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1 Un Kilo de Culture Générale PDFDrive
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et Jean-François Pépin
1 kilo
DE CULTURE GÉNÉRALE
La voie de la facilité,
une voie rapide
Telle est l’image répandue dans l’opinion, même si dans les faits, ce n’est
pas toujours le cas. Au contraire, la culture générale demande du temps,
beaucoup de temps et notre époque ne l’a plus – elle veut du certifié, de
l’authentifié exact en un temps record. On labellise, on clone, on démulti‐
plie les logos, les images, les expressions, les modes de vie. Tout s’autopro‐
clame, s’autojustifie, s’autosignifie en boucle ou en figure d’Ouroboros, le
serpent qui se mord la queue. Or, loin de ce survol conformiste – toujours
plus vite, toujours plus fort –, mais aussi loin des salons mondains et des
précieux ridicules, la culture générale au cours des siècles s’est forgé une
place médiane. Elle révèle, un peu comme dans la bibliothèque de Jorge
Luis Borges, que chaque détour, chaque carrefour, débouche sur d’autres
détours, d’autres carrefours, menant à d’autres intersections, alors qu’on
pensait être arrivé au bout du chemin. Une pensée déroutante en découle,
révélant la complexité de ce qui nous entoure et nous invitant à nous y in‐
vestir. Ne voir dans un cercle que le symbole d’une figure géométrique est
plus rapide, mais moins satisfaisant que de pouvoir aller au-delà de la
simple évidence et se rendre capable d’y reconnaître en Inde la représenta‐
tion du cycle du karma, en Chine le complément dynamique, dans La Mo‐
nade hiéroglyphique (1584) de John Dee le paradoxe du cercle, dans le tha‐
teron platonicien l’intermédiaire nécessaire entre le même et l’autre, ou la
matérialisation des circumambulations dans les temples, autour d’un stupa,
dans les cathédrales, et « que sais-je » encore comme le disait Montaigne.
Notre époque est éprise de boulimie de savoirs ingérés sans réel discerne‐
ment : entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Le refus de hiérarchi‐
ser les choses, le fait de mettre tout à plat et au même niveau – le génie de
Pascal et la culture de masse. Démocratiser la culture est un bienfait sans
conteste, mais la populariser, c’est la tuer. On doit à Serge Chaumier l’évo‐
cation de cette belle plaidoirie de Lamartine adressée au député Chapuys-
Montlaville, en 1843 : « Et où est la nourriture intellectuelle de toute cette
foule ? Où est ce pain moral et quotidien des masses ? Nulle part. Un caté‐
chisme ou des chansons, voilà leur régime. Quelques crimes sinistres, ra‐
contés en vers atroces, représentés en traits hideux et affichés avec un clou
sur les murs de la chaumière ou de la mansarde, voilà leur bibliothèque, leur
art, leur musée à eux ! Et pour les éclairés quelques journaux exclusivement
politiques qui se glissent de temps en temps dans l’atelier ou dans le cabaret
du village, et qui leur portent le contrecoup de nos débats parlementaires,
quelques noms d’hommes à haïr et quelques popularités à dépecer comme
on jette aux chiens des lambeaux à déchirer, voilà leur éducation civique !
Quel peuple voulez-vous qu’il sorte de là25 ? »
Notes
1. Locution latine d’Horace, Épîtres, I, 2, 40, reprise par Emmanuel Kant qui a exprimé de manière
exemplaire toute la rigueur du mot d’ordre des Lumières : sapere aude, « aie le courage de te servir
de ton propre entendement ».
2. Jacques Rigaud, La Culture pour vivre, Paris, Gallimard, 1975, p. 27.
3. Rappelons à ce sujet que d’après l’Iliade (XIV, 321-323), Europe est la fille de Phénix et la mère
de Minos, Rhadamanthe et Sarpédon, dont le père est Zeus. Ce dernier, changé en taureau blanc, en‐
lève Europe qu’il transporte sur son dos, de Phénicie en Crète, en traversant la mer.
4. Serge Chaumier, L’Inculture pour tous. La nouvelle utopie des politiques culturelles, Paris,
L’Harmattan, « Des hauts et débats », 2010, p. 13.
5. Selon l’expression de Claude Javeau dans « La controverse sur l’élitisme dans la culture occi‐
dentale contemporaine », in Simon Langlois, Yves Martin (dir.), L’Horizon de la culture. Hommage à
Fernand Dumont, Sainte-Foy, Presses de l’université de Laval, 1995.
6. Claude Lévi-Strauss, Regarder, écouter, lire, Paris, Plon, 1993.
7. Alain-J. Trouvé, « Défense et illustration de la culture générale », in Atala, no 14, Avant-propos,
2011.
8. « École de Francfort » : nom donné à des intellectuels allemands analysant la société dans une
perspective néomarxiste.
9. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Paris, Mi‐
nuit, 1964.
10. Ibid.
11. Voir notamment Donald Morrison, « The Death of French Culture », Time Magazine, 21 no‐
vembre 2007, ainsi que Que reste-t-il de la culture française ?, suivi de Antoine Compagnon, Le
Souci de la grandeur, Paris, Denoël, 2008.
12. Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1988.
13. Alain Finkielkraut, La Défaite de la pensée, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1989, p. 81.
14. Ibid.
15. G.W.F. Hegel, L’Esthétique, trad. Flammarion in Georges Bataille, L’Érotisme, Paris, Éditions
10/18, 1965, p. 237.
16. Alain-J. Trouvé, « Défense et illustration de la culture générale », art. cit.
17. M.I. Finley, « L’héritage d’Isocrate », in Mythe, mémoire, histoire, Paris, Flammarion, 1981,
p. 175-208.
18. Florence Dupont, Rome, la ville sans origine, Paris, Le Promeneur, 2011, p. 10.
19. Ibid., p. 174.
20. Ibid., p. 175.
21. Jean Sirinelli, Les Enfants d’Alexandre. La littérature et la pensée grecques, 334 av. J.-C. –
529 apr. J.-C., Paris, Fayard, 1993, p. 27.
22. Edgar Morin, Penser l’Europe, Paris, Gallimard, « Folio actuel », 1990, p. 22.
23. Au cours des Journées de l’Europe du 9 mai 2005.
24. Jean-Marie Domenach, Approches de la modernité, Paris, Ellipses, « Cours École polytech‐
nique », 1987, p. 107.
25. Serge Chaumier, L’Inculture pour tous, op. cit., p. 26.
26. Dictionnaire de l’Académie française, 8e édition, 1932-1935.
27. Voir l’article remarquable de Michèle Rosellini, « La culture générale, condition de survie ? »,
Atala, no 14, 2011.
28. Primo Levi, Les Naufragés et les rescapés. Quarante ans après Auschwitz, Paris, Gallimard,
« Arcades », 1989.
PREMIÈRE PARTIE
LA PRÉHISTOIRE
CHAPITRE PREMIER
Expliquer l’univers
C’est Thalès de Milet (v. 625-v. 547 av. J.-C.) qui, le premier, se fonde
sur ses observations pour donner une explication non religieuse à la forma‐
tion de l’univers. Philosophe, mathématicien célèbre pour le théorème qui
porte son nom, il fait de l’eau le principe premier de l’univers. La Terre est
semblable à un disque de bois flottant sur l’eau, une masse liquide formant
la matière primordiale. L’univers est eau à l’origine et le demeure lors de
ses transformations : ainsi la terre est de l’eau condensée, l’air de l’eau raré‐
fiée. Au-dessus de la Terre qui flotte sur l’eau, un ciel concave en forme
d’hémisphère est constitué d’air. Si Thalès ne laisse pas d’ouvrage, tel n’est
pas le cas de son successeur en qualité de maître de l’école milésienne,
Anaximandre (v. 610-v. 546 av. J.-C.), qui consigne, le premier, ses tra‐
vaux par écrit : Sur la nature, Le Tour de la Terre, Sur les corps fixes, La
Sphère, d’après la Souda, encyclopédie grecque de la fin du IXe siècle. Là
où Thalès place l’eau comme origine de l’univers, Anaximandre lui substi‐
tue l’apeiron, l’infini, l’illimité, l’inengendré. Il s’agit d’un principe, non
d’une matière, à la fois source éternelle de la vie, principe de sa régénéra‐
tion, cause de toute destruction. Ainsi, toute matière naît de l’apeiron, se
développe grâce à lui et y retourne en fin de cycle. La matière primordiale
s’organise par la séparation des contraires, le chaud du froid, le sec de l’hu‐
mide. Au centre de l’univers flotte la Terre, de forme cylindrique, immobile
dans l’infini, l’apeiron. Au commencement, chaud et froid se séparent. Ce
phénomène provoque la formation d’une boule de feu qui entoure la Terre.
En se déchirant, cette boule donne naissance à l’univers, sous la forme de
roues creuses concentriques emplies de feu. Chaque roue est percée d’un
trou. Nous trouvons ainsi : au centre de l’univers, la Terre immobile, puis la
roue des étoiles, celle de la Lune, celle du Soleil, chacune tournant sur elle-
même. Plus la roue est éloignée de la Terre, plus sa circonférence croît, plus
le feu interne qui la consume est intense. Tout comme les éléments nés de
l’apeiron finissent par y retourner, Anaximandre pose les mondes comme
ayant une naissance, une existence et une fin. Leur existence et leurs di‐
verses phases d’activité les amènent à se succéder, certains naissent quand
d’autres meurent, puis l’inverse se produit. La modernité de ces hypothèses
se retrouve dans l’origine de la vie, selon Anaximandre issue de la mer sous
forme d’animaux à carapace épineuse qui au fil du temps disparurent,
d’hommes recouverts d’écailles tombées à la suite d’évolutions climatiques.
Parménide d’Élée (fin VIe s. – milieu du Ve s. av. J.-C.) fait de la Terre une
sphère, placée au centre d’un univers dont les composants fondamentaux
sont la terre et le feu. C’est un philosophe, Aristote (384-322 av. J.-C.), qui
fournit, repris par ses continuateurs jusqu’à la remise en cause de Copernic,
le modèle physique d’organisation de l’univers. La Terre, immobile, en est
le centre. Autour d’elle tournent tous les autres astres. Toutefois, l’univers
présente une double nature, celle du monde sensible, regroupant tous les ob‐
jets entre Terre et Lune, faits à partir des quatre éléments, terre, eau, air, feu,
et le monde céleste, au-delà de la Lune, dont les corps sont immuables, bai‐
gnés en permanence dans l’éther, un fluide subtil qui emplit l’espace. Il faut
toutefois attendre le début de notre ère pour voir paraître l’ouvrage qui va
dominer l’étude de l’astronomie jusqu’à la révolution copernicienne : l’Al‐
mageste de Claude Ptolémée (v. 90-v. 168), plus couramment appelé Ptolé‐
mée. L’Almageste, titre qui signifie le « très grand » ou le « plus grand
livre », est le premier ouvrage intégral d’astronomie et de mathématique qui
nous soit parvenu.
Cependant, le système mis à l’honneur par Ptolémée pose un double pro‐
blème : d’une part, il situe en Dieu l’origine de l’univers, par acte de créa‐
tion démiurgique, et c’est un retour en arrière par rapport aux recherches
d’explications rationnelles ; d’autre part, rencontrant de ce fait la pleine
adhésion de l’Église catholique, il va s’avérer hégémonique jusqu’à la Re‐
naissance. Remettre en cause les structures de l’univers selon Ptolémée re‐
vient à mettre en doute la pagina sacra, l’Écriture sainte.
L’Almageste
L’Almageste, le « Très grand livre », est le titre passé dans l’histoire, sous sa forme
arabisée, al-Mijisti (La Très Grande), de l’ouvrage originellement intitulé Mathématiké
syntaxis, ou La Grande Composition. Son auteur, Ptolémée, est un géographe, mathé‐
maticien et astronome grec d’Alexandrie en Égypte. Le fond de l’œuvre s’appuie sur
les travaux antécédents d’Hipparque (v. 190-v. 120 av. J.-C.), auquel Ptolémée rend
un hommage appuyé. Il lui attribue ainsi en mathématique la création des tables trigo‐
nométriques. Ces dernières permettent à Hipparque, dont les écrits sont perdus, hor‐
mis la dette assumée de Ptolémée qui déclare le reprendre, de prédire les éclipses lu‐
naires et solaires, de réaliser un catalogue d’étoiles. Reprenant là encore Hipparque,
Ptolémée présente un univers géocentrique, une terre immobile occupe la place cen‐
trale. Les planètes tournent sur des roues, nommées épicycles. Chaque épicycle
tourne à son tour sur un déférent, c’est-à-dire une autre roue dont le centre est la terre.
Les astres nagent dans un fluide qui ne leur oppose pas de résistance. Outre Hip‐
parque, Ptolémée reprend la cosmologie d’Aristote (384-322 av. J.-C.) : autour de la
Terre immobile la Lune tourne en un mois ; Mercure, Vénus et le Soleil en un an ; Mars
en deux ans ; Jupiter en douze ans ; Saturne en trente ans. Cependant, il la corrige, ne
reprenant pas l’idée selon laquelle les planètes et le Soleil sont fixés sur des sphères
de cristal immobiles, jusqu’au nombre de cinquante, entourant la Terre ; derrière la plus
grande des sphères, la plus extérieure, brûlerait le feu divin. Pour Ptolémée, les
sphères se meuvent, depuis la plus éloignée contenant les étoiles, jusqu’à la plus
proche, contenant la Terre en son centre. L’Almageste est composé de treize livres. Le
premier et le second sont consacrés à une conception mathématique de l’univers, à
la reprise des tables trigonométriques d’Hipparque. Le troisième montre le mouve‐
ment excentrique du Soleil, le centre de sa trajectoire diffère de celui de la Terre. Puis
les quatre livres suivants analysent la Lune, son mouvement, ses éclipses. Les livres 8
et 9 dressent le catalogue des étoiles, réparties en 1 022 corps célestes dépendant
des 48 constellations de la Voie lactée. Les quatre derniers livres étudient les pla‐
nètes et notamment l’observation des levers et couchers avant ou après ceux du So‐
leil, phénomènes dits levers ou couchers héliaques. L’ensemble est dominé par l’idée
que la création de l’univers est d’essence divine, donc parfaite. C’est pourquoi les
mouvements des épicycles et du déférent ne peuvent se faire que par des cercles, fi‐
gure parfaite.
Ptolémée introduit deux nouveautés fondamentales :
– la notion de point équant : point excentré duquel on voit la planète décrire une
trajectoire avec une vitesse de rotation constante ;
– l’excentrique, un épicycle inversé sur lequel tourne le centre du déférent.
◆ Galilée, dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde
(1632), use d’un des trois personnages mis en scène pour défendre avec ar‐
deur le système copernicien, face à un bien piètre avocat de celui d’Aris‐
tote, donc de Ptolémée, au nom prédestiné de Simplicio, le Simple, voire le
Simplet. Or, depuis 1616, l’Église catholique condamne officiellement la
thèse de Copernic. Plusieurs mois de procès devant le redoutable tribunal
du Saint-Office, à Rome, amènent Galilée à abjurer l’hérésie qui consiste à
placer le Soleil au centre de l’univers. Le Dialogue est interdit, son auteur
condamné à la prison à vie, peine commuée en assignation à résidence à
Florence. En 1757, le Dialogue est retiré de la liste des ouvrages interdits
par la congrégation de l’Index. Un hommage appuyé à Galilée est rendu
sous le pontificat de Jean-Paul II (pape de 1978 à 2005) sans qu’il s’agisse
d’une réhabilitation formelle, toujours inexistante à ce jour en dépit d’une
messe célébrée en son honneur en février 2009 par le président du Conseil
pontifical pour la culture, l’archevêque Gianfranco Ravasi (né en 1942).
Il faut attendre le début du XXe siècle pour que soit faite la démonstration
de l’inexistence de l’éther, étape indispensable pour ouvrir la voie à la théo‐
rie de la relativité restreinte formulée en 1905 par Albert Einstein (1879-
1955). Dans un article intitulé « De l’électrodynamique des corps en mou‐
vement »1, il développe trois points fondamentaux : l’éther est une notion
purement arbitraire ; la vitesse de déplacement de la lumière par rapport aux
observateurs ne dépend pas de leur vitesse propre, elle reste de
299 792 km/s. ; les lois de la physique respectent le principe de relativité.
Selon ce dernier, les lois de la physique ne dépendent pas des observateurs,
les mesures effectuées vérifient les mêmes équations, des lois identiques
donnent des mesures identiques, même si le référentiel est distinct, pour
tous les observateurs en mouvement à vitesse constante. La relativité res‐
treinte ne concerne que les objets en mouvement, part de la constance de la
vitesse de la lumière, quelle que soit celle de l’observateur. Si la vitesse de
la lumière est constante, c’est le temps qui varie, passe plus lentement à un
endroit qu’à un autre, se contracte ou se dilate. Tous les objets de l’univers
se déplacent eux à la même vitesse dans l’espace-temps, celle de la lumière.
Le mouvement provoque un ralentissement du temps : une horloge ato‐
mique embarquée dans un avion est plus lente que la même restée sur terre.
Cette différence est due à la vitesse de l’avion. L’espace et le temps sont
donc relatifs : son premier observateur placé sur un quai de gare voit passer
un train et a conscience de sa vitesse de déplacement. Un second observa‐
teur, placé lui dans un train se déplaçant parallèlement au premier train en
ligne droite, à la même vitesse, aurait l’impression qu’il n’avance pas, qu’il
est immobile. Einstein en vient à conclure que la masse est de l’énergie
sous une forme particulière. Mise en mouvement, une masse augmente
d’autant que sa vitesse est grande. Ainsi l’énergie est donnée par la multi‐
plication de la masse par le carré de la vitesse, c’est la célèbre formule
E = mc2. Les découvertes d’Einstein révolutionnent la physique, mais aussi
l’astronomie. Il devient possible de fournir une explication scientifique à la
naissance de l’univers.
3. Le Big Bang
Notes
1. Albert Einstein, « Zur Elektrodynamik bewegte Körper », dans Annalen der Physik, vol. 17,
30 juin 1905, p. 891-921.
2. Georges Lemaître, « Un univers homogène de masse constante et de rayon croissant rendant
compte de la vitesse radiale des nébuleuses extragalactiques », Annales de la Société scientifique de
Bruxelles, vol. 47, p. 49, avril 1927.
CHAPITRE II
La structure de la Terre
La structure de la Terre est composée d’une succession de couches concentriques : la
croûte continentale, la croûte océanique, le manteau et le noyau, ces deux derniers
étant eux-mêmes subdivisés :
L’atmosphère terrestre
Elle enveloppe la Terre sur environ un millier de kilomètres d’épaisseur. Plus l’altitude
s’élève, moins l’atmosphère contient de gaz. Au niveau de la Terre, elle est composée
de 78 % d’azote, 21 % d’oxygène et 1 % de gaz rares. L’atmosphère s’est formée il y a
environ 3 milliards d’années, après que des pluies torrentielles se sont abattues sur la
Terre. Au fil du temps, elle s’est enrichie en oxygène et a développé, à 25 km d’alti‐
tude, une couche d’ozone (gaz bleu toxique à forte odeur), véritable écran qui filtre les
rayonnements mortels, les rayons ultraviolets émis par le Soleil, et laisse passer ceux
dont nous avons besoin pour le maintien de la vie. Chaque jour, 12 à 15 m3 d’air nous
sont nécessaires pour respirer. Voici comme se décompose l’atmosphère :
1. Le Précambrien
2. Le Phanérozoïque
LE PALÉOZOÏQUE
◆ Le Trias (250-199 Ma) doit son nom aux trois couches stratigra‐
phiques qui le composent, le Buntsandstein ou grès bigarré, le Muschelkalk
ou calcaire coquiller, et le Keuper ou marnes irisées. Le climat d’ensemble
est chaud, avec des variations locales sur le continent dues à l’immensité de
la Pangée. Après l’extinction du Permien, les espèces survivantes se re‐
mettent lentement, pendant que d’autres apparaissent pour une durée brève,
que des ordres nouveaux se préparent à dominer le Mésozoïque. Les tortues
sont déjà proches de leur actuel stade de développement, les reptiles à
dents, sauriens font leur apparition, avec les crocodiles et les dinosaures, ou
ptérosaures, les reptiles volants. Le groupe des cynodontes ou « reptiles
mammaliens », ancêtres des mammifères, pondent des œufs, mais la fe‐
melle, nantie de mamelles, allaite les petits après leur éclosion. Dans les
mers commencent à abonder les grands reptiles marins, les ichthyosaures,
dont l’aspect rappelle celui des dauphins. Tout comme il a débuté sur une
extinction massive, le Trias s’achève avec une autre, l’extinction du Trias-
Jurassique, qui emporte la moitié de la diversité biologique. La cause en est
peut-être la fracture de la Pangée qui se sépare entre Laurasie et Gondwana.
La flore est marquée par le développement continu des conifères dans l’hé‐
misphère nord, ailleurs domine le gingko et les cycadées qui ressemblent à
des palmiers en éventail.
◆ Le Crétacé (145-65,5 Ma) doit son nom aux dépôts crayeux (du latin
creta, la craie), très présents durant cette période, retrouvés en Europe, en
Angleterre et en France notamment. Elle s’achève par une nouvelle extinc‐
tion massive, celle des dinosaures et reptiles de grande taille, dans un
contexte de volcanisme actif, aggravé par la chute d’une météorite. La Pan‐
gée achève son fractionnement, les continents actuels se mettent en place.
L’océan Indien et l’Atlantique Sud naissent, la montée des eaux immerge
environ 30 % des terres. Après une période de tendance au refroidissement
en début d’ère, le climat au Crétacé est chaud dans l’ensemble. Les mammi‐
fères présents sont de petite taille, passent inaperçus dans un monde où
règnent les reptiles, certains évoluant vers les oiseaux actuels avec des ailes,
un puissant sternum, une queue raccourcie. En milieu marin, raies, requins,
poissons osseux sont communs. Les premières plantes à fleurs se déve‐
loppent, en même temps que les insectes, abeilles, termites, fourmis et les
papillons. Conifères et palmiers continuent à se disséminer sur les terres,
avec les fougères, prêles, des arbres à feuilles comme les magnolias, les fi‐
guiers. Le Crétacé s’achève avec l’extinction du Crétacé ou extinction KT,
de l’allemand Kreide-Tertiär-Grenze, connue surtout pour la disparition des
dinosaures, sauf les oiseaux qui en descendent. Attribuée à une météorite
qui frappe le Yucatán, dont l’impact provoque une suspension de particules
qui fait écran aux rayons solaires, l’extinction concerne en fait de multiples
espèces, aussi bien terrestres qui disparaissent faute de nourriture, herbi‐
vores puis leurs prédateurs, que marines, par manque de phytoplancton, ou
plancton végétal. Survivent les mieux adaptés, omnivores, charognards sur
terre et dans les mares, espèces des grands fonds marins se nourrissant de
déchets.
LE CÉNOZOÏQUE
L’ère géologique suivant le Crétacé, le Cénozoïque, débute il y a environ
65,5 Ma et se poursuit de nos jours. Le Cénozoïque (ou période de la « nou‐
velle vie » en grec) se subdivise en deux parties, le Paléogène, la plus an‐
cienne, et le Néogène, la plus récente.
Le Paléogène
Le Néogène
Différentes hypothèses ont été émises depuis le XIXe siècle, mais en géné‐
ral c’est celle due à la position des continents sur le globe terrestre, dite
théorie de Milankovitch, qui est retenue. Pendant les phases froides, les gla‐
ciers recouvrent la quasi-totalité de l’Europe du Nord et les Alpes, le Massif
central, les Pyrénées ; quant au niveau de la mer, il varie en fonction du sto‐
ckage de glace sur les continents, de l’ordre de 120 m d’épaisseur pour la
dernière période glaciaire. Les deux derniers inlandsis (nappe de glace très
étendue connue aussi sous le nom de calotte polaire) sont aujourd’hui l’in‐
landsis du Groenland et celui de l’Antarctique. La présence des moraines
glaciaires et des traces d’érosion glaciaire permettent de déduire le paysage
que ces phénomènes ont laissé. La température moyenne était plus basse
que celle d’aujourd’hui de 8 à 12 °C. Des pluies abondantes prennent alors
place en Afrique du Nord, de l’Est, du Sud. Les grands déserts, celui du Sa‐
hara ou du Kalahari, sont habitables. Lorsque le niveau de la mer baisse, le
pont terrestre entre l’Asie et l’Amérique se trouve de nouveau asséché, tout
comme l’isthme de Panama, rétablissant un accès possible entre ces trois
continents.
4. L’Holocène
Notes
1. Ma : millions d’années avant notre ère.
2. Brittonique : langues celtiques regroupant le celte, le cornique, le gallois, le cambrien (éteint).
CHAPITRE III
1. Les Paléolithiques
De l’époque de ces hommes les plus anciens datent les « galets aména‐
gés », outils appelés choppers quand ils ont une seule face taillée et chop‐
ping tools quand ils sont taillés sur les deux, ainsi que des rudiments d’habi‐
tats, à Olduvai (nord de la Tanzanie, Afrique de l’Est). Vers – 1,9 million
d’années, une nouvelle modification du climat est marquée par un refroidis‐
sement. Un nouvel Homo apparaît, l’Homo ergaster, qui rompt avec la tra‐
dition arboricole. Certains chercheurs le considèrent comme une variété de
l’Homo erectus et son ancêtre. Son cerveau atteint une capacité crânienne
de 850 cm3. Sa taille varie entre 1,50 m et 1,70 m. Il taille des bifaces et
sera le premier représentant du genre Homo à migrer, à conquérir de nou‐
veaux habitats. On suit ses traces en Asie à Loggupo, dans le sud de la
Chine, mais aussi au nord de l’Espagne dans les monts Atapuerca. Les plus
anciens vestiges humains retrouvés en Europe présentent les mêmes carac‐
téristiques.
En France
En Espagne
En Italie
En Géorgie
Sur le site en plein air de Dmanissi, quatre crânes, trois mandibules, une
quinzaine de restes postcrâniens et une douzaine de dents isolées ont été ex‐
cavés. L’ensemble appartient à un minimum de quatre individus, deux ado‐
lescents et deux adultes. Les diverses datations effectuées ont donné
1,8 million d’années d’ancienneté. Pour la première fois, à une époque aussi
reculée, l’homme est présent en Europe, en Transcaucasie. L’installation de
ce groupe humain a pu être motivée par un environnement plus humide qui
succédait à une aridification de l’Est. La nouvelle espèce a été appelée
Homo georgicus, sa capacité crânienne était de 600 à 700 cm3.
Le Paléolithique inférieur
Paléolithique inférieur : – 1,7 Ma à – 500 000 ans. Biface - Homo erectus - Abbevillien - Acheu‐
léen - Micoquien
Le héros de cette histoire de près de sept cent mille ans est l’Homo erec‐
tus, dont les premiers représentants africains sont séparés de la lignée de
l’Homo ergaster, attribuée à une autre espèce. L’Homo erectus est le pre‐
mier représentant de l’espèce humaine à quitter l’Afrique pour l’Asie,
l’Afrique du Nord et la vallée du Jourdain, à découvrir la domestication du
feu, et à tailler des bifaces. Ses caractéristiques morphologiques sont celles
d’un homme grand, environ 1,75 m14, à la capacité crânienne de 850 cm3.
Le nom d’Eugène Dubois (1858-1940) est lié à la découverte de ce que
l’on pensait être alors le chaînon manquant. Dans la publication et la des‐
cription des fossiles mis au jour le long de la rivière Solo à Java (Indoné‐
sie), le savant utilise la désignation Pithecanthropus erectus, faisant ainsi al‐
lusion à sa position érigée. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale
que la nature humaine du pithécanthrope de Java est reconnue – il sera alors
rebaptisé Homo erectus.
Le Paléolithique inférieur en France : les sites
• Le site de Terra Amata est situé à Nice sur les pentes occidentales du
mont Boron. Une petite crique à l’embouchure du Paillon, baignée par la
mer, une petite source ont fait de cet endroit un lieu privilégié pour les chas‐
seurs d’il y a 380 000 ans. Plusieurs niveaux d’habitats ont été mis au jour
sous le dernier cordon littoral. Depuis 1966, les fouilles entreprises par
Henry de Lumley sur le site de Terra Amata ont montré qu’il n’y avait
pas eu à Terra Amata de campements de longue durée, du moins dans les
dunes. Les hommes y avaient néanmoins construit des huttes temporaires
soutenues par des piquets, dont l’empreinte a été révélée par les fouilles. De
forme ovale, ces huttes devaient mesurer entre 7 et 15 m de long sur 4 ou
6 m de large. Les foyers, placés au centre de la hutte, sont protégés par un
muret de pierre.
• La grotte du Lazaret, datée de 130 000 ans, également située sur les
pentes occidentales du mont Boron, est une vaste cavité de 40 m de long sur
20 m de large qui aurait abrité des chasseurs acheuléens à la fin du Pléisto‐
cène moyen supérieur. Les répartitions des vestiges à l’intérieur ont mis en
évidence une cabane de 11 m de long sur 3,5 m de large. Des cercles de
pierres semblent avoir servi au blocage de poteaux qui, maintenus par des
traverses horizontales, prenaient appui sur la paroi rocheuse.
Le Paléolithique moyen
Paléolithique moyen : – 300 000 à – 30 000 ans. Néandertalien - Moustérien - Levalloisien - Sé‐
pulture - Homo sapiens au Proche-Orient
Aucune preuve formelle n’existe à ce jour et le débat sur ce sujet est tou‐
jours en cours, bien que, depuis les années 1980, les données issues de la
préhistoire, de la linguistique, des neurosciences, de la communication ani‐
male, conjointes, font évoluer le problème. La plupart des chercheurs au‐
jourd’hui supposent que l’acquisition d’un système de communication se
fait en deux étapes. D’abord un protolangage, celui d’Homo erectus, carac‐
térisé par un lexique, quelques mots juxtaposés mais pas de syntaxe. Derek
Bickerton, linguiste, a proposé cette hypothèse en 1990, fondée sur le fait
qu’il n’y aurait pas eu de grammaire mais un vocabulaire très limité. Les re‐
cherches actuelles ont mis en évidence le lien entre langage et technique.
Dans les années 1940 à 1960 domine la notion d’Homo faber, qui fait de la
fabrication d’outils la conséquence directe de l’essor du langage. Au‐
jourd’hui on ne pense plus l’outil comme la condition sine qua non mais
plutôt comme une interrelation entre les deux, car les deux fonctions im‐
pliquent le lobe frontal, les régions pariéto-temporo-frontales. L’hémisphère
gauche du cerveau, la zone de Broca, responsable du langage, agit sur la
partie droite du corps montrant ainsi l’imbrication de la pensée et du lan‐
gage.
Néandertal, cannibale ?
Pendant longtemps les préhistoriens se sont affrontés à propos de cette
hypothèse. De nouvelles découvertes remettent le débat au goût du jour. Les
premières traces en France remonteraient au Paléolithique moyen, entre –
80 000 et – 120 000 ans, et auraient été retrouvées en Ardèche dans les ni‐
veaux de la Baume Moula-Guercy, où des restes humains figurant parmi les
déchets alimentaires présentent des traces de découpage. À la Gran Dolina
d’Atapuerca en Espagne, il y a huit cent mille ans, des stries de boucherie
ont été relevées sur 50 % des restes. La plus célèbre des controverses sur le
sujet a eu lieu à propos du site néandertalien de Krapina en Croatie. Sur
plus de six cents ossements humains, des stries ont été mises en évidence,
mais pour certains chercheurs elles seraient le fait non de pratiques canni‐
bales mais d’un rituel funéraire, ou même au choix d’enlever des os les par‐
ties molles afin d’éviter une putréfaction. L’action d’animaux rongeurs n’est
pas à écarter non plus. Plus difficile à expliquer, le cas des crânes au trou
occipital élargi à Chou Kou Tien, en Chine, à la grotte Guattari du mont
Circé, en Italie, à Steinheim en Allemagne. Certains os crâniens sur le site
des Pradelles à Marillac-le-Franc, en Charente, présentent des traces de pré‐
lèvement du cuir chevelu par scalpation.
Le Paléolithique supérieur
Paléolithique supérieur : – 40 000 à – 9 000 ans. Débitage d’éclats grattoirs - Aurignacien - Gra‐
vettien - Solutréen - Magdalénien - Épipaléolithique - Art pariétal
Pégase à Solutré ?
Solutré est surplombé par un haut rocher. Ce fut un lieu de chasse intense du cheval,
d’énormes amas d’ossements ont été retrouvés sur le site. Le lieu de la découverte a
même été appelé « Cros de Charnier ». En 1866, Adrien Arcelin (1838-1904) étudie le
site qu’il vient de découvrir. Les restes innombrables de chevaux vont donner nais‐
sance à une légende selon laquelle les chasseurs paléolithiques auraient dévié de
leurs itinéraires les chevaux passant par la vallée, les dirigeant vers le haut de la mon‐
tagne, les acculant au bord du rocher qui surplombe le site et les poussant à se préci‐
piter dans le vide. En fait aucune fracture n’a été observée sur les ossements de ces
chevaux et la légende est née d’un roman qu’Arcelin publia en 1872 : Solutré ou les
chasseurs de rennes de la France centrale. La réalité a montré qu’il ne s’agissait que
d’embuscades pour surprendre ces animaux et les tuer.
• Le Magdalénien (17 000-10 000) doit son nom aux fouilles de l’abri de
la Madeleine près de Tursac en Dordogne, terme proposé par Gabriel de
Mortillet. Il représente la culture la plus avancée de cette époque. En effet,
les propulseurs, la sagaie, les harpons, se perfectionnent. On voit apparaître
de petits hameçons à double ou triple fourchette. Avec cet armement perfec‐
tionné, le chasseur magdalénien peut atteindre presque tous les animaux de
cette époque. La chasse aux oiseaux devient possible et leurs os délicats
permettent la création de toutes sortes d’outils : étuis à aiguilles, broyeurs
de couleurs, etc. La civilisation magdalénienne évolue au cours de la der‐
nière phase de la glaciation de Würm. À cette époque, il y a une formidable
exubérance animale et végétale, abondance de rennes, d’aurochs, de che‐
vaux, de bisons, de mammouths, de rhinocéros laineux. La pêche tient aussi
une part dans l’alimentation. Les installations se font en plein air, dans les
grottes, sous des abris sous roche. Des peintures et des gravures sont exécu‐
tées sur les parois des grottes. De nombreuses gravures et sculptures en os‐
sement sont montées sur des objets d’usage courant. C’est ainsi que des ja‐
velots en bois de renne portent souvent sur le manche un animal sculpté,
comme celui du Mas-d’Azil. De même les bâtons de commandement sont
ornés de gravures géométriques ou de silhouettes gravées d’animaux. Dans
ce type de représentation l’homme n’a pas sa place, seul le gibier figure. À
la fin du Magdalénien apparaît une certaine stylisation. Le Magdalénien est
présent sur une large partie du continent européen, de l’océan Atlantique à
la Pologne, mais il ne franchit jamais le sud des Alpes. Ses centres les plus
importants sont localisés essentiellement dans le Sud-Ouest. Voici les prin‐
cipaux sites : Dordogne : Laugene-Haute, la Madeleine ; le Bassin parisien :
Pincevent, Étiolles, Verberie, la Ferme de la Haye ; Landes : Duruthy ; en
Vienne : le Roc-aux-Sorciers ; Ariège : la grotte de la Vache ; Charente : la
grotte du Placard.
Les habitats les mieux connus sont ceux de plein air avec leurs unités
d’habitation souvent allongées ou circulaires, parfois quadrangulaires. Cer‐
tains de ces habitats montrent un meilleur aménagement intérieur et une
parfaite adaptation à leur milieu environnemental.
• Pincevent, près de Montereau au bord de la Seine, tire sa réputation
non de la profusion de ses œuvres d’art, ni de la qualité exceptionnelle de
son outillage lithique ou osseux, mais du fait que ses structures d’habitat y
ont été conservées de manière exemplaire. Découverts fortuitement en
1964, les restes d’une habitation mis au jour par André Leroi-Gourhan
montrent qu’il s’agissait d’une demeure d’été et d’automne. Grâce à la den‐
sité des trouvailles, son plan se détache nettement sur le sol. Trois unités
d’habitation se dégagent. Chacune possédant un foyer rempli de cendres et
de pierres éclatées à la chaleur, un espace en forme d’arc riche en objets, os
et pierre, une place d’atelier et une entrée. Devant deux des foyers se trou‐
vaient de grandes pierres utilisées comme sièges. L’étude de tous ces objets
a démontré l’existence de trois tentes juxtaposées. On y a trouvé des os
d’aurochs, de cerfs, de loups, mais les ossements de rennes sont majori‐
taires. Le campement couvrait plus d’un hectare pendant quelques se‐
maines. D’autres sites sont contemporains comme Verberie (Oise) ou
Étiolles (Essonne).
Jusqu’aux années 1970, l’Europe est tenue pour lieu presque unique de
l’art magdalénien. En fait, ce phénomène est universel. Des travaux récents
permettent de montrer que l’Australie, l’Amérique du Sud, le Chili, le Bré‐
sil, mais aussi l’Asie, l’Inde offrent des sites comparables. Les premières
manifestations artistiques, fussent-elles très sommaires, ne remontent pas
avant la fin du Paléolithique moyen. Les plus grandes découvertes des pein‐
tures et gravures rupestres se font dans les monts Cantabriques (en Espagne
du Nord), dans les Pyrénées et en Dordogne. Les thèmes les plus représen‐
tés dans l’art rupestre occidental sont les humains, les animaux, les signes.
Les grands herbivores sont majoritaires. Les peintures les plus anciennes
vont de – 31 000 pour la grotte de Chauvet, à – 10 000 pour les plus ré‐
centes du Magdalénien : Altamira, Font-de-Gaume, Rouffignac, Lascaux.
Les représentations humaines sont soit anthropomorphes soit figurent seule‐
ment les mains. Les premières sont rares, une vingtaine, souvent schémati‐
sées, parfois composites mi-homme mi-cheval. Certaines parties du corps
sont en revanche privilégiées, vulve féminine, phallus, mains. Ces dernières
sont dites positives, quand elles sont recouvertes de peintures et appliquées
sur la paroi, négatives utilisées en pochoir. La grotte de Chauvet est la dé‐
couverte majeure de ces dernières années. Sous la direction de Jean
Clottes, près de quatre cent quarante animaux sont répertoriés, des espèces
rarement figurées le sont : la panthère, le hibou, le bœuf musqué, datés
entre – 24 000 et – 32 000.
2. L’Épipaléolithique et le Mésolithique
L’Épipaléolithique (11 800 environ) - armatures pointues de petites dimensions, pirogues - et le
Mésolithique (10 200-6500) - arcs et flèches
3. Le Néolithique
Le Néolithique vers – 10 000 ans : sédentarisation, poterie, domestication, premières maisons,
premiers villages
La diffusion à partir de l’Ouest a été sans conteste favorisée par une navi‐
gation importante en Méditerranée, dès le VIIIe millénaire avant notre ère,
bien avant la fabrication de la poterie. En Égée, l’obsidienne de Mélos fait
déjà l’objet d’importation. On trouve des traces d’occupation dès l’Épipa‐
léolithique en Corse, abri de Curacchiaghiu et abri d’Araguina-Sennola, au
VIIe millénaire, et un millénaire plus tard pour les Baléares. La diffusion
des premières cultures à céramique le long des côtes de la Méditerranée oc‐
cidentale est aussi l’une de ses conséquences. On les retrouve en Toscane,
en Provence, au Languedoc, en Catalogne, au Portugal, en Oranais, au nord
du Maroc. La néolithisation s’impose d’abord comme un phénomène côtier.
À partir de la façade provençale et languedocienne, elle va s’étendre pro‐
gressivement à la moitié sud de la France. Le Néolithique ancien prend
place dans une période allant du VIe millénaire jusqu’à la charnière du
Ve millénaire avant notre ère, 6000-5500 avant J.-C. environ. C’est
l’époque de la culture cardiale, décors sur la poterie faits par impressions
de coquillages ou de poinçons, que l’on découvre sur la côte adriatique des
Balkans, en Italie, en France, au Portugal, en Afrique du Nord. Les habitats
sont nombreux et se font soit en grotte, soit en plein air, mais aucun
n’évoque des communautés importantes. Dans la moitié nord de la France,
la néolithisation tient ses origines des groupes agricoles venus des vallées
de l’Europe centrale. La civilisation danubienne n’atteindra le Bassin pari‐
sien et le bassin de la Loire qu’à la transition du Ve-IVe millénaire avant
notre ère. Parallèlement, un autre ensemble se met en place, le long de l’axe
principal du Danube et de ses affluents, avec la culture rubanée, qui tire
son nom de la décoration incisée, en méandres ou en volutes, qui orne ses
poteries. L’est de la France et l’axe du Rhin seront imprégnés de cette
culture, culture de Michelsberg, tandis que la moitié orientale du Bassin
parisien développe une culture de communautés de paysans, sur le site des
Fontinettes, à Cuiry-lès-Chaudardes, dans la vallée de l’Aisne, avec des
maisons de grandes dimensions (10 × 4 m), datées de 4600 avant J.-C., au
Néolithique moyen. La première moitié du IVe millénaire avant notre ère y
est illustrée par un nombre très important de sites d’habitat, avec le groupe
de Cerny. Les maisons y sont de tradition danubienne, comme à Marolles-
sur-Seine, trapézoïdales. Les tombes sont présentes à Passy (Yonne). C’est à
cette époque que le phénomène mégalithique s’affirme sur la façade atlan‐
tique, dolmens à couloirs et grands tumulus. Le Chasséen s’impose et assi‐
mile les traditions locales de la plus grande partie du territoire tout en se
métissant au contact de divers groupes, lors de son extension vers 3700-
2600 avant J.-C., dans la zone méridionale, et vers 3500-2400 avant J.-C.
dans la zone septentrionale. De toutes les cultures néolithiques en France,
c’est celle qui a la plus longue durée, un millénaire, et la plus grande exten‐
sion. L’habitat de plein air y est représenté en grand nombre avec une super‐
ficie plus importante que lors du Néolithique ancien. L’existence de fossés
ou de systèmes composés de fossés et de palissades, entourant les villages,
semble être la règle dans le Bassin parisien. C’est aux alentours du milieu
du IVe millénaire avant J.-C. que de profondes modifications sont obser‐
vables dans l’économie. Les communautés sont plus nombreuses et pleine‐
ment sédentarisées. La métallurgie apparaît dans les Balkans et en Europe
centrale, puis en France un millénaire plus tard. Dès 2500 avant J.-C., le
Néolithique final est marqué par la continuité de certains groupes méridio‐
naux qui gardent pendant un temps les techniques néolithiques alors que
d’autres s’initient aux rudiments de la métallurgie de l’or et du cuivre. La
moitié nord de la France est dominée par la culture Seine-Oise-Marne de
2500 à 1700 avant J.-C. C’est une période de développement aussi pour les
hypogées, les sépultures collectives et les fosses. La connaissance de la
métallurgie contribue au développement de la culture des gobelets campa‐
niformes, vers 2300-2200 avant J.-C.
Chypre : la transition
LES DOLMENS
LES MENHIRS
Les menhirs sont des pierres dressées. Leur distribution est bien plus
large que celle des dolmens, il n’y a pas un département en France qui n’en
possède au moins un, mais leur densité est surtout grande dans les régions
armorique et avoisinantes, dans le Bassin parisien, jusqu’en Bourgogne.
Leur forme varie beaucoup en fonction de la roche utilisée. Le plus souvent,
ils sont allongés verticalement. En général, on a tiré parti des blocs, isolés
par l’érosion, parfois après les avoir dégrossis. Ils peuvent aussi présenter,
en surface, des restes d’ornementations, similaires à celles des sépultures
néolithiques, soit par incision, soit en relief, à l’exemple du menhir du Ma‐
nio, à Carnac, et de celui de Kermarquer dans le Morbihan. Notons la dé‐
mesure de certains, 350 tonnes pour celui brisé de Locmariaquer qui de‐
vait faire 20 m de haut, partie enterrée comprise.
LES STATUES-MENHIRS
LE MÉGALITHISME EXPÉRIMENTAL
Les habitations en bord de lac, les villages des tourbières ont livré dans le
sud de l’Allemagne, la Suisse, l’Italie du Nord, l’est de la France, une docu‐
mentation très importante sur ce type d’habitat, répandu du Néolithique à
l’âge du bronze. À la suite d’une sécheresse prononcée, le niveau du lac de
Zurich a baissé considérablement, laissant apparaître une partie de la plate-
forme littorale. Des pieux sont mis au jour, ainsi que des haches polies. Ain‐
si on a pu démontrer que des maisons avaient été construites sur pilotis au
bord des lacs à Yverdon (Canton de Vaud), Feldmelen (Canton de Zurich),
Clairvaux-les-Lacs (Jura), Fiavè (Italie), Hornstaad (lac de Constance). À
Clairvaux et à Portalban (canton de Fribourg), il s’agit de maisons
construites à même le sol au bord des lacs. Le village de Charavines, en
Isère, découvert en 1921, a fait l’objet de vastes opérations de sauvetage de‐
puis 1972. Les premiers occupants y sont venus aux alentours de 2300
avant J.-C., puis le hameau a été délaissé, trente ans plus tard, le lac ayant
repris ses droits. Il est reconstruit quarante ans après le départ des premiers
occupants, puis de nouveau délaissé. Charavines est devenu célèbre égale‐
ment pour ses objets en bois et en fibres végétales : poignards emmanchés,
paniers d’osier, arcs, cuillères en if, peignes à cheveux, épingles ont été dé‐
couverts dans un état de conservation parfaite.
Notes
1. Boucher de Perthes serait plutôt l’avocat de la Préhistoire, s’étant chargé de faire admettre après
une lutte méritoire des idées qu’il n’avait pas forgées lui-même. C’est à Casimir Picard que revient,
en 1835, le mérite d’avoir mis en lumière la contemporanéité des haches taillées et de la faune dispa‐
rue.
2. La mâchoire de Moulin-Quignon, observée à la lumière des comparaisons anatomiques avec les
fossiles humains connus aujourd’hui, présente de grands airs de modernité. L’intérêt de cette super‐
cherie fut à l’époque d’avoir créé une commission de savants, géologues, paléontologues, archéo‐
logues sous la direction d’Henri Milne-Edwards, réunis pour venir inspecter le site de Moulin-Qui‐
gnon. Les minutes du débat ont été consignées dans les Mémoires de la société d’anthropologie de
Paris (1863).
3. André Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, 1 : Technique et Langage, 2 : La Mémoire et les
Rythmes, Paris, Albin Michel, 1964-1965.
4. Le terme « quaternaire » a été inventé, en 1829, par le géologue Jules Desnoyers. L’ère quater‐
naire se divise en deux : le Pléistocène de – 2,7 Ma à – 780 000 ans (terme établi, en 1839, par le
géologue britannique Charles Lyell) et l’Holocène vers – 10 000 ans (terme créé par le Français
Paul Gervais, en 1867, pour désigner les dépôts récents).
5. Découverte effectuée par une équipe internationale dirigée par Yves Coppens, Donald C. Johan‐
son et Maurice Taieb.
6. Découverts au Kenya, ces vingt et un fossiles comprennent des mâchoires supérieures et infé‐
rieures, des fragments de crânes et une partie de tibia.
7. Retrouvé au Tchad près du fleuve Bahr el Ghazal, « fleuve des gazelles », il est le premier Aus‐
tralopithèque à avoir été découvert à l’ouest de la vallée du Rift.
8. Appelé aussi l’Homme du millénaire, il fut découvert dans la formation de Lukerno, au Kenya.
D’après les ossements, il pouvait mesurer 1,40 m, et peser 50 kg. Il était bipède.
9. Son nom signifie « homme à face plate du Kenya ».
10. Il présente des caractères intermédiaires entre Homo habilis et Homo erectus, avec 700 cm3 de
capacité crânienne pour le plus grand, et 600 cm3 pour le plus petit.
11. Jusqu’à la découverte de la grotte du Vallonnet (Alpes-Maritimes), l’Abbevillien représentait la
plus ancienne industrie connue, à Chelles (Seine-et-Marne) et sur les terrasses de la Garonne.
12. Les bifaces acheuléens sont le plus souvent taillés sur les deux faces ; la taille au percuteur cy‐
lindrique s’ajoute aux procédés connus. D’abord assez épais, les bifaces deviennent plus minces, les
arêtes plus rectilignes. Les formes sont plus symétriques et comprennent des ovoïdes aplatis appelés
« limandes ». L’évolution de l’Acheuléen culmine dans des formes longues, lancéolées, comme les
bifaces micoquiens, à base large et pointe étroite. La technique « Levallois », préformage du nucleus
pour déterminer les éclats, se fait plus présente à l’Acheuléen moyen. Au cours de l’Acheuléen,
d’autres industries comme le Clactonien, en Angleterre, sont supposées avoir évolué indépendam‐
ment.
13. Représentée également sur les sites du Caune de l’Arago, du Lazaret, de la Micoque, de Terra
Amata, d’Olduvai (Tanzanie).
14. Des empreintes de pieds retrouvées dans le nord du Kenya révèlent qu’il y a un million d’an‐
nées l’Homo erectus marchait de la même façon que nous. Le gros orteil est semblable aux autres,
différence notable avec les grands singes qui les ont séparés afin d’assurer la prise des branches. La
voûte plantaire est prononcée. L’Homo erectus est le premier hominidé à présenter les mêmes propor‐
tions corporelles que l’Homo sapiens : bras plus courts, jambes plus longues.
15. L’Afrique du Nord connaît une forme sans doute dérivée des erectus africains (découverte à
Djebel Irhoud au Maroc). Le Proche-Orient au contraire connaît des formes très évoluées dès –
90 000 ans.
16. L’Azilien, daté de 12 000-9000 av. J.-C. environ, a pour caractéristique des galets peints ou
gravés dans des endroits comme les Pyrénées, l’Espagne cantabrique, la Suisse. Au Maghreb, on
parle du Capsien et de l’Ibéromaurusien.
17. Appelé anciennement Romanellien, il a été défini par Max Escalon de Fonton à partir de l’in‐
dustrie de Valorgues. Il est réparti sur le littoral du Languedoc oriental ; contemporain de l’Azilien, il
s’en distingue par son absence de harpon.
18. Il succède au Valorguien et se situe géographiquement dans les Bouches-du-Rhône et chrono‐
logiquement au VIIIe millénaire.
19. Son nom vient du site de Wadi en-Natouf en Cisjordanie, ses dates s’étalent entre – 12 000 et –
10 000.
20. « Révolution néolithique » : expression utilisée par Vere Gordon Childe (1892-1957), dans
les années 1920, pour décrire les révolutions agricoles qui eurent lieu au Proche-Orient et qui se ma‐
nifestèrent par un passage radical de l’économie de prédation à celle de production.
21. Le site prédynastique de Nagada, en Égypte, a livré des petites perles de cuivre.
CHAPITRE IV
Le bronze ancien
I de 1800 à 1700 av. J.-C.
II de 1700 à 1600 av. J.-C.
III de 1600 à 1500 av. J.-C.
Le bronze moyen
I de 1500 à 1400 av. J.-C.
II de 1400 à 1300 av. J.-C.
III de 1300 à 1100 av. J.-C.
Le bronze final
I de 1100 à 1000 av. J.-C.
II de 1000 à 850 av. J.-C.
III de 850 à 700 av. J.-C.
Le VIIIe siècle avant J.-C. fut une période de grands mouvements de po‐
pulation. À l’âge du bronze, deux peuples de cavaliers indo-européens
sortent des steppes orientales et progressent vers l’Ouest et le Sud. Les
Cimmériens, qui viennent de Crimée, franchissent, vers – 750, le Caucase et
menacent l’Asie Mineure et l’Assyrie. Les Scythes du Turkestan, qui chas‐
seront les précédents, finiront par pénétrer dans les Balkans, et parviendront
sur le cours moyen du Danube dans les plaines de Pannonie ainsi que dans
le sud des Carpates. Cette progression vers le sud mène Scythes et Cimmé‐
riens en Allemagne de l’Est (Bavière) et, avec les Thraces, en Italie du
Nord. Les premiers sont les intermédiaires du Proche-Orient, les seconds
influencent les civilisations de Hallstatt, le premier âge du fer, et de La
Tène, le deuxième âge du fer.
Les points communs de ces groupes sont l’art animalier en rapport avec
celui, oriental, de l’Asie centrale, les armes. Hérodote définit les Scythes
comme des « porte-maisons et des archers à cheval », allusion à leur noma‐
disme et aux guerriers qu’ils étaient. Ces cavaliers ont un armement léger,
arc en corne à double courbure avec tendon et flèches à pointes triangu‐
laires, mais ils manient aussi l’épée, le javelot, la lance. C’est sur la straté‐
gie et la technique guerrière que leur supériorité repose, ainsi que sur le
rempart mobile formé de chariots. La découverte d’armes dans des tombes
féminines suggère qu’elles avaient pu prendre part au combat, mais ce sera
là plutôt le fait des Sarmates que des Scythes. Le grand historien fait aussi
allusion à des « Scythes royaux » : « Au-delà du Gerrhos se trouvent les ré‐
gions dites “royales” et les Scythes les plus vaillants et les plus nombreux
qui regardent les autres Scythes comme leurs esclaves » (Enquête, IV, 20),
une tribu dominante d’autres ethnies reposant sur un système social très hié‐
rarchisé. Vers le milieu du VIe siècle, d’importantes relations commerciales
se forment, les colons grecs ont fondé plusieurs comptoirs dont celui d’Ol‐
bia, et les produits locaux, blé notamment, y sont échangés ainsi que le
miel, les poissons salés, tandis que les Grecs donnaient l’huile et de mul‐
tiples produits de l’art et de l’industrie.
L’ARCHÉOLOGIE CELTIQUE
Quelques oppida
Le chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., trouvé en 1880 dans une
tourbière du Jutland au Danemark, se rattache par son répertoire figuratif à
l’essentiel des thèmes celtiques de la mythologie. Des 15 plaques qui le
composaient, seules 13 nous sont parvenues. La pièce pèse plus de 90 kilos
pour un diamètre de 68 cm sur 40 cm de haut. Il fait partie d’une série de
grands récipients liturgiques retrouvés en Scandinavie, chaudron de Brâ, de
Rynkeby, probablement destinés à des libations rituelles en l’honneur de di‐
vinités. Celui de Gundestrup, à partir des représentations d’armement, trom‐
pettes à embouchures en gueule de dragon, grands boucliers oblongs,
casque de La Tène III, a été rattaché au milieu du Ier siècle av. J.-C. Sur les
monuments ou objets, les divinités sont souvent accompagnées d’animaux
dont les traits distinctifs sont reconnaissables. Leur choix est symbolique,
par exemple d’une fonction sociale. Allant de l’infiniment petit, l’abeille
qui évoque l’immortalité de l’âme, jusqu’au plus gros, le taureau, animal re‐
présenté en sacrifice sur le chaudron de Gundestrup, symbole de la reine, le
cheval étant réservé au roi.
Les principaux animaux
◆ Le cheval est un symbole très fréquent, surtout sur les monnaies celtes
et gauloises. Le culte de la déesse Epona, protectrice des chevaux et cava‐
liers, nous prouve qu’il était adoré. Les chevaux de mort hantent les lé‐
gendes celtiques, autant que ceux de guerre, si l’on se remémore le petit
cheval de bronze trouvé à Neuvy-en-Sullias qui porte une inscription au
dieu Rudiobus, « le rouge », assimilé à Mars dont le cheval est la monture.
La valorisation négative du symbole chtonien en a fait une manifestation
analogue à notre faucheuse.
◆ L’ours, dont le nom celte est art, s’oppose souvent au sanglier. Il est
peut-être le symbole de la classe guerrière, comme en atteste le patronyme
Arthur, de arth, l’ours, en britton.
◆ Ogmios gaulois est assimilé par Jules César à Mars, le conducteur des
âmes. Lucien de Samosate (120-180) le rapproche d’Héraklès, mais un Hé‐
raklès bien différent de celui des Grecs : « c’est un vieillard très avancé,
dont le devant de la tête est chauve ; les cheveux qui lui restent sont tout à
fait blancs ; la peau est rugueuse, brûlée jusqu’à être tannée comme celle
des vieux marins, on pourrait le prendre pour un Charon ou Japhet des de‐
meures souterraines du Tartare pour tout enfin plutôt qu’Hercule »3. Il porte
pourtant peau de lion, masse, arc carquois. Des chaînes d’or fixées à ses
oreilles retiennent une multitude d’hommes. Il est rapproché d’Ogma, dieu
irlandais de l’éloquence et inventeur de l’ogham, premier système d’écri‐
ture utilisé en Irlande. L’écriture oghamique est composée de vingt lettres,
elle est en usage dans les îles Britanniques et serait apparue aux alentours
du IIIe siècle apr. J.-C., composée à partir de l’alphabet latin. Ses traces ont
été recueillies sur des vestiges d’os, de bois, mais aussi sur des pierres le‐
vées. Son utilisation est réservée aux druides qui privilégient néanmoins la
tradition orale. Les vingt signes qui composent l’alphabet sont formés de un
à cinq traits qui peuvent être droits ou obliques, disposés de part et d’autre
d’une ligne médiane. Ils se lisent de bas en haut. En fait les Celtes adaptent
l’alphabet en usage lors de leur migration : le celtibère en Espagne, le lé‐
pontien ou alphabet de Lugano, dans le nord de l’Italie. En Gaule, ils uti‐
lisent l’alphabet grec jusqu’à ce que les Romains, lors de leur conquête, im‐
posent le leur. Ogma est l’un des fils de Dagda décrit comme « le seigneur
du savoir ». Il est chargé aussi de convoyer les âmes vers un autre monde.
Les druides
Notes
1. L’art du nuraghe, dont le nom provient des tours forteresses de pierre qui caractérisent la pé‐
riode du bronze, repose sur quelque quatre cents statuettes et figurines de bronze. Datées d’entre le
e e
VIII et le VI siècle d’avant notre ère, celles-ci représentent des divinités et des déesses. Ce sont sou‐
vent des guerriers armés, coiffés de casques, parfois des déesses tenant un enfant dans leurs bras ou
des animaux figurés en ronde-bosse, taureau, bélier, cerf, mouton. Des barques funéraires ou nefs de
bronze comptent aussi parmi les témoins artistiques de cette plastique paléosarde.
2. Le murus gallicus, décrit par César dans La Guerre des Gaules (VII, 23), est le type de rempart
le plus courant. Composé d’un poutrage horizontal, les rangs perpendiculaires et parallèles au pare‐
ment s’alternent successivement. Le parement est formé de grosses pierres, encastrées dans ces inter‐
valles. Au-dessus s’élève un second rang semblable avec un intervalle de deux pieds entre les
poutres, afin qu’elles ne touchent pas celles du rang inférieur. La pierre permet de lutter contre le feu,
les poutres contre les heurts des béliers.
3. Ch.-J. Guyonwarc’h, Magie, médecine et divination chez les Celtes, Paris, Payot, 1997, p. 149.
CHAPITRE V
1. La Chine
Les preuves de l’existence d’un homme très ancien se sont limitées pen‐
dant longtemps à quelques pays et continents. Les découvertes, parfois for‐
tuites, la volonté de mieux connaître son histoire, ses origines ont permis de
démontrer sa présence aujourd’hui un peu partout dans le monde. Ainsi la
Chine fut longtemps limitée au célèbre Sinanthropus, « l’homme de Pé‐
kin », découvert en 1929 à Zhoukoudian, et à ses mythes qui situent l’ori‐
gine de l’homme avec P’an-kou, l’homme primordial. Depuis 1998, l’Aca‐
démie des sciences chinoise a lancé un programme de recherches pour les
périodes les plus anciennes de la Préhistoire et a pu ainsi reposer la question
des plus anciens hominidés. Le ramapithèque de Shihuba, près de Kunming
dans le Yunnan, avec ses huit millions d’années, reste l’un des premiers
maillons de cette chaîne. L’homme de Yuanmou et celui de Lantian, dans le
Shaanxi, semblent plus anciens que l’homme de Pékin. Le premier aurait
1,7 million d’années, le second serait vieux de six cent mille ans. Les
cultures néolithiques, celles de Yangshao dans la région du Huang He, en
Chine du Nord, et de Cishan, découverte en 1976, ont fourni respectivement
les datations de – 5150 à – 2690 pour la première, – 6000 pour la seconde,
faisant de leurs céramiques parmi les plus anciennes au monde. La culture
d’Erlitou, dans le Henan, qui se situe entre la fin du Néolithique et les dé‐
buts de l’âge du bronze, vers 2100-1600 avant J.-C., révèle l’existence de
bâtiments, de constructions importantes avec des caractéristiques qui per‐
durent dans les siècles suivants : forme rectangulaire, orientation selon les
points cardinaux, quadrillage orthogonal des voies. En 1988, Erlitou est dé‐
claré patrimoine culturel de première importance.
2. Le Japon et la Corée
3. L’Inde
L’Inde a été peuplée dès les premiers temps. Les vestiges paléolithiques
dans tout le sous-continent indien sont là pour l’attester, mais le manque de
données contextuelles rend souvent difficiles la compréhension et la recons‐
titution des faits préhistoriques. Le Paléolithique ancien est reconnu dans
le nord-ouest du pays dans la vallée de Soan (Pakistan actuel). Les décou‐
vertes faites en 2001 dans le golfe de Khambhat, au large des côtes de la
province du Gujarat, au nord-ouest de l’Inde, ont révélé deux vastes cités
englouties, submergées il y a entre huit mille et sept mille ans au moment
de l’élévation des niveaux marins, à la fin de l’ère glaciaire. Deux mille ob‐
jets ont été remontés et datés aux alentours du VIIIe et du VIIe millénaire
avant notre ère. On y a retrouvé les restes d’une digue de plus de 600 m de
long, traversant le cours de l’un des fleuves existant alors. La ville submer‐
gée est au moins cent cinquante fois plus vaste que les grandes colonies
proche-orientales, tel le village de Çatal Hüyük pour la même date. Ces
villes appartiendraient à la civilisation d’Harappa, connue pour s’être déve‐
loppée entre 3000 et 5000 ans avant J.-C. Mais plus extraordinaire encore
est la découverte de traces d’écriture gravée en mode circulaire et inconnue.
Vers la seconde moitié du IIIe millénaire, une civilisation urbaine compa‐
rable à celle de la Mésopotamie2 et de l’Égypte se développe. L’urbanisme
y est remarquablement coordonné, une écriture non déchiffrée présente
quelque quatre cents pictogrammes sur des sceaux3, des amulettes.
4. Le continent américain
L’ANTIQUITÉ
A. LES PREMIÈRES GRANDES CIVILISATIONS ANTIQUES
DU PROCHE ET DU MOYEN-ORIENT
Notes
1. Samuel Noah Kramer, L’Histoire commence à Sumer, Paris ; Flammarion, « Champs histoire »,
2009.
CHAPITRE PREMIER
La Mésopotamie
Entre les premiers villages, Mallaha, 12 000 et 10 000 avant J.-C., la première ville fortifiée,
Jéricho, ceinte d’un rempart de pierres de 5 m de haut, les débuts de l’usage du cuivre, dès –
8000 ans, et la civilisation d’El-Obeid (5000-3750 av. J.-C.), des millénaires s’écoulent pour
que l’architecture se développe sur de hautes terrasses. Eridu est le site le plus important, le
plus ancien de peuplement, résidence terrestre du dieu Enki, seigneur des eaux et des tech‐
niques. Situé en Mésopotamie méridionale, près du golfe Persique, il prend plus tard le nom de
Sumer. Une architecture gigantesque apparaît aussi à Uruk, civilisation qui donne pleinement
naissance à celle de Sumer. Les murs à redans font leur apparition. Les morts sont placés dans
des coffres. Pour la première fois, l’homme occupe la Mésopotamie du Sud. La civilisation
d’Uruk (v. 3700-v. 3000 av. J.-C.) doit son nom au site éponyme, aujourd’hui Warka, au sud de
l’Irak. C’est un centre politique et religieux dont le prestige est renforcé par le mythe de Gilga‐
mesh, son roi. À proximité, d’autres cités de basse Mésopotamie deviennent également des
centres urbains majeurs : Eridu, Ur, Djemdet-Nasr. Ce dernier site donne son nom à l’époque
charnière qui termine celle d’Uruk, connue sous le nom de civilisation de Djemdet Nasr
(v. 3100-v. 2900 av. J.-C.) – nom du site proche de Babylone –, qui est souvent considérée
comme la première étape d’une civilisation mésopotamienne véritablement brillante. En se dé‐
veloppant, le plan simple du temple donne naissance au temple à terrasses, la ziggourat. Mal‐
heureusement, aucune ziggourat n’a été retrouvée dans son intégralité. Une trentaine de sites à
ce jour ont été recensés. Le principal matériau de construction est la brique. Le premier à avoir
élevé ce type de monument est Ur-Nammu (2112-2094 av. J.-C.) à la IIIe dynastie d’Ur (2112-
2006 av. J.-C.). En Mésopotamie, il existe d’autres bâtiments construits en hauteur, il s’agit de
« temples terrasses » qui ressemblent aux ziggourats. Tout comme elles, ce sont des construc‐
tions cultuelles érigées sur des terrasses. La plus ancienne remonterait à la civilisation d’El-
Obeid (Ve-IVe millénaire av. J.-C.), la plus récente à l’époque kassite (1595-1155 av. J.-C.). Les
deux types de construction ont cohabité pendant des centaines d’années.
L’invention de l’écriture à Sumer fait entrer de plein pied les hommes dans l’histoire. Les
plus anciennes formes d’écriture se composent d’idéogrammes : l’écriture représente de ma‐
nière figurative exclusivement objets ou êtres vivants. Les premiers scribes gravent ces repré‐
sentations dans l’argile molle à l’aide de poinçons. Lorsque le premier trait du dessin est ébau‐
ché, le poinçon forme dans l’argile meuble un petit coin d’où le nom futur d’« écriture cunéi‐
forme », écriture en forme de coins. Les premiers documents écrits naissent aux alentours de
3400-3300 avant J.-C. Il s’agit de documents administratifs, souvent comptables, établissant
des listes. Les progrès de l’écriture aidant, les annales royales et d’autres types de texte se déve‐
loppent, les tablettes augmentent de taille et adoptent une forme rectangulaire. Le texte achevé,
la tablette est cuite, ce qui permet sa conservation et explique le grand nombre d’archives trou‐
vées sur les sites d’Uruk, Suse, Kish, Ur, soit plus de cinq mille cinq cents tablettes. La pé‐
riode d’Uruk, outre l’écriture, développe un système numérique, qui lui est peut-être même
antécédent. Les traces en sont attestées sous la forme de calculi (calculus au singulier,
« caillou » en latin). Ce sont des billes, sphères, bâtonnets, cônes perforés, dont la taille déter‐
mine la valeur. Les Sumériens utilisent la numérotation de base 60, ou sexagésimale. Dans ce
système, le petit cône vaut 1, la bille 10, le grand cône 60, le grand cône perforé 3 600 et la
sphère perforée 36 000. Les sceaux-cylindres naissent avec l’écriture. Ce sont de petits cy‐
lindres, parfois montés en bague, gravés de représentations, de divinités et de signes cunéi‐
formes. On les roule sur l’argile fraîche pour signer un document, marquer une amphore en in‐
diquant son contenu, l’exactitude des comptes d’un temple, etc. Ils jouent donc le rôle d’une
marque authentifiant des transactions économiques, des documents officiels, des actes privés de
donation, de partage, de succession. Ils apparaissent à Uruk, vers – 3200, et se répandent rapi‐
dement. Les motifs gravés sont variés, du moins au début (scènes religieuses, vie quotidienne),
puis le style évolue vers une forme plus épurée, une frise géométrique qui peut être reproduite à
l’infini.
Toute la vie de la cité est organisée autour du temple qui devient plus complexe. Le bâtiment
des origines forme désormais un véritable quartier : le temple proprement dit, puis les entre‐
pôts, les bâtiments à usage administratif, les logements destinés aux prêtres. Il en est ainsi à
Uruk du temple consacré à Inanna, déesse de l’amour, plus tard nommée Ishtar par les Assy‐
riens et les Babyloniens. Son temple, l’Eanna ou « Maison du ciel », se compose d’une cour
centrale rectangulaire, entourée de bâtiments de briques, aux murs ornés d’un décor fait de
clous d’argile cuite, en couleur, qui forment une mosaïque. Le bâtiment, de grande dimension,
fait 80 m de long sur 40 m de large. Les murs extérieurs forment un redan, car ils sont réguliè‐
rement dépassés par des tours en saillie. Inanna est à l’origine de deux mythes sumériens fonda‐
mentaux, celui des mort et renaissance de son époux Dumuzi et celui de sa descente aux Enfers.
LA NAISSANCE DE LA ROYAUTÉ
Pour les historiens, la naissance de la royauté définit l’époque des dynasties archaïques
(v. 2900-v. 2600 av. J.-C.) et présargoniques (v. 2900-v. 2375 av. J.-C.). Le processus d’urbani‐
sation se développe et les villes surgissent aussi bien dans le pays de Sumer, que dans les val‐
lées du Tigre et de l’Euphrate, ainsi qu’en Syrie avec Ebla. Deux peuples se trouvent alors en
basse Mésopotamie : les Sumériens aux alentours du golfe Persique, au Sud, et les Akkadiens,
peuples sémites, au Nord. À l’origine, leurs civilisations se ressemblent : elles développent l’ir‐
rigation et l’écriture qui devient, de linéaire, cunéiforme. Réparties en cités-États, elles sont
sans doute entrées assez vite en lutte les unes contre les autres. À leur tête se trouvent un roi et
une divinité protectrice de la cité. La prépondérance appartient d’abord aux Sumériens. Cer‐
taines de leurs cités, Uruk, puis Ur, exercent une véritable hégémonie. Mais l’ensemble est
marqué par l’importance des divisions politiques. Chaque cité-État domine un pays plus ou
moins vaste ainsi que des cités-satellites. Vers le IIIe millénaire avant notre ère, sur l’Euphrate,
dans un territoire grand comme la Suisse, le long des trois chenaux de l’Euphrate et du Tigre,
existent environ une quinzaine d’États exploitant chacun une partie du réseau. Il s’agit en fait
de micro-États avec plusieurs centres urbains. Ainsi un État comme celui de Lagash au milieu
du IIe millénaire s’étend sur 65 km le long de plusieurs chenaux du Tigre. Il exploite environ
2 000 km2 de terres irriguées, présente vingt-cinq bourgs, quarante villages et pas moins de
trois villes importantes : une capitale religieuse, Girsu, une capitale politique, Lagash, et un
port situé sur le Tigre. À la tête de chaque cité-État, on trouve un roi, nommé En, « seigneur »,
à Uruk ; un roi prêtre Ensi, « vicaire », à Lagash, où il serait davantage le représentant du dieu,
qui seul règne véritablement sur la cité ; un Lugal, « grand homme », à Kish, ce qui pourrait in‐
diquer une fonction royale déjà plus politique. Les documents d’époque, notamment la Liste
royale sumérienne, qui retrace l’histoire de la Mésopotamie depuis les origines, abondent en
fins brutales de dynasties à la suite d’une défaite militaire. Il semble bien que, jusqu’à la domi‐
nation imposée par Sargon d’Akkad (v. 2334-v. 2279 av. J.-C.), toutes les cités sumériennes
sont en conflit latent entre elles. Les connaissances à ce propos sont dues aux archives de la bi‐
bliothèque d’Ebla, site archéologique du sud d’Alep, en actuelle Syrie. Riche de plus de dix-
sept mille tablettes, cette documentation permet de mieux connaître les relations diplomatiques
entre États sumériens.
Noms de dieux
La mise en place du panthéon sumérien, même si elle se précise au cours des périodes ultérieures, s’effectue
pendant la période des dynasties archaïques. Lagash, par sa puissance militaire, répand son dieu national,
Ningirsu, tout comme rayonnent Enki-Ea à Eridu, Utu-Shamash à Sippar et Larsa, Nanna à Ur, Enlil à Nippur,
Inanna à Uruk. Les dieux vivent, aiment, se battent comme les hommes mais ils restent immortels. Chacun
contribue au fonctionnement du monde : Shamash, dieu du Soleil, Nanna-Sin, le croissant de Lune, Enlil, le
seigneur du souffle. Parmi les dieux, on distingue ceux qui correspondent aux différentes parties du monde :
ciel, terre, enfer ; les divinités astrales : Soleil, Lune, étoiles ; les forces du monde : foudre, tempête et les
dieux de la fécondité. Les quatre dieux créateurs sont An, Enki, Enlil, Ninhursag, déesse de la Terre.
An : An, en sumérien, Anu en akkadien, est considéré comme le dieu-ciel. Il occupe le sommet du panthéon
babylonien. Près de quatre-vingts divinités composent sa famille. Le nombre symbolique qui le représente est
le 60, considéré comme parfait dans le système sexagésimal.
Enki : dieu des sources et des fleuves, il est mentionné dans les textes sumériens les plus anciens. Son
temple principal se trouve à Eridu et porte le nom de « temple de l’Abysse ».
Enlil : seigneur de l’air ou seigneur du souffle, il est le second dans la hiérarchie divine, mais ses attributs dé‐
passent largement ceux d’un maître des vents et des airs. Il est mentionné dès l’époque de Djemdet Nasr. Son
nombre est 50, et son symbole une tiare à cornes. Il règne avec sa parèdre (épouse divine) Nin-lin (la Dame-
souffle) sur tout Sumer.
Ninhursag : déesse Mère, elle représente la fertilité, son symbole est l’oméga. D’autres divinités s’imposent
peu à peu.
Ishtar : déesse de l’amour physique et de la guerre, elle est l’une des grandes figures du panthéon assyro-ba‐
bylonien. Il se peut qu’elle soit le contretype de la déesse sémitique Inanna des Sumériens. Reine des cieux
dans les textes sumériens, fille du dieu-Lune Nanna, elle a pour symbole l’étoile inscrite dans un cercle et le
nombre 15. Son sanctuaire à Uruk s’appelle l’Eanna.
Marduk : dieu tutélaire de Babylone, il est à l’origine un simple dieu agraire. Il ne devient une divinité nationale
que sous Nabuchodonosor Ier (v. 1126-v. 1105 avant J.-C.). Il finit par supplanter Enlil comme dieu suprême
du panthéon et reprend son nombre 50. Le dragon est son animal emblématique, sa planète est Jupiter.
Nergal : le culte de Nergal est très ancien puisque le roi Shulgi (v. 2094-v. 2027 av. J.-C.) l’adore déjà en son
temps. Ce dieu mésopotamien des Enfers est aussi appelé « le Maître de la grande ville », c’est-à-dire des
lieux souterrains.
Shamash : fils du dieu-Lune Sin et de Ningal sa parèdre, dieu assyro-babylonien du Soleil, il correspond au
dieu sumérien Utu. Il est le dieu de la justice invoqué par les oracles, les devins. Il orne le Code de Hammou‐
rabi, puisque c’est lui qui préside à la justice et au droit.
Tiamat : mer primordiale, bien que parfois androgyne, elle symbolise dans le poème de la création babylonien,
l’Enuma Elish, les eaux salées, la masse aqueuse indistincte des origines. Son animal symbolique est le dra‐
gon. Perçue comme un monstre, elle finit vaincue par Marduk qui fait de son corps le ciel et la terre.
◆ Enuma Elish : poème babylonien de la création, dont les premiers mots servent de titre :
« Lorsqu’en haut… ». La date probable de rédaction est le XIIe siècle avant J.-C. Dans cette ver‐
sion, le dieu principal est Marduk qui défait Tiamat. La première phrase complète de la geste
cosmogonique est : « Lorsqu’en haut le ciel n’était pas nommé et qu’ici-bas la terre n’avait pas
été appelée d’un nom, l’Apsu primordial, leur géniteur, et Moummou Tiamat, leur génitrice à
tous, confondaient en un toutes leurs eaux… »1.
◆ Épopée de Gilgamesh : elle relate les exploits héroïques du cinquième roi de la Ire dynas‐
tie d’Uruk, régnant vers 2500 avant J.-C. De tradition orale, elle commence à former un texte
complet sous la Ire dynastie de Babylone, vers 2000 avant J.-C. La version la plus achevée,
composée de douze tablettes de plus de trois mille quatre cents vers, est celle de la bibliothèque
d’Assurbanipal (668-627 av. J.-C.) à Ninive. Gilgamesh règne sur le peuple d’Uruk et le tyran‐
nise. Devant les lamentations des hommes, Anu, dieu principal d’Uruk, lui envoie un rival, un
homme sauvage, Enkidu. Gilgamesh pour le civiliser lui offre une courtisane. Il succombe à ses
charmes pendant six jours et sept nuits et cesse de ce fait d’être un homme sauvage. Il gagne
Uruk, provoque Gilgamesh qui le vainc, épisode qui scelle leur amitié. Ensemble, ils courent le
monde, défient la déesse Ishtar et tuent le taureau du ciel. L’affront fait à Ishtar n’est pas toléré
par les dieux et Enlil condamne Enkidu au trépas. C’est après la mort de son ami que Gilga‐
mesh entreprend réellement son épopée et part alors à la conquête de l’immortalité. Il rencontre
Um-Napishtim, le Noé mésopotamien qui survit au Déluge, y gagne l’immortalité. Après un
premier refus de lui révéler le moyen de la conquérir, il finit par le payer de ses peines :
« Gilgamesh parvient à s’emparer de la plante magique, mais ne peut profiter de son pouvoir.
Sur la route du retour vers Uruk, le rusé serpent l’avale. Le récit s’achève sur le constat amer du
héros d’une vie de douleurs perdue à tenter de conquérir l’impossible3. »
◆ Descente d’Ishtar aux Enfers : récit du séjour de la déesse Ishtar (ou Inanna) au royaume
de sa sœur, Ereshkigal, de sa mort et de sa renaissance, grâce à l’intervention d’Ea. Les pre‐
mières versions sumériennes du mythe datent d’environ 2300 avant J.-C., un texte plus complet
est dû à une version akkadienne au Ier millénaire avant J.-C.
La période d’Agadé (v. 2375-v. 2180 av. J.-C.), également connue sous les dénominations
d’empire d’Agadé ou d’empire d’Akkad, est marquée par la constitution d’un puissant empire,
capable de dominer le monde mésopotamien, sous l’impulsion de deux souverains hors du
commun, Sargon d’Akkad ou d’Agadé (v. 2334-v. 2279 av. J.-C.) et son petit-fils Naram-Sin
(v. 2255-v. 2219 av. J.-C.). La gloire de l’empire d’Agadé est maintenue vivante par diverses
sources. Les documents écrits, des milliers de tablettes retrouvées sur les sites de Girsu, Umma,
Nippur, jusqu’à Suse, renseignent sur le fonctionnement politique et administratif. Les œuvres
d’art, stèles commémoratives glorifiant les exploits militaires d’un souverain, complètent la do‐
cumentation, comme la plus célèbre d’entre elles, la Stèle de victoire de Naram-Sin, conservée
au musée du Louvre.
Sargon d’Agadé, entre mythe et histoire
L’empire d’Agadé, ou d’Akkad, se constitue par la volonté d’un homme né loin du trône,
Sargon d’Agadé (v. 2334-v. 2279 av. J.-C.). L’histoire commence à Kish. Après la mort de la
régente Kubaba, son petit-fils, Ur-Zababa, lui succède. Il emploie, parmi une myriade de ser‐
viteurs, un jeune homme comme échanson, fonction importante, puisqu’elle comprend le soin
de veiller aux offrandes en boissons diverses présentées aux dieux. Dans des conditions obs‐
cures, cet échanson chasse le roi et le remplace sur le trône. C’est alors, pour affirmer son droit
à régner, qu’il prend le nom dynastique de Sharru-Kin, « le roi est stable » ou « le roi est légi‐
time », qui devient Sargon en français. Maître de Kish, Sargon entre en guerre contre le plus
puissant prince de Mésopotamie, Lugal-Zagesi d’Umma. Il le vainc, s’empare d’Uruk, sa capi‐
tale, poursuit son irrésistible ascension en soumettant Ur, puis toute la basse Mésopotamie jus‐
qu’au golfe Persique. Une fois les Sumériens soumis, Sargon étend son empire à Mari, Ebla en
Syrie, l’Élam et les régions voisines du Zagros. Le roi s’installe à Agadé (ou Akkad), dont nous
ignorons toujours l’emplacement. C’est le petit-fils de Sargon, Naram-Sin (règne : v. 2255-
v. 2219 av. J.-C.), qui conduit Agadé à son apogée.
La stèle de Naram-Sin
Il reste peu de traces des édifices construits pendant la période de l’empire d’Agadé. En re‐
vanche, l’art des sceaux-cylindres inaugure des thèmes nouveaux, épisodes de la geste de Gil‐
gamesh, héros d’autres épopées, comme le roi-pasteur Etana qui tente d’atteindre le ciel pour
avoir un fils, ou le combat des dieux et des démons. La sculpture s’illustre avec la Stèle de vic‐
toire de Naram-Sin, conservée au musée du Louvre. Il s’agit d’une plaque de grès, d’environ
2 m de haut sur 1,50 m de large, découverte à Suse mais provenant de Babylone. Le roi, en
taille héroïque, domine les Lullubi du Zagros vaincus, morts et mourants à ses pieds, cependant
que, lui faisant face, mais à taille humaine, leur roi, Satuni, lui adresse des gestes de soumis‐
sion. Ses soldats l’entourent pendant que les vaincus tombent dans les ravins. Cette stèle, trou‐
vée à Suse, où elle avait été transportée après un raid réussi du roi de cette ville contre Sippar,
au XIIe siècle avant J.-C., datant des environs de 2250 avant notre ère, reste une œuvre excep‐
tionnelle de l’art akkadien.
Le fils de Naram-Sin, Shar-Kali-Sharri (v. 2218-v. 2193 av. J.-C.), traverse un règne diffi‐
cile, il doit affronter les redoutables montagnards Gutis, venus du Zagros, chaîne qui court de
l’Irak à l’Iran. À sa mort, l’empire éclate. Peu après les Gutis prennent Agadé. Après l’empire
d’Agadé, ils contrôlent la basse Mésopotamie, pendant un siècle environ, avant d’être à leur
tour balayés par les rois d’Ur. La période néosumérienne (v. 2200-v. 2000) s’ouvre. Elle est
marquée par la IInde dynastie des princes de Lagash, dont le très célèbre Gudea, et par les sou‐
verains de la IIIe dynastie d’Ur.
4. La IIIe dynastie d’Ur (v. 2112-v. 2004 av. J.-C.), Sumer à nouveau
En 2113 avant J.-C., Ur-Nammu (v. 2113-v. 2095 av. J.-C.) d’Ur prend le pouvoir et se
nomme « le puissant roi de Sumer et d’Akkad », formant la IIIe dynastie d’Ur (v. 2112-v. 2004
av. J.-C.). Il contrôle Sumer, Akkad, une partie de la Mésopotamie du Nord et l’Élam. C’est le
retour de la prééminence de Sumer, le sumérien est langue d’État, les anciens souverains de‐
viennent fonctionnaires, pouvant être destitués ou remplacés. L’organisation de l’État progresse
par la réalisation du cadastre d’Ur-Nammu et du Code d’Ur-Nammu, le plus ancien recueil de
lois mésopotamien connu, bien avant celui du roi Hammourabi (v. 1792-v. 1750 av. J.-C.) de
Babylone. La fin de l’empire d’Agadé permet à la cité-État de Lagash de recouvrer son indé‐
pendance, avec l’établissement de la IInde dynastie de Lagash, connue surtout par le règne du
prince gouverneur Gudea, « l’Appelé », aux environs de 2141 à 2122 avant J.-C. Très vite, La‐
gash passe sous le contrôle de la IIIe dynastie d’Ur, mais laisse un héritage artistique important.
C’est le souverain qui octroie les différents pouvoirs. Son palais, sa résidence symbolisent le
centre administratif suprême. Il détient le pouvoir en vertu d’attributs personnels et d’un man‐
dat reçu des dieux. Sa fonction est de constituer un lien entre le divin et l’humain. Le roi méso‐
potamien est le représentant de la divinité, et son pouvoir s’étend donc à tous les domaines de
la vie collective. L’appareil administratif se compose de dignitaires, de notables locaux et d’un
immense personnel. Son recrutement se fait dans l’ensemble des couches sociales de la popula‐
tion. Les esclaves ne jouent pas un rôle important dans ce type de système économique, en gé‐
néral captifs de guerre, ils n’apparaissent que rarement dans les listes du personnel. On doit les
distinguer des serviteurs dont la vie est liée à celle de leur maître. Les droits de la femme sont
protégés juridiquement. Elle dispose de ses biens propres, qu’elle administre librement, occupe
de nombreuses professions et parfois même assume d’importantes responsabilités. Dans le ma‐
riage, elle est subordonnée à l’autorité de son mari. Après la mort de celui-ci, elle peut gérer et
défendre les intérêts de ses héritiers. Le code fixe les détails de succession, mais aussi le cas où
la femme serait répudiée injustement.
L’ART DES PREMIÈRES GRANDES ZIGGOURATS
C’est par l’architecture que cette période est marquante. Les premières grandes ziggourats,
temples à degrés, sont édifiées à Ur par Ur-Nammu et Shulgi. Elles gagnent ensuite les princi‐
paux centres religieux : Nippur, Eridu, Uruk. Le principe consiste à édifier des degrés les uns
sur les autres à partir de briques cuites posées sur un mortier d’asphalte. La solidité assurée à
l’ensemble explique la survie non seulement des fondations, mais aussi des parties de la super‐
structure. La ziggourat d’Ur est un temple à trois degrés, trois cubes massifs se superposant,
pour une hauteur dépassant les 21 m et une base de 62 m sur 43 m. Elle fut restaurée par Nabo‐
nide, dernier souverain de l’Empire néobabylonien aux environs de 560 avant notre ère.
À la fin de la période, Babylone reconstitue à son profit un empire, avec le règne énergique
du grand souverain Hammourabi (v. 1792-v. 1750 av. J.-C.). Il débute son règne probablement
en qualité de vassal de l’un de ses puissants voisins, de Larsa ou d’Assur. Usant à la fois de la
diplomatie et de la guerre au gré des circonstances, il subjugue Larsa, l’Élam, Mari, Yamutbal à
l’est du Tigre, puis l’Assyrie, au moins un temps. Maître de Sumer et d’Agadé, il est un mo‐
ment à la tête de toute la Mésopotamie. Hammourabi n’est pas seulement un conquérant et un
habile diplomate, il entend surtout faire perdurer sa puissance. Pour ce faire, il unifie, harmo‐
nise. La religion est dominée par le culte de Marduk, dieu de la dynastie, et celui de Shamash,
dieu du Soleil et de la Justice. L’akkadien est promu une fois encore langue nationale. La socié‐
té est organisée en fonction du statut de chacun. Celle-ci s’effondre vers 1595 avant J.-C. à l’is‐
sue d’un raid hittite, composé d’une population guerrière venue d’Anatolie.
Le Code de Hammourabi est le plus ancien document de cette nature qui nous soit parvenu.
Son prédécesseur, le Code d’Ur-Nammu, ne nous est connu que par des fragments. Plus qu’un
ensemble de mesures proprement juridiques, le texte, au fil de ses deux cent quatre-vingt-un ar‐
ticles, énumère ce qui est autorisé, légal, ou ne l’est pas. L’ensemble forme un corpus du légal,
non une théorie juridique ou une doctrine, sa valeur dépend de son utilité, voulue spontanément
pratique. Il est connu par la stèle éponyme, de basalte noir, haute de 2,50 m, conservée au mu‐
sée du Louvre. À l’origine, placée à Sippar, dans le temple, elle est transportée par les Élamites
dans leur capitale, Suse (dans l’actuel Iran), vers 1150 avant J.-C. Le sommet de la stèle est
consacré à une représentation en relief du roi Hammourabi, debout devant le dieu de la Justice
et du Soleil, Shamash, assis sur son trône, qui lui remet le bâton (sceptre) et l’anneau symbo‐
liques du pouvoir. Les divers articles du Code régissent la stratification sociale, séparant
l’homme libre du palais (c’est-à-dire de la cour ou ekal), puis l’awilum, libre de rang supérieur,
de l’homme libre de moindre rang, le muskenum, et de l’esclave ou wardum. Puis viennent prix
et salaires, le fonctionnement de l’appareil judiciaire, les attributions des tribunaux, enfin le ca‐
talogue des peines encourues. Ces mesures comprennent la pratique de la loi du talion, véritable
fondement du système de châtiment, mais régi par le statut personnel : si un homme libre en as‐
sassine un autre il sera tué à son tour, mais s’il tue un esclave, il suffit de le remplacer par un
autre auprès de son propriétaire.
LA LITTÉRATURE BABYLONIENNE
C’est aux premiers temps de la dynastie amorrite que sont composées les Lamentations sur
la destruction d’Ur, poème déplorant la fin tragique de la resplendissante cité, vers 2004 avant
J.-C. C’est en des termes poignants que cette dernière est relatée :
C’est également durant la Ire dynastie de Babylone que commencent à s’élaborer deux récits
fondamentaux de la mythologie mésopotamienne : celui de la création du monde, la geste cos‐
mogonique de l’Enuma Elish (« Lorsqu’en haut »), et le tout premier récit du Déluge, plus tard
repris dans l’Ancien Testament, la vie mouvementée d’Um-Napishtim, le « Très Sage ».
Les Hittites sont remplacés par de nouveaux conquérants, les Kassites, qui fondent à Baby‐
lone une dynastie qui s’impose pendant plusieurs siècles. Cette période, la période kassite
(v. 1595-v. 1080 av. J.-C.), est extrêmement troublée par les migrations de peuples. Les Hyksos
envahissent l’Égypte, les Indo-Européens, l’Asie Mineure, les Élamites pillent Babylone et dé‐
trônent la dynastie kassite à leur tour. Grâce à Nabuchodonosor Ier (v. 1124-v. 1103 av. J.-C.),
la ville retrouve son rôle de centre politique et le dieu Marduk reprend sa place de dieu tuté‐
laire, dans son sanctuaire, l’Esagil. Les relations diplomatiques qui se déroulent au XIVe siècle
avant J.-C. sont sans précédent autant par leur intensité que par leur ampleur géographique. Les
archives de Tell el-Amarna, rédigées en langue akkadienne, donnent une idée de la correspon‐
dance échangée entre les pharaons Aménophis III (1391-v. 1353 av. J.-C.), son fils Améno‐
phis IV (v. 1353-v. 1335 av. J.-C.) et de nombreux rois et vassaux de Palestine et de Syrie. Les
Kassites sont mal connus, en dépit de quatre siècles de domination. Ils dominent Babylone et
tout le sud de la Mésopotamie, mais sont vaincus à la fois par les Assyriens du Nord et les Éla‐
mites de l’Est. Cette lutte incessante finit par les user, ils passent sous la domination de l’Assy‐
rie, quand monte sur le trône Adad-Nirāri II (v. 911-v. 891 av. J.-C.), fondateur du royaume
néo-assyrien.
Si la IInde dynastie d’Isin (v. 1154-v. 1027 av. J.-C.) connaît rapidement le succès avec la
victoire de Nabuchodonosor Ier (v. 1126-v. 1105 av. J.-C.) sur les Élamites, mettant fin à la dy‐
nastie kassite et rendant à la Babylonie son indépendance, les alentours de l’an 1000 avant J.-C.
voient son effondrement, sous les coups des Araméens, en 1027 avant J.-C. Les Chaldéens pro‐
fitent de l’occasion pour leur en disputer le contrôle. Tout le IXe siècle et une grande partie du
VIIIe siècle avant J.-C. sont l’écho des luttes entre Araméens et Chaldéens, puis Chaldéens et
Assyriens pour assujettir Babylone. Nabuchodonosor II (605-562 av. J.-C.) la porte à son apo‐
gée. Lors de son accession au trône, ce dernier jouit d’une situation de politique extérieure pri‐
vilégiée, car son père a battu peu auparavant les Assyriens et les Égyptiens. Il met en place un
protectorat sur Jérusalem, mais la révolte des rois de Juda le contraint à prendre la ville, en 597
et en 586 avant J.-C. Il en déporte en partie la population. Il embellit sa capitale, reconstruit les
murailles, édifie les portes, dont celle d’Ishtar, sépare la cité par une longue voie procession‐
nelle orientée nord-sud, qui relie le palais royal à un large bastion. Le temple de Marduk est
agrandi et embelli. Le dernier souverain indépendant de Babylone est Nabonide (v. 556-v. 539
av. J.-C.), qui est déposé par Cyrus II le Grand (v. 559-v. 530 av. J.-C.).
L’ARCHITECTURE : LA BABYLONE DE NABUCHODONOSOR II
Les fouilles ont révélé la Babylone de Nabuchodonosor II (605-562 av. J.-C.). La ville est
entourée d’une double muraille, les murs ont entre 6,50 m et 3,75 m d’épaisseur. Les deux par‐
ties de la cité, la ville neuve à l’ouest, la vieille ville à l’est, sont séparées par un pont de 115 m
qui permet de relier les deux rives du fleuve. Des tours tous les 15 ou 20 m placées le long de la
muraille renforcent la sécurité. Au cœur de la cité s’élève le temple dédié au dieu Marduk, ainsi
que sa ziggourat haute de 91 m. Réputés pour leur luxuriance, les jardins suspendus de Baby‐
lone se trouvaient près du palais de Nabuchodonosor. Le roi amoureux les aurait fait construire
pour satisfaire les caprices d’une femme, Amytis, fille du roi de Médie. Ils sont associés aussi à
la reine Sémiramis par les auteurs grecs, et comptent parmi les Sept Merveilles du monde. Ce
sont en réalité les jardins en terrasses du palais de Nabuchodonosor II, s’élevant graduellement
de 23 à 91 m. Selon Strabon (Géographie, XVI, 1-5), ils sont posés les uns sur les autres à
l’aide de voûtes empilées comme des cubes. Pour Diodore de Sicile (Bibliothèque historique,
II, 10-1), il s’agit de plates-formes soutenues par des colonnes. La tour de Babel, ou Étemenan‐
ki (maison du fondement du ciel et de la terre), est surtout connue par un épisode du premier
livre de la Bible relatant la colère de Dieu contre les hommes qui ont eu l’arrogance de vouloir
construire un édifice s’élevant jusqu’à lui. Haute de 90 m, elle se trouve à côté de la voie pro‐
cessionnelle et du temple du dieu Marduk. Découverte en juin 1913, il n’en reste quasiment
rien. Ses dimensions sont connues d’après un texte gravé sur une tablette d’argile conservée au
musée du Louvre, la Tablette de l’Esagil.
C’est grâce au texte Tintir, une topographie décrivant temples, quartiers, palais, en four‐
nissant leur emplacement, à l’époque de la IInde dynastie d’Isin, que nous connaissons Baby‐
lone transformé par Nabuchodonosor II, qui s’étend sur près de 1 000 ha. La ville est ceinte par
une succession de trois murailles, séparées par des fossés remplis d’eau. Elle forme un triangle,
sur la rive orientale de l’Euphrate. Une seconde ligne de fortification est établie avec la mu‐
raille intérieure, elle-même composée de deux murs, Imgur-Enlil (« Enlil a montré sa faveur »)
et Nimit-Enlil (« Le Rempart d’Enlil »). Tout comme pour la muraille extérieure, l’ensemble
est percé de portes, défendu par des fortins incorporés aux murs. Le Tintir livre le nom des huit
portes : de Shamash, d’Adad, du Roi, d’Enlil, d’Ishtar, de Marduk, de Zabada, d’Urash. La plus
connue est celle consacrée à la déesse Ishtar, la porte d’Ishtar, aboutissement de la voie proces‐
sionnelle au nord de la cité. Les murs sont ornés de bas-reliefs en brique émaillée, représentant
sur un fond bleu taureaux et dragons. Elle est conservée au musée de Pergame de Berlin. La
muraille intérieure délimite le cœur de la ville, vaste d’environ 500 ha, divisé en dix quartiers.
Dans celui consacré au dieu Eridu, se concentrent les temples, l’Esagil, temple de Marduk,
l’Étemenanki, la ziggourat assimilée à la tour de Babel. Au nord d’Eridu, le quartier des palais
de Nabuchodonosor II. Les deux rives du fleuve sont reliées par un pont fait de briques cuites et
de bois. En amont, Nabuchodonosor II fait édifier un écueil de briques afin de diviser le courant
et d’en diminuer d’autant la puissance. Trois palais royaux se trouvent à Babylone : le Palais
Sud encastré dans la muraille Imgur-Enlil, organisé autour de cinq grandes cours orientées
d’est en ouest, où réside Nabuchodonosor II qui y donne audience dans une vaste salle du trône
aux murs décorés de briques de couleurs vernissées ; le Palais Nord, ou « Grand Palais », sis à
cheval sur les remparts, au nord du Palais Sud, organisé autour de deux vastes cours ; le Palais
d’Été, près de l’enceinte extérieure, à 2 km environ au nord des deux précédents, c’est une
construction datée de la fin du règne.
Le dernier souverain indépendant de Babylone est Nabonide (556-539 av. J.-C.). À l’origine
gouverneur de Babylone, il commet l’erreur politique de solliciter l’aide des Perses, qui fi‐
nissent par prendre Babylone en 539 avant J.-C. Leur souverain, Cyrus II (v. 559-v. 530 av. J.-
C.), le jette en prison, confie Babylone à son fils Cambyse II (530-522 av. J.-C.). Les Achémé‐
nides dominent désormais la Babylonie, sans toutefois en faire une province. Derrière une indé‐
pendance de façade, le pays est soumis. En 331 avant J.-C., Alexandre le Grand (356-323
av. J.-C.) prend Babylone. Il en fait sa résidence favorite, restaure les palais, l’Esagil, crée un
atelier monétaire. Il y meurt subitement le 10 juin 323 avant J.-C. Après une période troublée
où les diadoques, les « successeurs », généraux d’Alexandre, se disputent le pouvoir, Séleu‐
cos Ier (v. 358-280 av. J.-C.) devient satrape, gouverneur, de Babylonie en 312 avant J.-C. Il se
proclame en 305 avant J.-C. roi de Syrie et fonde la dynastie des Séleucides (305-64 av. J.-C.).
Il confine Babylone au rang de capitale provinciale, lui préférant sa nouvelle cité, Séleucie du
Tigre. Babylone entame alors une lente et irrémédiable décadence, passe sous le contrôle des
Parthes arsacides entre 141 et 122 avant J.-C. C’est apparemment au IIe siècle que la population
quitte définitivement la ville, qui tombe peu à peu en ruines. L’histoire de la fin de Babylone est
connue par une œuvre originale, due au prêtre du Bélos grec, Bérose (IIIe siècle av. J.-C.), qui
rédige une Babyloniaka, ou « Histoire de Babylone », pour le roi Antiochos Ier (324-261 av. J.-
C.).
Notes
1. Vladimir Grigorieff, Les Mythologies du monde entier, Alleur, Marabout, 1987, p. 48.
2. Abed Azrié, L’Épopée de Gilgamesh, Paris, Berg international, 1991, p. 176.
3. Florence Braunstein, « L’Épopée de Gilgamesh », in Encyclopædia Universalis.
4. Samuel Noah Kramer, « Lamentation over the Destruction of Ur », in Assyriological Studies, no 12, Chicago, 1940, p. 39.
CHAPITRE II
L’Anatolie
L’Anatolie, l’Orient des Grecs, également nommée Asie Mineure, est une
péninsule formant l’essentiel de l’actuelle Turquie d’Asie, à l’est. Elle est
délimitée par la mer Noire au nord, la mer Méditerranée au sud, la mer
Égée à l’ouest, l’Euphrate et la chaîne du Taurus à l’est. C’est dans ce cadre
géographique que se succèdent deux grandes civilisations, celle des Hattis
(apogée : v. 2400-v. 1900 av. J.-C.), fusionnant avec de nouveaux venus, les
Hittites, qui fondent un vaste empire au Proche-Orient avant de succomber
aux attaques des Peuples de la mer aux alentours de – 1900 et – 1200. Plus
au sud, toujours en Asie Mineure, s’établissent les Phéniciens, vers 2000
avant notre ère.
L’origine des Hittites est débattue. Ils sont le plus souvent présentés
comme des Indo-Européens venus d’Europe, de la région des Balkans,
poussés par les migrations d’autres groupes humains, notamment les Kour‐
ganes originaires d’entre Dniepr et Volga. Toutefois, certains archéologues
les pensent anatoliens, tout comme les Hattis qu’ils ont absorbés. Ils dispa‐
raissent au XIIIe siècle avant J.-C., favorisant l’unification partielle de
l’Anatolie par les princes hittites de Kussar qui choisissent Kanesh/Nesa
pour capitale. Il semble que les Hittites se soient installés par migrations
successives à partir des alentours de 2000 avant J.-C., dans le pays délimité
par la courbe du fleuve Halys, entre la mer Noire et la mer Caspienne. Ils
s’installent parmi les Hattis déjà présents. Une large tolérance permet aux
deux groupes de fusionner. La langue vernaculaire est le hittite, le hatti la
langue liturgique, rédigée par les Hittites en alphabet cunéiforme. Alors que
les Assyriens, présents par leurs comptoirs entre – 200 et – 300 ans, ne se
mêlent pas aux Hattis, les Hittites forment avec eux un nouveau peuple, au
confluent des deux héritages civilisationnels. Il faut attendre le règne de La‐
barna Ier (règne : v. 1680-v. 1650) pour que la puissance hittite se consti‐
tue. Il est considéré comme le fondateur véritable d’un royaume appelé à
devenir un empire. Il établit sa capitale à Kussar, porte le titre de Grand Roi.
Son existence est peut-être légendaire, mais son héritage se révèle si impor‐
tant que ses successeurs font de son nom un titre royal, ils sont tous des
« Labarna » dans leur titulature, tout comme ils sont « Grand Roi ». Le der‐
nier roi hittite est Suppiluliuma II (règne : v. 1200-v. 1190 av. J.-C.).
Quelques petites principautés néo-hittites, à Alep, Karkemish, se main‐
tiennent avant de disparaître sous les coups assyriens entre – 750 et – 717.
L’art hittite est le fruit de la rencontre entre celui des Hattis et les apports
indo-européens de l’âge du bronze. Plus de trente mille tablettes, rédigées
en cunéiforme, dans ses langues diverses (hittite, akkadien, hourrite), nous
renseignent sur la diplomatie, la religion, le droit. À défaut de statuaire mo‐
numentale, on trouve de nombreuses effigies humaines ou animales, idoles,
en plomb, argent, ivoire, des sceaux en or. Le premier Empire hittite ne mo‐
difie pas ces fondements. Tout change avec l’apogée de l’Empire hittite, la
naissance de l’architecture monumentale. Ainsi, à Hattusa, le Grand Temple
occupe une superficie de 160 m de long sur 135 m de large. Il est voué à Ta‐
rhunt, ou Teshub, le dieu de l’Orage. À l’intérieur de cette vaste enceinte, le
temple a la forme d’un rectangle, avec une cour intérieure. Après une salle
hypostyle, le cœur du sanctuaire est composé de neuf chapelles. La plus
grande, consacrée à Tarhunt, abrite sa statue. L’une des particularités de ce
temple est l’existence de fenêtres à balustrade sur le mur extérieur du
temple, rompant avec le système de construction mésopotamien de murs
aveugles. Ne connaissant pas les colonnes, les Hittites assurent le support
des toits par des piliers carrés. À environ 2 km au nord-est d’Hattusa se
trouve le site de Yazilikaya, un centre cultuel rupestre à ciel ouvert, où
abondent les représentations en bas-relief. La fonction exacte du sanctuaire
est encore débattue, entre lieu de culte funéraire, mémorial associé au grand
temple d’Hattusa, ou volonté du roi d’ordonner le panthéon hittite en le rap‐
prochant de celui des Hourrites, prolongement dans la pierre de sa réforme
liturgique.
L’origine exacte des Hourrites demeure mal connue, tout comme leur
groupe ethnique précis. Vers 2500 avant J.-C. ils sont installés à l’est du
cours supérieur du Tigre, entre ce fleuve et le lac de Van. Au cours des
siècles suivants, ils se dirigent vers le Moyen-Euphrate et entrent en contact
avec les Mésopotamiens du Nord, les Akkadiens qui les soumettent. Mais la
chute de Babylone leur permet de recouvrer leur indépendance. Aux petits
royaumes d’origine, situés dans le Kurdistan et au pied du Zagros,
s’ajoutent ceux de Syrie du Nord. Au XVIe siècle avant J.-C., de puissantes
entités politiques hourrites se constituent, comme le royaume de Kizzuwat‐
na puis l’empire du Mitanni, qui, aux XVe et XIVe siècles avant J.-C., s’étend
du lac de Van jusqu’à Assur et du Zagros à la mer Méditerranée. La puis‐
sance hourrite est telle alors qu’elle contient l’expansion du rival hittite,
s’impose à l’Assyrie, affronte l’Égypte. Après la chute du Mitanni, vaincu à
son tour par l’Assyrie, les Hourrites se retrouvent en Syrie pour environ un
siècle encore. Ils forment, aux alentours du Ier millénaire avant notre ère, le
royaume d’Urartu sur le plateau arménien.
L’ART HOURRITE
Les Phéniciens
Les Phéniciens, les « Rouges » selon les Grecs qui les nomment ainsi en
raison des tissus teints de pourpre qu’ils exportent, occupent, au IVe millé‐
naire avant notre ère, l’actuel Liban, pour l’essentiel, auquel il faut ad‐
joindre des territoires aujourd’hui en Syrie, en Palestine et en Israël. Leur
langue, une forme de cananéen, s’apparente à l’hébreu, il n’existe pas de
véritable État phénicien unifié sous la direction d’un souverain, mais plutôt
un groupe de cités, le plus souvent sur la côte, et leur arrière-pays peu éten‐
du. Chaque cité est gouvernée par un prince assisté d’un conseil de no‐
tables. Selon les époques considérées, l’une ou l’autre exerce une certaine
prééminence. Les principales sont : Tyr, Sidon, Byblos, Bérytos au Liban ;
Arvad, Ougarit, en Syrie. À l’étroit entre les chaînes de montagnes et la
mer, les Phéniciens, excellents navigateurs, vont fonder, à partir de Tyr, un
empire maritime véritable. Flotte de guerre et flotte de commerce évoluent
entre la métropole et les colonies de Méditerranée occidentale : Malte, Si‐
cile, Sardaigne, fondations en péninsule Ibérique (les futures Lisbonne, Ca‐
dix, Carthagène, Malaga) ou sur les côtes d’Afrique du Nord (les futures
Tripoli, Carthage, Tunis, Alger, Mogador). C’est par les cités phéniciennes
ou les comptoirs que transitent non seulement les denrées alimentaires
(huile, vin, blé), mais aussi les métaux et pierres rares, les parfums, le bois
de cèdre. Les capacités exceptionnelles de marins des Phéniciens, vantées
déjà dans l’Antiquité, sont attestées également par les périples, navigations
lointaines de découverte. Les principaux sont entrepris par les descendants
des Phéniciens, les Carthaginois, aux alentours de 450-400 avant J.-C. par
Hannon ou Himilcon.
1. L’alphabet phénicien
L’alphabet phénicien est un alphabet qui ne note que les consonnes, appe‐
lé alphabet consonantique ou abjad. C’est le cas de l’arabe ou de l’hébreu.
Les premières traces de cette écriture alphabétique se trouvent sur le sarco‐
phage du roi Ahiram de Byblos, daté du XIIe siècle avant J.-C., œuvre clas‐
sée sur la liste « Mémoire du monde » de l’Unesco en 2005. L’alphabet
phénicien, probablement issu d’un alphabet linéaire, ou protocananéen, de
vingt-trois signes dérivés des hiéroglyphes égyptiens, donne naissance à
l’alphabet grec, qui ajoute les voyelles, et à l’araméen. Nombre d’alpha‐
bets lui doivent par la suite leur existence, arabe et hébreu à partir de l’ara‐
méen, romain par transmission du modèle étrusque.
Notes
1. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 5.
CHAPITRE IV
L’Assyrie
L’architecture assyrienne
Les Peuples de la mer sont encore une énigme pour les historiens. Leur
existence est attestée par les textes égyptiens, datant du règne de Mérenp‐
tah (ou Mineptah, v. 1213-v. 1204 av. J.-C.), pharaon de la XIXe dynastie,
et celui de Ramsès III (v. 1184-v. 1153 av. J.-C.), souverain de la XXe dy‐
nastie. Les deux monarques se glorifient d’avoir repoussé une attaque des
Peuples de la mer, ou Peuples du Nord, ou des Peuples des îles. Lors de la
première confrontation, la coalition des Peuples de la mer comprend les Eq‐
wesh, les Luka, les Shekelesh, Sherden et Teresh. Célébrant leur défaite sur
les murs de son temple funéraire de Médinet-Habou, Ramsès III y men‐
tionne les Peleset, les Thekker, les Shekelesh, les Denyen et les Wesheh. Les
indentifications suivantes ont été avancées : Eqwesh (Achéens), Luka (Ly‐
ciens), Shekelesh (Sicules, donnant son nom à la Sicile), Sherden (Sar‐
danes, donnant son nom à la Sardaigne), Teresh (Tyrrhéniens, présentés par‐
fois comme les ancêtres des Étrusques), Peleset (Philistins, donnant son
nom à la Palestine), Denyen (Dananéens, de Danaoï, « ceux des îles »). Les
Peuples de la mer apparaissent aussi dans la correspondance diplomatique
du roi hittite Suppiluliuma II adressée à Hammourabi (v. 1191-v. 1182
av. J.-C.) d’Ougarit. Vers – 1200, ces groupes – dont l’identité demeure à
prouver – multiplient les expéditions en Méditerranée orientale. C’est le
moment où Chypre est pillée, où la puissance hittite s’effondre, où Ougarit
est détruit. Est-ce là le résultat de l’arrivée des conquérants ? Certains histo‐
riens en sont persuadés, d’autres privilégient des coups de main, attaques
sporadiques qui ont contribué à la perte de puissances affaiblies, sans en
être la cause directe. Tout aussi mystérieusement qu’ils sont apparus, les
Peuples de la mer disparaissent des textes aux alentours de 1000 avant J.-C.
La fin de la période consacre la naissance du premier grand empire univer‐
sel, avec la Perse.
Notes
1. Tadeusz Sulimirski, « The Background of the Ziwiye Find and Its Significance in the Develop‐
ment of Scythian Art », Bulletin of the Institute of Archaeology (London), no 15, 1978, p. 7-33.
CHAPITRE V
La Perse
Pour Cyrus II le Grand (v. 559-v. 530 av. J.-C.), fondateur de l’Empire
perse, comme pour Sargon d’Agadé, l’histoire rejoint le mythe au début de
son existence. Selon Hérodote1, Cyrus est le fils de Cambyse Ier et de la
fille du roi Astyage des Mèdes, nommée Mandane. À la suite d’une prédic‐
tion selon laquelle son petit-fils lui ravirait le trône, Astyage ordonne que
celui-ci soit offert aux bêtes fauves. Une substitution sauve le bébé, rempla‐
cé par un enfant mort-né. Vers – 553 la guerre éclate entre Cyrus et As‐
tyage. Après trois ans de batailles incertaines, allié au Babylonien Nabo‐
nide, Cyrus prend Ectabane, capitale des Mèdes. Il traite avec respect le
vaincu, Astyage, qui conserve une maisonnée princière. L’étape suivante est
celle de la prise de Babylone. Babylone tombe presque sans combat, Cyrus
y entre quelques jours plus tard. Nabonide est assigné à résidence. Les juifs
captifs à Babylone sont libérés, Cyrus les autorise à reconstruire le temple
de Jérusalem. Provinces et États vassaux de Babylone passent sous contrôle
perse. Après la prise de Babylone, Cyrus édicte les règles de vie applicables
à la totalité de l’Empire perse par un document connu comme le Cylindre
de Cyrus. Fait d’argile, il est gravé d’une proclamation de Cyrus en cunéi‐
forme, écriture akkadienne en forme de clous, ou de coins. Trouvé lors de
fouilles en 1879, il est exposé au British Museum de Londres. En 1971,
l’ONU lui reconnaît une valeur universelle en le faisant traduire dans ses
six langues officielles (français, anglais, espagnol, russe, arabe, chinois).
Car le décret, après un rappel de la conquête de Babylone, indique les me‐
sures prises par le roi, considérées comme le modèle le plus ancien de
charte des droits de l’homme. Cyrus II meurt vers 530 av. J.-C. au cours de
combats sans que les circonstances exactes de sa mort soient connues. Il est
inhumé dans le monument qu’il s’était fait préparer à Pasargades.
Xerxès Ier prépare avec grand soin sa revanche, s’allie avec les Carthagi‐
nois, certaines cités grecques dont Thèbes, fait percer d’un canal l’isthme de
l’Acté, réaliser un double pont de bateaux sur l’Hellespont. Une célèbre ba‐
taille oppose aux Thermopyles, défilé qui commande l’accès de l’Attique,
le long de la mer Égée, les armées de Xerxès Ier aux trois cents Spartiates
du roi Léonidas Ier (mort en 480 av. J.-C.), aidé de sept cents Thespiens et
Thébains. Ils sont trahis par Éphialtès de Malia, qui indique aux Perses un
sentier pour contourner l’armée grecque, et massacrés. Au sommet du mont
Kolonos, lieu des derniers combats, un vers du poète Simonide de Céos
(556-467 av. J.-C.) leur rend hommage : « Passant, va dire à Sparte que
nous sommes morts ici pour obéir à ses lois. » Cette défaite est alourdie par
la perte d’une partie de la flotte perse, dispersée par une tempête à l’Artémi‐
sion, mise à profit pour une attaque victorieuse des Grecs. Xerxès s’empare
cependant d’Athènes, mais sa flotte est défaite à la bataille navale de Sala‐
mine. Il rentre en Perse, laissant à la tête des forces perses son cousin Mar‐
donios. Ce dernier est vaincu et tué lors de la bataille de Platées, en 479
avant J.-C. Ce qui reste de la flotte perse est peu après incendié au cap My‐
cale. Les guerres médiques sont finies, la Grèce triomphe.
Séleucos Ier Nicator (v. 358-280 av. J.-C.), « le Vainqueur », est l’un des
Diadoques, ou successeurs d’Alexandre le Grand. Satrape de Babylonie, il
se proclame roi de Syrie (305 av. J.-C.) et fonde la dynastie des Séleucides.
Il bâtit un empire comprenant la Mésopotamie, la Syrie et la Perse. Mais, au
cours du IIe siècle avant J.-C., les satrapies orientales, dont la Perse, passent
sous le contrôle des Parthes, avec tous les territoires à l’est de la Syrie.
La terrasse de Persépolis
La Suse achéménide
Le mazdéisme est la religion qui naît vers le IIe millénaire avant notre
ère en Iran, à partir d’un substrat indo-européen plus ancien. Le dieu Ahura
Mazda, dieu de la lumière, en est la divinité principale, entourée par les
Amesha Spenta, divinités primordiales. Ils luttent contre Ahriman, symboli‐
sé par le serpent, divinité mauvaise qui préside aux maladies et aux calami‐
tés naturelles. Le culte est une reproduction de l’acte démiurgique d’Ahura
Mazda. Le sacrifice de bœufs, strictement ritualisé, donne de la force aux
dieux qui, en retour, accordent la vie aux hommes. La célébration comprend
aussi l’entretien du feu et la consommation du haoma, une boisson destinée
à engendrer des visions. Le mithriacisme : Mithra (l’ami) est dans le maz‐
déisme un aspect d’Ahura Mazda, à la fois soleil, lune, étoiles, fontaine de
vie. Il est représenté en jeune homme coiffé du bonnet phrygien. Sa fête est
célébrée en Perse lors du mois qui lui est consacré, le 7e mois, de mi-sep‐
tembre à mi-octobre, le 16e jour, lequel lui est également consacré, sous le
nom de Mithrakana. Des hymnes religieux sont alors récités en son hon‐
neur. Son culte connaît une fortune certaine dans le monde grec, puis ro‐
main, surtout auprès des légionnaires qui le ramènent à Rome, car Mithra
est également un dieu guerrier. Culte à mystères, il est réservé aux initiés,
suivant sept grades, mais seuls ceux du quatrième grade au moins peuvent
prétendre participer aux cérémonies, qui se déroulent à l’origine dans des
grottes, plus tard dans des salles souterraines. Ces cryptes sont scindées en
trois parties, une salle commune, puis une galerie flanquée de banquettes de
part et d’autre, enfin la salle sacrificielle, dont le mur du fond représente le
sacrifice du taureau, ou Taurobole, point culminant de la cérémonie. Les
chrétiens verront dans le mithriacisme, ou culte de Mithra, une préfigura‐
tion de leurs rites : baptême, communion, sacrifice, mais cette fois de
l’« agneau de Dieu », et feront du jour du culte du Soleil, Sol Invictus (le
Soleil Invaincu), le 25 décembre, celui de la naissance du Christ, Natalis
dies (le jour de la naissance, devenu Noël).
Ce mazdéisme ancien, polythéiste, est profondément réformé, entre
l’an 1000 et 500 avant J.-C., par Zoroastre ou Zarathoustra (660-583
av. J.-C.), qui en fait un monothéisme dualiste, dans lequel Ahura Mazda,
dieu unique, est entouré de formes divines qui ne sont que ses aspects et
s’oppose au principe du mal, Ahra Manyu ou Ahriman, aidé des péris, les
sorciers.
Notes
1. Hérodote, Histoires, I, 107-130.
CHAPITRE VI
L’Égypte
L’Égypte fascine dès l’Antiquité et prend place dans les ouvrages d’Hé‐
rodote, ou les fragments de l’Histoire de l’Égypte de Manéthon, mais il fau‐
dra attendre la contribution des savants qui accompagnent l’expédition de
Bonaparte à la fin du XVIIIe siècle pour en avoir une présentation exhaustive,
et surtout le génie précoce de Jean-François Champollion, avec la publica‐
tion en 1822 de sa Lettre à M. Dacier, expliquant son système de déchiffre‐
ment des hiéroglyphes. Long ruban fertile de 1 200 km, la vallée du Nil ne
représente qu’une petite bande cultivable, de 1 ou 2 km de large. C’est sur
cet espace réduit que la presque totalité de l’histoire égyptienne se déroule.
Il faut nuancer ce schéma, quelque peu réducteur, pour la période des pre‐
miers villages. Soumises à d’incessants changements climatiques, la vallée
du Nil et ses bordures désertiques n’ont offert bien souvent que la possibili‐
té d’habitats temporaires. C’est fréquemment le cas des premiers villages
dont le point commun est de ne nous avoir jamais préservé, ou peu s’en
faut, de structures d’habitats : sites de Nabta Playa daté du VIIIe millénaire,
du Fayoum du VIe millénaire ou de Mérimdé du IVe millénaire. Les pé‐
riodes dites prédynastiques débutent avec le IVe millénaire avant J.-C. et
multiplient les communautés urbaines : Nagada, El-Amrah. En Basse-
Égypte (au Nord), à la différence de ce qui est constaté en Haute-Égypte (au
Sud), le monde funéraire est moins représenté, à en croire le peu d’of‐
frandes retrouvées ou la simplicité des tombes. La dernière période de Na‐
gada, vers 3200 avant J.-C., connaît les premières ébauches d’écriture et la
mise en place des premiers royaumes.
1. Les premières dynasties ou l’unification de l’Égypte
L’art thinite est connu pour ses stèles, ses éléments de mobilier funéraire
plus que pour ses villes, palais et temples, dont il ne reste pratiquement rien,
car les bâtisseurs usent encore de briques de terre crue et d’éléments végé‐
taux. La pierre, réservée aux dieux et aux rois, ne commence à être vrai‐
ment utilisée qu’à l’extrême fin de la IIe dynastie. Toutefois, les pièces re‐
trouvées témoignent d’une exceptionnelle qualité, comme la Palette de
Narmer, la tête de massue du roi, la Stèle du roi Serpent (ou du roi Djet), les
statues de pierre du roi Khasekhemouy. La Palette de Narmer, une palette à
fard votive, mise au jour en 1898 dans le temple d’Horus à Hiérakonpolis, à
environ 100 km au nord d’Assouan, est le plus ancien document où figurent
les preuves des luttes qui ont présidé à l’union des deux parties de l’Égypte,
la Haute et la Basse. Elle atteste de l’existence du premier roi à régner sur
un ensemble unifié, Narmer. Celui-ci est représenté sur un côté avec la cou‐
ronne blanche de Haute-Égypte, en forme de mitre, sur l’autre, la rouge de
Basse-Égypte, à la forme d’un mortier. Assemblées, la blanche dans la
rouge, elles forment la coiffure royale par excellence, Pa-sekhemty, « Les
deux puissantes », dont le nom déformé devient pschent. C’est le regroupe‐
ment du « Pays des roseaux » : Ta-shema, la Haute-Égypte, les régions du
centre et du sud, et Ta-mehu, « Pays du papyrus », la Basse-Égypte, le delta
du Nil. Nekhbet, la déesse vautour, protège la première, la déesse cobra
Ouadjet, la seconde.
L’Ancien Empire (v. 2700-v. 2200 av. J.-C.) marque la période d’édifica‐
tion de l’Égypte, selon des principes destinés à perdurer jusqu’à l’époque
ptolémaïque et romaine. Le pouvoir centralisateur de pharaon s’affirme, de‐
puis sa capitale, Memphis, la ville du « Mur blanc », muraille de protection
édifiée au sud du Fayoum. Le corps des fonctionnaires se hiérarchise, se
spécialise. La littérature atteint déjà des formes accomplies, présente des
thèmes destinés à devenir des classiques égyptiens. Architecture et art
s’épanouissent, depuis les premières pyramides jusqu’aux somptueux objets
et ornements destinés à l’aristocratie. Le corpus des textes religieux s’étoffe
et fixe son canon, dans une théologie dominée par les dieux Ptah, Rê et Osi‐
ris. Conventionnellement, l’Ancien Empire est divisé en quatre dynasties.
L’un des marqueurs de la différence serait la création des pyramides véri‐
tables et non à degrés ou rhomboïdale, qui n’intervient qu’à la IVe dynastie.
Ces dynasties sont :
– Les Textes des Pyramides (Ancien Empire) étaient destinés au seul roi,
devant lui permettre de triompher des ennemis qui cherchaient à détruire sa
momie, puis à devenir dieu en se fondant avec le Soleil.
– Les Textes des Sarcophages (Moyen Empire) sont peints sur les parois
de ceux-ci. C’est une démocratisation du parcours du combattant qui attend
les nobles et les personnages importants dans l’au-delà. Les parois peintes
des sarcophages en bois, à l’intérieur et à l’extérieur, balisent les étapes
dangereuses à franchir pour parvenir enfin devant le tribunal d’Osiris, roi
des morts.
L’art du Moyen Empire est en partie, comme c’est le cas depuis les dé‐
buts de la religion en Égypte, un art funéraire. Si les premiers princes de la
XIe dynastie se contentent de modestes hypogées à Thèbes, Montouhotep II
fait réaliser à Deir el-Bahari un complexe grandiose. Un temple de la vallée,
ou d’accueil, donne accès à une vaste cour. En son centre, une première
plate-forme repose sur des colonnes carrées, à laquelle on accède par une
rampe en pente. Sur ce premier niveau, on trouve un second édifice lui aussi
à colonnes, sommé d’une pyramide. Le tombeau royal est creusé dans la fa‐
laise.
La XIIe dynastie revient à la pyramide, celle de Sésostris Ier à Licht, de
Sésostris II à Illahoun, de Sésostris III à Dachour ou d’Amenemhat III à
Hawara. Les nomarques ne sont pas en reste. Ils font creuser des tombes
dans la falaise, à Béni Hassan, à Assouan, richement décorées de peintures
et bas-reliefs. À Béni Hassan, plusieurs registres montrent des scènes de
luttes, illustrant les diverses prises utilisées par les deux compétiteurs. Des
stèles cintrées montrent le défunt devant une table d’offrandes. L’art du
bas-relief connaît plusieurs styles, depuis les grandes tailles et les traits
ronds du sarcophage de la reine Kaouit, épouse de Montouhotep II, qui la
montre à sa toilette, coiffée par une servante, dégustant une coupe de vin of‐
ferte par son échanson, jusqu’au sarcophage extérieur de bois peint d’élé‐
gants hiéroglyphes du chancelier Nakhti sous la XIIe dynastie. La statuaire
évolue considérablement au cours de cette période. La XIIe dynastie connaît
deux types de sculptures, reprise de l’art traditionnel ou un courant
réaliste : pour l’essentiel, les formes sont délivrées de la lourdeur massive,
il y a une évidente volonté de réaliser des portraits véritables au lieu de vi‐
sages stéréotypés du roi, avec une recherche de l’équilibre des formes et de
la grâce. En témoignent les statues d’Amenemhat II ou de Sésostris Ier. En
revanche, le règne de Sésostris III marque une rupture. Pharaon est d’abord
portraituré, sculpté, jeune et vigoureux, comme le veut la tradition. Mais les
œuvres suivent ensuite les étapes du vieillissement du monarque, livrant
sans concession des traits ravagés, orbites enfoncées, paupières tombantes,
rides sillonnant le visage, tant pour les portraits en pied, les bustes ou les
seules têtes royales. Le Moyen Empire inaugure également le modèle de la
statue cube, représentant un personnage assis dans un vêtement tiré autour
du corps qui présente quatre faces lisses couvertes de hiéroglyphes.
