Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Droits de L'homme - DR Nene Bi
Droits de L'homme - DR Nene Bi
Introduction
A travers quelques millénaires, l’ancienne Chine nous a laissé une parole de sage qui
s’énonce, in extenso, comme suit : « s’il me fallait, un jour être empereur de Chine, je
commencerais par écrire un dictionnaire ; le malheur des Hommes, c’est qu’ils ne
s’entendent pas sur le sens des mots »
L’opération définitoire se rapportant aux droits de l’Homme, ne peut être bien menée que si,
au préalable, les notions d’Homme et de droit sont précisées. D’où, à la manière du Doyen
Georges VEDEL, on s’autorise et se prend à se poser les questions suivantes : « Quels
droits ? Quel Homme ? »
- Au sens subjectif, le droit désigne les prérogatives reconnues à une personne, physique
ou morale, donc à un sujet de droit, afin de lui permettre de jouir d’un bien, matériel
ou immatériel, ou d’exiger d’autrui une prestation. Ces prérogatives comprennent, par
exemple, le droit de propriété, le droit d’élire, le droit d’être élu, le droit à l’éducation,
le droit à la santé, la liberté de se marier, la liberté d’aller et venir.
- Ce mot « Homme », est généralement pris ou compris dans deux sens : au sens
restreint ou au sens large. Stricto sensu, le terme « homme » désigne le sexe masculin,
c’est-à-dire l’être humain mâle. Dans ce cas, l’homme s’écrit toujours avec « h »
minuscule. Lato sensu, le mot « Homme » renvoie, à la fois, au sexe masculin et au
sexe féminin, c’est-à-dire à l’être humain mâle et à l’être humain femelle, dont la vie
comporte plusieurs étapes (âges) : bébé, adolescent, jeune, adulte, vieillard. Il s’agit,
par conséquent, de la personne physique ou personne humaine ; autrement dit, c’est
l’être humain ou tout simplement l’humain. Ce sens large du terme « homme » évoque
l’humanité, l’espèce humaine. Evidemment, c’est cette acception large, renvoyant à
l’expression générique s’appliquant à tout individu de la race humaine, qu’il convient
de retenir lorsqu’on parle de « droits de l’homme » ; de sorte qu’on écrira
indifféremment « droits de l’homme » ou « droits de l’Homme ».
B- Dissociation Droits de l’homme et notions voisines( libertés fondamentales,
libertés publiques, droits du citoyen)
3- Droits du citoyen
5 Article 13 DDHC
6 Article 14 DDHC
II- HISTORIQUE DES DH
Les Droits de l’Homme ont été proclamés à l’échelle internationale pour la première fois par
la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme le 10 décembre 1948 à Paris par les 48
États sur les 56 qui constituaient alors l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations
Unies. Mais avant cette date, des peuples avaient déjà affirmé leurs attachements à des
principes devant garantir le respect mutuel et réciproque des droits et libertés de la personne
humaine. C’est le cas:
● En France, avec la Magna Carta (la Grande Charte) en 1215 et la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ;
● En Angleterre avec l’« habeas corpus » en 1679 et le Bill of Rights du 13 février 1689;
● En Afrique, (Royaume mandingue) avec la Charte de « Kourougan fouka », signé au
14e S. après Jésus-Christ;
● Aux Etats-Unis avec la Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1787.
Au sortir donc de la seconde guerre mondiale avec son cortège d’atrocités, il paraissait
évident et urgent pour les vainqueurs de rappeler ces grands principes qui devraient gouverner
les règles de vie des sociétés humaines évoluées.
Ainsi, sont regroupés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les droits de la
personne, les rapports entre les individus, les libertés publiques et les droits politiques, les
droits économiques, sociaux et culturels (droit au travail, à la protection sociale, au repos, à
l’éducation), l’égalité des hommes et des femmes, la liberté de circulation et de résidence, le
droit d’asile face aux persécutions politiques.
Depuis, de nombreux textes nationaux et internationaux reconnaissent et garantissent les
Droits de l’Homme. La Constitution ivoirienne de la 2 e République du 1er août 2000 en fait
partie.
Même dans leur formulation actuelle, telle que nous en avons connaissance à travers les
instruments juridiques internationaux, les droits de l’homme sont loin d’être le monopole
d’une culture particulière qui se serait imposée dans l’histoire. A partir de cette idée de base et
suivant une certaine casuistique, il est possible de penser les droits de l’homme à partir de
quelques postulats :
De ce qui précède, on peut déduire que les droits de l’homme sont considérés de nos jours
comme des valeurs devant être partagées par l’ensemble de la communauté internationale,
voire par tous les membres de la famille humaine.
