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Cours n2 Au Fondement Dune Culture Urbanistique Au XXe Siècle 1
Cours n2 Au Fondement Dune Culture Urbanistique Au XXe Siècle 1
Les infrastructures des grandes villes européennes, notamment celles de plus avancées au plan
technologique, ont été fortement impacté par les mutations engendrées par la révolution
industrielle, à l’instar de l’Angleterre et l’Allemagne.
A la forte croissance de la population due aux mouvements migratoires, se sont associés un
développement accru des réseaux de communication (routes, chemin de fer, ponts télégraphes),
qui avaient fait affluer la population ouvrière vers les villes. Au plan de l’urbanisme, pratique
récente, le modèle post libéral1 est étroitement dépendant de la spéculation et de la conjoncture
économique. En plus, nous assistons à un décalage de plus en plus net entre l’offre de logements
produits par le secteur privé et la demande des classes les plus pauvres. Du point de vue
quantitatif, les initiatives philanthropiques ne sont plus suffisantes. C’est ainsi que vers 1890,
plusieurs pays préparaient une législation sur le logement, les procédures d’acquisition et
d’expropriation des terrains et l’articulation des problèmes posés par la construction
subventionnée et la planification urbaine.
1- Nouvelles procédures et législations urbanistiques
• Grande Bretagne : La loi dite « The housing of the Working Class Act » de 1890, confie
la construction sociale aux municipalités. Cette dernière facilite les expropriations et accorde
des prêts aux autorités locales. Vers 1909, sera promue la première loi d’urbanisme.
• En France : En 1850, le Baron Haussmann autorise l’expropriation à grande échelle ; En
1902-1912, nous assistons à des expropriations d’immeubles et d’îlots indépendamment des
travaux de voiries et vers 1907, un conseil supérieur des Habitations Bon Marché sera créé.
• En Allemagne : Entre 1870-1889, nous avons l’organisation des sociétés coopératives à
responsabilité limitée pour la construction de logement. En 1901, un texte de loi accorde la
possibilité aux communes d’exproprier des zones entières au fur et à mesure de l’expansion
de la ville et de projeter des aménagements. Finalement, en 1904, un autre texte de loi
interdisait de construire en dehors des périmètres déterminés au préalable.
• En hollande : nous assistons à l’expropriation des zones environnantes conquises sur les
polders. Par ailleurs, la loi de 1901 oblige les villes de plus de 10000 habitants à établir des
plans de développement en précisant les modalités de démolition des quartiers insalubres et
de construction de nouveaux quartiers. C’est ainsi que des plans généraux et de plans
détaillés sont apparues. De même, l’état accorda des prêts aux communes et aux
administrations et des subventions aux coopératives de construction des maisons populaires.
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Par « urbanisme libéral », Alain Bourdin identifie un véritable modèle de production urbaine : de très grandes
opérations financées par un petit groupe d’investisseurs, conçues par un groupe restreint de vedettes architecturales
et construites par un oligopole de majors de la construction.
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Dans ces circonstances, des plans régulateurs et un plan global deviennent une nécessité pour
les villes. Ces nouveaux documents qui coordonnent les diverses actions entreprises seront au
centre des préoccupations intellectuelles et culturelles du début du XXe siècle.
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fondamentale entre la ville ancienne et la ville contemporaine réside dans le statut de l’espace
vide, notamment dans la différente relation « gestaltiste » entre espace bâti et espace vide.
« Dans l’urbanisme moderne, la relation entre les surfaces bâties et les surfaces
vides s’inverse littéralement. Autrefois, les espaces vides (rues et places)
constituaient une totalité close dont la forme était déterminée en vue de l’effet qu’ils
devaient produire. Aujourd’hui, on découpe des parcelles à bâtir sous la forme de
figures régulières, et ce qui reste est baptisé rue ou place. Autrefois, toutes les
inégalités disgracieuses disparaissaient à l’intérieur des surfaces bâties.
Aujourd’hui, dans la composition des plans d’aménagement, tous les résidus et
recoins irréguliers deviennent des places. »
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Carte de la ville de Paris avec les travaux exécutés par le Baron Haussmann
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Forme urbaine radicale, la cité jardin idéale synthèse entre la ville et la campagne est née de la
tradition des utopies du XIXe siècle (Robert Owen, Charles Fourier) et du concept de maison
unifamiliale dans la nature. Ebenezer Howard pense que si l’on limitait la spéculation privée, les
constructions pourraient laisser la place à des espaces verts et la campagne serait accessible par
une simple promenade à travers la ville organisée en dimensions bien établies.
