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Rapport technique
PP/1 977-78/4.131.5

DU CAP VERT
Coopération
avec les Etats m e m b r e s
en matière
de développement culturel

Institut national d e la culture

par Orlando García

ÍÑ° de.stríg : :TMÍPC/ÇD/S¡ 07Í37.

IIESC
REPUBLIQUE DU CAP YERT

INSTITUT NATIONAL DE IA CULTURE

par Orlando Garcia

Rapport établi à l'intention du


Gouvernement de la République du
Cap Vert par l'Organisation des
Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture (Unesco)

U N E S C O
Rapport technique
RP/1977-78/4.131.5
FMH/CC/CD/80/137(Garcia)
le 30 juin 1980___.„
© Unesco 1980
Printed in France
TABLE DES MATIERES

Page

INTRODUCTION 1

Objectif de la mission 1
Déroulement de la mission 1

CONSTATATIONS - LA REALITE CAP-VERDIENNE 2

Généralités 2
Situation politique, économique et administrative 3
Situation et.potentiel culturel 5

(a) La langue nationale 7


(b) La littérature, le livre, les bibliothèques,
les librairies 7
(c) Le patrimoine culturel 8
(d) La documentation 11
(e) L'artisanat 11
(f) La musique et la danse 12
(g) Le théâtre 13
(h) Les mass-média 13
(i) Les arts plastiques 14
Politique culturelle et éducative 15
Organisations de masses et autres organismes 18
Régions 20

CONCLUSIONS ET RESULTATS PRINCIPAUX 21

La politique culturelle 21
L'Institut national de la culture - objectifs 22
Conseil national de la culture 23
L'Institut national de la culture - préfiguration 24
L'Institut national de la culture - phase de
mise en place 27
ANNEXES
I. Organigramme du Ministère de l'éducation
et de la culture 29

II. Liste des personnes rencontrées 30


- 1-

INTRODUCTION

Objectif de la mission

1. Dans le cadre du programme de participation aux activités des


Etats membres, et à la demande du Gouvernement de la République du
Cap-Vert, le consultant a effectué une mission auprès de la Direction géné-
rale de la culture au Ministère de l'éducation et de la culture de ce pays,
mission dont le but était de conseiller les autorités nationales en vue de
la création d'un institut national de la culture devant être relayé, sur
l'ensemble du territoire national, par des centres culturels régionaux. A
cet effet, le consultant devait apporter son aide dans les domaines sui-
vants :

- définition des objectifs du projet


- conception des structures, du programme des activités et du
fonctionnement de l'institut et des centres culturels régionaux
- évaluation des infrastructures et des ressources humaines,
financières et matérielles nécessaires pour assurer le succès
et le fonctionnement harmonieux du projet, en tenant compte de
la situation particulière du Cap-Vert
- planification éventuelle des étapes de la réalisation du projet
- évaluation du potentiel culturel du pays, y compris la question
des cadres

Déroulement de la mis'sion

2. La mission s'est déroulée du 28 décembre 1978 au 25 janvier 1979 de


la façon suivante : 14 jours dans la ville de Praia, 4 jours dans
l'île de Saint-Vincent, 4 jours dans l'île de St-Antao, 1 jour à l'intérieur
de l'île de Santiago (canton de Sta-Catarina) et 3 jours dans l'île de
Fogo. Elle a comporté trois différents types d'activités, à savoir : des
contacts et des séances de travail avec les autorités gouvernementales ainsi
qu'avec des organisations, organismes ou personnes ayant des intérêts, des
attributions ou des activités dans le domaine culturel, et finalement des
contacts avec la réalité spécifique du Cap-Vert, à travers des déplacements
dans les différentes régions de l'intérieur. Le consultant souhaite souli-
gner les préoccupations qui ont constamment accompagné le déroulement de
la mission :

- sensibilisation - des personnes et des organismes - à la


nécessité et à l'urgence d'un travail de développement culturel
- information
- formation

3. Compte tenu des caractéristiques du pays, de la portée très large


du projet, des difficultés rencontrées, cette mission n'a pu avoir
qu'un caractère exploratoire. L'étude approfondie des problèmes posés
aurait demandé plus de temps. Les phases d'investigation et d'évaluation-
orientation qui précèdent la phase d'élaboration du modèle auraient gagné
à être prolongées, sur la base d'une planification préalable et précise.
Si bien qu'une évaluation rigoureuse du potentiel culturel du pays n'a pas
été possible. Ce travail urgent reste à faire. C'est pourquoi, le présent
- 2-

document ne prétend pas être exhaustif. Il s'agit d'une tentative de


classification et de systématisation des questions, au niveau d'un premier
essai de planification.

4. Le consultant n'a pas cherché à apporter des "modèles", des solutions


préfabriquées. Son intention était de plonger dans la réalité et
dans la façon d'être du peuple cap-verdien avant d'atteindre la phase d'éla-
boration d'une esquisse de stratégie, l'élaboration d'un projet plus "mûr"
restant de la compétence des autorités nationales.

5. Etant donné le peu d'informations disponibles sur la République


du Cap-Vert au niveau international, le consultant a jugé qu'il
serait nécessaire de décrire la réalité cap-verdienne, d'une façon un peu
plus détaillée que celle qu'on attendrait de ce genre de rapport. Cette
compréhension préalable détermine d'ailleurs la "lecture" qu'on pourra
faire des conclusions, résultats principaux et des propositions qui ont
découlé de la mission.

CONSTATATIONS - LA REALITE CAP-VERDIENNE

Généralités

6. La République du Cap-Vert compte 300 000 habitants pour une


superficie totale de 4 033 km2. L'Archipel du Cap Vert est situé
à 500 km environ des côtes du Sénégal et de la Mauritanie, dans l'Océan
Atlantique au large du Cap Vert, qui lui a donné son nom (.et où est située
la ville de Dakar). Il se compose de 10 îles et de 5 îlots disposés en
deux groupes - Barlavento et Sotavento - appelés ainsi en fonction du
vent dominant.

7. Le grand problème des îles est l'irrégularité des pluies (la


moyenne de la ville de Praia est de 250 mm/an, tandis que Dakar,
située en'face reçoit déjà 700 mm/an). Cet archipel fut découvert en 1456
par les Portugais, les îles étaient inhabitées. La majorité de la population
est d'origine africaine et vient de Guinée, d'où elle a été arrachée par
les trafiquants d'esclaves. Les éléments d'origine portugaise se sont
mélangés à la population africaine et s'y sont intégrés, faisant ainsi surgir
l'élément métis.

8. Appartenant à diverses ethnies et parlant des langues différentes,


les Cap-Verdiens ont créé et adopté comme langue commune le crioulo
(créole), aujourd'hui unique et authentique langue maternelle. Dans
l'histoire du Cap-Vert, la sécheresse et la famine (qui a fait des centaines
de milliers de victimes) ont toujours été présentes. Ce facteur a imposé
très tôt le phénomène de l'émigration. La diaspora cap-verdienne, éparpillée
dans le monde entier (Etats-Unis, Hollande, Sénégal, Portugal, etc.) est
constituée par plus de 300 000 Cap-Verdiens (c'est-à-dire que le nombre des
emigrants et de leurs descendants est supérieur au nombre d'habitants du
pays).

9. Une autre caractéristique importante du pays réside dans la


pyramide des âges : on calcule que 75 % de la population environ a
moins de 25 ans (les données relatives à la population sont approximatives,
puisque le premier recensement après l'indépendance sera réalisé en 1979).
- 3-

10. Ce jeune pays, actuellement engagé dans un effort courageux et


impressionnant de reconstruction nationale, a accédé à l'indépen-
dance le 5 juillet 1975. Cette indépendance fut l'aboutissement d'une lutte
de 18 années, dirigée par le PAIGC (Parti Africain pour l'indépendance de
la Guinée-Bissau et du Cap-Vert) sous le commandement d'Amilcar Cabrai. Si
les conditions géographiques n'ont pas permis à la lutte armée de s'étendre
au Cap-Vert, il n'y en a pas moins eu plusieurs révoltes populaires et une
résistance clandestine et tenace (qui a permis de conserver nombre de pra-
tiques traditionnelles réprimées).

Situation politique, économique et administrative

11. En République du Cap-Vert "l'Etat est né comme un instrument au


service du Parti pour la réalisation de son programme". "C'est
donc à l'Etat, sous la direction du Parti, qu'incombe l'exécution de son
programme économique, social, culturel, de défense et de sécurité".

"La subordination de l'Etat au Parti, qui trouve sa consécration


dans le texte constitutionnel de la République, ne signifie absolument pas
que l'on doive confondre les deux entités ou remplacer la première par la
seconde".

"La direction de l'Etat par le Parti doit donc se faire sur la base
d'une relative autonomie, sans nuire à l'établissement des formes d'articu-
lation qui s'imposent".

"C'est surtout par l'action de ses militants placés dans les


structures de l'Etat que le Parti le dirige, aux échelons intermédiaires et
de base". "Le Parti exerce son rôle d'orientation supérieure en assurant,
par ses principaux dirigeants ou par des responsables et militants de con-
fiance, la direction des organismes supérieurs de l'appareil d'Etat et en
intervenant de façon décisive dans la sélection et le placement des hauts
fonctionnaires de l'Etat".

"Sur le plan local, par la création des organes du pouvoir de base,


on cherche à donner au peuple une plus grande possibilité d'intervention
dans la résolution de ses propres problèmes".

