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Dualité Et Théorème d'Erdös-Kaplanski
Dualité Et Théorème d'Erdös-Kaplanski
MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch
La présentation, la lisibilité, l’orthographe, la qualité de la rédaction, la clarté, la précision et la concision des raison-
nements entreront pour une part importante dans l’appréciation des copies.
Les candidats sont invités à encadrer dans la mesure du possible les résultats de leurs calculs.
L’usage de tout document et de tout matériel électronique est interdit. Notamment, les téléphones portables doivent
être éteints et rangés.
1
Partie I – Résultats préliminaires
@β P B, b˚ pβq “ δb,β .
Autrement dit, b˚ prend la valeur 1 sur le vecteur b de la base B et 0 sur tous les autres vecteurs de la base B.
On note B ˚ “ pb˚ qbPB la famille de E ˚ ainsi définie, appelée famille duale de B
(a) Montrer que pour tout x P E, de coordonnées pxβ qβPB dans la base B (i.e. x “ xβ β), et tout b P B,
ř
βPB
b˚ pxq “ xb . Ainsi, b˚ est la forme linéaire qui à x associe sa coordonnée sur b relativement à la base B.
(b) Montrer que B ˚ est une famille libre de E ˚ .
(c) Montrer que si E est de dimension finie, B ˚ est une base. Cette base est appelée base duale de la base B.
2. Codimension d’un espace vectoriel
Soit E un K-espace vectoriel de dimension quelconque, et F un sous-espace vectoriel de E. On se donne S et
T deux supplémentaires de F dans E, et on définit p la projection sur T parallèlement à F .
(a) Montrer que Kerpp|S q “ t0u. Que peut-on en déduire sur p|S ?
(b) Soit B une base de S. Construire une base C de T telle qu’il existe une injection i : B Ñ C
(c) En déduire que S et T ont même dimension (finie ou infinie).
On définit alors la codimension de F dans E comme étant la dimension commune de tous les supplémentaires
de F dans E. On la note codimE pF q.
@ϕ P E ˚ , x̃pϕq “ ϕpxq.
Justifier que x̃ P E ˚˚
3. Soit J : E Ñ E ˚˚ définie par Jpxq “ x̃. Montrer que J injective, puis que c’est un isomorphisme.
L’application J est appelée isomorphisme canonique de E dans E ˚˚ . Il est assez fréquent d’identifier via cet isomor-
phisme les éléments de E et ceux de E ˚˚ . Le résultat qu’on vient de montrer implique notamment que toute forme
linéaire que E ˚˚ correspond (en dimension finie) à une évaluation en un vecteur x de E.
G˝ “ tϕ P E ˚ | @x P G, xx, ϕy “ 0u
H ˝ “ tx P E | @ϕ P H, xx, ϕy “ 0u
Dans les questions qui suivent, G désigne un sous-espace vectoriel de E et H un sous-espace vectoriel de E ˚ .
1. Propriétés élémentaires
(a) Montrer que G˝ est un sous-espace vectoriel de E ˚ et H ˝ est un sous-espace vectoriel de E.
2
(b) Montrer que G Ă G˝˝ (orthogonal dans E de G˝ ), et que H Ă H ˝˝ (orthogonal dans E ˚ de H ˝ ).
(c) Montrer que si G1 et G2 sont deux sous-espaces de E tels que G1 Ă G2 , alors G˝2 Ă G˝1 . Énoncer et démontrer
une propriété similaire pour des sous-espaces de E ˚ .
(d) Soit S un supplémentaire de G dans E. Montrer que ϕ ÞÑ pϕ|G , ϕ|S q est un isomorphisme de E ˚ sur G˚ ˆS ˚ .
(e) Montrer que G˝ “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu. En déduire un isomorphisme entre G˝ et S ˚ .
2. Cas de la dimension finie
On suppose dans cette question que E est de dimension finie.
(a) Montrer à l’aide de résultats précédents que dim G ` dim G˝ “ dim E.
(b) Montrer que G “ G˝˝ (orthogonal dans E de l’orthogonal dans E ˚ ).
(c) Justifier que H vérifie des relations similaires à celles des deux questions précédentes.
3. Dans cette question, on ne suppose plus E de dimension finie, et on étudie H ˝˝ , lorsque H est un sous-espace
de dimension fini de E ˚ .
(a) Soit G un sous-espace de E de codimension finie. À l’aide d’une question précédente, montrer que G˝ est
de dimension finie, et que dimpG˝ q “ codimE pGq.