Dans son livre, il développe de manière schématique la nouvelle configuration territoriale de la
« cité-jardin » selon :
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Regroupement des fonctions administratives et les activités tertiaires au centre dont il est
entouré lui-même de jardins et d’avenues arborées bordées d’habitations et de commerces. Les
villes sont cernées par une couronne de terre agricoles où sont également implantées les
industries.
Pour l’élaboration de son modèle, le théoricien utilise le Ward. Ce dernier constitue l’élément
de base de la cité-jardin et contient toutes les fonctions de la ville. Il propose que la cité-jardin
se développe ward par ward, permettant ainsi le fonctionnement continu de la ville.
Ebenezer Howard élabore ainsi un projet concret de ville rationnelle et hygiéniste, située à la
campagne, offrant un équilibre entre emplois et habitations, agriculture et industrie. Dès 1903,
Howard cherche à mettre en application ses principes urbanistiques, en réalisant la cité-jardin
de Letchworth, à 60 km au nord de Londres, ville dont les plans seront réalisés par Barry Parker
et Raymond Unwin.
• L’exemple de la cité-jardin de Letchworth
Il s’agit de la première cité jardin à être conçue à 50 km de londres fondée en 1902. Le plan est
tracé par Barry Parker et
Raymond Unwin. Les terrains
sont loués pour une durée de
99 ans. Prévue pour 35000
habitants, elle ne se peuple
que très lentement. Des
prescriptions sur le type de
paysage urbain et la vie
collectives y sont édictées ;
par exemple les
établissements industriels
interdits. La ville n’arrivera
pas à l’autosuffisance
espérée. Plan de la cité-jardin de Letchworth
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Dans ce cadre, Raymond Unwin expérimentait une nouvelle figure de l’habitat à Letchwoth :
Le close. Il s’agit d’une nouvelle forme urbaine de base relatant les modes de groupements des
habitations. Soucieux d’hygiène publique, il réfléchit aux modalités d’éloignement des maisons
de voies de circulation principale et reprend à son compte l’organisation des squares londoniens
Les maisons le plus souvent jumelées sont desservies par une voie secondaire en forme de U
qui contournent un espace central, occupé par une pelouse, des terrains de sports ou un jardin
collectif. À l ’ arrière de ces maisons sont aménagés des jardins privatifs.
• L’exemple de la cité-jardin Welwyn
La cité a été fondée en 1919
sur un plan de l’architecte
louis de soissons à mi-chemin
entre londres et Letchworth.
Cette dernière connaît un
succès plus important. La
ceinture agricole est réduite
mais les habitants, qui
atteignent 35000 avant 1945,
peuvent aller travailler à
Londres.
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P. GEDDES “City development” Rutgers 1973, LEWIS. MUMFORD “The cultures of cities” ,
E.A.GUTKIND “The expansion of environment”
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Création d’un trafic routier important, rapide au centre et plus lent pour la desserte des immeubles
L’unité de construction des nouveaux quartiers est l’îlot de 100 à 200m de long et de 50m de
large, bordé d’une construction de 4 niveaux qui ménage un jardin intérieur. Les rues permettent
un trafic rapide au centre et plus lent pour la desserte des immeubles de part et d’autre. Le choix
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Hendrick Petrus Berlage (1856-1934) Architecte néerlandais
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de l’îlot amstellodamien comme unité constitutive du plan est décisif. Il permet d’instituer un
contrôle architectural unitaire des édifices.
• Composition de l'îlot
« Le centre, c'est-à-dire l'ensemble des jardins, joue un double rôle. Isolément, chaque jardin est un
espace de derrière, privé pour les logements du RDC. Collectivement, l'ensemble des jardins forme une
cour, non accessible pour les logements des étages. ».
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Le plan Hendrick Petrus Berlage a été approuvé en 1917 et sera réalisé au plan architectural par
une équipe de jeunes architectes qui se font connaître sous le nom de « l’école d’Amsterdam »
et par des architectes qui appartiennent d’autre part à de nouvelles tendances modernistes néo-
plasticistes tel que Michel de Klerk, Piet Kramer et Jacobus Johannes Pieter Oud.
Au final, ce nouveau plan de l’extension sud de la ville d’Amsterdam et sa concrétisation
architecturale se considère comme une nouvelle expérience moderniste qui se base sur une rare
maîtrise du sol et de la composition urbaine.
Vers 1935, l’architecte Cornelius Van Eesteren mène un nouveau plan de développement de la
ville face à une autre nouvelle échelle de problèmes urbanistiques ; un plan qui sera à la pointe
de l’urbanisme moderne. Il se préoccupera plus de montrer une ville en devenir et une image
possible de la cité en l’an 2000 que de créer à l’image du plan d’extension de Berlage une forme
capable d’harmoniser les différentes fonctions : travail, résidence, loisirs. Le plan n'ait été mis
en œuvre qu'après la Seconde Guerre mondiale.
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