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4e secondaire

2 e ÉD IT IO N
S ET D ’A CT IV IT ÉS
CA H IE R D E SA VO IR

MARTIN DUBREUIL | STÉPHANE FARLEY


4e secondaire

2 e ÉD IT IO N
S ET D ’A CT IV IT ÉS
CA H IE R D E SA VO IR

MARTIN DUBREUIL | STÉPHANE FARLEY


avec la collaboration de Myriam Jézéquel
Directrices de l’édition Réviseurs scientifiques
Chantale Quirion (2e édition) Chrystian Boyer, historien, chargé de cours à l’UQAM.
Marie Duclos (édition originale)
Diane Legros (édition originale) Myriam Jézéquel, docteure en philosophie (Université de la
Sorbonne Paris-IV), experte-conseil en éducation interculturelle
Chargées de projet et chercheure sur les droits de la personne, finaliste en 2008
Madeleine Dufresne (2e édition) du Prix québécois Jacques-Couture pour le rapprochement
Carole Lambert (édition originale) interculturel.
Johanne Chasle (édition originale)
Michel Métayer, philosophe et auteur du livre
Réviseure linguistique La philosophie éthique : enjeux et débats actuels, publié
Diane Plouffe chez ERPI.
Correctrices d’épreuves Sophie Riverin, chargée de gestion, Centre des Premières Nations
Lucie Lefebvre (2e édition) Nikanite de l’Université du Québec à Chicoutimi.
Pierrette Tostivint (édition originale) Isabelle Saine, enseignante au collège André-Grasset, chargée
Céline Vangheluwe (édition originale) de cours à l’UQAM et doctorante à l’École des hautes études
en sciences sociales de Paris.
Recherchiste (photos et droits)
Pierre Richard Bernier (2e édition) Amina Triki-Yamani, docteure en sciences de l’éducation,
Jocelyne Gervais Chaire de recherche du Canada sur l’Éducation et les rapports
ethniques, et enseignante à l’Université de Montréal.
Directrice artistique
Hélène Cousineau Philippe Turenne, chargé de cours et doctorant à l’Université
McGill.
Coordonnatrice aux réalisations graphiques
Sylvie Piotte Consultants pédagogiques
Couverture Diane Beauchemin, enseignante, école secondaire Jacques-
Frédérique Bouvier (2e édition et édition originale) Rousseau, commission scolaire Marie-Victorin.

Conception graphique Dominique Charron, enseignante, polyvalente Sainte-Thérèse,


Benoît Pitre (2e édition) commission scolaire Seigneuries-des-Mille-Îles.
Frédérique Bouvier (édition originale) Annie Desrosiers, enseignante, école secondaire Saint-Jean-
Baptiste, commission scolaire Marie-Victorin.
Édition électronique
Fenêtre sur cour (2e édition) Diane Lajoie, enseignante, polyvalente Benoît-Vachon, commission
Catherine Boily (édition originale) scolaire de la Beauce-Etchemin.

Illustrateurs Solange Lupien, enseignante, polyvalente le Carrefour, commission


Yan Dillenschneider, p. 4, 26, 46, 66, 88, 110, scolaire de l’Or-et-des-Bois.
130, 150, 170, 192, 283, 284 et 296 à 300 Richard Têtu, enseignant, école secondaire De Rochebelle,
Sonia Roy, colagene.com, p. 43, 62 commission scolaire des Découvreurs.
Cartographes Jérôme Vigneault, enseignant, école secondaire du Havre-Jeunesse,
Julie Benoit, p. 271, 278 commission scolaire des Samares.
Dimension DPR, p. 228, 236, 242, 248, 254,
260, 272 Notes
Graphies : Il existe plusieurs façons d’écrire les mots qui viennent
d’autres langues que le français. Dans le présent ouvrage, nous
avons privilégié les translittérations qui se trouvent dans le pro-
gramme d’éthique et culture religieuse ou dans le Petit Robert.
© ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC. (ERPI), 2014
Projection des planisphères : projection de Robinson.
Membre du groupe Pearson Education depuis 1989

5757, rue Cypihot


Saint-Laurent (Québec) H4S 1R3
CANADA
Téléphone : 514 334-2690
Télécopieur : 514 334-4720
info@pearsonerpi.com
http://pearsonerpi.com

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2014


Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2014

Imprimé au Canada 1234567890 NB 1987654


ISBN 978-2-7613-6017-3 13303 ABCD OF10
TABLE DES MATIÈRES

Aperçu d’un dossier ........................................... IV

Aperçu de la Boîte à outils. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII

DOSSIER 1 La religion à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

DOSSIER 2 L’expérience religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

DOSSIER 5 Un être parfait ? ............................ 85

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance ........ 107

DOSSIER 7 Femmes et religions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

DOSSIER 8 L’or bleu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux . . . 167

DOSSIER 10 À table ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

Boîte à outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B1

Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G98

Sources. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . S100
Aperçu d’un dossier
Première partie
du dossier

Le numéro et
le titre du dossier. Pour visualiser le contenu du dossier :
La religion textes et activités (les activités sont
à l’école
DOSSIER 1

précédées d’un symbole noir).


Lettre à une génération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2
Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
Au nom de la charte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
Portrait de société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Il était une foi à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
La tolérance selon l’UNESCO . . . . . . . . . . . . . . . .8
Des questions de droits . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
Il était une fois au Québec . . . . . . . . . . . . . . .10
La tolérance en question . . . . . . . . . . . . . . . .11
Pluralisme et tolérance . . . . . . . . . . . . . . . . . .12

Une mise en situation pour orienter


L’enseignement de la religion à l’école . . . . . . .13
Des points de vue comparés . . . . . . . . . . . . .17
Lettre à mes grands-parents . . . . . . . . . . . . .19

la lecture des contenus du dossier Test bilan du dossier 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

et la réalisation des activités. Pour vous approprier


le sujet et pour
enclencher votre
réflexion.
Nom : Groupe : Date :

Lettre à une génération REGARD SUR LA SITUATION


Un matin de septembre, votre amie Laurence ouvre
le journal. Une surprise de taille l’attend. Dans le 1. Dans leur lettre, les grands-parents de Laurence déclarent qu’il leur semble que tout était plus simple à
courrier des lecteurs, une lettre de ses grands- l’époque de leur jeunesse. Selon vous, qu’est-ce qui était plus simple pour eux ?
parents lui est adressée.

OPINION | COURRIER

Nous sommes inquiets pour toi 2. Relevez, à la page précédente, quatre expressions du religieux chrétien.
Publié le : lundi 23 septembre 2013, 22h36 | Mise à jour : lundi 23 septembre 2013, 22h36

Pour faire des liens Si nous prenons le temps d’écrire cette lettre, c’est que nous sommes inquiets pour toi.
Le monde dans lequel tu vis est différent de celui dans lequel nous vivions à ton âge.
Tellement différent ! Quelquefois, nous nous sentons perdus devant tant de nouveauté.

entre la pratique
Récemment, tu nous as informés que toutes les écoles du Québec offraient le cours
d’éthique et culture religieuse. Sommes-nous les seuls à ne pas comprendre ce choix
du ministère de l’Éducation ? Est-ce que tout le monde est d’accord avec le contenu
de ce cours ? 3. Comparez la classe qui est décrite et illustrée à la page précédente avec la vôtre. Pour chacun des

du dialogue et des À l’époque de notre jeunesse, tout était plus simple, nous semble-t-il. À l’école, il y avait
une seule et même religion pour tous. L’école avait comme objectif de nous transmettre
la foi. Nous nous revoyons assis sur les bancs de l’école, écoutant nos leçons de
catéchisme. On nous demandait : « Où est Dieu ? » Et nous répondions en chœur :
aspects suivants, trouvez une ressemblance et une différence.

Aspects Ressemblances Différences

éléments de la vie de « Dieu est partout. »


Nous avions alors une vision commune de ce qu’étaient le bien et le mal. Pourquoi
n’enseigne-t-on plus la religion dans les écoles comme avant ? Nous avons entendu Élèves
dire que le cours d’éthique et culture religieuse aborde plusieurs traditions religieuses.

tous les jours traités Où cela nous mènera-t-il ? Est-ce nous qui devenons intolérants aux autres et à leur
religion ? En étudiant toutes les religions, est-ce que tu ne risqueras pas de perdre ta
propre religion ? Qu’est-ce que tu garderas de tes racines ?

dans le dossier.
Ton grand-papa et ta grand-maman
Marcel et Doris Hall Enseignante

Salle
de classe

La lettre d’opinion
PLACE PUBLIQUE

La lettre d’opinion est une lettre rédigée par un lec- 4. Nommez deux enjeux éthiques soulevés par les grands-parents de Laurence dans leur lettre.
teur ou une lectrice, publiée dans un journal ou un
magazine. La personne qui la signe veut exprimer un
point de vue, commenter des idées ou des événe-
ments dont il est question dans la société ou dont il
a été question dans le journal ou le magazine. Les
rédacteurs de lettres d’opinion doivent s’assurer que 5. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 2.
les faits mentionnés sont vérifiables, et que leur lettre
ne contient ni accusation ni attaque personnelle. La Une classe du secondaire au Québec, dans les années 1940.
lettre d’opinion est un moyen efficace pour le public Sur le tableau, on peut lire La vérité est un reflet de Dieu.
de se faire entendre dans les médias. Des images de saints et un crucifix sont suspendus au mur.

2 VIVRE ENSEMBLE 4 DOSSIER 1 La religion à l’école 3

ARRÊT Religion et laïcité


SUR IMAGES Dans les sociétés démocratiques, il arrive souvent que
certaines pratiques religieuses entrent en conflit avec
la laïcité de l’État.

Au Québec
À Saguenay, des citoyens se sont opposés à
la récitation d’une prière chrétienne avant les
séances du conseil de ville. En 2011, le Tribunal

Pour faire des liens entre le sujet des droits de la personne du Québec a interdit
cette pratique à la ville de Saguenay. Selon le
tribunal, elle pouvait porter atteinte au droit
à la liberté de conscience de certains citoyens.

du dossier et le monde actuel. En 2013, la Cour d’appel du Québec a infirmé


le jugement en affirmant que la récitation de
la prière avant les séances du conseil de ville
ne portait pas atteinte à la neutralité religieuse
de la ville.

Une femme portant le niqab dans une rue de Strasbourg, en France.

Ailleurs dans le monde Des pistes de réflexion pour amorcer


la discussion sur le sujet.
Une loi adoptée en 2010 en France stipule que « Nul ne peut,
dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son
visage. » Cette loi a semé la controverse, entre autres, chez cer-
taines musulmanes françaises qui portent le niqab ou la burqa.

Comment coexister malgré nos différences ?


La cohabitation entre les croyants de différentes religions
est-elle possible ?
Qu’est-ce qu’un État laïc ?
Est-il possible pour un croyant de s’abstenir
de certaines pratiques religieuses afin de respecter
la neutralité d’un État ?
Un crucifix est suspendu au-dessus du fauteuil du Interdire certains comportements religieux est-il
président de l’Assemblée nationale, à Québec.
de la discrimination ?

4 VIVRE ENSEMBLE 4

IV VIVRE ENSEMBLE 4
Deuxième partie du dossier L’enseignement de la religion à l’école
Dans notre société, les opinions divergent au sujet de l’enseignement de la religion

Les pages d’information


dans les écoles. Certaines personnes pensent qu’il est important que les élèves aient
la possibilité de choisir un cours conforme à leurs convictions, religieuses ou non
religieuses. D’autres considèrent que la religion ne doit pas être étudiée à l’école.

Des encadrés pour


D’autres encore soutiennent que ce sont les aspects culturels des religions présentes
au Québec qu’il faut enseigner.
En 2008, l’arrivée du nouveau cours d’éthique et culture religieuse dans les écoles
primaires et secondaires du Québec a suscité bien des débats.
en apprendre plus
La proposition
En 1997, le gouvernement du Québec se questionne sur la place de la religion à l’école.
Il forme un groupe de travail qui a pour mandat d’étudier la question et de proposer
sur certains sujets.
des solutions. Ce groupe est présidé par Jean-Pierre Proulx, professeur et journaliste,
spécialiste de l’éducation et des questions religieuses. En 1999, le Rapport Proulx
recommande l’enseignement culturel de la religion dans les écoles du Québec. Selon
ce rapport, cela permettra de respecter la laïcité de l’État et les droits à l’égalité de
tous, ainsi que la liberté de conscience et de religion inscrits dans la Charte des droits
et libertés de la personne du Québec.
En 2005, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec
tranche en faveur d’un enseignement culturel de la religion. Il annonce L’enseignement confessionnel
la création, pour 2008, d’un cours d’éthique et culture religieuse. Selon est destiné aux croyants à qui
le Ministère, ce cours obligatoire favorisera le vivre-ensemble en encou- sont enseignés les grands
principes, les rites et les
rageant les élèves du primaire et du secondaire à développer une attitude
croyances d’une tradition
d’ouverture devant la nouvelle diversité des croyances et des valeurs religieuse dans le but
présentes au Québec. de mieux la pratiquer.
L’enseignement culturel de
la religion vise à transmettre
les connaissances sur les
traditions religieuses dans une
perspective de respect, de
compréhension et de dialogue.

Pour implanter le cours d’éthique et culture religieuse, le gouvernement du Québec


doit modifier l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.
À l’origine, cet article donnait le droit aux parents d’exiger que leurs enfants reçoivent
un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions à l’école. L’article 41
stipule dorénavant que l’école n’a plus à respecter cette exigence.

DOSSIER 1 La religion à l’école 13

Des photos, des illustrations


et des tableaux.

Portrait de société Il était une foi à l’école


Depuis les origines de la Nouvelle-France, en 1608, jusqu’au début du 20e siècle, le Voici, en bref, quelques dates marquantes dans l’histoire de l’enseignement de la
BAO
christianisme exerce une grande influence sur la société. En effet, le catholicisme et religion au Québec.
Le catholicisme
le protestantisme sont très présents sur le territoire québécois. au Québec, p. B30
Le protestantisme
Au 20e siècle, avec l’arrivée d’immigrants de diverses origines, petit à petit, le Québec
et l’anglicanisme Les autorités politiques confèrent à l’Église catholique le pouvoir total sur l’enseignement au
devient une société pluraliste. au Québec, p. B36 1867
Québec.

Traditions religieuses des immigrants arrivés au Canada, selon la période d’immigration


Dans un Québec en pleine Révolution tranquille, l’État crée le ministère de l’Éducation. L’État
Proportion de la population (en %) selon la période d’immigration 1963 retire ainsi à l’Église le pouvoir qu’elle avait jusqu’alors dans le domaine de l’éducation. Cepen-
dant, l’enseignement religieux dans les écoles demeure catholique et protestant.
Traditions religieuses
Avant De 1961 De 1971 De 1981 De 1991 De 2001
1961 à 1970 à 1980 à 1990 à 2001 à 2011
Le Rapport Parent sur l’enseignement au Québec est publié. Cette importante étude affirme que
1966 les institutions scolaires doivent accorder un traitement égal à toutes les visions du monde,
Chrétiennes (catholique romaine,
83,5 78,8 62,5 55,3 45,3 45,0 religieuses ou non.
protestante et autres)

Juive 2,7 2,0 2,2 1,9 1,2 — L’Assemblée nationale du Québec adopte la Charte des droits et libertés de la personne. Celle-ci
1975
reconnaît, entre autres, le droit pour tous à la liberté de conscience et de religion.
Autres (dont musulmane, hindoue,
2,8 5,7 18,8 25,5 32,2 33,0
bouddhiste, sikh)
Les cours de morale deviennent une option pour tous, tant au primaire qu’au secondaire. Ces
Aucune religion 11,0 13,5 16,5 17,3 21,3 21,0 1984 cours donnent aux parents, qu’ils soient croyants ou non, la possibilité de choisir pour leur enfant
un enseignement religieux ou non.
Source : Statistique Canada, 2001 et 2011.

Qu’est-ce qu’une société pluraliste? 1999


Le Rapport Proulx sur la place de la religion à l’école est publié. Ce rapport recommande le
remplacement de l’enseignement confessionnel de la religion par un enseignement culturel des
religions.
Des rubriques
Une société pluraliste est une société composée d’individus et de groupes aux opinions
politiques, aux croyances religieuses et aux comportements sociaux et culturels divers.
Une société pluraliste a comme défi de faire coexister harmonieusement ces différences 2012
La Cour suprême du Canada juge que le cours d’éthique et culture religieuse ne porte pas atteinte
à la liberté de religion des enfants ni à celle de leurs parents.
biographiques
dans un même espace.

La Cour suprême du Canada accepte d’entendre la demande de l’école secondaire Loyola qui
Le Québec conjugué au pluriel 2013 souhaite enseigner le programme d'éthique et culture religieuse selon une perspective
confessionnelle.
Le Québec d’aujourd’hui, comme beaucoup
de sociétés modernes, réunit une diversité
de croyances et de valeurs. En 100 ans, le
portrait religieux du Québec a changé radi-
PORTRAIT Mgr Alphonse-Marie Parent
calement. La coexistence des différences
culturelles et religieuses exige désormais Le futur évêque catholique Alphonse-Marie Parent naît le 2 avril 1906 à Saint-
de tous tolérance et respect. Le Québec a Chrysostome, en Montérégie. Il est ordonné prêtre en 1929. Il est titulaire d’un
dû procéder à de nombreux changements, doctorat en théologie et en philosophie. Au cours de sa vie, il occupe les postes
suivants : professeur de théologie et de philosophie, supérieur général du Séminaire
notamment en ce qui a trait à la place de la
de Québec, recteur de l’Université Laval, directeur des Presses de l’Université Laval
religion à l’école. Le système scolaire qué- et doyen de la faculté de philosophie de l’Université Laval. Il occupe également
bécois connaît une petite révolution avec divers postes de prestige au sein de l’Église catholique. Il est nommé président de
l’implantation du nouveau cours d’éthique Mgr Alphonse-Marie Parent la Commission royale d’enquête sur l’enseignement au Québec, en 1961. Le Rapport
et culture religieuse. (1906-1970). Parent transforme complètement le système d’éducation au Québec, notamment
par sa remise en question du rôle de l’Église.
Le pluralisme sous-entend la coexistence des différences religieuses
et culturelles.

6 VIVRE ENSEMBLE 4 DOSSIER 1 La religion à l’école 7

Des effets de l’expérience religieuse Au cœur du christianisme


L’impact des expériences religieuses varie d’une personne à D’après le Nouveau Testament, Jésus de Nazareth a été crucifié et, trois jours plus
l’autre. Ce type d’expérience peut modifier les valeurs, les com- tard, différentes personnes l’ont vu bien vivant. L’expérience hors du commun vécue

Des compléments
BAO
portements et même donner un nouveau sens à la vie d’une par les témoins de la résurrection de Jésus est une expérience religieuse qui a eu un Le christianisme,

Des renvois
personne, ou encore en amener certains à croire en l’existence effet retentissant sur l’histoire de l’humanité. p. B23 à B40

«
du divin. Dans des cas exceptionnels, l’expérience religieuse

d’information. peut aller jusqu’à transformer les valeurs d’une société entière
en présentant un nouvel idéal à atteindre. L’apparition aux Onze
Comme ils parlaient ainsi, Jésus fut présent au milieu d’eux et il leur dit : “ La paix soit aux pages de
»
L’expérience religieuse personnelle avec vous. ” Effrayés et remplis de crainte, ils pensaient voir un esprit. Et il leur dit : “ Quel

la Boîte à outils
est ce trouble et pourquoi ces objections s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Regardez mes
L’expérience religieuse est fondamentale pour les croyants. mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi, regardez ; un esprit n’a ni chair, ni os,
Elle a pour effet de les aider à trouver des réponses à leurs comme vous voyez que j’en ai. ” À ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme,
questionnements existentiels. Pourquoi vivre ? Qui suis-je ? sous l’effet de la joie, ils restaient encore incrédules […]
Comment être heureux ? Pour certaines personnes, l’expé-
rience religieuse aura pour effet de transformer leur vision du
monde et de les amener à réorienter leur vie, à se convertir à
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2006, Luc 24, 36-41. pour compléter
une religion, à se sentir protégées, à s’engager dans une vie
religieuse ou communautaire plus intense.
Pietà, de Michel-Ange (1475-1564), 15e siècle.
Les évangiles du Nouveau Testament
relatent l’expérience de la résurrection de
l’information
présentée.
Une pietà est une sculpture ou un tableau qui
L’expérience religieuse au cœur des religions représente Marie tenant sur ses genoux le corps Jésus. Cette expérience est notamment
de son fils Jésus détaché de la croix. Le mot pietà racontée dans l’évangile de Luc, le troisième
La plupart des spécialistes des religions s’entendent pour dire signifie « pitié » en italien. évangile du Nouveau Testament, écrit entre
que la majorité des religions sont nées à la suite d’expériences 70 et 90 de notre ère. Luc, qui était médecin,
religieuses. Les religions se sont construites à partir des récits de per- est aussi l’auteur des Actes des apôtres.
sonnes qui ont été transformées par l’expérience qu’elles ont vécue et Dans le
qui ont voulu la raconter afin de permettre à d’autres personnes de vivre bouddhisme L’expérience de la résurrection de Jésus est
la même expérience. et dans le l’élément central du christianisme. Pour les
christianisme, chrétiens, la résurrection de Jésus-Christ
les expériences représente la victoire sur le mal et sur la
religieuses d’individus
mort. Elle est la promesse du pardon, de la
ont eu des effets
considérables
résurrection et la preuve de l’existence de
sur l’histoire de Dieu. Ces croyances s’appuient sur l’expé-
l’humanité : elles sont rience religieuse rapportée par les apôtres.
à l’origine de deux C’est cette expérience religieuse des apôtres
religions. qui est à l’origine de récits, de rites et de
règles au cœur du christianisme.
Les croyants chrétiens commémorent la
résurrection de Jésus par la fête de Pâques.
Des mots en gras,
Il s’agit de la fête la plus importante du
christianisme, car elle célèbre l’événement
au cœur de la foi chrétienne. Comme l’écrit
bleus, qui renvoient
Paul de Tarse dans sa lettre aux Corinthiens :
« [...] si Christ n’est pas ressuscité, notre
prédication est vide et vide aussi est votre
au glossaire, aux
À Bodh Gaya, en Inde, des moines bouddhistes sont rassemblés sous l’arbre de bodhi, aussi appelé
« arbre de l’illumination ». Ce serait sous cet arbre qu’eut lieu l’illumination du Bouddha.
foi ».
Scène du chemin de la Croix du graveur canadien d’origine irlandaise
John Henry Walker (1831-1899). Datée des années 1850-1885, cette
œuvre représente l’apparition du Christ aux apôtres.
pages G98 à G99.
28 VIVRE ENSEMBLE 4 DOSSIER 2 L’expérience religieuse 29

Aperçu d’un dossier V


Les pages d’activités

Nom : Groupe : Date :

IL ÉTAIT UNE FOIS AU QUÉBEC


1. Qu’est-ce qu’une société pluraliste ? Encerclez la bonne réponse.
a) Une société dont la croissance démographique est élevée.

b) Une société où coexistent des opinions politiques et religieuses multiples, des comportements
sociaux et culturels différents.
Des renvois aux pages de la Boîte à outils
c) Une société qui accepte plusieurs comportements sociaux et culturels.

2. Qu’est-ce qui explique le pluralisme de la société québécoise ?


pour trouver l’information nécessaire
à la réalisation de l’activité.
3. Placez les énoncés suivants en ordre chronologique en les numérotant de 1 à 5.

La publication du Rapport Parent.

L’implantation du cours d’éthique et culture religieuse.

La création du ministère de l’Éducation.

Le plein pouvoir de l’Église catholique dans le domaine de l’enseignement au Québec.

La publication du Rapport Proulx.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B85

1 Formulez sous la forme d’un jugement de prescription la recommandation principale du Rapport


Proulx sur la place de la religion à l’école.

2 a) Formulez un jugement de valeur qu’aurait pu formuler Mgr Parent en 1966 et qui traduirait sa
pensée sur la place de la religion à l’école.

b) Quelle question pourriez-vous formuler pour interroger le jugement de valeur précédent ?

10 VIVRE ENSEMBLE 4

Troisième partie du dossier


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 1 Total

1. En vous servant des informations du dossier, répondez aux questions suivantes.


/25
Le test bilan
a) Qui a publié le document intitulé Déclaration de principes sur la tolérance ?

b) Quel document le gouvernement du Québec a-t-il modifié pour implanter le cours éthique
Des activités pour revenir sur les notions
et concepts vus dans le dossier et pour faire
et culture religieuse ?

c) Quel organisme défend la liberté de conscience, la séparation des Églises et de l’État, et


la laïcisation des institutions publiques au Québec ?
le point sur le sujet.
d) Pendant la Révolution tranquille, à qui est donné le pouvoir détenu par l’Église catholique
dans le domaine de l’éducation ?

e) Quel organisme, fondé en 1966, est constitué de parents catholiques qui ont à cœur la
famille et l’éducation des jeunes au Québec ?

/5

2. Vrai ou faux ? VRAI FAUX

a) Le Rapport Parent, dirigé par un évêque catholique, remet


en question le rôle de l’Église en éducation.

b) Selon des données de Statistique Canada, la proportion


de la population immigrante chrétienne diminue au Québec
de 1961 à 2001, alors que la proportion de la population
immigrante des autres religions augmente.

c) Historiquement, l’enseignement religieux dans les écoles du Québec


a été exclusivement catholique.

d) Les cours de morale ont commencé à se donner dans les écoles


du Québec avant l’adoption de la Charte des droits et libertés
de la personne par l’Assemblée nationale. /4

Nom : Groupe : Date :


3. a) Formulez une question éthique au sujet de l’enseignement des religions à l’école.
4. Comparez la position de ceux qui sont en faveur d’un enseignement confessionnel des
religions à celle de ceux qui ne souhaitent aucun cours de religion à l’école. À cette fin,
expliquez en vos mots leur principale ressemblance.
/2
b) Nommez deux enjeux éthiques (une valeur et une norme) soulevés par votre question.

/4
/2

DOSSIER 1 La religion à l’école 21 5. Quelles sont les deux positions sur l’enseignement de la religion à l’école qui sont en faveur
de la laïcité.

/2

6. Les interventions présentées ci-dessous sont en lien avec l’enseignement de la religion à


l’école. Pour chacune d’elles :
a) Nommez le procédé susceptible d’entraver le dialogue qui est utilisé par l’intervenant
pour faire valoir son point de vue.

b) Entourez la portion du texte qui contient le procédé susceptible d’entraver le dialogue.

c) Formulez une question qui permet de remettre en cause le procédé susceptible d’entraver
le dialogue utilisé. /6

A. Qu’est-ce que les enseignants pourront dire au sujet des pratiques religieuses ?
Ils vont devoir peser leurs mots ! Imaginez qu’un élève rapporte les propos de
son enseignante à ses parents très pratiquants. Les parents risquent de mal
interpréter les propos en question, de se fâcher et de se présenter à l’école pour
dire leur façon de penser à l’enseignante. Ils en viendront peut-être même aux
coups ! Ce sera invivable !

B. Je crois qu’il est préférable d’être en faveur du cours d’éthique et culture religieuse.
C’est mon père qui me l’a dit.

22 VIVRE ENSEMBLE 4

VI VIVRE ENSEMBLE 4
Aperçu de la Boîte à outils
L’éthique

Mieux comprendre la réflexion éthique

L’éthique
Pour mieux réfléchir sur des questions
comporte des…
éthiques.
questions éthiques
qui soulèvent des…

enjeux éthiques
qui sont des…

Comment formuler une question éthique?


valeurs normes
La question éthique est l’outil principal pour poser un regard éthique sur une situation.
(Voir la page B6.) Se divisent en…
Les questions éthiques ont trois fonctions.

Comprendre
Certaines questions permettent de mieux comprendre les normes, les valeurs et les
comportements associés à une situation, car elles font ressortir des précisions
Principe moral importantes. Règle morale

Un principe moral est une norme qui définit ce qu’il est Exemples
Une de questions
règle morale : Qu’est-ce
est une norme qui spécifieque le droit à la liberté d’association ? Qu’est-ce que
comment
nécessaire de faire ou de ne pas faire pour atteindre ce qui est appliquer un principe
la vie privée moral dans
? Qu’est-ce quedes situations
le plagiat précises.est la différence entre l’égalité et l’équité ?
? Quelle
tenu pour le bien. Cette norme est souvent exprimée dans un La règle apparaît généralement plus contraignante et elle
Quelles sont les différentes façons de concevoir la justice sociale ?
énoncé très général dont découle un ensemble de règles s’exprime souvent sous forme d’interdictions.
morales.
Définir
« Ne tue pas. »
« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on «Certaines
Ne vole pas.questions
» permettent de définir et de mieux connaître les normes, les points
te fasse. » «de vue
Il est et les
interdit de motivations de différentes
s’adresser à autrui personnes dans telle situation, car elles per-
de manière volontaire-
ment offensante,
mettent que ce soitdivers
de distinguer en paroles ou en et
repères gestes. »
conduites.

«Exemples
Il est interditde questions
de tenir : Quelles
ou d’encourager dessont leshaineux
propos normes relatives à l’élevage des animaux ?
Quel est le point »de vue de tel spécialiste sur tel sujet ? Pour quelles raisons les inter-
ou discriminatoires.
« Aimez-vous les uns les autres. »
«nautes fréquentent-ils
Il est défendu tel réseau
d’utiliser la force social
physique contre? qui
Pourquoi
que est-il interdit de mâcher de la gomme
ce classe
en soit. » ?

« Agis en vue du plus grand bonheur collectif. » « Il est interdit de détériorer volontairement le local de classe. »
Évaluer
« Afin de respecter les droits d’auteurs, l’élève doit indiquer
« Sois honnête. » Certaines
clairement les questions permettent
sources des informations d’évaluer,
qui sont utilisées de justifier ou de recommander des
conduites
dans ou
un travail. » des idées en lien avec la situation, car elles mènent à des suggestions
de conduites à adopter ou à des propositions de solutions à divers problèmes éthiques.
« Respecte les droits et libertés d’autrui. » Les options proposées visent à favoriser le vivre-ensemble.
« Tout être humain est titulaire de libertés fondamentales telles « Il est interdit de faire circuler des informations sur la vie
la liberté d’expression, de conscience et de réunion pacifique. » Exemples de questions
privée des personnes : Pour
sans leur quelles raisons
consentement. » est-il souhaitable d’acheter des livres de
« Tout être humain a droit au respect professionnel. » littérature dans des magasins à grande surface ? Quels seraient les comportements à
promouvoir ou à éviter dans telle situation ? Que conseillerais-tu à telle personne dans

B4 VIVRE ENSEMBLE 4
telle situation ? Quels sont les avantages et les inconvénients de certaines actions ?
Quelles sont les conséquences de telles actions ? Un aperçu de quelques grands courants
philosophiques pour aborder les questions
Questions à éviter

Lors d’une réflexion éthique, il est recommandé d’éviter les questions du type
« Doit-on… ? » ou « Faut-il… ? », qui laissent croire à une bonne réponse. De telles
questions relèvent plus de la morale. L’éthique cherche davantage à déterminer si les
actions sont souhaitables et sur quoi elles sont fondées. éthiques et y réfléchir.

BOÎTE À OUTILS B5

Les grands courants philosophiques


Que fait le philosophe ? Il réfléchit aux ques-
tions les plus fondamentales que se pose
l’être humain. Il s’interroge sur des sujets
comme la vérité, la liberté, la démocratie ou
le sens de la vie et de la mort. L’éthique est
un domaine spécialisé de la philosophie qui
s’intéresse aux grands principes de la
conduite humaine. Ses deux principaux
objets d’étude sont la morale et le bonheur.
Le texte qui suit présente une brève descrip-
tion de six courants de pensée éthiques et de
six philosophes qui y sont associés.

Des extraits de la Charte des droits et libertés de L’hédonisme


Le penseur, œuvre du sculpteur français Auguste Rodin (1840-1917).

L’éthique déontologique qu’il veut tuer. Vous savez où elle se trouve. Devez-

la personne du Québec, du Code civil du Québec et


Le terme hédonisme vient du grec hedonê, qui Un hédonisme modéré vous le lui dire ? » Kant a estimé que oui, car notre
signifie « plaisir ». L’hédonisme est une éthique duL’éthique déontologique est une morale du devoir
Épicure professait un hédonisme modéré. Ildevoir est de toujours dire la vérité.
plaisir. Il définit le bien par le plaisir et le mal, par(déontos en grec). Elle fonde la morale sur des prin-
cipesconseillait
que nousde nesatisfaire
devons jamaisavec modération
transgresser, lespeuplaisirs

du Code criminel du Canada pour mieux comprendre


la douleur.
simples et naturels,
importe les conséquences. et il condamnait le luxe, les excès L’existentialisme
et ce qu’il appelait les désirs vides, comme la soif de
Épicure L’existentialisme nie que l’être humain ait une
Kantcélébrité, de pouvoir ou de richesse, qui est impos-nature prédéterminée. Il conçoit l’être humain

les droits fondamentaux dans notre société.


Épicure (341-270 avant notre ère) fut probablement sible à combler.
le philosophe le plus célèbre de l’Antiquité. Il fonda Emmanuel Kant (1724- comme un être libre qui se définit et s’invente lui-
à Athènes sa fameuse école du Jardin, vers 306 avant Selon Épicure, il n’y a 1804)
aucune est un
raison dedes plus
craindre lesmême à travers ses choix.
notre ère. Ouverte aux femmes et à toutes les classes dieux, car ils vivent dans grands nomsà de
un monde partl’his-
et ils ne
sociales, cette école fonctionnait sur le modèle d’une s’intéressent aucunement toire de
aulasort
philosophie.
des humains.Il Sartre
communauté d’amis. Épicure y mena une vie simple Il conseillait aussi de ne menapas àavoir
Königsberg,
peur de laenmort.À la fois philosophe et écrivain, Jean-Paul Sartre
et frugale, et resta célibataire et sans enfants jusqu’à Partant de l’idée que toute Allemagne,
souffranceune suppose
vie pai- des(1905-1980) fut un personnage fortement média-
sa mort. sensations de douleur,sible et rationnellement
il concluait qu’on n’a rien àtisé en raison de ses positions politiques radicales,
ordonnée,
craindre de la mort, puisqu’on n’aànil’image de nicomme son appui à la révolte étudiante de mai 1968,
sensations
douleur lorsqu’on est mort. sa philosophie. Il faisait en France. Il fut le seul écrivain à refuser le prix
Emmanuel Kant (1724-1804).
chaque jour une prome- Nobel de littérature. Ses funérailles ont attiré plus
L’actualité d’Épicure nade d’une heure avec de 50 000 personnes.
Extraits de la Charte des droits et libertés un tel
Lasouci d’exactitude
pensée d’Épicure quetrouvelesun
gens, endans
écho le voyant,
la culture
savaient exactement carl’heure qu’il
desétait ! du mou-Une éthique de la liberté
de la personne du Québec d’aujourd’hui, il est un inspirateurs
vement de la simplicité volontaire, qui condamne laSartre voit dans la liberté la caractéristique essen-
Deux grands principeset le gaspillage, et appelle un
surconsommation tielle de l’être humain. Sur le plan moral, cette liberté
Kantretour
a donné deuxvie
à une versions
simpledu et principe
naturelle.fondamental signifie qu’il n’y a pas de règles du bien ou du mal
de la morale. La première est le principe d’universa- immuables et prédéterminées. Il revient à chaque
Une qu’il
lisation, idée controversée
énonce sous forme de questions : individu de définir par ses choix ce qui est bien et ce
« Puis-je vouloir
Épicure que tout
préconisait le le monde
célibat agisse toujours
et l’amitié, car il consi-qui est mal, et il doit assumer une totale responsa-
comme moi
dérait que? Puis-je vouloir
le mariage quedetout
et la vie le monde
famille empêchentbilité à cet égard.
mente ? Puis-je
l’individu vouloir la
d’atteindre que personneintérieure
tranquillité ne vienne essen-
Épicure (341-270 avant notre ère). Cette responsabilité est une source d’angoisse qui
jamais en au
tielle aide aux autres ? »
bonheur.
porte souvent l’individu à se dérober et à attribuer
Préambule La deuxième version est le principe du respect : « Ne ses actions à des causes extérieures, comme les
traite jamais une personne humaine comme un autres ou les circonstances. Cette fuite de la res-
Considérant que tout être humain possède des droits et libertés intrinsèques,
simple moyen pour arriver à tes fins. » La personne ponsabilité est ce que Sartre appelle la mauvaise
destinés à assurer sa protection et son épanouissement ;
humaine a une dignité qui lui vient de sa liberté et foi. Son contraire est l’authenticité.

droit à une égale protection de la loi ;


Extraits du Code criminel du Canada
Considérant que tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont de son autonomie. Toute forme de violence, de chan-
tage ou de manipulation envers une personne viole
BOÎTE À OUTILS B15
Dans son roman La nausée, paru en 1938, Sartre
En matière de droit criminel, les lois permettent de protéger les individus, ainsi que d’assurer la paix et décrit notamment l’angoisse existentielle qui accom-
Considérant que le respect de la dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes le principe du respect.
l’ordre entre les personnes. Ces lois énumèrent et définissent les comportements criminels tout en pagne souvent la réflexion sur l’existence.
et les hommes et la reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires
prévoyant les sanctions qui y sont reliées.
constituent le fondement de la justice, de la liberté et de la paix ;
L’actualité de Kant
Au Canada, les lois relevant du droit criminel sont élaborées par le Parlement canadien. Elles s’appliquent Kant a souhaité l’avènement d’un organisme inter-
Considérant que les droits et libertés de la personne humaine sont inséparables des « J’étais apparu par hasard, j’existais comme une
à tous les individus de 12 ans et plus dans toutes les provinces et dans tous les territoires canadiens. Elles national voué à la cause de la paix qui réunirait tous
droits et libertés d’autrui et du bien-être général ; pierre, une plante, un microbe. Ma vie poussait
sont majoritairement regroupées dans le Code criminel du Canada. les pays du monde. Il préfigurait ainsi ce qui est
Considérant qu’il y a lieu d’affirmer devenu, au 20e siècle, l’Organisation des Nations au petit bonheur et dans tous les sens. Elle m’en-
Ensolennellement dans une Charte les libertés et
voici quelques extraits.
droits fondamentaux de la personne afin que ceux-ci soient garantis par la volonté unies. voyait parfois des signaux vagues ; d’autres fois,
collective et mieux protégés contre toute violation ; je ne sentais rien qu’un bourdonnement sans
Une idée controversée conséquence. »
À ces causes, Sa Majesté, de l’avis et du consentement de l’Assemblée nationale
du Québec, décrète ce qui suit : On a demandé à Kant son avis sur le dilemme moral « Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La
suivant : « Un homme armé se présente chez vous et racine du marronnier s’enfonçait dans la terre,
vous demande de lui dire où se trouve la personne
LES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE
DÉFENSE DE LA PERSONNE
LIBERTÉS ET DROITS FONDAMENTAUX B16 VIVRE ENSEMBLE 4

1. 34. qu’à
Tout être humain a droit à la vie, ainsi (1) la
N’est pas àcoupable
sûreté, d’une
l’intégrité et à infraction
la liberté la personne qui, à la fois :
de sa personne. Il possède également la personnalité juridique.
a) croit, pour des motifs raisonnables, que la force est employée contre elle ou une
2. autreau
Tout être humain dont la vie est en péril a droit personne
secours.ou qu’on menace de l’employer contre elle ou une autre personne ;
[…]

3. b) commet l’acte
Toute personne est titulaire des libertés fondamentales tellesconstituant l’infraction dans le but de se défendre ou de se protéger
la liberté de
— ou de défendre
conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la libertéoud’expression,
de protéger une autre personne — contre l’emploi ou la menace
la liberté de réunion pacifique et la libertéd’emploi de la force ;
d’association.

4. Toute personne a droit à la sauvegarde de sa


c) dignité, de sonraisonnable
agit de façon honneur etdans
de les circonstances.
sa réputation.

5. Toute personne a droit au respectATTROUPEMENT


de sa vie privée. ILLÉGAL

6. Toute personne a droit à la jouissance


63. paisible et à la libre disposition
(1) Un attroupement illégal estde
la ses
réunion de trois individus ou plus qui, dans l’intention
biens, sauf dans la mesure prévue par la d’atteindre
loi. un but commun, s’assemblent, ou une fois réunis se conduisent, de manière
à faire craindre, pour des motifs raisonnables, à des personnes se trouvant dans le
voisinage de l’attroupement :

a) soit qu’ils ne troublent la paix tumultueusement ;

b) soit que, par cet attroupement, ils ne provoquent


BOÎTE À OUTILS B7
inutilement et sans cause raison-
nable d’autres personnes à troubler tumultueusement la paix.

INTERCEPTION DES COMMUNICATIONS

184. (1) Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq
ans quiconque, au moyen d’un dispositif électromagnétique, acoustique, mécanique ou
autre, intercepte volontairement une communication privée.

HOMICIDE

222. (1) Commet un homicide quiconque, directement ou indirectement, par quelque moyen,
cause la mort d’un être humain.

B12 VIVRE ENSEMBLE 4

Aperçu de la Boîte à outils VII


La culture religieuse

Mieux comprendre la culture religieuse Les traditions religieuses


La culture religieuse permet de mieux comprendre les traditions religieuses, qui se Cette partie de la Boîte à outils propose une vue
manifestent dans l’environnement social et culturel par des expressions du religieux. d’ensemble de quelques-unes des religions du

Présentation des traditions


Ces expressions observables peuvent être des récits, des rites, des règles, des sym- monde qui sont pratiquées au Québec. Cette syn-
boles, des éléments du patrimoine religieux, des vêtements, des paroles, des lieux, thèse permet de les situer dans le temps, d’apprendre
des objets, etc. Ces expressions du religieux peuvent aussi se retrouver dans la culture le nom de leurs fondateurs, leur répartition dans le

religieuses présentes
profane, c’est-à-dire en dehors de la religion. monde, leurs croyances, leur conception de l’être
humain, du mal et de la vie après la mort, leur orga-
nisation, leur façon de transmettre la foi, la place
Les traditions religieuses, qu’elles accordent aux femmes, leurs rites, leurs
c’est-à-dire les grandes religions, se manifestent par les... fêtes, leurs règles de conduite, leur implantation et
leur importance relative en fonction de la population
de chaque région administrative du Québec.
au Québec.
expressions du religieux,
des éléments observables qui ont des liens avec une religion et qui peuvent se retrouver... Un monde, des religions
Résumer une religion en quelques lignes comporte
sa part de dangers. Avant de lire les dossiers qui
suivent, il importe de prendre en considération La fête de Timkat, qui correspond à l’Épiphanie, a lieu en janvier.
dans la pratique dans le patrimoine dans la culture profane : Pour les chrétiens orthodoxes éthiopiens, il s’agit du principal
religieuse : religieux : la bible du barbecue, quelques nuances afin d’éviter de tomber dans la
événement de l’année. Chaque culture religieuse a sa façon
le calice, la kippa, l’icône, le nom Sainte-Anne-de- une religieuse dans une généralisation abusive, ou pire, dans la caricature. particulière de célébrer les moments importants de son calendrier.
l’alléluia, le col romain, Beaupré, la croix de chemin, publicité, un nom de
Pour chaque tradition religieuse, il serait possible
la communion, les ablutions, le cimetière, l’oratoire commerce ou de produit de
le voile, le turban, l’autel, Saint-Joseph, la synagogue consommation en lien avec d’affirmer qu’il existe autant de façons de croire qu’il propres à leur religion. D’autres cherchent plutôt
la Bible, le Coran, Shaar Hashomayim, les la religion, le titre gourou de y a de croyants. En effet, certains croyants s’engagent à dégager l’esprit d’un récit ou d’une règle, son
« Tu ne tueras point », vitraux de Guido Nincheri, la finance, des expressions à respecter de façon stricte et dans les moindres sens général, et l’ajustent aux réalités du monde
la hutte de sudation. la légende de la Chasse- comme « Œil pour œil, dent détails l’ensemble des récits, des règles et des rites d’aujourd’hui.
galerie, La Mecque. pour dent », qui sont tirées
de la Bible, mais utilisées
dans un contexte profane. Chronologie générale des grandes traditions religieuses

– 30 000 Arrivée des premières populations de chasseurs avec leurs pratiques animistes en Amérique.
à – 15 000 Naissance des spiritualités amérindiennes.

Afin de mieux comprendre une expression du religieux, il faut connaître... v. – 1500 Début de l’écriture des Veda. Naissance de l’hindouisme.

– 1000 Arrivée des premiers ancêtres des Inuits avec leurs pratiques animistes. Naissance de la spiritualité inuite.

– 6e siècle Naissance du judaïsme à partir de traditions anciennes.


ses caractéristiques : ses fonctions : ses significations :
v. – 500 Début de l’ère brahmanique de l’hindouisme.
ce que c’est. un rôle, une utilité. ce qu’elle veux dire,
ce qu’elle représente. – 523 Par son éveil, Siddhartha Gautama devient le Bouddha. Naissance du bouddhisme.

30-120 Vie publique de Jésus de Nazareth, naissance du christianisme et rédaction du Nouveau Testament.

Exemples de caractéristiques, de significations et de fonctions : 610 Le prophète Muhammad reçoit de Dieu les premières révélations du Coran. Naissance de l’islam.

Une caractéristique Une fonction Une signification 1517 Critique du christianisme catholique par le moine allemand Martin Luther. Naissance du christianisme
protestant.
Guider les croyants dans leurs 1529 Rupture d’Henri VIII avec l’Église de Rome.
La Bible (pour un chrétien) Recueil de textes. La parole de Dieu.
choix de vie.
1534 Le Parlement anglais entérine la suprématie du roi sur l’Église d’Angleterre. Naissance de l’anglicanisme.

Inspirer moralement les 1536 Publication en latin de l’Institution de la religion chrétienne, par le prêtre français Jean Calvin. Naissance
Le rabbin (pour un juif) Spécialiste de la Torah. Il est la Torah vivante. du calvinisme.
membres de sa communauté.

B20 VIVRE ENSEMBLE 4 BOÎTE À OUTILS B21

Des notions pour mieux comprendre


le phénomène religieux.
Des moments importants.

Un Dieu, trois religions Le catholicisme


Il y a dans le monde trois grandes religions
monothéistes : le judaïsme, le christia- POINTS DE REPÈRE
nisme et l’islam. Ces trois religions se Fondateur Nom du divin
réfèrent en effet au même Dieu unique et
Jésus-Christ en est le fondateur ; les douze Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils
universel. Qu’il soit appelé « Yahvé » en apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres et le Saint-Esprit).
hébreu, « Dieu » en français ou « Allah » en angulaires.
arabe, il s’agit du même Tout-Puissant, Noms des croyants
créateur du monde. C’est pour cette raison Texte sacré Les catholiques.
que le premier être humain à le recon- La Bible (l’Ancien Testament et le Nouveau
Principales divisions :
naître, Abram ou Abraham ou Ibrahim, est Testament).
qualifié de « père des croyants ». On trouve
ainsi la parole de Dieu dans les textes
Lieux sacrés
Tous les lieux significatifs dans la vie de Jésus Roumains, melkites) ;
sacrés de ces religions, entre autres dans
sont devenus des lieux importants pour de
le TaNaK (judaïsme), la Bible (christia-
nombreux croyants (Bethléem, Jérusalem, etc.).
nisme) et le Coran (islam). Jérusalem, en Israël. Les religions juive, chrétienne et musulmane
Éthiopiens) ;
considèrent Jérusalem comme un lieu saint.
Lieux de culte
Le christianisme au Québec Église (où Dieu réside), chapelle, basilique, (maronites, malankares) ;
suit fournit les données sur la présence de certaines cathédrale, oratoire.
À son arrivée à Gaspé, en 1534, Jacques Cartier
traditions religieuses au Québec. Dans les pages Chaldéens).
plante une croix. Il manifeste ainsi la double inten- Symbole principal
suivantes, pour chaque tradition religieuse présen-
tion de son commanditaire, le roi de France : prendre La croix (l’instrument de supplice sur lequel
tée, un tableau fournit les données par région admi-
possession du territoire et l’évangéliser. Des mis- Jésus est mort).
nistrative du Québec.
sionnaires accompagnent les premiers groupes
de Français en Amérique du Nord pour convertir
Présence de certaines traditions religieuses au Québec
les populations autochtones. Dès le début, la foi
catholique est un des moteurs de la colonisation. La Traditions Population en %
Nouvelle-France est fortement marquée par l’em- religieuses Le catholicisme dans le monde
preinte du catholicisme. Le territoire est divisé en Catholique 5 939 705 83,36
paroisses, où sont construites les premières églises.
Des communautés religieuses, principalement des Protestante 335 595 4,71
femmes, fondent et dirigent des écoles, des hôpitaux Orthodoxe 100 370 1,41
et de nombreux lieux d’entraide. Surtout catholique chrétienne
au début, la colonie a, par la suite, accueilli des chré-
Musulmane 108 605 1,52
tiens protestants et des chrétiens orthodoxes.
Ensemble, ils ont contribué à développer le territoire. Juive 89 945 1,26
Ces trois visages du christianisme ont d’importants
Bouddhiste 41 430 0,58
points en commun : ils croient en un même Dieu et
en un même Jésus, Fils de Dieu, sauveur du monde. Hindoue 24 515 0,34
Les trois enseignent l’amour de Dieu et du prochain.
Sikhe 8 225 0,12
Enfin, le baptême et l’eucharistie sont au cœur de
leur foi. Autres religions 64 000 0,90

Aucune croyance 413 190 5,80


La pluralité religieuse religieuse

De nos jours, au Québec, la foi se conjugue au pluriel.


Total 7 125 580 100,0
En effet, sur les 7 millions d’habitants que comptait Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007,
p. 48-49.
la province en 2001, 6 712 400 déclaraient apparte- Source : D’après les données de l’Institut de la statistique du
nir à une religion, de près ou de loin. Le tableau qui Québec, recensement 2001.

B22 VIVRE ENSEMBLE 4 BOÎTE À OUTILS B23

Les principales traditions religieuses


au Québec en termes de population.

VIII VIVRE ENSEMBLE 4


Pour en savoir plus sur chacune
Le catholicisme
POINTS DE REPÈRE des principales traditions religieuses
présentes au Québec, un dossier
Fondateur Nom du divin
Jésus-Christ en est le fondateur ; les douze Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils
apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres et le Saint-Esprit).

de quelques pages leur est consacré.


angulaires.

Les grands moments de


Noms des croyants
Texte sacré Les catholiques.
La Bible (l’Ancien Testament et le Nouveau
Principales divisions :

l’histoire de chaque religion.


Testament).

Lieux sacrés
Tous les lieux significatifs dans la vie de Jésus Roumains, melkites) ;
sont devenus des lieux importants pour de
nombreux croyants (Bethléem, Jérusalem, etc.).
Éthiopiens) ;
Lieux de culte
Église (où Dieu réside), chapelle, basilique, (maronites, malankares) ;
cathédrale, oratoire.
Chaldéens).
Symbole principal
La croix (l’instrument de supplice sur lequel
Jésus est mort).
Chronologie du catholicisme

v. – 6 Naissance de Jésus.

Le catholicisme dans le monde v. 30 Crucifixion et résurrection de Jésus-Christ.

45

v. 50-120
Paul de Tarse annonce l’Évangile en Asie Mineure.

Rédaction des lettres de Paul, des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) et des autres écrits du Nouveau Testament.
Des portraits
v. 150

v. 320
Apparition des premières représentations iconographiques du Christ.

Fondation du premier monastère.


qui présentent
325

381
Concile de Nicée, où les bases de la foi chrétienne sont établies. On confirme la divinité de Jésus.

Concile de Constantinople.
des personnes
significatives
385-406 Traduction de la Bible en latin par Jérôme.

451 Concile de Chalcédoine. On discute de la Trinité (Dieu Père, Fils et Saint-Esprit). Quelques Églises de rite
alexandrin en désaccord se séparent.

529

910
Création de l’ordre des Bénédictins par Benoît de Nursie.

Fondation de l’abbaye de Cluny. Mille deux cents autres abbayes seront ensuite construites en deux cents ans.
pour chacune
Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007,
1054 Séparation entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe parce que les Églises de l’Est ne reconnaissent pas
l’autorité du pape. des traditions
religieuses.
1209 Fondation, par saint François d’Assise, de l’ordre des Frères mineurs.
p. 48-49.
1455 Première impression de la Bible par Gutenberg.

1541-1627 Arrivée des premiers chrétiens en Amérique.


BOÎTE À OUTILS B23
1545-1563 Concile de Trente.

1869-1870 Concile du Vatican I, qui proclame le dogme de l’infaillibilité du pape.

1962-1965 Concile du Vatican II, qui vise à adapter l’Église à la société moderne.

1986 Rencontre à Assise entre les responsables des grandes religions du monde.

2013 Élection du pape François.

Un encadré expose PORTRAIT Paul de Tarse

les principaux points Paul est né à Tarse, au Proche-Orient, vers l’an 5. Ses écrits, qui font partie du
Nouveau Testament sous le nom d’épîtres, l’ont rendu célèbre. L’Église catholique
l’a canonisé. Pourtant, rien, au début de sa vie, ne laissait présager une telle

de repère pour chacune destinée. Citoyen de l’Empire romain, il est éduqué à Jérusalem. Juif pharisien, il
observe strictement les lois de la Torah. Il se joint aux persécuteurs des premiers

Une carte montre la répartition chrétiens jusqu’au jour où une apparition du Christ l’incite à se convertir. Dès lors,
il se consacre à l’évangélisation des juifs et des païens. Ses lettres – épîtres – aux

des religions. communautés chrétiennes qu’il a fondées reflètent le message du Christ. Bien que,

des fidèles de chaque tradition


contrairement aux autres apôtres, il n’ait pas connu le Christ pendant sa vie sur
Terre, il fait partie des apôtres du christianisme, les premiers à prêcher les paroles
du Christ.
Paul de Tarse (v. 5-65).

religieuse dans le monde. B24 VIVRE ENSEMBLE 4

La répartition des croyants


dans les régions administratives
Le catholicisme au Québec
du Québec.
Les catholiques sont les premiers à avoir Répartition des catholiques au Québec par régions en 2001
colonisé la partie de la Nouvelle-France Régions administratives Population Population en %
qui devait devenir le Québec. Leur totale catholique
nombre s’est accru grâce aux multiples 01 Bas-Saint-Laurent 195 545 188 150 96,22
naissances et à l’immigration, en parti- 02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 263 805 96,17
culier celle des Irlandais au 19e siècle.
03 Capitale-Nationale 628 515 578 030 91,97
04 Mauricie 249 705 235 925 94,48
05 Estrie 279 705 242 975 86,87

L’athéisme
06 Montréal 1 782 830 1 141 170 64,01
07 Outaouais 312 820 262 200 83,82
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 135 645 93,97
09 Côte-Nord 96 895 90 295 93,19
10 Nord-du-Québec 38 495 16 945 44,02
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 88 595 92,80
12 Chaudière-Appalaches 376 575 358 715 95,26
13 Laval 339 000 274 925 81,10
14 Lanaudière 383 340 358 205 93,44
15 Laurentides
16 Montérégie
454 525
1 260 150
406 615
1 096 070
89,46
86,98
L’athéisme
Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce lieu de 17 Centre-du-Québec 213 345 201 440 94,42 POINTS DE REPÈRE
pèlerinage international est également un des plus
anciens au Québec. Dès 1658, des fidèles viennent Le Québec 7 125 580 5 939 705 83,36 Plusieurs personnes dans le monde affirment Il n’y a pas de doctrine unique qui oriente
y prier. C’est aussi un lieu de pèlerinage important ne croire en aucun dieu. Ces personnes se l’agir de l’ensemble des athées et des
Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec,
pour de nombreux Autochtones christianisés.
recensement 2001. qualifient généralement d’athées ou agnostiques. Pour trouver des réponses
d’agnostiques. à leurs questions existentielles et morales,
les athées et les agnostiques seront généra-
L’athéisme est une attitude ou une doctrine
Chronologie du catholicisme au Québec lement guidés par diverses philosophies ou
qui nie l’existence de Dieu ou de dieux. Le
1534 Jacques Cartier prend possession du territoire en plantant une croix au nom du Christ et du roi de France. idéologies qui ne font pas référence à Dieu.
mot « athée » signifie littéralement « sans dieu ».
1615 Première messe catholique célébrée sur l’île de Montréal. Les athées et les agnostiques transmettent
L’agnosticisme est une attitude ou une
leurs idées et leurs convictions au public
1637 Premier baptême d’un Amérindien adulte en Huronie. doctrine qui affirme que les êtres humains
au moyen de livres, de magazines et, plus
1674 Nomination du premier évêque de Québec, François-Xavier de Montmorency-Laval. sont incapables de savoir si Dieu existe ou
récemment, dans internet et par diverses
non. Pour l’agnostique, même si le divin
1847 Inauguration de l’église catholique irlandaise Saint-Patrick. campagnes publicitaires. Certaines associa-
existait, les humains ne pourraient y avoir
1886 Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau devient le premier cardinal canadien. tions athées organisent aussi des débats,
accès, ni par les sens, ni par la raison.
des conférences et des congrès sur le sujet.
1910 Congrès eucharistique à Montréal, le premier en Amérique.
1918 Début de la construction de l’église catholique italienne Notre-Dame-de-la-Défense.
1924 Pose de la croix illuminée sur le mont Royal, à Montréal.
1933 Fondation de l’église catholique polonaise Notre-Dame-de-Czestochowa.
1982 Naissance de la paroisse catholique haïtienne Notre-Dame-d’Haïti.
1983 Au primaire et au secondaire, les élèves ont maintenant le choix entre le cours d’enseignement moral et religieux
(catholique ou protestant) et un enseignement moral.
1986 Inauguration de l’église catholique portugaise Santa Cruz.
2008 Programme d’éthique et de culture religieuse obligatoire pour tous, qui remplace le choix entre un enseignement moral
et religieux (catholique ou protestant) et un enseignement moral.
L’athéisme dans le monde
B30 VIVRE ENSEMBLE 4

Un lieu de culte de chaque


tradition religieuse présente
au Québec.
Les grands moments de l’histoire The Cambridge Companion to Atheism,

des principales traditions BOÎTE À OUTILS B73

religieuses au Québec.

Des textes sur l’athéisme


complètent la section sur
la culture religieuse.

Aperçu de la Boîte à outils IX


Le dialogue

Les conditions favorables au dialogue

Des outils pour comprendre


Une écoute active et attentive et pratiquer le dialogue.

Une formule gagnante

Au sujet de …

Des arguments clairs et rigoureux


Je suis en accord, ou en désaccord, avec le fait
que…, avec l’idée selon laquelle…

Mon argument principal est le suivant…

Mon argument s’appuie sur…

B80 VIVRE ENSEMBLE 4

Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue


Les formes du dialogue, les types de raisonnements et
de jugements, des méthodes pour élaborer et interroger
un point de vue et les procédés susceptibles d’entraver
le dialogue.
Hier, pour la
première fois, je suis
1 La généralisation abusive allée chez mon ami Maude, est-ce seulement
en autobus. L’autobus parce que ton autobus est
est arrivé avec près arrivé en retard hier que
de 30 minutes de tu conclus que tous les
retard. Les transports transports en commun ne
en commun ne sont pas efficaces ?
sont vraiment pas
efficaces. Les types de raisonnements

Tu penses Pourquoi est-ce que


vraiment que tu critiques son physique ? 2 L’attaque personnelle
c’est lui le meilleur As-tu quelque chose
joueur ? Lui ? à dire sur ses habiletés
Avec sa nouvelle au soccer ?
coupe de 1 Le raisonnement par induction
cheveux
affreuse ?
Comment interroger un point de vue?
Les types de jugements

Valérie, ne crois-tu pas qu’il


serait temps de2 teLe raisonnement
trouver un par analogie
travail pour cet été ?

Est-ce vraiment nécessaire ?


3 L’appel au clan Aucune de mes amies ne Est-ce que
travaille. Pourquoi est-ce tu te fies toujours Le jugement de valeur
que je travaillerais ? à tes amies pour

Comment élaborer un point de vue?


prendre des
décisions ? Le jugement de réalité
Sais-tu pour Exemples :
quelles raisons
elles ne travaillent
3 Le raisonnement par
pas ? hypothèse Une méthode pour décrire
Exemples : aussi importantes l’une que l’autre.

par mois. Attention ! La description


Énumération de caractéristiques propres à une
situation d’ordre éthique ou à une expression
BOÎTE À OUTILS B93 et la femme.
du religieux. La description doit permettre une
Attention ! représentation la plus complète possible de la
situation d’ordre éthique ou de l’expression
du religieux.
La description sert à présenter ou à faire voir aux
4 Le raisonnement par déduction lecteurs les lieux, les personnages, les expressions
du religieux, les situations, etc.
- Les formes du dialogue

La délibération La narration
Le jugement de préférence Le jugement de prescription

Par exemple : Une grand-mère raconte ses


B86 VIVRE ENSEMBLE 4
Exemples : Exemples : voyages à ses petits-enfants.

neufs. soir.
Par exemple : Une directrice, des élèves et des
Une méthode pour comparer parents délibèrent afin de parvenir à un consen-
Attention ! Attention ! sus sur un nouvel uniforme scolaire.
La comparaison
Établissement de différences ou de ressemblances
entre deux ou plusieurs éléments.
La comparaison permet de faire ressortir les
différences et les ressemblances entre des
éléments.

BOÎTE À OUTILS B85

La discussion La conversation

Par exemple : Des élèves échangent leurs idées


sur le code de vie de l’école afin de l’analyser.

BOÎTE À OUTILS B83

Par exemple : Deux amis parlent de leurs groupes


de musique préférés.

BOÎTE À OUTILS B81

X VIVRE ENSEMBLE 4
La religion
à l’école
DOSSIER 1

Lettre à une génération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
Au nom de la charte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5
Portrait de société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Il était une foi à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
La tolérance selon l’UNESCO . . . . . . . . . . . . . . . .8
Des questions de droits . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
Il était une fois au Québec . . . . . . . . . . . . . . .10
La tolérance en question . . . . . . . . . . . . . . . .11
Pluralisme et tolérance . . . . . . . . . . . . . . . . . .12
L’enseignement de la religion à l’école . . . . . . .13
Des points de vue comparés . . . . . . . . . . . . .17
Lettre à mes grands-parents . . . . . . . . . . . . .19
Test bilan du dossier 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . .21
Lettre à une génération
Un matin de septembre, votre amie Laurence ouvre
le journal. Une surprise de taille l’attend. Dans le
courrier des lecteurs, une lettre de ses grands-
parents lui est adressée.

OPINION | COURRIER

Nous sommes inquiets pour toi


Publié le : lundi 23 septembre 2013, 22h36 | Mise à jour : lundi 23 septembre 2013, 22h36

Si nous prenons le temps d’écrire cette lettre, c’est que nous sommes inquiets pour toi.
Le monde dans lequel tu vis est différent de celui dans lequel nous vivions à ton âge.
Tellement différent ! Quelquefois, nous nous sentons perdus devant tant de nouveauté.
Récemment, tu nous as informés que toutes les écoles du Québec offraient le cours
d’éthique et culture religieuse. Sommes-nous les seuls à ne pas comprendre ce choix
du ministère de l’Éducation ? Est-ce que tout le monde est d’accord avec le contenu
de ce cours ?
À l’époque de notre jeunesse, tout était plus simple, nous semble-t-il. À l’école, il y avait
une seule et même religion pour tous. L’école avait comme objectif de nous transmettre
la foi. Nous nous revoyons assis sur les bancs de l’école, écoutant nos leçons de
catéchisme. On nous demandait : « Où est Dieu ? » Et nous répondions en chœur :
« Dieu est partout. »
Nous avions alors une vision commune de ce qu’étaient le bien et le mal. Pourquoi
n’enseigne-t-on plus la religion dans les écoles comme avant ? Nous avons entendu
dire que le cours d’éthique et culture religieuse aborde plusieurs traditions religieuses.
Où cela nous mènera-t-il ? Est-ce nous qui devenons intolérants aux autres et à leur
religion ? En étudiant toutes les religions, est-ce que tu ne risqueras pas de perdre ta
propre religion ? Qu’est-ce que tu garderas de tes racines ?
Ton grand-papa et ta grand-maman
Marcel et Doris Hall

La lettre d’opinion
PLACE PUBLIQUE

La lettre d’opinion est une lettre rédigée par un lec-


teur ou une lectrice, publiée dans un journal ou un
magazine. La personne qui la signe veut exprimer un
point de vue, commenter des idées ou des événe-
ments dont il est question dans la société ou dont il
a été question dans le journal ou le magazine. Les
rédacteurs de lettres d’opinion doivent s’assurer que
les faits mentionnés sont vérifiables, et que leur lettre
ne contient ni accusation ni attaque personnelle. La Une classe du secondaire au Québec, dans les années 1940.
lettre d’opinion est un moyen efficace pour le public Sur le tableau, on peut lire La vérité est un reflet de Dieu.
de se faire entendre dans les médias. Des images de saints et un crucifix sont suspendus au mur.

2 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Dans leur lettre, les grands-parents de Laurence déclarent qu’il leur semble que tout était plus simple à
l’époque de leur jeunesse. Selon vous, qu’est-ce qui était plus simple pour eux ?

2. Relevez, à la page précédente, quatre expressions du religieux chrétien.

3. Comparez la classe qui est décrite et illustrée à la page précédente avec la vôtre. Pour chacun des
aspects suivants, trouvez une ressemblance et une différence.

Aspects Ressemblances Différences

Élèves

Enseignante

Salle
de classe

4. Nommez deux enjeux éthiques soulevés par les grands-parents de Laurence dans leur lettre.

5. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 2.

DOSSIER 1 La religion à l’école 3


ARRÊT Religion et laïcité
SUR IMAGES Dans les sociétés démocratiques, il arrive souvent que
certaines pratiques religieuses entrent en conflit avec
la laïcité de l’État.

Au Québec
À Saguenay, des citoyens se sont opposés à
la récitation d’une prière chrétienne avant les
séances du conseil de ville. En 2011, le Tribunal
des droits de la personne du Québec a interdit
cette pratique à la ville de Saguenay. Selon le
tribunal, elle pouvait porter atteinte au droit
à la liberté de conscience de certains citoyens.
En 2013, la Cour d’appel du Québec a infirmé
le jugement en affirmant que la récitation de
la prière avant les séances du conseil de ville
ne portait pas atteinte à la neutralité religieuse
de la ville.

Une femme portant le niqab dans une rue de Strasbourg, en France.

Ailleurs dans le monde


Une loi adoptée en 2010 en France stipule que « Nul ne peut,
dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son
visage. » Cette loi a semé la controverse, entre autres, chez cer-
taines musulmanes françaises qui portent le niqab ou la burqa.

Comment coexister malgré nos différences ?


La cohabitation entre les croyants de différentes religions
est-elle possible ?
Qu’est-ce qu’un État laïc ?
Est-il possible pour un croyant de s’abstenir
de certaines pratiques religieuses afin de respecter
la neutralité d’un État ?
Un crucifix est suspendu au-dessus du fauteuil du Interdire certains comportements religieux est-il
président de l’Assemblée nationale, à Québec.
de la discrimination ?

4 VIVRE ENSEMBLE 4
Au nom de la charte
En 1948, à Paris en France, en réaction à la
Seconde Guerre mondiale, les 58 États
membres de l’Organisation des Nations
unies (ONU) adoptent la Déclaration uni-
verselle des droits de l’homme. Cette décla-
ration vise à reconnaître les mêmes droits à
tous les êtres humains sans égard à leur âge,
à leur sexe, à leur origine ethnique ou à leur
Le siège de l’Organisation des Nations unies à New York, aux États-Unis.
appartenance religieuse.
Le mandat de l’ONU est d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité
Peu à peu, les grands principes de la Décla- internationales. Cet organisme a pour objectifs la coopération entre les pays,
le développement économique, la justice sociale et les droits et libertés
ration universelle des droits de l’homme de la personne.
sont repris par de nombreuses sociétés qui
s’en inspirent. Par exemple, en 1975, l’Assemblée nationale du Québec adopte la Charte
des droits et libertés de la personne. Ce document est ce qu’on appelle une « loi fon-
damentale », c’est-à-dire qu’aucune autre loi ne peut aller à l’encontre des articles de
la charte, qui accorde les mêmes droits à tous les citoyens. Ce document vise l’har- BAO
monie dans les rapports entre les citoyens et entre leurs institutions, dans le respect Extraits de la Charte
des droits et libertés
de la dignité humaine. La Charte des droits et libertés de la personne est entrée en de la personne du
vigueur le 28 juin 1976. Québec, p. B7

Vers un changement
des mentalités ?
La charte reconnaît à chaque individu l’égalité et la liberté de conscience et de religion.
À la lumière de ce nouveau document, de nombreuses personnes se sont questionnées
sur la place de l’enseignement des religions catholique ou protestante dans nos écoles.
L’adoption de la charte mènerait-elle le Québec vers la laïcité de cette institution
qu’est l’école ? La laïcité, c’est la séparation du pouvoir politique et du pouvoir religieux.
Dans les sociétés laïques, les croyances et les convictions sont une affaire personnelle
et l’État reste neutre dans ce domaine.

Dans les sociétés laïques, les croyances et les convictions sont une affaire personnelle. L’État
reste neutre, ce qui favorise l’harmonie entre les citoyens.

DOSSIER 1 La religion à l’école 5


Portrait de société
Depuis les origines de la Nouvelle-France, en 1608, jusqu’au début du 20e siècle, le
BAO
christianisme exerce une grande influence sur la société. En effet, le catholicisme et
Le catholicisme
le protestantisme sont très présents sur le territoire québécois. au Québec, p. B30
Le protestantisme
Au 20e siècle, avec l’arrivée d’immigrants de diverses origines, petit à petit, le Québec
et l’anglicanisme
devient une société pluraliste. au Québec, p. B36

Traditions religieuses des immigrants arrivés au Canada, selon la période d’immigration

Proportion de la population (en %) selon la période d’immigration


Traditions religieuses
Avant De 1961 De 1971 De 1981 De 1991 De 2001
1961 à 1970 à 1980 à 1990 à 2001 à 2011

Chrétiennes (catholique romaine,


83,5 78,8 62,5 55,3 45,3 45,0
protestante et autres)

Juive 2,7 2,0 2,2 1,9 1,2 —

Autres (dont musulmane, hindoue,


2,8 5,7 18,8 25,5 32,2 33,0
bouddhiste, sikh)

Aucune religion 11,0 13,5 16,5 17,3 21,3 21,0

Source : Statistique Canada, 2001 et 2011.

