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Chapitre 4 : Les institution politiques de la 2nd république et du 2nd Empire : la

recherche du synthèse Constitutionnel (1848-1870)

La seconde république est proclamée en 1848 adopte une constitution marquée par la tradition révolutionnaire qui
emprunte aussi des éléments aux autres traditions. Quant à l’empire instauré en 1852 est inspiré de la tradition
césarienne, mais vers la fin, il se penchera davantage sur le régime parlementaire.

Section 1 : La seconde république (1848 – 1851)

La révolution parisienne va renverser la monarchie de juillet en février 1848 débouche sur la formation d’un
gouvernement provisoire le 24 février 1848 en attendant l’adoption d’une nouvelle constitution puisque la charte
ne peut plus s’appliquer.

I : Le gouvernement provisoire : février – avril 1848


Lorsque les insurgés parisiens envahissent la chambre des députés le 24 février 1848, on a l’impression que la
révolution française se répète. A cette époque, la révolution française était à la mode, et elle est devenue une sorte de
modèle et c’est notamment l’œuvre du travail historien qui a réhabilité cette période ou bien encore celle de Lamartine.
Le gouvernement provisoire est constitué par les vainqueurs de la révolution de février, par les républicains. Les
membres de ce gouvernement sont désignés par acclamation par les insurgés qui ont envahi la chambre des députés.
7 députés sont alors désignés :

- Dupont de l’Eure avocat et ancien député du directoire,


- François Arago physicien
- Alexandre Ledru-Rollin avocat d’extrême gauche et appartient au camp des républicains
- Alphonse de Lamartine poète et républicain modéré
- Crémieux avocat et républicain modéré
- Marie avocat
- Garnier-pagès républicain modéré.

Les membres de ce gouvernement provisoire se rendent immédiatement à l’hôtel de ville et quatre nouveaux membres
sont désignés : deux directeurs de journaux,
- Ferdinand flocon républicain radical et dirige le journal la réforme
- Armand Marrast qui est un républicain modéré et dirige lui, le national (journal)

De plus, l’ouvrier Albert et louis blanc qui est un intellectuel pacifique, une théoricien socialiste qui veut unir le
socialisme et la démocratie.
Le gouvernement provisoire sera donc composé de 11 membres.
Au sein des républicains, on distingue les radicaux et les modérés. La fracture apparaît dès la première décision prise par
le gouvernement provisoire qui est la proclamation de la république. Les modérés considèrent que seule une assemblée
constituante élue pourra définir le régime politique du pays ; le gouvernement provisoire ne doit pas devancer la décision
de l’assemblée alors que les radicaux veulent la proclamation immédiate et définitive de la république. Une solution de
compromis va être trouvé par Lamartine, il faut admettre la proclamation provisoire de la république et on attendra que
le peuple confirme le choix qui doit être fait. Le formule trouvée est « le gouvernement provisoire veut la république. ».
Les modérés dominent au sein du gouvernement provisoire et vont monopoliser les postes ministériels. Mais la situation
du gouvernement est inconfortable car ce gouvernement manque de légitimité car issu des insurrections parisiennes et
de sérénité car il est sous la pression permanente de la foule parisienne.
Le 25 février, Lamartine va à nouveau s’illustrer car il faut choisir le drapeau de la république ; drapeau tricolore ou
le drapeau rouge des républicains radicaux.
Lamartine réussit à imposer le drapeau tricolore car il est le drapeau de la révolution face au drapeau rouge qui est le
drapeau assimilé à la guerre civile française qui avait été brandi lors de la fusillade du champ de mars le 17 juillet 1789.
Malgré son manque de légitimité, le gouvernement provisoire va prendre des mesures très fortes et symboliques qui
visent à instaurer une république démocratique et sociale fondée sur les idéaux de liberté, égalité et fraternité. Au nom de
la liberté, la première décision prise est l’abolition de la peine de mort en matière politique, on va également prononcer
l'abrogation des lois de 1835 sur la censure de la presse et cela va augmenter les journaux politiques populaires, sera
adopté le 6 mars 1848.

Au nom du principe d’égalité, on prend la décision le 29 février 1848 de supprimer les titres de noblesse et surtout,
l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848. L’esclavage avait déjà été aboli par la convention, mais il avait été rétabli
par le consulat.
Pour mettre en place une république sociale, le gouvernement provisoire garantit le travail à tous les citoyens le 25
février et le lendemain, le 26 février, on va créer un mécanisme pour s’en assurer les ateliers nationaux. Il s’agit de
proposer à tous ceux qui n’ont pas de travail du travail et c’est Blanc qui a eu l’idée de ces ateliers mais c’est Marie qui va
les mettre en place.

Le gouvernement provisoire va instaurer le suffrage universel, le suffrage est déclaré le 2 mars, le suffrage est universel
et direct sans aucune condition de sens.
Le suffrage va être précisé le 5 mars, l’âge pour être électeur est de 21 ans et il faut au moins 6 mois de résidence en
France. Pour être éligible il faut avoir 25 ans, on instaure le vote secret par écrit, le scrutin est à un seul tour. Le
gouvernement provisoire a également instauré une indemnité parlementaire pour les
députés qui vont s'élever à 25 francs par jour ; les députés seront payés. La nouvelle assemblée constituante sera élue, ils
vont élire 900 députés et cette élection est prévue le 9 avril. Mais, les républicains radicaux redoutent les effets du
suffrage universel sauf que le nombre d'électeurs augmente considérablement. Et redoute notamment le vote de la
population rurale car elle risquerait de voter contre la République et de démentir l’insurrection parisienne. Blanqui est
un républicain, un révolutionnaire, spécialiste du complot condamné à mort.

Les élections ont lieu le 23 avril. L’assemblée élue le 23 avril va donc devoir élaborer la
constitution en 1848.

II : L’élaboration de la constitution de 1848, une synthèse risquée


Cette AC va adopter une constitution influencée par les 3 traditions constitutionnelles rencontrées précédemment. La
tradition révolutionnaire est dominante. Il est important de comprendre le contexte politique dans lequel vont se
dérouler les travaux de l’assemblée.
a) Le contexte politique du travail constituant

Quelle est la composition de cette assemblée ?


750 députés, mais peut être portés à 900 pour réviser la constitution. Elle a été élue au suffrage universel selon les
modalités fixées par le gouvernement provisoire. Il y a eu une très forte participation : + 83.3 % des citoyens ont participé.
Ces désordres populaires de Paris ont provoqué une réaction de méfiance en province. Par conséquent, sur les 900
députés, il y a une majorité de modérés ; l’opinion n’est pas suffisamment préparée pour les radicaux. Une poignée de
républicain radicaux (dont, Croutin, Louis Blanc, un avocat d’extrême gauche et le Drumolin) ; il y a aussi 300
monarchistes officiellement ralliées à la république = les républicains du lendemain. Il y a une division entre le légitimistes
(une centaine,
on y trouve Falloux) et les orléanistes (Tocqueville, Odilon Barrot, ils sont au nombre de 200). Tout le reste est
une écrasante majorité de républicains modérés (600) ; parmi eux, Lamartine qui a été élu dans 10 départements et
Arago.

