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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 05/06/2021

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Devoir Surveillé no 9 (4h)

La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raison-
nements entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent
être éteints et rangés.

Problème 1 – Dualité et théorème d’Erdös-Kaplansky


Le but de ce problème est d’étudier quelques propriétés liées à la dualité en algèbre linéaire, c’est-à-dire à la comparaison
de certaines situations se produisant dans E et dans son dual E ˚ . On montre en particulier qu’en dimension finie, le
bidual E ˚˚ peut être identifié canoniquement à E.
Notre but final est de démontrer, dans la dernière partie que ce résultat est toujours faux en dimension infinie. Plus
précisément, nous démontrons le théorème d’Erdös-Kaplansky, affirmant que la dimension de E ˚ est dans ce cas égal
à son cardinal (i.e. E ˚ peut être mis en bijection avec n’importe laquelle de ses bases). Pour cette partie, nous aurons
besoin de certains prérequis sur les cardinaux, que nous avons déjà démontrés dans certains DM, et que nous admettrons
ici pour ne pas trop rallonger le sujet. Nous admettrons également quelques propriétés liées à la dimension infinie.
Dans tout le problème, on considère que l’axiome du choix est valide.
Rappels et notations
‚ Dans tout le problème, K désigne un corps.
‚ On rappelle que le dual E ˚ d’un K-espace vectoriel E est l’espace vectoriel LpE, Kq des formes linéaires sur E.
‚ Le bidual E ˚˚ “ pE ˚ q˚ de E est par définition le dual du dual de E, donc LpE ˚ , Kq.
‚ Soit A un ensemble, et pa, bq P A2 . Le symbole de Kroneker δa,b est égal à 1 si a “ b et 0 sinon.
‚ Soit A un ensemble. On note KA l’espace vectoriel sur K constitué de toutes les applications de A dans K, et
KpAq son sous-espace constitué des applications à support fini (c’est-à-dire s’annulant en tout point de A sauf
en un nombre fini)
‚ On admet que tout espace vectoriel E sur K admet au moins une base B, y compris si E est de dimension infinie.
Plus précisément, on admet qu’on peut généraliser (avec l’axiome du choix) le théorème de la base incomplète,
dans sa version la plus précise : étant donnée une famille libre de E, on peut la compléter en une base par ajout
de vecteurs d’une famille génératrice fixée.
‚ En particulier, on en déduit que tout sous-espace d’un espace E admet un supplémentaire dans E, sans condition
de dimension.
‚ On rappelle que deux ensembles A et B sont de même cardinal si et seulement s’il existe une bijection f : A Ñ B.
On notera |A| “ |B|.
‚ On admet le théorème de Cantor-Berstein (démontré en DM), stipulant que |A| “ |B| si et seulement s’il existe
deux injections f : A Ñ B et g : B Ñ A, ou, de façon équivalente, s’il existe deux surjections s : A Ñ B et
t : B Ñ A.
‚ On dit que |A| ď |B| s’il existe une injection A Ñ B, ou, de façon équivalente, s’il existe une surjection B Ñ A.
‚ Soit A un ensemble infini. On admet que |A ˆ A| “ |A| (résultat démontré en DM avec des ordinaux et une
récurrence transfinie, qu’on peut aussi redémontrer de façon plus directe avec le lemme de Zorn)
‚ On rappelle le théorème de Cantor, démontré en début d’année : pour tout ensemble X, on a |X| ă |PpXq|.
‚ On admet la généralisation suivante du théorème de la dimension : toutes les bases d’un espace vectoriel ont
même cardinal (y compris en dimension infinie) : ainsi si B et C sont deux bases de E, il existe une bijection
de B sur C. Ce résultat fait l’objet de la question subsidiaire.
‚ On définit alors la dimension de E comme le cardinal commun de toutes les bases de E. On pourra par exemple
parler d’espaces de dimension dénombrable, ou de dimension égale au cardinal de R.
‚ La caractérisation des isomorphismes par préservation des bases assure que si f : E Ñ F est un isomorphisme,
alors dim E “ dim F , y compris en dimension infinie

1
Partie I – Résultats préliminaires

1. Famille duale d’une base, base duale


Soit E un K-espace vectoriel et B une base de E. Pour b P B, on définit b˚ P E ˚ , la forme linéaire définie par
son image sur la base B de la façon suivante :

@β P B, b˚ pβq “ δb,β .

Autrement dit, b˚ prend la valeur 1 sur le vecteur b de la base B et 0 sur tous les autres vecteurs de la base B.
On note B ˚ “ pb˚ qbPB la famille de E ˚ ainsi définie, appelée famille duale de B
(a) Montrer que pour tout x P E, de coordonnées pxβ qβPB dans la base B (i.e. x “ xβ β), et tout b P B,
ř
βPB
b˚ pxq “ xb . Ainsi, b˚ est la forme linéaire qui à x associe sa coordonnée sur b relativement à la base B.
(b) Montrer que B ˚ est une famille libre de E ˚ .
(c) Montrer que si E est de dimension finie, B ˚ est une base. Cette base est appelée base duale de la base B.
2. Codimension d’un espace vectoriel
Soit E un K-espace vectoriel de dimension quelconque, et F un sous-espace vectoriel de E. On se donne S et
T deux supplémentaires de F dans E, et on définit p la projection sur T parallèlement à F .
(a) Montrer que Kerpp|S q “ t0u. Que peut-on en déduire sur p|S ?
(b) Soit B une base de S. Construire une base C de T telle qu’il existe une injection i : B Ñ C
(c) En déduire que S et T ont même dimension (finie ou infinie).
On définit alors la codimension de F dans E comme étant la dimension commune de tous les supplémentaires
de F dans E. On la note codimE pF q.

Partie II – Dualité en dimension finie


Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n, et E ˚ son espace dual. On définit une application px, ϕq ÞÑ xx, ϕy
sur E ˆ E ˚ par :
@px, ϕq P E ˆ E ˚ , xx, ϕy “ ϕpxq.
1. Montrer que px, ϕq ÞÑ xx, ϕy est une forme bilinéaire sur E ˆ E ˚ (i.e. linéaire par rapport à chacune de ses
variables).
2. Soit x P E. On définit x̃ : E ˚ ÝÑ K par :

@ϕ P E ˚ , x̃pϕq “ ϕpxq.

Justifier que x̃ P E ˚˚
3. Soit J : E Ñ E ˚˚ définie par Jpxq “ x̃. Montrer que J injective, puis que c’est un isomorphisme.
L’application J est appelée isomorphisme canonique de E dans E ˚˚ . Il est assez fréquent d’identifier via cet isomor-
phisme les éléments de E et ceux de E ˚˚ . Le résultat qu’on vient de montrer implique notamment que toute forme
linéaire que E ˚˚ correspond (en dimension finie) à une évaluation en un vecteur x de E.

Partie III – Orthogonalité duale


Soit E un espace vectoriel de dimension quelconque sur K ; on définit la forme bilinéaire x., .y de même qu’en II.
‚ Pour G un sous-espace vectoriel de E, on appelle orthogonal de G dans E ˚ l’ensemble

G˝ “ tϕ P E ˚ | @x P G, xx, ϕy “ 0u

‚ Pour H un sous-espace vectoriel de E ˚ , on appelle orthogonal de H dans E l’ensemble

H ˝ “ tx P E | @ϕ P H, xx, ϕy “ 0u

Dans les questions qui suivent, G désigne un sous-espace vectoriel de E et H un sous-espace vectoriel de E ˚ .
1. Propriétés élémentaires
(a) Montrer que G˝ est un sous-espace vectoriel de E ˚ et H ˝ est un sous-espace vectoriel de E.