Qu’est-ce qu’une société pluraliste?


Une société pluraliste est une société composée d’individus et de groupes aux opinions
politiques, aux croyances religieuses et aux comportements sociaux et culturels divers.
Une société pluraliste a comme défi de faire coexister harmonieusement ces différences
dans un même espace.

Le Québec conjugué au pluriel


Le Québec d’aujourd’hui, comme beaucoup
de sociétés modernes, réunit une diversité
de croyances et de valeurs. En 100 ans, le
portrait religieux du Québec a changé radi-
calement. La coexistence des différences
culturelles et religieuses exige désormais
de tous tolérance et respect. Le Québec a
dû procéder à de nombreux changements,
notamment en ce qui a trait à la place de la
religion à l’école. Le système scolaire qué-
bécois connaît une petite révolution avec
l’implantation du nouveau cours d’éthique
et culture religieuse.

Le pluralisme sous-entend la coexistence des différences religieuses


et culturelles.

6 VIVRE ENSEMBLE 4
Il était une foi à l’école
Voici, en bref, quelques dates marquantes dans l’histoire de l’enseignement de la
religion au Québec.

Les autorités politiques confèrent à l’Église catholique le pouvoir total sur l’enseignement au
1867
Québec.

Dans un Québec en pleine Révolution tranquille, l’État crée le ministère de l’Éducation. L’État
1963 retire ainsi à l’Église le pouvoir qu’elle avait jusqu’alors dans le domaine de l’éducation. Cepen-
dant, l’enseignement religieux dans les écoles demeure catholique et protestant.

Le Rapport Parent sur l’enseignement au Québec est publié. Cette importante étude affirme que
1966 les institutions scolaires doivent accorder un traitement égal à toutes les visions du monde,
religieuses ou non.

L’Assemblée nationale du Québec adopte la Charte des droits et libertés de la personne. Celle-ci
1975
reconnaît, entre autres, le droit pour tous à la liberté de conscience et de religion.

Les cours de morale deviennent une option pour tous, tant au primaire qu’au secondaire. Ces
1984 cours donnent aux parents, qu’ils soient croyants ou non, la possibilité de choisir pour leur enfant
un enseignement religieux ou non.

Le Rapport Proulx sur la place de la religion à l’école est publié. Ce rapport recommande le
1999 remplacement de l’enseignement confessionnel de la religion par un enseignement culturel des
religions.

La Cour suprême du Canada juge que le cours d’éthique et culture religieuse ne porte pas atteinte
2012
à la liberté de religion des enfants ni à celle de leurs parents.

La Cour suprême du Canada accepte d’entendre la demande de l’école secondaire Loyola qui
2013 souhaite enseigner le programme d'éthique et culture religieuse selon une perspective
confessionnelle.

PORTRAIT Mgr Alphonse-Marie Parent

Le futur évêque catholique Alphonse-Marie Parent naît le 2 avril 1906 à Saint-


Chrysostome, en Montérégie. Il est ordonné prêtre en 1929. Il est titulaire d’un
doctorat en théologie et en philosophie. Au cours de sa vie, il occupe les postes
suivants : professeur de théologie et de philosophie, supérieur général du Séminaire
de Québec, recteur de l’Université Laval, directeur des Presses de l’Université Laval
et doyen de la faculté de philosophie de l’Université Laval. Il occupe également
divers postes de prestige au sein de l’Église catholique. Il est nommé président de
Mgr Alphonse-Marie Parent la Commission royale d’enquête sur l’enseignement au Québec, en 1961. Le Rapport
(1906-1970). Parent transforme complètement le système d’éducation au Québec, notamment
par sa remise en question du rôle de l’Église.

DOSSIER 1 La religion à l’école 7


La tolérance selon l’UNESCO
D’après l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO), la paix est une démarche volontaire qui repose sur le respect de la diffé-
rence et le dialogue. En 1995, année du cinquantième anniversaire de l’organisation,
les États membres de l’UNESCO ont publié un document intitulé Déclaration de prin-
cipes sur la tolérance. L’UNESCO voulait ainsi réagir à la montée de l’intolérance dans
le monde et promouvoir l’éducation à la tolérance.

« La tolérance est le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diver-


sité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières
d’exprimer notre qualité d’êtres humains. Elle est encouragée par la connaissance,
l’ouverture d’esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de
croyance. […]
Conformément au respect des droits de l’homme, pratiquer la tolérance ce n’est ni
tolérer l’injustice sociale, ni renoncer à ses propres convictions, ni faire de concessions
à cet égard. La pratique de la tolérance signifie que chacun a le libre choix de ses

»
convictions et accepte que l’autre jouisse de la même liberté. […]
L’éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la
peur et à l’exclusion de l’autre et doit aider les jeunes à développer leur capacité
d’exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en
termes éthiques. »
Source : UNESCO, Déclaration de principes sur la tolérance, 16 novembre 1995 [en ligne]. (Consulté
le 3 septembre 2013.)

« Tout comme l’injustice et la violence caractérisées, la discrimination et la marginali-


sation sont des formes courantes d’intolérance. […]
L’intolérance dans les sociétés multiethniques, multireligieuses ou multiculturelles

»
conduit à la violation des droits de l’homme, à la violence ou aux conflits armés. […]
L’intolérance a souvent pour causes l’ignorance et la peur : peur de l’inconnu, de l’Autre,
des autres cultures, nations, religions. L’intolérance est aussi intimement liée à un
sentiment exagéré de sa propre valeur, d’orgueil, qui peut être personnel, national ou
religieux.
Source : UNESCO, Promouvoir la tolérance [en ligne]. (Consulté le 3 septembre 2013.)

PORTRAIT L’UNESCO

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la


culture, l’UNESCO, est une organisation spécialisée faisant partie
de l’ONU, fondée à Londres, en Grande-Bretagne, en 1945. Elle
s’est donné comme objectif de construire la paix dans l’esprit des
êtres humains à travers l’éducation, la science, la culture et la
communication.

Le drapeau de l’ONU.

8 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

DES QUESTIONS DE DROITS


1. Complétez le schéma suivant.

Année d’adoption

Mêmes droits pour tous Lieu d’adoption


les êtres humains sans égard
à leur ,
à leur ,
La Déclaration
à leur
ethnique ou à leur appartenance
des
de

Organisation qui l’a adoptée


Nombre d’États alors
membres de l’organisation
qui l’ont adoptée

2. La Charte des droits et libertés de la personne du Québec est ce qu’on appelle « une loi fondamentale ».
Que signifie cette affirmation ? Encerclez la bonne réponse.
a) Il s’agit d’une loi indépendante, qui ne relève pas du domaine juridique.

b) Aucune autre loi ne peut aller à l’encontre des articles de la charte, qui accorde les mêmes droits
à tous les citoyens.
c) La charte est une loi qui fait appel à ce qu’il y a de plus profond dans chaque être humain.

d) Il s’agit de la première loi du Code civil.

3. Formulez sous la forme d’un jugement de réalité ce que la charte reconnaît en matière de religion.

4. Qu’est-ce que la laïcité ? Encerclez la bonne réponse.


a) La séparation des pouvoirs religieux et des pouvoirs de l’État.

b) Le principe de relation entre la société religieuse et la société civile.

c) Le principe de primauté des pouvoirs de l’État sur les pouvoirs religieux.

d) Le principe de cohabitation des pouvoirs religieux et des pouvoirs de l’État en accord avec
les valeurs de la société civile.

DOSSIER 1 La religion à l’école 9


Nom : Groupe : Date :

IL ÉTAIT UNE FOIS AU QUÉBEC


1. Qu’est-ce qu’une société pluraliste ? Encerclez la bonne réponse.
a) Une société dont la croissance démographique est élevée.

b) Une société où coexistent des opinions politiques et religieuses multiples, des comportements
sociaux et culturels différents.

c) Une société qui accepte plusieurs comportements sociaux et culturels.

2. Qu’est-ce qui explique le pluralisme de la société québécoise ?

3. Placez les énoncés suivants en ordre chronologique en les numérotant de 1 à 5.

La publication du Rapport Parent.

L’implantation du cours d’éthique et culture religieuse.

La création du ministère de l’Éducation.

Le plein pouvoir de l’Église catholique dans le domaine de l’enseignement au Québec.

La publication du Rapport Proulx.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B85

1 Formulez sous la forme d’un jugement de prescription la recommandation principale du Rapport


Proulx sur la place de la religion à l’école.

2 a) Formulez un jugement de valeur qu’aurait pu formuler Mgr Parent en 1966 et qui traduirait sa
pensée sur la place de la religion à l’école.

b) Quelle question pourriez-vous formuler pour interroger le jugement de valeur précédent ?

10 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

LA TOLÉRANCE EN QUESTION

1. Indiquez si chacun des énoncés est vrai ou faux. S’il est faux, justifiez votre réponse. VRAI FAUX

a) D’après l’UNESCO, la tolérance, c’est renoncer à ses convictions au profit


de la liberté de l’autre.

b) L’indifférence peut mener à un comportement empreint de tolérance.

2. Expliquez comment la Déclaration de principes sur la tolérance de l’UNESCO peut être considérée
comme un repère valable dans une réflexion éthique à propos de la religion à l’école.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B85 et B93

1 Lisez l’énoncé qui suit, puis répondez aux questions.

Au sujet de la religion, par exemple, l’indifférence peut difficilement mener à un comportement


empreint de tolérance.

a) Indiquez de quel type de jugement il s’agit.

b) Quelle question pourriez-vous formuler pour interroger le jugement précédemment énoncé ?

c) Nommez deux procédés susceptibles d’entraver le dialogue qui dénotent une attitude intolé-
rante. Expliquez votre réponse.

DOSSIER 1 La religion à l’école 11


Nom : Groupe : Date :

PLURALISME ET TOLÉRANCE
1. À partir des données du tableau « Présence de certaines traditions religieuses au Québec », présenté à
la page B30 de la Boîte à outils, montrez qu’il existe une grande diversité culturelle au Québec.

2. Posez un regard éthique sur le pluralisme du Québec d’aujourd’hui en répondant aux questions qui
suivent.

a) Formulez deux questions éthiques en lien avec le pluralisme au Québec.

b) Nommez deux enjeux éthiques soulevés par votre question éthique.

c) Nommez deux repères qui pourraient être utilisés pour réfléchir à cette question.

d) À quoi pourrait servir un de vos repères dans cette réflexion éthique ?

3. Complétez les phrases à l’aide des mots de la liste.


respect christianisme portrait religieux tolérance

a) Depuis les origines de la Nouvelle-France, en 1608, jusqu’au début du 20e siècle, le


a exercé une grande influence sur la société québécoise.

b) En 100 ans, le du Québec a radicalement changé.

c) La coexistence des différences culturelles et religieuses a exigé de tous


et .

12 VIVRE ENSEMBLE 4
L’enseignement de la religion à l’école
Dans notre société, les opinions divergent au sujet de l’enseignement de la religion
dans les écoles. Certaines personnes pensent qu’il est important que les élèves aient
la possibilité de choisir un cours conforme à leurs convictions, religieuses ou non
religieuses. D’autres considèrent que la religion ne doit pas être étudiée à l’école.
D’autres encore soutiennent que ce sont les aspects culturels des religions présentes
au Québec qu’il faut enseigner.

En 2008, l’arrivée du nouveau cours d’éthique et culture religieuse dans les écoles
primaires et secondaires du Québec a suscité bien des débats.

La proposition
En 1997, le gouvernement du Québec se questionne sur la place de la religion à l’école.
Il forme un groupe de travail qui a pour mandat d’étudier la question et de proposer
des solutions. Ce groupe est présidé par Jean-Pierre Proulx, professeur et journaliste,
spécialiste de l’éducation et des questions religieuses. En 1999, le Rapport Proulx
recommande l’enseignement culturel de la religion dans les écoles du Québec. Selon
ce rapport, cela permettra de respecter la laïcité de l’État et les droits à l’égalité de
tous, ainsi que la liberté de conscience et de religion inscrits dans la Charte des droits
et libertés de la personne du Québec.

En 2005, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec


tranche en faveur d’un enseignement culturel de la religion. Il annonce L’enseignement confessionnel
la création, pour 2008, d’un cours d’éthique et culture religieuse. Selon est destiné aux croyants à qui
le Ministère, ce cours obligatoire favorisera le vivre-ensemble en encou- sont enseignés les grands
principes, les rites et les
rageant les élèves du primaire et du secondaire à développer une attitude
croyances d’une tradition
d’ouverture devant la nouvelle diversité des croyances et des valeurs religieuse dans le but
présentes au Québec. de mieux la pratiquer.
L’enseignement culturel de
la religion vise à transmettre
les connaissances sur les
traditions religieuses dans une
perspective de respect, de
compréhension et de dialogue.

Pour implanter le cours d’éthique et culture religieuse, le gouvernement du Québec


doit modifier l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne.
À l’origine, cet article donnait le droit aux parents d’exiger que leurs enfants reçoivent
un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions à l’école. L’article 41
stipule dorénavant que l’école n’a plus à respecter cette exigence.

DOSSIER 1 La religion à l’école 13


Dans le préambule du programme d’éthique et culture religieuse, le ministère de
l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec mentionne que ce cours se distingue de
l’enseignement confessionnel en abordant la religion sous l’angle des connaissances
et non d’une manière à transmettre la foi aux élèves.

« Il ne s’agit ni d’accompagner la quête spirituelle des élèves, ni de présenter l’histoire des


doctrines et des religions, ni de promouvoir quelque nouvelle doctrine religieuse commune
destinée à remplacer les croyances particulières.
[...]
Comme plusieurs sociétés démocratiques, le Québec se caractérise par un pluralisme
grandissant. Ce pluralisme se manifeste notamment dans la diversité des valeurs et des
croyances que préconisent des personnes et des groupes et qui contribuent à façonner

»
la culture québécoise. Facteur important d’enrichissement, la diversité peut parfois devenir
une source de tension ou de conflit. Pour vivre ensemble dans cette société, il est néces-
saire d’apprendre collectivement à tirer profit de cette diversité. Il importe dès lors de s’y
sensibiliser et d’entreprendre une réflexion et des actions qui favorisent le bien
commun.
Source : MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT, Programme de formation de l’école
québécoise, Éthique et culture religieuse, programme du premier cycle et du deuxième cycle du secondaire,
2007, Préambule et p. 1.

L’accueil
Dans le débat sur l’arrivée du cours d’éthique et culture religieuse, on a pu entendre
les membres de la Coalition pour la liberté en éducation (CLÉ). Cet organisme a été
créé par des parents qui s’opposent au caractère obligatoire du nouveau cours d’éthique
et culture religieuse. La CLÉ remet en question certains contenus du cours dont ils
craignent les répercussions dans la vie des élèves. Les membres de l’Association des
parents catholiques du Québec (APCQ) sont également en désaccord avec l’implan-
tation du cours d’éthique et culture religieuse.

Les membres de la CLÉ et de l’APCQ considèrent que les parents ont perdu le droit de
s’opposer à la transmission par l’école des valeurs et des croyances qui vont à l’en-
contre des leurs.

Fondée en 1966, l’Association


des parents catholiques du
Québec (APCQ) est constituée
de parents catholiques qui ont à
cœur la famille et l’éducation des
jeunes. L’Association des parents
catholiques réclame le maintien
de l’enseignement religieux
catholique optionnel dans
les écoles.

Une manifestation à Montréal contre l’implantation du cours d’éthique et


culture religieuse, le samedi 18 octobre 2008, organisée par la Coalition pour
la liberté en éducation (CLÉ).

14 VIVRE ENSEMBLE 4
«
Le programme d’éthique et de culture religieuse ne respecte pas la liberté de conscience

»
et de religion des parents et des élèves. Les parents ne pourront pas exprimer leur pré-
férence pour leur enfant par la voie de l’option entre ce programme et le programme
d’enseignement religieux et moral catholique. Or le parent a le droit et le devoir de s’assurer
que les croyances et les valeurs que l’enfant reçoit sont compatibles avec celles de sa
famille et de sa foi. […]. Ce programme interfère avec le rôle du parent comme premier
éducateur de ses enfants.
Source : Propos recueillis par Jean Morse-Chevrier de l’Association des parents catholiques du Québec,
« Opinions des parents sur le programme Éthique et culture religieuse », Famille-Québec, hiver 2006-2007,
p. 6 [en ligne]. (Consulté le 27 septembre 2013.)

«
Avec le nouveau cours d’éthique et culture religieuse, l’enfant est appelé à favoriser la

»
tolérance plutôt que d’autres valeurs telles que la vérité ou le sens de sa propre identité.
Plus que la tolérance ou l’acceptation des personnes, ce cours encourage les jeunes à
tolérer tous les points de vue, ce qui va à l’encontre de l’enseignement moral de bon
nombre de religions. Ce ne sont pas toutes les positions qui sont acceptables sur des
questions d’ordre moral ou religieux. Ceci aura pour effet de diminuer l’adhérence du
jeune à ses propres convictions et croyances.
Source : Une critique du cours en 10 points, site internet de la Coalition pour la liberté en éducation [en
ligne]. (Consulté le 3 septembre 2013.)

Dans ce débat, plusieurs non-croyants, athées ou agnostiques, prennent position BAO


contre toute forme d’enseignement de la religion à l’école. Aussi, plusieurs personnes L’athéisme, p. B73
considèrent que l’État n’a pas à transmettre la foi à l’intérieur de l’institution qu’est
l’école. Ce sont les opposants à l’enseignement confessionnel. Parmi eux, certains se
prononcent pour une école sans enseignement de la religion. Pour eux, c’est ainsi que
l’État demeure neutre en matière de religion.

Le Mouvement laïque québécois (MLQ) est un organisme fondé en 1981, dont la raison d’être
est la défense de la liberté de conscience, la séparation des Églises et de l’État, et la laïcisation
des institutions publiques.

«
Le Mouvement laïque québécois reconnaît la pertinence d’un enseignement factuel sur
les religions dans la mesure où cet enseignement permettrait aux élèves d’acquérir des
connaissances objectives et critiques sur les religions et sur l’incroyance. Cet enseigne-
ment pourrait se faire dans le cadre de disciplines déjà existantes comme l’histoire, la
géographie, la littérature ou les arts. [...]

»
Le cours de culture religieuse marque davantage un virage multiconfessionnel de l’école
publique qu’une véritable laïcisation. Il ressemble plus à une entreprise de glorification
des religions qu’à de l’enseignement objectif et critique et il marginalise ceux qui sont
sans religion. Il s’agit bien d’un enseignement religieux qui n’a rien de laïque et qui n’a
pas sa place à l’école.
Source : Position présentée en conférence de presse par les représentants du Mouvement laïque québécois
(MLQ) le 24 avril 2008 et révisée en assemblée générale le 30 novembre 2008.

DOSSIER 1 La religion à l’école 15


Plusieurs intervenants se sont aussi prononcés en faveur de l’arrivée du nouveau cours

«
d’éthique et culture religieuse. Voici l’opinion d’une journaliste à ce sujet :

[Le cours d’éthique et culture religieuse] s’harmonise toutefois parfaitement avec l’idéal

»
de tolérance propre à toute société […]. Désormais, tous ensemble et face au même
enseignant, on causera des grandes religions et des valeurs communes. […] Sur le strict
plan des connaissances, impossible aujourd’hui de comprendre les aléas du monde
moderne sans découvrir le religieux dans toute sa pluralité. Comment saisir l’Europe sans
évoquer le christianisme ? Comment comprendre ce qui anime les pays arabes sans
s’initier aux fondements de l’islam ?
Source : Marie-Andrée CHOUINARD, « L’école de la tolérance », Le Devoir, 14 septembre 2007 [en ligne].
(Consulté le 3 septembre 2013.)

Le jugement
En 2008, deux parents ont demandé à la commission scolaire de l’école fréquentée
par leurs enfants la permission de les exempter du cours d’éthique et culture religieuse.
Les parents soutenaient que le cours portait atteinte à leur droit de liberté de conscience
et de religion et à celui de leurs enfants. Devant le refus de la commission scolaire de
leur accorder cette exemption, les parents ont porté leur cause devant la justice.

En 2012, la Cour suprême a émis un jugement qui rejetait la demande des parents.

«
Voici deux extraits de ce jugement :

Tout d’abord, il ressort de la preuve que le but formel du Ministère ne paraît pas avoir été
de transmettre une philosophie fondée sur le relativisme ou d’influencer les croyances
particulières des jeunes. Le fait même d’exposer les enfants à une présentation globale

»
de diverses religions sans les obliger à y adhérer ne constitue pas un endoctrinement des
élèves qui porterait atteinte à la liberté de religion [des parents]. […] Suggérer que le fait
même d’exposer des enfants à différents faits religieux porte atteinte à la liberté de religion
de ceux-ci ou de leurs parents revient à rejeter la réalité multiculturelle de la société cana-
dienne et méconnaître les obligations de l’État québécois en matière d’éducation publique.
Source : Jugements de la Cour suprême du Canada, S.L. c. Commission scolaire des Chênes, 17 février 2012
[en ligne]. (Consulté le 17 septembre 2013.)

LES TRUCS DU MÉTIER

Enseignant ou enseignante au secondaire,


cours d’éthique et culture religieuse
Pour devenir enseignants en éthique et culture
religieuse au secondaire, les étudiants peuvent
s’inscrire au baccalauréat et suivre un cours
d’une durée de quatre ans. Les étudiants
doivent choisir parmi une variété de cours qui
touchent à la pédagogie, aux théories sur la
religion et sur l’éthique, aux religions du
monde ainsi qu’à divers défis éthiques contem-
porains. Ce programme exige des étudiants
qu’ils aient un intérêt pour la lecture, la philo-
sophie et les religions.

16 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

DES POINTS DE VUE COMPARÉS


1. Comparez l’enseignement confessionnel de la religion et l’enseignement culturel des religions en
expliquant en vos mots la principale différence quant à leur objectif respectif.

2. a) Parmi les couples de repères suivants, cochez celui sur lequel s’appuie la journaliste
Marie-Andrée Chouinard.

Le pouvoir et la tolérance.

La connaissance et le plaisir.
La Déclaration de principes sur la tolérance de l’UNESCO et la connaissance.

La tolérance et la connaissance.

La religion et la tolérance.

b) Dans la liste qui suit, encerclez le type des repères que vous avez indiqués en a).

moral juridique scientifique artistique institutionnel

3. Parmi les repères suivants, cochez celui sur lequel s’appuient les représentants du Mouvement laïque
québécois pour refuser l’implantation du cours éthique et culture religieuse.

La connaissance.

L’argent.

Les données du recensement sur la présence des religions au Québec.

La laïcité.

La foi.

4. Qu’est-ce qu’un ou une athée ?

5. Selon vous, que signifie le slogan « Non à la religion d’État » qu’on peut lire sur des pancartes
de manifestants, à la page 14 ?

DOSSIER 1 La religion à l’école 17


Nom : Groupe : Date :

6. Dans ce dossier, vous avez pu en apprendre davantage sur trois positions possibles face à l’enseigne-
ment de la religion à l’école. Reliez par un trait chacune des positions à la personne ou au groupe de
personnes qui la soutient.

Aucun cours destiné spécifiquement


à l’enseignement de la religion à l’école. Le Mouvement laïque québécois (MLQ).

La journaliste Marie-Andrée Chouinard.

Un enseignement qui correspond aux


La Coalition pour la liberté
convictions des parents et des élèves,
en éducation (CLÉ).
qu’elles soient religieuses ou non.

L’Association des parents catholiques


du Québec (APCQ).

Un enseignement culturel de la religion


touchant les principales traditions reli- Le Rapport Proulx.
gieuses présentes au Québec.

7. Deux groupes aux positions opposées utilisent l’argument de la liberté de conscience et de religion
pour soutenir leur position. Expliquez la position de chacun des deux groupes.

8. Expliquez en quoi la liberté est en enjeu éthique important dans le débat autour de l’implantation du
cours éthique et culture religieuse au Québec.

9. Repérez dans l’extrait du jugement de la Cour suprême, présenté à la page 16, ce qui pourrait
constituer un argument favorable au cours d’ÉCR.

18 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

LETTRE À MES GRANDS-PARENTS


Relisez la lettre des grands-parents de Laurence à la page 2. Si vos grands-parents vous écrivaient une
lettre semblable, que pourriez-vous leur répondre ?

Écrivez une lettre à vos grands-parents. Expliquez-leur la situation de l’enseignement de la religion au


Québec et tenez compte des préoccupations des grands-parents de Laurence.

Introduction
1. a) Dans le tableau qui suit, présentez les éléments essentiels de la situation dont il est question dans
la lettre des grands-parents de Laurence.

Éléments essentiels Dans le temps des grands-parents Aujourd’hui


de Laurence

Les années concernées

L’institution qui détient le pouvoir


dans le domaine de l’éducation

Le type d’enseignement de la religion


à l’école

L’objectif visé par l’enseignement


de la religion à l’école.

Une valeur qui caractérise la société


québécoise

b) Présentez le contexte historique de la situation en complétant la ligne du temps. Indiquez le repère


(juridique ou historique) qui correspond à chacune des dates.

1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

DOSSIER 1 La religion à l’école 19


Nom : Groupe : Date :

2. a) Formulez une question éthique en lien avec l’enseignement de la religion à l’école et la tolérance.

b) Relevez deux enjeux éthiques, sauf la tolérance, soulevés par votre question éthique.

Développement
3. a) Selon vous, laquelle des trois options proposées dans le dossier quant à l’enseignement de la
religion à l’école favorise plus le vivre-ensemble ? Justifiez votre choix à l’aide de deux arguments.

b) Soulignez vos repères pour chacun de vos arguments.

Conclusion
4. Pour chacune des deux options que vous n’avez pas retenues, présentez un inconvénient qui explique
pourquoi vous ne l’avez pas choisie.

20 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 1 Total


/25

1. En vous servant des informations du dossier, répondez aux questions suivantes.


a) Qui a publié le document intitulé Déclaration de principes sur la tolérance ?

b) Quel document le gouvernement du Québec a-t-il modifié pour implanter le cours éthique
et culture religieuse ?

c) Quel organisme défend la liberté de conscience, la séparation des Églises et de l’État, et


la laïcisation des institutions publiques au Québec ?

d) Pendant la Révolution tranquille, à qui est donné le pouvoir détenu par l’Église catholique
dans le domaine de l’éducation ?

e) Quel organisme, fondé en 1966, est constitué de parents catholiques qui ont à cœur la
famille et l’éducation des jeunes au Québec ?

/5

2. Vrai ou faux ? VRAI FAUX

a) Le Rapport Parent, dirigé par un évêque catholique, remet


en question le rôle de l’Église en éducation.

b) Selon des données de Statistique Canada, la proportion


de la population immigrante chrétienne diminue au Québec
de 1961 à 2001, alors que la proportion de la population
immigrante des autres religions augmente.

c) Historiquement, l’enseignement religieux dans les écoles du Québec


a été exclusivement catholique.

d) Les cours de morale ont commencé à se donner dans les écoles


du Québec avant l’adoption de la Charte des droits et libertés
de la personne par l’Assemblée nationale. /4

3. a) Formulez une question éthique au sujet de l’enseignement des religions à l’école.

/2
b) Nommez deux enjeux éthiques (une valeur et une norme) soulevés par votre question.

/2

DOSSIER 1 La religion à l’école 21


Nom : Groupe : Date :

4. Comparez la position de ceux qui sont en faveur d’un enseignement confessionnel des
religions à celle de ceux qui ne souhaitent aucun cours de religion à l’école. À cette fin,
expliquez en vos mots leur principale ressemblance.

/4

5. Quelles sont les deux positions sur l’enseignement de la religion à l’école qui sont en faveur
de la laïcité.

/2

6. Les interventions présentées ci-dessous sont en lien avec l’enseignement de la religion à


l’école. Pour chacune d’elles :
a) Nommez le procédé susceptible d’entraver le dialogue qui est utilisé par l’intervenant
pour faire valoir son point de vue.

b) Entourez la portion du texte qui contient le procédé susceptible d’entraver le dialogue.

c) Formulez une question qui permet de remettre en cause le procédé susceptible d’entraver
le dialogue utilisé. /6

A. Qu’est-ce que les enseignants pourront dire au sujet des pratiques religieuses ?
Ils vont devoir peser leurs mots ! Imaginez qu’un élève rapporte les propos de
son enseignante à ses parents très pratiquants. Les parents risquent de mal
interpréter les propos en question, de se fâcher et de se présenter à l’école pour
dire leur façon de penser à l’enseignante. Ils en viendront peut-être même aux
coups ! Ce sera invivable !

B. Je crois qu’il est préférable d’être en faveur du cours d’éthique et culture religieuse.
C’est mon père qui me l’a dit.

22 VIVRE ENSEMBLE 4
L’expérience
religieuse
DOSSIER 2

À la rencontre du sacré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .25
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26
Qu’est-ce qu’une expérience religieuse ? . . . . .27
Des effets de l’expérience religieuse . . . . . . . . .28
Au cœur du christianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . .29
Au cœur du bouddhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Des expériences hors du commun. . . . . . . . .31
Des expériences renversantes . . . . . . . . . . . .32
La Prière du cœur dans le christianisme
orthodoxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
La quête de vision dans les spiritualités
des peuples autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
Le pèlerinage à La Mecque dans l’islam . . . . . .35
L’expérience d’un philosophe athée . . . . . . . . .36
Des expériences variées, prise 1 . . . . . . . . . .37
Des expériences variées, prise 2 . . . . . . . . . .38
Webmestre à l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . .39
Test bilan du dossier 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . .41
À la rencontre du sacré
Imaginez l’émission de radio suivante.

Bonjour chers auditeurs et chères auditrices. Bienvenue à l’émission


À la rencontre du sacré. Notre dossier aujourd’hui : des expériences
qui bouleversent une vie. Au menu : entrevues, témoignages et
conversations au sujet d’expériences religieuses de toutes sortes.

Commençons par écouter un extrait d’une entrevue accordée par Lise Ravary,
ancienne rédactrice en chef d’importants magazines québécois, ancienne
vice-présidente d’une importante entreprise de télécommunication, journaliste,
chroniqueuse et blogueuse. Elle nous raconte une expérience hors du commun
qu’elle a vécue lors d’un voyage d’affaires à Jérusalem. Cette expérience l’a
amenée à se convertir au judaïsme.

« Quand je suis arrivée là-bas, en Isra


qu’on appelle communément le mur
passé. Je ne peux pas m’explique
mais j’ai eu un sentiment d’appart
ël, à Jérusalem, je me suis retrouvé
des Lamentations et je ne sais pas
r. J’ai beaucoup médité, réfléchi
enance extrêmement intense. Le
ma vie, que tous les pas que j’av
e devant ce
ce qui s’est
à la question,
sentiment d’être
ais faits précé-
exactement au bon endroit dans
ent-là.
demment m’amenaient à ce mom
ant le mur, pour
lques heures à cet endroit-là, dev
Je suis restée quand même que rent de celui
is vraiment dans un état assez diffé
réfléchir sur ma vie. J’ai pleuré, j’éta

»
tomber. J’ai
nd je suis partie, le jour venait de
qui est le mien normalement. Qua évidemment, là,
ait pas très loin, et tout de suite,
marché jusqu’à mon hôtel qui n’ét veut dire ? Je
faire avec ça ? Qu’est-ce que ça
les questions : qu’est-ce que je vais Pour moi, être
pouvait devenir juif par conversion.
n’avais aucune idée même qu’on
juif c’était un truc de naissance.
Des nouvelles de Dieu diffusée
ry, extrait de la série documentaire
Source : Témoignage de Lise Rava 3 en colla boration avec Télé-Québec,
rencontre du divin », Zone
à Télé-Québec, émission no 2 : « La
mbre 2008.)
2003 [en ligne]. (Consulté le 14 nove

La tribune téléphonique
PLACE PUBLIQUE

Une tribune téléphonique a lieu au cours d’une


émission de radio ou de télévision au moment où
l’animateur ou l’animatrice met des lignes télé-
phoniques à la disposition du public en vue de
discussions ou de conversations sur différents
sujets d’actualité.
Le mur des Lamentations, à Jérusalem, en Israël, est
le principal lieu saint du judaïsme.

24 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Dans le témoignage de la page 24, trouvez trois extraits qui démontrent l’intensité émotionnelle de
l’expérience vécue par Lise Ravary.

2. À l’aide de deux expressions du religieux mentionnées par Lise Ravary, indiquez à quelle tradition
religieuse son expérience est rattachée.

3. a) Selon vous, l’expérience racontée à la page 24 répond-elle à un besoin essentiel de l’être humain ?
Justifiez votre réponse à l’aide d’un argument.

b) Songez à une expérience qui pourrait susciter chez une personne la même intensité émotionnelle.
Décrivez brièvement cette expérience.

4. Nommez un personnage important issu d’une tradition religieuse qui, selon vous, a vécu une expé-
rience semblable à celle de Lise Ravary. Expliquez votre réponse.

5. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 24.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 25


ARRÊT Des expériences du divin
SUR IMAGES Les expériences du divin sont parfois d’une rare intensité
et elles peuvent varier d’un croyant à l’autre.

Ailleurs dans le monde


Dans l’hindouisme et le bouddhisme, le man-
tra est une formule sacrée récitée à plusieurs
reprises par les croyants. Il est considéré
comme un moyen d’entrer en relation avec
Dieu. Le mantra permettrait aux croyants de
vivre une transformation spirituelle. Selon la
tradition hindoue, le son OM est considéré
comme le mantra par excellence.

Certaines églises évangéliques américaines sont qualifiées de megachurches.


Véritables complexes religieux, ces lieux de culte peuvent contenir plusieurs
milliers de fidèles. Les assemblées se font dans une ambiance digne des
plus grands amphithéâtres de spectacles, avec écrans géants et enceintes
acoustiques puissantes.

Au Québec
Depuis les années 2000, on remarque une forte augmentation
du nombre de chrétiens évangéliques un peu partout dans la
province. Un des aspects qui attire notamment d’anciens catho-
liques vers cette branche du christianisme protestant est le
dynamisme qu’on peut y retrouver dans la célébration du culte.
En effet, lors des assemblées de plusieurs églises chrétiennes
évangéliques, une importance particulière est accordée à
l’expression vive d’émotions, en particulier la joie. Lors de ces
réunions, les prêches sont souvent accompagnés de musique
contemporaine et rythmée. Nombreux sont les chrétiens évan-
géliques qui affirment faire l’expérience d’une rencontre avec
Jésus lors de ces assemblées.

Qu’est-ce qu’une expérience religieuse ?


Quels sont les effets d’une expérience religieuse ?
Les effets d’une expérience religieuse sont-ils toujours
les mêmes ?
Y a-t-il des expériences religieuses plus importantes
que d’autres ?

Le mala est un objet de la religion bouddhiste utilisé Les non-croyants peuvent-ils vivre des expériences
pour la récitation de mantras. Chaque perle du mala aussi intenses que les expériences religieuses ?
permet au croyant de compter les mantras qu’il récite. Comment expliquer les expériences religieuses ?

26 VIVRE ENSEMBLE 4
Qu’est-ce qu’une expérience religieuse?
L’expérience religieuse est une expérience
qui permet à un croyant d’entrer en relation
avec son divin. Elle peut déclencher chez lui
des impressions et des émotions hors du
commun. Une expérience religieuse, c’est
par exemple ce que vivent les croyants chré-
tiens, juifs ou musulmans lorsqu’ils ressen-
tent la présence de Dieu à travers la prière.
C’est le sentiment de vide et de paix pro-
fonde expérimenté dans la méditation par
l’hindou ou le bouddhiste.

Les expériences religieuses varient d’une


tradition religieuse à une autre. Néanmoins, Des derviches tourneurs, membres de la communauté musulmane soufie.
L’expérience religieuse se vit lorsqu’un croyant a le sentiment d’entrer en
ceux qui les ont vécues, lorsqu’ils les relation avec son divin.
racontent, utilisent pratiquement les mêmes
mots, les mêmes expressions. Peu importe leurs croyances, ils semblent tous décrire
un seul et même type d’émoi. Certains parlent d’une émotion intense, profonde,
incroyable. D’autres qualifient leur expérience de troublante, bouleversante, ren-
versante. Pour d’autres encore, l’expérience est si forte qu’elle provoque en eux des
réactions inexplicables.

Quelques caractéristiques de l’expérience religieuse


Le psychologue américain Abraham Maslow s’est intéressé à la dimension psycholo-
gique de diverses expériences religieuses. En analysant un grand nombre de témoi-
gnages d’individus ayant vécu ce type d’expérience, il a dégagé des caractéristiques
communes.

D’après le psychologue Maslow, tous les êtres humains, qu’ils appartiennent à une
religion ou non, peuvent vivre une telle expérience. De plus, selon le psychologue, ce
type d’expérience très intense répond à
un besoin de l’être humain situé au som-
met de la pyramide des besoins : l’actuali-
Actualisation de soi
sation de soi.

Estime de soi et des autres


Les caractéristiques principales de
l’expérience religieuse selon Maslow

Amour et appartenance 1. L’individu se sent en harmonie avec


lui-même et le monde qui l’entoure.
2. L’individu se sent plus fort, plus créatif,
Protection et sécurité plus intelligent.
3. L’individu est rempli d’une joie extrême,
émerveillé et dans un état d’abandon.
Besoins physiologiques 4. L’individu perd toute notion du temps
et de l’espace.
5. L’individu oublie ses besoins et
La pyramide des besoins du psychologue ses désirs.
Abraham Maslow.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 27


Des effets de l’expérience religieuse
L’impact des expériences religieuses varie d’une personne à
l’autre. Ce type d’expérience peut modifier les valeurs, les com-
portements et même donner un nouveau sens à la vie d’une
personne, ou encore en amener certains à croire en l’existence
du divin. Dans des cas exceptionnels, l’expérience religieuse
peut aller jusqu’à transformer les valeurs d’une société entière
en présentant un nouvel idéal à atteindre.

L’expérience religieuse personnelle


L’expérience religieuse est fondamentale pour les croyants.
Elle a pour effet de les aider à trouver des réponses à leurs
questionnements existentiels. Pourquoi vivre ? Qui suis-je ?
Comment être heureux ? Pour certaines personnes, l’expé-
rience religieuse aura pour effet de transformer leur vision du
monde et de les amener à réorienter leur vie, à se convertir à
une religion, à se sentir protégées, à s’engager dans une vie
religieuse ou communautaire plus intense.
Pietà, de Michel-Ange (1475-1564), 15e siècle.
Une pietà est une sculpture ou un tableau qui
L’expérience religieuse au cœur des religions représente Marie tenant sur ses genoux le corps
de son fils Jésus détaché de la croix. Le mot pietà
La plupart des spécialistes des religions s’entendent pour dire signifie « pitié » en italien.
que la majorité des religions sont nées à la suite d’expériences
religieuses. Les religions se sont construites à partir des récits de per-
sonnes qui ont été transformées par l’expérience qu’elles ont vécue et Dans le
qui ont voulu la raconter afin de permettre à d’autres personnes de vivre bouddhisme
la même expérience. et dans le
christianisme,
les expériences
religieuses d’individus
ont eu des effets
considérables
sur l’histoire de
l’humanité : elles sont
à l’origine de deux
religions.

À Bodh Gaya, en Inde, des moines bouddhistes sont rassemblés sous l’arbre de bodhi, aussi appelé
« arbre de l’illumination ». Ce serait sous cet arbre qu’eut lieu l’illumination du Bouddha.

28 VIVRE ENSEMBLE 4
Au cœur du christianisme
D’après le Nouveau Testament, Jésus de Nazareth a été crucifié et, trois jours plus
tard, différentes personnes l’ont vu bien vivant. L’expérience hors du commun vécue
BAO
par les témoins de la résurrection de Jésus est une expérience religieuse qui a eu un Le christianisme,
effet retentissant sur l’histoire de l’humanité. p. B23 à B40

«
L’apparition aux Onze
Comme ils parlaient ainsi, Jésus fut présent au milieu d’eux et il leur dit : “ La paix soit

»
avec vous. ” Effrayés et remplis de crainte, ils pensaient voir un esprit. Et il leur dit : “ Quel
est ce trouble et pourquoi ces objections s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Regardez mes
mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi, regardez ; un esprit n’a ni chair, ni os,
comme vous voyez que j’en ai. ” À ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme,
sous l’effet de la joie, ils restaient encore incrédules […]
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2006, Luc 24, 36-41.

Les évangiles du Nouveau Testament


relatent l’expérience de la résurrection de
Jésus. Cette expérience est notamment
racontée dans l’évangile de Luc, le troisième
évangile du Nouveau Testament, écrit entre
70 et 90 de notre ère. Luc, qui était médecin,
est aussi l’auteur des Actes des apôtres.

L’expérience de la résurrection de Jésus est


l’élément central du christianisme. Pour les
chrétiens, la résurrection de Jésus-Christ
représente la victoire sur le mal et sur la
mort. Elle est la promesse du pardon, de la
résurrection et la preuve de l’existence de
Dieu. Ces croyances s’appuient sur l’expé-
rience religieuse rapportée par les apôtres.
C’est cette expérience religieuse des apôtres
qui est à l’origine de récits, de rites et de
règles au cœur du christianisme.

Les croyants chrétiens commémorent la


résurrection de Jésus par la fête de Pâques.
Il s’agit de la fête la plus importante du
christianisme, car elle célèbre l’événement
au cœur de la foi chrétienne. Comme l’écrit
Paul de Tarse dans sa lettre aux Corinthiens :
« [...] si Christ n’est pas ressuscité, notre
prédication est vide et vide aussi est votre
foi ».
Scène du chemin de la Croix du graveur canadien d’origine irlandaise
John Henry Walker (1831-1899). Datée des années 1850-1885, cette
œuvre représente l’apparition du Christ aux apôtres.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 29


Au cœur du bouddhisme BAO
Toute sa vie, le prince Siddhartha Gautama fut à la recherche de moyens pour se Le bouddhisme, p. B59
délivrer de la souffrance et du samsara, c’est-à-dire la croyance selon laquelle tout
être vivant est enchaîné au cycle infini des naissances et des renaissances. Selon la
tradition bouddhiste, c’est en 566 avant notre ère, après une nuit de méditation, assis
au pied d’un arbre, près de la ville actuelle de Bodh Gaya en Inde, que le prince trouva
des réponses à ses questions. C’est à ce moment précis que Siddhartha Gautama
devint le Bouddha, l’éveillé, « celui qui voit clair ».

Cet état d’éveil est aussi appelé nirvana ; c’est la fin de la souffrance, un état de liberté
totale où l’être est détaché de ses désirs égoïstes, de ses passions, de toute haine et
de son ignorance. La personne « éveillée » en arrive à avoir une vision parfaitement
claire de la réalité. Après son expérience d’éveil, le Bouddha a consacré le reste de sa
vie à expliquer à des disciples comment parvenir à l’éveil afin que chacun puisse vivre
cette expérience libératrice. Les grandes vérités du bouddhisme, dont l’état idéal
d’éveil, sont issues de cette expérience religieuse exceptionnelle.

« Bouddha, l’éveillé
Sous son arbre, assis sur sa pierre plate,
Siddhartha médite, laisse son esprit se
vider, plonge en lui-même.
Dans ce vide intérieur s’installent une
tranquillité, un calme, une sérénité infi-
nie, un état que Siddhartha n’a jamais
connu. Il atteint un état impossible à
décrire avec des mots. Il atteint l’illumi-
nation, la bodhi. Une lumière invisible
s’est installée à l’intérieur de lui. Celui
que ses parents ont appelé Siddhartha,
« Celui qui atteint le but », change son
nom et se nomme lui-même Bouddha,
« Celui qui a ouvert les yeux », « Celui qui
a atteint l’éveil ». Il est délivré, éveillé. À
35 ans, il sort des souffrances humaines,
comme on sort d’un mauvais rêve et
qu’on redécouvre, soulagé, la réalité. Il
a atteint le nirvana.
[…]
Après son illumination, Bouddha médite
pendant un mois et demi, sans rien

»
dire à personne. Tout devient clair et
lumineux : chaque être a un bouddha
à l’intérieur de lui-même ; Bouddha,
l’éveillé, est là pour aider tous les êtres
à réveiller le bouddha qui dort en eux. Une statue du Bouddha. La coiffure haute et les lobes allongés sont
des symboles de sagesse.
Source : Brigitte LABBÉ et Michel PUECH,
Bouddha, Toulouse, Milan jeunesse, 2003,
p. 26, 27 et 29.

30 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

DES EXPÉRIENCES HORS DU COMMUN


1. Parmi les énoncés présentés ci-dessous, indiquez ceux qui peuvent être associés à une expérience
religieuse.
a) Entrer en relation avec son divin.

b) Elle peut déclencher chez lui des impressions et des émotions hors du commun.

c) Le sentiment de devoir combler un vide intérieur.

d) Une impression que le temps presse et le désir de contrôler son destin.

e) Un bonheur pur et profond.

2. Résumez en quelques mots-clés chacune des caractéristiques d’une expérience religieuse d’après
Abraham Maslow.

3. D’après Abraham Maslow, à quel besoin essentiel les expériences religieuses répondent-elles ?

4. Parmi les mots suivants, encerclez ceux qui pourraient être utilisés pour décrire une expérience
religieuse.

habituelle exceptionnelle intense profonde normale saisissante ordinaire

divine forte bouleversante banale extraordinaire hors du commun

5. Donnez trois effets possibles des expériences religieuses.

6. Expliquez pourquoi certaines expériences religieuses sont au cœur de traditions religieuses.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 31


Nom : Groupe : Date :

DES EXPÉRIENCES RENVERSANTES


1. Complétez le titre et la grille de ces mots entrecroisés.

L’expérience religieuse au cœur du

1. Ont vécu cette expérience de Jésus ressuscité.

2. Synonyme de remplis de crainte.

3. Émotion ressentie lors de cette expérience.

4. Cette expérience signifie la _____ sur la mort.

5. Récits où cette expérience 1. 2.


est racontée.
3.
6. Événement central de cette
tradition religieuse.
4.

5. 6.

2. Complétez le titre et la grille de ces mots entrecroisés.

L’expérience religieuse au cœur du

1. Activité qui a précédé et qui a suivi l’expérience.

2. Synonyme d’éveil.

3. Les personnes qui ont vécu l’expérience en ont


une vision parfaitement claire.

4. Synonyme d’illumination.
5. Bouddha peut aider tous les êtres 1. 2.

humains à le réveiller en eux.


3.
6. Sa fin est maintenant possible.

4.

5.

6.

32 VIVRE ENSEMBLE 4
La Prière du cœur dans le christianisme orthodoxe
La Prière du cœur, aussi appelée Prière de
Jésus, est un rite très important de la tradi-
tion religieuse chrétienne orthodoxe. Elle
consiste à réciter le plus souvent possible
cette courte phrase : « Seigneur Jésus-Christ,
fils de Dieu, ayez pitié de moi, pécheur ».
Cette récitation peut se faire à voix haute
ou en silence, en suivant le rythme de la
respiration. En répétant la Prière du cœur,
parfois des milliers de fois par jour, les
croyants peuvent vivre une expérience reli-
gieuse très forte qui leur donne le sentiment
d’être véritablement en présence de Jésus.

La Prière du cœur a été popularisée grâce


au recueil de textes intitulé Récits d’un pèle-
rin russe, paru vers 1870 en Russie. Ce petit
livre, dont l’auteur est inconnu, raconte la
vie d’un paysan russe en quête de Dieu.

Dans l’un des récits, le pèlerin raconte


l’expérience religieuse vécue en récitant
la Prière du cœur alors qu’il se trouve isolé
Une icône russe représentant le visage du Christ.
en forêt.

«
Le récit d’un pèlerin russe
À partir de ce moment, j’éprouvai de temps à autre diverses sensations nouvelles dans
le cœur et dans l’esprit. Parfois il y avait comme un bouillonnement dans mon cœur et
une légèreté, une liberté, une joie si grandes, que j’en étais transformé et me sentais en
extase. Parfois, je sentais un amour ardent pour Jésus-Christ et pour toute la création

»
divine. Parfois mes larmes coulaient d’elles-mêmes par reconnaissance pour le Seigneur
qui avait eu pitié de moi, pécheur endurci. Parfois mon esprit borné s’illuminait tellement
que je comprenais clairement ce que jadis je n’aurais pas même pu concevoir. Parfois la
douce chaleur de mon cœur se répandait dans tout mon être et je sentais avec émotion
la présence innombrable du Seigneur.
Source : Récits d’un pèlerin russe, Paris, © Éditions du Seuil, 1966, pour la traduction française, coll. Livre de vie
(nouv. série) no 63, 1999.

Dans la suite du récit, on peut lire que les effets de la Prière du cœur sur le pèlerin
russe sont nombreux. Il a ressenti la douceur de l’amour de Dieu, un calme intérieur,
une insensibilité devant les maladies ou les peines, un détachement devant les soucis
de son existence.

La Prière du cœur est encore très populaire aujourd’hui chez les chrétiens orthodoxes,
mais aussi chez plusieurs chrétiens d’autres confessions religieuses.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 33


La quête de vision dans les spiritualités
des peuples autochtones
La quête de vision est un rite d’une
grande importance pour les peuples amé-
rindiens et inuits.

Il s’agit d’un rituel qui vise à entrer en


contact avec les esprits afin de bénéficier
de leurs conseils ou de leur protection.
Les moyens utilisés pour atteindre la
vision sont variés. Dans la forme la plus
commune du rituel, l’individu en quête
de vision s’isole dans la nature, se prive
de nourriture, se place en état de prière
et observe les éléments de la nature qui
l’entourent, à la recherche d’un signe.
C’est après avoir obtenu sa vision que
l’individu découvre le rôle qu’il tiendra
dans sa communauté. À son retour, cette
personne peut consulter un chaman pour
interpréter sa vision.

Dans les spiritualités des peuples autoch-


Une tente de sudation. Par le rituel de la sudation, les personnes en quête de
tones, le divin se manifeste dans tous les vision cherchent à purifier leur corps et leur esprit.
éléments de la nature, soit dans le monde
végétal, animal et minéral. Il n’y a pas de hiérarchie entre ces éléments qui possèdent BAO
tous une âme, un esprit. Ce sont ces esprits qui sont sollicités dans la quête Les spiritualités des
peuples autochtones,
de vision. p. B47

« Le récit de White Bird


La quête de vision est une recherche spirituelle qui se pratique chez les Amérindiens
depuis toujours, depuis la nuit des temps. En tant que révélateur de notre dimension
humaine, elle constitue en soi une part importante de notre tradition, un cap à franchir.
Quand, après s’être purifié dans une hutte de sudation ou suerie, on se retrouve seul
là-haut, c’est pour se donner aussi bien physiquement, en renonçant à boire, à manger,
à fumer, que spirituellement en priant et en appelant les esprits, émotionnellement et
mentalement en rompant tout contact avec le monde et en oubliant son corps et ses
besoins. Au fil des heures, des journées et des nuits passées dans la solitude, on est
véritablement transporté ailleurs. C’est un phénomène qu’il faut accepter si l’on veut
parvenir à la conscience spirituelle, à la révélation de son esprit, ce quelque chose qui

»
crée en nous une cohésion, qui nous maintient ensemble ; parce que ce n’est pas seule-
ment notre cœur qui bat qui fait de nous ce que nous sommes, ni notre mental qui pense,
ni nos émotions qui fluctuent, même si pourtant tous travaillent ensemble. Ce qui les relie
c’est l’esprit. Et quand il nous quitte, alors le cœur s’arrête, et avec lui les pensées et les
sentiments.
Source : White Bird, La quatrième génération, Aix-en-Provence, Éditions Le Mail, 1989, 1994, p. 210.

34 VIVRE ENSEMBLE 4
Le pèlerinage à La Mecque dans l’islam
Le grand pèlerinage vers la ville de La Mecque, en Arabie saou-
dite, est un des cinq piliers de la foi musulmane. Les croyants Les cinq piliers de l’islam
doivent l’accomplir au moins une fois dans leur vie, s’ils en ont La profession de foi.
les moyens physiques et financiers. Arrivés au sanctuaire de La La prière cinq fois par jour.
Mecque, les fidèles y sont, entre autres, appelés à tourner sept L’aumône pour les pauvres.
fois autour de la Kaaba, ce temple en forme de cube situé au Le jeûne pendant le mois du ramadan.
centre du sanctuaire de La Mecque.
Le pèlerinage à La Mecque.
Pour tous les musulmans, la Kaaba est considérée comme l’en-
droit le plus sacré au monde. Selon la tradition, la Pierre noire enchâssée dans l’un
des angles de la Kaaba a été envoyée par Allah à Abraham (Ibrahim en arabe) par
l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Certaines légendes rapportent que la pierre était
blanche à l’origine et qu’elle est devenue noire en absorbant tous les péchés des BAO
millions de pèlerins qui l’ont touchée et embrassée au fil du temps. L’islam, p. B53

«
Le récit d’un pèlerin musulman
Lorsque j’ai enfin aperçu La Mecque et son
étincelante pureté, je n’ai pu m’empêcher de
verser les premières larmes de mon voyage.
Cette pensée revenait sans cesse : “Allah est
le plus grand ! ” Mon corps était parcouru de
frissons, je tremblais. “Allah est le plus grand !”
Nous étions des milliers de pèlerins venus
accomplir notre devoir de musulmans. Nous
étions des milliers, mais nous ne faisions
qu’un. Tous vêtus de blanc, les yeux rivés vers
La Mecque, marchant ensemble, récitant des
prières du saint livre, portés par un même
désir : toucher la Pierre noire. Ma vie était tour-
née vers Lui, comme elle l’avait toujours été,
Allah miséricordieux, Allah clément, Allah
bienfaiteur.
Nous récitions nos prières, des milliers de voix
rassemblées, ne formant qu’une seule et
même voix. Après les sept tours de la Kaaba,
parvenu enfin à la Pierre noire, je stoppai ma
marche, ébloui ! C’était l’accomplissement de
toute ma vie, la réalisation de tous mes rêves.
Puis je poursuivis mon avancée vers le cube
drapé de noir. Pourrais-je m’y rendre à mon
tour ? Lentement, ma marche m’amenait au La Grande mosquée de La Mecque, en Arabie saoudite. Depuis le
7e siècle, ce lieu accueille des pèlerins musulmans. De nos jours, plusieurs
but. J’étais pris comme d’une sorte d’étour-
millions de pèlerins s’y rendent chaque année.
dissement, aimanté à la puissance divine.

»
Lorsque je l’ai enfin atteinte, j’en eus le souffle coupé. J’ai ressenti ce que je n’avais jamais
ressenti auparavant : tout mon être exultait, je ne faisais qu’un avec le cœur du cœur
de l’islam.
Depuis ce jour, je vais chaque samedi à la mosquée enseigner le Coran aux enfants de
ma communauté.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 35


L’expérience d’un philosophe athée
Le philosophe André Comte-Sponville pense qu’il est possible de vivre des expé-
riences fortement émotives et intenses sans que celles-ci soient rattachées à une
tradition religieuse. Pour lui, nul besoin de Dieu, d’une église ou d’une foi : l’univers, BAO
le monde et la vie suffisent. Seule la philosophie répond à son besoin de sens et non L’athéisme, p. B73
la religion.

« Une expérience mystique


Le ciel étoilé au-dessus de moi, immense, insondable,
lumineux, et rien d’autre en moi que le ciel, dont je
faisais partie, rien d’autre en moi que ce silence, que
cette lumière, comme une vibration heureuse […].
J’étais bien. J’étais étonnamment bien ! Tellement bien
que je n’éprouvais plus le besoin de me le dire, ni même
le désir que cela continue. Plus de mots, plus de
manque, plus d’attente : pur présent de la présence.
C’est à peine si je peux dire que je me promenai : il n’y
avait plus que la promenade, que la forêt, que les
étoiles, que notre groupe d’amis… Plus d’ego, plus de
séparation, plus de représentation : rien que la présen-
tation silencieuse de tout. Plus de jugements de valeur :
rien que le réel. Plus de temps : rien que le présent. Plus

»
de néant : rien que l’être. Plus d’insatisfaction, plus de Une simple promenade en forêt peut-elle déclencher une
haine, plus de peur, plus de colère, plus d’angoisse : expérience hors du commun ?
rien que la joie et la paix. Plus de comédie, plus d’illu-
sions, plus de mensonges : rien que la vérité qui me contient, que je ne contiens pas. Cela
dura peut-être quelques secondes. J’étais à la fois bouleversé et réconcilié, bouleversé
et plus calme que jamais.
Source : André COMTE-SPONVILLE, L’esprit de l’athéisme, Introduction à une spiritualité sans Dieu, Paris,
Albin Michel, 2006, p. 167 et 168.

André Comte-Sponville a vécu d’autres expériences du même genre au long de sa vie.


Il raconte que ces expériences ont eu pour effet de changer sa vie quotidienne en la
rendant plus heureuse et moins lourde.

PORTRAIT André Comte-Sponville

André Comte-Sponville est un philosophe français ouver-


tement athée. Inspiré par les sagesses grecques et orien-
tales, il défend l’idée qu’une personne qui ne croit pas
à l’existence du divin a autant besoin de développer
sa vie spirituelle qu’une personne croyante. André Comte-
Sponville a écrit de nombreux livres et prononcé plusieurs
conférences en ayant toujours comme souci de rendre la
philosophie accessible à tous.

André Comte-Sponville
(1952- )

36 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

DES EXPÉRIENCES VARIÉES, PRISE 1


1. Pour mieux comprendre la diversité des expériences religieuses ou hors du commun, remplissez
les fiches suivantes.

La Prière du cœur, page 33


La tradition religieuse en lien avec l’expérience :

La pratique qui mène à l’expérience :

Le nom du divin associé à l’expérience :


Un effet de l’expérience sur la personne :

Le pèlerinage à La Mecque, page 35


La tradition religieuse en lien avec l’expérience :

La pratique qui mène à l’expérience :

Le nom du divin associé à l’expérience :


Un effet de l’expérience religieuse sur la personne :

2. Associez chacun des extraits suivants à l’une des caractéristiques de l’expérience religieuse, selon
Maslow, présentées à la page 27. Indiquez le numéro de la caractéristique.

a) « Nous étions des milliers de pèlerins venus accomplir notre devoir de musulmans.
Nous étions des milliers, mais nous ne faisions qu’un. »

b) « Parfois il y avait comme un bouillonnement dans mon cœur et une légèreté, une liberté,
une joie si grandes, que j’en étais transformé et me sentais en extase. »

3. Comparez l’expérience religieuse du pèlerin russe à celle du musulman.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 37


Nom : Groupe : Date :

DES EXPÉRIENCES VARIÉES, PRISE 2


1. Remplissez les fiches suivantes.

La quête de vision, page 34


La tradition religieuse en lien avec l’expérience :

La pratique qui mène à l’expérience :

Le nom du divin associé à l’expérience :

Un effet de l’expérience sur la personne :

L’expérience d’un philosophe athée, page 36


La tradition religieuse en lien avec l’expérience :

La pratique qui mène à l’expérience :

Le nom du divin associé à l’expérience :


Un effet de l’expérience religieuse sur la personne :

2. Associez chacun des extraits suivants à l’une des caractéristiques de l’expérience religieuse, selon
Maslow, présentées à la page 27. Indiquez le numéro de la caractéristique.

a) « J’étais bien. J’étais étonnamment bien ! Tellement bien que je n’éprouvais plus le besoin
de me le dire, ni même le désir que cela continue. »

b) « […] en rompant tout contact avec le monde et en oubliant son corps et ses besoins. »

3. Comparez la quête de vision à l’expérience du philosophe athée en indiquant deux points communs à
ces expériences.

38 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

WEBMESTRE À L’ACTION
Préparez la mise à jour du site internet de l’émission À la rencontre du sacré en complétant le document
de la page suivante.

1. Présentez l’analyse du témoignage de Lise Ravary.

2. Répondez à une question du public en utilisant deux éléments de comparaison pertinents.

3. Remplissez la section « Foire aux questions1 » en rédigeant deux questions au sujet des expériences
religieuses. Rédigez les réponses à ces questions en faisant référence à la théorie d’Abraham Maslow.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B93

1 Imaginez que les textes A et B sont les commentaires d’auditeurs entendus au cours d’une tribune
téléphonique. Lisez ces textes et répondez aux questions.

A. L’Église et un million de catholiques reconnaissent l’importance des expériences

religieuses vécues par de nombreux croyants, notamment celles vécues par les saints.

Si l’Église les reconnaît, c’est que ces expériences sont réellement arrivées.

Des millions de catholiques ne peuvent pas se tromper.

a) Quels sont les deux procédés susceptibles d’entraver le dialogue utilisés par l’auditrice
pour faire valoir son point de vue ?

b) Entourez les portions du texte qui contiennent ces deux procédés.

B. L’auditeur qui m’a précédée n’a rien compris. C’est un ignorant. En affirmant que l’expé-

rience religieuse n’a rien à voir avec Dieu, il dit donc que notre vie ne peut pas avoir de sens.

a) Quels sont les deux procédés susceptibles d’entraver le dialogue utilisés par l’auditrice
pour faire valoir son point de vue ?

b) Entourez les portions du texte qui contiennent ces deux procédés.

1. La section « Foire aux questions » d’un site internet contient des questions et des réponses en lien avec l’information présentée dans
le site.

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 39


Nom : Groupe : Date :

Titre de l’émission : À la rencontre du sacré.

Sujet de l’émission : Les expériences religieuses.

1. Expérience religieuse de Lise Ravary


Tradition religieuse en lien avec l’expérience :
Ce qui a mené à l’expérience :

Nom du divin associé à l’expérience :


Effet de l’expérience sur la personne :

2. Question du public
Comparez à l’aide de deux éléments pertinents l’expérience de Lise Ravary et celle du pèlerin musulman.

3. Foire aux questions

Question :

Réponse :

Question :

Réponse :

40 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 2 Total


/25

1. Lequel des événements suivants est considéré comme l’expérience religieuse au cœur
du christianisme ?

a) La naissance de Jésus de Nazareth.

b) La mort de Jésus de Nazareth.

c) La rédaction du Nouveau Testament.

d) La fondation de l’Église catholique.

e) L’expérience des apôtres lors de la résurrection de Jésus. /1

2. Nommez deux effets de cette expérience que vous avez indiquée à la question 1.

/2

3. Repérez deux mots ou expressions qui illustrent le caractère hors du commun de l’expérience
religieuse qui est racontée dans chacun des témoignages présentés aux pages 30 et 33 à 36
du cahier.

a) Bouddha l’éveillé :
b) Le récit d’un pèlerin russe :
c) Le récit de White Bird :
d) Le récit d’un pèlerin musulman :
e) Une expérience mystique : /5

4. Complétez les phrases suivantes.

a) D’après le psychologue , l’expérience religieuse


répond à un de l’être humain situé au sommet de sa pyramide
des besoins. Il s’agit du besoin .

b) D’après le philosophe , il est possible de


vivre des fortement émotives et intenses sans que
celles-ci soient rattachées à une . /3

5. Nommez une expression du religieux qui peut être associée à la quête de vision dans les
spiritualités des peuples autochtones.

/1

DOSSIER 2 L’expérience religieuse 41


Nom : Groupe : Date :

6. Nommez trois effets possibles d’une expérience religieuse dans la vie d’une personne.

/3

7. Complétez la ligne du temps.


a) Observez les dates.

b) Indiquez l’événement qui correspond à chacune des dates au-dessus de chacune.

c) Indiquez une expression du religieux, différente de votre réponse précédente, qui peut /5
être associée à chaque événement sous la date qui lui correspond.

-556 v. 30 v. 50-120 7e siècle 1870

8. Associez les affirmations qui suivent au type de jugement qui leur correspond.

A. La paix soit avec vous. a) Le jugement de réalité.


B. La prière et la méditation sont aussi bénéfiques
pour l’humain l’une que l’autre. b) Le jugement de prescription.
C. À choisir, j’aimerais plus lire le récit de la vie de
Jésus que celui de la vie de Siddhartha Gautama. c) Le jugement de valeur.
D. Pour les peuples amérindiens et inuits, la quête
d) Le jugement de préférence.
de vision est un rituel qui vise à entrer en contact
avec les esprits. /4

9. Relisez le jugement C présenté à la question 8. Formulez une question qui permettrait


d’interroger ce jugement.

/1

42 VIVRE ENSEMBLE 4
Dilemme et
ambivalence
DOSSIER 3

Dilemme au café étudiant . . . . . . . . . . . . . . . . . .44


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .45
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46
Qu’est-ce qu’un dilemme ? . . . . . . . . . . . . . . . . .47
Un exemple de dilemme moral . . . . . . . . . . . . . .48
Le développement moral . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
L’étude de Lawrence Kohlberg. . . . . . . . . . . . . .50
Le jeu des six stades. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51
L’analyse éthique d’un dilemme moral . . . . .52
Le travail au noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53
Déchiffrer le travail au noir . . . . . . . . . . . . . . .55
Des valeurs en conflit . . . . . . . . . . . . . . . . . . .56
Comprendre le dilemme au café étudiant . . .57
Scène 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .59
Test bilan du dossier 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . .61
Dilemme au café étudiant
La troupe de théâtre Delirium prépare sa dernière
création : Dilemme au café étudiant. L’action se
déroule dans une école secondaire et touche diffé-
rents aspects de la vie étudiante. Le premier acte
présente la situation que vivent les membres du
café étudiant. Personnages
Avner
Mirhale
ACTE 1 : Une salle de café étudiant Ella
Sylvia
SCÈNE 1 – Les travaux de rénovation
Jean-Baptiste
Avner, Josianne, Mirhale, Jean-Baptiste et Sylvia sont assis Personne-ressource
à une table du café étudiant. Josianne (présidente
Ella, entrant dans le café, tout sourire — J’ai une bonne du café étudiant)
nouvelle à vous annoncer. Ma rencontre avec l’entrepreneur
Caron-Desbois s’est bien déroulée. Il nous offre de faire les rénovations
de la cuisine du café à prix réduit. Il peut réduire son prix pour les travaux,
car il ne déclarera pas ses revenus au gouvernement. Qu’en pensez-vous ?

Mirhale, hésitante — C’est du travail au noir, ça ! Je ne sais pas quoi en penser.


En fait, d’un côté, ça me fâche de voir qu’il y a des personnes qui ne respectent
pas la loi en cachant une partie de leurs revenus au gouvernement. Mais d’un autre
côté, cela nous permettrait d’économiser.

Jean-Baptiste — Moi aussi, j’hésite. Il y a une partie de moi qui


pense que les gens sont libres de disposer de leur argent. Le
gouvernement n’investit pas toujours bien l’argent qu’on lui
confie. D’un autre côté, si les membres de l’association étudiante
apprenaient qu’on engage des travailleurs au noir, cela pourrait
nuire à notre réputation. Je ne crois pas qu’ils seraient d’accord.

Avner, se tournant vers Mirhale — Je ne vois pas pourquoi vous


hésitez. Moi, je n’engagerais jamais une personne qui ne déclare
pas ses revenus : c’est illégal et j’aurais trop peur d’être expulsé
du comité du café étudiant par la direction.

Fin de la 1re scène.

Le théâtre participatif
PLACE PUBLIQUE

Le théâtre participatif est une forme de théâtre où tion pour donner leur avis sur ce qui se déroule sur
les personnages sont aux prises avec toutes sortes scène. Les représentations se terminent par une
de situations problématiques : les relations amou- discussion entre les spectateurs et les comédiens
reuses, la discrimination, les conflits familiaux, etc. qui peuvent ainsi partager leurs réflexions sur les
Cette forme de théâtre est interactive, car elle permet problèmes soulevés par la pièce et trouver des pistes
aux spectateurs d’intervenir pendant la représenta- de solutions.

44 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Selon vous, que signifie l’expression « travail au noir » ?

2. Selon vous, dans quels domaines trouve-t-on le plus de travailleurs au noir ?

3. Parmi les personnages de la scène 1, à la page précédente, indiquez :

4. Quel serait un point de vue possible sur le travail au noir ?

5. Selon vous, qu’est-ce que l’ambivalence ?

6. a) Formulez une question éthique en lien avec le contenu de la scène 1. Commencez votre question
par « Est-il souhaitable de… »

b) Quels sont les enjeux éthiques en cause dans votre question ? Nommez au moins deux valeurs
ou normes.

7. Formulez une question éthique en lien avec l’ambivalence.

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 45


ARRÊT Moi ou l’autre?
SUR IMAGES Tout être humain, à un moment de sa vie, est confronté à
un choix difficile. Il peut, par exemple, avoir à choisir entre
son intérêt personnel et celui de la collectivité. Il vit alors
de l’ambivalence.

Au Québec
En 2012-2014 s’est tenue la Commission d’en-
quête sur l’octroi et la gestion des contrats
publics dans l’industrie de la construction,
présidée par la juge France Charbonneau.
Pendant les audiences, des témoins ont
raconté s’être sentis ambivalents face à la
corruption. Par exemple, certains avaient
hésité à dénoncer les administrations muni-
cipales qui exigeaient d’importantes sommes
d’argent en échange de contrats, car ils ris-
quaient de perdre leur emploi. D’autres
avaient hésité entre la perspective de se voir
attribuer de gros contrats et l’obligation de se
conformer aux lois.

Des avions jets militaires.

Ailleurs dans le monde


Aux États-Unis, la National Campaign for a Peace Tax Fund est
une organisation qui priorise la liberté de conscience. Ses
membres s’opposent à l’utilisation de leurs impôts à des fins
militaires. Ils revendiquent auprès du gouvernement américain
que l’argent de leurs impôts puisse être utilisé uniquement à
des fins pacifiques.