➔Les électeurs ont condamné les radicalistes parisiens.


Cette assemblée tient sa première le 4 mai 1848. L’assemblée proclame officiellement la république : « La
république proclamée le 24 février est et restera le gouvernement de la France ».
En attendant l’adoption de la constitution, c’est l’assemblée qui doit gouverner parce que le gouvernement provisoire
lui a remis ses pouvoirs le 4 mai . Cette assemblée doit organiser le pouvoir exécutif ; pour cela, la majorité voudrait
nommer un président du conseil et des ministres.

Elle propose donc ce poste à Lamartine mais celui-ci refuse à ce moment-là. Par conséquent, l’assemblée va opter pour
une autre formule : elle va déléguer le pouvoir exécutif à une commission de 5 membres : l’exécutif est collégial. En cela,
cette disposition prise est tout à fait conforme à la tradition révolutionnaire.
Cette commission est présidée par Arago et elle représente la majorité modérée. On trouve aussi Lamartine, Marie,
Garnier Barbes, et l’avocat Truro Lin. Face à tout cela, le peuple parisien est déçu, il n’accepte pas la défaite électorale
des radicaux. Le 15 mai a lieu une manifestation en faveur de la Pologne qui est à ce moment-là opprimée par la Russie.
Celle-ci est organisée par les mouvements de gauche et elle va dégénérer en émeute. On voit alors une foule parisienne qui
envahit l’assemblée constituante.

Elle déclare dissoudre cette assemblée et prétend nommer un nouveau gouvernement provisoire. Sauf que cette assemblée
ne va pas se laisser faire et va faire arrêter les meneurs de l’émeute : Auguste Blanqui, François Raspail (il fait partie
d’une société secrète qui agit contre le régime en place), Armand Barbes. Cette assemblée va ensuite nommer le général
Eugène Cavaignac ministre de la guerre le 26 mai ; c’est un républicain modéré. Il appartient à l’armée et il a une
certaine autorité. L’assemblée le nomme donc en espérant apaiser les tensions.

Le 21 juin 1848 la majorité de l’assemblée force la commission exécutive à décréter la fermeture des ateliers nationaux.
Pourquoi ? Parce que ceux- ci ont attiré à paris une foule de chômeurs ; à la fin du mois de mai il y a plus de 100 000
chômeurs sur Paris. Ces chômeurs sont sensibles à la propagande révolutionnaire donc ils partagent l’opinion de ceux qui
viennent de renverser le régime en place. Cette décision va révolter tous ces chômeurs puisque cela va donner lieu à une
insurrection populaire le 23 juin qui démarre place de la Bastille. C’est donc une guerre sociale qui se déroule à Paris : elle
va opposer les ouvriers, les prolétaires aux bourgeois.
Ce sont ces évènements-là qui vont inspirer Marx. Dans la rue, on voit 2 conceptions de la république qui s’opposent -
Ceux qui sont en faveur d’une république sociale : ceux qui protestent contre ces élections. - Ceux qui sont en faveur
d’une république démocratique : celle qui est élue, le résultat d’une élection au suffrage universel

L’assemblée ne veut pas se laisser imposer la dictature du peuple de paris tout simplement parce que celui-ci est l’origine
des dérapages de la révolution française. Par conséquent, cette assemblée va décréter l’état de siège et elle va confier tout le
pouvoir exécutif (qui jusque- là est aux mains de la commission) au général Cavaignac le 24 juin. Après 3 jours de
combat dans les rues de Paris, les quartiers insurgés sont reconquis mais pour cela il y a eu répression : l’arrestation de 15
000 insurgés, 4000 détenus sont transportés en Algérie sans jugement. Ces journées de juin vont pousser l’assemblée dans
une voie conservatrice. Les deux droites monarchistes : les légitimistes et orléanistes vont former le parti de l’homme. Le
28 juin, le général Cavaignac remet ses pouvoirs à l’assemblée mais celle les destitue aussitôt en le nommant
président du conseil des ministres. On a une concentration de l’exécutif : On n’a donc plus un organe collégial = rupture
avec la tradition révolutionnaire. Celle-ci reste toujours très forte car on observe une subordination de l’exécutif au
pouvoir
législatif. Les circonstances exigent un pouvoir fort et justifient l’unité de l’exécutif. Cette nécessité va peser sur le
contenu de la constitution.

b) Le contenu de la constitution de 1848


Incontestablement, l’Assemblée Constitutionnelle travaille dans un contexte trouble mais cela ne l’empêche pas de
procéder à l’élaboration de la constitution.
Son travail est très bien organisé : une commission de 18 membres dont Tocqueville, Barrot est chargée de préparer un
projet ensuite débattu par l’assemblée.
Les évènements de juin influencent les députés. Il faut observer un recul de la république sociale ; on a abandonné l’idée
de rédiger une déclaration des droits et des devoirs mais aussi le principe d’un droit au travail.
L’idée dominante est la nécessité d’un pouvoir fort. Par conséquent, cette idée se traduit par l’unité de chaque pouvoir.
Pour le législatif, cela veut dire que l’on va rejeter le bicamérisme. On va aussi rejeter la collégialité. Le pouvoir exécutif
sera donc confié au président de la république.
Cette assemblée constituante doit se prononcer sur le mode d’élection du président de la république : par l’assemblée ou
directement pas le peuple ?

