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Câbles d’énergie : recherche

et identification de défauts

par Henri KUZYK


Formateur Chef de projet au SFP (Service de la Formation Professionnelle)
d’Électricité de France

1. Généralités................................................................................................. D 4 541v2 – 2
1.1 Câbles d’énergie .......................................................................................... — 2
1.2 Défauts ......................................................................................................... — 4
2. Procédure de recherche de défauts .................................................... — 6
3. Identification du défaut ......................................................................... — 6
3.1 Mesure de résistance d’isolement ............................................................. — 6
3.2 Essai diélectrique......................................................................................... — 8
3.3 Mesure de continuité .................................................................................. — 8
Références bibliographiques ......................................................................... — 8
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 545

es matériels électriques ont évolué de manière extrêmement importante au


L cours des 5 à 10 dernières années et des méthodes de recherche des défauts
ont considérablement été améliorées. D’ailleurs, après un jeu de chaises musi-
cales très âpre, il ne reste plus que deux constructeurs de voitures laboratoires
en Europe. Dans ce même temps, assez logiquement, plusieurs méthodes ont
progressivement décliné ou ont disparu. En conséquence, les modes opératoi-
res ont finalement été adaptés à cette nouvelle situation.
Après l’apport déterminant de Henri HUBIN (chef de la Division technique Élec-
tricité du Site SFP de Nanterre) dans les méthodes de recherche de défauts, c’est
aujourd’hui, un très petit groupe d’experts du Service de la Formation Profes-
sionnelle (SFP) d’Électricité de France qui entretient ce savoir. Une salle de cours
exceptionnelle permet de mettre en œuvre pratiquement tous les matériels exis-
tants, dans des conditions quasi réelles en prenant en compte toutes les
contraintes réglementaires et de sécurité.
En plus de la formation des utilisateurs (Électricité de France, RTE, filiales
d’EDF, entreprises d’électricité ou d’éclairage public, autres distributeurs en
Europe et dans le monde), cet outil permet également de participer au dévelop-
pement de nouveaux équipements, en partenariat avec les constructeurs de
matériels et de les valider.
Pour des techniques particulièrement nouvelles telles que les essais à très basses
fréquences (VLF), le diagnostic de câbles ou la mesure des décharges partielles, ce
partenariat implique la Division Recherche & Développement du groupe EDF.
Ce fascicule fait partie d’un dossier sur la recherche de défauts dans les
réseaux de câbles d’énergie :
— [D 4 541v2] « Câbles d’énergie : recherche et identification de défauts » ;
— [D 4 542] « Câbles d’énergie : prélocalisation des défauts par échométrie » ;
— [D 4 543] « Câbles d’énergie : théorie de l’échométrie » ;
— [D 4 544] « Câbles d’énergie : méthodes de localisation des défauts » ;
— [Doc. D 4 545] « Câbles d’énergie. Pour en savoir plus ».

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Madame, Monsieur
17/09/2008
CÂBLES D’ÉNERGIE : RECHERCHE ET IDENTIFICATION DE DÉFAUTS ______________________________________________________________________________

1. Généralités 1.1.2 Câble à champ non radial

Cette structure concerne essentiellement les câbles basse tension.


Cependant, il y a quelques dizaines d’années, on a posé en réseau
1.1 Câbles d’énergie des câbles à champ non radial jusqu’à des tensions de service de
15 kV. L’isolant est principalement du papier imprégné d’huile,
On peut les classer selon différents critères. migrante ou non (figure 4).

