Vous êtes sur la page 1sur 4

PARTIE 1 HOMME ET LA PHILOSOPHIE

1- LA NATURE HUMAINE

Objectif : déterminer la spécificité de la nature humaine par rapport aux autres êtres
vivants au monde.

2- L’ambiguïté du mot « nature »

Le mot « nature », en philosophie est un mot ambigu, c’est-à-dire un mot qui admet
plusieurs sens et signification.
Ambiguïté= double sens d’un mot ou d’une expression, soit par elle-même, soit
suivant sa place et connexion.
• Nature selon Rousseau (1er sens) : La nature dans le sens premier est l’univers
entier dans son ensemble. C’est l’authenticité1 originaire et originale de ce qui est et
dont la culture (la science, la technique, les arts) nous a fait perdre le sens et cette
authenticité. La nature c’est ce qui s’oppose à la culture. Le naturel est donc ici, tout
ce qui n’est pas encore dénaturé par l’homme et que l’on nomme volontiers l’état
« sauvage ». Le naturel c’est ce qui n’est pas de l’artificiel : ce qui existe sans
artifice, sans touche ni intervention humaine. La forêt, la montagne et l’océan
retrouvent leur droit de cité contre les artifices de la géométrie, de la science, des
arts, de la culture et de la civilisation.

• Nature selon Descartes (2e sens) : Le 2e sens du mots nature est la nature suivie
d’un complément de nom « nature de » : nature de la table, nature de l’homme, etc.
Il désigne l’essence, les caractéristiques spécifiques d’un être ou d’un objet. Dans
le dictionnaire amoureux de la philosophie, Luc Ferry dit : « La nature véritable
n’est pas celle que percevons par les sens, mais celle que nous saisissons par un
effort de l’intelligence ». Pour Descartes, c’est en effet par la raison que nous
appréhendons l’essence des choses.

Ainsi, l’essence de l’arbre n’est pas celle que nous percevons par nos sensations
mais l’arbre perçu par la raison, la pensée après un effort effectué par l’intelligence.
De même, l’essence de l’homme n’est pas son corps, c’est-à-dire sa partie matérielle
que nous voyons et percevons par les sens, mais son âme, sa pensée, son esprit ;
imperceptible par nos sens.
La nature c’est la réalité essentielle qui s’oppose aux apparences
sensibles. Cela suppose que pour atteindre l’essence véritable de la nature, pour
saisir « , il faut user de l’artifice qui consiste à
l’intellectualiser, à l’abstraire, à penser, à raisonner et à réfléchir sur la nature.

1
Authentique : un document, un œuvre, une création qui émane réellement de l’auteur auquel ils sont
attribués. Original, sincère, conforme à l’apparence, qui mérite bien le nom qu’on lui donne, vrai

1
Nous avons vu deux significations différentes du mot « nature ». D’abord,
nature comme n’ensemble de tout ce qui existe (de ce que Dieu a créé) sans
l’intervention humaine et nature comme essence, spécificité, caractéristique
fondamentale et essentielle d’un être : un ensemble des propriétés qui définissent un
être.
Remarque= La nature comme un ensemble de tout ce qui existe : c’est le monde
visible désignant l’univers et le monde matériel. C’est dans ce sens qu’on dit : beauté de la
nature, la richesse de la nature. Autrement dit, ce sont les objets, les être du ciel et de la terre,
offerts à nos regards.

3- La nature humaine

Problématique sur la nature humaine : Y-a-t-il une nature humaine, c’est-à-dire une définition
objective, satisfaisante finie de l’homme ?
a) Nature biologique et scientifique de l’homme :

L’homme selon la biologie n’est qu’une espèce animale comme les autres, rangé parmi les
mammifères, d’ordre des primates et doué d’un langage articulé. L’homme n’est qu’une matière
c’est à dire est un corps biologique que l’on peut observer et toucher, avec des organes, des
membranes, des cellules, etc. Bref la biologie réduit l’homme à un simple être vivant, comme
une simple matérialité au même titre qu’un animal. Le corps humain est un ensemble des
cellules qui sont composées des molécules assez complexes d’ADN. Ces ADN eux-mêmes sont
composés d’atomes.
Charles DARWIN (1809-1882) :

Problème de la définition biologique :

La définition biologique de l’homme est certes évidente mais limitée. En effet, elle ne
permet de définir l’essence véritable de l’être humain. L’être de l’homme ne se réduit pas à la
matérialité biologique. L’homme possède la conscience, l’esprit et l’âme, des entités
immatérielles qui ne peuvent pas encore être expérimentées scientifiquement. Ces facultés
cognitives vont constituer les traits distinctifs de l’homme par rapport aux autres êtres de la
nature.
b) Nature sociologique de l’homme :
La sociologie est l’étude des phénomènes sociaux et des relations humaines. Selon la
vision sociologique, l’homme se définit l’homme comme étant un être qui vit au sein d’une
société. disait Aristote. C’est à dire qu’il
appartient déjà à la nature profonde de l’homme de vivre en société. Et Aristote ajoute :
Par conséquent,
L’homme ne réalise sa véritable nature que dans et par la société. Elle est le lieu où s’épanouit
l’être humain. C’est dans la société que l’homme peut se développer humainement. C’est
pourquoi Fichte a dit que Emile
DURKHEIM : Karl MARX : «