Cette constitution est adoptée le 4 novembre 1848 par une très forte majorité : 739 voix contre 30. Elle n’est pas
soumise à l’approbation du peuple, cela se comprend car l’assemblée a été élue au suffrage universel. Elle comporte un
préambule composé d’un texte et d’une série d’articles.
Il formule des vœux sociaux. Il n’y a pas une déclaration des droits et des devoirs mais certaines dispositions sont
garanties dans le corps même de la constitution : le chapitre 2 est consacré à la
garantie des droits = « Droits des citoyens garantis par la constitution ».
On va prononcer l’abolition de la peine de mort en matière politique et on va confirmer l’abolition de
l’esclavage. Le corps même de la constitution est composé de 116 articles. Le texte est composite.
En effet, on trouve l’influence de plusieurs traditions constitutionnelles. La particularité est qu'il va y avoir un mélange
des traditions.
L'article 3 dit que la république a pour principe “liberté, égalité fraternité”, poursuit en disant qu’elle aussi pour
principe la famille, le travail, la propriété et l’ordre république.
La première observation est que la tradition prépondérante est la tradition révolutionnaire. Celle-ci inspire la définition
de la légitimité du pouvoir : celle-ci est fondée sur l’affirmation de la souveraineté nationale. En effet, il est dit que la
souveraineté appartient à l’universalité du peuple français.
Elle est donc nationale. La légitimité du pouvoir est aussi fondée sur la mise en place d’une démocratie représentative =
chaque député représente la France entière et non le département qui l’a élu. C’est une interdiction des mandats
impératifs (cf droit constitutionnel).
La tradition révolutionnaire est aussi présente quand on regarde l’organisation des pouvoirs : le pouvoir législatif est
confié à l’assemblée nationale ; une assemblée unique.
Celle-ci est composée de 750 députés élus pour 3 ans au suffrage universel direct dans le cadre des départements. Pour
prévenir la corruption, la constitution de 1848 prévoit l’incompatibilité des fonctions administratives et parlementaires
et prévoit une indemnité pour les députés afin d’éviter les pressions. L’assemblée possède le droit de l’initiative législative.
Le pouvoir exécutif est confié au président de la république. Il est élu pour 4 ans au suffrage universel direct. Pour être
éligible, il faut être au moins âgé de 30 ans, être né français et n’avoir jamais perdu la qualité de français. Une fois élu, le
président doit prêter un serment de fidélité à la république ; il le fait avant d’entrer en fonction et juste après son élection
(article 48 de la constitution).
Jules Credit a proposé un amendement visant à instaurer un chef de l’exécutif élu par l’assemblée et révocable par elle : sa
proposition a été repoussée.
Toutefois, l’article 47 prévoit une élection du président de la république par l’Assemblée Nationale. Cette procédure est
tout à fait exceptionnelle : par exemple si le président qui a été élu ne remplit pas toutes les conditions énoncées ci-dessus.
Pour éviter une dérive vers le pouvoir personnel, le président n’est pas immédiatement rééligible ; il doit attendre 4 ans
avant de se représenter. Ses pouvoirs sont aussi très encadrés.
Selon Tocqueville les pouvoirs du président se caractérisent par « une impuissance dans la sphère législative et une
étroite dépendance dans la sphère exécutive » = le président à l'initiative des lois mais il n’a aucun droit de véto, il ne peut
pas s’opposer à la volonté de l’Assemblée nationale. En effet, l’article 449 dispose que le président peut proposer des
projets de lois par l’intermédiaire de ses ministres. L’article 56 dispose qu’il peut promulguer les lois.
Avant la promulgation, le président peut demander une nouvelle délibération à l’Assemblée Nationale, cette dernière ne
peut pas la refuser ; mais elle peut laisser le texte en l’état qui doit alors le promulguer. Si le président refuse, le président
de l’Assemblée Nationale peut faire cette promulgation. Il y a donc un président très soumis en matière législative. Une
étroite indépendance... » = l’action du président est contrôlée par le Conseil d'État.
Le Conseil d'État est l’auxiliaire de l’Assemblée nationale car elle nomme les membres du Conseil d'État pour 6 ans. Le
conseil d'État doit impérativement être consulté pour les projets de loi du gouvernement.
Le Conseil d'État propose aussi les projets d’initiative parlementaire. Il peut aussi rendre un avis les concernant.

- La 1ère remarque : le président nomme et révoque les ministres mais leur nombre et leur attribution sont prévus par
l’assemblée. L’assemblée doit consentir à tous les accords internationaux et consentir à la paix. Enfin, le président
ne peut pas dissoudre l’assemblée, sinon il se rend coupable de haute trahison. Le président de la république est
assisté d’un vice-président (article 70) : celui-ci est nommé par l’Assemblée Nationale sur présentation de 3
candidats fait par le président. Le vice-président doit prêter le même serment de fidélité à la république que le
président. Sa mission est d’intervenir en cas d’empêchement du président, il peut le remplacer.

- La 2ème remarque est qu’il y a une rupture avec la tradition parlementaire de la monarchie de juillet. En effet, il y a
un équilibre des pouvoirs avec une prépondérance du législatif, il n’y a pas de mécanismes qui permettent
l’action réciproque des pouvoirs l’un sur l’autre. La constitution de 1848 prévoit la responsabilité des ministres
devant l’assemblée (article 68 de la constitution). On peut penser qu’il s’agit d’une responsabilité politique.
En cela, c’est un élément que l’on retrouve dans tradition parlementaire. Autre élément : les ministres ont le droit
de rentrer dans l’Assemblée nationale et sont entendus quand ils le souhaitent et quand ils le demandent.
- La 3ème remarque est que la tradition césarienne est présente car elle rend le président responsable au même titre
que les ministres. Cela crée un risque : en faisant du chef de l'État un organe responsable, on lui permet d’effacer
les ministres. Tocqueville considère que la constitution a fait quelque chose d’inouï en nommant le président
responsable au niveau des ministres.

Le président risque d’entrer en conflit direct avec l’assemblée. Un tel conflit sera difficile à éviter et à résoudre. Pourquoi ?
Le principe de subordination de l’exécutif est fragilisé par l’élection du président au suffrage universel. Il y a donc une
synthèse risquée entre tradition révolutionnaire césarienne. 2 pouvoirs inégaux en théorie mais ces pouvoirs sont égaux
par leur origine (suffrage universel direct) = le président tire la même légitimité que l’assemblée. La république imaginée
en 1848 est impossible à faire fonctionner.

III : L’application de la constitution de 1848 : la république impossible


La mise en œuvre de la constitution commence par l’élection du président de la république et de l’AN. Aussitôt ces
deux pouvoirs élus, ces deux pouvoirs vont entrer en conflit.

a) L’élection du président et de l’AN

Comme l’AN peut continuer à exercer, on va commencer par élire le président.


1)L’élection présidentielle de 1848

Par un décret du 28 octobre 1848, l’Assemblée Constituante a fixé l’élection du président au 10 décembre 1848. Les
républicains sont divisés : ils présentent 4 candidats. Le 1er est Cavaignac qui est le candidat des républicains modérés. Il
a le soutien des administrations et de la classe politique. Hors, il est détesté par les socialistes et la classe ouvrière (car il a
maté l’insurrection de juin).
Lamartine se présente aussi tout comme l’avocat Trucolin.
Enfin, Raspail se présente. Sa particularité est qu’il est incarcéré depuis mai, mais il se présente tout de même. De l’autre
côté, il y a le parti de l’ordre qui cherche un candidat qui a des chances de l’emporter. Thiers, un libéral conservateur a
envisagé de se présenter mais il renonce et assume la candidature de Louis Napoléon Bonaparte car il le considère
comme un crétin manipulable.
Il veut lui donner des femmes et ils gouverneront en son nom. Or, Thiers sous-estime Bonaparte. Bonaparte est le
neveu de Napoléon 1er. Il naît en 1805 et il a passé sa jeunesse en exil en Suisse. Il est présenté par le parti de l’ordre mais
c’est un homme de gauche. Il est exilé en Amérique et revient après puisqu’il tente un soulèvement en 1940 à Boulogne.
Il est jugé et condamné à la prison à perpétuité dans le fort de Ham. Bonaparte lit et étudie beaucoup et il est très
influencé par les idées des Saints Simoniens et par les idées des socialistes. En 1846, il s’évade de sa prison
Il va être élu pour 2 raisons : il n’a pas participé à la répression de juin. Sa popularité est fondée sur la légende de son
oncle. En 1848, l’époque napoléonienne a été réhabilitée, celle-ci a été commencée sous la monarchie de juillet.
Bonaparte se présente comme le chef du parti bonapartiste et il croit que son destin en fait le guide du peuple français. La
manœuvre de Thiers réussit : Bonaparte est élu avec 74% des suffrages soit 50 millions de voix. Il devient président de la
République. 2ème position : Cavaignac.
Bonaparte est élu par les électeurs de la France rurale qui condamnent la politique des bourgeois. C’est la victoire des gens
sains sur les bourgeois éduqués. Les républicains vont retenir cette leçon et resteront très longtemps hostiles à l’élection
du président de la république par le suffrage universel.
2. L’élection présidentielle de l’assemblée constituante :

