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Marketing - Communcation Des Associations Karine GALLOPEL MORVAN - 3ème Édition
Marketing - Communcation Des Associations Karine GALLOPEL MORVAN - 3ème Édition
Marketing - Communcation Des Associations Karine GALLOPEL MORVAN - 3ème Édition
Marketing &
CoMMuniCation
des assoCiations
Karine GALLOPEL-MORVAN
Pierre BIRAMBEAU
Fabrice LARCENEUX
Sophie RIEUNIER
3e édition
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-080504-4
Présentation
des auteurs
Professeure des Universités à l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) et
Professeure honoraire à l’université de Stirling (Écosse), Karine Gallopel-Morvan travaille sur
les stratégies de prévention des comportements tabagiques et de mésusage d’alcool. Sur ces
sujets, elle collabore
MILDECA, etc.). Elle est membre du Haut Conseil de Santé Publique, des Conseils
Scientifiques de Santé Publique France et de l’Observatoire Français des Drogues et
Toxicomanies. Elle est co-auteure, avec Santé publique France, de l’ouvrage Marketing social.
De la compréhension des publics au changement de comportement sorti en 2019 aux presses de
EHESP.
Pierre Birambeau
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entreprises.
Fabrice Larceneux
mène des recherches dans le domaine du marketing sociétal. Ses travaux sont publiés dans des
revues telles que Journal of Consumer Policy, Journal of Business Ethics ou Recherche et
Applications en Marketing et portent notamment sur les stratégies de mécénat, les stratégies de
labellisation et de signalisation de la qualité et l’effet de l’opinion des tierces parties sur la
relation marchande entre l’entreprise et le consommateur.
Sophie Rieunier
Professeur des universités à l’IAE Gustave Eiffel (Université Gustave Eiffel), Sophie Rieunier
travaille sur les facteurs explicatifs du comportement de don et de legs des particuliers. Dans le
cadre de ses recherches, elle a collaboré avec différentes organisations (le Cerphi, l’association
Recherches et Solidarité, le Musée du Louvre, AIDES, les Petits Frères des Pauvres, la Ligue
contre le Cancer, France Adot ou encore l’AFF (l’Association Française des Fundraisers)). Ses
recherches sont conduites au sein de l’IRG (Institut de Recherche en Gestion) où elle encadre
plusieurs thèses de doctorat sur le thème du « comportement de don ». Passionnée par le monde
associatif, elle enseigne le « marketing non marchand » dans différents diplômes universitaires.
Elle co-dirige à l’Université Gustave Eiffel le master GESS « Gestion des Entreprises Sociales et
Solidaires ».
VI
Remerciements
Yaële Aferiat (directrice, Association Française des Fundraisers) Pierre Arwidson (directeur
adjoint de la Direction de la prévention-promotion de la santé, Santé publique France)
Françoise Cholet (directrice de l’association Jeune France Cholet) Jean-Louis Da Costa (ex-
directeur du Téléthon, AFM, AFM-Téléthon) oute reproduction non autorisée est un délit.
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VII
Olivier Dénoue (secrétaire délégué général exécutif chez la LPO : Ligue de Protection des
Oiseaux)
René Didi (ex-directeur du développement, Fédération Nationale des Caisses d’Épargne)
Joyce Eavans (responsable marketing digital, Adfinitas Paris) Les Étudiants du master 2
Gestion des Entreprises Sociales et Solidaires de l’IAE Gustave Eiffel
Conseil)
Remerciements
Merci aux associations qui nous ont autorisés à reproduire dans cet ouvrage leurs logos, visuels,
publicités ou communiqués de presse.
Nos remerciements vont également à nos étudiants pour les échanges très riches nés autour des
réflexions contenues dans ce livre. Il y a certainement peu de cours qui suscitent autant de débats
et d’émotions. Nous espérons que ce livre leur offrira des éléments de réponses et synthétisera
bien l’ensemble de leurs réflexions.
Un grand merci à Christian Pinson qui a cru dès le début, dès la première édition de cet ouvrage,
à notre projet, qui nous a toujours soutenus et dont la relecture extrêmement attentive a permis
d’accroître considérablement la qualité de ce manuscrit.
Enfin, nous souhaitons remercier nos familles pour leur soutien affectif oute reproduction non
autorisée est un délit.
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IX
Sommaire
Remerciements
VII
1
Qu’est-ce que le marketing ?
13
15
18
23
26
40
47
48
51
54
57
La diffusion d’une publicité dans les médias
60
66
73
77
86
89
103
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XI
Introduction
135
142
Que peuvent craindre les associations et les entreprises ?
150
157
173
démarche marketing
174
190
sur Internet ?
209
210
et Sophie Rieunier
211
La communication digitale
214
La collecte de fonds en digital
239
Références bibliographiques
269
« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le
trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait
expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus
d’un presque nu. »
1er février 1954, Henri Groues, qui va devenir « l’abbé Pierre », scanda-lisé par la misère et le
sort des sans-logis, lance un appel sur Radio Luxembourg (RTL). L’association Emmaüs est
rapidement connue de
tous. Une loi contre toute expulsion durant les mois d’hiver est votée et des milliers de logements
sont construits pour les plus démunis. Trente et un ans plus tard, c’est au tour de Michel Coluchi,
alias « Coluche » de mobiliser les Français autour de l’extrême pauvreté et de créer les Restos du
Cœur. Ces deux opérations suivent des logiques bien connues en
communication : cause révoltante, prise de conscience par les Français qu’ils peuvent agir sur la
cause, impact d’un leader charismatique, médiatisation très poussée de l’événement via des
images fortes, mobilisation massive de l’opinion publique et avancées législatives aboutis-sant à
des résultats concrets. On retrouve pour l’essentiel les mêmes XII
Introduction
démarche marketing
et Sophie Rieunier
« Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le
trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait
expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus
d’un presque nu. »
1er février 1954, Henri Groues, qui va devenir « l’abbé Pierre », scanda-lisé par la misère et le
sort des sans-logis, lance un appel sur Radio Luxembourg (RTL). L’association Emmaüs est
rapidement connue de
tous. Une loi contre toute expulsion durant les mois d’hiver est votée et des milliers de logements
sont construits pour les plus démunis. Trente et un ans plus tard, c’est au tour de Michel Coluchi,
alias « Coluche » de mobiliser les Français autour de l’extrême pauvreté et de créer les Restos du
Cœur. Ces deux opérations suivent des logiques bien connues en
communication : cause révoltante, prise de conscience par les Français qu’ils peuvent agir sur la
cause, impact d’un leader charismatique, oute reproduction non autorisée est un délit.
médiatisation très poussée de l’événement via des images fortes, mobilisation massive de
l’opinion publique et avancées législatives aboutis-
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tance que revêt la communication pour sensibiliser le public, acquérir de la notoriété, et atteindre
les objectifs de l’organisation. Bien sûr, la communication ne fait pas tout, et l’association doit
intégrer une
démarche marketing sur le long terme afin de gérer l’éloignement des médias, de l’opinion
publique, le sentiment de lassitude des bénévoles, la chute des dons privés ou encore le maintien
de sa notoriété.
Alors qu’aux États-Unis, le marketing investit sans complexe le secteur non marchand, la France
reste encore réservée quant à son utilisation. Domaine presque tabou, beaucoup d’associations en
font sans le savoir, sans vouloir l’admettre et parfois sans l’avouer. Pourtant, marketing et
professionnalisation vont de pair. Par ailleurs, dans un contexte de difficultés financières, de
crises économiques régulières et de concurrence exacerbée entre associations, ces dernières
doivent
connaître leurs publics et consacrer leurs ressources à ce qui leur permettra d’atteindre au mieux
leurs missions.
dispose une organisation pour encourager des attitudes et des comportements favorables à la
réalisation de ses objectifs auprès de ses publics cibles. Il s’agit d’une part de connaître ses
publics pour mieux s’y adapter, et d’autre part de savoir comment les influencer ».
Bien souvent, la communication des associations est considérée comme un champ à part du
marketing, mais elle se situe en fait au niveau des actions visant à toucher les attitudes et les
comportements des publics.
Il est important de noter ici que la définition du marketing se réfère à la fois aux attitudes et aux
comportements. Les attitudes sont relatives à ce que l’individu (salarié, bénévole, adhérent,
bénéficiaire) a mémorisé et 2
pense, alors que le comportement repose sur des actes. Ainsi, lorsqu’une association crée un
événement, elle touche d’abord les attitudes (informer de son existence, donner envie d’y aller)
puis les comportements (faciliter l’accès à l’événement, y participer). Quand l’individu aura vécu
l’événement, son attitude s’en verra à nouveau changée : il sera satisfait ou insatisfait, aura appris
des choses sur l’association, aura envie de participer à nouveau, d’adhérer et/ou de faire un don.
L’application de la démarche marketing doit toujours avoir pour but oute reproduction non
autorisée est un délit.
d’atteindre les objectifs de l’association. Ces derniers sont définis en cohérence avec sa mission,
sa vision et ses valeurs (voir Focus 1.1).
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La mission permet de répondre aux questions « pourquoi cette association a-t-elle été créée ? »
et « quel est le rôle de cette association aujourd’hui ? ».
La mission doit pouvoir se résumer en quelques mots. Elle peut s’éloigner de la mission de
départ de l’association, mais il est toujours important de savoir « d’où l’on vient » pour rester
cohérent avec « qui l’on est ».
• S.O.S AMITIÉ « est un service d’écoute destiné à accueillir la parole de celles et ceux qui, à
un moment de leur vie, traversent une période difficile.
Quel que soit le moyen choisi : téléphone, messagerie, chat, la personne qui appelle ou adresse
un message est anonyme. S.O.S Amitié s’engage à garantir cet anonymat et garantit également la
confidentialité autour de ce qui sera dit ou écrit : rien de ce qui sera échangé entre la personne
qui appelle et celle qui écoute ne sera divulgué ou rapporté en dehors de l’association ».
La vision de l’association correspond à « la perspective idéale » vers laquelle elle tend : dans
l’idéal, où veut-elle aller ?
Par exemple, l’UNICEF a pour vision un monde dans lequel les individus vivent tous égaux et
échangent pour que les enfants, les familles et les communautés aient accès à l’information, la
formation, les technologies et les processus dont ils ont besoin pour trouver des solutions ; avoir
le pouvoir de décider en toute connaissance de cause, pouvoir exploiter au mieux leur potentiel et
participer aux décisions qui affectent leur vie et être conscients de leurs droits.
Les valeurs encadrent, donnent du sens à l’action et influencent les méthodes de travail de
l’association.
Par exemple, GREENPEACE a comme valeur centrale la militance alors que WWF l’a beaucoup
moins.
Il est important que tout membre d’une association, que ce soit un salarié, un bénévole ou un
adhérent, soit capable de définir sa mission, sa vision et ses valeurs afin que toutes les décisions
soient prises en fonction de ce triptyque. Par ailleurs, la mission, la vision et les valeurs font
partie intégrante de l’image de l’association. Si ces trois éléments sont flous, l’image de cette
dernière le sera également.
objectifs de l’organisation. La figure 2 les détaille et indique les chapitres correspondant aux
techniques marketing utilisées pour les
atteindre.
Figure 2 – Les objectifs de l’association (et les chapitres s’y référant) Faire connaître
Acquérir
l’association
Agir en fonction
des ressources
à ses publics
de sa mission
communication : médias,
attitudes et les
• Motiver et fidéliser des
digital, événements,
comportements des
bénévoles (ch. 1)
relations presse,
publics (ch. 5, 6)
lobbying (ch. 2, 6)
- Adhésions (ch. 3, 6)
- Fonds publics
conforme à l’identité de
- Dons (ch. 3, 6)
l’association (ch. 2, 6)
prenantes clés :
- Entreprises (ch. 4)
pouvoirs publics,
• Se faire connaître et
journalistes,
et services (ch. 4)
journalistes, les pouvoirs
entreprises, etc.
(ch. 2, 4)
(ch. 2, 5 et 6)
(on s’interroge sur les motivations et la fidélité des bénévoles, l’image qu’ils ont de l’association,
leurs changements d’attitudes et de compor-oute reproduction non autorisée est un délit.
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Les objectifs étant définis, la démarche marketing amène à étudier le comportement et les
attitudes des différents publics de l’association. Il faut se poser des questions sur leur
comportement afin de mieux les connaître et mieux travailler avec eux.
La figure 3 montre l’ensemble des publics d’ACT UP Paris. Sans avoir systématiquement
déployé des études approfondies sur chacun, l’association s’interroge sur leurs motivations et
comportements et met en place autant d’outils et moyens de communication qu’elle a de publics.
Figure 3 – Exemple des publics d’ACT UP Paris et des actions pour les toucher Objectif :
avoir des
Objectifs
ressources
Population
État /
Publics
Militants
Donateurs
Malades
Journalistes
à risques
entreprises
• Réunions
• Réunions
• Actions • Affiches
• Réunions
• Actions
publiques
publiques
terrain
• Services
• Zap (c.a.d.
d’éclat
Exemples
opérations
• Site web
d’actions
• Marche des
• Mailing
d’éclat pour
• Invitations
fiertés
• Journal
faire pression)
L’association, depuis sa création, offre un espace de débat et de partage à tous ses adhérents et
sympathisants lors de la réunion hebdomadaire (encore appelée RH en interne) qui a lieu à Paris.
Cette réunion permet à la fois d’inclure les avis des militants dans les débats, de valoriser leur
travail et également de recruter de nouveaux bénévoles qui voient alors très vite de l’intérieur si
l’association leur correspond ou non.
ZAP pour faire pression sur les pouvoirs publics, les laboratoires pharmaceutiques, etc. Les ZAP,
très bien décrits dans l’ouvrage Act Up, une histoire du fondateur de l’association (Didier
Lestrade, 2000), sont des actions d’éclats qui visent à attirer l’attention des médias sur les
revendications de l’association, à se faire connaître auprès du grand public et à faire pression sur
les parties prenantes (laboratoires pharmaceutiques 6
et politiques). Cela se concrétise par exemple par des actions telles que jeter du faux sang sur le
ministère de la Santé, s’enchaîner aux grilles d’un laboratoire pharmaceutique, faire une
opération de « die in » où tous les militants se couchent, simulant la mort, devant une entreprise
ou un bâtiment étatique, etc. Ces ZAP ont beaucoup fait parler de l’association à ses débuts et
restent un moyen de pression très important.
Trois types d’études marketing sont à la disposition des associations pour étudier leurs publics
(voir tableau 1) : l’analyse documentaire, l’analyse qualitative (entretiens en face-à-face ou en
groupes, en profondeur) et l’analyse quantitative (enquêtes basées sur des questionnaires). Ces
études peuvent être menées de manière successive, ou conduites de façon indépendante1.
L’étude
L’étude quaLitative
L’étude quantitative
documentaire
Exemple de
problématique
d’étude pour
« Combien de personnes
une association
culturelle ayant
rock ? »
de rock ? »
pour objectif
de festival de rock ? »
d’organiser un
festival de rock
Faire une
Comprendre un
synthèse des
recherches
attitude en profondeur.
Objectifs
ou études
ce sujet.
à un comportement.
Une analyse
et une
réalisée auprès de
synthèse des
documents
du ministère
Réalisation :
de la Culture
méthode
devraient
à cette question. On
de fréquentation du
déployée
festival. Le questionnaire
répondre à
comprendre les
générale sur
des individus.
les festivals.
d’affiche, etc.).
...
1. Le lecteur intéressé par les études sur les publics pourra consulter l’ouvrage de Giannel-
© Dunod - T
...
L’étude
L’étude quaLitative
L’étude quantitative
documentaire
Données collectées
Internet, en
ou entretiens de
par le biais d’un
questionnaire qui
dans les
archives, etc.
Taille de l’échantillon :
thèmes à aborder.
Collecte
des données
moins 10 % ». Ceci
conduit un nouvel
signifie que si 80 % de
entretien).
population totale du
se situer entre 70 % et
90 % de satisfaction.
Synthèse
Retranscription des
Saisie et analyse
Traitement
écrite de
entretiens.
des résultats
documents.
Les études de publics sont particulièrement importantes pour les associations car elles permettent
de décrire et/ou d’expliquer une situation donnée. Cela aide à ne pas prendre une décision « à
l’intuition ». Par exemple, il est très intéressant de réaliser des études de satisfaction auprès de
ses usagers. On croit toujours savoir, par quelques remontées spontanées du terrain, si les
adhérents et/ou les usagers sont satisfaits. Pourtant, une étude qualitative à base d’entretiens en
profondeur en face-à-face ou quantitative à base de questionnaires peut faire émerger des
résultats nouveaux, plus fiables que des bruits de couloirs.
Si les études de publics sont des outils marketing utiles aux associations, cela ne signifie pas
qu’il faille absolument suivre tous les résultats et se plier aux demandes des populations
interrogées. Plusieurs chercheurs ont ainsi critiqué très justement une « orientation marché » qui
pourrait être néfaste à l’association (voir Focus 1.2). Ainsi certaines attentes des publics ne
pourront pas être satisfaites par l’association si elles s’éloignent de sa mission ou de ses valeurs.
Ceci est totalement légitime et sain.
8
marché » excessive
Les chercheurs Jonathan Duchêne et Jean-Sébastien Marcoux ont réalisé une analyse critique et
réflexive des conséquences du marketing du don.
À travers leur réflexion, ils dénoncent une utilisation du marketing associatif sans conscience à
travers laquelle les associations adoptent une « orientation marché » de nature à pervertir leurs
missions. Pour ces deux auteurs,
« l’orientation marché » repose sur le fait que l’on s’adapte à la demande des donateurs et non à
celle des bénéficiaires. Cela entraîne alors le risque d’adhérer « aux principes, aux normes et aux
idéaux capitalistes qui fondent l’économie néolibérale et qui s’opposent largement à l’économie
du don ». À partir d’une analyse des pratiques des OBNL (Organismes à but non lucratif)
américaines et d’articles de presse, ces deux auteurs affirment que l’« orientation marché » pose
de graves problèmes à ces structures. Ils les classent en plusieurs catégories :
Les associations américaines comparent les grands donateurs à des consommateurs. Ceci est très
dangereux car les consommateurs attendent un service ou un produit en échange de leur argent.
Ici, le donateur ne devrait pas avoir à espérer des bénéfices personnels en échange de son don.
Une « orientation marché » excessive peut mettre à l’écart les bénéficiaires du don. Étant donné
que l’association ne peut pas faire face à l’ensemble des besoins des bénéficiaires, elle ne fait pas
d’efforts particuliers pour analyser leurs besoins principaux. Elle se contente alors de dépenser
tout ce qu’elle a perçu en se disant qu’ainsi, elle ne peut pas être accusée de ne pas faire attention
aux bénéficiaires.
Dans une logique de performance, les associations peuvent sélectionner des causes où il est
facile de collecter au détriment d’autres causes. Dès lors, ces associations auront de bons ratios
de « dépenses de collecte/fonds collectés », et seront favorisées dans le discours des médias à
destination des donateurs.
© Dunod - T
Sociétale des Entreprises) s’atténue, rendant le paysage caritatif assez opaque du point de vue du
donateur.
Les deux auteurs concluent que pour éviter les dérives d’une « orientation marché » négative,
l’association doit intégrer des bénéficiaires dans ses organes décisionnels : « Nous soutenons
qu’il devient essentiel, si ce n’est urgent, de privilégier une véritable orientation sociétale, de
cesser de traiter les donateurs comme des clients, les causes comme des variables stratégiques et
les OBNL comme des concurrents. »
des publics
Une fois que l’association connaît bien ses publics, elle peut agir pour faire changer les attitudes
et les comportements dans le sens qu’elle souhaite. Pour les entreprises, il s’agit de
comportements d’achats.
Pour les associations, il s’agit d’introduire de nouvelles attitudes et habitudes qui vont apporter
une plus-value sociale individuelle et collective. Certains détracteurs du marketing dénonceront
dans cette
stratégie d’influence une manipulation des publics. Le marketing peut en effet être utilisé dans ce
sens lorsque l’association n’a pas l’éthique nécessaire pour s’interdire de mentir aux individus.
Mais dès lors qu’il est utilisé pour servir la mission de la structure dans le respect de ses publics,
le marketing n’est pas manipulateur. Les leviers du marketing marchand reposent sur ce qu’on
appelle « le marketing mix » ou encore les 4 P, à savoir un Produit ou service proposé par
l’entreprise, son Prix, sa « Place » (son accessibilité, sa distribution) et sa Promotion (sa
communication).
Du point de vue du marketing dit social détaillé dans le chapitre 5 de cet ouvrage, plus adapté
pour faire évoluer un comportement vers une amélioration du bien-être de l’individu et de la
société, on mobilisera plutôt les 5 C
(Gallopel-Morvan et al. , 2019) : proposer un Comportement et des aides pour faciliter son
adoption (inciter les fumeurs à arrêter de fumer avec des substituts nicotiniques et un kit dédié) ;
minimiser les Coûts financiers et psychologiques à l’adoption des aides et du comportement
préconisé
(réduire le prix d’un préservatif, rassurer sur sa facilité d’utilisation) ; faciliter la Capacité
d’accès au comportement (proposer des lieux de collecte faciles d’accès pour favoriser le don de
sang) ; le promouvoir à l’aide d’une 10
campagne de Communication (médias, réseaux sociaux, événements, etc.) ; travailler avec des
Collaborateurs pour diffuser le message sur le lieu de vie des publics ciblés.
La réussite ou non de l’action marketing dépend de l’élément le plus faible des 5 C ou des 4P.
Ainsi si le coût annuel d’adhésion d’une activité sportive est trop élevé, l’association pourra faire
tous les efforts de communication, elle ne parviendra pas à recruter de nouveaux membres.
Il en va de même pour l’accès au comportement préconisé et aux aides pour le mettre en place :
si les produits ou services proposés (préservatifs, tests de dépistage) sont très faiblement diffusés,
l’offre ne pourra pas rencontrer son public.
Lors de son lancement, le Sac à Sapin® n’avait pas rencontré le succès qu’on lui connaît
aujourd’hui. Le concept était pourtant pertinent et bien positionné : un sac pour décorer le sapin
de Noël, utile pour récupérer les aiguilles, malin pour emballer le sapin et porteur de « sens » par
sa participation au financement des actions de Handicap International au profit des enfants
handicapés. Le prix était abordable et bien accepté par les consommateurs. La distribution était
par ailleurs bien assurée : le Sac à Sapin® était disponible dans les rayons de la plupart des
grands distributeurs. Enfin, le produit bénéficiait d’une communication auprès du grand public
extrêmement importante relayée par tous les médias : TV, radio, presse.
Pourtant la première année, les ventes furent faibles et très inférieures aux prévisions. Des études
auprès des différents publics intervenants dans le processus d’achat furent donc réalisées pour
identifier les facteurs explicatifs de ce relatif échec : une enquête auprès des acheteurs de Sac à
Sapin®, une étude auprès des « non-acheteurs » et une étude auprès des chefs de rayons des
magasins où se vendait le produit. Les résultats ont révélé quatre voies d’amélioration des
actions marketing. Tout d’abord, oute reproduction non autorisée est un délit.
l’emballage du produit était trop « mou » et il n’était donc pas facile à mettre en rayon. Par
ailleurs, il évoquait trop les sacs-poubelles et n’était pas assez festif. De plus, les informations
apposées sur le packaging
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11
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
n’expliquaient pas qui était « Handicap International » et demeuraient assez floues sur
l’utilisation des fonds collectés. Enfin, les chefs de rayons Si une association sportive a diffusé
des brochures pour recruter de nou-avouaient ne pas trop savoir où positionner le produit dans le
magasin veaux adhérents, elle a ensuite tout intérêt à demander aux nouveaux (rayon sac-
poubelle ou rayon décoration de Noël ?) et le mettaient le plus inscrits comment ils ont connu
l’association afin de vérifier l’efficacité de souvent dans un coin du linéaire « sacs-poubelles ».
Les consommateurs cette action de communication. Ce contrôle lui permettra de décider de la
suite à donner à ce message.
cherchaient donc le Sac à Sapin® mais ne le trouvaient pas car il était peu Dans un même ordre
d’idée, mesurer les contaminations avant et après la visible dans les magasins.
mise en place de la Stéribox® permet d’évaluer l’efficacité de l’action de Suite à ces constats,
Handicap International a décidé de collaborer avec l’association, toutes choses étant égales par
ailleurs.
ginal et très repérable dans les magasins. Après ces études et recherches, un nouveau concept
d’emballage a donc été mis au point, associé à un présentoir dédié qui mettait en avant le produit
dans les endroits les plus opportuns. L’ensemble utilisait des codes couleurs très festifs à
dominante Les idées reçues et critiques
rouge et or. Ce travail de refonte du packaging du Sac à Sapin® (un élé-à l’encontre du
marketing
nous l’avons constaté, à des résistances parfois vives et souvent infon-Au début des années 1990,
Act Up Paris a décidé de travailler sur la dées à l’encontre de cette discipline.
prévention du sida auprès des usagers de drogue. L’association a alors fait pression sur les
pouvoirs publics pour que le prix des seringues diminue afin que les personnes dépendantes
puissent en acheter plus
facilement. La Stéribox® (boîte contenant tout le matériel de shoot : deux Le marketing est
souvent synonyme d’études des publics, de campagnes seringues, deux ampoules d’eau stériles,
deux tampons imbibés d’alcool, de communication onéreuses, de packagings coûteux ou encore
de
un préservatif et une brochure d’information sur la prévention) a ainsi vu consultants à salaires
élevés. Pourtant, le fait de ne pas utiliser ces tech-le jour en France en 1994. Vendue dans toutes
les pharmacies au prix de niques peut faire perdre encore plus d’argent et d’énergie à
Le marketing a donc joué un rôle stratégique au travers du lobbying, du Par ailleurs, certaines
actions marketing ne coûtent pratiquement
prix du produit, de sa distribution (présence dans toutes les pharmacies), rien : distribuer ou
envoyer par Internet un questionnaire d’évaluation de sa définition (contenu de la Stéribox®) et
de la communication auprès après un événement permet d’identifier les choses à changer pour la
des usagers de drogues.
prochaine fois ; demander à un petit groupe d’individus bien choisi de s’exprimer sur plusieurs
projets d’affiches permet d’éviter des incompréhensions de la part du grand public qui n’a pas la
culture des respon-
sables de l’association. De plus, bien souvent, les associations peuvent trouver des aides gratuites
auprès des partenaires privés dans leurs diffé-Une fois que l’association a mis en œuvre des
actions sur ses publics rentes actions. Le budget n’est donc pas un obstacle insurmontable à la
cibles, la quatrième étape vise à contrôler leur efficacité afin de tirer des pratique du marketing.
12
Si une association sportive a diffusé des brochures pour recruter de nouveaux adhérents, elle a
ensuite tout intérêt à demander aux nouveaux inscrits comment ils ont connu l’association afin de
vérifier l’efficacité de cette action de communication. Ce contrôle lui permettra de décider de la
suite à donner à ce message.
Dans un même ordre d’idée, mesurer les contaminations avant et après la mise en place de la
Stéribox® permet d’évaluer l’efficacité de l’action de l’association, toutes choses étant égales
par ailleurs.
à l’encontre du marketing
La formation au marketing des acteurs et dirigeants associatifs se heurte, nous l’avons constaté, à
des résistances parfois vives et souvent infondées à l’encontre de cette discipline.
consultants à salaires élevés. Pourtant, le fait de ne pas utiliser ces techniques peut faire perdre
encore plus d’argent et d’énergie à
l’association.
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13
culture de l’association, s’ils omettent de questionner les bénévoles et En fait, si une association
n’est pas capable de comprendre les besoins les salariés en place sur leurs propres expériences,
des drames sont fort de ses bénéficiaires, elle faillit à l’un de ses rôles essentiels. En principe,
possibles. L’adoption d’une démarche de communication interne est
les salariés et bénévoles des ONG peuvent être des « agents marketing »
de bien meilleur niveau que ceux des entreprises car ils sont plus proches de leurs bénéficiaires.
S’interdire de consulter ces derniers, c’est s’expo-
ser à l’échec. Croire également qu’on les connaît bien parce qu’on les fréquente tous les jours est
très risqué si on ne sait pas les écouter.
Les managers des associations sont là pour défendre le projet de leurs structures et pour exprimer
cette position par des gestes forts. Les méthodes marketing ne doivent jamais empiéter sur ces
valeurs associa-
tives. S’il y a conflit entre l’intérêt des bénéficiaires et celui de parte-Rapprocher marketing et
manipulation est une grande tentation. Il est naires ou de donateurs, il faut toujours favoriser ce
qui convient aux vrai que selon la définition donnée plus haut, celui-ci vise à « connaître
bénéficiaires.
ses publics pour mieux s’y adapter et savoir comment les influencer ».
À notre sens, il appartient à chaque organisation de se fixer ses propres Bien souvent, les petites
associations pensent que, du fait de leur taille, limites. Ainsi, lorsqu’une ONG présente ses
actions auprès des enfants une démarche marketing n’est pas envisageable pour elles. C’est une
dans un mailing de collecte de dons alors que moins de 5 % de son acti-erreur. Comme le dit
Kevin Roberts, président d’une des plus grandes vité leur est consacrée et que l’argent ainsi
collecté sera utilisé pour agences de publicité mondiales : « Si vous pensez que vous êtes trop
d’autres publics, on peut penser qu’il y a manipulation du donateur et petit pour avoir un impact,
endormez-vous avec un moustique. »
tricherie. Si certains donateurs réalisent qu’il y a un déséquilibre entre Toutes les associations de
forte notoriété ont commencé par être des le discours et l’activité réelle de l’association, cette
dernière court le structures de petite taille. Mais à force de travail, d’ambition et de choix risque
d’une perte de fidélité et peut aller vers une crise grave. Le marke-stratégiques pertinents, elles se
sont donné les moyens de leurs ambiting n’est pas « non éthique » en lui-même, c’est
l’utilisation qu’en fait tions et sont devenues incontournables. Elles n’ont pas craint de mon-
l’organisation qui peut l’être (pour le lecteur intéressé, voir le livre blanc ter des projets
ambitieux, d’interpeller les médias, les pouvoirs publics, téléchargeable gratuitement sur le site
de l’Association Française du de leur fournir des témoignages, des images et de développer des
outils Marketing intitulé Le rôle du marketing sociétal).
Le recours à des professionnels du marketing peut changer le climat d’une association et créer
des rejets par rapport aux nouvelles tech-Notre ouvrage a pour ambition d’aider les associations à
s’approprier niques utilisées.
heure est passée et qu’il leur faut trouver une autre organisation plus suivantes : comment faire
pour recruter et travailler avec des bénévoles 14
proche de la « pureté » associative. On est ici devant un vrai problème de management des
ressources humaines. Si les professionnels se considèrent en terrain conquis, s’ils assènent un
vocabulaire étranger à la culture de l’association, s’ils omettent de questionner les bénévoles et
les salariés en place sur leurs propres expériences, des drames sont fort possibles. L’adoption
d’une démarche de communication interne est
Les managers des associations sont là pour défendre le projet de leurs structures et pour exprimer
cette position par des gestes forts. Les méthodes marketing ne doivent jamais empiéter sur ces
valeurs associatives. S’il y a conflit entre l’intérêt des bénéficiaires et celui de partenaires ou de
donateurs, il faut toujours favoriser ce qui convient aux bénéficiaires.
Bien souvent, les petites associations pensent que, du fait de leur taille, une démarche marketing
n’est pas envisageable pour elles. C’est une erreur. Comme le dit Kevin Roberts, président d’une
des plus grandes agences de publicité mondiales : « Si vous pensez que vous êtes trop petit pour
avoir un impact, endormez-vous avec un moustique. »
Toutes les associations de forte notoriété ont commencé par être des structures de petite taille.
Mais à force de travail, d’ambition et de choix stratégiques pertinents, elles se sont donné les
moyens de leurs ambi-tions et sont devenues incontournables. Elles n’ont pas craint de monter
des projets ambitieux, d’interpeller les médias, les pouvoirs publics, de leur fournir des
témoignages, des images et de développer des outils pour servir leur cause.
samment de fonds et développer des partenariats pour remplir sa mission dans de bonnes
conditions (chapitres 3 et 4) ? Comment faire évoluer les comportements des individus dans le
sens souhaité par l’association (chapitre 5) ? Comment utiliser efficacement les outils
numériques dispo-Comment recruter,
Paru pour sa 1re édition en 2007, une 2e édition de cet ouvrage est intégrer et fidéliser
nouvelle occasion d’actualiser ce livre. Nous sommes donc très heureux les bénévoles ?
d’offrir au lecteur cette 3e édition, enrichie des chiffres les plus récents, de nouveaux exemples,
de résultats de recherche, d’une section sur le marketing social (chapitre 5) et d’un nouveau
chapitre sur la communi-Par Pierre Birambeau
cation et la collecte de fonds digitales (chapitre 6). Aujourd’hui, Inter-et Fabrice Larceneux
Executive summary
du savoir-faire de bénévoles.
associations.
16
Chapitre 1
Comment recruter,
intégrer et fidéliser
les bénévoles ?
et Fabrice Larceneux
Executive summary
du savoir-faire de bénévoles.
associations.
17
Le bénévole, volunteer en anglais, est un homme ou une femme libre qui se donne des
obligations envers la personne aidée. Dans une perspective qui tend à s’éloigner des obligations
d’inspiration religieuse, les bénévoles actuels recherchent avant tout la satisfaction personnelle et
le plaisir dans le don (Godbout, 1996). Les bénévoles sont donc tout sauf des « salariés non
payés » et il faut se garder de les considérer comme de la main-d’œuvre non rémunérée,
corvéable à merci. Les associations doivent gérer les ressources bénévoles avec leur
enthousiasme mais aussi avec la rigueur et l’efficacité que l’on peut trouver dans certaines
entreprises. Cette gestion des ressources bénévoles est d’autant plus importante qu’elle s’inscrit
dans un climat de concurrence entre les causes et entre les occasions de faire don de soi en
général (rendre service à un voisin, prendre en charge ses petits-enfants, s’investir dans une
association, etc.).
(3 sur 4) ou peuvent renoncer très vite à leur engagement car ils sont libres et maîtres des
obligations qu’ils s’imposent. Il convient donc de bien connaître les motivations et freins de ces
bénévoles.
Il subsiste un bénévolat empreint de culture religieuse, qu’il soit basé sur le registre de la
culpabilisation ou sur la volonté de rendre à la société ce qu’elle nous a apporté. Parallèlement
existent deux types de bénévolat : un bénévolat d’inspiration laïque tel qu’on le rencontre
aujourd’hui au sein du Secours Populaire et un militantisme revendicatif qu’incarne par exemple
l’association les Enfants de Don Quichotte.
Au-delà de cette ligne de partage séparant religieux et laïque, le développement des motivations
individuelles est un fait essentiel. Les
bénévoles seront d’autant plus « efficaces » que leurs missions sont vécues comme une source de
plaisir. De plus, animés par le souci
18
Comment recruter, intégrer et fidéliser les bénévoles ?
d’améliorer leur estime de soi, les bénévoles utilisent les valeurs de l’association pour se réaliser
au sein de la société. Être bénévole devient alors un moyen de s’épanouir et de donner du sens à
sa vie. Plus encore, dans un contexte d’affaiblissement des instances sociales structurantes
(organisations religieuses, syndicats, etc.), les individus utilisent l’action bénévole comme un
support d’investissement personnel qui leur
Un sondage réalisé en 2019 (Bazin et Malet, page 32) indique que les raisons de l’engagement
bénévole des personnes interrogées sont les suivantes :
• pour soi :
à une discussion avec une personne de l’association, ce qui soulève le rôle important des
bénévoles en tant qu’ambassadeur et force de
recrutement.
Au-delà de ces axes, il existe des spécificités selon le profil des bénévoles :
• les étudiants se réfèrent à leur expérience bénévole pour renforcer leurs connaissances. Ils
préfèrent en général avoir une activité bénévole oute reproduction non autorisée est un délit.
continue et ils utilisent largement les réseaux sociaux pour s’impliquer dans une cause ;
© Dunod - T
19
• les actifs bénévoles cherchent généralement à pallier des insatisfactions rencontrées dans leur
vie professionnelle et considèrent que leur bénévolat exerce une influence positive sur leurs
objectifs professionnels (capacité de prendre du recul par rapport aux objectifs professionnels,
meilleure organisation dans le travail en équipe, etc.) ;
• les retraités trouvent dans le bénévolat des occasions de rencontrer des personnes intéressantes
et d’horizons divers, la possibilité de se sentir utile, et la faculté de conserver une vie sociale. Ils
ont également à cœur de transmettre leur savoir-faire à des jeunes bénévoles.
Toutes les raisons de s’investir sont respectables. Il ne faut pas opposer, et encore moins
hiérarchiser les différentes origines et les motivations qui mènent à l’engagement bénévole. De
même, il faut respecter la liberté de chacun de s’engager dans un bénévolat plus ou moins
régulier ou occasionnel. En reprenant la formule de Mauss (1923), on arrive à l’équilibre entre le
don et le contre-don dans une alliance subtile entre la triple recherche de sens, d’utilité et de
plaisir. Il n’y a donc pas oppo-sition entre don pour les autres et don pour soi. Il semble
aujourd’hui moins tabou et plus légitime de trouver une gratification pour soi-même dans
l’engagement associatif.
Entre 2016 et 2019, la proportion des Français qui donnent du temps gratuitement au sein des
associations a légèrement baissé (de 25 % à 24 %).
Autrement dit, ces chiffres reflètent que 3 personnes sur 4 ne s’engagent pas dans le secteur
associatif. Comprendre les raisons de ce non-engagement doit donc être une préoccupation
essentielle des responsables
associatifs.
Il existe des disparités sectorielles au temps donné aux associations : en 2019, les secteurs qui
séduisent le plus sont les actions sociales et caritatives (7,2 % des Français y sont bénévoles,
chiffre en baisse par rapport à 2016), les loisirs (5,4 %), le sport (5 %, en baisse depuis 2016), la
culture (4,4 %) puis les actions jeunesse éducation populaire (4 %) (Bazin et Malet, 2019).
Selon ce même sondage et des enquêtes plus anciennes, ne pas ou ne
• les freins dus aux individus eux-mêmes : il s’agit le plus souvent d’un manque de temps,
d’un changement professionnel ou personnel,
20
• les freins dus à l’environnement et au contexte familial : certains ne font pas ou plus de
bénévolat car ils souhaitent se consacrer à
leur famille ou tout simplement parce que l’occasion ne s’est jamais présentée ;
• les freins dus aux contextes politiques et idéologiques : pour certains, les missions remplies
par les associations devraient être le rôle de l’État garant du bien-être collectif (ainsi, s’investir
auprès des associations serait un soutien au modèle « néo-libéral »). De plus, le bénévolat ferait
concurrence au travail rémunéré ;
• les freins dus aux associations elles-mêmes : les associations souffrent parfois d’un manque
de visibilité qui nuit à leur capacité à attirer des bénévoles. Par ailleurs, certains se disent déçus
par le manque de professionnalisme et d’organisation de certaines structures et les résultats
obtenus jugés insuffisants ;
• les freins psychologiques dus à l’image des bénévoles : leur image est pour beaucoup très
stéréotypée. On évoque encore tour à tour la dame patronnesse en mal de pouvoir, le brave
homme manipulé d’autant
chand ou les avides de socialisation. Bénévolat est souvent synonyme d’amateurisme, limité aux
rencontres de retraités ou de bourgeois oisifs.
Il est important d’avoir en tête que pour certains non-bénévoles, la raison de ce non-engagement
est simplement liée au fait qu’on ne lui a jamais demandé ! L’association ne doit donc pas
baisser les bras mais au contraire améliorer sa communication, définir les aspects attractifs de ses
projets et en informer les bénévoles potentiels. En effet, les bénévoles d’aujourd’hui se
comportent comme des professionnels, des
« entrepreneurs sociaux » plus attachés à la notion de projet qu’à celle de don infini en temps
disponible.
© Dunod - T
21
associations à une gestion plus rigoureuse d’un bénévolat aujourd’hui 3. le bénévole n’a pu
bénéficier d’une formation adaptée, ni d’une incertain et fragile ( cf. témoignage ci-dessous).
coutume en entreprise ;
« Le bénévolat est fragile. On trouve certes dans les associations des 5. des demandes
excessives de disponibilité ont été exercées alors hommes et des femmes qui allient compétence
et dévouement mais
souvent, l’individu (et c’est son droit) recherche une satisfaction per-6. le bénévole n’a pas
éprouvé un sentiment d’accomplissement sonnelle. Si son intérêt fléchit ou qu’il éprouve
quelque lassitude ou personnel conforme à ses aspirations.
quelque contrariété, il quitte l’association. Il est vrai que contrairement au militant, il n’est pas
obligé d’avoir des convictions solides ou Connaissant les principales raisons des
désengagements, les responde s’impliquer durablement.
sables doivent mener un vrai travail d’anticipation et de prospective La vie associative peut
parfois péricliter parce que l’association a grandi pour y faire face.
trop vite. Les adhérents n’y retrouvent plus leur liberté de dialogue, la chaleur humaine, la
convivialité qu’ils étaient venus chercher. Il est bon que chaque adhérent se sente à l’aise et
puisse exprimer son point de vue Qui faut-il recruter ?
il n’est pas fait, il est inefficace, malheureux, et au lieu d’aider à développer l’engagement
bénévole, il le déprécie partout où il en parle. Pour diminuer ce genre de risque, un engagement
progressif est à privilégier.
Trop d’associations voient partir leurs bénévoles sans se poser de ques-La distinction entre
bénévolat régulier et bénévolat occasionnel est par-tions pouvant les inciter à revoir leurs
pratiques. En fait, six raisons ticulièrement délicate à opérer. Pour donner un point de repère, la
durée majeures peuvent être mentionnées pour expliquer le désengagement
moyenne annuelle d’une participation bénévole régulière en France est des bénévoles
(Andreasen et Kotler, 2008) :
de 122 à 131 heures (Prouteau, 2017, page 19). Un bénévole occasion-1. l’individu a trop
attendu du bénévolat, soit parce qu’il s’est monté nel se manifeste de façon ponctuelle, en
donnant un coup de main, en la tête, soit parce que l’association a survalorisé les tâches qu’elle
lui a particulier lors d’un événement marquant (l’animation d’une fête par présentées ;
exemple). La durée moyenne d’une participation occasionnelle est de 2. le travail accompli n’a
pas été considéré à sa juste valeur 18 à 23 heures par an. Les réguliers ont souvent plus de 65
ans, et les par les bénéficiaires de ce travail et par les collègues. La soif de occasionnels sont
plutôt des femmes de moins de 35 ans.
22
Comment recruter, intégrer et fidéliser les bénévoles ?
coutume en entreprise ;
4. le bénévole s’est senti déclassé par rapport aux salariés de l’association ; 5. des demandes
excessives de disponibilité ont été exercées alors que les choses étaient censées être claires dès
le départ ;
sables doivent mener un vrai travail d’anticipation et de prospective pour y faire face.
exemple). La durée moyenne d’une participation occasionnelle est de 18 à 23 heures par an. Les
réguliers ont souvent plus de 65 ans, et les
© Dunod - T
23
nos-missions-de-benevolat).
Les seniors ont plus de temps disponible et se révèlent des bénévoles plus réguliers mais les
jeunes sont une ressource fondamentale des associations. Un étudiant pourra partager son
enthousiasme avec ses
groupes d’amis et ses réseaux, renforçant ainsi la masse des jeunes soutenant l’association. De
plus, il représente un investissement sur le long terme : un jeune qui a goûté au bénévolat peut
plus facilement que les autres redevenir bénévole à tout âge de sa vie. Enfin, c’est une
opportunité pour lui d’améliorer son CV et d’appliquer concrètement ses
connaissances.
Le problème est que les jeunes, et en particulier les étudiants, font preuve d’une extrême mobilité
qui limite les possibilités de bénévolat régulier. De plus, ils ont parfois des projets d’une
ambition démesurée par rapport aux forces et aux ressources que l’association peut mobiliser.
Les pics d’enthousiasme initiaux peuvent être suivis d’une forte déception et d’un
désinvestissement. Par ailleurs, les jeunes sont souvent vulnérables, assez imprévisibles et leur
situation économique les rend sensibles aux propositions concurrentes de petits boulots
rémunérateurs.
Une association a malgré tout intérêt, le plus souvent, à constituer un groupe significatif de
jeunes qui lui donnera un tonus important, favo-risera les innovations et facilitera les
transmissions. C’est donc un véritable effort de communication ciblée qu’il faut mettre en œuvre,
faute de quoi l’association risque de vieillir doucement avec ses fondateurs et de s’éteindre.
Pour les seniors, accéder à la retraite peut constituer un moment critique car le retraité perd
l’identité liée à son travail. Il recherchera naturellement à élaborer un projet de vie appuyé sur
des activités physiques et de loisir, à reconquérir un statut social qualifiant, et à avoir un rôle où
24
peuvent s’exprimer son talent, ses compétences et ses valeurs. Être bénévole au sein d’une
association lui permettra d’acquérir et/ou transmettre des savoirs et savoir-faire, de développer
son réseau relationnel, et d’avoir le sentiment d’être encore utile.
Engager des seniors permet de compter sur des individus qui ont du
temps disponible de manière plus régulière que les jeunes. Mais attention : l’association a
parfois tendance à abuser de ces personnes et de leur disponibilité. Elle doit préserver un «
temps social » qui leur permet de vivre autre chose et leur évite de devenir dépendants de
l’association.
En revanche, les seniors ont parfois la tentation de se cantonner à une gestion de routine quand
la fatigue et la crainte du changement les oppressent. Beaucoup se plaignent d’une absence de
successeur et, en même temps, redoutant de ne plus être indispensables, vont parfois
Si les seniors représentent une ressource bénévole régulière et très disponible, il ne faut toutefois
pas se bercer d’illusions : on ne devient pas bénévole sur le tard ou très difficilement. Comme le
note Dominique Thierry, président d’honneur de France Bénévolat : « Nous ne
baignons pas dans une culture de bénévolat et ce n’est pas à plus de soixante ans que l’on est
prêt à démarrer une première expérience. Il ne faut donc pas attendre, en matière de
développement du bénévolat, de miracle lié aux nouveaux seniors à part une plus grande
disponibilité en temps. »
convivialité » ?
réelle plus-value dans les domaines tels que l’informatique, Internet, la communication, la
recherche scientifique, etc.
