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Séminaire de formation –renforcement des capacités

Par M. NENE BI ARSENE DESIRE

Thème : Leçon inaugurale sur la théorie générale des droits de l’homme

Introduction

I- Opération définitoire des DH et notions voisines

A travers quelques millénaires, l’ancienne Chine nous a laissé une parole de sage qui
s’énonce, in extenso, comme suit : « s’il me fallait, un jour être empereur de Chine, je
commencerais par écrire un dictionnaire ; le malheur des Hommes, c’est qu’ils ne
s’entendent pas sur le sens des mots »

A- Notion de droits de l’homme

L’opération définitoire se rapportant aux droits de l’Homme, ne peut être bien menée que si,
au préalable, les notions d’Homme et de droit sont précisées. D’où, à la manière du Doyen
Georges VEDEL, on s’autorise et se prend à se poser les questions suivantes : « Quels
droits ? Quel Homme ? »

- Au sens subjectif, le droit désigne les prérogatives reconnues à une personne, physique
ou morale, donc à un sujet de droit, afin de lui permettre de jouir d’un bien, matériel
ou immatériel, ou d’exiger d’autrui une prestation. Ces prérogatives comprennent, par
exemple, le droit de propriété, le droit d’élire, le droit d’être élu, le droit à l’éducation,
le droit à la santé, la liberté de se marier, la liberté d’aller et venir.

- Ce mot « Homme », est généralement pris ou compris dans deux sens : au sens
restreint ou au sens large. Stricto sensu, le terme « homme » désigne le sexe masculin,
c’est-à-dire l’être humain mâle. Dans ce cas, l’homme s’écrit toujours avec « h »
minuscule. Lato sensu, le mot « Homme » renvoie, à la fois, au sexe masculin et au
sexe féminin, c’est-à-dire à l’être humain mâle et à l’être humain femelle, dont la vie
comporte plusieurs étapes (âges) : bébé, adolescent, jeune, adulte, vieillard. Il s’agit,
par conséquent, de la personne physique ou personne humaine ; autrement dit, c’est
l’être humain ou tout simplement l’humain. Ce sens large du terme « homme » évoque
l’humanité, l’espèce humaine. Evidemment, c’est cette acception large, renvoyant à
l’expression générique s’appliquant à tout individu de la race humaine, qu’il convient
de retenir lorsqu’on parle de « droits de l’homme » ; de sorte qu’on écrira
indifféremment « droits de l’homme » ou « droits de l’Homme ».
B- Dissociation Droits de l’homme et notions voisines( libertés fondamentales,
libertés publiques, droits du citoyen)

1- Libertés Publiques = droits consacrés nécessairement par le droit positif ; autrement