2
(b) Montrer que G Ă G˝˝ (orthogonal dans E de G˝ ), et que H Ă H ˝˝ (orthogonal dans E ˚ de H ˝ ).
(c) Montrer que si G1 et G2 sont deux sous-espaces de E tels que G1 Ă G2 , alors G˝2 Ă G˝1 . Énoncer et démontrer
une propriété similaire pour des sous-espaces de E ˚ .
(d) Soit S un supplémentaire de G dans E. Montrer que ϕ ÞÑ pϕ|G , ϕ|S q est un isomorphisme de E ˚ sur G˚ ˆS ˚ .
(e) Montrer que G˝ “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu. En déduire un isomorphisme entre G˝ et S ˚ .
2. Cas de la dimension finie
On suppose dans cette question que E est de dimension finie.
(a) Montrer à l’aide de résultats précédents que dim G ` dim G˝ “ dim E.
(b) Montrer que G “ G˝˝ (orthogonal dans E de l’orthogonal dans E ˚ ).
(c) Justifier que H vérifie des relations similaires à celles des deux questions précédentes.
3. Dans cette question, on ne suppose plus E de dimension finie, et on étudie H ˝˝ , lorsque H est un sous-espace
de dimension fini de E ˚ .
(a) Soit G un sous-espace de E de codimension finie. À l’aide d’une question précédente, montrer que G˝ est
de dimension finie, et que dimpG˝ q “ codimE pGq.
(b) Soit H un sous-espace vectoriel de dimension finie p de E ˚ , et pϕ1 , . . . , ϕp q une base de H. On pose G “ H ˝
son orthogonal dans E. Soit u : E ÝÑ Kp définie pour tout x P E par

upxq “ pϕ1 pxq, . . . , ϕp pxqq.

Montrer que H ˝ “ Kerpuq


(c) En considérant un supplémentaire de Kerpuq dans E, en déduire que codimE pGq ď dim H.
(d) À l’aide de résultats antérieurs, en déduire que G˝ “ H, i.e. H ˝˝ “ H.

Partie IV – Transposée d’une application linéaire

Cette partie a pour but de montrer de quelle manière ces propriétés d’orthogonalité permettent de retrouver l’éga-
lité rgpM q “ rgp tM q pour des matrices, par une approche vectorielle. Elle est complètement indépendante des deux
dernières parties.
Soit E et F deux espaces vectoriels, et f P LpE, F q. On définit la transposée tf : F ˚ Ñ E ˚ de f par

@ϕ P F ˚ , t
f pϕq “ ϕ ˝ f.

1. Justifier que tf est bien définie (i.e. à valeurs dans E ˚ ) et que tf P LpF ˚ , E ˚ q.
2. Montrer que Kerp tf q “ Impf q˝ .
3. En déduire que si E et F sont deux espaces de dimension finie, rgpf q “ rgp tf q.
4. Retrouver à l’aide de ce résultat l’égalité rgpM q “ rgp tM q pour toute matrice M de Mn,p pKq.
Indication : si M “ MatB,C pf q, exprimer la matrice de tf relativement aux bases duales C ˚ et B ˚ .

Partie V – Minoration de la dimension d’un sous-espace de KA

1. Description du dual de KpAq .


Soit A un ensemble quelconque
(a) Soit, pour tout a P A, ea l’application de KpAq définie par

@b P A, ea pbq “ δa,b .

Montrer que B “ pea qaPA est une base de KpAq (appelée base canonique).
(b) Pour tout f : A Ñ K, on définit ϕf P pKpAq q˚ par son image sur les vecteurs de la base B :

@a P A, ϕf pea q “ f paq.

Montrer que l’application Φ : f ÞÑ ϕf est un isomorphisme de KA dans le dual pKpAq q˚ de KpAq .

3
2. CNS de minoration de la dimension d’un sous-espace de KA .
(a) Soit V un sous-espace vectoriel de KA . On suppose qu’il existe a1 , . . . , ap P A et f1 , . . . , fp P V tels que
@pi, jq P v1, pw2 , fi paj q “ δi,j .
Montrer que dim V ě p.
(b) Réciproquement, on suppose que dim V ě p, et on considère V 1 “ ΦpV q P pKpAq q˚ . Soit H un sous-espace
vectoriel de V 1 tel que dim H “ p.
i. Montrer qu’il existe des éléments a1 , . . . , ap de A tels que Vectpea1 , . . . , eap q soit un supplémentaire de
H ˝ dans KpAq (les eak sont les éléments de KpAq introduits dans la question 1).
ii. À l’aide de la partie I, en déduire qu’il existe f1 , . . . , fp P Φ´1 pHq Ă V tels que
2
@pi, jq P v1, pw , fi paj q “ δi,j .

Partie VI – Théorème d’Erdös-Kaplansky (partie difficile)


Le but de cette partie est de démontrer que si E est de dimension infinie, alors dim E ˚ “ |E ˚ |. Puisque E est isomorphe
à KpAq , où A est une base de E, on peut supposer sans perte de généralité que E “ KpAq , pour un certain ensemble
infini A, et donc E ˚ “ KA d’après V-1.
1. Soit L un sous-corps de K, et pf1 , . . . , fp q une famille libre de KA telle que pour tout i P v1, pw, et tout a P A,
fi paq P L. On pose V “ VectL pf1 , . . . , fp q Ă LA et W “ VectK pf1 , . . . , fp q Ă KA
2
(a) Justifier qu’il existe pa1 , . . . , ap q P Ap et pg1 , . . . , gp q P V p tels que : @pi, jq P v1, pw , gi paj q “ δi,j .
(b) Montrer que pg1 , . . . , gp q est une K-base de W .
(c) Montrer que pour tout f P W , et tout a P A, f paq P Lrf pa1 q, . . . , f pap qs, où Lrf pa1 q, . . . , f pap qs est le plus
petit sous-corps de K contenant tous les éléments de L, ainsi que les éléments f pai q, i P v1, pw.
2. (a) Soit G un groupe et M une partie infinie de G. Montrer que si G1 est le sous-groupe de G engendré par M ,
alors |G1 | “ |M | (au sens des cardinaux infinis, i.e. G1 et M sont équipotents)
(b) Soit K un corps et M une partie infinie de K. On considère pAn q et pPn q deux suites de parties de K définies
par récurrence de la manière suivante : A0 “ M , et
‚ si An est construit, Pn est le sous-groupe multiplicatif de K˚ engendré par An X K˚ ;
‚ si Pn est construit, An`1 est le sous-groupe additif de K engendré par Pn .
Montrer que les ensembles An et Pn ont tous le même cardinal que M .
(c) Soit K1 le corps engendré par la partie M de la question précédente, c’est-à-dire le plus petit sous-corps de
K contenant tous les éléments de M . Montrer que |K1 | “ |M |.
3. Soit K un corps, et C un ensemble infini tel que |C| ě |K|.
(a) Montrer que |KpCq | ď |Pf pC ˆ Kq| (où Pf désigne l’ensemble des parties finies)
(b) En déduire que |KpCq | “ |C|.
4. Démonstration du théorème d’Erdös-Kaplansky.
(a) Montrer que |K| ď dimpKN q (autrement dit, les bases de KN ont un cardinal supérieur ou égal à celui de K).
Indication : raisonner par l’absurde en considérant une base B de KN , de cardinal strictement inférieur à
celui de K. Considérer L le sous-corps de K engendré par tous les βpnq, pour β P B et n P N. Justifier
que |L| ă |K|, puis construire une suite d’éléments pξn q d’éléments de K tels que pour tout n P N, ξn R
Lrξ1 , . . . , ξn´1 s. Appliquer la question 1 à f : n ÞÑ ξn pour conclure.
(b) En déduire que pour tout A infini, dimpKA q ě |K|.
(c) En déduire enfin, à l’aide de la question 3, que dimpKA q “ |KA | (théorème d’Erdös-Kaplansky)
(d) Montrer que si E est de dimension infinie, dimpEq ă dimpE ˚ q.