Il n’en reste pas moins qu’une force d’appoint essentielle est constituée « d’experts en
convivialité » apportant leur bonne volonté. Cette oute reproduction non autorisée est un délit.
force assure une ressource essentielle au bon fonctionnement des associations en portant leurs
valeurs fondamentales.
© Dunod - T
25
Cas d’association
L’association Jaccede
et application mobile) qui a été conçue pour faciliter l’accessibilité des personnes à mobilité
réduite. Pour ce faire, elle réunit les informations des internautes bénévoles (également appelés
les « jaccedeurs.es ») sur les lieux accessibles (des milliers de lieux recensés en France et dans
le monde).
On se trouve ici en face de bénévoles partageurs d’informations, pour une cause qui concerne
plus de 2 millions de personnes à mobilité réduite en France.
Recruter des « webbénévoles » peut aider l’association à sensibiliser les internautes et les
motiver à agir, à relayer les appels au don, à diffuser des bannières et vidéos de la cause sur des
blogs, sites Internet, etc.
La ressource en bénévoles est, avec la situation financière, le principal sujet d’inquiétude des
responsables associatifs (Bazin et al., 2018, page 36). Il est essentiel de rationaliser et
d’optimiser le recrutement de ces profils pour surmonter une concurrence évoquée
précédemment,
concurrence en amont (autres activités n’ayant rien à voir avec l’engagement associatif : travail
salarié, garder ses petits-enfants pour les retraités, etc.) et concurrence associative puisque les
1,3 million d’associations doivent se partager le marché des bénévoles en France.
26
connaître
Les besoins exprimés doivent être reliés aux « fondamentaux » de l’association : projet
associatif, intérêt des bénéficiaires, résultats, stratégie.
Il faut être précis, considérer les besoins dans leur globalité mais aussi savoir les analyser en
détail ( cf. cas de l’AFM : Association Française contre les Myopathies).
Cas d’association
les salariés spécialisés, aident les malades à travers une convivialité contribuant à repousser la
maladie et à faire face à ses évolutions. D’autres responsables bénévoles animent des groupes
de malades concernés par les différentes maladies neuromusculaires. Les délégués et militants
de l’association déclinent localement les campagnes de revendication.
3. Besoin en gestion : un groupe d’experts bénévoles compose le Comité Financier qui propose
au Conseil d’Administration une politique de
d’Administration qui se réunissent très régulièrement en Bureau et font presque tous partie de
diverses commissions dans lesquelles peuvent cohabiter bénévoles élus et non élus et salariés.
Téléthon.
© Dunod - T
27
Bien définir les besoins en bénévoles permet de gagner en qualité, en temps et en énergie. En
effet, un besoin bien identifié, bien délimité, l’identification de tâches précises à réaliser
(éventuellement difficiles), contribue à élever le niveau général du recrutement et à adapter
exacte-ment les dons et les talents à une tâche précise.
Il est préférable de regrouper les besoins issus des différents services et secteurs de l’association
plutôt que de travailler de façon décousue dans une optique du chacun pour soi. Des réunions
régulières peuvent être l’occasion de synthèse sur ce sujet.
S’il est logique de partir des besoins de l’association pour recruter, il faut également prendre en
compte les personnalités variées des bénévoles potentiels, leurs attentes et leurs réserves pour
préparer la communication sur les besoins. Il faut se préparer à répondre aux questions que se
pose n’importe quel bénévole désireux de s’engager : « Quelle association puis-je choisir ? quel
type d’action puis-je faire ? serai-je réellement utile ? suis-je dans la cible de ce que cette
association recherche ? quand a-t-elle besoin de moi ? serai-je lié pour longtemps ? que se
passe-t-il si je ne peux pas venir une ou deux fois ? »
• Informer en interne
Le besoin en bénévoles doit être avant tout communiqué en interne : conseil d’administration,
affichages, journaux internes, réunions,
intranet, etc.
28
des bénévoles déjà en place. Pour augmenter leur impact, les bénévoles peuvent en effet se
montrer des recruteurs (ils sont nombreux à faire du bénévolat en famille) et tisser des liens vers
des réseaux extérieurs. Les nouveaux venus sont souvent plus à même de participer au
recrutement à partir de nouvelles filières que les anciens qui ont parfois épuisé leur potentiel de
relations. Dans un cas de figure idéal, les bénévoles cherchent, trouvent et forment leurs
successeurs, après s’être assuré qu’ils conviennent aux responsables salariés et bénévoles en
place.
Une utilisation du site Internet et des réseaux sociaux de l’association puis des sites qui
rapprochent les bénévoles des associations ( cf. cas ci-dessous) : www.francebenevolat.org,
www.passerellesetcompetences.org ;
Cas d’association
− Identifier des bénévoles ayant les compétences recherchées pour des missions ponctuelles
compatibles avec une activité professionnelle à temps plein.
Source : www.passerellesetcompetences.org
Le développement des relations avec la presse locale, essentielle pour une meilleure
connaissance du tissu associatif et des besoins en bénévoles, est également très important.
Par ailleurs, un travail en concertation avec les mairies ou les collectivités publiques pour être
présent dans leurs publications très lues oute reproduction non autorisée est un délit.
Il ne faut pas négliger les petites annonces sur des supports variés,
© Dunod - T
cas extrêmes, annonces radio et affichage dont le prix peut se négocier avec certains médias.
Il faut aussi aller vers des « niches » inexplorées, des populations non représentées mais qui
peuvent apporter une richesse spécifique. Une association peut avoir l’idée d’interpeller les
responsables d’une entreprise pour y déclencher un recrutement de bénévoles. Dans le meilleur
des cas, l’entreprise acceptera de mettre sur pied un « mécénat de compétences » qui permet aux
salariés de pratiquer leur bénévolat pendant tout ou partie des heures de travail. Parfois, elle
contribuera à encourager leurs salariés à donner de leur temps en dehors des heures de travail.
Finalement, il ne faut pas renoncer à innover : lancer une « journée des bénévoles »,
indépendante ou accrochée à un autre événement créé par l’association, permet de donner une
vue globale des opportunités de bénévolat. C’est le moment d’offrir un premier lien concret par
exemple en proposant des stages de formation à des dates précises (Morgan et Stevens, 2005).
Sur le plan pratique, il faut penser à la façon dont le candidat, séduit par la proposition, va
prendre contact avec l’association. Il faut clairement indiquer un numéro de téléphone à
appeler, une adresse e-mail
où envoyer une lettre de motivation, les horaires et la date d’une réunion d’information, etc.
Une fois les besoins déterminés et affichés, les cibles potentielles aler-tées, un certain nombre de
candidats peuvent se manifester par contact direct. On se trouve devant l’opportunité de
sélectionner les candidats au bénévolat.
n■ L’entretien individuel
questions qui peuvent paraître évidentes mais qui sont parfois omises, alors qu’elles contribuent
à jauger l’implication du candidat pressenti.
Il faut éviter à tout prix d’étouffer le candidat sous les informations et l’apologie continuelle de
l’association, mais tout faire pour qu’il s’exprime sur ce qui l’attire et ce qui l’inquiète.
Il est souvent souhaitable de faire rencontrer le candidat par plusieurs personnes, les unes
préoccupées avant tout de respecter l’esprit du projet associatif, les autres davantage soucieuses
de sa mise en application concrète.
bénévole potentiel. Aux Restos du Cœur, l’entretien de recrutement a toujours lieu devant une
tasse de café et quelques douceurs ( cf. cas ci-dessous).
Cas d’association
1. Les qualités prérequises : accepter l’autre, partager les idées fondatrices des Restos, aimer le
travail d’équipe, vouloir être utile.
− laisser le candidat s’exprimer sur ce qu’il cherche : travailler en équipe, aider, être utile,
utiliser ses aptitudes, son expérience ou son domaine de compétence, etc. ;
4. La finalité de l’entretien : obtenir un engagement sur les points essentiels (par exemple :
présence régulière, validation du type d’action choisie, présence aux formations, présence aux
réunions, adhésion à la charte des Restos).
© Dunod - T
31
La formalisation du recrutement
Une lettre de motivation (ou parfois les réponses à un questionnaire) est souvent demandée au
candidat pressenti, ce qui lui permet de tester son propre degré d’intérêt et d’engagement et
d’approfondir ses motivations. Cet exercice donne des éléments précieux quant au rôle qu’il peut
jouer dans l’association.
Une description de poste, plus fouillée que l’expression des besoins, permet au postulant de
connaître sa mission, les résultats que l’on attend de lui, sa place dans l’organisation
hiérarchique, etc. Il est nécessaire de faire une révision périodique des descriptions de poste et
de mesurer les évolutions.
Le processus très rigoureux mis en place dans le cas ci-dessous exprime des exigences
conformes à l’objet de l’association et à la gravité des situations auxquelles les bénévoles
peuvent être amenés à faire face.
Cas d’association
de soutien psychologique
1re étape : lettre de motivation et de présentation écrite par le candidat (à la suite d’une
annonce de l’association dans une revue du type Télérama).
d’écoute durant l’année, groupe de partage tous les 15 jours, une journée de formation par
trimestre. La durée minimum de l’engagement (2 ans) est précisée dès ce premier entretien.
3e étape : deuxième entretien de recrutement avec une autre personne du bureau. Cet entretien
est centré sur les motivations, l’histoire et le parcours du candidat, les difficultés qu’il pourrait
rencontrer dans l’activité d’écoute.
...
32
... 4e étape : décision du bureau quant à la candidature : 10 % des candidats sont retenus.
5e étape : début de la formation. Elle dure trois mois et comporte douze séances de quatre
heures chacune. Un parrain ou une marraine sont alors les interlocuteurs privilégiés. Le
candidat se contente d’abord d’écouter le bénévole chevronné qui travaille en binôme avec lui,
puis il prend lui-même certains appels qui seront suivis d’un travail de débriefing. La douzième
séance d’écoute a lieu avec le parrain ou la marraine qui fait le point avec le candidat. Pour
soutenir le futur recruté, il est également prévu, peu après, une formation théorique durant un
week-end avec un psychologue et un groupe de partage. Bien entendu cette énumération n’est
pas exhaustive.
Après délibération du bureau, le candidat est intégré ou non à l’association et on lui remet,
symbole de la fin du parcours initiatique, la clé du local d’écoute.
Une charte du bénévolat définissant, dans leur généralité, les droits et les devoirs qui lient les
bénévoles et leur association est vivement conseillée (un modèle est disponible sur le site
www.francebenevolat.org).
rience montre que rigueur du processus et formalisation limitent les dérapages ultérieurs.
Un excellent recrutement, donnant lieu à la possibilité de choisir un candidat, est en soi une
performance puisque dans bien des cas, l’association est trop contente de « prendre ce qui vient
».
Ayant franchi cette étape difficile d’un recrutement sélectif, savoir garder les bénévoles et les
aider à développer leurs compétences tant pour le moral de l’association que pour des raisons
financières, est la oute reproduction non autorisée est un délit.
démoralise les bénévoles, les salariés, voire les bénéficiaires des services
© Dunod - T
solutions pour faire baisser ces coûts et rendre moins difficile leur relève.
« Je pense que mon travail consiste à impliquer les bénévoles aussi efficacement que possible
dans leur soutien à la mission de mon organisation. Si cette dernière se trouve être d’obliger les
compagnies pharmaceutiques à trouver des médicaments à bas prix contre le sida dans les pays
du tiers-monde (…), un tel engagement représente le meilleur
moyen de faire face à des problèmes sociaux et nos bénévoles sont armés pour faire entendre ce
que signifient leurs démarches », déclare Jayne Cravens, de l’organisation United Nations
Volunteers.
Pour disposer de bénévoles performants et fidèles, il importe de mettre en place une véritable
politique globale de gestion des bénévoles qui prend en compte le ressenti des bénévoles, positif
comme négatif. Par exemple, ces derniers peuvent regretter de ne pas assez rencontrer les autres
bénévoles, de ne pas être suffisamment considérés par les anciens ou les réguliers, de ne pas
avoir de retours sur leurs actions ou d’informations sur la stratégie de l’association : « mise à
l’écart », « bouche-trou »,
« pas légitime » sont des exemples de ressentis négatifs. La stratégie d’inclusion des bénévoles
est fondamentale et passe par 6 points clés présentés dans la figure ci-dessous.
Fixer des
Accueillir
Accompagner
Former
Valoriser
Fidéliser
objectifs
34
Comment recruter, intégrer et fidéliser les bénévoles ?
• Accueillir le bénévole
La façon d’accueillir un nouveau bénévole peut le marquer à jamais. Quand ce dernier vient
d’arriver, il a besoin de se sentir vite intégré, de ne pas faire de faux pas et de pouvoir
éventuellement faire marche arrière. L’immersion progressive est donc souvent recommandée.
Pour joindre efficacité et information graduée, certaines associations telles que les Petits Frères
des Pauvres organisent des réunions avec une vingtaine de « prospects bénévoles ». Ainsi ils ne
se sentent pas en situation brutale d’avoir à s’engager ou non, comme cela peut se produire à
l’issue d’un face-à-face.
• Fixer des objectifs ambitieux mais respectant les aspirations des bénévoles
Il faut, dès le recrutement, ou après une période d’intégration, déterminer avec le bénévole les
objectifs qu’il va contribuer à atteindre. En même temps, il faut bien veiller à ce que la
crispation sur ces objectifs ne finisse pas par détruire les relations humaines et affecter la
sensibilité et l’engagement des bénévoles qui ne veulent pas retrouver ce qu’ils ont connu en
entreprise.
Plongé dans un bain associatif, le bénévole a besoin de repères pour s’y sentir à l’aise. Tous les
responsables de l’association doivent s’efforcer de faciliter l’intégration : le rôle de
l’accompagnateur est d’autant plus important et complexe que le bénévole est encore néophyte
et que les plus anciens manifestent de la lassitude.
être un mentor pour guider le bénévole ; un professeur pour développer ses qualités ; un juge
pour évaluer ses progrès ; un coach pour l’encourager. Ce dernier rôle est presque le plus
important car le nouveau bénévole fait des erreurs mais a besoin de garder confiance.
Autrement dit, on ne fait pas que recruter un bénévole. On veille, en particulier dans la phase
initiale, à l’intégrer de mieux en mieux et à prendre en compte aussi bien ses forces que ses
fragilités en développant les liens humains appropriés.
Pour mener à bien ses missions, le bénévole doit suivre des formations adaptées. Celles-ci
agissent aussi sur les motivations. En règle générale, la formation se décompose en deux temps :
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35
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
C’est souvent un élu qui est en charge de la partie consacrée à la politique générale tandis
qu’un salarié explique la mise en application des missions confiées aux bénévoles, le
recrutement et la conduite d’une équipe.
ment interne, avec le risque de se limiter à des séances de motivation, voire d’endoctrinement,
ou de se concentrer sur une technique, telle que l’écoute, même si elle est indispensable à la
maîtrise du projet associatif. Avoir recours à un animateur extérieur contribue à redonner la soif
d’apprendre et d’appliquer ce que l’on a appris.
Enfin, les formations peuvent favoriser le climat relationnel, la cohésion entre les différents
services et diminuer le turn-over. À l’issue de certaines formations et de l’accomplissement
réussi des missions qui lui sont confiées, la personne bénévole présente un potentiel accru,
pouvant même la préparer à des responsabilités au conseil d’administration. Il s’agit de ne pas
la décevoir.
Remercier. On a coutume de dire que le salaire des bénévoles se trouve dans la façon dont on
sait les remercier pour leur apport désintéressé. C’est à nuancer. Si tout le monde a besoin de
compliments et de remerciements, ceux-ci doivent s’inscrire dans un contexte général
favorable à la réussite de la mission du bénévole. Un compliment bâclé et mal adapté fait plus de
tort que de bien et le destinataire n’est pas dupe. Souvent, le meilleur des remerciements, c’est
de présenter aux bénévoles les résultats obtenus grâce, en particulier, à leur engagement.
Il faut trouver le ton naturel qui amène le bénévole à sentir qu’il compte, qu’il est apprécié et
respecté. Certains transfuges d’entreprise en sont absolument incapables, gardent le style qu’ils
avaient avec leurs équipes de commerciaux par exemple, et courent à l’échec. Certaines
associations se permettent avec leurs bénévoles une attitude choquante.
Il est inconcevable de faire attendre des bénévoles une heure dans un couloir alors qu’ils se sont
spécialement déplacés : règles de politesse et d’efficacité vont souvent de pair. « Préparez les
réunions en envoyant à l’avance aux intervenants les points qui seront abordés, démarrez et
terminez à l’heure prévue, répondez rapidement aux messages et aux
e-mails » sont les conseils des routiers du bénévolat qui ont souvent, 36
Donner des titres aux bénévoles est un moyen de reconnaître leur travail en interne et de leur
conférer de la crédibilité en externe. Il convient bien sûr de rester prudent et de faire en sorte
que le titre stimule sans monter à la tête et corresponde à une réalité. Par exemple, le titre de
délégué régional appliqué aux bénévoles ayant la responsabilité d’un territoire illustre la variété
des tâches qui leur sont confiées.
externe ne doit pas se limiter aux seules périodes de recrutement mais tirer parti de toute
opportunité. Par exemple, à l’occasion d’événements entrepris par l’association ou de
récompenses qu’elle a obtenues, on doit rappeler le rôle des bénévoles en utilisant, le cas
échéant, les médias tels que la presse ou la radio.
On peut relever dans nombre de cas un cycle d’efficacité optimum des bénévoles avec un point
culminant par exemple au bout de cinq ans
(cumul de fraîcheur et d’expérience) puis déclin (usure). Offrir à temps des responsabilités au
bénévole l’aide à se régénérer et à éviter que la lassitude ou la perte de confiance ne l’emporte.
Il peut s’agir de rester dans la même équipe et d’en devenir responsable, ou au contraire de
trouver des tâches très différentes, reliées à d’autres responsables. Dans ce cadre, il faut
prendre en considération le fait que le bénévolat peut être tremplin de l’emploi. Les demandeurs
d’emploi peuvent être bénévoles, et ce bénévolat peut favoriser la conquête ou la reconquête
d’un emploi. Ainsi, France Bénévolat milite pour que le dispositif de Validation des acquis de
l’expérience (VAE) soit appliqué de façon claire aux bénévoles via le Passeport Bénévole®
(soutenu par le Haut-Commissariat à la Jeunesse et par la Caisse des dépôts et consignations)
qui retrace et valorise le parcours de chacun1.
1. www.francebenevolat.org/actions-et-programmes/valorisation-de-l-experience-
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benevole/passeport-et-benevoles
37
• Développer la convivialité
À l’occasion d’événements (repas conviviaux, fêtes, réunions de travail, etc.), les liens se tissent,
se renforcent et des rencontres qui brisent le quotidien deviennent possibles.
La convivialité se trouve aussi confortée par le côté transgressif que doit avoir l’association, la
volonté de briser les routines, d’exister à travers des actes forts qui ravivent la flamme et
rassemblent les acteurs. Au moment de l’assemblée générale de la structure par exemple, il est
important de mettre en valeur les bénévoles et de les faire parler dans le cadre d’une création
d’événement, document audiovisuel à l’appui. On change alors un passage obligé rébarbatif en
un programme qui stimule l’engagement.
Comment gérer la coexistence de salariés et de bénévoles ? Dans une large majorité de cas, les
associations ne travaillent qu’avec des bénévoles (cela concerne environ 1,3 million
d’associations sur les 1,5 recensées par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation
populaire en 2017).
Elles n’embauchent pas de salariés soit pour des raisons budgétaires, soit par principe.
Cependant, avec le développement de l’association, les besoins en secrétariat, en coordination
ou en gestion des plannings se révèlent récurrents et lourds à gérer. Dès lors, la question du
recrutement d’un salarié se pose (cela concerne environ 159 000 structures). Lorsque la
décision est prise, la logique de développement est à l’œuvre : le permanent doit s’entourer de
collègues et les salariés constituent un groupe important à prendre en considération. Les
associations doivent alors être en mesure de gérer la coexistence de salariés et de bénévoles. En
règle générale, une hiérarchie entre salariés côtoie une hiérarchie entre bénévoles, mais il
n’existe pas de contrainte de subordinations entre ces deux 38
profils. Les structures hiérarchiques des bénévoles sont importantes à mettre en œuvre pour
permettre un meilleur fonctionnement et une
optimisation de l’organisation des réseaux.
Les conflits potentiels. Tout ne se passe pas toujours bien entre les salariés d’associations qui
peuvent avoir des préjugés et des rancœurs face à ces bénévoles qui « en savent moins qu’eux »,
ne subissent pas la pression des salaires ni de la carrière, et constituent une communauté à part
au sein de l’organisation (Duboscq, 2018). La crainte de perdre son salaire à cause des
bénévoles est, en outre, très souvent latente chez les salariés des associations. De leur côté, les
bénévoles peuvent être prompts à critiquer les salariés. Beaucoup d’entre eux pensent que les
salariés ne font pas un travail plus difficile que le leur mais qu’ils se limitent aux heures légales
et sont rémunérés, eux, pour leur action. Ils ne supportent pas tout ce qui peut leur apparaître
comme un manque
de respect de la part des salariés. En règle générale, la compétence des bénévoles fait taire les
appréhensions ( cf. le témoignage ci-dessous).
Puis il a dû laisser sa place, atteignant les soixante-dix ans. On a fêté son départ avec beaucoup
d’émotion et un peu de champagne.
Son cadeau d’adieu était une mallette contenant un petit bijou : un superbe ordinateur avec
toutes les capacités possibles « pour continuer de nous aider à analyser les données scientifiques
» a déclaré le président de l’association de l’époque.
De fait, tout au long des douze années qui lui restaient à vivre, Robert s’est constitué une solide
base de données ouverte à tous et s’est livré à des échanges quotidiens par mail avec les
chercheurs du monde entier.
Quand il le jugeait nécessaire, il assistait à des réunions à l’AFM et y apportait des informations
fiables. Il tenait le rôle d’un « vieux sage »
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39
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Bien qu’il n’existe pas de contrat de subordination, les éventuels salariés se doivent de « gérer »
les bénévoles. Cette gestion, qui consiste à les former, les encourager, les coordonner, ne peut
absorber trop de ressources salariées et ne doit pas se transformer en relation de dépendance
hiérarchique. Parfois un bénévole est plus apte à coordonner d’autres bénévoles qui peuvent se
sentir plus proches de lui que des salariés. L’objectif est de réussir une coopération dans les
relations salariés-bénévoles même si, dans les faits, les conflits entre bénévoles, et plus encore
entre bénévoles et salariés, ne sont pas rares et peuvent décimer une équipe, voire une
association.
Les règles pour gérer les conflits. La première règle est de faire de la prévention, d’être attentif
aux signes de détérioration de l’ambiance et d’intervenir aussi tôt que possible. Mais ce n’est
pas toujours possible. En revanche, quelques principes de base sont souvent applicables. Il
s’agit de :
• confronter les antagonistes, les laisser s’exprimer, stopper le non-dit. Rappeler à cette
occasion les bases de l’engagement associatif.
• « profiter » du conflit pour aménager des fonctions, opérer en concertation des mutations et
mieux exploiter certaines compétences ;
Si ces mesures ne sont pas suffisantes et si on n’en voit pas d’autres qui émergent à l’occasion
de ces remises en question, le plus sage est alors de demander au bénévole ou au salarié de
renoncer à ses fonctions.
Les conflits les plus sévères et dont la portée est la plus importante se situent souvent « en haut
de l’échelle », par exemple entre président du conseil d’administration et directeur général. Une
crise peut alors gagner l’association tout entière. C’est pourquoi il faut attacher une importance
toute particulière aux bénévoles élus que sont les administrateurs de l’association et leur
président.
Le rôle des administrateurs est déterminant. En règle générale, le conseil d’administration d’une
association élit le président, a la charge de l’élaboration des stratégies, en contrôle l’application
et représente
40
Comment recruter, intégrer et fidéliser les bénévoles ?
Ce conseil n’est pas remplaçable par un groupe de dirigeants salariés. Il est parfois l’unique
sauvegarde de la place du bénévolat, la « poche de résistance bénévole » garante des valeurs de
l’association. Les administrateurs ont plus de légitimité que les salariés et les bénévoles de
terrain à représenter l’association. On assiste depuis quelques années à une véritable crise de
recrutement des administrateurs du fait, en particulier, de la peur des responsabilités, de la
crainte de se faire prendre dans l’engrenage de l’association, de la volonté des responsables en
place de garder le pouvoir, ou des doutes des administrateurs pressentis quant à leurs
compétences.
Au lieu de bâcler les recrutements la veille d’une assemblée générale qui verra le
renouvellement d’un certain nombre d’administrateurs, il faut prendre le temps d’utiliser les
méthodes les plus fiables.
Il ne faut pas hésiter à utiliser un réseau de proximité : les gens apprécient en général de se
retrouver avec leurs semblables. Mais la richesse associative est aussi faite de différences en âge
et en talents, faute de quoi certains conseils sont abandonnés à un groupe de retraités issus de la
même zone géographique ou, par excès inverse, sont pris d’assaut par des néophytes dépourvus
des repères historiques de l’association.
Les candidats doivent refléter la variété des tâches et des expériences : connaissance des
bénéficiaires et du terrain, maîtrise de la communication ou des analyses financières, réseau
relationnel, etc. Il faut également réfléchir à certaines catégories de personnes qui pourraient
beaucoup apporter si elles étaient invitées. Par exemple, si les femmes sont assez
majoritairement représentées aux postes salariés dans les associations, elles demeurent
minoritaires dans les conseils d’administration
(Duboscq, 2019). De la même façon, si ce sont les jeunes qui tirent la progression de
l’engagement associatif ces dernières années en France, c’est
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41
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Tous ces impératifs doivent conduire à choisir avec soin les responsables du recrutement des
administrateurs. Un comité de recrutement est souvent prévu pour la bonne gouvernance des
entreprises mais,
Il est pourtant prudent de prévoir un processus de recrutement partagé entre plusieurs membres
du conseil d’administration.
administrateur. « L’auditeur libre » n’a pas de droit de vote pendant cette période mais, une fois
nommé administrateur, il aura moins de difficultés à appréhender ses missions. Cette phase lui
permet aussi de mieux estimer s’il se sent en mesure d’assumer le rôle d’administrateur.
En effet, bon nombre d’erreurs conduisent à de mauvais recrutements qui peuvent menacer à
terme la survie de l’association.
des administrateurs
• Ne pas exposer les responsabilités, les droits et les devoirs des administrateurs ou les
présenter de façon très édulcorée aux candidats pressentis.
Le cas est fréquent, par peur d’effrayer ou par inconscience, alors qu’à terme, rien ne vaut la
franchise.
• Recruter sur un mode affectif, à l’intuition, pour faire plaisir et au dernier moment, selon un
processus à l’opposé de la méthodologie rigoureuse nécessaire.
• Se laisser dominer par les facteurs de personnalité : certains risques sont bien réels
(séduction, aversion, influence réciproque, jeux de pouvoir ou recommandations « appuyées »).
des contacts sociaux qui peuvent être de qualité. Dans de trop nombreux cas, le conseil
d’administration est fantomatique : les administrateurs n’apportent rien et ne reçoivent rien en
échange et les salariés sont presque contraints de prendre le pouvoir.
Les « premiers pas » sont souvent déterminants. Il faut très rapidement aider les nouveaux
administrateurs à se débarrasser du sentiment qu’ils n’arriveront jamais à être aussi
opérationnels que leurs prédécesseurs.
Il leur est conseillé d’intégrer des commissions mixtes regroupant administrateurs et salariés sur
certains sujets sensibles. Il y a un devoir de pédagogie réciproque entre administrateurs et
salariés et, en commission ou hors commission, des équipes mixtes sont souvent sources d’un
travail fructueux.
• Former
teurs, en tant qu’auditeurs et des administrateurs plus mûrs qui contri-bueront à rappeler, quelle
que soit la difficulté technique du sujet abordé, ce qui relie ce sujet aux « fondamentaux » de
l’association : la mission, les bénéficiaires, le plan stratégique. Les administrateurs doivent être
en mesure de prendre en compte les principales composantes du management associatif, depuis
la stratégie jusqu’au développement des ressources (levées de fonds, subventions, partenariats,
etc.), en passant par les diverses techniques de communication.
travail de fond. Certains administrateurs peuvent aussi être tentés par des initiatives découlant
éventuellement de la mission de l’association, mais pouvant la mettre en danger si les moyens ne
suivent pas.
rappeler les règles du jeu en matière de responsabilités. Il lui faut donc éviter de faire se
prononcer le conseil d’administration sur trop de
© Dunod - T
thèmes hétéroclites avec le risque de dérapage sur des sujets hors
43
quelques jours avec les administrateurs, afin de faire le point sur l’évolution en interne, sur les
changements dans l’environnement et d’évaluer les résultats obtenus. Cela peut être l’occasion
de faire un bilan des forces et des faiblesses de la structure ainsi que des opportunités et des
menaces de son environnement pour réfléchir aux stratégies futures. La mission de l’association
peut être revisitée à ce moment en fonction des nouvelles tendances identifiées. Ce genre de
rencontre, où le long terme est privilégié, est en même temps un moyen de créer du lien en
interne et de faire baisser certaines tensions. Un intervenant extérieur – modérateur ou
animateur – peut contribuer à améliorer le climat habituel du conseil d’administration en
accompagnant les participants dans leur réflexion.
Quelquefois, un appel aux anciens peut également être judicieux. Selon les cas de figure, un ou
plusieurs salariés peuvent être invités.
travaillé dans une entreprise obsédée par son profit au détriment de toute gestion humaine, est
aussi regrettable que maladroit.
Il est alors important de réfléchir aux types de relation à entretenir avec les anciens
responsables : si certains d’entre eux souhaitent ou disent souhaiter couper les ponts, d’autres
ne le veulent pas ou ne savent 44
pas se résoudre à abandonner toutes leurs responsabilités. Il est, de fait, difficile de quitter un
conseil d’administration dans lequel on a investi du temps, de l’énergie, des convictions, sa
propre personne. Ce départ, s’il est mal géré, est ressenti comme une perte de statut social. Il
faut insister sur le soin à apporter pour que ce départ se fasse dans la dignité et, si possible, à
l’occasion d’un événement permettant de rappeler ce que l’on doit à la personne qui part (c’est
bien entendu vrai également pour les bénévoles de terrain et les salariés). Certaines associations
prévoient pour les anciens administrateurs un statut sur mesure en créant par exemple un genre
de conseil des sages ayant un rôle consultatif.
Des titres peuvent être proposés : « président d’honneur » ou, pour les Lions clubs, « past
governors ». Les « anciens » peuvent être cités dans l’historique de l’association (documents,
site web, etc.), et on peut leur confier des missions spéciales.
L’essentiel
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45
Chapitre 2
Comment se faire
connaître et gérer
son image ?
Executive summary
associations qui jouissent d’une forte notoriété sur un plan local, national ou international ?
Comment ont-elles réussi à se doter
image.
46
Chapitre 2
Comment se faire
connaître et gérer
son image ?
Executive summary
associations qui jouissent d’une forte notoriété sur un plan local, national ou international ?
Comment ont-elles réussi à se doter
image.
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47
L’encadré suivant présente les différents objectifs et outils de communication mobilisés par des
associations de tailles variées qui œuvrent dans le domaine sportif, de la santé et des loisirs.
Cas d’associations
Poker Club
La Jeune France Cholet est une association dont la mission est la formation, l’éducation, le
développement, l’épanouissement des jeunes et des adultes, notamment par la pratique des
sports et des loisirs. Elle existe depuis 1903, compte aujourd’hui 3 600 adhérents dans la région
de Cholet, 200
− des affiches ;
(www.jfcholet.com) ;
− une newsletter ;
Elle soigne également ses relations avec les journalistes locaux, ce qui se concrétise par des
article(s) fréquents dans des journaux tels que Ouest-France ou Le Courrier de l’Ouest. De plus,
des rencontres régulières sont organisées avec les institutionnels et les politiques de la région
pour rappeler l’existence de l’association, sa mission éducative et obtenir leur soutien sur un
certain nombre de projets.
addictologie) est une association reconnue d’utilité publique et agréée d’éducation populaire
dont le but est d’améliorer la santé en agissant sur
...
48
... les addictions et leurs conséquences. Cela passe par l’accompagnement des personnes en
difficulté avec des conduites addictives, la mise en œuvre d’actions de prévention et de
formation, et la promotion d’une politique ambitieuse sur les conduites addictives. L’association
compte plus de 1 500
personnes au sein de ses établissements de proximité situés dans toute la France. Au siège de
l’association, un pôle dédié définit et met en œuvre la stratégie de communication, soutient,
conseille et accompagne les acteurs de l’ANPAA au niveau régional et local. Plusieurs outils et
médias sont mobilisés pour toucher différentes cibles et remplir ses objectifs :
− un site Internet sur lequel on retrouve la carte des établissements sur le territoire, l’actualité
de l’association, les communiqués de presse, les publications (www.anpaa.asso.fr) ;
− des relations presse : communiqués de presse envoyés aux élus et journalistes pour partager
les positions de l’association sur des sujets d’actualité ; gestion des relations presse au niveau
national, régional et local pour valoriser les activités de l’association (identification des porte-
parole, briefing, interview, plateaux TV, etc.) ;
− des réseaux sociaux ayant chacun un usage déterminé : un compte Twitter pour réagir à
l’actualité, porter des positions de plaidoyer et faire du lien avec les partenaires, homologues et
journalistes ; une page Facebook pour valoriser les actions de prévention, d’accompagnement et
de soins menées sur le terrain ; une page LinkedIn pour partager des actualités sur les conduites
addictives en milieu professionnel et publier les offres d’emploi, etc.
− des supports papier : une plaquette générique pour présenter l’association, ses missions et
son organisation (déclinée en version régionale) ; des plaquettes spécifiques (cibles
actifs/jeunes) pour informer sur les risques et dommages liés à la consommation de produits
(alcool, tabac, cannabis) ; des dossiers «Décryptages» de vulgarisation sur des problématiques
liées aux conduites addictives et aux stratégies de lobbying des industriels ; une collection de
guides et fiches Repères à destination des professionnels de santé ; un rapport d’activité annuel ;
− des campagnes de communication : depuis quatre ans, des ambassadeurs ANPAA déploient
la campagne Moi(s) Sans Tabac pilotée par Santé publique France sur l’ensemble du territoire.
Pour ce faire, ils déclinent les outils de communication de cette campagne de marketing social
Interview de Cécile Joyeux, chargée de mission de communication à l’ANPAA Laval Poker Club
est une association Loi 1901 dont les buts sont de faire oute reproduction non autorisée est un
délit.
découvrir et de promouvoir le poker HOLDEM et HORSE, de mettre en avant les valeurs de
compétition et de convivialité de ce jeu, d’initier et de former
© Dunod - T
...
49
...
Dans les lignes qui suivent, nous allons montrer comment, dans un
Environ 50 adhérents viennent jouer toute l’année, tous les mercredis et lors d’évènements
organisés, et 10 personnes font partie du conseil d’administration.
Les objectifs des outils de communication déployés par Laval Poker Club, grâce à la bonne
volonté des bénévoles et avec un budget faible (environ communiquer ?
600 euros par an), sont d’augmenter la notoriété de l’association (pour Concevoir une
communication efficace ne s’improvise pas et suppose de attirer de nouveaux adhérents) et de
faire parler de l’événement phare qu’elle organise tous les ans : un tournoi de poker. Par
exemple, en 2019, se poser un certain nombre de questions. Il est ainsi recommandé de le
tournoi « La joute : all in piques game » a eu lieu les 16 et 17 mars à Laval.
mener une réflexion en termes d’objectifs et de cibles à atteindre (jeunes, Les principaux outils
de communication utilisés pour atteindre ces objectifs grand public, entreprises, homosexuels,
etc.). Ces éléments constituent ce sont les suivants :
amont sur ces différents points est nécessaire car cela augmente l’efficacité
vaillent sur la campagne de communication (salariés, bénévoles, agences des affiches (pour
promouvoir le tournoi annuel) ;
− la participation à des forums des associations (pour attirer des adhérents) ; de publicité) de
partir d’éléments précis, ce qui est rassurant et motivant.
− les relations presse (articles dans Ouest-France par exemple, relayés sur le site Internet de
l’association) ;
La communication peut être utilisée par les associations pour atteindre de multiples objectifs :
• améliorer la notoriété de l’association pour augmenter le nombre sion, ont pourtant des
points communs sur le plan de leur communica-d’adhérents, collecter des fonds auprès des
particuliers et des entre-tion. En effet, elles doivent toutes se faire connaître et apprécier auprès
prises, améliorer la notoriété de son activité (festivals, activités phy-d’un public varié :
• le grand public pour attirer des adhérents, des membres, des béné-activités proposées par une
associative sportive ou culturelle, méfaits voles et/ou des donateurs ;
• les journalistes pour obtenir des articles et reportages dans les médias ;
• les politiques et les élus pour faire évoluer les lois, obtenir des sub-
(humaine, proche des gens), redresser l’image d’une association qui ventions ou des lieux pour
exercer l’activité de l’association ;
lité, partage, plaisir), rajeunir l’image d’une activité (bridge), etc. ; tions, un outil indispensable
et essentiel pour mener à bien et dévelop-
• inciter les individus à agir dans le sens souhaité par l’association : per leurs différentes
missions. Ce point de vue est partagé par de
mobiliser de nouveaux bénévoles, adhérents et donateurs, faire signer nombreuses ONG, d’où
l’intérêt de ce chapitre.
50
Dans les lignes qui suivent, nous allons montrer comment, dans un
contexte parfois difficile (budget limité, concurrence vive entre associations, manque de
connaissance des outils publicitaires), il est malgré tout possible de se faire entendre et
apprécier par ses publics cibles.
communiquer ?
La communication peut être utilisée par les associations pour atteindre de multiples objectifs :
• diffuser des informations : programme d’un festival de musique, activités proposées par une
associative sportive ou culturelle, méfaits d’un comportement (campagne de prévention), etc. ;
• faire aimer une association, lui donner une image positive (humaine, proche des gens),
redresser l’image d’une association qui a subi une crise (argent des donateurs mal utilisé,
détournement de fonds par un salarié), améliorer l’image des personnes handicapées,
séropositives, donner une identité positive à un festival (convivialité, partage, plaisir), rajeunir
l’image d’une activité (bridge), etc. ; oute reproduction non autorisée est un délit.
• inciter les individus à agir dans le sens souhaité par l’association : mobiliser de nouveaux
bénévoles, adhérents et donateurs, faire signer
© Dunod - T
51
conduire moins vite, faire plus de sport, donner plus de sang, etc.), à participer à un événement
(pièce de théâtre, festival de musique…), etc.
Pour évaluer ultérieurement l’efficacité d’une publicité, il est utile de détailler et de préciser ses
objectifs ( cf. fiche pratique).
FICHE PRATIQUE
FIxER DES OBJECTIFS SMART
( acceptable) pour l’équipe en charge de leur mise en place (motivant, adhésion) ; Réalistes (
realistic) et réalisables avec les moyens dont on dispose ; Temporellement définis ( time-bound) :
à atteindre en 3 mois, 1 an, etc.
• attirer 900 participants au lieu des 800 habituels sur un événement annuel ;
en 2020 ;
Fixer avec précision les objectifs à atteindre est d’autant plus utile que cela aide l’association à
fixer les moyens financiers et humains à mettre en œuvre pour les atteindre.
Il s’agit ici de déterminer l’ensemble des personnes visées par les objectifs à atteindre par la
publicité (la cible).
52
Les cibles prioritaire et secondaire se composent des individus à qui on demande une adhésion
ou une inscription dans l’association, une modification de comportement, vers qui on
communique pour augmenter la
notoriété d’une association, pour changer son image, etc. Il est conseillé de choisir une cible
prioritaire (on parle de cœur de cible), c’est-à-dire un sous-ensemble d’individus à toucher en
priorité, et une cible secondaire.
Dans le domaine de la santé publique, le cœur de cible est généralement constitué d’une
population particulièrement à risque par rapport au problème. Par exemple, la Prévention
Routière accorde une attention particulière aux jeunes car ce sont les plus touchés par les
accidents de la route et la conduite en état d’ébriété.
Le critère qui est souvent retenu pour choisir une cible secondaire est le potentiel de certaines
catégories d’individus. Ainsi, afin de conserver dans le futur les donateurs et adhérents et de
faire évoluer les mentalités de la société, certaines associations mènent des actions de
communication spécifiques auprès des jeunes.
les gestes simples et astuces pour protéger l’environnement et la possibilité de participer à des
visioconférences.
prendre en compte les cibles d’influence : entourage familial, relais et leaders d’opinion.
Étant donné que les enfants ont de plus en plus d’influence sur leurs oute reproduction non
autorisée est un délit.
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53
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Toujours dans les cibles d’influence, les leaders et relais d’opinions tels que les journalistes
(voir plus loin les relations presse), les célébrités de la chanson, du cinéma, du sport sont parfois
interpellés par des associations qui espèrent de cette manière porter leur message dans les
médias. Ces leaders d’opinion sont des référents et des modèles qui touchent le grand public.
d’un logo
reconnaissance.
localisation géographique.
leurs, symbole (élément graphique) et typographie. Ils doivent être choisis avec soin pour aller
dans le sens de ce que l’association souhaite faire passer comme message (voir Focus suivant).
54
Les couleurs et les formes du logo véhiculent des messages qui peuvent avoir un impact sur
l’image de l’association.
En effet, les couleurs sont associées dans notre culture à différentes évoca-tions, tantôt
négatives, tantôt positives :
• vert : nature, fertilité, jeunesse, vie, prospérité, sécurité, espoir/déclin, envie, désagrégation,
folie ;
• rouge : joie, passion, force, optimisme, chaleur/mort, guerre, danger, feu, agressivité ;
lâcheté, traîtrise.
Au-delà de l’image et de la personnalité générées par le logo, ce dernier est également utile
pour la cohérence et l’homogénéité de l’ensemble des supports de communication utilisés par
l’association. On constate parfois que les brochures n’ont rien en commun avec les
sur tous les supports (site Internet, réseaux sociaux, prospectus, newsletter, cartes de visite,
cartes de vœux, rapport d’activité, etc.) pour assurer l’homogénéité des outils de
communication.
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55
Cas d’association
Changer un logo
L’ancien était jugé par les membres du conseil d’administration et les salariés obsolète, effacé et
vieillot.
l’époque Euro RSCG 360), a été élaboré selon une démarche rigoureuse.
− Insight de l’association : ce à quoi elle répond, pourquoi elle existe (1 phrase) ; variés. Les
associations peuvent diffuser des prospectus pour recruter
des adhérents et des bénévoles, pour présenter les legs et les donations,
pour informer sur l’association et sur la cause qu’elle porte, pour dénon-
− Discriminants : ce que l’association est la seule à faire (et elle le revenCes dépliants sont
généralement déposés sur les stands des salons,
dique) ;
bureau et les salariés ont été consultés et le logo qui était le plus apprécié Le tableau 2.2 met en
évidence les principales rubriques à renseigner en majorité a été retenu.
...
56
Comment se faire connaître et gérer son image ?
... Le bleu a été conservé pour assurer, auprès des cibles de la structure, la reconnaissance de
l’association.
Document concis, le dépliant d’informations a des objectifs et des cibles variés. Les associations
peuvent diffuser des prospectus pour recruter des adhérents et des bénévoles, pour présenter les
legs et les donations, pour informer sur l’association et sur la cause qu’elle porte, pour
dénoncer certaines pratiques particulières qu’elle dénonce (combat contre la corrida,
maltraitance des animaux, etc.).
Ces dépliants sont généralement déposés sur les stands des salons,
envoyés aux entreprises partenaires, déposés dans des magasins, ajoutés aux courriers de
prospection et/ou intégrés en format numérique sur le site Internet de l’association.
Quel contenu ?
n■
57
Tableau 2.2 – Les différentes rubriques d’une brochure associative Mission et valeurs de
l’association
n■ Quelle forme ?
La brochure d’informations doit être conçue selon le mode de lecture des individus :
• l’œil se déplace de gauche à droite et a tendance à délaisser la partie inférieure gauche qui
est moins lue. Les pages de droite attirent plus l’attention que les pages de gauche. Les première
et dernière pages d’une brochure sont les plus lues. En conséquence, les informations
essentielles doivent se trouver là : missions, réussites, moyens de l’association, etc. ;
• la lecture d’un prospectus se faisant rapidement, l’essentiel doit sauter aux yeux. Sur la
première page, on devra comprendre rapidement
l’objet du dépliant et la mission de l’association. On utilisera des titres et des sous-titres en gras,
des couleurs, des phrases d’accroche, des majuscules. On évitera de changer plusieurs fois de
polices de
caractères pour éviter une impression de fouillis. Les phrases seront courtes, directes, le
discours simple et non technique ;
• enfin, une brochure doit donner envie d’être lue, il est donc préférable d’éviter les pavés de
textes écrits trop petits. Au contraire, on peut alterner les formats : visuels, témoignages,
photographies, informations, tableaux, encadrés questions/réponses, interviews.
Il est utile de tester l’efficacité d’un dépliant avant de le diffuser largement (vérifier qu’il est
compris, agréable à regarder).
58
Comment se faire connaître et gérer son image ?