dit, ce sont des droits fondamentaux reconnus et aménagés par les autorités publiques.
L’adjonction du terme « publiques » aux « libertés » montre indubitablement l’intervention
des pouvoirs publics. Dès lors, il n’existerait pas de « libertés privées »
Jean RIVERO : « Toutes les libertés, qu’elles intéressent directement les relations des
particuliers entre eux ou avec le pouvoir, sont des libertés publiques en ce qu’elles n’entrent
dans le droit positif que lorsque l’Etat en a consacré le principe, aménagé l’exercice, et
assuré le respect. La solution contraire aboutit d’ailleurs à des non-sens. Ce qui rend
« publique » une liberté, quel qu’en soit l’objet, c’est l’intervention du pouvoir pour la
reconnaitre et l’aménager. Cette intervention donne à la liberté, la consécration du droit
positif. Les libertés publiques sont des pouvoirs d’autodétermination consacrés par le droit
positif »
Les Droits de l’Homme sont définis comme des prérogatives (privilèges) reconnues aux
individus, du fait de leur nature humaine. Ce sont des droits qui découlent de la dignité
inhérente à tout être humain. Il convient d’apporter quelques précisions sur la dualité « droits
de l’homme-droits du citoyen ».
2- Droits fondamentaux
Comment dissocier les droits fondamentaux des autres droits de l’homme ?
Question faisant l’objet de débat doctrinal :
- Pour certains penseurs, les droits fondamentaux sont des droits d’une certaine
importance déduits d’une certaine conception de la nature humaine à une époque
donnée.
Jeacques ROBERT : « Pour savoir si telle ou telle faculté constitue une liberté fondamentale,
il faudrait à chaque instant recherché quelles sont celles qui , compte tenu de l’évolution
psychologique et sociale, sont considérées comme présentant un caractère fondamental » (
Libertés Publiques et droits de l’homme)
- Pour d’autres juristes tels le Professeur RIVERO , les libertés fondamentales ou droits
fondamentaux correspondent aux droits civils et politiques, première génération de
droits, qui seraient alors les authentiques droits de l’homme ;
- Enfin, pour une autre catégorie d’auteurs, les droits fondamentaux ou libertés
fondamentales sont constitués de certains droits inscrits dans les déclarations de droits.
KEBA MBAYE « on peut admettre que généralement, on entend par droits
fondamentaux de l’homme, les droits reconnus par la Déclaration universelle des
droits de l’homme de 1948 et par les pactes internationaux relatifs aux droits de
l’homme de 1966 qui doivent être appliqués en tout temps et en tout lieu et qui ne
souffrent d’aucune dérogation » ( Les droits de l’homme en Afrique…)
C’est dire toute la difficulté de définir ce terme ; au surplus les droits reconnus comme étant
intangibles et qui constituent le noyau dur des DH , méritent cette qualification. Elle peut
donc renvoyer aux quatre ( 4) droits fondamentaux des droits de l’homme qui constituent le
noyau dur des droits de l’homme , à savoir : le droit à la vie ; le droit à l’intégrité physique et
morale ; l’interdiction de l’esclavage et de la servitude ; le principe de la légalité pénale

3- Droits du citoyen

La dualité « droits de l’homme et droits du citoyen » incline à opérer deux grandes


distinctions, à savoir : d’une part, les droits de l’homme et les droits du citoyen ne sont pas sur
le même plan ; d’autre part, l’homme ne saurait se confondre au citoyen. En fait, une ligne
invisible, constituant une différence qualitative, sépare aussi bien l’homme et le citoyen que
les droits de l’homme et les droits du citoyen.
Logiquement, les droits du citoyen se rangent à un étage inférieur par rapport aux droits de
l’homme. En effet, l’homme est avant tout un être présocial et pré juridique en ce sens qu’il
préexiste à la société et au droit. Il se différencie, ainsi du citoyen qui est un être situé dans la
société constituée, ou dans la société organisée. Celui-ci est, dans ces circonstances,
conditionné et subordonné à l’Etat, la société des sociétés 1, tandis que celui-là est antérieur et
même supérieur.
Dans un tel schéma, les droits de l’homme ressortissent de manière évidente, au droit naturel,
contrairement aux droits du citoyen qui relèvent du droit positif. Droits innés, les droits de
l’homme sont inhérents à la nature humaine. En tant que tels, ils sont inviolables et sacrés et
s’imposent au pouvoir politique auquel ils préexistent. Ce sont des droits inconditionnels,
voire inconditionnés, par rapport et par opposition aux droits du citoyen qui sont des droits
conditionnés et limités au triple plan géographique, temporel et politique. En clair, ceux-ci
sont à la merci de l’Etat, de chaque Etat, dont ils procèdent et auxquels ils sont subordonnés.
Selon une analyse fort admirable du Professeur Jean RIVERO, « Les droits de l’Homme sont
des libertés. Ils permettent à chacun de conduire sa vie personnelle comme il l’entend. Ils lui
confèrent une sphère d’autonomie dans laquelle la société ne peut s’immiscer (…) Les droits
du citoyen sont des pouvoirs : ils assurent la participation de tous à la conduite de la cité(…).
Cette distinction correspond en réalité, à deux conceptions différentes de la liberté, que
Benjamin Constant a systématisées en opposant la liberté politique ou liberté des Anciens, à
la liberté civile, ou liberté des Modernes (…). Dans la Déclaration, les deux catégories, loin
de s’opposer, sont indissociables : seule la reconnaissance des droits du citoyen peut, dans la
société politique, assurer la conservation des droits de l’homme »2.
Eu égard à son statut particulier, le citoyen bénéficie de droits particuliers que lui accorde la
Déclaration ; ce sont :
- le droit pour chaque citoyen de concourir, personnellement ou par ses représentants, à
la formation de la loi 3;
- Le droit pour tout citoyen de parler, d’écrire, d’imprimer librement, sauf à répondre à
l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi4;
- L’égalité devant l’impôt : une contribution commune doit être également répartie entre
tous les citoyens, en raison de leurs facultés 5 ;
1 GICQUEL(J.), Droit constitutionnel et institutions politiques, op.cit.,p.5
2 RIVERO(J.), Les Libertés publiques, op. cit. , p. 60
3 Article 6 DDHC
4 Article 11 DDHC
- Le droit pour chaque citoyen de constater, soi-même ou par ses représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et
d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée 6.
A l’opposé, les autres dispositions de la DDHC sont d’application immédiates et sont
réservées à l’homme, à tout homme, c’est-à-dire tout être humain. A titre illustratif, on peut
citer quelques droits fondamentaux consacrés par le célèbre texte français de 1789 au profit de
l’homme, de la femme , de l’enfant, de la fille , du garçon , etc : la liberté, la propriété, la
sûreté et la résistance à l’oppression qui sont des droits naturels et imprescriptibles de
l’homme (article 2), la présomption d’innocence (article 9), la liberté de religion et d’opinion
(article 10), la libre communication des pensées et des opinions qui constitue l’un des droits
les plus précieux de l’homme (article 11), etc.
A la vérité, les droits du citoyen constituent un complément, autant qu’un adjuvant, des
droits de l’homme en ce sens qu’ils complètent, enrichissent et même améliorent les droits de
l’homme qui leurs sont antérieurs. Au fond, droits de l’homme et droits du citoyen sont
indivisément et inextricablement liés. En effet, les droits de l’homme se prolongent toujours
sous l’aspect des droits du citoyen car la quête des droits fondamentaux en faveur de tout
homme ne peut être dissociée de celle du citoyen. Il en va ainsi de la liberté-autonomie qui se
prolonge sous la forme de la liberté-participation.

