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ŒUVRES COMPLÈTES

DE BOSSUET
TOUS niions KÉSEKVKS
ŒUVRES COMPLÈTES
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BOSSUET PREGEDliES DE

SON HISTOIRE PAR LE GARD. DE BAUSSET k DE DIVERS ÉLOGES

édition renfermant tous les ouvrages édités jusqu'a ce jour

collation:\ée sur les textes les plus corrects

PAR UNE SOCIÉTÉ D'ECCLÉSIASTIQUES

TOME SIXIÈME
CONTROVERSE

lîAlM.KDUCJ PAHIS
I

TYr. DES CÉLESTINS — IIEUTUANU ULOUD KT lîAKUAI.. I.IUU.-I'.DITEUHS

-(î, RUK IIK I.A llA.Nyl;i;, '"()


|
IS, lll'K l.ASSKTTK. 18

1879

"UnivôrsifJJ*

BiGLIOTHECA
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS

tion chrétienne : car à quoi bon et les dogmes


I
révélés et les sacrements sancti'icateurs et la
Quiêtisme, c'est l'inactivité de l'âme, son re- prédication évangélique et toute la hiérarchie
pos et comme son sommeil. La théologie ap- ecclésiastique si éprise de l'amour pur de
; ,

pelle de ce nom l'errem- dont le rincipe fon-



Dieu, l'âme est irrévocablement constituée
damental est que l'àme.unie à Dieu, doit, sans dans ce bienheureux état où une seule chose
inquiétude et dans une jouissance passive reste à faire, recevoir passivement l'eiTusion
des communications divines, se reposer abso- des grâces divines et se perdre dans la volonté
lument sur le bon plaisir et la Providence du absolue, quelle qu'elle soit, de Dieu infini ?
souverain maître, dégagée de tout souci d'agir C'est en effet à ces sommets de rêveuse
par elle-même, indifTércnte surtout aux sug- contemplation que se place le quiétiste. Sur
gestions ou agitations des sens. De là deux les ailes de l'amour désintéressé, pur de toute
sortes de quiêtisme, selon la fantaisie de ses image étrangère, il est emporté par de là les
partisans : l'un brutal et grossier, l'autre spi- vulgaires notions de l'école et les actes de foi
ritualiste et éthéré; l'un et l'autre, comme populaire; il monte, il arrive jusqu'à l'essence
toutes les doctrines fatalistes, venant finale- divine; il plonge, il se perd dans les infinies
ment aboutir par des voies diverses à l'anéan- profondeurs de l'être souverain il s'y abîme :

tissement de la moralité humaine et du chris- et s'y endort, peu soucieux de la distinction


tianisme. Cette conclusion, hâtons-nous de le elle-même des personnes ou des attributs di-
dire, éloignée tout à fait des prévisions et in- vins , détails infimes qui embarrasseraient
contestablement détestée par l'âme si pure et l'heureux contemplatif et gêneraient son doux
si élevée de Fénelon, demmderait pour être sommeil son extase passive, l'amoureux
,

mise dans tout son jour, un développement abandon de l'âme abîmée en Dieu. Gomment
que ne comporte pas un simple avcriisscment, lui demander alors, quand déjà elle est arri-
dont nous sommes en outre décharges par vée au terme, qu'elle puisse se laisser distraire
les nombreux et admirables traités de Bossuet aux infimes préoccupations ou aux liborieu-
sur la matière. Nul n'a plus profondément scs reclierches de qui péniblement s'y ache-
étudié la question, nul n'en a plus éloquem- mine? Que venez-vous lui parler encore de la
ment démontré l'étendue, ni dévoilé davan- vie des sens et de tout ce qui est matière vile
tage les con.séquences désastreuses. et corporsUe? Elle plane dans les régions
L'histoire de ces bruyants débats entre des élhèrées de l'infini. Est-ce que ce corps sensi-
hommes tels que Bossuet et Fénelon, dans un bleoù elle semble adhérer lui est de quelque
siècle dont la grandeur ne sera plus égalée empêchement? Qu'il éijrouve ce qu'il voudra,
par aucun, sera toujours d'un intérêt suprême exige à son gré, à
qu'il fasse, qu'il agisse, qu'il
pour les esprits sérieux. La question n'est di- sa manière, qu'importe! L'âme est au-dessus,
minuée en rien par le conflit des amours-pro- elle n'est plus soumise à sa vile tyrannie, elle
pres engagés son importance réelle ressort
: en est aussi dégagée que le créateur l'est de la
au contraire de l'intervention de pareils lut- création elle est en Dieu, comment s'abais-
:

teurs. La querelle s'agite autour de (ont autre sera-t-cllc à s'inquiéter d'une prison corpo-
chose que de vaines subtilités mystiques et relle ?

elle ne roule pas sur quelque louche expres- Tel est à peu près le raisonnement du quié-

sion, dénaturée ou envenimée par un esprit tiste, si que le quiêtisme procède par
tant est
jaloux et froissé. A qui sait l'cntcndro, la thêo- voie de raisonnement, et non pas, comme il
ri(! quii'tistc touche à tous les mystères do est fatal aux illuminés, par cnirainemenl. par
l'activité liumaino .sous la toute-puissante ac- haliuciiialion, par délire. Mais par une pente
tion de D'OU c'est-à-dire aux foiKlcincnts
,. naturelle, desâmes ardentes, ])ures d'ailleurs,
mêmes (ie la religion cl do la morale. Klie al- charmées enivrées à la noble et grande idée
et
toiiil de front particulièremoul toute l'iuslitu- de couleuiplor et d'aimer Dieu seul, si la cha-
B. ToM. VL
,

AVF.HTlSSEJfENT LFS ROFTEl^RS.

lour (|p l'imneination et les tendances rêveu- apaisement des esprits et une heureuse ter-
ses prédomiiit'iit, si le sens pratique est en minaison des débats. W ne m, initié d'abord
défaut, t'iiris's de la brillante chimère de aux conférences et en relation amicale avec
l'amour désinterossé, n'en viendront-elles pas les trois commissaires, était devenu membre

insensiblement aux cxiravapantes folies d'un actif de la commission depuis sa récente pro-

Michel Molinos ? Kl qui ne voit à quelles dé- motion à l'archevêché de Cambrai. Nommé
plorables conséquences de pareils rêves, éri- archevêque par Louis XIV, le 4 février 1695, il
pés en système, entraîneraient la foule des acceptait et sipnait, le 10 Mars suivant, les
esprits laiblcs ou des natures jicrvcrscs? Qu'on articles d'Issy (I), portés maintenant, sur sa

lise attentivement le décret d'Innocent XI, demande, do trente à trente-quatre pour une
du 28 août IG87, jjoitant condamnation des plus complète exitosition de la doctrine. Dix-
Q'uvresde Mi( hel Molinos, et qu'on nous dise sept jours après la sipnaluro, il écrivait à Bos-
si les erreurs et les iiérils du quielisme sont suet, résidant à Meaux, .sur le ton d'une ami-

ou cliimiriques ou exagérés. Or, M"" Guyon tié ancienne n'y a rien do nouveau en ce
: « Il

en renouvelait la doitrine, et les Masimcs pays-ci, sinon que vous n'y êtes plus, et que
des Saints émettaient tell s et telles proposi- ce chanpement se fait sentir aux philo.sophes.
tions d'où jiouvait renaître la théorie entière Je m'im ipinc qu'après les fêles, s'il vient de
du quielisme. De là les troubles, les discus- beaux jours, vous irez revoir Germiny paré
sions ardentes et i)rolonpees, les débats cé- de toutes les gnlces du printemps; dites-lui,
lèbres entre deux hommes dojit le pénic et la je vous supplie, que je ne saurais l'oublier et
prando renommée plus encore que la cha- ,
quej'esjièro me retrouver dans ses bocages,
leur du combat ou l'intérêt de la question, avant que d'aller chez nos Belges, qui sunt
créèrent, parmi tout ce que la cour et le extremi hominum. »

royaume comptaient alors do personnapes A Issy. il convenu entre les prélats


était

illustres, comme deux camps rivaux et ja- que, do retour dans leurs diocèses, ils publie-
loux, les tinrent en éveil, et portèrent juscjuc raient les articles dans une ordonnance por-

dans Home l'émolion et les ardeurs d'une tant en même temps condamnation des ou-

lutteoù cliacun devait cnlln triomphera sa vrapcs de Madame Guyon. Le nouvel arche-
manière, l'un par l'incontestable lèpilimitè de vèi|uodo Cambrai n'était point évidemment
astreint à la même loi, soit parce qu'il n'était
la doctrine, l'antre par l'admirable acquiesce-
ment doson entière soumission. Nous n'avons pas sacré encore, soit parce que les faux
pas à en redire ici l'histoire, d'ailleurs si con- mystiques n'avaient point paru dans son dio-
cèse, soil aussi par une sorte d'êpard à obser-
nue et si minutieusement racontée dans la
biopraphic des deux illustres champions (t), ver envei-s Madame Guyon, jusque-li soute-
nue et comme défendue jiar sa bienveillance.
histoire trop souvent dénaturée par les jiarli-
sans outrés de l'un ou de l'autre conlendant, Bossuct publiait son Ordonnance ïo 16 avril
100.5. Comme tout ce qui est émané de lui,
histoire au reste que le simple exposé biblio-
graiihi(iuo des traites de lîossuet, relatifs à la
quand il s'est .surtout adressé à l'^Lplise, l'or-
question, va mettre dans tout son jour.
donnancc exprime dans un noble lanpage les
enseignements de la foi, mais principalement
II
les erreurs oùse sont laissés entraîner les faux
OrdnyiJiaucesur Irsclalsd'oraisoîi. La ques- — mystiques. L'évéquc do Meaux signalait par-
tion (\u iiuirlisvic, pràcc aux iiiconseipiences ticulièrement cinq caractères auxquels il sera
de l'ardcnlo M"" Guyon, pràco sur-
et alVoléo aise de reconnaître dans la doctrine des quié-
tout à la haute j'osilion des iiersonnapes en- tisles leur égarement et les désastreuses
gapés dans la querelle, prenait déjà dans l'opi- conséquences des principes qu'ils établissent.
nion publique une véritable imiiortanco Comme conlre-poison, il promuipuait les
lorsque, par la confcrcnce d'issi/ (•2), où furent xxxiv articles d'Issy, et dênon(,Mil le^ livres
rèdipès par Hossuel, en compapnie de MM. de suspects et condamnés surla matière, en évitant
Noailles, èvèque de ('>hàl()ns, et Tronson, su- toutefoisdo nommer Madame (îuyon, dont
périeur de Sainl-.Sulpice, trente-quatre arti- troisouvrages, le Moyen Court, V tlrplication
cles sur la matière, il y avait lieu d'espérer un du Cantique des Cantiques, la fiègledes associés
à l'enfance de Ji'sus c\Moa\. pourtant nommé-
(I) Cf. Dtuitrl /liMi. d' tttiuitl. I T. I T Ft lulr. turlout monl tlclris. Knlin, il annonçait aux lldéles
Hui KfUfliK ,1 «t pâric nt.
:lr III,
une Jnstructioti plus complète et comme un
'
II

2 i f. ILiun'l, Hul- Je FnUoH, 1. 11. || »i, xxii, »iî. — /»,


tliu. d* B»uttU.,\. s. I TU.
0; Voit JitlaiwH Mir UQuiélum; McUou ii:, a. U.
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

Traité SUT toute la question, publiéeen effet plus en plus la blessure l'Explication des :

deux ans après. A


temps de là, très-peu de Maximes des saints sur la vie intérieure était
le 10 juin 1695, assisté des évêques de Châ- publiée au mois de février 1697 (l),un mois et
Jons et d'Amiens, il sacrait dans la chapelle deux semaines avant l'apparition de Vlnstruo
de Saint-Cyr, au milieu des splendeurs de la tion sur les états d'Oraison. Le gant était jeté,
cour de Louis XIV et de la joie commune, le il allait être relevé fièrement et rudement.
nouvel archevêque de Cambrai, Fénelon. Nous n'avons pas à raconter l'histoire
Aucun nuagen'avaitencore troublé la sérénité d'une dont le souvenir attriste sans
lutte,

de leurs relations amicales. doute admirateurs des nobles combat-


les
tants, dont l'éclat ne fut pas non plus un sujet
Instruction sur les états d'oraison. Indemali — de joie dans l'Eglise, dont les résultats tour-
labes : Bossuet tenait à publier cette Instruc- nèrent pourtant à son plus grand honneur.
tion, véritable traité sur la délicate question Si nous en signalons ici l'origine, c'est dans
du commerce de l'àme avec Dieu, revêtue de l'unique dessein d'aider le lecteur à suivre
l'approbation des prélats, ses collègues aux désormais avec plus de facilité la marche d'une
conférences d'Issy: il attachait surtout une controverse longuement et chaleureusement
importance particulière au suffrage de Féne- soutenue par Bossuet.
lon. Le motif en est évident et plausible ce :
La Préface, que l'évèque deMeaux eut soin
n'était pas seulement l'éclat d'un nom déjà de placer en tète de VInsIruction, nous dis-
illustre ou d'un rang élevé la situation faite ;
pense de toute analyse. Quant au fond de
à Fénelon par tous les antécédents de la l'ouvrage, il serait difficile de rencontrer dans
controverse explique et justifie le vœu de les auteurs ascétiques et dans les théolo-
l'évèque deMeaux. Fénelon refusa on peut :
giens une doctrine plussùre,plus développée,
voirdans sa lettre à Madame deMaintenon (1) plus lumineuse le bon sens éclairé par la
:

les raisons du ontpu faire illusion


refus. Elles foi, l'éloquence exposant les enseignements
à l'illustre archevêque, une plus saine et plus delà religion n'ont jamais fait entendre un
habile appréciation des choses etdes hommes plus noble langage, ni répandu une lumière
lui commandait
incontestablement plus de plus sereine, là oii l'esprit humain et d'arden-
condescendance. Refuser après avoir promis, tes imaginations sont naturellement portés
si
n'était-ce pas blesser au vif ("2) ? Refuser dans à entasser des nuages, à provoquer de chimé-
les circonstances présentes, n'était-ce pas riques éblouissemenls. Notre constante admi-
réveiller et aviver des soupçons à peine en- rationdeB333uet n'égare pas notrejugement:
core disparus? EtBossuetn'aura-t-il pas quel- nous sommes, iciencore, l'écho fidèle de lavoix
que droit de dire, non sans amertume: Tout de l'Eglise elle-même qui a parlé par la bou-
« le monde va donc voir que M. de Cambrai
che de son oracle légitime, le Souverain-Pon-
est leprotecteur de Madame GuyonI Ce sou- tife. Bossuel lui avait adressé son ouvrage, ac-
pçon qui ledéshonorail dans le public, va donc compagné d'une iidmirable lettre, le 17 mars
devenirune certitude! Quel scandale! Quel- 16'J7 innocent XII lui repondait, le 6 Mai de
:

lellèlrissure» (3)! L'évèque de Meaux sentit la même année, par un Bref où l'expression
profondémenti'injure: pou de temps après sa de la louange et de l'aHection dépasse la me-
mort, une amie de Fénelon, madame de la Mai- sure ordinaire à ces sortes de témoignages :

sonforl, écrivait à l'arclicvèque de Cambrai :


ce n'était pas le simple remercimcnt d'une
«M. deMeaux me paraissait encore touché. noble politesse, ce fut l'elTusion de cœur d'un
Monseigneur, de ce ([uc vous lui aviez, ren- Ponlit'e (lui approuve, qui loue, qui bénit
voyé sou livre des Étals d'Oraison sans lui on l'auteur d'une œuvre utile et glorieuse à l'E-
dire votre sentiment. M. do Cambrai, me dit-
glise.
il un jour avec émotion, n'avait qu'à m'indi-

quer seulement, ce qu'il improuvait dans cet Tradition Jrs nouveaux mysti(jucs. — Bos-
ouvrage ;j 'y aurais volou tiers cliaiigciiliisicurs suet n'a point publié et il n'eut jamais l'inlen
choses pour avoir l'apiirobalion d'un lionimo tion de pul)li(M- un travail desLiné unique-
comme lui. » Un iucidciiL nouveau, parrcllét ment à Fenolon, son ami encore. Pendant les
du zèle malencontreux des amis do Fénelon conférences d'Issy, avant d'être promu àl'ar-
vint, eu aggravant la bituation, envenimer de chevèché de Cambrai, Fénelon, dans l'os.té-
ranco dojustiller les doctrines de Madame
I (I) L«llr», ou plul'ii Mtmotre. 2 aoili 1696. Voir llul. i/« Fénckn, Gnyon, avait rcdigê et remis aux codIitou-
) I

Ci, l.illrt ,|.: Fiiiol.in ti Dossuci, r. niar» 1896. (I) Ccst lu >liilc ilonnra pkr Bouuet, d'iutru oui dit i l> t'
i, JUIalian .ur I, Quirtùmt, icct. m, n. 19. de Janvier, mima «nné«.
AVERTfSSEMF.NTDES EDITEURS.

ciers une de remarcpies intituli'es


série parenté. « La chanoinesse, écrivait Madame
sans doute parce que ses obser-
le Gnostif/ue, de Maintenon, est plus dérote, plus abstraite,
vations tendaient à assimiler la mj/siique plus aimable et plus étourdie que jamais.
du pur amour h la célèbre Gnose de Clément Discijile enthousiaste de Fcnelon, elle goûtait
d'Alexandrie. Bcssuet prit en main les Remar- singulièrement les Maximes d''S Saints, les
ques, et à ctiacune d'elles il fit une réponse théories du pur amour, l'oubli de .soi-même,
soit pour montrer rommenl la pensée de le charme de se sentir comme arrachée à la
Clément d'Alexandrie était mal saisie et mal terre et commo perdueen Dieu. Mlle fit si bien
pour exjioser combien la nou-
aitpliiinée, .soit que Louis XIV décretason expulsion de Saint-
veilt! mysliqno, si éloignée de la vraie Gnose Cyr, la laissant libre, au demeurant, de fixer
tombait en d'étranges erreurs (I); Clément son sêjouroù bon lui semblerait. Elledemanda
d'Alexandrie n'clait pas au reste seul en et obtint d'être placée à Meaux, sous la direc-
cause d'autres autorités fau.ssemenl inter-
: tion de Bossuet. Elle n'eut qu'à se louer, sous
prétées et allé^iuécs étaient également rame- tous les rapports, de l'intorét paternel, de
nées à leur vraie signitication. L'ouvrage l'indulgence et du zèle que le grand évéque
d'une étendue consideraljle n'a plus aujour- mit à adoucir ses peines. On lit encore avec
d'hui les mêmes projiortions Bo.'^suet en a
: émotion dans un mémoire écrit de la main
détaché do nombreux passages, utilement de cette dame, les détails les plus louchants
placés en plusieurs endroits de ses écrits con- de la bonté constante avec laquelle Bossuet,
tre le quiétismc, notamment dans son Jns- s'arrachant à ses études et à .ses occupations
truction sur les élats d'Oraison, et c'est pour- de tout genre, savait répandre des consola-
quoi les éditeurs des œuvres poslliumes ont tions dans l'Ame d'une simple religieuse, mal-
considéré, à juste titre, les deux ouvrages heureuse et aflligée. C'est d'elle que uous te-
comme faisant suite l'un à l'autre. nons ce propos caractéristique de Bossuet :

La Tradit ondes non rca ux )ni/slir/ues, que Bos- « C'est la grande mode, lui disait-il un jour, de
sueU'ailainsiinlituleeounon, fut tiréepar l'édi- trouver beaucoup d'esprit à M. de Camlrrai; on
teurconiiudesfff/iTfs pnslli urnes, l'abbé Lerni, a raison : il brille d'esprit, il est tout esprit; il
delapoussiércctdcsoublicttesoù cllodorniait en a bien plus que moi. »
depuis un denii-siécle, et publiée dans la for- Ce ne fut pas, au reste, caprice do femme
me qu'elle a aujourd'hui. Si l'exactitude, la ou jeu habile de la part de Madame do la
lucidité, la force du raisonnement ; si la Maisonfort si, expulsée de Saint-Cyr et dis-
science et, en bien des endroits, l'éloquence graciée à cause de son dévonmenl à Madame
elle-même décèlent ici encore le grand écri- Guyon et à l'archevêque de Cambrai, elle
Vîiin, on n'onbliem pourtant pas, que, dans choisit de préférence d'habiter à Meaux sous
l'intention de Bossuet. ces pages sont uni- la direction de Bossuet. Déjà, pendant son
quement des notes à communiquer h Féne- séjour à Saint-Cyr, elle avait connu et appré-
lon, qu'elles ne sont pasuneœuvre travailléeet cie la haute raison et la paternelle boute de
destinée au jinblic, assez fortes de raison l'évcque de Meaux. Elle lui avait alors pro-
néanmoins et assez peremptoiros pour avoir posé ses difTicultés sur les questions tant agi-
arrache ;^ l'archevêque do Cambrai le désaveu tées dans le moment elle le fit |)ar plusieurs
:

de son Gnotisquc, écrit à la hûte, disait-il. lettres. Bo.ssuet était prié d'écrire la solu- i

tion aux (piestions proposées, sur les marges 1


'
Réponse aux di/JlruHés de Madame de la Mai- assez larges qu'elle laissait exprès. De là l'écrit
son fort. —
Nce d'une famille ancienne et i)au- à (liux colonnes, reproduit ici dans la même
vre du Bcrry, Madame de la Mai.sonfort, cha- forme (1). ,

noinesso de Poussay en Lorraine, avait été


attirée ii Saint-Cyr dans le temps où on u'y Réponse à une lettre de M. de Cambrai. —
était point assujeti à'desvœux absolus. Ses Lettre anonyme, mais où la haute raison, la
qualités rendue particulièrement
l'avaient science, la conduite pressante et serrée de la
chère à Madame de Maintenon, qui se plaisait démonsiralion, le style, en un mot, manifes-
à voir en elle la femme prédestinée ù la rem- tent l'autour, quand bien mémo il ne serait
placer jiour perpétuer îl Saii.t-Cyr l'esprit et pas historiquement connu. Publiée en 1697,
l'ordre établis. Un gonl extrême de spiritua- c'était une ivponse h la lettre de Fenelon au
lité l'unit étroitement à Mad.imn Guyon à la- duc de Beauvilliers. \ rai manifeste à l'adresse
quelle l'attachaient d'ailleurs les liens do la du public. Bossuet explique, des le début, le
(I; Vuir liiiatUm nu- J< fuUlum; McUoa m, n. 3 «t 3k (l; C(. ItsUMM, Uni. dt Ftnttm, I. Il, | xii, I. lii, XT.
AVERTISSEMENT DES EDITEURS.

motif de sa réponse il fallait empêcher l'opi-


:

nion publique de s'égarer. Nul n'a eu, plus Sommaire de la doctrine du


: Explica- livre
que Fénelon, le merveilleux talent de donner tion des Maximes, etc. — Comme
précédent, le
à sa cause les couleurs de la vérité, et à ses écrit d'abord en latin, parce qu'il devait être
démarciies les apparences de la simplicité mis sous les yeux des théologiens romains
chrétienne il est vraiment séduisant. Comme
:
désignés par le Pape traduit ensuite en:

les prélats de la conférence proposée, acceijtée fi'ançais et publié en même temps que la Dé-
et puis refusée, étaient au moment de porter claration, parce qu'il importait d'empêcher la
leur jugement; que les décisions précédentes séduction du public, préoccupé alors du dé-
étaient d'ailleurs rendues, par la lettre au duc bat. Dés la première page, en quelques mots
de Beauvilliers, fort suspectes quant à la rec- précis et graves, Bossuet détermine le plan
titude de doctrine et d'intention, Bossuet, qu'il a suivi dans cette substantielle exposition
voyant danger et saisissant vite le piège,
le et les vrais motifs de sa publication. « Dieu
se hâta, par un écrit court, lumineux et pé- m'est témoin, dit-il, que toute ma vie je n'ai
remptoire, d'éventer la mine et d'empêcher rien eu tant à cœur que son amitié, .. sans que ,

l'égarement de l'opinion publique. « Ilnefawt jamais il y ait eu entre nous la moindre divi-
pas attend/i'ir le monde, en déplorant des maux sion, si ce n'est depuis ce livre malheureux. »
qui ne sont pas : on voit en quoi l'auteu/)- est à La division allait devenir plus profonde, par
plaindre : on sait ti op de qui et de quoi il est le l'imprudence, osons le dire, de l'archevêque
martyr, » disait-il en finissant. La fermeté du- de Cambrai. Puisque la cause était dès lors
langage ne doit présenter rien de dur aux portée au tribunal du Saint-Siège, pourquoi
oreilles de quiconque aura froidement et mû- remplir le monde de son bruit, alors surtout
l'ement considéré les événements et les évolu- que les expositions doctrinales et les réfuta-
tions de la question engagée entre Fénelon et tions déjà fiites par Bossuet ne permettaient
Bossuet. vraiment plus à une saine théologie d'hésiter,
ni à la bonne foi d'équivoquer? Mais il était
Déclaration des trois évoques. — Provoquée de la destinée de Fénelon d'aggraver une si-
par les assertions fort étranges de Fénelon, tuation déjà bien comjjromise en la compro-
dans sa Innocent XII et dans Y Aver-
lettre à
mettant de plus en |jlus par une ardeur au
tissement du livre des Maximes, la Déclaration combat et une souplesse de manœuvres qu'on
remettait dans le vrai les doctrines afiirmées voudrait trouver au- service d'une cause meil-
àlssy et les faits relatifs à la question. Li Dé- leure. Ses quatre lettres à Bossuet, écrites à la
claration était adressée au Souverain Pontife,
suite de la Déclaration et du Sommaire, en fu-
écrite en latin, rédigée par Bossuet et signée
rent le trop évident témoignage.
avec lui par de Noailles, archevêque de Pa-
ris, et Paul de Godet des Marais, évéque de Réponse à quatre lettres de Mgr F archevêque
Chartres, à Paris, dans le palais archiépisco- duc de Cambrai. —
La rèi)onse fut écra-
pal, le 6 août IG;)7. Mais Fénelon ne s'était sante a J'ai vu quatre lettres que vous m'a-
:

pas contenté de présenter sa cause sous un vez adressées, et j'ai admiré avec tout le
jour avantageux au Pape seulement il en : monde la fertilité de votre génie, la délicatesse
avait, dans son Avertissement, instruit le pu- de vos tours, la vivacité et les douces insinua-
blic. Bossuet estima dés-lors nécessaire la tions de votre éloquence, » disait Bossuet dès
traduction en frani;ais de la Déclaration faite le début, et il continuait à mettre en relief les
au Souverain Pontife. KUe parut vers la lin grâces mlinies du Cygne de Cambrai. Puis,
de la même année, imjiriméo chez Anisson. prenant en main sa redoutable ma.ssue. il
Dans dtjs circonstances ordinaires, unosim- frappait et réduisait en i)oussièro toutela hrii-
plc et brève exposition doctrinale et histori- lante armure du combattant trop véritable-
que aurait dû sullirc. quand surtout elle était ment armé à la légère. La fié/hinsc ne touche-
faite; dans les formes solcnnclhis de la Décla- iMit pas aux plus délicates (jueslioiis de la
ration. L'agitation dt's esprits, les périls do la Ihénlngic iiiysti>|iie, clic iv !(<< éc'airri-nif, pas
situation, et, disons le mot, grandeur du
la (lu jour le plus cclatiiiil, (|u'cili; sciiiil oucoro
déljal engageront Bossuet à un travail nou- un iliel'-d'duivre de controverse et un iuipc-
veau, où sa iirodigieuse l'écondilé, trouva le rissabio monument du plus grand style. Mais
secret d'éclairer encore une (juestion qu'on il y a [iliis: la noblesse chi caractère, les sain-
•îtait en droit de croire désormais tombée. tes inspirations de la foi, ladigiiileepiscopale.
De lii l'oiiusculi^ suivant : Bossuet tout entier s'y revélo dans un majcs-
\i. ToM. VL
AVFI\TISSEMENT DES EDITEURS.

Iiipiix écliil. N )us n'avons pas à en fournir la marquera rénexion préliminaire sur l'ut'
la

])riîijviî,y aurait trop ii citer


il qu'on lise et :
lité des écrits dansles disputes qui s'itdvent

qu'on ju^je. Le cileur de Bossuet n'a pas à dans /'A'(y/(iT: admirable réponse à qui de-
craindro lis rediU^s, ni les lonnueui-s de la dis- mande encore pourquoi Bossuet mit tunt
cussion il est ciitrainc dés le premier p
:
isfail d'insisUuicc ou, comme bien d'autres le jiré-
avec grand écrivain, et s'il doit avec lui
le londent, apiiorta tant de passion dans la con-
rentrer dans une controvei-se déjà comme troverse du quittisme. On devra ne pas négli-
épuisée, il est tout surpris de se voir éclairé ger non plus cette observation de l'auteur :
d'un jour nouveau et d'être sur un terrain en- « Nous avertissons en Notre-Seigneur ceux

core ignoré. Dans tous les cas, il est constam- qui liront ces écrits, qu'ils doivent s'attendre
ment sous le charme d'une éloquence sans à y trouver en beaucoui» d'endroits des ma-
rivale et d'une émotion (ju'on ne saurait trop tières souvent tn;s-subtiles, dont la lecture

éprouver. La comlusion de la flcj>onsc nous les pourra peiner, parce (jue je ne puis les
en astun srtr garant « Après cela, Monsei-
:
onielLro lorsqu'on tâche de s'en prévaloir,
gneur, je n'ai plus rien à vous dire, et je m'en ni les mettre dans l'esiiril des hommes sans

tiens |)Our vos quatre lellrcs à celte seule ré- qu'ils y donnent de l'attention, ni faire que

ponse. S'il .se trouve dans vos écrits quelque l'attention ne .soit pas pénible. » (,tue le lec-
chose de considérable ((ui n'ait pas encore teur ne s'eirirouche pdinlml |)iis outre me-
été repoussé, j'y repondrai par d'autres sure il eslditllcile avec Bossuet d'eprou\er,
:

moyens. Pour des lettres composcz-on tant en le lisant, une peine véritable.
qu'il vous plaira divertissez la ville et la
:

cour faites admirer votre esprit et votre élo- Préface sur l'Instru^^tion Pastorale donnée à
:

quence, et ramenez lesgrilces des Provinciales: Cambrai le quinzième de septembre IG97. —


je ne veux plus avoir de part au spectacle que L'auteur exjiose, en commençant les motifs et
vousseml)lez vouloir donner au public et je ;
le sujet de l'ouvrage. L'Instruction Pas orale
de l'archevèiiuo de Cambrai s'annon>; lit
ne vois plus que les procèdes sur ipioi je sois
obligé de vous satisfaire, puisque vous le de-
comme une Explication do l' Explication des

mandez avec tant d'insistance. » La satisfac- Maximes des Saints. Or, a en lisant cette se-
tion ne larda pas ii être donnée, mais, pas conde explication, maigre les douces et cou-
lantes insinuations dont elle est rem|ilie. on
plus <pie la iliscussion des doctrines, elle ne
n'est pas longtemps sans s'apercevoir, qu'en
fut pas du goùl de Kenelou, comme nous le
elfet celte explication est un autre livre cons-
verrons en parlant do la Relation sur lequié-
truitsur d'autres princijtes directement oppo-
tisme. Ce|ieudanl il est d'autres écrits encore
sés à ceux du premier, et qui ont eux-mêmes
à connaître avant celui-là.
besoin d'explication. » Bo.ssuet ne fut pas le
Ecrplicalion dfs divtTS écrits ou Mémoires sur seul à en faire la remarque à Rome comme :

lelivre intitulé: Maaimes desSai)il.\. rie. — En en France il était démontré qu'une iloclrine
mémo temps, à peu près que la /wp use aux dont l'orthodoxie demandait tant d'expli-
quatre lettres, c'est-ii-diro dans les jirtîuiiers cation et dont l'explication était si éloi-
mois de lODS, Bossuel publiait chez Anisson gnée du sens naturel, devait infaillible-
letiDivers écrits. Quanti il les composa, c'était ment être l'expression ou d'une erreur ou
uni(iuenieiil sous la forme d'observations à d'un malentendu tout au moins. Et ici,
conunuMi(|Uftr à Feiielon. l'kis tard, le débat Bossuel prévient l'objection des asprits lé-
élanl devenu pubiii' et l'inleret de la religion gers qui court encore « Il faudra désabuser
:

l'exigeant, il livra à la piiblicile, après en ceux qui, mal informes de ce (jui se piisse,
avoir agrandi le cadre et développé la ma- ou amuses par des qui slions inutiles, s'ima-
tière, un travail pruiiitivumeut destine à des gineiil i|u'il de queli|ues disputes
s'agit ici

coniiiiUMUMliuns amicales. de mots, ou en tout cas de quelques llncsses


C'est d'abord un Ainrlissement sur les écrits indifférentes d'école mais la verilo nous force
:

en question et sur un nouveau livre de M. l'Ar- à dire avec la sincérité et la liberté quelle
chevt'que de Cambrai, itnprimé à Hruœcl les. Pré- inspire à ses défenseurs, qu'il y va du tout
lude important, où l'auteur, selon sa manière pour la religion. La démonstration en sera
lucide, forte, entraînante, éclaire, dés la pre- aisée. » El alln d'aider le lecteur à la suivre
mière piige.lonle la sn il e do ladiscussion etllxe avec facilite, et « pour la réduire en mé-
les points h claljjir, enreduisaiilàiiuatro chefs thode » , il traite « ivs deux question^ ta :

la théorie du livre des J/ajj/dw. Lo lecteur re- première, si l'expUcaliou proposée dans l'Itu-
AVeRTISSEMlCNT DES ÉDITEURS.

tructmi Pasfnmh excuse le livre : la seconde, calme argumentation sans réplique possible.
si elle-même elle est excusable. » Inutile
d'ajouter que la réponse négative donnée à Troisième Ecrit ou Mémoire sur les passages
l'une et à l'autre question est péremptoire : de saint François de Sales. —
Déjà justifiée
mais qu'on veuille bien le remarquer, la dis- dans leslivres vui et ix de YInstruction swr
cussion en est étendue, profonde, digne en un les états d'oraison, la doctrine du
saint évéque
mot de Bossuet, digne de fixer tout esprit sé- de Genève est de nouveau examinée à cause
rieux, et attentif aux élans de l'âme humaine des nouveaux passages écrits et commentés
vers Dieu. On ne saurait enfin assez admirer par Fén don qui « n'en marque aucun qui ne
le trait final ; « Qu'on souffre donc que nous soit tronqué ou pris manifestement à contre-
opposions à des illusions spécieuses la claire sens ou même entièrement supposé. L'accu-
manifestation delà vérité et pour ceux qui ne : sation est griève ; mais elle ne 'peut être dis-
peuvent pas se persuader que le zèle de la dé- simulée, et, après tout, c'est un point de fait
fendre soit pur et sans vue humaine, ni qu'elle où l'on n'a besoin que de la simple lecture. »
soit assez belle pour l'exciter toute seule, ne Posée en ces termes, la question est tranchée:
nous fâchons point contre eux ne croyons : Bossuet met en évidence, dirai-je les égare-
pas qu'ils nous jugent par une mauvaise vo- ments ou les fallacieuses
préoccupations de
lonté et après tout, comme dit saint Augus-
; l'auteur des la même évidence
Maxinws? A.\'ec
tin (1), cessons de nous étonner qu'ils impu- il résout la question importante si l'état d'une
:

tent à des hommes des défauts humains. » âme parfaite, qui se croit damnée, est autorisé
Noble réponse aux détractious contemporai- par l'exemple et la doctrine de saint François
nes éloquente condamnation des modernes
: de Sales ou par les xxxiv Articles d'Issy.
,

et petits calomniateurs du grand évéque 1

A la suite de la Préface viennent les cinq Quatrième Ecrit ou Mémoire sur les passages
Ecrits ou Mémoires. Le premier, envoyé par les
de r Ecrit u/re. —Il secompose de deux parties:
mains de M. l'Archevêque de Paris à AL l'arche- dans la première Bossuet établit par l'Ecri-
vêque de Cambrai, le lundi 15 de juillet 1697, ture, appuyée d'une tradition constante, que

expose les erreurs relevées par la conférence l'amour de Dieu s'aide du motif de la récom-
des évéques dans le livre des Maximes et le pense éternelle dans la seconde, il montre
:

devoir oii étaient les évéques de signaler ces comment l'auteur des Maximes, pour étayer
la thèse contraire, détourne, paj- un abus ma-
erreurs. Un avertissement préliminaire, que
devra lire quit onque veut juger avec impartia- de leur sens naturel à un se)is étranger
nifeste,

lité la conduite de Bossuet, fut ajouté par lui,


etfaux, les passages de l'Ecriture qu'il allè-
quand il pubha par «ecess/té un travail destiné
gue. « Ce qui marque le plus clairement le
à Fénelon seul. Même
observation quant aux mauvais caractère delà nouvelle spiritualité. »
Réflexions sur mémoire précédent placées à la
le
Ci7iquième Ecrit ou Mémoire des trois états
fin. Le lecteur, en les parcouraut, se demandera
des justes,et des motifs de la charité, où sont
comme nous si les historiens du conflit ont tous
donnés des principes pour l'intelligence des
pris la peiue de puiser aux véritables sources.
Pères, des Scolastiques et des Spirituels. En- —
Second Ecrit ou Mémoire pour répondre à quelques courtes pages, dans une exposition
quelques lettres où l'état de la question est dé- lucide, concise, forte, résumant toute la doc-

tourné. —
Lurpremiére page fait connaître le but trine théologique relative à l'amour de Dieu

de l'auteur. Deux lettres do Fénelon et une ou charité. Bossuet en iletermine péremptoi-


roisième de l'abbé de Chanterac, répandues rement la nature vraie, et dissipe comme d'un
dans le public, tendaient à laisser croire que souflle les fantastiques, vagues et fausses no-

Bossuet attaquait et s'efforçait de renverser tions du chimérique auteur des .Maximes.

la |)rati([ue de l'oraison, et ne voulait point do


C'iw[ vérités ou principes, posés comme con-

la charité ou amour parfait. « Il ne fautpointat-


clusion il tout ce qui précède précisent ad-
,

tendrirlemondeendi'plorantdes maux ipii ne mirai)huuent. sur la matière débattue, l'ensei-


sont pas. On sait en quoi l'an t(Mn- est à plaindre, gnenientdelafoi chrétienne. « (rost la preuve,
et de (juelle oraison il a voulu être le martyr. c'est l'abrégé, c'est lo résultat de ce discoui^?, »

N'en disons pas d'avantage, et prions (juo la conclut, à juste titre, l'eminont thêoloption.
vérité paraisse bientôt, sans que lo beau nom
d'amour pur serve h l'obscurcir» conclusion
De nova ijuaistione traclatus Ires. — Le Icxlo
latin (lit quelle classe do Irt^lours s'u-
assez il

U/ S- AU^Uit. Ji:_ iflit-, fl'l (joint.


drcsdo l'ouvrage aux évètiucs et aux lUeo-
:
AVERTISSEMKNT DES ROITEURS.
oes Maximes renverse ouv-rlement
loRiens, notammont à ceux do Bftme
alors lo livre
la vraie doctrine des aultîurs mysti(|Ufs eus
aciupés h l'.'xain.ii du livre des Maaiutes.
i

Mais Bossuet. coimne déjà de son temps ses et approuvés dans l'Kglise sainte Thcre-^e,
:

saint.Iean de la Croix, saint FrançoisdeSiles,


adversaires l'en accusaient, n'avait amiine
prétention ni h dicter aux censeurs pontifi- sainte Jeanne do Chantai, les HP. Balthazar

caux la décision à prendre ni à prévenir à ,


Alvarez, Louis du Pont, Jacques Alvarez de
plus forte raison le jup' ment du Pontife lui- Paz, etc. il s'eflorco ensuite vainement et in-
;

ninne. Il le di-clare hautement dans sa belle justement de détourner à son profit les ensei-
letlre au cardinal Spada, insérée à la (In de
gnements des mêmes auteurs. Qu'on ne s'ira i-
V Avertissement préliminaire {admonilio prx- gine pas, au reste, trouver ici une simple et
v/a;au QuietismusRedivivus, insih-ée, dit-il, non facile discussion de textes, plus ou moins bien

parvaine ostentation, mais par m'irssil(', afin saisis et présentés par Fénelon, ramenés en-

que l'univers entier saihe, et que la postth-ité, suite à leur vrai sens par Bossuet: il y a inlini-
si jamais nos écrits, à cause de l'importance de ment jjIus r|ue cela, y a de profondes études
il

la question, arrivaient jusqu'à elle, apprenne


sur des points dilTliiles et délie its, il y a. par
quel a été le fond de nos pensées, et combien exemple, la mysturieusethesedu libre arbitre
grande notre vénération pour le Saint Siège et sous l'action de la !.'ràce(livinemat:islralement,
pour le très-haut et tri-s-clément Pontife, In- quoiiiue Ijnévcmeiil traitée. Tout tlicologien se
nocent Xll, notrecommun maître (I). félicitera d'avoir médité d'aussi belles pages.

Les trois traites furtMit rédipi-s dans le but


de démontrer aux partisans du livre des Maxi- Scholain tuto, sive Z)c notione charilalis et

mes rjue sa condamnation, demandée et at- amore puro. — Dins sa réponse au livre :

tendue, n'atteindrait en aucune façon ni les Summa dotrinx, l'archevêque de Cambrai


doctrines des auteurs mi/sliques en renom dans accusait l'évêque de Meaux d'avoir attaqué et
l'Eglise, ni les enseignements de la tlioolopie repoussé la notion de la charité communé-
scoiastiiiue sur l'amour de Dieu, autant de ment enseignée dans l'école et, en second :

choses saintes et vénérables qu'où disait alors lieu, il avertissait les théologiens de se tenir

compromises et répudiées: mais qu'elle clait en garde contre les machinations d'un homme
impérieusement exipceitar le péril imminent dont le but unique, hypocritement masqué ,

de voirse reveiller else répandre la dangereuse était, en somme, de renverser toute la théorie

evv'ur ihi(Juiéiismt.De là les trois traités, pu- de l'amour pur ou charité [larfaite. L'accusa-
bliés verslenulieude l'année IG98,chezAuisson. tion et l'avertissement étaient renouvelés,
sous le couvert de l'anonyme, |)ar un prétendu
Mystici in tuto. —
Admirable exposition, théologien de Louvain en termes alarmés et
lumineux éclainis.-cment de lathéolo;;ie mys- en un style acerbe. Mirum, reiiondiil Bossuet,
tique, démonstration péromptoire du parfait Romam conticescere ad tantum Ecclesiœ pericu'-
accord des sublimités du mysticisme avec les lum. nrrJmn mihi dalos e.raniina tores L'iro- '

plus saines dclinitions du dopme chrétien : nie lui était certes loisible, quand surtout il
chef-d'œuvre nouveau, nous le disons hardi- était autori.sé à dire en face du public lettre :

ment, ajoute à tant d'aulreS chefs-d'd'uvre. cuUerum inflat in me classicum dominus Ca-
Les lecteurs familiarisés avec les délicatesses tneracensis nullumque non movet lapident, ut
et les arduosites des questions ici eu litige, omnes atadeinias commoveal. Qiis sive ptr im-
prêtent une attention relléi'hie à la dis-
s'ils pcritiam, sive per contumeliam dicta, diluere
cussion qu'en l'ail Bossuet, seront fra|i|)és nosoportel. Calomnie ou bévue, l'ecliafaudage
égaleme nt et de la juste&se de sa haute raison d'accusations croula bien vite sous les secous-
et de merveilleuse luciilile de son incompa-
la ses du vigoureux et terrible controversiste.
rable inlellipence. Les ralUnés de la bonne lati- Mais jilus encore que le triomphe, d'ailleurs
nité, —
classe do plus on plus rare parmi nous, infaillible contre un adversaire évidemment
— auront lieu, eux aussi, d'être satisfaits, quoi égaré, les theoloi^iens admireront tonjoure
qu'en dise d'ailleurs le modeste auteur nulla : dans le traité 5c /h)/(7 /)i luto avec l'e.xactilude de
eleganli.i',siutianliim perspi'uilatis/iabitaratio- ladoi'trine, la profonde pénétration, la clarté
ne, quocrediliilior n«stra futura est oratio, spre- lumineuse, l'étendue do ce ferme penie qu'au-
tis in locorum versione verhorum ornamcntis. cune obscurité n'arrête, qui avance comme eu
L'ouvrage établit deux faits incontestables : se jouaut à travers les périlleuses rencontres

(inùlùmuÈ Ridtvirm, mum/w />ra nu,


de sulitiles (jueslions, de dilUcult" sardues. de
(1, I ii. 41. • li|o Trro qnt
problèmes douteux. Quoi Ihuulogicu iguore
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.
à combien d'écueils vient se heurter la dis- ments l'avait forcément engagé dans la lutte.
cussion d'une matière aussi délicate que la dé-
termination précise de l'amour parfait de Dieu? Relation sur le quiétisme. —
Plus nous avan-
Or, l'exacte, la profonde, la vraie théologie çons dans le compte-rendu des œuvres de
resplendit ici dans tout son éclat: c'estl'œuvre l'évêque de Meaux, plus nous sommes à nous
magistrale d]un docteur consommé. demander avec stupeur d'où est venu, dans
On n'attend pas de nous sans doute l'ana- le monde littéraire, l'énorme préjugé des em-
lyse d'une dissertation dont chaque passive portements de Bossuet contre Fénélon, et des
serait à reproduire, un simple coup-d'œil sur douceurs de Fénelon à l'égard de Bossuet?
la Table des matières guidera suffisamment le Hélas! il y a malheureusemeirt une explica-
lecteur intelligent. Il n'oubliera pas de com- tion, celle de tous les préjugés. Les préjugés
pléter son étude, j'allais dire sa satisfaction, sont comme la mode le caprice les invente,
:

par la lecture attentive du couronnement de la passion les adopte, la foulpsVn acommode,

l'œuvre Quœstiu/ncula de actibus a charitate


: et ils régnent. Qui donc prend souci de re-
iviperatis, schoiwin tuto ad calccm insercnda. monter à la source, d'interroger la raison des
Et, arrivé au terme de la démonstration, choses, de voir clair dans le brouillard qui
charmé par ce génie clair, précis, fort et pro- enveloppe? Quelque rare curieux de bonne
fond, il ne proclamera pas seulement que la foi, une lumière à la main et traversant la

vérité eut dans Bossuet son plus ferme et plus foule, ira regarder en face les choses et les
éloquent interprète, mais évidemment son hommes en question son regard desinté- :

défenseur inspiré par la charité que l'on doit resse, son œil clairvoyant, son jugement sain
à tous, nullement stimulé par une basse riva- découvriront la buvue universelle force lui :

lité contre qui ne lui fut jamais ni odieux, ni sera d'en croire à ses yeux, bon gre mal gré.
désagréable. » Hxc si quis a me, eo quod ean- Qu'il ne s'avise pourtant pas d'en instruire le
didius, idciixo eliam tntcmperantias dicta esse public le public' ne veut pas être instruit. En
:

mspicatur : non ifa est, iterum atque iterwm a-t-il le loisir et la patience?
fidenter in Domino dico : nonita est, ut esteliain Le lecteur aura l'un oi l'autre. Que dis-je? Il
ame alibi ([j dentonsiralum. » ne voudra pas se priver d'une double bonne
foi'tune de connaître l'histoire vraie et
celle
Quietismus redivivus. —
Après la question
:

authentique de démêles à jamais célèbres,


de droit, la question de fait. En droit, l'auteur celle delà lire dans le plus éloquent et le plus
des Maximes et ses tenants professent des émeuvent récit. Je n'eu dirai pas davantage,
doctrines contraires à la foi chrétienne, sub- qu'on parcoure les premières lignes de la Re-
versives de la vraie spiritualité et de la mo- lation et que l'on prononce. « Puisque c'est M.
rale, et, pour étayer les clàmères de leurdan-
de Cambrai qui nous y presse lui-même, et qu'il a
gereu.-i illumiiiisme, interprètent à faux et al-
cinq cents bouches par toute l'Europe à sa disposi-
lèguent mensongerement l'autorité des sain-
tionpQit/ryfaireretentirsesplaintes,quepouvons-
tes Ecritures, des Pères de l'Eglise, des doc-
no us faire que de reprendre les choses jusqu'à
teurs do la foi, des maîtres do la vie spiri-
l'origiw par unrécitaussisimpte qu'il sera d'ail-
tuelle. Les précédents ouvrages ne permet-
leurs véritable et soutenu de preuves certaines?
tent plus aucun doute là-dessus. En fait, le
Publiée chez Auisson dans les derniers mois
livre des Maximes et tous les écrits à l'appui
de lë'J8, la Relation eut un retentissement im-
reproduiseut-ils l'erreur du Qtciélisine déjà mense le coup l'ut accablant.
:

condamnée par l'Eglise? Oui, et c'est ce que


démontrera présent ouvrage Quietismus
le : Remarques sur la Réponse à'Ja Relation sii/r
redivivus. C'est aussi pour([uoi Bossuet a dû le Quiétisme. —
Fenelon pouvait-il rester si-
l'entreprendre et l'exécuter « HaBcita([uenos :
lencieux sous le coup des révélations dont le
tacere prohibet christiana sinceritas, qua3 si, bruit était partout entendu ? Il ne le crut pas,
ut honiiiiibus placereums, dissinmlare aut il repondit. Si l'esprit, les grâces, les éclairs
euiollire nileremur, l;es;e veritalisroosacperi- d'une imagination brillante, si la sensibilité
culurum Ecclesi;e iaunemores, cum horrore et un je ne sais (|Uoi d'ingénu dans la penseo
eLtreuioreadClirisli tribunal slareoportoret. » cl dans l'expression sulllsaient à juslilier un
Car Bossuet était evéque, ut le cours dos evoue- honnue, l'archevêque de (Maudirai aurait a|)-
paru resplendissant de toutes les blanclK'iirs
(1' Voir le mxKniflque paRj^nt^a cti, arec une noble InHIpnatton et
lott Accunt» d'hiii ploqiienre iiit-omi)Brat)io, BtiHHunt rapoii^Ao t'occu-
du cygne. Aiais l'histoire veriditiuese diosait
»ali.iU du jmuu>k-. Ilclittiim sur la (t,nf't'st„i-. Sccl o:i II, n. H. contre lui, et celte lusloiro olait ccnlo de la
AVERTISSEMF.NT DES RniTFURS.

main Le cypne pracienx de Cam-


<\o BossupI. .soutenue pour ne plus s'en cacher, quoi lec-
brai |)0uvait-il échapper aux terribles serr. s teur habitue à la manière et au style de l'eve-
de i'ai;^io (io Meaux? Les Rcmarijucs feroul que de Me lux voudra le reconnaître dans ces
voir aux plus prévenus que cotait de toute pages, tres-sensées incontestablement, mais
imptxsibiiitL'. Pas une allé{,Mlion, pas d'insi- froides et traînantes Pas un de ces traits,
'i

nuation, aucun faux-fuyant,' nulle souplesse pas une siule forme de langige; rien de ce
qui soient d'un secoui-s qufli'onqno dans les qui, partout où Bossuet a mis la main, deeele
haljilclt's de la fii'pouse : elle est mise en piè- d'une façon ou d'uno autre, toujours infailli-
ces. A peine venue aux mains do Bossuet, elle blement l'aigle de Meaux. Ne jjouvait-on pas
n'étale plus quedoslamlteaux; tristes témoins supposer, si Bossuet est vraiment inspirateur
d'inio cause niallifuituse, défendue par un de la lettre, qu'il en a confie la nd iclion à
talent merveilleux et des prodifîcs d'esiirit, (|uel(]ue suiialteriie'i'Oii est d'aillem-s le ma-
mais enlin condamnée à périr sous les coups nuscrit Y Qiiehju'un l'a-t-il \\i'{ (,tnoi qu'il en
de l'inexorable vérité et d'une éloquence dont soit, la Lellrc paraissait le 30 janvier IG99.
la majestueuse llerté, l'expression diyno et
contenue, les éclaii-s étaient encore sans pré- Réponse a ua: Préjugés décisifs. Une chose —
cédents. A ([ui serait en quête d'un modèle nous frappe, en étudiant l'histoire de la
dan> les ililllcultes d'une réfutation, on ne sau- grande lutte entre Bossuet et Fenelon c'est la :

rait proposer un exem,)le ou un ty]je meil- conliauco aveugle de celui-ci on la boute de


leurs. Mais comment redire assez l'étonnante sa Cimsc. Les plus claires di-monstrations
fécondité et les ressources infinies d'un esprit n'atteignent pas à sa vue, les faits évidents
que rien n'épuise, et c^ui trouvfUe secret d'être échapient à ses regards, ni l'erreur dévoilée
nouveau encore, lorsque vingt fois déjà la ne lui apparaît, ni lesevouements ne l'instrui-
question, tournée et retournée en tout sens, sent. Il a une réponse à tout, réponse admi-
ne semblait plus devoir ullVir un point de vue rable de style, de Jlnesses nobles et ingeimes,
quelcon(|ne à l'u'il le plus pénétrant (I)'? de candeur attendrie; aucune qualité n'est en
Deux mois à peine s'étaient écoules depuis défaut excepte la seul' qu'on aimerait à ren-
l'apparition delà malgré l'encom- /Ir/xnisi', cl, contrer dans la défense ses reiionses ne ré-
:

brement des atlaires, Bossuet pu-


lml)ituel pondent à rien. Témoignage évident d'une
bliait ses Rcinanjues, vers la lin de 1G'J8, chez
parfaite bonne foi. sans doute: mais plus en-

Anisson. core d'un saisissement d'es|)rit, d'une préoc-


cupation, d'un enchantement ou d'une fausse
nr/xtuse d'wn l/u'ologkn à la première tel Ire vue qu'aucun raisonnement n'éclaire ou ne
de M. rarrhrvi'qiic de Catnl>rai à M. l'cvrcjue de guérit, dont la fascination ne lui permet de
Chartres. — c'est Bossuet,
Ce tlièologien , voir ni les tronq)eries de sa doctrine, ni les
son nom, c'est pro-
dit-on. S'il ne .signe pasdi^ motifs de ses antagonistes. Il est victime, vic-
bablement parce (pi'il repond pour un autre. time innocente de sa haute spiritualité, de la
Fénelon avait essaye par jibisieurs lettres haute délicatesse de ses loyales amitiés, de
d'atténuer dans l'oiiinion pnl)ii(ine l'ellet pro- son dévouement au malheur. Ne le serait-il
duit par les LeKres l'axinrales du rarclievé(jue pas aussi du trop grand éclat dont il allait
de Paris et de l'éveiiue de Chartres contre le éblouir le monde'? Sous le charme obstiné
quielisme. Bossuet aurait alors jtris à part la d'une aussi douce et persévérante illusion, il
Hqiimse de rariliev,'<{if de Camhrai à l'éei'f/u^ publiait Les Préjugés déeisifs. A pri(m, la vérité
de Chartres, soit iju'il y fut invite par ce der- diiijiiialiipie il lit dans le Lnre des \lii.riiites, et

nier, ce (jui ne répugnerait pas (J), soit ([u.', tous les événements se rattachantà sa c lusele
engage si avant dans la lutte, il ne voulut aeinoiilieiii, amis et ennemis en loiii foi cha

lai.sser rien sans repli(iue. Mais, outre, ([u'il cun il leur manière, relie est, à la veille de sa
ne fut pas dans les lialiilndes de Bu.ssuet de condamnation, l'invincible conllance de l'ar-
guerroyer à visage couvert, (jue la lutte avec chevèiiue de Cambrai.
Feuolon était alors et assez éclatante et assez Bossuet prend en main les Préjugés, totirne
et retourne les feuillets du plaidoyer, il exa-
Cm qu»nd nou» »»on» rclii In apprA-
mine, il cUerclio s'il y a une pièce nouvelle
ligne» .'talent écrite».
(1)
clUlon. d» liauiwl liùt dt léwlom, III, | L»ii
\ Cesi » n en .

p»» croire»» y™«. Le ni.blo cl calme tcad' inlrjcn cincu-nn» au dossier rien de nouveau. Kn deux mots:
:

tlr»l le» R'mntiiur, olli» « >ll' litM ijwn, r.. granir pr.rli'. V" " aux préjugés
le-tonnei, fH..«niel .irolf pinci la reiulatiom à il brise le frelo échafaudage, et
biWfrtu à ./' ott II )

cH. .1». a Upili '•< '


• Mil-'l " 'l" 'I Ji' ' favorables il oppose les plus accablantes, les
fin l'o» nTivt phi la réioluiion il» n»
(j OtiMïll .("« lov^T"
nrclicvtiiuc
le
île Camlini
plus décisives présomptions. « Loin donc du
Dut 11
I
oiiJro a I
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.
'milieu de nous les préjugésqu'on nous vante: si me défendre d'y répondre. » Le second est la
ton en. veut de solides et de véritables, je les ex- plus maguillque réponse à doimer aux espi its
poserai en peu de mots, et je dirai à mon tour : mesquins, au dire desquels Bossuet était ja-
qioepeut-on croire d'v/n livre, etc. » Le lecteur loux du grand mérite de Féuelon. « Que ses
n'a qu'à poursuivre, et il verra ce qu'il reste de partisans cessent de vanter son bel esprit et
artistemeat construit par la merveil-
l'édifice si son éloquence. » On lui accorde sans peine
leuse imagination de l'archevêque de Cambrai. qu'il a fait une vigoureuse et opiniùtre dé-
La Réponse parut chez Anisson, le 26jauvier fense. Qui lui conteste l'esprit? en a jusqu'à
il
1699. faire peur, etsou malheur est de s'être chargé
d'une cause oii il en faut tant. » Tout le cœur
Les Passages éclaircis. — C'était à la même de Bossuet est là nulle animosité contre la
:

époque, au mois de février suivant, selon tou- personne de Fénelon regrets amers de voir
:

tes les apparences tant ces hommes prodi- :


un si grand archevêque compromis en de
gieux étaient durs au travail, prompts à pro-
dangereuses erreurs.
duire, maîtres de la doctrine etdu langage 1

Fénélon venait de présenter au public Les Les Réflexions ou dernier éclaircissement sur
principales propositions du livre des Maximes la Réponse de M. l'Archevêque de Cambrai aux
des Saints, justifiées par des expressions plus Remarques de M. de Meaux, écrites par Bossuet
fortes des saints auleu/rs. Bossuet ne déposera en mars 1699, inédites encore avant l'édition
pas plume En finissant ce petit ouvrage,
la :
Vives, terminent, en dehors de la Correspon-
dit-il fm de la Réponse aux Préjugés, il me
à la dance, l'étonnante série des œuvres produites
tombe entre les mains 'un écrit intitulé : Les dans une controverse à jamais mémorable.
principales propositions, etc.; et il en donne C'est le dernier coup de massue asséné par
immédiatement la complète et victorieuse ré- l'hercule chrétien sur la tête sans cesse re-
futation. Il ne
pas encore terminée, qu'il
l'a naissante de l'hydre souple, tortueuse, vivace et
devra repousser un nouvel et double assaut :
bien autrement habile enses rephsetenses dé-
Pendant que j'acfiève cet ouvrage (Les passages tours quele fabuleuxserpentdeLerne. L'image
éclaircis), etquej'enprépare lasuite, sielleesten- du combat est peut-être amenée de loin elle :

corejugéenécessairepour l'instructiondes fidèles, pourra cependant en fixer assez fidèlement le


il tombe deux nouveaux livres entre mes mains, caiMctére et l'issue. « Indépendamment de
avec ce titre qui mesurprend: Première lettre, etc. tous nos écrits, disait noblement Boss:ict, on
Les principales propositions furent bientôt procède au jugement il est peut-être déjà
:

réduites à leur juste valeur par les Passages résolu, peut-être déjà prononcé. » Le décret
éclaircis. Que le lecteur n'appréhende ni re- de condamnation des Maximes des Saints était
dites, ni ennui il peut avec assurance mar-
;
porté en effet le 12 mars 1699.
cher dans le sentier battu par Bossuet son :

illustre guide lui ménage des spectacles nou- Relation des actes et des délibérations de l'as-
veaux et des aspects inapen-us encore. Et, semblée du clergé, relatifs à la condamnation du
arrivé au terme de la course, il conclura avec quiétismc.— Ces pièces sont ici reprodudes
conviction « Ainsi tnus les embarras dont on
:
comme complément historique à la longue et
tdc/ie d'envelopper celte question en multipliant bruyante question du quietisme. Le lecteur
les passages des saints auteu/rs, disparaissent voudra lire particulièrement le :

comme un vain nuage. » Mandementdc Mgr l'évéquede Meaux. Il y verra


Mais il conviendra de fixer son attention l'évequecatholii[ue uniquement préoccupé des
sur deux passages remarquables de V Avertis- intérêts de la Religion, .se taire sur lapart active
sement, qui est lui-même tout entier une des et prépondérante prise par lui dans la discus-
plus belles pages de Bossuet. Le premier dé- sion, parler au contraire noblement de la
montrera aux plus aveugles s'il est vrai ([ue soumission do rarclievêi[ue de Cambrai aux
l'éveque de Meaux s'iist complu à harcislcr do (lérA'ols delà Constitution Apostolique où la
foi
sa puissante dialt^ctique le cygne inolleusif de saint Pierre et de l'Eglise romaine, mire et
de (Jambrai « Du moins M. do Cambrai ue
: maîtresse d<'s églises, s'est cxpli<juéc. Il entendra
dira pas, comme il a dit tant de fois, que le grand éveijue proclamer hautement :

c'est vouloir éloigner la décision qu'on attend, a Nous avons eu la consolation tant désirée
ot
quo do ne le laisser pas parhu- le dernier : tant os()éree de voir .Vlonseigacui l'ar clievé-
c'est déjà se conlrrdire soi-nicme (|U() de , que de (-aml)iMi .se soumettre le jiri'mior,
m'ecrire lettres sur lettres, et ou mémo luuips simplomoul, ausolumoul, et sans aucune res-
AVERTISSEMENT DES ÉDliEURS.
tnVtion on aioiifnnt mr-nif; flopiii»;. f|in'liiiift
:
eienx, soucieux ju<5qn'?i ne plus rcst-^r «n
pensL'o qu'il uil |iii avoir do sou liviv, iin'il repos, alln de parvenir à la elaire iuluitio i

reiioii'iiit il son jiii;i>mHiit pour se conformer d'un dogme précis, d'une snbtilitethéologique,
sim|ilcineiit ji relui du Souverain Pontife.» ainsi qu'ilvous plait de l'aiipeler; et vous,
Et l)if'n loin <le voir avec une comiilaisance chétifs,vous pleinemfintignorants îles choses
mondiine, ai)attu et brise l'aiitai-'Onisto des de la foi, vous passe/; distraits, indiirérents ou
ficrrs liiltcs jiasscos, il le montre <lans toute misér.iblement enfles de je ne sais quel bas
la «loirodt^ sa lldéli* ohé ssau -e, il en présente mépris on do quelle arrogim-e devant ce
avec un saint onlliousiasnie, ii l'univers chré- grand s|)eitaele du génie en quéto des vérités
ti(;n, le siiectacle élo(juont : « Les ennemis de (jui seulis fo it rtaoïiiour ol seront toujours
l'Efjlise, si attentifs aiur dit>isinns qui sem- l'inv nciblo et nécessaire sauvesanle de
blaient s'y élever, peuvent voir par cet eremplc l'homme Diiis tous les cas, vous le voyez
1
:

que pas en vain qu'elle se


ce n'est glorifie en nos hommes d'église restent em-oroce que les
Notre-Scigneur du remède qu'il a opposé aux annali'sde l'esiirit humain nousoiïrentde pluî
dissensions, en donnant un chef aux évèques et élevé par le caractère. [)ar la science, parle lan-
à l'I'lglisc visible, avec lez/uel tout le corps garde gage, par le génie. Que voulez- vous en outre.
l'unité. » L'Iionime s'olTace, l'évèque seul Notre aux biographes de
tàclie est remiilie,
apparaît ol parle. l'evéïiue de Meaux de mettre en lumière les
nobles qualités de son cœur aussi grand que
Correspondance. —
Sous ce titre viennent son esprit. Une calomnie longtemps en hon-
so ran^ïcr toutes les lettres échangées entre neur, dont quelques tristes échos se font
Bossuet, Fonclon, l'abbé Bossuot et les prin- entendre encore, a dit sur tous les tons les
ci|ian\ du parti (piictisto: impérissible monu- jalousies prétendues, l'animosilé et la haine,
ment du do toutes les txr.mdeurs de
fxenic cl — oui, la haine —
de Bossnct contre Fenelon.
l'esprit humain. Quel sujet d'cludcs à{|uicon- C'est en vérité ramener autrui beaucouji trop
qui' voudra rlirnlior par quelles merveilleuses aux proportions de soi-même. La calomnie
industries riulellijîonco d'un homme éclairé est inique. Nous mettons tiardiment les dé-
parvicutà donnera sa pensée le r(^lil'f dontello tracteurs de Biissuel au deli de signaler un
a toujours besoin, et à la vélirdu langa;,'C seul mot de lui, dmpiel on puisse ajuste titre
qui, sans fard et sans surcharge, la présente conclure à un sentiment quelconque de
lui'ide. saisissanteet belle! Notre littérature haine, même d'irritation vraie contre "la per-
franraise n'oll'rira jamais rien de supérieur. sonne de Fenelon. Il y a eu indignation, des
G'i'st ponniuoi bien loin de déplorer en ti- paroles améres, de vigoiu-euses et sanglantes
mides gi-misscnionts l'ardente lutte qui éclata apostrophes, je le veux bien; Bossuet ne s'en
entre deux si grands hommes d'i'glise, qu'on cache pas, son àme émue semble quelquefois
nous pardonne une franchise dillicilo à con- en mener le triomphe une expre.ssion d'an-
:

tenir, nous y applaudissons. Ce fui un scan- tipathie personnelle, vous ne la trouverez


dale, disent les faibles! Que sont vos hommes jamais. Mais il sera au contraire aise de dé-
d'église, répétiMil les incroyants La réponse ! montrer, par cent endroits divers, combien
est tacili% aux faibles nous dirons tranquilli- : l'évéïpie de Meaux, quand le combat était
sez-vous, ni la doctrine n'a été diminuée, ni encore (lins vivement engage et le duel plus
la charité an('anlie Ui^ux grandes choses, au ardent, resta toujours par le fond de ses en-
contraire, sont sorties de ces débats mémora- trailles veritaltleinent attache à Fenelon, dont
bles un plus grand éclaircissement eu des
; per.sévcraniment a demande et espère le
il

tnalicres subtiles et délicates, d'où uu alfer- retour. Que de interromi»ant la lutte, ne


fois,
missemenl du dogme chrétien et, avec ce ; laisse-t-il pas éclater sa profonde douleur
un témoignage de plus,
vriii i)rolll jiour la foi, d'une si fatale division, et en quels aa'^nls
certes a--se/. illustre, du double caractère epi.s- d'une suprême éloquence ne i'a-t-il pas fait
copal dans l'Kglisf! catliolitpie, le zèle pour la retentir Est-ce pure rhétorique ? Quoi
! !

doctrine, l'aiiuiescemenl aux infaillil)les dé- Bossuet rhéteur"? Non, non les llnes.ses et
:

crets de l'autorité divinement institm-e (I). les calculs de l'éloquence linmaine n'ont pas
Aux incroyants la réplique est aisee Quoi : I de ces accents ils sortent du cœur. Jamais
:

vous avez en faci' les deux plus grands génies envers un liomme odieux, le génie lui-même
dont s'honore la France, vous les voyez sou- n'inventeraun pareil lang.ige. S'il est des es
ci. V..ir liil /lO» ..f ir </..i. /i.ii.f. tcitioil XI, II. », où U . ..c-
pritscapablosdepeuseraulrouient. ie lesplatnr
Ycli'i'i c (iilmiittblomvni la iném« ('«iimA
OEUVRES DE BOSSUET
DEUXIÈME PARTIE

CONTROVERSE
QUIÉTISME

DE NOVA QUiïlSTIONE
TRACTATDS TRES

I. Mysticl in tuto. —Il- Scbola in tuto. — III. Quletlsmus redlvlTU».

ADMONITIO. tiœ sententiis, sed etiam doctrina doctrinœ


contro- tota toti autem illis dupliccni
advcrsetur. Prœsul
Omnes quidem qiiolqiiot hodiernœ
infcrt contumcliam primum quod eos palani
:
versiœ rationem inlelligiint, facile senliunt li-
,

oppugnat alterum quod in suas partes in\itos


brum de Doclrina Decretisque sanctorum a ne-
: ,

posse. Sed quidam ul justam


trahit quœ duo erunt capila hujus scriiitionis.
:

mine defendi ,

Icgiliniamque censuram , sive proliibeant, sive


Rem autem conficio non ratiociniis, sod vcrbis
ulrinque prolalis atquecollatis nullu ele.^anliie,
primuin, quîBstiones
;

remorentur, duo tentant :

sed tantum perspicuitatis habita ralione, quo


quœslionibus, vera falsis.certadubiis involvunl,
credibilior nostra fiitura est oratio, sprelis in
ut omnium oculos a vero statu quaeslionis aver-
locorum versione verborum ornamentis. Ac ne
tant deinde innuinerabilibus scriptis quacun-
;
tempus promissis teram.— en paucissimis
quediffusis, myslicorum ac Schoiae auctoritatem
rem totam.
obtendunt. Hujus reigraliademonstrandumsus-
cipimus singuialim el pios mysticos, et Scho-
,
PARS PRIMA.
lam in tuto a nobis esse, ab advcrsariis vero MYSTICI PALAM OPPUGNATI A DOMINO CAMEUACENSI-
ncdum in tuto sint, palani oppugnari el subrui. ARTICULUS PRI.MUS.
Uuibus, et ad veram quœslionem aniinos revo-
enim et De suspensis auimi facultatibus sive potenliis per
camus, et pessim;c doclrinic (cpiscopos
impedimenta divina.
theologos candide loqui oporletj oinnemspcciem
proliabilitalis adeiiiplam crcdimus. Subjungi- CAPUT PRIMUM.
mus terliuMi Iraclalutii de (luiclhmo redivivo ,
1. Cum hic vel maxime agatur de orationc
quo speranius hiluruui, i)LMic aspirante Deo, ut
quiotis, cui apud sauclaui TluMesiam orationem
renascenlis uialicapila penitus rccidantur. coiijuiiclain lUMuiiicm hii;it on
unionis esse ,

sanctai virginis vcrba de suspensis in eo gonere


MYSÏICI IN TUTO oralioiiis auinn lacultatii)us sive iioleutiis.

BIVE DE SANCT* TIIEHF.SIA, DE nEATO JO.VSNE K CnUCE,


ALIISQnC 2. In Vila sua, cap. l , disertis verbis ait ', ni
PUS MÏSriClS VIMIICANBIS.
ea oratioue non posse açieie inlellertum : (piod
Quidam viri boni pii<pn' vcicii mihi vidcnlur, revoGit uniccad discurrendi actus. Ibidem, cap.
nesid) nomine illusliissiuii Cauieraccnsisarclii- non posse se disnnreie per
9, in eo statu iruiuit
cpiscopi, saricla ïlicicsia R. .Idaiiiios a Cruce , ^ absnnlissinuuM csset in
.
intellertum : aii(uiui
bona; nota- iinsliii vapiilcnt quos wpii-
aliiqiie :
cduicmpiatiiine per intollcclum nibi! agi posse.
diMii iniror. min voivii poti.is ncilii siicciiMiliaiil, il. (".apilf ili'inde undccinm ostendere
agiriedi-
(• ii>|iiM's dis, (pmd ;d> i, piirxalcal anclorilas: «. propo>ilii cclcbn cxeiii-
si !
lur ijnid .^il illa oratio
i-iiiii bic illii, dirvcla li'niiir vi'luli cdlat» pedc — Vie do Ti.i.«o,
1 '.. Jr Mmnf Th-riu, cli. «, p. 11, 14. « S.

iiMpu-ncl ; ticc tantuui loci iocis sculen-


, cil. 0, |>. 40. —> Iliié., eli. Il, p (>0.

I
B ToM. VI.
, ^

MYSTICl IN TITO.

pli. in i;:aiuli liorli qnaliior inodis, sive adhibilis duni isUini agendi rationem, sublato scilicet dis-

Lracliiis ad hauriendain aqiiam cxputeo, sivc cursu, quem in reliquis aclionibus, adeoquein
lola- u|ic, si\f |)(rli'vt'sa(|iKinliicliis; qiiibiis run- vid^ari oralioue adliiberc soleinus. Uuanla au-
nibii.s iiit'sl iJinpiia iiidiistriacl labor; poslieino leui hic inlcrxeniat reruin el quam subila mu-
per pUi\iam : » lliicus(|iie , iii(|uil, ad alias ora- lalio, facile inlelligi polesl ex quœ discursum
iis

liuiR's |iei vcnirc |)ossiiiiius noslio labore, posilo coniilari et conscqui soient: h.ncc aulem oninia
uuxilio Di'i, sitic quo perspicuum est ne boiiaiii subtrabunlur. lla-c illa. Jaui de superiiaturalis
qiiidoiii logilalioiieiii uliaiii inosseposse iiobis." a|)pellalione , cuui ea ouniia plena sint apud
Uœc ulciim poslea lolam rem reterl ad Dei
iila, ilieresiani, bic indicanuis lanluni ex Vila cap.
auxiiiiim, inleliij^aiiius loqiii de aiixilio qiiodaiii i'J ex Via perfeclivnis, cap. 25, 31 etc.
; , , aliis

cxlraordiiiario , sine quo bœc oralio lieri nullo innumcrabilibus locis prœlerniibsis >.
modo possil.
CAPUT m.
4. llaque in Via perfectionis sic hahcl, cap. 23:
. Possiiimis, inqiiit », aliiiuid ex nobismelipsis eadeni oralioue quœ est quicludinis ex
1. In

ciiin diNiiio auxilio iii bis diiabus oralioiiibus cap. 13, u ulenduui aliquibus precalionibus, vo-
inenlali el vocali : sed iii conleni|)lalione ((juai calibus, si lieri polesl ^ » ubi clarc supponit :

est ipsis>iina oralio (piielis aid iniioiiis) , niiiil non id seniper lieri posse lum in ea oralionc :

oiiiniiio possiiimis : Uoniinusliic agit soins : ejus u Ucuui (luuiia agere, eamque esse velul som-
uiiius est quia islud opus supra nalii-
opus : el nuui IriuMi lacullaluni sivc potenliarum, > quae
ram ea nuiia pars est. »
est, iialuia? in taïuen non suut penilus consopitœ 3 : ea enim
5. Kursus in Vila sua, cap. 12, de unione liuul corlis gradibus, « et tauien facullales ibi

quielis, de qua loi el lanla niyslici docucre, et sunl incapaecs applicandi se alteri rei quam
«juam sancla ideo vocal tbeolugiam inysticam : Deo^; » ibid. cap. 10 : Sunt agendi in capaces^;

« Hic, inquil2, inlelleclus cessai quia Deus ,


cap. 18 : privaliin, ligala estmemoria'^; cap. 17:

hune suspendit quod, inquil, ncnio per sese : Omnis sensus (imiltitur "; ibidem, « sed tempus»
Icntarc debel, neque conari ut inlellectum sus- ubi anima cujuscunque rei imaginandae est in-
pendal ; sed cuni Deus suspendit illuin capax, esl brevissimum neque bine aliter quam :

ejiiMiue l'uncliones tcnet, luuc plura sine sistil : sensim sine sensu revocatur. Sal lamcn longo
discursu ac raliocinio intelligil: » lin suspen- temporc anima remanet stupida velul jumen-
sioneiu iulelloctus quoad aclum discurrendi, tum iulerduui poleuliaîitasus|)ensœ rémanent,
:

eanique altribulaiu non contenqilandi habitui, ut quid agant, nesciant ". » Ibid. Ha>c aulem
sed peculiari cuidaui operalioni di\iua; agit : oralio a sancla recenselur inter cas qu;c nmltis
auten» procul dubio de oralionc liabiluali et communes sunt, el cerlœ cuidam régula; subsint.
cerUe regulie suixiila. Antccpiani vero uilerius
CAPUT IV.
per^anius, aduiouenuis nos lue .scijui accuralis-
siiiiaui babitaui \cr&ioneui \ii'i illuslrissinii An- 8. Sancla ilcrum inculcat, cap. 20, « transfor.

dillii, cujus nota (irobilas el crudilio : buic niationoui illam, (pue lacultales jirivat ouniibus
ergo iidiiereuius, eo ipiod non salis calleanuis fuucliouibus, esse brevissimam : esse tamen alias
nobilisainiani linguani bispauicuui , qua suucla diulurniores inipolenlias 'J
: » quas inler expe-
virgo prseslat. rinienlo couipi obai i, Spiritum spirare ubi vult :

CAPUT 11.
neque aniniam inliliigcre quidquam, iiisiid, in
illis nullam suam esse parlem '<>.
6. Ibidem, cap. 14, ait < inlellectum non ali- 9. « Inlerea, inquil ><,litin anima quxdam
ter agere, quani certis iulcr\allis, lanupie subli- abslradio sInc sepaialio (gallice, dctacliemait)
incni esse eaui oralioneiu , ul necpie |iiicibus , ad quam niliil cuulcrl, quoniam Domino piacct
neque laboribiis, neque panileuliis coniparari auimam subito elevare. » Ibid. cap. 21 : et
possil : oporlcl ul eaiu del Deus'' : >< di\eisis.si- cap. 2i, cinn oralionem cœpisset a rcprœscu-
«

niis sciliecl nIis ac alias uraliones : nnde saiicla talione cujusdam m\sterii passionis Clirisli.tum
virgo passini el in onuiibus paj;inis suiiciiitilura- vero si Doiniuus elo\arel menlem ad subliniius
lem appellal, non (]tiud alla' oraliono non sint ali(piiil, niliil se obsislere, ac Deo duci scse per-
supcrnalurales ex pritieipio graliic supernalu-
,
niitUre ". >>
Ui'o loco oslendil excelsissiuiis illis
ralisorta' elad supernaluraleobjtcliun elevabe; opcralionibus quanquam illa: per scse eiici
,

sed quod su|ira liaucsiqK inaUualilalenioiunem


ista oralio liabeal, ut sil aupenittlunilis sccuii- ' Jlrid., ch. 39; Chemin de U pcrf , ch. 2&, 31, p. 363. 690, filO
• lie, ch. 1*, p. 83. — • Ibii. — ' Ch. 16, p. M. 67 —» Ch. 18,

• Uticm. dg It (lorf., cli. ib, p. 09. — > I tr, ch. 62, 63. — > Vit, p. 95, — • Ibid., p. 93 ' Ibtd., p. 98. — • /4 p. 99. —«Ch. 20,
eh. U, j) 71. p. 116.— "Cil. 20, p. 117. —" lli. Vil, p. 12J. —
,

'• eu. 24, p. 14S.


>

PARS I. — MYSTIC PALA3I OPPUUNATl. 3

non possunt, interdum tamen obicem aliquem nariœ operationis illa momenta brevissima; de
poni posse qua de re in Ira agemus.: quibus etiam vide supra (cap. 2, 3 et 4, n° 6
•7.8).
CAPUT V.
10. Haec quidem sufficerent : et tamen miri- CAPUT Vin.
fica \irgo id addit aliquando contingere, « cum
est in solitudine, ut se esse comperiat in impo- 15. Beatus Joannes a Cruce is est, qui de con-
tenlia cujusvis efformandœ cogilationis de Deo> templatione sive oratione passiva, lioc est quie-
aul faciendœ orationis ', » cap. 27. Quo loco os- tis sive simplicis intuitus, quem amatorium seu

tendit hanc impotentiam spectare ad orationis mavis amorosum vocat, accuratissime scripsit.
slatum et habitum. Ait aulem imprimis eam vel certissimam nolam
H. Subdit hœc postea : « Deus imprimit menti transeundi a slatu medilalionis ad contempla-
quanidam sui reverenliani longe diversain ab ea tionem « cum quis aniinadverlil se non posse
,

quain per sese anima liabere posset 2. » Ibid. medilari, neque operari per imaginalionem * » :

cap. 38. Inlellige per sese cum gratiis commu- qua voce excluditur, secundum stylum auctoris»
nibus et ordinariis, ut ex antecedentibus constat, ipsa operatio discm-siva ; quae ex decretis scholae
n*^ 3, 4. peripaleticae , quam post sanctum Thomam se-

CAPUT VI. quitur, fieri non potest nisi per conversionem ad


phantasmata quadere videndum in 1 p. q. 84
:

12. Sane in oralione sanctae virginis interve-


art. 7 ; et q. 85, art. 1.
nire solebat raptus sive extasis; qua de re infra
16. Idautem exponens subdit Quandiu potest
:

agimus : intérim hic loquitur de oratione ordi-


quis discurrere per medilalionem, non débet eam
nata, et, ut aiunt, regulatu, consucta, scilicet et
omiltere2. Rursus ibid. cap. 14 3, deserendam
habituali, in qua anima monitis, expcrimentis,
medilalionem, « cumquisnonpotestdiscurrere,»
documenlis,et aliorum et suis adjuvari potest
eo quod anima jam receperit « emolumentum
ad repeilendum obicem ut palet ex Via perfec- ;
omne quod capere poterat meditatione et dis-
tionis, cap. 25 et 31 ^, et ex antecedentibus.
cursu cujus rei signum est, non posse discur-
:

13. Quam in rem legendum est istud, in ipsis


rere neque medilari, ut solebat. »
primœ Relationis initiis * « Haec est ratio hoc : :
17. Quid sit aulem non posse discurrere
illud
genus meœ orationis eo tempore quo scribo , ;
sive medilari, in libro Obscurœ noctis luculen-
rarissime mihi contingit ut possim discurrere
tius exponil ''
bis verbis « non esse deserendam
:

per intelleclum (inter orandum scilicet qua de


meditalionem, nisi cum ea jam uti quis non
;

re hic agitur) quia statim atque incipio meip-


:

polesl, et tune lanlum cum Dominus id impe-


sam recolligere, ingredior in quictudinem et
dit » quo loco doceta tune non debere animam
:

raptum atque ideo non possum uti sensibus. »


;
esse sollicilam quod amillat potentiarum ope-
Quid sit autera ille raptus alibi exseque- ,
raliones 5 » quia tune dal locum
-,
sublimiori
mur hic lanlum id vokunus, orationemquielis
:

operalioni ex conlemplalione orlœ qua; con- :


sanctœ virgini et aliis plerisquc familiarem, in
lemplalio « niliil sil aliud quam infusio Dei sé-
suspensione discursus, atque ex eo sensitivarum
amorosa. »
créta, pacilica, cl
facullatum collocari.
Quale aulem sit aliud divinum impedi-
18.
CAPUT VII. lucnUim, ex Pliilosoi)lio el Uiouysio exponil lus
14. Quam sit supernaturalis ca oratio, sensu verbis, eam seilicel (ieri non subslraclione lan-
supra diclo docenl ra|)idi motus, cjusque
(n" G) lum, sed ex eo quod « ingeiiii supernalmali luce
momenta brevissima, de quibus sancla virgo ait vincilur vis naluialis iulellecliva, privalurque
« orationem unionis vix diuaic per spalium di- ralione inlclligendi ordinaria et vulgari'' » quas
ccndi Ave, Maria ^. Viliccap. 4. Ilemcap. 18- r, est ii)se discursus sive medilalio, ex antece-
B Ea suspensio omnium lacuitalum sive polcn- denlibus.
tiarum, mea quidem sentcnlia, non durât diu, 19. ll;uc aulem operalio lam sublimis est et
midlumquc esse, si ad dimidiam horam pro- exlraordinaria, ul » anima sibi videalur l'erri.seu

tendilur". » U"" loco sua cxperimcnla Iradit :


gradi exlra se, loUiiiKjue illud velul iueaiila-
n(»l)is vero sullicil eos aclus esse rapidos el cele. menli loco liabeal, vel sUipoiiseujusilamisubit-

rcs : (]mid sancliis (iiK^pio Aiigiisliniis, Crcgo- qiie ailiiiiralio earum rorniii <|uas \iili-| el audit»

riiis, licniardus,Thomas, alii(pi(> sompor incul- ade(>a|iparenl aliéna' ac \olul ex li n nnpio ve-

canl. Ar;;umeiilo aulem sunl diviiue exiraurdi- nicnles adeoipie : liiec operalio abslrahil aiiiiiiam

' (ni a7. |) 100 — ' r.c, c. 38, p. '^ai. — > Chcm. la ptrf., • Mont <iuC«riu., I. Il, c. 13, p. 7a.— ' llrit. c 18, p 7». —
t. T, cl 31, p. 091, ou, Ole— • Rolot., p. 283.— » Vi', •I, p. 1».
' lli., c. 14. p. 74. — * DhiciiPD miil. I l.c, 10, p. 1»7. —'IM., p.
— •
Cil. m, p. va. a 66.— ' Obu-.ire iiiul, I, i, c. 6, p. 276, 377.
MYSTICI IN TL'TU.

ab onliiiariis sensibus, lolaquc comuiuniagendi propiio ciinalu acdiligenliasiveindusliia, eliam


ralione'. * cum communibus auxiliisgralix, sed a Deo solo
2(1. Oiiorirca nnima « in illo statu actuali non dclur clinluudalur puiaejusmiscricordia : bine
polcsl lios ailiis laccrc, nisi spcriali clpariicdlari fit, utsancli l'alresadcamcumparandamaiinime
iiiipiilsii S|iiiilii.ssancli : quo lit iil illi aclus di- hoinines adboilenlur' . •

viiii siiit, (|iiati'niisnnima ad haiic siiigiilarilaloiii 2i. ILxe igitur prima pars est doctrinœ beati
niovcliir ''.
» non coniniuni
Claicl cigo aniiiiain viri Joannis a Crnco sccunda vero pars, debre-:

jiislis, qua sine iios


scd speciali niolione agi : vibus inoinenlis, «aslriiilur aucloiilale Cassiani,
singuiaiosac di\inos aclus cliccre non possit : Grcgorii Alagni, sancli Tlioma; aliorumquc doc-
« ndeo lit qiianliimciinqiie sibi anima ipsa viin torum : qua; doclrina rursus duabus parlibus
facial iilorcl pioaliqiio.non idlaincnfiat, ». defr constat ; quaruin altéra esl,ut non nisi lempore
cicnle scilicel « ea niolione qua Dcus singulari oralionis bn^c impolenlia valeal ; allera, ut pan-
modo niovcl animai laciiilalcs^. » els moincnlisduiet ; Non oinm lempore, inquil',
Ex bis criicilnr vcra impolentia in anima-
21. ner (liu.

bnsad cam oraliunoinaclis nc(|iie obesl, quiul : Jam quo sensu illa impolenlia supematu-
25.
illa impcleiiliaflf/ liabilus ijunlusque defcclum vc- babealur, idem auclor eo conslare docel,
raiis
/eralur^ : .simili oniin inlcrvciiil illud iin|)edi- quod aiileialurab an'mm connaluralh, acdiscur-
niciiliiin ipiod vidcimis ex parle ipsiiis Dei; in- siva operiitiu'' eliam opuspio/>ni labonx,
'
ce.ssel
Icrvcnil eliam Deus passive
illa opeialio qiiam « iuduslnœ. : cessant denique « pro-
et coualus'='
infundit, ila ul nec illa im|)cdire, nec cliam pria; operationes, hoc est, illa; qua; exercentur
acquiicre anima illa possil » adeo absolnla est :
proprio labore, induslria,acquisilione, discui^su,
hœc \\n a communibus graliis undc cliam pas- :
et modo connalurali > qux omnia cum sancla <>
:

sini cxlraordiiiaria ac supenialuialis dicilur*, Theiesia ac bealo illo viro miiilice concinunt,
co scii.sn qiicin diximus, n''6 cl scq. alquein horuin bcatoruin prolereudis locisidem
22. Cœtcnim inipedimenla illa, illas impo- auctor lotus est.
tenlias, adcoMlemplalionis aclualislempus dun-
CAPUT X.
laxat revocandas, doccl vir bealus ipsissimis
26. Incrcdibilc dicta est, a mysticœ scntentiae
verbis, lolo libro pas.sim, maxime vero ubi ait,
tnc-dilalioiiein abirgandain (|uidoin « lolo illo
professure, lot myslicorum, quorum defensorvi-
deri velit, lesliinoniis experimenli.sque lullam
lemporc quo Deus largilur hune simpliccm ac ,

gcncralcm cl ainalorium iiituilum cclcruiu :


non modo conlemni sentenliam, verum eliam
cxira illud Icnipusadliiberi oporlcrc bonas me-
tcmerariam.imo eliam fanalicamappellari. Haec
(lilaliiincs, co modo quo anima inlcllexcril ina- aulem coulirmantur ex prœclara doclrina Joan-
Uuibiis omnibus nis a Cruce, a.sscrenlis', lalia im|)edimenta im-
gis esse proliciias •>. » ll;cc ille.
potenliasquc divinas a evenire animabus, aut
duo conslabilila rémanent : primum dari impe-
dimcnluni diviuum, t\uo anima a vulgari
illud pcr viain purgalioniset pœna;, aut per viam per-
agciidi ralione, hoc est a disciirsiva oiicralione,
feclissima; eonlemiilalionis : « quo loco duobus
]iroliil)elur allerum, ul impedimontum illud ad
verbis vir bealus ingeiilia arcana reseravll. !la?c
:

tcmpus conlemplandi peiliiieal lanlum qua; :


nos alibi ex|)o.suimus »; nunc vero id iutelligi
si {|uis noslri instar aucluiis ad gialias commu-
volumus, parem esse in ulroijue statu iinpolen-
nes rcvocare nililur, euin in luce ineridiana caj- liam quanta autem in purgalionum ac pœna-
:

culiie Cl rlum est. Ibec exscribo ex \ersione rum, hoc est probalionum statu reperiatur, ha?c
accuralissima I'. Cypriani Caiinclit;« discalceali, verba demonslranl « In eo purgationis statu :

aniiiue t;un exigua est poteulia, ac illius qui in


anni 1C52, cui versio lalina uppriinc cougruit.
lenebricoso earcerecalenis leireisligalus manus
C.Vl'lT IX.
cl pedes, ncque se commovere polesl, neque
23. Is est Joannis a Cruce crudilus inferpres, perspicere aul senlirc opein neque ab alto ullaiii
qui allcgalo bc.ili viri co loco (pieiii \idiinus de neque ab imo^*. » En auiiiius tiuam arcle con-
(iiscui rendi impolenlia, qiiu signo a medilalionc
striclus, quanliKpie iinpediinenlo tentus. .Neque
ad conleinpialionem Iranseamiis (c. sup. n''' 13, ila mullo posl : « Maxinio vero dolore alfuilur,
it), i~j; ila praTlarum auclorom cxponil « Al- :

quod, polcnliisatque afl'eclibus, non pos-


ligalis
téra elevalio mciilis sivc conlomplalio superna-
sit ul anlea erigere inenlem alque aiïeclum in
luralis ila >()cilata,(|inaesl .supra omnembiiina-
Dcuni (modo sensibili ac discursivo), nec prccaii
nuni ageiidi modum cum non possit acquiri ;
' Phri'^smyst il p»n , c 3, | 1. p 119, llu, rdiu de rari», IflM.
' Ol.îoire nuit c ÎOO. —
1 Vive n.imnn, «nt.
II, 0. p. vcn. = 1, — : Ji,., I 8, p U3. U*.— • M., l li, U".— ' 7»., c 2, J I, p. 407.
1, p. —
bl>U. Mont, du Cirm.,
> lu, — Uid. 1. c. 1, p. lt>2. * I. ii, <•
Ib., c. 1. » 6, p. ICT. — • n., c. 17 p. 250. — ' Ob^c,l^c nuit 1. I,

c. 85. —
Ifi, p. /b.d. 16 et 32,
> 86, MT, de. —
e. Mont du p. • 10. — • Instniciion (iir lo rt«ti d'or., I. IX. — ' Obscure BUil, I.

tnim., I. Il, c. 32, p. HT. 11, c. 7, p. 2W.