"L'objectif est la création d'un système avec trois niveaux fonda-


mentaux d'action : au sommet, l'équipe gouvernementale choisie par le Chef
de l'Etat; ensuite, un échelon intermédiaire efficace et représentatif,
l'Etat jouant un rôle important dans son organisation; à la base, une
structure résolument populaire qui garantit la participation des masses,
aussi bien dans le choix des responsables que dans la solution des problèmes"

"L'administration locale est faite, par imposition de la loi, en


coordination avec le Parti et les organisations de masses et sur la base dr
l'initiative et de la participation populaires".*

Rapport du 3ème Congrès du PAIGC (novembre 1977)


(traduction du consultant).
- 4- -

12. Quant à la situation économique, le pays (autorités, responsables


et population) est en ce moment engagé dans une gigantesque lutte
de reconstruction nationale, dont le souci immédiat et prioritaire concerne
la création de richesses et l'augmentation des emplois productifs. La si-
tuation héritée du colonialisme s'est trouvée aggravée par une des séche-
resses cycliques qui dure depuis 10 ans. Les autorités nationales ont
défini une politique orientée en priorité vers l'agriculture, secteur où se
situe environ 90 % de la population active. Dans ce secteur de subsistance
surgissent les tâches prioritaires suivantes :

- programme de conservation des sols et de l'eau : reboisement


(moyen de lutte contre la désertification); correction torrentielle
(problème aussi grave que le manque d'eau) par la construction de
digues et de terrasses (dans la seule île de Fogo, pendant les
trois dernières années, 4 000 travailleurs ont construit environ
3 000 digues en pierres, grâce à un étonnant travail exclusivement
manuel);

- recherche et exploitation des eaux souterraines; établissement de


nouvelles irrigations; élargissement de périmètres forestiers;

- politique d'aménagement des cultures; octroi d'appui technique et


matériel aux paysans (graines, pesticides, engrais, etc.); encou-
ragements à la disparition progressive de la monoculture de la
canne à sucre;

- utilisation d'énergies non conventionnelles (éolienne et solaire);

- création de structures qui permettent d'appliquer la Réforme


agraire.

Comme pour l'agriculture, il existe des programmes de développement


pour l'industrie, la pêche et le commerce.

13. Malgré le courage déjà démontré et un optimisme stimulant, la


situation est préoccupante : le pays a un PNB per capita probablement
inférieur à 200 dollars et il est un des pays qui reçoit une des plus grandes
aides extérieures dans le monde d'aujourd'hui. Les dirigeants qui ne cachent
pas leurs inquiétudes portent un intérêt particulier aux moyens et techni-
ques visant à planifier et rationaliser leur économie. Les devises "Qui
est pauvre ne peut pas faire une politique de riche", "compter sur ses
propres forces", "de nos faiblesses faire notre force" et "la force princi-
pale pour vaincre le retard, c'est le travail", tous ces mots d'ordre
témoignent de l'effort de mobilisation pour la reconstruction nationale.

14. La question qui se pose est celle de l'apprentissage'à se situer


dans le monde, à savoir la lutte pour l'indépendance économique
comme moyen d'assurer l'indépendance politique (le principe de non-alignement
que le PAIGC a toujours défendu). Mais pour se situer dans le monde dans
des conditions d'indépendance, sans toutefois renoncer à l'aide extérieure,
il importe de consolider l'identité nationale à travers la capacité du
pouvoir politique d'affermir un projet national de développement endogène
et indépendant. Ce projet national ne peut être réalisé que par une parti-
cipation populaire croissante aux tâches de développement. La participation
populaire et l'approfondissement de la conscience sociale autonome dépendent,
- 5-

dans une large mesure, du travail culturel. Almicar Cabrai parlait de la


"réafricanisation des mentalités" et dans le même sens Aristides Pereifa,
actuel Secrétaire général du PAIGC et Président de la République du Cap-
Vert, parle de "décolonisation des esprits". Il semble que ce soit ici
effectivement que se situe le noeud du problème. Il est urgent de travailler
aujourd'hui pour la décolonisation du futur. Le présent et le futur du
Cap-Vert sont encore conditionnés par des blocages du passé colonial. Ce
déblocage et cette "décolonisation des esprits" n'est possible que par la
déculpabilisation et par la récupération de l'orgueil national. Dans cet
orgueil, dans cette identité nationale résident l'énergie et la force qui
permettent une authentique participation populaire qu'une action culturelle
en profondeur est à même de stimuler. L'effort économique et l'effort
culturel sont intimement interdépendants dans la volonté réelle de rompre
avec le sous-développement. Dans un pays comme le Cap-Vert, où les grandes
options politiques sont dirigées vers un développement endogène, libérateur
et global, il est inutile d'accorder une priorité à l'effort économique si
la transformation des mentalités, c'est-à-dire le développement culturel,
n'est pas assurée.

Situation et potentiel culturel

15. Au Cap-Vert "les bases matérielles et sociales de la culture des


communautés africaines ont été systématiquement détruites par les
tragiques conséquences de l'esclavage, prolongées par la colonisation".

"La domination a représenté essentiellement un gigantesque obstacle


à l'activité culturelle populaire en freinant et en réprimant toute la
création culturelle authentique et en imposant violemment ou sournoisement
des valeurs culturelles de la métropole coloniale. Au Cap-Vert, cette
importance atteint une dimension spéciale pour des raisons liées à son pro-
cessus historico-colonial, aux caractéristiques propres de la société cap-
verdienne marquée, d'une part par le rôle joué par les îles comme entrepôt
du commerce d'esclaves, par la forme d'occupation des terres, 1'esclavocratie
implantée dans les îles, les formes d'exploitation qu'elle a créées et
l'exportation de main-d'oeuvre, et d'autre part, par la violence coloniale,
fruit de l'obstination des autorités fascistes à vouloir présenter le Cap-
Vert comme le modèle de leur dénommée "politique assimilationniste". "Les
colonisateurs, face aux nécessités imperatives de s'entourer d'auxiliaires
capables d'établir leur système politique et économique, ont été obligés
d'étendre quelques bénéfices de l'enseignement aux secteurs autochtones des
milieux urbains et urbanisés. Cette politique d'"assimilation" qui préten-
dait atténuer les effets les plus criants de l'obscurantisme culturel a
ouvert un fossé entre les "indigènes" et les "civilisés". Mais voilà qu'au
sein de ces privilégiés "assimilés" est née la conscience de la nécessité de
lutter contre la situation d'oppression et il apparaît dans les années 50
un important mouvement de résistance, dirigé par des intellectuels de ce
pays. Plus tard, apparaît le PAIGC qui se définit depuis le début comme
"l'expression politique organisée de la culture de notre peuple en lutte".
La théorie politique de Amilcar Cabrai a contribué d'une façon remarquable
à une claire compréhension du rôle de la "lutte de libération comme acte et
facteur de culture". Mais, "malgré toute la résistance culturelle du
peuple cap-verdien, il est vrai que l'usure a été énorme et qu'aujourd'hui
plusieurs manifestations culturelles sont en danger, elles qui jadis
- 6-

faisaient partie du patrimoine culturel populaire. Il y a de bonnes


raisons pour lancer un cri d'alarme pour que soient généralisées des initia-
tives qui puissent contribuer à la sauvegarde, conservation et valorisation
du patrimoine culturel".

16. Comme dans presque toute l'Afrique, nous pouvons distinguer au


Cap-Vert trois mémoires culturelles : la mémoire de la société
pré-coloniale (où prédomine la mentalité animiste, selon laquelle tout a une
âme, c'est-à-dire dans laquelle on vérifie une prédominance de la valeur
symbolique et où existe une dialectique entre l'unité et la diversité, entre
l'endogène et l'exogène); la mémoire coloniale; enfin, la mémoire de la
libération.

17. Or, la dialectique qui se vérifie entre ces trois mémoires est
différente selon le pays et la région. Dans le cas particulier du
Cap-Vert,- la mémoire de la société pré-coloniale, caractérisée par la menta-
lité animiste et par l'univers traditionnel, la mémoire la plus intrinsèque-
ment africaine, est aussi la plus enterrée, c'est-à-dire déracinée de son
univers originel. Souvenons-nous que les premières populations qui ont
habité le Cap-Vert le firent sous la contrainte. Cependant, cette mémoire
subsiste encore et il est urgent de la faire revivre. C'est une des sources
de l'authenticité et de la recherche de l'africanité dont a besoin la résur-
gence de la nouvelle conscience nationale. Cette mémoire se manifeste dans
de multiples pratiques traditionnelles : elle est présente dans la très riche
tradition orale. Elle est dans la tête des vieux Cap-Verdiens qui repré-
sentent un pourcentage très réduit de la population et qui disparaissent peu
à peu. Les générations plus jeunes n'auront pas beaucoup de temps pour
reconstituer et s'approprier cette "mémoire essentielle". Pour citer A.
Hampaté Ba "En Afrique, chaque fois qu'un vieillard meurt, c'est une biblio-
thèque qui brûle".

18. La seconde mémoire, la mémoire coloniale, est, surtout au Cap-Vert,


une mémoire de souffrance. Mais, c'est là qu'est né ce qui est
devenu la nation cap-verdienne. C'est cette mémoire qu'il faut déculpabili-
ser pour parvenir à la "décolonisation des esprits" et à la force de l'orguei
national.

19. Enfin la troisième mémoire, celle de la libération, est probléma-


tique. Par la force des circonstances décrites ci-dessus", il n'y a
pas eu de lutte armée contre le colonialisme à l'intérieur de ce pays. Cette
mémoire n'en est pas moins vivante et agissante chez ceux qui ont combattu
en Guinée-Bissau, en particulier parmi les dirigeants actuels et les cadres.
Ce n'est pas une mémoire généralisée avec le même degré d'intensité, bien
qu'elle se soit répandue fondamentalement à partir de la période de transi-
tion vers l'indépendance. Cette différence d'intensité dans la "mémoire
déterminante" représente un défi aux forces politiques du pays. On ne pourra
stimuler cette mémoire qu'à travers la participation populaire à tous les
niveaux de la reconstruction nationale. C'est ici que l'action culturelle
joue un rôle fondamental.