Le format le plus utilisé est un format A4 plié en trois. Il faut compter environ 40 centimes
d’euro pour un prospectus de ce type (création
graphique et impression), coût qui peut baisser avec un tirage important. Pour attirer
l’attention, un format plus petit ou plus grand est pertinent. Lorsque l’information est
particulièrement détaillée, on choisira une plaquette de plusieurs pages, qui sera plus onéreuse
(environ 3 euros pour la création graphique et l’impression d’une brochure de 8 pages en
couleur sur du papier de qualité). Le papier choisi doit, si possible, être d’une qualité correcte et
agréable à toucher sans faire trop luxueux car cela peut donner l’impression que l’argent a été
dépensé inutilement.
et newsletters
Les images sont plus efficaces que les mots pour montrer, prouver et susciter des émotions. C’est
pourquoi certaines associations utilisent des vidéos sur leurs sites ou leurs réseaux sociaux pour
présenter leurs missions. Les caméras numériques vendues dans le commerce sont
Pour rester en contact, informer et fidéliser les bénévoles, salariés, adhérents de l’association,
partenaires et tout autre public, de nombreuses associations diffusent également en format
numérique et/ou
papier une revue, un magazine ou un journal. Le contenu est souvent articulé autour des points
suivants : éditorial du président, sommaire, courrier des lecteurs, actualités, vie de l’association,
témoignages, dossiers sur des thèmes précis, etc. Ces rubriques s’agrémentent de photos,
d’illustrations, de tableaux et d’encadrés pour une lecture plus agréable.
Si l’association n’a pas de moyens financiers pour payer les frais d’impression, le magazine peut
être uniquement diffusé sur Internet ou
© Dunod - T
59
Pour se faire connaître et véhiculer une image, certaines associations diffusent des publicités
dans les médias2. Comme nous le verrons dans les lignes qui suivent, même les associations qui
disposent de budgets très faibles peuvent accéder à ce dispositif.
Les médias dits « de masse » sont au nombre de six : radio, télévision, presse, affichage, cinéma
et l’Internet. Le tableau 2.3 recense les supports pertinents pour des associations qui
communiquent sur le plan national ou international et dont l’objectif est d’améliorer leur
notoriété, leur image et de se démarquer des associations concurrentes.
Communiquer dans les médias nationaux est possible si l’association délivre des messages
publicitaires de qualité et qui se remarquent. En effet, les différents supports décrits sont très
encombrés et, sans une création originale conçue de préférence par une agence de publicité, la
communication de l’association risque d’être noyée parmi les autres messages commerciaux.
60
Pour les associations de taille plus modeste qui souhaitent communiquer dans une ville ou dans
une région, les médias et supports pertinents sont décrits dans le tableau 2.4.
Tableau 2.3 – Les médias et supports des associations nationales médias
supports
remarques
• Magazines ( TV magazine, Géo, • Magazines : bonne image, L’Express, Notre Temps, etc.)
possibilité de ciblage de
etc.)
Presse
Métro, etc.)
à l’international ( Géo,
Cosmopolitan, etc.)
un comportement (participer à
• Stations musicales nationales
Radio
Mouv’, etc.)
de fonds, etc.)
• Rapidité et simplicité de la
création du message
(le « 4 par 3 »)
Affichage
zones rurales)
Télévision
satellite ou en numérique
exceptionnelle (mémorisation,
image)
Cinéma
spots de qualité
socioprofessionnelles
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61
... médias
supports
remarques
améliorer le référencement de
l’association
Internet
masse
médias
supports
remarques
• Presse quotidienne ou
hebdomadaire régionale
La Montagne, Le Télégramme, La
Presse
et plus
publicitaire
et Sports en Charente-Maritime,
Radio, etc.)
susciter un comportement
Radio
(inciter à participer à un
RTL 2, etc.)
...
62
Comment se faire connaître et gérer son image ?
... médias
supports
remarques
gratuits
dispositif réglementé1
Affichage
conception)
Télévision
cifiques ( specific) ; Measurables ( measurable) : qui pourront être évalués régionaux de France
3, etc.)
image)
Format identique au national mais publicités insérées sur des sites ( acceptable) pour l’équipe
en charge de leur mise en place (motivant,
Internet
adhésion) ; Réalistes ( realistic) et réalisables avec les moyens dont on dispose ; Temporellement
définis ( time-bound) : à atteindre en 3 mois, 1 an, etc.
• faire venir 30 adhérents supplémentaires sur les 6 premiers mois RÉALISER SOI-MÊME
UNE AFFICHE PUBLICITAIRE
de 2020 ;
• attirer 900 participants au lieu des 800 habituels sur un événement Une affiche doit attirer
rapidement l’attention car les gens passent vite annuel ;
• augmenter les ventes de préservatifs de 10 % en 1 an sur les jeunes : car l’œil a naturellement
tendance à se focaliser d’abord sur les images.
Il doit être évocateur du message à faire passer. Après le choix du visuel, en 2020 ;
les éléments verbaux sont intégrés (le moins possible, car les textes sont
peu lus). Ils sont clairs, informatifs si besoin, attirants (accroche, slogan) et visibles. Enfin, il ne
faut pas oublier le nom, le logo, le site web, les réseaux sociaux, l’adresse et le téléphone de
l’association.
En sus de ces médias classiques, il existe une multitude de supports pour diffuser un message
publicitaire :
• les salons destinés à promouvoir les associations d’une ville (ils sont souvent organisés à la
rentrée scolaire, au moment des inscriptions annuelles) ;
• les « goodies » : cadeaux (casquettes, stylos, T-shirts, etc.) à l’effigie du logo de l’association
;
• etc.
© Dunod - T
63
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Les associations qui font appel à la générosité du public sont parmi celles qui communiquent le
plus dans les médias de masse car il est nécessaire pour elles de se faire connaître auprès des
particuliers pour récolter des fonds. Comment font-elles, étant donné les tarifs prohibitifs de
l’espace publicitaire ?
« 20 minutes Bordeaux Aquitaine » coûte 3 500 euros, la diffusion d’un spot pendant 30
secondes sur RTL à 7 heures du matin coûte 16 000 euros et entre 60 000 et 120 000 euros sur
TF1 (tarifs bruts).
La plupart des régies qui vendent de l’espace publicitaire proposent aux associations la
possibilité de communiquer à des tarifs réduits, moins 40-50 % par rapport aux tarifs bruts,
parfois plus.
FICHE PRATIQUE
RÉDUIT OU GRATUITEMENT
Certains supports offrent aux associations la possibilité de diffuser gratuitement ou à coût très
réduit leurs publicités. Cette générosité s’explique entre autres par la bonne image que les
médias souhaitent se donner.
De plus, les supports audiovisuels sont obligés d’offrir annuellement de l’espace publicitaire
pour une Grande cause nationale désignée par le Premier Ministre (parution au Journal
Officiel)1.
L’obtention d’espaces publicitaires gracieux se fait auprès des régies des différents médias et
supports souhaités. En ce qui concerne la télévision, le Syndicat National de la Publicité
Télévisée (SNPTV) propose aux associations d’intérêt général qui recherchent de l’espace
gratuit d’envoyer un dossier avec le spot réalisé, la période de diffusion souhaitée, l’avis
favorable de diffusion du spot de la part de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la
Publicité (ARPP), etc.2 La demande est envoyée aux différentes régies télévisées qui choisissent
ou non de diffuser le spot publicitaire.
Tout d’abord, l’espace publicitaire gratuit est essentiellement accessible aux associations
humanitaires, sociales et de santé. Ensuite, la recherche d’espaces gracieux prend du temps sans
garantie de résultats. Enfin, l’association n’a aucune maîtrise des jours de diffusion, des
horaires ou du nombre de passages de la publicité. En particulier, les heures où l’audience est
forte sont rarement obtenues.
1. En 2019, le Premier Ministre Édouard Philippe a choisi d’attribuer ce label « Grande cause
Nationale » au collectif « Prévenir & Protéger », réunion d’associations qui œuvrent à la
défense des droits des femmes et des enfants.
gracieux/
64
de diffusion de la campagne
Les médias et supports retenus pour diffuser une publicité sont choisis en fonction :
• De l’affinité : capacité à transmettre la publicité auprès de la cible visée.
Insérer une publicité sur une radio musicale rock techno est pertinent pour toucher des jeunes,
alors que France Bleu est plus appropriée pour une cible de seniors.
• Du coût pour toucher mille individus de la cible visée (CPM). Il doit être le plus faible
possible.
• De la répétition possible du message. Si la cible visée est exposée une seule fois au message,
cela suffit pour passer de l’ignorance à la connaissance, mais pas pour générer des préférences
ou inciter des
comportements.
• De la qualité des supports : possibilité de montrer, d’utiliser des couleurs, d’insérer des
informations détaillées, image et crédibilité du support ( Le Monde a une meilleure image que
des journaux gratuits).
Les régies et agences médias qui vendent l’espace publicitaire fournissent toutes ces
informations. Cependant, comme les associations
s’orientent souvent vers des supports gratuits pour des raisons budgétaires, il est rarement
possible de sélectionner les supports idéaux répondant à ces critères.
c’est-à-dire qu’elles combinent plusieurs supports : des canaux de communication dits de masse
(à large diffusion), d’autres plus ciblés, et des relations publiques.
France, dont l’objectif était d’augmenter la connaissance des risques liés à l’alcool et des
niveaux de consommation recommandés auprès du grand public et des professionnels de santé, a
combiné plusieurs médias. Pour le
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la publicité digitale programmatique, le référencement sur les moteurs de recherche, etc. Pour
les professionnels de santé, des affiches à installer dans leur salle d’attente ainsi qu’une
publicité digitale et dans la presse professionnelle étaient proposées. La campagne a par ailleurs
été relayée vers les journalistes par le biais d’un communiqué.
– Si le thème du message est la collecte de fonds, la période des fêtes de fin d’année est propice
aux gestes de générosité.
– Les journées mondiales, ou toute autre actualité particulière, optimisent l’impact des
campagnes publicitaires qui attirent alors l’attention des journalistes.
– La rentrée solaire pour les associations culturelles et de loisir (période des inscriptions).
L’association Les Vieilles Charrues (Carhaix, Bretagne) soigne particulièrement les relations
qu’elle entretient avec les journalistes, car au-delà de la qualité de la programmation du célèbre
festival de musique, le nombre de participants dépend des articles obtenus et de leur contenu.
À l’instar de cette association, il est nécessaire de soigner ses relations avec les médias car cela
constitue une forme de communication « gratuite ». En conséquence, il est primordial de
consacrer du temps aux relations presse, c’est-à-dire les relations que l’association entretient
avec les journalistes et les médias.
• réagir à l’actualité ;
66
• motiver les salariés et bénévoles en interne (il est flatteur de voir que l’on parle de son
association dans les médias).
L’intérêt de cette forme de communication, outre son coût modeste
comparé à celui d’une campagne de publicité, est qu’elle est plus crédible qu’un encart
publicitaire.
La première chose à faire avant de prendre contact avec des journalistes est de recenser les
médias et supports qui intéressent l’association.
La presse quotidienne régionale, la presse gratuite, les revues éditées par les mairies ou conseils
régionaux, les radios et télévisions locales sont importants pour faire connaître une association
locale.
Ensuite, il faut repérer le nom des journalistes qui écrivent des articles ou réalisent des
reportages dans ces supports. Une association sportive sera ainsi attentive au nom des
journalistes qui s’occupent de la rubrique sport d’un journal.
journalistes mais aussi de leur numéro de téléphone, de leur e-mail, de leur spécialité et du nom
du support pour lequel ils travaillent. Ce fichier sera régulièrement mis à jour.
Une prise de contact téléphonique avec ces journalistes est alors souhaitable pour leur proposer
un rendez-vous et leur présenter les activités de l’association. Une telle rencontre en face-à-face
contribue à créer une relation personnalisée qui facilitera les rapports ultérieurs avec les
médias.
La rencontre avec les journalistes se prépare. L’association doit toujours avoir en tête que les
informations qui intéressent les médias sont :
• Des informations qui collent à l’actualité. Il faut profiter des journées mondiales (femmes,
enfance, sida, lutte contre le tabac, etc.) et
des événements particuliers (année de la Chine, projet de loi, etc.) oute reproduction non
autorisée est un délit.
pour aller vers les journalistes. Si le propos de l’association n’est pas d’actualité, on peut créer
un événement, par exemple interpeller
© Dunod - T
67
festation dans la rue. Les associations locales de loisir et culturelles ont tout intérêt à profiter du
mois de septembre pour contacter les journalistes et leur présenter les activités proposées.
• Des informations qui impliquent l’audience, qui la touchent. Il est conseillé de s’appuyer sur
des témoignages et de donner une vision locale de
• Des informations faciles à transcrire. Pour faciliter le travail du journaliste, il faut diffuser
des informations précises, objectives, argu-mentées (chiffres, statistiques, législation, etc.),
concises et faciles à illustrer (prévoir des photos, des images, des reportages). Les
ticulièrement efficaces. Ainsi, il est préférable de dire que le tabac tue « l’équivalent d’un crash
d’avion de ligne chaque jour avec 200
passagers à bord » (propos tenu par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine en 2016),
plutôt que de présenter les chiffres de
n■ Le communiqué de presse
C’est le support classique des relations presse. Il est envoyé par e-mail à une liste de
journalistes préalablement sélectionnés en fonction de leurs centres d’intérêt et aux agences de
presse (Agence France Presse, Reuters, etc.).
Un communiqué doit être concis : une page dans l’idéal. Son élaboration implique de se poser
les questions suivantes :
• qui communique ?
• vers qui ?
• où ?
• quand ?
• pourquoi ?
Il suit également des règles de mise en forme particulières, détaillées dans l’encadré suivant.
68
Comment se faire connaître et gérer son image ?
FICHE PRATIQUE
Le titre du
communiqué attire
l’attention et résume
françaises1
l’information du
message
Le premier
paragraphe reprend
cifiques ( specific) ; Measurables ( measurable) : qui pourront être évalués la dernière étude
NOYADES de 2015. Au total en
toute l’information
( acceptable) pour l’équipe en charge de leur mise en place (motivant, accidentelles, dont 412
ont entraîné la mort.
forme condensée qui Conscients de l’exposition soutenue des enfants adhésion) ; Réalistes (
realistic) et réalisables avec les moyens dont on
pourra être utilisée de 7 à 12 ans aux risques en bord de mer et dispose ; Temporellement
définis ( time-bound) : à atteindre en 3 mois,
1 an, etc.
journaliste.
partenariat avec le groupe Macif mène cet été
nageurs sauveteurs.
• faire venir 30 adhérents supplémentaires sur les 6 premiers mois Cette opération a pour
objectif de donner un
de 2020 ;
• attirer 900 participants au lieu des 800 habituels sur un événement secourisme aux enfants au
travers d’animations
annuel ;
parents.
Les autres
en 2020 ;
paragraphes
sur le contexte,
partenaires, etc.
secourir).
de-prevention-des-sauveteurs-en-mer-du-29-juillet-au-9-aout-sur-les-plages-
© Dunod - T
69
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Il est conseillé de
visuels (photos,
reprendre pour
ou reportage.
À propos de la SNSM
Ne pas oublier
de présenter
l’association…
et de mentionner
si les journalistes
souhaitent plus
d’informations.
Contact presse :
En plus de ces différents éléments et afin de faciliter le travail des journalistes, il est également
recommandé d’intégrer un témoignage d’un expert du sujet ou/et du président de l’association
qui pourra facilement être repris dans l’article rédigé.
n■ Le dossier de presse
Il est souvent réalisé conjointement au communiqué de presse. Il fournit des explications et des
détails supplémentaires.
Le dossier de presse produit par la Société Nationale de Sauvetage en Mer pour présenter le
programme « Nouvelle Flotte » propose sur 16 pages de dérouler les éléments suivants1 :
Introduction : le programme et ses 1. Disponible sur https://www.snsm.org/presentation-du-
programme-nouvelle-flotte
70
Flotte » ; II- Technologies et sauvetage ; III- Les phasages du programme ; IV- Les navires de
sauvetage ; V- L’organisation industrielle. Ce document intègre également 2 annexes.
n■ La conférence de presse
Autre solution pour diffuser des informations auprès des journalistes : la conférence de presse
ou petits-déjeuners de presse.
Ils durent généralement entre 30 minutes et une heure et se déroulent en deux temps : un temps
pour la présentation des informations à faire passer, et un temps pour la réponse aux questions.
Cette formule a l’avantage de créer un contact direct et personnalisé avec les journalistes.
Toutefois, elle nécessite un temps de préparation non négligeable : il faut trouver un lieu
convivial, de taille suffisante et peu onéreux à la location, penser au cocktail, à une collation,
prévoir des micros, lancer des invitations, faire des relances téléphoniques, assurer un bon
accueil, trouver les personnes qui vont représenter l’association, préparer un discours bref et
pertinent, illustrer ses propos, se préparer pour répondre aux questions des journalistes,
distribuer les brochures de l’association et dossiers de presse aux présents et les envoyer aux
absents. Au final, le risque est que les journalistes, tribu-taires du reste de l’actualité, ne
répondent pas forcément présent.
L’association doit aller vers les journalistes, mais dans certains cas, ce sont les journalistes qui
viennent vers l’association pour une interview.
Répondre à leur demande est une opportunité qu’il ne faut pas rater.
Il faut une personne experte et crédible dans le domaine qui intéresse les journalistes. En effet,
les questions posées sont parfois précises, pointues et délicates. Souvent, les porte-parole des
associations sont le(a) oute reproduction non autorisée est un délit.
président(e), le(a) directeur(/rice) ou des bénévoles spécialisés sur un sujet. Plus efficace pour
obtenir des retombées supplémentaires : les porte-parole vedettes.
© Dunod - T
71
Par ailleurs, il est important d’analyser le contenu des articles parus sur l’association : étaient-
ils positifs, négatifs ou neutres à l’égard de L’association L214 a travaillé en 2019 avec Nagui
(animateur célèbre) qui a accepté de commenter une vidéo tournée dans un centre de recherches
cette dernière ? De cette manière, on mesure l’image que les médias en nutrition animale. Il
dénonçait dans ce spot la méthode les « vaches à donnent de l’association et de sa mission.
hublot » (à des fins de recherche, un trou est percé dans l’estomac de ces Les économies
budgétaires réalisées grâce aux relations presse sont animaux pour visualiser et accéder à son
contenu). Cette vidéo a été très reprise par les journalistes et a fait le buzz sur Internet.
également évaluées. Certaines associations transforment ainsi l’espace occupé par les articles
dans les médias par le prix qu’il aurait fallu payer Cette stratégie peut parfois être risquée car
l’association n’a pas de pour y insérer une publicité.
contrôle sur le discours diffusé par les célébrités dans les médias.
télévisée, il faut choisir un porte-parole qui ne se laisse pas facilement intimider, qui a du tact,
qui parle en public avec aisance et qui bénéficie Les relations presse représentent pour les
associations une véritable d’un physique passant bien (en télévision).
opportunité pour asseoir leur crédibilité, leur légitimité et accroître leur notoriété. Toutefois, il
ne faut pas occulter certaines limites :
• les relations avec les journalistes prennent du temps et doivent faire quoi dire et comment le
dire ?
• l’association ne maîtrise pas les informations diffusées par les Il faut aller très vite à
l’essentiel car les journalistes sont souvent pressés.
médias ;
Cela nécessite une réflexion en amont sur deux ou trois arguments clefs
à diffuser absolument qui doivent être convaincants, objectifs et per-dernier moment si un fait
d’actualité plus important se produit ;
suasifs. Il convient d’être prudent sur tout ce qui est dit au journaliste,
• certains journalistes sont prêts à tout pour augmenter l’audience de même « hors micro », car
cela peut être repris dans les médias.
temps, un « coup de gueule » peut réveiller les consciences, mais tout le L’organisation
d’événements
monde n’a pas l’impact de l’Abbé Pierre. À la fin de l’interview, on demandera au journaliste
s’il a besoin d’informations supplémentaires et de manifestations
L’efficacité des relations presse est évaluée par le recensement des articles très utilisés par les
associations pour se faire connaître, collecter des ou reportages qui parlent de l’association. Ce
travail de comptage peut fonds, mobiliser les citoyens, réveiller les consciences et/ou remplir
leur être réalisé par un salarié, un bénévole, un adhérent de l’association ou mission. Ils
prennent des formes variées (tableau 2.5).
72
Par ailleurs, il est important d’analyser le contenu des articles parus sur l’association : étaient-
ils positifs, négatifs ou neutres à l’égard de cette dernière ? De cette manière, on mesure l’image
que les médias donnent de l’association et de sa mission.
Les économies budgétaires réalisées grâce aux relations presse sont également évaluées.
Certaines associations transforment ainsi l’espace occupé par les articles dans les médias par le
prix qu’il aurait fallu payer pour y insérer une publicité.
Les relations presse représentent pour les associations une véritable opportunité pour asseoir
leur crédibilité, leur légitimité et accroître leur notoriété. Toutefois, il ne faut pas occulter
certaines limites :
• les relations avec les journalistes prennent du temps et doivent faire l’objet d’un effort continu
;
• certains journalistes sont prêts à tout pour augmenter l’audience de leur support :
déformation du discours de l’association, atteinte à la dignité de certaines personnes, etc. À
noter que ce genre de danger est plus fréquent quand le contact n’est que téléphonique. Un face-
à-face est à privilégier chaque fois que possible.
L’organisation d’événements
et de manifestations
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73
bjectifs
ssociations
événements organisés
et pubLics visés
• Informer et mobiliser
le grand public
(pétitions signées
la réalité virtuelle :
Handicap
démonstrations de
bombes à sous-munitions.
victimes, etc.) ;
La 25e édition a eu lieu le 28
septembre 2019.
publics ;
le commerce équitable
au grand public ;
Max Havelaar
des produits du
commerce équitable.
l’association) ;
de la vie nocturne
Jaccede
de l’accessibilité pour
tous ;
customisations éphémères de
• partagez un moment
conviviale et festive.
maquillage, etc.
l’indifférence de la
Différentes animations
cause défendue ;
• informer et mobiliser
L214
le grand public ;
• interpeller les
politiques ;
...
74
...
bjectifs
ssociations
événements organisés
et pubLics visés
Cercle Paul
Bert (sport,
faire du sport ;
événement)
Les événements représentent une réelle opportunité pour atteindre des objectifs variés et toucher
un large public. Toutefois, il ne faut pas négliger l’énergie et le temps qu’ils mobilisent. De plus,
le succès de cette forme de communication est fragile : un événement a lieu une seule
• Quelle est la cible visée ? Souvent, elles sont multiples (adhérents, grand public, journalistes,
politiques, bénévoles, etc.).
• Quels sont les moyens dont dispose l’association ? Si les moyens financiers et humains sont
faibles, il faut engager une recherche de sponsors (entreprises, pouvoirs publics) et mobiliser les
bénévoles de
l’association. Il est impératif de constituer une liste des personnes qui aideront à la mise en
place de l’événement et de désigner un
© Dunod - T
75
• Organiser la venue des participants et des artistes : réserver leur trans-Cas d’association
port, leur logement, leur diffuser des informations sur le lieu de la conférence, le programme,
prévoir des cavaliers avec leurs noms,
Pendant l’événement, il ne faut pas oublier de filmer et de prendre des photos qui seront ensuite
intégrées sur le site Internet, le blog et/ou les
enchères, dîner, kermesse, débat, colloque, participation à un salon, Le plus vite possible après
l’événement, on pensera à faire un débrie-etc., les choix sont multiples.
• Quelle date choisir ? Toutes les occasions sont bonnes pour lancer un primer sur ses
satisfactions et frustrations. Ce bilan sera d’autant plus événement : fêter les dix ans de
l’association, inaugurer des nou-utile que l’événement est reconduit ou élargi à de nouveaux
territoires.
Enfin, il faut bien sûr remercier les intervenants, les bénévoles, sala-profiter des journées
mondiales (sida, bénévolat, enfant).
• Comment faire connaître la manifestation ? L’événement sera annoncé sur des supports
variés : première page du site Internet de l’association, voire site spécialement conçu pour
l’occasion (exemple : le Téléthon), réseaux sociaux, affiches et tracts publicitaires, courriers Le
lobbying ou les relations
http://vosdroits.service-public.fr/associations/F21899.xhtml
76
• Organiser la venue des participants et des artistes : réserver leur trans-port, leur logement,
leur diffuser des informations sur le lieu de la conférence, le programme, prévoir des cavaliers
avec leurs noms,
d’autorisations à obtenir et de déclarations à faire auprès des services concernés1. Pour plus
d’informations, une prise de contact avec la
Pendant l’événement, il ne faut pas oublier de filmer et de prendre des photos qui seront ensuite
intégrées sur le site Internet, le blog et/ou les pages Facebook de l’association, dans le dossier
de presse envoyé aux journalistes et dans le compte rendu diffusé aux participants et aux
membres du conseil d’administration. Si c’est possible, il est utile de demander aux participants
de remplir un questionnaire de satisfaction.
Le plus vite possible après l’événement, on pensera à faire un débriefing bien organisé qui
permettra aux personnes de l’association de s’exprimer sur ses satisfactions et frustrations. Ce
bilan sera d’autant plus utile que l’événement est reconduit ou élargi à de nouveaux territoires.
Enfin, il faut bien sûr remercier les intervenants, les bénévoles, salariés ou adhérents qui ont
participé.
Le lobbying ou les relations
http://vosdroits.service-public.fr/associations/F21899.xhtml
77
toute intervention ou décision des pouvoirs publics » (Farnel, 1994). Les termes de plaidoyer,
relations publiques, relations d’affaires, relations extérieures sont également utilisés pour
qualifier ces interventions.
Il est fréquent pour les associations de s’engager dans de telles activités, et ce pour des raisons
variées : utiliser gratuitement les équipements sportifs d’une municipalité, changer/faire avancer
la législation sur une cause (handicap, tabac, alcool, etc.), obtenir des subventions publiques.
personnes
Selon la mission de l’association, les services de l’État ou des collectivités locales à qui
s’adresser varient. Ils sont la plupart du temps variés, et on ne peut pas se contenter de
s’adresser à un seul service.
Dans le cas d’une association qui défend les Droits de l’Homme (type Amnesty International),
les différents services publics concernés par cette cause sont le ministère des Affaires étrangères,
la cellule diplomatique de l’Élysée, le ministère de l’Intérieur (pour la coopération judiciaire), le
ministère de la Justice (prison et droits de l’Homme), le ministère de la Défense (armement), le
ministère de l’Économie et des Finances et le ministère de l’Éducation nationale.
Après le repérage des services pertinents, il faut entrer en contact avec les personnes
susceptibles d’influencer la décision politique : députés, sénateurs, attachés parlementaires,
ministres et leurs collaborateurs et élus locaux. Les relations avec les élus locaux sont cruciales
pour les associations locales qui recherchent des subventions mais aussi pour celles dont
l’objectif est d’agir sur le gouvernement. En effet, les maires, conseillers généraux ou régionaux
connaissent souvent des députés ou des sénateurs (ou le sont eux-mêmes), ils peuvent donc
inciter ces derniers à intervenir auprès des ministres. De même, des prises de contact avec des
élus européens ou des organismes internationaux sont bien
souvent nécessaires pour faire avancer des dossiers.
78
Il peut être utile de contacter les fonctionnaires, si toutefois ils disposent d’un pouvoir
prescriptif. C’est le cas des fonctionnaires territoriaux qui sont souvent en charge du suivi des
associations sur le plan local (secrétaires généraux, directeurs financiers et contrôleurs de
gestion, responsables des sports, de la culture, ou de la politique de la ville).
Pour un premier contact avec les pouvoirs publics, l’envoi d’un courrier postal officiel est de
rigueur. Un appel téléphonique sera ensuite passé pour obtenir un rendez-vous en face-à-face
afin d’exposer les demandes de l’association.
Pour défendre au mieux ses intérêts auprès des politiques, il faut élaborer un argumentaire clair,
précis, concis, crédible, factuel, sérieux et sans jargon. Des informations qui prouvent que les
politiques ont tout intérêt à prendre en considération le problème de l’association doivent être
mises en exergue :
salariés employés par l’association ou mettre en lumière le coût d’un problème pour la
collectivité ;
• prouver que la prise de position en faveur d’une cause ou d’un projet associatif aidera le
politique à être réélu. Pour ce faire, les associations peuvent réaliser des sondages ;
• si l’association s’oppose à des adversaires, il est important de connaître leurs arguments afin
de les contrer.
La présentation des arguments de lobbying se fait de préférence oralement lors d’un rendez-
vous. Le porte-parole choisi par l’association ne sera pas menaçant ni trop militant car ce type
de comportement
effraie l’administration. Un document écrit intégrant une note de syn-oute reproduction non
autorisée est un délit.
thèse des informations présentées, une brochure de l’association, un rapport d’activité, des
témoignages de victimes, etc., sera laissé à la per-
© Dunod - T
sonne rencontrée.
79
L’union fait la force devant les politiques. Ainsi, dans les moments forts et importants, il n’est
pas rare de voir des associations se regrouper en collectif pour faire pression auprès des
pouvoirs publics.
n■ Règle n˚4 : entretenir des relations régulières avec les politiques Si une association est
connue et appréciée des pouvoirs publics, elle aura d’autant plus de chances d’obtenir leur
soutien. Il est donc essentiel d’entretenir des contacts réguliers avec les politiques : les intégrer
au conseil d’administration si son indépendance ne s’en trouve pas mena-cée, les inviter à des
manifestations (colloques, inauguration de locaux, assemblée générale), mettre en place un
calendrier de travail avec eux, leur envoyer des informations sur l’activité de l’association sont
autant d’occasions de tisser des relations de confiance avec les pouvoirs publics.
Avis d’experts
de votre association ?
recommandations concrètes à
législations et réglementations
en matière de prévention du
de prévention en informant et
méfaits causés par le tabagisme actif sujet et le porter politiquement. Nous et passif.
...
80
compétences particulières en
terrain ?
le fonctionnement des institutions et davantage visibles et lisibles. D’une les mécanismes de prise
de décision
utilisant le conditionnement.
adopter ?
dimension publicitaire du packaging serait condamnée pour violation oute reproduction non
autorisée est un délit.
...
© Dunod - T
81
... de ses engagements en matière de soulevées à l’encontre de celle-ci droit des marques et de la
propriété
réalisée.
En complément des relations directes avec les politiques, il est parfois nécessaire de faire
pression sur les élus de manière indirecte en passant par les médias et l’opinion publique. Pour
ce faire, plusieurs outils sont à la disposition des associations : les relations presse, les pétitions,
les manifestations et actions « coup de poing », les outils que le grand public peut s’approprier
(e-cards, autocollants, pins, banderoles, etc.), les ouvrages, les films ou les reportages qui
dénoncent, les campagnes de communication dans les médias, la mobilisation de leaders
d’opinion connus.
Ce lobbying indirect peut avoir un impact fort en local. En effet, les fonctionnaires territoriaux
et les élus locaux ont peur de la mise en avant dans les médias des défaillances publiques,
surtout si le projet associatif est apprécié par les électeurs potentiels.
En résumé sur le lobbying ou le plaidoyer, il est souvent nécessaire pour défendre la cause des
associations que ce soit sur le plan financier et/ou juridique. Il n’est pas toujours aisé de
disposer en interne d’experts sur ces techniques dont le déploiement ne s’improvise pas. C’est
pourquoi il peut être nécessaire et pertinent de se former et/ou d’embaucher des experts.
82
Comment se faire connaître et gérer son image ?
L’essentiel
© Dunod - T
83
Chapitre 3
Comment collecter
des particuliers ?
Executive summary
viennent d’être créées. Elles arrivent à lancer leur activité à partir de fonds propres issus du
patrimoine de leurs fondateurs ou
partenariats entreprises.
Chapitre 3
Comment collecter
des particuliers ?
viennent d’être créées. Elles arrivent à lancer leur activité à partir de fonds propres issus du
patrimoine de leurs fondateurs ou
partenariats entreprises.
© Dunod - T
85
Bon nombre de petites associations vivent des cotisations de leurs adhérents. La fixation du tarif
des cotisations doit faire l’objet d’une réflexion stratégique intégrant trois contraintes : les coûts
liés à l’activité, le prix
La méthode comptable consiste à calculer le coût minimal auquel l’association ne fait pas de
perte. Elle fixe le tarif sur la base du calcul suivant : Tarif adhésion = coûts fixes + coûts
variables + marges éventuelles Les coûts fixes recouvrent tous les frais qui ne varient pas en
fonction du niveau d’activité (ex : loyer, salaires, électricité, etc.) alors que les coûts variables
sont fonction de ce niveau (ex : matières premières, car-burant, frais postaux, etc.). Une marge,
exprimée en % du coût de
revient, pourra éventuellement être rajoutée si l’association souhaite faire des provisions pour
charges ultérieures.
Le tarif proposé doit être acceptable par l’adhérent, tout en reflétant un bon niveau de qualité. Si
la cotisation est faible, elle peut connoter une faible qualité de service. Si l’association est
largement subventionnée et offre des prix bas, elle devra donc communiquer sur ses
financements pour expliquer ce tarif peu élevé et éviter une inférence négative sur la perception
de la qualité du service. À l’inverse, certaines associations fixent un tarif d’adhésion élevé pour
connoter un haut niveau de qualité et éliminer les indésirables.
Pour fixer le prix psychologique, l’association se doit d’interroger les individus en leur posant
deux questions :
• « En dessous de quel tarif vous n’adhéreriez pas à cette association parce que vous estimeriez
que la qualité du service est insuffisante ? »
• « Au-dessus de quel tarif vous n’adhéreriez pas à cette association parce que vous estimez que
ce tarif est excessif ? »
nant à la cible de l’association, on obtient le tableau 3.1, qui permet de déterminer le prix
optimal.
86
de
de personnes
de
personnes pour
t
trouvant que
arif
personnes
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montant
de La
trouvant
Le prix est
coLLecté
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proposé
trop cher
(100 –
100 adhérents1
bonne quaLité
coLonne 1)
coLonne 1 –
coLonne 2)
coLonne 2)
30 euros
10 %
80 %
10 %
300 euros
50 euros
15 %
70 %
15 %
750 euros
70 euros
25 %
40 %
35 %
2 450 euros
90 euros
40 %
15 %
45 %
4 050 euros
110 euros
55 %
5%
40 %
4 400 euros
130 euros
85 %
0%
15 %
1 950 euros
tion, le prix psychologique fixé ne sera pas le même. En effet, si l’objectif est de maximiser le
nombre de cotisations, c’est le tarif de 90 euros qui attirera le plus de personnes, si l’objectif est
de maximiser le montant collecté, ce sera le prix de 110 euros.
L’association qui n’a pas les moyens de réaliser ce type d’étude à l’aide d’un questionnaire peut
toutefois réfléchir selon cette logique sur la base de son expérience. Elle doit savoir,
globalement, quels sont les tarifs qui lui permettent d’augmenter le nombre de ses adhésions et
quel est le seuil psychologique à ne pas dépasser pour ne pas exclure trop d’adhérents. Elle peut
aussi tester le prix en réel : en augmentant légèrement ses tarifs, elle peut voir si le nombre
d’adhérents reste identique ou s’il décroît dangereusement.
Lorsque la cotisation annuelle est assez élevée, l’association peut réduire le frein lié au prix
psychologique en faisant payer la cotisation de manière semestrielle ou trimestrielle. Ceci est
souvent appliqué par les associations sportives ou culturelles.
© Dunod - T
Par exemple, pour la première case, 10 % × 30 euros × 100 personnes = 300 euros.
87
concurrentes
L’approche par la « concurrence » consiste à analyser le tarif proposé Forte de plus de 600
adhésions annuelles, son objectif est de promouvoir par les associations « concurrentes » et à se
positionner par rapport à ces et diffuser la connaissance scientifique au travers, notamment, de
l’organisation d’un congrès annuel du marketing ainsi que ses deux revues acadé-dernières. On
se place alors dans la logique de l’adhérent qui va adopter miques. L’Association française du
marketing s’auto-finance au travers de ses une démarche comparative. Dès lors, il faut que
l’association sache si adhésions et de l’élaboration d’un tarif d’entrée à son congrès annuel.
Afin elle souhaite se positionner de manière plus accessible ou plus haut de de permettre aux
jeunes chercheurs d’intégrer l’association, le tarif de base gamme que ses « concurrentes ».
de l’adhésion pour les étudiants en thèse est de 75 euros contre 225 euros pour les chercheurs
confirmés et 280 euros pour les professionnels travaillant en entreprise. Il en est de même pour
certaines associations sportives à
destination des familles qui fixent leur prix en fonction du quotient familial déterminé par la
CAF. Ainsi, les enfants issus de milieux modestes peuvent L’idéal est de trouver un tarif qui : 1)
couvre les coûts de l’association, accéder au sport à moindre coût. On peut également moduler
la cotisation 2) soit acceptable pour l’adhérent et 3) permette de rester concurrentiel.
en fonction du nombre de personnes de la même famille qui adhèrent sans prendre en compte le
niveau de revenu de la famille.
Si les trois contraintes ne peuvent pas être observées au travers du même tarif, il faut alors
prendre une décision stratégique :
• Moduler le tarif pour proposer des statuts d’exception. Il s’agit ici de pro-
• baisser ses coûts (en diminuant ses coûts fixes par exemple, ou en poser le statut de membre
honorifique à certaines personnes choisies cherchant des sponsors) ;
• faire payer un droit d’entrée dans l’association permettant d’amortir l’association, cette
dernière peut alors susciter des dons.
des investissements réalisés (le droit d’entrée se distingue de la cotisation par son caractère
unique : on ne le paye qu’une fois) ;
en fonction du degré d’utilisation des infrastructures. Par exemple, pour une association
sportive, l’adhérent qui suit trois cours par
des donateurs
L’appel à dons auprès des particuliers est très intéressant pour une association, car il lui permet
d’avoir une forte indépendance financière. En France,
le « marché du don » s’élève à 6,6 milliards pour l’année 2017 (Bazin, Duros
des membres
La spécificité associative permet de proposer des tarifs différents selon le 3,7 milliards constatés
dans les comptes « emplois – ressources » des statut des adhérents. On peut distinguer deux
stratégies d’adaptation associations) ;
du tarif :
• Moduler le tarif pour favoriser l’accès aux services. Souvent, afin d’atti-
rer les moins fortunés, l’association peut proposer un tarif inférieur Globalement, la collecte
auprès des particuliers est en croissance
au coût de revient, et faire payer le différentiel par des membres plus depuis 20 ans ; de l’ordre
de 600 millions d’euros en 1991, elle s’élève fortunés.
88
Comment collecter des fonds auprès des particuliers ?
Forte de plus de 600 adhésions annuelles, son objectif est de promouvoir et diffuser la
connaissance scientifique au travers, notamment, de l’organisation d’un congrès annuel du
marketing ainsi que ses deux revues académiques. L’Association française du marketing s’auto-
finance au travers de ses adhésions et de l’élaboration d’un tarif d’entrée à son congrès annuel.
Afin de permettre aux jeunes chercheurs d’intégrer l’association, le tarif de base de l’adhésion
pour les étudiants en thèse est de 75 euros contre 225 euros pour les chercheurs confirmés et
280 euros pour les professionnels travaillant en entreprise. Il en est de même pour certaines
associations sportives à destination des familles qui fixent leur prix en fonction du quotient
familial déterminé par la CAF. Ainsi, les enfants issus de milieux modestes peuvent accéder au
sport à moindre coût. On peut également moduler la cotisation en fonction du nombre de
personnes de la même famille qui adhèrent sans prendre en compte le niveau de revenu de la
famille.
• Moduler le tarif pour proposer des statuts d’exception. Il s’agit ici de proposer le statut de
membre honorifique à certaines personnes choisies par l’association. Ces membres peuvent
alors payer une adhésion
Lorsque le paiement des cotisations ne suffit pas au financement de l’association, cette dernière
peut alors susciter des dons.
des donateurs
L’appel à dons auprès des particuliers est très intéressant pour une association, car il lui permet
d’avoir une forte indépendance financière. En France, le « marché du don » s’élève à 6,6
milliards pour l’année 2017 (Bazin, Duros et Malet, 2018, Bruneau et al. , 2018) qui se
répartissent ainsi :
3,7 milliards constatés dans les comptes « emplois – ressources » des associations) ;
© Dunod - T
en 2017 à 6,6 milliards. Cependant, notons qu’en 2018, plusieurs associations ont tiré la
sonnette d’alarme pour dénoncer l’impact de la suppression de l’ISF sur les dons : le syndicat
de la générosité (France Générosité) a ainsi affirmé qu’il avait constaté une baisse des dons de
l’ordre de 4,8 % en 2018 sur ses 100 adhérents (soit les 100 associations qui collectent le plus
de dons en France). De fait, selon le « panorama national des générosités » en 2016, près de 50
000 foyers ont déclaré des dons dans le cadre de l’ISF et ces dons sont en moyenne de 5 500
euros annuels (ceci représente donc 275 millions d’euros de dons issus de l’ISF, soit presque 10
% du « marché du don individuel monétaire »).
générosité des français : 1) l’augmentation de la CSG pour les retraités (certains ont ainsi écrit
aux associations pour dire qu’ils ne pourraient plus faire de dons), 2) le mouvement des gilets
jaunes, initié en
novembre 2018 qui est de nature à plonger les Français dans l’angoisse et l’incertitude sur
l’issue du mouvement. Il sera intéressant de voir si 2019 et 2020 vont suivre la même tendance
ou si le « marché du don »
Certaines associations travaillent à plus de 50 % sur la base de dons de particuliers. C’est le cas
de l’Association Française contre les Myopathies, de Médecins du Monde, de Médecins Sans
Frontières, de Green-
peace, de la Fondation Abbé Pierre, des Petits Frères des Pauvres, de la SPA, de la Ligue
Nationale Contre le Cancer ou encore, du Comité
que les partenaires publics ne peuvent pas soutenir, comme quand il s’est agi d’initier les
premiers programmes de recherches sur la myopathie, maladie trop rare pour que l’État
investisse dessus. Sans la création du Téléthon, la maladie aurait suscité beaucoup moins de
recherches médicales. La collecte de dons permet aussi de faire face à l’urgence : les fonds
arrivent beaucoup plus vite que les subventions publiques ou que les ressources en provenance
des entreprises.
l’article 200 du code général des impôts, les associations pouvant émettre des reçus fiscaux sont
: « les œuvres ou organismes d’intérêt général qui représentent un caractère : philanthropique,
éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial, culturel ou concourant à la mise en
valeur du patrimoine artistique, environnemental, qui ne fonctionnent pas au profit d’un cercle
restreint de personnes, n’exercent pas d’activité lucrative et ont une gestion désintéressée. »
fonds, mais elles doivent respecter les contraintes légales liées à cette activité. Ainsi, pour
émettre des reçus fiscaux, il faut faire une demande préalable écrite à l’administration fiscale
contenant :
impôts.
Cette demande doit être envoyée à la direction des services fiscaux du siège de l’organisme par
pli recommandé avec accusé de réception.
Une fois l’autorisation obtenue, l’association collectrice doit tenir à jour un compte d’emplois –
ressources des fonds ainsi collectés. Par ailleurs, l’émission des reçus fiscaux oblige à constituer
un fichier informatique. Il ne faut pas oublier que toute utilisation de fichier nominatif doit faire
l’objet d’une déclaration à la Cnil2 et que les personnes fichées doivent être informées de leurs
droits : libre accès aux informations les concernant, possibilité de demander la modification ou
la suppression de ces informations (voir www.cnil.fr).
© Dunod - T
91
Avant de définir une stratégie de collecte de fonds, il est utile de connaître le profil type des
donateurs en France. En effet, seuls 23 % des Français déclarent donner des sommes
relativement conséquentes à des associations au moins une fois par an (données issues des
déclarations d’impôts ; Bazin, Duros et Malet, 2018). S’il est vrai que beaucoup de Français
estiment contribuer au bien collectif au travers de leurs impôts et refusent de ce fait de faire des
dons d’argent, il n’en reste pas moins que la nature humaine semble fondamentalement
généreuse. C’est ce qu’a montré
Il y a donc un réel potentiel de générosité en France qui pourrait permettre de dépasser les 23 %
de Français qui donnent de l’argent
annuellement.
Les associations doivent s’interroger sur le profil des donateurs pour mieux les connaître et
pouvoir ainsi les cibler. La Fondation de France, le CerPhi (Centre d’études et de Recherches
sur la Philanthropie), le syndicat France Générosité et l’association « Recherches et Solidarités
»
ont réalisé de multiples études qui permettent de définir ce profil (voir fiche pratique).
92
Comment collecter des fonds auprès des particuliers ?
FICHE PRATIQUE
Ainsi l’association Recherches & Solidarités est à l’origine d’un document annuel intitulé « La
Générosité des Français » dans lequel elle traite des données du don déclaré à Bercy et de
l’observation des pratiques de bon nombre d’associations. Cette association est aussi très active
sur les études qui concernent le bénévolat. De son côté, la Fondation de France a créé en 1997
un « observatoire de la philanthropie » où elle a traité différents thèmes comme : « le panorama
de la générosité », « la philanthropie dans les territoires » ou encore « la philanthropie à la
française ».
Le CerPhi (Centre d’études et de recherches sur la philanthropie) a été créé afin d’explorer la
problématique du don des Français en termes d’argent, de sang, d’organe et de temps.
Organisme privé, il réalise également des études payantes pour des problématiques spécifiques à
certaines associations. Quelques exemples d’études réalisées par le CerPhi : « Grands
philanthropes : la philanthropie d’aujourd’hui vue par ses acteurs », « Étude sur les
financements innovants : état des lieux et perspectives » ou encore : « La générosité en temps de
crise ».
Enfin, France Générosité est un syndicat qui regroupe 100 grandes associations et fondations
collectrices de don et qui réalise des études pour ses membres (citons notamment le baromètre
de la notoriété et de l’image des associations), et des études publiques sur la générosité.
Beaucoup d’études sont disponibles gratuitement sur les sites Internet de ces organisations :
• www.recherches-solidarites.org
• www.francegenerosites.org
• www.fondationdefrance.org/fr/etudes-de-lobservatoire
• www.cerphi.org
Les associations ont coutume de dire que le donateur type est une
L’un des facteurs les plus explicatifs du don semble effectivement être l’âge de l’individu : plus
on vieillit, plus on donne, sans doute pour les raisons suivantes :
• moins on a de charges pour le foyer (les enfants ne sont plus à charge, oute reproduction non
autorisée est un délit.