(b) Soit H un sous-espace vectoriel de dimension finie p de E ˚ , et pϕ1 , . . . , ϕp q une base de H. On pose G “ H ˝
son orthogonal dans E. Soit u : E ÝÑ Kp définie pour tout x P E par
Cette partie a pour but de montrer de quelle manière ces propriétés d’orthogonalité permettent de retrouver l’éga-
lité rgpM q “ rgp tM q pour des matrices, par une approche vectorielle. Elle est complètement indépendante des deux
dernières parties.
Soit E et F deux espaces vectoriels, et f P LpE, F q. On définit la transposée tf : F ˚ Ñ E ˚ de f par
@ϕ P F ˚ , t
f pϕq “ ϕ ˝ f.
1. Justifier que tf est bien définie (i.e. à valeurs dans E ˚ ) et que tf P LpF ˚ , E ˚ q.
2. Montrer que Kerp tf q “ Impf q˝ .
3. En déduire que si E et F sont deux espaces de dimension finie, rgpf q “ rgp tf q.
4. Retrouver à l’aide de ce résultat l’égalité rgpM q “ rgp tM q pour toute matrice M de Mn,p pKq.
Indication : si M “ MatB,C pf q, exprimer la matrice de tf relativement aux bases duales C ˚ et B ˚ .
@b P A, ea pbq “ δa,b .
Montrer que B “ pea qaPA est une base de KpAq (appelée base canonique).
(b) Pour tout f : A Ñ K, on définit ϕf P pKpAq q˚ par son image sur les vecteurs de la base B :
@a P A, ϕf pea q “ f paq.
3
2. CNS de minoration de la dimension d’un sous-espace de KA .
(a) Soit V un sous-espace vectoriel de KA . On suppose qu’il existe a1 , . . . , ap P A et f1 , . . . , fp P V tels que
@pi, jq P v1, pw2 , fi paj q “ δi,j .
Montrer que dim V ě p.
(b) Réciproquement, on suppose que dim V ě p, et on considère V 1 “ ΦpV q P pKpAq q˚ . Soit H un sous-espace
vectoriel de V 1 tel que dim H “ p.
i. Montrer qu’il existe des éléments a1 , . . . , ap de A tels que Vectpea1 , . . . , eap q soit un supplémentaire de
H ˝ dans KpAq (les eak sont les éléments de KpAq introduits dans la question 1).
ii. À l’aide de la partie I, en déduire qu’il existe f1 , . . . , fp P Φ´1 pHq Ă V tels que
2
@pi, jq P v1, pw , fi paj q “ δi,j .
Question subsidiaire.
Montrer que si E est de dimension infinie, alors toutes les bases de E ont même cardinal.
Indication : Soit deux bases B et C. On pourra associer à tout b P B, la partie finie γpbq de C constituée des vecteurs
de c sur lesquels les composantes de b sont non nulles.
Sources :
Arnaudiès, Lelong-Ferrand, Cours de mathématiques, 1. Algèbre (Dunod)
Bourbaki, Algèbre, chapitres 1 à 3, (Springer), II-7.5 et exercice II-7.3 p II.193
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Lycée Louis-Le-Grand, Paris Samedi 05/06/2021
MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch
(a) Soit x P E, de coordonnées pxβ qβPB dans la base B. Ainsi, par linéarité de b˚ ,
˜ ¸
ÿ
˚ ˚
b pxq “ b xβ β
βPB
ÿ
“ xβ b˚ pβq
βPB
ÿ
“ xβ δb,β
βPB
“ xb
Ces calculs sont justifiés par le fait que par définition d’une base, et de la décomposition d’un vecteur dans
une base, la somme ne contient qu’un nombre fini de termes non nuls.
(b) Soit pλb qbPB une famille de scalaires à support fini. On suppose que
ÿ
λb b˚ “ 0.
bPB
˚
où on a noté pb1 , . . . , bn q la base B. Ainsi, si ϕ P E , on peut écrire, par linéarité :
n
ÿ
@x P E, ϕpxq “ b˚i pxqϕpbi q,
i“1
et donc :
n
ÿ
ϕ“ ϕpbi qb˚i P Vectpb˚1 , . . . , b˚n q.
i“1
Cela montre que B ˚ est génératrice de E ˚ , et donc, d’après 1(b), B ˚ est unne base de E ˚ .