* Rapport du 3ème Congrès du PAIGC (novembre 1977)


(traduction du consultant)
- 7-

(a) La langue nationale

20. Le Cap-Vert se trouve dans une situation privilégiée par rapport


à la plupart des pays africains : il n'a qu'une langue nationale,
le créole, langue maternelle et véhiculaire pour toute la population. Bien
que le portugais soit la langue officielle, utilisée dans l'enseignement,
il n'en est pas moins vrai que le créole est la source, le support et le
véhicule de la pensée et de la culture cap-verdienne. Le travail de trans-
cription du créole a été commencé, ce qui permettra son introduction dans
l'enseignement. Les autorités du pays sont conscientes du fait qu'il n'est
pas suffisant d'étudier le créole comme une fin en soi, mais qu'il faudra
créer des conditions pour pouvoir étudier en créole.

21. La Direction générale de la culture organise une série de séminaires


de linguistique avec l'appui de 1'Unesco afin de surmonter petit à
petit les nombreux obstacles grammaticaux et linguistiques. Etant donné la
complexité de ce type de travail et malgré la ferme détermination d'aller de
l'avant, les autorités concernées pensent que cette voie doit être parcourue
avec prudence et de façon progressive. Il faut par ailleurs signaler qu'il
existe déjà une "littérature créole", tant erudite que populaire.

22. La décision politique du Gouvernement d'adopter le créole comme


langue nationale parlée et écrite ne signifie pas une rupture avec
la langue portugaise qui continuera d'être enseignée comme langue de commu-
nication internationale.

(b) La littérature, le livre, les bibliothèques, les librairies

23. Dans ce domaine la situation est paradoxale. Le Cap-Vert a proba-


blement une des plus importantes et significatives littératures
nationales de toute l'Afrique. Il serait intéressant d'étudier le pourcen-
tage d'écrivains cap-verdiens par rapport à la population. Les problèmes
sont cependant graves à tous les niveaux : une grande partie des intellec-
tuels vit hors du pays (pour les raisons historiques de l'émigration); il
n'y a pas d'industrie typographique qui permette l'impression de livres
dans le pays lui-même (ce qui, entre autres conséquences, entraîne un prix
très élevé des livres, même ceux des auteurs nationaux). Il n'existe ni
bibliothèque nationale, ni législation pour une politique du livre (droits
d'auteur, dépôt légal, etc.). Les bibliothèques publiques sont rares (5 ou
6); leur équipement est rudimentaire. Enfin, les rares librairies ne sont
pas convenablement fournies.

24. En 1976, a été créé l'Institut cap-verdien du livre (décret-loi


n° 104/76) dont les principales attributions sont les suivantes :

- mettre en pratique la politique nationale du livre définie par


le Gouvernement;

- divulguer et promouvoir la publication d'études scientifiques


résultant des travaux des organismes de l'Etat et d'autres
intéressant le Cap-Vert;

- encourager et divulguer la production littéraire et artistique


cap-verdienne;
- procéder à des études et à des enquêtes et promouvoir la réali-
sation de colloques, conférences et autres activités nécessaires
à la réalisation de ses objectifs.

Cet Institut a commencé à fonctionner. Il a établi un kiosque de


vente sur la place principale de la capitale - la ville de Praia - et a
ouvert son siège (petite bibliothèque et salle de lecture) en janvier 1979.
Il était représenté à une récente Foire du livre en Angola.

25. Trois faits méritent d'être soulignés :

- l'existence de bibliothèques privées, importantes et représen-


tatives;

- l'établissement, actuellement en cours à la Direction générale de


la culture, d'une bibliographie des oeuvres d'auteurs cap-verdiens
ou concernant le Cap-Vert;

- la tentative en cours de constituer une association cap-verdienne


d'écrivains et d'artistes.

(c) Le patrimoine culturel

26. L'inventaire des valeurs traditionnelles reste à faire. La Direc-


tion générale de la culture a fait un premier pas en élaborant une
"Esquisse de guide pour l'étude et la dynamisation de la culture cap-
verdienne" :

I. Histoire

- Documentation écrite

.Collecte, conservation et études de documents historiques dis-


persés dans les Archives officielles des îles;
.Systématisation de la bibliographie historique de l'Archipel;
•Appel à des particuliers pour la cession de collections de
journaux, de lettres, etc.;
.Monographies;
.Analyse et interprétation des inscriptions rupestres
(S. Nicolau, Santo Antao, Boavista, Maio).

- Collecte et étude des traditions orales

- Collecte ou localisation, inventaire et étude d'objets d'intérêt


historique (pierres sépulcrales, marbres, images, etc.).

II. Ethnographie et ethnologie de la société cap-verdienne

- Littérature orale

.Collecte :

proverbes
sentences
"conto nobo" (Santiago), "trod" (Saint-Vincent)
devinettes
"finaçon"
"rabolo"
"manidjas"
contes ou histoires
contes pour enfants
.Analyse et sélection

- Coutumes et traditions

.Collecte :

Fêtes populaires : St-Antoine, St-Jean et St-Pierre (dépister


l'existence de traits culturels semblable
dans ce cycle de festivités dans toutes 1
îles)
Fêtes du Seigneur du monde
"Bandeiras"
"Canisados"
"Batuque"
"Bomba"
Divines (S. Nicolau)
Fête du Mât (Fogo et Brava);
•Interviews (avec des personnes âgées);
.Interprétation;
•Monographies.

- Musique et instruments de musique régionaux

.Collecte :

Refrains des chanteuses de "tabanca"


"Finaço"
"Momas" (surtout anciennes)
"Modinhas"
Marches
"Fucu-fucu"
"Coladeiras"
"Cimboa"
"Ferrinho"
Pipeau
"Berimbau"
"Tambores"
- Mariages à Santiago et dans les autres îles

- Remèdes de bonnes femmes (remèdes de maison, remèdes de la


campagne)

.interviews;
.collecte;
•description et nomenclature.

- Peurs et superstitions

- Jeux d'enfants

.chansons de ronde;
.jeux de ronde et de cachette.

- Chants de trapiche (dans la fabrication de l'eau-de-vie)


- 10 -

- Art regional (artisanat)

.Etoffes (tissages) : "Panos de terra" (étoffes pour vêtements) et


"pano d'obra". (Note : les modèles ont au
moins 29 dénominations)
"Clâbêdotche";

.Poterie;
.Travaux en osier : nattes
paniers, cabas
chapeaux de paille;

. .Travaux en graines et "Santa Clara";


.Travaux en corne ;
.Dentelles;
.Travaux en carapace de tortue;
.Travaux en coque de noix de coco.

- Art culinaire

.Recettes;
.Principaux plats régionaux (différentes sortes de "cochupa",
"djagacida", etc.);

- Instruments et ustensiles ménagers de fabrication régionale

. Relevé et dénominations : Fonction utilitaire du "buli"


Objets ménagers à partir du "buli" :
"togaro", "congôlon", "banganha",
"solidor", "calma".

- "Rebelados" (Rebellés) (sectes secrètes et religieuses qui ont


mené d'importantes luttes populaires et qui existent encore
aujourd'hui; elles constituent une sorte de subculture)

.Interviews;
.Monographies
.Analyse de l'évolution; compréhension du phénomène.

- Systématisation d'une bibliographie ethnographique cap-verdienne.

27. Le travail systématique n'est cependant pas commencé. Les quelques


initiatives existantes ont un caractère personnel et dispersé (à
l'exception de l'artisanat, sur lequel nous reviendrons plus loin). Ceci
est dû en grande partie au manque de cadres, de structures et de matériel
(y compris les élémentaires magnétophones à cassettes ou les appareils photo)

28. Une Commission nationale pour la défense du patrimoine a été


créée en décembre 1978. Cette Commission a pour attribution de
"promouvoir la restauration, la réhabilitation, la défense et la conserva-
tion des monuments nationaux et d'autres valeurs du patrimoine artistique
et culturel du pays". Pour la concrétisation de ces objectifs, la Commission
nationale devra promouvoir et coordonner les Commissions cantonales.
- 11 -

29. Il faut parler aussi de ce que l'on appelle la Vieille Ville.


L'ancienne capitale est située dans l'île de Santiago, à une dizaine
de kilomètres de la capitale actuelle (ville de Praia). C'est peut-être
la première ville européenne bâtie en Afrique (XVème siècle). Elle se trouve
actuellement dans un état d'abandon regrettable et exposée à toutes sortes
de destructions et de dégradations.

30. Enfin, il n'existe aucun musée, ni public, ni privé.

(d) La documentation

31. Comme nous l'avons déjà dit, le travail de documentation est pré-
caire. Les archives du pays sont dispersées, mises dans des caisses
et emmagasinées dans de mauvaises conditions. La Direction générale de la
culture n'a pour le moment ni archives (le département n'existe que depuis
septembre-octobre 1978), ni documentation de travail.