Par niveau de tension : hormis les cas particuliers des câbles à Faute d’écran individuel, on constate que les isolants sont le siège
huile ou à gaz en HTB, on note que tous les câbles à isolement de contraintes importantes. En effet, le champ électrique en un point
papier ou synthétique, quels que soient leurs niveaux de tension, quelconque de l’isolant est constamment variable en grandeur et en
bénéficieront des mêmes méthodes de prélocalisation et de locali- dimension. Les lignes de force peuvent être tangentielles. Si des
sation de défauts. bulles de gaz (vacuoles) sont emprisonnées entre les couches de
papier, on risque la destruction de l’isolant (figures 5 et 6).
Par type de réseau : arborescents en basse-tension, à coupure
d’artère avec ou sans dérivation ou en double dérivation en HTA ou
Ce câble ne dispose que d’un seul écran, collectif. Les défauts
encore strictement sans dérivation en HTB, la structure des réseaux
phase/écran, mais aussi ceux entre phases sont possibles.
va seulement conditionner le choix de certaines méthodes de prélo-
calisation en raison du rapport efficacité/sécurité.
Par structure de câble : avant d’en arriver aux câbles unipolaires à 1.1.3 Tensions maximales d’essais
isolation synthétique posés aujourd’hui, nous avons connu diverses
évolutions en passant par les câbles tripolaires métallisés, les câbles
« tri plomb », ceux à ceinture, etc. La structure des câbles influence La tension assignée est un ensemble de trois valeurs exprimées
directement le nombre des mesures à réaliser pour caractériser le en kV qui s’écrivent habituellement sous la forme suivante :
type du défaut.
U 0 /U ( U M )
1.1.1 Câble à champ radial
— U0 est la tension efficace entre phase et écran ;
D’une manière générale, un câble unipolaire se présente sous la — U est la tension efficace entre deux phases ;
forme d’un condensateur cylindrique (figure 1) constitué essentiel-
lement de : — UM est la tension efficace entre phases, pour laquelle le câble
et ses accessoires ont été conçus.
— une âme conductrice câblée ou segmentée, en cuivre ou en
aluminium (les sections variant entre 0,35 et 1 600 mm2) ; C’est la valeur de U0 qui sert à définir l’épaisseur de l’isolant, la
— un écran semi-conducteur interne (pour les câbles dont la ten- tension d’essai diélectrique et la tension maximale à mettre en
sion d’utilisation est supérieure à 3 kV), extrudé ou rubané, dont le œuvre en situation de recherche de défauts. Ce qu’on a appelé
rôle est d’homogénéiser le champ électrique ; « tension spécifiée » il y a quelques années correspond à U0.
— une enveloppe isolante en matériau polymérique (polyéthy-
lène, polyéthylène réticulé, caoutchouc, polychlorure de vinyle, les
enveloppes isolantes en papier imprégné n’étant plus utilisées que
pour les câbles haute tension courant continu) dont l’épaisseur varie
entre 0,5 et 30 mm selon la tension d’utilisation et la nature du Écran semi-conducteur Gaine PVC
matériau ; externe
Laque vinylique
— un écran semi-conducteur externe (cas des tensions Enveloppe
supérieures à 3 kV), dont le rôle est d’homogénéiser le champ élec- isolante PRC Écran en
trique au niveau des électrodes ; Semi-conducteur aluminium
— un écran métallique (en plomb, en aluminium ou en cuivre), interne
dont le rôle est : Poudre
Âme conductrice hygroscopique
en aluminium
• de constituer une électrode de référence,
• de permettre l’évacuation des courants de courts-circuits
homopolaires, Figure 1 – Câble S23 radial
• d’assurer l’étanchéité radiale,
• d’orienter et de canaliser les lignes du champ électrique.
— enfin, une gaine de protection externe en matériau polymé-
rique, jouant un rôle de protection contre la corrosion, favorisant
l’étanchéité, la protection mécanique à la pose et, lorsque cela est
nécessaire, assurant une isolation électrique de l’écran par rapport au
sol.
Dans cette structure de câble, les écrans sont tous au même
potentiel et reliés à la terre. Les lignes de forces sont toujours per-
pendiculaires aux couches de l’isolant (figure 2a). Chaque conduc-
teur dispose d’un écran individuel (figure 2b). Ce câble ne peut donc
subir que des défauts phase/écran. Le défaut phase/phase direct est a câble unipolaire b câble tripolaire
impossible par construction, en théorie. Les utilisateurs disent que
cela peut être une réalité. On ne pose, aujourd’hui, que des câbles
torsadés (figure 3). Figure 2 – Câble radial