93
Les jeunes ont toutefois une certaine forme de générosité et représentent une cible importante si
l’association veut renouveler à terme ses donateurs.
S’ils donnent peu d’argent, les jeunes font plus de dons de sang et de la main à la main que les
personnes plus âgées (Malet, 2003 ; Rieunier, Che-dotal et Boulbry, 2004). Ils répondent par
ailleurs de manière très positive aux démarches de proximité. Ainsi, le don de sang se fait parce
que de multiples opérations ont lieu directement sur les campus, et le don de la main à la main
repose aussi sur une sollicitation directe. Ceci est d’ailleurs confirmé par les résultats obtenus
par les associations qui collectent dans la
Le tableau ci-dessous permet de quantifier la répartition des donateurs en termes d’âges pour
ceux qui déclarent leurs dons dans leurs impôts. Rappe-lons qu’en France, seuls 45 % des foyers
sont imposables (Bazin, Duros et Malet, 2018). Il est possible que les jeunes, souvent non
imposables en début de carrière ne déclarent donc pas leurs dons aux impôts puisqu’ils savent
qu’ils n’en paieront pas. Néanmoins, ce tableau est tout de même instructif sur la relation entre
les dons monétaires et l’âge (tableau 3.2).
revenu
ventiLation
ranche
ventiLation
effort
moyen
des
densité1
don
d’âge
des montants
moyen (b)
(b/a)
décLaré (a)
donateurs
Moins de
30 ans2
14 116
3,6 %
2,4 %
3,3 %
341
2,4 %
30-39 ans
24 512
10,1 %
8,0 %
8,5 %
397
1,6 %
40-49 ans
31 106
14,9 %
12,7 %
12,2 %
428
1,4 %
50-59 ans
32 656
17,7 %
18,3 %
14,7 %
519
1,6 %
60-69 ans
30 209
21,3 %
21,6 %
19,9 %
509
1,7 %
Plus de
24 156
32,3 %
36,8 %
22,6 %
573
70 ans
2,4 %
Total
26 222
100,0 %
100,0 %
13,9 %
502
1,9 %
(foyers fiscaux imposés et non imposés) traitées par Recherches & Solidarités.
1. La densité des donateurs est mesurée en rapportant leur nombre au total des foyers fiscaux
correspondant à la tranche d’âge concernée.
2. Lecture des lignes : les donateurs de moins de 30 ans représentent 3,6 % du total des
donateurs et déclarent ensemble 2,4 % des dons. Parmi les foyers fiscaux de moins de 30 ans,
3,3 % déclarent un don, et le don moyen annuel correspondant est de 341 euros.
Si l’on rapporte le montant moyen de ce don au revenu moyen annuel de l’ensemble des
contribuables de cette tranche d’âge, on obtient un résultat de 2,4 %.
94
Malet, 2018). Le tableau 3.2. ci-avant le montre sur sa dernière colonne nommée « effort ».
Tableau 3.3 – Répartition des donateurs selon les tranches de revenus imposables
tranche de
revenu net
2013
2014
2015
2016
2017
imposabLe
en euros
Moins de 19 000
4,8 %
3,5 %
3,0 %
2,7 %
2,6 %
19 001 à 23 000
4,8 %
4,4 %
4,3 %
4,2 %
4,3 %
23 001 à 31 000
12,0 %
9,9 %
9,4 %
9,4 %
9,1 %
31 001 à 39 000
12,2 %
11,7 %
11,2 %
11,1 %
10,8 %
sous-totaL
inférieur à
33,8 %
29,4 %
27,9 %
27,3 %
26,8 %
39 000
39 001 à 78 000
38,1 %
39,9 %
40,1 %
40,5 %
39,8 %
Plus de 78 000
28,2 %
30,5 %
31,9 %
32,2 %
33,4 %
sous-totaL
supérieur à
66,2 %
70,4 %
72,1 %
72,7 %
73,2 %
39 000
Total
100,0 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
(foyers fiscaux imposés et non imposés) traitées par Recherches & Solidarités.
La pratique religieuse est également liée au don, puisque ce dernier correspond à une des
obligations des pratiquants. Ainsi un sondage
donner de l’argent à des associations faisant appel à la générosité du public ? » Les catholiques
pratiquants ont répondu « oui » à 73 %, 56 %
© Dunod - T
95
Les réflexions de dizaines de chercheurs en sciences humaines, consignées dans ces 572 pages
sur le sujet, montrent que ce qui distingue les hommes des femmes en termes de générosité est la
question du care. Bon nombre d’auteurs affirment que les femmes sont plus généreuses que les
hommes puisque « donner la vie » inclut un don de soi obligatoire qui se poursuit ensuite par la
nécessité d’élever l’enfant et de l’entourer de bienveillance.
Certains auteurs défendent donc l’idée que les femmes sont naturellement plus généreuses que
les hommes de par leur différence biologique.
Le rôle traditionnel des hommes étant plus dans la défense contre les agresseurs, la force
physique et la protection de sa famille du point de vue sécuritaire. De fait, « le don de la vie »
fait par les femmes inclut trois temps de don pour ces dernières : l’« avant » grossesse au travers
du don de leur beauté, du don de leur corps à l’homme, le « pendant » où elles doivent accepter
toutes les contraintes liées à la transformation de ce corps et à l’accueil du fœtus, puis « l’après
» où elles se doivent de donner leur lait, leur tendresse et les soins au nouvel enfant. Ces trois
temps sont donc ponctués de trois formes de don qui s’imposent aux femmes : « Il y a là
l’expérience d’une altérité, d’un autre en soi, dont les hommes ne feront jamais l’expérience. »
Elles doivent par ailleurs se résoudre ultérieurement à donner l’enfant au reste du monde
lorsqu’il aura grandi. Des facteurs culturels expliquent également le don des femmes qui sont
souvent élevées et valorisées dans le rôle de celles qui doivent s’occuper de la famille, des aînés
et veiller au bien-être affectif de la famille.
Enfin, les différences hommes – femmes face au don sont certainement à contextualiser en
fonction de la cause. Ainsi, Bennett a montré au travers d’une expérimentation que les profils de
donateurs varient selon le type de causes (Bennett, 2003). Il a ainsi interrogé 250 personnes
dans la rue en leur donnant de l’argent et en leur proposant de choisir l’association à laquelle
ils voulaient donner cet argent : Mac Millan Cancer Relief Organization (cancer), Royal Society
for the Prevention of Cruelty to Animals (défense des animaux) ou Amnesty International (droits
de
l’Homme). Les résultats de cette recherche montrent que les hommes ont plus tendance à choisir
les droits de l’Homme alors que les femmes se tournent plus volontiers vers la cause du cancer.
Pour la cause animale, le sexe n’est pas un facteur explicatif.
96
La région d’habitation est une variable explicative du don. En effet, la carte de France de la
générosité (voir ci-dessous) et le tableau 3.4 montrent des disparités importantes de générosité
entre départements.
Moins de 21 %
De 21 % à 22,9 %
De 23 % à 24,9 %
25 % et plus
Moyenne nationale : 23 %
© Dunod - T
97
Tableau 3.4 – Don moyen constaté en euros et densité des donateurs selon les régions
régions
Auvergne-Rhône-Alpes
24,7 %
545
Bourgogne-Franche-Comté
23,3 %
155
Bretagne
25,6 %
175
Centre-Val de Loire
20,7 %
135
Corse
16,4 %
10
Grand-Est
25,9 %
441
Hauts-de-France
20,5 %
399
Île-de-France
23,9 %
776
Normandie
21,4 %
371
Nouvelle-Aquitaine
22,8 %
416
Occitanie
23,5 %
438
Pays de la Loire
23,0 %
402
Provence-Alpes-Côte d’Azur
20,6 %
559
autres. Mais comment repérer les personnes empathiques ? Ces auteurs suggèrent de cibler en
priorité des bénévoles puisqu’ils ont déjà manifesté leur tendance à l’empathie par leur don de
temps.
Une autre variable de personnalité permet également d’expliquer l’acte de don : « le lieu de
contrôle ». Cette variable représente le fait d’avoir le sentiment qu’on a une prise sur les
événements de sa vie (« lieu de contrôle » interne) ou que c’est plutôt le destin qui en décide («
lieu de contrôle » externe). Plusieurs recherches ont ainsi montré que les donateurs ont souvent
un « lieu de contrôle » interne qui les poussent à penser qu’ils peuvent agir de manière efficace
sur la société alors que les individus ayant un « lieu de contrôle » externe pensent que leur don
ne sera pas efficace car ils ont peu d’emprise sur le monde.
1. L’empathie peut se définir comme la capacité de comprendre, de ressentir les émotions d’une
autre personne ou plus généralement la capacité de se mettre à sa place. On parle ici du trait
stable de l’empathie et non de l’empathie situationnelle, qui correspond au fait de ressentir de la
compassion de manière très ponctuelle pour un individu.
98
une volonté de réciprocité par rapport à l’association qui a aidé le donateur à un moment donné
de sa vie. D’autre part, une réaction à une émotion forte. La plupart du temps, les associations
de solidarité suscitent du don au travers d’émotions négatives alors que d’autres secteurs,
comme le sport ou la culture, ciblent des émotions positives (voir
communication).
1. Le don permet d’augmenter son image de soi, à la fois à cause du geste sans contrepartie et
du fait qu’il montre qu’on n’a pas fondamentalement besoin de cet argent.
2. L’acte de don est source de plaisir. On parle en anglais de « warm-glow giving » : la « lueur
chaude » que l’on ressent lorsqu’on fait un acte de don… une sensation de bien-être liée
certainement au
3. Certains donnent également pour avoir la sensation d’appartenir à un groupe. Ainsi, les
personnes qui donnent à une association comme Greenpeace, Act Up, L214 ou les Restos du
Cœur le font souvent par
est important pour une association d’insister sur son histoire, sur ses valeurs et d’accueillir le
nouveau donateur comme un adhérent de
© Dunod - T
99
4. Dire en société ou afficher publiquement que l’on donne à telle ou telle association est aussi
une motivation pour certains.
« Nous vous invitons à apposer cet autocollant sur la lunette arrière de votre voiture : vous nous
aiderez ainsi à faire connaître la cause de nos enfants auprès du large public. » Bon nombre de
particuliers collent cet autocollant dans le but de s’attirer la clémence des
autorités policières pour éviter les contraventions, même s’il figure la mention suivante sur
l’autocollant : « Cet autocollant est un signe de reconnaissance des amis d’Orphéopolis
(OMPN-a). Son usage ne
maison de retraite, dans l’espoir d’y être bien traité le jour où ils en auront besoin (Grande et
Vavra, 1999).
6. Certains donnent pour se prouver qu’il n’existe pas qu’un monde capitaliste reposant sur
l’échange économique.
don issue d’une synthèse de la littérature (Gautier, 2018). En plus des motivations identifiées ci-
dessus, il souligne également la
alors être tentant d’aider en priorité des causes où l’impact social est évident et peut s’évaluer à
court terme (exemple : la reconstruction en 5 ans de Notre-Dame de Paris suite à l’incendie qui
a eu lieu en avril 2019). Dès lors, lutter contre la faim dans le monde ou contre le réchauffement
climatique attirerait moins ces donateurs car leur impact social et leur « efficacité » à court
terme sont plus difficiles à évaluer.
100
Les freins au don reposent essentiellement sur le manque d’argent du donateur et de confiance
dans l’organisation qui sollicite le don. Il est donc nécessaire avant tout de rassurer le donateur
à la fois sur le sérieux de l’association et sur l’utilisation des fonds. À ce titre, les associations
peuvent travailler sur la réassurance de trois manières :
• par le lien social : les rencontres avec les donateurs potentiels (ou actifs) au travers de la
création d’événements (concerts, spectacles, rencontres sportives au profit de l’association,
animations en entreprise, portes ouvertes de l’association, etc.) permettent de créer de la
confiance et de répondre en direct aux questions sur la bonne utilisation des fonds ;
• par l’envoi de comptes rendus sur l’utilisation des fonds aux donateurs via des mailings
papiers ou un courrier électronique.
Que ce soit au travers des images télévisées de personnes dans la détresse (de type tsunami,
Téléthon, appels de la Fondation Abbé Pierre, incendie de Notre-Dame de Paris, etc.) ou au
travers de moyens de collecte hors-média (mailing, Internet, téléphone, collecte de rue), le
donateur potentiel est presque toujours exposé à des messages d’appels aux dons générant des
émotions négatives de peur, tristesse, pitié, compassion et/ou culpabilité. De nombreux
chercheurs ont travaillé sur l’influence des réactions affectives négatives dans les
communications sociales
(voir le chapitre 5) et sur le don en particulier. Ces recherches montrent que l’utilisation des
émotions négatives est efficace pour déclencher le comportement de don lorsque les éléments
suivants sont présents
(Lindsey, 2005 ; Richardson et Chapman, 2005 ; Basil, Ridgway et Basil, 2008, pour la
culpabilité ; Erlandsson, Nilsson et Västfjäll, 2018
pour la comparaison entre des émotions négatives et positives) :
• sensation que le donateur potentiel peut agir sur la cause au travers de son don.
© Dunod - T
101
Concernant la culpabilité en particulier, ce procédé est d’autant plus n■ Les émotions négatives
négatives dans les appels au don, les associations culturelles et de loisirs Moore, 2005) ;
• le message insiste sur la responsabilité sociale du futur donateur culturelles utilisent surtout
la communication sur la fierté d’appartenir (Basil, Ridgway et Basil, 2006) ;
d’arriver à faire quelque chose pour l’institution, le plaisir de participer à teur potentiel de faire
un faible effort monétaire, plus il se sent cou-un événement, les émotions éprouvées face à la
beauté des œuvres, etc.
pable de ne pas le faire, et plus il accepte de donner (Basil, Ridgway Certaines associations qui
œuvrent dans le domaine social mobi-et Basil, 2008) ;
lisent parfois les émotions positives. Citons le cas de la Croix Rouge qui
• les individus n’ont pas le sentiment qu’on tente de les manipuler a longtemps utilisé l’humour
pour sa collecte nationale dans la rue.
gera », la Croix Rouge a tourné plusieurs clips humoristiques sur la mise en scène des deux
personnages. Il s’avère que les bénévoles se sont Cependant, il est recommandé de ne pas aller
trop loin dans le choc ensuite approprié la chevelure d’Adriana (en portant une perruque)
ou dans la stratégie de culpabilisation, sous peine de perdre un grand pour collecter dans la rue
et attirer les passants au travers de l’humour.
(Coulter et Pinto, 1995 ; Chédotal, 2011). Ces stratégies de défense ne sont pas toujours
conscientes, mais elles se manifestent par différentes Les outils de la collecte de don1
réactions :
Pour l’association qui désire collecter des dons, plusieurs outils s’offrent
• se couper du message (exemple : en évitant d’ouvrir une enveloppe à elle en fonction de son
budget, et en fonction des cibles qu’elle sou-sur laquelle figure une photo trop choc, en
détournant la tête de
haite atteindre (voir figure 3.1). On fera attention à distinguer les l’image). Dans un contexte de
dons de vêtements, il apparaît que
bénéficiaires du don, de peur d’être trop émus par le contact avec la lieu à une déduction fiscale.
Il s’agit d’un achat : j’achète ma place au pauvreté : ces donateurs préfèrent donner à des
salariés ou bénévoles cinéma pour une opération de collecte organisée par les Restos du Cœur
de l’association, qui se font le relais de leur don (Bergadaà, 2006) ; en septembre 2019, je fais
un geste de solidarité (1 euro pour toute place
• diminuer la culpabilité ressentie en se disant qu’on a déjà donné au travers des impôts ou par
un autre moyen ;
• échanger avec son entourage pour qu’il renforce l’individu dans sa décision de ne pas donner
(Duhachek, 2005).
102
Si les grandes causes sociales mobilisent le plus souvent les émotions négatives dans les appels
au don, les associations culturelles et de loisirs utilisent un tout autre registre : les émotions
positives. Les institutions culturelles utilisent surtout la communication sur la fierté d’appartenir
à la communauté des donateurs de telle ou telle institution, le challenge d’arriver à faire quelque
chose pour l’institution, le plaisir de participer à un événement, les émotions éprouvées face à la
beauté des œuvres, etc.
lisent parfois les émotions positives. Citons le cas de la Croix Rouge qui a longtemps utilisé
l’humour pour sa collecte nationale dans la rue.
Pour l’association qui désire collecter des dons, plusieurs outils s’offrent à elle en fonction de
son budget, et en fonction des cibles qu’elle souhaite atteindre (voir figure 3.1). On fera
attention à distinguer les méthodes de collecte d’argent « marchandes » de celles « non
marchandes ». Les premières ne sont pas du don et ne donnent donc pas
lieu à une déduction fiscale. Il s’agit d’un achat : j’achète ma place au cinéma pour une
opération de collecte organisée par les Restos du Cœur en septembre 2019, je fais un geste de
solidarité (1 euro pour toute place de cinéma achetée pendant une semaine dans les salles
participant à l’opération), mais ce n’est pas du don. Nous allons dans les lignes suivantes
détailler toutes les méthodes de collecte de don qui s’offrent à l’association désireuse de faire du
fundraising (partie droite sur la figure ci-après).
oute reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod - T
103
Figure 3.1 – Panorama des outils de collecte d’argent pour les associations : les méthodes
marchandes et non marchandes
2 méthodes
Marchande
Méthodes anciennes
Mailing papier
( cf. chapitre 4)
Téléphone
produits partages,
Émission TV
concerts, événements
soirées de gala,
Méthodes récentes
Site Internet, réseaux sociaux, e-mailing
Micro don
Étant donné que ce sont encore les personnes les plus âgées en France qui donnent le plus en
valeur absolue aux associations ( cf. section précédente), l’outil de collecte qui leur correspond
le mieux est l’écrit : un courrier personnalisé avec un appel à dons à faire par retour de chèque.
Le courrier (ou mailing) est donc aujourd’hui le moyen de collecte le plus important : en
moyenne, 70 % des dons proviennent de cette sollicitation. Chaque élément du mailing mérite
qu’on s’y arrête car il obéit à des règles précises.
n■ L’enveloppe
L’enveloppe du mailing est utilisée pour attirer l’attention de l’individu et l’inciter à lire le
message. Elle est donc souvent illustrée de photos, de fenêtres transparentes montrant
l’existence d’un gadget offert ou de textes chocs. Certaines associations personnalisent le
message apposé sur l’enveloppe en interpellant le donateur par son prénom et son nom.
104
n■ Le gadget
d’Auteuil ;
• morceau de carton pour symboliser le logement des déshérités pendant l’hiver pour la
Fondation Abbé Pierre.
En général, l’association collectera plus si elle insère un gadget dans l’enveloppe. Selon Gautier
(2017) : « Une étude expérimentale basée sur 10 000 courriers de sollicitations a montré que la
présence d’un petit cadeau dans l’enveloppe augmentait de 17 % la probabilité de don et même
de 75 %
en cas de cadeaux plus importants. » Cependant, il faut faire attention à ne pas aller chercher
des donateurs uniquement pour « le cadeau » proposé car le risque est que les personnes ne
donnent plus en l’absence de cadeau.
n■ La lettre explicative
La lettre répond elle aussi à des règles bien précises en termes de contenu rédactionnel,
résumées ci-après et dans la figure 3.2.
FICHE PRATIQUE
« Il est nécessaire de raconter une vraie histoire au donateur dans laquelle il y a toujours la
même structure. Tout d’abord, il y a le mal, la cause pour laquelle on veut collecter. Ensuite, il y
a toujours une victime, qu’on va présenter, mettre en avant. Ça peut être un enfant, une femme,
un homme, mais il faut qu’elle soit personnalisée. Ensuite, il y a un héros, bien entendu, il s’agit
du donateur. Il faut que le héros perçoive qu’il peut faire quelque oute reproduction non
autorisée est un délit.
chose à son petit niveau et que c’est lui qu’on attend pour restaurer le bien.
Il faut donc toujours que le prospect passe par ces quatre moments. »
© Dunod - T
105
Le Mal
La Victime
Le Héros
Le Bien
De plus, pour Antoine Vaccaro, la cause sur laquelle on sensibilise le lecteur doit avoir un
certain nombre de caractéristiques pour susciter le don :
• elle doit concerner personnellement le lecteur (et non partir sur un discours sur le « genre
humain ») ;
• elle doit montrer que la cause est une question de vie ou de mort, ou en tout cas très grave (et
non une cause de « confort ») ;
• elle doit rassurer le donateur sur le fait que son don va être réellement utile et va permettre
d’améliorer la situation.
Bien entendu, une association de quartier qui souhaite collecter des fonds pour le club de rugby
local n’a pas de « victimes » à mettre en avant.
Ceci dit, elle pourra mettre en scène l’histoire vraie d’un enfant du quartier qui, par le rugby,
occupe sainement ses mercredis après-midi,
certaines recherches réalisées sur le message le plus propice à la collecte de fonds. Ainsi
Eveland et Crutchfield (2004) ont montré que plus les individus éprouvent une émotion
d’empathie lorsqu’ils lisent un appel au don, plus ils donnent. Il est donc nécessaire de créer de
l’émotion, mais également de souligner la proximité entre la « victime » et le donateur potentiel.
Une autre recherche a montré que les donateurs ont tendance à aider les ONG qui offrent une
représentation « acceptable » des bénéficiaires : la photo d’un enfant extrêmement handicapé
donne
moins de résultats qu’un enfant qui l’est moins car dans le premier cas, les individus ont
l’impression que leur don sera inefficace dans une telle situation (Eayrs et Ellis, 1990).
Même si ces résultats sont assez cyniques, ils n’en demeurent pas
moins très importants pour les associations collectrices. Ainsi un acteur du terrain nous a un
jour dit avoir abandonné des campagnes d’appel aux dons réalisées sur le thème du parrainage
d’enfants handicapés car 106
inconsciemment, peu de monde souhaite contribuer à cette cause : « On préfère aider un enfant
en parfaite santé au travers du parrainage. »
Le sexe et l’âge de la personne représentée sur la photo ont également une influence sur la
collecte : les enfants sont ceux qui génèrent le plus d’envies de donner, suivis par les femmes,
puis les hommes (Sargeant, 1999). Mais ce n’est pas pour cette raison qu’il faut mettre
uniquement des enfants en photo dans les mailings, en particulier si la cause de l’association ne
concerne pas ou peu ce public. Ainsi Mylène Broussous, ancienne collectrice de fonds à l’Institut
Curie, nous avait confié que l’Institut avait pour politique interne d’avoir une rotation des
thèmes de collecte. Même si elle savait que le cancer chez les enfants permettait plus de levée de
fonds que d’autres thèmes, elle s’obligeait à changer de thème par souci éthique car le cancer de
l’enfant, très rare, ne monopo-lise pas beaucoup de ressources de l’Institut Curie.
Enfin, une recherche a montré qu’il est plus efficace pour lever des fonds de demander d’abord
du temps à l’individu, puis de l’argent (en comparaison avec une demande uniquement
financière). Les auteurs
Cette théorie repose sur le fait que la demande de temps génère des pensées positives (partage,
joie d’appartenir à une communauté, etc.) qui vont favoriser un don d’argent supérieur proposé
dans un second temps (Liu et Aaker, 2008).
Au niveau de la forme, la lettre répond également à des règles particulières (voir l’avis d’expert
ci-dessous).
Avis d’expert
circonstances de la phrase ;
© Dunod - T
...
107
... 4. si je veux informer ou rester 6. je « fais le ménage » : je relis neutre, j’utilise « le, la, les,
un,
le document comme si je le
Contact : cherledan@mint.fr.
Beaucoup de lecteurs seniors ayant du mal à lire de trop petits caractères, il est préférable
d’utiliser une police de taille suffisante.
Par ailleurs, la lettre comporte toujours un post-scriptum dans lequel l’association va présenter
une information importante. En effet, le PS
Au sein de la lettre, toute nouvelle idée est testée par les associations professionnelles. Par
exemple, si le rédacteur teste une nouvelle anec-dote ou un PS différent, il va réaliser un mailing
sur un certain nombre d’adresses de donateurs et ensuite comparer ce courrier à l’ancien en
termes d’efficacité. Bien entendu, il devra faire attention à envoyer ces deux mailings à des
adresses « similaires », c’est-à-dire, à des donateurs ou prospects qui ont le même profil. Ainsi,
rien ne sera laissé au hasard.
n■ Le bulletin de don
30 euros – 50 euros – 100 euros – plus de 100 euros, etc.). Si l’association laisse le montant
libre, le donateur est perdu et a tendance à mettre un montant moins conséquent que ce qui lui
est suggéré par
don dans l’année. Un budget de 15 euros est en effet nécessaire pour traiter le courrier et
entretenir la relation avec le donateur pendant un an. Par la suite, l’échelle de dons est souvent
adaptée au montant déjà donné par l’individu : s’il a donné 50 euros, l’échelle démarrera 108
à 40 pour le pousser à donner un peu plus (60 euros). Le donateur a tendance à cocher la case
du milieu de l’échelle. Par conséquent, les associations proposent des échelles de dons où le
milieu correspond à ce qu’elles espèrent réellement obtenir ;
• les donateurs apprécient particulièrement que le bulletin de don précise à quoi correspond
concrètement chaque somme versée.
Curieusement, il n’est pas très utile d’interroger les donateurs potentiels sur leur perception du
mailing. On remarque en effet que ces derniers verbalisent et anticipent très difficilement leur
comportement par rapport aux différents éléments du courrier, et que les techniques qui
fonctionnent le mieux sur le terrain sont celles qui sont parfois les plus critiquées dans les études
(Evans et al., 2001) (voir le focus ci-dessous pour une étude faite sur des Français). C’est donc
par une méthode
expérimentale « en réel » qu’il faut tester l’efficacité de tel ou tel changement de contenu ou de
forme dans un mailing d’appel aux dons.
avait fourni un mailing qui était présenté en fin d’entretien à l’interviewé avec la consigne
suivante : « Vous recevez ça dans votre boîte aux lettres, qu’est-ce que vous faites ? »
Les résultats obtenus furent surprenants. En effet, les personnes interrogées ont été très critiques
par rapport à plusieurs éléments :
• la photo d’un enfant atteint du sida : « C’est toujours larmoyant, on joue sur la culpabilité,
c’est intolérable. » Pourtant, l’association a testé le mailing avec et sans photo, et collecte
beaucoup plus avec. Ici, les stratégies de défense face à une culpabilité ressentie trop forte
poussent certainement le donateur à critiquer cette stratégie, même si elle s’avère efficace ;
• l’échelle suggérant des montants de dons attendus. Pourtant, l’association a testé sans échelle
et sait également qu’elle ne peut pas laisser de oute reproduction non autorisée est un délit.
montant libre pour cause de faible montant indiqué par le donateur en absence de cadre de
référence ;
© Dunod - T
109
• le gimmick (un pin’s symbolisant la lutte contre le sida). Les individus jugent ce gimmick «
ringard », « coûteux », et sont très embarrassés : que faire de ce pin’s ? S’ils ne donnent pas à
l’association, ils sont gênés de le garder, mais ont aussi une appréhension à le mettre à la
poubelle. Pourtant, le pin’s permet d’inciter à ouvrir la lettre, car l’individu est curieux de
savoir ce qu’il y a à l’intérieur de l’enveloppe ;
• la présence d’étiquettes avec l’adresse de l’individu pour le remercier de son don. Même si
AIDES ne pratique pas cette technique, plusieurs personnes l’ont critiquée alors que les
associations qui l’utilisent savent, après des tests quantitatifs, qu’elle fonctionne très bien.
Interrogés sur les techniques de collecte de fonds et sur leur efficacité auprès d’eux, les individus
interrogés ont également été très critiques par rapport au street marketing alors même que
l’association enregistrait en comportement réel de très bons retours sur cette technique !
ont confirmé qu’il existe un grand écart entre les critiques adressées aux techniques de collecte
de fonds et le comportement réel de l’individu. En conclusion, il ne faut pas hésiter à tester en
réel la présence de tel ou tel élément critiqué lors des entretiens.
n■ L’enveloppe de retour
Pour faciliter la prise de décision rapide et éviter les erreurs dans la copie de l’adresse où
renvoyer le chèque, chaque mailing s’accompagne d’une enveloppe retour timbrée ou sous
forme « T ». Daniel Bruneau, ancien responsable de la collecte à l’association les Petits Frères
des Pauvres a testé les deux formules pour identifier celle qui est la plus efficace : l’enveloppe
retour « prêt à poster » (timbre imprimé sur l’enveloppe) a 20 %
de remontées de plus que l’enveloppe « T ». Ceci s’explique par le fait que les individus ont plus
de réticences à jeter un timbre qu’une enveloppe « T ». Certes, le « prêt à poster » coûte un peu
plus cher, mais au final, c’est la solution qui est la plus rentable financièrement.
Les éléments du mailing dépendent du contexte de la collecte. S’il s’agit d’un mailing d’urgence,
il sera souvent plus léger et plus concis qu’un mailing de collecte en prospection classique.
Ainsi, on a coutume de distinguer trois types de mailings humanitaires :
La question de la saisonnalité du don est importante pour solliciter les donateurs au bon
moment. En dehors de l’urgence, on remarque que
les donateurs sont les plus sensibles au don sur deux périodes :
• les deux mois avant Noël : la culpabilité est assez forte, le froid très présent, et le donateur a
un budget disponible pour les fêtes de Noël, voire un treizième mois. Ainsi, novembre et
décembre concentrent
un tiers des fonds collectés dans l’année par les associations (Bazin, Duros et Malet, 2018) ;
• avant l’été : l’individu a du temps, culpabilise un peu de partir en vacances et n’a pas encore
tout dépensé pour ses loisirs estivaux. La période des fêtes de Pâques est également propice au
don chez les
catholiques.
L’association qui débute dans la collecte de fonds pourra commencer par envoyer des courriers
d’appel aux dons aux proches de l’association : familles, amis, collègues, etc. Ensuite, si la
structure veut développer sa collecte, il est souvent nécessaire de louer des adresses auprès de
sociétés spécialisées.
Certaines associations louent par exemple les fichiers d’abonnés de la presse comme Le Monde,
La Croix, La Vie, Notre temps, L’Express ou autres.
Le but est de trouver la base de données qui va correspondre aux personnes susceptibles d’être
intéressées par la cause et d’être donatrices. En conséquence, les bases de données de la presse
qui cible des seniors, des croyants et des personnes argentées vont être louées en priorité. On
peut trouver ce type de bases dans d’autres lieux : par exemple, les abonnés à l’Opéra, ou à des
concerts de musique classique correspondent souvent aux critères cités ci-dessus.
Les associations les plus professionnelles peuvent également passer par les services de
prestataires spécialisés dans l’analyse des fichiers
© Dunod - T
111
d’adresses en adéquation avec leur cible de donateurs. Ces sociétés peuvent ainsi calculer des «
scores » pour chaque individu des bases de données. Le travail de Daniel Bruneau, ancien
directeur de la collecte et de la communication aux Petits Frères des Pauvres et de Christine
Filbien, responsable de la gestion de la base de données « donateurs » aux Petits Frères des
Pauvres est à ce titre, exemplaire (voir leur avis d’experts ci-dessous).
Avis d’experts
et de la communication
de données donateurs de
l’association ?
complète. Sa gestion est externalisée sur les achats qu’il a fait dans notre et s’appuie sur un
logiciel spécifique
l’association (un seul reçu fiscal annuel, Elle nous permet par la suite de calculer pas de
relances téléphoniques…),
... donateurs qui téléphonent pour avoir revenus. Ensuite, nous faisons des telle ou telle
information sur leur don. »
potentiels ?
Pauvres peut réaliser des scores pour peut signifier qu’ils sont propriétaires) maximiser la
portée de ses mailings
et communications.
sociodémographiques traditionnelles
avec plusieurs scores : la traditionnelle et des variables comportementales LTV (life time value)
, un score sur
vante).
élevé. »
puisqu’on estime que chaque année, 10 à 20 % des adresses sont périmées (déménagements,
décès, etc.). De plus, il devra évaluer à partir de combien d’années de « non-don », il doit
éliminer une personne de son fichier. Par exemple, l’Institut Curie a calculé qu’au-delà de neuf
ans, il ne faut plus utiliser une adresse de non-donateur.
Lorsque l’association sous-traite l’envoi de ses mailings de collecte à oute reproduction non
autorisée est un délit.
© Dunod - T
avec une faute d’orthographe dans leur nom. Tout autre mailing
113
arrivant avec cette même faute provient de la location ou de la vente du fichier de l’association
par le prestataire. De plus, ceci permet de vérifier que la société spécialisée a bien envoyé le
mailing à l’ensemble de la base en temps et en heure.
Certaines organisations sont tentées d’échanger leurs fichiers avec d’autres associations pour
prospecter sur une cible déjà donatrice. Cette technique s’avère souvent plus payante que la
location d’adresses non renseignées sur le don antérieur. Pourtant, selon nous, cette pratique est
dangereuse sur le long terme car elle aboutit à la sur-sollicitation de certains donateurs.
D’ailleurs, l’AFM-Téléthon, les Restos du Cœur, l’association AIDES ou encore les Petits
Frères des Pauvres n’échangent jamais leurs fichiers.
n■ Les opérations post-mailing : enrichir la base données donateurs Après un premier envoi,
l’ensemble du comportement du donateur est
enregistré dans une base de données très complète qui permet de garder en mémoire tout
l’historique de la relation donateur (voir les avis d’experts pages précédentes).
Ces derniers reposent souvent sur le calcul du score « RFM ». Ce score, très utilisé dans la
gestion de la relation client en marketing marchand (Jallat, Stevens et Volle, 2009), se calcule en
multipliant la Récence du don, par la Fréquence et le Montant. Concrètement, la formule
suivante sera appliquée :
(nombre de fois où la personne a donné en deux ans) × (montant total des dons versés par la
personne depuis deux ans).
114
Trois indicateurs sont calculés pour évaluer l’efficacité d’une opération de mailing :
Ces indicateurs seront très différents selon l’objectif du mailing : prospection ou fidélisation
(voir l’avis de l’experte Ann Avril - Unicef).
Avis d’expert
L’UNICEF France a collecté 72 millions d’euros en 2018 sur les particuliers (y compris les
legs). Hors legs, sa collecte s’élève à 54,5 millions d’euros.
représente 10 % de la collecte
ressources ?
se développer. Le prélèvement
...
© Dunod - T
115
... et de réaliser la bonne attribution Sur combien d’adresses faites-vous en termes de don.
Ainsi, il peut
nouveau mailing ?
le don.
à l’association (fidélisation ou
prospection). Sur les taux de retour, contre 50 000 autres adresses avec on a en moyenne près
de 6 % en
en prospection.
essentiellement en prospection.
couverture de 12 sur des donateurs à C’est ce que l’on appelle des openers plus fort potentiel
(ceux qui donnent
notamment pour tester la pertinence probabilité d’être lu est amplifiée. Là de certains mailings
ou encore
...
116
... En fidélisation, on les utilise beaucoup page de l’Unicef France. C’est très moins.
en prélèvement automatique :
aussi du porte-à-porte et de la collecte a quelques années, nous avions un sur sites privés (c’est-
à-dire dans les
mailing.
de la collecte ?
un « plateau » de la générosité et il
année.
donateur en digital ?
© Dunod - T
...
117
... moins d’éducation sur le don, on a arriver à créer une vraie relation, et à raté quelque chose
là-dessus. Il faut
évidemment passionnant.
En fin d’année, la collecte de fonds pourra également calculer deux autres indicateurs :
n■ Le téléphone
Le téléphone est difficile à utiliser dans la collecte de fonds auprès des particuliers pour trois
raisons principales. D’une part, il est nécessaire que l’association dispose d’une notoriété
suffisante pour susciter la confiance dès les premières secondes de l’appel. D’autre part, en
prospection, beaucoup d’associations ayant essayé cette technique ont
conclu qu’elle était peu rentable. Enfin, il existe un risque important lié aux démarcheurs
téléphoniques : ces derniers connaissent mal l’association et la cause car ils ne sont pas
militants. Dès lors, qu’arrive-t-il si leur interlocuteur leur pose des questions très précises sur
l’organisation ?
Lorsque la personne est déjà donatrice mais qu’elle n’a pas donné
depuis longtemps, le téléphone s’avère en revanche efficace. L’appel sert alors à mieux
comprendre les raisons de non-don et attire l’attention du donateur sur les besoins toujours
actuels de l’association.
118
Une autre technique de collecte de dons repose sur la collecte dans la rue au moyen de quêtes.
Cette technique est réglementée et l’association doit faire une demande spécifique pour pouvoir
la mettre en place.
Par ailleurs, elle est limitée dans le temps et l’organisme ne peut la pratiquer que quelques fois
dans l’année.
Au total en 2015, 9 millions d’euros ont été collectés par ce biais par différentes associations, et
35 millions pour le compte du Téléthon (Bruneau et al. , 2018). Il faut rappeler que le Téléthon a
une force de frappe sur le terrain énorme car il dispose de milliers de bénévoles capables
d’animer 20 000 évènements sur le terrain lors du week-end du Téléthon. Ceci explique donc son
succès sur la collecte de rues. La Croix Rouge, avec sa quête nationale, est également un très
bon exemple de l’efficacité potentielle de cette technique. En 2017, l’association a mobilisé 58
000 bénévoles sur sa collecte nationale dans la rue.
Il existe aussi des quêtes organisées dans des cadres privés (entreprises, événements, etc.) qui
représentent 3,35 millions d’euros collectés en 2015 (Bruneau et al. , 2018).
Au total, ce sont donc 47,5 millions d’euros qui sont collectés annuellement par ce biais, ce qui
n’est pas négligeable (Bruneau et al. , 2018).
n■ Le street marketing
La technique du street marketing consiste à collecter dans la rue, non pas des pièces ou des
billets, mais des autorisations de prélèvement automatique mensuelles au moyen d’un RIB. Cette
technique est particulièrement utile pour les associations de notoriété suffisante et plutôt
militantes.
Introduit par Greenpeace en France en 1997, le street marketing consiste à recruter des
donateurs parmi les passants en employant des collecteurs payés à l’heure. Ces derniers sont
généralement formés pendant deux jours par l’association : une journée sur les missions/valeurs
de l’association, une journée sur les techniques de collecte de fonds dans la rue. Collecter dans
la rue est particulièrement difficile car le collecteur passe son temps à essuyer des refus plus ou
moins agressifs : sur oute reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod - T
119
Le lieu idéal de recrutement de donateurs est un endroit où il passe beaucoup de monde, piéton
et si possible, très commercial. On remarque en effet que plus les individus sont abordés dans un
contexte marchand, plus ils sont enclins à signer une autorisation de prélèvement. Comme s’ils
voulaient donner un peu plus de sens à leurs dépenses ou amoindrir la culpabilité liée au fait
d’avoir dépensé beaucoup pour consommer. Ils ont également plus le temps de s’arrêter que
lorsqu’ils sont dans un environnement de travail.
Le collecteur doit aborder tous les passants sans distinction, leur présenter l’association, puis
ses besoins de financement. L’entretien se conclut par la proposition d’un geste citoyen reposant
sur la signature d’une autorisation de prélèvement automatique d’un montant minimal de 6
euros généralement. La consigne donnée aux collecteurs est de ne pas forcer la main ; il ne sert
à rien de faire signer le passant s’il résilie son prélèvement rapidement. Pour ce faire, les
enquêteurs sont payés à l’heure, et non au nombre de prélèvements. Ils ont une obligation de
moyens : montrer qu’ils font de leur mieux pour contacter le plus de personnes possible.
L’expérience montre qu’il faut 5 minutes en
temps ? Parce que la personne qui accepte de s’arrêter est déjà ouverte au don ou intéressée par
l’objet social de l’association et sait que le collecteur est là pour lui proposer d’offrir son
soutien financier.
La grande majorité des associations ayant testé la collecte de fonds de rue en sont satisfaites :
• les individus sont assez réceptifs, et signent souvent pour un montant nettement supérieur à 5
euros (9 à 12 euros en moyenne selon
ments stables et durables (pour Ann Avril, directrice de la collecte de fonds à l’UNICEF, on
perd 40 % des donateurs en prélèvement la
• il n’y a plus à relancer le donateur par courrier, et ce dernier est plus tranquille. On garde
néanmoins un contact avec lui au travers de
l’envoi d’une lettre d’information sur les activités de l’association en format papier ou mail ;
120
• cette technique permet de toucher une cible difficile à convaincre avec les mailings : les
jeunes de 18 à 35 ans. Ces derniers étant déjà dans une logique de prélèvement automatique
avec leurs abonnements au
téléphone portable, à Internet, à leur club de sport, etc., ils ne sont pas choqués par un
engagement stable auprès d’une association.
• il faut que l’association ait une notoriété suffisante et/ou un potentiel de confiance très fort,
sinon le recruteur de donateurs va passer beaucoup de temps à obtenir la confiance de la
personne abordée ;
• les passants qui ne s’arrêtent pas ont une image assez négative des collecteurs de rue : ils leur
rappellent qu’ils ne donnent pas aux associations, et la culpabilité peut naître dès qu’ils les
aperçoivent. Ils peuvent donc parfois avoir la sensation d’être harcelés, piégés par l’association
présente dans la rue. Ceci peut se répercuter négative-ment sur l’image de la structure. Dans un
même ordre d’idée, cer-
certain jour pour l’association X collecte le lendemain pour l’association Y. Ils se posent alors
des questions sur le statut de cette personne : militant ou commercial ? ;
• la question de l’occupation de l’espace public par les sociétés qui collectent dans la rue est
actuellement source d’un grand débat. Ainsi selon France Générosités, il est nécessaire de
réguler la présence des enquêteurs dans les différents quartiers pour éviter une « sur-
sollicitation » des passants. À l’inverse, la société ONG Conseil, leader sur cette technique de
collecte, plaide pour une liberté de collecte en argumentant que la France est bien loin d’avoir
saturé les donateurs en termes de sollicitation dans la rue.
Pour compléter ces différentes informations sur le street marketing, nous avons rencontré
l’entreprise ONG Conseil, acteur leader sur ce
© Dunod - T
121
Avis d’expert
ONG CONSEIL :
créé en 2004 une agence pour aider les associations dans leur démarche de collecte de fonds en
face-à-face : ONG Conseil. Cette société a pour objet de produire des programmes de collecte
de fonds en face-à-face pour associations : du recrutement des collecteurs salariés (« recruteurs
de donateurs »), en passant par leur formation et leur encadrement sur le terrain. En 2018, ONG
Conseil a atteint un chiffre d’affaires en France de 18,3 millions d’euros. Nous l’avons
rencontré pour avoir son regard sur l’état actuel de cette technique de collecte en France.
marché de « s’autoréguler ».
artificiellement le nombre de
122
faire exception ?
rémunérés ?
conseil.
agressive.
France ?
effectif de don.
va disparaître progressivement et
© Dunod - T
...
123
... émancipées des grosses « marques fois qu’on a donné à une structure associatives ». On voit
sur Internet
des acteurs peu connus, notamment forte ? Je crois que c’est possible, au travers des cagnottes
ou de
www.ongconseil.com
En 1970, une émission de télévision animée par le présentateur Pierre Bellemare au profit de la
Fondation pour la Recherche Médicale marque le début des manifestations télévisées de
collecte. À l’époque, le comp-teur de l’émission est alimenté en demandant aux personnes qui
sou-
haitent faire un don de 10 francs d’éteindre leurs récepteurs pendant une minute. EDF pouvait
ainsi, à partir des baisses de tension, évaluer le montant des promesses de dons (Vaccaro, 1996).
L’opération est un
La télévision offre une forte visibilité à l’association qui peut y accéder et elle permet de
travailler sur les deux ressorts du don de manière exceptionnelle : créer des émotions avec
l’image et des témoignages puis générer de la confiance au travers de la caution de la chaîne. Si
les grandes chaînes sont très peu ouvertes à la création de nouvelles manifestations,
l’association désireuse de passer par ce canal peut démarcher la multitude des chaînes du câble
ou du satellite. Moins importantes mais plus regardées au niveau local, elles peuvent être de très
bons supports pour ce type d’événements. L’émission peut reposer sur une demande de dons en
direct, comme pour le Téléthon ou le Sidaction, ou juste sur une sensibilisation à la cause,
comme au travers de l’émission Sol en Si, pré-enregistrée.
n■ Le micro-don
Le micro-don consiste à demander aux individus d’effectuer des dons de petites sommes
(quelques centimes, quelques euros) de manière
« embarquée », c’est-à-dire lorsqu’ils passent à la caisse d’un magasin ou lorsqu’ils font des
achats sur Internet. Ce don, indolore, est assez récent alors qu’il est pratiqué depuis de
nombreuses années en Grande-Bretagne. En France, l’entreprise solidaire d’utilité sociale
MicroDON
124
vient de fêter ses 10 ans. Sur l’année 2015, le montant qu’elle a collecté s’élève à 996 000 euros
(Bruneau et al. , 2018). En 2017, cette même société affiche une croissance remarquable
puisqu’elle a levé
2 454 389 euros (Bruneau et al. , 2018). Nous sommes donc face à une technique de collecte qui
séduit de plus en plus de Français. Une autre société œuvre pour l’arrondi : la société Ivoire qui
est un éditeur de cata-logue de vente par correspondance et de sites Internet au profit
d’associations. Cette entreprise, de son côté, affirme avoir collecté en 2015 la somme de 2 700
000 euros (Bruneau et al. , 2018).