1
(a) Un vecteur x P E est dans Kerpp|S q si et seulement s’il est dans le domaine de définition S et vérifie
p|S pxq “ ppxq “ 0. Ainsi
‚ Soit x ‰ 0. Montrons que x R KerpJq, donc qu’il existe ϕ P E ˚ tel que x̃pϕq ‰ 0, i.e. ϕpxq ‰ 0.
Pour construire une telle forme linéaire ϕ, on considère S un supplémentaire de Kx dans E. Soit alors y P E,
et y “ λx ` s sa décomposition dans la somme directe E “ Kx ‘ S. On définit :
ϕpyq “ ϕpλx ` sq “ λ.
Une vérification sans difficulté montre que ϕ est linéaire (on peut aussi construire ϕ par rigidité en considé-
rant une base de S complétée par x en une base de E), et ϕpxq “ 1 ‰ 0.
Ainsi, x R KerpJq.
‚ On en déduit que KerpJq “ t0u, donc que J est injective .
‚ Si E est de dimension finie, la question 1(c) appliquée successivement à E et E ˚ montre que dim E “
dim E ˚ “ dim E ˚˚ , donc, par caractérisation des isomorphismes en dimension finie, on en déduit que
J est un isomorphisme .
2
1. Propriétés élémentaires
(a) ‚ Étude de G˝ .
˚ Par définition G˝ Ă E ˚ .
˚ Pour tout x P G, xx, 0y “ 0pxq “ 0, donc 0 P G˝ (ici 0 “ 0E ˚ , c’est donc l’application nulle).
˚ Soit pϕ, ψq P G˝ et λ P K. Alors, pour tout x P G,
Donc ϕ ` λψ P G˝ .
˚ Ainsi, G˝ est un sous-espace vectoriel de E ˚ .
‚ Étude de H ˝ .
˚ Par définition H ˝ Ă E.
˚ Pour tout ϕ P H, x0, ϕy “ ϕp0q “ 0, donc 0 P H ˝ .
˚ Soit px, yq P H ˝ et λ P K. Alors, pour tout ϕ P H :
Ainsi, x ` λy P H K .
˚ Par conséquent, H ˝ est un sous-espace vectoriel de E
(b) ‚ Soit x P G. Pour tout ϕ P G˝ , on a xx, ϕy “ 0 par définition de G˝ . Ceci étant vrai pour tout ϕ P G˝ ,
par définition de pG˝ q˝ , on obtient x P G˝˝ . Ainsi, G Ă G˝˝ .
‚ Soit ϕ P H. Pour tout x P H ˝ , on a xx, ϕy “ 0 par définition de H ˝ . Ceci étant vrai pour tout x P H ˝ ,
par définition de pH ˝ q˝ , on obtient ϕ P H ˝˝ . Ainsi, H Ă H ˝˝ .
(c) ‚ Soit G1 et G2 sont deux sous-espaces de E tels que G1 Ă G2 . Soit ϕ P G˝2 . Ainsi, pour tout x P G2 ,
xx, ϕy “ 0. Comme G1 Ă G2 , a fortiori, l’égalité xx, ϕy “ 0 est aussi vraie pour tout x P G1 , donc ϕ P G˝1 .
On en déduit que G˝2 Ă G˝1 .
‚ Soit H1 et H2 sont deux sous-espaces de E ˚ tels que H1 Ă H2 . Soit x P H2˝ . Ainsi, pour tout ϕ P H2 ,
xx, ϕy “ 0. Comme H1 Ă H2 , a fortiori, l’égalité xx, ϕy “ 0 est aussi vraie pour tout ϕ P H1 , donc
x P H1˝ . On en déduit que H2˝ Ă H1˝ .
(d) Soit f l’application de E ˚ dans G˚ ˆ S ˚ définie par
zG “ xG ` λyG et zS “ xS ` λyS .
3
Par conséquent,
Ainsi, ϕ P E ˚ , et de façon évidente, ϕ|G “ α et ϕ|β “ β. Ainsi, f pϕq “ pα, βq, ce qui prouve la surjectivité
de ϕ.
‚ On en déduit que f est un isomorphisme .
(e) ‚ ˚ Soit ϕ P G˝ . Ainsi pour tout x P G, ϕpxq “ 0, donc G Ă Kerpϕq. Par conséquent,
G˝ “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu.