Question subsidiaire.
Montrer que si E est de dimension infinie, alors toutes les bases de E ont même cardinal.
Indication : Soit deux bases B et C. On pourra associer à tout b P B, la partie finie γpbq de C constituée des vecteurs
de c sur lesquels les composantes de b sont non nulles.
Sources :
Arnaudiès, Lelong-Ferrand, Cours de mathématiques, 1. Algèbre (Dunod)
Bourbaki, Algèbre, chapitres 1 à 3, (Springer), II-7.5 et exercice II-7.3 p II.193

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A. Troesch

Devoir Surveillé no 9 (4h)

Correction du problème 1 – Dualité et théorème d’Erdös-Kaplansky

Partie I – Résultats préliminaires

1. Famille duale d’une base, base duale

(a) Soit x P E, de coordonnées pxβ qβPB dans la base B. Ainsi, par linéarité de b˚ ,
˜ ¸
ÿ
˚ ˚
b pxq “ b xβ β
βPB
ÿ
“ xβ b˚ pβq
βPB
ÿ
“ xβ δb,β
βPB

“ xb

Ces calculs sont justifiés par le fait que par définition d’une base, et de la décomposition d’un vecteur dans
une base, la somme ne contient qu’un nombre fini de termes non nuls.
(b) Soit pλb qbPB une famille de scalaires à support fini. On suppose que
ÿ
λb b˚ “ 0.
bPB

Soit β P B. On a alors, en évaluant en β :


ÿ ÿ
0“ λb b˚ pβq “ λb δb,β “ λβ .
bPB bPB

Ainsi, pour tout β P B, λβ “ 0. On en déduit que pb˚ qbPB est libre .


(c) On suppose E de dimension finie n. Se servir de la dimension de E ˚ (vue dans le cours) est ici un peu abusif,
car la démonstration du cours repose en fait sur l’étude de cette base (qui est un cas particulier de la base
des pui,j q construite dans le cours pour LpE, F q). On montre donc de façon directe le caractère générateur
de B ˚ , en remarquant que d’après la question 1(a),
n
ÿ
@x P E, x “ b˚i pxqbi ,
i“1

˚
où on a noté pb1 , . . . , bn q la base B. Ainsi, si ϕ P E , on peut écrire, par linéarité :
n
ÿ
@x P E, ϕpxq “ b˚i pxqϕpbi q,
i“1

et donc :
n
ÿ
ϕ“ ϕpbi qb˚i P Vectpb˚1 , . . . , b˚n q.
i“1

Cela montre que B ˚ est génératrice de E ˚ , et donc, d’après 1(b), B ˚ est unne base de E ˚ .

2. Codimension d’un espace vectoriel

1
(a) Un vecteur x P E est dans Kerpp|S q si et seulement s’il est dans le domaine de définition S et vérifie
p|S pxq “ ppxq “ 0. Ainsi

Kerpp|S q “ S X Kerppq “ S X F donc: Kerpp|S q “ t0u ,

puisque S et F sont supplémentaires. On en déduit que p|S est injective .


(b) ‚ Soit B une base de S. Puisque p|S est injective, l’image par p|S est une famille libre C0 “ pppbqqbPB de
Impp|S q Ă T . On peut donc la compléter en une base C de T .
‚ De plus, la construction de la base C montre que la restriction i de p à B est une bijection de B sur
C0 Ă C, donc une injection i : B Ñ C .
(c) ‚ On en déduit que |B| ď |C| (notation du préambule). Ainsi, dimpSq ď dimpT q (inégalité au sens des
cardinaux)
‚ L’argument pouvant être symétrisé en intervertissant le rôle de S et T , on a aussi dimpT q ď dimpSq.
Donc, d’après le théorème de Cantor-Bernstein, dimpSq “ dimpT q .
‚ Remarquez que pour que cet argument soit valide, il faut disposer du théorème de la dimension, nous
assurant qu’on n’est pas obligé de garder les mêmes bases pour la réciproque, et donc que les dimensions
sont bien définies au sens des cardinaux.

Partie II – Dualité en dimension finie

1. ‚ px, yq ÞÑ xx, ϕy est bien une forme (à valeurs dans K)


‚ Linéarité par rapport à la première variable. Soit px, yq P E 2 , λ P K, et ϕ P E ˚ . On a alors :

xx ` λy, ϕy “ ϕpx ` λyq “ ϕpxq ` λϕpyq “ xx, ϕy ` λ xy, ϕy ,

car ϕ est linéaire.


‚ Linéarité par rapport à la deuxième variable. Soit x P E, pϕ, ψq P E ˚ , et λ P K. Alors :

xx, ϕ ` λψy “ pϕ ` λψqpxq “ ϕpxq ` λψpxq “ xx, ϕy ` λ xx, ψy .

‚ Ainsi, px, ϕq ÞÑ xx, ϕy est une forme bilinéaire .


2. Soit x P E. On a alors, pour tout ϕ P E ˚
x̃pϕq “ xx, ϕy .
Ainsi, la linéarité de x̃ provient de la bilinéarité de px, ϕq ÞÑ xx, ϕy. Il s’agit ici plus précisément de la linéarité
par rapport à sa deuxième variable. Puisque x̃ va bien de E ˚ dans K, on en déduit alors que x̃ P E ˚˚ .
3. ‚ La linéarité de J équivaut à la linéarité par rapport à la première variable de px, yq ÞÑ xx, yy, donc est
acquise. En effet, si px, yq P E 2 et λ P K, pour tout ϕ P E ˚ :

Jpx ` λyqpϕq “ xx ` λy, ϕy “ xx, ϕy ` λ xy, ϕy “ Jpxqpϕq ` λJpyqpϕq.

‚ Soit x ‰ 0. Montrons que x R KerpJq, donc qu’il existe ϕ P E ˚ tel que x̃pϕq ‰ 0, i.e. ϕpxq ‰ 0.
Pour construire une telle forme linéaire ϕ, on considère S un supplémentaire de Kx dans E. Soit alors y P E,
et y “ λx ` s sa décomposition dans la somme directe E “ Kx ‘ S. On définit :

ϕpyq “ ϕpλx ` sq “ λ.