2
▪ Contraintes dans la vision sociologique de l’homme :
• Le pourvoir corruptif de la société :
Selon Rousseau la vie en société fait perdre l’authenticité de l’homme ainsi que sa vertu
naturelle. Certes, Les codes sociaux, les conventions sociales sont des instruments sociaux de
la coexistence, mais ils vont aussi détourner l’homme de sa condition originelle. La vie en
société va lui faire perdre sa vertu et compassion à l’état naturel et va faire naitre en lui la
jalousie, la comparaison, la concurrence, le conflit, la rivalité, le soupçon, la haine, la trahison,
la crainte, la réserve, etc.  Jean Jacques ROUSSEAU :

».
• L’oppression de la société : De plus, en société, l’homme subit toutes formes de
stress et d’oppression psychologique qui l’empêchent de s’épanouir selon sa
guise.
• -subir des contraintes morales et sociales ;
• -La société travaille à faire de l’homme ce qu’elle a besoin qu’il soit ;
• -L’homme n’agit plus selon ses désirs mais selon l’ordre établi ;
• -Soumission à une constante pression sociale ;
• Le fait de vivre sous le regard des autres.
Sigmund FREUD :

 Limite de la définition sociologique La définition sociologique de l’homme néglige le fait


que l’homme est aussi un être de volonté et libre. La volonté est une faculté de l’esprit humain
lui donnant le pouvoir de se déterminer par lui-même selon des motifs et des causes venant de
lui et non venant de l’extérieure au moyen de la société.
Marx Engels

c) Nature spirituelle et rationnelle de l’homme

C’est une conception qui met en lumière le côté spirituel de l’homme. Autrement dit,
c’est l’homme en tant qu’être raisonnable et conscient de son existence, ce qui distingue
l’homme des autres animaux. «
» DESCARTES. Cette vision rationaliste de l’homme, donne
également l’importance fondamentale à la raison et la capacité de l’homme à penser. Ainsi
KANT affirme : « L’homme est un animal raisonnable » c’est-à-dire qu’il est capable de penser
et agir selon les normes du vrai et du juste. En outre selon PASCAL,
». Autrement dit, c’est la pensée qui
fait la grandeur de l’homme. Une goutte d’eau suffit à tuer l’homme, cependant il sait qu’il va
mourir ce qui le différencie des autres êtres vivants.
 Limite de la conception rationnelle et spirituelle de l’homme : La conception
rationnelle est, certes, une définition qui permet de définir l’être humain en général, mais cette
définition ne permet pas de définir un être humain particulier. Par exemple, Rabe et Rasoa sont
tous des êtres raisonnables et pensants. Cependant qu’est-ce qui différencie Rabe de Rasoa ?
Cette définition ne prend pas compte la personnalité profonde de la personne particulière à

3
définir.  Le psychisme humain ne se limite pas à la conscience. Contrairement à ce que l’on
pense, l’homme ne se connait pas au deçà de ce qui se manifeste explicitement à sa conscience.
Pour Sigmund FREUD, un psychanalyste, pour comprendre l’identité profonde d’une personne,
il faudra interpréter son inconscient.
d) L’homme est une liberté (vision sartrienne)

L’essence de l’homme n’est pas définie à l’avance Il n’y a pas une nature humaine
prédéfinie. Jean Paul SARTRE est un intellectuel athée : Pour lui, il part du constat que Dieu
n’existe pas. Alors si Dieu n’existe pas, l’homme n’a pas de créateur, l’homme n’a donc pas de
fonction et histoire écrite de l’avance. Son existence n’a pas de sens parce. C’est à partir de ce
présupposé que Sartre va en déduire que l’essence de l’homme, on la construit. L’homme n’a
pas d’essence parce qu’il crée lui-même son essence. Pour Sartre, nous sommes ce que nous
voulons être car nous donnons nous même un sens à notre existence. Ce sens que nous donnons
à notre existence n’est pas prédéfini par autre chose que par nous-même
SARTRE ». Par conséquent, vouloir définir un être
humain dans sa totalité, c’est comprendre qu’il n’y a aucune définition exacte, précise,
satisfaisante et définitive de ce qu’est « l’homme ». Ainsi, prendre conscience que l’être humain
n’est réductible à une seule définition toute faite. Son essence est mouvante et se construit à
travers ses actes et ses choix. Autrement dit, l’essence de l’homme n’est pas figée comme un
objet : l’homme est l’ensemble de ce qu’il a été, de ce qu’il est et de ce qu’il sera.
(A suivre)

Vous aimerez peut-être aussi