L’assemblée constituante fixe les modalités du scrutin par la loi du 15 mars 1849. Celle-ci prévoit un scrutin majoritaire
à deux tours mais aussi les règles de confection des listes électorales, ces listes doivent être révisées chaque année. On va
élargir la liste des personnes qui peuvent être privées de leurs droits.
Deux camps s’opposent : les monarchistes = parti de l’ordre contre les républicains. Ces derniers se présentent divisés.
L’élection se déroule le 13 mai 1849, elle voit la défaite des républicains modérés qui obtiennent moins de 100 députés
mais la gauche également. Le partis de l’ordre remporte quant à
lui 450 sièges. Le suffrage universel a permis aux ennemis de la république de s’emparer du pouvoir. Les conservateurs du
parti de l’ordre semblent avoir remporté une victoire totale aux élections législatives. Le prince président, Louis Napoléon
Bonaparte va entrer en conflit avec cette majorité qui l’emporte.

b) Le conflit entre le président et l’assemblée


Bonaparte n’a pas de parti pour le soutenir à l'assemblée. Il va choisir un orléaniste pour diriger le cabinet : Odilon
Barrot. Le cabinet cherche à isoler le président, les décisions sont souvent prises avant le conseil des ministres et le
président est simplement prié de les confirmer. Dès la fin de 1849, Bonaparte cesse de jouer le jeu du régime
parlementaire. Il affirme qu’il entend diriger seul le gouvernement en renvoyant le président du conseil, Barrot, et il ne le
remplace pas. Le
Le premier conflit entre le président et l’assemblée va concerner la politique extérieure, c’est la question italienne, l’armée
française a aidé les patriotes italiens qui veulent l’unité de l'État alors que le pape est contre, Napoléon soutient donc le
pape. Le président condamne l’intervention en Italie.
Ce conflit président / assemblée s’envenime à l’approche d'élections:
Les législatives sont prévues en avril 1852 et les présidentielles en mai 1853. Puisque la constitution ne prévoit pas que
Bonaparte soit réélu, il veut la modifier. Pour cela, il faut un vote de l’assemblée à la majorité des 3⁄4. Le 9 juillet 1851,
l’assemblée rejette la proposition de révision. La voie légale n’est pas possible, il a donc recours à la force.

Comment ? Dans un 1er temps, Louis prépare le terrain en discréditant l’Assemblée nationale car celle-ci a adopté des
mesures très conservatrices. Parmi elles, il y a une loi élaborée par Frédéric De Falloux qui a fait voter une le 15 mars
1850 qui autorise les congrégations religieuses à ouvrir des établissement d’enseignement primaire et secondaire. Le 31
mai 1850, l’Assemblée nationale a voté une loi électorale qui consiste à retirer le droit de vote à une partie de la
population. Cette loi va restreindre le suffrage par des moyens indirects : il faut avoir 21 ans et résider 3 ans dans le même
endroit.
De fait, cela écarte tous ces chômeurs qui vont de ville en ville pour trouver du travail. Cela est donc un rétablissement
camouflé d’un système censitaire.
Puisqu’elle élimine plus de 3 millions d’électeurs (à Paris, le nombre est divisé par deux : on passe de 220 000 à 144 000).
Cette loi offre à Louis l’occasion de se démarquer des conservateurs et se présente alors comme le défenseur du suffrage
universel.

Les députés sentent que Louis prépare un coup d'État, les conservateurs vont alors réagir et proposent le vote d’une loi
qui donnerait le contrôle total de l’armée. Le texte est rejeté parce que les républicains votent contre et le piège peut se
refermer sur l’assemblée : c’est le coup d'État du 2 décembre 1851.
En effet, il s’agit de mettre fin à un blocage des institutions. Le 2 décembre 1851, correspond à la date du sacre de son
oncle et c’est également la date d’anniversaire d’une très grande victoire, victoire d’Austerlitz par napoléon premier. Le
coup d'État de décembre 1851 est préparé par le ministre de l’intérieur, Mory et c’est le demi-frère du président, avec le
concours de l’armée.
Dans la nuit du premier au 2 décembre, l’armée occupe le palais bourbon et fait arrêter tous les chefs monarchistes et
républicains. Il fait garder dans toutes les rues de Paris les décisions que le président de la République a prises. Le
président de la république dissout l’assemblée nationale, rétablit le suffrage universel bafoué par la loi électorale de 1850.
Il convoque deux nouvelles élections et décrète par un quatrième décret et décrète l’état du siège à Paris.

Il prévoit les 5 bases de la future constitution :

- veut un chef responsable nommé pour 10 ans


- des ministres qui dépendent du pouvoir exécutif seul
- mettre en place un conseil d’état présenté comme l’auxiliaire du gouvernement
- veut un corps législatif chargé de voter les lois et ce corps législatif doit être élu sans scrutin de listes car il fausse
l’élection et un sénat gardien de la constitution.
- demande à ce même peuple de lui donner le pouvoir d’élaborer une constitution conforme à ces principes, à ces 5
bases là.
Un plébiscite est prévu pour le 14 décembre et aura lieu le 20 décembre.
Ce coup d'État du 2 décembre a soulevé une forte résistance ; à Paris, il y a beaucoup de morts et des insurrections vont
élever des barricades. D’autres soulèvements vont avoir lieu en France et notamment dans le centre, dans la bourgogne et
dans le midi car ces départements ont au moment des élections, majoritairement voté pour les radicaux. Ces soulèvent
sont aussi écrasé par un sévère répression, il y a un peu plus de 25 milles arrestations et des déportations en Algérie et en
Guyane.
Ces résistances ont soulevé une peur sociale chez les électeurs qui vont voter massivement en
faveur du principe président, du plébiscite. Louis Napoléon Bonaparte considère que l’approbation populaire légitime
son coup d'État, il dit : « la France a bien compris que j’étais sorti de la légalité que pour entrer dans le droit, de 7 millions
de suffrages vienne ... »
La répression qui a eu lieu en décembre 1851 va creuser un fossé défini entre Louis Napoléon Bonaparte et les
républicains. Le coup d’état était dirigé contre l’assemblée nationale, une assemblée monarchiste, mais finalement il
apparaît dirigé contre les socialistes révolutionnaires.