Plusieurs personnes sont prêtes à ignorer des valeurs Qu’est-ce que l’ambivalence ?
qu’elles jugent généralement importantes, comme
l’honnêteté, la justice et la solidarité, lorsqu’elles se Pourquoi est-il difficile de faire des choix ?
font offrir de grosses sommes d’argent. Est-il parfois souhaitable de dénoncer un ami ?
Mon travail ou ma famille ?
Être ou avoir ?

46 VIVRE ENSEMBLE 4
Qu’est-ce qu’un dilemme?
Un dilemme est une situation qui présente
deux aspects incompatibles et qui place une
personne dans un état d’ambivalence quant
à la décision à prendre. L’ambivalence se
manifeste, entre autres, dans l’hésitation ou
l’indécision que peut ressentir une personne
dans telle ou telle situation. La personne
peut avoir de la difficulté à prendre une
décision, car elle se trouve devant deux pos-
sibilités qui, à ses yeux, comportent toutes
deux autant d’avantages que d’inconvé-
nients. Elle ne sait pas quoi faire.

Le dilemme peut être vécu dans une multi-


tude de circonstances, plus ou moins inten-
sément, selon les situations et selon les
individus. Par exemple, une personne peut
hésiter entre acheter un livre ou un maga-
zine ; choisir un cours technique au cégep
ou une formation professionnelle au secon-
daire ; dire toute la vérité au sujet d’un évé-
nement ou ne rien dire afin de protéger la Quelle direction prendre ? Que choisir ? Au quotidien, nous devons faire des
choix dans diverses situations. L’ambivalence est souvent au rendez-vous.
réputation de quelqu’un.

Le dilemme moral
Lorsqu’une personne vit une situation où des valeurs, des normes ou des principes
moraux s’opposent, elle peut être confrontée à un « dilemme moral ». Par exemple,
un parent vit un dilemme moral s’il doit choisir entre, d’une part, assister à une réunion
importante pour son travail et, d’autre part, aller encourager son enfant lors de la
finale d’un tournoi de basketball. Pour ce parent, le travail et la famille sont des valeurs
aussi importantes l’une que l’autre. Ce parent est aux prises avec un dilemme moral,
puisque deux valeurs importantes entrent en conflit. Le dilemme moral est générale-
ment difficile à résoudre parce qu’il exige d’une personne qu’elle sacrifie une valeur
qui lui est chère au profit d’une autre valeur.

L’ambivalence ou la double nature de l’être humain


Les êtres humains sont complexes. Lorsque vient le temps de prendre certaines décisions,
ils doivent parfois lutter entre des désirs intérieurs qui s’opposent. Confrontés à leur double
nature, les êtres humains doivent parfois lutter entre leur raison et leurs émotions. Ainsi,
des sentiments comme la haine, l’amour, la vengeance et le pardon s’opposent parfois en eux.
Les êtres humains peuvent être déchirés entre des désirs égoïstes et altruistes ; indécis entre
ce qu’ils croient être bien et ce qu’ils croient être mal. L’ambivalence est une des raisons qui
expliquent pourquoi il peut être si difficile de faire des choix lors de situations déclenchant
des dilemmes moraux.

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 47


Un exemple de dilemme moral

Le cas de Luc
Luc est un élève de 5e secondaire, responsable, talentueux à la librairie. S’il va au cégep, il n’aura plus le temps de
et ambitieux. Il a été admis dans le programme collégial travailler autant. D’une part, Luc veut étudier au cégep ; il
d’ébénisterie. Toutefois, à la maison, la situation est difficile. est fier d’y avoir été admis et désire obtenir une formation
Le père de Luc a perdu son emploi l’année dernière et n’arrive solide qui lui assurerait un avenir prometteur. D’autre part,
pas à en trouver un autre. Il se croit trop vieux et son métier Luc a envie de refuser d’aller au cégep, trop inquiet de la
est en voie de disparition. Luc paie donc une pension à son situation financière de sa famille. Luc vit un dilemme moral.
père avec l’argent qu’il gagne en travaillant à temps partiel Que devrait-il faire ?

Le dilemme moral de Luc


Situation Luc est en 5e secondaire. Il travaille à temps partiel. Il aide
financièrement son père qui a perdu son emploi. Il vient
d’être admis au cégep en ébénisterie, un programme
d’études qui occupe les étudiants à temps plein et qui offre
des perspectives d’emploi intéressantes.

Dilemme moral Luc devrait-il entreprendre ses études en ébénisterie dans


le but de se bâtir une carrière solide ou mettre son projet
d’études de côté pour continuer à aider son père finan-
cièrement ?

Actions possibles Aller au cégep. OU Continuer de travailler.

Valeurs en conflit Carrière. ET Entraide familiale.

Réflexion éthique sur le cas de Luc


Questions éthiques
financiers de ses parents au détriment de ses études ?

de carrière ?

l’entraide ?

Enjeux éthiques L’éducation, le travail, la famille, l’entraide, l’argent, le devoir,


la justice, la sécurité matérielle, la liberté, le savoir, la sol-
licitude, la carrière, « Tu honoreras ton père et ta mère. ».

Repères Une étude comparée sur la réussite scolaire en milieu col-


légial qui démontre que les étudiants qui travaillent plus de
25 heures par semaine sont susceptibles de vivre un plus
grand nombre d’échecs scolaires ou d’abandonner leurs
études. Les dix commandements de la Bible.

48 VIVRE ENSEMBLE 4
Le développement moral
Le psychologue américain Lawrence Kohlberg s’est intéressé aux raisons qui poussent
un individu à prendre telle ou telle décision lorsqu’il est confronté à un dilemme moral.
Lawrence Kohlberg a présenté différents dilemmes moraux à des personnes d’âges
variés. Il leur a demandé ce qu’elles feraient en pareils cas et de justifier leur réponse.
À partir des réponses obtenues, Kohlberg a pu établir les six stades du développement
moral. Selon Kohlberg, le stade de développement moral d’une personne dépend de
plusieurs facteurs : son éducation, son expérience et sa réflexion critique.

Les six stades du développement moral, selon Kohlberg

La personne tient compte essentiellement de sa personne.

1 L’obéissance à l’autorité L’individu agit en fonction de la volonté d’une autorité


qui a le pouvoir de distribuer les punitions et les
récompenses.

2 La règle du donnant donnant L’individu agit en fonction de ce qui sert son intérêt
personnel dans ses rapports avec autrui.

La personne tient compte des groupes auxquels elle appartient.

3 La satisfaction des attentes


des autres
L’individu agit en fonction de ce que les personnes
qui l’entourent attendent de lui.

4 Le respect de la loi L’individu agit en fonction des règles et des lois en


vigueur, en se disant : « La loi, c’est la loi. »

La personne tient compte de l’humanité dans son ensemble.

5 Les droits de la personne


et le bien commun
L’individu agit en fonction des principes tels que les droits
individuels et le bien commun reconnus dans les sociétés
démocratiques.

6 Les principes universels L’individu agit de façon pleinement autonome en fonction


de principes moraux universels (par exemple : tu dois
respecter ton prochain) qu’il juge fondamentaux et
applicables à tous.

PORTRAIT Lawrence Kohlberg

Lawrence Kohlberg est un psychologue américain reconnu


pour ses théories sur le développement moral. Il a effectué
de nombreuses recherches dans les domaines de l’éduca-
tion et du développement moral. Sa principale réalisation
est la théorie des stades du développement moral.

Lawrence Kohlberg
(1927-1987).

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 49


L’étude de Lawrence Kohlberg
En 1958, Lawrence Kohlberg a mené une importante recherche auprès de 72 garçons
de 10, 13 et 16 ans, à qui il a présenté des situations pouvant mener à des dilemmes
moraux. Parmi ces situations, il y avait le dilemme moral de Heinz.

Le dilemme moral de Heinz


La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir d’un instant à l’autre si elle ne prend
pas un médicament X inventé par un pharmacien. Ce médicament est hors de prix et Heinz
ne peut le payer. Il se rend néanmoins chez le pharmacien et lui demande le médicament,
ne fût-ce qu’à crédit. Le pharmacien refuse.
Heinz entre par effraction chez le pharmacien et vole le médicament. A-t-il eu raison
d’agir ainsi ?

Exemples de réponses recueillies par Kohlberg, classées selon les stades


du développement moral

Heinz ne devrait pas voler Heinz devrait voler Stade


le médicament… le médicament…

en prison. Dieu le punira. 1 L’obéissance à l’autorité.

une autre femme. encore lui faire à manger. 2 La règle du donnant donnant.

-
l’accepteraient pas en voleur. raient pas son manque d’égard 3 La satisfaction des attentes
des autres.
vis-à-vis de sa femme s’il ne le
faisait pas.

la loi. personne en danger est punissable 4 Le respect de la loi.


par la loi.

à la base des lois démocratiques. un principe de bien-être. 5 Les droits de la personne


et le bien commun.

un principe universel. un principe universel. 6 Les principes universels.

Source : Inspiré de Claudine LELEUX, Réflexion d’un professeur de morale. Recueil d’articles 1993-1994,
Bruxelles, Démopédie, 1997, p. 7 et 8 [en ligne]. (Consulté le 11 octobre 2008.)

50 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

LE JEU DES SIX STADES


1. Lisez les affirmations suivantes. À quel stade de la théorie du développement moral de Kohlberg
correspondent-elles ?
a) C’est mal de faire cela, car si mon père apprend que je l’ai fait, il me punira. Stade

b) Il faut suivre la loi. Imagine si tout le monde n’en faisait qu’à sa tête ! Stade

c) Je lave la voiture de mon père pour qu’il accepte de me la prêter. Stade

d) Je verse une grosse contribution à la campagne de charité organisée


par l’école afin qu’on ne doute pas de ma générosité ni de ma gentillesse. Stade

e) J’ai choisi de ne pas tricher à l’examen en vertu du principe de justice et de


ce que je crois souhaitable pour le bien de tous. Stade

f) Je respecte tout le monde de l’école parce qu’en démocratie, toutes


les personnes ont droit à l’égalité, et cela, peu importe leur occupation : Stade
ouvriers, enseignants ou élèves.

2. Les situations suivantes mènent à des dilemmes moraux. Pour chacune, expliquez ce que vous feriez.
Justifiez votre réponse à l’aide d’un argument.
a) En roulant à vélo, vous endommagez sans faire exprès le rétroviseur d’une automobile stationnée.
Personne ne vous a vu. Laissez-vous un mot sur le pare-brise avec votre nom et votre numéro de
téléphone ? Quittez-vous les lieux le plus rapidement possible ?

b) En cherchant un objet qui vous appartient dans la chambre de votre sœur, vous tombez sur son
journal intime. Le lisez-vous ? Le laissez-vous où il est sans le toucher ?

3. Relisez les justifications données à la question 2 et indiquez à quel stade du développement moral de
Lawrence Kohlberg correspond chacune d’elles. Expliquez votre réponse.

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 51


Nom : Groupe : Date :

L’ANALYSE ÉTHIQUE D’UN DILEMME MORAL


1. a) En vous inspirant des situations présentées à la question 2 de la page 51, rédigez une situation
pouvant mener à un dilemme moral.

b) Échangez votre cahier avec un ou une camarade. Lisez la situation rédigée par votre camarade.
Indiquez une option que le personnage principal pourrait choisir et expliquez un effet possible de
cette option sur les personnes concernées.

c) Reprenez votre cahier. Indiquez une option différente de celle évoquée en b) que le personnage
pourrait choisir et expliquez un effet possible de cette option sur les personnes concernées.

2. Quelle valeur est priorisée dans l’action décrite :


a) au numéro 1 b) ?
b) au numéro 1 c) ?

3. Nommez une norme qui pourrait servir de repère pour guider l’action du personnage principal dans la
situation pouvant mener à un dilemme moral, à la question 1.

4. Par nature, les êtres humains ont souvent un comportement ambivalent. Expliquez pourquoi.

52 VIVRE ENSEMBLE 4
Le travail au noir
Un individu travaille au noir lorsqu’il reçoit une rémuné-
ration pour un service rendu et qu’il ne déclare pas ce Qu’est-ce que l’impôt ?
revenu au gouvernement. Il se soustrait ainsi à son obli- Sur le site internet du ministère du Revenu du
gation de déclarer ses revenus et de payer des impôts. Québec, on explique l’impôt en le comparant à
Par exemple, un plombier reçoit une somme de 50 $ d’une une tarte aux fraises. Chaque individu contribue
personne contre une réparation effectuée chez cette à la tarte en apportant son panier de fraises. Le
gouvernement recueille tous les paniers et fait une
personne. Il décide de ne pas déclarer ce montant au
tarte qu’il partage avec la population. Il y a une
ministère du Revenu ; donc, il ne paiera pas d’impôt pour pointe pour les écoles, une pour les hôpitaux, une
ce revenu. Le travail au noir fait partie d’une forme d’éco- pour l’entretien des routes, etc. Chaque année,
nomie parallèle appelée « économie souterraine ». Ce l’argent des impôts permet de financer différents
type d’économie existe en marge de l’économie officielle. services à la population.
Il soulève de grandes questions au sujet de la justice.

«
Selon une étude de la firme de sondage Léger Marketing réa-
lisée au Québec en 2002, l’économie au noir touche une per-
sonne sur quatre, soit 25 % de la population de 18 ans et plus.
»
Source : Léger Marketing, Les Canadiens et l’impôt sur le revenu [en ligne].
(Consulté le 27 octobre 2008.)

Contre le travail au noir


Dans notre société, le travail au noir est une pratique illégale,
condamnable selon la loi. Les impôts perçus par les gouvernements
fédéral et provincial contribuent au fonctionnement de l’État. Le tra-
vail au noir empêche donc l’État d’assumer pleinement la mission
qui lui est confiée par la population dans des secteurs comme la
santé, l’éducation ou l’entretien des routes et il accroît le fardeau
financier qui pèse sur les épaules des citoyens qui paient scrupuleu-
sement leurs impôts. Le fait que tous les citoyens soient tenus de
Le travail au noir : pour ou contre ?
payer des impôts est appelé « l’équité fiscale ».

«
Pour Revenu Québec, l’équité fiscale est primordiale. Elle consiste à traiter l’ensemble
des citoyens sur un pied d’égalité. Ainsi, en s’attaquant vigoureusement […] au travail au
noir, Revenu Québec s’assure que chacun paie sa juste part du financement des services
publics.
Plan de lutte [en ligne]. (Consulté le 3 septembre 2013.)
»
«
Revenu Québec souhaite rappeler à la population que plus de 3,5 milliards de dollars nous
échappent collectivement chaque année. C’est autant d’argent qui n’est pas investi dans
le financement des services publics, ce qui oblige chaque citoyen à assumer une part
plus élevée du fardeau fiscal. »
Revenu Québec a récupéré plus de 3,4 milliards de dollars en 2012-2013 [en ligne].
(Consulté le 20 octobre 2013.]
»
DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 53
En faveur du travail au noir
Bien que ce soit une pratique illégale dans
notre société, certaines personnes sont
en faveur du travail au noir. Au cours du
20e siècle, le philosophe Robert Nozick a été
un ardent défenseur de la liberté indivi-
duelle. Ses travaux s’inscrivaient dans la
lignée de ceux du philosophe anglais du
17e  siècle, John Locke. Ces philosophes
considéraient le droit à la propriété comme
un droit fondamental de l’être humain. Pour
eux, chaque personne est « propriétaire » de
son propre corps et, par conséquent, du tra-
vail de ses mains. Ils défendaient donc l’idée
que les travailleurs doivent être les seuls
bénéficiaires des revenus que leur apporte
leur travail. Dans cet ordre d’idée, l’impôt
sur le revenu est considéré comme une
entrave aux droits des travailleurs et comme Un homme d’affaires et son boulet, Richard Mandrachio, 21e siècle. Pour
une profonde injustice. Pour eux, le travail Robert Nozick, le prélèvement par l’État d’impôts sur le revenu des travailleurs
est comparable aux travaux forcés.
au noir est une chose tout à fait légitime.

Ces idées sont à l’origine du libertarisme. Selon cette philosophie, chaque individu
devrait avoir le droit de faire ce qu’il veut de ses revenus, à condition de ne pas nuire
à la liberté des autres. L’État devrait intervenir le moins possible dans la vie des indi-
vidus et abandonner des secteurs comme la santé, l’éducation et l’entretien des routes
à l’entreprise privée. Conséquemment, il ne devrait pas percevoir autant d’impôt sur
les revenus des travailleurs.

Selon Pierre Lemieux, économiste, auteur et professeur associé à l’Université du

à encourager face au trop grand appétit des gouvernements. Il considère que les
impôts sont une forme de vol.

« L’État qui vole au secours de tous les malheureux doit aussi voler dans l’autre sens du
terme, c’est-à-dire prélever des impôts […].
Source : Pierre LEMIEUX, L’État-providence, p. 4 [en ligne]. (Consulté le 3 septembre 2013.) »
PORTRAIT Robert Nozick

Le philosophe Robert Nozick (1938-2002), professeur à


l’Université Harvard aux États-Unis, a été un ardent défen-
seur de la liberté individuelle. Pour Robert Nozick, le pré-
lèvement par l’État d’impôts sur le revenu des travailleurs
est comparable aux travaux forcés. Dans ce sens, l’impôt
est une atteinte à la liberté des individus.

Robert Nozick (1938-2002).

54 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

DÉCHIFFRER LE TRAVAIL AU NOIR


1. Qu’est-ce que le travail au noir ?
a) Un travail effectué pour le gouvernement.

b) Un travail dont la rémunération n’est pas soumise aux lois de l’impôt sur le revenu.

c) Un travail dont la rémunération n’est pas déclarée au gouvernement.

d) Un travail saisonnier.

2. Qu’est-ce que l’impôt ?


a) Le prélèvement d’une partie des revenus des travailleurs et des entreprises
par le gouvernement, qui sert à financer des services publics dans des domaines
comme la santé et l’éducation.

b) L’imposition de règlements visant à lutter contre le travail au noir.


c) La position de philosophes opposés à la taxation.

d) Une forme d’évasion fiscale.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B86

1 L’encadré « Qu’est-ce que l’impôt ? », à la page 53, comporte un raisonnement qui pourrait être
reformulé de la façon suivante :

C’est comme si les travailleurs fournissaient des fraises pour que le gouvernement confectionne une
tarte qui serait ensuite distribuée à tout le monde. En fait, les travailleurs versent une partie de leurs
revenus à l’État qui utilisera cet argent pour mettre en place des services pour la population.

a) De quel type de raisonnement s’agit-il ?

b) Nommez les deux réalités qui sont comparées.

c) Quel est le but de ce raisonnement ?

2 À la page 54, repérez un raisonnement du même type fait par Robert Nozick au sujet des impôts.

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 55


Nom : Groupe : Date :

DES VALEURS EN CONFLIT


1. Expliquez pourquoi le travail au noir est illégal dans notre société.

2. Formulez en vos mots l’argument principal de Robert Nozick, qui justifie sa position à propos du travail
au noir.

3. Nommez trois valeurs associées à la position favorable au travail au noir. Pour chacune de ces valeurs,
indiquez une valeur associée à la position contre le travail au noir.

Pour le travail au noir Contre le travail au noir

Valeur : Valeur :

Valeur : Valeur :

Valeur : Valeur :

4. a) Expliquez comment le travail au noir peut favoriser le vivre-ensemble.

b) Expliquez comment le travail au noir peut nuire au vivre-ensemble.

56 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

COMPRENDRE LE DILEMME DU CAFÉ ÉTUDIANT


1. Présentez la situation et le dilemme moral vécus par les membres du café étudiant, ainsi que
les options qu’ils peuvent choisir.

Situation

Dilemme moral

Options possibles
ou

2. Remplissez la fiche de chacun des personnages de la pièce.

a) Avner
Position face au travail au noir :
Argument principal :

Stade du développement moral selon Kohlberg :


Justification :

b) Ella
Position face au travail au noir :
Argument principal :

Stade du développement moral selon Kohlberg :


Justification :

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 57


Nom : Groupe : Date :

c) Mirhale
Position face au travail au noir :
Argument principal contre le travail au noir :

Stade du développement moral selon Kohlberg :


Justification :

d) Jean-Baptiste
Position face au travail au noir :
Argument principal contre le travail au noir :

Stade du développement moral selon Kohlberg :


Justification :

3. Relevez les valeurs qui entrent en conflit dans la position face au travail au noir des deux personnages
suivants. Exemples de réponses.

a) Mirhale

Valeur : Valeur :

b) Jean-Baptiste

Valeur : Valeur :

4. Selon vous, quel repère présenté dans le dossier devrait être privilégié pour soutenir un argument au
sujet du travail au noir ? Expliquez votre réponse.

58 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

SCÈNE 2
Les membres de la troupe vous demandent d’écrire la scène 2 qui se déroule au café étudiant. Tous les
personnages sont présents, mais seulement deux d’entre eux parlent : la personne-ressource et un des
membres du café étudiant.

Vous allez créer le personnage de la personne-ressource. Cette personne apporte un éclairage nouveau
sur la situation. Elle explique sa position sur le travail au noir. Ses arguments font appel à des repères vus
dans le dossier.

Un des membres du café étudiant s’oppose au point de vue de la personne-ressource et explique son
désaccord.

Afin de vous préparer à écrire la scène 2, répondez aux questions ci-dessous. Ensuite, complétez le texte
à la page suivante.

1. La personne-ressource
a) Quel est son nom ?
b) Quel est son rôle social ou son occupation ?
c) Quelle est sa position face au travail au noir : est-elle pour ou contre ?
d) Quel lien fait-elle entre le travail au noir et la justice ?

2. La question éthique
a) Quelle question éthique la personne-ressource formule-t-elle ?

b) Quels sont les enjeux éthiques ? Nommez-en au moins deux.

c) Sur quels repères la personne-ressource s’appuie-t-elle pour justifier sa position ?

d) La position de la personne-ressource favorise-t-elle le vivre-ensemble ? Expliquez votre réponse.

3. La réplique
a) Quel personnage de la pièce s’oppose à la position de la personne-ressource ?
b) Sur quels repères ce personnage s’appuie-t-il pour justifier sa position ?

c) La position du personnage favorise-t-elle le vivre-ensemble ? Expliquez votre réponse.

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 59


Nom : Groupe : Date :

SCÈNE 2 – (titre)
(Nom du personnage de la personne-ressource)

(Nom du personnage existant que vous avez choisi)

(Nom de la personne-ressource)

— Bonjour tout le monde ! Je me présente, je m’appelle .


Je suis (rôle social ou occupation)
et j’espère pouvoir vous aider à prendre une décision éclairée au sujet des rénovations de
votre café étudiant.

effectuer les rénovations. Je comprends votre ambivalence ; la situation n’est pas simple.
Des questions éthiques peuvent cependant faciliter la réflexion sur le travail au noir.
Par exemple : (question éthique formulée à la page précédente)

Une telle question comporte plusieurs enjeux éthiques, mais, à mes yeux, les deux plus
importants sont (enjeux éthiques nommés à la page précédente)
et .

De façon générale, je suis (pour ou contre) le travail au noir.


Voici pourquoi (deux arguments reposant sur les repères notés à la page précédente et sur le lien que fait la
personne-ressource entre le travail au noir et le vivre-ensemble) :

Premièrement,

Deuxièmement,

(Nom du personnage existant que vous avez choisi)

— Je ne suis pas d’accord avec vous parce que (un argument reposant sur le ou les repères notés à la
page précédente et sur le vivre-ensemble)

60 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 3 Total


/25

1. Lisez le dilemme moral suivant en lien avec le travail au noir et répondez aux questions
qui suivent en remplissant les tableaux.

Adèle fait appel à un réparateur, car son réfrigérateur fait défaut. Après une heure de travail,
le réparateur lui dit que la facture officielle s’élèverait à 200 $, taxes comprises. Il propose
cependant de réduire la facture à 100 $. Pour cela, il ne déclarera pas le montant de la
réparation au ministère du Revenu, ce qui lui permettra de ne pas payer de taxes à l’État.
Que devrait faire Adèle ?

Pour chaque justification du choix d’Adèle :

a) Indiquez le stade de développement moral selon Kohlberg.

b) Nommez un repère en lien avec chaque justification.

Adèle devrait refuser l’offre Stade du Repère en lien avec l’argument


du réparateur et payer les développement
taxes sur la réparation parce moral selon
que… Kohlberg

la loi du Québec l’interdit.

c’est une question de solidarité


sociale. Elle doit payer ses taxes et
ses impôts afin de contribuer au
financement des services comme
l’éducation et les soins de santé.

elle s’assure ainsi de pouvoir profiter


d’une garantie sur la réparation.

si elle accepte son offre, elle se fera


prendre et mettre en prison.

Adèle devrait accepter Stade du Repère en lien avec l’argument


l’offre du réparateur et ne développement
pas payer les taxes sur la moral selon
réparation parce que… Kohlberg

ses amis la trouvent déjà un peu trop


consciencieuse et elle souhaiterait
qu’ils l’acceptent.

si elle ne le fait pas, ses parents


seront fâchés qu’elle n’ait pas profité
de l’occasion pour économiser et ils
ne lui parleront plus.

tout individu devrait être libre de


disposer de ses biens, et de son
argent, comme il l’entend. /14

DOSSIER 3 Dilemme et ambivalence 61


Nom : Groupe : Date :

2. a) Relisez l’opinion d’Avner au sujet du travail au noir à la page 44. Rédigez un jugement de
prescription inspiré de l’opinion d’Avner.

b) Formulez une question qui permettrait d’interroger ce jugement de prescription.

/2

3. Formulez un jugement de valeur en lien avec le travail au noir.

/1

4. Nommez un avantage et un inconvénient de travailler au noir pour le réparateur.


a) Avantage :

b) Inconvénient :
/4

5. Décrivez une situation qui illustre l’ambivalence de l’être humain dans ses sentiments.

/1

6. Lisez le raisonnement suivant, puis répondez aux questions.

Depuis déjà quelques années, les médias ont démontré que l’argent public est souvent détourné
à cause de la corruption. De plus, le gouvernement actuel ne fait qu’investir dans des programmes
avec lesquels je ne suis pas d’accord. L’argent que je paie en impôt est donc mal utilisé.

a) De quel type de raisonnement s’agit-il ?

b) Le raisonnement est-il valable ? Expliquez votre réponse.

c) Formulez une question qui permettrait d’interroger ce jugement

/3

62 VIVRE ENSEMBLE 4
C’est
l’apocalypse !
DOSSIER 4

Le jeu vidéo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .64


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .65
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66
Des récits de fin des temps . . . . . . . . . . . . . . . .67
L’Apocalypse de Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68
Une source d’inspiration . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69
À propos de l’Apocalypse. . . . . . . . . . . . . . . .71
Un univers de symboles . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73
L’enluminure déchiffrée. . . . . . . . . . . . . . . . . .79
Un jeu vidéo en construction . . . . . . . . . . . . .81
Test bilan du dossier 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . .83
Le jeu vidéo
Vu la popularité des films et des histoires de catas-
trophes, des concepteurs de jeux vidéo projettent
d’inventer un jeu qui s’inspire du récit de l’Apoca-
lypse. Ce récit se trouve à la fin du Nouveau Testa-
ment, la seconde partie de la Bible. Dans l’Apocalypse,
l’auteur, Jean de Patmos, décrit des visions qu’il
a eues : il raconte comment l’humanité, à la suite
d’épreuves et de cataclysmes, verra le retour de
Jésus-Christ sur Terre et le début d’un temps de paix
éternelle.
Les créateurs du jeu vidéo vous invitent à participer
à une réunion de travail. Ils veulent des suggestions
pour le scénario du jeu et les symboles que vous
aimeriez y trouver.

Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les


paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y
trouve écrit, car le temps est proche.
(Apocalypse 1, 3)

Et j’entendis une grande voix qui, du temple,


disait aux sept anges : Allez et répandez sur
la terre les sept coupes de la colère de Dieu.
(Apocalypse 16, 1)

Ne crains pas ce qu’il te faudra souffrir. Voici,


le diable va jeter des vôtres en prison pour
vous tenter, et vous aurez dix jours d’épreuve. Alors je vis un ange qui descendait du ciel.
Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai Il avait à la main la clé de l’abîme et une
la couronne de vie. lourde chaîne.

(Apocalypse 2,10) Il s’empara du dragon, l’antique serpent, qui est


le diable et Satan, et l’enchaîna pour mille ans.
(Apocalypse 20, 1-2)

La réunion de travail
PLACE PUBLIQUE

Les réunions font partie du monde du travail. Par réunions peuvent donner lieu à des délibérations,
exemple, dans les écoles, les membres de la direction, des conversations ou des discussions. La mise
les enseignants, les élèves, participent à des réu- en commun d’idées et de points de vue différents
nions. Dans les hôpitaux, les médecins, les infir- s’avère souvent profitable : le partage, voire le choc
mières, se réunissent également. Ces réunions visent des idées, peut parfois mener à des résultats
différents objectifs. Certaines servent à planifier surprenants.
le travail, d’autres, à résoudre des problèmes. Ces

64 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Sur quoi porte le récit du Livre de l’Apocalypse ?

2. Observez l’illustration de la page 63. Pouvez-vous y repérer des symboles religieux et dire ce qu’ils
représentent ? Expliquez votre réponse.

3. Relisez le texte de la page 64. Pouvez-vous y repérer des symboles et dire ce qu’ils représentent ?
Expliquez votre réponse.

4. Nommez et décrivez une œuvre d’art qui fait référence à un récit biblique. Au besoin, consultez
la Boîte à outils, aux pages B 23 à B 40.

5. Nommez quelques caractéristiques des jeux vidéo que vous aimez ou que des gens de votre entourage
apprécient. Pensez aux aspects indiqués ci-dessous.

6. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 64.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 65


ARRÊT Récits sacrés, récits profanes
SUR IMAGES Depuis des millénaires, les récits sacrés des diverses traditions
religieuses inspirent des artistes. De nombreuses œuvres
littéraires, tant religieuses que profanes, témoignent de
l’influence des récits sacrés sur les écrivains.

Ailleurs dans le monde


Au Japon, la religion a aussi une influence sur
certaines œuvres littéraires profanes. Par
exemple, le manga, un style de bandes des-
sinées, fait souvent allusion au shintoïsme.
Cette religion japonaise est principalement
formée de dieux appelés « kamis » qui sont la
personnification des forces de la nature,
comme le soleil, la lune ou la tempête.

La Chasse-galerie du peintre québécois Henri Julien (1852-1908).


Au Québec, notamment au 19e siècle, les contes et légendes s’inspirent
grandement de la religion chrétienne. La légende de la Chasse-galerie
raconte l’histoire d’un groupe de bûcherons qui volent en canot jusqu’à
leur village pour fêter la veille du jour de l’An avec leur famille.

Au Québec
Dans le patrimoine québécois, plusieurs contes et légendes
regorgent d’expressions du religieux chrétien. En effet, certains
de ces récits font une belle part au ciel, au Bon Dieu, au diable
(souvent appelé « le Malin »), à l’église, au prêtre, etc. Ils
enseignent que Dieu a priorité sur l’être humain et que les valeurs
de charité, de courage, de résignation et de modestie sont impor-
tantes dans la vie du bon chrétien. Le symbole de la croix est
aussi très présent. Il permet de combattre les puissances démo-
niaques. De plus, le signe de la croix qu’on fait sur soi a souvent
des effets merveilleux.

Pourquoi tant d’artistes s’inspirent-ils des récits


religieux ?
Dans les bandes dessinées japonaises, on retrouve
Comment l’art religieux influence-t-il l’art profane ?
souvent des personnages fantastiques, parfois issus de
la religion shinto. Les kamis sont souvent des gardiens. Quelles œuvres profanes font allusion à l’Apocalypse ?
Qu’est-ce que l’Apocalypse ?
Quels symboles y trouve-t-on ?

66 VIVRE ENSEMBLE 4
Des récits de fin des temps
Le mot apocalypse vient du mot grec apocalypsis, qui signifie « dévoilement » ou
« révélation ». Les récits apocalyptiques ont donc pour but d’écarter le voile sur un
sujet, de révéler quelque chose.

Une foule de prophéties


La Bible contient plusieurs récits apocalyptiques, écrits par des prophètes qui expri-
ment leurs visions en utilisant des images et des symboles. Dans les visions apoca-
lyptiques de ces prophètes, il y a, entre autres choses, des événements menaçants
comme des scènes terrifiantes où la mer, les fleuves et les sources se changent en
sang. Des créatures monstrueuses ou des insectes tourmentent la population. Des
éclairs, le tonnerre, un tremblement de terre et la grêle surviennent à l’heure de la fin
des temps.

Mais ces visions apocalyptiques ne sont pas des prédictions qu’il faut prendre au pied
de la lettre. Les événements décrits dans les prophéties sont relatés sous forme de
symboles ; les prophètes ne soutiennent pas que ces événements vont se dérouler
comme tels. Lorsqu’un prophète annonce la fin des temps, il ne prédit pas la destruc-
tion du monde, mais plutôt son renouvellement ou sa transformation. Ce faisant, il
apporte un nouvel éclairage sur les malheurs vécus au présent.

Un souffle d’espoir
Lorsque le monde est aux prises avec toutes sortes d’événements catastrophiques,
avec des persécutions, des fléaux naturels, bon nombre de croyants perdent espoir.
Les prophètes leur disent de garder foi en la victoire finale du bien, surtout dans les
pires moments.

Les visions de Daniel


Le Livre de Daniel, qui fait partie de
l’Ancien Testament, contient un récit dans
lequel le prophète Daniel décrit ses visions
apocalyptiques. Il parle d’un combat contre
les quatre bêtes et de la venue d’un person-
nage céleste décrit comme un « fils d’homme ».
Le prophète raconte aussi la résurrection des
morts, la punition des coupables et la venue
du règne de Dieu. Plusieurs de ces éléments
se trouvent aussi dans l’Apocalypse de Jean.

Vision du prophète Daniel. Aussi appelée La vision des quatre bêtes,


l’œuvre fait partie d’une série de dessins de l’artiste français Gustave Doré
(1832-1883), qui illustrent une édition de la Bible parue en 1866.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 67


L’Apocalypse de Jean
Les écrits apocalyptiques étaient en vogue dans le
judaïsme, particulièrement du 2e siècle avant notre ère
au 2e siècle de notre ère. C’est au cours de cette période
que l’Apocalypse de Jean, le dernier livre de la Bible, a
été écrite. L’Apocalypse de Jean est la plus célèbre des
apocalypses. On la surnomme parfois « l’Apocalypse
des apocalypses ».

Jean, un prophète inspiré


Selon la tradition chrétienne, au 1er siècle de notre ère,
Jean est exilé sur la petite île grecque de Patmos. Il entend
une voix puissante comme le son d’une trompette : « Ce
que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept
Églises qui sont en Asie » (Apocalypse 1, 11). Comme dans
un songe, l’ange envoyé par Dieu lui adresse ce message
pour que, à son tour, Jean guide tous les chrétiens.

Ainsi, Jean a pour mission de transmettre ce qu’il a vu et


entendu dans ses visions. Dans le Livre de l’Apocalypse,
Jean raconte une révélation qu’il a reçue d’une manière
surnaturelle.

Au début de l’Apocalypse, la première vision de Jean est


celle du Christ. Jean est effrayé. Alors, Dieu le rassure.

Jean, un des douze
apôtres de Jésus, est aussi
l’auteur du quatrième évangile.
Il est appelé « le disciple Bas-relief représentant l’une des visions de Jean.
bien-aimé » de Jésus. Cette œuvre se trouve au monastère de Saint-Jean-des-Rois,
à Tolède, en Espagne.

« Ne crains pas : c’est moi : le Premier et le Dernier, le vivant ; j’ai été mort, et voici que je
suis vivant pour les siècles des siècles et j’ai les clés de la mort et de l’enfer. Écris donc
tout ce que tu as vu et ce qui doit arriver bientôt : le mystère des sept étoiles que tu as
vues dans ma main, et des lampes d’or : les sept étoiles sont les anges des sept Églises ;
et les sept lampes sont les sept Églises.
»
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, Apocalypse 1, 17-20.

Dans ce passage de l’Apocalypse, Jean utilise des symboles : les étoiles représentent
les anges des sept Églises et les lampes, les Églises. Quant aux sept Églises, elles
symbolisent l’ensemble des chrétiens dans le monde.

68 VIVRE ENSEMBLE 4
Le message de l’Apocalypse de Jean
L’Apocalypse de Jean a été écrite à la fin du
1er siècle de notre ère. Les chrétiens sont
alors persécutés par les Romains et ils s’in-
terrogent : Dieu nous a-t-il abandonnés ?
Dieu peut-il laisser triompher le mal ?

Dans ce contexte, Jean veut témoigner de


ses visions prophétiques. Son intention est
de raviver la foi des premiers chrétiens, de
consolider leur confiance dans la toute-
puissance du Sauveur. Même si l’on retient
davantage les visions d’horreur de ce récit,
l’Apocalypse de Jean est un message d’es-
poir pour les chrétiens. Jean leur demande Détail d’une mosaïque de l’église Saint-Vital, à Ravenne, en Italie. Cette
de tenir bon, car Dieu instaurera bientôt un église du 6e siècle aurait été érigée sur les lieux du martyre de saint Vital
au 1er siècle. La colombe représente le martyr et le paon, la vie éternelle.
monde de justice et de paix.

Pour éviter que les textes adressés aux chrétiens ne soient compris des Romains, Jean écrit
dans un langage codé. Les chiffres, les images et les couleurs ont une valeur symbolique.
Parfois, il les invente de toutes pièces. Parfois, il s’inspire d’autres prophéties.

Une source d’inspiration


De tous les temps, les récits apocalyptiques ont
inspiré une multitude de créations artistiques.
On trouve des références à l’Apocalypse tant
dans l’art religieux que dans l’art profane. La
plupart du temps, ces œuvres mettent l’accent
sur l’aspect catastrophique du récit plutôt que
sur le message d’espoir qu’il véhicule.

Côté bandes dessinées et jeux vidéo


La bande dessinée et les jeux vidéo utilisent
parfois le symbolisme du récit apocalyptique
chrétien. À titre d’exemple, Percevan, le person-
nage principal d’une série de bandes dessinées,
est confronté aux sept sceaux de l’Apocalypse,
c’est-à-dire sept fléaux qui frapperont ceux qui
n’ont pas la foi. L’auteur construit l’aventure
autour des mêmes catastrophes et épreuves :
des monstres surgissent des océans, les eaux
La couverture d’un album de la bande dessinée
des fleuves se transforment en sang, des tor-
Percevan des scénaristes Jean Léturgie et Xavier
nades se déchaînent, l’obscurité envahit le Fauche, et de l’illustrateur Philippe Luguy. Les
monde, etc. artistes du domaine de la bande dessinée s’inspirent
des symboles et des éléments de l’Apocalypse.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 69


Côté cinéma
L’Apocalypse de Jean a également inspiré un grand
nombre d’auteurs de films fantastiques. Toutefois,
ces films n’ont souvent qu’un lien ténu avec le texte
de la Bible. La plupart de ces œuvres contribuent à
perpétuer le cliché selon lequel l’Apocalypse décrit
les horreurs et les catastrophes de la fin du monde.
Par exemple, le film Armageddon, réalisé par l’Amé-
ricain Michael Bay en 1998, raconte l’histoire d’astro-
nautes et de travailleurs pétroliers chargés de détruire
un astéroïde filant à 35 000 km/h en direction de la
Terre. La trajectoire de ce corps céleste constitue une
menace pour tous les êtres vivants. Le seul lien qui
existe entre ce film et le contenu de l’Apocalypse de
Jean est son titre, qui en hébreu signifie « montagne
de Megiddo ». Dans l’histoire du peuple hébreu, cette
montagne fut le lieu de sanglantes batailles. Dans
l’Apocalypse, c’est sur cette montagne que sont réu-
nis les rois de la terre qui désirent s’opposer aux
forces de Dieu. L’affiche du film de Michael Bay, Armageddon.
En 1998, le film Armageddon a attiré un grand
nombre de spectateurs. Des dizaines de films
inspirés de l’Apocalypse ont été réalisés.

« Ils [les esprits démoniaques] les [rois de la terre] rassemblèrent au lieu qu’on appelle en

»
hébreu Harmaguedôn. Le septième répandit sa coupe dans les airs, et, du temple, sortit
une voix forte venant du trône. Elle dit : C’en est fait ! Alors ce furent des éclairs, des voix
et des tonnerres, et un tremblement de terre si violent qu’il n’en fut jamais de pareil depuis
que l’homme est sur la terre. La grande cité se brisa en trois parties et les cités des nations
s’écroulèrent.
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, Apocalypse 16, 16-19.

PORTRAIT Hildegarde de Bingen

Née en Allemagne, moniale chrétienne dès l’âge de 15 ans,


Hildegarde de Bingen est une importante femme d’Église
de son époque. Elle est connue notamment pour ses
visions, relatées dans trois livres : Scivias, le Livre des
mérites et le Livre des œuvres divines. Scivias, qui signifie
« Connais les voies », est un récit apocalyptique.
Hildegarde de Bingen a également composé de nombreux
chants religieux repris de nos jours par des ensembles de
Hildegarde de Bingen musique médiévale.
(1098-1179).

70 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

À PROPOS DE L’APOCALYPSE
1. Décrivez le récit de l’Apocalypse de Jean en complétant le schéma qui suit.

Destinataires

Sens du mot Apocalypse Moment de la rédaction

Lieu de rédaction L’Apocalypse de Jean But


ou
L’Apocalypse des

Deux symboles But du langage codé

Œuvre profane qui


s’en est inspirée

2. L’Apocalypse doit-elle être interprétée comme une histoire d’horreur ? Expliquez votre réponse.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 71


Nom : Groupe : Date :

3. Montrez en quoi la bande dessinée Percevan, Le Septième Sceau, et le film Armageddon s’inspirent
de l’Apocalypse de Jean.

Percevan, Le Septième Sceau :

Armageddon :

4. À part le cinéma et la bande dessinée, quels sont les types d’œuvres artistiques présents dans ce
dossier qui sont inspirés par l’Apocalypse de Jean ?

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B93

1 Lisez les affirmations et répondez aux questions qui suivent.

A. Armageddon est un des meilleurs films de tous les temps parce que des millions de
personnes l’ont vu.

a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est présent dans cette affirmation ?

b) Expliquez pourquoi l’utilisation d’un tel procédé nuit au dialogue.

B. Moi, je pense que tout le battage médiatique au sujet des changements climatiques est
une invention des maisons de production cinématographiques. Ces maisons de production
veulent nous faire peur pour mieux diffuser leurs films catastrophes.

a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est présent dans cette affirmation ?

b) Expliquez pourquoi l’utilisation d’un tel procédé nuit au dialogue.

72 VIVRE ENSEMBLE 4
Un univers de symboles
Lire l’Apocalypse ou admirer des œuvres qui s’en inspirent, c’est entrer dans un univers
riche et fascinant, rempli de symboles. Dans son récit, Jean utilise une panoplie
d’images, de couleurs et de chiffres. Ainsi, les forces surnaturelles du bien et du mal
sont personnifiées par différentes figures animales sympathiques ou hostiles. Les
éléments cosmiques prennent des allures effrayantes. Grâce à son pouvoir d’évocation, BAO
cet univers symbolique stimule l’imagination. p. B23 à B40

Portail d’une église, à Vienne, en Autriche. Au centre, le Christ assis sur un trône, le bras levé en signe
de jugement, celui annoncé dans l’Apocalypse. Le Christ est entouré des symboles attribués aux quatre
évangélistes : le tétramorphe.

Le tétramorphe
Dans l’Apocalypse, les quatre êtres vivants qui entourent le trône de Dieu font écho
à la vision d’un autre prophète de la Bible, Ézéchiel. Ces êtres sont devenus les sym-
boles des quatre évangélistes : le lion représente Marc ; le taureau, Luc ; l’homme,
Matthieu ; et l’aigle, Jean. C’est ce qu’on appelle parfois le « tétramorphe ». Ce tétra-
morphe accompagne souvent les représentations du Christ assis sur un trône.

«
Au milieu du trône et l’entourant, quatre animaux couverts d’yeux par-devant par-derrière.
Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait
comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol.
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, Apocalypse 4, 6-7.
»
DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 73
L’agneau
Dans la Bible, l’agneau est mentionné sur-
tout comme un animal sacrificiel, c’est-à-
dire qu’on donne en sacrifice à Dieu. Cet
animal symbolise l’innocence, la fragilité et
la pureté. Dans l’Apocalypse, l’agneau
représente le Christ ressuscité, vainqueur
du mal.

« Et je vis : l’Agneau était debout sur


la montagne de Sion, et avec lui les
cent quarante-quatre mille qui
portent son nom et le nom de son
Père écrits sur leurs fronts.
» Une fresque du monastère de Saint-Théodore, à Thessalonique,
Source : La Bible, traduction œcuménique
en Grèce. Au centre, l’agneau sur la montagne de Sion. La montagne
de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique
française, Éditions du Cerf, 1988 et 2004, de Sion désigne la colline sur laquelle Jérusalem fut construite.
Apocalypse 14, 1. Avec le temps, Sion est devenu synonyme de Jérusalem.

La bête
La bête est un être qui symbolise le caractère brutal et inhumain des puissances qui
oppriment les êtres humains. On la rencontre dans le Livre de Daniel et dans l’Apoca-
lypse. Dans l’Apocalypse, la bête représente l’Empire romain et l’empereur qui
s’opposent à l’Église et qui persécutent les chrétiens.

« Alors, je vis monter de la mer une


bête qui avait dix cornes et sept

»
têtes, sur ses cornes dix diadèmes
[…]. La bête que je vis ressemblait
au léopard, ses pattes étaient
comme celles de l’ours, et sa gueule
comme la gueule du lion.
Source : La Bible, traduction œcuménique
de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique
française, Éditions du Cerf, 1988 et 2004,
Apocalypse 13, 1-2.

La bête symbolise la montée de la menace de l’Empire romain.

74 VIVRE ENSEMBLE 4
Les anges
Le mot ange vient du grec angelos qui signifie « messager ».
Dans la Bible, les anges sont des êtres célestes qui agissent à
titre de messager de Dieu. Toutefois, dans l’Apocalypse, les
anges peuvent représenter les chefs de l’Église ou l’Église
elle-même, aussi certains anges agissent comme exécuteurs
des ordres divins. Il est à noter que, dans la Bible, les anges
n’ont pas d’ailes, contrairement à ce qu’on peut voir dans l’art
religieux chrétien.

«
Mais aux jours où l’on entendra le septième ange,
quand il commencera de sonner de sa trompette, alors
sera l’accomplissement du mystère de Dieu, comme
il en fit l’annonce à ses serviteurs les prophètes.
»
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris,
© Société biblique française, Éditions du Cerf, 1988 et 2004,
Apocalypse 10, 7.

Ange à la trompette annonçant la venue


de Dieu.

Le dragon
Dans l’Apocalypse, le dragon est le chef des démons. On le
compare avec le serpent présent dans le livre biblique de la
Genèse. Il représente Satan, le mal qui tente de séduire les
êtres humains.

«
Un grand signe apparut dans le ciel : une femme, vêtue
du soleil, la lune sous les pieds, et sur la tête une cou-

»
ronne de douze étoiles. Elle était enceinte et criait dans
le travail et les douleurs de l’enfantement. Alors un
autre signe apparut dans le ciel : C’était un grand dra-
gon rouge feu. Il avait sept têtes et dix cornes et, sur
ses têtes, sept diadèmes.
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris,
© Société biblique française, Éditions du Cerf, 1988 et 2004,
Apocalypse 12, 1-3.

Tapisserie de la basilique Santa Maria


Maggiore à Bergame, en Italie.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 75


La signification des symboles
Les symboles sont omniprésents dans la Bible. Leur sens n’est pas
unique ni universel. Selon le contexte, un symbole peut être bénéfique
ou maléfique. Par exemple, le lion peut évoquer le Christ ou Satan
« le lion qui rôde ». La signification des symboles varie souvent d’une
culture à une autre. Dans la culture chinoise, par exemple, le dragon
représente un monstre mythique et populaire alors que dans l’Apo-
calypse, c’est une figure menaçante.

L’interprétation L’interprétation des chiffres


des couleurs 1 Exclusivité, excellence
Monde divin, 3 Temps limité
résurrection,
4 Universalité
victoire, dignité,
pureté 6 Imperfection
7 Plénitude, totalité, perfection
Malheur, détresse
12 Chiffre du peuple d’Israël
Puissance
sanguinaire, 666 La bête
violence, débauche 1000 Grand nombre, longue durée
Mort 144 000 Multitude des croyants

Affiche de l’exposition « L’Apocalypse, selon


Sr Jeanne Vanasse », présentée au Musée
L’interprétation des images des religions du monde en 2013, à Nicolet,
dans la région Centre-du-Québec. On y voit
La trompette Jugement de Dieu un détail du tableau Les 7, 7, 7 (2012).
Les cornes La puissance
L’agneau Le Christ
La bête ou le dragon Le mal (l’Empire romain)
La ceinture d’or Le pouvoir royal
Le trône La puissance de Dieu
Babylone La ville de Rome
Jérusalem L’Église

PORTRAIT Jeanne Vanasse

Sœur Jeanne Vanasse est née à Saint-Germain-de-Grantham


près de Drummondville, en 1921. En 1941, elle se joint à la
communauté des Sœurs de l’Assomption de la Sainte Vierge, à
Nicolet. D’abord enseignante de disciplines scolaires, elle entre
à l’école des Beaux-Arts de Québec en 1960. Quatre ans plus
tard, elle entreprend sa carrière d’enseignante en arts. Elle
enseigne entre autres pendant 20 ans au cégep de Trois-Rivières,
où elle fonde le département des Arts plastiques. Tout au long
de sa carrière, l’artiste expose ses œuvres. À propos de l’Apo-
calypse, le thème de sa dernière exposition, elle précise que
Sœur Jeanne Vanasse l’Apocalypse n’est pas synonyme de catastrophe, mais bien un
(1921- ). message d’espérance, un dévoilement.

76 VIVRE ENSEMBLE 4
Le Jugement dernier
Dans l’Apocalypse, la fin des temps est marquée par le retour du Christ qui vient juger
les vivants et les morts.

«
Alors je vis un grand trône blanc et celui qui y siégeait : devant sa face la terre et le ciel
s’enfuirent sans laisser de traces. Et je vis les morts, les grands et les petits, debout devant
le trône […] La mer rendit ses morts, la mort et l’Hadès rendirent leurs morts, et chacun
fut jugé selon ses œuvres.
»
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, Apocalypse 20, 11-13.

Au Jour dernier, c’est l’enfer qui attend les pécheurs ; le paradis est promis aux justes.
Ceux qui ont vécu selon les enseignements de Jésus seront récompensés et ceux qui
ont fait le mal seront condamnés. Il est également mentionné dans l’Apocalypse que
les justes ressusciteront d’entre les morts à ce moment.

Scène du Jugement dernier de Leopold Kupelwieser (1796-1862) dans


une église de Vienne, en Autriche.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 77


La Jérusalem nouvelle
Après la description du Jugement dernier, l’auteur de l’Apocalypse décrit la Jérusalem
nouvelle. Selon la Bible, vers l’an 1000 avant notre ère, Dieu avait fait de Jérusalem
son lieu de résidence sur la terre. C’est pour cette raison qu’un temple y a été construit.
Jérusalem était alors le centre spirituel de la religion d’Israël qui deviendra plus tard
le judaïsme. Dans l’Apocalypse, quand Jean parle de la Jérusalem nouvelle, il parle
toujours de la cité de Dieu, mais il s’agit d’une ville qui n’a rien de la Jérusalem ter-
restre, c’est une ville qui descend du ciel. C’est un lieu de paix éternelle, céleste,
nouveau. Le lieu de vie tant attendu par tous les chrétiens. Dieu y régnera pour l’éter-
nité, et la ville sera illuminée de sa gloire. Là, il n’y aura plus de mal, plus de souffrance.

Construite au 13e siècle, à Paris en France, la Sainte-Chapelle symbolise la Jérusalem nouvelle. Daté du
15e siècle, un vitrail circulaire, ou rosace, illustre l’Apocalypse de Jean. Les statues intégrées aux piliers
de l’édifice représentent les 12 apôtres et peut-être aussi les 12 assises de la Jérusalem nouvelle.

« « Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la cité


sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu. Elle brillait de la gloire même
de Dieu. » (Apocalypse 21, 10-11)
[...]
« La cité n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine,

»
et son flambeau, c’est l’agneau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre
y apporteront leur gloire. Ses portes ne se fermeront pas au long des jours, car, en ce lieu,
il n’y aura plus de nuit. On y apportera la gloire et l’honneur des nations. Il n’y entrera nulle
souillure, ni personne qui pratique abomination et mensonge, mais ceux-là seuls qui sont
inscrits dans le livre de vie de l’agneau. » (Apocalypse 21, 23-27)
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004.

78 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

L’ENLUMINURE DÉCHIFFRÉE
Observez l’enluminure présentée ci-dessous qui accompagne une transcription de l’Apocalypse
de Jean datée du 11e siècle. Lisez le texte de l’Apocalypse qui correspond au contenu de l’illustration.
Puis, répondez aux questions qui suivent. Les enluminures sont des illustrations qui agrémentent les
manuscrits anciens, qui étaient entièrement fabriqués à la main avant l’invention de l’imprimerie.

Une enluminure provenant du manuscrit ancien intitulé Beatus de Saint-Sever, 11e siècle.

«« L’Église comme multitude des élus


Après cela je vis :
C’était une foule immense que nul ne pou-
vait dénombrer, de toutes nations, tribus,
peuples et langues.
Et tous les anges rassemblés autour du
trône des anciens et des quatre animaux
tombèrent devant le trône, face contre
terre, et adorèrent Dieu.
[…]
Ces gens vêtus de robes blanches, qui
Ils se tenaient debout devant le trône et sont-ils et d’où sont-ils venus ?
devant l’agneau, vêtus de robes blanches

»
Je lui répondis :
et des palmes à la main.
Mon Seigneur, tu le sais ! Il me dit :
Ils proclamaient à haute voix :
Ils viennent de la grande épreuve. Ils ont
Le salut est à notre Dieu qui siège sur le lavé leurs robes et les ont blanchies dans
trône et à l’agneau. le sang de l’agneau. »
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, Apocalypse 7, 9-14.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 79


Nom : Groupe : Date :

1. Repérez des éléments présents dans l’illustration et dans le texte, et faites des liens avec les symboles
et leur signification vus aux pages 73 à 76.

2. Que signifie la couleur blanche de l’agneau ?


Le monde divin. La résurrection. La victoire.

La dignité. La pureté.

3. Selon vous, pourquoi des symboles de l’Apocalypse sont-ils utilisés dans certaines œuvres profanes ?

4. Quel événement de l’Apocalypse marque la fin des temps ? Expliquez de quoi il s’agit.

5. Donnez trois caractéristiques de la Jérusalem nouvelle.

6. Donnez un exemple d’un symbole tiré de l’Apocalypse de Jean utilisé dans une œuvre profane, mais
dont le sens n’est pas le même dans l’art religieux. Expliquez votre réponse.

80 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

UN JEU VIDÉO EN CONSTRUCTION


Vous vous apprêtez à participer à votre première réunion de travail avec les concep-
teurs d’un jeu vidéo inspiré du récit de l’Apocalypse de Jean. Les concepteurs sont
impatients de voir comment vous imaginez le jeu. Ils veulent connaître vos suggestions
quant au scénario et aux symboles que vous aimeriez y trouver.

En guise de préparation à cette réunion, réalisez les étapes suivantes.

1. Proposez un titre original pour votre jeu


vidéo inspiré d’une expression du religieux
tirée de l’Apocalypse. Expliquez les raisons
de votre choix.

2. Inventez le personnage principal. Assurez-


vous que son nom a un lien avec le Livre de
l’Apocalypse. Expliquez votre choix.

3. Décrivez le scénario du jeu vidéo. Expliquez


comment votre scénario respecte le récit
de l’Apocalypse de Jean.

4. a) Déterminez trois éléments symboliques tirés de l’Apocalypse qui


seraient présents dans votre scénario. Vous pouvez choisir des
personnages, une couleur, un nombre, etc.

b) Indiquez le sens de ces éléments symboliques dans l’Apocalypse.

c) Indiquez la signification de ces éléments dans le jeu vidéo.

5. Lisez le raisonnement suivant, entendu lors de votre réunion


de travail, qui critique l’idée de ce jeu vidéo :
Le Livre de l’Apocalypse de Jean est tiré de la Bible qui est un récit sacré.
Des gens ont déjà manifesté contre l’utilisation de leur récit sacré dans
un contexte profane. Des manifestations de ce genre auront probable-
ment lieu lors de la sortie de notre jeu vidéo.

a) Nommez le type de raisonnement utilisé.

b) Dans l’ordre, nommez le type de chacun des deux premiers


jugements formant le raisonnement.

c) Interrogez le deuxième jugement du raisonnement par une question


pertinente.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 81


Nom : Groupe : Date :

DESCRIPTION DU JEU VIDÉO


1. Le titre du jeu :

2. Le personnage principal :

3. Le scénario et son lien avec l’Apocalypse :

4. 1er élément symbolique :


Signification dans l’Apocalypse :
Signification dans le jeu :

2e élément symbolique :
Signification dans l’Apocalypse :
Signification dans le jeu :

3e élément symbolique :
Signification dans l’Apocalypse :
Signification dans le jeu :

5. a) Le type de raisonnement utilisé :


b) Dans l’ordre, le type de chacun des deux jugements.

c) L’interrogation du deuxième jugement.

82 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 4 Total


/25

1. De quelles entraves au dialogue s’agit-il ? Choisissez vos réponses dans la liste suivante.
Le faux dilemme. A L’appel au préjugé. B L’argument d’autorité. C
La fausse causalité. D La pente fatale. E

a) Les adultes qui jouent aux jeux vidéo sont des adolescents refoulés.

b) Mon dentiste me l’a dit hier : jouer aux jeux vidéo est dangereux pour
la santé mentale.

c) Papa, je dois absolument me rendre à la fin du niveau de mon nouveau jeu


en ligne Tétramorphus ! Sinon, mes amis vont terminer avant moi et gagner.
Je vais me retrouver bon dernier, passer pour un incompétent, devenir la risée
de toute ma classe et perdre mes amis !

d) Aujourd’hui, ma fille a passé 20 minutes à jouer à son jeu vidéo de type


apocalyptique ! Je ne suis donc pas surprise que la note de son dernier
examen en français soit si faible. /4

2. Quelle question pertinente pourriez-vous formuler pour interroger l’affirmation d) de la


question 1 ?

/3

3. a) Dans les énoncés a) à d) de la question 1, repérez deux expressions du religieux


chrétiennes.

b) Donnez le sens d’une de ces expressions du religieux.

/4

4. Les énoncés suivants sont-ils vrais ou faux ? S’ils sont faux, corrigez-les. VRAI FAUX

A. Dans la Bible, les anges ont des ailes, comme le montre bien l’art
religieux chrétien.

B. Les œuvres profanes inspirées du livre de l’Apocalypse présentées


dans le dossier tiennent généralement compte du message de ce
récit biblique.

DOSSIER 4 C’est l’apocalypse ! 83


Nom : Groupe : Date :

VRAI FAUX
C. Les visions de l’évangéliste Jean décrites dans son Apocalypse
sont des prédictions précises des événements à venir.

/9

5. Analyser l’œuvre qui suit en répondant aux questions.

a) Qui est le personnage principal du tableau ?

b) Que signifie son bras levé ?

c) Qui sont les personnes au bas à gauche ?

d) Qui sont les personnes en bas à droite ?

e) Qu’est-ce qui caractérise ces personnages ?

/5

84 VIVRE ENSEMBLE 4
Un être
parfait ?
DOSSIER 5

Un bébé présélectionné, à la une . . . . . . . . . . . .86


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .87
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88
La génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .89
L’éthique et la génétique. . . . . . . . . . . . . . . . . . .90
Le diagnostic préimplantatoire . . . . . . . . . . . . . .91
Le DPI et l’éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .92
Gènes et éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .93
La science de la naissance. . . . . . . . . . . . . . .94
Les points de vue légaux . . . . . . . . . . . . . . . . . .95
Une technologie qui inquiète . . . . . . . . . . . . . . .96
Une technologie qui promet . . . . . . . . . . . . . . . .97
Le christianisme et les manipulations
génétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .98
Le DPI et le droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99
Points de vue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .100
L’être humain remis en question. . . . . . . . . .101
La génétique et la religion. . . . . . . . . . . . . . .102
La consultation publique. . . . . . . . . . . . . . . .103
Test bilan du dossier 5 . . . . . . . . . . . . . . . . .105
Un bébé présélectionné, à la une
Partout dans le monde, de plus en plus de parents
ont recours à de nouvelles techniques issues de la
génétique pour éviter des maladies à leurs futurs
enfants. La manchette qui suit témoigne d’une nou-
velle avancée dans ce domaine.

NAISSANCE D’UN BÉBÉ PRÉSÉLECTIONNÉ CONTRE LE CANCER


En janvier 2009, Paul Serhal, le Selon la mère, il était souhaitable Certaines voix s’élèvent cependant
directeur de l’unité d’assistance d’avoir recours au DPI pour éviter contre le recours au DPI. Entre
médicale à la procréation de de transmettre à ses futurs autres oppositions, des mouve-
l’University College Hospital à enfants cette forme de cancer, ments chrétiens ont dénoncé cette
Londres, a annoncé la première comme ce fut le cas pour les technique qu’ils qualifient d’« eugé-
naissance, en Grande-Bretagne, générations précédentes. nique ». Selon eux, il s’agit d’une
d’un bébé conçu à la suite d’un pratique qui entraîne la société
Le but de l’opération n’est pas
diagnostic préimplantatoire. encore plus loin vers la conception
uniquement d’éviter que l’enfant
de bébés « parfaits ».
Le diagnostic préimplantatoire soit porteur du gène de la mala-
(DPI) est une technologie qui die, affirme un médecin de l’hôpi- Ce nouveau-né présélectionné
consiste à prélever une ou deux tal, mais surtout d’enrayer la relance le débat concernant l’uti-
cellules d’un embryon, conçu par transmission de ce gène d’une lisation des technologies géné-
fécondation in vitro, lorsque ce génération à l’autre. tiques sur les êtres humains.
dernier est âgé d’environ trois
jours. Ces cellules sont ensuite
analysées dans le but de déter-
miner si l’embryon est porteur
d’une maladie génétique, comme
certaines formes de cancer. Si
c’est le cas, l’embryon est éli-
miné en faveur d’autres embryons
qui ne sont pas porteurs de la
maladie.
La mère de l’enfant, une Britan-
nique âgée de 27 ans, a décidé
d’avoir recours à cette technolo-
gie parce que la grand-mère, la
mère et la sœur de son mari ont
toutes eu un cancer du sein.

La conférence de citoyens
PLACE PUBLIQUE

La conférence de citoyens, parfois appelée « confé- de questions qu’ils ont préalablement préparées. À
rence de consensus », est un moyen d’établir un dia- la suite de cet échange, les citoyens délibèrent pour
logue entre des citoyens ordinaires et des experts parvenir à un consensus qu’ils rédigent sous la forme
scientifiques. Ces conférences portent généralement de conclusions et de recommandations dans un
sur des sujets d’actualité dans le domaine de la document. Celui-ci est ensuite présenté aux experts,
science, qui suscitent des opinions divergentes. Les à un auditoire et aux médias lors d’une conférence
citoyens discutent d’abord avec un groupe d’experts de presse.

86 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Nommez une technologie que vous connaissez qui relève du domaine de la génétique.

2. Dans la manchette présentée à la page précédente, la mère a décidé d’avoir recours au diagnostic
préimplantatoire. Expliquez pourquoi.

3. Dans la manchette présentée à la page précédente, certaines personnes dénoncent le recours au


diagnostic préimplantatoire. Expliquez pourquoi.

4. Nommez deux valeurs qui entrent en conflit lorsqu’il est question du diagnostic préimplantatoire.

Valeur : Valeur :

5. Imaginez une conséquence que pourrait avoir une technologie comme le diagnostic préimplantatoire
sur l’avenir de l’humanité.

6. Selon vous, l’utilisation généralisée de cette technologie favoriserait-elle le vivre-ensemble ? Expliquez


votre réponse.

7. Formulez une question éthique en lien avec l’image de la page 85 et celle de la page 86.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 87


ARRÊT L’être humain amélioré
SUR IMAGES Les avancées spectaculaires des dernières années
en sciences et technologies soulèvent de nombreuses
questions éthiques, notamment lorsqu’il s’agit de leur
utilisation sur des êtres humains.

Ailleurs dans le monde


Dans plusieurs pays, des sociétés biotechno-
logiques s’efforcent de mettre au point des
technologies génétiques qui amélioreraient
la performance de certains athlètes. Grâce
à la thérapie génique, des virus contenant des
gènes particuliers seraient injectés aux spor-
tifs, ce qui ferait augmenter leur endurance et
leur puissance musculaire, entre autres.

Les avancées scientifiques et technologiques font croire à certains qu’il


pourrait être possible de transformer la condition humaine en éliminant
la souffrance physique et en repoussant la mort. Dans ce domaine, il arrive
que des scientifiques soient critiqués pour leurs découvertes. On les accuse
parfois de « jouer à Dieu ».

Au Québec
En 2013, un colloque international intitulé Les frontières de
l’humain et le posthumain s’est tenu à l’Université du Québec à
Montréal. Le concept de posthumain fait allusion à un être
humain du futur que des avancées scientifiques et technolo-
giques auraient amélioré. La robotique, la génétique, la pharma-
ceutique, l’informatique ou des nanotechnologies seraient à
l’origine de ces améliorations. Selon plusieurs scientifiques, ces
technologies pourraient rendre les humains plus forts, plus intel-
ligents et améliorer considérablement leur espérance de vie. Lors
de cette rencontre, de nombreux scientifiques, philosophes et
autres penseurs de différents milieux culturels ont réfléchi, entre
autres, aux considérations éthiques liées à l’utilisation de ces
technologies sur l’être humain.

Le dopage génétique est interdit depuis 2003


par l’Agence mondiale antidopage. À ce jour,
aucun cas n’a été répertorié.
Qu’est-ce que le génie génétique ?
Qu’est-ce que la bioéthique ?
Est-il souhaitable qu’un parent puisse choisir
les caractéristiques de son futur enfant ?
Quelles sont les lois qui encadrent les manipulations
d’embryons ?
Qu’est-ce que le droit à la vie ?

88 VIVRE ENSEMBLE 4
La génétique
Depuis la fin du 20e siècle, les progrès scientifiques en génétique sont considérables.
La génétique se définit comme la branche de la biologie qui étudie les gènes. Les
gènes sont des segments d’ADN à l’origine de la production et de la transmission des
caractères héréditaires d’un individu, par exemple, la couleur des yeux.

Pour plusieurs personnes, ce sont les avancées en génétique qui risquent d’avoir le
plus d’impact sur l’avenir de l’humanité et qui poseront les problèmes éthiques les
plus importants. Déjà, de nombreuses nouvelles technologies issues de la génétique
ont fait les manchettes des journaux à travers le monde. C’est le cas, par exemple, des
organismes génétiquement modifiés (OGM) dans le domaine de l’alimentation. Cette
technologie du génie génétique permet de créer de nouvelles variétés de plantes en
modifiant les gènes de certaines plantes pour les rendre plus résistantes au manque
d’eau, aux insectes ou au froid. En 1996, une autre technologie du génie génétique,
le clonage, a aussi fait la une des journaux lors de la naissance, en Écosse, de la bre-
bis clonée Dolly.

L’humain génétiquement modifié


L’ADN et l’hérédité
Les scientifiques connaissent maintenant
Chaque être humain est constitué d’environ 60 billions de cellules.
suffisamment les gènes pour pouvoir les Au cœur de chaque cellule se trouve l’ADN, qui est constitué de
manipuler dans le but d’améliorer la santé gènes. C’est par les gènes que l’hérédité se manifeste et se
des êtres humains. Ces manipulations peu- transmet. L’hérédité, c’est la transmission des caractères
vent être effectuées afin d’aider à la repro- génétiques (la couleur des cheveux, la taille, certaines maladies,
duction, de prévenir ou de guérir certaines etc.) d’un être vivant à ses descendants.

maladies. Bien que la plupart de ces mani-


pulations génétiques soient possibles, plu-
sieurs d’entre elles appliquées aux êtres
humains n’ont qu’un faible taux de réussite.
De plus, elles peuvent s’avérer coûteuses
et comporter certains risques d’effets
secondaires.

Fragment d’une « échelle » d’ADN.

Deux techniques du génie génétique


Le clonage est une technique qui permet de reproduire de façon identique un gène,
une cellule ou un organisme, à partir de cellules isolées. Deux clones ont en commun
le même patrimoine génétique. L’utilisation du clonage pour la reproduction humaine
est interdite par la loi au Canada. Par contre, on peut utiliser le clonage de cellules à des
fins thérapeutiques, par exemple, pour des greffes de peau sur les grands brûlés.
La thérapie génique consiste à modifier des gènes défectueux dans le but de traiter ou
de guérir certaines maladies génétiques. Depuis les années 1990, la thérapie génique
a été utilisée de façon expérimentale pour traiter diverses maladies, comme la fibrose
kystique, certains cancers et le SIDA.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 89


L’éthique et la génétique
Le progrès scientifique dans le domaine de
la génétique humaine fascine autant qu’il
inquiète. D’une part, il est porteur des plus
grands espoirs. Il permet d’empêcher l’ap-
parition de graves maladies et même d’amé-
liorer l’être humain en le dotant de certaines
caractéristiques souhaitables. D’autre part,
certaines personnes s’inquiètent du fait que
ces nouvelles technologies soient la source
de graves injustices.

Des questions éthiques


Les questions éthiques soulevées par le
développement des techniques du génie
génétique sont nombreuses et diversifiées.
Plusieurs de ces questions concernent l’uti-
lisation et la manipulation d’embryons
humains. Par exemple, certaines personnes
se demandent s’il est souhaitable de pro-
duire des embryons dans le seul but d’en Embryon de 12 cellules. Un embryon est-il un être humain ? Voilà une des
nombreuses questions soulevées par le génie génétique.
retirer quelques cellules et de les détruire
par la suite.