N’émergent que la tête et les orteils. Elle permet de mettre en valeur la titu‐
lature et les actions destinées à la postérité.
Le Nouvel Empire (v. 1539-v. 1069 av. J.-C.) couvre trois dynasties : la
XVIIIe (v. 1539-v. 1292 av. J.-C.), qui s’ouvre sur les exploits militaires
d’Ahmôsis Ier (v. 1539-v. 1514 av. J.-C.), la XIXe (v. 1292-v. 1186 av. J.-
C.) fondée par Ramsès Ier (v. 1295-v. 1294 av. J.-C.) dont le règne est
éclipsé par celui du fils de Séthi Ier, Ramsès II (v. 1279-v. 1213 av. J.-C.),
et la XXe (v. 1186-v. 1069 av. J.-C.), dont Sethnakht (v. 1186 av. J.-C.) est
le fondateur. Par l’extension de sa puissance politique, l’expression raffinée
de son art, la révolution religieuse, fût-elle brève, d’un dieu unique, la
splendeur de ses constructions, le renom de ses souverains, dont la femme
pharaon Hatchepsout, le Nouvel Empire est une période d’exception, même
dans une histoire aussi riche et fascinante que celle de l’antique Égypte. À
la XXe dynastie, les successeurs de Ramsès III, eux aussi nommés Ramsès,
se suivent sans gloire sur le trône, dans un affaiblissement continu du pou‐
voir royal, au profit notamment de dynasties de grands prêtres d’Amon, jus‐
qu’à Ramsès IX (v. 1099-v. 1069 av. J.-C.), dont le règne clôt le Nouvel
Empire.
◆ La Vallée des Rois, formée dans une partie de la chaîne Libyque à côté
de Thèbes, abrite les tombes des rois du Nouvel Empire (v. 1539-v. 1069
av. J.-C.). La plus ancienne est celle de Thoutmôsis Ier (v. 1504-v. 1492
av. J.-C.), la plus récente celle de Ramsès XI (v. 1098-v. 1069 av. J.-C.).
Parmi ces soixante-trois tombeaux, vingt-cinq ont été identifiés comme des
sépultures royales. Les autres sont en partie celles de dignitaires royaux,
tous n’ayant pas été encore identifiés. Le Nouvel Empire porte à la per‐
fection les peintures murales et les bas-reliefs, des tombes ou des temples.
Les scènes peintes des tombeaux adoptent un ordre précis : à l’entrée, le dé‐
funt, souvent en prière, puis des scènes de sa vie quotidienne dans les salles
suivantes, un banquet, des musiciens. Puis viennent les épisodes glorieux de
sa vie personnelle, précédant le passage dans le monde souterrain. Pour les
princes et hauts dignitaires, la conduite d’un char attelé de chevaux devient
un thème récurrent. Dans son temple à terrasses de Deir el-Bahari, la reine
Hatchepsout met en scène sur les bas-reliefs son origine divine, sa mère l’a
conçue avec le dieu Amon prenant les traits de son père, c’est la hiérogamie
dont elle est le fruit. Elle poursuit sa propagande royale par l’érection d’un
grand obélisque à Karnak, ou les reliefs gravés relatant l’expédition au pays
de Pount, peut-être le Yémen, dans son temple funéraire de Deir el-Bahari.
La sculpture, largement héritée des formes classiques du Moyen Empire,
s’en dégage toutefois par une recherche de stylisation du corps, idéalisé,
l’œil souligné davantage par le fard, donnant une expression plus intense au
regard.
◆ Dans la Vallée des Reines, non loin de celle des Rois, près de cent
tombeaux servent de dernière demeure aux grandes épouses royales et à
certains princes entre la XIXe (v. 1295-v. 1186 av. J.-C.) et la XXe dynastie
(v. 1186-v. 1069 av. J.-C.), dont celle de la grande épouse royale de Ram‐
sès II, la reine Néfertari, de la reine Titi, des princes Khâemouaset et Amon‐
herkopsef. La Vallée des Reines se trouve dans les collines le long de la rive
Ouest du Nil en Haute-Égypte. La nécropole des reines est située à environ
2,4 km à l’ouest du temple funéraire de Ramsès III (1187-1156 av. J.-C.) à
Médinet-Habou. Il y a plus de quatre-vingt-dix tombes connues, générale‐
ment constituées d’une entrée, de quelques salles et d’une chambre pour le
sarcophage. La plus ancienne est celle de l’épouse de Ramsès Ier. Les plus
notoires sont celles de Néfertari, la reine préférée de Ramsès II ; et d’une
reine ramesside appelée Titi. En 1979, l’Unesco a ajouté la Vallée des
Reines, la Vallée des Rois, Karnak, Louxor et d’autres sites de Thèbes à la
Liste du patrimoine mondial.
◆ L’art amarnien
L’art amarnien est propre au règne d’Aménophis IV ou Akhenaton
(v. 1355-v. 1338 av. J.-C.) et de son épouse Néfertiti, qui signifie « la belle
est venue ». Monumental, il reprend la tradition lorsqu’il s’agit des palais.
Ceux de Tell el-Amarna, sa nouvelle capitale de Moyenne-Égypte, re‐
prennent les vastes salles hypostyles décorées de bas-reliefs et de fresques.
Les grands jardins sont entrecoupés d’étangs artificiels et de bassins de plai‐
sance. En revanche, les tombes rupestres attestent d’un net changement, un
simple couloir creusé dans la roche permet d’accéder directement à la
chambre funéraire. La rupture la plus complète est exprimée par la sculp‐
ture, surtout royale. Les corps idéalisés des époques précédentes sont rem‐
placés, dans la famille royale, par des physiques proches de la difformité :
cuisses grasses, bassin large, ventre proéminent tombant, seins pendants,
épaules grêles, cou mince, tête aux lèvres soulignées, épaisses, joues
creuses, crâne allongé. Seuls les yeux immenses rachètent un peu ce portrait
d’Akhenaton, alourdi encore par un menton en galoche. Cependant les têtes
sculptées des princesses royales démontrent un modelé d’une grande délica‐
tesse, tout comme le buste en couleurs de Néfertiti, en calcaire peint,
conservé au musée de Berlin. Inachevé, il peut s’agir d’un modèle utilisé
par les artistes pour éviter à la reine de longues séances de pose.
L’ART DE TANIS
Tanis, situé sur une branche orientale du delta du Nil, est la capitale des
rois des XXIe et XXIIe dynasties, même si ces derniers conservent à Mem‐
phis un centre administratif et se limitent peut-être à en faire un lieu d’inhu‐
mation. La ville s’enorgueillit d’un temple d’Amon aussi vaste que celui de
Louxor, un autre pour Mout et des tombes de la nécropole royale. Les
conditions climatiques et les bouleversements politiques n’ont pas permis
de conserver ces monuments, contrairement à la rivale du Sud, Thèbes.
Toutefois, les campagnes de fouilles permettent d’en rendre l’architecture
d’ensemble. Commencé sous la XXIe dynastie, le temple d’Amon, long de
400 m et large de 100 m, s’ouvre à l’ouest par une porte monumentale de
granit, due à Sheshonq III (823-772 av. J.-C.), encadrée de statues colos‐
sales. Suit une avant-cour aux colonnes palmiformes donnant accès au pre‐
mier pylône d’Osorkon II (870-847 av. J.-C.), qui ouvre sur une cour ornée
de colosses et de deux obélisques. Un second pylône est attribué à Siamon
(978-959 av. J.-C.), le troisième comporte quatre obélisques. Comme à Kar‐
nak, dont il s’inspire, le temple d’Amon inclut un lac sacré. Il était relié par
une allée processionnelle aux temples de Mout – reconstruit à la Basse
Époque par Ptolémée IV (238-205 av. J.-C.) –, la parèdre d’Amon, et à ce‐
lui de Khonsou, leur fils divin. La fouille, notamment des cours, permet
d’exhumer nombre de statues, pharaons, sphynx et au sud de l’avant-cour,
la nécropole royale. C’est là que la tombe, intacte, du pharaon Psousen‐
nès Ier (1032-991 av. J.-C.) révèle le plus riche mobilier funéraire après ce‐
lui de la tombe de Toutankhamon : masque en or, grand collier en or, bi‐
joux, amulettes, vaisselle d’or et d’argent et un sarcophage en argent. La dé‐
couverte, en 1940, est due à l’égyptologue français Pierre Montet (1885-
1966). Outre à Tanis, les souverains, comme Osorkon II de la XXIIe dynas‐
tie, construisent à Bubastis, ville du delta située sur la branche canopique du
Nil. Celui-ci y agrandit le temple de la déesse chat Bastet et fait édifier dans
sa seconde cour son grand hall jubilaire, aux colonnes à chapiteaux hatho‐
riques.
L’Égypte de la fin de la Basse Époque, après 525 avant J.-C., voit se suc‐
céder des dynasties étrangères, entrecoupées de brefs moments de pouvoir
détenu par des pharaons égyptiens, tout au moins jusqu’à Nectanébo II
(v. 360-v. 342 av. J.-C.), dernier souverain autochtone. La Basse Époque
met en avant la tradition égyptienne. Les souverains étrangers prennent la
titulature pharaonique : l’art, la littérature s’inspirent des modèles de l’An‐
cien Empire. Dans le domaine religieux, l’influence du clergé d’Amon dé‐
cline, après un moment de partage du pouvoir royal. De nouvelles divinités
apparaissent, nées à partir d’une évolution de leur forme précédente – la
déesse chat Bastet prend un corps d’oiseau –, ou fruit d’un syncrétisme en
œuvre entre dieux grecs et égyptiens, comme Sérapis, composé d’Hadès,
d’Apis et d’Osiris, dont le culte se répand à l’époque ptolémaïque.
L’art égyptien des périodes d’occupation perse reprend les archétypes tra‐
ditionnels. Certains souverains perses bâtissent en Égypte. Darius Ier fait
édifier un temple dans l’oasis de Kharga, reconstruire celui de la déesse Ne‐
khbet à Nekheb. Artaxerxès III se signale, lors de son séjour en Égypte, par
une abondante production numismatique. Ses ateliers frappent des pièces
d’argent à l’imitation de celles d’Athènes. Sous la XXIXe dynastie, Acho‐
ris (390-378 av. J.-C.) entreprend une politique de grands travaux dans les
plus prestigieux sanctuaires, Louxor, Karnak, Memphis, mais aussi à Médi‐
net-Habou, El Kab ou Éléphantine. À la dynastie suivante, Nectanébo Ier
(380-362 av. J.-C.) réalise de grandes constructions. Il inaugure à Karnak
l’édification du premier pylône, entoure le complexe cultuel d’une enceinte
de briques crues. À Louxor, il crée une allée monumentale d’accès au
temple d’Amon, le dromos, bordée de sphinx des deux côtés. Il lance les
travaux du temple d’Isis à Philae et y fait édifier un kiosque. Cet évergé‐
tisme monumental se retrouve dans le temple d’Amon construit à son initia‐
tive à Kharga, celui d’Abydos, le premier mammisi, ou chapelle vouée à re‐
tracer la naissance divine du souverain, à Dendérah, modèle de ceux des
époques ptolémaïque et romaine. Son petit-fils, Nectanébo II, est le digne
continuateur de son œuvre architecturale. Il construit un pylône à Philae, le
naos, chapelle cœur du temple qui abrite la statue du dieu, à Edfou, conti‐
nue à Karnak les travaux du premier pylône, édifie un temple d’Isis à Saq‐
qara, un autre pour Osiris-Apis, des galeries pour entreposer les momies des
animaux sacrés, chats de la déesse Bastet, ibis du dieu Thot, faucons d’Ho‐
rus. Si les souverains perses construisent peu, après les derniers feux de
l’architecture égyptienne autochtone sous les deux Nectanébo, la conquête
d’Alexandre inaugure une riche période où l’art grec s’égyptianise.
LA FONDATION D’ALEXANDRIE
◆ Le musée d’Alexandrie est le lieu dédié aux Muses. Il doit tout aux
deux premiers Ptolémée qui offrent aux savants et érudits la possibilité de
se consacrer à leurs recherches et à l’enseignement. La Bibliothèque com‐
plète cette approche très moderne de l’érudition. Les mathématiques y sont
à l’honneur avec Euclide, Diophante, la médecine avec Érasistrate, la
poésie avec Théocrite, Apollonius, Callimaque, mais la matière reine y est
la philosophie, avec Ammonios Saccas, le conciliateur de Platon et d’Aris‐
tote, fondateur de l’éclectisme néoplatonicien, cherchant la vérité dans tous
les systèmes. Sont également étudiées et enseignées l’histoire, la géogra‐
phie, la linguistique, la zoologie, l’astronomie, la botanique.
Notes
1. Trad. É. Drioton, cité dans L’Égypte, de Arpag Mekhitarian, Paris, Bloud & Gay, 1964, p. 39.
2. Plutarque, Vie d’Antoine, LXXVII-LXXXV.
CHAPITRE VII
1. Les Hébreux
LE JUDAÏSME
L’histoire des patriarches est à la fois celle des origines, de la fin des an‐
cêtres de Terah, père d’Abraham, et aussi la sienne et celle d’Isaac, de Ja‐
cob, de Joseph et de ses frères. Abraham, dont le nom signifie « père d’une
foule » (de futures nations), fut le premier des patriarches du peuple d’Is‐
raël. Les récits patriarcaux fonctionnent comme un prologue à la future
grande épopée de l’Exode avec Moïse. Ce sont surtout des listes de généa‐
logies, qui mettent différentes générations successives en rapport avec
d’autres groupes, d’autres ethnies. Le clan d’Abraham se forme pendant la
période dite des patriarches qui va durer près de six siècles.
◆ Le clan d’Abraham
Terah, père d’Abraham, s’installe à Ur, en Mésopotamie, puis à Haran.
C’est un homme de son temps, polythéiste comme il se doit, adorant sans
doute Sin, le dieu lunaire d’Ur et de Haran. Ur, à cette époque, est une ville
prospère et confortable. Mais cette prospérité ne dure pas longtemps
puisque les Élamites, originaires des montagnes du golfe Persique, at‐
taquent et anéantissent cette ville. Terah, qui réussit à s’enfuir, gagne Haran
où, malheureusement, il meurt. Il semble que son intention ait été de se ré‐
fugier dans les collines du pays de Canaan. Son fils aîné, Abram (Abra‐
ham), accomplira ce que son père avait prévu, suivant ainsi l’ordre de Dieu.
Arrivée en Canaan, après un passage en Égypte, sa tribu reçoit le nom
d’Hébreux, provenant sans doute du cunéiforme habiru qui signifie « émi‐
grants, nomades ». Vers – 1760, Abraham conduit la grande tribu nomade
des Hébreux à partir du territoire au sud du Caucase jusqu’en Palestine.
D’après l’Ancien Testament, Dieu, Yahvé, conclut la première alliance avec
lui. Il exige une croyance totale en lui en contrepartie de quoi, il offre à sa
descendance la domination sur la région qui s’étend « depuis le fleuve
d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate, le pays des Qénites, des
Qénizites, des Qadmonites, des Hittites, des Phéréziens, des Rephaïms, des
Amorrites, des Cananéens, des Girgashites et des Jébuséens » (Genèse XV,
18-21). À la mort de son père, Isaac devint le chef de la tribu. Sa personna‐
lité est moins marquante que celle d’Abraham, dont il continua l’œuvre.
Dieu renouvelle avec lui son alliance par la circoncision, signe rituel de
consécration, devenu signe de l’appartenance à la nation abrahamique.
Après Isaac, Jacob, son fils, hérite de la promesse faite à Abraham.
◆ Le sacrifice d’Isaac
La servante et esclave Agar a donné un fils à Abraham, Ismaël, qui serait
l’ancêtre mythique des Arabes. Abraham avait déjà quatre-vingt-dix-neuf
ans. La promesse de Dieu d’avoir un fils de Sarah, sa femme, jusqu’alors
stérile, est assortie de la condition que tous les descendants d’Abraham
soient circoncis, en témoignage de l’Alliance. Le patriarche en reçoit l’an‐
nonce par trois visiteurs, des anges. Ils lui dirent que sa femme Sarah enfan‐
terait un fils, Isaac (« Joie »). Plus tard, pour éprouver Abraham, Yahvé lui
demande d’immoler le jeune Isaac, mais au moment où il allait le faire, un
ange l’en empêche, Dieu se contentant de cet acte d’obéissance et de foi.
Après ces événements, Abraham s’en retourne à Hébron où Sarah devait
mourir quelque temps plus tard. Abraham lui-même mourut à l’âge avancé
de cent soixante-quinze ans, non sans s’être remarié et avoir eu d’autres en‐
fants.
LA BIBLE HÉBRAÏQUE
La Bible hébraïque est le Tanakh, acrostiche, mot formé à partir des ini‐
tiales de ses trois livres, Torah, Nebhî’îm, Kethûbhîm. Le canon juif, c’est-
à-dire la liste officielle des livres retenus, est fixé lors du synode de Jamnia,
vers 90 de notre ère. Les rabbins présents n’ont conservé que les livres
écrits en hébreu, et les ont répartis en trois ensembles intitulés La Loi (To‐
rah), Les Prophètes (Nebhî’îm) et Les Écrits (Kethûbhîm), dénommés
aussi « Autres Écrits », soit au total trente-neuf livres. Les autres livres
écrits en grec, en araméen, ont été rejetés. L’origine du Tanakh remonte‐
rait au XIIIe siècle avant J.-C. Transmise au début oralement, la Bible hé‐
braïque aurait été rédigée progressivement entre le XIe et le VIe siècle avant
J.-C., à partir de versions multiples, pour prendre sa forme définitive au
Ier siècle avant J.-C. Sous le nom d’Ancien Testament, elle fait aussi partie
des Écritures saintes du christianisme. Il existe toutefois quelques diffé‐
rences dans la liste des livres considérés comme sacrés, appartenant au ca‐
non, par le judaïsme, le catholicisme ou le protestantisme. Les livres écartés
sont les apocryphes, considérés comme non authentiques, ou d’origine dou‐
teuse.
◆ La Torah
La première partie de la Bible hébraïque est la Loi (ou Torah), formée du
Pentateuque, les cinq livres en grec. Le Pentateuque comprend en effet la
Genèse, l’Exode, les Nombres, le Lévitique, le Deutéronome. Ces livres
réunissent toute la tradition mosaïque, relative à l’histoire du monde, depuis
l’histoire des ancêtres, l’organisation et la formation du peuple jusqu’à sa
délivrance et la fuite hors Égypte (vers 1250 av. J.-C.), et l’entrée en Terre
promise. La Torah enseigne la tradition, dirige les aspects pratiques de la
vie quotidienne : le culte, les règles de conduite morale, les exemples à
suivre ou à proscrire. Longtemps, la tradition juive lui donne Moïse pour
auteur. Toutefois, les cinq rouleaux ne forment pas une unité absolue : les
récits présentés sont variés et leur rassemblement en une collection unifiée
ne s’est fait qu’après le retour de l’exil à Babylone (568-538).
Les Écrits
◆ Le Talmud
Le nom « talmud » vient d’une racine hébraïque qui signifie : étudier. La
rédaction du Talmud est reconnue comme celle d’un commentaire autorisé
de la Torah par toutes les communautés juives. Il est fondé sur l’autorité de
la parole de Dieu, et est la forme écrite de la Loi orale, reçue selon la tradi‐
tion par Moïse en même temps que la Loi écrite du Pentateuque. Il en existe
deux versions différentes : l’une est originaire des milieux palestiniens, le
Talmud de Jérusalem, l’autre originaire de Babylonie, le Talmud de Baby‐
lone. Le Talmud est devenu la base de la jurisprudence à partir de laquelle
ont été composés les codes de lois juives. Sa rédaction se poursuivit sur plu‐
sieurs siècles. Il est constitué de la Mishnah hébraïque et la Gémara ara‐
méenne, ou « complément », qui en est une compilation.
◆ La Mishnah
La Mishnah rassemble les lois, les enseignements, les commentaires de
toute la tradition orale, de façon que la Torah ne se perde pas. C’est en ce
sens que cette compilation de l’ensemble des codes du peuple juif reçut le
nom de Mishnah, ou « répétition » de la Loi. La finalité était de permettre
l’unification des juifs du monde entier. Les rabbins et les docteurs, crai‐
gnant la disparition de la Loi orale, commencèrent à mettre un peu d’ordre
dans les traditions reçues après la destruction du temple de Jérusalem, en 70
après J.-C. La Mishnah a été rédigée en hébreu. Elle est divisée en six sec‐
tions comprenant chacune un certain nombre de traités, soixante-trois au to‐
tal, eux-mêmes subdivisés en chapitres et en paragraphes.
LA DOCTRINE
Le judaïsme est la première des religions abrahamiques avant le christia‐
nisme et l’islam. Israël honore YHWH (Yahvé), Élohim (Seigneur) au Nom
ineffable. Alors que toutes les religions cherchent à trouver une réponse aux
grandes interrogations qui traversent l’humanité, le peuple juif, au contraire,
a reçu de Dieu lui-même la réponse, au cours de sa longue histoire. Le nom
de Dieu a été révélé par Moïse mais il n’est jamais dit dans les textes de fa‐
çon évidente ou distinctement. Ainsi : « Moïse dit à Dieu : Voici je vais al‐
ler vers les fils d’Israël et leur dire : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers
vous. S’ils me disent : Quel est son nom ? Que leur dirai-je ? Dieu dit à
Moïse : “Je suis celui qui est.” Et il ajouta : c’est ainsi que tu répondras aux
enfants d’Israël : Celui qui s’appelle “je suis” m’a envoyé vers vous »
(Exode III, 13-14). Cela explique le recours au tétragramme (les quatre
lettres) YHWH, prononcé Jéhovah ou encore Yahvé. Sont employés concur‐
remment la racine sémitique El que l’on retrouve dans le patronyme de
nombreux personnages de la Bible (Daniel, Emmanuel, Élie) ou sa forme
plurielle, Élohim. En ce cas, c’est un pluriel de majesté évoquant la toute-
puissance de Dieu. Ce dernier est encore Isevoat, « dieu des armées », ou
Shaddaï, le « Maître » ou le « Tout-puissant ».
Les prophètes
Le prophète peut être entrevu comme le sage qui va proférer une parole
divine sortie du néant grâce à lui. Il se caractérise par cette qualité de possé‐
der « un cœur capable de discerner le bien du mal » (I Rois III, 9). En fait, il
est l’interprète de Dieu, envoyé par lui pour révéler une vérité ou mettre en
garde. Les prophètes hébreux parlent au nom de leur dieu Yahvé. Selon la
Bible, les premiers prophètes furent Abraham et Moïse. À l’origine de l’his‐
toire religieuse se trouve la migration d’une tribu sumérienne conduite par
un chef patriarche du nom d’Abraham.
La nature de Dieu
Dieu est unique, différent de la nature qu’il a créée entièrement. C’est un être agis‐
sant continuellement dans l’histoire humaine. Au départ, le Dieu d’Israël n’est pas un
dieu limité à Israël. Il est le Dieu de tout l’univers et de tous les humains. Sa relation
historique avec Israël ne l’empêche pas d’être le Dieu de tous, au contraire. Il dépasse
toutes choses. L’univers entier lui est soumis et il est en droit d’être le seul à recevoir
honneur et gloire. En ce sens, c’est un dieu transcendant.
Dieu a créé l’être humain à son image. Doté du libre arbitre, l’être humain a fait en‐
trer le mal dans le monde. Il doit lutter contre une tendance à faire le mal qui coexiste
en lui avec la tendance à faire le bien. Il peut toutefois choisir le bien par ses propres
forces.
Dieu a fait alliance avec l’homme afin qu’il ne se perde pas. Il lui a donné la Torah
afin qu’il se perfectionne. L’ensemble des préceptes viennent de Dieu et ont été révé‐
lés à Moïse au mont Sinaï. Seul le peuple d’Israël a entendu la voix de Dieu et désor‐
mais Israël a une mission dans le monde : celle de témoigner de Dieu par la mise en
pratique de la Torah qui est universelle.
Le peuple d’Israël, bien que dispersé, se verra un jour rassemblé en Terre sainte,
animé également d’une espérance fondamentale : l’avènement du règne messianique.
Le messianisme a été développé dès le VIe siècle avant J.-C. par les prophètes et s’est
affiné durant toute l’histoire juive. Il consiste en la croyance en un personnage provi‐
dentiel, le Messie, envoyé par Dieu pour instaurer son royaume sur la terre. Cette at‐
tente n’est pas partagée ni acceptée par tous les courants du judaïsme.
◆ Moïse, le libérateur
Au XIIIe siècle av. J.-C., Moïse naît à Goshen dans l’Égypte ancienne. Il a
pour frère Aaron, qui sera le premier grand prêtre juif, et pour sœur My‐
riam. Il fait partie de la tribu de Lévi, l’une des douze tribus hébraïques à
émigrer au XVIIe siècle avant J.-C. en Égypte. Ce sont les livres du Penta‐
teuque, de l’Exode au Deutéronome, qui parlent le plus de lui. Moïse
échappe de peu à l’ordre de Pharaon de tuer tous les nouveau-nés de sexe
masculin. Placé dans une corbeille d’osier et confié aux eaux du fleuve, il
est recueilli par la fille de Pharaon qui l’élève comme un fils. Elle lui donne
le nom de Moïse : « tiré des eaux ». Il reçoit à la cour de Pharaon, où il est
élevé, l’éducation d’un véritable prince d’Égypte. Après avoir pris le parti
d’un esclave et avoir tué un chef de corvée égyptien, il s’enfuit dans le dé‐
sert. Devenu berger dans le Sinaï, Dieu lui apparaît pour la première fois et
lui ordonne de libérer son peuple. Pharaon ne voulant pas laisser partir son
peuple, l’épisode des dix plaies sur l’Égypte se réalise. Le personnage de
Moïse est commun aux trois monothéismes. Il est appelé Mosheh dans le
judaïsme, Mussa dans l’islam et Moïse dans le christianisme. Dans l’An‐
cien Testament, il est présenté comme le chef qui a conduit les Israélites
hors d’Égypte.
Après la mort de Saül, David (v. 1004-v. 966 av. J.-C.) devient roi d’Is‐
raël. Sa vie est connue d’après les Premier et Second Livres de Samuel et le
Premier Livre des Rois. Il est élu par la tribu de Juda et les tribus du Sud,
fixe sa première capitale à Hébron. Il est célèbre pour avoir, alors qu’il n’est
encore qu’un jeune berger, abattu d’un coup de fronde le champion des Phi‐
listins, le géant Goliath, dans la vallée d’Elah. Il épouse Mikhal, fille du roi
Saül, se lie d’amitié avec son fils, Jonathan. Pourtant la jalousie de Saül à
l’égard de David ne cesse de croître. Il doit fuir pour éviter de finir assassi‐
né, erre dans les zones désertiques, entre au service des Philistins. La mort
de Saül et de ses fils à la bataille de Gelboé le fait roi. David chasse les Jé‐
busiens de leur cité, Jébus, ancien nom de Jérusalem, dont il fait sa nouvelle
capitale. C’est un choix habile, à une époque où l’autorité royale doit se
faire accepter, car encore toute récente, par les tribus d’Israël et de Juda, Jé‐
rusalem n’appartenant ni aux unes ni aux autres. L’arche d’alliance y est
transférée, installée plus tard dans le temple de son fils Salomon. L’arche
d’alliance est à l’origine un coffre en bois, plus tard recouvert d’or pur et
surmonté de deux chérubins faits eux aussi d’or, contenant les Tables de la
Loi, données par Moïse. Elle suit partout les douze tribus hébraïques avant
son installation par David à Jérusalem. Comme les Hébreux sont marqués
par le nomadisme, avant cet épisode, l’arche est entreposée lors de leurs
étapes dans la « Tente du rendez-vous », comprenez le rendez-vous donné
par Yahvé à son peuple, où elle est adorée. Salomon édifie en son honneur
le Premier Temple. L’arche personnifie l’alliance avec Yahvé. C’est ainsi
qu’elle conduit les Hébreux à la victoire, et que si les ennemis s’en em‐
parent, ils connaîtront la défaite et la mort. Elle disparaît avec la destruction
du Temple, en – 587, mais une tradition apparue au IIe siècle de notre ère
veut que le prophète Jérémie l’ait cachée dans une grotte du mont Nébo, se‐
lon un récit du Livre II des Maccabées. Les membres des familles influentes
forment la cour à Jérusalem, sous le titre de « serviteurs du roi ». L’armée,
réorganisée, est confiée à Joab, le neveu de David. C’est à Joab qu’échoit la
mission de faire tuer, en le plaçant seul en première ligne, Urie le Hittite,
guerrier dont David a séduit la femme, Bethsabée, enceinte de ses œuvres.
Admonesté par le prophète Nathan, David se repent, mais le fils de Bethsa‐
bée meurt, c’est le châtiment divin infligé au roi. Les drames personnels se
poursuivent avec le viol de sa fille Thamar par son demi-frère Amnon. Ce
dernier est tué par le frère de Thamar, Absalon, qui se révolte contre David,
se fait proclamer roi à Hébron. Joab, à la tête de l’armée, le vainc et le tue
alors qu’il s’est accroché à un arbre par les cheveux dans sa fuite. Au prix
de plusieurs campagnes, David reprend aux Philistins presque toute la côte
de Palestine. Il bat les Ammonites, leurs alliés araméens, Hadadézer, roi de
Zoba, et occupe une grande partie de son royaume dont Damas. Il s’allie
avec les rois de Sidon.
◆ David et la musique
C’est déjà par le charme de son jeu à la harpe que David parvenait à apai‐
ser la fureur de Saül. Roi musicien, il est crédité de nombreux psaumes.
C’est un genre nouveau dont il est le créateur. Le psaume est un récitatif qui
accompagne le chant. Le contenu des Psaumes de David est variable, depuis
l’exhortation des troupes à la victoire jusqu’à l’exaltation de la grandeur di‐
vine ou les règles à suivre pour psalmodier. C’est à sa cour, à Jérusalem,
que David crée une école de musique où se perfectionnent les « récitants du
roi ». On y étudie le chant, la musique instrumentale, avec notamment la
harpe ou le gittith, une cithare, le luth, les flûtes, les tambourins. Une cho‐
rale regroupe près de trois cents chanteurs. Le Psaume 51, attribué à David,
est une imploration du roi à Dieu, pour lui pardonner d’avoir envoyé Urie le
Hittite à la mort. Il est connu aussi par son invocation, miserere, « pitié pour
moi », l’un des Psaumes de David.
Quand Natân le prophète vint à lui parce qu’il était allé vers Bethsabée.
Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté, en ta grande tendresse efface mon péché,
Lave-moi tout entier de mon mal et de ma faute purifie-moi2…
Salomon est fils de David et de Bethsabée. Son règne est relaté dans le
Premier Livre des Rois. Son autorité s’exerce pendant quarante ans sur les
douze tribus de Juda et d’Israël. C’est une époque d’apogée, fondée sur une
prospérité maintenue. Elle est issue de l’organisation administrative du
royaume en douze districts, chacun dirigé par un préfet, le nesîb, nommé et
révoqué par le roi. Chacun doit fournir, à son tour, un mois de subsistance
en nature à la cour royale. La prospérité provient aussi du commerce et de
la sécurité que Salomon assure aux routes caravanières entre Damas,
l’Égypte, la Mésopotamie, l’Arabie. Les marchands versent une redevance,
notamment en produits de haute valeur, encens ou aromates. Un corps de
fonctionnaires d’État, les lévites, est créé. L’afflux de richesses vers Jérusa‐
lem permet à Salomon de tenir la promesse faite à son père David et d’édi‐
fier le Temple destiné à abriter l’arche d’alliance. Toutefois, les impôts sont
lourds, les inégalités sociales se creusent et la révolte gronde, attisée par les
prophètes qui accusent Salomon d’adorer des idoles païennes. Il s’agit, plus
probablement, de sa tolérance à l’égard des divers cultes pratiqués par les
marchands et commerçants traversant ou établis dans le royaume. À sa
mort, ce dernier subit une partition. Réputé pour sa sagesse, le roi est connu
pour le fameux jugement de Salomon : deux femmes se prétendent mère
d’un enfant et en réclament la garde. Salomon ordonne de le couper en
deux. La mère véritable préfère renoncer et que son enfant demeure en vie,
ce qui permet au souverain de la reconnaître et de lui restituer l’enfant.
◆ Le temple de Jérusalem
L’expression « temple de Jérusalem » recouvre en réalité deux bâtiments
distincts : le Premier Temple, ou Temple de Salomon, édifié durant son
règne (vers 966-926 av. J.-C.), détruit par Nabuchodonosor II en – 587, et le
Second Temple, construit entre – 536 et – 515, après la fin de la captivité à
Babylone. Il faut adjoindre à ce Second Temple le temple d’Hérode, roi de
Judée de – 37 à – 4, ensemble de bâtiments ajoutés pendant son règne. Le
Temple de Salomon est l’unique lieu reconnu comme sanctuaire par le ju‐
daïsme. Selon la Bible, son édification a duré sept ans et nécessité cent
soixante-dix mille ouvriers. Il s’agit d’une forteresse, destinée à protéger
l’arche d’alliance, conservée dans le saint des saints, accessible au seul
grand prêtre. L’ensemble, massif, est composé de terrasses, d’épais murs, de
places publiques, portiques, bassins d’ablutions rituelles, d’autels à sacri‐
fice. L’intérieur, somptueux, en était orné du précieux et odorant bois de
cèdre, fourni par le roi phénicien de Tyr, Hiram. C’est également ce mo‐
narque qui aurait dépêché auprès de Salomon son propre architecte, Hou‐
ram-Abi. Le mur des Lamentations est l’unique vestige du temple édifié par
le roi de Judée, Hérode Ier le Grand, sur le Mont Moriah. Ce nom lui est
donné par les chrétiens qui y voient les juifs pieux venir déplorer la destruc‐
tion du Temple de Salomon par Titus en 70 de notre ère, et la dispersion, ou
Diaspora, du peuple juif. Pour les juifs, il est le Hakotel Hama’aravi (le Mur
occidental), nom le plus souvent abrégé en Kotel. La coutume veut que ce‐
lui qui va y prier dépose dans les interstices entre les pierres un petit papier
plié où sont inscrits ses souhaits.
◆ L’arche d’alliance
L’arche d’alliance est une sorte de coffre en bois d’acacia de 1,20 m de
long sur 0,70 m de large et de haut. Selon la légende, elle aurait été rehaus‐
sée d’un placage d’or et conservé, outre les Tables de la Loi, la manne et la
verge d’Aaron : « Yahvé parla à Moïse et lui dit : Tu feras en bois d’acacia
une arche longue de deux coudées et demie, large d’une coudée et demie et
haute d’une coudée et demie. Tu la plaqueras d’or pur, au-dedans et au-de‐
hors, tu feras sur elle une moulure d’or tout autour. Tu fondras pour elle
quatre anneaux d’or et tu les mettras à ses quatre pieds : deux anneaux d’un
côté et deux anneaux de l’autre. Tu feras aussi des barres en bois d’acacia,
tu les plaqueras d’or et tu engageras dans les anneaux fixés sur les côtés de
l’arche les barres qui serviront à la porter » (Exode XXV, 10). L’arche d’al‐
liance et son contenu sont reproduits sur le portail nord de la cathédrale de
Chartres. Plusieurs explications ont été avancées : l’arche d’alliance aurait
été enterrée sous la cathédrale, après avoir été prise à Jérusalem, en 1118, au
moment de la mort du roi Baudouin, par des chevaliers français. D’autres
auraient supposé le retour de l’arche en France par le biais des Templiers.
Aucune de ces deux hypothèses n’a été vérifiée.
LES DEUX ROYAUMES (926-587 AV. J.-C.)
LA LITTÉRATURE PROPHÉTIQUE
◆ Ézéchiel (v. 627-v. 570 av. J.-C.) vit au moment de la prise de Jérusa‐
lem par les Assyriens et de la déportation du peuple en Babylonie, où il est
lui-même exilé vers – 597. C’est là qu’il exhorte, selon le Livre d’Ézéchiel,
les Israélites à revenir à l’alliance avec Dieu, dont l’oubli a entraîné la dé‐
portation et la destruction de Jérusalem. Son livre de prophéties comprend
trois parties : les chapitres 1 à 24 dénoncent les péchés du peuple élu, jus‐
qu’à la prise de Jérusalem ; les chapitres 25 à 32 annoncent la ruine des
peuples idolâtres ; enfin la dernière partie, les chapitres 33 à 48, voit Yahvé
confier à Ézéchiel la tâche de détourner les Israélites du péché, de raffermir
leur cœur en annonçant une nouvelle Jérusalem et la construction du Se‐
cond Temple, le Premier Temple étant celui de Salomon, détruit par les As‐
syriens. Ézéchiel prophétise aussi la venue du descendant de David, Jésus,
et a une vision du tétramorphe, c’est-à-dire de l’animal ou « être vivant » lié
à chacun des futurs évangélistes, l’homme à Matthieu, le lion à Marc, le
bœuf à Luc et l’aigle à Jean.
◆ Daniel vit à l’époque du roi de Babylone, Nabuchodonosor II
(v. 605-v. 562 av. J.-C.). Le Livre de Daniel décrit en effet la captivité du
peuple juif à Babylone à cette période. Il se termine cependant avec des
événements qui se sont produits sous Antiochos IV (175-163 av. J.-C.), roi
séleucide, qui tente l’hellénisation forcée de la Judée, installe un autel de
Baal dans le temple de Jérusalem, ordonne d’offrir des porcs en holocauste,
interdit la circoncision. Autant de décisions qui provoquent la révolte des
juifs sous la conduite de la famille des Maccabées. Le Livre de Daniel est
écrit en hébreu, en araméen et en grec, dans un style apocalyptique. Il a pro‐
bablement été achevé sous Antiochos IV. Il se compose de trois parties : les
chapitres 1 à 6 décrivent la captivité de Babylone, les chapitres 7 à 12 les
visions de Daniel, enfin les chapitres 13 et 14, plus tardifs, rédigés en grec,
comportent notamment l’histoire de Suzanne et des vieillards – surprise au
bain, elle se refuse à eux qui l’accusent d’adultère pour se venger et ne doit
son salut qu’à l’intervention du prophète Daniel – et celle de Bel et du ser‐
pent ou dragon – Daniel parvient à provoquer l’étouffement du dragon ado‐
ré par les prêtres de Bel. Le roi le jette aux lions qui l’épargnent. Il recouvre
sa liberté.
Ils ont reçu cette épithète, non que leurs écrits soient moins méritants,
mais ils sont considérés comme moins importants, et pourtant c’est le même
Dieu qui parle par leur bouche. Ils annoncent les malheurs aux nations. Du‐
rant les trois siècles qui s’écoulent depuis le schisme des dix tribus jusqu’au
retour de captivité (800-500 av. J.-C.), les prophéties des hommes de Dieu
retentissent dans toute la Judée. On les voit tour à tour apparaître dans les
cours, sur les places publiques, dans les assemblées du peuple… Ils rap‐
portent fréquemment la parole des grands prophètes – Isaïe, Jérémie, Ézé‐
chiel et Daniel –, celle des livres de la Bible qui leur sont consacrés. Amos,
« porteur de fardeau », le plus ancien des petits prophètes, vit au VIIIe siècle
avant J.-C. Il dénonce les excès des plus riches et annonce la fin d’Israël.
Osée, dont le nom signifie « salut, délivrance », combat ceux qui ont décou‐
vert les divinités païennes tels Baal ou Astarté. Il chante l’amour divin vers
– 700. Joël, dont le nom veut dire « l’Éternel est Dieu », prophétise vers –
800. Il annonce une armée de sauterelles. Nahum, ou « Consolation », dé‐
crit la destruction de Ninive. Sophonie, « l’Éternel a protégé », blâme l’en‐
semble des dirigeants et leur enjoint d’éviter l’anéantissement de Jérusalem.
Michée, « Qui est comme Dieu », paysan venu de la région située à l’ouest
d’Hébron, annonce la ruine de Jérusalem et la destruction du Temple. Ha‐
bacuc, « Amour », prophétisait une prochaine invasion des Chaldéens. Il
fait aussi des reproches et adresse des plaintes à Dieu au sujet de la corrup‐
tion du peuple. Abdias, dont le nom signifie « serviteur de l’Éternel », est
l’auteur du livre le plus court de la Bible. Il est probable qu’il prophétisa
peu de temps après la destruction de Jérusalem. Aggée, « en fête », le fait à
son tour mais à Jérusalem vers – 530. Il encouragea les juifs à rebâtir le
Temple. Zacharie, « l’Éternel se souvient », est l’auteur du Livre de Zacha‐
rie classé parmi les Nebhî’îm dans la tradition israélite. Rédacteur d’un des
livres de la Bible hébraïque qui contient la déclaration de Dieu, adressée à
Israël, il dénonce notamment les négligences apportées au culte de Dieu.
Jonas, ou « Colombe », est le personnage principal du livre du même nom.
Il est célèbre pour son séjour dans le ventre d’une baleine. Il prédit la des‐
truction de Ninive, mais Dieu change d’avis.
Notes
1. Claire Lalouette, L’Empire des Ramsès, Paris, Flammarion, 1999, p. 276.
2. La Bible de Jérusalem, Paris, Éditions du Cerf, 1997, p. 79.
3. Ibid., p. 95.
CHAPITRE VIII
◆ Libération, réincarnation
La libération, qui constitue pour les hindous le but essentiel de la vie et
plus généralement celui de toute évolution, est donc consécutive à l’émer‐
gence hors de cette ronde des morts et des naissances : c’est le nirvāṇa. La
différence fondamentale entre nos conceptions chrétiennes et celles des hin‐
dous est que, lorsque nous pensons à l’immortalité, nous la vivons comme
une victoire sur la mort. Pour les hindous, la mort n’est pas autre chose que
le terme obligé de toute vie qui débute par une naissance. Ce qui naît est
donc condamné à mourir. L’âme peut, dans certaines circonstances, fabri‐
quer d’autres corps humains et en utiliser pour se débarrasser de son karma.
C’est tout du moins ce qu’enseignent les textes les plus classiques. De la
même façon, l’âme peut habiter des vies animales et même redescendre
dans le règne végétal, devenir brin d’herbe, liane, ronce. C’est pour cette
raison que tuer un animal, pour un hindou, est un crime. Les dieux eux-
mêmes n’ont pas dédaigné se réincarner dans un animal : Vishnou en pois‐
son, en sanglier ; Yama en chien ; Indra en porc… L’âme peut tout aussi
bien réintégrer des corps divins.
Toutes nos activités peuvent se diviser en trois catégories : créa‐
tion/conservation/destruction, à chacune d’elles correspond un dieu :
Brahmā/Vishnou/Shiva.
Ces termes de création, conservation et destruction n’ont pas ici leur sens
courant. Il serait plus exact de dire : « venu à la conscience de la multiplici‐
té et destruction de cet état par retour à la conscience de la non-dualité ».
Ainsi, Brahmā doit être vu comme le dieu qui plonge l’homme dans les
dualités, Shiva celui qui peut nous arracher à cette conception des dualités,
et Vishnou celui qui nous protège et nous guide.
DIEUX ET DÉESSES, HÉROS ET MANTRA
◆ Agni, dieu du feu dans l’hindouisme, est celui qui chauffe, qui éclaire,
qui purifie. Les Indiens védiques en font un dieu à part entière. Mythologi‐
quement, il est l’intermédiaire entre les dieux et les hommes.
◆ Shiva, le destructeur et le générateur, est sans doute l’un des dieux les
plus anciens de l’Inde. Il est le dieu de toutes les manifestations vitales. En
lui se résument toutes les forces tumultueuses qui animent le monde. Sa
forme épouvantable est vénérée du nord au sud de l’Inde. Shiva est aussi le
maître des yogis lorsqu’on le tient pour le grand ascète. Son épouse, que
l’on nomme du terme général de Devī, « la Déesse », a une personnalité
tout aussi complexe que la sienne. Elle est adorée sous un grand nombre
d’aspects divers et de noms. Elle peut être aussi Kālī la Noire. La demeure
de Shiva est le mont Kailash, chaîne de montagnes du plateau tibétain. Ses
principaux attributs sont le chignon, siège de son pouvoir d’ascète, le cobra
Kuṇḍalinī, qui représente l’énergie sexuelle, une peau de tigre, manifesta‐
tion de sa puissance sur la nature, le troisième œil fermé, car son regard dé‐
truit, le croissant de lune posé sur ses cheveux. Le Linga, le phallus, symbo‐
lise sa capacité créatrice. Sa monture est le taureau Nandī. Les différents as‐
pects de Shiva traduisent la variété des légendes :
Dans les textes les plus anciens, c’est le Rigveda qui fournit les premiers
hymnes cosmogoniques. Le démiurge y prend la forme d’un élément ou
d’un principe, Agni (le feu), Savitar (le soleil), Tapas (l’ardeur créatrice), ou
Varuna (le dieu des eaux). Ils sont en concurrence avec un certain nombre
de déesses primordiales, Aditi, « la sans-limite », Vak, « la parole ». C’est
au Xe livre du Rigveda qu’apparaît l’Homme Primordial, dont le corps est le
cosmos même, le Purusha. Dépecé, il joue à la fois le rôle de victime ri‐
tuelle, de sacrificateur, et introduit dans les Veda le thème fondamental du
sacrifice originel, par la suite reproduit par les hommes. Ainsi le démembre‐
ment du Purusha donne naissance aux espèces animales, mais aussi à la li‐
turgie, aux formules mnémotechniques sacrées. Non seulement l’espèce hu‐
maine est elle aussi issue du Purusha, mais elle vient à l’existence répartie
selon le système des castes brahmaniques3.
Chandragupta Ier Maurya (v. 320-v. 300 av. J.-C.) usurpe le trône des
Nanda. Ses victoires sur les satrapes d’Alexandre lui permettent de re‐
prendre les provinces indiennes conquises par les Macédoniens et de réunir
sous son autorité toute l’Inde du Nord. Ashoka (304-232 av. J.-C.), son pe‐
tit-fils, fait tuer dans sa capitale de Pātaliputra ses frères et prend le pouvoir.
La période qui commence est considérée comme un âge d’or de l’histoire
indienne. Lorsqu’Ashoka monte sur le trône, il hérite d’un empire considé‐
rable reliant au nord le Cachemire à l’actuel Karnataka au sud, et le delta du
Gange à l’Afghanistan au nord-ouest. Il contrôle la région de Kaboul et
celle de Kandahar. Il favorise le bouddhisme. Au IIIe concile de Pātalipu‐
tra vers 249 avant J.-C., les theravādin, adeptes du Theravāda (Voie des
Anciens), également nommé bouddhisme Hīnayāna (du petit véhicule),
pensent que chacun peut parvenir à la libération, au Nirvāṇa. Ils fixent leur
foi et en affirment la supériorité sur toutes les autres écoles bouddhiques.
Pendant son règne, Ashoka tolère avec une grande ouverture d’esprit la pra‐
tique des autres religions. À sa mort, l’unité du royaume s’effondre, et ses
fils se partagent ses différentes régions. Les inscriptions laissées par ce roi
sont non seulement les plus anciennes connues en Inde, mais ont en plus ré‐
vélé l’usage de l’écriture brahmi qu’on lit de gauche à droite. Parmi les té‐
moignages artistiques qui ont subsisté jusqu’à nos jours, le Pilier de Sarnath
est particulièrement célèbre. Il est couronné d’un chapiteau, représentant
quatre lions sur une « Roue de la loi », le Dharmacakra, roue de chariot
symbolisant le Dharma, l’enseignement du Bouddha. Les Maurya disparaî‐
tront en 187 au profit de la dynastie Shunga.
◆ Le Mahābhārata
Le Mahābhārata ou « La Grande Guerre des Bhārata » constitue avec ses
dix-neuf livres, ne contenant pas moins de cent vingt mille versets, la plus
vaste œuvre connue de la littérature hindoue. Elle aurait commencé à
prendre forme aux alentours du IVe siècle avant J.-C. pour s’élaborer jus‐
qu’au IVe siècle de notre ère. Compilation de récits oraux à l’origine, cette
œuvre collective est néanmoins traditionnellement attribuée au mythique
sage Vyāsa. Le thème principal de ce qui constitue la plus grande épopée de
la littérature mondiale est l’opposition entre les Pandava et les Kaurava, de
la famille royale des Bhārata, originaire de la vallée de l’Indus. Ces deux
branches familiales s’opposent, et les premiers livres sont consacrés aux
sources du conflit et expliquent comment les cinq Pandava, après la mort de
leur père Pandu, sont élevés avec leurs cousins, les Kaurava, qui, jaloux,
souhaitent se débarrasser d’eux. Consacrée à Vishnou, cette épopée gigan‐
tesque insiste continuellement sur le rôle déterminant du karma, le cycle des
actions, dans notre vie quotidienne. Le metteur en scène Peter Brook (né
en 1925) en fit une adaptation éblouissante au théâtre en 1986, puis une sé‐
rie télévisée et un film en 1989.
◆ Le Rāmāyana
Le Rāmāyana retrace la vie et l’offensive guerrière, la marche, ou ayana,
de Rāma, prince d’Ayodhyā, et de son épouse Sītā, fille du roi Janaka. Ré‐
digée en sanscrit, divisée en sept livres ou sections de longueur inégale mais
d’environ vingt-quatre mille quatrains, soit près de cent mille vers, cette gi‐
gantesque épopée aurait été constituée entre le IVe siècle et le Ve siècle de
notre ère et est attribuée au poète Vālmīki. Plus que toute autre œuvre in‐
dienne, le Rāmāyana a été adapté et commenté dans toutes les langues de
l’Inde. Il est difficile de ne pas rapprocher cette épopée de celle du
Mahābhārata. Le Rāmāyana a une influence considérable sur la littérature
bouddhique et jaïn, et est connu de l’Occident à partir du XIXe siècle,
lorsque l’Asie s’ouvre à l’Europe, notamment par le développement des
études sur l’Inde. Ce poème exalte depuis deux mille ans la mémoire de
Rāma, le guerrier idéal, et de son épouse, Sītā, modèle de fidélité. Le sujet
du Rāmāyana est l’ordre (Dharma) menacé, sa restauration et le salut : le
héros, Rāma, est un roi en lutte pour retrouver sa légitimité. Lui seul est
l’avatar complet de Vishnou, ses trois frères n’étant que des incarnations
partielles de la divinité. La structure du Rāmāyana s’organise autour de
dieux et de héros qui réalisent des exploits et surmontent des épreuves après
avoir contourné maintes difficultés. Les textes précédant ces grandes épo‐
pées forment la Smriti, « mémoire ». Ils appartiennent à la tradition mais
leur autorité est moins puissante que celle des textes révélés, Sruti. Tous ces
textes sont inspirés par les Veda.
Autres textes
◆ Les Lois de Manu sont un manuel de savoir-vivre, une somme de
règles civiles et religieuses à l’usage des brahmanes et du roi. Leur compila‐
tion s’effectue entre – 200 et 200 de notre ère environ.
◆ Le Kāma Sūtra est un traité d’éthique sexuelle qui a sans doute été ré‐
digé entre le IVe et le VIIe siècle. Le brahmane Vātsyāyana serait l’auteur de
ce guide de l’amour. Il a composé son ouvrage selon les règles tradition‐
nelles en collationnant des textes d’auteurs vivant mille ou deux mille ans
plus tôt. Ces derniers s’adressent aux trois castes supérieures, traitent de
l’homme social, conduisent à n’entretenir aucune illusion sur la nature hu‐
maine.
◆ Les Purāṇa, « Textes des Temps Anciens », sont des œuvres compo‐
sites où l’on trouve à la fois des récits mythologiques, des généalogies
royales, des récits pseudohistoriques comme la biographie de Krishna. Leur
composition s’étale du IVe au XIe siècle, ils sont destinés à tout le monde,
même à ceux qui n’avaient pas accès aux Veda. Utilisé seul, le terme de
Purāṇa désigne les premiers des Purāṇa qui en comprennent dix-huit ma‐
jeurs et dix-huit inférieurs. Le plus populaire des Purāṇa est l’Histoire poé‐
tique de Krishna (Bhāgavata Purāṇa), dédié à Krishna.
◆ Les darshanas
Le fait majeur reste la cristallisation, aux alentours de l’ère chrétienne,
entre 200 et 400 environ, de six points de vue dominants, ou darshanas, qui
deviendront les six écoles classiques de la philosophie brahmanique. Le
texte initial se présente comme un recueil d’une dizaine, voire d’une cen‐
taine de strophes ou d’aphorismes (sutras), dont l’extrême concision de‐
mande souvent un développement pour les rendre intelligibles. La tradition
reconnaît six darshanas, six écoles de pensée, étudiées dans les écoles brah‐
maniques. Si les Veda représentent la vérité fondamentale, les quatre princi‐
paux darshanas s’imposent comme les différents points de vue selon les‐
quels un hindou orthodoxe peut rassembler les croyances traditionnelles.
Ces six grands systèmes sont groupés par couples : le Vaisheshika et le
Nyāya, le Sāṃkhya et le Yoga, le Mīmāṃsā et le Vedānta.
Le Yoga
Le Yoga : le mot est utilisé à partir des Upanishads mais il faut attendre longtemps
avant qu’un système et une doctrine soient clairement définis. Les Yoga-Sūtra, compi‐
lés par Patañjali (IVe siècle environ), présentent, sous ce mot (qui signifie « atteler »,
« joug »), des pratiques proposant de détacher l’âme de sa condition charnelle.
Comme le Sāṃkhya, le yoga repose sur une conception dualiste, la prakṛiti, nature pri‐
mordiale, et le purusha, esprit universel. Sa finalité est de libérer l’âme, en la délivrant
de ses liens avec la nature. L’ascèse du yoga comprend huit étages, « les huit
membres du yoga ». Lorsque le corps est éveillé par la Kuṇḍalinī, celle-ci, guidée par
la pensée lors des exercices de méditation, va de chakra en chakra, centres d’énergie
du corps humain, jusqu’au sommet du corps subtil où elle s’unit à l’âme. On nomme
Kuṇḍalinī le serpent qui, dans l’anatomie mystique enseignée par les Tantras, repré‐
sente l’énergie vitale de l’individu. Mircea Eliade a bien montré dans le Haṭha-yoga
tantrique les convergences avec l’alchimie dont la finalité pour les deux est de purifier
les substances impures par un processus de transmutation. En 1932, Carl Gustav
Jung (1875-1961), au club psychologique de Zurich, introduit la notion de Kuṇḍalinī,
alors que le yoga est encore inconnu en Occident. Il existe plusieurs voies du yoga :
Jñana-yoga, yoga de la connaissance absolue, Bhakti-yoga, yoga de la dévotion, Kar‐
ma-yoga, yoga de l’action, Haṭha-yoga, yoga de la force, Rāja-yoga, yoga royal ou
yoga de Patañjali, Mantra-yoga, yoga des formules.
Le svastika
Que signifie le svastika, la croix gammée, pour un jaïn ? Le svastika est l’emblème de
la roue cosmique montrant l’évolution perpétuelle autour du centre immobile. L’étymo‐
logie du terme vient du sanscrit su, « bien », et asti, « il est », signifiant « qui conduit
au bien-être ». La croix est faite de bras égaux s’infléchissant selon un angle droit tour‐
né dans le même sens et dans celui des aiguilles d’une montre. Utilisés aussi fréquem‐
ment dans l’hindouisme et le bouddhisme, que dans le jaïnisme, les quatre bras sym‐
bolisent les quatre états d’existence dans lesquels la réincarnation est possible, le
monde divin en haut, le monde infernal en bas, le monde humain à gauche, le monde
animal à droite. Le cercle formé par les bras de la croix gammée représente la fatalité
du karma. Pourquoi lui a-t-on donné le nom de croix gammée ? Tout simplement parce
que chacun de ses bras montre une certaine ressemblance avec la lettre grecque
gamma. Dans plusieurs pays, elle est aussi représentée, avec une symbolique proche,
dans des cadres aussi différents qu’en Mésopotamie, en Amérique du Sud, ou en
Amérique centrale chez les Mayas. Ce symbole est perverti quand il devient, en 1920,
celui du NSDAP, le parti nazi, qui en inverse le sens de rotation.
Pour les Indiens, toute connaissance est scientifique, quel qu’en soit le
domaine (médecine, psychologie, grammaire ou philosophie). Chaque école
de pensée a sa théorie sur la connaissance. Certaines disciplines comme la
physique ne sont abordées que sous une forme spéculative. L’apport de
l’Inde concerne trois domaines : sciences médicales, astronomie, mathéma‐
tiques. Le premier zéro attesté figure dans un traité de cosmologie, le Loka‐
vibhāga, qui daterait de 458. Son adoption s’est faite lentement mais, dès le
VIe siècle, il est d’usage courant : il avait rendu les colonnes de l’abaque in‐
utiles et la première numérotation de position était née. Dans ce traité de
cosmologie, pour la première fois, le mot śūnya est employé, transcrit par
« vide », terme qui y représente le zéro. L’introduction du système d’écri‐
ture (brahmi) a été un outil fondamental dans la suite du développement des
sciences en Inde. C’est donc entre le IIe et le IVe siècle que l’introduction des
opérations mathématiques est apparue (racines carrées, algèbre, le zéro),
grâce au manuscrit Bakhshali. Lors de la période suivante, les auteurs de
traités mathématiques sont Āryabhaṭṭa, Varāhamihira, Bhāsvkara,
Brahmagupta. Vers le Ve siècle, ces ouvrages sont inclus dans les traités
d’astronomie. Varāhamihira écrit, au VIe siècle, Les Cinq Canons astrono‐
miques (Panca siddhantika), qui contient un résumé de la trigonométrie
hindoue. Le traité d’astronomie Bṛhatsaṃhitā (La Grande Compilation, Ve-
VIe s.) comporte une description des éclipses. Brahmagupta est l’un des
plus célèbres astronomes mathématiciens. Son œuvre, la Doctrine correcte‐
ment établie de Brahma (Brāhmasphuṭasiddhānta), datée de 628, contient
deux chapitres de mathématiques dans lesquels, pour la première fois, sont
énoncées des règles de calcul avec le zéro. Les dix siècles qui s’écoulent
entre 500 avant J.-C. et 500 apr. J.-C. sont les plus fastes pour la pensée in‐
dienne. Jusqu’aux Xe et XIIe siècles, ces traités sont périodiquement com‐
mentés et expliqués pour les remettre au goût du jour.
Les Zhou, ou Tcheou, au cours du XIe siècle avant J.-C., arrachent le pou‐
voir aux Chang au terme d’une guerre civile. Leur char et leur infanterie
triomphent dans la bataille de Mou-ye. Cette troisième dynastie fondée par
Wen (Wu Wang) est l’une des plus longues de l’histoire chinoise, puis‐
qu’elle commence au XIIe siècle avant notre ère, à l’âge du bronze, et
s’achève en 221 avant J.-C., supplantée par la dynastie Qin. En fonction de
la capitale choisie, on distingue deux époques des Zhou : les Zhou occiden‐
taux à Hao (v. 1030-771 av. J.-C.) et les Zhou orientaux, à Luoyang (771-
221 av. J.-C.). Ils apportent la conception théocratique de la monarchie chi‐
noise et l’organisation bureaucratique, le roi (Fils du Ciel) est l’intermé‐
diaire entre hommes et dieux. Les derniers monarques Zhou ont une autori‐
té toute nominale. La Chine est divisée entre princes rivaux, c’est la période
dite des « Printemps et des Automnes », du nom de la Chronique des Prin‐
temps et des Automnes, tenue dans le fief des Lu entre 722 et 481 avant J.-
C. Sept États puissants apparaissent, le Jin dans le Shanxi actuel, le Qin au
Nord-Ouest, le Tchao, Han et Wei sur les provinces actuelles du Shanxi,
Yan dans la région de Pékin, Qi et Lu au Shandong, Chu au Hubei, Wu vers
l’embouchure du Yang-Tsé. L’usage du fer modifie les conflits. Dès la fin
du VIIIe siècle avant J.-C., les petites cités perdent leur autonomie, jusqu’à
leur disparition. Le VIe siècle se caractérise par la création d’un grand
nombre d’institutions, comme les impôts en grain remplaçant les anciennes
corvées. Les règles coutumières disparaissent, remplacées par un droit court
et public, extension des circonscriptions administratives d’origine militaire.
◆ Le légisme (la loi, rien que la loi) : courant de pensée fondé par un
groupe de légistes, vivant au IVe siècle avant J.-C. Il s’agit d’accepter
l’homme et le monde tels qu’ils sont, et de se conduire en fonction de trois
idées fondamentales : la loi, la position de force, le contrôle social.
◆ Le Shu Jing (ou Chou King), Livre des actes, date du VIIIe siècle
avant J.-C. Il comprend des textes de différents auteurs sur l’histoire la plus
ancienne de la Chine. De la même époque date le Shi Jing (ou Che King),
Livre des odes, la plus vieille collection de poésie lyrique chinoise, dont les
auteurs nous sont inconnus. Il s’agit plus exactement de trois cent six poé‐
sies choisies par Confucius à partir d’un fonds initial de trois mille pièces
environ. Ce recueil comprend aussi bien des chansons populaires d’amour,
de travail, que des chants pour les festivités et les hymnes religieux.
La littérature taoïste
Le taoïsme a sans doute donné à la Chine ses plus belles œuvres litté‐
raires. Le Tao-tö-king est attribué à Laozi (Lao Tseu) qui ne l’a sans doute
pas écrit. Le livre est composé de cinq mille caractères et de quatre-vingt-un
chapitres. La philologie laisse supposer que le texte a été rédigé au début du
IIIe siècle avant J.-C. Le tao, « la voie », constitue le principe essentiel du
cosmos. Sans forme, sans nom, il peut constamment se modifier. La philo‐
sophie traditionnelle chinoise fait remonter le taoïsme à une date plus an‐
cienne que cet ouvrage, en s’appuyant sur le Yi-king. L’autre grand texte du
taoïsme, le Zhuangzi écrit, vers le IVe siècle avant J.-C., relate tout ce que
doit être la vie de l’adepte et ses pratiques rituelles. La voie y est conçue
comme un principe d’explication rationnelle. Le corps humain est envisagé
comme la représentation de l’univers.
Les Han illustrent un âge d’or de l’histoire chinoise. La dynastie est fon‐
dée par Liu Bang, un paysan révolté contre les Qin, devenu empereur sous
le nom dynastique de Gaozu (202-195 av. J.-C.). La dynastie des Han se
scinde en deux branches, les Han occidentaux ou Han antérieurs (206
av. J.-C.-9 apr. J.-C.) et les Han orientaux ou Han postérieurs (25-220).
C’est au début du règne des Han occidentaux que le bouddhisme est intro‐
duit en Chine, même si l’adoption du confucianisme comme idéologie
d’État donne au pays sa cohésion. L’empereur Wudi (156-87 av. J.-C.) crée
un corps de fonctionnaires d’État dévoués et efficaces, recrutés par un sys‐
tème d’examens impériaux, et qui porte obligatoirement sur au moins l’un
des classiques de Confucius. Sseu-ma Ts’ien (v. 135-v. 93 av. J.-C.) est
alors le fondateur de l’histoire chinoise, au-delà des traditionnelles annales.
Il est surtout connu pour les Shiji, ou Mémoires historiques dans lesquels il
donne une biographie de Laozi. Considéré comme l’Hérodote chinois, il
appuie ses écrits sur des enquêtes, des voyages. La dynastie des Han occi‐
dentaux s’achève par une succession d’empereurs enfants, morts en bas
âge, et les intrigues d’une impératrice. Wang Mang (8-23) fonde la dynas‐
tie Xin, du « renouveau », dont il est l’unique empereur. Son règne est mar‐
qué par des réformes radicales : réforme agraire afin de distribuer les terres
aux paysans payant l’impôt, prix et production des biens contrôlés par
l’État, contrôle de ce dernier par les fonctionnaires confucéens. Han Guang
Wudi (25-57) devient le premier empereur des Han orientaux et transfère la
capitale à Luoyang. Après lui, les empereurs sont incapables de réformer
une fiscalité pesant en totalité sur les paysans libres, alors que les dépenses
militaires croissent, que les fonctionnaires recrutés le sont plus par népo‐
tisme qu’en raison de leur succès réel aux concours. De 185 à 205, la ré‐
volte des Turbans Jaunes affaiblit la dynastie, livrée au bon vouloir des gé‐
néraux qui la défendent encore. Les principautés périphériques recouvrent
leur indépendance. L’époque suivante, connue sous le nom des Trois
Royaumes (220-265), marque la désunion de la Chine, les royaumes de
Shu au Sud-Ouest, de Wei au Nord, et de Wu au Sud-Est s’opposent, tentent
de recréer l’unité impériale à leur profit exclusif. Sima Yan (265-290) du
royaume Wei fonde la dynastie Jin (265-420) qui met fin aux Trois
Royaumes en prenant le royaume de Shu en 265, celui de Wu en 280.
3. Le Japon
Un mythe fondateur
C’est vers le VIIe siècle avant J.-C. que le mythe fondateur situe le règne de l’empereur
mythique Jimmu Tenno, descendant direct de la déesse shintō Amaterasu. Le Kojiki,
récits des faits anciens, évoque les origines du Japon selon les récits du conteur Hiye‐
da no Are sur l’ordre de l’impératrice Gemmei. Considéré comme le plus ancien recueil
écrit en japonais, il relate la création du monde et décrit les principales divinités. Si l’on
suit la chronologie du Nihonshoki, Chroniques du Japon, ouvrage achevé en 720,
l’avènement de Jimmu Tenno aurait eu lieu en 660 avant notre ère. Le but essentiel
du Kojiki est l’affirmation de la légitimité de droit divin des dynasties du Yamato, une
présentation en filiation directe avec les dieux. Selon une autre légende, les envahis‐
seurs venus pour conquérir le Japon à cette époque auraient trouvé sur l’île un peuple
qui savait fort bien se battre et auquel ils se seraient soumis. Le Tenno, l’« empereur
céleste », a incarné pendant des siècles une force spirituelle. Gouverner devenait un
acte éminemment religieux, d’où le titre d’Aki-Tsu-Mi-Kami, « Auguste divinité sous
forme humaine », ou celui de Mikado, « Auguste porte ».
◆ L’architecture du Yamato
C’est le début d’une brillante période. Le prince Shotoku (574-622), vé‐
ritable fondateur du bouddhisme nippon, fait édifier quarante-huit monu‐
ments bouddhiques dont le temple de Shitennō-ji, à Ōsaka, accorde sa pro‐
tection au Hōryū-ji, Temple de la loi florissante, à Ikaruga. Ce dernier ren‐
ferme la statue du Bouddha Śakyamuni, celle de la Triade de Shaka, Boud‐
dha et deux serviteurs, et d’autres objets de grande valeur. Le Kondo, ou
« salle d’or » du Hōryū-ji, est une structure à deux étages construite selon
l’ordonnancement des temples chinois. À la fin du VIIe siècle, les ambas‐
sades revenant de Chine, accompagnées de moines et d’étudiants, intro‐
duisent au Japon l’art des Tang.
Notes
1. Il existe deux versions du Yajurveda : le Yajurveda blanc qui contient seulement des formules, et
le Yajurveda noir où les formules sont accompagnées d’un commentaire traditionnel qui en explique
le sens mystique.
2. Elle symbolise les états de conscience : éveil, rêve, sommeil et la conscience suprême.
3. À ce sujet, voir Florence Braunstein, Histoire de civilisations, Paris, Ellipses, 1998, p. 88.
4. Pierre Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ?, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1995,
p. 151-152.
CHAPITRE IX
Cette culture s’étend, surtout à partir du IXe siècle avant J.-C., sur la ma‐
jeure partie de la côte péruvienne, des vallées du Lambayeque, au Nord, à
celle de Chilca, au Sud, mettant en scène le culte du félin et son style si re‐
connaissable. Elle a fourni aussi quelques-uns des plus beaux objets d’or du
Pérou, à Chongoyape, dans la vallée du Lambayeque. Les tombes ont livré
couronnes, masques, colliers, ornements de nez. Lorsqu’elle disparaît vers
le IIIe siècle, les régions développent leurs caractéristiques locales, oubliant
définitivement le culte du félin. Depuis 1995, de nouvelles fouilles y sont
faites. Le site fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco. La zone ar‐
chéologique de Chavín est formée par un ensemble de bâtiments, terrasses,
plates-formes, places, tunnels dont les premiers travaux remonteraient aux
alentours de – 1200 et l’achèvement vers – 400. Mais le site est avant tout
un centre cérémoniel, bien que, selon certains archéologues, il devait exister
un centre important d’habitations à 1 km au nord des temples. Le complexe
architectural est constitué de grandes pyramides tronquées parmi lesquelles
celle connue sous le nom de El Castillo, le plus imposant édifice, structure
pyramidale rectiligne composée de trois plates-formes superposées. La Stèle
Raimondi fait encore partie de ces pièces lithiques en place qui ont échappé
au vandalisme et aux dévastations dues aux glissements de terrain. Elle re‐
présente une divinité, figure aussi appelée « dieu aux bâtons », car, dans
chaque main, elle tient un bâton. L’art de Chavín s’exprime surtout dans la
sculpture et la céramique à travers un réseau de courbes enchevêtrées, de
volutes serpentiformes qui combinent croix et griffes de félin à des traits
humains. C’est le cas du monolithe El Lanzon, bas-relief haut de 4,50 m,
qui représente un personnage debout, seule sculpture trouvée dans les gale‐
ries intérieures du plus ancien temple. Il porte des ornements d’oreilles, élé‐
ments réservés aux élites dans les cultures de l’Ancien Pérou.
4. La culture Vicús
Notes
1. Les Olmèques ont été rattachés par certains à la famille linguistique maya, mixe-zoque, pour
d’autres, ou à un ensemble multiethnique.
2. Le site occupe 500 ha, dix têtes colossales et plusieurs trônes formaient des alignements rituels.
On trouve une résidence royale, ainsi qu’un système de canaux souterrains.
3. Située dans le sud de Mexico, c’est la première cité à s’installer sur les rives du lac Texcoco,
pendant le Ier millénaire avant J.-C. Elle constitue la plus importante ville de la vallée de Mexico.
CHAPITRE X
Kouch est l’un des noms que les Égyptiens donnèrent à la Moyenne et à
la Haute-Égypte. Ce toponyme n’apparaît qu’à la XIIe dynastie sous le
règne de Sésostris Ier (vers 1962 av. J.-C.). Son territoire, dont l’extension
varie selon l’histoire, se trouve en amont de la deuxième cataracte du Nil.
Ce royaume, de ses débuts au IIIe millénaire avant J.-C. jusqu’aux
conquêtes chrétiennes du IVe siècle apr. J.-C., demeure une culture indépen‐
dante, une originale synthèse culturelle mélangée à ses différents voisins.
C’est aux alentours de 900 avant notre ère, au nord de l’actuel Soudan, que
des dynastes locaux profitent de l’affaiblissement de l’Égypte pour s’éman‐
ciper. Il faut toutefois attendre 730 avant J.-C. pour que l’un d’entre eux,
Piankhy (747-716 av. J.-C.), établisse son autorité non seulement sur la
Haute-Nubie, mais réalise aussi des incursions jusque dans le delta, réuni‐
fiant à de trop brefs moments l’Égypte au profit du royaume de Kouch. Ses
successeurs constituent la XXVe dynastie, dite « éthiopienne », avec les
souverains kouchites : Chabaka (713-698 av. J.-C.), Chabataka (698-690
av. J.-C.) et Taharqa (690-664 av. J.-C.). Ils reprennent à leur compte la
grandeur de l’Égypte des XVIIIe et XIXe dynasties, multiplient les monu‐
ments, jusqu’au moment où, en – 664, chassés par les armées assyriennes,
les Kouchites quittent Thèbes pour se replier en Haute-Nubie. Leur capitale
y est Napata, au pied du Gebel Barkal, mais, en – 591, attaqués par les
Égyptiens, ils se réfugient à Méroé, dans les steppes du Butana, sur la rive
droite du Nil. Méroé devient la capitale du royaume kouchite jusqu’à sa dis‐
parition, au début du IVe siècle de notre ère, sous les assauts des Nouba de
Kau, semble-t-il.
L’ARCHITECTURE KOUCHITE
LA RELIGION MÉROÏTIQUE
L’ÉCRITURE MÉROÏTIQUE
Elle se présente sous deux aspects : une écriture monumentale, emprun‐
tée au répertoire des hiéroglyphes égyptiens, et une cursive. Il y a une totale
correspondance entre les deux, en ce sens qu’à chacun des vingt-trois signes
monumentaux correspond un signe cursif et un seul. Les caractères cursifs
dérivent du démotique, l’écriture stylisée de l’Égypte tardive. Dans la plu‐
part des cas la forme a été conservée fidèlement et la valeur phonétique du
signe méroïtique est souvent identique à celle du signe égyptien, ou très
voisine. Alors que l’écriture égyptienne a recours à des idéogrammes et à
des signes, représentant chacun soit une consonne simple, soit un groupe de
consonnes, l’écriture méroïtique n’emploie que des caractères notant une
seule lettre, consonne ou voyelle. C’est en 1826 que le Français Frédéric
Cailliaud (1787-1869) publie les premières copies de texte méroïtique et,
en 1911, que l’égyptologue anglais Francis Llewellyn Griffith (1862-
1934) réussit à déchiffrer les signes des deux alphabets. Les hiéroglyphes
sont réservés aux textes religieux, alors que les caractères cursifs ont un em‐
ploi plus large, du profane jusqu’au secret.
◆ La littérature axoumite
La littérature du royaume d’Axoum est liée à la langue savante, le guèze.
Langue du royaume, le guèze s’impose entre le IIIe et le Xe siècle de notre
ère. À partir de cette date, il est victime du déclin d’Axoum, et cesse d’être
une langue couramment parlée, pour n’être plus employé que par les élites
intellectuelles. Il survit ainsi jusqu’au cours du XIXe siècle. De nos jours, le
guèze n’est plus guère employé que dans la liturgie de l’Église copte
d’Éthiopie. Les premiers écrits en langue guèze datent du IVe siècle, et sont
nés d’un souci royal de laisser une trace à la prospérité, par la rédaction
d’Annales du règne d’Ezana. Le reste de la littérature axoumite est directe‐
ment inspiré par des textes grecs, traduits en guèze. Il s’agit principalement
d’ouvrages et traités religieux, tel le Cyrille ou Qerillos, dans lequel les
Pères de l’Église évoquent les problèmes liés à la nature du Christ. La litté‐
rature axoumite relate une dernière fois la mise à sac du royaume par une
reine païenne, avant de céder la place aux Livres des miracles et Chants
royaux, ces derniers en langue amharique, langue officielle de l’Empire
éthiopien.
La Grèce antique
Quel est l’héritage qu’ont pu transmettre la Crète, les Cyclades aux po‐
leis, les cités grecques ? La cité-État fonctionne grâce à l’existence de fonc‐
tionnaires dès le Minoen ancien puis au Mycénien. Le commerce se forme à
partir de l’activité des navigateurs cycladiques, à laquelle s’ajoutent les ex‐
périences phéniciennes et chypriotes. Référence pour les classes domi‐
nantes, mis en scène dans l’épos, le discours épique, le prince guerrier my‐
cénien, présenté comme un héros dans le Pélopéion, monument à la gloire
de Pélops, ancêtre des Atrides à Mycènes, subsiste jusqu’à la fin des tyran‐
nies. Dans le domaine de l’art, les multiples céramiques donnent naissance
à celles qui ont su magnifier l’art athénien. Quant aux écritures du monde
préhomérique, elles sont ignorées par l’archéologie et l’historiographie du
XIXe siècle. Il faut l’acharnement du savant anglais Arthur Evans (1851-
1941) pour fournir les preuves de l’existence de plusieurs écritures « pré‐
phéniciennes », avant de distinguer finalement trois systèmes graphiques :
l’écriture hiéroglyphique, appelée ainsi pour sa pictographie, le linéaire A,
puis le linéaire B, postérieur. Les premiers documents en linéaire A, admi‐
nistratifs, sont consignés uniquement pendant le Minoen moyen (1800-1700
av. J.-C.), pour ensuite se généraliser à toute la Grèce et aux îles de la mer
Égée. Le linéaire B est représenté surtout dans les riches archives de Cnos‐
sos, Pylos, Tirynthe, Mycènes et disparaît vers 1200 avant J.-C., lors de la
chute des citadelles helladiques, à l’exception de Chypre où le lien avec le
centre du pouvoir était moins fort. L’héritage de l’écriture mycénienne, sa
continuité dans le monde grec sont inexistants. De ce point de vue, il y a
une rupture entre les deux civilisations. Le nouveau système, issu du sys‐
tème phénicien, ne doit rien aux syllabaires égéens.
aire de 30 000 m2. L’épaisseur moyenne des murs est de 5 à 6 m et leur hauteur de
8 m. À cette époque, la Grèce forme une féodalité morcelée en quantité de petites
principautés, le Péloponnèse étant le cœur du royaume. Le grec est la langue de l’ad‐
ministration ainsi que l’attestent les nombreuses tablettes en linéaire B qui laissent
supposer un système de comptabilité et d’archivage à l’image des grandes cités méso‐
potamiennes. Vers le XIIe siècle avant J.-C., la dernière phase de la civilisation est ca‐
ractérisée par l’affirmation d’un nouvel ordre. Les citadelles de Mycènes et de Tirynthe
sont détruites, le palais de Pylos est incendié, peut-être par les Peuples de la mer. Au‐
jourd’hui, la rupture paraît beaucoup plus progressive même si l’hypothèse d’une
grande invasion dorienne fait encore débat.
L’année 776 avant J.-C. marque la date des premiers Jeux olympiques
grecs, concours sportif pentétérique (qui a lieu tous les quatre ans) à Olym‐
pie. L’invention de ces jeux est attribuée à plusieurs personnages, dont Hé‐
raclès et Pélops, un Phrygien dont les descendants dominent le Mycènes des
Achéens. Donnés en l’honneur de Zeus Olympien, ils vont perdurer pendant
presque mille ans, jusqu’en 393 apr. J.-C., lorsque l’édit de Théodose or‐
donne l’abandon des lieux de culte païens. La récompense des vainqueurs
consiste en la remise d’une seule branche d’olivier. Leur nom figurera sur la
liste officielle, leur statue sera érigée dans le bois sacré d’Olympie. Cette
liste des vainqueurs fournit des indications précieuses pour la date exacte
d’un événement. Une fois chez lui, le vainqueur est libre de tout impôt.
Seuls y sont admis les Grecs libres et de bon renom. Ils nous sont connus
par la Description de la Grèce de Pausanias (115-180), les peintures sur
vases et le site archéologique d’Olympie.
En 500 avant J.-C., l’Ionie, actuelle région autour d’Izmir, et ses riches
cités grecques (Milet, Éphèse) se révoltent contre la domination perse. En
dépit de l’aide athénienne, la bataille de Ladé (494 av. J.-C.) est perdue.
Quatre ans plus tard, une invasion perse est arrêtée à Marathon en 490 avant
J.-C. par les Athéniens et les Platéens, habitants de la Grèce centrale. En
480 avant J.-C. une seconde tentative échoue devant le sacrifice des Spar‐
tiates de Léonidas à la bataille des Thermopyles et la défaite navale de Sala‐
mine2. La découverte des mines d’argent du Laurion permet à Athènes
d’exercer une emprise économique sur le monde grec. Vers 470 avant J.-C.
Athènes ouvre l’ère de son empire en prenant le contrôle de la Ligue de Dé‐
los. Il s’agit à l’origine d’une alliance militaire de circonstance destinée à
conjurer le péril perse. Athènes profite de l’argent du Laurion et de sa puis‐
sance navale, ou thalassocratie, pour s’imposer aux autres cités qui de‐
viennent ses vassales. Délos devient le siège de la confédération et abrite
son trésor, jusqu’à son transfert à Athènes en 454 avant J.-C. Périclès
(v. 495-429 av. J.-C.), un petit-neveu de Clisthène, est choisi pour gouver‐
ner Athènes. Il le fait avec un éclat tel que la période de son action est
connue sous le nom de « siècle de Périclès ». Désireux d’établir l’Empire
athénien sur des bases démocratiques, il institue une indemnité, le misthos,
pour les citoyens pauvres susceptibles d’exercer une magistrature. En 458
avant J.-C., il fait construire les Longs Murs entre Athènes, Le Pirée et Pha‐
lère. Il fortifie ses ports, afin de protéger ce territoire en cas de guerre, de
plus en plus probable, avec Sparte. Les mines du Laurion, le trésor de Délos
qui se fond avec les caisses athéniennes, permettent l’édification du Parthé‐
non. Après 450 avant J.-C. et la victoire de Salamine de Chypre, les Grecs
et les Perses cessent de s’affronter, chacun se concentrant sur son propre
territoire. De ce fait, la Ligue de Délos est devenue sans objet, mais
Athènes la maintient de force. Elle évolue alors en confédération athé‐
nienne, les contributions deviennent des tributs dus à Athènes, les confédé‐
rés des sujets athéniens. L’expansion d’Athènes inquiète Sparte, qui mobi‐
lise ses alliés de la Ligue du Péloponnèse. La guerre dite du Péloponnèse
éclate et dure de 431 à 404 avant J.-C. Elle entraîne la défaite et l’abaisse‐
ment d’Athènes. L’effondrement d’Athènes semble devoir octroyer à Sparte
la première place en Grèce. Mais ni l’Empire spartiate, ni un retour du pou‐
voir athénien ne sauront perdurer. Thèbes, à son tour, exerce son hégémonie
sur les autres cités. Chacune de ces courtes dominations les épuise dans une
lutte fratricide permanente. Alors qu’elles n’ont pas clairement perçu le dé‐
clin irrémédiable dont elles sont elles-mêmes la cause, les principales cités
grecques laissent croître la puissance nationale des rois de Macédoine, qui
vont mettre fin à leurs querelles en les soumettant toutes.
La période hellénistique est celle que les historiens situent depuis la mort
d’Alexandre le Grand en 323 avant J.-C. jusqu’à Actium en 31 avant J.-C.
Le siège principal des lettres et des sciences est Alexandrie en Égypte. Les
traits caractéristiques de cette période sont l’érudition, l’art critique et
l’étude des sciences, l’adoption d’une langue commune qui survit jusqu’à la
fin de l’époque byzantine, la koiné.
La vie politique dans cette fin du VIe siècle avant J.-C. est caractérisée par
la mise en place par Clisthène d’une réforme en enlevant au genos, familles
ayant un ancêtre commun, les grandes familles et les grands propriétaires,
toute leur importance politique. À en croire Hérodote, il serait le fondateur
du système démocratique, bien que le terme de « demokratia » ne soit pas
employé dans ce cadre. Ce grand réformateur n’est connu que par bien peu
de sources : celles des opposants qui le citent, Hérodote dans l’Enquête et
Aristote qui l’évoque dans sa Constitution d’Athènes. Ce texte, connu à par‐
tir d’un papyrus trouvé en 1879, en Égypte, à Hermopolis, décrit cent cin‐
quante-huit constitutions de cités grecques. La première partie décrit les dif‐
férentes étapes de la démocratie, la seconde détermine le rôle des pouvoirs
législatif et exécutif, classe les citoyens, fixe les droits et devoirs. La garde
de la constitution à Athènes est confiée à des nomothètes, législateurs nom‐
més pour un an. Afin d’assurer le triomphe de la cité sur le genos, la réparti‐
tion tribale de la famille est remplacée par un découpage territorial de l’At‐
tique et d’Athènes. La ville, l’intérieur du pays et la région côtière sont divi‐
sés en une centaine de petites circonscriptions, les dèmes, eux-mêmes divi‐
sés en dix groupes, les trittyes. Le citoyen athénien se définit par le nom du
dème où il réside. La conséquence de cette mesure est de disséminer les
grandes familles puisque leurs membres peuvent appartenir à des dèmes
différents. L’idée d’isonomie3, d’égalité entre les citoyens, est fondamentale
et décisive pour la démocratie. Le Conseil des Quatre-Cents, institué par
Solon, est remplacé par un Conseil des Cinq-Cents, correspondant à cin‐
quante fois dix délégués tribaux. Sous le commandement d’un stratège élu,
les dix tribus fournissent un régiment de fantassins, un régiment de phalan‐
gistes, lanciers en armure, et un escadron de cavalerie. En 493 avant J.-C.,
Thémistocle (525-460 av. J.-C.) est nommé archonte. Dans l’histoire
d’Athènes, il est perçu comme celui qui « amena la cité à se tourner et à
descendre vers la mer » pour reprendre l’expression de Plutarque (Vies pa‐
rallèles, IV)4. Il dote Athènes d’une flotte puissante, de fortification et d’un
port, Le Pirée, qui sera achevé en 479 avant J.-C., devant la menace de
Sparte et de ses alliés. La force de la cité repose sur ses rameurs, les thètes,
citoyens pauvres, et non plus sur ses hoplites, fantassins lourdement armés,
issus de la classe des propriétaires fonciers. La bataille de Salamine est celle
des thètes et Marathon celle des hoplites.
3. L’art grec
L’ARCHITECTURE GRECQUE
Les temples au début du VIIe siècle sont encore bâtis sur le plan d’une
simple cella, pièce sanctuaire abritant la statue du dieu, avec parfois une co‐
lonne axiale. La transition du bois à la pierre dans la construction des
temples se fait peu à peu, même s’il s’agit d’abord des fondations qui sup‐
portent les colonnes. L’emploi des tuiles en argile pour couvrir le toit rend
nécessaire une plus grande solidité dans le soutènement, ce qui aboutit à
remplacer le bois par des colonnes de pierre. Dans les temples les plus an‐
ciens, une rangée de colonnes est indispensable au point de vue architectu‐
ral, dans l’axe longitudinal de la cella. Après le remplacement du bois par la
pierre, les techniques de construction ne changent pas, et les parties du bâti‐
ment, jadis en bois, restent les mêmes. À l’Héraion d’Olympie, toutes les
colonnes ont été remplacées les unes après les autres et Pausanias raconte
qu’il possédait la dernière des quarante colonnes en bois. Du point de vue
décoratif, les métopes, panneaux rectangulaires ornés de reliefs, les plus an‐
ciennes se résument à des plaques d’argile peintes comme celles du temple
d’Apollon à Thermos. Dans le dernier tiers du VIIe siècle avant notre ère, les
ordres ionique et dorique font leur apparition. L’ordre corinthien n’apparaît
qu’à l’époque romaine. La construction la plus représentative, vers 590
avant J.-C., reste le temple d’Artémis à Corfou. Les tyrans embellissent les
villes, Pisistrate et ses fils laissent à Athènes, sur l’Acropole, le vieux
temple d’Athéna, l’Hécatompédon. La riche famille eupatride (noble) des
Alcméonides fait exécuter en marbre et en pierres le temple d’Apollon à
Delphes, s’assurant ainsi la bienveillance de l’oracle. Dans les cités, au –
VIe siècle, il n’existe pas encore d’architecture privée, mais les travaux édi‐
litaires se multiplient : aménagements de ville comme à Syracuse, fontaines
d’Athènes, aqueducs de Mégare et de Samos. Les grands sanctuaires s’or‐
ganisent, de l’Ionie à la Sicile, édifiant des trésors, petits édifices votifs.
Ainsi le Trésor de Sicyone, à Delphes, dont les métopes représentent la lé‐
gende des Argonautes, ou celui de Siphnos illustrant la guerre de Troie, le
tholos circulaire de Marmaria. Les temples atteignent des dimensions ex‐
ceptionnelles comme celui d’Apollon, à Sélinonte, en Grande Grèce, avec
ses 110 m de long et ses 11 m de large. Une conception aussi grandiose de
l’architecture et de l’urbanisme se retrouve dans d’autres colonies de
Grande Grèce, à Métaponte, à Paestum.
Le théâtre d’Épidaure
L’ARCHITECTURE HELLÉNISTIQUE
L’Acropole et le Parthénon
L’Acropole, c’est le nom de la colline qui surplombe Athènes à 156 m de hauteur. Le
nom d’Acropole, « Acropolis » en grec, signifie « ville haute ». On en trouve dans de
nombreuses cités grecques, à Corinthe, par exemple. L’Acropole et ses temples, ses
monuments glorieux voués aux dieux, sont opposés à la « ville basse », où se traitent
les affaires des hommes. Celle d’Athènes offre quatre chefs-d’œuvre de l’architecture
classique : les Propylées, l’Érechthéion, le temple d’Athéna Niké et le Parthénon.
Les Propylées, véritables « portes d’entrée » du complexe de temples, ont été édifiés
entre 437 et 432 avant J.-C. Ils présentent une façade à six colonnes.
Le temple d’Athéna Niké (Niké : la Victorieuse) célèbre la victoire des Grecs sur les
Perses à la suite des guerres médiques (490 av. J.-C. et 480 av. J.-C.). Il met en scène
le rôle protecteur traditionnel de la déesse, qui doit toujours mener les Athéniens à la
victoire.
Le Parthénon est le temple majeur d’Athéna. Il est édifié entre 447 et 438 avant J.-C.,
pendant que le stratège Périclès dirige la ville. Sa construction est confiée au plus
grand architecte et sculpteur classique, Phidias (490-430 av. J.-C.). Fait de marbre
blanc, il compte huit colonnes en façade, et dix-sept sur les côtés. La grande salle
abrite la statue de la déesse debout, sculptée par Phidias. Elle mesure 15 m et est
qualifiée de chryséléphantine, c’est-à-dire faite d’or et d’ivoire. Tout autour du temple,
sur les métopes, l’espace entre les architraves, au-dessus des chapiteaux de colonnes
et le fronton, court la frise des Panathénées. C’est la représentation de la procession
annuelle des jeunes filles et femmes en l’honneur de la déesse.
LA SCULPTURE GRECQUE
La sculpture archaïque
Dans le domaine de la sculpture, les premiers témoignages sont faits es‐
sentiellement de petits ex-voto en bronze et en ivoire, de statuettes
d’hommes et d’animaux, ou de terre cuite, idoles-cloches de Béotie à la tête
percée d’un trou pour être accrochées. La statuaire du milieu du VIIIe siècle
avant notre ère commence à détacher les membres du corps. La tête est dé‐
pourvue de visage, les articulations sont marquées. Le plus grec des arts, la
sculpture archaïque, utilise le bois pour ses premières figures, les xoana,
statues dédiées au culte. Mais peu nous sont parvenues. La plus ancienne
statuette est celle d’une femme datée de 675 avant J.-C. Une inscription
permet de déterminer qu’il s’agit d’une offrande de Nicandre de Naxos.
Des centres d’art commencent à se répandre : la Crète avec la Dame
d’Auxerre, la Grande Grèce et la Grèce du Nord, l’art de Corinthe, sculp‐
tures provenant de Sicyone à Delphes, à Mycènes, métopes du temple
d’Athéna, fronton du trésor de Mégare. De la Grèce du Nord viennent les
kouroi, statues nues de jeunes gens du temple d’Apollon. Contrairement aux
premières de ces œuvres, datées aux alentours de 650 avant J.-C., les korê,
figurines féminines, sont toujours habillées. Au début les formes sont sim‐
plement indiquées. L’ensemble paraît massif du fait que les bras demeurent
collés au buste.
Vers 580 avant J.-C., l’œuvre la plus célèbre reste celle de Polymédès
d’Argos, en ronde-bosse, représentant les deux frères d’Argos, Cléobis et
Biton. En comparaison du géométrisme schématique qui prévalait jusque-
là, les deux statues sont plus finement modelées, les traits physiques davan‐
tage accentués, notamment les genoux. Leur pose est celle des kouroi de
l’époque. La tête reste encore massive. Vers 560 avant J.-C., la représenta‐
tion de la figure humaine se libère des contraintes du géométrisme. Les
deux statues les plus représentatives sont l’Apollon de Ténéa en Corinthie
et le Kouros du Ptoion IV, en Béotie, statues qui n’ont plus rien de colossal
puisqu’elles mesurent 1,50 m environ. Les reliefs du corps apparaissent
plus nettement et le fameux « sourire archaïque » fait son apparition. Mais
il faut attendre encore trente ans pour que le corps humain soit représenté
avec des structures internes apparentes, les muscles reflétant l’action en
cours. La musculature abdominale prend cette forme de cuirasse qui devien‐
dra l’une des règles canoniques. Apparaît également la découpe antique du
bassin suivant une ligne d’inclinaison de celui-ci.
La sculpture, au IIIe siècle avant J.-C., est soumise elle aussi aux in‐
fluences de l’Orient. À Athènes, les maîtres de cette nouvelle tradition clas‐
sique sont les fils de Praxitèle, Timarchos et Céphisodote, auteurs d’un
portrait du poète Ménandre. Des Éros adolescents, des satyres, le Faune
Barberini, satyre endormi dont Edmé Bouchardon fait une copie en 1726,
témoignent de la vogue persistante de Praxitèle. Alors que l’influence de
Scopas est sensible dans les têtes pathétiques, les portraits d’hommes d’État
et de philosophes, les statues d’athlètes s’inspirent plutôt de la tradition de
Lysippe. La tradition classique d’Asie se manifeste aussi dans ses écoles,
avec des copies d’artistes. À Pergame, le premier manifeste de l’école est
l’ex-voto d’Attale Ier, élevé en souvenir de sa victoire sur les Galates, dont
l’auteur serait Épigonos. Le second est le grand autel de Zeus dont la frise
représentait, sur 120 m de long, la Gigantaumachie, combat des dieux et des
géants. Le maître du gladiateur Borghèse est un Éphésien, Agasias, comme
celui des Gaulois de l’Agora des Italiens de Délos. Au IIe siècle avant J.-C.,
Délos accueille toutes les influences. Beaucoup de copies sont faites. Dans
le Péloponnèse, Damophon de Messène exécute l’Aphrodite ou Vénus de
Milo. Au Ier siècle avant J.-C., Athènes est le centre d’une renaissance néo-
attique avec Apollonios, fils de Nestor, qui signe le Torse du Belvédère,
Glycon d’Athènes l’Héraklès Farnèse, copie d’un original de Lysippe.
Mentionnons aussi, parmi les œuvres du Ier siècle avant J.-C., l’Apollon de
Piombino, œuvre réalisée en bronze selon la technique de la fonte à la cire
perdue. Cette période tend vers le réalisme ainsi que le montre le Groupe du
Laocoon, où le prêtre troyen Laocoon et ses deux fils sont tordus dans
l’horreur d’être attaqués par les serpents, œuvre attribuée aux Rhodiens
Agésandros, Athanadore et Polydore, vers 40 avant J.-C.
L’ART CÉRAMIQUE
L’influence orientale, entre 725 et 625 avant J.-C., se révèle sur les pein‐
tures sur vases. Le développement commercial inspire de nouvelles formes
et de nouveaux décors : Rhodes, Samos, Milo, Corinthe produisent des
vases à décor orientalisant de fleurs et de palmettes qui se répand sur tout le
pourtour du vase. Les motifs géométriques se raréfient de plus en plus dans
la première moitié du VIIe siècle avant notre ère pour laisser la place à des
scènes souvent mythologiques. Les écoles dans diverses régions de la Grèce
apparaissent. De nombreux ateliers voient le jour à Naxos, à Mélos, à Dé‐
los, à Paros. Mais le plus célèbre reste celui de Rhodes pour ses pots en cé‐
ramique et ses assiettes. À la fin du VIe siècle avant J.-C., – 575 marque le
triomphe en Attique de la céramique à figures noires avec Athènes comme
centre de production, très influencé par Corinthe. Sophilos, Lydes, Amasis
sont parmi les plus célèbres peintres de vases qui nous soient parvenus. Ni‐
costhènes, à fin du VIe siècle avant notre ère, est sans doute l’inventeur de
la technique à figures rouges sur fond noir.
4. La littérature grecque
La naissance de la tragédie
Sophocle (496-406 av. J.-C.) est l’auteur de cent vingt-trois pièces dont
sept sont connues – Ajax furieux, Philoctète, Électre, Les Trachiniennes,
Œdipe roi, Œdipe à Colone, Antigone – et de diverses odes. Membre de la
haute société athénienne, il est stratège aux côtés de Périclès, introduit à
Athènes le culte d’Asclépios dont il devient grand prêtre. La modernité de
Sophocle en fait un précurseur difficilement égalé. Il achève en quelque
sorte ce qu’Eschyle avait ébauché. Les caractères de ses personnages s’en
distinguent par le côté plus humain. Il élargit le chœur, quinze choristes au
lieu de douze, et le charge du commentaire de l’action scénique. Sa spécifi‐
cité est d’avoir « délaissé la trilogie et de faire retour au monodrame. Il a su
combiner une philosophie si sombre avec une foi si vivace en l’homme et
en la vie qui distingue à jamais le théâtre de Sophocle de toutes les œuvres
modernes qui s’en sont inspirées et qui pour cette raison n’atteignent jamais
au même éclat »12.
Avant Euripide (480-406 av. J.-C.), l’amour en tant que sujet dramatique
est inconnu. Il se distingue des autres auteurs par la diversité de ses sujets
(religieux, philosophiques) et les formes d’expression nouvelles (rhétorique,
musique). Les femmes de ses tragédies décrivent la passion physique et mo‐
rale. Nous ne connaissons que soixante-quinze titres des quatre-vingt-douze
qu’il a écrits, dix-neuf seulement ont été conservés13. Il possédait la pre‐
mière grande bibliothèque personnelle dont nous ayons connaissance. Si
Eschyle a peint les hommes tels qu’ils ne pouvaient être, Sophocle les a
peints tels qu’ils devaient être et Euripide tels qu’ils étaient.
La part de l’éloquence
LA COMÉDIE
L’ÉVOLUTION DE LA LITTÉRATURE
En poésie, les seuls genres originaux sont ceux des bucoliques ou idylles,
consacrées aux amours des bergers. Les principaux poètes sont Bion de
Smyrne (v. 300 av. J.-C.), qui se distingue plutôt dans la poésie lyrique,
Callimaque (v. 305-v. 240), Théocrite (v. 315-v. 250). Ce dernier donne un
véritable essor à la poésie pastorale présentant des scènes vivantes enca‐
drées dans de riants paysages éclairés par le soleil de Sicile. Apollonius de
Rhodes (v. 295-215 av. J.-C.) se distingue dans la poésie épique avec Les
Argoniques, qui relatent l’expédition des Argonautes. Aratos de Soles
(v. 315-v. 245 av. J.-C.) est connu pour sa poésie didactique, dont le but est
de former les esprits. Les Ptolémée tentent vainement de remettre au goût
du jour, à Alexandrie, les concours dramatiques. C’est à Athènes qu’il faut
chercher à cette époque le véritable créateur de la comédie : Ménandre
(342-292 av. J.-C.). S’abstenant de toute satire personnelle, la comédie crée
des personnages véritables, évoluant au sein d’une intrigue fort simple.
5. L’histoire de l’histoire
◆ Hécatée de Milet (v. 550-v. 480 av. J.-C.) est considéré comme l’un
des premiers logographes, car après avoir visité tous les pays de son temps
il consigne ses connaissances dans un ouvrage intitulé Périégèse. Il aurait
dessiné l’une des toutes premières cartes du monde, la Méditerranée au
centre, entourée de l’eau d’un fleuve qu’il nomme « océan ». Les Généalo‐
gies, son second ouvrage, traitent des légendes ioniennes et doriennes.
Le carré de Polybe
Il est aussi à l’origine du premier procédé de chiffrement par substitution. Fondé sur un
carré de vingt-cinq cases, on peut l’agrandir à trente-six cases. Il s’agit d’un système
de transmission et de transcription de signaux par le moyen de torches qui pouvaient
être vues au loin. L’alphabet est divisé en cinq parties, comprenant chacune cinq
lettres, seule la dernière n’en comptait que quatre. Les deux groupes d’opérateurs de‐
vant échanger des signaux disposent chacun de cinq tablettes, sur lesquelles ils trans‐
crivent à la suite les lettres d’une des cinq parties de l’alphabet. Puis ils se mettent
d’accord sur le fait que le premier qui aura un message à transmettre brandira deux
torches et attendra que l’autre réponde de façon identique. Une fois les feux dissimu‐
lés, le poste émetteur brandira des torches sur sa gauche pour indiquer au récepteur la
tablette à laquelle il devra se reporter, un feu pour la première, deux pour la seconde et
ainsi de suite. Ensuite, il brandira sur sa droite d’autres torches, afin de faire savoir
quelle lettre de la tablette doit être notée.
1 2 3 4 5
1 a b c d e
2 f g h ij k
3 l m n o p
4 q r s t u
5 v w x y z
Ainsi, pour la lettre e, on aura une torche brandie à gauche et cinq à droite.
◆ Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.) publie une Bibliothèque histo‐
rique, long ouvrage divisé en quarante livres sur l’histoire, depuis les temps
les plus anciens, jusqu’à l’an 60 avant J.-C. Il donne de remarquables
conseils sur la façon d’écrire l’histoire. Son œuvre est aussi une mine de
renseignements en ce qui concerne la géographie (la Gaule, l’Ibérie,
l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie, l’Inde mais aussi la Grèce et la Sicile), l’ar‐
chéologie, l’ethnographie, les sciences physiques et naturelles.
6. La philosophie
◆ Thalès de Milet (v. 625-v. 546 av. J.-C.) est considéré comme le père
de l’astronomie. Il rapporte d’Égypte des faits mathématiques. Aucun écrit
de Thalès ne nous est parvenu, et il n’existe aucune source contemporaine.
Son nom figure parmi les Sept Sages. De nombreuses sentences lui furent
attribuées, comme « Connais-toi toi » et « Rien de trop ». On suppose aussi
qu’il a utilisé ses connaissances de la géométrie pour mesurer les pyramides
d’Égypte et calculer la distance de la côte des navires en mer. Le poète phi‐
losophe Xénophane (v. 570-v. 475 av. J.-C.) a affirmé que Thalès avait pré‐
dit l’éclipse solaire qui a arrêté la bataille entre le roi de Lydie Alyatte (610-
560 av. J.-C.) et Cyaxare, roi des Mèdes (625-585 av. J.-C.), en 585. On lui
attribue aussi la découverte de cinq théorèmes géométriques19. L’affirma‐
tion selon laquelle Thalès a été le fondateur de la philosophie européenne
repose essentiellement sur Aristote (384-322 av. J.-C.), qui écrit que Thalès
a été le premier à suggérer un substrat matériel unique pour l’univers, à sa‐
voir, l’eau. Sa cosmogonie fait de l’eau toute chose et toute vie. Il emploie
le terme d’archè, pour faire allusion à ce principe premier. Il pense que la
matière, celle qui compose toute chose et tout être, est en perpétuelle trans‐
formation et que celle-ci est produite par les dieux.
◆ Anaximandre (610-v. 546 av. J.-C.) est le premier savant à avoir dres‐
sé une carte des limites de la terre et de la mer. La théorie de Thalès est
bientôt remplacée par celle d’Anaximandre, son disciple, qui délaisse l’eau
comme élément fondamental et la remplace par l’apeiron, espace illimité,
l’infini. Seul un fragment du travail de ce philosophe nous est parvenu. Il
est le premier à penser que le monde visible n’est pas le seul monde exis‐
tant, d’autres univers meurent et naissent dans un espace infini. Il aurait
également mis en place un gnomon, bâton projetant une ombre, à Sparte, et
l’aurait utilisé pour démontrer les équinoxes et les solstices et peut-être
même les heures de la journée. Pour lui, la terre est plate : il la représente
comme une sorte de cylindre flottant entre le soleil et la lune, anneaux
creux remplis par le feu. Comme Thalès, il énonce une hypothèse sur les
origines de la vie. Il a également supposé que les premières créatures prove‐
naient de la mer, êtres recouverts d’écailles. Les hommes constitueraient la
dernière étape de l’évolution. Anaximandre a aussi examiné les causes des
phénomènes météorologiques tels que le vent, la pluie et la foudre. Alors
que Thalès avait déjà renoncé à des explications divines du monde autour
de lui, Anaximandre est allé beaucoup plus loin en essayant de donner un
compte unifié de toute la nature.
◆ Anaximène (v. 585-v. 525 av. J.-C.) fournit une explication de la rota‐
tion des astres en les comparant à des disques plats. Il reprend le concept
d’air. Son œuvre est peu connue, à la différence de celle d’Anaxagore (500-
428 av. J.-C.), qui est considéré par Sextus Empiricus (v. 126-210) comme
« le physicien par excellence20 ». Ses écrits n’existent plus que dans le pas‐
sage de ceux d’auteurs plus tardifs. Comme pour les théories précédentes, il
s’agit encore d’expliquer le passage du non-être à l’être. Tout d’abord, le
principe absolu est le monde concret, l’être empirique posé comme absolu.
Ensuite, celui-ci se voit défini comme l’être pur, détaché du concret, non
plus empirique et réel, mais logique et abstrait. Plus tard, il devient un mou‐
vement, un processus de polarité. Selon Anaxagore, tout est issu d’un je-ne-
sais-quoi indéterminé et confus. Ce qui fait sortir les choses de cet état,
c’est l’intelligibilité organisatrice, le noûs. Cette découverte de l’intellect
comme cause du mouvement est fondamentale dans l’histoire de la pensée
grecque.
◆ Anaxagore de Clazomènes (500-428 av. J.-C.) croit à la pensée orga‐
nisatrice, le noûs. Comme Empédocle, il reconnaît que notre pensée est dé‐
pendante des sens et il s’appuie sur la force de la raison appuyée par l’expé‐
rience. Celle-ci le conduit à la doctrine des homoeméries, appelée ainsi de‐
puis Aristote et qui signifie « parties semblables ». Tout être est un mélange
de tous les « objets », qu’il s’agisse de n’importe quel être particulier ou de
l’état initial de l’univers. Il n’y a plus d’éléments au sens d’Empédocle,
c’est-à-dire de réalités qui se perdent dans un composé en se mélangeant, il
n’existe que des objets qui ne se perdent jamais et se conservent partout, car
en se mélangeant, ils se juxtaposent mécaniquement. Il en vient à élaborer
une théorie où chair et os pouvaient se constituer à partir d’éléments végé‐
taux.
◆ Pour Héraclite d’Éphèse (v. 550-480 av. J.-C.), tout est en perpétuel
devenir. Le feu est en même temps matière et raison, logos. Héraclite, le
dernier des Ioniens, est le premier à avoir esquissé une théorie de la
connaissance, la doctrine du logos. Il développe en effet l’opposition des
contraires et l’harmonie capable de les unir momentanément. Tout selon lui
dans l’univers est réglé par la loi universelle de l’être. Héraclite fait du feu
l’élément principal, sa source de vie et sa source de destruction en alter‐
nance. Il y a continuellement lutte. L’existence est la conséquence de l’ac‐
cord fugitif de ces deux moments opposés. S’il saisit la double face des
choses, il ne prétend pas pour autant que chaque contraire passe dans son
contraire et qu’ainsi la thèse et l’antithèse se dépassent dans une synthèse. Il
est le premier à qualifier les pythagoriciens de « philosophes ».
◆ Disciple de Parménide, Zénon d’Élée (v. 480-420 av. J.-C.), pour dé‐
fendre la théorie de son maître, l’être est indivisible et immobile, met au
point quatre arguments, appelés les sophismes de Zénon. Ses paradoxes, qui
mènent à une impasse (a-poria), sont qualifiés d’apories de Zénon. Le plus
célèbre est celui d’Achille et de la tortue. Les Éléates fournissent un modèle
de raisonnement d’une impeccable logique. Ils ont réussi, à l’encontre des
pythagoriciens, à prouver que les choses ne peuvent pas consister en points
accolés. Il faut revenir à l’idée ionienne d’une matière unique emplissant
l’univers.
Les Anciens sous-entendaient par Vers d’or les vers où la doctrine la plus
pure est enfermée. Ils en attribuent à Pythagore la rédaction, non qu’ils te‐
naient celui-ci pour son auteur exact, mais parce qu’ils pensaient que cette
poésie contenait l’essentiel de la doctrine qu’il avait exposée. Vers la fin de
sa vie, Pythagore s’enfuit pour Métaponte, à la suite du complot fomenté
en son absence contre tous les pythagoriciens. Il y serait mort à l’âge de
quatre-vingt-dix ans. C’est à partir des Vers d’or, règle de la confrérie, que
l’on peut reconstituer la doctrine et la méthode de Pythagore. Pour la pre‐
mière fois, dans l’histoire occidentale, un maître instaure un système mé‐
thodologique qu’il tente de faire appliquer sur plusieurs années.
Les atomistes pensent que les atomes ont un mouvement continu et éter‐
nel faisant partie de leur essence même. Les univers font naître des atomes
et du vide. Chacun d’eux provient d’un tourbillon « de toutes sortes d’as‐
pects » (ideôn). À l’origine, il n’a pas de mouvement parfaitement défini,
mais il se régularise avec, au centre, les atomes les plus réfractaires. Le mé‐
canisme réduit l’âme comme le reste à n’être qu’un agrégat d’atomes. Seule
la nécessité réalise la continuité de ce mouvement, son mécanisme. Mais il
s’agit d’une physique sans physis. Lorsque ce terme est employé, il prend le
sens de « formes », de « figures » ou d’idées (idea), terme qui prendra toute
sa signification chez Platon.
◆ Socrate (470-399 av. J.-C.) est connu pour ne pas avoir consigné par
écrit sa doctrine et, si nous le connaissons, c’est de manière modeste par
Platon et Xénophon. Fils du sculpteur Sophronisque et d’une sage femme, il
naît à la fin des guerres médiques, à Athènes. Socrate est le philosophe mo‐
ral qui a voulu éveiller ses concitoyens à travers sa vie et son exemple, par
la réflexion rationnelle menée dans ses entretiens dialogués. Il les pousse à
un véritable examen de soi par la relation dialoguée et son jeu « dialec‐
tique », qui consiste à montrer par une série de questions enchaînées que
l’on peut réfuter son adversaire en le mettant en contradiction avec lui-
même, méthode pratiquée dans les milieux sophistiques. Ce qui se dégage
de cette réfutation n’est pas une vérité, mais la fausseté de l’opinion de ce‐
lui à qui l’on s’adresse. La dialectique socratique nécessite l’adhésion de
soi-même à ses propres paroles. Socrate s’est illustré par trois faits qui do‐
minent sa biographie : dans l’affaire des généraux de la bataille des Argi‐
nuses, accusés de trahison, il est le seul à refuser de les juger collective‐
ment ; sous le gouvernement tyrannique des Trente, il refuse, au péril de sa
vie, de prendre part à une arrestation comme on le lui a ordonné ; lors de
son procès, son intransigeance le mène à la mort. Socrate, nous dit Aris‐
tote25, recherche en toute chose le général et applique d’abord la pensée aux
définitions. C’est là toute sa méthode dialectique : « La méthode dialectique
est la seule qui tente de parvenir méthodiquement à l’essence de chaque
chose26. » Socrate pratique aussi la maïeutique ou accouchement des es‐
prits. Il recherche ou fait rechercher à son interlocuteur la définition géné‐
rale qui est la loi même de la chose en question.
Le premier travail des sophistes concerne d’abord celui des mots. Parler,
c’est convaincre, et le besoin de mettre au point une méthode imparable se
fait sentir. La grammaire figure donc comme leur œuvre. Ils étudient l’ori‐
gine des mots, l’étymologie, la structure des propositions, la signification
des temps et des modes. Protagoras distingue les trois genres des substan‐
tifs, les temps des verbes. Prodicos dispense un cours sur les synonymes.
Hippias d’Élis se vante de connaître la puissance des lettres et des syllabes.
Il faut ajouter que les sophistes sont liés à une théorie de la connaissance.
Selon Protagoras, il n’existe pas de vérité absolue, nous ne pouvons jamais
dire d’une chose qu’elle est, mais seulement qu’elle est en devenir. Sur
toute chose, il existe deux logoi, discours rationnels, qui s’opposent l’un à
l’autre. De là, sa proposition célèbre : « De tous les objets, la mesure est
l’homme ; de ceux qui existent, en tant qu’ils existent ; de ceux qui
n’existent pas, en tant qu’ils n’existent pas. » Ce qui signifie qu’à partir de
tout objet peuvent être mises au point des séries de propositions, montrant
comment des valeurs contradictoires, le beau, le laid, le juste, l’injuste, sont
au cœur du réel.
◆ Platon (v. 428-v. 347 av. J.-C.) est à l’origine du fondement de la pen‐
sée méthodique. Il réalise une synthèse de toutes les spéculations anté‐
rieures et contemporaines, mais n’élabore aucun véritable système. Il s’im‐
pose comme le père de la philosophie idéaliste en critiquant le monde sen‐
sible, social et politique. Aux idées éternelles, simples et absolues, il oppose
les choses du monde sensible, éphémères, composées et relatives. À la fois
théorie de la connaissance et théorie du salut qui rappelle ses liens étroits
avec le pythagorisme, sa philosophie se développe par la suite en un double
axe : spiritualiste, auquel se rattachent Plotin, saint Augustin, Male‐
branche, et rationaliste, dont se réclament Leibniz et Husserl (idéalisme
objectif). Bien que désillusionné par la tyrannie des Trente, Platon est cer‐
tain qu’Athènes a besoin d’une politique fondée sur une philosophie. Pour‐
tant sa grande œuvre reste la création de l’Académie où sont enseignées la
philosophie, les mathématiques, la politique et la médecine. L’Académie est
à l’origine le nom d’une promenade d’Athènes, endroit légué par un
contemporain de Thésée, Akadêmos. L’ensemble des thèses platoni‐
ciennes27 est fait pour repousser celles des sophistes. D’après l’allégorie de
la caverne, des hommes enchaînés dans une caverne tournent le dos à l’en‐
trée et ne voient que leurs ombres qu’ils prennent pour la réalité, au
livre VII de la République, il existe deux mondes distincts – mais néan‐
moins en liaison – dans la connaissance :
ARISTOTE, L’ENCYCLOPÉDISTE
La force du syllogisme
Tels sont les deux principes essentiels qui, selon Aristote, expliquent
l’univers. Les choses se meuvent et passent ainsi de la puissance à l’acte.
Nous avons vu qu’il fallait quatre causes pour qu’elles se réalisent. La place
des êtres dans la nature dépend de leur hiérarchie. Aux échelons supérieurs,
se trouve l’homme dont l’âme est spirituelle et les animaux dont l’âme est
sensitive. Dans les plantes, la forme devient végétative. À la différence de
Platon, l’âme n’est plus prisonnière du corps, c’est l’entéléchie d’un corps
organisé ayant la vie en puissance. Il veut signifier que l’âme est le premier
principe de l’organisation et de la vie du corps. Celui-ci est en puissance de
vivre : il a la vie en acte par la vertu de l’âme à laquelle il est uni. L’âme
possède aussi la faculté de raisonner et de sentir.
Le cynisme
Le scepticisme
7. La religion grecque
La Grèce vit par ses dieux. Ils sont la source des institutions, de la vie ci‐
vique, artistique, et la source d’inspiration des poètes. Il est possible de dis‐
tinguer une triple origine aux dieux grecs : personnification de forces natu‐
relles, culte des ancêtres défunts, dieux importés d’Orient. La religion
grecque est une affaire locale, de la cité, de la tribu, de la famille, de chaque
individu même. Certes, les grandes divinités panhelléniques sont reconnues
et vénérées partout, mais, jalousement, chaque cité leur décerne un qualifi‐
catif local pour mieux se les approprier. C’est ainsi qu’à Athènes, la ville
dont elle est éponyme, la seule Athéna est vénérée sous les formes sui‐
vantes :
LA RELIGION DE LA CITÉ
Les familles se regroupent, plusieurs génos forment une phratrie chez les
Grecs ioniens et doriens. À leur tour, les phratries forment la subdivision
d’une tribu ou phylê. La phratrie est une association religieuse et civile. Re‐
ligieuse, car chaque phratrie honore son dieu propre, en plus de Zeus Phra‐
trios et d’Athéna Phratria. L’athéisme, ou la simple accusation de s’en ré‐
clamer, de le prôner, revient aux yeux des magistrats à s’exclure de la vie
civique dans ses fondements mêmes. C’est l’un des chefs d’accusation por‐
tés contre Socrate, le plus grave. C’est à la cité que revient d’édifier et d’en‐
tretenir les sanctuaires. Pour les principaux dieux, le téménos est vaste. Le
temple est entouré de bois, jardins, herbages, où peuvent s’ébattre les ani‐
maux favoris de la divinité : bœufs pour Hélios, chevaux ou paons pour
Héra, etc. Religion de la cité, la religion grecque laisse l’homme seul face à
son destin, il doit trouver une réponse à la nature de ses rapports avec les
dieux, avec les autres hommes, se forger une morale. Les dieux immortels,
et non éternels, s’opposent de ce fait aux hommes mortels. Ces derniers
doivent s’attacher à une conduite respectueuse, à ne pas vouloir dépasser
leur condition, à ne pas se laisser gagner par l’hybris, la démesure. Il faut
suivre la dikê, la loi commune, la coutume. Chacun a sa place et doit s’y te‐
nir. Pourtant, dieux et hommes sont soumis au destin, la morale des
hommes est valable pour les dieux.
Les mythes grecs n’ont pour centre d’intérêt que l’homme. En effet, ainsi
que le souligne Marcel Detienne, « la mythologie de l’hellène est dominée
par l’anthropomorphisme40 ». Les héros, mot grec, dans les poèmes homé‐
riques, sont des hommes supérieurs en force, en courage. Ils sont mortels et
goûtent dans les Enfers, ou les Champs-Élysées, un bonheur relatif. Achille
les domine tous, et sa progression fait que, si au début de son périple il est
trop divin, il devient à la fin de celui-ci humain. Hésiode les considère
comme des demi-dieux qui forment une classe à part. Après leur mort, loin
des hommes et des dieux, ils mènent sur l’île des Bienheureux une exis‐
tence pleine de délices. Les héros sont ceux qui ont combattu à la guerre de
Troie ou devant Thèbes. Seul Héraclès conquiert l’immortalité divine. Les
principaux héros se situent en Attique. Thésée, dont les nombreuses aven‐
tures, comme celles d’Héraclès, rappellent les diverses phases du cours du
soleil. À Thèbes, Œdipe, le malheureux héros, criminel malgré lui, tue son
père, épouse sa mère Jocaste, sans se douter des liens qui les unissent et,
désespéré en l’apprenant, se crève les yeux. Sa fille fidèle, Antigone, guide
ses pas. En Thrace, Orphée, aède illustre, dont la voix accompagnée de la
lyre attire et calme les bêtes féroces, finit ses jours désespéré par la mort de
sa femme Eurydice.
À Argos, Persée est vainqueur de la monstrueuse Méduse. La famille tra‐
gique des Atrides commence avec Pélops, se continue par Atrée, Thyeste,
Agamemnon et se termine par Oreste. En Crète, Minos, le souverain in‐
tègre, en récompense de son équité devient un des juges des Enfers ainsi
que son frère Rhadamanthe. Le philosophe grec Évhémère (né v. 340
av. J.-C.) dit de tous ces dieux, de tous ces héros, qu’ils sont en fait des
hommes illustres, divinisés par la piété populaire. Cette théorie est ac‐
cueillie favorablement par les stoïciens et les épicuriens. L’évhémérisme se
traduit dans la théorie moniste de Spencer. Les écrivains réadaptent les
vieux mythes à leur époque, et ainsi les enrichissent de nouveaux thèmes de
réflexion : « Le Satyre » de Victor Hugo, L’Après-midi d’un faune pour
Mallarmé, La Jeune Parque pour Valéry. Selon Roger Caillois (1913-1978),
le mythe se pare d’une autre fonction, il sert à « exprimer des conflits psy‐
chologiques de structure individuelle ou sociale et leur donne une solution
idéale41 ». C’est le cas du mythe d’Œdipe, repris en littérature, et retenu par
Freud en psychanalyse. Mircea Eliade, dans ses nombreuses études, l’a en‐
visagé comme le point de départ de la rénovation spirituelle de l’homme
moderne qui se nourrit « de mythes déchus et d’images dégradées42 », car
« tout un déchet mythologique survit dans des zones mal contrôlées43 ».
Le mythe d’Orphée
Orphée occupe dans le monde grec une place importante, due notamment à sa double
existence : personnage mythique, il est fils d’Apollon et de la muse Calliope, per‐
sonnage historique, s’il a jamais existé, il est le fondateur des cultes orphiques. Jeune
homme, Orphée se laisse tenter par l’aventureux Jason et embarque sur le navire
Argo, qui donne son nom à l’expédition des Argonautes. Doué par son père Apollon,
maître de la lyre, du pouvoir de charmer par son instrument, il tient de sa mère Cal‐
liope, « à la voix harmonieuse », muse de la Poésie épique, l’art du chant. Ces qualités
lui permettent, au cours de la quête de la Toison d’or, d’apaiser la mer déchaînée, de
couvrir la voix des sirènes, d’endormir le serpent gardien de l’arbre auquel est suspen‐
due la Toison en Colchide. De retour, il s’éprend de la naïade Eurydice et l’épouse. Hé‐
las, elle meurt à la suite d’une morsure de serpent. Inconsolable, Orphée erre de par le
monde, cesse de chanter et de jouer de la lyre. Parvenu en Laconie, il y trouve le pas‐
sage reliant le monde des morts à celui des vivants, et entreprend d’aller rechercher
son épouse. Le fleuve des Enfers, le Styx, lui barre le passage, et il doit affronter le ter‐
rible Cerbère, chargé justement de dévorer tout défunt qui tenterait de quitter le monde
des morts. Pour traverser le Styx, Orphée doit emprunter la barque du nautonier Cha‐
ron. Ce dernier commence par refuser, seuls les trépassés peuvent devenir ses passa‐
gers, puis, charmé par les sons divins de la lyre du poète, accepte. Ce sont les mêmes
accents qui adoucissent Cerbère, monstrueux chien à trois têtes. Orphée parvient ainsi
devant les maîtres du lieu, Hadès et son épouse Perséphone, qu’il parvient à subju‐
guer à leur tour. Sa requête est acceptée, Eurydice lui sera rendue pourvu qu’il la pré‐
cède sur le chemin, sans jamais se retourner avant d’être dans le monde des vivants.
Parvenu à proximité de l’entrée des Enfers, alors qu’il distingue déjà la clarté du jour,
Orphée ne peut résister à la tentation et se retourne. Aussitôt Eurydice disparaît et re‐
tourne aux Enfers. Orphée tente en vain de recommencer son exploit, les chants les
plus sublimes ne lui ouvrent pas les portes du royaume d’Hadès. La fin d’Orphée est
tragique : de retour en Thrace, il mène une vie solitaire, et ses anciennes compagnes,
les Ménades, furieuses, le mettent en pièces. Sa tête, détachée du tronc, ne cesse
d’appeler la bien-aimée, de crier « Eurydice ».
Le héros civilisateur
La création de l’homme
La médecine
Les mathématiques
Notes
1. L’expression « siècles obscurs » est la traduction du concept anglo-saxon de « dark age », litté‐
ralement « époque sombre », mis en avant par Anthony Snodgrass dans The Dark Age of Greece
(1971), Edimburg, University Press, 1971, et par Vincent Robin d’Arba Desborough avec The Greek
Dark Ages (1972), Benn, 1972. Elle couvre la période du XIIe siècle avant J.-C. marquée par la déca‐
dence et la fin du monde mycénien jusqu’au renouveau grec du VIIIe siècle avant J.-C.
2. Ces événements, connus sous le nom de guerres médiques, sont développés dans le chapitre
consacré à l’histoire perse.
3. La démocratie attache beaucoup d’importance à l’égalité des droits et à l’égalité matérielle alors
que l’isonomie, pour les Athéniens, s’intéresse plus à l’égalité politique.