De plus en plus de Français sont adeptes de la course à pied. Les associations proposent donc
depuis plusieurs années de courir de manière solidaire en achetant un dossard au profit de
l’association. La personne qui court paye elle-même son dossard ou le sponsorise par son cercle
familial et amical. Par exemple, la course « enfants sans cancer » organisée par Imagine for
Margo est une course solidaire où chaque participant s’engage à collecter un minimum de 200
euros pour la recherche contre le cancer des enfants via un partage de collecte personnelle. Cet
événement sportif a permis à l’association de collecter 1,6 million d’euros lors de sa 6e édition
en 2017. Un autre exemple est la course des Héros, qui aurait permis de collecter jusqu’à
présent 13 millions d’euros au profit de plus de 200 causes depuis sa création (Bruneau et al. ,
2018, page 38).
© Dunod - T
125
L’après-don
Une fois la collecte de fonds réalisée, il est nécessaire que l’association élabore une stratégie
visant à créer un lien privilégié avec le donateur.
Encore aujourd’hui, trop d’organisations mettent deux ou trois mois avant de remercier le
donateur, le laissant ainsi avec le sentiment que son don n’est pas très important pour
l’association. Le donateur comprend d’autant moins ce silence qu’il a fait son don par le biais
d’Internet : habitué à recevoir immédiatement une confirmation de toute
transaction monétaire lorsqu’il achète sur le web, il reste dans l’expectative lorsqu’il n’a pas de
confirmation par e-mail.
D’autres associations vont plus loin et envoient leur rapport annuel, une invitation à des
événements, à des manifestations, ou des pétitions à signer.
Elles peuvent aussi appeler le donateur pour le remercier et engager un dialogue sur
l’association. Les plus innovantes réservent à leurs donateurs un espace de dialogue sur Internet
avec un espace qui leur est dédié.
Une recherche réalisée sur la perception de la qualité de la relation établie entre le donateur et
l’association montre que la publicité et les événements organisés par cette dernière influencent
de manière très positive la qualité perçue de la relation, alors que le mailing a une influence
moindre (Bennett et Barkensjo, 2005). Les associations ont donc tout intérêt à communiquer plus
au travers des médias et à créer des événements pour enrichir la relation au donateur. Le
mailing seul a un impact, mais reste faible pour créer une véritable relation.
126
Cependant, beaucoup d’associations ont une certaine pudeur à évoquer la mort avec leurs
donateurs et à investir dans un service spécifique pour développer et gérer les legs. Pourtant, les
individus âgés n’ont pas d’appréhension à parler de ce sujet. Les études montrent en effet que
c’est vers 75 ans en moyenne que le premier testament est rédigé, et que l’individu est alors prêt
à parler de sa succession avec les associations (Dutertre et Rubio, 2005). De plus, les
associations ne sont pas toujours réactives face à une demande de renseignements sur le legs (
cf. Focus ci-dessous).
un legs…
« donatrice mystère » : elle a envoyé à 40 associations habilitées à recevoir des legs une lettre
d’une personne de 79 ans, sans héritiers, ayant perdu son mari depuis un an, et souhaitant avoir
plus d’informations sur l’association pour lui faire un legs. Sur les 40 associations, seules 9 ont
répondu dans les 15 jours et… 14 n’avaient toujours pas donné suite après deux mois ! 5
associations ont proposé un rendez-vous téléphonique, une seule lui a présenté ses condoléances
pour le décès de son mari, et 11 ont envoyé une lettre personnalisée. Par ailleurs, après deux
mois, seules 6 associations ont manifesté à nouveau leur intérêt en suscitant un rendez-vous pour
discuter de sa réflexion sur son legs.
178 organisations habilitées à recevoir des legs. Les résultats sont un peu supérieurs mais
pourraient être bien meilleurs : 29 % des associations n’ont pas répondu ! Deux structures ont
même répondu qu’elles ne pouvaient pas recevoir de legs. Pour celles qui ont réagi, le temps
était très variable : entre 3 et 54 jours, avec une moyenne de 28 jours. Si on se met à la place de
cette donatrice mystère, on peut se poser la question suivante : est-ce un signe de bonne gestion
qu’une organisation à qui on souhaite confier son argent après sa mort ne nous recontacte
qu’un mois plus tard ? Par ailleurs, seuls 15 % des courriers renvoyés par les organisations
étaient personnalisés et seulement 22 % proposaient de rencontrer la donatrice.
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127
associations, les legs sont traités par le service juridique, ce qui est une grave erreur : comme
nous venons de le montrer, c’est au service de la collecte de travailler sur ce sujet en mettant en
place un réel relationnel avec le testateur.
En 2013, une recherche s’est intéressée aux freins et motivations des testateurs (donateurs après
leur mort) par rapport au legs (Rieunier et Michel, 2013). La revue de la littérature réalisée a
fait émerger sept grands facteurs explicatifs au legs :
• le fait de ne pas avoir d’enfant à qui transmettre son patrimoine (en effet, 9 testateurs sur 10
sont sans enfant) ;
• la générativité qui peut se définir comme le désir de vouloir assurer une transmission pour les
générations futures. Ce concept, mis en évidence par Erik Erikson en 1963, recouvre trois
dimensions : l’immortalité symbolique de son nom, l’immortalité symbolique de son
histoire personnelle, l’envie de transmettre aux générations futures pour se sentir utile. Les
testateurs n’ayant pas d’enfant vont souvent vouloir exprimer leur désir d’être utiles via un legs
;
• le fait de vouloir exprimer son identité au travers du choix de l’organisation à qui on lègue.
On va ainsi exprimer ses centres d’intérêt avec le choix des bénéficiaires de son legs : intérêt
pour une maladie qui a marqué sa famille, intérêt pour les animaux qui permettent de mieux
supporter sa solitude, intérêt pour son université ou son école, etc. ;
• le bénéfice des réductions fiscales. Dans le cas de la nomination d’une association comme «
légataire universel », la fiscalité est alors très favorable pour les personnes qui vont hériter (voir
des sites spécialisés pour plus de détails juridiques et d’informations) ;
128
• la volonté de limiter l’héritage familial. En France, il est illégal de déshériter ses enfants.
Cependant, tout individu dispose d’une
quotité disponible qu’il peut affecter à qui bon lui semble, personne physique ou association. Il
n’est donc pas rare de voir que certaines personnes lèguent cette quotité à une association pour
régler leurs comptes avec leurs enfants au moment de leur succession. Il en va
de même pour les personnes sans enfant qui ne veulent pas que
leurs neveux héritent alors même qu’ils ne portent aucune attention au testateur ;
• l’analyse du positionnement des plus gros collecteurs de legs sur les trois dernières années
fait émerger une huitième motivation : la quête d’immortalité spirituelle. Le legs est alors le «
don ultime »
Ces huit motivations semblent être de différents niveaux et certaines motivations en précèdent
d’autres. Par exemple, le fait de ne pas avoir d’enfant explique par la suite la motivation à
l’immortalité symbolique.
Figure 3.3 – Les freins et les motivations au legs et le choix du bénéficiaire Ne pas avoir
d’enfants et/ou
volonté de limiter
l’héritage familial
- Coût du notaire
Motivations
au legs
Générativité
- « Une petite
= désir de faire le
Immortalité
fortune ne peut
spirituel e
pas intéresser
générations futures
= dernier acte
les ONG »
+ désir
sacré
d’immortalité
symbolique
Critères de
Choix en fonction du
choix du
Choix identitaire et
professionnalisme
de réciprocité
- Considération envers
bénéficiaire
- Identité individuel e
le testateur
du legs
- Identité communautaire
- Identité familiale
dernières volontés
- Rencontre
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129
Une fois que le donateur a pris sa décision de faire un legs pour une organisation extérieure à sa
famille, il lui reste à choisir le bénéficiaire de son legs. Par exemple, s’il décide de léguer pour
la recherche sur le cancer, vers quelle association va-t-il se tourner ? La Ligue contre le Cancer,
l’ARC, l’Institut Curie, la Fondation pour la Recherche Médicale, l’Institut Gustave Roussy et de
multiples autres structures vont entrer en concurrence pour être bénéficiaire du legs.
Deux grands critères vont orienter le choix du testateur : des critères identitaires (détaillés plus
haut) et des critères liés au professionnalisme perçu de l’association. Ce professionnalisme est
évalué autour de deux dimensions : (1) la légitimité pour répondre au besoin d’immortalité
symbolique et spirituelle vu plus haut, (2) la capacité à créer un lien relationnel fort avec le
testateur. À ce titre, avoir des salariés dédiés à la relation legs capables d’écouter les angoisses
et les confidences du testateur, d’assurer le respect de ses dernières volontés, de garantir
l’immortalité de son nom au travers d’un « mur » des testateurs, de recevoir son histoire
personnelle, d’en être le dépositaire et surtout d’entretenir la relation à long terme avec ce
dernier est fondamental pour l’organisation collectrice. La relation au testateur doit donc être
particulièrement soignée pour développer un attachement émotionnel et une confiance
Mais avoir un service testateur digne de ce nom ne fait pas tout. Il est également nécessaire que
le service communication de l’organisation sache comment parler de legs à ses donateurs sans
les choquer. Le journal de l’association est alors très efficace puisqu’il les touche tout en ne les
désignant pas spécifiquement comme étant de futurs testateurs. Il permet de mettre en avant la
possibilité de faire un legs et de commander la brochure dédiée à cette démarche.
130
Pour les personnes intéressées par les outils et les tendances de la collecte de fonds qui
souhaiteraient aller plus loin, une association
regroupe l’ensemble des collecteurs de fonds français et offre un lieu d’échange et de formation
autour de ce thème (voir encadré ci-dessous).
On peut également leur conseiller de suivre le Mooc réalisé par la chaire dédiée à la
Philanthropie hébergée à l’ESSEC 1.
Ainsi en France, une association a vu le jour pour aider les personnes en charge du
développement des associations ou autres organisations dans cette tâche : l’AFF (Association
Française des Fundraisers). Cette association propose de former les salariés et des bénévoles
d’associations aux techniques de collecte de fonds et de favoriser le partage d’expériences en la
matière. Elle organise ainsi de multiples petits-déjeuners et journées de formation, un séminaire
annuel de trois jours sur la collecte de fonds, un séminaire annuel de trois jours focalisé sur la
collecte dans la culture, un autre consacré à la collecte dans l’éducation, les établissements de
santé, ainsi qu’une formation à la collecte en partenariat avec l’ESSEC. Très ouverte sur
l’international, elle se fait également l’écho de nouvelles techniques et opérations fructueuses à
l’étranger. Pour les adhérents, l’association met en ligne une base documentaire très importante
sur la collecte de fonds.
Depuis 2014, on peut également commander en ligne des ouvrages sur le fundraising qui sont
édités par l’association, très accessibles en termes de prix, ils sont des repères précieux pour les
fundraisers.
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131
L’essentiel
Chapitre 4
Comment conclure
les entreprises ?
et Fabrice Larceneux
« non urgentes ».
Executive summary
les entreprises.
Ensuite, il faut être vigilant sur les risques encourus, tant par
132
Chapitre 4
Comment conclure
les entreprises ?
et Fabrice Larceneux
Executive summary
Ensuite, il faut être vigilant sur les risques encourus, tant par
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133
proque. Pour les associations, une organisation axée sur le profit est souvent perçue comme
infréquentable, car trop éloignée des probléma-fiscaux et réglementation des partenariats
tiques altruistes. Pour les entreprises, le milieu associatif apparaît Les possibilités de
partenariats sont multiples : de l’opération commer-comme dangereusement idéaliste et peu
fiable, incapable de conduire ciale ponctuelle à la coopération poussée. D’un point de vue
juridique, sérieusement un projet. Cette méfiance mutuelle pousse ainsi de nom-il peut s’agir de
partenariats de type a priori non commercial (mécénat) breuses associations à rechercher, en
premier lieu, des subventions ou de partenariats de type commercial (sponsoring/parrainage).
Les
Le mécénat
« faire » qui prévaut. Les associations se trouvent alors encouragées à Depuis l’arrêté du 6
janvier 1989, le mécénat consiste en un « soutien chercher des fonds en complément ou à la
place des subventions. Les matériel apporté sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire,
à entreprises, quant à elles, sont incitées à s’engager et à soutenir des asso-une œuvre ou à une
personne pour l’exercice d’activité présentant un ciations, via notamment l’outil fiscal.
intérêt général ». Les entreprises qui soutiennent des associations bénéficient d’un avantage
fiscal qui n’existe pas dans le cadre du parrainage.
C’est dans ce contexte que s’impose la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et ses
déclinaisons (ISR pour investissement respon-n■ Trois types de mécénat
sable ; ESG pour Environment Social Gourvenance, etc.). Ces logiques d’analyse extra-
financière ont pour objectif d’allier performance écono-
• Mécénat financier
mique, progrès social (emploi, conditions de travail, etc.) et engage-C’est une forme
traditionnelle de partenariat. Il est pratiqué en France ment sociétal (développement durable,
droits de l’Homme, etc.).
par 92 % des entreprises mécènes (Admical, 2018), et consiste en un Il s’agit d’une tendance
lourde, de mieux en mieux intégrée par les diri-versement d’argent directement à l’association.
Ce versement peut être geants d’entreprise et les parties prenantes (pouvoirs publics, agence de
forfaitaire ou, plus rarement, proportionnel aux ventes. Ces aides sont notations, etc.).
souvent étalées sur des projets d’environ trois ans, et parfois renouve-Ces partenariats
représentent de véritables opportunités pour les
lables. S’il est le plus courant, ce type de mécénat, autrement qualifié de deux parties.
Accompagnant le développement de la RSE, l’entreprise
cherche à ancrer ses valeurs et son action dans un projet engagé. Cette entreprises.
• Mécénat de compétences
peut être porteuse de compétitivité pour l’entreprise. De son côté, l’as-L’entreprise aide
directement l’association en mettant à sa disposition sociation doit être en mesure de proposer
des axes et des supports de des savoir-faire de salariés au service du projet pendant tout ou
partie communication innovants en apportant son expertise et en partici-des heures de travail.
Ces partenariats sont aujourd’hui largement acceptés par les Français qui sont 84 % à avoir
une bonne image des entreprises mécènes
(Kantar, 2017).
Accenture soutient Initiative France, le premier réseau associatif français pour développer
l’entreprenariat dans les quartiers prioritaires. Pendant 1 an, des consultants sont mobilisés
(équivalent à 350 journées de travail) pour réaliser des audits afin de faciliter le travail des
accompagnateurs Initiatives France en adaptant leur process et outils au contexte local.
134
Avantages financiers,
Le mécénat
Depuis l’arrêté du 6 janvier 1989, le mécénat consiste en un « soutien matériel apporté sans
contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice
d’activité présentant un intérêt général ». Les entreprises qui soutiennent des associations
bénéficient d’un avantage fiscal qui n’existe pas dans le cadre du parrainage.
• Mécénat financier
C’est une forme traditionnelle de partenariat. Il est pratiqué en France par 92 % des entreprises
mécènes (Admical, 2018), et consiste en un versement d’argent directement à l’association. Ce
versement peut être forfaitaire ou, plus rarement, proportionnel aux ventes. Ces aides sont
souvent étalées sur des projets d’environ trois ans, et parfois renouvelables. S’il est le plus
courant, ce type de mécénat, autrement qualifié de
entreprises.
• Mécénat de compétences
Accenture soutient Initiative France, le premier réseau associatif français pour développer
l’entreprenariat dans les quartiers prioritaires. Pendant oute reproduction non autorisée est un
délit.
1 an, des consultants sont mobilisés (équivalent à 350 journées de travail) pour réaliser des
audits afin de faciliter le travail des accompagnateurs
© Dunod - T
135
selon Admical (2018). Toutes formes de compétences peuvent être envisagées, des prestations de
base jusqu’à l’expertise technique pointue.
• Mécénat en nature
Il est moins connu, pratiqué par 20 % des entreprises mécènes et consiste à apporter un soutien
direct et concret à l’association via l’utilisation gratuite de produits, de services ou de structures
logistiques. Intermar-ché par exemple redistribue les produits à date de limitation de courte
durée à Caritas. Afin de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande, des plateformes
numériques se créent.
Cas d’association
Synapsae.org est une plateforme créée en 2018 en Aquitaine qui vise à faciliter et sécuriser les
relations de mécénat en nature pour les entreprises et les opérateurs professionnels de la
culture. Elle intervient tout au long de la mise en relation et des échanges : publication d’offres
ou de demandes de don ou de mise à disposition de matériaux, matériel, technologie, locaux ou
compétences, mise à disposition d’une convention tripartite, etc.
Le mécénat s’étend à tout type d’entreprises et à des projets variés liés à l’humanitaire, au sport,
à l’insertion ou à l’environnement. Le budget du mécénat d’entreprise s’établirait à environ 3,5
milliards d’euros et concernerait près de 10 % des entreprises françaises1.
Les budgets les plus importants sont le fait des actions sociales (28 % du budget total de
mécénat en France) et de la culture et du patrimoine (25 %).
À noter que si ces deux domaines phares sont en croissance depuis 2015, le soutien à la
recherche baisse de façon drastique, passant de 11 % à 1 %
1. Les chiffres détaillés dans cette section sont issus de l’enquête Admical-CSA, 2018.
136
Une tendance notable côté entreprises concerne le mécénat collectif, qui consiste à créer des
clubs, fondations ou fonds de dotation qui réunissent de petits mécènes souhaitant s’investir à
plusieurs sur des projets communs sur un territoire spécifique (exemples : Prisme Mécènes
Reims, Bordeaux Mécènes Solidaires, Mécèn’élite Anjou, etc.). En 2017, 14 % des entreprises
mécènes montrent un intérêt réel pour ce type de mécénat, intérêt qui va croissant avec la taille
de l’entreprise (1 grande entreprise sur 2 est intéressée). La volonté ici est celle d’un ancrage
territorial qui devient alors un vecteur de cohésion et facilitateur d’action collective.
Accompagnant ces évolutions, les spécificités fiscales du mécénat ont été assouplies. Avec la loi
du 1er août 2003, on s’éloigne du don « pur » et on autorise les entreprises à demander des
contreparties à leurs soutiens.
La loi du 1er août 2003 relative au mécénat permet aux entreprises de déduire fiscalement 60 %
de la somme versée, dans une limite de 0,5 %
du chiffre d’affaires hors taxe (et plafonnée à 10 000 euros). En retour, la loi stipule que les
organismes bénéficiaires des dons peuvent associer le nom de l’entreprise versante aux
opérations réalisées. En effet, les entreprises peuvent bénéficier de contreparties, s’il existe,
selon les termes de la loi, une « disproportion marquée » entre le montant du don et la
valorisation de la prestation rendue. Pratiquement, les entreprises peuvent recevoir des
contreparties dans la limite de 25 % du montant versé. Par exemple, une entreprise qui donne 2
000 euros à une association artistique peut en théorie recevoir « gracieusement » 20 places à 25
euros pour assister à des représentations. Dans le cadre d’un mécénat de compétences, le don
sera évalué à partir du prix de revient de la prestation proposée. Dans le cadre d’un mécénat en
nature, le montant des dons est évalué sur la base de la valeur en stock des biens.
La valeur de ces contreparties n’est pas toujours évidente à estimer de manière monétaire : s’il
peut être facile de calculer le nombre de billets d’un spectacle, il est plus délicat d’évaluer des
éléments intangibles, tels que la valeur de la diffusion d’un logo au travers des différentes
campagnes de communication. C’est là qu’entre en jeu l’appréciation subjective de la notion de
« disproportion marquée ».
© Dunod - T
137
En pratique, pour obtenir un reçu fiscal, l’association doit démontrer qu’elle est d’intérêt
général, que son action n’est pas réservée à ses membres, que la gestion est désintéressée sans
aucune distribution
directe ou indirecte des bénéfices ou attribution d’actifs, qu’elle ne concurrence pas une
entreprise et qu’elle n’a pas de relation privilégiée avec une entreprise. Puis le formulaire
modèle fourni par les impôts (Cerfa 1580-01) doit être adapté. L’ensemble est ensuite soumis à
l’accord de la cellule « association » des impôts.
fiscaux ?
La réduction d’impôt pour les entreprises assujetties à l’impôt sur les sociétés ou sur le revenu
est possible lorsque les dons sont réalisés au profit :
• d’organismes publics ou privés de gestion désintéressée et qui ont pour activité principale la
présentation au public d’œuvres dramatiques, lyriques, musicales, chorégraphiques,
cinématographiques et de cirque, à condition que les versements soient affectés à cette activité ;
• d’établissements de santé dont les ressources peuvent comprendre les libéralités, dons, legs et
leurs revenus.
138
Plus de 73 000 entreprises ont déclaré des dons (soit 4 % des entreprises françaises) avec un
don moyen de 23 000 euros (Admical, 2018).
Ces moyennes recouvrent des réalités très différentes selon la taille de l’entreprise : 81,4 % des
grandes entreprises déclarent des dons en moyenne d’environ 4 millions d’euros (contre 20 %
des PME qui
engagées au niveau local. Pourtant, on constate un développement très inégal selon les
territoires et cela constitue un frein structurel important : les 2/3 des dépenses s’effectuent en
Île-de-France et Rhône-Alpes.
Mais le niveau d’engagement politique local dans la défense d’une politique de mécénat crée
aussi de fortes inégalités. La Bretagne, la Bourgogne ou la Corse sont ainsi parmi les territoires
les plus dynamiques avec près de quatre fois plus de mécènes en 5 ans. Les fondations
territoriales semblent jouer un rôle déterminant. La fondation de Lille, par exemple, soutient les
associations en se présentant comme un « trait d’union » entre donateurs, collectivités et
associations locales pour financer des actions de solidarité en région Hauts-de-France. De
même, Bordeaux Mécènes Solidaires identifie les besoins et accompagne plus de 25 projets par
an.
On serait tenté de penser que les assouplissements fiscaux successifs expliquent en partie le
développement du mécénat. Pourtant, une partie significative des entreprises qui pratiquent le
mécénat n’en retire aucun avantage financier et seules 50 % des entreprises ont déclaré leurs
dons à l’administration fiscale en 2017. Il peut s’agir d’entreprises défi-citaires, pour lesquelles
l’argument fiscal n’est pas incitatif. Le rapprochement entre une entreprise et une association
provient donc de
motivations autres que financières, et l’argument fiscal n’est qu’un oute reproduction non
autorisée est un délit.
© Dunod - T
139
Malgré l’essor du mécénat, des formes alternatives de partenariats de type plus commercial se
sont développées. En effet, beaucoup d’entreprises cherchent aujourd’hui à différencier leurs
actions de communication et/ou à utiliser tous les moyens pour conquérir et fidéliser les
consommateurs.
À l’inverse du mécénat, le parrainage est défini comme « le soutien matériel apporté à une
manifestation ou à une personne, à un produit ou à une organisation en vue d’en retirer un
bénéfice direct ». Le parrainage est traditionnellement plutôt orienté vers le domaine sportif,
susceptible d’être largement médiatisé (par exemple : une entreprise qui sponsorise un bateau et
affiche sa marque sur les voiles et la coque). D’autres exemples de parrainage associations –
entreprises sont les produits partages ou les produits dédiés (décrit dans les sections suivantes).
davantage vers le soutien au sport et au domaine social, via par exemple des actions croisées
telles que l’intégration des jeunes avec le sport (voir par exemple l’association Fête le Mur). De
fait, la frontière entre mécénat et parrainage tend à devenir de plus en plus floue et ténue à
mesure qu’ils deviennent multisectoriels.
de professionnels de santé
(Diverses mesures d’ordre social) régulièrement mise à jour. Cette loi organise les relations
entre 4 parties : (1) les professionnels de santé, (2) les malades à qui sont prescrits des produits
de santé (médicaments 140
et/ou dispositifs médicaux) vendus par (3) l’industrie pharmaceutique et (4) l’État qui
réglemente ces transactions (autorisations d’exercice, de mise sur le marché, de remboursement
et réglementations des relations entre les différentes parties).
« cadeaux » (des stylos, carnets, etc., jusqu’aux voyages lors des colloques internationaux)
pourraient influencer l’acte de prescription.
Pour limiter de tels dérapages, la loi encourage fortement les associations de professionnels de
la santé et les industriels pharmaceutiques à établir des rapports clairs concernant les
contreparties (d’une valeur au moins égale à 10 euros) par l’établissement de conventions
rendues
De plus, alors que les associations de professionnels de santé vivaient précédemment de dons de
la part des industriels « remerciés » par l’affichage de leur logo, elles doivent désormais
développer de nouvelles formes de partenariats en proposant des contreparties jugées «
équitables » par les instances de contrôle (Conseil National de l’Ordre des Médecins, Agence
Nationale de Sécurité du Médicament, juge civil,
Cas d’association
Depuis près de 20 ans, le Club des Jeunes Néphrologues (CJN) regroupe les jeunes médecins
spécialisés dans la prise en charge de patients souffrant de
augmentant son autonomie et sa pérennité : les prestations proposées aux industriels (visibilité
du logo des partenaires, expertise dans les documents
...
© Dunod - T
141
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
... présentés par l’industriel, formations à destination des représentants de l’industriel, etc.) ont
été structurées en fonction du montant de l’investissement. Depuis 2012, c’est une vingtaine de
partenaires industriels qui soutiennent chaque année l’association dans un climat serein de
transparence. C’est ainsi que le CJN a pu développer des projets de recherche innovants, à
l’image de l’étude AlcalUN (mesure de l’impact du
de ses partenaires. Désormais, le CJN peut valoriser ce cercle vertueux et se prévaloir d’être
non seulement un leader dans le domaine de la néphrologie française mais aussi un exemple de
structuration de la jeune génération de médecins.
Jean-Philippe Bertocchio,
• vers les dons de particuliers : ce type de levée de fonds est moins soumise à réglementation et
a une moins mauvaise image ;
• vers des industriels non pharmaceutiques : par exemple les industriels des soins de beauté
pour des associations en dermatologie, des industriels de diététique pour les associations de
gastro-entérologie, etc. ;
d’un partenariat ?
Par essence, une entreprise a comme objectif final la maximisation de son profit. Ses logiques
d’existence et d’actions sont donc a priori en totale contradiction avec celles d’une association à
but non lucratif. Pour trouver un terrain d’entente avec une entreprise, l’association doit donc
faire l’effort d’aller au-delà de ses motivations propres pour rencontrer celles de l’entreprise.
142
Recherche
de fonds
Recherche
soutiens
Recherche de
produits et
Recherche de
services gratuits
compétences
Il est aussi possible de trouver au sein des entreprises l’occasion de mobiliser des bénévoles
et/ou de multiplier ses donateurs potentiels.
n■ La recherche de fonds
C’est évidemment ce qui intéresse en premier lieu une association. En effet, les fonds versés par
les entreprises peuvent permettre de compenser des baisses éventuelles de subventions ou de
dons émanant des particuliers. Il peut s’agir de fonds pour retrouver un équilibre général de
trésorerie ou de la nécessité de financer un nouveau projet pour que ce dernier puisse voir le
jour. Il sera plus facile de mobilier des soutiens dans ce deux ième cas.
Une variante de la recherche de fonds passe par la recherche de donateurs issus des rangs de
l’entreprise partenaire. Les salariés de l’entre-
© Dunod - T
prise, faisant partie d’un réseau de proximité, seront beaucoup plus à 143
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
fichiers de donateurs cent fois échangés et cent fois sollicités. Dans certaines entreprises, surtout
d’origine anglo-saxonne, il y a abondement par l’entreprise des dons versés par les salariés.
Cette recherche correspond à deux objectifs distincts : l’un est tourné vers la minimisation des
dépenses et l’autre vers la maximisation des recettes.
Ne pas dépenser est parfois une posture obsessionnelle dans certaines associations. S’engage
alors une recherche de soutiens en ce sens : remboursement de frais, prêt de matériel
informatique, structures logistiques à disposition, gratuité de supports de communication ( cf.
recettes intéressantes aux associations. Dans ce cas, tout ou partie des bénéfices est reversé à
une association (on parle de produits partages).
n■ La recherche de compétences
L’entreprise apporte des ressources en compétences, c’est-à-dire des salariés dont l’activité
sera, tout ou partie, dévolue à l’association partenaire (mécénat de compétences). Les bénévoles
venant de l’entreprise peuvent soutenir des événements organisés conjointement par la firme et
l’association. Ce bénévolat occasionnel peut se muer en bénévolat régulier si, séduits par
l’association, les salariés de l’entreprise en viennent ensuite à une démarche personnelle.
Développer des formes d’actions centrées sur la responsabilité citoyenne et sociétale constitue
l’une des motivations fondamentales des partenariats entre des associations et certaines
entreprises. Dès lors, les objectifs du partenariat pour les entreprises consistent à mettre en
scène leurs valeurs dans une perspective plutôt à long terme. L’association fournit alors
l’opportunité de les incarner, voire d’accompagner l’entreprise sur des nouveaux champs
d’exploration.
Avant tout contact avec une entreprise, les associations doivent donc s’informer sur ses valeurs,
souvent reprises sur les sites Internet et dans 144
Au-delà de cet intérêt général autour des valeurs, les motivations plus précises des entreprises à
faire du mécénat sont décrites ci-dessous.
dans le mécénat
L’enquête Admical (2018) met en exergue les principales motivations des entreprises françaises
à faire du mécénat :
3. construire des relations avec les acteurs du territoire ; 4. valoriser l’image et la réputation de
l’entreprise ;
Source : http://admical.org/sites/default/files/uploads/etude_
mecenat_dentreprise_en_france_-_2018_vf_.pdf
Communiquer
différemment
Mettre en scène
les valeurs
de l’entreprise
Mobiliser
les salariés
145
Communiquer différemment
S’associer avec une association peut s’intégrer dans une stratégie de communication
institutionnelle et/ou commerciale de l’entreprise. De ce fait, les entreprises assument de plus en
plus l’idée d’un partenariat non totalement désintéressé, dont les retours se font par la
promotion de l’image institutionnelle de l’entreprise ou par un gain commercial direct.
des concurrents
Les partenariats commerciaux de courte durée offrent une forte visibilité de l’association sur les
produits de l’entreprise. La perspective gagnant/
gagnant est assez évidente pour les deux parties si les objectifs de communication sont
clairement affichés. La coopération donne alors lieu à la création de produits « portés » par
l’image de l’association.
Dans le cadre de la mise en place d’un cause related marketing, il peut s’agir de produits
partages (un pourcentage du prix de vente d’un produit « classique » est reversé à une
association), opération facilement et rapidement mise en place et bénéfique pour les deux
parties, ou de produits dédiés (un produit spécial est créé et vendu) dont tout ou partie de la
vente est ensuite reversé à l’association.
American Express est une des entreprises pionnière de cette stratégie en ayant proposé en 1983
une campagne de restauration de la statue de la liberté qui a permis non seulement de récolter
1,7 million de dollars pour cette cause. American Express proposait de reverser 1 penny chaque
fois qu’une carte était débitée et 1 $ pour chaque nouvelle carte. Le nombre de titulaires a
augmenté de 45 % et l’utilisation de cartes de 28 %. Ce soutien a en outre engagé American
Express dans une cause plus générale de soutien aux grands monuments mondiaux.
Ces partenariats sont souvent des opérations ponctuelles qui permettent à l’association de
bénéficier d’une rentrée d’argent et peuvent être considérés comme un premier pas vers un
partenariat plus intégré.
spécifique. Par exemple, certaines banques sont sponsors des associations nationales et
régionales de bridge, et ainsi communiquent différemment à un certain profil de clientèle.
Cas d’association
Devenir membre du cercle des entreprises mécènes de l’Opéra National de Paris, c’est
contribuer au développement de son activité, notamment par une aide financière annuelle d’un
montant minimum de 200 000 euros
(soit 80 000 après réduction d’impôts). De ce fait, l’entreprise participe à la vie culturelle et aux
rencontres régulières du cercle. Organisées en présence du directeur de l’opéra et d’artistes, ces
rencontres ont pour objectif d’informer les membres de la politique artistique et budgétaire de
l’institution et de favoriser les échanges avec les entreprises mécènes.
bées des actions de mécénat sont souvent attendues en termes de visibilité dans les médias. Cette
manière de parler différemment aux clients de l’entreprise enrichit l’image de marque de
l’entreprise, tant pour elle-même que par rapport à ses concurrents.
L’encadré ci-dessous montre que certaines entreprises s’attendent à ce que l’association les aide
à construire leur stratégie d’image et de différenciation.
© Dunod - T
147
Une entreprise de cosmétiques recherchait aux États-Unis un projet de mécénat dédié aux
enfants. Ce projet devait lui permettre de se différencier de toute entreprise du secteur sur le
continent américain et de soutenir son image de marque. Un partenariat a été signé avec une
fondation médicale américaine spécialisée dans l’aide aux enfants souffrant de déformations
faciales. Une crème labiale a ainsi été développée au profit la fondation et une campagne de
promotion spécifique conçue sur le site Internet a été soutenue par plus de vingt-cinq stars telles
que Jennifer Aniston ou Gwyneth Paltrow. Plus de 200 000 tubes de crèmes ont été
commercialisés, permettant une levée de fonds de plus de 1 million de dollars pour la fondation
et d’aider 400 000 enfants dans le monde. La couverture presse a généré plus de 58 millions de
citations pour les seuls dix premiers mois suivant l’opération.
Source : www.artsandbusinesspartners.com
Les associations peuvent donner l’occasion à certaines entreprises de tisser d’étroites relations
avec les collectivités territoriales. Cette stratégie est ren-forcée par la décentralisation aux
collectivités territoriales des compétences portant notamment sur le développement économique,
l’aménagement
du territoire ou la formation. Les entreprises ont alors intérêt à s’impliquer davantage dans des
réseaux d’acteurs locaux (collectivités, société civile, etc.) et d’instances locales (conseils de
développement, pôles d’excellence, etc.). Le cofinancement avec d’autres partenaires publics ou
privés offre par exemple l’occasion de rencontres avec les décideurs.
Via ce type d’engagements, l’entreprise préserve son « influence » sur son environnement socio-
économique immédiat. Cela se traduit par un renforcement du mécénat de proximité : plus de 90
% des entreprises agissent en 2018 à l’échelle locale contre 65 % en 2008 (Admical, 2018).
Provoquer des rencontres avec des décideurs et parties prenantes via ses partenariats prend
différentes formes. Il peut s’agir par exemple :
artistes. On peut citer par exemple citer le prix Clio pour l’archéologie.
n■ Occasions de sensibiliser les acteurs en lien avec l’entreprise Outre les événementiels, le
partenariat avec une association fournit l’opportunité à une entreprise d’être originale et
créative en dynami-sant ses relations « administratives » avec ses partenaires (fournisseurs,
clients, prospects, etc.).
La carte de vœux et les colis accompagnés en sont des exemples. Il est par exemple possible pour
l’entreprise d’acheter des cartes de vœux au profit de l’association qu’elle parraine. Ces cartes
de vœux peuvent même être considérées comme un produit partage, réel ou virtuel. On peut
penser aussi aux colis accompagnés d’une plaquette de l’association lors des transactions entre
l’entreprise et ses partenaires (courriers, colis, etc.). C’est par exemple ce que propose
l’association Aide et Action à ses partenaires.
L’entreprise souhaite que ses collaborateurs se sentent mobilisés au sein d’une activité porteuse
de sens.
Cas d’association
© Dunod - T
149
L’association se doit alors de réfléchir à la mise en œuvre de projets propres aux entreprises
cibles et d’y associer activement différents salariés de l’entreprise.
de l’entreprise tant avec les scepticismes latents – ou avérés – de la hiérarchie qu’avec ceux des
syndicats. Ce type de stratégie est cependant valorisé par les salariés qui y voient une manière
supplémentaire de s’impliquer dans les orientations de l’entreprise.
La mobilisation des salariés peut être dynamisée si l’entreprise abonde les fonds qui sont versés
par les salariés à l’association. Par exemple, le groupe Distriborg apporte son soutien aux
projets de l’Association Aide et Action au Bénin en reversant 1 % de son résultat et en
s’engageant à abonder le versement volontaire de ses salariés.
Les trois grandes approches du partenariat avec les associations (communiquer différemment,
faciliter les relations extérieures, mobiliser les salariés) renvoient souvent à des pôles
spécifiques dans l’entreprise, et donc à des interlocuteurs différents d’une entreprise à l’autre.
Lorsqu’il s’agit de mettre en application les valeurs de l’entreprise ou de l’inscrire dans le tissu
socio-économique, la direction générale est souvent compétente. Si l’entreprise veut
communiquer différemment
Un même projet devra donc être positionné différemment par l’association selon l’interlocuteur
qui est visé.
et les entreprises ?
miques. Pour ces deux partenaires potentiels, il est donc important faut anticiper les écueils
possibles des partenariats afin de mesurer avec jus-tesse les craintes réelles ou supposées.
150
La recherche de partenaires est une démarche longue et difficile. Elle prend du temps, d’autant
plus que certaines grandes entreprises ou fondations très visibles croulent sous les demandes de
partenariat. Les associations doivent éviter des mailings non ciblés, coûteux et démoralisants.
Souvent, elles oublient de travailler en priorité leur réseau direct.
Il leur faut enfin veiller à ne pas dépenser trop d’énergie sur quelques contacts mineurs.
Le don est à l’appréciation de celui qui le fait : le partenaire n’y met pas toujours toute son
énergie et ses ressources. Par exemple, l’agence de publicité qui propose gratuitement une
campagne ne met pas forcément les moyens qu’elle aurait utilisés pour une autre campagne. De
même, on n’attend pas que le fabricant de produits de luxe propose, pour une vente aux enchères
au bénéfice d’une association, les articles les plus prisés de la marque.
scrupules à pousser le partenaire entreprise dans ses retranchements. Il leur faut donc
s’habituer à se débarrasser du complexe de demandeur et se présenter en tant que porteur d’une
offre de valeur, qui respecte les intérêts de chaque partie.
Cette perte doit être prise en compte. Il peut s’agir d’une baisse des dons directs. Par exemple,
dans le cas d’un produit partage, l’association bénéficiaire doit, dans ses calculs de rentabilité
de l’opération, prendre en compte le fait que certains consommateurs du produit sont des
donateurs qui peuvent se trouver ainsi affranchis de leur acte de don. Dans ce cas, il peut y avoir
remplacement d’un don de vingt euros par un pourcentage sur un produit qui donne un résultat
net souvent inférieur à un oute reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod - T
151
Plus généralement, on constate parfois que certains donateurs apprécient assez peu que les
entreprises soient partenaires des associations.
Ainsi, des responsables d’ONG reconnaissent que les dons ont tendance à diminuer lorsqu’ils
affichent et promeuvent ce type de partenariats.
D’autres sources de financement, telles que les subventions, peuvent également se tarir. Il faut
alors se demander si le partenariat avec des entreprises privées est un avantage ou un
inconvénient pour la reconduction de financements publics de la même association. Il est
prudent de se protéger en s’assurant qu’un tel partenariat est destiné à financer des projets bien
distincts de ceux que la subvention soutient. Dans certains cas, on le verra, le recours à des
partenariats privés témoigne au contraire du dynamisme de l’association et de son attention à ne
pas dépasser un certain seuil de financements publics.
Dans leurs réflexions stratégiques, certaines entreprises espèrent compenser une atteinte à leur
image grâce au partenariat avec des associations bien ciblées. Ce type d’alliance pose question
: une association qui milite pour la paix peut difficilement avoir comme partenaire une
L’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière (ICM) (Hôpital Pitié Salpê-trière, Paris) a pour
objectif la mise au point de traitements pour les lésions du système nerveux. Parmi les mécènes
de cette fondation reconnue d’utilité publique, on trouve la compagnie de tabac Philip Morris
International et Louis Camilleri, ex-président du conseil de cette entreprise. Des recherches
réalisées sur le mécénat des industriels du tabac ont mis en évidence que ces actions s’inscrivent
dans un vaste programme de relations publiques et de lobbying dont l’objectif est l’amélioration
de l’image de l’industrie du tabac, des parts de marché et le recul des lois anti-tabac.
152
Cas d’association
Médecins du Monde a choisi d’appliquer une charte rigoureuse sur l’utilisation du logo et de la
marque de l’association, afin d’éviter une utilisation qui pourrait soulever des problèmes
d’ordre éthique. La notoriété et la confiance auprès des 500 000 donateurs réguliers acquises
grâce à la qualité des interventions constituent un capital qu’il convient de gérer avec une
grande précaution. Ainsi l’utilisation commerciale du logo et de la marque, au travers
notamment des produits dérivés, est a priori proscrite et la réalisation de produits partages est
clairement conditionnée à la cohérence qui pourrait exister entre l’activité de l’entreprise et
celle de l’association (eau minérale permettant de contribuer au financement d’une mission
auprès de populations touchées par les conséquences de la sécheresse par exemple).
− s’il est bien sûr inenvisageable que l’association accepte de se voir reverser une partie du
prix de la vente d’une boisson alcoolisée, doit-elle pour autant refuser d’être bénéficiaire d’une
vente « de charité » comme la vente des Hospices de Beaune ?
Un groupe de réflexion ad hoc a été créé afin de proposer un cadre et des modes d’intervention
précis en termes de partenariats avec les entreprises, et d’ajuster la diversification des
ressources aux valeurs de l’association.
• Le risque d’intrusion
en échange de son partenariat, une affectation de son soutien au projet de son choix.
© Dunod - T
détriment de projets moins visibles. L’association concède dès lors une forme de délégation de
tout ou partie de sa stratégie. La frontière entre implication et intrusion devient très floue et
c’est à l’association de définir a priori des règles claires quant au degré d’intervention de
l’entreprise.
n■ Le risque de dépendance
L’association doit avoir pour objectif l’optimisation de son porte feuille de ressources (dons,
subventions, ressources propres, etc.). La diversité des ressources est le meilleur garant de son
indépendance.
De manière générale, une bonne façon de limiter les risques est de ne pas donner trop de
puissance à un tout petit nombre de partenaires
financement sur les seuls partenariats, mais de mutualiser les risques dans un équilibre subtil
entre donateurs particuliers, organismes publics et entreprises.
Pour convaincre l’entreprise, l’association doit être en mesure d’anticiper les craintes et
réticences des entreprises afin de les rassurer sur les interrogations, légitimes, qui peuvent se
poser.
• Le gaspillage financier
Les parties prenantes (salariés, actionnaires, syndicats, partenaires bancaires, etc.) peuvent voir
avec inquiétude des ressources financières allouées au soutien d’associations, sans justification
réelle. C’est notamment le cas pour les associations opérant dans des domaines très éloignés de
l’entreprise. Ce risque est bien sûr décuplé quand l’entreprise se trouve en mauvaise santé
financière. L’association doit aider à justifier le partenariat en faisant valoir sa crédibilité et la
pertinence, pour l’entreprise, du projet soutenu.
154
Cela peut causer un tort considérable à l’entreprise. L’association doit porter une grande
attention aux différents signaux et à l’image qu’elle renvoie. Pour une entreprise habituée à la
rigueur, tout est susceptible d’être interprété : rendez-vous non respectés, pas de tenue à jour du
site Internet, changement d’interlocuteur, faible transparence des comptes, manque de stratégie
et de persévérance dans son application, etc.
• La durée de l’engagement
Cela peut constituer un frein lorsque des portes de sortie potentielles ne sont pas évidentes.
L’entreprise doit avoir la sensation qu’elle ne sera pas liée pendant des années et qu’elle ne
conditionne pas l’existence de l’association. Certaines fondations vont rarement au-delà de trois
ans dans leur soutien aux projets associatifs, au moins pour les premiers projets. L’idée est donc
de considérer des projets renouvelables qui intègrent au fur et à mesure une action plus
collective de l’entreprise.
Cette vision a priori court terme n’empêche pas de construire un type de partenariat qui se
révèle finalement être de long terme. C’est par exemple le cas du partenariat construit entre la
banque BNP Paribas et la fédération française de tennis qui existe depuis 1973.
Le devoir de l’association est aussi de bien cadrer les rôles, engagements et missions de chacun.
Les retours médiatiques des partenariats sont souvent jugés insuffisants par l’entreprise. En
France, en règle générale, les journalistes voient avec beaucoup de suspicion des associations se
rapprocher d’eux pour demander que leurs actions de partenariat soient citées. Ils ont tendance
à oute reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod - T
155
retour télévision, en général très prisé, il n’existe pas de risque zéro sur-Tableau 4.1 – Posture
de l’association face à l’entreprise
À EvitEr
doit pas laisser penser à l’entreprise qu’elle bénéficiera de nombreux Je viens, j’écoute et je
propose.
J’attends et j’impose.
retours médias grâce à son concours direct. Il est sain de répartir les rôles à ce niveau et de
développer une concertation très poussée entre les res-Identifier et mettre en avant les valeurs
de l’entreprise.
l’association.
entreprises.
guichet.
seul partenaire.
Crédit Agricole, comme d’autres entreprises, a été mis en cause dans Être créatif sur les
événements à
France 2. Ce média dénonçait un partenariat de 400 000 euros par an de fonds, spectacles, etc.).
au profit du WWF malgré des activités d’investissement dans les énergies fossiles telles que les
plateformes pétrolières au Groenland ou des Inciter les collaborateurs de l’entreprise à
Considérer les salariés de l’entreprise usines utilisant les sables bitumineux. L’impact
médiatique s’apparenta à s’impliquer (dons, bénévolat).
un scandale mais le tribunal saisit par le Crédit Agricole a donné raison à démarche
(abondement, mécénat de
comme incompétents.
compétence, etc.).
Ce type de méfiance journalistique est assez habituel. Il n’est pas Rassurer l’entreprise sur la
bonne gestion Ne pas être à l’heure, ne pas avoir des fonds.
Le risque d’atteinte à l’éthique peut être réel, en particulier quand Ne pas communiquer sur les
chiffres
Par exemple, le rapprochement entre la photo d’un enfant en difficulté et le logo d’une
entreprise peut se retourner contre l’entreprise, dans la Proposer un plan commun de
médiatiques.
mesure où celle-ci peut donner la sensation de saisir une opportunité de Entretenir des relations
régulières avec
présence médiatique. Dans cette optique, l’entreprise se doit de mesurer les médias.
du partenaire.
