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Cours Théorie du Projet 3ème Année L.M.

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Département d’Architecture -Annaba-

MESURES

Rappel :

- une mesure est une méthode qui permet d’établir un rapport quantitatif entre deux objets ;
- une proportion est le rapport quantitatif produit par la mesure ;
- une dimension est la proportion d’un objet inconnu rapportée à un objet reconnu ;
- une échelle est le rapport inverse d’une dimension ;
- un dimensionnement est une méthode qui permet d’établir la dimension d’un objet à partir d’une
proportion déterminée et d’autres objets.
- La géométrie physique est l’ensemble des propriétés constantes des dimensions, pour autant
qu’il y en ait.

La méthode de mesure utilisée pour fonder la géométrie physique concerne les corps
pratiquement rigides, lisses et longs : on plaque un des corps rigides sur l’autre, de telle manière
que deux de leurs extrémités coïncident ; on marque la deuxième extrémité du premier sur le
second ; on reporte la première extrémité du premier corps jusqu’à qu’à la marque ; on marque à
nouveau sa deuxième extrémité ; on répète l’opération autant de fois que possible ; on arrête
quand on ne peut plus faire de marque sur le deuxième corps. Si on a pu reporter 4 fois un bâton
sur l’arrête d’une table, la proportion du bâton à la table est de 1 à 4, la dimension de la table est
de 4 bâtons et des poussières, la dimension du bâton est à l’échelle 1/4 de la dimension de la
table… Et la géométrie physique est l’ensemble des propriétés constantes des dimensions
constatées. Une fois convaincu de ces propriétés constantes, on peut construire géométriquement
un centième de bâton et mesurer avec lui les « poussières » qui dépassent du nombre entier. On
peut reporter le bâton sur une corde que l’on noue à chaque intervalle et mesurer les courbes avec
la corde.

D’autre part, les proportions de proportions sont constantes, quel que soit le bâton utilisé. En
France, le bâton le plus courant est un « mètre », copie conforme d’un original déposé au Pavillon
de Breteuil. Ailleurs, le bâton est un pied. Auparavant, c’était une canne ou une coudée. Peu
importe : les proportions de proportions ne changent pas, quelle que soit l’unité de mesure
adoptée au départ. Si la proportion entre la hauteur d’une porte et un mètre étalon est de 4, si la
proportion entre la largeur de porte et le mètre est de 2, la proportion entre la hauteur et la largeur
de la porte est de 4 / 2 = 2 / 1. Cette proportion seconde reste vraie, même si nous utilisons le pied
comme unité de mesure. Les dimensions sont changées : la hauteur est de 13,12 pieds ; la largeur
est de 6,56 pieds. Mais la proportion des proportions est constante : 13,12 / 6,56 = 2 / 1. L’unité de
mesure de départ est indifférente pour établir la proportion entre deux objets inconnus.

Enfin, toutes les mesures opérées dans des circonstances normales respectent l’ensemble des
propriétés d’un objet mathématique - la géométrie euclidienne - où les dimensions sont
associatives et commutatives … et tout ce qui s’ensuit.

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Si les mesures à bâtons fondent l’extraordinaire coïncidence entre le monde physique et la


géométrie euclidienne, l’architecte, pendant le projet, et le visiteur, après la réception des
ouvrages, utilisent des mesures à tâtons. C’est en tâtonnant, à vue de nez, par approximations
successives, qu’ils mesurent les choses, plus ou moins bien.

La géométrie à tâtons est fondée sur un système incomplet. Un objet y est plus long ou plus court
qu’un autre, ces termes clairs étant complétés par des prépositions imprécises. La numération,
généralement tempérée par une préposition, est limitée à la première série décimale : au moins
deux fois plus grand ; peut être trois fois plus large ; entre quatre et huit fois plus long…

Dans la géométrie à tâtons, l’unité de mesure n’est jamais indifférente aux résultats. Nous y
utilisons un très grand nombre de mesures croisées, fondées sur des unités parfois présentes,
parfois absentes. Nous rapportons mentalement la hauteur d’une porte à sa largeur, nous
imaginons un homme qui passerait par cette porte. Nous reportons la hauteur totale du bâtiment à
son plus petit élément, nous comparons des éléments reconnus par convention et des éléments
inconnus.