32. Cependant, il existe dans le pays un Centre de documentation tech-


nique et scientifique, installé dans la capitale. Ce Centre dépend
du Secrétariat d'état au plan et à la coopération, département ministériel
lié au Cabinet du Premier Ministre. Nous ne pouvons pas manquer de souli-
gner l'excellent travail fourni par ce Centre en un temps très court. Dirigé
par une documentaliste et une équipe de trois personnes, le Centre de
documentation est remarquablement organisé. On trouvera ci-après, à titre
indicatif, la liste des principaux fichiers dont il dispose :

- numéro d'entrée
- numéro de cote (oeuvres déjà répertoriées)
- auteurs
- éditeurs
- titres
- classement par sujets
- organisations internationales
- géographie - par pays
- Cap-Vert : généralités et les îles
- périodiques (avec les sections suivantes : numéro de cote,
éditeurs/adresses, titres, exploitation par thèmes).
Le Centre publie un bulletin et possède une salle de lecture et
de consultation qui est l'une des rares du pays.

(e) L'artisanat

33. Au Cap-Vert, les activités artisanales revêtent une grande impor-


tance. Le consultant a eu l'occasion de visiter le Centre national
de l'artisanat (Coopérative resistencia, située dans la ville de Mindelo,
Ile de St-Vincent, Barlavento), qui dépend du Secrétariat d'état au commerce-
et au tourisme. Le sérieux du travail qui y est réalisé en font un des
sujets de la fierté nationale. Il s'agit d'un travail de recherche et de
diffusion, particulièrement lié au tissage. Ce Centre, avec trois profes-
sionnels et 5 ou 6 stagiaires, fait le travail suivant :

- contacts avec les artisans traditionnels : relevé, apprentissage,


encouragement, appui;
- recherche : thèmes, formes, couleurs et procédés, évolution et
éducation du goût;
- 12 -

- diffusion : expositions et intention de créer un musée;


- action pédagogique : principalement auprès des élèves de l'Ecole
normale (futurs instituteurs).

34. Il existe un autre centre (régional) dans la ville de Praia (île


de Santiago, Sotavento) qui dépend également du Secrétariat d'état
au commerce et au tourisme et se consacre spécialement aux travaux utilisant
la noix de coco. Bien qu'il ait une activité plus modeste, il fait aussi
un travail sérieux et se soucie essentiellement de la qualité.

35. Outre ces initiatives officielles, il faut mentionner de petites


unités de production artisanale (généralement sous forme de coopé-
ratives) dans différentes régions du pays. L'Institut cap-verdien de soli-
darité (organisme créé par le PAIGC pendant la période de transition et qui
a pour mission de centraliser l'aide internationale en vue d'un appui dans
le domaine de l'action sociale) soutient et subventionne quelques-unes de
ces coopératives.

36. Bien que ce secteur de l'activité culturelle soit dans une position
relativement privilégiée par rapport aux autres domaines du déve-
loppement culturel - parce qu'il est lié à l'économie et à la production -,
nous ne pouvons pas en conclure que la situation soit favorable. Certaines
traditions artisanales risquent de s'éteindre avec la disparition de leurs
détenteurs ou par manque d'intérêt. Un réseau d'appui et d'encouragement
n'est pas établi; le recensement des activités et des artisans n'est pas fait.

(f) La musique et la danse

3 7. La musique et la danse sont peut-être les formes d'expression les


plus importantes et les plus significatives de l'africanité du
Cap-Vert. Ce sont des formes éminemment populaires; elles sont très vivantes
et se manifestent à tout moment et en tous lieux. La période de transition
et l'indépendance ont provoqué une authentique explosion dans ce domaine.
Différents types de musique et de danse, réprimés par le colonialisme car
authentiquement africains, ont émergé avec une force surprenante, ce qui
prouve leur vitalité. C'est le cas par exemple, du "batuque".

38. Dans le domaine de la musique, il existe un grand nombre d'amateurs


et un nombre très réduit de professionnels (généralement membres
de groupes de musique légère). Il n'y a pas d'orchestre, ni de programme
d'activités musicales. La situation de l'enseignement de la musique est
encore plus grave. La formation des musiciens est essentiellement autodi-
dacte. Certains types d'instrumentistes commencent à devenir rares (c'est
le cas, par exemple, des violonistes, bien que le violon soit d'utilisation
traditionnelle).

39. La gravité de la situation est peut-être moins sensible dans le


secteur de la danse dans la mesure où cette forme d'expression
culturelle et populaire se manifeste à un degré moindre dans le quotidien.
Il n'y a pas de professionnels dans ce domaine, ni d'enseignement organisé.
Si cette activité subsiste, c'est parce qu'elle fait partie intégrante de
la personnalité du peuple cap-verdien. Il existe quelques groupes authen-
tiquement populaires, qui maintiennent une activité continue et se produisent
principalement à l'occasion des fêtes. Deux groupes de jeunes, constitués
récemment et dirigés par des professeurs d'éducation physique, cherchent une
voie à travers la stylisation des rythmes traditionnels.
- 13 -

(g) Le théâtre

40. Le théâtre n'est pas une forme d'expression culturelle tradition-


nelle mais, comme dans toute l'Afrique, la parole est autant à voir
qu'à entendre, c'est-à-dire qu'elle est non seulement expression vocale
mais aussi gestuelle d'où l'importance du théâtre né de la "représentation"
qui a depuis toujours traditionnellement accompagné le récit des histoires.
Comme pour la musique et la danse, la période de transition et de l'indé-
pendance a apporté un renouveau au théâtre. Partout se sont constitués des
groupes qui communiquaient leurs idées et leurs analyses à travers la re-
présentation théâtrale par des spectacles laissant une part essentielle à
l'improvisation ou bâtis autour des problèmes quotidiens. Les populations
les ont très bien accueillis et une série de pièces sur les questions les
plus importantes ont même été écrites. D'après les descriptions, le consul-
tant a eu l'impression que ce mouvement - que l'on peut appeler "théâtre
de circonstance" - a été très vif et a contribué d'une manière importante
à la mobilisation populaire. Mais ce mouvement s'est presque éteint. Il
existe encore quelques groupes en activité dont le travail est assez irré-
gulier. Il n'y a pas de groupe professionnel, ni de techniciens pour sou-
tenir cette activité. D'autre part, le manque de matériel et d'infra-
structures adéquates se fait sentir. Le recensement des pièces ou des
canevas reste à faire.

(h) Les mass-media

41. La télévision. Il n'y a pas de télévision et elle n'est prévue


ni à court, ni à moyen terme.

42. La radio. Il s'agit du moyen de communication -le plus important.


Les.Cap-Verdiens ont l'habitude d'écouter la radio et presque toutes
les familles possèdent des appareils (la plupart proviennent de l'émigration)
Il y a un poste émetteur à Praia (Sotavento) et un autre à Mindelo (Barla-
vento). Les deux n'ont qu'un équipement précaire et les émissions ne sont
diffusées que pendant une partie de la journée. Il y a, d'autre part, quel
ques "zones d'ombre" dans l'Archipel. Une rénovation du matériel technique
des studios et de transmission est en cours grâce à deux accords de coopé-
ration dont l'un avec l'Unesco (important projet de Radio-éducative).

D'autres projets s'insèrent dans le travail de développement cultu-


rel; en particulier, celui qui vise à la création de clubs d'auditeurs de
radio pour l'audition collective et la discussion de programmes, ou la
structuration et la préparation de programmes locaux.

43. Le cinéma. De même que la radio et la presse, le cinéma dépend


de la Direction générale de l'information intégrée au Cabinet du
Premier Ministre. Pour l'ensemble du pays, il existe trois salles fonc-
tionnant quotidiennement, une à Praia et deux à Mindelo, ainsi que six
espaces où des films sont projetés régulièrement. Il existe également trois
ou quatre projecteurs de 16 mm destinés à la projection itinérante. La
programmation est faible, la plupart des films ne sont pas de très bonne
qualité. Une firme portugaise détient le monopole de la distribution. Les
films ne sont pas doublés, mais sous-titrés, et comme la majorité de la
population ne sait pas lire le portugais ou mal, peu de personnes (surtout
dans les milieux ruraux) ont accès au cinéma. Il n'y a pas de cinémathèque.
La production nationale est inexistante. Une caméra de 16 mm est parfois
utilisée pour la réalisation de documentaires.
- 14 -

44. En 1977, a été créé l'Institut cap-verdien du cinéma (décret


n° 47/77) dont les principales fonctions sont :

- divulguer et encourager la culture et l'art cinématographique;


- soutenir et dynamiser la constitution d'associations ou d'orga-
nismes qui visent la divulgation et l'encouragement de la culture
cinématographique ;
- importer, en qualité de représentant de l'Etat et pour tout le
territoire national, les films destinés à être projetés dans des
salles de cinéma;
- organiser le circuit de distribution des films au niveau national;
- donner son avis sur les statuts des ciné-clubs et des autres
associations.

L'activité de l'Institut se limite actuellement à des tâches


administratives et à la préparation d'un accord avec la Guinée-Bissau pour
la création d'une société commune pour l'importation de films et l'organi-
sation de circuits de projection.

45. Deux autres projets concernent encore le secteur du cinéma : (1)


un projet d'animation par le cinéma (utilisation du Super-8, équipe
de Jean Roux) qui va être mis en oeuvre par la JAAC (Jeunesse africaine
Amilcar Cabrai) et (2) la réalisation d'un film en 16 mm par une équipe de
cinéastes de la République fédérale d'Allemagne, en collaboration avec
l'Institut national des coopératives.

"46. La presse. Le panorama est le suivant :

- un journal officiel, "Voz di Povo", hebdomadaire, réalisé par


une équipe de six personnes;
- une revue culturelle "Raizes", trimestrielle;
- une revue du Ministère de la santé et des affaires sociales,
trimestrielle;
- une revue du PAIGC, "Unidade e Luta", mensuelle;
- un mensuel chrétien "Terra Nova";
- une revue pour enfants, "Chibinho", du Ministère de l'éducation
et de la culture, à paraître prochainement;
- différents bulletins polycopiés.