PARS I. — MYSTICI PALAM OPPUGNATI. 5

Deum (et modo quo solebat), nec interesse di- torem, et Ludovicum a Ponte ejusdem Ballasa-
vinis magna ciim animi attentione » (eo atlen- * ris Vitœ scriplorem , summos theologos ac
tionis génère quam sensiis ac discursus expri- spirituaies vires, a D. Cameracensi sœpe cum
mit, ut palet ex anteci'den[il)as). Vide quam a laude appeilatos. Hanc Vitam ex versione galii-
vero absint, qui negnnt ia oi-atione passiva seu cana rcferam.
quielis ac simplicisinluilus, impedimenta divina 30. Itaquc Ludovicus a Ponte incipit a duplici
quibus ligenlur l'acullates, affectus, discursivi génère « orationis mputalis.quarura altéra pro-
actus, et eam orationem lam
exlraordinariam ad cedit per viam ordinariam ; altéra per viam
gratiam communcm omnibus
justis, contra magis exlraordinariam, paucis connnuuica-
mysticas tlieologiœ décréta imo eliam contra sua, tami. » Prima autein « maxime pendet a nos-
ut mox videbimus, revocandam putent. tra induslria, provomente gralia, sine qua niiiil
CAPUT XI. bonicogitare possumus. » En ab ipso principio
27. Sanctus Franciscus Salesius de divinisim-
duplicem graliam, communem alleram, alleram
pedimentis agit, occasione venerabiiis Matris exlraordinariam conimunicatam paucis, nec ai)

Joannog Fremyottœ, quœinhancorationem tracta industria nosira,sed ex vocalione speciali ita

erat qua de re cum copiose egerimus î, liic


:
pendenlcm, ulaconmiuni gralia vnigares ope-
raliones pendent; quod ipse P. Aivaresproditin
pauca dicemus. Prinunn annolanuis locos tam
heati antislilis quam venerabiiis vidua?, in qui- ea relatione quam inlra memorabimus 2.

bus impotcnliœ memoraiitur. Verum ante


iliœ
31. P. aulem Alvares, « sexdecim totos annos
omnia observamus, cum de suis « impotentiis » exegit in oralione vulgari per très vias, purgali*
vain, illuminalivam et unilivam^. » Ergo via
tam sœpe quereretur a sancto episcopo nusquam
uniliva, (piœ est perleclissimi amoris, ad vuiga-
esse reprehensam, tanquam sua exaggeraret
incommoda aut scrupnlos imo vero rem sim- :
rem lamenoralionempertinel; ad meditalionem
scilicel, non ad conlcmplalionem: conlra id
pliciter ac proprie inlellcclam, nt patetex Episto-
ïis^ : ipsa quoqiie pari simplicitate ac proprie-
quod dicil prœsul, qui vilain unilivam ad suum
tate verborum, suas « inipolentias » ingénue ac quintum gradum qui puri est amoris revocat 4.
32. Certe P. Alvares, anleaquam ad exlraor-
sine luco falebatur, iisque mcdebatur « Deo
a mente conjimcta, sine actibus, » inquit* » dinariuin orationis gen us vocarelur, exercebat
a nam nullum facere possum. »
Aijostolicum iliud: Sine inlermissione orale »
i
,

28. Actus aulem illos quos clicere non poterat


caque oralione donaliis erat &; quin eliam exer-
cebat purum amorem erga Cbiislum in se con-
fuse exposuimus^ docuimusque fuisse vel ,

maximeaclus « discursivos, quospropriœ indus. sidcralum. Ergolia'cdona anleccdcbant «oralio-

triae » vocabat; « item medilalionis


ncmillauKiuielis; uinonis, ac pcrlecke tianquil-
« actus,
« quos anima bujus status nullo modo potest lœquc conlemplalionis, ad quam post sexdecim
annosla!)orisevectus est 6; » quo tempore a prœ-
« elicere''. » Non tamen semper erat suspensa

abillis actibus, sed lantum « oialionis tempore, »


posilo generali jussus edidit« Uelalionem de
ut ibidem sœpeosleudimus. Cwterum ilaageba- sua oralione » Vila3 ejusinserlam ^ adeo iia^c ex-
:

traordinaria, et siii^ulari studio inquironda lia-


tur, ul Dcus i)ersœpe vimoperalionemquc remit-
tcret, piamque feminam sibi rebnquerct; quo
bebanliir.Ka « Hclalioue » mcmorat illuin sex-

liquet non
ex liabitu provenisse, sed ex sin-
id
decim aiinoriim laborem, quibus exaclls, cum
«

nibil laie cogilaiel, cor suum lolum immulaluin


gtiiari divina opcralione pci- mouienla, per in-
dilatatuiii(]iie compeiil, inimisso aniiiii di'iitpiio
Icrvaiia, [)er actus singulos,sive se exercnle, sive
reprimente, ut explicavinuis'. Quod ergo D.
illi l)ealorum simillimo;quod fuit inilium via?
»

inlorioris exliaoïdinaria', quam, inijuil, « expe-


Cameracensis sanctum Fianciscum Salesimn
cjusque spirilualem liliain in oie assidue iiabet. riri ca-pit a Ueo doiialaiii, » non nisi singulari

laudo quod corum spcrnit et sentcnliam, et


:
dono, cum et anlecedcnlem a Deo quoque esse
usum, et expcrienliam lanlus divinorum ac constarel, setl ptn' doua comimmia.

mysticoi'um expcrimcnlorum asscrlor, ii)se vi- 33. « Ihec igiliir oralio, inquil», ea in re sita

derit.
erat, ut coram Deo consliliierer per pi\Tspnliain

CAPUT XII, qiiaiiidam inlcriorem cl eliam coipnraliler milii

29. Duos bic eSociclalL' Jesu egrcgios profe-


dalam, in qua permancrem permodum ii.dtilus

(ixi » sive peniiaiicnlis; (puni plane est exlraoï-


riiniis lestes, Uallasarcm Alvarem Suarcsii cdi-
V8Ô. — -
dinariiim; netpic bic quidquam commémorât d '

' Ch. 3, |). 3 Inslr. sur les élnls d'or., I. ix. ^ Ll». »n,
ep. 2a.— ' licnl do la M. du Cl.anl., Ce, i^iit. ri,c. ïl. — » Instr. I
Vio du P. D,alt. Alv., c. 2, p. 11. - liif n. ?i. —
' VI» Ju
,

mir lo« étals d'or., I. i.v. —


« lient, du la M. du riiai.l.dom. 4, pari. P. Alv,. p. 20. — < Mar.,
p. i3, il — i
Vio du V. B.1II., p -J.'. > 5.
.11, c. 3, 4 Vie de C/ianl., part, il, c. 7.— ' Iiist. sur le» *tnti d'or.,
; p. 30, 31, 3a. — • /»., c. 13, p. lîT. — ' là., p. l'iH \W. f 1 —
« /t., p. 13a.
« MYSTICF IN TUTO.

scparalionc mnti\uriini propriicoinnuidi, in qiu» lem ' » non aulem perfcctos c?se volebat sine
:

nunc aiictor nosler qiiiiilum suum gradum, id amore puro: ergoinamore pnroorationemqua:
est pcrlfcliiuiis .st.iliim collocal. ad pcrfeclionein ducerel minime collocabat ;

34. Ail eiiiii .sl.iliuii cvcclus, arranas voccsplc- quo vel uno aCameracensi in immensum dislat.
niiiKjiie auilicliat, ° qiiibiis clad iiitiiidi coiileinp- CAI'LT XIII.
tuiii l't ad aiiKirctn laUiiii iiiritalialiir, cl roiuc- Gersonis (jnidem oralionem (|nieli8 sive
iO.
heiiilehalur si ab co oralioiiis (;eneie dellcclc- conlemplationein ad gralias gratis ilaias<lisf rie
rcl '
: » qiiîi' saiic siml i-xtiaonliiiaria. refcrcntislucuin saipciddiiximuscx docti>simo
35. Sed cxlraoïdiiiarimiiliiijiis slaliis ^ in ccs- libellocui litiiliis: aLlucid.itin scliolasticatlieo-
« salione distursus, » et illc niaxiine, cl Vilœ logi.T my-liia; *. » Jacibi aulem .Mvaris Paz

cjiisscriplor rcponehal ': « pcr pi.Tsciiliam Dri ha.'c verba sunl' «Oralionem 5im|>licis inlui- :

lus desidtrare possumns.sed conatii ei imlns-


siiignlaridonodalain, secliis.! jinipiia indii>lria.
tria noslra liabire non possumus, eslenim do-
su.spensis sanc, scd per ccrla tanUnii inlcrvalla
(pire ipsissinia csl « oialio quiclis cl
nnm vere supernaluraie, siciit raptus et exta-
poleiiliis, «•

siselaliuejusmodi o quo loco non indicat eam ;

rcc i'lc(;lionissive silcnlii, » in qiia, leste Diony-


oralionem esse cxlasim aul raplum proprie dic-
sio, aniinus < palitnr divina, > ad qua; ex sua
tuni, scd taiituni ejus dunum tum singulare bis
indiistria nihil conlert.
donis esse simiiiimum. Concinuiit inyslici om-
36. Ilic aiileiri (piatiior nliseivatn disina. Pri-
nes, Kusbrokius, Taulerus, inler recenliores
nnim, qiiod inler liujns oraliimis fruclus nun- ipsu Tbomas a Jesu; quibus omnibus hxc oratio
qiiam coniineinorat scpaialioneni illaiii a pro- infusa et supernaturalisest, ilio slricloet .>^iagu-
prio cnniniodo. Allcniin, eain oiationcni in
lari sensu, quem sœpe diximus, boc est exlraor-
fcssationc disciirsiis conslilulain. Terliuni, cess<i-
diuuria^et a communibus graliis ubsulula.
lioneni illani non ex
ex singulari di- liahitn, scd
CAPIT XIV.
vina opcralionc |)rollucrc, cl iiiter oa dona cons-
lilni, quœnnn nisi « giatia, privilcj,'io, vocalione •il. Sancli Francisci Salesii doclrinam et verba
spcciali, qiire non sil onniiinn, ncc propria in- rclulimus ^, et illc quidcm jam cpiscopus apos-
diistriact cornniimil)iisgraliis acipiiri et conipa- tolicacliaritatcpr.Tditus, ad summum perfectio-

raii possil \ Ui">"'l""i. '''' aniniain pâli divina, nis gradum pcrveneral, licct oralionem melho-
quod etiani sancto I;:rialio parcnti suo contij^issc dieam ac meditativam sivc discursivani necdum
narrai , ejus<pic ici pralia a sutnnio |)ontificc prrelcrgrcssusessct, ac supcriorcm gradum ne-
nrcessario inipelralinn. ut a Hreviarii prccii)MS qnidein cognoscercl, cl pneclarc secum agi pu-

iniiTiinns cssel, proplcr extraonlinariani iliain laret ciim solatiis alquc aflectibus inbxrebat ».
vini (pia viclns ac snbactus, ad oraliones vocales Dcniqnc clara voce Icslabatur" srepc « eosqui
prosilirc velarctiir. « per vim et ipso ralionis apicc » divina; se vo-

37. Solebat niilem P. Alvarcs diccrc *, cum lunlati conjungcrcnl, antecellerc < aliis qui illa

Dcus « discnrsum antenet. » lune signum esse quieludinc i> et cxlraordiiiariis molibus Irahc-
dritnin, « Itenin velle es.so doniinum » singidari rentur : alqiii absurdum cs.sel perfectiores esse
supra disonrsiiinonuiem opcralionc qnani
illa et possc qui minus caslo pnroque amore leneren-
vidinms: qnod signnin a H. quoque viro Joannc lur : crgo illa quictudo non est in puro perfec-
a Cnicc dalnni leginius o. toque amore .slalucnda.
38. Ncc minus observain dignum P. Ludovici 42. Idem sciitiebat sancla Theresia, cum di-
de l*(>nle pronuntiatuin illud. non esse niiran- ccrcl' » non i)eiidere perfeelionemab illis graliis
duni si linic aiiiiM.e continuant cxlascs, scicn- <•
cxlraordiiiariis, cum miilla' sincla" animre nun-
« lia aliaque exlraordinaria: quod cl
infusa ', » qnam cas acceperiiil, innila' aeeeperinl quœ
ipsc de se P. Alvarcs in sna Uclalione rncinora- sanctfc non fuerunl; imovernqui laboiibusac
bat, visionescpie iniap:inaria.s et intelleetuales, quisivere virlules, mei ilis es,so |)olioies; » quod
voialus(pie mentis, ut consueta referebal. ap|)riinccum B. Salesio congrnit.
3i). l)eni(pie ante onniia observatu dignissi- 43. Ilnrsus cadem sancla virgo mcmorabal »

innni istud a P. Alvarcs singulari ipiodam edito • sibi notos cs.s<', quos Dcus ejiismodi graliis dig-
scrnionc niemoratuni adversus iiluminatos, nbi narctur. quibus carere mallenl, si id in sua yo-
cornni « reiireliendit errores i|uo<i negarcnl sine Icslalc relinipicrelur; » quod profeclo non dice-
oralione menlali possi* (picnKinam cs.se perfec- rcnl de puro amore, quo c;irere vellc csl im-
tum, nequc ad id sufficcrc orationcni voca. piuin : longo crgo discriîninc ba'c babebanl.
' /s., r IM. "»• — ' " .r ly. 138, c. 14, p. 140, 14Î. 143, '
/^., p S&S. — 'Conïlfl T. — «T. III, />• p«tA, 1 ». «p J. C.9,

144. — > Vl« du p. U»lt.,cli 16. p. I», 1*7,413, 468. rtc— <
/»., p. IWl. — ' In», «ur 1»» fUU dor., 1 .1. p. ISO. 1S3, 8. Kr.

I3T, 138, «te. — '


/»., p. 169. — • Sup., D. 16, 16 tt Mq. — d< 8»le«, I. Il, «p. U. — » U». »M, »p 34. — • Kolrcl 2. —
' Càmt-

r. Vie d<i
F. Ah., p. 146, 146, 163, 166, 107. d4 ramt, «• deiD., c. 9, p. TW. —
• làU-
PARS I. — MYSTICI PALAM OPPUGNATI.
44. Item asserit * ad summam perfectionem tan tum quos misericors Deiis ad gratiae statum
pervenisse quamdam, quœ nedum orationes ex- evehat, illa (confemplatione) potiuntur. »

traordinarias assecuta esset, ex oratione vocali 50. En contemplationis donum inter gratias

nunquam excessisset quod ex P. Baltasaris Al- :


gratis datas recensitum, ut supra ex Gersone
yaris ore mox accepimus (n^^d). Sic pro indu- aliisque retulimus, n" 40.

bitato manet apud sanctos, orationes ex traordi- 51. Idem auctor


inter efîfecta mysticae con-

narias, de quibus diximus, in puro amore, quae templationis animi suspensionem » notât ' ut
« ;

prorsus in hœc duo mysticos consentire constet


ipsa perfectio est, non posse constitui.
:

« suspensionem » illam « animi » admitti opor-

CAPUT XV. tere donumque esse extraordinarium nec a


,

communibus gratiis pendens, et a puro amore


45. Quin sancta Theresia ultra progreditur, longe distans : quod erat probandum.
clarisque verbis asserit ', non modo menti CAPUT XVI.
magnitudinem ab his orationibus non procédera
ut statim diximus, verum etiam non esse cer-
82. Jam D. Cameracensis verba videamus.
tum hujus status animas a « peccato mortali
Primum illud « In his slalibus nullam aUam
:

inspirationem admitti, nisi eam quœ communis


« quod nesciant esse puras » adeo illae gratiae :

est omnibus juslis 2. » Sane addit « validiorem


ab amore non modo perfecto, verum etiam jus-
a esse puro amore
ac specialiorem in perfectis »
tificante distant.
« gaudentibus, » sed intérim ejusdem esse gène,
46. Quem in locum sanctae matris, Joannes a
ris, et tantum gradu differre quo illas animi
Jesu Maria summus theologus, summusque mys- :

conlemplativo ordine carmelitarum


suspensiones excludit 3. Eodem perlinet locus
ticus, et in
de admittenda tantum « inspiratione et at-
discalceatorum ad summum honorera eveclus,
tractu commun! omnibus justis » quod assidue :
hœc habet 3; « Divinam quidem contemplatio-
inculcat.
nem sine supernaturali dono Dei nemini con-
cedi: caeterum contingere nonhuUis in peccato
53. Hinc ad eum statum quem passivum vo-
cant, nihil aliud requirit*, « quam ut sit paca-
mortali jacentibus, B. Mater Theresia credidit J
tus et ab omni commodo absolutus » quod
quod ralioni consentaneum est. »
;

procul abcst ab eo quod facultates animas sus-


47. Tum objeclionem solvit. « Posset, » in-
peudatur, et ad impolentiam redigantur.
quit *, a ita excipi , ut Spiritus sancti dono,
54. Quo etiam cogitur, a tribus illisnotistrans-
contemplationis actu, qui jacebat in culpa justus
eundi ad conlemplationem eximere impo-
fiât; » quam tamen inlerprelationem rejicit»
,

tenliam5,quam supra ex B. Joanne de Cruce,


« eo quod non subsit eificax ratio ad omnino
asscntiente Nicolao a Jesu et Ballasare Alvare
asserendum contemplationis actum ad gratiam
expressimus, n'^ 15, 16, 17, 18 et seq. 23, 37.
gratis facientem pcrlinere: posita sancti Tliomae
55. Quodaulemspiritualcsagnoverint, «quera-
doclrina,2-2, q. 111, art. 4, et omnium tlieolo-
dam animœ fundum operaiitem sine ulio dis-
gorum, in proplielia subliinem contemplalio-
tincto potcnliarum actu, id asserit provcnire ex
nem exercer!. » Ex quo collegit: « cerlius et ad
philosopiiia Scholaî quam myslici peniliis im-
mentem sanclaeThercsiae accommodalius, insigni
" indici difficullalem om-
bucrint : » citlcriun «
contemplationis dono peccatorem aliquanto
nem, scmel supponamus animaj potontias non
si
emoUiri, tametsi ad statum gratine minime re-
esse distinclas. « Sic schoUe consulit, cujus in
surgat. » Non crgo status illc puro amore cons-
cumin eo sinum rcfundit spiritualium errata scd frustra :

tat qui ad minimum justilicans est,


est. Primum enim non tota schola dislinguH
etiam perfectio collocclur.
animaî polcntias; tnm ea dislinclio ad rom de
48. Addit nonnullis videri hœc dona, iisque
qua agimus |)i;uic imlilïcrens est, cum id lauliun
majora, « absquc gralia gratum facicntc cons-
agaiit viri s|iiriliial('s, ut disivirrondi operalio
lare posse, qucniadiiioduin et cœtera (U)na qua;
divinis inipodimcutissuspcndatur, qiiamad rom
gratis gratis daUe a tlicologis nuncnpanlur » :

ojiinio de dislinclis nihil facil. Pos-


i)oleiiliis
atqui ncmo existiniarc potuit puriun ac perl'ec-
ti'cino illc fimdiiSanimai nihil aliud illis cstt
tum amorcra ad cas gralias référendum : non
(piam sublilis qua'dain operalio intclloctns ac
ergo in eo contemplationis statum ac theologiic
voluntalis. qum, quia ab ordinario consuctoquc
mjsticiK summam rcponobant. idoo ah inlcriore cl lalon-
usu longissime al)csl,
49. Pergit : Excepto ilio evcntu supcrius
«
tiorc lundi) (irofocla vidcalur, .sive re dislinda- sinl
descriplo, si de modo coasuelo serrao fiai, ii
I
Schola de oral, mntrmpl, dublt. T, ood. t., p. 697. — • M«x.
'
f.'Arm. de la ptr/., c. 3. — ' Cli4t. Us rime, ti« dem.. c. «, i4., dea »»liiU, p. 87, etc. — ' 76., p. 160.— • It., p. Vii, UIO. — » tb.

c. «, p. 823. — ' /ni(., t. II ; Thtol. myil-, e. 3, p. 10, 1«. — ' /». p. 171. —« /6.,p. 201.
8 »n'STICI IN TL'TO.

facnlbites. seu ratione ac virfiialitrr tantnm : ut 6t. Qnare certissimnm est nnllam fWs.se Tel
profcclo luce ad involven-
sit clarius, non nisi levissimam causam, cur laiialismi accii'^rer :

datn spiritiialiuin scnicnliani Sclioiœ opiiiiuncs et sanclissimos niysticos. i| .sam imprimis The-

adJuci puluisse. rcsiam ac Joannem a Cruce, quorum opéra vel

CAI>UT WU. maxime uti \clle se profilclur pra-sul ', ipsius


judicio, ut tcnierariœ, ut pericuiosis-simae doc-
56. Neque eo contentus auctor ad hnec extrema irinœ auclores, es.se rejectos, neque tantum ul
prosilit ' : « Si in vils inlcri(>iibiisali<iiiid agno- suspectos, sed etiiim lit a|ierte fanaticos'.
scanius extra puri amoiis liabitiinlis limilcs, »
CAPUT XIX.
hoc praUiTca iiispiruliones illiis ac laciil-
csl si

tatuni aniniœ suspcnsiDiics adniiltaniiis, qiia.s


62. Uvcc quidem auctori objecimus in Decla-

omncs saiicli spiriluali-s iino ore docucrunt, ralione noslra ', et auctores a|)pellaNiunis qui-
bus facultatum suspcnsio niteretur, Gensonein,
< niliil magis tcnicrariiini aiil pcriculosuin futu-
Tberesiam, Joannem a Je.su, Jacubum Alvarcni
nini 2 : s quod cliam alibi iirgel.
Paz, Franciscum Saiesium, atque liis nunc ad-
8". Sic novus iste piorum in}slicnnim asscr-
didimus Joannem a Cruce ac Ballasarum Al-
tor, non modo coruni abjicil decretiim cortissi-
varem. lla?c quidem refert auctor; quid autcm
mum, de suspensisac iigalis divino irnpcdiincnlo
rcspondcat, opcrœ pretium crit intelligerc. Ta-
in statu et oralionc passiva aniina> racullatibus,
Hs aulem responsio est « Facile probatu cssel,
Terum eliam illis gravissiinaui tcmchtalis nutain :

auclores quos citant non favere eorum senten-


inurit.
lia;*; » quo dicto tanquam confecla re, transit
CAPUT XVIII. ad alium. Fidem liomiuum facile probabis !

88. Nec verctur idem auctor mihi passim scilicel illos auclores et alios mjsticos, in ora-
impiilare fanalisiiuun 3, ipiod illa iiniiedimenta lionc quictis, divina illa discursus im|)cdimenta

tli\iiia ac lacullatuin aniiiue suspeiisiones agno- ncscissc , neque eam orationem rcvocassc ad
veiiin ; (piod ciim ego scnscrim, saiiclaiThc- gralias gratis datas, quœ nt)n modo niliii faciant

rcsia' oinniuiii(|ue nnsticoium dura et irrefra- ad Jusliiicanlem graliam, verum etiam cum
gabili auctoriintc duclus, nun ego sed illi lana- peccato moitali starc possinl? Facile, inquatn,
tisfni arguiintur. probabis, eam orationem, qua; cum peccato
Al forte auctor in eo vim facit, quod ego
i>9.
morlali slare puro amorc consistere,
jiossit, in

concesserim illaiii orationem, eiqne conjnncta purumque illum amnrem cum eo peccato posse
impcdiiiieula (!i\ina, in venerabili maire Joanna conjungi hxc, in(|uam, facile probabis, oui
:

niiiil non as.sererc, niliil non |irobare in promplu


Frcmyotia, Mariacpie Kossela luisse pêne conti-
nua. Uuid lum postea? qnid facti ad lanalis- esl?Miserum est, cum ad luec nec liiM:erc va-
nuun quud raro aul sœpiiis hxc interinissa Icas, tam contem()lim lamen tamque confidenler
,

fucrinl? Si siispendi anima» faciillatcs ad lana- objecta tiausilire.

tismum perlinel; prolecto Tiieresia, Joannes a CAPUT XX.


Cruce, Ualtasarus Alvaies, alii(|nc onmes ejus Al enim, sic ol)jicit *, pranlati semper
63. «

suspensionis assertoresa laiiatismo c.xcusari non conlundunt coutemplalionem et pa.s.si\ilalem :»


possc constat. quid ad nos qua ba'c \erborum sublilitale sc-
00. QuaiKiuam ncc ego assenii continuitatem ceriias ? Certum, eerlum inijuam, illud est, cun-
illatn, qiiantam auctor indicat. Etsi enim reli- templalionem sine illa tua ipiaui vueas passivi-
giosissima; viduie oralio pciic eonliinia fui.ssc ttite esse non |)o.sse, cum libi contem|ilalio non
lertur, non projiterea neeesse est extra ipsum nisi in puro amoie sit, in cpio iKissiiilalem re|)o-
orationis orgiimenlum illa impedimenta divina nis. Hoc nobis sidlicit, emn luce clarius dede-
valuisse; nec ipsa oralio, et>i pêne contiiuia, rinms eam oraliouem in puru amorc repoai
eodem semper iinpetu viget cpiin etiam aniio- :
non pusse, quœ eliain cum |)cccalo morlali
tavi iiiler ipsos xividissimus coiitcmplationis constcl.
actus. alios disomsivos ac plene deliberatos in- 6i. Pergil lamen : » pra^lati in ai ticulo l.^sia-
termisceri solilos; mullos etiam scriptis aperto ccnsi XIII admiltimt eam quam admis! |Mi>sivi.
discursu consignatos fuis.sc ''. Idem de Maria tatem , > cum agiioscanl < actus in corde eon.
Ho.s.scla dixi clarissimis verl)is '', qua? quiilenj ceptos et fonnatoscum omiii siKuilale Spirilus
connnemorare oportebal mca dicta rccilantem, siiucti. » Sano qiiis enim lio.s actus
: ne.H'iat?
cum ex ILS tola >is |)cndeat. sed hos actus esse passi\os lu .solus a.sseiis; nc-
'
M«x.. A«rt p. s« > /»..
. p. 20*. — — > Rtip ni fltmma. p '
Miï., Avfrl p. 21. p 206 .
' Unp. ad Simma. p. — 72, R*p.
73 , U«p é I» Dtcl. p. 103, 109, «te. • — Imu «ur Iw éuu d'or., l[ i la Ditl.,p llK) —
> lyd. (rmm »/'iir.. roi 42J-i;/7. — • hrp. 4
Tiu. — » /». ta OtcU, p. lUT, 108, lu». Me. —
> Bep. i U Did., p. 10«.
PARS I. — MYSTICI PALAM OPPUGNATI. 9

que in eo prœlatos habes assentientes : quœ tibus? Verbis eorum teneris : negare non potes.
nostra qiiœstio est. Fatearis ergo necesse est a te unam myslicorum
6S. Adeo aiitem absnmiisab eo, ut in arti- prœlermissam nolam, atque eorum, quam ex-
cule IS passivitatein illain explicare velimus, tollere veile videaris, spretam auctorilatem.

ut e contra passivilatemoinnem adarliculuin 21 CAPUT XXIII.


referamus, ibique tantiini ejus inentio incipiat-
69.D. Meldensis, inquit i, id contendit per-
«
Qui autem dixerit passivum lioc esse tranquil-
tinere ad iuflandas animas. » Sane. Id enim
lum ', te primum, te solum esse comperimus^
pertinet ad inlarciendam pra^cipilis supcrbiae
aliiim praeter te neniinem.
amentiam, si ad contemplatio-
qnolies animam
QQ. eonm, trium
Quod addis 2, scilicet prœ-
nem admoveris, simul illi déclares in eo esse
latorum, passivitatem quœ non eorum est, sed
necessarium amorem purissimum ac perleclis-
auctorum omnium spiritiialium, utvidimus libi
simum:atqui hoc déclaras, qui contemplatio-
esse suspectam : id ipsum est quod miramur»
ncm in puro amoio collocatam doces. Respon-
tantam esse confidentiam, ut ipsam Tberesiam,
det D. Cameracensis 2; « Idipsum damnare est
ipsum Joannem a Cruce, aliosque tôt ac tantes
B. Joannem a Cruce, sanclaiii Tberesiam, Bal-
mysticos, quos a nostra sentenlia separare nulla
tasarem Alvarem, et Frauciscum Salesium. »
arte potuisli, nec ipse tentasti, pro suspeclis, pro
Certe si illi lecum reponerent contemplationis
tcmerariis, pro fanalicis habere sis ausus; adeo
oralionem in amore purissimo, non tanlum jus-
nihil non audos, nihil non verborum fuco pro- tificante, verum etiam pediciente: sed quam
barc te posst jiiiidis. Miram eloquentiam, sed longe ab eo errore absint, salis conslilit.
plane noxiani !
10. Neque tanlum animas ad conlemplatio-
CAPUT XXI. nem Iraducendas in hune gurgileiii conjicis, sed
Quid quod D. Cameracensis banc ipsam
67. ipsos etiam direclores, quibus subtrabis certis-
quam fanaticam vocat impotentiam aslruit? simam et claris>imam impolenliœ nolam; qua
Annon enim agnoscit in ccrtis slatibus quoad lanien sublata audent declarare animabus, ipsas
oralionem vocaiera « veram impotentiam 3? » esse purissimo amore pe; feclas, que discursum
Unde illam, nisi ex suspcnsis divina [lotcnlia onmem abjicere teneaulur.
eliam interioribus animœ facullalibus? Non Ueponit ^: « Annon anima ad contem-
11.
enim Deus, credo, linguam, sed ihas tacuitates phlionem a medilalione traduci potest, nisi id
jmpeditas tenet qutunam autem illa est, in
: ei dcclaiavciis ? » Speras ergo id a te posse prœ-

articulo x, loties decantata « i.ivincibililas et staii, ut anima omnem discursum te auctore

« ratiocinandi incapacitas", «nisi impotentia abjiciat, neque id tamen pcrsenliscal? Callidmn

quœdam? unde vcroorta, nisi ex eo quod anima diicclorem qui ha;c se perlicere posse credi-
videre non possil id quod « Deus ipse « sublia- dcrit!
hit, suffuratur, occulit Tuo crgo te gladio
' ? » 12. At enim : « Cum animœ cnipiam .sua mu-
jugulas : et ut me fanatismi arguas, non modo tantur exercilia, non propterea eiilem indicalur
Tberesiam et alios, sed etiam teipsum (pudet, eam esse amore perlcctam, sicul nec diacono
abl pudel) lacis l'analicum. cum ad sacordolium promovelur. » Nec cogitas
mulalo exercilio, medilalione suMala, (li>ciirsu
CAPUT XXII.
inlerdicto, simul iiulicari purissiiiuim aiiinrem
68. Sane D. Cameracensis vult a se meinora-
sine quo ista ex te esse non possunt: nequc
las très illas cclebcrrimas tiansitus ad contem-
uiluin est simile signum ; signiim. iiiquain, ^acti
plalioncm a B. Joaimc a Cruce prtcciarc consti-
in promovendis ad oniines. lia'C orgo miUauius,
tutas notas: « Nempe, » iM(iuit c, « objiciunla
et a te laleamur ncgiectas illas notas a spuilua-
me prœtcrmissam inqiotenliœ nolam. » Cerle id libus tradilas.
objicinnis. Ostcnde vero quid de ea dixcris.
« Dixi enim solum, inquit, ex discursiva ora-
CAPUT XXIV.
lionc, animam non tralicrcsuccum, nequc quid- 13. Prœsulis responsa vidinuis ; nunc ne quid
quam aiiud agerc, quam ut .scse distraiiat ac probalioni noslrœ desil, objecta audiaiiuis. Sunl
languorc conliciat. » Ccrte id solum dixisti. Die autem hujusmotli. Prinnim « B. Tlicrcsiam. :

sodés, an Joamics a Cruce alii(iui' mjstici id so- septima in mansione, as.serere animas ej us slali.s

lum dixcrint, non vcram iuipulcnliaiu aguovc- nulliim experiri am|ilius ra|ilum, (|ui contra or
rint, suspensis scilicet animi diviiia (juadam dinem n.iliiric suspciulat iiilclleclus voluntalis-
operatiuuc ac pcr iuqicdimenta diNina laculla- que lacullales ^. »
'
M«ï. (1rs snliilk, p 211-1. 'JU). — » I(.|>. ù l.i n.'cl p. 108, 109.
— — uo.— «Ma»
— ' MuK. .les sniiiLs, p. lt,7 — ' Jt>., p. 07, b9, 90. — ,

» Jb., p. 89.
I
Jb.. p lao. ' /»., p. 40. > Ucp. à la DtcU, p.
— ' lU'p. A la Dccl., p. 13H. 139. d«s ttinti, p. '.iOli
{0 BÏYI^TICT IN TUrO.

7i. Altcnim : « his suspcnsionibuseverli sys- ginatio indere consnevcrant ' » Quin eliam in. .

icma piirrp fiiici pioriim omnium mysliconim, tellectus opcrationon perturbai animum; quia
«

ac inipiimis It. Jivuinis a Cnirc '. » Omnipotens, qui crca\it illiun, ejus suspendit
"75. Teiliiirii : hanc fiilci ohsciirilatcm nulliim actionem, hincque inlueri latitiiin id quod inlus
mlmiltcre Imneii cxlraordiiiarimii, luillaiii cx- agilur quasi per rimidam qnanuiam ^, » hoc est
traordinariain aut miraciilusain inspiralioiiein ', actione intima, teiitii et exsili, vixque sensibili :
tcsie codcm B. Joanne a Cnicc. « tum vcropotcntia;,» quatenus magis afficiunlur
76. Qiiarliim : « Sccimiliiiii cumdem aucto- sensibiis, « manenl non cx>iincla; quidem, sed
rcm ab hujiis statu aniiiial)iis cxslascs, visiones, operalione nulla r.sensibiU scilicel) et quasi alto-
rcvriationcs, comuiunicationcs inicriores volun- nita; rerum magnitudine. »

taric rccipi minime o|)oilorc ' : » cum, codcm 81. Capite deinde (luarlosic ait: « Dominas
nuclorc leslœ,in fide nudissima atque obscuris- animas iiiterdum ad suum naturalem rc- sinil

sima mens maneal. verti slatum 3, » a quo proinde cas abstraxcrat.

Tt. Ouinlmu : admiticre illas facullalum sus- Denique, « Deus solus potesl hanc indulgcre
pensiones niliii aliud esse, quam » contcinpla- graliam, et quicumipie noster conalus essct inu-
lioncm passivam, (juœ ex se lihcra est et nieii- tilisé; » intcllige conatum ex communibus gra-

toria, cum pialiis gratis dalis conlundere; re- tiis (ul sup. n'* 3, 6, 23), alioqui nihil dicil. En
pupn.inlibus sanctis, qui dicunt nunquaiu his quoi operationcs exlraordinai ias, quoi rerum
gratiis vohmtaric occupandam menlem *. » Hœc iniracula inducat in eam mansiouem, a qua

sunt igitur D. Camcracensis argumenta quinque, omnia extraordinaria arcerc voliiissc fmgilur !

ad quœ resolvenda nunc online procedimus. 82. Uuid ergo dicendum ad eum sanctœ lo-

CAPUT XXV. cum, qucm auctor objccit (sup. n» 72) ? Omnino


respondendum hune locum ab eodem auctore
78. Ad primum, quod sumptum ex sancta
esse truncatum. Sic enim refert a B. Theresia
Thercsia, nefiantc, in mansione septiina, ullum
assertum « septima^ niansionis animas nullum
:

esse aclum suspcndenlem l'acultates, dicendum


experiri ampliusraptuni, qui suspendal intellec-
et rem esse falsam, et locutn ab auctore esse
tus vohmtatisque facultates ; » atqui sancta
corruptum.Et quidem salis constitit sejjtem lotis
illa virgo non scripsit absolute nullum, sed
primihnjusopusculicapitil)us,etcenlume.\imiœ
« fere nullum': » neque etiam id scripsil de
>irginislocisdc suspensis (acuitalibus in actione
omni génère aut omiii effectu raptus, cum di-
quiclis, quam ipsa contcmplalionis appeliat. Ergo t Ego aulem id intelligo
serlis verbis dicat :

siinmansioneseptimajam nullasuspcnsioest, ne
quoad exlerioresefleclus » quod posteaexpo- :

sancta «bi, quoii nefas est credere, in re


isla
nil «de extasi aut volalu mentis: quae, inquit,
cxpcrimcnti advcrsari videatur, vel dicendum
in septima mansione rara sunt, nec fere COQ-
raplum alio sensu ilici ac auctor inlclligat, vel tinguiitin publico.» Enquid bt-ata virgo ab ea
iumc locum, iiui nobis ol)jicitur, non ad oratio- mansione arceat: raplum lin publico,» ra|itum
nem quielis, sed ad aliud oralionis genus perti- aquoadexlerioresefftctuSjD idque non absolute,
nere.
Eedafere: ac ne quidem ait hos raptus nulles
i>

79. Ut autem sancta; virginis mentem ex ipsa


esse,€ sed raros » neque, ut auctor tlngil *, ra-
:

loneamus, in illa septima mansione id habeunis,


ptus generatim aad intirmitateu) animia perti-
capnt 1 ^. Uuiic slalinn incipere a visione intel-
nere, sed « raptusillosocjuales vidimus,quibus
locliiali sauitissima' Trinilalis, qua; plane cœ-
beata virgo loties laborasse se memoraf: raptus
K'slis et exlraordinaria Que eliam est. loco lo-
denique ubi anima ita sibi eicidit Iota, ut • nul-
(juilur de oporatiune quadam, quam « apertio-
lususussensuum relinquatur* » quod in ejus- ;
" ncin fenesira', » hoc est inlroductionem cu-
modi oratione est infreciuens : cum fere unus
jusdam intima) lucis, nominal : hanc autem
discursus inlercludi soUat.
' lenestrani al) aniuia apciiri posse negat, aut a
83. Sic igitm- auctor B. Thcresifc locimi nobis
quoquam nisi u Cbristo. {iux nisi de gratia
•>

objicit, sed mutilum, rescctis inlegris senteuliis,


exlraordinaiia inlelliganlur , nihil sancta di-
iisquc quœ ad rem vel maxime laciant.
ceicl.
80. Capite verosecimdo.apparct « sanctis.sima CAPUT XXVI.
Jesu Clii'isli lunnanitas, mulla'que iiileivciiiunt 8i. Ex his ad secundum nrgumentum ex B.
divinœ opcraliones, alla:' raj)tiui, alia- (irmiores Joanne a Crue»! promptum facile re.sponderi po-
ac magis dtirabilcs*'. " Uuo eliam loco amiltil tesl. Sciendum autem est oralionem quielis, quae
anima « molum omncni qucm polenliœ et ima- ' M., p. 81 1. 81 j. — /; , l>
819. — ' /*., c. 4. p. 821. — ' Ik.
' Itid. —> /*., p 64, 66 —»/».— ' /(.. p. 207 — •
Chat, de \,. 827. — - t h.'.t., c. 8, p. 819. — •
.M«x , p. 207, 806. — ' CHu,
I àmc, ;• d«m.., c. I, p. eo9. — • /»., c. a, p. su, su. 7. d«m., p. Bi», aao. — 'ibul p. 800.
,

PARS I. — MYSTICI PALAM OPPUGNATIJ U


discursum impedimento divino suspendit et ex- quae cum B. Theresia acB. Joanne aCrucemirum
cludit, ut ex eodera beato viro supra demonstra- in modura concinunt.
vimus (n" IS et seq.), etsi eo nomine sit extraor-
CAPUT XXVIT.
dinarla, ut ibidem est dictuni, tamen ejusmodi
esse, ut iongis diuturnisque voluntariis disposi- 88. Quœres, quid igitur causte sit cur oratio-

tionibus et experiinentis praeparetur, quibus id nem quietis ac simplicis intuitus, sive passivam,

anima vel maxime doceatur, ne supernaturali vitœ spiritualis magistri quadam amoris vi m
gratine obicem ponat unde ea gratia, superna-
:
reponere videantur ? In promplu responsio est-
turalis licet, ut B. Theresiam, Joannem aCruce, Amor quodam sensu ipsa passione constat, alio
omnes vifœ spiri-
Baita.sarum Alvareni, aliosque sensu, actione, imo eliam vokmlalis electione
communi consensu docere vidi-
tuaiis auctores vera. Sunt qui ameut volenles, illecebris amoris

mus, tamen non eodem modo extraordinaria libère consenliant, seque ullro ac tola voluntate

est, atque exstases, aliaque qidbussensus omnis amori ipsi Iradant tum amor aclivus est. Sunt
:

penitus inlerclusus absorbelur ac mergitur unde :


eliam qui amenlinvili, nolenles, répugnantes,
eam praedicti saucti viri non ad miracuium re- nec amori consenhentes. Hi non amant secundo
vocare consuevere. sensu, sed primo; amoris passione, non ac-
85. Diligenter autem attendendum in oratione tione ad amorem atlracli potius quam aman-
:

secundum illos beatos auctores nihil tes. Id eliam in divinis habellocum. Verus amor,
quietis,
premi , nisi discursum qui christianis actibus vera charilas virlus est et virlutum perfectis-
non est essentialis, cum, teste propheta et Apos- sima quœ eliam a theologis vera dilectio vo-
,

tolo, justus fide vivat, quœ non est discursiva, catur, vera ac deliberala electione constans ;

ut passim theologi docent : unde hic Christiano unde etiam dilectionis nomen passim apud Iheo-
nihil extraordinarie adimitur, nisi ille discursus logos. Est aulem alius amor seu potius altrac-

quichristianœ vitœ, ut chrisliana est, non est tusad amorem impuisu divino inflammanle,
necessarius, caeteris integris et consueto modo instigante, ad amandum illiciente, aut eliam

currentibus: quare merito asserit nullum hue quodam modo pertrahenle. Hœc vis improprio
aliud aUvehi lumen prœter illud nudœ ac sim- amor dicilur; meUusillecebra amaloria dicere-
quae discursiva non adeoque tur :vigel aulem in oratione passiva. Cum vero
plicis fidei, est,
nihilde suo amittit sublato discursu, imo vero ei prono animo ac voluntate consentiunt, lit
ipsa dilectio illa juslitîcans atque perficiens
vel maxime ad suam redigitur nudilatem, sanc- ;

tamque obscuritatem, nihil ex discursus lucc quare hœc sola non prior illa justificat; aliud

mutuantem. est enim illici. impelli, Irahi quodam modo ad


86. Joannesautem a Cruce ab oratione quietis,
amorem, aliud consenlire, eligere ac vere dili-

siveaconlemplatione, adeo non exciudit gratias gerc. Uuœ nos a spiritualis vilœ magislris tradila
hic obilerannolamus; tractatuvero habito, seu
extraordinarias, ut etiam in statum pas- eum
continualo, de statibus orationis copiosius ex-
sim admitlatinterioresvoces nonnisi ab extraor-
dinaria inspiratione piolectas* admittat eliam :
sequeraur. Nunc ita sufficiunt.

pennali seraphiui sagitlam et piagas^, quas qui- CAPUT XXVIII.


demquamtuinvis extraordinarias, non tamen re-
89. Ideo fanalismi me auclor accersit * quod
ponit miruculorum loco, co quod non subitis ,

« oralionem passivam » admiscrim eam, « qua


etomiiino improvisis motibus et impressionibus
posila aninne reputanturexlraordinario instinclu
evenire, sed totius status série adduciet prœpa-
aclœcl impulsaî, ita ul libcro arbilrio carcant
rari vidcantur.
et prorsus inhabiles (iaiil ad (pioscimcpie dis-
87. Itaque raptus fere exciudit illos tantum,
cursivos, eliam dominiez Orationis aclns cden-
qui et oumcs seusus hauriunt, nec aliis inter se
dos cum Deus nuuiu snprema agal, uimuam-
:
ceito online connexis operalionibus, sed divino
non que inuncdicabiliter ponal exlra paslorum di-
tantum impeluaiit instiiiclu, nulla vel ita
reclionem omnem, ac liberi aibrilrii aclum
conspiciia prieparulionc et conncxionc constant,
indefinitc auferat^. » Qua in rc cl mihi errorcm
quœ nos indicavimus^;
alibi aliis Iractatibus fu-
imponit vchcmenltM- errai.
, et ipse
siiis exponenda recepinms.
90. Ac mihi quiilcm splcudidc imponit. Pri-
Et per liaîc palet solulio ad cajtcra objecta
(n" "3 et seq.) : qua de re etiam vldendus est
mum quod mihi imputai oa qua* a tar.cla The-
.

resia, a B. Joanne a Cruce, Ballasare Aharcet


BaltasQf Alvares, locis allegalis, n" 34, 38j
aliis, de verbo ad vcrbmn oxscripsoraiii. Dcinde
' Monl du C«rm., I. il, ch. 28, p. 135. etc. — ' Vito flunoi*, quod et milii et aliis lal^a impiilet. Nulli ti)iii>
cant. '2, n. a, p. (IS, 6U. — * lnitruet. sur les 4UU d'armlaon, I. vil
et X' " Rfp, ad Svm., p. 73, — ' Bip. * '» D*«l-. P- l».
.

12 MSYTICl IN TLTO.

dixiniusauferri « imlcfinile libcrumarbilriuiii, >. 94 Hffic autem et ista per se sini;ularis inau-
dila?que temerilatis sunl, et bilhint certissimas
sed taiiluin ad cfriTlnin siispcndi (liscmsus,
iti-

qiic tciiipnro uralionis linliim ni f\|iresse do- ,


a nia^islris tradilas ad oiatioiiem exlraordina-
iam Iranseundi notas, et animas ad eani diri-
cuitmis ld)n)vii et x Dcstalihus niatiuiiis^; m'quc
I

»•() iiM|iie ni omnis diicclioiiis


adjinanlis opéra {,'endasinj,'ia>is>imuinsuperbi;e|)ericuluma^nnt

t.id)lralialiir; id eniiii lolo opère a^,'il U. Tlieroia, lira?cipiles, uti supra nicinoratum est n" 07, G9.
id Joaiini s a Cruce ul las animas rc^'aid. alque 9o. Quod anteni oralioneiu exliaordinariara
De Uralione auleni .siiiiclis qiKKpie inaccessam et S|>eciali vocalionc
oplinux' dircclioni snl)Jiiianl.
co, ul cni- indij-'eiilcniinipsaCiiarilalis perfectione cousti-
duininica, nsrpie adco al)siunns al)

(piani snlilralialur, ni cliani « |)a.sMvis.snnis, » si tiiil, contra omninm spiiiliialiuin sensum, utvi-

anhnahns relinqni liberani pnt dimus; Cbrisliana' perlectioni deropat, el liabct


ila Itxini las esl,

cerlostatnannis Inlo lil)ro m De stalibus oratio. oinnia incommoda in nostra Deciaialionc co-
piose recciisila', rcsponsis auctoris alibi, Deo
niA'2. libni (jniKpie x, inicr xxxiv Arlitulos, vin,
Qnare,
pra'scrlini n^ 36.
juvanle, i)crspicuc releilendis.
cllil). vin.pas^ini, ac
96. Vides, candide Icctor, quid illis evcniat
qnodcMMKjne liic niiln ac sjiiriUialibns aliis im.
qui se caMeris pra'starc velint : nempe existima-
imlalin-, niera el aperta caluninia esl in uic; et,
quod gravins, in s.inclos.
vit anctor se ad summum mystica; scienlia' devc-

quod a me indefi-
nissc, unum • s" esse scilicel a quo » vel maxime
91. Delilierosane arbilrio.
ha^e diserte dixi^
« s|iirituale: vir i
'lelligi » se senliant, unum se
nilc snblaluni insinudal, :

qnani passivam vocaid, non est snp-


omnium qui c ace ratius qiiam corum «pars
a Ea aclio,
niaxima bœc a an tradiderit *. » Itaque suc
pressio cnjuscuiiquc aclionis etiani libéra;, sed
pra'fisus ingenio ijuod Ingénies, ncc nisi ncces-
tantnm cjns actns qui discursivus dicilur, ubi
sario diciinus), duin syslema myslicorum com-
proccdit ralio ab nna re ad abain, in ipia re us-
ponit ad arbilrium, non Jnanncm a Cruce liccl
([ueadeo cerlnni est non lulii liberuin ariiitriuni, ,

qui non snnt discursivi, proeul


sa>pc laiidaluin, non alios a se loties appellatos
ut eliani anj;eM ,

» (Jnn' ddclrina incidcalur li-


seqnilur, sed eos, ipsnnique tideo sanclum I-'ian-
(lidiiosint lilieri.
ciscuin S;desiuui,sanrtamiine Tliere>iam super-
bre X, bis verbis* : t Non crgo liœc Àns[)ensio
gressus, aliain eaniiiue l'.e^siniam cl inauditam
est av inni liberi arbiliii, sed eoruni lantum
inil regendarunianimarum viam ; ettpii mvsticis
aclnniM qui (ii>cnrsivi sunt sive proprii conains
qui aclussuspcnduntur (non inde-
favere (ln<;iliir, eos vel maxime impu;:nal, ncc
el indnslria> :

aliquot verbisatque scntenliis, sed loto ut vidi-


linile ni caluuinialiu- auclor), sed luonienlis a
nuis svslemale, tota doclriiue, tota inslituendœ
Deu disposilis, » id est potissirnum oralionis
inteiioris vilœ ratione : quod erat demoustran-
lein|iore; quod loto li!)ro fusum.
duin.
9i. Cuni anleni niilii, ncc niihi sed sanctis
AF'PENDIX
snb nieo nouiine laidos errores iniponal, ipse Ad [iriinum articiiliim ox ilisscrtilionc D. Camerafïnsis.
vci uiaxiuic errai, cuui in raplibus, exslasibus, 9". Ego cum aiiimum ad banc scriptionem
inq)uisil)us, et inslinclibus extraordinariis nia- nondum noveram Dissertatiout'm illam
appuli,
niiipie siiiuenia iatlis, qin ne;;ari non possiuit^
/). Cameiacviisin, de "cris opposiliouibus iiiter
et in sauclispropbelisprocul dubio reperiunlur,
doclri)ium ejiiscopi Meidsiisis el sttam, quam
tauasliiuuni reponal^; quod cerlehaerelicum et edidit post Kesponsioiiein ad Dcclarationem nos-
cl inipinni est. punctiim secundmn
tram, liuitis dissertalionis
C.VPUT XXIX. esl De (iratioiie pasxivn : quo loco diligeulissiinc
93. Jani er;:osanctoruni uiyslicorum a D. Ca- qua'rendiim esl qui novi D. Cameracensis al-
: 1

ineracensi aperta di-crepanliaesl. l*riunnn,(piod térât. Unale aulcm illud sit, sequentia deuion-
abi llisoundiins sanclis inio ore a^iùladi\ina ini. strabunt.
pcclinienla loll.d: deintle. quod sancloruui doc- CAPIT XXX.
triuan), lenierariain, periculosissnnan, suspec- Quod ad « passivitalcm » atlinet, D. Ca-
98.
taui , r.iiialicaui(|Ue décernât: deniqnc, qno,i meracensis duo perçasse convinciliir primiini, :

« pasMNilaleni « reponal in purissiniacbarilale, quod stispensiiines lacullalum ab omnilius ni}s-


hoc est in ips;i Cin islianas perleclionis arce, con. ticis agnilas piimus el soins e medio susluleiit
tra quod onines sancli docueruni, ut siqtra \idi. altenun, quod « passivitalcm « prinius el soins
nuis, primo et secundo corollaiio, cap. 1 1 et in puro et pci leclo aniore leposiierit primiis, :

15, 11» 'll.elc., 45, etc. iii()uam,ac sulus, nullo liiiius ici addiiclo nue-
li»t. %ur les rtaU d or., I. vu et x. — ' Inst. lur les étiU d'or., tore : quod eliain illis veibis coubliUl in lies.
. III, Mil et X. —
' lo., 1. tu. — '
76., I. X. — » Jieip-ad Sum.,
f 72 Rp. h Udéd , p. 39».
'
IMcl. — ' Mnx . Artrl., p. ••
PARS I. — MVSTICl PALAM OPPUGNATI. 13

poiisione ad Declarationein positis : « Facile pro- « voluntate tua prœstitisti decori meovirtutem',
batii esset aucloiesqiios citant non faverc eonim cum nempe abundanlia sua :Non
iixisset « in
seiilenliic I.» Quod quideiu si tacite prol)atu es- movcbor in a-ternum:
illud eveiiit « Aver- » ad :

set, non id pivTterniilteret diligeidissiinus sut tisti faciem tuam a me, et lactus sum
contur-
tiiendi artilcx, cuni in eo Iota sit conslilula dif- « batus 2. » Cui concinit illud « Avertente te :

ficullas : praîtennisit auteni ; neque nostrosauc- etfaciem, turbabuntur: auteresspiriium eoruni,


fores exponendos siisci|>it, iiec queniquam pro t et déficient, et in pulverem suum ( in impo-
se laudat ; ut etiain supra dcnionstiatuni a nobis a tenliam suam, in niliilum suum) reveiiea-
est (no 62). Al nunceunidem inipingil lapideni; « tur >; » olill.id : « Flabilspiritustuus.ellbient
« Credo, inquit^, a nie id posse dejnonstrari ex aquœ *; » quas, illo cœlesti (lalu per iutejvalla
Joanne a Cruce, et atiis quos Mendeisis citât. » sublracto, nulla vi exprcsseiis. Subtiabil eniin
Denionstra ergo vel seincl saltem conare, ut : Deus per cerla momcnta quœ vult, ut discant il-
vel unum liiœ sentenliœ defensorem adducas : lud Dominicum : « Sine me nibil poteslis fa-
quandiii enimhaec jaclaveris, nunquam prœsti- ï cere 5. « Hincilla impedimenta divina ab om-
teris, niliil est. nibus omnino spirilualibusposita at tu, novus :

99. Sane confiletur sanctos mysticos poste- vitœ spirilualis magisler Theresia aliisque ,

rioris aetatis, « quamdam impotentiam » agno- prœslantior.ad lilteram bœc sunii vetas.
visse, sed « quœ ad litleram accipienda non 101. Quidni aulein tanti viri, si tanfa sunt
a sit 3. quid cnim necesse est vim
» Qiiidni ? horum impedimentorum incommoda, si tanta
facere sanclis ut eos a nativo sensu alistralias ? peiicula quanta tu jaclas, quidni sua dicta ipsi
quo auctore liœc aggredeiis queni addiicis vitœ ; temperarunt? cur Tbcresia bœc dixit quœ libruia
spiritualisauctoreniqui tecumscntiat?i:no,quein aperienti nunc succurrunt « In tam exceiso :

appellare potes qui non tiJji clare adverselur ? statu anima discurrere, necsivellct, posset " » ;

Ego vero, qui ab bac scntenlia discesserit, qui quo quid expressius excogilari potuit? Cur aiii
non base divina impedimenta docuerit, novi ne- paria milliesrepetebant, ncc animas sibiab alto
minem. Audi virum prœstantissimum ac san- commissas, ac suam impotentiam nimis déplo-
(titatis odore florenlem Olcrium « Status tuus :
rantes compiimcndas pularmit nempe, ut tu :

manifesta impotentia est, in qua Deus te illis doctioi', nova liœc temperamenla primus
lenet '*. » Ruisus « Reddittuas facullatcsnatu-
:
solusque reperires ?
rales inutiles et impotentes ad ilii servicmium.)) lU"i. « Al per illam, inquit
', mysticorum im-
Rursus « Transirete oporlct per ariditales, per
:
potentiam, intelligcndum est gratiœ illecebram
languores, perimpotentias. » In alia epistola &: tune esse tam validam, ut anima a se id impe-
« Tuum amaniU des-iderium (quatenus sensibile trare non possit.ut ab ea se abstrabat; » lioc
est, et in sensus se exerit) impeditur sive sistitur est, vix potest ; a^gre potest. Nempe idTberesia,
superiore potentia, ac pra-sentia Sponsi siien- id Eianciscus Salesius, id Joannes a Cruce, et
tium imponcntisinteiioribtis facultalibus. » Ite- alii viliB interioris principes' nesciebant : « vix »

runi: « si Sponsus sineretagcre s[)ousarn,quid illud ignorabant; veram iinpolentiam, vera im-
non tune loqucrctur ? » Nempe suspemlit ama- pedimenta divina propîiissimis verbis ad ani-
toria quœ a discursu pendent, qu;e ad sensus marmn laqueum expriniebanl.
veigunt: « Ut anima agnoscat, niliil se esse per 103. Quod autom iteriim reciurit auclor » ad
se quam ariditatem, quani impotentiam, (ptam Scliola; pra\jiidicia, lalsaiiupie pliilosopliiam ?
languorem ac ca'citalem, quœ in ea lestat bis supra luculenlissimeconl'utatimi esl(ii0o5},coii-
subtiactis auxiliis". » En Iktc impedimenta di- l'iitata ea, quœ ex me ipso niilii ipsi objicil de

vina piis vitœ spiiitualis magistris quam sint la- coulinuitate actuum, dei|ue libero arhitiio in-
iniliaria, qua; tu tanquam noxia ad lilterani detinite sublalo, et aliis bujusmodi (u'=- 50, (iO,

su mi vctas. 8'J, !K),91); ciinliilala deniipie <\ux ex R. Tliere-


100. Audis carccrcs, calenas fcrrcas, audis sia et .loannis a Cruce regulis prouipsit n'* 7". :

divino numine, divina vi li^alas, suspensas, im- 83 elseq.


pedilas, quoail cerlos vulgatos aclus, anima> la- 101. Noc minus vana sunt, qua* profusissime
cullates; (piiedam esscqutu per ceila moincula expouit^ de liberi arbitrii usii siililalo: non " in-
prcslare non po.-siiit, eo sensu quo sine giatia deliiiile, » ut lalso exprobiat, sed ad certos
niliil possumus : audis sulitiactiones, impossi- actiis non semper neces.-aiios, sed ad cerl.i mo-
bilitatcs al) alto inimissas, et ijuid mm ? u(>mpc nicnla (ex n" 90, 91}; quo loco, ut vidiiims, non
ut experiantur illud Davidicum : « Domine, ia
» Piat; XXIX, 8. — ' IbU. » Iliid. cm. ». — ' làd., cmi, 13.
'
n^.
à la D4cl., p. 108. — DIss.,
» p. «T. — > DIss., p. 17. _ — » Joan., XV, 6,— ' Chil.derimo, 6»dcm c. 7, p. T8C.— ' Diw

< EpliU lie —


> EpUt. 1». — Epist.• U7.
f. 17, — • Ibid., p. 47. — • DiM. p. ».
,

L
,

14 MYSTICI IN TUTO.

ino, sed aiiclores maximos, quos tantum ex- plicare sinebatur, ut cum postea prosilirent, di-
s ii|isi, .iiMlacissiniiisccnsor cirporc aggrcdiliir. viniores es.sent î

10.';. Al('\cn> (iioprie rO(iielici)(lil citqiiod at- 109. Neque profeclo necesse eral, tôt paginis,

iilerim oxciiipluiii aiigclorurii, ul OsUMiderem lanto sludio probarc usum meriloriuni lit)eri

sine iliscursii liberum arbilriiim >larc posse : ari)ilrii, non esse scmper ab cxstasi rajjluve

« Ncnipc, inqiiit ', si D. Meldcnsis dixisset an- aliennm quis enim id ignorât î aul oui non
' :

gelos sine <iiscursii fuisse lihcros ad rnercndum, notum somnimn Salomonis libéra sapienliœ ele-
iccAc sed, aiigclos \n prœseiili esse ad iiieren-
:
clionc celebeiTinnmi ? Ca'lcrum snfiieiel)at in-

diim liberos, sine reslriclionc dicliim, luliiera- tcrdumai)rnmpi lilteri arbilrii nsnm, mullosquc
iiismiiin sapit, ac iihcriim a coaclione tantum inessc aclus non magis ad illud pertinentes,
adniillit, suldala indiflertMilia. » quam moins primo-primos: quod a neminc ne-
iO(). K(pii(lcni pnlaiiain, oliain novitios tlieo- gari posse, ant unquam ncgalum esse constat :

logos larile inlellfcliiros ijua'sliimis slatum, sed lia?c in meo de Slntibtis oralionis libro nec-
proiil in Scliola passiin insliluilnr. UuiiM'il ncnipe dum Iraclanda susceperani : ccrta, concessa
sancins Tiionias''^, cl posl enni llieolugi onincs '•

omnibus nola rcferebam.


« lliiim in angelis sil liberum arbilrium: » HO. U"are,i|uod bujus rei prœsul a me tradi-
iKin (piidem nlnini sit co quu snnt stalii : sed tionem primorum sa'culornm cxpo.scit, inanis^
nliiiiii .sil per naliiram. Ui'ia vem non (jiia\sivit opéra est dari enim exslases, raptus, mentis,
:

nlrnni olim fiieril, Luibcro lavebil Ln auciipia ! exce.ssus, quibus ipsa sibi cxcidat, nec sui sit
Nerbornui, et Scboi;e leniiinosa lanlo majjislro compos, Dei revelalionecerlum qnonsque per. :

ncqnidem inlelleetos. tineat illeraplnsexcessusque, res facli, resex-


10'. l'ei'tiil » : « Uiiœ (Meldensis) de exlasibus perimenli est, vacanlque omnia, quœ opcrosis-
piopbelicis(jue inspiiationibus dixit, non minus sime lotis sex paginis argumenlalur auclor 2.
me movenl : snppuiiil enim sanclosin iliis om- 4H. « Nempe, inquil, Meldensis conliletur
nibus slalibus carere liberlatc. » l'ace pncsulis nulluniin liasilio, nullum in Augustino, inaiiis
dixcrim non id suppono. Vide enim quid eo
: l'alribus passivai oralionis ab ipsis Irequentatœ,
loci qu.tranj iiempe qnœro, cuni Scliola, ''
: apparere vesligium. vero faleor, quod » Enim
ulrum Dcns possit imi)onere libero arbilrio magno argumente esse volui, errare velicmenler
quaiiicumque voluerit necessilatem: quis aulem illo.s, qui in ea perfeclioncm Cluisliantc vitae

ca (le le dubital ? Adchixi in exempinm exslases collocant non proplerea legeni imponebam
: al
et ia|)lns Im'o ad inlentum meiim sullicit,
: (jiio Deo, ne quanicumque vellel |)assionis divinaî
ni iiiteidum, non semper, adinialnr liberi arbi- partein iniperliret suis quod facli inquam : ,
,

tiii n.sus qnod ne^^ari non polest. : ex|)crinienlique est non Iradilionis , aOD ;

i08. An enim ercdendnm est Panlum, cnm dogmalis.


adeo exlra se lapcietur, ut ne cpiidem sciict 11-2. Illud vero pra-.suli perpendendum erat»
nli iim in corpore esset necnc ^; toto liberi ar- qnodinarliculo Issiacensi 21, ip.so subscribenle,
biliii usu gavi.sum esse ! Ui'idJeremias, cmn va- seque ullro subniillenle, conscriptum « Oratio- :

slilalem populi elamitair la-deret, ac dicerct: nem quielis, aliasque cxlraordinarias atque pas.
I\'on rerordubor ejtis, neqtie loquar itltra in tur sivas, Siinclo Francisco Salesio, alii.sque spiri-
mhie illius " ? annon inleiea scnliebal incuin- lualibus ab Ecclesia receplis, approbalas, e.sse
i)enlem sibi vim iilam proplielieain plane ine. admillendas. > Quam aulem oralionem quietis
luclabilem 7 Uuid, cinn dicerel : Fnrlus sum sive passivam Franciscus Salesius, Theresia
(luasi vir elirius, et quasi liinuo mailiilus a vino ; Joamies aCruce, aliicpie approbarunt, iiisi eam
a fiicie Domiiii, cl <i furie i<erl)cn-um sniiclorum quam illa myslica ini|)olenlia laceret ? aul qui
ejus"^ an ciatsni compos, agebalcpie (jnod vel-
:
suntalii ni\slici, qui de ea oralione tracLirint ?
let ?U"'d K/.ecbicI, enm ad einn dicerel Doini- nulli proleclo. Eoru m eigo oialioncm i|)siauc.
mis a Kece eirennidedi levincnlis, » el non te
:
lor approbavil, ipiam mmc, si l)eo placcl, terne,
« converles a lalere tno in lalns aliud » ? i an
rariam, periculosani, lanalicam vocal.
Icclo sic allixns per tpiadra^iinla dies, innalo in 113. Nec minus iiic notalu dignus 2:2 Issia-
corpus sunm \igcbal inqierio? On'id sancins Job? censis arliculns ; " Absque bisoralionibus cx-
an qnaH'nn(|ne prolulit proprio dixil arbilrio, el Iraordinariis (passivis .scilicel) inler .sanclos rc
non aliéna vi tenelialiir vinclns nec per cerla ;
cen.seri, el ad perleclionis apiccm devenirecpiis
momcnta eximius iiloss|iei ac pielatis aclus cx- polest. » Neinpe allmlebatnus ad Francisi-um
— — — Salcsiiim, ad iliercïiam, ad alius id perspicuf
' /'- p 31 ' r«rt. I. q t>9, nri. 4. > Di»., p. 31. < Iiut.

,

^r le» i-lals il'or., I. vu. —


> U Cor., xii, 1, 3. • /tr.,xx. B, 9.
— ' Jer., w»., 9. — • Lttch., IV, 8. OiM., p. 34. 36, 36, 3T, 38, 39. — > /t., p. 99 «t ttq.
.

PARS I. — MYSTICI PALAM OPPUGNATI. IS

senlientes non autem perleclio ciiiquam cou-


: imo imperlèclio mère naturalis habenda est.
tingere potest sine amore puro non ergo pure : Quod est proprium sive ex proprietale fluit, hoc
aniore passiva oratio conslat. tantum repulandum est fieri ex nobis tanquara
H4. Neque eniin aut illi pcrfecli sinequadam ex nobis. Proprium ita nuncupatur, ut quod
a
oratione sunt : aut eorum oratio in alio quam in natura nobis insilum ei quod est est opponatur
puro amore reponi potest; nec potest purus in supernaturali ordine Dei donum. Hos natura-
amor non esse « passivus, » si passivum esse les actus resecare, non est sui curam
abjicere, et
quainesse tranquillum et proprii
nihil est aliud ingenio fanatico uti. » Hactenus D. Cameracen-
eniolumenti vacuum, ut auctor asserit i ergo : sis. Quid argumentis probaverit de actibus
ille
ex eodem auctore non potest quis esse perfec- nahu-alibus, qui nihil sint aliud quam proprii
tus sine oratione passiva et extraordinaria : conatus actus, alio loco viderimus : quid autem
quod avertit 22 articulum ab auctore subscrip- docuerit, et pronuntiaverit, hoc est.
tum.
US. Inhaec se pessima, sibique ipsis adversa CAPUT III.
conjiciunt, qui se sunimosauctoresregendœ vitae
118. In bis verbis elucet manifesta haeresis, in
spiritualis esse volunt nos autem Iiuiniles et
:
eo nempe quod dicilur : « proprii conatus actus
infirmi in tuto gradimur, qui pedissequi, non
essenaturales proprium ila nuncupari,utquod
duces esse voiumus; neque quidquam aliud :

a natura nobis insitum est, opponatur ei quod


quam sanctorum dictata exscribimus.
est in supernaturali ordine Dei donum » atqui
ARTICULUS II. — De actibus conatus proprii m meditatione discursiva viget ille proprius co-
:

natus,illa propria industria, ille proprius labor


CAPUT PRIiMUM. :

ea medilalio hujusmodi actibus conalibu.sque


H6. Anteaquam de actibus conatus sive labo- constat, ex sancta Theresia et aliis ergo illa :

ris, industriaeque propriae, auctoris mentem ex- meditatio ex naturœ est viribus, non cœlesle do-
ponamus, recolenda paucis ea, quamretulimus, num, nullaque est divina operatio, nisi ea quœ
spiritualium concors senlenlia, desuspensis ani- discursum excludit. Hoc autem est aperte hœre -
mi facultatibus. Primam ea de re audivimus licum nec minus ab auctore assertum, quam
:

magnam Theresiam (n. 34, etc.), et alios toto ex ipso viris spiritualibus, sanctœque Theresiae
priore arliculo passim, prœsertim vero n'^ IS, tribuendum : ergo et ipse tuetui- hœresim, et
16,23,24,23, 28, 34, etc. Actus autem ilios sanclis sph-itualis vitae magistris impulaii co-
proprii laboris et conatus, non alios esse quam git.
discursivos, ex iisdem spiritualibus tôt testimo. Nec minus haeresim sapit illud « idquod
119. :

niis probavimus, ut ea repelere supei-vacanei sitex nobis tanquam ex nobis » ad imperlèclio. :

laboris sil. Hoc ergo posito, si D. Cameracensem nem naluralem tantum, non eliaui manilest»;
ab ejusmodi actibus abhorrere evincimus, pro- ad peccatum ac viliosum aclum pertinere cum :

l'cclo conslabit, et a viris myslicis, quos tractan-


illud cogitare ex nobis, quasi ex nobis ', »
«
dos et explicandossuscepit, abhorrere. Rem au- tanquam a prima et principe causa, ab ipso
tem ila conlicimus. Paulo rejeclum sit ut viliuni : sitque Augustino
CAPUT II.
aliisque pelagiauismi radix.

in. Sane camin rem muitos rcfcrre possu-


CAPUT IV.
mus voruiu hic uiiiis sunicil cxa|)pcridice
locos :

Responsionis, Bruxelli.se.xcu.vL-, adversu^ libruin 120. In hune impingil scopulum dum proprii
cui lilulus Summa iloctriiiœ, elc, qua appen-
iii
idcam cam iiilormal, qua- grali;v sn|)ernalnrali
dice lia;o Icgimus 2 ; , in Ucsponhione ad De- sit opposila; rioc inleliiyit, (piaui diversis .scnsi-
claralioncm abuiide probatur, actus propriœ bus proprium appcllolur. l'riiiiuiii eniin iiaiiet
indu.sliiœ, propriiquc conatus, esse evidentcr in qua'vis anima per lilRMiiin aihilriinn, teste IVr-
Icxtus actus naluralrs, anxioset sollicito.s,
libelli tulliano 2 : « suum et ernancipatum a Doo bo-
quibus anima graliaai auteircsalagit. Undecon- '< num, silque proprielas jam boni in homine »

a perleclisuliuii)erlcctioncmampulari
sla!, illos ox potestalc « bornim ut
arbilrii, (piai elliceret
posse juxta nostrum arliculum Issiaconsem, 12, « proprium » ut homo iiisliliitionc quidom,
:

qui propriam iniliislriani ilicilexprcssissimccam « sedcx volunlate jam bonus inveniretiu-, quasi
proprielalem, quK, si sanclis auctoribus ac D. « de propriolale nalura-. »
Bernardo credas nullatenus est supernatuialis. 121. l'rocul ergo abeal ilhid, -l proprium nc-
gcums id omnc quod supernalurale sit. Procul,
' Mu. d» «alnU, p. 20&, 210. — ' Sesp. ad Summa, Apnendir
Il . .

p. 73, 71. I
U Cor.,ul 6. -. î Tort., AJi: Uan., I. ii,c. 6.

r
.

16 MYSTICI IN TOTO.

ut ainpnlari posse crcdamus qu.'u iiisiinl « iiohis >• cenarius propria trabi cui)iditaleconv'incitur: >
ex noliis, > r|iio posilo oiiineiii liluMi nil)itrji rclicto bono comimini qiio dilalamur, animus
usiim aiiipiili'imis. An cliaiii obli\i>ci nos i>|)()r- constiingiliir, coarclatiir : in proprietale, at-
tcl Augiisliiii loties inciilcaiilis soloiiuie illiid : « que ideo in singulaiilale » versalur; und-
t Conscntirc vcl disscnlire, jjropriic volimlatis cxslat angiiliis « ubi sine dubio, sordes, riibi-
csl '?» lit ipsiim pro(iriiim incssclibcro arbitrio « go » incsl illa cnpiditas a qiia secundum Ja-
:

( tiam o\ Aii'j;" liiiocoiislet. cobiim quisqiie lentatur, a abslractus cl iilec-


ii'2. Ncipie illiid « ex n()l)is » rejici debiiil : « tus I
;
> incsl, inqiiam,cupiditas, in qua « aliud
ciim pnrclaie Clemons Aiexan(b'iiiiis dixerit diligitur plus ipiaiii Deus : » in qua ipse » mer-
t liberum arbitiiiim ex sese movcii ^ : » iinde « cenarius babcl legem, sed qnam silii fcceril;»
etiaiii ipsiiiiiinGiiecalii)?iialiberiari)ilrii noiiien quem. dixerimfecisscsuam
iiiquiti'.eriiardusî, "

lit ail idem Cieiiiens: «


cx>iir^;il: cl, Viiil Uciis « legem, (juaiidu comimmi el œternœ Icgi pro-

nos ex no ismctipsis salvos licri naliira aiiiinne : « piiam pra-tulil voluiilatcin. » litec illa « pro-

est a seipsa iinpelli : incilari, ôpfxàv 3; r, nndc prietas, ii;rc impiiritas est, quain auctor mis-
>>

eliam illiid a tola piiilosopiiia (cletiraliini; ex lionis sive impeiieclionis lanlum, non autcm
hoc definiri libcnini ailiitrium, qiiod sil causa inordinationis appcllat 3 qui maniTcstus est :

sui : non lamen prima causa, ut s;iiicliis Thomas cnor;cumsit aperte crronemn, si iniiocuum,
limitai. Non ergo rcjiciendiiin iiliid (|uod nobis ac lanlum inipcrfectuin réputés id in quo « sor-
sit ex nobis; sed qnod ex noliis « lan.
sil ti des, rubigo, propria cnpiditas, Icntans, abslra-
qnam ex nobis : » quod causain pi imam, nccad « liens, illiciens, lex propiia » in qua « aliud
aliain superiorem causain relercndiim sonat « plus qnam Deiis ila diligilur, > ut communi
(siip. n. 118). legi propria volunlas pnelcialur.
1:23. lYustra cr;zo anclor hidit '•
passim de illo
CAPL'T VI.
Aufiiistiiii loco a nobis lolirs alie^alo : « non ad-
juval Dcus nisi sponle coiiantem s, » ex propi ia
127. Falso ergo pr.Tlexlu a D. Cameraccnsi
sciliccl « voliintalc, • in ciijiis poteslale sit con- sanctorum s|iiriliialiuin excliisa proprielas, sivc

scntiie vei disscnlire, ut mox vidimiis. Dcus cnim


propriiis coiialiis, industria el labor.

1;2l. Quorsiim ergo ilbul proiiriiim, ad imper- pra:lextus vidimiis'' alterum, ex eo quod pro- :

feclionem, eaiiupie iiatiiraiem rcvocatiim, ciiin priiim supeiiiaturali oppoiialiir; alleriim, ex

ci iiotioiii repiignenl 'rerliilliamis, Clemens.alii, anctorilale liernardi : alqui iiterquc prœtcxlus


ip.sc etiain Aiigustimis, ipse eliam l'aiilus; diim manilesliim errorem coulinet ex dictis. Si enim

«propiiam mercedem, propria doua, propria in in quocimque actu, ac vel maxime in aclii virlule^
« corpore gcsta » (boc est projiria mérita) « sivc eaqueCbrisliana, pra'dilo, illa est liberi arbitrii

bona, sivc mala » commémorai'' ipse eliam :


agnoscenda proprielas, ex qua ratio mcriti ex-
Dominas, duni iinicuiqiie lrii)uit « secimdum si.slil qnanlo iiiagis in aelu discursivo ipsa re-
:

propiiam virliitem ' » qnaj sanc proprietas, et :


flexioiic niagis nciilalo, atipie ab i|).s;i rationali

pcr .se a naliira csl, nec aliesl a iicrlectis, ncc aniiiii jiarle prolecto et imperato, nec lamen co

supernaliiraliims donis o|)poiiitur, sed eoriim minus edito, gratia; oiieraiilis alque aiiimum
subjecliim et fiindamenttim est : cuin naturain ipsum in scsc refleclcnlis iiilliixu?qucm actmn,
supponal gratia, non loilal. di.sciirsivum scilicel, onmiiio loUerc a vila per-
1:2."), An ergo pillas, in(]iiict, ba^c ignorari a fectorum, purum puhmii]ue fanalismum sapit.

noliis? neiiliqiiam sed piilo ecpiidom, vanisliiis


:
CAPUT VU.
in\sli(iratioiiiliiis abie|itiim (patere enim sim-
plices ac lilieras voces), nec promptii balierc in 128. Ut igiliir auctor ab co .se fanatismo pur-
tbeologiam eliam viili;atisMmiiii. aiil veros mys- gel. Iia'c subdil : « l]go vero, » iiiquit '>,
tanlum
licos cogilarc. Id eliam scqiiuntia dcmonstra- aliesl ut o iii.stiiicluin et raplum JaniiihT^ ad-
buiit. striixerim, insiiper babila ratioiie et prudcnlia ;

CAPUT V. imo passim statui, indesinenter incedendum via

Hernardinn provo-
120. Qiiippe ad sanetiim
jinra' lidei peniliis nudic et obscura*. in qua tan-

cas E(piidem faleor, ne ah ipso qiiidem uno


". lum alTulL;el lumen cuivis Clirisliano com-
codemipio modo accipi proprietatem ^ (iiiain :
mune; quo niliil videliir a raiiatismo magis
>>

aulein bic memoral aiictor, eacsl in ijna « mer- abeiiiiin, ciim ipse ranatisiniis non nisi exlraor-
— Srom — diuaiia iiiipie.ssione c.nis.are possit. lacilc aii-
' Pr ./.ir tl 1,11.. c. M. n. 60. » . I. TU > «., |. ri.
— •
Rf. t la O.rl . p »3 — ' »» i>ecc meril. «/ rem if., I II. lem jiidb.it auctor a se able^a.am a peileclorum
c. 6, n. «. — • I Cor , 1», », »M. 7 , Il Cor., v. l'i. — ' A/'!l\
xxv. 10. — • App p. 74. — • liput., Ad Gui)., n. S, 6, t. I ; IH
,

Jac, — 1, 14. ' EpUt. ad Cuig., n. 4, ul>i kup * — Max. da*


p. 138. —
,

m. Dn c 13, n. 34. •ain'.s, * Snp., c. 2 a( t.— >Ead. Apf , p. 7S.


\

PARS !. — MYSTICl PALAM OPPUGNATI. i"

stalu « inspirationem exh'aordinariam et mira- sit extraordinaria


quippe quœ, « quocunque ,

« culosam » nec aliam admissam graliam»


i
; « casu, » voluntatem beneplaciti perfectis ani-

nisi illam ordinariam communem omnibus mabus ostendat. Ergo voce tenus inspiraiioncîn
juslis. Ergo procul a fanatisrai « impetu et in- communem admittis ; rêvera introducis exlraor-
« slinctu » abest. Hœcille. dinariam comraunis gratiœ nomine involutam,
429. Sed profecto non omnia suaboiia fide, palliatam, ut in nostra PrcffntioneGa\\\csi adver-
ut oportebat, cxposuit tacuit enim « gratiani
: sus Instructionem pastoralem adsti-iL\imus '. »
« actualem » cam « esse qua Voluntas benepla- 135. Ex bis igitur liquet, introducta inspira-
« cili nobis hmolescat 2. » tione particulari ad singulos casus. et simnl su-
130. Quis autem ex theolog:is id unquam blatos actus proprii conatus atque.industriœ 2,
somniavit ? quis gratiœ actuali id tribuit, ut ea etipsum fanatismum sub gratiœ actualis nomine
nobis « voluntatem beneplaciti, » quœ reruin latenter inveclum imo vero palam, si rem ;

eventus ordinet, dct cogniîam? nempe ejus sen- ipsam, si vlm ipsum verborum attenderis.
tenliaenullum auclorem appellat, nullum ap-
CAPUT VIII.
pellare potest.Que ergo nova doclrina, nisi ut,
sub gratiœ actualis nomine, involvat inspiratio-
136. Actus autem
proprii conatus ac proprii
laboris hi sunt, qiiibus vigeat illud Davidicum
nem illam exliaordinariam, pcrfeclis revclan- :

Icm id quod Deus singulatim de ipsisdecreverit,


Prœoccupemiis faciem ejus 3 » et
« « Oralio ; :

« meaprœveniet te*. » Deumenim prœvenimus.


et ab ipsis fieri velit, eoque irupellenlem? qui
merus lanatismus est.
cum ullTO vigilamus, ultro nobis altendimus :

neque idexspeclamus,ut Deus palam nos incitel


131. Hinc in libro De dodrina sanctonim,
afflatu singulari, gratia scilicet actuali
« pro régula posuerat legem scriptam, et gra- prœeunlo,
qua nobis quocumque -asu « quid Deus dé
«
liam actualem ^ : » cum gratia actualis ne-
nobis décernât ac velit banc autem verissimam
mini theologorum sit régula, sed visad regulam :

prœveniendœ gratiœ rationem auctor


incitans. Prœsul autem primus et solus, nullo infringit;

theologorum auclore, « vult esse regulam, quod


dum universim negatDeum « prœoccupari, ])rœ-
veniri5, « contra Scripturœ expressam auctoii-
« per eam voluntas beneplaciti nobis innote-
*. »
tatem neque « quidquam e\ sese, et ex sua in-
;
« scat
dustriaac proprio conatuexspectariposse, abs-
132. Id aulem in libro De doclrina sanctorum
que lalentis semipelagianismi nota: » quarum
subobscure indicaverat, dicens « esse quamd.ira
sententiarum nunc virus ostensura est g.
voluntatem Dei, quas se nobis ostendat per ins-
137. Quoilergo fingitaucior novum hœrcsis
pirationem etattraclum gratiœ quœ est in omni-
genns imputari sibi ', nempe quod a semipcla-
bus justis 5. Sed nondum rcserare ausus illud
r.

gianis graliam prœveniri docenlibus abliorroat.


arcanum « gratiœ actualis, qua vokmlas benepla-
ludit salis enim novit, nos probe inteliigcre
citi singnlis innolescat : » quœ doctrina, post qiiœ- :

(lam obscura Icnlainenla pra^missa, in Inslnic-


Dei latente gratia omncs
Cbristianos actus prav
vcniri. Illud qnœrimus, num exspectarc oliosi
lione paslurali tandem erupil, ut vidimus su p.
illam gratiam dcbeamus, et an prœveniri nos
nO 9S.
oportcat prœeunte gratia actuali. eaqiia»singulis
133. Qiionsqne autem illa « gratis actualis d
(asil)tis Dei benei)lacilum at(|iic cventuum ar-
se vis protendat, auctor tradidural bis verbis :

aPcrfectœ animœ, pnerorum instar, se possi- cana, et quid in uncupioque casu agendurn no-
i)is sit, ostendat. Haie ergo sunt quœ im|.ro-
dcri, instrui, ac moveri sinunt in omni orca-
sionc [ler gratiam actiialcm quœ illis spirilum bemusibœc sunt quœ pe.ssinnmioiium.possiuiani
Dei communical Confuse tuncdictuin «de •. » gralue exspeclalionem ; pcssimuni fanatismum
Spiriln Dei » nunc autem in Imtructione
: inférant.
pnslorali |)alam revclatum eo quod, cum no- ;
13S. Ouœrit operosissime auctor subiilissi
tilia voluntalis beneplaciti sivc singnlarium mus», quid saiicliun Augustinum voluisse arbi-
evcnluum per graliam actualem indita, simul Iremur, cum diceret :« Non adjuvat gralia nisi
cxeral se sjjiritus, quo in omni occasionc, p(=,r- sponle conanlem ^ ? » Anuon enim. inqiiii,
feclœ animœ ca ([uœ ad cvcnlus singulos sint cliam sponle conantes Deus pra-venit
, ? Unis
agenda discernant. enim id Ihcologdrnm ignorai? Illud v(dt Angu-
13i. .lamgraliam aclnaleni.ctsicam onlina- slinns, non cs.so, ul sponle coneunn-, cxspcclau-
ri.im cl couimuncm oninilms ju.^tis millics no- dam graliai palam .se oxcrcnlis opem non ; esse
miiies, nulla lainen a le purficios ut rêvera non '
Pr-if. — ' Rr. n. l'fl — ' Ptnl ycT.'i — ' rtnt. i.txxvii. 14.
— Mil»., p. OT. —'Cap. :t, 4. h. M. ir. 11», r.; iinq. — ' i.o^.
'
^VPt P- 'îi '^. '"'• — ' '"»• P«» < n- ••• — ' Max., p. 0% W. — à lu D«ol., p.9l,»i, —
'l(>.,\\9l,9l.— 'Ilipfec. mer., I. il, «p.
' Ini. pon., «bl »U|>. — ' Mai., p. IM. — •
74., p. ÏIO, 1!17.