D’autres questions éthiques relatives à la justice émergent quant aux conséquences


possibles sur la société de l’usage des techniques du génie génétique sur des êtres
humains. Par exemple, plusieurs personnes s’inquiètent des impacts sur l’égalité des
citoyens de l’apparition d’êtres humains plus favorisés génétiquement que d’autres,
à la suite de différentes manipulations. D’autres personnes craignent aussi que seuls
les plus riches puissent avoir accès à ces technologies.

La bioéthique
Dans plusieurs pays où se développent les technologies génétiques, des comités de
bioéthique sont mis sur pied. La bioéthique est un sous-domaine de l’éthique qui
s’intéresse aux enjeux soulevés par les avancées en médecine et en biologie. La bioé-
thique veille à ce que les recherches et les pratiques scientifiques se fassent dans
le respect de la dignité des êtres vivants et rappelle aux chercheurs que la vie ne doit
pas être considérée comme une marchandise.

Comité international de bioéthique (CIB)


Le Comité international de bioéthique a été créé en 1993 par l’UNESCO, l’Organisation des
Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Ce comité a pour but d’encadrer les
recherches et les pratiques dans les sciences de la vie afin de s’assurer qu’elles respectent
les principes de dignité et de liberté de la personne humaine. Il a pour fonction d’approfondir
la réflexion éthique sur les enjeux liés aux sciences de la vie, afin de permettre aux
législateurs de chaque pays de prendre des décisions éclairées dans ce domaine.

90 VIVRE ENSEMBLE 4
Le diagnostic préimplantatoire
Le diagnostic préimplantatoire ou DPI est une technique associée à la procréation
assistée. Il doit être effectué à partir d’embryons humains qui ont été conçus par
fécondation in vitro. Il permet, pour l’instant, à des parents d’éviter de transmettre à
leurs enfants et aux générations futures certaines anomalies génétiques.

La fécondation in vitro
En Angleterre, le 25 juillet 1978, la naissance
de Louise Brown, le premier bébé-éprouvette,
constitue une révolution dans le domaine de
la reproduction humaine. Louise Brown a été
conçue en laboratoire, grâce à une technique
appelée « fécondation in vitro ». Pour y arri-
ver, les médecins ont mis en contact, dans
une éprouvette, un ovule prélevé des ovaires
de la mère et des spermatozoïdes du père.
Quelques jours plus tard, l’embryon résultant
de l’ovule fécondé a été introduit dans l’uté-
rus de la mère, où il a poursuivi une crois-
sance normale. Depuis cet événement, de
nombreux couples infertiles ont pu fonder
une famille grâce à la fécondation in vitro. Injection de spermatozoïdes dans l’ovule en vue d’une fécondation
in vitro.

Le DPI: une technologie génétique


Au début des années 1990, une autre technologie en matière de reproduction humaine
voit le jour : le DPI. Il permet de repérer, à la suite d’une fécondation in vitro, les
embryons dont les gènes sont porteurs de maladies héréditaires. Les embryons sont
analysés après trois jours ou plus. Sur chaque embryon, une ou deux cellules sont
prélevées afin de les étudier génétiquement. Seuls les embryons qui ne sont pas
porteurs de la maladie génétique indésirable seront introduits dans l’utérus de la
future mère.

LES TRUCS DU MÉTIER

Technicien ou technicienne de laboratoire


En biotechnologie, le travail des techniciens en laboratoire
consiste, entre autres, à analyser des micro-organismes et des
cellules, à effectuer des tests de toxicité liés au contrôle de la
qualité ou à des fins de recherche, ou à réaliser des travaux
liés à la génétique. Cette profession nécessite un excellent
sens de l’observation et du détail, et un goût marqué pour la
génétique, l’informatique et le travail sur la matière vivante.
Elle requiert une formation technique de niveau collégial ou
un baccalauréat. Les offres d’emploi liées à ce domaine éma-
nent des hôpitaux, des centres de contrôle gouvernementaux
et des entreprises pharmaceutiques, agroalimentaires, envi-
ronnementales ou encore cosmétiques

DOSSIER 5 Un être parfait ? 91


Le DPI et l’éthique
Comme d’autres techniques génétiques, le DPI soulève de nombreuses questions
d’ordre éthique. Plusieurs de ces interrogations concernent le respect de l’intégrité
de la personne humaine. Par exemple, certains se demandent s’il est souhaitable de
pouvoir décider de la constitution génétique d’un être en devenir. Par ailleurs, parmi
les personnes qui acceptent le recours au DPI dans divers contextes, quelques-unes
se questionnent néanmoins sur les critères qui peuvent justifier une sélection des
embryons.

Le DPI et l’eugénisme
Selon plusieurs scientifiques, il est possible d’imaginer un avenir où la technique du
DPI sera si avancée qu’il serait tentant pour certains couples de vouloir « effectuer un
tri » parmi les gènes de leur progéniture pour toutes sortes de raisons. En effet, les
parents pourraient préférer certains gènes porteurs de caractéristiques biologiques
souhaitables à d’autres gènes porteurs de caractéristiques moins désirables. Par
exemple, des parents pourraient être fortement tentés d’avoir recours à cette technique
pour enfanter une fille plutôt qu’un garçon ou inversement.

Pour certaines personnes, une telle pratique fait craindre l’apparition d’une forme
d’eugénisme qui inciterait les parents à mettre au monde des enfants sélectionnés
et sans défauts. Le caractère désirable ou non d’un être humain pourrait alors dépendre
des exigences d’un parent, d’une société ou même d’un gouvernement.

Le meilleur des mondes


Dans son livre Le meilleur des mondes,
écrit en 1932, l’auteur britannique Aldous
Huxley (1894-1963) présente une vision
de l’avenir où les individus sont tous
créés en laboratoire. Cette fiction montre
les conséquences que peut entraîner
le tri sélectif des embryons.
Dans Le meilleur des mondes, c’est l’État
qui décide des caractéristiques physiques
et psychologiques des individus. Chaque
nouveau-né est ainsi doté de propriétés
génétiques qui le destinent à un rôle
social spécifique.

« En outre, nous prédestinons et


conditionnons. Nous décantons
nos bébés sous forme d’êtres
vivants socialisés, sous forme
[…] de futurs vidangeurs ou
de […] “futurs Directeurs de
l’Incubation”. »
Source : Aldous HUXLEY, Le meilleur
des mondes, Paris, PLON, coll. Presses
Imaginons une banque de chromosomes où les généticiens de l’État n’auraient
Pocket, p. 32.
qu’à puiser pour obtenir des sujets adaptés à leur futur rôle social.

92 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

GÈNES ET ÉTHIQUE
1. Parmi les techniques ci-dessous, lesquelles peuvent servir au génie génétique ?
a) La thérapie génique. b) Les tests de toxicité.

c) Le clonage. d) Les OGM.

2. Les manipulations génétiques peuvent-elles mener à l’amélioration de la santé humaine ? Expliquez


votre réponse.

3. Associez chaque énoncé de la colonne de droite à sa définition.

a) OGM. Transmission des caractéristiques génétiques


d’un être vivant à ses descendants.

b) Hérédité. Segment d’ADN à l’origine de la production et de la


transmission des caractères héréditaires d’un individu.

c) Gène. Organisme génétiquement modifié.

4. Analysez d’un point de vue éthique le progrès scientifique dans le domaine de la génétique.
a) Formulez deux questions éthiques en lien avec le progrès scientifique dans le domaine
de la génétique.

b) Nommez quatre enjeux éthiques soulevés par les questions que vous avez formulées en a).

c) Nommez un organisme ou une œuvre d’art qui pourraient servir de repère dans une réflexion
éthique sur la génétique.

5. Complétez la définition de la bioéthique qui suit.


Domaine de qui s’intéresse aux
éthiques soulevées par le progrès .

6. Nommez deux valeurs qui sont au cœur des préoccupations de la bioéthique.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 93


Nom : Groupe : Date :

LA SCIENCE DE LA NAISSANCE
1. Complétez la définition de la fécondation in vitro qui suit.
Procédé qui consiste à mettre , dans une éprouvette,
un prélevé des ovaires de la mère et des
du père et, quelques jours plus tard, à introduire l’ ainsi obtenu dans
l’ de la mère, où il poursuit une croissance normale.

2. Qu’est-ce qui distingue la fécondation in vitro du diagnostic préimplantatoire ou DPI ?

3. Décrivez un cas où des parents pourraient avoir recours au DPI.

4. À votre avis, en quoi la technique du DPI est-elle un défi éthique pour l’avenir de l’humanité ?

5. Décrivez à quoi pourrait ressembler, selon vous, une société qui pratique l’eugénisme à grande
échelle. Dans votre texte, indiquez pour quelles raisons les parents ont recours au DPI et imaginez
les conséquences de l’eugénisme sur la vie en société

94 VIVRE ENSEMBLE 4
Les points de vue légaux
Plusieurs pays ont des normes et des lois qui diffèrent quant au recours au diagnostic
préimplantatoire (DPI). Ces lois reflètent généralement la conception que la société
se fait de l’embryon. Lorsque la société considère l’embryon comme une personne à
part entière, ses lois empêchent généralement le recours au DPI. Au contraire, lorsque
l’embryon n’est pas considéré comme une personne, mais davantage comme un être
en devenir, la technique est permise avec ou sans restriction.

Le DPI dans le monde


La réglementation concernant le DPI varie d’un
pays à un autre et évolue au rythme des progrès
scientifiques. Dans plusieurs pays du Moyen-
Orient et d’Asie, le DPI n’est soumis à aucun
contrôle. Certaines cliniques permettent, par
exemple, le choix du sexe de l’enfant sans raison
médicale.
Aux États-Unis, il existe très peu de lois concer-
nant le DPI. Pour beaucoup d’experts américains,
le droit à la liberté, protégé par la Constitution
américaine, inclut le droit des parents d’obtenir En 2011, le premier « bébé-médicament » français est né par fécondation
in vitro après un double diagnostic génétique préimplantatoire.
et d’utiliser des renseignements génétiques dans Umut-Talha, c’est-à-dire « notre espoir » en turc, a été sélectionné
le but de faire des choix en matière de reproduc- parmi plusieurs embryons. Il ne porte pas le gène de la grave maladie
tion. Des cliniques permettent d’ailleurs le choix génétique dont souffrent ses aînés, et des cellules prélevées sur son
cordon ombilical permettront aussi de soigner sa sœur.
du sexe de l’enfant sans raison médicale.
En France, le DPI est proposé uniquement à des couples porteurs d’une maladie héré-
ditaire ou à ceux qui ont déjà mis au monde un enfant porteur d’une maladie génétique
grave et incurable. Une liste des maladies pour lesquelles le DPI est autorisé a d’ailleurs
été établie.
En Allemagne, le DPI est interdit par la loi. Celle-ci a pour but d’empêcher la sélection
d’un embryon créé en laboratoire en fonction du sexe ou de toute autre caractéristique
physique.
Au Royaume-Uni, le DPI est autorisé sous certaines conditions depuis 1990. De plus,
en avril 2005, des juges ont donné à un couple l’autorisation d’avoir recours au DPI.
Les parents désiraient donner naissance à un enfant dont certaines cellules pourraient
servir à sauver leur fils de six ans, atteint d’une grave maladie du sang.

Le DPI au Canada
Au Canada, l’utilisation du DPI est indirectement couverte par la loi canadienne sur
la procréation assistée. L’article 5 interdit formellement, sous peine d’amende subs-
tantielle ou d’emprisonnement, d’accomplir un acte qui vise à sélectionner le sexe
d’un embryon, sauf pour prévenir des cas de maladies liées au sexe.
Au Québec, seules les maladies génétiques graves peuvent être dépistées par un DPI.
Dans certaines situations ambiguës, le cas peut être soumis à un comité d’éthique
composé d’un éthicien, d’une personne qui représente les malades, d’un médecin et,
dans certains cas, d’un religieux.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 95


Une technologie qui inquiète
Bien qu’ils reconnaissent généralement l’utilité médicale du dia-
gnostic préimplantatoire, certains chercheurs et de nombreux
philosophes s’inquiètent des dérives possibles d’une utilisation
généralisée de cette technique. En somme, pour eux, cette nouvelle
technologie génétique semble poser plus de problèmes qu’elle
n’en résout.

Jacques Testart
Jacques Testart est très critique au regard du diagnostic préim-
plantatoire. Il craint que les avancées en génétique rendent le DPI
si accessible que les parents soient tentés d’y avoir recours pour
éviter le moindre trouble génétique à leur futur enfant. En élimi-
nant certains gènes porteurs de maladies, le DPI risque, selon Jacques Testart. Biologiste français,
Jacques Testart, de nuire à la diversité génétique de l’espèce « père » du premier bébé-éprouvette
né en France.
humaine et ainsi de la rendre moins résistante à d’autres maladies.
Pour lui, la protection du bien commun passe avant celle des inté-
rêts individuels.

Francis Fukuyama
Francis Fukuyama préconise la réglementation de la pratique du
DPI par l’État, car il s’inquiète de ses conséquences sur l’espèce
humaine. À son avis, cette technologie risque de modifier la nature
même de l’être humain en permettant l’apparition d’êtres hu-
mains génétiquement modifiés avant la naissance. Pour Francis
Fukuyama, la coexistence d’humains génétiquement modifiés et
d’autres qui n’ont que ce que la nature leur a donné constitue une
menace à l’égalité naturelle de tous les êtres humains. Cela aurait
pour effet de diviser la société en deux classes de personnes : celles Francis Fukuyama. Philosophe améri-
qui auraient accès à ces techniques et les autres. Les démocraties, cain, auteur du livre La fin de l’homme.
de même que les droits de la personne qui reposent sur le principe Les conséquences de la révolution
d’égalité entre les citoyens seraient ainsi mis en péril. biotechnique.

PORTRAIT Louise Vandelac

Professeure titulaire au Département de sociologie et à l’Institut des sciences de


l’environnement de l’Université du Québec à Montréal, Louise Vandelac consacre
une part importante de son travail au questionnement éthique des technologies
de reproduction. La marchandisation de la vie, qu’elle perçoit dans certains aspects
de la recherche en génétique, tel le clonage, est au centre de ses préoccupations.
En tant que chercheure au Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie,
la santé, la société et l’environnement, elle aborde les questions éthiques liées aux
technologies de reproduction à la fois sous les angles biologique, économique,
environnemental, politique et juridique.
Louise Vandelac a aussi coréalisé des films portant sur la génétique et le clonage,
en plus d’avoir publié de nombreux articles scientifiques et donné plus de
Louise Vandelac. 400 conférences.

96 VIVRE ENSEMBLE 4
Une technologie qui promet
Certains philosophes et plusieurs scientifiques refusent
les scénarios catastrophiques de l’eugénisme et d’une
science devenue folle ou irresponsable. À leur avis, nous
devrions tirer le meilleur parti des possibilités technolo-
giques au lieu de rejeter toute innovation. Après tout, se
disent-ils, si ces technologies permettent d’éviter de
graves maladies, par exemple, pourquoi devrions-nous
nous en passer ?

Lee Silver
Pour Lee Silver, le recours aux nouvelles technologies
génétiques est inévitable. L’importance accordée à la
liberté des individus, particulièrement aux États-Unis, fera Lee Silver. Généticien américain, auteur
en sorte que si un parent en a les moyens, personne ne du livre Remaking Eden [Reconstruire
le paradis].
l’empêchera d’utiliser le DPI. Selon Lee Silver, les techno-
logies génétiques comme le DPI ne sont qu’un moyen
parmi tant d’autres dont un parent dispose pour améliorer
la vie de son enfant, comme le font déjà les médicaments
et les vaccins.

Nick Bostrom
Nick Bostrom est le cofondateur de l’association Huma-
nity+. Cet organisme soutient le développement des
nouvelles technologies qui permettent aux humains
d’améliorer leur condition physique et mentale. Pour Bos-
trom, les avancées en technologies génétiques rendent
possible une amélioration de la condition humaine. Grâce
à ces technologies, l’humain peut envisager d’éliminer
une bonne partie de ses souffrances et même de repous- Nick Bostrom. Philosophe suédois,
ser la mort. Au sujet de l’utilisation des techniques géné- directeur du Future of Humanity Institute
tiques, Bostrom et son association défendent la liberté de l’Oxford University [Institut du futur de
de choix individuel. l’humanité].

PORTRAIT Stephen Hawking

Physicien britannique né à Oxford, Stephen Hawking a contribué à l’avancement


de la science par ses travaux sur la théorie de la relativité générale et l’origine de
l’Univers. Il doit aussi sa renommée à ses ouvrages de vulgarisation scientifique,
notamment son livre Une brève histoire du temps, et à sa lutte acharnée contre une
grave maladie dégénérative, connue sous le nom de « maladie de Lou Gehrig ».
Stephen Hawking encourage le développement des techniques issues du génie
génétique et la recherche sur l’intelligence artificielle. Selon lui, les êtres humains
gagneraient à être améliorés grâce aux découvertes dans ces deux domaines, s’ils
veulent évoluer aussi rapidement que l’ordinateur.
Stephen Hawking (1942- ).

DOSSIER 5 Un être parfait ? 97


Le christianisme et les manipulations génétiques
Depuis quelques années, plusieurs Églises chrétiennes se sont prononcées clairement
au sujet des progrès en génétique. Ce domaine soulève des questions fondamentales
qui concernent autant la nature de l’être humain que le sens de sa vie sur Terre.

L’Église catholique romaine


En 2008, la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui a pour mandat de promouvoir
la doctrine catholique et de donner des réponses aux nouveaux problèmes nés du
progrès des sciences et de la civilisation, a précisé la position du Vatican sur divers
progrès scientifiques en s’adressant aux catholiques du monde entier. Cette position
s’appuie sur un passage de la Bible qui stipule que l’être humain a été créé par Dieu,
à son image. Selon le catholicisme, la vie humaine a donc un caractère sacré. Pour
cette raison, l’Église catholique condamne toute technique génétique qui aurait pour
conséquence d’éliminer des embryons humains.

« « L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception et
donc, dès ce moment, on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en
premier lieu le droit […] à la vie. »
Source : Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction Dignitas Personae sur certaines questions de
bioéthique [en ligne]. (Consulté le 11 octobre 2013.)
»
L’Église catholique s’oppose également aux techniques, comme le DPI, qui ont pour
but d’encourager la naissance d’enfants « sans défauts ». Pour elle, en cherchant à
éliminer les maladies qui font partie de la condition humaine, ces technologies encou-
ragent une discrimination envers les personnes malades et handicapées.

Les Églises protestantes


Il existe une grande diversité d’opinions et de croyances
au sein du protestantisme. Certaines Églises protes-
tantes autorisent les techniques génétiques lorsqu’elles
ont pour but d’empêcher la transmission d’une maladie
héréditaire ou de sauver la vie d’une personne. Le théo-
logien protestant suisse Denis Müller trouve souhaitable
d’encourager un développement responsable et éthique
des technologies dans le domaine de la génétique. Selon
lui, il n’est pas justifié de croire que l’utilisation des tech-
niques génétiques porte atteinte aux pouvoirs de Dieu.
Au contraire, le développement des technologies géné-
tiques peut se justifier par « la dimension de liberté et
de responsabilité que Dieu, dans la conception biblique,
confie à l’être humain, lieutenant du Créateur au sein de Denis Müller. Ce théologien protestant
la création ». suisse est professeur à la Faculté de
théologie et de sciences des religions de
Source : Denis MÜLLER, Promesses et limites du génie génétique [en
ligne]. (Consulté le 11 octobre 2013.) l’Université de Lausanne.

98 VIVRE ENSEMBLE 4
Nom : Groupe : Date :

LE DPI ET LE DROIT
1. Dans le monde, qu’est-ce qui incite généralement une société à interdire ou à permettre le recours
au DPI ?

2. Associez chaque région du monde nommée ci-dessous à sa position sur le DPI. Choisissez parmi
les positions suivantes :

A. Aucun contrôle sur le DPI. B. La Constitution protège le droit à la liberté.


C. Le DPI est interdit. D. Le DPI est interdit, sauf pour prévenir certaines maladies.

a) L’Asie. b) Le Moyen-Orient. c) Les États-Unis.

d) L’Allemagne. e) La France. f) Le Canada.

3. a) Quel document légal sert de repère à la position du Canada à l’égard des DPI ?

b) Quel comportement précis ce document interdit-il en ce qui concerne le DPI ?

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B86

1 Lisez l’affirmation présentée ci-dessous, puis répondez aux questions.


En observant la nature, on peut remarquer que seuls les plus forts survivent. Pour cette raison,
nous devrions légaliser et pratiquer le DPI pour sélectionner les meilleurs êtres humains.

a) À quel type de raisonnement cette affirmation correspond-elle ?

b) Est-ce que le raisonnement est suffisamment pertinent pour justifier l’utilisation du DPI ?
Expliquez votre réponse.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 99


Nom : Groupe : Date :

POINTS DE VUE
Résumez le point de vue de chacune des personnes nommées ci-dessous, selon les instructions
qui suivent.

a) Indiquez si la personne est généralement pour ou contre le DPI.


b) Écrivez l’argument principal qui justifie la position de chaque personne.
c) Inscrivez une valeur sur laquelle repose chacune des positions.

A. Nick Bostrom Pour le DPI Contre le DPI

B. Lee Silver Pour le DPI Contre le DPI

C. Jacques Testart Pour le DPI Contre le DPI

D. Denis Müller Pour le DPI Contre le DPI

100 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

L’ÊTRE HUMAIN REMIS EN QUESTION


1. Expliquez le lien entre la position de l’Église catholique au sujet des techniques génétiques et le repère
suivant sur lequel elle s’appuie.

L’être humain a été créé par Dieu, à son image.

2. Expliquez le lien entre la position du philosophe Francis Fukuyama au sujet des techniques génétiques
et le repère suivant concernant la nature de l’être humain

Tous les êtres humains sont égaux par nature.

3. a) Associez les affirmations présentées ci-dessous à la personne ou à l’institution appropriée :


Denis Müller (1), Nick Bostrom, (2), l’Église catholique (3).

b) Expliquez le lien entre l’affirmation et la position face aux techniques génétiques de la personne
ou de l’institution.

A. La souffrance et les maladies font partie de la vie humaine.

B. La condition humaine peut être améliorée par la technologie.

C. L’être humain a été créé par Dieu libre et responsable.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 101


Nom : Groupe : Date :

LA GÉNÉTIQUE ET LA RELIGION
1. Nommez trois expressions du religieux qui servent de repères aux catholiques au sujet du DPI.

2. Nommez une expression du religieux qui sert de repère aux protestants et aux catholiques face au DPI.

3. À quelle tradition religieuse est associée la Congrégation pour la doctrine de la foi ?

4. Quel est le rôle de la Congrégation pour la doctrine de la foi ?


a) Promouvoir la doctrine catholique.
b) Défendre la liberté de choix individuel.

c) Donner des réponses aux nouveaux problèmes nés du progrès des sciences
et de la civilisation.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B86

1 Lisez les affirmations présentées ci-dessous et répondez aux questions.

A. Le DPI permet de mettre au monde des enfants exempts de certaines maladies. Tous les
parents souhaitent le meilleur pour leur enfant. Donc tous les parents sont en faveur du DPI.

a) À quel type de raisonnement cette affirmation correspond-elle ?

b) Est-ce que le raisonnement est cohérent ? Expliquez votre réponse.

B. Deux options sont possibles : interdire le DPI ou l’accepter sans restriction et se diriger vers
une société où les plus riches dominent totalement les plus pauvres.

Selon vous, est-ce que ce point de vue est rigoureux ? Expliquez votre réponse.

102 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

LA CONSULTATION PUBLIQUE
En tant que personne préoccupée par les progrès scientifiques dans le domaine de
la génétique, vous décidez de participer à la conférence de citoyens organisée par
la Commission de l’éthique de la science et de la technologie du Québec.

Pour préparer cette conférence, vous devrez réfléchir aux questions suivantes, puis
rassembler vos idées par écrit.

La mise en contexte
1. a) Formulez une question éthique en lien avec ce qui est présenté dans l’article de la page 86.
b) Nommez quatre enjeux éthiques que votre question peut soulever.

Des points de vue légal, philosophique ou scientifique


2. Présentez un point de vue légal, philosophique ou scientifique favorable au DPI en vous
assurant :
a) de nommer une personne qui partage ce point de vue ;
b) de résumer en une phrase l’argument principal de cette personne ;
c) de nommer un repère sur lequel ce point de vue s’appuie.

3. Présentez un point de vue légal, philosophique ou scientifique défavorable au DPI en vous assurant :
a) de nommer une personne qui partage ce point de vue ;
b) de résumer en une phrase l’argument principal de cette personne ;
c) de nommer un repère sur lequel ce point de vue s’appuie.

Le point de vue chrétien


4. Complétez le tableau de la page suivante en répondant aux consignes suivantes.
a) Indiquez si le point de vue des traditions catholique et protestante au sujet du DPI est
favorable ou défavorable au DPI.
b) Associez chacune des expressions du religieux suivantes à sa tradition religieuse en écrivant
la lettre correspondante dans le tableau. Attention, une expression du religieux peut appartenir
à plus d’une tradition religieuse !
A. Le théologien Denis Müller.
B. La Congrégation pour la doctrine de la foi.
C. « Dieu a créé l’être humain à son image ».
D. Le Vatican.
E. « Dieu a confié à l’être humain une dimension de liberté et de responsabilité ».
F. La Bible.
c) Nommez une valeur qui, selon vous, pourrait servir de repère principal à la position de
chacune de ces traditions religieuses au sujet du DPI.

Une proposition
5. Proposez une utilisation du DPI qui, à votre avis, favoriserait le vivre-ensemble. Expliquez
votre réponse.

DOSSIER 5 Un être parfait ? 103


Nom : Groupe : Date :

La mise en contexte

Question éthique Enjeux éthiques soulevés par la question

Des points de vue légal, philosophique ou scientifique

Point de vue légal, philosophique ou scientifique favorable au DPI


Nom de la personne Argument principal Repère

Point de vue légal, philosophique ou scientifique défavorable au DPI


Nom de la personne Argument principal Repère

Le point de vue chrétien

Le catholicisme Le protestantisme

a) Position face au DPI Favorable. Défavorable. Favorable. Défavorable.

b) Expressions du religieux

c) Valeur principale en lien avec


la position

Une proposition

104 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 5 Total


/25

1. Formulez une question éthique en lien avec les technologies génétiques et la condition
humaine.

/2

2. Nommez une valeur commune sur laquelle s’appuient les personnes et les organisations
suivantes au sujet du DPI.

a) L’Église catholique et Francis Fukuyama :

b) Jacques Testart et Lee Silver :

c) Denis Müller et Nick Bostrom :


d) Denis Muller et le Comité international de bioéthique : /2

3. Quelle organisation catholique a pour fonction de donner des réponses aux croyants au sujet
des nouveaux questionnements suscités par la science ?

/2

4. À partir des informations contenues dans le dossier, nommez deux conséquences positives
et deux conséquences négatives de l’utilisation du DPI.

Conséquences positives Conséquences négatives

/8

5. Expliquez comment la Bible pourrait autant servir de repère à une position favorable autant
qu’à une position défavorable au sujet du DPI.

/3
DOSSIER 5 Un être parfait ? 105
Nom : Groupe : Date :

6. À votre avis, quelle conséquence sur la démocratie pourrait avoir une utilisation généralisée
du DPI ?

/2

7. Lisez les affirmations et répondez aux questions qui leur font suite.

A. Il faut faire attention avec le DPI. Pour éviter les dérives, il faut qu’on se limite à son
utilisation dans le cas de maladies graves.

a) À quel type de jugement correspond cette affirmation ?

b) Formulez une question qui permettrait d’interroger ce jugement.

B. Si on permet l’utilisation du DPI pour éviter les maladies graves, on ouvre la porte
à son utilisation pour le choix de la couleur des yeux, des cheveux et d’autres traits
physiques. Ensuite, ce sera les traits de caractère. On se dirigera donc tout droit
vers une société eugénique.

a) Nommez le procédé susceptible d’entraver le dialogue utilisé ici pour faire valoir son point
de vue.

b) Formulez une question qui permet de remettre en cause le procédé susceptible d’entraver
le dialogue utilisé.

C. Entre 1990 et 2012, environ 20 couples ont eu recours au diagnostic préimplantatoire


au Québec. Depuis 2011, la procréation assistée est remboursée par l’État québécois.
Il est possible que cela contribue à augmenter le nombre de demandes pour le DPI.

a) À quel type de raisonnement correspond cette affirmation ?

b) Selon vous, cette hypothèse est-elle valable ? Expliquez votre réponse.

/6

106 VIVRE ENSEMBLE 4


Les technologies
de surveillance
DOSSIER 6

Un virage technologique . . . . . . . . . . . . . . . . . .108


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .109
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .110
Big Brother vous regarde-t-il ? . . . . . . . . . . . . .111
Les technologies de surveillance . . . . . . . . . . .112
L’utilité des technologies de surveillance . . . .113
La surveillance et la vie privée . . . . . . . . . . . . .114
Le droit à la vie privée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115
Des principes à respecter . . . . . . . . . . . . . . . .116
Souriez : vous êtes surveillés ! . . . . . . . . . . .117
Regard éthique sur les technologies
de surveillance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .118
Les réseaux sociaux et la vie privée. . . . . . . . .119
Les réseaux sociaux et le droit . . . . . . . . . . . . .120
Ma vie sur la toile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121
Internet et le droit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122
Une discussion en vue . . . . . . . . . . . . . . . . .123
Test bilan du dossier 6 . . . . . . . . . . . . . . . . .125
Un virage technologique
En arrivant à l’école un matin, vous remarquez cet
avis nouvellement affiché sur un des babillards.

les élèves,
eil d’élèves et à tous
Aux parents, au cons t d’année à l’audi-
ten du lors de no tre allocution en débu ue.
Comme vous l’ave z en le virage technologiq
ection de l’é cole a décidé d’entreprendre ent d’a mé lio rer
torium, la dir s permettrai
ns qu e différ en tes nouvelles technologie pa s en co re pri s de
Nous cro yo co le. Nous n’avons
t gé né ral de l’é jet .
les services et le clima à une discussion su
r le su
invitons à participer
décision et nous vous
tte ren contre
Ordre du jour de ce
de la direction.
1. Mot de bienvenue
».
virage technologique
2. Présentation du « but de prévenir
ras de su rve illance vidéo dans le
a) Installation de ca mé corridors de l’école
de va nd ali sm e et d’intimidation dans les
des actes
ur.
ainsi que dans la co
teurs portables prê-
pu ce inf orm atique dans les ordina
b) Installation d’u ne perte ou de vol.
qu i pe rm ett rai t de les localiser en cas de
tés, ce
simplifier et d’accé-
ca rte à pu ce unique dans le but de illies
c) Création d’u ne a. Les données recue
le servi ce à la bib lio thèque et à la cafétéri au ss i d’a mé lio rer
lérer rmettraient
cette carte unique pe rs
par l’intermédiaire de nn el de la bibliothè qu e co nn aîtrai t leu
x élè ve s : le pe rso rs pla ts
les services au cafétéria, leu
ce s en ma tiè re de lecture et celui de la
préféren
favoris. s
l’école de publier de
d’u n blo gu e pe rm ettant aux élèves de sc ola ire .
d) Création ants de l’année
des moments marqu
textes et des photos
ns .
3. Période de questio
4. Discussion.
5. Mot de la fin.
re.
nter en grand nomb
Merci de vous prése
.
Faites-vous entendre
La direction

Le conseil d’élèves
PLACE PUBLIQUE

Un conseil d’élèves est formé d’élèves élus par leurs pairs. Il est chargé
d’organiser des activités scolaires et parascolaires pour tous les élèves de
l’école. Ce conseil présente le point de vue des élèves auprès de la direction
de l’école, des enseignants et des comités de parents lors de discussions
ou de débats. Il s’assure de la qualité de vie des élèves à l’école. Au sein
du comité, chaque élève assume un rôle spécifique associé à des tâches
et à des responsabilités qui lui sont assignées.

108 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Nommez trois exemples de technologies de surveillance.

2. Nommez quatre endroits où vous avez déjà remarqué la présence de caméras de surveillance.

3. Nommez deux enjeux éthiques liés au phénomène des technologies de surveillance.

4. Dans la convocation présentée à la page précédente, relevez trois raisons qui peuvent justifier
l’utilisation de diverses technologies de surveillance.

5. Nommez un avantage et un désavantage associés à l’utilisation des technologies de surveillance dans


la vie quotidienne des personnes.

Avantage :

Désavantage :

6. Formulez une question éthique basée sur le contenu de la page 108.

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 109


ARRÊT Des citoyens sous surveillance
SUR IMAGES Les récentes avancées dans le domaine de l’informatique ont
eu un impact considérable sur les diverses technologies de
surveillance. Ces technologies sont dorénavant très perfec-
tionnées, moins coûteuses et plus répandues.

Au Québec
Depuis 2012, des détecteurs à balayage
corporel, souvent appelés « scanners corpo-
rels », sont installés à l’aéroport Montréal-
Trudeau. Le balayage corporel, qui remplace
la fouille corporelle, permet de détecter des
armes, des explosifs ou des stupéfiants. Il
permet de voir à travers les vêtements, révé-
lant ainsi le contour du corps d’une personne.
Le gouvernement canadien considère ces
appareils comme des moyens efficaces de
lutter contre le crime et le terrorisme. Cepen-
dant, plusieurs personnes s’opposent à leur
utilisation. Elles y voient une entrave à la vie
privée. Afin de minimiser l’impact de ces
détecteurs sur la vie privée des passagers, les
images doivent être détruites immédiatement
après avoir été regardées.

Carte d’identité aux nombreuses utilisations.

Ailleurs dans le monde


En Malaisie, les citoyens doivent être munis d’une carte d’iden-
tité à puce. Cette carte, nommée « Mykad », contient les
empreintes digitales de son propriétaire. Elle peut servir de
preuve de citoyenneté, de permis de conduire, de carte médicale
et de carte bancaire. Certaines personnes s’inquiètent de voir
qu’un gouvernement a accès à autant de renseignements à partir
d’une seule carte.

Pour des raisons de sécurité, le droit à la vie privée


peut-il être limité ?
Les technologies de surveillance sont-elles efficaces ?
Quelles sont les diverses technologies de surveillance ?
Pour quelles raisons les technologies de surveillance
sont-elles nécessaires ?
Images captées par un détecteur à balayage
Quelles sont les lois en lien avec l’utilisation de nos
corporel.
données personnelles ?
Qu’est-ce que le droit à l’oubli ?

110 VIVRE ENSEMBLE 4


Big Brother vous regarde-t-il?
Dans son roman d’anticipation 1984, écrit en 1949,
l’auteur britannique George Orwell présente une
société dirigée par un parti politique unique et tout-
puissant. Ce parti est personnifié par Big Brother, un
chef omniprésent. Dans ce roman, plus personne n’a
de vie privée ; la vie de chacun est constamment sous
surveillance. Encore aujourd’hui, plusieurs personnes
font référence au roman 1984 et à Big Brother pour
dénoncer certaines pratiques qui auraient pour effet
d’augmenter le contrôle que l’État ou d’autres organi-
sations exercent sur les citoyens.

Une journée sous surveillance


Consultez l’emploi du temps d’une journée ordinaire
Big Brother, fiction ou réalité ?
dans la vie d’Antoine.

À son réveil, Antoine allume son ordinateur et navigue dans ses réseaux sociaux préférés. Le
6 h 30 relevé de ses communications est transmis à des entreprises qui, par la suite, lui proposeront des
publicités en lien avec ses sujets d’intérêt.

Avec le camion de l’entreprise pour laquelle il travaille, le père d’Antoine conduit son fils au cégep
7 h 30 et sa fille, à la garderie. Le véhicule est muni d’un récepteur GPS qui permet à l’employeur du
père d’Antoine de le repérer à tout moment.

À la garderie, la sœur d’Antoine se fait installer un bracelet électronique à la cheville. Ce dispositif


7 h 47 permet aux éducateurs de s’assurer que l’enfant ne s’éloigne pas trop. Le cas échéant, une alarme
sera déclenchée.

Au cégep, Antoine est filmé par plusieurs caméras de surveillance, tant à l’extérieur qu’à
8 h 00
l’intérieur.

Au café étudiant, Antoine s’achète une collation. Il paie par carte de crédit. Les données de la
14 h 25 transaction sont enregistrées et la banque d’Antoine s’en servira pour établir le profil de ses
habitudes de consommation.

En route vers le terrain de football, Antoine prend une photo d’un graffiti et décide de la diffuser
16 h 55 dans des réseaux sociaux. Ses amis savent dès lors où il se trouve, car des données sur le lieu
où la photo a été prise sont aussi partagées.

Au parc, Antoine participe à un match de football. Pendant le match, Antoine est photographié
18 h 00 et filmé par plusieurs téléphones cellulaires. Les images sont instantanément publiées dans des
réseaux sociaux.

Sur le chemin du retour, Antoine est observé par quelques voisins depuis leur ordinateur. En effet,
21 h 17
le quartier où il habite s’est doté d’un système de vidéosurveillance géré par le voisinage.

Si Antoine est un personnage fictif, toutes les technologies de surveillance mention-


nées dans le texte existent bel et bien.

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 111


Les technologies de surveillance
Les avancées technologiques et informatiques des dernières décennies ont bouleversé
la manière dont les gouvernements, des organisations privées et même de simples
citoyens « observent » et « surveillent » pour des raisons de sécurité. Voici quelques
exemples de technologies de surveillance disponibles aujourd’hui.

La vidéosurveillance
C’est un dispositif mécanique et électronique de surveillance qui permet de voir à
distance des images de personnes en mouvement dans un lieu donné et d’enregistrer
ces images à l’aide de caméras. Les caméras de surveillance peuvent être installées
dans différents lieux publics ou privés. Les images transmises par ces appareils
peuvent être regardées en direct ou en différé, au besoin.

La géolocalisation
Plusieurs technologies permettent de suivre les déplacements d’une personne. En
effet, grâce aux puces informatiques, aux systèmes mondiaux de positionnement
(GPS) ou aux fréquences radio émises par des téléphones cellulaires ou des ordinateurs
portables, il est possible de connaître les allées et venues d’une personne.

La biométrie
La biométrie permet d’établir l’identité d’une personne à partir
de certaines caractéristiques biologiques. Ainsi, pour ouvrir une
session d’ordinateur ou pour avoir accès à certains lieux, une per-
sonne peut faire « lire » son empreinte digitale, son iris, le contour
de sa main ou certains traits de son visage par un appareil. Cette
technologie remplace les divers codes et mots de passe.

Les télécommunications
La surveillance des télécommunications concerne autant les com- La vérification de l’identité par la biométrie
munications faites par internet que par la téléphonie cellulaire est de plus en plus utilisée dans les aéroports,
les banques, les laboratoires spécialisés, etc.
(conversations, messages textes, etc.). À partir de ces communi-
cations, des gouvernements, des organismes, des entreprises ou des individus peuvent,
selon le cas, contrôler ou stocker des renseignements à propos de la fréquence ou du
contenu de ces communications à distance.

Les bases de données


L’informatisation de certains services permet d’accumuler plusieurs données sur les
activités d’une personne. Par exemple, la bibliothèque municipale connaît l’historique
d’emprunt de ses membres et une entreprise émettrice de cartes de crédit, celui des
achats de ses clients. Des données personnelles en lien avec des achats en ligne, des
recherches dans internet ou la consultation de certains sites peuvent aussi être
stockées. Ces renseignements peuvent être consultés individuellement ou recoupés
avec d’autres, ce qui permet de dresser un portrait précis des habitudes de vie et de
consommation d’une personne.

112 VIVRE ENSEMBLE 4


L’utilité des technologies de surveillance
Les technologies de surveillance sont présentes dans bien des endroits : les sites
internet, les aéroports, les routes, les propriétés privées, les bureaux, les téléphones
cellulaires, etc. Elles peuvent être gérées par de nombreux organismes ou services :
des gouvernements, la police, des agences de sécurité privées, des entreprises privées,
etc., et pour plusieurs raisons.

Pour la sécurité de l’État


Depuis les attentats du 11 septembre 2001
survenus à New York, aux États-Unis,
plusieurs pays ont adopté des lois plus
sévères en matière de surveillance afin
d’assurer la sécurité de la population. Par
exemple, les États-Unis ont voté le US
Patriot Act. Cette loi permet, entre autres,
au gouvernement américain d’avoir plus
facilement accès à divers renseignements
personnels, notamment par l’écoute télé-
phonique et la surveillance des communi-
cations dans internet.

Pour la sécurité publique


En 2012, Edward Snowden, un ancien consultant de la National Security
Plusieurs municipalités utilisent les camé- Agency (NSA), révèle au grand public qu’il existe aux États-Unis un vaste
ras de surveillance pour dissuader d’éven- programme de surveillance électronique ultraconfidentiel. Selon cet informaticien,
tuels malfaiteurs de commettre divers la NSA a collecté des données provenant des communications informatiques
et téléphoniques de millions de citoyens américains et étrangers.
crimes. Des caméras semblables, installées
le long des autoroutes, servent à d’autres fins : transmettre des informations sur l’état
de la circulation, détecter un incident, « lire » les plaques d’immatriculation lors du
passage sur un pont payant ou sanctionner les excès de vitesse.

Pour la sécurité privée


Afin de protéger leur propriété privée du vol ou du vandalisme, des personnes peuvent
avoir recours aux caméras de surveillance ou à des dispositifs de géolocalisation. Des
entreprises privées peuvent également utiliser la biométrie pour restreindre l’accès à
des lieux où est entreposée de l’information confidentielle.

Pour le commerce
Plusieurs entreprises et commerces recueillent de l’information sur leurs clients afin
de mieux connaître leurs goûts et leurs habitudes de vie. Ces informations peuvent
être relevées à partir de cartes de fidélité, de sondages auprès de la clientèle ou de
concours promotionnels. Aussi, plusieurs entreprises négocient des ententes avec
des sites internet. Selon ces ententes, les entreprises leur versent des sommes d’argent
en échange de publicités et de renseignements sur leurs visiteurs. Les informations
personnelles ainsi recueillies permettent aux entreprises d’améliorer leurs services
ainsi que leurs techniques de marketing.

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 113


La surveillance et la vie privée
La vie privée d’une personne comprend, entre autres, tous les renseignements
personnels qui la concernent et qui permettent d’établir son identité. La Loi sur la
protection des renseignements personnels et les documents électroniques du Canada
considère comme un renseignement personnel « Tout renseignement concernant un
individu identifiable, à l’exclusion du nom et du titre d’un employé d’une organisation
et des adresse et numéro de téléphone de son lieu de travail. »

Les renseignements personnels


Voici quelques exemples d’informations qui peuvent être considérées comme
des renseignements personnels selon les lois québécoises et canadiennes :
la couleur de la peau, le poids, un handicap, les empreintes digitales ou autres
caractéristiques physiques ;
l’orientation sexuelle, la vie sexuelle, les relations amoureuses, les amis, la famille ;
les opinions religieuses, philosophiques et politiques ;
l’âge, l’éducation, l’origine ethnique, la situation familiale ;
les images d’une personne ou sa voix ;
le dossier médical, le casier judiciaire, les antécédents professionnels ;
l’adresse, le numéro de passeport ou de carte d’assurance sociale ;
le contenu des communications privées.

Les renseignements personnels peuvent être obtenus et transmis de plusieurs façons.


Ils peuvent être recueillis par des dispositifs de surveillance, comme des caméras ou
des systèmes de repérage géographique. Ils peuvent aussi être relevés par l’entremise
de différents documents d’identité, comme les passeports ou les cartes de citoyenneté.
De plus, des informations confidentielles peuvent être accidentellement diffusées à
la suite de problèmes informatiques ou d’erreurs humaines dans le traitement de
certaines données. Enfin, des renseignements personnels peuvent être volés par des
personnes ou des organisations mal intentionnées.

La vie privée en public


En 2002, le commissaire à la protection
de la vie privée du Canada affirmait que
le droit à la vie privée est « le droit
d’une personne de contrôler l’accès
à sa personne et aux renseignements
qui la concernent ». Par exemple, une
personne a le droit d’exiger que les
propos tenus pendant une conversation
privée ne soient pas divulgués, même
si la conversation a eu lieu dans un
endroit public.

114 VIVRE ENSEMBLE 4


Le droit à la vie privée
Au Québec, selon la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels, certains renseignements recueillis par
des technologies de surveillance constituent des renseignements personnels et confi-
dentiels qui permettent d’identifier des personnes. Ils sont donc du domaine privé.
Un mauvais usage de ces renseignements peut créer des injustices qui vont à l’encontre
du droit fondamental au respect de la vie privée, protégé par l’article 5 de la Charte
des droits et libertés de la personne du Québec.

Dans le Code civil du Québec, l’article 35, conformément à la Charte des droits et
libertés de la personne et aux principes généraux du droit, énonce qu’on ne peut pas
s’ingérer dans la vie privée d’une personne sans son consentement ou son autorisation.

Des limites au droit à la vie privée


Cependant, comme tous les autres droits, le droit à la vie privée n’est pas absolu. Il
peut être limité par l’article 9.1 de la Charte des droits et libertés de la personne du
Québec, qui stipule que les droits fondamentaux doivent s’exercer en tenant compte
des valeurs démocratiques, de l’ordre public et du bien-être des citoyens.

Des outils de contrôle


De plus en plus répandues, les technologies de surveillance
visent surtout à protéger les personnes, leurs biens person-
nels ou les biens publics. Toutefois, des citoyens s’inquiètent
du fait que ces technologies augmentent exagérément le
pouvoir de leurs détenteurs. Ils craignent que ces appareils,
qui devraient a priori servir à améliorer la sécurité, ne
deviennent des outils de contrôle de la société. Par exemple,
Bien des gens s’inquiètent du fait que certaines
plusieurs craignent que des personnes qui se sentent sur- personnes sont davantage surveillées que d’autres
veillées en viennent à modifier leurs habitudes ou à cesser à cause de leur apparence physique, de leur ethnie
de fréquenter certains lieux ou certains individus. ou de leur religion.

Un point de vue critique


Alex Türk, ancien président de la Commission nationale de l’informatique et des liber-
tés en France, s’inquiète de la généralisation des outils de surveillance.

«
« […] les pays occidentaux comme le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Alle-
magne, la France, etc. qui ont cette chance de pouvoir profiter […] de ces droits fonda-
mentaux, sous la pression des technologies [de surveillance], sont en train d’y renoncer
sans en prendre vraiment conscience […].

»
[…]
Si dans quelques années, échéance 2020 à mon avis, je n’ai […] plus la certitude absolue
de pouvoir être seul sans être suivi, vu et entendu, que reste-t-il de ma liberté d’aller et
venir et de ma liberté d’expression ? »
Source : Ici Radio-Canada, Alex Türk : la vie privée menacée, rencontre de Michel Lacombe avec Alex Türk,
10 octobre 2011 [en ligne]. (Consulté le 15 novembre 2013.)

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 115


Des principes à respecter
Les lois québécoises, canadiennes et la plupart des lois internationales sur la protec-
tion de la vie privée sont élaborées à partir de principes de base appelés « principes
de gestion équitable de l’information ». Voici un résumé de ces 10 principes fonda-
mentaux formulés par le Code canadien de pratiques pour la protection des consom-
mateurs dans le commerce électronique.

Un organisme :
1. doit être responsable de tous les renseignements personnels qui sont en sa possession.
2. doit déterminer pourquoi les informations sont recueillies, au moment de la collecte
ou avant.
3. doit informer les personnes et demander leur consentement pour toute collecte
d’information à leur endroit, sauf dans certains cas exceptionnels.
4. doit limiter la collecte de données personnelles à celles qui sont nécessaires
à la réalisation des finalités prévues.
5. ne doit pas conserver, utiliser ou communiquer les informations personnelles à des fins
autres que celles prévues, à moins qu’il n’obtienne le consentement de la personne
concernée.
6. doit s’assurer que les renseignements personnels recueillis sont complets, exacts
et à jour.
7. doit protéger les renseignements personnels à l’aide de mesures de sécurité
appropriées.
8. doit être transparent sur ses pratiques et politiques en ce qui a trait à la gestion
des informations personnelles.
9. doit permettre à une personne qui en fait la demande d’avoir accès aux renseignements
personnels qui la concernent et lui donner la possibilité de les corriger si elles sont
inexactes.
10. doit permettre à toute personne d’être en mesure de porter plainte à la personne
responsable de l’organisme si les principes énoncés plus haut ne sont pas respectés.

LES TRUCS DU MÉTIER

Installateur ou installatrice de systèmes


de sécurité
Les installateurs de systèmes de sécurité doivent avoir obtenu
un diplôme d’études professionnelles (DEP) dans une école
secondaire. Ils installent, mettent en marche et entretiennent
les systèmes de sécurité dans des lieux aussi variés que les
édifices industriels, commerciaux et résidentiels. Il existe de
nombreux types de systèmes de sécurité : supervision de
gicleurs, antivols, contrôle d’accès aux bâtiments et caméras
de surveillance. Les installateurs travaillent pour des entre-
prises qui fabriquent les systèmes de sécurité, ou qui les ins-
tallent et les entretiennent, ou pour des entreprises de
construction.

116 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

SOURIEZ : VOUS ÊTES SURVEILLÉS !


1. Nommez deux valeurs qui sont menacées dans la société imaginée par George Orwell dans son roman
1984.

2. Dans la journée d’Antoine décrite à la page 111, relevez


a) deux technologies de surveillance qui ont été utilisées :

b) deux renseignements personnels sur Antoine qui auraient pu être recueillis à partir des technologies
de surveillance :

3. Nommez un événement historique qui a fait augmenter l’utilisation des technologies de surveillance
dans le monde, notamment aux États-Unis.

4. Nommez deux avantages et deux désavantages des technologies de surveillance.

Avantages Désavantages

5. Associez chaque énoncé de la colonne de gauche à la technologie de surveillance qui lui correspond.

Une empreinte digitale qui permet d’ouvrir une


La biométrie.
session d’ordinateur.
La vidéosurveillance.
Une puce informatique de localisation insérée
La géolocalisation.
dans un produit de consommation.
Les télécommunications.
Les renseignements liés à l’abonnement en ligne
Les bases de données.
à des revues et à des journaux.

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 117


Nom : Groupe : Date :

REGARD ÉTHIQUE SUR LES TECHNOLOGIES DE SURVEILLANCE


1. Remplissez le tableau suivant.

Deux questions éthiques sur le phénomène des technologies de surveillance.

Questions
éthiques

Trois valeurs qui sont des enjeux éthiques soulevés par vos questions éthiques.

Enjeux
éthiques

Deux repères légaux sur lesquels peut s’appuyer une réflexion éthique au sujet des technologies de surveillance.

Repères

2. Qu’est-ce que le US Patriot Act ?

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B93

1 Lisez l’affirmation suivante, puis répondez aux questions.

Moi, je suis contre les caméras de surveillance. Ma ville devient comme une émission de
téléréalité où tout le monde est filmé dans les moindres recoins de sa vie par des centaines
de caméras de surveillance placées partout !

a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est présent dans cette affirmation ?

b) Expliquez en quoi ce procédé est susceptible d’entraver le dialogue.

118 VIVRE ENSEMBLE 4


Les réseaux sociaux et la vie privée
Dans internet, les réseaux sociaux sont des sites qui permettent à des personnes de
diffuser de l’information et de communiquer entre elles. Bien qu’ils ne constituent pas
des technologies de surveillance en soi, beaucoup de personnes peuvent avoir accès
aux données communiquées par l’entremise de ces sites. Les politiques de confiden-
tialité, qui doivent être lues et approuvées par les utilisateurs des réseaux sociaux,
précisent qui peut avoir accès à quoi.

L’identité numérique
L’identité numérique d’une personne est constituée de toutes les informations qui la
concernent et qui peuvent être présentes dans internet. Par exemple, dans une page
personnelle d’un réseau social, il est parfois facile de trouver le nom d’une personne,
son âge, son adresse courriel et parfois même son adresse géographique. Les listes
d’amis et de contacts font aussi partie de cette identité numérique. Enfin, tous les
commentaires publiés, les photos mises en ligne et les mentions « J’aime » peuvent
servir à définir un individu.

Qui regarde?
En 2009, le magazine français Le Tigre dressait
Certaines informations laissées dans internet à l’intention
le portrait d’un internaute anonyme à partir de
de destinataires précis peuvent facilement être lues par
renseignements glanés dans internet. Plusieurs
d’autres. Ainsi, d’anciens camarades de classe, d’anciens détails de sa vie, comme les voyages qu’il avait
amis de cœur, des employeurs, des employés de compa- faits, son lieu de travail, le nom de ses collègues
gnies d’assurance, des détectives privés ou des personnes et amis ainsi que ses relations amoureuses, ont pu
mal intentionnées peuvent avoir accès à ces renseigne- être découverts. Pour y arriver, les journalistes ont
consulté des sites de partage de photos, ses pages
ments. En ce sens, selon certains spécialistes des médias,
personnelles et celles de ses amis dans divers
tout ce que les gens publient eux-mêmes dans internet
réseaux sociaux.
doit être considéré comme étant public.

Plusieurs détectives privés affirment que les réseaux sociaux facilitent beaucoup leur travail. Pour obtenir
des renseignements, certains vont jusqu’à créer de faux comptes pour entrer dans la communauté d’amis
de la personne sur laquelle ils enquêtent.

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 119


Les réseaux sociaux et le droit
Les réseaux sociaux sont généralement considérés comme des
sites où les utilisateurs sont libres de s’exprimer sur toutes
sortes de sujets. Cette liberté d’expression est toutefois limitée,
notamment dans le cas où des propos constituent des menaces
à la sécurité d’une personne ou lorsqu’ils nuisent à la réputation
d’un individu.

Le droit à la sauvegarde de la réputation


L’article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne
stipule que « Toute personne a droit à la sauvegarde de sa
dignité, de son honneur et de sa réputation. » Les images ou
les propos diffusés qui peuvent nuire à la dignité, à l’honneur ou à la réputation d’une
personne sont qualifiés de diffamatoires. Il peut s’agir de propos ou d’images qui
incitent au mépris ou à la haine envers un individu. Il peut aussi s’agir de propos qui
amènent l’entourage d’une personne à perdre l’estime ou la confiance qu’il a pour elle.
Une personne qui diffuse de tels propos peut être poursuivie en justice pour diffama-
tion et être obligée de payer une somme d’argent à la victime pour compenser les torts
que celle-ci a subis.

Le « droit à l’oubli »
Toute information diffusée dans internet peut y demeurer très
longtemps. Il est souvent difficile et parfois même impossible Le droit à l’image
de l’effacer. Ainsi, un internaute qui commence sa vie profes- Selon la loi québécoise, il est interdit
sionnelle peut difficilement supprimer ou faire supprimer des de publier (dans un journal, une publicité,
photos ou des propos qu’il juge regrettables, publiés quelques une revue ou un réseau social) l’image d’une
personne sans que celle-ci ait donné son
années plus tôt. C’est pourquoi certains experts militent pour
accord. Le droit à l’image est directement
le « droit à l’oubli », qui ferait en sorte que l’information serait
lié au droit à la vie privée.
effacée après un certain nombre d’années. À cet effet, en 2010,
en France, des représentants de quelques sites internet de
réseautage social et de moteurs de recherche ont signé la Charte du droit à l’oubli
numérique dans les sites collaboratifs et les moteurs de recherche. Cette charte oblige
les signataires à accepter les demandes d’internautes qui souhaitent voir certains
renseignements effacés de leur compte afin de conserver une réputation en ligne qu’ils
jugent souhaitable. L’information devrait également être retirée de l’index des moteurs
de recherche. Il est à noter que de grandes entreprises ont participé aux discussions,
mais n’ont pas signé cette charte.

PORTRAIT La Commission d’accès à l’information du Québec

Fondée en 1982, la Commission d’accès à l’information du Québec est une pionnière


en Amérique du Nord en matière d’accès à l’information et de protection de la vie
privée. Elle a comme mission de « permettre l’accès aux documents des organismes
publics et d’assurer la protection des renseignements personnels détenus par les
organismes publics et les entreprises privées ». Ses membres sont nommés par
l’Assemblée nationale du Québec.

120 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

MA VIE SUR LA TOILE

Réseau social
1. Nommez deux comportements propres aux réseaux sociaux qui contribuent à former l’identité numé-
rique d’une personne.

2. Pourquoi certains experts affirment-ils que tout ce que les gens publient eux-mêmes dans internet doit
être considéré comme étant public ?

3. Formulez une question éthique en lien avec la fréquentation des réseaux sociaux.

4. Nommez deux enjeux éthiques soulevés par votre question éthique.

5. Expliquez, à l’aide d’un exemple, comment les réseaux sociaux peuvent servir de technologie
de surveillance.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B86

1 Lisez l’affirmation suivante, puis répondez aux questions.

La reconnaissance des droits et libertés constitue le fondement de la justice dans nos sociétés
démocratiques. Les technologies de surveillance protègent notre droit à la sécurité mentionné
dans les chartes des droits et libertés. Les personnes qui sont contre les technologies de
surveillance sont donc contre la justice.

a) Quel est le type de raisonnement présent dans cette affirmation ?

b) Est-ce que le raisonnement est valide ? Expliquez votre réponse.

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 121


Nom : Groupe : Date :

INTERNET ET LE DROIT
1. Nommez deux normes qui peuvent entrer en conflit à la suite de la communication d’informations
dans des réseaux sociaux.

Norme : Norme :

2. Associez chacun des comportements de la colonne de gauche au droit auquel il pourrait porter atteinte.

Diffuser la photo d’une personne sans lui demander


sa permission.
Le droit à l’image.

Se moquer du physique d’une personne en publiant Le droit à la sauvegarde


une photo d’elle peu flatteuse. de la réputation.

Le droit à la vie privée.


Révéler des renseignements sur l’état de santé
d’une personne. Le droit à la liberté
d’expression.

Faire circuler un courriel personnel écrit par un ami.

3. Le Code canadien de pratiques pour la protection des consommateurs dans le commerce électronique a
formulé 10 principes fondamentaux à propos de la gestion équitable de l’information. Expliquez comment
deux de ces principes peuvent s’appliquer à une entreprise qui gère un réseau social dans internet.

4. Au nom de quelle valeur,


a) un gouvernement pourrait-il justifier la surveillance des communications d’une personne dans les
réseaux sociaux ?

b) un citoyen pourrait-il s’opposer à la surveillance de ses communications dans les réseaux sociaux
par un gouvernement ?

5. Qu’est-ce que le droit à l’oubli ?

122 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

UNE DISCUSSION EN VUE


À titre de membre du conseil d’élèves de votre école, vous
proposez de défendre la position du conseil lors de la
discussion organisée par la direction au sujet du virage
technologique.

Pour vous préparer à cette discussion, vous mettrez vos


idées par écrit. En premier, vous ferez une courte mise en
contexte de la situation. Ensuite, vous vous préparerez à
répondre à de possibles interventions. Enfin, vous pré-
senterez une proposition d’action qui favorisera le vivre-
ensemble dans le contexte de l’utilisation des nouvelles
technologies à l’école. Lisez les consignes suivantes, réflé-
chissez à vos réponses, puis rédigez le tout.

Mise en contexte de la situation


1. Nommez les quatre technologies de surveillance que la direction pense utiliser
pour entreprendre le virage technologique.

2. Formulez une question éthique qui, selon vous, devrait orienter la discussion
à propos de l’implantation de ces technologies à l’école.

3. Nommez deux valeurs qui peuvent entrer en conflit par suite de l’implantation
de ces technologies de surveillance.

4. Nommez deux repères légaux sur lesquels pourrait s’appuyer une réflexion
éthique en lien avec ces nouvelles technologies.

Réponse à une possible intervention


5. Répondez à la question sur laquelle porterait une possible intervention
formulée pendant la discussion.

Solution et impact sur le vivre-ensemble


6. Selon vous, laquelle des nouvelles technologies proposées par la direction
favoriserait le plus le vivre-ensemble à votre école ? Expliquez votre réponse
à l’aide d’un argument.

000101010111010110110101010101010101010110000101010
101010101010101010000111000101011100101010010010111
000100010101011101011011010101010101010101011000010
101010101010101010101000011100010101110010101001001
011100010001010101110101101101010101010101010101100
010101000011100010101010000111110010101001001011100
1000101010111010110110101101010101010101100001010110
DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 123
Nom : Groupe : Date :

Mise en contexte de la situation


1. Les technologies de surveillance que compte utiliser la direction

2. La question éthique qui devrait orienter la discussion

3. Un conflit de valeurs causé par l’implantation de ces technologies

4. Deux repères légaux sur lesquels pourrait s’appuyer une réflexion éthique sur ces technologies

Réponse à une possible intervention


5. Relevez le procédé susceptible d’entraver le dialogue illustré par l’affirmation suivante
et expliquez votre réponse.
Si la direction de l’école va de l’avant avec son virage technologique, notre vie
ressemblera à ce qui est raconté dans le roman 1984.

Solution et impact sur le vivre-ensemble


6. Parmi les technologies de surveillance mises de l’avant par la direction de l’école, laquelle,
selon vous, favorise le plus le vivre-ensemble à l’école ? Expliquez votre réponse à l’aide
d’un argument.

124 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 6 Total


/25

1. De quelle technologie de surveillance s’agit-il ?


La biométrie. A La vidéosurveillance. B La géolocalisation. C
Les bases de données. D Les télécommunications. E

a) La NSA s’en est servie pour espionner des citoyens américains.

b) Elle fournit des renseignements sur le lieu où une photo a été prise.

c) Elle se sert des caractéristiques biologiques d’une personne.

d) Elles sont très précieuses en marketing.

e) Plusieurs municipalités l’utilisent pour prévenir certains crimes. /5

2. Cochez les types de renseignements personnels qui sont considérés comme étant
du domaine de la vie privée.

Le titre d’employé. L’âge.


L’adresse du lieu de travail. L’adresse personnelle.
Le nom des amis. Le nom d’employé.
L’orientation sexuelle. Les caractéristiques physiques. /5

3. Nommez une valeur et une norme soulevées par la question éthique suivante.

Est-il souhaitable qu’un parent puisse utiliser une technologie comme la géolocalisation
pour être capable de retracer son enfant en tout temps ?

Valeur :
Norme : /1

4. Le conseil présenté ci-dessous est tiré du document de sensibilisation de la Commission


d’accès à l’information du Québec. Lisez le conseil, puis répondez aux questions.

7. Respecte les autres ! Tu es responsable de ce que tu publies en ligne,


alors modère tes propos sur les blogues, les forums… Ne fais pas aux autres
ce que tu n’aimerais pas qu’ils te fassent.

a) Indiquez le type de jugement qui se retrouve dans chacune des phrases de ce texte.

Le jugement de réalité. Le jugement de préférence.


Le jugement de valeur. Le jugement de prescription.

b) Vrai ou faux ? La dernière phrase du texte est une norme.

c) Sur quel droit abordé dans le dossier 6 ce conseil porte-t-il ?

/3

DOSSIER 6 Les technologies de surveillance 125


Nom : Groupe : Date :

5. Selon vous, quel type de surveillance respecte le mieux le droit à la vie privée ? Expliquez
votre réponse à l’aide d’un argument.

/2

6. Selon vous, la présence de caméras de surveillance dans une école favorise-t-elle le vivre-
ensemble ? Expliquez votre réponse à l’aide d’un argument.

/2

7. L’extrait qui suit est tiré de l’emploi du temps d’Antoine au cours d’une journée ordinaire.
Lisez-le, puis répondez aux questions.

18 h : Au parc, Antoine participe à un match de football. Pendant le match, Antoine est


photographié et filmé par plusieurs téléphones cellulaires. Les images sont instantanément
publiées dans des réseaux sociaux.

a) Nommez deux technologies de surveillance dont il est question dans cet extrait.

b) Nommez une norme qui pourrait ne pas être respectée dans cette situation.

c) Nommez deux valeurs en lien avec cette situation.

d) Formulez une question éthique soulevée par cette situation.

/5

8. Le texte suivant est un résumé du principe sur la transparence, qui est énoncé dans le Code
canadien de pratiques pour la protection des consommateurs dans le commerce électronique.
À l’aide d’un argument, expliquez comment ce principe peut s’appliquer à une entreprise qui
gère un site de réseautage.

Un organisme doit être transparent à propos de ses pratiques et de ses politiques en ce


qui a trait à la gestion des informations personnelles.

/2
126 VIVRE ENSEMBLE 4
Femmes
et religions
DOSSIER 7

La Journée internationale de la femme


à l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .128
Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .129
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .130
La déesse-mère. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .131
La femme dans le judaïsme . . . . . . . . . . . . . . .132
La femme dans le catholicisme . . . . . . . . . . . .133
La femme dans l’hindouisme . . . . . . . . . . . . . .134
La femme dans la spiritualité iroquoienne . . . .135
La femme dans l’islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136
La femme, d’hier à aujourd’hui . . . . . . . . . . .137
Des conceptions de la femme . . . . . . . . . . .138
Points de vue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .139
Une question de méthodologie . . . . . . . . . .141
D’une religion à l’autre . . . . . . . . . . . . . . . . .142
Portraits de femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143
Test bilan du dossier 7 . . . . . . . . . . . . . . . . .145
La Journée internationale de la femme à l’école
Lors de leur dernière journée pédagogique, les
enseignants de votre école décident de célébrer
la prochaine Journée internationale de la femme. Le
Comité du 8 mars est créé pour l’occasion. Respon-
sable du déroulement de la journée, ce comité orga-
nise plusieurs activités autour du thème « Femmes :
traditions et modernité ». Lors d’une table ronde
réunissant des spécialistes de divers domaines, on
tracera un portrait des différentes conceptions du
rôle de la femme dans les traditions religieuses, la
littérature, la politique, le cinéma et la publicité. De
plus, un diaporama commenté passera en revue cer-
tains moments marquants de l’histoire des femmes
au Québec. En voici un extrait.

Au service de Dieu

Les communautés religieuses de l’Église catholique regroupent des hommes et des femmes
qui, après avoir prononcé les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, se consacrent
à des œuvres de charité et à la prière. En 1960, plus de 45 000 Québécoises font partie
d’une communauté religieuse. Ces femmes, qui ont pris le voile, c’est-à-dire qui sont
devenues religieuses, œuvrent dans les domaines de l’enseignement, des soins de santé
et des services sociaux. Cer-
taines d’entre elles deviennent
missionnaires, parcourant le
monde pour enseigner, soigner
et évangéliser. D’hier à aujour-
d’hui, elles ont rendu d’impor-
tants services à la société qué-
bécoise. Vouées au service de
Dieu, ces religieuses accueillent
les déshé rités, les enfants
abandonnés, les pauvres, les
malades, les personnes seules.

Des religieuses de la congrégation des Hospitalières au service des malades dans


la salle commune de l’Hôtel-Dieu de Montréal, en 1911.

La table ronde
PLACE PUBLIQUE

La table ronde est une rencontre entre quelques personnes choisies pour leurs connais-
sances sur une question donnée afin qu’elles exposent leurs point de vue respectif,
dégagent une vision d’ensemble et discutent sur un pied d’égalité avec un auditoire. La
table ronde favorise le respect des conditions favorables au dialogue : respect des inter-
locuteurs, clarté du propos, réponse et intervention intègres, équilibre du temps de
parole, etc.

128 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Nommez un événement historique ayant eu un impact décisif sur le rôle des femmes dans la société.
Expliquez votre réponse.

2. Nommez un personnage religieux féminin ainsi que sa tradition religieuse, et indiquez ce que cette
personne a accompli.

3. Selon vous, est-ce que la conception du rôle des femmes est la même d’une tradition religieuse
à une autre ? Expliquez votre réponse.

4. Donnez des exemples des services rendus par les religieuses dans la société québécoise.

5. Selon vous, existe-t-il ou a-t-il existé des points de vue opposés au sujet du rôle de la femme dans
la société ? Expliquez votre réponse.

6. Selon vous, quelle femme a le plus d’influence sur la conception que les Québécois se font du rôle
de la femme aujourd’hui ? Expliquez votre réponse.

7. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 128.

DOSSIER 7 Femmes et religions 129


ARRÊT Des visions séculières
SUR IMAGES de la femme
L’image des femmes présentée dans l’espace médiatique
aurait une grande influence sur l’estime de soi et sur la santé.

Ailleurs dans le monde


Créée en 2008, La Meute des Chiennes de
garde provient de la fusion de deux orga-
nismes français de défense des droits des
femmes. L’association féministe a comme
principale mission de défendre les femmes
victimes de propos sexistes publics. Elle
s’oppose notamment aux propos qui bana-
lisent la violence faite aux femmes, à l’utili-
sation non pertinente du corps des femmes
et à la diffusion de divers stéréotypes visant
les femmes. En 2000, la Meute de chiennes
de garde a lancé une campagne contre la
publicité sexiste.

Régulièrement, les spécialistes des médias réfléchissent à l’image


de la femme présentée dans les magazines.

Au Québec
En 2010, au Québec, le Secrétariat à la condition féminine a créé
la CHIC : la Charte pour une image corporelle saine et diversifiée.
La CHIC a pour but d’amener la population à réfléchir à l’image
corporelle des filles et des femmes dans la publicité, la mode,
les médias, la vidéo, la musique, etc. Toujours en 2010, l’orga-
nisme gouvernemental a lancé la campagne JeSigneEnLigne qui
invite la population à appuyer la CHIC. Les signataires de la
charte s’engagent à employer et à diffuser, dans leur domaine
respectif, des images de corps de tailles et de proportions diver-
sifiées et d’âges variés. Ils sont également appelés à refuser les
idéaux esthétiques basés sur la minceur extrême.

Quelles sont les différentes conceptions du rôle


de la femme dans les traditions religieuses ?
Qui sont les femmes marquantes dans les traditions
religieuses ?
Quelles sont leurs caractéristiques ?