˚ Soit ϕ P tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu. Ainsi, G Ă Kerpϕq, donc pour tout x P G, ϕpxq “ 0. Par définition
de G˝ , on en déduit que ϕ P G˝ .
˚ Ainsi, G˝ “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu
‚ Notons T “ t0u ˆ S ˚ Ă G˚ ˆ S ˚ . Clairement, T est isomorphe à S ˚ . Par ailleurs, l’application f étant
celle introduite dans la question précédente,
f ´1 pT q “ tϕ P E ˚ | ϕ|G “ 0u “ tϕ P E ˚ | G Ă Kerpϕqu “ G˝ .
dimpH ˝ q “ dimpH̃ ˝ q.
Or, d’après III-2(a) appliqué à H (dans le bon sens, en allant en direction du dual),
(c) ‚ On a déjà montré que dim H ` dim H ˝ “ dimpEq dans la question précédente.
4
‚ La question III-2(a) nous assure alors également que
et en combinant les deux, dim H “ dim H ˝˝ . La question 1(b) permet alors de conclurs que H “ H ˝˝ .
3. Dans cette question, on ne suppose plus E de dimension finie, et on étudie H ˝˝ , lorsque H est un sous-espace
de dimension fini de E ˚ .
(a) Soit S un supplémentaire de G dans E. On a montré dans la question 1(e) que S ˚ et G˝ sont isomorphes.
Or, S est de dimension finie (G de codimension finie), donc aussi S ˚ . On en déduit que G˝ est de dimension
finie. De plus,
dim G˝ “ dimpS ˚ q “ dimpSq “ codimE pGq .
(b) Soit H un sous-espace vectoriel de dimension finie p de E ˚ , et pϕ1 , . . . , ϕp q une base de H. On pose G “ H ˝
son orthogonal dans E. Soit u : E ÝÑ Kp définie pour tout x P E par
ϕ “ λ1 ϕ1 ` ¨ ¨ ¨ ` λp ϕp .
Par conséquent
ϕpxq “ λ1 ϕ1 pxq ` ¨ ¨ ¨ ` λp ϕp pxq “ 0.
Ainsi, x P H ˝
‚ Par principe de double-inclusion, H ˝ “ Kerpuq .
(c) C’est une adaptation du théorème du rang (on revient en fait à la preuve, en introduisant un supplémentaire).
Soit donc S un supplémentaire de Kerpuq dans E. Alors
donc u|S est injective. De plus u|S P LpS, Kp q. Ainsi, l’injectivité amène :
(d) On en déduit notamment que H ˝ est de codimension finie, et on peut lui appliquer 3(a) :
1. ‚ Par propriété des composées d’applications linéaires, pour tout ϕ P F ˚ , tf pϕq est bien dans E ˚ . Ainsi, tf
est bien une application de F ˚ dans E ˚ .
5
‚ Soit pϕ, ψq P pF ˚ q2 , et λ P K. Alors
t
f pϕ ` λψq “ pϕ ` λψq ˝ f “ ϕ ˝ f “ λψ ˝ f “ tf pϕq ` λ tf pψq.
Ainsi, t
f P LpF ˚ , E ˚ q .
2. ‚ Soit ϕ P Kerp tf q. Ainsi, ϕ ˝ f “ 0. On en déduit que Impf q Ă Kerpϕq, i.e. que ϕ s’annule sur Impf q. Par
définition, on a alors ϕ P Impf q˝ .
‚ Réciproquement, soit ϕ P Impf qK . Ainsi, pour tout x P Impf q, ϕpxq “ 0, donc pour tout x P E,
ϕ ˝ f pxq “ 0
On en déduit que
t
f pϕq “ ϕ ˝ f “ 0,
donc que ϕ P Kerp tf q.
‚ Ainsi, Kerp tf q “ Impf q˝ .
3. On suppose que E et F sont de dimension finie. D’après III-3(a) et la question précédente
En comparant les deux égalités ainsi obtenu, on en déduit que rgpf q “ rgp tf q .
4. Soit f P LpE, F q et B “ pb1 , . . . , bp q, C “ pc1 , . . . , cn q des bases de E et F tels que M “ MatB,C pf q (on peut
prendre par exemple l’endomorphisme canoniquement associé). On note M “ pmi,j q.