4. Plutarque, Vies parallèles, trad. B. Latzarus, Paris, Garnier, 1950.
5. Hervé Loilier, Histoire de l’art, Paris, Ellipses, 1995, p. 114.
6. Galien, De temperatura, I, 9. Polyclète, dans son Canon, écrit : « La beauté réside dans les rap‐
ports non entre les éléments mais entre les parties… »
7. Plusieurs villes se disputaient l’origine d’Homère : Chios, Smyrne, Cymé, Colophon.
8. Platon, Phèdre, 244a, 245e. ; Ion, 532b, 542b.
9. Hésiode, Théogonie, 30 sq.
10. Jacqueline de Romilly, La Tragédie grecque, Paris, Puf, « Quadrige », 2006, p. 5.
11. À l’occasion de la 61e olympiade, une première représentation de comédie a lieu, car, à cette
époque, 536 av. J.-C., les concours de poésie font partie des Jeux olympiques.
12. Jacqueline de Romilly, La Tragédie grecque, op. cit., p. 113.
13. Alceste, Médée, Les Héraclides, Les Troyennes, Électre, Hélène, Iphigénie en Tauride, Ion,
Oreste, Les Phéniciennes, Iphigénie à Aulis, etc. Bon nombre d’auteurs se sont inspirés du thème de
ses pièces. Corneille, Médée (1635) ; Racine, Iphigénie (1674), Phèdre (1677) ; Goethe, Iphigénie en
Tauride (1786) ; Claudel, Protée (1937) ; Sartre, Les Troyennes (1965).
14. Il a écrit quarante-quatre pièces dont onze nous sont connues.
15. Paul Veyne, Comment on écrit l’histoire, Paris, Le Seuil, 1971, p. 47.
16. François Châtelet, La Naissance de l’histoire : la formation de la pensée historienne en Grèce,
Paris, Minuit, 1961.
17. Henri-Irénée Marrou, « Qu’est-ce que l’histoire ? », in L’Histoire et ses méthodes, Paris, Galli‐
mard, « Encyclopédie de la Pléiade », 1961, p. 4.
18. Il met en place l’anacyclose, théorie s’appuyant sur les six régimes existants, royauté, autocra‐
tie ou despotisme, aristocratie, oligarchie, démocratie, ochlocratie (gouvernement de la masse). Il dé‐
crit en six phases ce qui fait basculer la monarchie dans la tyrannie, à laquelle fait suite l’aristocratie
qui se dégrade en oligarchie mais sombre dans l’ochlocratie, le pire de tous les régimes.
19. Premier théorème : le cercle est divisé en deux par son diamètre. Deuxième théorème : les
angles d’un triangle en face de deux côtés de même longueur sont égaux. Troisième théorème : les
angles opposés formés par l’intersection de deux droites sont égaux. Quatrième théorème : l’angle
inscrit dans un demi-cercle est un angle droit. Et cinquième théorème : découverte d’un triangle qui
est déterminé si sa base et les deux angles à la base sont donnés.
20. Sextus Empiricus, Adversus mathematicos, 1, 90.
21. À ce sujet, voir Jean-François Mattéi, Pythagore et les pythagoriciens, Paris, Puf, « Que sais-
je ? », 2013.
22. Aristote, Métaphysique, A, 6, 987 b28.
23. Ibid., A, 5, 985 b4.
24. Aristote, De generatione animalium, V, 8, 789 b2.
25. Aristote, Métaphysique, A, 6, 987 b.
26. Platon, République, VII, 532a-535a.
27. À ce sujet, voir Alexandre Koyré, Introduction à la lecture de Platon, Paris, Gallimard, 1991,
et Vincent Descombes, Le Platonisme, Paris, Puf, 2007.
28. Platon, Phédon, 72e-77a.
29. Aristote, Analytiques premiers, I, 1, 24 b, 18.
30. Le terme avait été déjà employé par Platon dans le Théétète dans le sens où l’on joint plusieurs
discours (A appartient à B, C appartient à A donc C appartient à B).
31. Aristote, Métaphysique, Λ, 7, 1072 a25.
32. Ibid., Κ, 1.
33. Aristote, Éthique à Nicomaque, II, 7, 1106 b36.
34. Montaigne, Essais, livre II, chap. 12.
35. Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes, I, 4.
36. Lambros Couloubaritsi, Aux origines de la philosophie européenne. De la pensée archaïque au
néoplatonisme, Bruxelles, De Boeck, 2003, p. 547.
37. Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, Paris, Le Seuil, « Points Essais », 1992,
p. 28.
38. Mircea Eliade, Traité d’histoire des religions, Paris, Payot, « Bibliothèque historique », 2004,
p. 349.
39. Ernst Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tome 1, Paris, Minuit, 1972, p. 59.
40. Marcel Detienne, Dionysos mis à mort, Paris, Gallimard, 1977, p. 46.
41. Roger Caillois, Le Mythe et l’homme, Paris, Gallimard, 1981, p. 20.
42. Mircea Eliade, Les Cahiers de l’Herne, Plon (1978), dans J. Masui, Mythes et symboles, Paris,
Dervy, 1984, p. 298.
43. Ibid., p. 20.
44. Il ne fut pas le premier à condenser en livres les notions géométriques. C’est ce que firent,
après Hippocrate de Chios, Eudoxe et son contemporain Léon.
45. Alexandre Koyré, Études galiléennes, à l’aube de la science classique, Paris, Hermann, 1939,
p. 9.
CHAPITRE XII
Les Étrusques
2. L’art étrusque
L’art étrusque est un art essentiellement funéraire. Les morts étaient en‐
terrés non loin des villes. Les tumuli, de tumulus, ou tertre, rivalisent d’am‐
pleur et atteignent jusqu’à 50 m de diamètre. Depuis 1958, à Cerveteri et à
Tarquinia, le nombre de tombes explorées se compte par milliers. Le conte‐
nu mis au jour reproduit la vie quotidienne des défunts. Les vases sont en‐
tassés sur les banquettes qui longent les murs. Les tombes les plus riches
s’ornent de fresques comme celles des sites de Monterozzi et Cerveteri. Se‐
lon une règle fréquente, les morts reposent dans des cercueils, parfois repré‐
sentés en relief, couchés de côté et appuyés sur un oreiller.
Les nécropoles
– La nécropole de Cerveteri
Les nécropoles étrusques reproduisent les cités, avec leurs rues et leurs
places. Celle de Cerveteri, non loin de Rome, porte le nom de nécropole de
Banditaccia. Comme dans la vie passée, les riches y sont plaisamment ins‐
tallés dans de vastes tombeaux formés de plusieurs pièces, avec banquettes,
ustensiles de cuisine en pierre, bref toutes les commodités de la vie, agré‐
mentées de somptueuses gravures, telles les tombes des Reliefs, des Chapi‐
teaux. Tout est prêt pour la célébration d’un banquet auquel, rareté dans un
univers inspiré de la Grèce, les femmes participent. Un tumulus recouvre
l’ensemble. Les pauvres, les femmes, se contentent d’un cippe, simple co‐
lonne ou petite reproduction d’une demeure.
– La nécropole de Tarquinia
3. L’écriture étrusque
À peu près onze mille inscriptions étrusques ont aujourd’hui été retrou‐
vées. Rien en ce qui concerne leur littérature qui devait pourtant être assez
importante. L’empereur Claude (41-54)1 évoque de nombreuses tragédies et
surtout des épopées historiques. L’alphabet étrusque est à présent bien
connu. Il est formé d’un alphabet grec de vingt-six lettres soit vingt et une
consonnes et cinq voyelles. Utilisé vers 700 avant J.-C., il est au fil du
temps adapté aux exigences de la langue étrusque, notamment pour la pro‐
nonciation. Elle s’écrit de gauche à droite ou de droite à gauche. Mais là où
le bât blesse, c’est dans la compréhension de la langue. Si les courtes ins‐
criptions funéraires ou celles indiquant le propriétaire d’un objet sont assez
aisées à déchiffrer, il n’en va pas de même des textes plus longs, dont le
sens exact reste largement ignoré, faute de trouver l’équivalent d’une pierre
de Rosette, un document bilingue ou trilingue.
4. La religion étrusque
Notes
1. D’après son discours au Sénat conservé dans le bronze de la Table claudienne de Lyon.
CHAPITRE XIII
La Rome antique
Des Gaulois établis dans la plaine du Pô, en – 387, et leur chef Brennus
prennent une partie de Rome, font le siège du Capitole, sauvé par ses oies,
qui manifestent bruyamment en entendant les assaillants arriver ce qui
donne l’alerte aux Romains, et ne consentent à partir que contre un riche
butin. En – 272 Rome contrôle la péninsule. Les peuples soumis sont inté‐
grés à l’ensemble romain selon le droit, les plus favorisés sont alliés de
droit latin, les moins le deviennent de droit italique. La différence principale
entre les deux est que les Latins obtiennent plus facilement le droit de cité,
la citoyenneté romaine, que les Italiens. La période de 272 à 82 avant J.-C.
s’ouvre sur les spectaculaires réalisations de l’impérialisme romain, l’éta‐
blissement d’une pax romana, une paix romaine étendue à tout le monde
connu, avant que les prémices de la guerre civile ne mènent la République à
sa ruine, ouvrant une voie royale à l’Empire. Rome, maîtresse de la pénin‐
sule italienne, se tourne vers la Sicile, où elle se heurte à Carthage. À l’issue
de trois guerres puniques, en 146 avant J.-C., Carthage est détruite. Puis
Rome se déchire lors des guerres civiles jusqu’en 86 avant J.-C. La fin de la
République s’annonce, César l’accélère.
Jules César (100-44 av. J.-C.) se veut descendant d’Énée, et par lui de la
déesse Vénus. Devenu prêteur urbain en – 62, il exerce un pouvoir judi‐
ciaire et militaire. Après son année de fonction, il exerce, en – 60, une pro‐
préture en Espagne, qu’il pacifie, ouvrant la voie à un triomphe et au consu‐
lat, magistrature la plus élevée. Élu consul en 59 avant J.-C., César forme
un premier triumvirat avec Pompée et Crassus. Il s’appuie sur les popu‐
lares, le petit peuple de Rome. Son année de consulat achevée, il se fait at‐
tribuer, comme proconsul, non pas une, mais deux provinces à gouverner, la
Gaule cisalpine et transalpine et l’Illyrie, une partie de la côte dalmate, ainsi
que quatre légions. Au bout de cinq ans, il obtient une prolongation excep‐
tionnelle de cinq autres années. Il en profite pour soumettre la Gaule, après
la défaite décisive de Vercingétorix (v. 72-46 av. J.-C.) à Alésia, en – 52. Il
se prépare pour un second consulat, mais se heurte à l’opposition sans merci
de Cicéron (106-43 av. J.-C.) et de Caton (93-46 av. J.-C.). En – 49, il fran‐
chit, à la tête de ses légions, le Rubicon et pénètre en Italie, parvenant à
Rome. Vaincu à Dyrrachium par Pompée, César l’écrase à Pharsale
quelques mois plus tard, en – 48. Les derniers Pompéiens survivants sont
anéantis à la bataille de Zéla, près de la mer Noire. Une ultime victoire à
Thapsus, en – 46, contre les forces envoyées par les républicains et le roi
Juba Ier de Numidie (v. 85-46 av. J.-C.), lui assure la maîtrise de tout le
monde romain. César rentre alors à Rome où il organise son triomphe. Le
fils de Pompée fomente une révolte en Espagne. Il est vaincu à Munda, en –
45. Revenu à Rome, César est nommé dictateur pour dix ans, puis à perpé‐
tuité. Aux ides de mars – 44, soit le 15 mars 44 avant J.-C., il est assassiné
en pénétrant au Sénat. Homme d’État, César est connu également pour ses
Commentaires sur la Guerre des Gaules (Commentarii de bello gallico) et
De la guerre civile (De bello civili), mais aussi pour un traité de grammaire
et divers essais. Il réforme les institutions en profondeur, embellit Rome
d’un nouveau forum, et promulgue le calendrier julien. Sa vie de séducteur
prodigue de ses charmes est brocardée par ses soldats, l’accusant d’être le
« mari de toutes les femmes, la femme de tous les maris ». Un second
triumvirat réunit en 43 avant J.-C. Lépide (89-13 av. J.-C.), Marc Antoine
(83-30 av. J.-C.) et Octave (63 av. J.-C.- 14 apr. J.-C.). Lépide rapidement
éliminé, après sa destitution par Octave, Marc Antoine se suicidant, après la
défaite navale d’Actium, en 31 avant J.-C., Octave reste le seul maître.
Après avoir reçu en 29 avant J.-C. le titre d’imperator, c’est-à-dire chef su‐
prême des armées, Octave se voit décerner par le Sénat, en 27 avant J.-C., le
titre d’Auguste, devenu son nom d’empereur. C’est la fin de la République.
Certes, en principe Auguste est le princeps, le premier à la tête de l’État,
d’où le nom de principat accolé aux débuts de l’Empire. En réalité, il inau‐
gure bel et bien une longue liste d’empereurs, même si la fiction de la forme
républicaine se maintient jusqu’à Dioclétien (245-313). Auguste fonde une
nouvelle Rome et, pour ce faire, réforme à tour de bras, moyen commode
d’assurer sa mainmise tout en promouvant une efficacité plus grande. Dans
l’administration, il double, à tous les sens du terme, les fonctionnaires tradi‐
tionnels par des préfets, procurateurs, nommés et payés par lui. Il remplace
les impôts affermés par un système direct, court-circuitant les riches publi‐
cains qui percevaient l’impôt pour l’État en s’enrichissant considérablement
au passage. La justice est désormais du seul ressort de l’empereur, qui la dé‐
lègue à ses fonctionnaires, mais demeure juge en dernier appel. L’armée est
réorganisée et devient une armée de métier. La ville de Rome, capitale de
l’Empire, est divisée en quatorze districts, augmentée du forum d’Auguste,
de nouveaux temples, basiliques, même si l’empereur affecte une vie mo‐
deste dans une simple demeure sur le Palatin. Dans le domaine artistique, le
règne d’Auguste est qualifié de « siècle d’or », marqué par les poètes Ho‐
race (65-8 av. J.-C.), Virgile (70-19 av. J.-C.), Ovide (43 av. J.-C.-17
apr. J.-C.) et l’historien Tite-Live (59 av. J.-C.-17 apr. J.-C.).
Le dominat (284-476)
2. L’art romain
C’est par l’architecture que s’exprime le grand art romain. Le seul traité
d’architecture qui nous soit parvenu est celui de Vitruve (Ier s. av. J.-C.).
Après avoir été les élèves des Étrusques puis des Grecs, les Romains in‐
novent dans divers genres de monuments, inconnus jusqu’alors, les aque‐
ducs, les amphithéâtres, les arcs de triomphe. Leur architecture est surtout
connue par les monuments de l’époque impériale. Dans l’imitation des
ordres grecs, ils s’attachent peu au dorique ou à l’ionique mais utilisent le
corinthien auquel ils savent attribuer des formes nouvelles. Contrairement
aux Grecs pour lesquels le temple représente la construction essentielle, les
Romains sont davantage dominés par des nécessités pratiques telles que
l’approvisionnement de l’eau par des aqueducs ou évacuation de celle-ci
par le grand égout, ou Cloaca Maxima, bâti par Tarquin l’Ancien. Au
IIIe siècle avant J.-C., à la suite des conquêtes romaines et de la colonisa‐
tion systématique, un réseau de routes conformes à un plan d’ensemble est
entrepris. La Table théodosienne est une carte romaine du IIIe et du IVe siècle
où figurent de nombreux renseignements quant à l’organisation de la circu‐
lation dans l’empire. Nous la connaissons par sa copie du XIIIe siècle, la
Table de Peutinger. L’architecture romaine est née des besoins de la cité.
Deux choses distinguent les divers systèmes d’architecture : d’abord la
construction des supports verticaux, murs, piliers, ensuite la méthode em‐
ployée pour couvrir ou couronner un édifice. La plupart des architectures
antiques ont fait usage du même mode de couverture. Sur des points d’ap‐
pui verticaux, elles ont posé de grandes pièces. Mais l’élément de construc‐
tion reste toujours la plate-bande et l’angle droit. L’architecte romain résout
le problème autrement. Il substitue aux poutres horizontales une couverture
de bois ou de pierres. Les Romains lui donnent à leur tour une place impor‐
tante dans leur construction mais se limitent aux types suivants : la voûte en
berceau pour les allées et les couloirs, la voûte d’arête qui est faite de deux
voûtes en berceau se coupant à angles droits et la voûte hémisphérique pour
les salles rondes. Lorsque Brunelleschi se voit confier, vers 1420, l’achève‐
ment de la cathédrale de Florence par la construction d’une coupole qui doit
surmonter le transept, il reprend le système dynamique et statique de l’Anti‐
quité.
L’architecture privée
LA SCULPTURE ROMAINE
En 27 avant J.-C., Tibère quitte Rome pour s’installer à Capri et fuir les
intrigues de son entourage. Au sommet de l’île il se fait construire sa villa.
De cette époque peu de monuments nous sont connus mais date le Grand
Camée de France vers 20 après J.-C., de 31 cm de haut et 26 de large. Sur
l’un des trois registres, Auguste apparaît en compagnie de Drusus II et de
Germanicus s’envolant, monté sur Pégase. Le trésor découvert à Bosco‐
reale, cent neuf pièces de vaisselle, objets de toilette et bijoux dans une villa
romaine située sur les pentes du volcan, enfoui par le propriétaire avant le
drame, aurait peut-être appartenu à un membre d’une des familles impé‐
riales. Il faut attendre le règne de Néron pour qu’une nouvelle esthétique
s’affiche, combinant un goût pour l’ornementation et l’illusionnisme. Sous
les Flaviens, l’art connaît une diversité des monuments et une grande varié‐
té dans les tendances. La célèbre colonne de Trajan élevée à partir de 110
glorifie les actes de l’homme de guerre qui vainquit les Parthes et les Daces.
L’ensemble du monument mesure 42,20 m de hauteur. La colonne elle-
même est faite de dix-huit tambours de 2,50 m de diamètre et les deux mille
reliefs, s’ils étaient déroulés, formeraient une bande de 200 m de long. Ves‐
pasien, premier empereur à ne pas être issu d’une famille aristocratique,
inaugure une période heureuse de cent ans. Le Colisée à Rome est construit
sous son règne.
Le Colisée
Le Colisée ou amphithéâtre Flavien est une affaire de famille. Il a été entrepris sous
Vespasien (69-79) pour être achevé du temps de son fils Titus (79-81) et légèrement
modifié par son frère Domitien (81-96). C’est un amphithéâtre de pierre, capable de
contenir entre cinquante mille et soixante-dix mille spectateurs assis. En son centre,
une arène en forme d’ellipse longue de 86 m et large de 54 m. Sous cette dernière,
des couloirs, des systèmes de machinerie permettent de garder les fauves, puis de les
hisser dans l’arène au moment du spectacle. Il accueille les combats d’animaux, de
gladiateurs, des reconstitutions de batailles navales, sur une superficie de plus de
2 ha. Les spectateurs s’installent sur des gradins de pierre, sous lesquels passent en‐
core des couloirs voûtés. Les gradins ne sont plus bâtis aux flancs des collines mais
sur des constructions voûtées qui fournissent sous les arcades une multitude d’issues
vers l’extérieur. Le Colisée est formé de trois étages circulaires comportant chacun
quatre-vingts arcades séparées entre elles par des demi-colonnes en saillie. Puis une
architrave, poutre d’entablement posée sur les colonnes, domine l’arc de la voûte. Au-
dessus de l’architrave, une voile en toile naturelle peut être tendue sur deux cent qua‐
rante-quatre mâts de console pour abriter les spectateurs du soleil : le velarium. Lors
de son inauguration officielle sous Titus, en 80, un célèbre combat oppose deux
grands gladiateurs esclaves, Priscus et Verus. De force égale, aucun ne vainc l’autre,
mais leur ardeur émeut la foule et l’empereur, qui leur accorde à chacun le glaive doré
de la liberté. Fait unique, les épisodes de leur affrontement épique sont relatés dans un
poème de Martial (40-104).
La première moitié du IIe siècle est pour l’art romain une période particu‐
lièrement faste, marquée par l’inauguration du forum de Trajan, construit
par l’architecte Apollodore de Damas (v. 60-v. 129) sur la demande de
l’empereur. La colonne Trajane contiendra ses cendres, recueillies dans une
urne d’or et placées en son socle. Hadrien (117-138), son successeur, se
plaît non seulement à admirer les monuments des lointaines provinces
d’Orient, mais il tente en plus de les imiter dans la capitale impériale. Il
construit une villa à Tivoli, dont la construction dure vingt ans, nombre
d’années de son règne, d’une superficie d’environ 1,5 km2. Au bord du
Tibre, il fait élever son mausolée. De l’extérieur, il rappelle celui d’Au‐
guste. On lui doit encore la réédification du Panthéon de Rome qui exprime
le mieux l’architecture romaine. Sa coupole est considérée comme la plus
parfaite de l’Antiquité, produisant un effet de perspective particulier grâce
aux caissons qui la décorent et dont les dimensions vont en s’amenuisant
vers le haut. Par une ouverture centrale circulaire de 9 m de diamètre, l’ocu‐
lus, la lumière filtre et éclaire ainsi les dalles de marbre du sol. Les vestiges
de ce sanctuaire montrent que les reliefs du portique devaient être poly‐
chromes et son antique porte en bronze. Le modèle inspire les architectes de
la Renaissance dont Brunelleschi pour le dôme de Santa Maria del Fiore, à
Florence, en 1436. Vers le milieu du IIe siècle, l’art renoue avec des tradi‐
tions préchrétiennes, grecques ou étrusques, qui suscitent aussi le passage
de l’incinération à l’inhumation. Dès cette époque, l’art des sarcophages se
développe et remplace les urnes funéraires. Les Romains appartenant à de
grandes familles sont inhumés dans des sarcophages en marbre, ceux des
empereurs sont en porphyre. Les représentations des bas-reliefs figurent des
scènes de mythologie ou de la vie quotidienne. Avec l’époque des Antonins
(138-192), des mutations dans le domaine de l’art se produisent. La repré‐
sentation est plus abstraite et on renonce complètement à l’anecdote comme
dans la Colonne de Marc-Aurèle qui relate les hauts faits de l’empereur.
L’action se concentre sur l’homme tenu pour essentiel. L’évolution interve‐
nue dans la sculpture montre un traitement du corps et des visages plus bru‐
tal aussi. La tension dramatique est marquée par la mise en scène d’un
grand nombre d’épisodes sanglants. L’empreinte hellénisante s’efface et est
remplacée par une angoisse, un désarroi faisant place aux forces surnatu‐
relles. Les œuvres se distinguent par une profusion d’éléments décoratifs,
une technique sculpturale produisant des reliefs qui se découpent en ombres
et lumières très marquées. La seule statue équestre conservée est celle de
Marc Aurèle que Michel-Ange place devant le Capitole. Elle deviendra
pour celles du Moyen Âge et de la Renaissance un modèle.
L’art sous la dynastie des Sévères (193-235)
Au IIIe siècle, l’une des dernières périodes de l’art romain s’amorce. Dans
les provinces romaines, le naturalisme de l’art impérial est remplacé peu à
peu par les traditions locales, qui dans le domaine religieux voient naître
des temples romano-africains, romano-celtiques, romano-syriens. Un style
nouveau, anticlassique, lié à la décadence se fait jour. L’art a évolué au
contact des tendances philosophiques du IIe siècle. À l’épicurisme des Cé‐
sars s’est substitué le stoïcisme moralisateur des Antonins. L’effet pratique,
la plastique ont plus d’importance que la réalité. C’est pour cette raison
qu’on insiste davantage sur l’impression laissée par l’ombre et la lumière
que sur la silhouette ou le contour de l’image. La morale stoïcienne peut se
retrouver dans le choix de certains sujets. Au cours du IIIe siècle, ce sont
surtout les influences orientales qui s’affirment de plus en plus dans le
monde romain. Elles concernent non seulement la littérature, mais aussi la
religion et l’art dans les provinces les plus lointaines comme dans la capi‐
tale. Avec Caracalla (règne : 211-217), les thermes impériaux les plus
grands sont bâtis.
nous soient parvenus. Ils se composent au centre de grandes chambres voûtées cou‐
vrant une superficie de 230 m par 115, avec les tribunaux et les salles auxiliaires, en‐
tourés par un jardin avec un espace utilisé pour l’exercice et les jeux. Il y avait trois
chambres destinées au bain : le frigidarium, ou chambre froide ; le caldarium ou salle
chaude, et le tepidarium, ou chambre tiède. Entre le frigidarium et le tepidarium se
trouvait la grande salle, couverte par une voûte avec des fenêtres hautes. Il y avait
aussi de grandes piscines en plein air. Le marbre a été utilisé abondamment, la déco‐
ration à l’intérieur était riche en sculptures, mosaïques, fresques.
L’ART ROMAIN TARDIF, LA FIN DU MONDE ANTIQUE
L’art du IVe siècle est marqué par plusieurs faits déterminants pour son
évolution tels la disparition du régime tétrarchique, la prise du pouvoir par
Constantin, le choix de Constantinople, le « nouveau Rome », le développe‐
ment du christianisme rendu possible par Constantin. De nouveaux monu‐
ments adaptés à la nouvelle liturgie se bâtissent avec des thèmes au réper‐
toire neuf, les autres s’inspirent de la tradition romaine. L’Arc de Constan‐
tin est souvent considéré comme le plus représentatif de cette période. Érigé
pour commémorer sa victoire sur Maxence en 312, il reprend l’architecture
de l’arc de triomphe à trois portes déjà connu. Il est constitué d’éléments de
périodes très diverses : c’est sous le règne d’Hadrien que les médaillons
sont exécutés, les bas-reliefs de l’attique sous celui de Marc Aurèle. Il
s’agit avant tout de décrire plus que de susciter une émotion esthétique. Cet
art ne s’intéresse plus à la diversité des formes que produit la nature mais
s’enferme dans des types conventionnels de représentation, les personnages
sont montrés de face avec une taille correspondant à leur place dans la hié‐
rarchie militaire ou politique. Le corps humain représenté sert à exprimer
des idées telles que l’autorité, la douleur ou la tension spirituelle. L’image
de l’empereur s’impose sous toutes ses formes. Les camées connaissent un
exceptionnel renouveau. En sculpture, le traitement de la tête, telle la tête
gigantesque de Constantin provenant de la basilique du forum, reprend à la
Grèce l’arrondi des formes, mais les yeux énormes et impérieux s’adressent
aux spectateurs pour leur imposer l’essence surhumaine du nouveau domi‐
nus. Constantin fonde aussi à Rome les premières églises chrétiennes monu‐
mentales. La plus célèbre est celle qui se trouvait recouvrir un modeste mo‐
nument que les chrétiens avaient bâti sur le Vatican au temps de Marc Au‐
rèle où ils pensaient avoir enterré le corps de l’apôtre Pierre. La mosaïque
constitue alors le principal élément décoratif non seulement des sols, mais
aussi des voûtes des murs. Celles retrouvées à Tunis, le Triomphe de Bac‐
chus, ou à Constantine, le Triomphe de Neptune et d’Amphitrite, sont ca‐
ractéristiques de cette période. L’héritage artistique sera au début du
Ve siècle exploité pendant des siècles, faisant de l’art carolingien un de ses
dignes prolongements.
3. La philosophie à Rome
Carnéade (v. 215-v. 129 av. J.-C.), à la suite de son prédécesseur Arcési‐
las de Pitane (315-241), avait scandalisé les Romains, dont Caton, car, lors
de l’ambassade des philosophes en 156 avant J.-C., il fit des discours à deux
jours d’intervalle sur le thème de la justice d’un point de vue opposé. L’idée
était de montrer par cet exercice qu’il est possible d’émettre pour ou contre
des idées sur un point de vue, bien qu’en considérant que tous les points de
vue se valent. Il s’oppose à Chrysippe comme Arcésilas s’était opposé à
Zénon de Citium. Il recherche dans les choses la probabilité et non une
certitude. Le scepticisme radical sera représenté par Énésidème au Ier siècle
après J.-C. et Sextus Empiricus au IIIe siècle. Ils développent les arguments
sceptiques dont le plus fort est le diallèle ou cercle vicieux, car pour juger
de la valeur d’une démonstration il faut une démonstration. Sur Énésidème,
nous avons peu de renseignements. Il classa sous le nom de « tropes » les
dix principaux arguments en faveur du scepticisme et montra par eux l’im‐
possibilité de savoir si les choses sont bien telles qu’elles nous apparaissent.
Le dernier épisode notable de cette école se rattache au nom de Sextus Em‐
piricus dont les principaux arguments sont résumés dans les Esquisses pyr‐
rhoniennes et qui tentent de prouver que toutes les sciences reposent sur des
conventions et des commodités intellectuelles.
4. La musique à Rome
5. La littérature à Rome
◆ Plaute (Titus Maccius Lautus, 254-184 av. J.-C.) est connu comme
l’auteur classique de la comédie latine. Vingt et une de ses pièces nous sont
parvenues sur les cent trente qu’on lui attribue. Les plus célèbres sont Am‐
phitryon qui inspira Molière, La Marmite (Aulularia), Poenulus. Il se sert
de sujets grecs qu’il adapte en latin et transforme très librement. Toutes sont
des comédies amoureuses bâties sur des intrigues de confusion de per‐
sonnes et de reconnaissance finale. L’Aulularia est une comédie de mœurs.
Euclion, digne précurseur de l’Harpagon de Molière, a trouvé une marmite
pleine d’or qu’il cache au prix de mille sollicitations. Dans le prologue,
Plaute nous apprend par l’intermédiaire d’une divinité protectrice du foyer
le double problème de l’intrigue : les inquiétudes d’Euclion devenu riche, et
le désir du dieu lare de marier la fille d’Euclion, Phaedra.
◆ Térence (Publius Terentius Afer, 190-159 av. J.-C.) a composé six co‐
médies : L’Andrienne, L’Eunuque, Phormion, L’Hécyre, Le Bourreau de
soi-même (Héautontimorouménos) et Les Adelphes. À l’instar de Plaute, il a
puisé dans le théâtre grec et se fait une gloire d’imiter ses pièces, mais c’est
surtout de Ménandre qu’il s’inspire. Il s’efforce de donner unité et consé‐
quence à l’action de ses pièces et de dessiner avec précision le caractère de
ses personnages. La force comique des anciennes comédies, leur bouffonne‐
rie reculent. Il privilégie l’élégance des jeux de mots qui s’adressent à un
public raffiné.
Virgile (Publius Vergilius Maro, 70-19 av. J.-C.) se distingue dans la poé‐
sie épique. Ses œuvres, l’Énéide et les Géorgiques, exaltent les passions hu‐
maines. Dante, en écrivant La Divine Comédie, rend hommage à son génie
en le prenant pour guide pour le conduire à travers les lieux expiatoires. Il
fait un éloge de la campagne et du travail des champs et tente de magnifier
l’histoire romaine dans la tradition des légendes de l’Antiquité. Les Buco‐
liques, écrites de 49 à 39 avant J.-C., sont une transposition de la campagne
italienne dont il loue les traditions. La partie annonçant la venue d’un enfant
extraordinaire qui apportera le salut aux hommes sera perçue par les chré‐
tiens comme l’annonce de la venue du Christ. Son autre grande œuvre, les
Géorgiques, divisée en quatre livres, traite de la culture des champs, de l’ar‐
boriculture, de l’élevage et de l’apiculture. Mais son legs le plus important
reste l’Énéide, rédigée sur la demande d’Auguste afin d’exalter la grandeur
de Rome, il souhaite y rivaliser en prestige avec l’Odyssée.
Horace (Quintus Horatius Flaccus, 65-8 av. J.-C.) illustre son génie dans
les Satires, les Odes, les Épîtres dont une des dernières, intitulée l’Art poé‐
tique, livre les principaux préceptes à respecter en matière de poésie. Cette
idée sera reprise plus tard par trois poètes : Vida, poète du XVIe siècle, Boi‐
leau au XVIIe siècle et Verlaine au XIXe siècle. Il fait ses études à Athènes,
grandit à Rome et devient l’ami de Brutus, l’assassin de César. Après avoir
trouvé un mécène, il devient l’un des poètes les plus importants de Rome et
surtout le fondateur des satires classiques. Le genre traité est celui de la vie
quotidienne des Romains. L’homme y tient une place prépondérante.
Tibulle (Albius Tibullus, 50-19 av. J.-C.) est le plus grand poète élé‐
giaque romain avec Properce. L’amour, le désir, la souffrance sont ses
thèmes de prédilection qu’il exprime pour Délia, son premier amour, Némé‐
sis qui lui succède et Marathus, un jeune garçon. Le recueil des Élégies, Eli‐
giarum libri, comprend poèmes et pièces amoureuses qui ont fait considérer
sa poésie lyrique amoureuse comme une métaphysique de l’amour. Les Élé‐
gies de Lygdamus se placent tout à fait dans la tradition de Tibulle.
Les œuvres d’Ovide (Publius Ovidius Naso, 43 av. J.-C.-17 apr. J.-C.)
comprennent des élégies de différentes sortes : Les Tristes, Les Pontiques,
des poèmes mythologiques, Les Fastes et Les Métamorphoses. Il décrit aus‐
si facilement les combats que les moments de volupté, les héros que les ber‐
gers et il plaît jusque dans ses défauts. Il ne croit plus, comme Virgile, à une
fatalité à laquelle les hommes doivent se plier. L’amour, la volonté dirigent
les hommes et se dressent contre les pouvoirs impersonnels que les lois, les
mœurs peuvent leur imposer. Ses œuvres concernent les élégies amou‐
reuses, Les Remèdes d’amours, Les Héroïdes, L’Art d’aimer, Les Tristes.
Pline l’Ancien (Caius Plinius Secundus, 23-79) ne doit pas être confondu
avec son neveu adoptif Pline le Jeune. Pline l’Ancien est fonctionnaire ad‐
ministratif et commandant d’une flotte. Dans son œuvre gigantesque His‐
toire naturelle, dédiée à l’empereur Titus, où il traite de tous les sujets
concernant le monde (terre, soleil, planètes, animaux terrestres, botanique),
la nature est conçue comme « une souveraine et ouvrière de la création5 ».
Le livre XXXV constitue une véritable histoire de l’art, nous fait connaître
les œuvres autant que les artistes de l’Antiquité, permet à la Renaissance de
puiser dans ce vaste répertoire artistique. Pline assure qu’il avait consulté
deux mille volumes pour mener à bien sa gigantesque enquête. Il a égale‐
ment rédigé des œuvres de grammaire, de rhétorique, de stratégie. C’est en
s’approchant trop près du Vésuve pour porter secours aux habitants et étu‐
dier son éruption qu’il trouve la mort.
« Historia est magistra vitae », l’histoire nous enseigne la vie. Cette for‐
mule cicéronienne met d’emblée l’homme, la morale au centre de toutes
considérations historiques. Il faut pourtant attendre près de cinq siècles
après le récit de la venue à l’existence fabuleuse de Rome pour que les pre‐
mières tentatives d’une histoire romaine s’amorcent. Ce qui pourrait être in‐
terprété comme un manque de curiosité au premier abord s’explique en fait
par plusieurs raisons. En premier lieu, la langue latine apparaît tardivement,
les premiers historiens étant des Grecs, et les Latins écrivant dans la langue
de Thucydide. Par ailleurs, les archives officielles de la ville, les Annales
des pontifes6, par leur caractère religieux et secret, s’imposèrent comme tra‐
dition historique pendant longtemps, tout comme celle de la gens, personne
d’un même clan qui transmettait oralement leurs archives privées et les ima‐
gines, ou portraits, de leurs ancêtres. Les premiers artistes à Rome furent
grecs, il en est de même dans le domaine de l’histoire.
◆ Caton l’Ancien (Marcus Porcius Cato, 234-149 av. J.-C.) est le pre‐
mier historien dans la littérature historique romaine à écrire en latin. Il com‐
pose, la cinquantaine passée, les Origines, en prose. Cet ouvrage relate, en
sept livres, l’histoire de Rome depuis sa fondation dans une conception qui
refuse l’idée d’une prédestination de Rome d’essence divine. Son autre
œuvre, De agri cultura (De l’agriculture), est la seule qui nous soit parve‐
nue dans son intégralité. C’est lui rendre justice que de voir en lui le fonda‐
teur du discours latin tant politique qu’artistique. Son conservatisme et ses
principes rigides lui valurent le surnom de Caton le Censeur.
◆ Les Commentaires de Jules César (Caius Julius Caesar, 100-44 av. J.-
C.) prennent place parmi les Mémoires qui se multiplient au Ier siècle avant
J.-C. Il reçoit une bonne formation littéraire de son maître, le rhéteur et
grammairien Marcus Antonius Gnipho, puis d’Apollonius Molon, sans
être pour autant considéré comme un homme de lettres. Les sept livres des
Commentaires sur la Guerre des Gaules (Commentarii de bello gallico)
sont des aide-mémoire, des dossiers sur les campagnes qu’il a menées en
Gaule de 58 à 52 avant J.-C. et retracent ses avancées jusqu’au Rhin et en
Grande-Bretagne. La fin est dominée par la défaite du chef arverne Vercin‐
gétorix à Alésia. César a également rédigé un traité de grammaire, De ana‐
logia, un pamphlet politique, l’Anticato, des poèmes et une tragédie, Œdipe.
TROIS GRANDS HISTORIENS DE L’EMPIRE : TACITE, SUÉ‐
TONE, DION CASSIUS
La religion romaine était fondée non pas sur la grâce divine, mais plutôt
sur la confiance mutuelle (fides) entre les dieux et les hommes. L’objet de la
religion romaine était d’assurer la coopération, la bienveillance et la
« paix » des dieux (pax deorum). Les Romains croyaient que cette aide di‐
vine leur donnerait la possibilité de maîtriser les forces inconnues et, ainsi,
de vivre avec succès. Par conséquent, il y eut un corps de règles, le jus divi‐
num (loi divine), ordonnant ce qu’il fallait faire ou éviter. Ces préceptes,
pendant de nombreux siècles, consistaient en des indications pour la bonne
exécution du rituel. La religion romaine a mis l’accent presque exclusive‐
ment sur les actes du culte, les dotant de toute la sainteté de la tradition pa‐
triotique. La religion romaine, la mythologie et une partie des légendes sont
issues d’un héritage étrusque et grec. Toutefois, la religion évolue au fil des
siècles, de la croyance aux numina, les forces essentielles aux cultes orien‐
taux à mystères, jusqu’à l’adoption du christianisme et, avec lui, d’un au-
delà. Les mythes romains sont fondateurs de la cité par excellence (appel à
Énée le Troyen, combat fratricide de Romulus et Remus, divinisé en Quiri‐
nus). Sinon, ils sont empruntés à l’Orient, comme celui de la déesse phry‐
gienne Cybèle, grande déesse Mère. Les légendes exaltent elles aussi le
sens civique poussé à l’héroïsme (combat des frères Horaces romains contre
les frères Curiaces, champions d’Albe ; action du seul Horatius Coclès
contre l’armée étrusque ; la tentative désespérée de Mucius Scaevola contre
les Étrusques et l’inflexible courage de Clélie, qui traverse le Tibre à la
nage pour s’échapper). La République voit la naissance et la multiplication
des cultes étrangers à Rome. Les cultes à mystères se répandent en même
temps que les divinités orientales, offrant une approche mystique inconnue
de la religion romaine traditionnelle. Dès la fondation de l’Empire, le culte
rendu aux empereurs défunts, devenus dieux après leur apothéose, entend
inscrire de nouveau la religion dans un cadre civique. Les principales divi‐
nités sont reprises du panthéon grec. Citons toutefois : Jupiter, dieu du
Ciel ; Mars, dieu de la Guerre ; Vulcain, dieu du Feu ; Neptune, dieu de
l’Eau ; Saturne, dieu des Semailles ; Junon, épouse de Jupiter, déesse de la
Fécondité ; Minerve, déesse de la Sagesse ; Vesta, déesse du Foyer ; Flore,
déesse des Fleurs et des Jardins ; Larentia, maîtresse du monde inférieur. Il
convient d’ajouter les divinités secondaires, les Pénates, protectrices de la
maison, les Lares, qui veillent sur les champs. Le culte, outre celui des an‐
cêtres, propre à chaque famille, est contrôlé par l’État, organisateur des cé‐
rémonies, gardien des sanctuaires. Le service des dieux comporte vœux et
sacrifices, offrandes de nourritures, de boissons, d’animaux. Chaque divini‐
té bénéficie d’un collège de prêtres qui lui est propre, au nombre de places
réduit. Le sacerdoce est une charge exercée à vie. Dans les dernières
époques de l’Empire, des concepts comme la Foi, la Concorde, l’Espérance,
sont divinisés. Les Romains ont à l’égard des dieux une attitude fondée sur
le respect d’un contrat, le droit et ses formes priment sur toute mystique.
Offrandes, sacrifices, vœux réalisés selon la forme prévue doivent débou‐
cher sur la faveur attendue en retour. Il n’y a aucune récompense à attendre
des bonnes actions, aucune sanction pour les mauvaises. Les morts passent
leur éternité dans un monde souterrain sans espoir, à regretter de n’être plus
de ce monde. Tout comme pour les dieux, un contrat est passé afin de les
dissuader de revenir hanter les vivants : une cérémonie d’offrandes, neuf
jours après le décès, un culte aux ancêtres. En échange, ils sont priés de de‐
meurer là où ils se trouvent, sans troubler leurs descendants. C’est la philo‐
sophie grecque, les cultes orientaux fondés sur la mort du dieu et sa renais‐
sance, puis le christianisme qui imposent peu à peu l’idée d’une foi dans
l’au-delà.
Temps et calendrier
Les mathématiques
L’astronomie
Outre son intérêt pour les poètes et les récits mythiques, l’astronomie,
souvent confondue avec l’astrologie, passionne les Romains. Ils connaissent
les constellations, la Grande Ourse notamment, mais il s’agit surtout d’un
savoir populaire. Le plus célèbre astronome est Claude Ptolémée. Ses ob‐
servations astronomiques s’échelonnent entre les années 127 et 151. Il vit et
meurt à Alexandrie, probablement vers 168. Auteur d’une Syntaxe mathé‐
matique (l’Almageste), il y expose son système, selon lequel la terre serait
fixe au centre de l’univers, alors que le Soleil, la Lune, les étoiles tournent
autour d’elle. Il établit un catalogue des étoiles de mille vingt-deux astres,
calcule la distance de la Terre à la Lune, le diamètre de cette dernière. Son
œuvre demeure incontestée du IIe siècle au XVIe siècle, en dépit d’Aristarque
de Samos, qui au IIIe-IIe siècle avant notre ère avait déjà placé le Soleil au
centre de notre système planétaire.
La médecine
En 293 avant J.-C., le culte d’Esculape est introduit à Rome, et avec lui la
médecine grecque, qui conquiert rapidement tous les suffrages. La méde‐
cine romaine est connue de par une partie de l’encyclopédie de Celse
(Ier siècle apr. J.-C.). Le vocabulaire médical y est grec, les auteurs cités
également. Celse indique comment traiter les blessures par projectiles, l’ex‐
traction et les soins postérieurs, celles par armes empoisonnées. Il prodigue
des conseils d’hygiène, trace le portrait du chirurgien : « Le chirurgien doit
être jeune, ou, du moins, encore près de la jeunesse ; il doit avoir la main
ferme et sûre, jamais tremblante, doit être aussi adroit d’une main que de
l’autre, avoir la vue claire et perçante, le cœur intrépide. Déterminé à guérir
celui qui se confie à ses soins, il ne doit pas se hâter plus que le cas ne
l’exige, ni couper moins qu’il n’est nécessaire : il doit tout faire comme si
aucune plainte du patient ne l’affectait8 ». L’Histoire naturelle de Pline
l’Ancien fournit les recettes des remèdes venus de la médecine grecque.
Notes
1. Les Julio-Claudiens appartiennent tous à deux familles patriciennes, la gens Julia et la gens
Claudia. Les empereurs Auguste, Tibère et Caligula sont issus de la première, Claude et Néron, de la
seconde. Quant aux Flaviens, issus de la gens Flavii, 69 à 96 après J.-C., on y retrouve les empereurs
Vespasien, Titus, Domitien.
2. Dès 240 avant J.-C., Livius Andronicus fait représenter aux jeux romains la première tragédie
traduite d’un modèle attique, la résistance nationale reste vive.
3. La théorie des simulacres permet d’expliquer non seulement la perception des sens mais aussi
des rêves et du travail de la pensée. Les simulacres se détacheraient de tous les corps, sortes de mem‐
branes légères, chacune d’elles présentant en miniature la forme et l’aspect de l’objet dont elle
émane. Elles pénétreraient dans les organes des sens, en voltigeant dans les airs.
4. Épictète, Entretiens III, 2, 1-2, trad. Joseph Souilhé, Paris, Les Belles Lettres, 1963.
5. Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XXII, 117.
6. Elles consistent en un recueil publié année par année regroupant les procès-verbaux des délibé‐
rations des pontifes. La plupart de ces archives disparurent avec le grand incendie de Rome, provo‐
qué par les Gaulois. Selon Cicéron, le grand pontife inscrivait sur un tableau blanchi la tabula deal‐
bata, les noms des consuls, magistrats puis, par ordre chronologique, les événements qui avaient eu
lieu.
7. Pierre Grimal, La Littérature latine, Paris, Fayard, 1994, p. 478.
8. Aurelius Cornelius, Celse. Traité de médecine, traduction nouvelle, livre VII, Paris, Masson,
1876.
CHAPITRE XIV
Le christianisme
Le Nouveau Testament
Attribués à Luc, les Actes des Apôtres sont des sources fondamentales.
Les voyages missionnaires effectués par Pierre et par Paul de façon séparée
y sont racontés en détails. Le récit débute avec l’Ascension de Jésus suivie
de la Pentecôte et relate les débuts de l’Église primitive.
Les Épîtres de Paul, adressées à une communauté particulière ou à un
destinataire précis, sont complétées par sept épîtres catholiques, c’est-à-dire
adressées à toute l’Église, probablement datées des années 60.
L’Apocalypse
2. L’évolution du christianisme
LA DOCTRINE GNOSTIQUE
L’Évangile de Judas
Parmi les nombreux évangiles du IIe siècle, celui de Judas, découvert dans les an‐
nées 1970 en Moyenne-Égypte, est classé comme gnostique. C’est un manuscrit en
papyrus, composé de vingt-six pages, faisant partie d’un codex d’une soixantaine de
pages, appelé codex Tchacos, contenant également deux autres textes apocryphes,
l’Épître de Pierre à Philippe et la Première Apocalypse de Jacques. Il tente de définir
qui est le Christ et comment le caractériser. Traduit en 2006 et publié par la National
Geographic Society, ce texte donne un éclairage sur les origines du christianisme au
I siècle. Irénée de Lyon mentionne son existence dans un groupe gnostique caïnite.
er
Son auteur est anonyme mais a pris le nom de Judas afin de placer le texte sous une
haute autorité. Le déchiffrement du papyrus contredit les enseignements du Nouveau
Testament. La traduction montre un texte non sectaire où Judas est celui que Jésus
choisit pour le livrer : « Tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras l’homme qui me sert
d’enveloppe charnelle3. » Cette vision, Judas traître et héros, diffère de celle des Évan‐
giles canoniques, aujourd’hui remise en question par la communauté scientifique, lors
d’un congrès en mars 2008, à l’université Rice de Houston. Judas y est montré comme
un être sous l’emprise de son destin et de celui dicté par les astres, qualifié de trei‐
zième daimon, il est celui qui gouvernera sur ceux qui le maudissent. Par l’entremise
de son étoile, il devra « sacrifier l’enveloppe charnelle de son maître et l’offrir au dieu
Saklas4 ». C’est au IVe siècle que Judas devient important et, au Ve siècle, selon saint
Augustin, « Judas est la figure du peuple juif5 ». Il y a un parallélisme entre le regard
porté sur Judas et celui que les chrétiens posent sur le judaïsme comme déicide : Ju‐
das devient alors le symbole de la culpabilité du peuple juif. Au Moyen Âge, on justifie
les impôts spécifiques qu’on fait payer aux juifs en disant qu’ils sont une compensation
aux trente deniers perçus par Judas. Le regard porté sur lui commence à s’humaniser
au XVIIIe siècle.
LE CHRISTIANISME CONSTANTINIEN
À la fin du IIIe siècle, Aurélien (empereur de 270 à 275) fonde une nou‐
velle religion monothéiste d’État, celle du Sol invictus, le dieu soleil invain‐
cu dont il fait reproduire le symbole sur les enseignes militaires. Il espère
par le caractère exclusif de cette religion endiguer la montée du christia‐
nisme. Les chrétiens et tous ceux qui refusent de la suivre seront persécutés.
Constantin (Flavius Valerius Aurelius Claudius Constantinus, v. 285-337),
comme son père Constance Chlore, suit d’abord cette religion solaire. Puis
constatant l’avancée du christianisme et renonçant à la politique de persécu‐
tion de ses prédécesseurs, il prend le parti de s’appuyer finalement sur le
christianisme pour consolider l’unité de son empire. Par l’édit de tolérance
du 30 avril 311, Constantin et son coempereur Licinius mettent fin à la per‐
sécution des chrétiens. Après la mort de Galère à Sardique, Maximin II
Daïa obtient l’Asie et sous son règne de nouvelles persécutions antichré‐
tiennes ont lieu. Constantin s’allie à Licinius contre ce dernier et Maxence.
La bataille décisive a lieu devant Rome en 312 au pont Milvius. Maxence y
trouve la mort. La légende veut qu’avant cette bataille Constantin ait vu
dans le ciel une croix entourée d’une banderole et, convaincu de la puis‐
sance du dieu des chrétiens, ait voulu se convertir. Constantin reste seul
empereur d’Occident, pendant que Licinius, vainqueur de Maximin II Daïa,
règne sur le monde oriental. Après sa victoire, Constantin fait ériger sur le
Forum Romanum sa statue en pied avec la croix en guise d’insigne de son
triomphe. C’est la première représentation de l’empereur chrétien. Mais
plus encore, le ralliement de Constantin au christianisme est le couronne‐
ment de l’évolution de cette religion6 même si, encore au IVe siècle, sub‐
sistent bon nombre de religions orientales, culte d’Isis ou de Mithra. Les
chrétiens ne sont encore en 312 qu’une minorité dans l’Empire.
En Occident
En Orient, le premier ermite chrétien est saint Antoine (v. 251-v. 356),
qui s’était retiré dans le désert. Son exemple fait école mais pose des pro‐
blèmes à la vie chrétienne, car un autre ermite, saint Pacôme (292-348),
découvre dans la vie érémitique sans règle des dangers qu’il s’efforce de
pallier en fondant une communauté assujettie à un régime commun de
prière et de travail sous l’autorité d’un supérieur. Après avoir été attesté en
Égypte, le monachisme l’est aussi en Palestine, avec Hilarion et son âge
d’or, sous Euthyme le Grand (377-473) et saint Sabas (439-532). La
laure, village de moines, se généralise dans le désert de Jérusalem.
LA CHRISTIANISATION DE L’EUROPE
Entre 375, invasion des Huns, et 568, migration des Lombards, en Eu‐
rope, des migrations vont avoir lieu. La puissante et constante intrusion de
ces peuples en Europe va en modifier le statut politique et la civilisation. La
plupart des peuples barbares8, la France exceptée, sont déjà christianisés au
moment où ils envahissent l’Occident, christianisés mais de confession
arienne, hérésie condamnée en 325 par le concile de Nicée. Les invasions
vont créer un désarroi immense chez les Romains. Le sac de Rome par Ala‐
ric en 410 connaît un retentissement considérable. Les tribus germaniques
pillent les provinces romaines. Incapables de faire face sur tous les fronts,
les autorités impériales s’efforcent de disperser les Barbares, de les éloigner
des zones les plus riches et les plus urbanisées. L’arrivée des Huns a des ré‐
percussions tout le long du limes jusqu’en Germanie occidentale. En 406,
Vandales, Suèves et Alains franchissent, à la hauteur de Mayence, le Rhin.
Ils se répandent en Gaule et dévastent tout. D’autres peuples barbares s’en‐
gouffrent à leur suite et progressent à l’ouest du Rhin : Burgondes, Ala‐
mans, Francs. En 409, Vandales, Suèves et Alains se répandent en Espagne,
poursuivant leur pillage. L’empereur Honorius, en 413, installe les Wisi‐
goths en Narbonnaise, sous la direction du roi Athaulf, et, en 415, il leur de‐
mande de combattre les Vandales pour les rappeler définitivement trois ans
plus tard et les installer en Aquitaine. Le royaume de Toulouse est le pre‐
mier royaume barbare établi à l’intérieur du royaume. Les Alamans
s’étendent sur la rive gauche du Rhin, tandis que les Francs profitent de la
désorganisation de l’Empire pour s’avancer à l’ouest du Rhin. Des peuples
entiers sont désormais installés dans l’Empire. Sous l’autorité d’un roi na‐
tional, ils jouissent d’une autonomie totale mais sont considérés comme des
troupes régulières au service de Rome et leur roi occupe une place dans la
hiérarchie militaire. Avec la désorganisation de l’Empire, ce sont les
évêques qui vont jouer un rôle important entre les Romains et les Barbares.
Léon le Grand, pape au Ve siècle, va au-devant d’Attila pour négocier. Un
tableau de Raphaël, au Vatican, montre cette rencontre avec le Hun. Ce
dernier accepte de ne pas marcher sur Rome et de se retirer. Mais il y a aus‐
si des moniales comme sainte Geneviève qui remonte le moral des Pari‐
siens, lorsque ce même Attila se présente aux portes de Paris. Accueillis
comme hôtes, les envahisseurs sont fixés au sol sur la base d’un traité, foe‐
dus, d’où le nom de fédérés qui leur est définitivement donné. Le véritable
artisan de cette politique de collaboration, laissant supposer qu’entre 423 et
450 la crise des invasions a été surmontée, est Aetius (v. 395-454). Généra‐
lissime des légions romaines, avec l’aide des Huns, il défait les Burgondes
du Rhin inférieur, dont le roi Gunther a violé ses engagements envers
Rome. Aetius installe le reste du peuple burgonde à titre de fédérés sur le
Rhône supérieur et la Saône avec pour centre Genève, leur donnant pour
mission de garder les frontières devant les Alamans. Pourtant, il ne peut
empêcher Genséric, roi des Vandales, quittant l’Espagne, de prendre Car‐
thage. Il acquiert ainsi une base importante de la Méditerranée, lui fournis‐
sant une puissance navale. Aetius doit accepter la paix que Genséric lui pro‐
pose. Les plus riches régions autour de Carthage lui sont concédées non en
qualité de fédéré, selon le droit colonial romain, mais en tant que conqué‐
rant. Les biens des propriétaires romains et des clercs catholiques sont
confisqués. En contrepartie, Genséric s’engage à faire des livraisons de cé‐
réales à Rome. Les conséquences quant à l’installation de ces peuples fédé‐
rés sont décisives, la situation variant néanmoins en fonction des régions.
On assiste à un recul du christianisme, là où s’installent les Francs dans le
nord de la Gaule et là où se trouvent les ariens qui font de leur foi un facteur
d’identité nationale. Une autre conséquence, après 476, permet à l’aristocra‐
tie sénatoriale d’investir des charges épiscopales. Leur légitimité est assez
vite acceptée par l’Église. Les souverains païens acceptent aussi cette colla‐
boration avec l’Église, les évêques assurant la survie des institutions ro‐
maines. Ils sont les premiers à se convertir et demander le baptême, comme
Clovis.
LE CHRISTIANISME ORIENTAL
L’ART PALÉOCHRÉTIEN
C’est seulement à partir du IIIe siècle que certains bâtiments sont voués à
la célébration du culte. Lors des persécutions, ces édifices sont détruits, les
communautés se réunissent alors dans les catacombes, voire dans les mai‐
sons de particuliers transformées en églises. Les cimetières chrétiens, qui ne
diffèrent pas des catacombes païennes et juives, existent dès le IIe siècle
dans tout l’Empire, à Rome, à Naples, à Alexandrie, à Syracuse, à Malte, en
Afrique du Nord, en Asie Mineure. Les maisons des particuliers ne sont que
de simples constructions, parfois de riches villas comme celles de certains
sénateurs ou de matrones. Des églises sont toutefois utilisées, car en 260
une ordonnance de Gallien (empereur de 253 à 268) en restitue certaines à
Rome. Les thèmes picturaux qui décorent les catacombes avant d’emprun‐
ter ceux des païens utilisent de nombreux symboles comme mode de recon‐
naissance : croix, poisson, colombes, ancres. Le mot grec ichtyos (poisson)
sert d’anagramme pour Jésus-Christ, fils de Dieu et sauveur. L’art chrétien
n’est pas une création originale. On le trouve aussi bien à Rome qu’au
Proche-Orient. On peut dire que l’art antique se christianise. Les motifs sont
en partie des transpositions d’images païennes. Ainsi le motif des Amours
et des Psychés, au cimetière de Domitille (IIIe siècle), sert à évoquer les des‐
tinés de l’âme, l’antique porteur de veau ou de bélier donne son attitude au
bon pasteur, tout comme le mythe d’Orphée, aux catacombes de Priscille.
Mais des thèmes purement chrétiens apparaissent également, des scènes de
l’Ancien Testament (le Sacrifice d’Abraham, Jonas et la Baleine) ou du
Nouveau Testament (la résurrection de Lazare). Dès le IIe siècle, des figures
du Christ, au cimetière de Prétextat, et de la Vierge, aux catacombes de
Priscille, font leur apparition. Mentionnons les fresques de la synagogue de
Doura Europos qui succombe aux attaques perses vers le milieu du
IIIe siècle : elles constituent encore aujourd’hui l’un des plus monumentaux
ensembles de peintures de l’Orient romain. Elles prouvent que malgré l’in‐
terdiction judaïque des images, il existait chez les juifs une peinture reli‐
gieuse figurative.
L’ARCHITECTURE CHRÉTIENNE
LA SCULPTURE CHRÉTIENNE
L’art copte est l’art des chrétiens d’Égypte qui perdure de l’édit de Milan
en 313, où l’on reconnaît l’existence de la communauté chrétienne, jus‐
qu’après 640, moment où les Arabes conquièrent le pays. Ses origines sont
à chercher dans l’art romain qui, après l’art hellénistique, s’est développé
dans tout l’Empire. Les coptes sont des chrétiens monophysites dont la
langue liturgique est restée le copte, dernière forme du langage pharao‐
nique, qui disparaît de l’usage courant pendant le XVIIe siècle. Le mot
« copte » dérive de l’arabe qubti, corruption du grec aiguptios transformé
en (ai)gubti(os) puis qubti. L’Égypte reste fidèle à ses anciennes concep‐
tions religieuses jusqu’au IIIe siècle C’est également en Égypte que la vie
monastique se développe avant de se propager en Orient et en Occident la‐
tin. De l’architecture copte, les monuments typiques seront d’ailleurs les
monastères et les églises, leurs constructeurs, les évêques. Parmi les plus
célèbres de ces créations : le couvent Blanc, Deir el-Abiad, et le couvent
Rouge, Deir el-Ahmar. De même les chapelles du monastère de Baouit,
fondé au IVe siècle, sont bâties sur le plan basilical des églises constanti‐
niennes, avec le dôme abside tréflé et la couverture de la nef en poutres.
L’architecture médiévale est influencée par ce type de plan. Le monastère
prospère jusqu’au VIIIe siècle puis décline avec l’islamisation du pays.
Notes
1. Florence Braunstein, À quoi servent les religions ?, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 274.
2. Définition du « gnosticisme », in Encyclopædia Universalis.
3. L’Évangile de Judas. Du Codex Tchacos, traduction et commentaires de R. Kasser, M. Meyer et
G. Wurst, traduit de l’anglais par D. Bismuth, Paris, Flammarion, « Champs classiques », 2008,
p. 33.
4. André Gagné, « A Critical Note on the Meaning of Apophasis in Gospel of Judas 33 : 1 », in La‐
val théologique et philosophique 63, Laval, Éd. Faculté de philosophie, 2007, p. 337-383.
5. Fadiedy Lovesky, Antisémitisme et mystère d’Israël, Paris, Albin Michel, 1955, p. 139.
6. À ce sujet, voir Yves Modéran, L’Empire romain tardif : 235-395 apr. J.-C., Paris, Ellipses,
2006.
7. Lorsque, exilé d’Alexandrie, Athanase vient à Rome et à Trèves, il prêche en Occident l’idéal de
renoncement au monde et la vie monastique. Il est l’auteur d’une description d’une vie de saint An‐
toine qui aura une grande importance sur le monachisme occidental.
8. À ce sujet, voir Roger-Pol Droit, Généalogie des Barbares, Paris, Odile Jacob, 2007.
TROISIÈME PARTIE
LE MOYEN ÂGE
CHAPITRE PREMIER
L’ART GERMANIQUE
L’art produit par l’époque des grandes invasions barbares s’apparente en‐
core largement à celui de l’âge du fer et se limite à un géométrisme abstrait
uniquement ornemental. Au IVe siècle apparaît un style d’ornementation
nouveau, empruntant à l’art iranien et à celui des Scythes ses motifs et prin‐
cipes que les Goths de la mer Noire introduisent en Europe. L’utilisation
des pierres semi-précieuses de toutes les couleurs, appliquées sur des
feuilles d’or battu, la technique de l’ornementation cloisonnée, s’allie au dé‐
cor géométrique pour constituer l’essentiel de cet art d’orfèvrerie. Le style
géométrique des peuples germaniques continue à se perpétuer dans les mi‐
niatures des moines irlandais. L’origine des Germains, envisagés comme
ethnie, se situe aux alentours du Ve siècle avant J.-C., début de la période de
l’âge du fer. À l’époque du paganisme, les Germains incinèrent leurs morts.
Pourtant, dès le Ier siècle, l’archéologie nous révèle des cadavres ensevelis.
Les tombeaux découverts se composent de grandes chambres funéraires
souterraines, le plus souvent recouvertes d’un tumulus de pierrailles. De tels
tombeaux ont été mis au jour en Poméranie, à Lübsow, en Brandebourg, en
Bohème, en Pologne et au Danemark. Mais dans la région située entre le
Rhin et l’Elbe, ce sont les cimetières mixtes qui prédominent et non les sé‐
pultures princières.
Installés au IVe siècle aux limites de l’Empire, afin de défendre les fron‐
tières, les Barbares vont développer une forme artistique bien éloignée des
formes du classicisme. L’intérêt de la présentation humaine qui devait per‐
sister jusqu’au moment de la crise iconoclaste du VIIIe siècle commence à
disparaître peu à peu en Occident au Ve siècle et elle sera complètement ab‐
sente dans les arts barbares.
Les arts du métal nous sont connus grâce au rituel de l’inhumation ha‐
billée, coutume reprise aux Ostrogoths présents dans la péninsule entre 472
et 474. Les techniques du cloisonné et du montage des pierres en bâte sont
transmises par les Germains orientaux installés entre le Ve et le VIe siècle en
Occident. Leur décoration est géométrique et le décor habituel est le cloi‐
sonné. En général, il s’agit de fibules qui reproduisent un même type d’oi‐
seau. Ces objets témoignent d’une prédilection pour les matériaux nobles,
or, incrustation de grenats pour les plus luxueux. Le Trésor de Guarrazar,
découvert en 1858, est le cadeau des rois wisigoths, fait de vingt-six cou‐
ronnes votives et d’une croix en or, à l’Église catholique en témoignage de
leur foi. Les œuvres sont marquées par l’influence byzantine et dénotent
une grande maîtrise technique.
La tombe de Childéric Ier, père de Clovis, est découverte par l’effet d’un
pur hasard à Tournai en Belgique, en 1653, par un maçon. Un anneau sigil‐
laire, c’est-à-dire utilisé comme sceau au nom du roi avec son portrait, figu‐
rant dans le mobilier, permet de savoir à qui appartient cette sépulture,
constituant un tumulus de 20 à 40 m de diamètre. Childéric y fut inhumé et,
à proximité, se trouvent trois fosses comportant respectivement les sque‐
lettes de 7, 4 et 10 chevaux. La chambre funéraire révèle des parures, une
fibule cruciforme en or, sorte d’épingle permettant de fixer un vêtement, un
bracelet en or également et l’anneau sigillaire royal. Il faut ajouter à cette
liste une longue épée à poignée en or et un court scramasaxe, petit sabre
d’origine orientale.
LA LITTÉRATURE GERMANIQUE
LES HUNS
◆ Les Huns d’Asie, ou Xiongnu, nous sont connus par les textes chinois
des IIIe et IIe siècles avant J.-C. À partir de 374, ils repoussent les Alains,
Ostrogoths, Wisigoths aux marges, puis à l’intérieur de l’Empire romain.
Vers 400, leur domination s’étend des Carpates à l’Oural, les Germains
combattent dans leur armée. En 408, ils franchissent le limes, la frontière de
l’Empire romain, multiplient les attaques éclairs, sèment la terreur. Ruga
(ou Roas) le Grand (395-434) est le premier roi des Huns unifiés en 432. Il
monte sur le trône en 408 et instaure une politique que ses neveux Bleda et
Attila suivront, faite d’une alternance d’attaques et de moments de répit
pour les Empires romains d’Occident et d’Orient. Pour devenir seul roi, il
fait assassiner ses deux frères et son oncle. Dans la tradition hunnique, il est
à son tour empoisonné par ses neveux. Désigné comme successeur par son
oncle Ruga, Bleda (v. 390-445) partage le trône avec son frère cadet Attila,
entre 434 et 445. Il reprend la politique hostile à l’Empire byzantin, inflige
en Thrace une défaite à Théodose II, en 434. Les Huns, incorporés à l’ar‐
mée romaine, défont en 436 les Burgondes, à Worms. En 440, Bleda fran‐
chit le Danube. En 441, il envahit les Balkans, se dirige vers Constanti‐
nople. Théodose II, qui a complété les murailles de la ville et rappelé ses
troupes de province, rompt le traité l’unissant aux Huns. En 443, les Huns
envahissent l’Empire byzantin, prennent Serdica (Sofia), Philippopolis
(Plovdiv) et Arcadiopolis (Luleburgaz) avant d’écraser l’armée de Théo‐
dose sous les murailles de Constantinople. Seule l’inaptitude des Huns à
mener un siège en règle, par manque de pratique poliorcétique autant que
d’engins de siège, sauve la ville. Les circonstances exactes de la mort de
Bleda sont inconnues. La tradition veut que son frère Attila (406-453) l’ait
assassiné lors d’une partie de chasse, vers 445. Roi des Huns, il porte pro‐
bablement le titre turc de yabgu, ou de basileus en grec. Son empire s’étend
du Rhin à l’Oural, et du Danube à la mer Baltique. Heureusement pour
Rome, son attention est détournée par la complexe succession du roi des
Francs Saliens. Attila, pour venir en aide au prince de son choix, s’engage
en Gaule. Il est arrêté à la bataille des champs Catalauniques en 451. Elle
oppose le patrice romain Aetius et ses alliés wisigoths, francs, alains, bur‐
gondes aux troupes d’Attila, renforcées par les Ostrogoths, les Gépides et
les Hérules. Les forces en présence auraient représenté entre trente mille et
cinquante mille hommes. Rentré sur les rives du Danube, Attila meurt au
début de l’année 453, empoisonné par sa dernière et toute jeune épousée, Il‐
dico, ou d’une hémorragie interne à la suite d’une beuverie. Son empire ne
lui survit que peu d’années.
Si l’histoire des Vikings est relativement courte, entre la fin du VIIIe siècle
et 1066, date de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant,
elle est riche en fait d’armes et combats. Une étymologie possible dérive
d’ailleurs du radical vig, « le combat » en scandinave. Mais le nom de « vi‐
king » pourrait provenir également du mot « vik », « baie », le Viking est
celui qui apparaît dans la baie. Ils sont appelés Nord-manni, hommes du
Nord, par les Francs, Dani, « Danois », par les Anglo-Saxons ou Rus, « Ra‐
meurs », en Russie. Leur histoire peut se scinder en deux périodes : les
conquêtes de 793 à 911 et l’installation de 911 à 1066. Après cette date, ils
se fondent dans les populations locales. Régis Boyer1, pour sa part, dis‐
tingue quatre phases. La première, entre 800 et 850, permet de découvrir la
vulnérabilité occidentale. La deuxième, entre 850 et 900, est marquée par
de nombreux raids. Puis, pendant presque un siècle, de 900 à 980, les Vi‐
kings se mêlent aux populations anglaise, normande, irlandaise, à celles des
îles nord-atlantiques, d’Écosse du Nord-Ouest, de Russie. La dernière
phase, de 980 à 1066, est caractérisée par des opérations militaires, des
raids massifs par voie de terre ou de mer. En revanche, dans le domaine ar‐
tistique, on ne distingue qu’une seule phase, entre le début du VIIIe et le mi‐
lieu du XIIe siècle, coïncidant pour le monde scandinave à une période parti‐
culièrement brillante et une expansion, en direction des îles Britanniques,
de styles venus de l’Europe du Nord.
Les sources écrites ne sont pas plus anciennes que le XIIe siècle. Seule
l’archéologie fournit des informations pour reconstituer les grandes étapes
de l’histoire des Vikings. On trouve des traces de leur passage en Norvège,
au Danemark, en Suède, en Finlande, au nord de la France et tout particuliè‐
rement dans les îles Britanniques.
L’art viking, avant le milieu du IXe siècle, nous est parvenu surtout par
des pièces d’orfèvrerie, des stèles sculptées, les roues de char et têtes de
dragons de la tombe d’Oseberg et du style du même nom. Après cette date,
en raison du lien politique et économique établi entre les établissements vi‐
kings de part et d’autre de la mer du Nord, se développent des styles déco‐
ratifs anglo-scandinaves : de Borre, de Jelling, de Mammen, de Ringerike,
d’Urnes.
Les Ases
– Odin
• Ses attributs :
– l’épieu Gungnir, qu’il jette dans un camp pour lui donner
la victoire ;
– l’anneau Draupnir, qui par magie se multiplie par 8 toutes
les 9 nuits ;
– le cheval Sleipnir, doté de 8 pattes.
• Ses fonctions :
– dieu psychopompe, il accueille les âmes des guerriers élus
au Walhalla ;
– dieu du savoir, il connaît les runes (caractères écrits) et
maîtrise la magie ;
– dieu de la guerre.
- Frigg
Épouse d’Odin. Mère de Baldr, elle peut se changer en faucon. Pour pro‐
téger son fils Baldr, elle exige des animaux, végétaux, minéraux, l’engage‐
ment de ne jamais lui nuire, en oubliant le gui.
- Thor
Dieu du tonnerre, il est fils d’Odin et de Jörd. Son épouse, Sif, lui donne
deux fils, Magni (Force) et Modi (Courage). Son palais est le Bilskirnir, aux
540 portes. Thor voyage sur un char tiré par deux boucs, Grince-Dents et
Dents-Luisantes. Prompt à la colère, Thor est le protecteur de l’humanité, le
destructeur de Géants.
• Ses attributs :
– le marteau Mjöllnir, qui est utilisé contre les Géants ;
– les gants de fer, sans lesquels Mjöllnir ne peut être saisi ;
– la ceinture magique qui double sa force.
- Tyr
- Baldr
Fils d’Odin et de Frigg, son nom signifie « Seigneur » (en vieil islandais).
Son surnom, « Le Bon », indique ses qualités, reconnues par tous les Ases.
De son épouse Nanna il a un fils, Forseti. Doué du pouvoir de divination,
Baldr prévient les Ases des catastrophes qui les menacent, mais il s’attire la
jalousie de certains. Le serment obtenu par sa mère Frigg ne le met pas à
l’abri de tous les végétaux, il meurt transpercé par une jeune pousse de gui.
Prototype du chef secourable, il est brûlé sur son bateau. Son frère Hermodr
tente en vain de fléchir la déesse Hel qui préside au royaume des morts,
Baldr ne peut revenir parmi les vivants. Son retour s’effectuera après la fin
des temps.
- Loki
Les Vanes
- Njördr
Dieu des vents, de la mer et du feu. Époux de la géante Skadi qui donne
son nom à la Scandinavie. Il a pour descendants Freyr et Freyja. Il est le
protecteur des marins et de la navigation.
- Freyr
Fils de Njördr, frère de Freyja, son nom signifie « Seigneur » (en vieux
norrois). Principal dieu vane, il protège les récoltes, assure la paix aux
hommes. Époux de la géante Gerdr, il réside avec elle dans le monde des
Elfes, l’Alfheimr.
• Ses attributs :
– le bateau magique Skidbladnir, qu’il utilise dans le monde
des Elfes ;
– le sanglier Gullinborsti ;
– le porc et l’étalon lui sont consacrés.
- Freyja
Le Destin
Notes
1. Régis Boyer, Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, Paris, Robert Laffont, 2008.
CHAPITRE II
En 511, Thierry (v. 485-534) reçoit Metz et sa région, Clodomir (v. 495-
524) celle d’Orléans, Childebert (v. 497-558) celle de Paris, Clotaire
(v. 498-561) celle de Soissons. Ce dernier, à la mort de ses frères, s’empare
de leurs terres, réunifie brièvement le royaume des Francs, mais il est, à sa
mort, de nouveau partagé entre ses fils. Ces derniers et leurs descendants
vont s’opposer par la pratique de la faide, la vengeance germanique, un
meurtre en entraînant un autre par rétorsion. Un épisode particulièrement
sanglant voit la disparition d’une grande partie de la famille mérovingienne
avec la haine tenace que se vouent Brunehaut (547-613), épouse de Sige‐
bert Ier (535-575), et Frédégonde (v. 545-597), épouse de son frère Chil‐
péric Ier (v. 525-584). Clotaire II (584-629), fils de Chilpéric, massacre à
son tour les membres de la famille qui tombent entre ses mains. Cela lui
permet, entre batailles et assassinats, de réunir sous son autorité l’Austrasie
(est de la France et de la Belgique, régions rhénanes), la Neustrie (nord-
ouest de la France, Bretagne exceptée) et la Burgondie (Bourgogne et
centre de la France autour d’Orléans). C’est sous son règne que l’office de
maire du palais devient inamovible, en faisant le détenteur véritable du pou‐
voir. Le dernier Mérovingien, unique souverain du regnum francorum, est
Dagobert Ier (v. 605-639). Après lui, les Mérovingiens connaissent une
longue période de décadence. Ce sont ces rois que le moine Éginhard
(v. 775-840), biographe de Charlemagne, qualifie de « rois fainéants », ceux
qui n’ont rien fait, « fait néant » de leur règne, dans sa Vita Caroli Magni, la
Vie de Charlemagne.
L’ART MÉROVINGIEN
L’enluminure mérovingienne naît à la fin du VIIe siècle. Par son style, elle
se distingue des modèles insulaires, d’Irlande notamment, et italiens tout
comme par sa préférence pour les ouvrages chrétiens, ceux des Pères de
l’Église, saint Jérôme ou saint Augustin. L’ornementation des lettres est
l’élément le plus important des enluminures mérovingiennes qui surpassent
en ce domaine l’art insulaire. Les initiales et lettrines deviennent, avec le
temps, de plus en plus grandes et de plus en plus nombreuses. Les grandes
lettrines, occupant une page entière, ne sont pas utilisées à la différence de
l’art insulaire. Les initiales sont comprises dans le texte. Les lettres compo‐
sées de poissons ou d’oiseaux en sont caractéristiques. La flore joue un rôle
important et remplit l’intérieur des lettrines. La décoration mérovingienne
perdure en Espagne, dans le sud de la France, et enrichit l’art roman dès la
fin du Xe siècle.
À la mort de Pépin en 768, le royaume est partagé entre ses deux fils.
Charles, l’aîné, reçoit la Neustrie et l’Aquitaine occidentale. À Carloman
reviennent la Septimanie, l’Aquitaine orientale, la Provence, la Bourgogne,
l’Alsace, l’Alémanie, une partie de la Neustrie avec Paris et Soissons. Le
partage est si inégal que la guerre est inévitable. Mais Carloman meurt bru‐
talement en 771, laissant à Charles la totalité du royaume. Roi des Francs
(768-814), il s’empare du royaume lombard (774-814) et devient empe‐
reur le 25 décembre 800 par son couronnement à Rome par le pape
Léon III (795-816). Il est désormais Charles le Grand, Carolus Magnus
(Charlemagne), et donne son nom à la dynastie carolingienne.
L’EMPIRE EFFRITÉ
Les Capétiens règnent en France de 987 à 1848. Leur nom leur vient
d’Hugues Ier (987-996), dit « Capet » ou à la courte cape. Duc des Francs,
il est élu roi en 987. Il gouverne pleinement son domaine royal limité au
nord par l’Escaut et la Meuse, à l’est par la Saône et le Rhône. La Bretagne
est indépendante, sa suzeraineté au sud toute nominale. Il inaugure la straté‐
gie des Capétiens pour se maintenir et accroître peu à peu leur pouvoir :
mariages avantageux, fiefs sans héritiers récupérés, usage du droit féodal,
notamment l’ost, service militaire dû au seigneur. Soutenus par l’Église, les
Capétiens acquièrent un caractère sacré en allant recevoir le sacre à Reims.
Jusqu’en 1328, ils peuvent en outre compter en permanence sur un héritier
mâle pour assurer la continuité de la dynastie. Au sein des Capétiens, cer‐
tains souverains se détachent par leur personnalité et leur activité. Louis VI
le Gros (1108-1137) en fait partie. En convoquant, le premier, l’ost, il em‐
pêche l’empereur germanique Henri V (1111-1125) d’envahir le pays. Il
confie l’administration au sage abbé Suger (v. 1080-1151) qui renforce
l’autorité royale et lui attire le soutien de la bourgeoisie dont les droits sont
réglementés. Il fait édifier la nouvelle basilique gothique de Saint-Denis,
dont il est abbé. Son fils Louis VII (1137-1180) participe à la seconde croi‐
sade (1145-1149), épouse Aliénor d’Aquitaine (v. 1122-1204), mais cette
riche région lui échappe après l’annulation du mariage en 1152, et revient
au nouvel époux d’Aliénor, le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt
(1154-1189). Philippe II, dit Philippe Auguste (1180-1223), est le premier
grand Capétien, par son œuvre d’accroissement du royaume, de contrôle
des féodaux. Il donne un prestige à la dynastie, porte le premier, après 1190,
le titre de rex franciae, roi de France, et non plus celui de rex francorum, roi
des Francs. Il confirme en 1185 sa possession du Vermandois, de l’Artois et
de l’Amiénois contre les féodaux. Préoccupé par l’importance des posses‐
sions continentales des Plantagenêt, il doit un temps renoncer à lutter contre
eux pour participer avec Richard Cœur de Lion (1189-1199), duc de Nor‐
mandie et d’Aquitaine, comte du Maine et d’Anjou, à la troisième croisade
(1190-1199). Revenu en France en 1191, Philippe Auguste reprend la lutte
contre le souverain anglais. Il conquiert ainsi entre 1202 et 1205 le Maine,
l’Anjou, la Touraine, le nord du Poitou et de la Saintonge. Le 27 juillet
1214 il remporte une éclatante victoire à Bouvines sur les armées du comte
de Flandre et de l’empereur germanique. Il est alors au faîte de sa gloire,
considéré comme le plus puissant souverain d’Europe. Il améliore l’admi‐
nistration du royaume, découpé en circonscriptions, les bailliages, placés
sous l’autorité d’un fonctionnaire royal, le bailli. Mieux administré, le
royaume produit plus d’impôts, enrichissant le trésor royal. Il encourage le
commerce, accorde des privilèges aux métiers et guildes, aux communes. Il
fait construire la forteresse de Gisors et celle du Louvre à Paris.
Saint Louis
En 1328, c’est un cousin du dernier Capétien direct qui est choisi comme
roi sous le nom de Philippe VI (1328-1350). Il inaugure la dynastie des Va‐
lois (1328-1589). Son règne tout comme celui de son fils Jean II (1350-
1364) sont sans éclat, marquant principalement le développement de la
guerre de Cent Ans, la défaite de Crécy en 1346, celle de Poitiers en 1356.
Le premier grand souverain de la dynastie des Valois est le roi Charles V
(1364-1380).
Rarement souverain est monté sur le trône dans des conditions si diffi‐
ciles. Depuis le désastre de Poitiers, en 1356, le roi est captif en Angleterre,
le futur Charles V, le premier à porter le titre de dauphin en tant qu’héritier
depuis que le Dauphiné a été rattaché à la couronne, doit exercer la réalité
du pouvoir. Face à lui, la grande noblesse avide de le maintenir sous tutelle,
ses plus proches parents en premier, la bourgeoisie de Paris qui saisit là
l’occasion de s’émanciper des taxes avec Étienne Marcel (v. 1305-1358),
prévôt des marchands, un royaume entre les mains anglaises pour les trois
cinquièmes. Roi de plein exercice à partir de 1364, en moins de vingt ans, il
a endigué la révolte des bourgeois de Paris, dompté les nobles, ne laissant
aux Anglais qu’une frange littorale dans le Sud-Ouest et Calais. Prince let‐
tré, il crée une importante bibliothèque royale, aménage le Louvre, fait édi‐
fier la Bastille pour surveiller les Parisiens. Il commet l’erreur majeure, sur
son lit de mort, d’abolir les impôts, croyant la guerre de Cent Ans achevée,
grâce notamment aux exploits de son connétable, Bertrand Du Guesclin
(1320-1380), auquel il accorde le formidable privilège posthume d’être in‐
humé en l’abbatiale de Saint-Denis, nécropole royale. La folie de son fils
Charles VI, l’affaiblissement du pouvoir royal permettent aux Anglais de
s’emparer d’une grande partie du pays. Il semble alors disparaître pour de‐
venir une France anglaise, condition sous laquelle nous la traiterons jusqu’à
son retour à l’indépendance avec Charles VII.
CHAPITRE III
Un monde chrétien
Les États pontificaux sont le temporel territorial du pape, qui les gou‐
verne en souverain. Leur origine naît de la nécessité de protéger le Saint-
Siège des empiètements des Lombards. L’autorité pontificale, limitée en‐
core par le poids des grandes familles, s’exerce difficilement sur Rome. En
754, l’alliance de la papauté et de la dynastie carolingienne se noue. Pépin
le Bref est sacré par le pape ainsi que ses deux fils, reconnu roi légitime au
détriment du dernier souverain mérovingien. Il repousse les Lombards et, à
Quierzy-sur-Oise, signe le traité de Quierzy ou donation de Pépin, par la‐
quelle la papauté reçoit l’exarchat de Ravenne dont la Pentapole, la Corse,
la Sardaigne, la Sicile, les provinces d’Émilie. Cependant Pépin, en dépit de
sa puissance naissante, ne représente pas un souverain au prestige assez
grand pour asseoir la donation. Les chancelleries carolingienne et pontifi‐
cale vont s’accorder sur un faux, connu comme la donation de Constantin.
Selon ce document apocryphe, Constantin aurait donné, en 335, toutes les
provinces d’Occident au pape Sylvestre Ier (314-335). Révélée par Pépin
en 754, la donation de Constantin est confirmée par son fils Charlemagne
en 774. Les États pontificaux sont ainsi créés. En 1198, Innocent III (1198-
1216) forme le Patrimoine de Saint-Pierre, province autour de Viterbe, Ci‐
vitavecchia, excluant Rome. L’empereur Louis le Pieux (814-840) leur im‐
pose en 824 la Constitutio Romana qui revient à les placer sous tutelle im‐
périale et surtout à conférer aux empereurs le droit d’intervenir dans l’élec‐
tion pontificale. Ce rôle est mis en œuvre en 962. La papauté est une fois de
plus confrontée à l’aristocratie romaine. Elle se trouve un protecteur en la
personne du roi Otton Ier (936-973) de Germanie. Ses armées assurent la
protection du pape qui le couronne « empereur des Romains ». Il est le pre‐
mier empereur romain germanique. L’intervention de ses successeurs ne se
limite pas à l’élection du souverain pontife et réduit trop fréquemment l’élu
à un rôle de figuration. Jusqu’en 1059, le pape est désigné par l’empereur
germanique. Un décret de Nicolas II (1059-1061) prévoit son élection par
un collège de cardinaux, validée par acclamation par le clergé et le peuple
de Rome. Le décret renouvelle la condamnation de la simonie et du nico‐
laïsme (la vente des sacrements ou la vie en concubinage). L’intervention
impériale devient une simple confirmation. Grégoire VII (1073-1085) dé‐
nie au pouvoir séculier l’investiture des abbés ou évêques, provoquant la
querelle des Investitures et sa déposition par l’empereur germanique Hen‐
ri IV (1056-1105). Si le concordat de Worms (1122) met fin au conflit,
l’empereur germanique intervient encore dans les affaires temporelles de
l’Église à la suite de la révolte d’Arnaud de Brescia (v. 1100-1155), moine
dénonçant le pouvoir temporel du pape. Rome devient une République pour
dix ans, entre 1145 et 1155, le pape cantonné au spirituel. Frédéric Ier Bar‐
berousse (1152-1190) débarrasse le pape du moine mais en échange veut
un pontife à sa dévotion. N’obtenant pas ce qu’il désire, il suscite un anti‐
pape, en 1159, Victor IV (1159-1164), contre le légitime Alexandre III
(1159-1181). Les États pontificaux s’accroissent en 1115 des biens donnés
par la comtesse Mathilde de Toscane (1046-1115), fervente guelfe, parti du
pape opposé aux gibelins favorables à l’empereur. C’est en son château que
Grégoire VII se réfugie et que l’empereur Henri IV (1056-1105) s’humilie
lors de l’entrevue de Canossa, où il s’agenouille devant le pape et reconnaît
sa suprématie. La donation de Mathilde comprend la Toscane, Reggio
d’Émilie, Modène, Parme, Ferrare, les duchés de Spolète et de Camerino.
Au XIIe siècle, la réforme se poursuit dans la lutte contre les hérésies. Les
vaudois, du nom de Vaudès (Pierre Valdo, v. 1130-v. 1217), en Piémont et
en région lyonnaise, prônent le retour à la pauvreté du Christ, refusent la
transsubstantiation. Déclarés hérétiques, lors du concile de Latran IV
(1215), ils regagnent l’Église, rejoignent les ordres mendiants ou, plus tard,
adhèrent à la Réforme protestante.
Les cathares, les « purs » en grec, sont implantés au sud-ouest de la
France, dans le comté de Toulouse, à Béziers, Carcassonne, Albi. Pour eux,
le monde est création d’un principe du Mal, auquel Dieu, principe Bon, n’a
aucune part. Les hommes retourneront au Dieu Bon quand ils auront épuré
leur support maléfique, le corps, afin de retourner à Dieu. Il y a donc une
eschatologie cathare : quand le Mal aura vaincu, possédant tous les corps, il
signera sa perte, les esprits revenant au Dieu Bon. Privé du mélange élevé
(esprit) et bas (corps), ne conservant que la chair corruptible, le Mal revien‐
dra au Néant. Croyant à la réincarnation, les cathares refusent le baptême
des nouveau-nés, le baptisé doit avoir treize ou quatorze ans pour choisir et
non subir le baptême. Ils reconnaissent le seul Nouveau Testament, l’An‐
cien Testament est œuvre du Mal. La seule prière est le « Notre Père ». Ils
refusent le culte des saints ou des reliques. Le sacrement principal est le
consolament, du latin consolamentum, la « consolation », vécu comme le
« baptême de l’esprit ». Il se fait par imposition des mains d’un Parfait, per‐
sonne déjà ordonnée. Car il s’agit d’une ordination, engageant l’impétrant
dans une vie de Bon Homme ou Bonne Dame, mélange d’ascèse, de rigueur
morale évangélique, de renoncement, à manger de la viande par exemple.
Innocent III (1198-1216) lance contre eux la croisade des Albigeois (ou
cathares) en 1208. La guerre dure vingt ans (1209-1229) et Simon de
Montfort (v. 1164-1218), à la tête de la croisade, prend Béziers, Carcas‐
sonne, le Languedoc et Toulouse. Les cathares sont arrêtés, brûlés. Le
concile de Latran IV (1215) donne à Simon de Montfort le comté de Tou‐
louse, les vicomtés de Béziers et Carcassonne, le duché de Narbonne. À
partir de 1231, c’est l’Inquisition, confiée souvent aux Dominicains, qui
traque les hérétiques. Isolés, les derniers cathares sont condamnés au début
du XIVe siècle, après la prise de Montségur (1244) et le bûcher de deux cents
Parfaits. Si le roi de France Philippe Auguste (1180-1223) refuse de
prendre part à la croisade des Albigeois, son fils Louis VIII (1223-1226)
entreprend la conquête du Languedoc, rattaché au domaine royal à la fin du
XIIIe siècle.
Les croisades
Depuis l’expansion de l’islam, dès le VIIIe siècle, les lieux saints de Pales‐
tine sont aux mains de conquérants qui font montre de tolérance en laissant
un libre accès aux pèlerins chrétiens qui le désirent. Cette politique d’ouver‐
ture se poursuit jusque sous les Fatimides qui exercent de plus en plus de
mesures vexatoires, entraînant en Occident une vague de réprobation. En
outre, l’empereur romain d’Orient a davantage de mal à contenir les raids
pillards des Turcs Seldjoukides, ce qui conduit Alexis Ier Comnène (règne :
1081-1118), empereur romain d’Orient, à demander en 1089 l’aide du pape
Urbain II (1088-1099). Ce dernier, le 24 novembre 1095, lance depuis
Clermont un appel à la croisade pour reconquérir les lieux saints profanés
par une occupation impie. En cas de mort pendant l’expédition, le pape pro‐
met l’indulgence plénière, c’est-à-dire la rémission de tous les péchés com‐
mis : « Si ceux qui iront là-bas perdent leur vie pendant le voyage sur terre
ou sur mer ou dans la bataille contre les païens, leurs péchés seront remis en
cette heure, je l’accorde par le pouvoir de Dieu qui m’a été donné1. » La
première croisade dure de 1097, siège de Nicée, à 1099, prise de Jérusalem.
Elle est conduite par Godefroy de Bouillon (1058-1100) qui devient pro‐
tecteur du Saint-Sépulcre, puis premier souverain du royaume chrétien de
Jérusalem, avant de mourir en 1100. La deuxième croisade (1147-1149)
échoue complètement en raison des désaccords entre rois chrétiens. Il y en
aura encore quatre autres jusqu’en 1291, la principale étant la quatrième,
1202-1204, où les croisés pillent Constantinople. Une fois la Terre sainte re‐
conquise, les croisés doivent l’administrer, et c’est à cette époque que
naissent les principaux ordres de moines-chevaliers. L’ordre des Templiers
apparaît en 1119 et adopte la règle de saint Bernard de Clairvaux, qui leur
accorde sa protection. Leurs vœux sont la pauvreté, la chasteté, l’obéis‐
sance, et leur but la protection des pèlerins. Le nom de « Templier » pro‐
vient de la première demeure communautaire de l’ordre à Jérusalem, située
à proximité de l’ancien Temple de Salomon. C’est en 1137 que sont créés
les Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean, du nom de l’hôpital de Jérusalem,
qui se consacrent aux soins et à l’assistance des derniers instants des pèle‐
rins. Après la chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291, les Hospitaliers s’ins‐
tallent à Rhodes, puis à Malte, d’où leur nom actuel d’ordre de Malte. C’est
la colonie allemande originaire de Lübeck et de Brême qui fonde en 1190, à
Saint-Jean-d’Acre, l’ordre des chevaliers Teutoniques, organisé militaire‐
ment à partir de 1198. Leur principal terrain d’action missionnaire n’est pas
la Palestine, mais les marges païennes de l’Europe orientale. Après la
conquête de la Prusse, les chevaliers Teutoniques y fondent dans la pre‐
mière partie du XIIIe siècle un véritable État.
Outre les Franciscains et les Dominicains, deux autres ordres sont recon‐
nus au concile de Lyon II en 1274 en qualité de « grands » ordres men‐
diants, les Carmes et les Augustins. L’ordre du Carmel comprend des
hommes (Carmes) et des femmes (Carmélites), voués à la contemplation.
La réforme protestante est suivie d’une Contre-Réforme catholique, mouve‐
ment dans lequel s’inscrit la rénovation du Carmel, conduite en Espagne par
Thérèse d’Avila (1515-1582) et Jean de la Croix (1542-1591). Ils accen‐
tuent l’effacement personnel au profit de l’humilité, de la fusion en Dieu
dans la contemplation, l’extase à partir d’une existence cachée. Les Ermites
de Saint-Augustin sont une création pontificale. Le succès des ordres men‐
diants existants tend à favoriser l’apparition de petits groupes sans struc‐
tures, à une période où ils pourraient être tentés par les hérésies. Le pape
Alexandre IV (1254-1261) décide donc de les fédérer en 1254. Ils vivront
en couvents, se voueront à la prédication. Le concile de Lyon II (1274) ap‐
prouve définitivement l’ordre.
L’ÉGLISE FRAGILISÉE DES XIVe ET XVe SIÈCLES
L’ART ROMAN
Le nom d’art roman a été créé par l’historien de l’art Charles de Ger‐
ville (1769-1853), en 1824, alors qu’il est à la recherche d’un qualificatif
capable de désigner l’ensemble de l’évolution artistique qui a précédé la pé‐
riode du gothique pour son ouvrage Essai sur l’architecture du Moyen Âge.
L’art dit « roman » l’est par référence à l’utilisation architecturale de l’arc
dérivé de la période romaine. Traditionnellement, les débuts de l’art roman
coïncident avec ceux du XIe siècle, car c’est le moment d’une stabilisation
de l’Église dans les monarchies européennes. L’évolution se fait de l’Alle‐
magne, en direction de l’Italie et de la France, puis de l’Espagne septentrio‐
nale, avant que le gothique, à la fin du XIe siècle, ne soit annoncé par les
modes architecturaux qui se développent alors en Angleterre et en Norman‐
die. On peut placer l’apogée du roman vers la fin du XIe siècle, aux alen‐
tours de 1080, lorsque le problème de la voûte dans un édifice du type mo‐
numental est résolu, comme c’est le cas à Cluny. Le problème de sa fin est
plus délicat à résoudre. Certes, les prémices du gothique sont évidentes dès
1140 en France dans la construction de la basilique royale de Saint-Denis,
mais l’influence romane se prolonge jusqu’au dernier tiers du XIIe siècle.
L’art roman est subdivisé, selon les aires géographiques, en dénominations
multiples : le premier art roman en France correspond de ce fait à l’ottonien
tardif, ou au style dit « anglo-saxon », cependant que le second art roman,
également qualifié de « haut roman », correspond au salien tardif ou à l’art
normand. Il apparaîtra presque simultanément en France, en Allemagne, en
Espagne, en Italie. Il possédera ses propres caractéristiques dans chacun de
ces pays, bien que, pour la première fois, il existe une unité suffisante pour
le considérer comme un style commun dans le cadre de l’Europe.
L’architecture romane : de nouvelles solutions
Cluny et Cîteaux
L’ART GOTHIQUE
Notre-Dame de Paris
Le gothique flamboyant
Les vitraux tiennent une place importante dans l’art médiéval pour déco‐
rer les baies des cathédrales. Les premières écoles de décorateurs de vitraux
en France ont été celles de Saint-Denis et de Chartres. Un des plus beaux
exemples reste celui de la Sainte-Chapelle. Les thèmes figurés représentent
des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dès le début du
XIVe siècle, afin d’illuminer les vitraux, on emploie des couleurs de plus en
plus claires sur des verres de plus en plus amincis. De nouveaux colorants
font leur apparition, comme le jaune d’argent qui évolue du jaune pâle à
l’orangé. La tapisserie se développe de plus en plus et les ateliers parisiens
au XIVe siècle tiennent la première place pour la laisser un siècle plus tard
aux lissiers d’Arras ; l’Apocalypse d’Angers, vaste tenture de 144 m de
long, reste le chef-d’œuvre de cet art. Paris s’est acquis, au XIVe siècle, une
renommée universelle pour l’exécution des émaux translucides sur or et ar‐
gent. Dès le XIIIe siècle, Limoges est célèbre pour le travail des émaux
champlevés (le métal est creusé pour déposer l’émail en poudre) et peints,
comme le Grand émail de Geoffroy Plantagenêt, sa plaque funéraire.
3. Les lettres
Il serait plus exact de parler des littératures du Moyen Âge. D’autant plus
vrai que le Moyen Âge débute à la fin de l’Empire romain, dès la fin du
Ve siècle, et s’étend de la France féodale de Louis VI le Gros, morcelée aux
mains des grands vassaux, à celle de Louis XI, avec une monarchie centrali‐
sée et une administration moderne. Les quatre siècles qui la constituent
voient le mode de vie et la vie quotidienne, ses mentalités, sa langue évo‐
luer, changer. François Villon (1431-après 1463) pastiche dans sa Ballade
en vieil langage françois cette langue devenue opaque pour les gens du
XVe siècle. Peu à peu le latin va devenir une langue morte, restant la seule
langue des élites et des églises, alors que se forme la langue française. Le
concile de Tours, en 813, prescrit de s’adresser aux fidèles dans leur langue
et de tous les jours prêcher en langue vulgaire. Louis, le petit-fils de Charle‐
magne, fait transcrire dans ce même gallo-roman le Serment de Strasbourg
en 842. Ce parler prend différentes formes selon les régions, langue d’oc au
sud, langue d’oïl au nord de la Loire. Au XIIe siècle, les textes de l’Antiquité
latine sont traduits en roman, langue vulgaire commune. Jusqu’au
XIVe siècle, il n’y a pas d’œuvres qui ne transitent par la voix, l’oralité y est
fondamentale. Avant la naissance du roman, dans la seconde moitié du
XIIe siècle, toutes les formes de littérature en langue vernaculaire sont desti‐
nées au chant. Pourtant l’écrit n’occupe pas une place secondaire. Il consti‐
tue avec l’écriture une expression et une garantie d’autorité. Si un texte
existe d’abord en performance orale, sa mise en mémoire, sa conversation
sont confiées à l’écrit.
La poésie lyrique
Même si le XIVe siècle conserve une part d’héritage des siècles précé‐
dents, il se caractérise par certaines nouveautés qui créent une rupture. La
poésie lyrique domine, elle, tous les autres genres. Un véritable façonnage
des langages poétiques, des genres s’amorce sous l’effet de la mutation de
la langue française, l’ancien français laissant la place au moyen français. Le
statut de l’écrivain se modifie lui aussi. Le XIVe siècle voit se développer le
mécénat qui explique d’une certaine façon la diversité de production des
œuvres littéraires, celles-ci sont des commandes et naissent d’un rapport
nouveau, celui du pouvoir et de l’écriture. La fin du Moyen Âge s’accom‐
pagne du goût accru pour l’histoire. Chroniques, mémoires apparaissent. La
guerre de Cent Ans (1337-1453), les épidémies de peste noire vont peu à
peu orienter la réflexion historique vers plus d’interrogations. Plusieurs
noms sont à rattacher à ce genre : outre Jean Froissart (1337-1404) qui
couvre avec ses Chroniques une période qui va de l’avènement
d’Édouard III d’Angleterre, en 1327, à la mort de Richard II, en 1400,
Christine de Pizan (v. 1365-v. 1431) écrit une œuvre considérable extrê‐
mement variée traitant à la fois de politique et de morale mais aussi de phi‐
losophie. Philippe de Commynes (1447-1511) consacre les huit livres de
ses Mémoires aux démêlés entre le duc de Bourgogne, Charles le Témé‐
raire, et Louis XI, roi de France. Il est le créateur d’un genre littéraire, les
mémoires, qui serviront de modèle aux mémorialistes des XVe et
XVIIe siècles. Le XIVe siècle voit apparaître le théâtre sous toutes ses formes,
religieux ou comique, et marque l’apogée du genre dramatique. L’intérêt de
ce théâtre est de mettre en scène, d’offrir en spectacle la société qui s’af‐
firme et se questionne sur elle-même.
◆ Les miracles sont le genre le plus en vogue. Ce sont de petites narra‐
tions qui se jouent sur les parvis des églises et racontent la vie de saints ou
des légendes pieuses : Le Jeu de saint Nicolas de Jean Bodel (1165-1210),
Le Miracle de Théophile de Rutebeuf (XIIIe siècle).
◆ Les mystères ne font leur apparition qu’au XVe siècle. Ils mettent en
scène dans leur totalité la vie d’un saint, ou celle du Christ. Ils duraient de
six à vingt-cinq jours au moment de Noël, de Pâques et de la Pentecôte. Les
Passions se jouent sur le parvis des églises, comportant parfois des inter‐
mèdes comiques. Parmi les œuvres les plus connues, citons La Passion du
jongleur (XIIIe siècle), ainsi nommée car elle est récitée par un jongleur, La
Passion du Palatinus, La Passion d’Arras, cette dernière attribuée à Eus‐
tache Marcadé (?-1440), La Passion de sainte Geneviève de Jehan Michel
(fin XIVe siècle).
4. La philosophie
L’une des grandes innovations du XIIe siècle sur le plan culturel est l’es‐
sor d’écoles urbaines, même si celles des monastères n’ont pas disparu pour
autant. Elles connaissent en Angleterre et en Italie un certain éclat jusqu’à
l’époque des universités. Au fur et à mesure que l’on progresse dans le
XIIe siècle, les liens entre écoles et structures ecclésiastiques se relâchent. Le
quartier Latin au XIIIe siècle est consacré à l’enseignement donné aux
moines à Saint-Germain-des-Prés et à Sainte-Geneviève, écoles exemptes
de l’autorité épiscopale. C’est là qu’enseignent Albert le Grand et Thomas
d’Aquin, mais aussi d’autres savants venus de tous les pays d’Europe : des
Anglais comme Jean de Salisbury, Roger Bacon, Jean Duns Scot,
Guillaume d’Ockham. Jusqu’au XIIIe siècle, les lieux du savoir sont les
écoles épiscopales. À l’imitation des corporations médiévales, l’université
se met en place sous la tutelle de l’évêque puis du pape. Le mécénat laïc se
manifeste par la fondation de collèges, pensionnats destinés aux étudiants
pauvres d’une province, tel celui fondé à Paris par le conseiller de Saint
Louis, Robert de Sorbon (1201-1274), qui deviendra la Sorbonne. La sco‐
larité passe par l’étude des sept arts libéraux regroupés en deux cycles, le
trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et le quadrivium (géométrie,
arithmétique, astronomie, musique). L’ensemble du cursus universitaire re‐
pose sur une connaissance approfondie de la grammaire. Les grandes uni‐
versités (Paris, Bologne, Oxford) délivrent la licence d’enseigner partout, la
licentia ubique docendi. L’université est divisée en quatre facultés : arts, dé‐
cret ou droit canon, médecine, théologie. La théologie est le summum du
cursus universitaire et est abordée entre vingt-cinq et trente-cinq ans, âge
minimum requis pour obtenir le titre de docteur.
- Raison et foi
Saint Thomas d’Aquin veut unifier foi et raison, celles-ci étant au service
de l’intelligence et ne s’opposant nullement. La preuve de l’existence de
Dieu pourra ainsi être démontrée par la raison. On ne peut donc comprendre
qu’à la condition de croire. En ce qui concerne la structure de l’homme,
saint Thomas met l’accent sur la relation corps-âme, c’est-à-dire l’union de
l’esprit et de la matière dans un être unitaire. Souvent, son évolution ne re‐
flète pas les idées préconisées par saint Thomas et la philosophie de l’être
est négligée par la première école thomiste créée au XVe siècle. La philoso‐
phie thomiste est aujourd’hui étudiée selon les principes de la méthode his‐
torique.
- Dieu
5. La musique médiévale
LA MUSIQUE CAROLINGIENNE
Notes
1. Foucher de Chartres, Histoire de Jérusalem, in Guizot, Collection des Mémoires relatifs à l’his‐
toire de France, Brière librairie, 1825.
2. Alain Erlande-Brandenburg, L’Architecture gothique, Paris, Éd. Jean-Paul Gisserot, 2003, p. 3.
3. Florence Braunstein et Jean-François Pépin, La Culture générale pour les Nuls, Paris, First,
2009, p. 482.
4. Thomas d’Aquin, Somme théologique, tome 1, Paris, Éditions du Cerf, 1984, p. 172-173.
5. Florence Braunstein et Jean-François Pépin, La Culture générale pour les Nuls, op. cit., p. 480.
CHAPITRE IV
L’Allemagne médiévale
LES OTTONIENS
LES SALIENS
LES HOHENSTAUFEN
LES HABSBOURG
LES LUXEMBOURG
2. L’art
L’ART OTTONIEN
Mais c’est surtout dans le domaine de l’enluminure que l’art ottonien at‐
teint un sommet. La supériorité de l’enluminure allemande est la consé‐
quence du soutien tant de l’empereur que des évêques. Les grandes églises
de l’Empire sont pourvues de moyens importants et de manuscrits de choix.
Le monastère de Reichenau joue ici un rôle considérable. Parmi ses œuvres
les plus remarquables, on trouve de nombreuses séries de miniatures sur la
vie du Christ ainsi que des portraits d’empereurs. Dans l’Évangéliaire de
Liuthar, Otton III apparaît trônant, entouré de symboles évangéliques. Les
thèmes et les décors démontrent l’importance de l’influence byzantine. Le
style des enluminures ottoniennes au regard de celui de l’époque carolin‐
gienne paraît très abstrait. La surface, le plus souvent recouverte de peinture
dorée, est là pour donner aux personnages ou aux animaux représentés une
profondeur que l’absence de perspective ne leur permettrait pas d’atteindre.
Les pages de dédicace avec le portrait du commanditaire et ceux des évan‐
gélistes ont une grande importance.
Orfèvrerie et arts mineurs figurent parmi les témoignages les plus écla‐
tants de l’art ottonien, avec une technique de la gravure et du repoussé ma‐
gistrale. Insignes du pouvoir impérial (Couronne de la Vierge d’Essen), ob‐
jets liturgiques, couverture de codex (Évangéliaire d’Otton III), crucifix
(Crucifix de l’Empire) constituent les principales réalisations de cet art.
Pourtant l’autel portatif de Trèves, dit de saint André, et l’autel de Gertrude
du Trésor des Guelfes forment parmi l’ensemble de ces travaux d’orfèvrerie
des pièces d’exception. Le travail de l’ivoire tient une place très importante
aussi, ceux de Lotharingie sont considérés comme les plus beaux, à l’image
de la couverture du Codex Aureus d’Echtemach. Le « maître de Trèves » est
l’un des plus grands artistes à la fin du Xe siècle. Il est l’auteur du Registrum
Gregorii, copie des lettres de Grégoire et travaille pour l’archevêque Egbert
à Trèves entre 970 et 980.
3. La littérature
L’Angleterre médiévale
GUILLAUME LE CONQUÉRANT
Le 1er décembre 1135, Henri Ier Beauclerc meurt. Il était le plus jeune fils
de Guillaume le Conquérant et régnait sur l’Angleterre depuis 1100. Nor‐
malement, il a prévu de laisser le trône à sa fille, Mathilde, mariée en pre‐
mières noces avec l’empereur Henri V, d’où son surnom de « l’empe‐
resse », l’impératrice, puis après le décès de celui-ci en 1125, au comte
d’Anjou Godefroy V Plantagenêt, surnom dû aux branches de genêts dont il
se plaît à orner son casque. Mais les barons anglais rechignent à obéir à une
femme. Étienne de Blois (1135-1154) saisit sa chance. Neveu du défunt
monarque, il traverse en hâte la Manche, arrive à Londres, s’y fait recon‐
naître pour roi. La guerre civile va l’opposer à Mathilde (1102-1167) jus‐
qu’à la fin de son règne. Étienne meurt sans héritier mâle mais il a reconnu
le fils de Mathilde comme successeur peu avant son trépas. Ce dernier de‐
vient le roi Henri II Plantagenêt (1154-1189). La plus grave crise du règne
l’oppose à Thomas Becket (1117-1170), archevêque de Cantorbéry.
Conseiller du roi, brillant penseur ayant étudié à Bologne, Paris, Thomas
s’oppose à l’application des Constitutions de Clarendon, texte qui autorise
le roi à intervenir dans les affaires ecclésiastiques, notamment en matière
judiciaire. Cela revient à faire disparaître le privilège de clergie. Thomas
s’enfuit en France. Henri le rappelle, se réconcilie avec lui, mais ne renonce
pas aux Constitutions.
Le frère de Richard Cœur de Lion, Jean sans Terre (1199-1216), lui suc‐
cède. Ses propres barons se soulèvent contre lui et le contraignent à accor‐
der, le 15 juin 1215, la Magna Carta Libertatum, plus connue sous le nom
de Magna Carta ou Grande Charte. Ses soixante-trois articles limitent l’ar‐
bitraire royal. Le monarque ne peut lever d’impôt sans le consentement du
grand conseil formé de seigneurs, de représentants du clergé et de la cité de
Londres. Les villes se voient garantir leurs libertés, l’Église les siennes. Il
est interdit d’emprisonner un homme libre sans jugement. Cette étape fon‐
damentale de la mise en place des garanties constitutionnelles anglaises est
d’autant plus facile que Jean sans Terre meurt peu après, le 18 octobre
1216, et que son successeur Henri III (1216-1272) n’a que neuf ans et doit
adopter solennellement la Grande Charte pour obtenir le soutien des barons,
un temps tentés de laisser le trône d’Angleterre au prince Louis (futur
Louis IX), fils du roi de France. En 1258 les barons lui imposent une réduc‐
tion plus grande encore du pouvoir royal par le texte des Provisions d’Ox‐
ford. C’est mettre la couronne sous la tutelle de commissions composées de
barons. La guerre éclate entre Simon de Montfort (1208-1265), comte de
Leicester et chef des mécontents, et les armées royales. Montfort remporte
la bataille de Lewes en 1264, emprisonne la famille royale, gouverne
quelques mois, convoque un parlement en janvier 1265. Cette même année
cependant, le prince héritier Édouard parvient à s’enfuir, lève une armée,
bat à son tour Montfort à la bataille d’Evesham, où il perd la vie. Henri III
remonte sur le trône, en laissant le gouvernement à son fils Édouard, et
meurt le 16 novembre 1272. Édouard Ier (1272-1307) laisse le souvenir
d’un prince énergique. Il conquiert le pays de Galles et soumet l’Écosse
pour un temps. Mais il doit régulièrement y revenir pour réprimer des ré‐
voltes sporadiques. Son œuvre législative commence avant son règne, alors
qu’il exerce une régence de fait, avec le Statut de Marlborough, de 1267,
qui définit les cas où s’exerce la justice royale aux dépens des coutumes.
C’est en combattant une fois de plus les Écossais que le roi meurt le 7 juillet
1307. Son fils Édouard II (1307-1327), pusillanime, consacre le pouvoir
de ses favoris et amants, Pierre Gaveston (1282-1312) puis Hugh Le Des‐
penser (1284-1326). Édouard II est arrêté, incarcéré, il abdique en faveur
de son fils le 24 janvier 1327. Il meurt, probablement assassiné, le 21 sep‐
tembre de la même année.
Jeanne d’Arc
Jeanne d’Arc naît vers 1412 au village de Domrémy dans le duché de Bar. Elle mani‐
feste dès l’enfance une grande piété, dans une France déchirée par la guerre de Cent
Ans. C’est à l’âge de 13 ans qu’elle entend pour la première fois des voix lui enjoignant
de délivrer le royaume de ses envahisseurs. Jeanne les attribue à l’archange saint Mi‐
chel et aux saintes Catherine et Marguerite. Elle adopte les habits d’homme et les che‐
veux courts. Elle parvient à Chinon jusqu’au dauphin, le futur roi Charles VII, et se voit
confier une armée. Ses faits d’armes sont célèbres, notamment la prise d’Orléans que
menacent les Anglais. Ils lui permettent de conduire le dauphin à Reims pour s’y faire
sacrer en 1429, mais elle échoue la même année à prendre Paris. Elle est à peine
âgée de 19 ans, en 1431, quand elle est capturée et vendue aux Anglais. Ces derniers
la livrent au tribunal ecclésiastique de Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, qui la
condamne pour hérésie. Elle est brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431. Son procès est
cassé par le pape Callixte III en 1456, elle est béatifiée en 1909 et canonisée en 1920.
Surnommé le « Docteur admirable » par ses pairs, il fut sans doute l’un
des penseurs les plus influents de son temps. C’est après des études à Ox‐
ford, puis à Paris, qu’il rentre dans l’ordre des Franciscains et entreprend
l’étude des œuvres d’Aristote. Il se dirigera pourtant vers la science. Il écrit
son Opus majus ou Œuvre majeure (1267) à la demande du pape Clé‐
ment IV (1265-1268), dans laquelle il défend la nécessité de réformer la
science de son temps, à partir de nouvelles méthodes. Les seuls moyens
d’approcher une réelle connaissance de la nature, selon lui, sont les mathé‐
matiques et l’expérimentation. L’Opus majus est une vaste encyclopédie de
la science comprenant la grammaire, la logique, la philosophie morale, les
mathématiques, la physique. Néanmoins, trop révolutionnaires, ses thèses
lui vaudront la condamnation des Franciscains pour hérésie, et quinze ans
de prison jusqu’en 1292. Il eut le pressentiment de presque toutes les inven‐
tions modernes : poudre à canon, verres grossissants, télescope. Il est à
l’origine de la découverte, en optique, de la réfraction. Ses ouvrages fonda‐
mentaux sont l’Encyclopédique Compendium studii philosophiae (Abrégé
des études philosophiques) et le Compendium studii theologiae (Abrégé des
études théologiques). Bacon crédite les croyances de son temps et fonde les
sciences naturelles sur l’alchimie, l’astrologie, la magie.
L’Italie médiévale
Naples est fondé au VIIe siècle avant J.-C. sous le nom de Parthenope, « la
Vierge », rebaptisée Néapolis, la « Nouvelle Ville », en 475 avant J.-C. Ca‐
pitale de la Campanie, la ville est rattachée à l’Empire byzantin après la
chute de Rome (476). En 567, elle fait partie du nouvel exarchat de Ra‐
venne. Elle en connaît les vicissitudes avant d’être conquise en 751 par le
roi lombard Aistolf (749-756). Naples devient alors la capitale d’un duché
indépendant. Au XIe siècle, ses ducs doivent accueillir pour le défendre des
groupes de plus en plus importants de Normands, à tel point que ceux-ci fi‐
nissent par y représenter le pouvoir véritable. En 1130, Roger II (1130-
1154) crée le Royaume normand de Sicile et incorpore Naples en 1139. En
1282, les Vêpres siciliennes provoquent la partition du royaume de Sicile.
Le roi Charles Ier de Sicile (règne : 1266-1285) est chassé de Sicile par
l’armée de Pierre III d’Aragon (1282-1285). Se repliant sur ses posses‐
sions continentales, Charles II d’Anjou devient le premier roi de Naples de
1282 à 1285. Le terme de « royaume de Naples » est une convention, en
principe il s’agit toujours de celui de Sicile, que les Angevins espèrent, en
vain, pouvoir reconquérir. En réalité, Alphonse V d’Aragon (1416-1458)
arrache le royaume de Naples à René d’Anjou (1435-1442) en 1442. Il re‐
constitue ainsi à son profit le royaume de Sicile à partir de 1443. Les Espa‐
gnols gardent la maîtrise de la ville jusqu’en 1707.
LE MILAN DES VISCONTI
C’est vers le VIe siècle avant J.-C. que Milan est fondé par les Celtes. La
ville est conquise en 222 avant J.-C. par les Romains, par lesquels nous la
connaissons sous son nom Mediolanum, « au milieu de la plaine ». Elle de‐
vient capitale de l’Empire d’Occident en 286. Constantin Ier (306-337) y
promulgue l’édit de Milan en 313, qui autorise le culte chrétien. Son
évêque, Ambroise (374-397), en fait l’un des centres culturels du monde
chrétien. En 539, la ville est prise par les Ostrogoths et devient l’une des
grandes cités du royaume lombard. Ce dernier disparaît avec la conquête
franque en 774. Comme les autres, Milan passe sous l’autorité des Carolin‐
giens, puis des empereurs romains germaniques. Mais cette tutelle lointaine
lui laisse une quasi-indépendance, d’où naissent des révoltes durement ré‐
primées. En 1162 la ville est ainsi détruite. Elle se remet, s’organise en
commune où les pouvoirs sont répartis entre l’archevêque et les grandes fa‐
milles au sein de la Credenza de Sant’Ambrogio, la « Croyance de saint An‐
toine ». C’est une crise majeure en son sein qui permet aux Visconti d’y
prendre le contrôle de la ville. En 1262, Ottone Visconti (1262-1295) est
nommé par le pape archevêque de Milan. Cette nomination est refusée par
le chef de la Credenza, un membre de la famille della Torre, qui fait occuper
l’archevêché. Son opposition est liée à une élection décidée par le seul
pape. Une guerre s’ensuit jusqu’en 1277, qui empêche Ottone d’occuper
son siège milanais. À la bataille de Desio, les della Torre sont définitive‐
ment vaincus, Ottone entre enfin dans Milan, quinze ans après sa nomina‐
tion. Ce n’est pas un poste de tout repos, car les partisans des della Torre,
les Torriani, continuent le combat dans les campagnes du Milanais jusqu’à
leur écrasement définitif en 1281. En 1287, Ottone fait nommer son petit-
neveu Matteo Ier Visconti (1291-1322) capitaine du peuple. Le Conseil gé‐
néral le nomme seigneur de Milan en 1291. En 1294, Rodolphe Ier (1273-
1291), empereur, en fait son vicaire général pour la Lombardie. Matteo Ier
Visconti doit encore lutter contre les Torriani, guelfes, car les Visconti sont
gibelins. Il est contraint de fuir Milan en 1302. Il ne pourra y revenir qu’en
1311. Les escarmouches continuent, les Visconti sont affaiblis par leur sou‐
tien à l’empereur. En 1318, le pape excommunie Matteo, une croisade est
déclenchée contre eux en 1320, suivie d’une condamnation pour hérésie en
1322. Son fils Galeazzo Ier Visconti (1322-1328) lui succède. Il faut at‐
tendre 1342 pour que l’accusation d’hérésie soit levée. Ce n’est que sous
Gian Galeazzo Visconti (1385-1402) que la famille se dote d’un homme
d’État remarquable. Il annexe Vicence, Vérone, Padoue. Il est élevé au rang
de duc par l’empereur en 1395. Avide de soumettre toute l’Italie du Nord, il
prend Pise, Pérouse, Assise, Sienne. C’est sous son règne qu’est lancée la
construction de la cathédrale Il Duomo. Son fils, Giovanni Maria Visconti
(1402-1412), sera incapable de maintenir l’unité du duché. Les ambitions
des Visconti suscitent l’hostilité de Florence. Le fils de ce dernier, Filippo
Maria Visconti (1412-1447), est le troisième et dernier duc. Il meurt sans
héritier. La République ambrosienne, gouvernement de nobles et de juristes,
dure de 1447 à 1450, avant d’être écrasée par Francesco Sforza (1450-
1466) qui prend Milan et inaugure une nouvelle lignée de ducs.
En 1447, le dernier Visconti meurt sans héritier mâle. Après une courte
République ambrosienne, dirigée entre 1447 et 1450 par un groupe de
nobles et de juristes de l’université de Pavie, nommée ainsi en hommage à
Ambroise, saint patron de Milan, le condottiere Francesco Sforza (1401-
1466) prend la ville et se proclame duc. Les Sforza vont dominer Milan jus‐
qu’en 1535. Cette domination sera remise en cause par les guerres d’Italie
conduites par les rois de France. En 1499 Louis XII s’empare de Milan. La
ville est française jusqu’en 1543, puis entre 1515 et 1521. Entre-temps, puis
après 1521, les fils de Francesco règnent, quand les Espagnols, vainqueurs
des Français à Pavie (1525), y consentent toutefois. En 1535, la dynastie
Sforza s’éteint sans héritier.
Dante et Béatrice
Il faut ménager ici une place particulière à Dante Alighieri (v. 1265-
1321), le plus grand poète florentin de l’époque, qui puise son inspiration
principale dans l’amour éperdu voué à Béatrice, morte en 1290 à vingt-
quatre ans. Citoyen actif, Dante prend fermement position contre Boni‐
face VIII. Le pape parvient à le faire exiler, puis condamner à mort par
contumace, alors qu’il est exilé à Vérone, puis à Ravenne où il finit ses
jours. Dante partage son œuvre entre les deux langues qui lui semblent les
plus appropriées pour parvenir à la maîtrise du sommet de son art, le latin et
l’italien. Il rédige en latin plusieurs ouvrages, De l’éloquence vulgaire (De
vulgari eloquentia), consacré au langage, De la monarchie (De monarchia),
sur la domination universelle, des Epistolae ou Lettres, et Eclogae
(Églogues, Les Bucoliques), ainsi qu’un essai sur la valeur symbolique de la
terre et de l’eau, Quaestrio de aqua et terra. Son œuvre en italien se tourne
à la fois vers l’amour et la philosophie. La Vie nouvelle (La vita nuova) ex‐
prime son amour de jeunesse et lui donne la force nouvelle de l’immortalité.
Fortement influencé par le platonisme, il rédige Le Chansonnier (Il canzo‐
niere), ensemble de poèmes voués au beau sous toutes ses formes. L’ou‐
vrage le plus célèbre de Dante demeure La Divine Comédie, qui occupe
toute sa vie. Il s’agit d’un voyage en trois parties, Inferno (l’Enfer), Purga‐
torio (le Purgatoire) et Paradiso (le Paradis), destiné à assurer au poète son
salut. Dante est guidé à la fois par un autre poète, Virgile, et par Béatrice,
symbole de la grâce divine. L’étape ultime est la traversée des « neuf
cieux » et la contemplation de Dieu. C’est à peine un demi-siècle après sa
mort, en 1373, que Florence, reconnaissante du génie de son fils, crée la
première chaire d’explication des œuvres de Dante, confiée à Boccace.
Pétrarque et Laure
Notes
1. À ce sujet, voir Jean-François Pépin, « Pindare », in Encyclopædia Universalis.
CHAPITRE VII
L’Espagne médiévale
La langue espagnole trouve ses origines dans le bas latin introduit lors de
la domination romaine. Bientôt, il se répand dans toute la péninsule. Il est
surtout employé dans les collèges et dans les cloîtres, et presque tous les
textes médiévaux importants sont écrits dans cette langue. Puis il est aban‐
donné et remplacé par l’idiome populaire. Les plus anciens textes romans
que nous ayons ont été retrouvés, à la fin de poèmes hébraïques, arabes et
andalous, les muwassahas. Ils dateraient du IXe siècle et auraient été compo‐
sés à Cordoue. Ensuite, la littérature se poursuit par des poèmes épiques. Le
premier poème est celui du Cid, probablement composé vers le XIIe siècle,
qui raconte la dernière partie de la vie du héros exilé de Burgos par la ran‐
cune d’Alphonse VI. Puis se développent les romancero. Un romancero est
un recueil de romances, de courtes poésies épiques ou narratives en vers de
huit syllabes. On en imprime en 1510 quelques-uns dans le Cancionero ge‐
neral, le Romancero general et on publie des recueils spéciaux sous le titre
de Romancero dès 1550. Toute l’histoire de l’Espagne y est condensée. Les
romances consacrées au Cid sont les plus connues. Le plus ancien des ro‐
mans de chevalerie est l’Amadis de Gaule (1508), d’abord écrit en portu‐
gais, plus tard traduit en espagnol. Le sujet en est l’amour contrarié d’Ama‐
dis et d’Oriane, inspiré des romans bretons. À ceux-ci succèdent les romans
pastoraux. Le chef-d’œuvre du genre est Les Sept Livres de Diane (Los siete
libros de la Diana, 1542-1545) de Jorge de Montemayor (1520-1561). Le
roman picaresque, roman dont les personnages sont issus du monde des pi‐
caros, des coquins, est très abondant en Espagne. Quant au théâtre espa‐
gnol, tels les miracles et les mystères français, il naît dans l’Église. Les plus
anciens mystères datent du XIIIe siècle. À partir du XVe siècle, le théâtre
traite de sujets plus profanes.