Section 2 : Le second empire (1852-1870)

La proclamation du 2 décembre 1851 annonçait le retour à la tradition césarienne car on a une concentration, du
pouvoir au profit du chef de l’état, c’est une dictature de l’exécutif. On a recours au plébiscite pour justifier les mesures
prises.
C’est bien un chef de l'État qui est directement responsable devant le peuple. C’est tout à fait caractéristique de la
tradition césarienne.
Depuis 1848, on a une tradition césarienne prépondérante mais Louis napoléon Bonaparte sait qu’il doit tenir compte
d’un double héritage, d’abord de la pratique parlementaire qui est hérité des monarchiens constitutionnels. Il doit
également tenir compte du suffrage universel consacré par la seconde république. À défaut, il va s’appuyer exclusivement
sur le suffrage universel en écartant l’héritage parlementaire. La tradition césarienne est très présente dans l’empire
autoritaire.
Le régime va prendre une forme démocratique et autoritaire et c’est ce que l’on nomme l’empire autoritaire. Ce régime
évolue, il évolue progressivement, à partir de 1860, le régime évolue progressivement, les mécanismes du régime
parlementaire viennent s’ajouter à la démocratie et au suffrage universel. C’est ce que l’on nommera l’empire libéral. LNB
va s’appuyer sur le suffrage universel en écartant l’héritage parlementaire.

I : L’empire autoritaire (1852-1860)


Le nouveau régime est organisé par un nouveau texte constitutionnel, par la Constitution du 14 janvier 1852, un
an après le coup d'État du 2 décembre 1852, l’empire est officiellement réclamé.

a) La constitution du 14 janvier 1852


Le plébiscite de décembre a donné à Louis napoléon Bonaparte le pouvoir d’élaborer une nouvelle constitution, pour
cela il nomme une commission qui va siéger en secret à l’Elysée et est composé de 5 membres. L’Elysée est apparu sous le
règne de Louis XV qu’il a fait à la marquise de Pompadour. En 1848, ce bâtiment va devenir l’officiel résidence du
président. Lorsque louis napoléon Bonaparte demande son projet à cette commission, le 11 janvier 1852, cette
commission ne peut rien lui présenter, elle n’a pas de texte rédigé mais elle a travaillé.
Louis napoléon Bonaparte va alors confier le travail à deux juristes (qui sont de cette commission) qui vont rédiger un
texte en moins de 48h, il s’agit de Troplong et Rouher.
Elle est signée par le président le 14 janvier 1852, elle est précédée d’une proclamation datant du 14 janvier aussi et faite
par napoléon Bonaparte et a un objectif précis, c’est de présenter les dispositions de la déclaration. Cette constitution doit
entrer en vigueur lorsque les institutions seront mises en place, en attendant le 29 mars 1852, c’est une dictature pure et
simple qui fonctionne. Le président de la république gouverne sans constitution, au moyen de décrets de lois qui seront
par la suite validés.

Contenu du texte :

Ce texte constitutionnel a été écrit en 48h ce qui fait qu’il est très court, il possède 58 articles, c’est une imitation de la
constitution de l’an VIII. Une seule différence concerne le tribunal, il y en a plus.
En guise de préambule, figure le rappel de la question qui a été posée au peuple français et des cinq bases fondamentales
définies dans la déclaration + Art 1er qui confirme les grands principes de la garantie des droits et constituent la base du
droit civil au français
Le principe fondamental du nouveau régime est la concentration du pouvoir entre les mains du chef de l'État qui est
responsable devant le peuple via des élections et via le plébiscite. Cette responsabilité directe justifie l’étendue des
pouvoirs du chef de l'État. Le président de la république est la pièce maîtresse du régime.
La constitution désigne le prince Louis Napoléon Bonaparte comme président pour 10 ans. Mais la constitution ne
prévoit pas la désignation de son successeur, seuls les articles 16 et 17 parlent d’élections et ce qu’en cas de mort
prématuré de Louis Napoléon Bonaparte, et ces élections seront dans ce cas-là organisées par le Sénat. L’article 17
précise que le président peut, par un acte secret déposé au sénat, désigner le nom du citoyen qu’il recommande.
Le président de la république détient tout le pouvoir exécutif. Il a un pouvoir de nomination, réglementaire et assure la
direction de l’armée et des relations internationales. Il détient aussi le pouvoir législatif avec les assemblées que sont le
Sénat et le corps législatif. La répartition entre les deux est déséquilibrée en sa faveur.
Pourquoi ? Le président de la république a seul l’initiative des lois et il dispose d’un droit de véto absolu. Il a donc la
possibilité de refuser les lois votées par le corps législatif. Il peut enfin dissoudre le corps législatif. Le président peut aussi
modifier la constitution.
Il est seul à pouvoir autoriser une modification de la constitution ; il peut le faire en saisissant le peuple. Tous les autres
organes sont subordonnés au président de la République.
En effet, l’article 3 dispose que le président de la république gouverne au moyen des ministres, du conseil d’état, du
sénat et du corps législatif.

➔Le conseil d'État est composé de 40 à 50 conseillers nommés par le président de la république et révocables par lui. Le
CE assiste l’exécutif dans la procédure législative mais aussi réglementaire ; il a en ce domaine un rôle consultatif. Il
remplit aussi la mission de juge du contentieux administratif. Dans le texte de 1852, le CE est chargé de « résoudre les
difficultés qui s’élèvent en matière d’administration ».

➔Le Sénat est composé de 150 sénateurs au maximum qui sont inamovibles mais il est prévu dans la constitution de
1852 qu’il n’y pas d’obligation de nommer directement les 150 ; il est prévu que 80 sénateurs soient nommés la 1ère
année. Les sénateurs sont soit nommés par le président, mais il existe des sénateurs de droite : les maréchaux, les
cardinaux, abiros. Le Sénat n’est pas une chambre législative, il est conçu au départ comme le gardien de la constitution.
Concrètement, il contrôle la constitutionnalité des lois. Il peut donc s’opposer à la promulgation d’une loi, ce contrôle
peut s’exercer d’office. Le sénat prend aussi des sénatus consulte pour compléter la constitution. Ceux-ci sont
promulgués par le président de la république. Le sénat est donc investi de pouvoirs importants, plus importants que le
Sénat de l’an 8. Mais le président va le contrôler notamment en ne nommant que 80 sénateurs sur 150. Cela a fort bien
fonctionné car le Sénat a toujours été très fidèle à Louis Napoléon Bonaparte.