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Isolement XLPE extrudé


épaisseur 5,5 mm

Poudre Écran semi-


hygroscopique conducteur extrudé

Âme câblée aluminium


Gaine extérieur PVC section 95, 150 et 240 mm2
de 3 mm d’épaisseur

Écran aluminium Écran semi-


de 0,2 mm d’épaisseur conducteur extrudé,
pelable et rainuré longitudinalement
Figure 3 – Câble XLPE

Conducteur
Écran semi- Écran Matelas Isolant
conducteur Ceinture Revêtement
Feuillards
d’acier
Neutre
périphérique
Neutre
sous plomb
Gaine extérieure

Conducteur Bourrage Armure Figure 6 – Câble BT non radial

Isolant Gaine étanche


1.1.3.1 En situation de recherche de défaut
a
L’expérience a montré que pour les ouvrages BT et HTA, il ne fal-
Ceinture lait pas dépasser trois fois la valeur de la tension assignée U0 du
Bourrage isolante Matelas Revêtement câble ou de la liaison en essai.

Tension limite maximale d’essais = 3 U0

Cette prescription s’applique à toutes les étapes d’une recherche


de défauts : essais diélectriques, méthodes de mesure, localisation
par ondes de choc, etc.
Conducteur Gaine étanche
Exemples
Isolant Armure
câble BT : U0 = 0,6 kV → Umax ≤ 1,8 kV
b câble BT : U0 = 1 kV → Umax ≤ 3 kV
câble HTA 5,5 kV à ceinture : U0 = 5,5 kV → Umax ≤ 16,5 kV
câble HTA 20 kV à champ radial : U0 = 12 kV → Umax ≤ 36 kV
Figure 4 – Câble papier

1.1.3.2 Sur câbles neufs HTA avant première mise en service


À ce jour, c’est la norme internationale CEI 60502 qui régit ces
essais pour les câbles HTA et HTB.
Si on les réalise en tension continue, la limite des essais est fixée
Conducteur
à 4 U0 et la durée de l’essai est de 15 min appliqué entre chaque
Isolant conducteur et l’écran. On doit faire autant d’essais que le câble
comporte de phases.
Ceinture isolante
La norme prévoit une alternative pour réaliser les essais à
Écran métallique fréquence industrielle en appliquant :
Lignes de champ électrique — soit un essai pendant 5 min à la tension entre phases du
réseau ;
— soit un essai pendant 24 h à la tension nominale de service du
réseau.
En effet, des travaux menés dans le cadre de la CIGRE [1] montre
que le test à tension continue est préjudiciable pour les câbles syn-
Figure 5 – Câble ceinture non radial thétiques anciens, car des zones de l’isolation restent polarisées

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après application de la tension, ce qui occasionne des contraintes de (0)