4- Droits individuels et droits collectifs


- La DUDH, le PIDCP, le PIDESC ainsi que la plupart des autres traités internationaux
relatifs aux DH traitent presque exclusivement des droits individuels. A l’exception du
droit à l’autodétermination l’ensemble des droits contenus dans la DUDH sont
énoncés en tant que droits individuels : « chacun a le droit de… », « Tous les êtres
humains… », « Tout individu a le droit de… », Etc.
- En plus des droits individuels, il existe toutefois une catégorie de droits regroupés sous
la dénomination de droits collectifs.
Les droits collectifs également appelés droits des personnes, droits du groupe, droits de
solidarité ou droit de la troisième génération constituent les droits qui s’adressent à et sont
exercés par un peuple ou une collectivité plutôt que par un individu. Les droits du groupe ne
sont pas seulement la somme des droits individuels de chaque membre du groupe. Ils
défendent les droits d’un peuple en tant que tel. Ces droits de la troisième génération sont
fondés sur la notion de « fraternité » en promouvant la solidarité entre les peuples. Le
concepteur de cette notion dite de troisième génération, le juriste français Karel Vasak,
insiste sur cinq droits distincts qui devaient selon lui être inclus dans la catégorie des droits de
solidarité : le droit au développement, le droit à la paix, le droit à un environnement sain, le
droit au « patrimoine commun de l’humanité », le droit à la communication…