➔Le corps législatif est composé entre 250 et 300 députés qui sont élus au suffrage universel direct. Ils sont élus pour un
mandat de 6 ans. Il y a un nouveau principe introduit par la constitution : le scrutin uninominal avec un député pour 35
000 électeurs. Cela permet au gouvernement de découper librement les circonscriptions électorales. On voit apparaître le
système des candidats officiels : ils sont financés par le gouvernement et sont favorisés par l’administration. On ne veut
pas que le corps élu s’oppose à l’action de l’exécutif. Le ministre de l’intérieur prescrit au préfet de faire connaître aux
électeurs le candidat que le gouvernement juge le plus approprié pour être élu. C’est ce que l’on appelle le fameux
privilège de la fiche blanche : semblable aux affiches administratives. Les candidats officiels peuvent utilise le blanc pour
faire campagne, contrairement aux autres candidats non officiels. Il y a 248 candidats officiels élus sur 251. L’indemnité
parlementaire est supprimée : la fonction de législateur convient à ceux qui ont les moyens. Le corps législatif n’a pas
l’initiative des lois, il discute et vote seulement selon les projets de lois qui lui sont proposés. Ces amendements peuvent
être rejetés. Il n’y a pas non plus de droit d’adresse et d’interpellation.
➔Les ministres sont considérés comme de simples auxiliaires du président. Ils ne forment pas un conseil et ne sont donc
pas responsables devant le corps législatif. En résumé, la constitution de janvier 1852 organise une subordination
complète du législatif à l’exécutif mais également une subordination complète de tous les organes au chef de l'État qu’il
s'agisse des organes exécutifs ou législatifs. Louis Napoléon Bonaparte fait précéder la constitution de 1852 d’une
déclaration adressée aux citoyens. Cette proclamation a pour but d’expliquer pourquoi les institutions sont comme cela.
Dans ce préambule, Louis explique très clairement ce nouveau régime : il dit que le régime parlementaire doit être
condamné car il source
d’anarchie et d’instabilité, de clientélisme et de corruption. Pire encore, le régime parlementaire prive le peuple de sa
souveraineté. Il termine en disant que la démocratie est contraire à la tradition césarienne.
Cette constitution transforme donc la 2nd république en république césarienne. C’est cette dernière qui va se
transformer assez rapidement en Empire.

b) Le rétablissement de l’Empire

Il a lieu le 2 décembre 1852. Comment passer du texte de janvier 1852 à un empire ? La constitution établit un pouvoir
personnel. Par ce dernier, cette constitution annonce déjà l’empire.
Ce pouvoir personnel facilite la transition entre président et empereur. Les pays européens sont reconnaissants envers
Louis d’avoir rétabli l’ordre mais ils n’ont pas du tout gardé un bon souvenir du 1er empire. Ils craignent donc une
nouvelle politique d’expansion comme celle menée par son oncle. Celle-ci menacerait le pacte de Vienne signé à la fin de
l’empire Napoléonien 1er.
Pour faire admettre l’idée en Europe que l’installation d’un empire n’est pas dangereuse, Louis entreprend un voyage en
province pour savoir ce que la population pense. Face à l’accueil favorable qui lui est réservé, Louis déclare dans un
discours à Bordeaux le 9 décembre 1852, « La France semble vouloir revenir à l’empire ». Il faut tout de même préciser
au passage que leS préfets avaient reçu l’ordre de faire crier la population.

Dans ce discours, il va aussi rassurer les puissances européennes.


Il déclare: « L'empire, c’est la paix. Je ne veux pas avoir une politique de conquête. Les seules conquêtes sont sur le plan
de l’économie ». Pour répondre au vœu populaire, le président doit consulter le Sénat pour réformer la constitution (il
faut un sénatus consulte et un plébiscite). Le Sénatus consulte est adopté par le sénat le 7 novembre 1852 à l’unanimité
moins une voix. Ce dernier prévoit que le peuple sera consulté pour savoir s’il souhaite « le rétablissement de la dignité
impériale en la personne de Louis Napoléon Bonaparte avec hérédité dans sa descendance directe ».
Le plébiscite a lieu le 20 et 21 novembre 1852 et se solde par une très large victoire du « OUI ». Le sénatus consulte
précise aussi que la constitution du 14 janvier 1852 est maintenue dans toutes ses dispositions qui ne sont pas contraires
au sénatus consulte.

➔Le 2nd empire est issu de la république sans véritable rupture constitutionnelle.
On a l’impression de revivre la 1ère personne constitutionnelle lors du passage au consulat du 1er empire. Le résultat de
plébiscite impose cependant de modifier la constitution sur certains points : le nouveau régime est donc organisé par un
Sénatus consulte du 25 décembre 1852. Il porte « modification et interprétation de la constitution ». Ce texte renforce
encore les pouvoirs du chef de l'État qui désormais porte le titre d’empereur des français. Louis va devenir Napoléon III
parce que l’on va tenir compte du règne du fils de Napoléon 1er (revoir en haut). L’empereur à le droit de faire grâce et
d’accorder des amnisties.
Il peut aussi présider quand il le veut le Sénat et le Conseil d'etat et il peut nommer jusqu’à 150 sénateurs en plus des
sénateurs de droite. Enfin, Louis va régler ses comptes avec le corps législatif qui avait manifesté une certaine
indépendance notamment à l’occasion du vote du budget ; il prend des décisions pour le contrôler davantage = le régime
douanier sont 4 sortis du domaine de la loi, cela veut dire qu’en cette matière, l’empereur a les mains libres pour décider
dans ce domaine. Le budget sera désormais voté par ministère et non plus par chapitre = il est voté par bloc massif.
En 1858, on assiste à un durcissement du régime ; c’est ce que l’on appelle le tournant autoritaire. Il va se produire un
évènement qui va pousser Louis : un sénatus consulte du 17 février 1858 impose au corps législatif de prêter un
serment d’obéissance à la constitution et de fidélité à l'empereur .Pourquoi va-t-il été adopté ? Le 14 janvier 1858, Louis
(Napoléon) a été victime d’un attentat organisé par Orcil favorable à un régime républicain et qui voulait contraindre la
France à aider l’Italie à faire en sorte que celle-ci ne soit plus sous domination autrichienne. Napoléon III en sort
indemne. Cela explique en partie le sénatus consulte et le vote de la loi de sûreté générale de février 1858 qui autorise le
gouvernement à déportés sans jugement les personnes ayant déjà fait l’objet d’une condamnation politique.
L’empire à la suite de cela est autoritaire. Les assemblées ont un rôle effacé, le pouvoir législatif est totalement
subordonné au pouvoir de l’empereur et celui-ci apparaît comme le maître absolu de l'État. Mais il y a deux limites
importantes : ➢Le régime en place est un régime autoritaire mais aussi un régime de césarisme éclairé car Louis est
convaincu de la primauté de l’économique sur le politique. Il veut imposer la transformation économique du pays.
Pour cela, il va développer le crédit et abolir les barrières douanières.

➢Le régime impérial éprouve beaucoup de difficultés pour recruter un nouveau personnel politique. L’empire doit
recruter son personnel dans l’ancien personnel de la monarchie de juillet. Cela va favoriser le retour du
parlementarisme. On constate que dès 1860, l’empire autoritaire fait place à un régime de plus en plus libéral.

