Vous êtes sur la page 1sur 1

L3 Économie et gestion – Cours de Stratégie d’entreprise – Fréderic Héran/Sandrine Meeschaert

Disney – Pixar : externalisation ou intégration ?

Extrait de Laurence LEHMANN-ORTEGA et alii, 2013, Strategor : toute la stratégie d’entreprise, Dunod, Paris, 6e édi-
tion, p. 207.

les termes du contrat en échange d’un allongement de


Questions sa durée. À l’occasion de la renégociation du contrat,
1. Pourquoi Disney a-t-il décidé d’externaliser la pro- Disney acquiert également 5 % du capital de Pixar. Les
duction des films d’animation en 3D auprès de Pixar ? films réalisés dans le cadre du contrat de 1997 sont
1 001 Pattes (1998), Toy Story 2 (1999), Monstres et
2. Pourquoi Disney a-t-il fini par racheter son parte-
Cie (2001) et surtout Le Monde de Nemo (2003) qui
naire en 2006 ?
réalise l’exploit de détrôner Le Roi Lion (film réalisé
par Disney) au classement des films d’animation les
plus rentables.
Au début des années 1990, Disney est une entre- Au même moment, l’échec de la Planète du Trésor,
prise diversifiée qui possède des parcs de loisirs, des un film d’animation en 2D entièrement réalisé par Dis-
chaînes de télévision, une maison d’édition, des studios ney, se traduit par une perte de 100 millions de dollars.
de cinéma, des sociétés de production et de distribution Steve Jobs profite alors de la situation pour tenter de
de films ainsi qu’un circuit de commercialisation de renégocier à nouveau les termes de l’accord avec Dis-
produits dérivés. Son business model consiste à créer ney. Il demande que les nouvelles conditions s’appli-
des personnages de dessins animés et à les exploiter quent rétroactivement aux Indestructibles et à Cars,
sous toutes les formes possibles. La société Pixar a été deux films qui devaient normalement être régis par
créée en 1986, suite au rachat de la division « images l’accord de 1997. Steve Jobs justifie cette exigence de
de synthèse », de LucasFilm par Steve Jobs. Entre 1986 la manière suivante : « Le fait d’inclure les deux pro-
et 1991, l’entreprise se spécialise dans la réalisation de chains films dans le nouveau contrat est une pratique
publicités, de clips et de jeux vidéos. Elle commercia- courante à Hollywood lorsqu’un studio veut s’assurer
lise également les logiciels d’animation qu’elle a déve- d’un contrat à plus long terme avec un partenaire de
loppés (RenderMan, Marionette et Ringmaster). valeur. C’est ce que n’importe quel autre studio aurait
À la fin des années 1980, Pixar commence à faire fait. »
parler d’elle avec Luxa Junior, son premier court mé- Après plusieurs mois de discussions et une contre-
trage d’animation en 3D. Elle réalise également les ef- proposition de Disney, les négociations sont interrom-
fets spéciaux de films comme La Belle et la Bête et pues en février 2004. Quatre studios sont pressentis
Terminator 2. Toutefois, sa situation financière reste pour prendre en charge la distribution des films de
précaire. Steve Jobs cherche à la revendre plusieurs Pixar : Twentieth Century Fox, Sony Pictures, Warner
fois… mais il n’y parvient jamais. En revanche, il finit Bros et Universal. Contre toute attente, aucun accord
par arracher un accord à Disney. Toy Story sort en n’est annoncé. Les renégociations reprennent avec Dis-
1995 et révolutionne le monde du film d’animation. Il ney dès l’arrivée d’un nouveau PDG, Bob Iger. En jan-
va également contribuer à redynamiser le marché du vier 2006, Disney annonce le rachat de Pixar pour un
dessin animé. Alors que les films d’animation tradi- montant de 7,4 milliards de dollars (soit cinquante fois
tionnels (comme ceux de Disney) sont avant tout desti- son chiffre d’affaires ou encore le prix de soixante-dix
nés aux enfants âgés de quatre à dix ans, ceux de Pixar de ses films). Depuis, Toy Story 3, un film de Pixar, est
attirent également les adolescents et les adultes. devenu le film d’animation le plus rentable de l’histoire
Mis en confiance par ce succès, Steve Jobs menace en dépassant le milliard de dollars de recettes.
de mettre fin à la relation avec Disney si le contrat D’après J. Barthélemy, 2011.
n’est pas rééquilibré en faveur de Pixar. Michael Eis-
ner, le PDG de Disney, finit par accepter de renégocier

Vous aimerez peut-être aussi