Dans ce monde où les proportions de proportions ne sont pas constantes, il n’est pas toujours
indifférent de distinguer assez nettement l’échelle – rapport d’un objet inconnu à un objet reconnu
– de la proportion – rapport entre deux objets inconnus. Il n’est pas non plus indifférent de
distinguer la grandeur «apparente» – qui est vue de biais – de la grandeur «vraie» – qui est vue de
face. Mais l’effort constant des architectes sera de ramener les mesures à tâtons dans le giron de
la géométrie à bâtons, dans cette géométrie de mesures stables où les distinctions lexicales n’ont
plus aucune espèce d’importance.

Certaines mesures sont directement rapportées à la taille de l’observateur. Dans une mesure à
bâton, la différence observable entre la règle et l’objet mesuré est proportionnelle à l’acuité visuelle
de l’observateur et à la distance qui le sépare de l’objet mesuré. La mesure est pratiquement
indépendante de la taille de l’objet et de la taille du bâton. Une manière particulièrement efficace
de donner à voir les mesures à un homme sans appareil découle de la mesure à bâtons: les
grandes dimensions peuvent être rapportées à une quantité dénombrable de modules reconnus :
étages, travées, joints, caissons, lits, panneaux, etc. Le goût de l’architecte pour la stricte répétition
n’est pas gratuit : il produit des grandeurs estimables par des mesures indépendantes de la taille
de l’objet. Mais les conditions formelles du procédé – quantité dénombrable de modules reconnus
– ne sont pas toujours réunies.

Evaluation des grandeurs relatives

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1a rapport d’égalité, 1b rapport inestimable, 1c rapport estimable, 1d rapport inestimable


2, 3, 4, 5, séries d’éléments comparables 2 par 2, rapports entre 1,2 et 2.

Imaginons un architecte qui recherche le plus grand contraste possible entre les parties X, Y et
X+Y de la colonnade du Louvre.

Il peut abaisser le soutènement, ce qui produira de plus grands contrastes entre X et Y, d’une part,
et X et X+Y, d’autre part. En revanche, le rapport de Y à X+Y sera restreint.

Il peut élever le soutènement. Le rapport Y à X+Y sera plus grand, mais les rapports de X à Y et X
à X+Y seront restreint

Analyse d’un exemple :

- Dimensionnement
Les concepteurs d’un ouvrage déterminent les dimensions de certains objets d’un système. Mais
ils ne les déterminent pas toutes. Certaines constantes doivent être rapportées à la dimension
linéaire des ouvrages, d’autres à la surface des ouvrages, et d’autres au volume des ouvrages.

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Alvaro Siza a strictement dimensionné le portique qui se trouve à droite de l’image, mais il n’a
dimensionné aucun des autres bâtiments qu’on peut voir, ni la grue, ni les arbres, ni les bancs
rayés, ni les toilettes provisoires, ni les gens qui passent, ni encore moins, l’œil du photographe ou
le regard du visiteur. Celui qui voudrait évaluer les mesures des ouvrages est confronté à un
système qui intègre aussi bien les dimensions choisies par l’architecte que celles qui ont été
choisies par d’autres, ou déterminées par la nature.

Mesure
L’observateur peut, de prime abord, évaluer ces dimensions par l’apparence qu’elles ont dans son
cône de vision. Ainsi, du point de vue particulier qui vous est montré, il peut conclure que le
portique est plus haut que le bâtiment situé à l’arrière-plan ou pas et que le bâtiment situé à
l’arrière plan est plus grand que le portique ou inversement. Donc on ne parle plus de mesure mais
de mesures.

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