II : L’empire libéral 1860-1870


On assiste à un retour du régime parlementaire cad que la tradition parlementaire se combine avec la tradition
césarienne. Cette évolution se fait progressivement et se déroule en 3 phases successives

a) La 1ère phase : 1860-1866


Cette transformation constitutionnelle de l’empire a des causes politiques.
Dès 1859, Louis Napoléon III doit opérer un revirement politique : la politique qu’il a menée a mécontenté les milieux
conservateurs (ceux qui l’ont soutenu jusqu’à l’ordre ne vont pas apprécier ses nouvelles mesures). Il commence donc par
apporter le soutien de la France aux pieds montés qui veulent libérer l’Italie. Il va intervenir militairement : les batailles de
Magenta 4 juin 1859 et de Solferino 24 juin 1859.
L'Italie va donner Nice et la Savoie qui vont être annexées en 1860. Le conflit porte atteinte au droit du pape. En
faisant ce choix, Louis se met à dos le clergé et l’opinion catholique (partie des conservateurs). En outre, en janvier
1860, le roi conclut un traité de libre-échange avec l’Angleterre.
En faisant cela, Louis va se mettre à dos la bourgeoisie d'affaires. En somme, Louis mécontente toutes les personnes qui
l’ont soutenu durant son coup d'État. Il espère tout de même obtenir le soutien des républicains. Mais cela ne marche
pas. Les républicains ne pardonnent pas le coup d'État. C’est dans ce contexte que Louis
va décider de restaurer un contrôle parlementaire sur l’action du gouvernement. Pour faire face aux résistances du
corps législatif, il doit faire des concessions. Il va donc se servir du pouvoir parlementaire. Napoléon III va par un
décret du 24 novembre 1860 rétablir l’adresse, députés peuvent faire une adresse en réponse au discours de
l'empereur. Ces premières dispositions permettent de discuter la politique de l’empereur une fois par an.
Le même décret crée des ministres sans portefeuilles qui sont chargés de défendre les projets de lois devant les
chambres (devant le corps législatif). En 1863, ils seront remplacés par un ministre d’état qui prend l’allure d’un
premier ministre : Eugène Rouere.
Il y a un compte rendu des débats qui peuvent se faire aux JO de l’époque : le moniteur. Un sénatus consulte du 02
février 1861 assure la publicité effective des débats du corps législatif et du sénat : on a une publication intégrale au
moniteur de ce qui s’est dit dans ces chambres. Elle se fait le lendemain et la presse a la possibilité de reprendre ce qui s’est
dit au niveau des chambres. Cela permet de donner un écho des travaux parlementaires dans l’opinion publique. Un
sénatus consulte du 31 décembre 1861 va accroître les pouvoirs du corps législatif pour permettre un meilleur contrôle
budgétaire.
Désormais, le vote du budget se fait par ministère. Les élections législatives de 1863 voient la victoire de candidats
officiels mais les opposants progressent.
La droite catholique et les républicains vont se rassembler au sein d’un parti.
« L’union libérale » : il va obtenir 30 sièges. Il y a un mouvement qui est donc favorable aux idées libérales. Le 11
janvier 1964, Thiers va prononcer un discours au corps législatif, il porte sur les « 5 libertés fondamentales nécessaires
» ● Il revendique la liberté individuelle qui est selon lui liée à la loi de sûreté générale
● Liberté de la presse
● Liberté de l’électeur qui selon lui est entravé par la pratique de la candidature officielle
● Il réclame aussi la liberté de l’élu c’est à dire la possibilité pour la représentation nationale de débattre librement ●
La liberté de la majorité parlementaire : la possibilité d’orchestrer un contrôle des représentants du peuple sur le
gouvernement

Thiers défend la logique parlementaire. La majorité des députés, parce qu’elle reflète la majorité
de l’opinion, doit pouvoir diriger la politique du gouvernement sans que la responsabilité du
chef de l'État soit pour autant remise en cause.
Un groupe de députés favorables au régime parlementaire va se créer : Le tiers parti composé de députés républicains et
orléanistes = 44 députés ont signé un amendement dans lequel ils se disent attachés à la l’ordre et à la Liberté. Cet
amendement est fait par républicain Emine Olivier et par un orléaniste. Les journaux vont commencer à s’exprimer
librement et il va y avoir l’apparition de critiques virulentes. L’amendement n’est pas retenu. Gouvernement
soumis à la pression des journaux car publicités intégrales qui est faite sur
les débats. Léon Gambetta → Les députés protestent et le roi va leur accorder un peu plus de pouvoir dans le
sénatus consulte du 18 juillet 1866. Ce dernier élargit le droit d’amendement du corps législatif et permet une
indemnité parlementaire (forfaitaire par session). Ce texte interdit quand même toute discussion sur la constitution.
A l'issue de cette phase, il y a un début de parlementarisme.

b) La 2ème phase de libéralisation du régime 1867-1869


Le contexte politique provoque l’accentuation de la libéralisation du régime. En effet, l’empereur a essayé d’avoir
le soutien des ouvriers par des mesures sociales en faisant voter et adoptant la loi du 25 mai 1864 → supprime le
délit de coalition et autorise la grève (autorise la grève).
C’est un échec : les mouvements ouvriers vont se radicaliser. Ainsi, l’empereur va essayer de calmer la bourgeoisie
d’affaire, qui est alarmée par l’évolution du contexte international.
Louis va tout simplement va tout simplement faire prendre un nouveau tournant parlementaire à l’empire : Il fait
adopter un décret du 19 janvier 1967 qui remplace l’adresse par l’interpellation pour le corps législatif et le sénat.

Mais ce droit demeure limité puisqu’il ne peut entraîner aucune sanction contre le gouvernement. Un autre sénatus
consultée du 17 mars 1867 va venir développer les pouvoirs du sénat. Désormais, le sénat pourra renvoyer une loi avant
sa promulgation pour une seconde délibération.
Cette réforme commence à transformer le Sénat. A l’origine, la réforme vise à contrôler le corps législatif mais le sénat
commence à devenir une seconde chambre législative. Pourquoi ? Car le sénatus consulte lui reconnaît un droit de véto
suspensif. On est en train d’évoluer vers un certain bicamérisme. Les députés votent un certain nombre de lois libérales et
ils vont notamment deux lois : celle du loi du 11 mai 1868 (sur la presse : qui abolit l’autorisation préalable et supprime
la censure) et celle du loi du 6 juin 1868 (qui assouplit le régime des réunions publiques en supprimant l’autorisation
pour celles qui sont non politiques).
Avec cela, l’empire rompt avec la tradition autoritaire et à partir de 1869 il va se transformer en régime
parlementaire. Le contexte politique est déterminant.

c) la troisième phase de la libéralisation de l’Empire (1869-1870)


La loi sur la presse de 1868 va avoir un effet immédiat car celle-ci va permettre aux journaux de critiquer le régime en
place et de se déchaîner contre le gouvernement. Les élections législatives de 1869 voient la victoire de l’opposition. La
droite et les républicains obtiennent moins de voix que le gouvernement mais ils remportent plus de sièges car les villes
ont voté pour l’opposition.
Désormais il y a 3 camps au sein du CL (corps législatif) : à gauche il y a une petite minorité de républicains, à droite
une forte minorité des bonapartistes favorables au césarisme autoritaire, au centre une majorité de députés du tiers
parti qui sont favorables au régime parlementaire.