Pour tout j P v1, nw,
n
ÿ
f pbj q “ mi,j ci ,
i“1
donc
ÿ n
“ b˚j pxqc˚i f pbj q
j“1
ÿn
“ b˚j pxqmi,j
j“1
Ainsi,
n
ÿ
pf qpc˚i q “
t
mi,j b˚j .
j“1
par conséquent, en posant N “ MatC ˚ ,B˚ p tf q, le coefficient en position pj, iq de N est mi,j . Cette description
correspond à la description de la transposée de M . Ainsi,
6
Partie V – Minoration de la dimension d’un sous-espace de KA
@b P A, ea pbq “ δa,b .
Or, Φpf q ` λΦpgq vérifie aussi ces égalités. Par propriété de rigidité (coïncidence sur une base), on en
déduit que Φpf ` λgq “ Φpf q ` λΦpgq.
‚ Injectivité : soit f P Ka dans KerpΦq. Ainsi, ϕf “ 0, donc en particulier, pour tout a P A,
f paq “ ϕf pea q “ 0.
On en déduit que f “ 0, donc que KerpΦq “ t0u, donc que Φ est injective.
‚ Surjectivité : Soit ϕ P pKpAq q˚ . On définit f P KA par
@a P A, f paq “ ϕpea q.
Ainsi, ϕf et ϕ coïncident sur tous les vecteurs de la base pea q, donc ϕf “ ϕ, i.e. ϕ “ Φpf q.
‚ Cela montre bien que Φ est un isomorphisme de KA dans pKpAq q˚ .
2. CNS de minoration de la dimension d’un sous-espace de KA .
(a) Soit V un sous-espace vectoriel de KA . On suppose qu’il existe a1 , . . . , ap P A et f1 , . . . , fp P V . Montrons
que pf1 , . . . , fp q est une famille libre de V . On peut refaire le même raisonnement que plus haut pour la
liberté de la famille des ea , en évaluant une relation en chaque ai , ou bien se ramener à cette propriété,
en remarquant que si on définit B “ ta1 , . . . , ap u, la restriction r : f ÞÑ f|A est une application linéaire de
KA dans KB . Or, l’image de la famille pf1 , . . . , fp q correspond alors exactement à la base canonnique de
KB “ KpBq (cette dernière égalité résultant du fait que B est fini). On en déduit que la famille pf1 , . . . , fp q
est envoyée par l’application linéaire r sur une famille libre. Elle est donc elle-même libre.
Puisqu’il existe dans V une famille libre de cardinal p, on en déduit que dim V ě p .
(b) Réciproquement, on suppose que dim V ě p, et on considère V 1 “ ΦpV q P pKpAq q˚ . Soit H un sous-espace
vectoriel de V 1 tel que dim H “ p.
i. ‚ D’après III-3(d), H étant de dimension finie, H ˝˝ “ H, donc dimpH ˝˝ q “ dimpHq “ p. Or, d’après
III-3(c), H ˝ est de codimension finie et donc dimpH ˝˝ q “ codimE pHq “ p, où E “ KpAq . Soit B une
base de H. D’après le théorème de la base incomplète (admis en dimension quelconque), on peut
compléter la base B par ajout de vecteurs d’une famille génératrice G donnée. Prenons pour G la base
canonique de KpAq .
‚ On peut donc compléter B en ajoutant des vecteurs formant une famille B 1 telle que B 1 Ă G.
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‚ On a alors E “ VectpBq ‘ VectpB 1 q “ H ˝ ‘ VectpB 1 q, donc S “ VectpB 1 q est un supplémentaire de H ˝
dans E. D’après I-2, la dimension de ce supplémentaire est égal à la codimension de H ˝ , donc p. Or,
la famille génératrice B 1 de S est aussi une sous-famille de la famille libre G, et est donc elle-même
libre. Il s’agit donc d’une base de S, et son cardinal est donc égal à p.
‚ On peut donc écrire B 1 “ tea1 , . . . , eap u, pour des éléments eai de la base canonique, ai P A. On a
montré que Vectpea1 , . . . , eap q est un supplémentaire de H ˝ dans KpAq .
ii. Soit pour tout i P v1, pw,
f˜i “ e˚ai P pKpAq q˚ et fi “ Φ´1 pf˜i q.
2
On a alors, pour tout pi, jq P v1, pw ,
fi paj q “ Φ´1 pf˜i qpaj q “ f˜i peaj q “ e˚ai peaj q “ δai ,aj ,
et les ai étant deux à deux distincts (nécessairement, sinon, la famille pea1 , . . . , eap q ne serait pas libre
et n’engendrerait pas un espace de dimension p), on en déduit que
fi paj q “ δi,j .
