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Classification des droits et des choses

Le lien entre la chose et le droit est que le droit définit le régime juridique des choses. En
droit on aime deux choses, qualifier et classifier. Qualifier est le fait de définir le régime
juridique applicable.

I. La classification des droits :


Dans une première distinction, on distingue entre les droits patrimoniaux et les droits extra
patrimoniaux.
A. Les droits patrimoniaux :
Le patrimoine d’une personne c’est ce qu’il possède, sa fortune, elle peut être petite ou
grande. Il contient les terrains, les revenues, les maisons…
La principale caractéristique des droits patrimoniaux est qu’ils ont une valeur pécuniaire,
c.à.d. une valeur en argent. La deuxième caractéristique c’est qu’ils peuvent faire l’objet de
transactions (tous les contrats liés à l’objet : contrat de vente, contrat d’échange, contrat
d’hypothèque). Ces droits se subdivisent en droits réels et droits personnels ou droits de
créance. En ce qui concerne les droits personnels, appelés aussi droits de créance, il ne faut
pas les confondre avec les droits de personnalité. Ces derniers sont des droits extra
patrimoniaux. Les droits personnels ou de créance mettent en présence le créancier et le
débiteur, entre ces deux il y a une prestation. Le débiteur doit cette dernière au créancier. Et
le créancier doit payer le débiteur.

• Les droits réels :


La racine latine des droits réels est « res » qui veut dire chose, du coup ils portent sur la
chose. Ces droits sont complets car ils confèrent les trois prérogatives (usus, fructus, abusus)
comme le droit de propriété. Ils sont opposables à tous (opposables erga omnes). Par
exemple, le droit de propriété qu’une personne détient sur une chose est opposable à tous.
Ce caractère empêche d’autres personnes à s’en emparer ou simplement à empiéter sur sa
propriété. Ainsi que ces droits confèrent un certain nombre de prérogatives à leurs titulaires
dont notamment le droit de suite et le droit de préférence.
✓ Le droit de suite :
Le droit de suite est une prérogative liée au droit réel qui donne la possibilité au titulaire de
suivre (en réclamant notamment en justice) le bien lui appartenant entre quelques mains
qu’il se trouve en cas de vol ou de cession indue du bien. Le droit de suite n’est pas rattaché
à une personne, mais à un bien. C’est pour cela qu’on parle de lui comme étant un droit réel.
Ex : le droit de propriété donne la prérogative de droit de suite, c.à.d. que je peux suivre
mon bien où il se trouve car j’ai le titre de propriété.
✓ Le droit de préférence :
Le droit de préférence est très important dans une relation entre créancier et débiteur. Ce
droit est un avantage accordé à un créancier. Il lui permet d’être payé avant les autres
créanciers du débiteur. Pour cette raison, on dit que le droit de préférence est une
dérogation au principe de liberté entre les créanciers d’un même débiteur. Les créanciers qui
n’ont pas de garantis sont appelés créanciers chirographaires. Pour se protéger dans ces
situations, il y a deux moyens. Premièrement, l’hypothèque. Ce dernier ne porte que sur les
biens immobiliers immatriculés. Deuxièmement, le gage. Il porte sur les biens mobiliers. Il
permet au débiteur de proposer un bien mobilier pour garantir ses dettes. La force de
l‘hypothèque par rapport au gage est que l’hypothèque n’entraine pas dépossession du
débiteur, ça signifie que le débiteur peut continuer à exercer les trois attributs du droit de
propriété. Alors que le gage entraine la dépossession. Autrement dit, il entraine la remise de
la chose du débiteur entre les mains du créancier. Le créancier exerce un droit de rétention
sur la chose mobilière objet du gage. Ainsi que le gage a apparu avant l’hypothèque. Il était
un des seuls moyens d’avoir du crédit avec sa fortune mobilière.

• Les droits réels principaux et droits réels accessoires :