champs qui viennent s’ajouter à celles de la tension de service. Des Tableau 1 – Principales tensions assignées (en kV)
recommandations ont été éditées dans ce sens par la CIGRE [2].
Câbles à champ radial Câbles à champ
Une autre alternative, mise en œuvre par certains électriciens Tension non radial
européens, en Allemagne notamment, consiste à réaliser le test à nominale
très basses fréquences (VLF) à 0,1 Hz et a été intégrée au document du réseau U0/U Anciens U0/U Anciens
câbles U0 câbles U0
normatif européen [3].
0,6 0,6
Concernant les réseaux d’Électricité de France, au lieu d’appliquer
ce type d’essais nécessitant des équipements nouveaux, c’est l’état 1 1
de la gaine extérieure qui est contrôlé. Un appareil agréé, le
3 3/3
TESTECRAN, mesure la résistance de la gaine (entre l’écran et la
terre). Dans le cas où cette valeur est inférieure à 2 MΩ, on se 3,2 3,2
retrouve dans le cas d’une recherche de défauts classique, avec une
5,5 3,2 5,5
suspicion d’incident. La limite des essais retombe à 3 U0. Si on est
au-dessus de cette valeur, le câble est considéré comme bon. Les 6 6/6
générateurs VLF pourraient, toutefois, être utilisés dès à présent.
10 6/10 5,8 10
15 8,7/15 8,7 15
1.1.3.3 Sur câbles BT
20 12/20 11,6
Aucun essai particulier n’est à appliquer hormis une vérification à
l’ohmmètre sur une position 500 V – 10 mA. Cependant, l’essai à 30 18/30 17,5
3 U0 reste possible. 45 26/45 26
63 36/63
1.1.3.4 Diagnostic des câbles
90 52/90
Les techniques de diagnostic des câbles n’entrent pas dans le
périmètre traité par le présent dossier. Ces techniques visent à 150 87/150
apprécier l’état d’un réseau et par extension se prononcer sur sa 225 130/225
pérennité. Ces techniques sont l’objet de développements perma-
nents mais on peut ici donner les potentialités de certaines d’entres 400 231/400
elles à partir de travaux menés à la R&D d’EDF.
Mesure de l’angle du facteur de perte (tangente delta) : cette
mesure peut être réalisée à une très basse fréquence fixe (0,1 Hz ou
en balayant un spectre basse fréquence entre 0,001 et 100 Hz) per- 1.2.1 Défauts d’origine externe
mettant de déceler les altérations de tronçons de câbles qui sont
dues à une pénétration d’humidité (isolation en PE ou en papier
Ils peuvent être dus :
imprégné).
Mesure de décharges partielles : cette mesure permet d’identifier — soit à une agression mécanique externe : coup de pioche ou de
et de localiser, par réflectométrie, des points faibles d’un tronçon qui pelleteuse (dans ce cas facilement décelables), accrochage par une
sont le siège de microdécharges dans l’isolant, révélatrices d’un tra- ancre ou un chalut dans le cas des câbles sous-marins ;
vail électrique qui induit la dégradation de ce dernier.
— soit à une pénétration d’eau au niveau du complexe externe
On peut donc, à partir de ces mesures, déceler les tronçons les (entre gaine de protection et écran), suite à une détérioration au
plus critiques et hiérarchiser leur remplacement préventif ou tout du
moins celui des points faibles localisés (accessoires de jonction, par cours du tirage ou à de trop fortes contraintes thermomécaniques
exemple). locales pendant le fonctionnement du câble ;
— soit à un défaut de montage d’un accessoire (jonction, dériva-
tion ou extrémité).
1.1.4 Principales spécifications des câbles
actuellement utilisés
1.2.2 Défauts d’origine interne
L’impédance caractéristique moyenne de ces câbles vaut 40 Ω.
Un récapitulatif des tensions assignées est consultable dans le Ils sont principalement dus :
tableau 1.
— soit à un défaut de fabrication qui n’a pas été décelé lors des
Les câbles à isolation synthétique extrudée ont remplacé, depuis
essais de réception en usine (présence de vacuoles, impureté créant
une quinzaine d’années, en basse BT et en moyenne tension HTA et,
depuis dix ans environ, en haute tension alternative (HTB), les des décharges partielles conduisant à la dégradation progressive de
câbles à isolation au papier imprégné. Cependant, on rencontre tou- l’enveloppe isolante) ; on peut néanmoins considérer que ce type de
jours ces anciens câbles sur les réseaux. Un tableau des normes défaut est peu fréquent dans la mesure où les câbles, d’une part,
concernées est consultable en [Doc. D 4 545]. subissent des essais de qualification poussés qui mettraient en évi-
dence de tels risques de défauts, d’autre part, font l’objet d’essais de
purge et de réception à de très hauts niveaux de tension (2,2 U0)
1.2 Défauts avant leur livraison en réseau ;
— soit à un échauffement local important dans le cas d’un terrain
de très forte résistivité thermique ;
On peut séparer les défauts sur les câbles en deux grandes
familles : les défauts d’origine externe et les défauts d’origine — soit à un vieillissement à long terme du diélectrique (c’était le
interne. cas des câbles à isolation au papier imprégné).

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1.2.3 Fréquence des défauts


Âme
Depuis l’introduction des câbles à isolation synthétique extrudée,
le taux d’avaries (défauts entre conducteur(s) et écran(s)) du réseau
Rd Éclateur
de distribution et de transport d’énergie électrique, hors zone
d’accessoires, est inférieur à 2 défauts par 100 km de liaison tri-
phasée et par an sur ces types de câbles.
En revanche, sur les anciens câbles encore en service, les taux Écran
d’avaries sont beaucoup plus importants : jusqu’à 4 fois plus.
Figure 7 – Défaut d’isolement résistant

1.2.4 Nature des défauts électriques

On peut classer les défauts d’origine externe en quatre familles : Âme


— les défauts d’isolement résistants ;
— les défauts d’isolement éclateurs ;
— les défauts de continuité ; Éclateur
— les défauts intermittents.