Il se dégage de ce statut des droits de l’homme - comme valeurs - trois éléments de réflexion :
1- Les droits de l’homme sont des valeurs fondatrices des sociétés modernes et à ce
titre, les constitutions de nos pays respectifs s’y référent systématiquement,
généralement dès le préambule9. De même, les peuples des Nations unies, résolus
à préserver les générations futures du fléau de la guerre, ont proclamé à nouveau
leur « foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de
la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes… ».
Cette foi dans l’homme et sa dignité intrinsèque sera reprise systématiquement
dans l’ensemble des instruments juridiques internationaux et régionaux relatifs aux
droits de l’homme ;
2- Les droits de l’homme sont des valeurs régulatrices de l’existence collective et des
institutions. Ce qui se vérifie, là encore, à la lecture des textes fondateurs de nos
sociétés qui se disent toutes fondées sur le droit et le règne de la loi ;
3- Les droits de l’homme sont, enfin, des valeurs donatrices de sens, leurs fonctions
étant entre autres de nous amener à nous interroger en permanence sur le sens et le
pourquoi (et le pour-quoi) de notre vivre-ensemble, voire notre être-ensemble.
Penser les droits de l’homme et leur fonction critique revient finalement à s’interroger sur une
triple expérience, à savoir : l’expérience sociale, l’expérience politique et l’expérience
éthique. C’est toute l’approche philosophique des droits de l’homme qui doit consister à
réfléchir et à débattre en permanence sur :
- le sens de notre vie commune malgré nos expériences parfois dramatiques, ce qui la
fonde ou la légitime et nous lie en tant que communauté (nationale, continentale,
internationale ou simplement comme « famille humaine ») ;
- le pouvoir et l’autorité de l’Etat, car c’est le pouvoir qui organise le droit et en assure
la mise en œuvre ; or, la relation pouvoir-droit est à envisager sous deux angles
possibles : si le pouvoir se réfère au droit comme source et limite de toute autorité,
c’est alors un système d’exercice contrôlé du pouvoir que l’on peut appeler Etat de
droit ou démocratie ; mais il arrive aussi que le pouvoir prétende être le droit - ou sa
source première - en s’exerçant sans limite ni contrôle réel et c’est la logique de la
dictature ;
- nos aspirations, nos attentes ou espérances individuelles et collectives ; c’est tout cela
qui constitue la réflexion éthique, non pas nécessairement au sens religieux du terme,
mais au sens de valeurs fondamentales communes ; cette réflexion éthique sur ce qui
constitue nos valeurs communes renvoie à la citoyenneté qui est aussi l’idée morale du
souci de l’autre.
A partir des quatre postulats ci-dessus posés, nous pouvons dire que ce que nous appelons
aujourd’hui « droits de l’homme » correspond en réalité à des expériences vécues dans
différentes sociétés à travers l’histoire. Car, dans toutes les sociétés, la question du statut et de
la dignité irréductibles de l’homme s’est toujours posée d’une manière ou d’une autre. Aussi,
toutes les sociétés ont essayé d’apporter des réponses diverses et variées à la question des
droits de l’homme en produisant des lois, en adoptant des codes ou des mécanismes de
régulation sociale ainsi que des stratégies appropriées pour la survie du groupe. Il est donc
possible d’affirmer que toutes les cultures sont des architectures de réponses, car il n’y a pas
de société sans règles ni de cultures sans tentatives de réponses plus ou moins concrètes aux
questions que l’homme se pose à lui-même, aux autres et à l’univers qui l’entoure.
- Les droits de l'homme sont universels : Les droits de l'homme sont universels, parce
qu'ils découlent de la dignité inhérente à tout être humain, sans distinction de race, de
couleur, de sexe, d'origine ethnique ou sociale, de religion, de langue, de nationalité,
d'âge, de handicap ou de toute autre caractéristique distinctive. Acceptés par tous les
États et tous les peuples, ils s'appliquent également et sans discrimination à tous et
doivent être les mêmes partout et pour tous.
- Les droits de l'homme sont inaliénables : Les droits de l'homme sont inaliénables,
en ce sens que nul ne peut en être privé, si ce n’est que dans des situations spécifiques,
clairement définies dans le droit. Mieux, cela signifie encore qu’on ne peut pas y
renoncer, ils ne sont insusceptibles d’être perdus ou abandonnés. Par exemple, la
personne qui a été reconnue coupable d’un délit par un tribunal peut voir limiter son
droit à la liberté.