CHAPITRE VIII
La Russie médiévale
La Rus’ de Kiev, ou Rous’, est une principauté fondée par les Varègues,
Vikings danois et suédois. Elle est gouvernée par la dynastie des Riouri‐
kides (862-1598) qui exerce son autorité sur l’État de Kiev, jusqu’en 1132,
puis la Moscovie, après 1276, et donne naissance à la Russie. Le nom de la
dynastie vient de Riourik (860-879), prince de Novgorod. En 882, Oleg le
Sage (879-912) transfère sa capitale de Novgorod à Kiev. Il est considéré
comme le fondateur véritable de la Rus’ aux alentours de 880. L’apogée de
la principauté se situe pendant les règnes de Vladimir le Grand (980-1015)
et d’Iaroslav le Sage (1019-1054). Vladimir fait entrer la Rus’ dans le
christianisme de rite byzantin. Afin de pouvoir épouser la princesse byzan‐
tine Anna (963-1011), il reçoit le baptême en 988. Iaroslav le Sage, son fils,
lui succède à l’issue de quatre années de guerre contre ses frères. Il écarte la
menace petchénègue, des nomades turcs, par sa victoire de 1036, favorise
l’accession au trône de Casimir Ier de Pologne (1039-1058). En revanche,
les attaques lancées par son fils Vladimir contre l’Empire byzantin sont des
échecs. À sa mort en 1054, ses cinq fils se partagent sa principauté, l’aîné
portant le titre de grand-prince. C’est le début de la décadence. Les princi‐
pautés se multiplient au fil des successions, dépassent la cinquantaine au
XIIIe siècle, les princes se combattent et tentent de s’approprier les deux ci‐
tés les plus prestigieuses, Kiev et Novgorod. C’est d’autant plus difficile
que Kiev demeure la propriété commune des Riourikides. En 1276 naît la
principauté de Moscou. Un mode de gouvernement original se met en place
avec la République de Novgorod (1136-1478).
Un autre général, d’origine thrace, monte sur le trône : Léon Ier (457-
474). Il doit affronter les Vandales, dont la flotte de bateaux pirates ran‐
çonne la Méditerranée. Son petit-fils Léon II ne règne que quelques mois.
C’est son gendre, Zénon (474-491), qui devient empereur. En Occident, le
Hérule Odoacre renverse le dernier empereur, Romulus Augustule. Il en‐
voie à Zénon les insignes impériaux, reçoit le titre de patrice. La fiction
d’une unité impériale s’installe, Zénon est supposé être seul empereur,
Odoacre son représentant. Il obtient un répit en reconnaissant les territoires
conquis par les Vandales par le traité de 476 conclu avec leur roi Genséric
(399-477). Son règne est troublé par les multiples complots du palais desti‐
nés à le renverser, même s’il parvient à les déjouer. Les problèmes religieux
continuent à diviser l’Empire. Afin de tenter d’y mettre fin, Zénon demande
au patriarche de Constantinople, Acacius, de rédiger l’Henotikon (482), ou
« Acte d’union », afin de réconcilier monophysites et tenants des deux na‐
tures distinctes du Christ. Un haut fonctionnaire, Anastase Ier (491-518),
lui succède, puis le Sénat élit un empereur, à un âge avancé, le chef de la
garde impériale, Justin Ier (518-527). Son règne prépare surtout celui de
son neveu et fils adoptif Justinien (527-565).
Le futur Justinien Ier naît en Macédoine en 482 dans une famille pay‐
sanne. Sa fortune est liée à celle de son oncle Justin. Ce dernier, simple sol‐
dat à l’origine, se hisse au commandement de la garde impériale, puis au
trône en 518. Son neveu, Flavius Petrus Sabbatius, reçoit grâce à lui une
éducation soignée à Constantinople. En 518, il le place à la tête des troupes
de la cour, le fait consul en 521, et l’adopte. C’est alors qu’il ajoute aux
siens un nouveau nom, Justinianus, Justinien, qu’il nomme corégent en
avril 527. Justin meurt en août de la même année, Justinien devient alors
empereur. Étant prince, Justinien a bénéficié d’une vaste culture, d’une pré‐
paration au pouvoir. Devenu empereur, avec à ses côtés une femme au ca‐
ractère bien trempé, Théodora (v. 500-548), il désire reconstituer l’unité de
l’Imperium Romanum. En 532, la ville de Byzance se révolte contre l’empe‐
reur Justinien. Cet épisode est connu sous le nom de « sédition Nika », de
niké (victoire) en grec, cri de ralliement des insurgés. Effondré, Justinien est
prêt à fuir, voire à abandonner le trône. Théodora intervient alors, lui re‐
donne courage, galvanise les troupes demeurées fidèles. La révolte est écra‐
sée. Courageuse, énergique, Théodora poursuit seize ans encore son règne
aux côtés de l’empereur, favorisant la tolérance religieuse, multipliant les
fondations pieuses et caritatives. En 529 est publié le monument législatif
du règne de Justinien, le Corpus Juris Civilis ou Code Justinien, qui colla‐
tionne, en latin, toutes les constitutions impériales depuis Hadrien (117-
138). Suit en 533 le Digeste, ou Pandectes, réunissant la jurisprudence
connue, ainsi que les Institutes, manuel de droit destiné à former les magis‐
trats et juristes. Enfin les lois récentes sont regroupées à partir de 534 dans
un code à part, celui des Novelles, en grec, langue vernaculaire de l’Empire.
Prince bâtisseur, Justinien fait édifier Sainte-Sophie à Constantinople, église
dédiée à la Sagesse divine (sophia en grec).
2. L’art byzantin
L’ART PRÉBYZANTIN
L’ARCHITECTURE
La sculpture
3. La littérature byzantine
L’ÉCRITURE ET L’ENLUMINURE
COMPILATEURS ET MYSTIQUES
LE DROIT
Les premiers codes romains sont des codes privés, de simples compila‐
tions de constitutions impériales, tels les codes Grégorien et Hermogénien.
Le premier code officiel de l’Empire romain est promulgué par l’empereur
Théodose II à Constantinople et l’empereur Valentinien III à Rome. Ce
Code Théodosien reprend toute la législation depuis Constantin et élimine
les mesures désuètes et les contradictions. C’est le seul code connu en Occi‐
dent du Ve siècle au XIe siècle, essentiellement au travers du Bréviaire
d’Alaric, la loi romaine des Wisigoths, rédigée par Alaric, destinée à ses su‐
jets gallo-romains. Comme le Code Théodosien, celui de Justinien, divisé
en douze livres pour rendre hommage au douze tables, fondatrices du droit
romain, est un recueil de constitutions impériales d’une ampleur sans précé‐
dent.
Les successeurs de Basile sont faibles, menés par l’aristocratie qui s’enri‐
chit en négligeant l’entretien militaire des thèmes. Comme Rome avant elle,
Constantinople s’appuie de plus en plus sur des mercenaires. Mourant,
Constantin VIII marie sa fille Zoé (1028-1050) à Romain Argyre (1028-
1034) qui devient l’empereur Romain III. C’est un intellectuel pieux, éloi‐
gné des exigences du pouvoir et de la guerre. Il est vaincu par les Arabes
près d’Alep en 1031. Il est assassiné aux bains, peut-être à l’instigation de
Zoé, en 1034. Cette dernière épouse aussitôt Michel IV le Paphlagonien
(1034-1041). Les Normands commencent à s’implanter en Italie, dont ils
chassent les Byzantins en 1071. La fin de la dynastie est marquée par les
soulèvements et l’avance des Turcs Seldjoukides en Asie Mineure. La dé‐
faite de Manzikert, face à ces derniers, en 1071, signe la fin d’un empire
conquérant. Le général Isaac Comnène renverse le dernier empereur, Mi‐
chel VI (1056-1057), et se proclame empereur sous le nom d’Isaac Ier
(1057-1059). La dynastie des Comnènes commence.
Par un traité en date de 1202, Francs croisés et Venise ont prévu le par‐
tage de l’Empire byzantin. Baudouin IX de Flandre est élu empereur sous le
nom de Baudouin Ier (1204-1205) en mai. Il règne sur l’Empire latin de
Constantinople, un quart des terres, les deux cinquièmes de Constantinople.
Venise reçoit un autre quart des terres, les trois cinquièmes de la ville. À
cela s’ajoutent royaume de Thessalonique, duchés d’Athènes et de Naxos,
principauté de Morée donnés à de puissants barons. Le reste se compose de
l’Empire grec de Nicée (1204-1282), du despotat d’Épire (1204-1337) et de
l’empire de Trébizonde (1204-1461). Ces derniers États seront réincorporés
à l’Empire byzantin restauré, ou, pour le dernier, conquis par les Ottomans.
Les empereurs latins de Constantinople doivent lutter sur plusieurs fronts :
contre les barons féodaux, les Grecs, les Bulgares. Leurs règnes sont donc
une succession d’opérations militaires. Baudouin Ier disparaît en 1205 après
une défaite contre les Bulgares. Son frère et successeur, Henri Ier (1206-
1216), doit lutter contre les Byzantins. Son beau-frère, Pierre II de Courte‐
nay (1217-1219), meurt emprisonné par les Grecs qui l’ont capturé. Robert
de Courtenay (1220-1227) est déposé par les barons. En 1245, le territoire
est réduit à la seule Constantinople, sauvée en 1236 par la flotte vénitienne
d’un assaut des Bulgares et Byzantins coalisés. Baudouin II de Courtenay
(1228-1273), fils de Pierre II, est le dernier empereur latin de Constanti‐
nople. Il se rend en Occident pour demander, en vain, de l’aide. En
juillet 1261, profitant de l’absence de la flotte vénitienne, Constantinople
est pris par Michel Paléologue, déjà à la tête de l’Empire grec de Nicée.
Baudouin II s’enfuit, meurt en exil en 1273. Couronné empereur byzantin à
Sainte-Sophie sous le nom de Michel VIII Paléologue (1261-1282), ce der‐
nier fonde la dernière dynastie byzantine, celle des Paléologues (1261-
1453) qui s’éteint avec la mort, sur les murailles de Constantinople, le mar‐
di 29 mai 1453, de Constantin XI (1448-1453).
L’IRRÉMÉDIABLE DÉCLIN DE L’EMPIRE BYZANTIN (1261-
1453)
Pendant huit siècles encore après l’âge d’or des dynasties de Justinien et
de Théodose, l’art byzantin devait durer. La première évolution de son
style avait eu lieu entre la fondation de Constantinople et la période qui pré‐
cède les empereurs iconoclastes. La seconde correspond à l’époque des
destructions des images religieuses. La troisième se déroule sous Basile Ier
jusqu’au sac de Constantinople en 1204. La quatrième s’achève de cette
date à la prise de Constantinople par les Turcs.
1. La religion musulmane
Au VIe siècle, l’Arabie est une vaste péninsule désertique avec quelques
belles oasis, et ses côtes jalonnées de ports. Le commerce des épices, du
cuir, des peaux, des esclaves se fait par les voies caravanières. Au centre, on
trouve la province de Hedjaz, sans doute la plus riche, quelques grandes
villes, centres caravaniers dont La Mecque. Qusay (400-487) parvint à fé‐
dérer les Quraychites, une tribu du Nord, et à obtenir, après une alliance
matrimoniale, le contrôle de La Mecque. Des tentatives régulières d’inva‐
sions du monde byzantin avaient eu lieu par le Nord, par l’Égypte pour la
conquête du Yémen mais en vain. Aucune organisation politique ne do‐
mine, mais des clans polythéistes, répartis sur de vastes ensembles, croyant
aux djinns, créatures surnaturelles. Des minorités chrétiennes, surtout mo‐
nophysites et nestoriennes, ou juives se sont implantées dans les centres ca‐
ravaniers et les oasis. Religion du désert, l’islam reprend les cultes tradi‐
tionnels anciens, mais emprunte aussi au judaïsme et au christianisme de
nombreux éléments.
En dix ans, Mahomet organise un État et une société dans laquelle la loi
de l’islam se substitue aux anciennes coutumes de l’Arabie. De son séjour à
Médine, début de l’Hégire, date une deuxième série de sourates, de style
moins tourmenté que les premières, dites sourates de La Mecque, anté‐
rieures à l’Hégire. Œuvre d’un législateur religieux et social, elles
contiennent surtout des prescriptions destinées à organiser le nouvel ordre
instauré par l’islam. Souvent très précises, ces règles s’appliquent à la vie
de l’époque. Il s’y joint des sentences permettant de définir l’idéal religieux
et moral propre à l’islam. La Mecque, après de durs affrontements, en 624,
625, 627 contre les Quraychites, se rallie en 630 à Mahomet. Mahomet
s’éteint le 8 juin 632 à Médine, ne laissant aucune instruction pour assurer
sa succession. Un de ses proches, Omar, ne réussit pas à s’imposer comme
chef politique à la communauté des croyants contre Abū Bakr, père d’Aï‐
cha, sa veuve, en tant que « représentant et envoyé de Dieu ». Les trois an‐
nées de son califat ramènent la paix au sein des tributs révoltées et per‐
mettent de réprimer les tentatives de soulèvement organisées par le faux
prophète Mousaïlima. Omar devient deuxième calife, « successeur » du
prophète, reprend le titre de « Prince des croyants » et organise la commu‐
nauté musulmane. Ses conquêtes comprennent la Syrie (634-636), la Perse
(635-651) et l’Égypte (639-644). La ville de Jérusalem est prise en 638. Peu
avant sa mort, Omar avait chargé un collège de six musulmans reconnus de
choisir son successeur.
Une sixième obligation sera ajoutée plus tard : le djihad, la guerre sainte,
une guerre sur soi-même, une guerre quotidienne de réforme intérieure,
d’abord. Il s’agira ensuite d’une guerre de conquête pour protéger les mu‐
sulmans et propager le Coran sur d’autres territoires. C’est à la fois une
lutte contre ses passions et ses mauvais instincts, mais aussi contre le paga‐
nisme et l’idolâtrie au profit de la vraie foi. Dans les cas extrêmes, le terme
s’applique à la guerre contre les autres monothéistes. Il faut ajouter les in‐
terdits alimentaires : viande de porc, vin, alcools, stupéfiants, animaux tués
accidentellement.
Le rite malékite, sunnite, est mis en place par l’imam Mālik ibn Anas
(711-795) à Médine. Il est majoritaire en Afrique du Nord et de l’Ouest.
École classique du droit musulman, elle recourt comme les autres au Coran,
à la Sunna, tradition héritée des actes de la vie de Mahomet, de l’ijmā’, le
consensus des experts, mais y ajoute les pratiques propres aux habitants de
Médine.
◆ Le rite hanbalite est dû à l’imam Aḥmad ibn Ḥanbal (778-855), c’est
la forme la plus conservatrice du droit classique, reprise par l’islam radical
du wahhabisme (ou salafisme) qui veut le ramener à sa pureté originelle.
◆ Le rite hanéfite est le plus ancien des quatre. Il est dû à un théologien
et législateur de Khoufa, en Irak, Abū Ḥanīfa (699-797). Il se répand sur‐
tout dans le monde musulman non arabophone, défend la position la plus li‐
bérale. C’est celle de la libre opinion, ou rationalisme, en usant de la qiyās,
l’analogie, reconnue par les trois autres rites, mais qui ne lui confèrent pas
le droit d’en déduire des règles non explicites dans les sources directes.
◆ Le rite chafiite naît de l’enseignement de l’imam Al-Chāfi’ī (767-
820), qui prône une utilisation des rites malékite et hanéfite pour parvenir à
une voie originale, celle du chaféisme. Il insiste sur l’ijmā’, le consentement
établi des compagnons du prophète Mahomet, et produit une nouvelle juris‐
prudence, ou fiqh de l’islam sunnite. Toutefois, la séparation est nette
d’avec les sunnites pour les sectes non orthodoxes.
Outre ces formes orthodoxes, d’autres rites sont issus de la scission née
de la difficile succession du prophète.
LE SOUFISME
Si les Abbassides perdent le pouvoir sur cette région, il faut plus d’un
demi-siècle pour que l’émirat de Cordoue s’impose. L’apogée se produit
avec le règne d’‘Abd al-Raḥmān III (912-961), qui prend en 929 le titre
de calife. Riche de son art florissant, centre intellectuel brillant, le califat de
Cordoue disparaît dans la guerre civile entre la fin du Xe et le début du
XIe siècle. En 1031, le califat est aboli, les princes locaux se partagent son
territoire en établissant de nombreux petits royaumes qui sont absorbés par
les Almoravides après 1086.
L’architecture musulmane
Contraint de fuir Damas où sa famille est assassinée pour des raisons po‐
litiques, le prince omeyyade ‘Abd al-Raḥmān (731-788) passe en Espagne
en 755 à la tête de ses troupes. Il y évince rapidement le gouverneur installé
par le calife de Damas et entre à Cordoue en 756. Il s’y fait proclamer émir
des musulmans d’Espagne, et fait de Cordoue la capitale de son nouvel
État. La ville devient un centre politique, artistique, culturel, avec une bi‐
bliothèque dotée d’un fonds de plus de quatre cent mille volumes. Le joyau
architectural en devient la grande mosquée. Commencée en 786, elle est
agrandie à plusieurs reprises au cours des IXe et Xe siècles, avant son ultime
modification en 988. Son agencement intérieur la transforme en une forêt
de colonnes aux fûts de pierre sombre, surmontées d’arcs en fer à cheval où
alternent brique rouge et calcaire blanc, sur plus de 10 000 m2. À l’époque
omeyyade, l’utilisation de la pierre se mêle à d’autres matériaux. En Es‐
pagne, on lui préfére la brique et le torchis. L’architecture se caractérise par
l’emploi d’arcs en fer à cheval avec des claveaux de couleurs alternées. Les
arcs polylobés sont également très utilisés. C’est vers le milieu du Xe siècle
qu’est construit près de Cordoue le palais de Madīnat al-Zahrā, comprenant
une mosquée, des jardins, des vignes, les bâtiments du harem ceint par un
rempart. On y a retrouvé également d’impressionnantes rondes-bosses en
bronze, des bouches de fontaines, l’eau s’évacuant par la bouche des ani‐
maux figurés, aux formes extrêmement géométriques.
Que l’art islamique soit aniconique en raison des interdits coraniques est
un point de vue à modérer. Quelques très rares allusions à l’art apparaissent
dans le Coran, des œuvres réalisées avec « la permission d’Allah » par les
djinns pour Salomon, mais davantage que les images ce sont leurs auteurs
que blâme Mahomet, car seul Dieu, le créateur, peut insuffler la vie. Les
images sont presque toujours absentes dans l’architecture religieuse, il n’en
est pas de même dans l’architecture civile et les objets d’art, mettant en
scène la figure du prince dans l’exercice de son autorité, ou des scènes de
banquets ou de chasse. Dès la fin du IXe siècle, après avoir subi différentes
influences, le répertoire décoratif aborde tous les sujets avec des différences
selon les lieux et les époques. Jusqu’au XVe siècle, le visage princier reste
idéalisé pour devenir ensuite, sous l’influence de l’Europe, un véritable por‐
trait. Mais les scènes évoquées ne concernent pas la seule vie du prince, la
vie à la campagne, la vie nomade ou religieuse sont également représentées.
L’illustration d’ouvrages littéraires donne aussi un rôle important à la repré‐
sentation figurée en ornant des fables, des œuvres historiques, des romans
d’amour, des ouvrages cosmographiques. À Qasr al-Hayr al-Gharbī, un châ‐
teau du désert des princes omeyyades, près de Palmyre, les grandes compo‐
sitions à même le sol, 12 m de long sur 4 m de large, mettent en scène la
déesse Gaïa selon une inspiration très gréco-romaine.
Ce sont de véritables joyaux de l’art musulman que nous ont laissés ces
grands constructeurs qu’étaient les Aghlabides. On leur doit notamment
plusieurs grandes réalisations architecturales comme les remparts de
Sousse, englobant 32 ha de superficie, et al-Qasaba, édifiée en 851, tour
haute de 77 m. Elle sera plusieurs fois agrandie entre les XIIe et XIXe siècles.
Les remparts de Sousse permettent de se faire une idée de l’architecture dé‐
fensive ifriqiyenne à l’époque médiévale. La grande mosquée de Kairouan,
à 150 km de Tunis, est un des chefs-d’œuvre de l’art islamique. Recons‐
truite par Ziyādat Allāh Ier (817-838), en 836, elle est à l’origine au
VIIe siècle un simple oratoire. La mosquée apparaît comme une forteresse,
percée de huit portes, hérissée de tours et de bastions. Ses plafonds sont en
bois peint et sculpté. La nouveauté architecturale de cette période tient à la
rencontre en T d’une travée plus large avec la large nef axiale, soulignée par
des doubles colonnes. Une coupole est élevée sur la zone carrée délimitée
par la rencontre de ces deux éléments. Le plan en T perdure dans de nom‐
breuses mosquées jusqu’à l’époque ottomane et se diffuse dans le Maghreb,
en Sicile, en Égypte fatimide. Le soin de la décoration se révèle dans celle,
luxuriante, du mihrab, outre la peinture qui orne sa voûte, vingt-huit pan‐
neaux de marbre, sculptés de motifs végétaux, ainsi que l’intérieur et sa fa‐
çade sont mis en valeur par des carreaux de céramique à reflets métalliques.
C’est également au IXe siècle, en 864-865, qu’est édifiée la grande mosquée
de Tunis, al-Zaytūna. Une collection de manuscrits rares, se rapportant
principalement au droit musulman, y a été retrouvée dans une pièce privée.
Elle constitue le plus ancien fonds documentaire sur la littérature malékite,
une des quatre écoles de droit sunnite du IXe siècle, mais la mosquée pos‐
sède également la plus riche collection de codex coraniques.
La particularité de cet art est le contact établi entre l’art musulman et ce‐
lui des steppes asiatiques. De grandes villes sont créées, Nichapour (Iran),
Ghazni (Afghanistan), alors que le pouvoir passe aux mains des gouver‐
neurs. Le monument le plus célèbre reste la grande mosquée d’Ispahan.
D’autres mosquées iraniennes sont contemporaines : Qazvin, Qurva. De
nouvelles formes de minarets, cylindriques, apparaissent. L’architecture
profane offre une nouveauté au monde musulman : le caravansérail, édifice
en deux parties, avec une grande cour et un vaste hall. Différents types d’ar‐
chitectures funéraires apparaissent, tel le mausolée des Samanides à Bou‐
khara, monument cubique surmonté d’une coupole de briques haute d’une
dizaine de mètres de côté. La disposition des briques tient lieu de décor. Des
portes placées sur les quatre côtés ouvrent vers l’extérieur.
Les Ottomans doivent leur nom à la dynastie turque des Osmanlis, pro‐
noncé « ottoman » en français, fondée par Osman Ier (1281-1326). Il orga‐
nise l’armée ottomane et prend aux Byzantins plusieurs places fortes et
villes. À son apogée, l’Empire ottoman s’étend de l’Anatolie au golfe
d’Aden, de l’Arménie à l’Algérie. Son fils Ohrhan Gazi (1326-1360)
prend Brousse, en Anatolie, peu avant d’accéder au trône. Il en fait sa capi‐
tale. En 1329, il est aux portes de Constantinople, après deux victoires
contre l’empereur Andronic III (1328-1341), auquel il prend Nicée (1331)
et Nicomédie (1337). Poursuivant l’œuvre paternelle, Ohrhan crée une élite
de fantassins, les yeni çeri, ou janissaires : le cinquième fils des familles
chrétiennes est offert au sultan comme tribut. En 1360, son fils Murat Ier
(1360-1389) lui succède. Il transfère en 1365 la capitale à Andrinople, entre
la Grèce et la Bulgarie. Il s’implante en Europe et divise son empire en
deux, la partie asiatique, l’Anatolie, la partie européenne, la Roumélie.
◆ Al-Kindī (Abū Yūsuf ibn Ichaq al-Kindī, 801-873) naît à Kūfa, pre‐
mière capitale abbasside. Il séjourne également à Bagdad, autre ville essen‐
tielle pour le mouvement intellectuel, lieu de la traduction des textes grecs
en arabe. Ibn al-Nadīm (?-998), le bibliographe, lui donne la paternité dans
son catalogue de plus de deux cent soixante-dix ouvrages, mais la plupart
ont été perdus. Il est d’abord cité comme savant, car il écrit dans tous les
domaines : astronomie, optique, pharmacologie, météorologie, astrologie,
musique, etc. Sa pensée est en rapport avec le kalām, la recherche des prin‐
cipes théologiques. Il est persuadé que les doctrines de la création du monde
ex nihilo, la résurrection corporelle et la prophétie n’ont pas pour source la
dialectique rationnelle. Dans son Épître sur le discours de l’âme, il donne
un résumé d’Aristote et de Platon. Il tombe en disgrâce en 848 sous le calife
al-Mutawakkil.
Parler des sciences et des savoirs du monde arabe, de ses débuts jusqu’au
Xe siècle, c’est d’abord rappeler que pendant un siècle, jusqu’au VIIIe siècle,
l’islam va conquérir et s’installer depuis la frontière chinoise jusqu’au nord
de la péninsule Ibérique et à la partie subsaharienne de l’Afrique. Cet em‐
pire sera l’un des plus vastes que l’humanité ait connus dans son histoire
puisqu’il s’étale sur trois continents : l’Asie, l’Afrique, l’Europe. Comment
établir ce que fut le legs culturel de cet immense pouvoir institué au nom
d’une même religion sur l’Occident ? Jusqu’au IXe siècle, les savants arabes,
le plus souvent, se contentent de traduire les textes des anciens. En dehors
d’aspects assez notables en mathématiques et en astronomie, ils les enri‐
chissent peu. Une bonne partie de ce qu’ils acquièrent et de ce qu’ils bâ‐
tissent à partir de cet héritage est transmise au XIIe siècle en Europe par des
traductions faites en latin à partir de l’arabe. Après le temps des grandes tra‐
ductions, au IXe siècle, s’implante une véritable science arabe, d’abord limi‐
tée à la Mésopotamie, puis au Xe siècle elle s’étend sur le pourtour de la
Méditerranée et en Espagne. Les activités de savoir plus notables encore
s’étalent entre le XIe et le XIVe siècle dans les grandes villes comme Bagdad,
Le Caire, Kairouan, Cordoue, Tolède, Séville. Les Grecs vont représenter
l’autorité suprême : Euclide, Archimède, Apollonius de Perga pour les ma‐
thématiques, Ptolémée pour l’astronomie, Galien et Hippocrate pour la mé‐
decine. La pensée grecque est transmise en syriaque. Pour la traduction
d’ouvrages antérieurs, les lettrés de langue syriaque, grâce à leur connais‐
sance du grec et de l’arabe, jouent un rôle majeur. Les Éléments d’Euclide
sont, à quelques dizaines d’années de différence, traduits par un musulman,
al-Hajjaj ibn Yûssuf (786-833), et un chrétien, Hunayn ibn Ishāq
(IXe siècle), puis revus par un sabéen, courant mystique nourri de culture
grecque, Thābit ibn Qurra (836-901). La deuxième période se caractérise
par le développement de ses acquis et l’acquisition de la maîtrise de nou‐
velles disciplines. C’est le cas de l’algèbre, grâce à l’adoption, à la fin du
VIIIe siècle, du système décimal et des chiffres indiens, dont le zéro. Le
Kitāb al-jami, Livre de l’addition et de la soustraction d’après le calcul in‐
dien, ouvrage disparu de Khawarizmi (783-850), constitue les débuts de la
science algébrique. Il est considéré comme la première pierre de l’édifice
algébrique arabe à l’instar de son autre traité, le Kitāb al-mukhtasar ou
Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison, en 825. Grâce aux
concepts qu’il élabore, ainsi que ceux de ses successeurs, de nouvelles re‐
cherches et orientations se sont dessinées, comme la formulation de la pre‐
mière théorie géométrique des équations cubiques par le célèbre Omar
Khayyam (1048-1131), ainsi que l’élaboration du symbolisme arithmétique
et algébrique. Deux de ses traités auront un impact considérable sur les ma‐
thématiques en Occident au XIIe siècle. Le premier transmet la numérotation
décimale, le second traite des manipulations sur les équations cubiques.
Abou Kamil (850-930), mathématicien égyptien, prolonge ses recherches
avec son Algèbre. Les pays latins s’approprient, au XIIe siècle, l’art de l’al‐
gèbre, pour en prolonger l’étude. Le bénéfice des progrès de l’algèbre per‐
met à la géométrie de perfectionner la construction des figures, l’étude des
courbes et les mesures des aires et des volumes. Pendant cette période, les
scientifiques arabes approfondissent également l’arithmétique, la trigono‐
métrie pour l’astronomie. Les principaux sujets de préoccupation en astro‐
nomie concernent le fait de remplacer les modèles de Ptolémée expliquant
les mouvements des astres, l’établissement de tables astronomiques, la
conception d’instruments utiles à cette science. Le plus connu reste l’astro‐
labe planisphérique, du grec astrolabos, « qui prend la hauteur des astres »,
qui permet de simuler le mouvement de la sphère céleste par rapport à la
sphère terrestre.
La conquête de l’Égypte au VIIe siècle par les Arabes les met en posses‐
sion de cet art. L’histoire de l’alchimie arabe pourrait débuter quand le
prince Khâlid ibn al-Yazid est initié à cette discipline en 685 par un certain
Marianus, élève de l’alchimiste Étienne d’Alexandrie (VIIe siècle). Mais
bien que des médecins arabes tels que Rāzi, qui décrit dans son traité Secre‐
tum secretorum (Le Secret des Secrets) de nombreuses opérations chimiques
(distillation, évaporation, cristallisation…), ou qu’Avicenne pratiquant éga‐
lement l’alchimie, c’est avec Jābir ibn Ḥayyān (721-815), assimilé au
Pseudo-Geber, que cette science prend son essor. Marcelin Berthelot pensait
que les ouvrages latins de Geber appartenaient à la fin du XIIIe siècle, car
sont décrits des substances chimiques, des acides minéraux inconnus des
Arabes. Selon lui, il s’agirait de Paul de Tarente. Selon l’historien des
sciences E.J. Holinyard (1891-1951), Jābir aurait vécu au VIIe/VIIIe siècle et
serait bien l’auteur d’une volumineuse collection de livres qui lui sont attri‐
bués. C’est dans le Livre des Balances ou Kutub al-Mawazin qu’il expose
sa théorie alchimique. Il propose une classification des éléments selon leur
qualité : le sec et l’humide, le chaud et le froid. Le nombre de ses ouvrages
s’élève à cinq cents d’après la liste fournie par le Kitab-al-Fihrist (Livre de
tous les livres). Ces textes furent traduits au Moyen Âge en latin par Robert
de Chester en 1144, et le Kitab-al-Sabeen, le Livre des Soixante-dix, par
Gérard de Crémone au XIIIe siècle.
Notes
1. Jean Jolivet, « L’idée de sagesse et sa fonction dans la philosophie des IVe et Ve siècles », in Ara‐
bic Sciences and Philosophy, vol. 1, Cambridge University Press, 1991, p. 31-65.
2. Ou Moré Névoukhim, « Guide de ceux qui sont dans la perplexité », traduit en hébreu en 1200
par Samuel ibn Tibbon (1150-1230).
CHAPITRE XI
L’Empire Harsha, qui unifie l’Inde du Nord pour une quarantaine d’an‐
nées, est la création du prince Harshavardhana (590-648) ou Harsha. Ses
hauts faits sont connus par un roman chinois, Voyage vers l’Occident,
œuvre du moine bouddhiste Xuanzang (602-664) qui séjourne à la cour de
Harsha, en 643-644, peu de temps après la conversion de l’empereur au
bouddhisme. À l’origine, Harsha est fils du rāja (roi) de Kanauj, en actuel
Uttar Pradesh. Il y devient rāja en 606. Le jeune souverain se lance alors
dans une série de conquêtes : le Panjab, une partie du Bihar, du Bengale, le
Sind, le Cachemire, le Népal sont soumis. Il échoue en revanche, en 620, à
prendre le royaume des Chalukya plus au Sud. Il intègre à son Empire
nombre de minuscules royaumes, laissant à leur tête leur roi, devenu vassal.
Shivaïte à l’origine, il se convertit au bouddhisme et organise en 643, à Ka‐
nauj, une assemblée qui réunit des brahmanes, des moines bouddhistes, plu‐
sieurs souverains des royaumes proches. À cette occasion il accorde sa pro‐
tection au moine chinois Xuanzang, en périple en Inde depuis plusieurs an‐
nées, afin de rapporter en Chine des textes du canon du grand véhicule, ou
Mahāyāna. Après sa mort, en 648, son petit-fils lui succède, mais sans son
habileté politique, il ne peut empêcher l’Empire de se dissoudre en mul‐
tiples petits États, proies faciles pour la conquête musulmane qui a com‐
mencé avec l’invasion du Sind en 643.
L’EMPIRE CHALUKYA (VIe-XIIe SIÈCLE)
L’INDE MUSULMANE
Après les invasions des Huns par les passages du Nord-Ouest, l’Empire
Gupta s’effondre. Le nord de l’Inde est ravagé et morcelé en une multitude
de petits royaumes indépendants au moment même où leur chef Attila pé‐
nètre jusqu’en Europe occidentale. Trois dynasties s’implantent : les
Pāṇḍya, les Chalukya et les Pallava, la dernière est tenue pour la créatrice
d’un art sud-indien indépendant.
Les souverains Pallava, au sud de l’Inde, sur la côte du golfe du Bengale,
du VIIe siècle jusqu’au XIe siècle, édifient Kanchipuram, leur capitale, et les
monuments de Mahabalipuram. Sous le règne de Mahendravarman Ier
(600-630) naissent de nombreux temples et cavernes sculptées, principale‐
ment dédiés à Shiva. Parmi les temples de Kanchipuram, celui de Kailasha‐
nata, construit au VIIe siècle, s’inspire de celui d’Ellora. Le site comporte
cinq rochers sculptés, les rathas, des temples monolithiques taillés en forme
de char céleste au milieu desquels ont été sculptés d’énormes animaux et un
immense relief évoquant la descente du Gange. Cette composition, inache‐
vée à une extrémité, s’organise à partir d’un fleuve évoqué par une faille
verticale peuplée de naga et nagini, serpents aux bustes humains. Sous le
règne du roi Narasimhavarman Ier (630-670), le style dit de Mamalla se
distingue plus particulièrement, par l’emploi des colonnes à la place des pi‐
liers, des corniches avec des réductions d’architecture souvent inachevées,
des lions à la base de la colonne qui évoluent en lions cornus puis en lions
dressés. La caverne Koneri marque la transition entre ce style et celui plus
ancien de Mahendravarman Ier, caractérisé essentiellement par des sou‐
tiens d’entablement nus, des piliers sobres tripartites, une grande salle ou‐
verte avec plusieurs sanctuaires qui comporte une rangée de piliers et une
rangée de colonnes. Les cavernes Mahishamardini et Vahara II, situées à
Mahabalipuram, sont caractéristiques du style mamalla. La peinture Palla‐
va, quant à elle, subit également l’influence de la tradition Gupta. Le manié‐
risme y est présent comme dans la sculpture lorsque les formes des person‐
nages se font plus opulentes au VIe siècle. Mais l’originalité disparaît et les
peintres ne font plus que reproduire des poncifs. L’art pictural tombe en dé‐
cadence au VIIIe siècle.
Il est possible de parler d’art médiéval pour l’Inde, à partir du IXe siècle
entre la période gupta dite classique et la période moghole, lorsque l’islam
et les Européens interviennent dans son histoire. À la fin du IXe siècle, ce
qui est déjà en Inde du Nord l’âge d’or de la dynastie Pratihara atteint son
apogée, son degré le plus extrême de raffinement. Même si les principaux
dieux honorés sont Shiva, Indra, Vishnou, on rend de plus en plus le même
culte à tous les dieux, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’architecture
religieuse. Sont d’abord construits des groupes de temples, puis des temples
uniques comportant de nombreuses chapelles et images cultuelles. L’icono‐
graphie et l’idéologie hindoue atteignent un sommet de complexité. Une
autre forme de temple s’affirme, construit sur des plates-formes et possé‐
dant de multiples parties, escalier intérieur, cour à pilier ceinte de balus‐
trades, salle cultuelle à balcons, sanctuaire entouré de déambulatoires à trois
galeries de colonnes. L’exemple le plus ancien à Bhubaneswar est le temple
de Parasuramesvara (VIIe siècle). Mais ces édifices restent très massifs de
forme, issus d’énormes blocs empilés les uns sur les autres. Les piliers rem‐
placent souvent les murs, le tout surmonté d’un sikhara, toit creux qui
s’élève depuis la base, ou d’un toit pyramidal. Sous la dynastie Rashtrakuta
(753-982), on aménage les derniers temples rupestres d’Ellora mais l’archi‐
tecture rupestre passe peu à peu de mode. Après le style Pallava, au sud de
l’Inde se succèdent des styles dits dravidiens :
L’art Pāla
La dynastie Pāla (770-1086) puis celle des Sena (1150-1190) règnent sur
un immense royaume comprenant le Bengale et le Bihar. Les traits caracté‐
ristiques de cette période, en dehors de ces deux dynasties marquées par une
destruction massive des monuments, sont l’essor prodigieux de l’architec‐
ture religieuse et l’emploi simultané de la sculpture en haut-relief comme
décor et complément architectural. Cette combinaison des deux techniques,
bien plus qu’une innovation, s’impose comme la conséquence logique des
architectures rupestres à Mahabalipuram au VIIe siècle ou à Ellora au
VIIIe siècle. Il n’y a pas à proprement parler de mutations brutales mais plu‐
tôt une évolution lente procédant par une accumulation systématique d’élé‐
ments traditionnels, peu à peu transformés. Aux alentours du Xe siècle, cette
accumulation prend des proportions gigantesques. Le temple bouddhique
devient peu à peu semblable au temple à tour hindou. La niche abritant la
statue du Bouddha est considérablement agrandie, placée à l’intérieur du
tambour du stupa. De nombreux temples hindous sont agrandis.
L’art Chola
Les Pāṇḍya, les prédécesseurs des Chola, ne furent pas des constructeurs
religieux émérites, car les divers bâtiments édifiés le sont dans un dessein
utilitaire et fonctionnel. Le plus caractéristique de la période de Parantaka
est la surcharge décorative. Le Koranganatha, construit vers 940, multiplie
les étapes de décoration des différentes parties des bâtiments, une innova‐
tion qui se retrouve par la suite dans les futurs temples impériaux. La pé‐
riode Chola marque l’apogée de la civilisation de l’Inde du Sud, et ce plus
particulièrement sous le règne de Radjaradja le Grand (985-1014) qui or‐
ganise l’administration, crée une flotte mais aussi protège les sciences et les
arts. Les temples deviennent de véritables villes et sont des centres écono‐
miques, politiques et religieux. Ils entreprennent dans le premier quart du
Xe siècle des constructions plus monumentales, comme le temple de Brha‐
disvara de Shiva (1011) et celui de Gangaikondacolapuram (1025) à Than‐
javur où l’ensemble est encore plus imposant, avec sa cour dotée d’une salle
hypostyle de cent cinquante piliers sur l’un des axes, qui préfigure le
maṇḍapam, « aux mille piliers », élément constant à une époque plus tar‐
dive des grands temples. Lorsque la puissance des Chola décline, les
grandes constructions religieuses cessent. Dans le domaine de la sculpture,
les innombrables statues qui ornent les temples poursuivent la tradition de
la sculpture Pallava. Les œuvres traduisent une impression de fragilité juvé‐
nile, la taille des statues croît, les visages perdant toute expression.
L’art indo-musulman
Les territoires soumis au sultan de Delhi sont le lieu d’une double in‐
fluence architecturale : le polythéisme figuratif hindouiste et le mono‐
théisme iconoclaste de l’islam. Toutefois, les formes sont amenées à s’in‐
fluencer réciproquement pour donner naissance à un art indo-musulman.
Les caractéristiques principales des édifices sont les arcs brisés bordés de
petits arceaux finissant en boutons de fleurs et les décors à fonds floraux
surmontés d’inscriptions coraniques. Au nombre des plus importantes réali‐
sations architecturales du sultanat de Delhi comptent le Quṭb Minār, mina‐
ret de Quṭb, commencé en 1199, la mosquée Arhal-din Kajhompra en Adj‐
mar, commencée en 1200, de nombreux mausolées : du sultan Balban
(1266-1287), du sultan Ghiyas ud-Din Tugluk (1320-1325), des palais,
comme celui d’Adilabad, la « Maison de la Justice », par Muhammad ibn
Tughluq (1325-1351), des quartiers entiers, comme celui de Hauz i-khass,
le « Réservoir royal », sous Fīrūz Shāh (1351-1388). Le Quṭb Minār est le
plus grand minaret du monde. Fait de grès rouge, au XIIIe siècle, il s’élance
vers le ciel sur une hauteur de près de 73 m ; son nom signifie « tour de la
Victoire ». Le plus impressionnant édifice indo-musulman de Delhi reste le
Lal Qila (fort Rouge), forteresse considérable de grès rose, édifiée au
XVIIe siècle. Ce sont les conquérants moghols qui lui donnent son aspect ac‐
tuel. Sa muraille d’enceinte est longue de 2,5 km, haute selon les endroits
de 16 à 33 m. Outre ses entrées colossales, il a conservé de son rôle de rési‐
dence impériale, ses bains, ses salles d’audience, privées et publiques, ses
mosquées. La délicatesse extrême d’une architecture légère et décorée s’op‐
pose à la puissance de la construction à vocation militaire.
2. La Chine médiévale
Outre les poteries vernissées, l’art délicat des poèmes de cour, les Tang
léguent à la Chine un monument du droit, le Code Tang, établi entre 624 et
653. Il est le fondement du système juridique chinois jusqu’à la disparition
de l’empire en 1911. Il est commandé par l’empereur Gaozu (618-626) au‐
quel une première version est soumise en 624. Amendé en 627, puis en 637,
il est accompagné de commentaires en 653. Il est organisé en douze sec‐
tions qui comprennent cinq cents articles au total. Les peines sont définies
par un magistrat en fonction de la nature du délit incriminé et de la relation
sociale entre victime et coupable. L’organisation sociale doit en effet repo‐
ser sur l’harmonie et le respect des autorités voulus par le confucianisme.
La céramique devient un objet précieux que les familles aisées et les let‐
trés recherchent afin de la collectionner. Plusieurs styles existent. Le plus
célèbre reste la porcelaine dite « céladon » au vert si caractéristique. De
même les porcelaines blanches montrant une décoration gravée sous le gla‐
çage, ou peinte au-dessus, font leur apparition. De la fin de cette époque
datent les porcelaines bleues et blanches dont le bleu cobalt est importé
d’Asie intérieure.
Le théâtre connaît un grand essor, et c’est sous les Yuan qu’est introduit
l’accompagnement musical. Le système des examens ayant été aboli,
nombre de lettrés se tournent vers la dramaturgie. La littérature dramatique
écrite en langue populaire connaît ses premiers succès. En effet, les drames
de cette époque sont des opéras comprenant dialogues, chants et danses et
sont articulés en un prologue et quatre actes. Cette distinction est surtout va‐
lable dans le Nord. Dans le Sud, on compose des pièces avec de nombreux
tableaux. Leurs thèmes concernent la mythologie, la vie quotidienne et une
critique discrète de la vie politique. Parmi les drames du Sud, le Pi-pa-ki,
ou L’Histoire d’un luth, est composé vers 1355, sans doute par Kao Ming
(1305-1370). Un autre nom reste lié au monde du théâtre, celui de Guan
Hanqing (Kouan Han-k’in, v. 1225-v. 1302) et son Rêve du papillon, l’une
des multiples facettes d’une riche inspiration. Une nouvelle forme poétique
émerge, le sanqu, issu des chansons de courtisanes. Le roman connaît un
grand succès, au XIVe siècle, les récits sont organisés en deux cycles. L’His‐
toire des Trois Royaumes et Au bord de l’eau, attribué à Shi Naian
(v. 1296-v. 1370), sont les plus populaires.
3. Le Japon médiéval
L’ÉPOQUE DE NARA (710-794) : LE BOUDDHISME POLITIQUE
Le début de l’époque Heian est marqué par trois calligraphes, les Sampit‐
su, ou « Trois Pinceaux », puis, au Xe siècle, un autre courant de trois autres
grands calligraphes, les Sanseki, « Trois Traces ». Les premiers sont Kūkai
(774-835), l’empereur Saga (786-842) et Tachibana no Hayanari (782-
842). Chacun d’entre eux a permis à la calligraphie japonaise de se détacher
des bases techniques de la calligraphie chinoise. La souplesse et l’ampleur
caractérisent ses successeurs et grâce à eux la spécificité japonaise atteint
son plein épanouissement dans le style wa-yō, ou « japonais », parvenu à sa
maturité.
À l’époque Asuka (v. 550-710), les palais des princes et les résidences de
l’aristocratie comportent déjà de vastes jardins aménagés de mares, de ponts
à la manière chinoise. Les villes se multiplient à l’époque de Nara ainsi que
les palais secondaires agrémentés de jardins. De l’époque de Heian, de
nombreux jardins sont demeurés célèbres : le Shinsen-en de l’empereur
Kammu, le Saga-in, le Junna-in, le Nishi no in. Ceux-ci comportent des
étangs suffisamment vastes pour y faire voguer des bateaux entiers. Alors
que les bâtiments de cette époque sont aménagés de façon symétrique, les
premiers jardins ne le seront pas et c’est leur agencement qui aura une in‐
fluence sur l’asymétrie dans l’architecture japonaise. Il existe des témoi‐
gnages sur l’agencement de ces jardins dans Le Dit du Genji. Le jardin du
temple Daikaku-ji à Kyōto était à l’origine un jardin shinden, organisé au‐
tour d’un bâtiment central. Les jardins de l’époque de Heian sont marqués
par des valeurs esthétiques spécifiques : miyabi, le raffinement, muyo, la
mélancolie liée à l’impermanence dans le bouddhisme, et aware, la compas‐
sion.
C’est au VIIe siècle que les premiers documents écrits, au Japon, font leur
apparition. Le Kojiki, Récit des choses anciennes (712), est écrit exclusive‐
ment en kanji, caractères empruntés au chinois, mais utilisés en japonais.
Grâce à la préface, nous savons que l’empereur Temmu avait commandé
deux récits afin d’asseoir le pouvoir de la famille impériale. En effet, divisé
en trois livres, le Kojiki retrace l’histoire du Japon et de la famille impériale,
depuis l’origine du monde jusqu’au règne de l’impératrice Suiko (593-628).
Compilé sous la direction du prince Toneri (676-735), le Nihonshoki, Chro‐
niques du Japon, une fois rédigé, est remis à l’impératrice Gensho (680-
748) en 720. Véritable ouvrage politique, il tente de fournir au Japon un
cadre historique, il ne comporte ni biographie ni monographie. Le
Man’yōshū, Recueil de dix mille feuilles, contient quatre mille cinq cents
poèmes, répartis en vingt livres, dont la rédaction s’étend de 550 au milieu
du VIIIe siècle, en l’an 759 pour le plus récent. La plupart des poètes sont
anonymes, exception faite de Kakinomoto no Hitomaro (662-710) à qui
l’on attribue plus d’une vingtaine de chōka, poèmes longs, et soixante tan‐
ka, poèmes courts, et de Yamabe no Akahito (v. 700-v. 736) qui vivait en
Chine et composait en chinois. Ses chōka sont d’inspiration confucéenne et
bouddhiste.
La lutte qui oppose les Taira et les Minamoto devient source d’inspiration
et donne naissance à une nouvelle forme de récit historique, les Gunki mo‐
nogatari, les récits guerriers. Ainsi, une trilogie met en scène les principales
étapes du conflit entre les deux clans : le Récit des troubles de l’ère Hogen
(Hogen monogatari) relate les événements survenus entre 1156 et 1184, le
Heiji monogatari (Épopée de la rébellion de Heiji) ceux des années 1158 à
1199, le Heike monogatari (L’Aventure d’Heike) la victoire des Minamoto
en 1185. La poésie lyrique est marquée par Le Nouveau Recueil de Jadis et
Naguère (Shin-kokin-shū), anthologie des poèmes japonais de cette période.
Cependant, une nouvelle manière de considérer les événements, en tentant
de les analyser, apparaît. D’autres genres fleurissent : le Kikō bungaku, « lit‐
térature de voyage », un thème particulièrement important ; les Otogi-zōshi,
nouvelles de fiction dont on ne connaît ni les dates ni les auteurs, aux in‐
fluences shintō ou bouddhistes. Ces récits relatent la fondation d’un temple
ou encore des histoires d’amour entre des moines et de jeunes garçons.
Le shintoïsme
Le bouddhisme
L’introduction du zen
LA CIVILISATION D’ANGKOR
LE DÉCLIN D’ANGKOR
La musique khmère
5. L’Indonésie médiévale
Notes
1. À ce sujet, voir Florence Braunstein, Penser les arts martiaux, Paris, Puf, 1999, p. 210.
2. Pierre-François Souyri, Le Monde à l’envers, Paris, Maisonneuve et Larose, 1998, p. 240.
3. Florence Braunstein, « Le Dit du Genji », in Encyclopædia Universalis.
4. À ce sujet, voir Florence Braunstein, « Heike Monogatari », in Encyclopædia Universalis.
5. À ce sujet, voir Florence Braunstein, Penser les arts martiaux, op. cit., p. 310.
6. À ce sujet, voir Jean Herbert, Les Dieux nationaux du Japon, Paris, Albin Michel, 1965.
7. À ce sujet, voir Florence Braunstein, « Bouddhisme et arts martiaux », in Lumières sur la voie
bouddhique de l’éveil (revue Connaissance des religions), Paris, L’Harmattan, 2003, p. 302.
CHAPITRE XII
L’Amérique précolombienne
1. La civilisation maya
2. La civilisation toltèque
Tula, le grand site des Toltèques, un peuple migrant installé au IXe siècle
sur le plateau central mexicain, est la capitale des Toltèques et des Az‐
tèques, à environ 80 km au nord de Mexico. L’apogée du monde toltèque se
situe entre le Xe et le XIIe siècle. Tula naît au moment où la plus grande cité
mésoaméricaine, Teotihuacán, entre en déclin, lors du VIIe siècle. Le pre‐
mier noyau urbain est appelé Tula Chico, la « Petite Tula ». Le dieu-serpent
Quetzalcóatl, associé à la planète Vénus, y est déjà adoré. Sa grandeur se
développe à partir du règne de Ce Acatl Topiltzin, « 1-Roseau », entre 980
et l’an 1000 environ. Considéré comme le fondateur de Tula Grande, la
« Grande Tula », il la dote d’un nouveau centre religieux. La cité recouvre
alors entre 10 et 16 km2, pour une population qui a pu dépasser les cin‐
quante mille habitants. Sont édifiés les monuments les plus prestigieux, les
pyramides à plates-formes surmontées d’un temple, comme La Quemado,
ou Palacio Quemado, incluant le temple sis au sommet de la Pyramide B.
Cette Pyramide B, ou Pyramide de Tlahuizcalpantecuhtli, le dieu Serpent à
Plumes Quetzalcóatl, sous sa forme de Vénus, est célèbre pour ses Atlantes,
quatre colonnes en forme de guerriers toltèques, hautes de près de 5 m, qui
soutenaient le toit du temple. Outre ses Atlantes, Tula est connu pour ses
chaac-mols ou « Jaguar rouge », statues bloc représentant un homme semi-
allongé sur ses coudes, tête tournée pour faire face à l’arrivant, que l’on re‐
trouve à Chichén Itzá, autre cité toltèque. Toltèques, Chichimèques, Mix‐
tèques, autant de peuples destinés à se fondre dans la grande fédération do‐
minée par les Aztèques.
Chichén Itzá, dans la bouche du puits
La cité de Chichén Itzá, ou « Dans la Bouche du Puits des Itzá », est fon‐
dée vers l’an 400, avant d’être laissée à l’abandon environ cent ans plus
tard. Elle renaît au IXe siècle pour honorer le dieu Kukulkan, devenu Quet‐
zalcóatl, le « Serpent à Plumes », pour les conquérants toltèques. Chassés
de leur capitale, Tula, ils se fondent aux Mayas à Chichén Itzá, cité qui
mêle les deux civilisations. Chichén Itzá se dresse dans la péninsule du Yu‐
catán, au Mexique, et couvre une superficie de 300 ha environ. Les monu‐
ments les plus remarquables sont la grande pyramide, ou Castillo, le Jeu de
pelote, le temple des Guerriers. Il convient d’y ajouter un puits naturel, ou
cénote, lieu de culte du dieu de la pluie, Chaac. La grande pyramide, haute
de 24 m, ou Castillo, le « château » en espagnol, est réservée au culte du
dieu Quetzalcóatl, le « Serpent à Plumes », représenté par des têtes de ser‐
pent au bas de l’escalier d’accès. Sa construction respecte une division ca‐
lendaire, quatre faces de quatre-vingt-onze marches, soit trois cent soixante-
quatre auxquelles s’ajoute la plate-forme formant un total de trois cent
soixante-cinq, correspondant aux jours de l’année. Le Jeu de pelote, le plus
grand de toute la péninsule du Yucatán, avec ses 90 m de long sur 30 m de
large, est un terrain rectangulaire. Sur un mur, un anneau de pierre est scellé
en hauteur. Deux équipes s’affrontent pour y faire passer une balle de caou‐
tchouc, sans utiliser les mains ou les pieds. Tout repose sur l’habileté à pro‐
jeter la balle à partir des hanches, coudes, avant-bras. Il s’agit d’un jeu sa‐
cré, en hommage à la course du soleil dans le ciel. Les forces du monde in‐
férieur, de la mort, luttent contre les forces de vie du monde supérieur, ter‐
restre. Le temple des Guerriers (ou des Jaguars) est plus nettement toltèque.
Les fresques l’ornant illustrent les exploits de ce peuple guerrier. Au som‐
met de la pyramide, le temple lui-même est précédé d’un autel de sacrifice,
ou chaac-mol, en forme d’homme semi-allongé, appuyé sur ses coudes, tête
dressée, dont le ventre fait office de plateau sur lequel allonger le sacrifié.
Chichén Itzá recouvre en fait deux histoires, celle de la cité des Mayas, gou‐
vernés par des rois prêtres, adorateurs de Chaac, à partir de 400, puis la ville
des Toltèques, qui sont arrivés en deux vagues, l’une vers 850, l’autre vers
1150, du Mexique central, vénérant le « Serpent à Plumes ». Les luttes avec
les cités rivales, dont Mayapán, hâtent probablement la fin de Chichén Itzá,
abandonnée à la fin du XIIIe siècle.
LA RELIGION TOLTÈQUE : DES DIEUX ET DU SANG
La religion toltèque, dans son ensemble, est largement reprise par les Az‐
tèques. Toutefois, deux figures divines méritent une approche particulière,
Tezcatlipoca, « Seigneur du Miroir Fumant », et Quetzalcóatl, « Serpent à
Plumes ».
3. La civilisation inca
Il faut attendre le Ier millénaire de notre ère pour voir naître deux empires
véritables, Tiahuanaco et Huari. Tiahuanaco, site classé au patrimoine mon‐
dial de l’Unesco, se développe à proximité du lac Titicaca, sur l’actuelle
Bolivie. Son grand temple célèbre le culte dû aux huaca, les forces spiri‐
tuelles. Il disparaît au XIe siècle, sans que la cause exacte en soit déterminée.
L’empire de Huari est centré sur l’actuelle ville d’Ayacucho, dans la pro‐
vince péruvienne du même nom, à plus de 2 700 m d’altitude dans la cor‐
dillère des Andes. Les Huaris, architectes, tisseurs, maîtres dans l’art de la
céramique, préfigurent les talents incas. La fin de l’Empire huari coïncide
avec la constitution d’États régionaux dont le plus important est celui de
Chimú, dans la région de l’actuelle ville de Trujillo. Né au IXe siècle, il per‐
dure jusqu’à la fin du XVe siècle, moment où il est incorporé à l’Empire
inca. Sa capitale, Chanchán, est révélatrice de l’organisation de la société en
castes, chacune occupant le quartier qui lui est dévolu. Les Incas quittent
probablement les alentours du lac Titicaca au cours du XIe siècle, pour ga‐
gner peu à peu la vallée de Cuzco et s’y établir. Il leur faut d’abord com‐
battre les groupes locaux, puis s’agréger à une coalition. Cette dernière est
nettement organisée : le Hanan, « le Haut », revient à ceux qui exercent les
pouvoirs civils et religieux ; le Hurin, « le Bas », détient les pouvoirs mili‐
taires.
LA MUSIQUE INCA
4. La civilisation aztèque
Les codex
Le Codex Mendoza est un document essentiel pour la compréhension de la culture az‐
tèque. Cet ouvrage de soixante-douze pages, réalisé en 1541 sur du papier européen,
est destiné à Charles Quint (1500-1558). Son nom lui vient de son commanditaire,
Antonio de Mendoza (1495-1552), vice-roi de la Nouvelle-Espagne. Il comporte trois
parties, la première évoquant l’histoire des Aztèques depuis la fondation en 1325 de
Tenochtitlán, jusqu’à la conquête de Hernán Cortés en 1521. La deuxième partie
évoque le nom des villes soumises par la triple alliance aztèque, qui regroupe Tenoch‐
titlán, Texcoco et Tlacopan. La troisième concerne la vie quotidienne des Aztèques. Il
existe d’autres codex comme le Codex Aubin, de 1576, racontant l’histoire aztèque de‐
puis ses débuts légendaires jusqu’à la destruction de Tenochtitlán par les Espagnols,
ou encore le Codex Fejervary-Mayer, le Codex Borbonicus. Les codex sont réalisés
par des spécialistes, les tracuilo, mot qui désigne à la fois le scribe et le peintre. Lors
de la conquête espagnole, beaucoup sont brûlés, considérés comme païens. Par la
suite, ceux appelés « codex coloniaux » sont redessinés par les Indiens et annotés par
des Espagnols. Aztlán, dans de nombreux ouvrages dont le Codex Boturini, nom d’un
célèbre collectionneur du XVIIe siècle, aurait été une île située en plein milieu d’un lac.
Son nom signifie « lieu de la blancheur » ou « des hérons ». Aztlán était une ville paci‐
fique, vouée à la déesse Coatlicue, déesse de la Terre, mère de Huitzilopochtli, dieu de
la Guerre et du Soleil. Cet éden symbolique est recherché, dès le XVIe siècle, sans
avoir été retrouvé avec certitude. On cite souvent comme lieu possible l’île de Janitzio,
au milieu du lac de Pátzcuaro, dans l’État mexicain de Michoacán, ou celle de Mexcal‐
titan dans l’État de Nayarit.
Après une longue errance, les Aztèques nomades fondent leur capitale,
Tenochtitlán, en 1325, sur le site de la ville actuelle de Mexico. Le lieu ne
doit rien au hasard : les dieux l’ont choisi en se manifestant par un signe,
celui d’un aigle tenant en son bec un serpent, juché sur un cactus. Ce sym‐
bole orne toujours le drapeau mexicain actuel. Selon la légende, les Az‐
tèques, désireux d’assurer une descendance noble à leur ville, demandent au
roi toltèque de Culhuacan son fils comme premier souverain. C’est ainsi
que vers 1375, Acamapichtli (v. 1375-v. 1395), dont le nom signifie « Ce‐
lui qui empoigne le bâton » ou encore « Poignée de roseaux » en nahuatl,
devient roi, le premier roi prêtre des Aztèques. Lorsque son fils Huitzili‐
huitl (v. 1395-1417) (Plume de colibri) lui succède, les Aztèques se sont af‐
firmés dans l’art de la guerre en combattant aux côtés des Tépanèques. Ma‐
rié à l’une des filles de Tezozomochtli (règne : v. 1367-v. 1426), souverain
d’Azcapotzalco, il obtient de ce dernier la diminution des tributs à lui ver‐
ser. C’est aussi une période de consolidation, de paix avec leurs voisins. Dé‐
sormais, les Aztèques sont prêts à dominer leur monde, le Cem-Anahuac, le
« Monde Unique ». Le rayonnement de l’Empire aztèque commence à la
mort d’Itzcoatl en 1440. Tlacaelel est toujours conseiller du nouveau roi
Moctezuma Ier (1440-1469). Ils poursuivent l’expansion de l’Empire az‐
tèque en affrontant les Huastèques du Nord-Est et les Mixtèques du Centre-
Est.
Jamais autant de richesses n’ont afflué vers la capitale, provenant des tri‐
buts imposés aux régions soumises. Moctezuma II (v. 1480-1520), littéra‐
lement Moctezuma Xocoyotzin (Celui qui se fâche en seigneur le plus
jeune), devient souverain en 1502 contre sa volonté. Il règne d’une façon
autoritaire, réduit la classe des guerriers et les prétentions de la noblesse,
mais sait nommer au sein de l’administration des hommes plus jeunes.
Lorsque Cortés débarque avec ses troupes, il est persuadé d’assister au re‐
tour de Quetzalcóatl. À cette occasion, il fait de nombreux sacrifices hu‐
mains, ce qui choque considérablement les Espagnols. La tradition raconte
que, déjà prisonnier de Cortés à la suite de la prise de Mexico en 1520,
poussé à haranguer la foule d’un balcon du palais, il est tué par une pierre
lancée. Mais on n’a jamais su si celle-ci l’a été par un Espagnol ou par un
Aztèque, mécontent de la piètre représentation d’une autorité ou de la colla‐
boration avec l’ennemi. Son frère Cuitlahuac lui succède. L’arrivée des Es‐
pagnols a lieu le 8 novembre 1519 sous les règnes de Moctezuma II (1502-
1520) et de Cuitlahuac (1520). Ils leur prêtent allégeance, persuadés de se
retrouver en face du dieu Quetzalcóatl, revenu prendre possession de ses
terres. Bien que les forces de la triple alliance aztèque soient plus nom‐
breuses que celles des conquistadors, ceux-ci savent néanmoins se rallier les
tribus Chalcas, Tépanèques et Tlaxcaltèques qui refusent la domination az‐
tèque. Les Espagnols donnent l’assaut et rapidement la triple alliance est
décimée. Quand Tenochtitlán est définitivement pris le 13 août 1521, l’Em‐
pire aztèque s’effondre. Le dernier tlatoani (empereur), Cuauhtémoc
(1520-1525), est capturé, emprisonné, et pendu en 1525. Cuauhtémoc, dont
le nom signifie « aigle qui descend », est connu pour avoir été le dernier des
rois aztèques, mais aussi pour sa forte personnalité qui n’a régné que
quatre-vingts jours. Succédant à Cuitlahuac, l’histoire l’a retenu comme
celui qui se dresse contre les conquérants espagnols. Après que Pedro de
Alvarado a massacré à l’intérieur du Templo Major (le Grand Temple)
prêtres et nobles, il supporte un siège de soixante-quinze jours, enfermé à
l’intérieur de la capitale. Après avoir chassé les Espagnols de Tenochtitlán,
au cours de la Noche Triste, il est obligé de se rendre. La Noche Triste (la
nuit triste) est le nom donné à un épisode tragique de la conquête mexicaine
par Cortés. Le 30 juin 1520, les troupes commandées par Hernán Cortés
sont massacrées par les Aztèques dans leur ville de Tenochtitlán.
L’au-delà chez les Aztèques correspond à trois mondes : celui des guer‐
riers, des femmes en couches, est le plus enviable. Les deux autres sont le
Tlalocan et le Mictlan. L’au-delà des guerriers et des femmes mortes en
couches est solaire, les uns et les autres portent le palanquin du soleil, les
femmes elles-mêmes devenant guerriers. Passé un cycle de quatre années au
service du soleil, ils reviennent sur terre, sous la forme de colibris, oiseaux
mouches, papillons. Le Tlalocan est l’au-delà de Tlaloc, dieu de la Pluie, de
l’Eau, de la Végétation. Il accueille les noyés et tous ceux morts d’un acci‐
dent lié à l’élément liquide. Les défunts connaissent là une éternité de joie
et de plaisirs au milieu d’une exubérante végétation. Le Mictlan, au Nord,
accueille tous les autres trépassés, ceux qui ne sont ni guerriers, ni femmes
mortes en couches, ni élus de Tlaloc. Après un voyage périlleux, le mort
traverse les neuf fleuves des Enfers et gagne le monde des neuf terres de la
mort avec lequel il se fond totalement. Le monde des ténèbres est régi par
Mictlantecuhtli, maître des Enfers, seigneur de la mort.
La semaine aztèque
La semaine aztèque comprend treize jours et est placée sous le signe du glyphe com‐
mençant la série. La treizaine du 1-Crocodile est suivie par celle du 1-Jaguar puis le 1-
Cerf, 1-Fleur, 1-Roseau, 1-Mort, etc.
L’Afrique médiévale
1. L’Éthiopie médiévale
LE SYSTÈME ROYAL
LA SOCIÉTÉ KONGOLAISE
LA RELIGION DU KONGO
4. L’empire de Kanem-Bornou
5. Le royaume du Mali
7. L’empire du Bénin
8. L’Empire songhaï
9. L’architecture soudano-sahélienne
LA RENAISSANCE
CHAPITRE PREMIER
HUMANISME ET HUMANITÉS
LE NÉOPLATONISME
PENSER LE POLITIQUE
L’origine du refus du corps pourrait se situer vers le XIIIe siècle avec l’ap‐
parition des ordres mendiants. Le corps sera, alors, ravalé au niveau de
chair, parce que lieu du péché originel, et, si elle n’est pas foncièrement
mauvaise, elle reste précaire. La Renaissance s’impose dans la littérature
comme une redécouverte du corps sous toutes ses formes. En ce qui
concerne le corps de l’autre, les Indiens ramenés en Europe posent la pro‐
blématique question à Valladolid de savoir s’ils ont une âme. « Tous les
hommes que j’ai vus, raconte Christophe Colomb dans son livre de bord,
étaient tous très bien faits, très beaux de corps et avenants de visage avec
des cheveux quasi aussi gros que de la soie de la queue des chevaux, courts
et qu’ils portent tombants jusqu’aux sourcils […]. Certains d’entre eux se
peignent le corps en brun et ils sont tous comme les Canariens, ni nègres, ni
blancs, d’autres se peignent seulement le tour des yeux et d’autres seule‐
ment le nez5. » Le corps surgit du passé avec le retour aux Antiquités
grecque et romaine, par la découverte de statues. Comment s’établit le
contact ? Pierre Clastres indique que, de Montaigne à Diderot et Rous‐
seau, on ne manqua pas de rappeler que le vrai barbare n’était pas celui que
l’on croyait. Des civilisations d’une grande sagesse furent ainsi décou‐
vertes, mais il y eut une « différence entre la manière dont s’opéraient la
rencontre et le contact de l’Europe avec les primitifs et la fonction que
ceux-ci assumèrent, dès leur découverte, dans la pensée de certains écri‐
vains… C’est une critique politique ou morale de leur propre société que
nous offrent les poètes et les philosophes6 ».
Aristote dans sa Poétique et Horace dans l’Art poétique avaient déjà ex‐
posé l’ensemble des règles censées régir la création artistique et posé que
l’idéal était de reproduire la nature. La mimesis, doctrine de l’imitation, va
donc s’élaborer en cherchant à représenter les formes visibles d’une nature
prodigue qu’Aristote appellera la nature naturée, ou la nature naturante, qui
porte par ses opérations créatrices tout être vers la plénitude de sa forme vi‐
sible. Les théoriciens de la Renaissance, tel Pietro Dolce (XVIe s.), auteur du
premier grand traité humaniste de peinture, estiment qu’il faut s’efforcer
d’imiter la nature, mais aussi la dépasser. Cela n’est possible que pour le
corps en mouvement, sinon, il faut se référer aux statues antiques, déten‐
trices de l’idéal du Beau. Alberti nous met en garde, car « les éléments de
beauté ne se trouvent pas rassemblés dans un corps unique ; ils sont au
contraire rares et dispersés en grand nombre7 ». De la Renaissance au
XIXe siècle, la mimesis deviendra pour la plupart des artistes l’axiome de ré‐
férence. Au XVIe siècle, le statut du corps s’en trouve modifié, il se dénude,
bien que l’art de cette période reste chrétien, il continue de raconter la
Passion, mais il montre le corps du Christ, celui des saints dénudés. Le
corps grec est de retour à travers une vision tout à fait chrétienne, mais aussi
l’idée d’une correspondance entre littérature et peinture énoncée dans le cé‐
lèbre Ut pictura poesis (La Peinture est comme la poésie) d’Horace : « Il en
est d’une poésie comme d’une peinture : telle vue de près, captive davan‐
tage, telle autre vue de plus loin. L’une veut le demi-jour, l’autre la lumière,
car elle ne redoute pas le regard perçant du critique, l’une a plu une fois,
l’autre, si l’on revient dix fois, plaira encore8. » Cette conception de cor‐
respondances entre les différents arts marquera profondément les artistes
de la Renaissance. Jusqu’au XVIIIe siècle, les artistes penseront que le pro‐
blème sera de délimiter les frontières communes de la littérature et de la
peinture pour se demander, au siècle suivant, quel devait être le rapport
entre le fond et la forme, de l’imagination et de l’imitation. Pourtant, cet hu‐
manisme n’aura en peinture que peu de répercussions, hormis sur quelques
peintres, Léonard de Vinci (1452-1519), Botticelli (1445-1510), Michel-
Ange (1475-1564). Ce siècle retrouvera le naturalisme qui avait su donner
une plastique particulière à la figure humaine. Peut-on dire que les formes
antiques renaissent en Occident à partir du XVIe siècle ? L’antique va être
modifié dans le sens où il est mis au service du dieu chrétien, aussi ne peut-
on parler de résurrection de formes. À la fois guide et porte, la période an‐
tique va susciter, à travers une recherche d’équilibre et d’harmonie, un désir
de retourner à la nature. L’identité humaine doit s’intégrer parfaitement
dans celle de la nature. L’artiste doit obtenir une « sympathie » entre la na‐
ture humaine et la nature cosmique. Les caricatures réalisées vers 1490
illustrent bien cette recherche de vie et d’individualité. L’artiste devient un
vrai savant. Le Saint Jérôme de Léonard de Vinci en est un exemple fla‐
grant, l’anatomie de celui-ci, décrite avec soin, permet de mieux saisir l’ex‐
trême tension intérieure par celle, agitée, des tendons et nerfs. Les études
musculaires réalisées par Michel-Ange, pour la Sibylle de Libye de la Six‐
tine, montrent l’importance accordée à l’architecture humaine. Les muscles
saillants, les torses tournés sont utilisés pour mettre en valeur un geste, une
intention, servent même à devenir le pivot d’une composition et à en ryth‐
mer le mouvement comme dans Le Jugement dernier. Les études physiono‐
miques, en parallèle de la recherche de plus en plus importante accordée à
la représentation du mouvement, triomphent dans la dernière œuvre floren‐
tine de Léonard de Vinci : la fresque aujourd’hui perdue de la bataille d’An‐
ghiari, commencée en 1504. Il ne nous est parvenu que des copies du car‐
ton, dont la plus célèbre est celle de Rubens au Louvre. Cette œuvre a été
commandée par la République. Il s’agit d’une illustration véritablement
scientifique « de la folle bestialité9 » dont parle Dante, au sens littéral de
l’identité des réactions psychophysiques de l’homme, image de Dieu, et
celles de la bête brute sans âme. Michel-Ange reprend plus tard cette
conception du tourbillon « violent et enchaîné ».
– La statuaire antique est prise comme référence, c’est par elle que va
s’exercer en premier l’imitation de l’Antiquité. Nous ne pouvons nous em‐
pêcher de rapprocher le David de Donatello (1386-1466), sculpteur floren‐
tin, le plus marquant de cette période, du Diadumène de Polyclète, sculp‐
teur grec du Ve siècle. Dans les deux cas les personnages des statues se res‐
semblent par la pose, mais diffèrent par l’expression, la recherche du mou‐
vement, la fuite de frontalité et le déhanchement, le contrapposto, ou
contraste. Pourtant, à la différence des sculptures grecques plus statiques,
c’est le mouvement et la vie qui dominent chez le David. Le regard se dé‐
tourne de la jambe d’appui. Les membres supérieurs ont une certaine sou‐
plesse.
3. L’art en Italie
◆ La sculpture est représentée par Nicola Pisano (v. 1210-av. 1284), qui
révèle son nouveau style classique. Celui-ci reste en effet fidèle aux canons
de la tradition byzantine, tout en la portant à sa capacité d’expression maxi‐
male et en se lançant dans une recherche innovatrice sur les formes et sur
les couleurs. Aucun travail ne peut certainement être attribué à Pisano avant
sa chaire de la cathédrale de Pise (1259-1260). La chaire de Pise marque
l’un des moments extraordinaires dans l’histoire de l’art occidental avec
l’élaboration d’un nouveau style, distinct de tous ses prédécesseurs, mais
qui s’inspire néanmoins de la sculpture gothique française et de l’architec‐
ture.
LE QUATTROCENTO
L’architecture du quattrocento
À Florence
À Venise
La peinture du quattrocento
À Florence
– Fra Angelico (v. 1400-1455), de son vrai nom Guido di Piero, serait
issu d’une famille plébéienne très aisée de la région de Florence. En effet, il
s’installe près d’Assise après être rentré dans l’ordre de saint Dominique.
Les plus belles œuvres qu’il nous a laissées sont les fresques qu’il peint à
Florence, dans le couvent des Dominicains à Fiesole. Il y revêt 1’habit
blanc et noir du frère prêcheur et y prend le nom de Frate Giovanni. C’est
d’ailleurs sous ce nom qu’il réalise en 1423 un crucifix pour 1’hôpital Santa
Maria Nova. Entre 1425 et 1429, il peint un nombre important de retables,
dont le Triptyque de saint Pierre martyr. En 1436, il peint une grande La‐
mentation pour la congrégation de Santa Maria della Croce. Nous possé‐
dons aussi de lui des tableaux isolés ou des retables. La lumière caractérise
l’ensemble de son œuvre, les arrière-plans sont clairs, le fond peut être doré
ou azur. Les paysages de l’Ombrie ou de la Toscane qu’il évoque sont bien
ordonnancés, baignés d’une pluie de couleurs. Il s’agit d’une lumière cé‐
leste qui modifie les couleurs en les transformant en quelque chose d’autre.
Les murs du couvent qu’il habite sont tous recouverts de fresques évoquant
la Vierge, la vie des Dominicains. Les tympans ont été utilisés pour repré‐
senter les principaux saints de l’ordre. Sa peinture engendre la méditation,
le recueillement et traduit sa formation de miniaturiste. Marsile Ficin la dé‐
finit comme « un sourire du ciel qui procède de la joie des esprits cé‐
lestes14 ». Ce fut une période de recherche et de tâtonnements pendant la‐
quelle la préoccupation de la perspective, de la couleur, de la valeur plas‐
tique fut déterminante pour les artistes qui suivirent.
À Mantoue
À Pérouse
À Pise
La sculpture du quattrocento
L’art de la sculpture au XVe siècle donne la première place à Florence.
◆ Il Verrocchio (1435-1488) est une figure parmi les très grands sculp‐
teurs du début de la Renaissance. Ses œuvres sont le David (1465), du Bar‐
gello, bronze de 1,25 m de haut, et la statue équestre du condottiere Barto‐
lomeo Colleoni de Bergame (1480) en bronze doré de 3,95 m de haut. Il
sculpte, en outre, plusieurs tombeaux à la demande de Laurent de Médicis.
LE QUINTECENTO
• École vénitienne
Architecture : Palladio (1508-1580)
Peinture : Titien (v. 1488-1576), le Corrège (v. 1489-1534), Véronèse (1528-1588), le
Tintoret (1519-1594)
• École romaine
Architecture : Bramante (1444-1514), Michel-Ange (1475-1564), Raphaël (1483-1520)
Bramante (Donato di Angelo di Pascuccio, 1444-1514) conçoit, sur la
demande du pape Jules II, le plan d’un édifice à bâtiment central en croix
grecque, nanti d’une coupole centrale, et de coupoles annexes angulaires
entre les bras à voûte, sanctuaire de la piété. Commencée en 1506, la basi‐
lique Saint-Pierre de Rome est un projet gigantesque qu’il n’aura pas le
temps de terminer. Il avait aussi, dès 1503, projeté de relier le Belvédère au
Vatican selon une grandiose perspective. Tout le XVIe siècle est dominé par
son style. Jules II, deux ans après son accession au trône, en 1505, retient
donc les idées de Bramante. Les archives des Médicis constituent une
source de renseignements considérable pour saisir ce que furent les idées de
Bramante en vue de réaliser la nouvelle église Saint-Pierre. Il projette, en
effet, de placer une coupole hémisphérique au-dessus de la croisée, deux
grandes nefs en forme de croix grecque. Les travaux commencent par l’ab‐
side et les piliers de la coupole. À sa mort, Raphaël est chargé de la suite
des travaux, mais les véritables progrès se font lorsque Michel-Ange se voit
investi de l’autorité de les terminer. Il couronne l’édifice d’une coupole
beaucoup plus haute que celle prévue par Bramante. La conséquence est ra‐
pide, et, dès le milieu du XVIe siècle, il n’existe pas un artiste en Italie ou
ailleurs qui ne veuille parer son monument d’une coupole. Ce dispositif est
repris dans le baroque où la diffusion de la lumière à l’intérieur d’un édifice
reste capitale. Bien que le palais du Vatican demeure l’une des œuvres les
plus considérables de cette époque, il ne faut pas pour autant occulter l’im‐
portance de la construction des grands palais romains. En 1580, le futur
Paul III fait construire le palais Farnèse, colossal cube de pierre à trois
étages, enfermant une cour carrée, séparés par de magnifiques entablements
classiques. À l’intérieur, la cour carrée reprend la superposition des grands
ordres antiques (dorique, ionique, corinthien).
La peinture du quintecento
À Rome
À Florence et à Venise
– la recherche du mouvement ;
– la déformation et la torsion des corps ;
– la modification des proportions des parties du corps ;
– la perte de clarté et de cohérence de l’image ;
– la multiplication des éléments et des plans ;
– une symbolique complexe qui se réfère à des domaines méconnus
aujourd’hui (alchimie, art du blason, langage des fleurs, etc.) ;
– le goût prononcé pour un érotisme esthétisant ;
– le goût des schémas sinueux, dont la « figure serpentine » (en S) ;
– les contrastes de tons acides et crus ;
– l’allongement des formes.
Notes
1. Albert Labarre, Histoire du livre, Paris, Puf, « Que sais-je ? », 1985, p. 85.
2. Giordano Bruno, De l’infini, de l’univers et des mondes, Œuvres complètes, vol. IV, trad. Jean-
Pierre Cavaillé, Paris, Les Belles Lettres, 2003, p. 172-174, p. 248-250 et p. 82-84.
3. Giorgio Vasari, La Vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, traduction française et
édition commentée sous la direction d’André Chastel, Paris, Berger-Levrault, « Arts », 12 vol., 1981-
1989.
4. « Ainsi naît l’idée des “Beaux Arts” bien qu’il faille attendre jusqu’au milieu du XVIe siècle pour
qu’ils soient désignés par une seule et unique appellation “arti di diseguo”. En même temps les cri‐
tiques en arrivent à l’idée de l’œuvre d’art comme quelque chose de distinct d’un objet défini par son
utilité pratique, comme quelque chose que sa seule beauté justifie, comme produit de luxe. » Anthony
Blunt, La Théorie des arts en Italie de 1450 à 1600, Paris, Gallimard, 1966, p. 99.
5. Christophe Colomb, Journal de bord, Paris, Maspero, 1979, p. 179.
6. Pierre Clastres, « Entre silence et dialogue », in L’Arc, no 26, 1968.
7. Leon Battista Alberti, De la peinture, LII, 44.
8. Horace, Art poétique, v. 361-365.
9. Dante, L’Enfer, XI, 82.
10. Cennino Cennini, Le Livre de l’art ou traité de la peinture [1437], Paris, F. de Nobele, 1978.
11. Albrecht Dürer, Lettres, écrits théoriques. Traité des proportions, textes traduits et présentés
par Pierre Vaisse, Paris, Hermann, « Miroirs de l’art », 1964 ; Géométrie, éd. et trad. Jeanne Peiffer,
Paris, Le Seuil, « Sources du Savoir », 1995.
12. René Huyghe, Dialogue avec le visible, Paris, Flammarion, 1993, p. 63.
13. Cité par Georges Minois, L’Âge d’or. Histoire de la poursuite du bonheur, Paris, Fayard, 2009,
p. 165.
14. Cité par André Chastel, in Marsile Ficin et l’art, Genève, Droz, 2000, p. 92.
CHAPITRE II
La France
CHARLES IX ET LA SAINT-BARTHÉLEMY
Son frère, élu roi de Pologne en 1573, rentre en France après s’être enfui
de Cracovie et devient Henri III (1574-1589). Intelligent, cultivé, tête poli‐
tique, il doit affronter à la fois la Sainte Ligue d’Henri de Guise (1550-
1588) dit « le Balafré » – dont le but depuis sa création en 1576 est d’extir‐
per définitivement le protestantisme en France avec l’aide du pape et du roi
d’Espagne –, les Malcontents, aristocrates de vieille souche opposés aux
hommes nouveaux de la cour, groupés autour du dernier frère, François
d’Alençon (1555-1584), toujours prêt à comploter et à vendre son rallie‐
ment momentané le plus cher possible quitte à s’allier aux protestants, et
ces derniers enfin, avec à leur tête le prince de Condé, Henri Ier de Bourbon
(1552-1588), et son cousin Henri, roi de Navarre. L’édit de Beaulieu (1576)
se veut pourtant apaisant. Le culte protestant est reconnu et de nombreuses
garanties sont accordées. Mais dès l’année suivante, l’édit de Poitiers
(1577) les restreint. Cela n’empêche en rien les combats de se poursuivre.
La situation se complique après la mort de François d’Alençon. L’héritier
du trône est désormais le protestant Henri de Navarre. En 1585, contraint
par le duc de Guise, Henri III signe le traité de Nemours par lequel il dé‐
clare la guerre à son héritier et promet de chasser les protestants du
royaume. En octobre 1587, la bataille de Coutras est un désastre pour l’ar‐
mée catholique du roi, balayée par celle d’Henri de Navarre. Henri de Guise
en profite pour soulever Paris à son profit. Le roi, après l’insurrection de la
journée des Barricades (12 mai 1588), fuit Paris pour Chartres. Il convoque
les états généraux à Blois. C’est là, en décembre, qu’il fait assassiner le duc
de Guise et son frère, le cardinal de Guise. Paris prend la tête de la révolte,
Henri III ne contrôle plus guère que quelques villes de province. En
avril 1589, il se réconcilie avec Henri de Navarre. En août de la même an‐
née, Henri III est tué d’un coup de couteau à Saint-Cloud, d’où il assiège
Paris, par un moine fanatique : Jacques Clément.
L’ÉCOLE DE FONTAINEBLEAU
Paradoxalement, les guerres d’Italie menées par Charles VIII et ses suc‐
cesseurs donnent naissance à une longue tradition d’accueil de l’art italien à
la cour de France. Le Val de Loire et la Normandie deviennent les premiers
centres de diffusion de ces nouveaux styles. Vers le milieu du XVIe siècle,
Philibert Delorme (1514-1570) et Pierre Bontemps (v. 1507-apr. 1563)
font évoluer la sculpture vers une plus grande complexité, comme le montre
le modèle des tombeaux royaux, avec l’arc de triomphe du tombeau de
François Ier, à l’abbatiale de Saint-Denis. Ces nouveaux artistes se révèlent
à la fois théoriciens et praticiens. Ainsi Jean Goujon (v. 1510-v. 1566), au‐
teur de la fontaine des Saints-Innocents, à Paris, ou Germain Pilon
(v. 1525-1590), sculpteur des Trois Parques et du tombeau de Catherine de
Médicis.
• De 1534 à 1559 : affaire des Placards2. Marot se cache, Calvin s’enfuit à Ge‐
nève. Séparation entre Réforme et Renaissance.
BRIGADE ET PLÉIADE
Les Essais
Le terme « essai », qui n’avait alors jamais encore été utilisé dans son
sens moderne pour un genre philosophique ou littéraire, prend chez Mon‐
taigne le sens d’une attitude intellectuelle de questionnement et d’évalua‐
tion continue. Tout au long de ses écrits, comme il l’a fait dans sa vie privée
et publique, il manifeste la nécessité d’entretenir des liens avec le monde,
les autres et les événements. Nous assistons à un va-et-vient entre l’intério‐
rité de l’individu et l’extériorité du monde. Il utilise l’image de l’arrière-
salle : les êtres humains ont leur chambre à l’avant, donnant sur la rue, où
ils se rencontrent et interagissent avec les autres, mais ils ont aussi parfois
besoin de pouvoir se retirer dans la salle du fond, la leur, où ils peuvent ré‐
affirmer leur liberté par la réflexion sur les aléas de l’expérience. Dans ce
cadre, il préconise les voyages, la lecture, surtout celle des livres d’histoire,
et les conversations avec des amis. Mais il est impossible de parvenir à une
connaissance complète. Il fait sienne l’interrogation philosophique du scep‐
tique Sextus Empiricus : « que sais-je ? », pour relativiser tout savoir. Il
étend néanmoins sa curiosité aux habitants du Nouveau Monde, dont il fait
la connaissance avec la rencontre en 1562 de trois Indiens du Brésil que
l’explorateur Nicolas Durand de Villegagnon avait ramenés en France.
Montaigne donne ici un rare exemple de relativisme culturel et de tolérance
pour son époque, et estime que ces personnes sont, dans leur fidélité à leur
nature, leur dignité, bien supérieures aux Européens qui ont montré qui
étaient les vrais barbares avec la conquête violente du Nouveau Monde et
leurs guerres internes. Tout au long de son travail le corps occupe une place
importante, à travers ses vastes interrogations sur la maladie, la vieillesse et
la mort. La présence de cette dernière imprègne les Essais, et Montaigne
veut se familiariser avec elle, à la manière des stoïciens ou des épicuriens.
Rénovation de la pédagogie
LA POÉSIE LYONNAISE
Josquin des Près (v. 1440-v. 1521) figure au nombre des plus grands
compositeurs de la Renaissance. Après une formation à la cathédrale de
Cambrai, il entre au service du roi René d’Anjou, mécène avisé, puis à celui
du pape, pour sa chapelle privée. Lors de son séjour en Italie, il sert égale‐
ment les cours princières de Milan et de Ferrare. Il laisse vingt messes, des
motets marqués par un sens aigu de la déploration et le recours aux graves,
de nombreuses chansons. Il reprend les techniques du canon et du contre‐
point, utilisés pour la musique religieuse, en les adaptant aux œuvres pro‐
fanes. L’imprimerie en plein essor, la diffusion des psaumes chantés par les
protestants, puis les effets de la Contre-Réforme catholique contribuent à
donner à la musique une place nouvelle, relayée par les écoles des Pays-
Bas, de Paris, de la Loire. Outre Roland de Lassus (v. 1532-1594), les
autres musiciens d’importance sont : Antoine Brumel (1460-1525), Pierre
de La Rue (v. 1460-1518), Loyset Compère (v. 1450-1518), Jacob Obrecht
(1450-1505). Les instruments sont le luth, la harpe, l’orgue. Les danses sont
à la mode, avec la pavane, la gaillarde ou l’allemande.
Notes
1. Le nom de « grands rhétoriqueurs » concerne une douzaine de poètes regroupés auprès des ducs
de Bourgogne, Bretagne et des rois de France. Leur poésie sera tournée en discrédit par la génération
de 1530-1550 parce que tenue pour une démonstration de virtuosité creuse.
2. • Les « placards » sont des libelles, favorables à la Réforme, affichés (placardés) jusque sur la
porte de la chambre du roi. Cette maladresse irrite François Ier, auparavant tolérant à l’égard des idées
religieuses nouvelles.
3. Prologue de Gargantua.
CHAPITRE III
L’Espagne
Miguel de Cervantès
Le théâtre espagnol
Le théâtre espagnol est, comme en France, marqué par une continuité de
sa production. Son origine réside dans les miracles et les mystères français,
dans les cérémonies des églises. Les plus anciens textes datent du
XIIIe siècle. Ce qui détermine ce théâtre est l’honneur et l’amour. Des au‐
teurs, parmi les principaux de leur temps, illustrent ce genre. Lope de Vega
(1562-1635) s’est essayé dans tous les genres, mais c’est surtout dans le do‐
maine du théâtre que son œuvre est importante avec deux mille deux cents
pièces. Il sait admirablement peindre l’âme et les mœurs espagnoles, tirant
ses sujets des vieilles chroniques et des romanceros. Ses comédies sont his‐
toriques : Le Meilleur Alcade est le roi (1620-1623), Le Mariage dans la
mort (1623), ou romanesques, L’Étoile de Séville (1635), ou encore dites de
cape et d’épée, ou même religieuses. Il a fait un théâtre qui lui plaisait, des‐
tiné à un public populaire, même si le manque de vérité psychologique, l’in‐
vraisemblance de l’intrigue dominent. Tirso de Molina (Gabriel Téllez,
v. 1580-1648) nous laisse des comédies historiques, religieuses, de cape et
d’épée, dont L’Abuseur de Séville (El Burlador de Sevilla), et permet de
fixer pour la première fois le type de Don Juan. Celui de Tirso de Molina
est un Espagnol profondément croyant, au tempérament fougueux, qui dif‐
fère du Convive de pierre, d’Alexandre Pouchkine (1799-1837), de 1830.
Guillén de Castro (1569-1631) est connu par deux pièces sur le Cid, La
Jeunesse du Cid, Les Aventures du Cid. Corneille, à partir de cette épopée
dramatique, en dégage sa tragédie. Les œuvres de Calderón (Pedro Cal‐
derón de la Barca, 1600-1681) peuvent aussi se diviser en drames histo‐
riques, religieux, de cape et d’épée. La caractéristique de son théâtre est le
lyrisme dont il déborde. Mais c’est surtout dans le drame religieux qu’il ex‐
celle. Il mène l’art dramatique espagnol à sa plus haute perfection, avec
L’Alcade de Zalamea, La Vie est un songe, La Dévotion à la croix. Le do‐
maine mystique est dominé par sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) qui ré‐
dige sa biographie, la Vie de sainte Thérèse de Jésus, et par saint Jean de la
Croix (1542-1591), auteur de poèmes.
CHAPITRE IV
Lors de la fin du XVe siècle et des premières décennies du XVIe siècle, les
Flamands restent encore très attachés au maniérisme du gothique tardif.
Hieronymus van Aken, Jérôme Bosch (v. 1450-v. 1516), voit plusieurs
étapes jalonner sa peinture : tout d’abord L’Extraction de la pierre de folie
(1485), on extrait une pierre du cerveau d’un fou, puis La Crucifixion
(1480-1485), La Table des sept péchés capitaux (1485), La Nef des fous
(1490-1500). Au fur et à mesure qu’il trouve des thèmes plus riches en fan‐
tasme, ses couleurs le deviennent aussi, ses scènes plus compliquées : Le
Jardin des délices. Son originalité le place en dehors de toute influence ex‐
térieure. Il a su traduire, en se libérant du réel, l’angoisse et la terreur du pé‐
ché. Jan Gossaert dit Mabuse (v. 1478-1532) traite de thèmes mytholo‐
giques (Neptune et Amphitrite, Hercule et Omphale). Le maniérisme va
s’épanouir avec l’Amsterdanois Lambert Sustris (v. 1515-v. 1584), dis‐
ciple de Titien, puis avec Bartholomeus Spranger (1546-1611), dont
l’œuvre sera connue surtout à travers les gravures de Hendrik Golzius
(1558-1617). Pieter Brueghel l’Ancien (v. 1525-1569) tire de l’oubli les
œuvres de Jérôme Bosch et trouve en lui une grande source d’inspiration.
Nous ne possédons de lui qu’une trentaine d’œuvres, la série consacrée aux
mois de l’année (La Rentrée des troupeaux), les sujets concernant les para‐
boles (La Parabole des aveugles, La Parabole du semeur) ou l’évocation
des fêtes villageoises (Le Repas de noce) et des sujets fabuleux (La Tour de
Babel). Ses fils Brueghel d’Enfer (1564-1638) et Brueghel de Velours
(1568-1625) imitent son art.
Notes
1. Les principaux représentants, outre Cranach l’Ancien, en sont Albrecht Altdorfer (1480-
1538) et Wolf Huber (1490-1553).
CHAPITRE V
L’Angleterre
Henri VII (1485-1509) fonde la dynastie des Tudor. Roi par victoire mi‐
litaire, il doit enraciner sa maison dans la royauté. Pour ce faire, il épouse
en janvier 1486 Élisabeth d’York (1466-1503), sœur de l’enfant-roi martyr
Édouard V, réunissant à sa propre origine Lancastre celle d’York de sa
femme. Le droit ainsi est mis à contribution. Catherine d’Aragon est rema‐
riée au frère cadet d’Arthur, le prince Henri Tudor, futur Henri VIII (1509-
1547). Henri VII meurt le 21 avril 1509. Son fils Henri VIII lui succède.
Prince intelligent, cultivé, féru d’humanisme, Henri VIII règne avec sagesse
jusqu’en 1529, avant de devenir un tyran véritable. Il est soutenu par le Par‐
lement, par des collaborateurs de talent, comme l’archevêque d’York puis
le cardinal Thomas Wolsey (v. 1471-1530) ou le brillant ami d’Érasme,
Thomas More (v. 1478-1535). Wolsey est Premier ministre et lord chance‐
lier, More membre du Conseil puis speaker (président) du Parlement et lord
chancelier. Le traité de Londres (2 octobre 1518) marque l’apogée de la car‐
rière de Wolsey. Il prévoit une paix perpétuelle entre l’Angleterre, l’Es‐
pagne, l’Écosse, le Danemark, le Portugal, le Saint Empire germanique. La
mort opportune de l’archevêque de Cantorbéry permet la nomination de
Thomas Cranmer (1489-1556). Ce dernier annule le mariage du roi. Hen‐
ri VIII meurt le 28 janvier 1547. Son fils Édouard VI (1547-1553) monte
sur le trône à neuf ans, meurt à seize. C’est le conseil de régence qui exerce
le pouvoir. Protestant intransigeant, Édouard écarte ses deux demi-sœurs de
la succession pour la laisser à sa cousine Jeanne Grey (1537-1554). À sa
mort, cette dernière règne à peine une semaine, d’où son surnom de « reine
de neuf jours », avant de devoir céder la place à Marie, fille de Catherine
d’Aragon. Marie Ire (1553-1558) ou Bloody Mary, « Marie la sanglante »,
la fait enfermer à la Tour de Londres, puis exécuter. Le 17 novembre 1558,
Marie Ire meurt. Elle voulait laisser la régence à Philippe d’Espagne, mais
c’est sa demi-sœur, Élisabeth, fille d’Anne Boleyn, qui devient la reine Éli‐
sabeth Ire (1558-1603). Le roi de France Henri II proclame aussitôt Marie
Stuart (1542-1587) reine d’Écosse et épouse du dauphin François en quali‐
té de reine d’Angleterre. Le dauphin meurt en 1560, Marie Stuart rentre en
Écosse la même année. Son armée est vaincue en 1568 par celle d’Élisa‐
beth. Elle est assignée à résidence jusqu’en 1587. Accusée de complot,
condamnée à mort, elle est décapitée le 8 février 1587. Élisabeth Ire meurt
le 24 mars 1603, debout depuis douze heures, car elle refuse de décéder as‐
sise. C’est le fils de sa rivale Marie Stuart, le roi d’Écosse Jacques VI, qui
lui succède sous le nom de Jacques Ier d’Angleterre (1603-1625).
Le sonnet italien est introduit par sir Thomas Wyatt (1503-1542), imité
de Pétrarque. Il en copie la forme mais lui donne la caractéristique du son‐
net anglais en faisant rimer les deux derniers vers. À partir de 1558, com‐
mence l’âge d’or de la littérature anglaise. Pendant ce siècle les écrivains
anglais traduisent non seulement les œuvres de l’Antiquité mais aussi celles
des Italiens et des Français, siècle protégé par Élisabeth Ire pour les lettres et
encore plus pour le théâtre. Les humanistes ont pour chef de file Thomas
More (v. 1478-1535), dont l’œuvre L’Utopie, fiction sur le système idéal de
gouvernement, marque le siècle. C’est surtout par son théâtre que la littéra‐
ture anglaise jeta le plus vif éclat au XVIe siècle. Ses origines sont très
proches de celles du théâtre en France. Une fois que les mystères et mi‐
racles sont moins prisés, les interludes, divertissements en pièces, leur suc‐
cèdent. Aussi talentueux que soient Christopher Marlowe (1564-1593) et
Thomas Kyd (1558-1594), aucun n’atteint le niveau de William Shakes‐
peare1 (1564-1616). Il est courant de distinguer plusieurs périodes dans sa
carrière.
Notes
1. À ce sujet, voir Jean-François Pépin, « Shakespeare », in Encyclopædia Universalis.
CHAPITRE VI
L’Allemagne
Luther et la grâce
ZWINGLI
LA CONTRE-RÉFORME
L’ANGLICANISME
Notes
1. Cité par Georges Casalis, Luther et l’église confessante, Paris, Le Seuil, 1963, p. 40.
CINQUIÈME PARTIE
L’ÉPOQUE MODERNE
A. LE MONDE DU XVIIe SIÈCLE
CHAPITRE PREMIER
La méthode favorite utilisée par les artistes du XVIIe siècle consiste, pour
rendre la profondeur de l’espace, à employer des figures placées très près
du spectateur et à réduire celles de l’arrière-plan. L’espace est ressenti alors
par le spectateur comme quelque chose de dépendant de lui, de réalisé pour
lui. Le XVIIe siècle peut être entrevu à juste titre comme un siècle novateur
tant pour le monde littéraire qu’artistique, mais n’a pas pour autant renié
l’héritage de son passé. Les portraitistes restent attachés à la tradition du
portrait, les architectes aux procédés de construction du passé, les sculp‐
teurs au côté monumental et ample des bustes. La tendance du baroque est
de remplacer l’absolu par le relatif, une certaine rigidité de l’expression par
une plus grande liberté. Mais ce ne sont là que des traits caractéristiques va‐
lables pour une approche superficielle de l’art de ce siècle, puisque sa défi‐
nition repose sur les conceptions divergentes des couches sociales cultivées.
Celles de la cour de Versailles ne sont pas les mêmes que celles de l’Église.
D’autre part, l’idée que l’on se fait du monde a évolué. Les découvertes de
Copernic, affirmant que la terre tourne autour du soleil et que l’univers ne
gravite pas autour de la terre, impliquent une vision ordonnée et organisée
selon un principe unique, autant que selon celui de nécessité. L’homme
n’est plus le centre de ce monde autour duquel tout se meut mais n’en est
plus qu’un facteur minuscule, un infime rouage. L’œuvre d’art est impli‐
quée dans ce système de pensée et devient dans son ensemble la représenta‐
tion universelle d’un tout, ne vivant que par l’existence indépendante de
chacune de ses parties. Les sens sont subordonnés à l’entendement.
Parmi les peintres du XVIe siècle, nous devons tout particulièrement étu‐
dier d’abord le Caravage (v. 1571-1610), car il opère un retour à la réalité
et s’attaque aux formes plastiques et à la pureté idéale de la Renaissance.
Toute l’histoire de l’art sacré moderne commence avec lui en fondant ses
bases sur la primauté des formes. Il transforme les allégories complexes des
maniéristes en symboles et réalise ainsi une distinction élémentaire entre art
sacré et art profane. Son contact avec la vérité des épisodes sacrés exprime
la tendance religieuse de la Contre-Réforme. Grâce aux contrastes d’ombres
et de lumières, il met en scène une violence intérieure qui annonce dans la
même lignée Zurbarán (1598-1664), en Espagne, et Georges de La Tour
(1593-1652), en France. Mais l’art baroque trouve avec Vélasquez (1599-
1660) le moyen de privilégier l’impression sur la conception. La forme pré‐
domine sur les contours qu’elle estompe peu à peu. Les Vénitiens ont donné
naissance à ce « premier impressionnisme » et la courbe supplante la ligne
droite. Rubens (1577-1640) joue avec les lignes onduleuses et figure
comme le grand peintre d’extérieur de l’histoire de l’art. C’est en cela qu’il
est résolument moderne. Sa liberté le rapproche de Renoir, et peut-être plus
près encore de nous, de Matisse. La peinture de paysage progresse et le pay‐
sage sauvage de l’école de Barbizon nous vient de Hollande et d’Angle‐
terre, par Ruisdael (v. 1628-1682). Rome a atteint le plus haut prestige
après la Contre-Réforme, avec ses papes bâtisseurs, le prestige de Saint-
Pierre. Deux courants vont apparaître, le premier réaliste autour du Cara‐
vage, le second autour des frères Carrache avec l’éclectisme décoratif.
RÉVOLTES ET COMPLOTS
LA FRONDE
LE RÈGNE PERSONNEL
LES GUERRES
LE ROI ET DIEU
◆ Versailles
En 1624, Louis XIII y fait bâtir un pavillon de chasse. Huit ans plus tard,
Philibert Le Roy le remanie, entre 1631 et 1638, sur le modèle d’architec‐
ture de briques et de pierres. Louis XIV, échaudé par la Fronde, désire quit‐
ter le Louvre pour s’implanter en dehors de Paris sans risque de menace.
L’architecte Le Vau réalise les projets d’agrandissement puis François
d’Orbay (1670-1677), Jules Hardouin-Mansart en sont les autres archi‐
tectes. Ce dernier fait construire la galerie des Glaces, longue de 73 m sur
6 m de large avec ses dix-sept croisées, ses dix-sept arcades peintes et ses
trois cent six glaces. Dans la voûte dix grandes compositions de Le Brun
évoquent les fastes années militaires de Louis XIV. Les Salons de la guerre
et de la paix complètent cette galerie. Les jardins sont dessinés par André
Le Nôtre (1613-1700) qui après avoir réalisé ceux de Vaux-le-Vicomte
pour Fouquet devient le jardinier de Louis XIV à Versailles. Le sculpteur
François Girardon (1628-1715) contribue à les ornementer.
La monarchie absolue mise en place par Louis XIII et Louis XIV a per‐
mis à la France de devenir l’État le plus puissant d’Europe. Le pouvoir fran‐
çais choisit de s’afficher dans une image qui le montre au sommet de sa
puissance et le met en valeur. Le paraître devient dans la communication
l’élément primordial ainsi qu’à la cour de Versailles. Le classicisme, en
exaltant les valeurs morales, va répondre aux besoins de la politique fran‐
çaise. Sous Louis XIV, dans la seconde moitié du siècle, sous Colbert et
Charles Le Brun (1619-1690) le classicisme s’identifie avec le « grand
goût ». L’art du classicisme offre une composition claire, ordonnée. Le mes‐
sage y est compréhensible tout de suite.
Les caractéristiques de l’œuvre classique
Les arts décoratifs sont représentés par Le Brun qui s’inspire de Rome
avec ses attributs, ses trophées, ses armes, ses boucliers, ses victoires ailées,
ses divinités allégoriques. La feuille décorative est l’acanthe large, mais on
utilise des fleurs de lys, les deux L affrontés de Louis XIV. Le style Berain
doit son nom à Jean Berain (1640-1711) et rappelle les panneaux ara‐
besques de la Renaissance italienne, les peintures architecturales de Pom‐
péi, portiques étagés, dômes en treillage. Il mélange toutes sortes de motifs,
des originaux aux plus fantaisistes. Il crée des décorations temporaires pour
les fêtes de la cour et assure les décors des opéras de Lully.
L’art de la tapisserie
L’art du mobilier
L’art du mobilier gagne ses lettres de noblesse avec les célèbres Boulle,
André-Charles (1642-1732), le plus réputé, et ses quatre fils, Jean-Phi‐
lippe, Pierre Benoît, André-Charles II et Charles-Joseph. Le type de mar‐
queterie à laquelle il donne son nom se caractérise par un placage d’écaille
de tortue ou de corne combinées à du métal. Il donne aussi de l’importance
aux ornements de bronze ciselé et doré.
Sa doctrine
La diffusion du cartésianisme
Théorie de la connaissance
La métaphysique
Notes
1. Nicolas Boileau, Art poétique, chant I, 1674.
2. Lewis Mumford, Technique et civilisation, Paris, Le Seuil, « Esprit », 1950, p. 23.
3. Alexandre Koyré, Du monde clos à l’univers infini, Paris, Puf, 1962.
4. La formule est de Galilée dans L’Essayeur, trad. G. Chuviré, L’Essayeur de Galilée, Paris, Les
Belles Lettres, 1989, p. 141.
5. François Jacob, La Logique du vivant, Paris, Gallimard, 1976, p. 41.
6. René Descartes, Discours de la méthode [1637], Paris, Gallimard, « Folio essais », 1991.
7. Ibid.
8. Ibid.
9. Ibid.
10. Ibid.
CHAPITRE III
La monadologie
De même que Locke, Leibniz pense que l’homme n’a pas d’idées toutes
formées à l’état de germe, à la naissance, elles ne se développent qu’au
contact de l’expérience. Pourtant perceptions et passions sont issues « de
notre propre fonds avec une parfaite spontanéité ».
Notes
1. Gottfried Wilhelm Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain, II, I, Paris, Flammarion,
1921, p. 475.
2. Leibniz, La Monadologie, trad. et étude par Émile Boutroux, Paris, Delagrave, 1881, § 31.
3. Ibid.
4. Ibid., § 3.
CHAPITRE V
LA RESTAURATION
LE COURANT EMPIRISTE
Sa doctrine
La méthode inductive
L’induction de Bacon procède par élimination et ensuite dégage les lois
de la forme qu’il définit comme le véritable objet de la science. Qu’entend-
il par forme ? Le terme avait déjà été employé par Aristote mais, chez Ba‐
con, il désigne « l’essence de toute chose, une certaine organisation de la
matière ». Les faits dégagés de cette forme sont consignés sur des tables de
présence où les phénomènes sont notés dès leur apparition, des tables d’ab‐
sence sur lesquelles sont indiqués les cas précis où ils ne se produisent pas
et des tables de degrés où sont mentionnées les variantes de tous les cas. La
comparaison des trois tables permet d’éliminer des circonstances acciden‐
telles et d’isoler à partir de ce qui subsiste la forme. Pour Bacon, ce n’est
donc pas la recherche d’une cause finale qui importe mais celle d’une cause
formelle. Le seul espoir véritable pour le savant réside dans la recherche de
l’induction.
Sa doctrine
Hobbes est devenu célèbre par sa théorie sur l’État et son origine.
« L’homme étant un loup pour l’homme », il peut échapper à cette destinée
en se soumettant au prince qui a tous les droits puisqu’il sauve à chaque ins‐
tant ses sujets de la mort. Pour cette raison, il leur impose tout ce qu’il veut.
La doctrine de Hobbes procède selon un raisonnement déductif, son inter‐
prétation de la nature est mécaniste, sa psychologie matérialiste. Il com‐
mence par séparer la métaphysique et la théologie de la philosophie et
donne une définition de celle-ci, en tant que connaissance acquise par rai‐
sonnement. Sa philosophie a pour objet les corps, car tout ce qui est
connaissable est corporel, et ne s’occupe pas des êtres incorporels. Ce qui
n’est pas sensible, âme, esprit, ne peut pas être pensé. Tout ce que nous pou‐
vons penser, c’est ce que nous sentons. Les choses ne sont connues que par
les sensations. L’esprit humain est sensation, de même la mémoire, puisque
se souvenir, c’est sentir ce qu’on a senti. Il faut combiner les sensations
entre elles pour qu’elles deviennent pensées. La pensée est une série, un
train d’idées. Hobbes ne voit dans l’âme humaine que des mouvements suc‐
cessifs provenant de ces premiers mouvements qui sont sensations. Nous ne
sommes pas libres pour autant puisque nous sommes entraînés par le plus
fort de nos mouvements intérieurs : désir, crainte, aversion, amour. Cepen‐
dant nous délibérons, ou plus exactement nous croyons le faire. La délibéra‐
tion se résume être une succession de différents sentiments et celui qui
l’emporte porte le nom de volonté. La liberté n’existe donc ni chez les
hommes ni chez les animaux. Volonté et désir sont en fait la même chose
considérée sous des aspects différents. Tout est déterminé, liberté et hasard
traduisent notre ignorance des phénomènes de la nature.
La morale utilitaire
Dès lors, il n’y a plus de morale possible. Hobbes répond par la morale
utilitaire. Le but de toute recherche pour l’homme est le plaisir, mais un
plaisir vrai et permanent, utilitaire. L’utile, c’est d’être bon citoyen, autre‐
ment dit la morale se confond avec la morale du devoir.
La politique
De cive montre que l’homme n’a pas d’autre souci que sa conservation,
ce que traduit sa décision d’entrer en lutte avec les autres hommes. La force
domine et fait loi. Mais c’est dans le Léviathan, ce monstre biblique évoqué
par le Livre de Job, qui symbolise l’État, qu’Hobbes va développer ses
théories politiques, ses théories sur la société. Seul l’intérêt personnel fait
bouger les hommes. L’égoïsme, l’instinct subsistent pour le mieux et de là
font que bien ou mal ne trouvent véritablement leur définition que dans ce
qui est utile ou nocif. Cet état dans lequel sombre l’humanité amène un état
de guerre. « L’homme est un loup pour l’homme » dans cet état de nature.
La paix ne peut être établie que si chacun renonce à ses intérêts. Le souve‐
rain est l’expression de la volonté de chacun.
Sa doctrine
Pour Locke, il n’y a pas d’idées innées. L’esprit doit être envisagé avant
sa rencontre avec le monde extérieur comme une table rase, et il n’y a rien
en lui qui n’ait été d’abord dans le sens. L’idée est identique à ce que Des‐
cartes appelle la pensée. C’est une sensation enregistrée par le cerveau, et
ce sont des sensations élaborées et modifiées par la réflexion. Elles s’asso‐
cient de manière naturelle et c’est l’ensemble de ces associations que l’on
nomme réflexion. Toutes nos idées proviennent de l’expérience. Il faut dis‐
tinguer l’expérience interne, ou sensation, de l’expérience externe, ou ré‐
flexion : « Mais comme j’appelle l’autre source de nos idées sensation, je
nommerai celle-ci réflexion parce que l’âme ne reçoit par son moyen que
les idées qu’elle acquiert en réfléchissant sur ses propres opérations2. »
Toutes deux fournissent des idées simples, parce que, comme le souligne
Bergson, elles sont des données immédiates de la conscience. Ce sont les
idées de la sensation (couleur, odeur). Les idées de la réflexion appar‐
tiennent à la mémoire, à l’imagination. Par combinaison, vont se créer les
idées complexes. Celles-ci sont soit des idées de substance, c’est-à-dire des
idées appartenant à un substrat, soit des idées de relations énoncées sous
forme de principe (principe de causalité). Idées simples ou idées complexes
sont des idées particulières. Quant aux idées générales, elles ne corres‐
pondent à rien de réel et servent à exprimer par un mot (homme) une collec‐
tion d’idées particulières (Jean, Paul, par exemple), leur fonction est de
« représenter également plusieurs choses individuelles dont chacune étant
en elle-même conforme à cette idée est par là même de cette espèce de
choses3 ». C’est le nominalisme. Le sens des mots lorsqu’il devient relatif
aux idées est source d’erreur.
Valeur de la connaissance
Politique
Notes
1. Francis Bacon, Novum organum, I, Paris, Puf, « Épiméthée », 2010, p. 48.
2. John Locke, Essai sur l’entendement humain, II, 1.
3. Essai philosophique concernant l’entendement humain, traduction par Pierre Coste, Paris, Vrin,
1972, § 7.
CHAPITRE VI
LA PEINTURE FLAMANDE
La métaphysique
La morale
Notes
1. Spinoza, Éthique, I, prop. 29.
2. Ibid., II, prop. 12.
3. Ibid., V, prop. 3.
CHAPITRE VII
Le baroque russe
Après Soliman, ses successeurs s’en remettent aux pouvoirs des grands
vizirs, notamment de la dynastie des Köprülü après Fazil Ahmet Köprülü
(1635-1676), des femmes du harem, puis des eunuques et des janissaires.
Un nouvel et définitif échec du siège de Vienne, en 1683, marque le repli
puis l’amoindrissement du territoire. Après la défaite de Lépante en oc‐
tobre 1571, la flotte turque avait déjà perdu le contrôle de la Méditerranée.
Désormais c’est l’armée de terre qui ne cesse de se replier. Par sa victoire
de Petrovaradin (1716), l’Autriche prend la Serbie. En 1782, la Russie
s’empare de la Crimée. En 1830, alors que la Grèce proclame son indépen‐
dance, la France conquiert l’Algérie. Profitant de la situation, le pacha
d’Égypte, Méhémet Ali, proclame à son tour son indépendance. À la suite
de nouveaux revers, Autriche et Russie se partagent en grande partie les
possessions turques d’Europe en 1878. En 1897, la Crète passe sous
contrôle international. Le dernier sultan ottoman, Mehmet VI (1918-1922),
hérite de la défaite turque aux côtés des Empires allemand et austro-hon‐
grois lors de la Première Guerre mondiale. Le traité de Sèvres (1920) dé‐
membre l’Empire ottoman, réduit à l’actuelle Turquie. Secoué depuis de
nombreuses années de mouvements sécessionnistes, révolutionnaires, l’em‐
pire s’effondre en octobre 1923. Le 29 octobre 1923, la République turque
est proclamée, après trois ans de guerre entre le général Mustafa Kemal
(1881-1938) et les alliés vainqueurs en 1918.
1. L’Inde moderne
C’est au XVIe siècle qu’une langue nouvelle se forge en Inde, sous l’in‐
fluence de l’arrivée des conquérants musulmans venus de Perse : l’urdu.
C’est un creuset de persan et d’hindou. Il est utilisé à l’origine par les mu‐
sulmans, mais gagne peu à peu l’ensemble de l’Inde où il est connu sous le
nom d’hindoustani. À tout seigneur tout honneur, le fondateur de la dynas‐
tie moghole, Bābur, laisse des mémoires qu’il a rédigés dans sa langue ma‐
ternelle, le turco-chagatai, dérivée du turc et du mongol chagatai. Le plus
grand poète de langue hindi, Goswani Tulsidas (1532-1623), s’attache à la
refonte des grands classiques, comme le Rāmāyana, et écrit, pour ce faire,
son chef-d’œuvre, un poème épique, Les Chants de Rama (Ramcharima‐
nas). En langue marathi, cinq poètes se dégagent. Namdev (v. 1270-
v. 1350) compose des hymnes sacrés, ou abhangas, réunis dans le Livre des
Hymnes (Namdev Gatha). Bhanudas (1483-1513) rédige des poèmes dévo‐
tionnels. Eknath (1533-1599), brahmane versé en sanscrit, arabe, urdu,
perse, hindi en sus du marathi, écrit des analyses philosophiques à partir du
commentaire de la Bhagavad-Gītā rédigé par un saint poète marathe, Dnya‐
neshwar (1275-1296). Il traduit et commente le Bhāgavata Purāṇa en
langue marathi. Tukaram (1608-v. 1650), après un début d’existence voué
au commerce, devient un sectateur zélé de Krishna, sous sa forme marathe
de Vithoba. Il compose des abhangas, hymnes sacrés. Ramdas (1608-1681)
crée la secte des ramdasis, fidèles de Vishnou sous sa forme marathe d’ava‐
tar, Vithoba. Les ramdasis sont les « serviteurs de Dieu ». Ses hymnes
marquent la renaissance de la poésie hindoue.
2. La Chine moderne
Si la sculpture ne présente pas sous les Ming une originalité d’œuvres no‐
vatrices, la peinture, en revanche, bénéficie de la part des empereurs d’une
attention redoutable. Redoutable, car les peintres officiels vivant dans le mi‐
lieu protégé de la cour, ils y sont embrigadés, doivent produire en suivant
l’art officiel. Le modèle des Ming demeure la peinture sous les Song, sur‐
tout les paysages. La suite en est prise par Tai Wen-Ching (1388-1462) qui
fonde l’école Tche, s’adonne à la reprise des techniques traditionnelles, y
ajoute le lavis à l’encre de Chine. L’autre représentant de cette école est
Lan Ying (1585-1644). La seconde école, l’école Wou, poursuit les créa‐
tions de la peinture littéraire de l’époque Yuan. Une troisième sensibilité
s’épanouit, véritable lien entre les écoles du Nord et du Sud, celle des ar‐
tistes individualistes. Deux écoles s’opposent, les peintres narrateurs du
Sud, adeptes du lavis et des jeux de pinceaux, contre les artistes du Nord,
académiques, ayant recours aux couleurs vives. Les deux écoles ont en
commun de recopier à satiété les œuvres du passé. C’est au cours du
XVIIe siècle que la gravure sur bois polychrome atteint à Nankin son apo‐
gée.
La porcelaine Ming
Si, dans la littérature comme en peinture, les Ming n’innovent guère, leur
nom évoque pourtant chez chacun d’entre nous un univers de grâce et de
couleurs chatoyantes, celui de la porcelaine. C’est l’art par excellence de
l’époque des Ming. La matière première, le kaolin, tire son nom, Kao Ling
(la passe haute), du site d’extraction proche de la manufacture impériale.
L’art des couleurs porte la porcelaine Ming à la perfection, depuis les pièces
monochromes blanches, bleues ou céladon, un vert pâle transparent, jus‐
qu’aux créations San Tsai (Trois couleurs), mariant le vert, le jaune et le
violet foncé, ou aux remarquables Wou Tsai (Cinq couleurs) reprenant les
trois précédentes en y adjoignant le bleu et le rouge. Les thèmes favoris, re‐
pris des classiques de la peinture sur soie, sont les motifs floraux, les oi‐
seaux, les papillons.
La peinture
Le christianisme importé par les Portugais fait son entrée dans l’empire
insulaire. Au début, les progrès de la christianisation sont bien accueillis et
rapides. Des monastères, des églises apparaissent un peu partout. Les mis‐
sionnaires les plus importants sont François Xavier (1506-1552), Alessan‐
dro Valignani (1539-1606). Mais en 1587, le christianisme se voit interdit
par le Kanpaku, Premier ministre, Toyotomi Hideyoshi (1536-1598). En
1596, une persécution très violente débute.
L’ÉPOQUE D’EDO (1615-1868)
La peinture
La période des Tokugawa est marquée par une prospérité dans le do‐
maine des arts et de l’artisanat. Le gouvernement tente d’empêcher la
concentration économique et politique entre les mains de quelques aristo‐
crates. Les arts ne sont plus seulement destinés à la noblesse, et peuvent
d’étendre à la bourgeoisie qui se trouve en contact avec elle. La littérature
devient populaire. On décrit la vie humaine, ses vertus, ses faiblesses sur un
ton moralisateur ou badin. Les romans de mœurs d’Ihara Saïkaku (1642-
1693) sont typiques de cette tendance. Le second grand auteur de cette pé‐
riode est Chikamatsu Monzaemon (1653-1724), représentant du drame.
Son véritable nom est Sugimori Nobumori, descendant d’une famille de bu‐
shi, guerrier. Il commence à écrire des jōruri pour le théâtre de poupée. Ta‐
kemoto Gidayu (1651-1714), créateur du théâtre de poupée chanté, lui de‐
mande en 1686 de s’associer. Jusqu’en 1703, il n’écrit que des jōruri histo‐
riques, puis la ferveur du public pourra se répartir entre les sewa-mono,
théâtre d’actualité, et les jidai-mono, théâtre d’époque. À côté du théâtre nō
réservé à l’aristocratie et aux gens de la cour, apparaît le théâtre populaire,
le kabuki, qui aurait été précédé par celui des marionnettes. C’est au Bunra‐
ku, nous apprend André Leroi-Gourhan, dans Pages oubliées sur le Ja‐
pon2, que le kabuki doit d’être devenu, dans une certaine mesure, un théâtre,
car presque toutes les œuvres théâtrales du kabuki ont été empruntées au
théâtre de marionnettes. Il confie des rôles aux femmes, pratique interdite à
partir de 1628. La naissance du kabuki est liée à la danseuse O-Kuni, dan‐
seuse sacrée du temple d’Isé qui finit par s’installer à Kyōto après avoir
quitté la vie religieuse. Le kabuki est orienté vers le spectacle, le plaisir de
l’œil, l’émotion immédiate. Si l’on attribue à Chikamatsu Monzaemon de
cent à cent cinquante jōruri, drames pour marionnettes, nous lui devons une
trentaine de pièces pour kabuki. Les jōruri mettront en scène Yoshitsune et
son fidèle Benkei, le moine guerrier colossal.
Bashō et le haikai3
Les deux grandes écoles de pensée sont celles de Mito, qui fonde sa ré‐
flexion sur l’histoire, et celle de Shingaku, qui veut développer une véri‐
table pédagogie pour l’enseignement populaire de masse. Le confucia‐
nisme est ancien au Japon, puisqu’il fut introduit, d’après la tradition, au
Ve siècle. Lors des périodes Kamakura (1185-1333) et Muromachi (1333-
1568), il est étudié dans les établissements bouddhiques, enseignement qui
reste d’ailleurs le monopole de l’aristocratie, des familles de cour jusqu’à
l’ère Edo. Ito Jinsai (1627-1705) pense que les hommes partagent une na‐
ture identique, ouverture d’accès à la Voie. D’autres penseurs suivent le
même cheminement intellectuel comme Nishikawa Joken (1648-1724).
4. La Corée
Notes
1. À ce sujet, voir Florence Braunstein, Penser les arts martiaux, op. cit., p. 287.
2. André Leroi-Gourhan, Pages oubliées sur le Japon, recueil posthume établi et présenté par
Jean-François Lesbre, Paris, Jérôme Millon, 2003.
3. Voir Florence Braunstein, « Bashō, La Sente étroite du bout du monde », in Encyclopædia Uni‐
versalis.
CHAPITRE X
1. L’architecture éthiopienne
L’église Beta Giorgis (Saint-Georges) est l’une des onze églises monoli‐
thiques sculptées dans les rochers, reliées entre elles par des galeries creu‐
sées elles aussi à même le roc, de Lalibela, une ville de la province du Ti‐
gré, à 2 600 m d’altitude. La plus grande, Medhane Alem (église du Saint-
Sauveur), est longue de 30 m, haute de 11 m, large de 24 m. Beta Giorgis
adopte la forme générale d’une croix. À Gondar, fondée par le roi Fasila‐
das (1603-1667) en 1635-1636, est édifié le Fasil Ghebbi, un complexe-for‐
teresse aux influences architecturales mêlées, qui renferme plusieurs
églises, des écuries, une chancellerie, le château Fasiladas et le palais Lya‐
su. Les matériaux employés sont la pierre basaltique et le tuf rouge, les
styles empruntés à la fois aux palais arabes, aux forteresses indiennes, au
baroque importé d’Europe.
2. La littérature éthiopienne
Le Kebra Nagast (ou Livre de la Gloire) des rois d’Éthiopie est rédigé au
XIVe siècle en langue guèze, ou éthiopien classique, langue littéraire. Com‐
prenant cent dix-sept chapitres d’inégale longueur, le Kebra Nagast mêle
mythes, légendes, histoires dynastique depuis Makeda, reine de Saba. De
ses amours avec le grand roi Salomon naît Ménélik, ancêtre des empereurs
d’Éthiopie. Il y est aussi question du transfert de l’arche d’alliance de Jéru‐
salem en Éthiopie. L’ouvrage est présenté comme une controverse entre
trois cent dix-huit pères orthodoxes du premier concile de Nicée (325), por‐
tant sur ce qui fait la grandeur ou la gloire des rois. Selon la tradition, Mé‐
nélik ramenant l’arche d’alliance et Hélène, mère de l’empereur Constantin,
qui a trouvé la croix du Christ, sont les seuls à avoir connu la gloire des
rois. Le Kebra Nagast, qui prétend que l’arche d’alliance est en Éthiopie,
est à rapprocher du Dersane Sion (ou Homélie à Sion), une homélie adres‐
sée à l’arche d’alliance pour lui rendre gloire. Il s’agit de glorifier Sion se‐
lon les trois sens du terme, la ville de David, l’arche d’alliance, Marie. Se‐
lon une légende, l’arche d’alliance serait cachée dans la cathédrale
d’Axoum. L’ouvrage s’achève sur la certitude que Rome devra céder devant
la puissance spirituelle de l’Éthiopie. Le Kebra Nagast est considéré par
certains chrétiens éthiopiens comme un livre saint, dont le contenu est au‐
thentique, une attitude partagée par les rastafaris, chanteurs jamaïcains
comme Bob Marley.
B. LE MONDE DU XVIIIe SIÈCLE
CHAPITRE XI
LA RÉGENCE (1715-1723)
Le système de Law
Philippe d’Orléans se retrouve avec des caisses de l’État vidées par les
guerres à sa prise de pouvoir. Il favorise donc la mise en place du système
de Law. John Law (1671-1729), banquier écossais, est autorisé en 1716 à
créer la Banque générale qui émet du papier-monnaie échangé contre de
l’or. Le succès du papier-monnaie, plus pratique, est rapide, l’appui du ré‐
gent rassure. En 1717, John Law crée la Compagnie d’Occident qui met en
valeur la Louisiane. En 1718, la Banque générale devient Banque royale.