✓ Les droits réels principaux :
Les droits réels principaux sont définies par le législateur. Ils sont limitativement énumérés
par l’art. 9 du Code des droits réels. Le droit réel principal n’a pas besoin d’être compléter
par une chose d’accessoires, il s’autosuffit. Ces droits sont : le droit de propriété, les
servitudes et les services fonciers, l’usufruit, la rente viagère, le droit d’usage, le droit de
superficie, l’emphytéose, le droit de habous, le droit de zina, le droit de haoua et les droits
coutumiers dont l’existence est confirmée avant l’entrée en vigueur de la présente loi.
✓ Les droits réels accessoires :
Les droits réels accessoires ne peuvent pas exister à eux-mêmes. Ils n’ont pas d’autonomie.
Ils sont toujours rattachés à un droit réel principale. Ils constituent des sûretés réelles qui
garantissent l’exécution de la prestation par le débiteur. Ils sont de trois sortes.
➢ Les privilèges : ils sont prévus par le législateur. Les privilèges comme leur nom
l’indique, ce sont un avantage par rapport à d’autre. Ils servent et renforcent les
droits du créancier et lui donne la priorité par rapport aux autres créanciers même
les hypothécaires. Leur nombre et leur rang sont définis par la loi.
➢ Le nantissement : attaché au droit commercial. Dans le nantissement, il s’agit d’un
fonds de commerce. C’est le propriétaire qui va se servir de son fonds de commerce
pour avoir un crédit. Il est une sureté conventionnelle portant sur des choses
mobilières.
➢ L’hypothèque : droit réel accessoire établi sur un immeuble immatriculé ou en cours
d’immatriculation, affecté à la garantie du paiement d’une créance.
• Les droits personnels :
Les droits personnels, appelés aussi droits de créances, permettent au créancier d’obtenir
l’exécution de la prestation par le débiteur, selon les termes définis dans le contrat. Soit une
exécution d’un travail, remboursement d’un prêt, livraison d’une marchandise ou une simple
abstention. Leur principale source étant l’autonomie de la volonté des parties qui régit la
matière contractuelle par le principe de la liberté contractuelle. Ces droits ne sont pas
limitativement énumérés par la loi, à conditions de respecter les limites imposées par elle.
Les droits personnels sont inférieurs aux droits réels car ils ne confèrent ni le droit de suite,
ni le droit de préférence. Pour renforcer le droit de créance, il faut mettre une sureté réelle.
En cas de saisie, les créanciers chirographaires passent après les bénéficiaires d’une sureté
réelle.

• Les droits intellectuels :


Les droits intellectuels représentent une catégorie qui a apparue récemment. Ce sont des
droits absolus comme les droits réels mais ils se distinguent dans la mesure où ils ne portent
pas sur des objets matériels. Ils se rapprochent aussi des droits personnels. Ils s’en
distinguent premièrement par le fait qu’ils sont opposables à tous (erga Omnes).
Deuxièmement, ils ne s’exercent pas contre un débiteur. Ainsi qu’ils portent sur la création
de l’esprit ou bien sur la clientèle. Il existe des lois qui régissent tout cela.
✓ La création de l’esprit : il y a la propriété littéraire et artistique. Elle est
composée de deux choses. Dans un premier lieu, les droits d’auteur. Ils
renvoient au droit exclusif de créer, reproduire, publier ou exécuter une œuvre
littéraire, artistique, dramatique ou musicale unique. En général, le droit
d’auteur appartient à l’inventeur. Et dans un deuxième lieu, les droits voisins.
Ce sont les droits de la propriété intellectuelle rattachés au droit de la
propriété littéraire et artistique. En raison de leur participation à l’élaboration
de l’œuvre, les titulaires de droits voisins bénéficient du droit d’exploitation de
leur travail. Ainsi que la propriété industrielle. Elle sert à sauvegarder et à
commercialiser les inventions, les innovations et les autres créations
commerciales ou industrielles. Elle comprend notamment les brevets
d’invention, les dessins et modèles, les marques de fabrique…
✓ Le droit de clientèle : c’est un élément essentiel d’un fonds de commerce. La
capacité d’un fonds de commerce pour attirer la clientèle est ce qu’on appelle
l’achalandage. Elle constitue un bien mobilier incorporel et immatériel
cessible.
B. Les droits extrapatrimoniaux :
Les droits extrapatrimoniaux sont à l’opposé des droits patrimoniaux. Ils n’ont pas de valeur
pécuniaire car ils régissent tous ce qui est vie personnelle de la personne, son honneur, son
nom, ces libertés fondamentales. Autrement dit, il s’agit des droits de la personnalité. Ces
droits sont inhérents à la personne humaine. Ce ne sont pas des biens et de ce fait, ils sont
placés hors commerce, c.à.d. qu’on ne peut faire aucune transaction sur eux. Ainsi qu’ils
sont incessibles et intransmissibles, ce qui signifie qu’ils disparaissent avec la mort de la
personne. Et ils sont insaisissables et imprescriptibles, c.à.d. qu’ils ne s’éteignent pas par le
non-usage.

II. La classification des choses :


On classifie les choses pour définir le régime juridique applicable. Parmi les classifications les
plus importantes des choses, on y trouve la distinction entre les meubles et les immeubles,
et entre les choses fongibles et choses non fongibles.
A. Les immeubles :
Les immeubles sont caractérisés par le fait qu’ils sont des biens corporels, c.à.d. tangibles,
qui se distinguent par leur fixité. Les immeubles se subdivisent en :