B. ToM. VI.

L
18 MYSTICI I\ TUTO.

reprehendendum, aliquid cxspcclari ex se, ex auclor excipil, niiiil c.sl. « Hic, inquit ', miiari,
proprio conatii, ex pro[)ria indusliia non ; milii liceat ;quodanlislesperspicacissiuiuseteru-

esse •voces illas proprii conalus propriœquc , dilissinms, in libellocarpendo sibiipsi ailco in.
induslria; ad scmipclagianos ablcfiandas ;
non dulserit, ul bar proférai vocibus absolulis, et
fuisse rejicicndani iinivcrsiiu « jusliliiP proprie- sine ulla reslriclione, aut temperamento vana- :

« lalcm ' " liljcri) arbitrio et propriis coiialibus que est exceplio de prs'cepli casu, qui in prœ-
ncccssario conjunclam, iil dixinius 2 : luec nos ceptisalfirmalivis raiissiuuis est,ac vix unquam
Auguslinum seculi, in novo syslemalc erroris ad cerla momenla revocandus (juo (il, ut ani- :

argiiimus. mœ in aliis (piibus(|ue momcnlis, non seralionc


139. Ne ergo se prœsnl toi-qneal liis quapstio- aut prudenlia (Cbrisliana), sed impelu raj)i ve-
nil)iis : Uiiid in me iTpiclicniiuiil? l'alani cniin linl ac pulonl. » Ilœcille sibi a me objecta me.
dicimus. Te reiiiolieiRliiims in |iro|)riis cona. moral mea verba lecognosco in Summa doctri-
:

tibiis natiii'alibnsexslinpiiondis ila laboranlcni, uœ 2. Verum non adverlil gravis monitor vocem
ul onincs ])ariler noslros |)nipri(is conaliisexslin- « ad cerla momenla, » semel al(|ue
illam nieani,
guas. Cuni cnim a naliiralibiisconalibiis. super, ilerum inculcalam. Unis enim sires ad momen-
naluiales internosci non possini, subialis uni- la redigalur, ijuis cerla momenla assignaverit ;

versim conatibus, iaboiiijiis, indusliia pi'oj)ria. pu^na subpec-


fpiis dies cerlos, ([uis lieras (pieis
uni versos libeii aibilrii conalus in ruiiiani Ira. cali,fidem, spem, cbarilalem, pa-nitendiprecan-
his ad graliani aclualeui divini boneplaciti
;
dique, acresdivinasconsiderandiaclusexerceasî
arcana reseranteni nos roiniUis: his manifeste Si ad exleriora veniaimis; quis pra?scripserit
prœter fanalismum foves. (jua bora précise in diebus feslis sacrœ missae
140. Sic soies, <lolcns dico, .sic soles; sic a assistas? Ilœc ergo omnia inslinclui permillcs :

perfeclis excludi jubés œlcrnœ bcaliludinis ac ut omillam consilii res, connubium, cœlibalum,
promissorum quoque amorem naluralom, quo lolum direclionis ordincm, cleemos}nas absque
sub liluld dcmonslravi 3 necessaiio dcveniri ad gravi illa nccessilale faciendas; quibus si adtli-
exstiii;,Mieu(iMMi oliam supcrnaturalem qui a ,
deris rcflexos aclus supra memeralos, cauliones,
nalurali disccrni nulia induslria possit : sic
lecliones, graliarum acliones, reliqua ejusmodi
eliam in aufeiendo conalii nalurali laboias'', ut innumerabilia, vides impulsibus parlicularibus
60 sublalo miilum dciniio conalum proi)iium nibil esse sublraclum.
snpcresse constct ac nihil pcrfectis suppetere;
143. Pergit^ : « Si banc propositionem in ca-
pra'ter insliuclum faualicum.
suislœ cujusvis operibus legeret (Meldensis epis-

CAPUT IX. copus), continuo banc ul laxiorem et Evangelio


inlensam censura gravissima prolererel. » l'os-
141. De reflexis aclibus liœc liabet '•>
: « Ani- tea « Tanins pra-sul apprime novil quid in bac
:

mœ peileclœ, cuni sint pcr sese indifférentes ad maleria Summus Pontifex Innocculiiis XI se\e-
actus direclos aut reliexos, hos cdunt cum vel ri.ssime condcnmaveril. » Novieqnidem noviet :

prœceplum ad id uiget, \el graliie alliaclus Alexaudii Vlll. <le pra>ceplo amandi frequeiu
impcliit : » lua'cepli auleni easus urgens ad re- lando diligenlissimnm sanclissimumque decre-
flcxos aclus vix ac ne \ix quidcm invenitur; liun bis obscculus pra^ceploium alllrmantinm
:

ergo exspcclaiidus ilie. (iiiem \i(limus, gralia." cerlissimam legeni in meo (puKpie Calecbismo
acluabs divinum indicanlis mo.
l)en('|)laciliun Iradiili non ijrojilerea momenla plerumque in- :

lus: nidla prudenlia> adhibenda, sivc ad" dicari posse. aiil ego aut quisquam bominum
ratio
graliariuu acliones, sive ad lecliones pias, sive credidinms. « Magislrum jevereor, iiupiil'. et
ad cauliones vila; hunian» lot inler pericula sileo me enim vobiil hoc eliam nominecom- : >>

nccessarias, sive, quod est maxinuun, ad virlu- liellalum al ego graliis aclis id unum snpplieo, :

tum uilio cl propria .soilicilucHne incilanda slu. ne mibi falsa inipulenliir : neve, quoil uecpie ego
(lia. In bis, qua> vel poti.ssimam faciuul vihe neipie ipse cerla illa momenla pra'ceplis af-
Chrislianaî i)aileni, non reginiur ralione vcj (irmalivis assiiinare |)ossimus, ideo puro mani-
prudenlia, sed iiislinctu et iuipelu: quod ad fa- fcstoquefanatismosingula momenla, instincli-
nalismum ducil. bus, impulsibnsque parlicularibus, insuper
liabila iinidenliie Cbrisliana; ratione, relinqua-
CAPUT X.
nms : quod unum egissc me ', prolatœ objec-
442. Quod autcm pra?ccpti casuni bie el alibi tionis verba teslantur.

« Riip. i la Ddcl., p. 66. — > Cap. 3, 4, U — ' Prif. — < Vil. iii- •
p. 9!l, U7 eid. App., p. 33, 80. — ' Summa doel., n. S.
terC;.i,ilcn scripU, J'rff. — * Mnx. tics MiliKs. p. UT, US. — '
//).,

r. à. App.,
;

p. 80, 81. —*/*. — ' Sup., n. 131.


PARS I. — MYSTICI PALAàl OPPUGNATl. 10

AmiCVLUSlU. — De contemplatione : ibi quo- cendi lacultatem'. » Ergo nova, arcana, inaudi-

que fanatisimis. ta, occultanda, licetinipsâurbe rcgia lanlœ mul-


titudini priedicata : ita commentatur aiictor, scd
CAPUT PRIMUM. Joanne Chrysostomo palam loclamante.
144. TransiUim ab amore niisto ad purum 148. At enim Cassianus ab auctore memora-
aniorem, quo constat conlemplatio, aperto fa- tus, arcanas eremi traditionesrefert sane refert : :

natisiao tribui.ex his verbis pateti : « Id quod '(at de puro amore et contemplatioue continua : »

in directione cssentiale est, hoc est, ut nihil sicqiiidem alfirmat autor^; sed falso : agitur de
aliud facias qiiam gratife sequi singula vestigia ;
quibusdam ritibus ac mcthodis exercendœ sive
iisque te finibus coerceas, ut sinas agere Deum, assequendœ orationis continua*, quantum in hac
neque unquam de puro amore verba facias, nisi vita l'as est, deque ejus rei gratia frequentando

ei, cujusjam unctio cor aperuerit illi verbo quod psalmo Lxix,2 Deus in adjiitorium, cui connec-
:

adco durum est animabus adhuc sibi adliœres- tantur variœ et quodammodo perpetes cogitatio-
centiljus, quodque eas in scandaluni perlurba- nes : de his, inquam, agitur tantum.Lege, lector
tionemque conjiceret. » Ergo purus amor is est, diligens, relatam a prœsuîe Collalionem ^ ; nihil
quem docere sit velitum; non hic valet illud • De Gersone autem, ab eo suppo-
aliud reperies.
« Quomodo audient sine prœdicante^? » Deiins- nitauctorvitam mysticam in puro amore collo-
lincluisoli permittenda res alioquiturbœ, scan- catam'i; quod lalsum esse conslilit (art. 1, nO
;

dala ineliiclabilia orientur : quod quid aliud 40) omnino quicunque theologiam mysticam
:

quam fanatismus est, ut etiam alibi denionstra- occultandam putant, ii procul absunt ab ea rc-
liun3? ponenda in puro amore qui supra tecta prœdi-
candus. Quare quidquid rcspondet auctor niera
CAPUT II.
vitililigatio est qua contempla merus nobis ad
:

443. Ad hœc tergiversalur auclor, neque quid- ineundum puriamoris exercitium l'analismus rc-
quam aliud ; id eniin ait inlelligenduui « de qua- linquitur.

dam œconomia, de quodam arcano usitato sanc- CAPUT lîl.


tis circa probationcs ex trémas et sublime puri
amorisexercitium'''; » cujus rei Gregorium Na- 149. Primum supponenda de contemplatioue
zianzenum, Joannem Chrysostomum, Cassia- Clmsti senlenliafalsorumspiritualium, a nobis,
num, alios in Instnictio7}epastoraliîi\-)\>e\htostes- alibi, in Instructione scilicet supei- orationis sta-
tesadducit. Quid nostra? Id sufficil : non opor- tibus, explicata, quorum hœc summa est Unio- :

tere de lus verba lieri ad quemquam : totuni re. neni personalem cum Christo hominc in imper,
linquendum Deo sinendum ut agat prout ipse
: fectis statibus celebiatam, cum ad ipsum Deum
volueritexspectandum attractnm gratiœ actua-
: anima pcrvenerit, omittendam ^ : in summo per-
lis, illius scilicet anlea explicatœ : atqui hœc ip_ gradu, quo anima refluit in Deum, to-
i'eclionis
sissima sunl, quas nos mero instinctui ac fana- tam cam esse immersam ac pcrditam in Deo, ita
lismotribuimus. ut amittat etiam omnem visuin Del a .se percep-
146. Quanquam nec loci Patrum allegati ad il- tum; ctquamvisdisctinctamcognitionem, quan-
lud arcanimi quidquam faciunt : nenii)e ailGre- tumcunque exiguasite » quoatirihuta omnia, :

gorius Nazianzcnus de illo Pauli auathematc^ persomia; divinœ, adeoque ipse Christiis excludi.
« ausum aliquid esse Pauluni et se quoque aude_ tur. Hue accodit illud « animam, abjocla per :

re»; » ergo illud arcanum est qua^ illa consc- : totos dccem ac viginti annos oinni cogitalionc
cutio? rem maxiinam, rem ardnam Grcgorii de Cliristi stalibns, onuiem eornm virtutcm in se
Nazianzeni verba indicant; non ijrol'cclo arca- reperire, etiamsi i)cr totam viam omiii visu dis-
nam, quam loti plehiexplicabal, idque tribus lo- tinclo Cliristi careal ', » nec de eo loquatur aut

cis alibi a me quibus Iota sancti Palris


citatisG, cogilet : ilaijue lune non aliter de Chri.sto « cogi-
inlerpretalio longe a D. Cameracensis mente talur quam
eo quod sub Del ipsiiis aspectii (con-
divcrsa memoralur. fuso vago) compielioiulaliir Ghrislus, ne-
illo et

147. (Juidaiitem Clirysoslomi locus, ex honii- que mediis (hoc est Ghiislo ipso mcdialore) iiten-
lia 16 ad Romanos, abauctoreallcgatusîNcmpc diim.ciimad lincmpoiveiiliimesl *: » ipioeliam
istud: « Oi'îi^hDmilia praîccdentcdixisset, magna necesse sit vigere « liilem uiiam (jua' iiullam per-
etsupra natura;captum qiia\jam dicluruscssi>t^ ;
toctioiuim et altribulorum di,sliiicli(mi-i;i adiiiil-

majora, et longe magis cxsupcranlia omncuidi- tat. » Ilaic igilur est uovoruui spirilualium doc-

' Mnx. dos saint», p. 35. — ' Jlom., x, U. — ' Dccl., Pnef. — ' Chryt., hom. 10, in Ji/i. ad A'om., inlt., ubi siip. — • H*p. 1 U
< n^ii. A In Dicl., p. 11'.'; Inbl. pas., n. 20, p. 44, 61. — » Orat., 1, DM., p. 113. — • Coll., X, c. 8, 9, 10. — • Rip. à In f.écl i;- —
l. I, p Ji. — * l'ri-f., scct. 13.
» Insl. sur loj étnU d'or., 1. II. — '/*. — » /A. — • /i.
,
20 MYSriCI IN lUTO.

Irina :ila Molinosiis, ita Malavallus, ilavel maxi- ^^diva sit.Ergo conlcmplalio pura dircclaquc esl
me falxi proplietis illa, ()ii;l' apiid nos dux qiiic- illa qu;c « volunLirie >- Enlc lanluin abslraclis-
lismi fiiii. Hicauleiii (jiias twciisalioiies aiiclor, simooccLqtclur, ncc cjcleris objeclis ideisquedis-
(jua; fiilcimciita qua'siveril, nuiic oslciideic ne- linclis, « nisi oflcrcnle Deo, el ex impressionc
cesse est. graliaj » singidaris.
loo. Al ncgas a le asscrtam « impressionera
CAPUT IV. illam graliic singularis; ncgas cxclusam pro-
priam cicclioncm <. > (juid igilur signiticat
1?)0. n.Camcracoiisisli.TC vcrhasiint' : « Con-
illud conlenqtlalioncni « volnnlarie » (luidcm
toinplalio puia cl dircila, iiCi.'ativa est in cocjuod
non nisi illimilata et abslracti.ssima Enlisralione
non sosc occnpt't volnnlaiip ulla siMisiliili idea,
occupari , cœlcris vero objeclis non nisi « im-
nna^iine nlla (li^lincla ot noniinaliili : scd supra
pressionc gralia; el ofTererde Deo? » Uu'd est
oniiio scnsil)iic cl (lislindoni sola idoa puic inlcl-
illud, inquam, oHerenle Ueo ? annon Deus ofl'ert
Icelnaii cl aljslracla Eiilis illiniilali. » En ip^ilnr
illam quo(]uc abslraclissimam ralionem enlis?
qno « volunlaric » conloin|)latio pin a diricLujiic anniinilliinicrvcnitgraliaîconnnnilis inq)rcssio?
occnpetur. annon inlervenit omnibus aclibus, et inler
ili\. Hic anclor duo lacit : piimum, ntdefinial conlemplandum et exlra conlcmplalionem ? Si
conlcmi)IationiMn pnrani et direclam csso nega- non ergo liic aliud postulas, si non impressio-
livarn deinde, ni doteat (|ua ex le pi.Tcisc ne-
:
ncm gratis singularis inlcndis, plane vacat
galiva inlclligatnr : ni profoclo conslel conlcm- illa gratiic imprcssio, quam hic singulalim
plalionom, qna' non eo modo nogalivasit inipu- re(|uiris, et aclui animre « sese voluntarie » oc-
rani, lioc est nnslaniaUincconiposilam,indercc- cupanlis opponis.
lam(|ue habcri. ioG. oAtenim, inquil',nonexclusi propriam
152. Hic anclor cavillatnr in inmc modum 2 :
eleclionem » ea voce scilicel, faleor al vero
;
:

« Nnlliliia diclnm, conlcmplalioncm, cnm


me exclusisti conatum proprium, laborem pro-
pnia dircctaqncost, non se vcilmdari occnpare prium, proi)riam industriam al induxisti gra- ;

imagine scnsibili. idcaqno nllailislincla. » Con- tiam aclnalem omnia singulalim omnique
,

« Conlcmplalionem pnram et di-


Ira, In dixisli :
casu ostendentem, que Deus velil beneplacilo
reclam esse negalivam » quod univcrsim diclnm ;
suc al liis duobus induxisti fanalismum,
;

nemo nonvidel. qnem hic quoque ad conlemplaliouis objccla


153. Inslas'' : « Non id dicere potui, cmndixe scligenda perlinerc conslel.
rim conlcmplalioncm pniam cl direclam adinil- \:û. Frustra objicit, a Meldensi quoque ad-
lerc onmia olijccla, (|iia' pma (ides oflerre po-
milli «conlcmplalionem, quœ se enle illimilalo
Icsl; » cilasqne locnm ex iib. De doclriud sanc-
el abstraclissimis ralionibus aliquando occu-
lorum, (pii csl p. 18S. Uecle : al non eral omit-
eam negaverit aut ignorave-
pcl'.»Uiiis enim
lendnm id (piod eolori addis : illa objccla adniit-
rit?.\bsilautem uldixerim, illoiiuidem objeclo
li, « qnn^ iJens ipse ollcrl. cl qnibusanima non
« voluntarie » animum occuiiari. aliis vero,
occnpalnr nisi inqjicssionc gralia>'»:'>nliqnc sin-
Deo iinprimente. insliganle, ac movenle singii-
guiaris, qna; nisi Inc inlclligalur ndiil csl, cnm animus |)er se genera-
larcsaliectus; lan(|nam
niiiqnesilnecessjninsgralia-connnnnisinlluxns.
libiis lanlum cliiidislinclis ralionibus occupe-
Ita onmia libi a|)prim(^ con^lanl, valelqnc illud
Uir ;divinis vero atlributiSjdivinispersonis, ipso
Inum, non orciqiari animam, « volimlaiic » (jui- Cbrislo adh.Trcscal, non sponle et ipsa consi-
dcm, « msi Kntc illimilalo. nonnila idca dislin-
lianlc prudenlia non pnre; sed si impcllatur,
;

cla'»; » cl tamcn occnpari aliis qnoquc « objeclis impressione et impcln agalin- (pio lit, ut :
si
al(|nc idcisdi^liiiclis'i; » sed si Uens ofleral, co- Cbrislns tanlaque illa objecta ip?a contcmpla-
((uc animam adigal -i illa im|)ressione gralia* »
lionc non sali? per sese digna vidcanlnr. Id ergo
aclnaiis (piam \idinms; qua qnippc l)cncplacili bonus Deus avcrtal a nobis, quod puri quie-
volnnlas nobis innolescal. (Suj). ail. 2, cap. 7, tismi esl, ut vidimus.
no 2" cl se(|.)
CAPUT V.
loi. Kalsum eigo illud quod diris" : « Con-
1')8. pcrfcctisanimabnsncmpccon-
Jam t|nod
Icnqdalio pura cl dirccla <|uando(iue ncgaliva
IcmiilalncilMis snblrahatur Cbrislns, b;ccvcrba
esl, quandoquc non csl; <> conlra cnim dclinisli
anctorisprobaid: oAninia; contemplatrices pri-
« niiivcr.siin conlcnqilalionem puram cldiicclam vanlur\isuilistincto,scn?ibiliclrcflcxoChrisli'.»
negalivam esso; » lum cliam piaci.se inquo ne- Hic anclor conqucrilnr de supi»rcssis bis voci-
— Dw., — ' iti., p. :c| bns, « sensibili cl rcflexo : » cur a auteni cas vo-
' Mnx., iw>- ' R»p- * '» p. 74. 7&.
M.iï., |.
r-
iKt. — • /'.., p. 180. — M»x., p- IW! — " n., p. lisa. • l.o;>. h 1» Dècl., p. 82. — ' Ih. — • /'...
p. 77 ri «en. — M
' •:.,

— Mi. 1. ù la nic\., p. 77. p. l'M.


,
, ,

PARS I.— MYSTIC[ PALAM OPPUGNATI. H


ces, inquit, prœlati omiserunt, ac tantum retu- rentes : » in his hcet nec fides inveniatur illa
lerunl visu Chrisli disliiicto priva ta s animas? » quœ Christuni « prœsentemreddat : sunt « tran-
Ciir? quia nenipe hœc auclor ipse séparât. Sub- siloriœ : » quœ duos in tegros status, nempe ini-
dit enim : « Animœ non sunt privata; in perpe- tiacontemplandi et probaliones exlremas, et
tuum visu simplici et distincto Chrisli: » ergo prœterea coniemplationis purœ direclœque tem.
privantur eo , eo inquani , « visu simplici et dis- pus implent « diuturnœ non sunt, et Christus
:

tincto, » licet non in perpetuum. Rursus : <( Ini- mox redibit » ergo aberat a mente et cogita-
: ,

tiofervenlis coniemplationis,non reprœsenlatur tione disccsseiat probaliones per se sunt brè- : «

Deus nisi ratione confuscj anima se recoUigens ;


ves; saltem illud extremum » quis enim le- < :

tanquam absorpla gustu sensibili non polest oc- gem Deo ne quantum voluerit probet ani-
fixit,

cupari distinctis visibus, » quales sunt attributo- mas? Quis Theresiam quindecim iuio ut ipsa ,

rum, divinarum personarum, ipsiusque Christi î memorat 2, duos et viginti fere annos inter ari-
procul ergo est ab illius status conditione Cliris- dilates delinuit, nisi Deus? « Sunt intcrvallo
tus distincte visus. « Idem, inquit i. evenit in quœdam in illis probationibus sed horuiii in. :

extremis probationibus. » Tum : « Mis duobus tercapedinem quis mensus est? ut et illud omit-
exceptis casibus , anima vel excelsissima potest tam, « variis causis effîciutsint prolixissiinœ 3 » ;

occupari Cliristo présente per fidem. » Ergo in sed esto probaliones sint brèves : an D. Camera-
illis casibus « Ciiristo praîsente per fidem » anima censi excidit, « transitum ad coatemplationein
occupari non potest. Cliristus autem « pressens ordinarie esse longum * » quo spalio anima de :

per tidem, » is i[)se est Christus, quem tenemur, Christo cogitare non possit ? an tantum archi-
juxta Pauluni, liabere « inhabitantem 2, » cujus episcopum a Christo per fidem prœsente disceden-
<i inhaljilalionis fldes » Clu-isti est médium; quœ tibus lias excusationes quœrerc oportebat? Do-
tamen abesse fingitur. Denique « inter coniem- lendura sane, dolendum, necpiœ lacrymœ hic
plationis intcrvalla ubi cessât purat conlempla- cessaverint.
tio, anima adhuc Christo (per fidem prœsente) 162. At enim excusari non debuit tam « hor-
occupari potest 3. » Ergo extra illa intervalla « rendi erroris , » de Christo a contemplatione
cum viget pura contemplatio, occupari non po- secluso, nisi « prolalis ejus ex pressissimis ver-

test. Ha!c sunt quœ quielismum loveant, aperte bis 5? » de re tantatamque perspicua am-
Quid si

inlroducant. biguë scripsit, cum perpicue debcret ac posset?


159. Neque audiendum illud : « Non, inquit *, quid si aperte suffragari non ausus, tamen occul-
adliibui parliculas exclusivas; » sed tamen ver- tis molilionibus tam noxio quielislarum errori

bis illis inesl exclusio; « cessante conleniplalione colorem fucumque quaesivit?Noneratscrulanda


pura aninja adhuc Christo per fidem occupari
,
veneni sedes?non erant persecandi sinus? Sed
potest claraquc est consccutio ergo in contem-
;
:
nunc hœc vacant, cum auctorem apcrlis verbis,
platione pura occupari non potest. totaque doctriuœ série deprehensum tcncamus,
160. Pergit « Alqui addidi, inquit &, animas
:
acnihil nisi luiUbria respondenlem quœ nos et :

in allissimo coniemplationis gradu constitutas in Prœlationc noslra Gallicana fuse perseculi su"

cas esse quaî Christo vel maxime occupentur. » nius, et in articulo Issiacensi 24 anlea proscrip-
simiis 6.
Extra hos duos casus scilicot, et adhuc inter ipsa
inlcrvulla ,
[)ura conleui[)lalionc cossaute, ncc CAl'LIT VII.
aliter aut alio modo neque ad : aliud valet illud
« adhuc,quo rofugit auclor, nisi ut intelliga-
»
163. Nunc deprehenso auctoris errore, (piain

duobus casibus sublrahi Chrislmu ex adverso slet conlra sanctam Theresiam ,


110-
tur, vcrc his ;

et eliam extra illos duos casus, elsi tamen a


runtomnes pauca ergodelibare juvat, lampiain
:

ex l'avo dulL'issimo. Sancta Theresia inilio a


conleniplalione. pura, non ab inlervallis piiriu
Chrisli humauilalc seso abslrahebat, « cujus iii-
oialionis possc subduci : quaî auctoreui iiL'duin
excusent, magis inagisque gravant , ut vidinuis. sauiœ non sine gravissimo dolore iccordelur,
lauquam prodilo Cluislo per ignorauliam ". »
OAPUT VI. Subdit : « Fierinc polest, subiisse in nieiilem, ut
vel uniushoiœ spalio lu luihi, Chrisle, ad veram
IGl. Quanliun in his (linicullalibus rcsolvcn- pielalem obslaculo hiisse vidcaris? » Eccc ncc
dis laborel auclor , luec Inslructioms pasloralis per horam uiiam susliiiet menlo abesse a Christo
responsa doceiit llaî Chrisli subliacliones sivc
:
ntduin per spatia ilnplicis integri status, aut
privationes, inquit c, non sunt rcales, sed appa- I
M.1X., p. "[> et 70 ; Insl. pasl., crinta sur la p. 3J
— 'i.clli« 10,
— — — Uip. n. 8. — ' Inst. pasi., ibid. — ' Mnx <lc3 saints, p. l'û. — R«p. i
'

Bl. —
M,n\.. p.
Mix., p. 106.
b9. —
' Eplir:.. III,

B'J;
17.
Max
'

p. 190. —
\'X>. »

" lii.l. nns., la Dicl., p. • l'ivl'., Avcri,, Art n l-sv, iirl. ;)l. — ' (te, c ;i
i ::i Utcl., p. <•
10., p. ,

UiU., n. M. p. 12G
MYSTICL IN TUTO.

<jiiociinquc temporc vit^ct piira contomplatio : ac ad omne opns boiniin, cl ad ipsam cxcelsissi-
proiiulc (loiilorat « laiilain circilalcin i
» al) mam unionem adjuvet : qnod (il ut nusquam
caque avcrlil eiiiii ail qiiain .scril)it, « allato imiicdinienlo esse possit.
Paiili alioniin(|iic sancloruiii coiilcmplaloniiii 1G9. Uuarc, cum formaruni recordalionem
cxoiiiplo , (pii Cliiisli noinen nuiiquaiu non in anferl, « Ueum incarualum cxcipit cujus re* ,

OIT liabcbant '. » cordatio sempcr adjuvet ad tiuem consequen-


161. Sanc con(itctur3, « cum Dcus suspen- dum ;
bic via sit, dux et Ions om-
quippe cum
dit oinncs anim;c l'aciiltatfs in vaiiis oralionis nis boni '.» Quiautem .sempcr adj uval nusquam
penoriijus, liinc aiiiilli Cinisli nt iiominis pra?- olficil, nusquam obslaculo est.

santiam, » cani quam inlelleclu c()iii|>lccli- d"0. De rciiquis nulia est didicultas cum ,

mur; ncc tanicn Clirisluni lune oniilliinus, ccrtum contempiationc Ciiiisli alias duas
sil

« cum ad anianduni cuui auinuini convci"


loli pcrsonas divinas, atque adeo omiuadi\ina atlri-
tamns. Addit « Qui incnleni a1).slrahant al)
» : bula iiilroduci, « ut sapientiam et di\ina judi-
inliicnda lunnanilalc gradi pcr acia nullo ful- ,
eia, ac praîdeslinalionis, ]ir;cscicnlia;quc altis-
» » queinadiiiddum idem virbealus
ciinento, ipiîmiiuani Don plein sil)i videanlur. vsima areana :

Ex quo eliani iiifi rt *, aniniani « onlinario indi- doeet aniinam maxima liccl abslrac-
2, cl sic in

gène co suslenlacido, pra;scrliin in iiœnis, in la- tiouc suspensam pcr Cbiisli mysleria perfcc-
boriltus, in pcrseculionibus in aiidilalilius : » ,
liones Dei, personœquc di>ina! assidue redu-
hoc est jjiofecto in probalionibus ; quo vcl cunlur; nec a mente disccdunt.
maxime lempcue pi\Tsul a Cbristo ni)S avocat.
IGo. Alio locd IhTC habet ^ : « Mihi quidam
CAPUT VllI.

pcr.suaderc \oluerunl, ululius esse animœ pcr- 171. Videt ergo Icctor diligens, de tribus vcl
fecliori, ni oecupelur divinilato taiilum scclnsis gravissimis arliculis, quibus 1ère lola vitœ spiri-
corporalibns; scd nunquam in caiu pcrsuasio- tualis ratio conlinetur, quam D. Cameracensis
ncm quippe qu;e experla sim , bac
adducar :
sanctœ Thcresiaî, ii. Joanni a Crucc, cœteris pro-
\ia diPmonem me voluisse deccplam a qua via :
bis myslicis advcrsa Ironie concuriat.qui favcrc
jiioindc caveri oporleat, neqnc credi cuiquam se vellc profilcbatur : adcoquc abcssc, ul dam-
ialia suadenli » adeo ab eorum auctuiilale :
nalo libello priusulis, aliquid iilis metuendum
ablioncbat ncquc cunclalur modeslissima
:
vcniat, ul contra piobato, illi sanctissimi auclo'
viii,^o liane viam « pcriculosissimam » pronun- resnon nisi iinprobari possint.
tiare, quippe qua daMiion ulalur, « ad c.xslin- •17:2. Kunc ju\at quœ dicta sunt repetere pan-
« triiendiirn sarr;o Eucliarisliaî gu.slum. »
els : piimo quidein arlicuio ha;c vidimus : in
4(i6. Kolandum aulom illud , inlcrdum sus-
oralionc quietis, suspendi, ligari, impediri per
pcmli .sacralissimaî iiuniaiiilalis inluilnm : sic eerla moiiienla di\ina operalione auiniaî l'acul-
tamen, nt in eain priiis cl assidue visam, ac pe- lales : cani orationem ideo supernaluralcmdici,
nilusaniiMii eompreliensam, voluntas lotoamorc communem discurrendi viam a Deo
quod supra
inaidescat, ntdicUim est.
cicvetur quod silcxlraon'-
[icr illud auxiliuin,
1G". Ilanc secnlns vir bealuS Joannes a Cruce, narium ac supra conmiuncs gratias non ci-go :

sic docel*' : « Quod sludeamns oblivi.sci figuras,


operalioncm banc ab ejus gralia\ quœ sit com-
runijuam inlelligilur de Cbristo ejusque liiima- nuiuis omnibus juslis, inspiralione pendcre.
nilalc qnaïupiam enim inlerdmn in .sublimi
\76. Quod auclor in viis spirilualibus agnos-
:

conlemplalionis arec, cl in simpiiei divinilatis


cat « impotenlias, » sed improprie dieUis, raa-
intuilu, biijus bumaiiilalis anima non recordc- vim vcrborum
nil'eslam esse eavillalionciii i\\\x
Inr; nnlla lainen adbibendacura est ulea omil-
cliulal , cum
Joannes a Cruce de iila
cliaiii 13.
talnr, eo (piod ejiis \isiisac nicdilalio anialoiia
iinpolenlia medilandi cl discurrendi loqucns,
ad omne boniim auxilio sil, pcr eainquc lacilius
quiv sil nota Iransitiis ad conlcmplalioncm clarc
ascendaiiius ad subliniissiimim unimiis giailuin:
dical^: «Tune auimam ncc si vclil medilari
cumalia'(|uidcm<-orp(praies lorma; impcdiineiilo
pusse » (pio niliil est significanlius ad veram
:

sinl: ?ed non ille qni seipsuin fecil lioniinem,


iinpolcnliam dcsignandain alque bac eliam :

(|uia ipse est vcrilas, oslium, via et dux ad


voce u.sam e.sse sanelam Tliercsiam *, alibi ob-
lioiinin. n
1(.S. niccnl a bcato viro id tanlum caveri, scnavimns.
a ne adbibeamiis .id (^bristiim incarna-
eiirani 171. iNeque omillendum , me niliil aliud

tnm omillenchim. » Yernni ndvertcnda causa quam sanclorum vcrba exscribcnlem, lanalis-
cjus concilii, qnod ncmpo Cbrislus incarnalus 'Mi.Tit. du Carm., 1- m, e. U, p. 172. .— ' Vive flimmc, cjiil, 3

'
/*., r- 127. • li; —
P- 1 - — ' "'• !' '-!>. — ' /*•, 1-10. — p. hVi; Kxpllc. du C«nt., p. 4S3. —
^ Viro flamme, cuit. S, T.
3,|
' e*it. d« làiiio, 0« «Iciii., cil. 1, p. "(«I. — .Mint.
I'-
du Caïui., 6, p. W6. —
' Chll., 6« d.iii , c. 7, p. 78C.

1. III, c. 1,|>. loj.


PARS II. — AUCTORITATES SOLUTE. 23

mi accusatum qiiœ : accusatio redundet in 181. Nihil igitur ad rem facit « affectus na-
eos, quorum exprimo disertas planasque sen- «turalis,» nlsiad infringendam sanctœ Theresiœ
tentias. sententiam illa enim, non affectura tantum
:

Secundo articule auctoris contra om-


175. , naturalem, de quo nec unquam cogitavit, su-
nium spiritualium doctrinam excludentis actus pernœ felicitatis excludit; sed ipsam spem su-
proprii laboris, proprii conatus, propriœ indus- pernaturalem mercedis œternœ, ut quidem esset
trie et sub gratiîB actualis nomine omnia ad finis ultimus aut motivum primarium ac prœ-
,

inspirationem extraordinariam revocantis, pu- cipuum quod est ab omnibus theologis tra-
:

rum putumque fanatismum ostendimus. ditum.


176. Tertio articulo de subtracto Christo, ac ,
182. Quod ergo sancta subdit « Has animas :

divinis attributis, divinisque personis a pura non cogitare de gloria assequenda, » tanquam
contemplatione quietisticum errorem, sanctae de motivo, « quo magis incitentur, » Tridentino
Ttieresiœ ac Joanni a Cruce penitus repugnan- concilio, et sanctorumexemplis essetcontrarium,
tera deprehendi quœ liac prima parte demons- :
nisi eo modo sumptum, quo diximus.

tranda susceperam. 183. Nec aliter intelligendus huccoUatus Ber-


nardi locus i : « Purus amor de spe vires non
PARS SECUNDA.
sumit: » non simiit prœcipuas, vel maximas,
IN QUA SOLVUNTUR SPIRITUALIUM AUCTORITATES fateor: non sumit uUas; falsum ethœreticum.
A D. CAMERACENSl OBJECTiE.
CAPUT PRLMUM. CAPUT U.

Jam expendamus locos quibus auctor


177. 184. De quo uno se auctor
affectu naturali ,

approbat suam sententiam ». Primus iste, ex mmc sœpe diximus hic autem quœri-
expedit, :

sanctœ Theresiœ sexta mansione 2 ; <i Animae mus tantum, an hujus affectus concilium Tri-
hujus status vellent, ut videret Deus, sese non dentinum loco allegato 2 mentionem faciat?
ei tamulari spe mercedis » quem locum sic : Nullam autem facit, sed vim spei explicans in
urget prœsul « An vult saucta dicere vel illas
: eo reponit illam, « ut nos excitet, cohortelur
animas Deo ostendere a se rejici spem? absit ab mercedis intuitu, cum hoc ut imprimis glorifi-
ea talis impielas. » Ergo hic spectatur merces cetur Deus: » ergo vacant reliqua, nec affectus
tanquam objcclmn affectus naturalis et merce- naturalis ullam rationem habere nos oportet.
narii. 185. Jam, quod auctor « commodi proprii »

178. Ego vero quœro primum , utrum hujus nomine affectimi illum « naturalem » semper
affectus naturalis sancta virgo Thercsia uUam et ubique ase intellectum profitetur », manifeste
unquam mentionem? si quam;
fecerit locos falsum. Agnoscit enim proprium « commodum
proférât : nullum autem protulit, ac ne tenta- « œternum, » quod abdicari vult « absquc ulla

vit quidem. Si nullam; ergo illam interpreta- « spe'' » commodum autem œternum, praMor
:

tur ex libitu suo, non ex illius dictis. salutem œlernam nullum est. Idem eflicit illa
179. Quœro iterum, an B. Theresia, ita nolit vox « Fit sacrilicium absolutum connuodi pro-
:

« famulari Deo spe mercedis, » ut eam ipsaspes prii in œternum » Illud enim quod abjicitur
'^.

ne quidem « cohortctur ad cm-rendum « sta- rcspcclu œlcruitatis non nisi œternum est. Non
dium ? » Hoc si voluit, palam adversatur conci- ergo hic intelligitur affectus naturalis, qui non
llo Tridcntiuo dcnnienli valerc spem a, « ut justi potest esse nisi temporarius.
suam ipsorum socordiam excitando, et sese ad 186. Sane homiui justo nihil est œternum»
currendum in stadio coliortando cum lioc im- , nisi vel Dei posscssio, vel de Deo possesso gau-
primis ut glorificetur Deus, merccdem quoquc dium et deleclatio. Atqui neutrum corum est ex
intuentur œlcrnam » cujiis rei cxcmplum Moy- : affectu ualurali neutrum eorum aut in palria
:

scn et DavideiM pncbent Trulentini Patres. Ergo exscindendum aut in via contemneudum. Non

sancta Tlicrcsia bis potior, nec doctrinaconcilii, ergo conunodum proprium a^lornum alTcclus
nec hornm exemplo uterclur; quod nemo naturalis est, aut aliud (piidqiiaui cpiain ipsa

dixerit. bcala œternitas , cujus sludium exerceri , non


180. In promplii ergo est beatœ virgiuis scn- infringi oportet.
sus « Kou vuilse faïuiilari Deo spe mercedis,»
:
CAPUT III.
tanquam solo vcl pra-cipuo molivo, cerlum :

tanquam et illa spcs nullum sit motivum co- 187. D. Canjeraccnsis hœc sunt iu Rcspon-
hnrtans et invitans, falsum et hîcrelicum. I
Ins. pu»., p 4; Scrm. 83 m Cim!. Il, C. —
» ro.-. P, c. II. --

'
1.1;. lias , p. 7:1- Dciiï. I.ctdv 4 .M. do l'ttri», \: 40. — ' Oiàt. » Ins. pas., Il 3, 4, 10. — • M«X. Oo» Mintï, (>. îû. — * t^-^''}

acm. 0, |i. 7'JO. — ' ScsB. U, c. 11. p. OJ.


,

<:î WYSTICI IN tUTO.

sioHC ad Siitnmain docUiiioî • : « Fatctur U. exccssus, néelamen extra fines débites, non
episcoiuis MeKlcnsis scliolas coiniiiimilor Ira- denegaverim sauclis cum l'aulo « mente exce-
dcre, cli:iiilaleiii spéciale Uciim in seipso, amorc « dciilibus ', » cl in « cxcessu suo » cuin sancto
ahsoliilo. ac libero ab oumi respeclu ad nos : » Davide inulla dicenlibus '^
; « ila inanes ar^ju-
snlulil 2 : « Eain delinilioiieiii si seiiicl adini- « lias, ineplias, » deliria, inordinatos alTeclus,

scris, iino Issiaconsi arliculo Vi iiidi|,'eL systema eliam l'anlo et Mo\si a nie lLii>se imputilos,
iiieimi. » Duo eigo sunl capila quibiis illud doleusdico, aperla calumnia esl, pes>imo exeni-
cdiiliiii'lur : neuipc deOuilioiic ciiarilatis, cl plo ab aiilislilf illala anlislili; vel crgo prolerat
Is>iaiTiisi arlicidi» illo 13. lociim, vel iiilicielurindi;:iiam in fialremcontu-
1<S«. Alqiii alTeclus iialuralis ad ea duo esl meliaiii. Notai quideni ad lalus paginam incani
iniililis. Non eniui ainauuis iJeuin « sine ullo 4i3 •',
ul osicndal liœc a me inler absurda repu-
« respeclu ad nos,» affeclu naliu'ali. Non cliain lari; sedlalso : [c^e, iector, niliil invenies prœ-

est naliualis cliaiitas ilia quie « beni^tna esl, ter « pios excessus » ijuos sibi ipse Paulus, ii»se
« (pue [laliens, qu;e ouuiia crédit, speral, sus- David alliibuunl. Quod si cuiquam sanclorum
» linet, » de qna agit l'aulus s, de qua una trac- allribuerc videor « amalorias ameiilias:D id pri-
lalur Issiaceusi art. 13. Al(iui Ikcc duo capila mum nec ineo noiuinc nec piavo sensu dicluin,
« lotuni s\stenia » rcvocalur : non « ulia aiia cum eliam cjusmodi « amenlias » sponsa; ipsi,
« reindi^îet » non crgo indiëct illo aniore natu-
:
aUpie animis sancto ainore peicitis, non lier-
ridi, is(]ue ad e.\plicandaiu Theresiani perperani naidus, non alii oplimo sensu inipulare ve-
adducilur. reanlur.
l'Ji. Uuarto, nuntiuam dissensi ab aucloie
CAPUT IV.
assercnle de re iiiipossibili, ut
« vclleilales »
gravissimo peccato, eliam iiiaxiuio nierito ila
189. Ex eadem niansionc sexta, secundus
imputari posse ^. Unis eniiii lioc ab Auguslino,
aU'erliu- is bealai \iryinis locus ' : « Anima uoii
iiiio ab omnibus llieologis non didicit, pcccarc
se incitai spe adipi>ceiul;e {^doriaj ; .eruni id
gravissiine prava cuiiieutem si per iiiipossibile
ununi suo aniori satisi'acial, cujus
cogilal, ut
impunila essenl? Ouod quidem ad bouuin ul
ualura esl, ul senq)er operetur mille niodis. Si
in iiialum valere, absil ul negaverim.
possel anima, mille inventa quiereret, ul sese
l'Jo. Uuinlo, « velleilalis » noinen adliibiii,
ipso auiore consuuieret si id necessarium ad :

ut doceiem ejusmodi voluntalem cliain abdi-


uiajorcm Dei jjloriam, ul lelernum in Jiihilo
candœ salulis ((juoad quosdain encelus, si pos-
remanercl, ex aniuio consenliret. » cum ea voluntas absolula et per-
sibile essel;,

CAl'LT V. lecla non sil, facile conjuiigi posse cum ab.solula


et peiiecla volimtate voleiidi salulem : quin
190. Ilic locus pcrtinel ad snppositionesillas ipsuiu illud « velleui pro Deo salulem, quoad
inipossibiles, de cpiibns ciiui imdta Iradideri- quosdain eireclus, ;d)dicare, » est rêvera vellc
mus ^, sancla'qiie Tiiercsi;e locos laie pci'lrnc- saluteiii ipsam (juani te iiolle non posse falearis.
tavcrirnus, nuiic ad li;ec capila sunimam doctri- Uuare si quis diceret Vellem proptcr Ueum :

na' noslnc relercmns. non esse bealus, si id vclle po.ssem, aut si Deo
lill. l'rinimn, lue snpposilionos niliil nol)is placerel, illo ipso aclu clamât se beatum esse
adversanlur, (piasaimolalis ad margiiieni locis vclle, et non posse adeo nullusaclusa beatilu- ;

cl nlliii recepinuis, et sanclorum anctorilalibus dinis volo est vacuus.


asseiiiimus. Unare miror ita nobiscumagi, lan- 11)6. Igilur, quod sexto loco dixerim, in eo
quam cas inq)rolp(inus ".
aclu, « vellem pro gloria Dei carcre opiala bea-
lit^. Secundo, lias eisi vclleilales diximns, tiludinc, si lieri posset : » iiiesl diiplev meri-
non laiiien cis iiicrilum delraxiuius, quas ma- luiii : et illud oplandic Siilulis, et illud aiilepo-
gnis animabns, Mo\si, l'aulo, ca'lcris, a sanclis nendîc diviiuc voluiilalis, si lalis esse possel.
alliii)uta ^•-^c, monuimus. 197. DeiTupie non idem valet, si quis iUi di-
\ïïô. Terlio maie inq)iila!nr nobis a D.Ca- ceret : « Vellem deleclari quocuimpie peccato,
ineraconsi, l'aulo et Mo}si, a!iis(pic piis anima- si impunitum cssc posset » in co enim aclu :

bns, pcr illas supi)osiliones inipossibiles, allri- mcriluui oiimino esset inaluin cujus rei ratio :

biilas « pias ineiilias, pios excessus, pia dcliria, est, cpiod duo bona mcrila inler se compati
iiiancs ai^ulias, quodque est grayissinium possini, non iKjssinl auleiii componi cl eom[iali
inordiiialos nH'eclns '. » Ego auleni ul pios
in eodem aclu meriluiii boiium et nialiiin ac :

iietp. ad Skim. docl., p. 3. —


» Ib., p. B. — ' I Cor., Xlli,
I
Jitsp. Subi., p. 19, 26, 40, etc.; Rcp. à la li«l., p. H9.
rd _
'

jcc|. — • CliJl. Je l'amc, 0« i!. ;ii., c. 19, p. TOa. — » liist. iUr


I

li-ï
> Il Ccr., T, II. —
' Psal., cxv, 11. • —
I!Jp. 4 1» Uécl., p. IID,

ilal» ilor., I. IX 01 xj Art. dlisy, 33. — " K'-p. A In Décl., p. UJ. _ 1 Inbt M>r U-« «lat» d ur. 1. ix. « K=p. i —
D^c\., p. WJ, 101.
PARS II. AUCTORITATES SOLUTE. m
per lias propositiones septem, patet responsio proinde conturbentiir, scandalizenUir ', » ex-
ad oinnia objecta quae oriri possunt ex suppo- paveant.
sitionibys iiupossibilibus. 202. Quare illud, sive
prœceptum, sive con-
silimn, omnibus communiter propositum, eo
CAPUT VI. perlinet, ut omnes noslri actus a charilale im-
perentur quod autem subdit auctor, ita impe-
:

198. Instmctione pastorali terlius locus is est


rari, « ut anima Deiim diligeret, etiamsi nuUam
sanctae Theresiœ, et mansione sepliiiia ' : « In
ab eo speraret bealitudinem 2 » id omni aclni :
{îoc perlectissiino gradii inducitiir laiita oblivio
charilatis intrinsecum esse, pars inulto maxinia
sui, ut anima iitruin sit an non sit vix sciât : non
theologorum Iradit neque exspectavit sancta
enini cogitât de cœlesti patria : ac si certo tene-
Theresia septimam mansionein, ut Deum illo
ret statim egressani ex corpore, in cœkun tran-
amore diligeret. Altius ergo vestigandus sanctœ
situram, non ea
moveretur, quia tune l'elicitale
virginis sensus.
non cogitât de gloria sanctoruni aut de pari
gloria consequenda sed lantuui ut Deo ; serviat. » CAPUT VII.
Haec illa, quœ nos in Statibus orutionis facile 203.autem sensus hic est
Is ut spe gloria; :

soMmus 2.
non quideni moveretur lanquam fine ultimo,
199. Ipse sensit auctor hujusmodi locos non ac inotivo prœcipuo charilatis; moveretur la-
esse ad summuin
urgendos, sed pessinias inter- men ut moveri soient piœ animœ per illas se-
pretatioiies adduxit duas ^ primam, secundum :
cundarias objectivas rationes, a Iheologis raemo-
sanclam Thercsiani « non incilari animas aft'ectii ralas, quœ ad amaudum alliciant.
naturali ac mcrcenario sui ad fornialem beali- 204.Neque id voluit sancta Theresia, ut glo-
tudlnera. » Qua de re prœnionuinius, nunquam ria cœlesti non absolule moveretur; quod con-
beatam vii-ginem cogitasse (n" 178) nun- m, :
cilio Tridentino repugnare vidiraus sed ut non :

quam, inquam, de afïectLi naiuiali bealitudinis moveretur tum, per cerla momenta, allernan-
fonnalis exsuperando cogilavit; sed iiisum tibus vicibus ^ etsi enim ea motiva virlute
:

Christianae spei supernatui'alem affectuni prœ- semper movent, non tamen semper actu de
tergressa, eum aflectum ex omnium Iheologo- illis cogjilatur; nec tamen diu a cogitatione ab-

rum sensu subjunxit ac subordiuavit Dei cha- sunt, ac subinde recurrunt; unde saucta The-
ritati : qiiare piœsul Theresiam invitam ad resia subdit de illis animabus « Rursus autem :

suura aflectum natuialem trahit, et a seipsa redeunt ad desiderium Dei perfecte poliundi :

facit esse degenerem. cui tamen postea renuntiant (quoad dilalionem,


200. Allerasoliilio non plans valet «nempe '':
non quoad rem ipsam), salisque contentœ quod
quod charilas ordinarie prœveniat spem, ejus- Deum comilem habeanl, ei offerunt vitam suam
que actiis imperet, non autem a spe se prœ ve- prolongatam. ut certissimum ac laboriosissimum
nir! sinat. » Quœ pcrl'ectio omnibus vitœ Chri- argunienlum auteposiUe divina* commodi ralio-
stianœ prolessoribus a Paulo proponitur his nis suis rationibus et cominodis » qui sensus, :

verbis : a Omnia vestra in charilale liante; » nec iiilelligi pi)lost, sine Dei passidendi absoluto
et : « Sive niandiicalis, sivc bibitis, sive aliud desiderio nisi enim desiderarent, nihil Deo
:

« quid lacilis, omnia in gloriain Dei facile «. » iuMUoIarent iannolaiit autem non quidem au-
:

201. Sanc hiec pertinere ad prœce|)tum cl ad ferendum, absil; sed lamen dillercndum Dei-
perfeclioncm illam evangelicaj legis omnibus desideralissimi volum ergo illo nun(]uam abso- :

iniperalam exacliores Iheolagi Iradunt sed : lule carciil: sed vicibus aut lanlisper prémuni,
quia perfecli noslri non da de Clirisliana pcr- aut actu eliciunt sununam autem ipsam nim-
:

fcclione senliunt, et Pauli scnlentias ad consi- quam non rclinent.


lium revocawl; non ucgabiml certe illud con- 2O0.Quocirca ita concludit illum e.xcclsissi-
silium proponi onmibus Cin-islianis; nec esse mum de Deo potiundo locum « quo sensu pu- :

quemquam qui ab illo abhorrcat; imo qui non lalis esse illas animas, cuni repulanl .se illa leli-

ad id se invilari seutial. Non ergo perlinet ad cilate privari posse? » Absil ergo nt non optent
purum illum amorem, qui D. Cameracensi, illam lelicilatom cpia privari se posse, non sine
<t proponcn-
saiiclis (piociuc inacccssiis, nec iis gravissimo dolore senli(ml. Sic oumirio intelli-
dus esse >idealur ad quem scilicet, nec lumen : genda sunt dicta sanclorum, relalis inlegris loris,
interius babcant nec gratiiu illecebram quo : non abrupte allegalis, et per vim mauileslam ad
aliéna detorlis.
' Inslr. pas., ]i. '-t; Cl.âl., "• Jcm.. "•. 3. — » Ins. sur les itaU
ilùr., 1. V, lie. — ^ 1ns. lias ,
ji. 76. — > Ib. —M Cor., X\i, M. '
M,i.\ii]n;s lio., suints, p. ai, 30.— = /i., i>.
70. — ' CUit., 7"
-- '10., x, 31; Col., m, 17. d«in., c. 3, p. Kl T.
20 MYSTfCI INTUTO.

CAPl T VIII. clare constat niinquam a myslicis suppressum


poliiindi desiderium addiixit aulein iiiijus
20G. Viileamiis aiitcru annon a B. Joannisilc
:

beali viri immn tantuin locum «de avariliaal-


Criice scnsiims I». Caincracciicis lolo cœloabcr-
non scinci (Icsiilrrinm po- quc ambitione spiritiiali : quaî sit illa a myslicis
innt:is ciiiinest (jui

cl supposilionibns illis im- commemorala imiprietas, Iidcest illud spiriluale


liiindi iK'i lUTSsiïc,
l»ossil)ilil)iis induisisse vidcatiir. Is igilur de pcr-
commodum, quod nimquam abest a inercena-

aniniahiis haîc hal)ct ' « Sine cura, sine ria; aninue virlulibus '. »
l'cclis :

sanc: sed per illud spa- 2i;i (Juodnam aulemsil illnd si>irituale com-
lellexione sunl; » «

liuni, (jno viget conlcmpialio. » modum proprimn, expressil bis verbis: «Es.sc
20". An i;iiUir per illud spaliinn non dcside-
nempe illud commodum sive meriti, sivc per-
leclionis, sivc merccdis a?lernaî: » atque illun
ranl Deuni? ahsit " Amans enini anima non :

est quod in spiritiiali Joannis a Cruce avarilia


pote.st ainoris .sui non desiderarc niercedcni, cu-
sivc ambitione vnll qiupri.
jus gralia ainieo servit: alioqnin nec illud amor
amoris 21 i. Conlra: avariliain illam .spiritualem sic
essel; (|ii;e nierccsnou alla est, nisi an-,',
delinit bealus auctor 2, « ut animai nunqnam
nii'ulum, (juousque perveniat ail illnm pcircc-
contenta; sint donis a Deo nalis, deliciantque
lissinnun amoris stalmn. qui sit ipse silii mor-
mercedem anima optare possil ^' animo, ;ic liinif-nlis indiilîeanl, si non inveniant
ccs;nccaliain '.

ea qua; in spirilualibus rébus quacrunt solalia: d


Optai ersoillam: o|)lat Demn ipsum liabcndmn,
hocpriinum. Allerum: aulpr;eceplis,consiliis,
potiundum nec sine illiiis merccdis « veto stal
:

amoris gaudet nominc. «


liliris, reliquiis, agnis Dei, exsaturari non pos-
anior, atil
sint: qua in rc, iniiuit, dainno proprietatem
20S. llursus: « Morbus amoris non nisi pra^-
qno niliil est elarius, ac cordis ibbaîienlis caruiii reruiii modo, mullitu-
scnlia sanari |)olest ^ : »

simplicius. Kt ilernm:.Vnimœ Deinn anianti «


diui, curiositali : » quœ qnam abborreanl ab
potiundo polesl satislieri: non enim ielernœ niercedis studio, neino non videt. Sic
non nisi
sed inccndunt et irri- pra'sul snain omnibus spirilualibus ignotam
ali;c gratia; salislaciunt,
proprietalem qu;erens, nec inveniens, eam per
tant Dei, ut in se est. videndidesiderinm '. »

animas ias et nelas omnibus eoruni dictis inlarcil.


201). Quod ergo alibi doeel non esse

illas a intentas solatiis, aut connnodo proprio, 2I0. Neqiie quidquamalind de spiritiiali am-
bitione a beato viro diclum comperi. Sane gulœ
sed Deo pro sua ipsius Jigtniate cl acceptis be-
ac kixuria; spirilualis viliuni Iribuit animabus
neliciis s » prinuun \ ides intentas acceptis be-
:

commodis: non solaliornm sensibilimii iiiexliausta cupidilale


neliciis, a-Jeoriuc profecto suis
ut .secundario, |)crcilis Neipie aliud quidipiam. Uuarc pro-
'.
sictamen nt pnecipuo, sed
priclatem illam qiiam pra-sul inculcat, si extra
magno lamen motivo.
solalii spirilualis aviditalem iue.x.saturabilem ad
210. Ui'in eliam cum anima videlur optaie
ut averlat Deus dulcedines suas, sponsaî instar
œlernam mercedem liansleralur, mvslicis igno-
canentis: Fuqr, diU'cle mi'^'-. " ne credas averti
tam esse, et ab eoruin doclrina abliorreie, oin.
vellc: gcnus lo.nilionis est ex nalivo amiltenda' nino deccrnendum est.
dulcedinis metu ' : » ergo sic avertere, eliccrc CAI'UT X.
est, oi)lare est, estqiie illa Inga ex amatoria vi

grande (lesiderium: qnanto ergo lervcntins est 216. De beato Salesio lot ac ta nia retiilimns
desiderium illius Iteo visoatqne |)ossesso œlern» ut ca lepeltMC nibil almd esset, qnam leetori

dulcedinis? Inde illud crumpit ex iino pec- laslidium ac nau.scam parère. Lnum illud. m\1
torc " Uunipe lelam biijus vita>, ut le slalim
: decrctorium, (jiiod ad proprielaleuideliniendam
amare possim cum ea i)leuitudine ac satmitate perliiiet, memoiarc bicjuval. u M}slici, inquil*,
qnam desiderat anima mea aieruam et inter- proprietalem vncanl animam eam quai suas vir-
ininabilem ilités persamlam icsignalionem relertad Deum:
*'. »

2H. .Sic illis amantibus pre.^.sa <l<'sideria,


ipia in re minus iierleita est ipiain anima ab.so-
eliam per suppositiones illas i'' ,.ossibiles. niliil luta a proprio commodo, qua? suas virtules re-
alind sunl (piam geniis desinerii co ardeatioris lerl ad Deum per sanetain indilTcrentiam.»
ipio latenlioris. 21". Uuid autem sit ivfene \irtules ad Deum
GAPLiT 1\. per sanctam indiflerenliam alio loco sic cxpli-
cat^: « Duo sunt status islarum animarum :

212. Ha-c prœsul onniia prœlcrmisil, quibus


primus est sanclai resignalionis, (jua anima
'
Vivo flamme, tant. 3, v. 3, ( fi, 10, y. 038, DSÎ. — ' Kiplic. du
C«nt.. O'coupl., p. 333. — ' Ib., 13» coupl p. 396. — ' /*., C« '
Maxime* dca tainU, p. 38, 130 — '
Obscure nuit, I. i, c.3, p.
cou|.l p 375. —
* Ohsrure imit, 1. II. c. 19.
,

— • Cant., Vlir, 24. 239. — ' Ib., c. 4, 0. — • Maxim» liei aaints, p. 135. — > /^., p. I>,
— '
,

Ejpl. «lu Canl., 13* coupl. — • Vive flunmc, cant. 1, p. 621. 01, M.
PARS II. — AUCTORITATES SOLUT.^.

.^^ncta imilta vult scu vellet sibi, ex proprii com- \ilœ prœsentis; et quidem antequam conlin-
modi inotivo: cii.jiis rei 'gralia sanctus Francis- gant t. » Ex quo sequitur, ipso confitente, falso
cus Salesiiis confitetur inesse desideria, scd sub- allcgalum Francisci Salesii locum, et ad œter-
niissa: quippe cum illa submitlat voluiitali Dei, nam beatitudinem pessimo consilio esse detorla
quam siio comniodo anteponit. Secundus staliis quœ ad eam nihil atlinent.
est sanclœ indifferenliœ, ubi anima nihil voit 224. Quod autem subdit non nisi « naturalia

sibi ex niotivo proprii coinmodi: nulla habet « salutis desideria a se esse subtracta '^, duo
»

snbinittenda mercenaria desideria, quia nulla peccat: primum quod sancto Francisco Salesio
babct mercenaria; quanquam rémanent procli- talsa et aliéna imputât, cum ille, ipso Camera-
\itales et repiignantiaî involuntariœ quas siib- censi fatente, nonnisi de eventibus hujus vitœ
miUit:sed nulla habet desideria voluntaria et agat ; non autem de sainte, sive naturaliter, sive

deliberata ad suum commodum, exceptis casi- supernaturaliler desideranda; alteruni, quod sa-

bus ubi toti suœ non est; anima


gratiaj fidelis lutis naluralia desideria, cum a supernaturalibus
illa indifferens cum implet suam gratiam, ni- nulla arte secerni possint, necesse est ut haec,
nil vult nisi propter Dcura, et prout Deus at- profligatis aliis, in ruinam trahantur, ut supra
traclu suo velle eani facit. » vidimus n. 139, liO.
218. Hajc ergo principia, has definitiones rc- 223. His tamen ludifîcationibus, his sancti Sa-

signalionis sanctœque indifferentiœ ad beatitu- lesii aperte Irmicatis testimoniis speratauctor


dinem refert his verbis i
: « Nihil vult anima ut se mysticis, se Scholœ, seEcclesiœ Romanœ illu-

sit perfecta et beala ad suum commodum, vult dere posse; ac nedura agnoscat errorem, si!)i
tanien perfectionem omneai, omnem beatiludi- falsaomnia iniputata essejactat: adeo confidit
nem, in quantum Deus hœc velle nos facit im- hominum credulilali, ac vanis verborum of-

pressione gratiœ, » ejusscilicet de qua dixit: fuciis.

« animam nibil velle ad suum commodum, nisi CAPUT XII.


ubi suœgraliœ» (singiilari illi scilicet qua ejus-
non est. 226. D. Cameracensis omnia movet, ut quo-
modi anima trahitur) , « iidelis »
cumque loco suam proprietalem inveniat, cujus
219. Eamdem doctrinam tradit et inculcat in
nulla vestigia deprehendit. Unus est omnium
Responsione ad Summam 2; atque ex his princi-
aurei libelli Imitationis auctor qui de pro-
piis, » quœ sancto Salesio tribuit, propi'ietatem
definiri asserit » a myslicis.
prietate, vel maxime verba faciat, scd longe
diverse sensu. Cameracensis enim sic scribit 3
220. Facile conlutalur. Primum enira qui re- ;

« Auclor Imitationis Christi ssepe loquitur con-


signalionem ab indifferentia secernat prœlcr
tra proprielarios eaque proprietas quam ut
unum Salesium profert neminem; Salesuis au- ;

impcrfectamrejicit, nihil aliud potestesse quam


lem nihil de proprielatc cogitat quin ipsnm Sa- :

lesium prœsul pessime intcUigit, u docen se-


amor noslri natiualis, quo adhœrescimus orna-
quentia.
mento aut solatio quaî ex virtulum poi'foctiono
et possidendaî mercedis voluptale proveniunt. »
CAPUT XI.
Hujus rei grati;c locum istum profert ^ « Ad :

221. Sœpe monuimus ^, nccmonerecessamus


hoc conare, hoc ora, hoc desidcra, ut ab omni
beatum Salesium de rcsignalione ac indifferen- proprietate possis exspoliari, et nudus nudum
tia tractanteni, ad nihil aliud respexissc, quam
jcsumsequi; libi mori, ot niihi œlernaliler vi-
ad hoc est aridi-
« alflictiones sivo spiriluales, »
verc. » At quis hic odor, quod vcsligium pro-
tates, sive « cliam tcniitoralcs''; » nunquamau-
prietalis illius quam naturaleni vocas? Quin ipse
tcm ad salulcm reternaiii, quo D. Canieracensis
sic loqueris : « Illa proprietas, nihil polost esso
sancti anlislilis doctrinam omncni trahit.
aliud quam amor sui
naluralis, virtulum solalia
222. Alqui tola doclrina libri De doctrina
et mercedis voUiplaleni spcclans. » « Nihil, »
sanclorum,ct proprictalo nililur, et exillo uno
inquit, « polest esse aliud; » conseculionc agil,
loco sancti Francisci Salesii cxplicatur ut niox
raliocinio, conjectura, nihil expressi habet ubi :

vidimus: ergo totus lihor co loco nililur qucm


enim apud pium auclorcm illa « ornamenta, »
l'also allcgalum et in alicMiiun scnsum dclorluni
illa « solalia » abjicienda virtulum, ac « mercedis
esse constat.
«œlernaî?» nulluni vcrbum: « Conare, » in-
223. Sensitid Cameracensis; et ullro confilc-
sanclamindiffcrentiain, qiiidenus suspendit
quit, «utab onnii proprielale: » hoc est, sen.'^u
liir ï
piiauctoris: Ne hœrcas proprio bono, reliclo
omne dcsideriuin, speclare tanluni cvcnlus
communi, qui est Deus: « Ut nudus nudum
'
/*„ p. 62.— ' Kr^p nd Sum.f. 07 j Troisième à M. ilo
lollro
rari», p. 23. — • Décl., TroLslùmo irii!, n. 3. — » Amour Jo Dieu, •
nOp. A la Dccl., p. 42. — ' //>., p. 43. — ' !i!»liiicllon pn!,lora:c.

1. IX, c. 3, 4. paj. C6. — M im't.,


' 1. m, c. 11, n. 3.
29 MYSTICL IN TLTO.

Jesiiin sequaris; » tcrrenis omnibus dereliclis, vcniri volo; alioqui quoniodopotens esse meus
qnihtis Jésus cjiniit : « libi moii. et « milii a'icr- et ego liais, nisi ftieris ab oniiii propriu volun-
ri.ililt r \ivcie; » ad hivc cniiii îelerna pervenies, tate iiiliis cl foris spolialus? > neinpe illa pro-
si liri'C Icncna conlonipseris. pria volunlalc, sine qua nec nos Cliristi, nec
227. •< Villes, iiifcrl pra'Siil, sine proprieta Cliri>lu-i no>ler esse possil; qua; quidcm innocua
dcsicleraii posse a'tcrnani ciiiii Gliiislo vitam. » non est.

Sanc : « eigo liic agilur de sliidio naliiiali vir- 232. Snbdil : « Uoidam se résignant, sed cuni
Ititiini, ac niLTCcdis in quibiis est piopiielas » ; aliqna e.xceptionu ; non eniiii Deo plene conli-
al ego nibil iionini video qiiif le videie fmgis ; dimt'. •> Kiia bonocommuni ad |iropriani delixi
iu'<|iie (piidcpiani (piaiii pra-sidem casso studio voluidaleni ; unde illud « Ad : Jioc conaie, ul
in quierenda iila pioprietate laborantein. ab omiii proprielale possis exs|)oliari : » quod
lia interprelalnr ipse onuies : « Tune delieieiit
CAI'LT XIII.
vaiia' pb.iiila.^iii', conlurbalioiies iniipia', etcurae
228. « Auctor Imitulinuis exelainal « qiian- :
supeilhi;e lune eliam recedet imnioderatus
:

« luni potesl ainor Jesii, piuus, nullo propiio linior, et iiiordinalus anior niorielur; » lioc esl
« couiinodo, vel auioie perniislus! » Sic pnp_
illc aiiior quo a communi boiio ad jiroprium
sul '. Sed (juid sil illud coninioiiuin iiro|)iiuui,
convertaris, liasque « proprielarius. »
aut propiiis aiiior, scqueiilia deiiionsliabunl:
Noiine iiicrcenarii siinl diceudi, qui consola, CAPUT XV.
tiones seniper qiiaMiint? nonne aniatores sui inquit non potes perfeclain pos-
233. « Fili, 2,
nia;;is (piani Ciuisli probanliu' et Iiicra seniper
sidere libcrlaleiii,nisi lotaliler abiicges teinet-
niedilantur nenipc « solalioruni liicra; » nbi
?
ipsuin; conipedili sunt oinnes proprielaiii et
se ipsos niaiii.s quani Ciirisluin auiaie convin-
sui ipsius aniatores; conjecti quippe in angu-
cunlur non erfj;o innocua est iila pro|»rielas.
:
luin, ut Beiiiardiis incinorabat (n" 120), bine
l'ndc addit : « L'bi invcniet(n- taiis qui \clit Dco
eliam in sordeset maculas quippe ad pro|)riuni :

sei\ire ^itatis » nec sola illa seniper soiatii sen-


:

boiium coarclali, reliclo communi quo pcclus


sibilis inercede duci ?
dilalalur.
2-211. Ila'C (piii)pe prrecesseranl : « Muili illuni
23i. Sic sunt conipedili, aiigusli, maculosi,
laudaiit qiiandiu consolaliones aliquas ab ipso
« sui ipsius aniatores. » Subilit ciiiin, « cupidi,
pereipiunt si autein Jésus se absconderit, et
gyrova^i, quaMeiites sempcr mollia, non qua;
:

niodicuni eus reiiipierit, aut in querinioniain, Clirisli, » cl cx'lera ejusiuodi, qu;e plane
Jesuni
vel in dejcclionein niniiani cadunt - » qu;E sunt :
non vero œlerna ac
eveniunt, se(|ue et sua, di-
in vilio, non in illa lua iniperlectione ac pro-
vina scclanliijus.
prielale naliuali innueua.
233. Nec esl ullus auctor qui de sui abnega-
230. Sululit U"' auteni Jesiim propler
: «
lione lotiestamquc pra-clare dixerit, cuin in eo
Jesuin, et non propler suam aliquain consola- sil neque lanien loto libro uilain voculam
totus;
lionein dili;:unt , ipsum in oiiini liibulalione
invcneris de illa abdiealione desiderii, sive su-
et anijuslia cordis, sieul in sunima consolalionc
pernaluralis, siNc eliam naluralis peiiectionis
benedicMiil et si ntinquani eis consolalionein
:
su.T, ac sidulis a>lerna', quam auclor soninians
dare vellel, ipsuni lanien lauilarenl, et seniper
ubique sibi videre videalur.
pralias ajicre velleiiH; » cui suhjecla siuil (pue
236. Taiilus viUe iulerioris ac perfectac niagis-
ex D. Cauieracensi inox lecla sunt; quaj niliilad explieauda iiunquam ainoris
ter in |)erleclione
ornanienla \irlulum et nicrccdis wienia: voluj)-
naluralis usus est aclibus aut molivis, iiullus
lalein laciunt. et iialura; nio-
licet subtilius disliii.xeril gralia;
G A PUT XIV. loto qiiideni libro, sed prœserlim
lus, libri m,
231. Sed ad proprietalcin redeanuis, quando cap. 5t et oii, ubi de bis expresse Iraelal ; et la-
liujus nolioi'.ein ipso Caineraceiisis eonliielur ab nien nihil laie Iradidit : naliirae molus respicit,
co aiielore esse repelendaui. Hepetanius lil)ii ni non ut gralia' subordinandos, sed ul gralia; con-
a pnesule aliefjaluin capul 3" « Fili, reliiKiuc : trarios^, quippe qui naUiram eam inlellij,'at jain
te. et invenies me : sla sine oleelione, et oinni corruplam ciuii (jua nobis perpeluum bellum
proprielale, et luciabcris .seniper''. » An vero est. Ctelerum dcsideria naturalia proinissorum
iiic .soinniabal proprielaleni naluralein iiii|)cr- Dci el bcala; visionis, quœ a perleelis cvcllenda
feclani lanlum, nec proindc viliosam? Audi: esscnl, neque ipse neque alius quisquaui spiri-
« Nibil cxcipio, et in omnibus te nudaluui in- lualiuinsomniavil.
• Initnicllon putOMle, p. «S /)<• Imll ,1. i, c. 11, n. 3. — ' /)»
ii'iiV., ihùl., n. 1 ; 1. m, c.
;

37. — * Ve t«i/., I. l»i, c. 37, n. "J, — ' Dr imil., I. m. n. — • là., e. 37, n. I. — KIJ., c. 01, n. 1 ;

' Iti., n. 6. t,yj, a. 1, i, etc.


:

SCHOLÂ IN TUTO.

CAPUT XVI. sibi Iribuit Dei dona, vel ipsa Dei dona ipsi Deo
237. Amorem cerle beatitudiiiis loties ex- anteponit : quod sœpe auctor agnoscit, et in
pressif, ut nihil aliud spirare vidcatur : « Fili, vitio ponit : de illo naturali, ac deliberalo desi-
inqiiit S ego debeo esse finis tuus suprcinus et derio quod innocuum, et tantum imper-
sit
ultimatus, si vere desiderasesse beatus; postea^: fecluiu, œque cum aliis omnibus spiritualibus
« Ego sum qui doceo terrena dcspicere, prœ- tacet.
sciitia lastidire,œlerna quœrere, œterna sapere. » CAPUT XVIII.
Quam autem suspiret ad supernœ civitatis bca- 241. Alibi est observata a nobis i D. Came-
lissiniam raansionem, ad œleniani lucem, ad racensis objectio, de imperfeclione niera quam
perfectam iibertateni, ad Dei visionem, ad per- a me prœtermissam queritm-. Sed bœc nihil ad
petuam et imperlurbabilem paceui S; « quanta noslram quœslionem aut ad mysticos perlinere,
patiatur intus '*, » horuni desiderio, testatur, \el ibidem claruit.
maxime cap. 48; sequente vcro s Fili, cum tibi :
CAPUT XIX.
desiderium œternœ beatitudinis desuper infundi
242. Ex his plane constat nihil interesse mys-
sentis, et de labernaculo corporis exire concu-
ticorum, quid D. Cameracensis causa flat, imo
piscis, ut clarilatem meam sme vicissitudinîs
umbia contemplari possis; dilata cor tuum, et
mullum intéresse ne ulrœque causne conncxie
impUcitîPque habeantur. Quod enim myslici
omni desiderio hanc sanctam inspiràtionem sus-
suppositionibnsimpossibilibusgauderevidean-
cipe : ibi, inquit^, aderit libi totius facultas
tur^ sine periculo mercedis aHernaî ejusquevoti
boni, sine timoré amiltendi : \hi voluntas tua
una semper uiecum, fieri lam liquide demonstravimus, ut nullus
nil cupict extrancum vel
relinquatin- dubitationi locus : itaquc supposi-
privatum. » En illa ex privato bono proprieias
tiones illasnemini fraudi esse constitit. Al non
exclusa semper ut in fruitione, ila in desideiio
in tuto est D. Cameracensis sententia qua docet
en in bono commun! bona vita ac felix; ncc
absolu te abdicari salulem sic autem res con- :

quidquam aliud toto libro reperics.


ficitnr paucis. Nam salus œferua profecto illud
CAPUT XVII. eratquod per conditionem et casuni impossibi-
Icin abdicari posse dicebat2 idipsum anfcm :
238. Placet illud deliberare ex cap. S4 ' :

erat quod ex impossibili possibile faclum imo


« Fili, diligcnter advcrte motus naturœ et gra-
;

rêvera evenisse pis; animœ crederent :ergo non


tiœ,quia valde conlraric et subtiliter moventur,
illa naluralia desideria , sed ipsam salnlem
etvix nisi a spirituali et illuminato liomine dis-
œternara abdicabant; quod est impium et blas-
ccrnuntur. » En non modo conlraric, sed etiam
valdc contrarie procedunt. Pergil : « Omnes
phemum, ut etiam supra vidimus. Ergo oslen-
dimusanobis quidem omuino in luto esse mys-
quidem bonuni appelunt, et aliquid in suis dictis
prœlendunt ideo sub specie boni ticos quod erat demonstrandnm a D. vero
: ;
vcl factis :

Camenicensi summum in discrimen adductos.


nmlli fallunlur. Natura callida est, et multos
Superest ut de Schola eadcm statuanuis, (piod
trahit, illaquoat et decipit, et se semper pro fine
perlacile crit. Qno enim magis scliolastici via
iiabct : » quod apcrtc est in vitio.

Quod autem gratia conlraric incedat, ut


quadam ac rationc procedunt, eu se tuUorcs
239.
pra-slant sed id ad tractatum seqnentem dif-
;
I)iusauclor pra^lixerat, iuec ostcudunt : « Gratia
lerri |)lacet.
onmia pure proi)tcr Deinn agijt, in qno et fina-
iitcr reqnicscits ; » (jcid sil autem rcquicscerc
in IJeo, antecedenlia l'acile dociieriml
Iktc crgo : SCHOLA ÏN TUTO
a gratia amoveri non possnnt. (Juod conruinat SIVE DK NOTIONK CHARIÏATIS , ET AMOUli PUKO.
his vorbis : « (îralia allendit ailerna, nec in [icr-
PROLOr.US.
dilione rerum tiuiialnr, (pila tlicsaurum suuni
et gandinm in cu'iinu.ubi nil périt, consliluit; » 1. Tauli inlorest orbis Chrisliani ne Scliohe
,

nmllo posl " « (h'atia iiil temporale placita illnstrLssimi archiopiscopi Cameracensis
ncc ila :

qua'ril, nec aliud |)ra'minm qiiem Deum solum causic connexa iniplicilaipic esse vidoaidnr, ut
pro merccdc postulai. » Ilœc crgo postidare ad inconnnodiim propnl.saudum neccnris
illud

vult : de naluro, cadcm dcsidcrantc amorc im- necvigiliis parcerc deheamus. Is sane, in Ucs-

|iertcctosni, uiliil cogitai. ponsione ail libiinn cui lilulus, .S'h»))»« (/oc/ri-

-IW. Aliud (piidem est |)roprinm quo quis nœ, Mclilenscm episcopum duabus de cau.sis

accusât <i.
Priinum, (piod impugnelcummnnoin
1
//;., c. 9, 11. \.—'Ili., c. 13. 11. 3. — ' II,., ç. .18. — '
De imil. I

I. m, c. 43, 11. 5. — •
IL, 411, 11. I. — » /'j.. 11. 0. — 1 De iiml.', '
Pli l'aco. — Maximes dos saliiU, p. 'Jf. — ' AV-/). m/ iSummn,
c. r,i. 11. 1. — • Jb., c. Dl, II. 1. — » 10., II. 0.
, .,

30 SCIIOLA IN TUTO.

nolionem cliarilalis a Schola liaililam (luod est ,


ut sunt, ejus prœsulis doctrina, sive ut ioqni
falsis-sMiiuiii : luin, qiiod agal illml bubdole : amat, systeina, slare non poteiil ut autcin a :

uiulcexslal iiKHiiliiin illiid ad llieologos • : « Ab commuinoiibus proccdamus, incipinius u bea-


co imoMile silii maxime cavcanl, qui cos celare liludinc in hune modutn.
iliorum doc- I. Fini Dio finis est bcaliludinis.
\o\\el allas iiiacliiiialioiics qiiibus
cliarilale everlcre sala^it. II. De Itealitudine vero llieologi, phiiosophi
Irinam de »

2. Aiiili'iiliiis ci a..! ilitis in Kpixtuht GuUica ,


docti, induclique pariler ila senliunt : eam esse
sut) nominc Jj>rauieiis!s UicvUkji ad iloclorem primum vulilum, alqiie ultimiim (incm quem
Sorboiiicum mipenime Leodii edila : ulii lar. omncs homincs volunt, et uollc non possunt-
valus Lovaiiit'iisis : « K^'u vi-ro, iiKiiiil 2, non (.\uguslinus, millies.)

Iiossiim inlui-ii D. .Meldcnsis scnlenliani de III. l'ra'clai c sanclus Anibrosius eam in rem :

niolivo fnniiali cliarilalis. nisi ulinexciisaliiiein, « qui vcius est linis, is finis est non unius, scd
novaiiKiiic cl apcrlc n'iui;:naiilcm Scliokc aUiue
« omnium*. »

omnibus sanclis anThiuioiibus et rcccnliori- IV. Nc(juc tantum onmiinn hominuin, verum
bus : " ac paulo posl : « Non possum, inqnani, eliaiR onminm acluum luimaiiorutn.
pciiculosam V. Illos aulem actus hunianos dicinius, qui
eani senlciiliam non iiiluci i lit

quicdcli'iidi non possil qniii pariler coiulcni- ralionc, ronsilio, dcliberalioue fiunt.
YI. Ncque quisquam ditlilcliir quin omnes
nctur omiie (|Uod in Eccicsia ma;;nnni cl sanc-
tum est quarc pcrlinere ad eoinm ollicium qni
:
homines quidquid agunt quidquid volunt ,

scliolis pnvsunl, nt ejns scnlenlia» inoliibenda;


quidqnid cogitant, quod ad vilam hnmanam
alicujns momenli esse videalur id oinne ad
viam ineanl. » Miiuni Honiam conliccsccrc ad ,

beatiludinem explicite vc! imiilicitc, sive vir-


lanlum Kcclcsia^ pcriculnin. nccduinniilii datos ,

cxaminaloics cœlcrnm inllal in me classicmn


:
tuaiilcr rcferant. Citius animam aufcras, quam
1>. Cameraccnsis. nnllnmqiic non inovel lapi-
ut cuiquam homini banc mcntem hune sen- ,

dem, ut onmcs academiascommovcat. QufP sivc suin, animi, prœparationcm eripias.

pci- imperiliam, sive per contumeliam dicta,


VII. lla}c de bcaliludinis sludio et amorc na-
diluere nos oporlet. turali gcneralim de spcciali aulem ac superna.
:

3. Ehiuidem a prima juvcnl.ilo sub auctoii- turail Giiristianorum bcaliludinc ,


quœ est in

late Facnllalis llicolopiie l'arisiensis in ScIioKt poliundo Deo ; ccrtum est , supposita notionc ,

sinu nulrilus, cjus placiiis ac dccrctis laciio ac-


et amorc nalurali bcaliludinis omnibus com-
numi, Chrislum tolo Evangclio id egisse ut Deo :
quiescani nec il.;I)ilo (juin Lovani(!Usis acadc-
:

inia, sanclorum Aupuslini cl Tlionia> ciudita


viso,diioclo,posscsso, œlcrnumbealiesse vcllcnt.

disciplinis, nova commenla rcs|)ual, nie(|nc Ks. VIII. Ccrtum item est omnibus theologis per-

lii ac Sylvii vcsli!;iis inlia'rcnteni suscipial: scd lincrc ad ciiarilalem , et esse charilatis illud
propter mei ccnsoris admiiabilcs vcrborum of- l'auli2 : tt Mihi vivcre Christus est, et niori lu_
more, aliquol quivslioni-
iucias, bic scliolaslico K crum : coarclor aulem e duobus desidcrium :

bus ordinatis, accuralissime demonslrare cona- « habcns dissoivi et esse , cum Chrislo , mulîo
bor non modo ab codcm ignniata Schola;
,
u magis mclius, etc. »
dccrcla, vcrmn etiam im|)Ugnala a nobis vero ;
IX. I>oi aulem diligcndi in Scripturis sacris
dclensa. Faxil aulcm Dcus ul, quantum isla rcs (ininino dua; pioponunlur primum,
causx' :

ad intima rclit;ionis spcctat , lauta a me pcispi- (juod in oplimus et inlinite perfeclus;


se est
cuitale . lanla lecloris diligonlia et atlcnlione dcindc, quodcrga nos suinmc bcncvoluselbene-
Iractctur. licus aliis verbis ex Paulo ', ©iXavOccoTioç, aina-
:

lor gcnci is liumani, bonorum onminm largilor.