La Meute des Chiennes de garde s’oppose, entre Le rôle de la femme dans les traditions religieuses
autres, aux divers clichés sexistes renforcés par se transforme-t-il avec le temps ?
plusieurs publicités. Quelles ressemblances y a-t-il entre les religions quant
à leur conception du rôle de la femme ?

130 VIVRE ENSEMBLE 4


La déesse-mère
Selon les recherches archéologiques et historiques, on peut affirmer
que le culte de la déesse précède le culte d’un dieu. En effet, plusieurs Le paléolithique a commencé il y a
découvertes font ressortir que, pendant plus de 25 000 ans, de nom- environ trois millions d’années
breuses civilisations rendaient un culte à des divinités féminines aux et s’est terminé entre 12 000 et
10 000 ans avant notre ère.
formes et aux noms variés. Selon certains chercheurs, il s’agit d’une
Le néolithique a commencé en
seule et même déesse-mère qui aurait régné sur l’Europe et sur le
Europe vers 10 000 ans avant
Proche-Orient à l’ère du paléolithique et du néolithique. La déesse- notre ère et s’est terminé vers
mère serait symbole de vie et source de vie : créatrice, prophétesse, 3000 ans avant notre ère.
maîtresse de la destinée humaine, guérisseuse et combattante.

Selon l’archéologue américaine d’origine


lituanienne, Marija Gimbutas, ce serait vers
le 5e siècle avant notre ère que des peuples
guerriers indo-européens, c’est-à-dire
venus de l’est de l’Europe et de l’Asie,
auraient mis fin au culte des déesses. Celui-
ci aurait été remplacé par le culte de dieux
masculins, plus autoritaires et plus violents.

La femme dans la préhistoire


Pour les sociétés préhistoriques, la repro-
duction était un mystère. Comme on igno-
rait que le père jouait un rôle dans la
reproduction, la naissance des enfants était
attribuée au seul pouvoir des femmes. Véné-
rée comme source de la vie, la femme était
considérée comme la seule chef de famille.
Ces sociétés sont qualifiées de matrili-
néaires, c’est-à-dire que le nom et l’héritage
Statuette de Vénus. Selon des spécialistes,
des biens et des propriétés se transmettent les nombreuses figurines de Vénus découvertes
par la lignée de la mère. en Europe, datant de 20 000 ans avant notre
ère, sont la preuve de l’existence du culte de
la déesse-mère.

PORTRAIT Marija Gimbutas

Marija Gimbutas est une archéologue lituanienne qui a


émigré aux États-Unis en 1949. En 1974, elle publie le livre
Déesses et dieux de la vieille Europe. Elle émet l’hypothèse
selon laquelle il existait, dans l’Europe de la préhistoire,
un culte à une déesse-mère. Marija Gimbutas fonde
notamment cette théorie sur l’étude et l’interprétation
de divers symboles présents dans des gravures, des pein-
tures et des sculptures préhistoriques. Ses découvertes
ont inspiré, entre autres, de nombreuses théories fémi-
nistes qui soutiennent l’idée que le pouvoir était réparti
de façon égale entre les femmes et les hommes dans des
sociétés antérieures.
Marija Gimbutas (1921-1994).

DOSSIER 7 Femmes et religions 131


La femme dans le judaïsme
Pour déterminer le rôle de la femme au sein de leur
communauté, les juifs se réfèrent principalement aux
écrits de la Torah, rédigée au 8e siècle avant notre ère.
Ils se basent également sur les commentaires du
Talmud, écrits entre le 2e et le 6e siècle. Généralement,
ces écrits fondateurs présentent la femme comme la
partenaire de l’homme, ayant pour devoir de lui donner
une descendance et d’être la gardienne du foyer. La
femme juive a la responsabilité de l’éducation des
enfants, de la vie conjugale et de la préparation
des aliments selon les règles de la kashrut. Son rôle
d’épouse et de gardienne du foyer est exprimé dans un Dans la Genèse, le premier livre de la Torah, Dieu donne
poème tiré du livre biblique des Proverbes. à Ève et à Adam son premier commandement : « Croissez
et multipliez ! Remplissez la terre et soumettez-la ! »

« Elle dirige avec vigilance la marche de sa maison, et jamais ne mange le pain de l’oisiveté.

»
Ses fils se lèvent pour la proclamer heureuse, son époux pour faire son éloge : “Bien des
femmes se sont montrées vaillantes, tu leur es supérieure à toutes !” Mensonge que la
grâce ! Vanité que la beauté ! La femme qui craint l’Éternel est seule digne de louanges.
Rendez-lui hommage pour le fruit de ses mains, et qu’aux Portes ses œuvres disent
son éloge !
Source : La Bible dans la traduction du Rabbinat, Paris, Sefarim [en ligne], Proverbes 31, 27-31. (Consulté
le 20 mai 2009.)

Dans le judaïsme traditionnel, les femmes BAO


sont dispensées de plusieurs obligations Le judaïsme, p. B41

religieuses afin de bien s’acquitter des


tâches familiales et domestiques. Par
exemple, elles ne sont pas tenues de prier
ou d’assister aux lectures publiques de la
Torah à la synagogue. Dans le judaïsme,
c’est la mère qui transmet la judaïté. En
effet, tout enfant né d’une mère juive est juif.

Des femmes marquantes


Les femmes juives, dont l’histoire est racon-
tée dans la Bible, sont généralement pré-
sentées de façon positive. Par exemple, les
matriarches ou « mères d’Israël » citées
dans la Genèse ont joué un rôle décisif dans
la destinée du peuple hébreu. Sarah,
Rebecca, Rachel et Léa, épouses d’Abra-
ham, d’Isaac et de Jacob, sont considérées
comme les mères ancestrales des enfants Détail d’une mosaïque montrant Sarah,
d’Israël et du peuple juif. à Ravenne, en Italie.

132 VIVRE ENSEMBLE 4


La femme dans le catholicisme
Dans le catholicisme, la Vierge Marie, mère de Jésus et épouse de
Joseph, personnifie l’idéal féminin. Elle est mentionnée dans les
Évangiles et les Actes des apôtres, écrits entre l’an 50 et l’an 120.

«
[La] Vierge Marie est pour l’Église le modèle de la foi et de la
charité. [...] Mais son rôle par rapport à l’Église et à toute

»
l’humanité va encore plus loin. Elle a apporté à l’œuvre du
Sauveur une coopération absolument sans pareille par son
obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour
que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi
elle est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère.
Source : Catéchisme de l’Église catholique, Paris, Mame-Librairie éditrice
vaticane, 1992, p. 208.

L’Église catholique associe à Marie les qualités d’écoute, d’accueil,


d’humilité, de fidélité, de louange et d’attente. Elle encourage les
femmes catholiques à s’inspirer de Marie en vivant à son image Mosaïque de la vierge Marie et Jésus, dans
et en rappelant ses qualités à tous les baptisés. une rue de Cartagena, en Colombie. La prière
Je vous salue Marie révèle à tous les chrétiens
En 1988, le pape Jean-Paul II écrit une lettre apostolique intitulée de foi catholique que « Sainte Marie, mère de
Mulieris Dignitatem (Dignité de la femme). Il y présente ses Dieu » est « bénie entre toutes les femmes ».
réflexions sur la dignité et la vocation de la femme au sein de
l’Église catholique. Jean-Paul II écrit que la femme peut s’épanouir de trois façons :
en se mariant, en devenant mère ou, comme c’est le cas pour les prêtres, en choisissant
librement la chasteté afin de se consacrer entièrement à sa relation avec Dieu.

Des femmes marquantes


À travers l’histoire, l’Église catholique a reconnu le caractère héroïque de plusieurs
femmes. Par la canonisation, ces femmes sont devenues saintes. Dans la religion
catholique, les saints sont des personnes ayant mené une vie chrétienne exemplaire BAO
et qui auraient accompli des miracles. Le catholicisme, p. B23

PORTRAIT Émilie Gamelin (1800-1851)

Née à Montréal en 1800, Émilie Tavernier épouse Jean-


Baptiste Gamelin en 1823. Le couple fait preuve de com-
passion envers les pauvres. Devenue veuve, Émilie
Gamelin se consacre entièrement aux démunis : orphelins,
personnes âgées, prisonniers, déficients intellectuels, etc.
En 1843, elle fonde la Communauté des Sœurs de la Pro-
vidence. À la même époque, l’Asile de la Providence ouvre
Émilie Gamelin, œuvre du ses portes. Émilie Gamelin décède en 1851. En 2001, le
sculpteur québécois Raoul
pape Jean-Paul II procède à la béatification de celle qu’on
Hunter. Cette statue de bronze
surnommait autrefois « la Providence des pauvres » ou
orne l’édicule de la station de
métro Berri-UQAM à Montréal, « l’ange des prisonniers ».
à quelques pas de la place
Émilie-Gamelin.

DOSSIER 7 Femmes et religions 133


La femme dans l’hindouisme
Dans l’hindouisme traditionnel, le principal devoir de la femme
est d’aimer et de servir son mari. Selon les lois de Manu, les
autres devoirs de la femme sont de mettre au monde des
enfants, de les élever et de s’occuper des travaux domestiques.
Pour plusieurs croyantes hindoues, la dévotion envers le mari
et la famille constitue une voie vers l’épanouissement spirituel,
un moyen pour la femme de se libérer du cycle des naissances
et des renaissances.

Les lois de Manu sont des règles morales contenues dans un poème
du 1er siècle avant notre ère. Selon la croyance hindoue, ces lois
sont attribuées au prophète Manu. Elles servent de guide en
matière de comportements sociaux et religieux.

« Pour la femme, ce n’est ni son père, ni son fils, ni sa propre


personne, ni sa mère, ni ses amies, mais c’est son époux
qui, dans ce monde et en l’autre, est toujours son unique
voie de salut.
Source : Le Ramayana de Valmiki, traduction de A. Roussel, tome 1,
Paris, Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, 1979,
» Rama et Sita, les héros du Ramayana, écrit vers
l’an 300. Pour de nombreux hindous, Rama et Sita
constituent l’idéal du bon époux et de la bonne
p. 303. épouse. Par son amour fidèle envers son mari, Sita
est aussi considérée comme un symbole de pureté.

L’importance du mariage pour la femme hin- BAO


doue est évoquée dans la mythologie hindoue. L’hindouisme, p. B65
En effet, dans les récits religieux hindous, les
déesses célibataires sont toujours agressives et
redoutables. Cependant, lorsqu’elles sont pré-
sentées comme l’épouse d’un dieu, les déesses
s’adoucissent et deviennent sources de bonheur
et de prospérité pour leur entourage.

Des femmes marquantes


Dans l’hindouisme, plusieurs femmes sont des
gourous. Réinterprétant l’idéal féminin tradi-
tionnel, les femmes gourous se déclarent
mariées au divin. Les disciples leur recon-
naissent l’atteinte de l’état de sainteté et de
perfection et les comparent même à des déesses.
Ma Anandamayi (1896-1982), une des
femmes gourous les plus célèbres en
Inde. Son nom signifie « mère pénétrée
par la félicité ». De nombreux croyants
considèrent qu’elle a atteint la perfection
spirituelle. Le mot gourou signifie « sage »
ou « maître spirituel ».

134 VIVRE ENSEMBLE 4


La femme dans la spiritualité iroquoienne
Le rôle de la femme dans la spiritualité iro-
quoienne a intéressé de nombreux chercheurs
occidentaux. Plusieurs observateurs étudient
le rapport égalitaire, ou du moins complémen-
taire, entre l’homme et la femme au sein des
sociétés iroquoiennes traditionnelles. La
femme y est généralement associée aux pou-
voirs de la vie et à la fécondité. De plus, elle est
responsable de plusieurs rites qui font appel à
l’esprit des plantes nourricières.

«
Dans nos communautés, les femmes
occupent une place d’honneur spéciale.
Nous avons la capacité d’engendrer la
vie sur cette terre. […] Tout au long de
la vie d’une personne, du moment de sa
conception, du moment de sa nais-
sance, jusqu’au moment où elle quitte
cette terre, ce sont des femmes, les

»
mères de nos nations, qui prennent réel-
lement soin d’elle. Cette responsabilité
qui nous est confiée est sacrée.
Audrey Shenandoah, mère de clan,
nation Onondaga.
Source : Audrey SHENANDOAH, Indian Roots
of American Democracy, Northeast Indian
Quaterly, États-Unis, Cornell University, p. 4-7
Sky woman [La Femme du ciel], Ernest Smith, 1936. La peinture illustre
(traduction libre).
l’histoire de la création du monde.

Dans la mythologie iroquoienne, la Mère Terre, fille de la Femme du ciel, est à l’origine
de la vie des espèces terrestres. À son image, les femmes iroquoiennes sont considé-
rées comme les mères de la nation. Les sociétés iroquoiennes sont matrilinéaires :
chaque enfant appartient au clan de sa mère et hérite de son nom de clan. Encore
aujourd’hui, à travers leur rôle de mère de clan, des femmes iroquoiennes assurent la
transmission des traditions aux générations futures.

Des femmes marquantes


Dans les sociétés iroquoiennes traditionnelles, il revenait à une femme, appelée « mère BAO
de clan », de choisir le chef d’une tribu, sous condition que son choix soit accepté par Les spiritualités
des peuples
le conseil des chefs. Cette femme était choisie parmi les plus âgées d’une lignée. Elle
autochtones, p. B47
devait être une personne de caractère, au courant des croyances et des pratiques
traditionnelles. Aujourd’hui, les mères de clan nomment toujours les hommes qui
occuperont divers postes au sein des conseils traditionnels. En plus de leur rôle poli-
tique, les mères de clan ont comme tâche de préserver les coutumes et de nommer
les nouveau-nés parce qu’elles possèdent la mémoire des lignées et des noms de
clans. De plus, elles sont conseillères lors de conflits familiaux, et elles participent à
l’élaboration de fêtes commémoratives et à divers rituels de guérison.

DOSSIER 7 Femmes et religions 135


La femme dans l’islam
Écrit au 7e siècle, le Coran donne des indications sur la concep-
tion du rôle de la femme dans l’islam. Comme c’est le cas pour
tous les textes sacrés, le sens donné à ces indications varie
selon la personne qui l’interprète.

Cependant, de nombreux interprètes du Coran s’entendent pour


dire que l’homme et la femme sont généralement présentés
comme étant égaux en droits et en devoirs. L’homme et la
femme y sont décrits comme complémentaires, tous deux sont
responsables de leurs actions, tant au niveau spirituel que
moral et social. Dans plusieurs versets du Coran, hommes et
femmes sont également considérés et favorisés par Allah, pour
autant qu’ils agissent en bons croyants.

« Et quiconque, homme ou femme, fait de bonnes œuvres,


tout en étant croyant... les voilà ceux qui entreront au
Paradis ; et on ne leur fera aucune injustice, fût-ce d’un
creux de noyau de datte (dans la plus petite mesure).
Source : Le saint Coran et la traduction en langue française du sens
de ses versets, Liban, Éditions Al Bouraq, 1998, sourate 4, 124.
» Femme musulmane portant le voile.

Toutefois, à travers l’histoire, et encore aujourd’hui, certaines personnes ont tendance


à ne retenir du Coran que des passages qui permettent d’affirmer l’autorité de l’homme
sur la femme.

« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là
sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens.
»
Source : Le saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets, Liban, Éditions Al Bouraq,
1998, sourate 4, 34.

Des femmes marquantes


Plusieurs femmes ont contribué au développement de l’islam. Certaines de ces femmes BAO
ont enseigné le Coran, d’autres ont conservé et transmis des hadiths et certaines ont L’islam, p. B53
participé à l’élaboration de la loi islamique en tant que juristes.

Khadija (595-619) est la première épouse du prophète Muhammad. Lorsque Muham-


mad reçut sa première révélation divine, il était consterné. Il n’arrivait pas à com-
prendre qu’un si grand message lui soit transmis, à lui, un Arabe du désert, orphelin
et illettré. Khadija crut en lui, le consola et l’encouragea dans les moments de détresse.
Elle fut le roc dont il avait besoin. Elle est considérée comme la première musulmane
dans l’histoire.

136 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

LA FEMME, D’HIER À AUJOURD’HUI


1. À partir du texte sur la déesse-mère, expliquez la signification de l’affirmation suivante. Dans cet
extrait de La toison d’or, l’écrivain africain Apulée (vers 125-170) rend hommage à la Mère divine.

Je suis vénérée sous de multiples formes, comme sous d’innombrables noms


et l’on me rend toutes sortes de cultes pour se concilier ma puissance...

2. Selon les chercheurs, que représentait la déesse-mère du paléolithique et du néolithique ?

3. Durant la préhistoire, pourquoi les êtres humains attribuaient-ils seulement aux femmes un rôle dans la
reproduction ?

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B93

1 a) À votre avis, quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est le plus commun lors d’une
discussion au sujet du rôle des femmes dans la société ?

b) Selon vous, ce procédé fait-il obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux ? Expliquez
votre réponse.

2 Lisez l’affirmation suivante et répondez aux questions.

Longtemps, au Québec, la femme est restée au foyer à s’occuper de ses nombreux enfants
et de son mari. La religion catholique, qui accorde à la femme un rôle de mère et d’épouse,
a peut-être eu une influence sur le rôle de la femme dans la société québécoise.

a) À votre avis, ce raisonnement par hypothèse est-il rigoureux ?

b) Expliquez votre réponse.

DOSSIER 7 Femmes et religions 137


Nom : Groupe : Date :

DES CONCEPTIONS DE LA FEMME


1. Complétez les phrases avec les mots ou les expressions de la liste suivante.
matrilinéaires gardienne du foyer qualités bonheur devoirs
Torah agressives esprit des plantes paléolithique judaïsme
épanouissement spirituel Vénus recherches canonisées Coran

a) Selon plusieurs chercheurs, les nombreuses sont


la preuve qu’il existait un culte à une déesse-mère pendant la préhistoire.

b) Afin de bien remplir son rôle de , la femme juive n’est pas


tenue de prier ou d’assister aux lectures publiques de la .

c) De nombreuses archéologiques démontrent l’existence


d’un culte à des divinités féminines à l’ère du .

d) Dans le , c’est la mère qui transmet l’appartenance


religieuse à ses enfants.

e) Dans le catholicisme, des femmes ont été pour leur vie


exemplaire et pour avoir accompli des miracles.

f) Pour l’Église catholique, les femmes doivent s’inspirer des


de Marie et vivre à son image.

g) Les déesses célibataires hindoues sont toujours


et redoutables. Cependant, lorsque les déesses sont l’épouse d’un dieu, elles sont source
de et de prospérité.

h) Pour plusieurs femmes hindoues, la dévotion envers le mari constitue une voie vers
l’ .

i) Les tribus iroquoiennes sont : c’est le nom de clan


de la mère qui est transmis aux enfants.

j) Chez les Iroquoiens, plusieurs rites de guérison font appel à l’ .

k) Dans le , l’homme et la femme sont généralement


présentés comme étant égaux en droits et en .

138 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

POINTS DE VUE
1. a) Nommez une expression du religieux en lien avec la conception du rôle de la femme dans
différentes traditions religieuses.

b) Expliquez le lien entre l’expression du religieux et la conception du rôle de la femme dans ces
traditions religieuses.

Tradition Expression Conception du rôle de la femme


religieuse du religieux dans la tradition religieuse

Culte de la
déesse-mère

Judaïsme

Catholicisme

Hindouisme

Spiritualité
iroquoienne

Islam

DOSSIER 7 Femmes et religions 139


Nom : Groupe : Date :

2. Associez les illustrations aux énoncés appropriés.

A. Par sa fidélité envers son mari, elle est considérée comme un symbole de pureté.

B. Sa fille est à l’origine de la vie des espèces terrestres.

C. Elle est considérée comme la « mère des nations ».

D. Elle contribue à l’enseignement du Coran.

E. Épouse de Joseph, elle personnifie l’idéal féminin.

F. Symbole de vie, elle est vue comme créatrice, guérisseuse et combattante.

G. Le christianisme.

H. L’islam.

I. Le judaïsme.

J. La spiritualité iroquoienne.

K. L’hindouisme.

L. Le culte de la déesse-mère.

140 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

UNE QUESTION DE MÉTHODOLOGIE


1. Imaginez que vous ayez à faire un travail de recherche dans le but de dresser un portrait des conceptions
du rôle de la femme dans différentes traditions religieuses. Pour chacune des traditions religieuses,
indiquez le titre de votre travail de recherche. Chaque titre doit contenir une expression du religieux
tirée des pages du dossier. Puis, indiquez deux sources d’information pertinentes permettant d’en
savoir plus sur le sujet.

Conceptions du rôle de la femme dans diverses traditions religieuses

Tradition
Titre Deux sources
religieuse

Judaïsme

Catholicisme

Hindouisme

Spiritualité
iroquoienne

Islam

2. a) Quel sujet, lié aux conceptions du rôle de la femme dans ces traditions religieuses, aimeriez-vous
approfondir ?

b) Comment procéderez-vous pour obtenir plus d’informations sur ce sujet ?

DOSSIER 7 Femmes et religions 141


Nom : Groupe : Date :

D’UNE RELIGION À L’AUTRE


1. Quelle conception du rôle de la femme est commune à plus d’une tradition religieuse ? Expliquez votre
réponse.

2. Selon vous, quelles sont les deux traditions religieuses qui se distinguent le plus quant à leur concep-
tion du rôle de la femme ?

3. Selon vous, quelles sont les deux traditions religieuses qui se ressemblent le plus quant à leur concep-
tion du rôle de la femme ? Expliquez votre réponse.

4. Nommez un point commun aux saintes catholiques et aux femmes gourous dans l’hindouisme.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B93

1 Lisez l’affirmation suivante et répondez aux questions.

Au sujet des sociétés matrilinéaires, il existe une opinion préconçue assez répandue selon
laquelle, dans ces sociétés, les femmes détenaient tous les pouvoirs et dominaient les hommes.

a) Expliquez comment l’opinion préconçue dont il est question dans le texte peut constituer une
entrave au dialogue.

b) Peut-on affirmer que, dans les sociétés matrilinéaires, les femmes avaient le pouvoir et domi-
naient les hommes ? Expliquez votre réponse à l’aide du contenu du dossier.

142 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

PORTRAITS DE FEMMES
Le Comité du 8 mars de votre école vous confie la responsabilité d’aborder le sujet des femmes dans
différents mythes et différentes religions, sous le thème « Femmes : traditions et modernité ». Votre intervention
au sein d’une table ronde devra se faire en trois étapes. Premièrement, vous analyserez l’information
présentée dans la mise en situation de la page 128. Ensuite, vous décrirez la conception du rôle de la
femme dans une tradition religieuse. Finalement, vous comparerez cette conception du rôle de la femme
avec celle d’une autre tradition religieuse.

Afin de préparer votre présentation, lisez les consignes ci-dessous.

Sur une première fiche, préparez l’analyse de l’extrait


du diaporama.

1. Nommez la tradition religieuse à laquelle appartiennent les femmes


qui sont sur la photo de la page 128.

2. Faites un lien entre la vie de ces femmes et la conception du rôle


de la femme dans cette tradition religieuse.

3. Nommez une expression du religieux en lien avec la vie de ces


femmes et la conception du rôle de la femme dans cette tradition
religieuse.

4. Expliquez en quoi ces femmes ont contribué au développement


et à la diffusion de cette tradition religieuse.

Sur une deuxième fiche, préparez l’analyse d’une conception


du rôle de la femme dans une autre tradition religieuse.

5. Nommez la tradition religieuse choisie.

6. Nommez une expression du religieux en lien avec la conception


du rôle de la femme dans cette tradition religieuse.

7. Expliquez en quoi des femmes ont contribué au développement


et à la diffusion de cette tradition religieuse.

Sur une troisième fiche, préparez la présentation d’une comparaison


entre des conceptions du rôle de la femme dans deux traditions
religieuses.

8. Nommez ces deux traditions religieuses.

9. Nommez un élément commun et un élément distinct entre les


conceptions du rôle de la femme dans ces traditions religieuses.

DOSSIER 7 Femmes et religions 143


Nom : Groupe : Date :

Fiche 1 Analyse du diaporama


1. Tradition religieuse :
2. Lien entre la vie de ces femmes et la conception du rôle de la femme dans cette tradition
religieuse :

3. Expression du religieux :

4. Développement et diffusion :

Fiche 2 Analyse d’une autre tradition religieuse


5. Tradition religieuse :
6. Expression du religieux :

7. Développement et diffusion :

Fiche 3 Comparaison
8. Traditions religieuses :

9. Élément commun et élément distinct :

144 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 7 Total


/25

1. Associez les extraits aux trois éléments correspondants :

La Torah Les Actes des apôtres Le Coran Le Ramayana

7e siècle Vers 300 Entre l’an 50 et 120 8e siècle avant notre ère

L’hindouisme Le judaïsme Le christianisme L’islam

a)

Récit :

b)

Récit :

c)

Récit :

d)

(Actes 4.12).

Récit :

/12

2.

/1

DOSSIER 7 Femmes et religions 145


Nom : Groupe : Date :

3. Certains mots ou expressions sont mal épelés. Biffez–les et écrivez-les correctement.

En plus de leur rôle politique, les mères de clan ont comme tâche de préserver les cesuutmo

et de nommer les vaeéous-nun parce qu’elles possèdent la mémoire des nésegli et des noms

de snalc. De plus, elles sont reilloncèse lors de conflits familiaux, et elles participent à

l’élaboration de fêtes commémoratives et à divers litures ed sénougri. /3

4. De quoi ou de qui s’agit-il ?


a) On y observe des rapports égalitaires ou complémentaires entre les hommes et les
femmes.

b) Règles morales qui servent de guide en ce qui a trait aux comportements sociaux et
religieux dans l’hindouisme.

c) Elle est illustrée dans une peinture de 1936 de Ernest Smith.

d) Signifie « sage » ou « maître spirituel » dans l’hindouisme.

e) Présentes en Europe 20 000 ans avant notre ère, elles sont la preuve du culte de la
déesse-mère.

f) La femme peut s’y épanouir en se mariant, en enfantant ou en restant chaste pour servir
Dieu.

g) Une des caractéristiques des dieux qui ont remplacé le culte de la déesse-mère vers
le 5e siècle avant notre ère.

/7

5. Formulez différents types de jugement en lien avec la conception de la femme dans


l’hindouisme.

Jugement de réalité :

Jugement de préférence :

Jugement de prescription :

Jugement de valeur :
/2

146 VIVRE ENSEMBLE 4


DOSSIER 8
L’or bleu
De l’eau en bouteille au restaurant. . . . . . . . . .148
Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .149
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .150
L’eau, un enjeu planétaire . . . . . . . . . . . . . . . . .151
L’eau au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152
La Politique nationale de l’eau du Québec . . .153
Une réflexion sur l’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .154
Tout le monde à l’eau !. . . . . . . . . . . . . . . . . .155
Le phénomène de l’eau embouteillée . . . . . . .157
Eau embouteillée ou du robinet ? . . . . . . . . . . .158
Rien que de l’eau ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161
Ma chronique gastronomique. . . . . . . . . . . .163
Test bilan du dossier 8 . . . . . . . . . . . . . . . . .165
De l’eau en bouteille au restaurant
Vous êtes responsable de la chronique gastrono-
mique d’un journal réputé. À ce titre, votre employeur
vous remet l’article suivant sur un restaurateur qui
a décidé de ne plus offrir d’eau du robinet à ses
clients pour des motifs environnementaux.

UN RESTAURATEUR N’OFFRE PLUS


QUE DE L’EAU EMBOUTEILLÉE
Un restaurateur québécois plusieurs bris d’aqueduc leurs clients. L’eau du sys-
a décidé de ne plus servir dans son quartier. Il affirme tème d’aqueduc de la muni-
d’eau du robinet sous pré- qu’il fallait faire bouillir l’eau cipalité, qui est analysée une
texte de respecter l’environ- avant de la consommer. Il centaine de fois par jour,
nement et de protéger la prétend même que certains serait aussi bonne, à son
santé de ses clients. Il de ses employés ont été avis, que l’eau en bouteille.
affirme, en effet, que le fait malades parce qu’ils avaient
D’autres restaurateurs au
servir de l’eau à tous ses bu de l’eau du robinet.
Québec ont opté pour un
clients entraînait un gas- D’autre part, il craint que la
système de filtration et de
pillage, car ils ne la buvaient Ville oublie de le prévenir si
purification de l’eau du robi-
pas au complet. Il a donc un autre bris survenait.
net, et n’offrent plus d’eau
affiché un avis expliquant sa
Les autorités de la Ville en bouteille à leurs clients.
nouvelle politique. Il y pré-
confirment qu’il y a eu un
cise que, pour éviter le gas-
bris d’aqueduc, mais que
pillage de centaines de litres
tout a été réparé rapidement.
d’eau, les serveurs ne servi-
Une conseillère municipale a
ront plus l’eau du robinet à
toutefois été surprise
la clientèle. Ceux qui vou-
lorsqu’elle a appris la déci-
dront de l’eau devront payer
sion du restaurateur. Selon
2 $ la bouteille d’eau de
elle, le fait d’exiger des
355 ml.
clients qu’ils achètent leur
Le restaurateur assure que eau en bouteille n’est pas
les bouteilles vides seront conforme à des valeurs envi-
mises au recyclage chaque ronnementales. La conseil-
semaine. Les clients qui lère explique que, au nom de
insisteront pourront néan- ces mêmes valeurs, plu-
moins avoir de l’eau du robi- sieurs restaurateurs ont jus-
net. Le restaurateur aurait tement décidé de ne plus
pris sa décision à la suite de vendre de bouteilles d’eau à

La chronique gastronomique
PLACE PUBLIQUE

La chronique gastronomique est une rubrique présentée par des journalistes dans la
presse écrite, à la radio, à la télévision ou dans internet. Le rôle des chroniqueurs gastro-
nomiques consiste à faire connaître au public les bonnes tables, les boutiques spécia-
lisées en alimentation, les dernières tendances en cuisine et les nouveaux produits. Ces
chroniques sont le plus souvent des narrations, dans lesquelles les journalistes n’hésitent
pas à donner leur point de vue sur les grands enjeux liés à l’alimentation, comme la
santé et l’environnement.

148 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Depuis quelques années, l’utilisation de l’eau par les êtres humains soulève de nombreuses questions
éthiques. Indiquez trois enjeux éthiques en lien avec l’utilisation de l’eau.

2. Compte tenu de l’importance de l’eau dans la vie quotidienne, nommez un geste que pourrait faire une
personne pour protéger cette ressource. Expliquez votre réponse.

3. Nommez un avantage et un inconvénient liés à l’utilisation des bouteilles d’eau.

4. Selon vous, pourquoi certaines personnes préfèrent-elles l’eau embouteillée à l’eau du robinet ?

5. Utilisez-vous de l’eau embouteillée ? Pourquoi ?

6. Selon vous, à qui appartient l’eau au Québec ?

7. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 148.

DOSSIER 8 L’or bleu 149


ARRÊT À qui appartiennent
SUR IMAGES les ressources naturelles?
La propriété et l’exploitation des ressources naturelles sont
des enjeux importants dans les sociétés contemporaines.

Au Québec
La présence de nombreuses ressources natu-
relles dans le nord du Québec suscite la
convoitise. Tant le gouvernement québécois
que de nombreuses entreprises privées
cherchent à en tirer profit. Ces ressources
naturelles comprennent notamment diffé-
rents types de minerais, de grandes réserves
d’eau douce, des forêts et des hydrocarbures.
D’après le gouvernement, ces ressources
naturelles appartiennent à tous les Québé-
cois. C’est pourquoi il veut s’assurer que les
citoyens en tirent leur juste part. Toutefois,
certains croient que, actuellement, l’exploi-
tation de ces ressources laisse une trop
grande part des profits aux entreprises pri- Mineurs dans une mine d’or en Afrique du Sud.
vées. Celles-ci considèrent plutôt que c’est
le gouvernement qui exige trop d’impôt sur
leurs revenus.
Ailleurs dans le monde
Depuis 2000, les entreprises chinoises ont investi plus de 75 mil-
liards de dollars dans les mines du continent africain, notamment
pour extraire de l’or. Selon certains, ces investissements favo-
risent le développement économique et social des pays africains.
D’autres se demandent toutefois si la Chine n’est pas en train
de s’approprier ces ressources.

À qui appartiennent l’eau, le bois, les hydrocarbures


et les minerais ?
À qui profite l’exploitation de ces ressources ?
Quelles sont les conséquences de l’exploitation de
ces ressources sur l’environnement ?
Quelles ressources naturelles sont les plus importantes
dans notre économie ?
Quel impact nos choix de consommation ont-ils sur
ces ressources ?

Le développement du Nord québécois suscite de


nombreux débats quant à l’exploitation des ressources
naturelles comme le minerai.

150 VIVRE ENSEMBLE 4


L’eau, un enjeu planétaire
Les êtres humains, comme tous les êtres vivants, ne
peuvent vivre sans eau. L’eau est indispensable à la vie
de tous les jours : on la boit, on s’en sert pour cuisiner
et arroser les cultures. Elle est utilisée pour l’hygiène
personnelle, le fonctionnement des égouts, la fabrica-
tion de produits dans les usines. L’eau joue un rôle
essentiel dans la vie des êtres humains. L’accès à l’eau
est l’un des enjeux majeurs du 21e siècle pour l’ensemble
de la planète.

Une ressource rare et convoitée


Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), 1,1 mil-
liard d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable. Ce
chiffre pourrait passer à 2,5 milliards de personnes en
2025, ce qui constituerait un tiers de l’humanité. Alors
que le volume d’eau sur Terre n’augmente pas, la popu- La Terre, planète bleue. Selon l’UNESCO, l’eau douce
représente seulement 2,5 % de l’eau sur Terre. De plus,
lation mondiale, elle, est passée de 2,5 milliards en 1950, les deux tiers de cette eau, sous forme de glaciers et de
à 6,8 milliards en 2008. C’est ce qui explique, en partie, neiges éternelles, sont inaccessibles aux populations
l’énorme pression sur la ressource en eau douce. Les humaines. L’eau douce utilisable se trouve en surface,
comme dans les lacs, les rivières et les fleuves, ou sous
experts indiquent que la demande en eau a été multipliée
terre, dans les nappes phréatiques.
par sept au 20e siècle. De plus, la répartition de l’eau est
inégale sur la planète ; l’eau se fait rare dans plusieurs
régions du monde et abonde dans d’autres régions.
L’Asie et l’Afrique sont les continents les plus touchés Amérique Latine
par le manque d’eau. D’autre part, la pollution due à cer- et Caraïbes Europe
6% 2%
taines pratiques agricoles et industrielles nuit à la res-
source en la rendant impropre à la consommation. Ainsi,
l’eau souterraine et de surface est polluée par les pesti-
cides, les engrais chimiques et d’autres contaminants.
En outre, aujourd’hui, 2,6 milliards d’êtres humains n’ont
pas d’infrastructures sanitaires adéquates pour décon- Afrique
taminer les eaux polluées. Quatre millions d’enfants 27 %
meurent chaque année des suites de maladies causées
par la consommation d’eau polluée, surtout dans les pays
de l’hémisphère sud.
Asie
65 %
Une ressource à protéger
L’eau douce est devenue une source de tensions entre
les États en raison des disparités de sa répartition sur
la planète. Certains pays, par exemple, sont tentés
d’accaparer l’eau de leur territoire en érigeant des bar-
rages sur des fleuves qui coulent dans plusieurs pays. L’approvisionnement en eau : répartition des populations
non desservies.
En 1992, à Rio, au Brésil, les pays membres de l’ONU
Source : UNESCO, Rapport mondial sur la mise en
se sont donc fixé comme objectif d’assurer, sur l’en- valeur des ressources en eau [en ligne]. (Consulté
semble de la planète, la protection des ressources en le 29 décembre 2013.)
eau douce et leur qualité.
DOSSIER 8 L’or bleu 151
L’eau au Québec
Selon le ministère du Développement
durable, Environnement, Faune et Parcs du
Québec, le territoire du Québec compte plus
de 4500 rivières et un demi-million de lacs.
Outre l’utilisation quotidienne des citoyens,
cette eau sert au transport, à l’agriculture,
à diverses industries et aux activités aqua-
tiques. Elle alimente aussi les 5000 petits
et gros barrages qui produisent de l’hydro-
électricité.

Un petit territoire
et beaucoup d’eau
Le Québec possède 3 % des réserves mon-
diales d’eau douce de la planète. Néan-
moins, en raison de la pollution grandissante
des cours d’eau causée par les activités
industrielles, agricoles et domestiques, la
qualité de cette eau est menacée. Les conduites d’eau vétustes laissent échapper beaucoup d’eau.

La consommation d’eau des Québécois


Les Québécois se distinguent par leur importante consommation d’eau. Toutefois,
depuis quelques années, une réflexion s’est amorcée au sujet de l’utilisation de la
ressource. Par exemple, plusieurs municipalités recommandent à leurs résidents de
limiter l’arrosage des pelouses pendant l’été. Hydro-Québec suggère d’installer des
réducteurs de débit aux pommes de douche. Il est aujourd’hui mal vu de nettoyer une
entrée asphaltée avec un tuyau d’arrosage, alors que c’était pratique courante il n’y
a pas si longtemps.

De plus, dans les villes du Québec, le système d’aqueduc se détériore. Selon les experts,
l’âge moyen des canalisations de base est de 110 ans. Résultat, la ville de Montréal
perdrait entre 40 % et 50 % de son eau chaque année à cause de la vétusté de son
système d’aqueduc. La gestion et la préservation de la ressource dans une perspective
de développement durable sont des enjeux majeurs pour le Québec.

La consommation comparative d’eau par jour par personne

Par personne par jour en L


Québec 400
Canada 350
États-Unis 425
France 150
Royaume-Uni 200

Source : L’eau. La vie. L’avenir. Politique nationale de l’eau, p. 89 [en ligne]. (Consulté le 22 mai 2009.)

152 VIVRE ENSEMBLE 4


La Politique nationale de l’eau du Québec
Depuis les années 1970, une réflexion natio-
nale s’est amorcée sur la question de l’eau
au Québec, où se trouve une des plus
grandes ressources en eau potable au
monde. Cette réflexion a donné naissance
en 2002 à la Politique nationale de l’eau.
Dans le site internet du ministère du Déve-
loppement durable, Environnement, Faune
et Parcs du Québec, on peut lire que, « pour
la première fois de son histoire, le Québec
s’est donné, à l’automne 2002, une politique
de l’eau afin : Vue aérienne du lac Sacatomie, dans la région de la Mauricie, au Québec.

ressource unique ;
- La Politique nationale de l’eau du Québec
tive de développement durable ; « Reconnaître l’eau comme un patrimoine collectif des Québécois.
Le gouvernement tient d’abord à réaffirmer, à travers la Politique nationale
protéger la santé publique et de l’eau, sa volonté de reconnaître la ressource eau comme une richesse
de la société québécoise faisant partie intégrante du patrimoine collectif.
celle des écosystèmes. »
Le Code civil du Québec reconnaît que l’eau, qu’elle soit de surface ou
Selon la loi 27, adoptée le 11 juin souterraine, est une chose commune, sous réserve des droits d’utilisation
2009, qui fait suite aux recomman- ou des droits limités d’appropriation qui peuvent être reconnus. »
Source : Ministère du Développement durable, Environnement, Faune et Parcs du
dations de la Politique nationale Québec, Politique nationale de l’eau [en ligne]. (Consulté le 5 décembre 2013.)
de l’eau :

«
[…] il est interdit de transférer hors du Québec des eaux qui sont prélevées au Québec.

»
[…]
Cette interdiction n’est toutefois pas applicable aux eaux prélevées pour […] être com-
mercialisées comme eau de consommation humaine, pour autant que ces eaux soient
emballées au Québec dans des contenants de 20 litres ou moins […].
Source : Rapport du ministre du Développement durable, Environnement, Faune et Parcs [en ligne]. (Consulté
le 13 septembre 2013.)

PORTRAIT Riccardo Petrella

Le politicologue et économiste italien Riccardo Petrella est professeur à l’Uni-


versité catholique de Louvain, en Belgique. Depuis 1990, il préside l’Université
européenne de l’environnement. Il est l’auteur du Manifeste de l’eau paru en
1998. Il est membre de divers organismes sociaux, dont la Coalition québécoise
Eau Secours ! Pour lui, l’un des enjeux majeurs des dix prochaines années sera
de freiner la mainmise des entreprises multinationales sur l’eau, à laquelle chacun
devrait avoir droit. « On ne peut pas accepter, affirme-t-il, que le droit à la vie
n’appartienne pas à tout le monde. »
Source : Denise PROULX, « Riccardo Petrella, en entrevue au Devoir - Après l’or noir, l’or bleu »,
Riccardo Petrella (1941- ). Le Devoir, 31 août 2002 [en ligne]. (Consulté le 25 mai 2009.)

DOSSIER 8 L’or bleu 153


Une réflexion sur l’eau
Au Québec, de nombreuses personnes s’interrogent sur la façon de préserver la res-
source de l’eau sur le territoire. Au cours de ces réflexions, une des questions les plus
fondamentales surgit : à qui appartient l’eau ?

L’eau: un bien collectif


Selon la sociologue québécoise Louise Vandelac,
l’eau doit être considérée comme un bien col- Eau secours !
lectif. Pour elle, il ne faut pas accepter de faire La Coalition québécoise pour une gestion responsable
de l’eau une simple marchandise, comme le bois, de l’eau, Eau Secours !, est un organisme sans but lucratif
parce que l’eau est nécessaire à la vie de toutes indépendant qui a été fondé en mars 1997 à Montréal par
les espèces sur Terre. Pour sa part, l’économiste la sociologue Louise Vandelac, l’écrivaine Hélène Pedneault,
le chef de formation politique municipale André Lavallée
italien Riccardo Petrella croit que l’eau ne
et le syndicaliste André Bouthillier. Les 2300 membres et
devrait pas être une marchandise monnayable, 225 groupes de cette coalition ont pour objectif de
ce qui la rendrait inaccessible aux plus pauvres. promouvoir une gestion responsable et collective de l’eau
Tout comme le pétrole, l’eau privatisée serait auprès des gouvernements et des citoyens par la recherche,
soumise à la loi du marché, et son prix risquerait l’éducation et la défense des droits de la population.
d’augmenter. En devenant une marchandise,
l’eau deviendrait pour les entreprises une source illimitée de profits. Selon Riccardo
Petrella, les gouvernements doivent plutôt considérer l’eau comme un bien appartenant
à tous. Pour lui, l’objectif premier de cette réappropriation publique est de permettre
l’accès légitime à l’eau, une ressource vitale pour tous, au milliard d’êtres humains
qui en sont privés.

L’eau: une propriété privée


Les analystes de l’Institut Fraser contestent la
loi adoptée par le gouvernement du Québec qui L’Institut Fraser
limite les droits de propriété privée sur l’eau L’Institut Fraser est une organisation indépendante fondée
pour en faire un bien collectif. Pour eux, l’adop- à Vancouver en 1974, qui a des bureaux au Canada et aux
tion de ce projet de loi aura pour conséquence États-Unis. Ses membres ont pour mission de proposer des
néfaste de transférer la richesse des poches des pistes de solutions pour améliorer la vie des Canadiens.
Pour eux, par exemple, il faut baisser les impôts, privatiser
citoyens dans celles de l’État. Selon eux, ce droit
en partie les soins de santé, et remédier efficacement aux
de propriété de l’eau est légitime et son aboli-
changements climatiques sans nuire à l’économie du pays.
tion nuira au dynamisme économique en décou- Par leurs actions, les membres veulent défendre et promouvoir
rageant les entreprises à venir s’installer au la liberté de choix, la responsabilisation personnelle et la
Québec. C’est le droit de propriété privée sur réduction de l’intervention de l’État.
l’eau qui donnerait, à leur avis, aux propriétaires
les incitatifs nécessaires pour gérer l’eau efficacement, d’une manière durable tout
en protégeant l’environnement. Les analystes affirment, en effet, qu’un marché de
l’eau permettrait aux agriculteurs, aux industries, aux municipalités et même aux
groupes environnementaux d’acheter et de vendre des droits d’usage de l’eau en
fonction de l’offre et de la demande. Le prix de l’eau serait alors fixé par le marché et
il indiquerait la véritable valeur de l’eau. Ainsi, la ressource serait efficacement gérée
et préservée, tout en évitant le gaspillage.

154 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TOUT LE MONDE À L’EAU !


1. Analyse éthique du cas de l’eau.

a) Formulez deux questions éthiques bien distinctes, soulevées par le débat au sujet de la propriété de l’eau
au Québec.

Questions
éthiques

b) Nommez deux valeurs opposées soulevées par vos questions éthiques.

Valeur : Valeur :
Valeurs
en conflit

Valeur : Valeur :

c) Trouvez trois repères liés à vos deux questions éthiques.

Repères

d) Parmi les repères proposés en c), lequel vous semble le plus important ? Expliquez votre réponse.

Importance
des repères

2. Le gouvernement fait de l’eau un bien qui appartient à tous les Québécois, en même temps qu’il
permet aux embouteilleurs de s’approprier l’eau selon certaines limites légales. Citez un extrait de
la page 153 qui montre ce fait.

3. Dans les textes de ce dossier, relevez deux caractéristiques qui distinguent le commerce de l’eau
de celui du bois.

DOSSIER 8 L’or bleu 155


Nom : Groupe : Date :

4. Expliquez les effets que pourrait avoir la privatisation de l’eau selon les analyses de l’Institut Fraser en
remplissant le schéma. Servez-vous des mots qui suivent.

propriété eau marché argent gaspillage valeur

1. Avec le droit de
sur l’eau, le prix de l’eau serait fixé par
le .

2. Cela indiquerait la
de l’ en argent.

3. Cela freinerait le
d’eau parce les gens voudraient éviter de perdre de
l’ .

5. Expliquez les effets que pourrait avoir la privatisation de l’eau selon Riccardo Petrella en remplissant
le schéma. Servez-vous des mots qui suivent.

marchandise inaccessible monnayable prix pauvres augmenter

1. Privatiser l’eau la transformerait en


une
.

2. Le de l’eau risquerait
alors d’ .

3. Ce qui la rendrait
aux plus .

156 VIVRE ENSEMBLE 4


Le phénomène de l’eau embouteillée
Depuis quelques années seulement, l’eau embouteillée est vendue
aux consommateurs dans des contenants scellés. Aujourd’hui, la
consommation d’eau embouteillée est un des phénomènes les plus
répandus dans les habitudes alimentaires des populations des pays
développés : sa popularité augmente sans cesse. Dans notre envi-
ronnement quotidien, on trouve de l’eau embouteillée dans les super-
marchés, les dépanneurs, les édifices publics. Bref, les bouteilles
d’eau sont partout.

Cette eau peut provenir de sources souterraines ou tout simplement


du réseau de traitement d’eau de nos villes. Certaines entreprises
ajoutent du gaz carbonique à l’eau pour la rendre pétillante. Les
embouteilleurs proposent de l’eau des glaciers de l’Arctique, de l’eau
de sources québécoises, européennes, de l’eau italienne ou française.
On n’a qu’à observer un comptoir de supermarché pour constater
l’importance de cette industrie.
Étalage d’eau embouteillée dans
un supermarché.
Le succès de l’eau embouteillée en chiffres
Dans le monde, il y a 30 ans, le marché de l’eau embouteillée était presque inexistant.
Par contre, en 2007, aux États-Unis, 1 milliard de bouteilles d’eau étaient transportées
par semaine, ce qui équivaut à 37 800 camions de 18 roues sur les routes hebdoma-
dairement.

D’après l’émission La vie en vert, on estime que 250 000 bouteilles d’eau de 500 ml
sont bues chaque jour au Québec. Les Québécois sont parmi les plus grands consom-
mateurs d’eau en bouteille au monde. Cette industrie représente des centaines de
millions de dollars. En 1992, les Québécois achetaient
70 millions de bouteilles d’eau, alors que, aujourd’hui,
les ventes atteignent près de 1 milliard de bouteilles
annuellement. Une personne sur cinq n’utilise que de
l’eau embouteillée pour étancher sa soif en Amérique
du Nord.

LES TRUCS DU MÉTIER

Biologiste
Les biologistes étudient des phénomènes de la vie végé-
tale ou animale et analysent les données recueillies. Ils
observent les liens entre les êtres vivants et leur milieu,
et participent à la conservation des ressources natu-
relles et à la protection de l’environnement. Cette pro-
fession exige un talent particulier pour résoudre des
problèmes, jouer avec les idées, communiquer et s’ex-
primer. Le métier de biologiste requiert un baccalauréat
universitaire en biologie et il s’exerce dans des lieux
aussi différents que la fonction publique provinciale ou
fédérale, les parcs, les municipalités, les cégeps et les
entreprises privées.

DOSSIER 8 L’or bleu 157


Eau embouteillée ou du robinet?
Les raisons qui amènent les consommateurs à choisir l’eau du robinet ou l’eau embou-
teillée sont multiples. Voici les témoignages de quelques personnes à ce sujet.

Des avis favorables à l’eau embouteillée

« Tony
Grâce à l’eau embouteillée, je peux avoir de l’eau à portée de la main et

»
ainsi satisfaire ma soif en tous lieux et en tout temps : dans l’autobus,
dans l’auto, sur le trottoir ou même en classe, avant les cours. Vraiment,
l’eau embouteillée, c’est très pratique. En plus, l’eau en bouteille est une
bonne alternative aux boissons gazeuses, aux jus de fruits trop sucrés,
au café et aux autres boissons.

« Robert

»
J’ai lu récemment dans un livre sur l’économie du Québec qu’il y a une
vingtaine d’embouteilleurs d’eau au Québec. Ils procurent 800 emplois et
génèrent un chiffre d’affaires annuel d’au moins 150 millions de dollars.
J’ai aussi lu que le marché des bouteilles d’eau augmentait de 20 % par
année. C’est excellent pour l’économie !

« Rima
Je n’aime pas l’eau du robinet. Je trouve qu’elle a une odeur et un goût
de chlore. Le chlore est utilisé dans les usines de filtration pour purifier

»
l’eau. J’ai lu dans internet que les vieux réseaux de distribution altèrent
le goût de l’eau. L’eau du robinet a une odeur, une couleur et un goût
différents selon les jours, les saisons et l’endroit où j’en bois. Je bois de
l’eau gazéifiée au lieu de l’eau du robinet. Cette eau pétillante est bien
meilleure.

« Maude
J’ai entendu récemment, dans un documentaire sur l’industrie de l’eau en
bouteille, que les embouteilleurs affirment que leur eau est plus saine que
celle du robinet, qui peut parfois contenir des traces de polluants chimiques
et organiques, alors que l’eau embouteillée doit respecter plus de normes.
Est-ce vrai ? Les membres de l’Association canadienne des eaux embou-
teillées (ACEE), en anglais, la CBWA (Canadian Bottled Water Association),

»
déclarent, dans leur site internet, que la qualité de l’eau en bouteille est
rigoureusement réglementée par les gouvernements provinciaux et fédéral,
et par l’Association canadienne des eaux embouteillées. L’eau du robinet,
quant à elle, serait seulement réglementée par les gouvernements
provinciaux.

158 VIVRE ENSEMBLE 4


«
Karine
Je ne bois plus d’eau du robinet depuis l’incident
qui s’est produit dans la petite ville ontarienne de
Walkerton, en 2000. Ce jour-là, le 12 mai 2000, à
la suite d’un orage violent, l’eau potable de la ville
Saviez-vous que…
Depuis quelques
années, on trouve,
sur le marché des eaux
embouteillées, des eaux
a été contaminée par une souche mortelle de la aromatisées à la fraise,
bactérie E. Coli, qui provenait des excréments de additionnées de caféine
bestiaux. Des 2300 personnes infectées, 7 sont et de sucre, enrichies

»
mortes ! On a su plus tard que le système d’ap- de vitamines, des eaux
provisionnement en eau potable de la ville était superoxygénées ou
mal contrôlé et trop fragile. J’ai même lu qu’une des eaux provenant
catastrophe comme celle-là pouvait survenir au de glaciers.
Québec. Pour l’eau du robinet, c’est terminé.

«
Sylvia
Il est hors de question que je me mette à boire de l’eau qui peut contenir du plomb,
nocif pour ma santé et celle de mes proches ! En effet, j’ai lu sur le site internet
du gouvernement canadien que l’eau du robinet passe, parfois, par des tuyaux
en plomb ou soudés au plomb et que ce plomb peut se retrouver dans l’eau qu’on

»
boit ! Selon certaines études, le plomb, même en petite quantité, peut nuire à la
santé humaine, notamment celle des bébés, des jeunes enfants et des femmes
enceintes. Heureusement que, depuis 1986, le plomb n’est plus utilisé pour les
canalisations ! Cependant, dans certains quartiers, les vieux tuyaux n’ont pas
encore été remplacés.

Des avis favorables à l’eau du robinet

«
Yanick
Je ne crois pas que l’eau en bouteille soit plus sécuritaire ou plus pure que l’eau
du robinet. Plusieurs analyses scientifiques effectuées par des experts en micro-
biologie l’ont montré. Une étude a également révélé que sur la plus grande

»
partie du territoire américain, par exemple, l’eau du robinet est réglementée de
façon plus stricte que l’eau embouteillée. En outre, des recherches établissent
que les polluants chimiques et organiques qui se trouvent dans les cours d’eau
peuvent aussi se retrouver dans l’eau embouteillée. Des chercheurs demandent
même un resserrement des contrôles et des normes pour l’eau embouteillée.

«
Cheng
Moi, je suis contre les embouteilleurs d’eau qui exploitent la ressource dans des
lieux où les habitants n’ont pas ou ont peu accès à une eau potable de qualité,

»
pour ensuite l’exporter dans des lieux où les habitants ont déjà pleinement accès
à une bonne eau. Je trouve cela injuste. Prenons le cas des entreprises qui
prennent l’eau des îles Fidji, dans le Pacifique Sud. Les usines produisent un
million de bouteilles par jour, alors que la moitié des habitants des îles n’a pas
accès à une eau du robinet de qualité.

DOSSIER 8 L’or bleu 159


« Didier
Je suis contre l’utilisation de l’eau embouteillée qui est,
en fait, une simple affaire d’image. Les gens qui consom-
ment ce produit, en plus de vouloir étancher leur soif,
désirent aussi s’associer aux valeurs de réussite sociale,
Saviez-vous que…
Selon Tony Clarke,
auteur du livre Inside
the Bottle : An Exposé
of the Bottled Water
de pureté et de nature que la publicité a réussi à associer Industry, publié à
à l’eau embouteillée. Certains considèrent maintenant Ottawa en 2005,
l’eau embouteillée comme une boisson haut de gamme 25 % de l’eau vendue

»
et ils en boivent pour montrer aux autres qu’ils appar- en bouteille est de
tiennent à une classe à part et qu’ils ont réussi dans la l’eau du robinet qu’on
vie. Le succès de l’eau embouteillée, c’est la victoire des a simplement filtrée.
publicitaires à la solde des entreprises qui veulent faire
des profits à partir d’un produit aussi courant que l’eau…

« Ramon
Je n’achèterai jamais d’eau en bouteille. J’ai lu dans internet que l’eau en
bouteille coûte entre 240 à 10 000 fois plus cher que celle du robinet ! Une
bouteille d’eau coûte même plus cher qu’une bouteille de boisson gazeuse

»
faite… à base d’eau. C’est une véritable arnaque, surtout lorsqu’on sait que
d’importants embouteilleurs remplissent leurs bouteilles d’eau presque direc-
tement des systèmes d’aqueduc publics ! En fait, le quart de l’eau vendue
en bouteille vient du robinet ! En plus, la majorité des embouteilleurs paient
très peu – parfois rien – l’eau qu’ils extraient et vendent en bouteilles.

« Betty
Moi, ce que j’aime dans le fait de boire de l’eau du
robinet, c’est que son transport souterrain ne nécessite
Saviez-vous que…
Une personne peut
manquer de nourriture
pendant une trentaine

»
pas de camions, de bateaux ou de trains qui produisent
de jours, mais personne
des gaz à effet de serre, contrairement au transport des
ne peut survivre à un
milliards de bouteilles d’eau à travers le monde. Il faut
manque total d’eau
savoir que les gaz à effet de serre produits, entre autres,
plus de trois jours.
par les divers moyens de transport, sont en partie res-
ponsables du réchauffement climatique.

« Carlotta
Pour ma part, je pense que l’utilisation de l’eau du robinet est un geste
beaucoup plus écologique que l’achat de bouteilles d’eau. L’eau du robinet
ne nécessite pas de contenants de plastique, puisqu’elle se rend jusqu’à
nous par un réseau souterrain de canalisations. Une fois qu’on a bu l’eau
en bouteille, qu’est-ce qu’on fait avec son contenant ? Les Américains

»
jettent par année des dizaines de milliards de bouteilles d’eau vides dans
les sites d’enfouissement. Au Québec, on fait la même chose. J’ai lu dans
un article qu’une bouteille de plastique peut prendre 1000 ans à se décom-
poser et cause des dommages à l’environnement. Seulement une infime
quantité de ces bouteilles sont recyclées.

160 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

RIEN QUE DE L’EAU !


1. L’eau est un enjeu planétaire. Présentez les éléments essentiels de cette situation en répondant aux
questions et en remplissant les textes troués.

a) Les êtres humains ne peuvent vivre sans eau. b) Pourtant, d’êtres humains
Nommez quatre utilisations de l’eau par les
n’ont pas accès à l’eau .
humains qui confirment cette affirmation.

De plus, la répartition de l’eau est


sur la planète.

Par exemple, de l’Asie

L’eau, et de l’Afrique sont mal


un enjeu approvisionnés en eau.
planétaire.
c) millions d’enfants Pourquoi ?
meurent chaque année des suites de maladies
d) Nommez deux causes qui peuvent rendre l’eau
causées par la d’eau
impropre à la consommation.
polluée, surtout dans les pays de l’hémisphère
.

2. Vrai ou faux ? Si les énoncés qui suivent sont faux, encerclez la partie erronée et corrigez-la.

a) Une personne ne peut survivre à un manque total d’eau plus de 24 heures.

b) Environ 2,6 milliards d’êtres humains ne disposent pas d’infrastructures sanitaires adéquates.

3. Comparez les arguments des personnes qui préfèrent l’eau embouteillée à ceux des personnes qui
choisissent l’eau du robinet et relevez une valeur commune. Expliquez votre réponse.

4. Comparez les arguments des personnes qui préfèrent l’eau embouteillée à ceux des personnes qui
choisissent l’eau du robinet et relevez deux valeurs en conflit. Expliquez votre réponse.

DOSSIER 8 L’or bleu 161


Nom : Groupe : Date :

PLACE PUBLIQUE
1 Imaginez la conversation suivante entre amis, lors d’un repas, autour de la question de l’eau en
bouteille et du robinet. Répondez aux questions après avoir lu les affirmations.

A. Moi, je dis que si on continue à boire de l’eau embouteillée, on ne saura plus quoi faire de
ces bouteilles qui vont envahir tous les dépotoirs. Les cours d’eau et les nappes phréatiques
seront pollués à cause de tout ce plastique. Et là, on ne pourra plus boire ni l’eau du robinet
ni celle en bouteille, puisqu’on n’en aura plus ! Il faut que ça cesse !

a) Le point de vue est-il formulé de manière à nuire au dialogue ? Expliquez votre réponse.

b) Selon vous, quelle serait la question la plus pertinente pour remettre en cause le point de vue ?

c) Soulignez le jugement de prescription présent dans le raisonnement.

B. Je crois qu’il est dangereux de boire l’eau du robinet. Savais-tu qu’en 2000, dans la ville
ontarienne de Walkerton, 2300 personnes ont été infectées et 7 personnes ont perdu la vie
parce qu’elles ont bu de l’eau du robinet contaminée ? Si elles n’avaient pas bu de cette
eau, ces 7 personnes seraient vivantes aujourd’hui. J’affirme donc que l’eau du robinet
ne respecte pas les normes minimales de qualité. Elle est donc mauvaise pour la santé
et on ne devrait pas en boire.

a) Le point de vue est-il formulé de manière à nuire au dialogue ? Expliquez votre réponse.

b) De quel type de raisonnement s’agit-il ici ?

c) Selon vous, quelle serait la question la plus pertinente pour remettre en cause le point de vue ?

d) Soulignez le jugement de prescription présent dans le raisonnement.

162 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

MA CHRONIQUE GASTRONOMIQUE
Le temps est venu de vous mettre à table et… d’écrire votre chronique gastrono-
mique en lien avec l’article « Un restaurateur n’offre plus que de l’eau embouteillée »
que vous a remis votre employeur. Vous devez réagir à cet article et faire une
proposition au sujet de l’utilisation de l’eau embouteillée dans les restaurants.

L’introduction – 1er paragraphe


1. Formulez deux questions éthiques en lien avec la situation présentée
à la page 148 qui, selon vous, devraient être au cœur de votre chronique
gastronomique.

2. Relevez deux enjeux éthiques soulevés par vos questions.

L’option retenue – 2e paragraphe


3. a) À la page 148, relevez l’option au sujet de l’eau embouteillée servie
dans un restaurant qui, selon vous, favorise le plus le vivre-ensemble.

b) Justifiez votre réponse à l’aide de deux arguments pertinents et


cohérents tirés du dossier.

4. Nommez deux repères, autres que des valeurs, tirés du dossier sur
lesquels la personne, ou les personnes, qui avance cette option pourrait
appuyer son point de vue.

Une objection – 3e paragraphe


5. Expliquez pourquoi une personne pourrait s’opposer à l’option que
vous proposez.

DOSSIER 8 L’or bleu 163


Nom : Groupe : Date :

L’introduction – 1er paragraphe


1. Les questions éthiques

2. Deux enjeux éthiques

L’option retenue – 2e paragraphe


3. a) L’option qui favorise le vivre-ensemble

b) Les deux arguments

4. Les deux repères

Une objection – 3e paragraphe


5. La raison de l’objection

164 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 8 Total


/25

1. Les énoncés A, B et C correspondent à des positions sur l’eau.


a) Précisez le type de jugement utilisé dans chaque énoncé.

Jugement de valeur Jugement de préférence


Jugement de prescription Jugement de réalité

b) Indiquez la source (personne, document, institutions ou organismes) de chaque énoncé.

Le gouvernement du Québec Riccardo Petrella La loi 27 L’Institut Fraser

c) Nommez un effet possible de chaque énoncé sur les personnes concernées.

A. […] il est interdit de transférer hors du Québec des eaux qui sont prélevées au
Québec.

B. On ne peut pas accepter que le droit à la vie n’appartienne pas à tout le monde.

C. Le projet de loi 92 […] qui va abolir tous les droits de propriété privée sur l’eau […]
privera les Québécois d’un droit de propriété parfaitement légitime et découragera
les investissements dans la province.

/9

2. Les énoncés A, B et C renferment un argument.


a) Pour chacun, indiquez s’il s’agit d’un argument pour ou contre l’eau embouteillée.

b) Nommez la valeur principale qui sert de repère dans chacun.

A. Il y a une vingtaine d’embouteilleurs d’eau au Québec et ils procurent 800 emplois


et génèrent un chiffre d’affaire annuel d’au moins 150 millions de dollars.

Pour Contre Valeur :

DOSSIER 8 L’or bleu 165


Nom : Groupe : Date :

B. Le succès de l’eau embouteillée, c’est la victoire des publicitaires à la solde des


entreprises qui veulent faire des profits sur un produit aussi courant que l’eau…

Pour Contre Valeur :

C. L’eau a l’odeur et le goût du chlore utilisé dans les usines de filtration.

Pour Contre Valeur : /3

3. Indiquez les causes de tension en lien avec la question l’eau au Québec. À cette fin, nommez
la valeur qui sert de repère à certains organismes ou à certaines personnes, et la valeur
opposée.

Organismes ou personnes Valeur repère Valeur opposée

L’ONU

Le ministère du Développement
durable, Environnement, Faune
et Parcs du Québec

Louise Vandelac

Les analystes de l’Institut


Fraser
/8

4. Formulez un raisonnement par induction en lien avec l’utilisation de bouteille d’eau et l’avenir
de l’humanité.

/2,5

5. Formulez un raisonnement par analogie que pourrait poser les membres de la coalition Eau
Secours ! au sujet de la propriété de l’eau.

/2,5

166 VIVRE ENSEMBLE 4


Les nouveaux
mouvements
religieux
DOSSIER 9

Des visiteurs inhabituels . . . . . . . . . . . . . . . . . .168


Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .169
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .170
Qu’est-ce qu’un nouveau mouvement
religieux ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .171
Les nouveaux mouvements religieux
au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173
Des besoins à combler . . . . . . . . . . . . . . . . . . .174
Une classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175
D’hier à aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .177
Les NMR au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . .178
Des groupes et des familles . . . . . . . . . . . . .179
Analyse des NMR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .180
Les origines du christianisme . . . . . . . . . . . . . .181
Des réactions face aux nouveaux
mouvements religieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .182
Le christianisme et ses origines . . . . . . . . . .183
NMR sous surveillance . . . . . . . . . . . . . . . . .184
La cyberconférence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .185
Test bilan du dossier 9 . . . . . . . . . . . . . . . . .187
Des visiteurs inhabituels
Depuis quelques jours, un nouveau groupe
religieux distribue des dépliants aux abords
d’une école secondaire. Des élèves ont reçu
le dépliant ci-dessous.
LE DÉTOU
Pour ente
n dre battre R
le cœur d
u monde

La cyberconférence
PLACE PUBLIQUE

La cyberconférence est une conférence dans internet où les participants communiquent


en temps réel et à distance. La cyberconférence est utilisée pour des réunions de travail,
des conférences de presse, des entrevues, la formation à distance. La cyberconférence
peut être utilisée par des travailleurs, des spécialistes, des journalistes, des personnalités
publiques. Elle permet des échanges interactifs entre les personnes.

168 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. Selon vous, le groupe Le Détour peut-il être qualifié de mouvement religieux ? Expliquez votre réponse.

2. a) Nommez une expression du religieux tirée du dépliant du groupe Le Détour.

b) Associez cette expression du religieux à une tradition religieuse.

3. Nommez une question existentielle à laquelle le groupe Le Détour tente de répondre.

4. Le groupe Le Détour cherche-t-il à répondre à un besoin de l’être humain ?

5. Selon vous, faut-il se méfier des nouveaux mouvements religieux ? Justifiez votre réponse.

6. Avez-vous déjà vu des membres d’un mouvement religieux qui tentaient de recruter de nouveaux
adeptes ? Expliquez votre réponse

7. Nommez un nouveau mouvement religieux.

8. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 168.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 169


ARRÊT Les nouveaux gourous
SUR IMAGES Comment être heureux ? Les religions traditionnelles et les
religions plus récentes ont tenté de répondre de plusieurs
façons à cette question existentielle. De nos jours, divers
spécialistes apportent aussi des réponses à ces questions.

Au Québec
Les mentors personnels, souvent appelés
« coachs de vie », apportent du soutien et des
conseils à des personnes, notamment dans le
domaine du développement personnel. Ils ont
comme tâche d’aider leurs clients à améliorer
leur vie personnelle et professionnelle. Pour
ce faire, certains font appel à des notions et à
des pratiques présentes dans certains mou-
vements religieux. Par exemple, certains men-
tors se réfèrent à un divin et à des forces
énergétiques qu’il serait possible de contrôler,
et favorisent la méditation, l’hypnose ou l’ana-
lyse des rêves. Au Québec, il n’existe pas de
réglementation en ce domaine. Bien que cer-
tains regroupements professionnels exigent
de leurs membres qu’ils aient reçu une forma-
tion, aucune formation n’est obligatoire pour
se déclarer « coach de vie ».
Aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, les livres
d’épanouissement personnel ont beaucoup de succès.

Ailleurs dans le monde


Plusieurs personnes cherchent des réponses à leurs questions
existentielles dans des livres de croissance ou de développement
personnel. En 2008, les Américains ont dépensé près de 10 mil-
liards de dollars pour acheter ce type d’ouvrages. La série de
livres Bouillon de poulet pour l’âme de l’auteur américain Jack
Canfield, vendus à plus de 100 millions de copies dans le monde,
montre bien cet engouement.

Qu’est-ce qu’un nouveau mouvement religieux ?


Y a-t-il plusieurs types de nouveaux mouvements
religieux ?
À quels besoins répondent les nouveaux mouvements
religieux ?
Quelles sont les caractéristiques d’un nouveau
mouvement religieux dangereux ?
Secte ou nouveau mouvement religieux ?
Au Québec, l’aide à l’accomplissement de soi
peut prendre différentes formes, entre autres
les conférences.

170 VIVRE ENSEMBLE 4


Qu’est-ce qu’un nouveau mouvement religieux?
Au Québec, le phénomène des nouveaux
mouvements religieux soulève plusieurs
questions et réactions. Chez certaines
personnes, ce phénomène ne suscite
aucune inquiétude. Elles croient que ces
nouveaux mouvements religieux sont
apparus en raison d’une ouverture sur le
monde, notamment sur l’Asie et ses
divers groupes religieux. Chez d’autres
personnes, les nouveaux mouvements
religieux suscitent de la méfiance. Selon
elles, ces groupes auraient tendance à
manipuler les individus dans le but de
leur soutirer de l’argent. Ces personnes
considèrent que ces groupes nuisent au
développement social et psychologique
de leurs membres.

Le phénomène des nouveaux mouve-


ments religieux est complexe. D’une part, Détail de L’école d’Athènes (1509-1510), de
ces groupes varient énormément selon l’artiste italien Raphaël (1483-1520). La fresque
représente les différentes écoles de philosophie
leurs origines, croyances, rituels, modes
de l’Antiquité avec, en son centre, Platon et Aristote.
de fonctionnement et le profil de leurs BAO
Ce détail figure sur un timbre grec rappelant
Le protestantisme,
membres. D’autre part, l’expression nou- le 2300e anniversaire de la mort d’Aristote.
p. B31
veau mouvement religieux n’est pas défi-
nie ni comprise de la même façon par tous.

Sectes ou nouveaux
mouvements religieux?
Dans la Grèce antique, les écoles de phi-
losophie, formées de disciples regroupés
autour d’un maître, sont nommées sectes
d’après le mot latin secta qui signifie
« suivre ». À cette époque, le mot n’est
pas teinté d’une connotation négative, il
signifie simplement que des adeptes
suivent un maître à penser afin de béné-
ficier de ses enseignements.