(i) Les arts plastiques

47. Une seule référence à faire : le projet de création d'un atelier


d'arts plastiques orienté essentiellement vers un travail d'anima-
tion socio-éducative avec des jeunes. Cette initiative reviendra à la
Direction générale de la culture qui nouera des contacts en vue d'obtenir
des installations; il existe déjà un professionnel disposé à assumer cette
tâche. Cette initiative est à rapprocher d'une autre activité importante
du Ministère de l'éducation et de la culture : l'atelier de création et de
construction de jouets en bois.
- 15 -

Politique culturelle et éducative

48. Le consultant se bornera ici à indiquer les lignes d'orientation


définies dans ce domaine et à souligner quelques aspects fondamen-
taux du document "Politique culturelle et éducative du Cap-Vert" (Ministère
de l'éducation et de la culture, septembre 1978) :

"Les objectifs de l'action culturelle et éducative sont les


suivants

- restitution de sa personnalité culturelle à notre peuple;


- mener la démocratisation de la culture jusqu'à ses dernières
conséquences;
- promotion d'actions visant la création de conditions qui permettent
l'accès de plus en plus grand des masses à la culture et de façon
à ce qu'elles participent à la création culturelle;
- Promotion des arts plastiques et de l'artisanat, encouragement
de la recherche scientifique, édition-diffusion du livre et du
disque et installation et dynamisation des maisons de la culture*;
- orientation du rôle du cinéma dans le sens de la formation poli-
tique, idéologique, pédagogique et culturelle;
- s'intéresser à la réalisation d'études pour l'enregistrement et
la transcription du créole, en vue de son introduction ultérieure
dans l'enseignement;
- établir des conditions pour incorporer les différents secteurs
sociaux à tous les niveaux de l'enseignement;
- créer des conditions pour l'alphabétisation et l'élévation
intellectuelle des masses laborieuses;
- adaptation des programmes d'enseignement aux besoins du dévelop-
pement, aux réalités socio-culturelles nationales et africaines,
ainsi qu'aux impératifs du progrès de la science et de la tech-
nologie;
- l'action éducative, notamment, doit assimiler les valeurs de
notre culture populaire, chercher à transformer les principes du
Parti en convictions personnelles et en habitudes de vie quoti-
dienne, développer les capacités intellectuelles, physiques et
morales de l'individu et de la collectivité, encourager les sen-
timents humains élevés et les goûts esthétiques, dans une con-
ception scientifique du monde.

L'action éducative devra en outre être subordonnée aux principes


suivants

- être un droit et un devoir de tous les citoyens;


- être laïque et donnée exclusivement par l'Etat;
- la planification du système national de l'éducation doit être
intimement liée au développement social et économique du pays;
- l'éducation doit être liée au travail et à la communauté locale
où s'insère l'école".**

± Souligné par le consultant


dcfc Traduction du consultant
- 16 -

Nous soulignons encore dans ce même document :

"Effectivement, faire de l'éducation et de la culture, c'est en


réalité faire la reconstruction nationale, ce qui veut dire qu'il sera
difficile de limiter son action à un seul département d'Etat, donc tous
les départements et tous les citoyens sont directement concernés, et natu-
rellement les structures du Parti et les organisations de masses jouent un
rôle primordial dans le cadre de la motivation pour l'initiative et la
dynamisation. Au Ministère de l'éducation et de la culture reviendra essen-
tiellement le rôle d'assurer l'appui et la coordination technique '
n é c e s s a i r e s . " * '

(1) Enseignement primaire

- c'est le secteur prioritaire à tous les niveaux;

- le taux de scolarisation est de 97 %,environ, ce qui, vu


les-conditions du pays, est un effort exceptionnel et représente vraiment
une grande conquête révolutionnaire de l'indépendance; 56 000 enfants
suivent ce degré d'enseignement;

- il y a 434 établissements d'enseignement primaire qui


disposent de 695 salles de classe (.361 d'entre elles appartiennent à l'Etat
et les autres sont louées);

- il y a environ 1 350 instituteurs (500 ont la formation


requise et les autres suivent un cours progressif de perfectionnement);

- actuellement les deux Ecoles normales (Praia et Mindelo)


comptent environ 70 futurs instituteurs;

- la plupart des écoles fonctionnent dans un régime de dédou-


blement ou de détriplement; un grand effort est fait pour construire de
nouvelles écoles.

(2) Enseignement préparatoire (5ème et 6ème classes)

- environ 4 500 élèves;

- 14 établissements d'enseignement;

- environ 160 professeurs.

(3) Enseignement secondaire

- environ 3 250 élèves;

- quatre établissements d'enseignement (2 lycées, 1 section


de lycée et 1 école industrielle et commerciale);

- environ 120 professeurs.

Souligné par le consultant


- 17 -

(4) Enseignement supérieur

- pas d'université;

- deux Ecoles normales;

- un ambitieux projet est en cours, le Centre de Santa Catarina,


qui vise à créer les conditions pour la constitution d'un institut pédago-
gique qui devra permettre une profonde réforme de l'enseignement; ce centre
implanté en milieu rural, formera les professeurs de l'enseignement de base
(5ème et 6ème classes) et les jardinières d'enfants, en plus des instituteurs:
il pourra accueillir 600 étudiants.

(5) Education non formelle

- le pourcentage d'analphabètes est de 65 %;

- en 1978, 23 cercles de culture, animés par environ 25


moniteurs d'alphabétisation, et qui ont touché 327 personnes ont fonctionné
au sein du Ministère de l'éducation et la culture;

- en 1978 également, le département correspondant du Ministère


de l'éducation et de la culture (où travaillent 4 spécialistes et 6 coor-
donnateurs de zone) a formé 93 moniteurs d'alphabétisation qui ont créé 11
cercles de culture.

(6) Budget de l'Education et de la culture

Le consultant a pu recueillir les données suivantes :

- le Ministère de l'éducation et de la culture dispose


d'environ 19 % du budget général de l'Etat (environ 168 000 000 d'escudos
cap-verdiens, ce qui correspond à peu près à 4 700 000 dollars);

- environ 1,5 % du budget du Ministère a été attribué aux


affaires culturelles et sportives (environ 2 520 000 escudos, soit environ
70 500 dollars);

- en plus du budget ordinaire, le Ministère de l'éducation et


de la culture a disposé d'environ 80 000 000 escudos cap-verdiens (appro-
ximativement 2 200 000 dollars) faisant partie du montant du budget extra-
ordinaire, qui ont été investis dans des infra-structures.

(7) Structures administratives

L'application de la politique culturelle incombe à la Direction


générale de la culture qui constitue le département le plus récent du
Ministère de l'éducation et de la culture. La Direction générale est com-
posée des cadres suivants :

- une directrice générale;


- trois techniciens;
- une documentaliste
(pas de personnel administratif).

La structure prévue est la suivante :


- Direction des arts plastiques, arts de scène, cinéma,
ethnologie et musique, qui intégrera le Département des arts plastiques,
arts de scène, cinéma et le Département d'ethnologie et musique);
- 18 -

- Direction de la tradition orale, recherche historique,


littérature et bibliothèques (englobant le Département de tradition orale et
recherche historique et le Département de littérature et bibliothèques).

(8) Infrastructures

Les infrastructures, au niveau des espaces (.salles de spectacle,


espaces polyvalents, bureaux de travail, etc.) comme au niveau des équipements
sont pratiquement inexistantes. C'est un problème auquel il conviendrait
d'apporter une attention prioritaire.

Organisations de masses et autres organismes

49. Dans le rapport du Illème Congrès du PAIGC (novembre 1977), on peut


lire : "le programme de notre Parti prévoit la création et le déve-
loppement d'organisations de masses à la campagne et dans les villes,
notamment des organisations de jeunesse, de travailleurs et de femmes. Cela
découle de la nécessité essentielle de la participation organisée des masses
à l'oeuvre de reconstruction nationale*,c'est-à-dire à l'effort d'édification
d'une société de bien-être et de progrès à laquelle elles aspirent légitimemem

Les organisations de masses sont des auxiliaires très utiles du


Parti, par lesquels il renforce sa liaison avec les masses populaires dont
il doit connaître les sentiments et les problèmes pour pouvoir développer
complètement son action. Elles ont également un rôle important dans l'action
éducative que mène notre Parti pour former l'homme nouveau"*.

50. Les organisations qui ont des attributions ou des responsabilités


dans le secteur culturel et qui joueront, de ce fait, un rôle fon-
damental dans la mise en oeuvre de la politique culturelle sont les suivantes .

Jeunesse africaine Amilcar Cabrai (JAAC)

C'est sans doute la plus importante et la plus active des organisa-


tions existantes. Rappelons qu'environ 75 % de la population a moins de
25 ans).

Quelques lignes d'orientation :

- "L'action culturelle au sein de la jeunesse se proposera de


stimuler le goût de l'étude, en considérant que les jeunes
d'aujourd'hui sont les cadres de la société de demain";

- "L'organisation de jeunesse doit éduquer les jeunes dans la


pratique du travail manuel et intellectuel, combattre chez eux
l'irresponsabilité et le parasitisme social";

- "L'organisation de jeunesse doit être un bastion de résistance


culturelle à la pénétration de valeurs négatives et aliénantes";

- "C'est à l'organisation de jeunesse qu'il revient d'apporter aux


Départements de l'éducation le concours précieux de ses membres
dans la tâche gigantesque visant à supprimer l'analphabétisme";

± Souligné par le consultant.


- 19 -

- "Pour développer l'intérêt des jeunes envers la pratique artistique,


l'organisation de jeunesse doit promouvoir des expositions, con-
férences et concours dans les différents domaines de l'art".