Une vérification sans difficulté montre que ϕ est linéaire (on peut aussi construire ϕ par rigidité en considé-
rant une base de S complétée par x en une base de E), et ϕpxq “ 1 ‰ 0.
Ainsi, x R KerpJq.
‚ On en déduit que KerpJq “ t0u, donc que J est injective .
‚ Si E est de dimension finie, la question 1(c) appliquée successivement à E et E ˚ montre que dim E “
dim E ˚ “ dim E ˚˚ , donc, par caractérisation des isomorphismes en dimension finie, on en déduit que
J est un isomorphisme .

Partie III – Orthogonalité duale

2
1. Propriétés élémentaires
(a) ‚ Étude de G˝ .
˚ Par définition G˝ Ă E ˚ .
˚ Pour tout x P G, xx, 0y “ 0pxq “ 0, donc 0 P G˝ (ici 0 “ 0E ˚ , c’est donc l’application nulle).
˚ Soit pϕ, ψq P G˝ et λ P K. Alors, pour tout x P G,

xx, ϕ ` λψy “ xx, ϕy ` λ xx, ψy “ 0.

Donc ϕ ` λψ P G˝ .
˚ Ainsi, G˝ est un sous-espace vectoriel de E ˚ .
‚ Étude de H ˝ .
˚ Par définition H ˝ Ă E.
˚ Pour tout ϕ P H, x0, ϕy “ ϕp0q “ 0, donc 0 P H ˝ .
˚ Soit px, yq P H ˝ et λ P K. Alors, pour tout ϕ P H :

xx ` λy, ϕy “ xx, ϕy ` λ xy, ϕy “ 0.

Ainsi, x ` λy P H K .
˚ Par conséquent, H ˝ est un sous-espace vectoriel de E
(b) ‚ Soit x P G. Pour tout ϕ P G˝ , on a xx, ϕy “ 0 par définition de G˝ . Ceci étant vrai pour tout ϕ P G˝ ,
par définition de pG˝ q˝ , on obtient x P G˝˝ . Ainsi, G Ă G˝˝ .
‚ Soit ϕ P H. Pour tout x P H ˝ , on a xx, ϕy “ 0 par définition de H ˝ . Ceci étant vrai pour tout x P H ˝ ,
par définition de pH ˝ q˝ , on obtient ϕ P H ˝˝ . Ainsi, H Ă H ˝˝ .
(c) ‚ Soit G1 et G2 sont deux sous-espaces de E tels que G1 Ă G2 . Soit ϕ P G˝2 . Ainsi, pour tout x P G2 ,
xx, ϕy “ 0. Comme G1 Ă G2 , a fortiori, l’égalité xx, ϕy “ 0 est aussi vraie pour tout x P G1 , donc ϕ P G˝1 .
On en déduit que G˝2 Ă G˝1 .
‚ Soit H1 et H2 sont deux sous-espaces de E ˚ tels que H1 Ă H2 . Soit x P H2˝ . Ainsi, pour tout ϕ P H2 ,
xx, ϕy “ 0. Comme H1 Ă H2 , a fortiori, l’égalité xx, ϕy “ 0 est aussi vraie pour tout ϕ P H1 , donc
x P H1˝ . On en déduit que H2˝ Ă H1˝ .
(d) Soit f l’application de E ˚ dans G˚ ˆ S ˚ définie par

f pϕq “ pϕ|G , ϕ|S q.

‚ Linéarité. Soit pϕ, ψq P E ˚ et λ P K. Alors

f pϕ ` λψq “ ppϕ ` λψq|G , pϕ ` λψq|S q


“ pϕ|G ` λψ|G , ϕ|S ` λψ|S q
“ pϕ|G , ϕ|S q ` λpϕ|S , ϕ|S q
“ f pϕq ` λf pψq.

‚ Injectivité. Soit ϕ P Kerpf q. Alors ϕ|G “ 0 et ϕ|S “ 0. Soit x P E “ G ‘ S, et x “ xG ` xS sa


décomposition dans cette somme directe. On a alors

ϕpxq “ ϕpxG q ` ϕpxS q “ ϕ|G pxG q ` ϕ|S pxS q “ 0.

Ainsi, Kerpf q “ t0u, donc f est injective.


‚ Surjectivité. N’étant pas en dimension finie, on est obligé de la vérifier. Soit pα, βq P G˚ ˆ S ˚ . Avec les
mêmes notations que ci-dessus pour la décomposition de x dans G ‘ S, on définit ϕ par :

@x P E, ϕpxq “ αpxG q ` βpxS q.

On vérifie facilement que ϕ est bien linéaire. En effet, si px, yq P E 2 , λ P K, et z “ x ` λy, on a

z “ pxG ` λyG q ` pxS ` λyS q,

et puisque xG ` λyG P G et xS ` λyS P S, on obtient, du fait que la somme est directe :

zG “ xG ` λyG et zS “ xS ` λyS .

3
Par conséquent,

ϕpx ` λyq “ ϕpzq “ αpzG q ` βpzS q


“ αpxG ` λyG q ` βpxS ` λyS q
“ αpxG q ` λαpyG q ` βpxS q ` λβpyS q
“ ϕpxq ` λϕpyq

Ainsi, ϕ P E ˚ , et de façon évidente, ϕ|G “ α et ϕ|β “ β. Ainsi, f pϕq “ pα, βq, ce qui prouve la surjectivité
de ϕ.
‚ On en déduit que f est un isomorphisme .
(e) ‚ ˚ Soit ϕ P G˝ . Ainsi pour tout x P G, ϕpxq “ 0, donc G Ă Kerpϕq. Par conséquent,

G˝ “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu.

˚ Soit ϕ P tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu. Ainsi, G Ă Kerpϕq, donc pour tout x P G, ϕpxq “ 0. Par définition
de G˝ , on en déduit que ϕ P G˝ .
˚ Ainsi, G˝ “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu
‚ Notons T “ t0u ˆ S ˚ Ă G˚ ˆ S ˚ . Clairement, T est isomorphe à S ˚ . Par ailleurs, l’application f étant
celle introduite dans la question précédente,

f ´1 pT q “ tϕ P E ˚ | ϕ|G “ 0u “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu “ G˝ .

Or, puisque f est un isomorphisme, f ´1 pT q est isomorphe à T , lui-même isomorphe à S ˚ .


Donc G˝ est isomorphe à S ˚ . L’isomorphisme qu’on a établi consiste en la restriction à S.
2. Cas de la dimension finie
On suppose dans cette question que E est de dimension finie.
(a) D’après la question précédente,
dimpG˝ q “ dimpS ˚ q.
De plus, S étant de dimension finie, la question I-1(c) montre que dim S ˚ “ dim S. Par ailleurs, S et G
étant supplémentaires dans E,

dimpEq “ dim G ` dim S donc: dimpEq “ dim G ` dim G˝

(b) ‚ La question 1(b) montre déjà que G ˝ G˝˝ .


‚ Réciproquement, on montre que dimpGq “ dimpG˝˝ q. On peut pour cela génnéraliser la question 2(a) à
H, soit en refaisant un raisonnement similaire, soit en utilisant le principe de dualité, c’est-à-dire le fait
que J soit un isomorphisme. En effet, en notant H˜˝ l’orthogonal de H dans E ˚˚ ,

H̃ ˝ “ tx̃ P E ˚˚ | x̃pϕq “ 0u “ tx̃ P E ˚˚ | ϕpxq “ 0u “ JpH ˝ q.