QUyESTIO PRIMA. X. Quod Dcus sit bcnovoliis ac bcneficiis, id


qtioqnc pcrlincl ad ejus e.xcciienliam ac pcrfec-
Quœ a vobis tueiuln suscepia sint.
tioncni inliuitam.
Autkxlus primus. XI. licnclitium <|uo Deus est benedcus, in co
est vc! maxime, qiiod se habcndum. possiden-
4. Quandocpiidcm I). (lameracensis qncni-
admodnin cvmslabit iufia, lotus in co est nt falsa
,
dum et iii bac vita cl in a^ttrnum douai.
XII. El) orgo benclicio quo est iMineficus, est
milii impiitct, primum omnium exponam qua?
item bcalilicus.
advcrsns illum jiro Kccli-sia catliolica tucii la
XIII. i:r;:o diligere Deum ut est beneflcus, csl
susct'perinijqua'queqiiandiuinconcussacrunl,
eimulcm diiir^orc ut est bcalilicus.
' là., p. 9. — ' 1.1 l'.rc d'un ihculogicn
do Loiivtln a un docuur do
: :b.noc, il Ltfge, cUci llcnii Iloyout, 1098, p. 70, 31. < In fta! , \\x\m, ii. 10. — ' i •..,;., i, 21, 2J. — > lit., ut, i.
QU.4SST. I. QVJF. A NOBIS TUENDA SUSCËPTA SINT. 31

XIV. Hœc autem omnia ad motivum chari- dixerim propler seipsum diiigendum, sive quia
tatis, ut in Scripturis revelala est, spectant. nihil justius, sive quia nihil fructuosius diligi
XV. Negari sane non potest , ex prœcepto potest: » adprimum perlinet, quo suo merilo: »

charitatis jiibeii nos diligeie Deum ut est Do- ad secundum, « quo nostro commodo » diliga-
minus, item ut est Deus noster, item ut ipse tur 1.

conglulinatus est nobis, item ut bene sit nobis'. XXIV. Notandum aulem illud etiam « ex com-
XVI. Hase autem omnia, quod Deus sit Domi- « modo Deum
propler seipsum adeo-
nostro, »

nus, quod sit Deus noster, quod sit benevolus» que casto puroque amore diligi, quia benevolum
sive amatorhominum, eaque cfiXavQpwTri'a prw- illud ac bencficium; unde commoda noslra pro-
ditus quam ex Paulo reluiimus, item quod sit fluunt, sunt vera excellentiainDeo: hoc est vera
beneficus, ac beatificus, quo uno bene sit nobis, et proxinia causa glorificandi Dei, adeoque et
sunt quidem in se absoluta attributa ; neque amandi.
enim ulla in Deo sunt atlributa vere relativa ,
XXV. Hœc vero duo motiva pure diligendi
prœter paternitatem, filiationem ac spirationem Deum non ejusdem sunt ordinis cum prius in-
;

aclivam et passivam ea tamen attributa in se


:
telligalur Deus in se bonus ac beatus, quam Deus
absoluta connotant ex proprio conceptu aliquid beneficus ac bealificus.
extra Deum, cujus connolali ratione liabentcon- XXVI. Quin eliam illud beneficum ac bcali-
junctissimam et inseparabilem relalionem ad ficum, ad illud bonum ac beatmn per sese ordi-
nos, sive relationis cum fundamento in re, sive nalur.
transcendentalcm quamdam sive aliam quani- ,
XXVII. Recle ergo Schola coramuniler, iios-

cunque malueris ila ut sine quodam respectu


;
quecum illa dicimus, Deuin ut in se perfeclum,
ad nos nec inteiligi nec cogitari possint. bonumque et beatum, esse excellenlissimum,
XVII. Charitas crgo in Deum sub illis attri- prœcipuum, ac primarium charilatis objecUim :

bulis, ad ejus perfectionem et excellentiam per- Deum vero ut beneficum ac bealificum, esse
linentibus lendens, ita est absolula, ut iila quo- minus prœcipuum ac secundarium, alleri sub-
que attributa absolula sunt ; ita relativa , ut ordinalum, tamen per sese maximum.
eamdem attributa relalionem dicunt ad nos. XXVIII. Ita sane hœc motiva ordinala sunt,
XVIII. immerito Scliola docet omnem
Nec ut Deus in se oplimus ac beatissimus possit qui-
aclum charilatis esse in se absolulum iiulla ;
dem cogilari cogilatione abstiacliva ac Iransilo-
reali relalione ad nos non tamen absque ullo ,
ria, absque eo quod aclu et expresse cogilelur
respecluralioniscuml'undamenlo in re, propter de Deo benevolo ac benefico sed Deus bene- :

illaaltribula, eorumque connotala quœdiximus. volus ac beneficus ne cogilari quidem possit,


XIX. Non ergo potest amari Deus ut bene- nisi prius intelleclo Deo in se bealo alque oplimo,

. volus ac beneficus erga nos, neque ut beatificus, ordine sane nalurœ el per se cognilionis, non
nisi quadam relalione inseparabili ad nostram tamen seniper teniporis.
beatitudinem. XXIX. Hœc aulem sufficiunl, ul inlelligalur
XX. Non sola nec prima, sed tamen vera causa Deum, ut in se optimum ac bcalissimum, esse
per se amandi esl, (piod « Deus prior dilexerit 2. » specificum objecluiii, quo sine charilas, nec esse,
Vera causa niagis aniaudi, quod i»lura donavc- nec inteiligi aut cogilari possil; Deum vero ut
ritac remiseril^. benevolum acbenelicum, iiiolivum esse secun-
XXI. Hœc perlincre ad verum aclum chari- darium et in primario .sallcm virtule compre-
latis quo peccalu remillunlur, ipse Clirislus do- hensum.
cet *. XXX. Neque enim illud plenc inlcllii\i polc.st,
XXIi. Rccle ergo conjungilur primœ causœ Deum esse in se perleclissinuim, nisi pariler sil

amandi Deum, eo (juod sit pcrlectus, altéra omnipolens, clemens, benevolus; aUpic adeo
causa, quod sit iienelicus: quœ est evangelica ac horum allribulorum amor esl neccssarius, ad
ccrtissima vcrilas. pcrl'eclionem charilalis in ileuui.

aulem causas duas Dei propler se


XXllI. lias XXXI. Omnino ex anlecedenllhiis, pra'serlim
amandi, lioccst ijrol'cclo causas vcrœacgenuinœ prop. xvii, hœc duo moliva iiiagis subordiuala

charilatis in Deiun, (piod sit pcrlectus, et (juod quam coordinala sunt neque ut diue caii.siu ;

sil ijencvDJiis, s;mclus l'.einardus commémorât, propric |)arHales, a'(nio jure coiunirrunt ad ex-
dum (jutui'il « (|uo merilo suo, quo coumiodo cilandam charitalem, sed ila ul |)rima illa alle-
« noslro» Deus propler seipsumdiligalur: verba ram reducat et Iralial in iiropriiim liiiein.

sancli sunt « Ob dupiiccm ergo causam Dcuni


:
XXXil. (Juo magis agnoscimus el hrlamiirt

• rhul., VI, X, XI. — 3 I Joan., iv, 10, 10. — » Lur, vi, 44, 47.
Deum esse benevolum ac bealiliciim; eo magis
— ' J.UC, VJ, 44, 47.
s. Ucrn., De dil. Iko, ca|i. I, li. 1 ; cap. 7, n. 17, I. I.
MJitil.A IN TCTO.

agnoscimiis ne l.Tlariiiir, Piim cssc boniiin, bea- iiiaiii lolius Scli.'ilœ, banc omnium scnlei.Iiam ;

liiMi. siliiqnc oinniiin .siinicicnli.shiimiiii: quo qui oaiii inficiaius sit,nemineni reperiri: gravi
laiic iiuli:^i'iiiii.s iil Minus, cl bcali simus, cuin crrore Icncri Caineracenseni, qui solus inliciari
I

ipM- lire iiDsli i aiuoris iicc laiidis iiidigcal. velil : quod uberius suo loco declarabitur.
WXIll. Ncc si spciiliciim illuil iiioliviim in G. Jlar igilur sunt, quw Jlcideiisis episcopus
sc(\sl|)r;r'slai lins, idco pliiris valol soluiii, quajii non ul sua, scd ul omnium Iheologorum cerla
illa inulivi nlriusiiuc cnmplcxio: ncqiic noslra et firnia dccrela luenda suscepil. Negal idcia
qiiulqtiain inteiost, qiiain iil qiioquo modoDeiim episcopus a domino Camcracensi appellalum
|)ciTcclissiiiuiiii, oiiiiii [icrfcclioiiis gcncic iin- êssc, aul appeliari poliiisse qucmquam, qui sc-
pensissimc dili^amus; naluriC<iae cxccllcnlis- cus .senlial: addil, bunc cssc errormu (juielismi
siiiKi! co iiiagis liaMcainiis, quo maj;is inlcHisi- fonlem, ijuod ha-c uogmata. sivc aliqua eormn,
inus esse non niu(l(» nni\ersini ingénus huma- vel obtcuraveriut vei ncgavcrint.
num, venun eliaiu in uiininquemquc noslrum
propensissiina; alquc elïii.sissiniie volunlalis: se-
QU.liSTIO II.
qiiilur ex diclis, et in praxi ceiluni.
Deamorc iialurali heiititn(linis,ail prop. ' '
""
XXXIV. Sid) Uco ul hencvolo ac benefîco ho.
usque ad "t.
niiunni anialoreae servalorc, inlellineiidus vcnit
Je.NUs (^inistus \cra iliaiilalo ]ier sesc pioxinie Articulls PRIML'S.

diliiïendus, cl ipsani charilaleui incensunis in 7. Ilœc autcm, quamquam


per scse clara sunl
l'alrein : « Sic cniui Deiis dilexit niunduni, ut etsuo slanl robore, lanicn magis magisquc coa-
« Filiiini suuni unisieniUun daret '
; » undc lirmari oporlet. Incipimusautein ab amore bea-
eliain l'aulus 2; « Cliaiilas Ciirisli urget nos ; tiludinis, qui fons est moralis pbilosopliiai ac
« aslinianlcs hoc, ()uia si unns pi'o nobis nior- llieoiogiie omnis, aqiioeliam Ibeologiincipiunt:
« tous est, erp;o onuies niorlui siinl : el pro om- iiuiicamiis aiilem locos unde thcologorum bac
« nii)us inortiius esl Chrislus; ut et qui viviint de re décréta sumanlur.
« jani non sil)i vivant, sed ci cpii pro i|)sis mui- 8. Legendus in primis Magisler, in prinium,
« luiis est, cl resuiTCxit : » quod est purissiinœ dist. d, ubi ex Augiisliiio liu'c lundameiili loco
et plenissinue cliarilalis in Clii i. Liin, ul icdeui- ponit 9 a Rcs alia; sunt quibus Iruendum est,
:

ploreni. alia» quibus uleiidum esl, aliqiue fruuntur cl


XXXY. Aec liccl Salvatorcni non surnnio utimUir; illœ quibus fruenduin, nos bcatos l'a-
amore dilijîcre, r:ii saluteni diligal ncc, leste
:
ciunt illis quibus utenduin esl, teiuleiiles ad
:

Apustolo, saluleni alio refene, « quani in lau- beatiliidincm adjuvautur, ut ad illasres quœ nos
« dcni gloria^ l)ei : (|uouiam ex ipso, et per bealos laciunl, pcrvcnire, ciscpie inlia;rere pos.
« i|isinu, et in ipso suiil unuiiu : ipsi gioiia in simus. » In ea pra-cipiie verba legendi .sunt, ex-
« sa'CMJa 3. »
recentesve in eam
ceplo niillo, anliipii (|ui dis-
XXXVI. Kx bis anteni liquet. cliarilateni recta liiiclioneiii sci ipserinl. Legendus sanctus Tho-
ferri ad li iienduin ; ncc iiniiierilo eaiii a sancto mas, 1-2, q. 1 el se(jueiilibus, cl ejiis commcn-
Aufïuslino, .setpicnle i'\la^i>lro, sancio Tlionia. lalores ad unuiii pariter omiies post ip.sura
Scolo, aliis(pic llicologis, iLi deliiiitani, a ut sit
concliidenlcs, bominis esse agere propter ulti-
mollis ad IViiendiiin Deo propter ipsutn,
aiiiini
miim liiiein '(|. 1, a bmnana' vila; aliqiiem
1) :

et se atqiie proxiino propter Detiiii » ipio Iota '•


:
es.sc liiiem iiltimimi, neni|)ebealitiidiiiem:i|uem
qua-slio iacile diriiiialiir : al(iue Iv.vc siint qu<e lineni omiies voliiit. et propler qiieni oninia
luenda siiscepiimis, (jniiiqui; el trigiiita sex pro- adeo cerla
velinl. (Art. 4, 0, 7, 8.) (Jua^ us(pie
posilionibus coinprelieii.sa, Ca>tera, de eversis
sunt, ut bis laiiquam communibus principiis,
coinniunil)iis Sclioiic decrelis ac iiolionibus, uti pi\Tiii\iiiius, piiilosopbia el theoiogia imiita-
Cal.so noliis imputala, constaliit. tur. llac eigo de causi a citandis aiictniiljui;
Ahtk.ii.ls II. ab.slineinu.s, ne nos irrideant, wrla el clara.
S. Siiinma est, Deuin ut in se bonum at(pic
ncc a quoquam negata, superflue studio asse.
perl'ectiim. esse priinariiun ac pra'ci|iiiiim, iino renies.

etinnispecilicuiiichaiilalisol)|ectiiiii: Deiiinvcro Articulds II.

ul lienevoliiin alqiie iK-nelicinii, liaiid minus 9. Alrpic ul con.slel illud esse de onini inlel-
e.sse veriini ac ncccs.s.iriiini, licet .seciindarimu lecliiali creatiira l'iiinniunedecrctiim, aïKiiamiis
niulivuin ejusdcin cliarilalis: liaiic e.ssecerli.si-
sanclum doclorem iLi de angclis dis.serentem ^ :

< Jonn., i|i, le. — : n Cm:, v. M, 15. — - Jiphu., 1, P, 12, U. Aiij., D- du(l. Chritl; lib. i, c. S, n. 8. — » I. p«rl., q. 69.
* :.jm., XI. cr..
art. l.
QVMST. IF. DE AMORE NATURALI BEATITUDINIS. 33

« Primiim, in anp;elis estvoluntas, hoc estincli- et fundamentum omnium aliorum; quia onuiis
nalio adbonum, ex cognitione qua cognoscunt motus proceditab aliquo immobilii « illud au- :

ipsam boni rationem, quod est proprimn intel- tem immobile est ipse beatitudinis appetitus, qui
leclui, et hase (quœejusmodisunt) perfectissime ita se habet in voluntatis actibus, .sicut sehabent
inclinantur in bonum, non quidem quasi ab alio in intellectivis prima principia atque omnino :

solunimodo directa in bonum, sicut ea quœ co- necesse est « quod sicut intellectus naturaliter
gnitione carent neque in bonum particulariter
; adhœret primis principiis, ita voluntas ex necssi-
tantum, sicut ea in quibus est sola sensiliva co- tate inhœreat ultimo fini 2 : » qui finis ibidem est
gnitio sed inclinata in ipsum universale bonum
:
:
ipsa beatitudo.
et hœc inclinalio dicitur volunlas. » Non ergo Articulus IV.
est in angelis tantum inclinatio ad bonum, na-
Hujus autem rei radix est, quod beatus
14.
luralis illa sine cognitione, sed ex ipsa cogni-
Deus et habens seipsum, creaturœ cuilibel ad
tione boni elicita.
imaginem suam faclai concédât, ut sit beata per
10. « Secundo, in ea voluntate est dileclio
naturalis secundum volunlatem ex cognitione
assimilalionem sui ad Deum 3. « Unde beatitudo
« est objectum^ » fitquehomo beatus,
voluntatis
scilicet 1; unde sequitur quod sit in eo eliam :

vel Deum, vel umbratice, habens


vere habens
dilectio electiva, quia voluntas naturaliter tendit
speciem Dei in parlicularibus bonis a Deo crea-
iti suum fmem ultimum 2. Omuis enim homo
tis. Beato autem Deo pro lanta verilate homini-
naturaliter vult beatitudinem, et ex hac naturali
bus revelata, sit gloria et honor sempiternus
voluntate causanturomnesaliaa voluntates, cum :

amen.
quidquid homo vult, velit propter finem (quod :

etiam competit angelo » in quantum natura in- Articulus V.


tellectualis in angelo perfecta est. » re clara abstinendum judicavi a
15. Etsi in
11. « Teriio, illa dileclio naturalis est amor congerendis doclorum teslimoniis, Belgarum la-
éui : eo quod in rébus cognitione carentibus men clarissimorum tlicologorum gratia, com-
unumquodque naturaliter appétit consequi id memoralos volui Estium et Sylvium omnium
quod estsibi bonum, sicut ignis locum sursum : antesignauos. Certe Estius de fruendo et utendo
unde et angélus et homo naturaliter appetunt post Magistrum ex Auguslino disserens^, .statim
suum bonum suam perfectionem et hoc est
et : prœmitlit ut certum, ipsum frui ad amorcm ejus
amare seipsum » (eo amore quem supra posuit rei pertinerc, « in qua quis deleclatur propter
ex cognitione et voluntate scilicet). seipsam; sic nimirum, ut in ea voluntas con-
quiescat tanquam in summobono et fine suo ul"
Articulus III.
timo uli autem esse rem propter aliud quo
:

12. Ex eodem universali principio orilur in


fruendumsiliuopcralionemassumerc,dummodo
hominequoqueamorbeatitudinisS.- « Suntcnim non in ea volimtas ut in ultimo fine conquiescat « :

quœdam bona quœ non liabent nc-


particularia
quo loco aperlc cum Magistro, imo cum Augus-
cessariaui connexionem ad beatitudinem, quia supponil omnes fruentes et ulentes, hoc est
tino,
sine his potest aliquis esse bealus, cl hujusmodi omnes homiues ratione u.sos, in beatitudinem
voluntas non de necessitateinha'rcl. Sunl anteui lenderc tanquaui in uliiunun finem in 1
: di.st.
qua!(iam habentia neccssariam connexionem ad in ipsis iniliis Sj 1 : Sj 5 vero, docct ox .\ngustino,
beatitudinciu, quibus scilicet homo Dco inhœrct, « propter solambeatilndinem tanquam (inoni ul-
in quo solo vera bealitudo consistit; sed lamcn timum et suuunuui, amandas es.sc virtutos. ta.
anicquam per cerliludinem divinœ visionis né- moisi liabeant in se unde auioulur. » lu 3 quo.
cessitas hujusmodi conncxionis demonslrctiu-,
que, dist. 3i, § 8, supponil u tiuiorem, ut et om-
volunlas non ex ncccssitatc Dco iuhan-et, nec his nes alToelus, procedere ex amore, cpio naliuali-
qua; l)ei sunt, sed volunlas videnlis Dcum pcr
ter sibi quisque vult benc, et in génère lelicila-
csscntiam neccssario inhiurcl Dco, sicut nunc ex tem appelit. »
necessilatc vohunus esse btîati. »
16. llunc .secUiri solilus Sylvius, ejusquc ferc
13. Ex his consliluitnr quœ sit natnra vohm- verbis usus, posteaquamin i parte, q. I, secutns
talis hum.inœ qua; ncmpe est, vcllc univer.sim
:
est ad singulos articulos onmos conelusioiies
suaui bealiUidinem, at{|ucexliac necessaria vo- sancli 'riiiiMia', in u deiiuie parle supponil < di-
luntate prosilire in omues parli('(darcs aclns li- li'clioneMi et onmia Ixina opéra exercenda e.sse
bcros; upurlcleninKpiod ilhid<|U(id naliuali-
«
propter beatitudinem : (quia) inordinulum osl
Icralicui convenitclimmobiliter, sil prinri|)iurn
I
/'../. un l, ,|. 10. an 1. — M ' , art 3 — ' l pirl., q. :C.

I
1 (lurt., i|. 10, Bil. 1. — 2 Jli., «ri. 2. — ' \ |i.icl , nri, ï iir(. l II J — •
I par;., art. 3, ad a. — > /:•'.. In i. dist 3(1'

B. Toii. VI.
34 SCHOLA IN TUTO.

non onlinaro modia in snnm prnpriiim ac lopi- beatitndinis interveniat semper actibus noslrîs
Umiiin Imu'UI, scilicfl iii .l'iciii.iiii liiNililiidiiiein : r s;dlem virtiiaiiler, indiii'cle, impiicile, conliisc ; »

in 2-2, (j. 27, arl. 3; (juo loco siipiionilciiin om- quo qiiidem veris talsa |ierniiscel ; qnid si( illud

nibus llii'i)l<)?is, i[ts(H|iie saiiclci Tlumia, oinncs « conlnse » sno loco meninrabiums cerle non :

oiiiniiio Imiiiiiii'S in (|ii(ii'iiiii|iii' acUi sorio. agi « indiieele » inleivenil, <piiid habel objei li pro-
ad |j(Mtilii(liiieni, de qiio diibitarc porlenli loco jirii ae linis nilimi ralionem : (jiind inler\<'nit,

essel. ul illud « immobile motus onmes » (pio Inleinii-

17. Vides, leclor candide, « proptcrsolain bca- tur, ut dicebat sanetus Tliomas quod : inlcrve-

titiidinciii.lanqiiain (iiit'in nUiriiiin), viitiilcscssc nit more « primornm luineipiorum » in eonclu-

aiiiaiida^ l'aMpii' ad Ihiiic liiicin |jrii|>iitiiii ac k'- sione onmis argumenlaliiinis \ero ar nece>sario
giliimiin non ordinarc, Ch.se inordinaluni. » U"0 inlluxu. Uiiiire longe abesl ab inlervenlu <> indi-
qnid csUlaiiiis? cl lanien laisuni essct, nisi l)ea- recte, » inlUixus ille « ini|)licilus et %irtnalis, >

liliido lord omiii crcalurœ inlclligcnli linis na- quo eflieilur ul qucmadm<iduin inlellectus pri-
tnralis idtinuis. marnm ratiomnn sivc prinei|iiiirum vi, ila volun-
Dcniiinc rogamiis D. Camcracensis an possit tas bealiludinis tan(piam objeeti proprii ac finis
vcl iiMiiin anl pliilosupliuni anl llieologiim ap- ullimi vil Iule movealnr. Non ita verus Lovanien-
pcllarc (pii sociisscnlial? Video coiij("clin-as,ron- sis linis ullimi ralionem ac vim, sanctorunque

soculioncs, raliocinia, alla cjnsniodi discrlissinie Auguslmi etThoma; aiictorilalem eluderct.


copiosissinioque congosla,qiiai non ad elucidan- Articulus Vil.
dain, ad involvcndain rem onuiino pcrli-
.scd
Cameracensisenor gravissimus;
20. Ilinc D.
neanl, aniniunKiuo ahstralianl a vcro (pia'slionis ncmpe.Melilensi, erroriimpulalmn , « liominein
slatii. De his suo loco dicam lumc qiiano, an
sibi niinquamavellcre po.sse molivum bealiludi-
:

possil aflVrre pro sua senlenlia vel nnius aiicloris pnedito liomineni oui
nis in ulio actu ralione :

conclusionem, asserlionem, proposilioneni? si jaclilant messe facultalem ageiidi .sine bealiludi-


habel, prolcral si vero non liabul, qui nullam
:
nis molivo non se amplius nossc, et sibi illudi
prolidil, cesscl inccsserc comnuniL'ni onniium
credere, dum ainoiem sine bealiludinis propo-
lUeologiam. silo i)raHlicant '. » Verba mea recognosco haud
AUTICULL'S VI. inl'elieiler ex (iallico ver.--a ; nec pudel, clsi centies
18. Mirum insanclinn Augnslininn, in sanc- loto illo libello id niilii errori impiilalur : quos
tum Tlioniam, in Kslinni. in S\hiiini, Uclgii dé- locoslalsusquoqiie Lovaniensis, D. Camcracen-
cora, pcrsonaliMU Lovanicnseniaddiiclmn, cnjus sis lidus, exscribil 2.

luec \crba simt ' : « A .sanclis Aiigiislino etïbo- 21. Ad\ersus illam non nicam sed lotius thco.

nia aliisqnc muUis.signilicaii liaiid inlrt'fpicnlcr, logiic senlenliam plenis veiis inveliilurinea dis-

desidcriinn boaliliidinis adeo lioniinis poclori seiiuliviic cni titiiliis : Verœ Oppusilivnes inUr
in^iluMl aique inscparabilc; ni ipiodannnod.i iir doclriiKim D. epiatopi Mehlcnsis et iiwam : in qua

li'rvi'nial unniibiis alTcclibns, niolibns, aclibns. n dis.sortatione et ante dicta prolert (n. super.) et
Uuibiis vcrbis, nt polest, cerlis.siniani et cviden- lia'c mea addit ^ : " Meldensis pollicetur se de-
lissiniani vcrilalcm exloniiat. Uni"' eniin « ninl- monslralnrum ex Sei iplura et l'alribns vocom
los » non onnics onniino coniniemo-
lanlnni, cl etimmunem iialura' lolius, née minus plii-
e.sse

ras? Ui'iii appdlas \iA innnn qui a sancli Angiis- losopborum quam Cliiislianornm, omnes vellc
lini, lolinsquc adeo gencris Ininiani anclorilalc esse bealos, et nolle non |)osse, neipie sibi eri-

disccsscril / qnam a-gre anleni vcruni conlilcris, percposse hoc molivum in quoenn(|iieaeluqnem
qui liu'C dixeris « liaud inhi^inenler » a.sscrla, ratio eliciat : ila ut onmiuui aettium, Iota Scliola

qua' nnllani non opiileanl paginam? deni(pie eonseiilienle, is .sil linis ullimiis: » iMiruin : lia?c

qnid ,sibi \ull luinn ilhid « (piodannnodo, » qnod \eibamea laïupiam iiiiisitala reprehendit : ex
intcr\enial, » ni linis nllinnis proplcr qnein » bis lilein moNel Iota di.sserlalione\iginti tutis eo-
fianl iHiniia -i? qnod inlervcnial nt « objeclinn qiie amplius paginis. tjnanto eilins (pia-stioiiem
propriinn " ac nalnrale « objcclnm enini vo-
: ab.solveret, si adiluceiel vel nnius tlieologi con-

( lunlalisesl bc.ilihido''< : » iicc proinde niagis clu.siouem ullaiii! nos enim lolam Seliolam tes-

se|iarariabaclii volnidalisbealiUidopolesl, quam tem airerimns : sancli ilioiiKe dicta niliil aliud
a visione lumen anl culur. qiiamex.seribimns : ipse\eroan \c{ iniuin tlieo-

19. l'orro Lovaniensis snnm illiid « quodam- loguiii prolert, cui noMim sitaut diibium.sillem,
modo interprcUitur his vcrbis ^ : a ut aiuur « uunies velle esse bealos, eiunquc lineui esse

u-iriiun iiii..Ui«KM, lie ;..,uv,i;h, |.,


' n _ ];,Us 'p., n. s et
? '
liÊsp. 0/ Sunima docl p. 0. =
,

Inslruclian «ur les culs d'i>-
tcq. iisqiic ad U. —
J6., ex S. Th. —
' LcUra d'un lhcolo{iei « r.iiion, 1. X. —' Lcttn d un tbéoloàicii de Lou\4iri, p. 33, Ole. <—
1.68. « Vppoi., p. 0.
,

QU^ST n. DE AMORE NATdKALI BEATITUOLMS.


35

iiltimum omnium acluuin humanoium quem leni esse hideclinabilem ut nonipsos « semper »
nemo noUe possit? » NuUum ; quid itzilur? ratio- diligamus, neque fieri posse ut nos dihgamus
ciniis, incommodis frustra excugitalis, consecu- nisi nobis optemus supremmn illud bonum
'

Uouibus, conjecturis, sermonem consumit om- quod est unum necessarium. » Recto ergo as-
nem : nec imquam cogitât duplex incomuio- serimus, tam nemini homini eripi posse, quin
dum : alterum, quod sub meo nomine sancti « semper, » adeoque in omni actu
motivum
Thomas dicta repreliendit : alterum, quod sibi habeat beatitudinis, quam nemini potest eripi,
<psi adversalui-, ut sequentia declarabunt. quin seipsum « semper » et sme intermissioné
Articulus VJII. diligat.

22. Urget sane nos D. Cameracensis liis ver-


28. Rursus Cameracensis m eadem Instruc-
tione pastorali docet 1, non posse negari illud
nis 1 : <c Si Deus, inquit Meldensis, non esset to-
« quod suppouit Augustinus indeclinabile
tum hominis bonum, id est alla locutione, beati- pon-
dus continuamqueimpulsionem (tendentiam) in
tudo illius, tum bomini non esset amandi ratio
beatitudinem, id est in l'ruitionem Dei.
quœ alio modo non explicatm-. » Hœc igltur mea » Sin
Aerbasunt ex Slatibus orationis 2, quœ Camera-
autem continua nuUi actui deest; si indc-
est,
clinabilis, nuUi déesse potest : ergo iterum at-
censis aperte repreliendit, necadvertithœcverba
que iterum recte asserinms, nemini motivum
non mea, sed expresse sancti Thomœ ita
esse
illud unquani eripi posse illud tamen ipsum
3, quod unicuique erit Deus tota ratio
:
inferentis
est, quodD. Cameracensis in me vel acerbisshne
diligendi eo quod Deus est totum hominis bo-
;
repreliendit.
num dato enim, per iuipossibile, quod Deus
:

non esset totum hominis bonum, non esset ei 29. Atenim « id Augustinus asserit de béa-
ratio diUgendi « qui locus sancti Thomœ ad li-
it innata nec deliberato ;appetitu 2. „
titudinis
:

Sic respondet Cameracensis sed quid nostra


bri mei marginera erat allegatus. :

23. Atenim id Meldensis interseruit, «totum


nunc? Utcunque enim se res habeat, pro certo
« hominis bonum « alla locutione esse beatitu-
relinquitur,homini deliberanti ac ratione utenti
dinem sane rêvera enim beatitudo, quid est
: :
motivmn non posse quod
beatitudinis déesse :

et erat a me probandum, et a D. Cameracensi


ahud quam a totum hominis boniun? » neque
reprehendi potest Meldensis episcopi
maxime reprehcnsum.
interlo-
30. Nec tamen sinimus D. Cameracensem in
culio.
œquivoco ludere si enim innatum sive natu-
An forte reprehendis illudmeum: «non
24. :

ralem beatitudinis appelitum cœcuni illiun no-


« aliomodo exprimi diligendi rationem? » Quo
enim alio modo melius exprimi potest « ratio minal sui boni appelitum, quem et in planlis
et in lapidibus tolaSchola, et ipse eliam sanclus
diligencU » quam bis ipsis verbis, ratio dili-
tt ,

gendi ?
Thomas passim agnoscuut ; non eo sensu houio
appétit beatitudinem, sed sciens volensque sed
25. Non
ergo Meldensi, sed sancti Thomœ ,

verba Cameracensis iinprudens, ad latus licet


ex cognitione indila a; nemo enim non liabct
nalurainsitam boni a petendi rationem cl ideam.
annotata, Meldensi crimini vertit, cumque ut
scliolœ inimicum proscribendum decernit ab quœ cognitio quatenus clarasit, iufra rel'ere-

academiis, licet appellalo scholœ principe glo-


nius nuncid suKicil, ne cœco hnpetu in boa-
:

tiludinem trahi nos putemus sed ex cogitatione


riantem. ;

cerla, adeoque ex appelilu non quidem deli-


26. Alqui auctor non semcl iu eum iuipingit
berato, sed lanien eiicilo, qualis est bealorum
scopulum : ecce eniui in illa disscrlaliune De
IJei visionc Iruenlium necessarius, nec liber,
veris oppositionibus inlei' meam suamque scn-
tentiam sccimdum Meldensum, inquit'*, si per aut deliberatus, sed lanien a volunlalc elicitus
:

divini boni anior, utdicluni est 9, 10 et seq.)


impossibile Deus non esset bominum beatitudo, (i\'=>

non esset illis ratio diligendi. » Uuœ ilorum at- 31. l'rœclare igitur sanclus Thomas nos do-

que iterum milii imputât, atque ex bis in tôt cuit talem esse in nobis amorom beatitudinis
ubsurdu me conjiceru nilitur nec me, sed sanc- generalim. qualis est in bealis Dei AÏsi ainor :
:

tum lliomam cujus iiac verba sunt. id est tam tamen lam elicilus,
iiecossarius et
verœquevoluutatis acius, licet non deliheralus,
AUTICULUS IX.
nisi lorle qiioad aciuale quoddam exerciliiun
27. Uii'd quod non jani sanctum Tliomam
32. Mhil ergo diun innalumagit pravsid,
sed seipsum in me repreliendit? quippe qui in
bealiludinisamoremconre.ssns, ab oliiilu.inio et
Imtruclione pastoraliconlilaniur^ « necessila- a deliberato uctu motivum hcaliludinis amovere

lujt. — • :m, q. ïe. «rt. 13, Bd 3.— ' Opp. p. 20. — * Jiiil., u. U. Jli-, II. IM, p. 47. — : lii^. p.i •Ju. p.' 47.
,

35 SCnOI.A l.N TUTO.

se possc pulat ;
pcrfocio cnim vcl illnd cngitaïc VI. Beatitndinem esse voluntalis objecluni ;

dcLuissel, onino dclilifralnm ex insilo et iia. cl qunî sit biijiis rei radix ^n" M).
turali procoiltic, ncqiic possc non cssc ilii coii- VU. l'rcipler beatiludiiiem amandas esse vir-

grmini : oiniie lihcriim naliiraii et iiiiinoliiii tulcs (nO 15;.

ut (lociiil sancliis Thomas (n" i-i): lieiiirpic VIII. Onmium alTectuum radicem c.s.se appe-
nili,
niillimi aclimi ab objcclo suo, a suc fine uilinio titum cum, quosquis .sibi benc vult, et bcalitu-
scparari possc , ut supra conslilit (n" 8 cl scq.) dinem gcncratim cupit. {Ibid.)

33. Habct quidcm id aniiiius liunianiis, ut IX. Inordiiiatum esse actuni onmem, qui non
quai sil)i vcl niaxiino cordi siinl, ca non seni- ordinatur ad bcalilndincm tanqiiam ad legiti-
pcr aclu cxprcsso cl porspoclo coprilet : quin mam fincm '^n" 16;.

eliain cjus ici quani vcl iiiaximo anioïc prosc- X. Quam sit alhsurdum , amorem naturalem
(jualur, occniTcntoni sibi cofîilalioneni ad tenu beatilndinis influerc indirecte Uintum in omnes
|)us avcrtcrc, et alla copitatione acliiali et cx- actus humanos (n^ 19).
Noqiie lamen propler XI. Qui liaT negaveril, neminem adductum
pressa magis delincri volit.

ca minus agit ex illo inlimo ac lateiilc niolivi» nec addiici polui.ssc (n'^ 18, 21).
et appclilu : id enini a;:imiis, id omncs llicologi XII. Sub mco nomine vapulas.se ipsissim»

nnlld e\ce|)ln volnnt, ut qiiivis acliis ralionc sancli Thoni;c verba, a me diligenter exscripia
(nO 2-2 et scq.)
p:a'ilitus elici dcbeat ex motivo bcalitndinis,
non explicite senipcr, scd sivc explicite, sivc XIII. Qui hœc impugnavit, sibiipsi adversari.
implicilcct virlualitcr. (Ex n" A, propr, 2 et scq.) (N'^ 2", 28, 29, 38.) Atque hœc de amore nalu-

est actus ad queni rêvera non rali beatitudinis dicta sunt.


NuUus ergo
inipellamur beatitudiiiis studio ejusque vir-

tulc ncqiic licri polcst quiu exprcssa persœpe


:
QU^STIO m.
se prodat inlonlio. lia ergo abslralii potest ani- De amore supernoluraUs bealitudinis, matenus
mus nunquam ab im-
a molivo bcalitudinis, ut spécial ad chnritatem : ad n. A, prop. i et 8.
plicitoclvirlnalisallem, ab explicito vero non
AnTlCL'U'S PUIML'S.
diu temperatur siciit Lutetia proficisccnli Ro-
:

mani, non quidcm scmpcr, sed sœpc rccurrat 35. Cum


gratia supponat naturam eamque

ncccsse est Homa quam pclil. Qua? cum auctor perficial,definilumque ab universa Schola sit,
impugnat, non me, scd sanctum Thomam, scd natura! toliusultimuin finem essebealitudinem;

sancluui Auguslinum millies, sed lotam thco- conseclancum est ut et gralia homini Christiano
logiaui,ipsiunquc naluram, imo vero cliam seip- proponat beatilndineni quam in (|uocunqucaclu
sum impugnat, ut dictum est. justus exquirat, qua de le totiiis ScboK-e, ac pri-
mum sancli TbomaMncnlcm exponimus, ejus
AnTicui.us X.
locis ordine rccensilis.
3i. Summa dicloruiu a thcologis de amore 36. Ex 1-2 «Cliarilas non : est quilibcl amor
natnrali bcalitudinis, lus fere proposilionibus Dei, sed amor Uci quo diligitur ut bcalitudinis
conlinclur : objectum. » (0- 65, art. 5, ad 1.)
I. Omncs utenlcs et frucntes, hoc est omnes 37. Ilem ex qua^slinne 114, art. 4 : Motus
rationem usos, velle esse bealos (n'» 7 et 15), humaiia' mentis ad Iruilionem di\ini boni est
II. Id commune angclis clhominiinis (n'' 9, propriiis aclus cliarilalis, pcr quam oumes
iO 11). aclus alianun virtiiturn ordinanlur in hune
m. Inclinalionem sive apjjetiluiu ad bealitii- linem. »

dinem laïKpiam ad (inem ultiniiiiii in inlellec- 38. Jam veiiiamus ad 2-2, q. 23, et scqucn-
tnalibiis ercaluris, ila esse naliualcni ut ex co- tcs, quibus sanclus doclorrem expre.s.se tractai:

gitalione sit elicitus. (Ibid.) Charitas qu.c amor, non coucupisccntiœ


est

IV. Ilanc esse naluram vobifilalis liiunana; sed amicilia> hoc est vera et genuina chari-
,

ut elbealitudiiiem cl ea quormu necessaria con- tas, lundalur super conununicalione honiinis


ncxio cum bcaludinc clare intclligiliu-, nccessa- adDeum secimdum (juoil nobis suam bcatitudi-
rio appelât (n" 14). nem eonuniuiieat » (Q. 23. art. 1.)
V. Ex bis qua; necessario appetunlur, tan- ;i'.i. « Hoc liuwlamcnto posito , conscquun.
quam ex iinniubili |irasuppo.silo fundamcnto, tnr isla : bonum di\inum , iu (iiianlum eslbea.

elici ac prosilire onuics lilieros actus eo ritu : titudiiiis objecluni, habcl lalioiiem specialein
modoquequo in iiitelleclivis conclnsiones om- boni , cl iilooamor tliai rilalis, (|ui est amor hu-
ncs il primis rationibus ac principiis oriuiitur jusboiii, csl specialis amor. » (Art. i.)

(i.o 13). 10. Arliculo vero 5, jungit divinain bonila-


,

Qll^'ST. DE AMORE SUPERNATURALIS BEATITUDINIS.


37
lem, ut objectum cura ipsa « communicatione
46. Ego vero adeo hic directe specfabam
« beatitudinis super quam hœc amicitia funda-
Deum, ut id eliam expresserim , « Deum
« tur » (chaïKas sciliceJ.) dili<^i
ut
communicatorem beatitudinis , sive ut ait •
41. Quœstione deinde 26, art. 1 « Dilectio
,
:
sanctus Thomas, secundum quod
nobis cominu-
charilalis tendit in Deum sicut in principium mcat suam beatitudinem. » ^Sup. nis38
bealiUidinis, in cujus 44 ) Si
communicatione amicitia ergo hœc gi-avia molestaque
sunt, horum're-
charitatis fundatur; » unde sequitur (ad
1) : prehensio non in me, sed planissime
« Cliaritas tendit in ultimum finem sub ratione
in sanctum
Doctorem cadit.
finis ultini, quod non convenit ulli
virluti, ut
supra diclum est. « Postea, art. 2 « Deus prœ- :
Articulus m.
cipue ex ciiaritate diligendns : ipse enim diligi- 47. Personatus Lovaniensis
objicit in Slatibus
tur ut beatitudinis causa. » orationis multos sancti Tliomœlocos «
42. Locus autem ubi dicit unius
confuse »
esse charita- esse allafos; uec mirum, cum
non rem ipsam
tis, ut ordinet cœleras
virtutes in finem ulti- tractandam, sed rei summam delibandam
mum, sus-
est q. 23, art.
7; cujus rei radix est, cepissem. Ut deinde respondeat ad
lot perspicuos
« quod ultimum qiiidem et
principale bonum sancti Doctoris locos, copiosissime
exponit doc-
hQininis est Dei fruitio et ad hoc ordinatur , trinam 2, cujus hœc summa est.
homo per charilatem. » 48. « Sauctum Thomamex sanctisDionvsio
43. ei
Cœtera innumerabilia prœtermittimus Augustino agnovisse, amorem ex
quia ista sulïiciunt, ut
naku-a sua
habeautur ha?c quinque : esse vim unilivam amantis et amati s
: hinc ex
1° Amorem amicitiœ sive cliaritatem l'undari in eodem sancto Thoma
communicatione
diversificari amorem in
beatitudini.s, 2° Bonum divi- non soluni per fines et motiva
varias species,
num, in quantum est objectum beatitudinis, a sed etiam secundum varia gênera
,

charitate unionisamanli
spectari. 3° Cliaritatem
temlerc in proposita *.
Deum ut est principium et causa
beatitudinis. Ex
49. lus sancli Thomœ, sancli
«
4" Charitatis esse Dionysil a'
non alterius cujusque virtutis, sancti Auguslini locis facile intclligitur,
utuiDeum tendat tanquam in ultimum (hiem,
duo con
sideranda esse in amore cliaiitaliss ;
qui finis ultiinus est ipsa beatitudo, primum'
ex anle dic- divinam bonitatem quam ille amor prœcise
tis. (Supra q spec-
2. n"
8 et seqq.) 5° Ultimum et tet ut finem et molivum foimale
principale bonum hominis esse alterum, in :

fruitionem Dei, eadein charitate essa considerandam


ad quam ordinatur homo per cliaritatem. eam l'ciii
quam omnis amor respicit, et in quam csscnlia.
44. Hœc igitur suiit
Instructione de quœ in hter tendit; nempe quamdam
slatibus oralionis ex sancto
unionem cum
Tlioma proluU i amatoad quam omnis amor aspirât, et eam
hœc sunt qiiœ D Cameracensis in me
:
rem
reprehen- sancto Thomœ esse ipsam communicationem
dil 2; quamvisnihil aiiud
quam angelicum Doc- œternœ bealitudinis.
toremexscripserim; tanta cautione, ut
ne qui- 50.Cœtcrumillaiu communicationem beati
«
dam sinipliciler et absoUite dixerim, charitatis tudinis qualenus est unio cum Deo , non
objectum esse
,
esse
Deum ut « communicatorcm bea- fiiiem,iiiotivum,ctrationemloriiialcm(liligeiidi-
titudinis, sedeamesse unam ex lormalibus ra sed taiiliim respici beatiludiuom, ut rem in
tiombus diiigeiidi DcLun s, »
qua
sive piimariam sive consistât illud unionis genus ad quod aspirai
sccuiidariam; a qua qtiœstiono lune
ullro absli- 3harilas ".
nere me profitebar "*.
51. » 1m go unionem illam adeo non
esse mo-
AUTICULUS II. livum charitatis, ut ipsa cliaritas ex perfectionis
45. Ea de divinœ molivo illam rcquiiat unionem. »
rc D. Cameracensis hœc ^c^ba 52. Ilœc lictus Lovaniensis quœ in pauca
sunt 5 : « Si D. Meldcnsis hœc de Deo diceret ut coii. :

est objectiva bcaliludo, inter aliaattribula


Iralumtur in disscrialione De opjwsiliouibus \
iiiclii-
dens quod sit bealilicus, posset cuuciliari
Nunc autem quam hœc quoquo vana sint, sc-
cum quenles quœsliunculœ oslendent.
Sciiola; scd, quod molcstum
non de Deo est,
loquilur, sed de bcatitudiue quam nobis
com- Articulus IV.
inmiicat Dcus; Deuiuqiic respicil taiilum
ut est
causa, principium, oi)juclum i)catit(ulinis; 53. Quœro primum
iilium charilas scpaiari
,
»
quie vei ha non iiiea .sunt possit a desiderio unionis? Negat auclor, ex
.sed expresse sancli ,

'Ihoiiiœ, ut vidiinus. (N'^SO, 39, sanclorum Auguslini, Dionjsii cl Tiiomu;decre-


41.)

' Inslnictloii »ur lob a s d'or., — _


' Insirucl. sur U-s ilals dur, iùid. —s
Uiirc d'un U.i-olugic.i d*
»
(il

Inslinct. sur Ion cluts dor., iàid.


1.


y.

u,J.
i

-
(t„„ ., ..
g ,
'
Loiivain, p. 03. —
> Ib., p. 6^ M. —' 76..
p. M, W. ' —
10., p. r.r.
• i
ùfp', p. '3.
66. -» Ib., p. 66, 67. ' —
0;,/>., , p. 20, àl.
,

3«? SCIIOLA l\ TUTO.

lis, (luibus conslat ipsiim amorcin ex natura sua


cos, nisi inde depromplos? sperat lamcn auctor,
l'^sc iiiiitivniii '.V 18) adeo ut ad illam iiœc a se Iraduci posse ad amicitiam singularcm
\lm :

niiionc.ii otniiis aiiior respiciat, et ad cain » es- qiue sit a cliai iiale distincla ; adeo oamia a se dici

scnlialiler » leudal (n» W) ;


quod autcni csen- et aiiprobari possc conlidil.
« Vult quidem sanctus Thomas
liale e>l oinni amori, ab aaiore cliarilalis scpa- Gl. l'ergit :

rari non polesl. cam e.sse amiciliam (juac communicationem


54. Qinv cuinila sint.quaero secundo quomodo mutuam bonorum poslulet non aulein id esse :

isia concilicl cuin illa cliarilatc quœ nullinn oni- niolivi loco in amicitia. » Ouid cigo illud est
nino liaboat rcspecluni ad nus ; cl an desideriuui apud sanclum Thomam, Deiim diligi, « ul est
nnioiiis al)S(iiic ili" res|icclu conslare possit.
« causa, princi|)ium, olijeclum liealiludinis, » et

oîJ. UuiLTo Ifilio ,


quoinudi) jani staïc |)Ossil alia (juai supra aunolala sunt (n'^3!( et seq.) :an
illc piu'suli piMlfctissiuius cliarilalis aclus quo hiec (pioque a se oblilleiari posse sperat, et pu-
(juis a Cinislo scparari anibil, cuni amori « es- blic:e lidei laiii aperle illiuli ?

sciitialc « sit » quicrcrc unioneni. 62. Nec minus inane est illud ' : « IIos locos

56. Pcrspiciiuni i;;itur est bft'c slaïc nonposse, indicare lanlum, chai ilalem liabere pro objecte
Deum ul bcaliliciim, non aulcm bealiludinem »
CD scnsn (lueni Incluraiiclur, eaqucretraclari et
:

alia oinnino \iani iniri oporlerc.


ludicrumel supra confutalum. ^N''- 45, 46.) Quid
est enim bealilicum sine bealiludine aut quid
o". Un.Ti-o quarto, (juo nouiinc appcllct illam
,

omnis cxpclil cha- est bealiludo sine fruilione boni, benevoli be-
unioncm quam cssenliaiilcr ,

ntas : si ucqiie (inis, ncquc molivum, ncque ra- uelici, bcalilici? Quod addit : « Sancli Tiiomae

tio ulla lormalisdiliîicndi est, rogo, quid est? vel locos co (lerlinerc, ut ostendat a cliarilale spec-

qua voce appellanda? tari Deum non secuiulum naluralem ordinem^


oS. Quod ais, nedum liabcat niolivi lationem, sed qualenus nus élevât ad videndum inluilive
ipsam Dei perfeclioncm cssc luoliviun cur iucc Deum » oblrudit (piidem ea quœ .'-anclus doc-
:

nnio lequiralur : id (|uitlem dcnionslrat non tor tacet, premit vero ea (piœ lolis «luaîstionibus

esse motivum iirajcipuum nec proimle prinia- ,


articulisquc docct de mutua amicilia, de com-
rium si auleui dixcris ludlum esse moliviun
:
municalione super qua illa fundalur de objecloi ;

id (piod adoo moveal ut cssenliaiilcr appclalur de fmc, de principio, de causa (piibus diligatur
a|)crla conlradiclio est. De niolivo sanc secunda- Dcus; de rcspeclu finis ullinii, idesl Dei frucndj
rio, (picui auclor nec lacet nec capit ', alibi dis- ipsiusque l)ealitudinis, proprio charilali, aliaque
screinus, cl oinnia isla ex Sciiola; decrelis facile a iiobis supra memorala 'n'' 38,39 et seq.t, quo-
componcinus. rum ciihiercntiam aplaiiiquc connc.xionem cum
reliquis SclioUi; ac ipsius sancti Tliomtc decrelis
.\rticulus V. ostendemus : nunc sullicit sanclum doctorem a
pra^sulc,(ido(pieLovanieiisi (|uem ncnio cognos-
51>. Nunc, ni pcrspiciium sit quantum a sancli
Thomne doctrina al)erretur , id unum prolero. cit, nec esse intellecluin, ac siib meo nomine va-

.sanclus Tlmnias amiciliam qu;e est pulasse.


Ostendil
cbaritas, fundari in comuRuiicaliiinc licaliludi- Articulus VI.
nis, non ea prrccise causa quod amor sit uuili- sanclum jungiinus Bonaventnram
03. Sanclo
vus, quanquaui ctiam ea, sed eo quod cliaritas
'l'Iionue ejus aulem docirina ban' est, (luod
:

sit amicilia nuiluam ciunnumicalioncni postu-


« quidem ex bcalo Bernardo prîrmium
cliaritas
lans. (Kx annolatis supra n. 38 et seq. et ex "2-2.
non iiiluclur -; (verum ad id dicendum, quod
q.-2.), art. 1, de.)
illud iiilcliigitur de pr;cmio crealo : de pra'inio
At (juani auctor Iucc éludât docent se-
GO. ,
aulcm incrcalo non hahet vcrilalcmquiamaxima
qucutia I*ars locorum .sancli Tliiinia< (]uos
''
: <

cbaiilas maxime desideral uiiiri Deo et habere


Mcldcusis adducil, respiciunt lanliun anxircm
Deum '. n Kn qua; optcl non liomo habens cba-
singularis amiciliie non vcro naluram cliarila- ,
rilatcm , sed ipsa chaiilas, nedum a charilate
lis. » H iininum lidem ! non ergo agit sanclus
|)crfccla lia'c scparari ptissiiit.
Doctordc nalnra cliarilalis, ()ua'slionc "I-i, iii (|iia
Ncque idco minus asscrit « liabilu chari-
64. '

expresse de cliarilale Iraclal proiil est opjipdsila


talis haliilitari nos adadlia'rcndum priuKuboni-
lidei et spci ? non a,^il de iialiiia cliarilalis, cuiii
pro]iler se et super omiiia. n Hursns * .
lali
eaui ex natura sua esse dcnionslrat \iiaiii ami- « l)u|)lici'm e.sse merccdcm crealam et increa- ,

ciliam miilua communicilione c(in>laiilem /


lam, leni|)uralcui et uilcrnam : et sccundum hoc,
Quo.s aiileni c;;o alios sancli Tlionne ullci^aNi lo-
',;,/. ,
,
;i ;:7 — : iii 3, a. 2(1, «ri, 1, ad 4. — ' Obj. & cl a . 4
' otij.Ji., |i. 27 — =
y*., p. 26. _ lu ^11, Jiït. 27, art. I, il.—' la III, dlst. 27, art. 3, q. 2
,

QU/EST. III. DE AMORE SUPERNATURALIS BEATITUDINIS. :\^

duplicem mercenarium, videlicet bonuin et ma- Dei naturœ non gratiœ tribuebat. Ipse vero sanctus
lum; et duplicem merciiiioniam,unainlaudabi- et contrarium docet, etde ipso « motu » charitatis
lem alteram viluperabilem nam qui, inquit
,
: loquitur ; et eum motum a^ternœ mercedi, quœ
principaliler respicit ad mercedem creatain et Deus est, inteidum esse posse asserit et objecta :

temporalem, malus niercenarius est, et hune vi- ex Bernardo clare solvit unde exsistit ista con- :

tupérât Dominus ille vero qui respicit princi-


; clusio « Et sic patet quod nuUum est inconve-
:

[ aliter ad mercedem
œternam de qua dicitur :
niens dicere quod mohis charitatis possit esse
Merces tua magna nimis, bonus mercenarius. » mercenarius, si dicatur esse mercenarius, ex in-
65. Neque rcspoudendum, agi de homine se- tidtu mercetUs œternte et increatœ, » eoque prin-
cundum habitum jiisto qui spem exercere pos- cipali, ut mox dictum est.
sit; agitur enini, in tilulo quœstionis « de motu ,

» unde Artici'lus VII.


charitatis, an possit esse mercenarius :

sic loquitur » De prima mercimonia intelli-


:
69. Hune locum prœsul protulit, ac respondet'
gendo, non est dubium quod motus charitatis ioqui sanctum Bonaventuram de charilate « ge-
non potestesse mercenarius. » De secunda mer- nerice prout comprehenilit tam amorem con-
cimonia dubium esse fatetur « Nam quidam : ,
cupiscentiœ quam amorem amicitiœ. » Sed
inquit, vobierunt dicere quod non est a cliari- contra est quod in ea dislinctioue sanctus Bo-
tate,sed ab afi'ectu quodam natnrœ, cliaritalem naventura post Magistrum, et cum omnibus
concomitante. Aliis autem videtur quod talis scholasticis, agit specialiter de charitate prout
affectus mercenarius possit essea ciiaritate de- :
est contra distincta a fide et a spe, easque vir-
siderium enim habendi œternam mercedem et tules ex inlbrmibus formatas facit, quotl sola
fruendiœterno bono est desiderium gralia^; nec prœstat proprie dicta charilas. Ibidem agit de
est araoris naturalisant acquisiti, sedgratuiti» (a proxima ad veram charilatem
charilate, aliique
gratia proficiscentis). perlinenlibus, eique subnexis2. Si autem de
66. Hanc quidem dubitationem movet; ipse amore concupiscentiœ agit, hujus rei causa est
autem inclinât ad eam partem qufe dicit, « quod quod ulrumque amorem ad proprie dictam cha-
motus charitatis possit esse mercenarius, se- rilatem perlinere ipse quidem docet, ut statim
cundum qud constituit mercedem suam circa apparebit, et suo loco elucescet.
bonum increatum ad quod tendit sicut ad finale
Articulus VIII.
prppmium. » Vides iterum atque ilerum, non
liomiuem quicharitatemhabeat, sedipsum cha- 10. Confirmatur lime auctoris confutatio ex
ritatis raotiun intentum esse Dec ut prœmio loco quem ipse prolert 3, sed truncum et nuili-
œterno et increato. lum : hujus autem loci ha^c verha sunt * : Actus
Ex qiio piiucipio sic respondet ad quar-
67. « charitatis est diligere : diligere autem idem
tum « Quod ohjicitur de timoré, quod illc qui
: est quod velle bonum cum ergo charilas diligit ;

principaliler habel oculum ad pœnam non po- , arKpiem,boiuuu optât ei queui diligil; ilhul au-
test Deo esseacceplus ; dicenilumquod non est tem bonum (juod charilas optai unum solum
siniile : nam cum pœna nec sit Deus nec ali- est, videlicet bonum œlerniun et sunnnun» bo-

quid Dci qui principaliler aspicit pœnam lan-


: num. Istud aulem suuunuui bonum aliquando
quain finem uUimiun non est recto oi'dinatus , bono per charilalom opUil Deo, ali(|uanilo sibi^
cinu principaliurciu iial)eat intiulum ad aliud aliquando proxiuio. Secundum quod optai Ip-
quam ad Deuui: sed merces et bealitiidosuimna sum psi Deo, dicilur diligere Denm, quia vult
i

est ipsc Deus : ideo ipsain principaliler polcst quod ipse Deus sit summum honmn, et quod
quis aspicere, et tamen in linern rcclc ordina- haheat ouuu; bonum per essenliam: socnntium
tus esse. » En charitatis, non modo habitus, sed quod optai illud proximo, dicilur ililigere proxi-

iterinn etiani « motus » in mercedem aUernain nunn, (juia vult quod habcal
bouuui per illud

inleuliis, idque princi|)aliler ex sanclo Honavcu- graliam gloriam .secundum (puul oplat illud
cl ;

tuia <pieni ideo, ut et sanctum Tiiomam, ah sibi, diligil seipsuin.» En lociis ille ab aucloro

acadi'iniis mecum proscrihendum proponi prolatiis iii (pio exscribil ca cpia» Dei charilalein
oporliihat. exiirimcbaMl: itremil aulem, (iua'|>roximiet sui.
68. Necpiedicas sanctum sub duhio locpii : id- in (pnbus tola eral declaralio verilalis.
tro enim condtemui- luisse tuin alicpios (pii 71. ilinc exsurgil denionslralio : ipM- (alelur
œlerna; nu'rccdis intuitiuu procedcre volebant, auctor hic agi de vera cl propri(> dicla charilate;
M non a cliaritale |)er se sed al» adectii iiatu- ,
alqui illa charitas optât sibi summum bomuii :
« rali; » (\uîv, nimc opiiiio peidlusexdhsvit: iuio
quœ desiderium
'
qunir. UlUc ^V M. ilu l'ari!>, p. M — m > il, ili>l. ',^7, arl. I,
aiicrte est lia-retica iiossidendi
•1. l.- > qualr. Lettre, p. «, — ' S. Don . itirf.. «ri. l n. 2.
40 SCHOI.A IN TL'TO.

cigo vera et proprie dicla cliariUis oplal sibi arg.: dicendum quod Deo frucndum est, eo quod
Conlinnatur eadem cliari- ip.se soins perleclc finit et delccLit ipsuni ani-
sunirmim boniiiii. :

lalc lioino Dplal >il)i siiinimiin hoiuuii (jiia Ueo ninm propUr se el super onniia, » qui est niani-

ctpruxiiiiu illml oplat; alqiii Dou cl pruximo il- tesle Unis nilimus » perleele " liniens.

oplat per veraiu ol prupric iliclain diarila- 7(!. Duo ergo perspeela sinil : primum,ipsnm
luil
ergu oplat eliaiii t-ibi vera cl pnipric friii iJeo, ut niereede, cs.se (incniillnin ullimum
tciii;
quo sanclus; deiu(l(' illud l'iui, '
Qua; verba sancli Bonaveu- (le l(i(|ujliu' «
dicta charilale.
elsi respccluni baiiealad nos, nonlamcnellieerc
tune non soluni cjus sensuin, sed oliani cjiis
docliimeverilaleniclaieaperlcquedenionsliant. ul Ucuni ad nos relcrainus, inio nos ad Deuni :

aliud cuiin est Deuni aniare propleraliud, quod


AltTICLLlS IX.
esl inordinaluui ; aliud esl illud ipsuni (juod
Doctorhanc proponil
72. Alio loco serapliiciis jiiopler se ainanius \elle et cupcie nobis lan-
rpiîTslionem « An chaiilas in diligiMuio yrx-
:
(piani lineui iidstruin ulliinuni: quod est rectis-
« ponal llenm nobis » in qua ipiidcm Ikpc •
;
siniuui et onliuatissinuini ut et ex anlece-
,

statnit 1" " qiiod ciiarilas l'acil Deinn diligi


.•
denlibus conslilit et eliam sequenlia suo loco
lanqnani finoni niliimnn el tainpiani sinnniiun dcclarabunt.
bonnni, 2" (piod iliaiitas, (juia diliiiil Deinn si- 1". Nunc ergo redeundoadillainqua?slionem,
cnt sniiininni ijonuin, dili;;il cuni .super unniia', a an ciiarilas in diligendo Deuiii pra;ponat
H" (plia diligit sicul liiieni nllirnuMi, diligil cuni « sibi, » ex ipsis principiis seia[)liicus Doctor
propter se; » i^subdit : « qiiod autoni diligilur etquaîslioneiii solvit, ut \idinuis, et ad objecla
proplcrseet.suporoninia,dilii;ilurdiloclioncrnii- rcspondet •
;
pra'scrtim auleni ad 6 : « Ad il-

tionis;qnod\'ert)proplLMahiid dili^ilnr, diligilur lud quod objieilur, niliil polest alteri tnagis
dilcclionc nsus; «ooexhis inroilcpiintuni, iicnipc uniri quani sibi : polest dici quod Deus ina-
qiiod « cbarilas facit nos Deiini pUis qiiani nos gis esl inliinus unicuiquc rei (juain i()sa sibi,
ipsos diligerc. »
et plus peiidct esse ici a Deo conser\ aille quam
7A. Quid sit anlcin diligere propter ultimiiin a!) ipsis principiis intrinsecis; et coinpleincn-
(ineni, aniore srilicel " non usiis sc<l friiitionis, » luin bealiludinis spirilus ralioualis liabel a Dcoi
ex ipsis iniliis icpcliMidinn; nenq>e ex dist. i, in non a seipso; et ideo cuiii diciltir (|uod niliil po-
1 Seiiti'titiaiiim, nbi (bslinclio l'nirtiis et usiis ex test alleri magis uniri quam sibi, si hoc inlclli-

.Vngiislino expbcatin- : sie aiilem iociiiiliir san gaUir de crealuris, verilaleui liabere polest; si
dus': «SohisDeiisperrecteselrnihMinihilautein vero inlclligatur de ipso Ueo, vcrilalein non ha-
aliud ab ipso potest perlecte seipso IViii sobis :
bet : Dciis eiiiiii inliine illabiliir ipsi aniiiia\ et
enini Dens est siinnnuni iiuninii et dihgit se ideo anima ex iiiliuiis medullisliabcl Deo adlise.
IViiendo se, el ila nec iiuilio Dei nec nsus esl rerc; et cuin liabet ebarilalem, amplius tendit
ciini indigenlia, .sieut noslra IVnilio et u.sus. » in ipsum quam in se ; el in eo requiescit am-
l'ndt; patel i|(siuii < l'nii » noslnnn ex indigenlia plius (piain in se, quia melior est Deus ci quam
iiDstra dieiae nosUuin lineni nlliiimni esse euni ipsi silii. »Uua; niagis magi.sque eHieiunl ad
(pii sil siininuini Ikiiiiiiu iiostiiiin iiiiendiiin et cliaiilaleinperlinercqnod ^climusbal)eI•cl)eum
bal)endnni, non anleni uleuduni, siveadaliqiiid ut nobis oplimiim, elabeoilcmafleclnquisit no-
aliud relerenduni. bis iulimuseliaiilatcm omninoavelli non po.sse:
"i. Kx liis .soivit objcctioncm istam « Ad '*
:
qu;e ipsissiuia noslra, nec jam laulum sancli
ilbid quod ()l)jieilur, quod eordingit, recle .ser- Tlionue, sed eliam .sancli l!oiia\enlura> sen-
vire inluitu nieiecdis diceiidnin quod illa ; lenlia esl, quorum adeo coiijuncla auclorilate
inerees aul esl ipse, sieut Douiinus dixit ad jaiM uliinur.
Abraliani : « Kgo nierees lua '
;
» el sie iulueiis
niereedeninou ulilur Di'o.qiiia non relcil ad AllTICULl'S X.

aliud." lv\ quo elare intclligiUu' (piid sil illud


~iH. In ea proposilione diximus cerltim esse
(|uod saïu'lus vocel linein ulliiiunn , nenqie id
omnibus llicolugis lucuiii illum l'auli ': " Cii|»io
quo rrninun'.
« esse eum (lin isto, » perlincre ad eliarilalem
";>. iline illa qua-slio Iniendinn : an Deo sit •

et esse eliaiil;ilis:eiijus rei leslem addiieimiis


slaluil auleni '••
< ijuod eo Irucuduni esl quod
priininn miiicIuiii TlioiiKim, deindc .sanclum iio-
Ix-alos nos liicil, ipna in l)eatiludine esl reela
navenliuam Saueli TlioiiKe lia-o sunl de dis-
Iruilio; .sfd llco beali elïieiniur, (juia ip.se esl
tiiielione Iriniu giaduum cbai ilalis 3 : « Terlium
nii.slra bealiliido : » etposlea : « Kespoudeo ad
;ii III, ili>,t. ÏU, art. I. I) 'J. — ' In i, (ibl. I, <l»li. IJ. — lu I,
'
In I, di«. -J. irt. I, .|. a. — : Pliil., I, ÎJ. '
2-ï, 'I- ï<.

dut. t, «ri. I, q. 3. — • OVii., X*, 1. — ' In I, dist. I, ut. 3, 4. 1.


QU^ST. IV. DE SECUNDARIIS RATIONIBUS CHARITATIS. 41

studium est ut homo ad hoc principiiliter inten- et a spe distingiii charitatera, a qiiia aclus ejus
datiit Deo inha^eat et eo fruatur; et hoc pertinet est tendere in objectum secundmn se, etiamsi
ad peiiectos qui cupiunt dissolvi et esse cuin per impossibile circumscriberetur ab eo com-
Christo. » Ecce perfectoi uni et ipsius PauU stu- moditas ejus ad amantem i
» non
; ita multo post
dium , idque « principale, » ut Christo pci - peigitsic2: « Quod ratio olijectiva actus chari-
Uude idem sanctus Doctor ad chari-
fruanlur. tatis et habitus polest Iriplicitcr inlelligi : ve]
tatem referri supponit quod quis desideret esse prima, quœ secundum
se apta nata est per sa
cum Christo'; ex quo desiderio consequatur ut esse ratio terniinandi; \el secunda, quœ est
ali"
dicat « Hei mihi, quia incolatus meus prolon-
: qua ratio prœcedens actum (amicitice in nobis),
gatus est 2 ! » propter quam aatus est aclus elici circa objec-
Sanctus autem Bonaventura docet ilhid
79. tum ;
vel tertia, quœ quasi concomitatiir. imo
Pauli esse amoris gratuiti ex quo probat ', « ad : quasi sequitur actum elicitum. » De bac terlia
efîectum charitatis non tantum spectare amore nihilnunc ad nos altinet. De secunda aulem hœi
Deum amare amicitiœ, imo eliani amore concu- observanda sunt primum, ut Scotus mox dice-:

piscenlicB. Frui enim, inquit, est amore inhae- bat,eam esse rationem « antecedenlem » ad ac-
quod frui Deo est per charita-
rere, et constat tum amiciliœ, quœ vox veri motivi in aclum in-
tem: quod hujus sancti iocls supra memoralis
« fluentis vim indicat: altcrum, propler eam
apprime congruit. De amore autem concupis- actum nalum clici. » Et talis, inquit, in propo-
centiaeex iisdem doctoribus muUa commemo- sito est ratio relativa hujus nalurœ ad amanlem,
rare possemus; sed praetermillimus, quia non in quantum est bonum couimunicati\iim su!
sunt hujus loci, imo forte in lotum nec hujus illi :sicut enim in nobis primo amatur aliquis
quœstionis. Sufficit autem ut certum sit id quod propter bonum honestmn, secundo quia scitur
asseruimus, illud Pauli: « Cuplo dissolvi et esse redamans; rcdamalio in eo estuna specialis
illa

« cum Christo, » esse charilalis; duobus scho- ratio amabililalis in eo alliciens ad amandum,
lastlcis sanctis doctoribus id clare asserenlibus, alia quam per bonum honeslum: ita in Deo non
nullis contradicentibus. sola bonitas infiuita, vel hœc nalura ut liœc na-
Suimna autem diclorum est sanclum
80. : tura,allicit ad amandum, sed quod hœc bo-
Thomam sub nostro nomine esse reprehensum; nitas amaverit me communicaiido se miiii. Se-
sanctum aulem Bonaventuram haud minus clare cundario hoc allicis, et in isto gradu amabilila-
consentire nobis: quare in ca quœstione in qua tis polest poni omne
inveniliir ratio illud in quo
coarguimur tanquam Scholœ inferentes bellum, amabililalis et potest dciiioiislrare se redamare,
habere nos consentientes sanctos doctores scho- sive creando, sive reparando, sivc disponcndo
laslicos duos maximœ auctoritatis, angelicum ad beatificaudum ita quod inlcr hœc non sit :

videlicetet seraphicum Doctorem. Jam de alio dislinclio, nec charitas respiciat magis ullimam
Scholœ principe Scoto facile transigcmus. (rationem) quam secundam, nec secmulam
quam primam; scdomnes sint raliones quœdam
non boni honesli. sed boni communica-
siiiuiii
QU/ESTIO IV.
livi et amanlis et quia amantis, ideo digni re-
:

De secundariis rationibus objcctivis charitatis : damari, juxla illud Joamiis: « Diligamiis Deum
ad n. 4, prop. 23, 25 et seq. quoniam « ipse dilexit nos » Hivc Scotus, a •'.

quo proinde Ikvc Iria asseruuliir: primum, non


ArTICULUS PRIMUS.
solum honestatem esso rationem objectivam
81. In liac quœslione ha-c tria Iraclabimus; charilalis; sed piu'ler iianc « primariam, « iu-
primum, Scoti senleutiam; dciiide principia de csse M secuiulariaiii « plane « relalivam ad
eodem sumina ipsa conciliando cum aiigelico nos, » quod illa iuliuila bonitas
conniumica- -Sit
Doclore; denique piorum virorum praxiin, et noliis, amans, redamans, etiaiu iieatili-
tiva siii
cajterorum scholaslicorurn seiilenliam. caiis; (juie omiiia sine respoclii ad nos esso non
AUTICULtS II. possunl : secundo, eam esse, secundum Joamiom
aposloliim, unam specialem aiiiabililalom in
82. Ui'i'iidoquidcm Scolis is est qui doririna!
Deo: tertio, eam ralioiieiii non modo esse alli.
ejusqua: nunc passiiii in scholis ohliucl, tons
cientiMii ad aiiiandiiiii. soi! eliam piiecedere ac-
esse vldealiir, placet inlcrscrere cjus inlogros lo-
tum. in CMiii iiitliicre, eamque ;i|>lain natam
cossiL'pc indicalos, IoIimii(|ii(! vh'i ddciriiiam ex-
es>o ad clicieiiiluiii acliiiu circa ol ocliini Ciiari-
ponerc. Posleaquam enim diserte asseruita lidc
talis. Ex liis, quam arcle couuexa uiratiui- mo-
' a-a. q. 2a, 01 1. 2, ml 3. — ••
J-iul., CXIX, 6. — ' lu m, ilist. 27,
In unie, — '76., — >1
irt. 3, q. a.
' III, ilisl. 17, q. n. 2. ii. 1 ciscq. /oa*,
IV, 10.
V2 SCIIOLA IN TUTO.

tiva charitalis, jam palet, cl adiiiic luculciiliiis ccssaria rcdamalionc conveniant: sine qiia nec

et ineluclabililer ik-moiisliaMlur. essel amor amicilia', hoc est non csscl charilas,
utsno loco dilii^'enliiis osteiiilclnr: niinc ûiiteai
AnTicLLLS m.
non resipsas, scd doclorum décréta cl aiicloii-
83. Scotiis aiilem pro more confiilal)al l)oc lales allendimns.
loco siiiicli Tlionia! scnlontiaiii, (iiiulanlis ipsain
AUTICL'LIIS V.
« charitalis sivc aiiioris aiiiitiliiL' lalioiieiii,
88. nos moveri oportel his vocibus
Ne(pie
« super commimicalidiie » ill.i > iioiiiiiiis " ad
Scoli dieeiilis .sccimdam illaiii r.dionem dici
Deum, i< seciiiidiitii qncMl iiol)is siiaiii iiealiliidi-
qiiidcm " ralionem objeclivam aeln allicientem
« iieiii coniiniiiiicjd: (piod assidue sincUis iJoe- °
ad amandum, sed aliqno modo el aliqnaliter ' :

lor iiieiilcal, ut \idimiis. Sculiis auleiii. laiiielsi


qua; verba iiihil alind volunl, (inaiii ni ciedan-
id coiiliitarct, iic;.'aie non poluil ad cliaiitaleiii
tnr illa motiva .seciindaria non liabere spccilici
ita perliiierc coniiiiiiniialiunein illaiii liealilu-
ob.jccli ralionem: neipie cliam esse pra;cipua
dinis, lit ciiMi ipsi) cliarilalis oiijeclo ncecssario
qiKT ad aniandnm allieiaiil: iino vero illi objecto
junpcrclur: ipi;e iiilcr se lacilc eonciliari possc
compaiala, (piod pro « ali-
est iiilinilinn in se,
videidur, si dixeris neqiic conininnicalioncrn
qnalibns » lanluni liabe.inUir,ciim ab infmita
illaiii esse prieeipiiiiin cliarilalis olijeetiiiii, (piod
illa niovendi virliite pim-ul absint: intérim illud
nec sanctiis Thomas nei;al; neqiie lanicii ab eo
cerlnm, seciindarintn molivnm, Dei scilicel
dislrahi Dporlere, (piod Scoliis cunlilcliir.
comnnmicalionein eif,'a nos, a pia^eipuo motivo
Articulus IV. non esse disliahendmn: esse anleccdensad ac-
lum amicilia^; hnic iiiesse speeialeiii amabilila-
8i. Ut aiilem patcat, qiiam henc siimmaipsa
lis ralionem: illnd(|ne adeo ad cliarilalem perli-
Coinenial iriler saiicliim Tliomam et Scutiiiii,
nere, ut cmii ipso primario charitalis objecto
le;;aliir in priniis hic joeiis saneli Dueloris':
coalescal: qnod etiam se(iuens lociis magis ma-
« Ad '2 direiuhim, qiiod ciiarilaie dili;;ilnr Dens
gisque declarabit.
piiipter seipsnm : iindc iiiia snla ralio (hlifiendi
allendiliir prineipahlor a eharilale, sciheel di- AUTICLLLS VI.
secimdinn
viiia lioiiilas, (|m.i' esl ejiis suhslanlia; 89. Hanc doclrinam iu-mat et rcpclil Scolus
l'sal. cv a ConfiloHiini
: Domino qnoniani ho- in elaboralissimo opère de Ucportalis Purisien-
« tins; » ahaî aiiteni ralimies ad (hHi^'enihim in- sihus, qnibiis siibdit 2; a Prima ralio diligibili-
diicenles, vcl dehilnm dileelionis laeienles, smit lalis in Deo
honeslnm; secimda ralio est re-
esl
sccmidaria', et conse(pienlesex prima. » damalio actum meiim (supra, ac-
(jtiœ precedit
85. De rcdamalionc anleiii Ikvc iialiet .sanr- tuin ainiciliœ noslrum) iiolari aulcm vclim sc- :

tns Diictor 2; « (piod charilas non solnm si;inili- (pienlia: nec poU^st esse pcrtectissinia ratio dili-

cet aniorem Dci, .sod eiiani aiiiiciliain (pianidain giliilialis sine ntio(|ne honim. la Deo autem
nd ipsniii: (pi.u qnidem sn|)er aniori'iii addit prima ralio dilisibililatis est hoiicslassiia. Se-
nintuam redainatioiiem ctiiii qiiadam comiiiu- ciinda ratio pra'cedens actiiin, est (piia amavit
nicatioiie iiuiliia. » nos ciTando. » Quibiis ileriim ilermnque clares-
8(i. Scotns vero tiis fiemina docet; postea- cil inolivi iilrius(pie piiiiiarii scilicel ac secan-
qnani enini ohjicil sihi non dari charilahMii, darii in eliai ilalis aclibas arcta conjanclio, in
B (]uia lahs virlus essel aiiiieilia (piio non nisi in- quam Schola lola consentit.
ter a'cpiales esse possit"*: reS|iondel charitatem
Articulus VII.
qiiideni esse amieiliam, an(pianlnl(ini exteii-
deiido (iioiiien amicilia' : Imneslas (|nippe, iii- 90. Id suinina ipsa .sccnlos scholaslieos omncs
qnit, in dih^ii)ili, et reilanialio in (hiccio, snnl facile reeo;,Mioscenl<pii Thoiuislicaniac Scotisti-
condiliones pcr se in (iili^;ii)in, non (piideni im- cani Scholas, lice', sihi adveisinles, lanien con-
pcrleelionis ; inio non essel perleelior si non cinere animatherlenl. Id nijslici, id in praxi
redaniarel; » mule sululil: « Dens aiitein liahet omnes; (inosiuler
doceiil pii llarphiiis''; « Dens
lioneslatem el redainalionem sicnl anialionem: pcr ^laliam snam in nobis liabilans el vivens,

ex ipio excellenlins polesl esse amicilia ad tan^il spiiiltim noslrum sno dii;ilo, id est suo
i|)siim, ila ni dicaliir superainieilia '•. » spiriln. vicissitiidinem anioriscxi^ens, eldicens:

87. Kn (|U()iiiodo sancliis Thomas et Scotiis Aniale aniorem a'iernaiiler vos amanlem qiia :

nier ipsa dissidia, tamen de primariis et secuii- voce, incpiil, interiora imi\ersa amoris inipela
dariis rationibiis objeclivis charitalis, el de ae- commovenlnr, et omne.s aniinaj vires respondere

' î-2, 1. JJ, nrt. 6, nj 2 — ' 1-2, q. 60, art. 6. — ' &ol , ili ' lu Ml, dist. 27, q. un., n. 8. — ' Srir, Rtpori. Paru., dtst S7,
8T, q. un., n. 1. — * 76., n. 20. 1. lin., ch. 2, n. 3. — ' n.irp.. lib. iii ITinl. myr/., p. 4, c. 2».
,

QU/EST. V. DE NULLO UESPECTU AD NOS. 43

co^mtur. Abyssalem amemus amoreranos œter- inter illud essenliale primum etaccidentalia, non
naliteramantem. » Sic ex instituto totiiis Scholae sitadraittendum metiium, nempe proprium in-
etiam scolisticœ, mystici duo illa motiva, prima- separabile; quod eliam sœpe essentiale dicitur,
rium scilicet et secundarium, in unum con- quale est homini loqui et alla. « Ergo prœter
« primam rationem, sunt et secundariae consé-
jungunt.
91. Praeit Rusbrokius, dicens • ; « Spiritus quentes ex prima, » ut ex sancto Thoma dixi-
sanctus alta voce sine slrepitu verborum vocife- mus (n. 8i}; bas autem sive proprietates inse-
ratur in nobis : Ametis araorem œterno aman- parabiles a[)pellamus, sive rationes formales

tem; » ac paulo post : « Nuuquam conticescit, subordiiialas, nihil ad praxim atlinet. Resagendae
sed perpetuo sine cessatione clamât : Solvite de. Christianis non hisarguliis metiendae sunt; quae-

bitum vestium ; amale amorem vos ex omni rendum quid Christus dLverit; an Dei benelici ac
œternitateamantem ; » quibus sane verbis per- bealifici rationem ab ejus perfectione smnma
separari voluerit ? an liœc ad plenitudinem cha-
fectissimam chaiilatem a sancto Spirilu infusam
adumbrantes, sicei motivum secundarium Dei ritatis conjungi jusserit? hoc, inquam, quœri
amantis adjnngunt, ut in actum charitatis con- oportebat; non falsa dialeclica commoveri ac
fluant; quae piorum omnium est praxis.
scholam motiva in
velut obstupefieri imperitos;
Scriptm'is conjuncta non negantem neque sepa_
Articull's Vill.
rantem, sed ordinantem, adversus Scriptiu-am
92. Primum quidcni illas suggillatut meas 2
;
concitare nefas erat. Hœc notet vir disertus et
nec légère volait annotatuni ad marginem Scoti ingenio dicendique artibus fidens; ac tandem
locum insignem, cui et alios tam perspicuos ad- agnoscat, nos immerito reprehensos, quod utra-
didi; quod quidem non Scotus solus, sed cliam que incentiva Dei perfectissimi ac sese commu-
sanctus Thomas iisdem vocabulis, cœteri auieni nicantis in praxi conjungamus, imo eamdem
theologi nullo excepto, saltem aequivalentibus nostramac principiumscholoe tolius, adeo theo-
et summa ipsa recognoscunt. logici ordinis esse sententiam.
93. Addidit mutari spcciem virtulis, adjuncto
ad motivum specificum alio proprio motivo '. QUiESTIO V.
Alibi 3 a Quœcunque nova formalitas addita ut
:
De illa dausula, mtllo respectu ad hos :ad
essentialis motivo specifico, ejus mutât speciem. propos, n
eris.
Quare, si Meldensis motivo specifico charitatis,
ArTICULUS PRIMUS.
quœ est gloria Dei, addit motivum spei, quae est
beatitudosiveadeptioboniutsecundum motivum 95. Prorsus D. Cameracensis abutitur defini-
essenliale sive inseparabile, inulat speciem cha- tione Scholae dicentischaritatem «esse amorem
ritatis, mutando motivum ejus specificum, sive « Dei in se, nullo respectu ad nos, » dum ad
formate objectum. » Hœcille; et illud assertum extremum urget postremam illam clausulam.
tribuit sancto Thomas, nullo sancti Doctorisallato Sane verum est illud, « nullo respectu ad nos, »
loco. Sed hic duo peccat primum in eo quod :
sensu qucm nos diximus (n. 4, prop. 17 et 18) '

assertum falsissimum est, si motivum istud se- nam si absolute et ad strictos apices verum est

cundarium suboi'dinatumque sit ; quod liquido cbarilalis ad nos nulluni esse respeclum, non
constabit arics virlulesquc scdulo peicurrenli ;
ergo illud verum est quod ex ipso auctore dixi-
nempe id perspicuum est neque qiiisqiiani ne- mus (num. 17, 18; auioris naluram esse « es-
:

« senliaiiter unitivam; aniici ad amati unio-


gat; sed auctor aculissimus iiimia sn!)lilitale se
prœpedit, nec mescdsanclumThouiam.Scotum, « iiem, ossenlialem esse tendentiam » aut il- ' :

totamque adco Scholam ea de rc consculienlem lud verum erit, dari « essenlialoiu lendenliam »
oppugnat. Allerum erratum est, quod essentialc absque « uUo respcclu, » (pioii aperiam in ler-
sive spccilicum conlundit cum eo quod est inse- niinis conliadiclionem implical. Si ergo vere

parabile. auclor asscruil vim illam unilivam qua amor


91. Itaque ad secundarias rationes, doctorum ipseconslet, nec frustra allogavit Auguslinum,
auctorilale pcrlracliis, subdif' : « socundum DiouNsiiun Moclorcm aiigelieum, luiT inviclis-
« Scholam niliil cssi' essenliale (juam id (|U(id sime ai)pnili;mles, possiliile ijrol'eclo non osl, ut
« |irimum seu priniarium; » secundaria ati-
est in eo alïeitu quo charitas in Deum lendil, oliam

tem moliva accidcnlalia » esse.centies iiigemi-


<c respeclus ad nos ipsi conjungondos sil ne- mm
nat^ quasi \ero si ad luuc minuta rcdigamur,
;
cessarius; conjungi autem osl Irui ergo in ciia- :

rite respectas ad Iruendum Deuita estcssenliali-


' Ds Êtpt. ijrisii. um, in gttiit., cap M. — ' AVv». nd -S'um., p. \C,.

— liup. ad S,im., p. 15, 41.


' — • linnU: Lcltro ù M. de l'arls, l/llrc d'un UaoK.nifii iW l.imraill, p. bi,
' M, b'i <V',' , !' «i
f. 30. —
» Krp- 4 la Dicl
, p.
27. — • liiiatr. Lcliro k M. Je l'un». sup., n. 47 cl bc^.
44 SCIIOLA IN TUTO.

ter ncccssarius, iit niilla ralionc ab eo separari a divina gloria separari, mera udificatio est;

possit. cum illud ipsuiii Deo gloriœ veital, quod Deus


AnTICULUS II. miUius ac netjuidem gloria; a nobis cumpa-
rei,
randœ indigos, idem tamen |iro sua bonilate
90. Iiim eliam illiid iicgure non pohiil D. Ca-
s''r\is suis bene esse velil, utilia largialur ve- ;

mcraccnsis', ttqiiinDeihcneficia.ciuatemisIttMiin
ruiii liicrum, verum quiestuin prœslel, testante
infinité Ijcnilicuin ilcniDiislratil, nieiilioi)jiiiaiit
Aiinslolo : « Mibi vivere Cliristus e.sl, et niori
nnnni c.\ ojiis altriijuli.s in (luo, .sicut et in ca'le-
« lucrum '
; » et « Lt Cbristuni lucrifaciam 2; >
:

ri.s, ciiaritas .silii coniiilacoat, coqne deli-ctelnr.


et : « Veic quii-stus magnus est pielas 3,» quœ vei
Itonim 2_ lientlicTiitia ili\ina in ln\^le^io
Uuancpiain eiiim cum
>,i
maxime est ciiaritas.
Clnisli spoctalnr ut iinuni i-\ ;iltril)iitis (|iiil)us
Scliola [)ra'cipua motiva a ca'leris distiuguimiis,
cuii.^lat Ixjiiilas et pcrlcilio al),Miiiita, tuni Cliri-
non t.iiiien iia;c utilia a vera ciiaritate arcere
stuset .sinirula eju.sin>stciia liniit oi)jectuniaino-
possumus.
ris eonijjlaa'ntia?, qn.v vera ciiaritas est. » Id
Articulis V.
ergo in cont'esso esse annotannis, benevuluni
illiid at(|uc bcnefieinn iider cliaritatis objecta a 100. Neqneidsinit Augusliiius, docens « Dcum
nobisnicrito lecensitiini, ac frustra litigaieanc- velle sediligi, non ut sibi aliqiiid, sed ut iis qui

loreni de olyeclo cliaritatis « nnllo lespcctii ad


diligunt alernum pra-mium coiifeiatur, lioc est

ac boiie- ille qiiem diligunt*; » alio loco: « cui non|)iop-


nos, » cuni piofccto ipsuin i)i'iievtiliim

sumalur, sine respcclu ad nos,


nostram salulem ulilita-
ter suani, sed propter
ficuni, iilcimipie
nec inteliigi possit.
tcmque servimus. o Deo autem liicc voleiiti
conseutire nos, necab ejus gloria nostram uli-
ÀRTicuLis m.
litalf m separare jiar est.
91. Idantem uni\er.sim oli.servamns, nos liic
lui. Qua de re eliam audiendus Gregorius
pro concesso et conlesso sunieie (piidfpiid seiiiel
Nazianzenus, laudari Deumasserens «cœlesti-
fundaiiHMiti loco assunipsit aiictor, licet poslea
bus polestdibus, non ut naliiriu plenissimaî
variet, nec légitimas conseeiiliones admillat. aliquid adlia'iescal bonis suis laudibus, sed ne
Jani ergo (piod addil, ciun in Deo l)eiiclic() coiii-
natura po?l Dcum seconda (angelica jcilicel)
placerc sil)i cliaritaleni l'atetiir : « Dunitaleni i)ei
careat ' qu;e causa sil
divinis beiieliciis ; »
« rclali\aiii timi in aiisuliiiani » verti, distingui- quod
a comiileclendi Verbi et possidendi Dei,
mns, et (piidein fatemur lieiieliciiiii illnd, sive
est bonum perpeluum et nostrum '. n Ergo,
ut vdcal auclor ^, ' bonitaleiii rclativam » in ai)-
uli prœdiximns , Dei gloria nostra ulilitate
solutani vorli.co sensu (pienulixiiniis n. 4,pn)p. constat, ne()ue ea incitamenta separari debent.
16, 17, 18, 19) : ila .^cilia-lnt al)soluliim iliiidsit AltTlClLLS VI.
tanien suo modo rclatiMim, i)r(ipler sunni con-
10-2. Amplcctimur autem illnd Cassiani 7 :

notaliiin; sinauteni intelligatur onnii modo esse « merceiiariam .spei ciipidilalem eam esse, in
alisoliilmii, negaiiius; nec ipse auctor nobis
([ua non tain boiiitas largientis, (piam prœ-
ûdveis;n i jiossit : cpiare nec (piodjaclat in ligoie
niium retributionis expelilur. « lia ergo volu-
tueri, objectiim (iiaritalis ab onuii relalione ad
nius di\iiii> beiieliciis allentam es.se cliarilatem,
nos esse inu'cisum.
« nt largientis bonitatem » vel maxime atten-
AllTICLl-LS IV. dat; benelicia enim in nobis crealuni aliquid
98. Idem auctiT siilidil' (|iiod « eo respeclii simt ; bonitas largientis iiiliiiita et increata, quœ
ciiaritas sïm- aiiim- ciuiiplaieiilia' ciinclis Dei be- laiiien a res|)ectu ad beueliciu nequidem mente
neliciisliiMiiiciis deleil.itiir, non i)ioplerea Dei et cogitatione separari possit.

bcnelicia rpiateniis utilia nobis, sive relative ad Articulis VII.


nos, esse propniun aut spccilicum salleiii par-
103. Qiiare friislr.i objieitur * ille sancti Tho-
tiale cbaiitalisobjccliim. « Sed nos ne id ipiideni
inœ locus, (pio .isserit nos ipiideni per bene-
Yoluniiis, nec partiale illiid objeclnm admilti-
licia dispoui ad amandum!>; sed « posle:i(|iiam,
mus : et ilhi iiioli\a ilili;;eii(li Dei, etijiiod .^jt per
iiupiil. jam amare ineo-pimus, non propter illa
se maximus, et qiiod l)cnevoliis sive beneliciis^
benelicia amamus amieiiin, srd
propter ejus
subordinata, non cnonliiiata esse doeuimus, ut
virlulem. > Uiiod (piidem est certissimum, sed
supradictum est. ;Kodeni nom. 4, propos. "H),
intérim leeordemur, iiiter virilités lecenseri
23,31).
bcnevolentiam ac benelieenlicii propter quas ,

99. Ccrtc bcnelicia « qudlenus ulilia nobis >


I y/iij , I, ai. — > /».. III, ». — I 7.111 , ïi, 6. — < ittéocu
J!c<,,. uU S.uB.am, |>. 13, 11, l'J.— > Jli., p. 31. — ' 71/., p .U Chnti , 1. I. n. 30. — » Oral. 34. — -^
Ki^.^l 27. — •
Coll., XI, 10
— • Rtif. ai Stimm., p. 43 — ' 2-'7 >| ." i t. 8.
QU^ST. V. DE NULLO RESPECTU AD NOS. 4S

ex sancto Thoma amicuni diligamus. Deus au- tis quam Dei benefici atque effusissime libe-
tem est ainicissimus, et charitas, ex eodem ange- ralis intuitus, ideo esse consectaneum ut plu-
lico Doctore, ipsa est aniicitia '
; ergo virtutes ris valeat quam utriusque complexio. (Ex prop.
Dei, ipsamque beneficentiam erga humanum 30.)
genus, per se et propter se diligimus. Articulus X.
Articulus VIII. Videndus hic est Sylvius, qui facile
106.
104. At enim, inquit 2, Scholœ doctrina esset
coniessus amorem Dei ut prœcise excellentis in
« cassa et nugatoria » bene intellecta, nego ;
se esse, actum primarium charitatis, secunda-
:

quippe qucB et primaria et secundaria, sive


rium autem esse amorem Dei ut benefici el
minus prœcipua et primis subordlnata motiva
benevoli; addit, non propterea primum perfec-
distinguât; quod non est nugatorium, sed grave
tiorem esse quam ambos simul junctos; cujus
et senum, ad inlrospiciendam penitus veritatem
rei rationem reddit his verbis « Etsi alicujus ' :

et motivorum ordinem spectans. Quod autem virtulisactus principalis sitdignior quamsecun-


charitas, secundiim auctorem, et divinis bene-
darius, non oporlet tamon quod principalis so-
ficiis se oblectet, Deique beiievoli ac benefici
lus sit dignior quam principalis et sccundarius
menior, horum lanien atlributorum effecta non
simul » quam sentenliam, ut solet, ab Estio
;

cogitet, et gloriam Dei a servorura Dei utililate


muluatur, in 1, disl. 1, § 4. Idem docent eliani
secernal, et illnd Scholae, « nullo respecta ad
omnes auclores mystici quos vidimus (n'^ 90.
nos, » pessinio et nullo sensu ab ipsa benefi-
91) res ipsa loquitur, neque fieri polest quin
:

centia mordicus et in rigore sejungere satagat ;


eo magis ametur natura praestantissima, quo
id quidem rêvera et nugatorium, non Scholae,
benignior est et benevolenlior.
sed auctoris, qui rem gravem et seriam ad
Articulus XI.
arguta et minuta, imo etiam falsa et absurda
deducat. 107. Dices : Non videtur auctor procul ab

Articulus IX.
his abesse, cum et ultro fatealur Deum infinité
beneficum esse charilatis objectum 2, bonilate
105. De his motivis inter se comparatis, ex relativa in absolutam versa, a quo nec nos
prsedictis propositionibus nunc ista colligi- abhorrere visi sumus; in tenui ergo nostra est
mus: concertatio. Utiuam ego vero id vel omni san- !