1. Soit L un sous-corps de K, et pf1 , . . . , fp q une famille libre de KA telle que pour tout i P v1, pw, et tout a P A,
fi paq P L. On pose V “ VectL pf1 , . . . , fp q Ă LA et W “ VectK pf1 , . . . , fp q Ă KA
(a) La famille pf1 , . . . , fp q étant libre sur K, elle l’est aussi sur L. Ainsi, c’est une L-base du L-espace vectoriel
V . On en déduit que V est de dimension p.
On peut donc appliquer V-2(b), nous donnant l’existence de pa1 , . . . , ap q P Ap et pg1 , . . . , gp q P V p tels que
2
@pi, jq P v1, pw , gi paj q “ δi,j .
(b) D’après la preuve effectuée en V-2(a), pg1 , . . . , gp q est alors une famille libre de V . Comme dimpV q “ p, c’en
est une base. On en déduit donc qu’elle est génératrice, et donc
Comme les fi forment une famille K-généatrice de W , les gi aussi, et comme dimK pW q “ p, elle est minimale.
Ainsi, pg1 , . . . , gp q est une K-base de W .
(c) Soit f P W . On décompose f dans la base pg1 , . . . , gp q :
p
ÿ
f“ λi gi .
i“1
En évaluant en aj , on obtient
p
ÿ
f paj q “ λi δi,j “ λj .
i“1
Ainsi,
p
ÿ
f“ f paj qgi .
i“1
Or, les éléments f paj q sont dans Lrf pa1 q, . . . , f pap qs et les gi paq sont dans L, donc aussi dans Lrf pa1 q, . . . , f pap qs.
Par stabilité de ce corps par somme et produit, on en déduit que
8
‚ On montre le lemme suivant : si X est infini, alors |X| “ |X ‚ |, où X ‚ est défini par
ď
X‚ “ X n.
nPN
sppx1 , . . . , xn qq “ x1 ¨ ¨ ¨ xn .
Par conséquent, |G1 | ď |X ‚ | “ |X|. Par ailleurs, on dispose d’une surjection M ˆ t´1, 1u ÝÑ M Y M ´1
définie par pm, εq ÞÑ mε . Par conséquent,
9
La question précédente, et le même argument qu’en question 2(a) pour faire l’union dénombrable
montrent alors que |K1 | “ |M | .
3. Soit K un corps, et C un ensemble infini tel que |C| ě |K|.
(a) On construit une injection :
ı : KpCq Ñ Pf pC ˆ Kq,
qui à f P KpCq associe
ıpf q “ tpc, f pcqq | f pcq ‰ 0u.
Cette application est bien définie, puisque f est à support fini (donc ıpf q est bien une partie finie de C ˆ K).
Par ailleurs, supposons que ıpf q “ ıpgq “ X. Notons
C 1 “ tc P C | Dλ P K, pc, λq P Xu “ πC pXq,
où πC est la projection sur le premier facteur du produit cartésien C ˆ K. On remarque d’abord que si
´1
c P C 1 , alors par définition d’une application (unicité de l’image), πC pcq ne contient qu’un élément λ, égal
1
à la fois à f pcq et à gpcq. On en déduit que pour tout c P C , f pcq “ gpcq.
Par ailleurs, si c P CzC 1 , par définition de ıpf q et ıpgq, f pcq “ gpcq “ 0. Ainsi, pour tout c P C, f pcq “ gpcq,
donc f “ g.
On a bien construit une application injective de KpCq dans Pf pC ˆ Kq, d’où
(b) ‚ D’après le lemme montré danns la question 2(a), si X est de cardinal infini, |X| “ |X ‚ |. Par ailleurs, on
dispose d’une surjection (de façon évidente) de X ‚ Ñ Pf pXq, définie par
px1 , . . . , xn q ÞÑ tx1 , . . . , xn u.
Ainsi,
|Pf pXq| ď |X ‚ | “ |X|.
De façon évidente, |X| ď |Pf pXq|, puisque X s’identifie à l’ensemble des singletons. Ainsi, si X est de
cardinal infini, |Pf pXq| “ |X|.
‚ En appliquant cela à C ˆ K, qui est infini, d’après nos hypothèses sur C (et le fait que K soit un corps,
donc non vide), d’après la question précédente, on obtient
|KpCq | ď |C ˆ K| ď |C ˆ C| ď |C|,
|M | ď |B ˆ N| ď |B ˆ B| “ |B|.