1.2.4.1 Défauts d’isolement résistants Écran

Ils se présentent comme une résistance shunt de valeur finie Rd a schéma du défaut
placée entre un conducteur de phase et l’écran métallique ou le neu-
tre, ou entre deux conducteurs (cas des câbles à champ non radial,
par exemple). Cette résistance est constituée d’un pont de carbone Ri Rarc
ic
plus ou moins continu dont la valeur peut être comprise entre quel-
ques ohms et plusieurs mégohms. Son schéma électrique est celui
de la figure 7. G u Uc C Ua
La caractérisation est donc faite à partir de la mesure de Rd et de
la tension d’amorçage de l’éclateur. On dit qu’un défaut est franc si
G générateur de tension continue
Rd est inférieure à 5 Ω et que la tension d’amorçage en courant
continu est nulle ou extrêmement faible. Uc tension aux bornes du câble

b schéma électrique équivalent


1.2.4.2 Défauts d’isolement éclateurs
Il s’agit de défauts d’isolement à très forte résistance shunt, mais Figure 8 – Défaut d’isolement éclateur
qui, soumis à une tension croissante, se comportent comme un
éclateur (figure 8) avec une tension d’amorçage Ua.
Dans ce cas, au moment de l’amorçage, toute l’énergie emmaga-
sinée dans la capacité constituée par le câble se décharge dans u
l’éclateur. Si le générateur de tension est assez puissant (courant
limite élevé), le câble se recharge alors jusqu’à la tension Ua ; on dit τ = RiC
qu’il relaxe. Uc

En effet, jusqu’à ce que le courant de décharge id = 0 à la tension Ua


d’extinction, on a (u étant la tension délivrée par le générateur)
d’après le schéma électrique équivalent (figure 8b) :
di c
• pour u < Ua : u = R i i c + C -------- UuC
dt
t
• pour u ≥ Ua : U a = R arc i d Ua tension d’amorçage
avec C capacité du câble, Uc tension aux bornes du condensateur s’il n’y avait pas
d’amorçage
ic et id courants de charge et de décharge,
UuC tension résiduelle aux bornes du condensateur après amorçage
Rarc résistance de l’arc,
Ri résistance interne du générateur. Figure 9 – Courbe de relaxation
Dans ces conditions, la tension u aux bornes du câble a l’allure de
la figure 9.
Sur cette figure, τ est la constante de charge qui vaut environ 10–3 s
pour un câble de 10 km et une impédance interne de 30 Ω. La durée de Coupure d’un conducteur
charge du câble jusqu’à Ua peut atteindre quelques secondes, celle de
la décharge quelques millisecondes.
Rc
Rd
1.2.4.3 Défauts de continuité
Il s’agit d’une coupure d’un ou de plusieurs conducteurs, écran ou
Écran
neutre compris, avec une résistance de défaut shunt Rd plus ou
moins grande (figure 10), et une résistance de défaut série Rc plus
ou moins petite. Figure 10 – Défaut de continuité

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1.2.4.4 Défauts intermittents étape fondamentale permet de choisir la méthode la plus appro-
priée au défaut. Ainsi, on renforce ses chances d’aboutir rapide-
Ces défauts ont la particularité de provoquer un déclenchement
ment et avec succès. Cette étape comporte elle-même trois
ou une fusion des protections, mais surtout de se réisoler
phases : mégohmmètre, essai diélectrique, recherche d’un éven-
immédiatement après. Faute de pouvoir l’identifier, le câble est,
tuel défaut de continuité.
immanquablement, restitué à l’exploitation.
• Deuxième étape : prélocalisation [D 4 542]. Après l’avoir choisie,
c’est la mise en œuvre de cette méthode qui fournira une mesure.
Synthèse sur les défauts Prise depuis le véhicule ou depuis une boucle, cette mesure est
reportée sur les plans du réseau soit pour affiner la mesure ou lever
Compte tenu de la nature différente des défauts, nous allons une incertitude, soit pour préparer l’étape suivante.
voir comment conduire une recherche de défauts et choisir les • Troisième étape : localisation précise de l’endroit du défaut
méthodes de localisation appropriées. [D 4 544]. Dans l’immense majorité des cas, on utilisera une
méthode magnéto-acoustique : les ondes de choc. Dans quelques
pourcents des cas, on devra recourir aux méthodes de fréquences
audibles. À noter : le tracé du câble préalable (par une méthode de
2. Procédure de recherche champ magnétique) est, dans ce dernier cas, toujours obligatoire.