5 Article 13 DDHC
6 Article 14 DDHC
II- HISTORIQUE DES DH

Les Droits de l’Homme ont été proclamés à l’échelle internationale pour la première fois par
la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme le 10 décembre 1948 à Paris par les 48
États sur les 56 qui constituaient alors l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations
Unies. Mais avant cette date, des peuples avaient déjà affirmé leurs attachements à des
principes devant garantir le respect mutuel et réciproque des droits et libertés de la personne
humaine. C’est le cas:
● En France, avec la Magna Carta (la Grande Charte) en 1215 et la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ;
● En Angleterre avec l’« habeas corpus » en 1679 et le Bill of Rights du 13 février 1689;
● En Afrique, (Royaume mandingue) avec la Charte de « Kourougan fouka », signé au
14e S. après Jésus-Christ;
● Aux Etats-Unis avec la Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1787.
Au sortir donc de la seconde guerre mondiale avec son cortège d’atrocités, il paraissait
évident et urgent pour les vainqueurs de rappeler ces grands principes qui devraient gouverner
les règles de vie des sociétés humaines évoluées.
Ainsi, sont regroupés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les droits de la
personne, les rapports entre les individus, les libertés publiques et les droits politiques, les
droits économiques, sociaux et culturels (droit au travail, à la protection sociale, au repos, à
l’éducation), l’égalité des hommes et des femmes, la liberté de circulation et de résidence, le
droit d’asile face aux persécutions politiques.
Depuis, de nombreux textes nationaux et internationaux reconnaissent et garantissent les
Droits de l’Homme. La Constitution ivoirienne de la 2 e République du 1er août 2000 en fait
partie.

III- DU POURQUOI AU POUR-QUOI DES DROITS DE L’HOMME

Même dans leur formulation actuelle, telle que nous en avons connaissance à travers les
instruments juridiques internationaux, les droits de l’homme sont loin d’être le monopole
d’une culture particulière qui se serait imposée dans l’histoire. A partir de cette idée de base et
suivant une certaine casuistique, il est possible de penser les droits de l’homme à partir de
quelques postulats :

1- Les droits de l’homme sont tout d’abord, un discours de représentation de l’homme et


cette parole de l’homme sur l’homme vise à définir la place et le statut de l’être
humain dans la société. C’est le fondement philosophique et éthique des droits de
l’homme qui sera peu à peu transcrit en règle de droit. La difficulté à ce niveau réside
dans le fait que toutes les sociétés ont leurs propres discours de représentation de
l’humain ;
2- En deuxième lieu, ils résultent d’une affirmation de la dignité humaine et c’est une
constante dans tous les grands courants religieux. Elle donne aussi aux droits de
l’homme des fondements métaphysiques, d’où leur sacralité - voire leur «
indiscutabilité » ;
3- Ensuite, les droits de l’homme ont également à être pensés comme une révolte de la
conscience humaine, c’est-à-dire comme l’expression de la capacité de l’homme à
s’indigner devant le mal, devant l’arbitraire ou l’inacceptable ;
4- Enfin, les droits de l’homme peuvent être pensés simplement comme une stratégie de
survie face au pire et à la régression barbare. Ce qui traduit là encore la capacité de
l’homme à faire le choix de la vie (et donc de l’à-venir) plutôt que de se complaire
dans la logique de la violence infernale.

De ce qui précède, on peut déduire que les droits de l’homme sont considérés de nos jours
comme des valeurs devant être partagées par l’ensemble de la communauté internationale,
voire par tous les membres de la famille humaine.
Il se dégage de ce statut des droits de l’homme - comme valeurs - trois éléments de réflexion :
1- Les droits de l’homme sont des valeurs fondatrices des sociétés modernes et à ce
titre, les constitutions de nos pays respectifs s’y référent systématiquement,
généralement dès le préambule9. De même, les peuples des Nations unies, résolus
à préserver les générations futures du fléau de la guerre, ont proclamé à nouveau
leur « foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de
la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes… ».
Cette foi dans l’homme et sa dignité intrinsèque sera reprise systématiquement
dans l’ensemble des instruments juridiques internationaux et régionaux relatifs aux
droits de l’homme ;
2- Les droits de l’homme sont des valeurs régulatrices de l’existence collective et des
institutions. Ce qui se vérifie, là encore, à la lecture des textes fondateurs de nos
sociétés qui se disent toutes fondées sur le droit et le règne de la loi ;
3- Les droits de l’homme sont, enfin, des valeurs donatrices de sens, leurs fonctions
étant entre autres de nous amener à nous interroger en permanence sur le sens et le
pourquoi (et le pour-quoi) de notre vivre-ensemble, voire notre être-ensemble.

