pouvons imaginer que grace au web, les par ticuliers pourraient un jour monétiserle prt de leurvoiture autonome en une sorte d’Uber3, 04 ‘encore I'énorgie produite par leurs panaeaux photovoltaiques dans une logiqued’échange de particulier particulier. | equi est sir, cest que le webs réserve bien des surprises: “Lhistore de informatique est jalonnée de technologies qui ont été décriées ‘puis ont fini par révolutionner notre quot dien, conclut Sonia Ben Mokhtar. Je pense ‘ux réseaux de neurones en qui personne ne croyait pendant des décennies et qui sont der- riére des avancées majeures aujourd hui.” Qui coserait prédie l'intemet de demain? -4- DOCUMENT 2 Le web3 est fondé sur la décentralisation ‘Nors que sure web 2.0, ent dun message est soumis au syste de vation de erreprise& aquele ‘apparent a messagor, e eb stranchi de cet aceur centralise: ce sont es ares uflslews Qu vertint a conform da message io —e— 545 \ Le message est inscrit Le bloc est soumis & ee Sra Fonsenbe dreans_/ g2 yearn 289 — 5 Lo réseau Lebo slot aa tine Marca vide eee © tees ekebany © bresaae

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