de défauts La réglementation française impose la restitution de l’avis de fin


de réquisition dès localisation du défaut. En effet, il est strictement
interdit de travailler sur ou autour d’un câble réquisitionné, ce que
pourraient faire les terrassiers pour dégager l’endroit du câble en
Avant de pouvoir intervenir sur un câble, les étapes suivantes doi- défaut.
vent être exécutées selon la réglementation française en vigueur :
— suite au déclenchement d’une protection, le service qui a en Dans certains cas, une nouvelle réquisition devra être prononcée
charge l’exploitation du réseau concerné doit isoler le tronçon de pour permettre des essais d’ondes de chocs « fouille ouverte », afin
câble supposé en défaut ; de confirmer l’emplacement du défaut.
— ce tronçon de réseau doit être consigné (UTE C18-510 ou CPP
Carnet de Prescription au Personnel) et réquisitionné par un chargé
de consignation/réquisition au profit d’un chargé d’essais avec la On peut noter l’avertissement suivant, dès qu’une injection de
délivrance d’un avis de consignation et de réquisition. Ce chargé haute tension est en question : si une quelconque partie conduc-
d’essais doit être un électricien habilité par son employeur et formé trice (phase, écran, neutre, etc.) est en contact direct avec la terre
aux techniques de recherche de défauts ; dès lors, toutes les à un endroit non prévu pour cela sans qu’un autre conducteur
communications entre le chargé d’essais et un éventuel personnel soit concerné, il est alors STRICTEMENT INTERDIT d’injecter des
de manœuvre (Code Général des manœuvres EDF) se feront unique- ondes de choc, que ce soit en situation de prélocalisation ou
ment par messages collationnés ; bien de localisation précise ou pour n’importe quelle autre
— pour qu’une recherche de défauts soit rapidement fructueuse, raison.
les plans du réseau (schéma d’exploitation du réseau type arête de
poisson et cartographie précise) doivent être fournis au chargé
d’essais ;
— en déplacement, le conducteur du véhicule doit respecter les
règles du code de la route ; 3. Identification du défaut
— au lieu du point d’injection, les règles de stationnement pro-
pres aux chantiers doivent être appliquées (pour EDF, règles rappe-
lées dans l’annexe au carnet de prescription au personnel CCP – Cette détermination fait appel à des méthodes simples de mesure
Prévention des risques généraux) ; de résistance d’isolement et de continuité des conducteurs, ainsi
— le véhicule laboratoire doit être raccordé dans cet ordre, afin de qu’à des essais de tenue en tension.
garantir la sécurité des opérateurs et des tiers (synoptique d’un
véhicule laboratoire en figure 11). Il est important de mener cette investigation complètement à son
Les raccordements du véhicule laboratoire à l’extérieur sont les terme avant de prétendre faire un choix de méthode, même si les
suivants. éléments déjà connus semblent clairs. « On a vu trop souvent des
recherches de défauts avorter ou fortement retardée pour cause de
— Câble de terre principale vers terre des masses du poste
précipitation et d’obstination mal placée. »
(liaison équipotentielle). Il est nécessaire de créer cette terre des
masses si celle-ci n’existe pas.
— Câble de terre auxiliaire vers, soit des plaques de cuivre sous
les roues du véhicule, soit un petit piquet de terre planté au pied du
véhicule (contrôle de présence des terres et mesure de l’élévation 3.1 Mesure de résistance d’isolement
du potentiel local).
— Les trois phases de mesure du véhicule vers les trois phases du
câble en défaut ainsi que les écrans de ces câbles interconnectés et On détermine la résistance apparente entre chaque conducteur
reliés à l’écran du câble en défaut ou au neutre. de phase et l’écran relié à la terre ou le neutre ou entre deux
— Enfin, on raccordera le câble d’alimentation du véhicule. Cette conducteurs de phase.
opération, selon le type de connecteur d’extrémité disponible, peut
relever des Travaux sous Tension. Si on est certain que la liaison est intégralement réalisée en câbles
— Certains véhicules peuvent également comporter une alimen- à champ radial, seules les trois mesures phase/écran sont utiles.
tation autonome. Cependant, si le défaut a dégénéré (mauvais fonctionnement des
protections) en un défaut bipolaire, les autres mesures peuvent être
La recherche de défauts comporte trois étapes principales qui sont
utiles.
les suivantes.
• Première étape : identification du défaut (§ 3). Il s’agit de la Si la liaison est ou comporte du câble à champ non radial, il faut
détermination des caractéristiques et de la nature du défaut. Cette compléter la mesure précédente par les trois mesures phase/phase.