En 1719, la Compagnie perpétuelle des Indes est fondée, elle prête plus
d’un milliard de livres à l’État, rachète les rentes que celui-ci versait contre
un taux d’intérêt annuel de 3 %. Les règlements se font en billets de
banque, la Compagnie reçoit le privilège d’émission de la monnaie. En
1720, Banque Royale et Compagnie fusionnent. John Law est nommé sur‐
intendant des Finances. Mais le prince de Conti (Louis-Armand de Bour‐
bon-Conti, dit « le Singe Vert », 1695-1727) et le duc de Bourbon (Louis IV
Henri de Bourbon-Condé, 1692-1740) provoquent la faillite du système en
demandant à réaliser leurs avoirs en or en mars 1720. Ces derniers sont si
énormes qu’il faut trois fourgons chargés d’or pour le seul prince de Conti.
Cette manœuvre voyante – les princes se sont déplacés en personne – pro‐
voque une crise de confiance et la panique. Des émeutes ont lieu au siège de
la Banque, rue Quincampoix à Paris. On déplore quelques dizaines de
morts. En octobre, la banqueroute est achevée. Law s’enfuit en décembre.
Si la faillite emporte les économies de nombre d’actionnaires de la Compa‐
gnie et enracine durablement en France la méfiance à l’égard du papier-
monnaie, elle ne présente pas que des inconvénients. L’expérience de Law
permet d’apurer les dettes de l’État liées aux guerres de la fin du règne de
Louis XIV.
C’est âgé de vingt ans que Louis XVI accède au trône de France. Mo‐
narque intelligent, cultivé, il est desservi par sa timidité et un manque de
préparation aux affaires publiques. Seule la mort prématurée de son frère
aîné, le duc de Bourgogne, à dix ans en 1761, lui ouvre le chemin menant à
la couronne. Des réformes urgentes doivent être menées, la lutte contre les
octrois de province, douanes internes, le rétablissement des finances, une
évolution du système des impôts. Anne Turgot (1727-1781) est nommé
contrôleur général des finances en 1774. Il veut une réforme radicale : l’im‐
pôt payé par tous, des assemblées élues à tous les échelons administratifs et
territoriaux, la liberté de conscience et le retour des protestants, la suppres‐
sion des corporations, des corvées. L’ampleur des nouveautés suscite un
front uni d’opposition, nobles, clergé, marchands, tous les privilégiés à un
titre ou un autre. Louis XVI renvoie Turgot en mai 1776. C’est un banquier
genevois, Jacques Necker (1732-1804), qui lui succède de 1777 à 1781. Il
lance un emprunt pour financer la participation française à la guerre d’Indé‐
pendance américaine. Il souhaite lui aussi une organisation d’assemblées
provinciales. Mais la noblesse de cour, dont il veut réduire les dépenses, lui
est hostile. Il démissionne en mai 1781. Charles de Calonne (1734-1802)
est alors appelé aux affaires, entre 1783 et 1787. Il recourt lui aussi aux em‐
prunts. Il établit en 1787 un plan de réforme qui vise à permettre à l’État de
se procurer de nouvelles ressources, notamment par la taxation des proprié‐
tés de la noblesse et du clergé. Une assemblée des notables des trois états et
des parlements est convoquée. Elle refuse la réforme. Une seconde assem‐
blée convoquée fait de même. En avril 1787, Calonne est remercié par le
roi. Ce dernier est alors durablement éclaboussé par le scandale dit de l’af‐
faire du collier de la reine, où une aventurière convainc le cardinal de Ro‐
han d’avancer le prix d’un fabuleux collier de diamants prétendument dési‐
ré par la reine Marie-Antoinette (1755-1793), alors que cette dernière
ignore tout de l’affaire. Une partie seulement du prix est versée aux
joailliers, qui se tournent vers la reine pour obtenir le solde, faisant éclater
le scandale. En mai 1787, l’évêque Étienne Charles de Loménie de
Brienne (1727-1794) est nommé contrôleur général des finances. Il par‐
vient à imposer aux parlements le principe d’un impôt égalitaire, mais cède
à leur revendication d’une convocation des états généraux et démissionne
en août 1788. Necker est rappelé, il est lui aussi favorable au recours aux
états généraux, mais là où les ordres privilégiés et les parlements en es‐
pèrent l’enterrement de la réforme de l’impôt égalitaire, Necker souhaite un
doublement des élus du tiers état. Louis XVI, à la veille de la Révolution, a
toutefois imposé la réforme de la justice, supprimant la « question prépara‐
toire » et la « question préalable », c’est-à-dire la torture systématique pour
obtenir aveux et noms d’éventuels complices.
Les états généraux sont convoqués le 8 août 1788 pour le 1er mai 1789.
Le vote traditionnel se fait par ordre, une voix pour chaque. Le tiers état ob‐
tient le doublement de sa représentation, six cents députés, mais le roi laisse
en suspens la question du vote. Dans chaque baillage se tiennent les élec‐
tions des députés des trois ordres, des assemblées rédigent les cahiers de do‐
léances qui réclament tous les mêmes réformes : une monarchie définie et
limitée par une Constitution, l’égalité devant l’impôt, la fin des privilèges.
L’abbé Sieyès (1748-1836) publie alors son célèbre pamphlet Qu’est-ce
que le tiers-état ? en janvier 1789, où il énonce clairement que le tiers, d’un
poids nul dans l’État, devient en réalité la souveraineté nationale :
« Le plan de cet écrit est assez simple. Nous avons trois questions à nous
faire :
1°) Qu’est-ce que le tiers état ? Tout.
2°) Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien.
3°) Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. »
LA RÉPUBLIQUE (1792-1799)
Les thermidoriens
Antoine Barnave
Jacques Cathelineau
Camille Desmoulins
Joseph Fouché
Joseph Fouché (1759-1820) est préfet des études chez les Oratiens de
Nantes quand éclate la Révolution. Député jacobin à la Convention, il passe
au groupe des Montagnards, vote la mort du roi. Il anime la déchristianisa‐
tion dans la Nièvre, puis déploie son zèle lors de la Terreur à Lyon : la
guillotine n’est pas assez rapide pour les exécutions de masse, il ordonne de
mitrailler les groupes de condamnés pour aller plus vite. Attaqué par Robes‐
pierre à la Convention, craignant pour sa vie, Fouché rejoint les thermido‐
riens. Brièvement incarcéré après l’échec de la tentative de Gracchus Ba‐
beuf en 1795, Fouché est amnistié. Ministre de la Police en 1799, il se met
au service de Napoléon Bonaparte, y reste sous le Consulat et sous l’Em‐
pire. Disgracié en 1810, il revient brièvement aux affaires sous
Louis XVIII, en 1815, avant d’être proscrit et condamné à l’exil comme ré‐
gicide en 1816. Il meurt à Trieste en 1820. Homme de l’ombre, il avait ac‐
cumulé les honneurs, Napoléon le fait comte d’Empire, duc d’Otrante. Ses
lourds et redoutables secrets d’État disparaissent avec lui : mourant, il
confie au prince Jérôme Bonaparte qui est à ses côtés la tâche de brûler ses
documents et papiers personnels. Il semble qu’il ne l’ait pas quitté des yeux
pendant les heures que cette opération nécessite.
Jean-Paul Marat
Maximilien de Robespierre
Louis Saint-Just
Le Directoire (1795-1799)
Le régime du Directoire est fondé sur l’espoir populaire d’un retour à la
paix civile, du rétablissement de l’ordre et de la mise en place d’une écono‐
mie prospère. En réalité, le Directoire est une succession de coups d’État.
En 1796, Gracchus Babeuf (1760-1797), signataire du Manifeste des
Égaux de Sylvain Maréchal, tente de renverser le Directoire. Il voulait la fin
des classes sociales, la restitution au peuple de la souveraineté réelle, une
société communiste. La conspiration échoue, Babeuf est exécuté en 1797.
Le Directoire se débarrasse ensuite des royalistes cette même année, puis
des Jacobins en 1798. Le problème, pour le régime, est de ne survivre que
grâce à l’appui de l’armée, qui est la seule à le soutenir. Le régime est dé‐
considéré par les scandales financiers, le peuple confronté au luxe déployé
dans un raffinement de bizarreries vestimentaires sans fin par les Mer‐
veilleuses et les Incroyables, jeunes filles et jeunes gens à la jeunesse dorée,
qui multiplient les extravagances de vêture et de langage, refusant par
exemple l’emploi du « r » et de certaines consonnes, rendant leur discours
incompréhensible au non-initié. Leur protecteur attitré, Paul Barras (1755-
1829), est l’un des directeurs, usant de son poste pour favoriser l’agiotage et
son enrichissement personnel considérable, grand dispensateur de fêtes
somptueuses. Le 9 novembre 1799, ou 18 brumaire an VIII, Bonaparte par‐
vient péniblement à réussir un coup d’État, uniquement grâce à l’interven‐
tion de son frère Lucien, président des Cinq-Cents, qui fait donner la troupe
pour chasser les députés, qui vilipendaient un Bonaparte confus et bé‐
gayant.
LA DÉESSE RAISON
– L’esprit des Lumières où dominent raison, foi en la science, tolérance, égalité, cos‐
mopolitisme, véhiculées par la pensée des philosophes.
Les salons ont un rôle essentiel dans la diffusion des connaissances, par
le pouvoir de la parole, du contact humain. Montesquieu, Marivaux, Hel‐
vétius, d’Alembert, Van Loo, La Tour fréquentent celui de Mme Geof‐
frin (1699-1777). Montesquieu, Marivaux, celui de la marquise du Def‐
fand (1697-1780), et enfin celui de Mlle de Lespinasse (1732-1776) l’est
par Diderot, Helvétius, Marmontel. À peine l’héritage grec retrouvé, il a
été aussi vite oublié, malgré les Commentaires sur Aristote d’Averroès
(1126-1198). La science de la médecine à peine ébauchée par les médecins
est mise elle aussi de côté. Foucault décrira tout particulièrement Pinel, le
médecin, dans son Histoire de la folie à l’âge classique (1961), comme un
personnage machiavélique. L’essentiel reste que toutes les démarches entre‐
prises d’une façon scientifique tournent autour de l’homme et du besoin
d’expliquer que son corps n’est pas une simple mécanique. Le propre du
XVIIe siècle a été de préparer à ce fait, en concevant une taxinomie des pas‐
sions, afin de cerner le domaine de psychologie affective.
LES NOUVEAUX CADRES DE VIE
Les fondateurs
Diderot, aidé de d’Alembert comme principal rédacteur, regroupe pour
rédiger l’Encyclopédie des écrivains comme Voltaire, Buffon, Montes‐
quieu, Turgot, Helvétius, Holbach, Necker, Marmontel, et une vingtaine
d’autres, comme collaborateurs. Lorsque Diderot entreprend de mettre en
volumes la somme de connaissances de son époque, il est déjà un écrivain
confirmé. De 1745 à 1749, il publie plusieurs ouvrages hardis et libéraux
qui le mettent en relation avec Voltaire et qui lui valent un emprisonnement
(Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, 1749) de trois mois au
donjon de Vincennes. Il y reçoit de fréquentes visites de Jean-Jacques
Rousseau. À sa sortie, il se lie avec d’Alembert et ils tracent ensemble le
plan de l’Encyclopédie. Leur but est de rassembler toutes les sciences
exactes, les principes du goût et les procédés de tous les arts. En réalité
cette publication est le moyen de propager les idées nouvelles, aussi est-elle
interrompue, en 1752, et 1759, par ordre du gouvernement. C’est Diderot
qui traite de presque toute l’histoire de la philosophie ancienne ainsi que de
toute la partie consacrée au commerce et aux arts et métiers. Lorsque
d’Alembert cesse d’y collaborer, Diderot prend à lui seul la direction de
cette œuvre colossale. Quant à d’Alembert, lorsque paraît le premier vo‐
lume de l’Encyclopédie, il fait du discours préliminaire un véritable hymne
au progrès. Le succès de l’Encyclopédie est immense bien que d’Alembert
la définisse comme « un habit d’Arlequin où il y a quelques morceaux de
bonne étoffe et trop de haillons ». L’Encyclopédie constitue aussi le premier
pas sur le chemin du progrès, conséquence due non à la théologie mais à la
raison.
Les idées
Source : Jacques Godechot, Les Constitutions de la France depuis 1780, Paris, Gar‐
nier-Flammarion, 1970, p. 79-80.
On trouve encore une de ces déclarations de principe en tête de la Consti‐
tution de 1840. Ce sont là en réalité des formules philosophiques, dépour‐
vues de sanction et dont la plupart peuvent servir au législateur pour en
faire lui-même l’application. Mais ces déclarations sont le point de départ
d’une ère nouvelle dans l’histoire de l’humanité. Elles proclament l’égalité
des citoyens devant la loi, la liberté absolue de la conscience et la liberté in‐
dividuelle garantie à tous. La Déclaration des droits de l’homme constitue
un puissant facteur d’unité nationale en proclamant l’égalité des droits de
l’homme et de la nation. Ces principaux droits pour tous les citoyens sont la
liberté, la propriété, la résistance à l’oppression et pour la nation de faire
des lois, d’organiser la force publique. L’idée de nation surgit et, selon la
définition que Sieyès en donne, « c’est un corps d’associés vivant sous une
loi commune formé par le droit naturel et représenté par une même législa‐
ture4 ». La Déclaration des droits de l’homme constitue l’acte de décès de
l’Ancien Régime en ne faisant plus de la France cet « agrégat constitué de
peuples désunis ». L’unité nationale est un des premiers legs vers la moder‐
nité issus de la Révolution, le second en est l’égalité dans tous les do‐
maines. Le 4 août 1789, l’Assemblée abolit les privilèges, faisant tomber
les anciennes structures. Un système unique se substitue peu à peu à l’en‐
chevêtrement des anciennes circonscriptions. Le marché national s’unifie
peu à peu grâce à la suppression de la gabelle. La liberté du commerce, la
circulation intérieure s’établissent. Mais cette unification économique né‐
cessite aussi un projet d’unification de l’ensemble des poids et des mesures.
En 1790, sur une proposition de Talleyrand que la Constituante adopte, le
mètre devient la base du système métrique à partir de la mesure de l’arc du
méridien entre Dunkerque et Barcelone. De même Lavoisier détermine une
unité de poids, le gramme. L’unification se fait aussi dans le domaine de la
langue. La plupart des Français parlent encore différents patois, tels le lan‐
guedocien, le gascon, le basque, le catalan, le flamand. Ils sont donc mis en
dehors des grands courants de pensée du monde intellectuel ou politique.
Aussi est-il plus que nécessaire que la langue française devienne langue na‐
tionale et ce pour consolider l’unité de la nation. L’unité de la République
passe obligatoirement par celle des idiomes.
La Convention ordonne que tous les actes publics soient rédigés en fran‐
çais et demande au comité d’instruction publique de présenter un rapport
sur les moyens de publier une nouvelle grammaire et un vocabulaire nou‐
veau de la langue. De plus en plus à l’éducation latine se substitue l’éduca‐
tion française. Le droit français va devenir lui aussi national. En 1789, il
n’existe pas encore un droit uniforme mais un grand nombre de lois. Les ca‐
hiers de doléances avaient souhaité substituer aux quatre cents petits codes
civils existant un code civil unique, régissant personne et propriété de la
même façon. En septembre 1791, l’Assemblée affirme son intention de
faire un code de lois civiles commun à tout le royaume. Bien que la Révolu‐
tion n’ait pas eu l’honneur de promulguer le Code civil, elle a légiféré sur
toutes les questions essentielles que le droit pose. À la souveraineté d’un
homme, la Révolution a substitué la souveraineté de la nation. Son grand
œuvre est donc d’avoir réalisé la destruction du pouvoir personnel.
LA FRANC-MAÇONNERIE
Malgré son apparente unité d’esprit, l’art du XVIIIe siècle présente des
formes diverses. Au cours de la période de régence exercée par Philippe
d’Orléans, l’art européen va évoluer du baroque vers le style régence. La
lourdeur somptueuse du baroque s’allège, les formes angulaires laissent
place à des arrondis. Ce style atteint son apogée aux alentours de 1720.
L’une de ces caractéristiques est d’être influencée par l’art d’Extrême-
Orient que les artistes prennent comme modèle. On voit naître des tapisse‐
ries à motifs chinois ou des meubles de laque rouge ou noire. Un art de so‐
ciété va succéder à un art de cour. En effet on préfère l’intimité, le confort,
l’agrément. L’ornementation plastique est moins importante en volume et
s’intègre mieux à la surface des édifices. Vers 1730, une nouvelle manifes‐
tation du goût pour le style ornemental et la décoration intérieure apparaît.
Le style rococo qu’on confond souvent à tort avec le style baroque n’est que
le style Louis XV à l’étranger. Un peu avant le règne de Louis XVI le goût
revient au classicisme, en reprenant la tradition de Louis XIV mais avec un
rythme plus discret, des proportions plus harmonieuses et un sens impec‐
cable de la mesure, ce qui donnera un aspect un peu froid.
Quelques peintres
La nature
La vie privée
La peinture d’histoire
Elle va devenir un des grands genres de l’art pictural. Ses thèmes de pré‐
dilection sont les scènes bibliques, antiques, historiques, religieuses ou my‐
thologiques. Des peintres comme Fragonard, Boucher, Van Loo, et surtout
Jacques-Louis David et plus tard Ingres, Girodet ont tous traités de tels
thèmes. La révolution esthétique du néoclassicisme accompagne et précède
la révolution politique de 1789. La peinture d’histoire se veut alors morale
au service des idées nouvelles.
Jacques-Louis David (1748-1825) est l’élève de Joseph-Marie Vien.
Prix de Rome en 1774, il adopte la théorie du beau idéal néoclassique. Sa
première œuvre, le Bélisaire demandant l’aumône, exposée à Paris en 1781,
lui vaut d’être agréé à l’Académie de peinture. Avec Le Serment des Ho‐
races (1785), on reste dans la gravité de la tragédie cornélienne. Il se voue à
l’interprétation des sujets liés à l’histoire : Socrate (1787), Brutus (1789).
Le Serment du Jeu de paume (1791), son succès, le fait nommer membre de
la Convention. Il vote la mort du roi, joue un rôle important dans l’adminis‐
tration des arts. Il peint les derniers moments de Lepelletier de Saint-Far‐
geau (1793), ceux de Marat, L’Ami du peuple assassiné (1793). L’Empire
utilise son pinceau et il devient le premier peintre de l’empereur : Le Sacre
de l’empereur Napoléon (1805-1807), Bonaparte franchit le Saint-Bernard
(1800-1803). Toutes ses œuvres montrent un désintéressement pour la cou‐
leur au profit d’une recherche pour un dessin d’une grande netteté.
Contrat et nature
Au début, alors que la société n’est pas constituée, il existe une propor‐
tion parfaite entre les besoins de l’homme, relativement modiques, et leur
satisfaction. Autrement dit, dans l’état de nature, l’homme ne peut faire
qu’un bon usage de sa liberté. Mais très tôt, il tient compte des autres
hommes. Tout état social est mal puisqu’il prive 1’homme de la source du
bien qui est la liberté individuelle. La société se révèle donc être un mal né‐
cessaire. L’évolution serait d’en faire une « forme d’association […] par la‐
quelle chacun s’unissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste
aussi libre qu’auparavant ». La solution est une aliénation de la liberté, non
pas au profit d’un seul (monarchie), ni de plusieurs (aristocratie) mais de
tous (démocratie). Ce qu’il faut, c’est un contrat social, tous les membres
d’une société s’engageant librement à suivre la volonté générale.
À la fin du XVIIIe siècle, les femmes accrurent leur pouvoir sur les belles
lettres. C’est de cette époque que le roman réapparaît de plus belle pour
conquérir le public sous des formes très variées : mémoires, contes, récits
historiques, récits romancés ou souvent « emprunts » à des romanciers
étrangers à succès. Parmi les écrivains, certains sont porteurs des premiers
signes pré-romantiques. On peut citer Cazotte (1719-1792), ami de Saint-
Martin, qui publie Le Diable amoureux (1772), roman s’intégrant parfaite‐
ment dans le courant occultiste de l’époque.
Si la forme versifiée est employée avec habilité par Voltaire dans son
poème sur le désastre de Lisbonne, la poésie ne se libère pas du classicisme.
C’est tout particulièrement André Chénier (1762-1794) qui retient l’atten‐
tion. Il écrit durant son emprisonnement dans la prison de Saint-Lazare,
entre le 7 mars et le 23 juillet, ses œuvres les plus remarquables : La Jeune
Tarentine, une élégie, ainsi que des Iambes satiriques qui visent clairement
les Jacobins. Il se situe déjà dans la lignée des romantiques du siècle sui‐
vant. Le XVIIIe siècle inventera d’autres genres littéraires comme la critique
d’art, Diderot, dans ses Salons, la vulgarisation scientifique, Buffon, dans
son imposante Histoire naturelle, le discours politique, Mirabeau, Saint-
Just, Danton, Robespierre. À la fin du XVIIIe siècle, sous l’influence de
Rousseau, le sentiment et l’émotion prennent autant d’importance que la
raison.
PHILOSOPHIE ET HISTOIRE
- Pensée et sensation
La seule source de notre connaissance pour Condillac est la sensation. À
l’encontre de Locke, pour qui sensation et réflexion sont les deux sources
d’idées, Condillac ne conserve que celle de la sensation, la réflexion n’étant
que la sensation se sentant elle-même. Dans cette sensation entrent par
composition des sensations d’origines différentes : attention, mémoire,
comparaison, jugement, réflexion. Il appuie sa démonstration sur l’exemple
de la statue « organisée à l’intérieur comme nous et animée d’un esprit pri‐
vé de toutes espèces d’idées ». Par la seule combinaison de ses sensations,
elle acquiert la connaissance humaine. La sensation représentative se sen‐
tant elle-même, c’est la réflexion. Une sensation dominante, c’est l’atten‐
tion ; la double attention, c’est la comparaison. L’attention portée à une sen‐
sation passée, c’est la mémoire. De même, de la sensation affective dé‐
coulent peine et plaisir. Le désir est le point de départ de toutes les méta‐
morphoses de sentiment ; son point d’arrivée est la volonté, désir sans obs‐
tacle.
- Le moi
Notes
1. Et des récits de grands voyageurs comme Le Voyage en Perse, de Chardin (1686), ou la descrip‐
tion d’un lieu utopique : La Terre australe connue, de Gabriel de Foigny (1676), L’Histoire des Séva‐
rambes, de Denis Veiras (1677).
2. Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, Paris, Le Livre de Poche, 1989.
3. À ce sujet, voir Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, Esquisse d’un ta‐
bleau historique des progrès de l’esprit humain, 1791.
4. Emmanuel Sieyès, Qu’est-ce que le tiers-état ?, Paris, Flammarion, 2009, p. 51.
5. Jacques Brengues, « Les écrivains francs-maçons au XVIIIe siècle », in La Franc-Maçonnerie et
Lumières au seuil de la Révolution française, Institut d’études et de recherches maçonniques, 1984,
p. 83.
6. Deux éléments de diffusion : les auteurs d’ouvrages représentent environ quatre mille écrivains,
soit 12,5 % des loges : Cazotte, Chamfort, Choderlos de Laclos, Florian, Joseph de Maistre, Montes‐
quieu. Il y a donc beaucoup d’auteurs mineurs et ce serait par eux que les concepts maçonniques au‐
raient pu se transmettre. Leur centre d’intérêt reste le passé, et l’histoire représente 17 %, franc-ma‐
çonnerie 15 %, politique 14 %, philosophie 6 %. Ils sont surtout fascinés par les grands personnages
de l’histoire, le culte de la personnalité qui s’étend aussi à soi-même, puisqu’il y a beaucoup d’ou‐
vrages autobiographiques. Tout ce qui concerne l’ésotérisme, la symbolique, l’alchimie, l’occultisme,
l’hermétisme ne représente que 20 % de l’ensemble des écrits maçonniques. (Source : Jacques
Brengues, ibid.)
e
7. Jacques Brengues, « Origines et originalités des constitutions d’Anderson au XVIII siècle », in
Institut d’études et de recherches maçonniques, 1980, p. 13-21.
8. Le plus connu de ces systèmes maçonniques est le régime des philalètes, dont le fondateur était
Savalette de Lange. Des enquêtes sont menées sur l’origine des hauts grades, particulièrement ceux
des Rose-Croix, sur les mystères religieux coexistant avec la religion chrétienne.
9. William Warburton, Essai sur les hiéroglyphes des Égyptiens, Paris, Aubier-Montaigne, 1992.
D’autres savants se penchèrent sur le déchiffrement des hiéroglyphes : Nicolas Claude Fabri de Pei‐
resc (1580-1637), Athanase Kircher (1602-1680), Bernard de Montfaucon (1655-1741), Jean-Jacques
Barthélemy (1716-1795), Georg Zöega (1755-1809).
10. Georges Gusdorf, Les sciences de l’homme sont-elles des sciences humaines ?, PUS, 1995,
p. 85.
11. Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genra species, cum cha‐
racteribus, differentiis synonymis, locis. Système de la nature, en trois règnes de la Nature, divisés en
classes, ordres, genres et espèces, avec les caractères, les différences, les synonymes et les localisa‐
tions.
12. Michel Foucault, Naissance de la clinique, Paris, Puf, 2009, p. 198-199.
13. Essais, traduction en français moderne par A. Lanly, chap. XIII, Paris, Gallimard, « Quarto »,
2009.
14. À ce sujet, voir Georges Gusdorf, L’Avènement des sciences humaines au siècle des Lumières,
Paris, Payot, 1973.
15. Denis Diderot, cité par Geneviève Cammagre, Carole Talon-Hugon, Diderot : l’expérience de
l’art. Salons de 1759, 1761, 1763 et Essais sur la peinture, Paris, Puf, 2007, p. 64.
16. Philostrate, La Galerie de tableaux, Paris, Les Belles Lettres, 1991.
17. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Paris, Bordas, 1993, livre I, p. 59.
18. Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, Paris, Flamma‐
rion, 1998.
19. Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, Les Époques de la nature, 1778.
20. Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, vol. 3, chap. LXXXI.
21. É. de Condillac, Œuvres complètes, 23 vol., Paris, 1798 ; 31 vol., Paris, 1803 ; 16 vol., Paris,
1882.
CHAPITRE XII
C’est en voyageant que les intellectuels anglais vont puiser à travers l’art
de la Renaissance italienne ou en consultant des dessins, des gravures, leurs
sources d’inspiration. L’influence baroque venue de Versailles fait aussi son
chemin. L’Enquête philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et
du beau, en 1757, ouvrage d’Edmund Burke (1729-1797), a un retentisse‐
ment important sur l’art de cette époque en fondant la première opposition
systématique du sublime au beau.
L’ARCHITECTURE EN ANGLETERRE AU XVIIIe SIÈCLE
La doctrine métaphysique
Sa doctrine
- Le principe de causalité
- Le scepticisme
Le scepticisme que prône Hume n’a rien à voir avec celui des Anciens.
« Il y a un scepticisme mitigé, une philosophie académique qui peut devenir
durable et utile ; elle peut être le résultat du pyrrhonisme ou scepticisme ou‐
tré, après que le bon sens et la réflexion ont réformé ses doutes univer‐
sels3. » Rien, hormis nos impressions, ne nous est connaissable, exception
faite de nos perceptions ainsi que le soulignent déjà Locke et Berkeley.
C’est donc un scepticisme moderne que Hume élabore, un système fondé
sur le statut des relations et leur extériorité. Le scepticisme ancien, lui, avait
édifié ses théories en tenant compte de la variété des apparences sensibles et
des erreurs des sens. Son enquête sur la connaissance aboutit donc à une
critique qui confond scepticisme, phénoménalisme et subjectivisme. Le pre‐
mier but du scepticisme moderne est de découvrir les croyances illégitimes,
celles qui ne sont pas susceptibles de justification philosophique ou qui ne
donnent pas de probabilités. Autrement dit, il faut « limiter nos recherches à
des sujets qui sont adaptés à l’étroite capacité de notre entendement ». La
métaphysique quant à elle « est la région des sophismes et de l’illusion ».
Notes
1. David Hume, Essais philosophiques sur l’entendement humain, I, deuxième essai, traduction
française de Philippe Folliot, Paris, Vrin, 2002, p. 133.
2. Ibid.
3. Victor Cousin, Histoire générale de la philosophie depuis les temps les plus anciens jusqu’au
e
XIX siècle, Paris, Didier, 1872, p. 49.
CHAPITRE XIII
L’Italie, au XVIIIe siècle, perd le rôle phare qu’elle avait conquis depuis le
XVe siècle dans l’art pictural européen. Les grands peintres qui dirigent le
monde de l’art à Rome et à Bologne se sont figés dans la tradition du ba‐
roque tardif. Une fois de plus, c’est à Venise que se réalisera la coupure
avec les représentants de la tradition. La grande cité, malgré sa décadence
politique et économique, demeure un centre de vie mondaine et intellec‐
tuelle.
Joseph Ier (1705-1711) poursuit la guerre contre la France, servi par des
généraux d’exception, le prince Eugène (Eugène de Savoie-Carignan,
1663-1721) et John Churchill, duc de Marlborough (1650-1722), au ser‐
vice de l’Angleterre. Il meurt prématurément de la petite vérole en 1711.
Son frère Charles VI (1711-1740) lui succède. En 1713, il promulgue la
Pragmatique Sanction qui assure à ses filles le trône en cas d’absence d’hé‐
ritier mâle, dans ses domaines patrimoniaux. Le prince Eugène remporte les
victoires de Peterwardein (1716) et Belgrade (1717) sur les Turcs,
contraints de signer la paix de Passarowitz (21 juillet 1718) par laquelle
l’Autriche garde le Banat, la Petite Valachie et l’essentiel de la Serbie,
conquêtes rendues, après la mort du prince Eugène, au traité de Belgrade en
1739. Charles VI meurt le 20 octobre 1740. Il est le dernier souverain mas‐
culin des Habsbourg d’Autriche. Sa fille, Marie-Thérèse (1740-1780), lui
succède, mais elle est contestée par Philippe V d’Espagne et l’électeur de
Bavière, pendant que le roi de Prusse Frédéric II (1740-1786) en profite
pour occuper en partie la Silésie.
L’ABANDON DU RATIONALISME
LE CRITICISME
Alors que le matérialisme domine en France, que Thomas Reid (1710-
1796) combat par les principes du sens commun le scepticisme écossais et
que le dogmatisme absolu domine l’esprit allemand, Kant prétend démon‐
trer à chaque système philosophique qui l’a précédé toute l’inanité de ses
principes. Il attaque le dogmatisme de Wolff, le scepticisme de Hume et en‐
treprend de faire la critique de la raison humaine, de marquer ses bornes,
son étendue et sa portée. Contre les matérialistes et les sceptiques, il prouve
que l’entendement possède a priori des principes de savoir, et contre les
dogmatiques, il maintient que l’expérience seule peut conduire à la certitude
de l’existence réelle ou objective. Il fait cependant une exception en faveur
des vérités morales, de la loi du devoir dont nous pouvons percevoir la réa‐
lité objective et la certitude absolue. Il fait du sujet connaissant le centre de
toute philosophie, estimant que ce ne sont pas les connaissances qui doivent
« se régler sur les objets » mais « les objets qui se règlent sur nos connais‐
sances2 ».
Les influences
D’origine protestante, Kant est marqué par la théologie luthérienne dont
il retient la conception de la foi comme acte pratique sans fondement théo‐
rique. Les thèses essentielles de sa métaphysique, la liberté, l’immortalité
de l’âme, l’existence de Dieu, prennent racine dans ces bases. L’étude du
phénoménisme de Hume le tire de son « sommeil dogmatique ». De Rous‐
seau, il retient que la conscience morale est un absolu, que la moralité ré‐
side dans la pureté d’intention. Enfin, la seule métaphysique qu’il connaît
est celle de Christian von Wolff (1679-1754). Malheureusement trop dog‐
matique, elle ne peut justifier et critiquer la raison, puisqu’elle est a priori
et indépendante de toute expérience. Il conserve l’idée qu’elle est néan‐
moins a priori. Afin de garder de ces influences la part la plus importante, il
pose « le problème critique », problème visant à la connaissance humaine
en général.
Sa doctrine
L’attitude critique
L’analyse transcendantale
L’esthétique transcendantale
La première démarche de Kant est de rechercher les conditions a priori
de la sensibilité. L’espace et le temps sont deux des formes de la sensibilité
et constituent des formes a priori de la sensibilité. L’espace est la forme des
sens extérieurs, le temps celle du sens interne, c’est-à-dire de la conscience
de l’intuition : « L’espace et le temps en sont les formes pures ; la sensation
en général en est la matière. Nous ne pouvons connaître ces formes qu’a
priori, c’est-à-dire avant toute perception réelle et c’est pour cela qu’elles
ont le nom d’intuitions pures, la sensation, au contraire est dans notre
connaissance ce qui fait qu’elle se nomme connaissance a posteriori c’est-
à-dire intuition empirique4. » La sensibilité, en nous révélant les choses
dans l’espace et dans le temps, les révèle, non comme elles sont en elles-
mêmes (noumènes), mais uniquement telles qu’elles nous apparaissent
(phénomènes). Aussi Kant souligne-t-il que son idéalisme transcendantal
est un « réalisme empirique ». Le rôle de l’entendement, ou faculté de juger,
est de réunir les phénomènes.
L’analytique transcendantale
Si les sciences n’ont pas besoin de critique préalable, ce n’est pas le cas
de la métaphysique. Dans la dernière partie de Critique de la raison pure,
c’est ce que Kant essaie de faire. L’étude de la raison est le moyen de saisir
a priori « l’inconditionné », condition dernière de toutes les conditions. Il
définit trois types de raisonnement : catégorique, hypothétique et disjonctif.
Ceux-ci permettent d’atteindre l’âme, le monde et Dieu. Le cogito permet à
la raison d’aboutir à l’existence de l’âme. Pour passer du cogito à la res co‐
gitans (chose pensante), Kant distingue quatre paralogismes. Il conclut à
l’impossibilité de construire par le raisonnement théorique une métaphy‐
sique qui ait une valeur objective et réelle, quant au sujet de l’univers, la
raison se perd dans des antinomies6 insolubles. C’est à partir de ces distinc‐
tions, que la réfutation kantienne se nourrit pour développer l’argument on‐
tologique : il est impossible de prouver l’existence d’un objet par la simple
valeur de l’analyse de son concept. Dieu reste donc un idéal pour la raison.
« Par conséquent, la preuve ontologique (cartésienne) si célèbre qui veut
démontrer par concepts l’existence d’un Être suprême, fait dépenser en vain
toute la peine que l’on y consacre7. »
Notes
1. Johann Wolfgang von Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, trad. B. Groethuysen, Paris,
Gallimard, 1954, p. 98.
2. Kant, Préface à la seconde édition de la Critique de la raison pure (1787).
3. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, Paris, Puf, « Quadrige », 2012, p. 18.
4. Ibid.
5. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, A 369, AK IV, 232, TP, 299.
6. Antinomies : opposition de deux propositions contradictoires, thèse et antithèse, démontrées
toutes deux par des arguments aussi probants.
7. Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, chap. III, section IV, op. cit.
8. Emmanuel Kant, Fondation de la métaphysique des mœurs, deuxième section, trad. A. Renaut,
Paris, GF-Flammarion, p. 88-89.
CHAPITRE XV
Les Russes sont défaits à la bataille de Narva (30 novembre 1700), mais
les Suédois en route pour Moscou sont arrêtés à la bataille de Lesnaya
(28 septembre 1708). Mais c’est à Poltava (27 juin 1709) que Pierre le
Grand remporte une victoire décisive, décimant l’armée suédoise.
Charles XII s’enfuit à grand-peine, et se réfugie à Constantinople. Il y
signe une alliance contre les Russes avec le sultan ottoman. Battus, les
Russes rendent Azov en 1711, mais Charles XII, après avoir été arrêté et
détenu, est expulsé de l’Empire ottoman en 1714. Il continue le combat jus‐
qu’à sa mort en 1718. Sa sœur lui succède et signe, en 1721, le traité de
Nystad par lequel les côtes de la Baltique, jusqu’à la frontière de la Fin‐
lande, redeviennent russes. C’est au cours de la guerre que la Russie, en
mai 1703, prend une forteresse suédoise sur l’embouchure de la Neva. C’est
une zone marécageuse, mais Pierre le Grand décide d’y édifier une capitale
moderne inspirée de ses pareilles européennes, afin de tourner le dos à Mos‐
cou, symbole d’une Russie figée. Pierre Ier entreprend en effet de moderni‐
ser le pays, de l’occidentaliser. Il met en place une monarchie absolue,
contrôle les provinces en les groupant en gouvernements dont il nomme les
gouverneurs, institue en 1711 un Sénat dont il choisit les membres, rem‐
place le patriarcat par un Saint-Synode. Les boyards doivent couper leur
barbe, se vêtir à l’occidentale. Pierre s’entoure de conseillers étrangers, leur
confie de hauts rangs dans l’armée. L’Église orthodoxe, le petit peuple, les
boyards veulent le retour à l’ordre ancien. Ils trouvent des alliés de poids en
la personne de l’ancienne tsarine, Eudoxie Lopoukhine (1669-1731), et de
l’héritier du trône, son fils, le tsarévitch Alexis Pétrovitch (1690-1718).
Pierre le somme de poursuivre ses réformes ou de renoncer au trône pour
rejoindre un couvent. Le tsarévitch s’enfuit en octobre 1716. Il séjourne au‐
près de diverses cours d’Europe avant d’être convaincu par une promesse
de pardon de rentrer en Russie en février 1718. Arrêté, torturé, il livre une
liste de complices.
Il meurt sous les coups de fouet, mais officiellement il est condamné à
cette peine le 7 juillet 1718, une semaine après son véritable décès. Tous les
complices dénoncés sont exécutés, Eudoxie expédiée dans un couvent du
grand Nord russe, au bord du lac Ladoga. En 1722, une loi successorale
permet au souverain de choisir lui-même son successeur. Depuis no‐
vembre 1721, Pierre porte le titre d’« empereur de toutes les Russies » qui
remplace celui de tsar. Pour diminuer le poids des boyards et créer un corps
de fonctionnaires à sa dévotion, il crée en 1722 le tchin ou table des Rangs,
classant les serviteurs de l’État en quatorze rangs, les fonctions occupées à
partir du huitième rang valent la noblesse personnelle, la noblesse hérédi‐
taire à partir du cinquième rang. Le tchin reste en vigueur jusqu’en 1917.
Pierre Ier meurt brutalement en 1725 sans avoir désigné d’héritier. Appuyée
par Menchikov et la garde, Catherine Ire, sa veuve, monte sur le trône. Son
bref règne adoucit le régime de fer imposé par Pierre le Grand à la Russie.
Menchikov gouverne de facto le pays. À la mort de Catherine, il est régent
au nom de Pierre II (1727-1730), fils du tsarévitch Alexis, que Catherine a
désigné comme successeur. Sa mort précoce est suivie du renversement de
Menchikov, qui termine ses jours exilé en Sibérie.
Les nobles choisissent alors une nièce de Pierre le Grand, Anne Ivanov‐
na (1693-1740), qui devient l’impératrice Anne Ire (règne : 1730-1740). Ils
lui ont imposé des capitulations limitant son pouvoir, qu’elle se dépêche de
renier une fois sur le trône. Peu apte à régner, elle laisse le pouvoir à ses fa‐
voris, dont Ernst Bühren ou Biron (1690-1772). En 1734 l’Ukraine est défi‐
nitivement annexée. Une guerre contre l’Empire ottoman se termine par la
perte des conquêtes, sauf Azov. Anne désigne son petit-neveu Ivan VI
(1740-1741) pour lui succéder. L’enfant est détrôné en bas âge. Élisa‐
beth Ire (1741-1762), seconde fille de Pierre le Grand, monte sur le trône.
La guerre contre la Suède, qui a repris, s’achève par l’annexion de la Fin‐
lande. Elle gouverne avec son amant, le comte Alexis Razoumovski (1709-
1771), qu’elle épouse en secret. La guerre contre la Prusse se termine par
une série de victoires russes. Seule la mort d’Élisabeth sauve la Prusse du
désastre. Son successeur, son neveu Pierre III (règne : janvier 1762-juillet
1762), est de culture germanique, ardent admirateur de la Prusse. Il met aus‐
sitôt fin aux combats. Un coup d’État met fin à son règne : il est assassiné le
17 juillet 1762. Son épouse, Catherine, princesse d’origine allemande qui a
commandité cet assassinat, devient l’impératrice Catherine II (1762-1796).
Souveraine des Lumières, elle ouvre la Russie à la culture occidentale, se
montre la digne héritière de Pierre le Grand. En 1764, elle fait assassiner
Ivan VI, emprisonné depuis 1741. Elle conclut une alliance avec la Prusse
contre la Pologne. La guerre contre l’Empire ottoman reprend en 1768. La
flotte turque est défaite en 1770, l’armée russe en 1771.
Il a fallu attendre le milieu du XVIIe siècle pour voir se diffuser, par l’in‐
termédiaire de la Pologne, une littérature de romans compliqués venus de
France ou d’Italie. La curiosité du peuple russe s’éveille pour ces nouveaux
récits. D’autre part, en 1656, une nouvelle hérésie se produit. Le patriarche
Nikon s’attaque à la révision des livres liturgiques d’après les originaux
grecs comme l’avait déjà fait son prédécesseur Maxime le Grand. Avva‐
kum (v. 1620-1682) raconte, dans la Vie d’Avvakum par lui-même, les tour‐
ments qu’il subit, en tant que chef de l’hérésie conservatrice des « vieux-
croyants », ainsi que sa famille. C’est une des œuvres littéraires les plus
personnelles de cette époque. Pierre le Grand, pendant son règne, réorganise
l’administration, crée une armée et règne surtout sur un clergé fortement di‐
visé par le dernier schisme. Diverses écoles apparaissent à Saint-Péters‐
bourg, notamment une Académie des sciences. Les écrivains qui appar‐
tiennent à cette période sont : Vassili N. Tatischev (1686-1750), qui écrit
une Histoire de la Russie (1769) des origines au XVIe siècle, A.D. Kantemir
(1708-1744), qui, peu après la mort de Pierre Ier, émule de Boileau et de
Racine, rédige des élégies. V.K. Trediakovski (1703-1769) écrit des pièces
en vers français et A.P. Soumarokov (1718-1777) des chansons en vogue et
des pièces de théâtre. Michel V. Lomonossov est considéré comme le père
du russe moderne. Il écrit le russe en vers et en prose et a du succès comme
poète lyrique. Sa Grammaire écrite également en russe est publiée en 1755.
Critique, elle révèle les nombreux points de contact entre le russe, l’alle‐
mand, le français, le latin. Le théâtre comique se développe grâce à Denis
Fonvizine (1745-1792), son principal représentant, avec Le Brigadier
(1766), Le Dadais (1782). C’est sous le règne de Catherine II que débute la
poésie lyrique. Gabriel Derjavine (1743-1846) mêle l’ode à la satire et y
célèbre les victoires militaires comme les événements de la cour. La fin du
XVIIIe siècle apporte la traduction d’un certain nombre d’œuvres euro‐
péennes.
CHAPITRE XVII
Au centre des treize colonies, New York (la ville est ainsi nommée à par‐
tir de 1664, l’ancienne Nouvelle-Amsterdam ayant été prise aux Hollan‐
dais), le New Jersey, le Delaware, la Pennsylvanie ont une population plus
diversifiée, mêlant Britanniques, Français, Hollandais, Suédois. Les qua‐
kers, littéralement les « trembleurs », ceux qui tremblent devant Dieu,
fondent la Pennsylvanie et sa capitale, Philadelphie. Issus d’un courant pu‐
ritain, ils vivent en accord avec la Bible et ses enseignements. Au Sud, le
Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, la Géorgie
vivent de l’agriculture et du système de plantations où sont cultivées les
plantes nécessaires à l’industrie, dont le coton. La main-d’œuvre y est es‐
clave, la société très clivée : tout en bas les esclaves, au milieu les couches
plus ou moins populaires des villes et des artisans, professions libérales, au
sommet une aristocratie de grands propriétaires de plantation, qui domine la
vie politique. Chaque colonie est dirigée par un gouverneur, représentant du
souverain britannique, mais issu d’influentes familles locales. Il exerce le
pouvoir exécutif. Les colons sont représentés par une assemblée qui vote
l’impôt. La population totale vers 1760 est d’environ 1,5 million d’habi‐
tants. De 1702 à 1713 les treize colonies vivent elles aussi au rythme de la
guerre de Succession d’Espagne qui oppose Anglais, Français, Espagnols.
Le traité d’Utrecht (1713) consacre le recul de la présence française, Terre-
Neuve et l’Acadie sont perdus. Puis la guerre de Sept Ans (1754-1763)
éclate à propos d’un différend entre la France et la Virginie, chacun reven‐
diquant la possession de la vallée de l’Ohio. Espagne et Grande-Bretagne
s’allient, la France reçoit l’aide des nations Cherokee et Ottawa qui vou‐
draient se débarrasser des Britanniques. Le traité de Paris (1763) marque la
presque disparition de la présence française. Elle cède le Québec et les terri‐
toires à l’est du Mississippi à la Grande-Bretagne, la Louisiane à l’Espagne,
cette dernière échange la Floride contre Cuba avec les Britanniques.
VERS L’INDÉPENDANCE
LA COLONISATION
LE PROBLÈME INDIEN
1. L’Inde
La mort d’Aurengzeb, en 1707, clôt l’ère des Grands Moghols, les souve‐
rains suivants sont désignés sous la seule appellation de Moghols. Bahadur
Shah (1707-1712) règne encore avec une certaine autorité, mais ne peut
contenir la montée en puissance des nawabs, gouverneurs de province deve‐
nus indépendants. Après lui, les empereurs ne le sont guère que de nom,
sans pouvoir véritable. Ils dépendent du bon vouloir de seigneurs de la
guerre et de courtisans qui consentent à les honorer d’un titre vide de réel
pouvoir. La ville de Delhi est prise et saccagée à deux reprises, par Nādir
Shah (1736-1747) de Perse et par Ahmed Shah Abdali (1747-1772), créa‐
teur de l’Empire Durrani (1747-1826) en Afghanistan. L’essentiel du terri‐
toire de l’Empire moghol passe sous contrôle des Marathes, redoutables
princes guerriers. Après 1800, douze petites principautés des environs de
Lahore s’unissent sous l’autorité unique de Ranjit Singh (1780-1839) for‐
mant l’Empire sikh autour du Panjab, qui dure cinquante ans avant d’être
annexé par les Britanniques en 1849. La puissance de l’État s’appuie sur
une armée de quatre-vingt-dix mille hommes habillés d’uniformes de type
anglais. Les instructeurs sont français et italiens. Après la soumission des
sikhs et la défaite de Tippu Sahib (ou Tippu Sultan) (1749-1799) à My‐
sore en 1799, seuls les Marathes s’opposent à l’avancée britannique. La
troisième guerre des Marathes qui défend l’hindouisme dure de 1817 à
1818. Les princes marathes appuient les incursions des pillards pindaris sur
les territoires de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Finalement les
Anglais parviennent à abattre les princes marathes considérablement affai‐
blis par leurs dissensions en leur infligeant une série de défaites, qui en‐
traîne par son ampleur la disparition de la confédération marathe. Le Mo‐
ghol doit également faire face à l’Empire sikh et aux Nizams ou princes de
Hyderabad. En 1804 Shah Alam II (1759-1806) accepte la protection de la
Compagnie anglaise des Indes orientales. C’est une mise sous tutelle, bien
rendue par le titre de « roi de Delhi » que lui attribuent les Britanniques,
omettant à dessein celui, de pure forme pourtant, d’« empereur des Indes ».
Les Britanniques dissolvent l’armée moghole. En 1857, ils prennent pré‐
texte de la révolte des Cipayes pour déposer le dernier Moghol, Bahadur
Shah Zafar (1837-1857), exilé en Birmanie jusqu’à sa mort en 1862. La ré‐
volte des Cipayes est celle des auxiliaires indigènes de l’armée britannique,
les Cipayes, lassés d’être considérés par le racisme et le mépris comme des
soldats de seconde catégorie. Commencée en mai 1857 à Meerut, au nord-
est de Delhi, elle devient rapidement une guerre d’indépendance quand ra‐
jahs, princes indiens la rejoignent, comme la Rani, ou reine de Jhansi
(1828-1858). La guerre dure jusqu’en 1859. En 1858, la Compagnie an‐
glaise des Indes orientales qui administrait les territoires soumis pour la
couronne britannique est dissoute. Désormais, dans le cadre du British Raj,
Empire indien britannique, la couronne administre elle-même l’empire,
avec à sa tête un vice-roi des Indes.
2. La Chine
Deux princes d’exception portent la dynastie Qing à son apogée, les em‐
pereurs Kangxi (1662-1722) et Qianlong (1735-1796). Leurs longs règnes
assurent à la Chine prospérité et puissance. Leurs successeurs, enfermés
dans la Cité pourpre interdite de Pékin, laissant la mainmise du palais aux
eunuques, se replient sur le rêve d’une Chine impériale redoutable défunte.
Incapables de réformer l’empire de l’intérieur, ils le laissent dépecer peu à
peu par les puissances occidentales renforcées par la révolution industrielle
et le Japon. La révolution sociale et politique menée par ce dernier inspire
une tentative de réforme de l’appareil d’État, en 1898, par l’empereur
Guangxu (1875-1908), mais l’impératrice douairière Cixi (1835-1908)
l’évince du pouvoir, le détient jusqu’à sa mort en étroite et humiliante tu‐
telle, enfermé et gardé. Kangxi (1662-1722) est l’exact contemporain de
Louis XIV, avec lequel il échange une correspondance, où, suivant les
usages des princes, ils se nomment réciproquement « cousin ». Souverain
lettré, curieux, il ouvre la cour à un père jésuite, Jean-François Gerbillon
(1654-1707), chargé de l’enseignement des mathématiques et de l’astrono‐
mie, qui traduit en chinois les Éléments d’Euclide, introduit la peinture oc‐
cidentale. À l’extérieur, les Mongols, les Tibétains, les Russes sont conte‐
nus. À l’intérieur, les derniers princes encore fidèles à l’ancienne dynastie
Ming tentent une révolte dans le Sud, vite écrasée. Désormais, en reprenant
le système des examens déjà à l’honneur sous les Tang, les Qing recrutent
par méritocratie des fonctionnaires dont ils s’assurent la fidélité. La poli‐
tique religieuse de Kangxi suit deux périodes : en 1692 il annule l’édit im‐
périal de 1665 qui prohibait le christianisme en Chine. Mais le pape refuse
la pratique d’un syncrétisme local, teinté de rites comme le culte des an‐
cêtres. Cette condamnation modifie l’attitude de l’empereur, en 1717 la pré‐
dication est interdite, en 1724 son successeur expulse les missionnaires.
Qianlong (1735-1796), au long de ses soixante et une années de règne,
agrandit l’empire par l’expansion et la création de nouvelles provinces au
Nord-Ouest, élimine les menaces turque et mongole. Il restaure et embellit
la Cité interdite, qui portait encore les marques des troubles de 1644. Il
maintient un contact avec le monde occidental, mais surtout sous la forme
d’entretiens savants avec des pères jésuites reçus à la cour, le christianisme
demeure en revanche interdit. L’empereur comprend que le maintien de sa
dynastie est lié à sa capacité à assurer aux Chinois une nourriture abon‐
dante, ses édits favorisent le développement d’une paysannerie de petits et
moyens propriétaires, la triple récolte annuelle de riz se généralise.
L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE
A. LE MONDE DU XIXe SIÈCLE
Le XIXe siècle est marqué par deux dates qui ouvrent et ferment la pé‐
riode, la Révolution française de 1789 et les débuts de la Première Guerre
mondiale en 1914. La première marque la fin de l’Ancien Régime dans un
pays gouverné depuis le Moyen Âge par des dynasties royales. Les horizons
nouveaux qui s’ouvrent sont dus à l’énoncé de la souveraineté populaire,
enjeu des révolutions de 1830, 1848, 1871. Toutes les revendications poli‐
tiques et sociales qui traversent le XIXe siècle y seront puisées, respect de
l’individu, égalité au sein des valeurs de la Révolution. La France effective‐
ment sera traversée par de nombreuses crises, trois révolutions, plusieurs
formes de gouvernement : un consulat, deux empires, trois monarchies et
deux républiques. Il est difficile d’évaluer l’héritage culturel que laisse la
Révolution française. Toujours est-il que libérant la pensée de l’autorité de
l’Église et de la tutelle royale, elle permet au progrès intellectuel d’émerger.
Les théories sur l’évolutionnisme relèguent le fixisme, fondé sur l’interpré‐
tation de la Genèse, au second plan. Le comtisme, le positivisme rem‐
placent l’ordre divin par l’ordre naturel et montrent l’émancipation de ces
sociétés modernes à l’égard des religions et de l’Église. Époque d’instabi‐
lité politique, sociale, économique, le XIXe siècle est marqué par l’appari‐
tion de nombreux courants artistiques et littéraires : romantisme, réalisme,
naturalisme, impressionnisme, symbolisme, correspondant à une vie origi‐
nale de l’homme dans le monde.
CHAPITRE PREMIER
Le Premier Empire
LA RESTAURATION (1815-1830)
Charles X, l’absolutiste
Dreyfus
L’école de Barbizon, dite « école de 1830 », tient son nom du petit vil‐
lage à 60 km de Fontainebleau, où des peintres regroupés autour de Théo‐
dore Rousseau cherchent dans la nature un renouveau du paysage. Jean-
François Millet, Théodore Rousseau, Jules Dupré (1811-1889) et leurs
amis y trouvent une source incomparable d’inspiration dans la contempla‐
tion du paysage à toutes les heures et en toutes saisons. Ils parviennent à ce
que leurs tableaux ne soient pas seulement une reproduction du lieu donné
mais l’expression d’un état d’âme devant ce lieu.
L’impressionnisme
C’est en 1874 qu’un groupe de jeunes peintres, dont les toiles sont refu‐
sées à l’exposition officielle, « le Salon », organise sa propre exposition, et
se voit, en raison du titre du tableau Impression, soleil levant de Claude
Monet, affublés du substantif, caricatural à l’époque, d’« impression‐
nistes ». Le terme impressionnisme sera employé pour la première fois par
un critique du journal Le Charivari, Louis Leroy, lors de son commentaire
sur le tableau de Monet. Mais, selon les souvenirs d’Antonin Proust consa‐
crés à Manet et publiés dans La Revue blanche, les deux hommes auraient
employé le terme au cours de leur conversation. Le mouvement, né en
1874, va durer jusqu’en 1886, puis évoluer par l’éclatement de tendances
divergentes. Les peintres impressionnistes se caractérisent par le refus des
sujets religieux ou historiques, l’inspiration provient surtout des paysages,
des groupes de la société, des individus que l’on portraiture. La technique
picturale évolue, elle doit correspondre à un désir de dissoudre dans une
impression les objets de la réalité complète, et l’abandon de la composition
s’accompagne du choix de couleurs pures, directement appliquées sur la
toile, et non plus mélangées sur la palette, elles sont posées sur le tableau au
pinceau ou au couteau, même parfois au tube directement. Le travail en
plein air a poussé les peintres à utiliser des couleurs pures et lumineuses.
L’invention de pigments artificiels, celle des tubes de couleurs permirent
d’étendre le nombre de couleurs disponibles et d’élargir la palette chroma‐
tique. Turner en est le grand précurseur par son utilisation de la couleur, le
brouillage des formes. Les contours dans les œuvres impressionnistes
n’avaient pu rester aussi arrêtés que dans l’ancienne peinture, les lignes aus‐
si rigides, les formes aussi précises. Quand l’impressionniste peignait le
brouillard ou les buées qui enveloppent les objets, quand il peignait les
plaques de lumière vacillante, qui, à travers les arbres agités par le vent,
viennent éclairer certaines parties du sol, quand il peignait l’eau houleuse
de la mer, se brisant en embrun sur les rochers, ou le courant rapide d’une
inondation, il ne pouvait espérer réussir à rendre son effet qu’en supprimant
les contours rigides et arrêtés.
C’était réellement l’impression que les choses faisaient sur son œil qu’il
voulait rendre, des sensations de mouvement et de lumière qu’il voulait
donner, et il ne pouvait y parvenir qu’en laissant souvent sur sa toile les
lignes indéfinies et les contours flottants2. La préoccupation qui demeure au
centre de l’impressionnisme est celle de rendre les couleurs changeantes
sous les jeux d’ombre et de lumière, la fugacité des sujets sans forme défi‐
nie, comme la vapeur et les nuages de La Gare Saint-Lazare (1877) à Paris
de Claude Monet. La nécessité pour quelques artistes, Frédéric Bazille
(1841-1870), Claude Monet (1840-1926), Auguste Renoir (1841-1919),
Alfred Sisley (1839-1899), de faire une peinture vivante et nourrie de sen‐
sations face au monde que l’on observe se fait pressentir. Ils quitteront l’ate‐
lier de Charles Gleyre (1806-1874), déçus par un enseignement acadé‐
mique, pour rejoindre la forêt de Fontainebleau et y peindre.
Ils ne constituent pas une école, chacun d’entre eux a son style, ses parti‐
cularités, ses recherches picturales. La première exposition a lieu en 1874,
puis les suivantes s’étalent jusqu’en 1886, soit huit expositions qui ponctue‐
ront le mouvement. Il faut rattacher à ces événements les noms d’Eugène
Boudin, Gustave Caillebotte, Mary Cassatt, Paul Cézanne, Berthe Mo‐
risot, Camille Pissarro, Alfred Sisley pour les principaux. Ce ne sont pas
les peintres mais des marchands d’art qui feront la promotion de leurs
œuvres à l’étranger. En 1870, Paul Durand-Ruel les présente dans sa gale‐
rie londonienne en même temps que les toiles des peintres de Barbizon. Le
XIXe siècle en peinture sera l’histoire de l’acquisition de la liberté pour l’ar‐
tiste. L’histoire d’une rupture qui consiste à privilégier la couleur et la lu‐
mière aux dépens du dessin, seul Manet y restera attaché, et décomposer
cette même lumière en touches franches juxtaposées que l’œil reconstituera
par effet d’optique. Ce sera le mouvement pictural le plus marquant du
siècle, car il est le premier à illustrer totalement la liberté de création sans
règles préconisées par les romantiques.
• Monet, Renoir, Sisley, Bazille font connaissance aux Beaux-Arts en 1862. Ils
constituent le noyau central du mouvement impressionniste. Bazille est tué au front en
1870 lors de la guerre contre la Prusse.
• Degas se lie avec Manet dès 1862, il rencontre Monet et Renoir en 1866 au Café
Guerbois. La femme peintre américaine Mary Cassatt (1844-1926) est sa disciple à
partir de 1877.
• Manet a pour élèves Berthe Morisot (1841-1895), à partir de 1868, puis Eva Gon‐
zales (1849-1883).
• Caillebotte rencontre Degas, Monet et Renoir en 1873. En 1874, il monte avec eux
la première exposition des impressionnistes, avant de devenir coorganisateur et cofi‐
nancier de la plupart des suivantes. Manet et Corot ne participeront pas à cette expo‐
sition.
• Gauguin, à ses débuts comme peintre amateur, rencontre Pissarro en 1875 et de‐
vient son élève. À partir de 1879, il est présent aux expositions impressionnistes.
• Van Gogh, en mars 1886, arrive à Paris. Il découvre et fait partie de l’impression‐
nisme.
Le japonisme
Après 1860, le Japon devient une source d’inspiration pour les peintres français. L’art
japonais contribue à une recherche de la modernité en présentant dans ses œuvres
l’absence de plans successifs. La découverte de l’Ukiyo-e du « monde flottant » sur
les estampes fera office de déclencheur par son sujet, ses lignes, sa composition. Ma‐
net figurera Mallarmé, Émile Zola avec des éléments japonisants dans ces tableaux,
tenture japonaise, estampes japonaises en fond. Il intègre aussi des techniques fami‐
lières à l’Ukiyo-e : sujets coupés par les limites du cadre, suppression de l’horizon afin
d’obtenir un plan plat.
Les grands courants artistiques et leur façon de peindre un corps aux XIXe et XXe siècles
Époque Courant Principaux peintres Caractéristiques
1770-1830 Romantisme Delacroix (1798-1863) Le corps est évoqué au sein de
Géricault (1791-1824) sujets mythologiques. L’artiste
Turner (1775-1851) est individualiste, sa liberté est
grande. Il recherche avant tout la
beauté, le caractère. Son thème
de prédilection reste la nature,
parfois le sentiment religieux et
l’Orient.
1825-1848 Boudin (1824-1898) Les corps sont peu représentés,
Corot (1796-1875) ou dans des scènes de la vie quo‐
Naturalisme et
Millet (1814-1875) tidienne. Les excès de roman‐
l’école de Barbi‐
Rousseau (1812-1867) tisme ont suscité cette réaction.
zon
Les peintures sont faites en forêt
et non plus dans les ateliers.
1840-1870 Réalisme Courbet (1819-1877) Les sujets sont puisés dans la
Daumier (1808-1879) vie quotidienne. Courant qui
évolue surtout autour de Courbet.
Les corps sont montrés tels qu’ils
sont.
1874-1900 Impressionnisme Manet (1832-1883) Importance de plus en plus
Monet (1840-1926) grande de la couleur. L’espace
Bazille (1841-1870) pictural a évolué, la vision est
Degas (1834-1917) immédiate. La photographie
Morisot (1841-1895) fournit les idées de pose aux
Pissarro (1830-1903) peintres (Monet). Intention de vie
Renoir (1841-1919) et de mouvement. Les corps,
Sisley (1839-1899) lorsqu’ils sont peints nus, doivent
traduire une sensation, une émo‐
tion.
1870-1901 Symbolisme Moreau (1826-1898) Primauté de l’idée sur la
Puvis de Chavannes forme. La peinture y est essen‐
(1824-1898) tiellement décorative. Mytholo‐
gie inquiétante où les corps sont
richement parés (G. Moreau).
1840-1900 (envi‐ Académisme Cabanel (1823-1889) Jusqu’à la fin du siècle, ce cou‐
ron) rant contrôle officiellement les
peintures par le système des Sa‐
lons. Les éléments sont repris au
classicisme. Le sujet est roi avec
les « pompiers ».
1888-1900 Les nabis Bonnard (1867-1947) Importance redonnée à la com‐
Denis (1870-1943) position. Scènes de la vie quoti‐
Vuillard (1868-1940) dienne, scènes de toilette (Bon‐
nard).
1905-1910 Fauvisme Derain (1880-1954) Les thèmes les plus recherchés
Matisse (1869-1954) sont le visage et la nature. Les
Vlaminck (1876-1958) couleurs employées sont vio‐
lentes, mais soumises au seul
choix du peintre.
1907-1914 Cubisme Braque (1882-1963) L’espace est vu en une multi‐
Cézanne (1839-1906) tude de facettes qui divisent les
Gris (1887-1927) volumes. L’idée est de rendre
Duchamp (1887-1968) compte des objets, des corps, non
Léger (1881-1955) en tant qu’image statique, mais
Picasso (1881-1973) dans leur réalité profonde. Rup‐
ture totale avec la peinture clas‐
sique. Surfaces géométriques
dans les plans.
1911-1940 Expressionnisme Kandinsky (1866- Formes et tensions conflic‐
1944) tuelles où le psychisme émerge.
Kokoschka (1886- Corps torturés dans la société
1980) moderne, mal-être. Van Gogh est
Munch (1863-1944) considéré comme l’un des pré‐
Schiele (1890-1918) curseurs du mouvement.
1924 Surréalisme Dalí (1904-1989) Manifeste du surréalisme publié
Ernst (1891-1976) par André Breton en 1924. Atti‐
rance pour traduire les méca‐
Magritte (1898-1967) nismes de la pensée. Son but : ri‐
Tanguy (1900-1955) valiser avec la science. Les corps
sont placés dans un univers fan‐
tasmagorique (Dalí, Magritte).
Après 1945 L’abstraction, Gorky (1904-1948) Style gestuel spontané. Le corps
« Action pain‐ Pollock (1912-1956) n’est que très rarement représen‐
ting », op art Vasarely (1908-1997) té, mais c’est celui de l’artiste qui
(optical art) traduit les émotions sur la toile.
1960 Réalisme et Hy‐ Bacon (1909-1992) Expression très personnelle.
perréalisme Lichtenstein (1923- Les corps apparaissent avec leurs
1997) véritables détails anatomiques.
Warhol (1928-1987) La finalité de cette démarche est
la quête de l’essence et de la défi‐
nition de l’art.
Le postimpressionnisme
L’art naïf
L’art naïf désigne une école de peinture prônant un style pictural figuratif
caractérisé par la minutie apportée aux détails, l’emploi de la couleur gaie
en aplats et une mise en scène de paysages campagnards, animaux domes‐
tiques ou sauvages, costumes folkloriques, la vie citadine ou rurale. Le plus
représentatif en est le douanier Rousseau, Henri Rousseau (1844-1910).
Ses sources d’inspiration sont diverses : Jardin des Plantes, cartes postales
illustrées, paysages exotiques. Le paysage est presque toujours sur le même
plan que les sujets, juxtaposés, ils paraissent massifs : Danses italiennes
(1885), Rendez-vous dans la forêt (1889), Les Joueurs de football (1908).
Le symbolisme
Le néoclassicisme
Le néogothique
L’art nouveau
◆ Le style Napoléon III (1808-1873) reprend les styles qui l’ont précé‐
dé. Les ébénistes, tapissiers, décorateurs puisent à toutes les sources : go‐
thique, Renaissance, Louis XVI. Le style du Second Empire se veut inventif
dans les formes des meubles, tabourets, canapés, fauteuils crapauds.
Paul Valéry disait qu’il fallait avoir perdu l’esprit pour définir le roman‐
tisme. Comme les autres mouvements littéraires, naturalisme, réalisme,
symbolisme, ils se retrouvent dans des périodes chronologiques aux limites
fluctuantes. D’une façon générale, les ouvrages classiques font commencer
ce mouvement entre la publication des Méditations poétiques de Lamartine,
en 1820, celle des Burgraves de Victor Hugo, en 1843, mais d’autres se
contentent de le placer dans le premier tiers du XIXe siècle. Enfin certains
font du Génie du christianisme de Chateaubriand, en 1802, tout comme le
traité De l’Allemagne (1813) de Madame de Staël, et la préface de Crom‐
well, en 1827, de Victor Hugo son acte de naissance. Celle-ci est une véri‐
table défense et illustration du drame romantique. Les préceptes dont la tra‐
gédie est dotée depuis le grand siècle, notamment la règle des trois unités,
sont remis en question. L’intrigue devait former un tout, unité d’action,
mais aussi unité de lieu, un seul lieu devait être évoqué, unité de temps, la
durée des événements évoqués ne devait pas dépasser vingt-quatre heures.
Trois ans plus tard dans la préface d’Hernani, Victor Hugo, devenu chef de
file du mouvement, affirme que « le romantisme, c’est le libéralisme en lit‐
térature ». La controverse prend un tour passionné à propos de trois textes,
considérés comme les manifestes du romantisme, la préface de Victor Hugo
pour son premier drame, Cromwell, le texte d’Alexandre Dumas (1802-
1870), Henri III et sa cour (1829), et surtout la pièce de Hugo, Hernani,
dont la première, le 25 février 1830, déclenche une bataille rangée parmi les
spectateurs, inconditionnels ou farouches opposants du romantisme nais‐
sant. C’est surtout avec le mouvement allemand du Sturm und Drang que le
mot prend son sens moderne pour désigner au début le goût pour la poésie
médiévale et chevaleresque.
LAUTRÉAMONT
LE RÉALISME (1850-1880)
L’une des étapes du naturalisme, en 1880, passe par Les Soirées de Mé‐
dan, recueil de nouvelles d’Émile Zola, Guy de Maupassant, Joris-Karl
Huysmans, Henry Céard, Léon Hennique et Paul Alexis. Les naturalistes
adoptent une approche plus scientifique et plus analytique de la réalité.
Aussi Zola emprunte à Hippolyte Taine, philosophe positiviste, le terme de
naturalisme. En fait, le terme s’est déjà aussi imposé en peinture. Mais dans
Le Roman expérimental (1880), Zola développe un parallèle entre les mé‐
thodes du romancier et celles de la science expérimentale. La définition du
naturalisme s’approfondit encore avec Maupassant dans l’introduction de
son roman Pierre et Jean (1888), avec Huysmans qui souligne que le natu‐
ralisme peut être défini comme l’étude analytique d’un milieu donné, la re‐
lation déterministe entre le milieu et les personnages, l’application d’une
théorie mécaniste de la psychologie, et le rejet de toute forme d’idéalisme.
Guy de Maupassant, dans Le Roman (1887), déclare que son intention est
d’« écrire l’histoire du cœur, de l’âme et de l’esprit dans leur état normal »,
ce qui implique l’utilisation de détails importants pour mettre en relief les
névroses et les désirs masqués par les apparences quotidiennes. Dans Les
Rougon-Macquart de Zola, l’étude à travers une seule famille met l’accent
sur les conséquences déterministes de l’hérédité et de l’environnement. En
vingt volumes, Émile Zola met en scène le destin des hommes, ouvriers de
L’Assommoir (1877), courtisanes comme Nana (1880), mineurs de Germi‐
nal (1885), paysans exploités de La Terre (1887).
DANDYS ET DÉCADENTS
Le symbolisme
Le XIXe siècle est une période où tous les extrêmes perdurent ensemble. À
côté des épanchements, sentiments, du romantisme exacerbé, la raison
continue de réclamer sa place contre les tentations plus ou moins mystiques
de la religion. L’esprit scientifique, héritage des Lumières, trouve son appui
dans le positivisme qui finira lui-même par ses excès à préparer le scien‐
tisme. La philosophie va osciller entre matérialisme et spiritualisme et
contribuer à créer un fossé de plus en plus profond en elle-même, soupçon‐
née d’être trop longtemps restée proche de la métaphysique, la science étant
prise pour tenant de toute vérité.
Les disciples français de Kant ont surtout été séduits par sa morale. Net‐
tement idéalistes, ils pensent que notre vue du monde est intimement liée à
un acte libre qui permet de discerner ce qui est vrai. Ils s’affirment en tant
que philosophes de la liberté et de la contingence en réaction contre le posi‐
tivisme. La religiosité les caractérise. Il s’agit d’Antoine Augustin Cour‐
not (1801-1877), Jules Lachelier (1832-1918), Charles Secrétan (1815-
1895) et Charles Renouvier (1815-1903), qui s’affirma comme chef du
« néocriticisme » avec son Essai de critique générale (1851-1864).
LE SPIRITUALISME
La morale
La religion
Le temps bergsonien
Bergson ne cherche pas, dans son Essai sur les données immédiates de la
conscience, à analyser l’idée abstraite du temps, mais son expérience
concrète. Il introduit la notion de durée et tente de transposer la métaphy‐
sique « sur le terrain de l’expérience ». Le seul temps que l’on peut saisir
est le temps personnel, la durée intérieure. Peut-on mesurer la durée de sa
conscience ? Nous sommes confrontés à deux réalités parfaitement diffé‐
rentes : d’une part, l’étendue quantitative, divisible, homogène, unique objet
du positivisme, et d’autre part, la durée qualitative fournie par l’expérience
interne.
Matière et mémoire
Auguste Comte
La religion de l’humanité
LA SOCIOLOGIE
Le sociologisme
Il part d’une étude scientifique des faits sociaux pour expliquer l’homme
tout entier par la société. Son principe est qu’il existe des phénomènes exté‐
rieurs à l’individu, qui n’en font plus partie. Ces phénomènes, il les nomme
« faits sociaux ». Ce sont les nations, les gouvernements, les groupes reli‐
gieux. « Notre règle n’implique donc aucune conception métaphysique, au‐
cune spéculation sur le fond des êtres. Ce qu’elle réclame, c’est que le so‐
ciologue se mette dans l’état d’esprit où sont les physiciens, chimistes, phy‐
siologistes quand ils s’engagent dans une région encore inexplorée dans
leur domaine scientifique11. » Tout ce dont le rationalisme rend compte par
la raison s’explique par la société. Un bon jugement, une bonne morale est
ce qui est reconnu, admis par elle. Mais ce sont des valeurs relatives puis‐
qu’aucune société n’est fixe. La morale, la vérité sont autant d’éléments qui
se modifient. Dans Le Suicide, Durkheim constate de la même façon que
l’individu est dominé par une réalité morale qui le dépasse : la réalité col‐
lective. Cet acte qui semble individuel au premier abord est analysé pour
montrer que chaque peuple a son propre taux de suicide, généralement plus
constant que celui de la mortalité, qui obéit tout autant à des lois définies.
Le suicide est envisagé comme l’expression d’un acte collectif, puisqu’il est
la conséquence des faits sociaux. Il étudie les trois types principaux du sui‐
cide : égoïstes, anémiques (caractéristiques des sociétés modernes, où les
individus sont rendus de plus en plus autonomes par rapport à la pression
collective) et altruistes (qui se manifestent dans les sociétés primitives, ou
dans les sociétés militaires, quand l’homme est fortement intégré à la socié‐
té).
L’histoire du XIXe siècle est très centrée sur la variante nationale. Les
idées romantiques d’un Chateaubriand ou d’un Joseph de Maistre critiquent
de façon virulente l’histoire philosophique. Ils conçoivent la société comme
un processus lent d’évolution. Augustin Thierry (1795-1856), dans son Es‐
sai sur l’histoire de la formation et des progrès du tiers état, en 1850,
marque une étape décisive dans l’élaboration d’une science historique.
Nous devons à Adolphe Thiers (1797-1877) une Histoire de la Révolution
française (1823-1827), ainsi qu’une Histoire du Consulat et de l’Empire
(1845-1862). François Mignet (1796-1884) publie une Histoire de la Révo‐
lution française de 1789 jusqu’en 1814 (1824). Hippolyte Taine (1828-
1893) rédige un travail intitulé Les Origines de la France contemporaine
(1875-1893), dans lequel il étudie l’histoire de France en fonction de fac‐
teurs déterminant selon lui une spécificité française, la race, le moment, le
milieu. L’ensemble de la société est décrypté, analysé comme le pur produit
du passé et du caractère national qui donnent naissance à la France contem‐
poraine. Il est proche de Zola dans sa volonté de faire une histoire naturelle
du peuple français. Pour Taine tous les domaines où s’illustrent l’État,
l’Église, l’art, les lettres, la philosophie de la fin du XIXe siècle existent déjà
en potentialité à l’aube de celui-ci. Le danger vient de ce qui brise le rythme
de cette évolution, les révolutions trop brusques qui rompent l’harmonie.
Mathématiques et astronomie
Physique
C’est dans ce domaine que les sciences expérimentales réalisent les pro‐
grès les plus considérables. L’ingénieur français Augustin Fresnel (1778-
1827) démontre, en 1818, que les phénomènes lumineux sont d’origine mé‐
canique, provenant de vibrations qui se propagent par ondes successives.
S’intéressant à la chaleur, Nicolas Léonard Sadi Carnot (1796-1832) éta‐
blit le système en vertu duquel un système matériel tend toujours vers
l’équilibre des températures. Il est suivi dans ses recherches par le Britan‐
nique James Prescott Joule (1818-1889) qui énonce le principe de conser‐
vation de l’énergie.
L’électricité
André-Marie Ampère (1775-1836) montre, en septembre 1820, que
deux fils conducteurs parallèles, parcourus par un courant, et proches,
exercent l’un sur l’autre des phénomènes d’attraction ou de répulsion en
fonction du sens réciproque du courant qui passe dans chacun. Dès 1821, il
réalise le premier galvanomètre, et publie, en 1826, son Mémoire sur la
théorie des phénomènes électrodynamiques, uniquement déduits de l’expé‐
rience. François Arago (1786-1853), pendant la même période, met au
point l’électro-aimant. Toutes ces découvertes reposent sur celle de la pile
électrique de l’Italien Alessandro Volta (1745-1827), inventée vers 1800.
Mais le progrès le plus grand est dû à l’Anglais Michael Faraday (1791-
1867) qui, en 1831, fait évoluer l’électromagnétisme par la révélation de
l’induction : si l’on relie deux circuits électriques, le fait, pour le courant, de
passer dans le premier circuit d’une intensité nulle à une intensité I occa‐
sionne une brève production d’électricité dans le second circuit. Les appli‐
cations de cette trouvaille sont rapides : première dynamo de Pacinotti en
1861, seconde de Gramme en 1869 et enfin alternateur inventé en 1883 par
Tesla, utilisé dans le domaine industriel en 1898.
La photographie
Le premier libéralisme
Les communistes
Fonction : l’idéologie est au service des intérêts de la classe dominante. Elle ne sert
donc, comme les idées, à rien a priori. Toutefois elle aide, par ses conflits mêmes, le
prolétariat à prendre conscience de son aliénation. En ce sens, elle est utile malgré
elle.
C’est sous le titre allemand Der Ursprung der Familie, des Privateigen‐
tums und des Staats ou L’Origine de la famille, de la propriété privée et de
l’État que paraît, en 1884, l’ouvrage de Friedrich Engels consacré à l’évolu‐
tion sociale. S’inspirant du Capital, l’auteur refuse l’idée de structures so‐
ciales permanentes qui seraient inhérentes à l’humanité, toutes sociétés
confondues.
Notes
1. À ce sujet, voir Nadine Vivier, Dictionnaire de la France au XIXe siècle, Paris, Hachette, 2002.
2. Théodore Duret, Histoire des peintres impressionnistes, Paris, Floury, 1939, p. 26.
3. Georges Gusdorf, Naissance de la conscience romantique au siècle des Lumières, Paris, Payot,
1976.
4. Pierre Citti, « Le symbolisme », in Encyclopædia Universalis.
5. Henri Bergson, « La Pensée et le mouvant », in Œuvres, Paris, Puf, 1959, p. 1395.
6. Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion, Paris, Flammarion, 2012.
7. Cours de philosophie positive, I, quatre tomes, éd. BookSurge Publishing, 2001, p. 3.
8. Préface à la Politique positive, III, 1854, Système de politique positive, Paris, Vrin, 2000.
9. Raymond Aron, Les Étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des
sciences humaines », 1967, p. 16.
10. Raymond Aron, Le Développement de la société industrielle et la stratification sociale,
C.D.U., 1958, p. 10.
11. Émile Durkheim, Règles de la méthode sociologique [1895], rééd. Paris, Puf, 2004, p. 14.
12. Guy Thuillier et Jean Tulard, La Méthode en histoire, Paris, Puf, « Que sais-je ? », 1993, p. 38.
13. Pierre-Laurent Assoun, Histoire de la psychanalyse, t. I, Paris, Hachette, 1982, p. 159.
14. Rappelons que la notion d’inconscient était déjà introduite dans le vocabulaire philosophique
par Descartes et Leibniz. Mais il s’agit d’un inconscient physiologique. Les phénomènes que consti‐
tuent « passion » ou « petites perceptions » sont des manifestations corporelles.
15. Sigmund Freud, La Naissance de la psychanalyse, Paris, Puf, 1973, p. 315.
16. Sigmund Freud, L’Interprétation des rêves, Paris, Puf, 1976, p. 14.
17. Philippe Buonarroti, Histoire de la conspiration pour l’égalité dite de Babeuf : suivie du pro‐
cès auquel elle donna lieu, G. Charavay jeune, 1850, 253 p.
CHAPITRE II
Après son père George III qui a perdu la raison, le nouveau roi d’Angle‐
terre, George IV (1820-1830), bénéficie de peu de crédit dans l’opinion pu‐
blique. Sa vie de dandy, ses dépenses, la mésentente avec son épouse, son
autoritarisme lui aliènent les sympathies, lui valent le surnom dépréciatif de
« Prinny », « le scandaleux ». En 1829, après plusieurs tentatives avortées,
le Premier ministre Robert Peel (1788-1850) finit par faire accepter au roi
la loi d’émancipation des catholiques, considérés comme des sujets de se‐
conde zone par un souverain protestant. George IV meurt le 26 juin 1830.
Son frère lui succède sous le nom de Guillaume IV (1830-1837), à l’âge de
soixante-quatre ans. La crise économique et le mécontentement social né‐
cessitent des réformes. Pour les réaliser, le roi appelle le chef du parti whig,
Charles Grey (1764-1845). Devenu Premier ministre, il fait voter la nou‐
velle loi électorale de 1832. Celle-ci rééquilibre la répartition des sièges en
faveur des villes, uniformise les conditions pour être électeur – être proprié‐
taire d’un bien rapportant 10 livres de revenu – et double le corps électoral
qui passe à plus de huit cent mille électeurs. Les deux partis qui alternent au
pouvoir évoluent également, changent de nom, le parti tory devient parti
conservateur et celui des whigs parti libéral. Guillaume IV meurt le 20 juin
1837. La couronne d’Angleterre passe à sa nièce, Victoria (1819-1901),
celle du Hanovre qui n’admet que la succession masculine au prince Er‐
nest-Auguste (1771-1851), cinquième fils de George III.
LE SIÈCLE DE VICTORIA
La reine Victoria Ire (1837-1901) domine tout le second XIXe siècle bri‐
tannique. Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, procla‐
mée impératrice des Indes en 1876, elle donne son nom à l’ère victorienne,
apogée de la puissance économique et colonisatrice du pays, mais aussi car‐
can des mœurs et incapacité à accompagner les transformations sociales
nées dans les tensions. En 1846, l’Angleterre adopte le libre-échange en
abolissant les Corn Laws, les lois sur les blés, régime protectionniste qui
permet aux grands propriétaires terriens de vendre leur blé à un cours élevé.
Après cette date, conservateurs et libéraux ne s’opposent plus fondamenta‐
lement et alternent au pouvoir, avec les figures dominantes de Benjamin
Disraeli (1804-1881) pour les conservateurs et de William Gladstone
(1809-1898) pour les libéraux. Disraeli gouverne entre 1866 et 1868 puis de
1874 à 1880, Gladstone de 1868 à 1874 puis de 1880 à 1886. Après 1886,
les conservateurs demeurent au pouvoir jusqu’en 1905. Benjamin Disraeli,
orateur talentueux, est le ferme soutien de la reine et le promoteur de l’Em‐
pire britannique et de sa mystique. William Gladstone veut défendre le
peuple, les opprimés, favoriser la paix. Victoria règne en respectant le parle‐
mentarisme britannique, mais se retire des affaires du gouvernement après
le décès de son consort, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha (1819-
1861) qu’elle épouse en 1840. Elle échappe à plusieurs tentatives d’assassi‐
nat et devient la « grand-mère de l’Europe » par l’intermédiaire de ses neufs
enfants alliés aux couronnes européennes. Mais la fin du règne est assom‐
brie, après 1890, par les difficultés économiques et les tensions sociales
nées d’une crise agricole et industrielle. La reine meurt le 22 janvier 1901,
après soixante-trois ans de règne. Son fils aîné, Édouard, prince de Galles
(1841-1910), lui succède sous le nom d’Édouard VII (1901-1910).
RÉFORMES ET PROBLÈMES
LA PEINTURE ROMANTIQUE
Un roman social
LE CRÉATIONNISME
Sa doctrine
1. Les survivances attestent que les sociétés les plus avancées ont connu
des stades antérieurs de civilisation.
2. Les similitudes observables dans les croyances et les institutions des
diverses sociétés prouvent l’unité psychique de l’homme ; elles induisent
aussi à penser que l’histoire de l’humanité se présente sous la forme d’une
série unilinéaire d’institutions et de croyances.
3. Les différents peuples représentant des stades différents de culture,
seule la méthode comparative permet d’établir l’évolution des institutions et
des croyances humaines. À l’évolutionnisme sont associés les noms de Ty‐
lor, Morgan, Frazer, Pitt-Rivers, McLennan, Westermarck, Stolpe, bien que
le concept d’évolutionniste ne rende jamais totalement compte de la totalité
de l’œuvre d’aucun de ces ethnologues1. »
Notes
1. Edward Sapir, Anthropologie, Paris, Minuit, 1967, p. 360.
CHAPITRE III
L’ASCENSION DE LA PRUSSE
LE VORMÄRZ
L’UNIFICATION ALLEMANDE
Les tableaux, les gravures, les sculptures qui sont réalisés en Allemagne
traduisent, comme en France pour la période de 1789 à 1900, les visions po‐
litiques et sociales du moment. L’influence française est manifeste et nom‐
breux sont les artistes allemands qui vinrent séjourner à Paris pour parfaire
leur formation. La vie culturelle allemande se développe dans les grandes
villes comme Dresde, Munich, Düsseldorf, Francfort, Berlin, Weimar.
DU RÉALISME AU SYMBOLISME
Le réalisme allemand
Le réalisme comporte trois tendances :
• La conscience de la fin d’un monde. Elle est présente dans les romans de Karl Im‐
merman (1796-1840), surtout Les Épigones (1838-1839), et s’illustre au théâtre avec
Christian Dietrich Grabbe (1801-1836), lyrique révolté, dans Don Juan et Faust
(1828).
• Le passé national. Il est illustré surtout par Konrad Ferdinand Meyer (1825-1898)
et Félix Dahn (1834-1912). La place essentielle y est donnée à la reconstitution histo‐
rique, à l’exaltation du sentiment national.
LE CLASSICISME DE WEIMAR
Les philosophes qui succèdent à Kant vont, dans un effort commun, ten‐
ter d’éliminer la chose en soi, c’est-à-dire la réalité en tant que telle, par op‐
position au phénomène inconnaissable, dont Kant reconnaissait l’existence.
L’idéalisme issu de Kant va devenir subjectif chez Johann Gottlieb Fichte
(1762-1814), objectif chez Schelling (1775-1854). Fichte accepte la philo‐
sophie critique de Kant mais rejette la dichotomie entre raison pratique et
raison spéculative, la « chose en soi ». D’où viennent tous les phénomènes ?
Pour Kant du sujet, pour Fichte, il en est même le créateur. Ce moi est un
moi universel et impersonnel. L’idéalisme de Fichte met l’accent sur la vo‐
lonté morale et la liberté. Schelling prétend que moi et non-moi existent au
même titre que l’un et l’autre ont une source commune, qui est une volonté
primitive, une force immanente. En désaccord avec Hegel et son idéalisme
absolu, les idées, la pensée y sont conçues comme la seule réalité irréduc‐
tible.
Sa doctrine
Fichte pense restituer ce que Kant n’a pas dit formellement. Ce dernier
rejetait l’intuition des choses en soi. Fichte rétablit l’intuition, la conscience
que l’esprit a de sa propre activité. Son système s’appuie sur trois principes.
Le premier principe, le moi, est présupposé par toute connaissance, il est ab‐
solu, inconditionné. Or, ce moi ne peut prendre conscience de soi qu’en se
limitant et en s’imposant selon la formule célèbre de Fichte : « Le moi ne se
pose qu’en s’opposant à un non-moi1 », ce qui constitue le second principe.
Les deux principes ne peuvent être conciliés que si apparaissent entre eux
deux termes corrélatifs : « un moi divisible » et un « non-moi divisible ».
Autrement dit, le moi oppose en lui-même un moi divisible et un non-moi
divisible. La triade hégélienne est réalisée à l’intérieur de moi (thèse-anti‐
thèse-synthèse).
Sa doctrine
Les grandes idées qui font la force du système philosophique de Hegel
sont empruntées à Schelling : l’idée d’une philosophie de la nature et de
l’histoire, les rapports étroits entre art, religion et philosophie. Schelling
corrige ce qu’il y a de trop radical dans l’idéalisme de Fichte. Il restaure le
monde extérieur. Pour lui, le non-moi existe et le moi aussi, au même titre,
et ont une source commune qui est une « volonté primitive ». Tous deux
sont la nature, véritable « odyssée de l’esprit ». Schelling attaque les sa‐
vants comme Bacon qui penchent plutôt pour la science que pour la philo‐
sophie. La nature ne peut pas appréhender les phénomènes scientifiques qui
la composent. Seule une intuition artistique peut les révéler. Lorsqu’il se
tourne vers la religion, Schelling s’inspire des théories de Jacob Böhme et il
esquisse dans Philosophie et religion (1804) une véritable théosophie. En
face de l’homme et de la nature, de ce premier monde, il en résulte un se‐
cond : Dieu. Dieu est l’infini, le parfait et particulièrement la volonté par‐
faite et infinie. Il est « l’être de tous les êtres ». La perspective de Schelling
est parfaitement panthéiste. L’homme, émanation de Dieu, pour se diviniser,
doit abdiquer son égoïsme et tendre à la divinisation par la raison et la vo‐
lonté.
Georg Wilhem Friedrich Hegel : penser les choses et le réel dans leur
unité
Sa doctrine
La philosophie
La philosophie de l’esprit
Religion et philosophie
L’hégélianisme
Sa doctrine
Nietzsche envisage la philosophie surtout en tant que création de valeurs.
Les valeurs originaires sont selon lui animées par la vie et la volonté de
puissance. Leur négation sera le fondement de sa morale et de sa métaphy‐
sique.
Pour Nietzsche, Dieu ne saurait être mort puisqu’il n’a jamais existé.
L’homme se découvre meurtrier de Dieu, aspire à devenir Dieu lui-même,
parce qu’il tourne le dos à la religion, et abandonne radicalement les valeurs
anciennes pour mettre en place les siennes, « humaines, trop humaines »,
celles du progrès, de la science. « Les dieux aussi se décomposent ! Dieu
est mort ! […] La grandeur de cet acte est trop grande pour nous. Ne faut-il
pas devenir dieux nous-mêmes pour simplement avoir l’air dignes
d’elle9 ? » La mort de Dieu est une étape qui porte l’espoir de créer un uni‐
vers neuf. Nietzsche se livre à une critique impitoyable de l’homme mo‐
derne qui ne croit ni aux valeurs divines ni aux valeurs humaines. Sa volon‐
té n’est plus volonté de puissance, mais volonté de néant. Au-delà du der‐
nier homme, il y a l’homme qui veut périr. Selon Gilles Deleuze, le dernier
homme représente le stade ultime du nihilisme, celui qui consiste à cesser
tout combat et à s’abrutir dans l’inertie. Le dernier homme serait le dénoue‐
ment de cette marche du nihilisme : « Ainsi racontée, l’histoire nous mène
encore à la même conclusion : le nihilisme négatif est remplacé par le nihi‐
lisme réactif, le nihilisme réactif aboutit au nihilisme passif. De Dieu au
meurtrier de Dieu, du meurtrier de Dieu au dernier des hommes10. »
Nietzsche et le nazisme
Né dans une riche famille de banquiers, après avoir suivi les cours de
Fichte et du sceptique Schulze, Schopenhauer obtient en 1814 à Iéna son
doctorat intitulé « La Quadruple Racine du principe de raison suffisante ».
Après la publication, en 1818, du Monde comme volonté et comme repré‐
sentation, il est chargé de cours, en 1819, à l’université de Berlin dont il
n’obtient pas la chaire. À partir de 1833, il rédige Les Deux Problèmes fon‐
damentaux de l’éthique, Parerga et Paralipomena, une fois retiré à Franc‐
fort-sur-le-Main. Les qualités littéraires qui sont les siennes ne sont pas
étrangères ni à l’engouement provoqué par son œuvre ni à l’influence exer‐
cée sur des écrivains tels Maupassant, Zola, Pirandello, Thomas Mann.
Sa doctrine
LE MATÉRIALISME
Les années 1830 sont dominées par la pensée idéaliste de Hegel. Pour‐
tant, c’est sur les théories matérialistes de Hobbes, de Feuerbach, de Saint-
Simon que Marx s’appuie pour développer la notion de matérialisme histo‐
rique. Celle-ci l’amène à présenter un matérialisme dialectique dont il se
distingue comme une méthode d’une doctrine. Si le matérialisme repose sur
une conception philosophique qui fait de la matière le fondement de l’uni‐
vers et s’oppose au spiritualisme, pour qui tout provient de l’esprit, le maté‐
rialisme dialectique considère la matière en tant qu’engagée dans un déve‐
loppement historique. Feuerbach (1804-1872) est le chaînon intermédiaire
pour que l’idéalisme absolu se transforme en matérialisme historique tel
que nous le retrouvons chez Marx.
Le matérialisme marxiste
L’homme
Les structures
Notes
1. Bernard Bourgeois, Le Vocabulaire de Fichte, Paris, Ellipses, 2000, p. 25-27.
2. G.W.F. Hegel, Préface des Principes de la philosophie du droit, Paris, Gallimard, 1972.
3. Florence Braunstein et Jean-François Pépin, La Culture générale pour les Nuls, op. cit., p. 495.
4. G.W.F. Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, La logique, la philosophie de la na‐
ture, la philosophie de l’esprit, Paris, Vrin, « Bibliothèque des textes philosophiques », 1990.
5. Encyclopédie des sciences philosophiques, Vrin, 1987, para 24.
6. Encyclopédie des sciences philosophiques, Vrin, 1990, para 39.
7. Ibid., para 397.
8. Ibid., para 377.
9. Friedrich Nietzsche, Le Gai savoir, III, 125.
10. Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie, Paris, Puf, 2010, p. 173.
11. C. Godin, La Totalité, vol. 3, Seyssel, Champ Vallon, 1997 à 2001, p. 424.
12. Voir Pierre Grosclaude, Alfred Rosenberg et le mythe du XXe siècle, Paris, Sorlot, 1938.
13. Le Capital, I, Paris, Puf, 1993, p. 178.
CHAPITRE IV
Son fils Humbert Ier (1878-1900) lui succède. Il signe une alliance, la
Triple Alliance ou Triplice, en 1882 avec les empires centraux, Allemagne
et Autriche-Hongrie. Il est assassiné par un anarchiste italien le 29 juillet
1900. Depuis 1882, l’Italie s’impose en Abyssinie (actuelle Éthiopie pour
l’essentiel), s’empare de l’Érythrée et de la Somalie, place le régime du né‐
gus d’Abyssinie sous protectorat italien. Jusqu’au moment où le négus se
révolte, bat les Italiens à deux reprises, à Amba Alaghi (décembre 1895) et
à Adoua (mars 1896). C’est l’échec de la politique coloniale abyssinienne.
Le nouveau roi, Victor-Emmanuel III (1900-1946), se rapproche de la
France, renonce aux prétentions italiennes sur le Maroc en échange de la
Tripolitaine, région occidentale de la Libye. Une guerre contre la Turquie,
en 1911, permet à l’Italie d’occuper les îles turques de la mer Égée, d’ajou‐
ter la Cyrénaïque à la Tripolitaine pour contrôler la Libye tout entière (paix
de Lausanne, 18 octobre 1912). Lorsque la Première Guerre mondiale
éclate, l’Italie, qui avait pris soin de faire acter que la Triplice n’était pas di‐
rigée contre l’Angleterre et qu’elle ne participerait pas à une agression alle‐
mande contre la France, se proclame neutre. Elle rejoint le camp des Alliés,
basculant ses alliances, en février 1915, et se retrouve au nombre des vain‐
queurs lors de la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919.
Entre les années 1770 et 1810, non seulement l’Italie n’a pas d’État na‐
tional mais de plus la langue y est éclatée en une multitude de dialectes. Le
grand nombre d’analphabètes ne favorise pas l’écoute des artistes. L’Italie
attire en revanche de nombreux écrivains : Stendhal, Alexandre Dumas no‐
tamment. Les élites lettrées italiennes connaissent largement les œuvres de
la culture française. Mais ces mêmes élites sont imprégnées en peinture
d’un goût pour le classicisme. Lorsque le néoclassicisme gagne la pénin‐
sule, Milan offre l’école la plus intéressante avec le peintre Andrea Appia‐
ni (1754-1817). Il fera sienne la grâce de la peinture grecque et la douceur
d’un Léonard de Vinci. Dessinateur, il s’illustre surtout dans ce domaine.
Giuseppe Bossi (1777-1815) fut lui aussi une figure importante du néoclas‐
sicisme en Lombardie. Eugène de Beaumarchais lui commande une copie
de La Cène de Léonard de Vinci. Il eut pour ami le sculpteur Antonio Ca‐
nova (1757-1822). L’académisme de David est repris par deux peintres
florentins : Pietro Benvenuti (1769-1844) et Luigi Sabatelli (1772-1850).
C’est de Venise que la réaction romantique contre le classicisme part avec
Francesco Hayez (1791-1882) qui se tourne vers les représentations reli‐
gieuses et les figures mythologiques, pour gagner Milan. Le mouvement
des Macchiaioli, tachistes, trouve avec Giovanni Fattori (1825-1908) l’un
de ses meilleurs représentants, et propose de renouveler la peinture natio‐
nale. Comme les impressionnistes, le thème du paysage y trouve une place
centrale. À partir de 1855, le café Michelangiolo à Florence devient le lieu
de réunion des jeunes peintres de cette école, dont Giovanni Fattori, le
chef de file du mouvement, et Serafino de Tivoli (1826-1892), le théori‐
cien. La technique fait primer la couleur sur le dessin. Si la lumière pour les
impressionnistes estompe les formes, pour les Macchiaioli elle est créatrice
avec ses contrastes. Giuseppe Palizzi (1812-1888) réalise des scènes de
genre, animées d’animaux. Il subit l’influence de Corot et de Courbet. À
Venise une école se consacre exclusivement à la peinture de paysages ou de
scènes de Venise chères à Ciardi Guglielmo (1842-1917). Mais l’influence
des écoles d’art françaises a de fait peu de répercussions véritables sur les
artistes italiens. L’œuvre de Gaetano Previati (1852-1920) est marquée par
l’influence du divisionnisme français, conceptions spiritualistes et scienti‐
fiques s’y côtoient.
L’architecture reste rattachée au nom de Gaetano Baccani (1792-1867),
l’un des plus importants architectes toscans. Il opte pour le style néoclas‐
sique et utilise également le néogothique, et réalise la restructuration interne
de la cathédrale Santa Maria del Fiore.
Le début du siècle en Italie est marqué par une suite de luttes où répu‐
bliques et royautés se succèdent. Le désarroi général règne. Vincenzo Mon‐
ti (1754-1828) retraduit ces incertitudes dans la Bassvilliana en 1793. De
même Ugo Foscolo (1778-1827) souhaite la fin des maux pour sa patrie et
le A Bonaparte liberatore, 1799, montre tous ses espoirs. En 1815, après la
chute de Napoléon, commence la période de la prépondérance autrichienne.
La littérature est un des moyens d’exprimer les aspirations politiques du
pays. Le Milanais Giovanni Berchet (1783-1851) donne le signal de la
lutte et réalise le premier manifeste du romantisme italien avec La Lettre
semi-sérieuse de Chrysostome (1816). Mais c’est surtout en Alessandro
Manzoni (1785-1873) que les défenseurs des libertés trouvent leur chef de
file. Jusqu’alors, les libéraux rêvant de libérer de son joug autrichien l’Italie
soumise n’avaient pas encore pu s’affirmer réellement. Le Comte de Car‐
magnole (1820), première de ses tragédies, refuse de se conformer aux
règles classiques et introduit dans l’action ses propres sentiments. L’inspira‐
tion patriotique trouve son développement dans l’histoire de l’Italie et non
plus dans les fables antiques. Les Fiancés (1827) le consacrent en tant que
romancier et permettent de le considérer comme le maître du roman italien
moderne. Silvio Pellico (1789-1854), connu comme libéral, décrit à travers
Mes prisons (1833) les étapes de son procès et de sa captivité à Venise. Gia‐
como Leopardi (1798-1837) incarne pendant cette période de lutte la co‐
lère de voir l’Italie dominée, dans ses odes patriotiques, mais reflète dans sa
poésie une grande individualité : Il primo amore (1918). Toutes ses poésies
sont empreintes du plus noir pessimisme. De 1830 à 1870, les lettres
prennent une grande part aux événements politiques qui aboutiront à la paix
tant désirée. Pendant la plus grande partie du XIXe siècle, l’Italie souhaitant
si fortement son indépendance n’aura eu qu’une littérature utilitaire. C’est
ce qui ressort de l’œuvre du Toscan Giambattista Niccolini (1782-1861).
Dans sa tragédie Nabucco il s’impose autant comme poète que comme pa‐
triote, comme le font le satiriste Giuseppe Giusti (1809-1850) ou encore
Guiseppe Mazzini (1805-1872). Après le triomphe de l’unité en 1870, les
écrivains sont moins attirés par les questions politiques et reprennent goût à
la littérature proprement dite. Un nom domine, celui de Giosuè Carducci
(1835-1907), grand défenseur de l’idéal artistique : Odes barbares (1882),
Rimes nouvelles (1861-1887). Il s’affirme comme le plus grand poète ly‐
rique de la seconde moitié du XIXe siècle. Les idylles campagnardes de Gio‐
vanni Pascoli (1855-1912) chantent son amour de la nature.
Son frère Nicolas Ier (1825-1855) lui succède. Autocrate convaincu, ré‐
actionnaire, il maintient le servage, qu’il réprouve pourtant, afin de ne pas
s’aliéner la noblesse, mais réforme les lois par un nouveau code en 1835,
qui remplace l’Oulojénie de 1649. Une tentative de jeunes officiers pour
amener le tsar à une réforme vers une monarchie constitutionnelle, celle des
décembristes, en décembre 1825, est écrasée, mais ancre Nicolas Ier dans le
conservatisme le plus étroit. Il encourage les monarques européens à mettre
fin au Printemps des peuples et aux révolutions de 1848 afin de restaurer
partout l’absolutisme. Il se lance en 1853 dans la guerre de Crimée (1853-
1856) contre les Ottomans, mais est vaincu par les troupes franco-anglaises,
notamment à Sébastopol. L’humiliation est grande pour la Russie. Nico‐
las Ier meurt le 2 mars 1855, laissant à ses successeurs le soin de réaliser des
réformes de plus en plus urgentes.
ALEXANDRE II LE LIBÉRATEUR
Sans les réformes menées par Pierre Ier au tournant du XVIIe siècle à
grande échelle et dans tous les domaines, la culture russe au XIXe siècle
n’aurait sans doute pas pu se développer. Le fait d’avoir installé sa capitale
à Saint-Pétersbourg était déjà un pas de fait vers l’occidentalisation. Pen‐
dant tout le XIXe siècle, le grand débat intellectuel russe sera de savoir si
l’on rejoint la voie occidentale ou si l’on mise sur le génie national du pays.
L’hésitation de la Russie à répondre directement à cette question montre
qu’il y a eu constamment une volonté de développer l’identité nationale.
L’Allemagne a fait connaître au XVIIIe siècle ses Lumières aux Russes. Dans
la société cultivée, la langue allemande domine jusqu’au dernier quart du
XVIIIe siècle et, dans les milieux académiques, elle gardera sa place jusqu’au
XIXe siècle. Mais l’idéologie des Lumières influence les lettrés et la no‐
blesse cultivée qui suivent les idées de Voltaire, Helvétius et Rousseau et
qui, pour ce faire, parlent leur langue. La Révolution française après l’exé‐
cution du roi, la dictature jacobine et ses excès trouvent de moins en moins
de sympathisants. La vieille Russie jusqu’alors s’était présentée comme un
monde pluriel. Les réformes menées par Pierre le Grand vont marquer une
véritable cassure dans les profondeurs spirituelles mais aussi au sein de la
société, créant un fossé entre les élites dirigeantes et la masse qui perdurera
pendant tout le siècle. La domination absolue de l’Église touche à sa fin.
Les réalisations techniques, économiques se tournent vers l’Europe pour
être menées à bien. Les bases d’un système éducatif posé sont libérées du
joug religieux. Tandis que la noblesse s’approprie les façons de faire et de
vivre de celle d’Europe. Les conséquences dans le domaine des arts, de la
culture et des connaissances seront lourdes mais se feront sentir lentement.
Comme partout ailleurs, le développement de l’instruction, la création
d’écoles, l’essor d’universités, la création d’instituts de formation, en 1801,
celui des ingénieurs en communication, l’institut de technologie à Saint-Pé‐
tersbourg favorisèrent l’accès à la culture. Pendant le XIXe siècle, l’art russe
adoptera le même découpage stylistique que l’Europe, romantisme, réa‐
lisme mais sans avoir toujours la même durée.
Le XVIIIe siècle de l’art russe avait été marqué par des emprunts considé‐
rables faits à l’Occident dans tous les domaines, y compris l’architecture
avec les chantiers entrepris à Saint-Pétersbourg : Jean-Baptiste Le Blond
(1679-1719) fait les jardins, Domenico Trezzini (1670-1734) en dessine de
nombreux bâtiments. Les œuvres de Francesco Bartolomeo Rastrelli
(1700-1771), premier architecte à la cour de l’impératrice Elisabeth, qui re‐
construit parmi ses soixante-quinze réalisations le palais d’Hiver à Saint-Pé‐
tersbourg, déterminent le baroque russe. Le classicisme s’épanouit avec
Jean-Baptiste Vallin de La Mothe (1729-1800), auteur du pavillon de
l’Ermitage, des quais de la Neva, qui fait connaître aux Russes le style
Louis XVI. Un de ses élèves, Vassili Bajenov (1737-1799), se voit confier
la construction du nouveau palais au Kremlin mais le projet de ce vision‐
naire n’aboutira pas. Peu à peu les architectes russes vont mettre au point un
style national, tout en améliorant les formes du classicisme. Dans le « style
empire Russe », l’espace devient le centre d’intérêt dominant de l’archi‐
tecte. L’édifice de l’amirauté dessiné par Adrian Zakharov (1761-1811) en
est le meilleur exemple. De même Carlo Rossi (1775-1849) réalise à partir
de 1810 des œuvres de même qualité, l’État-major sur la place du palais, le
palais du Sénat et du Saint-Synode. À Moscou, l’architecture de la seconde
moitié du XIXe siècle sera marquée par des œuvres de grandes dimensions
abandonnant peu à peu les formes classiques au profit de celles de l’éclec‐
tisme.
Le XVIIIe siècle avait été l’âge d’or du portrait avec Ivan Nikitine (1680-
1742) et Andreï Matveïev (1701-1739) et, sous le règne d’Elisabeth, avec
l’arrivée de nombreux peintres étrangers. Jusqu’au XIXe siècle, la peinture
russe est sous la dépendance de l’Europe occidentale. Ivan Argounov
(1729-1802) trouve ses modèles dans la peinture d’Hyacinthe Rigaud ou
Jean-Marc Nallier. Avec la création de l’Académie des beaux-arts en 1757,
la peinture historique fait son apparition, les professeurs qui enseignent la
peinture sont français : Lagrenée l’Aîné (1725-1805) et Gabriel François
Doyen (1726-1806). Au début du XIXe siècle, le romantisme marque la
peinture et le portrait est à l’honneur avec Orest Kiprenski (1782-1836) et
son Portrait d’Adam Schwalbe (1804). La peinture de Sylvestre Chtche‐
drine (1791-1830) inaugure la peinture de paysage peinte à l’extérieur. Les
scènes de genre trouvent en Alexis Venetsianov (1780-1847) leur maître
avec ses scènes de la vie paysanne comme Le Berger endormi (1823-1826).
La peinture historique suit avec Karl Briullov (1799-1852) et Le Dernier
Jour de Pompéi (1830-1833). La seconde moitié du XIXe siècle, marquée
par l’influence des idées philosophiques et éthiques, le développement in‐
tense des sciences et des techniques, la tradition réaliste dans la littérature
de Tolstoï et Tchekhov, finit par imprégner la peinture à son tour. Vassili
Perov (1834-1882) cherche à stigmatiser les plaies de la société, de même
que Vassili Poukirev (1832-1890). En 1864, un groupe d’artistes refuse de
concourir à l’Académie selon les sujets imposés, car ils veulent des sujets
russes contemporains. C’est la révolte des quatorze qui ouvre la voie à un
réalisme nouveau, déchargé du pittoresque sentimental et misérabiliste. Les
photographes affichent leur attachement aux coutumes de l’ancienne Rus‐
sie, fixant dès 1860 un peu de l’âme russe sur la pellicule, travaux des
champs, métiers artisanaux. Cette quête d’identité se poursuit dans tous les
domaines artistiques ainsi qu’en peinture. L’art populaire se voit recensé
dans les dernières années du XIXe siècle et devient une source de renouveau
esthétique. Son rôle sera déterminant dans l’art nouveau russe, le « style
moderne ». Victor Vasnetsov (1848-1926) prendra ses sujets dans les
contes russes, les Trois Preux, trois chevaliers légendaires qui combattirent
les Mongols. Mickaël Vroubel (1856-1910) élabore son propre style, à par‐
tir de l’académisme, de fresques et de mosaïques byzantines. En 1899, la re‐
vue du Monde de l’art, fondée par Alexandre Benois (1870-1960) et Serge
de Diaghilev (1872-1929), remplace l’idéal slavophile par un projet cosmo‐
polite et oppose l’art pour l’art à l’art social. L’exposition tenue à Moscou
en 1907 marque le point de départ du bouillonnement de l’art russe et cela
pendant vingt-cinq ans. En 1910, l’exposition Le Valet de carreau regroupe
les artistes attirés par le primitivisme, comme Vassili Kouprine (1880-
1960) qui en fut l’un des organisateurs.
Le roman russe moderne est dans son essence même la création de son
intelligentsia qui considère la littérature comme le moyen de faire une cri‐
tique sociale poussée. L’université de Moscou en est un des principaux
centres. Les slavophiles sont les héritiers intellectuels de Burke, de Maistre,
d’Herder, tout comme les Occidentaux sont les disciples de Voltaire, des en‐
cyclopédistes, et plus tard des socialistes, Saint-Simon, Fourier et Comte.
Ceux-ci interprètent l’isolement, la solitude de l’homme moderne comme la
conséquence du problème de la liberté. Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
(1821-1881)1 dépeint ses héros aux prises avec ce problème et glorifie dans
ses romans la solidarité humaine et l’amour pour éviter un nihilisme à la
Flaubert. Pour lui, la source de tous nos maux se trouve dans notre volonté
et notre orgueil. La seule voie de salut qui nous reste est l’humilité. Avant
tout, il s’impose comme écrivain de la psychologie humaine : Les Pauvres
Gens (1846), Crime et Châtiment (1866), Les Possédés (1871), Les Frères
Karamazov (1880). Léon Tolstoï (1828-1910), moins nationaliste que Dos‐
toïevski, est en revanche plus préoccupé par l’Évangile dont les consé‐
quences poussées jusqu’à l’absurde mènent tout droit à l’anarchisme. Tol‐
stoï est surtout connu pour ses deux plus longs travaux, Guerre et Paix
(1864-1869) et Anna Karénine (1873-1877). Les œuvres de Tolstoï pendant
les années 1850 et début des années 1860 expérimentent de nouvelles
formes pour exprimer ses préoccupations morales et philosophiques. Après
avoir terminé Anna Karénine, Tolstoï tombe dans un profond état de déses‐
poir existentiel. Attiré d’abord par l’Église orthodoxe russe, il décide
qu’elle comme toutes les autres Églises chrétiennes sont des institutions
corrompues qui ont soigneusement falsifié la nature authentique du christia‐
nisme. Après avoir découvert ce qu’il croyait être le message du Christ et
après avoir surmonté sa peur paralysante de la mort, Tolstoï consacre le
reste de sa vie à développer et à propager sa foi nouvelle. Il a été excommu‐
nié de l’Église orthodoxe russe en 1901. Il considère le conflit entre l’indi‐
vidu et la société, non en tant que tragédie inévitable, mais comme une cala‐
mité attribuée à un manque de discernement et de compréhension morale.
Parmi ses œuvres, on peut également citer : La Sonate à Kreutzer (1889),
Résurrection (1899), La Puissance des ténèbres (1887).
La littérature danoise
La littérature suédoise
Les premiers écrits remontent au IVe siècle de notre ère et sont des ins‐
criptions runiques. Tour à tour, la littérature norvégienne subit les in‐
fluences islandaise au XIe siècle, et française au XIIIe siècle. Après cette pé‐
riode, presque quatre siècles de silence suivent. Dans la seconde moitié du
XIXe siècle, elle s’européanise avec Björnstjerne Björnson (1832-1910) et
Henrik Ibsen (1828-1906). Le premier, qui vécut en France et se mêla à
l’agitation politique, fut poète, dramaturge et romancier. Ses œuvres, dont
La Fille du pêcheur (1880), recèlent une puissante couleur locale. Il reçut le
prix Nobel en 1903. Quant à Ibsen, son œuvre évolue peu à peu du néoro‐
mantisme à la critique sociale. Il tente de démasquer le mensonge de la vie,
étudie les rapports entre les sexes, et la personnalité de la femme. Vers
1890, la critique et le public lettré français se passionnent pour cet auteur
qui vient de produire au théâtre une œuvre aussi originale.
Le théâtre d’Ibsen
Le développement du théâtre naturaliste avait été favorisé par la création partout en
Europe de compagnies théâtrales indépendantes, comme le Théâtre-Libre fondé par
André Antoine à Paris en 1887, ou celui de la Freie Bühne à Berlin par Otto Brahm en
1889. Le théâtre d’Ibsen (1828-1906) ramène sur scène l’art, la beauté, l’idée sans
lesquels le Théâtre-Libre était en train de s’enliser. Les pièces d’Ibsen peuvent être soit
philosophiques ou symboliques, Brand (1866), Peer Gynt (1867), soit réalistes, la Mai‐
son de poupée (1879).
Notes
1. À ce sujet, voir Jean-François Pépin, « Dostoïevski », in Encyclopædia Universalis.
CHAPITRE VII
EXTENSION ET CONQUÊTES
L’ESCLAVAGE
LA GUERRE DE SÉCESSION
LA PROSPÉRITÉ RETROUVÉE
Tandis que les arts plastiques restent dans le sillage de l’Europe, l’archi‐
tecture d’Amérique du Nord s’engage sur de nouvelles voies. L’incendie de
Chicago en 1871 offre l’occasion de réfléchir sur l’utilisation de nouveaux
matériaux associant le fer à un habillage de briques crues rendant les im‐
meubles incombustibles. On donnera le nom d’école de Chicago à ce mou‐
vement architectural qui se développera avec William Le Baron Jenney
(1832-1907) et l’un de ses élèves Louis Sullivan (1856-1924), qui travaille‐
ra en association avec l’ingénieur Adler. La mise au point d’un ascenseur
électrique en 1881 permet la construction d’immeubles de plus en plus
hauts. Henry Hobson Richardson (1838-1886), tout en s’inspirant de l’ar‐
chitecture romane du Midi de la France, montre un sens audacieux des
masses et la maîtrise du détail. Pour ce faire, il utilise différents matériaux :
grès, granit. Son œuvre maîtresse est l’église de la Trinité à Boston. Louis
Sullivan, dès les années 1890, a recours à l’ossature d’acier qui donne nais‐
sance aux premiers buildings.
C’est au milieu du XIXe siècle que l’Amérique assure son autonomie tant
sur le plan de l’architecture, de la science que de la littérature. New York
devient, pendant le premier tiers du XIXe siècle, le centre intellectuel. Wa‐
shington Irving (1783-1859) traite surtout de sujets américains (Une excur‐
sion dans les prairies, 1835). Il est le premier auteur qui s’impose en An‐
gleterre et en Europe. Edgar Allan Poe (1809-1849) devient le maître in‐
contesté de la nouvelle, mais se fait connaître et apprécier comme critique
et poète avec La Chute de la maison Usher (1839) et Les Contes du gro‐
tesque et de l’arabesque (1840). Un autre grand représentant du roman est
Herman Melville (1819-1891) dont l’œuvre fut aussi très variée : Moby
Dick (1851), White Jacket (1850), Pierre ou Les ambiguïtés (1852). À cette
époque, New York cesse d’être le point de rencontre du monde intellectuel
au profit de Concord, petite ville de la banlieue de Boston. C’est là que naît
le Club transcendantal de Concord qui regroupe philosophes, poètes et cri‐
tiques de la Nouvelle-Angleterre. Ralph Waldo Emerson (1803-1882) pu‐
blie des ouvrages et des essais qui défendent le transcendantalisme améri‐
cain et traduisent son interprétation de la nature, de la vie de l’homme (Na‐
ture, 1836). Henry David Thoreau (1817-1862), par son mysticisme, son
idéalisme, fait aussi partie de l’école transcendantale, tout comme Marga‐
ret Fuller (1810-1850), grande prêtresse de l’émancipation féminine, en fut
l’hégérie. Les poèmes de John Greenleaf Whittier (1807-1892) sont pleins
de passion et constituent de violentes diatribes indignées contre les plan‐
teurs du Sud qui pratiquent l’esclavagisme, Narrative and Legendary
Poems (1831), comme Harriet Beecher-Stowe (1811-1896) avec La Case
de l’oncle Tom (1852). Poe contribue aussi grandement au développement
de la poésie par l’audace de son imagination, par ses préoccupations mo‐
rales et religieuses, par son effort à rendre le vers musical : Tamerlan
(1827), To Helen (1831). James Russell Lowell (1819-1891) puise son ins‐
piration des grands romantiques anglais Keats et Shelley (Endymion, 1817).
Après la guerre de Sécession, le nombre d’ouvrages de littérature aug‐
mente, mais malheureusement pas la qualité. La nouvelle dès 1870 est un
genre très prisé. La période qui succède à cet âge optimiste et sentimental
est au contraire sombre et réaliste, et plus américaine, même si certains au‐
teurs comme Lew Wallace (1827-1905) puisent leur sujet dans l’antique
Judée : Ben Hur (1880). Naît aussi une littérature écrite par les Noirs. Le ro‐
man le plus connu est celui de Margaret Mitchell (1900-1949), Autant en
emporte le vent (1936). Mark Twain (1835-1910) inaugure le genre humo‐
ristique bien que son chef-d’œuvre, Les Aventures de Tom Sawyer (1876),
soit une peinture fine de l’âme enfantine. Henry James (1843-1916) est le
peintre de la psychologie intérieure, l’historiographe du grand monde et des
intellectuels (Portrait de femme, 1881, Les Ailes de la colombe, 1902).
« Les Américains n’ont point d’école philosophique qui leur soit propre,
ils s’inquiètent fort peu de toutes celles qui divisent l’Europe, ils en savent à
peine les noms. Il est facile de voir cependant que presque tous les habitants
des États-Unis dirigent leur esprit de la même manière et le conduisent
d’après les mêmes règles ; c’est-à-dire qu’ils possèdent sans qu’ils s’en
soient jamais donné la peine d’en définir les règles une certaine méthode
philosophique qui leur est commune à tous1. » Au fur et à mesure que
l’Amérique étend ses colonies, des problèmes typiquement américains
voient le jour, mais les solutions qu’ils y apporteront ne les régleront pas
forcément. En fait, la philosophie américaine se résume à une multitude de
courants de pensée, transcendantalisme, pragmatisme, philosophie analy‐
tique, et il est ardu d’y démêler ce qui est à proprement parler américain.
LE PRAGMATISME AMÉRICAIN
L’IDÉALISME
Notes
1. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique [1840], Paris, Gallimard, 1961, t. II, p. 11.
CHAPITRE VIII
Le XIXe siècle et le XXe siècle naissant sont marqués en Chine par deux
épisodes de soulèvement dirigés contre la dynastie mandchoue des Qing,
considérée comme non chinoise, et contre les étrangers présents en Chine.
Les Taiping sont membres de la secte de « la Grande Paix ». Ils reven‐
diquent leur nationalisme chinois par la ferme volonté de chasser la dynas‐
tie Qing mandchoue, au pouvoir depuis 1644. Leurs adeptes se recrutent
parmi les paysans ruinés, le prolétariat urbain, les lettrés qui ont échoué aux
examens mandarinaux. Leur message est millénariste : une fois l’empereur
mandchou renversé, le « Royaume céleste de la Grande Paix » sera instauré,
ainsi que l’égalité. Ulcérés par la défaite des armées impériales en 1842,
lors de la guerre de l’opium contre les Occidentaux, ils prennent Nankin en
1853, et gagnent peu à peu le Nord. Mais les massacres d’Européens
amènent ceux-ci à intervenir en 1860. Les troupes franco-anglaises mettent
à sac le palais d’Été, le 18 octobre 1860. Le général Charles Gordon (1833-
1885), futur Pacha d’Égypte et défenseur de Khartoum, fait ses premières
armes à la tête de l’armée impériale et des coalisés européens. Entre 1860 et
1864, il repousse les Taiping. En juillet 1864, il reprend Nankin, les Taiping
survivants sont massacrés. Entre 1853 et 1864, la révolte aurait fait vingt
millions de morts et livré l’Empire chinois aux griffes occidentales, entre
concessions commerciales et zones d’occupation militaire.
LA RÉVOLTE DES BOXERS
En 1900, le relais est pris par les Boxers de la secte Yihequan (Poings de
justice et de concorde), le terme de « poing » donnant leur appellation occi‐
dentale, Boxers ou Boxeurs. Anti-Mandchous, anti-Européens, ils changent
sur le premier point en recevant l’appui de la cour impériale en la personne
de l’impératrice douairière Cixi qui les appelle à chasser les étrangers. Un
massacre d’Européens, réfugiés dans les légations, quartiers réservés aux
étrangers, commence en juin 1900. Dès juillet, une coalition regroupant Eu‐
ropéens et Japonais aborde en Chine. Pékin est pris un mois plus tard. La
cour s’enfuit, les Boxers sont exécutés. Par le traité du 7 septembre 1901, la
Chine promet de verser une indemnité faramineuse, 1 600 millions de
francs-or (1 franc-or équivaut à 3,22 g d’or), et de s’ouvrir aux étrangers.
La dynastie mandchoue, la dernière, est désormais sous tutelle occidentale,
jusqu’à son effondrement en 1911.
IMPÉRATRICE DE CHINE
Le XIXe siècle, avec son lot de guerres civiles et de guerres contre les em‐
piètements des puissances occidentales et du Japon, nuit au simple maintien
des arts, à défaut de toute expansion.
1. Le royaume d’Abomey
L’ART D’ABOMEY
Les arts dahoméens sont liés à la personnalité des rois qui ont voulu, par
le choix des artistes et des représentations, marquer durablement leur
époque. C’est le cas des palais des rois Ghezo (1818-1858), Gléglé (1858-
1889) et Behanzin (1889-1894). Ces souverains font édifier des palais de
terre cuite, ornés de plaques carrées d’un peu moins d’un mètre de côté,
exécutées en demi-bosse ou « relief dans le creux ». Les représentations,
polychromes, figurent à la fois des animaux (éléphant, singe, requin…), des
êtres mythologiques, des scènes guerrières. L’ensemble de ces scènes est
une véritable propagande au service du souverain qui les a commanditées.
Sous une forme imagée, elles relatent les grands épisodes et hauts faits de
son règne. Ces représentations se retrouvent sur les tissus, où le requin,
symbole du roi Behanzin, apparaît sur les tapisseries destinées à orner son
palais.
Le vaudou, vodou ou vodoun est un culte animiste pratiqué par les Yoru‐
bas, Kongos, Dahoméens. Tout y est esprit, les puissances naturelles, les
loas, leur forme secondaire, personnifiés pour les besoins du culte par Erzu‐
lie, l’Amour, ou Papa Legba, le messager. La pratique consiste en des
danses, chants, sacrifices, jusqu’à la transe et la possession. Là, tout comme
en Haïti où il est toujours pratiqué, il se christianise, en un syncrétisme qui
mêle les saints et les loas, au point d’utiliser le calendrier romain des fêtes
de saints pour honorer en même temps leur équivalent loa. Le vaudou (le
dieu), selon le sens premier, est une force de la nature (tonnerre, éclair,
mer), mais aussi un lieu (rocher, mare d’eau…). Au sommet du panthéon
trône le démiurge Mawu, incréé, éternel, il est « l’Inaccessible », jamais re‐
présenté, mais souvent invoqué. Parmi les loas, Erzulie, déesse de l’Amour,
Papa Legba, messager des dieux, Hebieso, dieu de la Foudre, Gu, dieu des
Forgerons et de la Guerre. Originaire des pays du golfe du Bénin, Ghana,
Togo, Bénin, Nigeria, le vaudou se répand, par la traite des esclaves, en
Haïti, en République dominicaine actuelle où il porte aussi le nom de ma‐
cumba, à Cuba, sous celui de santeria, au Brésil où il est le candomblé.