Finalement, les associations doivent être conscientes de l’émergence d’un nouveau paradigme
au sein de certaines entreprises qui com-La recherche et la mise en œuvre
associatif, ce qui les amène à se doter de leurs propres structures de com-Parvenir à une
démarche de recherche et mise en œuvre de partenariats pétences. En miroir, les associations
doivent afficher leur professionna-ne se résume pas à quelques opportunités relationnelles. Cela
exige de lisme pour rester une alternative crédible dans les stratégies de RSE. Le bien préparer,
ordonner et structurer différentes étapes. La figure 4.3
présente les étapes à suivre dans la feuille de route que doivent suivre les approcher le monde de
l’entreprise.
associations.
156
À FairE
À EvitEr
J’attends et j’impose.
de l’entreprise.
l’association.
différenciés.
guichet.
seul partenaire.
comme incompétents.
compétence, etc.).
Rassurer l’entreprise sur la bonne gestion Ne pas être à l’heure, ne pas avoir des fonds.
médiatiques.
les médias.
du partenaire.
présente les étapes à suivre dans la feuille de route que doivent suivre les associations.
157
Avant le partenariat
• Évaluer l’état des lieux et les actions potentielles avec les entreprises
conscience : une ventilation insuffisante des ressources dans la comptabilité escamote parfois la
réalité. Au sein des donateurs, certains sont en réalité des entreprises ou correspondent au
regroupement sur un individu des dons de plusieurs salariés. Il convient de se rapprocher de ces
« grands donateurs » et de transformer éventuellement une action de don en un partenariat
appelé à croître et à impliquer la totalité de l’entreprise.
Il peut être utile de connaître la situation professionnelle des donateurs et leur capacité à être
prescripteur de partenariat au sein de leur entreprise.
Une insuffisance de dialogue entre le siège de l’association et ses délégations gâche des
opportunités. D’une part, les délégations devraient, bien souvent, se rapprocher des filiales
locales de l’entreprise ou de ses franchisés. C’est d’ailleurs parfois stipulé dans l’accord
national. D’autre part, la réussite locale d’un partenariat peut parfois être étendue au plan
national, à condition bien sûr que le responsable du partenariat national de l’entreprise et celui
de l’association prennent en charge ce développement.
Il n’y a pas de réseau parfait ni du côté association ni du côté entreprise, mais une réussite
d’abord partielle peut avoir un puissant effet 158
• Développer un projet
En premier lieu, le projet présenté doit être séduisant et apprécié par l’entreprise. Il doit donner
envie de s’investir. Le fait que le projet plaise et réponde à un enjeu, côté entreprise, pour les
responsables du partenariat, les salariés et les managers est un élément crucial.
En second lieu, les entreprises souhaitent que le projet présenté par l’association soit réaliste,
utile, faisable et crédible. Il doit comporter un minimum de plans de financement et de budgets
prévisionnels ainsi qu’un calendrier des actions et des cibles visées. L’idée sous-jacente est que
l’association doit être en mesure de démontrer une forme « d’efficacité » de l’utilisation des
fonds donnés, d’évaluer les retombées en termes d’image, voire de quantifier les résultats de
l’action menée.
En troisième lieu, le projet doit montrer dans la mesure du possible son caractère innovant et
original, et en quoi il correspond à un besoin non pris en charge par les pouvoirs publics. Le
projet de l’association doit être exemplaire et ambitieux. Par exemple, la fondation BNP Paribas
valorise des projets ayant une grande capacité de rayonnement avec possibilités
© Dunod - T
159
En cinquième lieu, les salariés de l’entreprise partenaire doivent pouvoir s’approprier le projet
qui doit, dans la mesure du possible, favoriser la cohésion sociale et l’animation de réseaux.
Enfin, dans certains cas (par exemple dans le cas de contacts de fondations telles que la
fondation Crédit Mutuel ou Carrefour), le projet suppose d’impliquer plusieurs partenaires non
concurrents tels qu’une banque, une entreprise de distribution et une collectivité locale. Cette
démarche exige de vrais efforts et du temps pour l’association.
Une association entre plus facilement en contact avec l’entreprise visée quand elle pratique une
communication de qualité, en particulier sur l’aspect financier (détails des comptes et budgets
prévisionnels), pris très au sérieux par l’entreprise. Son site Internet doit rappeler aux
partenaires prospectés ses valeurs et la pertinence de ses projets.
Cas d’association
Le site d’Aide et Action présente un argumentaire et des informations intéressantes sur les
partenariats acquis et à venir.
...
160
[…] Entreprises, Fondations, VOUS êtes sans conteste aujourd’hui des acteurs clefs du
développement, tant par votre pouvoir d’action que par votre souci de responsabilité sociétale et
environnementale. Être NOTRE
partenaire vous garantit d’agir concrètement pour un monde plus juste et solidaire, de mettre en
valeur votre engagement responsable, de fédérer vos salariés et de sensibiliser vos clients autour
d’un projet commun, tout en bénéficiant de notre expertise et de notre savoir-faire. Ensemble
nous pouvons changer le monde grâce à l’éducation.
Source : https://france.aide-et-action.org/agir/les-
partenariats-entreprises-et-fondations-2/
Une entreprise prospectée est curieuse de voir le traitement des partenaires déjà acquis et la
façon dont est fait appel à d’autres partenariats.
On est souvent étonné de la médiocrité du traitement des partenaires sur certains sites
associatifs.
L’association doit partir de ses valeurs et de ses objectifs pour définir ses projets et ses besoins,
mobiliser une équipe compétente et se positionner comme force de proposition.
donnent aucune suite. Pour l’association, ce n’est pas facile d’identifier les entreprises qui sont
les plus aptes à la soutenir.
Les études montrent que le soutien aux associations est d’autant plus oute reproduction non
autorisée est un délit.
important que l’entreprise évolue dans un secteur très concurrentiel et engage de lourdes
dépenses publicitaires : plus les entreprises ont des
© Dunod - T
démarquer via une communication sur les partenariats avec des asso-
ciations. Plus encore, les entreprises qui ont de nombreux contacts avec le public (grande
distribution, banque ou assurance, etc.) seraient plus enclines à soutenir les projets que les
entreprises qui ont un faible contact (Useem, 1988). Les chiffres du mécénat français reflètent
cette tendance. Ainsi dans le quator de tête des secteurs mécènes, on trouve les entreprises du
commerce (42 % du montant total des dons déclarés en France), l’industrie manufacturière (16
%), les activités financières et d’assurances (14 %) puis les entreprises de l’information et de la
communication (8 %) (Admical, 2018).
Les petites et les très grandes entreprises ont des raisons propres de soutenir les associations.
Aujourd’hui, les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) sont
de plus en plus présentes et dynamiques dans le mécénat français (20 % des PME ont
déclaré un don selon Admical, 2018). Ces entreprises cherchent à ce que leurs actions soient
significatives par rapport aux sommes investies.
Elles choisissent souvent de soutenir de relativement petites associations. C’est le cas classique
du soutien à l’équipe de football d’une ville moyenne. Les TPE et PME sont intéressantes pour
les associations
locales car elles sont généralement moins sollicitées, d’un abord plus facile et plus direct. De
plus, elles prennent des décisions plus rapidement et sont sensibles à des retours en termes de
visibilité locale. A contrario, les grandes entreprises sont a priori davantage tentées par des
partenaires à leur mesure, susceptibles de leur apporter un fort bénéfice de marque au niveau
national ou international.
Il faut d’abord identifier les réseaux potentiels au sein de l’association et sensibiliser les
administrateurs. Il ne s’agit pas de les transformer en collecteurs de fonds (encore que…) et
encore moins en mécènes (pratique courante aux États-Unis), mais d’utiliser leur réseau de
relations pour des mises en contact.
162
Les premiers partenaires du Téléthon ont été trouvés à partir du réseau que s’est créé
l’Association Française contre les Myopathies alors que l’association n’avait pas, au départ, un
gros carnet de relations. Ils ont apporté les uns des dons, les autres des services ou des
prestations gratuites, souvent aussi un savoir-faire qui les rendait techniquement
incontournables.
Cas d’association
o un directeur régional de France Télécom, parrain d’un jeune malade, a obtenu le mécénat de
son entreprise ;
nantes de l’école et à tous les anciens de soutenir l’un des leurs dont le fils était atteint par une
forme grave de myopathie.
...
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163
− Les apports des partenaires : Radio France est venue à la demande de France 2, de même
que la SNCF.
Téléphoner est le plus efficace. Téléphoner « de la part de » quelqu’un d’influent est bien sûr
idéal.
Quand le prospect est sollicité ou relancé par téléphone, il faut trouver les mots pour accéder au
responsable qui est visé. Il faut être concis, convaincu, convaincant et habile. Demander un
premier rendez-vous
téléphonique est parfois le seul moyen d’obtenir un rendez-vous, en face-à-face celui-là. Pour
cibler les meilleurs interlocuteurs, l’idéal est de connaître quelqu’un du sérail, convaincu par le
projet de l’association, qui peut conseiller utilement sur les personnes à voir ou au moins
à informer. Il pourra même recommander un itinéraire des contacts à prendre pour optimiser les
chances.
Le premier rendez-vous décroché, il faut se rappeler que pour l’entreprise, ce n’est pas une
personne mais tout un groupe qui prend une
plus aussi performant qu’auparavant. Ce type de poste nécessite des compétences très variées.
164
FICHE PRATIQUE
PARTENARIAT
5. tirer le meilleur parti du comité de soutien de l’association ; 6. savoir gérer un « club des
partenaires » ;
Toutes les parties prenantes de l’association doivent être informées, voire associées à la
démarche de partenariat : le responsable ne doit pas être perçu comme un « mercenaire » un
peu à part par les autres membres de l’association.
Un dossier présenté en trois volets sera remis aux partenaires : une première partie présente
rapidement l’association. La deuxième est
consacrée au projet et à son plan de financement, et la troisième aux raisons qui l’amènent à
rencontrer le partenaire. L’association doit être en mesure de percevoir rapidement s’il faut
renoncer au partenariat.
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165
• les personnes qui portent le projet de partenariat changent (un partenariat dépend beaucoup
de la personnalité des acteurs en place).
La tentation est grande de se limiter à une demande de financement car une trésorerie tendue
traumatise les associations fragiles. Mais derrière la demande pressante de nouvelles ressources
financières se cachent souvent d’autres problèmes : manque de réflexion sur les choix
stratégiques, communication négligée ou travail insuffisant pour pérenniser et développer les
ressources déjà acquises. L’entreprise veut sentir en face d’elle des individus qui ont une
véritable politique et la capacité de s’ajuster et de travailler dans la durée.
Si les intérêts réciproques sont bien définis, un accord global peut être conclu. Il ne faut pas
faire de l’argent une priorité, mais on ne doit pas s’interdire de demander des financements
directs. Il faut alors s’efforcer d’obtenir une ligne de financements et faire grossir cette ligne au
fil du temps et du développement de la confiance.
Le « retour » promis à l’entreprise est un point essentiel. L’association doit prendre en compte
le fait que la communication autour du partenariat a un coût pour l’entreprise. L’entreprise doit
en effet calculer au-delà de ce que lui coûte le partenariat. Elle a besoin d’un budget propre
pour 166
mettre en valeur son action par rapport à son partenaire. Ce budget peut être conséquent et
contribuer à la notoriété du partenaire associatif.
• une charte du partenariat qui expose les principes et valeurs auxquels adhère l’association et
que partage l’entreprise dans le cadre de l’accord conclu ;
• un contrat qui détermine avec précision l’objet du partenariat, les forces en présence puis qui
met l’accent sur plusieurs points clés : Du côté de l’entreprise :
Du côté de l’association :
– les retours, en faveur de l’entreprise, sur lesquels l’association s’est engagée (dossiers de
presse précisant le rôle et l’effort du partenaire et de ses salariés par exemple) ;
communication, etc. ;
– l’information sur l’avancée du projet, son déroulement, ses résultats (reporting, bilan, étude
d’impact, enquête…) et les suites éventuelles ;
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https://www.associatheque.fr/fr/partenariat-mecenat/index.html?amcpage=14
167
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
FICHE PRATIQUE
X Nom et coordonnées (n° Siret, adresse, etc.) de l’organisme bénéficiaire des ressources
versées au titre de mécénat
D’une part
Et
Article 1 : l’entreprise apporte son soutien en 200X à… détail des actions bénéficiant des dons.
Article 2 : l’entreprise mettra à la disposition de X des ressources établies comme suit (montant
des sommes, descriptifs des compétences,
etc.) conformément à l’article 1. Le versement aura lieu selon l’échéancier suivant : indiquer le
calendrier des versements.
Dans la limite de 25 % des sommes versées, les contreparties se répartissent comme suit :
diffusion du logo et du nom de l’entreprise sur différents supports tels que le site Internet, les
programmes, etc. ; accès privilégiés sous les formes suivantes… : mises à disposition d’espaces,
d’œuvres, etc.
le
Signature
Signature
Il est préférable, en termes de rapport de forces, que ce soit l’association qui prenne l’initiative
de rédiger le contrat d’origine en s’entourant éventuellement d’experts juridiques. L’association
a tout intérêt également à garder autant que possible l’initiative dans le suivi du partenariat.
D’autres partenaires font partie des réseaux et peuvent être mobilisés : un syndicat
professionnel qui veut revaloriser l’image de sa profession, une école qui apporte
l’enthousiasme de ses élèves et l’appui de certains professeurs à un projet visant les jeunes, une
mairie qui peut fournir les infrastructures nécessaires à la création d’un spectacle, etc., sans
parler des possibilités de s’allier à d’autres associations ( cf. cas suivant).
168
Cas d’association
L’association Jaccede a pour mission le recensement des lieux accessibles pour les personnes à
mobilité réduite. Un accord avec l’association Uni-Cité lui a permis de demander aux centaines
de volontaires travaillant dans cette association de faire, dans plusieurs villes, le recensement de
ces lieux.
• ils donnent une première expérience et une confiance qui se révéle-ront utiles ;
Suivi du partenariat
C’est une démarche qu’il faut anticiper dès les premiers entretiens. C’est une posture
fondamentale pour les associations car cela :
n■ Rester proche du partenaire et entretenir avec lui une relation honnête et attentive.
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169
En cas de coup dur ou de polémique, l’association doit informer les partenaires avant qu’ils ne
soient mis au courant par les médias ! Il faut développer une relation de réelle proximité et par
exemple inviter les partenaires aux grands rendez-vous de l’association (colloques,
anniversaires, conférences de presse, AG, etc.) pour annoncer un résultat important ou dénoncer
l’aggravation d’une situation. Inversement, l’association doit répondre favorablement aux
ouvertures de l’entreprise et par exemple venir expliquer son projet devant différents publics :
réseaux de commerciaux, rassemblement de filiales, conférence au siège, etc.
S’il faut savoir diversifier les partenaires, le traitement collectif de l’ensemble doit être pensé.
Par exemple, on peut constituer un club d’entreprises avec des réunions générales ou
thématisées regroupant les partenaires et certains responsables de l’association. Chaque séance
donne lieu aux dernières informations sur l’association. Les partenaires apprécient les contacts
ainsi noués entre eux et des synergies bénéfiques se créent.
Une vingtaine des plus importantes sociétés de la région de Mulhouse sont réunies au sein du
club des entreprises partenaires qui soutiennent depuis 1993 la Filature, une scène nationale
artistique. Il s’agit d’une association autonome qui souhaite s’impliquer avec des chefs
d’entreprise, souvent curieux et désireux d’être partenaires. La cotisation des entreprises permet
de soutenir la création mais aussi de favoriser l’accès à la culture aux personnes en difficulté.
Ainsi, ce sont près de 2 000 personnes handicapées ou en situation de grande précarité qui ont
assisté aux spectacles grâce au dispositif « atout Filature » qu’elles financent. La cotisation
annuelle est de 5 000 euros, et chaque entreprise achète environ 1 000 places, dont 500
pour les salariés. Appartenir à ce club constitue une réelle carte de visite 170
Source : http://www.lafilature.org/kernel/wp-content/uploads/
2016/02/Club-partenaires-La-Filature-saison-17-18-web.pdf
d’évolution des partenariats, ainsi qu’en budget pour promouvoir ses partenariats. L’efficience
(le rapport valorisation du temps consommé et autres frais sur le retour en produits, services,
notoriété et financements) se calcule assez aisément. Cette évaluation est une opportunité pour
l’association de resserrer les liens avec son partenaire dans un échange construc-tif tout au long
du projet et de favoriser le renouvellement des soutiens.
De la même façon que les associations, les entreprises contrôlent et évaluent de plus en plus
l’utilisation des fonds versés par les associations.
Les Caisses d’Épargne soutiennent chaque année des projets associatifs. Ces derniers font
l’objet d’une étude minutieuse, suivie généralement d’une rencontre avec l’association. Ces
échanges peuvent se traduire par l’amende-ment du projet initial. Pour être éligible à un
financement, le projet doit s’inscrire dans un cadre très précis, avant d’être soumis à un comité
de sélection composé généralement d’administrateurs représentant les sociétaires de la Caisse
d’Épargne. Les projets financés font l’objet, à leur terme, d’une évaluation souvent conduite par
un binôme d’administrateurs qui suivent une méthode minutieusement élaborée et à laquelle ils
ont été préalablement formés. Ce processus permet aux Caisses d’Épargne de mieux connaître
les milieux associatifs pour, d’une part, adapter leur offre bancaire et, d’autre oute reproduction
non autorisée est un délit.
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Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
L’essentiel
Chapitre 5
Comment réaliser
une communication
les comportements ?
écouté.
Executive summary
172
Chapitre 5
Comment réaliser
une communication
les comportements ?
Par Karine Gallopel-Morvan
Executive summary
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173
stimuli publicitaires par jour. Les messages émis par les associations souffrent de cet
environnement saturé, d’autant plus qu’elles sont de plus en plus nombreuses à communiquer.
Dans un tel contexte et avec un budget de communication très limité, les associations peuvent-
elles réaliser une communication efficace, c’est-à-dire un message qui va attirer l’attention, être
mémorisé, faire évoluer les croyances et les comportements du public ciblé ? Oui, mais à
condition de connaître certains mécanismes de la persuasion et des changements de
comportements.
Certaines associations font le choix de diffuser des messages informatifs et éducatifs : elles
expliquent aux gens pourquoi il ne faut pas fumer, pourquoi il est important de mettre sa
ceinture de sécurité, pourquoi il faut faire du sport, bien se nourrir, adhérer à telle ou telle
association, etc.
Ces publicités s’appuient généralement sur des chiffres, des informations factuelles, objectives,
diffusées sur un ton informatif ou neutre. Ces communications s’adressent à la dimension
raisonnable et rationnelle des individus. Le mode de persuasion sous-jacent, connu sous le nom
de
modèle de hiérarchie des effets, est alors celui-ci : on cherche tout d’abord à modifier les
croyances du spectateur en diffusant des informations (Ladvige et Steiner, 1961). En partant de
ces informations, les individus se forgent une attitude favorable ou défavorable par rapport à
l’objet de la communication, attitude qui orientera ensuite leurs choix de comportement. On
parle ici de hiérarchie des effets car ce modèle implique en premier lieu une connaissance qui
engendre ensuite une attitude et enfin un comportement.
Ce schéma de persuasion est valable dans certains contextes. Ainsi, on sait bien que si les gens
ne sont pas informés sur les méfaits ou bienfaits d’un comportement, de l’existence d’un
problème, il y a peu de chances pour qu’ils modifient leur manière d’agir. Par ailleurs, le
modèle de hiérarchie des effets est également pertinent lorsque la personne à qui s’adresse la
publicité est impliquée, c’est-à-dire qu’elle a envie de recevoir, de lire et de s’arrêter sur le
message publicitaire (Petty, Cacioppo et Schumann, 1983).
174
En résumé, les individus impliqués s’informent, recherchent des informations et sont plus enclins
que les autres à lire le contenu d’un message publicitaire (on parle ici de persuasion par la
route centrale). Ils reçoivent la communication activement et non passivement et attendent un
contenu précis, pertinent, crédible, sérieux, détaillé. Ils apprécient particulièrement les supports
publicitaires qui apportent cette précision (brochure, site web, message informatif inséré dans la
presse, etc.).
contextes, il souffre toutefois de nombreuses limites qui ont été mises en évidence dans les
recherches en communication.
En premier lieu, les individus sont le plus souvent peu impliqués : ils sont peu intéressés par le
contenu de la publicité, ils font autre chose au moment où ils reçoivent le message, ils ne se
sentent pas concernés.
Les gens savent que boire trop, fumer, conduire trop vite, ne pas recycler les déchets, être trop
sédentaire, etc., n’est pas bon pour eux. Pourtant, ils ne modifient pas pour autant leur
comportement. Comment
expliquer cela ? Outre la pression du groupe, des travaux scientifiques ont mis en évidence
l’impact considérable des émotions sur nos comportements. La persuasion publicitaire
n’échappe pas à cette règle
nels attirent plus l’attention que les publicités informatives. Les pre-
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175
Enfin, les individus ne sont pas si rationnels que cela. L’économie comportementale l’a bien
mis en évidence. C’est une discipline qui s’est beaucoup développée depuis une vingtaine
d’années sous l’impulsion, entre autres, de Kahneman et Smith qui ont reçu en 2002 le prix
Nobel d’économie. Un des objectifs est d’expliquer pourquoi, dans certains cas, les êtres
humains adoptent un comportement paradoxal et ne
traitent pas l’information de manière optimale et rationnelle. Pour étudier cela, l’économie
comportementale s’appuie sur les études en laboratoires (les expérimentations), sur l’imagerie
cérébrale et fait appel à des
psychologie sociale pour mieux cerner et appréhender les facteurs explicatifs des
comportements. Le constat est que la prise de décision est affectée par des mécanismes
psychologiques et émotionnels (dissonance cognitive, biais d’attention, pensée magique, peur,
orgueil, tendance au conformisme, mimétisme, etc.) qui l’éloignent de la rationalité de
l’Homo œconomicus.
À titre d’illustration, un fumeur qui connaît les dégâts liés au comportement tabagique devrait
en toute logique arrêter de fumer. Or, face à une campagne de prévention, ce public est
susceptible, à l’inverse, de développer des mécanismes de défense dont l’objectif va être de
réduire la dissonance (le déséquilibre psychologique) entre leur comportement (fumer) et les
informations préventives reçues qui le contredisent. Ces mécanismes de défense sont de
plusieurs natures : déni (le risque présenté est perçu comme exagéré), minimisation du risque,
biais d’optimisme (« ça arrivera aux autres mais pas à moi »), rationalisation (« il faut bien
mourir de quelque chose »), mise à l’écart du risque (« ce sera dans 20 ans, je ne me sens pas
concerné »), ou évitement (refus de regarder un message préventif, zapping). Au final, le fumeur
va s’appuyer inconsciemment sur ces mécanismes psychologiques et continuer à fumer.
Autre exemple : les automobilistes qui ne mettent pas leur ceinture de sécurité. Cela peut
s’expliquer par le fait qu’ils sont « surconfiants » dans leurs capacités de conducteurs à éviter
des accidents liés à la vitesse.
Ces différents constats incitent à réfléchir à de nouvelles approches pour changer les
comportements des individus. Ainsi, certains chercheurs proposent d’aider les individus en
organisant une architecture des choix et en leur offrant par défaut la « meilleure » solution.
L’exemple le plus connu est l’acceptation du don d’organes en tant que dispositif par défaut
dans certains pays. Cette solution amène à un fort
176
classiques qui peinent parfois à changer les comportements, des chercheurs ont montré qu’il
était pertinent d’engager les individus à s’inscrire dans une « petite » action pour qu’ils
adoptent plus sûrement le comportement proposé par l’émetteur du message. C’est le principe de
la communication engageante.
Avis d’expert
comportements ?
suffisantes.
comportement, nous savons que le
la prévention, il ressort d’une étude de et convaincre ne suffisent pas, Sheeran (2002) que près
de la moitié
© Dunod - T
...
177
... débouchent pas mécaniquement appropriés ? ». Mais il s’en rajoute sur les « bons
comportements, les
une autre, permettant les effets
changement.
comportements ?
Concrètement, pouvez-vous
du comportement proposent un
comportements :
2/ la communication engageante :
changements comportementaux
...
178
... sociaux en gestion des urgences) et simple avec des mises en situation leur suivi. StopRisk
Plus proposait
faire changer les comportements et assurer l’efficacité d’une campagne est un leurre. La clef du
succès des messages publicitaires repose sur des créations originales, étonnantes, qui suscitent
des émotions et qui mobilisent des techniques issues de la psychologie.
Sans attention, un message ne sera jamais compris (car il ne sera pas décodé), ni accepté ni
mémorisé et il n’aura évidemment aucun impact sur les comportements des individus. Dans les
lignes suivantes, des techniques créatives efficaces pour attirer l’attention sont présentées.
n■ Le teasing
Le teasing est une technique qui permet d’améliorer la réceptivité d’un message publicitaire.
Elle consiste à décomposer celui-ci en deux étapes de diffusion ou plus. La première étape a
pour fonction d’attiser la curiosité des récepteurs grâce à une intrigue, une question, et la
seconde révèle l’intrigue.
Un exemple de teasing intéressant est la campagne lancée en 2019 par une ONG
luxembourgeoise, SOS Faim, pour une campagne d’appel aux
dons. Des affiches et flyers dépourvus de signature et de logo qui présentait des photos de
personnes africaines (mères, pères et enfants) avec le message « Qu’ils se débrouillent ! » ont
été diffusés dans un premier temps.
Ces messages ont suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.
Le but de cette campagne était d’attirer l’attention du grand public sur le oute reproduction non
autorisée est un délit.
fait qu’il y a toujours beaucoup de personnes en Afrique (et dans d’autres parties du monde) qui
n’arrivent pas à se débrouiller, faute de moyens, et
© Dunod - T
179
Une autre méthode utilisée pour attirer l’attention du public est le sti-mulus publicitaire ambigu.
Il s’agit d’un message dont le contenu n’est pas reconnu ou compris immédiatement par le
récepteur.
Citons, par exemple, la campagne 2019 de Santé publique France « La meilleure protection,
c’est la vaccination ». L’objectif était de réaffirmer les bénéfices de la vaccination pour faire
évoluer la manière dont elle est perçue aujourd’hui. Ce message s’exprime métaphoriquement
dans
un spot télévisé où l’on voit des enfants en sortie scolaire qui visitent un musée d’œuvres d’art.
Ils sont vêtus d’une combinaison intégrale orange qui attire l’attention et qui s’explique par la
nécessité de se protéger des bactéries et des virus car ils ne sont pas vaccinés. La deuxième
partie du spot révèle qu’en réalité, cette tenue est inutile lorsque ces enfants le sont.
Le risque principal de ces messages ambigus est leur mauvaise interprétation et compréhension
si toutefois les individus ne voient pas le deuxième niveau de lecture.
n■ Les tabous, la provocation
Certaines associations n’hésitent pas à utiliser des tabous (mort, sexe, religion, etc.) pour se
faire voir et provoquer des retombées dans les médias.
180
Utiliser le tabou, le choc ou la provocation est une stratégie utile pour dénoncer et attirer
l’attention, mais qui peut dans certains cas être risquée pour l’image de l’association.
Il n’est pas rare de voir apparaître des leaders d’opinion (chanteurs, mannequins, acteurs,
sportifs) dans les communications des associations. L’efficacité de cette technique, qualifiée
d’endossement, a été étudiée par des chercheurs dans un contexte de communication commer-
ciale (Erdogan, 1999 ; Ford, 2018). L’endossement se définit par la mise à contribution d’une
star au service d’une marque (ou d’une association dans le cas présent). Les objectifs attendus
sont multiples : attirer l’attention, se démarquer des autres publicités, améliorer la
mémorisation du message, susciter de la sympathie, crédibiliser le message, attirer l’attention
des journalistes sur la communication, inciter la cible visée à agir comme la star qu’elle
apprécie et à qui elle souhaite ressembler.
Depuis 2011, le cuisinier Grégory Cuilleron qui est handicapé (il n’a pas d’avant-bras gauche)
est l’ambassadeur de l’Agefiph (Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes
handicapées). L’objectif de ce « partenariat »
Le collectif « On est prêt » a mobilisé plus de 400 personnalités connues (Norman, Natoo, Mc
Fly et Carlito, Enjoy Phoenix, El Hadj, Akim Omiri, Aude GG, Axolot, Baptiste Lorber, Cyril
Superkonar, Dirty Biology, Doc Seven, Eleonore Costes, Marion Cotillard, Juliette Binoche,
Charlotte Gains-bourg, etc.) pour inciter les gens à changer leur comportement afin de
préserver la planète. Par exemple, en 2018, 62 youtubeurs célèbres ont mobilisé pendant 30
jours leurs millions d’abonnés pour qu’ils s’engagent dans des défis simples et pragmatiques
pour sauver la planète (ne pas manger de viande pendant minimum un mois, développer le zéro
déchet, etc.).
« Faites appel plutôt au cœur qu’à la raison et touchez les gens par l’émotion » (Bill Bernbach,
fondateur de l’agence de publicité DDB). Ce
© Dunod - T
point de vue est partagé par les chercheurs en marketing et en psychologie 181
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
qui ont mis en évidence l’impact significatif des émotions sur le comportement des
consommateurs. La plupart des responsables de communica-
paix, optimisme, convivialité, excitation, plaisir, envie, compassion) prennent des formes variées
: témoignages positifs, messages d’encouragement, visuels ou films publicitaires agréables à
regarder, musique plaisante, entraînante, couleurs chaudes dans les visuels, etc. Certaines
associations utilisent le registre des émotions positives dans leur publicité, soit parce que ce
registre correspond à leur mission (sport, culture, loisir, festival), soit parce qu’elles estiment
qu’une campagne positive est plus pertinente qu’une publicité négative pour motiver les gens.
L’association Les Vieilles Charrues utilise des communications positives pour promouvoir son
festival. Les visuels, le logo et les affiches de ce festival annuel de musique ont pour objectif de
De telles publicités émotionnelles positives sont-elles efficaces ? Des recherches réalisées sur ce
sujet incitent à répondre par l’affirmative.
Ainsi, les publicités qui génèrent des émotions agréables se révèlent souvent plus efficaces que
les messages neutres et informatifs (Maibach et Parrott, 1995) :
182
public cible est peu impliqué ou se sent peu concerné par le thème
de la publicité ;
• elles génèrent une émotion positive qui facilite l’adhésion au message. Celui-ci est alors
moins rejeté, moins évité et moins ignoré ;
• elles sont efficaces pour modifier les intentions comportementales lorsque la cible visée a une
attitude a priori positive à l’égard du message diffusé.
Le modèle expérientiel. La mise en scène d’émotions positives dans les communications se révèle
très pertinente dans certains contextes associatifs tels que les loisirs, le sport, la musique et les
distractions en général. En effet, les motivations pour s’inscrire à un cours de théâtre, de danse,
de football ou pour acheter un billet pour un festival rock sont bien souvent affectives : l’individu
va choisir ses activités en fonction des émotions qu’il espère ressentir (hédonisme, fantaisie,
stimulation, amusement, excitation, joie). Le principe du plaisir et l’expérience sont ici
primordiaux dans la satisfaction retirée de l’expérience vécue. Ce constat a amené les
chercheurs en marketing à proposer le modèle dit expérientiel qui est particulièrement pertinent
pour comprendre les comportements des individus dans le domaine des arts, des loisirs et des
distractions (Holbrook et Hirschmann, 1982). En conséquence, les communications des
associations qui œuvrent dans ces contextes seront
d’autant plus efficaces qu’elles mettront en scène les émotions positives générées par l’adoption
du comportement proposé.
Le cas échéant, le simple fait d’apprécier les images, le scénario ou la musique d’une publicité
suffit pour faire aimer ou adhérer au contenu du message. En d’autres termes, l’appréciation de
la communication se oute reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod - T
183
• L’humour
Les messages humoristiques peuvent prendre des formes variées : jeux de mots, décalages
visuels, trucages, gags, scénarii incongrus, humour noir, ironie, personnages amusants, humour
décalé, etc.
En 2014, l’association belge de don d’organes Re-born to be alive (Re-né pour être vivant) a
lancé une campagne humoristique pour rappeler l’importance de s’inscrire en tant que donneur
d’organes1. Des photos ou vidéos authen-tiques trouvées sur Internet et qui montraient des
personnes qui se mettaient en danger (un homme qui faisait tournoyer un coupe-haie au-dessus
de sa tête, des jeunes dans une piscine qui touchaient une prise électrique, etc.) étaient
accompagnées du slogan « 8 de ses organes peuvent être donnés, heureusement pour nous son
cerveau n’en fait pas parti ». Cette campagne a remporté un prix belge pour sa créativité, le «
Standaard Solidariteitsprijs ».
L’utilisation de l’humour en publicité a été étudiée par les chercheurs mais plutôt dans un
contexte commercial (Eisend, 2009 ; Hartnett et al. , 2016). Ces messages sont plutôt efficaces
pour attirer l’attention, améliorer la mémorisation, générer un capital sympathie autour du
message diffusé et créer une connivence et une complicité avec le spectateur.
Toutefois, il existe des limites à leur utilisation. Tout d’abord, il n’a jamais été prouvé qu’ils ont
un impact sur les intentions comportementales.
Ensuite, l’humour agace dès lors qu’il y a répétition. De plus, si la dose d’humour est trop forte
ou si cela rend la publicité difficile à comprendre, il y a un risque de vampirisme de la création
(le spectateur se concentre sur la forme ludique de la communication et en oublie le message
central). Une autre contrainte liée à l’humour est que la compréhension et l’appréciation de ce
type de publicités varient en fonction de l’âge (les jeunes les apprécient plus que les seniors), du
sexe, de la catégorie socioprofessionnelle, de la culture (les Britanniques et les Français sont
plus sensibles à des publicités ludiques que les Allemands) et du contexte.
quantes, menaçantes, stressantes et générer des émotions négatives, à l’instar des messages
insérés sur les paquets de cigarettes en France2 ( cf. visuels ci-après).
&from=EN
184
Comment réaliser une communication efficace ?
L’utilisation de ces messages négatifs se justifie de plusieurs manières selon les professionnels
qui y ont recours :
• la mission de l’association : les communications ne sont que le reflet de la cause défendue qui
est intrinsèquement horrible, dou-loureuse ou violente ;
• le budget limité de la structure : les campagnes de communication sont diffusées sur une
période courte et sont peu répétées. Dans un contexte publicitaire par ailleurs très encombré, les
campagnes
sont activées.
quelque cent travaux scientifiques menés depuis plus de 60 ans sur la question met en lumière
une relation positive entre émotions négatives ressenties (la peur, en particulier, a été beaucoup
étudiée), capacité à attirer l’attention et amélioration de la mémorisation du message à faire
passer (Witte et Allen, 200 ; Gallopel-Morvan, 2006 ; Tannenbaum et al. , 2015). Par ailleurs,
plus l’intensité des émotions ressenties est élevée, plus l’attitude, les intentions et les
changements de comportement des individus vont dans le sens souhaité par l’émetteur de la
publicité.
Les chercheurs expliquent cet impact positif des émotions négatives sur la persuasion par la
motivation qu’elles déclenchent. Ainsi, lorsque des individus sont exposés à une publicité « choc
», ils ressentent une oute reproduction non autorisée est un délit.
émotion désagréable dont ils cherchent à se débarrasser afin de rétablir leur équilibre
psychologique. Un moyen d’y parvenir est d’adopter le
© Dunod - T
185
(impression de ne pas être juste par rapport aux autres, par rapport à soi), un processus de
réajustement se met en place : les individus vont avoir tendance à adopter des comportements
susceptibles de réparer le dommage causé aux autres ou à soi (donner plus d’argent à une œuvre
caritative, arrêter de conduire ivre ou vite avec des passagers). Il est important de souligner que
les messages culpabilisants ne sont pas efficaces lorsqu’ils sont perçus comme peu crédibles ou
manipulateurs.
Autre exemple d’affect négatif : la honte (sentiment d’infériorité, d’abaissement par rapport aux
autres). Une personne qui la ressent face à une publicité va chercher à s’en débarrasser en
adoptant des comportements qui n’obligent plus à se cacher des autres (ne pas boire
excessivement pour éviter de paraître ridicule aux yeux des amis, adopter une attitude
écologique pour améliorer l’environnement). La honte motive donc pour « être à la hauteur ».
Quant à l’émotion de peur, elle est ressentie face à un danger physique ou social (cancers liés à
la cigarette, risques d’accidents mortels au volant, risque d’ostracisme social lié à une mauvaise
haleine quand on fume). Son rôle est d’avertir l’organisme et de le mobiliser pour la fuite, la
défense et la protection (augmentation de la tension nerveuse, accélération des batte-ments du
cœur). Pour échapper au danger présenté dans une campagne de prévention, une réaction de
protection est alors enclenchée qui peut se traduire par l’intention d’arrêter de fumer, de
conduire moins vite, etc.
Si on constate dans une majorité des cas un impact positif des émo-
tions négatives sur la persuasion, il existe toutefois des limites à leur utilisation.
En premier lieu, il est parfois observé des réactions inverses à celles attendues. Ainsi plutôt que
d’adopter le comportement préconisé par l’émetteur d’un message, les individus développent
une stratégie de défense ou de rejet qui se traduit par une atténuation du contenu de la publicité,
une mise en doute de sa crédibilité, une sous-estimation des risques présentés, un évitement, un
déni. Dans le pire des cas, un effet
186
Comment réaliser une communication efficace ?
C’est ce que préconisent les chercheurs Rogers (1983) et Witte (1998) dans le modèle de la
motivation à se protéger et le modèle étendu des processus parallèles qui recensent les règles
d’élaboration d’un message de prévention choc efficace, c’est-à-dire qui motive les individus à
modifier leur comportement dans le sens souhaité. Par ailleurs, Rogers et Witte
La fiche pratique ci-dessous présente les différentes règles à suivre pour concevoir un message
négatif efficace pour changer les comportements.
FICHE PRATIQUE
Présenter un risque ou un danger en utilisant des mots (exemple : fumer tue) n’est pas la
meilleure manière d’éveiller une émotion de peur. Des chercheurs ont mis en évidence les
conditions nécessaires pour élaborer un message publicitaire qui engendre cet affect négatif :
• la première condition est de présenter visuellement les dangers graves et sérieux auxquels le
spectateur s’expose s’il continue à adopter le comportement incriminé (fumer, boire, ne pas
mettre de préservatif, jeter ses déchets dans la nature). Pour accentuer la perception du risque,
on peut accompagner le message visuel d’informations précises émanant de sources officielles
crédibles (nombre de morts, de blessés) ;
• la deuxième condition est de faire en sorte que les personnes exposées à la publicité se
sentent concernées par le danger. On peut faire témoigner des gens touchés par le problème et
qui ressemblent aux
individus ciblés par la campagne (témoignage d’un fumeur qui souffre d’un cancer à cause de la
cigarette). Pour créer une proximité avec la cible, on peut également faire référence à des
situations empruntées du quotidien, personnaliser le message (utilisez le tu, le vous) ou montrer
que beaucoup de gens sont concernés par le problème.
Pour améliorer l’efficacité d’un message publicitaire qui fait peur, il faut aussi que :
• le comportement préconisé soit perçu comme efficace pour éliminer ou limiter le danger ;
© Dunod - T
187
C’est sur ces règles de création que se sont appuyés les concepteurs de la campagne anti-tabac
australienne « Every cigarette is doing you damage »
(chaque cigarette fumée vous cause des dégâts). Six spots télévisés intitulés « Artère, Poumon,
Goudron, Yeux, Tumeur, Accident cardio-vasculaire » montrent les dommages causés par le
tabac à l’intérieur du corps des fumeurs. Les messages commencent par montrer des gens
ordinaires dans des situations quotidiennes (un homme qui allume une cigarette dans sa voiture,
une fille qui sort sur le balcon pour fumer ou une autre qui cherche son paquet de cigarettes
dans son sac, etc.). Lorsque les acteurs allument leur cigarette, la caméra s’engouffre dans leur
corps avec la fumée du tabac. On voit alors concrètement les méfaits de la cigarette fumée sur
l’organisme : dépôt de substances toxiques dans les artères, dans le cerveau, sur les poumons,
éclatement de vaisseaux sanguins, etc.
Pour aider les fumeurs à arrêter de fumer et les rassurer sur ce point, le numéro d’un service de
téléphonie sociale et l’adresse d’un site Internet sont signalés à la fin de tous les messages de
prévention chocs diffusés.
Cette campagne a été très efficace et est jugée par les experts de la lutte contre le tabac comme
une référence en la matière.
est liée à des différences de sensibilité individuelle. Par exemple, les adolescents qui se sentent
immortels ne sont pas forcément touchés par des publicités qui montrent la mort et la maladie.
Ils sont certainement plus stressés par la mise en exergue d’une menace sociale (risque
d’exclusion de la part des pairs). Dans le même ordre d’idée, des individus qui recherchent des
sensations fortes sont généralement peu sensibles à des communications qui suscitent de la peur.
quantes peuvent heurter des populations sensibles (enfants, personnes fragiles). Si tel est le cas,
l’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité) peut émettre un avis défavorable
qui se traduit la plupart du temps par une non-diffusion de la campagne dans les médias.
Le tableau 5.1 suivant (inspiré de Villemus, 2003) peut être utile aux associations pour apprécier
et évaluer la qualité stratégique et persuasive d’une communication publicitaire et repérer
facilement les éventuelles erreurs.
188
oui
non
• est-ce qu’elle n’attire pas trop l’attention sur ce qui n’est pas essentiel ?
• est-ce que c’est faisable sur le plan technique (trucage, délais de production) ?
commettre une erreur souvent constatée qui est celle du choix subjectif (j’aime / je n’aime pas)
alors qu’on ne fait pas forcément partie de la cible visée par la publicité. Cette grille est
également intéressante car elle permet de justifier de manière objective un choix devant un
conseil d’administration ou devant une commission.
nication est de réaliser un pré-test qui consiste à sonder l’opinion d’un groupe de personnes
appartenant à la cible face au message. Cette précaution permet de départager plusieurs projets
de créations, d’identifier des problèmes de compréhension ou des sources de rejet. Les méthodes
utilisées dans le cadre des pré-tests sont la plupart du temps les études oute reproduction non
autorisée est un délit.
© Dunod - T
189
Au-delà de la communication :
le marketing social
Avis d’expert
(ex-AGIR 33)
soins secondaires.
association. Pourquoi ?
Comme ambassadeur du
journées.
...
190
... Sur quelles actions en particulier Partir des besoins et attentes de nos avez-vous déployé le
marketing
social ?
Tabac (L.A.S.T). Il s’agit de mobiliser communication, car le coût de la tous les professionnels
de santé sur
qu’elle se professionnalise.
en interne à la mobilisation de
en France ?
différemment et de se méfier
social seront détaillés, puis des exemples de campagnes réelles qui ont mobilisé cette technique
seront présentés.
© Dunod - T
place des programmes sociaux et de santé plus efficaces. Il consiste à utiliser les techniques du
marketing commercial dans l’objectif d’encourager les comportements favorables au bien-être
et/ou à la santé des individus. Ces techniques reposent sur la connaissance des publics, la
segmentation, le ciblage, la mise en place d’actions sur le terrain en lien avec des partenaires
(services, accès, réduction des freins, communication) et l’évaluation du programme (Gallopel-
Morvan et al. , 2019).
selon les principes du marketing social sont efficaces pour faire évoluer les croyances, les
attitudes et les comportements des individus dans un sens favorable à leur santé (synthèses
réalisées par Gordon et al. , 2006
puis Stead et al. , 2007). Les programmes analysés par ces chercheurs se déroulaient dans des
contextes et des milieux variés (lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, les drogues illicites,
promotion de l’activité physique et nutrition ; à l’école, en entreprise, etc.) et sur des cibles
différentes (population défavorisée, adolescents, professionnels de santé, grand public, etc.).
Ces conclusions positives ont conduit des acteurs de la santé publique à se prononcer en faveur
du marketing social. Ainsi en 2004, le département de la santé britannique recommandait de
s’appuyer sur cette
démarche pour améliorer l’efficacité des programmes de prévention et créait en 2006 le Centre
National de Marketing Social ( National Social Marketing Center). En France, François
Bourdillon a impulsé cette technique au sein de l’agence nationale Santé publique France qu’il a
dirigée entre 2016 et 2019 : « Notre pays franchit une étape, celle de l’intégration pleine et
entière du marketing social dans les outils de la santé publique.
Longtemps ce terme n’était pas admis dans ce milieu […]. Pourtant, le marketing est un outil
puissant pour favoriser l’adoption d’habitudes de vie et des environnements favorables à la
santé », (Gallopel- Morvan et al. , 2019, p. 9).
Le marketing social recouvre différentes étapes et va bien au-delà des campagnes publicitaires
détaillées dans la section précédente.
L’essence de cette technique est de bien comprendre et connaître les publics auxquels on
s’adresse afin d’adapter ses actions. Pour ce faire, les perceptions et freins liés au changement
de comportement proposé sont explorés en utilisant des études de marché (entretiens individuels
ou en groupe, enquêtes quantitatives par questionnaire).
Il est également essentiel de cerner l’environnement, en particulier ce qui peut entrer en «
concurrence » avec le comportement recommandé
par l’association. Ainsi, si ce dernier consiste à s’engager dans une activité 192
physique au moins 30 minutes par jour, son « concurrent » est la séden-tarité et les écrans. Dans
certains contextes, les entreprises peuvent exercer une influence qui va à l’encontre des
comportements proposés dans le programme de marketing social. Ainsi, dans le domaine de la
sécurité routière ou de la santé, il est nécessaire de prendre en compte les activités marketing
des industries qui peuvent encourager l’excès de vitesse (les constructeurs automobiles) ou la
consommation de produits à risque
pour la santé (tabac, alcool, aliments gras et sucrés). Ces entreprises peuvent être des
concurrents féroces à l’adoption de comportements plus sains car elles proposent souvent des
produits aux avantages tangibles et au plaisir immédiat (déguster des barres chocolatées, fumer
une cigarette pour épater ses copains, etc.).