Le JAAC a une implantation effective dans toutes les régions et se


trouve dans une phase de structuration et d'organisation interne. Son
Département de culture et récréation coordonne et stimule des activités cul-
turelles. Il a des projets importants (programme d'animation en utilisant
le cinéma Super-8, projet d'animation extra-scolaire avec des jeunes en ban-
lieue, organisation de festivals, rencontres et week-ends culturels, etc.)
et s'intéresse à la formation d'animateurs (destinée à ses cadres). L'orga-
nisation a éprouvé le besoin de créer un Département de recherche et de
documentât ion.

Au sein de la JAAC s'intègre l'organisation des Pionniers "Abdel


Djaci"-. Il s'agit, selon les mots d'Amilcar Cabrai, "des fleurs de la
Révolution", c'est-à-dire des enfants. Malgré les obstacles et les diffi-
cultés (le manque de cadres par exemple), c'est l'organisation la plus dyna-
mique et la plus active; elle est déjà structurée dans toutes les îles. Les
activités musicales sont peut-être les plus solides (il y a déjà quelques
groupes musicaux constitués d'enfants) mais il existe d'autres actions. Il
faut souligner un aspect particulièrement important : dans la mesure où la
majorité des cadres des Pionniers sont des instituteurs, cette organisation
est en train de commencer à faire de ces instituteurs des animateurs. Cette
organisation s'intéresse également à la formation d'animateurs.

Union nationale des travailleurs du Cap-Vert

C'est la centrale syndicale nationale, organisation très jeune qui


est affrontée aux problèmes complexes d'organisation syndicale auxquels
s'ajoutent ceux qui résultent de la géographie du Cap-Vert, composé de 10
îles, sans industrie, ni tradition syndicale. Il semble que l'action cultu-
relle au niveau syndical soit encore inexistante.

Le Département de l'information, propagande et culture de l'Union


nationale des travailleurs publie un bulletin, diffuse un programme de radio
tous les quinze jours et s'intéresse au travail d'alphabétisation et de
post-alphabétisâtion.

Cette organisation, consciente de l'urgente nécessité d'un travail


d'action culturelle, doit trouver très rapidement une stratégie pour la
transformation d'un certain type de mentalité. En effet, de nombreux tra-
vailleurs ont encore tendance à croire que les syndicats sont des organismes
d'assurance sociale et de retraite.

Organisation des femmes

"La participation des femmes dans les activités sociales et cultu-


relles, ainsi que les réalisations qu'elles ont commencées, comme par exemple
la création de groupes de couture, de théâtre et de sport, sont des formes
d'action concrète développées par les commissions organisatrices dans la
mobilisation des masses féminines, qui doivent être stimulées et approfondies"1

En janvier 1979 a eu lieu à Praia une rencontre nationale de femmes»


avec comme objectif la mise en place de la Commission organisatrice des
femmes au niveau national. Cette organisation fait donc également ses pre-
miers pas.

* Rapport du Illème Congrès du PAIGC (novembre 1977).


- 20 -

Institut national des coopératives

Cet important organisme d'appui aux coopératives mérite d'être


mentionné, même s'il ne s'agit pas d'une organisation de masse. Sa devise
est : "junta' mo" (expression populaire traditionnelle qui signifie se
donner la main, participer, coopérer - qui, en plus d'être un mot, a la
force d'un concept enraciné).

Le mouvement coopératif est très récent au Cap-Vert. Il existe


peut-être une vingtaine de coopératives.

L'Institut défend l'idée que l'action coopérative est indissociable


de l'action culturelle. Cet organisme développe trois types d'activités :
recherche, vulgarisation et formation. La priorité est donnée à la formation
et dans ce contexte, l'Institut s'intéresse beaucoup à la formation d'anima-
teurs culturels, en vue de la création et du développement de Cercles d'étude
de base dans chaque unité coopérative. Ces cercles d'étude seraient les
responsables de la promotion de l'alphabétisation, du développement de
l'esprit et de la méthodologie coopérative, de la planification participative,
en somme de l'éducation coopérative et gestionnaire.

Institut cap-verdien de solidarité

Bien que n'étant pas une organisation de masse, cet Institut a une
action si élargie et son importance est si grande qu'il devient un des piliers
du développement culturel.

L'activité de l'Institut couvre les domaines suivants :

- éducation pré-scolaire (il assure le fonctionnement de cinq


crèches et prépare l'ouverture de deux autres);
- rééducation de jeunes inadaptés (il maintient deux centres, dont
l'un, la Granja de S. Filipe, a un fonctionnement exemplaire qui
pourrait stimuler beaucoup d'initiatives dans le domaine culturel);
- action auprès des emigrants;
- formation (moniteurs pour enfants et cours de couture);
- appui à l'artisanat et à la création de coopératives;
- services de transports publics;
- travail de diffusion, notamment par l'organisation d'expositions.

Régions

51. Le pays et ses neuf îles habitées se divise en 14 cantons. Actuel-


lement, il existe dans chaque canton un Secrétariat administratif
présidé par le Délégué du Gouvernement. Certains ministères ont aussi leurs
délégués locaux qui agissent en coordination avec le délégué du Gouvernement.
C'est le cas du Ministère de l'éducation (délégués scolaires) et du Ministère
du développement rural. La législation qui créera les organes du pouvoir de
base est en préparation et en discussion; la décentralisation n'en est donc
qu'à ses débuts, elle est néanmoins l'objet d'une préoccupation croissante.
Une des manifestations de cette préoccupation est le soin apporté à la sélec-
tion et à la formation des cadres locaux. On peut affirmer que les meilleurs
cadres cap-verdiens travaillent au niveau des régions.
- 21 -

52. En ce qui concerne la décentralisation culturelle, tout est à faire.


Si dans d'autres secteurs nous pouvons dire que le souci principal
est lié à la création des conditions de la décentralisation (notamment dans
la politique de l'éducation, dans la politique de la santé, dans la politique
sociale, dans la politique du développement rural, etc.), nous ne pouvons pas
encore en dire autant en ce qui concerne la politique culturelle. La Direc-
tion générale de la culture, de création très récente, n'a pas encore eu le
temps d'établir des contacts avec les régions, ni à fortiori de réaliser un
inventaire des réalités locales, indispensable à l'élaboration de son propre
plan d'action.

53. C'est avec une plus grande acuité encore que se pose le problème de
la définition d'une stratégie culturelle cohérente intégrée à la
stratégie globale pour la reconstruction nationale. En effet, les principes
généraux de la politique culturelle sont définis, mais la stratégie ne l'est
pas. Et elle ne pourra pas l'être tant que ne sera pas réalisé'un travail
méthodique d'information, de sensibilisation et de consultation au niveau
des régions.

54. A l'appui de ce qui précède, on peut citer le cas du canton de


S. Filipe (qui couvre toute l'île de Fogo). Le budget de ce canton
pour 1979, qui est de 4 414 000 escudos cap-verdiens (environ 123 400 dollars),
ne comporte aucune rubrique concernant la culture ou le sport. Le problème
n'est pas très grave parce que les responsables locaux en sont conscients et
utilisent d'autres sommes à l'action culturelle et à l'action sportive. Mais,
il existe probablement d'autres cantons où cette sensibilisation n'existe
pas. Et sans engagement local, aucune politique culturelle n'est viable.

CONCLUSIONS ET RESULTATS PRINCIPAUX

55. A 1'encontre du chapitre précédent (dont la lecture est essentielle


pour la compréhension du processus dans sa totalité), le consultant
fait ici un effort de synthèse et de schématisation visant à faciliter les
décisions.

La politique culturelle

56. Puisque le PAIGC et le Gouvernement ont déjà défini les objectifs


et les grandes lignes d'orientation de la politique culturelle, le
problème qui se pose actuellement (phase de démarrage pour la mise en oeuvre
de cette politique) est de déterminer une stratégie appropriée.

- Premièrement : cette stratégie devra être cohérente avec la ligne


définie en ce qui concerne la participation des masses à la vie
culturelle, c'est-à-dire qu'elle devra impliquer un engagement
réel du peuple; pour cela, il faudra écarter d'emblée tout élitisme.
paternalisme ou culture officielle (de façade);

- Deuxièmement : cette stratégie devra donner forme à l'aspiration


d'une culture nationale; elle devra accélérer la rencontre avec
l'identité culturelle par la découverte et la redécouverte des
valeurs authentiques du patrimoine culturel;
- 22 -

- Troisièmement : cette stratégie devra être cohérente avec la


manière de vivre intensément la vie "d'aujourd'hui" qui s'est
généralisée dans le pays; cela veut dire qu'elle devra s'insérer
dans cette stratégie plus globale qui s'appelle "Reconstruction
nationale", et sa fonction spécifique sera de donner de la qualité
aux transformations qui s'accomplissent.

Tout se résume dans la recherche d'un dynamisme dialectique qui


peut être représenté par un triangle et qui repose sur un certain nombre de
principes :

Patrimoine culturel

Action culturelle

Action politique et économique

Principes :

- L'action culturelle au Cap-Vert revêt un caractère prioritaire.

- L'action culturelle devra trouver les moyens de s'inspirer systé-


matiquement des valeurs authentiques du patrimoine culturel.

- L'action culturelle est intimement liée à l'action politique et


économique; elle est instrument de sensibilisation, de motivation,
de prise de conscience et de mobilisation des populations en vue
de leur participation active à la vie de la communauté.

57. Pour terminer, il reste à noter que suivant l'exemple de la recons-


truction nationale, cette stratégie n'a pas à se conformer à quelque
"modèle" que ce soit, mais qu'elle dépend uniquement de l'accumulation
d'expériences.