I. Deum ut in se optimum ac beatissimum ila guine comparariii!, ut nobis ad nmlas voccs


posse cogitari cogitalione abstractiva ac transi- quœstio jam rediret. Sed si in hœc penitus
toria, absque eo quod actu et expresse cogitetur consentiret auclor, non ita in rigore et ad extre-
de Deo ut bencvolo ac benefico, ut tamen con- mos apices urgeret illud, « nullo respectu ad
ceptus ille primarius Dei in se optimi, Deum ut « nos; » nec ita divinorum beneficioriim inlui-
benevolum atque beneficum virtute compre- tum a charitatis aclibus prohiberet nec tanto :

hendat. (Ex n» 4, propos. 28 et 29.) studio beatitudinis votum ac salutis desiderium


II. Quod enim sil Deus benevolus ac bencfi- amputaret; nec suppositiones impossi biles in
cus, id quoquc pertincre ad ejus oxcellentiam absurdissima quœquc cogeret quaj nos poslea :

ac perfection; m infinitam : neque intelligi exsequemur ejusque rei mcminisse leclorem, et


posse ut oporlet Deum esse in se pcrfectissi- me tencri debitorem veliin.
mum nisi parilcr sit perfeclissimc clemeus, be- 108. Nec sibi constat auctor, quippe qui et
nevolus atque beneficus. (Ex prop. 10, 30.) Deum bealificum velle videtur agnoscerc per
Unde sequilur :
sesc ut objecttun charitatis. et tamen procul
III. Horum atlributorum amorcm omnino arccre bcaliludiuoui, sine qua Deus hoalidcus
esse neccssarium ad perfeclioncm ac pleni- nequidcm cogilari polest. Unde liclus Lova-
tudinem charilatis in Deum. (Ex ead. propos. niensis, pcrspicuis verbis '', « Deum ut benefi-
30.) « cum ab obj'elD formali ciiarilalis oxclmlil : »
IV. autem amari Deum ut pcrlcc-
Non posse cousi'queuter .sane; ciun, ab iuluilu Dei ul bca-
tissimc benevolum et beneficum, nisi supposilu tifici excludero inluilum beatitudinis, ludicrum
quod sit in se inlinile pcrfcctus. (Ex propos. sit et Quarc ncc audiemlus
absurdissiuuun.
28.; auclor, inlerdum ad verilaleui accedere
(|ui
V. Quarc divin;c bou'talis ut cffiisissimc lihe- velle vidcatiu-. Alipii non convenil sensiis, non
ralis amorc, divinu; e\(-clleuliie in se considc- vcrba ipsa cougrumit asseveral, negal; aslruil, :

ralic auiorem icludi. (Kx iisdem.)


i

dcstruit nusquain errasse vull


: prislinos, gra :

VI. Ncc si pluris valet Dei per se cxcellen-


I
S</tv., in 'l-i, q. 47, 87, arl. 3, lu llim —
• li.-;<. nd .,-,imm.<w,

' 2-2, q. 23, «ri l, olc. — ' liesp. ad Hiimmam, p. M. p. 13, U ; Diu., p. 3. — • Lotira d'un thiiolog. do Louvtlii, p. 60.
,

46 SCIIOLA IN Tl'TO.

vissiinos finnal ciTorcs ; iiidiicil n(jvo> : iiieuiu- an nos, imo simplicitcr et omnimodc ad iJcnm
giain iitiivcrs.iiii qii.ilil. Ona' |i.-iiliiii proliala nos rcfert. » Sic ipse illud h ni refcrl ad iinain
sunl, parliiii in coii.sc(Hicnlil)iis piDliabimlur : cliarilalcm, qui mox rcfeiclial ad spcm. Ncc
sed praMJiilli'iula (luanlam. (]iiil)iis cl aiilcriora niirnm .si variai, qui a iccla via semel aber-
(iriiifiiliir, cl (ilijoctii)iics, piicsnliiii ex sclio- ravil.

lasliconitii ipsiii.si|iic sancli Tlioiiuu auclorilate AnTicut.L's IV.


rcpelilœ dissolvanliir.
H2. Si sancto Auprustino, non sihi anscultarci
pra;snl, hn>c aiidissel rnm ip-^a frucndi dcfini-
QU.KSTIO VI. lionc conncxa ; « Quilms fruendiim , healos nos
De (lepnitioue charitatis ex sanclo Aufiuittino, facinni; (piilins ulenduiii, ad healiludincm ad-
deque fruitiuue ar de amnie su» agilur ex juvaniin' '. » Hursus U"o pcrfiui hcalc vi-
: >

cuucessis ; ad prup. 3G. vcrc csl; dcnique Deus vull se diligi non ut
: ,

ArTICLLLS I'HUIUS. sihi alicpiid, sed ut iis qui diligunl œlernum


pra^mium conferalur, hoc csl ipse qucm dili-
109. Dcfinitioncin cliaiitatis a sancto Augiis-
gunl'. ^ Anguslino at-
Cuin hisqui slahil illud
tino piodilam, Doclorc rcpclitain,
al) aii;;clico
irihuluin, « nnllo rcsi)eelu ad nos? » Ncquc
ol) iiiiiversa Scliola reccptam, a me vcro ubjec-
dicil Anguslinus quod I). archiepiscopus fin-
lain ', lied silii adver.vissiiiiam, iicc ancl<ir iin-
git', <r ex fruilione oriri heatitndiiieni : » sed
jiroiiaiccsl aiisiis : ()iia' laineii ciitii (|(la'^lionc^n
hanc cssc ipsum « frui. » Neque ilein docct An-
tiolvat, niiriiiii vo d( rniiiiatur, cl
in iiioiliiiii al)
guslinus « cliaritalis aciu cxiieli huilioncm,
in sensiis aliciHssiuios (IclorqiicUir 2. Ksi aiilcm
<t non oplala ca qua} anncclilur healiludine » ci ;
ejiismodi : " Cliaiilalom dico iiioUiiii aniini ad
.sic auclor pro suo acuminc. Sed ne>cit Augus-
fiucndiun Dcu pn)|)lcr scipsiiin, cl se cl proximo
tinus illas argulias : plane conrilcUir, « Dcum
proplcr Dciim ^. » Nos aiilcin de fniilioiic, ex
« amari velle » .se, ut aplcrnmn prfcmium
sanclisTlidiiia el |{onavciiliiia, imdtadiximus'';
nempe i(isum assequamur : mauiresto quidem
sed nutic lula qua\stio ad viviiiii pcrsecaiida.
respeclu ad nos, sed qui poslremo rcferalur in
AUTICULUS 11 Dcum. « Tcipsum cnim , inquit Auguslinus *^

110. Varia sanc rcspondel praîsiil ac pri- : nonpro])tcr le dchesdiligcre, sed iiropterDeum,
imim « cliaiilalciii j;eiieiiee suini pro ipsa spe uhi (lileclionis tua; rcclissimus finis csl. » Mit-
(jiiain sipnilicaliiniein, impiil '•>,
sancliis Thomas lamus crgo vanas ab Anguslino aliénas re-
et

lataiii liabiicrit; > al vciha Auguslini rccla- sponsiones : hoc pro concesso lencamus a prœ-
iiiaiil ; cliarilaleni eiiiiii deliiiil eain qua « Dco sulc , Auguslinum agncsci judiceni ; agnosci
liiiiiiiur proplcr ipsum. » lia'c osl aulcm vcra illam quam Anguslinus detinilioncm cdidit

cl inoprie dicla cliarilas, ul mox concedel aiic- charilalis : qua dermilione, causa cadil. Schola
lor. Rursiis, cliarilalcm dednil cam qiitc cslad aulcm oiimis, ut cl ipse conlilelur, |)osl Magis-
Dcuni et ad pioximiim : csl aiilcm l)a^c vcra Irum in 1, distinct, i, Aiiguslini dcfinilioncm
,

cliarilas. Di'iii(|iie eliaritaleiii delinil cam qnrc adniillil : ergo et Anguslino el Iota Schola ju-

ciipiditali oppoiiitiir. HaT auleiii itenim alquc dicc, el suo aibilrio, prœsul condemnalur.
ileniiii csl ipsa cliarilas. Saiieliis ven» Thomas
Articulls V.
ciim saiiclo Aupiislino hic vidl definilani cliari-
lalcm proul csl a spc dislincta non crgo ca :
413. Nihil csl quod niagis verilalis inlersit
cliarila> comprclieiichl speiii ; iiccpie nlltis llieo- inler conccssa mcmorari, quam islud sa'jie a
logorinii aliler inlcllexil; ac iie(iiii(lein ipse iiohis assumplum ex Iiisiniclioue pastorali. D.
ouclor, ul scqucnlia docenl. Camcracensis ^ « Fieri non possc iiti nosmct- :

AUTICLI.LS III. ipsos non semper diliganius; » ncquc ilcm (ieri


po.s.sc « ul nos diliganius quin nohis oplcmus
m. « Scliolaslici loijoniml, inqiiil ', Mel-
siipremum ilhid hoiunn quod est imum neees.
,

(Icnsrm nnlislilem IVnilionis vocahulo pliisjiislo


sarium " » Kn « semper » nosmetipsns diligi-
sil)i airof;arc : Iriii, ul ail Anfriisliniis **, csl
inus, semper beali cssc voluinus crgo in ><
;

amore inha'rerc alirni rei proplcr seinsam ; en


omni aelu nec Melden.sem coaigui sed laii-
: ,

lespecUim ad nos jam rcseissum. » Uiidc in-


dari oporlehal, quod id asserueril, ul supra
ferl : c Igitur frui nuUum includit respcctum
dicluni est (n. 2", 28).
' ilirnnm rf .: , t. Xlv, p. 4 .:>. — ' lirip ml .fimm p. 32. 33 —

,

• Aug De doct. Chritl., 1. III. C. 10, h. IC S. Tl.oiO., 2-2, q. 21,


, .
1 Pf dncl. Chritl.. 1. I, c. 4. ' fh . c. 29. n 30 — ' Ifrtp. ad
•rt 2; wJ. rontr.; Wp. 1 In I)i'Cl., p. 27. 23. ' i>np
q. 2 et 3. — ,
— .S-iimum. p. 34. — • IM docl. Chriii.. 1. i, c. 22. n. 21. — > rnf.ir»
• lirip. nd Summnin, p. 32, 33. " 2-2, q. 23, nrt. 2. —
' Ketp. ad — lur V/iulriiction pniloratt, sup. n. 27, 28, 29. — - In^lnicliun pu-
Sm.i.am, p. 33. —
• D( dw(. Chritl., 1. 1, c. i. toralc, II. 11, 20.
,

QU^ST. VII. DE NATURA SPEI ET CRATITUDINIS. 47

H4. Hue accedit quod idem aiictor agno- ,


ligant sibique beatitudinem optent quo une
, ;

ven't « amorem illiiiii tain puruin, queiii uniis- ccrtum est causam esse conclusam, et auctorem
(juisque sibi semper debeat » illius bœc verba '
; convictum esse manifesti erroris, qui loties di-
sunt : ergo anior ille « semper
qiiem » nobis xerit.ab objecto charitatis seclud* posse imo ,

debeiiuîs punis est; amore autem illo indesi- vero oportere, sludiurabealiludinis; adeoquenec
neiiter suninuim bonum nobis, ipso latente anc- eam nobis nec proximo ex charitate optandam,
tore , non oplare non possuraus : ergo piu'i ut etiam sequentia magis declarabunt.
amoris est, summum bonum sibi optare, idque
Articulus VIII.
concedit auctor : cujus concessionis quanta sit
120. Ex his igitur palet per auctoris concassa
vis, sequentia demonstrabunt.
rem esse conlectam; quod ut prohibeat, et ocu-
Articulus VI.
los ab ipsa summa quœstionis avertat multa de
115. Primus Augustinus prodeat disertissimis spei naturadequegratitudine profert; quœnunc
notissimisque verbis 2 : « Jlodus diligendi prœci- resolvenda sunt, et ad ipsum quœstionis caput
piendus homini, id est quoniodo se diligat ut
est semper oculi retorquendi.
prosit sibi quin autem se diligat et sibi bene
:

velit, dubitarc démentis est. » En modus dili-


QU/ESTIO VII.
gendi se ut prosit sibi, sibique bene velit, per se
ad charitatem spectat ad charitatem spcctat :
De natura spei et gratiiudinis deque ohjectioni-
bus'inde repentis.
« diligere seipsum, » quœ pars est prœccpti de

proximo diligendo; cum scriptum sit « Diliges ;


Articulus primus.
proxinium sicut tcipsum ^ » ut passim Augus- , 121. Magnum aliquid sibi objicere videtui
tinus et oranes theologi docent. autistes, nempehoc : sicliarilas, ita utspcs, Irui
dcsidcrat, conlundi virlutes illas ac motiva vir-
Articulus VU.
tutuin ; hoc euiin assidue repetit et exprobrat
116. Hinc tola Schola agnoscit amorem nostri
nobis Quem uodum tribus verbis sanctus Tho
' .

ac proximi, ut sumus resDei, a vera et genuina


mas secat^. « Ad 3 dicenduin, quod idem bonum
charitate elici : qua charitate ut sibi quisque,
est objectuin charitatis et spei, sed charitas im-
ita etiam proximo cupit beatitudinem ; eam sci-
portât unionem ad illud bonum : spcs autem
licel quœ Deus est, quam deinde bona omnia
distantiam quamdam ab co; et inde est, quod
consequautur.
charitas non respicit illud bonum ul aiùuiuu
in. Ea de re jam visus sancti Bonaventurœ
sicut spes. Quod cnim jam unitum est, non ha.
locus*, quo docet una et indivisa charitate di-
bet lationem ardui. » En domino archiepiscopo
ligi, et Deum, et proxinium, et seipsum, quia
tain operosa visa, atque omnibus paginis usiiuc
idem summum bonum volumus, Deo et proxi- et
ad nauseam infarta difficultas, quam brevi et
mo et nobis. Ac Deo quidcm optamus ex chari-
absoluta distinctione solvimus. Inest cnim cha-
tate, non ut habcat, sed ut sit summum bonum
etiam in via, tanta conjungeiuii vis, ut nec
:

ritati,
nobis autem et proximo ut illud habeamus. Uuaj
vita beata alla posluletur, dicente Apostolo :

clara est et incbictabilis demonstralio.


« Charitas numquam cxcidit'i » quod procul ;

118. Absil autem ut tantam vcritatem obscu-


Unde non spes charitas per se
abest a spe. .sed
rari sinainus. Omnino cnim Deum per scsc dili- amicos nos laciens
est justiticans et uiiiens, et
gunt qui scipsos, qui proximos ut rem Dci dili-
Deo quo et ipsas virlutes, charitatem nempe
;

gunt bona vcra sibi et proximo voiunt iicmpe


ac spein, et eoruin motiva, et ipsam ageiuli in
; ;

ut sintDco conjunctissimi, Dei bcati participes,


utraque rationem in immensum dislare constat,
« divina; iialurœ coiisortes^; » por graliam et
lliuc ergo a nobis conlundi D. Cauieraccnsis
gloriain dcirormcs in œlernum luluri; iia'c pra;-
exprobrat *; nec intellecto Doclore angelico.
cipit, hœc agit, hœc elicit ciiaiilas; quin etiam
Articulus II.
illud coiijungi, illud uniri ad iiatuiam et cssen-
liam amoris perliuoie, et Patres oimics etscho" 122. Ilinc etiam vaiuun patcl esse quod sai-
lastici omncs, et ipse cliain D. Caineiacensi li- pissime quicritur », charilatem a me a>que mcr-
dubLo\aniensisaguoï>cunt, ut dictuin cst(n. 47, ccnariam lieri ac spoin. El (luidom sanctus Uo-
48, cl seq.) naveiilurancgarevi(letur''e.\speclatioiieuui'ti"rni
111). Stcl ergo dccre'ium illud et Palriiin et boni esse mercciiariam, luin ratio meiceiiarii
Scliolœ, et auctoris ipsius , lieri omnino non ab ipso rcponalur in temporaU mercedc, non
posse quin oiiiiics semper oinni actu seipsos di- Ist. 21. 40, 41, 42, 4a, fii, ct«.(
<
Rap. ad Siimmam. p. 15, 1»,
I
11. — ' ne dnct. Chri.il., il. ^0. — Mallli., Onpo.i., p. 23; Lollrcs 4 M. do l'aris, lollro 4. —
' 2-i, i|. 2J, «ri. 6,
//,.. 11. c. liD,

'

xxji, :i7. — * Sup., a, art.


1.

n. 70^ S.
I,

lionav., in 3, dist. 'il, ad. 3. l—Cor., xui, 8.


' — Vid. in'lib. Gatl ,
' v
ectil. > ticsp.,

«ri. 1, q. 1!. — U >


i|.

l'ttr., I, «.
tl,
ud .Sammam, p. lU, 33. — « In 3, il. 26, arl. 2, q. 1, ad 6.
48 SCnOLA IN Turo.

vcro in icrna ;
qiiare ncinini oporicl crimini net qnid Srlioja sensorit; bnjns ego dogmata
vcrli q.iod sprni nepcl iiioironariani, modocon. aiiis quidcdi ol)jicienda, nonanlem miliisequcn-
fcnlanca |ip(|iiatiirol slatiial. Snl (iiiamlo(|iii(lfin da proposui.
pai-s ex ipso a'ierna» liealilii-
Scliol;e iiiaxiiiia , Artici'lus IV.
(iinis (lesiderio, vnlt spcin cssc (piodamniodo 126. De amore vcro cbaritalis et gratitudinis
iiioicciiariam sive siii comiiKidi sliidiosam cha- ,
a se mulno dislingncndis non ila sollieilisumus.
lilatcm aiitcm non ila ; id qnnquc ex sancli Uilro tamen laigimnr domino ai cliieiiiscopo ca
Tlionia' allalu priniipii) rcsolvcndtMii.Elsi cnini de rc maxime lal)orare viso • : si qnis ila divinis
cliarilak'in (pidipic friii vcllc ronslilil, Ion;;© bcncficiis addictus viderelnr, nt de largitoris cx-
dissiniili modo in liiiilioncrn lendit ac spos. l'iic- ccllentia non siilis cogitarel, Deoqiie inbaîrerct
Icrquain qnod cnini spes in linilionoin lendit ut niagis affeclu quain eff(>clu ; id ipiidein adgrali-
in ol)jotluni primariuni, ciiaritas vero eain sc- tudinem rclerendum, non ad charitatcm sin ;

cundario speitat ; iuic cliani acccilit, (|iiod ciia- autem ad benelicia sic res|)icit, ut ipsum largi-
ritas iK'o frnalnr, ni pnescnto, eonjnnclo, unilo, lorem vel maxime spectel. et al)execllenlia ipsi
et aniico ; spes vero ni al)sentc, necdnin ainico beneficio, nli par esl, jiretimn ponal, iiunc vera
anl nnilo : qno fil nt eliaiilas in sola Dei p;loria aldci eiiaritale, nec ideo inferiorc, qnod utraque
ut in tinc sislal, eoipie referai frnilionem snani, scilieet et Dei optimi cl ejnsdcm i)encvoli ac be-
ul (lixinms : qiiod (juidein si spes facercl, jain neliei inoliva conjimgal, tiicologi docent (ex n^
non essel spes, sed cssel i|)sa cliarilas. 4, prop. 33 item ex q. v. art. S, 6, 7 ; et ex
;

AUTICULUS III. n"* 108, 106).


Articulus V.
423. Jani vero videanms annon ipse prœsnl
in illnd inconimodnin incidat qnod oiijicit no. 127. Eam in rem et in Snmma doctrina; et
aliliisœpe indicavimus Suarczii insignem lo-
bis. Celle speni tiieoiofiicani, ut ipse loqni amat
ab oniiii ratione « niercenarilatis » absolvil '.
cum ^, (jueni mine inlegrum reddinms « Res- :

pondelur lumc actum famandi Dcum propter


Uanc enini « nierconarilaleni » conslilnil in co
benelicia mdjis eoUata) regulariter esse impera-
qnod nalurali ac delilieiatoaniore prose(iiiimnr,
tnm a gratiludine tamen est elicilive a ciiari- ;

qui e.sl novns luendi svslenialis niodus in /».s-


lale « en a charitate idque elicilive; quod suffi-
:

trticlioiie pastorali, et in llcspoiiaione ad Sum-


cil cetera nunc niiiil moramur. Sul)dil a Cum
: :

nwm, et in ca'leris lil)ris ubiiinc; dill'nsns, ni no


Deus pci'fecte amalin'|)ropler l)eneficinm, potins
luni est. Alqni spes a-teiiiain \ilani non nalurali
amatur, quia nos amat hoc autem charilatis :

illo, .sed supernaluiali aniore proseciuilur : non


est et amililia'. ncqne achis hujus ratio olijecti-
ergo niercenarie nec si>es est nieiceiiaria.quod :

va est extra divinam bonilatem namamor que :

est coidia .Scbohe placilum a D. Caineracensi


Deus nos amat ipse Deus est. et snmma qnœdam
loties appellalnni.
perfeclio ejus item i|)se nos amat. quia bonus
:

121. Verlta aucloiis iiic dilifïenler observan-


est. Unde qina amatur co quod amat, amatur
da. « Tola fcre, incpiil ^, Schola strictioreni
etiani quia lionus est » qnihii.s veriiis, iila de :

cliaritalis sensntn ainjilexa. ad virtutnin dis-


gratiludine di.slingucnda a eiiaritale vana htiga-
linclioneni accin'atiusservandain.perncfiatanu)-
lio iiu'idilur.
l'cin spei (jno (jtiis expclit fi iiilioneni Dci, qua- ^2S. Attidimus etiam Scotum, ac niysticos,
tenus l)oni relative ad nos, e.s.se onniino purnni Hnslirokiiim seilicel et llai|>iiiuin coruin anle-
gralnituni et cnjnscunujne iideiesse propiii
,
si^nanos , (jni molivum adliiheanl memoris
expcrtenj. Efjo vero non ila. n En ilie perspi-
animi erga Deum
nos prius diligentem, quo
cuis vcrbis a Schola recedit, ciijus me racinmis seipsDS inflamment ad aniaiiihim Deum caslis-
rcnm argiie))at.
simo ac perfeclissimo amore, eo scihcet quo
12.'». l'er^il: o E^'o vero non ila: nec enim in- omiies aniuLi; vires jierceliun-
oiimia vi.scera ,

téresse propriinn sise niercenaiilalem in nllo


iur neipie (pnd({uam inveni apud myslicos
:

alio positannolni. (pi.im in deliberalis aetilins.


(jiios(|iie sanclissimos cl alios pios auctore.s^
qnibns rialinali ainore nos prosetpiimur. Vudv quo vehcmcntius amor inardescat, ut est alilii
niiiii minime o|tns est objectioneni solvcrc: Iktc
dictum 3.
me niliil atlinel. r.

AnxK.ULDS VI.
Hoc esl : non mihi opus est « solvcre objcclio-
« neni » a Sciiola* aucloritate rcpelilam « ba'c
129. Uuorsum erg illiid loties al) aucloreallc
;

« me nihit atlinel. « Quasi dicat; Nihil me atli- ' Kap. ad Summim. p i;, ». 31. elr. — ' Su imn inci ; r' «ri
friiii(.ii>. Siur., Dt /Id. $pê cl char. tr. 3, diS|j. l «cet. S, n. 3, «t
< lictp. ad Summum, p. 33. — ' JOiJ., \>. J2, 33. a. — ' Sai>., n. OU, »1, V* t'cril, ii. 10.
QU^ST. VIII. DE FALSO MPUTATIS. -49

gattitn sancti TliomîB scitiim ', spem esse im Articulus II.

perfcriam qiiœ Inii appelât, si ipsiim t'nii lam Domini Cameracensis hapc verha snnt • ;
133.
peilecliirn esse (lidnms? Non salis inlellexit
« Meldensis dixeral banc suaui de beatiludinis
pra-siil iii ipsiim fnii diversissiine tendere spem
molivo inscparabili senlenliam ab omni Scliola
et cliarilaU'in illain, ut in aliqnid ahsens et
:
usuipari ; » recle ; et id etiani num dicit: Nunc
adepln arduum, quod eslini[icrl'celiim; liane ut conlraiium abonini lereSchoia tradituin latetur.»
in ali(piid pnvsens atqnc cunjnnclum in quo
Non ita sane suin confessus ab objcclo specifico
:

perlectio est, utslalim diximus {n" 117).


charitatis abstrahi posse ainoreui beatiludinis
Articulus VII. actu expresse et explicilo volilœ non autera 2_

eodem sancto doc-


ila, quin virtule et iuipulsu hujus molivi volun-
130. Nec pluris est illiid ex
las agalur, nec ila ut a beatiludinis secundario
tore repetitiun 2 : hoc qiiidcm ialeiesse inler
quod chaiilis nun ut spes quoque molivo persequendœ studio teinperari
spem et cliaiiiateni,
possil. Quœ qnani inler se, et cum universa
optet ut aUijuid sM ex Deo proveniat quod au_ :

Scliola consenlianl, docent, n" 4, prop. 7 et 8,


clor nisi univeisini inleiligat, nihil ci sauclus
non optai cliarilas una cum antediclisq. 11, prœsertim n. 43. Non
Tlionias protieit. Uuid ergo ?
ergo Meldensis secuni ipse pug<iat invitus, quod
ul id sibi proveniat ex Deo, quod est Deo ipsi
Cameracensis objicit scd Meldensis sentenliara :
esse conjunctum? No;i est ergo natuia etessen-
perspicuis veibis exposilam, ipse Cameraceusis
tia anioi is ut uniat ; a desiderio unionis anior
intelleclam noluit.
abslivdieie et al)^tine^e potest? Apage insaniani.
HcEC dicant lioniiues uiale lei-iali, qui nilnl pensi Articulus III.

liabenl nisi aucupaii voces; non dicat arcliiepi- 134. « Pollicitusest (Meldensis) se confutatu-
scopus lanto I; ;'o positus; agnoscat chari.ati rum Scholce sentcnliam libro ea de re cdilo. »
nihil esse nielius atd oplabihus, quani ut Deo lia Cameracensis ^ lalso. l'oliicilus est Melden- ;

conjuncta per giatiain et gloriani, vel sit bealis- sis, se ita explicalurum Seholœ opiniones varias»
sinia, vel esse incipiat. H;ec de spei natura dicta ut Iota dispulatio non tam de re qnani de nomi-
sint quo ad enores aucloris revincendos certani ne esse videalur 'i. Item est pollicilus, Ibie ut
viani uiuniauius. deinonstraret tolam illani quœslionem nihil
Articulus VIII. attinere ad rem, de qua agimns ^. llem est pol"
licitus, se demonstraturuni nihil allinere ad rem,
131. Imo res ipsa conl'ecta est. Duo enim auc-
an ipsa aHerna bcanliido primario an secunda-
tor asscrit : quod ipsa ciiarilas ita
alterutn niox,
rio, modo tameii ncccssario inoiivo ab ipsa clia-
absit ab eo, ut aliquid ex Deo sibi provenire,
ritaleq(ia;ralmfi. Ha^c quidem Meldensis est pol-
optet ut nec illud optet ïibi a Deo provenire,
;

licilus; eadem nunc ilernin pollicetur, alque ex


quod sit Deo conjunclissinia art prœce- ( .

parle pra>slilil (sup. q. 4, art. 3 et 4). Nec quod


cleide); quod est erroneuni, et ab ipsa natura
Cameracensis improperat ', « de eo diiiicullalis
aniuris aiienuui : allcruin, (piod ainare seipsuni
cardine scriplurum se pollicilus, mox inidavit
et |)ri)xiiiiuin ut rcni Dci, altpie adeo sibi et
senlenliam. » Quid est nioxmutavit? quo argu-
proxiuio optare bcaUuidiueni, non sitchariiatis;
mento probal? Adeo aulem absinn ut mox inu"
quod sancto Auguslino t()ti(iue Scholœ,et ipsi
larim senleiitiaiii, ul lotus in eo sim, ut quani-
pra'cepto proxinii diligen<li [lalaui répugnât;
piimum rem exse(piar ; scd dislnli tanlisper.
redit etiain pranlaruni saucli Ltonavealura; ar-
Uliiiam aliis domini Cameraceusis opéra occu-
gunicuiuui (sup. n" "0, 71, 117).
patus !

Articulus IV.
QU^STIO VIII.

De impulatis.
133. Si domino Camcracensi eredimus, « is
falso
ego sum qui tolam inlcriorem vilain et ip-
Articulus primus. sain chai'ilalem ad bealiludinis in Deo amo-
132. Id qnoquc |)ertinet ad involvcndum rciii reduclam velim ». » Kuisus : « Dominus
qua^stionis slaluni, et ad locloris oculos ab illo Meldensis episcopus charitatis noinine nihil in-
distrahendos, quod aiictor uiihi ac tanta irn_
lot lelligcbal pra'lcramoiein bealiludinis in Deo^ »

piilcl cohlra verboriun teiioreni, quiu nuuc ne Addil : "ludcsincnler collimal idem episcopus,
lectoii lucinn laci.nit, (luani [la.icissiinis [lolcro ni lotaiii ainandi Dci ladoncm, amabililaletri
conuneiiioi'.inda sunl. —
'
Rrsp.. ad Summam, p. 6. —'Summn d«cl., p. US). ' Krsp
— ad Siinimnm, p. 6. — < lii>i. sur les . latu doraison. 1. m.— * Ibid
' Iteip. ad Summtim, p. 62, 63. 6», etc.; !'->, q. 17, B. ' 10.
, p. — ' //>., I. V. .Uhlil., p. 2119. 210.211. 212 21.) 214. \ilb. — 1 Htèjt
14; 12-2, q. 23, art. tS.
ad iSuninuini, p. 63. — * Jb., p. 8. — • /t., p. Iflj

a. io.M. VI.
50 SCHOLA IN TUTO.

[otainponat in qnfprenda in Deo hcatiliidine, et 13&. Quam procul a nobis absit illud, Cave
ulamaiuli ralio imam iii licalilmlinem rcsolva- nobis lain aeerbe impidatmn, antecedenlia os-
tur '. t'iKKinild noslia Ic^ciil (pii Iimt (ilijicilft lendunt. Uui.s enirn ex n<ibi.s dixit nnqiiain :

assidiio iiinilc.il. ailvcilat loclor ilili^'ons. .Nc(|uc « Cave, ne impusteruni iilbmiaelunicoidi'ili'>nis


ciiim |ira'ii|Hiiim, iicilimi lolmn mi>li\iiiii clia_ eda>, nisi tcipsimi beaiiili piMpii.^ilo? » qui ver-
rilalis in (|iiaM('ii(la hcaliliiiliiu; nillocnvi, scd buruni onuie aliud molivmn exeluderet.
leniii'

taiiliiiii spciinilniiimi, ni'c in oo aiiialiililalcin .Nus aiilem io molivo liarilalis adeni


pro primai (

ipsam nniveisiin, seil speciali'iii et (piandain (pie ronli ilionib seiiijier babnisse siimmani Dei

cnrn ScDlo rcpo^iil; (pioil et Snmma diwlrmœ exeelleuliam, loties dixiinu-, ul leclori la'dio

(11" 8; et ni>slia' n" i) propositicmes M), el jani e.sse vereamnr.


iiidc ah iiiitio in Instnicliimc noslia dr slalibim 1 iO. Neipie item dieimus istud : Contrilio fla-
oralionis luci (n" i;U) all(';:ali proi)anl. fiian.s ex sula l'ei p,.ieliriUidine et peilectiune

AUTICLLIS V. inlinila. beueiieu Deoel Cbrislo deio^al : » nun.


quam enim dubitavinuis ipiin sula Dei |)ei l'eelio
liiO. Uiiod aiileni .seeuimiuinni illud snj-'pillal
abstiaclive eunilari |)ussit, née eu iuiims vaiere
ut nii-tiiii '^, iiec Ictère \<diiilaimutaliiMiad lalus
raliunem eiiarilalis ulliu cunlilennir. Siqnisau-
tieoli lociim, snpra e.xpo.silimi est (ci- 4. loUi/ ;
letn ne):aveiil in amure Dei peilerli, et excel-
ul)i id ipioqiie dtîinoiislialmii est, ii(»n id a Sculo,
Icnlis vil Inle euiitineii amuicm Dei ut benevuli,
seti fliaiii a saiiclo iliunia el ab omiiil)iis llieo-
beiieliei, deniqiii! sei valuii>, el in eum prupen-
logis, \el istis vociibulis, vei simuua ipsu rc-
deie pei' seseomiiem aiiiniamChrislianam.euiii
cogniluin.
a Seripluris, a l'uliibus, u sana llieulogia abliur-
Articui-L's VI.
reic diciinus.
13". Urgel : a Meideiisi « inccntiva, ainandi
Articulus VIII.
illi'Cfbras, lomiU'iii int'xsliricliim a^;tiosci : qiior-
Uuasi l'froiiiolivi
141. Rogalum anleni voliimus D. Cameracen-
SUMiislai' (|iiidni iiiuli\iini '? »
sein, qnid seiiliat île illu deereto concilll Tri-
DOiiien lelurmidaverim, el imenlivi naliieriiiiî
denliiii ', (pKid lide ac sjie pusilis, eo eliam ante
Ego veroiioii siiin laiii acultis idisla>ecciMain :

jiislilieationem assurj^n (i|)uileie deceinil. ut fi-


Bimplicitcr dlco iiiuliviini ipunInidNcal, illieiuin
dèles « Deuin laïKpiam uiimis juslilia* luiitem
qnod illicial, iiicenli\uni ipiud incciidal, iiicila-
vdccs ejusileni
diligere iueipianl. " An btre vei ba cuneilii ad
nienlimi qiiod incilel : (jua- siiil
veia' genuiniv(pie dileeliunis inilinm perlinere
^irllllis. .Mulivi M)cabiilu (jiKities in coumiuni
pr.TSul iie|j;al, sprelis aiadiiniainin Beljiii llieo-
iKislra Uoi'l.iralione .sid)scripsi ! Ca'leiuni incen.
lu^is? Siii aiilem nun audeat aspeinari lanlos
tivi viKiin niagis lia'.si>.se nienioiiu' lalcur.quod
virus. iaiilunM|uc euiiseusum, InUaUir iieeesse
laliiiis l'aliilnis .sil ianiiliiirnir. Sic Anduosiunj
esl beiielieiim illud uc |)rulluuin, niulivu cba-
di.xisM' niivciani ^ : « Summum ^i^l^lli iucenlj-
rilalis euiilincri.
vuni rcpoï>uil Deus lulm;e i)i'atilu(bnis. • lle-
cu'kslis 1 1:2. Uiiid er|.'o rcs|)undebil si illnd vicis.sirn
runi : « Uoniinu.s nu!>ler Jcsns, ivjini
bea- objieimus : « Cave
ne Dei exeellentia ejus be-
»
gluiiani, perpétua' (pdelis (iialiaiii, \ila', el

priipu-
nefieen iain eunlincri putes cave ne cuntrilio- :

UUidinis, ad viiluli^ biiuiana' iiicentisa


nis aeluin cdilurns, Deuin benevuluin bencfi-
guil. " Kn bealiliidu liuenliNum, idquesuiimuun,
cuinque cui^ilis eoqne le inuveii siiias; si<-eniin
quiid iu umini cuiii lei iiuueblule Deiquc exccl-
perleelaî illi eoiili iliuiii derufiures : eave, dilec-
Iculiu coulcbcul.
titiiiem illam Dei tau()iiaiii omnis jnslilia; lunlis
Articulus vu.
ex deeielu Iridenlmu, in euulriliuuis aeluiii in-
i'AH. Jani pins leelnr nniinadvertal velini, .seias el iiivdhas (|ua> nus nun invidiuse, sed
:

quam illnd inviiliuM' Iribiiiiiur nubis > : u Cave veie el seiiu adinonemus?
Uiï impl)^leI nui ullimi eunlriiitini.s acliuu elirias,
iii^i li'ipsum beandi |ll'llpll^it(); (piiMimiNSo buniu Articulus IX.
mU\ dbidt rel. » Sidxlil : (Àiniriliu (pianliimvis 113. Non eifîu, ul objicilnr 2, « di.seoiliiunsab
iia^rans, ex sula lleipulehiiUiuineel penecliune oa eunli'iliunis lurma quam a pareniibus edocti
inlinda, j^raliludun Dei lieneliciis se.se deleeianli snimis. » La enim lurma in onmibii.sealeeliisinis
tloru^aiel. liis ui'^ulii.s, qii;e ipMi usu el in pruxi le^ilur, ul p( (-(-al.imdeteslemiir, " eu cpiud Deo
nuMiuaui valent, (.lni,>Uini ipsnni bcnelicioruni upliiiiu sive iidinile buiiu « displieeal. Ll si au~
ouniiuni lonleni abjieeres. tcin <> illud uplimum el inliiule bunuin, sniu- >>

'
Rr>p. ad Stimmnm, |> vr. »«. 15. — > P., p. Ifi. 40 — » /.'«p. inaiii Dei exeelleiitiam pi rieeliunemque desi-
Oé Samniara, |>. 17. — • Ambr., m J^ial., i, ii. 1 at 13. — > Jt<*t>-
ad Siimmam, p. Ï7. Sess. 6, c. 6. — ' Reip. ad i>ummum, y. X.

J
QU^ST. IX. DE CHARITATE UT EST AMOR MUTUUS. SI

gnat, ea tamen voce vel explicite vel virtute com- amatur ut amicus in que mutuum ilhid requi-;

pleciiiiuir beiieticeiilissiinuin , beatificiim ac ritur. Uuod sponsa cecinil « DiiecUis meus :

miseï icordeiu Ueiiin : et ciim Davide tliciiiuis « miiii,etegoilli » etiliud « Egodiieclomeo


'
; :

totoqiie afit'ctu centies ileramus : Coiilileiiiini « et ad me couversio e.us 2. » Quod eliam Cbri-

Domino, bonus; qnoniani in sœcu-


qiioniain « stus prœc(>pil his verbis: « Mauete in me, et ego
« luni niisericordia ejus i » neque iinquam pe- : « in vobis 3, » centies inculcatis. Amicus enim

nitusabeatitudinis studio tetnperamus>utdictum amicus, nec sine respeclu dicilur; eigo


est aniico
est. amor non est absolute et abrupte se-
cliarilatis
Articclus X. clususarespectuad nos; sed iiludiestringendum
444. De Catechismo Romano nobis objecto 2 ad primarium objcctum quod est speciflcum •

idem diciinus nempeejnsqna sola nioveamur


:
simul tamen reii;to, sailem tanquam proprio'
« bonitalis virlulisqiiedivinae » noniine, cornpre- Cdque inseparabili amure relalivo, ut sœpe dic-
hendi siniiil el illud exceiiens in se, et iihul in lum est.

nos pionnin, eo ordinc ac ritii (pieni sœpe ilixi- 148. Radix aulem hujus rei est, qnod amor
mus. Roganius eniin D. Canieracensem, an ne- naluia sua est unilivus, imo vero est ip.sa aniino-
gare audeal benevnlentiam acbeneficenlianiDei rum conjunciio; neque quis ainare polesl, nisi
interejus a virilités » ac perfe tiDnesessennme- eum quein sil)i tradilum, cui se liadi.um velit-
randas? ergo bonilalom Dei viitiUeuiquc spec- unde ipsas charitas ab A|)ostolo vocalur « vin-
tantes, eo qiioque nuniine beneficentiani com- culum perleclionis ", » uuiendo Deo et homini
picclnntur. Alibi aiitcin ostendimus saiium •* apliun, cum couscientia amoris mului.
intelli'Cluni ejusdem Calechisuii ab auctore per- 149. Id a prœsuie semper dissimuiatum esse
versuin Tlieresiani, Salesium, reliqnos Iriistra
:
gravissiuium est, et si sa?pe a nobis objoctuin
appellatos, oppositee senfentiœ favere peinega- jam indeab hislriiclidiie de stalibus orcitinnis 5,

nius neniineni esse asscrinius, qui non pœni-


:
addiiclo in leslem |)Ost omncs lliooiogos sancto
tenles ad contritionis acliiin, ex motivo benelici etiam Francisco Salesio 6, quo vel uia.\inie ad-
et seivatoris Dei, inllanunandos pulet. versarii gloriantur.

Articulas XI. Articulus II.

145. Neque praetermiltenduinillud mihîsplen- 150. Mirer autempost ailalamab ilhistrissimo


dide iinposilum : « Paulo ac Moysi aliisque piis arcbiepiscopo Parisiensi eju.sdein sancll viri
animabus per suppositiones iilas impossibiJes, luculeuti.^simam aucloiiiatem ', D. Canieracen-
pias ineptias, pios excessus. pia deiiria, inanes sem niliii aliud quain eludere voluisse»; nempe
argulias *; » quodque gravissiuium, inordinatus sic interiirelalur, ut illa couvenientia, sine qua
« affeclus » a me fuisse atlributos &; quibus res- Deuui plmisœslimarc tanttmi, non eliam amare
ponsiim est in traclatu qui iuscribilur Mystici in possemus tieato Salesio niliil aliud esse x quam
tuto, n. 192. coiiveiiieuliam luter ubjectum et lacidlalem: »
146. Haec igitur sunt, qnaeniibipercalumniam quod eslaperle lalsum. l'riuumi enim nec ipsa
impnlata; liis aulem liqiiet, me a Schola non exisliinalio polest esse sine couvenienlia iiiler
nisi imposilis manilesle l'alsis di\elli putuisse. ol)jcclum el lacullalem, quip|)e(pia? coguitidueui
tolum(|ue iiludquod a Scbuladiscedere aicusor, taula' excelleuliœ, adeoquc alicpiam proj)orlio-
non nisi disliahendis animisa slatuquaestionis, ncm iiilellectualem recpiiral. iJciude in eo vel
iuvenlum laisse. maxime reponil Salesius proporlionem illani,
quod atnoi' cliarilatis sit mutuus; (|n;e ratio ali-
QU/ESTIOIX. qiiidexigil majusqnam proporlionem et conve-
De charité ut est amor mutuus. nienliani u[)jecliel liicullalis.
AhTICULUS I>RIMU8. Uuod aulem ex Francisco Salesio aller 1 9,
151.

amicitiam omnos con-


147. Ciiaritalcm esse a Deo couunuuicalam bealiludiuem non esse
senliuut, allestanle Ciu islo « Vos amici mei :
molivum diligendi, « ni Deus nec minus amalus
t eslis 6. » El ileium « Dire autern vobisainicis:
nec minus csset amabilis cxcliiso paradiso, »
laiita perspicuilale a iiobis ex|)osilum est '", ut
« mcis7; » et iterum de Aljialmm « Kl amicus :

nullns siipersildtd)ilandi locus; el tamen addcn-


( Dei appellatiis est» : » et toto Vetere Novoque
tui (pia'dam iiece.ssaria, ubi de suppoMlionibus
Tcslainento passim; inidc cliamamor cliaiilalis
vocatur piopricainoraniicitiji;, qiio quiftpoDens
iinpo.ssibilibus agendum erit,

iCiitl., li,16. —
: r„ni VII, 10. —
> Joan.. xv, •!. • Col, —
' /'fa/., CIT. 1 —/ifip. nd fSiimmiim, p. 'il

Calk. conc. Trid., , til. 14 —
,

inst. sur les états d uraitpn, I. Tiii, p. IB5 " — Amur


infini. 1)0,,,.— 'PiélaCL- sur llnstr pasl sccl. vu, l'f AV.s-n. i
de Ditu ii,c. -ii. — liiitr. (..isti.ralo <Ic .M. dv Riii-., p. 49:

,

~ —
I. '

—de«ij., p. 49; entrot. ——


ad Summum, p. U), zn, «6 > Jb., p. 41, M. • itie, xil, 4. Amour Dieu, 1. .v, c. 10. » l.cltrc>> A M. de Pnris, Ictli'»
Vaaa., xr, 14. —
• Jac., il, 23.
f. 44. il. ">
4,
Instr. sur les 6tats d'or., f.lt.

I
53 SCHOLA IN TUTO.

AnncuLus lU. QU/ESTIO X.

152. At, qiiod idem pr.nesiil in ca(!cin epi- De sancto Beniardo ; ad n. 4, prop. 23.

îtola ne! dmiiiiiiim l'arisiciispin me qiuicjiK' siiœ


ARTICULtS LMCLS.
scnlciiiine tpsleiii ad iiicil, pare pia'iilis dixe-
1S3. Beatiis Bernardus is est, qui spnn-ae
rim , objei'ti^)nein pro responso nccipil. Tolo
moi viii loco niliil aliiid a me
ralionein iii ipso ainore vel maxime coliocax il.
eiiiiii illo libri <
,

Si, impiit', a perlecle dili;:il , nupsil ; » per-


agittir, cpiaiii iil (ibjccla propDn.iiii, cpiii' dt'inde
lecle aiilein dili^'il, qii.T el se diliiîi seiisit ;
" di-
scquenlihiis paginis dis^ul^alltu^. Sic cniiii iii-
« li^'ens, > inquil ^, « sicnl dilccla esl. > Et illi
ci|iio : « Dicciit , » clc, qudd osl olijicirMlis.

dccrriRMilis uni cdiii luilnilis. tjuoù (|iiidein Kiispecliim qiiodammodo ad est lilii
noiidiiin
b.Tredilatnii spcclantis noineii; ca'Ieruin nec
addo : « Videlur >ancliis a iliarilalc cxcliidcre
S|)onsi ajipellalio iiiimis rclaliva est qiiain pa-
« dc'idoriimi pos^idcndi Doi : » iion magis est
reiilis; >ed s|)on>i ralio desi^'iial riarius lolam
me 111, qiiarii illiid saiicli IIioiiul' lepe-
lolics
sponsfe possessioiiem in ipso sponso pusilarn
lilum : « Videlur qiiod non. i> llaqiie dhid, ;

qiio respeclii aiiior sponsi polior esse videlur


qiiod iiiihi a D. CaiiiriMcriisi Iribtiiliir, iiiiiil
qiiam parenlis, licel ainbo idem sinl eo qiiod ;

aliud esl qiiam ipsi>^iiMa ob.rrliii qiiam lolis


in sponsi nomiiie ipsa amalte persona; Iruilio
docein eoqiie aiiipliiis pagiiiis rnnrulaïuiam ajç-
sil clai ior.
gredlnr qiuT contulalio sic iiicipil Voriim si
;
:

lof). Sane aiiclnr Bernndo mnltiim ntitur •

quid lK)iia> lidri sii|.cre.sscl ne illa- quidein dil- ,

nec laiiieii mKjiiam advcrlil illiid, diias causas


lictdlalos (irirnl'. ergo » Siiiil dil'IicMllaU's, qiias
dilii^ciidi Itci a saiido esse posilas: " primam,
niala (ide (arias corKpicror ; stiiil obieclioiies
quia niliil alleram. (juia niliil Iruc-
lidiiesliiis :

qiiasa\eisor, iiisverbis^ : « |»oiloiili loco e.s>et,


luosius' » qiiasqnidem duas e.sse asseril cau-
:

si quis diceiel de.>idriiiiin videiuli Dei, rt ca-


sas, cur Deus « propler se » iliii;;aliii ni ip- :

pessenda.' saliitis, non esse piiii ainoris arliiiii. »

conrcssi^se Mrliien-
sum, a propler se dili^i » in illo rrucUi, in ,
ynarr qnod pra'siil aildl *,
illo comniodo noslro clare compreliindalur.
seiM id qiio « niliil est rmdra iliiiin lucuienlius, >
Nec luinim ; cinii illud a Deo requi>iluni. niliil
ob eclio e>t pro £once~si>ine arcepla ; non (|ui-
aliud quaiii Iléus ip.se sil: Prxinium, » inquil^,
dein inala lidc, credo, sed |)Cssinio aniini adver-
« ipse qu' diligilur. » U"fE "os n" i, in prop.
sissiiiia (|iia'(nie ro;;ilanli-; excinplo.
noslia!2J. qua perspicuilalc puluinius, exseculi
lî>.i. Uiioriica ab.sliaiu'ndo liic a qua>slione
sumiis.
de inoli\i> alibi prrlracla, jiro ceilo rrlintiiiilur,
15". Qiiin eliam Bernnrdns qiiarens quo
anioieiii Dei tilamiri, el esse cliarilalis, el eiiin
« mcrilo suo » Deus dili;:-aliir, nullo loco nie-
necessario inaiiilrslo(|iic lespeclu ad nos esse
moral cxcelleiiliam illam ab omni respecUi ad
toiijiiiicUiiii ; ipiod eiat deiiioiistranduui.
nos absdiiilam. Sed « quo nieiito noslro * » :

Auticl'lus IV. sic iiilcIiiLiit : << mullum mcriiil de iioliis qui el


ininicrilis dedil .seipsiiin ncdiis; <' ac paiilo post;
154. Nobilissiniinn ac pulcheiTiinum amici- « Si Dei nieriliim quaiiiur, cuin i|isniii dili-
tia? ^eiius est illiid spoiisa*, ipiœ eliain aiiiica geiidi caii.sa (pueiiliir, illud esl piaviptium. quia
casli.ssinia dicitiir, ad Sponsiiin c.indidiurein ipse prior dilexil nos : » perspicua relalione
liliis, et uinni piiiiate piiriurrin. Utio iocu, si ad eus ipios dilexil.
pro ccrto eslainuieni cliarilalis esse prorsiissine 158. Jam de commodo nostro dicturns lifcc
ullo resperlii ad nos, nec anior Sponsi nt spoii- snlxlit ^ : « llabel pra.Miiiinn, sed id quod ama-
sus est, eiil cliari.alis. Ni'ceiil iiliid rliaiilatis; tnr; > nt eli un liens in i|is:ieomMVtdi noslri ra-
« Kr^;o dilerlo ineo, el ililrcliis nieiis inilii^;» lioiie ideo in se dileelu< iiilrllijatur quia iiui-
nec illud : • Teiuii illi in. nec diniillaiii<^ » ac ;
lum alliiid praiiiimn ndstruin (piam ipse est.
ne qiiidem iiliul lani tasle qnain coididenler 159. Liide eliam illud ' : « Non enim sine
"
ediluin : « Osciileliir nie o>culii oiis sni ; » qiiaj pra'iiiio diliuiliir Deus. elsi abs<|ue pia'inii in-
si ab ainore cliarilalis arcenliir, Can-
lola sjicri tiiilii diligendus : » perspicue inlelli^ilur île illo

lici langnescil ac lrij;esril oralio, nec amorein , praniid, quod extra Deiim (pueiereliir. Siibdii:
sed spein spoiisns el siionsa caneienl ; (iiiol) est « Varna ipiippe rliai ilas esse non pole^l, ncr
absurdissiniuni el iiierudilissiinuiii. lanien merreiiana est, quippe non (luœrit quœ
sua sunl.» Cur auleni non quieril? « quia ha.

' Instruction sur les «ils d'oraison, 1. viii. —•' lli. — ' /"o. — '
Al Canl.. m™. 83. n. 3. — ' /6.. n. 5. — • Pf d l. I)r\ c. l^
' Uttre4, |)ig. UO. — > Canl., vi, 2. — < Caiil , m, 4. — ' Cant-, n. l. i.6i sup. — ' JO., c. 7, u. 17. — ' /t., c. 1, n. 1. — '76.,c7,
1,1. 11. 17. — ' Ot dil. /V', c. 7, n. 17.
QU^ST. XI. DE AMORE QUARTI ET QUINTI GRADUS. S3

« bet, » qiiia ipsoamore jampossidet: « nec qiiœ- trina Sanctorum liber nititur. Amor autem
ril qiîfesiia siinl, quia non désuni'. » quarti gradus, est amor charitalis sive « jiisli-
100. Ca^le.a jam clarasunt: « Amor ipse sibi « ficans ' : » amor vero quinli gradus, csl amor
fnic.liis : sibi [ira'iniuui : aniat ul aniel 2 » perticiens sive |)urus, et perlecla ciiaritas 2.
qiiipne qui iii amore suo ipsiim auialiim coin- Ifii. His posilis aucloris detinilionibus, prima
plcclatiir lotiini, nec « a spe viies « siimilom- nostia conclusio est: « Amor justilicans est « iile
nes, ul sîiepe dixiuius : nullas, ha'relicuin, et « quem Schola defmivil amorem Deo ut in se est
coiiciiio Tiidciilino palam coiiliariuin. « adhœresceuteni, nulio respeclu ad nos:»
161. Quod ergo Coniardus addil ad iliud Da- quoad illam specilicain amandi ralionem, ut
vidis: « Confllciniiii Domino qiKini.un bonus :d diximus. Res per se clara, et ex dictis probata,
conlilelur quidi'ui, quia l'orla.^se bonus est sibi, ipsaqueauctdiis conlessione concessa.
non quia bonus esl in se^ » conciliandum est : 165. Seconda conclusio: Amor ille « purus
eu II eo quod videmus Deum diiifzi « propler : « est alque graluilus » ex lerminis constat, :

se psum » eliam ex noslio commodo, « quia cmn sit, ni vidimus, pura Dei bonilale in se
niliii fructudsius* : » nec inunciiio lamen vi- considerata lulius, alque ea ralione a spe dis-
tuperalur ille qui « Dcum sil)i boiuun » lan- tinctus : unde :

« tuni cogitai,quippe niiiil diligil nisi suuni s : 166. Terlia conclu.sio : Nihil illo amore su-
ilaque Deus bonus nobis cl bono et maio sensu « perius invenitur in Schola : » quippe cum in
sumi polest. Qui vull Deum sibi bonum ut det illo consistât pura et perlecta charitas : ex quo
tanluin extianea a Deo, malus est ainor au- : seqnilur :

tem ex Beiiiaido semper est bonus; cmn pse 16". Quarta conclusio « Amor ergo quinli :

ut |)ia^mium diligilur Drus. « gradus, qucm piu'iun perl'eclumque auclor


1G2. Unde ilUid exisiit pctieclare ab eodem « vdcal, extra lindlcs Scholœ est, nullaque theo-
sanclip ibidem pronunlinluni ^ « ipse (Ciiiis- : « logorum auctorilale nititur. »
(tus) factus est ut aniaiotur : ipse speralur 168. Quod aulcm nunc auclor addit, in eo
aniandus felicius, ne in vacuum sil aniaUis, » esse quinli gradus vim, ul amorem sui natu.
Et « in vacuum amatus, nisi speraretur anian- ralem ac deliboralum excludat, poslea conside-
« dus lelicius. » L nde scquilur « Nec liabcl la- : rabimus: inlerim annotamus nullum adductuin
men quidquam (Deus) seipso meluis: se dédit in necadduci |)otiiis.sc scholaslicum auctorcm, (pii
meritum, se serval in pra-mium ; ac paulo in ea exclusiune amoris naluralis ac deliberali
post : Domine, animae quarcnti
«Bonus es, vim amoris puri ac perle ti collocaret. Ergo
te; quid ergo invcnienti? » Ergo illa anima ha-c senlenlia a Schulœ placilis penilus elimi-
oplimo sensu vull Deum bonum esse sibi : nanda est.
quod « qua-dam anima » perverse et inordinata Articulus II.

vull ea scilicel quœ


: sobim diiig.l suuui, » <'

De amore illo quarli gradus .sive justi-


169.
et reliclocnmniuni bono, propria, id est creala
ficante hac prajsulis dicla sunt primum « Is •
:

et augusla bona, silii a Deo dari |iclil. Alque


amor Dcum quanit pruplor ipsum, eumquC
ha'c suuima \\)>n aliiii cxplicala *', nunc in pau- "
onmi rei nidia exceptioue , aidcpoiul ^ , :

ciora consliiuginuis, ul clarc iiilolligalur vorain


alTcclu quo in gcncie amoris niiiii est subli-
cl gcnuiuam cliaiilaleni, (pia* Dciun pr(i|)lcr
mius.
ipsiim dili^^al, eliam ad relaliva produccre,eo
l'O. Allerum dictum'': « Tune (in eodem
sciiiccl modo quo dixinuis.
amoris giaduj anima amal Dciim cl propicr ip
sum cl propicr se sed ita ut gliniam Dei pra-ci- :

QU/ESTIO XI. puc diligal, ncquo in co propriam Iclicilalom


qua-ral, nisi ut csl uicdium ipnid relcri clsid»or-
De amore qunrti cl ijuinli qradus primus ; et
dinal iini ulliino, qui esiDci gloria : » (pio uiliil
secundus aucturis errores.
sublimius Sciutia unquam aguovit cigo cpiod :

Articulus primus. supra est, ncmpe amoi- (|uiidi giadus, ilcrum at-
cpic ilcrum csl sallcm stipcivacaucus, loti(]ue
163. Jam Schola penilus explicata, falso im_
pulalis ordirie conlulalis, nojjis dcvcriil ros
Schohu incoguitus. Jam ergo dcmonslranuis
ad
quain sit erruneus.
Jugulmn causa', cl ad duos amures, (juarli ni-
nnruni cl quiiiti gradus, quil)us tutus de Duc- Articulus III.

I
/h Canl serm. 18. n. 3. — ' scrm. 83, i. — '
ni. Est in Summa doctrina' ••
Inijiis crroris
, /(.., ii. Epist
11, cl Oe d I. Dm. c. 12, n. 34. — < Jbiil., c. 1, n. 1. — s
Ib., c. 8,
Mnximct des — — —
n. 22. — • fTi{K» sur l'Iiistr. put., p. 609. •
'

là., p. tl tt 9. —
s«ints, p. 6.
> Summa
' Jb., p. 10, IB,
doct., p. 443.
' /6.. p. 8.
84 SCIIOLA IN TlJTO.

demnnsiratio, qimm nrinc In paiica contrahl- jecio et « in »efn hninnnoi indefinite sumptn;
iniis. Il) Ik(I)c1 (|iiai lus ^nuliis D. Caiiici .icciisis scd non in illo nclu in ipio cnI inuiiliiialio. >i
in lihro De ilmiiina saDrlanim, « n( iti co Dciis erdni ipseaelns in qiio esl inoriliii.itio el pccci-
qii;i'r;iliii |
ropliT i|i,siim, (iMiiiii|iic rci niil('|tiinn- tiiin, esscl Jialiitn salleni suliinilinalus ultinio
liir, cxccpliiino niilla ; (|iiin cliarn in eo nloria fini, es.set (inoipic pcr se reliiihilis in Ueuni,
Dci pi!vd|)iie (lilijialiir, ihiqnc |irii|>rin lioaliliido pos.seUjue actu relalus in Ucinn, (ieri nieri-
non iiisi ut niciliiiinad liiiiic iilliiiiiiiii fiiuMii, lioc torins; eo modo qno aclus iiidilTcienles, pnta
est ad Dci gloriain rolatinii, ei(jue siilHudiiialnin comcslio, et alii Imjusniodi relati ad Deiun>
re(|iiiratiir fniim. 169, 47(t) : » atqui (iiiinliis tinnt niei ilorii : qnod (jnideni de acln pcecali
' radiis, (|iii niiiori piiro Itihiiitiir, iiiliil polest vcnialis dieeie, esl nl)>nrdissiinurn cl ei lonenm.
halicre sidiiimiiis, ni>i liuic addas alxlic-aliotiein L'ndc apei le lepuiinal rationi peccali acinalis,
pri)|ina- Ix'atiliidinis.ctiaiii id rcl'ntnrad Doiiiii, ut sil ipso liabilnbon snhordinalnin. Non cnim
afpioiuiiicl>.('aiiK'iacciisisal)li(inet : erfioaninr esl idio modo; ac ne liaMlo quidcjn Deo subor-
qiiiiili p:i'ailiis non modo est evaiddus et nnlliis, dinatnni, nisi forlcul jiidici et iiHori.id ((iindest

vcriiiii Pliaiii ii.iliis, pervcrstis, oiroiipiis. Hoc perse niidiim pejcalum. K dsa t;>l liain
id(pie >

nosli'iiiii Cl at ai'^iiiiientnin iii Siiiiiin.1 doclrinm : aucloris re^Mda.et in Kt;sponsionead Sninmam*


qiiaih aideiii clai'iiiii sit, L). Caiiicraccnsis prudct et nliiqihMnciilcila: «(|noi| Uco non esl li.ihilu

rcspoiiaio. ( sMl)oi'din.itum. esse moilile pcccalum. » Si

Articdias IV. eniin illud omiie quod non est leferitide m


Deum esstl morlale peccatum, nullnm t-sset
i"2. Sicaiitcin ilia iL'spoiisio sehabet '. « Fi-
veniale pcctalnin, ni vidimns non enim est ;

nciii ullimiiiii appeli possc vel iudiitii cl im()lici-


refcri'ibde ad Dcnm alioniin non es-el (urse :

te, vel acld el lonnalilcr. lia, iiii|inl, D. Tiio-


et cssenlia sua maluni. Sic uuclur exa^'^erat
nias. » Sididil : << lu (|iiai'lo j^iadii suixinliiialiu
difiicultalcm, non suivit.
ad itci ^lul iaiii plcniiii(|iie fil lialiilii, conlïise el
475. Unare aliam viaiii ineanuis opoitel, cer-
iiiiplicile. » Ex ipio coiicliidil : Sic dii(duis ver-
tumipieessedehi'lviros sandospiosquepler utn-
bis Docluiis anj^elici, aclii clliabilu, solvilur ub-
qnean<Teex molivo cliaiitaiis; er^o plerumc|ue
jcclio.
snlioi'itinare liei gloi i.e stiam bt-Hliiudinem, nec
AnxicuLus V.
taninin lialiilu sed eliam acluaulsallcm virtua-
173. Miror liis dolms vcriiis intpllifîi objcctio- iiler.qnodaelni œipii|>ollet. M enim ex nalura
ncm soliilaiii: sancliis cnim TlKiiiias illiid « rc- esijusiiti I clirisiiatia- ,(pin nisi conlcndaidjusli
fei'i'i liaiiiln iinii nclii, » liiiiuil |>c(Taidi vciiiali- Oinnes, non prufeclo Uenni loto corde djli^nnt.
tei-î, (|iiod et aiiflor ipse iccoiiiniscit i. Alqui Pcrfeetis aulem tritiuimns, ut id fanant .*;epius,
alisiiidiiiii cstcl ciiMnciiin, niliil plus coiii|ictcre inlciilins, ardininis, Eigo anor (|mnli slalus
jiiNJo, (piaiii ut plcriiii'(|iic a^al, co niodo (|iio quarti sta ns amore solo gr.idu dilt' il. Iiand
pcr<aUiiii vci.iale coiiiinilliltir; sic eiiiiii iiidnci- ulla alla re. (piod iliiin paulo pusl ex aocloie
tiir eiiiir Lullicranus a saiicla S) ihkIo TriilciUina staliicmns : «piin amor i|iiaili sl.ilns secniiinm
proscripliis verliis ^ « Si (piis (iiiolihet
iiis : iii
comnmnr'm Seliohe noiioriem, totnm i|uiiilimi
boiio opère jiisluiusullcmvcaiuliler peccarcdixc- glaliim virtule comprelii'iKlil, ni <licliim est
rit; anatlieiiia sit. »
(siip. art. 1); sic er};o qnidipnd ultra excogila-
l"l. Uiiiii cliain aiictor id addidil^ ; « Jiahi- veris inaiie tiKinenlnin esl.
iialeiii illaiii ivlalioiiciu ucTiincie eliaiii in ac-
Articilus VI.
libiis ju.slot'uni, ipiiliiis pcccaid vcnialilcr. Vide,
176. Ncqne id pra'snl dillilebilnr; siqnidom
ilKpiil, .saiieliiiii ilKiiiiaïu. «ipsosac-
> Claiiiis :

sci|isiim iiUclli^at : qiiailu enim amori, id est


tus (pdbiis (jiiis vcniali.er pcccal, liabilu Ucoesse
iislilicanti Irilxiil, « ut revcia, licel non semper
Mjhdilos cl sut) >riiiiiatos fini ulliino" : s (piod
« explicilc, » lamen " implicite • Ucmn niilepo-
est |i|.ine inaiidituni et crronenin. Non ctnin ip-
nat silii '. Aliini luec snmma perlcdionis est.
!)UMi acluin pci'cali venialis, scd peccanlcin lan-
iNiliil cnim nllra super esl kccundiim aiiclorem,
tuiii li.diitn Dco sididiluni sancins Tlioiiias
c>sc
qnam ut .sese ille aniini scnstis pnidal, « expé-
docct. l'cccala cnim venialia " ipia' lialicnl inor-
a dinalioncni circa ca (pue suiil ad liiieni, » se-
diai, cNolvat : » incral ergo, eisi nondmn evolu-
lus. Ncipie (ieri polcst nlqiiis sil vercjiislns, nisi
cundinn saiiciiuii dnclnicni ^ eonscrvaid » '

co sensu pollcat qno Deiim aille, lonal sibi. se(|ue


quiileiu s urdineiu ad ulliinnm ûucm » in sub-
ita releral ad henni ni se propicr llenm. cl Dcnm

' Re.tp. nd Sun. ilncl., p 4H, 49. — ' 1-2, q 88 ârl. 1, rc»p. nJ plus seipso dilii^al. Uuodeigo geril peclore, soîpc
i.- * Rtip. ni Sum., p. 60. — • Scst. M, eau. M. — > Jlup. ad
SuDi., p. bO. — • /6., p. U. — ' Ul, «uaal. 88, c et *a 3. < Rtap. lui .Siun., p. M. — > Mkl. uoa uiuU, p. 9, 18.
QU^ST. XI. DE AMORE QUARTI ET QUINTI GRADUS. S3

criimpnl necesse est, et ex implicito fiât explici- JHStis. 6. Hujusgenerisarcanaa GregorioNnzian-


tum (ex (jii.Tst. "2, art. 9,n" 33.) /eno, Chrysostomo, Cassiano, cseterisque ad-
m. Merito ergo dixinnis, Iota isfa auctoris mitli.
tractalione de coniimmi notione cliaritalis, de- mera sunt ludibria. Ad primum
180. Sed hffic
que Deo silii anlelerendo, niliil aliiid agi, quam enim secundum dicimus, quidquid sit de illa
et
ul tiicus fiât llieologis liœc eiiim ad justos oiii-
; vocatione speciali, de qua nunc non agitur, id
nes pertinent, non taiituni ad perfectos de qiii- iamen esse de fuie, non posse déesse lumen in-
bus qnœriniiis pessinieque merentur de amore
: terius aut gratiae attractum, ad perfecte exse-
quem laiidant, qni refenint ad perfectos id quod quentbim pra-ceptum puri amoris : quod nibil
omnespiiprœslareteneantiir. Quem staliim diini est aliud quam pra?ceptum cbaritatis.
exsujierare conantur quiiilo illo amoris gradu, 181. Ad teitimn idquod reticeri vult auctor:

id piolecto agunt ut perf'ectionem in foiso et K est amor perfecte a commodo absolutus » ' :

inaiii ponant; nenipe in aniovendo .«tudio Ijeati- hic estamoi- inaccessus sanctis, ac si propo-
ille

tudinis. ut eliam sequentia clarius prodent. In- neretur, perlurbationi ac scandalo futurus, du-
térim statuimus amorem quiiili gradiis, et ab eo rusque omnino videretur : hœc, inquani,de ipso
quartidiscrimen ex auctoris quuquedeerelis maie amore dicuntur, non autem de quodam oratio-
et erronée esse assignatum quod erat demons- ;
nisexercitio, ut cavillatur prœsul.
trandum. 182. Ad qunitum, de sanctis canonizatis, sive

Articulus VII. singulari lilulu sanctorum vocabulo appellalis ,


saue ita intellexeram, eo quod more vulgari
178. Ea de re verba auctoris perspicua in
sancli absohite appellati eos sanctos indicare so-
trium episcoporum Declaratione transcripta
leant sed ha?c nihil moror salis enim est ad
: ;

sunt '. Horum iiœc sunnna est 2 « amorem :


errorem, plerasque sanclas animas, ac sanctos
quarli gradus, jusliticanlem seiiicet, nec tamen quocimque modo eximios, puro amore audito,
pezfoclum aut gratuitum ac purum, nuiltos la- scaiulalizari, contmhari tanquam de re dura et
cère sanctos; plerasquesanctas animas nunquam inaccessa.
in bac vita pervenire ad amorem ab omni pro- 183. Ad quintum
certissimura estabauctore :

prio comuiodoabsolutum inaiiem operam futu- ;


velari, ne de illo purissimo quinti gradus
«
ram si iilis aliquis amor sul)limior proponatur, amore verba fiant, nisi Deo prius insfigante^. »
çum ad eum pervenire non possint; deslituti lllud enim ipsum est quod a lidelium vulgo,
quippead eum assequendum interiori buniue et déficiente « inlerno lumine, » non intelligalur 3;
gratine atlractu : ilaque nec iliis amorem subli-
quos proiude ad illum amorem puruin atque
miorein proponendum; quod ai fieret, durum, graluitum adhorlari nec directores dcbeaut, sed
et perlurbationi ac scandalo foret obnoxium :
rem Deo integram relinquere, quod est absur-
quo eliam faclum sit, utanliqiiipastores acsancti dissinuim et erroneum; quippe ex quo ronse-
hune amorem quinti gradus per quauuiam œco- quatur, nec prœceptum cliaritalis ad vivum
noniiam silenlio premeieut, nec juslorum vulgo explicari, aut puram dileclionem suaderi opor-
proponerent; sod tantum exercitia amurismer- tere.
cenarii. » llœc auctorin libaïlo De duclrina saiic- 18i. Ad sexlum : de sanctis, ha'c velut quœ-
torum [jcrspicuis verl)is. dam arcau.i duceulibus, alibi res|)ousuui est*-
179. Nunc autem omni arte eludere niti-
lia^c
claie(|ue demouslralum, neque liregorium i\a-
tur ^ : sod per|)oiam. Sunnna responsorumojus: ziaii/eiium neipie Clirvsoslomum arcaua sed
,

1. Vocari omnesjustos ad peileclioncm amoris, ardua et e.\ct'lsa dixisse lu^cpic Cassiauum, aut :

vocationc gcncrali, non spcciali souqi(>r. 2. Non Gersonem, aul {|uoscumque alios l'eposuisse in-
onmc'sCluislianos ad eiiuidem vocari perlcclio- ter arcaua, puri amoris inleliigviiliam. Alipie
nis gradum. 3. Id quod reticeri vuit plcris(iue ilu soluiic sunt cavilialioues omiies, erronpie
sanclorum.non esse pm-um amorem, scdaTKpiod auctoris in munikslo est.
ejus excrcitimn, nempe contemplationis luum.
4. Cum amorem (piiiiti gradus reticeri vult sanc- AUTICULLS VIII,

lis, non id unquam de sanctis canouiza-


intclligi
18S. Jamut ab ipsum libri scopum
ipsis initlis
lis, si\e ut exprol)at iMeldcusis, de saiiclis singu-
conlutatum ostendam, sit illud a D. Camcra-
lari tituio couscciatis S. Nccjue (lua'.slionem esse
cciisi couci'SMmi'', « puiiorem dileclionem quinti
dedoguiate puri amoris spccidalivi; sumpto sed
status nihil essu supra ipsum cliurilalem cuicuui-
tiuilum de ejus praxi non iiidicenda vulgaribus
'
Muv. lies saints, p. M. — « Ibid., p. 35. — » R'^p. la Wc/.,
' l).,l., (I. 29H. — » Max. (les sninls, |>. 34, 35, 'Ml. — • Jiép. à p. 112: Préruci.' sur l'Iiislr. past. — < JUj/sl. m lui-, n.
i\

U<'> cl &ri|
la Dcct-, p. 107, lOU, 110, 111, 112, lia. — ' JUtp. ad Sum., p. 6.
-

86 SCHOLA IN TUTO.

que jiisto comninucm : voriimqiie esse id lan- inras nationales sine nllo respoelti ad vilain
tiiiii, cliarilalis acliis, sci>al;i seiii|icr siia ^IK•(•ic, a'Ieinam : ipia- laiiien eum sine ullo liujiis bea-
fir<|iu"nliiiit's csst' ac iiilciisioics in pti Icclis tiliidiiiis mnlivn ilili^erenl.

qiiaiii in inipcrliTlis : o qiio iio^ilo l'inslra (|nœ- Terlium, qnod acins illns faeiam mcn-
l'.'O.

rilur auior ilif (jiiinli gradiis ctinluiiiaUn-ns daees, impios, el l)\pneiilieiis eo (pmd per '
,

«inclos, iisqiie idici'ndiis. iNeqnc eiiini nlla est reslrielidiieiu menlaleiu re>ervarenl bcaliuidi-
pia nniniu, nodiiin sanclns aliqiiis (jni « coin- nem (|uaiii imniDiare vellc videbanliir. (.Jtind
niiiniMii jnslis (ininihus cliarilateni , ojusquc poslieiuum ar;;uiiieiiluin loties taiiuiue prolixe
frc(|iiciilioie.s inl('nsii)ics(ine ncliis )> rclniiial, et ur;:el ac ini-ulcal, ul in eo viin niaximain collo-
« ul duros •> JKirreal. ti'^'o ainur illo qidnli i:ra- casse videaliir.
d(is, (|iio toins lihor culliinal. ovani>liis, rxdiiis, 191. (Jiio eliam loco duo qiuTril'. Primum:
iniu inuruni ainuris spcclruni et ludibriuni CbU « niJin Deiis unniipoleiis poluerit forma re créa
turas inlelli;;eiiles qnibus nec sui visionem
Articulus IX. ,

nec vilam aut bealiliidinem n>lernani indid-


186. Adde amorem ilhim qninti gradns non sisset : sive an beala el a?terna vita crea-
modo esse vaninn, sed eliain noxiuni el ciro- tiine inlcili^ienti ad summosjuiis
in liporc el
neiMM. (jualiior sciliccl eri<iriliiis deiiifinslialis. apiees deliealiir. Allei um annon illa nalura ad :

1. Knor de aixiicandu Ijeulitudinis studio hcnm dili;.'cndum lenerelur? an Deus sua in


(n. KJo). iilain iuia pcrdideril; annon lioino, qiiem Deiis
2. De puro aiiiorc a sanctorum oculis amo- ea lefxe cieaveril ut ejus aniiiiam slaliin al<|ue
vendo (n's 171 et seq.) exiiet ex corpore, redigerel ad nihilum, e.si
3. De amore cliai ilalis jnslificantis, ad Deum essel ejus rei conscius, lamen ad Iteimi supreino
habilu lanliim el non acln rclerendo (n. 106). amore eliam inler siipreiiia siispii ia (lili;:eudiiiii
4. De naluia percali veiiialis, de(|iie ipso ejus se senliret obiioxiiim? » Ibi fiii;;il me ad ex-
actn releribili ad Deiiin, ad <iiiii(iiie lial>ilLialiior lrema> dediirlum aii^iistias miium in iiindum
ordinato. tortpiere me, ut ab illis nie dilticullalibus e.x-

pediam.
nr.FSTIO DUODECLMA BIl'AHTITA. 19-J. UiKTiil deni(pie annon mea me punpat
conscieiilia. miras illas a me qiioque reco;.'ni-
De locis Exodi xxxii, 32; et Rom. ix, 3; ac de
las Iradiliones in deleris aelibiis reponenlem,
suppuitiliu)iibus impcssibilil'US.
nullo sensu, niilla llicoloaia' leiiida.
48'. lUirsiis noliis res redit ad locos Mosis et 193. Hu'c i};i(ur omnibus riplis ineuleal ,s(
;

Pauii, el ad siippositioncs iilas inipnssil)iles tolics lia^e (ictus l.ovaniensis lanquam palmaiia om-
expiicalas: sed quia onuii aiiclurilale de.stiliitiis nibus pai^inis urgel ba^c epislolœ ad illiist. ^ :

pr.Tsid in rnliociidis indc dediielis oinne piie- aiehiepiscoiium l'aiisiensem mille modis ver
sidiiini coilocat, vidoaiiitis piiiniiin qiiid ex iiis saïU. laiila diceiidi arle, ul dialeelicis lacpieis

pcr novarn >()|)lii>licen inleral, (juid\e ie|iiiiia- pi'opemodum ii.etiliis videar <|na? tamen : lani

niiis deinde, (jiii el quanti ex ejus ducliina er-


:
vana sunl, uluno velul ielu concidaut.
rorcs eiuantur. AllTlCLl.tS 11.

PRIMA PARS Qtl.CSTIONIS, 194. Epro loi nova, lam in bac quapstione hac-
Qua auclorh argumenia rcrerunlur et confulnnlur. temis inaudilu a me qiiaMrnti unani pro|joiio
quasliuneulam : an Mi'>es diiens* : « Aul di-
AnncuLfS primls.
« nulle, aul dele me de libm vila', » si de vita
488. Prirsnl omnibus pa;iinis me aeen<;al, qnod a'ierna inlilii;;('iidus venil, pu.averil se r;veia
supiiiisiliones illas inipo.ssiliiles as>eiens. in liia lie libro vila' aMernaî esse delendum? Idem
vcl uiaxune ati.suiila me (-<mi|('('<'i im ' : priinurn (|u.'TM'o de l'auli analliemale; an reveia lune
qudd die aelns iMo^i> el l'atili eonlra lalumein erederet se e>se anaduiiia lulurum? absil. .N.im
cssel, euiii milli aelni ralionali bealiludinis mo- el Moy.ses el l'aulus impie enarenl. impia ere-
livum (liesse posse deere\eiim, eni tamen illi
<iereid, si scnliient >e innoeuos .dioruni salvan-
rcminliaveiinl : unde sil conseipiens, eonnii dorum gialia de lilim vita' a'It rua' dclfudos. aut
acius niliil aliud esse (jtiam pins exeessus. sive aiialbeiua sive maledieliun lutums. Non id erj:o
'^
amalni'iaN ameidias (iMuii ralione deslitutas (iiilcliiul : imu se salvos ac bcalos luluros esse
WK Alleruni altMudum sive incunniiodurn ; setiliebant.
quod cgu Deu adiinuni libeilatcni crcundi na-
' ItxJ., p. 17. S4, 26 ' lb<d., p. U, 15 ' Lettre dlun Uiw-
' Oppoi., |i. U, 16. — ' Uid. loglcn d« Loiivnln. p. 21 36. — > Eiod., xxxu, 33.
l

OU.'EST. XII. DE LOGIS SCRIPTURiE ET SUPPOSITIONIBUS. 37

195. Saiie Aufnistimis in illiid ', « Dele me : » 199. est eos omnino in-
Quare pers|)icuum
« St'ciiriis hoc dixit, ul iii conseqiieiitihiis ra- tellexisse quid dicereut intellexisse, inquam, :

tiociiialio cnncliiilatur, ut, quia Ueus Moysem non nisi ex conditione se agere aperte quidem :

non (Iclerel de hhro suo, populo peccaluui illud Moses « Aid dimitle, aul dele » neque aliter
: :

reniillciet. » Riusus alio loco 2 : ., Cum Deus Paulus intelligi potest, in eoque erat vis quod
minaicUir sacrilogo populo, pia Mo\si viscera pro amoie Dei el pro populi sainte, non modo
tromucrunt opposuit se pro illis iracundiœ
: ineie.iibilia, sed etiam impossi bilia tenlare velle

Dei Di mine, incptit, si diiniUis ei peccaluiu,


: viderentur.
diuiille sin aulem dele me de libre quem
: , 200. Plane eo ritu quo Paulus « anathema »

scripsisti. Quani paternis materuisque visce- dicebat angelum, si e cœlo descenderet, men-
ribus, qiiam securus boc dixit atlendens jusii. dacia locuturus quod quidem non dicebat tan-
:

liani et miseiiconliam Dei ut quia justus est : quaui id impossibile nesciret aut non cogitaret,
non peiileiel justiuii, quia iniseiicois esi igno- sed ostensurus tideni, si dari posset occasio
sceiel pcccatoi ibus. » etiam imposs'biliuni esse victricem quod erat :

196. En qu.im secnnis Moysesse de libro vitae mnximiim ad connnendatioiiein fidei. Neque
œternaî delcnduni oITeret : an propterea per miuoris erat aliud impossibile ad cnmmenda-
restiictiones mentales iiluiiebat Deo ? an l'aulus tionem cbarilalis, neque aliter cogitabat se ana-
ncscicbal se non propterea fuluruui analbenia, thema tuturum quam angelum lalsa dicentem.
aut Dei justi scnlentia a Cbristo separaiidum 201. Quod ergo pra^sulait' «Si Paulus et :

propler impios? an Deum existimabat injustiun Moyses senliebatd, non modo certum sibi ma-
fore sibi , ut Judœos lucrilaceret, nec saitem nere suam beatitudinem sed etiam ex tanto ,

illud suum cogitabat : « Non enim iirustus cliaritalis actu quo cam abdicabant. luturam

Deus, ul obliviscatur operis vestri •'? » Plane ex tutiorem, eorum actus nibil babebaot seriuin :»
Augusiinores, ondebimus: « Securus boc dixit:» quiitl, iaquam, illud ait, quod assidue et ad nau-

neque ei secius veram Deo et proximo charita- seaui inlarcit, incptum est. Ulctinque enim se
tem exhibebat. res babet, certe et ex rei veritate et ex Patruna
197. Hinc etiam illud a Chrysostomo incul- te^timonio Paulus et Moses « securi agebani, »

catum : id Paulum pio Judœis oblidisse Deo ea securi loquebanlur ergo nihil agebant

jier te

condilior.e,« si fieri pos.sct » unde eliani, eo- :


serium tibi(|ue ad « pios excessus, » au « ama-
:

« torias ameudas, « ad « restricliones mentales»


dem Chrysostomo*, supponel)at Paiilus
teste
« id (juidcm fulunnn non esse ut (ieiet ipse œque recurrendum.
analliema. » Idem Cbrysostonms, cum Paulum 202. Nosaidem lacile respondemus hascMosis
dixisse meuiorarct, non se ab anselis aliis(jue et Pauli fuisseséria sed dicta per hypeibolcn
.

polestatibus sepaïamiurn a Cbristo, diserte hœc ex vehemcnlia afl'ectus nec nisi imperite pios :

adilidil ^ : « Neque hœc dicebal Paulus, (pioil excessus sanctis quoque denegari posse credi-
angeli ii)si, vel reliquœ poteslales id teidan' vel- mus, Paulo i|)so attesiante Sive mente exce- : ><

« diuuis, Deo » et Davide canente « Ego dixi


lent : absit : sed ut anioris cxcessum ostentle- : :

« in excessu meo. » lie quibus et de amatoriis


ret. » En excessus, sed is pius (juem in me loties
rci)rehendit auctor : sed. quod est palmariurn, amcnliis alibi quoque diximus, el per hœc palet

inl('lli;;el)at Pai lus, et id lieri non |)osse (piod solutio ad lertium n. 190.

Deo oU'erebat, et lainen Deo sinecre nulla res- AllTICLLUS IV.


lri( IIduc meutali oirciri poluisse : per quœonmia Veniamusad qna^stiones. quibus
20;l illas in
objecta clare soluta suid.
auctor omne
praesidium ponit: de slalu purre
Articulus m. natuia\ deqiie honiiue condiio sine ullo resjjc-
ctu ad visionein bealilicam, aul anima creala
198. Dices : Forte sciebanl illud quidem esse
sub ea conditione, ul uua cinn corpore exslin-
imiKissibile : scil non id cugil;ibaul. Ego vero
gueretiu' aimon ergo illi hoinines, annon illa
Deum
:

rursus (pia'ro : ergo cogit.ibaiU


Qiiid .'

anima irder extrema suspiria supremum anio-


in|ustuiii -ibi tuturum? an vero ne illud quidi ii>,
iciii dehereul Deo? Quid (luml Deus inercedeni
juslusne an iuju>tu!^ luliUMS essel Deus, po>j.ibile
illam a-leruain débet neiuiui, nisi ex sponsionc
id (\sset iuipiis.Nibile? ca'cd ergo impiUu lerebau-
ac pr()nn>sis graluitis el >olunlariis? Deus ergo
liM-. rie(]ue id vcre volebard (piod si cogilarent
absidide posset etiam .saucli>sinns deuegaie vi-
velle non pobsenl.
siiiiiem sui ac mercedem a'ieruam \eriuiique :

'
Q. m l-y.nl., q. M7, ubi sup. — S.M-ro. 88, De verbis Kr n l'
illud est, non impossibile huniaïue ineniis ob-

.