Ainsi, H̃ ˝ et H ˝ sont isomorphes, donc

dimpH ˝ q “ dimpH̃ ˝ q.

Or, d’après III-2(a) appliqué à H (dans le bon sens, en allant en direction du dual),

dim H ` dim H̃ ˝ “ dim E ˚˚ “ dim E,

donc dim H ` dim H ˝ “ dimpEq. Avec H “ G˝ , on obtient donc

dim G˝ ` dim G˝˝ “ dimpEq.

En combinant cette égalité et celle de la question III-2(a), on obtient bien

dim G “ dim G˝˝ , puis: G “ G˝˝ .

(c) ‚ On a déjà montré que dim H ` dim H ˝ “ dimpEq dans la question précédente.

4
‚ La question III-2(a) nous assure alors également que

dim H ˝ ` dim H ˝˝ “ dim E,

et en combinant les deux, dim H “ dim H ˝˝ . La question 1(b) permet alors de conclurs que H “ H ˝˝ .
3. Dans cette question, on ne suppose plus E de dimension finie, et on étudie H ˝˝ , lorsque H est un sous-espace
de dimension fini de E ˚ .
(a) Soit S un supplémentaire de G dans E. On a montré dans la question 1(e) que S ˚ et G˝ sont isomorphes.
Or, S est de dimension finie (G de codimension finie), donc aussi S ˚ . On en déduit que G˝ est de dimension
finie. De plus,
dim G˝ “ dimpS ˚ q “ dimpSq “ codimE pGq .

(b) Soit H un sous-espace vectoriel de dimension finie p de E ˚ , et pϕ1 , . . . , ϕp q une base de H. On pose G “ H ˝
son orthogonal dans E. Soit u : E ÝÑ Kp définie pour tout x P E par

upxq “ pϕ1 pxq, . . . , ϕn pxqq.

‚ u est clairement linéaire.


‚ Soit x P H ˝ . Ainsi, pour tout ϕ P H, ϕpxq “ 0. En particulier, pour tout i P v1, pw, ϕi pxq “ 0, donc
upxq “ 0. Par conséquent x P Kerpuq. On a donc l’inclusion H ˝ Ă Kerpuq.
‚ Réciproquement, soit x P Kerpuq. Ainsi,

pϕ1 pxq, . . . , ϕp pxqq “ 0, donc: @i P v1, pw , ϕi pxq “ 0.

Soit ϕ P H. Puisque pϕ1 , . . . , ϕp q est une base de H, il existe λ1 , . . . , λp tels que

ϕ “ λ1 ϕ1 ` ¨ ¨ ¨ ` λp ϕp .

Par conséquent
ϕpxq “ λ1 ϕ1 pxq ` ¨ ¨ ¨ ` λp ϕp pxq “ 0.
Ainsi, x P H ˝
‚ Par principe de double-inclusion, H ˝ “ Kerpuq .
(c) C’est une adaptation du théorème du rang (on revient en fait à la preuve, en introduisant un supplémentaire).
Soit donc S un supplémentaire de Kerpuq dans E. Alors

Kerpu|S q “ S X Kerpuq “ t0u,

donc u|S est injective. De plus u|S P LpS, Kp q. Ainsi, l’injectivité amène :

codimpKerpuqq “ dimpSq “ dimpupSqq ď dimpKp q “ p “ dim H.

La question précédente permet de conclure :

codimE pH ˝ q “ codimpKerpuqq ď dim H .

(d) On en déduit notamment que H ˝ est de codimension finie, et on peut lui appliquer 3(a) :

dimpH ˝˝ q “ codimE pH ˝ q ď dim H.

En particulier, H ˝˝ est aussi de dimension finie.


Or, on a déjà montré que H Ă H ˝˝ (1(b)). L’inégalité sur les dimensions qu’on vient de trouver (allant dans
l’autre sens) montre alors que H “ H ˝˝

Partie IV – Transposée d’une application linéaire

1. ‚ Par propriété des composées d’applications linéaires, pour tout ϕ P F ˚ , tf pϕq est bien dans E ˚ . Ainsi, tf
est bien une application de F ˚ dans E ˚ .

5
‚ Soit pϕ, ψq P pF ˚ q2 , et λ P K. Alors
t
f pϕ ` λψq “ pϕ ` λψq ˝ f “ ϕ ˝ f “ λψ ˝ f “ tf pϕq ` λ tf pψq.

Ainsi, t
f P LpF ˚ , E ˚ q .
2. ‚ Soit ϕ P Kerp tf q. Ainsi, ϕ ˝ f “ 0. On en déduit que Impf q Ă Kerpϕq, i.e. que ϕ s’annule sur Impf q. Par
définition, on a alors ϕ P Impf q˝ .
‚ Réciproquement, soit ϕ P Impf qK . Ainsi, pour tout x P Impf q, ϕpxq “ 0, donc pour tout x P E,

ϕ ˝ f pxq “ 0

On en déduit que
t
f pϕq “ ϕ ˝ f “ 0,
donc que ϕ P Kerp tf q.
‚ Ainsi, Kerp tf q “ Impf q˝ .
3. On suppose que E et F sont de dimension finie. D’après III-3(a) et la question précédente

dim Kerp tf q “ dim Impf q˝ “ codimF Impf q “ dim F ´ rgpf q.

Par ailleurs, d’après le théorème du rang,

dim Kerp tf q “ dimpF ˚ q ´ rgp tf q “ dim F ´ rgp tf q.

En comparant les deux égalités ainsi obtenu, on en déduit que rgpf q “ rgp tf q .
4. Soit f P LpE, F q et B “ pb1 , . . . , bp q, C “ pc1 , . . . , cn q des bases de E et F tels que M “ MatB,C pf q (on peut
prendre par exemple l’endomorphisme canoniquement associé). On note M “ pmi,j q.
Pour tout j P v1, nw,
n
ÿ
f pbj q “ mi,j ci ,
i“1

donc pour tout i P v1, pw, d’après I-1(a) :


c˚i pf pbj qq “ mi,j .
Or, pour tout x P E,
n
ÿ
x“ b˚j pxqbj ,
j“1

donc

pf qpc˚i qpxq “ c˚i ˝ f pxq


t

ÿ n
“ b˚j pxqc˚i f pbj q
j“1
ÿn
“ b˚j pxqmi,j
j“1

Ainsi,
n
ÿ
pf qpc˚i q “
t
mi,j b˚j .
j“1

par conséquent, en posant N “ MatC ˚ ,B˚ p tf q, le coefficient en position pj, iq de N est mi,j . Cette description
correspond à la description de la transposée de M . Ainsi,

MatC ˚ ,B˚ p tf q “ tM.

On déduit alors de la question 3 que

rgp tM q “ rgpMatC ˚ ,B˚ p tf qq “ rgp tf q “ rgpf q “ rgpMatB,C pf qq,

et finalement, rgpM q “ rgp tM q .

6
Partie V – Minoration de la dimension d’un sous-espace de KA

1. Description du dual de KpAq .


Soit A un ensemble quelconque
(a) Soit, pour tout a P A, ea l’application de KpAq définie par

@b P A, ea pbq “ δa,b .

Le principe de la démonstration est à peu près le même que la question I-1(c).