Il faut ensuite tenir compte du fait que l’on ne peut pas s’adresser à tout le monde de la même
manière. Il s’agit de segmenter la population visée selon des critères choisis (fiche pratique). Le
principe est de proposer un pro gramme spécifique pour chaque cible en s’adressant aux gens
avec leurs propres termes, en fonction de leurs pratiques, de leurs croyances, etc.
FICHE PRATIQUE
© Dunod - T
193
L’étape suivante consiste à créer une marque, ce que font systématiquement les entreprises. Il
est plus facile pour des individus de s’approprier une marque qui correspond à leurs attentes et
besoins, plutôt qu’un comportement qui, en soi, n’est pas toujours stimulant. Celle-ci appa raît
sur tous les supports du programme, se décline sous forme de nom, avec un logo, un slogan et
des cou leurs spécifiques, à l’instar de la campagne Truth (vérité), élaborée par l’American
Legacy Fondation dans les années 2000, qui avait pour objectif d’inciter les adolescents (12-17
ans) à ne pas commencer à fumer ou à arrêter (Farrelly et al. , 2005).
Le but de ce programme était de s’appuyer sur une marque, Truth, créée pour l’occasion, dont le
but était de dénoncer les stratégies marketing des cigarettiers pour pousser les adolescents à
fumer. Le principe était de les inciter à s’emparer et à adopter Truth en dénonçant les
manipulations des firmes du tabac. De cette façon et par cet engagement, ils étaient plus enclins
à ne pas commencer à fumer ou à arrêter car ils étaient avertis des pièges des industriels et de la
perte de liberté associée (la nicotine étant une drogue très forte). Sur un ton ironique, des
publicités, des vidéos, des événements auxquels des adolescents participaient, des produits
dérivés (porte-clés, T-shirts…) ont été conçus aux couleurs de Truth (nom sty-lisé, logo, couleur
spécifique). Afin de vérifier l’impact de la marque, une enquête a été réalisée auprès des jeunes.
Elle a montré que Truth était perçue comme une marque de qualité, qu’elle était connue,
générait de la satisfaction et de la fidélité, était populaire, donnait une personnalité intéressante
à ceux qui l’adoptaient (être rebelle contre la manipulation, par exemple), informait sur la
manipulation des cigarettiers et cassait l’image du tabagisme.
• Travailler avec des Collaborateurs est fondamental pour diffuser le message du programme
de prévention sur le lieu de vie des publics ciblés.
l’offre proposée (pour distribuer des préservatifs ou des moustiquaires, les partenaires peuvent
être des universités, des coiffeurs, des magasins, des bars, etc.), concevoir des communications
(agences de publicité), aider à organiser un événement (bénévoles d’associations). Par exemple,
un hypermarché peut devenir partenaire d’une campagne de
lutte contre l’obésité en affichant régulièrement des prix attractifs sur les fruits et légumes. Ou
bien encore des clubs spor tifs peuvent proposer des séances d’essai gratuites et adaptées aux
personnes obèses.
Dans le monde associatif, il est courant de nouer des partenariats avec des agences de publicité
dont le travail consiste à transformer le contenu d’un message publicitaire souhaité en une idée
créative. On recense de plus en plus d’agences qui acceptent de travailler gratuitement pour les
associations, c’est donc là une opportunité à saisir1. Les raisons de cette générosité sont
multiples. Tout d’abord, le responsable de l’agence et les créatifs peuvent être sensibles à la
cause et à la mission de l’association. Ensuite, l’engagement des publicitaires dans une cause
améliore l’image et la renommée de leur agence de publicité, pour peu que l’information sur la
gratuité de la campagne soit relayée dans les médias.
Par ailleurs, travailler pour des associations est un excellent outil de motivation en interne.
C’est une opportunité, pour les créatifs, de s’impliquer sur un sujet qui les motive et de laisser
aller leur talent créatif (plus difficile avec un client qui paie le plein tarif et qui peut alors
imposer ses vues). De ce fait, ils ont plus de chances de décrocher des prix de la création
publicitaire (récompense très prisée dans le milieu). Enfin, certains messages portés par les
associations abordent les thèmes de la mort, la maladie, du sexe, de la faim dans le monde,
thèmes sur lesquels les publicitaires aiment travailler car cela suscite leur imaginaire.
Pour les associations, il est intéressant de faire appel à ces experts en communication pour
plusieurs raisons :
termes de créativité et que le message conçu a alors plus de chances d’être efficace. Elles
disposent de moyens humains et techniques qui leur permettent de réaliser des publicités qui ont
de l’allure ;
tement pour les associations (car elles dégagent de la marge sur des oute reproduction non
autorisée est un délit.
1. Concernant la gratuité, il faut tout de même signaler qu’elle est relative. En effet, si le travail
de création est offert par l’agence, la réalisation d’un message publicitaire engendre aussi des
frais de production (prise de vue, tournage du spot, rémunération des acteurs, des
© Dunod - T
195
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
gros clients), ce qui n’est pas le cas des personnes indépendantes ou en free lance (graphistes,
etc.) ;
3/ parce qu’elles travaillent vite, souvent plus vite que les militants et bénévoles de l’association
qui ont des activités parallèles ;
4/ parce que les agences ont des contacts et des réseaux dans les
médias, ce qui peut être utile pour trouver des espaces gracieux de diffusion du message.
À côté de ces avantages, il existe aussi des inconvénients. Ainsi, si la motivation principale de
l’agence est de gagner un prix de créativité, il y a un risque qu’elle passe à côté des contraintes
stratégiques de l’association en termes d’objectif de communication,
alors se sentir « obligée » d’accepter la proposition alors qu’elle ne la trouve pas adaptée à son
problème de communication.
Afin de faciliter le travail de l’agence de publicité, il est conseillé de rédiger en amont un brief
de communication (cahier des charges), document important qui aide les publicitaires à mieux
comprendre
le problème et les attentes de l’association ( cf. fiche pratique). Un tel document est essentiel
quelles que soient l’ampleur et la dimension de la campagne prévue (campagne internationale
ou nationale
ou locale).
FICHE PRATIQUE
• Pourquoi l’association réalise-t-elle une communication ? Quels sont les objectifs attendus de
cette communication ?
• Sur quoi porte la communication ? Quels sont les thèmes qui doivent être abordés ?
• À qui s’adresse cette communication ? Quelle est la cible visée par le message ?
• Quelles sont les limites à ne pas dépasser (mettre en scène des malades, faire peur,
stigmatiser par exemple les séropositifs ou les fumeurs) ?
196
• Quelles sont les limites à ne pas dépasser (mettre en scène des malades, faire peur,
stigmatiser par exemple les séropositifs ou les fumeurs) ?
Le brief doit être concis (seules les informations pertinentes pour la communication doivent y
être intégrées), clair (éviter le jargon trop technique, le document doit être compris par l’agence
de publicité) et il doit donner envie à l’agence de publicité de s’investir dans la communication
et la mission de l’association et stimuler l’enthousiasme des créatifs.
Il est important de rappeler que s’engager dans une démarche de partenariat demande du temps,
de la rigueur et du professionnalisme ( cf.
chapitre 4).
posé : temps, embarras, efforts, inertie, souffrance, impression de stigmatisation sociale, etc.
Il est important de comprendre ces réti cences et de chercher à les réduire car l’adoption d’un
comportement résulte d’une comparaison des coûts et des bénéfices qu’il engendre. Par
exemple, les gens adhèrent à une association sportive s’ils estiment que le coût financier de
l’inscription (disons 150 euros annuels) et les efforts à fournir sont inférieurs aux bénéfices que
va leur procurer la pratique régulière d’un sport (épanouissement physique, mental, rencontre
avec
© Dunod - T
197
supérieurs aux coûts perçus, celui-ci a des chances d’être adopté. Ce principe est connu en
marketing sous le nom de la théorie de
• Il faut ensuite faciliter la Capacité d’accès au comportement proposé et aux aides associées.
Ces derniers doivent être facilement
accessibles pour la cible visée. Dans l’idéal, l’offre de marketing social doit être proposée sur
les lieux de vie des individus, dans
les endroits où ils habitent, où ils travaillent, où ils passent le plus de temps. Par exemple, il doit
être facile de trouver un préservatif dans les magasins ou autres lieux fréquentés par le public
cible. De même, pour favoriser le don de sang, il faut proposer des horaires
• Enfin, le comportement proposé doit être promu avec les outils classiques de la
Communication : médias, réseaux so ciaux, Internet, événements. Le ton, le contenu et les
moyens et lieux de dif fusion du message tiendront compte de la cible, de ses habitudes de
consommation des médias, de ses styles de vie ( cf. chapitre 2 et section pré-
cédente). La com munication est parfois confondue avec le marketing social, dont elle fait partie,
mais elle n’est pas suffisante en soi.
• Pour finir, il est important d’évaluer la campagne de marketing social et de vérifier que les
objectifs souhaités ont bien été atteints.
Sur le terrain, on peut être amené à mo biliser partiellement ou totalement ces différentes étapes,
en fonction du budget dont on dispose et de la nature du pro gramme lancé par l’association.
du marketing social
Les lignes suivantes présentent des campagnes menées en France et aux États-Unis pour inciter
à l’activité physique ( Verb et Bouge avec moi) et à arrêter de fumer ( Moi(s) sans tabac). Ces
programmes se sont appuyés sur la démarche du marketing social.
n■ La campagne VERB
VERB™ est un programme de lutte contre l’obésité mené aux États-Unis dans les années 2000
pour inciter les adolescents à augmenter leur 198
activité physique (Asbury et al. , 2008). Le tableau 5.2 présente les différentes étapes du
marketing social déployées dans le cadre de cette
campagne.
étapes
La campagne verb™
du marketing sociaL
1. Interroger la cible visée (s’amuser, partager, vivre des aventures) et les freins
pour la comprendre
2. Tenir compte de
la concurrence du
comportement préconisé
3. Segmenter et cibler la VERB™ a été décliné selon les profils des publics :
population visée
4. Réfléchir à une marque différents « verbes » pour inciter les jeunes à bouger : sauter, jouer,
nager, danser, etc.
l’adopter ;
comportement préconisé
casquettes VERB™ ;
6. Mettre en place un
programme d’actions
comportement préconisé
(les 5C)
pour tous ;
etc.).
...
199
...
étapes
La campagne verb™
du marketing sociaL
VERB™.
7. Évaluer le programme
La campagne Moi(s) sans tabac (MOIST), adaptation française de Stoptober mise en place en
Grande-Bretagne depuis 2012 par Public Health England (Djian et al. , 2019), a été lancée en
France en 2016 par Santé publique France et s’est déroulée en novembre 2016, 2017, 2018 et
2019. Elle repose sur le défi collectif d’arrêter de fumer du tabac pendant 30 jours (car si un
fumeur s’abstient de fumer 30 jours, il multiplie par cinq ses chances de parvenir à un sevrage
définitif). Cette campagne s’intègre dans le premier Programme national de réduction
réduire le pourcentage élevé de fumeurs dans notre pays, devenu Programme national de lutte
contre le tabac en 2018. Les lignes suivantes passent en revue les composantes du marketing
social appliquées à
MOIST 1.
1. Interroger la cible visée pour la comprendre
France, de la cible finale (les fumeurs français), des études documentaires pour affiner les
argumentaires à destination des partenaires moins connus (entreprises) et les réunions qui ont
eu lieu avec les principaux relais locaux (agences régionales de santé) ont permis de connaître
les opinions à l’égard de MOIST (généralement très positives) et les principaux freins à sa mise
en place en local (manque de moyens). Pour des raisons de calendrier (manque de temps), il n’a
pas été possible de tester le concept de la campagne.
200
Comment réaliser une communication efficace ?
parfois développer des réactions de rejet, d’évitement et de déni face à des campagnes anti-
tabac. Pour éviter de telles réactions négatives, MOIST a été pensée comme une campagne
joyeuse, collective, de proximité, d’aide et de soutien à l’arrêt du tabac pérenne (elle a lieu tous
les ans en novembre).
La cible principale de MOIST est constituée des fumeurs âgés de 18 à 49 ans. Cette tranche
d’âge a été retenue car la prévalence tabagique y est élevée. Le cœur de cible se compose des
personnes socio-économiquement défavorisées, plus concernées en France par le tabac et ses
impacts. Le soutien des non-fumeurs à la campagne a également été
Le socle de la campagne est la marque MOIST imaginée par Santé publique France. Elle évoque
le challenge de l’arrêt du tabac sur un « mois » et la projection des individus vers la réussite et
vers une vie meilleure sans tabac (« moi »). Les promesses (I) rationnelle « 30 jours : 5 fois plus
de chance d’arrêter définitivement », (II) émotionnelle « ce sera mieux ensemble, l’engouement
collectif démultiplicateur de la volonté individuelle » et calendaire (III) « on remet souvent au
lendemain l’arrêt du tabac, arrêtons une date ». Son ton est positif, chaleureux, populaire,
joyeux, collectif et son logo / slogan est un jeu de mots (mois / moi sans tabac), l’identité visuelle
« V de la victoire », des couleurs chaudes (jaune, orange) ( cf. visuel ci-après).
© Dunod - T
201
préconisé
Concernant la cible prioritaire de MOIST, les fumeurs, les objectifs sont de les inciter et de les
aider à arrêter de fumer en novembre (et au-delà), d’inciter les non-fumeurs à les encourager à
arrêter, de leur rappeler ou de leur faire connaître l’aide existante pour arrêter (appli, ligne
téléphonique 39 89, site Internet tabac-info-service, etc.), de les inciter à recourir à ces aides à
l’arrêt proposées, à se procurer le kit d’aide à l’arrêt MOIST, de les inciter à s’inscrire à cet
événement pour recevoir
réseaux sociaux, etc.), de les inciter à prendre un rendez-vous avec un professionnel de santé
pour se faire aider (médecin). À moyen et long terme, l’objectif de cette campagne est de réduire
le nombre de fumeurs en France et les problèmes associés (morts, maladies).
• Collaborateurs :
Pour toucher les fumeurs sur leur lieu de vie, la mobilisation d’acteurs de terrain et de
partenaires variés, « relais » de MOIST est nécessaire. Pour les approcher et les convaincre de
s’engager, un socle d’arguments communs est utilisé : (i) l’ancrage de MOIST dans un
programme national gouvernemental ; (ii) une campagne fondée sur des arguments scientifiques
(28 jours d’arrêt augmentent les chances de réussir). Une approche personnalisée a par ailleurs
été réfléchie selon les partenaires approchés.
2/ les agences régionales de santé, dont le rôle est de déployer le dispositif en favorisant la
mobilisation des acteurs de terrain et en complé-tant le plan média national en région. Un
budget a été alloué pour
recruter sur plusieurs mois des ambassadeurs locaux pour promouvoir MOIST, assurer un
conseil méthodologique et la formation des acteurs du terrain et réaliser un partage
d’information avec les acteurs nationaux et régionaux (reporting) ;
202
Pour la première fois, Santé publique France s’est appuyée sur un réseau d’entreprises et
d’organismes privés et publics afin d’accroître la notoriété et l’impact de cette opération. L’idée
était, via ces partenaires, d’amplifier l’exposition des fumeurs au message de la campagne, et de
toucher les fumeurs sur leur lieu de travail. Les arguments d’image, de responsabilité sociale
(aider les employés à améliorer leur santé en leur proposant de l’aide pour arrêter de fumer),
d’opération non intrusive (proposer de l’aide aux fumeurs sans imposer), d’afficher son
partenariat avec Santé publique France (logo du partenaire sur les affiches), etc., ont convaincu
de nombreuses entreprises.
Pour aider les fumeurs à arrêter en novembre (et au-delà), des aides et services sont proposés
pour faciliter la mise en place du comportement recommandé. La plupart des services existaient
déjà avant 2016, certains ont été améliorés afin d’aider les fumeurs à arrêter : le site Tabac info
service (bénéfice de l’arrêt, conseils, etc.), une application mobile Tabac info service (e-
coaching personnalisé, astuces, vidéos de soutien, etc.), un numéro de téléphone pour être
accompagné dans son arrêt par un tabacologue (39 89). Un kit pour arrêter « en autonomie » a
également été réalisé avec l’aide d’un partenaire associatif (la Ligue Nationale Contre le
Cancer). Il se compose entre autres d’un guide (« Je me prépare »), d’un agenda (« 30 jours
pour arrêter de fumer » avec des encouragements, conseils et activités pour tenir bon) et d’une
roue pour calculer les économies d’argent réalisées.
L’objectif des partenariats et des relais locaux de MOIST est de rendre accessible le
comportement préconisé et les aides et services proposés pour arrêter dans les lieux de vie des
personnes. Par exemple, les pharmacies partenaires distribuent aux fumeurs qui le souhaitent
des kits MOIST
sur l’ensemble du territoire (une affiche est apposée sur leur vitrine). Ce kit est également
disponible sur le site Internet tabac-info-service.fr.
L’accent est mis sur les bénéfices liés à l’arrêt du tabac, sur l’engouement collectif, et sur les
aides et services disponibles qui facilitent le passage à l’acte et le maintien dans l’arrêt.
L’objectif de ces messages positifs est de réduire les coûts perçus par les fumeurs à arrêter. Les
aides sont dispo-oute reproduction non autorisée est un délit.
nibles gratuitement (application mobile, kit MOIST, etc.) ou pour un coût très faible pour la
ligne d’aide à l’arrêt 39 89 (coût d’un appel téléphonique, conseil gratuit).
© Dunod - T
203
• Campagne de Communication :
soignants, etc.) ; 2/ communication grand public avant novembre pour informer de l’événement
et « recruter » des participants fumeurs et non-fumeurs ; 3/ messages diffusés en novembre vers
le grand public pour soutenir les fumeurs participants dans leur arrêt du tabac.
Différents médias sont utilisés pour diffuser les messages de MOIST en national : télévision,
affichage dans la rue, bannières sur des sites Internet, réseaux sociaux, recours à des
influenceurs sur Internet, relations presse, etc.
En local, les ambassadeurs et partenaires sont invités à mettre en place des événements
(conférences, stands d’information, défis, etc.) et à communiquer dans les médias pour informer
de la campagne, inviter le grand public à participer, à s’inscrire, à soutenir des proches et à se
préparer à arrêter de fumer.
7. Évaluer le programme
Diverses études et indicateurs sont mobilisés pour évaluer l’impact de la campagne : activités
aux niveaux régional et national (nombre d’inscriptions sur le site web de MOIST, services
d’aide à l’arrêt utilisés), post-test quantitatif auprès de la population générale, post-test
qualitatif auprès de fumeurs, post-test qualitatif auprès de médecins généralistes, études
d’efficacité des services d’aide à l’arrêt proposés, estimation du nombre de tentatives d’arrêt du
tabac liées à MOIST, statut tabagique à un an des fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt en lien
avec la
campagne.
Les résultats de ces évaluations permettent d’identifier des pistes d’optimisation pour la
campagne MOIST de l’année suivante, dont la
Bouge avec moi est une campagne réalisée par l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-
France. Son but est d’inciter les habitants de cette région à bouger au quotidien ( cf. visuels ci-
dessous). Hinde Tizaghti, Référente nutrition, activité physique et troubles nutritionnels à l’ARS
et responsable de cette campagne en présente les spécificités.
204
Comment réaliser une communication efficace ?
© Dunod - T
205
Avis d’expert
comportement préconisé ?
social, pour se faire plaisir, et bouger des astuces pour bouger plus au
de membres de la communauté,
culpabilisant ni moralisateur.
« l’accès » au comportement
visée ?
moi ?
www.bougeavecmoi.com et sur
YouTube.
...
206
Comment réaliser une communication efficace ?
partenaires / collaborateurs ?
d’influence digitale.
Avez-vous évalué l’impact de Bouge éléments nous ont permis d’en tirer
L’essentiel
non marchand.
Tableau 5.3 – Les réflexes à adopter pour réaliser des campagnes publicitaires et de marketing
social efficaces
La réaLité
La communication, c’est de Dès qu’une association décide de lancer une l’art, ça s’improvise,
tout le campagne publicitaire, elle doit prendre le temps monde peut s’y mettre.
La communication n’est
inutiles.
Étant donné
l’environnement
publicitaire très
de communication faible,
publicitaire efficace.
© Dunod - T
...
207
La réaLité
Chapitre 6
Comment
Les individus sont
rationnels. En
conséquence, la publicité
communiquer
être persuasive.
Le contenu de la publicité
sur Internet ?
forme.
message.
et Sophie Rieunier
(peur, culpabilité, etc.) sont la solution (comportement) proposée pour rejetés et donc
inefficaces.
d’adopter facilement le
comportement proposé
pratiques.
Executive summary
de la même manière en
La communication peut
tout régler.
bénévoles, faire circuler un message via les internautes, recruter nécessaire pour faire évoluer
les pratiques.
publicitaire / un seul
programme de marketing
social suffit.
208
Chapitre 6
Comment
communiquer
sur Internet ?
et Sophie Rieunier
Executive summary
bénévoles, faire circuler un message via les internautes, recruter et valoriser les bénévoles,
informer rapidement, recueillir les
© Dunod - T
209
Ces chiffres mettent en exergue qu’Internet est aujourd’hui un média Internet, un media
incontournable
leurs publics. C’est encore plus vrai si l’on s’adresse aux jeunes qui en estimé à 53,1 millions
d’individus (Focus 6.1).
ont fait leur média de prédilection. Une étude réalisée par Satista 2020
sur des jeunes âgés de 1 à 19 ans montre que leur usage d’Internet a considérablement
augmenté entre 2012 et 2017, quel que soit leur âge : FOCUS 6.1 n Internet en France en 2019
: chiffres clefs
• en 2017, les 1-6 ans passent en moyenne 4,37 heures par semaine
Nombre
• les 7-12 ans passaient 4,5 heures par semaine sur Internet en 2012
• le temps passé sur Internet pour les 13-19 ans a augmenté d’environ
Temps passé
• Les Français passent en moyenne 2,12 heures par jour sur Internet.
• Les plus connectés y passent 6,53 heures par jour (7,6 millions de per-Les associations et le
numérique :
• Les pics d’audience ont lieu à 21 h 07 (9 millions de personnes sont intègrent de plus en plus
les supports digitaux pour communiquer vers connectées à ce moment).
leur public. C’est ce que montre le rapport publié en 2019 par Recherches Augmentation des
connexions via les mobiles
• Le mobile est le premier écran utilisé par les Français pour se connecter associatifs français
(Bazin et al. , 2019). Les outils mobilisés servent à des (devant l’ordinateur et la tablette).
• 37,7 millions des internautes sont des « mobinautes » quotidiens (7 mil-détaille les différents
supports utilisés.
Usages
ming, plateformes de streaming : YouTube, Netflix, Twitch, etc. ; séries, Site Internet
71 %
Réseaux sociaux
67 %
• 38 % des vidéos sur Internet sont vues par des 15-24 ans.
45 %
Source : L’Année Internet 2019 - Entre surconsommation et tri sélectif, Envoi de newsletter
34 %
www.mediametrie.fr/fr/lannee-internet-2019.
22 %
Blog
18 %
...
210
Ces chiffres mettent en exergue qu’Internet est aujourd’hui un média que les associations
doivent mobiliser pour communiquer auprès de
leurs publics. C’est encore plus vrai si l’on s’adresse aux jeunes qui en ont fait leur média de
prédilection. Une étude réalisée par Satista 2020
sur des jeunes âgés de 1 à 19 ans montre que leur usage d’Internet a considérablement
augmenté entre 2012 et 2017, quel que soit leur âge :
• en 2017, les 1-6 ans passent en moyenne 4,37 heures par semaine
• les 7-12 ans passaient 4,5 heures par semaine sur Internet en 2012
• le temps passé sur Internet pour les 13-19 ans a augmenté d’environ 3 heures sur cette
période (12,2 heures en 2012 ; 15,11 en 2017).
intègrent de plus en plus les supports digitaux pour communiquer vers leur public. C’est ce que
montre le rapport publié en 2019 par Recherches et Solidarité, fruit d’un sondage réalisé auprès
de 2 500 responsables associatifs français (Bazin et al. , 2019). Les outils mobilisés servent à des
fins de communication externe, d’organisation interne, d’animation
du réseau des associations et de recherche de ressources. Le tableau 6.1
communication externe
Site Internet
71 %
Réseaux sociaux
67 %
45 %
Envoi de newsletter
34 %
22 %
Blog
18 %
...
© Dunod - T
211
organisation interne
Outil de comptabilité
48 %
Outil de gestion
31 %
36 %
Gestion de la sécurité
32 %
Paiement en ligne
20 %
36 %
Applications Smartphone
11 %
Formations à distance
9%
Don en ligne
18 %
Plateformes bénévoles
6%
Sans surprise, les supports numériques les plus courants pour la communication externe sont les
sites Internet et les réseaux sociaux.
Entre 2013 et 2019, les enquêtes de Recherches et Solidarités révèlent que l’usage des réseaux
sociaux par les associations a augmenté alors que le développement des sites Internet s’est
stabilisé.
En 2019, les structures qui utilisent le plus un site Internet sont de grande taille (plus de 50
salariés) et œuvrent dans le domaine de la santé, de l’environnement et du sport. Celles qui
mobilisent le plus les réseaux sociaux ont entre 6 et 9 salariés et sont plutôt dans l’éducation
populaire, alors que celles qui animent un blog sont essentiellement des associations de loisirs
de plus de 50 salariés.
Les responsables associatifs interrogés estiment que la mobilisation des outils numériques leur a
permis d’atteindre les objectifs suivants :
212
En termes de « maturité numérique » (habitude, aisance à utiliser les outils digitaux), 55 % des
responsables interrogés considèrent que leur association est en progrès, 21 % qu’elle est
expérimentée et 21 % peu initiée.
Pour 35 % des structures consultées, ce sont des individus initiés qui s’impliquent dans le
déploiement des outils numériques, et 25 % d’entre elles ont un référent interne dédié à cela. Les
difficultés rencontrées pour développer des outils numériques se situent à différents niveaux :
• technique pour 34 % : lié au changement régulier des outils, à la difficulté d’avoir une bonne
connexion, à trouver les bons outils ;
• stratégique pour 19 % : difficulté à choisir les outils adaptés, à évaluer leur pertinence, tout
en ne perdant pas de vue le cœur de métier de l’association.
Enfin, concernant la satisfaction exprimée, respectivement 30 % et 45 %
des répondants sont « tout à fait d’accord » et « d’accord » pour dire que le numérique a fait
évoluer positivement la pratique et les modes de fonctionnement de leur association. Les raisons
évoquées sont multiples : être plus proche des adhérents, diffuser des informations plus
accessibles et plus transparentes, gagner du temps, générer plus de participation et plus de
liberté de parole.
À noter que pour aider les associations à développer des outils digitaux, un programme
d’accompagnement au numérique (PANA : Points
d’Appui au Numérique Associatif)1 dédié au secteur associatif a été mis en place partout en
France. Il a pour objectif d’aider les structures qui soutiennent les associations et qui sont en
contact direct avec elles (maisons d’associations, fédérations sportives, etc.) à monter en
compétence sur le numérique et à leur fournir un maximum de ressources pédagogiques
gratuites sur le sujet.
fiches pratiques et conseils pour aider les associations : guide des outils oute reproduction non
autorisée est un délit.
1. https://www.helloasso.com/pana/ ; https://associations.gouv.fr/programme-pana.html
2. https://www.francenum.gouv.fr/comprendre-le-numerique/associations-comment-
© Dunod - T
213
La communication digitale
La communication digitale offre aux associations une palette d’outils plus ou moins onéreux et
plus ou moins consommateurs de temps :
sites web, réseaux sociaux, achat d’espaces publicitaires, recours à des influenceurs ou encore
référencement sur les moteurs de recherche.
• L’objectif classique est de créer un site « vitrine » de l’association pour informer les
donateurs, les adhérents, les journalistes, les entreprises partenaires, les pouvoirs publics ou les
simples curieux qui veulent se renseigner sur l’association, ses activités, ses événements, ses
missions, l’utilisation de ses ressources financières, ses membres et ses résultats.
• Un site web est porteur de l’image de la structure, il est donc important de soigner sa
présentation et son contenu.
• Une majorité d’associations utilise un site web pour collecter des fonds ( cf. partie suivante de
ce chapitre).
214
• Le site de l’association est un moyen de créer du lien, des échanges, de susciter des débats et
des questions entre les internautes, les adhérents, bénévoles et salariés (partages d’information,
de photos, de conseils, forums, chats). Un espace interactif est donc le bienvenu.
• Un site web permet de réaliser des économies. Le don en ligne épargne, entre autres, les frais
de port du mailing classique et des reçus fiscaux qui peuvent être envoyés par e-mail. De plus,
les frais d’impression des mensuels et des newsletters sont diminués dès lors que les adhérents
acceptent de les recevoir par courrier électronique.
• Un site est un moyen pour recruter des bénévoles, des stagiaires, des salariés et des adhérents
qui peuvent s’inscrire en ligne ou déposer leur CV et lettre de motivation sur un espace dédié.
• De plus en plus d’associations utilisent leur site comme un levier de mobilisation des
internautes (en lien avec les réseaux sociaux).
Il est par exemple proposé aux internautes de signer des pétitions, de s’inscrire sur les réseaux
sociaux de la structure, de récupérer des bannières publicitaires pour les placer sur d’autres
sites ou blogs et porter ainsi la cause défendue.
Certaines associations créent plusieurs sites Internet qui ont différents objectifs : un site
institutionnel pour présenter l’association, ses missions et ses actions ; un site événementiel,
limité dans le temps, pour inciter un passage à l’acte (don, pétition, participation événement) ;
un site dédié à une thématique importante pour l’association.
org) puis d’un site dédié à un événement qu’elle organise : le Triathlon des Roses au profit de la
recherche sur le cancer du sein (www.triathlondesroses.
fr/wp/).
sites dédiés à des pétitions (protection des océans, l’Affaire du Siècle) et/ou à des thématiques
spécifiques (militer pour manger moins de viande dans les cantines : www.cantineverte.fr).
© Dunod - T
215
n■ Quel contenu ?
Lorsqu’il arrive sur un site, un internaute doit voir très rapidement à qui il a affaire. Ainsi les
informations suivantes doivent être très faciles à trouver :
Ne pas le mettre à jour régulièrement et/ou ne pas répondre rapidement aux e-mails envoyés par
les internautes, c’est donner une image figée de l’association et donc courir le risque qu’ils ne
reviennent pas.
Le contenu du site doit être pensé en lien avec les internautes qui viendront le consulter.
Des conseils sont donnés en ce sens sur www.associatheque.fr : « Pre-nons l’exemple d’une
association sportive, vos 2 publics cibles principaux seront : les futurs adhérents et les adhérents
actuels. Les adhérents potentiels doivent trouver le descriptif de votre activité sportive et des
informations sur le pedigree de vos enseignants, les horaires et lieux des cours, les tarifs, les
modalités d’adhésion et la possibilité de vous contacter facilement, voire la possibilité d’adhérer
en ligne. Vos adhérents actuels viendront chercher des actualités : stages, cours annulés,
conseils pour une meilleure pratique, etc.1 »
Les menus, disposés horizontalement et/ou verticalement sur la page d’accueil et les autres
pages du site, doivent être évocateurs de leur contenu et des objectifs : informer, sensibiliser,
collecter des dons, envoyer des informations aux personnes intéressées par la cause de
l’association, faire connaître le site, etc. Par ailleurs, les cibles de communication visées par
l’association doivent se reconnaître facilement à travers les menus : presse (journalistes),
adhérents, entreprises, donateurs, bénévoles, grand public, etc.
1. https://www.associatheque.fr/fr/association-et-communication/index.html?amcpage=9
216
Il est important d’avoir en tête que le contenu et les titres des menus
doivent être pensés en lien avec le référencement naturel du site sur les moteurs de recherche (
cf. page 248).
On pourra prévoir un menu Foire Aux Questions (FAQ) si des questions récurrentes sont posées
par les internautes.
Une traduction du site sera proposée si l’association intervient dans plusieurs pays et si la cible
visée est internationale.
Enfin, il ne faut pas oublier d’insérer les mentions légales qui doivent apparaître sur un site
Internet (identité de l’association, moyens proposés à l’internaute pour la contacter, information
sur la politique de collecte et de traitement des données personnelles, etc.)1.
n■ L’ergonomie du site
Un certain nombre de règles sont à adopter pour simplifier la navigation de l’internaute et
faciliter l’accès à l’information. On parle de l’« utilisabilité » d’un site web.
• Le site Internet, comme tous les outils de communication, doit être conçu en lien avec
l’identité visuelle de l’association, sa charte graphique et son logo.
• Il est conseillé d’avoir un site simple, sobre, agréable à regarder et facile à lire afin d’éviter
de perdre les personnes qui le consultent.
• L’information recherchée doit être accessible de n’importe quelle page en trois clics
maximum grâce à des menus aux titres explicites, un plan du site et un moteur de recherche.
• Étant donné que les internautes se connectent de plus en plus sur Internet via leur téléphone,
les sites doivent être lisibles sur différents supports (on parle de sites « responsive design ») :
ordinateurs, tablettes, téléphones.
• Il est important de mettre en avant les éléments vers lesquels on souhaite attirer l’attention de
l’internaute. Des boutons dits « call to action »
doivent être visibles dès la page d’accueil avec le texte suivant : « j’agis, je deviens bénévole, je
m’inscris, je fais un don, je participe, etc. ».
• Des titres, sous-titres et liens hypertextes sont intégrés à bon escient sur les pages du site.
• Les mots utilisés sont clairs, les phrases sont courtes et simples (il faut éviter le jargon de
l’association).
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217
• Le texte est écrit sur de larges colonnes, ce qui réduit le nombre de retour à la ligne et facilite
la lecture.
• Il faut prévoir sur l’ensemble du site différents boutons bien visibles qui renvoient vers les
réseaux sociaux de l’association, bouton « donnez » pour la collecte de fonds et « retour à la
page d’accueil » au cas où l’internaute est perdu.
• Des visuels et des vidéos sont intégrés pour faciliter la lecture, la compréhension et améliorer
la convivialité du site. Attention toutefois car trop de vidéos, d’images animées ou de couleurs
peuvent
perturber les capacités des individus à se concentrer sur le texte. Il faut donc les utiliser avec
parcimonie et donner la possibilité aux internautes de les éviter (« passer l’introduction », par
exemple, pour accéder plus vite à la page d’accueil).
• Les pages du site et les polices de caractères sont homogènes, le contraste fond/texte est
soutenu.
• Le site doit être lisible pour des personnes handicapées (possibilité d’agrandir la taille du
texte).
Si l’association ne dispose pas de compétences en interne pour réaliser son site web (ce qui est
de plus en plus rare), elle peut sous-traiter cette tâche à un prestataire spécialisé, ce qui coûtera
entre 1 500 et plusieurs milliers d’euros en fonction du type de site et des fonctionnalités
souhaitées.
Il existe toutefois aujourd’hui des offres « Content Management System » qui proposent des
solutions faciles, rapides et gratuites ou peu onéreuses pour réaliser soi-même un site associatif
simple (ou un blog) (Jardin, 2017) : WordPress, Wix, site123, Simplepress, Weebly,
AssoConnect, Google sites, Joomla!, etc.
WordPress est l’offre la plus connue et semble une solution intéressante (Jardin, 2017 ; PANA
lui accorde la note de 5/5) et complète (logiciel de création, hébergement, domaine) pour se
lancer dans la conception d’un site Internet vitrine pour des personnes peu expérimentées (guide
pour débutants disponible gratuitement1). De nombreux thèmes personnalisés sont proposés
(plus de 4 000 habillages) ainsi que différentes 1. https://wpfr.net/guide-demarrage-debutants/
218
Comment communiquer et collecter des fonds sur Internet ?
formules : payantes si on ne veut pas de publicité sur son site et selon les fonctionnalités
souhaitées (personnel, premium, etc.), gratuites pour des solutions basiques avec publicités. En
2020, WoldPress faisait tourner 35 % des sites dans le monde avec un fort rythme de croissance.
Ce système est utilisé par plusieurs associations, parmi lesquelles l’Institut Jane Goodall, Team
Rubicon, CURE International, Save African History.
Internet1.
Avant de se lancer dans la réalisation de son site et/ou de prendre contact avec des prestataires
de services, il est conseillé de rédiger un cahier des charges pour savoir où on va (voir Fiche
pratique suivante).
FICHE PRATIQUE
• Arborescence du site : présentation des menus et sous menus souhaités et des liens qui les
relient, façon dont les pages sont organisées ;
• Expressions/mots souhaités pour les menus et sous menus : ils doivent être pensés en lien avec
les mots-clefs utilisés par les internautes dans les moteurs de recherche (si les mots-clefs les plus
recherchés correspondent aux menus du site, cela améliore son référencement) ;
• Fonctionnement futur du site : moyens financiers, webmaster pour faire vivre le site,
évolutions à prévoir pour le site, etc.
• tester le projet sur des utilisateurs potentiels afin de repérer les éventuels problèmes de
navigation ou de contenu ;
1. Voir par exemple : Guides gratuits assoconnect « La communication digitale des associations
» et « Guide pour (re)créer un site Internet pour son association » :
https://info.assoconnect.com, https://www.associatheque.fr/fr/association-et-communication,
© Dunod - T
219
• tester le site sur différents supports (ordinateurs, smartphones, tablettes) pour vérifier que la
présentation est correcte ;
domaine et le faire héberger, il existe des prestataires spécialisés (par exemple Gandi, OVH) ;
• protéger des éléments du site (logo, etc.) en les déposant à l’Institut National de la Propriété
Industrielle (INPI).
recherche. Il existe deux types de référencements : le « naturel » qui est gratuit, et le payant qui
consiste à acheter des mots-clefs sur les moteurs de recherche (on parle de SEA : Search Engine
Advertising).
ciations dotées d’un budget limité, il permet au site Internet d’être affiché dans les résultats
proposés par les moteurs de recherche en réponse à la requête d’un internaute. L’enjeu de ce
référencement
• Pour faire connaître le site de l’association, on pensera également à faire le lien sur les
réseaux sociaux et à inscrire son adresse sur tous les supports de communication de la structure
: brochures, cartes de visite, papiers à en-tête, affiches, bordereaux de fax, signatures de mail,
etc.
220
Pour vérifier si le site Internet a atteint son but en termes d’audience, différents indicateurs sont
utilisés : nombre de visiteurs fidèles ou uniques, nombre de pages vues par visite, taux de rebond
(pourcentage de visites où l’internaute ne voit qu’une page), temps passé par page et sur le site,
sources du trafic (comment les internautes arrivent-ils sur le site ?), etc.
Il existe des outils gratuits ou peu onéreux pour obtenir ces indicateurs. Un des plus connus est
Google Analytics. Il est gratuit, simple, utilisable pour les petits et les gros sites web1. Les
indicateurs sont présentés dans des tableaux faciles à comprendre. Pour l’utiliser, il faut ouvrir
un compte et coller les codes des pages web du site que l’on souhaite analyser. Google Search
Console est un autre outil intéressant pour évaluer l’état de santé d’un site, repérer les erreurs
du type « erreur 404 », analyser le temps de chargement des pages et le trafic pour améliorer le
référencement. De nombreux autres outils d’évaluation des sites sont disponibles sur Internet
(Browserstack, Hotjar…).
Selon Baynast, Lendrevie et Lévy (2017, page 554), les réseaux sociaux désignent « les sites
Internet et applications mobiles qui permettent aux utilisateurs de se constituer un réseau d’amis
ou de relations, et qui favorisent les interactions sociales entre individus, groupes d’individus ou
organisations ».
Cette définition souligne l’intérêt, pour les associations, de mobiliser ces outils pour consolider
et développer leurs relations avec des communautés d’individus qui ont des centres d’intérêt, des
besoins ou des points de vue proches de la cause défendue. Les réseaux sociaux présentent de
nombreux avantages pour le secteur associatif :
• faire connaître l’association et ses actions auprès d’un large public et de nouvelles cibles ;
• créer de la proximité et faciliter les échanges avec ses publics ; oute reproduction non
autorisée est un délit.
© Dunod - T
221
• communiquer gratuitement (hormis le temps passé pour les animer, ils nécessitent seulement
la création d’un compte) ;
Quelques chiffres
L’usage principal d’Internet aujourd’hui concerne les réseaux sociaux et les messageries. Le
Focus 6.2 présente quelques chiffres sur l’ampleur du phénomène.
Dans le monde :
• Le nombre d’utilisateurs actifs des réseaux sociaux dans le monde est de 3,7 milliards, soit 48
% de la population mondiale.
• Le temps moyen passé sur les réseaux sociaux est de 1,57 heure par jour en Europe et 1,56 en
Amérique du Nord.
• 3,6 milliards d’internautes se connectent sur les médias sociaux depuis un mobile.
• Les réseaux sociaux les plus consultés dans le monde sont Face-
book (2,45 milliards d’internautes par jour), YouTube (plus de 2 milliards), WhatsApp (plus de 2
milliards), Instagram (1 milliard), TikTok (625 millions), Twitter (330 millions), Reddit (330
millions), Pinterest (322 millions), LinkedIn (310 millions), Snapchat (210 millions).
En France :
• 6 Français sur 10 se connectent chaque jour sur les réseaux sociaux et les messageries.
222
• Le taux de pénétration des réseaux sociaux est de 67 % (part d’utilisateurs mensuels actifs de
réseaux sociaux parmi la population).
• 31 millions de Français utilisent les réseaux sociaux sur leurs téléphones mobiles.
Sources : Médiamétrie, 2019 ; PANA, 2019.
https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-reseaux-sociaux/
Différentes formes de réseaux sociaux sont à la disposition des associations. Pour s’y retrouver,
le tableau suivant synthétise des informations sur les caractéristiques, les profils et le nombre
d’utilisateurs actifs sur les principaux supports disponibles en 2020.
ombre
ombre
om du caractéristiques
profiL des
d’utiLisateurs d’utiLisateurs
réseau
et objectifs
utiLisateurs
actifs dans
actifs
sociaL
principaux
en france
Le monde
en france
• Le plus utilisé
• 2 milliards
• 37 millions
• Public large
• Objectifs
• 24 millions
• 55 % de
variés : informer,
se connectent femmes
mobiliser, soutenir,
• Moyenne
Facebook organiser un
d’âge : 40 ans
événement, etc.
• Un peu
plus jeunes
• Utilisé pour
• 1 milliard
• 26 millions
• 64 % entre
• 4 millions
15-34 ans
(acheté
vidéos et comme
de visiteurs
• 48 % entre
uniques par
25-49 ans
en 2006)
jour
• 54 %
d’hommes ...
© Dunod - T
223
...
ombre
ombre
om du caractéristiques
profiL des
d’utiLisateurs d’utiLisateurs
réseau
et objectifs
utiLisateurs
actifs dans
actifs
sociaL
principaux
en france
Le monde
en france
• Publication de
messages courts
• Influenceurs
(280 caractères
très présents
maximum)
(journalistes,
• Formats variés
etc.)
(texte, vidéos,
• 58 % entre
photos)
15-34 ans
• Informatif
• 51 % entre
25-44 ans
• 54 %
d’hommes
• Jeunes
de l’image (photos
adultes :
et vidéos)
– 77 % entre
Instagram • Messages
15-34 ans
– 35 % entre
25 et 34 ans
• 63 % de
au bout de
femmes
quelques heures)
• Supports
ludiques
• Plus jeunes
• Utiles pour
qu’Instagram
• 71 % entre
de l’association
15-24 ans
• 58 % de
femmes
• Réseau de
• Professionnels
professionnels
d’actifs
qualifiés,
• Utile pour
• (433 millions
diplômés, CSP+
recruter des
d’inscrits)
• Moyenne
bénévoles, trouver
d’âge : 44 ans
des mécènes,
• 52 % entre
collecter des fonds,
25-49 ans
se faire connaître
• 62 %
d’hommes
d’actifs
...
224
...
ombre
ombre
om du caractéristiques
profiL des
d’utiLisateurs d’utiLisateurs
réseau
et objectifs
utiLisateurs
actifs dans
actifs
sociaL
principaux
en france
Le monde
en france
• Messagerie
• 1 milliard
• 9 millions
• Très utilisé
instantanée sur
de visiteurs
mobile (disponible
uniques en
(18-34 ans
également depuis
France
surreprésentés)
un ordinateur)
• Possibilité
de diffuser des
photos, vidéos)
à un groupe
de discussion
(256 personnes)
• Numéros de
mobile nécessaires
• 54 % entre
l’image
25-49 ans
• Diffusion de
• 77 % de
visuels avec
femmes
« épinglage »
sur un tableau
virtuel évoquant
un thème, une
ambiance
• Possibilité de
commenter et de
Sources : Jardin (2017), assoconnect 2018 (Guide de la communication digitale), PANA, 2019
Signifiant « trombinoscope » en anglais, il est à ce jour le réseau social le plus utilisé. Il est
pertinent pour toucher des internautes d’âge et de profils variés.
nautaire, ce support permet de diffuser des supports variés (photos, photos à 360°, vidéos, textes
sans limite de taille, liens), d’échanger des messages avec les bénévoles, adhérents, donateurs de
l’association, d’informer sur la vie de la structure, de créer des animations et des évé-oute
reproduction non autorisée est un délit.
© Dunod - T
225
Concernant des associations déployées nationalement, Action contre la faim France est suivie
par 276 400 abonnés ; La Fondation Abbé Pierre : 285 570 ; Les Restos du Cœur : 531 800 ;
L214 : 809 574 ; Greenpeace France : 816 096 ; WWF : 849 149 (chiffres au 18 mars 2020).
