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Les Troubles de Lalimentation Chez Les Adolescents Les Principe 1998
Les Troubles de Lalimentation Chez Les Adolescents Les Principe 1998
GUIDE DE AM 96-04
PRATIQUE
CLINIQUE DE
LA SOCIÉTÉ
CANADIENNE
DE PÉDIATRIE Les troubles de l’alimentation
chez les adolescents :
Les principes de diagnostic et
de traitement
LE DIAGNOSTIC
Les critères diagnostiques des troubles de l’alimentation, tels qu’ils sont décrits dans le
DSM-IV (4), ne s’appliquent peut-être pas tous aux adolescents. En effet, la variation énorme
entre le taux, le rythme et l’importance de la prise de poids et de taille des divers adolescents
pendant une puberté normale, l’absence de menstruations au début de la puberté et le carac-
tère imprévisible des cycles peu après l’apparition des premières règles ainsi que l’absence de
prise de conscience psychologique de concepts abstraits (comme l’idée de soi, la motivation de
perdre du poids ou les états affectifs) imputables au développement cognitif normal limitent
l’application de ces critères diagnostiques officiels aux adolescents. En outre, des caractéristi-
ques cliniques comme le retard pubertaire, le retard staturopondéral ou l’acquisition insuffi-
sante de minéraux osseux peuvent se présenter de manière infraclinique (5,6). Le recours à des
critères stricts peut favoriser l’exclusion des premières manifestations et de la forme infraclini-
que (une condition préalable à la prévention primaire et secondaire) des troubles de l’alimenta-
tion et celle d’adolescents à l’attitude et aux comportements alimentaires très anormaux,
comme ceux qui vomissent ou prennent régulièrement des laxatifs mais n’ont pas de fringa-
les (7-9). Enfin, des habitudes alimentaires anormales peuvent détériorer la santé (10), même
en l’absence des critères officiels de maladie. Pour toutes ces raisons, il est essentiel de diag-
nostiquer les troubles de l’alimentation chez les adolescents en tenant compte des aspects mul-
tiples et variés de la croissance pubertaire normale, du développement de l’adolescent et de la
perspective d’une vie adulte en santé plutôt qu’en se fondant sur des critères officiels.
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Position : En pratique clinique, il faut songer à un diag- gravité et à la durée des habitudes diététiques dysfonc-
nostic de trouble de l’alimentation lorsque le patient ado- tionnelles. Même si des carences en minéraux, en vitami-
lescent adopte des pratiques malsaines de contrôle du nes et en oligoéléments peuvent se manifester, on ne les
poids ou se montre obsessif face à son alimentation, à son perçoit généralement pas à l’examen clinique (22). Cepen-
poids, à sa silhouette ou aux exercices physiques, et non dant, il faut absolument identifier la carence énergétique
seulement lorsqu’il correspond aux critères diagnosti- (calories) et protéique, car ces éléments sont essentiels à
ques. On doit envisager la présence d’un trouble lorsque la croissance (2). En outre, des données semblent démon-
l’adolescent ne réussit pas à atteindre ou à conserver un trer que les adolescents atteints perdraient des éléments
poids, une taille, une constitution ou une étape de matura- tissulaires essentiels, comme la masse musculaire, l’adi-
tion sexuelle conformes à son sexe et à son âge. posité corporelle et les minéraux osseux (5,21,24) pendant
une période de la croissance qui devrait comporter une im-
LES COMPLICATIONS MÉDICALES portante augmentation de ces éléments. Une évaluation
Aucun système organique n’échappe aux effets des complète et continue de l’état nutritionnel représente la
troubles de l’alimentation (11-15). Bien que les signes et base de la prise en charge des troubles nutritionnels chez
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semblent optimales lorsqu’y participe une équipe inter- disciplinaire et fonctionnent mieux lorsque l’équipe se
disciplinaire composée de professionnels des secteurs compose de médecins, d’infirmières, de diététistes et de
médicaux, infirmiers, nutritionnels et psychothérapeuti- psychothérapeutes. Le traitement doit être donné par des
ques (27). La physiothérapie et l’ergothérapie peuvent re- dispensateurs de soins qui possèdent des compétences
présenter des ajouts utiles au traitement. Les dispensa- dans la prise en charge de patients adolescents souffrant
teurs de soins doivent être férus dans le traitement des de troubles de l’alimentation et qui connaissent le déve-
troubles de l’alimentation et le travail avec les adolescents loppement physique et psychologique normal des adoles-
et leur famille. Il doivent aussi connaître le développe- cents. L’hospitalisation d’un adolescent souffrant d’un
ment physique et affectif normal des adolescents. trouble de l’alimentation se révèle nécessaire en présence
Les traitements doivent être offerts tant en milieu am- de malnutrition, de signe clinique de décompensation mé-
bulatoire qu’hospitalier (27,28). Certains facteurs justi- dicale ou psychiatrique ou d’échec du traitement en milieu
fient l’hospitalisation, y compris une malnutrition impor- ambulatoire. La fréquence, l’intensité et la durée du traite-
tante, un signe physiologique ou physique d’atteinte ment continu doivent être adaptées au patient.
médicale (instabilité des signes vitaux, déshydratation ou
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dicine de nous avoir permis d’adapter le manuscrit au and medical management of bulimia. Ann Intern Med
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Les recommandations du présent guide de pratique clinique ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement ex-
clusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes.
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