//r/jr.. M, lu. — *lli)in. 16, m lipisl. itU Kum., ubi sup. * Uotn.
17, clc. ' Uppos., p. 22.
»8 RCHOLA IN TUTO.

jcrtiim ner nhsnnlnm abdirnri, si Dfiisvolni'-set ma se affprp ef'dnrprc proflfphnhir. Nepsi fpternnm
eiiiii lu .ilitiiiiiiiL'in (jiiu l)c(i lia voli'iitc carern beaiilndinem neseiehanl. idi-o est ron>eclaneurn
pus.NlMiiis. ila-c i^itiir suiil (|(iil)iis jaiii iiili rliri- Fanlu et MoNsi omissjun eam esse cnjns secnri
bliaiK» (i|)()i Irai Mi()ieiiiiaiii()risafliiiii exercilu- viverenl, ni dixiinns, perqnic ol)jeclionem qno-

ros. Ailticre potnissct l'I illiida f]iiiliiisilam posi- qne pi imam sohimus (snp. n. IKO} : alipieita,
liiiii, iipiiiiic hetiiii ex sii|iiriiu) doiniiiii» posse inverso lieet ordine, très objcctionesquibns loin
addiccie œlci nis snp|)liciis animas etiarii imiiic- dillienllascoristabat exsolvinius, ex uno princi-
rciiles , eiiaiii sainlas; iicc riiimis iiilerea ad pio deducta ducliina.
Dt'iiin dili^ciidrirn ()lili;;alns. Articclc» V.
2(ttScd liar iniililia ad iiostnim inslittitnm 207. In Rp^pnti^iotte'id Surtimam \ pro certo
^

non ni^i ad anii)\ciidiini ex oculis veiarn 'pKT- stipponil iinclor, « Deiiin jioxso ililii;i absqne

sliiincin indiicnnlur. Non iMiini piolcc o Moses, niotivo |)tMliludmi< ; imo.eo ampnlato. peifec-
non l>aldn^. anlad pnra' nalni"i> slainni. ant ad tissiinam amnndi ralionfni vi'jtTe : lu'f^andoita-

nidnia* iniciitinn aninios i('tori|iirliatit. Aii^n- qu>'. ul Meldeiisis atlectat. nllumaLtiin ratione
slinns et Chr.Nsostonnis illa sninerni doniinii pm-diiuiielici o.'8e.ib>tracl ione moti Ni beat itu-
i

lerreajnia nescicltanl : respicicljaid ad slalnm dinisf.icta.fntiirnm omninoesse.nlquod niagis

a Deu r<'M'latuni incpiosnnins ad illani ordi- :


Deodignum est in cullii inli-riore reseeetiir:»

nalissiniuni Dei sapienliani, qna, (este Salo- neinpe illc uctns niutivo beatilndiiiis vacuns.
,

nionc ', pnnire insonles exieinin a sua virlnlc Hnnc er{;o vel maxiomm errorem errul ad-
esse jndical ca re Mo\ses cl l'aiilns sciel)anl se
:
versns unanimt-m l'alrumac docittrum, ipsins-
esse sectMdS : scicitant iiiip<issibile osse qnod que adeo SeripUirip sacra; senleiiti un, hoc

Deo ofleiehanl : ca vcl per pios excessns , vol unico fniidamento freins cpiod in illis de^ide- :

per alias (piascninqne volneiis sernionis(ii;iM-as, riis Mosiset l'.inli.exeondnione imiio>sibili edi-

i)oii() celle aninio. sed (piod ne^;aii non potesl tis, illea motivo beatitndinis vaenus reperiatur
,

seenro et Into lo(|uehanlnr. Non cr^o queren- aclns. quod est ipsis terminis t-vnlentissinie fal-
dnni, (|iiid, in slaUi niclapli}si('o si forte consti- sissininm : essent qiiippe l)ealissimi secnndum
Inli, aj.'ere lenerennn- : sed qiiid ininc a Déo i
An^n^tinum «qni et baberent qnod vellenl, et
Clnislo re\elaide, rehns ul siinl slanlibns, a^^ere nibi vellent maie *. » Jam qiiicnni|ne opiat,
juleanuu'. l'er qna' patel soinlio ad secundnm idem beatnsesseviilt diimvnllopialo frul;qnod
arpuinenlnni, et ad ci connexas quœstiones pro- est bealum isse velle. Non polesi anfiin quis in-
posilas(n'^ 1«U, 1«1.) \itns esse feiix esset enim simul el lelix, <|ui
;

Neqne propterea admillimns iilam de


2()?>. oplalo polirelnr, elinlelix, (jui oplalo frni nol-
anima inleiitina rationeni. Animas (jnideni sci- let qna; quidein Anj^iislino* non siinl dog-
;

nin>, ni el angelos, esse spirilns nalnia inunoi- niala, sed porleiita. E|;oalisnrdis>imnm est, a
tales, el ad ejns ini.i^incm a Deo condilus l'oiu- :
quoNis disiderio seclndere Vdliim bc.itilndl-
punalinm el alios alner disseieides iinpios diei- nis. Nec pot st ipiis cnm Paulo ilieere, o Opta-
nius tam innaluin esse anima- rationali a'ier-
: bam anallicma esse *, » nisi qnadam proposila
nnm vivere qnani soli s|)lendesceie
, igni ,
bealilnduie, i\u:v oplaluni conseculnra es^el,
calera(Cte: nerjne propterea de iesliinj,'enda l)ej si imp'en possil.
alisuliila polenlia eo^:il;nnns, sed potenlia- illiiis 208 Ooiidaiitem videlnr snmmamelin omni
ordinala', qnam Seliola otnins a^noseil, elTeetis génère bialilndinem abdieare, hand minus
a Dcii rcvelalisapplieili, cielera inniiliaad nicta- faisiim. b!o emm ipso qnod eiiin actum «dit
pli)Mcos alih'^'annis, el pnri amoris nsilms in- faillis, plane si^nillcat se rein optalis>iinain
survire.anl adenm litieni iiaetenns a qiKupiain olleire pro Jnda-is : ei>iu illixl i|>siim cnnjiin^i
allam e:ise neL'amus. cnm Clirislo, qno se cirlo modo jnivari v<dtbat,
Net mayis ad rcmfhcit, quod aiielordi-
iUti Paulo eral o|ilalissimniii, nec optare ci's>almt,
Brrli>>nnns, scd ad vana coiiversns, de Socrale Cum emm dutbal illiiil, «vellem si fii-ri pos-
nliixpie eopiosissimo plido-^oplialni' ^ : (pii cuin osel,» ab^ojnle noieliat ilind (|iiod lieri nua
nec (le Dei vi ione cnj^ilarenl, et de anima- ipio- posse nisi el ipse senlirel, proficio disiperft. ut
qne imm<>rlalitale dnliilarent, nllin lamen et snpra dielnm est (n° i8ri) er^o in illo. a Opla- :

\irlnlem qna-icrenl, pro palria aliis(pie mo- et bain analliemaesse a (!liri-lo, o Clirisli, disi-
livis nllro nxirlem oppelerenl, imllolnm lu-ali- deiiiim ineral vel maximum ; nec imnioito
tndHnssi>e snpernalmalis, sive etiain nalmalis (ilirj>osli'imis illiid « Olali un, » ex (lliiisli ve-
oliiei lu onnmiii ennn unnnhns pa^mis healilii»
: hi'iiii'iilissimo desidcrio urtuiii esse duieruil,
dniemi|na-i(ml, cnpis L^ialia eiiam Kpicmusuui. ul mo\ videbitiir.
Sup., — UiUrc u M /Irs/i. ad Summ. doct., p. 40, 44. —
D« btal. vila, n. 10; /)«
XII, 16. ' Trait. de i'uri>, p. bVl.
Jrinit., llb. XIII, c. 5, n. 8. —
' /t., c.
8, D. U. —
* Aon., il, 3.
,

QUiEST. XII. DE LOGIS SCRIPTURif! ET SL'PPOSITIONIBUS. 59

209. Onanti aiitem nieriti esset ille aclus dire. rum visis atqne
Sed illnd ad Iiltcram scriplis.
reimus, nisi alibi cxplicnliim esset '. Quoi] aiileni sunii vetal pielas. Quideniui? ut amoii tiio mo-
negniniis el sœ|ie iiegaviimis, illum actiuii iii se rem géras, vis Ueum ca-culire, ac diviuie .scien-
pei'Cectiorein esse (iiiaiii alios cliarilalis aciiis. l\x lumen exslingui? absil ul quisipiain ex ani-
absqiie illis coiidilioiiibiis iinpossiliilibus e<lilos, mo hoc dical. Qidd autem esl illud , ul gratis
ex ipso eliain auclore mox cooslitil (ii. 163 el amaro quo inlelliyar? a inlelligaie? nisi nempj
seq). absurda communicare, nesciet Deus te ama-
210. Qiiare, quod auctorasserit^, « torrentem re pure ? ergo ut intelligas te pure amarci
theologorutn noiuliim cretlidi.sse tam porfectuin hoc \ives ? an illud est amici, ut ipse amore
esse menceJis ilesitleiiiim ac llliul oplafiim do suo deleclctur, VfUe ut eo non delectetur ,

anatheinale pro Iralribiis, » vaimni est. Aclus Deus? velle, ut Deus sit l.ipis, ut summi amo-
eniiii ille ierveiilis.siiiiœ cliarilalis, qiio qiiis ciim ris apud animnm tuum laudem feras ?iterum
Pauio ila vull esse ciiin Clirislo, iil illaiii heali- atque iterum, absit. Quid ergo ? vejit, nolit
tudinom ad Deigloiiain lelcrat, laiii ex rei vcri- ancior, amatoiiae insauiae, pii excessus, impii
tale, qiiani e\ coiicessioiie aiicUnis, toliun illud futuri si ex absoluto consensu prolerrenlur ;

com|iieheii(lit, qiio sancta anima Deuin aiilcpo- neque aliud occuiril quam illud Marci ' : a Non
nat sibi, iiuiia licel adsit condilio im[)(issibilis , « scii bal quid diceret. »
Ergu ilii acUii Chrisli poliiindi vel maxime slii- 21.1. Jam ad illud l'aulinum sensu Chrysosto*
dioso lola vis amoris inesl : neque ex apposita mi iutillectum ': «Optaliam anathema esse a
condilionciinpnssiltiiiaiiiid qiiidqiiain acquii'iUir, Clii islo : B ab eo dicio si tollas illud, « si (ieri
quam iil id quod iiieiat clarius evolvalm' : cjuod a posse t, 1) necsential Paulusuonesse possibile,
ipso auctore teste uon est necossariuin-^ (nis 169 m nipe illud coiiseipieUir, ut l'aulus voluerit
176). Dt-uuiesse inju4um, et pm imjiiis a Chr'i>to se-
211. Neque unqnam diximiis id quod nobis D. parare saiKU)s (n" 187, 188). Quid ergo illud est
Camcracensis imponil, ila posse absliaiii amo- nisi [lia «hyperbole, » pius excessus: non ex
rembeatiludiiiis, ul non élus virUile et impulsii ignnralionc, sed ex affeclus veheun-ntia ? Non
agamus, ul supra diximus (n'^ 33, 176). ergo ei aptaverim illud : a Non sciebai quid di-
212. Neque item veriua est id quod imputahir ceret ; » sicul uec cum dicerel : « Si egoant aa-
nobis,- «.M drsil bealiludo Ueum sua amaliililale gelns de cœlo aliud > evaiigelizavfTit anatlii ma
« carilurum*. » Falemur enim Ueum sua peilec- sit '. » S'mI omnino id ageliat ut o^teudeiel amo-
tione esse amabilem , idque ceiilies incidcavi- rem simm taulomesse. ul vim omuem hnmani
mus ad . limusaulemI)ei|)crrcclioiieui sumuiam quod quideui sylvius
sermoiiis txsu(ierel; ex-^
non piL'ue inleiligi, aut eli.im cogilari posse, se- ponii his verbis': «Tam ardent^r cupio (salu-
clnso eo quod Deus sit ljeiie\olus, quod -il be- tem Jnd oruui), ut aliter exprimere non pos-
neficus quod sil bcalificus
,
quod ab omni- :
sim quam dicendo. Ojitab im, » etc.
bus a;que asseri, neque ab ipso auclore lamclsi 216. Quiil SI t|Uis iloceret . Uliiiam id fleri
id obscuravcrit, absolule ncgaii [jotuisse , sœpe posse t? quui? nempe ut Di'iisessci inj usais, ne-
conslilit, que id « vellet quod vull?» ahsil hoc a P.mlo,
213. haque a beatitudinis studio ita voluntas ni'C dignnm a|io^tolica niajestale : more (Cliiisli
absirabil, ul inlcllcclusa |>rimis iirincipiis, cum dicas: « Paler.si po-sihile est, si vis:» non au-
tameii nnilacouclusio nisi euiuin viilute et in- tem, velliin nivelles vellem.ut possjhile esset. :

iluxu elici poiisit. Dicant lanien quibus iuest taulu-i mentis exees-
Articulus VI. SU!> inli-nlion(;m landavero expnnienlis ui po-
:

2j4, Divorsimode sanclis evenil illnd : « Non tes! eliam per liyperliidem, (|u ou Uci «loiiim

« sciciiaUpiid dircrcl. » (|uoil conli;;il l'oIroS ;


aideponai ku e verum el illud adscribdiii ; :

cum Ni>a Clirisli ^loiia pra'poslcie dcliclalus a Non sciebal quid dicerel. a

exclamarel amons : " lioniun est nos bic esse. » AnricuLUS VU.
(,)uil)usdam vero cunliaiio modo evenil, ul visa : « Jam non amatiir
217. Quid illud amtoris
Cliiisli fiioria pbis iiimio deleclari vcreri videaii- Deus, neiiue propUr merilum, nequi' propler
tnr : sienulcm amoj'cm smun emmliaid : (Jti- pcrft'ctioncm, ncipie proiilcr beaiiludineni in
nam divinis ocnlis alicpiid snlTuiari possim ut amiMiilo coiicei)tam lantumd»in aman tur, :

inlelli^ar amare gratis, ac mdia inciredis s|)o !


etiamsj per impossibilu se amari nuscirel, ao
Quud quidein invenllnr in (pimiuidaui sanclo- V(dii t inri'licfhin a^itrnum tacereiiuD'uui iima<
reiil?» Alilii ': Nec Dei bcalilici visio ulla re
'
M-f I. m lulri, II. 191 cl ^cl|. — ' Diipin:.. \i. 2^. W. — M.is.
des suijits, p. 9, la. -. • iitap. ad Sum., p. Itt, X>, 40. — > ^Içtrc,
anioiem aiiget ? »
• Afiirc. IX, 5. — • H.im. 16, m Hom.. uM mip. — • Onliilf ), t.
— * la 2-2, quEit. 26, ûd :i. — ' Mnz. an xliiu, p. 10, 11.
60 SCHOLA IN TUTO.

Articuli's Vni. rior, firmior charilale ex fir'c concepts alqne


xiuizm.itis ol)Volula, didiilare démentis est.
218. Duplex iiiii)Ossil)il(' : iirifiuim, « tanlnm-
atnari
222. Falsiim crjro est id quod concindit
« deiii aiii.in'liir, ;ic >i por iiniio^siliili- se
aiictor ',ex snpposilioniluis im|)ossil)i'ihns, " se-
a iiesciicl : « in ripdic fais irii cl iiiipiiim. Hoc
paraii posse motivuni Dei remiineratoris .sive
est eiiiiii (licero, cojjnilioiit' (|ii,ilil)el Iteiirficio-
bealilici, a Deo perscNeranter dileclo, licel res
rurn l)c\. qiianiliimvis inaximonim, non potcsl
separaii non possint : » nnllns enim sanctorum
efCiccrc Uoiis nt nia;:is(lili-MlMr. Vacatcrfro illiiil
id dixit ; imo ex illoruni aiictoiitate dociiimus
Christi : « Mapis dili^'il, ctii pliiia dunala siint :

illa motiva Dei, ni est perfeclus el nt est benefi-


oui aiitcni minus, minus diliu'il " contra cx- :

cns ac beatiticns, non esse separ.iia qnrr i>er


pressa Cin isli veiliadiclum est ^i" i, prop.
ut
siibordiii.it.i.quacoiijiiuclasml.qna' m uiiiiin
20, 21) : neqnead rectum scnsiim rcdij,i
ul.,Mn
coalccant {<-\ ii° -i, piop. 20, 30, 31 ; ilcin ex
potest, nisi pcr inpciboicn ac pium cxccssuni, n" 82, 8.i. 80, etc.)
ul vidimus (ii»* 20j. 206, 21 1, etc.).
Aniir.iii< X.
Articulus IX. 223. Qiiare qnod ail anctorî , me midlnm la-
borare in cxsolvendis objectionibus qiias ex iin-
210. Insana proposilio, si sancto Aufînstino
possibili diicit. lallilur. Niillo enim labore res-
crcdiuuis, ul vi.sionc sui niliil lucieliir Dcus; ut
pondeo. vohinlalem abdirandae œlernoc con-
tanla puldiritiido ncc \is.» mauis placcat, ma,;is
jiinctionis cum Deo. ipsins(|ue adeo .Tterna?
amorem acccndat. Vcrt)a Au;;usliiii smil ' :

beatitndinis, « si Deiis vellet ac possibile es et; »


« Nimisinsipienlcr dicilur, lanlum auiari Drnin
cmn sil condilionata. 'acile conciliai i, cum abso-
antCfiiiam vidoalti:, (|iiantmn amahitur cum vi-
luta et inse|)arabili sui(|ne .securi>smia volunlale
dohitur. » Scqucrclur enim in ipsa patria ncc
sainlis a<tei nœ : quo Iota diificultas luilio labore
Deo majorem lutuiam esse ju>liliam qnod
viso .

solvilur.
est erroneiuu undc idem.Vufïustinus^: « Porro
Non ergo me punsit
:

2-2i. conscienlia, ni ibi-


si in linr \ita, ncminedniiilatilc, quanlo amplins
dem lingit auclor, quasi acins Panio et Moysi a
dilii-MMiiis Dcinn, tanto sumus nliipic jnsliores,
quibusdam i'alriixis altribiilos nullius scnsiis
quis piam vcrani(]uc jusliliam. cum luc-
(lul)il('l
esse, etab omni re^inla alienos dixenm non :

rit (iiloclio pcrfocta. tum pernci?» Item de Doc-


cniiiinnqiiam bocdixi imo vero osicndi secu- :

trina dnistiana 3 Si credendo diligimus qnod


:
ritalem illam ùpi.i. nt|iote irralioiialHi, mcam
non vidennis. qnanto mairis cum videre c(rpc- conscieiitiam slimnlai i el pravaii sensit auclor)
rinnis! " Qiiam vcrilalcm liaiies ceiitum inlocis,
et ex ici veritale cl ex sanclis Auguslino, et
pra'scrtini vero liliro De spiritu et lilteia '*, litcu-
Cbrvsoslomo esse deduclam.
lentiasime (lenidiisltalfim.
225. Nec ullius laboris est, cxplicare merilum
2"20. U'Kxl !^i ''•'• i """ l'otost qnin visio Dei (ir.
Iiuruni actumii, eo quod lanlns sil amor, ul et
niel ac pcrliciat cliarilalcm, proporlione l'acta
possibilia com|)leclatur, nenipe volunlatem as-
desidorii vis idem a^'ct, cmn ipsiim do.sidcrium
seqii'iuhe in Deo bealitndinis, et sii|ici iinpossi-
chaiitati vertat. UciU'cnim Au;;iislinus* » Ap- :
biliaenili \idealur, ul dictmn esl 'n*'2l5).
pclitus qiio iuliialur roi copnosccuda', lit amor
226. Uuin etiaiii mea me conscienlia graNÎs-
cogrnlav » Quarc piomi>stim vidcndi Dei a^ipie
.sime iiiiiigerel, si fm^erem Moxsen et l'aulmn
sno modo incilaliit clia ilatcm ac i|)sa \isio : ncc
non fuisse securos, cum lios acliis edereni;
fieri mauis amelur sunmia pulcliri-
polosl qidn
quod auclor de illis indignissime et contume-
hido cmn se videndam ollVrl. rpiam si non oHer.
liosissime allirmavit ul dixiinus (n° 201).
ret. .\lioqui poliii ant non poliri Deo, imper-
altk.ua pars gv.ESTIOXIS.
fcclain iialiere an pcrlcctam pislitiam. pro re
AdvcrsuB aurlari« crrorc.i in prim.i parte cxpltcatot.
indinerenli iiaberelnr: (pio niiiii est Deo in-
di};nius. ArTICUI.L'S XI.

2-21. Uuare cnm aiiqui sanctorum nejiant pins


227. Siihmotis igitur vanis qiKTsIionibus de
amari llcum !> anleui animas (piam non Itean -
piira iiatura, deqiie .luinia* moilali aie, et aliis
tcrn de charilale dixcrunl, (jnoad osciiliain ac
;
ejusmodi, cpia? diverliculo taiilum, el rébus in-
snt)stantiam acliis: (jnod e>t Ncrissinmin neqiie :
vuhendis institiiUT erant, lii crrores aucioris ad

enim cliaiitas paliia- acv x sulislanlia dilïei mit, piirum eliipianliir. l'i imiiserror acliis a lioiia- : i

dicente Api'stolo Cliaritas non excidif' : » qtiin


les a bealitndinis studio absoliitos, e.sse ailinit-
auteni cliaritas e\ visiunc Dei sil perlectior, pu-
tendi'S ul pc lectis.simos iimnei ito me repre- :

' Ad B'tnit. ami. Bp. PtUiç, llb. vt.ctp.t ,n a\. — ^ fb. — ' Dr lieiisum, quod eos acliis, .scilicel a bcaliludiuis
itcl Cltr<$l ; I. I, c«p. 38, n. « —
' <^»i). 36, n. 64. — > Ut 7ri».,
B. iz, op. ult., n. 18. —
• I Cor., XIII, 8.
Uax- des uint!., p. 28. — > (>;i;io> , p. 19.
QUJEST. XII. DE LOGIS SCRIPTURyË I^IT SUPPOSITIONIRUS. 61

studio penilus absolûtes, esse possc uegaverini : innaluni ut cœcuni sit, sed ex cognitione elici-
lis cniiii ri'cisis, leciili pariler qiiod in Dci cuitu tum. An autern sit etiam deiiheratum frustra ,

est ojilimiiiu; iiec posse iiegaii sanctos sine nllo quaîiilur, cum de ea re volenda quam nemo
niolivo healihidinis agcre potnisse, cuni eliain non veile possit, nulla sitdeliberatio. Ad cumu-
pliilosoplii, aiiiqueapud (;a^anos, sine illo nio- lum errons acceciit, qnod me sancti Augiistini
tivo, ultio pro patria aiiisque rébus inorlem euinqueseculi sancti Thomae verba et dicta ex-
oppoiieiiut. scribentem, omnibus acadeniiis proscribendum
2:28. Huicautem errori vaiiismodis expresse, proponat, ulvidimus (in Frologo).
opposiiimiis n" 4, propos. etsequentes ad 1, 2, 231. Hœcautem Augustin! décréta clarissima
1, lotauique quœsLioiiem secundain.et Augusti- Sciipturis apertei.ongiuunt nullusenim major ;

nuui iiiillies, cujus liœc sunt ceiia decrela 1. ' : et copiosior bealitudinis sive beatœ vilœ prœdi-
non posse indilïercnler liaiieri beatitiidinem : cator quam ipse Cinistus : ncqiie sejjarari sinit,
« qiioniodoeiiini est beala vila qiiain non aniat exeniph gialia, studium mundaiidi cordis, quod
bcatus? aiit qnoaiodo aaialur qiiod iitrurn vigeat est \ii lus, ab optata visione Dei, qiiœ est beali-
an pereal indilTeienter acciiiitiM?^. Nisi loi le tudo,quain nemo non optai; ilade ca>leiis.Ciaie
virilités, quas propter ipsain bcaliliulineni sic ergo su|)ponit bcatos e.sse veile quibns bas virlu-
anianius.persuaderenoljisaiulint, ntipsaui bea- tcs suadet, ha^c piomia proponit. Sunt ergo om-
litudineni non aiiieuius. Uuod si latiinit, eliani nes boulines bealitudinis amatores, eoque studio
ipsas utique aniare desislinnis, quaudo iilain ad capessenda Chiisti piœcepla ac prœmia in_
projiterquam soiam istas aniaxinuis non ama- Ergo virlus, qiiœ, auclore prœsiile, id
ciliintiir.

nius. » 3. et aliorum radix « Quoniodo eiit : vull eripere sibiul nonciiret bealitudinem, nulio
vera tain illa perspecla, tam examiiiata, tam eii- modo est virlus eliain christiana.
Quata, tam ccrla senleinia, bealos esse onines 232. Sic iJle qui dicit « Domine, quid fa- :

homincs vclic? » ac paiilo |)OSt Si voliint, ut : -< « ciendo vilain œlernam possidel)o'? » ejii.sque
Veritas clamât, ut natiira compellit, rui suinme rei gratia jtissus a Domino, conimemoial ilhid ;

bonus et immulal)iiiler beatus Creator iiididit « Diiiges Uominum Deum Inum, » manireste
hoc. » Ex quo tria exsisluut primuin, non esse : conlert illudmandatiim ad finem bealitudinis :

virlutem, atque adeo non esse charilaleni, neque eo minus probalur ab optiino Magistro
qua> hoc sibi tentât deiiiere, ut bcata esse dicente « Hoc lac et vives. »
:

velit : altcium, non posse esse indillcrens uUi 2 )3. Nec miruni, cum votum ac ratio beali-
virluti, adcoque nec ipsi ciiaritati beatdudi tudinis clare comprobeiulalur inler ip.sa motiva
nis stiidium, et cliaritatem non esse quœ id co- prœcepti bis verbis : « ut Ijcne sit tibi 2; » etiam
netiir tertuim, pugnare contra naliiiam at(iue
: bis, « Diiiges Dominum Deum
tuuin » ut os- :

adeo contra Dcuin, qui a quocpie actu suo Iioc lendimus prop. 15).(ii. 4,

votum, hoc studiuiii lollere nititur ex quo coii- :


23i. Uiiare quisquis cum auctore as.serit, hoc
seipiilur, qua>ciiiaque auctor intulit ex supposi- adimcre sibi posse vhtules, non modo nalurœ
iionibiis iiiijiossihililjiis, de separando motivo atque ejus auclori Deo, sed eliain Evangelio et
bcaliliidinisab actu ainoiis et a virtiite charita- tradilioni répugnai: quoderat denionstraudum.
tis, esse iinpium et contra naturani et contra Articulus Xll.
ipsum Ueum.
229. (Juod si respondeient iliiid inlclligi de
235. Ex bis etiam palet
erroneuni esse, iino
im|iium atque blaspliemum, id quod auctor
desideno heatiludiiiis ila iiinato, ut non,-,ii etiain
asseril de saci iliciis in extremis probatioiiibus.
ex cogiiitioiie vere elicilus inio c;ucus cl Cieco :

impetu orliis, queni.idmodum posilum est in 236. Priiniis ergo cr. or est quod iMo\ses et :

qnadam Paidus hoc saciiliciiim oITeienles non lueiint


pia'siilis expiicalione inanii.sciipla :
,

contra; cslo Aiigiistini quaittiin decreliiin is- sccuri salulis a'lern;e (ex n. 201) quod est :

tud 2 « (Juoiiiain verum est qiiod omiies ho-


:
coniumeliosinn in sanctos , et blasphemuni in
mincs e.sse beali veliiit, id(pie iiuiiin ardi nlissi-
Deum a quo inspirali erant.
23". Secimdiis error
qnod amiltat auctor
Hio amore a|)pflaul,cl proplei- lioc ca'tera qu;c- :

cumqiie appeliint non soluin coiidilionatmn .sariilieiiim ex iin-


: nec (piisqiiaiii polesl amare
possibili ipiod est Clii ysoslomi et secpiaciuin
quod oiMiiiiio qiiid vel ipiaie sit iiescit, nec ,

potesl nescire (piid sil ipiod vcile se scit, sequi- ejus; seti eliain absolulum, quod iiu.sqiiam in-

tur ut omnes bea.am vilam sciant. » venitur in sanetorhin .scriptis : id eiiiin post

230. En clare beatœ vilaj desideriuin non Clii')sostomiim .sempcr addunt : » si licii possit»
ita
(sup. n. lin, 21,')) ; iicipie uiiipiam aliter; auctor
' De Irm., lib. xm, cap. 8, n. 11.— > De J'rw., lib. xui, cap. 5,
' Luc, X, 36 ' Dtut., VI, pti&ia.
62 SCHOLA IN TUTO.

er?o snnclorum dictis addit, novaqiieet inaudita enim Deiis tôt nos bpneflrHs ac miraciilis snpra
liiiïil.
peccalnm . sii|na natmain e\c\t'ril ,
prupiinm
2 i8. Tertiiis prror : illnd îibsnlutiim haltct Filinm dedeiil.el ciiiii eo qnid non '? coin se
Idem (tlijtcliiiii qniMl el cuiKlitiuiinliiin ciiiii ah- nobis enslodem provisorem. paivnlem spon- , ,

sulnliiin illiicl in eo sit, « (iiiml caMrs im|iiis>iilii- sinnqne pra^t)iiciH, nt iiiajorein in niodnin anio-
lis non nnxlo possilnlis, sed elinrn nrin rcalis rem eliceiel : contra , velnl oiililbialis b>t be-

esse vidratnr'; » easns anlein iin|H»s-<il»ilis sive neliciis, .sic airere cnm Dco voinmiis. lanqnain
condilionalis, de Ailutn iPt^ina crat : Piii" et in pnra natnra consliluli, iino veroinfra natnram
casns absiiluhis ne icalis visns, de eadeui sainte pnram;oblili scilicel animam ralionalem , se-
est (]n(r est vcia aldliculo sainlis îplnnre.
:
enndiini AnfiMsliniim el alios. natnra immorta-
%\Q. Ilirc anlcni alihi lusins i-XM'qnemnr : leiii e>se, ila iii» ;;eianiiis ac si m.ulaleiii eam
sed lia'C sullicinnl nt (islMidiinins anclorem a ac slalim exsliil^niciiilam habeiemns ne^pieeo :

l'altiMn, eliani eornrn (|nd)ns uliltir, seiileiitia conlenli .sic ainare vobimns, velnli n ibis nnllnm
lolo cœlo abenare. Evanifelinin Chrislns nullus esset
. iiislar cu- :

jnsdainSociatis.aliorninqneqniTeslameiilornm
Articulus XIII.
exsorles de;i:nnl; imo vero pejore loco, lanqiiam
240. Hsecaddinins velnli mnnlissa' locn: pri- nobis niillns cssel provisor Ueus, non opernm
muiii , Chrvsosldiimni ab anclore alitninn ;
noslrornin, non ammis meinor, qnalem ejise
di'inile , alius l'ali os non omnes Chrysosloiiii lin(;nnl Epicnrci Denm. ab illis enim apiid Uio-
scqiii senirniiaiii. îîenem Laerlinm let;inms, inlrodnclnm Denm
241. iNaui lud'lrninani qnod Cbrysostoinus nec nnwiii.eni res bimianas nec lie.mlenisous,
istiid saci ilifinni, nt aiiclor u|>|)cllal, nonaanos- imo nescicnlem se c<di qnein coleminm dice- ,

cit nisi lundilionalnin et ex inipossibili. ni vidi- rent propler pirestanliant natni.T pnecellenlis-
inns, Cbrysoslonuis claie dislin^nit l'aticni ab Niivi anlem spiiiuialcs Deuin noslrnm, ex snp-
ipsis l'atris icbiis2 ; el res qnideni l'aliis abdi- posilione faciimt cliam Irisliorem, qui amalori-
caie paralns, • si id lieri pos>el, » tanicn abipso bns suis non modo nihil pi,Tslel venim etiam ,

Paire ejnsipie ouvojai'a; slndio non se vel pcr pro a'ierna mcrcede paraveril sempilernos irrites,
iilani cundilionein iiniiossibilcni sepaiabal. Ver- aMcrna supplicia lalem Denin pcr contestas:

La Chr\s(>sl(Pini : » ni inf^eniuis ac l'aliis amans toi ac Innlas snpposiliones faisns conip(»nnnl, ac


CI filins, l'aliis consiielndinem ,
m;vou':i'o;v exs- tiiin miiilicesc speianl ainntnios, si ila delor-
« peclabal solani : » hoc est cnin eo versari, maverinl, el salnlaria oinnia circnmcidcrint.
ejns pi.rsenlia lini asebal; qnaro ipiod hic ex Ca'iernm impos.siliiiia ipianlain (iiiifere liruit,
iinposibili abdical , sive rcgruiiii ccplornin^ vehcmonlia, sivo ad ma^isexpii-
sive ex ainoris
a si\e Irnilioncin (|naindani ', » non snbslan- mendain piimaiiain obieclivam ralionein clia-
tiaiii re;;ni, qn;e est ipsa « consneludo » et rilatis non antcm ad separanda inoliva, aut
;

(jvvovji'a cnni Dco, sed accidenlalia qna'ilam ,


lanipiani in cis ip.sa |)erleclio collocelur, ut aosr
noinpc exlerioreni glmiani prollnenlcm cl
« irl slaUinnl.
* soriclaleni cnm SJinclonitn choro coiritabal. *
2i2. Al ne id qiiidein ca'teri Pains adiiiille-
QU/ESTIO XIII.

baiit : non An;,'n.siinns, non ipse Cassianns, non De fine ttllinin ttuo, et de suwmo hono.
Grc;;(tiins Nazianzeiuis qnl dc^idelia l'anli non AUTICULUS l'RI.MLS.
ad pd'iias ceternas revocat, ut pessiine inlcrprc-
24 i. Illa proposilio sic se liabel : « Prœciai'c
tiilnr aiiclor, sed ad illud « qnod aliipiid ni iiii-
sanclns Ambrosins Uni verus est linis is finis : ,

pins patialnr. > l'ali anlein iili(|iiid laiiqiiain


est non nnins, sed omnium '; » erso uiius bo-
imiiius, procnl abe.st ab a'icinis snppliciis; et
nornin el malornin, clinslianornin el inlîde-
liiliil dislal ab eo qnod |)crUilil Clnislns, inalc-
linm, qui linis non polosl alius e.s.se, piauler eam
diclnin |>i-o nobis faclns, ni alibi vidiinns^. Et
omnes commnniler ap|)ctnnt bealilndinein-
sic palel, nec omnes P.ilros in allalam a Chrv-
Quid, cum Irunnlnr Doo qnem pins seip>is dili.
sonIihik) ik'.sceiidi>se senlenliam. necauclori ipsj
guiit, suaniqiic bealitndmem ad ejus gloriam
Clir)soslumum licel alleganli, cnm eu convenire. relerunl, qn:e est ipsa e.ssenlia cliarilalis ? au
Articulus XIV. tum ipsis alins e>l Unis nilimns, qui non nisi

?i.3. l'ppler eiTores ;;iavissiinos, mnlla snnl imns esse dcbnil Uiiibnsdam |dacct dislinctio
?

incommoda qux nos ab anclorc dis.sucicnt. Cnm finis ulliiiii el ulliniale ullimi (picm Deiini esse. ,

Yolnnl. Alii sic exponuni, ni el bcatiludo iiiliil


' M.ix ,1-. jiinis. p 90. — ' Ilom. 15, in Rom. uhl ^up.,

Uom. 16, m /ton. 16 ubi up. — > PiWte* «or l'InMr. put; Jiom. V u, 33. — ' Aœbr. in p$al., xxxMii, d. 16.
QU^ST. Xlir. DE FINE ULTIMO ET SUMMO BONO 63

sit aliud qiiam Deus, sed confuse consideratus : Articulus TII.

el, Deiis iidiil silaliud vicissim quam ipsa bea- 248. Respondet Cameracensis i, « nulhun
liludo, scd expressius intelloeta ila ut non sit
;
essedubium, quiu bonum sitappetibile sive ap-
duplex fiuis ullinuis, sed unus vel contuse vel peLitu di^num; atque hic quœri tautum, annon
ex|iiesse consideialus. possit diligi boiunn in seipso lis ainoris actilms
245. Ha Augi.sliuus passim : OTtines enim la-
non sint ap|)etitus sive desideria hujus itoni
qui
borare ulassequantur Deuni et qui ab illo aber-
:
quod est nobis bonum. Et sanctus quidem Tho-
rant et fallacia bona quferunl, in eis apprelien- bouum esse desiderabile, sed non do-
mas docet
dere quanidain Dei specieni sive uinbràm ne- ;
non possetanquam bonum absque eo
cet diligi
que eis inhcBsuros, nisi ex reliquiis divinœ lucis quod appetatureodem actu perquem diligilur. »
quamdam seclireutur ejus iniagineui. Sic in 249. Res|)onsionem prœsulis attuh ad lon-
supeibia, Dei niagnitudiuem, honestalein, glt)-
guni, ex i)nstiemo libcllo quem edidit, ut oslen-
riaui ; in curiosilate, Dei scienliam; in avaritia, derem diilicuUalem ab eo nequidem esse inlel-
ininiensam in Deo rerum copiaui ; in sensuum lectam. Vis euim aigumenli nostri non est in eo
voiuplalibiis, sumuiaui Dei quieteni, sunnnum quod bouum sit desiderabile sive appetihilc, ut
de se ac sua verilatc gauiiiuui adunibratuni vi- aiuut, malerialitcr; sed qund ratio boni sive bo-
dent; uecin quavis creala rc (iiiem CDnstituerent nitatis dicat ralionem a|)petibilis additam enti:
bealitudinis, nisi ex quadatn Dei specie ibi rclu- unde cum Deus diligilur ul bonus, sive ex ra-
cenle, nec veie beati sunt, sed se beatos soni" tione bouilatis, simul diligilur ut est appetibilis
niaut sunt auleni vere beati, cuin in Dei beali-
;
ac dillusivus sui, quod idem est, ut vidiinus (n.
tudine et gloria suam beatiludinein collocaut et 246, 217).
gloiiam. Denique cuni quœruul quieteuj quam 250. Ex his aulem radicaliter intelligitur prae-
nunquam nonquœrunt, nihil aliud quam lalen-
clarus locus sancli Thomœ^jam coimnemora-
ter Deuin quœrunt qui suius quietat, utoniues tus 3, ubi sic habet: « Uua sola ratio diligendi
heologi Jàtentur. atlenditur principaliter a charitate, scilicet di-

Articulus II. vina bonilas quœ est ejus substaiilia; secundum


Ps. cv, 1: « Cunfilemini Domino « quoniain
Radix auteni beatitudinls est ipsa Dei
246.
bonus. » Si eniiu sola ratio diligendi principa-
bonilas, de qua h;uc liabet sanctus Thomas jam
liter est diviua bonilas; ergo ratio diligendi est
inde ab initio priiiiœ partis, qua^slioue de bouo
ipsa appelibilitas, sive illud dillusivUm sui; et
in conuuuui « hatio boni in hoc consistit,
' :

Iwc est ratio diligendi Deum propier seipsum,


quod aliquid est appclibile; unde philosoplms
propler suam ncmpe bouilalem, quœ est ejus
dicit, quod bouum
quod oiuuia appetunt. est id
subslantia '': unde ullerius li()uei, in primis illis
Uuo, inquil, uiauifestnui est, quod houuin et
ralionibns diligendi Dei iiiveuiri relationem ad
ens sunt idem secundum rem; scd bonuin dicit
nos, ejus geueris i-clalioiuun quas tran.ceiulen.
ralionem appetiijilis, quam non dicit ens; »
taies vucanl, nenq^e essentiales ac primitivas, in
quod sanctus doclor repetit per totam quaes-
Dei biinilale collocalas, sed in ipsa enlis abso-
Ûonem ^.
diclum
luta ratione iuudalas, ut est.
24". Hinc docet has inter se coincidere ratio-
231. Ex quo eliam palet |)ia^sulem mulluni
nes; pulchri, boni, perlecli, et causii' linalis ;
abborrcre a sancli Tlionuc docliina quam assi-
perlecluai enini idem esse ac bonum, et hinc
due laudat, cum loties distinguil ab.solulam llci
esse ratiouein appetibdilatis •*. « Manilcslumest
biinilalem arelalixa: clare eium sanctus doclor
enim, quod unumquodque est appetihilc secun-
nullaui agnoscit bouilalem uisi relalivaui illam
dum ()uo(i est per.ectum, nam omnia appcuiit
ac sui dittu^ivaui, scd in enlis lauien absohila
suam peilectionem. » De puichi-o autcui et ixino
ralionefundatam.
sic habet Révéra esse idem, scd raliouc
'•: «
252. Ncc munis lallilur cum loties inculcat
diltciie, quod bouiuu propric rcspiciat a|)peti-
possc homiiicm non agcre exdcsiilerio sua^ per-
tum: est euim i)onmi) id quod ouinia appetunt,
fuclionis ac bcaliliidiiiis; ex ipsis enim coiimui-
et ideo habeut ratioucm linis; pulciuiun autcui
iiissimiset inlimis iiatiira^ principiis cruit snic-
respicil viin cognoscilivam. » Unde ellicitnr ul
Omnia
tus nionias hatic sciilcaliam aiqie-
'•
: «
onnie quod qua^iil boiuim, suo modo quicrat « lunt suam |u"rlcclioiit"in; » quod ipsum est
bcum, cl ratio boni in Deo relalivii sit, (piiiipe qua'reie siumi bealiliidipom, .sccimdiiin Augiis-
« dilhisiva » sui; sed luudata in ipsa cutis abso-
linuui centies: Idco beati quia illo Une pcriocii :
»
lula raiione *.
'
qvuitr. Lcllro A M. do Mcaux, 4« objccl., p 14 — ' -i-U. q 23.

' l'art. 1, q. !,. an. 1. — ' Art. 2, 4. — ' Part, i, q. &, art. 8, 1, art. », ad 2. — > 8iii>., n. »4. — >
8. Ttiom., (..<(.— ' 1"»». I, q 6,

ad 1. — * là., art. l. art. 1.


Ci SCHOLA IN TUTO.

pl spcundum sanctiim Thomam ex boalo Aii- ram, plenani tradilionem, plonas Errlesi.T pre-
quod nllinin hmninis ces', » eaqiie moliva el esse re\erenlia di.'iia. "
misliiio |nomiiili.inleiT) « "

« |HTfirli() e>l l)L';ililii(lo '


: » li:i'c aiilcrn (luam cl laineri perfeelioi iliiis animabns • sididu-
coiisoiu'iil n;)sliis |)ri>|i(t.silioiiil)us IG el 1", n. « cenda. >> .Non aniem Seri|ilura, non Iradilio,
4, leclor |)erse videl. non Kcelesi;e alia connnendaiil coin-
preces
modi proprii m iliva
pneler molisa spei llieo-
logica?. Ea ergo snnl moliva, qna> secimdnin
UU/ESTIO XIV. auclorem el inqjerl'eclis relincjininlnr, et per
De spe ac salutis dexilerio auctnris errnrex. l'cclioiibiis snl)lralnmtnr.
25H. UiKT respondel anclor mera> cavillalio-
Articlus pniMLS.
nes liidiliealionesqiie sunl, ut sola eo uni e\po-
2Î53. Ex iis qiiœ «iicla siml. spqiiiliir spcin silioiie perspicdiiin est. In prima enim epistola
tliciilogic'iin in slalii [u'ilmoiiim. hoc esl in (|Mam ad nie moliva ideo essc
piiblieavit, ail ea
ainoïc quinli f;iailiis, niiHiiis esse iisiis. scciin- ic\ereiida , (piod sinl reverenda L--ai;L' \atieiiiia
(liiMi piiiiripia aiicldris; sic atilcin res confici- et aliormn proplietarimi pra-elaie rerniii divi-
tiir. (lliaiilas e|iisin uli esl, ([iia' ne ipsa i|iii(lem narum descripli mes, qnihns aninue iinbeeiilcs
!)e:ililii(line inili^ieal aiit ea inovealiir; erronée in mereenaria desideria ac vola, pia-ler anclo-

spe inovelnr: non eniin iiia;jis (lili.;ciel spe- iiim inlenli'iiiem iMilieantnr: (juod eslab>mdis-
lan^ac non speians. L'nile eliani a prirsule siniinn. neqne eoiilul ilione diu^miin. Omiiino
allej;aliis henianlns dicens: Anior non a spe ludit pra>siil orbem chrisliamim dum haec .

viies siimit, hoc esl ex pra^snle, non vires sii- coniii iniscitnr; uiide nec ipse lus liœret, ul se*

niit nllas. lirgo spes plane iniililis, nec in sla- quenies arlictdi demonslrabuut.
tnni peri'eclionis, id est in (piiiiUini dlmn ^ra-
Articulus II.
duin iidmilliMvia.
2ot. Alilei : Anima perfeeta. e\ pia>snle, nmi 239. Ex Chrysostonio qnidem ista referun-
inilip;<"l l)ealiindine; non ei ;io indi'^el spe; qiiod lur 2; « Ociis volnil virlnlem exerceri posse
aiilern addil pi;esid ~, iiidireile iiidiprei-e, nt mercedis inluiln, ni inlirmilali noslra; se ac-
mciileni allenliDiein lacial ad Dei nia::niliidi- comm.idarel '. .Mibi: -Si qtns infiiiims est
>•

neni el cxeellenliaiM, eisi direcle non iiidiu'cat. et mercedein iiilnealiir *. » Ex .Vmbrosio vero

verba snnl: anima enim peileela, seemuimn luec ^: « l'roposiUini pia» mentis merceeleni

|)i"esnlem nei|uiilein indiciel


, allenlione ad non ex;ielit, sed pro iiiereede iialiel i)oni lacti

opéra ac henelieia divina. ni ad Deiim ma'j;is conscienliain: angiisiic meules invilenlin" pro-
amandum excilelur, solaqne divina e\eell 'tilia inis>is, ciigantur speialis mereedilias. Uuîp >•

counnoveUir: ergo spes Iheoiogica, i)enelicio- si ad exlremnm nrgeantnr. lain Abraiiaiii et


rmn leeordalio ipsaquc grnliludo res sunl su- palriareliie onines iiiler intiriiios erunt qiios :

pers acanea;. Pauliis indiicil e\>pecianles cule.sleni civiliilein

"llili. Non ergo mirnrn, si a staln perfeclionis cnjns artilex Deiis, ac pali iani re(piireiiles s;iln-

sive a amoris ipsa spes arcealm\


(juinlo gradii talis a l'ingc renromissioiiibiis ••: inler imper-
In i!lo enim gradu anima conlraxil hahilum leclos iMovM'sadspiciens in relribnlioneni ". ut

ainandi Dei nidlu respccUi ad bealiliulinem- cliam coneilunn Tridentinnni ex eodem Apos-
« Ne(|ne enim siippliciornm meUis, iiecpie nier- tolo liefiiiivit 8, el angnsla' eril meiilis iesi)icere

Cedis de^iderium ad amoreni (juiilipiam conle- ad mere.edem eam, de (iiiaseiipttmi est S; " Ego
nml; non mcrilo, non perleclione, non ipsa « proteelor liiiis, et merccs liia magna iiimis. »

bealiUidine eommovelnr '. » AUpn S[)es llieo- Uno^l si ralNis>iniiii!i esl, proleelo C!lir>sosloinMS

logica ad luec lanlinii iililis : ergo liis secinsis el .Vmbrosiiis meieed s iiiluiliim remillenlesad
est innlilis. iiilirmas el aiign>las ani>iias, œquiuicui iuter.
!2o(!. Niliil esl eigo cm' eiiarilas liane spem prelalionem poslinabant.
iniperel, ex (|na née ai'denlior nec purior lu-
Articulus m.
lura sil. Unin eliam si s|iem imperel nidio sibi
emoliiMieido luluiam , a pert'eelo aein amoris 260. 1). anlemCameracensis Iwc verba snnt ">:

illiiis Mulla spe iiidigi desistel nllro, ni rre(|i:eii- « Ul explieenliir lia-c .saliilis desideria e\ r.liry-

ter iMiperleeliiiii a<'lii'n niliil prolnliiium. soslomo et Aniliio>io repelila) , impeileela a


"11»'. Mis congriiil id (piod eonlilelnr aiTloi', l'alrilius liabenlur, qui e^i perleclis aniaiabus

« jiroprii eomniodi molisis (ilenain esse Seripln- là., p. 33 — ' Re^p. ad Sum., p. M. — Bam. 13, m /!p. ad
Util'., n. 4. — '
Hom. 77, ! 7e, . Jo<in.. n. 4. - l.iîi i lu

.

'
l--i, .1. 3, an. 2. ' Uup. ad Hum., \>. U, cU. — ' Mai. de» Awah.. câp. 8, n. 47. — • //«- .U>-H — ' /
xi ., M. — • S««a.
ikinU, p. 10. 4, c. 11. —• àtit; XV, 1. — • /?«/> ad Hitm., f. 64.
QU.^ST. XIV. DE SPE AC SALUTIS DESIDERIO ACCTORIS ERRORES. CH

nec impcrant nec suadent. En clare desideria


« mercedis humanœ retributione. » Cum ergo mer-
salutis gencratitn et quocunquc modo sumantur ces non unius sit gencris non potest apud Pa- ,

habita imperfecta Patribus, perfectis nec impe- tres uno modo sumi mercedis menlio, sed ex
rari nec eliam suaderi. Ergo siint indifferentia; cujusque rationibus œslimanda. Quis enim an-
qui est ipsissimus error queni nunc auctor de- gustœ mentis esse dixcrit, (Hvinis bonis Dco que
precatur et a se amolliri tentât: at nunc illum qui sit summum ipse prœmium incilari? non
perspicuis verbis nequideni palliatum aut colo- sane Ambrosius , cujus hœc verba sunt i « Et :

ratum tradit: adeo hœc haerent pectoriet facile ?i bona est virtutum amicitia et summi boni
cnimpiint. charitas , nihil aliud quœrit perfectus ille , nisi
iiGl. î'\cijue vero dicat prœsul se hic desideria solum et prœclarum bonum unde et unam pe- ;

salutis intelligere ca quœ ipse vocaverit natura- tiita Domino, etc. Neque vero eum ut angustum
lia desideria visionis beatilicœ aut œtcrnœ fcli- inopemque faslidias abuudat enun ad beatitu- :

citatls: neque enini horum desidcrioruni aut hic dinem et possessionem boni, et ideo niliil aUud
aut uspiam aut Chrysostomus aut Ambrosius desidcrat » eo quod « omuia habeat, » ut ad-
:

meminere. Autistes loquitur gencratim de sahi- dit idem Ambrosius, « in Deo » scilicet univer-
lis desideriis ad iinperlectas animas ablegandis, saH l)ono.
perfectis vero animabus nec imperandis nec 2Gi. Prœclare ergo Ambrosio cum Chryso-
eliam suadendis, qui error est perspicuus et stomo convenit, non unam mercedis esse ralio-
maximus. nem quamdam mercedem quam cliaritas
: esse
cupiat, quam pcrfecti ambiant. Ea autem est,
Akticulus IV.
sccundum Ambrosium et Chrysostomum, quam
2G2. Chrysostomi et Am])rosii auctoritatem David postulavithis verbis 2 « Unam petii a Do- :

nihilmoramur, quorum clara sententia est. Nec « mino banc requiram; videam voluptatem ut
enim Cameracensis ignorare potuit Chrysostomi « Domini, verba Davidis ab utrisque
etc. y Quœ
insignes locos in D. Parisiensis egregia Instruc- ilUs Patribus prolata vidimus. Est autem illa
tione laudatos , ex quibus clarum erat quos perfectorum, non infirmorum merces nec illa :

Joannes Chrysostomus mercenarios appellaret : profecto est quœ


angustam » facit animam « ;

non profecto eos qui pvo omni mercede « Chris- non enim a angustum aut inops » Aml)rosio ,

tum sequi et adipisci volunt, nec cœlum nec teste, illud bonum quod tendit, cum omuia ca-
regnum cœlorum dilecto anteferunt. « Quid enim piat. Ergo animam, neduni angustam faciat, fa-
mihi est in cœlo , aut a te « quid volui super cit capacissimam quare ab eo desiderio sub :

lerram i? »
Hoc est, neque superiori, neque Ambrosii nomine arcere pcrfectos, apcrta calum-
inferioris cujusquam boni cupido me tenet sed ,
nia est.
tui solius :liicestamor, liœc amicilia^.» Reliqua
Articulus VI.
vide ejusdem virtutis. Hic ostcndisse sufficiat,
non omni mercede fieri mercenarios et infir- autem D. Cameracensi de sancto Am-
2C3. Ut
mos sed quamdam esse mercedem cujus studio
;
brosio spem omnem adimamus, redeamus ad
amantes et amici sumus. Hœc tacere, et Patrum locum ab eo prolatum ex libro n De Ahiaham,
morces, adooquc
diclis abuti, ut plel)i impcrilic cap. 8. Eo vero loco Ambrosius id noiat auto

spes, sanctorum auctoritiite vilescat, et ad iinbe- iiiam cclebrem victoriam de quinque regibus rc-
porlalam, nihil esse ci de mercede promissum
ciliilalem animi rcferatur, non est tlieologicœ ;

sincerilalis. Ycrum rem geslam et piignœ eveutum


post , .

ha^c a Ûeo dicta « Ego prolegam te :morces :

Articulus V.
« tua mullaerits » nompo, iixpiit, spoudouda':

263. Quam autem confusa sit et vaga mcrre- «mercedis locus lune oral. Minus enim mira-
dis idea quam D. Cameracensis informavit do- , bile faceret si seculus promissum lioslem esset ,

cet Ambrosii locus quem citât « Propositnm •^, adorsus » Ac paulo post '*
« Bona meus est, :

pia; mentis, inquif', mercedem non expclit, sed qua; sine respousi ca-ieslis syngraplia ccrlameu
pro mercede habet boni facli couscientiam an- : arripuil. » Quod quidem inlellectum de parlicu-
guslœ mentes invitcntur promissis; erigantur laribusgeslis. quale istud fuit, verum esse polost
spcratis morcedibus. » Vides indefinite et uni- nol)iiinsqiio interdnm videlnrct graudius.iucor-
vcrsini de mercodo, iino de mercedibiis diclnm. luin evoutns et pra^nii écriasse cum regibiis,
Cui eliam addit Ambrosius, agi do « aliqiia (piam promissi peculiaris pignore. At ilind Ira-
heie uuivcrsim ad vitœ christianœ rationcm,
' —
Ptal., i.xxit, 26. ' Chryso^t., Iioin. » in Hp. ad Rom., n. 7.
.. » Reup. ad Sum., p. U. — • Ambr., U\>. Il Dl Abrah., c«p. S. ' /7r' lacob II nia btala, lib. I, c.ip. 7, n. 30. — ' rsat., XXïl, 4.
n. 47, iihi mip. — • tien , XV, 1. — • Lib il De Abrah , mp. 8, n. 47. iibl iilp.

D. Tn:i. VI.
ca SCIIOI-A IN TLTO.

non ipsc Ainbrnsiiis sinal, cnjus lirrc verlia jain ergo luijiis ainoiis usus in eo est ut tolum li-
viilimiis : " Smiimuin onini virliili inrpiilivnin briim expédiât ac si emn amorem cassum os- :

csl ifisa lifatiliidn ". » Oiiin ipsiiin Aliraliaiiuim teii(biinis, remaneliit lilxT, auctoreconsenlienle,
lantiiiii ^i^llmlamqllc pprrccliim.ijiiiiiiicofiucin debrus, incrudilus, nuila siii parle sibi ipsi coii'
\olis siii> i.liilipsoi^liia a'qiiaro uni) p;iliiit ', » gruus.
ubiijnc |i(illicilalionc iiicrcnlis illiciluin Ainl)ro- Articulus II.

siiisnon taccl : non tacol ips;» Sri iplnra , quae


270. Si qiiid erpo ad aurlnris syslema propu-
Al)ralianuMn Doniinuni : nionioral dixissc ail
gnandum invicti roiioris esse ojiorlel est pro-
liuininc, quid daliis milii 3? « Us(iiic adco prœ-
,
<-

fecto iikî anior lundanienli loeo |iosilus. Alqui


rlaruni csl ncc an;;iisUo et indiocilho nicnlis, a
,

constat nihil ilb) bmdamenlo isse debiiius,


Ito.i dcsidciarc l)ona modo digna pelas, cl, ut ,

qnippe lola piobatio loco saiicli Tlionia; cl Eslii


ail Nazianzcnus, a iMagno magna.
nililur ', qui nihil de eo diennt.
Articulus VII. 2"d. Eisaneti qiiideinTiioinœabauclore verba
2GG. Lcclori jam a^slimandnm relinquimns» prolala ba^c sunl ' : " Anior sui iripbeiler .se

an llicologo co(jne rpiscopo (li;;nuin sil alfcrrc ,


l»ntesl liaberc ad cbarilalem. > .\c paiiio post :

Palrum locos qnil)iis Chrisliani indiicanliir ni (( Tertio modo a cbarilale quidem dislingniliir ,

dcsidcria sahilis halioanl inler indilIVif-nlia : sed ebaritati non conirariatiir, pula ciirn aliqiiis

non imporcnlur ac. ne (|nideni suadcan- dibgit seipsuin secunduinralionciu pioprii boni
a qna-
« tur. r. iNiliilenim de saliile a l'aliibiis diclinn, ita lamen qiiod in boc proprio liono non con-
ex ipsa Icelionc conslilil : de mercede qiiidcm stiliial finem ; sicul etiaui ad proxiiimm polcsl
sed cxplicare oporlelial generalini ac- esse ab<|ua .specialis dibnlio pneler dileclioncm
acliun ; ,

lum esse caHeium aliqiiain niertvdeni dari.


:
cliarilalis qux luudalnr in Deuiii, dnm [iroximus
dibgilnr aiiioie consanguinitalis vel abcnjus al-
qunc perfeclis quocpie dcsideralissima Iiabcrelur ;

aliocpii plebsfallilur, et l'alnnn doclrina in cr-


leriii,-. conibtionis buinaïue, i\\ix tamen rcleribi-

rorcm indiicilur. ad ciiaritatcm. « liactcnus auctor sanclum


lis sit

TJiomain citai.
272. Ex Estio vero ha;c sunl quœ ad rem fa-
UU/ESTIO XV. cianl 3 « Timorcm gcbennœ et opus ex eo sub-
:

De amore vaturali stii, quem atictor indurit. seciitum bcel ex amorc juslilia; non procé-
,

AnTIClLUS PRIMl'S. dant, .sed ex amorc vit;c lemporalis (non esse


peccalum) nuila alioqui cireunistanlia acluiii
,

2GT. Quem mnicalïeclinn siii nalnralem prœ-


dcpra\aiile; procedil eniin 'ille liinor), inquit,
sul nt lolins syslomalis enodationcm indiicil, «ib
ex amore quo naUualiter sibi quisque vull bene
ipso delinilur " anior naluralis et debberatus '*
:

cl in génère leliiitatein appétit. • En totuni


nosiri, inqierleclns quidcm , nec lamcii pccca-
lanti .systeinatis ruudamentum.
Inm , ne(ine viliosiis aclus ; cum por se ncc sit
niliil est. Ut enim ab Estio
273. Sed prolocto
bonus nec malus. »
ducamus exordium; agit ille de amore « nalu-
iî()S. Isanior, in prima opislola excusa ad me
« rali » quidem sed non deliberato, quo quis- ,

scripta, « est iniia^sio naturalis donis prouiis-


que « sibi lienc vull et in génère felicilalem
sis '•>
: amor naluiabs et deliberaliis iiealiludinis
« appelil. >' Atqui ille amor non est debberatus,
formalisa » illius ;rlerna\ qua Deinn inliiennu"
nemo eiiiin délibérai an beatus esse velit:ei-go
cocpic perfruiiMur. Eigo ilio aniore, bcet nalu-
nmor ille nihil ad rem perliiiet; et jam subtraelo
rab. Ueiun ipsuui ac iJei promissa diliginuis.
iino ex diiolius locis luudamcnli loco posilis^
iJGO. l!sns vero isesl ipieni sa'iie expliruinius;
aHliliciiiiii claudicat.
sed ne su|)ersit ulius duliilalioni locns, in eadem
"
27i. Née iiiaj;is ad rem eonferl saneli Thoniaî
epislola auelor exponit bis veibis « Si eoin- :

loeus ; cum iiec verbuin iillum liabiMl de « amore


nnubun propiiinn pro .saiiilcsumerein in qua- ,
nalurab beatihulinis lormalis » et a'tern.T a \)eo
runcpie jtagiua, imu in quaeunqiie iinen delira-
promissa', de quo lo(|uitur auctor. Contra s^mc-
lem; (pioeun()ue momenlo dercnderc oporlerel
tus Tboinas de amore locpiilur quo quis dibgit ,

spem sine spe ; snnunani Ix-aliludinein cum ejns


boni
seipsuin « seeunduiii lalioiieiii pro|irii , ul
desi»erali()ne conjinulain , >- elc. Ilis antem se
eliam diligit |iroxiinum ralione coiisangiiiiiitatis
exsohil, coiisliliiendo propriuui commixhnn in
vel aliciijus alteritis conditionis iiumana' : » non
ilio aniore nalurab ac deiiiierato Dei alquc sui :

alci me ielicitatis naliiraliler appelila».

Ambr., ptal., n. 1, ubi siip. — ' Ambr., I, Di Airoh.,


r«p. a. 11. 3.
l'n

— •'
Cm., XV,
I,

ï. — • Inulr. po-^t., n.
I.

3 cl 9. — > Lcl-
I
Ir.sl.pu»., n. *. — ' 2-2, q. 19, »rt. 8, In 7. — i
Btl., In 3,

U* prorn. k M. le . i'.k Mcaiix, p. Ï3. — • /4 , |>. Si. — ' /i>


, p <0- d. 31, »7.
QU/EST. XV. DE AMORE NATURALI SUI. 67

275. Sed neque sanclus Thomas neqiie Estius tem ellibrorum capila distributum. Libre autem
hune amoiein inducunt,ut in eosive rcmanenle quinto, cap. 24 hœc habentur verba quœ prae-
',

sive subliacto ,
perfectorum ab imperfcctis dis- sul citâtde amore naturali, quem auctor ille,
crimen constet. Hoc autem unura est quod ,
quisquis est, « nec laudabilem esse nec vitupera-
ab auctore spectatiir. Ergo amor ille natiualis bilem dicit » sed non ipse sibi constat
: subdit ;

deliberalus qiio ulitur, nusquara est Estio, m enim amore illo « secundum concupiscentiam
nusquam m sancto Tlioma. diligi Deum, quia necessitali nostrae subvenit ;
quo amore non diligitur res propter se, sed
Articulus III.
usum ejus; unde hoc modo plus diligit
propter
progressa sermo-
SJld. Instructio pastoralis in homo seipsum dilectione naturali quam Deum.»
nis Dionysium Carlhusianum laudat i « de ,
Quem amorem falsus Bonaventura, cum nec
« amore nalurali » loquentem, sed de eo « amore laudabilem nec vituperabilem dicit, fallitur. Ita-
« naturali quiproveniat ex amorebeatitudinis: » que nec is locus ad amorem manifeste vitupera-
qui amor proinde non est deliberalus, et quo bilem pertinens, quidquam omnino facit ad
necperfecti nec imperfecti carent. Nihil ergo ad amorem naluralem qui praesuli est innocuus ;
rem facit amor ille naturalis quem hi doctores ergo ineruditura opus merito contemnendum,
memorant, nullusque eorum est qui non longis- quippe quod Bonaventuram nec sensu, nec stylo
sime ab auctoris mente distet. refert; eu jus generis opuscula in hoc septimo
tomo ad calcem cum isto congesta sunt.
Articulus Vf.

277.De affecta natarali citât auclor très locos Articulus V.


sancti Bonavenlurœ 2 primum « Unde sim- ; :

280. Multos quidem alios locos affert auctoris


pliciter dicendum est, quod exspectalio boni
Instructio pastoralis pro amore naturali, sed qui
œterni non est mercenaria, nec miiuiit meritum,
hujus amoris nec mentionem faciunt: agit enim
nec facit ad iinperfectionem charilalis vel meriti,
conjecturis et consecutionibus, nullo unquam
nisi in quantum mens hominis multum affec-
verbulo de eodem amore, ut demonsti'avimus 2.
tuose et intense aspicit ad commodum proprii
Unde exstat argumentum, ni fallor, inviclura.
boni multi autem sunt qui bealitudinem exs-
;
Pro naturali amore citantur nuilli loci in quibus
peclant, et tamenparumde se et multum de Deo
cm-ant. » Hune excessmn ardoris et adbœrentiaB
hujus nulla mentio est : qui autem eum nomi-
naverint auctori non congruunt, ut mox vidimus,
ad scipsum, ad de^ideria naloralia rcfert anctor 3;
Quod postquam ac nullos locos esse
conslitit,
ego autem non ad naturalia, qune ipso teste in-
claruit, quibus
unica auctoris enodatio nite-
illa
nocua sint, sed ad vitiosa et prava, quibus quis
retur, jam dcmonstratum est librum, qui non
deseipso plusquam de Dco cojtilat, ejusque glo-
alio fundamcnto slaret, non modo eversum fun-
riœ parum studet quod in vilio est. Ncgat au- ;
ditus, verum ex ipso au':tore (sup. n. 239] l'al-
tem Bonaventura hoc provcnirc ex exspecla-
sum, inconditum, a se dissonum esse, uecsus-
tione mercedis, quia mulli sunt qui bealiludi-
«
tineri posse.
« nem exspcctant, et lamcn parum de se et niul-
« tum de Deo curant, » dum alacrcs et crccti Articulus VI.
vix unqiiam in se sistunt; sed elsi curam sni
281. Ac rêvera inutilem esse ex ipsa auctoiis
gérant, cam lamen in Dciliouorom transfemut.
concessione conslitit quom locum de inulililate :
2'y. Kursus Bonaventura de afieciu naturali
amoris naturalis ex ipso auctore Iraclavimus
loquitur '>, cuin cos commcmoi-at qui nicrccdis
lilx'llo cui litidiis Mjistici in tuto, re, nisi valde
œlern;c dcsidcrium dlcebaut naturai esse, non
fallimur, ad evidealiam ducta (n'* 187, 188) ;
graliaî; quamscnteiiliam diidum exo!elam,imo
quo nunc, brcvitatis gralia, Icctorem rcmittimus.
et liœreticam esse uKniuinius (n'^ 63, 68) quarc ;

ncciste toxtus ad iiuiic locum pertinet. Articulus VU.


279. Terlinm saneti iîonaveiilurœ locum citât
anctor'', ex Compendio tlu'ulofiirœ verilatis, ([.^i;
282. Ibidem commemoravimus commodum
« proprium u>leruiun, cl in a'iermiui » pcnilus
quem lociini si legissct, primo, credo, inliiitu
aliiliciiliim. cui loco (Iciiioiishalum i-ffoctus na-
>iilisset, nec porlccli) laciiissel, hoc opusciilnui
liualis soliiliiincm cduvciiiro non po.^^so (iliid.,
esse lautuin sanclo itDuavcntiM'aMcadscriitlum: »
ni' 185. I86y : de re videnda est pra>lalio
qiia
tU'liiile nec per (pia'slioiics, sed per liliios scp-
gallica in Inslruclionem paslnralom fn** H et
' Tngo snns cliif. dev. 63. — Mn 3, <i. M, an. I, q. 1, nd &. — seq.)
» l^iuilr L"tl h M il<! Pari^, p. 41 ; I.ftl l A M. ck- M..iiix, p 42.
— ' lu .), d. 27, arc. a, i). 2. Slip . q. 3. arl. <!. ii. fi:), r,r> — i \xi-

o *2
' Dt omp. Ihfol , t vil, 1. V, e, 24. : l'rtj. sur lln^t. )>»t.
»i« 2.
G8 SCUOLA IN 1 LTO.

AnTiCLLUs Vin. 2S,'). Ilincdemonstratio: Amornalnralis non


est ulbis connu (jiiiiKiue amoruin qui ab inilio
283. Hue arcotlal istud valdc nolabilc ac ile-
libri tradunlur; quod anlcm non traditur in illo
crctoriiim si de amorc illo Dci iiatiirali, inno-
aifrumenlnm Inndamcnlumquc
:

inilio, qno liiiri


cnoacd<'lil)Cialo, in primo siio lilullo mpilarct
jxinilur, nullo loco in libro est: ergo amor na-
auclor, liiijiisdormitioncnialliilisM'l ait ipsidibri mentio-
luralis penihis pra-lennissus est: cujus
cxonlio ', ctim oliam amorom Doi judairum (iiio
nem vcl maxime ficri oportebat.
dilipiliir Dons proptrr l)nna al) ipso disliiicla, ac
proplcr rorom rœli ac piniiiiodincm loira;, defi-
QUi^STIO XVI ET IF.TIMA.
tiioiidiiiii piilaril, qiiciii fatoliii' HIjio (>ssc iniili-

Icin 2; (|iiaiilii inaj^is cominoinorassct amorcm De recapitulatione dictorum.


natmalciH Uo\ innocmim
et siii (lelii)oialiim ol AnTIClIX'S PRIMtS.
f|iup liiliiis liliplli ralirmciM cniilinori mine vclil !

286. Haîcrccapilulatio, recollccta hujus libelli


Non auloiii ddinivil (juinqnc amures dclinivil^, :
sunnna, ad cxlrcnnnn oh oculos ponet omncs
1. judaicnm ex nno connnndo lemporali, qui
aucloris errorcs in lioe libcllo rcccnsilos. Memi-
est carnalis cl viliosns, pnroqne seivilis; 2 sa- anlcm Icctor, nos scribcre cl tjpis
nerit lia-c
rrilcgnm cl imiiium, qno Dens diliaitur lanlnm Ca-
tradcre, irder ipsas qnolidie prodcunlcs D.
ni inslmnicnlinn folicilalis nosli\T lî» amoivni
meraccnsis clueubrationes. quibus aut errorem
;

spci, Cinisliana» sciliccl, non modo innocnnm,


suum, anl Inijiis muniendi vias mapis maprisquc
Fcd cliani per scsc Itomnn et ex Dci firalia; 40 prodil; qnare cogimur hic subindc inscrcrc
amorcm cliarilalis nieritorinm cl jiislilicanicm ;
(pKTilam nova, occasionc diclornm cjnsdcm auc-
amorcm pnrnm si vc pcrfcchv cliarilalis stiinma
l'fi
loris, qua; posteaqu<im Iutc excusa sunt, edunlur
excellcnlia pra-dilnm. Son ad mdhiin horiun
in lucem.
qninqnc amoruni amor natiiralis Dci et siii rc-
Articclus II.
fcrii potcsl, cnm omncs
amorcs vcl sinlvi- isli

liosi vcl nicrilorii, amor anlcm naliiralis silqui-


Primnm ergo rccolliprimns locos ex sancto
287.
Anfïustinoallalos, quorum capnt est id quod de
dcm dclibcralus, sed lamcn innocnns ac per se
ncc bonus ncc mains. Erjio ille amor naluralis,
nccessario amore healilndinis sanxit millics, ut

anclori ci'cdimuslinidamcidi loco fnlurns, ni)


csl diclum (nO-i. prop. 2j : poslea autem isli loci
si

non est. nc(pic ulia cjns menlio dislinctius allegati prodierunt (sup. n'^ 228,
ipso (Icliniliis

quibus tola 229).


est inlcr deliniliones illas libri ratio
288. Hornm autem haîc snmma est, « non
constat.
possc indiiïerenterbabcri bcaliludincm proplcr
28i. Si dicas amorcm iialnralem conlincri
:

amore tcrlio qui csl spci, de qno anctor non vi- bcaliludincm amari virlutes: non ergo futuram
dclnr apcrlc |)ronnnliarc nirnm sil bonus vcl
esse \iitnlemcam, qna^ snadcat non amandam
non bcaliludincm: quod si per/icerct, née ips,un
malus : contra, i" affcriin- ibi cliaraclcr pro.
virlulcm amaremus, quara proplcr solam beali-
liriusbujns amoris, qui est ul sil nalmalis, dcli-
i)cralns. innocuus crpo non csl ibidem inicnlus. tudincm amamiis. (Ib.) "
;

280. Kadix anlcm lionim est, quod « omnes


Conlra, 2" si amor illc natiu'alis liic inlclli;;i i\c-
liomincsesschcati vclinl, idqueunum appelant,
bcrct, amor spci ilicoIo;:ica> ac siipcrnaliiralis ab
et proplcr hoc cèlera quaxMmque appeluut :
auclorc ()ra'tcrmissns csscl; non aiilein |)raMcr-
caque sit cxaminalissima, eli-
pcrspcelissima,
milli dcbuit. Quod pra-lcrmissnsesset, bine pa-
let fjnod amor spei llicolofiica' non est nalura- qualissiiua onniiuin senlenliaae voliuiLis quani

lis, sed ex prnlia per


; ncc est indiiïerens, sed Ûcus indidit, cpio nalina compellil. (Ib.) »
se bonus. Rri^o pra^lcrmissus est, si tertius 200. Ergo (pucim(|uc asscril, cum pnesulc,
amor sit amor natnralis illc nec bonus ncc ma- dari aclum volindalis, quo bcaliludincm non
Jus. Conlra, '.]" amor ille est amor ejus spci veliums, contra Dcuin et contra nalurani, est
qucm sanclns Franciscus Salcsins asscril esse imiiius. (Ib.)

\irlulem llicolopicam *, abjui amor illc super- 201. Nec minus Evangclio ac Scriplurœ répu-
naluralis est, cl ex Dci tjralia amor ille per
:
gnai qu.im naliuie (n'2;M et .secj.).
bonus est, liccl non juslidcans. Amorau- 202. Uuod autem l). Cameracensis reccntis-
?c sil

tem de qno non est supcrnaturalis,


dicinnis simo scriplo ad meipsnm edito '
, voluntalcni

cum naluralis vocclur; non est per se bonus, conscquen(KT healilndinis, sive cjns a|>pelilnm
pcd indlll'erens non crtjo compreliensus sub
:
qucm Scbola vocal imialimi, scmel ilernniquc
tcrlio amorc, qui spei dicilur.
ac tcrlio avcum appcllat, facile coufutatur ab
Max. doi tllnl», p. 1. —
• /A., p. — /4., p. î, — ' 1 1. '
1 1.
• tl:, p. !•-.
' Deux. Lclt. i M. do Mi'iui, p 16. li"., IJuitr. Lrt! , :> 14, fti
QUyEST. XVI. DE RECAPITULATIONE DICTORUM.
m
Augustino dicente : a Quia non potest quisquam quanto amorem, quo in eum tendimus, potue-
appetere quod quale sit nescit, sequitiir ut om- rimus habere puriorem K » Ergo seclatorem
nes beatain vitam sciant, quam velle se sciunt :» bealitudinis in quovis actu, etiam puri amoris
ergo vilœ beatœ appetitus non est cœcus, sed ex sludiosum fuisse constat.
cognitione elicitus n» 229): quod ctiam inveni-
mus apud sanctum Thomam (sup. no 9 et seq.).
Articulus V.

299. Augustino subjungimus ejus discipulum,


Articulus III.
imovero exscriptoremMagislrum Sententiarum,
293. Ejus rei gratia commeraoravimus defi- eumque sequentes omnes Magistri interprètes,
nitionem chantatis a sancto Augustino tradi- in 1, dist. 1 (ri0 8).
tani ; quod aiitein Cameracensis vocem fruitio- 300. Ex sancto vero Thoma hœc collegimus ;
nis elusit i, eaque intejlexit excludi respectum finem ullimum vilœ humanœ esse bealiludinem
ad nos, atque etiain bénéficia ut sont utilia no- propter quam homines omnia
velint, idque cer-
bis 2, id conlïdavinius ex Augustino (n'^ 100, tissimi principii in raoralibus loco esse (n^S):
no, IH, 112): ubi sancto Auguslino comités id angehcœ haud minus quam humanœ naturœ
dedimus sanclum Gregorium Nazianzenum, convenire, atque adeo intellecluali omni crea-
Cassianum, ipsum etiam sanctum Thomam a turœ: ex hac volunlale bealitudinis causari om-
prasule citatum et saepe redilurum (n'= 101, nes alias volunlales (nis 9, 10) ex quo fit ut an- :

102, 103). gélus et homo naturaliter appelant suura bonum


etsuam perfeclioneaî (n» 11): ex hoc inmiobili
Articulus IV.
deduci volunlalis motus (n» 13): molum autem
294. Id enim est puri amoris « Nec seipso : sive tendentiam ad bealiludinem, ila esse inna-
quisquam frui débet, quia nec seipsum débet tum, ut tamen ex cognitione sit elicilus (n» 9
propter seipsum diligere, sed propter illum quo et seq. 29 et seq.): et hanc esse natm-am vo-
:

fruendum est. Tum ille est pm-o amore prasdi- lunlalis humanae,*ut quemadmodum omnis
tus qui se refert ad Deum, non Dcum ad se ;
conclusio ex rationibus primis primisque prin-
qui seipsum non propter seipsum diligit, sed cipiisjitaomnisdeliberatavoluntasexillavolun-
propter Deum qui totam dileclionem refert in tate innata ejusque virlilute oriatur (n'' 12, 13).
;

illam dileclionem Dei, quio nullum a se rivu- 301. Horum aulem omnium radicem esse,
lum duci extra palitur , cujus derivatione mi- quod Deus bealus hoc bealitudinis votum cui-
nuatur^ : qui deniquc id sentit, a se debere am- cunque naturœ ad imaginem suam faclœ indi-
plius diligi Deum quam seipsum*. » derit (n** 14); ulleriorem aulem iiilimam pro-

295. nie, inquam, amer est purus, qui nuUo fundissimamque radicem esse Dei bonitatem .

vel tenui rivulo diminutus , Deum anteponit necessaria alque essenliali et transcendentali

sibi. Atqui ille amor haud minus in se com- relatione respicientem ad nos (sup.q. 13, art.l,

prehendit bealitudinis votum , ratione gcne- 2, 3).

rali etcommuni omni actui cum bealitudo ea ;


302. Hinc conficilur, ab auclore sub meo no-
sit « quam omncs unam appetunt, et propter mine vapulasse sanctum Thomam, cum scilicet
rcprchendor dicens « nisi Deus csset tolum
quamunani appetunt quidquid appelunt (sup. ,

nO 229) : » ergo ut a nullo actu, ita nec ab illo


hominis bonum, non eideni fore diligendi ra-
amore bealitudinis votum separari potest. lionem » quœ verbaa prœsulc graviter reprc-
;

296. Specialiori ralione, nempe virtulis : cha. hensa non mea sunl, sed sancli Thomœ ex-
ritas, qua; est virtus, respicit bealiludinem, cum scripla lidelllor (n*" 22 et seq.).

hujus gralia virtutes omnes adeoque ipsa cha- 303. Ex


aulem intulimus, secundum san-
bis

rilas dlligatur ( sup. n» 228).


ctum doclorem, ipsam charitalcm super com-
297. Deniquc specialissima ratione : charitas
municaliono bealitudinis esse fundalam (n's 38,
40): charilalem iii Dcum lendercutest objectum,
appétit bcatitudincni, cum sit virtus illa quœ
fruitur Deo in coque line acquiescit Ibid.
principium causa bealiludinis (nis 30, 39, 40, 41);
( ,

nO109). ut est finis ulliuuis ad (piem et per se lendat

298. Porro Auguslinus casti purlque amoris


chahlas, clcœleras virlu les dirigal (nu 41, 42);
laudator eximius, ad purilatem amoris prœci- deniquc Dei frui tioncm esse finem ad quem or-
hoc diclum dinalnr homo per charilalem. Ex quibus lit, ut
puo studio fercbalur, (iijiis eliain
est ; « Deum ianto habebinius prœsculiorcm
nuUus aclus ralionalis sine appelilu bealiUuliiiiS)
,
et nullus aclus charitatis sine appetilu friiilionis
'
l;,:'p. rid Sum.. p. 3^, 3.), 3t. — ' Jl,
,\>. U. — ' I), doc(. C/irist.,
Iib. I, cap. Ti, 11. 21. — ' Jl/., c. Ï7, 11. ït). ' lipibt. 16!i, ni. b'i, AU M.uctl., ii. 13.
70 SCnOLA IN TUTO.

esscpnssit: iindc cliam snnrlns doclor dofini- mio fatetur ; de increato negat : quia maxiina
lioiRMi' cliarilalis ah Aiigusliiio Iraililaiu adoptât
a cliarilas maxime de>ideral liabere Deiiiii "

ulsuaiii(siip. (j. 6, art. ll.iiMlO). (n"G;i, G9j. Agit aiitem saiictus, non de lio-

301. IJo spci et cliarilalis differpiitia, doqiie niiiie liabenlecliarilalem, sed de ipso niotu clia-

divcrsa iilriiis(iuc virliilis ad friiiliiiiicin Icu- rilalis l'n's Go, GG;: uiide di.Hrimeu iuler limo-

deiuli ralione, sancli ddcloris seiileiilia oxplica- rem pœii;e el meicedis desiderium, ijuod pu nii

tur, et iiide dcducla objecta .solviiiiliir ( n'* 121, non sil Dons, nec aliqiiid Dei : iiiei ces aulem el

beatiludo: suiuma sit ipse lieusjiO G7), pnq)ler.


122,129,130).
ea diligendus motu cliarilalis, ut dictuin est
Articl'ixs VI.
(su|). art. 5 et 6).
805. Quœ sancliis Bonavoiiliira nos dociiit,
310. Agi aulem bicde charilate proprie dicta»
h.TC sunt. Ac priiiuiin, post sanclntti Aii^'iisli-
a fide et a spe, casque
prout contra dislingiiiliir
niim ac Ma;;islrimi, de fnieiido et iileiulo : iJciim
informai, ex sancli Donaveiilurai verbis, clare
solum seifiso frui nusqiiaiii iiidi^enleiii : no-
babes probalum (n» 69.)
slrum aiilem tam iisiim ipiaiu Irmliiin esse ex
indi^cnlia eiiinaqiio qua'riliir Ueiis, ut
(ii"";J;: Articilus IX.
riiercos, ideo non iili Doo quia illiim non rc- ,
311. IIujus ergo doclrina; prîpclarum csl co-
lert ad aliiid (ii» Ti): liabere erg.i piirain et vc-
rollarium, ncmpe ex sanclorum Tliomœ et Bo-
ram cliaiilalein : Deo Irueiiduin ut eo qui nos
navciilurai conjunclis auclorilalibus : locum il-
racial bealos, « quia in l)eatiliidine eslrecla Irui-
lum l'auli , dissolvi desideraulis et esse cura
« lio * (nO 75). Ilein Deo fniendiiin esse, co
Clirislo, esse verœ moluni \cïx ac genuinœ clia-
. quod noslra boaliliido, et qiiod ipso solus
sil
rilalis, eorumque doclorum summum inter
l)crfccte finit et dolcclat ipsuin aiiiimiiu propter
se esse concenlum, et mibi cum ipsis.
se et super oiiinia » qui est finis liiiiens at(iue
:

consuniiiians, hoc est liiiis ullinuis ex quo tota : Articulus X.


ratio cliarilalis insti nitur (ii" IGj.
312. Scotus is est qui maximi pra;suli favere
306. liinc coliit;it sanctiis ille doctor, a quo-
\idealur, delixa cliai ilale in Deo secundum se,
cniiiquc jiisto ainore cliarilalis Ueum plus di-
el circumscriplo studio «propria-commoditatis»
ligi qiiaiii .seipsiim.eo (piod dilijiatur « dilec-
ab ejusdcm cliarilalis nolione : reprelienso etiain
« propler se et super omnia ;
lioiie friiiliimis »
sancto Tlionia, qui cliarilalem in bcatitudinis
non « dilectionc usus » et propler aliud (n^ 71):
commimicalione lundabal n'* 82, 83 el ta- ( ) :
quaî dileclio IViiilionis sil ipsa LealiUulo et finis
men lioc icslringit ail [uimarium cliarilalis ob-
ullinnis, ul dictuin est.
jeclum adiuillit aulem secuiularias objectivas
;
30". H;ec aiilem conflrmantur , quia Deus
raliones ,
quibus valcal ralio rclativa nempe :
quani ipsa sibi;i
« majiis sil ciiiqiie rei iiitiinus,
amanlis et redamantis Dei, « commimicando »
quare ex aiiiore chaiilalis anima « magis lendit
se nt>bis, el « disponciidonosad bcaliludinem:»
in Ueum qiiam in se, quia iiielior est ci Deus
in quo sil « specialis » qua'dam ratio amabili-
quam ipsa silii (nO 7";. » Eu Deus a cliaiitalc
talis, provocans ad auiaiulum, et in ipsum clia-
qua'situs eliam ul esl imbis oplimus.
rilalis acluiii iulluens (eod. n" 82).
Articl'll's VII. 313. Ikïc aulem seeundaria el posterions ge-

308. Luculentissimiis aiilein locus adversus neris amabililas rcducilur ad ipsam excellen-
D. Cameracensom quo ulilur, sed truueo.
est ille tiaui Dei eo (piod non cssel pcrl'ectissimus nisi
:

Refeit eiiimid laiitiiin, quod « cliarilas velit bo- rcdamarel; atque bine lieri amiciliam inio su-
num Dc!), ciiiu \ ult eiiiu esse summum boiiiim:» peramiciliam, molivo creantis ac bealilicanlis
omillil aiitcin quod « eadein cliarilas vilil illud L)ci, una cum suiiiiua ici boneslale conjunclo,
bouum et proximo et sibi, nem[ie ut illud lia- ab coque inseparabili (n'^ 81, 8o, 86, 8S, 89).
lieat per graliam et gloriam (n^ 70). » Hic aulem 311. Ex his conciliatio sancli Tliomx cum
latetur piwsiil agi de vera et pro|)rie dicta clia- Scolo, una rei suiiima licel non uno modo ex-
rilalc : crgo necesse est lalealur vera et [iroprie plicita (a '=-
81, 83,86,87).
dicta cliai ilalc (piem([ue \elle liabcre Dcum per Articulus XI.
graliam et gloriam (u" 71).
315. Suinma concilialionis esl : etsi cliarilas
Articulus VIII.
hoc liabel spéciale, ipiod primariiiiu adcoquc
309. Hue accedit quod idem snnctns Bona- specilicinn ejiis objccliim sil absolulumab omni
vculura iulerprelaiis illud s.incli liernardi, (juod re ad extra, adeoiiuoab ipsa bealiludiiie : tameii
charitas < non cuict pi aMiiiuiii : > de creato pru}- ex secuodario molivo ea praxis inducitur, ul
QUvEST. XVÎ. — DE RECAPITULATIONE DICTORUM. 71

utraque motiva conjunganhir (n'^ 87, 89) fiat- : per suum connotatumhabeantinseparabilem re-
que aniicitia, hoc est amor mutuus, in quo con- lationem ad nos ex n. 4, prop. 6) ; hujus autem
sisfit charitas in quain praxitn abeunt mystici
: concessionis tanta vis, ut ea sola quœstio fmita

quoque cum Scholis etiam aciversariis Ihomis- : esset ; sed aperte variât auctor, totauique rem ad
tica nimirum etscotistica (n'^ 90, 91, 128). minuta deducit (ex n'=^ 98, 99). Fictus autem
Articulus XII. Lovaniensis negat Deum benelicum esse chari-
tatisobjectum (ex n. 180) ; et ipso Cameracensis
316. Oiianqiiam non censiii adhibendos mul-
suo nomine, ejusreigratia, meipsum recentis-
tos scholaslicos ad probandani rem facilem et
sime reprehendit.
claram, de qua nuUa unquam fuit veia contro-
tamen adduximus Eslium, Sylvium (n.
versia, Articulus XVI.
15 adjunxiinus Suarezium
et seq.) quibiis eliaiu 323. Tertio concedit auctor « necessitatemesse
docentem actiim amoiis gratiliidinis esse elici- indeclinabilem, ut nosipsosseuiperdiligamus: »
tiim ex ipsa chaiilate, manifeste ducto motivo ergo in omni actu (n. 27) neque fieriposse ut
: «
ex respecta ad nos (n. 127). nos diligamus, nisi nobis oplcmus supremum
317. Atque ex his certa est nosti-a conclusio ilhid est unum necessarium •. »
bonum, quod
sœpe repetila, sœpe repetenda, Scholam ordi- 324. Eam
concessionem firmat illa sententia;
nasse motiva charitatis, non autem negasse aut quod supponendum sit, cum Auguslino, « inde-
séparasse. clinabile pondus, continuaquc iuipulsio, sive
Articulus XIII. tendentia in beatitudiuem, ici est in fridtionem
De illa clausula tria demonstravimus :
318. Dei (n. 28) : » quo loco has duas voces nolavi-
primum, circa eamnobisimputari falsa secun- : mus, « continua, indcclinabilis. »

do, sentenliam prœsulisabeo quoque infractam: 325. Ibidem cavlUaliones auctoris, ac prœser-
tertio, mullis argumentis probari non alium tim quod appetitus ille sit cœcus, elisimus (n**

ejus vigere sensum prœter eum quem dixi- 29, 30 et seq.) : quod idem cfficacius inferimus

mus. ex sancto Augustino (n. 228).