- Les droits de l'homme sont indivisibles : L’indivisibilité des droits de l'homme
supposent qu’ils sont indissociables et interdépendants. Parce que chaque droit dépend
des autres et est lié à eux de telle manière que la violation de l’un affecte l’exercice
des autres droits. En d’autres termes, ils sont intrinsèquement liés et ne doivent pas
être considérés isolément les uns des autres. Par exemple, le droit à la vie suppose le
respect du droit à l’alimentation et à un niveau de vie suffisant. Le droit d’être élu à
une fonction publique suppose l’accès à une éducation de base. Nul ne peut défendre
ses droits économiques et sociaux que là où la liberté d’expression, de réunion et
d’association est garantie. Les droits civils et politiques et les droits économiques,
sociaux et culturels sont donc complémentaires et aussi essentiels les uns que les
autres à la dignité et à l’intégrité de chaque personne. Le respect de tous les droits est
une condition du développement et d’une paix durable.
- Les droits sont non discriminatoires : La discrimination envers des groupes
spécifiques a engendré des pires violations des droits de l'homme. Le droit à l’égalité
et le principe de non-discrimination, énoncés explicitement dans des instruments
internationaux et régionaux relatifs aux droits de l'homme, sont donc au centre des
droits de l'homme. Le droit à l’égalité oblige les États à garantir le respect des droits
de l'homme sans discrimination aucune, notamment de sexe, de race, de couleur, de
langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale,
ethnique ou sociale, d’association avec une minorité nationale, de fortune, de
naissance, d’âge, de validité ou d’invalidité, etc. Les critères de discrimination
appliqués par les États et les acteurs non étatiques pour priver certains groupes de la
pleine jouissance de tous leurs droits de l’homme ou de certains d’entre eux reposent
le plus souvent sur ces motifs.
- Les violations des droits de l’ homme recouvrent des transgressions par les États
des droits garantis par le droit national, régional et international et les actes et
omissions directement imputables à l’État comportant un manquement à la mise en
œuvre d’obligations légales dérivées des normes concernant les droits de l’homme.
Les violations interviennent lorsqu’une loi, une politique ou une pratique contrevient
délibérément à, ou ignore délibérément, des obligations incombant à l’État, ou lorsque
l’État s’abstient d’une norme de conduite requise ou d’un résultat requis. Des
violations supplémentaires interviennent lorsqu’un État déroge à ou supprime des
protections des droits de l’homme existantes. Tous les droits humains (civils, culturels,
économiques, politiques et sociaux) imposent aux États trois types d’obligations
distinctes : respecter, protéger, et faire. Le manquement d’un État à l’une quelconque
de ces obligations constitue une violation des droits de l’homme. Bien que la
réalisation entière de certains aspects de certains droits ne soit possible que de manière
progressive, cela n’altère pas la nature des obligations légales des États, et ne signifie
pas non plus que tous les droits comportent des composantes qui sont toujours sujettes
à une application immédiate.
Pour ce qui concerne spécifiquement les droits économiques, sociaux et culturels, des
violations peuvent intervenir aussi lorsque l’État manque à satisfaire “les niveaux minimums
essentiels des droits” énoncés par le Comité international des droits économiques et sociaux
(ICESCR), et donc un État où “toutes personnes en nombre significatif sont privées
d’aliments essentiels, de soins de santé primaires essentiels, d’abri et de logement de base, ou
des formes les plus élémentaires de l’éducation, se trouve, à première vue, en violation de
l’ICESCR”. Ces obligations minimales de base s’appliquent sans égard à la disponibilité de
ressources dans le pays concerné, ni à quelque autre facteur ou difficulté.
Toute discrimination fondée sur l’allégation de la race, la couleur, le sexe, la langue,
l’opinion politique ou autre, l’origine nationale ou sociale, la richesse, la naissance ou tout
autre statut ayant pour effet d’annihiler ou d’altérer l’égale jouissance ou exercice de tout
droit de l’homme est constitutive d’une violation des droits de l’homme.
- Le terme « abus des droits de l’homme » qui se veut plus large que violations,
recouvre les atteintes aux droits humains commises par la conduite des acteurs non
étatiques ( Individus , entreprises…)
La ratification : un engagement
La ratification d’une convention est un engagement juridiquement contraignant que contracte
un gouvernement au nom de son État. Toute convention contient des articles qui définissent
des procédures de contrôle et de rapport quant à la façon dont un gouvernement respecte la
convention qu’il a ratifiée. Lorsqu’un gouvernement ratifie une convention, il accepte les
procédures qu’elle définit, dont les éventuels engagements ci-après :
● défendre la Convention, en respectant, promouvant et assurant les droits prévus par
celle-ci, et ne prendre aucune décision interdite par celle-ci ;
● modifier toute législation nationale qui contredit ou ne satisfait pas aux normes
énoncées par la convention ;
● faire l’objet d’un contrôle par une autorité désignée, pour vérifier qu’il respecte ses
engagements ;
● faire rapport, à intervalles réguliers, des progrès réalisés dans la traduction de ces
droits humains dans la vie de ses citoyens.