• Immeubles par nature : ce sont les véritables immeubles. Ceux qui adhèrent au sol.
Ils ne sont pas susceptibles de déplacement. Par exemple, les constructions
mobilières, les terrains nus, les terres agricoles, les ouvrages d’art…
• Immeubles par destination : c’est une fiction et une invention juridique. Car ces
immeubles sont en réalité des biens meubles, du coup non fixé au sol. Ils deviennent
des immeubles par destination lorsqu’ils se rattachent de façon pérenne à un
immeuble dont l’exploitation n’est réalisable qu’avec ces immeubles. Vu cette
relation indispensable qui lie les deux biens, la loi leur attribue le même régime
juridique. On distingue entre :
- Les meubles destinés à l’exploitation d’un fonds et qui en constituent les
accessoires nécessaires, sans pour autant être rattachés à ce fonds de
manière perpétuelle.
- Les meubles attachés à perpétuelle demeure à un immeuble par le
propriétaire. Cette attache doit être matérielle. Ici donc le rapport de
destination doit se manifester par un élément matériel.
• Immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent : il s’agit tout d’abord des droits réels
immobiliers. Par exemple, l’usufruit d’une chose immobilière, les servitudes, le
habous, le droit d’usage et d’habitation, l’emphytéose, le droit de superficie et
l’antichrèse. Ainsi que les actions réelles immobilières. Il s’agit des actions judiciaires
tendant à revendiquer un immeuble.
B. Les meubles :
Les meubles sont les biens qui peuvent se déplacer ou être déplacés facilement. On
distingue entre :

• Les meubles corporels :


✓ Les meubles par nature : ils forment en réalité la première catégorie des
meubles. Il s’agit de tous les biens qui sont mobiles par leur nature, qui peuvent
se transporter d’un lieu à un autre. Soit par leurs propres moyens ; comme les
animaux. Soit par l’effet d’une force étrangère, comme les véhicules.
✓ Les meubles par anticipation : ce sont des biens immobiliers du fait de leur
adhérence au sol, mais comme ils ont vocation à s’en détacher. Ce sont des
biens dont la fixité est temporaire. Du coup, la loi les considère, par anticipation,
autant que des biens meubles.
• Les meubles par détermination de la loi :
Ce sont tous les droits et actions qui ne portent pas sur des immeubles. Par exemple, les
parts sociales, le fonds de commerce.

• Les navires et les aéronefs :


Ce sont des biens meubles qui ont les caractéristiques d’un bien immeuble, du fait qu’ils sont
hautement individualisés. Les navires ont un nom, un port d’attache qui sont immatriculés,
ce qui leur confère une nationalité (loi du pavillon). Les aéronefs ont la nationalité du pays
de leur immatriculation. Ils peuvent notamment être hypothéqués.
C. Intérêt de la distinction :
La nature de la chose influe sur l’exécution de l’obligation qui porte sur elle. Le régime
juridique des meubles et des immeubles est différent. Ainsi qu’on matière immobilière la
preuve de la propriété d’un bien ne peut se faire que sur présentation du titre de propriété.
Cette preuve se fait par simple possession suivant l’adage qui dit « En fait de meubles la
possession vaut titre ». La propriété crée une présomption de propriété. En cas de litige,
pour les biens immeubles la juridiction compétente est celle du lieu de situation du bien, et
pour les biens meubles la juridiction compétente est celle du domicile du défendeur. En cas
de vente ou de saisie immobilière, il faut respecter le formalisme juridique. En cas de vente
ou de saisie mobilière c’est la souplesse.
Dans une deuxième distinction des choses, on a les choses consomptibles et les choses non
consomptibles.
A. Les choses consomptibles :
Ce sont les biens qui se consomment qu’une seule fois. Et ils se détruisent après le premier
usage.
B. Les choses non consomptibles :
Contrairement aux choses consomptibles, ces biens sont durables. Comme les meubles et les
immeubles.
C. Intérêt de la distinction :
La distinction entre les choses consomptibles et non consomptibles présente plusieurs
intérêts. Car la nature de la chose influe sur l’exécution de l’obligation qui porte sur elle. Si
l’obligation porte sur une chose consomptible, le débiteur n’est pas tenu de restituer cette
même chose puisqu’elle se consomme ou se détruit par le premier usage. Mais si l’obligation
porte sur une chose non consomptible, le débiteur est tenu de restituer la chose-même
objet de l’obligation. Ex : prêt à usage ou commodat (art. 830 DOC), dans lequel le prêteur
conserve la propriété et la possession juridique des choses prêtées, l’emprunteur n’en a que
l’usage.
Dans une dernière distinction des choses. Il y a les choses fongibles et les choses non
fongibles.
A. Les choses fongibles :
Les choses fongibles, appelées aussi choses de genre, sont interchangeables. Elles peuvent
être remplacées par équivalent en cas d’entreposage. Du coup, elles sont des matières ou
marchandises qu’on ne peut pas individualiser.
B. Les choses non-fongibles :
Les choses non fongibles sont des corps certains et individualisables. Elles ne sont pas
interchangeables. Autrement dit, ce sont les biens qui ne peuvent être remplacés par une
chose de même nature.
C. Intérêt de la distinction :
La nature de la chose influe sur l’exécution de l’obligation qui porte sur elle. Concernant les
choses fongibles : l’art. 246 du DOC prévoit que « le débiteur ne doit que la même quantité,
qualité et espèce portée dans l’obligation, quelle que soit l’augmentation ou la diminution
de la valeur ». Concernant les choses non fongibles (corps certains) : l’art. 245 du DOC
dispose que le débiteur « est libéré par la remise de la chose en l’état où elle se trouve lors
du contrat ».

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