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Vers mémoires
de transistoires
Générateur de l´échomètre Intérieur véhicule Extérieur du véhicule laboratoire
de tension
multicalibre

BT : 2 ou 3 kV
Sélecteur de coupleurs
HTA : linéaires
8 kV (méthodes impulsions
16 kV Fonctions de courant
32 kV HT

Générateur
d’ondes de chocs
par association
de condensateurs
1,2 kJ en BT Câbles de liaison HT
2,4 kJ en HTA

Filtre
Réflexion
sur l’arc Sélection HT ou BT Sélecteur
de phases

Échométrie

Fréquences
audibles
Fonctions
BT

Terre auxiliaire
Mégohmmètre
Contrôleur Terre principale
de terres

Bornes BT

Figure 11 – Schéma de principe d’un véhicule laboratoire

Enfin, s’il s’agit d’un câble sans écran, après l’avoir isolé à toutes Deux jeux de valeurs de Rd sont importants pour connaître le
ses extrémités, on ajoutera autant de mesures complémentaires défaut :
conducteur/terre que le câble comporte de conducteurs (ex. : (0)

3 phases, 1 neutre et 1 conducteur de protection).


Catégorie Réseaux sans dérivation Réseaux avec dérivations

Nota : ce dernier type de câble est « normalement » interdit Du court-circuit jusqu’à Du court-circuit jusqu’à
1 130 à 150 Ω 30 à 50 Ω
d’emploi sur les réseaux de distribution français. En revanche,
on peut le trouver en zone privée, au-delà du disjoncteur de Entre 130 à 150 Ω Entre 30 à 50 Ω
2 et quelques mégohms et quelques mégohms
branchement.
3
Au-delà de quelques Au-delà de quelques
Les mesures sont réalisées en utilisant un mégohmmètre en posi- mégohms mégohms
tion 500 V ou 1 000 V ; on changera successivement de calibre (kΩ NB : ces valeurs résultent de l’étude du comportement du coefficient
puis Ω) pour connaître la valeur du défaut, si nécessaire. de réflexion en tension Ku (figure 12)

Nota : on rappelle que l’ordre de grandeur est plus important Lorsque la valeur d’un défaut est située dans la première catégo-
que la connaissance des décimales : inutile donc d’attendre que rie, la méthode d’échométrie BT en comparaison (méthode échomé-
les mégohmmètres numériques se stabilisent. « On décharge trique classique étudiée en [D 4 542, § 1.1]) permettra d’en
les piles sans améliorer la mesure. » prélocaliser la position (tout du moins pour le défaut situé sur la
phase en cours de mesure.)
Notons encore que le temps nécessaire à la réalisation de ces
mesures est très faible : quelques secondes chacune. Trois, six, dix En revanche, dès que la valeur est située au-delà de cette limite
ou onze mesures ne vont pas avoir une influence prépondérante sur (catégorie 2 ou 3 ), l’essai diélectrique est indispensable pour choi-
la durée totale d’une recherche de défauts. sir la méthode appropriée.