Penser les droits de l’homme et leur fonction critique revient finalement à s’interroger sur une
triple expérience, à savoir : l’expérience sociale, l’expérience politique et l’expérience
éthique. C’est toute l’approche philosophique des droits de l’homme qui doit consister à
réfléchir et à débattre en permanence sur :
- le sens de notre vie commune malgré nos expériences parfois dramatiques, ce qui la
fonde ou la légitime et nous lie en tant que communauté (nationale, continentale,
internationale ou simplement comme « famille humaine ») ;
- le pouvoir et l’autorité de l’Etat, car c’est le pouvoir qui organise le droit et en assure
la mise en œuvre ; or, la relation pouvoir-droit est à envisager sous deux angles
possibles : si le pouvoir se réfère au droit comme source et limite de toute autorité,
c’est alors un système d’exercice contrôlé du pouvoir que l’on peut appeler Etat de
droit ou démocratie ; mais il arrive aussi que le pouvoir prétende être le droit - ou sa
source première - en s’exerçant sans limite ni contrôle réel et c’est la logique de la
dictature ;
- nos aspirations, nos attentes ou espérances individuelles et collectives ; c’est tout cela
qui constitue la réflexion éthique, non pas nécessairement au sens religieux du terme,
mais au sens de valeurs fondamentales communes ; cette réflexion éthique sur ce qui
constitue nos valeurs communes renvoie à la citoyenneté qui est aussi l’idée morale du
souci de l’autre.

A partir des quatre postulats ci-dessus posés, nous pouvons dire que ce que nous appelons
aujourd’hui « droits de l’homme » correspond en réalité à des expériences vécues dans
différentes sociétés à travers l’histoire. Car, dans toutes les sociétés, la question du statut et de
la dignité irréductibles de l’homme s’est toujours posée d’une manière ou d’une autre. Aussi,
toutes les sociétés ont essayé d’apporter des réponses diverses et variées à la question des
droits de l’homme en produisant des lois, en adoptant des codes ou des mécanismes de
régulation sociale ainsi que des stratégies appropriées pour la survie du groupe. Il est donc
possible d’affirmer que toutes les cultures sont des architectures de réponses, car il n’y a pas
de société sans règles ni de cultures sans tentatives de réponses plus ou moins concrètes aux
questions que l’homme se pose à lui-même, aux autres et à l’univers qui l’entoure.

IV- Principes ou caractères fondamentaux des droits de l’Homme


Les droits de l’Homme sont caractérisés par les principes suivants : Universel, Inaliénable,
Indissociable et Interdépendant, Non discriminatoire.

- Les droits de l'homme sont universels : Les droits de l'homme sont universels, parce
qu'ils découlent de la dignité inhérente à tout être humain, sans distinction de race, de
couleur, de sexe, d'origine ethnique ou sociale, de religion, de langue, de nationalité,
d'âge, de handicap ou de toute autre caractéristique distinctive. Acceptés par tous les
États et tous les peuples, ils s'appliquent également et sans discrimination à tous et
doivent être les mêmes partout et pour tous.
- Les droits de l'homme sont inaliénables : Les droits de l'homme sont inaliénables,
en ce sens que nul ne peut en être privé, si ce n’est que dans des situations spécifiques,
clairement définies dans le droit. Mieux, cela signifie encore qu’on ne peut pas y
renoncer, ils ne sont insusceptibles d’être perdus ou abandonnés. Par exemple, la
personne qui a été reconnue coupable d’un délit par un tribunal peut voir limiter son
droit à la liberté.
- Les droits de l'homme sont indivisibles : L’indivisibilité des droits de l'homme
supposent qu’ils sont indissociables et interdépendants. Parce que chaque droit dépend
des autres et est lié à eux de telle manière que la violation de l’un affecte l’exercice
des autres droits. En d’autres termes, ils sont intrinsèquement liés et ne doivent pas
être considérés isolément les uns des autres. Par exemple, le droit à la vie suppose le
respect du droit à l’alimentation et à un niveau de vie suffisant. Le droit d’être élu à
une fonction publique suppose l’accès à une éducation de base. Nul ne peut défendre
ses droits économiques et sociaux que là où la liberté d’expression, de réunion et
d’association est garantie. Les droits civils et politiques et les droits économiques,
sociaux et culturels sont donc complémentaires et aussi essentiels les uns que les
autres à la dignité et à l’intégrité de chaque personne. Le respect de tous les droits est
une condition du développement et d’une paix durable.
- Les droits sont non discriminatoires : La discrimination envers des groupes
spécifiques a engendré des pires violations des droits de l'homme. Le droit à l’égalité
et le principe de non-discrimination, énoncés explicitement dans des instruments
internationaux et régionaux relatifs aux droits de l'homme, sont donc au centre des
droits de l'homme. Le droit à l’égalité oblige les États à garantir le respect des droits
de l'homme sans discrimination aucune, notamment de sexe, de race, de couleur, de
langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale,
ethnique ou sociale, d’association avec une minorité nationale, de fortune, de
naissance, d’âge, de validité ou d’invalidité, etc. Les critères de discrimination
appliqués par les États et les acteurs non étatiques pour priver certains groupes de la
pleine jouissance de tous leurs droits de l’homme ou de certains d’entre eux reposent
le plus souvent sur ces motifs.