En effet B est infini ( KN n’est pas de dimension finie, pusique les pea qaPN en forment une famille libre),
donc |N| ď |B| d’une part, et d’autre part on peut utiliser le résultat admis dans le préambule.
10
‚ Si M est fini, on peut lui ajouter des éléments de K en nombre dénombrable (c’est possible, car K
lui-même est infini, du fait de l’hypothèse |K| ą dimpKN q), on aura alors toujours
|M | ď |N| ď |B|.
Ainsi, on peut supposer M infini, vérifiant |M | ď |B|, et contenant toutes les valeurs des images de la
base B.
‚ On construit alors L le sous-corps de K engendré par M . Puisque M est infini, d’après la question 2(c),
‚ En particulier, L Ĺ K, et il existe ξ0 P KzL. On construit alors la suite pξn qnPN par récurrence. On
suppose pξ0 , . . . , ξn q construits tels que pour tout k P v1, nw,
ξk R Lrξ0 , . . . , ξk´1 s.
Puisque L est infini (car de même cardinal que |M |), l’ensemble L Y tξ0 , . . . , ξn u est de même cardinal
que L à savoir |M |. Or, Lrξ0 , . . . , ξn s est le sous-corps de K engendré par L Y tξ0 , . . . , ξn u. Ainsi, d’après
la question 2(c),
|Lrξ1 , . . . , ξn s| “ |M | ă |K|.
On a donc une inclusion stricte
Lrξ1 , . . . , ξn s Ĺ K,
ce qui nous permet de trouver un élément ξn`1 de K vérifiant
ξn`1 P KzLrξ1 , . . . , ξn s.
11
(c) Soit B une base de KA . Ainsi,
|B| “ dimpKA q ě |K|.
Par ailleurs, KA est isomorphe à KpBq . Ainsi, d’après la question 3(c),
E “ KpBq et E ˚ » KB .
On en déduit notamment que dimpE ˚˚ q ą dim E ˚ ą dim E, donc que E ˚˚ ne peut jamais être isomorphe à
E lorsque E est de dimension finie. Il est même beaucoup plus gros, puisqu’il y a au moins 2 cardinaux de
différence entre les deux.
Question subsidiaire.
On montre dans cette question le théorème de la dimension dans le cas infini, à savoir l’égalité des cardinaux de toutes
les bases d’un même espace vectoriel E de dimension infinie.
Soit B et C deux bases de E. Chaque vecteur b P B se décompose sur un nombre fini de vecteurs de la base C. Ainsi,
pour tout b P B, on peut trouver un sous-ensemble fini γpbq Ă C tel que
b P Vectpγpbqq.
Ainsi, ˜ ¸
ď
E “ VectpBq Ă Vect γpbq .
bPB
ď
Si γpbq Ĺ C, cela contredit la minimalité de la famille génératrice C. Ainsi,
bPB
ď
C“ γpbq.
bPB
Puisque pour tout b P N, γpbq est finis, il existe une surjection sb : N Ñ γpbq. On peut alors construire une surjection
ď
σ : B ˆ N ÝÑ γpbq “ C
bPB
en posant σpb, nq “ sb pnq. Comme de plus |B ˆ N| ď |B ˆ B| “ |B|, on en déduit que |B| ě |C|.
En intervertissant les rôles de B et C, on obtient aussi |C| ď |B|. Ainsi, |B| “ |C| .
Remarquez que la démonstration donnée est indépendante (et assez différente) de celle donnée en dimension finie,
et ne convient pas dans le cas de la dimension finie, les arguments utilisés nécessitant l’hypothèse d’infinitude. En
revanche, elle n’est pas particulièrement plus dure (à condition de savoir manipuler un peu les cardinaux), presque au
contraire, du fait que les cardinaux infinis donnent un peu plus de souplesse que les cardinaux finis, qui nécessitent de
faire les choses de façon très précise, au vecteur près.
Remarquez tout de même la dépendance vis-à-vis de l’axiome du choix (comme une grande partie des arguments de
ce DS), pour l’existence de bases d’une part et pour la comparaison entre B ˆ B et B utilisée tout à la fin.
Sources :
Arnaudiès, Lelong-Ferrand, Cours de mathématiques, 1. Algèbre (Dunod)
Bourbaki, Algèbre, chapitres 1 à 3, (Springer), II-7.5 et exercice II-7.3 p II.193
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