‚ La famille est libre. En effet, soit pλa qaPA une famille de scalaires presque tous nuls tels que
ÿ
0“ λa ea .
aPA

En évaluant en b P A quelconque, on obtient alors λb “ 0. D’où la liberté.


‚ Soit f P KpAq . Puisque f est à support fini, la famille pf paqqaPA est à support fini, et une vérification
simple montre que ÿ
f“ f paqea .
aPA

Ainsi, pea qaPA est génératrice.


‚ On en déduit que pea qaPA est une base .
(b) ‚ Pour commencer, montrons la linéarité de Φ. Soit f et g dans KA , et λ P K. Alors Φpf ` λgq est l’unique
forme linéaire sur KpAq telle que pour tout a P A

Φpf ` λgqpea q “ pf ` λgqpaq “ f paq ` λgpaq.

Or, Φpf q ` λΦpgq vérifie aussi ces égalités. Par propriété de rigidité (coïncidence sur une base), on en
déduit que Φpf ` λgq “ Φpf q ` λΦpgq.
‚ Injectivité : soit f P Ka dans KerpΦq. Ainsi, ϕf “ 0, donc en particulier, pour tout a P A,

f paq “ ϕf pea q “ 0.

On en déduit que f “ 0, donc que KerpΦq “ t0u, donc que Φ est injective.
‚ Surjectivité : Soit ϕ P pKpAq q˚ . On définit f P KA par

@a P A, f paq “ ϕpea q.

Ainsi, ϕf et ϕ coïncident sur tous les vecteurs de la base pea q, donc ϕf “ ϕ, i.e. ϕ “ Φpf q.
‚ Cela montre bien que Φ est un isomorphisme de KA dans pKpAq q˚ .
2. CNS de minoration de la dimension d’un sous-espace de KA .
(a) Soit V un sous-espace vectoriel de KA . On suppose qu’il existe a1 , . . . , ap P A et f1 , . . . , fp P V . Montrons
que pf1 , . . . , fp q est une famille libre de V . On peut refaire le même raisonnement que plus haut pour la
liberté de la famille des ea , en évaluant une relation en chaque ai , ou bien se ramener à cette propriété,
en remarquant que si on définit B “ ta1 , . . . , ap u, la restriction r : f ÞÑ f|A est une application linéaire de
KA dans KB . Or, l’image de la famille pf1 , . . . , fp q correspond alors exactement à la base canonnique de
KB “ KpBq (cette dernière égalité résultant du fait que B est fini). On en déduit que la famille pf1 , . . . , fp q
est envoyée par l’application linéaire r sur une famille libre. Elle est donc elle-même libre.
Puisqu’il existe dans V une famille libre de cardinal p, on en déduit que dim V ě p .
(b) Réciproquement, on suppose que dim V ě p, et on considère V 1 “ ΦpV q P pKpAq q˚ . Soit H un sous-espace
vectoriel de V 1 tel que dim H “ p.
i. ‚ D’après III-3(d), H étant de dimension finie, H ˝˝ “ H, donc dimpH ˝˝ q “ dimpHq “ p. Or, d’après
III-3(c), H ˝ est de codimension finie et donc dimpH ˝˝ q “ codimE pHq “ p, où E “ KpAq . Soit B une
base de H. D’après le théorème de la base incomplète (admis en dimension quelconque), on peut
compléter la base B par ajout de vecteurs d’une famille génératrice G donnée. Prenons pour G la base
canonique de KpAq .
‚ On peut donc compléter B en ajoutant des vecteurs formant une famille B 1 telle que B 1 Ă G.

7
‚ On a alors E “ VectpBq ‘ VectpB 1 q “ H ˝ ‘ VectpB 1 q, donc S “ VectpB 1 q est un supplémentaire de H ˝
dans E. D’après I-2, la dimension de ce supplémentaire est égal à la codimension de H ˝ , donc p. Or,
la famille génératrice B 1 de S est aussi une sous-famille de la famille libre G, et est donc elle-même
libre. Il s’agit donc d’une base de S, et son cardinal est donc égal à p.
‚ On peut donc écrire B 1 “ tea1 , . . . , eap u, pour des éléments eai de la base canonique, ai P A. On a
montré que Vectpea1 , . . . , eap q est un supplémentaire de H ˝ dans KpAq .
ii. Soit pour tout i P v1, pw,
f˜i “ e˚ai P pKpAq q˚ et fi “ Φ´1 pf˜i q.
2
On a alors, pour tout pi, jq P v1, pw ,

fi paj q “ Φ´1 pf˜i qpaj q “ f˜i peaj q “ e˚ai peaj q “ δai ,aj ,

et les ai étant deux à deux distincts (nécessairement, sinon, la famille pea1 , . . . , eap q ne serait pas libre
et n’engendrerait pas un espace de dimension p), on en déduit que

fi paj q “ δi,j .

Partie VI – Théorème d’Erdös-Kaplansky (partie difficile)

1. Soit L un sous-corps de K, et pf1 , . . . , fp q une famille libre de KA telle que pour tout i P v1, pw, et tout a P A,
fi paq P L. On pose V “ VectL pf1 , . . . , fp q Ă LA et W “ VectK pf1 , . . . , fp q Ă KA
(a) La famille pf1 , . . . , fp q étant libre sur K, elle l’est aussi sur L. Ainsi, c’est une L-base du L-espace vectoriel
V . On en déduit que V est de dimension p.
On peut donc appliquer V-2(b), nous donnant l’existence de pa1 , . . . , ap q P Ap et pg1 , . . . , gp q P V p tels que
2
@pi, jq P v1, pw , gi paj q “ δi,j .

(b) D’après la preuve effectuée en V-2(a), pg1 , . . . , gp q est alors une famille libre de V . Comme dimpV q “ p, c’en
est une base. On en déduit donc qu’elle est génératrice, et donc

@i P v1, pw , fi P VectL pg1 , . . . , gp q Ă VectK pg1 , . . . , gk q.

Comme les fi forment une famille K-généatrice de W , les gi aussi, et comme dimK pW q “ p, elle est minimale.
Ainsi, pg1 , . . . , gp q est une K-base de W .
(c) Soit f P W . On décompose f dans la base pg1 , . . . , gp q :
p
ÿ
f“ λi gi .
i“1

En évaluant en aj , on obtient
p
ÿ
f paj q “ λi δi,j “ λj .
i“1

Ainsi,
p
ÿ
f“ f paj qgi .
i“1

Pour tout a P A, on a alors


p
ÿ
f paq “ f paj qgi paq.
i“1

Or, les éléments f paj q sont dans Lrf pa1 q, . . . , f pap qs et les gi paq sont dans L, donc aussi dans Lrf pa1 q, . . . , f pap qs.
Par stabilité de ce corps par somme et produit, on en déduit que

f paq P Lrf pa1 q, . . . , f pap qs .

2. (a) ‚ Pour commencer, M Ă G1 , donc |M | ď |G1 |.

8
‚ On montre le lemme suivant : si X est infini, alors |X| “ |X ‚ |, où X ‚ est défini par
ď
X‚ “ X n.
nPN

L’ensemble M est ici par convention t∅u. En effet :


0

˚ Pour tout k P N˚ , |X k | “ |X|, par itération de la propriété admise dans le préambule.