V- Classification des Droits de l’Homme


On classe généralement les Droits de l’Homme en trois (3) générations. Mais il faut retenir
qu’aujourd’hui, on insiste beaucoup plus sur les principes d'universalité, d'indissociabilité et
d'interdépendance de tous les droits de l'homme.
LES DROITS DE LA 1ère GENERATION
• Le droit à la vie
• Le droit de ne pas être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants
• Le droit de ne pas être tenu en esclavage ni en servitude, ni d'être soumis aux travaux
forcés
• Le droit à la liberté et à la sécurité de la personne
• Le droit des personnes détenues d'être traitées avec humanité
• La liberté de circulation
• Le droit à un procès équitable
• L'interdiction de lois pénales rétroactives
• Le droit à être reconnu comme personne devant la loi
• Le droit à la vie privée
• La liberté de pensée, de conscience et de religion
• La liberté d'opinion et d'expression
• L'interdiction de toute propagande en faveur de la guerre et de l'incitation à la haine
nationale, raciale ou religieuse
• La liberté de réunion
• La liberté d'association
• Le droit de se marier et de fonder une famille
• Le droit de prendre part à la direction des affaires publiques, de voter et d'être élu et
d'accéder aux fonctions publiques
• Le droit à l'égalité devant la loi et à la non-discrimination
Ce sont les droits civils et politiques. Ces droits se fondent sur les principes d’égalité et de
non-discrimination. Ils accordent à l’être humain des droits opposables à l’Etat et qui sont
autant de limites à son arbitraire. C'est-à-dire qu’un individu peut obliger l’Etat à lui
reconnaitre ces droits et à les respecter. Ce dernier ne peut les limiter (exceptionnellement oui,
mais à certaines conditions)…ni les supprimer.
LES DROITS DE LA 2ème GENERATION
• Le droit au travail
• Le droit à des conditions de travail justes et favorables
• Le droit de former des syndicats et de s'y affilier
• Le droit à la sécurité sociale
• La protection de la famille
• Le droit à un niveau de vie suffisant, y compris une nourriture, un vêtement et un
logement suffisants
• Le droit à la santé - Le droit à l'éducation
Ce sont les droits sociaux, économiques et culturels. Les droits de la 2e génération sont des
droits qui nécessitent l’intervention de l’État pour être effectifs. L’individu est en mesure
d’exiger de l’État une action positive. On les nomme droits créances ou droits programmes.
Ils sont d’application progressive.

LES DROITS DE LA 3ème GENERATION


Les droits des peuples :
• à disposer d’eux-mêmes
• au développement (Le droit au développement place la personne humaine au centre du
processus de développement et fait d’elle le principal participant et bénéficiaire du
développement).
• à disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles
• à la paix
• à la solidarité
• à un environnement sain.
Ces droits ont émergé dans les années 1980. Bien que les doctrines se divisent encore sur leur
contenu, l’on retient cependant que les Droits de l’Homme de la 3 e génération s’articulent
tous autour du principe fondamental de l’égalité ou de non-discrimination..