58. Les observations qui précèdent résultent des discussions qui ont eu
lieu,.soit au Ministère, soit avec les responsables des organisations
intéressées, soit encore et surtout au cours des visites dans les régions
(contact direct avec les populations).

L'Institut national de la culture - objectifs

59. Trois objectifs ont été définis pour le futur Institut national de
culture :

- promotion, orientation, coordination et encouragement du recense-


ment et de la recherche sur le patrimoine culturel (base de
l'identité culturelle et de la conscience nationale);

- encouragement et création des conditions favorisant l'action cul-


turelle, notamment à travers la dynamisation culturelle, la dif-
fusion culturelle et surtout l'animation culturelle;
- 23 -

- mise en oeuvre d'une politique de formation de cadres culturels


(formation de formateurs, d'animateurs polyvalents, de spécialistes,
et création d'écoles pour l'enseignement artistique).

Observations du consultant :

- à court terme, l'objectif 3 ci-dessus devrait être prioritaire


dans la mesure où il conditionne les deux autres et où l'on constate
une grande pénurie de cadres culturels;

- au niveau de l'objectif 2, en rapport avec l'action culturelle,


plus que de faire, la responsabilité de l'Institut sera de faire
faire; il est souhaitable que l'Institut ne tombe pas dans la
tentation de se substituer à ceux qui doivent prendre les initia-
tives (organisations de masses, pouvoir local et groupes de base);
il n'est pas souhaitable par ailleurs qu'il soit séparé et isolé
de ces initiatives, car c'est à lui qu'incomberont la création des
conditions favorables à leur réalisation, l'encouragement, l'appui
(méthodologique et technique), de même que la création d'occasions
pour la réflexion, la planification et l'évaluation;

- l'Institut devrait pouvoir intervenir directement dans le secteur


concernant le travail sur le patrimoine culturel;

- l'Institut devrait assumer la responsabilité de la politique de


formation, dans sa totalité.

Conseil national de la culture

60. Le consultant recommande la constitution d'un Conseil national de la


culture qui pourrait être établi à brève échéance puis intégré à
l'Institut après la création de celui-ci. Le Conseil aurait compétence pour
prendre toutes les décisions de fond dans le domaine de la politique cultu-
relle. Il pourrait être constitué par des représentants des organes et insti-
tutions ci-après :

- Parti;
- Direction générale de la culture du Ministère de l'éducation et
de la culture;
- Direction générale de l'éducation du Ministère de l'éducation
et de la culture;
- Secrétariat d'état à la coopération et au plan;
- Secrétariat d'état de l'administration interne (représentant le
pouvoir local);
- Ministère de la santé et des affaires sociales;
- Ministère du développement rural;
- Ministère de la coordination économique;
- Ministère des affaires étrangères;
- Direction générale de l'information;
- Institut cap-verdien du cinéma;
- Institut cap-verdien du livre;
- Commission nationale pour la défense du patrimoine;
- Institut cap-verdien de solidarité;
- Institut des coopératives;
- Centre national de l'artisanat;
- 24 -

- Centre de documentation technique et scientifique;


- JAAC - Organisation de jeunesse;
- Pionniers Abdel Djaci;
- Organisation de femmes;
- Union nationale des travailleurs du Cap-Vert - Centrale syndicale;
- Association d'intellectuels et artistes du Cap-Vert (à créer).
61. La création d'un organe de ce type représenterait un progrès dans
la voie d'une meilleure coordination des secteurs, départements et
entités, et permettrait l'élaboration d'une stratégie de développement cultu-
rel endogène, démocratique, harmonieuse et indépendante.

L'Institut national de la culture - préfiguration

62. Bien entendu, il appartiendra au Gouvernement de définir la forme


et les attributions de la Présidence de l'Institut national de la
culture. En ce qui concerne la structure de l'Institut, il est sans doute
trop tôt pour en proposer un schéma définitif. L'Institut pourrait fonctionne:
dans un premier temps avec une équipe relativement restreinte, composée de
huit à dix professionnels du secteur culturel, qui assurerait la coordina-
tion méthodologique et technique en matière de :

- planification;
- relations culturelles extérieures;
- documentation et information;
- patrimoine culturel : Centre de linguistique appliquée et de la
culture orale; collectes et recherche;
- formation d'animateurs, formation artistique et formation de
spécialistes ;
- action culturelle; centres culturels régionaux, soutien aux
organisations de masses; soutien aux groupes locaux; activités
extra-scolaires ; post-alphabétisation;

Multi-disciplinaire, cette équipe aurait en outre pour tâches,


notamment :

- la recherche;
- la planification - dans un souci de concertation et de
développement de programmations intégrées;
- l'évaluation et la systématisation d'expériences;
- l'appui à la création culturelle et sa stimulation;
- la promotion d'expériences-pilotes, pouvant servir d'exemples
et d'encouragement.

La conception et la mise en place de l'Institut se ferait de façon


progressive et cohérente, au fur et à mesure de la progression de la réflexion
et du développement du travail, sur la base de l'expérience accumulée.

63. L'action immédiate pourrait être concentrée sur la mise en route


d'expériences et le développement d'actions qui seraient évaluées
systématiquement, et qui tendraient principalement à promouvoir un débat
élargi et décentralisé sur le développement culturel et le rôle de la poli-
tique culturelle dans la tâche de reconstruction nationale. Ceci impliquerait
la création d'un Conseil national de culture (voir paragraphe 58) et la
mise en place d'une "équipe pour le développement culturel" préfigurant
l'Institut.
- 25 -

64. Un institut de la culture, même en préfiguration, doit être un


exemple à plusieurs niveaux et doit se préoccuper de ses effets
multiplicateurs, en particulier en ce qui concerne la planification. Les
plans de développement culturel devraient être élaborés d'une manière très
complète et systématique, de façon à retenir l'attention des autorités res-
ponsables de la décision en matière de développement national et les con-
vaincre du rôle du développement culturel dans le développement global.

65. Au-delà du travail sur le territoire national, cette équipe aurait


à se préoccuper de la coopération culturelle - aux niveaux africain
et international - et de la régularité des contacts culturels avec la dias-
pora cap-verdienne.

66. Il ne serait pas nécessaire, de l'avis du consultant, que l'Institut


se voit dévolu la tâche d'attribuer des subventions. En effet, ses
attributions devraient se concentrer sur la mise en perspective, la recherche
et la réflexion, la méthodologie et l'appui technique, l'administration cul-
turelle proprement dite demeurant la responsabilité d'une Direction générale
de la culture.

67. La formation devrait être considérée comme un secteur prioritaire de


la politique culturelle. En ce qui concerne les animateurs culturels.
il y aurait lieu de prévoir une formation décentralisée, ouverte, continue,
définie en consultation avec les intéressés et incluant l'action sur le
terrain. Les premières expériences devraient être entreprises dans un très
bref délai (si possible dès 1979) en donnant la priorité, pour ce qui est du
recrutement, aux animateurs des organisations de masses et aux élèves de
l'Ecole normale (futurs instituteurs). Le Centre de Sta. Catarina (en cons-
truction) pourrait se voir attribuer un rôle dans la formation des animateurs.
Ainsi serait établie une articulation immédiate entre l'Institut national de
la culture et le futur Institut pédagogique. Il conviendrait de prévoir
simultanément la mise en place de filières de formation pour les animateurs
et pour les formateurs d'animateurs. Cette action pourrait être planifiée à
partir du schéma suivant :

- Détection et recrutement d'un ensemble de personnes réunissant


les conditions pour être formateurs d'animateurs

- Détection et recrutement d'un groupe de personnes aptes à réaliser


un travail d'animation, ayant de préférence une expérience pratique
en la matière

- Accueil d'un groupe de formateurs étrangers expérimentés

- Formation de formateurs : mise en perspective, méthodologie


et techniques (deux semaines en régime d'internat)

- Formation d'animateurs - à laquelle participeraient les deux


équipes de formateurs (l'équipe étrangère et l'équipe nationale) ;
travail de réflexion et ateliers de créativité (trois semaines en
régime d'internat)

- Travail sur le terrain : réalisation d'une expérience-pilote


avec l'intervention des trois équipes (deux semaines dans une
zone de l'intérieur à fixer)
- 26 -

- Evaluation de l'action réalisée et planification du.travail


futur (une semaine en régime d'internat).

68. En matière d'action culturelle, trois observations peuvent être


faites :

(a) L'Institut national de la culture n'aurait pas à exercer de


tutelle sur "les futurs centres culturels régionaux. Ceux-ci dépendraient
directement des structures du pouvoir local et seraient conçus comme des
équipements polyvalents mis à la disposition de l'initiative locale.
L'Institut n'interviendrait qu'au niveau de l'appui, de la coordination et
de l'articulation.

(b) Le programme immédiat de l'Equipe pour le développement culturel


pourrait être établi de la façon suivante :

- organisation d'un séminaire sur le développement culturel -


dans chacun des 14 cantons;

- organisation d'un séminaire national sur le thème "Stratégie


culturelle et reconstruction nationale" - ce séminaire viendrait
à la suite des séminaires mentionnés ci-dessus.

Ce travail pourrait être lancé avec l'appui des organisations de masses, des
Secrétariats administratifs et des groupes locaux. Pour cela, l'Equipe pour
le développement culturel devrait réaliser, au préalable, des voyages de
prospection et de sensibilisation dans tous les cantons.