Outre l’intérêt d’accroître le nombre d’abonnés à la page Facebook de l’association, l’idéal est
de conquérir des followers actifs, c’est-à-dire qui porteront et diffuseront vers leurs réseaux les
messages de la structure.
voient les publications postées car ils ne se connectent pas souvent (Jardin, 2017). Pour arriver
à intéresser, à attirer l’attention et à engager les internautes (interagir par des « like », des
partages de contenu, etc.) différentes techniques sont préconisées (Assoconnect, 2018 ; guide
PANA 2019 « Communiquer sur les réseaux sociaux ») :
• poster des contenus susceptibles d’attirer l’attention et de faire réagir les internautes (photos
originales, sujets d’actualité, vidéos « en direct » avec les bénévoles, poser des questions, etc.) ;
• être clair et bref dans les messages diffusés (textes et vidéos courtes) ;
proposés ;
226
Sur la page de l’association L214 Éthique et Animaux, différentes informations aux formats
variés sont diffusées : l’effet (positif) du Covid-19 sur la fermeture anticipée de la saison de
chasse à courre, l’interpellation à propos de la différence de conditions de vie entre les chiens et
les ânes (à l’aide d’une vidéo amusante où les deux animaux jouent ensemble avec un ballon),
une annonce de recrutement pour l’association de chargé.e.s de gestion administrative, une
invitation à participer à la marche pour préserver la planète et tous ses êtres sensibles le 13
mars 2020, un lien vers le site « Veganpratique » de l’association, une invitation à voter une
pétition contre le projet d’ouverture d’une serre tropicale remplie d’animaux exotiques dans le
nord de la France, etc.
• « taguer » avec le signe @ les personnes citées dans les messages diffusés pour qu’elles
reçoivent une notification et relaient éventuellement le post ;
• utiliser des émojis (pictogrammes utilisés dans les messages électroniques : smileys, animaux,
etc.).
Outre une page dédiée à l’association, Facebook permet également de créer des groupes de
discussions et d’échanges entre personnes qui ont des centres d’intérêt communs ou rencontrent
des problèmes similaires liés à une maladie par exemple. L’encadré suivant illustre comment
certaines associations utilisent ce support pour soutenir et inciter les membres d’une
communauté de fumeurs à arrêter de fumer.
Avis d’expert
Pouvez-vous présenter brièvement réseaux de santé et des pouvoirs les missions de votre
association ?
« défumeurs » (personnes en
1. https://www.facebook.com/groups/PaydelaLoireMoisSansTabac/
...
227
... groupe d’aide au sevrage tabagique collective et individualisée. C’est en ligne. Notre
association met aussi un espace d’apprentissage, avec en œuvre des projets et participe
ANPAAPdL : La communication
région auprès des publics prioritaires sans tabac. Sur ce groupe, les comme les jeunes. Elle
accompagne
informations et se soutiennent
le groupe.
le nombre d’abonnés ?
Facebook ?
...
228
... pour nous d’accompagner certaines nécessaires à différents moments de personnes vers des
centres de
l’animation de ce groupe ?
groupe.
déployés : en national la page Tabac Je ne fume plus ! , c’est 200 000 à info service du
#moissanstabac,
de communication mettent en
Je ne fume plus avec laquelle l’ANPAA sur le groupe. Toute personne Pays de la Loire est
associé pour
au coaching en ligne).
les week-ends.
© Dunod - T
...
229
... ANPAAPdL : Le vapotage est un Par rapport aux autres outils de des thèmes les plus
polémiques.
communauté ?
démarche d’accompagnement de ce
changement.
sociaux ?
l’administrateur prend la décision de faut être capable de prendre des supprimer la personne du
groupe
bénéfice du collectif.
230
Comment communiquer et collecter des fonds sur Internet ?
fortement en France. Des profils variés le fréquentent régulièrement : jeunes, grand public,
entreprises et leaders d’opinion (91 % des journalistes français sont sur Twitter ; Jardin, 2017).
Les jeunes semblent délaisser Facebook pour Twitter, plus direct, dont les messages ressemblent
aux SMS prisés par cette population.
« tweets », qui permettent d’aller à l’essentiel ( cf. visuel ci-dessous). Il est très utilisé par les
associations pour :
• solliciter des influenceurs connus (journalistes, blogueurs, experts, youtubeurs, etc.) pour
qu’ils « retweetent » le message vers leur propre réseau.
© Dunod - T
231
Différentes astuces existent pour accroître la viralité d’un tweet. On peut par exemple recourir
aux hashtags (#) pour augmenter le levier de visibilité des messages postés (pas plus de 1 ou 2
par tweet). Ce signe est également utilisable sur Facebook et Instagram. Cela consiste à insérer
un « # » (sans espace) devant le nom d’une association, d’un thème ou d’un événement cité dans
un tweet (par exemple : #MoisSansTabac,
#climat, etc.). Ainsi, lorsque les internautes font une recherche sur ce thème, le tweet qui le
mentionne apparaît dans les résultats. Comme sur Facebook, on peut également « taguer » une
personne citée avec le signe @ pour l’interpeller. Il est également possible d’épingler le tweet
qui est apparu le plus viral pour qu’il figure en haut dans la chronologie des messages. Enfin,
les textes associés à des images ont des retweets et des taux de clics très largement supérieurs
aux textes seuls.
Il est important de signaler que plus l’engagement envers les tweets d’une association est fort,
mieux ils seront classés dans les fils d’actualité des abonnés.
• Instagram
C’est le réseau social idéal pour montrer la réalité des associations puisque le principe est de
diffuser des photos et des vidéos avec des textes courts qui engagent (questions, sondages, etc.),
pour toucher des jeunes et pour rajeunir l’image de l’association.
Les internautes qui s’abonnent à la page d’une structure sur Instagram reçoivent sur leur fil
d’actualité des visuels qu’ils peuvent « liker » et commenter ( cf. visuels ci-dessous). Il est
également possible de créer des chats d’échanges. À l’instar des autres réseaux sociaux,
l’utilisation des signes # et @ sont les bienvenus.
232
Les spécificités d’Instagram sont la possibilité de poster des stories, fonctionnalité qui permet de
poster sur un temps court des photos et/
ou des vidéos superposées à la suite des autres qui apparaissent en haut des fils d’actualité des
abonnés ( cf. la story Instagram Bouge Avec Moi page 205). C’est l’outil le plus utilisé sur ce
réseau social. Une autre caractéristique est la diffusion d’IGTV (Instagram TV), vidéos
verticales et rectangulaires adaptées au format des téléphones mobiles, qui
peuvent parfois durer 1 heure. Cette option a été conçue par Instagram pour concurrencer
YouTube.
À chaque association, selon son projet, de choisir le support qui semble le plus approprié pour
développer son réseau et communiquer sur ses actions. La fiche pratique ci-dessous recense les
questions à se poser pour optimiser sa présence sur ces nouveaux espaces.
© Dunod - T
233
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
FICHE PRATIQUE
1. aux objectifs de l’association (échanger avec les membres, soutenir une communauté,
améliorer son image, diffuser des informations,
informer sur des événements, recruter des bénévoles, collecter plus de dons, etc.). Par exemple,
YouTube est intéressant à des fins pédagogiques et d’image, Facebook est plus adapté pour
échanger et
tinent pour recruter des bénévoles et susciter des dons parmi des
personnes actives ;
2. au profil des publics des associations. Il ne faut pas hésiter à faire un sondage auprès des
adhérents pour connaître le réseau social qu’ils utilisent le plus ;
3. à la capacité de l’association à produire des contenus pertinents (inutile d’aller sur Instagram
ou YouTube si le temps manque pour réaliser des vidéos de qualité) ;
Décider d’aller sur un ou plusieurs réseau(x) social(ux) dépend du temps que l’on peut y
consacrer.
Il faut réfléchir aux compétences internes, au temps dont dispose l’association et aux moyens
financiers disponibles. Il est important de désigner la ou les personne(s) qui sera(ont) chargée(s)
d’animer les réseaux sociaux. Si l’association décide de s’y implanter durablement, il faudra
recruter un community manager.
Un document écrit précisant la ligne éditoriale et le contenu des messages qui seront par
exemple postés dans les 15 prochains jours sont les bienvenus : que poste-t-on, quand, sur quel
réseau social, sous quel format, quel ton ? Les visuels doivent être privilégiés car ils attirent
l’attention et favorisent les réactions des internautes. Les messages postés doivent être variés,
complémentaires et cohérents avec les autres outils de communication (charte graphique, type
de contenu, forme des messages). Enfin, la présentation des pages doit être soignée.
234
Comment communiquer et collecter des fonds sur Internet ?
Il faut publier très régulièrement : au minimum 2 messages par semaine pour des petites ou
moyennes associations. Une page peu mise à jour laisse penser que la structure n’a plus
d’actualité ou est en train de mourir.
Il est également important d’être réactif en répondant rapidement aux messages et commentaires
des internautes.
Certains contenus peuvent favoriser cela : signer une pétition, répondre à un sondage,
enclencher un débat, remercier ses bénévoles, etc.
Europe, association présente depuis la fin des années 2000 sur les réseaux sociaux, illustre à
quel point la mise en place d’une véritable stratégie est nécessaire pour percer sur ces supports
de communication.
Avis d’expert
Europe
...
© Dunod - T
235
... aiment la mer et veulent la protéger visuel page 226). L’association a créé
surfeurs).
(dont 59 % de francophones).
globale de communication
message efficient.
actualités et le positionnement de
social.
majoritairement écrits en
newsletter.
facebook.com/surfridereurope, cf.
... valorise ses ambassadeurs et leur L’utilisation de ces différents supports engagement à ses
côtés en leur
youtube.com/user/surfridereurope).
communication et de recruter
sa communauté d’internautes
à sa communauté d’interagir
d’ensemble et sur chaque support,
environnementales.
communication (www.instagram.
(photos, vidéos), l’association a choisi d’éviter en revanche : sous-traiter ce réseau social pour
travailler son
activistes, ambassadeurs…).
© Dunod - T
237
qui consiste à rémunérer un influenceur à forte notoriété afin qu’il parle Il existe d’autres
manières de communiquer sur Internet.
taire pour diffuser des messages (bannières, skyscrapers, publicités interstitielles, vidéo, etc.) sur
des sites sélectionnés selon leur audience et les cibles à atteindre. Par exemple, avant ou
pendant une vidéo lancée En 2018, Santé publique France a utilisé cette technique pour parler
des sur Internet, un message commercial apparaît, spot qu’il n’est possible risques liés à
l’ivresse aux 15-24 ans. Le message était porté par les you-de passer qu’après un délai de
quelques secondes. On parle ici de
tubeurs McFly & Carlito, appréciés et très connus des jeunes et donc publicité display, qui
possède les caractéristiques d’un média de masse prescripteurs en termes de comportements.
Ces célébrités ont créé pour (capacité à atteindre une large cible) tout en permettant d’affiner
les l’occasion une vidéo reposant sur le concept du « capitaine de soirée » qui campagnes grâce
au programmatique. Celui-ci permet d’automatiser,
d’ajuster et d’adapter une publicité selon les comportements en temps À noter que ces différentes
formes de communication numériques
réel des internautes. Ainsi, lorsqu’un message est diffusé, des algo-
(publicités payantes, recours à des influenceurs) ne sont pas adaptées rithmes analysent les
interactions des individus avec lui. Selon les résul-aux associations dont le budget est limité car
leur coût peut être élevé tats obtenus, la campagne est reprogrammée si besoin pour optimiser
(sauf si les influenceurs et les plateformes acceptent de diffuser gratuite-l’audience, les prix et le
contexte de diffusion. Le programmatique per-ment le message de la structure « pour la bonne
cause »).
met au final de diffuser la publicité sur les sites et les réseaux sociaux les plus performants et de
toucher la cible visée au bon moment et au bon endroit.
nautes. Les formats sont de types articles ou vidéos informationnels par exemple. Ces publicités
soulèvent des questions éthiques car il est diffi-La collecte sur Internet ne représentait en 2012
que 3 % de l’ensemble des cile de déceler que c’est un message commercial payé.
dons (Daubas et Edin, 2012). En 2018, elle atteignait 8 % à 10 % des mon-Sur les réseaux
sociaux, les messages publicitaires proposés par les pla-tants collectés en France (Aferiat,
Daubas et Wiroth, 2018). On assiste donc teformes de social ads (Facebook Ads, Twitter Ads,
LinkedIn Ads, etc.) à une montée en puissance de la collecte digitale. Elle peut d’ailleurs sont de
différents formats. Ils peuvent apparaître dans le fil d’actualités atteindre 60 % des dons dans
les cas d’urgence (Daubas et Edin, 2012) et des internautes sous formes de publications dites «
sponsorisées » (textes, représente en 2018 le quart des sommes collectées par les « Restos du
cœur »
photos, vidéos) et s’insèrent entre les messages de leurs amis, les photos qui, du fait de leur
notoriété hors du commun, attirent des dons spontanés et les comptes suivis. Ils peuvent
également s’immiscer dans les stories sur leur site Internet.
des utilisateurs : lorsque des vidéos ou photos de story personnelle sont Comme nous allons le
voir dans les entretiens réalisés auprès d’ex-postées, leurs amis qui les visionnent voient
apparaître une vidéo sup-perts, le don moyen sur Internet est nettement supérieur à celui réalisé
plémentaire qui peut, par exemple, être un message d’une association suite à un mailing
(courrier envoyé par la poste), ce qui le rend très qui collecte des dons.
La publicité sur les réseaux sociaux présente des avantages parmi lesquels Certains directeurs
de collecte, à l’instar de Christophe Leroux de la un ciblage très précis selon différents critères
(sociodémographiques, Ligue Contre le Cancer, pensent même que le don en ligne va finir par
centres d’intérêt, etc.), diversité des formats et des emplacements possibles.
238
En 2018, Santé publique France a utilisé cette technique pour parler des risques liés à l’ivresse
aux 15-24 ans. Le message était porté par les youtubeurs McFly & Carlito, appréciés et très
connus des jeunes et donc prescripteurs en termes de comportements. Ces célébrités ont créé
pour l’occasion une vidéo reposant sur le concept du « capitaine de soirée » qui a atteint 4,8
millions de vues sur YouTube en un mois.
(publicités payantes, recours à des influenceurs) ne sont pas adaptées aux associations dont le
budget est limité car leur coût peut être élevé (sauf si les influenceurs et les plateformes
acceptent de diffuser gratuitement le message de la structure « pour la bonne cause »).
La collecte sur Internet ne représentait en 2012 que 3 % de l’ensemble des dons (Daubas et
Edin, 2012). En 2018, elle atteignait 8 % à 10 % des montants collectés en France (Aferiat,
Daubas et Wiroth, 2018). On assiste donc à une montée en puissance de la collecte digitale. Elle
peut d’ailleurs atteindre 60 % des dons dans les cas d’urgence (Daubas et Edin, 2012) et
représente en 2018 le quart des sommes collectées par les « Restos du cœur »
qui, du fait de leur notoriété hors du commun, attirent des dons spontanés sur leur site Internet.
Comme nous allons le voir dans les entretiens réalisés auprès d’ex-
perts, le don moyen sur Internet est nettement supérieur à celui réalisé suite à un mailing
(courrier envoyé par la poste), ce qui le rend très attractif pour les associations.
© Dunod - T
239
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
dépasser le mailing. Dans un même ordre d’idée, Daniel Bruneau, expert en la matière, cite la
digitalisation de la collecte comme une des trois tendances fortes du « marché de la collecte de
fonds » de ces dernières années (voir son avis ci-dessous).
Avis d’expert
Daniel Bruneau
Daniel Bruneau est un des experts nationaux les plus connus sur le secteur de la collecte de
fonds. Ancien collecteur pour plusieurs associations dont l’APF
(Association des Paralysés de France-France Handicap) et les Petits Frères des Pauvres, il est
co-auteur du « Panorama National des Générosités » publié en 2018. Nous l’avons rencontré
pour avoir son avis éclairé sur les tendances de la collecte de fonds en France.
Il y a plusieurs évolutions.
tendance.
quelques années.
Il y a un risque de dépossession
formes sur Internet. Nous détaillerons son fort qui existe en général entre fonctionnement dans
ce chapitre.
240
s’approprieront-ils ce moyen ?
veulent donner vite, si c’est la facilité comportement des donateurs en de donner via Facebook,
elles le
termes de comportement ?
mailing grâce aux chèques. Je pense l’association ? » Les attentes par que les modes de collecte
vont
aux personnes.
d’autres systèmes pendant la quête
© Dunod - T
241
De fait, ces dernières années ont été le théâtre de quelques belles innovations sur la toile dont
nous allons nous faire le reflet.
Aujourd’hui, 92 % des foyers français sont connectés à Internet. Il est donc faut de penser que
seuls les jeunes achètent sur Internet ou ont un smartphone. En réalité, tout le monde peut
donner de l’argent via Internet, comme le révèle une étude de l’agence Limite et l’IFOP (2016) :
des cookies et du croisement des bases de données. Ainsi, l’agence Adfinitas Paris a mis en place
l’outil « Prometteur » qui permet de réaliser un ciblage très fin des donateurs potentiels sur
Internet à partir de variables sociodémographiques et de la mesure de l’engagement de
l’internaute par rapport à l’association (voir l’avis d’expert ci-dessous).
Avis d’expert
Alexis Vandevivère dirige l’agence Adfinitas Paris, Joyce Eavans est directrice de clientèle de la
même agence. Ils ont croisé leur regard sur les spécificités du digital.
Comment se caractérise
...
242
... digital, le processus est différent : un programme où on collecte la nous recherchons d’abord
de
aussi le marketing direct traditionnel. ce contact pour retrouver ses Par exemple, l’outil
téléphone entre
anniversaire de Facebook ». On a
outils ne permettent pas de recueillir nous permet de prédire le potentiel immédiatement les
coordonnées
digital ?
© Dunod - T
243
... récupérer les données déterministes En fidélisation avec les clients, nous suivantes : âge et
revenu.
important.
donateurs online ?
différentes. On personnalise
collecte de dons ?
de l’association et on va recevoir
Relationship Management)
fidélisation et recevra les newsletters
En fonction de la localisation de
la défiscalisation ; la génération X :
externe à l’association, pour enrichir la les gens testés en fonction de leur base de données de
l’association.
244
... à nos clients associatifs de prendre base donateur pour savoir si c’est la moins de risques.
même personne.
en prélèvement automatique. On
Le don par SMS ne sera pas traité ici car il reste très marginal en termes de montants collectés.
Légalement, on ne peut pas faire de don par SMS
de plus de 10 euros, et certains opérateurs ne veulent pas rentrer dans cette technique de
collecte, c’est le cas de Free par exemple ou de tous les forfaits bloqués, puisque le don s’ajoute
alors à la facture (Jardin, 2017).
Nous allons aborder chaque technique dans les lignes qui suivent
mais avant toutes choses, il est important de comprendre que ces quatre oute reproduction non
autorisée est un délit.
outils se répondent et sont en interaction pour converger vers le don et l’entrée dans la base de
données « donateurs » ou « prospects » de l’asso-
© Dunod - T
245
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Figure 6.1 - La collecte sur Internet : une imbrication de faisceaux convergents vers le site de
collecte
( crowdfunding)
Don en ligne
Don en ligne
et / ou
Réception
Inscription à la newsletter
d’un mail
et / ou
et / ou
Buzz provenant
(ex: YouTube,
Facebook)
Don en ligne
Buzz provenant
d’autres sites
Internet
Don en ligne
À l’instar de la collecte par mailing papier, la base de données des donateurs avec des adresses
à jour est « le nerf de la guerre » de la collecte sur Internet : on ne peut rien faire sur le long
terme sans ce fichier et sans adresses e-mail à jour ( cf. fiche pratique suivante).
FICHE PRATIQUE
Il est essentiel que l’association ait le réflexe de collecter les adresses e-mail de prospects
intéressés par la cause.
Cette collecte peut notamment passer par l’inscription gratuite à la newsletter sur le site de
l’association, la signature de pétitions en ligne, des commandes sur le site ou encore le fait de
diffuser des documents
« gratuits » aux internautes en échange de leur adresse e-mail (guides, études en ligne, livres
blancs, etc.).
Il faut également avoir le réflexe de demander aux personnes qui participent à un événement
physique de noter leur e-mail sur un registre.
246
On peut enrichir la base de données avec des fichiers extérieurs. Aferiat, Daubas et Wyroth
(2018) rappellent ainsi : « On distingue trois types de données :
1. les « first party data » : collectées en propre via les formulaires, les cookies, les outils de web
analyse de l’association ;
2. les « second party data » : reçues de sites partenaires pour enrichir les données propriétaires
;
3. les « third party data » obtenues auprès d’acteurs spécialisés pour augmenter l’audience de la
structure et mieux cibler les contacts ».
Il faut aussi veiller à faire converger toutes les bases de données de l’association pour bien
identifier que Monsieur Dupont qui a fait un don en ligne en décembre depuis son ordinateur, a
aussi fait un don en chèque suite à un mailing papier, et qu’il est également le même à avoir
signé une pétition en ligne depuis son smartphone. Ceci semble évident a priori, mais c’est en
réalité un véritable « casse-tête » d’un point de vue technique. On parle de « donor journey »
pour désigner le parcours du donateur entre le online et le offline. Ce suivi est essentiel car plus
l’association montre au donateur qu’elle le connaît et qu’elle le comprend, moins elle commet
d’erreurs susceptibles de l’agacer. Par exemple, il serait maladroit de relancer un donateur par
mailing papier alors que celui-ci fait des dons en ligne tous les trois mois.
De manière générale, il faut être « obsédé » par la collecte d’e-mails dès qu’on le peut afin
d’alimenter la base de données de l’association.
Il faut rappeler que ces démarches de constitution de base de données doivent être conformes au
règlement européen pour la protection des données (RGPD) entré en vigueur le 25 mai 20181.
Il est très rare qu’un internaute se lève un matin et décide spontanément de faire un don en ligne
pour une association. Il est donc nécessaire de le solliciter de différentes manières : par du trafic
sur le site, par l’achat de mots-clés sur des moteurs de recherche via du buzz provenant de sites
partenaires ou des réseaux sociaux, grâce à des plateformes de crowfunding créées pour lever
des fonds, par l’envoi d’emailings ciblés.
Ces différentes techniques de collecte en ligne sont détaillées dans les lignes suivantes.
© Dunod - T
247
Le site de l’association doit permettre de collecter les dons spontanés en toute sécurité. La
grande majorité des structures faisant appel à la générosité du public proposent ainsi, dès la
première page de leur site, un onglet « donner » pour inciter au don. Selon Jardin (2017), 85 %
des ONG américaines ont un bouton de collecte de don en ligne contre
61 % des ONG françaises. En 2016, les sites des associations représentaient 70 % des montants
collectés via le digital (Saint-Michel, 2016).
Au-delà du site Internet de l’association, il faut que cette dernière travaille son référencement
sur les moteurs de recherche pour apparaître, si possible, sur la première page des résultats de
la recherche lancée par l’internaute.
critères dont la lisibilité du site par les robots et la pertinence du contenu du site par rapport au
mot-clé cherché. La conception du site Internet doit être réfléchie en fonction de l’algorithme de
Google et avoir notamment les caractéristiques suivantes :
• des connexions régulières et nombreuses, une sélection fréquente par les internautes dans les
résultats de leur recherche ;
248
• des liens vers d’autres sites (dont les pages des réseaux sociaux de l’association), notamment
si ces sites sont « sérieux » comme des sites d’université, Google valorise ces liens ;
• l’activité et l’efficacité de l’association sur les réseaux sociaux (nombre de tweets, de
retweets, nombre de « likes », etc.) ;
sur Google (Assoconnect, 2018). Selon cette même source (page 35),
d’une recherche effectuée sur Google ». Il est donc très important de travailler son site de
manière optimale pour Google.
repose sur une bonne définition des mots-clés achetés qui doivent refléter la mission de
l’association et les ressources proposées sur son site.
Ensuite, on va faire des enchères sur ces mots-clés et définir le maximum d’euros qu’on est prêts
à payer pour pouvoir remonter dans les
classements sur tel ou tel mot-clé, et le montant maximum qu’on est prêt à dépenser par
campagne. Ainsi, si on ne souhaite pas dépenser plus de 500 euros par semaine, on peut le
mentionner sur Google
naute sélectionne l’annonce, l’association paye les enchères qu’elle s’est engagée à payer. On
paye donc au « clic ». Le coût du clic est très oute reproduction non autorisée est un délit.
variable selon que le mot veut être acquis par beaucoup d’associations ou non. Un texte
d’annonce est associé à l’achat de mots-clés comme le montre la figure 6.2 ci-après.
© Dunod - T
249
Figure 6.2 – Exemple d’annonce rédigée pour La Ligue contre le Cancer sur Google en 2019
objectif précis. Ainsi on pourra avoir deux campagnes distinctes d’achat de mots-clés : une pour
déclencher des dons et une pour capter du legs.
Pour finir, l’achat de mot-clé sur Google n’entraîne pas automatiquement un référencement sur
la première page tant convoitée des résultats. En effet, si d’autres associations sont plus
légitimes, Google les favorise et les positionne au début de la liste. Par exemple, si un acteur de
petite taille dans le paysage des associations sur le cancer achète le mot « cancer », il
apparaîtra toujours après les associations de tailles importantes reconnues dans cette cause. En
revanche, si une association est spécialisée sur le cancer du pancréas et qu’elle achète ces mots-
clés, Google la classera bien car ses robots identifieront que le site est spécialisé sur ce type de
cancer.
Les réseaux sociaux sont de très bons relais d’appel à dons. Que ce soit pour un individu lambda
qui décide par exemple d’aider une ONG au
travers de la course des héros1, ou pour une association de taille conséquente qui diffuse son
appel à dons auprès de ses suiveurs, les amis des amis font rapidement boule de neige.
Dès 2010, une opération menée avec des stars sur les réseaux sociaux avait permis de collecter
plusieurs millions de dollars pour le sida aux États-Unis en organisant la mort numérique de ces
dernières. La
1. http://www.coursedesheros.com
250
campagne « buy my life back » consistait à faire dire aux vingt stars partenaires qu’elles ne
posteraient plus rien sur Internet tant que leurs fans ne mobiliseraient pas pour la lutte contre le
sida. Lady Gaga a permis de collecter 1 million de dollars en 6 jours de cette façon.
Facebook au profit de la maladie de Charcot et qui a permis de récolter 100 millions de dollars
en quelques jours. Le buzz déclenché par cette opération originale a extrêmement bien
fonctionné : il était demandé aux internautes de se lancer un seau d’eau sur la tête, de se filmer,
de poster leur vidéo sur Facebook, et de donner 10 dollars à l’association.
Ils devaient alors désigner trois personnes de leur réseau qui devaient réaliser le même
challenge. Si ces dernières ne le faisaient pas, elles devaient donner 100 dollars à l’ONG. Tout
ceci était bien entendu virtuel et personne n’était obligé de donner. Cette opération a été un
succès, en particulier car des stars ont participé à ce challenge et ont diffusé leur vidéo sur les
réseaux sociaux.
Plus proche de nous, en 2017, en France, l’acteur Omar Sy s’est fait le porte-parole de la
campagne « Love army » de récolte de fonds pour les réfugiés Rohingyas en Birmanie. Il a ainsi
pu collecter 1 million de dollars en 48 heures. Cette opération a bénéficié à la fois de la
notoriété et de la popularité de l’acteur, mais également de celle de Jérôme Jarre, célèbre
youtubeur aux 1,6 million d’abonnés sur Twitter.
Sans organiser des campagnes d’une telle ampleur, il est tout à fait possible et conseillé pour
une association d’animer son réseau social en diffusant des informations pertinentes sur sa
cause et en réalisant des appels à dons. Une étude menée par Harris Interactive pour
Communication sans frontières (2017) a en effet montré que « 27 % des internautes français
déclarent suivre les publications ou actualités d’au moins une ONG ou association humanitaire
sur les réseaux sociaux, et 35 % des internautes qui suivent une ONG déclarent avoir déjà
réalisé un don suite à une action de communication de l’association sur sa
page » (Aferiat, Daubas et Wiroth, 2018). Dans un même ordre d’idée, de plus en plus
d’associations collectent via le bouton « don » de Facebook avec satisfaction, notamment en
lançant des collectes affinitaires.
L’exemple de la Ligue contre le Cancer est à ce titre très intéressant ( cf. avis d’expert ci-après).
© Dunod - T
251
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
Avis d’expert
associations, nous avons rencontré Christophe Leroux pour l’interroger sur les méthodes qu’il
utilise pour son association la Ligue qui, en 2019, représente 780 000 donateurs, 13 000
bénévoles et 450 salariés.
dons ?
pu revenir à l’équilibre.
sommes présents depuis longtemps. obligés de dire « oui », mais s’ils sont Sur Facebook, la
collecte est
le site.
...
252
... Quel est le poids du digital dans Peut-être qu’il a reçu un courrier la collecte de dons à la
Ligue ?
saisonnière et comportementale, du
fonctionne toujours bien, mais il faut qu’on peut connaître le profil du se poser des questions sur
les outils
donateur. Chez nous, les donateurs
5 ou 10 ans.
« copropriétaires » de la marque,
© Dunod - T
253
processus de don n’est pas le même sur les réseaux sociaux en comparaison avec un don réalisé
en toute discrétion via un chèque ou via un don en ligne sur le site de l’association. Sur les
réseaux sociaux, une forme de
« pression sociale » se crée puisque le don est incarné par des « amis » qui demandent de
réaliser un don qui sera ensuite visible sur le profil des internautes. Des recherches ont montré
que cette pression sociale joue certainement un rôle positif sur le montant collecté par
l’association sur Facebook (Saxton et Wang, 2014).
Si cette méthode fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle, il faut garder en tête qu’elle est
minoritaire dans le paysage des outils de collecte de fonds. Ainsi, en France, 1,3 % des dons
faits aux associations passent par le crowdfunding (Bruneau et al. , 2018). Le « Panorama
national des générosités » rappelle : « En 2015, le crowdfunding a permis de collecter 50,2
millions d’euros correspondant à 8,3 millions d’euros en dons sans contrepartie et 41,9 millions
d’euros en dons avec contreparties1. » Ce même Panorama souligne que cette technique capte
particulièrement
les jeunes puisqu’en 2015, 66 % des donateurs ayant déclaré aux impôts avoir fait un don de
cette façon avaient moins de 49 ans.
• créer un site dédié à sa campagne. L’association va alors créer un site spécifique et le gérer
elle-même ;
254
• qui donne à chacun le sentiment qu’il peut contribuer à l’atteinte de l’objectif par son don.
Si l’association collectrice est connue, les médias font le reste en par-lant de l’opération.
Cas d’association
En 2010, le Louvre s’est interrogé sur le potentiel de collecte auprès des particuliers. En effet,
autant le musée était très professionnel en mécénat d’entreprises, autant il n’avait jamais lancé
de campagne de collecte auprès des « petits donateurs ».
Après avoir réalisé plusieurs études qualitatives auprès de personnes familières du musée du
Louvre, ce dernier a lancé, en novembre 2010, une campagne visant à recueillir 1 million
d’euros pour acquérir le tableau des trois Grâces de Cranach. La campagne a essentiellement
eu pour support un site Internet dédié où le conservateur du musée présentait l’opération.
Lancé le 13 novembre 2010, l’appel à dons s’est interrompu le 17 décembre 2010 puisque 7 200
donateurs avaient déjà permis au Louvre d’atteindre son objectif de collecte. En échange de son
don, chaque donateur a eu son nom affiché à proximité du tableau et a reçu une invitation à la
voir exposé.
Les donateurs de plus de 200 euros ont été invités à une visite privée et les donateurs de plus de
500 euros à une soirée privée permettant de découvrir le tableau en avant-première.
Son succès laissait présager un potentiel de collecte élevé pour ce type d’institutions. De fait,
depuis 2010, le Louvre réalise une campagne annuelle oute reproduction non autorisée est un
délit.
par an qui se solde chaque année par une collecte allant de 500 000 euros à 1 million d’euros
selon l’objectif du projet.
© Dunod - T
255
Au-delà d’un site dédié, l’utilisation d’une plateforme de crowdfunding est une autre manière de
collecter. De multiples projets se retrouvent ainsi sur des plateformes qui offrent une interface «
clé en main » à l’association. L’internaute désireux de financer un projet spécifique peut
consulter chaque « offre » avant de choisir celle à laquelle il veut contribuer. Les plateformes ne
collectent pas que du don, mais permettent également à l’internaute de devenir un véritable «
producteur »
Pour les associations, le crowdfunding est très intéressant puisqu’il permet de collecter, en
dehors de leur propre site Internet, des petites sommes sur des projets précis, et d’enrichir en
plus leur base de données
« donateurs ».
Pour les associations désireuses de se lancer, elles doivent rentrer dans une logique de «
campagne » précisée plus haut : quel projet précis, quelle limite dans le temps, comment faire
pour que chacun ait l’impression qu’il peut contribuer efficacement au projet ? La somme totale
demandée ne doit pas être trop importante sinon l’internaute risque de se décourager et de ne
pas donner. On constate d’ailleurs que les projets sont d’autant plus vite financés qu’ils passent
rapidement la barre des 30 % de la somme à collecter (Fundraizine 2013 b).
Par ailleurs, contrairement au don traditionnel, la collecte par le crowdfunding impose souvent
un « contre don » assez fort pour le donateur : promesse de recevoir un certificat de don, d’avoir
son nom quelque part, de pouvoir visiter en avant-première le bâtiment rénové, etc. Lorsque le
donateur est fier de son don, il n’hésitera pas à relayer l’information sur les réseaux sociaux, ce
qui entretiendra le flux vers la campagne.
et donateurs
Il existe encore une vraie pudeur de la part des associations à solliciter leurs donateurs via un e-
mail, de peur de les ennuyer. Cette réticence est assez curieuse puisque dans le même temps,
certaines ONG n’hésitent pas à envoyer jusqu’à 12 courriers papier par an à leurs donateurs !
Des exemples aux États-Unis montrent que la collecte via e-mail peut être tout à fait
rémunératrice. Ainsi la campagne de Barack Obama lors de son élection en 2012 a permis de
lever 2 milliards de dollars par ce biais.
256
Comment communiquer et collecter des fonds sur Internet ?
Tous les jours, les sympathisants de ce candidat à la présidentielle recevaient un mail court basé
sur le storytelling1. Les moindres événements de la vie d’Obama étaient ainsi utilisés pour
susciter de l’émotion et du don. Tous les dons étaient acceptés à partir de trois dollars pour que
tout le monde appartienne à la communauté des donateurs. Un tirage au sort était également
organisé tous les mois pour inviter un donateur, tous frais payés, à partager un moment fort avec
le candidat (Fundraizine, 2012).
En France, on estime que 18 % des dons sont incités en premier lieu par un e-mailing
(Assoconnect, 2018). Comme pour le mailing papier, une base de données à jour de personnes
en affinité avec l’association est un « trésor de guerre » à développer et à garder précieusement.
La fiche pratique ci-dessous présente concrètement la façon dont une campagne d’e-mailing doit
être mise en place.
FICHE PRATIQUE
D’E-MAILING
La base d’e-mailings doit faire l’objet d’un vrai « entretien », il faut régulièrement retirer les
adresses qui n’existent plus (ceci s’appelle le « hard bounce ») et celles des personnes qui ne
souhaitent plus en faire partie.
Ensuite, l’utilité des e-mailings est de pouvoir comprendre le comportement des prospects et de
le préciser sur la base de données : qui a ouvert l’e-mailing (calcul du taux d’ouverture) ? Qui a
cliqué sur le lien (calcul du taux de clics) ? Qui est passé à l’action demandée (ex : faire un don,
signer une pétition, lire un texte, voir une vidéo, « liker » sur un réseau social, etc.) ? Quels sont
les messages qui ont été les plus performants ?
Selon Assoconnect (2018), une étude américaine a montré que les associations ont en général les
taux suivants : taux de hard-bounce de 3 %
L’idéal est de pouvoir qualifier le fichier des e-mailings en le croisant avec le fichier adhérents,
le fichier bénévoles et le fichier des donateurs.
1. Le storytelling peut se définir comme « une technique qui consiste à propager l’histoire ou les
histoires, vraies ou vraisemblables, des personnes morales ou physiques. Au sein des oute
reproduction non autorisée est un délit.
entreprises, il privilégie une complicité émotionnelle tant avec les consommateurs qu’avec les
autres parties prenantes, contrairement à l’approche publicitaire classique. Après l’âge du
produit et celui de la marque, il constitue la nouvelle frontière de la stratégie marketing
© Dunod - T
257
Marketing & CoMMuniCation des assoCiations
C’est utile si on souhaite promouvoir une vente aux enchères réalisée dans un lieu spécifique par
exemple. On peut aussi segmenter les envois d’e-mailings selon les profils des donateurs : «
grands donateurs »,
réaliser des tests en « A-B testing » à moindre coût. Cela signifie que si on hésite entre deux
titres d’e-mailings, on peut lancer un envoi sur 20 000 adresses avec le titre A, et 20 000 autres
envois avec le titre B, puis calculer les performances de chacun des messages.
Enfin, il ne faut pas oublier que 53 % des e-mailings sont ouverts sur un appareil mobile, il faut
donc qu’il soit lisible sur un petit format (Assoconnect, 2018).
À titre de conclusion sur ces outils de collecte digitale, nous pouvons mentionner des
expériences plus futuristes menées par certaines associations. Par exemple, « Unicef Nouvelle-
Zélande a reconstitué un camp de réfugiés syriens en réalité virtuelle. Lors de ses campagnes de
collecte, les passants sont invités à poser le casque sur leur tête et à vivre un moment
d’immersion, en partageant la tente de réfugiés. Les Néo-Zélandais sont à des milliers de
kilomètres de cette zone de guerre. Difficile de les sensibiliser, expliquent les membres locaux
d’Unicef. Grâce à cette expérience immersive, le public ressent mieux la détresse des réfugiés.
Résultat : une personne sur six a donné au bout de l’immersion, soit deux fois plus
qu’habituellement1 » (Jardin, 2017).
Cette démarche de réalité virtuelle a également été utilisée par les Nations Unies, Global Citizen
et Amnesty International. Une recherche récente a comparé l’apport de la présentation d’appels
à dons via un système 3D vs. en vidéo « classique ». Les résultats sont sans appel : les personnes
exposées à la 3D ressentent plus d’empathie, plus de culpabilité, se sentent plus responsables de
la cause et ont plus l’intention de donner de leur temps et de l’argent à la cause (Kandaurova et
Lee, 2019).
gaming et aux partenariats possibles. En octobre 2019, « Z Event »2 a 1. Vidéo consultable sur
https://www.youtube.com/watch?v=rFiPGSZnFD8 (consultée le
15 mars 2020).
2. Projet caritatif spécialisé dans la conception de jeux vidéo en streaming sur Internet pour
encourager les spectateurs à donner et à se mobiliser autour d’une cause.
258
collecté pour l’institut Pasteur la somme de 3 509 000 euros en organisant un événement de
retransmission de plus de 50 heures d’un jeu
vidéo en ligne, tout en appelant au don. L’événement mise sur le sentiment d’appartenance à la
communauté des gamers et sur le fait que cette communauté doit « prouver » au monde qu’elle
est très généreuse. Les montants liés à « Z Event » ont été multipliés par trois et demi en une
seule année (2019), preuve que les jeunes peuvent donner et que l’innovation est importante
pour les inciter à le faire.
et questions de l’attribution
Une fois le don en ligne effectué, l’association ne doit pas oublier de mettre en pratique ce
qu’elle a promis aux internautes et de les informer rapidement de l’atteinte des objectifs de la
campagne. Le fait d’avoir des nouvelles, de recevoir son reçu fiscal rapidement et/ou d’être
éventuellement invité à une soirée d’inauguration renforcera la confiance du donateur envers la
structure collectrice.
Il ne faut pas non plus hésiter à impliquer au maximum le donateur dans la vie de l’association
pour qu’il devienne un donateur fidèle. Pour ce faire, on le tiendra informé via les newsletters,
les réseaux sociaux et en lui demandant de passer à l’action pour augmenter son investissement
: signer des pétitions, « liker » des posts, relayer de l’information, participer aux événements,
etc. On peut d’ailleurs calculer un score individuel pour chaque internaute de « net promoter
score (NSP) ». Ce score reflètera l’implication de chaque personne selon son comportement.
Par exemple, une personne qui « like » beaucoup les posts de
l’association, les relaie, signe les pétitions et lit la newsletter aura un score très élevé et sera
considérée comme un « ambassadeur » de
l’association.
« online » et de l’efficacité de chaque action pour aboutir aux dons. Si par exemple une
association est présente sur les réseaux sociaux, réalise de l’achat de mots-clés sur Google,
achète aussi des bandeaux publicitaires et réalise des campagnes de e-mailings, il est utile de
s’interroger sur les outils marketing qui ont été les plus efficaces pour conduire l’in-oute
reproduction non autorisée est un délit.
ternaute au don. Ceci pose alors la question de l’attribution. À quel outil va-t-on attribuer le
don ? Certaines associations vont prendre le
© Dunod - T
259
parti d’attribuer le don « au dernier clic ». Ainsi, si le don a été fait suite à un clic sur un
bandeau, on va attribuer le don au bandeau. Mais ceci Conclusion
est critiquable car peut-être que la personne a également reçu au préalable la newsletter de
l’association, l’a lue, et finalement, s’est décidée suite à la piqûre de rappel du bandeau… Par
conséquent, d’autres associations vont rentrer dans des calculs plus savants et attribuer un cer-
Réaliser un
datas et pour lancer des modélisations parfois complexes que savent notamment réaliser des
prestataires de services spécialisés dans le digital.
démarche marketing
L’essentiel
et Karine Gallopel-Morvan
de ces supports online est leur coût souvent plus faible que les messages diffusés dans les médias
traditionnels et la possibilité
Nous terminons cet ouvrage par une grille utile pour les associations qui à évaluer, plus flexibles
et permettent une interactivité,
n cours de
ans
ui
non
voir introduction)
réaLisation
objet
interne.
identité ?
etc.) ?
...
260
Conclusion
Réaliser un
autodiagnostic de sa
démarche marketing
et Karine Gallopel-Morvan
Nous terminons cet ouvrage par une grille utile pour les associations qui souhaitent réaliser un
autodiagnostic de leur démarche marketing telle que nous l’avons décrite dans cet ouvrage.
n cours de
ans
ui
non
voir introduction)
réaLisation
objet
identité ?
etc.) ?
...
© Dunod - T
261
attentes ?
publics ;
sympathisants ;
ventes ?
avec la cible ?
n cours de
ans
ui
non
voir chapitre 1)
réaLisation
objet
bénévole, etc.) ?
...
262
bénévoles ?
L’association fait-elle des efforts pour fidéliser
ses bénévoles ?
• accompagnement ;
• formation ;
• convivialité ;
• remerciements.
n cours de
ans
ui
non
réaLisation
objet
publics cibles ?
bénévoles) ?
objectifs ?
etc.) ?
(plaidoyer) ?
presse, etc.) ?
...
© Dunod - T
263
• se faire connaître ?
• se faire entendre ?
salariés ?
gratuitement ?
en cours de sans
oui non
réaLisation
objet
voir chapitre 3)
de fonctionnement de l’association ?
« concurrentes » ?
La coLLecte de fonds
en cours de sans
oui non
réaLisation
objet
voir chapitre 3)
...
264
journal, etc.) ?
n cours de
ans
ui
non
voir chapitre 4)
réaLisation
objet
entreprises ?
sponsoring, etc.) ?
l’entreprise) ?
...
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265
n cours de
ans
ui
non
objet
mécénat) ?
• cerner la « concurrence » ;
• segmenter le public ;
• mobiliser les 5C ;
• évaluer la campagne.
...
266
...
La communication et La coLLecte
n cours de
ans
ui
non
réaLisation
objet
design, etc.) ?
etc. ?
entreprises) ?
inférieur à 60 % ?1
internautes, etc. ?
sociaux de l’association ?
...
1. Selon le guide d’Assoconnect (2018), il est nécessaire d’avoir un taux de rebond infé-oute
reproduction non autorisée est un délit.
rieur à 60 %. Si ce taux est par exemple de 55 %, ceci signifie que 55 % des visiteurs du site ne
vont pas au-delà de la première page du site : ils rebondissent à l’extérieur du site…
certainement car ils n’ont pas trouvé l’information recherchée sur le site ou ne l’ont pas
© Dunod - T
trouvé attractif.
267
...
n cours de
ans
ui
non
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réaLisation
objet
fonds digitale ?
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Remerciements
Sommaire
Introduction : Pourquoi intégrer une démarche marketing dans les associations ?
Qu’est-ce que le marketing ?
Les idées reçues et critiques à l’encontre du marketing
Objectifs de cet ouvrage
Chapitre 1 : Comment recruter, intégrer et fidéliser les bénévoles ?
Que cherchent les bénévoles ?
Qui faut-il recruter ?
Comment recruter et intégrer les bénévoles de terrain ?
Comment identifier et intégrer les bénévoles administrateurs ?
Chapitre 2 : Comment se faire connaître et gérer son image ?
Exemples de communication d’associations
Préalable : pourquoi et vers qui communiquer ?
Avant de communiquer : se doter d’un logo
La brochure de présentation, la newsletter
La diffusion d’une publicité dans les médias
Les relations avec les médias et les journalistes
L’organisation d’événements et de manifestations
Le lobbying ou les relations avec les institutionnels
Chapitre 3 : Comment collecter des fonds auprès des particuliers ?
Fixer le tarif des cotisations
Collecter des dons : le comportement des donateurs
Les outils de la collecte de don
Chapitre 4 : Comment conclure des partenariats avec les entreprises ?
Avantages financiers, fiscaux et réglementation des partenariats
Qu’attendent associations et entreprises d’un partenariat ?
Que peuvent craindre les associations et les entreprises ?
La recherche et la mise en oeuvre de partenariats
Chapitre 5 : Comment réaliser une communication efficace pour changer les
comportements ?
Principes clefs de la persuasion publicitaire
Au-delà de la communication : le marketing social
Chapitre 6 : Comment communiquer et collecter des fonds sur Internet ?
Internet, un media incontournable
Les associations et le numérique : panorama des pratiques
La communication digitale
La collecte de fonds en digital
Conclusion : Réaliser un autodiagnostic de sa démarche marketing
Références bibliographiques