Dans l’Europe chrétienne du 16e siècle,


ce sont les groupes religieux, formés à la
suite d’une rupture avec une religion exis-
tante, qui sont appelés « sectes ». C’est
le cas, par exemple, des sectes luthé- Porte de l’église de Wittenberg, en Allemagne.
Martin Luther y aurait affiché ses « 95 thèses ».
riennes. Ces groupes religieux chrétiens, Rédigée en 1517, cette critique de certaines
issus de la Réforme protestante menée pratiques de l’Église catholique romaine marque
par le moine allemand Martin Luther, se le début de la rupture entre certains chrétiens
sont désaffiliés du catholicisme. et le catholicisme.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 171


Depuis les années 1980, quelques évé-
nements tragiques fortement médiatisés,
associés à certains groupes religieux, ont
contribué à donner un sens négatif au
terme secte. Dans l’esprit du public, ce
mot peut être associé à la manipulation
mentale, à l’escroquerie financière ainsi
qu’à divers scandales. Pourtant, des
études montrent que la majorité des per-
sonnes qui ont vécu une expérience dans
un nouveau groupe religieux affirme que
l’expérience a été positive.

« Une fois à l’intérieur du groupe, l’adepte


fait l’apprentissage de son rôle et toute une
série de raisons motive son maintien dans
le groupe : guérison, bien-être, nouvelle
famille, etc. Après quelques années, en
Grands titres parus dans les journaux québécois.
L’opinion publique est très souvent défavorable aux
nouveaux mouvements religieux.

»
moyenne trois ans, [l’adepte] finit par en sortir. La sortie est le fait de plus de 75 % des
adeptes [...]. Le bilan positif de l’expérience sectaire, qu’ont pu documenter [Roland]
Chagnon (1985, 1988) et [Susan] Palmer (1994) dans leurs recherches, se retrouve aussi
chez les ex-adeptes. Près de 85 % d’entre eux considèrent leur expérience passée comme
positive, et comme les ayant aidés dans leur vie.
Source : Alain BOUCHARD, « Nouvelles manifestations du religieux dans la culture », dans L’étude de la
religion au Québec, dir. Jean-Marc LAROUCHE et Guy MÉNARD, PUL, 2001, p. 222 et 223.

Des chercheurs et des spécialistes des religions se sont penchés sur la dérive du mot
secte dans l’opinion publique. En 1982, la sociologue britannique spécialisée en
sciences religieuses, Eileen Barker, est la première à introduire l’expression nouveau
mouvement religieux (NMR). L’expression est adoptée par la plupart des spécialistes,
car elle est plus neutre et plus ancrée dans la réalité contemporaine que le mot secte.
La formulation nouveaux mouvements religieux s’applique désormais à toutes les
nouvelles croyances et pratiques religieuses apparues au cours de l’ère moderne,
surtout à partir du 19e siècle.

PORTRAIT Danièle Hervieu-Léger

Sociologue des religions, Danièle Hervieu-Léger est


diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, licen-
ciée en droit, docteure en sociologie et docteure d’État en
lettres et sciences humaines. Spécialiste de l’interprétation
du phénomène religieux dans la modernité, elle a publié
de nombreux livres et un grand nombre d’articles dans des
revues spécialisées. En 2001, elle analyse la problématique
des sectes dans un essai intitulé La religion en miettes ou
La question des sectes.
Danièle Hervieu-Léger
(1947- ).

172 VIVRE ENSEMBLE 4


Les nouveaux mouvements religieux au Québec
Bien qu’il soit difficile d’évaluer le nombre exact de groupes, les
dernières recherches dénombrent entre 300 et 1000 nouveaux
mouvements religieux au Québec. De plus, si certains d’entre
eux sont nés au Québec, la plupart proviennent de l’extérieur,
des États-Unis et de l’Orient. Toutefois, selon les chercheurs, ce
phénomène demeure marginal.

Durant la deuxième moitié du 20e siècle, plusieurs événements,


d’ici et d’ailleurs, bouleversent la réalité religieuse québécoise.
Ces événements et le déclin de l’influence de la religion chré-
tienne sur la société contribuent à l’émergence des nouveaux
mouvements religieux au Québec. Statue de pierre dans un parc. Le désir de Dieu ou
la quête d’absolu captive l’être humain.
Des événements marquants

1960 La Révolution tranquille, Remise en question de la place de l’Église catholique


à 1966 au Québec. dans la société québécoise. L’Église catholique perd de
l’influence et la pratique religieuse catholique diminue
considérablement.
1962 Le Concile Vatican II, En 1965, dans la Déclaration Nostra Aetate, l’Église
à 1965 à Rome. catholique invite les chrétiens au respect et à l’estime
de toutes les religions.
1967 Fin des restrictions limitant Arrivée de gourous hindous au Canada. Multiplication
l’entrée au Canada de groupes religieux inspirés des croyances hindoues
d’immigrants asiatiques. et orientales.
1967 Exposition universelle L’exposition nommée « Terre des Hommes » fait découvrir
de Montréal. à des centaines de milliers de Québécois des coutumes,
des cultures et des croyances d’autres pays.
1969 Réussite de la mission Les progrès scientifiques ne semblent plus avoir de
Apollo 11 de la NASA limites. Pour plusieurs, la science devient la seule façon
américaine : trois astronautes d’interpréter la réalité et la seule source de réponse aux
marchent sur la Lune. questions existentielles.
1980 Publication du livre Les Cet ouvrage à succès s’appuie sur l’astrologie pour
enfants du Verseau de la annoncer le début d’une ère nouvelle pour l’humanité.
psychologue et écrivaine Il a inspiré un mouvement, le Nouvel Âge, qui tente, entre
américaine Marilyn autres, d’unir la science et les spiritualités de l’Occident
Ferguson. et de l’Orient.
1994 53 membres de l’Ordre Les médias québécois s’inquiètent du phénomène
du Temple Solaire perdent des sectes.
la vie, dont 5 au Québec.

«
Même si les estimations du nombre de groupes présents au Québec varient entre 300

»
et 1000 (Bergeron, 1982 et Bouchard, 1990), le phénomène demeure quand même mar-
ginal. En 1983, les recherches de Reginald W. Bibby (de l’Université de Lethbridge, en
Alberta) avaient indiqué que seulement 1 % des Canadiens avaient un intérêt pour les
nouveaux mouvements religieux, et qu’une fraction de ce nombre en avait fait l’expérience
(Chagnon, 1985).
Source : Alain BOUCHARD, « Nouvelles manifestations du religieux dans la culture », dans L’étude de la
religion au Québec, dir. Jean-Marc LAROUCHE et Guy MÉNARD, PUL, 2001, p. 221.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 173


Des besoins à combler
Tout comme les grandes traditions religieuses, les nou-
veaux mouvements religieux répondent à des besoins
essentiels de l’être humain. Selon plusieurs observa-
teurs du phénomène religieux, le succès des nouveaux
mouvements religieux s’explique en bonne partie par
le fait que certaines personnes ne trouvent plus de
réponses à leurs besoins dans les religions tradition-
nelles. Voici quelques exemples et témoignages fictifs
inspirés de l’expérience d’anciens membres de nou-
veaux mouvements religieux.
Le besoin d’appartenance correspond à la recherche de
Le besoin d’appartenance l’acceptation au sein d’un groupe ou d’une communauté.

En réunissant des personnes au sein d’un groupe qui partage les mêmes croyances,
la religion répond au besoin d’appartenance des individus. Pour plusieurs personnes,
c’est ce besoin qui les motive à s’engager dans un nouveau mouvement religieux.

« En devenant membre du groupe, j’ai eu le sentiment de faire partie d’une élite. Je me


sentais considérée, acceptée et reconnue. Le groupe répondait à mon besoin d’être aimée
et d’être approuvée.
»
Le besoin de vivre une expérience hors du commun
Certaines religions proposent diverses expériences hors du commun qui déclenchent
des impressions et des émotions très fortes. Plusieurs croyants ressentent le besoin
de vivre ce type d’expérience afin d’entrer en relation avec le divin.

« Je ressentais profondément qu’un jour j’allais pouvoir entrer en contact avec un autre
monde, avec des êtres invisibles qui viennent de l’au-delà. J’étais convaincu qu’il existait
un ailleurs meilleur.
»
Le besoin de sens et de compréhension
Les diverses religions offrent des réponses aux questions existentielles, telles que
« Qui sommes-nous ? », « D’où venons-nous ? », « Où allons-nous ? ». Ces réponses
viennent combler le besoin de trouver un sens à la vie. Par exemple, une personne
peut s’intéresser à un groupe religieux parce qu’il lui permet de mieux comprendre
certaines expériences religieuses intenses vécues.

« Lorsque je me suis jointe au mouvement, je cherchais des certitudes, des réponses. Je


voulais savoir s’il y avait une vie après la mort et à quoi cela ressemblait. Une fois dans
le groupe, je sentais que j’étais appelée à réaliser un grand projet qui allait changer l’avenir
de l’humanité. »
174 VIVRE ENSEMBLE 4
Le besoin de guides et de repères moraux
L’être humain a besoin de guides et de repères lui permettant d’éclairer sa conscience
sur le bien et le mal, et de trouver la route vers une vie heureuse. Plusieurs nouveaux
mouvements religieux ont à leur tête un maître spirituel ou un leader charismatique
qui guide la vie spirituelle et morale des fidèles.

«
Pour les membres du groupe, notre dirigeant était un être parfait. C’était quelqu’un qui
avait une grande intelligence et à qui on voulait ressembler. Il semblait posséder des
connaissances essentielles et pouvoir nous les enseigner.
»
Une classification
Au Québec, les nouveaux mouvements religieux ont des formes et des noms variés.
Ils se nomment « société, ashram, centre, mission, ordre, assemblée, temple, église,
fraternité », etc. Afin de permettre une meilleure connaissance de ces groupes malgré
leur très grande diversité, plusieurs chercheurs ont tenté de les classifier selon des
aspects communs. Ces groupes peuvent être classifiés en quatre familles. Ces familles
rassemblent différents groupes aux croyances et aux origines communes. Il est à noter
que plusieurs groupes combinent, à l’intérieur de leur système de croyances, des
pratiques et des doctrines provenant de plus d’une famille.

La famille ésotérique
En général, les fondateurs et les adeptes des nouveaux
mouvements religieux de la famille ésotérique affir-
ment posséder une vérité ancestrale sous la forme d’un
savoir secret qu’ils puisent dans diverses religions
anciennes telles que les traditions celte, amérindienne,
aztèque, la kabbale juive, etc. Ce savoir secret ne peut
être transmis qu’aux initiés, c’est-à-dire des personnes
qui ont suivi une démarche particulière. Les pratiques
ésotériques peuvent comprendre la numérologie,
l’astrologie, la magie blanche et le spiritisme. Voici
quelques exemples de groupes religieux de la famille
ésotérique : la Rose-Croix, la Société théosophique, la
Fraternité blanche universelle. L’astrologie est une pratique importante pour certains
groupes de la famille ésotérique.

Des groupes inspirés des spiritualités amérindiennes


Quelques nouveaux mouvements religieux de la famille ésotérique s’inspirent des spiritualités
des peuples autochtones. Ces mouvements enseignent, par exemple, diverses techniques
chamaniques de guérison et de recherche spirituelle. Le succès de ces mouvements auprès
des populations occidentales est en partie attribuable à la popularité des livres publiés dans
les années 1960 de l’écrivain américain né au Pérou Carlos Castaneda (1925-1998). En
résumé, il y raconte ses expériences avec un chaman de l’Arizona qui pouvait prétendument
manipuler le temps et l’espace.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 175


La famille orientale
Les nouveaux mouvements religieux de la famille
orientale s’inspirent des traditions religieuses
provenant de l’Asie, telles que l’hindouisme et le
bouddhisme. Vers les années 1960 et 1970, bon
nombre de Nord-Américains et d’Européens s’in-
téressent aux pratiques et aux croyances orien-
tales, comme le yoga, la méditation, le karma, le
nirvana, la réincarnation, les gourous, etc. Voici
quelques exemples de groupes religieux de la Le symbole sanskrit OM (ou Aum), le premier son
famille orientale : le Mouvement international pour de l’Univers selon les hindous, est important dans
la conscience de Krishna, la Méditation transcen- les nouveaux mouvements religieux de la famille
orientale.
dantale, le Falun Gong.

La famille chrétienne
Les nouveaux mouvements religieux de BAO
cette famille puisent leur inspiration dans Le bouddhisme, p. B59
L’hindouisme, p. B65
la tradition biblique et chrétienne. Géné-
ralement, pour les adeptes de ces groupes,
la Bible est la seule vérité possible. Ils y
trouvent des réponses aux questions exis-
tentielles. Pour ces croyants, seul Jésus-
Christ peut sauver l’humanité du mal et
son retour prochain sur Terre apportera
un temps de paix. Voici quelques exemples
de groupes religieux de la famille chré-
La croix est un symbole important pour les tienne : l’Église de Jésus-Christ des Saints
nouveaux mouvements religieux de la famille des derniers jours, les Témoins de Jého-
chrétienne. vah, l’Église adventiste du septième jour.

La famille scientifique
Plusieurs nouveaux mouvements religieux
prétendent ne pas s’appuyer sur des croyances
religieuses, mais plutôt sur des vérités dites scien-
tifiques. Cette famille compte également des
groupes ayant élaboré de nouveaux récits extra-
terrestres qui ressemblent à ceux de la science-
fiction, et d’autres groupes qui empruntent leurs
théories à la psychologie moderne. Le mouvement
du Potentiel humain, qui vise à développer toutes
les qualités et aptitudes de l’être humain par
diverses thérapies et laboratoires de développe-
ment personnel, fait partie de cette famille ainsi
que la Scientologie, le Mouvement raëlien, les
Sciences cosmiques et le forum Landmark.
Le système de croyances de certains groupes de
la famille scientifique comprend l’étude du cosmos.

176 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

D’HIER À AUJOURD’HUI
1. Complétez les définitions à l’aide des mots de la liste. Puis, reliez les définitions aux périodes
correspondantes.

philosophie religion négatif maître manipulation


groupes rupture écoles financière

Les sectes sont des


de formées de disciples
réunis autour d’un .

Depuis les années


1980.
Les sectes sont des religieux,
formés à la suite d’une
Dans l’Antiquité.
avec une existante.

Au 16e siècle.

Le mot secte prend un sens


associé à la mentale et
à l’escroquerie .

2. Pourquoi des spécialistes des religions préfèrent-ils l’expression nouveau mouvement religieux
au terme secte ?

3. Indiquez si les énoncés suivants sont vrais ou faux. VRAI FAUX

a) Dans la première moitié du 20e siècle, plusieurs événements bouleversent


la réalité religieuse québécoise.

b) Certains appellent nouveau mouvement religieux les nouvelles croyances


et pratiques religieuses apparues surtout à partir du 20e siècle.

c) Selon des études, la majorité des gens qui ont vécu une expérience dans
une secte en gardent un souvenir négatif.

d) Le mot secte est souvent rattaché à des événements tragiques fortement


médiatisés.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 177


Nom : Groupe : Date :

LES NMR AU QUÉBEC


1. Peut-on affirmer que le phénomène des nouveaux mouvements religieux est marginal au Québec ?
Expliquez votre réponse.

2. Associez les éléments suivants aux besoins correspondants.


suivre un maître spirituel être en contact avec les autres
distinguer le bien et le mal répondre aux questions existentielles être reconnus
vivre des émotions fortes avoir des certitudes communiquer avec un autre monde
être acceptés obtenir des réponses être en contact avec le divin

a) Besoin d’appartenance :

b) Besoin de vivre une expérience hors du commun :

c) Besoin de sens et de compréhension :

d) Besoin de guides et de repères :

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B85

1 Lisez les affirmations et répondez aux questions.

A. À mon avis, les religions traditionnelles sont préférables aux nouveaux mouvements religieux
quand on cherche des réponses aux questions existentielles.

a) Quel est le type de jugement présent dans cette affirmation ?

B. Il faut arrêter de dénigrer les nouveaux mouvements religieux.

a) Quel est le type de jugement présent dans cette affirmation ?

b) Qu’est-ce qui pourrait inciter une personne à formuler un tel jugement ?

178 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

DES GROUPES ET DES FAMILLES


1. Associez les éléments suivants aux familles des nouveaux mouvements religieux.
Bible kabbale gourou savoir secret retour du Christ
hindouisme spiritisme extraterrestres Jésus psychologie moderne
méditation potentiel humain

a) Famille ésotérique :

b) Famille scientifique :

c) Famille chrétienne :

d) Famille orientale :

2. Quel événement du tableau de la page 173 pourrait expliquer l’émergence de la famille orientale au
Québec ? Expliquez votre réponse.

3. Quel événement du tableau de la page 173 pourrait expliquer l’émergence de la famille scientifique ?
Expliquez votre réponse.

4. Expliquez comment l’Exposition universelle de Montréal a pu favoriser l’émergence de nouveaux


mouvements religieux au Québec.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 179


Nom : Groupe : Date :

ANALYSE DES NMR


1. Pour chaque nouveau mouvement religieux fictif suivant, indiquez un besoin auquel il pourrait
répondre et une famille à laquelle il pourrait être rattaché.

a) Le Mouvement Yogismaji est surtout centré sur la pratique du yoga et de la méditation. Ses
origines remontent aux traditions religieuses ancestrales de l’Inde. Par la pratique du yoga,
le mouvement propose à ses membres de vivre des expériences religieuses exceptionnelles.

Besoin :
Famille :

b) Depuis les années 1970, le Centre du tambour organise des ateliers en forêt. Des membres
enseignent aux participants des techniques chamaniques ancestrales afin que tous puissent
trouver des réponses à leurs questions existentielles.

Besoin :
Famille :

c) Le système de croyances de l’Association des sciences du cosmos est principalement fondé


sur les derniers développements en neurophysiologie. Des rencontres régulières avec la directrice
de cette association sont offertes afin de permettre aux participants de recevoir des enseignements
personnalisés pour les amener sur le chemin de la connaissance.

Besoin :
Famille :

d) Les dirigeants de la Mission Golgothaba invitent ses membres à lire les paraboles de Jésus.
La Mission vise l’entraide fraternelle et le partage afin que chacun et chacune puissent se sentir
comme dans une grande famille.

Besoin :
Famille :

e) L’Assemblée pour Jésus organise des rencontres pour prier le Seigneur en chantant ses louanges.
Ce mouvement veut ainsi donner l’occasion aux adeptes d’expérimenter la prière du cœur afin
d’entrer en relation avec Dieu.

Besoin :
Famille :

f) L’Ashram Varnakanda offre aux personnes intéressées une retraite de trois jours dans une auberge.
Cette retraite est l’occasion de développer de solides amitiés.

Besoin :
Famille :

180 VIVRE ENSEMBLE 4


Les origines du christianisme
Vers l’an 30, la première communauté chrétienne est née à
l’occasion de la Pentecôte, à Jérusalem. Un nouveau mouve-
ment religieux est alors formé. À cette époque, les premiers
chrétiens se sont dissociés de la religion juive, comme d’autres
groupes l’avaient fait avant eux, notamment le groupe des
esséniens en l’an 150 avant notre ère. Au départ, seulement
une poignée de disciples propagent la nouvelle de la résurrec-
tion de Jésus dans des provinces de l’Empire romain. Et, pen-
dant longtemps, la propagation se fait dans la clandestinité,
car le nouveau mouvement religieux est dénoncé autant par Mosaïque de l’emblème du poisson. Les premiers
chrétiens adoptent comme signe de reconnaissance
les autorités politiques de l’Empire romain que par les autori-
secret l’emblème du poisson, car le mot grec ikhthus
tés religieuses juives de la Judée, alors sous contrôle romain. signifie « poisson » et forme les premières lettres
Certains enseignements du christianisme heurtent les de Iesous Khristos Théou Uios Sôter (Jésus-Christ,
croyances établies. Par exemple, l’annonce que Jésus est Fils Fils de Dieu sauveur).
de Dieu et que la fin du monde est proche choque les adeptes
du judaïsme.

Face à l’hostilité
Les premiers chrétiens se sont rapidement heurtés à ceux qui
ne partageaient pas leurs croyances. Des passages du Nouveau
Testament mentionnent que certains d’entre eux ont été lapi-
dés, emprisonnés et fouettés. D’autres témoignages d’auteurs
et d’historiens du début de notre ère font également mention
des persécutions dont ont été victimes les premiers chrétiens.
En plus d’offrir des informations intéressantes sur l’origine de
la religion chrétienne, ces témoignages constituent, selon plu- Les chrétiens d’aujourd’hui utilisent encore le symbole
sieurs historiens contemporains, des preuves incontestables ikhthus. On peut l’apercevoir sur des automobiles, au
de l’existence d’une personne nommée Jésus de Nazareth. Québec et ailleurs.

Flavius Josèphe, un historien juif, décrit dans son livre, Les antiquités juives, la lapidation
Vers
de Jacques, le premier évêque de Jérusalem. Il le présente comme « le frère de Jésus,
l’an 93
dit le Christ ».

L’écrivain romain et fonctionnaire de l’Empire romain, Pline Le jeune, écrit une lettre à
l’empereur romain Trajan. Il y rapporte que des chrétiens sont coupables de plusieurs
111-113
délits, dont celui de refuser de rendre un culte à l’empereur. Il écrit également qu’il les
a fait interroger et exécuter.

Dans un livre intitulé La vie de Néron, l’historien romain Tacite fait mention des chrétiens.
116-117 Il dit du christianisme qu’il s’agit d’une « superstition exécrable », « comme tout ce qu’il y a
de plus ignoble et de plus honteux ».

De nos jours, le petit groupe de personnes qui suivait à l’époque Jésus de Nazareth
compte plus d’un milliard de fidèles. Aujourd’hui, tout comme le christianisme s’est
lui-même dissocié du judaïsme il y a plus de 2000 ans, de nouveaux mouvements
religieux se forment en se séparant des traditions religieuses chrétiennes officielles.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 181


Des réactions face aux nouveaux
mouvements religieux
Les réactions de l’Église catholique
Les nouveaux mouvements religieux sont souvent perçus comme des menaces à l’ordre
social dans les sociétés où la religion catholique est dominante. Dans ce contexte, les
nouveaux mouvements religieux sont considérés comme des groupes qui remettent
en question les valeurs et les vérités défendues par l’Église catholique romaine.
Aujourd’hui, le Vatican est préoccupé par la prolifération des nouveaux mouvements
religieux chrétiens. En 2007, dans un document préparatoire à une assemblée des
évêques, on peut lire :

« Une plus grande attention est nécessaire encore à l’égard de la pureté de la Parole de
Dieu […], face aux nombreuses sectes qui utilisent la Bible pour d’autres fins et suivant
des méthodes étrangères à l’Église.
»
Source : Synode des évêques, XIIe assemblée générale ordinaire, chapitre 3, « La parole de Dieu dans la vie
et la mission de l’Église », Rome, 2007.

Quand un groupe devient suspect


Bien que la majorité des nouveaux mouvements religieux soient inoffensifs, certains
d’entre eux peuvent présenter de réels dangers. Selon Jean Delumeau, historien des
religions français, il est nécessaire de rester vigilant. Devant un groupe suspect, il
suggère que les gens se posent les questions suivantes.

-
sionnelle ?

Le Centre d’écoute et d’interprétation des nouvelles


PORTRAIT recherches du croire

Le Centre d’écoute et d’interprétation des nouvelles recherches du croire (CEINRC)


est un organisme sans but lucratif, indépendant et communautaire, fondé en 1984.
Situé à Montréal, le CEINCR est ouvert au grand public. Lieu d’analyse, de rencontre
et de dialogue au sujet des nouveaux mouvements religieux, il recueille les témoi-
gnages d’anciens membres, soutient divers intervenants du milieu, informe et favorise
la recherche sur le sujet.
Le CEINRC organise des conférences dans les écoles, publie des livres et offre ses
services à divers organismes sociaux, gouvernementaux et religieux.

182 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

LE CHRISTIANISME ET SES ORIGINES


1. Décrivez le contexte historique dans lequel s’est développé le christianisme à ses origines.
Qui ?

Quand ?

Quoi ?

Où ?

2. Quelles sont les deux significations de ikhthus ?

3. Que représente le symbole du poisson pour les premiers chrétiens ?

4. Relevez une ressemblance et une différence entre les actuelles réactions de l’Église catholique face
aux nouveaux mouvements religieux et celles des autorités religieuses juives du 1er siècle de notre ère
face au christianisme naissant.

Ressemblance :

Différence :

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 183


Nom : Groupe : Date :

NMR SOUS SURVEILLANCE


1. Lisez le texte suivant décrivant un nouveau mouvement religieux fictif et répondez aux questions.

Venus de Californie et installés au Québec depuis 1981, les membres du mouvement La Voie
véritable se sont séparés du bouddhisme des origines pour aller vers le christianisme protestant.
Les 150 membres doivent obéissance à leur maître unique, qui offre à tous ses conseils sur la vie
spirituelle et sur le développement moral. Les adeptes du groupe doivent lui verser la moitié de
leurs économies. Enfin, ils ne doivent plus communiquer avec leur famille, conformément, selon
le mouvement, à ce que Jésus dicte dans les Évangiles : « Qui aime son père ou sa mère plus que
moi n’est pas digne de moi ; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. »
(Matthieu 10, 37)

véritable ? Expliquez votre réponse.

b) Nommez un besoin que tente de combler le mouvement La Voie véritable. Expliquez votre réponse.

véritable vous paraît suspecte.

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B85

1 Lisez l’affirmation et répondez à la question.

Il est important de s’assurer que les nouveaux mouvements religieux respectent la liberté de
ceux qui y adhèrent.

184 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

LA CYBERCONFÉRENCE
En raison de votre expertise dans le domaine des nouveaux mouvements religieux,
vous devez vous préparer à participer à une cyberconférence. Cette conférence
par internet s’adresse aux parents, aux élèves et au personnel d’une école. Elle
vise à répondre aux questions soulevées par la présence d’un groupe religieux qui
distribue des dépliants aux élèves.

Afin que les échanges de propos soient courtois et efficaces, les organisateurs de
l’événement affichent dans le site internet de l’école les règles à respecter pendant
la cyberconférence.

Les règles de la nétiquette


Pour toutes les formes de communication par ordinateur (courriel, forum de discussion, etc.),
il existe un ensemble de conventions de bienséance à respecter pour communiquer de
manière efficace et respectueuse. Voici quelques-unes de ces règles de conduite :
Prendre en considération que le ou la destinataire a une culture, une langue
et un humour qui peuvent être différents des siens.
Ne pas modifier les messages qu’on fait suivre.
Ne pas utiliser trop de majuscules. Elles donnent l’impression qu’on crie.
Utiliser les symboles d’humeur de façon modérée. ;-) et :-( sont des exemples
de symboles.

Afin de bien préparer vos interventions, lisez attentivement les consignes présen-
tées ci-dessous, puis remplissez la page suivante.

1. Nommez un événement historique de la deuxième moitié du 20e siècle qui a pu


contribuer à l’émergence de nouveaux mouvements religieux au Québec.
Expliquez votre réponse.

2. Pour chacune des affirmations A, B, C et D de la page suivante,


a) nommez le type de jugement en cause ;

b) formulez une question qui permet d’interroger ce jugement ;

c) donnez une information présente dans le dossier qui pourrait être pertinente
dans une discussion au sujet du jugement.

3. Relevez deux expressions du religieux, présentes dans le dépliant du mouve-


ment LE DÉTOUR, qui permettraient de classer ce nouveau mouvement
religieux dans une des quatre familles présentées dans le dossier.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 185


Nom : Groupe : Date :

1. Un événement historique du 20e siècle.

2. A. Il faut se méfier des sectes.


a) Type de jugement :
b) Question :

c) Information pertinente :

B. Le christianisme a déjà été une secte.

a) Type de jugement :
b) Question :

c) Information pertinente :

C. Les nouveaux mouvements religieux sont dangereux.

a) Type de jugement :
b) Question :

c) Information pertinente :

D. J’aime mieux utiliser l’expression nouveau mouvement religieux que le mot secte.

a) Type de jugement :
b) Question :

c) Information pertinente :

3. a) Deux expressions du religieux en lien avec Le Détour.

b) Une famille en lien avec ces expressions du religieux.

186 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 9 Total


/25

1. Reliez les croyances et les pratiques religieuses suivantes à la famille correspondante.

La lecture du Nouveau Testament.

La méditation transcendantale.

La croyance en des êtres venus d’une autre galaxie. La famille


ésotérique.

La compréhension de la vie à partir des chiffres


de notre date de naissance. La famille
orientale.

L’alignement des planètes permet d’expliquer


notre monde. La famille
chrétienne.

L’arrivée prochaine du Royaume annoncé par le Christ.


La famille
scientifique.
Notre maître est la réincarnation d’un gourou mort
depuis 120 ans.

Un appareil technologique sophistiqué permet de


purifier notre corps. /4

2. Indiquez à quel besoin correspondent les énoncés.


Le besoin d’appartenance. A
Le besoin de vivre une expérience hors du commun. B
Le besoin de sens et de compréhension. C
Le besoin de guides et de repères moraux. D

a) Les règles de ce groupe sont b) Je ne me suis jamais senti


claires et rassurantes. à ce point appréciée par
autant de personnes.
c) J’aime les réunions qui me
permettent de me retrouver d) Cette religion m’a expliqué
avec des gens qui se posent l’origine de l’être humain
les mêmes questions que moi. d’une façon qui me rejoint.

f) Notre maître connaît tellement


e) Comment être heureux ?
de choses. Il est vraiment
g) J’ai vécu dans ce groupe impressionnant.
un instant d’éveil et
h) J’ai rencontré Dieu. /4
de bien-être total.

DOSSIER 9 Les nouveaux mouvements religieux 187


Nom : Groupe : Date :

3. Nommez deux événements qui ont contribué au développement des nouveaux mouvements
religieux au Québec.

/2

4. Expliquez comment l’application des règles de la nétiquette favorise le dialogue.

/2

5. Formulez deux questions qui permettent de vérifier si un mouvement religieux est suspect.

/2

6. a) Quel symbole secret a été utilisé par les premiers chrétiens pour éviter les persécutions ?

b) Par qui les premiers chrétiens étaient-ils persécutés ?

c) Nommez une raison qui explique pourquoi les premiers chrétiens étaient persécutés.

/6

7. Lisez l’affirmation suivante.

Les informations que je lis dans les journaux au sujet des sectes sont souvent négatives.
Par ailleurs, l’Église catholique se dit préoccupée par la prolifération des nouveaux
mouvements religieux. Pour ces raisons, je me méfie des nouveaux mouvements religieux.

a) Quel type de raisonnement est utilisé dans cette affirmation ?

b) Est-ce que ce raisonnement est acceptable ? Expliquez votre réponse.

c) Quelle information contenue dans le dossier permettrait de nuancer la pensée de la


personne qui a formulé ce raisonnement ?

/5

188 VIVRE ENSEMBLE 4


DOSSIER 10
À table!
Demandes spéciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .190
Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .191
Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .192
S’alimenter, un geste culturel . . . . . . . . . . . . . .193
Religions et alimentation. . . . . . . . . . . . . . . . . .194
Judaïsme et alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . .194
Catholicisme et alimentation . . . . . . . . . . . . . .195
Protestantisme et alimentation. . . . . . . . . . . . .196
Islam et alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .196
Hindouisme et alimentation . . . . . . . . . . . . . . .197
Bouddhisme et alimentation. . . . . . . . . . . . . . .197
Éthique et alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . .198
Sens et alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . .199
Alimentation et tolérance . . . . . . . . . . . . . . . . .201
S’ajuster ou s’accommoder ? . . . . . . . . . . . .203
Interdictions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .204
Un texte au menu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .205
Test bilan du dossier 10 . . . . . . . . . . . . . . . .207
Demandes spéciales
Un centre de congrès ouvrira bientôt ses portes dans
une municipalité du Québec. Il accueillera des
congressistes du Québec et du Canada. Le centre
offrira à ses clients de spacieuses salles de réunion Bonjou
r Mada
et un bon restaurant. Quelques mois avant l’ouver- me,
La Soc
ture, Louise Valade, la directrice du centre, reçoit iété d’é
tud
souhait
plusieurs lettres et courriels de la part de futurs e organ es des civilis
sous p iser un ations
eu. Co colloqu orienta
congressistes. Ces personnes lui demandent de tenir sont vé mme p
lusieurs
e dans
votre v
les
gétarie de nos ille
compte de leurs exigences alimentaires particulières serait-il ns par membre
possib convic
tion reli
dans la conception des menus du restaurant. le de p
révoir d gieuse s
es plats , vous
Cordia végéta
lement, riens ?

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des civ té
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yo n s o rg aniser un co tre centre.
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o m m e le thème sera o ss ib le d e compose Nous s
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aliments p itable ? Si u centr un coll e et no
d u co m merce équ io n s d iscuter d’u
n e. oque d
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re ce vo ir, nous aimer ra n t n ’o ffre que Afin de
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n ne Olympe religion er
ulipe et Étie s du m
Brigitte Lat onde
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Lorraine, Q

Le repas
PLACE PUBLIQUE

Le repas est un moment privilégié pour se réunir autour d’une table et partager non seulement la nourriture,
mais aussi ses soucis et ses joies. Au quotidien, lieu de conversation et de discussion, il renforce les liens
entre les membres d’une famille, les amis, les compagnons de classe ou les collègues de travail. Le repas
constitue aussi un excellent moyen de célébrer les occasions spéciales, comme les mariages, les fêtes et
les anniversaires. Dans toutes les cultures régionales, nationales ou religieuses, des règles régissent le choix
des aliments, la façon de les apprêter et de les consommer. Les repas sont le miroir des préférences, des
interdits et des manières de vivre de chaque groupe culturel.

190 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

REGARD SUR LA SITUATION


1. En plus de nourrir et de maintenir la santé, quel rôle l’alimentation joue-t-il dans la vie d’une personne ?
Expliquez votre réponse.

2. Dans la page précédente, repérez deux règles alimentaires présentes dans certaines traditions religieuses.

3. Selon vous, pourquoi existe-t-il des interdits alimentaires dans certaines traditions religieuses ?

4. À votre avis, nos choix alimentaires peuvent-ils avoir des répercussions sur la vie des autres ? Expli-
quez votre réponse.

5. Pensez-vous que vos choix alimentaires ont des répercussions sur votre comportement ? Expliquez
votre réponse.

6. Selon vous, dans une société pluraliste, les choix alimentaires peuvent-ils être un sujet de discorde ?
Expliquez votre réponse.

7. Formulez une question éthique soulevée par la lecture de la page 190.

DOSSIER 10 À table ! 191


ARRÊT Nourriture controversée
SUR IMAGES Les choix alimentaires des individus sont souvent le reflet de
leur personnalité, de leurs convictions, de leurs croyances et
de leurs idées politiques. Les exigences alimentaires sont ainsi
très diversifiées dans les sociétés pluralistes.

Au Québec
Les services correctionnels des prisons fédé-
rales ont l’obligation de respecter les pra-
tiques religieuses des détenus, notamment
en matière d’alimentation. Par exemple, à la
prison de Donnacona, dans la région de la
Capitale-Nationale, un détenu peut deman-
der une « diète religieuse ». Il doit toutefois
prouver aux autorités qu’il appartient à la
tradition religieuse à laquelle il veut se
conformer. Entre janvier 2011 et mai 2012, des
9000 repas servis quotidiennement dans les
prisons fédérales au Québec, 226 étaient des-
tinés à des détenus issus de diverses tradi-
tions religieuses, notamment le judaïsme,
l’islam et l’hindouisme, ainsi qu’à des chré-
tiens adventistes.

Des transporteurs aériens servent à leurs clients des repas conformes aux
règles de leur tradition religieuse.

Ailleurs dans le monde


De nombreuses compagnies aériennes offrent maintenant à leurs
voyageurs la possibilité de choisir ce qu’ils mangeront à bord.
Certains transporteurs servent donc des repas halal, kasher,
végétariens et sans gluten. Cependant, toutes les demandes ne
sont pas acceptées. En effet, certaines demandes liées aux into-
lérances alimentaires sont parfois jugées trop contraignantes.

Quelles sont les effets de nos choix alimentaires


sur les autres ?
Quel est le rôle de l’alimentation dans la vie des
croyants ?
Le jeûne est-il une pratique courante des traditions
religieuses ?
Existe-t-il des règles alimentaires non religieuses ?
Quelles sont les règles alimentaires du christianisme ?

Des détenues font la file à la cafétéria.

192 VIVRE ENSEMBLE 4


S’alimenter, un geste culturel

«
Le choix des aliments est lié à la satisfaction des besoins

»
du corps, mais aussi dans une très large mesure à la société.
Mary Douglas, anthropologue.

Dans toutes les cultures, manger dépasse le simple fait de se nour-


rir pour survivre et être en bonne santé. En effet, chaque culture
encadre la consommation de nourriture de diverses normes, cou-
tumes et habitudes qui portent autant sur le choix des aliments
que sur la façon de les transformer et de les consommer. Ainsi,
par leurs choix alimentaires, les êtres humains témoignent de leur Si la nourriture contribue à la cohésion de
culture. Par leur alimentation, ils affirment une vision du monde, certaines communautés, elle est aussi un signe
une identité qui véhicule des valeurs particulières. Manger peut de distinction sociale entre les plus fortunés et
donc devenir l’occasion de se sentir liés à la nature, à une com- les plus pauvres.

munauté ou au divin pour des croyants.

Alimentation et environnement
Par leurs choix en matière d’alimentation, certaines personnes cherchent à minimiser
les conséquences de leur consommation sur la nature et sur l’environnement. Ces
personnes consomment, par exemple, des aliments qui proviennent d’un type d’agri-
culture et d’une forme d’élevage qui ne nuisent ni à l’environnement ni aux animaux.
D’autres optent pour le végétarisme.

Alimentation et communauté
L’alimentation permet aussi de tisser des liens entre les membres d’une même com-
munauté. Souvent, les interdits alimentaires présents dans certaines religions incitent
les croyants à manger avec d’autres croyants de la même communauté religieuse, parce
qu’ils respectent les mêmes interdits. D’autre part, en
choisissant des aliments produits localement ou issus Mary Douglas PORTRAIT
d’une forme de commerce qui protège les droits des Docteure en anthropo-
travailleurs, des personnes peuvent aussi exprimer leur logie de l’université
solidarité avec une communauté particulière. d’Oxford, Mary Douglas
est une anthropologue
britannique qui, par ses
Alimentation et expérience religieuse recherches et ses publi-
cations, a considéra-
En obéissant à des règles alimentaires religieuses, blement influencé le
divers croyants peuvent se sentir liés au divin, car ils Mary Douglas (1921-2007).
domaine des sciences
ont le sentiment profond de se comporter selon la humaines. Dans son célèbre livre De la souillure,
volonté de Dieu. En outre, dans plusieurs cultures, publié en anglais en 1966, elle explore, entre
les aliments, en plus de leurs valeurs nutritives, sont autres, les interdits alimentaires de plusieurs
populations. Elle y explique que ce qu’une per-
aussi porteurs de qualités particulières qui peuvent
sonne considère comme sale, impur ou désordonné
faire progresser les croyants dans leur vie spirituelle. est généralement déterminé par des règles reli-
C’est le cas, notamment, de certains aliments pour gieuses ou culturelles.
les hindous.

DOSSIER 10 À table ! 193


Religions et alimentation Règles alimentaires
Dans la plupart des cultures religieuses, des principes moraux, des dans le judaïsme
règles morales et des croyances guident les comportements alimen- Aliments permis
taires. De plus, dans plusieurs traditions religieuses, une grande Mammifères quadrupèdes
valeur spirituelle est accordée au jeûne, c’est-à-dire la privation ruminants aux sabots fendus.
totale ou partielle de nourriture. En effet, pour certains croyants, la Oiseaux domestiques.
pratique du jeûne est souvent nécessaire pour entrer en relation avec Poissons avec nageoires et écailles.
le divin ou se préparer à vivre certains événements. Chez plusieurs Produits agricoles (fruits, légumes,
nations amérindiennes, par exemple, à la puberté, les adolescents céréales, etc.).
s’isolent et jeûnent afin d’entrer en contact avec les esprits et décou-
Aliments interdits
vrir quelle sera leur vocation.
Mammifères non ruminants.
Oiseaux de proie.

Judaïsme et alimentation Fruits de mer.


Reptiles.
Dans le judaïsme, la consommation de nourriture est régie par des Sang animal.
lois nommées kashrut. Il s’agit de règles qui indiquent ce qui est
Mélange de lait et de viande
kasher, c’est-à-dire propre à la consommation, et ce qui ne l’est pas. au cours du même repas.
Ces règles aident les croyants à distinguer le pur de l’impur, le bien
Abattage
du mal. C’est, entre autres, en respectant ces interdits alimentaires
Les animaux doivent être abattus
que les croyants parviennent à une meilleure maîtrise de leur personne.
avec un couteau sans défaut et être
Pour certains juifs, ces règles sont des guides vers la sainteté. Elles vidés de leur sang.
leur font vivre l’expérience d’être en parfait accord avec la Loi divine.

« Distinguez donc le quadrupède pur de l’impur, et l’oiseau impur d’avec le pur ; ne souillez
pas vos personnes par les quadrupèdes, les oiseaux et les différents reptiles de la terre,
que je vous ai fait distinguer en les déclarant impurs. Soyez saints pour moi, car je suis
saint, moi l’Éternel […].
»
Source : La Bible dans la traduction du Rabbinat, Paris, Sefarim [en ligne], Lévitique 20, 25-26. (Consulté
le 11 juin 2009.)

BAO
Le jeûne dans le judaïsme Le judaïsme, p. B41

Les juifs pratiquants doivent jeûner plusieurs


jours par année. Le jour du Pardon (Yom Kip-
pour), par exemple, est un jeûne d’une durée
de 24 heures. Cinq autres jeûnes annuels
doivent être observés. Ils commémorent
des deuils liés à des événements marquants
de l’histoire du peuple juif. Certains de ces
jeûnes exigent que le croyant s’abstienne de
boire et de manger du lever du soleil à la tom-
bée de la nuit.

Préparation de pain azyme, à Jérusalem, en Israël. Ce pain sans levure


est fait uniquement de céréale et d’eau.

194 VIVRE ENSEMBLE 4


Catholicisme et alimentation
Dès son origine, le christianisme se démarque du judaïsme en abolissant les inter-
dits alimentaires. Conformément aux enseignements du Christ, la pureté des
croyants relève davantage de leurs paroles et de leurs actes que de la nourriture
qu’ils consomment.

Pour le Christ, la véritable expérience religieuse qui permet de se rapprocher de Dieu,


c’est l’amour de Dieu et de son prochain. L’humain qui agit avec amour et justice est
libre de toute règle alimentaire. En matière d’alimentation, la doctrine catholique
encourage cependant les fidèles à se méfier des plaisirs de la table qui ne doivent
jamais nuire au développement spirituel. Pour cette raison, l’Église catholique consi- BAO
dère la gourmandise comme un péché. Le catholicisme, p. B23

«
Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la
bouche, voilà ce qui rend l’homme impur.
»
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, Matthieu15, 11.

Au sujet de la gourmandise, le philosophe et théologien chrétien italien Thomas


d’Aquin (1228-1274) écrit, dans un célèbre ouvrage intitulé Somme théologique :
« Lorsqu’elle détourne de la fin dernière, la gourmandise est opposée à l’amour de
Dieu, que l’on doit aimer par-dessus tout, comme notre dernière fin. »

Le jeûne dans le catholicisme


Si, au départ, l’Église ne prescrivait aucun
interdit alimentaire, dès le 4e siècle, un
concile préconisait le jeûne pendant le
carême, c’est-à-dire la période de péni-
tence qui précède Pâques. Au Moyen Âge
pendant le carême, le jeûne consistait à
ne prendre qu’un seul repas par jour vers
15 heures. Ce jeûne fut l’occasion de for-
muler de nouveaux interdits alimentaires.
En effet, plutôt que d’exiger des croyants
qu’ils s’abstiennent seulement de cer-
tains repas ou qu’ils mangent moins,
l’Église a également proscrit certains
aliments, comme la viande, les produits
laitiers et les œufs. À ce jeûne s’ajou- Le carême (ou La surprise du vendredi), de Cornelius Krieghoff (1815-1872).
taient les jours maigres qui, progressive- Originaire des Pays-Bas, l’artiste peignit de nombreuses scènes rurales du
ment après le Moyen Âge, se limitèrent Canada français. Ici, un curé surprend une famille en train de manger pendant
le carême.
au vendredi. Les jours maigres, la viande
était interdite, mais les produits laitiers et les œufs étaient autorisés. Puis, ces produits
finirent par être acceptés pendant le carême. Ce dernier a aussi connu d’autres assou-
plissements au cours des siècles, avant de devenir facultatif en 1966. Seuls les jeûnes
du mercredi des Cendres et du Vendredi saint sont aujourd’hui conseillés.

DOSSIER 10 À table ! 195


Protestantisme et alimentation
La plupart des Églises protestantes n’interdisent aucun produit alimentaire. Selon la
doctrine protestante, les croyants ne peuvent pas assurer leur salut par de bonnes
œuvres ou le respect de règles alimentaires. Seule la foi en Jésus-Christ sauve du mal
BAO
et cette foi est un don de Dieu. L’expérience religieuse protestante se vit donc en Le protestantisme,
témoignant de cette foi. p. B31

« Tout ce qu’on vend au marché, mangez-le sans poser de question par motif de conscience ;
car la terre et tout ce qu’elle contient sont au Seigneur. […] Soit donc que vous mangiez,
soit que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.
Source : La Bible, traduction œcuménique de la Bible (TOB), Paris, © Société biblique française, Éditions
du Cerf, 1988 et 2004, 1 Corinthiens 10, 25-26 et 31.
»
Le jeûne dans le protestantisme
Les Églises protestantes laissent généralement aux croyants le choix de jeûner ou non
pendant le carême et la façon de le faire.

BAO
Islam et alimentation L’islam, p. B53

C’est l’obéissance aux règles et aux commandements d’Allah, écrits


dans le Coran, qui permet aux croyants musulmans d’être sauvés.
Afin de bien respecter les règles divines, les musulmans se doivent
de distinguer ce qui est permis (halal) de ce qui ne l’est pas (haram).

« Mangez donc de ce qu’Allah vous a attribué de licite et de


bon. Et soyez reconnaissants pour les bienfaits d’Allah, si
c’est Lui que vous adorez. Il vous a, en effet, interdit [la chair]
de la bête morte, le sang, la chair de porc, et la bête sur
laquelle un autre nom que celui d’Allah a été invoqué.
» Étiquetage halal. Halal signifie « autorisé ».
Pour qu’une viande soit halal, l’animal doit
être abattu conformément aux prescriptions
Source : Le saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses coraniques. D’abord, le nom d’Allah doit être
versets, Liban, Éditions Al Bouraq, 1998, sourate 16, 114-115. invoqué avant que l’animal soit égorgé, la tête
tournée vers La Mecque. L’animal doit ensuite
être vidé de son sang.
Pour les musulmans qui respectent les interdits alimentaires indi-
qués dans le Coran, le repas n’est pas seulement une occasion de se
nourrir, il permet aussi une expérience religieuse de louange et de Aliments interdits dans l’islam
soumission à Allah. Alcool.
Porc.
Le jeûne dans l’islam Sang.
Bête trouvée morte.
Le mois du Ramadan, neuvième mois du calendrier lunaire islamique,
Animaux sacrifiés à un autre dieu
est une période de jeûne complet, du lever au coucher du soleil, pour
qu’Allah.
les musulmans pratiquants. D’après le Coran, le jeûne du Ramadan
Les animaux doivent être abattus
permet, entre autres, au croyant de cultiver sa piété. Selon la croyance
avec un couteau sans défaut et être
musulmane, c’est pendant ce mois que le prophète Muhammad a vidés de leur sang.
reçu sa première révélation divine.

196 VIVRE ENSEMBLE 4


Hindouisme et alimentation
Selon les récits de l’Ayurveda, la consommation de certains aliments jugés purs et
équilibrés, comme les fruits frais, les grains entiers, les noix, les lentilles et le miel,
peut jouer un rôle important dans le développement spirituel d’une personne. Ces
nourritures apporteraient de l’énergie et de la vitalité au corps, tout en purifiant l’es-
prit et en rendant la pensée plus claire. La consommation de tels aliments aurait pour
effet de permettre aux croyants de mieux maîtriser leur corps et d’être davantage
disponible à l’expérience religieuse ultime de l’hindouisme : la libération ou moksha.

Par ailleurs, dans l’hindouisme, le bœuf et le porc sont généralement interdits. De


plus, plusieurs hindous choisissent d’être végétariens, suivant les règles des Yogasutra
qui prônent la non-violence, l’ahimsa. Pour certains hindous, le choix d’une alimen-
tation végétarienne peut aussi être guidé par la croyance en la réincarnation, qui veut BAO
qu’une personne puisse se réincarner sous une forme animale. L’hindouisme, p. B65

Le jeûne dans l’hindouisme


Dans l’hindouisme, certains ascètes sont admirés pour leurs jeûnes fréquents. Le
jeûne aiderait à atteindre la perfection spirituelle.

Bouddhisme et alimentation
Selon le moine bouddhiste Thich Nhat Hanh, manger demande une attention et une
concentration totales. Par la contemplation des aliments sur leur table, les bouddhistes
prennent conscience que la nourriture est un don de la terre et un miracle de la vie.
En veillant à ne manger que ce dont ils ont vraiment besoin, ils font preuve de modé-
ration et de maîtrise de leurs désirs. De plus, ils s’assurent de manger une nourriture
qui maintient le corps en bonne santé et qui développe la compassion, ce qui implique
de s’abstenir de manger de la viande. En effet, tuer un animal ne fait pas preuve de BAO
compassion. En général, les bouddhistes ne consomment pas d’alcool. Le bouddhisme, p. B59

«
Se nourrir de viande éteint la graine
de la compassion.
Source : Mahaparinibbanasutta, le Sutra
qui raconte la mort du Bouddha, cité par
Comprendre pour respecter les fois et les
»
cultures de l’Europe [en ligne]. (Consulté le
11 juin 2009.)

Le jeûne dans le bouddhisme


Dans le bouddhisme, plusieurs moines jeû-
nent lors de certains rites. Ces rites sont
l’occasion pour les moines de réaffirmer
leur respect des règles disciplinaires de leur
communauté.
Repas de moines bouddhistes au monastère de Maha Gandayone,
au Myanmar.

DOSSIER 10 À table ! 197


Éthique et alimentation
Certaines personnes sont guidées par des convictions autres que religieuses dans
leurs choix en matière d’alimentation. Ces personnes évaluent, par exemple, les consé-
quences que peuvent avoir leurs choix alimentaires sur l’environnement et sur le
bien-être de diverses populations humaines ou animales.

Le végétarisme et le végétalisme
Des personnes choisissent un régime végétarien ou végétalien parce qu’elles
s’opposent à la violence envers les animaux. D’autres adoptent ces modes d’alimen-
tation pour des raisons environnementales. Elles considèrent que la production de
viande entraîne trop de conséquences négatives sur l’environnement, notamment la
destruction de forêts pour la création de pâturages ainsi que la pollution des rivières
et des nappes phréatiques par l’urine et les excréments des animaux.

L’alimentation biologique
De plus en plus de gens choisissent de consommer des produits issus
de l’agriculture biologique parce qu’ils estiment cette pratique moins
nuisible à l’environnement. Cette forme d’agriculture se caractérise par
l’absence d’engrais chimiques, de pesticides de synthèse et de divers
désherbants. En outre, les aliments biologiques n’ont pas été manipulés
génétiquement.

Les produits issus du commerce équitable


En choisissant d’acheter des produits issus du commerce équitable, cer-
taines personnes croient contribuer à l’amélioration de la qualité de vie
de milliers de paysans en encourageant des entreprises qui respectent
à la fois les droits des travailleurs et l’environnement.

L’alimentation locale
Pour les partisans de l’alimentation locale, le fait de se nourrir d’aliments
produits à proximité permet d’éviter les longs transports de marchan-
dises. Ceci aide à diminuer les émissions de gaz à effet de serre qui
contribuent aux changements climatiques. De plus, en optant pour des
produits issus de l’agriculture locale, ces consommateurs soutiennent Logos figurant sur certains produits
les entreprises agricoles de leur territoire. alimentaires au Québec.

PORTRAIT Laure Waridel

Laure Waridel est une sociologue québécoise spécialisée en développement


international et en environnement. Elle est considérée comme une pionnière du
commerce équitable au Québec. En 1993, elle a cofondé l’organisme Équiterre,
une organisation qui fait la promotion de choix écologiques et socialement res-
ponsables. En 2005, elle a fait son entrée dans le Cercle des Phénix qui regroupe
des personnalités québécoises ayant contribué, de façon exceptionnelle, à la cause
de l’environnement.
Laure Waridel (1973- ).

198 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

SENS ET ALIMENTATION
1. Expliquez le sens de l’énoncé suivant : « Dans toutes les cultures, manger dépasse le simple fait de se
nourrir pour survivre et être en bonne santé. »

2. Reliez les phrases à la façon appropriée de concevoir l’alimentation.

Pour certains croyants, l’acte de manger


se compare à une prière.
Une alimentation pour se sentir
respectueux de l’environnement.
Diverses traditions religieuses ont des
interdits alimentaires qui permettent,
entre autres, de créer des liens à l’intérieur Une alimentation pour se sentir
d’un même groupe. solidaire d’une communauté.

Pour moi, une nourriture saine ne doit pas Une alimentation pour être en
contenir de contaminants chimiques issus contact avec Dieu.
d’un type d’agriculture ou d’élevage intensifs
qui ne respecte pas l’environnement.

3. Expliquez ce qui a pu orienter les choix alimentaires des personnes qui :


a) privilégient les produits certifiés « commerce équitable » ;

b) choisissent des aliments biologiques.

4. Pour chaque tradition religieuse vue dans ce dossier, nommez un repère en lien avec l’alimentation et
une valeur sur laquelle s’appuient les croyants pour déterminer leurs choix alimentaires.

Judaïsme :
Catholicisme :
Protestantisme :
Islam :
Hindouisme :
Bouddhisme :

DOSSIER 10 À table ! 199


Nom : Groupe : Date :

PLACE PUBLIQUE BAO, p. B85, B86 et B93

1 Lisez les affirmations A et B. Pour chacune,


a) nommez le procédé susceptible d’entraver le dialogue qui est utilisé ;

b) formulez une question qui permet de remettre en cause le procédé susceptible d’entraver
le dialogue utilisé.

A. Je n’achète pas de produits provenant du commerce équitable, car ça ne changerait rien.


La plupart des gens ne le font pas de toute façon.

Procédé susceptible d’entraver le dialogue :


Question remettant en cause le procédé :

B. Ce n’est pas étonnant que tu sois pour le commerce équitable. Si l’on t’écoutait, il
faudrait vivre sans auto, sans électricité et devenir végétarien pour sauver le monde.

Procédé susceptible d’entraver le dialogue :


Question remettant en cause le procédé :

2 a) Quel type de raisonnement est utilisé dans l’affirmation suivante ?

Je pense qu’il y a trop de pauvreté dans le monde. Le commerce équitable favorise une
meilleure répartition des richesses. J’achète donc des produits certifiés « commerce équitable ».

b) Selon vous, le raisonnement est-il acceptable ? Justifiez votre réponse.

3 Formulez un jugement de valeur qui pourrait être fait autant par une personne végétarienne que par
une personne qui favorise le commerce équitable, l’alimentation biologique ou l’achat local. Votre
réponse doit contenir la valeur commune à ces visions du monde.

200 VIVRE ENSEMBLE 4


Alimentation et tolérance
Les sociétés pluralistes sont composées de personnes aux
croyances religieuses et aux convictions éthiques diverses,
parfois opposées, notamment en ce qui concerne leurs habi-
tudes alimentaires. Tout le monde doit se nourrir, mais tout le
monde ne se nourrit pas de la même manière, ni pour les mêmes
raisons. Dans certaines situations, il est possible qu’un individu
ou un groupe, aux croyances religieuses ou aux convictions
éthiques particulières, demande à une entreprise privée ou à
un organisme public de tenir compte de ses exigences en
matière d’alimentation. Ces demandes peuvent même être faites
au nom de la liberté de conscience et de religion, des libertés
fondamentales protégées par la Charte des droits et libertés de
la personne du Québec et par la Charte canadienne des droits
Gérard Bouchard, coprésident de la Commission
et libertés. de consultation sur les pratiques d’accommode-
ment reliées aux différences culturelles.

Arrangements demandés
Au Québec, entre 2002 et 2007, plusieurs cas d’entreprises pri-
vées et d’organismes publics ayant fait l’objet de demandes
d’arrangements pour des motifs religieux ont été portés à l’at-
tention du public, notamment par les médias. Par exemple, un
parent a demandé que le centre de la petite enfance où vont ses
enfants leur serve des repas qui respectent certains interdits
religieux alimentaires.

Les vives réactions du public relatives à certains de ces arran-


gements ont amené le gouvernement du Québec à annoncer,
en 2007, la création d’une Commission de consultation sur les
pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles.
Cette commission a été présidée par l’historien et sociologue
Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor. Elle avait
comme mandat de dresser un portrait de la situation concernant
Charles Taylor, coprésident de la Commission de
les pratiques d’accommodement au Québec, de tenir des consultation sur les pratiques d’accommodement
consultations publiques et d’émettre des recommandations à reliées aux différences culturelles.
ce sujet. À cette occasion, les commissaires Bouchard et Taylor
ont fait le point sur deux formes de pratique qui visent à régler
des conflits pouvant survenir dans des situations où des cultures
Accommodement raisonnable
ou des convictions différentes s’opposent.
« Arrangement qui relève de la sphère
juridique, plus précisément de la jurispru-
L’accommodement raisonnable dence ; il vise à assouplir l’application d’une
norme ou d’une loi en faveur d’une personne
L’accommodement raisonnable est un assouplissement ou une ou d’un groupe de personnes victimes ou
adaptation juridique des normes, ou l’adoption juridique de menacées de discrimination en raison de
motifs spécifiés par la Charte. »
certaines exceptions aux règles générales pour répondre à des
Source : Commission de consultation sur les pra-
besoins particuliers, dans le but d’empêcher la discrimination tiques d’accommodement reliées aux différences
envers un individu ou un groupe. L’accommodement raison- culturelles, Fonder l’avenir, le temps de la conci-
nable permet de rendre les règles équitables pour tous et de liation : rapport /Gérard Bouchard, Charles Taylor,
2008 [en ligne]. (Consulté le 12 décembre 2013.)
faire en sorte que le droit à l’égalité de chacun soit respecté.

DOSSIER 10 À table ! 201


L’ajustement concerté

« Similaire à l’accommodement raisonnable, sauf que l’arrangement relève de la sphère


citoyenne ; il est consenti le plus souvent par un gestionnaire d’institution publique ou
privée au terme d’une entente à l’amiable ou d’une négociation avec des usagers (patients,
élèves, clients...) ou des employés.
Source : Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles
[en ligne]. (Consulté le 12 décembre 2013.)
»
L’ajustement concerté est un arrangement consenti à l’amiable entre des citoyens,
sans l’aide des tribunaux, dans le but d’aboutir à une solution qui puisse satisfaire les
droits à l’égalité des deux parties en cause. L’ajustement concerté repose donc sur la
négociation et la recherche de compromis entre les personnes lorsqu’une de ces per-
sonnes considère que certains de ses droits ne sont pas respectés. Il peut s’agir, par
exemple, d’un employé qui négocie avec son employeur un arrangement qui lui per-
mettrait de pratiquer sa religion sans toutefois que cela nuise à son travail.

Gérard Bouchard et Charles Taylor sont d’avis que cette forme d’arrangement non
juridique est à privilégier pour régler les conflits dans lesquels des pratiques culturelles
s’opposent.

« De façon générale, nous favorisons fortement le recours à la voie citoyenne et à l’ajuste-


ment concerté, et ce pour plusieurs raisons : a) il est bon que les citoyens apprennent à
gérer leurs différences et leurs différends ; b) cette voie permet de ne pas engorger les
tribunaux ; c) les valeurs qui sous-tendent la voie citoyenne (l’échange, la négociation, la
réciprocité) sont celles qui fondent aussi le modèle d’intégration du Québec.
»
Source : Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles,
Fonder l’avenir, le temps de la conciliation : rapport /Gérard Bouchard, Charles Taylor, 2008 [en ligne].
(Consulté le 12 décembre 2013.)

LES TRUCS DU MÉTIER

Juge au Tribunal des droits de la personne


Le Tribunal des droits de la personne juge des
cas de discrimination fondés sur différents
motifs interdits par la Charte des droits et liber-
tés de la personne. Les personnes qui aspirent
au poste de juge doivent d’abord devenir avo-
cats, puis pratiquer ce métier pendant 10 ans
avant de pouvoir être nommées juges par le
gouvernement provincial ou fédéral. La forma-
tion d’avocat dure près de quatre ans et inclut
un baccalauréat, un examen à l’école du Barreau
du Québec et un stage en milieu de travail. La
profession de juge exige une conduite morale
irréprochable, une grande capacité d’analyse et
de synthèse, de même qu’une aptitude à
résoudre des problèmes complexes.

202 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

S’AJUSTER OU S’ACCOMMODER ?
1. Définissez le concept d’accommodement raisonnable.

2. Indiquez deux raisons qui expliquent que Gérard Bouchard et Charles Taylor recommandent la voie de
l’ajustement concerté plutôt que celle de l’accommodement raisonnable.

3. Lisez le texte suivant et répondez aux questions ci-dessous.

En 2008, le Tribunal des droits de la personne du Québec a tranché en faveur d’un centre de
la petite enfance (CPE) qui refusait de garantir à un père de famille musulman que ses enfants ne
mangeraient aucune viande qui ne soit pas halal. Le Tribunal a refusé d’accommoder le parent,
estimant que la demande constituait une contrainte déraisonnable pour le CPE. Le Tribunal a jugé,
dans ce cas précis, que les exigences du père étaient excessives et qu’elles demandaient de la
part des éducatrices une surveillance et des interventions qui dépassaient les limites du raisonnable.

a) Nommez deux valeurs en conflit dans cette situation.

Valeur : Valeur :

b) Si vous dirigiez ce CPE, que proposeriez-vous comme solution ? Expliquez votre réponse.

c) Selon vous, quelle autre demande faite par un parent à un CPE aurait pu être acceptable ?

d) Selon vous, y a-t-il une raison qui rendrait acceptable un refus du CPE d’accéder à cette demande ?

DOSSIER 10 À table ! 203


Nom : Groupe : Date :

INTERDICTIONS
1. Expliquez comment l’alimentation peut être considérée, dans certaines traditions religieuses, comme
un lieu privilégié de l’expérience religieuse en complétant les énoncés.

musulmans Allah bouddhistes Christ compassion


Coran Dieu hindous impur interdits esprit
libération louange prochain pur sainteté

a) Pour les croyants , les fruits frais, les grains entiers et les noix
purifieraient l’ . La consommation de tels aliments aurait pour effet
de permettre au croyant de mieux maîtriser son corps et d’être davantage ouvert à l’expérience
religieuse ultime de l’hindouisme : la , appelée moksha.

b) Pour le , la véritable expérience religieuse qui permet de se rapprocher


de , c’est l’amour de Dieu et de son .

c) Pour les , « Se nourrir de viande éteint la graine de la


».

d) Pour les , en respectant les


alimentaires présents dans le , le repas n’est plus seulement
une occasion de se nourrir, c’est aussi le lieu possible d’une expérience religieuse de
et de soumission à .

e) Pour certains juifs, les règles de la kashrut ont comme fonction de guider les croyants vers la
. Elles leur font vivre l’expérience d’être en parfait accord avec
la Loi divine. Ces règles ont pour fonction d’aider le croyant à faire la différence entre le
et l’ , entre le bien et le mal.

2. La pratique du jeûne a-t-elle la même importance dans l’expérience religieuse des croyants protes-
tants et des croyants hindous ? Expliquez votre réponse.

3. Le jeûne est-il une pratique courante et importante dans l’islam ? Expliquez votre réponse.

4. Comparez le jeûne catholique pratiqué autrefois pendant le carême avec le jeûne du Ramadan.
Relevez une ressemblance et une différence.

204 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

UN TEXTE AU MENU
En tant que propriétaire du restaurant du centre de congrès, vous avez décidé
d’écrire un texte qui expliquera comment vous comptez gérer les différentes
demandes de votre clientèle en matière d’alimentation. Afin de préparer votre texte,
lisez attentivement les consignes ci-dessous, puis remplissez les tableaux de la
page suivante.

Présentation de la situation
1. Présentez et analysez d’un point de vue éthique
la situation dans laquelle vous vous trouvez à
l’aide d’une demande qui vous est soumise.

Exemple et analyse d’une demande


d’arrangement
2. a) Certains des messages présentés à la
page 190 sont des demandes d’arrangement
formulées en raison de convictions religieuses.
Choisissez un de ces messages, nommez
l’interdit alimentaire qui y est mentionné et
associez-le à sa tradition religieuse.

b) Expliquez la raison de l’interdit alimentaire pour cette tradition


religieuse.

c) Expliquez comment l’interdit alimentaire peut permettre aux croyants


qui le respectent de vivre une expérience religieuse.

Présentation de votre position


3. Comme propriétaire du restaurant, expliquez votre position en ce qui
concerne l’alimentation.

a) Par votre choix de menu, allez-vous prioriser la nature, la commu-


nauté, le divin ou une autre valeur ? Expliquez en quoi votre choix
favorise le vivre-ensemble.

b) Expliquez, à l’aide d’un argument, si vous acceptez ou non, en partie


ou en totalité, de satisfaire aux demandes reçues.

c) Votre décision peut-elle être considérée comme un accommodement


raisonnable ? Expliquez votre réponse.

DOSSIER 10 À table ! 205


Nom : Groupe : Date :

Présentation de la situation

Demande soumise dans un des messages de la page 190

Exemple

Éléments soulevés par la situation

Deux questions
éthiques

Quatre enjeux
éthiques

Exemple et analyse d’une demande d’arrangement

Lettre ou courriel
choisi

Interdit alimentaire
et tradition religieuse
concernée

Raison de l’interdit

Lien entre l’interdit


et une expérience
religieuse

Présentation de votre position

Votre choix Nature Communauté Divin Autre : ____________________________________

Lien entre
votre choix et
le vivre-ensemble

Acceptation
ou refus des
demandes reçues ?
Pourquoi ?

Accommodement
raisonnable ou non ?
Pourquoi ?

206 VIVRE ENSEMBLE 4


Nom : Groupe : Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 10 Total


/25

1. Nommez le type de jugement généralement utilisé dans les récits sacrés au sujet des interdits,
notamment les interdits alimentaires.

/1

2. Formulez un raisonnement par déduction en lien avec les interdits alimentaires indiqués dans
la Bible et le Coran.

Prémisse 1

Prémisse 2

Conclusion
/3

3. a) Quel est le type de jugement formulé ici : « Au départ, l’Église ne prescrivait aucun interdit
alimentaire ».

b) À quoi faut-il prêter attention lorsqu’un tel type de jugement est énoncé ?

/2

4. a) Formulez un raisonnement par hypothèse lié à l’achat d’aliments issus du commerce


équitable. Votre hypothèse doit s’appuyer sur deux prémisses valables.

Prémisse 1

Prémisse 2

Conclusion
/3

b) Formulez une question qui permet d’interroger ce raisonnement.

/2

DOSSIER 10 À table ! 207


Nom : Groupe : Date :

5. Indiquez si les énoncés sont vrais ou faux. VRAI FAUX

a) Dans le judaïsme, le jeûne du Yom Kippour dure 24 heures.

b) La pensée chrétienne de Thomas d’Aquin pourrait servir de repère


au cours d’une réflexion éthique sur les interdits alimentaires dans
le catholicisme.

c) Le jeûne a pour fonction de faire vivre une expérience religieuse


aux adolescents amérindiens lors d’un rite prescrit au moment
de leur puberté.

d) Pour les protestants, le jeûne est d’une extrême importance.


La foi seule en Jésus-Christ ne suffit pas.

e) Dans l’islam, l’animal devra être égorgé la tête tournée


vers la mosquée.

f) Le logo suivant signifie qu’un aliment a été préparé selon


les lois de la kashrut.