(c) L'équipe proposée devrait également, dans les plus courts


délais, promouvoir quelques expériences-pilotes, avec l'objectif de créer
des effets multiplicateurs dans les organisations et les groupes à qui revient
l'initiative du travail culturel. On trouvera ci-après, à titre indicatif,
quelques idées sur les actions qui pourraient être entreprises :

- "Livre vivant" : ."Bibliothèques orales" (petites bibliothèques avec


un programme de radio en circuit interne dans les
communautés où elles sont implantées; une cabine
de son et un réseau de haut-parleurs sont suf-
fisants pour tenter d'articuler culture écrite et
culture orale)
•Bibliothèques itinérantes (avec un travail d'ani-
mation - récit d'histoires et lectures collec-
tives - engageant les écoles)
.Kiosques culturels (kiosques de vente de livres
et de revues installés sur les places principales
et qui ont aussi pour tâche de donner des
informations sur. les différentes activités cul-
turelles du pays)

- Cinéma : organisation de festivals ou de semaines sur un thème


donné; lecture à haute voix des sous-titres des films par des
animateurs-projectionnistes; constitution d'une cinémathèque;
projets pour la réalisation de documentaires sur la réalité du pays
- 27 -

- Organisation de festivals, semaines ou week-ends culturels, ren-


contres, séminaires; animation dans les fêtes populaires, les
foires et marchés; organisation d'expositions itinérantes accom-
pagnées d'un travail d'animation

- Réalisation de panneaux muraux (retraçant, par exemple, au moyen


d'une bande dessinée et de documents, une action réalisée avec
la participation de la population)

- Réalisation d'un concours de "Littérature crioula"

- etc.

L'Institut national de la culture - phase de mise en place

69. Il serait évidemment prématuré de définir ici les différentes


phases du projet dans sa globalité.

Le consultant se limitera donc à des propositions concernant la


première phase, celle qui permettrait de "mesurer les forces" pour le démar-
rage, et qui pourrait s'étendre sur deux années :

- création du Conseil national de la culture et de 1'Equipe


pour le développement culturel;
- prospection et inventaire des données au niveau régional (tâche
qui pourrait être entreprise par l'équipe proposée ci-dessus);
- rencontres cantonnales pour la sensibilisation au travail culturel;
- après la réalisation des 14 rencontres (ou séminaires) au niveau
des cantons, organisation d'un séminaire national sur le thème
"Stratégie culturelle et reconstruction nationale";
- premières activités de formation (de formateurs nationaux et
d'animateurs);
- démarrage des Commissions régionales et locales d'animation cul-
turelle (déjà prévues et qui pourraient commencer à surgir pendant
les rencontres cantonnales);
- démarrage d'Ateliers d'expression culturelle (l'Atelier d'arts
plastiques est déjà prévu, mais il y aurait la possibilité d'en
ouvrir d'autres);
- réalisation d'un festival sur le patrimoine culturel - à orga-
niser en commun avec toutes les organisations de masses et
groupes ou personnes intéressées;
- élaboration de projets concrets pour l'obtention d'appuis et de
ressources .

70. En matière d'infrastructures pour le travail culturel, il faudrait


trouver des solutions rapides. Il y aurait lieu d'encourager au
départ l'utilisation de bâtiments, même modestes ou préfabriqués et de cons-
truction facile (mais qui respectent les conceptions architecturales afri-
caines et utilisent au maximum les matériaux locaux), et à partir de là,
chercher les moyens de progresser graduellement en tentant d'obtenir des
appuis financiers. Dans ce domaine, comme du reste dans tous les autres,
la conception devra demeurer très souple et il conviendrait de prévoir dès
le début des alternatives ne créant pas de situations de dépendance.
- 28 -

71. Dans le cas des Centres culturels régionaux, il faudrait encourager


les communautés locales à trouver leurs propres solutions pour la
construction d'espaces polyvalents. Par exemple, lancer dans les écoles
l'idée d'un travail collectif associant les enfants auxquels on demanderait
d'imaginer ce qui pourrait être le centre culturel de leur région, d'en
construire la maquette et d'en définir l'emplacement. Cela pourrait consti-
tuer un début d'effort de mobilisation des populations pour qu'elles parti-
cipent activement à la naissance de leur centre culturel.

72. En ce qui concerne les ressources humaines. Il ne serait pas réa-


liste de prévoir au départ, pour l'ensemble du pays, plus d'une
vingtaine d'animateurs professionnels, par exemple : un animateur (avec des
fonctions de coordination) pour chacun des cantons et six ou huit animateurs
au sein de l'Equipe pour le développement culturel. Une telle solution
pourrait être considérée comme satisfaisante puisque, fondamentalement, il
ne s'agit pas de créer une nouvelle catégorie de fonctionnaires, mais de
développer une mentalité et des attitudes nouvelles. Les animateurs pour-
raient faire appel à d'autres spécialistes chaque fois que cela serait
nécessaire. Par ailleurs, une attention particulière devrait être accordée
au travail qui peut être assuré par les "bénévoles" de chaque communauté,
les cadres des organisations de- masses et surtout par les instituteurs
("faire de chaque instituteur un animateur").
Annexe
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30

ANNEXE II

LISTE DES PERSONNES RENCONTREES

Carlos Reis : Ministre de l'éducation et de la culture


José Brito : Secrétaire d'état à la coopération et au plan
Dulce Almada Duarte : Directrice générale de la culture
Alcestina Tolentino : Directrice générale des affaires sociales
Manuel Delgado : Directeur général de l'information, intérimaire,
Directeur au journal "Voz di Povo"
Quirino Spencer : Secrétaire général du Ministère de l'éducation et
de la culture
Costa : Directeur régional de l'éducation
Oswaldo Alcántara : Technicien de la Direction générale de la culture;
écrivain
Ovidio Martins : Technicien de la Direction générale de la culture;
écrivain
Manuel Veiga : Technicien de la Direction générale de là culture
Oscar Ribeiro : Responsable du Département de l'enseignement
préparatoire et secondaire du MEC
Aguinaldo Gominho : Responsable du Département de l'enseignement
primaire et de l'Ecole normale du MEC
Claudina Dupré : Responsable de l'Ecole normale du MEC
Luisa Ribeiro : Responsable du Cabinet d'études et de documentation
du MEC
Manuel Figueira : Responsable du Centre national de l'artisanat
Ramiro : Chef de cabinet du Ministère de l'éducation et
de la culture
Ilidio : Technicien de la Direction régionale de l'éducation
Pinto : Directeur du Lycée de Mindelo
Znaida : Déléguée scolaire du canton de Porto Novo (St-Antab)
Armindo Cruz : Délégué du Gouvernement du canton de Porto Novo
(St-Antao)
Antero : Responsable de la JAAC dans le canton de Porto Novo
(St-Antao)
Reis Borges : Délégué du Gouvernement du canton de Paul (St-Antâo)
Ilidia : Déléguée scolaire du canton de Paul (St-Antab)
Raul : Technicien du Ministère du développement rural dans
le canton de Paul (St-Antâ"b)
Pedro Luis Delgado : Délégué scolaire du canton de Ribeira Grande
(St-Antâb)
Felisberto Vieira : Responsable de la JAAC dans la région de St-Antab
Agnélio : Délégué du Gouvernement dans le canton de Ribeira
Grande (St-Antâo)
- 31 -

Joaquim : Professeur-secrétaire du canton de Porto Novo


(St-Antáo)
Betina Santos : Responsable du Centre de documentation technique
et scientifique
Luis Tolentino : Responsable du Centre régional d'artisanat de
Santiago
Carlos Querido : Responsable de la "Granja de S. Filipe" (Centre de
récupération de jeunes)
Felix Monteiro : Intellectuel, ethnologue et historien
Helena Santa Rita : Directrice du Lycée de Praia
Adélcia Pires : Responsable nationale de l'Organisation des
pionniers
Isabel : Institutrice retraitée, canton de Porto Novo
Antonio Lima : Responsable national des activités culturelles et
récréatives de la JAAC
Luis Lino Gomes : Activiste culturelle, canton de Sta Catarina
(Santiago)
Joâo Brito : Secrétaire du Secrétariat administratif de
S. Filipe (Fogo)
Père Antonio Fidalgo : Directeur du journal "Terra Nova", canton de
S. Filipe (Fogo); Député à l'Assemblée nationale
populaire
Ana : Technicienne du Département de l'éducation extra-
scolaire (alphabétisation) du Ministère de l'éducatioi
et de la culture
Carlos Barbosa : Responsable de l'Union nationale des travailleurs
du Cap-Vert (centrale syndicale)
Elias de Sousa : Cadre de l'Union nationale des travailleurs du
Cap-Vert (centrale syndicale)
Joâo Fernando : Cadre de l'Organisation des pionniers
Orlando Mascarenhas : Président de l'Institut cap-verdien de solidarité
Estêvâ"o Rodrigues : Responsable de l'Institut des coopératives
Manuel Tolentino : Responsable du Département de l'information du
PAIGC *
José Eduardo Barbosa : Responsable politique de la région tie Fogo
Rolando Lima : Délégué du Gouvernement du canton de S. Filipe
(Fogo)
Dueto Alcides : Responsable politique du canton de Sta. Catarina
(Santiago)
Christiane Chaponniefe : Sculpteur, peintre
Joao Galamba : Journaliste coopérant - "Voz di Povo"
- 32 -

Maria Luis Santos : Cooperante du Secrétariat d'état à la coopération


et au plan
Père Pascoal : étudie le crioulo - canton de Porto Novo
(St-Antao)
Cornélio da Silva : Ambassadeur du Portugal au Cap-Vert
Jorge Encarnaçâo : Vice-consul du Portugal au Cap-vert
Ida Paquin : Représentante du PNUD au Cap-Vert

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