319. De falso imputatis q. VIII egimus sunt ;
326. Hue etiam référendum est id quod de
autem ejusiuocli P quod sententiara nostrœ
:
amore sui, lam ex sanctis Augustino, Thoma et
adversantem a tota fere Scliola Iradi confessi Bonaventura, quam ex ipso auctore dLximus
(n's
sumus, quod nunquam fecimus (n. 133) 2o ;
113, 114, 115, 116, etc.)
quod adversemur Scholae, nequeullum agnosca- Articulus XVII.
mus raotivum charitatis prœter ipsam beatitudi-
327. Quin amor Dei ut amici, et Christi ut
nem; quod est falsissinuimetcaUunniosissimum
sponsi, ad charitatem pcrlineat, dubilari non
(ex n. 135) ; 30 quod aclum ex mo-
contrilionis
potest,cuin amor auiicitiœsitipsa charitas ; amor
tivo divinœ perfectionis improbemus; aperta
vero sponsi ut sponsus est, sit sponsœ cbaraclcr
calumnia (ex n'^ 138, 139, 140) ; 4» quod for-
proprius et innatus. Quod autem et amicus et
mulam contritionis in Calechisiuis, ac maxime
sponsus voces rclativœ sint, œquc perspicuiim.
ex Calechismo Romano edilam improbemus;
Idem de Salvalorc, etc. Non posso orgo clausu-
item calumniosissimum (n'' 143, 144).
laui de « nullo respcclu » aliter intelligi qimn
320. Ex quo patet nos non nisi per apertara
diximus, ex ipsa terminoruui nolione douious-
calunmiam a Scliola dissociari |)otulsse cum e :

tratum est (nis 147, 148, 149); quo etiam loco


contra, sauctum Thomam, sanctum Bonavenlu-
miras de saucto Salcsio D. Cauieracensis caviila-
ram, Scotum, aliosquc Scliola^ principes; ad liœc,
tiones attulimiis (n'^ 150, 151, 152).
Estium, Sylvium, Suarezium sequamur duces ;

quorum testimoniis sœpe prolalis nuilum res- Articulus XVIII.


ponsum haclcnus datum est.
328. De sancto Bernardo siugularem qua?stio.
Articulus XIV.
ncm instiluimus deciinam (n. 155) ; cujus luuc
321. Primmn concessum estnaturam amoris siumna est propter se Deum diligi, sive pro
:

esse esscntialiter unilivam, adcoquc rcspcntuai suo niorito, sive i)ro noslro coinmodo ililigalur,
ad nos ab amore charil;i[is non possc distrahi
eo quod prœmiumnoslruui sit ipso (pii diligilur ;
(n" 48,95). pro mcrito auleui suo diligi ex co quod niiilliun
Articulcs XV. meruerit de nobis, prior nos immercnles dili-
gens (n'' 15G, 157 et seq.) Uuo palet duas dili-
322. Sccimdnm concessum, auiorcmDei utbc-
gcudi causas, ad quas reliquas rovocal, valcre
ncvoii, benclici eti)calilici pcrtinore per scse ad
tliarilatem(n's 45, UG) : cum (amen ea attributa > qv.M. LctUo ù M. de Mcaux, p. 13
Sr.nOLA IN TITO

quod crat probandum (juam pntinde anima non nisi privato sui, boc
pcr rcspcclum ad nos :

nobis. est inurdinalo amore desideret.

320. Mellillui docloris'novuni prœsul profcrt 333. Uuod igitur Ixic lingil auctor, « amorem
lociiiii quai ad nos ', ex sernionc de
ta epislula naturalem etiain pcr respeclimiadbealitudinem
Divcisis alïcclioiiiI)iis anima' qui scnno lotus : formaiem, » somnial. Ncquecnim Dernardusbic
advcrsaUn- piaisuli. Cilal aiitiiu hos locos de ani- quidipiam locpiilur de amore naturaii, aut de
ma validiore, qua;aîlaleiii inlaiililoui et novilio- bealiliidiue fiinuali quam anima réfugiât; illa

ruin btiilum piietcrgiessa, « non lade jain puta- enimfnùliii, illa eliarilas, illa felicissima confa-

liir, sedvesciliii- solido cibo nec i)aivas parvii- ;


bulalio nnn Sponso, qua lanlopere delectatur,
lorum consolalioncs caplaiis, scd ipsam beatain niiiii quidquam est aliud quam ipsa bealitudo

spcm 2. » Ha?c ille : qu;e quid ad rom facianl formalis et creata, quam auctor in ore babet;
lion video. Auctor autom ex liis eliiit aiinosci a nc(pie euim aut illa clarilas, aut illa confabula-

Bcrnardo naluraleni noslriamoreniqui rescindi tio, aliquid;cum sit tamea id


inrreatuui est

in pcifeclis debeat; de (luo lamen aniore ne quod nos formaliler beat, lloe autem neque ab
vcrbiduiii (piidem oCLiirril, nisi forte cxisliniet anima iclïigi, ne(pic ad privulum sui amorem
Iralii, aut Bernardus dicil, aut sinit ipsa Veri-
primas ineiiiitis devolionis suavilates cssc nalu-
lales; quod et Beniardiis inipioliat, cum liic tas.

cas tribuat graliai et dono Dei, et nos alibi iclel- ;>;H. Cave dixcrisistudde Deo,sive,ut Augus-
limus^, et ipse auctor rcjicit. tinus Io(|iiitur, de verilatc, gaudium esse natu-
nisi oo sensu quo necessario et pcr se na-
330. Frustra autem prœsul objicit bœc vcrba rale,

sancli Bernardi * « invenitur tamen aller gra-


:
turam ncquc lauien minus
delectat, exsatiat;

dus subiiniior et affcclus dignior islo, cum pc- cœle.sleetinlusum est.


aliud dcsiderat 335. Cœterum, ut diximus, bic beali Bernardi
nilus caslilicato corde, niliil

anima.niiiila Deo quanil, quam ipsum Deum. « locus lotus noster est. Ostcndil enim sponsam,

Eigo qu;cril Deum, Ucum haberc vult; quod hoc est animam perfcclisslmam, perfecla cliari-
Crebro tate qua.Mere fruatur, cujus amorc
Deum, quo
unum iulciuruMiis. l'ndcsubdit : «i scili-

cet didicilexperimenlo, quoniam bonus Domi- inutuo (lelectctur, cum quosuavissime eolloqua-
nus spcranlibusin se, animœ quarenti ipsum! lur; maximo sane cl inseparabili respcclu ad

ila ut ex affeclu cordis clamet : Quid mihi est in animam.


ckIo ? imrs mea Dcus in aier-
Dcus cordis mei, et AUTICLLLS MX.
imm. » U"'"" manifeste ad Iruilionem s|ieclanl.
336. Quaîstionc deciiiia quai-la, salulis deside-
331. Sic Bernardus; prœsul autem iiœc vcrba,
quibus ipse sanctiis menlem suam maxime cx- rium ab ipso quinto gradu seu statu excludi dc-
plicat, pra'tcrmillit; qua fide, nescio; profcrt monslravimus; sanctorum Joannis CInysoslomi
et Aiidtrosii perpendimus locos, alque cxhisdc-
vcro scquenlia : «IS'equeenimsuum aliipiid, non
felicitalem, non gloriam, non aliud (juid(iuam monsliaviums pessime esse conclusum ipsum
salulis desiderium nec imperalum nec suasum,
tanquam privalo sui ipsius amorc dcsiderat ani-
et angusli animi esse, cl ad iudiocillcs animas
ma, qu;e ejuMModicsl » quo loco ilerum sislit ;

remilleiiduiu, quod auctor intendit (n" 2o8).


auctor; lia'c a(dem omillit « sed tola pcrgit in :

Deum, unicumque ci et perfeclum desiderium AnTicuLus XX.


est, ut inlroducat eam lUx in etd)iculuni suum,
ut ipsi ailhaMcat, ipso fruaUrr. l'ndc et jugiler XV, ea de rc iiisliluta;, lantum
337. Qua'slioni
rcvelata facic, (pioad polcsl cœleslis S[ionsi glo- addimus ipue ex doniini Cameracensis recenli-
riam speeuianiio, in eaindcm imagiucm tran.s- bus scriplis collegiimis. Bcducit in i)alœslrani
l'ormalur de claritaleinciarilalcm. Lx lioc plane Alberlum Magnum in Insiructione pastorali c'ila-

audire merelur : Tola pulclira es. Et audei isla lum ad .slabilicndum, ct/Hi/Hcf/»' eliam aierni
',

meus nomiiie, amorem naturalem. Miror autem apne-


loqui : Dileclus ego illi; atque in niilii, et
.sulc me rompellari bis voeibus''' « Ipse lu agno-
ejusmodi Iclicissima jucundissima confabula- et
:

lionc dcleclalur glorio.sacuui Sponso. » Nisli in ejus aucloris verbis coumiodum œler.

332. Non |)iguit intégra li;ec \erlia Iranscri-


num, «piod in œlernilale non supcrsil. i Hinc
insultai bis verbis: «Quid de tua raliocinationc
bcre, ut leclor inlelligcrct quam feliiilalem,
gloriam anima crcdeuiliuu osl, cum fal>ailla silex leipso, cum
(|uani illa despiciat; uenqie cam
iclicitatcai, cam gloriam, quœnon silin iiponso
ad Alberlum Magnum (}ui cadein vore ii.>ius est
:
adhibctiir?
' l^u..!.. Lcltroà M. do Mciu», [.. IH. - .V;»i de Jtf. ujftct. put., 63. — (juttr. Leit.D i M. de Mciux,
•mm., icmi. 8, n. 8. — » i'ré/., n. 100. — • Ubi siip.. n. 9.
p. ai.
liut. |>. ' réir<<)uc
QU^ST. XVI. DE RECAriTUî.ATIONR DICTORUM. 73

338. tanquam coii-


Mirum, inquam, sic agi, quœ in eo desirio ut in fine ullimo acquiesçât, ac
cesscrim in Alberto œtcrnum esse Magno aliud secundariura objectum loco primarii principa-
coininodum, quamsalutis œternœ atquiegone : lisque ponat.
cogitavi quidem. Perfecli amoris nomine apud 3i2. Sane motiva secundaria beatus auctcr
illuin docloiem inleilexi charitatem ', quœ nul- non tacet in eodem Paradiso Animœ ad litterain
luni coinmodum sive tcinporarium sive seternum 0. « Inductivura, » inquit *, « verœ charilatis est
quœreiet, ut in eo scilicetfinem uitimuni coUo- agnitio Dei nam in ipso materia totius dilectio»
:

caret. » Hœc mea verba sunt, quœ au lor ad amo- nis consislil, scilicetiiobilitas, potealia, benigni-*
ris naturalis significationem trahere frustra ni- las, pulchriludo,prov!dentia,»etc. Quœ sunt ple-
titur. raque relaliva ad nos. « Item, inquit, dilectio Dei
339. Quandoquidem vero prœsul Albertum ad nosœterna, immensa, noninterpolalaetfide-
Magnum adduxit, sciât illius sentenliam niliil lissima inducliva est verœ charitalis. » En illa
differre cœterorum doctorum, ac maxime
ab illa secundaiia quœ inducant charitatem veram, et
sancti Thomœ, quo discipulo glorialiu'. ^que ad Deum secundo loco nos moveant, ipsa Dei
enim felicitatem définit, « id quod est oplimum ;
gloria instar finis ultimi ac primarii collocala :

propter quod omnia alia opéra ta sunt propter : quod cum omni Schola plane congruit, ut vidi-
felicitatem enim omnis fit operatio 2. » Nulla mus.
ergo est quœ non ad eum finem referatur; ac Articulus XXI.
frustra quœritur aclus humanus ab illo fine ab-
343. Quod pios excessus sanctis tribui auctor
solulus. Pergit « Summum bonum est béati-
:
crimini im])utat, ex Chrjsostomo atque ex ipso
tude, liocque bonum volunlalis est objeclum 3. » Paulo confulavimus (n'^ 197,201, 202).
Non ergo alla voluntas est ab hoc bono absolu- 344. De amatoriis amentiis remisimusad Ber-
ta. Quod quidem postea sic exponit « Bonum :
nardum et aUos {Mijslici in tuto, nO 193). Nunc
ipsum commune, cujus ratio in intelloctu, est juvat afferre locos in quibus mellifluus doctor
objectum voluntalis '^. » Rm'sus « Mens, quia :
sponsam negat sui rationisve compotcm 2 dicit ;
imago Dei est, bealitiidinis est particeps ^ » :
ebriam amore » afibi, saluralam, eructantem,
:

quam proinde si abdicat, non vult esse imago etc., quippe ex cella vinaria prodeuntem : « to-
Dei; denique sic describit naturam voluntalis,
tumquod ralionis, consilii, judiciive videtur obli-
ut, quia est appetitus intellectivus, nedum cœco tam*.» His subjungimusGuillelraum sancti Theo-
Impetu feratur, ad ipsam tendat rationem appeti-
dorici abbatem, Bernardo supparem ejusque
bililalis absolute ^, quœ ab inlellectu apprelien-
adhuc supertitis Vilœ scriptorem sanctissimum,
dilur ; quœ ipsa doctriiia est, quam a B. Augus-
cujus hœc verba sunt ^ « Audi sanctam insa- :

tinoduclamB. Thomœ tradidit.


niam : Sive mente excedimiis, Deo <>. Vis adhuc
De prœmio autem sic liabet « Est gau-
340. :

audù-e insaniam? 5/f///)!(ïf/s eis peccatum, di-


dium de Deo quod prœmium essentiale est?:
mitte : sin autem, dele me de libro vilœ '. Vis
quod prœmium in apcrla Dei apprehcnsione aut
aliam? ipsum audi Apostolum Optabam ana- :
ad ipsum jucundissima conjunctionc tanquam
thema esse », etc. Hœc ad sancti Spiritus adven-
sponsum consistit, quœ beatiiudo vocatm'S. »
tumaposlolorumfuit ebrielas hœc l'auliiiisania, :

341. Quod ergo delicala « anima quasi abomi-


cum diceret ad euin Feslus Insanis Paule » '•>.

natur per modum commodi vel prœmii amare


:

3Ialc ergo sibi auclor consulit, qui inunodico


Deuni 9, » si ad extremum uigeas, bcato auctori
studio reprehendendi nostia, sanctos etiam rc-
quem laudasaperterepugnavcris. Omiiino com- prchcndit.
paratc isla intelligenda sunt, nihihjuo aliud in-
345. Nequc ideo Paulus aiiique ejusmodi ama-
dicant, quam sponsam su[)ra cummoditmac prœ- tores meriti exsorles, cum et illud ad nieritum
mium aliquid cogilare. (Juin ctiam « is qui dili- amoris speclet, quod ojusvis non nisi laiila hy-
git Dcuni, quia sibi
hoc bonus est, et propter
perbole expriini potueril quod sœpe iliccMidum :

principaliler ut suaui bcaliludinera sibi conunu- est adversus auctorcm assidue nobis h;ec falsa
nicet (en principaliler, id est, ita ut in co finem
imputantcm.
ullimum collocet), naturalem et impcrfectam Articulus X.XII.
charitatem habere convincilur. » Quœ verba, etsi
346. De pura natiira, de aninuT ralionalis
in specicm sibi faventia, relerc auclor erubuit :
morlalilale, do felicilale negiccla a |)liilosophis,
salis enim
impcrfciium illud sonarc
inleiicxit
iiiordinatuni, ncc charitatem Dei esse, sed sui dequc aliis ijusmodi, lulilcs quœslioues ad in-

A/4, ifagii., — —
' Parad. Aninuc. — > Serm. 73, l'n Cant., n. I. ' III., larm.
' l'rif. ;


Ibid. ' /Je npitrch. pari.,
~ —
vu, n. (•.
7, n. 3 * Sorm. 79, n. 1. — ' De nal. et Hign. Am., c.ip. 3. n. 6;
' 10., p. 10, n. 16. * Ib., I). :3. '
/4., n. 24. '
/*., p. \J, Op. S. ncrn.. t. ir. — " Cnr v,
II 13. — ' 'Krod., \xiii, 32. —
n. t.— ' Ib., p. 10, D. 25.- • /b., n. 18. - •
Parad. Anima, «p. 1. • Uom., IX. 3. — » Ad., x.wi 2\.
7i SCIIOLA IN TUTO.

volvcndam rem inliodiiclas SiTpc notavinni> VII. Ex bis evcrti a sancto Dcrnardo allatas
(n'^ 203, 206, 2}'{) : non onitii Pnnliis, non Moy- diias causas (iili;;ciidi l)e\i» opter se; nempe pro
ses,non alii ad Iutc aninios iclurqucbanl agi- : mcritn sua. pro commoda iioslrv '.
tur non de vana cl piirposlera irnaiiiiialione cu- VIII. Amoiein juslificanlcm, qui ab auclore
jns\isallorinsslaliis, sod ilcanathematea Christo, gradus diciliir, clsi Deum sibi rebiisqii'!
qiiarli

de libro vilœ œleniœ, rcbiis sont a slanlil)iis iil omnibus, niilla excc|)la, anlcponil, ncc sibi (cM-
Dco pcr Evan^icliinn conslilnlic. l'orro bealilu- cilalcm qiiaMit, nisi in quantum siibordinata est
dineni cl naliiialihus cl siipcrnaluialibns volis gloriaî bci ; tamcn non esse ainorcm puruni 2.

appclcndaiii, eliani in illis aclibiis, qiiibus cani IX. Dari amorcm [)uruni, qui quinti gradus
ex pcrcbanl in
inipossiliili alulicare viilcbanlnr, dicilur, .super quatiim ilkim graduni, iicet hic
aniino fn'* 207, 208j babuisscnt : alioquin me vim omnem amoriscomprcbcndat^.
cliarilalcin, qux* est uiolus ad frucnJuni (n" 109 X. Ainorcin illnm piirum, sivc quinti gradus,
elseq.). picri.sqtie sanclisaniinabusessc inaccessuui, ncc
eis prœdicaiidum ''.

Articulus XXIII.
XI. Amorcm quarti gradus subordinari Dei
347. De illis lani in se consideralis quam in- gloriœ magis bai)ilu quam aclu, ncc ad cura
ter se coniparalis, qiiid auclor sonliat, cl (piani pierumque referri magis quam aclum peccati
ipsiadvcrscnlur doclores caMcri, sa'pe (iiiidcni vcnialis ^.

comnienioraviinns: pi.Tcipue vcro, n'^ 92, 100: XII. Actum peccati venialis Deohabitusubor-
quœadcnodaiidani dillicullalcni onineraclScho- dinaliim esse 6.

lœ dccrola cxplicaiida cl Inlandavcl maxime per- XIII. Quidquid non est habitu subordinatum
tinent abjuc cliam ad oslciidcndam liiijns con-
:
Deo, esse peccatmn niortale ex quo sequitur :

trovcrsi;c gravilalcni (n'» 107, 108). His aulcm nulium esse veniale pcccatuin '.
posilis, et in unuin brcvilalis gralia recollcclis, XIV. Aclum amoris ciiciliim ex suppositionc
aucloris errores facile cluccsccnl. quod anima juxta a^ternis suppli-
inipossiliili,

Articulus XXIV. ciis,rcbus ut sunt, addicalur, in se ab.solute


pcrlccliorcm esse, quam actum alioqui perfectis-
348. Non enim onnies, sed eosquos in linc li.
siimim sine illis siippositionibus *.
belle niemoravimus, recenscmus : simt aiilcm
XV. In aclibusqui pcr suppositioncs impossi-
ejusmodi.
bilcs liuiit, clsi non ipsara rem, tamen motiva
I. Error : non oinncm aclum ralionalcm Heri
rcipsa scparari 9.
ex amore sivc aiipclilii innalo bcalitiulinis lan-
XVI. In eo amore ila immorari salutem, ut
quam finis ullimi contra sanclmn Aiigiisli- :
bcatitudinis ac salutis desidcrium ab eo ampu-
num expresse, et contra universani tlicolo- tetur 10.
giam 1.
XVII. Securos non fuisse Moyscn et Paulum,
II. Appclilmn illuni innatnm cs.se cœcum :
quod non csscnt ille delcndus c libro vitae, hic
contra cmndcm '.
veroaualhcma fuluriis maximosanclorura con- ;

III. Ampntalo moin ad fruendum Deo vigere tumclia, et in Dciim blaspbcmia i'.
perl'ecUssam ciiarilalcm '.
XVIII. Piauler illud salutis sacrificium condi-
IV. Non ergo valcrc dcfinitioncm cbaritatis ab tionaUun ex impo.s>ibili, a sancto Joaune Cliry-
codcm Augnstino Iraditam, cl a Mai^islro, a soslomo cjusquc sciiola cl aliis quibusdamagni.
s.\ncto Tlionia, et univcrsa Scliola reccplam *.
lum, dari aliiid saciiliciimi absolutum, cujus
Ex eo qiiod amor cbaritatis sit pctiiUis ab-
V.
niilla sit mcnlio apud illuni et ca3teros Patres
solnlus ab onmi respecta ad nos, cliam qnoad
aut auclorcs ".
motiva secimdaria ac snbonlinala niinusque
XIX. Sacrilicium illud alisolulum consi^fcro
pra?cipua, scipiilur contra Scliolam universani
in Cl) quod casus impossibilis non modo posaibi-
crrorgravi>siiiins; (piod amor cbaritatis non sit,
lis, scd cliam aclu rcalis a-slimctiir '3.
ut omnis amor, csMMilialilcr nnilivus *. XX. Sacrilicii ergo absoluli idem
illius esse
VI. El quiid amor Hci ut aniici, ut Domini,
objccliini alque condilionalis, nempe s;ilulcm
ut Dci nostri, Clii isli vero ut sponsi, ut Salvalo. œlcrnam •*.
ris, etc., cbaritatis non sit : qiiod est contra XXI. Spein mercedis, salutisque desidcrium
Evangclium, et consensuni l'alrtim et tbeologo- in perfectoruni statu nec suasuni, nec impera-
rum omnium ".
' Num. IM, uq. — Num. 1«3, 1C9, 170 et s«q., 175. —
167 et '

• Num. 7, 8 «t 5«<1 , 18, 20, 21, 22, 22a — ' Num. 9 et »eq , 30, » /»., cl 186. —
178 cl soq. —< Num.
Num. 172, 173, 174, 175. >

31, 229. — > Num. 20, 21. 2n7, Î'S — < Num HO, 110, 111. 1)3,' — • liià. —— Num. ' 210, 227 —
Ilrid. • Num. 202. 227. ;.M7, »

113, 203, 239. — > Num. BS, 131, 117, U3. —' Nuui. 147, 118, IG6, — Num. 207, 227. — " Num. 190, 104 cl scq., 201, 216, 236. —
••

::il cl mj. " Num. 107, 237. — " Num. 238. - " ibid.
QU^STIUNCULA : DE ACTIBUS A CHARITATE lîîPERATIS. 73

tiim, et ad imbecilles angustasque animas re- omnia, etsi vera essent, tamen operis insfituti
initlenduin '. rationinon congruunt.
Hœc igitur sunt, qiire ex lioc libello facile con- IV. Pii-eterea ad amorem quinti quoque gra-
dcmnentiir. His adcle alios errores copiose de- dus pertinet, ut in eo plerumque spes affulgeat
inonstratos, Mi/stici in tuto, et ibidem recoUec- acharitate imperala; cum, fatente auctore «,
tos, n's 174, 175, 176. Veriim et hœc alla bene et ibi sit amor qui Deum anteponat sibi, et
multa, quibus se qiiietismus erigere nititiir, po- charitas ipsa spem, cujus finis est, et anteve-
silis fundamentls ac remotis obicibiis, Deo
, niat, et nioveat, et ad actum impellat; quippe
daiite, poslea bieviiis ac plenius enitescent. omnimodis subordinatam sibi, et ad se per-
QU^STIUNCULA DE ACTIBUS A CHARITATE tractam.
V. Quin etiam in quovis gratiœ et charitatis
IMPERATIS.
statu valet apostolicum iilud a Finis prœcepti :
Tanta est in libro De sanctorum decretis erro-
« cbaritas ergo finis charitas etiam prœcep-
^ ; »
rum seges, uteam tôt auctoris inventa snbtilia
ti de spe; ac pi oinde quovis in statu gratiœ et
superare et exljanrire non possint. Hiijiis autem
ciiarilalis, spem régit, movet, incitât, et in suum
qua^stiunculœ ut exsolvamus nodos, totum lioc
argumentum in pauca conjicimus,
fiiioni liahit charitas; quod plane idem est
neqiie tamen
atque imperare;
quidquam prœleimittimus quod sit necessa-
VI. Non ergo quisquam est jushis qui non
rium.
plerumque et se et spem suam omnem referai
I. Primum quidem annotamus quarto amoris
ad Deum ejusque gloriam, qui est unicus vitœ
gradu vim omnem amativam facile conlineri 2;
chrlstianœ prœceptorumque finis, in quem qui-
quippe cum illius gradus laiila sit chaiilas, ut
cumque non tendit chrislianus non est.]
anima non modo Deum antcponat sibi, verum
VII. Cujus rei gratia hœc mandat idem Apo-
etiam felicitatem suam totam in objectum cba-
stolus : « Omnia vestra in charitate fiant ». » Et
ritatisieferat, neque aliter beala velii esse, quain
iterum : « Omne quodcunque facilis in verbo
ut Dei promoveal gloriam quo fine amoris per- ;
« aut in opère, omnia in noinine Domini noslri
fectio et puritas constat. Cum ergo in eo gradu
« Jesu Chrisli *. » Denique: « Sive ergo man-
tota virtus aniandi sit, quintus amor ab auc-
« ducalis, sive bibitis, sive quid aliud facitis
lore positus tanquam operis scopus unicus;
« omnia in gloriam Dei facile 5. » Quod si tanta'
non modo est supervacaneus, verum etiam no_
xius;cum spe ac mercede amori penitus sub- tam necessaria, tnmque apla alquo connexa jus-
ordinatis nihil supeiius excogilari possit, quam torum estad Dei gloriam relatio, ut etiammandu-
ipsa spei ac incrcedis ex vehemenlia charitatis candi ac bibemli animalem aclioncm propter
abjoclio earuniquc vis tola in amoris suavilatem eamdem Dei gloriam exerccndam habeant •

et utlractumabsorpta.Quo ipsa spes exstingui- quanto magis s|)em vivendi ac fruendi Dei, ac
tur, quod est erroneum, imo bœrelicum, pa- bcatœ œternilatis aliasque virtules ad ipsum
lam pronuntiante Apostolo ' « Nuiic autem :
Deum référant, ipsique charitati dominœ ac re-
'

manent tria hœc, « fldes, spes, cbaritas. » ginaî virtutum servire facianl.

II. Respondet auctor, quarti gradus amorem


VIII. Nec refert quod pcrfecli nostri, reluctan-

esse rêvera purum


aiquc pei l'cclum, propter cas tibus licet exactions moralis disciplinœ profes-
quas dixi rationes c;cleruin quinte amori id a :
soribus, apostolica verba non ad prœceptum,
seathibui, ut spei exeicitium ab ipsa cliarilale sed ad concilium référant. Ulcumque enim est,
plcrumque im[)crclur, magisque ijrœveniatspem consilium istud ad omnesjustos pertinet: neque
charitas quam ab ipsa se |)neveniri siiiat; ila ad status passivi gratiam, de qua explicanda hic
conciliari omnia atquc amori puro sive chari-
;
agimus, revocatur.
tatis conjunctam stare spem a!ias(iuc virtutcs, IX. Auctor namquesic agit, ut quinti amoris

sed a cbarilate imperatas neque eo minus spem ;


gradum et passivum et plerisque sanctorum
vcram, quod insliganle et iraperante charitalc hiaccessum doceat undc etiam saiiclissimis <>
;

prodeat. quoque animabus ofl'ensionem perturbalionem-


III. Acuta sane hœc sunt, sed plane commcn- que gravem pariât, durioi(|ue videalur, (piam
tilia. Neque eiiim auctor in perfeclionis consti- ut assequi possint. Quod ad illam (]uain dixiinus
tuenda ratlone iiliam impcrantis charitatis, nec apostolicam sententiam de omnibus aclibus in
spei impcralœ toto tracta tu de Uoctrina Decre- charilatc faciendis perlincre, nemo uisi impie
tisque Sanctorum mentioiiem lacit; quaie hœc dixerit.

' Niim, ao, 260. — ' Max. des nU, ti, 'J, 10, 10, la. — • I
Mux. des suints, p. (i, 0. 1 ïim . I. > -' I Cor., IM, U
CV-.,iiii, 13.
i 11.
«•« J Car., X, 31. — » Cil., , 17. — • MiX. di-i salirs.
76 SCUÛLA IN TUTO.

X. Quis eniin cimi li.cc audit : « Oinnia vcslra inquam, ei doclrina;, quod in actibus spei cba-
« in cli.iiilalc (iaiit; " cl : « Sive niaïuiiicalis, ritate pleruiuque iiiiiieialis perleclio repoiiatiir'.
« sive l)il)ilis, .sive qiiid aliiul lacilis, oiiinia in sed in eo vim facil, ut uaturalis amor sui , ille

« gloriaiii Del lacite; >< quis, iiKiiiain, cum lia^c irinoxiiis, et in iiuperfectis re.siduus, u perfeeli^
audit, non œililicalur polius (|uain offcnditnr? pleniuKjue c.vciilalur , ijuo nunc Iota spes svslc-

Oiiisvero cugitavit unfjiiaiu, ut ab liis suadendis lllali.^ redigitur ; tum in Inslruclione pastorali
teiiiperarelï plane nuilus quippc cuiu vult,'o ;
auctoris, lum in Kesiionsioiie ad Suiuniam doc-
lideliuiu ab ipso apostolo proposita esse inlcl- lrina;, aliis(iue scriptis Explicalionem De doc-
ligat. trina suncturum eon.scculis.
XI. Vide, chrisliane loclor, quam sit alienuni XV. Uua e.xplieatioiie ex postfacto, sive post-
a cliristiana verilale , ut peri'octionis obtentu limiiiio ac pr;e|)ostere édita, lolius libclli De
Dei saccrdolcs lia'c aposloliea |)rœdicare onuii- siinclurum ralioncm plane intervcr
iluclrina
l)us suadcre non audeant . liiccinc eiit linis .sam esse constat; subslitutis etiam sexcenties
Christiante |)erleelionis, ut vui^'atissinia; aposlo- et intextis in ipsam versioncm laliiiani aliis vo-

loruui senlvutiic a|iud pleiosque exolcscant, ol- eibiis (juam iis (juas originalis liabebat texlus.
l'endant aninuis.durioresquequani suavioies ac Omnibus eniin i'ere paginis loco « cominodi
vcriores Kuielis (iuoquc aniinabus esse vi- « proprii » quod liabcl ipsc texlus, occuril sub-
deantur. slilula sive addita « mercenaria ajipelitio : »

XII. Sanc commémorât auctor • amorcm qu;e sanc non versio, sed aperla cl assidua
quarli gradiis quinlique, cum utenpicjusliticct, texlus eorruptio et interpolatio est: quo ctiam
id liabcrc connnune ut Douni auleponant sibi lit, ut libelli luijus studiosissinii dcfensores ip-
ac lelicitaleni ip.sani ad euni eju.Mpie glunani sam (iiUKiiie explicalionem abjicianl, ncc minus

référant; (pio suliiato, vcl ip.so coulilente nulla pruplerea libellum luanliir invito (pioijucauc-
juslilicatio est ; .sed intérim in cuessediscrinien, lore, ut esta nobis demonslratum: Quiet, rediv >

etquinli graibis e.xeellentiam, (piod quarli gra- adiiionit.prœvia, n'^ 1,;2, etc.
dus amor liabitu tanluni pleruMKpic etiarn ailu XVI. Quod auteiu ubique pcrtendit auctor
referai; plane co modo rihupie (juo saucliis explicalionem de afi'ectn nalurali idem valcre
Tiionias docel peecati venialis acluni iiabilu re- cum illa de iiiiperalis ab ipsa cliaritale spci ac
ferriad Deuni. llœcauclor 2. Quie quidcni indi- reli(iuaruiii viiiutmii actibus eo quod illo af- ;

tanl quam ductilcm ac versalilem liabcat llieo- feelu nalurali pra'pedialur ebarilas, ne aclus
logiam. Ca'leruui quod ju>li(icanlis anioris gratia illos imperel : id quitleiu fal.suiu est. Neque
liabilu non aelu, nec magis quam ipso i)eecali cnini ab ii.sdem actibus imperandis magis pro-
Deum, erronciune.st;
venialis aclus rcleiatur in hibetur ebarilas per naluralesaffeclus illos in-
quod clianialiiiideinoustravimus ncnipc Sum- : noxios, (piam per ip.sam vitiosam ac inoibidam
ma doclriuœ, n'-'U; et Srliula in tulo, q. 11 Iota; cupidilatem, loto liujus vilic decur.su omnibus
quo ctiam locodotcnius de peecati venialis aelu aUpic ctiam inbanentem. Quare
sanclissimis
in Deum liabitu iVlalo crroneam doelriiiani im- posleaciiiam an'eeliim naturalcm illum inno-
puni sanctoïlioiiue. xiuiii, nus(]uamlicetinlibro /V sanctorum de-

XIII. .\e(|ue ilbid prœtcrmillcrc possumus, crctis, indieatum lamcn ut iiece.ssarium lutando

(]uod in eiidem libcllo nostro esl traditum, si systemati, Inslruclione pastorali édita, in qu.TS-
scniel adiiiiltalur in ipiinti auioris gradu ab ani- liouem islam per vim inlrusil rursus indilTe- :

ma contrabi baiiitiuu Dei auiandi, nullo umnino rciis e.sse slaluit, au sit iimoxiiis necne, ut est a

rcspeelu adbealil'iilineni ; inde onuiino eon.se- nobis alibi demonslratum '. Ex quo palet auc-
quiulspessit iuulilis neque usquam inqieran- toreiii sua a'que ac nostra diruenlem, nullo loco

da niliil eniin eril cur ebarilas spciu iniperel,


;
liaetenus eonsisterc poluisse.
ex qua ncc audienlior, née lirmior, née purior XVII. Ne quid nos fiigial quod ad bancqua^-
futura sit. Uuin eliam si .spem inqierarel nullo slionem .speclet : aiiclor ad slabilienduiu amo.
sibi emoluniento lulurani, a perfeelo aelu auio- remsuuiu perleclumin imperalis, ordinal ie .sal-

visillius nulla spe indigi ullro desistercl; (piod lem, a cbarilate spei ac virlutum nclibus collo-
ab optima illa et perteela menlc longe abesse canduui, siibsidia undccunupie corradcns; ex
oporlet; neque curarel illud, ut bequenlaret ipso etiam arliculolssiaeeiisi lirmamentum petit.
iinpcrlcctuni aeluui niliil prolulurum. (Hdwlti Nos autcm eo loci de perfeelo amore explieaiido
iH tulo, q. 1 i, n. pneserliiii '21m, io6j. neijuidcm cogilavimus. In co enim ver.sabamur,
XIV. Ûuare nec liis luvrel auctor; nouba-ret. utidoceremus ex l'aulo, nmuiuiu virlutum ar-

'
Mal Jc< saints, p. C, 9, 10. — ' Uni', id Sum. doct. Wponso k qu»lrf I.cttrr^ v lom
QUIETISMUS REDIVIVUS.

Vus, cliam in charitale adunatos, tanicii dis. explicandum Issiacensem articulum valeat. Vide
tincto exerciliocliam inler pcrfectissimos poL Mystici in Mo, n" 187, 188. Quo d unum sufficit

înre. At nequePaulus, neque nosPaulum secuti^ ad plane demonstrandos ejusdem auctoris mira-
de perfectione illa extraordinaria, et plurimis bilcs ac variabiles vultus.
qiioque sanctoruininaccessa quinti et singularis XXIII. Fidenter autem asseveraverim, nun-
gradus, in qua passivœ sive contemplativœ ora_ quam magis Ecclesiœ fucum fieri cœplum, nun.
tionis, ac prœsentiœ Dei ratio poneretur, cogita- quam pericnlosius de religione lusum quam
l)amiis quidquam iiaturam ac vim charitatis
:
nunc fit. Librum reprehendis gallicum auctor ;

quocumque orationis statu Pauiiis exprimebat :


ad lalinam versionem provocat, perperam licet
natiiraiii ac vim vcritatisex odem Apostolo qiio- reprœsentata proprietate textus. In quarto gradu
cunque orationnis statu expiimere conabamur. purum amorem const ilulum doces, adeoque
XVIII. De contemplaliva sive passiva oratione, quintum illisupcrpositumet inutiIem,etnoxium
sive quod idem esset, de oratione simplicis prœ" esse conficis ad actus imperatos, ad affectum
;

sentiîe Dei, sive quietudinis, art. 21 demum naturalem, nunc quidem itmoxium, nunc si ve-
agere cœpimus: prœcedentibus articulis id unum lis noxiumquoque; ad relationem habitu non
agebamus , apud omnes nulla per-
ut constaret actuconfugit ab una explicationead aliam de-
:

fectione impediri quominus actns virtutum, ac silit nullo consislitloco niliil non asserit ni-
: : :

Prœserlim lldei,spei et charitatis. ctiam adunati hilnon ut vnlt, cxplicat, et in sensum quemvis
in charitatc perfecta ubiquc vigcrent distinctis trahit ut nusquam subtilior arlilex exstitisse,
ac propriis cxercitiis ita ut illa adunatio illi dis- aut religioncm cliristianam absolutam etsimpli-
tincliouinihil prorsus efficeret. cem tôt acuminibus vexasse videatur.
XIX. Id vero lucc clarius ex articulorum tenore XXIV. Hœc si quisa me, eo quod candidius ,

colligitur cum usque ad 21 ea comprehenda-


:
idcirco eliam intcmperantius dicta esse suspi-
luus quœ ad communis vitœ, pcrfcclœ licet, sta- catur ;non ita est: iterum atque iterum fiden-
tum pertinent, ut patet ex articulis 10, 11 , 12 ,
ter in Domino dico, non ita est ut est ctiam a :

13, 1-1, 15, 16, 18; ab articulo vero 21, qua; sin- me demonstratum i. Zelo enim zclatns pro
alibi

gulares sive extraordinarios contemplationis, ipsa veritate pro matrc mca Romana Ecclcsia;
;

sive (jassivœ orationis status spectant , ordine pro Domino meo D. Innocentio XII ;
pro catiio-
exscquimur. lica quœcunque diffusa est Ecclcsia : id unum
XX. Tantum autem abfuimus a perfectione vereor , ne nobis et cœteris catliolicis tracta-
cbrisliana in illis orationibus extraordinariis ac toribus, quod absit auctor acutissimus per no-
!

passivis collocanda, ut ctiam expressis verbis varum vocum involucra verba dédisse, ac pro
explicandum putarcmus non ineisperfectionem vera pietatc miras merasque offucias subsli-
aut purilalcm christianae vitœ esse repositam i
:
tuisse videatur.

quo loco et illnd vetabamus ne in puro castoque


amore, qua* clu'istiana; vitœ summa perfectio
est, contemplativœ sive passivœ orationis ratio
QUIETISMUS REDIVIVUS
coUocari posset. ADMOMTIO PR/EVfA
XXI. Ergo ab articulorum intcnto acproposito
1, Miror sic affeclos esse quosdana ut, cum
toto cœlo abcrralauctor,qninobis rcbictantibus,
illiistrissimi Caineraconsis cxplicalioncs abji-
ipsc quo(]H(' siii obliliis, contemplativœ sive pas-
libnnn mordicus tueau-
ciant, niliilo sccius ejus
sivœ oratiiinis naturam in puro amore ita collo-
tur , plusquam ipse sii)i. Et is
ipsiquc favcant
candani pulat, ut nnllis nisi amore purissimo ac
quidem, abjectaspc luendi libri ut sonat non ,
derfoctissiino pra^ditis ad illam oralionem dctur
modo versionem latiuam apparavit eam in
accessus sive aditus : cœteris ea doctrina offensis
quam multa nova intersereret ; verum ctiam in-
et conturbatis, ut diclnmcst (sup. iv' 9, 10).
gcnli studio Instructionem pastoralem adorna-
XXII. Quod auctor, in Responsione ad sum-
vit,quaexplicationem affoctnsuatn rails ac moti-
mam dnilrinœ ', docot systenia suum duabus
vi novo nio(U) snmpli adeo nccessariam jndica-
lanliiiii rébus in(ligere,ncniiienolioiicconiMumi
rrt. nt iihcr ipse collapsiisabirct in ruiuam, nisi
cliaiilalis in Sdiola, et nostro issiacensiai ticulo
hoc se adiuiiiiculo snslentarel. Qiiin eliam in
non ulla alla re id co pertinorc denionstra-
13, :

quadam epistoia pronunliavit istud : liae inler-


vimus ''ut allectus illc naluralis sui, quœ una
pretatione sublala, nulla sui parle conslare pos-
nunc aucloris enodalio est, sit omnino inuliiis
pagiuam. imo de
:
se librum ac « de pagina ad
cum neque ad notioncin charitatis, ncquc ad
lincaad lineamscaterc insaniis sive amenliis ',»
' /««.. nrt. 2J. - » Pat;.-, 3 cl 8. — ' Mysl. m lui., u. 187, lîO. '
u p. h (Hiatro Lettre!. — ' Ultro à N( uc M.aux, p. 48.
78 QUIETISMUS liF.niVIVUS.

llœc ille ciii tnmcn, si Dco |ilar,nl. novi dclcn-


:
gloria ac perfectione conceplnm, nt ad enm
iorcs meliorc via, quani qiia ipse sepiirgal,con- linem omncs animi sensus voluntatesquc
alii

sulendum pillant. rcferantur. Hanc a Camcraccnsi quarto gradu

2. Nec inimorito ojiis cxplicalioncs ahjiciunt : collocalam, maxime collaudamus improbamus :

qiiippc qua; lolo liluo milia vel Icvissinia voce aulem lanlum amorcni (juinli gradus, tmum
iiiUicala;, ac dcspcratis ichus i)r;pposteic ac pcr puii amoris nomine eelebialum, qui se spei

vim inlrusœ sint, contra omnium Icctorum son- anxiliit jiivari et excilari milit. Non crgo de vero
sum. Nemo cnim iirolccto affoctiim naliiraliMii jiuio auiorc quem
Scbola omnis agnoscit, ulla
loco proprii commndi siih.slitiiliim, orat siispi- iidbis euncerlalio est sed de amore ficlilio, qui
:

calus : ncmomolivi nomine aliud intcllfxcrat ,


virlules onmcs Ibeologicas supergrcssus, idco se

quan) consiicto morcoliicclum aut finem extra purmn vocilat, quod spei cbrisliana' opem ac
positiim qiioad actiis siii^ndos movcicmur. Por molivum ipsum alterna; saintis abjiciat. Nequc
motivum aiiti'ni iiiti'Iliui ntm ojiismodi liiicm ,
suslinenms amorem purum dici eum, (pii divi-

scd ipsum ini|iiil>ivum interius lam nova et :


nam Iruitionem, lioc est summum etimmorta-
inaudita omniliiis si;:iiiliealio est , ut neniini lem ex Dei visione amorem pro fine non liabeat,
prorsus vciiiret in menluai. Ncqiic qiiid(inain nec volisoumibus compleclatur.
aliud inlelli^ere, nequc iu noslra lleclaiali.mc 6. Sanc Cameracensis, ul ab imperfecta nec
poncrc poteiamus, qiiam id quod intoilij^i'li.uil ad liquidum pma cliaritalc, ad perfeclam cl

cl sapielianl onines: ncque nos amoremnatiua- puram ;ncmpc


transcamus,\iitl amputarialiquid
lein aiiaquc ejusmodi commenlilia et a lii)iope- sludium commodi, merecdis, bcaliludmis. Hoc
nilus aliéna, niillique omnino cognita, diviiiare aulem quod ampidal, vel est illud sludium,
ac somniarc oporlebat. affectus ille iialuralis cf.mmodi, merecdis, bea-

3. Nequc lamcn hic laliocinatione agerc volii- titiidinis, quam lanlis eonatibus in Inslruclio-
mus, sed iitsa aucloritale gestoruin lialiciuus :
nem pasloialem invexil; vel est ipsa spes Ihcn.
cnim prie nianiijus explicationem iliustrissimo logica, sive in spc Ibeologica movendi illicien-

Carnolcnsi ab auctore.ac per liunc nubis tradi- dique animi vis.


lam, non ila muilo posl ediliouom iibri. llac 7. Cameracensis aulem sludiosissimi defen-

aulemc\plicalii)nc iilustrissinuis Cameracensis sores, non illam aiïeetus naturalis explicationem

per conimoilum qnideni propiium, nihil aliud admillunl; crgo admillanl necesse est spei ibeo-
ipsum « boiium uobis » quod logica' movenlis excidium illud, quod et nos
intclligebal (luaiii
permolivtim vcio criininanuu', et ipsc Cameracensis improbat :
est ol)jeel(nu spei tlieologicic ;

nilnl aliud (piam (inem extra [losilum: nulla iis- non nt levé quoddam facinus ; scd ut impiela-
quam aut niuorisnaluralis aut niotivi interioris tem, qnam a nobis impulari sibi omnibus pa-
mcntione: (piod idem illustiissimus Carnolensis, ginis querilur '.

data cpislola pasturali: maxime llieoliigica ,


8. ftliia erco libii sors quem defensores ejus
ea lanlum ralionc a .se pr(ipu;:uari possc putant,
ex ipso verltiiruin leuoic lamliipiitlo oslcndil ',

nulius ut ilubio locus superesse jiossit.


quam ip.sc auctor una nobiscum rcjicit ut im-
Grave quidem est nobis, giave Carnolcnsi 2,
4.
piam.
0. Al cnim, inquiunt cgregii defensores, nos
de Cameiaiensi aliud crcderc, »piani id quod
idem Cameracensis, Dco leste appellato, a se spem non omnino lollinuis, scd cam in ipso

iulellcclum esse si;^nifical. Scd sivc id oblivione,


amore piu-o virtiilc conlincri, coque suiipicri

siviquacuiKpic alla ralionc gestum, ipsa vcrl»a dicinms. Trisle ])erfugimn cum Paulus fidem :

nos coguut velaulquc aliud inlelligcrc in Ca- ac spem, reipsa, udu laulmn \irlute manere ac
disliiigui prommliaveril « Nuuc aulem, » loto
meracensis libro, (luaiii id quod et ipsc data :

srilieet bujus vila' decursu, ahpie adeo iu per-


quo(juc expiieationc prcididit, et onmcs, cliam
cjus accrrimi dclcnsorcs, intclligendiun arbi-
feclis (puKjue, « manent tria bax^ : » enucicale,

Ircnlur.
distincte ; et per projjrios aclus : « fuies, spes,

5. Quod aulcm assidue pnrum amorem ob- « cbarilas : major aidem borum, » non .sola
Icnihud, ac puli berrima^ scd major, « csl cliarilas » bas animans, re-
:
vncis splendore i-c

capi prolitcidur, id (piiilem vaniun est. Necjue


gcns conjungens, cl ad scse relerens :
sibi(|uc

cnim puriuu amorem enm «pii vera cliarilas non aulcm consumcns, aut corum actus pre-
est illa justilicaiis, iuliriatur quisquam. Cliari-
mcns.
lalcm cnim seimus eam qiia-, leste Aposldl'», 10. Nec aliler Malavallus, Molinosus, Guyonia,
« non quxnit qux bua sunt 3, » alquc ita ex Dei
spem illa'sam pra^diealianl, (juam quod piuo

'
Un™ pa»l., p. 68. — ' tb. r- C9, 79, 80.
— '
I Cur , xiii, 5. < Imlr. r«t-. P 18, ». 3", 49, ••.c. — ' | Cor-, un, 13.
ADMONITIO PP. .4L VIA.

aniore illo uniformi ac permanente, virlute dinn aut excusandum Cameracensem susci-
contineii, illoqiie adeo suppleri nieniorabant : piunt.
qnos nos alibi reprehendimus ', nec ipse Came- 16. His igitur explosis, alii defensores pro-
lacensis excusât : et in ipsis Issiacensibiis arti- deunt, quorum hœc excusatio sive responsio
ciilis 2, fidei ac spci aliaiumque \iiiuluni actus est nos quideiu confitemur optandum, ut nun-
:

cum chaiitate eonjunctos, sed tanien « dis- quam cxstitisset ac prodiisset liber lot œquivoca-
« tinclos » explicitosquc subscripsiinus. Qui tionibus scatens cœterum, posteaquam prodiit
:

ergo Caïucracensi hanc exciisationeni submi- nuUa censura est dignus qui scilicet ubi occur- :

nislrant, Maiavallinn, Molinosum, Guyoniam, rerit aliqua prava propositio, alibi confeslim
infau.>la et damna ta nomina, reduciuit in Eccle- aliam contradictoriam statuit ita ut nnllus sen- :

siam. sus perspicuus ex libro eliquari possit quare :

11. Alla argumentatio ille actus spem sup- : « prudenliali, « ut loquuntur, censura non au-

plens et virtnte eaiinenterque conlinens, vel est tem juridica affici potest.
actus charitatis, vel acliis cliaiitate major. Atqui Hœc excusatio libros fere omnes hœre-
17.
aclus nnllus est actn cliaiilatis major : est enim œque a juridica censura liberaret. Ut enim
ticos
ea virtus chantas quœ omnibus aliis virtulibus omiltam censuras non « prudentiales » illas,
« major est : » ea autem major esse nuUa memo- sed jurisdiclionalcs casque gravissimas, « peri-
ralur. Quin illa dileclio qua negat Dômiiuis « culosum iu fuie, inducens in hœresim, » alias-
ullani essemajorem 3, non est aliud quam cha- que ejusmodi quas libro œquus omnis, licet
Ex eo autem quod omnibus virtutibus
ritas. benignissimus, interpres inussisset : quis Nesto-
major sit, non sequilur ut suppléât reliquas, rio, quis Pclagio, eorumque assechs non eliam
sed ut eas adjungal sibi, eis emineat, eas regat. ab ha'icsi peperciscet, si eorum et asseclarum

Ergo supplementum ilhul spei ficlilium est. proposiliones conlradictorias attendisset? Vide
12. Si ])olest spes ejusve actus charitate sup- de « hoinousio, » de « theotoco, » seiuiariano-
pleri, maxime ex
eo quod dicat Apostoliis :
rum ac nestorianorum teclinas : vide severia-
« Charilas omnia sperat *. » Atqui eadem ratione norum, semieutychianorum de duabus naluris ;

dicit « Charitas omnia crédit ^


: » ergo tani :
vide monothelitarum de duabus voluniatibns
fides quam spes chai'itate suppleri posset quod :
pugnanlia deliria vide apud Prosperum Car-
:

nemo dLxerit. mine (le Ingvatis, imo etiain apud Auguslinum,


13. Sanehaudmagislicet supplere spem quam quibus arlibus Pelagius lubricus anguis elapsus,
fidem (idem autem alio acîu pcrfici, verum
:
ac vix unquam satis manibus comprchensus et
est ; suppleri autem, falsum nec minus inipos- :
constrictus evaderct. Audentcr dixero nnllus :

sibile est sine spe quam « sine tide placere errer, nulla hœresis plane condeinnabitur,
si ex

« Deo 6, » quod ait Apostolus cum eidem Apos- :


repugnantibus eorum duces liberenlur, quibus
tolo « fides sii sperandaruni substantia rerum, eos magis gravari oporlobat.
argumentum non apparentium 18. Ipse Molinosus quanta arte serpit? ipse
« '. » Ergo sine
Malavallus, ipsa Guyonia vix errorisaut hnercsis
spe ejusque expressis actibus, a^que ac sine
Dde ejusque actibus, anima lîdelis esse non deprehcndi possint, si repuguanliœ pro excusa-
potest. tionibus habeantur. Vide qua; eam in rem dixi-

14. Tum ea charilas, quœ ex Apostolo « omnia musuiO[^crc De statibus orationis, loin, ix, lib.i,
« crédit, uumia sperat, onmia sustinet *, » non
pag. 483, etx, pag. o.
19. Ergo ut erranlibus in fide oiune prœclu-
est alia charitas quam eaquie est justis omnibus
communis si cigo ex eo loco concludi posset
:
deretur eirugiiim; ea semper régula viguit, ut
spem ut cluuilute contentam ab ea quoquc sup- quod esset per se ha-relicum nolaielur, insuper
habilis excusalionibiis, coiilradiclionibus, tergi-
pleri, id ad omues slalus vit;e chrisliaiue perti-
iicret : nec tantum ad illum puri amoris statum versatiouibus : si qua ainbiguilas, si qui nodi
inter se ita implicati occuiereul, ut ex bis oli-
qui sanctissimis quii)usdam inaccessus esse lin-
gitur. Non autem id pcrtinet ad omnem vitai
quatus scnsus vix expediri posset, non pro|)lerea
dimitterenlur inlacti; sed ancipili illo gladio,
christiana' slatum : alioquin ubique tam spei
quam lidei clidcrentur aclus; quod est absur- quod estvcrbum Dei, ab ore Clirisli prodeunte,
potius secarentur abiiie etiam inter censuras
dissinuun et erroneum.
:

En quam porlenlosam
a Scripturis crrantium memoraretur illud a sanclo Leone II
15. et
alienam Ihcologiain coganlur inducerc qui luen- prolatum ', ul qui.sciuiserraveril, idem suiipsius
impugnalor cxslilerit,
Inatr. sur les Unis d'or , liv. m. — > Art 1, 3, 3, 13. — * Joait.,

XV, 13. — • 1 Cor., X II, 7. — i nu. — « Hebr, xt, 0. — ' /Airf., ' Episl. ad Imp. post. concil. vi. Vido Blati d'or, locis supra cit.
\ — • I Cor., xm, 7. et nut;tin cditori:i iid|>usilain. fJîdit. l'atal.J
80 ULIRTISMIS RKDIVIVUS.

ÎO. Fat crgo nccossc est condemnatus lil)cr, uit, compaiavit viam, induclo amore illocujus
quo (liicc honœ mentes in teiiiii et ambigiio in eo csset puritas, ut vel esset penilus exspes,

vcri falsiquc discrimine niniis laborarcnt : quo vel saltcm ab omni .spe independens, nullo spci.
proindc non modo midicrcularum, scd cliam nullo mercedis setern.T, nullo ipsius Dei poliundi
qnaiumvis imbecilliorum animarum, inlcrdum nuilivocxcilarelur; ex quo sit consequcns .s.'ilnlis
et (imiiornm capila ia>dcrcnliir, animi latisce- ut es .salus indifferenlia; nulla tauli benelicii
rcnl, ant in nubes avolarcnl aut, quod est pes- ;
ad amoreni indammandum liabita ralione. llinc
simiim, novœ perfectionis atque exqiiisitissimœ etiam profluit a sua; reprobalionis conviclio
sanctitatis specie in occultam superbiani agc- invinciltilis , » et illa « casus impossibilis ad
'

rcntiir. salulem devovendam in realcni et aclualem ipsi


21. Neque famen vcnim est, inossc libre auim.e perfccla^ visa et api)rol)ala conversio ^ :

omnimodam et inexlricabilem contradictioneni, qua} si auclor obtinueril, nihil jam proliibebit


ac somi)cr occurrere proposiliones alias aliis quominus in dcspcralionem eam qua^ summi
opposilas, sive collisas. Ecce eniin iila propo- et absoluti sacrificii loco habcatur, ,'prona sint
sitio de Ciiristi pertiirbatione invoiiintaria, nibil omnia.
apiul aticlorem liabct exciisalionis : quin ipsc Neque vero obstabit illud, qnod illa con-
2G.
eam plane abnegavit, aliiqiic impiilalain voliiit: viclio« apparens non intima vocilctur 2 » boc :

qiiam tamen defcrisures ejiis, ipso qiioqiie in- enim ipsum est quo molinosismi ratio constat,
\il(), liicri menioranliir. Nec piidet siiasisse quod dcsperalio simul et invicta sil, nec tamen
aiictori, nt manilbslum errorcm, ctiam cjura- intima, scd tantum apparens codemque ritu :

tum et ahjoclum, rcsorberet, ut fecit ' et nos ipsa infidelitas qu.Tcunquc crimina atque
et

dcmonslraviinus'. tlagilia, verolicet actu perpclrala, tanlum appa-


"ii. Uiiid illa perperam AugnsUno
proposilio ronlia sint, internainque Tirtutem rclinquant
imputala : « (Jmnc qiiod non provcnit ex prin- incolumem.
cipio cbarilalis, ex cupidilalc provcnit ea quae 27. Neque bujus rei omillilur radix, nempe
omnium viliorum est radix' : » quam proposi- « générale desidcrium y non modo « cognila-
tionem ipsc non alilcr excusât auclor*, quam « runi, » verum etiam « omnium latentium vo-

atlributa oliam Aiignslino ca charilatc quœ sit « lunlalum Dei : 3 «quibus ipsa prœdestinalionis
naturalis, non virtus llieologica; atque ea cu- ac rcprobationis décréta, cum sint omnium oc-
pidilalc viliorum radicc quai sit innocua? cujus- cnltissima, coutinenlur in quo ipse prœsul, :

inodi cxcusaliones si valent, jam apud quosvis et Guyoniœ gratidcalnr, et totummolinosismum

auclorcs eliam fallacissimos nibil erit inex- aplum et connexum struit.


suis principiis

piabilc. De qua rc dubilatio nulla superesse jam


28.
23. Nec minus insolcns est illa proposilio de potcst, posteaquam édita rerum Kelatione*, ex

sacriicgo amore sui, qui tamen ad jusliliam ipsius gcslis scripti.sque conlcxta, exque ipsis
et ad convcrsioncm , invita omni tlicologia, liileris ejus manu exaralis, a nobis lucc meri-

iteruin ac tertio, correctioue nuUa, prœpararc diana clarius demousUatum est tolam banc
dicatur*. causam. quœ tanlo amliilu agilalur, inde esse
24. Atqui li.TC impcrilius, inquics, sive magis profectam, quod a Guyouia sua tuendaabslinere
incaulius quam fallacius dixil : pcssimc; ncqi:c nolens, ab amicis et cocpiscopis discedere, et
enim de rolnis maxiiuis ac rccouilitissimis lanla onuiia perturbarc maluit quam ut amicam .

conlidcnlia dicere dcliuit, qui non a tlicologia inlimam, alijue ex ipsa spirilualis vilœ rationc
salis anipluiii sibi pra'.siiliuin couqiarasset. coujunclissimam, suo prœsidio dcstilutani relin-
2o. Ac lamclsi, ut in falso syslcmale, simt qucrel,
mulla apud auctcrcin qua' iulcr se pugnent Quo ctiam coactus est, et Molinoso Guyo-
29.
:

tanUmi abcsl nt omuia ejusmodi sint, ut contra nia;conjunclo parcere, et a fal.sorum spirilua-
cerlum sil, ipsam dochiuiT summam falsis, .scd lium censu danmaliim ejus nomcu oradere, et
sibi conscclancis, conslare dccrclis sive priuri- cum (piiclislis eam iuire socielalem quam prin-
Dcduclnrus enim animas ad illam purga-
piis. ci|)ii)runi ac dogmalum déclarai.
tionem qua .saluloni ipsam periccto et absoiiiln 'M. Ibvclamou priucipia,ne soipsa proderent,

sacrilicio dcvovorout, in ecxjuc sacrilicio pcr- qnibusdam involiicris occullari o|)orluit unde :

feclionrm (ihrisliau.im Cdllocarcnl; jain inde nuillis in iocis maie consarciual.i, imo vero dis-

ab inilio ci purgaliuui, quam suuunam esse vo- sula alquc disru|)la apparel oralio; sparsaquc
ambigua quœ vim apcrtioribus lollcre videan-
' Qnat l.rtirc 1 M. do M»iix, p. 24. —
» Rff. i <)iinlrc Lct'.rci.
— • Max. (!cs salnls, p. T. —• Iiisir. pnsl, n. », p. 16. - * Max., ' Mnx. des »iilntJ, p. 37, etc. — » Ib., p. 87, 9J — » /! , p. 61.

f. 17,
la, 20, 21. — • It^laiion sur le luKtiimr, viJi in/ra.
ADMONiTio pn^vrA. 81

tiir : qnœ si excusationi sint, libriimqiie a cen- tiva ordinari qnidem inter se, non autem a se
sura inmmiicm pia^îseanl, jain ad illiiin occulta invicom sc|)arari posse et ad purum amorem :

qiiielislarimi tactio «juasi dato signo lalenter ex corde eliquanduni, secundum evangelicara
confliiet, aut iiiter voi'a l'alsaqiie pendebil aui- et aposlolicam disciplinam et inde secutas eccle-
miis, tota(jue Ecclesia fliicUiabit. siasticas preces, in praxi copulari et in unura
31. Nec.juvat aucloreiii, qiiod ab iis conse- redigi oportere quae nostrœ Iheologiae in hoc
:

quentiis abliorreat, quarum principia ac liin- fidei negotio adversus novilates summa est.
dainenta posuit : iicqiio prohibeie qiiisquam 35. His puris castisque decretis dominus Ca-
potest, qiiin libro iniiocuo viso et in auctorita- meracensis, si Malavalli, si Molinosi, si Lacombii
teni rece|3lo, ejns iegiliinae acverœ consecu- siGuyoniœ danniata commenta anteponat, sciet
tiones ab invitis quoque extorqneantur cum : Ecclesian» non deludi ambiguis, non laclionibus
piffsertiin non desint ipsis piincipiis congruae commoveri. Qui autem dignitati consulendum
voces : nempe « docilitates, huiuiliationes quœ- putant, pcrgratum laciunt episcopis, quos in
vis, iibertalis privationes, obsessioiies eliaiu ac pretio baberi e re Ecclesiœ est.31eminisse tamen
possessiones ad vilani interioreni pertinentes ' •
debent lacile anteponendam particularis quan-
tenlationes quoqiie novi gcneris, qtàbus cedere tumvis maxinii prœsulis dignilati, Sedis aposto-
sit unani saiubre rcmcdiani 2 : spretis morlifi- licœ, Romanœque Ecclesiœ, ac nobilissimi juxta
calionibus tant|uani iienilus iiuitilibns ^ » tum,
: atque sanctissimi pontificatus honorificentiam,
« cœca» obetlienliœ in omnibus'* : » quibus con- quam insana doclrina tradenda, asserenda, vin-
giual ad « omnes praxes a directore imperatas dicanda, oportet esse niaximam neque oblivisci :

llexibilisaninius ^ : » insuper habitis « anteactis possumus, in bac ipsa quietismi causa Romana
experimentis, leclionibus, consiiiis et consulla- Ecclesia quid egcrit adversus majores minora
lionibus : » nibil ut sit proclivius, quani pessi- peccantes. Deniqueid contidenter dixerim, salis
nias dirigciuii artes, onnienique Molinosi para- consliturani domino Cameracensi ex ipsa obe-
liirani leducere, excusera saltem, et intactara dientia suam aucloritatem, quem scilicet splen-
reiùiquere. didiorem omnibus charioremque faciet vere ac
De contempiatione aliisque consectaneis
32. sincère emendatus error, quam ipsa ab initio
in promptu estdicere; sed liis supersedeo, ne doctrinœ integritas.
totuni lioc opus ab ipsa praelalione contexere 36. Inslant, quidquid sit de dignitate, cum
vclle videar. D. Cameracensi incicmentius agi in- ; qui cum
33. His autem oppoiiimus a Scripiuris traditam connnoda sibi objecta negando propulsaverit,
ac l'atnuiî vestigiis tritani cretlendi, spcrandi, aut saltem explicando quodanimodo relractave-
diiigendique seniilani ac lorniam : nempe ut rit, tamen adluic postuletur erroris hand secus
diligamus Dominum exsislentem iilum atque ac si ea plane tueretm-. Sane explicationes edi-
viverlem, sed tamen Deum nostnim : in se qui- dit, sed tam nndliplices, lam varias, tam anci-

deni excclienlein, sed intci'im se nobis commo- pites, ut nedum constiteril eas textui consonare,
danlcm, « congluliuatum » nobis, a quo nobis ab eo potius abborrere, ac nequidem ipsas inter
« l)ene sit" : » quil)us motivis ciarc a Dec reve- se convenire ap|)areat ; negat se rclracta.sse
lalis,ac nno |)ru'ccpto co|iulatis, piaque fide et quidquam, quasi id non honori, sed dedccori
obedioulia conimictis, sacrani ac piuissimani et sil ; nullibi errasse vult : et sic sua excu.sat om-
eli(|uatissimani ciiaritalcin spirenuis. nia, ul etiam tueatur illam. non sine horrore
34. Absit ut ab ca
doclritia Scbolœ décréta auditain, involimtariam portiubadonem Clu'isli.
discedanl plane conlilcnuu' iJeimi in sese per-
: Claia et perspicua, ac nullo ambiguo lecla aut
lectum, in sese absolutuni; ncc in rclationo ad involida pollicilus,obscura et perplcxacongessit:
nos conslarc pcrl'ciiioncm taniam imo vero : nec iiliid saltem conlilctur, non liiissc clariun id
auiorcm noslrum longe (l'anscendorc et exsupe- quod [ot cxplicationibiis, toi emendalioiiibus, lot
rare deberc id omne (piod mente a|)pieheiidi- excusalioiiibus indigeiet : denicpie cxplicalionis
nius, ut in il!.) itcalo et optimo qui Iticem « iia- nomine nova addidit novis; errores
niliil nisi

bilat inace^sibilcm, » animum dedganuis. Quin erroribus cunudavil, universaïuque concussit


etiam illiul ahsolulmn ac perleclmn exsislens, tlieologiam.
eail(!iiie\(iui.silissiinaration('d('l)emiisagn()scere, 3'. uuid quod explicaliones nullo prorsus ten.
ut iliud ipsum <piod sil in nos hcnevolmn, quod lata* sont examine? unde miiinn dlud exsiirgit ;

sil bcnclicum, «piod sil bealilic(nn; ea(|ue n»o- alii explicalionnm mdiam liabent lationeni, aC
libruin plusquam auclor ipse delcndnnt ; alii

Maninics .Ips «aiiils, p. 7li, lï3, 124 — = JO.. )>. 76, 77, 92 — librinn (piidem in se lacile abjiciuul: plemun
f lu., p, m. - /'' . p. 240. — » Ib., p. 77. — " Ikiil.. VI, \, XI,
umba^ibus, itericulosum, erioneuui ctlaui liaud

li. ioM. VI.


SCIKJLA IN ILTO.

ffgri' nnlnnf, modo (Mnr lorns c\' liralioiiibn ,


eos ipsiiis cansm pravit.ite sciipla no<lra perve-

qiias (iilt'iiler iduliinil niilliiiii liii-t in cxaiiiru neriiil, qiiis noslei inliinus sensus Incrit, quanta
addticliis; iiiiiiis proiio aiiiim» in aiulniis ohsc- in Sedeiiiaposlolicain, ac doininiini Innoceii-
qniiiin. titiiii Xil, optiiniiin et cleineiilissiinuiii puniin-
AH. It(> iTsi^;iialione et indiffcicnlia (piani affort cein, revcrenlia.

disliricti'uu'tn vi'hit a s;iniU) Fianiisco Salesio 4'2. « Vellcin equidein conticesccre, eininen-
01 lani, et uliique in lilx-llo lumlanicnti loco po- lissiine cardinalis, el Sedis aposlulicic lai ilus

silam, eam liipiol ad vviu niliil allineiv : quippe exspectarc jiidicium. Duinenim Li clesia Uoiiia-

ouMi r<'si>;nalio ipia' s^l)lni^sa, el indifl'iTt'nlia iia tain ^ravi cxainine rein tautaiii cxpendil.
qua' nnila desiilcria iialiiMc dicilnr, luiMpiani de qui est prieâialtibus, qiiain ni pr.'esloieiiMr sa.
salnle aiitiel)n> ad salmeni ni'eessarii>ab eodem hilare Dci, el ni in silentioel in spe sil ioitiludo
Salesio'; sed de reluis indilli renlibiis, tempo- nosIra'/Sed per inaïuis boinininn lot currunt
ralilnis, ac ninlabililins iiiieiliuanlur, nulla, e|)isli)la;, lot responsa iirodeuin , Iiislructiones
nnlla, in<piani, pioisus salidis a'ieina', nisi cpioad pastorales tanto studio laiila(|ue aile spai'i.'unlur,
diialioneni lanltwn, nnnupiani unieni qmiad rei ut inerilo veieaniiir, si nibll (ippuiiiauis, ne do-
siil)slaiiliain, nienlione habita, el ipsa saliilis ctrinis varii> cl pere^;rinis |
lebs Cbrisli abdiica-
abdiealione, non res inlei' veras, scd les niler tur a siiiiplicilale li\angelii. Non ei>;o, eiuinen-
iinpt)s>ibili'S reeensila, iiL ex Icxln sancli aiielo- tissiine Cardii^dis, lau(|uain ad coiitexlaiidam
ris el ev l'anli ae Marlini exeniplis ab eodeui instrueiidaiiicpie liiein iia-c seribinius, aul, quod
allalis, salis snperqiie eonslilil. absil, doeeiidain susei|iiiiius ina^isliam Eecci-
ay. U'ioil aiiiiit, resabsliiisas ac snbtilesqnfe siai uni, a (|ua doceri cnpiiiius. Uo^ainus aiilem,
caplnni vidni sLipeiare videanlnr, doelorinn lio- ut hune libruin, ipiein extoisit ip.s;i neces>itas ,

niiiiiiin disputalionilins relinqiiendas, nielins di- et benigniis accipias, et ad S. D. N. pedes oUcrre


cerenl, ad honiines uUdsos ac inale leriatos re- velis redeunl enini ad nos libri iiostri clai ioies
:

niiltendas, et a pnldieis tractalionibns pioeul atque liriniores, cuni vel teligere aposlolieninli-
abie^aiidas, cuni vanis ctiriosilalibiis dent lucuni uien Si veru ipse l'aulus areanoruiii auililor, et
iniu lebiis pcssiniis involncra |)i<'ebeant. leilii cœli discipiilus, veiiit Je o olyinain videre
W. Jani de scriplionibns nosliis iino verl)o Cl conleinplari l'elrinii , ei>in eoipie conlerre
transi^ain. Caliininianlur enini nus, quasi an- Evaii^eliuiii quod piivdicabat in ^entibiis , ne
t.icipalujudicio Sedes aposlolica' décréta anle ve- forle vaeuuin c^lrrerelanlcuculr^^seL qiianto
iii

nir sala^amus (piin ipse Canieiaeensis tuto


: aiagis nos hniuiles, sed catlniliie l'etri couiinu-
orbejaelal, a se qnideiii ubiatuin esse silenlinni, nioiieel gratia j<;loriaiiles, ad eain aliène uiniiia
a nobis \ei'o e>se lejeeluni : qiiod est iiiiipMssinie noslra debcimis; vel incitandi, si Icfiiliine ciirri-
coni|iaraUMn, euni de post upple-
silentii) et^eril mus: vel eiiiendandi, .si \el iiiiniiiiiiin aberra-
tniiiorbeni lanta scri|iliii'(ini euiuni in nos ip.sus nius! L^o quiilquiil .scribo, bac iiieiite me .scri-
atrocissiniornin copia, ni si taeerenins, niini bere volo saiirloi|ue l'oniillci tausla oiiiiiia
,

aiiiKiqnani inipulaïuserroies, iiupulala ciiinina appreeor ubjue le reruiii pra'ilarissimo admi-


;

cunlilen viiler(;nini'. iiisiro diiilissime iilalur. oro: Liiiineiilia' tua'ad-


41. Sane illtislrissinius arcbiepiscopns ne li- dieli.vsinuis. Nale , eiiiineiUissime cardinalis. »

neni sciibendi lacial , id piaUexit sibi reo el: 67c iuscriplutu : Kniinenlissimo domino meo D.
accnsalo deberi tiilinias i'es|iondendi pailes : cardiiiali 8pai»^e, Jacobiis BeniLTUus Bossuetus,
quasi nos ipsuni, non ipse se ad SedeniA|)Osloli- episc. MekUnsis. S. et obsei|uiuin.
cuin detuierit ant lori nsu ac le^ibtis erroris
: 43. lia'c (juidein a nol)isscripta sunt. LU ri de
apparetur. Vel Au;iiistininn videat non
inseclaliii Icnsures alii mvsticos inclamaiit, alii scIioI.imi-
saneciinlenlio^nni. sed niodeslissinniin etinipri- cos : nos vero illis in luto lollocalis jam id aj;i-
niis |iacdi<'nin, ad extreina nsque siispiria inler uius, ut qiiielismu resuigenli coiisiilaliir, laiili-
VandaliiiiiiM in>nllns |iro Dei gralia res|)()nden- qne nioiiieiiti reiii,bi'e\i opusculo compieben-
ItMn, el in sanclissinio opeie stienue occiindjen- sam, pro sua j^iavitatc perpcndi poslulamus.
teui. Lgo veru qua inenle sciipserini, Icstatur
SCI i|ila episliila ad l'iiiiiienlissiiniiin canliiialeni
Spadani, ciiiii inea qiia'dain in bue argiiiiienliiin SECTIO PRIMA.
op(i>cula iiiillereiu : (piain ego epislulaiii non l'rimus error quirli/ilanim, de cura ac (lesiderio
ambitiose, sed neiessario bic siibjeclain \olo ut ;
siiliilis. iiliisquc conuexis.
sciai univei SUA (ubis, sciant podleri, si qua ad
Hoc loco slaliiii admonemus.
siiifiiiias propo-

I Amour il* Dieu, li\. i\, cli. J, 4, b, etc. sitioiies suo bic urdiue reccnseiidas, sinyiUos
,

ADMOMTIO Pi'-iEVIA. 83

fere errores contiiiore; cfcteruin, facililalis causa, nem iinlérêt) qnam divina juslilia ipsi prœstare
eri'cues cofiiiatos el ad euiiideiii liiieiii perliuen- velit, sive ad lempus sive ad aHeinilateni. »

tes in idem capul coinpiiigiiuus. 4. Eadem Guyonia dixit non posse ani-
', «

mum suuin ba'iere in qu ocunque desiderio


CAPUT PRIMUM. eliam gaudioruin paradisi ; » ac postea ^ :

« Tanta amanlis indifferenlia est, nt nec pn.issit


1. De hoc errore.quo toliis De doctrina sanclo- desiderare paradisnm » quaiiquam hoc desi- ;

rum liber colliiiiat, le^anlur priiniiin lice jain in deriiim nihil alind spirat quam ilhid toties a
Summa niemoralœ', qualiior Moliiiosi
ductrince B. Angustino memoratum. gaudium de veri-
pioposiliones el 1:2 « Ne anima de inl'erno
:
"7
: deque Deo viso, possesso, et summe in
tate,
aul deparadiso cogitct aiit eoiiim curam gcrat ,
œternum amato, aliisque consectam is.
aut [)ropriœ perCeciiunis, aiu virlutis. aul salulis 5. Alque hœc de cura, desiderio, ac studio sa-
sufvcujus spem abjiceie débet » quibus ad- : lulis, quoniam inter se conjuiicla sunt, au eum-
dcnihe suntSl et 38 « de omiltenda a medilali- dem tituknii rediguntur. De Chrisli liiimanitate
vis |jiaxi virtulum, deijueearuniaclibus, propria quandoquidem ea quEC Midinosus aliiqur dixe-
non produceudis ac de
eleclione aut aclivilile : runl non ila claraui conjuiiclionem cuni antedi-
supprimendo amore eiga Inmianilatein Chrisli, ctis habent, alium in locum li ansleianliir. Ilhis-
ulquœ silubjectuni nimissensibile. » (Juaesane trissiiiiusaiileiiianlisles^qii.im nihil aliud pialor
pio|)osiliones quain totum quielismum l'acile hœcdoceat, coloretet pingat, sequenlia dcnion-
complectaiitur, omnes vident. Damnatœ autciii strabunt.
sunt ab Innocentio XI, in buUa Cœlestis pastor^
2. Ad bas revocandœ islœ ejiisdem Molmosi,
CAPUT II.

deinde Guyoniœ. Molinosi quidem « Vilam :


Prima proposithi. 1. Articulus 8 haec ha- —
consisteie in eo quod niliil considères, nihil de^
bet* « In extremis probalionibuszelalorein sive
:

sidères, niiiil velis alque animani quidem oiiin


aemuiatorein Deum, purgando aniori nulluin
:

esmienlein fuisse bonorumcoeleslium, ac sitien-


ostendere exilum sive nulluin peringiiini , nul-
tem Uei quem aiuillere melueret; « ubi notan-
lam spem ad suuin connnodum propiiuni œter-
dum illud « oliin nuncantein, » ex quoscilicrt :

num atqui iiulium est nohis propriuin commo-


:

« anima perfecta est eam niliil curare bealilU' :


dum œlernum prseler ipsaiii a^leinam .salulein:
dineni illorum quiesuriunt acsitiuntjustitiam,»
ea ergo est eu jus spes abtlicanda proponiUir :
Ha3c quidem Molinosus^.
quod est iuipium, ex ipso auctore in Instructione
3. Guyonia vero, secuta Molinosum, « dere-
pastorali pa.ssim*.
nomine (abandon) docet* « indil-
« liclionis » :
Hmic in locum non cadit interpiclalio affe-
2.
ferenliam ad qnœcunque bona sive animœ sive
ctus nalmalis qui afl'ectus naUualis nediim sit
coiporis.slve tem|)oralia sive œterna; lia ul ani-
aîcernus, solo hujus vihe tempoie nec tolo con-
ma quœ quondam ex niolu charitalis bona om- tinetur, cuin nec ad perleclos speclel. Ergo ile-
nia sibi volebal per respedian ad Deiun sui
,
rumalcjuc ilerum S|)es salulis abdicalur.
ipsiiis totaobiiviscalui': obliviscatiu- onmiscom- 3. Hue eliam. nimirum ad iiluiii aclinn qiiein
niodi solalii, ne-
salulis, perl'eclionis, gaudii,
vocanl direbclionem sui {abandon) quo coin-
.

quequid(piamsibi poslulet. » Necmiruin;(inippe


modiiiii proprium abdicalur, nec aliud prolecto
quaj nec ulla bona sibi velit, ac ne quidem per
quam illtid œlernum, hue, incpiam, ab auctore
« respectmn ad Urum quondam n cniiu eu :

relerlur illa « a Chrislo posluiata sui abnéga-


volebat:non nunc. Ad lia-c per illam indiiïe- tion.» Ergo motus aiiiini ^ei|)siim abneganlis,est
reuliam anima " illa sic inlrat in divina; ju'-
abneganlis spem salulis
mollis aiiiiiii u'IeiiiiE ;

stiliiB raliones (inU'rcls) , ni loto corde con-


toUis ergo articulus ad iuipielalem promis.
sential in id onme quod de ipsa Ieceril(divma //' propositio. — 4. Arlicnlo 10 sic sciibilur'»:
juslilia) sive ad leuq)us ad œleiiiilalem
sive : >-
anima
« lu extremis probaliouibus polest inviii-
quo conq)reliendilnr consensus in rcproba-
cibiliterpersuasa esse persiiasione rellexa, cpiaî-
lionem cl alienam et suam quaupie ex bis se a Deo
,
que non sit ex inliiiio conscientiœ ,

conseqtuuitur. Alio loco * : « Sic in Irai in divi-


juste esse re|)robalain ac poslea addiicitur con- ;

nu^jusliliic raliones, ut niliil aliiid vellc possit,


viclio (|uie non sit iiiliina , sed appareils el in-
sive sibi, sive cuicunque alleri prœter eam raliu-
Ineoaulein consislil error, quod
vincibilis'. »

' Sum. doct., II. sub


3, fln. — ' Aclt^. etc., après VJnsl. •iiir te.i ' Cant; p. Î07. —' Ib., cap. vin, ii. 14. p 209. ' Ma.\. U«s

éinf rfor- — ' Inst sur (es étaLs il'or., I. m, Gwd , I. ii, ch. 19,
ja :n!i. nrl. 8. 73 — < Intl. pn«l.. p. 18. 23. 37, 49. 61, 66. S4.
3(1, 21. i>t<!- — ' Moyen court, S 6. 17, de; Caitl., cli. 2, v. 4, p. 41 •j ! . 1, lie.
,,

yo/. Prf/. sur i7n .' /'...' — MJA- des ««lut»,


— 'CVint., cap. VIII, n. U, p. 206 et seq.
p. 72, 73. — • Ib., p. 87. — ' Ib., p. 90.
,

84 QUIKTISMIÎS HKDIVIVL'S.

piîB anim.T invinriliillirr crrilnnt se a Uco jnsle « Fit ab-olutum s.'ierificimn commodi proprii in

cssi' :('|(iiili.il;is, <iua' l)lasiilit'iiiia non alio modo a'ierniiat'.'m, qnia casus inipossibilis anima? vi-
ab aiicliiic Mil\iliir,(|iiain si inU'Ili^aliir illa per- deliir po.ssibilis et .ictii realis iilipie persua- : <>

sua.siii |Hi|iiilaii (|ii<i(laiii sensu: in i-oquod anima sione et convielione itiviruii)ili '. Casus aulem
id " ima^jiMclnr. credat, somnict, » ut liai)eliir im|)os iliilis spcclabat « beatitudineni œlernain
inNoliscl Iiistrnctione pasturali conlics'. Scd ae |iiPnas alternas . quibus non amisso amore
frustra: conviclio « rnim est, » ea(|ue « invin- Dei piœ aninix^addicerentur. » Er^'oetille casus
ciliiiis. » ad montom lerlincl: dc-
Al(iui conNictio non modo « possildlis, » vcruni etiani actualis
niqiic ex ipso ancloie « nllcva est " atqiii ex In. : et realis \isus, speetat a'ieinam sabiltm : er^'O

structioiie pastonili « imai^in.ilio ineapax esl rcfie- \)\ai aniina> rêvera sibi viilentiu' a-ternis pnemiis
privanda', aîlernis suppliciis addii eiida? id(]ue
xiactusî «-Hic actusad mentem, « ad superiniem ;

partem,» ad inlellecliim Vdiiinlalenuine perlinel: iinineibiliter : quod est hau'eticuui et iuipium


ergo et illa peisiiasio nU\ue convielio. ilem illa ac blaspbenunn.
persiiasio sivc conviclio |)ais est sacrillrii nfle- 10. Krgo piis ac sanctis, imo etiam perfectis-
rendi, de quomox dicrmiis: pars est eliam illitis simis animabus, lia'resis, impiet;isae blaspliemia

acquiescenliœ itifra quoipie memnranila,'. .Nnn attribnilur : lioc autem ipsnm , nempe impu-
niaiilis, sed vere et tarc sanctis ba>resim, im|jielatem et blasplic-
ergi) est imapinantisaiits
serio refleclentis: idaiilem, ipsoaueldrc l'alenle, luiam. hoc, iiiquam, ipsmn est lueresis, impie~
est impimn : ergo ex ipkis explicatioiiibus liber tas. blaspliemia. Ergo midecnnqiie specteutur,

inipielalis aryiiitnr. propositioncs isue blaspliemiis .scalcnl.


5. Deinde, is slaliis aperte dcsperantis est; 11. llinc autem recte concluditur in illo sa-

ergo pia> animœ quœ in illo esse ligmitur in crificio absolulo nuUius alleiius rei abdicatio-
desperatiDiiem consenliiuit. neni edi. (juani salulisœterna'; quod est ini.seri-

G. inm, ex eo quod sil illa persnasio inolnc- cordi Deo, non Sfiei. quoil jubel, .sed desperatioiiis

tabilis, id eilicilnr, ut (ideles anima- conlra Ajios- oITerre sacriruimn : qua; abomiiiatio est, ac
tolmn expresse « supra id qiiod possint lenlen- pejiis ali(|iiiil quam iminolare ainem.
« tur ', » et ut « Deiis jubcal impussibilia : » r« propoailio. — 1:2. » Non hic agitur, ut ci
quod hœrelicuni et anatliemale damnatiun a (niiimae; proponatur pr;¥cisum d gma fidei de
concilio Tridenlino ipsissimis vcjbis*. Toluiitale bei ad salvandos oiniies liomines. aut

1. llis anleni seinel posilis, tolus artienbis etiam (ides illa qua (juis(iue débet credere, ncIIc
scalel blaspliemiis. Neque valet exeusalin quod Denm salvuni esse uuumi)iiemqiie uoslrura 2. s

illa iicrsuasio et eonviclio diealur « appaiens Ac postea inquam, agitur, uf quis


: « Non hic,
« niiM intima , » hoc enim ipsmn est (pii)d vilio ralioeinetur cuin illa anima, qme oniuis iTi-
datnr; nempe ut persiiasio et couvictio illa qux liocinalionis incapax est 3. » yu» omuia ut ,

sit rcllexa et invinelhilis, sit tantum « appareils, aniedicta*, eo pertinent ut anima pia tentelur ,

«non intima. » Sie namcpie pessinius .Mulinnsus supra id quod potest, cum iiulla rationis aut
doeet Inrpissima tl.miiia, in qiiii? peil\clie ani- (Idei ope sul)le\ari (jucat et ut ab ea tollatur :

ma* iiiviiK'iliililcr rapionlur, appareiitia esse a raiiouabile obseqiiinm , >' Apostolo teste ^,
non intima lum illnd perversissimum, ea lia-
: pietati (Jhrislianai neees.sariuin.
bei pi o non inliinis, sed lantcnn a|ipan>nlil)us,
i Vl^ pnipositio. — \'à. « Tune direclor potest
qua' sint rctleetentisanimi. Eigo pruiiosilio ipsa sinere, ut anima siinplieiler acquiesçât a missioni
sua cxcusalioue seipsain conlicit. sui commudi proinii, et jnstie condemualioiii
111" pn'posilio. — 8. Eudcm art. iO sic le- in (pia se esse ex parle Dei crédit ^ : » eodein
gilur û : «In illa imiiressiDOC invulmilaria de- artieulo 10: qua' proposilio eadeni qua cieterœ
speralionis lit absnlntnm saerilieium cunmiodi censura inmilur. Iielii|(ia eodem ietu corruunt:
proprii in a-ternitatem. » Krgn illa inuodlatio nempe illud aci|uiesce.e sini liciter juslœ con-
rem speelal Iota a'Iernitate (Inraluram. adeo(|(io deumatioiii auilore ilireclore, non potest csse
non aliud quain ipsiun a>ternani saliitem : (juo iiisi rellecleulis, deliberaniis , libère asscnlien-
aperte lirmanlur ca ipia* de connnodo proprio tis, voluiitarie surilieanlis, damnalioni con-
œterno in prima [>ropositione relata snnt. senlientis cum
ea eondemnalio, qua; ex parte
;

IV' pmpositiu. 9. Conliiinantiir ejiisdem — « Dei » agnoseilur « adversiis aniiiiain » di suo

propositionis seiisus eriuucus ex hue addilo '^ :


pessiiuo statu iiMicti.ssime sniiul.ol, ut iLi di-
cam , rellexissime per.suasani , iiiliil sil aliud
< Nolm Lai. in liY/ri<m Dr dccl. SS . Inst. pa:>t., p. il, pust. 22,
S3, 28. — : Irist put., p. '.S — » 1 C r.x, 13. — ' Ctnc. 7". rf.,

scss. 6, dp 10. l'o^ti Trois. écriL — > Max. da saiiiu, ait. lu, ' Max. de* »«int,H, p. 87, 90. — ' «.. p. 8 i. — J /*.. p. 00. _
p. 90. — • làid. >
Siiii., n. 6. — ' 7(01.1., m, — 1. • Max. du Mints, trt. 10, p, 91.
,, .