/6

6. Posez un regard éthique sur les divers interdits alimentaires religieux au Québec en précisant
les éléments suivants.
a) Type de société où il y a le plus de conflits en matière de pratiques alimentaires :

matrilinéaire pluraliste antique

b) Trois traditions religieuses qui ont des interdits à propos de la consommation de porc.

catholicisme hindouisme islam judaïsme

c) Deux conflits de valeurs possibles en lien avec les préférences et les interdits
alimentaires :

Valeur : Valeur :

Valeur : Valeur :

d) Une question éthique possible en lien avec les interdits alimentaires :

e) Forme d’arrangement privilégié par les commissaires Bouchard et Taylor pour régler des
conflits liés aux interdits alimentaires :

accommodement raisonnable ajustement concerté /8

208 VIVRE ENSEMBLE 4


SOMMAIRE
Boîte à outils
Notions et concepts de base en ÉCR . . . . . . . . . . B2 L’orthodoxie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B37
Le judaïsme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B41
L’éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Les spiritualités des peuples autochtones
du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B47
Mieux comprendre la réflexion éthique ...... B4
L’islam ............................................ B53
Comment formuler une question éthique ? .. B5
Le bouddhisme .................................... B59
Les valeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B6
L’hindouisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B65
Extraits de la Charte des droits et libertés
de la personne du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B7 Le sikhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B70
Extraits du Code civil du Québec . . . . . . . . . . . . . . B10 L’athéisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B73
Extraits du Code criminel du Canada. . . . . . . . . . B12
Les grands courants philosophiques. . . . . . . . . . B15 Le dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B79
L’hédonisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B15 Les conditions favorables au dialogue ....... B80
L’éthique déontologique ............................ B16 Les formes du dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B81
L’existentialisme ................................... B16 Comment élaborer un point de vue ?. . . . . . . . . . B83
L’utilitarisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B17 Une méthode pour décrire .......................... B83
Le libertarisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B17 Une méthode pour comparer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B83
L’éthique de la responsabilité ....................... B18
Une méthode pour faire une synthèse ............... B84
Une méthode pour expliquer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B84
La culture religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B19
Une méthode pour faire une justification . . . . . . . . . . . . . B84
Mieux comprendre la culture religieuse . . . . . . B20 Comment interroger un point de vue ?. . . . . . . . B85
Les traditions religieuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B21 Les types de jugements ............................ B85
Un Dieu, trois religions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B22 Les types de raisonnements .................. B86
Le catholicisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B23 Les procédés susceptibles d’entraver
Le protestantisme et l’anglicanisme . . . . . . . . . . . . . . . . . B31 le dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B93

BOÎTE À OUTILS B1
Notions et concepts de base en ÉCR
Reconnaissance de l’autre Poursuite du bien commun
Action d’accepter une personne pour ce qu’elle est, Action personnelle ou collective qui vise le mieux-
dans le respect de ses convictions, de ses valeurs et être général de la société et celui de chaque individu
de sa vision du monde. La reconnaissance de l’autre, de cette société. La poursuite du bien commun incite
inséparable de la connaissance de soi, se fonde sur chaque personne à rechercher des valeurs communes
le principe que toutes les personnes sont égales en avec les autres, à favoriser le vivre-ensemble par des
valeur et en dignité. projets concrets et à promouvoir les idéaux et les
principes démocratiques de la société québécoise.
Expression du religieux
Élément observable qui a un lien avec une religion Question éthique
et dont on perçoit la présence dans la société. Question qui porte sur des valeurs, des normes ou
des comportements.
Vision du monde
Regard qu’on pose sur soi et sur son entourage. Norme
Ce regard donne un sens aux pensées, aux senti- Exigence morale qui guide un comportement. Les
ments et aux comportements de chaque individu. Il
principes moraux, les droits de la personne, les lois
fournit également une explication sur la vie ou le
et les règlements sont des exemples de normes.
vécu. La vision du monde diffère d’un individu à
l’autre, selon les expériences de vie, les relations
Valeur
humaines, les valeurs, les normes, les croyances ou
Caractère attribué à des choses, à des attitudes ou
les convictions. Elle est appelée à se transformer au
à des comportements qui sont plus ou moins estimés
fil du temps.
ou désirés par des individus ou par des groupes de
Principe moral personnes. Une valeur peut parfois servir de critère
pour évaluer si un comportement est acceptable et
Norme qui définit ce qu’il est nécessaire de faire ou
guider des choix.
de ne pas faire pour atteindre ce qui est tenu pour le
bien. Cette norme est souvent exprimée dans un
énoncé très général dont découle un ensemble de
Point de vue
règles morales. Manière particulière de considérer une question ou
une réalité. Elle diffère d’une personne à l’autre selon
Règle morale la vision du monde de chacune.
Norme qui spécifie comment appliquer un principe
moral dans des situations précises. La règle apparaît Vivre-ensemble
généralement plus contraignante et elle s’exprime Cohabitation harmonieuse dans une société plura-
souvent par des interdictions. liste.

Enjeu éthique Éthique


Valeur ou norme abordée dans une question éthique. Réflexion sur les conduites, les valeurs et les normes.

B2 VIVRE ENSEMBLE 4
L’éthique SOMMAIRE

Mieux comprendre la réflexion éthique . . . . . . . . B4

Comment formuler une question éthique ?. . . . B5

Les valeurs ........................................ B6

Extraits de la Charte des droits et libertés


de la personne du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B7

Extraits du Code civil du Québec. . . . . . . . . . . . . . . . B10

Extraits du Code civil du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . B12

Les grands courants philosophiques . . . . . . . . . . . B15

L’hédonisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B15

L’éthique déontologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B16

L’existentialisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B16

L’utilitarisme ......................................... B17

Le libertarisme ....................................... B17

L’éthique de la responsabilité ......................... B18

BOÎTE À OUTILS B3
Mieux comprendre la réflexion éthique

L’éthique
comporte des…

questions éthiques
qui soulèvent des…

enjeux éthiques
qui sont des…

valeurs normes
(Voir la page B6.) Se divisent en…

Principe moral Règle morale

Un principe moral est une norme qui définit ce qu’il est Une règle morale est une norme qui spécifie comment
nécessaire de faire ou de ne pas faire pour atteindre ce qui est appliquer un principe moral dans des situations précises.
tenu pour le bien. Cette norme est souvent exprimée dans un La règle apparaît généralement plus contraignante et elle
énoncé très général dont découle un ensemble de règles s’exprime souvent sous forme d’interdictions.
morales.

« Ne tue pas. »
« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on « Ne vole pas. »
te fasse. » « Il est interdit de s’adresser à autrui de manière volontaire-
ment offensante, que ce soit en paroles ou en gestes. »

« Il est interdit de tenir ou d’encourager des propos haineux


ou discriminatoires. »
« Aimez-vous les uns les autres. »
« Il est défendu d’utiliser la force physique contre qui que
ce soit. »

« Agis en vue du plus grand bonheur collectif. » « Il est interdit de détériorer volontairement le local de classe. »

« Afin de respecter les droits d’auteurs, l’élève doit indiquer


« Sois honnête. » clairement les sources des informations qui sont utilisées
dans un travail. »

« Respecte les droits et libertés d’autrui. »


« Tout être humain est titulaire de libertés fondamentales telles « Il est interdit de faire circuler des informations sur la vie
la liberté d’expression, de conscience et de réunion pacifique. » privée des personnes sans leur consentement. »
« Tout être humain a droit au respect professionnel. »

B4 VIVRE ENSEMBLE 4
Comment formuler une question éthique?
La question éthique est l’outil principal pour poser un regard éthique sur une situation.
Les questions éthiques ont trois fonctions.

Comprendre
Certaines questions permettent de mieux comprendre les normes, les valeurs et les
comportements associés à une situation, car elles font ressortir des précisions
importantes.

Exemples de questions : Qu’est-ce que le droit à la liberté d’association ? Qu’est-ce que


la vie privée ? Qu’est-ce que le plagiat ? Quelle est la différence entre l’égalité et l’équité ?
Quelles sont les différentes façons de concevoir la justice sociale ?

Définir
Certaines questions permettent de définir et de mieux connaître les normes, les points
de vue et les motivations de différentes personnes dans telle situation, car elles per-
mettent de distinguer divers repères et conduites.

Exemples de questions : Quelles sont les normes relatives à l’élevage des animaux ?
Quel est le point de vue de tel spécialiste sur tel sujet ? Pour quelles raisons les inter-
nautes fréquentent-ils tel réseau social ? Pourquoi est-il interdit de mâcher de la gomme
en classe ?

Évaluer
Certaines questions permettent d’évaluer, de justifier ou de recommander des
conduites ou des idées en lien avec la situation, car elles mènent à des suggestions
de conduites à adopter ou à des propositions de solutions à divers problèmes éthiques.
Les options proposées visent à favoriser le vivre-ensemble.

Exemples de questions : Pour quelles raisons est-il souhaitable d’acheter des livres de
littérature dans des magasins à grande surface ? Quels seraient les comportements à
promouvoir ou à éviter dans telle situation ? Que conseillerais-tu à telle personne dans
telle situation ? Quels sont les avantages et les inconvénients de certaines actions ?
Quelles sont les conséquences de telles actions ?

Questions à éviter

Lors d’une réflexion éthique, il est recommandé d’éviter les questions du type
« Doit-on… ? » ou « Faut-il… ? », qui laissent croire à une bonne réponse. De telles
questions relèvent plus de la morale. L’éthique cherche davantage à déterminer si les
actions sont souhaitables et sur quoi elles sont fondées.

BOÎTE À OUTILS B5
Les valeurs
La valeur désigne l’importance qu’on attribue à des choses, à des attitudes ou à
des comportements. Les valeurs servent de critères pour déterminer si un com-
portement est acceptable ou non.

Les valeurs d’une personne orientent ses choix, ses décisions et sa manière d’être
et de se comporter. C’est ce qui compte à ses yeux. Les mots qui suivent sont des
exemples de valeurs.

Altruisme Emploi Paix intérieure

Ambition Environnement Pardon

Amitié Épanouissement Partage

Amour Étude Pensée

Argent Excellence Plaisir

Authenticité Famille Politesse

Autonomie Fidélité Pouvoir

Autorité Fraternité Prestige

Aventure Gaieté Propreté

Beauté Générosité Racines culturelles

Bonheur Honnêteté Raison

Carrière Honneur Religion

Communauté Humilité Respect de la parole donnée

Confiance en soi Humour Respect de la propriété privée

Confort Identité Respect de l’autre

Connaissance Individualisme Respect de la vie

Coopération Intégration Responsabilité

Corps Intégrité Réussite

Courage Intelligence Revenu

Créativité Justice Santé

Démocratie Liberté de religion Savoir

Devoir Liberté d’expression Sécurité

Dialogue Liberté d’opinion Sérénité

Discipline Loisir Serviabilité

Don de soi Loyauté Solidarité

Effort Ordre Sollicitude

Égalité Ouverture d’esprit Tolérance

Émotion Paix dans le monde Travail

B6 VIVRE ENSEMBLE 4
Extraits de la Charte des droits et libertés
de la personne du Québec

Préambule

Considérant que tout être humain possède des droits et libertés intrinsèques,
destinés à assurer sa protection et son épanouissement ;

Considérant que tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont
droit à une égale protection de la loi ;
Considérant que le respect de la dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes
et les hommes et la reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires
constituent le fondement de la justice, de la liberté et de la paix ;

Considérant que les droits et libertés de la personne humaine sont inséparables des
droits et libertés d’autrui et du bien-être général ;

Considérant qu’il y a lieu d’affirmer solennellement dans une Charte les libertés et
droits fondamentaux de la personne afin que ceux-ci soient garantis par la volonté
collective et mieux protégés contre toute violation ;

À ces causes, Sa Majesté, de l’avis et du consentement de l’Assemblée nationale


du Québec, décrète ce qui suit :

LES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE


LIBERTÉS ET DROITS FONDAMENTAUX

1. Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté
de sa personne. Il possède également la personnalité juridique.

2. Tout être humain dont la vie est en péril a droit au secours. […]

3. Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de


conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression,
la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.

4. Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de


sa réputation.

5. Toute personne a droit au respect de sa vie privée.

6. Toute personne a droit à la jouissance paisible et à la libre disposition de ses


biens, sauf dans la mesure prévue par la loi.

BOÎTE À OUTILS B7
7. La demeure est inviolable.

8. Nul ne peut pénétrer chez autrui ni y prendre quoi que ce soit sans son consen-
tement exprès ou tacite.

9. Chacun a droit au respect du secret professionnel. […]

9.1. Les libertés et droits fondamentaux s’exercent dans le respect des valeurs
démocratiques, de l’ordre public et du bien-être général des citoyens du
Québec. La loi peut, à cet égard, en fixer la portée et en aménager l’exercice.

DROIT À L’ÉGALITÉ DANS LA RECONNAISSANCE


ET L’EXERCICE DES DROITS ET LIBERTÉS

10. Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité,


des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence
fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état
civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions
politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale,
le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap.

Il y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour


effet de détruire ou de compromettre ce droit.

[...]

DROITS POLITIQUES

21. Toute personne a droit d’adresser des pétitions à l’Assemblée nationale pour
le redressement de griefs.

22. Toute personne légalement habilitée et qualifiée a droit de se porter candidat


lors d’une élection et a droit d’y voter.

DROITS JUDICIAIRES

23. Toute personne a droit, en pleine égalité, à une audition publique et impartiale
de sa cause par un tribunal indépendant et qui ne soit pas préjugé, qu’il
s’agisse de la détermination de ses droits et obligations ou du bien-fondé de
toute accusation portée contre elle. […]

24. Nul ne peut être privé de sa liberté ou de ses droits, sauf pour les motifs prévus
par la loi et suivant la procédure prescrite.

24.1. Nul ne peut faire l’objet de saisies, perquisitions ou fouilles abusives.

25. Toute personne arrêtée ou détenue doit être traitée avec humanité et avec
le respect dû à la personne humaine.

[...]

33. Tout accusé est présumé innocent jusqu’à ce que la preuve de sa culpabilité
ait été établie suivant la loi.

B8 VIVRE ENSEMBLE 4
DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX

39. Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l’attention que ses parents
ou les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner.

40. Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi,
à l’instruction publique gratuite.

41. Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’assurer l’éduca-
tion religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions,
dans le respect des droits de leurs enfants et de l’intérêt de ceux-ci.

[...]

43. Les personnes appartenant à des minorités ethniques ont le droit de maintenir
et de faire progresser leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur
groupe.

44. Toute personne a droit à l’information, dans la mesure prévue par la loi.

45. Toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures
d’assistance financière et à des mesures sociales, prévues par la loi, suscep-
tibles de lui assurer un niveau de vie décent.

46. Toute personne qui travaille a droit, conformément à la loi, à des conditions
de travail justes et raisonnables et qui respectent sa santé, sa sécurité et son
intégrité physique.

46.1. Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi,
de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité.

[...]

DISPOSITIONS SPÉCIALES ET INTERPRÉTATIVES

49. Une atteinte illicite à un droit ou à une liberté reconnu par la présente Charte
confère à la victime le droit d’obtenir la cessation de cette atteinte et la répara-
tion du préjudice moral ou matériel qui en résulte.

En cas d’atteinte illicite et intentionnelle, le tribunal peut en outre condamner


son auteur à des dommages-intérêts punitifs.

BOÎTE À OUTILS B9
Extraits du Code civil du Québec
Le droit civil traite notamment des personnes, des relations familiales, de la propriété, des relations entre
voisins et des contrats. Au Québec, la majorité des lois en cette matière sont conçues par l’Assemblée natio-
nale. Ces lois sont principalement regroupées dans le Code civil du Québec.

En voici quelques extraits.

DISPOSITION PRÉLIMINAIRE
Le Code civil du Québec régit, en harmonie avec la Charte des droits et libertés
de la personne […] et les principes généraux du droit, les personnes, les rapports
entre les personnes, ainsi que les biens.
Le code est constitué d’un ensemble de règles qui […] constitue le fondement des autres
lois […].

DES PERSONNES
1. Tout être humain possède la personnalité juridique ; il a la pleine jouissance des droits
civils.
10. Toute personne est inviolable et a droit à son intégrité.
Sauf dans les cas prévus par la loi, nul ne peut lui porter atteinte sans son consentement
libre et éclairé.
11. Nul ne peut être soumis sans son consentement à des soins, quelle qu’en soit la nature,
qu’il s’agisse d’examens, de prélèvements, de traitements ou de toute autre intervention.
14. Le consentement aux soins requis par l’état de santé du mineur est donné par le titulaire
de l’autorité parentale ou par le tuteur.
17. Le mineur de 14 ans et plus peut consentir seul aux soins non requis par l’état de santé
[…].
32. Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l’attention que ses parents ou les
personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner.
35. Toute personne a droit au respect de sa réputation et de sa vie privée.
Nulle atteinte ne peut être portée à la vie privée d’une personne sans que celle-ci y
consente ou sans que la loi l’autorise.
36. Peuvent être notamment considérés comme des atteintes à la vie privée d’une personne
les actes suivants :
1° Pénétrer chez elle ou y prendre quoi que ce soit ;
2° Intercepter ou utiliser volontairement une communication privée ;
3° Capter ou utiliser son image ou sa voix lorsqu’elle se trouve dans des lieux privés ;
4° Surveiller sa vie privée par quelque moyen que ce soit ;

B10 VIVRE ENSEMBLE 4


5° Utiliser son nom, son image, sa ressemblance ou sa voix à toute autre fin que
l’information légitime du public ;
6° Utiliser sa correspondance, ses manuscrits ou ses autres documents personnels.

DE LA FAMILLE
597. L’enfant, à tout âge, doit respect à ses père et mère.
598. L’enfant reste sous l’autorité de ses père et mère jusqu’à sa majorité ou son émancipation.
599. Les père et mère ont, à l’égard de leur enfant, le droit et le devoir de garde, de surveillance
et d’éducation.
Ils doivent nourrir et entretenir leur enfant.

DES BIENS
934. Sont sans maître les biens qui n’ont pas de propriétaire, tels les animaux sauvages en
liberté, ceux qui, capturés, ont recouvré leur liberté, la faune aquatique, ainsi que les
biens qui ont été abandonnés par leur propriétaire.
940. Celui qui trouve un bien doit tenter d’en retrouver le propriétaire ; le cas échéant, il doit
lui remettre le bien.
947. La propriété est le droit d’user, de jouir et de disposer librement et complètement d’un
bien, sous réserve des limites et des conditions d’exercice fixées par la loi. […]
976. Les voisins doivent accepter les inconvénients normaux du voisinage qui n’excèdent pas
les limites de la tolérance qu’ils se doivent, suivant la nature ou la situation de leurs
fonds, ou suivant les usages locaux.

DES OBLIGATIONS
1457. Toute personne a le devoir de respecter les règles de conduite qui, suivant les circons-
tances, les usages ou la loi, s’imposent à elle, de manière à ne pas causer de préjudice à
autrui.
Elle est, lorsqu’elle est douée de raison et qu’elle manque à ce devoir, responsable du
préjudice qu’elle cause par cette faute à autrui et tenue de réparer ce préjudice, qu’il
soit corporel, moral ou matériel.
Elle est aussi tenue, en certains cas, de réparer le préjudice causé à autrui par le fait ou
la faute d’une autre personne ou par le fait des biens qu’elle a sous sa garde.

DU CONTRAT DE TRAVAIL
2088. Le salarié, outre qu’il est tenu d’exécuter son travail avec prudence et diligence, doit
agir avec loyauté et ne pas faire usage de l’information à caractère confidentiel qu’il
obtient dans l’exécution ou à l’occasion de son travail.
Ces obligations survivent pendant un délai raisonnable après cessation du contrat, et
survivent en tout temps lorsque l’information réfère à la réputation et à la vie privée
d’autrui.
2318. L’emprunteur ne peut se servir du bien prêté que pour l’usage auquel ce bien est destiné ;
il ne peut, non plus, permettre qu’un tiers l’utilise, à moins que le prêteur ne l’autorise.

BOÎTE À OUTILS B11


Extraits du Code criminel du Canada
En matière de droit criminel, les lois permettent de protéger les individus, ainsi que d’assurer la paix et
l’ordre entre les personnes. Ces lois énumèrent et définissent les comportements criminels tout en
prévoyant les sanctions qui y sont reliées.
Au Canada, les lois relevant du droit criminel sont élaborées par le Parlement canadien. Elles s’appliquent
à tous les individus de 12 ans et plus dans toutes les provinces et dans tous les territoires canadiens. Elles
sont majoritairement regroupées dans le Code criminel du Canada.
En voici quelques extraits.

DÉFENSE DE LA PERSONNE

34. (1) N’est pas coupable d’une infraction la personne qui, à la fois :

a) croit, pour des motifs raisonnables, que la force est employée contre elle ou une
autre personne ou qu’on menace de l’employer contre elle ou une autre personne ;

b) commet l’acte constituant l’infraction dans le but de se défendre ou de se protéger


— ou de défendre ou de protéger une autre personne — contre l’emploi ou la menace
d’emploi de la force ;

c) agit de façon raisonnable dans les circonstances.

ATTROUPEMENT ILLÉGAL

63. (1) Un attroupement illégal est la réunion de trois individus ou plus qui, dans l’intention
d’atteindre un but commun, s’assemblent, ou une fois réunis se conduisent, de manière
à faire craindre, pour des motifs raisonnables, à des personnes se trouvant dans le
voisinage de l’attroupement :

a) soit qu’ils ne troublent la paix tumultueusement ;

b) soit que, par cet attroupement, ils ne provoquent inutilement et sans cause raison-
nable d’autres personnes à troubler tumultueusement la paix.

INTERCEPTION DES COMMUNICATIONS

184. (1) Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq
ans quiconque, au moyen d’un dispositif électromagnétique, acoustique, mécanique ou
autre, intercepte volontairement une communication privée.

HOMICIDE

222. (1) Commet un homicide quiconque, directement ou indirectement, par quelque moyen,
cause la mort d’un être humain.

B12 VIVRE ENSEMBLE 4


(2) L’homicide est coupable ou non coupable.

(3) L’homicide non coupable ne constitue pas une infraction.

(4) L’homicide coupable est le meurtre, l’homicide involontaire coupable ou l’infanticide.

(5) Une personne commet un homicide coupable lorsqu’elle cause la mort d’un être
humain :

a) soit au moyen d’un acte illégal ;

b) soit par négligence criminelle ;

c) soit en portant cet être humain, par des menaces ou la crainte de quelque violence,
ou par la supercherie, à faire quelque chose qui cause sa mort ;

d) soit en effrayant volontairement cet être humain, dans le cas d’un enfant ou d’une
personne malade.

223. (1) Un enfant devient un être humain au sens de la présente loi lorsqu’il est complète-
ment sorti, vivant, du sein de sa mère :

a) qu’il ait respiré ou non ;

b) qu’il ait ou non une circulation indépendante ;

c) que le cordon ombilical soit coupé ou non.

PROFÉRER DES MENACES

264.1 (1) Commet une infraction quiconque sciemment profère, transmet ou fait recevoir par
une personne, de quelque façon, une menace :

a) de causer la mort ou des lésions corporelles à quelqu’un ;

b) de brûler, détruire ou endommager des biens meubles ou immeubles ;

c) de tuer, empoisonner ou blesser un animal ou un oiseau qui est la propriété de


quelqu’un.

VOIES DE FAIT

265. (1) Commet des voies de fait, ou se livre à une attaque ou une agression, quiconque,
selon le cas :

a) d’une manière intentionnelle, emploie la force, directement ou indirectement,


contre une autre personne sans son consentement ;

b) tente ou menace, par un acte ou un geste, d’employer la force contre une autre
personne, s’il est en mesure actuelle, ou s’il porte cette personne à croire, pour des
motifs raisonnables, qu’il est alors en mesure actuelle d’accomplir son dessein ;

c) en portant ostensiblement une arme ou une imitation, aborde ou importune une


autre personne ou mendie.

BOÎTE À OUTILS B13


INCITATION PUBLIQUE À LA HAINE

319. (1) Quiconque, par la communication de déclarations en un endroit public, incite à la


haine contre un groupe identifiable, lorsqu’une telle incitation est susceptible d’entraî-
ner une violation de la paix, est coupable :

a) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans ;

b) soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure


sommaire.

VOL

322. (1) Commet un vol quiconque prend frauduleusement et sans apparence de droit, ou
détourne à son propre usage ou à l’usage d’une autre personne, frauduleusement et sans
apparence de droit, une chose quelconque, animée ou inanimée, avec l’intention :

a) soit de priver, temporairement ou absolument, son propriétaire, ou une personne y


ayant un droit de propriété spécial ou un intérêt spécial, de cette chose ou de son
droit ou intérêt dans cette chose ;

b) soit de la mettre en gage ou de la déposer en garantie ;

c) soit de s’en dessaisir à une condition, pour son retour, que celui qui s’en dessaisit
peut être incapable de remplir ;

d) soit d’agir à son égard de telle manière qu’il soit impossible de la remettre dans
l’état où elle était au moment où elle a été prise ou détournée.

FRAUDE

380. (1) Quiconque, par supercherie, mensonge ou autre moyen dolosif, constituant ou non
un faux-semblant au sens de la présente loi, frustre le public ou toute personne, détermi-
née ou non, de quelque bien, service, argent ou valeur :

a) est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de


quatorze ans, si l’objet de l’infraction est un titre testamentaire ou si la valeur de
l’objet de l’infraction dépasse cinq mille dollars ;

b) est coupable :

(i) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans,

(ii) soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure
sommaire,

si la valeur de l’objet de l’infraction ne dépasse pas cinq mille dollars.

B14 VIVRE ENSEMBLE 4


Les grands courants philosophiques
Que fait le philosophe ? Il réfléchit aux ques-
tions les plus fondamentales que se pose
l’être humain. Il s’interroge sur des sujets
comme la vérité, la liberté, la démocratie ou
le sens de la vie et de la mort. L’éthique est
un domaine spécialisé de la philosophie qui
s’intéresse aux grands principes de la
conduite humaine. Ses deux principaux
objets d’étude sont la morale et le bonheur.
Le texte qui suit présente une brève descrip-
tion de six courants de pensée éthiques et de
six philosophes qui y sont associés.

Le penseur, œuvre du sculpteur français Auguste Rodin (1840-1917).


L’hédonisme
Le terme hédonisme vient du grec hedonê, qui Un hédonisme modéré
signifie « plaisir ». L’hédonisme est une éthique du Épicure professait un hédonisme modéré. Il
plaisir. Il définit le bien par le plaisir et le mal, par conseillait de satisfaire avec modération les plaisirs
la douleur. simples et naturels, et il condamnait le luxe, les excès
et ce qu’il appelait les désirs vides, comme la soif de
Épicure
célébrité, de pouvoir ou de richesse, qui est impos-
Épicure (341-270 avant notre ère) fut probablement sible à combler.
le philosophe le plus célèbre de l’Antiquité. Il fonda
à Athènes sa fameuse école du Jardin, vers 306 avant Selon Épicure, il n’y a aucune raison de craindre les
notre ère. Ouverte aux femmes et à toutes les classes dieux, car ils vivent dans un monde à part et ils ne
sociales, cette école fonctionnait sur le modèle d’une s’intéressent aucunement au sort des humains.
communauté d’amis. Épicure y mena une vie simple Il conseillait aussi de ne pas avoir peur de la mort.
et frugale, et resta célibataire et sans enfants jusqu’à Partant de l’idée que toute souffrance suppose des
sa mort. sensations de douleur, il concluait qu’on n’a rien à
craindre de la mort, puisqu’on n’a ni sensations ni
douleur lorsqu’on est mort.

L’actualité d’Épicure
La pensée d’Épicure trouve un écho dans la culture
d’aujourd’hui, car il est un des inspirateurs du mou-
vement de la simplicité volontaire, qui condamne la
surconsommation et le gaspillage, et appelle un
retour à une vie simple et naturelle.

Une idée controversée


Épicure préconisait le célibat et l’amitié, car il consi-
dérait que le mariage et la vie de famille empêchent
l’individu d’atteindre la tranquillité intérieure essen-
Épicure (341-270 avant notre ère). tielle au bonheur.

BOÎTE À OUTILS B15


L’éthique déontologique qu’il veut tuer. Vous savez où elle se trouve. Devez-
vous le lui dire ? » Kant a estimé que oui, car notre
L’éthique déontologique est une morale du devoir devoir est de toujours dire la vérité.
(déontos en grec). Elle fonde la morale sur des prin-
cipes que nous ne devons jamais transgresser, peu
importe les conséquences. L’existentialisme
L’existentialisme nie que l’être humain ait une
Kant nature prédéterminée. Il conçoit l’être humain
Emmanuel Kant (1724- comme un être libre qui se définit et s’invente lui-
1804) est un des plus même à travers ses choix.
grands noms de l’his-
toire de la philosophie. Il Sartre
mena à Königsberg, en À la fois philosophe et écrivain, Jean-Paul Sartre
Allemagne, une vie pai- (1905-1980) fut un personnage fortement média-
sible et rationnellement tisé en raison de ses positions politiques radicales,
ordonnée, à l’image de comme son appui à la révolte étudiante de mai 1968,
sa philosophie. Il faisait en France. Il fut le seul écrivain à refuser le prix
Emmanuel Kant (1724-1804).
chaque jour une prome- Nobel de littérature. Ses funérailles ont attiré plus
nade d’une heure avec de 50 000 personnes.
un tel souci d’exactitude que les gens, en le voyant,
savaient exactement l’heure qu’il était ! Une éthique de la liberté
Sartre voit dans la liberté la caractéristique essen-
Deux grands principes
tielle de l’être humain. Sur le plan moral, cette liberté
Kant a donné deux versions du principe fondamental signifie qu’il n’y a pas de règles du bien ou du mal
de la morale. La première est le principe d’universa- immuables et prédéterminées. Il revient à chaque
lisation, qu’il énonce sous forme de questions : individu de définir par ses choix ce qui est bien et ce
« Puis-je vouloir que tout le monde agisse toujours qui est mal, et il doit assumer une totale responsa-
comme moi ? Puis-je vouloir que tout le monde bilité à cet égard.
mente ? Puis-je vouloir que personne ne vienne
Cette responsabilité est une source d’angoisse qui
jamais en aide aux autres ? »
porte souvent l’individu à se dérober et à attribuer
La deuxième version est le principe du respect : « Ne ses actions à des causes extérieures, comme les
traite jamais une personne humaine comme un autres ou les circonstances. Cette fuite de la res-
simple moyen pour arriver à tes fins. » La personne ponsabilité est ce que Sartre appelle la mauvaise
humaine a une dignité qui lui vient de sa liberté et foi. Son contraire est l’authenticité.
de son autonomie. Toute forme de violence, de chan-
Dans son roman La nausée, paru en 1938, Sartre
tage ou de manipulation envers une personne viole
décrit notamment l’angoisse existentielle qui accom-
le principe du respect.
pagne souvent la réflexion sur l’existence.
L’actualité de Kant
Kant a souhaité l’avènement d’un organisme inter-
national voué à la cause de la paix qui réunirait tous « J’étais apparu par hasard, j’existais comme une
les pays du monde. Il préfigurait ainsi ce qui est pierre, une plante, un microbe. Ma vie poussait
devenu, au 20e siècle, l’Organisation des Nations au petit bonheur et dans tous les sens. Elle m’en-
unies. voyait parfois des signaux vagues ; d’autres fois,
je ne sentais rien qu’un bourdonnement sans
Une idée controversée conséquence. »

On a demandé à Kant son avis sur le dilemme moral « Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La
suivant : « Un homme armé se présente chez vous et racine du marronnier s’enfonçait dans la terre,
vous demande de lui dire où se trouve la personne

B16 VIVRE ENSEMBLE 4


Maximiser le bien-être
juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappe-
L’éthique utilitariste
lais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient
transforme l’hédonisme
évanouis et, avec eux, la signification des choses,
en altruisme. En effet, si
leurs modes d’emploi, les faibles repères que les
le plaisir est une bonne
hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis,
chose, il doit l’être pour
un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette
tous, pas seulement
masse noire et noueuse, entièrement brute et qui
pour soi. L’utilitarisme
me faisait peur. Et puis j’ai eu cette illumination.
nous commande donc
Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces der- d’opter, dans nos déci-
niers jours, je n’avais pressenti ce que voulait dire sions, pour l’action qui John Stuart Mill (1806-1873).
“exister”. […] » sera la plus utile, soit
Source : Jean-Paul SARTRE, La nausée, Paris, Gallimard,
celle qui procurera le maximum de satisfaction à
coll. Folio, 1992, p. 125 et 181. l’ensemble des êtres concernés.
L’utilitarisme défend aussi un principe d’égalité qui
veut que chacun compte pour un dans le calcul de
l’utilité. Pour Mill, cependant, tous les plaisirs
L’actualité de Sartre
n’étaient pas égaux ; les plaisirs de l’esprit étaient
Sartre s’est engagé dans de multiples combats poli- supérieurs en qualité aux plaisirs du corps.
tiques contre le colonialisme, l’antisémitisme, la
guerre d’Algérie, la guerre du Vietnam, etc. Il est un L’actualité de l’utilitarisme
modèle pour ceux et celles qui mènent aujourd’hui
Les penseurs utilitaristes sont aujourd’hui à l’avant-
des luttes contre l’oppression et l’injustice partout
garde des mouvements de protection des animaux.
dans le monde.
Les animaux peuvent ressentir du plaisir et de la
souffrance autant que les humains. Il nous faut donc
Une idée controversée
tenir compte de leur bien-être dans notre conduite.
Sartre a proposé une image pessimiste de nos rap-
ports avec autrui dans sa pièce Huis clos, que résume Une idée controversée
sa fameuse phrase : « L’enfer, c’est les autres. » Il Un des problèmes de l’utilitarisme est qu’il semble
voulait ainsi montrer que les autres ont le pouvoir autoriser la violation des droits individuels lorsqu’elle
de nier notre liberté en nous accolant des étiquettes, sert le plus grand bonheur du plus grand nombre,
telles que : « Tu n’es qu’un lâche ! », « Tu n’es qu’un comme dans le cas où torturer un individu permet-
bon à rien ! » trait de sauver plusieurs vies.

L’utilitarisme Le libertarisme
L’utilitarisme est une éthique dont le principe moral Le libertarisme repose sur un principe de base qui
fondamental est la recherche du plus grand bonheur conjugue deux droits : la liberté et la propriété. Ce
pour le plus grand nombre. principe implique que chacun a le droit de faire ce
qu’il veut avec ce qui lui appartient.
Mill
John Stuart Mill (1806-1873) fut un enfant prodige Nozick
et un des grands humanistes de son époque. Son Robert Nozick (1938-2002) est le représentant le
père décida de s’occuper lui-même de son éducation. plus prestigieux du libertarisme contemporain. Il
Il en résulta que John Stuart était considéré, dès aimait donner ses cours en réfléchissant à haute voix
l’âge de 14 ans, comme un expert en histoire et en devant ses élèves. Il est un des rares philosophes qui
mathématiques. Il se fit élire député au Parlement aient radicalement changé d’opinion au cours de
britannique, où il lutta pour qu’on accorde le droit leur carrière. En effet, il a d’abord été un socialiste
de vote aux femmes... sans succès. de gauche avant de devenir un libertarien de droite.

BOÎTE À OUTILS B17


L’individu contre l’État responsabilité : Une éthique pour la civilisation tech-
Nozick part de l’idée nologique, fut le plus grand succès de librairie que
qu’il y a une seule chose connut un ouvrage de philosophie en Europe.
dont l’être humain a
Les dangers du développement
l’entière propriété au
technologique
départ : son corps. Il
s’ensuit que tout ce qui Hans Jonas a élaboré son éthique de la responsabi-
est le fruit de l’activité lité pour répondre au plus grave problème de notre
de son corps, comme le temps : l’impact du développement technologique
salaire qu’un individu sur notre mode de vie et sur l’avenir de l’humanité.
retire d’un travail, est Il était particulièrement inquiet de phénomènes
Robert Nozick (1938-2002).
également sa propriété. comme la destruction de l’environnement, la surpo-
C’est pourquoi l’État commet un vol s’il prélève de pulation et la croissance économique effrénée.
l’impôt sur le salaire des personnes contre leur Selon Jonas, nous n’avons pas le droit de mettre en
volonté. péril la survie même de l’humanité et nous n’avons
Une autre implication de ce principe est que l’État pas le droit de défigurer ce qu’il appelle l’image de
n’a pas non plus le droit de forcer un être humain à l’homme. Le clonage, les croisements génétiques
aider les autres (toujours au moyen des impôts) ou entre humains et animaux ou la multiplication des
de le protéger contre lui-même, en l’obligeant, par drogues du cerveau sont des exemples de menaces
exemple, à porter une ceinture de sécurité ou encore de cette sorte.
à faire vacciner ses enfants.
« […] jamais l’existence ou l’essence de l’homme
L’actualité du libertarisme dans son intégralité ne doivent être mises en jeu
Le libertarisme inspire actuellement tous ceux qui dans les paris de l’agir […]. »
critiquent les interventions de l’État dans l’économie « Agis de façon que les effets de ton action soient
et qui veulent que des services comme la santé, compatibles avec la Permanence d’une vie
l’éducation ou l’entretien des routes soient pris en authentiquement humaine sur terre. »
charge par l’entreprise privée. […]
[…] « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future
Une idée controversée de l’homme comme objet secondaire de ton
Pour le libertarisme, tout ce qui relève de l’entraide vouloir. »
ne saurait faire l’objet d’une obligation. Aider les Source : Hans JONAS, Le principe responsabilité : Une
autres est peut-être une bonne chose, mais chacun éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éditions
du cerf, 2008, p. 84 et 40.
doit rester entièrement libre à cet égard. Le liberta-
risme rejette, pour cette raison, la loi qui nous oblige
à porter secours à une personne en danger.
L’actualité de Jonas
Jonas est le père de ce que l’on appelle aujourd’hui
L’éthique de la responsabilité le principe de précaution. Suivant ce principe, il est
L’éthique de la responsabilité défend l’idée que les justifié de limiter ou d’empêcher une action potentiel-
générations actuelles ont des responsabilités fonda- lement dangereuse même lorsque le danger n’est pas
mentales envers les générations futures. établi de façon certaine. Ce serait le cas, par exemple,
avec le phénomène du réchauffement climatique.
Jonas
Juif de naissance, Hans Jonas (1903-1993) a fui l’Alle- Une idée controversée
magne nazie pour se rendre en Palestine et ensuite Jonas a laissé entendre qu’il faudrait peut-être impo-
s’engager dans l’armée britannique, alors en guerre ser à des populations certaines mesures draco-
contre les nazis. Il enseigna plus tard au Canada niennes impopulaires telles que limiter le nombre
et aux États-Unis. Son grand ouvrage, Le principe d’enfants par famille.

B18 VIVRE ENSEMBLE 4


La culture
religieuse SOMMAIRE

Mieux comprendre la culture religieuse . . . . . . . B20

Les traditions religieuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B21

Un dieu, trois religions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B22

Le catholicisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B23

Le protestantisme et l’anglicanisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B31

L’orthodoxie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B37

Le judaïsme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B41

Les spiritualités des peuples autochtones


du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B47

L’islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B53

Le bouddhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B59

L’hindouisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B65

Le sikhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B70

L’athéisme ........................................... B73

BOÎTE À OUTILS B19


Mieux comprendre la culture religieuse
La culture religieuse permet de mieux comprendre les traditions religieuses, qui se
manifestent dans l’environnement social et culturel par des expressions du religieux.
Ces expressions observables peuvent être des récits, des rites, des règles, des sym-
boles, des éléments du patrimoine religieux, des vêtements, des paroles, des lieux,
des objets, etc. Ces expressions du religieux peuvent aussi se retrouver dans la culture
profane, c’est-à-dire en dehors de la religion.

Les traditions religieuses,


c’est-à-dire les grandes religions, se manifestent par les...

expressions du religieux,
des éléments observables qui ont des liens avec une religion et qui peuvent se retrouver...

dans la pratique dans le patrimoine dans la culture profane :


religieuse : religieux : la bible du barbecue,
le calice, la kippa, l’icône, le nom Sainte-Anne-de- une religieuse dans une
l’alléluia, le col romain, Beaupré, la croix de chemin, publicité, un nom de
la communion, les ablutions, le cimetière, l’oratoire commerce ou de produit de
le voile, le turban, l’autel, Saint-Joseph, la synagogue consommation en lien avec
la Bible, le Coran, Shaar Hashomayim, les la religion, le titre gourou de
« Tu ne tueras point », vitraux de Guido Nincheri, la finance, des expressions
la hutte de sudation. la légende de la Chasse- comme « Œil pour œil, dent
galerie, La Mecque. pour dent », qui sont tirées
de la Bible, mais utilisées
dans un contexte profane.

Afin de mieux comprendre une expression du religieux, il faut connaître...

ses caractéristiques : ses fonctions : ses significations :


ce que c’est. un rôle, une utilité. ce qu’elle veux dire,
ce qu’elle représente.

Exemples de caractéristiques, de significations et de fonctions :

Une caractéristique Une fonction Une signification

Guider les croyants dans leurs


La Bible (pour un chrétien) Recueil de textes. La parole de Dieu.
choix de vie.

Inspirer moralement les


Le rabbin (pour un juif) Spécialiste de la Torah. Il est la Torah vivante.
membres de sa communauté.

B20 VIVRE ENSEMBLE 4


Les traditions religieuses
Cette partie de la Boîte à outils propose une vue
d’ensemble de quelques-unes des religions du
monde qui sont pratiquées au Québec. Cette syn-
thèse permet de les situer dans le temps, d’apprendre
le nom de leurs fondateurs, leur répartition dans le
monde, leurs croyances, leur conception de l’être
humain, du mal et de la vie après la mort, leur orga-
nisation, leur façon de transmettre la foi, la place
qu’elles accordent aux femmes, leurs rites, leurs
fêtes, leurs règles de conduite, leur implantation et
leur importance relative en fonction de la population
de chaque région administrative du Québec.

Un monde, des religions


Résumer une religion en quelques lignes comporte
sa part de dangers. Avant de lire les dossiers qui
suivent, il importe de prendre en considération La fête de Timkat, qui correspond à l’Épiphanie, a lieu en janvier.
Pour les chrétiens orthodoxes éthiopiens, il s’agit du principal
quelques nuances afin d’éviter de tomber dans la
événement de l’année. Chaque culture religieuse a sa façon
généralisation abusive, ou pire, dans la caricature. particulière de célébrer les moments importants de son calendrier.
Pour chaque tradition religieuse, il serait possible
d’affirmer qu’il existe autant de façons de croire qu’il propres à leur religion. D’autres cherchent plutôt
y a de croyants. En effet, certains croyants s’engagent à dégager l’esprit d’un récit ou d’une règle, son
à respecter de façon stricte et dans les moindres sens général, et l’ajustent aux réalités du monde
détails l’ensemble des récits, des règles et des rites d’aujourd’hui.

Chronologie générale des grandes traditions religieuses

– 30 000 Arrivée des premières populations de chasseurs avec leurs pratiques animistes en Amérique.
à – 15 000 Naissance des spiritualités amérindiennes.

v. – 1500 Début de l’écriture des Veda. Naissance de l’hindouisme.

– 1000 Arrivée des premiers ancêtres des Inuits avec leurs pratiques animistes. Naissance de la spiritualité inuite.

– 6e siècle Naissance du judaïsme à partir de traditions anciennes.

v. – 500 Début de l’ère brahmanique de l’hindouisme.

– 523 Par son éveil, Siddhartha Gautama devient le Bouddha. Naissance du bouddhisme.

30-120 Vie publique de Jésus de Nazareth, naissance du christianisme et rédaction du Nouveau Testament.

610 Le prophète Muhammad reçoit de Dieu les premières révélations du Coran. Naissance de l’islam.

1517 Critique du christianisme catholique par le moine allemand Martin Luther. Naissance du christianisme
protestant.

1529 Rupture d’Henri VIII avec l’Église de Rome.

1534 Le Parlement anglais entérine la suprématie du roi sur l’Église d’Angleterre. Naissance de l’anglicanisme.

1536 Publication en latin de l’Institution de la religion chrétienne, par le prêtre français Jean Calvin. Naissance
du calvinisme.

BOÎTE À OUTILS B21


Un Dieu, trois religions
Il y a dans le monde trois grandes religions
monothéistes : le judaïsme, le christia-
nisme et l’islam. Ces trois religions se
réfèrent en effet au même Dieu unique et
universel. Qu’il soit appelé « Yahvé » en
hébreu, « Dieu » en français ou « Allah » en
arabe, il s’agit du même Tout-Puissant,
créateur du monde. C’est pour cette raison
que le premier être humain à le recon-
naître, Abram ou Abraham ou Ibrahim, est
qualifié de « père des croyants ». On trouve
ainsi la parole de Dieu dans les textes
sacrés de ces religions, entre autres dans
le TaNaK (judaïsme), la Bible (christia-
nisme) et le Coran (islam). Jérusalem, en Israël. Les religions juive, chrétienne et musulmane
considèrent Jérusalem comme un lieu saint.

Le christianisme au Québec
suit fournit les données sur la présence de certaines
À son arrivée à Gaspé, en 1534, Jacques Cartier
traditions religieuses au Québec. Dans les pages
plante une croix. Il manifeste ainsi la double inten-
suivantes, pour chaque tradition religieuse présen-
tion de son commanditaire, le roi de France : prendre
tée, un tableau fournit les données par région admi-
possession du territoire et l’évangéliser. Des mis-
nistrative du Québec.
sionnaires accompagnent les premiers groupes
de Français en Amérique du Nord pour convertir
Présence de certaines traditions religieuses au Québec
les populations autochtones. Dès le début, la foi
catholique est un des moteurs de la colonisation. La Traditions Population en %
Nouvelle-France est fortement marquée par l’em- religieuses
preinte du catholicisme. Le territoire est divisé en Catholique 5 939 705 83,36
paroisses, où sont construites les premières églises.
Des communautés religieuses, principalement des Protestante 335 595 4,71
femmes, fondent et dirigent des écoles, des hôpitaux Orthodoxe 100 370 1,41
et de nombreux lieux d’entraide. Surtout catholique chrétienne
au début, la colonie a, par la suite, accueilli des chré-
Musulmane 108 605 1,52
tiens protestants et des chrétiens orthodoxes.
Ensemble, ils ont contribué à développer le territoire. Juive 89 945 1,26
Ces trois visages du christianisme ont d’importants
Bouddhiste 41 430 0,58
points en commun : ils croient en un même Dieu et
en un même Jésus, Fils de Dieu, sauveur du monde. Hindoue 24 515 0,34
Les trois enseignent l’amour de Dieu et du prochain.
Sikhe 8 225 0,12
Enfin, le baptême et l’eucharistie sont au cœur de
leur foi. Autres religions 64 000 0,90

Aucune croyance 413 190 5,80


La pluralité religieuse religieuse

De nos jours, au Québec, la foi se conjugue au pluriel.


Total 7 125 580 100,0
En effet, sur les 7 millions d’habitants que comptait
la province en 2001, 6 712 400 déclaraient apparte- Source : D’après les données de l’Institut de la statistique du
nir à une religion, de près ou de loin. Le tableau qui Québec, recensement 2001.

B22 VIVRE ENSEMBLE 4


Le catholicisme
POINTS DE REPÈRE
Fondateur Nom du divin
Jésus-Christ en est le fondateur ; les douze Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils
apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres et le Saint-Esprit).
angulaires.
Noms des croyants
Texte sacré Les catholiques.
La Bible (l’Ancien Testament et le Nouveau
Principales divisions :
Testament).

Lieux sacrés
Tous les lieux significatifs dans la vie de Jésus Roumains, melkites) ;
sont devenus des lieux importants pour de
nombreux croyants (Bethléem, Jérusalem, etc.).
Éthiopiens) ;
Lieux de culte
Église (où Dieu réside), chapelle, basilique, (maronites, malankares) ;
cathédrale, oratoire.
Chaldéens).
Symbole principal
La croix (l’instrument de supplice sur lequel
Jésus est mort).

Le catholicisme dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007,
p. 48-49.

BOÎTE À OUTILS B23


Chronologie du catholicisme

v. – 6 Naissance de Jésus.

v. 30 Crucifixion et résurrection de Jésus-Christ.

45 Paul de Tarse annonce l’Évangile en Asie Mineure.

v. 50-120 Rédaction des lettres de Paul, des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) et des autres écrits du Nouveau Testament.

v. 150 Apparition des premières représentations iconographiques du Christ.

v. 320 Fondation du premier monastère.

325 Concile de Nicée, où les bases de la foi chrétienne sont établies. On confirme la divinité de Jésus.

381 Concile de Constantinople.

385-406 Traduction de la Bible en latin par Jérôme.

451 Concile de Chalcédoine. On discute de la Trinité (Dieu Père, Fils et Saint-Esprit). Quelques Églises de rite
alexandrin en désaccord se séparent.

529 Création de l’ordre des Bénédictins par Benoît de Nursie.

910 Fondation de l’abbaye de Cluny. Mille deux cents autres abbayes seront ensuite construites en deux cents ans.

1054 Séparation entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe parce que les Églises de l’Est ne reconnaissent pas
l’autorité du pape.

1209 Fondation, par saint François d’Assise, de l’ordre des Frères mineurs.

1455 Première impression de la Bible par Gutenberg.

1541-1627 Arrivée des premiers chrétiens en Amérique.

1545-1563 Concile de Trente.

1869-1870 Concile du Vatican I, qui proclame le dogme de l’infaillibilité du pape.

1962-1965 Concile du Vatican II, qui vise à adapter l’Église à la société moderne.

1986 Rencontre à Assise entre les responsables des grandes religions du monde.

2013 Élection du pape François.

PORTRAIT Paul de Tarse

Paul est né à Tarse, au Proche-Orient, vers l’an 5. Ses écrits, qui font partie du
Nouveau Testament sous le nom d’épîtres, l’ont rendu célèbre. L’Église catholique
l’a canonisé. Pourtant, rien, au début de sa vie, ne laissait présager une telle
destinée. Citoyen de l’Empire romain, il est éduqué à Jérusalem. Juif pharisien, il
observe strictement les lois de la Torah. Il se joint aux persécuteurs des premiers
chrétiens jusqu’au jour où une apparition du Christ l’incite à se convertir. Dès lors,
il se consacre à l’évangélisation des juifs et des païens. Ses lettres – épîtres – aux
communautés chrétiennes qu’il a fondées reflètent le message du Christ. Bien que,
contrairement aux autres apôtres, il n’ait pas connu le Christ pendant sa vie sur
Terre, il fait partie des apôtres du christianisme, les premiers à prêcher les paroles
du Christ.
Paul de Tarse (v. 5-65).

B24 VIVRE ENSEMBLE 4


Les croyances
Il existe un seul Dieu, présent partout de toute éternité, créa-
teur de toutes choses. Ce Dieu est en fait formé de trois
personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Dieu aime ses
créatures. Jésus est le Fils de Dieu, envoyé pour sauver les
êtres humains du péché originel d’Adam et Ève au début du
monde. La mère de Jésus, Marie, n’a pas connu le péché
(dogme de l’Immaculée Conception).

La vie après la mort


Ceux qui vivent en s’inspirant de ce que Jésus-Christ a dit et
fait, et meurent en croyant en lui, vivront avec lui dans une
paix et un repos éternels sous de nouveaux cieux et sur une
terre nouvelle. Selon l’Église catholique, ceux qui meurent en
état de péché grave seront éternellement séparés de Dieu et
iront en enfer.

La constitution de l’être humain


L’être humain est une âme animée par un esprit de vie, ouverte
à Dieu, créée à l’image de Dieu. Cette âme n’habite pas un
corps, mais s’exprime par lui. Marie portant l’enfant Jésus (vitrail).

L’origine du mal
Seul Dieu est bon. L’être humain, libre et responsable, a été séduit par Satan et a choisi
le mal dès sa création, dans le jardin d’Éden. Ce mauvais choix l’a rendu esclave du
mal dont, seul, il ne peut se défaire.

Comment se libérer du mal


Seul Jésus-Christ peut sauver l’être humain du mal. Satan n’a sur lui aucun pouvoir.
Pour se libérer du mal, les catholiques doivent suivre les enseignements du Christ et
renoncer à eux-mêmes.

PORTRAIT François

En mars 2013, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio devient, à 77 ans, le chef de l’Église
catholique romaine. Premier Américain à être élu à cette fonction, il était aupara-
vant archevêque de Buenos Aires, en Argentine, et ce, depuis 1988. Il prend le nom
de François en mémoire de saint François d’Assise, un religieux italien, ami des
démunis et des marginalisés, dont il veut suivre l’exemple. En effet, le nouveau
pape est reconnu pour son mode de vie humble et sa volonté de lutter contre la
pauvreté. Le pape François est aussi le premier membre de la Compagnie de Jésus
à devenir pape. Les compagnons de Jésus, ou jésuites, sont réputés pour leur
soutien aux démunis et leur intérêt pour le travail intellectuel. Tout en demeurant
Le pape François (1936- ). fidèle aux valeurs traditionnelles de l’Église, le pape François favorise la convivialité
entre l’Église et ses fidèles.

BOÎTE À OUTILS B25


L’organisation
L’Église catholique est fortement hiérarchisée. À sa tête se trouve le pape, chef de
l’État de la Cité du Vatican, à Rome. Suivent les cardinaux, les archevêques, les évêques,
les prêtres, les moines et les religieuses. Aucun religieux ne peut être marié.

La transmission de la foi
L’Église soutient des missionnaires dans différentes parties du monde. Ceux-ci sont
chargés de répandre le message contenu dans les Évangiles. Des agents de pastorale
laïques œuvrent aussi auprès des jeunes, des familles et des aînés.

La place de la femme
Marie, vierge, mère, servante du Seigneur, éducatrice et reine, est le modèle de la
parfaite féminité. Le rôle de la femme dans l’histoire de l’Église a varié. Les femmes
ont une place importante, mais ne peuvent devenir prêtres. Par conséquent, elles n’ont
formellement aucun pouvoir décisionnel au sein de l’Église. Les autorités du Vatican
affirment que c’est en se donnant aux autres dans la vie de tous les jours que la femme
s’accomplit. Néanmoins, plusieurs femmes ont socialement œuvré dans les domaines
de l’éducation, de la santé ou de l’entraide sous une forme ou une autre.

PORTRAIT Kateri Tekakouitha

En 1980, le pape Jean-Paul II béatifie pour la première fois une Amérindienne :


Kateri Tekakouitha. Née en 1656 en terre iroquoise, elle voit, à l’âge de quatre ans,
sa famille mourir de la petite vérole. Infectée elle aussi, elle garde des cicatrices
et devient presque aveugle. On la nomme Tekakouitha, « celle qui marche à tâtons ».
Adolescente, elle refuse de se marier. Baptisée à l’âge de 20 ans, elle prend le nom
de Kateri. Sa conversion au catholicisme lui attire des menaces de son village,
qu’elle quitte pour habiter la mission chrétienne Saint-François-Xavier. Là, elle se
consacre à la prière. Certains affirment que quelques minutes avant sa mort, à
l’âge de 24 ans, ses cicatrices ont complètement disparu. Un tombeau contenant
Kateri Tekakouitha ses reliques se trouve dans l’église de Kahnawake, près de Montréal, où des pèlerins
(1656-1680). vont la prier. Le pape Benoît XVI canonise Kateri Tekakouitha en 2012.

PORTRAIT Marie de l’Incarnation

Marie de l’Incarnation est un personnage important de l’histoire de la Nouvelle-


France. À l’âge de 20 ans, veuve et mère d’un jeune garçon, la jeune Française, qui
s’appelait alors Marie Guyart, vit une expérience religieuse intense. Douze ans plus
tard, elle confie son fils à une de ses sœurs et entre chez les Ursulines. Elle y reçoit
le nom de Marie de l’Incarnation. Après avoir lu des récits de jésuites en Nouvelle-
France, elle affirme avoir des visions l’invitant à s’établir dans la colonie. Arrivée
à Québec en 1639 avec d’autres religieuses, elle fonde l’ordre des Ursulines de la
Nouvelle-France. Elle enseigne aux jeunes filles françaises et autochtones le reste
de sa vie. Elle est reconnue pour son courage et ses écrits, dont un catéchisme en
iroquois et des dictionnaires bilingues algonquin/français et iroquois/français,
Marie de l’Incarnation ainsi qu’une abondante correspondance, notamment avec son fils. Le pape Jean-
(1599-1672). Paul II la béatifie en 1980.

B26 VIVRE ENSEMBLE 4


Les rites et les sacrements grec) sur le front par l’évêque. Ce rite rappelle la Pen-
tecôte vécue par les apôtres au début de l’Église.
Qu’est-ce qu’un sacrement?
Pour l’Église catholique, un sacrement est un geste L’eucharistie
physique concret qu’un de ses représentants (prêtre,
L’eucharistie, du grec
évêque, etc.) pratique sur les croyants au nom du
eukharistia (« action de
Christ. Un sacrement est un rituel empreint de sacré
grâce »), est le sacrement
où le Christ lui-même agit sur la personne. Les
qui unit les croyants à
sacrements ont pour objectif d’unir les croyants à
leur sauveur, Jésus-
leur Dieu à différents moments importants de la vie.
Christ. Au cours de ce
L’Église catholique compte sept sacrements : le bap-
rituel ponctué de chants,
tême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, le
de lectures de la Bible
mariage, l’ordre et l’onction des malades.
et de prières, les croyants Une jeune croyante reçoit
consomment l’hostie, l’hostie.
Le baptême corps du Christ. À la suite
de leur première participation à l’eucharistie, les
fidèles sont tenus de prendre part régulièrement à
la messe du dimanche afin de recevoir ce sacrement.

La pénitence
Le sacrement de la pénitence vise à purifier les
croyants de leurs fautes personnelles. Pour ce faire,
ils se rendent dans une église et s’isolent dans un
confessionnal pour rencontrer un représentant de
l’Église (prêtre, évêque, etc.). Le confessionnal est
Un bébé reçoit le sacrement du baptême. parfois un meuble, parfois une cabine fermée divisée
en deux parties (l’une pour le prêtre, l’autre pour la
Le baptême est un rite de passage qui marque l’en- personne qui se confesse). On le retrouve souvent sur
trée d’une personne dans la communauté chrétienne. les côtés de l’église. Les croyants expriment d’abord
Il peut être reçu à tout âge. Pour l’Église, l’eau versée leur regret d’avoir commis les fautes, puis ils les
sur la personne au nom du Père, du Fils et du Saint- confessent. Le prêtre leur accorde alors le pardon
Esprit représente la mort qu’elle doit franchir avec (l’absolution). Cependant, pour obtenir pleinement
le Christ. Grâce au baptême, l’être humain profite de le pardon, les croyants doivent réciter quelques
la nouvelle vie donnée par Jésus-Christ. prières après leur confession. L’Église recommande
de se confesser au moins une fois par année, à Pâques.
La confirmation
Le sacrement de la
confirmation complète
le baptême. Ce sacre-
ment est généralement
donné aux croyants âgés
de 7 à 16 ans, selon les
pays. Le croyant reçoit
alors l’Esprit-Saint par
l’imposition des mains
et l’onction du saint Un évêque confirme un jeune
chrême (« huile » en garçon. Un prêtre écoute la confession d’un croyant.

BOÎTE À OUTILS B27


Le mariage ment malades ou qui ont subi une opération chirur-
gicale importante peuvent demander ce sacrement.
Ce sacrement exige que
les mariés acceptent Le rite de la mort
de se jurer fidélité, de
Une messe est célébrée à l’église, puis le corps de la
vouloir des enfants et
personne défunte est enterré dans un cimetière
de ne jamais divorcer.
catholique. L’incinération est acceptée depuis 1963.
Le mariage est à l’image
de l’union du Christ et
de son Église. Les époux, Les principales fêtes
en se mariant, parti-
cipent à cette unité. Le Elles rappellent souvent les moments importants
Les futurs mariés assistent à
divorce est donc impos- la messe avant d’échanger de la vie du Christ. Néanmoins, il en existe d’autres,
sible. leur consentement. comme la Toussaint et l’Assomption.

Pâques
Le sacrement de l’ordre Cette fête précédée du carême (période de pénitence
Le sacrement de l’ordre est réservé aux hommes qui qui comprend la Semaine sainte, entre le 22 mars et
veulent occuper des fonctions précises dans l’Église le 25 avril) commémore la crucifixion et la résurrec-
(évêques, prêtres, diacres) dans le but de servir la tion de Jésus-Christ.
communauté catholique. Ce sacrement est donné
par l’évêque par une imposition des mains sur la tête La Pentecôte
de l’ordinand (celui qui va recevoir le sacrement de Célébrée 50 jours après Pâques, cette fête rappelle
l’ordre, ou l’ordination). L’imposition des mains est la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Elle
suivie de la prière d’ordination. Le mot ordre signifie marque la naissance de l’Église.
que l’Église est organisée en hiérarchie ; elle est
ordonnée. Ordonnés, ces hommes deviennent les Noël
représentants du Christ et les successeurs des
Cette fête, célébrée le 25 décembre, commémore la
apôtres.
naissance de Jésus.

L’Épiphanie
Le jour des Rois, le 6 janvier, rappelle que Jésus s’est
manifesté aux Rois mages, donc au monde.

Lors du sacrement de l’ordre, les futurs prêtres s’étendent au sol


pour montrer leur parfaite disponibilité à l’appel de Dieu.

L’onction des malades


Le sacrement des malades est un signe de guérison
physique et spirituelle. Le prêtre impose les mains
Reproduction en noir en blanc de La croix de chemin à
en silence sur la tête du malade, et lui fait une onction l’automne (1916), du peintre québécois Clarence Gagnon
d’huile sur le front et sur les mains. Ce sacrement est (1881-1942). Autrefois, on érigeait des croix de chemin pour
appelé extrême-onction lorsqu’il est donné à un marquer un territoire ou un cimetière, en guise d’action de grâce
malade sur le point de mourir. Ceux qui sont grave- pour une faveur obtenue ou pour conjurer le mauvais sort.

B28 VIVRE ENSEMBLE 4


JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE (JMJ)
Chaque année, depuis 1986, dans tous les diocèses catholiques du monde, de
jeunes croyants se réunissent afin de célébrer la Journée mondiale de la jeunesse
(JMJ). Environ tous les deux ans, cette fête se transforme en un rassemblement
international auquel le pape convie des jeunes du monde entier pour trois jours
d’activités, chaque fois dans une ville différente. Au cours de ces rencontres, le pape
s’adresse spécifiquement aux jeunes et leur transmet son message. Une messe de
clôture présidée par le souverain pontife souligne la fin des célébrations. Une jeune
Montréalaise, qui a participé à la Journée mondiale de la jeunesse, à Rome, en 2000,
comme bénévole, témoigne de son expérience : « On a l’impression de faire partie
d’un événement de l’Église qui transcende le temps et l’espace, d’une grande fête,
Timbre soulignant la Journée
et que cette fête, on peut la réaliser tous ensemble. »
mondiale de la jeunesse,
Source : Propos cités dans Conférence des évêques catholiques du Canada, août 2000 [en ligne]. tenue à Rio de Janeiro, au
(Consulté le 10 septembre 2013.)
Brésil, en 2013.

« N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon


celle de vous aimer les uns les autres ; car celui qui
aime son prochain a pleinement accompli la loi. »
(Romains 13, 8)

Les règles morales


Les 10 commandements.

Les règles alimentaires


Aucune, mais, pendant le carême, les croyants sont
Le retour de la messe de minuit (1919), de l’illustrateur invités à se priver, à ne pas manger de viande et à
québécois Edmond-Joseph Massicotte (1875-1929). jeûner le mercredi des Cendres et le Vendredi saint.
La messe de minuit, à Noël, est une tradition catholique
importante de la société québécoise.
Les règles vestimentaires
Aucune.
Les normes et les règles
Les règles médicales
Les principes moraux L’euthanasie, les moyens de contraception dits arti-
« Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes ficiels et l’avortement sont interdits, mais les moyens
fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : de contrôle des naissances dits naturels, les transfu-
c’est la Loi et les Prophètes. » (Matthieu 7, 12) sions sanguines et le don d’organes sont permis.

CONCILE VATICAN II
Environ tous les 100 ans, le pape convoque une assemblée (nommée « concile ») des évêques de l’Église
catholique afin de réviser des rites et des dogmes. Le concile Vatican II s’est déroulé en quatre séances, de
1962 à 1965. Son but était d’adapter les pratiques de l’Église à la société moderne en transformation.
Une des principales modifications sanctionnées lors de cet événement concerne la liturgie. Les messes, qui
jusque-là n’étaient célébrées qu’en latin, pouvaient dorénavant être dites, en grande partie, dans la langue
du pays. L’Église souhaite ainsi que les fidèles comprennent mieux le message du prêtre. Autre changement
notable : l’Église proclame le droit à la liberté religieuse. Elle lance aussi aux catholiques un appel à la tolérance
envers les personnes d’autres religions. Elle affirme en effet que des éléments de vérité existent en dehors de
la foi catholique.

BOÎTE À OUTILS B29


Le catholicisme au Québec
Les catholiques sont les premiers à avoir Répartition des catholiques au Québec par régions en 2001
colonisé la partie de la Nouvelle-France Régions administratives Population Population en %
qui devait devenir le Québec. Leur totale catholique
nombre s’est accru grâce aux multiples 01 Bas-Saint-Laurent 195 545 188 150 96,22
naissances et à l’immigration, en parti- 02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 263 805 96,17
culier celle des Irlandais au 19e siècle.
03 Capitale-Nationale 628 515 578 030 91,97
04 Mauricie 249 705 235 925 94,48
05 Estrie 279 705 242 975 86,87
06 Montréal 1 782 830 1 141 170 64,01
07 Outaouais 312 820 262 200 83,82
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 135 645 93,97
09 Côte-Nord 96 895 90 295 93,19
10 Nord-du-Québec 38 495 16 945 44,02
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 88 595 92,80
12 Chaudière-Appalaches 376 575 358 715 95,26
13 Laval 339 000 274 925 81,10
14 Lanaudière 383 340 358 205 93,44
15 Laurentides 454 525 406 615 89,46
16 Montérégie 1 260 150 1 096 070 86,98
Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce lieu de 17 Centre-du-Québec 213 345 201 440 94,42
pèlerinage international est également un des plus
anciens au Québec. Dès 1658, des fidèles viennent Le Québec 7 125 580 5 939 705 83,36
y prier. C’est aussi un lieu de pèlerinage important
Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec,
pour de nombreux Autochtones christianisés.
recensement 2001.

Chronologie du catholicisme au Québec


1534 Jacques Cartier prend possession du territoire en plantant une croix au nom du Christ et du roi de France.
1615 Première messe catholique célébrée sur l’île de Montréal.

1637 Premier baptême d’un Amérindien adulte en Huronie.


1674 Nomination du premier évêque de Québec, François-Xavier de Montmorency-Laval.
1847 Inauguration de l’église catholique irlandaise Saint-Patrick.
1886 Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau devient le premier cardinal canadien.
1910 Congrès eucharistique à Montréal, le premier en Amérique.
1918 Début de la construction de l’église catholique italienne Notre-Dame-de-la-Défense.
1924 Pose de la croix illuminée sur le mont Royal, à Montréal.
1933 Fondation de l’église catholique polonaise Notre-Dame-de-Czestochowa.
1982 Naissance de la paroisse catholique haïtienne Notre-Dame-d’Haïti.
1983 Au primaire et au secondaire, les élèves ont maintenant le choix entre le cours d’enseignement moral et religieux
(catholique ou protestant) et un enseignement moral.
1986 Inauguration de l’église catholique portugaise Santa Cruz.
2008 Programme d’éthique et de culture religieuse obligatoire pour tous, qui remplace le choix entre un enseignement moral
et religieux (catholique ou protestant) et un enseignement moral.

B30 VIVRE ENSEMBLE 4


Le protestantisme et l’anglicanisme
POINTS DE REPÈRE
Fondateurs Symbole principal
Martin Luther est à l’origine du luthérianisme, La Bible.
Henri VIII, de l’anglicanisme et Jean Calvin,
du calvinisme. Nom du divin
Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils
Texte sacré et le Saint-Esprit).
La Bible protestante (qui exclut les livres
suivants de la Bible catholique : Tobit, Judith, Noms des croyants
1 et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique ou Les protestants.
Siracide, Baruch et des passages d’Esther et
de Daniel). Principales divisions :

Lieu sacré
Aucun.

Lieu de culte
Le temple, qui est un simple lieu de
rassemblement. Il sert d’endroit où prier
et se réunir. Son style est variable, allant
de la simple salle communautaire à la mega-
church (immense cathédrale américaine à
la fine pointe de la technologie).

Le protestantisme et l’anglicanisme dans le monde

L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique,

BOÎTE À OUTILS B31


Chronologie Les croyances
1517 Proclamation de la critique du
moine allemand Martin Luther en
95 points (les 95 thèses) contre
l’Église catholique. Début du sola fides
protestantisme.

1522 Séparation du prêtre suisse Ulrich sola Scriptura


Zwingli de l’Église catholique.
Zurich devient protestante l’année
suivante.

1525 Naissance du mouvement


anabaptiste en Suisse. sola gratia
1534 Fondation de l’Église d’Angleterre
(anglicanisme).
soli Dei gloria
1536 Publication en latin de l’Institution
de la religion chrétienne, doctrine
du calvinisme, par le prêtre solo Christo
français Jean Calvin.

1559 Fondation de l’Église presbyté-


rienne en Écosse par John Knox.

1581 Naissance du puritanisme ou La vie après la mort


congrégationalisme.

v. 1652 Fondation des quakers (Société


des Amis) en Angleterre.

1730 Naissance du mouvement


méthodiste des frères Wesley.
L’organisation de l’Église
et l’inauguration du premier lieu
de culte ne se firent qu’en 1739.

1865 Fondation de l’Armée du Salut.

1875 Naissance de l’Alliance réformée


mondiale, qui réunit divers
courants protestants.

Début du Naissance du pentecôtisme aux


20e siècle États-Unis.

1910 Création du mouvement


œcuménique, qui invite à la
réunion de tous les chrétiens
du monde.

1925 Fondation de l’Église unie


du Canada.

1947 Naissance de la Fédération


luthérienne mondiale.

2001 Signature de la Déclaration


de Waterloo, entente signée entre
l’Église évangélique luthérienne
et l’Église anglicane du Canada,
qui vise à réaliser l’unité de
La cathédrale anglicane Christ Church, au centre-ville
« toute l’Église de Dieu ».
de Montréal, est un monument classé historique.

B32 VIVRE ENSEMBLE 4


La constitution de l’être humain

La place de la femme

L’origine du mal
Statue de Martin Luther
(1483-1546), réformateur
religieux allemand, située
à Dresde, en Allemagne.

Comment se libérer du mal

L’organisation

La transmission de la foi
Dans certaines Églises protestantes, les femmes peuvent devenir
pasteures ou évêques.

LA SOCIÉTÉ DES AMIS

amis

quakers
amis

BOÎTE À OUTILS B33


Les rites Le mariage
La Cène

La mort

Les principales fêtes

Pâques

La Cène. Le dernier repas de Jésus avec ses disciples est un La Pentecôte


des fondements des Églises chrétiennes.

Le baptême Noël

La confession L’Épiphanie

LA DÉCLARATION DE WATERLOO

pleine communion

Déclaration de Waterloo

B34 VIVRE ENSEMBLE 4


LE PRIX NOBEL DE LA PAIX 2011

Leymah Gbowee (1972- ).