2. Le royaume Asante
Le royaume Ashanti, ou Asante (XVIIIe-XIXe s.), a son berceau au centre
de l’actuel Ghana. Précédé, au XVIIe siècle, par le royaume de Denkyéra, au
sud du Ghana, il est créé au XVIIIe siècle par une réunion de chefferies réali‐
sée par le roi Osaï Tutu (règne : v. 1680-1712). Le souverain ou Asante‐
hene n’est pas un autocrate, il est élu après avis du Haut Conseil, l’Asante‐
nam hyia. Fondé sur la puissance militaire, le royaume prend un soin
constant de l’armée et des moyens efficaces à trouver pour mobiliser le plus
grand nombre d’hommes possible. Dès son origine, il fonde sa puissance
sur le commerce de l’or et celui des esclaves, qu’il vend aux Britanniques
sur les côtes en échange d’armes à feu. C’est d’ailleurs l’abolition de la
traite qui porte un premier coup aux relations économiques, puis diploma‐
tiques, entre les deux peuples ; les Britanniques occupent une partie du
royaume, prennent en 1874 la capitale, Koumasi, qu’ils n’occupent pas, dé‐
posent les souverains hostiles à leur politique d’implantation. En 1901, la
conquête est achevée et le royaume, en raison de sa richesse en or, devient
la Gold Coast, la Côte de l’Or.
L’art ashanti
L’art ashanti est surtout celui du travail de l’or, depuis les masques funé‐
raires des rois jusqu’aux lamelles qui ornent les bâtons des interprètes des
chefs, personnes tellement sacrées que l’on ne peut leur adresser la parole
directement. L’art ashanti est surtout celui du modelage de l’or et du cuivre
selon la technique de la fonte à la cire perdue. Il est avant tout royal et de
cour. Il s’agit de manifester la puissance du souverain et des membres de sa
famille, et d’assurer leur pérennité dans l’au-delà. Le masque recouvert
d’or, porté sur un bâton ou une canne de bois, représente l’âme humaine
(okra) d’un ancêtre. Le porteur d’âme du roi est choisi dans sa proche fa‐
mille. Un objet usuel des Ashanti exprime toute la délicatesse de leur art ; il
s’agit des poids à peser l’or, le plus souvent en bronze travaillés sous des
formes animales ; ils révèlent le souci de l’exactitude dans le détail, un sens
rigoureux de l’observation et une maîtrise évidente des techniques de réali‐
sation. Le symbole du royaume Ashanti est un tabouret d’or venu du ciel, le
sika dwa. Renfermant à la fois le pouvoir royal et l’âme de la nation tout
entière, les vivants, les morts, les enfants à naître, c’est un objet de culte sur
lequel nul ne s’assied. Le posséder confère autorité, prestige et force surhu‐
maine. Il ne doit jamais toucher le sol, les dieux l’ont déposé directement
sur les genoux du premier roi. C’est pourquoi, ordinairement, il est placé
sur une couverture. Lors d’une intronisation, le roi est élevé au-dessus du
sika dwa sans jamais le toucher.
La religion zouloue
LA GUERRE DE MOUVEMENT
Nivelle est démis au profit de Pétain, qui doit faire face aux mutineries de
1917 en mai et juin. Elles éclatent partout, désertions sur le front russe, ita‐
lien, révolte de la marine allemande en juillet 1915 suivie d’une sévère ré‐
pression. En France, des soldats refusent de monter au front, écœurés par
les massacres du Chemin des Dames. À Soissons, des régiments menacent
de monter sur Paris. La révolte gronde aussi contre les « planqués » de l’ar‐
rière, qui mènent joyeuse vie quand les poilus vivent l’enfer des tranchées.
Pétain use d’une politique double : des tribunaux militaires expéditifs
condamnent plus de trois mille militaires, dont cinq cent cinquante-quatre à
mort et en font fusiller quarante-neuf d’un côté ; cantonnement, ravitaille‐
ment, fréquence de la relève et des permissions sont améliorés de l’autre.
Les relèves sont plus fréquentes, les repas chauds, et surtout Pétain renonce
au mythe de la percée, aux offensives permanentes qui déciment les rangs.
Dans le monde civil aussi, l’hécatombe provoque des remous. Le pape Be‐
noît XV (1914-1922) tente de faire aboutir l’idée d’une paix de compromis.
Joseph Caillaux (1863-1944), ancien ministre des Finances favorable au
rapprochement franco-allemand, tente de fédérer les bonnes volontés. Il est
arrêté en janvier 1918. Georges Clemenceau (1841-1929) est au pouvoir
depuis novembre 1917 et prône la guerre à outrance : « Politique inté‐
rieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre » (Discours à
l’Assemblée du 8 mars 1918). Il met fin à tout possible rapprochement pour
une paix de compromis.
ESPIONNE, LÈVE-TOI
La Grosse Bertha
En mars 1918, l’artillerie allemande est suffisamment proche de Paris pour bombarder
la capitale, à l’aide de canons de plus en plus énormes. Les Parisiens, moqueurs, sur‐
nomment le plus colossal d’entre eux la « Grosse Bertha », détournant le prénom de
Bertha Krupp, fille du fabricant. Le 29 mars 1918, la grosse Bertha envoie un obus qui
frappe l’église Saint-Gervais et provoque près de cent morts. Les murs de l’ancien mi‐
nistère de la guerre, sur le boulevard Saint-Germain, portent encore eux aussi les
traces des bombardements.
Le coût de la guerre est avant tout humain, elle se solde par dix millions
de morts, dont deux millions de soldats allemands et 1,5 million de Fran‐
çais. Un cinquième des hommes de vingt à quarante ans a disparu en France
et en Allemagne. André Maurois évoquera le tragique d’un jeune homme de
vingt ans condamné à vivre toute sa vie sans voir vieillir à ses côtés ses
amis de jeunesse, à traverser la vie dans une poignante solitude. À cela
s’ajoutent les décès liés à l’épidémie de grippe espagnole, plus de vingt mil‐
lions de victimes entre 1918 et 1919. La puissante Europe ne domine plus le
monde, la Grande Guerre, dont on espère qu’elle est la « der des der », la
dernière, l’ultime conflit, est un suicide véritable pour l’Europe. La produc‐
tion agricole et industrielle a diminué d’un tiers par rapport à 1913. La
France doit reconstruire sept cent mille maisons, 60 000 km de voies ferrées
et de routes. De banquier du monde avec 60 % des réserves d’or, l’Europe
devient le débiteur des États-Unis.
Quatre traités sont signés entre 1919 et 1920, les traités de Saint-Ger‐
main, de Trianon, de Neuilly et de Sèvres.
ON TUE UN PRÉSIDENT !
LE FRONT POPULAIRE
Auditeur au conseil d’État, Léon Blum est acquis aux idées socialistes
par le charisme de Jean Jaurès. Il entame une carrière de premier plan après
l’éclatement consécutif au Congrès de Tours, où les communistes fondent
leur propre parti, les socialistes se regroupant au sein de la SFIO, dont Léon
Blum prend la tête. En 1936, après la victoire du Front populaire, il devient
président du Conseil, mais doit quitter le pouvoir un an plus tard, sans avoir
pu mener à bien la totalité des réformes qui lui tenaient à cœur, comme la
nationalisation de la Banque de France et des industries d’armement, qui ne
sont que partiellement réalisées. Après la défaite de 1940, il est arrêté,
condamné à l’issue du procès de Riom et finalement déporté en Allemagne.
De retour en France en 1945, il se place en retrait de la vie politique et
meurt en 1950.
1. La République de Weimar
UN EMPIRE S’EFFONDRE…
Hitler doit encore régler le problème posé par les SA et leur chef, Ernst
Röhm (1887-1934), qui croient en la « révolution » promise, professent un
anticapitalisme virulent de nature à inquiéter le monde des affaires soute‐
nant les nazis. C’est fait avec l’organisation de la Nuit des longs couteaux,
le 30 juin 1934. Les chefs SA réunis en Bavière sont arrêtés, leurs troupes
dispersées, Röhm est arrêté, exécuté sommairement à la prison de Stadel‐
heim à Munich. Hitler en profite pour faire abattre conservateurs et catho‐
liques susceptibles de lui occasionner une gêne, comme l’ancien chancelier
Schleicher. Le 2 août 1934, Hindenburg meurt et Hitler devient Reichsfüh‐
rer, à la fois chancelier et Président, il a entre les mains tous les pouvoirs.
Seule l’armée peut exister comme contre-pouvoir, mais elle est mise sous le
boisseau en janvier 1938 quand Hitler supprime le ministère de la Guerre et
se proclame commandant de toutes les forces armées.
3. L’Allemagne en guerre
LE BLITZKRIEG
L’AGONIE DU NAZISME
1. Les crises
L’INSTABILITÉ GOUVERNEMENTALE
La vie politique reste dominée par le Parti conservateur, mais le Parti li‐
béral s’efface au profit du Labour Party, ou Parti travailliste, qui devient la
seconde force politique du pays. Le Parti libéral, indispensable à toute coa‐
lition gouvernementale, est traversé de deux courants, Lloyd George
(1863-1945) et les libéraux-nationaux souhaitent l’alliance avec les conser‐
vateurs, mais la majorité des libéraux veulent gouverner avec les tra‐
vaillistes. En cas de crise grave, notamment les conséquences de la crise de
1929 à partir de 1930, des cabinets d’Union nationale sont aux affaires.
Entre 1916 et 1922, Lloyd George dirige un ministère libéral-national, allié
aux conservateurs. Puis ces derniers et les travaillistes alternent au pouvoir.
Les conservateurs, avec Stanley Baldwin (1867-1947) comme Premier mi‐
nistre, ne restent au pouvoir que quelques mois, de mai 1923 à janvier 1924.
Mais les travaillistes perdent les élections d’octobre 1924 et Baldwin rede‐
vient Premier ministre pour quatre ans, assisté de Winston Churchill comme
Chancelier de l’Échiquier. De 1929 à 1931, les travaillistes sont aux af‐
faires, mais Ramsay MacDonald (1866-1937) doit former un cabinet
d’Union nationale pour faire face aux difficultés nées de la crise de 1929.
Au sein du ministère, l’essentiel du pouvoir est en réalité entre les mains de
Baldwin, qui porte le titre de « Lord président du Conseil privé », et de Ne‐
ville Chamberlain (1869-1940), Chancelier de l’Échiquier. Les ministres
travaillistes quittent, de ce fait, assez vite le gouvernement, que MacDonald
préside nominalement pourtant jusqu’en 1935. Les conservateurs sont en
fait au pouvoir jusqu’en 1939.
L’ÉPINE IRLANDAISE
2. L’Angleterre de Churchill
POUR L’AMOUR DE WALLIS
En 1936 le royaume est secoué par une grave crise dynastique. Le roi
George V (1910-1936) meurt le 20 janvier 1936. Son fils aîné devient le roi
Édouard VIII (20 janvier 1936-11 décembre 1936). Son couronnement
doit avoir lieu le 12 mai 1937. La personnalité du futur monarque, déma‐
gogue, autoritaire, éprouvant des sympathies pour le fascisme, lui aliène en
partie le soutien des élites politiques traditionnelles. Mais le problème véri‐
table naît au début du mois de décembre 1936, quand l’Église anglicane,
par la voix d’un de ses évêques, lui reproche son intention de conclure un
mariage morganatique avec une Américaine déjà divorcée et en passe de
l’être pour la seconde fois, Wallis Simpson (1896-1986). Le roi est
confronté à une opposition générale : le Premier ministre Baldwin, la hié‐
rarchie de l’Église anglicane, les travaillistes derrière leur chef Attlee. La
population lui reproche de l’abandonner au profit d’une femme, son incapa‐
cité à privilégier ses devoirs de futur souverain au lieu de sa vie person‐
nelle. Le problème est aussi religieux, puisque l’Église anglicane, dont le
roi est le chef, ne reconnaît pas le divorce. Il abdique donc le 11 décembre
1936. Titré duc de Windsor, il quitte l’Angleterre, épouse Wallis Simpson.
Son frère cadet, le duc d’York, lui succède sous le nom de George VI
(1936-1952). Il entreprend en 1939 une visite au Canada, aux États-Unis.
La première partie de son règne est dominée par la Seconde Guerre mon‐
diale. En 1940, le Premier ministre Neville Chamberlain est remplacé par
Winston Churchill qui occupera ce poste pendant toute la durée du conflit.
LE VIEUX LION
La crise sociale frappe la bourgeoisie, les rentiers, les paysans sans terre
qui veulent la réforme agraire promise mais toujours ajournée. Ils occupent
les terres en 1919 et 1920. Si le Nord connaît une industrialisation réussie
depuis la fin du XIXe siècle, l’Italie paie encore le retard dû à une unification
politique tardive, achevée seulement en 1871. Quelques groupes presti‐
gieux, comme la Fiat (Fabbrica Italiana Automobile Torino) fondée en
1899, ne font pas un tissu industriel assez dense. L’activité économique re‐
pose encore largement sur les secteurs traditionnels que sont l’agriculture et
l’artisanat. Plus inquiétante encore est la situation du Sud, le Mezzogiorno,
presque uniquement agricole, où les grands propriétaires fonciers absen‐
téistes mettent peu ou pas du tout leurs terres en valeur, accroissant le désar‐
roi des braccianti, journaliers agricoles, d’autant plus à leur merci que la
population croît. Les révoltes paysannes sont fréquentes, les autorités, lo‐
cales ou nationales, frappées d’impéritie pratiquent un immobilisme dange‐
reux ; les latifundiaires, maîtres de propriétés très vastes, se tournent alors
vers l’Onorata Società della Mafia, plus connue sous le seul nom de Ma‐
fia, qui terrorise les paysans et ramène l’ordre. Mais c’est là un choix bien
dangereux à long terme, la Mafia comprend vite comment devenir un État
dans l’État.
LA CRISE POLITIQUE
2. L’Italie fasciste
Aux élections législatives de 1919, les chefs fascistes ne sont pas élus.
Italo Balbo (1896-1940), qui dirige le mouvement à Ferrare, organise les
fascistes en squadri, « escouades ». Les squadristes portent un uniforme, la
chemise noire, sont régis militairement, armés, se saluent avec le salut
olympique de l’époque, ou salut de Joinville, changé depuis 1946, car sym‐
bolique du fascisme et du nazisme. Groupes violents, ils brisent les grèves,
tabassent les représentants syndicaux, terrorisent les paysans occupant les
terres, s’attirant les sympathies des propriétaires fonciers et des industriels.
Dino Grandi (1895-1988) se charge de l’organisation de syndicats fascistes
qui s’opposent, par la violence, aux communistes et socialistes. Il s’agit
d’éviter le retour aux grèves révolutionnaires, telle celle qui s’est déroulée
aux usines Alfa Romeo de Milan, en août 1920, avec occupation des usines
et défense des sites occupés par des brigades de « gardes rouges ». En 1921,
le mouvement fasciste devient un parti politique, le Parti national fasciste
(PNF), mais aux élections de mai 1921 seuls trente-cinq députés élus en
sont issus. Le président du Conseil, Giovanni Giolitti (1842-1928), se rap‐
proche alors des fascistes, croyant pouvoir les utiliser sans risques pour par‐
ticiper aux fragiles coalitions gouvernementales. Dans l’entourage même du
roi Victor-Emmanuel III, des membres de la famille royale sont favorables
au fascisme, solution selon eux à la situation de guerre civile que connaît le
pays.
LA VIA DELL’IMPERO
Depuis mai 1939, l’Italie est liée à l’Allemagne nazie par le pacte
d’Acier, alliance défensive et offensive. En septembre 1940 est signé le
pacte tripartite avec le Japon comme nouveau partenaire. L’Italie rentre en
guerre aux côtés de l’Allemagne, mais se fait battre en Grèce, puis sur tous
les autres fronts, ne se maintenant dans le conflit qu’avec le soutien de l’ar‐
mée allemande. En juillet 1943, les troupes anglo-américaines débarquent
en Sicile. À la fin de ce mois, le roi Victor-Emmanuel III fait arrêter Musso‐
lini, espérant ainsi ne pas être entraîné par la chute du fascisme. Une expé‐
dition allemande le délivre en septembre. Mussolini va gouverner un État
fantoche, la République sociale italienne (RSI) ou République de Salò, ville
où s’installe le gouvernement. Cette éphémère république en Italie du Nord
ne survit que par la présence des troupes allemandes. Elle s’effondre devant
l’avance alliée en avril 1945. C’est en tentant de fuir que Mussolini est ar‐
rêté par des résistants italiens. Un ordre émanant du Comité de libération
nationale de Rome réclame son exécution. Il est fusillé le 28 avril 1945, son
corps exposé, avec celui de sa maîtresse, Clara Petacci (1912-1945), pendus
par les pieds sur une place à Milan. L’armée allemande en Italie a capitulé
depuis le 25 avril 1945. Victor-Emmanuel III a mésestimé l’impact de son
soutien au fascisme. En 1946, un référendum met fin à la monarchie et pro‐
clame la naissance de la République d’Italie. Une nouvelle constitution
entre en vigueur le 1er janvier 1948.
CHAPITRE XV
1. La fin de la monarchie
2. Vers le franquisme
La guerre civile espagnole dure de 1936 à 1939, les deux camps riva‐
lisent d’atrocités dont sont victimes les civils. Le 1er octobre 1936, Franco
reçoit les pleins pouvoirs de la Junte militaire, l’ensemble des généraux. La
puissante Église espagnole le soutient, évoque une nouvelle croisade. En
dépit d’un principe de non-intervention réaffirmé, certains pays lui ap‐
portent leur soutien. L’Allemagne envoie la Légion Condor, une unité de
l’armée de l’air, qui, le 26 avril 1937, bombarde la ville basque de Guerni‐
ca, massacrant plus de mille six cents personnes. L’Italie envoie des corps
expéditionnaires de miliciens fascistes. L’URSS envoie quelques chars, les
partis et organisations de gauche viennent au secours du Front populaire par
la création des Brigades internationales. Composées de volontaires venus de
plus de cinquante pays, elles passent de deux mille à plus de trente mille
personnes entre 1936 et 1938. Elles combattent au côté des républicains de
l’armée populaire de la République espagnole. Les Milices confédérales re‐
groupent les anarchistes de la Confédération nationale du travail (CNT) et
ceux de la Fédération anarchiste ibérique (FAI). S’ajoutent aux forces répu‐
blicaines les hommes du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM), du
Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC), l’Eusko Gudarostea, armée du
gouvernement basque. Le camp nationaliste, outre l’armée d’Afrique, les
phalangistes, les requetés, miliciens monarchistes, la Confédération espa‐
gnole des droites autonomes (CEDA), comprend également des groupes de
volontaires étrangers : Viriatos portugais, Légion Saint-Patrick irlandaise,
Bandera Jeanne d’Arc française. La guerre civile s’achève en 1939 par la
victoire du général Franco, reconnu dès le mois de février par la France et le
Royaume-Uni. C’est toutefois le 1er avril 1939 que Franco déclare officiel‐
lement la fin de la guerre. Le bilan du conflit est très lourd, entre trois cent
quatre-vingts mille et quatre cent cinquante mille tués, près d’un demi-mil‐
lion d’Espagnols qui fuient leur pays. Certaines individualités d’exception
en émergent, telle la Pasionaria, Dolores Ibárruri (1895-1989), et son cé‐
lèbre appel No pasarán ! (« Ils ne passeront pas ! ») contre les franquistes
assiégeant Madrid.
L’ère qui s’ouvre de 1939 à 1975 est celle de l’Espagne franquiste, diri‐
gée par le général Franco. C’est une dictature nationaliste, fondée sur une
idéologie conservatrice, l’appui de l’Église, des institutions autoritaires. Un
parti unique, seul à être autorisé, est le relais efficace de la volonté du cau‐
dillo, le chef, titre de Franco, lequel concentre entre ses mains tous les pou‐
voirs. Le corporatisme inspiré du fascisme italien remplace tous les élé‐
ments de la démocratie parlementaire par ceux d’une démocratie organique
fondée sur la famille, la municipalité, le syndicat unique. Les représentants
sont nommés ou choisis sur liste par les corporations. Le parti unique, Fa‐
langa Española Tradicionalista y de las Juntas de Ofensiva Nacional Sindi‐
calista (FET y de las JONS), contrôle les rouages du syndicat unique. Le
catholicisme devient la religion d’État. La répression est sanglante contre
les républicains, les francs-maçons. Franco, en dépit de rencontres avec
Hitler, conserve la neutralité de l’Espagne durant toute la guerre. En 1947,
il réaffirme le principe monarchique espagnol, mais sans présence effective
d’un monarque. Alphonse XIII est mort à Rome en 1941, Franco écarte le
prince Juan de Bourbon (1913-1993), lui préférant son fils, Juan Carlos,
qu’il titre « prince d’Espagne » et nomme comme successeur en 1954.
CHAPITRE XVI
1. L’effondrement du tsarisme
La Russie du début du XXe siècle est plus que jamais un « colosse aux
pieds d’argile ». Elle entre tardivement dans l’Europe moderne par l’aboli‐
tion du servage, en 1861, mais ses structures sociales et politiques sont en‐
core marquées par l’archaïsme. Forte de ses cent cinquante-neuf millions
d’habitants et de ses 20 millions de km2, elle aligne à peine plus de
60 000 km de voies ferrées en 1913. Les grandes entreprises dépendent trop
souvent des capitaux étrangers. L’industrie est très concentrée géographi‐
quement, textile dans le bassin de Moscou, sidérurgie et exploitation mi‐
nière en Ukraine. L’agriculture occupe encore 80 % de la population active.
L’abolition du servage a ruiné nombre de propriétaires, sans pour autant
améliorer la condition paysanne dans son ensemble, faute de réforme
agraire. Seuls les koulaks, paysans aisés, ont pu racheter les terres des
nobles ruinés sur lesquelles ils exploitent à leur tour les journaliers agri‐
coles. Dans les grandes villes où se propage l’industrialisation se constitue
un prolétariat urbain, formé en grande partie de ruraux déracinés. Il est tra‐
versé de courants réformistes ou révolutionnaires. Une période troublée
s’annonce : entre 1905 et 1920, le pays traverse deux guerres, une guerre ci‐
vile et subit deux révolutions.
LE DIMANCHE ROUGE
Lénine est revenu à Petrograd. Avec les bolcheviks il organise une révo‐
lution de professionnels qui commence par un coup d’État le 25 octobre
1917 (calendrier julien), ou 7 novembre (calendrier grégorien). Dans la nuit
du 24 au 25 octobre 1917, des groupes d’ouvriers, soldats, marins bolche‐
viks occupent tous les points stratégiques de la ville. Le palais d’Hiver,
siège du gouvernement provisoire, est investi la nuit suivante, par de petits
groupes qui en prennent peu à peu le contrôle. Le croiseur Aurore tire un
seul coup, à blanc, pour donner le signal de l’infiltration du palais d’Hiver.
La propagande soviétique, ultérieurement, transformera ces faits en un as‐
saut de la foule, afin de donner de la révolution d’Octobre l’image d’un
soulèvement populaire spontané. Kerensky s’enfuit. Le pouvoir passe au
Conseil des commissaires du peuple, tous bolcheviks, présidé par Lénine.
Un premier décret sur la terre, qui lance la réforme agraire, ne nationalise
pas les terres mais les socialise. Confiées au mir, elles sont réparties entre
les familles. De même, les usines sont remises à des soviets ouvriers. La
dictature du prolétariat est proclamée. Les bolcheviks doivent résoudre de
nombreux problèmes : la guerre, les opposants, les alliés devenus encom‐
brants, le contrôle d’une opinion qui s’est crue libre. Après un armistice si‐
gné le 15 décembre, Lénine accepte le 3 mars 1918 les conditions draco‐
niennes de la paix de Brest-Litovsk avec l’Allemagne. La Russie perd la
Finlande, les Pays-Bas, la Pologne, soit un quart de sa population, un quart
de sa surface agricole, les trois quarts de sa capacité de production d’acier.
Si la révolution est un succès à Petrograd, il n’en va pas de même dans le
reste du pays.
Léon Trotski (Lev Davidovitch Bronstein, 1879-1940) naît dans une fa‐
mille juive de propriétaires terriens aisés d’Ukraine. Il fait ses études à
Odessa, crée en 1897 un Syndicat ouvrier du Sud de la Russie. Arrêté pour
activités révolutionnaires, il est interné à Odessa, puis déporté en Sibérie,
d’où il s’évade en 1902. C’est au cours de cette évasion qu’il use de faux
papiers au nom de Trotski, celui d’un gardien de la prison d’Odessa. Émigré
à Londres, il y rencontre Lénine, collabore à l’Iskra. Clandestinement rentré
en Russie, il prend une part active aux événements de 1905, préside le so‐
viet de Saint-Pétersbourg. Lors de la répression qui suit, il est condamné
une nouvelle fois à la déportation en Sibérie, parvient à s’enfuir, s’exile à
Vienne. De retour en Russie, il rallie les bolcheviks, devient membre de leur
bureau politique. Après la révolution d’Octobre, il crée l’armée Rouge, en
février 1918, pour lutter contre les Blancs, monarchistes, appuyés par des
corps expéditionnaires des puissances alliées, britanniques et françaises no‐
tamment, qui redoutent une extension du mouvement révolutionnaire. Il
faut aussi affronter les revendications nationales armées. Biélorussie et
Ukraine se proclament indépendantes. Refusant de servir sous les armes des
Rouges ou celles des Blancs, les paysans forment à leur tour des armées
vertes, refuge des déserteurs des deux bords, qui s’opposent à la fois aux
forces communistes et aux monarchistes. Les principales armées blanches
sont celles d’Alexandre Koltchak (1874-1920), Anton Denikine (1872-
1947) ou Piotr Wrangel (1878-1928). Ils se révèlent incapables de coor‐
donner leurs efforts, ne disposent que de très peu de soutien populaire. Ils
sont vaincus tour à tour. Koltchak en 1920 après l’échec de sa tentative de
marche sur la Volga est fusillé. Denikine perd l’Ukraine qu’il occupe, se re‐
plie en Crimée. Wrangel, battu en 1920, se réfugie à Istanbul. Le commu‐
nisme de guerre décrété permet à l’armée Rouge toutes les réquisitions, les
terres sont en partie collectivisées dans le cadre des Kolkhozes, coopératives
d’État. Cela provoque un rejet massif des bolcheviks dans les campagnes.
En 1921 l’armée Rouge, très efficacement organisée et contrôlée par Trots‐
ki, a vaincu toutes les oppositions armées.
Vainqueur, celui-ci semble devoir être l’un des successeurs possibles de
Lénine. Il est toutefois écarté au profit de Staline qui le marginalise rapide‐
ment. Exilé en 1927 en Asie centrale, il est contraint en 1929 de fuir
l’URSS. Après un passage en Turquie, puis en Europe, il gagne le Mexique
où Staline le fait assassiner en 1940.
LE RÈGNE DE STALINE
Entre 1935 et 1937 les grandes purges éliminent les ennemis, réels ou
supposés, du régime. Le pouvoir politique organise des procès à grand spec‐
tacle, où les accusés reconnaissent, devant un parterre de journalistes étran‐
gers, avoir comploté la faillite de l’URSS, réclament contre eux-mêmes les
plus lourdes sanctions. Condamnés à mort, ils sont fusillés. Ces procès de
Moscou sont marqués par la virulence d’Andreï Vychinski (1883-1954),
procureur de l’URSS, qui forge sur mesure les éléments de droit utiles à
l’élimination, de ce fait en apparence légale, des opposants. Après les poli‐
tiques vient le tour des militaires, trop populaires aux yeux de Staline, qui a
instauré à son profit depuis 1929 un véritable culte de la personnalité. Le
maréchal Mikhaïl Thoukhatchevski (1893-1937), qui s’oppose aux pré‐
mices du futur pacte germano-soviétique, préconise de multiplier les divi‐
sions blindées contre l’opinion de Staline. Il est exécuté en 1937. Une partie
des hauts gradés de l’armée Rouge subit le même sort, affaiblissant la dé‐
fense soviétique, ce qui aura des conséquences lors de l’agression alle‐
mande en juin 1941. Les grandes purges se prolongent dans la grande ter‐
reur qui dure jusqu’en 1938. Elle aurait fait entre un et deux millions de vic‐
times, exécutées sommairement, au cours de leur déportation ou dans le
Goulag (Glavnoie oupravlenie laguereï, « Direction principale des camps »,
camps de travail forcé). C’est pourtant en même temps que la nouvelle
Constitution est promulguée, en 1936. Elle peut paraître plus libérale, avec
par exemple le recours au scrutin à bulletin secret, mais renforce la dictature
en excluant toujours le multipartisme.
1. La prospérité et la crise
2. Relancer la machine
Roosevelt naît en 1882 dans une riche famille de l’État de New York. Ses
ancêtres viennent de Hollande au XVIIe siècle. Le pouvoir est aussi un héri‐
tage familial, Théodore Roosevelt est Président des États-Unis de 1901 à
1909. Franklin Delano épouse sa nièce, Éléonore Roosevelt. Membre du
parti démocrate, sa carrière est favorisée par le Président Wilson qui le
nomme sous-secrétaire d’État à la marine. Il le reste de 1912 à 1920. C’est
alors que le destin semble tout devoir remettre en cause, il est victime d’une
poliomyélite, ses deux jambes restent paralysées. Indomptable, il parvient, à
force de rééducation, à marcher de nouveau. En 1928 il remporte le poste de
gouverneur de l’État de New York. Ses qualités dans cette fonction font de
lui le candidat démocrate à l’élection présidentielle de 1932, qu’il remporte.
Les États-Unis subissent alors les conséquences de la grande crise de 1929
et il y répond par la mise en place du New Deal. Il est réélu sans disconti‐
nuer quatre fois Président, en 1932, 1936, 1940 et 1944. Son rôle pendant la
Seconde Guerre mondiale est primordial pour la victoire. Affaibli par un
cancer, il meurt au cours de son dernier mandat, en avril 1945. Roosevelt
est aussi connu pour être le premier Président américain à user des médias
pour s’adresser directement au peuple. Ses « causeries au coin du feu » dé‐
butent à la radio dès 1933. Un genre promis à un grand avenir, Pierre Men‐
dès France et De Gaulle s’en inspirent en France, Kennedy en fait un art
aux États-Unis.
ON REBAT LES CARTES : LA NOUVELLE DONNE
1. L’Inde
Littérature : Tagore
En Inde, philosophie et religion sont étroitement liées, la religion étant conçue comme
une manière de bien vivre. C’est pour cela que les premiers penseurs se tournent vers
l’explication des textes sacrés. La modernité les conduit à des réflexions plus poli‐
tiques, à envisager l’avenir d’une Inde devenue indépendante. Rabindranath Thākur,
dit Tagore (1861-1941), prix Nobel de littérature en 1913, met l’Inde et les valeurs es‐
sentielles de l’existence humaine en contact avec le reste du monde. Son enfance se
déroule au sein d’une famille de réformateurs sociaux. Après des études avortées de
droit à Londres, il retourne chez lui au bout de dix-huit mois. Son talent de poète se ré‐
vèle très vite. Parallèlement à son œuvre littéraire, il prend conscience de la noblesse
de l’abnégation, tout en étudiant la société qui l’entoure. Il met l’Inde en contact avec le
monde et l’ouvre à celui-ci en créant l’université de Visva Bharati en 1921, centre inter‐
national de culture et d’études humanistes, scientifiques, agricoles, d’arts appliqués.
Traduite par André Gide, son œuvre littéraire la plus connue reste Gītāñjali, ou L’Of‐
frande lyrique, en 1912, pour laquelle il reçut le prix Nobel de littérature.
Tchang Kaï-chek doit toutefois faire face à ses anciens alliés commu‐
nistes qui créent en 1931 la République soviétique chinoise implantée sur‐
tout dans le Jiangxi, au sud-est du pays, présidée par Mao Zedong (1893-
1976).
Le futur fondateur de la République populaire de Chine naît en 1893 dans
une famille de paysans aisés du Hunan, une province située au sud du
fleuve Jiangzi Jiang. Mao Zedong (1893-1976) s’élève socialement par de
solides études, où il manifeste un goût pour la poésie, puis se tourne vers les
écrits de Sun Yat-Sen. Après la révolution de 1911, il occupe divers postes
subalternes à Pékin, avant de participer à la création du Parti communiste
chinois en 1921. C’est en 1927 que la rupture entre les communistes et les
nationalistes lui offre la possibilité de jouer un rôle de premier plan. Il met
en pratique sa théorie du marxisme-léninisme approprié à la masse pay‐
sanne chinoise en créant en 1931 la République soviétique chinoise du
Jiangxi, au sud-est du pays. Mais les nationalistes s’emparent de sa capitale,
Ruijin, en 1934. Mao Zedong, l’armée Rouge chinoise et les responsables
du Parti communiste chinois entament alors la Longue Marche, entre oc‐
tobre 1934 et 1935, qui les mène du Jiangxi jusqu’au Shaanxi situé
12 000 km plus au nord. L’épuisement, les poursuites de l’armée de Tchang
Kaï-chek, l’hostilité des habitants de certaines régions traversées trans‐
forment la Longue Marche en un calvaire, environ cent mille hommes en
seraient morts. Seuls vingt mille parviennent au but. Mao Zedong, contesté
au sein du parti en raison de ses erreurs politiques, y reprend l’avantage en
qualité de chef de guerre. Il fait par la suite de la Longue Marche le geste
héroïque de l’armée Rouge et du Parti communiste chinois ou PCC. Parve‐
nu au Shaanxi en 1935, il y fonde la République soviétique chinoise du
Yan’an, du nom d’une ville de la province. Entre 1937 et 1945, il combat
les Japonais aux côtés des nationalistes, puis la guerre civile reprend entre
eux. Elle s’achève par la victoire des communistes en 1949. Le nom de Mao
et celui de la Chine ne vont plus dès lors faire qu’un jusqu’à sa mort en
1976.
LA FIÈVRE NATIONALISTE
L’INCIDENT DE MOUKDEN
LE CAS HIROHITO
L’art qui prend place au XXe siècle en France est un art prolifique, riche
de tendances souvent contrastées, voire opposées. La mécanisation grandis‐
sante au profit d’une bourgeoisie triomphante, liée au rendement et à la pro‐
duction, produit rejet des tenants du monde de l’art qui se regroupent en
force contestataire. Peu à peu les liens qui rattachaient les artistes aux
formes dirigeantes se défont, les tenants de l’art prenant conscience qu’ils
devaient investir un espace politique. L’art devra concerner la multitude et
non plus une élite, évoluer en dehors de l’institution, et en gagnant son au‐
tonomie réintégrer la vie. C’est ainsi que s’effectue le premier virage de la
modernité. À la différence de l’art moderne qui a respecté les catégories es‐
thétiques traditionnelles, un nouvel art libéré de toutes les conventions ap‐
paraît, créant un bouleversement encore plus profond que celui qui a mar‐
qué le début du siècle.
Le cubisme en résumé
Les précurseurs : Cézanne, « tout dans la nature se modèle sur la sphère, le cône et
le cylindre ».
La technique : ne pas représenter l’objet tel qu’il est vu mais tel qu’il est pensé. Celui-
ci est décomposé, s’offre sous toutes ses faces.
Point de départ : Les Demoiselles d’Avignon de Picasso (1907). Braque donne nais‐
sance à un cubisme analytique où tout est décomposé en plans et en volumes. La pé‐
riode synthétique suit avec ses collages, journaux. Picasso recompose le sujet à sa
fantaisie.
◆ La période cubiste est caractérisée par les recherches qu’il fait avec
Braque sur l’objet, envisagé sous toutes ses faces. Personnages aux visages-
masques inspirés de l’art nègre et figures géométriques dominent.
Vers les années 1920, on parle d’une période gréco-romaine, avec des
représentations de figures néoclassiques aux dimensions extrêmes. Des
œuvres engagées comme Guernica, en 1937, des portraits de Staline après
avoir rejoint le parti communiste en 1944. À partir des années 1950, sa
production se diversifie, avec des céramiques, des sculptures, des lithogra‐
phies, des affiches.
L’ART ABSTRAIT
Point de départ : le groupe Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu) revendique autour de
Kandinsky l’abstraction, en 1911.
Les mouvements :
– Le suprématisme est une négation du monde des objets et vise à faire apparaître le
monde sans objet. C’est une peinture en action ontologique et une méditation sur
l’être. « La maîtrise artistique doit se plier aux exigences du mouvement de l’être dans
le monde, ne pas faire apparaître le matériau dans sa nudité squelettique comme le
fait le constructivisme mais faire apparaître l’inexistence des formes et des couleurs.
C’est pourquoi les carrés, les cercles, les croix suprématistes ne sont pas des formes
analogiques de carrés, de cercles ou de croix existant dans la nature, ils sont l’interrup‐
tion de la non-existence, des éléments formants et non pas informants. Dans le supré‐
matisme, la couleur est donc une émanation de l’être du monde et non “un produit de
la décomposition de la lumière” dans notre vision oculaire4. » Le suprématisme de Ma‐
levitch traduit la volonté d’aller au-delà de l’objet, de le transcender. En 1915, il peint
son Carré noir sur fond blanc, première création de caractère suprématiste. La compo‐
sition est pour lui une concordance de rythmes qui se déploie dans l’espace de la toile
à la façon d’un contrepoint musical : Suprématisme 417 (1915).
LE FUTURISME
Le futurisme et l’orphisme
Le Manifeste du futurisme est publié en 1909 dans Le Figaro par le poète
italien Filippo Marinetti (1876-1944). L’art, comme la littérature, la mo‐
rale doivent regarder vers l’avenir, faisant table rase du passé. Le futurisme
veut représenter les trépidations de la vie moderne. Les futuristes associent
donc univers mécanique et technique, où les hommes et machines tendent à
se ressembler. Umberto Boccioni (1882-1916), avec La Ville qui monte,
Gino Severini (1883-1966), par son Train de banlieue arrivant à Paris,
illustrent cette fusion involontaire. Ces peintres appliquent le système de
touches de couleurs pures jusqu’en 1912, date à laquelle ils exposent pour
la première fois à Paris. Confrontés aux cubistes, ils s’approprient leurs
techniques de fragmentation des volumes du plan. Leur finalité n’est pas de
montrer tous les aspects d’un objet mais plutôt de se servir de la décomposi‐
tion des volumes pour montrer l’effet de la vitesse du mouvement, de l’ac‐
célération sur les objets et leur environnement. Pour désigner cette tech‐
nique, les futuristes parlent de simultanéité, tous les instants du mouvement
sont représentés en même temps. En 1912, Guillaume Apollinaire donne le
nom d’orphisme à la peinture de Robert Delaunay (1885-1941) qui fait par
suite figure de chef de file de cette école, et son tableau Paris-Saint-Séve‐
rin. Il déclare, dans ses Méditations esthétiques, que c’est l’art « de peindre
des ensembles nouveaux avec des éléments empruntés, non à la réalité vi‐
suelle, mais entièrement créés par l’artiste et doués par lui d’une puissante
réalité ». D’autres artistes sont rattachés à l’orphisme comme : Fernand
Léger (1881-1955), La Femme en bleu (1912), L’Escalier (1914) ; Marcel
Duchamp (1887-1968), Nu descendant un escalier (1912) ; František
Kupka (1871-1957), série des Gigolettes (1906-1910).
Le futurisme ailleurs
L’École de Paris
Lydia Harambourg, spécialiste de la peinture des XIXe et XXe siècles, dans son Diction‐
naire des peintres de l’École de Paris, recense les artistes d’origine étrangère qui
vinrent à Paris au XXe siècle. Le premier mouvement se produit :
LE DADAÏSME
Le dadaïsme en résumé
Définition : art subversif et terroriste en littérature, peinture, morale sociale. Il naît aux
États-Unis et en Suisse.
Les circonstances selon lesquelles le mot fut trouvé divergent selon les
versions. Loin d’être un mouvement purement négativiste, le dadaïsme a ré‐
vélé les ressorts les plus profonds, les plus cachés de la création artistique et
poétique, mettant en valeur et en évidence les lois permanentes et univer‐
selles de l’art de toujours. Il a consacré tous les modes d’expression, pein‐
ture, théâtre, photo, cinéma, sculpture.
LE SURRÉALISME
Le mouvement
Le surréalisme en résumé
Définition : issu de Dada, il vise à découvrir les nouveaux rapports entre les objets.
Rôle de l’inconscient et de l’irrationnel.
Principaux peintres : Tanguy, Ernst, Dalí, Miró, Duchamp, Magritte, Arp, De Chirico,
Bellmer, Malkine.
Dans une lettre à Paul Dermée de mars 1917, Apollinaire, suivant les
conseils de Pierre Albert-Birot qui semble lui avoir soufflé le mot, écrit :
« Tout bien examiné, je crois en effet qu’il vaut mieux adopter surréalisme
que surnaturalisme que j’avais d’abord employé. » Utilisé par « MM. les
philosophes » et par Gérard de Nerval dans la dédicace des Filles du feu
(1854), le surnaturalisme ne servira donc pas à qualifier les Mamelles de Ti‐
résias (1917). Guillaume Apollinaire, en préface de sa pièce, prétend qu’il
y opère « un retour à la nature », mais en ne recourant ni à la photographie
ni au symbole énoncé : « Pour caractériser mon drame, je me suis servi d’un
néologisme qu’on me pardonnera car cela m’arrive rarement, j’ai forgé
l’adjectif surréaliste qui ne signifie pas du tout symbolique. » Ce même mot
sera ensuite utilisé en 1920 par Paul Dermée dans la revue L’Esprit nou‐
veau, dans le manifeste « Pour Dada », signé André Breton, puis, en 1924,
choisi par Yvan Goll comme titre d’une publication qui ne connaîtra qu’un
numéro et qui fait du surréalisme « une transposition de la réalité dans un
plan supérieur5 ». L’idée surréaliste s’amorce en marge de Dada dans la re‐
vue Littérature (1919-1923), dans laquelle seront publiés les premiers cha‐
pitres des Champs magnétiques d’André Breton et Philippe Soupault,
conçus comme le premier ouvrage surréaliste, puisqu’y sont appliquées les
premières techniques de l’écriture automatique. Lorsqu’en 1922, André
Breton prend congé de Dada, la rupture avec Tzara consommée, il faudra
à peine deux ans pour que ce projet entamé se concrétise dans le Manifeste
du surréalisme en 1924. Breton définit ainsi le surréalisme : « Automatisme
psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit
par écrit ou de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ;
Dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en de‐
hors de toute préoccupation esthétique ou morale », suivi de son commen‐
taire philosophique : « Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité su‐
périeure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-
puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définiti‐
vement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans
la résolution des principaux problèmes de la vie. »
La peinture surréaliste
En rentrant dans le XXe siècle, la sculpture entre dans une phase évolu‐
tive, avec une audace croissante, tout en se libérant des contraintes réalistes
des siècles précédents. L’artiste contraint désormais la nature à se plier à ses
visions du monde pour lui substituer le monde réel qui l’entoure. Jamais,
pendant ce siècle, la diversité des styles n’aura été si grande. Influencée par
les révolutions esthétiques, la sculpture présente des recherches sur des ma‐
tériaux dont l’extrême diversité exprime les inquiétudes modernes en rup‐
ture avec toutes les traditions. La sculpture du XXe siècle devra son affran‐
chissement à certains artistes déjà connus en tant que peintres autant qu’aux
recherches de sculpteurs de profession dans le même temps. La Méditerra‐
née (1905), de Maillol, pourrait être la première grande œuvre statuaire du
XXe siècle : « Je construis mes figures selon un plan géométrique, la Médi‐
terranée est encadrée dans un carré parfait6 », disait-il d’elle. Mais la pre‐
mière œuvre à s’écarter des voies traditionnelles de la sculpture est La Gui‐
tare de Picasso, en 1912, composition en tôle sans socle. Matisse com‐
mence la sculpture dès 1894, date de son entrée aux Beaux-Arts. Au départ,
il se consacre à des sculptures animalières. En dix ans, entre 1900 et 1910,
il produit quelque soixante-dix sculptures sans s’intéresser à la recherche de
nouveaux matériaux. Comme Rodin, il partage la même adoration pour le
nu féminin. Ses Deux négresses, en 1908, à la rudesse d’expression, coïn‐
cident avec le début de sa collection africaine et océanienne. Ses quatre bas-
reliefs sur Les Nus de dos, 1900, en versions successives s’échelonnent
entre 1909 et 1930 et atteignent un maximum de dépouillement, la figure
faisant de plus en plus corps avec le fond. Dans le Nu de dos no 4, il y a une
simplification des formes et une monumentalisation du corps que l’on re‐
trouve dans La Danse (1911). D’autres peintres mèneront la sculpture à sa
totale autonomie. On peut se demander s’il y a une sculpture cubiste qui ne
se soit pas qu’une imitation stylistique de la peinture. Le grand reproche qui
lui avait été fait était d’avoir été conçue par des peintres. La multiplicité des
voies et des œuvres défend de la saisir autrement que dans une réalité plu‐
rielle et multiforme. À partir de 1907 apparaissent des tentatives nouvelles
pour représenter les objets. Braque, Picasso inaugurent la sculpture cu‐
biste. Alexander Archipenko (1887-1964), qui eut le premier l’intuition de
la valeur volumétrique des vides, fait alterner dans ses œuvres convexe et
concave et a recours aux matériaux transparents : Figure debout (1920).
Tous les sculpteurs cubistes auront la volonté de rompre avec l’approche
psychologique d’imposer l’objet au monde. Les arts africains, océaniens,
dans le Paris du début de ce siècle, exercent une grande influence sur ces ar‐
tistes en laissant découvrir la primauté de l’objet sur le sujet, évoquant la
réalité par un ensemble de signes, d’emblèmes, d’abréviations. Ce sont les
« vides actifs » d’Archipenko, et les « trouées » d’Ossip Zadkine (1890-
1967), avec Orphée (1956), Henry Moore (1898-1986), fondateur du re‐
nouveau de la sculpture anglaise et ses silhouettes percées, les volumes dé‐
matérialisés d’Antoine Pevsner (1886-1962) et de Naum Gabo (1890-
1977) aux contrepoints d’Arp, la dialectique du convexe et du concave, de
l’ouvert et du fermé.
Notes
1. John Golding, Le Cubisme, Paris, Le Livre de Poche, 1968.
2. Michel Ragon, L’Aventure de l’art abstrait, Paris, Robert Laffont, 1956, p. 56.
3. Kasimir Malevitch, La Lumière et la couleur, textes inédits de 1918 à 1928, in Écrits sur l’art,
t. 4, Lausanne, L’Âge d’Homme, « Slavica », 1993, p. 10.
4. Ibid.
5. Gérard de Cortanze, Le Monde du surréalisme, Bruxelles, Éditions Complexe, 2005, p. 9.
6. Judith Cladel, Aristide Maillol, sa vie, son œuvre, ses idées, Paris, Grasset, 1937.
CHAPITRE XX
ÉVOLUTION DE LA POÉSIE
Littérature et manifeste
4. La phénoménologie husserlienne
Le monde n’est pas la somme des objets qu’il contient, il faut expliquer
les objets par lui et non le monde par les objets. Ce monde personnel réduit
aux objets de nos préoccupations, cet « Umwelt », n’est pas nécessairement
ce qui est voisin de nous dans l’espace. Les réalités de notre monde envi‐
ronnant ne sont pas tant des choses que des outils liés ontologiquement à
d’autres outils et qui renvoient nécessairement à l’existence d’un Dasein,
l’enclume réclame le marteau et le forgeron.
De la même façon qu’il n’y a pas de moi sans le monde, il n’y a pas de
moi sans d’autres moi. Les autres sont ceux qui existent en même temps
que moi. Avec « mit et auch » sont des existentiaux, c’est-à-dire des consti‐
tuants de l’être de ma propre existence. Il n’y a de moi que par relation à
l’autre. C’est parce que le « Mit Sein », « l’être avec », passe inaperçu de la
plupart des personnes qu’ont pu naître les théories sur l’origine artificielle
des sociétés. Plongée dans le Mit Sein, mon existence est hétéronome. Le
On, la collectivité, retire à chacun le sentiment de sa responsabilité. Il y a
une possibilité de s’élever au Dasein authentique. Pourtant nous sommes
« jetés-dans-le-monde » bien malgré nous et privés de tout secours. De là
deux sentiments, angoisse et peur. Le vrai seulement qui nous arrache au
Dasein inauthentique nous fait passer au Dasein authentique est l’angoisse,
provoquée par le monde lui-même. Nous sommes libérés de l’empire du On
et placés devant une option inéluctable d’être nous-mêmes. L’angoisse nous
conduit à des aperceptions que nous existons pour la mort. De là pour Hei‐
degger, il faudrait se connaître inclusivement jusqu’à la mort, savoir qui en
fait nous est refusé, car nous n’expérimentons pas la mort pour le mourant.
La pensée de Heidegger eut une influence considérable sur des penseurs
comme Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Alexandre Kojève,
Paul Ricœur, Emmanuel Levinas, Jean-Luc Marion, mais également
Foucault, Althusser, des écrivains comme Maurice Blanchot, Georges
Bataille, René Char.
Notes
1. Gottlob Frege, Les Fondements de l’arithmétique, Paris, Le Seuil, « L’ordre philosophique »,
1969.
2. Robert Blanché, L’Épistémologie, Paris, Puf, « Que sais-je ? », 1972, p. 120.
3. Jean Beaufret, Dialogue avec Heidegger, Paris, Minuit, 1973-1985, 4 vol.
CHAPITRE XXII
Hitler se retourne alors contre l’URSS. En dépit de Staline qui y voit une
zone tampon de sécurité, l’Allemagne s’empare de la Bulgarie en
mars 1941. Le 22 juin 1941 elle lance l’opération Barbarossa, l’attaque de
l’Union soviétique. En URSS, la Wehrmacht progresse rapidement, arrive à
une centaine de kilomètres de Moscou. Elle y est bloquée par l’hiver russe.
Au printemps 1941 l’offensive reprend, le général Friedrich Paulus (1890-
1957) atteint le Don, puis la Volga, arrive devant Stalingrad. Il doit alors af‐
fronter un second hiver russe avant de reprendre son offensive au printemps
de 1942. Ce répit permet aux Russes de se préparer à la bataille décisive,
grâce au repli des usines d’Ukraine vers l’Est, à la création de nouvelles
unités industrielles dans l’Oural et en Sibérie, sans compter l’aide améri‐
caine sous forme de milliers de chars et d’avions.
Afin de porter secours à leur allié italien qui essuie des défaites en Tripo‐
litaine, province de Libye, l’Allemagne envoie un corps expéditionnaire,
l’Afrika Korps, commandé par Rommel. Ce dernier retourne la situation à
son avantage, fonce sur l’Égypte. Le 3 novembre 1942 le général Bernard
Montgomery (1887-1976) bat à El-Alamein, en Libye, les troupes de
l’Afrika Korps du maréchal Erwin Rommel (1891-1944). C’est une étape
fondamentale dans le sauvetage de l’Égypte et du canal de Suez, axe vital
pour ravitailler les Alliés. L’armée de Rommel qui s’était approchée à
quelques centaines de kilomètres d’Alexandrie est repoussée en Libye, puis
vers l’Ouest, car la division blindée du général Leclerc remonte du Tchad et
menace de prendre l’armée allemande en tenaille. Le 8 novembre 1942 a
lieu le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, des centaines de
navires prennent les ports d’Algérie et du Maroc, sous la direction du géné‐
ral américain Eisenhower. Les deux tombent rapidement, en dépit de la ré‐
sistance des troupes coloniales obéissant à Vichy. C’est en s’imposant face à
Giraud que de Gaulle, arrivé en mai 1943, devient l’unique chef de la
France libre. Giraud éliminé par sa démission le 27 octobre 1943, de Gaulle
prend la tête du Comité français de libération nationale, un gouvernement
des zones libérées. En réaction, les armées allemandes envahissent en
France la zone Sud le 11 novembre. L’escadre de Toulon se saborde pour ne
pas tomber aux mains des Allemands, mais sans chercher à se joindre à la
France libre. Le 12 novembre, la Tunisie est prise par les forces italo-alle‐
mandes, la totalité du Maghreb n’a pu être libérée.
LE RECUL DE L’AXE
LES RÉSISTANCES
Les femmes combattent avec les hommes dans les rangs de la résistance,
ce qui permettra, après l’égalité des risques et des souffrances, d’obtenir
l’égalité civique et le droit de vote en 1945. Au nombre de ces combattantes
de l’ombre, deux figures particulièrement attachantes se détachent, l’une
bien connue, l’autre bien oubliée : Lucie Aubrac et Danielle Casanova.
Née Lucie Bernard, à Mâcon, dans une famille de vignerons, Lucie Au‐
brac (1912-2007) fait des études d’histoire, réussit l’agrégation, devient en‐
seignante. À la veille de la guerre, en 1939, elle épouse Raymond Samuel.
Tous deux deviennent des résistants de la première heure, fondateurs avec
Emmanuel d’Astier de La Vigerie (1900-1969) du réseau « Libération ».
Leur pseudonyme dans l’action clandestine, destiné à devenir le nom sous
lequel la postérité les connaît, est Lucie Aubrac et Raymond Aubrac. Tout
en enseignant, elle participe aux activités du réseau, tracts, journal clandes‐
tin, fait le lien entre les membres. L’intensification de la chasse aux résis‐
tants, les « terroristes » pour Vichy, au cours de l’année 1943, met par deux
fois Raymond Aubrac en danger : arrêté, il doit son salut à Lucie qui, par
deux fois aussi, le fait évader. Demeurer en France n’est plus possible, le
couple parvient à gagner l’Angleterre en février 1944. Après la guerre, Lu‐
cie Aubrac transmet aux jeunes générations le souvenir de ce que fut la ré‐
sistance. Raymond a perpétué sa mémoire avant de s’éteindre en 2012.
Née Vincentalla Perini, à Ajaccio, en 1909, dans une famille d’institu‐
teurs, Danielle Casanova (1909-1943) est une haute figure de la résistance,
dont la mort prématurée, à Dachau, du typhus, le 9 mai 1943, explique peut-
être en partie l’oubli dont elle est victime. Venue à Paris pour y devenir den‐
tiste, elle y fait surtout la connaissance de Laurent Casanova (1906-1972),
un jeune communiste, futur collaborateur de Maurice Thorez, membre de
l’appareil clandestin du Parti communiste français. Elle milite activement
pendant l’entre-deux-guerres, rejoint la clandestinité dès septembre 1939,
quand le Parti communiste est interdit. Elle met en place les comités fémi‐
nins communistes en octobre 1940. Son activisme la rend vulnérable. Elle
est arrêtée par la police française en février 1942. Internée à la Santé puis au
fort de Romainville, elle déploie une remarquable énergie et continue tracts
et activités militantes. Déportée à Auschwitz, elle y soigne les affections
dentaires, y contracte le typhus qui l’emporte. Paris lui rend hommage par
une rue perpendiculaire à l’avenue de l’Opéra. La Monnaie de Paris édite en
2012 une pièce de 10 euros en argent où elle figure sa Corse natale.
CHAPITRE XXIV
1. La IVe République
Cependant deux expériences politiques sortent d’un lot plutôt terne, celle
d’Antoine Pinay (1891-1994) de mars à décembre 1952, et celle de Pierre
Mendès France (1907-1982) entre juin 1954 et février 1955. Antoine Pinay
rassure le pays à un moment d’instabilité monétaire et financière par son
profil de notable provincial. Il stabilise le franc, lance un emprunt à 3,5 %
indexé sur l’or et surtout sans droits de succession qui remporte un grand
succès et restaure la confiance des milieux financiers en France et à l’exté‐
rieur. C’est le début pour Pinay d’une réputation d’infaillibilité en matière
monétaire, jusqu’à sa mort, à l’âge de cent trois ans. On vient le consulter
dès que le franc vacille.
Pierre Mendès France reçoit l’investiture à la suite de la défaite française
de Ðiện Biên Phủ (7 mai 1954), le 18 juin 1954. Depuis 1946, la guerre
d’Indochine oppose la France, soutenue par les États-Unis dans le cadre de
la guerre froide, aux partisans d’Hồ Chí Minh, le front de résistance du
Viêt-minh appuyés depuis 1949 par la Chine communiste. Depuis le mois
de janvier 1954, douze mille soldats français sont pris au piège dans la cu‐
vette de Ðiện Biên Phủ. Le 7 mai 1954, ils sont contraints à la reddition.
En dépit de la longueur de la bataille, c’est un coup de tonnerre en France
où tout le monde les avait oubliés. Pierre Mendès France, surnommé PMF,
arrive aux affaires dans l’urgence. C’est la fin militaire de la guerre d’Indo‐
chine (1946-1954) à laquelle Mendès France donne une conclusion poli‐
tique en signant le 20 juillet 1954 les accords de Genève, qui donnent son
indépendance à l’Indochine. Le 31 juillet 1954 c’est au tour de la Tunisie.
Mais il échoue en Algérie, avec les événements de la Toussaint, le 1er no‐
vembre 1954, qui marquent le début de la guerre d’Algérie (1954-1962). Il
ne parvient pas non plus à faire adopter par l’Assemblée le projet de Com‐
munauté européenne de défense, ou CED, qui prévoit des forces conjointes
franco-allemandes contre la menace soviétique, qui la rejette par vote en
1954. Le 5 février 1955, l’Assemblée lui refuse sa confiance, le contrai‐
gnant à démissionner. La IVe République se délite ensuite dans son incapa‐
cité à résoudre les conflits coloniaux. À partir de 1956 le socialiste Guy
Mollet (1905-1975) envoie pour les besoins de la guerre d’Algérie les sol‐
dats du contingent, l’armée de métier ne suffit plus. Pierre Mendès France,
ministre d’État de son gouvernement, démissionne alors pour marquer sa
désapprobation. La bataille d’Alger de 1957 révèle le recours à la torture, la
France est condamnée par l’ONU. La crise de Suez, toujours en 1956, dé‐
montre la position internationale plus fragile de la France, contrainte de re‐
culer devant l’opposition américaine et les menaces soviétiques.
Le gouvernement Guy Mollet tombe en mai 1957. Les suivants sont inca‐
pables d’agir, faute de temps, renversés à la première occasion. Ils sont de
plus en plus impopulaires auprès des colons français d’Algérie, qui les
soupçonnent de vouloir accorder son indépendance au pays. La situation
empire encore à compter du 15 avril 1958, en l’absence de gouvernement.
À l’annonce de l’investiture prévue de Pierre Pfimlin (1907-2000), le
13 mai 1958, dont on pense qu’il s’apprête à négocier avec le Front de libé‐
ration nationale (FLN) algérien, les colons d’Alger organisent le jour même
une gigantesque manifestation, prennant d’assaut le palais du gouverneur
général, y installant un Comité de salut public avec le soutien des généraux
Jacques Massu (1908-2002) et Raoul Salan (1899-1984). C’est un véri‐
table coup d’État, armée et colons se placent en dehors du cadre républicain
et de ses institutions. Les gaullistes profitent de la situation pour favoriser la
fin de la « traversée du désert » du général de Gaulle, éloigné des postes de
décision de la vie politique depuis douze ans, condamnant les élus de son
parti, le RPF, qui, en 1953, rejoignent la majorité, entrent même au gouver‐
nement. Dès le 15 mai de Gaulle lui-même se déclare « prêt à assumer les
pouvoirs de la République » à la demande des gaullistes d’Alger. Le
19 mai, il convoque la presse pour une conférence. À un journaliste qui lui
demande s’il compte s’emparer du pouvoir, il répond avec humour :
« Croyez-vous qu’à soixante-sept ans je vais commencer une carrière de
dictateur ? » Il apparaît vite comme l’homme providentiel à une classe poli‐
tique désemparée, qui redoute un putsch militaire à Paris aussi, un débar‐
quement des unités parachutistes. Elle n’a pas tort, l’opération Résurrection
est bien prévue pour la nuit du 27 au 28 mai, un débarquement de soldats en
métropole, en Corse notamment. De Gaulle est le seul à pouvoir ramener
l’armée dans le rang et apaiser les craintes des colons. Le 28 mai, Pierre
Pfimlin démissionne, le lendemain, le président de la République, René
Coty, fait appel à de Gaulle. Le 1er juin 1958, l’Assemblée nationale l’in‐
vestit par trois cent vingt-neuf voix contre deux cent vingt-quatre, lui accor‐
dant les pleins pouvoirs pour six mois afin qu’il mène à bien la rédaction
d’une nouvelle Constitution. La guerre d’Algérie met fin à la IVe Répu‐
blique.
En avril 1961 les généraux d’Alger tentent un putsch, vite avorté devant
le refus des soldats du contingent de les suivre et la réaction rapide de De
Gaulle. Le 21 avril 1961, Alger est sous le contrôle de quatre généraux en
retraite, Challe, Jouhaud, Zeller, Salan. Le lendemain, ils arrêtent le gouver‐
neur général et le ministre des Transports, en visite, Robert Burton. Bien
peu de régiments les suivent. De Gaulle réagit par l’utilisation de l’ar‐
ticle 16 de la constitution, prenant ainsi les pleins pouvoirs. Au soir du
23 avril, il prononce, en uniforme, un discours télévisé où il dénonce les
agissements « d’un quarteron de généraux en retraite », et interdit aux Fran‐
çais de les suivre. Ce coup de semonce réduit à néant la tentative de putsch.
Challe et Zeller se rendent et sont condamnés à quinze ans de prison, Jou‐
haud et Salan rejoignent la clandestinité de l’OAS. Ce sont les ultras de
l’Algérie française qui constituent alors l’Organisation de l’armée secrète,
ou OAS, multipliant les attentats, tentant à plusieurs reprises d’assassiner de
Gaulle. Ce dernier comprend qu’il lui faut agir vite. Le 19 mars 1962 le ces‐
sez-le-feu est décrété en Algérie. C’est par les accords d’Évian, le 18 mars
1962, que la France reconnaît l’indépendance de l’Algérie. Entre huit cent
mille et un million de pieds-noirs, ces descendants des colons français,
quittent l’Algérie. C’est aussi le cas pour environ cent mille harkis, ces Al‐
gériens qui se sont battus dans les rangs de l’armée française, rapatriés, en
dépit des consignes de les laisser sur place, par leurs officiers refusant de
les abandonner.
LA FRANCE GAULLISTE
Georges et Claude
C’est à Nice que Simone Veil (née en 1927) voit le jour, dans une famille
bourgeoise dont le père est architecte. En 1944 le drame se noue, elle est
déportée au camp d’Auschwitz avec sa mère et sa sœur. Rescapée de ce
camp de la mort, elle reprend ses études de droit, devient magistrat, se dé‐
voue pour la mémoire de l’extermination et la cause féminine. Elle est nom‐
mée à l’administration pénitentiaire, s’y émeut des conditions de détention
faites aux femmes, devient conseiller du Garde des Sceaux, puis entre au
Conseil Supérieur de la Magistrature. Entrée tardivement en politique, son
nom reste attaché au vote de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse,
en 1974, qu’elle défend avec courage devant une Assemblée hostile, qui ne
lui épargne pas les remarques ignominieuses, sans parler des croix gam‐
mées taguées sur les murs de son immeuble. Européenne convaincue, elle
œuvre pour le rapprochement franco-allemand, devient la première femme
présidente du Parlement européen de 1979 à 1982. De 1993 à 1995, elle est
ministre d’État aux Affaires sociales. Elle est présidente d’honneur de la
fondation pour la mémoire de la Shoah.
La vague rose
Mitterrand 2, le retour
Jacques Chirac, élu, choisit Alain Juppé (né en 1945) comme Premier
ministre. Normalien, énarque, inspecteur des Finances, l’homme est réputé
pour un abord glacial. Le gouvernement met en place une réforme promise
pendant la campagne, la fin du service militaire obligatoire, remplacé par un
service civique volontaire et une journée d’appel de préparation à la défense
obligatoire. Il engage aussitôt une politique de réforme de la retraite dans la
Fonction publique, de la Sécurité sociale. Le plan Juppé prévoit l’allonge‐
ment de la période de cotisation de trente-sept ans et demi à quarante ans
pour les fonctionnaires, la réforme de l’hôpital, un régime universel d’assu‐
rance maladie, l’imposition des allocations familiales, la remise en cause
des régimes spéciaux, dont celui des agents de la SNCF. La réaction des
syndicats est virulente, dès novembre, cinq cent mille personnes défilent
contre le projet, les cheminots entrent en grève en décembre, le pays est pa‐
ralysé, il faut des heures pour aller au travail, sans garantie de pouvoir rega‐
gner son domicile. Mais le mouvement s’essoufle à la fin de l’année, une
partie de la réforme est maintenue. Alain Juppé reste à Matignon. L’an‐
née 1995 est aussi marquée par une vague d’attentats terroristes d’inspira‐
tion islamique entre juillet et septembre. L’explosion d’une bombe, le
25 juillet, à la station de RER Saint-Michel fait sept morts et cent dix-sept
blessés. À l’automne 1996, ce sont les routiers qui entrent dans la danse,
bloquent les grandes villes. Après d’âpres négociations, le mouvement
prend fin en novembre. En mars de la même année, le pays vit au rythme
des expulsions de sans-papiers qui occupent l’église Saint-Ambroise dans le
11e arrondissement. À la fin de l’année 1996, la cote de popularité des deux
têtes de l’exécutif est au plus bas. Jacques Chirac pense pourtant qu’une
dissolution de l’Assemblée nationale lui permettra de reprendre la main. Fa‐
tale erreur…
LE SUCCÈS DE LA RFA
2. Depuis la réunification
LA RÉUNIFICATION ALLEMANDE
L’ALLEMAGNE ACTUELLE
C’est le SPD Gerhard Schröder (né en 1944) qui succède à Helmut Kohl
en 1998. Il opte pour une sortie du nucléaire civil à l’horizon de 2020, en‐
voie l’armée allemande au Kosovo en 1999. Réélu en 2002, il est le premier
chef d’État allemand à participer en 2004 aux cérémonies commémoratives
du débarquement en Normandie. En 2005 le SPD reste de justesse le pre‐
mier parti politique aux élections législatives, mais la montée des petits par‐
tis empêche la reconduction du chancelier, qui ne peut former un gouverne‐
ment de coalition. C’est donc Angela Merkel (née en 1954) qui accède à la
chancellerie. Dirigeante de la CDU depuis 1998, elle prend la tête de la
grande coalition qui regroupe CDU, son alliée bavaroise la CSU et le SPD.
Les élections de 2009 conduisent au départ du SPD, à la fin de grande coali‐
tion, la chancelière gouverne avec le parti libéral-démocrate, le FPD. C’est
la coalition noire-jaune. Elle s’oppose à l’entrée de la Turquie dans l’Union
européenne, réforme le système du travail pour introduire davantage de li‐
béralisme et lutter contre le chômage. Depuis la crise de 2008 et les diffi‐
cultés rencontrées en Europe, elle est le pivot de toute décision économique
concernant l’avenir de l’euro. Elle est reconduite à la tête de l’Allemagne
après sa victoire aux élections de septembre 2013.
CHAPITRE XXVI
1. État-providence et crises
Née en 1925, dans une famille modeste – son père est épicier –, Margaret
Thatcher (1925-2013) est élevée dans la pratique méthodiste, qui suit les
préceptes d’une éthique protestante rigoureuse, où la place de l’homme en
ce monde est le fruit de son travail et de ses efforts personnels. Elle travaille
tôt à l’épicerie familiale, auprès de son père, y acquiert la ferme conviction
que seul le libéralisme peut avoir un sens en économie. Une bourse lui per‐
met d’étudier la chimie à Oxford, dont elle sort diplômée. Elle y préside
l’association des étudiants conservateurs. Après un échec aux élections lé‐
gislatives en 1950, où elle a le courage de se présenter dans un bastion tra‐
vailliste, elle délaisse l’industrie chimique qui l’emploie pour étudier le
droit. Elle le fait avec l’appui financier de Denis Thatcher (1915-2003),
qu’elle épouse en 1951. Devenue spécialiste de droit fiscal, elle est élue à la
Chambre des communes en 1959. De 1961 à 1964, elle travaille auprès du
ministre des Affaires sociales, s’indigne de l’excès des dépenses qui, selon
elle, découragent le travail. Porte-parole du parti conservateur de 1964 à
1970, elle devient à cette date ministre de l’Éducation et des Sciences. Elle
y pratique des coupes dans les dépenses, mais prolonge la scolarité obliga‐
toire jusqu’à l’âge de seize ans. À la surprise générale, elle prend la tête du
parti conservateur en 1975. Elle est en 1979, la première et à ce jour
l’unique femme à devenir Premier ministre en Angleterre. Elle décède au
mois d’avril 2013. Le Royaume-Uni, à défaut de funérailles nationales, lui
accorde un hommage marqué par la présence exceptionnelle de la reine, le
protocole ne lui permettant pas, en principe, d’assister aux obsèques d’un
Premier ministre.
Bobby Sands
Robert Gerard Sands, dit « Bobby » Sands, est connu pour ses activités en Irlande du
Nord en faveur de la communauté catholique et de l’IRA (armée républicaine irlan‐
daise). Il rejoint celle-ci en 1972 et participe à plusieurs attentats à la bombe avant
d’être arrêté et condamné en 1977 à quatorze ans de prison. Les conditions de déten‐
tion des accusés politiques se dégradent et Bobby Sands commence une grève de la
faim le 1er mars 1981. Le 9 avril, il est élu député mais le nouveau Premier ministre
Margareth Thatcher refuse un statut spécial aux membres de l’IRA. Bobby Sands pour‐
suit sa grève de la faim et meurt le 5 mai 1981.
Tony Blair naît en Écosse en 1953, dans une famille de petite bourgeoi‐
sie, son père est avocat. Après des études de droit, il devient avocat lui aus‐
si, séjourne en France quelques années, y vit de petits boulots, dont celui de
barman. Sa passion précoce pour la politique le conduit à gagner les rangs
du Labour Party, le parti travailliste. Après un échec en 1982, il est élu dé‐
puté en 1983. Très vite remarqué, il gravit rapidement les échelons du parti,
dont il prend la tête en 1994. La victoire travailliste de 1997 lui ouvre les
portes de Downing Street. Conscient de l’amélioration des conditions de vie
ouvrières grâce aux Trente Glorieuses et à l’État-providence, il imprime au
Labour, qui devient le New Labour, un virage au centre.
Tony Blair est Premier ministre pendant dix ans, de mai 1997 à
juin 2007. À l’intérieur du Royaume-Uni, Tony Blair enregistre plusieurs
succès. La signature du Good Friday Agreement, ou accord du vendredi
saint, du 10 avril 1998 avec les principaux représentants politiques d’Ir‐
lande du Nord met fin à près de trente ans de guerre civile. Une assemblée
et un gouvernement, présidé par un Premier ministre d’Irlande du Nord,
sont créés. Un référendum organisé en Irlande du Nord (Ulster) et en Répu‐
blique d’Irlande (Eire) approuve très largement cet accord. Si la politique
terroriste suivie semble avoir effectivement pris fin, des attentats spora‐
diques sont encore perpétrés. Tony Blair est également à l’origine de la doc‐
trine Blair énoncée dans le discours de Chicago du 22 juin 1999, selon la‐
quelle la politique étrangère du Royaume-Uni se fonde sur la défense des
valeurs et principes de manière internationale et non plus sur celle des seuls
intérêts nationaux. Le pays participe, aux côtés des États-Unis, à la guerre
d’Irak en 2003. Il obtient en 2005 l’organisation des Jeux olympiques de
2012. Cette même année, Londres est victime à deux reprises d’une cam‐
pagne d’attentats terroristes.
Le 27 juin 2007, Tony Blair présente sa démission à la reine Élisabeth II,
souveraine depuis 1952. Son successeur est Gordon Brown (né en 1951). Il
demeure Premier ministre jusqu’en mai 2010. Ancien Chancelier de l’Échi‐
quier, ou ministre de l’Économie et des Finances, il doit faire face en 2007
aux menaces d’attentat. La crise des subprimes, prêts immobiliers accordés
par des banques à leurs clients les plus pauvres moyennant des taux d’inté‐
rêt variables et élevés, le conduit à un important programme de nationalisa‐
tions dans le secteur bancaire. En avril 2010 il provoque des élections anti‐
cipées qu’il perd au profit du conservateur David Cameron (né en 1966).
En l’absence d’une majorité absolue, ce dernier gouverne avec une coalition
s’appuyant sur le parti des libéraux-démocrates de Nicholas (dit Nick)
Clegg (né en 1967). Les premières mesures concernent l’allègement de la
dette publique qui atteint 186 milliards d’euros et se traduisent par une poli‐
tique d’austérité.
1. L’Espagne franquiste
4. Movida et modernisation
KHROUCHTCHEV ET LA DÉSTALINISATION
Après la Seconde Guerre mondiale, l’URSS est dans une position ambi‐
guë, bénéficiant à la fois d’un immense prestige international pour son rôle
pendant le conflit, mais dévastée, humainement et matériellement par ce
dernier. Les efforts de reconstruction sont gigantesques et s’achèvent vers
1950. Le pays se dote en 1949 de l’arme nucléaire, possède la bombe H en
1953. Staline gouverne d’une main de fer, développant le culte de la person‐
nalité. Il meurt le 5 mars 1953 et Nikita Khrouchtchev (1894-1971) accède
à la tête de l’État. Lors du XXe congrès du Parti communiste d’Union so‐
viétique (PCUS), en février 1956, Khrouchtchev remet un rapport, en prin‐
cipe secret, mais rapidement connu, dénonçant le culte de la personnalité
sous Staline, ouvrant ainsi la voie à la déstalinisation. Il favorise la reprise
de relations normalisées avec les États-Unis dans le cadre de la coexistence
pacifique. Il s’agit de renoncer à une vision datant de Lénine, exporter la ré‐
volution par les armes. Cette prise de position conduit à la rupture avec la
Chine en 1960. La rupture n’est pas limitée à l’idéologie. Nikita Khroucht‐
chev entend également moderniser la société soviétique et élever le niveau
de vie. Il souhaite ainsi « rattraper les États-Unis vers 1970 », lors du dis‐
cours du 27 janvier 1957 devant l’assemblée du XXIe congrès du parti com‐
muniste. Une ambitieuse politique de conquête des terres vierges est lancée
en 1959. Le nouveau plan septennal, au lieu d’être quinquennal comme au‐
paravant, veut favoriser la consommation intérieure et le logement, l’âge de
la retraite est abaissé à soixante ans, la durée hebdomadaire du travail rame‐
née de quarante-huit à quarante-deux heures. Les réformes soulèvent des
oppositions, accentuées par l’échec du plan, abandonné en cours de route, le
peu de résultats en agriculture. Les apparatchiks, les « hommes d’appa‐
reil », dévoués au parti qui leur assure pouvoir et statut, préparent sa chute.
L’Occident prend ses distances quand il écrase le soulèvement hongrois de
1956. En 1961, pour mettre fin à la fuite des Allemands de l’Est vers
l’Ouest, Khrouchtchev demande l’internationalisation de Berlin ou son rat‐
tachement à la RDA. Les Américains refusent ; en août 1961 le « mur de
Berlin » est édifié. Le rideau de fer se referme totalement.
LE PRINTEMPS DE PRAGUE
En 1979 les accords SALT II consacrent la parité nucléaire entre les deux
superpuissances (URSS et États-Unis). Mais l’économie stagne, hormis
l’industrie lourde. Pour éviter des famines, l’URSS est à plusieurs reprises
contrainte d’importer du blé. En 1979, Brejnev lance le pays dans une
guerre en Afghanistan, dont les Soviétiques sortiront vaincus. Ses succes‐
seurs sont des vieillards qui demeurent peu de temps aux affaires. Youri
Andropov (1914-1984), ancien président du KGB, accède au pouvoir avec
l’appui de l’armée. L’élection d’un pape polonais, Jean-Paul II (1920-
2005) en 1978 contrarie l’URSS, soupçonnée d’avoir commandité, par l’en‐
tremise du KGB, l’attentat contre le souverain pontife de 1981. Youri An‐
dropov, même s’il est un apparatchik classique, entame la lutte contre la
corruption au sein du parti, ébauche ce que sera plus tard la politique de
perestroïka. Konstantin Tchernenko (1911-1985) lui succède et met fin à
la relative ouverture initiée par son prédécesseur pour revenir aux normes
de la dictature brejnévienne. Gravement malade, il meurt peu de temps
après.
L’IMPLOSION DE L’URSS
Le tsar Boris
Boris Eltsine (1931-2007), le futur sauveur de Mikhaïl Gorbatchev, et son principal ri‐
val avant la chute, naît en 1931 dans une famille très pauvre. Son enfance et son ado‐
lescence sont difficiles, il est volontiers bagarreur. Il fait des études d’ingénieur, tout en
développant son aptitude pour le volley-ball, sport où il acquiert une expérience de pro‐
fessionnel. Devenu contremaître, il occupe cet emploi dans diverses usines. Entré au
PCUS en 1961, il en devient fonctionnaire, puis secrétaire de section. Il y rencontre Mi‐
khaïl Gorbatchev, les deux hommes entretiennent alors une relation de confiance et
d’estime mutuelle. En 1981, il est élu au Comité central, dont il devient plus tard le se‐
crétaire. En 1985, il dirige la section moscovite du parti. Il prend une part active à la
perestroïka, fait la chasse aux apparatchiks corrompus de la ville. C’est en no‐
vembre 1987 que la rupture avec Mikhaïl Gorbatchev se produit. Au cours d’une
séance houleuse des instances du parti, Boris Eltsine dénonce l’inertie du parti et de
ses hauts responsables de Moscou, leurs ingérences, la lenteur voulue de la réalisa‐
tion des réformes. Il est démis de son poste. Il revient en politique à la faveur des pre‐
mières élections libres de 1989, il est élu triomphalement député de Moscou. Il publie
en 1990 des mémoires au titre programme : Jusqu’au bout ! Il devient le premier pré‐
sident de la toute nouvelle République socialiste fédérative de Russie (RSFR) en 1990,
désormais le second homme fort de l’URSS. Il impose rapidement les réformes qui
préparent la voie à un retour de la souveraineté de la Russie hors de l’URSS. En 1991,
son action énergique déjoue le putsch des conservateurs qui voulaient mettre fin aux
réformes. Il est désormais le seul homme fort du pays. De 1991 à 1999, il est le pre‐
mier président de la Fédération de Russie, issue de l’implosion de l’Union soviétique.
Après avoir incarné l’espoir, il meurt en 2007 dans un discrédit certain, une majorité de
Russes lui reprochant la privatisation à marche forcée, l’explosion de la corruption et
l’effondrement de leur niveau de vie.
1. Le temps de la surpuissance
2. Kennedy le réformateur
LA CRISE DE CUBA
En octobre 1962, une flotte russe fait route pour Cuba. Kennedy réagit
par un discours à la télévision où il informe ses concitoyens qu’il s’agit à
ses yeux d’une agression contre les États-Unis. Il annonce la mise en place
d’un blocus de l’île par des navires américains. Si les Soviétiques tentent de
le forcer, les États-Unis rentreront en guerre. Le monde retient son souffle
pendant une semaine, puis Khrouchtchev finit par céder, les bâtiments
russes font demi-tour. C’est une victoire éclatante pour Kennedy qui ac‐
quiert une stature internationale. C’est à la suite de cet épisode qu’est établi
entre Moscou et Washington le « téléphone rouge », en réalité un fax, qui
permet aux deux chefs d’État de communiquer directement, sans avoir à
passer par des échelons intermédiaires.
Le scandale du Watergate
Le démocrate Bill Clinton (né en 1946), issu d’un milieu très modeste,
brillant étudiant en droit, est élu, en 1992, puis réélu en 1996. Il maintient
les effectifs américains en Somalie, engagés depuis début 1993 dans le
cadre de l’opération Restore Hope (« Rendre l’espoir »), mais celle-ci
tourne au désastre. Les potentats locaux mènent une guérilla meurtrière et
les Américains quittent le pays entre 1994 et 1995. Clinton engage les
États-Unis dans les missions de l’OTAN pendant les guerres de Yougosla‐
vie (1991-1995). Il préside aux accords d’Oslo en 1993 pour le rapproche‐
ment entre Israéliens et Palestiniens. C’est l’occasion d’une poignée de
main historique, sous le regard du président américain, entre Yitzhak Rabin
(1922-1995), Premier ministre de l’État d’Israël et Yasser Arafat (1929-
2004), président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Pourtant, le plan de paix prévu ne sera pas mis en œuvre. Il parvient pen‐
dant ses mandats à redresser l’économie américaine. Entre 1997 et 1999 il
est atteint par le scandale Monica Lewinsky, une stagiaire de la Maison
Blanche dont il obtient des faveurs sexuelles, mais n’est pas démis de ses
fonctions.
L’EMPEREUR ROUGE
Après 1945, la guerre reprend, une fois les troupes japonaises reparties,
entre le Guomindang de Tchang Kaï-chek et le Parti communiste chinois
(PCC) de Mao Zedong. En 1949 ce dernier est maître de presque tout le
pays, Tchang Kaï-chek se réfugie à Taiwan où il proclame la continuité de
la République de Chine. En octobre 1949, la République populaire de Chine
(RPC) est créée. Elle se met en place dans un contexte de violente répres‐
sion à l’encontre de tous ceux qui ne sont pas communistes. En oc‐
tobre 1950 est lancée la campagne « pour éliminer les contre-révolution‐
naires », puis en 1951 la campagne des trois anti, lutte contre le détourne‐
ment de fonds, le gaspillage, le « bureaucratisme ». Elle se poursuit l’année
suivante dans la campagne des cinq anti, contre la corruption, l’évasion fis‐
cale, le détournement des biens de l’État, la fraude, le vol d’informations
économiques. Il s’agit d’autant de moyens d’imposer par la peur le régime.
En 1954 est mise en place la Constitution de la République populaire de
Chine. Elle est modifiée en 1975, 1978 et 1982. Le PCC domine totalement,
en qualité de seul parti légal, la vie politique. Il peuple les différentes ins‐
tances, Assemblée nationale populaire qui exerce le pouvoir législatif,
Conseil d’État pour le pouvoir exécutif, Cour populaire suprême pour le
judiciaire (Constitution de 1982). Le président de la République est élu par
l’Assemblée populaire nationale. En réalité, il n’y a qu’un seul candidat,
choisi par les instances dirigeantes du PCC. De février à juin 1957, Mao
Zedong lance la campagne des cent fleurs. C’est une manœuvre politique
pour affaiblir ses opposants au sein du PCC. En principe, les Chinois sont
autorisés à dénoncer tout ce qui ne va pas dans le fonctionnement du Parti
et des institutions chinoises.
LE BOOM ÉCONOMIQUE
L’ÉVOLUTION RÉCENTE
Naoto Kan est vite accusé de n’avoir pas réagi convenablement. En quit‐
tant la direction du parti au pouvoir, le PDJ, il cesse automatiquement d’être
Premier ministre. C’est le ministre des Finances, Yoshihiko Noda (né en
1957), qui lui succède en septembre 2011. Depuis décembre 2012, le Pre‐
mier ministre est le chef du parti libéral, le PLD, Shinzo Abe (né en 1945).
L’empereur Hirohito (1901-1989) connaît un long règne, de 1926 à sa
mort. Controversé pour son attitude au cours de l’expansion japonaise dans
les années 1930 et son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale, il est tou‐
tefois maintenu par les autorités d’occupation américaine après 1945. Après
la guerre, il limite ses activités au protocole et aux représentations diploma‐
tiques. Son fils l’empereur Akihito (né en 1933) accède au trône à sa mort,
en 1989. Son avènement ouvre l’ère Heisei, « Accomplissement de la
paix », après l’ère Shówa, « Ère de paix éclairée » de son père. Le règne
d’Akihito est marqué par un problème successoral, deux filles occupent le
premier et le second rang, le prince Hisahito d’Akishino (né en 2006) n’ar‐
rive qu’en troisième position. Cette situation agite les milieux nationalistes,
qui redoutent de les voir épouser des étrangers.
CHAPITRE XXXII
Le groupe Cobra se forme en 1948 pour être dissous trois ans plus tard.
Son nom fait allusion aux villes dont sont originaires les fondateurs, « Co‐
penhague, Bruxelles, Amsterdam », Karel Appel (1921-2006), Corneille
(1922-2010) et Constant (1920-2005), principalement. Leur volonté est de
renouer avec l’inconscient collectif, d’en faire surgir une autre culture en
réaction contre la figuration et l’abstraction. C’est à l’issue de la Confé‐
rence internationale du Centre de documentation sur l’art d’avant-garde, or‐
ganisée par l’ancien groupe surréaliste révolutionnaire, dans lequel on
trouve Édouard Jaguer et René Passeron, que se forme le groupe Cobra.
C’est contre le rôle culturel de Paris que le groupe se constitue, pour réagir
en tant que Nordiques contre le mythe parisien. L’expérimentation devient
un de leurs points de revendication, ce qui les mènera à collaborer entre
peintres et écrivains. Les principales œuvres sont celles de Guillaume Cor‐
neille (Cornelis van Beverloo), dit Corneille, et Christian Dotremont, avec
Expériences automatiques de définition des couleurs (1949), ou celles de
Karel Appel, Les Enfants (1951), ou de Constant, Végétation (1948). La re‐
vue Cobra, organe officiel du mouvement, ne dépassera pas les cinq cents
exemplaires.
LE POP ART
Le pop art est un mouvement artistique qui apparaît dans les années 1950
en Grande-Bretagne et vers la fin des années 1950 aux États-Unis. Il n’aura
qu’un faible écho sur le continent et déformé. On y associa l’étiquette de
nouveau réalisme et les artistes comme Yves Klein, Arman, Christo, Jean
Tinguely. L’origine du pop art anglais remonte à la création en 1952 du sé‐
minaire interdisciplinaire de l’Indépendent Group, autour des peintres
Eduardo Paolozzi (1924-2005), Richard Hamilton (1922-2011) et du cri‐
tique d’art Lawrence Alloway (1926-1990). Ce groupe se caractérise par
son intérêt pour les objets ordinaires, ainsi que la confiance en la puissance
des images. Le terme de « pop art », inventé par Lawrence Alloway, in‐
dique qu’il s’appuie sur la culture populaire. Le foyer du pop art américain
se trouve à New York et prend ses racines dans l’art populaire des peintres
d’enseignes des XVIIIe et XIXe siècles, dans le cubisme, les ready-mades de
Duchamp. Ce mouvement aura une très grande influence sur les artistes
d’autres pays, en Espagne le groupe Equipo Crónica, nom d’un groupe actif
de 1964 à 1981, autour d’Antonio Toledo (né en 1940), Rafael Solbes
(1940-1981), en Grande-Bretagne, Richard Hamilton, Peter Blake (né en
1932), en Allemagne, Sigmar Polke (1941-2010). Tout en gardant leur iro‐
nie, les artistes du pop art se tourneront peu à peu vers des préoccupations
plus contestataires dès les années 1970. Dans les années 1990, un artiste
comme Jeff Koons (né en 1955) se trouve au point de rencontre de plusieurs
concepts, les ready-mades de Duchamp, le pop art d’Andy Warhol, les ob‐
jets gigantesques de Claes Oldenburg (né en 1929) : Puppy (1992), Balloon
Dog (1994-2000), Rabbit le lapin (1997).
Les principaux artistes de ce mouvement seront : Andy Warhol, Roy
Lichtenstein et Claes Oldenburg.
◆ Andy Warhol (1928-1987) peint dès 1960 ses premières toiles repré‐
sentant Popeye ou Dick Tracy. Dès 1962, il leur préféra les grands poncifs
de la société de consommation. Les boîtes de soupe Campbell, les bouteilles
de Coca-Cola qu’il met en image grâce au procédé sérigraphique. En 1962,
au moment même où Roy Lichtenstein expose ses premières œuvres, à par‐
tir de vignettes de BD, et où Marilyn Monroe décède, il achète une photo‐
graphie d’elle et la sérigraphie, procédé qui consiste à reporter mécanique‐
ment une image sur une toile en la réduisant à ses traits essentiels afin que
la forme ait une plus grande efficacité visuelle. L’image peut être ainsi re‐
produite à l’infini. Un an plus tard, il ouvre la factory dans une usine désaf‐
fectée. Il réalise son premier film en 16 mm, Sleep, constitué de séquences
de dix minutes, chacune projetée plusieurs fois, montrant un homme en
train de dormir. En 1968, il sera victime d’une tentative d’assassinat. En
1972, il se remet à peindre et fait le portrait d’un grand nombre de célébri‐
tés : Mick Jagger, Michael Jackson.
◆ Claes Oldenburg (né en 1929) compose des œuvres dont le sujet est
la représentation du quotidien. Il a redéfini la sculpture monumentale en
montrant à grande échelle des objets domestiques, invitation à la réflexion
pour les passants sur leur environnement. Entre les années 1950 et 1960, il
crée des happenings, des intérieurs modernes : Ensemble de chambre à cou‐
cher (1963). De manière récurrente, la nourriture apparaît dans son œuvre,
et est même un des éléments qui suscita son utilisation dans The Store en
1961. Les hamburgers en plâtre peint, ou en pâte à papier, les gâteaux colo‐
rés sont à vendre comme n’importe quelle marchandise. Dans sa série de
sculptures molles, il utilise le vinyl pour ses salles de bains : Lavabo mou
(1965). Il poursuit ses recherches et modifie la taille des objets quotidiens,
pince à linge, petite cuillère sont reproduites sur une très grande échelle en
dehors des musées. Il travaillera également sur des modèles d’objets
n’ayant plus cours dans le marché.
Le terme d’art brut inventé en 1945 par le peintre français Jean Dubuffet
(1901-1985) désigne l’art de personnes dépourvues de tout conformisme
culturel et social. Il concerne les exclus, les malades, ignorants des valeurs
artistiques sociales et culturelles. Pour Dubuffet, cet art représentait la
forme la plus pure de la création. C’est d’un besoin que part sa créativité
sans recherche intellectualisée. Même si cet art n’est pas qu’un « art des
fous » en dépit des nombreuses études qui se sont penchées sur ces œuvres
créées par des malades internés, c’est avant tout un art d’autodidactes et de
spontanés qui communiquent leur rapport au monde. Jean Dubuffet, à partir
de matériaux et de techniques les plus diverses, poils, végétaux, papier
froissé mélangés à la peinture, au sable, à la terre, au goudron, révèle un art
qui répond au besoin profond de l’expression. Vers les années 1970, il ac‐
cède à une nouvelle dimension avec ses sculptures monumentales en poly‐
ester peint : Tour aux figures (1988), Groupe des quatre arbres (1972). Par‐
mi les autres artistes rattachés à l’art brut, citons Aloïse Corbaz (1886-
1964), Adolf Wölfli (1884-1930), Aristide Caillaud (1902-1990).
Selon Paulhan, le terme aurait été forgé dans les années 1950 pour quali‐
fier les dessins de Camille Bryen (1907-1977) qui transcendaient l’infor‐
mel. L’art informel regroupe différentes tendances de la peinture abstraite
qui, à l’inverse de l’abstraction géométrique, renonce à toute règle de
forme, de composition et privilégie l’acte spontané. La peinture informelle
trouve son origine dans la deuxième École de Paris où deux tendances s’im‐
posent : celle de la peinture gestuelle de Pierre Soulages (né en 1919),
Georges Mathieu (1921-2012), Serge Poliakoff (1900-1969), Hans Har‐
tung (1904-1989), et celle des peintres paysagistes autour de Jean Bazaine
(1904-2001). C’est à Michel Tapié (1909-1987) que revient le grand mérite
d’avoir réussi à imposer la matière en tant que valeur totale, alors que la
forme avait été dans l’histoire de toute la peinture la valeur traditionnelle. Il
travaille avec la matière, la texture, le geste, la couleur auxquels il super‐
pose la présence humaine de l’action, d’une déchirure, d’un signe à inter‐
préter selon la trace qu’ils laissent. La pâte est exaltée et n’en finit pas de
dévoiler ses secrets : pâtes épaisses et rainurées de Fautrier, pâtes strati‐
fiées de Poliakoff. L’abstraction américaine développe ces années-là amal‐
games de pâtes épaisses et richesses pigmentaires (Pollock, De Kooning ou
le Canadien Riopelle).
Peintres caractéristiques
Alexander Calder (1898-1976) fait, dans les années 1930, preuve d’une
audace inouïe dans le domaine de la sculpture en inventant le mobile : de
l’œuvre découle la possibilité de mouvement. Sa production artistique com‐
mence à New York où il réalise ses premières œuvres dans les années 1920,
mais c’est en 1931 qu’il crée son premier mobile. Il y avait déjà eu Les
Contre-reliefs libérés dans l’espace (1914) de Tatline (1885-1953), Les
Constructions suspendues (1920) de Rodtchenko (1891-1956), l’Abat-jour
(1919) de Man Ray (1890-1956). Ses rencontres à Paris avec Fernand Lé‐
ger, Mondrian vont être décisives pour l’orientation de son art. Les premiers
mobiles mus par quelques procédés mécaniques sont exposés à Paris en
1932. Dès lors, ses sculptures vont former des « compositions de mouve‐
ment ». Si ces constructions motorisées (Machine motorisée, 1933) sont
qualifiées de « mobiles », Hans Arp appellera « Stabiles » les sculptures
fixes. Dix ans plus tard, le Museum of Modern Art de New York organise
une rétrospective. Mais Calder est surtout connu pour son Cirque de Cal‐
der où des figurines réalisées en fil de fer jouent le rôle de forains, animées
par Calder lui-même sur un fond musical traditionnel au cirque : Horizontal
Yellow (1972), Mobile (1941).
LE NOUVEAU RÉALISME
SUPPORTS/SURFACES
Sous cette appellation un certain nombre d’artistes dans les années 1960
développent des expériences et des théories sur la matérialité du tableau. Ils
entreprennent une déconstruction du tableau, de l’œuvre d’art. Comme le
nouveau roman ou la Nouvelle Vague au cinéma, le mouvement décloison‐
nera une certaine pensée esthétique trop repliée sur elle-même. À partir de
1966, tous les constituants physiques du tableau de chevalet, à savoir toile,
châssis, cadres seront passés en revue. Daniel Dezeuze (né en 1942) disso‐
ciera les toiles du châssis. Claude Viallat (né en 1936) utilise des maté‐
riaux de récupération. Pierre Buraglio (né en 1939) récupère des morceaux
de toile et des éléments de fenêtre qu’il regroupe. Marc Devade (1943-
1983) compose ses créations à partir de toiles formées de bandes horizon‐
tales.
Courants d’art
Art conceptuel : fait disparaître l’objet d’art au profit de son analyse. Daniel Buren
(né en 1938) en est un bon représentant.
Art corporel : fondé en 1958 par Michel Journiac qui utilise le corps comme matériel à
peindre dans Les Messes pour un corps (1969).
Art minimal : au milieu des années 1950, ce courant veut débarrasser la peinture de
tout ce qui ne lui est pas spécifique. Citons l’œuvre de Morris Louis (1912-1962), Troi‐
sième élément, 1961.
Groupe BMPT : il doit son appellation aux premières lettres du nom de ses représen‐
tants : Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier, Niele Toroni, qui revendiquent
une peinture avec un minimum de signification.
Esthétiques relationnelles : dans les années 1990, le critique Nicolas Bouriard juge
les œuvres d’art en fonction des relations interhumaines qu’elles figurent ou suscitent.
Happening : mouvement mis au point dans les années 1950, il s’agit d’une perfor‐
mance collective ayant lieu devant un public et ayant valeur d’art, adulée un temps par
Jackson Pollock (1912-1956).
Hyperréalisme : ce mouvement des années 1960 s’appuie sur la photographie, car il
se situe au-delà des capacités visuelles de l’œil pour faire en sorte qu’une œuvre
achevée semble photographique. Les noms liés à cette mouvance sont ceux de
Chuck Close (né en 1931) avec Lucas II (1996) et Malcolm Morley (né en 1931) avec
Go Carts ou The Art of Painting (2000).
Simulationnisme : tendance qui s’affirme vers les années 1970 et se caractérise par
une réflexion sur les modes de représentations artistique contemporains en les recy‐
clant et en les détournant.
Sots Art : la variante soviétique du pop art, nom donné dans les années 1970.
Notes
1. Marc Jimenez, Qu’est-ce que l’esthétique ?, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1997, p. 418.
CHAPITRE XXXIII
La littérature contemporaine
À partir des années 1950, la littérature avec ses best-sellers et ses prix lit‐
téraires va devenir un enjeu commercial par le biais des maisons d’édition.
Les best-sellers se font, se défont, mais c’est une culture de l’éphémère qui
s’impose dans la littérature. Un livre pas davantage qu’un auteur ne sont
faits pour durer. Un souci actuel de rentabilité privilégie une littérature
conventionnelle au détriment d’une véritable littérature de création. Après
le nouveau roman, le genre narratif sera en pleine expansion. Le personnage
et l’histoire sont de retour. Les années 1980 s’inscrivent contre la mauvaise
conscience des années après guerre, avec les romans de Romain Gary-
Ajar, Roman Kacew (1914-1980), avec L’Angoisse du roi Salomon
(1979), mais aussi La Vie devant soi (1975). L’histoire sera un genre privilé‐
gié, dénonçant l’innommable – Robert Antelme (1917-1990) avec L’Es‐
pèce humaine (1947), Modiano et sa Place de l’Étoile (1968), Perec qui
rend hommage à la grande hache de l’histoire – ou traitant d’une époque
plus spécifique – Marguerite Yourcenar avec Mémoires d’Hadrien1
(1951), extraordinaire reconstitution du monde antique au IIe siècle après J.-
C., L’Œuvre au noir (1968) qui se déroule à la fin du Moyen Âge, le per‐
sonnage central en étant Zénon Ligre, un alchimiste. D’autres définissent
leur propre genre dans lequel ils s’imposent : Henri Troyat (1911-2007),
pseudonyme de Lev Tarassov, raconte de vastes fresques romanesques où
la vie de plusieurs générations se déroule sur un fond historique, évoquant
la vie de la Russie, La Lumière des justes (1959-1963), ou l’histoire de ses
tsars, Alexandre Ier (1981). Après le succès de Bonjour tristesse, en 1954,
Françoise Sagan continue de publier des œuvres définies par une écriture
désinvolte et légère, telle La Chamade (1965). Les avant-gardes, les
grandes théories sont délaissées au profit d’une grande diversité de formes,
les clivages entre catégories s’estompent. Une nouvelle période s’amorce
pour certains, marquant un renouveau, pour d’autres une période de crise.
Marqué déjà par La Mort de l’auteur (1968), le texte de Roland Barthes, le
« je » de l’auteur s’affirme de nouveau bien loin d’une vision romanesque
avec Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance (1975), roman dans lequel
une fiction alterne avec une autobiographie. Les années 1990 se placent
sous le signe de la diversité. Le Mexicain Octavio Paz obtient le prix Nobel
de littérature en 1990. Milan Kundera publie son Immortalité (1990), tan‐
dis que Gao Xingjian est traduit et se fait connaître avec son chef-d’œuvre,
La Montagne de l’âme (1990). Cinq ans plus tard, Andreï Makine, avec Le
Testament français (1995), obtient le prix Goncourt. Mais les années 2000
sont aussi les années de phénomènes de grande ampleur, de diffusion de
livres en masse, Dan Brown, Da Vinci Code (2003), des grands best-sellers,
J.K. Rowling, Harry Potter (1997-2007), des auteurs prolifiques, Amélie
Nothomb, Marc Levy, d’une littérature du sexe au féminin, Virginie Des‐
pentes, Catherine Millet pour ne citer qu’elles.
L’EXISTENTIALISME LITTÉRAIRE : UN NOUVEAU SYSTÈME
DE PENSÉE
Bien que Gracq ait « jugé contre nature », dans La Littérature à l’esto‐
mac2, le fait d’associer le nom de Sartre à celui de Camus, c’est pourtant
dans un monde en pleine mutation où venaient de disparaître Valéry, Berna‐
nos, Gide que ces deux auteurs allaient s’imposer, dans la littérature, par un
nouveau système de pensée : l’existentialisme. C’est pendant la décen‐
nie 1940-1950 que l’existentialisme littéraire se développe avec Sartre et
Simone de Beauvoir. Sartre transpose dans la littérature l’essentiel de ses
premiers ouvrages philosophiques : L’Être et le Néant (1943), L’Existentia‐
lisme est un humanisme (1945). La Nausée (1938) est considéré comme le
premier de ces romans existentialistes. « Exister » devient un mot clef dans
ces années d’après guerre loin de tout idéalisme trompeur, un message em‐
preint de liberté et d’action. La formule la plus célèbre qui définit ce cou‐
rant de pensée est : « L’existence précède l’essence3. » Tout est ramené à
l’humain, le rendant responsable de son sort et de ses actes. Acculé à l’ac‐
tion, il doit s’engager dans son existence. Dans les œuvres qu’il nous a lais‐
sées, il cherche, selon la formule de Simone de Beauvoir, « à exprimer
sous une forme littéraire des vérités et des sentiments métaphysiques4 ». Les
Mouches, en 1943, mettent en scène l’opposition tragique entre liberté et fa‐
talité. L’Être et le Néant, Huis clos illustrent le rôle de la mauvaise foi dans
les rapports interpersonnels. Entre 1945 et 1949, un cycle de trois romans
voit le jour, Les Chemins de la liberté, qui retracent la vie de plusieurs indi‐
vidus à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. L’auteur, dans une série
de pièces de théâtre, met en scène un de ses drames les plus populaires, Les
Mains sales, en 1948, reflétant la notion de liberté à laquelle l’homme est
condamné.
LE THÉÂTRE DE L’ABSURDE
Voici d’autres auteurs qui sont venus tardivement dans le nouveau roman.
LA NOUVELLE CRITIQUE
Au début du XXe siècle, les romanciers se tournent vers les bas-fonds des
villes. À travers la laideur et la disgrâce morale, ils pensent trouver des ef‐
fets dramatiques nouveaux. Marqués par la guerre, ils sont devenus sans
illusion sur la civilisation et la société dans laquelle ils vivent. Ernest He‐
mingway (1899-1961) nous montre le désespoir que la guerre cause dans
L’Adieu aux armes (1929). Les activités violentes comme la boisson sont
des dérivatifs : Mort dans l’après-midi (1932). Le Vieil Homme et la mer
(1952) est l’histoire d’un homme déjà brisé qui se bat jusqu’au bout.
William Faulkner (1897-1962) obtint le prix Nobel pour l’œuvre pleine de
violence qu’il a laissée. L’anormal côtoie l’horrible et chacun de ses livres
contient une vraie tragédie grecque : Sanctuaire (1931), L’Intrus (1948).
John Dos Passos (1896-1970) montre toute l’horreur que lui suggère la
guerre dans Trois soldats (1921) dont le thème est la destruction morale de
trois jeunes gens par le système militaire. Manhattan Transfer (1925) donne
une peinture des bas-fonds de New York. Gertrude Stein (1874-1946) a
aussi sa place parmi les naturalistes, The Making of America (1925). John
Steinbeck (1902-1968) est l’homme de la crise de 1929 et souligne l’ex‐
ploitation des travailleurs par les grands propriétaires terriens : Les Raisins
de la colère (1939), Des souris et des hommes (1937). Il montre le côté in‐
contrôlable des passions humaines. Scott Fitzgerald (1896-1940) s’est ré‐
vélé être à la fois un romancier satirique, mais aussi d’invention, surtout
dans ses nouvelles. Ses personnages entourés par le luxe, gâtés par la vie
matérielle ne cessent de s’entre-déchirer : Gatsby le Magnifique (1925),
Tendre est la nuit (1934). Pearl Buck (1892-1973) tient une place un peu à
part, car elle décrit les mœurs de la Chine où elle a passé toute sa jeunesse.
La crise de 1929 passée, l’Amérique se tourne vers la réussite comme
centre d’intérêt. Truman Capote (1924-1984) a su décrire cette société
d’opulence, Petit déjeuner chez Tiffany (1958), et se présente comme le
continuateur de Fitzgerald : La Harpe d’herbes (1951), De sang-froid
(1966). Jack Kerouac (1924-1969) décrit des jeunes déçus de la société qui
préfèrent se risquer à l’aventure ou à l’errance : Sur la route (1957).
Vers les années 1960, se dessine l’école juive de New York, en fait cette
renaissance juive n’est le fait que du hasard. Les principaux écrivains sont :
Philip Roth (né en 1933) qui a révélé la littérature juive américaine, avec
Portnoy et son complexe (1969), où il montre la frustration des juifs dans
leur vie quotidienne de citoyens américains. Henry Miller (1891-1980),
dans Tropique du Cancer, 1934, entre en rébellion ouverte contre l’Amé‐
rique. Il y gagne une réputation d’anarchiste, de rebelle et d’écrivain éro‐
tique, voire pornographique avec sa trilogie La Crucifixion en rose (Sexus,
Plexus, Nexus). Isaac Bashevis Singer (1904-1991) est reconnu comme le
plus grand écrivain juif de ce siècle. Aussi s’est-il vu attribuer le prix Nobel
en 1978. Sa culture fournit l’essentiel des sujets de son œuvre. Les sagas
juives, La Famille Moskat (1950), l’enseignement rabbinique lui donnent
des sujets de romans, c’est le cas aussi sur le surnaturel, avec La Corne du
bélier (1934). Il existe aussi une littérature noire : Richard Wright
(1908-1960) et James Baldwin (1924-1987). Un autre pays (1962), le ro‐
man de ce dernier, raconte des amours interraciales qui finissent par
conduire les héros à la folie. Ralph Ellison (1914-1994) prend comme
thème de ses romans la nécessité pour l’homme noir de se faire intégrer
dans la société des Blancs : L’Homme invisible (1952).
PLACE AU THÉÂTRE
◆ Truman Capote (1924-1984) met en scène les milieux très aisés sans
aucune complaisance : La Traversée de l’été (2005), Petit déjeuner chez Tif‐
fany (1958).
L’après-guerre jusque dans les années 1960 laissera le Japon dans une
grande confusion culturelle, hésitant entre le rejet de leur identité culturelle
et l’appropriation d’un mode de vie occidental. Pendant cette période, le Ja‐
pon connaîtra une intense production artistique destinée à exorciser les dé‐
mons de la guerre, tableaux terrifiants de Maruki et Akamatsu dès 1945
mettant en scène les victimes d’Hiroshima : Fire. Mais l’après-guerre est
aussi l’ouverture des frontières, la découverte des marchés de l’art, de Pi‐
casso. Dès les années 1950 un renouveau artistique se produit, la littérature
connaissant une période féconde. Le roman, sous l’influence occidentale,
devient le genre très prisé. Un nouveau style, une nouvelle manière d’écrire
se révèlent.
◆ Kobo Abe (1924-1993) a laissé une œuvre marquée par la quête inces‐
sante de l’identité. Sa consécration internationale, il la devra à La Femme
des sables (1962). Dans le reste de son œuvre, il a recours aux récits
d’aventures, de science-fiction pour mieux mettre en valeur les grands
thèmes récurrents tels la difficulté de communiquer, l’isolement de l’indivi‐
du : La Face d’un autre (1987), L’Homme-Boîte (1973).
Il est bon de rappeler, même si les noms de Salman Rushdie, d’Anita De‐
sai sont aujourd’hui connus du grand public, que la littérature indienne se
fait dans vingt et une langues régionales, l’hindi (trois cent millions de locu‐
teurs), le telougou (soixante millions), le tamoul (cinquante millions), le
bengali (cinquante-cinq millions), etc. Les littératures classiques, sanscrite,
tamoule, remontent au IIe millénaire, tandis que les langues vernaculaires
émergent dès l’époque médiévale entre le XIe et le XIVe siècle et s’épanoui‐
ront jusqu’au XVIIIe siècle avec l’âge d’or de la pensée mystique. Calcutta
devient la capitale de l’Inde britannique de 1858 à 1912. Les écrivains du
Bengale évoqueront la montée du nationalisme, les idées novatrices du
XIXe siècle, mais aussi ses questions d’actualité. Jusqu’à l’indépendance en
1947, le romantisme, le progressisme politique, le réalisme social sont les
thèmes littéraires dominant de cette période. L’année 1950 offre un nouveau
tournant avec ses réflexions sur le marxisme, la psychanalyse, l’existentia‐
lisme, son ouverture vers l’Occident. Trente ans plus tard, la littérature sera
récupérée par les écrivains opprimés, ceux des basses castes qui raconteront
leur souffrance. C’est aussi le moment où apparaît une littérature féminine.
Notes
1. À ce sujet, voir Florence Braunstein, « Mémoires d’Hadrien », in Encyclopædia Universalis.
2. Julien Gracq, La Littérature à l’estomac, Paris, José Corti, 1950.
3. Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Paris, Gallimard, 1996, p. 26.
4. Simone de Beauvoir, La Force de l’âge [1960], Paris, Gallimard, p. 326.
5. À ce sujet, voir Florence Braunstein, « Le Deuxième Sexe », in Encyclopædia Universalis.
6. Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Paris, Gallimard, 1949.
7. Roland Barthes, Critique et Vérité, Paris, Le Seuil, 1966, p. 37.
8. Les principaux représentants de cette tendance sont F. Wedekind (1864-1918), R. Schickele
(1883-1940), E. Stadler (1883-1914), G. Benn (1886-1956), G. Heym (1887-1912), G. Trakl
(1887-1914), B. Brecht (1898-1956).
CHAPITRE XXXIV
Theodor Adorno (1903-1969) ne fut pas que philosophe, il fut aussi mu‐
sicien, musicologue, sociologue, critique littéraire. Contre le primat de la
raison, il met en avant une dialectique négative, car, à la différence de la cri‐
tique hégélienne qui tend vers la synthèse du sujet et de l’objet dont les op‐
positions sont systématiquement surmontées, elle se maintient dans l’oppo‐
sition du sujet et de l’objet où le sujet amène son altérité à la parole, ne
cherchant pas à maîtriser l’objet. Cette approche de la dialectique restera
constamment au centre de l’œuvre d’Adorno. Dans sa Dialectique négative,
en 1966, sa pensée s’oppose à l’idéalisme allemand qui plaçait en position
de supériorité un sujet rationnel, actif par rapport à un objet passif. Il s’op‐
pose au postulat kantien de l’inaccessibilité radicale de la « chose en soi »
qui enferme le sujet en lui-même. Il propose, en fait, une conception de la
vérité historique, exigeant que le sujet y ait une part active, en exerçant sa
liberté critique face à l’état des choses. La dialectique négative est le résul‐
tat du primat de l’objet et de cette part à jouer par le sujet. Dans sa Théorie
esthétique, en 1970, deux idées se distinguent : celle que la nature de l’art
se manifeste par la contemplation d’œuvres d’art particulières, et que celles-
ci ont un mode particulier d’être, une identité spécifique.
Il étudiera la dynamique composante de l’art dans trois domaines qui in‐
terfèrent en se modifiant de façon quasi imperceptible : l’œuvre d’art, la ré‐
ception, la production. L’œuvre d’art, selon Adorno, présente un état para‐
doxal, quelque chose qui existe en devenant. Son essence est la tension. Il
montre que l’art est un espace de liberté, de créativité dans un monde tech‐
nocratique. Le monde de l’art doit être un lieu d’utopie, un lieu de désir
d’un monde libéré. Indissociables de sa philosophie, sont ses études sur l’art
contemporain. Pour lui l’art est bien plus qu’un simple reflet de la société,
l’œuvre révèle la société dans sa structure et sa forme constitue un contenu
idéologique et social. Ses monographies sur Beethoven, Mahler, et bon
nombre d’autres mettent en évidence la manière dont les techniques de
composition, la texture d’une œuvre sont le reflet d’une idéologie du mo‐
ment. Doutant de la possibilité de bien vivre après Auschwitz, le philosophe
remit en question une re-construction immédiate de la culture. Auschwitz
s’imposait comme un échec total de celle-ci. Dans Prismes (1955), Critique
de la culture et de la société (1949), il déclarait qu’il serait « barbare »
d’écrire des poèmes après le génocide et sous-entendait qu’il fallait tout re‐
construire, les mots, la littérature mais de façon différente. Il prenait posi‐
tion contre toute représentation profanatrice, inadéquate qui aurait minimisé
la souffrance, l’horreur donnant un sens à ce qui n’en avait pas.
Herbert Marcuse
Jürgen Habermas
L’agir communicationnel
LA PHILOSOPHIE POLITIQUE
La philosophie politique se développe dans plusieurs directions dont la
critique de la pensée de l’histoire, comme le fait Raymond Aron (1905-
1983) pour celle de Marx, ou Louis Althusser, avec Lire le Capital (1965).
La philosophie politique connaîtra une période de renaissance, prolongeant
l’éthique en posant des questions sur la cité, le droit, la justice, sur ce qui
fonde notre futur au sein de la cité. De nouveaux questionnements voient le
jour avec Claude Lefort (1924-2010) dont la question centrale est de saisir
le lien entre l’exercice du pouvoir et la « configuration générale des rap‐
ports sociaux ». L’essentiel pour lui a été de parvenir à la compréhension
des mutations qui ont mené à la démocratie et d’en trouver les menaces im‐
médiates. La démocratie est marquée par son indétermination, son inachè‐
vement, et Lefort finit par considérer comme démocratique toute forme
d’opposition au totalitarisme. Ses principales œuvres sont : L’Invention dé‐
mocratique (1981), Le Temps présent (2007).
Paul Ricœur
René Girard (né en 1923) part de l’hypothèse que toutes les civilisations
ont été fondées sur la violence du meurtre fondateur dans Des choses ca‐
chées depuis la fondation du monde (1978), La Violence et le sacré (1972).
Le christianisme selon lui serait l’antidote de cette violence. Son premier
ouvrage, Mensonge romantique et vérité romanesque (1961), porte déjà les
traits de sa pensée qui marqueront ses ouvrages ultérieurs, il décèle des
structures similaires derrière des personnages aussi variés que Don Qui‐
chotte ou Emma Bovary. Il va démontrer que notre autonomie est purement
illusoire et que nous ne choisissons que des objets désirés par les autres,
modèle par médiation. Plus le désir d’autrui croît, plus le mien augmente
aussi, conduisant par cette accélération du processus au conflit débouchant
sur la violence ouverte. Le sacrifice permet de désamorcer du conflit, avec
sa logique de bouc émissaire. La religion chrétienne, d’après Des choses ca‐
chées depuis la fondation du monde, comme d’autres traditions bibliques,
déconstruit le mécanisme sacrificiel.
LA POSTMODERNITÉ EN PHILOSOPHIE
Mais c’est en 1988, avec Le Postmoderne expliqué aux enfants, qu’il ap‐
porte une réponse essentiellement dans le champ d’une esthétique picturale.
Le terme « postmodernité » désigne également, du point de vue de l’his‐
toire, une époque de l’histoire de l’Occident dont les limites ont été posées
de façon variable selon les auteurs. Le premier historien à employer ce
terme sera Arnold Toynbee en 1939 pour parler de l’époque qui débute
avec le premier conflit mondial. Pour un historien de la philosophie, la post‐
modernité peut être cette époque qui succède à la philosophie moderne re‐
présentée par Descartes, Malebranche, Spinoza. Il y a donc le présupposé
théorique que celle-ci marque une rupture avec la période qui la précédait et
inaugure une ère nouvelle. Composé d’un préfixe, le terme « postmoderni‐
té » suggère une binarité désignant une rupture temporelle avec la moderni‐
té, une période qui ne sait plus envisager l’avenir. Postmoderne devient une
volonté de penser l’après. Le terme désigne une période, un contexte socio‐
culturel mais aussi une esthétique. Marquée par la crise de la rationalité,
une coupure d’avec les Lumières, la postmodernité l’est aussi par l’effon‐
drement des grandes idéologies, dont l’effondrement du mur de Berlin en
1989, et le démembrement du bloc soviétique constituent le point d’orgue.
Dès lors, libéré du mythe du progrès, l’artiste n’a plus besoin d’innover et
peut retrouver dans le passé son inspiration, retrouver la liberté de créer se‐
lon son goût.
Caractéristiques du postmoderne
– L’abandon des grands récits qui légitiment la civilisation occidentale. Rupture
avec les grandes idéologies de l’histoire prolongées par l’École de Francfort, Ha‐
bermas, Apel.
2. Le structuralisme
L’histoire des sciences humaines au début du XXe siècle est marquée par
l’apparition de deux faits importants : la linguistique se libère de la philo‐
logie avec la publication du Cours de linguistique générale de Ferdinand de
Saussure en 1916 ; l’ethnologie moderne se dégage de la méthode histo‐
rique. Le structuralisme ne se définit pas comme une théorie, mais comme
une méthode. À ce titre, il est un courant de pensée regroupant la linguis‐
tique, l’histoire, la psychanalyse ou l’ethnologie, l’ensemble ne formant
pas, en raison de sa diversité, une doctrine. Il naît de la publication, en
1916, du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure. L’his‐
toire s’en empare avec les travaux de Fernand Braudel sur La Méditerranée
sous Philippe II (1949), et de Georges Dumézil avec Jupiter, Mars, Quiri‐
nus (1941-1948).
Mais la révélation du structuralisme au grand public est due à l’ethnolo‐
gie, quand Claude Lévi-Strauss publie en 1949 Les Structures élémentaires
de la parenté. C’est le début de l’âge d’or de ce courant de pensée, illustré
par Michel Foucault dans Les Mots et les Choses (1966), ou Roland Barthes
avec Le Degré zéro de l’écriture (1953).
Dépouiller le subjectivisme
Ce qui nous intéresse, c’est le refus du structuralisme de s’insérer dans
l’apparence humaine. Il nous a aidés à dépouiller le subjectivisme, la « my‐
thologie » du sujet. Il nous a appris que l’impersonnel est un élément struc‐
turant de l’univers personnel. Le travail de Lévi-Strauss nous a appris éga‐
lement que si les structures changent, il existe une universalité de l’esprit
humain, que « la même logique est à l’œuvre dans la pensée mythique15 ».
Loin d’obéir de façon anarchique à des lois logiques, les mythes sont « des
modèles logiques pour résoudre une contradiction ». Toute richesse ne vient
pas nécessairement de l’homme, puisqu’il proclame dans Tristes tropiques :
« Le monde a commencé sans l’homme et s’achèvera sans lui. » Les struc‐
turalistes ont remplacé le sujet des sociétés, l’homme, par des structures in‐
conscientes. Par la suite, Michel Foucault éliminera cette « entité » qu’est
l’homme en tant qu’objet des sciences humaines et pour Lacan, l’incons‐
cient parle par tout, « l’homme est parlé, il ne parle pas ». Le propre de tous
les systèmes anciens était de mettre hors de portée de l’homme les valeurs.
Celles-ci ne lui appartenaient pas, c’est lui qui leur appartenait. Le monisme
structuraliste a voulu en finir avec la dichotomie Homme-Nature, Matière-
Esprit. L’anthropologie bien comprise, ce n’est pas, contrairement à ce
qu’implique le jeu de mots de Lévi-Strauss, de « l’entropologie », c’est-à-
dire la fabrication continue de l’homme de l’« entropie », de la plus grande
inertie. C’est pourquoi le structuralisme a été entrevu comme le moyen
d’avoir figé la réalité humaine dans des structures, de l’avoir, aussi, d’une
certaine façon, déshistorisée.
LE STRUCTURALISME ÉLARGI
Tout comme pour les musiques savantes, développées au XXe siècle en ré‐
action aux règles de l’expression classique pour les approfondir ou les dé‐
passer, les musiques populaires connaissent un remarquable développement.
Puisant ses sources dans la musique des esclaves, dans les plantations du
sud des États-Unis, et étroitement lié à l’improvisation, le jazz connaît un
essor important au début du XXe siècle grâce à une succession d’artistes ta‐
lentueux : Jelly Roll Morton (v. 1885-1941), pianiste faisant le lien entre
ragtime et jazz dans les années 1920, Duke Ellington (1899-1974), pianiste
et chef d’orchestre, et Django Reinhardt (1910-1953), guitariste gitan, pre‐
mier grand musicien de jazz européen, font partie des pionners. Louis
Armstrong (1901-1971) fut un chanteur et un trompettiste exceptionnel.
Count Basie (1904-1984), pianiste, compositeur et chef de big band (grand
orchestre), est à l’origine du « swing » dans les années 1930 et 1940. Dizzy
Gillespie (1917-1993), trompettiste, est un pionnier de « be-bop », dont
Charlie « Bird » Parker (1920-1955), saxophoniste alto, sera considéré
comme le maître incontesté. Le contrebassiste Charlie Mingus (1922-
1979) allie le jazz moderne et le blues, tandis que le trompettiste Miles Da‐
vis (1926-1991) est l’initiateur de la fusion jazz/rock des années 1960. John
Coltrane (1926-1967), au saxo ténor et au saxo alto, et Oscar Peterson
(1925-2007), au piano, sont réputés pour leurs improvisations. Chanteuse
de blues, Bessie Smith (1894-1937) exerça une forte influence sur le jazz et
la pop. Dans le domaine du jazz, Billie Holiday (1915-1959) fut à son zé‐
nith dans les années 1930 et 1940. Le jazz contemporain est traversé de
nombreux courants, d’influences subtiles qui lui donnent dans chaque re‐
gistre une coloration propre. Ainsi l’acid jazz ou groove jazz développé
depuis les années 1990 se fond dans la soul, musique populaire afro-améri‐
caine dérivée du gospel, qui s’adresse à l’âme, le funk syncopé illustré par
Michael Jackson (1958-2009), le disco, musique de danse en discothèque,
le hip-hop ou rap. Le rock tire son origine d’un compromis entre la coun‐
try music, musique populaire américaine, le bluegrass, du nom des Blue
Grass Boys, le premier groupe de Bill Monroe (1916-1986), et le rhythm
and blues, l’une des formes d’expression du jazz. Dans les années 1950, il
est vulgarisé aux États-Unis sous le nom de rock and roll (titre d’une chan‐
son de 1934 ; littéralement, « balance et roule »). Avant l’avènement des
Beatles et des Rolling Stones, le plus grand rocker de l’époque est sans
conteste Elvis Presley (1935-1977), alias le « King ». Il évolue dans des to‐
nalités plus lourdes avec le hard rock qui donne une place prépondérante
aux riffs de guitare et à la batterie. Les groupes emblématiques britanniques
de ce courant sont Led Zeppelin et Deep Purple. Artiste unique, inclas‐
sable tant son talent se prête à des jeux de guitare a priori inimaginables à
tout autre, Jimmy Hendrix (1942-1970) pratique un rock psychédélique,
hypnotique, joué sous l’influence de modificateurs de conscience. Le rock
se poursuit dans le mouvement punk et l’emblématique groupe des Sex Pis‐
tols ou dans le heavy metal, forte accélération du tempo, accentuation de la
sonorité pour la rendre agressive, celui du groupe Metallica. Le style disco
a été indiscutablement lancé par le film de John Badham (né en 1939), La
Fièvre du samedi soir, qui a révélé John Travolta. Puis le succès de Grease
a contribué à imposer le genre, qui évolue peu à peu vers le funk, c’est-à-
dire une interprétation sensuelle de la musique populaire. Le mouvement
rap se rattache à celui du hip hop (de l’anglais to be hip, « être dans le
vent », et to hop, « sautiller »). La rythmique en est fortement saccadée.
Rap, en anglais, signifie « frapper ». Le premier tube est enregistré à New
York sous le titre « Rapper’s Delight », en septembre 1979, par le Sugar
Hill Gang. Le rythme est scandé, volontairement syncopé. Ses origines
africaines évoquent le dit du griot mais il ne s’agit plus d’un conte. Les
phrases enchaînées frappent, clament la révolte. Le reggae dérivé du calyp‐
so, musique de carnaval des Antilles, s’impose comme une musique jamaï‐
quaine des années 1940, découverte en Occident en 1974, lors de la reprise
d’un titre de Bob Marley (1945-1981), « I Shot the Sheriff ». Le reggae
évolue sous diverses formes, dont le dub reggae ou dub poetry aux textes
plus engagés, ou le nu roots ou new roots attaché à des écrits plus culturels,
qui se détachent des thèmes traditionnels du sexe et de la violence. La tech‐
no est née à Chicago, mélange de synthétiseur et de musiques à rythme dif‐
fusés simultanément. Elle est sans cesse remise à jour grâce au détourne‐
ment d’autres musiques. Les principaux groupes français sont St Germain,
Funk Mob et Dimitri from Paris.
Notes
1. Christian Delacampagne, Histoire de la philosophie au XXe siècle, Paris, Le Seuil, 2000.
2. Olivier Revault d’Allonnes, « Témoins de Sartre », Les Temps Modernes, 45e année, no 531
à 533, octobre-décembre 1990, p. 83.
3. Alain Renaut, La Philosophie, Paris, Odile Jacob, 2006, p. 56.
4. In Éthique et Infini, Paris, Livre de Poche, « Biblio », 2000, p. 95.
5. Paul Ricœur, Le Conflit des interprétations : essai d’herméneutique, Paris, Le Seuil, 1969,
p. 311.