Le 6 juillet 1869, les députés du tiers parti demandent à interpeller le gouvernement sur la nécessité d’écouter le
pays. L’empereur (Napoléon 3) va réagir très rapidement : il va réagir dans le sens opposé à celui qui avait été
décidé avec Charles 10 en 1830. Pour éviter le débat sur l’interpellation, il renvoie immédiatement ses ministres et
fait modifier la constitution par un Sénatus consultes du 8 septembre 1869. Il va modifier la constitution dans le
sens voulu par les élections : ce texte libéralise le régime en réformant le statut des assemblées = modifie le statut du
CL et le Sénat.

En effet, les pouvoirs du CL sont renforcés en leur accordant l’initiative législative. Il le partage donc avec l’empereur.
Cette assemblée a le droit complet d’amendement = il va assouplir sa procédure. Le CL peut maintenant maîtriser son
organisation intérieure en adoptant son propre règlement. Enfin, le CL doit désormais approuver les modifications des
tarifs douaniers.
Le Sénat devient une véritable chambre législative avec un droit de véto absolu sur l’adoption des lois. Il a aussi le droit
de proposer des modifications sur le texte qu’il renvoie au CL. En revanche, le Sénat n’exerce plus de contrôle de
constitutionnalité.
Concernant les rapports qu’il y a entre les chambres et les ministres, l’interpellation est facilitée et elle peut donner lieu à
un ordre du jour motivé (= Il y a une possibilité de critiquer le gouvernement). De plus, les ministres peuvent être
membres de l’une ou l’autre des chambres ; ils y ont le droit d’entrée et de parole = il y a une collaboration entre le
législatif et l’exécutif. Ces mesures laissent penser que les ministres sont responsables devant les chambres selon la logique
parlementaire. Pourtant, le sénatus consultes de septembre 1869 précise que « les ministres ne dépendent de l’empereur
».

Cet obstacle au parlementarisme va être levé par la pratique :


Napoléon 3 va appeler Émile Ollivier pour former un cabinet homogène. Émile Ollivier est un des chefs du Tiers
parti ; il joue le rôle du président du conseil. Le ministère présidé par EO applique la tradition orléaniste ; il considère
qu’il doit avoir la confiance de l’empereur mais aussi du CL.
Cette évolution est consacrée au printemps 1870.
En effet, l’empereur prend l’initiative de procéder à une mise au point constitutionnelle pour refonder son régime sur une
tradition parlementaire. C’est une volonté de l’empereur de libéraliser le régime. Il cherche par cela à diviser l’opposition :
il va faire rédiger un texte que le sénat va adopter le 21 avril et qu'il promulgué le 21 mai 1870. Il s'agit du sénatus
consultes du 21 mai 1870. Napoléon 3 organise un plébiscite le 8 mai 1870 pour faire approuver ou rejeter les
réformes libérales. Le sénatus consultes fixe la constitution de l’empire et réunit les différentes réformes qui ont lieu
depuis 1860 et il complète ses dispositions ; il maintient officiellement le sénatus consultes la constitution de janvier
1852 mais en réalité, c’est une nouvelle constitution qui parachève l’évolution libérale du régime : L’empereur reste ici
l’organe central du régime ; c’est le chef du pouvoir exécutif et il a l’initiative législative. Or, ce fond de Le césarisme est
désormais équilibré par le pouvoir reconnu assemblées. En effet, le Sénat devient une véritable chambre législative. Les
sénateurs se voient reconnaître le droit de composer des lois, le pouvoir constituant lui est retiré et celui-ci cesse d’être le
gardien de la constitution pour devenir une nouvelle chambre. On a désormais, un Sénat qui est une chambre haute et un
CL qui est une chambre basse. Le pouvoir constituant est reconnu au peuple mais il est encadré : la constitution ne peut
être modifiée que par le peuple sur proposition de l’empereur. De plus, la question de la responsabilité des ministres n’est
toujours pas clairement résolue avec le sénatus consultes de 1870. En effet, celui-ci dispose que « les
ministres sont responsables ». On peut en déduire que les ministres sont responsables devant les 2 assemblées. Le silence
de la constitution peut donc permettre l’apparition d’une responsabilité politique mais le texte de 1870 prévoit toujours
que L'empereur est responsable devant le peuple français. Le plébiscite organisé en mai 1870 est un succès : 7,5 millions
de oui
contre 1,5 millions de non. Pourquoi est-ce un succès ? Car l’ancienne opposition libérale s’est ralliée à Napoléon 3.
Ceux qui ont voté non sont les républicains radicaux.
Le sénatus consultes réalise une synthèse entre la tradition parlementaire et la tradition césarienne. Ce régime peut-il
continuer d’exister ? Que pourrait-il se passer en cas de crise entre L'empereur et le cabinet ? Cet empire libéral n’a pas
le temps de mettre sa constitution en application. Pourquoi ? Contre toute attente, le second empire va s’effondrer
avant la fin de l’année 1870. Le régime va s’effondrer à cause d’une défaite militaire contre la Prusse.
La guerre est déclarée par la France à la Prusse mais celle-ci était voulue par la Prusse.
Pourquoi ? Pour renforcer l’unité allemande qui était sous domination prussienne. A ce moment, la Prusse a vaincu
l’Autriche en 1866. Or, tous les pays allemands avaient pour ennemis communs la France. Le chancelier Bismarck va
provoquer la France. L’incident décisif est la dépêche d’Ems : c’est une dépêche adressée au roi de Prusse par la France
mais qui a été modifiée par le Chancelier Bismarck. Cette dépêche concerne la succession d’Espagne. Le 15 juillet
1870, les députés votent les crédits de guerre. Il s’agit d’une volonté de mettre fin à une longue période d’humiliation
depuis la défaite française de 1815. Le 19 juillet 1870 la France déclare la guerre à la Prusse. Le cabinet avec EO laisse à
l’empereur la direction de cette opération militaire. Pendant ce temps, la régence est assurée par l’impératrice Eugénie. La
France n’est pas du tout préparée à cette guerre. Dès le début des combats, c’est un désastre militaire.
La convocation extraordinaire des chambres et EO est remplacée par le comte de Palikao. La gauche souhaite une
dictature de l’assemblée comme sous la Convention. Face à l’avancée des prussiens, la garde nationale est rétablie et
L'insurrection menace la capitale. Pour sauver le régime, l’empereur a besoin d’une victoire rapide. Avec le général
Magmao, il va tenter une manœuvre militaire qui est de secourir le général Bazaine mais cela est un désastre ; les 3
sont
encerclés par les Prussiens. Le 2 septembre 1870 Napoléon 3 capitule mais le peuple parisien refuse la défaite et le 4
septembre 1870, les députés républicains demandent au CL la déchéance de l’empereur. Un compromis posé par
Thiers est adopté : il contient un gouvernement provisoire et de convoquer une assemblée constituante dès que
possible. Mais, cela n’est pas suffisant.
Les révolutionnaires comme Blanqui tentent de recommencer = les émeutiers parisiens vont envahir le CL et dans
le tumulte général, un député républicain (Gambetta) proclame la déchéance de l’empire.
Les députés républicains se rendent ensuite à l’hôtel de ville et proclame la république, il refuse la capitulation et
ils constituent un gouvernement de défense nationale. Cela entraîne la création de la 3ème république.

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