Les normes et les règles Les règles alimentaires


Les principes moraux
Les règles vestimentaires

Les règles médicales

Les règles morales

PORTRAIT Elizabeth Cady Stanton

Bible de la femme The Woman’s Bible

Elizabeth Cady Stanton


(1815-1902).

BOÎTE À OUTILS B35


Le protestantisme et l’anglicanisme au Québec
Répartition des protestants au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Population en %
totale protestante
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 1 730 0,88
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 2 485 0,91
03 Capitale-Nationale 628 515 8 015 1,28
04 Mauricie 249 705 3 595 1,44
05 Estrie 279 705 17 300 6,19
06 Montréal 1 782 830 143 785 8,06
07 Outaouais 312 820 20 610 6,59
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 2 635 1,83
09 Côte-Nord 96 895 3 630 3,75
10 Nord-du-Québec 38 495 19 370 50,32
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 4 945 5,18
12 Chaudière-Appalaches 376 575 4 555 1,21
13 Laval 339 000 11 210 3,31
14 Lanaudière 383 340 6 980 1,82
15 Laurentides 454 525 16 260 3,58
16 Montérégie 1 260 150 64 460 5,12
17 Centre-du-Québec 213 345 4 030 1,89

Le Québec 7 125 580 335 595 4,71

La cathédrale anglicane Holy Trinity, à Québec.

Chronologie du protestantisme et de l’anglicanisme au Québec


1541 Participation des protestants français (huguenots) au commerce de la fourrure en Nouvelle-France.
1627 Exclusion des non-catholiques de la colonie par ordre du roi de France.

1684 Conversion obligatoire au catholicisme pour les protestants qui veulent s’établir dans la colonie.
1759 Premiers groupes de presbytériens à Québec.
1760 Premier service anglican, célébré à Montréal.
1786 Premières populations méthodistes et presbytériennes à Montréal.
19e siècle Arrivée des missionnaires méthodistes et baptistes venus évangéliser les immigrants anglais. Des mission-
naires français et suisses feront aussi le voyage pour convertir les habitants francophones.
1804 Inauguration de la première cathédrale anglicane hors des îles Britanniques : la cathédrale anglicane Holy
Trinity, à Québec.
1835 Fondation de la première église protestante francophone au Québec.
1881 On compte 530 églises protestantes au Québec.
20e siècle Nombreux au début du 20e siècle, les franco-protestants ont depuis connu un déclin démographique.
21e siècle Croissance rapide du nombre de protestants évangéliques.

B36 VIVRE ENSEMBLE 4


L’orthodoxie
POINTS DE REPÈRE
Fondateur Nom du divin
Jésus est le fondateur de l’Église orthodoxe. Dieu.
Les apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres
angulaires.
Nom des croyants
Les chrétiens orthodoxes (l’orthodoxie se vit
Texte sacré différemment selon les cultures des pays où
La Bible. elle se pratique).

Lieux sacrés Lieux de culte


Tous les lieux marquants de la vie de Jésus L’église ou la chapelle.
sont devenus des lieux importants pour de
Il y a souvent un mur formé d’icônes appelé
nombreux croyants (Bethléem et Jérusalem, en
iconostase à l’avant des églises ou des
Israël). Le mont Athos, en Grèce, où se trouvent
chapelles.
des monastères orthodoxes importants, est
aussi considéré comme un lieu saint.

Symbole principal
La croix orthodoxe à huit pointes.

L’orthodoxie dans le monde

L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique,

BOÎTE À OUTILS B37


Chronologie Les croyances
285 Segmentation en deux de l’Empire
romain : l’Empire d’Orient et l’Empire
d’Occident. Accentuation des
différences entre ces deux territoires
aux langues et aux cultures distinctes.

476 Chute de l’Empire romain sous


l’invasion barbare. Rome (Occident)
et Constantinople (Orient) deviennent
alors les deux pôles de la chrétienté.

Entre le 3e Augmentation des mésententes entre


et le 11e s. Rome et Constantinople à propos des
rites et des règles du christianisme.

1054 Excommunion du patriarche Michel


Cérulaire par les représentants du
pape Léon IX, chef de l’Église
catholique. L’Église orthodoxe de
Constantinople se sépare de l’Église
catholique de Rome. Naissance L’organisation
du christianisme orthodoxe.

1204 Quatrième croisade : Constantinople


est renversée ; les chrétiens ortho-
doxes sont attaqués et leurs icônes
détruites.

1453 Constantinople tombe aux mains des


Turcs musulmans. La Russie devient autocéphales
le nouveau centre de l’orthodoxie.

1666 Décision du Grand Concile de Moscou :


les textes liturgiques russes doivent
être révisés à partir des livres grecs.
Les vieux croyants, des croyants
russes, refusent tout changement. Symbole de l’architecture
patriarches traditionnelle russe, la
1833 Prise de distance accrue entre l’Église
cathédrale Saint-Basile est
de Grèce et l’Église de Constantinople.
située sur la place Rouge, à
Moscou, en Russie.
1917 Les meneurs de la révolution russe
proclament la Russie athée. Dans
les années qui suivent, le régime
soviétique élimine les personnes
jugées anticommunistes, dont patriarcats
quelque 10 000 moines et prêtres.

Début du Indépendance de l’Église de


20e s. Roumanie. L’Église de Serbie devient
indépendante dans les années 1950.

1991 Chute du régime soviétique. Les


nouveaux États qui se forment alors
réduisent leur contrôle sur les Églises, La transmission de la foi
et la pratique religieuse se fait
ouvertement.

2000 Moscou proclame l’autonomie de


l’Église par rapport à l’État russe.

B38 VIVRE ENSEMBLE 4


La place de la femme La Prière du cœur

Prière du cœur

Les rites et les sacrements


La mort

Les principales fêtes

Pâques
Mariage orthodoxe traditionnel dans un village
de Macédoine.
La Pentecôte
La divine liturgie
Noël

L’Épiphanie

La Transfiguration du Christ
Le prêtre donne la communion
aux fidèles.

Le baptême
L’Ascension du Christ

La confirmation

BOÎTE À OUTILS B39


Les règles et Répartition des orthodoxes au Québec par régions en 2001

les normes Régions administratives Population


totale
Population
orthodoxe
en %

01 Bas-Saint-Laurent 195 545 15 0,0


Les règles morales
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 45 0,0
03 Capitale-Nationale 628 515 945 0,2
04 Mauricie 249 705 315 0,1
05 Estrie 279 705 845 0,3
06 Montréal 1 782 830 65 210 3,7
07 Outaouais 312 820 1 930 0,6
Les règles alimentaires
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 65 0,0
09 Côte-Nord 96 895 0 0,0
Les règles vestimentaires 10 Nord-du-Québec 38 495 20 0,1
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 15 0,0
12 Chaudière-Appalaches 376 575 130 0,0
13 Laval 339 000 21 400 6,3
Les règles médicales
14 Lanaudière 383 340 720 0,2
15 Laurentides 454 525 1 065 0,2
16 Montérégie 1 260 150 7 440 0,6
17 Centre-du-Québec 213 345 170 0,1

Le Québec 7 125 580 100 375 1,4


L’orthodoxie
au Québec
Chronologie de l’orthodoxie au Québec

Moitié du Arrivée des premiers Grecs, majoritairement orthodoxes.


19e s.

Fin du Arrivée des premiers immigrants orthodoxes (Ukrainiens,


19e s. Roumains, Russes et Syriens). On trouve une commu-
nauté arabe orthodoxe à Montréal en 1899.

Début du Arrivée des premiers Arméniens et Libanais, dont


20e s. certains sont orthodoxes.

1907 Création de la paroisse des Saints-Pierre-et-Paul par les


Russes. Fondation de la paroisse de la Sainte-Trinité par
les Grecs. Ils forment aujourd’hui le groupe orthodoxe le
plus nombreux au Québec (12 paroisses dans le Grand
Montréal et une à Québec).

1926 Fondation de la paroisse Sainte-Sophie par les Ukrai-


niens, puis des paroisses de Sainte-Marie et de
Saint-Georges.

1960 Arrivée d’Égyptiens, dont certains sont orthodoxes.

2001 Plus de 40 institutions orthodoxes, toutes ethnies


La cathédrale Sainte-Sophie, un lieu de culte confondues, sont dénombrées au Québec.
orthodoxe de Montréal.

B40 VIVRE ENSEMBLE 4


Le judaïsme
POINTS DE REPÈRE
Fondateurs Symboles principaux
Abraham, Isaac et Jacob, en tant que pères, L’étoile de David et la menorah (chandelier à
puis Moïse, qui a renouvelé l’alliance avec sept branches).
Yahvé et à qui la totalité de la Torah a été
révélée, sont les principales figures fondatrices. Noms du divin
Adonaï, Élohim, Hashem (Yahvé, le tétra-
Textes sacrés gramme sacré ou YHWH, ne peut être
prononcé). Plusieurs autres noms existent.

Noms des croyants


Les juifs.
Principales divisions :

Lieux sacrés

Lieu de culte
La synagogue.

Le judaïsme dans le monde

L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique,

BOÎTE À OUTILS B41


Chronologie Les croyances
– 3760 Début du calendrier juif : Dieu crée
l’Univers et l’humanité.
– 1812 Patriarches (Abraham, Isaac, Jacob).
Alliance de Dieu avec Abraham.
– 1313 Sortie d’Égypte des Hébreux avec
Moïse. Alliance au mont Sinaï. Moïse
reçoit les 10 commandements.
– 10e siècle Construction du premier Temple sous
Salomon.
– 931 Séparation d’Israël en deux royaumes :
celui d’Israël et celui de Juda.
– 722 Destruction du royaume d’Israël par les
Assyriens et expulsion des Israélites.
– 6e siècle Début du judaïsme.
– 586 Nabuchodonosor II, roi de Babylone, met
le feu au Temple et déporte les juifs.
– 536 Retour des juifs et reconstruction
du Temple.
70 Prise de Jérusalem par Rome. Les rouleaux de la mer Morte ont été découverts entre 1947 et
Destruction du deuxième Temple. 1956 dans la région de Qumran, en Jordanie. Ils seraient les plus
135 Expulsion et dispersion des juifs dans anciens manuscrits de la Bible.
le monde. Mise à l’écrit de la Loi orale :
le Talmud de Jérusalem et le Talmud
de Babylone. La vie après la mort
1135-1204 Maïmonide, grand penseur mystique juif.
13e siècle Zohar, texte fondateur du courant
mystique de la kabbale.
18e siècle Naissance du mouvement mystique
hassidique.
1939-1945 Holocauste (Shoah). Plus de six millions
de juifs seront systématiquement tués.
Exil massif vers la Palestine et les
États-Unis.
mai 1948 Création de l’État d’Israël. Plusieurs
conflits armés suivront entre Israël et
les pays arabes voisins. La constitution de l’être humain

L’origine du mal

Le mur des Lamentations, à Jérusalem, est le plus important lieu yetser hara
saint du judaïsme.

B42 VIVRE ENSEMBLE 4


Comment se libérer du mal

L’organisation

halakha

La transmission de la foi

halakha

La place de la femme
Naamah Kelman, la première femme ordonnée rabbin
en Israël, en 1992.

mère des croyants

PORTRAIT Esther

Esther, personnage biblique.

BOÎTE À OUTILS B43


Les rites souccah

Le shabbat

Rosh ha-Shanah

La brit milah

La bar-mitsvah
Hanoukkah

bat-mitsvah

Le mariage

La mort

Les principales fêtes Pour Hanoukkah, on allume les bougies


d’un chandelier à neuf branches,
Pessah le chamach.

Les normes et les règles


Les principes moraux
Shavouot

Soukkot

B44 VIVRE ENSEMBLE 4


PORTRAIT Le Congrès juif canadien

Les règles morales Les règles vestimentaires

halakha

talit

Les règles alimentaires


kashrut,
Les règles médicales

kasher

LA FORMATION DU MOUVEMENT HASSIDIQUE

hassidim

hassidim

peot,
Un juif hassidique prie à l’occasion d’une fête.

BOÎTE À OUTILS B45


Le judaïsme au Québec
Répartition des juifs au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Population en %
totale juive
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 — 0,00
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 10 0,00
03 Capitale-Nationale 628 515 90 0,01
04 Mauricie 249 705 45 0,02
05 Estrie 279 705 105 0,04
06 Montréal 1 782 830 81 855 4,64
07 Outaouais 312 820 160 0,05
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 — 0,00
09 Côte-Nord 96 895 10 0,01
10 Nord-du-Québec 38 495 10 0,03
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 10 0,01
12 Chaudière-Appalaches 376 575 25 0,01
13 Laval 339 000 4 140 1,22
14 Lanaudière 383 340 125 0,03
15 Laurentides 454 525 2 125 0,47
16 Montérégie 1 260 150 1 215 0,10
17 Centre-du-Québec 213 345 20 0,01

Le Québec 7 125 580 89 945 1,26


La synagogue Young Israel de Montréal,
construite en 1950.

Chronologie du judaïsme au Québec


1627 Exclusion des non-catholiques de la colonie par ordre du roi de France.
1760 Arrivée des premières familles juives avec le début du Régime britannique.

1768 Première congrégation juive au Canada, à Montréal.


1775 Premier cimetière juif en Amérique du Nord, à Montréal.
1777 Première synagogue au Québec. Elle est dotée d’un nom séfarade (Shearith Israel) pour s’inscrire dans
le réseau des synagogues américaines, mais elle est fréquentée par la communauté juive ashkénaze.
1831 Obtention par les juifs de tous les droits et privilèges dont jouissent les citoyens du Bas-Canada.
1846 Première synagogue officiellement de tradition ashkénaze.
1905 Première bibliothèque juive au Canada, à Montréal.
1913 Nombre de juifs au Canada : 60 000.
1919 Fondation du Congrès juif canadien à Montréal par 209 délégués venus de partout au Canada.
1934 Ouverture de l’Hôpital général juif de Montréal.
1939-1945 Service de 16 680 juifs canadiens dans les Forces armées canadiennes.

B46 VIVRE ENSEMBLE 4


Les spiritualités des peuples autochtones
du Québec
POINTS DE REPÈRE
Fondateur
Aucun reconnu.

Récits sacrés

Noms des croyants


Principales divisions :
Lieux de sépulture
Ces lieux demeurent sacrés en tout temps.

Lieux sacrés

Noms du divin
Être suprême (grand esprit, grand manitou) ;
les esprits, qui varient selon les nations : Sedna
(esprit inuit de la mer), Papakassik (Innus),
Manitous (Algonquiens), Okki (Iroquoiens)
et de nombreux autres.

Symboles principaux

Tambour iroquois (fin du 19e siècle ou début du 20e siècle).

Des inukshuks sur fond d’aurore boréale. Ces structures de pierre, qui servent entre autres à se repérer dans le Grand Nord, sont
un des symboles de la culture inuite.

BOÎTE À OUTILS B47


Chronologie Les croyances
– 30 000 à Arrivée en Amérique des premières
– 15 000 populations de chasseurs avec leur
bagage culturel.
– 1000 Arrivée des premiers ancêtres des Inuits.
Sédentarisation des populations
amérindiennes.
1492 Population de cinq millions d’Amérindiens
en Amérique du Nord.
La vie après la mort
1500-1600 Introduction du christianisme par
les colonisateurs.
1537 Reconnaissance de l’humanité des
Amérindiens par le pape Paul III.
Il les désigne aptes à recevoir la foi
chrétienne.
1608 Évangélisation des Algonquins par
les récollets.
1632 Première mission jésuite chez les Innus.
1634 Grandes épidémies qui déciment les
populations amérindiennes (variole).
1700 Essor des mouvements prophétiques La constitution de l’être humain
dans les spiritualités amérindiennes.
1876 Loi sur les Sauvages qui, entre autres,
crée les réserves.
1880 Population de 300 000 Amérindiens en
Amérique du Nord.
v. 1960 Création de l’American Indian Movement
aux États-Unis. Retour aux spiritualités et
aux pratiques traditionnelles.
2012 Première canonisation d’une
Amérindienne, Kateri Tekakouitha
(1656-1680).
L’origine du mal

Comment se libérer du mal

L’organisation
Un capteur de rêves.

B48 VIVRE ENSEMBLE 4


La transmission de la foi
La guérison

La place de la femme

La chasse et la pêche

Les rites
Les jeûnes

Le rite de la suerie
Bonnet de danse inuit porté à l’occasion
de grands rassemblements, notamment
pour célébrer une chasse abondante ou
communiquer avec les esprits.

L’action de grâce

Les rites de passage

BOÎTE À OUTILS B49


PORTRAIT Shirley Cheechoo

Mother Earth La Terre mère


Shirley Cheechoo (1952- ).

Les semailles

La quête de vision

La cérémonie du maïs vert Les pèlerinages et les dévotions

Le mariage
La pipe sacrée

La mort

La tente tremblante

B50 VIVRE ENSEMBLE 4


PORTRAIT Membertou

Membertou (mort en 1611).

Les principales fêtes Les règles alimentaires


Les pow-wow

Les règles vestimentaires

La danse du soleil

LE MOUVEMENT INDIEN AMÉRICAIN


(AMERICAN INDIAN MOVEMENT)
Un danseur en costume
traditionnel.

Les normes et les règles


Les principes moraux
Walk
your talk,

Les règles morales

BOÎTE À OUTILS B51


Les règles médicales Population amérindienne et inuite
au Québec en 2012
Nations Total
Abénaquis 2 577
Algonquins 11 026
Attikameks 7 032
Cris 17 483
Hurons-Wendats 3 845
Innus 18 820
Malécites 1 102
Micmacs 5 727

Les 11 nations Mohawks 18 185


Naskapis 1 170
Inuits 11 640
Aucune 124

Statistiques des populations


autochtones du Québec 2012

Les nations,

B52 VIVRE ENSEMBLE 4


L’islam
POINTS DE REPÈRE
Fondateur Lieu de culte
Muhammad ibn ‘Abd Allah (Muhammad), La mosquée (masdjid : « lieu où l’on
dit le Prophète (570-632). se prosterne »).

Texte sacré Symboles principaux


Le Coran (Qur’an). Le croissant de lune (hilal) et l’étoile.

Lieux sacrés Nom du divin


Allah (Allah signifie « Dieu » en arabe).

Noms des croyants


Les musulmans.
Principales divisions :

L’islam dans le monde

L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique,

BOÎTE À OUTILS B53


Chronologie Les croyances
570 Naissance de Muhammad à La Mecque,
en Arabie saoudite.
595 Mariage de Muhammad avec la riche
veuve Khadija.
610 Début des révélations du Coran.
622 Muhammad quitte La Mecque pour
Médine. Début du calendrier lunaire
musulman. C’est l’an I de l’hégire
(migration).
632 Mort du prophète Muhammad, atteint La vie après la mort
de paludisme. L’Arabie est alors presque
unifiée sous la direction du Prophète.
657 Division de l’islam en deux grands
courants : sunnites et chiites.
661-750 Dynastie des Omeyades fondée par
le beau-frère de Muhammad.
750-1258 Remplacement de la dynastie des
Omeyades par celle des Abbassides au
Proche-Orient. L’islam se répand en Asie
centrale, en Inde et en Espagne.
1206-1526 Sultanat de Delhi. L’islam se répand
en Indonésie et en Malaisie.
19e-20e Propagation de l’islam en Somalie et
siècles en Tanzanie.
1979 Révolution islamique en Iran avec
l’ayatollah Khomeiny (chiite).
1988 Rétablissement partiel de la charia,
ou loi islamique, au Pakistan. La charia
constitue un régime juridique complet qui
aborde les questions religieuses, morales
et sociales.
1989 Établissement du Régime islamique au
Soudan.
Une page décorée du Coran, 13e siècle.

PORTRAIT Abu ibn Sina (Avicenne)

Canon de la médecine,

B54 VIVRE ENSEMBLE 4


La constitution de l’être humain La transmission de la foi

La place de la femme

L’origine du mal

hadiths

Comment se libérer du mal

L’organisation
Les rites
La shahada
shahada,
madrasa

Les salats

La zakat

Le sawm

La mosquée Hassan II, à Casablanca, au Maroc. C’est la plus


grande mosquée au monde après celle de La Mecque, en Arabie
saoudite. Elle peut accueillir 120 000 fidèles.

BOÎTE À OUTILS B55


Le hajj Les fêtes
Id al-Fitr

Id al-Adha

Mawlid

Awal Muharam

Laylat al-Qadr
Pèlerins qui touchent la Kaaba, à La Mecque, en Arabie
saoudite.

L’«Ascension»
Le mariage

La mort
shahada

Des fidèles musulmans à la fin du jeûne


du ramadan, à Kuching, en Malaisie.

B56 VIVRE ENSEMBLE 4


Les normes et les règles
Les principes moraux

Les règles médicales

Les règles morales

Irshad Manji PORTRAIT

Les règles alimentaires

halal
haram

Les règles vestimentaires

AU MAROC, LE NOUVEAU CODE DE LA FAMILLE

BOÎTE À OUTILS B57


L’islam au Québec
Répartition des musulmans au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Population en %
totale musulmane
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 90 0,05
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 120 0,00
03 Capitale-Nationale 628 515 2 945 0,47
04 Mauricie 249 705 265 0,11
05 Estrie 279 705 1 205 0,43
06 Montréal 1 782 830 85 485 4,79
07 Outaouais 312 820 2 365 0,76
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 110 0,08
09 Côte-Nord 96 895 — 0,00
10 Nord-du-Québec 38 495 30 0,08
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 45 0,05
12 Chaudière-Appalaches 376 575 145 0,04
13 Laval 339 000 5 160 1,52
14 Lanaudière 383 340 210 0,05
15 Laurentides 454 525 645 0,14
16 Montérégie 1 260 150 9 615 0,76
17 Centre-du-Québec 213 345 170 0,08

Le Québec 7 125 580 108 605 1,52


Mosquée al Islam, située dans l’arrondissement
de Saint-Laurent, à Montréal.

Chronologie de l’islam au Québec

Début du Arrivée des premiers musulmans au Québec, majoritairement du Liban et de la Syrie.


20e siècle

v. 1960 Premières grandes vagues d’immigration venant d’Égypte et du sous-continent indien.

1965 Première mosquée construite au Québec, à Dorval.

1965 Fondation du Centre islamique du Québec, à Montréal.

v. 1970 La guerre du Liban provoque et favorise une autre vague d’immigration.

v. 1980 Vague d’immigration de musulmans provenant du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.

2013 Des musulmanes protestent publiquement contre un projet de loi du gouvernement québécois qui vise
à interdire le port de signes religieux ostentatoires aux employés de l’État.

B58 VIVRE ENSEMBLE 4


Le bouddhisme
POINTS DE REPÈRE
Fondateur Symboles principaux
Le Bouddha, Siddhartha Gautama. dharma,

Textes sacrés

Nom du divin
Dans le bouddhisme, le Bouddha est supérieur
aux dieux, car il a atteint l’illumination ; dans le
Lieux sacrés bouddhisme mahayaniste, le Bouddha est
Les lieux de pèlerinage indiqués par transcendant et peut être divinisé.
le Bouddha.
Noms des croyants
Les bouddhistes.
Principales divisions :

Lieux de culte
La pagode ou le temple bouddhiste,
les monastères.

Le bouddhisme dans le monde

L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique,

BOÎTE À OUTILS B59


Chronologie Les croyances
– 566 Naissance de Siddhartha Gautama,
qui deviendra le Bouddha.
– 537 Siddhartha Gautama sort de son palais
et fait quatre rencontres déterminantes :
un vieil homme, un malade, un mort et
un ascète. Il décide alors de tout quitter
pour devenir un ascète afin de trouver
un remède à la souffrance.
– 531 Éveil de Siddhartha Gautama. Il devient
le Bouddha (« celui qui est illuminé ») à
35 ans.
– 486 Mort du Bouddha.
– 486 Première réunion (concile) de la
communauté bouddhiste à Rajagrha.
Établissement de la règle des moines
et de l’enseignement du Bouddha.
– 386 Deuxième concile à Vaisali pour discuter
de la doctrine bouddhiste.
– 3e siècle Expansion du bouddhisme en Inde et
autour sous le règne d’Ashoka.
v. – 250 Troisième concile selon l’école therava-
diste. Ashoka ordonne à tous les moines
de réciter ensemble les règles.
1er siècle Introduction du bouddhisme en Chine.
v. 6 siècle
e
Bodhidharma fonde le chan (l’ancêtre
du zen) en Chine.
538 Introduction officielle du bouddhisme
au Japon.
v. 7e siècle Introduction du bouddhisme au Tibet. Le lotus sacré indien (qui pousse dans la boue, mais donne une
1578 Début de la lignée des dalaï-lamas au Tibet. fleur magnifique) symbolise l’éveil.

1959 Exil en Inde du 14e dalaï-lama.


1989 Prix Nobel de la paix au 14e dalaï-lama. La vie après la mort
samsara,

samsara,

La constitution de l’être humain

agrégats
Toit décoré au temple du Jokhang, à Lhassa, au Tibet.
Les cerfs rappellent la présence de ces animaux lors du premier
sermon du Bouddha, et la roue du dharma symbolise le contenu
du discours.

B60 VIVRE ENSEMBLE 4


L’origine du mal

samsara.

Comment se libérer du mal

Les rites
L’organisation

La transmission de la foi
Le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains
et chef politique du Tibet.

Le don du nom
La place de la femme

La méditation

.
mudras,

La prise de refuge

Statue de la déesse Tara.


dharma sangha

BOÎTE À OUTILS B61


Le mariage

La mort
Laïcs offrant de la nourriture aux moines, en Thaïlande.

L’aumône

Les offrandes Les principales fêtes

L’ordination
Le Nouvel An

Les pèlerinages

LA RESTAURATION DU TEMPLE DE BOROBUDUR

Le temple restauré de Borobudur,


en Indonésie.

B62 VIVRE ENSEMBLE 4


Wesak Les règles morales

La fête des morts Les règles alimentaires


Jeune femme indonésienne
allumant des bougies à
l’occasion du Wesak.

Les règles vestimentaires


Le premier enseignement

Les règles médicales


Les normes et les règles
Les principes moraux

Paroles du Bouddha tirées de la tradition


primitive,

PORTRAIT Thich Nhat Hanh

Thich Nhat Hanh (1926- ).

BOÎTE À OUTILS B63


Le bouddhisme au Québec
Répartition des bouddhistes au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Population en %
totale bouddhiste
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 45 0,02
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 100 0,04
03 Capitale-Nationale 628 515 1 160 0,18
04 Mauricie 249 705 80 0,03
05 Estrie 279 705 250 0,09
06 Montréal 1 782 830 29 840 1,67
07 Outaouais 312 820 785 0,25
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 50 0,03
09 Côte-Nord 96 895 30 0,03
10 Nord-du-Québec 38 495 10 0,03
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 30 0,03
12 Chaudière-Appalaches 376 575 180 0,05
13 Laval 339 000 3 035 0,90
14 Lanaudière 383 340 340 0,09

Vue extérieure du temple Chua Lien-Hoa,


15 Laurentides 454 525 1 045 0,23
construit en 1977, à Brossard. 16 Montérégie 1 260 150 4 325 0,34
17 Centre-du-Québec 213 345 125 0,06

Le Québec 7 125 580 41 430 0,58

Chronologie du bouddhisme au Québec


Fin du Arrivée des premiers Chinois.
19e siècle
1908-1967 Plusieurs restrictions limitent l’entrée au Canada
d’immigrants asiatiques.
1940-1950 Arrivée des Japonais en provenance de l’Ouest canadien.
1970-1995 Arrivée de Vietnamiens, de Laotiens, de Cambodgiens
et de Tibétains, principalement en tant que réfugiés.
Vue intérieure du temple Chua Lien-Hoa. 1979 Fondation de l’Association Zen de Montréal.
1989 Le dalaï-lama reçoit le prix Nobel de la paix.
1991 Nombre de bouddhistes au Québec : 31 640.
2006 Visite du dalaï-lama au Canada et annonce de l’ouverture
du premier Centre du dalaï-lama pour la paix et l’éduca-
tion au Canada en 2009.
2011 Visite du dalaï-lama à Montréal lors de de la Conférence
mondiale sur les religions du monde.

B64 VIVRE ENSEMBLE 4


L’hindouisme
POINTS DE REPÈRE
Fondateur Lieux de culte
Aucun reconnu. Le temple (lieu de culte associé à une divinité) ;
l’ashram (demeure d’un gourou et de ses
Textes sacrés disciples) ; le centre de yoga (lieu de pratique
du yoga et de la méditation).

Symbole principal
OM (mantra sacré).

Noms du divin
Brahman (l’Absolu, l’Un, la Force ou le Soi
universel) est présent en toute chose. Il est
représenté par trois principaux dieux : Brahma
(la création), Vishnou (la préservation) et Shiva
(la destruction).

Noms des croyants


Les hindous.
Principales divisions :
Lieux sacrés

maya
maya

avatars

L’hindouisme dans le monde

L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique,

BOÎTE À OUTILS B65


Chronologie Les croyances
v. – 1500 Arrivée du peuple aryen dans la vallée
de l’Indus.

– 1500 à Ère védique.


– 500

v. – 500 Ère brahmanique. atman. atman

v. – 500 Rédaction des Upanishad.

v. – 530 Naissance du bouddhisme, du jaïnisme karma,


et d’autres ordres d’ascètes.

v. – 200 Instauration du vishnouïsme.

v. 100 Naissance du shivaïsme. samsara,

v. 500 Achèvement des grandes épopées


(Mahabharata, Ramayana).
purushartha
v. 500-700 Construction des premiers temples artha dharma
hindous. caste kama
moksha
v. 600 Naissance de la bhakti.
moksha samsara
v. 600-700 Apparition du tantrisme.
samsara
1192-1757 Domination de l’Empire musulman
dans le nord de l’Inde. moksha.

1400-1500 Renaissance de l’hindouisme.


Échanges spirituels et culturels
importants avec l’islam.

1834-1886 Ramakrishna, grand mystique hindou.

1857-1947 Règne colonial britannique en Inde.

1869-1948 Gandhi, dirigeant politique, guide


spirituel et opposant non violent à
la colonisation britannique.

1896-1977 A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada,


fondateur de l’Association internatio-
nale pour la conscience de Krishna.

1917-2008 Maharishi Mahesh Yogi, fondateur du


Mouvement de la méditation transcen-
dantale. Les Beatles, qui comptaient
parmi ses disciples, l’ont fait connaître
en Occident.

août 1947 Indépendance de l’Inde.

1950 Loi indienne abolissant le système


des castes.
Le dieu Vishnou.

B66 VIVRE ENSEMBLE 4


L’organisation Le yoga

kshatriya
vaishya La bhakti
shudra

Les rites tantriques

La transmission de la foi Le darshan

La place de la femme

Les rites
La puja

Les pèlerinages

Un autel privé en l’honneur de Ganesha.

PORTRAIT Mata Amritanandamayi (Amma)

darshan

Mata Amritanandamayi
(1953- ).

BOÎTE À OUTILS B67


Le mariage Janmashtami

Ganesha Chaturthi

Diwali

Les normes et les règles


Les principes moraux

Un mariage hindou.

La mort
Les règles morales
karma,

Les règles alimentaires


ahimsa
Les principales fêtes
Durga-puja

Holî

Shivaratri

Une jeune femme reçoit le tilak.

B68 VIVRE ENSEMBLE 4


Répartition des hindous au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Population en %
totale hindoue
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 10 0,01
Les règles vestimentaires
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 0 0,00
tilak,
03 Capitale-Nationale 628 515 220 0,04
04 Mauricie 249 705 15 0,01
05 Estrie 279 705 55 0,02
Les règles médicales 06 Montréal 1 782 830 22 315 1,25
07 Outaouais 312 820 60 0,02
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 0 0,00
09 Côte-Nord 96 895 10 0,01
10 Nord-du-Québec 38 495 0 0,00
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 0 0,00
12 Chaudière-Appalaches 376 575 25 0,01
13 Laval 339 000 455 0,13
L’hindouisme 14 Lanaudière 383 340 0 0,00

au Québec 15 Laurentides 454 525 40 0,01


16 Montérégie 1 260 150 1 280 0,1
17 Centre-du-Québec 213 345 30 0,01

Le Québec 7 125 580 24 515 0,34

Chronologie de l’hindouisme au Québec

1908-1967 Plusieurs restrictions limitent l’entrée au Canada


d’immigrants asiatiques.

1950-1960 Entrée des premières familles indiennes.

1960 Indépendance des États africains. Immigration vers les


pays du Commonwealth des Indiens vivant en Afrique.

v. 1960 Diffusion de l’hindouisme à travers la contre-culture


hippie.

v. 1970 Création des premières organisations religieuses


hindoues.

1980 Apparition de nombreux centres de yoga aux approches


diverses.

1989 Création de la seule chaire d’étude de l’hindouisme en


Le temple Thiru Murugan, à Dollard- Amérique du Nord, à l’Université Concordia.
des-Ormeaux, dans la région de Montréal.

BOÎTE À OUTILS B69


Le sikhisme
POINTS DE REPÈRE
Fondateur
Gourou Nanak (1469-1539).

Symbole principal
Le Khanda.

Nom du divin
Dieu, appelé Akal Purakh, qui signifie « l’Être
éternel ».

Nom des croyants


Les sikhs.

Texte sacré
L’Adi Granth, qui signifie « le Livre premier ».

Lieu saint
Harmandir (ou temple d’or), à Amritsar, au
Panjab, en Inde.

Lieu de culte Deux femmes contemplent le Harmandir (ou Temple


Le gurdwara (temple sikh). d’or), à Amritsar, en Inde.

Le sikhisme dans le monde

L’Atlas des religions : Pays par pays, les clés de la géopolitique, La Vie – Le Monde,

B70 VIVRE ENSEMBLE 4


Chronologie La place de la femme
1469 Naissance du gourou Nanak, le fondateur
du sikhisme.

1499 Le gourou Nanak reçoit l’appel de Dieu et


parcourt l’Inde en prêchant la supériorité
de Dieu sur les différentes religions dans
Les rites
le monde.
L’Amrit
1539 Mort du gourou Nanak. Neuf gourus lui
succèdent jusqu’en 1708 : Angad, Amar
Das, Ram Das, Arjan, Hargobind, Har Rai, khalsa
Har Krishan, Tegh Bahadur et Govind
Singh.

1601 Le Temple d’or est construit à Amritsar,


au Panjab. Ce temple abrite la version Le nâm simaran
originale de l’Adi Granth, le livre sacré
des sikhs.

1604 Les écritures sacrées rédigées par les


gourous jusqu’à cette date ont été Le kirtan
compilées sous le nom de l’« Adi Granth ».

1708 Mort du gourou Govind Singh. À partir de


ce moment, on donne un deuxième nom Le langar
à l’Adi Granth : le gourou Granth Sahib, qui
signifie « le Livre qui est l’éternel gourou ».

1756 Le Temple d’or tombe aux mains des


Afghans.
Le livre sacré
1762 Le Temple d’or est détruit. La version
originale de l’Adi Granth, qui se trouvait
dans le temple, est également détruite.

1764 Le Temple d’or est reconstruit.


La mort

Les croyances
Les principales fêtes
Les Gurpurbs

L’organisation

La transmission de la foi
khalsa

BOÎTE À OUTILS B71


Les règles
Les règles alimentaires Répartition des sikhs au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Population en %
totale sikhe
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 0 0,00
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 0 0,00
03 Capitale-Nationale 628 515 40 0,06
Les règles vestimentaires 04 Mauricie 249 705 0 0,00
K 05 Estrie 279 705 0 0,00
06 Montréal 1 782 830 7 165 0,4
khalsa
07 Outaouais 312 820 180 0,05
kesh
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 0 0,00
09 Côte-Nord 96 895 0 0,00
kangha
10 Nord-du-Québec 38 495 0 0,00
kirpan
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 0 0,00
kara
kaccha 12 Chaudière-Appalaches 376 575 10 0,003
13 Laval 339 000 265 0,08
14 Lanaudière 383 340 0 0,00
15 Laurentides 454 525 0 0,00
Les règles médicales 16 Montérégie 1 260 150 540 0,04
17 Centre-du-Québec 213 345 15 0,007

Le Québec 7 125 580 8 225 0,12

Chronologie du sikhisme au Québec


Le sikhisme au Québec
1903 Les premiers immigrants sikhs arrivent au Canada.

1907-1947 L’immigration en provenance de l’Inde est interdite.

1950-1960 Les premiers immigrants sikhs arrivent au Québec.

1970 Le temple sikh de Lachine est construit.

1989 La Gendarmerie royale du Canada autorise ses policiers


de religion sikhe à porter le turban.

1991 Le Québec compte 4525 sikhs.

2004 La Cour supérieure du Québec permet à la Commission


scolaire Marguerite-Bourgeoys d’interdire le port
du kirpan à l’école.

2006 La Cour suprême du Canada annule la décision de la


Des sikhs baptisés célèbrent l’anniversaire de Cour supérieure du Québec et autorise le port du kirpan
naissance du 10e gourou, Govind Singh. à l’école, moyennant certaines restrictions.

B72 VIVRE ENSEMBLE 4


L’athéisme
POINTS DE REPÈRE
Plusieurs personnes dans le monde affirment Il n’y a pas de doctrine unique qui oriente
ne croire en aucun dieu. Ces personnes se l’agir de l’ensemble des athées et des
qualifient généralement d’athées ou agnostiques. Pour trouver des réponses
d’agnostiques. à leurs questions existentielles et morales,
les athées et les agnostiques seront généra-
L’athéisme est une attitude ou une doctrine
lement guidés par diverses philosophies ou
qui nie l’existence de Dieu ou de dieux. Le
idéologies qui ne font pas référence à Dieu.
mot « athée » signifie littéralement « sans dieu ».
Les athées et les agnostiques transmettent
L’agnosticisme est une attitude ou une
leurs idées et leurs convictions au public
doctrine qui affirme que les êtres humains
au moyen de livres, de magazines et, plus
sont incapables de savoir si Dieu existe ou
récemment, dans internet et par diverses
non. Pour l’agnostique, même si le divin
campagnes publicitaires. Certaines associa-
existait, les humains ne pourraient y avoir
tions athées organisent aussi des débats,
accès, ni par les sens, ni par la raison.
des conférences et des congrès sur le sujet.

L’athéisme dans le monde

The Cambridge Companion to Atheism,

BOÎTE À OUTILS B73


Le mal dans le monde

Quelques regroupements
athées

Les raisons de l’athéisme


Freethought Association of Canada
(Association canadienne pour la libre
Le manque de preuves pensée)

Mouvement des Brights


Une vision scientifique du monde

bright

Union internationale humaniste


et laïque

De plus en plus, la science peut expliquer l’Univers


qui nous entoure.

B74 VIVRE ENSEMBLE 4


Atheist Alliance International Hypatie d’Alexandrie (v. 370-415)
(Alliance athée internationale)

Quelques personnalités
athées et agnostiques Hypatie d’Alexandrie.

Bouddha (– 566 à – 486)

Denis Diderot (1713-1784)

Lettre sur les aveugles

Démocrite (v. – 460 à –370)

Emmanuel Kant (1724-1804)


Titus Lucretius Carus, dit Lucrèce Opus
(–98 à –55) postumum

LA FONDATION DU MOUVEMENT AMERICAN ATHEISTS


(MOUVEMENT DES ATHÉES AMÉRICAINS)

BOÎTE À OUTILS B75


Karl Marx (1818-1883)

Contribution
à la critique de la
de Hegel Saraswathi Gora (1912-2006)

Karl Marx.

Jean-Paul Sartre (1905-1980)

Friedrich Nietzsche (1844-1900)


Le gai savoir

Ayaan Hirsi Ali (1969- )


morale
d’esclaves

Friedrich Nietzsche.

Sigmund Freud (1856-1939)


Ayaan Hirsi Ali.

L’avenir d’une illusion

Les rites

La naissance
Marie Sklodowska
Curie (1867-1934)

Marie Sklodowska Curie.

B76 VIVRE ENSEMBLE 4


PORTRAIT Richard Dawkins

Pour en finir avec


Dieu,

Richard Dawkins (1941- ).

Le mariage Les funérailles

Les fêtes
La Journée Darwin
Simone de Beauvoir PORTRAIT

Simone de Beauvoir
(1908-1986).

Le deuxième sexe

La statue de Charles Darwin, au Musée


d’histoire naturelle de Londres, en
Grande-Bretagne.

BOÎTE À OUTILS B77


Le solstice d’hiver Répartition des personnes qui affirment n’avoir aucune croyance
religieuse au Québec par régions en 2001
Régions administratives Population Aucune en %
totale croyance
01 Bas-Saint-Laurent 195 545 4 780 2,44
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean 274 315 6 465 2,36
03 Capitale-Nationale 628 515 33 955 5,40
04 Mauricie 249 705 7 310 2,92
05 Estrie 279 705 15 265 5,45
Le National Day of Reason (la 06 Montréal 1 782 830 177 210 9,93
Journée nationale de la raison) 07 Outaouais 312 820 20 680 6,61
08 Abitibi-Témiscamingue 144 355 5 130 3,55
09 Côte-Nord 96 895 2 455 2,53
10 Nord-du-Québec 38 495 1 765 4,59
11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 95 465 1 600 1,68
12 Chaudière-Appalaches 376 575 11 135 2,96
13 Laval 339 000 14 765 4,36
14 Lanaudière 383 340 14 900 3,89
L’athéisme au Québec 15 Laurentides 454 525 23 145 5,09
16 Montérégie 1 260 150 66 350 5,27
17 Centre-du-Québec 213 345 6 310 2,96

Le Québec 7 125 580 413 185 5,80

Chronologie de l’athéisme au Québec


1844 Fondation de l’Institut canadien de Montréal qui, par ses conférences et sa bibliothèque, ouvre la voie à une
remise en question de l’autorité de l’Église.
1925 Création de l’Université ouvrière par le socialiste militant Albert Frédéric Saint-Martin. Elle organise des débats
et des conférences sur diverses questions sociales. Elle sera fermée en 1933 par l’État québécois, qui
condamne ses idées athées et anti-religieuses.
1948 Publication en 400 exemplaires du manifeste Refus global, écrit par l’artiste peintre Paul-Émile Borduas et
approuvé par 15 autres personnes, dont plusieurs se sont déclarées athées. Le manifeste remet en question
les valeurs traditionnelles du Québec, notamment l’autorité de l’Église et la foi catholique.
1963 Fondation du magazine politique et culturel Parti pris, qui regroupe plusieurs jeunes intellectuels très actifs lors
de la Révolution tranquille. Ce magazine adhère aux courants philosophiques du marxisme de Karl Marx et de
l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, deux philosophies athées.
1987 Fondation de l’Association les sceptiques du Québec, qui se donne comme objectif de promouvoir la rigueur
scientifique et la pensée critique à l’égard, en particulier, des phénomènes dits paranormaux ou surnaturels.
2005 Fondation de l’Association humaniste du Québec, composée d’athées, d’agnostiques, de non-croyants et
de gens qui s’identifient au mouvement des Brights. Elle vise à promouvoir la pensée critique et les valeurs
humanistes.

B78 VIVRE ENSEMBLE 4


Le dialogue SOMMAIRE

Les conditions favorables au dialogue ........ B80


Les formes du dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B81
Comment élaborer un point de vue ?. . . . . . . . . . . B83
Une méthode pour décrire ........................... B83
Une méthode pour comparer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B83
Une méthode pour faire une synthèse ................ B84
Une méthode pour expliquer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B84
Une méthode pour faire une justification . . . . . . . . . . . . . . B84
Comment interroger un point de vue ?. . . . . . . . . B85
Les types de jugements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B85
Les types de raisonnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B86
Les procédés susceptibles d’entraver
le dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B93

BOÎTE À OUTILS B79


Les conditions favorables au dialogue

Une écoute active et attentive

Une formule gagnante

Au sujet de …

Des arguments clairs et rigoureux


Je suis en accord, ou en désaccord, avec le fait
que…, avec l’idée selon laquelle…

Mon argument principal est le suivant…

Mon argument s’appuie sur…

B80 VIVRE ENSEMBLE 4


Les formes du dialogue

La délibération La narration

Par exemple : Une grand-mère raconte ses


voyages à ses petits-enfants.

Par exemple : Une directrice, des élèves et des


parents délibèrent afin de parvenir à un consen-
sus sur un nouvel uniforme scolaire.

La discussion La conversation

Par exemple : Des élèves échangent leurs idées


sur le code de vie de l’école afin de l’analyser.

Par exemple : Deux amis parlent de leurs groupes


de musique préférés.

BOÎTE À OUTILS B81


L’entrevue Le débat

Par exemple : Une journaliste rencontre un musi-


cien pour l’interviewer au sujet de son dernier
album.

Par exemple : Des chercheurs et un groupe de


cégépiens se rencontrent et confrontent leurs
idées au sujet des impacts environnementaux
des centrales nucléaires dans le monde.

La table ronde

Par exemple : Un producteur de


poulets, une biochimiste, une
végétarienne et un enseignant
en activité physique se ren-
contrent lors d’une émission de
télévision pour se prononcer sur
la question de l’importance des
protéines dans l’alimentation.
Le public est présent et peut
poser des questions.

B82 VIVRE ENSEMBLE 4


Comment élaborer un point de vue?

Une méthode pour décrire

La description
Énumération de caractéristiques propres à une
situation d’ordre éthique ou à une expression
du religieux. La description doit permettre une
représentation la plus complète possible de la
situation d’ordre éthique ou de l’expression
du religieux.
La description sert à présenter ou à faire voir aux
lecteurs les lieux, les personnages, les expressions
du religieux, les situations, etc.

Une méthode pour comparer

La comparaison
Établissement de différences ou de ressemblances
entre deux ou plusieurs éléments.
La comparaison permet de faire ressortir les
différences et les ressemblances entre des
éléments.

BOÎTE À OUTILS B83


Une méthode pour faire une synthèse
La synthèse
Résumé rassemblant les éléments principaux (idées,
faits, expériences, arguments, etc.) d’une discussion,
d’un récit ou d’un texte.
La synthèse permet d’organiser les informations en un
tout cohérent.

Une méthode pour expliquer


L’explication
Développement destiné à faire connaître ou comprendre
le sens de quelque chose.
L’explication permet de répondre aux questions
« Pourquoi… ? », « Comment se fait-il que… ? » et donne
des causes, des raisons, des motifs et des conséquences.
La clé du succès de cette opération ? Les faits !

Une méthode pour faire une justification


La justification
Présentation d’idées et d’arguments logiquement reliés
afin de démontrer ou de faire valoir un point de vue.
Une justification a pour but de présenter les motifs
d’une opinion ou de convaincre les autres du bien-fondé
de son point de vue.
Le défi ? Éviter les pièges qui peuvent entraver
le dialogue !

B84 VIVRE ENSEMBLE 4


Comment interroger un point de vue?
Les types de jugements

Le jugement de valeur

Le jugement de réalité
Exemples :

Exemples : aussi importantes l’une que l’autre.

par mois. Attention !

et la femme.
Attention !

Le jugement de préférence Le jugement de prescription

Exemples : Exemples :

neufs. soir.

Attention ! Attention !

BOÎTE À OUTILS B85


Les types de raisonnements

1 Le raisonnement par induction

2 Le raisonnement par analogie

3 Le raisonnement par hypothèse

4 Le raisonnement par déduction

B86 VIVRE ENSEMBLE 4


1 Le raisonnement par induction

Exemple d’un raisonnement par induction acceptable


Pour être en santé, demain, je me ferai vacciner contre la grippe.

Depuis cinq ans, je me fais vacciner contre la grippe et je ne l’attrape pas.

Donc, le vaccin contre la grippe est efficace pour moi.

Diagnostic
1. Le nombre de cas est suffisant pour
parvenir à la conclusion générale.
Quelqu’un pourrait juger que cinq années
de vaccination sans attraper une seule
grippe est une période de temps assez
longue pour aboutir à la conclusion que
le vaccin contre la grippe est efficace pour
une personne. Quelqu’un d’autre pourrait
cependant argumenter que l’efficacité du
vaccin dans le passé ne garantit pas son
efficacité dans le futur.

2. Les prémisses sont acceptables.


Il est possible de vérifier si la personne
s’est effectivement fait vacciner pendant
cinq ans et si elle n’a effectivement pas
attrapé la grippe pendant cette période.

3. Les prémisses ont un lien avec la conclusion.


Les deux observations conduisent à la conclusion. Elles nous portent à l’accepter.

Caractéristiques d’un raisonnement par induction acceptable

BOÎTE À OUTILS B87


Exemples de raisonnements par induction inacceptables
1. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque le nombre de cas
ne suffit pas à tirer une conclusion générale.
Le caissier du magasin ne m’a pas proposé de sac de plastique pour emporter mon achat.
C’est aussi arrivé hier, à l’épicerie.
Donc, l’idée de protéger l’environnement en n’offrant pas de sacs de plastique est
vraiment entrée dans les mœurs des commerces au Québec.

Diagnostic
Dans cet exemple, le nombre de cas est insuffisant pour en arriver à la conclusion.
En effet, on ne peut généraliser à l’ensemble d’un territoire une pratique qui n’a été
observée qu’à deux endroits. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable.

2. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont
pas acceptables.
Il existe plusieurs témoignages de gens qui affirment avoir vu des extraterrestres.
Donc, il y a des extraterrestres partout dans l’Univers.

Diagnostic
Dans cet exemple, la prémisse peut se vérifier. Cependant, les témoignages de gens qui
affirment avoir vu des extraterrestres ne sont jamais appuyés par des preuves claires et
l’Univers est trop vaste pour pouvoir être exploré dans son ensemble. Ce raisonnement
n’est donc pas acceptable.

3. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque les prémisses n’ont
pas de lien avec la conclusion.
Il y a des caméras de surveillance à mon école.
Il y a des caméras de surveillance à la banque.
Donc, le gouvernement surveille nos moindres faits et gestes dans le but de mieux
nous contrôler.

Diagnostic
Dans cet exemple, les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion. En effet, la présence
de caméras de surveillance à l’école et à la banque n’a rien à voir avec le gouvernement.
Ce raisonnement n’est donc pas acceptable.

Caractéristiques d’un raisonnement par induction inacceptable

B88 VIVRE ENSEMBLE 4


2 Le raisonnement par analogie

Exemple d’un raisonnement par analogie acceptable


Les ailes sont aux oiseaux ce que les nageoires sont aux poissons. Elles permettent
à ces animaux de se déplacer.

Diagnostic
1. Les deux réalités peuvent être comparées.
Les oiseaux et les poissons, en tant qu’animaux,
peuvent être comparés.

2. Les prémisses sont acceptables.


Les oiseaux ont effectivement des ailes et les
poissons, des nageoires.

3. La relation qui existe entre les éléments de la


première réalité est comparable à celle qui existe
entre les éléments de la seconde réalité.
Dans les deux cas, les parties du corps en question ont
la même fonction : elles permettent de se déplacer.

Caractéristiques d’un raisonnement


par analogie acceptable

BOÎTE À OUTILS B89


Exemples de raisonnements par analogie inacceptables
1. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque les deux réalités
ne peuvent pas être comparées.
Un joueur de hockey est puni lorsqu’il retarde délibérément la partie.
Un automobiliste qui roule trop lentement pendant les heures de pointe ralentit
la circulation. Il devrait donc être puni lui aussi.

Diagnostic
Dans le domaine du sport, de nombreuses analogies sont pertinentes pour mieux faire
comprendre différentes idées. Dans cet exemple, les deux réalités ne peuvent cependant
pas être comparées. En effet, on ne peut pas comparer le retard lors d’un match d’une
durée limitée à la conduite automobile aux heures de pointe. Ce raisonnement n’est donc
pas acceptable.

2. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont
pas acceptables.
L’école, c’est comme une garderie. On y apprend seulement à attacher ses souliers.
On donne souvent trop d’importance aux études.

Diagnostic
Il serait possible de faire une analogie plausible entre l’école et la garderie avec des
éléments comparables, par exemple le fait qu’il s’agit d’endroits où les enfants sont
surveillés pendant que les parents vont travailler. Dans cet exemple cependant, une des
prémisses est inacceptable. En effet, il est trompeur d’affirmer qu’à l’école, on n’apprend
qu’à attacher ses souliers. Comme une des prémisses est fausse, on ne peut se servir de
cette analogie pour conclure qu’on donne souvent trop d’importance aux études. Ce
raisonnement n’est donc pas acceptable.

3. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque la relation qui


existe entre les éléments de la première réalité n’est pas comparable à celle
qui existe entre les éléments de la seconde réalité.
Lorsque Galilée a énoncé ses théories sur la position
de la Terre dans l’Univers, il a été critiqué et condamné
Caractéristiques d’un raisonnement
par l’Église catholique. Et pourtant, c’est lui qui avait
raison. par analogie inacceptable
Actuellement, c’est la même chose qui se passe quand
les médecines douces sont condamnées par les
médecins.

Diagnostic
Dans cet exemple, la relation entre les éléments de la
première réalité n’est pas comparable à celle de la
seconde réalité. En effet, Galilée n’était pas accusé par
ses pairs scientifiques, mais par l’Église, alors que dans
la deuxième réalité, ce sont des scientifiques, les
médecins, qui condamnent les médecines douces. Ce
raisonnement n’est donc pas acceptable.

B90 VIVRE ENSEMBLE 4


3 Le raisonnement par hypothèse

Exemples de raisonnements
par hypothèse inacceptables
1. Le raisonnement par hypothèse n’est pas
acceptable lorsque les prémisses qui mènent à
la conclusion ne sont pas acceptables.
La danse, c’est une activité pour les filles.
Ce collège n’offre pas de cours de danse.
Il est donc clair que ce collège cherche à recruter
des garçons plutôt que des filles.
Exemple d’un raisonnement
Diagnostic
par hypothèse acceptable
Dans cet exemple, la prémisse qui mène à
La classe est en désordre ce matin. l’hypothèse est inacceptable. En effet, il est
Hier soir, le club d’échecs participait à une trompeur d’affirmer que la danse ne s’adresse
compétition dans ce local. qu’aux filles. Il s’agit d’un appel à un stéréotype.
Ce raisonnement n’est donc pas acceptable.
Raphaël, du club d’échecs, m’a dit qu’ils ont dû
déplacer tous les bureaux pour leur compétition.
2. Le raisonnement par hypothèse n’est pas
Les membres du club d’échecs sont probablement acceptable lorsque les prémisses n’ont pas de
responsables du désordre de la classe. lien avec la conclusion.

Diagnostic La violence est encore trop présente dans nos


sociétés.
1. Les prémisses sont acceptables.
La lecture est souvent considérée comme une
Chaque prémisse est acceptable, car chacune
activité de détente.
repose sur des observations vérifiables.
Peut-être que si plus de gens lisaient, il y aurait
2. Les prémisses ont un lien avec la conclusion. moins de violence dans nos sociétés.

Les prémisses prises ensemble soutiennent Diagnostic


clairement la conclusion.
Dans cet exemple, les prémisses n’ont pas de lien
avec la conclusion. En effet, rien dans les prémisses
ne prouve qu’il existe un lien entre la lecture et
l’absence de violence. Ce raisonnement n’est donc
Caractéristiques d’un raisonnement pas acceptable.
par hypothèse acceptable

Caractéristiques d’un raisonnement


par hypothèse inacceptable

BOÎTE À OUTILS B91


4 Le raisonnement par déduction

Exemples de raisonnements
par déduction inacceptables
1. Le raisonnement par déduction n’est pas
acceptable lorsque les prémisses ne sont pas
toutes acceptables.
Tous les jeunes sont énergiques.
Exemple d’un raisonnement Éliane est jeune.
par déduction acceptable Donc, Éliane est énergique.

Dans tous les pays occidentaux, on reconnaît Diagnostic


le droit à la liberté de presse. Dans cet exemple, la première prémisse n’est pas
La France et le Danemark sont des pays acceptable. En effet, il est trompeur d’affirmer que
occidentaux. tous les jeunes sont énergiques. Ce raisonnement
La liberté de presse est donc reconnue dans n’est donc pas acceptable, même s’il est valide sur
ces deux pays. le plan purement logique.

Diagnostic 2. Le raisonnement par déduction n’est pas


1. Les prémisses sont acceptables. acceptable lorsqu’il n’y a pas de lien logique
entre les prémisses et la conclusion.
En effet, les pays de l’Europe de l’Ouest font partie
des pays occidentaux où le droit à la liberté de Margaux a de meilleures notes qu’Isabelle dans
presse est respecté. La France et le Danemark, son cours de français.
pays de l’Europe de l’Ouest, sont effectivement Isabelle a de meilleures notes que Jacques dans
des pays occidentaux qui reconnaissent le droit son cours de français.
à la liberté de presse. Donc, Jacques a de meilleures notes que Margaux
dans son cours de français.
2. Il y a un lien logique entre les prémisses
et la conclusion. Diagnostic
Les prémisses de ce raisonnement conduisent Dans cet exemple, il n’y a pas de lien logique entre
nécessairement à la conclusion. les prémisses et la conclusion. C’est Margaux qui a
logiquement de meilleures notes que Jacques et
non l’inverse. Ce raisonnement n’est donc pas
acceptable, parce qu’il n’est pas logique.

Caractéristiques d’un raisonnement


par déduction acceptable
Caractéristiques d’un raisonnement
par déduction inacceptable

B92 VIVRE ENSEMBLE 4


Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue

Hier, pour la
première fois, je suis
1 La généralisation abusive allée chez mon ami Maude, est-ce seulement
en autobus. L’autobus parce que ton autobus est
est arrivé avec près arrivé en retard hier que
de 30 minutes de tu conclus que tous les
retard. Les transports transports en commun ne
en commun ne sont pas efficaces ?
sont vraiment pas
efficaces.

Tu penses Pourquoi est-ce que


vraiment que tu critiques son physique ? 2 L’attaque personnelle
c’est lui le meilleur As-tu quelque chose
joueur ? Lui ? à dire sur ses habiletés
Avec sa nouvelle au soccer ?
coupe de
cheveux
affreuse ?

Valérie, ne crois-tu pas qu’il


serait temps de te trouver un
travail pour cet été ?

Est-ce vraiment nécessaire ?


3 L’appel au clan Aucune de mes amies ne Est-ce que
travaille. Pourquoi est-ce tu te fies toujours
que je travaillerais ? à tes amies pour
prendre des
décisions ?
Sais-tu pour
quelles raisons
elles ne travaillent
pas ?

BOÎTE À OUTILS B93


Est-ce qu’une émission est
nécessairement de qualité
4 L’appel à la popularité Je propose qu’on lorsqu’elle est populaire ?
regarde cette émission.
C’est sûrement bon.
C’est l’émission la plus
écoutée cette saison.

Jacqueline, d’où te vient


ce préjugé ?
La dame qui conduit cette
voiture est couverte de
tatouages. Je suis convaincue
qu’elle ne nous laissera pas
traverser la rue.
5 L’appel au préjugé

Laisse, grand-maman ; je vais faire


la recherche pour toi. Vous, les Florence, penses-tu vraiment que
6 L’appel au stéréotype personnes âgées, vous ne connaissez toutes les personnes âgées se
rien aux ordinateurs. comportent de la même façon ?

B94 VIVRE ENSEMBLE 4


Tu devrais prendre un plat Il a un doctorat dans quel
végétarien. C’est meilleur pour domaine ? Ce n’est pas parce
7 L’argument d’autorité la santé. Hier encore, je l’ai entendu qu’une personne est reconnue
dire par un ami de ma mère qui a dans son domaine qu’elle est
un doctorat. compétente en tout !

Est-ce que
Je ne comprends pas le relâchement 8 La double faute
pourquoi vous m’avez des autres nageurs
fait faire 10 longueurs justifie le tien,
de plus que les autres. Steve ?
Je n’étais pas le seul
à manquer d’ardeur
à l’entraînement.

Je ne comprends pas ceux


qui aiment faire du camping. Maman, le camping
Qu’y a-t-il de si plaisant à se déroule-t-il
dormir par terre, au froid, nécessairement
sous la pluie, parmi les ours ? dans ces conditions ?

9 La caricature

BOÎTE À OUTILS B95


Pour la fête de Carlos, est-ce qu’il n’y a pas
Brigitte, je propose d’autres options possibles ?
qu’on loue une salle
et qu’on invite une
centaine de personnes
10 Le faux dilemme ou qu’on ne fasse
rien du tout.

Au dernier examen de Julien, quel est le rapport


musique, je portais mon entre le fait de porter
beau chandail bleu et je ton chandail bleu et
n’ai jamais eu une aussi tes bonnes notes ?
bonne note. J’ai un
autre examen demain.
Il faut que je pense 11 La fausse causalité
à mettre le même.

Je suis contre le port obligatoire


du casque à vélo. C’est comme si on
Ton image est-elle bien
m’obligeait à porter de la lotion
choisie, Marc-André ? N’y
solaire en pleine nuit !
a-t-il pas un risque réel
de blessures à vélo ?

12 La fausse analogie

B96 VIVRE ENSEMBLE 4


Samuel, mange
tes légumes,
sinon, tu vas Papa, est-ce que le simple
voir, tu perdras fait de ne pas finir cette
de la vigueur assiette fera nécessaire-
musculaire, ment en sorte que tout ce
tu auras des que tu dis arrivera ?
13 La pente fatale problèmes de
peau et tu
risques d’attraper
toutes sortes
de maladies.

14 Le complot

Tu en es certaine,
Je suis Sabrina ? Sur
certaine que quelles preuves
ce sont les t’appuies-tu pour
employés de affirmer cela ?
la patinoire
qui ont décidé
de la fermer
pour l’avoir
à eux seuls.

BOÎTE À OUTILS B97


Glossaire
A C

Agnostique Personne pour qui les questions rela- Canonisation (catholicisme) Acte solennel par
tives à l’existence de Dieu ne peuvent trouver de lequel le pape déclare une personne décédée sainte.
réponses.
D
Ambivalence Dans une situation donnée, état d’une
personne qui hésite et est indécise entre deux ou
plusieurs jugements, comportements, normes ou Dilemme moral Résultat d’une situation dans
valeurs contradictoires. laquelle une personne se trouve devant différentes
possibilités qui font s’opposer des valeurs.
Apôtre (christianisme) Chacun des douze disciples
choisis par Jésus-Christ pour propager ses ensei- E
gnements.
Eugénisme Ensemble des pratiques qui ont pour but
Art profane L’ensemble des productions artistiques
d’améliorer l’espèce humaine en favorisant la repro-
qui n’ont pas de lien avec la religion.
duction d’êtres humains aux caractéristiques sou-
Art religieux L’ensemble des productions artistiques haitables ou en empêchant la reproduction
inspirées des textes religieux ou des éléments conte- d’individus aux caractéristiques non souhaitables.
nus dans l’une ou l’autre des religions.
Évangiles (christianisme) Du grec evangelion qui
Ashkénaze (judaïsme) Qui appartient à la branche signifie « bonne nouvelle ». Textes relatifs à la vie et
du peuple juif qui s’est installée en Europe septen- aux enseignements de Jésus, qui ont été consignés
trionale, plus particulièrement en Europe de l’Est, dans la Bible.
après son expulsion de Jérusalem.
Éveil (bouddhisme) État du plus haut degré de
Athée Personne qui nie l’existence de Dieu ou de sagesse et de compréhension atteint par le Bouddha.
dieux, et dont l’attitude ou la doctrine se rapporte à Cet état l’amena à formuler les quatre nobles vérités
l’athéisme. sur lesquelles repose son enseignement.

Avatar (hindouisme) Incarnation de Vishnou ou G


d’une autre divinité.
Génie génétique Ensemble des connaissances et
B des techniques qui permettent d’isoler un ou plu-
sieurs gènes appartenant à un organisme, de les
Béatification (catholicisme) Acte solennel par modifier et des les réintroduire dans un autre orga-
lequel le pape déclare une personne décédée bien- nisme.
heureuse, c’est-à-dire digne d’un culte.
H
Bioéthique Domaine de recherche qui s’intéresse
aux questions éthiques soulevées par le progrès bio-
Hadès Dieu des enfers dans la mythologie grecque.
médical. La bioéthique permet d’énoncer des prin-
cipes moraux qui serviront à guider la conduite des Hadith (islam) Recueil des actes et des paroles du
êtres humains dans les domaines de la biologie et prophète Muhammad.
de la médecine.

Burqa (islam) Voile épais porté par certaines femmes L


musulmanes dans les endroits publics, qui dissimule
le corps de la tête aux pieds, et muni d’une grille de Laïcité Principe de séparation de la société civile et
tissu semi-transparente vis-à-vis des yeux. de la société religieuse.

G98 VIVRE ENSEMBLE 4


Leader charismatique Personne dont les qualités, Dans le contexte biblique, il s’agit donc d’un individu
notamment le charisme, exerce une forte influence qui parle au nom de Dieu.
sur les autres.

Lettre apostolique (catholicisme) Lettre adressée R


publiquement par un pape à un responsable de
l’Église ou à des fidèles. Relativisme Doctrine selon laquelle il n’y a pas
de vérité absolue et les différents points de vue
Libertarisme Philosophie selon laquelle l’État s’équivalent.
devrait intervenir le moins possible dans la vie des
individus. Les adeptes du libertarisme privilégient Résurrection (christianisme) Dans les récits chré-
la liberté individuelle. tiens, le fait de reprendre vie, de s’éveiller, de se
relever d’entre les morts et de passer de la mort à
M l’immortalité.

Multiculturel Se dit d’un territoire ou d’une société S


où cohabitent des personnes de cultures différentes.
Séfarade (judaïsme) Qui appartient à la branche du
N peuple juif qui s’est installée autour de la Méditer-
ranée, particulièrement dans la péninsule ibérique,
Niqab (islam) Pièce de vêtement porté par certaines après son expulsion de Jérusalem.
femmes musulmanes, qui recouvre la tête, le front et
le bas du visage en entier, et qui laisse seulement Spiritisme Doctrine selon laquelle il est possible
une fente pour les yeux. de communiquer avec les esprits de personnes
décédées.
Numérologie Doctrine selon laquelle les chiffres ont
des propriétés pouvant influer sur l’existence et Symbole Réalité saisissable par les sens et qui
l’avenir. représente une autre réalité, celle-là insaisissable
et inobservable. Un symbole peut représenter une
religion, une valeur, une idéologie politique, etc.
P

Patrimoine Bien considéré comme un héritage com- V


mun, transmis à une personne ou à une collectivité
par les générations précédentes. Vandalisme Comportement d’une personne qui
détruit, gratuitement et par méchanceté, un bien
Péché (christianisme) Dans la chrétienté, acte appartenant à autrui.
conscient par lequel un être humain refuse d’accom-
plir la volonté de Dieu. Végétalien Personne qui ne se nourrit que de pro-
duits d’origine végétale.
Pèlerin Croyant ou croyante qui fait un pèlerinage,
c’est-à-dire un voyage vers un lieu saint ou sacré. Végétarien Personne qui ne mange pas de chair
animale.
Piété Attachement fervent à Dieu, à la pratique et
aux devoirs religieux.
Vivre-ensemble : Dans une société, notion selon
laquelle les différents rapports entre les personnes
Pluralisme Système qui admet la cohabitation de
cultures différentes. sont harmonieux et respectueux et où chaque per-
sonne est égale aux autres.
Point de vue Opinion personnelle sur un sujet donné.
Vocation Mouvement intérieur par lequel une
Prophète Le mot prophète est formé de deux termes personne se sent attirée vers Dieu ou vers la vie
grecs qui signifient « celui qui parle au nom de ». religieuse.

GLOSSAIRE G99
Sources
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S100 VIVRE ENSEMBLE 4


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159 (Karine) Neustockimages QUÉBEC VRAI
159 (Yanick) Jeu 198 (d, b)
160 (Betty) Casarca
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183
134 (b)
190 B. Pekakcan
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B39 4 (h) Walencienne
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B61 (h) A. Harris 5 (b) KN
B70 (b) 6 et B6 file404
B72 8 A. Zavadsky
B79 et B87 Z. Bo 13 I. Sergey
B89 C. Schmidt 16 William Perugini
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76 (h) 26 (b) 26 f9photos
27 mehmetcan
MUSÉE McCORD 28 (h) kbrowne41
29 M991X.5.674 33 R. Kabanova
128 35 Ayazad
135 et 140 (h, g) 36 (b) E. Elisseeva
195 VIEW 26048 44 pedrosek
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B47 (c,d) M12538
46 (b) M. Menestrina
B49 M12538
47 durantelallera
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DU QUÉBEC 66 (b) Nyuuness
66 (h) 67 Nicku
B29 (b) P.Altman 68 (h) R. Sedmakova
69 (h) mountainpix
NATIONAL ABORIGINAL ACHIEVEMENT
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74 (h) Portokalis
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116 mikumistock B29 (h) catwalker
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127 J. Richards B34 R. Sedmakova
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132 (b) et 140 (c, g) mountainpix B42 (b) R. Sigaev
133 (h) et 140 (h, g) Toniflap B43 (b) Nicku
147 K. Chagin B44 BrAt82
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157 (b) Goodluz B62 (h) Santibhavank
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159 (Sylvia) C. Halloran B66 Cbenjasuwan
159 (Cheng) WizData inc. B68 (h) De Visu
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160 (Ramon) Y. Arcurs B74 (g, b) Wich
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171 (h) L. Papaulakis
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173 MilousSK
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175 Baloncici 34 colagene.com
176 (h) Ghaint THE BRIGHTS
176 (c) K. L. Folkerts
B74 (c, d)
176 (b) Neo Edmund
181 (h) Z. Atletic THINKSTOCK
181 (b) Timothy Large 30
192 (h) bikeriderlondon 88 (d)
193 (h) Elnur 123
194 ChameleonsEye 134 (h) et 140 (d, c)
196 mushan B22
202 P. Spiro B60 (b)
B7 et B10 N. Raymond
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198 (d, c)
B15 (h) R. Ramirez Lee
B15 (b) Kamira UNIVERSITÉ DE LAUSANNE
B16 Nicku 98
B21 C. Chilvers
UNIVERSITY OF OXFORD
B24 Z. Atletic
97 (c)
B25 (h) Jurand
B25 (b) P. Chidell YVES TESSIER
B27 (h,g) M. Kucera B36

S102 VIVRE ENSEMBLE 4

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