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17/09/2008
CÂBLES D’ÉNERGIE : RECHERCHE ET IDENTIFICATION DE DÉFAUTS ______________________________________________________________________________

En utilisant un générateur de tension dont l’intensité de courant


maximal est limitée à 10 mA, on applique une tension croissante à
Rc
chaque conducteur de phase successivement par rapport à l’ensem-
V Zc Zc ble des autres conducteurs du câble réunis à la terre (cette mise à la
terre est automatiquement réalisé par le sélecteur de phase du véhi-
cule laboratoire).
1,2
Coefficient Ku

1
« Attention, il est important de limiter la valeur du courant
0,8
sinon on prend le risque de « brûler » le défaut. On verra dans la
0,6 suite de l’article qu’il est bien plus facile d’avoir à traiter des
0,4 défauts de type éclateur que des défauts de type résistant.
0,2 Autrefois très utilisé, le brûlage à fort courant est aujourd’hui
0 une technique à abandonner, notamment pour ce qui vient
1 10 100 1 000 10 000 d’être dit, mais aussi pour les risques, notamment d’incendie,
Zone 9 que cela induit sur les réseaux de distribution ou aux autres
Rc
inexploitable concessionnaires (éclairage public, gaz, etc.). »
Courbe de réflexion avec Zc = 40 Ω

a défaut de continuité Lors de l’essai, on doit pouvoir monter la tension jusqu’à 3 U0. La
durée de cet essai est limitée à quelques secondes après une mon-
tée régulière jusqu’à cette valeur.
On remet alors le générateur à zéro et on observe la vitesse de
V Zc Rd
décharge du câble. Lorsque le matériel comporte un ampèremètre
Zc
de contrôle, on peut mesurer la valeur du courant de charge pendant
la montée en tension.

Zone inexploitable
Si la tension monte peu ou ne monte pas avec un courant impor-
tant, le défaut est de type isolement résistant (cf. § 1.2.4.1).
0
Coefficient Ku

Si le câble passe en relaxation avant d’atteindre 3 U0, le défaut est


– 0,2
de type isolement éclateur (cf. § 1.2.4.2).
– 0,4
– 0,6
– 0,8
3.3 Mesure de continuité
–1
1 10 100 1 000 10 000 Cette mesure consiste à vérifier la présence ou non de coupures le
150 Rd long des conducteurs.
Pour cela, il faut :
Courbe de réflexion avec Zc = 40 Ω
— soit pouvoir court-circuiter les âmes entre elles à l’extrémité
b défaut d’isolement opposée à celle de la mesure (par exemple en fermant le section-
neur de mise à la terre et en court-circuit). La mesure est alors effec-
tuée au moyen d’un simple mégohmmètre ;
Figure 12 – Courbes de réflexion pour les défauts d’isolement — soit réaliser une mesure de capacité du conducteur par rapport
et de continuité à la terre, dans le cas d’un câble sans dérivation (pont de Sauty ou
Nernst, abandonnés aujourd’hui) ;
— soit encore en mettant en œuvre une méthode échométrique :
3.2 Essai diélectrique la méthode classique.

Comme nous venons de le voir, l’essai diélectrique est indispen- Aujourd’hui, c’est la méthode échométrique qui est privilégiée
sable pour éclairer le choix de la méthode de prélocalisation dès que compte tenu de sa facilité de mise en œuvre. Cette méthode sera
la valeur de Rd s’élève quelque peu. étudiée en [D 4 542, § 1.1].

Références bibliographiques

[1] SRINIVAS (N.N.) et BERNSTEIN (B.S.). – [2] Essais après pose des systèmes de [3] Câbles de distribution, à isolation extrudée,
Effect of DC testing on XLPE insulated cables. câble haute tension à isolation extrudée. pour des tensions assignées de 3,6/6 (7,2 kV)
JICABLE 1995. Publication CEI 60502-2 § 20 Groupe de travail Cigre 21 09. Electra no 173 à 20,8/36(42) kV inclus. Document d’harmo-
Essais après pose 1997. 1997. nisation HD 620 S1 (1996).

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