6. J.-F. Lyotard, La Pintura del Segreto Nel’Epoca Postmoderna, Baruchello, Milan, Feltrineli,
1982.
7. J. Derrida, La Différance, conférence prononcée à la Société française de philosophie, le 27 jan‐
vier 1968, publiée simultanément dans le Bulletin de la société française de philosophie (juillet-sep‐
tembre 1968) et dans Théorie d’ensemble (« Tel Quel »), Paris, Le Seuil, 1968.
8. François Fourquet, L’Idéal historique, Paris, UGE, « 10/18 », 1973, p. 136.
9. Jean Piaget, Le Structuralisme, Paris, Puf, « Que sais-je ? », 2007, p. 5.
10. Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Paris, Plon, p. 205.
11. Claude Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, Berlin/New York, Mouton de
Gruyter, 2002, p. 309.
12. Claude Lévi-Strauss, Parole donnée, Paris, Plon, p. 83.
13. Claude Lévi-Strauss, Mythologiques, Paris, Plon, 1964-1971.
14. À ce sujet, voir Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, op. cit., p. 463.
15. Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, p. 255.
16. Michel Foucault, Les Mots et les Choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Galli‐
mard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1966.
En route pour le XXIe siècle…
Le Proche-Orient
L’Almageste
La structure de la Terre
Pégase à Solutré ?
Noms de dieux
Un prince pieux : Gudea de Lagash (v. 2141-v. 2122 av. J.-C.)
La nature de Dieu
Le Yoga
Le svastika
Un mythe fondateur
La fin de Mycènes
L’Acropole et le Parthénon
Le carré de Polybe
Le mythe d’Orphée
Le Colisée
Jeanne d’Arc
Les codex
La semaine aztèque
Enjeux de la Renaissance
Question de style
Le japonisme
Le réalisme allemand
Le théâtre d’Ibsen
La Grosse Bertha
Gabriele D’Annunzio
Littérature : Tagore
Le cubisme en résumé
L’École de Paris
Le dadaïsme en résumé
Le surréalisme en résumé
Les grandes caractéristiques du premier XXe siècle littéraire
Bobby Sands
Le tsar Boris
Courants d’art
Caractéristiques du postmoderne
Index des noms
18 Lapin de Copán 1 2 3 4 5
Aaron 1 2 3
Abadie, Paul 1
Abbas 1
‘Abd al-Mālik 1 2 3 4
‘Abd al-Mu’min 1
‘Abd al-Raḥmān III 1
‘Abd al-Raḥmān 1
Abdias 1 2 3
Abel 1
Abel (Australopithèque) 1 2
Abélard, Pierre 1
Abetz, Otto von 1 2
Abraham 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Absalon 1
Abu al-Aswad al-Du’ali 1
Abū al-’Atahiyah 1
Abū Bakr 1 2
Abu es-Haq es-Saheli 1
Abū ḥanīfa 1
Abū Nuwās 1
Abū Yūsuf Yalgib 1
Acacius 1
Acamapichtli 1
Achab 1 2
Achard, Marcel 1
Achille 1 2 3 4
Achoris 1
Adad 1
Adad-Nirāri II 1 2
Adam 1 2
Adam, James 1
Adam, Robert 1 2
Adam de la Halle 1 2
Adami, Valerio 1 2
Adamov, Arthur 1
Adams, John 1
Adams, Samuel 1
Adenauer, Konrad 1 2
Aditi 1
Adler, Dankmar 1
Adolphe de Nassau 1
Adonis (Ali Ahmad Sa’id) 1
Adorno, Theodor W. 1 2 3 4 5 6 7
Adrien Ier 1
Aegidius 1 2
Aelders, Etta Palm d’ 1 2 3 4
Aethelbert 1
Aether 1
Aetius 1 2 3 4 5
Affre, monseigneur 1
Agaja 1
Agamemnon 1 2
Agapet II 1 2
Agar 1
Agasias 1
Agésandros 1
Aggée 1 2 3
Agilulf 1
Agnès d’Aquitaine 1
Agni 1 2 3
Agricola 1
Agrippa, Cornelius 1
Ahiram 1
Ahmed Shah Abdali 1
Ahmôsis Ier 1
Ah Mun 1
Ahriman 1 2
Ahura Mazda 1 2 3 4 5 6 7 8
Ai (ou Zhaoxuan) 1
Aïcha 1 2
Ailly, Pierre d’ 1
Aistolf 1 2 3
Ai Ts’ing 1
Akadêmos 1
Akalamdug 1
Akamatsu 1
Akamatsu Sadanori 1
Akbar le Grand 1 2
Akihito 1 2
Alain-Fournier 1
Al-Akhṭal 1
Al-Amīn 1
Alard d’Amsterdam 1
Alaric Ier 1 2 3 4
Al-Balādhurī 1
Albee, Edward 1
Alberoni, Jules 1 2
Albert, Alexandre Martin 1
Albert, Marcelin 1 2 3
Albert-Birot, Pierre 1
Albert de Saxe-Cobourg-Gotha 1
Alberti, Leon Battista 1 2 3 4 5 6 7 8
Albert Ier de Habsbourg 1
Albert II de Habsbourg 1
Albertine 1
Albert le Grand 1 2 3 4 5 6
Albornoz, Gil de 1
Al Bustani, Butrus 1
Alcalá-Zamora, Niceto 1
Alcée de Mytilène 1
Al-Chāfi’ī 1
Alcinoos 1 2
Alcmène 1
Alcméon 1
Alcuin 1 2 3 4 5 6 7 8
Alechinsky, Pierre 1
Alenza, Leonardo 1
Alexandre, Arsène 1
Alexandre Ier de Russie 1 2 3 4 5 6
Alexandre II de Russie 1 2 3
Alexandre III (pape) 1
Alexandre III de Russie 1 2 3 4
Alexandre IV (pape) 1
Alexandre le Grand 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
22 23 24
Alexandre Nevski 1 2
Alexandre VII Chigi 1 2
Alexis, Paul 1
Alexis Ier Comnène 1 2 3 4
Alexis Ier de Russie 1 2
Alexis II 1
Alexis III 1 2
Alexis IV 1 2
Alexis V 1 2
Al-Fārābī 1 2
Al-Farazdaq 1
Alfieri, Vittorio 1
Alfonso Ier 1 2
Alfred le Grand 1 2 3 4 5 6
Al-Ghazālī 1
Algren, Nelson 1
Al-ḥasan ben Kannūn 1
Ali 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Aliénor d’Aquitaine 1 2
Al Khattabi, Abdelkrim 1 2
Al-Khattabi, Mohamed ben Abdelkrim 1
Al-Kindī 1 2
Alloway, Lawrence 1 2
Al Malaïka, Nazik 1
Al-Manṣūr 1
Al-Ma’mūn 1
Almeida, Luis de 1
Almodóvar, Pedro 1
Al-Mutawakkil 1
Alp Arslan 1
Alphand, Jean-Charles 1
Alphonse V d’Aragon (le Magnanime) 1 2 3
Alphonse VI 1
Alphonse XII d’Espagne 1 2 3 4
Alphonse XIII d’Espagne 1 2 3 4 5 6
Alphonse X le Sage (ou le Savant) 1 2
Al-Saffāh 1
Altdorfer, Albrecht 1
Althusser, Louis 1 2 3 4 5 6
Alvarado, Pedro de 1
Álvarez de Tolède, Fernando (duc d’Albe) 1
Al-Walīd 1
Alyatte 1
Al Yaziyi, Nasif 1
Amadis 1
Amadou Sekou 1
Amalthée 1
Amanishakheto 1
Amasis 1
Amaterasu 1 2 3
Amato, Giuliano 1
Ambigatos 1
Ambroise de Milan 1 2 3
Amda Sion Ier 1 2
Amédée de Savoie 1
Amédée Ier d’Espagne 1
Amenemhat Ier 1 2 3
Amenemhat II 1
Aménophis II 1
Aménophis III 1 2 3 4 5 6 7
Aménophis IV (Akhenaton) 1 2 3 4 5 6 7 8
Amesemi 1
Amitābha 1 2 3
Ammonios Saccas 1 2
Amnon 1
Amon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Amonherkopsef 1
Amos 1 2 3 4
Ampère, André-Marie 1
Amyntas III 1
Amytis 1
An 1 2
Anacréon de Téos 1 2
Anafesto, Paoluccio 1
Anastase Ier 1 2 3
Anath 1
Anaxagore 1 2 3 4
Anaximandre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Anaximène 1 2
Andersen, Hans Christian 1
Andocide 1
André, Émile 1
Andrea del Castagno 1 2 3
Andrea del Sarto 1 2 3
Andreas de Caryste 1
Andreotti, Giulio 1
Andronic Ier 1 2
Andronic III 1
Andropov, Youri 1 2 3 4
Angilbert 1 2 3
Angrand, Charles 1
Angroboba 1
Anguier, François 1
Aniko 1
Ankhesenmeriré II 1
Anna 1
Anne Boleyn 1 2
Anne de Beaujeu 1
Anne de Bretagne 1 2
Anne de France 1
Anne de Grande-Bretagne 1 2 3
Anne d’Autriche 1 2 3 4 5 6 7
Anne Geneviève de Bourbon-Condé 1
Anne Ire de Russie 1
Annen 1
Anno de Cologne 1
Anouilh, Jean 1
Antelme, Robert 1
Anthémios de Tralles 1
Antigone 1
Antinoüs 1 2
Antiochos Ier 1 2
Antiochos IV 1 2
Antipater de Tarse 1
Antiphon 1
Antisthène 1
Antoine, André 1
Antokolski, Mark 1
Antonin le Pieux 1 2 3 4
Antonio Ier du Kongo 1
Anu 1
Apademak 1 2
Apel, Karl-Otto 1
Aphrodite 1 2 3
Apia 1
Apis 1 2
Aplu 1
Apollinaire, Guillaume 1 2 3 4 5 6 7 8
Apollodore de Damas 1
Apollon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Apollonios 1
Apollonius de Perga 1
Apollonius de Rhodes 1 2
Apollonius Molon 1
Appel, Karel 1 2
Appiani, Andrea 1
Apulée 1 2 3
Arafat, Yasser 1 2
Arago, François 1 2
Aragon, Louis 1 2 3 4 5 6 7
Aratos de Soles 1
Arcadius 1 2 3 4
Arcelin, Adrien 1 2
Arcésilas 1 2 3 4
Archiloque 1 2
Archimède 1 2 3 4 5 6
Archipenko, Alexander 1 2 3
Arcimboldo, Giuseppe 1 2 3 4
Ardachêr Ier 1
Arendt, Hannah 1 2 3 4
Arès 1 2
Argès 1
Argounov, Ivan 1
Arioste, l’ 1 2 3
Aristarque de Samos 1
Aristophane 1
Aristote 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49
50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67
Arius 1 2 3 4 5 6 7
Arjuna 1 2 3
Arman 1 2 3 4 5 6
Armand de Bourbon (prince de Conti) 1
Armstrong, Louis 1
Arnaud de Brescia 1
Arnauld, Angélique 1 2
Arnauld, Antoine (le Grand Arnauld) 1 2 3 4
Aron, Raymond 1 2 3 4 5
Arp, Hans 1 2 3 4 5 6 7
Artaban V 1
Artaud, Antonin 1 2 3 4 5
Artaxerxès Ier 1
Artaxerxès II 1
Artaxerxès III 1
Artémis 1 2 3
Arthur 1 2 3 4
Arthur Tudor 1 2
Artimpaasa 1
Asai Chu 1
Asam, Cosmas-Damian 1
Asam, Egid Quirin 1
Asclépios 1 2 3 4
Asher 1
Ashera 1
Ashikaga Takauji 1 2 3
Ashikaga Yoshiaki 1
Ashikaga Yoshimitsu 1 2
Ashoka 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Assur 1 2 3 4 5
Assurbanipal 1
Astarté 1 2
Astier de La Vigerie, Emmanuel d’ 1
Astyage 1 2 3
Atahualpa 1 2 3 4 5 6
Athalie 1 2 3
Athanadore 1
Athanase d’Alexandrie 1 2 3 4 5
Atharan 1
Athaulf 1
Athelstan le Glorieux 1
Athéna 1 2 3 4 5 6 7 8
Atlas 1
Aton 1 2 3 4 5
Atrée 1
Attale Ier 1
Attila 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Attlee, Clement 1 2 3 4 5
Aubigné, Théodore Agrippa d’ 1 2 3
Aubrac, Lucie 1 2 3 4 5 6
Aubrac, Raymond 1 2 3
Audran, Claude 1
Aue, Hartmann von 1
Auenbrugger, Leopold 1
Auguste 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
Augustin de Cantorbéry 1 2
Auquetin, Louis 1
Aurangzeb 1 2 3
Aurélien 1 2
Aurengzeb 1
Aurier, Georges-Albert 1
Aurore 1
Austen, Jane 1
Auster, Paul 1
Austin, John 1 2
Authari 1
Averroès 1 2 3 4 5 6
Avicenne 1 2 3 4
Avvakum, Petrovitch 1
Ay 1
Aybak 1
Ayrault, Jean-Marc 1
Azaña, Manuel 1
Aznar, José Maria 1
Azraïl (archange) 1
Ānanda 1
Āryabhaṭṭa 1
Ātreya Punarvasu 1
Baal 1 2 3 4 5 6 7
Baaltis 1
Baal Zebub 1
Babel, Isaac 1
Babeuf, Gracchus 1 2 3 4 5
Babrius 1
Bābur 1 2 3 4 5 6 7 8
Baccani, Gaetano 1
Bacchus 1 2 3 4 5
Bacchylide 1
Bach, Jean-Sébastien 1
Bachelard, Gaston 1 2 3 4 5
Bachofen, Johann Jakob 1
Bacon, Francis (peintre) 1 2 3
Bacon, Francis (philosophe) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Bacon, Roger 1 2 3 4 5 6
Badham, John 1
Bahadur Shah 1
Bahadur Shah Zafar 1
Baïf, Jean Antoine de 1 2
Bailly, Jean Sylvain 1 2
Bajenov, Vassili 1
Baki 1
Balakirev, Mili Alexeïevitch 1
Balban 1
Balbo, Italo 1
Baldr 1 2 3 4 5 6 7
Baldung, Hans 1
Baldwin, James 1
Baldwin, Stanley 1 2 3 4
Balfour, Arthur 1
Ball, Hugo 1
Balladur, Édouard 1 2 3
Baltard, Victor 1 2 3
Balthus 1
Balzac, Honoré de 1 2 3 4 5 6
Banville, Théodore de 1 2 3
Barbari, Jacopo de’ 1
Barbenfouillis 1
Barbéris, Pierre 1
Barbie, Klaus 1
Barnave, Antoine 1 2
Barras, Paul 1
Barre, Raymond 1
Barrès, Maurice 1 2
Barry, comtesse du 1 2
Barsbay 1
Barth, John 1
Barthélemy, Jean-Jacques 1
Barthes, Roland 1 2 3 4 5 6 7 8
Barthez, Paul Joseph 1 2
Bartók, Béla 1
Bartolomeo, Fra 1
Bartsch, Adam von 1
Bashō, Matsuo 1 2 3 4 5
Basie, Count 1
Basile Ier 1 2 3 4
Basile II 1 2
Basile le Grand 1 2
Basquiat, Jean-Michel 1 2
Bassani, Giorgio 1
Bastet 1 2 3
Bastian, Adolf 1
Bastien-Thiry, Jean-Marie 1
Bataille, Georges 1
Batū 1
Baudelaire, Charles 1 2 3 4 5 6 7 8
Baudouin Ier (Baudouin IX de Flandre) 1 2
Baudouin Ier (roi de Jérusalem) 1
Baudouin II de Courtenay 1 2
Baudrillard, Jean 1 2 3
Baumgarten, Alexander Gottlieb 1
Bayazid Ier 1 2 3 4 5 6 7
Bayazid II le Juste 1 2
Baybars 1
Bayle, Pierre 1
Bazaine, Jean 1
Bazille, Frédéric 1 2 3 4
Béatrice 1 2 3
Beatus 1 2
Beaufort, Margaret 1
Beaufret, Jean 1
Beaumarchais, Eugène de 1
Beaumarchais, Pierre-Augustin Caron de 1 2
Beaumont, Élie de 1 2
Beauvoir, Simone de 1 2 3 4 5
Beccaria, Cesare Bonesana de 1
Becket, Thomas 1 2 3 4
Beckett, Samuel 1 2 3 4 5
Bécquer, Gustavo Adolfo 1
Bède le Vénérable 1 2 3 4
Beecher-Stowe, Harriet 1 2
Beethoven, Ludwig van 1 2 3 4
Bégoé 1
Behanzin 1 2 3
Bélanger, François Joseph 1
Belenos 1 2
Belgrand, Eugène 1
Bélisaire 1 2 3
Belleau, Rémi 1
Bellini, Gentile 1
Bellini, Giovanni 1 2 3 4 5
Bellini, Jacopo 1 2
Bellini, Vincenzo 1
Bellmer, Hans 1
Bello, Muhamad 1
Bellori, Giovan Pietro 1
Belmondo, Jean-Paul 1
Belzébuth 1
Ben Ali, Zine el-Abidine 1
Benet, Juan 1
Ben Gourion, David 1
Benjamin 1 2 3 4
Benjamin, Walter 1
Benkei 1
Ben Laden, Oussama 1 2
Benn, Gottfried 1
Bennett, Matthew 1
Benois, Alexandre 1
Benoît de Nursie 1 2 3
Benoît d’Aniane 1
Benoît XIII 1 2
Benoît XV 1 2
Benoît XVI 1
Bentham, Jeremy 1
Benvenuti, Pietro 1
Berain, Jean 1
Berchet, Giovanni 1
Bérégovoy, Pierre 1 2
Bérenger 1
Berenguer, Dámaso 1
Berg, Alban 1
Bergson, Henri 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Béring, Vitus Jonassen 1
Berio, Luciano 1
Berkeley, George 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Berlinguer, Enrico 1
Berlioz, Hector 1
Berlusconi, Silvio 1 2 3 4 5 6
Bernanos, Georges 1
Bernard, Claude 1 2
Bernard, Émile 1
Bernard de Clairvaux 1 2 3 4 5
Bernhardt, Sarah 1
Bernin, le 1 2 3 4 5 6
Bernini, Pietro 1
Bernon 1
Bernstein, Carl 1
Bérose 1
Béroul 1
Berruguete, Alonso 1
Berry, Charles Ferdinand de 1 2
Berthe 1
Berthelot, Marcelin 1 2
Berthollet, Claude Louis 1
Bérulle, Pierre de 1
Bestla 1
Bethsabée 1 2 3 4
Beveridge, William 1 2
Bhanudas 1
Bhāsvkara 1
Bichat, François Xavier 1
Bickerton, Derek 1
Bidault, Georges 1 2
Bion de Smyrne 1
Bioy Casares, Adolfo 1
Birnbaum, Pierre 1
Biron, Ersnt Johann von 1
Bismarck, Otto von 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Biton 1
Björnson, Björnstjerne 1
Blaikie, Thomas 1
Blair, Tony 1 2 3 4 5 6
Blake, Peter 1
Blake, William 1 2
Blanc, Louis 1 2
Blanchot, Maurice 1
Blanqui, Auguste 1 2
Bleda 1 2 3 4
Bloch, Ernst 1
Blondel, Jean-François 1
Blondin, Antoine 1
Blum, Léon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Boabdil 1
Boccace 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Boccioni, Umberto 1 2
Böcklin, Arnold 1
Bodel, Jean 1
Bodin, Jean 1 2
Boèce 1 2 3 4 5 6 7
Boffrand, Gabriel Germain 1
Bofill, Ricardo 1
Boileau, Nicolas 1 2 3 4 5 6 7 8
Boissieu, Alain de 1
Bokassa Ier 1
Böll, Heinrich 1
Bologne, Jean 1
Bomberg, David 1
Bon, Bartolomeo 1
Bon, Giovanni 1
Bonaparte, Jérôme 1
Bonaparte, Lucien 1
Bonaventure 1 2 3
Bondi, Hermann 1
Boniface IX 1
Boniface VIII 1 2 3 4
Bonito Oliva, Achille 1
Bonnard, Pierre 1 2 3 4
Bontemps, Pierre 1
Borges, Jorge Luis 1 2
Borghèse 1
Borgia, César 1 2
Borgianni, Orazio 1
Börne, Ludwig 1
Borodine, Alexandre 1 2
Borromini 1 2
Bosch, Jérôme 1 2 3
Bosio, François-Joseph 1
Bossi, Giuseppe 1
Bossi, Umberto 1
Bossuet, Jacques Bénigne 1 2 3 4 5
Botta, Paul-Émile 1
Botticelli, Sandro 1 2 3 4 5 6 7 8
Bouchardon, Edmé 1 2 3
Boucher, Alfred 1
Boucher, François 1 2 3 4
Boucher de Perthes, Jacques 1 2 3 4 5
Boucicaut, Aristide 1
Bouddha Amida 1 2 3
Bouddha Śakyamuni 1 2
Boudin, Eugène 1 2 3
Bouillé, François Claude de 1
Bouillon, Godefroy de 1
Boukharine, Nikolaï 1
Boulanger, Georges 1 2 3 4 5 6 7
Boulez, Pierre 1
Boulle, André-Charles 1
Boulle, André-Charles II 1
Boulle, Charles-Joseph 1
Boulle, Jean-Philippe 1
Boulle, Pierre Benoît 1
Boullée, Étienne Louis 1
Bourdieu, Pierre 1 2 3
Bourgeois, Léon 1
Bourget, Paul 1
Bourguiba, Habib 1
Bouriard, Nicolas 1
Bousquet, René 1
Bovary, Emma 1
Boyer, Régis 1
Boyle, Robert 1
Bradamante 1
Bragg, Braxton 1
Brahe, Tycho 1 2 3
Brahm, Otto 1
Brahmā 1 2 3 4 5 6
Brahmagupta 1 2
Brahms, Johannes 1
Braidwood, Robert John 1
Bramante 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Brancusi, Constantin 1 2
Brandes, Georg 1
Brandt, Willy 1
Brant, Isabella 1
Brant, Sébastien 1
Braque, Georges 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Brasillach, Robert 1
Brassens, Georges 1
Braudel, Fernand 1 2
Braun, Eva 1
Brecht, Bertolt 1 2 3
Brejnev, Leonid 1 2 3 4 5
Brel, Jacques 1
Brennus 1 2 3 4
Brentano, Franz 1 2
Breton, André 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
Breuil, Henri 1 2 3
Briand, Aristide 1 2 3 4 5 6
Brigit (ou Brigantia) 1
Brigitte (sainte) 1
Briullov, Karl 1
Brod, Max 1
Broglie, Albert (duc de) 1
Brokmeyer, Henry 1
Brontë, Charlotte 1 2
Brontë, Emily 1 2
Brontès 1
Bronzino 1 2
Brook, Peter 1
Broom, Robert 1
Brosse, Salomon de 1
Broussel, Pierre 1
Brown, Brockden 1
Brown, Dan 1
Brown, Gordon 1
Brueghel de Velours 1 2
Brueghel d’Enfer 1
Brueghel l’Ancien, Pieter 1
Brumel, Antoine 1
Brunehaut 1
Brunelleschi, Filippo 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Brunet, Michel 1
Brüning, Heinrich 1
Bruno, Giordano 1 2
Brunschvicg, Léon 1 2 3 4 5
Brutus 1
Bryen, Camille 1
Buber, Martin 1
Buck, Pearl 1
Buckland, William 1
Budé, Guillaume 1 2 3
Buffon, comte de 1 2 3 4 5 6 7 8
Bullant, Jean 1 2
Buñuel, Luis 1
Buoninsegna, Duccio di 1
Buraglio, Pierre 1
Burckhardt, Jacob 1 2
Buren, Daniel 1 2
Burgess, Anthony 1
Burke, Edmund 1 2
Burr 1
Burton, Robert 1
Bush, George Herbert Walker 1 2 3 4
Bush, George W. 1 2
Butler, Samuel 1
Butor, Michel 1 2
Byron, George Gordon 1 2 3
C
Caballero, Fernan 1
Cabanel, Alexandre 1 2
Cabanis, Georges 1
Cabet, Étienne 1 2 3
Cabeza de Vaca, Álvar Núñez 1
Cadoudal, Georges 1
Caedmon 1
Cage, John 1 2
Cagliostro, comte de 1
Caillaud, Aristide 1
Caillaux, Henriette 1
Caillaux, Joseph 1 2 3 4
Caillebotte, Gustave 1 2 3 4
Cailliaud, Frédéric 1
Caillois, Roger 1
Caïn 1
Caius Sempronius Gracchus 1
Calabacillas 1
Calder, Alexander 1 2 3 4
Calderón de la Barca, Pedro 1
Caligula 1 2
Calixte II 1
Callaghan, James 1
Callimaque 1
Callimaque de Cyrène 1 2 3
Calliope 1 2
Callixte III 1
Calmette, Gaston 1
Calonne, Charles de 1 2
Calvin, Jean 1 2 3 4 5 6
Calvo Sotelo, José 1
Calvo-Sotelo, Leopoldo 1 2
Calypso 1
Cambaceres, Eugenio 1
Cambacérès, Jean-Jacques Régis de 1
Cambyse Ier 1
Cambyse II 1
Cameron, David 1
Camille de Lellis 1
Camus, Albert 1 2 3
Canaletto 1
Canetti, Elias 1
Canguilhem, Georges 1 2
Canova, Antonio 1 2
Cantillon, Richard 1
Cao Xueqin 1
Capitan, Louis 1
Capote, Truman 1 2
Capuana, Luigi 1
Caracalla 1 2 3 4 5
Caravage, le 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Cardan, Jérôme 1
Carducci, Filippo 1
Carducci, Giosuè 1
Caribert Ier 1
Carissimi, Giacomo 1
Carloman Ier 1 2 3
Carlos, don 1 2 3 4
Carmenta 1
Carnap, Rudolf 1
Carnéade 1 2 3
Carnot, Lazare Nicolas Marguerite 1
Carnot, Nicolas Léonard Sadi 1
Caron, Antoine 1
Carpaccio, Vittore 1 2 3
Carpeaux, Jean-Baptiste 1
Carrache, Annibal 1 2 3 4 5 6 7 8
Carrache, Augustin 1 2 3 4
Carrache, Ludovic 1 2 3 4
Carriera, Rosalba 1
Carrière, Eugène 1
Carter, Jimmy 1 2 3
Casanova, Danielle 1 2 3
Casanova, Laurent 1
Caserio, Santo 1
Casimir Ier de Pologne 1
Cassatt, Mary 1 2 3
Cassiodore 1 2 3 4
Cassirer, Ernst 1 2
Castiglione, Baldassare 1 2
Castiglione, Giuseppe 1
Castoriadis, Cornelius 1
Castro, Fidel 1 2
Castro, Guillén de 1
Cathelineau, Jacques 1 2 3
Catherine 1
Catherine de Médicis 1 2 3
Catherine de Rambouillet 1
Catherine d’Aragon 1 2 3
Catherine II de Russie 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Catherine Ire de Russie 1 2
Catilina 1
Caton 1
Caton l’Ancien 1 2 3 4 5 6 7
Catulle 1 2 3
Cauchon, Pierre 1
Cavaignac, Louis Eugène 1
Cavalcanti, Guido 1
Cavallini, Pietro 1
Cavendish, Henry 1
Cavour, Camillo Benso de 1 2 3 4 5 6 7 8
Cazotte, Jacques 1 2
Ce Acatl Topiltzin Quetzalcóatl 1 2
Céard, Henry 1
Cela, Camilo José 1
Celant, Germano 1
Célestin III 1
Céline, Louis-Ferdinand 1
Cellini, Benvenuto 1 2
Celse 1 2
Celsius, Anders 1
Celtill 1
Cendrars, Blaise 1 2
Cennini, Cennino 1
Céphisodote 1
Cerbère 1 2
Cernunnos 1 2
Cervantès, Miguel de 1 2 3
Césaire, Aimé 1
César, Jules 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41
César (sculpteur) 1 2 3
Césarion 1
Cézanne, Paul 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Chaac 1 2 3 4
Chabaka 1
Chaban-Delmas, Jacques 1 2 3 4
Chabataka 1
Chabrol, Claude 1
Chagall, Marc 1 2
Chaka 1 2
Challe, Maurice 1 2
Chamberlain, Joseph 1
Chamberlain, Neville 1 2 3 4
Chambers, William 1
Chambord, comte de 1 2 3
Chamfort 1
Champaigne, Philippe de 1 2
Champollion, Jean-François 1 2
Chandra 1
Chandragupta Ier 1
Chandragupta Ier Maurya 1
Channing, William Ellery 1
Chaos 1
Chapelain, Jean 1
Chapuys-Montlaville, Benoît Marie Louis Alceste 1
Char, René 1 2 3
Charaka 1 2
Charcot, Jean-Martin 1 2 3
Chardin, Jean 1
Chardin, Jean-Baptiste Siméon 1 2
Charette 1 2 3
Charlemagne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30 31
Charles Borromée 1
Charles de Gontaut (duc de Biron) 1
Charles de Lorraine (duc de Mayenne) 1
Charles de Valois 1
Charles d’Anjou 1
Charles d’Orléans 1
Charles Édouard Stuart 1
Charles Ier de Sicile 1
Charles Ier d’Angleterre 1 2 3 4 5 6 7
Charles II d’Angleterre 1 2 3
Charles II d’Anjou 1
Charles II d’Espagne 1 2 3 4 5
Charles III d’Espagne 1 2 3 4 5 6
Charles III le Gros 1
Charles II le Chauve 1 2
Charles IV du Saint-Empire 1 2 3
Charles IV d’Espagne 1 2 3 4 5
Charles IV le Bel 1
Charles IX de France 1 2 3 4
Charles le Simple 1 2
Charles le Téméraire 1 2 3 4 5 6
Charles Martel 1 2 3
Charles Quint 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Charles VI de France 1 2
Charles VI du Saint-Empire 1 2
Charles VII de France 1 2 3 4 5 6
Charles VIII de France 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Charles V le Sage 1 2 3 4 5 6 7
Charles X (comte d’Artois) 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Charles XII de Suède 1 2 3
Charlotte de Savoie 1
Charon 1 2
Charpentier, Marc-Antoine 1
Chateaubriand, François René de 1 2 3 4 5 6
Châtelet, François 1
Chatrian, Alexandre 1
Chaucer, Geoffrey 1
Chaumier, Serge 1 2
Chautemps, Camille 1
Chelles, Jean de 1
Chénier, André 1 2
Chen Shou 1
Chevreul, Michel Eugène 1 2
Chia, Sandro 1
Chiappe, Jean 1
Chikamatsu Monzaemon 1 2
Childebert Ier 1 2
Childéric Ier 1 2 3 4 5
Childéric III 1 2 3
Chilpéric Ier 1
Chinard, Joseph 1
Chippendale, Thomas 1
Chirac, Jacques 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
Chiron 1
Chiron, Léopold 1
Choiseul, Étienne de 1
Cholokhov, Mikhaïl 1
Chongzhen 1
Chopin, Frédéric 1
Chosroès II 1
Choubine, Fedot 1
Chrétien de Troyes 1 2 3
Christie, Agatha 1
Christine de Pizan 1 2
Christo 1 2 3
Christy, Henry 1
Chrodegang 1
Chronos 1
Chrysippe 1 2 3
Chtchedrine, Sylvestre 1 2
Churchill, Winston 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Churchill, Winston (écrivain) 1
Churriguera, José Benito 1
Cian 1 2
Cicéron 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Cimabue 1 2 3 4 5 6
Cino da Pistoia 1
Cinq-Mars, Louis d’Effiat, marquis de 1 2
Cixi 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Claire d’Assise 1
Clari, Robert de 1
Clarín 1
Clastres, Pierre 1
Claude 1 2 3 4
Claudel, Camille 1
Claudel, Paul 1 2 3
Cléanthe 1 2
Clegg, Nick 1
Clélie 1
Clemenceau, Georges 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Clément, Eudes 1
Clément, Jacques 1
Clément d’Alexandrie 1 2
Clemente, Francesco 1
Clément III 1
Clément IV 1
Clément V 1
Clément VII 1 2
Clément VIII 1 2
Cléobis 1
Cléopâtre VII 1 2 3 4 5 6 7
Clinton, Bill 1 2 3 4 5
Clinton, Hillary 1
Clisthène 1 2 3
Clodion le Chevelu 1 2
Clodius Albinus 1
Clodomir 1
Close, Chuck 1
Clotaire 1
Clotaire II 1
Clottes, Jean 1
Clouet, François 1
Clouet, Jean 1 2
Clovis 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Coatlicue 1
Cochin, Charles Nicolas 1
Cohn-Bendit, Daniel 1
Colbert, Charles (marquis de Croissy) 1
Colbert, Jean-Baptiste 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Colbert, Jean-Baptiste (marquis de Seignelay) 1
Colbert, Jean-Baptiste (marquis de Torcy) 1
Cole, Thomas 1 2
Colebrooke, Thomas 1
Coleridge, Samuel Taylor 1
Coligny, Gaspard de 1
Colleoni, Bartolomeo 1 2
Collot, Marie-Anne 1
Colomb, Christophe 1 2 3
Colomban le Jeune 1
Colomban l’Ancien 1
Colombe, Michel 1
Colonna, Giovanni 1
Coltrane, John 1
Coluche 1
Combas, Robert 1 2
Combes, Émile 1 2 3
Commode 1 2
Commynes, Philippe de 1
Compère, Loyset 1
Comte, Auguste 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Comte-Sponville, André 1
Conche, Marcel 1
Concini, Concino 1 2 3 4
Condillac, Étienne Bonnot de 1 2 3 4 5 6
Condorcet, marquis de 1 2 3
Confucius 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Conon 1
Conrad Ier de Germanie 1
Conrad III de Hohenstaufen 1
Conrad II le Salique 1 2
Considérant, Victor 1
Constable, John 1 2
Constance Chlore 1
Constance II 1 2
Constant 1
Constant, Benjamin 1 2
Constant (peintre) 1 2
Constantin Ier le Grand 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39
Constantin II 1
Constantin V 1 2 3
Constantin VI 1
Constantin VII 1
Constantin VIII 1
Constantin XI Paléologue 1 2
Coolidge, Calvin 1
Copernic, Nicolas 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Coppée, François 1 2 3 4
Coppens, Yves 1
Coq de Suie 1
Corbaz, Aloïse 1
Corbin, Henry 1
Corday, Charlotte 1 2 3 4 5 6
Coré 1
Corneille, Guillaume 1 2
Corneille, Pierre 1 2 3 4 5 6 7 8
Corot, Camille 1 2 3 4 5 6
Corrège, le 1 2 3 4 5
Cortés, Hernán 1 2 3 4 5
Cortot, Jean-Pierre 1
Coste, Pascal 1
Cotte, Robert de 1 2
Coty, René 1
Couperin, François 1 2 3
Courbet, Gustave 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Cournot, Antoine Augustin 1 2
Cousin, Jean 1
Cousin, Victor 1
Coustou, Guillaume 1
Coustou, Nicolas 1 2
Couthon, Georges Auguste 1 2
Couture, Thomas 1
Couve de Murville, Maurice 1
Coysevox, Antoine 1 2 3 4
Cranach le Jeune, Lucas 1
Cranach l’Ancien, Lucas 1 2 3
Cranmer, Thomas 1 2
Crassus 1
Cratès de Thèbes 1
Crawford, Marion 1
Crébillon père 1
Crémone, Gérard de 1
Cresson, Édith 1
Crétin, Guillaume 1
Crispo, Giordano 1
Critios 1
Croce, Benedetto 1
Crome, John 1 2
Cromwell, Oliver 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Cromwell, Richard 1
Cronin, Archibald Joseph 1
Cronos 1 2 3 4 5 6 7
Cross, Henri 1
Crozat, Pierre 1
Ctésibios d’Alexandrie 1
Cuauhtémoc 1 2
Cucchi, Enzo 1
Cueco, Henri 1
Cui, César Antonovitch 1
Cuitlahuac 1 2
Cumberland, duc de 1
Cunningham, Alexander 1
Cunobelinus 1
Curie, Marie 1
Curie, Pierre 1
Curtius, Ernst 1
Cusi Coyllur 1
Custer, George A. 1
Cuvier, Georges 1 2 3 4 5 6 7
Cyaxare 1 2
Cybèle 1
Cynewulf 1 2
Cyrus II le Grand 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Dagda 1 2 3
Dagobert Ier 1 2
Daguerre, Louis 1
Dahn, Félix 1
Dainichi Nōnin 1
Dainichi Nyorai 1
Dai Zhen 1
Daladier, Édouard 1 2 3 4 5 6
Dalí, Salvador 1 2 3 4 5 6 7
Dalla Chiesa, Carlo 1
Damase 1
Damiens, Robert François 1
Damophon de Messène 1
Dan 1
Dandolo, Enrico 1
Daniel 1 2 3 4 5
Daniel Moskovski 1
Dante Alighieri 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Danto, Arthur 1
Danton, Georges Jacques 1 2 3 4 5 6 7 8
Darboy, Georges 1
Darius Ier 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Darius II 1
Darius III Codoman 1 2
Darlan, François 1
Darnand, Joseph 1 2
Dart, Raymond 1
Darwin, Charles 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Daumier, Honoré 1 2
David 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
David, Jacques-Louis 1 2 3 4 5 6 7 8
Davioud, Gabriel 1
Davis, Jefferson 1
Davis, Miles 1
Déat, Marcel 1 2
Debré, Michel 1 2
Debré, Robert 1
Debret, François 1
Debussy, Claude 1 2
Dèce 1
Déchelette, Joseph 1
De Chirico, Giorgio 1 2 3 4
Dee, John 1
Déesse-soleil d’Arinna 1 2
Deffand, marquise du 1
Defferre, Gaston 1
Defoe, Daniel 1 2
Degas, Edgar 1 2 3 4 5 6 7 8 9
De Gaulle, Charles 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45
46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61
De Gaulle, Yvonne 1 2
Déjocès 1
De Klerk, Frederik Willem 1
De Kooning, Willem 1 2
Delacroix, Eugène 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Delanoé, Bertrand 1
Delaunay, Robert 1 2 3 4 5 6 7
Deleuze, Gilles 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Délia 1
Della Robbia, Luca 1 2
Dell’Abbate, Niccolò 1
Delorme, Philibert 1 2 3 4
Delors, Jacques 1
De Maria, Pierre 1
Déméter 1 2
Démétrios de Phalère 1
Démétrius d’Apamée 1
Démocrite 1 2 3 4 5
Démodocos 1
Démosthène 1 2
Deng Xiaoping 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Denikine, Anton 1 2
Denis, Maurice 1 2 3 4
Dents-Luisantes 1
Denys d’Halicarnasse 1 2
Denys l’Aréopagite 1
Déon, Michel 1
Derain, André 1 2
Derjavine, Gabriel 1
Dermée, Paul 1 2
Déroulède, Paul 1
Derrida, Jacques 1 2 3 4 5 6 7 8
Desai, Anita 1
Des Autels, Guillaume 1
Desborough, Vincent Robin d’Arba 1
Descartes, René 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36
Deschanel, Paul 1 2
Désirée 1
Desmarets de Saint-Sorlin, Jean 1
Desmoulins, Camille 1 2 3 4 5 6
Desnos, Robert 1
Desnoyers, Jules 1
Despentes, Virginie 1
Destutt de Tracy, Antoine 1
Detienne, Marcel 1
Devade, Marc 1
Devaki 1
De Valera, Eamon 1 2
Devaquet, Alain 1
De Vere Stacpoole, Henry 1
Devi, Mahasweta 1
Dewey, John 1 2
Dezeuze, Daniel 1
Dhanvatari 1
Diaghilev, Serge de 1
Diane 1
Diane de Poitiers 1 2
Dias, Bartolomeu 1
Dickens, Charles 1 2 3
Diderot, Denis 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27
Didier 1 2
Didius Julianus 1
Diego, Gerardo 1
Dieulafoy, Jeanne 1
Dieulafoy, Marcel 1
Dilthey, Wilhelm 1
Dimitri III 1
Dimitri IV 1 2
Dinarque 1
Dinocratès de Rhodes 1
Dioclétien 1 2 3 4
Diodore de Sicile 1 2 3
Diogène de Babylone 1
Diogène de Sinope 1 2
Diogène Laërce 1
Dion Cassius 1 2 3
Dionysos 1 2 3 4
Diophante 1
Di Rosa, Hervé 1
Disraeli, Benjamin 1 2 3 4
Djéser (Djoser) 1 2
Djong Yak-Yong 1
Dnyaneshwar 1
Dogen 1
Dōkyō 1
Dolce, Pietro 1
Domenico Ghirlandaio 1
Domitien 1 2 3 4 5 6 7 8
Dom Pernetti 1
Donatello 1 2 3 4 5 6 7 8
Dönitz, Karl 1 2
Donizetti, Gaetano 1
Don Juan 1
Don Quichotte 1
Dorat, Jean 1 2
Doriot, Jacques 1
Dos Passos, John 1
Dostoïevski, Fiodor Mikhaïlovitch 1 2
Dotremont, Christian 1
Douglas-Home, Alec 1
Doumer, Paul 1 2 3
Doumergue, Gaston 1
Downing, Andrew Jackson 1
Doyen, Gabriel François 1
Doyle, Arthur Conan 1
Drachmann, Holger 1
Dracon 1
Drexter, Anton 1
Dreyfus, Alfred 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Drieu La Rochelle, Pierre 1
Drona 1
Drumont, Édouard 1
Drusus 1
Drusus II 1
Dubček, Alexander 1 2
Du Bellay, Joachim 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Dubois, Ambroise 1
Dubois, Eugène 1 2
Dubois, Guillaume 1
Dubreuil, Toussaint 1 2
Dubuffet, Jean 1 2 3
Duc, Joseph Louis 1
Ducatel, Louis 1
Duchamp, Marcel 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Duchet, Claude 1
Duclos, Alain 1
Dufaure, Jules 1 2
Dufay, Guillaume 1
Dufort, Yves 1
Dumas, Alexandre 1 2 3 4 5 6
Dumézil, Georges 1
Dumont, Auguste 1
Dumont, René 1
Dumouriez, Charles François 1 2 3
Dumuzi (Tammuz) 1 2 3 4 5
Duns Scot, Jean 1 2 3 4 5
Dunstable, John 1
Dupont, Florence 1
Du Pont de Nemours, Éleuthère Irénée 1
Dupré, Jules 1
Dupré, Julien 1
Duquesney, François-Alexandre 1
Durand, Asher 1
Durand-Ruel, Paul 1 2 3 4
Duras, Marguerite 1 2
Dürer, Albrecht 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Durgā 1
Durkheim, Émile 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Durrell, Lawrence 1
Duseigneur, Jehan 1
Du Vair, Guillaume 1
Duval, Paul-Marie 1
Dvořák, Antonin 1
Dzerjinski, Felix 1
D’Alembert, Jean le Rond 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
D’Annunzio, Gabriele 1 2 3 4 5
E
Ea 1 2 3
Eannatum 1 2
Ebert, Friedrich 1 2 3 4 5
Ebih-Il 1
Éboué, Félix 1 2
Echeverria, Esteban 1
Eck, Jean 1
Eco, Umberto 1
Eden, Anthony 1 2
Edmond Côte de Fer 1
Édouard de Middleham 1
Édouard Ier d’Angleterre 1
Édouard II d’Angleterre 1 2
Édouard III d’Angleterre 1 2
Édouard IV d’Angleterre 1 2
Édouard le Confesseur 1 2
Édouard l’Ancien 1
Édouard V d’Angleterre 1 2 3
Édouard VI d’Angleterre 1
Édouard VII du Royaume-Uni 1
Édouard VIII du Royaume-Uni 1 2 3
Edwards, Jonathan 1
Egas, Enrique 1
Egbert de Trèves 1 2
Éginhard 1 2
Ehrard, Ludwig 1
Eichendorff, Joseph von 1
Eichmann, Adolf 1
Eichordt, Ludwig 1
Eiffel, Gustave 1
Einstein, Albert 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Eisai 1
Eisaku Satō 1
Eisenhower, Dwight David 1 2 3 4 5
Ekkehard de Saint-Gall 1
Eknath 1
El 1
El Cid Campeador 1 2 3 4
El-Hadj Omar 1 2 3
Eliade, Mircea 1 2
Élie 1 2
Eliot, George 1 2
Élisabeth d’York 1 2
Élisabeth II d’Angleterre 1 2 3
Élisabeth Ire de Russie 1
Élisabeth Ire d’Angleterre 1 2 3 4 5 6
Élisée 1
Ellington, Duke 1
Ellis, Bret Easton 1
Ellison, Ralph 1
Elstir 1
Eltsine, Boris 1 2 3 4 5 6 7 8
Éluard, Paul 1 2 3 4 5
Emerson, Ralph Waldo 1 2
Émery, Michel Particelli d’ 1 2
Emmanuel 1
Empédocle 1 2
Empereur, Jean-Yves 1
Encolpe 1
Énée 1 2 3 4
Énésidème 1 2 3 4
Engels, Friedrich 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Enki 1 2 3 4
Enkidu 1 2
Enlil 1 2 3 4 5 6
Ensor, James 1
Éphialtès 1
Éphraïm 1
Épicharme 1
Épictète 1 2 3 4 5
Épicure 1 2 3 4 5 6 7
Épigonos 1
Épinay, marquise d’ 1
Épiphane 1
Epona 1
Érasistrate 1 2 3
Érasme 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Erckmann, Émile 1
Érèbe 1 2
Érechthée 1
Ereshkigal 1 2
Eridu 1
Ernest-Auguste Ier de Hanovre 1
Ernst, Max 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Erzulie 1 2
Escalon de Fonton, Max 1
Eschenbach, Wolfram von 1
Eschine 1
Eschmoun 1
Eschyle 1 2 3 4 5
Escrivá de Balaguer, José Maria 1
Esculape 1
Ésope 1 2 3 4 5
Esquirol, Jean Étienne Dominique 1
Esterházy, Charles-Ferdinand 1
Estève, Maurice 1
Estienne, Henri Ier 1
Estienne, Robert 1 2
Estrée, Gabrielle d’ 1
Esus 1 2
Etana 1
Ethelred le Malavisé 1 2 3
Étienne (saint) 1
Étienne de Blois 1 2
Étienne d’Alexandrie 1
Étienne II 1 2
Étienne IV 1
Euclide 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Euclion 1 2 3
Eudes de France 1 2
Eudoxe 1
Eugène de Savoie-Carignan 1 2 3
Eugène IV 1 2
Eugénie de Montijo 1 2
Euripide 1 2
Europe 1 2
Eurydice 1 2 3 4 5 6
Eusèbe de Césarée 1
Eusèbe de Nicomédie 1 2 3
Eusèbe de Verceil 1
Eustache, Jean 1
Eustachi, Bartolomeo 1
Euthyme le Grand 1
Eutychès 1
Evans, Arthur 1
Ève 1
Évhémère 1
Ewuare le Grand 1 2
Exter, Alexandra Alexandrovna 1
Ezana 1 2
Ézéchias 1 2
Ézéchiel 1 2 3 4 5 6
F
Fabius, Laurent 1 2 3
Fabre d’Églantine 1
Fagg, Bernard 1
Fahrenheit, Daniel Gabriel 1
Falcone, Giovanni 1
Falconer, Hugh 1
Falconet, Étienne Maurice 1 2
Falkenhayn, Erich von 1 2 3
Fallières, Armand 1
Falloux, comte de 1
Fancelli, Lucas 1
Fanfani, Amintore 1
Fantin-Latour, Ignace Henri 1
Faraday, Michael 1
Farbauti 1
Farinelli 1
Farnèse, Alexandre (cardinal, futur pape Paul III) 1 2
Farnèse, Élisabeth 1 2
Farnèse, Ranuccio 1
Farrère, Claude 1
Fasiladas 1 2
Fatima 1 2 3
Fatimides 1
Fattori, Giovanni 1 2
Faulkner, William 1 2
Fautrier, Jean 1
Favart, Charles-Simon 1
Februns 1
Fédor Ier 1
Fédor II 1
Fédor III 1
Félix V 1
Fénelon 1 2 3 4 5 6
Feng Youlan 1
Fenrir 1 2 3 4
Ferdinand Ier des Deux-Siciles 1
Ferdinand Ier du Saint-Empire 1
Ferdinand Ier d’Autriche 1
Ferdinand Ier le Grand 1
Ferdinand II du Saint-Empire 1 2 3
Ferdinand II d’Aragon 1 2 3
Ferdinand III de Castille 1
Ferdinand III du Saint-Empire 1 2
Ferdinand IV de Toscane 1
Ferdinand VI d’Espagne 1 2 3 4
Ferdinand VII d’Espagne 1 2 3 4 5 6 7 8
Fermat, Pierre de 1
Ferré, Léo 1
Ferro, Marc 1
Ferry, Jules 1 2 3 4 5
Ferry, Luc 1
Ferstel, Heinrich von 1
Feuerbach, Ludwig 1 2 3 4 5
Feyerabend, Paul 1
Fichte, Johann Gottlieb 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Ficin, Marsile 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fielding, Henry 1 2
Fieschi, Giuseppe 1 2
Figaro 1
Fillon, François 1
Finley, Moses I. 1
Fioravanti, Aristote 1
Fīrūz Shāh 1
Fisher, John 1
Fitzgerald, Edward 1
Fitzgerald, Scott 1 2
Fjalarr 1
Flandin, Eugène 1
Flaubert, Gustave 1 2 3 4 5
Flavius Arrien 1
Flavius Josèphe 1 2
Fleury, André Hercule de 1 2
Flore 1 2
Florian, Jean-Pierre Claris de 1
Foch, Ferdinand 1 2
Fogazzaro, Antonio 1
Foigny, Gabriel de 1
Fontaine, Pierre 1 2
Fontenelle, Bernard de 1 2 3 4 5 6
Fonvizine, Denis 1
Ford, Gerald 1
Forseti 1
Förster, Bernard 1
Förster-Nietzsche, Elisabeth 1 2 3
Fortuny, Mariano 1
Foscolo, Ugo 1
Foucault, Michel 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Fouché, Joseph 1 2 3 4 5
Foujita, Léonard 1
Fould, Achille 1
Fouquet, Nicolas 1 2 3 4
Fouquier-Tinville, Antoine 1 2 3
Fourcroy, Antoine François de 1
Fourier, Charles 1 2 3 4 5 6 7
Fra Angelico 1 2 3 4
Fragonard, Jean Honoré 1 2 3 4
France, Anatole 1
Franck, Bernard 1
Franco, Francisco 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
François (pape) 1 2
François de Guise 1 2 3
François de Sales 1 2 3
François d’Alençon 1 2
François d’Assise 1 2 3 4
François-Ferdinand d’Autriche 1 2
François Ier 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28
François Ier du Saint-Empire 1
François Ier d’Autriche 1 2
François II de France 1 2
François II de Habsbourg-Lorraine 1
François II des Deux-Siciles 1
François II du Saint-Empire 1 2 3 4 5
François-Joseph Ier d’Autriche 1 2
François Xavier 1 2 3
Francon de Cologne 1
Frank, Hans 1
Franklin, Benjamin 1 2 3 4
Frazer, James George 1 2 3 4
Frédégonde 1
Frédéric-Guillaume Ier de Prusse 1
Frédéric-Guillaume II de Prusse 1 2
Frédéric-Guillaume IV de Prusse 1 2 3
Frédéric Ier Barberousse 1 2 3 4 5
Frédéric Ier de Prusse 1
Frédéric II de Danemark 1
Frédéric II de Hohenstaufen 1 2
Frédéric II de Prusse 1 2 3 4 5 6
Frédéric II de Sicile 1
Frédéric III du Saint-Empire 1
Frédéric III d’Allemagne 1
Frederick d’York 1
Frédéric le Sage 1
Frege, Gottlob 1 2 3 4
Fréminet, Martin 1 2
Fresnel, Augustin 1
Freud, Sigmund 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Freyja 1 2 3
Freyr 1 2 3
Friedmann, Alexandre 1
Friedrich, Caspar David 1
Frigg 1 2 3 4
Frîja 1
Fritsch, Théodore 1
Froissart, Jean 1
Fromm, Erich 1
Frumentius 1
Fujiwara no Michinaga 1
Fujiwara no Yorimichi 1
Fujiwara Takanobu 1
Fuller, Margaret 1
Fulrad 1
Fumimaro Konoe 1
Funa 1
Fustel de Coulanges, Numa Denis 1 2 3
Fuxi 1 2
Fuzûlî 1
Gabo, Naum 1 2 3
Gabriel, Ange Jacques 1
Gabriel (archange) 1 2
Gad 1
Gadamer, Hans Georg 1 2
Gaddi, Agnolo 1
Gagarine, Youri 1
Gage, Thomas 1
Gaïa 1 2 3 4 5 6
Gainsborough, Thomas 1 2
Galba 1
Galère 1
Galien 1 2 3 4 5
Galigaï, Léonora 1
Galilée 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Galla Placidia 1 2 3
Gall de Suisse 1
Gallé, Émile 1
Galle, Johann Gottfried 1
Gallien 1
Gallieni, Joseph 1 2
Gallus 1
Galton, Francis 1
Galus Sextius Galvinus 1
Galván, Manuel de Jesús 1
Gama, Vasco de 1 2 3
Gambetta, Léon 1 2
Gandhi, Indira 1
Gandhi, Mohandas Karamchand 1 2 3 4
Gandhi, Rahul 1
Gandhi, Rajiv 1
Gandhi, Sonia 1
Ganesh 1
Ganjin 1
Gao Kegong 1
Gao Xingjian 1
Gaozu (Liu Bang) 1
Gaozu (Li Yuan) 1 2
Gapone, Gueorgui 1
García Lorca, Federico 1
Gargantua 1 2
Garibaldi, Giuseppe 1 2 3
Garnier, Charles 1 2
Garuda 1
Gary, Romain 1 2
Gasperi, Alcide de 1
Gassendi 1
Gaston de Foix 1
Gau, François Christian 1
Gauchet, Marcel 1 2 3 4
Gaudí, Antonio 1 2 3
Gaudin, Martin Michel Charles 1
Gauguin, Paul 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Gautier, Théophile 1 2 3 4
Gaveston, Pierre 1
Gbagbo, Laurent 1
Gebra Maskal Lalibela 1
Gélase Ier 1
Gelede 1
Gemmei 1 2 3 4
Gengis Khān 1 2 3 4
Genséric 1 2 3 4
Gensho 1
Gentile da Fabriano 1 2
Gentileschi, Orazio 1
Genyoku Kuwaki 1
Geoffrin, Marie-Thérèse 1
George, Lloyd 1 2 3
George Ier de Grande-Bretagne 1
George II de Grande-Bretagne 1 2 3
George III du Royaume-Uni 1 2 3 4 5 6 7
George IV du Royaume-Uni 1 2 3
George V du Royaume-Uni 1
George VI du Royaume-Uni 1 2
Gerbillon, Jean-François 1 2
Gerdr 1
Géricault, Théodore 1 2 3 4
Germanicus 1
Gersimi 1
Gervais, Paul 1
Gerville, Charles de 1
Géryon 1
Geshtinanna 1 2
Ghezo 1 2
Ghiberti, Lorenzo 1 2 3 4 5
Ghiyas ud-Din Tugluk 1
Ghosh, Amitav 1
Giacometti, Alberto 1
Gide, André 1 2
Gilgamesh 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Gillespie, Dizzy 1
Gillet, Nicolas François 1 2
Gillot, Claude 1
Giolitti, Giovanni 1 2
Giorgione 1 2 3 4 5 6
Giotto di Bondone 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Girard, René 1 2
Girardon, François 1 2 3
Giraud, Henri 1 2 3
Giraud de Barri (ou Giraud le Cambrien) 1
Giraudoux, Jean 1 2 3
Girodet 1
Giscard d’Estaing, Valéry 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Giusti, Giuseppe 1
Gladstone, William 1 2 3 4 5
Glass, Philip 1
Gléglé 1
Gleizes, Albert 1 2
Gleyre, Charles 1
Glinskaya, Elena 1
Glory, André 1
Gluck, Christoph Willibald von 1 2 3
Glycon d’Athènes 1
Gobineau, Joseph Arthur de 1
Go-Daigo 1 2 3
Godard, Jean-Luc 1 2
Godechot, Jacques 1
Godefroy V Plantagenêt 1
Gödel, Kurt 1
Godoy, Manuel 1 2 3 4 5 6
Goebbels, Joseph 1 2 3
Goebbels, Magda 1
Goering, Hermann 1 2
Goethe, Johann Wolfgang von 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Gogol, Nicolas Vassiliévitch 1 2
Go-Komatsu 1 2
Gold, Thomas 1
Goldfaden, Avrom 1
Golding, John 1
Golding, William 1
Goldmann, Lucien 1 2
Goldoni, Carlo 1
Goliath 1
Golitsyne 1
Golzius, Hendrik 1
Gómez de Mora, Juan 1
Gongdi 1
Góngora y Argote, Luis de 1 2
Gontcharova, Nathalie 1
Gonzales, Eva 1
González, Felipe 1 2
Gorbatchev, Mikhaïl 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Gordios 1
Gordon, Charles 1
Gordon, Patrick 1 2
Gordon Childe, Vere 1
Gorgias 1
Gorgulov, Paul 1 2
Göring, Hermann 1 2
Gorki, Maxime 1
Gorky, Arshile 1
Go-Sanjō 1
Gossec, François Joseph 1
Gottfried de Strasbourg 1
Gottschalk d’Orbais 1
Goudimel, Claude 1
Gouges, Olympe de 1 2
Gouin, Félix 1
Goujon, Jean 1 2
Gournay, Vincent de 1
Goya, Francisco de 1 2 3 4 5 6 7
Goytisolo, Juan 1
Grabbe, Christian Dietrich 1
Gracián y Morales, Baltasar 1
Gracq, Julien 1 2
Gramme, Zénobe 1
Gramsci, Antonio 1
Grande Mademoiselle, la 1
Grandi, Dino 1
Grant, Ulysse S. 1
Grass, Günter 1
Gratien 1
Greco, le 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Greene, Graham 1
Grégoire de Naziance 1 2 3
Grégoire de Nysse 1
Grégoire de Tours 1
Grégoire Ier le Grand 1 2 3 4 5 6
Grégoire VII 1 2 3 4 5 6 7
Grégoire XI 1
Grégoire XII 1
Grégoire XIII 1
Grendel 1
Greuze, Jean-Baptiste 1 2
Grévy, Jules 1 2 3
Grey, Charles 1
Grey, Jeanne 1
Griffith, Francis Llewellyn 1
Grignan, Madame de 1
Grillo, Beppe 1
Grillparzer, Franz 1
Grimm, Jacob 1 2
Grimm, Wilhelm 1
Grimoald 1
Grince-Dents 1
Gris, Juan 1 2 3
Grisey, Gérard 1
Gromaire, Marcel 1
Gropius, Walter 1 2
Grosz, George 1
Grotius 1
Grünewald, Matthias 1
Gu 1
Guangxu 1
Guan Hanqing 1
Guardi, Francesco 1
Guarino Veronese 1
Guattari, Félix 1 2
Gudea 1 2 3 4 5
Guderian, Heinz 1
Guénolé de Landévennec 1
Guggenheim, Peggy 1
Guglielmo, Ciardi 1
Guillaume de Champeaux 1
Guillaume de Lorris 1 2 3
Guillaume de Malmesbury 1
Guillaume de Prusse 1
Guillaume d’Ockham 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Guillaume Ier d’Allemagne 1 2 3
Guillaume Ier d’Aquitaine 1
Guillaume II d’Allemagne 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Guillaume III d’Orange-Nassau 1 2 3 4
Guillaume IV 1 2
Guillaume le Conquérant 1 2 3 4 5 6 7
Guillaume le Roux 1
Guillaumin, Armand 1 2
Guillet, Pernette du 1
Guimard, Hector 1
Guitry, Sacha 1
Guittone d’Arezzo 1
Guizot, François 1 2 3
Gullinborsti 1
Gullinkambi 1
Gunther 1
Guo Xi 1
Guru Nānak 1
Gusdorf, Georges 1 2
Gutenberg, Johannes 1 2 3
Guthrum l’Ancien 1 2
Guynement de Kéralio, Louise-Félicité 1 2
Guyton de Morveau, Louis Bernard 1
Habacuc 1 2 3 4
Habermas, Jürgen 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Hácha, Émil 1 2
Hadad 1 2 3
Hadadézer 1
Hadès 1 2 3 4 5 6
Hadj, Messali 1
Hadot, Pierre 1 2
Hadrien 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Hadrien Ier 1
Haendel, Georg Friedrich 1
Hahn, Hans 1
Hajime Sugiyama 1
Hajime Tanabe 1
Halimi, Gisèle 1
Halley, Peter 1
Hallyday, Johnny 1
Hals, Frans 1 2 3
Hamilton, Richard 1 2
Hammourabi de Babylone 1 2 3 4 5
Hammourabi d’Ougarit 1
Hamsun, Knut 1
Hanabuso Itcho 1
Han Guang Wudi 1
Hannibal 1
Hannon 1
Han Yu 1
Harald III de Norvège 1
Harambourg, Lydia 1
Harding, Warren Gamaliel 1
Hardouin-Mansart, Jules 1 2 3
Haring, Keith 1
Harnett, William H. 1
Harold Ier Pied-de-Lièvre 1
Harold II 1 2 3
Haroun al-Rachid 1 2 3 4
Haro y Sotomayor, Luis de 1
Harpagon 1
Harshavardhana (ou Harsha) 1 2
Hartung, Hans 1 2
Harvey, William 1
Hasegawa Tohaku 1
Hassan 1
Hassan, Ihab 1
Hastings, Warren 1
Hatchepsout 1 2
Hattusil III 1
Haussmann, Georges Eugène 1 2 3 4 5
Havel, Vaclav 1
Hawking, Stephen 1 2 3
Haydn, Joseph 1 2
Hayez, Francesco 1
Heath, Edward 1 2
Hebat 1 2 3
Hébert, Jacques René 1 2 3 4
Hebieso 1
Hécatée de Milet 1 2
Hector 1
Hegel, Georg Wilhelm Friedrich 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38
Heidegger, Martin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Heine, Heinrich 1 2
Heinzelin, Jean de 1 2
Heisenberg, Werner 1
Hel 1 2
Hélène 1
Hélène (sainte) 1 2 3
Héliogabale (ou Élagabal) 1
Hélios 1 2
Héloïse 1
Helvétius, Claude Adrien 1 2 3 4 5 6
Héméré 1
Hemingway, Ernest 1 2
Hémiounou 1
Hendrix, Jimmy 1
Hennique, Léon 1
Henri de Guise (le Balafré) 1 2 3 4 5
Henriette de France 1
Henriette d’Angleterre 1
Henri Ier Beauclerc 1
Henri Ier de Bourbon 1
Henri Ier de Constantinople 1
Henri Ier de Germanie 1
Henri II de Bavière 1
Henri II de Condé 1
Henri II de France 1 2 3 4 5 6 7
Henri II de Guise 1 2
Henri II de Longueville 1
Henri II de Montmorency 1
Henri III de France 1 2 3 4 5 6
Henri III du Saint-Empire 1
Henri III d’Angleterre 1 2 3
Henri II le Saint 1
Henri II Plantagenêt 1 2 3 4
Henri IV de Castille 1
Henri IV de France 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
22
Henri IV du Saint-Empire 1 2 3 4 5
Henri IV d’Angleterre 1
Henri le Navigateur 1
Henriot, Émile 1
Henri V du Saint-Empire 1 2 3 4 5 6
Henri V d’Angleterre 1 2
Henri VI du Saint-Empire 1 2
Henri VI d’Angleterre 1 2 3 4 5 6
Henri VII d’Angleterre 1 2 3 4 5 6 7
Henri VIII d’Angleterre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Henry, Hubert-Joseph 1
Henry, Michel 1 2
Héphaïstos 1
Hepit 1
Héra 1 2 3 4 5
Héraclès 1 2 3 4 5 6 7
Héraclite 1 2 3 4
Héraclius 1 2 3
Héraklès 1
Herbin, Auguste 1 2
Hercule 1 2 3 4 5
Herder, Johann Gottfried von 1 2 3 4 5
Heredia, José Maria de 1 2 3
Hérihor 1 2
Hermès 1
Hermodr 1
Hermogénès de Priène 1
Hérode 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Hérodote 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Hérophile 1
Herrera, Juan de 1 2
Herriot, Édouard 1 2 3 4 5
Herzen, Alexandre 1
Hésiode 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Hess, Moses 1 2
Hess, Rudolf 1 2
Hesse, Hermann 1
Hestia 1 2
Heym, Georg 1
Hichām 1
Hi-Chang 1
Hideki Tojo 1 2
Hiéron de Syracuse 1 2
Hilarion de Gaza 1
Hildebrand, Adolf von 1
Hildegarde 1
Hilliard, Nicolas 1
Himilcon 1
Himmler, Heinrich 1
Hindenburg, Paul von 1 2 3 4 5 6 7
Hipparchia 1
Hipparque 1 2 3 4 5 6
Hippias d’Élis 1 2
Hippocrate 1 2 3 4 5 6
Hippolyte 1
Hiram 1
Hirohito 1 2 3 4 5 6 7 8
Hiroshige, Utagawa 1 2
Hisahito d’Akishino 1
Hitler, Adolf 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47
48 49 50 51 52 53 54
Hiyeda no Are 1
Hnoss 1
Hobbes, Thomas 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Hobrecht, James 1
Hồ Chí Minh 1 2
Hoffmann, Ernst Theodor Amadeus 1
Hogarth, William 1 2 3
Hokusai 1 2 3
Holbach, baron d’ 1 2
Holbein le Jeune, Hans 1 2 3
Holbein l’Ancien, Hans 1
Hölderlin, Friedrich 1 2
Holiday, Billie 1
Holinyard, E.J. 1
Hollande, François 1
Homère 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Hongwu 1 2
Hongxi 1
Honnecourt, Villard de 1 2
Honorius 1 2 3 4 5 6
Honorius III 1
Hon’Ami Koetsu 1
Hood, John B. 1
Hooker, Joseph 1
Hoover, Herbert C. 1 2 3
Horace 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Horatius Coclès 1
Horkheimer, Max 1 2 3 4 5
Horus 1 2 3 4 5
Hottinger, Johann 1
Houdar de La Motte, Antoine 1
Houdon, Jean-Antoine 1
Houni 1 2
Houram-Abi 1
Hoyle, Fred 1 2 3 4
Hrosvitha 1
Hua Guofeng 1 2
Huang Gongwang 1
Huang Taiji 1 2
Huascar 1 2 3 4
Huayna Cápac 1 2 3 4
Hubble, Edwin Powell 1 2 3
Huber, Wolf 1
Hudson, Henry 1
Hugenberg, Alfred 1
Hugo, Victor 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Hugues Capet 1 2
Huian-Tsang 1
Huitzilihuitl 1
Huitzilopochtli 1 2
Huizong 1
Hu Jintao 1 2
Humāyūn 1 2 3
Humbert Ier d’Italie 1
Humboldt, Alexander von 1
Hume, David 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Hunahpu 1
Hund, baron de 1
Hu Shi 1
Huss, Jean 1
Hussein, Saddam 1 2 3
Hussein (roi de Jordanie) 1
Husserl, Edmund 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Huszár, Vilmos 1
Hutten, Ulrich von 1 2
Hu Yaobang 1 2
Huysmans, Joris-Karl 1 2 3
Hwanung 1 2
Hymir 1
Hypéride 1
I
Iaroslav le Sage 1 2
Ibárruri, Dolores 1
Ibn al-Azīz, Omar 1
Ibn al-Nadīm, Abu Muhammad 1
Ibn al-Qāsim, Muḥammad 1
Ibn al-Walīd, Khālid 1
Ibn al-Yazid, Khâlid 1
Ibn Anas, Mālik 1
Ibn Arslan, Toghrul 1
Ibn Bājjā 1
Ibn Gabirol, Salomon 1
Ibn ḥanbal, Aḥmad 1
Ibn Ḥayyān, Jābir (Geber) 1 2
Ibn Ishāq, Hunayn 1
Ibn Qurra, Thābit 1
Ibn Tāshfīn, Yūsuf 1
Ibn Tibbon, Samuel 1
Ibn Tughluq, Muhammad 1
Ibn Tūlūn, Ahmad 1
Ibn Tūmart, Muhammad 1
Ibn Yûssuf, Al-Hajjaj 1
Ibsen, Henrik 1 2 3 4 5 6
Iddin-El 1
Idris Ier 1
Idris II 1
Ignace de Loyola 1 2
Igor 1
Ihara, Saïkaku 1
Ildico 1
Illapa 1
Ilusuma 1
Il-yeon 1
Imhotep 1 2
Immerman, Karl 1
Inanna (Ishtar) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Indra 1 2 3 4 5
Indravarman 1 2 3
Ingres, Jean Auguste Dominique 1 2 3 4 5 6
Innocent III 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Innocent VI 1
Innocent X 1
Innocent XI 1
Inshushinak 1
Inti 1 2 3
Ionesco, Eugène 1 2 3
Irène (impératrice) 1
Irénée 1 2 3
Irving, Washington 1
Isaac 1 2 3 4 5 6 7 8
Isaac Ier 1 2
Isaac II Ange 1 2 3 4
Isaac Israeli ben Salomon 1
Isaac le Juif 1
Isabelle de Castille 1 2 3
Isabelle de France 1
Isabelle d’Aragon 1
Isabelle II d’Espagne 1 2 3 4
Isaïe 1 2 3 4 5 6 7 8
Isée 1
Iseult 1
Ishara 1
Ishtar (Inanna) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Isidore de Milet 1 2
Isis 1 2 3 4 5
Ismaël 1 2
Ismaïl 1 2
Ismaïl Ier 1
Ismail Pacha 1
Isocrate 1 2 3
Israfil (archange) 1
Issacar 1
Ithobaal Ier 1
Ito Jinsai 1
Itzcoatl 1
Itzmana 1
Ivan Ier de Russie 1 2
Ivan III de Russie 1 2
Ivan IV le Terrible 1 2
Ivan V de Russie 1 2
Ivan VI de Russie 1 2
Iwasa Matabei 1
Jackson, Andrew 1 2 3 4 5
Jackson, Michael 1 2
Jackson, Thomas J. 1
Jacob 1 2 3 4
Jacob, François 1
Jacob, Max 1 2
Jacob ben Isaac Ashkenazi de Janow 1
Jacobi, Friedrich Heinrich 1
Jacobson, Max 1
Jacques 1
Jacques Ier d’Angleterre 1 2 3 4 5 6
Jacques II d’Angleterre 1 2 3 4 5 6 7
Jagger, Mick 1
Jaguer, Édouard 1
Jahangir 1
Jakobson, Roman 1
Jamal ad-Din al-Afgani 1
Jamblique 1 2 3
James, Henry 1 2
James, William 1 2
Jameson, Fredric 1
Jamyn, Amadis 1
Janaka 1
Janet, Pierre 1
Jansen, Zacharias 1 2
Jansenius 1
Japhet 1
Jarīr al-ṭabarī 1 2
Jarry, Alfred 1 2
Jaruzelski, Wojciech 1 2 3
Jason 1
Jaspers, Karl 1
Jaurès, Jean 1 2 3 4 5
Javeau, Claude 1
Jayavarman II 1 2 3
Jayavarman VII 1 2
Jayavarman VIII 1 2
Jean 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Jean (usurpateur) 1
Jean Chrysotome 1
Jean Damascène 1
Jean de Gand 1
Jean de Garlande 1
Jean de la Croix 1 2
Jean de Luxembourg 1
Jean de Meung 1 2 3 4
Jean de Salisbury 1 2
Jean de Souabe 1
Jean de Worcester 1
Jean Ier Tzimiskès 1
Jean II Comnène 1
Jean II de France (Jean le Bon) 1
Jean II de Portugal 1
Jean IV de Portugal 1
Jean le Baptiste 1 2
Jeanne-Claude 1
Jeanne d’Arc 1 2 3 4
Jeanne la Folle 1
Jean Paul (Johann Paul Friedrich Richter) 1
Jean-Paul II 1 2 3
Jean sans Terre 1 2 3
Jean Scot Érigène 1
Jean VI Cantacuzène 1
Jean V Paléologue 1
Jean XII 1 2 3
Jean XIII 1
Jean XXII 1
Jean XXIII 1
Jefferson, Thomas 1 2 3
Jehoshaphat 1
Jéhu 1 2
Jenkins, Robert 1 2 3 4 5
Jenney, William Le Baron 1
Jensen, Johannes Vilhelm 1
Jérémie 1 2 3 4 5 6 7
Jéroboam Ier 1 2
Jéroboam II 1 2
Jésus-Christ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48
49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68
Jézabel 1
Jianen 1
Jiang Qing 1
Jiang Zemin 1
Jimenez, Francesco 1
Jimmu Tenno 1 2
Jirinovski, Vladimir 1
Joab 1 2
Joad 1
Joas 1 2
Jocaste 1
Jōchō 1
Jodelle, Étienne 1
Jodl, Alfred 1 2
Joël 1 2 3
Joffre, Joseph 1 2 3 4 5 6 7
Johannes IV 1
Johanson, Donald C. 1
Johnson, Andrew 1
Johnson, Lyndon B. 1 2 3 4 5
Johnson, Samuel 1
Johnston, Joseph E. 1
Jolivet, Jean 1
Jonas 1 2 3 4
Jonas, Hans 1
Jonathan 1
Jonathan Maccabée 1
Joram 1
Jörd 1
Jorgensen, Johannes 1
Joseph 1 2
Joseph Ier du Portugal 1
Joseph Ier du Saint-Empire 1 2
Joseph II du Saint-Empire 1 2 3
Joséphine 1
Joseph-Napoléon Ier d’Espagne 1 2 3
Josetsu 1
Josias 1
Jospin, Lionel 1 2 3 4 5
Josquin des Prés 1
Josquin des Près 1 2
Josse de Moravie 1
Josué 1 2
Jouhaud, Edmond 1 2
Joukov, Gueorgui 1
Joule, James Prescott 1
Jourde, Pierre 1
Journiac, Michel 1
Jovellanos, Gaspar Melchor de 1 2
Joyce, James 1
Juan Carlos Ier d’Espagne 1 2 3 4 5 6 7 8
Juan de Bourbon 1
Juan José d’Autriche 1
Juba Ier de Numidie 1
Juda 1 2 3 4
Judas 1 2 3 4 5 6
Judd, Donald 1
Jugurtha 1
Jules II 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Jules l’Africain 1
Jung, Carl Gustav 1 2 3
Jünger, Ernst 1
Junichiro Tanizaki 1
Juno 1
Junon 1
Jun’ichirō Koizumi 1
Jupiter 1 2 3 4 5 6 7 8
Juppé, Alain 1 2 3 4
Jussieu, Antoine Laurent de 1
Jussieu, Joseph de 1
Justinien Ier 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25
Justinien II 1
Justin Ier 1 2 3
Justin II 1 2
Juvaira, Filippo 1
Juvénal 1
K
Kabila, Laurent-Désiré 1
Kabīr 1 2
Kacew, Roman 1
Kadhafi, Mouammar 1 2
Kafka, Franz 1 2 3 4
Kahnweiler, Daniel-Henry 1
Kaiho Yushō 1
Kaikei 1
Kakinomoto no Hitomaro 1
Kakuei Tonaka 1
Kālī la Noire 1 2
Kaltenbrunner, Ernst 1
Kaluza, Theodor 1
Kamenev, Lev 1
Kamil, Abou 1
Kammu 1 2 3
Kamsa 1
Kanami 1
Kandinsky, Vassily 1 2 3 4 5 6 7
Kangxi 1 2 3 4 5
Kaniṣka 1
Kankan Moussa 1 2
Kanō Eitoku 1
Kanō Masanobu 1
Kanō Sanraku 1
Kant, Emmanuel 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58
Kantemir, A.D. 1
Kao Ming 1
Kaouit 1
Kapp, Wolfgang 1
Karim Aga Khan IV 1
Karina, Anna 1
Katib Celebi 1
Kazan, Elia 1
Keats, John 1
Keitel, Wilhelm 1 2
Keller, baron 1
Kellogg, Frank 1
Kemal, Mustafa 1 2
Kenji Nakagami 1
Kennedy, Jacqueline 1
Kennedy, John Fitzgerald 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Kepler, Johannes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Kerensky, Alexandre 1 2 3
Kerouac, Jack 1 2
Keshab Sandra Sen 1
Ketel, Cornelis 1
Khadija 1
Khâemouaset 1
Khalmasuit 1
Khasekhemouy 1 2
Khawarizmi 1
Khayyam, Omar 1 2 3
Khéops 1
Khéphren 1
Khéty 1
Khomeyni, Rouhollah Moussavi 1
Khonsou 1 2 3
Khrouchtchev, Nikita 1 2 3 4 5 6 7 8
Kierkegaard, Søren 1 2 3 4 5 6 7
Killa 1
King, Martin Luther 1 2 3
King, Stephen 1
King, William 1
Ki no Tsurayuki 1
Kipling, Rudyard 1
Kippenberger, Martin 1
Kiprenski, Orest 1
Kircher, Athanase 1
Kisling, Moïse 1
Kissinger, Henry 1
Klee, Paul 1 2
Klein, Oskar 1
Klein, Yves 1 2 3 4 5 6
Kleist, Heinrich von 1
Klimt, Gustav 1 2 3
Klinger, Friedrich Maximilian von 1
Klopstock, Friedrich Gottlieb 1
Knut le Grand 1 2
Knut le Hardi 1 2 3
Kobo Abe 1
Koch, Joseph Anton 1
Koch, Robert 1
Kœnig, Pierre 1 2
Koestler, Arthur 1
Kohl, Helmut 1 2 3 4
Kojève, Alexandre 1
Kok, Antony 1
Kōken 1
Kokoschka, Oskar 1
Koltchak, Alexandre 1 2
Komparu Zenchiku 1
Kōnin 1
Koons, Jeff 1
Köprülü, Fazil Ahmet 1
Korn, Alejandro 1
Kornilov, Lavr 1
Koskas, Georges 1
Kōtoku 1
Kotzebue, August von 1
Kouprine, Vassili 1
Koyré, Alexandre 1
Kozlovski, Mikhaïl 1
Kpengla 1
Kramer, Samuel Noah 1
Krishna 1 2 3 4 5 6
Kristeva, Julia 1 2
Krivine, Alain 1 2
Krupp, Bertha 1
Kuanyin 1
Kubaba 1
Kūkai (Kōbō Daishi) 1 2 3
Kukulkan (Quetzalcóatl) 1 2 3
Kumara 1
Kumarāgupta Ier 1
Kumarbi 1
Kundera, Milan 1
Kunti 1
Kupka, František 1 2 3
Kuroda Seiki 1
Kushukh 1
Kussmaul, Adolf 1
Kwestantinos Ier (Zara-Yacob) 1 2 3 4
Kyd, Thomas 1
K’awiil 1 2
Labarna Ier 1
Labarre, Albert 1
Labé, Louise 1
La Boétie, Étienne de 1 2 3 4 5
Labrouste, Henry 1
La Bruyère, Jean de 1 2
Lacan, Jacques 1 2 3 4 5 6
Lachelier, Jules 1 2
Laclos, Cholerdos de 1
Laennec, René 1
La Fayette, Madame de 1
La Fayette, marquis de 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Laffemas, Barthélemy de 1
Lafont, Bernadette 1
La Fontaine, Jean de 1 2 3 4
La Font de Saint-Yenne, Étienne 1 2
Laforgue, Jules 1 2
Lagerlöf, Selma 1 2
Lagos 1 2
Lagrenée, Louis (l’Aîné) 1
Laguiller, Arlette 1
Lakṣmī 1
Laloux, Victor 1
Lamarck, Jean-Baptiste de Monet de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Lamartine, Alphonse de 1 2 3 4 5 6 7
Lambert, Madame de 1
Lambton, John 1
La Mettrie, Julien Offroy de 1
Langhans, Carl Gotthard 1
Lan Ying 1
Laocoon 1 2
Lao She 1
Lao Tseu 1 2 3 4 5
La Péruse, Jean Bastier de 1
Laplace, Pierre Simon de 1
Laran 1
Larbaud, Valery 1
Larentia 1
La Reynie, Gabriel Nicolas de 1 2 3
Largillière, Nicolas de 1 2 3
Larionov, Michel 1
La Rochefoucauld, François de 1 2
La Rocque, François de 1 2
Larra, José de 1
Larra, Mariano José de 1
Lartet, Eduard 1
La Rue, Pierre de 1
La Russa, Ignazio 1
La Salle, Robert Cavelier de 1 2
Lassus, Roland de 1
La Tour, Georges de 1 2 3
La Tour, Maurice Quentin de 1 2 3 4
Latrobe, Benjamin 1
Lattre de Tassigny, Jean de 1
Laube, Heinrich 1
Laufey 1
Laure 1 2
Laurent 1
Laurent le Magnifique 1 2 3 4 5
Lautréamont, comte de 1 2 3 4
Laval, Charles 1
Laval, Pierre 1 2 3 4 5 6
Lavater, Johann Kaspar 1
Lavoisier, Antoine Laurent 1 2 3
Law, John 1 2 3 4 5 6 7
Lawrence, David Herbert 1
Layard, Austen Henry 1
Lazare 1
Leakey, Louis 1 2
Leakey, Mary 1 2
Léaud, Jean-Pierre 1
Le Blond, Jean-Baptiste 1
Le Breton, André 1
Lebrun, Albert 1 2 3
Le Brun, Charles 1 2 3 4 5 6
Lebrun, Charles François 1
Leclerc, général 1 2 3 4 5
Le Clézio, J. M. G. 1
Lecomte, Claude Martin 1
Leconte de Lisle 1 2 3
Le Corbusier 1 2 3 4 5 6
Leczinska, Marie 1
Le Despenser, Hugh 1
Ledru-Rollin, Alexandre 1
Lee, Robert 1
Lefèvre d’Étaples, Jacques 1 2 3
Lefort, Claude 1 2
Léger, Fernand 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Leibl, Wilhelm 1
Leibniz, Gottfried Wilhelm 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Lemaître, Georges 1 2 3 4 5 6
Lemaître, Jules 1
Le Mercier, Jacques 1
Lemercier de La Rivière, Pierre Paul 1
Lemerre, Alphonse 1
Le Moiturier, Pierre Antoine 1
Lemoyne, Jean-Baptiste 1
Le Nain, Antoine 1 2
Le Nain, Louis 1
Le Nain, Matthieu 1
Lenbach, Franz von 1
Lénine 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Le Nôtre, André 1 2
Léon 1
Léonard de Vinci 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33
Leone, Giovanni 1
Leoni, Leone 1
Leoni, Pompeo 1
Léonidas Ier 1 2
Léon Ier (général) 1
Léon Ier le Grand 1 2
Léon II 1
Léon III 1
Léon III l’Isaurien 1 2 3
Léonius 1
Léon IV le Khazar 1
Léon VIII 1
Léon X 1 2 3
Léon XIII 1 2
Leopardi, Giacomo 1
Léopold de Hohenzollern 1
Léopold Ier du Saint-Empire 1 2
Léopold II du Saint-Empire 1 2
Léopold V de Babenberg 1
Lepage, Jules Bastien 1
Le Pen, Jean-Marie 1 2
Lepère, Jean-Baptiste 1
Lépide 1 2
Lequeu, Jean-Jacques 1
Lerma, duc de 1
Leroi-Gourhan, André 1 2 3 4 5
Leroy, Louis 1
Le Roy, Louis 1
Le Roy, Philibert 1
Lescot, Pierre 1 2
Lespinasse, Julie de 1
Lesseps, Ferdinand de 1 2
Lessing, Gotthold Ephraim 1 2 3 4 5 6
Le Tellier, François Michel (marquis de Louvois) 1
Le Tellier, Louis François Marie (marquis de Barbezieux) 1
Le Tellier, Michel 1 2
Léto 1
Letta, Enrico 1
Leucippe 1 2 3
Le Vau, Louis 1 2 3 4
Le Verrier, Urbain 1
Lévi 1 2
Levi, Primo 1 2 3
Levinas, Emmanuel 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Lévi-Strauss, Claude 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Levy, Marc 1
Lévy-Bruhl, Lucien 1
Lewinsky, Monica 1
Lewis, Wyndham 1
Leygues, Georges 1 2
Lhermitte, Léon Augustin 1
Lhote, André 1 2
Lhote, Henri 1
Liang Kai 1
Liang Shuming 1
Lichtenstein, Roy 1 2 3 4 5
Licinius 1 2 3 4 5
Liebknecht, Karl 1 2 3 4
Lif 1
Lifthrasir 1
Li Gongli 1
Li Ik 1
Limbour, Georges 1
Limbourg, Herman 1
Limbourg, Jean 1
Limbourg, Paul 1
Lincoln, Abraham 1 2 3
Lindon, Jérôme 1
Linné, Carl von 1 2
Lin Sen 1 2
Lionne, Hugues de 1
Li Peng 1
Lipovetsky, Gilles 1
Lippi, Filippino 1
Lippi, fra Filippo 1
Liszt, Franz 1
Littré, Émile 1
Liu Shaoqi 1
Liutpéra 1
Liutprand 1
Liu Tsung-yuan 1
Liu Yuan 1
Livius Andronicus 1
Li Yu 1
Li Zhi 1
Li Zicheng 1 2
Lochner, Stephan 1
Locke, John 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33
Lodi, Bahlūl 1
Lodi, Ibrahim 1 2
Loermungandr 1
Loilier, Hervé 1
Loki 1 2 3
Loménie de Brienne, Étienne Charles de 1
Lomonossov, Michel V. 1
London, Jack 1
Long, John L. 1
Longhena, Baldassare 1
Longstreet, James 1
Lope de Vega 1
Lo Pin-wang 1
Lopoukhine, Eudoxie 1 2
Lorenzetti, Ambrogio 1
Lorenzetti, Pietro 1
Lorrain, le 1 2
Lothaire Ier 1 2 3 4
Lothaire III 1
Loti, Pierre 1
Loubet, Émile 1
Lou Chao-lin 1
Louis Antoine de Bourbon-Condé (duc d’Enghien) 1
Louis-Armand de Bourbon-Conti (« le Singe Vert ») 1 2
Louis de Lorraine (cardinal de Guise) 1
Louis Ier d’Espagne 1 2
Louis II de Bavière 1
Louis II de Bourbon-Condé (le Grand Condé) 1 2 3 4
Louis IV de Bourbon 1 2
Louis le Germanique 1 2
Louis le Pieux 1 2 3 4 5 6
Louis-Napoléon (Napoléon Eugène Bonaparte) 1 2
Louis-Philippe Ier 1 2 3 4 5 6 7
Louis V 1
Louis VIII de France 1
Louis VII le Jeune 1 2
Louis VI le Gros 1 2
Louis XI de France 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Louis XII de France 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Louis XIII de France 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
22 23
Louis XIV 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48
49 50
Louis XV 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Louis XVI 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Louis XVIII 1 2 3 4 5 6 7 8
Lowell, James Russell 1
Lubbock, John 1 2
Luc 1 2 3 4 5 6
Luca di Borgo 1 2
Lucain 1 2 3 4 5 6
Lu Chiu-Yuan 1
Lucien 1
Lucien de Samosate 1
Lucifer 1
Lucilius 1 2
Lucilius (satiriste) 1
Lucius 1 2
Lucrèce 1 2 3 4 5
Lucy 1 2 3 4 5 6
Ludendorff, Erich 1 2
Lueger, Karl 1
Lug 1 2 3 4
Lugal-Zagesi 1
Lug Samidalnach 1
Lukács, György 1
Lukéni 1
Lula da Silva, Luiz Inácio 1
Lully, Jean-Baptiste 1 2 3 4
Lumière, Auguste 1 2 3
Lumière, Louis 1 2 3
Lumley, Henry de 1 2 3 4
Lumley, Marie-Antoinette de 1 2
Lures, Michel 1
Lutérios 1
Luther, Martin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Luxembourg, Rosa 1 2 3
Lu Xun 1 2
Luynes, Albert de 1
Lvov, Gueorgui 1
Lycortas 1
Lycurgue 1 2 3
Lydes 1
Lyell, Charles 1 2
Lyotard, Jean-François 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Lysias 1
Lysippe 1 2 3 4 5 6
L’Hospital, Michel de 1
Maât 1
Mabuse 1
Mac Arthur, Douglas 1
Mac Cumaill, Finn 1
MacDonald, Ramsay 1 2
Machaon 1
Machaut, Guillaume de 1 2
Machiavel, Nicolas 1 2 3 4 5 6 7
Machuca, Pedro 1
Mac-Mahon, maréchal de 1 2 3 4 5 6
Macmillan, Harold 1 2 3
Macpherson, James 1
Maderno, Carlo 1 2 3
Madison, James 1 2
Madrazo, Federico de 1
Maffei, Scipione Alfieri 1
Maffesoli, Michel 1
Magellan, Fernand de 1
Magni 1
Magritte, René 1 2 3 4 5 6
Mahāvīra 1 2 3
Mahendravarman Ier 1 2
Mahfûz, Negîb 1
Mahisha 1
Mahler, Gustav 1
Mahomet 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26
Maïakovski, Vladimir 1
Maïeul de Cluny 1
Maillol, Aristide 1 2 3
Maimon, Salomon 1
Maïmonide, Moïse 1 2 3 4
Maine, duc du 1
Maine, Henry James Sumner 1
Maine de Biran, Pierre 1 2
Maintenon, Françoise d’Aubigné, marquise de 1
Maistre, Joseph de 1 2 3
Maître Conrad 1
Maître de Naumburg 1
Maître Eckhart 1 2 3
Maitreya 1
Major, John 1 2 3
Makeda (reine de Saba) 1 2
Makine, Andreï 1
Malachie 1 2
Malcolm X 1
Maldoror 1
Malebranche, Nicolas 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Malesherbes, Chrétien Guillaume de 1
Malevitch, Kasimir 1 2 3 4 5 6
Malherbe, François de 1 2 3 4
Malkine, Georges 1 2
Mallarmé, Stéphane 1 2 3 4 5 6
Malory, Thomas 1
Malraux, André 1 2 3 4
Malthus, Thomas 1
Manassé 1
Manco Cápac 1 2
Mandane 1
Mandela, Nelson 1 2 3
Manet, Édouard 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Manéthon 1 2
Manfredi, Bartolomeo 1
Mann, Thomas 1 2
Mannus 1
Mansart, François 1 2
Mansfield, Katherine 1
Mantegna, Andrea 1 2 3 4
Manthus 1
Manuel Ier Comnène 1 2
Manuel Ier de Portugal 1
Manuel II Paléologue 1
Manzoni, Alessandro 1 2
Mao Zedong 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Marat, Jean-Paul 1 2 3 4 5 6 7 8
Marathus 1
Marc 1 2 3 4 5
Marcadé, Eustache 1
Marc Antoine 1 2 3 4 5 6
Marc Aurèle 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Marcel, Étienne 1 2
Marchais, Georges 1
Marcien 1
Marcion 1 2
Marcovaldo, Coppo di 1 2
Marcus Antonius Gnipho 1
Marcus Cornelius Fronto 1
Marcuse, Herbert 1 2 3 4 5 6
Mardonios 1
Marduk 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Maréchal, Sylvain 1
Marguerite 1
Marguerite de Valois 1
Marguerite d’Angoulême 1
Marguerite d’Anjou 1
Marguerite d’Autriche 1
Marianus 1
Marie 1 2
Marie (avocat) 1
Marie-Anne d’Autriche 1
Marie Anne Victoire d’Espagne 1 2
Marie-Antoinette 1 2 3 4 5 6 7 8
Marie-Barbara de Portugal 1
Marie-Christine de Bourbon-Siciles 1 2
Marie-Christine d’Autriche 1
Marie II d’Angleterre 1 2
Marie Ire (Bloody Mary) 1 2
Marie-Louise de Bourbon-Parme 1 2
Marie-Louise de Savoie 1
Marie-Louise d’Autriche 1
Marie-Louise d’Orléans 1
Marie Stuart 1 2 3 4
Marie-Thérèse d’Autriche 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Marinetti, Filippo 1
Marion, Jean-Luc 1 2
Mariotte, Edme 1
Marius 1
Marivaux, Pierre Carlet de Chamblain de 1 2 3 4 5 6
Marlborough, duc de 1 2
Marley, Bob 1 2
Marlowe, Christopher 1
Marmont, maréchal de 1
Marmontel, Jean-François 1 2
Marot, Clément 1 2 3 4 5 6 7 8
Marot, Jean 1 2
Marrou, Henri-Irénée 1
Marroux, Francis 1
Mars 1 2 3 4 5
Marshack, Alexander 1 2 3
Martí, José 1
Martial 1 2 3
Martignac, vicomte de 1
Martini, Simone 1
Martín Santos, Luis 1
Martin V 1 2
Maruki 1
Marville, Jean de 1
Marx, Karl 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32
Maryam al-Fihriya 1
Masaccio 1 2 3 4 5
Masha 1
Masolino da Panicale 1
Massu, Jacques 1 2 3
Mata Hari 1
Mathias Ier du Saint-Empire 1
Mathieu, Georges 1
Mathilde de Toscane 1 2 3 4
Mathilde l’Emperesse 1 2 3 4
Matisse, Henri 1 2 3 4 5
Matta, Roberto 1 2
Matteotti, Giacomo 1
Matthieu 1 2 3 4
Matveïev, Andreï 1
Mauclair, Jacques 1
Maugham, Somerset 1 2
Maulbertsch, Franz Anton 1
Maupassant, Guy de 1 2 3 4 5 6
Maupeou, René Nicolas de 1 2
Maupertuis, Pierre Louis Moreau de 1
Maurice de Nassau 1
Maurice Ier 1 2 3 4
Maurois, André 1
Mauron, Charles 1
Mauroy, Pierre 1 2 3
Mawu 1
Maxence 1 2 3 4 5
Maxime le Grand 1
Maximien 1 2
Maximien de Ravenne 1 2 3
Maximilien (empereur du Mexique) 1 2
Maximilien de Bade 1 2
Maximilien Ier 1 2 3 4 5
Maximilien II 1
Maximin Daïa 1
Maximin II Daïa 1 2
Maxwell, James Clerk 1
Maynard, François 1
Ma Yuan 1
Mazarin, Jules 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Mazzini, Giuseppe 1 2 3
Mbeki, Thabo 1
McCarthy, Joseph 1
McCoy, Sherman 1
McKinley, William 1 2
McLennan, John Ferguson 1 2
Mead, George Herbert 1
Meada, George G. 1
Meane 1
Médicis, Cosme de 1 2 3 4
Médicis, Laurent II de 1
Médicis, Lorenzo di Pierfrancesco de 1
Médicis, Marie de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Méduse 1
Medvedev, Dimitri 1 2
Mehmet Ier Çelebi 1 2
Mehmet II le Conquérant 1 2 3 4 5 6
Mehmet VI 1
Méhul, Étienne 1
Melanchthon, Philipp 1 2 3
Meléndez Valdés, Juan 1 2
Méliès, Georges 1 2 3
Melqart 1
Melville, Herman 1
Memnon 1
Ménandre 1 2 3
Ménandre Ier 1
Menchikov, Alexandre 1 2 3 4
Menchú, Rigoberta 1
Mencius 1
Mendel, Gregor Johann 1 2
Mendelssohn, Felix 1
Mendelssohn, Moïse 1
Mendès, Catulle 1 2
Mendès France, Pierre 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Mendoza, Antonio de 1
Ménélik Ier 1 2 3
Ménélik II 1
Mengs, Anton Raphael 1
Ménippe 1
Menteouab 1
Menzel, Adolf von 1
Mera, León Juan 1
Mercier de La Rivière, Pierre Paul 1
Mercure 1 2 3 4
Merda, Charles-André 1
Meredith, George 1
Mérenptah 1
Merenrê II 1
Mérikarê 1
Mérimée, Prosper 1
Merkel, Angela 1
Merleau-Ponty, Maurice 1 2 3 4 5 6
Mérovée 1
Meskalamdug 1
Mesmer, Franz Anton 1
Messmer, Pierre 1 2
Mesuë le Jeune 1
Metastasio 1
Métroclès de Maronée 1
Metternich, Klemens von 1
Metzinger, Jean 1
Meunier, Constantin 1
Meyer, Hannes 1
Meyer, Konrad Ferdinand 1
Michée 1 2 3
Michel, Jehan 1
Michel (archange) 1 2
Michel Alexandrovitch de Russie 1
Michel-Ange 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35
Michelet, Jules 1 2 3
Michel Ier 1 2
Michel IV le Paphlagonien 1
Michel VI 1
Michel VIII Paléologue 1 2
Mictlantecuhtli 1
Midas 1 2 3
Mies van der Rohe, Ludwig 1
Mignard, Pierre 1
Mignet, François 1
Mikechine, Michaïl 1
Mikhal 1
Mill, John Stuart 1 2
Miller, Arthur 1
Miller, Henry 1
Millerand, Alexandre 1 2 3
Millet, Catherine 1
Millet, Jean-François 1 2 3 4
Milne-Edwards, Henri 1
Miloš Obilić 1
Miltiade 1
Mimir 1
Minamoto no Yoritomo 1 2 3
Minerve 1 2 3
Mingus, Charlie 1
Minos 1 2
Mirabeau, Honoré Gabriel Riquetti, comte de 1 2 3 4 5 6 7 8
Mirabeau, Victor Riquetti, marquis de 1 2
Mirbeau, Octave 1
Miró, Joan 1 2 3
Misrahi, Robert 1
Mistral, Gabriela 1
Mitchell, Margaret 1
Mithra 1 2 3 4
Mitterrand, François 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Mobutu, Sese Seko 1
Mochi, Francesco 1
Moctezuma Ier 1
Moctezuma II 1 2
Modi 1
Modiano, Patrick 1
Modigliani, Amedeo 1
Mohammed 1
Mohammed Saïd Pacha 1
Mohen, Jean-Pierre 1
Moholy-Nagy, László 1
Mohommed Silla (ou Touré) 1
Moïse 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
Molière 1 2 3 4 5 6 7 8
Molinet, Jean 1
Mollet, Guy 1 2 3
Molotov, Viatcheslav 1 2
Mommsen, Théodore 1
Mommu 1 2 3
Mondrian, Piet 1 2 3 4 5 6
Monet, Claude 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Monge, Jean-Baptiste 1
Monk, George 1
Monluc, Blaise de 1 2
Monmouth, Geoffroy de 1 2
Monnet, Jean 1 2 3
Monod, Gabriel 1
Monory, Jacques 1 2
Monroe, Bill 1
Monroe, James 1 2 3 4
Monroe, Marilyn 1
Montaigne, Michel de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21
Montale, Eugenio 1
Montemayor, Jorge de 1 2
Montesquieu 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Montet, Pierre 1
Monteverdi, Claudio 1
Montfaucon, Bernard de 1
Montgolfier, Étienne 1
Montgolfier, Joseph 1
Montgomery, Bernard 1
Montherlant, Henry de 1
Monti, Mario 1 2
Monti, Vincenzo 1
Montmorency, Anne de 1
Montmorency-Bouteville, François de 1
Montmorency Luxembourg, prince de 1
Montou 1
Montouhotep II 1 2 3 4
Moore, George Edward 1
Moore, Henry 1
Mor, Antonis 1
Morante, Elsa 1
Moratin, Leandro Fernández de 1
Moratín, Leandro Fernández de 1
Moravia, Alberto 1
More, Thomas 1 2 3 4 5
Moréas, Jean 1 2
Moreau, Gustave 1 2 3 4 5
Morgagni, Jean-Baptiste 1
Morgan, Jacques de 1 2
Morgan, Lewis Henry 1 2
Morin, Edgar 1 2
Morisot, Berthe 1 2 3
Morley, Malcolm 1
Morny, duc de 1 2
Moro, Aldo 1 2
Morris, Louis 1
Morris, William 1
Morrison, Toni 1
Mortillet, Gabriel de 1 2 3 4
Morton, Jelly Roll 1
Mossadegh, Mohammad 1
Mosset, Olivier 1
Mouawiya 1 2 3 4 5 6 7
Moubarak, Hosni 1
Moulin, Jean 1 2 3 4
Mountbatten, Philip 1
Mousaïlima 1
Moussorgski, Modest Petrovitch 1
Mout 1 2 3 4 5 6
Mou Zongsan 1 2
Mozart, Wolfgang Amadeus 1 2 3 4 5 6 7
Mozi 1
Mucius Scaevola 1
Muḥammad al-Ahmar 1
Muller, Émile 1
Mumtâz Mahal 1
Mun, Albert de 1
Munch, Edvard 1 2
Mu Qi 1
Murail, Tristan 1
Murasaki Shikibu 1 2 3 4
Murat, Joachim 1
Murat Ier 1 2
Murat II 1 2
Muret, Marc-Antoine 1
Murillo, Benito 1
Musset, Alfred de 1 2
Mussolini, Benito 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29 30
Mutsuhito 1 2 3 4
Myriam 1
Myron 1 2
N
Nabonide 1 2 3 4 5
Nabuchodonosor Ier 1 2 3
Nabuchodonosor II 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Nadar 1
Nādir Shah 1 2
Nagai Kafu 1
Nāgārjuna 1
Nagy, Imre 1 2
Nahum 1 2 3
Nakht 1 2
Nakhti 1
Nallier, Jean-Marc 1
Namdev 1
Nandi 1
Nandī (taureau) 1 2
Nanna 1
Nanna (Sin) 1 2 3 4 5
Naoto Kan 1 2
Napoléon Ier 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48
Napoléon III 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
Napolitano, Giorgio 1
Naram-Sin 1 2 3
Narasimhavarman Ier 1
Narfi 1
Narmer 1 2
Narsès 1
Narváez, Pánfilo de 1
Nasser, Gamal Abdel 1
Natakamani 1
Nathan 1
Nattier, Jean-Marc 1
Nausicaa 1
Na’Tma 1
Necker, Jacques 1 2 3 4 5 6
Nectanébo Ier 1 2 3
Nectanébo II 1 2 3 4
Néfertari 1 2
Néfertiti 1 2
Nehru, Jawaharlal 1
Nekhbet 1 2
Nelson 1
Némésis 1
Néon 1
Nephtali 1
Neptune 1
Nergal 1 2
Néron 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Neruda, Pablo 1
Nerval, Gérard de 1 2 3 4 5
Nestor 1
Nestorius d’Antioche 1 2
Neurath, Otto 1
Newton, Isaac 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Nicandre de Naxos 1
Niccolini, Giambattista 1
Nicéphore II Phocas 1
Nicolas de Byzance 1
Nicolas de Cuse 1 2
Nicolas Ier (pape) 1
Nicolas Ier de Russie 1 2 3 4 5
Nicolas II (pape) 1
Nicolas II de Russie 1 2 3 4 5 6 7 8
Nicolas V (pape) 1
Nicomède Ier 1
Nicosthènes 1
Niépce, Nicéphore 1
Nietzsche, Friedrich 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
22 23
Nikitine, Ivan 1
Nikolaïevitch, Nicolas 1
Nikon 1
Nimier, Roger 1
Ningal 1
Ningirsu 1 2 3
Ningishzida 1
Ninhursag 1 2
Ninighi 1
Nin-lin 1
Nishi Amane 1
Nishida Kitarō 1 2
Nishikawa Joken 1
Nithard, Johann 1
Nitôkris 1
Nivelle, Robert Georges 1 2 3 4
Nixon, Richard 1 2 3 4 5 6 7 8
Ni Zan 1
Njördr 1 2 3
Noailles, Philippe Louis de 1
Noāmi 1
Nobunaga Oda 1 2 3 4
Nodier, Charles 1
Noé 1 2
Nogaret, Guillaume de 1 2
Nollet, Jean Antoine 1
Noske, Gustav 1
Nothomb, Amélie 1
Noun 1
Novalis 1 2
Nunez, Andrès 1
Nurhachi 1 2 3 4 5
Nuwa 1
Nyman, Michael 1
Nyx 1 2
Nzambi ampungu 1
Obama, Barack 1 2 3 4
Obrecht, Jacob 1
Océan 1 2
Octave 1 2 3 4 5 6 7
Octosyrus 1
Odin 1 2 3 4 5 6
Odoacre 1 2 3 4 5 6
Odon 1
Odon de Metz 1
Odr 1
Œdipe 1 2 3 4
Oe Kenzaburo 1
Offenbach, Jacques 1
Ogai, Mori 1 2 3
Ogata Korin 1
Ogma 1 2
Ogmios 1
Ogun 1
Ohrhan Gazi 1 2
Oisin 1
Okakura Kakuzo 1
Okakura Tenshin 1
Oktan 1
O-Kuni 1
Oldenburg, Claes 1 2 3
Oleg le Sage 1
Olivares, comte d’ 1 2 3 4
Ollivier, Émile 1
Olodumare 1
Olsen, Régine 1
Olympias 1
Omar 1 2 3 4 5
Omri 1 2
Oppenheim, Dennis 1
Oppenordt, Gilles Marie 1
Orbay, François d’ 1
Orbigny, Alcide Dessalines d’ 1
Oreste 1
Orgaz, comte d’ (Don Gonzalo Ruiz) 1 2
Orgétorix 1
Oriane 1
Origène 1 2 3 4 5
Orlando, Vittorio 1
Orlov, Grigori 1
Orphée 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Orseolo, Pietro II 1
Orsini, Felice 1 2
Orwell, George 1
Osaï Tutu 1
Osborne, John 1
Osée 1 2 3 4
Osiris 1 2 3 4 5 6 7
Osman Ier 1
Osorkon II 1 2
Ossian 1
Othon 1
Ottokar II 1 2
Otton Ier de Saxe 1
Otton Ier le Grand 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Otton II 1
Otton III 1 2 3
Otton IV de Brunswick 1 2 3 4
Ouadjet 1
Oud, Jacobus Johannes Pieter 1
Oudinot, Nicolas 1
Oudry, Jean-Baptiste 1
Ounamon 1 2 3
Ounas 1 2
Ouranos 1 2 3 4 5 6
Ousman dan Fodio 1 2
Ouyang Xiu 1
Overbeck, Johann Friedrich 1
Ovide 1 2 3 4 5 6 7 8
Owen, Robert 1 2 3
Ozenfant, Amédée 1
Ozias (Azarias) 1 2
O’Neill, Eugene 1
Pachacutec 1 2 3 4 5
Pacheco, Francisco 1
Pacinotti, Antonio 1
Pacôme de Tabennèse 1 2
Pagnol, Marcel 1
Paine, Thomas 1 2
Pajou, Augustin 1
Pakal le Grand de Palenque 1 2 3 4
Palacio Valdés, Armando 1
Paladino, Mimmo 1
Paleotte 1
Palizzi, Giuseppe 1
Palladio, Andrea 1 2 3 4 5
Palladius 1
Pan Chong-shu 1
Pandu 1 2 3
Panétius de Rhodes 1 2 3 4
Pāṇini 1
Pantagruel 1
Pantainos 1
Paolozzi, Eduardo 1
Papa Legba 1 2
Papen, Franz von 1 2
Papeus 1
Papin, Denis 1 2 3
Pappus 1
Paracelse 1 2 3
Pardo Bazán, Emilia 1
Paré, Ambroise 1
Paris, comte de 1 2
Pâris, Pierre Adrien 1
Parker, Charlie (« Bird ») 1
Parménide 1 2 3 4
Parmentier, Michel 1
Parmesan, le 1 2 3
Parnell, Charles 1 2
Parrot, André 1
Pärt, Arvo 1
Pārvatī 1
Pascal, Blaise 1 2 3 4 5 6 7 8
Pascoli, Giovanni 1
Pasolini, Pier Paolo 1
Passeron, René 1
Pasternak, Boris 1 2
Pasteur, Louis 1 2 3
Patañjali 1 2
Pathé, Charles 1
Patrick (saint) 1 2
Patrocle 1 2
Paul 1
Paul (saint) 1 2 3 4 5
Paul de Tarente 1
Paulhan, Jean 1
Paul Ier (pape) 1
Paul Ier de Russie 1 2
Paul III 1 2 3 4 5
Paul IV 1 2
Paul le Silentiaire 1
Paulus, Friedrich 1 2 3 4 5
Paul V 1
Pausanias 1 2
Pavlov, Ivan 1
Paz, Octavio 1
Peel, Robert 1
Pégase 1 2
Péguy, Charles 1
Peirce, Charles S. 1
Peiresc, Nicolas Claude Fabri de 1
Péladan, Joséphin 1
Pélage 1
Peletier du Mans, Jacques 1
Pella, Giuseppe 1
Pellico, Silvio 1
Pélops 1 2 3
Penda 1
Pépi II 1
Pépin de Herstal 1 2
Pépin de Landen 1
Pépin d’Italie 1 2
Pépin le Bref 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Percier, Charles 1 2
Perec, Georges 1 2
Pereire, Émile 1
Pereire, Isaac 1
Peret, Benjamin 1
Pérez Galdós, Benito 1 2
Périclès 1 2 3 4 5 6 7
Perov, Vassili 1
Perrault, Charles 1 2
Perrault, Claude 1 2
Perret, Auguste 1
Perry, Matthew Calbraith 1
Persée 1
Persée (roi) 1
Perséphone 1 2
Pérugin, le 1 2 3 4 5 6 7
Peruzzi, Baldassare 1
Pescennius Niger 1
Petacci, Clara 1
Pétain, Philippe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25 26 27 28 29
Petchevy 1
Peterson, Oscar 1
Pétrarque 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Pétrone 1 2
Pétrovitch, Alexis 1
Peutinger, Conrad 1
Pevsner, Antoine 1 2
Peyrony, Denis 1 2
Peyrony, Elie 1
Pfimlin, Pierre 1 2
Pforr, Franz 1
Phaedra 1
Phèdre (Caius Lulius Phaedrus) 1 2 3
Phénix 1
Phidias 1 2 3 4
Philarète 1
Philinus 1
Philippe Auguste 1 2 3 4 5 6 7
Philippeaux, Pierre 1
Philippe d’Orléans 1 2 3 4 5 6 7 8
Philippe Ier de Parme 1
Philippe Ier de Souabe 1 2 3
Philippe II de Macédoine 1 2 3
Philippe II d’Espagne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Philippe III d’Espagne 1 2
Philippe II le Hardi 1 2
Philippe IV d’Espagne 1 2 3 4 5
Philippe IV le Bel 1 2 3 4 5 6 7
Philippe le Beau 1
Philippe le Bon 1
Philippe Néri 1
Philippe V d’Espagne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Philippe VI de France 1 2
Philippidès 1
Philopœmen 1
Philostrate 1
Phocas 1 2
Photios 1
Phryné 1
Piankhy 1 2 3
Piazetta, Giovanni Battista 1
Picabia, Francis 1 2 3 4 5
Picard, Casimir 1
Picard, Raymond 1 2
Picasso, Pablo 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28
Piccinni, Nicola 1 2
Pic de la Mirandole, Jean 1 2 3 4
Pickford, Martin 1
Picquart, Georges 1
Pie IX 1 2 3 4
Piero della Francesca 1 2 3 4 5 6
Pierre (saint) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Pierre Damien 1 2
Pierre de Cortone 1
Pierre Ier le Grand 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
23 24 25
Pierre II de Courtenay 1 2
Pierre II de Russie 1
Pierre III de Russie 1 2 3
Pierre III d’Aragon 1
Pierre le Cruel 1
Pierre le Vénérable 1
Pierre Lombard 1 2
Piette, Édouard 1
Pie V 1 2
Pie VI 1 2 3
Pie VII 1 2 3
Pie X 1
Pigalle, Jean-Baptiste 1 2
Pilgrim de Passau 1
Pilniak, Boris 1
Pilon, Germain 1 2
Pinay, Antoine 1 2 3 4 5
Pindare 1 2 3 4
Pineau, Christian 1
Pinel, Philippe 1 2
Pirandello, Luigi 1 2 3
Piranèse 1
Pisandre de Rhodes 1
Pisanello 1
Pisano, Andrea 1 2
Pisano, Giunta 1
Pisano, Nicola 1 2 3 4
Pisistrate 1 2
Pison 1
Pissarro, Camille 1 2 3 4 5 6 7 8
Pitt, William (le Jeune) 1 2 3
Pitt-Rivers, Augustus 1
Pizarro, Francisco 1 2
Plan Carpin, Jean du 1
Planck, Max 1
Platon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50
51
Platonov, Andreï 1
Plaute 1 2 3 4 5
Pline le Jeune 1 2
Pline l’Ancien 1 2 3 4 5 6 7
Plotin 1 2 3
Plutarque 1 2 3 4
Podalire 1
Poe, Edgar Allan 1 2 3
Poher, Alain 1
Poincaré, Raymond 1 2 3 4 5 6 7 8
Poinso-Chapuis, Germaine 1 2
Poliakoff, Serge 1 2
Polignac, prince de 1
Polke, Sigmar 1
Pollock, Jackson 1 2 3 4 5 6 7 8
Polo, Marco 1 2 3 4
Polonceau, Antoine-Rémy 1
Polybe 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Polyclète 1 2 3 4 5 6
Polyclète le Jeune 1
Polydore 1
Polymédès d’Argos 1
Polyphème 1
Pompadour, Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de 1 2
Pompée 1 2 3 4 5
Pompidou, Claude 1
Pompidou, Georges 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Ponce de León, Juan 1
Ponce Pilate 1
Ponge, Francis 1
Ponocrates 1
Pontbriand, François de 1
Pontormo, le 1 2 3
Pontos 1
Pontus de Tyard 1
Popeye 1
Popper, Karl 1 2
Porphyre de Tyr 1 2 3
Poséidon 1 2 3
Posidonius d’Apamée 1 2 3
Pot, Philippe 1
Potemkine, Grigori 1
Pottier, Eugène 1
Pouchkine, Alexandre 1 2 3
Pougatchev, Emelian Ivanovitch 1
Poukirev, Vassili 1
Pourbus, Frans (le Jeune) 1
Poussin, Nicolas 1 2 3 4 5
Poutine, Vladimir 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Pou-Yi 1 2
Powell, Colin 1
Pradier, James 1
Praxitèle 1 2 3 4
Préault, Antoine Augustin 1
Presley, Elvis 1
Prévert, Jacques 1
Previati, Gaetano 1
Priestley, Joseph 1
Primatice, le 1 2 3 4 5
Primo de Rivera, José Antonio 1
Primo de Rivera, Miguel 1 2 3
Princip, Gavrilo 1
Priscus 1
Proclus 1 2 3 4
Procope de Césarée 1 2 3
Profumo, John 1 2
Prokofiev, Serge 1
Prométhée 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Properce 1 2
Protagoras 1 2 3
Proudhon, Pierre Joseph 1
Proust, Antonin 1
Proust, Marcel 1 2 3 4 5 6 7 8
Psousennès Ier 1
Ptah 1
Ptolémée 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Ptolémée Ier 1 2 3 4 5 6
Ptolémée II 1 2 3 4
Ptolémée IV 1 2
Ptolémée Keraunos 1
Pû-abi 1
Pucelle, Jean 1
Puduhepa 1
Pufendorf, Samuel von 1
Puget, Pierre 1
Pugin, Augustus Welby Northmore 1
Pukalesi II 1
Pulchérie 1
Purcell, Henry 1
Puvis de Chavannes, Pierre 1 2 3 4
Puyi 1 2 3
Pu Yi 1 2
Pyrrhon d’Élis 1
Pythagore 1 2 3 4 5 6
Pythéos 1
Pythie de Delphes 1
P’an-kou 1
Q
Qaitbey 1
Qansuh al-Ghuri 1
Qianlong 1 2 3 4 5 6
Qin Shi Huangdi 1 2
Quasimodo, Salvator 1
Quesnay, François 1 2 3
Quesnel, Pasquier 1 2
Quetzalcóatl (Kukulkan) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Queuille, Henri 1
Quintilien 1 2
Quintus Marcius Philippus 1 2
Qusay 1
Quṭb al-Dīn Aibak 1 2
Raban Maur 1 2
Rabelais, François 1 2 3 4 5
Rabin, Yitzhak 1 2
Racan, Honorat de 1
Racine, Jean 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Radagais 1
Radjaradja le Grand 1
Raeder, Erich 1
Raffarin, Jean-Pierre 1 2
Ragon, Michel 1 2
Rājarāja Ier Chola 1
Rajoy, Mariano 1
Rāma 1 2 3
Ramadier, Paul 1
Ramdas 1
Rameau, Jean-Philippe 1 2 3
Ram Moham Roy 1
Ramosé 1
Ramsauer, Johann Georg 1
Ramsès Ier 1 2
Ramsès II 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Ramsès III 1 2 3 4 5 6
Ramsès IX 1
Ramsès VI 1
Ramsès XI 1 2
Rancillac, Bernard 1
Rani (reine de Jhansi) 1
Ranjit Singh 1
Ranson, Paul 1
Rao, Narasimha 1
Raphaël 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Rastrelli, Francesco Bartolomeo 1 2
Ratchis 1
Ravaillac, François 1
Ravaisson-Mollien, Félix 1
Ravasi, Gianfranco 1
Ravel, Maurice 1
Rawls, John 1 2
Ray, Man 1 2 3 4 5
Rāzi 1 2
Razoumovski, Alexis 1
Rê 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Reagan, Ronald 1 2 3 4 5
Réaumur, René Antoine Ferchault de 1
Rebeyrolle, Paul 1
Redon, Odilon 1
Regiomontanus (Johannes Müller) 1
Régnier, Henri de 1
Reich, Steve 1
Reid, Thomas 1
Reinecke, Paul 1
Reinhardt, Django 1
Rembrandt 1 2 3 4 5 6
Remi de Reims 1
Remus 1 2 3 4 5 6
Renart 1
Renaudot, Théophraste 1
Renault, Louis 1
Renaut, Alain 1
René d’Anjou 1 2 3
Renoir, Auguste 1 2 3 4 5 6 7
Renouvier, Charles 1 2 3
Renouvin, Bertrand 1
Renus 1
Repgow, Eike von 1
Restany, Pierre 1 2
Retz, cardinal de 1
Revault d’Allonnes, Olivier 1
Reynaud, Paul 1 2 3 4 5
Reynolds, Albert 1
Reynolds, Joshua 1 2 3
Rhadamanthe 1 2
Rhazès 1
Rhéa 1 2 3
Rheticus 1
Ribbentrop, Joachim von 1 2
Ricardou, Jean 1
Ricci, Matteo 1 2
Rice, Condoleezza 1
Richard, Jean-Pierre 1
Richard Cœur de Lion 1 2 3 4 5
Richard de Shrewsbury 1
Richard d’York 1 2
Richard II de Normandie 1
Richard II d’Angleterre 1 2
Richard III d’Angleterre 1 2
Richardson, Henry Hobson 1 2
Richardson, Samuel 1
Richelieu, Armand Jean du Plessis de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21
Richelieu, duc de 1 2
Ricœur, Paul 1 2 3 4 5 6 7
Ridgway, Matthew 1
Rigaud, Hyacinthe 1 2 3 4 5
Rimbaud, Arthur 1 2 3 4 5
Rimski-Korsakov, Nikolaï Andreïevitch 1
Riopelle, Jean-Paul 1
Riourik 1
Rivette, Jacques 1
Rivière, Émile 1
Robbe-Grillet, Alain 1 2 3 4 5
Robert, Hubert 1
Robert de Chester 1
Robert de Courtenay 1
Robert-Houdin, Jean Eugène 1
Robert Ier de France 1
Robert Ier du Saint-Empire 1
Robert II Courteheuse 1
Robespierre, Maximilien de 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Roboam 1 2
Rocard, Michel 1 2 3 4
Rodin, Auguste 1 2 3 4 5 6 7 8
Rodolphe Ier de Habsbourg 1 2 3 4
Rodolphe II du Saint-Empire 1
Rodrigue (ou Rodéric) 1
Rodtchenko, Alexander Mikhaïlovitch 1 2
Roger 1
Roger II de Sicile 1
Roggeveen, Jacob 1
Rohan, Louis René Édouard 1
Rohan, Marie de (duchesse de Chevreuse) 1
Röhm, Ernst 1 2
Rohmer, Éric 1
Roland 1
Rolland, Romain 1
Rollon 1
Romain III 1
Romains, Jules 1
Römer, Ole 1
Romilly, Jacqueline de 1
Rommel, Erwin 1 2 3
Romney, Willard Mitt 1
Romulus 1 2 3 4 5 6 7
Romulus Augustule 1 2 3
Ronsard, Pierre de 1 2 3 4 5 6 7 8
Röntgen, Wilhelm Conrad 1
Roosevelt, Éléonore 1
Roosevelt, Franklin Delano 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Roosevelt, Théodore 1 2 3 4
Rorty, Richard 1
Roscelin 1 2
Rosenberg, Alfred 1
Rosenberg, Ethel 1
Rosenberg, Julius 1
Rosenzweig, Franz 1 2
Rossellini, Roberto 1
Rossetti, Dante Gabriel 1 2
Rossi, Carlo 1
Rossini, Gioachino 1 2
Rosso Fiorentino 1 2 3 4 5
Roth, Philip 1
Rothari 1
Rothko, Mark 1
Rouher, Eugène 1
Rousseau, Henri (douanier Rousseau) 1
Rousseau, Jean-Jacques 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
Rousseau, Théodore 1 2 3 4
Rousseff, Dilma 1
Rowling, J.K. 1
Royal, Ségolène 1
Royce, Josiah 1
Royer, Jean 1
Ruben 1
Rubens, Pierre Paul 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Rubrouck, Guillaume de 1
Rude, François 1
Rudiobus 1
Rufin 1 2
Ruga le Grand 1 2
Ruisdael, Jacob van 1 2 3
Runge, Philipp Otto 1
Rushdie, Salman 1 2
Ruskin, John 1 2 3
Russell, Bertrand 1 2 3 4 5
Rutebeuf 1
Ruzante 1
Rykov, Alexeï 1
Sabatelli, Pietro 1
Sabbatai Zvi 1
Sachs, Hans 1
Sadate, Anouar el- 1 2
Sadeddin 1
Sadi-Carnot 1 2
Saga 1
Sagan, Françoise 1 2
Saichō (Dengyo Daishi) 1
Saint Antoine 1 2
Saint Augustin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Saint Boniface 1
Saint-Cyran, abbé de 1
Saint Dominique 1 2
Sainte-Beuve, Charles Augustin 1
Sainte Geneviève 1
Saint Éloi 1
Saint-Gelais, Mellin de 1
Saint Germain d’Auxerre 1
Saint Jérôme 1 2
Saint-John Perse 1
Saint-Just, Louis 1 2 3 4
Saint Louis 1 2 3 4 5 6 7 8
Saint-Martin, Louis Claude de 1
Saint Phalle, Niki de 1 2 3 4
Saint Sabas 1
Saint-Simon, Henri de 1 2 3 4 5 6 7 8
Saladin 1 2 3 4
Salan, Raoul 1 2 3
Saleh, Ali Abdallah 1
Salengro, Roger 1 2
Salisbury, lord 1
Salluste 1 2 3 4 5
Salmanasar Ier 1
Salmanasar III 1
Salmon, André 1
Salomon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Samudragupta 1
Samuel 1 2 3
Sand, Karl Ludwig 1
Sands, Bobby 1 2 3 4 5
Sansovino, il 1 2 3
Sanz de Sautuola, Marcelino 1
Sappho 1
Sarah 1 2 3
Sarasvatī 1
Sargon d’Akkad 1 2 3 4 5 6 7 8
Sarkozy, Nicolas 1 2 3 4
Sarpédon 1
Sarraute, Nathalie 1 2 3
Sartre, Jean-Paul 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Satuni 1
Saturne 1
Saül 1 2 3 4 5 6 7 8
Saussure, Ferdinand de 1 2 3 4 5
Savalette de Lange, marquis de 1
Savary, Alain 1
Savitar 1
Savonarole, Jérôme 1
Scarlatti, Alessandro 1
Scarpetta, Guy 1
Scarron, Paul 1
Scelba, Mario 1
Scelsi, Giacinto 1
Scève, Maurice 1 2
Schacht, Hjalmar 1
Schall, Adam 1 2 3 4
Scheele, Carl Wilhelm 1
Scheidemann, Philipp 1 2
Schelling, Friedrich Wilhelm Joseph von 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19
Scheurer-Kestner, Auguste 1
Schickele, René 1
Schiele, Egon 1
Schiller, Friedrich von 1 2 3 4 5 6 7
Schinkel, Karl Friedrich 1
Schlegel, August Wilhelm von 1
Schlegel, Friedrich von 1
Schleicher, Kurt von 1 2
Schlick, Moritz 1
Schliemann, Heinrich 1 2
Schmidt, Helmut 1
Schœlcher, Victor 1
Schoenberg, Arnold 1 2
Scholem, Gershom 1
Schopenhauer, Arthur 1 2 3 4 5 6 7
Schröder, Gerhard 1
Schrödinger, Erwin 1
Schubert, Franz 1 2
Schulze, Gottlob Ernst 1
Schuman, Robert 1 2 3 4 5
Schumann, Robert 1
Schütz, Heinrich 1
Schwitters, Kurt 1
Scipion Émilien 1 2
Scipion l’Africain 1
Scopas 1 2 3
Scott, Walter 1 2 3
Scudéry, Madeleine de 1
Searle, John Rogers 1
Seberg, Jean 1
Secrétan, Charles 1
Sédécias 1
Sedefhar Mehmet Aga 1
Sedgwick, Adam 1
Segalen, Victor 1
Segni, Antonio 1
Séguier, Pierre 1
Seki Takakazu 1
Séleucos Ier 1 2
Sélim Ier le Hardi 1 2 3 4
Sélim II 1
Sémiramis 1 2
Sénèque 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Senghor, Léopold Sédar 1
Senjuro Hayashi 1
Sennachérib 1 2 3
Senut, Brigitte 1
Septime Sévère 1 2 3 4 5 6 7
Sérapion d’Alexandrie 1
Sérapion le Vieux 1
Sérapis 1 2 3
Serreau, Jean-Marie 1
Sérusier, Paul 1 2 3 4
Servandoni, Jean-Nicolas 1
Servet, Michel 1 2
Sésostris Ier 1 2 3 4
Sésostris III 1 2
Sesshū 1
Séthi Ier 1 2 3 4
Sethnakht 1
Seuphor, Michel 1
Seurat, Georges 1 2 3 4 5
Severini, Gino 1
Sévigné, Madame de 1
Sextus Empiricus 1 2 3 4 5 6 7 8
Sforza, Francesco 1 2 3 4
Shabaka 1
Shadow, Johann Gottfried 1
Shaftesbury, comte de 1
Shah Alam II 1
Shah Jahan 1 2 3 4 5
Shai Ta-zong 1
Shakespeare, William 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Shakti 1 2 3
Shamash (Utu) 1 2 3 4 5
Shana’Kin Yaxchel Pakal 1
Shango 1
Shar-Kali-Sharri 1
Sharruma 1
Shaushka 1
Shaushtatar Ier 1
Shaw, George Bernard 1
Shebo 1
Shelley, Percy B. 1 2
Shennong 1
Shepherd, David 1