˚ En particulier, on dispose donc pour tout k P N de surjections ϕk : X Ñ X k (y compris pour
k “ 0, en prenant la surjection constante de valeur ∅). L’application ϕ : X ˆ N Ñ X ‚ définie par
ϕpm, kq “ ϕk pmq est alors surjective. On en déduit que |X ‚ | ď |X ˆ N|.
˚ Comme X est infini, |N| ď |M |, donc |X ˆ N| ď |X ˆ X| “ |X|, d’après le préambule.
˚ Ainsi, |X ‚ | ď |X|, et clairement |X| ď |X ‚ | (X s’injectant dans X ‚ via les 1-uplets). Ainsi, d’après
le théorème de Cantor-Bernstein, |X| “ |X ‚ |.
‚ Les éléments de G1 s’écrivent (en notation multiplicative) sous la forme x1 ¨ ¨ ¨ xn , où n P N et les xi sont
dans M Y M ´1 . Ainsi en posant X “ M Y M ´1 , on dispose d’une surjection s : X ‚ Ñ G1 , définie par

sppx1 , . . . , xn qq “ x1 ¨ ¨ ¨ xn .

Par conséquent, |G1 | ď |X ‚ | “ |X|. Par ailleurs, on dispose d’une surjection M ˆ t´1, 1u ÝÑ M Y M ´1
définie par pm, εq ÞÑ mε . Par conséquent,

|G1 | ď |X| ď |M ˆ t´1, 1u| ď |M ˆ M | “ |M |.

‚ On déduit du théorème de Cantor-Bernstein que |G1 | “ |M | .


(b) On montre par récurrence sur n P N que An et Pn sont de même cardinal que M .
‚ |A0 | “ |M | d’après l’initialisation de la suite pAn q. De plus, A0 X K˚ diffère de A0 d’au plus un élément.
Comme A0 est infini, |A0 X K˚ | “ |A0 | “ |M |. On déduit de la question précédente, appliqué dans le
groupe multiplicatif pK˚ , ˆq, que |P0 | “ |M |.
‚ Soit n P N. Supposons que |An | “ |Pn | “ |M |. Alors, en appliquant la question précédente dans le
groupe additif pK, `q, Pn étant infini, |An`1 | “ |Pn | “ |M |. Montrer que |Pn`1 | “ |An`1 | se fait alors
exactement comme dans l’initialisation, pour passer de A0 à P0 .
‚ Ainsi, d’après le principe de récurrence, pour tout n P N, |An | “ |Pn | “ |M |.
ď
(c) Montrons que K1 “ An .
nPN
‚ Montrons pour commencer que pour tout n P N, An Ă K1 . On le montre par récurrence.
˚ L’initialisation A0 Ă K1 provient du fait que par définition, M Ă K1 .
˚
˚ Si An Ă K1 , alors le sous-groupe multiplicatif K1 de K˚ contient tous les éléments de An X K˚ . Par
˚
minimalité du groupe engendré, on a donc Pn Ă K1 .
˚ On a donc Pn Ă K1 , qui est un sous-groupe additif de K. Par minimalité du groupe (additif) engendré,
on a donc An`1 Ă K1 .
˚ Ainsi, d’après le principe de récurrence, pour tout n P N, An Ă K1 , donc
ď
An Ă K1 .
nPN
ď
‚ Posons K2 “ An Ă K1 . Montrons que K2 est un corps :
nPN
˚ Pour commencer, K2 Ă K.
˚ Pour tout n P N, 1 P Pn , donc 1 P An . Ainsi, 1 P K2 .
˚ Soit px, yq P pK2 q2 . Les Ai formant une suite croissante (on enlève 0 pour construire Pn , mais on le
remet ensuite, tous les autres éléments sont à chaque fois gardés), il existe n P N tel que x et y soient
dans An . Comme An est un groupe additif, x ´ y P An , et donc x ´ y P K2 .
˚ Si de plus x et y sont non nuls x et y sont dans Pn qui est un groupe multiplicatif. Donc xy ´1 P Pn Ă
An`1 Ă K2 .
˚ On en déduit que K2 est un sous-corps de K.
‚ D’après les deux points précédents, et la minimalité de K1 , on en déduit que K1 “ K2 . Ainsi,
ˇ ˇ
ˇď ˇ
1
|K | “ ˇ An ˇ
ˇ ˇ
ˇnPN ˇ

9
La question précédente, et le même argument qu’en question 2(a) pour faire l’union dénombrable
montrent alors que |K1 | “ |M | .
3. Soit K un corps, et C un ensemble infini tel que |C| ě |K|.
(a) On construit une injection :
ı : KpCq Ñ Pf pC ˆ Kq,
qui à f P KpCq associe
ıpf q “ tpc, f pcqq | f pcq ‰ 0u.
Cette application est bien définie, puisque f est à support fini (donc ıpf q est bien une partie finie de C ˆ K).
Par ailleurs, supposons que ıpf q “ ıpgq “ X. Notons

C 1 “ tc P C | Dλ P K, pc, λq P Xu “ πC pXq,

où πC est la projection sur le premier facteur du produit cartésien C ˆ K. On remarque d’abord que si
´1
c P C 1 , alors par définition d’une application (unicité de l’image), πC pcq ne contient qu’un élément λ, égal
1
à la fois à f pcq et à gpcq. On en déduit que pour tout c P C , f pcq “ gpcq.
Par ailleurs, si c P CzC 1 , par définition de ıpf q et ıpgq, f pcq “ gpcq “ 0. Ainsi, pour tout c P C, f pcq “ gpcq,
donc f “ g.
On a bien construit une application injective de KpCq dans Pf pC ˆ Kq, d’où

|KpCq | ď |Pf pC ˆ Kq| .

(b) ‚ D’après le lemme montré danns la question 2(a), si X est de cardinal infini, |X| “ |X ‚ |. Par ailleurs, on
dispose d’une surjection (de façon évidente) de X ‚ Ñ Pf pXq, définie par

px1 , . . . , xn q ÞÑ tx1 , . . . , xn u.

Ainsi,
|Pf pXq| ď |X ‚ | “ |X|.
De façon évidente, |X| ď |Pf pXq|, puisque X s’identifie à l’ensemble des singletons. Ainsi, si X est de
cardinal infini, |Pf pXq| “ |X|.
‚ En appliquant cela à C ˆ K, qui est infini, d’après nos hypothèses sur C (et le fait que K soit un corps,
donc non vide), d’après la question précédente, on obtient

|KpCq | ď |C ˆ K| ď |C ˆ C| ď |C|,

puisque |C| ě |K|, et d’après la propriété admise en préambule.


‚ Réciproquement, c ÞÑ ec fournit une injection de C dans KpCq , donc |C| ď |KpCq |.
‚ On en déduit que |KpCq | “ |C| .
4. Démonstration du théorème d’Erdös-Kaplansky.
(a) On va suivre l’indication assez détaillée donnée dans l’énoncé.
‚ On suppose qu’on n’a pas |K| ď dimpKN q. Alors |K| ą dimpKN q. Remarquez que cette propriété (le fait
que la relation d’ordre définie par les cadinaux soit totale) n’est pas complètement triviale. Elle repose
sur l’axiome du choix. Je n’en donne pas la preuve, utilisant le lemme de Zorn (elle est disponible dans
un autre sujet, que je n’ai pas donné en DM cette année). Il existe donc une base B de KN telle que
|B| ă |K|. Soit
M “ tβpnq, pβ, nq P B ˆ Nu,
l’ensemble de toutes les valeurs prises par les fonctions définissant la base B.
‚ L’application pβ, nq ÞÑ βpnq étant, par définition de M , une surjectionn de B ˆ N sur M , on a l’inégalité :

|M | ď |B ˆ N| ď |B ˆ B| “ |B|.