VI- «Violations des droits de l’homme » et “abus des droits de l’homme”

- Les violations des droits de l’ homme recouvrent des transgressions par les États
des droits garantis par le droit national, régional et international et les actes et
omissions directement imputables à l’État comportant un manquement à la mise en
œuvre d’obligations légales dérivées des normes concernant les droits de l’homme.
Les violations interviennent lorsqu’une loi, une politique ou une pratique contrevient
délibérément à, ou ignore délibérément, des obligations incombant à l’État, ou lorsque
l’État s’abstient d’une norme de conduite requise ou d’un résultat requis. Des
violations supplémentaires interviennent lorsqu’un État déroge à ou supprime des
protections des droits de l’homme existantes. Tous les droits humains (civils, culturels,
économiques, politiques et sociaux) imposent aux États trois types d’obligations
distinctes : respecter, protéger, et faire. Le manquement d’un État à l’une quelconque
de ces obligations constitue une violation des droits de l’homme. Bien que la
réalisation entière de certains aspects de certains droits ne soit possible que de manière
progressive, cela n’altère pas la nature des obligations légales des États, et ne signifie
pas non plus que tous les droits comportent des composantes qui sont toujours sujettes
à une application immédiate.
Pour ce qui concerne spécifiquement les droits économiques, sociaux et culturels, des
violations peuvent intervenir aussi lorsque l’État manque à satisfaire “les niveaux minimums
essentiels des droits” énoncés par le Comité international des droits économiques et sociaux
(ICESCR), et donc un État où “toutes personnes en nombre significatif sont privées
d’aliments essentiels, de soins de santé primaires essentiels, d’abri et de logement de base, ou
des formes les plus élémentaires de l’éducation, se trouve, à première vue, en violation de
l’ICESCR”. Ces obligations minimales de base s’appliquent sans égard à la disponibilité de
ressources dans le pays concerné, ni à quelque autre facteur ou difficulté.
Toute discrimination fondée sur l’allégation de la race, la couleur, le sexe, la langue,
l’opinion politique ou autre, l’origine nationale ou sociale, la richesse, la naissance ou tout
autre statut ayant pour effet d’annihiler ou d’altérer l’égale jouissance ou exercice de tout
droit de l’homme est constitutive d’une violation des droits de l’homme.
- Le terme « abus des droits de l’homme » qui se veut plus large que violations,
recouvre les atteintes aux droits humains commises par la conduite des acteurs non
étatiques ( Individus , entreprises…)

VII- Itinéraire d’un droit de l’Homme


Il s’agit ici de planter le cadre conceptuel d’un droit de l’Homme. Autrement dit, il s’agit de
répondre à la question de savoir comment naît un droit de l’Homme.
On part du fait que les droits et libertés sont inhérents à la personne humaine. Ils lui sont
donnés par le créateur c'est-à-dire Dieu. Mais au départ, ces droits ne sont nettement perçus.
Et, même s’ils le sont, les plus forts s’opposent généralement à leur extension, à leur
développement.
Ainsi, les droits de l’Homme partent d’abord d’une valeur, un idéal (la liberté, le bien-être).
Ensuite, ils sont proclamés et reconnus aux plans politique et morale (Déclaration). Puis ils
sont garantis par la force juridique (Convention, Pacte, Charte, Accord). Enfin, il devient
effectif à travers son application sur le terrain et sa violation est sanctionnée par la loi (droit
positif).

La ratification : un engagement
La ratification d’une convention est un engagement juridiquement contraignant que contracte
un gouvernement au nom de son État. Toute convention contient des articles qui définissent
des procédures de contrôle et de rapport quant à la façon dont un gouvernement respecte la
convention qu’il a ratifiée. Lorsqu’un gouvernement ratifie une convention, il accepte les
procédures qu’elle définit, dont les éventuels engagements ci-après :
● défendre la Convention, en respectant, promouvant et assurant les droits prévus par
celle-ci, et ne prendre aucune décision interdite par celle-ci ;
● modifier toute législation nationale qui contredit ou ne satisfait pas aux normes
énoncées par la convention ;
● faire l’objet d’un contrôle par une autorité désignée, pour vérifier qu’il respecte ses
engagements ;
● faire rapport, à intervalles réguliers, des progrès réalisés dans la traduction de ces
droits humains dans la vie de ses citoyens.

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