Sheridan, Richard Brinsley 1
Sherman, William T. 1
Sheshonq Ier 1 2
Sheshonq III 1
Shigeru Yoshida 1
Shimegi 1
Shimomura Kanzan 1
Shi Naian 1
Shinzo Abe 1
Shitao 1 2 3
Shiva 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Shizu (Koubilaï Khan) 1 2 3
Shōkō 1
Shōmu 1 2
Shotoku 1
Shuddhodana 1
Shulgi 1 2
Shunzhi 1 2 3 4
Siamon 1
Siddhārta Gautama (Bouddha) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Siegfried 1
Sieyès, Emmanuel Joseph 1 2 3 4
Sif 1
Sigebert Ier 1
Siger de Brabant 1
Sigismond Ier du Saint-Empire 1 2 3 4 5
Sigmund 1
Signac, Paul 1 2
Signorelli, Luca 1 2 3
Sigyn 1
Silène 1
Sills, Paul 1
Sima Yan 1
Siméon 1
Siméon de Durham 1
Simon, Claude 1 2
Simon, Jules 1
Simonide de Céos 1 2
Simon IV de Montfort 1 2
Simon V de Montfort 1 2 3
Simplicio 1
Simplicius 1
Simpson, Wallis 1 2 3 4
Sin (Nanna) 1 2 3
Sinan 1
Sinatra, Frank 1 2
Singer, Isaac Bashevis 1 2 3
Singer, Israel Joshua 1
Sinouhé 1
Sirinelli, Jean 1
Sisley, Alfred 1 2 3 4 5 6 7 8
Sītā 1 2
Sixte IV 1 2 3 4 5
Skadi 1
Skandagupta 1 2
Skiluros 1
Sleipnir 1
Sluter, Claus 1 2
Smendès Ier 1 2
Smetana, Bedřich 1
Smith, Adam 1 2
Smith, Bessie 1
Smithson, Robert 1
Smythson, Robert 1
Snéfrou 1 2
Snodgrass, Anthony 1
Sōami 1
Soane, John 1
Soboul, Albert 1
Socrate 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Sodoma, le 1
Solazkade 1
Solbes, Rafael 1
Soliman le Magnifique 1 2 3 4
Soljénitsyne, Alexandre 1
Solon 1 2 3 4 5 6
Solstad, Dag 1
Song Wudi 1
Sophie (impératrice) 1
Sophie de Hohenberg 1
Sophie Paléologue 1
Sophilos 1
Sophocle 1 2 3 4 5
Sophonie 1 2 3
Sophronisque 1
Sorbon, Robert de 1
Sorel, Georges 1
Soseki, Natsume 1 2
Sosigène 1
Sostrate de Cnide 1
Soto, Jesús Rafael 1
Soufflot, Jacques Germain 1 2
Soulages, Pierre 1 2 3
Soumarokov, A.P. 1
Soundiata Keita 1 2
Soupault, Philippe 1 2 3 4 5
Soutine, Chaïm 1
Souverbie, Jean 1
Spallanzani, Lazzaro 1
Spartacus 1 2
Speer, Albert 1
Spencer, Herbert 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Spinola, Carlo 1
Spinoza, Baruch 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Spoerri, Daniel 1
Spranger, Bartholomeus 1
Sseu-ma Ts’ien 1
Stadler, Ernst 1
Staël, Madame de 1 2 3 4
Stahl, Georg Ernst 1
Staline, Joseph 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34
Stateira 1
Stavisky, Alexandre 1 2 3 4 5 6
Steen, Jan 1
Stein, Gertrude 1
Steinbeck, John 1 2
Stella, Frank 1
Stendhal 1 2 3
Stéropès 1
Stevenson, Robert Louis 1
Stilicon 1 2
Stinnes, Hugo 1
Stirner, Max 1
Stockhausen, Karlheinz 1
Stoker, Bram 1
Stolpe, Hjalmar 1
Strabon 1 2 3 4 5
Strasberg, Lee 1
Strauss, Leo 1
Stravinsky, Igor 1
Stresemann, Gustav 1
Strindberg, August 1
Sturluson, Snorri 1
Suárez, Adolfo 1 2 3
Sue, Eugène 1
Suétone 1 2 3 4 5 6 7 8
Suffren, Pierre André de 1
Suger de Saint-Denis 1 2 3 4 5
Suiko 1 2
Sui Yangdi 1 2
Sullivan, Louis 1 2
Sully, Maximilien de Béthune, duc de 1
Sully Prudhomme 1 2
Sulzer, Johann Georg 1 2
Sumuabu 1
Sun Yat-Sen 1 2 3 4 5 6 7
Suppiluliuma II 1 2
Surya 1
Suryavarman Ier 1
Suryavarman II 1
Su Shi 1
Suśruta 1 2
Sustris, Lambert 1
Sutter, Joseph 1
Suzanne 1
Sven Ier à la Barbe fourchue 1 2
Sviatoslav de Novgorod 1
Swann, Charles 1
Swedenborg, Emanuel 1
Swift, Jonathan 1 2
Syagrius 1 2 3
Sydenham, Thomas 1 2
Sylla 1
Sylvestre Ier 1 2 3
Syméon Métaphraste 1
Symmaque 1
T
Tabiti 1
Tachibana no Hayanari 1
Tacite 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Taft, William H. 1
Tagès 1
Tagore, Rabindranath 1 2 3 4
Taguapica 1
Taharqa 1 2
Taieb, Maurice 1
Tailapa II 1
Taillandier, Yvon 1
Taine, Hippolyte 1 2 3 4 5
Tai Wen-Ching 1
Taizong 1
Taizong (Li Shimin) 1 2
Taizu (dynastie Jin) 1
Taizu (dynastie Song) 1 2
Takebe Katahiro 1
Takemoto Gidayu 1
Talleyrand, Charles Maurice de 1 2 3
Tambroni, Fernando 1
Tamerlan 1 2 3 4 5 6
Tammuz (Dumuzi) 1
Tanaka 1
Tang Sien tsou 1
Tang Tai 1
Tangun 1
Tanguy, Yves 1 2 3 4
Tang Xuanzong 1
Tang Yin 1
Tao Qian 1
Tapas 1
Tapié, Michel 1
Tàpies, Antoni 1
Tara 1
Taranis 1 2
Tardieu, André 1
Tarhunt (Teshub) 1 2 3
Tarquin l’Ancien 1
Tasse, le 1 2
Tassi, Agostino 1
Tassilon III 1
Tatischev, Vassili N. 1
Tatline, Vladimir Evgrafovitch 1 2
Taut, Bruno 1
Tawaraya Sotatsu 1
Tchang Kaï-chek 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Tchekhov, Anton 1 2 3
Tchernenko, Konstantin 1
Tchernychevski, Nikolaï Gavrilovitch 1
Teglath-Phalasar Ier 1
Tejero, Antonio 1
Telibinu 1
Temmu 1
Tepeyollotl 1
Terah 1 2 3
Térence 1 2 3
Teshub (Tarhunt) 1 2 3 4 5
Tesla, Nikola 1
Tetzel, Jean 1
Teutates 1 2
Tezcatlipoca 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Tezozomochtli 1
Thackeray, William Makepeace 1
Thalès de Milet 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Thamar 1 2
Thatcher, Denis 1
Thatcher, Margaret 1 2 3 4 5 6 7 8
Thémistocle 1
Théocrite 1 2
Théodelinde 1
Théodora (femme de Justinien Ier) 1 2 3 4
Théodora (femme de Théophile) 1 2
Théodore de Cantorbéry 1
Théodoric le Grand 1 2 3 4 5 6 7 8
Théodoros II 1
Théodose Ier 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Théodose II 1 2 3 4 5 6 7 8
Théodulf d’Orléans 1 2 3
Théophile 1 2
Théophile d’Alexandrie 1
Théophraste 1
Thérèse d’Avila 1 2
Thésée 1 2
Thespis 1 2
Thétis 1
Theudius 1
Thierry 1
Thierry, Augustin 1 2
Thiers, Adolphe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Thiersch, Hermann 1
Thin, Auguste 1
Thomas, George K. 1
Thomas d’Angleterre 1
Thomas d’Aquin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Thor 1 2 3
Thoreau, Henry David 1 2
Thorez, Maurice 1 2
Thot 1
Thoukhatchevski, Mikhaïl 1
Thoutmôsis III 1
Thucydide 1 2 3 4 5 6 7
Thyeste 1
Tiamat 1 2
Tibère 1 2 3 4
Tibère II 1
Tiberius Sempronius Gracchus 1
Tibulle 1 2 3 4 5
Tiepolo, Giambattista 1 2 3 4
Timarchos 1
Timothée 1
Timothée de Milet 1
Tinguely, Jean 1 2 3 4 5
Tinia 1 2
Tintoret, le 1 2 3 4 5 6 7 8
Tippu Sahib (ou Tippu Sultan) 1 2
Tirso de Molina 1 2
Tishatal 1
Tite-Live 1 2 3 4 5 6 7
Titi 1 2
Titien 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Titus 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Tivoli, Serafino de 1
Tlacaelel 1
Tlaloc 1 2 3 4
Tobias, Phillip 1
Tocqueville, Alexis de 1
Todorov, Tzvetan 1 2
Toghrul-Beg 1
Tohil 1
Tokugawa, Ieyasu 1 2 3
Tokugawa, Yoshimune 1
Toledo, Antonio 1
Toledo, Juan Bautista de 1
Tolkien, John Ronald Reuel 1
Tolstoï, Léon 1 2 3 4 5 6
Tomasi di Lampedusa, Giuseppe 1
Tomichii Murayama 1
Toneri 1
Toroni, Niele 1
Torricelli, Evangelista 1
Torrigiani, Pietro 1
Tosa Mitsuhide 1
Tosa Mitsunaga 1
Totila 1
Toulouse-Lautrec, Henri de 1 2
Toumaï 1 2
Touraine, Alain 1
Tourguéniev, Ivan Sergueïevitch 1
Tournefort, Joseph Pitton de 1
Tournier, Michel 1
Toutankhamon 1 2
Toutant de Beauregard, Pierre Gustave 1 2
Toutatis 1
Toynbee, Arnold 1
Toyotomi Hideyoshi 1 2 3 4 5
Tracy, Dick 1
Trajan 1 2 3
Trakl, Georg 1
Travolta, John 1
Trediakovski, V.K. 1
Trezzini, Domenico 1
Trimalcion 1
Tristan 1
Trotski, Léon 1 2 3 4 5 6 7 8
Trouvé, Alain-J. 1
Troyat, Henri 1
Truffaut, François 1 2
Truman, Harry 1 2 3 4 5 6 7
Tsubouchi Shòyo 1
Tuisto 1
Tukaram 1
Tulsidas, Goswani 1
Tunapa 1
Turan 1
Turenne, Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de 1 2
Turgot 1 2 3 4 5 6 7
Turner, Joseph Mallord William 1 2 3 4 5 6 7
Twain, Mark 1
Twiggy 1
Tylor, Edward Burnett 1 2 3 4 5
Tyr 1 2
Tyrtée 1 2
Tzara, Tristan 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Vailland, Roger 1
Vaillant, Auguste 1
Vak 1
Valentin, le 1
Valentinien III 1 2 3
Valéry, Paul 1 2 3 4 5
Valignani, Alessandro 1
Vallejo, César 1
Vallès, Jules 1
Vallin de La Mothe, Jean-Baptiste 1
Vallotton, Félix 1
Valmier, Georges 1
Vālmīki 1
Van Doesburg, Theo 1 2
Van Dyck, Antoine 1 2 3 4 5 6 7
Van Gogh, Vincent 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Van Leeuwenhoek, Antoine 1
Van Loo, Carle 1 2
Van Scorel, Jan 1
Varāhamihira 1 2
Varda, Agnès 1
Varese, Edgar 1
Varron 1 2
Varuna 1 2
Vasarely, Victor 1 2
Vasari, Giorgio 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Vasnetsov, Victor 1
Vātsyāyana 1
Vattimo, Gianni 1 2 3
Vauban, Sébastien Le Prestre de 1
Vaudès (Pierre Valdo) 1
Vautier, Benjamin 1
Vaux, Clotilde de 1 2
Vauxcelles, Louis 1
Vé 1
Veil, Simone 1 2 3
Veiras, Denis 1
Vélasquez, Diego 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Velázquez, Eugenio Lucas 1
Venceslas Ier l’Ivrogne 1 2 3
Venetsianov, Alexis 1
Veneziano, Gabriele 1
Venturi, Robert 1
Vénus 1 2 3 4
Verbiest, Ferdinand (Nan Houei Jen) 1
Vercingétorix 1 2 3 4 5 6 7
Verdi, Giuseppe 1
Verga, Giovanni 1
Verhaeren, Émile 1 2
Verlaine, Paul 1 2 3 4 5 6 7
Vermeer de Delft 1 2
Verne, Jules 1
Vernet, Joseph 1
Véronèse 1 2 3 4 5 6 7
Verrazano, Giovanni de 1
Verrocchio, il 1 2 3 4
Verus 1
Vesaas, Tarjei 1
Vésale, André 1 2 3
Vespasien 1 2 3 4 5
Vespucci, Amerigo 1
Vesta 1
Vettori, Francesco 1
Veyne, Paul 1
Viallat, Claude 1
Vian, Boris 1
Victor-Emmanuel II d’Italie 1 2 3 4 5 6
Victor-Emmanuel III d’Italie 1 2 3 4 5 6
Victoria Ire 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Victor IV 1
Vida, Marco Gerolamo 1
Vigée-Lebrun, Élisabeth Louise 1
Vignole 1
Vignon, Claude 1
Vignon, Pierre Alexandre 1
Vigny, Alfred de 1 2 3 4
Vikramāditya VI 1
Vilar, Jean 1
Vili 1
Villegagnon, Nicolas Durand de 1
Villehardouin, Geoffroi de 1 2
Villèle, comte de 1
Villepin, Dominique de 1 2
Villiers, George (1er duc de Buckingham) 1
Villiers de L’Isle-Adam, Philippe Auguste 1
Villon, François 1 2 3
Villon, Jacques 1
Vincent de Paul 1 2 3 4
Vinteuil 1
Viollet-le-Duc, Eugène 1 2 3 4
Viracocha 1 2 3
Viracocha (Hatu Tupac Inca) 1 2
Virgile 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Visconti, Filippo Maria 1
Visconti, Galeazzo Ier 1
Visconti, Gian Galeazzo 1
Visconti, Giovanni Maria 1
Visconti, Matteo Ier 1 2 3
Visconti, Ottone 1 2 3 4
Vishnou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Vitellius 1
Vitrac, Roger 1
Vitruve 1 2 3 4
Vitry, Philippe de 1
Vivaldi, Antonio 1
Vivès, Jean-Louis 1
Viviani, René 1
Vladimir (saint) 1
Vladimir le Grand 1
Vlaminck, Maurice de 1 2 3
Vogel, Ludwig 1
Volland, Sophie 1
Vollard, Ambroise 1
Volta, Alessandro 1
Voltaire 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29
Vouet, Simon 1 2
Vroubel, Mickaël 1
Vuillard, Édouard 1 2 3
Vulcain 1
Vyāsa 1
Vychinski, Andreï 1
Wadsworth, Edward 1
Wagner, Cosima 1
Wagner, Richard 1 2 3 4
Waitz, G.F. 1
Waldeck-Rousseau, Pierre 1 2 3
Waldmüller, Ferdinand 1
Walesa, Lech 1
Wallace, Lew 1
Wallon, Henri 1
Walpole, Horace 1
Wang Anshi 1
Wang Hongwen 1
Wang Ken 1
Wang Mang 1
Wang Meng 1
Wang Po 1
Wang Wei 1
Wang Yangming 1
Warburton, William 1
Warens, Françoise-Louise de 1
Warhol, Andy 1 2 3 4
Washington, George 1 2 3 4
Watt, James 1
Watteau, Antoine 1 2 3 4 5 6
Waugh, Evelyn 1
Webb, Philip 1
Weber, Carl Maria von 1
Weber, Max 1 2 3
Webern, Anton 1 2
Webster, Noah 1
Wedekind, Frank 1
Wellesley, Richard 1
Wellington, duc de 1 2
Wells, Herbert G. 1
Wendi 1
Westermarck, Edward 1
Weygand, Maxime 1
Whittier, John Greenleaf 1
Wickram, Jörg 1
Wilde, Oscar 1
Williams, Tennessee 1
Wilson, Angus 1
Wilson, Bob 1
Wilson, Daniel 1
Wilson, Harold 1 2 3 4
Wilson, Richard 1
Wilson, Thomas Woodrow 1 2 3 4 5 6
Winckelmann, Johann Joachim 1 2 3 4
Wintergest, Joseph 1
Wise, John 1
Witten, Edward 1 2
Wittgenstein, Ludwig 1 2 3 4 5 6 7
Witz, Conrad 1
Wodan 1
Wolfe, Tom 1
Wolff, Christian von 1 2
Wölfflin, Heinrich 1
Wölfli, Adolf 1
Wolgemut, Michael 1
Wolsey, Thomas 1 2
Woodward, Bob 1
Woolley, Charles Leonard 1
Wordsworth, William 1
Worth, Charles Frederick 1
Wrangel, Piotr 1 2
Wright, Richard 1
Wudi 1
Wudi (Sima Yan) 1
Wulfila 1 2 3
Wundt, Wilhelm 1
Wurunkatte 1
Wurushemu 1
Wu Wang 1
Wu Zetian 1 2 3
Wu Zhen 1
Wuzong 1
Wyatt, James 1
Wyatt, Thomas 1
X
Xbalanque 1
Xenakis, Ianis 1
Xénophane 1 2
Xénophon 1 2 3
Xerxès Ier 1 2 3 4 5 6 7 8
Xia Gui 1
Xianfeng 1
Xie Lingyun 1
Xie Tao 1
Xi Jinping 1
Xi Kang 1
Xolotl 1
Xuande 1
Xuanzang 1 2 3 4
Xuanzong 1
Xu Ling 1
Yama 1 2
Yamabe no Akahito 1
Yao Wenyuan 1
Yarim-Lim 1
Yasovarman 1
Yasuhiro Nakasone 1
Yasunari Kawabata 1 2
Yazīd II 1
Yekouno Amlak 1 2 3
Yen Li-pen 1
Ye-Shi 1
Yetbarak 1
Yik’in Chan K’awiil 1
Ymir 1
Yoas Ier 1
Yokoyama Taikan 1
Yongle 1 2 3 4
Yoshihiko Noda 1
Yoshihito 1 2
Yoshitsune 1
Ysengrin 1
Yuandi 1
Yuan Mei 1
Yuan Shikai 1 2 3
Yuanwu Keqin 1
Yu Dafu 1
Yukio Mishima 1
Yu le Grand 1
Zabulon 1
Zacharie 1 2 3 4
Zacharie (pape) 1 2 3 4
Zadkine, Ossip 1
Zadyk 1
Zakharov, Adrian 1
Zapatero, José Luis 1 2
Zarza, Vasco de la 1
Zay, Jean 1 2
Zaydan, Jurji 1
Zeami 1 2 3
Zeller, André 1 2
Zénon 1 2 3 4
Zénon de Citium 1 2
Zénon d’Élée 1 2 3 4 5
Zeus 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
27 28
Zhang Chunqiao 1
Zhang Xueliang 1 2
Zhao Mengfu 1
Zhao Ziyang 1
Zheng He 1
Zhengtong 1
Zhenzong 1
Zhongzong 1
Zhou Dunyi 1
Zhou Enlai 1 2 3
Zhu Da 1 2 3 4
Zhu Qan 1
Zhu Xi 1 2
Zinoviev, Grigori 1
Ziryāb 1
Ziyādat Allāh Ier 1
Zoé 1 2
Zöega, Georg 1
Zola, Émile 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Zoroastre (Zarathoustra) 1 2 3
Zorrilla, José 1 2
Zuccaro, Federico 1
Zuma, Jacob 1
Zurbarán, Francisco de 1 2 3 4 5 6
Zweig, Stefan 1
Zwingli, Ulrich 1 2 3 4 5 6
Index des œuvres1
1984 1
95 thèses 1 2
Abat-jour 1
Abbaye aux Hommes 1
Abbaye de Cîteaux 1 2 3
Abbaye de Clairvaux 1 2
Abbaye de Cluny 1 2 3 4 5
Abbaye de Conques 1
Abbaye de Flux 1
Abbaye de Fulda 1
Abbaye de Gandersheim 1
Abbaye de Landévennec 1
Abbaye de Port-Royal des Champs 1 2
Abbaye de Reichenau 1
Abbaye de Saint-Gall 1 2 3
Abbaye de Saint-Germain-des-Prés 1
Abbaye de Vézelay 1 2
Abbaye de Westminster 1
Abbaye du Mont-Cassin 1
Abbaye Sainte-Geneviève de Paris 1
Abbaye Saint-Pierre de Brantôme 1
Abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers 1
A Bonaparte liberatore 1
À bout de souffle 1
Abrégé de l’art poétique français 1
Abrégé des études philosophiques (Compendium studii philosophiae) 1
Abrégé des études théologiques (Compendium studii theologiae) 1
Abuseur de Séville (L’) 1
Accordée de village (L’) 1
Actes des Apôtres 1 2 3 4
Adam 1
Adam Bede 1
Adam et Ève 1 2
Adam et Ève chassés du paradis 1
Adelphes (Les) 1
Adieu aux armes (L’) 1 2
Ādī-Granth 1 2
Adolescence clémentine (L’) 1
Adoration des bergers (L’) (La Tour) 1
Adoration des bergers (L’) (Rubens) 1
Adoration des mages (Dürer) 1
Adoration des mages (Uccello) 1
Adoration des mages (Vignon) 1
Agamemnon 1
Âge de l’innocence (L’) 1
Âge d’airain (L’) 1
Âge d’or (L’) 1
Âge mûr (L’) 1
Agricultural Adjustement Act (AAA) 1
Ailes de la colombe (Les) 1
Ainsi va toute chair 1
Ajax furieux 1
Al-Ahram 1
À la noblesse chrétienne de la nation allemande 1
À la recherche du temps perdu 1 2 3 4
Alastor 1
Al-Azhar 1 2 3
Albertine disparue 1
Alcade de Zalamea (L’) 1
Alcazar de Ségovie 1
Alcazar de Séville 1
Alcazar royal de Madrid 1
Alceste (Euripide) 1
Alceste (Gluck) 1
Alchemy 1
Alciphon ou Le Pense-menu 1
Alcools 1 2
Alexandre Ier 1
Alexandre le Grand 1
Algèbre 1
Al-Hakim (mosquée d’) 1
Alhambra 1 2
Al-Hilal 1
Allégorie de l’eau 1
Allégorie de l’été 1
Allégorie de Rome 1
Allégorie sacrée 1
Allemagne année zéro 1
Almageste 1 2 3 4 5 6 7 8
Almanach du Cavalier bleu 1
Al-Qasaba (tour d’) 1
Al-Zaytūna (mosquée) 1
À l’ombre des jeunes filles en fleurs 1 2
Amadis de Gaule 1
Amant (L’) 1
Amant couronné (L’) 1
Amant de la Chine du Nord (L’) 1
Amant de Lady Chatterley (L’) 1
Amant et fils 1
Amazona 1
American Psycho 1
Âmes mortes (Les) 1
Améthystes 1
Amida 1
Ami des hommes, ou Traité de la population (L’) 1 2
Ami du peuple (L’) 1 2
Ami du peuple assassiné (L’) 1
Aminta 1
Amok 1
Amour et Psyché 1
Amour fou (L’) 1
Amour la poésie (L’) 1
Amours (Les) (Baïf) 1
Amours (Les) (Ronsard) 1
Amphitryon 1
Anabase (Saint-John Perse) 1
Anabase (Xénophon) 1
Analyse de la Beauté 1
Analytiques 1
Anastasis 1
Ancien Testament 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Ancien Testament (Simon Vouet) 1
Andrienne (L’) 1
Andromaque 1 2
Âne d’or, ou Les Métamorphoses (L’) (Apulée) 1
Âne d’or (L’) (Machiavel) 1
Angélus (L’) 1 2
Angkor Vat 1 2 3
Angoisse du roi Salomon (L’) 1
Anna Christie 1
Anna Karénine 1 2
Annales 1 2
Annales (du règne d’Ezana) 1
Annales de la dynastie des Li 1
Annales de la Société scientifique de Bruxelles 1
Annales des pontifes 1
Annales de Winchester 1
Annales maximi 1
Anna Svard 1
Anne d’Autriche 1
Annonciation (L’) (Andrea del Sarto) 1
Annonciation (L’) (Léonard de Vinci) 1
Annonciation (L’) (Mochi) 1
Antéchrist (L’) 1
Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française 1
Anthologie de l’humour noir 1
Anthropométries 1
Anticato 1
Anti-Dühring 1
Antigone (Alfieri) 1
Antigone (Anouilh) 1
Antigone (Sophocle) 1
Antiquités celtiques et antédiluviennes 1
Antiquités de Rome (Les) 1 2
Antiquités juives 1
Antisemitische Correspondenz 1
Anti-tête (L’) 1
Antoine et Cléopâtre 1
Apadana de Persépolis 1 2
Apadana de Suse 1
Aphorismes (Hippocrate) 1
Aphorismes (Sérapion le Vieux) 1
Aphrodite de Cnide 1
Apocalypse de Jean 1 2 3 4 5 6 7
Apocalypse d’Angers 1
Apocalypse ou la prochaine rénovation démocratique et sociale de l’Europe
(L’) 1
Apollon de Piombino 1
Apollon de Ténéa 1
Apollon du Belvédère 1
Apologie de Socrate (Platon) 1
Apologie de Socrate (Xénophon) 1
Apoxyomène 1
Apparition de la Vierge à Luc (L’) 1
Appel de la forêt (L’) 1
Après le banquet 1
Après-midi d’un faune (L’) 1 2
Ara della Regina 1
Aranyaka 1
Arbre grande éponge bleue (L’) 1
Arcane 17 1
Arc de Constantin 1
Arc de Septime Sévère 1
Arc de triomphe de l’Étoile 1 2 3 4
Arc de triomphe du Carrousel 1
Arc d’Auguste de Rimini 1
Archéologie du savoir (L’) 1
Archipel aux sirènes (L’) 1
À rebours 1
Argent (L’) 1
Argoniques (Les) 1
Arhal-din Kajhompra (mosquée) 1
Ariane 1
Arianna 1
Armée de métier (L’) 1
Arminius 1
Art (L’) 1
Art de la peinture (L’) 1
Art du chant mesurable (L’) (Ars cantus mensurabilis) 1
Art d’aimer (L’) 1
Art d’édifier (L’) (De re aedificatoria) 1
Artémision (temple) 1
Artiste (L’) 1
Art poétique (Boileau) 1 2
Art poétique (Horace) 1 2
Art poétique (Verlaine) 1
Art pour l’art (L’) 1
Artus (L’) 1
Ascension d’Isaïe 1
Assommoir (L’) 1
Assomption (L’) (Bellini) 1
Assomption (L’) (Carrache) 1
Assomption (L’) (Greco) 1
Astadhyayi 1
Astrée (L’) 1
Astronomie nouvelle (Astronomia Nova) 1
Atelier du peintre (L’) 1
Athalie 1 2
Atharvaveda 1 2 3
Atlantes (Les) 1
Atlantes de Tula 1 2 3
Attila 1
Au bord de l’eau 1 2
Au cœur des ténèbres 1
Augustinus 1 2
Au milieu des sollicitudes 1
Aurige de Delphes 1
Aurore (L’) 1 2
Autant en emporte le vent 1
Autel de Gertrude 1
Autel portatif de saint André 1
Au Texas 1
Autoportrait (Largillière) 1
Autoportrait (Poussin) 1
Autoportrait (Van Gogh) 1
Avanti 1
Avant le départ 1
Avare (L’) 1 2
Aventure d’Heike (L’) (Heike monogatari) 1
Aventures de Télémaque (Les) 1 2
Aventures de Tom Sawyer (Les) 1
Aventures du Cid (Les) 1
Avesta 1 2 3 4
A Vindication of The Government of New England Church 1
Cabotin (Le) 1
Cahiers de prison 1
Calligrammes 1 2
Campanile de Giotto 1
Campanile de Saint-Marc 1
Campo Giovanni e Paolo 1
Canard enchaîné (Le) 1
Cancionero general 1
Candida 1
Candide 1 2
Canon 1
Cantatrice chauve (La) 1
Cantique des Cantiques 1
Cantique des créatures 1
Canto novo 1
Cap (Le) 1
Capital (Le) 1 2 3 4 5 6
Capitale de la douleur 1
Capitalisme et Schizophrénie 1
Capitoli (Les) 1
Caractères (Les) 1 2
Cardinal-Infant (Le) 1
Cardinal Nino de Guevara (Le) 1
Carnaval d’Arlequin (Le) 1
Carré noir sur fond blanc 1 2
Carrie 1
Casa Batlló 1
Casa Milá 1
Casa Vicens 1
Case de l’oncle Tom (La) 1 2
Casseurs de pierres (Les) 1
Cathédrale de Cantorbéry 1
Cathédrale de Chartres 1 2 3 4 5 6
Cathédrale de Cologne 1 2
Cathédrale de Florence 1
Cathédrale de Fribourg 1
Cathédrale de la Dormition de Moscou 1
Cathédrale de Lausanne 1
Cathédrale de l’Assomption 1 2
Cathédrale de Timovo 1
Cathédrale d’Axoum 1
Cathédrale d’Orvieto 1 2
Cathédrale Il Duomo 1
Cathédrale Notre-Dame de Laon 1
Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise 1
Cathédrale Notre-Dame de Noyon 1
Cathédrale Notre-Dame de Paris 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Cathédrale Notre-Dame de Tournai 1
Cathédrale Notre-Dame d’Amiens 1 2
Cathédrale Pierre-et-Paul 1
Cathédrale Sainte-Marie (Baltimore) 1
Cathédrale Sainte-Marie de Pampelune 1
Cathédrale Sainte-Marie de Tolède 1 2 3
Cathédrale Saint-Étienne de Bourges 1 2
Cathédrale Saint-Étienne de Sens 1
Cathédrale Saint-Patrick 1
Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais 1 2
Cath Maighe Tuireadh 1 2 3
Catilinaires 1
Cavalier bleu (Le) 1
Ca’ d’Oro 1
Ceci n’est pas une pipe 1
Celestina (La) 1
Cendres de Gramsci (Les) 1
Cène (La) 1 2
Centaure (Le) 1
Cent Coursiers (Les) 1
Centre Georges-Pompidou 1
Cérémonie des adieux (La) 1
Cerisaie (La) 1
César et Cléopâtre 1
Cesareum (monument d’Alexandrie) 1
Chacun sa vérité 1
Chaire de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise 1 2
Chaire de l’évêque Maximien 1 2
Chaise et la pipe (La) 1
Chamade (La) 1
Chambre des époux (La) 1
Chambre de Vincent à Arles (La) 1
Champs magnétiques (Les) 1 2
Chancelier Séguier (Le) 1
Chanson de Craonne (La) 1
Chanson de Guillaume (La) 1
Chanson de Roland (La) 1 2 3
Chansonnier (Le) (Il canzoniere) 1 2
Chant de la cloche (Le) 1
Chant de Sigurd 1
Chant des Nibelungen 1 2
Chant du Bienheureux (Bhagavad-Gītā) 1 2 3 4 5 6 7
Chant du départ (Le) 1
Chant du harpiste aveugle 1
Chant d’amour de Krishna (Gītā-Govīnda) 1
Chant d’Igor (Le) 1
Chant général 1
Chants de Maldoror (Les) 1 2
Chants de Rama (Les) (Ramcharimanas) 1
Chants des Saliens 1
Chants royaux 1
Chapeau de paille (Le) 1
Chapelle Brancacci 1 2
Chapelle Contarelli 1
Chapelle de King’s College 1
Chapelle de la Sorbonne 1
Chapelle de la Trinité (Fontainebleau) 1
Chapelle de l’Arena (chapelle Scrovegni) 1 2
Chapelle du château de Versailles 1
Chapelle Henri VII 1
Chapelle San Fernando 1
Chapelle San Francesco Grande 1
Chapelle Sixtine 1 2 3 4
Charivari (Le) 1
Charles Ier à la chasse 1
Charles Quint terrassant l’envie 1
Charmidès 1
Charrette de foin (La) 1
Charrette du marché (La) 1
Char solaire de Trundholm 1
Charte du Mandem 1
Chartreuse de Jerez 1
Chasse (La) 1
Chasse au sanglier 1
Château (Le) 1 2
Château de Blois 1 2
Château de Bury 1
Château de Chambord 1 2 3
Château de Chenonceau 1 2
Château de Cirey 1
Château de Fontainebleau 1 2 3 4 5 6
Château de Hampton Court 1
Château de Heidelberg 1
Château de Himeji 1
Château de la Muette 1
Château de La Roche-Guyon 1
Château de Loches 1
Château de Longleat 1
Château de Luneville 1
Château de Madrid (Boulogne) 1 2
Château de Maisons-Laffitte 1
Château de Marly 1 2 3
Château de Montségur 1
Château de Neuschwanstein 1
Château de Pierrefonds 1
Château de Rivoli 1
Château de Saint-Cloud 1
Château de Saint-Germain-en-Laye 1
Château de Saint-Maur 1
Château de Stolzenfels 1
Château de Vaux-le-Vicomte 1 2 3 4
Château de Versailles 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Château de Wittenberg 1
Château du Clos Lucé 1 2
Château d’Amboise 1 2 3 4 5
Château d’Anet 1
Château d’Azay-le-Rideau 1 2
Château d’Écouen 1 2 3
Château Fasiladas 1
Château Saint-Ange 1
Chatterton 1
Chaudron de Brâ 1
Chaudron de Gundestrup 1 2 3 4 5
Chaudron de Rynkeby 1
Chemins de la liberté (Les) 1
Chênes d’Apremont (Les) 1
Chercheur d’or (Le) 1
Chercheuse d’esprit (La) 1
Chevalier avec la main sur la poitrine 1
Chevaux de Marly 1
Chilam Balam 1 2
Chimères (Les) 1
Chimères (Mōsō) 1
Christ (Le) 1
Christ du Jugement dernier (Le) 1
Christ jaune (Le) 1
Christ portant sa croix 1
Chronique des Printemps et des Automnes 1 2
Chroniques 1
Chroniques d’al-Ṭabarī 1
Chronographiai 1
Chute de la maison Usher (La) 1
Cicérone (Le) 1
Cid (Le) 1
Ci-gît l’Espace 1
Cimetière juif 1
Cinna 1
Cinq Canons astronomiques (Les) (Panca siddhantika) 1
Cinq Classiques Véritables 1
Cinq leçons sur la psychanalyse 1
Cinq-Mars 1
Cinq nôs modernes 1
Cinq points de l’architecture moderne 1
Cinquante psaumes en français 1
Cirque de Calder (Le) 1
Citadelle (La) 1
Cité antique (La) 1
Cité de Dieu (La) 1
Cité de l’homme (La) 1
Cité interdite 1 2 3 4 5
Cité radieuse de Marseille 1
Cléobis et Biton 1
Cléopâtre 1
Cligès ou la Fausse Morte 1
Cloître du Scalzo 1
Clovis 1
Cobra 1
Code civil 1 2 3
Code de Hammourabi 1 2 3 4 5 6
Code de Taisho 1
Code de Théodose 1
Code d’Ur-Nammu 1 2
Code Engi 1
Code Justinien 1 2 3
Code Noir (Le) 1
Code royal (Fuero Real) 1
Code Taihō (Taihō-ritsuryō) 1
Code Tang 1 2
Code Théodosien 1 2
Codex Aubin 1
Codex Aureus d’Echtemach 1
Codex Borbonicus 1
Codex Boturini 1
Codex Fejervary-Mayer 1
Codex Mendoza 1
Cœur à gaz (Le) 1
Colères 1
Colisée 1 2 3 4
Collection d’illustrations des Trois Royaumes (San cai tu hui) 1
Collection médicale (Carakasaṃhitā) 1
Collections mathématiques 1
Collège des Jésuites de Salamanque 1
Colonne de Juillet 1
Colonne de Marc-Aurèle 1
Colonne de Trajan 1
Colonne sans fin 1
Colonne Trajane 1 2 3
Colonne Vendôme 1 2
Colosse de Barletta 1
Colosses de Memnon 1
Combat des Centaures (Le) 1
Combustions 1
Comédie humaine (La) 1
Commencement du monde (Le) 1
Commentaire de l’Apocalypse 1 2
Commentaire des Sentences 1
Commentaires sur la Guerre des Gaules (Commentarii de bello gallico) 1 2
34567
Commentaire sur la Mishna 1
Commonplace Book 1
Complexe de la Colline 1
Complexe de la Vallée 1
Composition 6 1
Composition 7 1
Composition no 10 1
Compositions en plans de couleurs 1
Compressions 1
Comte de Carmagnole (Le) 1
Comte-duc d’Olivares à cheval (Le) 1
Comte Orlov 1
Concert champêtre (Le) 1
Condition postmoderne (La) 1 2 3
Confession d’Augsbourg 1
Confession d’Augsbourg (Confessio Augustana) 1
Confessions (Les) (Rousseau) 1
Confessions (Les) (saint Augustin) 1
Confessions d’un masque 1
Conflit des interprétations (Le) 1 2
Conformiste (Le) 1
Confusion des sentiments (La) 1
Coningsby 1
Conjuration de Catilina (La) 1 2 3
Conquête de Constantinople (La) 1
Considérations sur la marche des idées et des événements dans les temps
modernes 1
Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur déca‐
dence 1
Consolation à M. du Périer 1
Constellations 1
Constitutio de fundis 1
Constitution d’Athènes 1
Constitutions de Clarendon 1
Constitutions de la France depuis 1780 (Les) 1
Constitutions de Melfi 1
Constitutions d’Anderson 1 2
Constitutions égidiennes 1 2 3 4
Construction à la fleur 1
Constructions suspendues (Les) 1
Conte de Sinouhé 1 2 3
Conte du coupeur de bambou (Le) 1
Conte du naufragé 1 2
Conte du tonneau (Le) 1
Conte d’Amour et de Psyché 1
Contemplations (Les) 1 2
Contes 1
Contes de Canterbury (Les) 1 2 3
Contes des douze tours 1
Contes des magiciens à la cour de Khéops (Papyrus Westcar) 1
Contes du grotesque et de l’arabesque (Les) 1
Contingence, ironie et solidarité 1
Contre la méthode 1
Contre-reliefs libérés dans l’espace (Les) 1
Contre-révolution et Révolte 1
Contribution à la critique de l’économie politique 1 2 3
Convive de pierre (Le) 1
Coq gaulois 1
Coran 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Corbeille de fruits 1 2
Coricancha (temple du Soleil) 1
Coriolan 1
Corne du bélier (La) 1 2 3
Cornet à dés (Le) 1
Corn Laws 1 2
Côté de Guermantes (Le) 1
Coup d’État permanent (Le) 1
Coup d’œil sur les deux rives de la rivière Sumida 1
Couple à cheval 1
Courbe dominante 1
Couronne de la Vierge d’Essen 1
Couronne des chroniques 1 2
Couronnement de la Vierge (Le) 1
Cours complet d’instruction 1
Cours de linguistique générale 1 2
Cours de philosophie positive 1
Courses de chevaux 1
Cours sur la philosophie de l’art 1
Couvent de Nuestra Señora de Guadalupe 1
Couvent de Sainte-Marie-des-Grâces 1
Couvent de San Isidoro 1
Couvent des Antonins 1
Couvent des Mercedari 1
Couvent San Domenico 1
Couveuse (La) 1
Crainte et Tremblement 1
Cratyle 1
Création d’Adam (La) 1
Crépuscule des dieux (Le) 1
Crépuscule des idoles (Le) 1
Cribleuses de blé (Les) 1
Cri du peuple (Le) 1
Crime de lord Arthur Savile (Le) 1
Crime de l’Orient-Express (Le) 1
Crime et Châtiment 1
Crise de l’esprit (La) 1
Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (La)
1
Critique de la culture et de la société 1
Critique de la faculté de juger 1
Critique de la raison pratique 1
Critique de la raison pure 1 2 3
Critique de la religion chez Spinoza ou Les fondements de la science spino‐
ziste de la Bible (La) 1
Critique de la technique et de la science (La) 1
Critique de l’École des femmes (La) 1
Critique du jugement 1
Critique et Vérité 1
Criton 1
Croc-Blanc 1
Croix (La) 1
Cromlech d’Avebury 1
Cromwell 1 2
Crucifix de l’Empire 1
Crucifix de San Domenico d’Arezzo 1
Crucifixion (La) (Bosch) 1
Crucifixion (La) (le Pérugin) 1
Crucifixion de Bâle 1
Crucifixion en rose (La) 1
Crypte de la Colonie Güell 1
Crystal Palace 1
Cycle breton 1
Cycle de Charlemagne 1
Cycle de Finn 1 2
Cycle de Guillaume d’Orange 1
Cycle de Kumarbi 1
Cycle des Croisades 1
Cycle d’Uster 1
Cyclop (Le) 1
Cylindre de Cyrus 1
Cyrille (Qerillos) 1
Dadais (Le) 1
Daibutsu (statue) 1
Daikaku-ji (temple) 1
Dame à la Licorne (La) 1
Dame à l’hermine (La) 1
Dame de pique (La) 1
Danse (La) (Carpeaux) 1
Danse (La) (Rodin) 1
Danse macabre 1
Danses italiennes 1
Danseuse (La) 1
Danseuse (La) (Maihime) 1
Dans le labyrinthe 1
Dante et Virgile en enfer 1
Das neue Pathos 1
David (Donatello) 1 2 3 4
David (Il Verrocchio) 1
David (Michel-Ange) 1
David Copperfield 1
Da Vinci Code 1
Dazhengdian 1
De analogia (traité de grammaire) 1
De Astrologia 1
Débat de Folie et d’Amour (Le) 1
Débat des deux amants (Le) 1
Début de printemps 1
Décaméron 1 2
Décapitation de saint Jean-Baptiste (La) 1
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne 1
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen 1 2 3 4 5 6 7 8
Déclaration d’amour (La) 1
Déclaration d’indulgence 1
Déclin des Burgondes 1
Découverte de Moïse 1
Défense et illustration de la langue française 1 2 3 4
Degré zéro de l’écriture (Le) 1 2
Deir el-Abiad (couvent Blanc) 1 2
Deir el-Ahmar (couvent Rouge) 1 2
Deir el-Bahari 1 2 3 4
Déjeuner de paysans 1
Déjeuner sur l’herbe (Le) 1 2 3
De la captivité babylonienne de l’Église 1
De la cause, du principe et de l’unité 1
De la consolation de la philosophie 1
De la division de la nature (De divisione naturae) 1
De la division du travail social 1
De la docte ignorance (De docta ignorantia) 1 2
De la grammatologie 1
De la guerre civile (De bello civili) 1
De la liberté d’un chrétien 1
De la littérature 1
De la monarchie (De monarchia) 1
De la musique (De musica et portibus ejus) 1
De la notation du rythme musical (De musica mensurabili positio) 1
De la nouvelle étoile 1
De la peinture (De pictura) 1
De la philosophie classique 1
De la politique générale et du rôle de la France en Europe 1
De la prédestination (De praedestinatione) 1
De la providence 1
De la recherche de la vérité 1 2
De la religion chrétienne (De christiana religione) 1
De la remémoration de la voie de la félicité 1
De la statue et de la peinture (De statua) 1
De la Terre à la Lune 1
De la tyrannie 1
Délie 1
Delphine 1
De l’agriculture (De agri cultura) 1
De l’Allemagne 1 2
De l’âme 1
De l’amitié 1
De l’architecture allemande 1
De l’éloquence vulgaire (De vulgari eloquentia) 1
De l’esprit des lois 1 2 3
De l’essence de la vérité 1
De l’infini, de l’univers et des mondes 1
De l’institution des enfants 1
De l’interprétation de la nature 1
Démocratie contre elle-même (La) 1
Demoiselles d’Avignon (Les) 1 2
Démolition des maisons du pont Notre-Dame (La) 1
Dénombrement des sciences 1
Dentellière (La) 1
De oratore (Le Livre de l’orateur) 1
De oratore (Le livre de l’orateur) 1
Départ des Volontaires (Le) (ou La Marseillaise) 1
Départ du Bucentaure (Le) 1
Déploration du Christ (La) 1
Derby de 1821 à Epson (Le) 1
De republica (Traité de la République) 1
De rerum natura (De la nature des choses) 1 2
Der Freischütz 1
Dernier Jour de Pompéi (Le) 1
Derniers poèmes 1
Dersane Sion (ou Homélie à Sion) 1
Der Sturm 1
De sang-froid 1
Des cas d’illustres hommes (De casibus virorum illustrium) 1
Descente d’Ishtar aux Enfers 1
Des choses cachées depuis la fondation du monde 1 2
Description de la Grèce 1
Description de Sainte-Sophie 1
Description du phalanstère 1
Désenchantement du monde (Le) 1
Désiré 1
Des révolutions des sphères célestes (De revolutionibus orbium coelestium)
12
Des souris et des hommes 1
Des termes extrêmes des Biens et des Maux (De finibus bonorum et malo‐
rum) 1
Destination de l’homme (La) 1
Destinées (Les) 1
Destinée sociale (La) 1
Deuil sied à Électre (Le) 1
Deutéronome 1 2 3
Deux Gentilshommes de Vérone (Les) 1
Deuxième Sexe (Le) 1
Deux négresses 1
Deux Problèmes fondamentaux de l’éthique (Les) 1
Deux Sources de la morale et de la religion (Les) 1 2 3
Dévotion à la croix (La) 1
Diable amoureux (Le) 1
Diadumène 1 2
Dialectique de la nature 1
Dialectique négative 1
Dialogue des orateurs 1 2
Dialogue du désespéré avec son ba 1
Dialogues des morts 1
Dialogues entre Hylas et Philonoüs 1
Dialogue sur les deux grands systèmes du monde 1 2 3
Diane chasseresse 1
Dictatus papae (Dicté par le Pape) 1
Dictionnaire abrégé du surréalisme 1
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française 1
Dictionnaire de l’Académie française 1 2 3
Dictionnaire des peintres de l’École de Paris 1
Dictionnaire de Trévoux 1
Dictionnaire Kangxi (Kangxi Zidian) 1
Dictionnaire philosophique 1 2
Didon 1
Didon construisant Carthage 1
Didone abbandonata 1
Die Aktion 1
Die Weissen Blätter 1
Différence entre les systèmes philosophiques de Fichte et de Schelling 1
Différence et Répétition 1 2
Digeste (ou Pandectes) 1
Digression sur les Anciens et les Modernes 1
Dilemmes de la métaphysique pure (Les) 1
Dioptrique (La) 1
Discobole 1
Discorde chez l’ennemi (La) 1
Discours (Les) 1 2
Discours à la nation allemande 1
Discours de la méthode 1 2 3 4
Discours de la servitude volontaire 1
Discours de métaphysique 1
Discours philosophique de la modernité (Le) 1
Discours socratique de Xénophon (Le) 1
Discours sur la première décade de Tite-Live 1
Discours sur les arts et les sciences 1
Discours sur les sept jours de la création (Heptaplus) 1
Discours sur l’histoire universelle 1
Discours sur l’homme 1 2 3
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes 1
2
Diseuse de bonne aventure (La) (le Caravage) 1
Diseuse de bonne aventure (La) (le Valentin) 1
Dissertation de 1770 1
Divination chez les Étrusques (La) (Etrusca Disciplina) 1
Divine Comédie (La) 1 2 3
Divine Proportion (La) (De divina proportione) 1 2
Dix petits nègres 1
Docteur Jivago (Le) 1
Doctrine correctement établie de Brahma (Brāhmasphuṭasiddhānta) 1
Doge Leonardo Loredan (Le) 1
Dôme du Rocher 1 2 3 4 5 6
Domesday Book (Livre du Jugement dernier) 1
Don Carlos (Schiller) 1
Don Carlos (Vélasquez) 1
Don Giovanni 1
Don Juan (Byron) 1
Don Juan (Molière) 1
Don Juan et Faust 1
Données 1
Don paisible (Le) 1
Don Sebastian de Morra 1
Dormeuse 1
Doryphore 1 2
Douane (La) 1
Downing Street Declaration 1
Dracula 1
Dramaturgie de Hambourg 1
Drayton Hall 1
Droit de prise (L’) (De jure praedae) 1
Droit naturel et histoire 1
Du citoyen (De cive) 1 2
Du contrat social 1 2 3 4 5 6
Du corps (De corpore) 1
Du côté de chez Swann 1 2 3
Du droit de la guerre et de la paix (De jure belli ac pacis) 1
Du Laocoon, ou Des limites respectives de la poésie et de la peinture 1 2
Du progrès et de la promotion des savoirs (De dignitate et augmentis scien‐
tarum) 1 2
Durée et Simultanéité 1
Du spirituel dans l’art 1
Du système industriel 1
Du texte à l’action 1
D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 1
Notes
1. Il s’agit ici des œuvres au sens le plus large du génie humain : œuvres littéraires, architecturales,
picturales, etc.
E
Habeas Corpus 1
Halte à la croissance ? 1
Hamac (Le) 1
Hamlet 1
Hampton Court 1
Hardwick Hall 1
Harmonie du monde (L’) (Harmonices Mundi) 1
Harmonie tranquille 1
Harmoniques 1
Harpe d’herbes (La) 1
Harry Potter 1
Hasards heureux de l’escarpolette (Les) 1
Hatfield House (palais) 1
Hauts de Hurlevent (Les) 1
Hebdomades vel de imaginibus (traité d’agronomie) 1
Hécatompédon (temple) 1
Hécyre (L’) 1
Hélène 1
Héliogabale 1
Helléniques 1
Henotikon 1
Henriade (La) 1 2 3
Henri III et sa cour 1
Henri IV 1
Henri IV jouant avec ses enfants 1
Héracléide 1
Héraclides (Les) 1
Héraion de Perachora (temple) 1
Héraion d’Olympie (temple) 1
Héraklès Farnèse 1
Hérauts noirs (Les) 1
Hercule au repos 1
Hercule et le Minotaure 1
Hercule et Omphale 1
Hercule furieux 1
Hercule sur l’Oeta 1
Héritiers (Les) 1
Hernani 1 2 3
Héroïdes (Les) 1
Hesperus 1
Heureuse Famille (L’) 1
Hippolyte et Aricie 1
Histoire 1
Histoire commence à Sumer (L’) 1
Histoire de Babylone (Babyloniaka) 1
Histoire de Charles XII 1
Histoire de France 1
Histoire de Ko-ryo 1
Histoire de la civilisation en France 1
Histoire de la folie à l’âge classique 1 2
Histoire de la Grande-Bretagne 1
Histoire de la guerre de Trente Ans 1
Histoire de la guerre du Péloponnèse 1
Histoire de la Révolution française (Michelet) 1
Histoire de la Révolution française (Thiers) 1
Histoire de la Révolution française de 1789 jusqu’en 1814 1
Histoire de la Russie 1
Histoire de la sexualité 1
Histoire de l’art de l’Antiquité 1
Histoire de l’Égypte 1 2
Histoire de l’Espagne (Estoria de España) 1
Histoire de mes malheurs (Historia calamitatum) 1
Histoire de Rome depuis sa fondation (Ab Urbe condita libri) 1 2
Histoire des animaux 1
Histoire des Francs 1
Histoire des oracles 1
Histoire des rois de Bretagne (Historia regum Britanniae) 1
Histoire des Sévarambes (L’) 1
Histoire des Trois Royaumes 1 2 3
Histoire du Consulat et de l’Empire 1
Histoire du monde arabe 1
Histoire du roi (L’) 1
Histoire du soulèvement des Pays-Bas 1
Histoire d’Antoine et Cléopâtre 1
Histoire ecclésiastique du peuple anglais 1 2
Histoire et Vérité 1
Histoire générale de la civilisation en Europe 1
Histoire naturelle (Buffon) 1
Histoire naturelle (Pline l’Ancien) 1 2
Histoire naturelle de la religion 1
Histoire naturelle des animaux sans vertèbres 1
Histoire poétique de Krishna (Bhāgavata Purāṇa) 1 2
Histoire populaire de la Révolution française de 1789 (L’) 1
Histoire romaine 1
Histoires (ou Enquête) 1 2 3 4
Histoires (Salluste) 1
Histoires (Tacite) 1 2
Histoire universelle 1
Histoire universelle de l’infâmie 1
Hokusai Manga 1
Home Rule 1 2 3 4
Hommage à New York 1
Hommage à Picasso 1
Homme à la houe (L’) 1
Homme approximatif (L’) 1
Homme au casque d’or (L’) 1
Homme au singe (L’) 1
Homme aux cheveux gris 1
Homme-Boîte (L’) 1
Homme communiste (L’) 1
Homme de cour (L’) 1
Homme invisible (L’) (Ellison) 1
Homme invisible (L’) (Wells) 1
Homme spéculaire (L’) 1
Homme unidimensionnel (L’) 1
Homo aestheticus 1
Hon Elle 1
Honneur perdu de Katharina Blum (L’) 1
Hôpital de Santa Cruz 1
Hôpital des Innocents 1
Horace 1
Horizontal Yellow 1
Horloge des trois Grâces 1
Hōryū-ji (Temple de la loi florissante) 1 2
Hosios Loukas (monastère) 1
Hôtel Bourbon 1
Hôtel Carnavalet 1
Hôtel de Cluny 1 2
Hôtel de Ludes 1
Hôtel des Invalides 1 2
Hôtel de Soissons 1
Hôtel de Soubise 1
Hôtel de ville de Paris 1 2
Hôtel de ville d’Arles 1
Hôtel d’Estrées 1
Hôtel Lambert 1
Housing Act 1
Huaca de la Luna (temple) 1 2
Huaca del Sol (temple) 1
Huaca Rajada (temple) 1
Hudson River Gothic 1
Huis clos 1
Humanité (L’) 1 2
Humanité dimanche (L’) 1
Hussard bleu (Le) 1
Hymne à Aton 1 2
Hymne à Hâpy (Adorer Hâpy) 1
Hymnes 1
Hymnes à la nuit 1
Hyperion 1
Iambes 1
Idées sur l’histoire de la philosophie de l’humanité 1
Idiot de Coria (L’) 1
Idiot du village (L’) 1
Île au trésor (L’) 1
Île de Cythère (L’) 1
Île du docteur Moreau (L’) 1
Île d’Arthur (L’) 1
Iliade 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Iliade (L’) (Tiepolo) 1
Iliade en vers burlesques (L’) 1
Illuminations 1 2
Illusion comique (L’) 1
Il Marchese di Roccaverdina 1
Il milione (Le Livre des merveilles du monde) 1
Il Popoplo d’Italia 1
Il primo amore 1
Image du monde 1
Immortalité (L’) 1
Impasse des deux palais 1
Impérialisme, stade suprême du capitalisme (L’) 1
Impression, soleil levant 1
Improvisation no 23 1
Incendie de l’opéra (L’) 1
Incendie du Parlement (L’) 1
Incohérence de l’incohérence 1
Indes galantes (Les) 1
Indigent Philosophe (L’) 1
Infante Marie-Thérèse (L’) 1
Influences philosophiques dans l’évolution nationale 1
Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (L’) 1
Initiation à la vie bienheureuse 1
Innocent (L’) 1
Inondation à Port-Marly (L’) 1
Inspiration du poète (L’) 1
Institutes (manuel de droit) 1
Institution de la religion chrétienne (Christianae religionis instituto) 1
Institution imaginaire de la société (L’) 1
Institution musicale (L’) (De institutione musica) 1 2 3
Instruction sur les états d’oraison (L’) 1
Intérieur paysan 1
Intérieurs hollandais 1
Internationale (L’) 1
Interprétation des rêves (L’) 1
Intihuatana 1
Introduction à la médecine expérimentale 1
Introduction à la philosophie de l’histoire (L’) 1
Introduction à la psychanalyse 1
Introduction à la Révolution française 1
Introduction à la théologie (Introductio ad theologiam) 1
Introduction à l’étude de la médecine expérimentale 1
Intrus (L’) 1
Invariants plastiques (Les) 1
Invention démocratique (L’) 1
Invention de Morel (L’) 1
Investigations philosophiques 1
Invitée (L’) 1
Ion 1
Iphigénie 1 2 3
Iphigénie à Aulis 1
Iphigénie en Tauride (Euripide) 1
Iphigénie en Tauride (Goethe) 1 2
Isabelle de France 1
Isagoge 1
Isamelillo 1
Iskra (Étincelle) 1 2
Itala de Quedlinburg (manuscrit biblique) 1
Ivan le Terrible 1
Jacques le fataliste 1
Jalousie (La) 1
Jama Masjid (mosquée) 1
Jane Eyre 1
Jardin des délices (Le) 1
Jardin des Finzi Contini (Le) 1
Jardins des maraîchers dans la Crau 1
Jardins suspendus de Babylone 1
Jaune-Rouge-Bleu 1
Jean de la Lune 1
Jean Santeuil 1 2
Jérusalem délivrée (La) 1
Je suis un chat 1
Jeu de constructions anthropomorphes 1
Jeu de l’amour et du hasard (Le) 1
Jeu de pelote de Chichén Itzá 1 2
Jeu de pelote d’Uxmal 1
Jeu de Robin et Marion 1
Jeu de saint Nicolas (Le) 1 2
Jeu d’Adam 1 2
Jeune femme à sa toilette 1
Jeune Fille à la perle (La) 1
Jeune Homme (Le) 1
Jeune Parque (La) 1
Jeune Peintre (Le) 1
Jeunesse du Cid (La) 1
Jeune Tarentine (La) 1
Jeux (Les) 1
Joconde (La) 1
Joueur de guitare (Le) 1
Joueur de vielle (Le) 1
Joueurs de cartes (Les) 1 2
Joueurs de football (Les) 1
Joueurs d’échecs (Les) 1
Jour délicieux (Nave Nave Mahana) 1
Journal de dame Murasaki (Murasaki Shikibu nikki) 1
Journal des savants 1
Journal de Tosa (Le) (Tosa nikki) 1
Journal d’État et du Citoyen 1
Journal d’un génie (Le) 1
Journal officiel 1
Joyeux Buveur (Le) 1
Judith et Holopherne (Goya) 1
Judith et Holopherne (le Valentin) 1
Jugement dernier (Le 1 2
Jugement du roi de Behaigne (Le) 1
Jugend 1
Jules César 1
Junna-in (jardin) 1
Jupiter, Mars, Quirinus 1
Jusqu’au bout ! 1
Justes (Les) 1
« J’accuse » 1 2
K
L
Lachès 1
Lagon bleu (Le) 1
Lai de Beowulf 1
Lais (Le) 1
Laitière (La) 1
Lal Qila (fort Rouge) 1 2
Lamentation 1
Lamentations sur la destruction d’Ur 1
Lancelot ou le Chevalier de la Charrette 1 2
Langue des calculs (La) 1
Laocoon 1
Las Dos Hermanas 1
Lavabo (Le) 1
Lavabo mou 1
Laveuse au quai d’Anjou 1
Le avventure della differenza 1
Lebor Gabála 1
Leçon d’anatomie du docteur Jean Deyman (La) 1
Leçons de ténèbres 1
Lecture (La) 1
Légende de Hilde 1
Légende de la Vraie Croix (La) 1
Légende de Siegfried 1
Légende du Cid (La) 1 2
Lepelletier de Saint-Fargeau 1
Lettre à M. Dacier 1
Lettres 1
Lettres (Epistolae) 1
Lettres à Lucilius 1 2
Lettres à Spartacus 1
Lettres de juin 1
Lettres de prison 1
Lettres d’un habitant de Genève à ses concitoyens 1
Lettres écrites à un provincial à l’un de ses amis sur le sujet des disputes
présentes en Sorbonne (ou Les Provinciales) 1 2 3 4
Lettre semi-sérieuse de Chrysostome (La) 1
Lettres persanes 1 2
Lettres philosophiques (ou Lettres anglaises) 1 2 3 4
Lettres sur le dogmatisme et le criticisme 1
Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient 1 2
Lettre sur les occupations de l’Académie française 1
Lettre sur l’humanisme 1
Léviathan 1 2
Lévitique 1 2
Lexique de Suidas (la Souda) 1 2
Liber Fulguralis 1
Liber Tartarorum 1
Liberté guidant le peuple (La) 1 2
Lincoln Memorial 1
Lion d’Urkish 1
Lire le Capital 1
Lise à l’ombrelle 1
Liseuse (La) 1
Lisière du mont Girard 1
Liste royale summérienne 1
Littérature 1 2
Littérature à l’estomac (La) 1 2
Littérature sans estomac (La) 1
Livre à brûler 1
Livre à cacher 1
Livre de Babur (Bābur Nama) 1 2
Livre de Daniel 1 2 3
Livre de Jérémie 1
Livre de Job 1 2
Livre de Josué 1
Livre de l’Am-Douat 1
Livre de l’art (Le) 1
Livre de Mozi 1
Livre de Néhémie 1
Livre de Ruth 1
Livre de Samuel I 1 2 3
Livre de Samuel II 1 2
Livre des Cavernes 1
Livre des Chroniques I 1
Livre des Chroniques II 1
Livre des destins (Le) (Tonolamatl) 1 2
Livre des Hymnes (Namdev Gatha) 1
Livre des Juges 1
Livre des Lamentations 1 2 3
Livre des Maccabées II 1
Livre des Morts 1 2 3 4 5
Livre des Portes 1 2
Livre des Proverbes 1 2
Livre des Psaumes 1 2 3 4 5 6 7
Livre des Rois I 1 2 3
Livre des Rois II 1
Livre des snobs (Le) 1
Livre de Zacharie 1
Livre d’Esdras 1
Livre d’Esther 1
Livre d’Ézéchiel 1
Livre d’heures de Jeanne d’Évreux 1
Livre d’Isaïe 1 2 3
Livre ouvert (Le) 1
Livres des miracles 1
Loge (La) 1
Logique (La) 1
Logique de la découverte scientifique (La) 1
Logique de l’espèce (La) 1
Loi des douze tables 1
Loïe Fuller aux Folies bergères 1
Lois de Manu 1 2
Lokavibhāga (traité de cosmologie indien) 1
Longs Murs 1
Lord George Graham dans sa cabine 1
Lord Jim 1
Lorenzaccio 1
« Lorsqu’en haut » (Enuma Elish) 1 2 3
Losanges (Les) 1
Louange du duc Henri (De Henrico) 1
Louen yu (Analectes) 1
Loup des steppes (Le) 1
Lucas II 1
Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande 1
Lumière des justes (La) 1
Lysis 1
Macbeth 1
Machine infernale (La) 1
Machine motorisée 1
Madame Adélaïde 1
Madame Bovary 1
Madame Butterfly 1
Madame Cézanne dans un fauteuil jaune 1
Madame de Grignan (tableau) 1
Madame de Montespan (tableau) 1
Madame de Récamier 1
Madame Henriette 1
Madeleine pénitente (La) 1
Mademoiselle de Clermont en sultane 1
Mademoiselle de Maupin 1
Mademoiselle Pogany 1
Mademoiselle Rivière 1
Madison Avenue 1
Madone à la pomme 1
Madone à l’enfant 1
Madone au long cou (La) 1
Madone de Saint-François (La) 1
Madone des Harpies (La) 1
Madone de Sinigaglia (La) 1
Madone du Grand-Duc (La) 1
Magicien de Lublin (Le) 1
Magna Carta 1
Mahomet ou le fanatisme 1
Maïastra 1
Mains sales (Les) 1 2
Maison à l’estaque 1
Maison Carrée 1
Maison de Bernarda Alba (La) 1
Maison de poupée 1
Maison de thé (La) 1
Maison de vie (La) 1
Maisons royales 1
Mal, un défi à la philosophie et à la théologie (Le) 1
Malade imaginaire (Le) 1
Malaise dans la civilisation 1
Malédiction paternelle (La) 1
Mamelles de Tirésias (Les) 1 2 3
Mandarins (Les) 1
Mandragore (La) 1
Manfred 1
Manhattan Transfer 1
Manifeste Dada 1
Manifeste de Brunswick 1
Manifeste de Sandhurst 1
Manifeste des Égaux 1 2
Manifeste du futurisme 1
Manifeste du parti communiste 1 2 3 4
Manifeste du surréalisme 1 2 3 4 5
Manifeste du théâtre de la cruauté 1
Manifeste réaliste 1
Manifeste suprématiste 1
Manteau (Le) 1
Manuel de la philosophie ancienne 1
Manuel d’Épictète 1
Manuscrits de la mer Morte (Manuscrits de Qumrân) 1 2
Man’yōshū (Recueil de dix mille feuilles) 1 2
Marat assassiné 1
Marchand de Venise (Le) 1
Marchand d’eau de Séville (Le) 1
Mariage 1
Mariage à la mode 1
Mariage dans la mort (Le) 1
Mariage de Figaro (Le) 1
Mariage de la raison et de la misère noire (Le) 1
Mariage de la Vierge (Le) 1
Mariés 1
Marie Stuart 1 2
Marine avec Acis et Galatée 1
Marius 1
Marmaria (sanctuaire) 1
Marmite (La) (Aulularia) 1 2 3
Marseillaise (La) 1
Martyre de saint Laurent (Le) 1
Martyre de saint Matthieu (Le) 1
Martyre de saint Maurice (Le) 1
Martyrs (Les) 1
Masque d’Agamemnon 1
Masse et Puissance 1
Mastaba des deux frères 1
Matière et Mémoire 1 2 3
Mausolée de Galla Placidia 1
Mausolée des Samanides 1
Mausolée du maréchal de Saxe 1
Mausolée d’Akbar 1
Maximes 1
Maximes d’Alfred le Grand 1
Maximes et réflexions sur la comédie 1
Mayflower Compact 1
Médée (Corneille) 1 2
Médée (Euripide) 1
Médée (Sénèque) 1
Médinet-Habou (temple) 1 2 3 4 5 6
Méditations cartésiennes 1
Méditations chrétiennes et métaphysiques 1
Méditations esthétiques 1
Méditations métaphysiques 1 2
Méditations poétiques 1 2
Méditerranée (La) 1 2
Méditerranée sous Philippe II (La) 1
Médium 1
Meilleur Alcade est le roi (Le) 1
Mein Kampf 1
Meiroku Zasshi 1
Mélancolie (La) 1
Mélancolie hermétique 1
Mélite 1
Mémoires (Commynes) 1
Mémoires (Retz) 1
Mémoires (Saint-Simon) 1
Mémoires de guerre 1
Mémoires d’Hadrien 1
Mémoires d’outre-tombe 1
Mémoires d’une jeune fille rangée 1
Mémoires historiques 1
Mémoire sur la théorie des phénomènes électrodynamiques, uniquement dé‐
duits de l’expérience 1
Mémorial 1
Ménandre 1
Meneur de cheval nu (Le) 1
Menhir du Manio 1
Ménines (Les) 1
Ménon 1 2
Mensonge et sortilège 1
Mensonge romantique et vérité romanesque 1
Menteur (Le) 1
Menu de Suiyuan (Suiyuan Shidan) 1
Mer aux arbres morts (La) 1
Mercure 1
Mercure de France (Le) 1 2
Mère (La) 1
Mère nature (La) 1
Mérope (Alfieri) 1
Mérope (Maffei) 1
Mérope (Voltaire) 1
Merveilleux Voyage de Nils Holgersson (Le) 1
Mésaventures d’Ounamon (Les) 1
Mes prisons 1
Messaline 1
Messes pour un corps (Les) 1
Messiade (La) 1
Méta-Matics 1
Métamorphose (La) 1 2
Métamorphoses (Les) (Ovide) 1
Métamorphoses (Pindare) 1
Métaphysique 1 2 3
Météores (Les) 1
Méthode (La) 1
Meurtre de Roger Ackroyd (Le) 1
Mexique, quatre lettres au maréchal Bazaine 1
Microcosme 1
Micromégas 1
Mille et Une Nuits (Les) 1 2
Milon de Crotone 1
Minna de Barnhelm 1
Miracle de Théophile (Le) 1
Misanthrope (Le) 1
Misericordia 1
Mishnah 1 2 3 4 5
Miss Siddons personnifiant la muse de la tragédie 1
Mithridate 1
Mobile 1
Moby Dick 1
Moderato Cantabile 1
Modification (La) 1
Moi comme principe de la philosophie (Le) 1
Moins que zéro 1
Moïse et le monothéisme 1
Monade hiéroglyphique (La) 1
Monadologie (La) 1
Monastère de Baouit 1 2
Monastère de Gračanica 1
Monastère de la Dormition 1
Monastère de Lindisfarne 1
Monastère de Stoudios 1
Monastère Saint-Nicolas de Moscou 1
Mondain (Le) 1
Monde (Le) 1
Monde comme volonté et comme représentation (Le) 1
Monde de l’art (Le) 1
Mong-tseu 1
Monsieur Bertin 1
Montagne de l’âme (La) 1
Montagne Sainte-Victoire (La) 1
Mont Fuji (Le) 1
Monument à Victor Hugo 1
Mort à Venise (La) 1
Mort dans l’après-midi 1
Mort de la Vierge (La) 1
Mort de l’auteur (La) 1
Mort de Sardanapale (La) 1 2
Mort d’un commis voyageur 1
Morte d’Arthur 1
Mort et les jeunes filles (La) 1
Mosaïque du Triomphe de Bacchus 1
Mosquée al-Manṣūr 1
Mosquée bleue 1
Mosquée de Dai Anga 1
Mosquée de Hassan 1
Mosquée de Kairouan 1
Mosquée des Andalous 1
Mosquée de Tinmel 1
Mosquée de Wazir-Khan 1
Mosquée Ibn Ṭūlūn 1
Mosquée Jingereber 1 2 3
Mosquée Qarawiyīn 1
Mosquée Sankoré 1
Mosquée Sehzade Mehmet 1
Mosquée Selimiye 1
Mosquée Sidi Yahya 1 2 3
Mosquée Süleymaniye 1
Mots et les Choses (Les) 1 2 3 4
Mouches (Les) 1 2
Mouette (La) (Caballero) 1
Mouette (La) (Tchekhov) 1
Moulin de la Galette (Le) 1
Moulin de Saint-Nicolas-les-Arras (Le) 1
Moulin près de Wijk bij Duurstede 1
Moulins à prières 1
Moulin sur la Floss (Le) 1
Mount Pleasant 1
Mou tan t’ing (Le Pavillon des pivoines) 1 2
Mouvement perpétuel (Le) 1
Multiplication des arcs 1
Münchener Fliegende Blätter 1
Mur des Lamentations 1 2
Murphy 1
Muse endormie (La) 1
Muses inquiétantes (Les) 1 2
Music for 18 Musicians 1
Musique à grande vitessse 1
Mystère cosmographique (Mysterium Cosmographicum) 1
Mystère de la guilde (Le) 1
Mythe du XXe siècle (Le) 1
Mythologiques 1
N
Nabucco 1
Nadja 1
Naissance de la clinique 1
Naissance de la tragédie (La) 1
Naissance de la Vierge (La) 1
Naissance de Vénus (La) (Botticelli) 1 2
Naissance de Vénus (La) (Cabanel) 1
Nana 1
Nanas 1
Napoléon s’éveillant à l’immortalité 1
Narrative and Legendary Poems 1
Nathan le Sage 1
National Housing Act 1
National Industrial Recovery Act (NIRA) 1
National Insurance Act 1
National Labor Relations Act (Wagner Act) 1
Nativité (La) (le Pérugin) 1
Nativité (La) (Piero della Francesca) 1
Nature 1
Nature morte à la chaise cannée 1
Nature morte au crâne 1
Nature morte au violon 1
Naufrage (Le) 1
Naufragés et les rescapés (Les) 1
Nausée (La) 1
Nebhî’îm (Les Prophètes) 1 2 3 4
Nécropole de Banditaccia 1
Nécropole de Naqsh-e Rostam 1
Nécropole de Tarquinia 1 2
Nef (La) 1
Nef des fous (La) (Bosch) 1
Nef des fous (La) (Brant) 1 2
Néo-plasticisme. Principe général de l’équivalence plastique (Le) 1
Né pour naître 1
Neptune et Amphitrite 1
Neue Wache 1
Neuf cents thèses de Pic de la Mirandole (Conclusiones) 1
Neveu de Rameau (Le) 1
News Letters 1
Nexus 1
Nicomède 1
Nihonshoki (Chroniques du Japon) 1 2 3
Nirvāṇa du Bouddha de Kongōbu-ji 1
Nishi no in (jardin) 1
Noces de Cana (Les) 1
Noces de Figaro (Les) 1
Nombres 1 2
Normal et le pathologique (Le) 1
Nostromo 1
Notes de chevet 1
Notre-Dame de Paris 1
Notre époque 1
Nouveau Christianisme (Le) 1
Nouveau Livre des Tang 1
Nouveau-Né (Le) 1
Nouveau Recueil de Jadis et Naguère (Le) (Shin-kokin-shū) 1
Nouveau Testament 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Nouveaux essais sur l’entendement humain 1
Nouveaux points de vue sur la société 1
Nouvel Esprit scientifique (Le) 1
Nouvelle critique ou nouvelle imposture 1
Nouvelle-Église 1
Nouvelle Héloïse (La) 1
Nouvelle Monadologie (La) 1
Nouvelle Revue française (La) 1
Nouvelles andalouses 1
Nouvelles exemplaires (Les) 1
Nouvelles recherches sur quelques problèmes d’histoire 1
Nouvel Observateur (Le) 1
Novelles 1
Novum organum 1 2 3 4
Nu couché 1
Nu de dos no 4 1
Nu descendant un escalier 1
Nuées (Les) 1
Nuées d’oiseaux blancs 1
Nuit (La) 1
Nuit et Brouillard 1
Nuits (Les) 1
Number 1 A 1
Nus dans la forêt 1
Nymphéas (Les) 1
Octavie (Alfieri) 1
Octavie (Sénèque) 1
Odalisque 1
Ode à la joie 1
Ode à Marie de Médicis 1
Odes (Horace) 1
Odes (Ronsard) 1 2
Odes au vent d’Ouest 1
Odes barbares 1
Odes et poésies diverses 1
Odyssée 1 2 3 4 5
Œdipe (Jules César) 1
Œdipe (Sénèque) 1
Œdipe à Colone 1
Œdipe roi 1
Œuvre au noir (L’) 1
Offrande lyrique (L’) 1
Oiseau dans l’espace (L’) 1
Oiseaux (Les) (Aristophane) 1
Oiseaux (Les) (Vesaas) 1
Olive (L’) 1 2
Oliver Twist 1
Olympéion (temple) 1
Olympia 1 2
Ombilic des Limbes (L’) 1
Oncle Vania 1
Ontologie de Hegel et la théorie de l’historicité (L’) 1
Opéra de quat’sous (L’) 1
Optique 1
Opus majus (Œuvre majeure) 1 2
Orage (L’) 1
Oraisons funèbres 1
Orange mécanique (L’) 1
Orangerie 1
Oratio de hominis dignitate (Discours de la dignité de l’homme) 1
Oratoire de Santa Maria en Valle 1
Orée de la forêt à l’aube 1
Oreiller d’herbe (L’) 1
Oreste 1
Orfeo 1
Organon 1 2 3 4 5 6
Orgueil et Préjugés 1
Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État (L’) 1 2
Origine des espèces (L’) 1 2 3
Origine du monde (L’) 1
Origines (Les) 1
Origines de la France contemporaine (Les) 1
Origines de l’alchimie (Les) 1
Origines du totalitarisme (Les) 1 2 3
Orphée (Jean Cocteau) 1
Orphée (Ossip Zadkine) 1
Orphée et Eurydice 1 2
Orphelin de la Chine (L’) 1
Othello 1
Otto von Bismarck 1
Oulojénié (code de lois russe) 1
Ouplis-Tziké (basilique) 1
Out of the Web 1
Rabbit le lapin 1
Race et Histoire 1
Radeau de la Méduse (Le) 1 2
Raisins de la colère (Les) 1 2
Raison et révolution 1
Ramesseum (temple) 1 2
Raphaël et la Fornarina 1
Ravissement de Lol V. Stein (Le) 1
Razm Nama (ou Livre des guerriers) 1
Recherches logiques (Les) 1 2
Récit des troubles de l’ère Hogen (Hogen monogatari) 1
Récits d’un chasseur (Les) 1
Recueil des cent ballades d’amants et de dames (Le) 1
Réflexions morales sur le Nouveau Testament 1
Réflexions sur la beauté 1
Réflexions sur les hommes nègres 1
Réflexions sur Longin 1
Réflexions sur l’imitation des œuvres des Grecs en peinture et en sculpture
12
Réfutation de la Confession d’Augsbourg (Confutatio Augustana) 1
Regarder, écouter, lire 1
Regards sur le passé 1
Régente (La) 1
Registrum Gregorii 1
Règles de la méthode sociologique 1
Règles pour la direction de l’esprit 1 2
Regrets (Les) 1 2 3
Reichstag 1
Reine Mab (La) 1
Reine morte (La) 1
Religion dans les limites de la simple raison (La) 1
Religion de l’humanité (La) 1
Religion de mon temps (La) 1
Reliquaire de Limbourg-sur-la-Lahn 1
Remèdes d’amours (Les) 1
Remparts de Sousse 1 2
Renaissance 1
Rendez-vous dans la forêt 1
René 1
Renommée (La) 1
Rentrée des troupeaux (La) 1
Repas à l’auberge (Le) 1
Repas chez Lévi (Le) 1
Repas de noce (Le) 1
Repas de paysans 1
Repos de Diane (Le) 1
Repos pendant la fuite en Égypte (Le) 1
République (La) 1 2 3
Researches into Early History of Mankind 1
Réservoir, Horta de Ebro (Le) 1
Residenz Würzburg 1
Résurrection 1
Résurrection du Christ (La) 1
Retable de sainte Anne 1
Retable de Saint Esteban de Salamanque 1
Retable des Rois mages 1
Retable Paumgartner (Le) 1
Retour de chasse 1
Retour de chasse de Diane (Le) 1
Rêve dans le pavillon rouge (Le) 1
Rêve de d’Alembert (Le) 1
Rêve du papillon (Le) 1
Revenue Act 1
Rêve transformé (Le) 1
Révolution et contre-révolution en Allemagne 1
Révolutions de France et de Brabant (Les) 1
Révolution surréaliste (La) 1 2
Revue blanche (La) 1 2
Revue du progrès (La) 1
Revue fantaisiste (La) 1 2
Revue historique (La) 1
Richard III 1 2
Rideau, cruchon et compotier 1
Rigveda (Livre des hymnes) 1 2 3 4 5 6 7
Rimas 1
Rimes nouvelles 1
Rire (Le) 1
Robert (Le) 1
Robinson Crusoé 1
Rodogune 1
Roi des aulnes (Le) (Goethe) 1
Roi des aulnes (Le) (Tournier) 1
Roi Lear (Le) 1
Roland furieux 1 2
Roland furieux (Duseigneur) 1
Roland furieux (Le) (Tiepolo) 1
Roman (Le) 1
Romancero general 1
Romancero gitano 1
Roman comique (Le) 1
Roman de la Rose (Le) 1 2 3 4 5 6 7
Roman de Renart (Le) 1
Roman d’un inutile 1
Roman expérimental (Le) 1
Rome, la ville sans origine 1
Roméo et Juliette 1
Ronde de nuit (La) 1
Roudine 1
Roue de bicyclette 1
Rougon-Macquart (Les) 1
Rouleau de Josué (Le) 1
Rouleau des treize empereurs 1
Route des Flandres (La) 1
Route vue du chemin de Sèvres (La) 1
Running Fence 1
Ruodlieb 1
Ruy Blas 1
Rymes 1
S
Ubu roi 1 2
Ugolin et ses fils 1
Ulysse (James Joyce) 1
Ulysse (Simon Vouet) 1
Un autre pays 1
Un chemin au milieu des arbres 1
Un chien andalou 1
Un dimanche après-midi à la Grande Jatte 1
Une brève histoire du temps. Du Big Bang aux trous noirs 1
Une excursion dans les prairies 1
Une fleur en enfer 1
Une histoire sans début ni fin 1
Une journée d’Ivan Denissovitch 1
Une moderne Olympia 1
Une mort très douce 1
Un enterrement à Ornans 1
Une saison en enfer 1
Une soif d’amour 1
Une théorie de la population 1
Unigenitus (bulle) 1
Un tramway nommé désir 1
Upanishads 1 2 3 4 5
Utopie (L’) 1 2
Ut pictura poesis (La Peinture est comme la poésie) 1
V
Vagabonds (Les) 1
Vaisseau dans la tempête 1
Valse (La) 1
Van Gogh ou le suicidé de la société 1
Variation des animaux et des plantes à l’état domestique (La) 1
Vases communicants (Les) 1
Végétation 1
Vehementer nos 1
Vénus de Milo 1
Vénus d’Urbino (La) 1
Vénus endormie (La) 1
Vénus et Adonis 1
Vénus et Amour 1
Vénus et Mars 1
Vénus représentant l’amour 1
Vergilius vaticanus 1
Vérité de la religion chrétienne 1
Vérité et méthode 1
Verre d’absinthe (Le) 1
Verrines 1
Verrou (Le) 1
Vers d’or 1 2 3
Versets sataniques (Les) 1
Vers une architecture 1
Veuve rusée (La) 1
Via crucis 1
Victoire (La) 1
Vie à pleines dents (La) 1
Vie de Dante (La) (Vita di Dante) 1
Vie de la Vierge (La) 1
Vie de Marianne (La) 1
Vie de saint Dominique (La) 1
Vie de sainte Thérèse de Jésus 1
Vie de saint François 1
Vie devant soi (La) 1
Vie de Walther Fortes-Mains (La) (Vita Waltharii manufortis) 1
Vie d’Agricola 1
Vie d’Avvakum par lui-même 1
Vie est un songe (La) 1
Vieil Homme et la mer (Le) 1 2
Vie immédiate (La) 1
Vie mélangée (La) 1
Vie nouvelle (La) (La vita nuova) 1
Vie parisienne (La) 1
Vierge à la poire (La) 1
Vierge à l’enfant avec des saints 1
Vierge à l’enfant avec saint Jean 1
Vierge aux rochers (La) 1
Vierge de la victoire (La) 1
Vierge de Stuppach (La) 1
Vierge et les saints avec Federigo di Montefeltro (La) 1
Vierges aux rochers (Les) 1
Vies des douze Césars 1 2 3
Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes 1 2
Vies parallèles 1
Vieux Cordelier (Le) 1
Villa Borghèse 1
Villa Carducci 1
Villa La Roche 1
Villa Medicea di Castello 1
Ville de Paris (La) 1
Villégiature (La) 1
Ville qui monte (La) 1
Violence et le sacré (La) 1
Violin Concerto 1
Violon (Le) 1
Violon et Palette 1
Violon et Pipe 1
Virgile travesti 1
Visible et l’Invisible (Le) 1
Vision après le sermon (La) (ou La Lutte de Jacob avec l’ange) 1
Visitation (La) 1
Vita Caroli Magni (Vie de Charlemagne) 1 2
Vocation de saint Matthieu (La) 1
Vœu de Louis XIII 1
Vœu de Louis XIII (Le) 1
Voix des héros morts (La) 1
Voix et le Phénomène (La) 1 2
Voleur et les Chiens (Le) 1
Völkischer Beobachter 1
Volonté de puissance (La) 1 2
Voltaire assis 1
Völund le forgeron 1
Vortex Temporum 1
Voting Right Act 1
Votivkirche 1
Voyage au Parnasse 1
Voyage dans la lune (Le) 1
Voyage de Charlemagne (Le) 1
Voyage en Alcarria 1
Voyage en Icarie 1 2
Voyage en Perse (Le) 1
Voyages de Gulliver (Les) 1 2
Voyageur sans bagages (Le) 1
Voyage vers l’Occident 1
Voyage vers l’Ouest 1
Vue de Delft 1
Vue du Snowdon 1
Vue d’Innsbruck 1
W
Walden ou la vie dans les bois 1
Wallenstein 1 2
Washington Post 1
Whaam ! 1
White Jacket 1
Wieland 1
Wollaton Hall (palais) 1
W ou le souvenir d’enfance 1
Yajurveda 1 2 3
Yeux fertiles (Les) 1
Yiheyuan (palais d’Été) 1 2
Yi-king (Classique des mutations) 1 2
Yoga-Sūtra 1
Yvain ou le Chevalier au Lion 1 2 3
Zadig 1 2
Zaïre 1 2
Zhong yong (L’Invariable Milieu) 1
Zhuangzi 1
Zi Bu Yu 1
Ziggourat de Tchogha-Zanbil 1 2
Ziggourat d’Ur 1
Index des lieux
Abaj Takalik 1
Abbeville 1 2
Abdère 1 2
Abou Simbel 1 2
Abousir 1 2
Abri Blanchard 1
Abri de Cro-Magnon 1 2
Abri de Curacchiaghiu 1
Abri de la Madeleine 1 2
Abri d’Araguina-Sennola 1
Abydos 1 2 3
Académie des beaux-arts de Munich 1
Acropole d’Athènes 1 2 3 4 5
Actium (bataille) 1 2 3 4
Addis-Abeba 1 2
Adélaïde 1
Adilabad 1
Adoua 1 2 3
Agadé (Akkad) 1 2 3 4
Agadir 1 2 3
Agnadel 1
Agra 1 2 3 4 5
Aix-en-Provence 1 2
Aix-la-Chapelle 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Ajaccio 1
Ajanta 1 2
Akhetaton 1
Alalakh 1 2
Alarcos (bataille) 1
Albe 1
Alençon 1
Alep 1 2 3 4 5 6 7 8
Alès 1
Alésia 1 2 3 4 5 6
Alexandrie 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31
Alfheimr (demeure des Elfes, mythologie nordique) 1
Alger 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Al-Kharga 1 2
Allahabad 1
Amba Alaghi 1
Amba de Guerchén (monastère) 1 2
Amboise 1 2 3
Ambuila (bataille) 1
Amiens 1 2 3
Ampurias 1
Amritsar 1
Amsterdam 1 2 3 4 5
Anagni 1 2
Andrinople 1 2
Angers 1
Anghiari (bataille) 1
Angkor 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Ankara (bataille) 1 2
Anoual (bataille) 1
Antibes 1
Antietam (bataille) 1
Antinoé 1
Antioche 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Antipolis (Antibes) 1
Anvers 1 2
Apamée 1
Appomattox (bataille) 1
Aquino 1 2
Aranjuez 1 2 3 4
Arcadiopolis (Luleburgaz) 1
Arcy-sur-Cure 1
Arezzo 1
Argenteuil 1
Argenton-sur-Creuse 1
Arginuses (bataille) 1
Argos 1 2 3
Arles 1 2 3 4 5 6
Arques 1
Arras 1 2 3 4
Artémision (cap) 1
Arvad 1
Assandun (bataille) 1
Assilah 1
Assise 1 2 3 4
Assouan 1 2
Assur 1 2 3 4 5 6 7
Atapuerca 1 2 3 4
Athènes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49
50 51 52
Atlanta (bataille) 1
Auckland 1
Auerstadt 1
Augsbourg 1 2 3 4 5 6
Auschwitz 1 2 3 4 5 6 7
Austerlitz 1 2 3 4
Auvers-sur-Oise 1
Avaricon (Bourges) 1
Avebury 1
Aventin 1 2 3
Avignon 1 2 3
Avranches 1
Axoum 1 2
Ayacucho 1
Ayodhyā 1
Azincourt 1
Azov 1 2 3
Aztlán 1 2 3
Baden-Baden 1
Badr (bataille) 1
Bagdad 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Baie de Chesapeake 1 2
Baie des Cochons 1
Bâle 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Bāmyān 1
Bande de Gaza 1 2
Barbizon 1 2 3 4 5 6
Barcelone 1 2 3 4 5
Bari 1
Bar-le-Duc 1
Barranco León 1
Bassora 1 2
Bastille 1 2 3 4
Bauhaus 1 2 3
Baume Moula-Guercy 1
Bayeux 1
Bayonne 1 2 3 4
Beaugency 1
Beaulieu 1
Beauvais 1 2 3
Bedford 1
Belfort 1
Belgrade 1 2 3 4
Belzec 1
Bénévent 1 2
Béni Hassan 1 2
Benin City 1 2
Berlin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42
Berne 1
Bérytos 1
Besançon 1
Beth Habaal 1
Bethléem 1
Béthune 1
Beyrouth 1 2 3
Béziers 1 2 3
Bhaja 1
Bhubaneswar 1
Biarritz 1
Bibliothèque d’Alexandrie 1
Bibliothèque d’Assurbanipal 1 2
Bibliothèque Laurentienne 1 2
Bibliothèque Sainte-Geneviève 1
Bibliothèque vaticane 1 2
Bibracte 1 2 3
Bilskirnir (manoir de Thor, mythologie nordique) 1
Bilzingsleben 1
Bir Hakeim 1
Blanzac 1
Blois 1 2 3
Bobigny (procès) 1
Bodh Gaya 1
Bois de Boulogne 1 2 3
Bois de l’Allier 1
Bois de Vincennes 1
Bologne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Bombay 1 2 3 4
Bonn 1 2
Bordeaux 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Borre 1
Boscoreale 1
Boston 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Bosworth Field (bataille) 1
Bougon 1
Boukhara 1
Bourges 1 2
Bouvines (bataille) 1 2
Brassempouy 1 2
Brême 1
Brenodunum (Berne) 1
Brescia 1
Breslau 1
Brest 1
Brest-Litovsk (bataille et traité) 1 2 3
Bristol 1
British Museum 1 2
Broadway 1
Brooklyn Museum 1
Brousse 1
Bruges 1
Bruxelles 1 2 3 4 5 6 7 8
Bubastis 1 2
Bucarest 1 2
Budapest 1 2 3
Buenos Aires 1
Bull Pun (bataille) 1
Burgos 1 2
Butte Montmartre 1 2 3 4
Byblos 1 2 3 4 5
Byzance 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
C
Cadix 1 2 3
Caen 1 2 3
Café du croissant 1
Café Guerbois 1 2 3
Cahuachi 1
Calais 1 2 3 4 5
Calakmul 1 2
Calcutta 1 2 3 4
Callicut 1
Caluire-et-Cuire 1
Cambrai 1 2 3
Cambridge 1 2 3 4 5
Camp David (accords) 1 2
Campo-Formio (traité) 1 2 3
Canal de Suez 1 2
Cannes 1
Canossa 1 2
Capharnaüm 1
Capitole 1 2 3 4
Capitole (EUA) 1
Cap Mycale 1
Caporetto 1
Capri 1
Carcassonne 1 2
Carnac 1 2 3
Carthage 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Carthagène 1
Casa Belvédère 1
Castel Gandolfo 1
Castel Gondolfo 1
Castro 1
Catacombes de Priscille 1 2
Catacombes d’Alexandrie 1
Çatal Hüyük 1 2
Cateau-Cambrésis (traité) 1
Caucase 1
Caune de l’Arago 1 2
Caverne de Pendejo 1
Caverne Koneri 1
Caverne Mahishamardini 1
Caverne Vahara II 1
Cerny 1
Cerny-en-Lannois 1
Cerveteri 1 2 3 4 5
Cerzat 1
Césarée 1
Chalcédoine 1 2 3 4 5 6
Chalcis 1
Châlons-sur-Marne 1
Châlus 1
Chamonix 1
Champ-de-Mars 1 2 3 4
Champ des Merles (bataille) 1 2
Champs Catalauniques (bataille) 1 2
Champs-Élysées 1
Chanchán 1
Changan 1 2 3 4
Charavines 1 2
Charleston 1 2
Chartres 1 2 3 4 5 6 7
Châteaubriant (édit) 1
Châtelperron 1
Chattanooga (bataille) 1
Chavín 1 2
Cheikh Abd el-Gournah 1 2
Chelles 1
Chelmno 1
Chemin des Dames (bataille) 1 2 3 4 5 6 7
Cherbourg 1
Chéronée (bataille) 1
Chesowanja 1
Chester 1
Chicago 1 2 3 4
Chichén Itzá 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Chicomotzoc 1
Chilhac 1
Chinon 1 2
Chioggia 1 2
Chios 1
Chittorgarh 1
Cholet 1
Chongoyape 1
Chou Kou Tien 1
Cimetière de Domitille 1
Cimetière de Prétextat 1
Cimetière des Innocents 1
Cimetière du Père-Lachaise 1
Cishan 1
Cividale del Friuli 1
Clairvaux-les-Lacs 1 2
Clermont 1 2
Cloyne 1
Cluny 1 2
Clusium 1
Cnide 1 2
Cnossos 1
Collège de Coqueret 1
Collège Henri-IV de La Flèche 1
Cologne 1 2 3 4 5 6
Colombey-les-Deux-Églises 1
Colophon 1
Comacchio 1
Combe-Capelle 1 2
Combray 1
Compiègne 1 2 3 4
Concord 1 2 3
Constance 1 2 3 4
Constantine 1 2 3
Constantinople 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47
48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71
Copán 1 2
Copenhague 1 2 3
Cordoue 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Corfou 1 2 3
Corinthe 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Cortone 1
Cos 1 2
Cougnac 1
Coutras (bataille) 1
Covadonga 1
Craonne 1 2
Crécy (bataille) 1 2
Crémone 1
Cronstadt 1 2
Crotone 1
Cueva de Ambrosio 1
Cueva de La Pasiega 1
Cuicuilco 1
Cuiry-lès-Chaudardes 1 2
Culloden (bataille) 1
Cuzco 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Cymé 1
Cyrène 1 2
Dachau 1 2
Dachour 1
Dahshour 1 2
Dakar 1
Dallas 1
Damas 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Dan-no-ura (bataille) 1
Dantzig 1
Deauville 1
Débir 1
Debre Berhan 1
Deir el-Medineh 1
Delhi 1 2 3
Délos 1 2 3 4 5
Delphes 1 2 3 4 5 6
Dendérah 1
Derby 1
Desio (bataille) 1
Dessau 1
Détroit de Béring 1
Détroit des Dardanelles 1 2
Didymes 1 2
Dieppe 1 2
Dijon 1 2 3 4 5
Djebel Irhoud 1
Djemdet-Nasr 1
Djenné 1 2
Djerba 1
Djibouti 1
Dmanissi 1 2
Dodone 1
Dolni Vestonice 1
Domrémy 1
Douai 1 2
Douaumont 1 2 3
Drancy 1 2
Dresde 1 2 3
Dublin 1 2
Dunkerque 1 2 3
Durazzo 1
Düsseldorf 1 2 3
Dyrrachium 1
Ebla 1 2 3
Eckmühl 1
École normale de Sèvres 1
Ectabane 1 2 3 4
Edfou 1
Ediacara 1
Édimbourg 1 2 3 4
Édirne 1
Edo 1 2 3
Egba 1
Églon 1 2
Eisleben 1
El-Alamein 1
El-Amrah 1
Élée 1
Éléphantine 1
El Kab (Nekheb) 1
Ellora 1 2 3 4 5
Emporion 1
Ems 1 2 3 4 5
Ensérune 1
Entremont 1
Épernay 1
Éphèse 1 2 3
Épidaure 1
Épinal 1
Épinay (congrès) 1
Eridu 1 2 3 4 5 6
Erlitou 1 2
Ermenonville 1
Esie 1
Esquilin 1
Essé 1
Étang de Berre (bataille) 1
Ethendun (Edington) 1
Étiolles 1 2
Evesham (bataille) 1
Évian (accords) 1
Eylau 1 2
Eyzies-de-Tayac 1 2
Falaise 1
Fārāb 1
Fatehpur Sikrī 1
Fayoum 1 2 3 4 5
Feldmelen 1
Ferme de la Haye 1
Ferney 1
Ferrare 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Fès 1 2 3 4
Fête de la Fédération 1
Fiavè 1
Fiesole 1
Fiume 1 2 3
Fleury 1
Florence 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49
50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67
Fontainebleau 1 2 3 4 5 6 7 8
Fontaine-Française (bataille) 1
Forêt de Fontainebleau 1 2
Formose (Taiwan) 1 2
Fort de la Citadelle 1
Fort de Montrouge 1
Fort de Portalet 1
Fort de Romainville 1
Fort de Vincennes 1
Fort Sumter 1 2
Fourneau-du-Diable 1
Francfort 1 2 3 4 5 6 7 8
Francfort-sur-le-Main 1
Friedland 1 2
Frohsdorf 1
Frombork 1
Fuente Nueva 3 1
Fukushima 1 2
Fulton 1 2
Funai 1
Fustat 1
Gabaon 1
Gadeb 1
Gaète 1
Galerie Doré 1
Galerie Greuze 1
Galerie Iris Clert 1 2
Galerie Maeght 1
Galerie Mathias Fels 1
Galgenberg 1
Gallipoli 1 2
Gand (paix) 1
Gao 1 2
Garches 1
Gare de Lyon 1
Gare de l’Est 1
Gare d’Orsay 1
Gare Saint-Lazare 1
Gaugamèles (bataille) 1
Gavrinis 1
Gdańsk 1 2
Gebel Barkal 1 2 3 4
Gelboé (bataille) 1 2
Gênes 1 2 3
Genève 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Gergovie (bataille) 1
Gettysburg (bataille) 1
Ghazni 1
Girsu 1 2 3 4 5
Giverny 1
Gizeh 1 2 3
Gloucester 1
Godin Tepe 1
Gondar 1 2
Gontsy 1
Gordion 1 2 3
Gori 1
Gosan-ri 1
Goshen 1
Gournay-sur-Aronde 1
Gran Dolina 1 2
Granique (bataille) 1
Grenade 1 2 3 4 5
Grenelle (accords) 1 2 3
Grenoble 1
Grotte aux Fées 1
Grotte Chabot 1
Grotte Cosquer 1 2 3
Grotte de Chauvet 1 2 3
Grotte de Cussac 1
Grotte de Font-de-Gaume 1 2
Grotte de Gargas 1 2 3
Grotte de Hayonim 1
Grotte de la Grèze 1
Grotte de la Mouthe 1
Grotte de la Salpêtrière 1
Grotte de Lascaux 1 2 3 4 5 6 7
Grotte de la Vache 1
Grotte de Niaux 1
Grotte de Pair-non-Pair 1
Grotte de Rouffignac 1
Grotte de Sandia 1
Grotte des Combarelles 1
Grotte des Lions 1
Grotte des Trois-Frères 1
Grotte de Teyjat 1
Grotte du Castillo 1
Grotte du Lazaret 1 2
Grotte du Mas-d’Azil 1 2 3
Grotte du Parpallo 1
Grotte du Pech Merle 1 2
Grotte du Placard 1
Grotte Duruthy 1
Grotte du Tuc d’Audoubert 1
Grotte du Vallonnet 1 2
Grotte d’Altamira 1 2 3
Grotte d’Aurignac 1
Grotte Guattari 1
Grottes de Longmen 1
Grottes des mille Bouddhas 1
Guadalcanal 1
Guadalete (bataille) 1
Guernica 1
H
Hadar 1
Haiphong 1
Halle 1
Hallstatt 1
Hangzhou 1 2 3 4
Hao 1
Haran 1 2
Harappa 1 2 3 4
Harare 1
Harfa 1
Harrar 1
Hassuna 1
Hastings (bataille) 1
Hattusa 1 2 3 4
Hawara 1
Hébron 1 2 3 4 5 6
Heiankyō (Kyōto) 1 2
Heidelberg 1
Heijōkyō (Nara) 1
Héliopolis 1 2
Hellespont 1
Helsinki (accords) 1
Herculanum 1 2 3
Hermopolis 1
Hesdin 1
Hiérakonpolis 1 2
Hiéria (concile) 1
Highgate Cemetery 1
Hiroshima 1 2 3
Hlidskjálf (Haut Siège d’Odin, mythologie nordique) 1
Hong Kong 1 2 3 4
Honolulu 1
Hôpital Goujon 1
Hôpital Santa Maria Nuova 1
Hornstaad 1
Hôtel-Dieu de Lyon 1
Houdibiya 1
Hueyapan 1
Hyères 1
Iéna 1 2 3 4
Ife 1 2 3
Igbo-Ukwu 1
Ijebu 1
Ikaruga 1
Île d’Elbe 1 2
Ileret 1
Illahoun 1
Ingolstadt 1
Institut de France 1
Ishango 1
Issenheim 1
Issos (bataille) 1
Istanbul 1 2 3 4
Isthme de l’Acté 1
Isthme de Panama 1 2 3 4
Isthme de Suez 1
Isturitz 1 2
Ivry 1
Iwajuku 1
Iwo Jima 1
Jamestown 1
Jamnia 1
Janicule (bataille) 1
Jardin des Hespérides 1
Jardin des Plantes 1 2 3
Jardin des Tuileries 1 2
Jardin d’Éden 1
Jardins de Bagatelle 1
Jarnac 1
Jelling 1
Jemappes 1 2 3
Jerf el-Ahmar 1
Jéricho 1 2 3
Jérusalem 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48
49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61
Jiankang 1 2
Jos 1 2
K
Kadesh (bataille) 1 2
Kahlenberg (bataille) 1
Kaifeng 1 2 3 4
Kaili 1
Kairouan 1 2 3 4 5 6
Kalambo Falls 1
Kamakura 1
Kanagawa 1
Kanauj 1 2
Kanchipuram 1 2
Kandahar 1
Kanesh (Nesa) 1 2
Kanheri 1
Kanikléion (concile) 1
Kanwaha (bataille) 1
Kapilavastu 1
Karkemish 1 2 3 4 5
Karnak 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Kennewick 1
Kermarquer 1
Khambhat 1
Khartoum 1 2 3 4
Khirokitia 1
Khorsabad 1
Kiel 1
Kiev 1 2 3 4 5 6
Kish 1 2 3 4
Königsberg 1 2
Koobi Fora 1
Kosovo (bataille) 1
Koulikovo (bataille) 1
Koumasi 1
Kourgane de Koul-Oba 1
Koursk (bataille) 1
Krapina 1 2
Kūfa 1 2
Kunming 1
Kurukshetra (bataille) 1
Kyōto 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Lacédémone 1
La Chapelle-aux-Saints 1 2
Lacs de Mazurie (bataille) 1
Ladé (bataille) 1
Laetoli 1
La Ferrassie 1 2
La Flèche 1
Lagash 1 2 3 4 5 6 7 8 9
La Haye 1 2 3
Lahore 1 2 3
La Jaunaye 1
Lakish 1 2
Lalibela 1 2 3
La Mecque 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
La Micoque 1 2
Lantian 1
Laon 1
La Quina 1
La Rochelle 1 2 3
Larsa 1 2
Latran 1 2 3 4 5 6 7
Laugene-Haute 1
Laugerie-Basse 1
Laugerie-Haute 1
Laurion 1 2 3
Lausanne 1 2
La Venta 1 2
Le Caire 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Le Havre 1
Leipzig 1 2
Le Moustier 1
Le Moyen Empire 1
Leningrad (Saint-Pétersbourg) 1 2 3 4
Léontopolis 1
Lépante 1 2
Le Pirée 1 2
Le Procope 1
Leptis Magna 1
Lesbos 1
Les Fontinettes 1
Lesnaya (bataille) 1
Les Pradelles 1
Lespugue 1
Lewes (bataille) 1
Lewisville 1
Lexington 1
Leyde 1
Licht 1 2
Liège 1
Ligne Maginot 1 2
Lille 1 2 3 4
Lima 1
Limbourg-sur-la-Lahn 1
Limoges 1
Lisbonne 1 2 3 4 5
Little Rock 1
Llerena 1
Locarno (accords) 1 2
Locmariaquer 1 2
Loggupo 1
Londres 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45
Longwy 1
Los Angeles 1
Los Millares 1
Louvain 1 2
Louxor 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Lübeck 1
Lübsow 1
Luçon 1
Lucques 1
Lugdunum (Lyon) 1
Lukerno 1
Lundy’s Lane (bataille) 1
Lunéville 1
Luoyang 1 2 3 4
Lyon 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
L’Écluse (bataille) 1
Maastricht (traité) 1
Macao 1 2 3
Machu Picchu 1 2 3 4 5
Mâcon 1 2
Madaure 1
Madras 1
Madrid 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Magdala 1
Magdebourg 1
Magenta 1
Magnésie du Méandre 1
Mahabalipuram 1 2 3
Mahendraparvata 1
Maïdanek 1
Maison Blanche 1 2 3 4 5
Malaga 1 2
Maldon (bataille) 1
Mallaha 1 2 3
Mammen 1
Manching 1
Mantoue 1 2 3 4 5 6
Manufacture de Beauvais 1
Manufacture de Sèvres 1
Manufacture d’Aubusson 1
Manzikert (bataille) 1 2
Marathon (bataille) 1 2 3 4 5
Marbourg 1
Marengo 1
Mari 1 2 3 4 5
Marignan (bataille) 1
Marillac-le-Franc 1
Marj Dābiq (bataille) 1
Marlborough 1
Marne (bataille) 1
Marolles-sur-Seine 1
Marrakech 1 2 3 4
Marseille 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Massachusetts Institute of Technology 1
Massalia (Marseille) 1 2 3 4
Matignon (accords) 1 2 3
Mayapán 1
Mayence 1 2 3 4
Mayenne 1
Maze (prison) 1
Mbanza Kongo 1
Meaux 1 2
Médine 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Médinet-Habou 1
Meerut 1
Mégare 1 2
Megiddo (bataille) 1
Mélos 1 2
Memel 1
Memphis 1 2 3
Memphis (EUA) 1
Menez Dregan 1
Mer de Corail (bataille) 1
Mérimdé 1
Méroé 1 2 3
Messine 1
Métaponte 1 2
Metropolitan Museum of Arts 1
Metz 1 2 3 4 5 6 7
Mexico 1 2 3 4
Mezhirich 1
Mézine 1
Michelangiolo (café) 1
Michelsberg 1
Mictlan (royaume de la mort (mythologie aztèque) 1 2
Midway (bataille) 1
Milan 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43
Milet 1 2 3
Milo 1
Modène 1 2
Moderna Museet de Stockholm 1
Mogador 1
Mohács 1
Mohenjo-Daro 1 2
Monaco 1
Monastère de Métaq 1
Monoïkois (Monaco) 1
Montagne Sainte-Geneviève 1
Mont Athos 1
Montauban 1 2
Mont Badon (bataille) 1
Mont Baekdu 1
Mont Bégo 1
Montbrison 1
Mont Caelius 1
Mont des Oliviers 1
Monte Cavallo 1
Mont Fuji 1 2
Mont Himeji 1
Mont Kailash 1
Mont Kōya 1 2
Mont Moriah 1 2 3
Mont Nébo 1
Montoire-sur-le-Loir 1 2
Mont Palatin 1 2 3 4
Montparnasse 1
Montpellier 1 2
Montreuil 1
Mont-roig del Camp 1 2
Mont Sinaï 1 2
Monza 1
Moret-sur-Loing 1
Moscou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42
Mostaganem 1
Moukden 1 2
Moulin-Quignon 1 2 3
Mou-ye (bataille) 1
Munda 1
Munich 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Murcie 1
Mururoa 1
Musawwa es-Sufra 1
Musée Carnavalet 1
Musée copte du Caire 1
Musée de l’Ermitage 1 2
Musée de Pergame 1
Musée du Bargello 1
Musée du Belvédère de Vienne 1
Musée du Louvre 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Musée du Luxembourg 1 2
Musée d’Alexandrie 1 2
Musée d’art moderne de la ville de Paris 1 2
Musée égyptien du Caire 1
Musée national de Damas 1
Musée national de la Renaissance 1
Musée national des Arts et Traditions populaires 1
Muséum national d’Histoire naturelle 1
Museum of Modern Art (MoMa) 1 2 3 4
Mycènes 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Mylouthkia 1
Mysore 1 2
Mytilène 1
Nabta Playa 1
Naga 1
Nagada 1 2 3 4 5
Nagaoka 1
Nagasaki 1 2
Nagashino (bataille) 1 2
Nag Hammadi 1
Nahal Oren 1
Nancy 1 2
Nankin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Nanterre 1 2
Nantes 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Napata 1 2
Naples 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
Naqsh-e Rostam 1
Nara 1 2 3 4 5 6 7 8
Narbonne 1 2
Narva (bataille) 1
Naseby (bataille) 1
Naucratis 1
Nauvoo 1
Naxos 1 2
Nazareth 1
Nazca 1
Ndjimi 1
Neerwinden (bataille) 1 2
Nekheb 1
Nekhen 1
Nemours (traité) 1
Néopolis 1
Neuilly (traité) 1 2
Neuschwanstein 1
Neuvy-en-Sullias 1
New York 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25
Nice 1 2 3 4 5 6 7
Nicée 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Nichapour 1
Nicomédie 1 2
Nicopolis (bataille) 1 2
Nikaïa (Nice) 1
Nikolsburg 1
Nimègue (traité) 1
Nîmes 1
Ninive 1 2 3 4 5
Nippur 1 2 3 4 5
Nok 1
Nomonhan 1
Nottingham 1
Noubt 1
Nouméa (accords) 1
Novgorod 1 2 3 4 5 6 7 8
Noyon 1
Nuremberg 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Nush-i Jân 1
Nystad (traité) 1
Observatoire de Paris 1 2
Odessa 1 2 3 4 5
Okinawa 1 2
Olbia (Hyères) 1 2
Olduvai 1 2 3 4 5
Olympie 1 2 3 4 5 6 7
Orchies 1
Orléans 1 2 3 4 5
Oslo (accords) 1 2 3
Osnabrück 1
Ostie 1
Ottawa 1
Ougarit 1 2 3 4
Ouhoud 1
Oxford 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Oyo 1 2
Ōsaka 1 2 3 4
P
Pachacamac 1
Padoue 1 2 3 4 5 6 7 8
Paestum 1
Palais du Louvre 1 2 3 4 5 6 7
Palenque 1 2
Palerme 1 2 3 4
Palestro 1
Palmyre 1
Pañamarca 1
Panipat (bataille) 1
Pānipat (bataille) 1
Parme 1 2 3 4 5
Paros 1
Pasargades 1 2 3 4 5
Passarowitz (paix) 1
Passy 1
Pasto 1
Pātaliputra 1 2 3 4
Patmos 1 2
Pavie 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Pazyryk 1 2
Pearl Harbor 1 2 3 4
Pékin 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26
Péloponnèse 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Pergame 1 2 3
Perm 1
Péronne 1 2
Pérouse 1 2 3 4 5 6
Perreux-sur-Marne 1
Persépolis 1 2 3 4 5 6 7
Peterwardein 1
Petrograd 1 2 3 4 5
Petrovaradin (bataille) 1
Peyzac-le-Moustier 1
Phalère 1
Pharos 1 2 3
Pharsale (bataille) 1
Philadelphie 1 2 3 4
Philae 1 2
Philippopolis (Plovdiv) 1
Phnom Penh 1
Phocée 1
Picquigny (traité) 1
Pikimachay 1
Pinacothèque de Brera 1
Pincevent 1 2
Pise 1 2 3 4 5 6
Place de Grève 1
Place de la Bastille 1
Place de la Concorde 1 2 3 4
Place des Victoires 1 2
Place Étienne-Pernet 1
Place Louis XV 1
Place Mirabeau (Aix-en-Provence) 1
Place Navone 1 2
Place Tiananmen 1 2
Place Vendôme 1 2 3
Plaine du Pô 1 2
Plaisance 1
Plateau du Golan 1 2 3
Platées (bataille) 1
Poissy 1 2
Poitiers 1 2 3 4 5 6
Poltava 1
Pompéi 1 2 3 4 5
Pont-Aven 1 2 3 4 5
Pont Milvius (bataille) 1 2 3
Pontoise 1
Portalban 1
Porte de Marduk 1
Porte de Shamash 1
Porte de Zabada 1
Porte du Roi 1
Porte d’Adad 1
Porte d’Enlil 1
Porte d’Ishtar 1 2 3
Porte d’Urash 1
Porte San Estéban 1
Potsdam 1 2 3
Poznan 1
Prague 1 2 3 4 5 6 7
Presbourg (paix) 1
Priène 1 2
Prison de la Santé 1 2
Prison de Saint-Lazare 1
Prison de Stadelheim 1
Prison du Châtelet 1
Puteoli 1
Pydna (bataille) 1 2
Pylos 1 2
Pyongyang 1
Q
Qafzeh 1 2
Qalaat Jarmo 1
Qazvin 1
Quartier Latin 1 2 3 4
Quierzy-sur-Oise 1
Quirinal 1
Qumrân 1
Qurva 1
Rabat 1
Radstadt (traité) 1 2
Raguse (Dubrovnik) 1
Rajagrha 1
Rambouillet 1
Rapallo (traité) 1
Rastatt 1
Ratisbonne 1 2
Ravenne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Ravensbrück 1
Ray (Téhéran) 1
Regensbourg 1
Reggio d’Émilie 1 2
Reims 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Rennes 1 2
Rethondes 1 2
Rhacotis 1 2
Rhodes 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Ribemont-sur-Ancre 1 2
Richmond 1
Rimini 1 2
Ringerike 1
Rio de Janeiro 1 2
Riom (procès) 1 2
Roc-aux-Sorciers 1
Roccamonfina 1
Roc de Sers 1 2
Roche-aux-Fées 1
Roche de Solutré 1 2 3
Rochefort 1
Rochester 1
Rocroi (bataille) 1 2
Ronciglione 1
Roquebrune-Cap-Martin 1
Roquepertuse 1
Rotterdam 1 2
Rouen 1 2 3
Royal Academy of Arts 1 2 3
Rubicon 1
Rudna Glava 1
Ruijin 1
Ryswick (paix) 1
Sacsayhuamán 1 2
Sadowa (bataille) 1 2 3 4
Sagrajas (ou Zalaca) (bataille) 1
Saïda 1
Saint-Acheul 1
Saint-Albans (bataille) 1
Saint Augustine 1
Saint-Clair-sur-Epte (traité) 1
Saint-Cloud 1
Saint-Denis 1 2
Sainte-Hélène 1 2
Saint-Germain-en-Laye 1 2 3
Saint-Jean-d’Acre 1 2
Saint-Louis 1
Saint-Michel (station) 1
Saint-Nazaire 1
Saint-Omer 1
Saint-Pétersbourg 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Saint-Quentin 1
Saint-Rémy-de-Provence 1
Saint-Sébastien (accord) 1
Salamanque 1
Salamine (bataille) 1 2 3 4 5 6
Salò 1
Salzbourg 1 2
Samarie 1 2 3 4 5
Samarra 1
Samos 1 2 3 4
Sanchi 1 2
Sanctuaire de Yasukuni 1
San Francisco 1
San Francisco (traité) 1
San Lorenzo 1 2
San Remo (accords) 1
Saragosse 1 2
Sarajevo 1 2
Sarcelles 1
Sardique 1
Satsuma (bataille) 1
Saumur 1
Savonnerie 1
Schelklingen 1
Schönbrunn 1 2
Sébastopol 1
Sedan 1 2 3
Ségou 1
Ségovie 1 2
Sekigahara (bataille) 1
Séleucie du Tigre 1
Seligenstadt 1
Senlis 1 2
Sens 1
Séoul 1
Sepphoris 1
Serdica (Sofia) 1
Sessrumnir 1
Sétif 1
Séville 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Sèvres (traité) 1 2 3
Shanghai 1 2 3 4
Shanidar 1
Shenyang 1
Shillourokambos 1
Shīrāz 1
Shrewsbury 1
Sichem 1 2
Sidon 1 2 3
Sienne 1 2 3
Siffīn (bataille) 1
Sigmaringen 1
Sikandra 1
Sima del Elefante 1
Simbirsk (Oulianovsk) 1
Sinaï 1 2 3 4 5 6
Sipán 1 2
Sippar 1 2 3
Sistova (paix) 1
Site de Clovis 1
Skull 1
Smyrne 1
Sobibor 1
Sofia 1
Soissons 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Sokoto 1
Soleihac 1
Solferino 1
Sorbonne 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Souzdal 1
Sparte 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17
Stabies 1
Stagire 1
Stalingrad 1 2 3 4 5 6 7
Stamford Bridge (bataille) 1
Star Carr 1
Steinheim 1
Sterkfontein 1
Stockholm (appel) 1
Stonehenge 1 2
Strasbourg 1 2
Stuttgart 1
Styx 1 2
Sumer 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Suse 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
Sydney 1
Syracuse 1 2
Taganrog 1
Tahert 1
Taidu 1
Taiwan 1 2 3 4 5 6
Talavera 1
Tanis 1 2 3 4 5
Tannenberg 1
Tara 1
Tarente 1
Tarquinia 1 2 3 4 5
Tarragone 1
Tarse 1 2
Tartare (les Enfers, mythologie grecque) 1 2 3
Taung 1
Tchernobyl 1
Tegoulet 1 2
Téhéran 1 2 3
Tell Abu Hureyra 1
Tell Açana 1
Tell el-Amarna 1 2 3 4 5 6
Tello 1
Tel Yarmouth 1
Tenochtitlán 1 2 3 4 5 6 7
Tenta 1
Teotihuacán 1 2 3 4
Terçanabal 1
Terra Amata 1 2 3 4 5
Terracina 1
Tewkesbury (bataille) 1
Texcoco 1
Thagaste 1
Thanjavur 1
Thapsus (bataille) 1
Théâtre Alfred-Jarry 1
Théâtre Robert Houdin 1
Thèbes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
Thermopyles (bataille) 1 2 3
Thermos 1
Thessalonique 1 2 3
Thinis 1 2
Thirsa 1 2
Thouars 1
Tiahuanaco 1 2
Tikal 1
Tilsit (traité) 1 2
Tinmel 1 2
Tirynthe 1 2
Titelberg 1
Tivoli 1 2
Tlacopan 1
Tlalocan 1 2
Tlemcen 1
Tokch’on 1
Tōkyō 1 2 3 4 5 6 7
Tolède 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Tombouctou 1 2 3 4 5 6 7
Tondibi (bataille) 1
Torgau 1
Toulon 1
Toulouse 1 2 3 4
Tour de Londres 1 2
Tournai 1 2 3
Tours 1 2 3 4 5 6 7
Towton (bataille) 1
Trafalgar (bataille) 1 2
Treblinka 1
Trente 1 2 3 4 5
Trèves 1 2 3 4 5 6
Trêves 1
Trianon (traité) 1 2
Trieste 1 2
Trinity College 1
Tripoli 1 2
Troie 1 2 3 4 5 6
Troyes 1 2
Trujillo 1
Tsarskoïe Selo (Pouchkine) 1 2
Tula 1 2 3 4 5 6 7 8
Tumulus de Babyna 1
Tumulus de Berel 1
Tunis 1 2 3 4 5 6
Turbigo 1
Turin 1 2 3 4 5
Tursac 1
Tyr 1 2 3 4 5 6
Udayagiri 1
Udine 1
Uji 1
Umma 1 2 3
Université catholique de Louvain 1
Université de Berlin 1 2
Université de Bologne 1
Université de Bonn 1
Université de Bordeaux 1
Université de Cambridge 1 2 3 4 5
Université de Chicago 1
Université de Copenhague 1 2
Université de Dublin 1
Université de Harvard 1 2 3
Université de Heidelberg 1 2
Université de Königsberg 1
Université de la Sorbonne 1
Université de Moscou 1
Université de Nanterre 1
Université de Pavie 1
Université de Prague 1
Université de Tōkyō 1
Université de Tombouctou 1
Université de Tübingen 1
Université de Valence 1
Université de Vienne 1
Université de Visva Bharati 1
Université d’Iéna 1 2 3
Université d’Oxford 1
Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main 1
Université Rice (Houston) 1
Université Sankoré 1 2 3
Ur 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
Urbin 1 2
Urbino 1 2
Urkish 1
Urnes 1
Uruk 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Usine AZF de Toulouse 1
Utrecht 1
Utrecht (traité) 1 2 3
Uxmal 1 2 3 4 5 6
V
Vaiśālī 1
Valence 1 2 3
Valenciennes 1
Valladolid 1
Vallée de Côa 1
Vallée de la Vézère 1
Vallée de l’Indus 1 2 3 4
Vallée de Piura 1
Vallée des Merveilles 1
Vallée des Reines 1 2 3 4
Vallée des Rois 1 2 3 4
Vallée du Liri 1
Vallée d’Elah 1
Valmy (bataille) 1 2 3
Varanasi (Bénarès) 1
Varennes 1 2
Varna (bataille) 1
Varsovie 1 2 3
Varsovie (pacte) 1 2 3 4
Vaucresson 1
Vélodrome d’Hiver 1 2
Venise 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49
50 51 52 53 54 55
Verberie 1 2
Verdun (bataille et traité) 1 2 3 4 5 6 7
Vérone 1 2 3
Versailles 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35
Vertessolos 1
Vervins (paix) 1 2
Vésuve 1 2
Vétheuil 1
Vetulonia 1
Via dell’Impero 1 2
Vicence 1
Vichy 1
Victoria 1 2
Vienne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30
Villacoublay 1
Villafranca 1
Villalar 1
Villanova 1
Villaviciosa 1
Villers-Cotterêts (édit) 1 2
Viminal 1
Vincennes 1 2 3
Vis I 1
Vittorio Veneto 1
Vix 1
Vladimir 1 2 3
Vogelherd 1
Vouillé (bataille) 1
Wadi en-Natouf 1
Wagram 1 2
Walhalla (paradis des guerriers, mythologie nordique) 1 2 3
Washington 1 2 3 4 5 6 7
Wassugani 1
Wassy 1 2
Watergate (scandale) 1 2 3 4 5
Waterloo 1 2 3
Wedmore (traité) 1
Weimar 1 2 3
Westminster 1 2
Westport 1
Willendorf 1 2
Wittenberg 1 2 3
Worms 1 2 3 4 5
Worms (diète) 1
Xi’an 1 2
Yalta 1
Yamazaki (bataille) 1
Yangshao 1
Yangzhou 1
Yarmouk (bataille) 1 2
Yazilikaya 1
Yeha 1
Yên Bái 1
York 1 2 3 4
Yorktown 1
Ypres 1
Yuanmou 1
Yverdon 1
Zagros 1 2 3 4 5
Zallāqa 1
Zéla (bataille) 1
Zhoukoudian 1
Zurich 1 2 3
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