En effet B est infini ( KN n’est pas de dimension finie, pusique les pea qaPN en forment une famille libre),
donc |N| ď |B| d’une part, et d’autre part on peut utiliser le résultat admis dans le préambule.

10
‚ Si M est fini, on peut lui ajouter des éléments de K en nombre dénombrable (c’est possible, car K
lui-même est infini, du fait de l’hypothèse |K| ą dimpKN q), on aura alors toujours

|M | ď |N| ď |B|.

Ainsi, on peut supposer M infini, vérifiant |M | ď |B|, et contenant toutes les valeurs des images de la
base B.
‚ On construit alors L le sous-corps de K engendré par M . Puisque M est infini, d’après la question 2(c),

|L| “ |M | ď |B| ă |K|.

‚ En particulier, L Ĺ K, et il existe ξ0 P KzL. On construit alors la suite pξn qnPN par récurrence. On
suppose pξ0 , . . . , ξn q construits tels que pour tout k P v1, nw,

ξk R Lrξ0 , . . . , ξk´1 s.

Puisque L est infini (car de même cardinal que |M |), l’ensemble L Y tξ0 , . . . , ξn u est de même cardinal
que L à savoir |M |. Or, Lrξ0 , . . . , ξn s est le sous-corps de K engendré par L Y tξ0 , . . . , ξn u. Ainsi, d’après
la question 2(c),
|Lrξ1 , . . . , ξn s| “ |M | ă |K|.
On a donc une inclusion stricte
Lrξ1 , . . . , ξn s Ĺ K,
ce qui nous permet de trouver un élément ξn`1 de K vérifiant

ξn`1 P KzLrξ1 , . . . , ξn s.

‚ On considère alors f : N ÞÑ ξn , élément de KN . Puisque B est une base de KN , f se décompose comme


CL d’un nombre fini d’éléments de B. On dispose donc d’un sous-ensemble fini B0 “ tf1 , . . . , fp u de B
tel que f P VectpB0 q. De plus, B0 étant un sous-ensemble d’une base, c’est une famille libre. On est donc
dans les conditions d’application de la question 1. Il existe donc pa1 , . . . , ap q P Nn tels que

@g P Vectpf1 , . . . , fp q, @a P A, gpaq P Lrgpa1 q, . . . , gpap qs.

Sans perte de généralité, on peut supposer a1 ă a2 ă . . . , ă ap (quitte à renuméroter les fi ). Appliquons


cela à la fonction f :

@a P N, f paq P Lrf pa1 q, . . . , f pap qs “ Lrξa1 , . . . , ξap s Ă Lrξ1 , . . . , ξap s.

Mais par définition, pour a “ ap ` 1,

ξap `1 “ f pap ` 1q R Lrξ1 , . . . , ξap s,

d’où une contradiction.


‚ On en déduit que l’hypothèse initiale est fausse. On en déduit in fine que |K| ď dim KN .
(b) ‚ Puisque A est infini, |A| ě |N|. Il existe donc une surjection s : A Ñ N. On définit alors Φ : KN Ñ KA
par Φpf q “ f ˝ s.
‚ On vérifie que Φ est injective. Soit en effet f et g dans KN tels que f ˝ s “ g ˝ s. Soit n P N. Puisque s
est surjective, il existe a P A tel que spaq “ n. On en déduit que

f pnq “ f pspaqq “ gpspaqq “ gpnq,

donc f “ g. Ainsi, Φ est injective.


‚ Clairement, Φ est linéaire. L’injectivité nous assure alors que Φ envoie une base B de KN bijectivement
sur une famille libre de KA , qu’on peut compléter en une base C. Ainsi,

|B| ď |C|, donc: dimpKA q ě dimpKN q ě |K| .

11
(c) Soit B une base de KA . Ainsi,
|B| “ dimpKA q ě |K|.
Par ailleurs, KA est isomorphe à KpBq . Ainsi, d’après la question 3(c),

|KA | “ |KpBq | “ |B|, soit: dimpKA q “ |KA | .

(d) Soit E un espace vectoriel de dimension finie, et B une base de E. On a donc

E “ KpBq et E ˚ » KB .

D’après ce qui précède,


dimpE ˚ q “ |KB |.
Par ailleurs, K contient au moins 0 et 1, qui sont distincts. Ainsi, |K| ě 2, donc

|KB | ě |t0, 1uB | “ |PpBq| ą |B|,

d’après le théorème de Cantor. On en déduit in fine que :

dim KB “ |KB | ą |B| “ dim E, donc: dimpE ˚ q ą dimpEq .

On en déduit notamment que dimpE ˚˚ q ą dim E ˚ ą dim E, donc que E ˚˚ ne peut jamais être isomorphe à
E lorsque E est de dimension finie. Il est même beaucoup plus gros, puisqu’il y a au moins 2 cardinaux de
différence entre les deux.

Question subsidiaire.
On montre dans cette question le théorème de la dimension dans le cas infini, à savoir l’égalité des cardinaux de toutes
les bases d’un même espace vectoriel E de dimension infinie.
Soit B et C deux bases de E. Chaque vecteur b P B se décompose sur un nombre fini de vecteurs de la base C. Ainsi,
pour tout b P B, on peut trouver un sous-ensemble fini γpbq Ă C tel que

b P Vectpγpbqq.

Ainsi, ˜ ¸
ď
E “ VectpBq Ă Vect γpbq .
bPB
ď
Si γpbq Ĺ C, cela contredit la minimalité de la famille génératrice C. Ainsi,
bPB
ď
C“ γpbq.
bPB

Puisque pour tout b P N, γpbq est finis, il existe une surjection sb : N Ñ γpbq. On peut alors construire une surjection
ď
σ : B ˆ N ÝÑ γpbq “ C
bPB

en posant σpb, nq “ sb pnq. Comme de plus |B ˆ N| ď |B ˆ B| “ |B|, on en déduit que |B| ě |C|.
En intervertissant les rôles de B et C, on obtient aussi |C| ď |B|. Ainsi, |B| “ |C| .
Remarquez que la démonstration donnée est indépendante (et assez différente) de celle donnée en dimension finie,
et ne convient pas dans le cas de la dimension finie, les arguments utilisés nécessitant l’hypothèse d’infinitude. En
revanche, elle n’est pas particulièrement plus dure (à condition de savoir manipuler un peu les cardinaux), presque au
contraire, du fait que les cardinaux infinis donnent un peu plus de souplesse que les cardinaux finis, qui nécessitent de
faire les choses de façon très précise, au vecteur près.
Remarquez tout de même la dépendance vis-à-vis de l’axiome du choix (comme une grande partie des arguments de
ce DS), pour l’existence de bases d’une part et pour la comparaison entre B ˆ B et B utilisée tout à la fin.
Sources :
Arnaudiès, Lelong-Ferrand, Cours de mathématiques, 1. Algèbre (Dunod)
Bourbaki, Algèbre, chapitres 1 à 3, (Springer), II-7.5 et exercice II-7.3 p II.193

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