SECTIO I. DE CURA AC DESIDEKIO SALUTIS. 8§

qiiam ipsa damnatio. Qiiae si essot tantiim alidi- CAPUT IV.


calio alTcc'liis hiiniani, non tanins esset animœ
1 De sancto Francisco Salesio in sensnm ine-
dospcranlis lalxa-, noqne id condomnationis ac
adducto *, doque Vitœ
luctaliilis des|)erationis
reprobati'inis. sed pdlius lilicr ilionis l<ico halie-
ejus auctore ac meipso qui laudaverim, alibi
relur. Er;:() ha?c onniia absona et impia, exipsis
egimus 2, et Gallicos tiactatus opuscule Gallico
eliam explieationihus.
melius explicari posse duximus. Nunc sutïicit
14. HcTC antein explicalio alibi ab aiictore ab-
hune statnm ex ijisis auctoris explicalionibus
dicatnr. Sed nec pluris valet ea (|nani ejus loco
esse impium, nec modo a tanto viro Francisco
snl)stitnit « Tune acqniescere aniniam jnslœ
:
Salesio, verum eliam ab omni pia anima peni-
condemnationi suœ ex parte Dei.cnin falelur
tus alienum.
esse se dignain sein|iileinis snppliciis' : » l'alsis-
2. llhid tamen prœtermittere non possumus :

sininin. Aliud enini est, id agnosceie, ac siinul


quod D. Camoraconsis in nos retorqueat illud
aniobri a se irani jiisti jndicis piis supplicatio-
a nobis in eodcm Francisco Salesio agnitum
nibus, qiiod est sperantis in Deum ac de sua
« responsum quoddam mortisœternœ sive cerise
sainte solliciti aliud, acquiescere et consenlire
;
reprobationis 3 » quodpace ejusdixerim, a 'er-
:

justœ condemnationi tanquani immedicabiii :


tum est mendacium. Neqne enim uspiam scrip
quod est despeiantis ac blasplieniantis.
sinnis in bealo viro fuisse « responsum mortis

CAPUT m. œternse : » absit! nec eliam absolute « respon-


sum mortis : » seti « quasi responsum mortis. »

1. Saepe respondet anctor, circa abdicationem Responsum autem mortis diximus sensu Pauli t

et imniolationem sabdis œtorna', niliil aiiiid a verœ ac propriœ mortis, « ita ut taederet nos, »

se propoiii prœter id quod articnlis Issiacensi- inqiLÎt Apostolus*, « eliam vivere : sed ipsi in

bus, maxime autem 33 continetur. « nobismetipsis responsum mortis habuimus,ut


2. Hoc autem quam sit lalsum, docent quin- « non simus fidentes in nobis. sed in Deo qui
que ujaxima inter hos articulos et auctoris doc- « suscitâtmortuos. «QuodbeatoSalesioapprime
trinam discrimina. conveint, a quo tune spem omnem vitae abjec-
Primum enim , articuli tantimi per condilio- tam esse teslantur ejusdem epistolœ, quas tertio
nem inqtossibilem proccdunt : anctor autem Scriplo nostro Gallico commemoravimus^.
ciiam per absolulam et veram abtiicalionem 3. Ndiil D. Gameracensi com-
ergo nobis cum
sakilis : « casu impossibili reali et actuali mune nec in Salesio nec in ullis |)iis
est, qui

viso 2. » animabus certœ reprobationis sensum nec ,

Secundum hinc consequens : Issiaccnses ar- persuasionem insuperabilem eamdemque re-


ticuli tantum velleitatem admiltunt, ex objecto flexam hoc est in ipsa parte suprema et ratio-
,

quippe impossibili anctor vero volunlalem :


nali constilutain, necabsolutum sacrilicium, nec

veram et absolutam ; quœ toto Rcnere dill'erunt. uUum in de.sperationem assousum admittiuuis :
Tertio, auctor jusde reprobationis et condem- quie blasphéma et impia, D. Cameracen.^is nec
nationis suœ persuasionem
conviclionem et a se avertere , nec nobiscum comnmnicai'e
camque insuperabilem ac rellexam, atque adco potuit.

in supcriore animi [jarte statuit a quo in arti- :


CAPUT V.
cnlis abiiorremus.
Quarto, in articulis vetatur director ne sinat i. Hoc se maxime argnmento D. Camera-
aninunn di'S|)Cj-ationi ac damnation! suœ acquies- censis elïcrt, quod lalsis suis articulis Molino-
cere-* : <iuo(l in anclore contra est. sinn clare proscripserit, nedum ejus crroribus
Quinto, apud anctorem director animai labo- lavere voluisse videatur. At(pù lalsum hoc est.
ranli doyma lidoi, |)ra'serlim illud de Uci l)oni- Ilhistrissimus enim auctor (grave dictu , sed re
tate, non pricdical, nec ralione agit : (piod contra aulci'cdeutibus nota; sununam qidetismi tueri
lacère artiCulis Issiacensilius diserte jubctur. voluit noitut in aperlam danmatiouem incur-
:

lidem ad soiatium aniniic laljoranlis


articuli , rere ergo qua'sliouem involvit. iNoimiliil uiiti-
:

lidei décréta cum recta atione coujunyunl et i , gavit nec salis cogilavit quuui ex lenui scintilla
:

jubcnle Aposlolo ralionabile obsequium propo- tola llauuua lesui'gcrcl.


nunl, ut supra dictum est'. 2. Uiiorsuni ergo, iiiquies, falsos illos articu-

3. loto crgo, ut aiunl, ciclo dillerunt ab auc- los apparavit, et totum quiclismum onminu con-
toris dujjuiuiibus Issiaceiises articuli. —
I
saints, p. 88; Inst. past. il. 10; iiot» ad p. 90. 92.
Max. des
î Trois •crit, qutrsl. inip.. n. 1 et Miiv. —
' Ktnts iloraison. I. IX;
'
CJuBtr. Lcllrc & M. lév do Mc.nnx, p. 5; Hclat. 7, sccl. n. 3, inf. Tn.i». .cru, 11. 2'J ' —
n Cor., 1, 8, 9.— 1.1% i|i, ep. 26, «1. 29;
— î Max., !>. W. — ' Art. 3i. — • Sup. prop. 5.
liv. V, c|i. 27, ol. 30; Trois, écrit, n. 13, U, 16, 22.
86 QUIKTISMLS REDIVIVUS.

lodere vclle visiis est? Fxperirc, Icclor, quisciuis Cbrisliano orbi niiniisnola, la profecto Inlellicit^
es : t.ii il( (•(im|icieii.'> qnis sil illc (iiiieliMiiu^ al) in lioc saeiilieiu, in lii tNlicjiisquas votampro-
aiictinf coiiliiliilus : liirva (iiiicliMiii e.sl, limien- batiiiriibiis, in liae .saiiilis abdicaiiiine,qua' ino-

dis lie niiiiiis (Icrorinala fi^'iii i.s al(|uc colurihiis. rnm prupndia invnlv.inlur : a quii)us ul alluir-

Unis cnini qiiiili-laiiiiii id prolilcliir iiMjiiam. rere U. Canierac-en^eni credinuis, sic borum
« ul Di'iiiiui'li'rni) o(lio|iro.si'(|ii,iliir : ut seipsiiin princi|iia, eaipic pruxima ab eu esse pnsila eerlo

rripsi odio halical : Dei oiuis et imapiiicin in «erlius est, cl ex anleecdeniibus el ex seiiuenti-

S('i|iS(t propler Deiim (lili;;('re cesscl ' : odii» ab- bus (piu(pie prupusiliuinbus niagis cluceseel.
solulose odeiit, laiiqiiaiii i>|iiis Dei non «^^el Im. 17/» propnsilio. — 2. « Tuni ^in extrcuiis illis

Tiiim ;
exlicinum almeKalioiiein
al<|iie ad illcd prubaliunibus anima a seipsa dividilur, cl exspi-
siii cxaciiatodio iiiipio anima' sine, quo suppo-
ral in criice cuni Cbrislo, dicens « Deus ' :

niliireain esse nialam nalura, iit ManiclinKi do- « meus, Deus meus, ul quid (lereii(iuisli me ^ ? »

ciieninl'? < Ihee aiielur de (piiilislis fin;;il. At, Art. 1U,eiii euiiciiùl illiid arlieuii \ï^ : « In ex-

al : iiscpie adcoiic nieliiis, ne veio ictu la'ilaN? tremis pridialii)iii|)iis ad auiuris purincatiuucm
liliiiienliiMi est, speelniin est qiiod poelaniui ins- fil se|iaratiu partis superiuris animie ab inle-
tar discerpendnin liaiiis, etjiislnni in qiiielistas riori. » Ac pauKt pust : " Sic in Cluistu pei leclo

Clnisliandiuni odiuni inani Ira^orc consutnis ;


exeuiplari nuslru, pars infei iur nun cunuiiuni-
deiiii|U(' jacnlaris ia nubes : ipsos liansilis elin- cabal superiuri invdiimlarias perturbatinucs
taclus rclinqtiis. suas.... superiurquuiiMC nun cunununicabat in-
feriuri suam paceiii aul bealiludinem. > Dcni-
CAPUT VI. que « In ea separaliuiie aclus iuleriuris partis
;

Jam ergo confnlalis responsionibns, qnilnis perlurbatiuncssunt ouiuinu eiecie el involunta-


ancloi- enines suos inv()lvel)aliiiaj;is (piani cerla ria\ euni uiiine inleilcctiiale et vujuntariuiu sit

ralione liichiilm-, pei.spiciuini reinaiicl al) eu superii'i'is partis. «Unoinm crior in en eiin>istil,

delfiisas prupusiliiiiies antedielas, qiiilius Jlo- non quud adinillalur qiia'flam .separfttiu supe-
linusi sidiilis inemia pinpn^fii.ilnr. Ilis aulein riuris iiileiiuris(pie pariiiim, qiiam oiunes Ibco-
propusilioiiibusseniel aniiilis et dannialis, loUis lugi pust l'auluui agnuseuiit ''
: sed utadiiiiltatiir
liber ciineidil. Hue euiin auleeedenlia : liuccon ea separaliu, qua euneilicntur in sunnua parie
sequentia bue tutus spécial liber. Posleaquani
: spes, in inliiiia \era de>|ieralio, ex eunsensu et
enini eo nobis tuta res redit, ul in desperalionis ae(|iiiesceulia vuluniulis quam vidinius, sup.
barallirurn iierleela', ul sibi quideui videulur» prup. ().

aninwe deni<'rt;anlur ; quisab eu abiiurrebil, ut d- Hineerrur secundus ac pp|ur, quud in illis

spei Ibeolui^ieir niovemii vini delralial. aul eu- prubaliunibus, <> aetusiideiiuris pailis perltnba-
jus\is oceulUe vulunlalis, bue est re|)rubali(inis liuiies sinl uiiininu civcœ el iiivulniilaiiiO. » Ne-
i[»sius (iesiiieriuui inlrudiicatîEx (pidins laeilc que eniin ununnu esee^-i cl invulunlaria ea per-
cunsei|iiiliu' illa aniin:e aseipsa lanla disliaeliu Inriiatiu est, (pisea superiure parle, id est, abipsa
qua; speni cuiii desperaliuiic cunciliel, el euni ratiuiieregitui'.jusiisqiieiiiipeiiis eoereetiir :qno
iuliilelilale lideni, et vilia unnna euni onniibus iiu|ieriu desliluta in uuine lli^^iinm pruruil :

\irlutibiis : (piu niliil est in Molinusisuiu leti ius. iimle etiaiii lit ut, secuiiduiu iMulinusum intanda
lias aiitcni cuusecutinues in Sunnua duetrinie illa eveniant.
li(piido deinuiistratas U. CauieraetMisis vidit •,
1. leiiujs errur, isque pe.ssinnis, (piud haec
el in l\espunsiune sua reliquit iutaetas : nlili oinnia au exem|ila Cbrisli liant, alqiie aniiiiie
verocunNersus ad vani|ij(|iiia, iiiiiil aliud quaui desperalœ, di>iraelis « superiure aicpie « inle- >>

suus eriures ipseprodidil : quudeliaaisequeiilia a riurc » pai hbus, in enni inodum qnem vidi-

deiuunsUabunt. mns, « enui Cluistu exsjiirenl in cruce, cnm


euipie dicaiit Deus meus, Deus meus, ul qind
: >
SECTIO II.
« deieli<|uisli me?» Ibec auleiu annulainus sine

Senimhis errnr, de probris obsolutn sacrifirio in pin'jiniieiu ermris singularis suu lueu reilar-
inviiluLs , purliuui uiiima,
(U'ijiit' ilistiunliiDie
giieiiili de involnutaiia (H'rluibaliunc Cbrisli-
fer II' lus (lirrrins ac rellexus, ac de iciiiu-
twntbus tuwi generis.
VHI' prupiinitiii. — B. Ad eaiiulcm pru|iusilio-
iiem pertiiie. i>lud de relli'xis direclisqne aeli-
CAI'UTPIUMUM. bus ' : " Ea separaliu fil ex dilleieiitia atliiuiu
reaiiuin, sed simplicium el diicelormn iniel-
1. Quisipiis inlandie seclai arcana pcrspexil
> An i. /«Mc, |>. 30, 31, 32. — î ArU 12, J„ur, p. 113, lU. — ' M.Dinics <lcb aaliili, p. 9U. — ' Mall/i , xxMii, M. —'Maxi-
• Suiniiiii •I'k:., n- 3.
modes sniiiU, p lai, \2i. — ' l/itir., ir, 11.
SECT. II. DE PROBRIS IN ABSOLUTO SACRIFICIO liNVOLUTIS. 87

lectnsac voliintalis, qui niillum rclinquunt ves- solationi, nulli liberlati addictas eas esse : ad
tisnuin sensiliile et actuiim reflexorum, qui
: ba?c oportet ut sint ab omni re divnlsœ, alque
vestiginni seusibile relinquenles se coininnni- eliam aviaqua illam ipsam divulsionem docean-
cant imai^inaiioni ac sensibus, qui pars inlcrior tur ut sint praîparatae omnibus praxiluis, qnas-
:

appellanlur, ut distiiiguantur ab ea operalione cunque ipsisimpositasvelint non siiit addictœ :

diiecta et intima iulellectus quae pars superior nequesuo orationis generi, neque suis experi-
dicitur : eodem art. 14. » mentis, neque lectiojiibus, neque personis, qua-
6. Quo loco omiltiiiius erroreni auctoris, par- rum olim auctoritate et consiliis tidenler uteban-
teni superioiem in direclis, inlerioreni vero in Liceat perpendere voccs omnes, ambiguas
tiir. »

reflexis aciibus, répugnante eliam philosopliia, sane, sed in Molinosi sensnin prônas. Qiiid illi
reponenlis : illud adverti volunius, esse in refle- ejusque asseclis sit illa docililasethmniliatio, »
•<-

xis aciibus,desperalionem ipsani, stante in di- nemo nescit cur autoin non sidTicit, ut sint
:

rectis suinnia ac perfecta spe ex quu elicilur : onnii consolalione, nisi sint etiam « omni liber-
veri consensus in onme vitiuni, una cuin virtute tate « nudatae? Sane illa privatio « liberialisom
eidein opposita conciliatio : tolusque iste locus, nis Molinoso grataaplaque exnlicandisfla'itiis,
»

et sil)i contradicit, et ad coloranduni palliandura- in qua; eodem auctore quasdam aninife vi qua-
que quielisinuni ciare pertinet. His conseutanea dam ac necessario inipetu rapiuntur. Jam abs-
est doctrina circa tentaliones quasdam novi traclio ab omni re, atqne etiam ab abstraclionis
genei'is. via.ab omnibus pristinislectionibus, ab omnibus
CAPUT II.
pioruin directorum consiliis, quid portendit?
quid portendit animus indistincte ad omnes
/A'» propositio. — 1. Dantur tentationes « novi
praxes a novo diiectare imponendas compara-
generis » sive « extraordinariœ, naturœ diffe-
tns? Ha^c omnia quam illam animam faciunt
« renlis a vulgaribus*. » Harumautem tenlatio-
novis imperiis traclabilem ac parabilem, prœ-
nuni ea vis, eanalura est, ut iis consentire una sertim accedente doctrina « ut se illae animœ
sit saliis^. Sic in tentatione desperationis una judicari .sinant a superioribus < , » quo no-
sains iiabetur, si auctore dircclore, « in justaiu
niinc etiam coni'essarii comprehenduntur, « iis-
tuam a Deoimniinenlem condemnationem sim-
que in omnibus cseco modo obediant » (sive
pliciier acqiùescas, ncc aiia via est sedandœ ten-
ca'cam obedientiam pra?slent leur obéit aveu- •

talionis, cum hujus effectus gratia instituta sit. » glément en tout) qua3 postrema ac proxima dis-
:

Huic conjinigenda est :


positio est ad novorum directorum abusus stabi-
A''' propositio. —
2. Ubi D. Cameracensis di-
liendos. Miruma tantoarchiepiscopo totconges-
rectori quid sitagendum prœcipiens, subdit» :
tas voces, quasad cimslituendasdirectiones no-
« Ante onuiia et pni'cipue débet sniqjonere ten-
vas,novas tentationes, nova remédia, hoc est
tationes esse quasdam generis cominunis, qua- nova flagilia, pessimusquisque Molinosi seclator
rum remediuni est mortificalio inlerior et extc- arrij iat.
rior cnm omnibus aciibus liuioris, et oiunilius
Xfl * propositio. 4. Sane lande diïua est —
praxil)us amoris uierccnarii. Opoi-let eliam obfir- admonilio ad directores, ne in inleriori pai'te
mare animum, ne qnidqnam admillns ult(Miiis, permiltant « unquam » inordiuatos actus, qui
nisi certocoMstiteritea remédia l'morlilicationem
cursu naturali reruni « voluiiiarii et supei-iori
scilicelinteiioremetexlcrioremiossconniinoii u- parti subjecii esse soleant: » art. 14. iNec tamen
tilia:»quo locosiqjpdiiilinuliiiacsso remédia quaa omissas ^ voluit [lossessioues, obsessiones, alia-
« sunt D per sese maxima, memoratque lenla-
que extraordinaria ad vias iiUeriores pertinen-
tionem qua; « non oralione et jcjunio, » qnod in tia; qua; quidem a via lidei ne jMiri amoi'is non
sununis lonl.ilioniltiisDominuspra'cepcrat'', scd absoliite arceantur, scd ita dunlaxat, ut tantuni
ipsa ctpns(Mi>ione vincitur ex qinlius quam hor- :
inlrequentiora sini, quam in ca'teriis viis '. »
renda consequantur, aninnis inlneri refugit. Hiec igitur probra D. Cameracensis et \idit, nec
XI'' propositio. — '6. Jam (piales e.sse del)oant
ab ea quam tuetur via lanlum amoliri visiis est
anima' illa' paucissima;, qua* « exiremis illis
quantum rcspessimas oporlebat: (pia> quidem
« pr()balioiiii)us, >- iiuvifpic gi'tieris tentaliunibiis
coimuernorasse gravissimum est: sed tamen
dcslinenlui', proditanctor liis vt-rbis» « (Ipor- non siiubuL
:
dissunuluri causas susceplx ratio
tet cas iis(|ue adeo esse dociles, ni nnrwpiam vn-
lunlaria'lia'silentin capcssciidis (pubusipic reluis CAPUT m.
duris et hundlianlibus : item oportct, nulli con-
i. His proposilionibus ad Molinosnm (uen-
" M4X. d*s »«ints. p 77, 143, 145 — ' II,., p. M— ' 76., p. 114.
— <,l/';«^., xvii,20; Jforc, IX, 2a. — ' Max. de» Biints, »rl. H, p. 76. • Mux. des boiiils, i>.
liU'.i, l"l. — » Jb., art. 14, p. l'.' ', 1 !t.
88 OL'IETISMUS RFDIVIVrs.

(Itim congcncrcs siml Ii.t (|iias


|)oiliii<'iilil)i!s " proplia' jiislilia; rcpnananlis: » en ille tciiia-

Gii\t)iiia iiroliilil wl Ciiitlirum


in Iiiterprelulinue tiones quibiis obsislere criinini delur: en per-
caulico.um '. l bi " iiigrcdo spoiisir, hoc est ii >• tecla abiicgatio al(|ue extiemum sacrihcium,
« dclecUis cxU-ridies, sivc reales, sivc apparen- ex eo (piiid anima ad seipsam et ad amures créa-
tes, qiiibus in slaluin natiiralcni rcciilcrc videa- tuiariiin levolvaUir. ut n. -i dichim.
lur (in perfoclis aniniabnsj , non ex ilcieclu S. Ha^c est igilur illa i)erlecla purgalio; liœc
ainoris aut forliluilinis provenit, sed relerlur « perleetissima siii dereliclio {abandoti) ', hoc
ad fcrvorein divini solis, ardciilibiis ac iirenli- sacrinciiim purissimiim, (pio impedimenliini
l)iisaspeclibu.s cain divoliiianlis: «(piolil, «lit omiie cœlcslis conniibii loliitiir, ac porditio
niiiredo illa sit pr()gie>siis non (lel'ecliis. » Siib- tolaiis indiicitur: » manel inlcrim in anima
dit, |irogii'ssiiiii « ilbiiii a juvi-iifiilis aiiiinabiis « pla','aab amante inllida, nilpa' po'iia et iin-
considoiaiKhiiii noiiosi": ipiaiiiin qiiip.iC ni- mimdilics (piam contraxi-^se se piilat » pnlat
gredo ab ipsis profurala. dcli'cliis ossel, cuin ut eniin laiiliim. non rêvera contraxit^ ex reditu
illa l)oiia .sit, non ab alio qiiain a sole jiisliliœ ad se, cl ex crcaliirarnm amoiibiis.
provcnire debcat. « En nigirdo, sive delccliis: 0. Mine eliain « illa viilncra a militibiis, hoc

alii reales, alii apiiaronles, alii a sole jnslilia* est a di\iiia> jiislilia^ minisiris illala: siiblalo
profecli, et proj^iessiis loco liabili. abpic adeo ad eliam pallin tam charo propriie jusliiiie. prirci-

perfectas animas pertinentes: alii ab iniperlcc- puo licel illiiis ornamento '•
: » en siiblata illa
tisaniniabus orti, qui vilio sint: qiiale iii}sle- « propria jusiitia. » illa, illa, inqiiam, qiin;

riuin neino enucleaverit, nisi ex jjiavis iMiili- priiis siimmo oiiiameiilo essel.
nosidoginatibus alqiie praxibus. 7. Nec niiruin ha'c probrosa cl infanda obs-
2. Alio loeo iiidiicuiilur viilpeciilœ, hoc est curis invoivi diclis: qiiam seculus melbodiim
mniti defeclus, « exigiii » quidem appellati, sed D. Camcraccncis hacc excusât et laleiiler insi-
tanien « vineain devaslanles » qiios « doiiii. ">
:
nuât, indiiclis supra commcmoravi-
illis, qiias
« nns vinca* imiiiillat, ut ad vincani deseren- nuis, tenlalionibus, consciisiunibiis laiiliim ap-
« dam » anima {ompellatur. Kn delecliis iiqiie paicnlibiis etsi invincibilibiis, piivalionibus
« animam <levaslanles, exigiii » dicmitiir. et omiiis libcilalis, sacridciis absolulis, et reliquis
puigalionis loco ab ipso Uomiiio « immissi «
ejusmodi peipicxis, ambigiiis, ad prava verszen-
niemorantiir. Qiiœ ilerum atqne iteruin Moli- tibiis, imo apcrlc pravis, neipie unquam ex vero
nosum spirant. excusandis.
3. Poslea. ignominia « sive abjectio » indu-
cilur ea, qiue diiabiis rebus conslet : itrima,
SECTIO m.
qnod « anima scipsam ac defectus natiirales Tertius error : de virtntibus.
rursus indiiat: altéra, ut seipsam maciilcl crea-
CAPUT PRLMUM
tiirarum amoribiis {se salir dans les alfections
des créaluresy ». » Siibdil: « Niliil est aliiid \. Ad probra moriim pcriineni nealect.T vir-
ignominiam atqne abjcclionem liitcs. .Non aiilem esl hic animiis rclcxciidi .Mo-
quod nihil eoii-
linosi veiba, de omiltcnda a |)eircclis animabiis
ciliare possit: riiin contem|>tus ii (pii a creatii-
proveniient. abscpic eo hoiiim ex mea (jikuI
ijisiiis perleclionis ac virliilum cura: vide qiiaî
ris
rclalasimt 1 secl. cap. 1, n. \.
cnipa causa essem, mibi gloriie lulmi esseni: »
-2. liuNonia vero lus coiigriia |>rotuiit, his ver.
en itcrum ac tertio Molinosi rilii pmgalionis
loco inslitiita abjeclio, ciijiis ipsa anima \wr re- bis ^ : « .Niillas esse animas ail \iitiituin praxiin

ditiim ad sealqiiead natiiralcs deli'cliis. ac per


niai:is exeicilalas, qiiam eas qiia* de virtulum
ciealiiraiiim ainoies sua ciilpa causa sil; id au- praxi in |iaiiiculari non cogilenl. »

tein coiilirmet et explieet.


lit
CAPET n.
4. Addil animam
eo addiictam. iit nihil «

Deo jaiii deiiegare possil: lami'ii ciim Dciis cx- A'///* prnpnsilio. — 1. « Piirus amor nnllam
plical peciiliariacon.silia, eotpic jure usus qnod viilt virliitem, (pialeniis est virliis, id est qualc-

iii eam a((piisi\il, posliilat abnegationes iilli- niis est lorliliido. regiilarilas, peifectio *. »

nias alqiie cxtrema sacrilicia, tolis visceiibus XIV " praposilid. — "2. aTimc exercentur vir-

coinnioveri et cxcusarc se*: » sed ipsam excii- tutes omnes dislincla>. non cogilando eas esse

salionein esse « in ciilpa, » qnippe qiKT « pio- virliilcs: qiiovis momeiilo nihil aliud (|iiis cogi-
a hibcat piMilicationem anima', piirilati et in- tai, ipiam ut Dei Vvilimialein lacial > qiia.si non :

« nocenliie » sine adhiereM^enlis, et « exuendu! iii eo ip.S() vel maxime virlus collocetur, ut Uei

' Canl., ch. Il, v 6, p U8. — ' /t., 6, 16, f. 62. — » ll>., c. 5 ' /*., c.
:. Il,
Il T 6, p 118. — ' là., T 7, p. 1-21. — '
M>.oen court.
T. 3, p. 113. — • It., Y 4, p. 116. p. 36. — • Maxim» d« sainti. p. ZU.
SEr.T. IV. DE QUINQUE AMORIBUS 89
voliinlati ohlomporomus: aiil sit |ieifecliiis tre- «quod sein aclibus exercere virtutum, sit ho-
neralim cogitarc Dei voiiinlaieiii, qnaiii S|>ccia- minis imperlecli. » His congrna alfeclarc, et
tim liaiic cl liane tlivinœ volimtalis exscqueiuiœ vanas excusaliones postea oblendere iiibil est
ralidiieiii, in qua collocaiae sinil (listinclœ vir- aliiid qiiaui
hœrelicis lavere, eorumqiie crriiri-
tules. Umle: bus colorein ac pigmenta quaerere quod tan-
XV ^ prnpositio. — 3. « Anior œnnilatdr facit tuin prœsulcm non decebat.
:

siraul, ne qnis jam velit esse virtule prœditus,


coque inagis sit virhite prcedilns, qiind virhili CAPUT III.

jain non sliulct » quœ cuin aiiclor inlellif^eret


" : antem proposilionibus opponiinns hœc
His
pessiinc soiiaie, ncc ab auriliiisCliiistianis l'crri Pauli: « De ca^tero, fralres, qua'cuuque sunt
posse, in errata ila einendavil et emollivit: Vir- « vera, quœcunque pudica, qn.Tcimquc justa,
hite prœdi tus : leçi^e, virtute prnpter se. Fnislra: 'i qua^cunqiie sancta, qua^ninquc amai)ilia,
ambiguë enini dicluinisi enim propter se sic in- « quœcunque bonaj lanifc, si qua virtus, si qua
telligitur, ut in iilo (ine aniinus conquiescat, « laiis discijdiuœ, hœc cogitatc '
: » quod pio-
nullus est jiisloruiii etiani ini|)er(cctoinm, qui leclo longe dislalab eo, ne cogilemus virhili,
propter se viilutis sttidiosus esse velit: si atdcm qualenus virlus aul virluUim dislinciioni
est.
propter se id sonat, ut sibi quisqne velil viitu- sludeaniiis. Couciuit Petrus de singulis dislinc-
tein, nemo est ctiani perfectissimus qui non id tisque virliitibus mandans: « Minislrale in fide
velit:quare ista oinnia sunt pessima parailoxa « veslra virlulem, in
autein scientiam, virliile
ad intVcngendani virinlis dignilatein, ejusqne « inscicnliaaulem abstiucnliaui. in abslinenlia
adipiscendœ necessilatein et votuin insliluta, « aufem palienliain, in palienlia autem pielatem,
nec ad alinni fineni conducentia, qnam ad Mo- « in piclate "aidem amorem lialcrnilalis, in
linosnui ejusque scquacem Guyoniam excusan- « ainore autem Iraternilatis charilalem K » Qui-
dos, iino vero extollendos ac laudaiulos, ni ex bus qui negaverit ila prwcipi studium singula-
supra diclis palet. rum virtutum. ul cujusque pulchriUidini liœ-
XVI' propositio. — A. Pessimum est islud reamns, is prol'cclo Guyoniic atque Molinoso
a quod sancli myslici a peiiccUoiiis slain exclu- inagis quani Pelro et Pauîo consulit.
dant praxes virhitmn î«
: >. qno et sanclis iuipo-
SECTIO IV.
ponil, et virlulis nomen invidiosnm reddil, ut
est in Declaralione positum'*.
Quartus error : de quinque amoribus , deque
5. Ha^c
auleni eniollilauclor, duin praxes vir- falso amore puro.
tutuui relert « ad cerlaui quauidam ordinalio- CAPUT PRIMUM.
neni fonnnlarum, de qua in eo arliculo egil
« :
1. Jam
qunpstioiiem omneiii de quietismo re-
tanquam niliil aliud cgeril. Sed nequc id tan-
divivo cx|iedilam putaremus, neque adderemus
lum egil; veruiii alla quœ'iaui; alqiie illiid im- quid(piam, nisi ère es.sel ut retegcrentur piin-
priinis, ut « anima
Deuin nullo uicdiopci-fecta
citia, quibus auclor in errorem deduci nos
aniaie inlclligalur; quia nidUnn comniodi
voluit.
l'eliani illius œlcrni. de quo antea dixiinus) ino-
2. Q.iinque amoriim scliolis inaudila et ad
tivuiii adliibcat: » ncque lantœ perfcctionis est
.

arbitriom conlicla divisio. ,id erroics qideli'^li-


al) illaruui lorniuiaruni
ciassa scrvitulc absoivi
cos viam slcruil lalsis delinitioiiibus, ipias ut
animas, ut in eo Iranslorinalionis sivc suniuKc ,

jam uolas, sivc ex ipso libello rc|ielendas, sup-


pcrlW-iionis ratio, de qua in arliculo agilur, col-
ponimus.
locari mcrealur.
;i. lias ut liicalur D. Caincraccnsis, snaMvuisœ
6. Saiic cxprobrat anctor, l'also sibi iinpntari
pia'sidimn repouil in eo , (piod (]uin(pie illi
in noslia Ih'claïalionc*, quod dixeril a sanclis
aniores sinl slalus non actus 3. ,\(. jn,. i,, yali^.
mvslicis exdudi virlulis pruxim, cuui illc prnxes
exigua re vim inagnam collocat. lillro cnini
scripseril: pessiinc objectuui, cnni ideo in ea-
conlileboi hic agi de qiuucpic stalibus. sed per
dcin Declaralionc repreliendcriinus, (piod plu
suos aclus, ut lit, delinilis: (pio deliniliones in
rali i|uoi|ue numéro exclusuin volucrit,;jm.r/»î
actus niagis (piam in slalus cadunl. Sic in amore
et virtiitnm actus. lis aulcm iisi sunius vocibiis,
.ludaico.rermn lerrciiaium cupido prins aclum
ut clarc appareret cxcludi ab auclore Ipsum
(juam slaliuu alïicil. Sic aclus aiiKiris, (pii pura''
virlulisexerciliuni,i|)sos virtuluni actus, (|uod
concupiscculia' dicilnr, piius est sacrilegus at-
damnaluni erat in Bcguaidis '
diccntdjus, que iui|)ius, qnam ipse status. Sic denique amor

'Max. (toi sainl», p. 221. — ' Ib., art. 10. p. 2r..'J. — • Déclar. — ' PAU, IV, 8. — » n Pttr —
' Ubi supra. — * Clcm. Ad Nuslrum., De hœr. Instruct. pnst
I, 5, 6. Ki'P à In Duel , p. 6.
90 QUIETISMUS REDIVIVUS.

spei. qui est lortius, prins nrfii qnnni slalii con- "2. mofivnm prnpHi com-
Contra secundo :

slal. Hmc iicnMliiiil i'f;Ti'sri:i' ac iiivichi' raliones niodi, amure spei dominatm- <. iocin
quod in

qiiilms (litriiimis Caiiioleiisis iiessiiiiaui evusio- omiiino est ac motivmn nosirn' fclicilati> at- ' :

neiii lUM'cliidit '. qui molivnm noslra» lclicilali'< in sjie Ihcnlo-


gica n<m est aliqnid nalmalc. scd stipcrnalu-
CAPUT II.
lalc aiJiMpii spes tbc(dii^ica non esset spes
:

1. Ilis positis, consurgit de amoie spei au- ahquid naturale molivo naturaii
theiiiopica, sed

ctoris. nixnm, quod est pelairianum. Erpo comniodum


XV ff" prnpnsitio. — 2. Tfiliiis amor, » qui pruprium in spe thcoioj.'ica non est aliqnid na-
est amor spei , non est (ininiiio nn'rconarins turale.
(iutéreiisé); est enini niishis amore Itoi proptei- 3. Jam quod Cameracensis ila interprelalur ^,
se : setl ini)tiviMii CKiiiinodi proprii est ejiis iiio- motivi vocabuliim. ut non sit aliipiid extra alli-
tiMiiii |)riecipiiiiiii cl (loininatis '; » cui connexa ciens, scd iiilcrmnu impiilsivum, sivc a;j;ciidi

est :
et aiiiaiidi princi|>ium, av|ue erroncinn est ac
XVIII" propnnitio. — 3. « In amore spei nin- pcla^^iaiium. .MoliMUU eniin sive impulsivum
tivuin propriae feiicilatis pranalct molivo gioriœ intciiiis anioiis spei n(Ui polcst cssc aliiiuid na-

Dei ». » turale, qualc impulsivum illud esse fin^itur :

EiTor maximns, qiio ildcct in tiieolofrica


i. ne(pie nostra (clicilas, aut ipsa Dei gloria est

virititc, hoc est in aniore spei pi.Tvaicrc rem moyens |)iiucipium, sive impulsivum interius,
cicalam, nempc rclicilatcm noslram, hono di- sed exlermim. Totiim erjïo quo nilimtnr 1). Ca-
vino, nempe pioria; Uei,- qno coiilitu'liir aliqnid meracensis explicationes *, vanum est: manel-
incroaliim. nempc Dei niajoslas ac digniias. que scnsuscdutiarius, qui, lalente auctore, est
Qna ^eidcnlia everliliir spes llieologica, ut est erroneus et jjcss'imus.
in Dfclaialiono posilum *. 4. Om ino eiiim recordari nos oportet id

5. .Mler ei ror, amorem spei non esse peni- quod dicil auclor scilicet in libro De ductrina:

tns merceiiariiim fintérenfié); eo quoi! sil misliis saiiclorum, t absque novis suis explicalionibus,

initio amoiis Dei propler se : » lioc est inilio de pasiiua ad pa^inam, <lc liiica ad lineam, sca-
amoriscliai'ilatis:siveut iti Instnietionepastorali terc omiiia incpliis alquc insuuils ^, » ut eliaui
ponilur ^, aclus spei inclndit aniorcm Dei ut
•> abbi adnotulum est ^.

boni supremi, » quod est ciiarilalis; cum amor


CAPUT IV.
Dei, ut l)oni siipiemi, non possit non esse amor
prœfereuliiv : ;tli()(|ni non esset amoi- boni ut XIX^ prnpoxitin. — 1. « amor chari-
Datur
supremi. Ilincaulcm lit, ut spes tliciiloy;ica sine tatis adhuc mixtiis reliijuiis commodi proprii
quodam ^allcm inilio ciiarilalis cssc non possit : {intérêt propre), qui csl vitus amor jusiilicaus ,

quod est lalsissimum, cum omncs tlicolo^i uno eo quod motivum f:iatuiliim lilt'sinléressé) in eo
ore scnliant cliarilatcni «juidcm non sine lide
, domiuclur 7; » cui a'(puvalel ista :

et spc, scd lidciU ac spem sine charitale esse A'A'" propnnilio. — amor Dens quiprit
2. < Is

posse, contrariamquc sententiam reputcnt er- propler se, cunitiiie omnibus rcbus nnlla ex-
runeain. cepta ante|)(inil ; » riirsus : « nec fclicilatem
6. Sic dt'licit iii illa divisione qnin(|ncamo- suam qna»rit nisi proplci' Dei gloriain. »

rum amoi spei Ihoologica*, ipse ipiiiicm bonus, XXh.prdpcxiiid. 3. Ha-cvera charitas non- —
et a Spiiilu siuicto inlusus, eisi ab amure cliaiiy dum est pura, hoc est, nouduui est inqtcnnista
latis scparatus unde illa divisio inadie(|uala et
: [saus iiuruii mélange) *.
falsa. lici tab auctuic lundamenli loco posila. XXll^ propcsitio. 4. « Quarlus amor, sive —
charitas adhuc misia cuidam molivo connnodi
CAI'LT 111.
proprii. rclato et suboi<liiiato ad molivmn |>rin-
1. l>udil onniino nus D. Cameracensis, cum cipale. ad liiicm iiltimmn, qui est puia ^lnria
conimodum pr<ipriiim \nlt esse aniorcm iiiiuia- Dei, dcbcict nomiiiari amor ciiarilalis mislic :

nimi ac natmalcm >ui. Coiilra primo, in anioïc scd cum hune amorem assidue oppoiicre dc-
spei, (|UiU c>l \iilu> liicolofjica, et mcic supci- beaimis amuri piiro. sive ab oumi commodi
naturalis, pra-\alcrc non polesl mulivuni crca- ralionc. absdiiilo, liuic amori darc coj;or noincn
tum : atijui connnodum piopi ium aniori spei amoris merccuarii . sivc commodu .stiidcnlis

pra'\alcl. bi^o pruprium commoduiii non est {intéressé j: quia adhuc loislus est reliquiis cuin-
uiouvum creatimi.
' Max. do4 i»lnti, p. 4. — ' /4id.. p. 14. — •'
Instr. p»5t., n. 4 —
' Lettre i>o«t., I). N. 16 — M«x. de» snlnit, p. U, — '
/i — • r>ùl . iviin 3 4. 10 — » Prem U-iirc à M ilc Mr i ix, p 41 —
• Dccl. cpiac. — ' II"»», pas' . n. a. • Ktp i qu«lre Lettres — ' Mnv ,ii> samt«. p. 6. — • /*., p. 8,
SECT. IV. DE UUINOUE AMORIBUS.
91
modi proprii qnanqiiam est amor, qiio Dons
noI)is ipsis ank'jKniiliir
,
DefniUifl tert.ia. —Amor purus, in quem loto
'. » hbio Cameraeeiisis inlendit ', est is qui hune
5. Ex liis li(|iiet aiiioroin charitatis verre ac a'tergresMis
p! , quinto gradui ab auctoi e assi-
uslilicaiitis, (]uo Lieuni iiolds reinis(itie oniiii-
guatur deliuiturqiie amor
biis aiileponiiiiiis ('prop. 19 el 20j, non esse pu-
: « Dei propter Deum
solum insecousideratum, nulla mistione
rum (prop. 21), sod niislmu fpiop. 22); contra
mer-
ceuaria acque inclus neque spei. »
qiiod oninis Schola delinil aniorem charitatis
verasac jnstificantis esse gratiiitnm.
Postulatim. — 5. Pelimus coucedi nobis ver-
ba, sivelocutiones auctoris stricto,
et ut aiunt
6. Qiiod aiitem passim r(\spondet auclor, agi rigoroso, hoc est, proprio sensu esse
iutflli<>en-
de statu non de actii redit sidutio supra allata
;
da. Concessum ab auclore, cum spopon- ultro
(cap. 1, n. 3), de statu qiiidcm agi, sed defi-
deiil se sublalurum œquivocationem oiuuera,
nioiidn peracins: ila ut aclus magis definialur et reui dedueturum ad rigorcm tlieoingicuai, et
quarn status. Rêvera enini actui convenii, tit ad exaclas delinitiones '. llis
sit jiistifioans, ut in eo pra'valeat molivuni ^gra-
positis , statum
quœstionis lacile el clare ponimus.
tuitiini {désintéressé}, ut Deuni rébus omnibus
sil)ique anti^ponat, ul felicilaicm nouuisi propier CAPUT VI.
fineni ultimum ac puraui Dei gloriain quœrat: 1. His posilis
plane oportet ut concedatur
quœquidcm statui charitatis jusliticantis com- Holiis, quinto «mori, sive amori
,

petunt, sed ideo vel quiidi gradus,


maxime quod couipelant SecuudiHii auclorem, inesse debere
actiii unde aliqnid ex-
; il le status, tota Schola cousen- cellentius,quarn ul Deum sibi rebusque onnii-
licnfe,debuit appeilari amoris gratuiti ac puri,
bus anleponat, nec nisi proplei' Dei gloriam
ab aclu principali quein elicit nec sine errore fe-
:
licilatem quœrat. Id enim amori
quarli gradus
meiccnariiis ac mistus apj^ellari potest.
couqietit, quo hic longe pra'stat.
7. Si eniui ideo mistus ac mercenarius
dici- 2. Alqui amore illo, qui (piartus appellatur,
tur, quod sit spei conjuuctus, sequitur ut
quinti nihil excellentius luigi poiest, quam ut
gradus amor pariter mistus sit ac merceunrius; spei me-
tus(]ue nulla prorsus ratio habcalur.
qnippe spei œque conjuuctus, ut fldes cathohca
3. tac enim in illo quint;) gradu aliquam ha-
ilocet, ac mox declarabimus.
beri spei sive sahilisac felicilatis alterna'
ratio-
nem tune luliil potest esse nielius, quam ut
CAPUT V.
;

spes lelicilads non nisi ad Dei gloriam releratur.


1. Hic demonstrare aggredimur id quod Hoc autem jam compttil amori quarli gradus.
de
amore puro Cauieiaceusis oblendit niera œqui- Ergo anioii quinti gradus niliil supercsl aequi-
vocatione constare, etamorem purtuu quinlnm, rendurn, quam ut spei lelicitalis a>leriia' nidlus
qualem ille definivit, nulli nisi ipsi agriilum et reliuqualur locus, hujus nulla usqnam ratio lia-
probatum cum autem hac in
:
re vel maxime beattu'. Alqui hoc merum tigmeiilnm
est, quo
totius libri ratio coulineatur, utoumia Iradau- spei theologicte vis oumis exsliuguilur. Ergo is
tur enticlealius, geometrico more procedcuuis. est pessimus quinli amoris fructiis, ut spei \im
Sinl crgo islœ dcfinitiones ac pnslidala noslra exsliuguat; rcpuguan.e Seriplura, ac dicente
:

Definilio prima.— 1. Puruui sive gratidtnm Apostolo : « Nunc auleni manenl tria hœc,
fides,
amorem nos hic non eum (iicinuis quem iota spes, charilas ^. »
Scinda agnoscit amorem cliarii.dis jiro objecte 4. Hœc igilur auctoris summa doctrina' est,
spccilico sive i)rimario habentis Ueiim nec deesl
in se aliuti quitiqiiam nisi
ex ejus vcrbis ut
coiisiiieraium ; hoc enim sensu omnis actiis proposilu.nes ex his diicla- conlexanlui
quod ;
amoris sive charitatis purus est el gralniius ac : nunc uobis pra>slandiim est.
de eo nulla est liligalio.
Dcfinitio seruinla. —
3. Hic amor charilatis
CAPUT VU.
est ille quem aiictor quarto gradui assignat 2; XXllI^ projhisiiui. — I. « Neqne ponnaruni
esique is (pu Deum
nobis nostiisrpie couuuodis, nielus. iKNjue desiderium niercedis iu hoc amore
ac reluis omnibus aiileponit nec relicilaleuî ,
(cpùnti grailusj ullam liabeut parlem '; » stricte
suam (pia^rit nisi |)rop[(M Dei ;^loriaui :'
piop. 19 lo(|uendo (ex postulai! nosUi ralione; sujira
20. 21, 2"2. c;»p. supeiiori, 1,2,3, 4). Is
n'^ cap. o, ni 5i
erroneiun. iNullam enim parlem
amor rêvera piirns est et grilniliis, sed non esh lial)ere geueralini diclum, ila iulr||ij;i|iir, ul sa-
ilie amor purus, quem loto libro lulisdcsiileiiuni, sive spes Iheologica, nihil con-
Cameiacensis
intendit. férai ad amorem, neque ulium in iis sU aniandi,

• Max. des -ainis, M. _ s


/4., y. _ j
' Max. ili's «ainls. p. 10. 10. : //,. Aven., |i. Mi, Ii6, Ul, 38. —
i.. ,,. yj.^ p. ^.^
* 1 Cor., XIII, 13. — " Max. dos saiiUs, p. IS.
UUIRTISMUS REDIVIVUS.

inr<'nli\nim. niillrt illorobra sivo ratio illirions ne aut etiam vellet miserns farere nui eiim dilexis-
iiiovctis. !l<ic aiilcm cinineiiin est. claie advcr- sent : » (jiia' verha proprie el siriele. iiti ileluiit

sal r iliccnli Aiiostulo: « Finis iiiaTcpti rliari- '^ex posliilato noslio , siim|ila. si^nificant niilli^

a tas '
; » i|ii<i oiiinc pia'ce liiiii a(l(>(i(|iic spci Del lienedciis, nec ipsa Dei visinnc amoreiii in-
thoiilofrira' acdfsiderii saluliscoiiiprt'lu'inli ne- cendi posse : conlra <jiiod demonstratiim est. ex
gai neiiio. tradilione l'atriim et ex elaris Evantrelii locis,

2. Adile quoi] oa prnposilio proscriliitiir ex- ad liilein peiliiiere. in lilcllo cui titnliis. Srholti

prcsso decrelo lonrilii Tridentini, elare defi- iu lutii (q. 1-2, art. 8 et 9, n'* 218, 219, 220,221,
nientis 2, omnes jiislas animas « intiiilii nicr- 222).
a ccdisa^lerna\ » et " siiam ipsniiirn sncoidiani» 2. Neque cxciisari polest auetor ex (|iiil>usdam

(posi pcccatiim orisinaic inn.ilani oninilms ),


forte sinrililiiis sive alliiiibus pionmi viroium
« exritaie, seqne colioilari, ut in sladio ciir- diclis:eo qiiod ibidem demonslratum sit jocos
« ranl : » qn(ui eliani ad animas pei ^c(lis^imas eos esse interpretandos perpimn qiiemdani ex-
Iiortinere, M<)\sis ai' l)a\idis cxcuipla in eodem cessiim piamipie li} perbolcm; qiiam sliicle simii,

decreli) allala denionsirant. et ab aucture in reyulaui verli, ratio lidei non


3. Ex liis iijilnr clarot. de fidc esse, qnnd sinit.

mercodis ejusqne maxime Oens est. sive (pia> 3. Ex his autem confirmatur. secimdnm dicta
divina* posses'-iiinis intnitii, anima^ eliam pia- ac sanctoriiin, id qiiod sa'pe dixinuis: niuliva cha-
perlecla' sdlem ma^Msaccendantur ad amandum rilatis inler .se ordiiiari pos.se, ita ut edisiamus
Deuni aniore chaiilalis. alidd alio |)i'ius aut majusessc, nonaulemaliud
4. t)iiaie verum quidern est, cliarilatem non ubalio sepai'ai'i ohorlere.
sisleic in salulis dcsidcrio, sed illiid relcrro ad 4. Conliiiiialiir eliam error ancloris pro cerlo
gioiiam, ni est diclimi dcrmilione2. cai). 5,
L)i'i
piincipio sive decrelo slaliientis, in amore puro,
n^li. l t autem niiiscisim dicalnr doiilciiiim mill.un beneliciormn Dei sive pra'cedeiilium sive
sdiilis nirllam [larlom tiaixiv inamoie iJei. nc- fiiliiriim, uulliim divinœ bonitatis. ijuatenus be-
qne allem nioli\i cujdsdam exrilanlis, sivo in- nelica est, liaberi rationem : qiiod iiotari volu-

cenli\i, inrilamenli, rationis illicientis loco esse, nms, ut quod et per sese sit |iessimuin, el pe.s-
proprie ac stricte lucjtiendo, ut ex posliilato nos- sima suo loco observanda iiiducat; atque hœc
tru supra niemuiato,veil)aaiiclorissnmi délient; de (piinijue amoribus, acde amore qtiinto sive
crroncum est, et npnslolico dicto cuucilii(jne piiro. ail mentem auctoris ibidem constiluto.
Tridentini decreto contrarium. dicta sint nuiic ad ejusdeiu auctoris arliculos
:

XX IV" proposilio. — 5. Se(|uitur auetor : «Non pruceduiuus.


jam dili^'ilin- Dens al) illis animahns), ne(|uo
ne(|iic perleclionis, necpie ffiicil.ilis,
SECTIO V.
lucriti ,

quamamando inveniant, causa"* : » eodem modo Alio" propoxit innés ml eumdem fiiiem spertaiitesex
crroru^nm esl, et Apostolo concilioque'l'i idcnlino ariiculis libii I). Cinncraceusis.
contrarium. Con;;i'uiluutem Guyoniae (sup. sect.
1, cap. 1, n'^ ;i, A).
CAPUT PIUMUM.
6. Rur.sus de diiahns illis propnsitionihus A'.Vl'/^ prnpmtitio. — 1, « Qui puro aniore di-
quaTo : an de lialtilu sive .vt.ilii ixMlecle aman- liuit nulla cummodi proprii mislione, non exci-
tiiun preleralui'illud, « nullam li.ihere partem : »
laliir sui cummodi molivo ' : » id autem esl a
an de aciu auioi is puii sive (piinti j;radiis. Si de « commodo suo, » (|uo etiam .siliis a'terna con-
liabitu vel ^talu, ut pa.ssim auetor postulat, aperla tiueliir, arcere excilandi sive nioveiuli vim.
excludcns a lolo statu salulis deside-
est lueresis, tilde permit: « non viill bealiliiiliiiem. iiisi (juia
rimn, ipnp|)e i|uod ad hune slalmn niiiil coide- .scit el Deiiiii eam \elle, et \elle ut vi-liiiiiis, ad
rat. Sin autem de amore aciuali lo(|niliu' auetor, ejiis ^'ioi'iam : » i|uo elliciliir. ut nosira healiludo
valet censiua in hoc eapile ad proposilioncm |ier sese suaqiie iiisila bomlale, jam
.salii.sipie,

23, posila n" 3 et ad liane propositionem :24 re- nos millalcnus moveairirmal, autem ex seipien.
pclita. libiis': casum, qui propter piomis.sa
« Si per
CA1»LT VIII. mère im|)ossiltilis, vellet Heus ad
Kiatiiila esl

XXV* propositio. — \ . Siilidit auetor ''


: « Tan-
niliilmn redi;;ere animas jiislas in iclu moili>;
corporalis, vel cas privare visionc sui, aut cas
timidem amaretiir IJeiis, etiaiiisi |ier siipposilio-
lencre aUernaliler in lenlalionibus miseï iisipie
ncm iuipushibilcm iyiiuralui us essel se aiiiaii,
luijus vilsL', ulsiipponit Auguslinus, aul eis pro-
I Tim-, I, 6. — > Su>. 6, cap. U. — ' Max. dv> !>aiiiU, p. 10.
— « /».. p U. * Max. dca aairiU, p. M. — ' là., p. 17, 2S,
SECT. V. ALT E PnOPÔSITlONES.
93

cul a seiinpnnere sempUernasinfcrni |;(Pii;is, ut o.Cbrvsoslomus voro docet qnidem si


«
,

saiicliis (ilinsostoiiuis post saiiciiim Cleineiitein fieri po.sset. Pauluin a Cliriste


libenteranalhema
Alexaadriiumi siipponit, aniinœ hujus status, luturum pro sainte Judœorum sed « hoc secu- :

piiri amoris, non aniarent Deiun neque servi- rus dicebat » prœ desiderio 2 tante sci- Chiisti ;

rent Oeo minus fiileliter. » licel ejus cupidior, quaiite, ut gloriam suam in
XXVII'- propositio. — 2. < Quœ non possunt Christo, ita amorem augeri per hoc quoqueana-
separari ex parte objecli » (nempe beatitudo a tlieina sentiebat.
Deo aniato cum fniiili perseverantia), « respectu 4. Prefert Cameracensis ex persecutiene
Van
motivorum, realissime sepaiari possunt •.» dalicasanctum Viclorianummartu-em claravece
XXVIII^propositio. —3. Subdit 2 ; « Nonpo- profitentem, etiam suljliacta spe œternœ vitœ
test Deus non esse bealitudo fidelis aniniœ; sed fidelem se Creatori luturum 3. Quorsum
ista?
illa euin potest ainare aniore taui gratuito (dé- non enim sanctus martyr propterea ab au ère
sintéressé) ut nec intuitus Dei beatifici quidquain motivum spei séparât, aut inutile prœdicat ad
augeat amorem Dei in se consideiati nulla cogi- accendendum amorem, cuin subdat « Sccurus :

talione sui ; ac lantunideni ainaret si nunquam sum de Deo Christo et Domine meo, » qua voce
futurus esset béatitude sua. » Très postreuiœ déclarât se premissorum fide admartyrium,
hoc
propositiones, quia coincitknit cum 23, 24, 2o s, est, ad eam charilatem, qua, ipso
Domine leste,
eadem censura dignae sunt. Horum error est in nulla petest esse major, excitari.
Tw magis : neuipe quod auctor asserat, animas 5. En ubique apud saiictos illa securitas
perleclas non magis amarc, sive non magis in- quam sœpe inculcavimus. En Afer Viclorianus
cendi ad amandLun, Deoquc ex amore servien- ejusdemsecurilatis a sancto Augustino Alricœ
dum, exquovisDei eliam visi ac beatifici intuitu: speciali doctoreexplicalœ meinor de qua secu-:

quod in nullo saiictorum, quos auctor allegat, rilate vide id quod alibi monuimus*.
iuvenitur. Ergo concedimus quidquid Deus sive 6. Ejusdem securitatis testis Cassianus, de
per possil)ilesive per impossil)ile nobis imponat, Pauli anatliemate : « securus optai interire pro
cum amanduni, ei aniore servieudum esse ut ; Christo 5 : „ en illa securitas, quœ promi.ssis
autem nullo Dei etiani visi bénéficie magis ma- nixa et excitala, se ad exhibendam Christo
per-
gisque anima ctiam perlectissima sese ad inflam- lectissimam charilatem adherlatur.
niandum, sive ad firniandum amorem colmrte- 7. Ut addainus et scliolastices eo.sqiie anti-
tur; et nullus saiictorum tlixit, et est erroneum, quissimos, Scoluni au(li\iiiius 6 posl « circum-
ex anteccdenlibus, et ex concilio Tridentino scriplam ab objecte primarie charitatis,
com-
reprobatum expresse deciete, quod supra retu- niodilatomadaiiiantem,). ne lainen cœtera motiva
limus *. sive incimenta ad excitandam charitalom minus
valere viderentur,induxisse «secundarias objec-
CAPUT II.
tivas raliones ainanlis, rcdamaiilis ac bealilici
Locus Augustini pro exemple sit: postea-
1. Dei, in (pianlum est bonum comiiumicalivuin
quain enim staluit spe pacis œternœ adversus ex speciaiis amabihlalis
sui uobis. intuitu alli-
\itia ceriaiidu.il subilit & « Sed si, quod absit
; : l cientcs ad amanduni. >-

illius taiili boni ^[lacis œternœ) spcs nulla esset, 8.Videaiitur haiic in rem lecia D.Carnotensi?^
maie debuimus in linjus coullictationis molestia allati Diiiaiidi admittoiilisrespectum etiam ad
remanere, (juamvitiis in nosdominalionemnon boiia tempuralia tanquam « adminiciilali\um »
eis resisteudo periuitterc. Vides Auguslinum » ad charitatem «, « in quanlum omne bonum
doccre vilio quideiii repugnari oportere, eliamsi addito alio bono redditur eligibilius » ileruni: ;

pugna sanctœ ciiurilatis cum vilio.sa cupidilate « In amicia ci\ilis potest haberi lespcctiis ad
dil
foret perpétua non aulcm negare cliaritatein lecliouesel ulililales quw
;
ex amicilia conse-
Iiinc mugis incilari ad pugnam, si spes seinpi- (jutiiitiir. diiinmodonon habeatur ad cas lespec-
tern.'e pacis aClulgeal. tuspriiicipaliler : «Cabrielis »:oMiillœ sunt ra-
2. Clemens auleni Alcxandrinus docet <"•,
si liones diligendi prima et perkrtissima, boni-
:

sains et cliaritas
po.ssent, anteponiseparari las Dei denique: « Secundum (piod pluies vel
: »
Oportere charitaieui non vcre docet eain niaio-
:
potières raliones ceumiunicabilitalis concur-
rcm aut (iiiniorem non lutuiain, si saliitis runlin une diligibili, .secuiKhmi hoc magis di-
œlirnie, liocesilJei liabcndi cl possidendi intuitu
ligenduin afleclive. » Majoris »o : « Licel Deus
accendatur, qiied esset erroneum.
I
llnm. 16 et 16 in liom. — Schat. '
in tut., q 12. .irt. 12. n. 195.
' Max. ,lcs saints, p 28. -»/*., p. 18. - '
•' Vicl. Il', lib. V, cap. — Schnl. m
4. « lui.. .|. 12, art. 2, n. 196.
et n. — — De
Su,, scct. 4. cap.
— 8 196. — • Coll.. IX. c. 8. — in ' Sc/iot. tut-, q. 4, art. 2, 81 ce s-i
Strom:
' /„., a, n. 2. » civ. Oti, 1. xxi, cap. 26. •
Ub. n — ' â-otlrc pa-,t., p. 20. — «In m,
21. disl. 29, q. 3, intn.
i..

— 'ty..
q. un. con. 6. — «> Ibid., dUl. 27, q. 2.
04 QriICTISMUS IlEniVIVUS.

scciindnm linnitatcm inlrinscrnm f^it latio o|i- niillo slalu nisi ex errore inonifpsto eoqne ^ra-
jerlivii Chili itatis. Iiiim ii i ssi- cii'iiliviiiii,«-t nos vissiniii, loili possiiitl : ali|iii ea moliva, qiiaiin
cre.isst!, t'i n:ilLMiiis!<e,el ^luiillcart:, siiiiltMiiME liicaddiiela siinl in peileeliunis statu, ab auc-
alli ctivii' tiiiiiiis|iiiiiri|i.il< sail liui. >|Utul Deuin tore tolliiiilui (ex piop. iS), : ergo ille perlec-
diligaiiiiiti, « etc. QiiiP Scolo coiiciriunl. tionis slaUis, qiialis ab auclure lin(,'itur, erro-
9. 1\>H' Carnotiiisis, iinus ointiiiiin profcs- neiis est.
siis ', vel niaxiiiie si; fuisse et esse ctttmiiuiiioiis 6. Ha'c aiitcm lam reverenda, lam iibique
in Scimia Pi-iilniiKT «li-fin^orcm circa inuliva ineiilcata motiva ad allectiis naluiales Iraliere,
8|ii'tili(;alivacli.iiil:ilisL'l spi-i : liiiifii cniii c.c- niliil csl aliiid qiiam loti orbi illudere, ac l'alri-
tcris lliuolotiiH iiclilit, ainotivu |iarliciilaria vir- liiis, ccTle>iaslicis precibtis, ipsique Scriplui*»
tiilum esse excilaliva piiri aiiioris ''. •> Ciii ici viin apeilam inlerrc.
cum|irc)l)an(l;p itiitlcrl saiicli Thuiiia; locosa no- 7. Uom aiiclor id cxciisalionis loco afferens,
bis l'Iiaiii alilii iiicMiniatos^. contri seipstim pii^nat. Arlieulo eiiim tertio

10. Unie adiiiiixiiiiiis el snncUui) Bonavciilu- l'also, inter lal.sa jioiiit istiid : a l'crlectis aiiima-

lain *, cl e recciilioriliiis Snarcin ^, ex in\slicis busdetialiere oportet desideriiim cielestis pa-


qu(ii|iie Husiirukiiiiii et ilar|iliiiiiii " : tit Seiiola tiue, ac recidere motiva inlere.ssata spel : »

uinnis. luniies iiiNsliei iii eaiii seiileiiliaiii iino Kr^t) (iro vcio esl, conservanda « niutivaspei. »

ore eiMiseiisei'int, ae si (|iii a eiiiiiiiiiini (mini- qiiibiis. inqiiit ', « eversis, conteuipliii sont
bus seiilciilia, vciiii) Mia;:is i|iiaiM le ndiiiiiiiil iiiiiiiaiiienla jtisiiliie (Jnistiana'. » Ki');o nuitiva
déclinasse \iileanliir, ad eaiii ljeiiij;na intei (ue- illa iiiteies.s.ila » spei justitiic Cliristiana,' Imida-
taliune icvoeenlur. menlasmit ; atqiie adeo iKiii natmalia sed su-
H. Esl enini evan^reliciim, el ex ipso cliari- perii.-itnralia :
quii uno dicto alleclus natuialis
talis pra'cepl" diicluni iliiiil : DHijiex Domiuum expliculio [liane lullitur.
'
Deuin tmiiu ; el isliid : Une far el vives : et
CAl'UT IV.
hoc, a ul benesil lilii * : » iiiiiil(|ue esl alisiir-

diiis,(|iiain a ciiarilatis iiiuli\is areeie, quœ ipso XXXIlt'^ propiifiitio. — 1. « Sanctus Fran-
mandato ctiuriialis conliiienUir. cisciis Aalesius, qui excluilit lam Inrmaiiler
onine molivum inleressalum ab omnibus vir-
CAi'LT 111.
tuliliiis animarum, vesti^iis inba3-
perlectai'um
\XIX' Propositio. — i.« Helinqiiend.T snnt rel -sanelonim AufTiisliiiicl Tboma; 2. »

artinia- in exereilio aiiioris adhiic tnisli eom- AA'A7V- prupusilii). -2. « Non hic eipo —
modo pioprio, quandiu atlraclus f,Malia,' ibi re- qurt'ieiidaspes esl, per molivum intercssaliim
linipiil eas». » exeieita 3. « yua voce molivi .scilieel « inleres-
XXX « propoMtio. — 2. Se(piilur : « Ila^c
« sali » intelli.^itm molivum Dei, ul Csl nobis

moliva reverenda siinl. » bonus ; mule subdit : « Ob|irliiiii formate spei


XXXI' pioposilio. — 3. Perpil : « ItilTiisa csl lionilas Uei ul est n<il)isbona * » ; (|uoil ob-

snnlea tnoliva nniiiifnis Sciipliine libris, prelio- jeeliim ikui pulcsl non esse mdtivum. Ert;ii er-
si.ssinis ipiiliiisipie IrailitiDiiis inunuiuenlis, et roraiietiiris csl, (|uod illud objeeliim « divinae

oniiiiliiis Kcciesia' pi ecibiis. » bi'iiilalis, ut est nobis bon.i, » jain inovcre ces-

XXXII'propdsilio. — t. Postea : « rieiidiini sel : eesset esse molivum, ul eliam sequenlia


est bis iiiiili\is ad eniiipriiiieiidas eiipidilales les
deelarabiint.
PassiiiiiSj, ad (iniiaiidas >irliile.s (iiiiiies, ad aiis- 'A. Meipie hic rceiirrcndum est ad nffeelum
traliendas aiiitnas ab uinnibiis vila- piicsciilis naluralem. qui pro inotivo < inleressalo > lia-

fllcieliris » sive ubjeclis. |)ealur, cum ab eodem auctore (eapilis anleee-


8. Ex liisdeniiiiislralio : moliva « reverenda» deiilisn. 7) moliva iiiteiessala spei .sinl siirper-

Conniiodi iiroprii iniili\a eniiiinodi nnliiralia, (piippequu* luudamenta sinl jusliliœ


: iinipiii
Cliristi.iiia'.
lola S(ii|iliira. liadilione, preeiliiiseeelesiali-cis
fusa : in(ili\a adliilieiida ad eoinpriiiieiidas ani- A-VATa priiposilio. — i. « Unasuperest dif-

nii perliiibalioiies, ad
llcultas, (|iiomod() anima ad plénum ab inté-
virliiles e.xerceiulas, ad
resse absolula ''/r.i/nfc/Ysx^fj possit velle Deuni,
eonculeandùiii pia-sen.s sacnliiiii, niliil siiiil

aliiid (]iiaui ipsa iimliva


ut est Miiim biMinm -'. » Unie dilliciiltas il.i ex-
spei Dbi isliana- ex di-
vini.^ prouii^tiionilMis ubiipie
pedilur ; V'iill Deum, qiialeniis
Deiis ut velini
inciilcala, quie a
e.-liiieiim bonum. me.i lelieila>. mea meieeseiim
' Lollrc pinl , p. 17, 1». — ' L>lir» pu»! . p. 17, 19. — '
.SrW Yolo loruialiler sub bac pi'u;eisiune, sed non
ta lyl . i|. J, «ri. I m nrc)., q. 6 ari A — /A., q 3, art. 6 et Mq.
— » /* q T. .rt. b. — II'., .| 4 nn 7 — '
i.iic, «, «, »). — M«.\ Uc- ••inu. p. 37. — ' /*., p. 40. — Ib-, p. 41. —
• Dtul., XII, '^b. — > Mâx. (l«t tainls, p. 88.
'

V. 42. — ' /»., p. 44.


- < Je.
SECT. V. ALI^E PROPOSITIONES. 9S

eiim volo eo motivo praeciso qiiod sil iiieuui ijo- nisi piopler Demn solum, et qnomndo Deus ut
num. » Subdit : « UbjecUim el motivum dille- id velit elficit per suum attiaclum. »

riint, objfcdiiii est ineiim coniiiiodiiin ; sed propo.Mliones duobus modis cnnside-
5. Hae
nmlivuiii non est inleres.salian, quandoqiiideii) randie simt priinum in seipsis secundo per
: :

niliil aliud spécial quam Uei beiie|)iaciluin. >. res()ectiim ad B Salesimn ex quod reCeiunUir.
Id auieni aperte esl lollere niolivuni spei, qiiod 6. In se consideratœ ei roneœ sunt, cuiii ex bis

est ipsuni coninioduai salulis aHciiui', nec aliud constat animas indilïerenles sive perl'ectas nibil
niolivuni ivliriquere peifeclis aiiiiuabus, quain jaiu deliberale velle sibi , sive ad suum commo-
ipsius cliaritalis ;quod est verbo tenus relinere dum. hrgo excliidunl omneiii voluntatem deli-
speiii el objecluni ejus : re auleni, \iin ejus om- berataiii qua volunl aliquid .sibi, sivi ad coimno-

neiii tolleie. Unde :


dum illud. AUpii spes est volunlits deliberaia
A'AA r/2 pnipusitiu. — 5. « Id volo quod est qua anima vull aliquid sibi commodum, nenipe
l'evcia uieuni maxinuun coininoduiii {iiiténHj, saluteiii a'ieriiam. Ergo ex bis propositionibus
el ut laie esl a me agnitum, absque eo quod spes tollilur.
niolivuni ip^uni coiuinodi sluiiiosnin {intt'ressé) 7. Conlirmatur ex illis verbis, « exceptis iis

adid me deleruiinel ' . » quo aperte negatur casibus in quibus anima non coopL'iatiir toti
ipsius « maxinii commodi , » id est ipsius suœ graliœ iicque eam lolaiii iniplct. » Ergo ani-
salulis œteniœ lalionein valere quidquam, ut mœ pi-rlfcla^ gratia cxcliidil omne commodi de-
ad agi'iiduni aniiiiusiuipellalur ex quo ulte- :
sidciium : sains aiiteiu aUeina est nobis com-
rius iiiducilur illa separulio, qua ab olijt'cto moda, ulilis, pioficua et in noslrum emolumen-
spei, quod est cummoduni, vis movciidi sive tom vcrgens. Ergo gratia perlecti status salutis
excitaiiiii sepaielur quod ileruiu alipie ilorum ;
excludil desiderium.
niiiil est aliud, quainipsam spei l'atiouem, ver- 8. Jam quod ad B. Salesimn, qui hic
attinet
bis liccl deieiisam, rêvera exstinguere. teslis adducilur quo ba^c ex piolcsso
, locus in
tractai, nnus est, ductus scilicet ex libro ix De
CAPUT V. amore Dci, cap. 3 et seq. Atqui constat, ni sœpe
demuiislravimns eo loci agi laiilum de even-
' ,
1. HiTC autem ut radicilus amputentur, et ad
tibus tcmpoialibus ac nuilaliilibus hnjus vilœ; ,

imuni usque verilas elucescat, rcpeieuda di.scri-


de œlrrna saluie nibil quidquaiii quod si quid :

miiia re.>ignalionis et iiidiOerenliie a sancto


de ea subditur, non de salulis subslanlia, .sed de
Fiaucisco ftalesio muluala ^, quibus totus liber
dilalioiie agi, occasioiie l'auli ac Martini con.sen-
nililur. Sil ergo aucloris.
lienlium ad protralieiidam moiialem banc vilain
XXX\ IL pruposiliu. — 2. « Duo sunt status
pro bail uni saluie. Aliud aulem esl, coiisenlire
juslarum animai iiin '. » Prinuis sancUe resigua-
dilalioni ex spe procurandie Iralerna' salutis
tiuiiis, in quoaiuma vull aul vellet nuilta >ibi
;

aliud , ad rem ip.sam indifferenler se liabere.


ex motivo suo pro|irie coiiimodi {son propre
Ergo Salcsius iininpiam eam suasil iiulin'eren-
intéréti ila(juc a sancto l"'iaiici,NCo Salosio lia-
liam pro qua leslis addiiciliir.
bere adbuc dicilur desidciia propria interes-
Idauteni sa'pin^ objcciimis '', auctoremque
9.
sata, sed subniihsavoluutali Dei quam suis com-
iiilerpollavinins ut si quid contrarium Siilesius
,

niodis (à son intérêt) anle|»oiiil : aller slalus


ali(piaiid() mcmoiasset clara vocr teslaielur ^ , :
est sanclii; iiidiUereiitia!, in quo statu anima
ad (pia> ille (ibiniiluil, niliiltpie aliud quam eos-
niliil vull ex motivo sui proprii commodi (}i(ir
dem saiicli virilocos jam solutos attulit. Sil ergo
le motif (le son propre inlcrèlj : tuupie liabct sub-
certum , proposiliones supra dictas et por sese
niiUeiKia nesidciia iiilere>sala, quia iiullum lia-
esse erroneas, et milla Salesii auclorilate l'ullas.
bct ain|ibu.s di'siderium inleressatum sive com-
modi sui(ii'>suiii. >i

CAPUT VI.
AAAt///" pri'posilio. —'SScquiluv: « Re-
stam in anima proclivilalcs {des inclinations) XL" propositio. — i. « Anima nibil vull sibi
ac repungnantia' nnoliinlaria' qiias subinitlit ; sive [)i(>plei se.st'd viillomiiia propleiDenm '•
; »
sed milla liabetde.sidcria volunlaria el dilibciala quod esl contra spem volenlem .sibi saltilem,
proiitcr siiurii commoduiii, nisi in iis casibus eamcpie voleiilcMi propler se, non laïKpiam t'sset
ubi non cooperaliir lidclilcr toti sua- gralia?. » sola sibi linis ulliiiuis sed rclalo dc.sideiio ad

,

A'AA7A" propositio. i l'eigil : » Anima bei gliiriain.


indillcicns cmii suam impkl grutiain niliil vult, XLl^ propositio. — 2. a Anima iiiliii miII ut

1 Max. (Ici saints, p. 46. — ' Viilo Myil. in lui., n. 216, usiiun • Inst. «ur le» ciM. .lor.. viii. _ •
/6. — '
A>ori. sur les dW.
ad 120. — '
Mjx. des saints, p. 49. ooritt, n, 17, — Max. dM
1.

uinu, p. Sl>.
,,

96 QUIET JSMUS HEDIVIVUS.

pprforla ac Itrnla sit proplor siiiini cnimiio- poslea : « Ergo profpriin pnri ainoris in eo ron-

(liiiii : » )P(|iii- lalsiiiii fl l'oiilrariiiiii spei , qiiœ si^tit, (il ne nos jam dili>:ainnsnisi propter ipsnm
viill licaia osM> pri)|tler suiirii (jiiiilciii roiiiiin)- Deam. » El (piideni lam exacla , lam accurala,
iluiii; s<>il a(-i-i'ii(li'iilc cliarilalc iii ulli'riuiein et, nt ejns vcrl)is nlar, larn ritjorosu pidlicilmn,
(iiiciii nlaliiin. Nec speiii resliliiil aialor , ad- ita cliaritalem ordinare o|)oi-lel)ut, nt e (jnidein
(li'iiiio' .'iiiiiiiaiiiv('llo|icirr('ti()iK'iii(>iiiMeiiiat(pie et proxnnmn anima dili^crel propie Uenni
oiiiiiiMii hcaliliKliiiciii ipiatchiis Dcu placct iil nos ipiod omni anima> jnsta-, eliam extra perlectio-
Ikic \fllc' clliciat iiisliiictii fiialia'. > Nc^pic niiiii nis statmii, compctit : non sic latnen ut nonnisi
i(l vi'llcco (pidd Dfiiiil placcal, iiiipctiiiiiciilu est piiipler Dcnm, (jnod anctoi- pcrieclis roerva
(piiMiiiiiiis idem ii<>liis ipuiipic ac pmpkT nos animaixis, quasi tota amandi ralio csscl ipse
vcliind.N allci'ln siilxinlinato. iildicUiin o.st. Kliis- Dens aninicC vcro etiam sancta* nnlla pru|)ria
;

ceM'il aiilfin ciTor ox M'ijnenti |in)|)n>iiioiie : inessel amaliiiilas.


A/.//' iiriipnnitiii. — a. « lu hoc staUi anima 2. .\e(pic obslat cpiod anctor oam agnoscere
non jam >alidcm ni est sains |)ropiia m
viilt , videalnr diim in anima dili;:endam proponit
a'ii'ina lilicralio, nt mciiloiinn mciccs, ni com- imauinem Dei, et in qiiovis Dei opère propriam
inoduni maximimi. » lUnsns Vci-mn csl laii- : >• jionilalem eliam in se amandi cansun
, (pia<

tnm animani non vcllc sahilrm ul est noslra |)ra'!)(al. Non, intpiam, id olislat nam cnm id :

inei'ccs, nos(rnnil)onnm,no>ti'Nnicomnioilum. » Irihnat imperleclis animalins pei l'cctis snhli- ,

Quiv snnt énonça cl cxcinsixa spci cnni ipso , , mius quid relincpiat oportcl ut animtX> qnidein ,

lalcnlc anclorc, spcs velil Ueuni « in qnanlimi jnsta\ sed impei sein se, licel propter lecia',

est, iiupiil ', boninn inenni, mca l'elicilas inea , l)eum,dill;;anl perlcclic vcro id addani ni non
;

uierces. » Una* (piidem si inlei' se eiaris \erliis nisi propler l)enm,lan(piam nna Dei amal)iiilas,

pn'r^'nanl, niiiii niinnn cuni lal>a docliina non seeinsis molivis |iroximis. eliam snhordinalis
pos.>il sil)i esse con.^enlanea. lanmm amorcin allicial : alio pii inler impcrl'ec-
las perle('ta~i|ii<' aiumas niliil erit diseriminis.
CAl'lT Vil.
3. QiKid ei'no |)er!'ecta anima sibi velnt e.rtra-

XI.llI" prnpnsilio. — Secnnda propiietas


1. « nen sit , incredibile diclu est (piam maie et in

itnpei cela, scil imiocna, eslamor propiia' exeel- roinmode pronmitiatnm sit. .Ne(pie valet ralio,

|cntia<, ni est no>li'a, sed cinn snbordiiialione ad (|nod (prni> seipsnm mm alio ordine quain pro-
linein csscnlialem ipii est Dci gloria : non voiu- xininm dili^at. Sibi eiiim (pMS(|iic est proxiinus

nni. \irlntes nir.i pei lectissimas ; cas projjlcr Liei el iiilimns : ratio aid(Mii dili.i^endi sui extendilur

t,'loriam pia'cipne volinniis; sed cas lamcn vo- ad proximiim. (pii est aller nos, nustruniquein-
luinns ul carnni et nici ilnni et nieivedem lia- timmn memhinm. Une aceedil (puni el nos et ,

bcanMio 2. » Lbi ad im|)erleelioncm relertnr proximiim ni rem Dei iiobis inliiiii dili^simus
qnod velinnis viilnles perleeli>sinia> ,
piopler amure eliiito ai) ip>a eliaritale ijua* diligcudi :

Demn eliam, id(pie pi'a'('i|)nc : qnare niliil alind ratio Justis onmilins commimis est, ita ul et
peiieelis l'eM'ivalm', (piain nt cas nnllo niodu Demn el pro\imiim et nos nna eliaritale duobus
wliid ni exiedenliam si\e perteelionnem snain, lice! maiiilalis eomprelieiisji, dili^aiims.
cl nt nierili niercedi.Miuc cansam : unde clariiis 4. Ilis coneinnnl isia ,
qnod impcrfectis ani •

cl t'Xinessins : niabns cl adiiiie pruprietaiiis coiiced.itur ul pro-



2. « Suid ea» viilnles mi-
XI.IV'' prupu^itio. |)riam exeellenliam tanipiam snani ex sancta
nus perficta' qnas s.inela imlifferentia exer-
iis resi^;iiatioiie dili;ianl '
: | crreclis, sive in .sancta
cel proplcr sohnn Dei glonani sini! nlla iiro- indilTeieidia posilis, reservetnr, non modo ul
prii ciiinnnidi ralionc. ncc propter nienlnin, anioicm pro|iria' cxcelleiilia' releranl ad Deuin
nec propter peilrclionem, nec propti-r nieree- nt a<l linem principalem, veniin eli.iin « ad pro-
(leni. ctiain a'iernani ' : » (|no nioliva spei priaiii excelleiitiam > nilii! attendant. « nec

eliuin sobordmala xelnduiitur, i el ad iniper- jam nllo commodo , ullo meiito, nlla perlée-
feclas animas atilc^.intur. lione, nlla mercedc ac nequidcm a'ierna ino-
veantnr. »
CAITT VIII.
5. Ilinrilla" apiul auclorcin frequcnlissimae vo-
XI.V pmpofiilio. —
a{. Iliap anim.Tsihi ipsis
ccs ', ul bealiliido noslra niiiee propler Demn,
vcliil exlianea* snnt,nec se jam ddi^nnt, nisi
ncc iii>i pi'o|)ler Denm diliuMlnr, lanqiiam ex
eu nin niodoipu' (|noca>terascieaUirasdili^nnl eliam
sese sit in<iil1erens. l iide us(|iie ad illain
pnr;r cliarit.disordnic sicunim sese Adam iii- :

sancta indillerenlia proleiiiialur, scparenlmque


imcens dilexisset unice propter Demn *. » Ac
' Ma>. dti MluU, p. 44.— ' Ib., p. 134,— '
Ib., p. 13S. — ' Ib.,

Max. des MiiiU, art. IJ, p, 134. > /!•., p. 2i, ïti, -Jl.
f. 106, 107.
SECT. VI. DE ALIIS ERRORIBUS. 97

mol.iva, non antem ordinenlnr tantum, ut facien- usque collocent, ut nihil velint nisi illud quod
duni esse sa^po monuimiis. Deus ab ipsa sua œtcrnilate decrevcrit sive de ,

6. Ncqiie huic obligationi nostrœ salis auctor corpore, sive de aiuma, sive de temporalibus»
constilil, (hun excliisivam hanc, « unice propter sive de œlernis. » Unde auctor adductus est ut
« Dcuni, » et non nisi « propter Dciiiii aiit prop- indiffcrcnliain more Guyoniœexponeret, dicens
« ter Dei voliintateni, » ideo admillcndani do- quod « sancta indifferentia admiltat generalia
cet, quod Dei voluntas eliain illani inliœrentem desideria » non solum cognilarum
, verum ,

rébus convenientiam compleclaturetvrlit, adco- etiam « onmium ac latentium quoque volunta-


qiiect nobis volendam esse décernât. Cum enim tum Dei. »

iila rébus iiniata convenienlia ad onincm pateat CAPUT X.


cliariialis statiim, redibit illud supra (n" 2) me-
1. Neque quidquam addcremus , nisi D. Ca-
nioratnni, perfectos intcr et impcrlectos abauc-
mcracensis post lot explicationes, imo tergiver-
tore agnilos niliil reiiiiqui discriuiinis.
salioiies Instruclionis pastoralis , eo tamen
7. Neque obslant sanctorum loci , ubi inter-
Jum illa excUisiva, quam auctor indiicit, slatui
neccssario rediret, quo pro- totitis libri summa
pendet; nempc ut allalis Ambrosii et Chrjso-
videalur; omniiio enim, postquauiinlroducta est
stomi locis sahitis desideria tollerenlur , bac
hœc quœslio, et ni eo jaia res erat ut ornais œqui-
proposilione posila :

vocalio tollorctiir.decebat auctoreni accuratiura,


di^ tiucliora , clariora et ab omni ambiguo sub-
XLVIl^ Propositio. —
2. « Ut explicentur hœc
salutis desideria, imperfecta a Palribus haben-
mota sectari.
tur qui ea perleclis animabusnec imperant nec
CAPUT IX. suadent '. »
1. Radix antem erroris est :
3. Idvero hic uno verbo transigimus, alqiie

XLVI" Quod sancta indifferen-


propositio. — «
in libro noslrocui litiikis Schola in tiito traclata

tia admitlat generalia desidcria non modo cogni-


commoneinus quo etiam lectorem reinitli-
''
:

tarum, verum etiam omnium latentium volun- mus, nt piœcisam, ni fallor, hujus quœslionis
tatuin Dei 2 » nbi notandœ islœ voces, « gene-
:
de salutis dcsiderio ideam ac notionem infor-
ralia desideria; «etistae, « omnium, latentium mel 3.

licet , Dei voluntatum. » Et universim omnium CAPUT XI.


quamvis sit quibus volunlatibus
latenlissimœ :
1.Ex his liquet auctorem totum in eo esse ,

etiam reprobationis et aliorum et suœ décréta ut imniunem sive independenlem a spe, sive
conlinentur, et desiderium ad ea usque proten- quod idem est a spei niolivo, eique insilaanimos
dilur ut est in nostra Declaratione positum i.
:
excitandi vi. statuai cliariialis perleclioncm.
2. Ex hoc autem dogmate id conscqnilur, 2. IlinceUicitur ni aniiuiisuni Dei peilectioni
quod est sœpissime ab auclore dicium, ut saiicta ut in se est inlcutus, bcncliciorum ejus, eorinn
indifferenliaomne desiderium non niodosubor- eliain quibus ipsc seipsuin det nobis, sive aiile.
dinet , quod Jacit resignatio , sed etiam submo- cedcnliunijSivepnfsentium sive futiirornin,ad
veat et tollat; usque eo ut nec salutis œterna> amorem incilaiiduin nudam rationem liaheat.
volum relinquat iiitegrum. 3. Ex his consuiiiiilur ut anima) perfecla; ni-
3. Ex quo pariler conscquitur, ut si spes salu- hil cliaritali deleri aut de|)erire senliant, si
tis insit, non jam lamen niovoat ad ipsani quo- spemomneiii abjiciaut; qu;e deinde parimitte-
que salutein iiulifforenles animas. teriinium despeialioiiis sacrilicium in (|nod
4. Ex hoc deiiiiiiie sequitin-, nt infelix anima collimare toluiii librum et sicpe diximus, nec
ex « persiiasionc invincii)iii ac rellexa suai rcpro- salis pro nieiito inculcari posse dicimus.
« balionis, » in eam.imoet in jiislam coiidem-
« 4. lliecautt ni eliii sepessimasunl elaliapes-
« nationem suam » vero et
ahsohilo sacridcio»
« simaiuducuul,qutcnosjamcoinuiemorabimu9.
acquiesçai 2; siii aulem vero sacrilicio, ergo et
volunlario, quidcjuid lergiverseliu-aiiclor. iNcque
eniui erravil David dicens: « Volutdarie sacrifi-
SECTIO VI.

cabo aulesse potest saciKicium quod non


tibi : » De aliis erroribus,

sit vohuilariuui. U"<'i'. quantumvis absurda et


CAPUT PRIMUM.
ha-resim apcrle sonalia, aiiclor lamen neces.
1. Hic repetenda (iiiietislarum dogmata supra
sario tiu'ri co^ilin- ex proposilo iMcnda' (lu\o-
nu'iiiorala, <lt' dihgeiido Dco iiidcpeiulfiiterab
niic indiicoulis animas^ « ut se iiidillerenlia eo
(jus bi-nevolenliaac beneliceiilia, et coiisequen-
' Miix, clos saliiU, i>.
C2. — ' Décl. sup. — ' Max. df s saints, llip. ad Siiin., P. 5 Srlinl. in lui.. 2R0.— • Scliol. in lut.,
p. 87, cir. M, 2i.\), Ole. — '
Jb.,
;

11. '.51, Tu, ïis, 256.

\i. ToM. VI.


,
,

98 QUiETisMUs ki:liivivus.

ter ait oiiini iiiotivo snliilis .Tlcrnnc ac spci Cliris- quiete ctoblivione ciijiiscunqiiecogitalionis (lar

tiariie i.
Supra, sccl. 4 cl 5.) Ex qiio conscquitiir ticiilaris, et distincll'itiis altiiliuluruni Dei ac
cuiiUiii|ilali(tiuiii, (|iia; niaxiine ainoie coiislal, Trinilatis; » ex qiia, illa iuduciUir jain a iioliis
ab his ()noqiic uiiiiiibus inilcpiiidenler slare. induala' proposilio 3Î>, de non clicicndis aiiio-
-2. Unie jloliiiusiis coiilcmplalionein reponit ris adibiis « er;ra sanclani Vir^'ineui, sanclos. et
in fidi' aiiialinia (amoureune, cl nlisciira humanilatein Cliristi, qhia cnin isla sensibilia
nli.M|iie iilla di.sliiiclione jjci lecliomim et allri- sinl oljji'cla, lalis esl an;or erga illa. «
Liilonim î. » lla'c illa est u lides ol cognlii) gc- 9. llœc cigo inlanda de Clnisto divinisque
noraliset confusa, » in qua novi niyslici con- pensonis imo eliain de singulis allributis a
,

l(iii|)lali(incnislalunnl; usqucaiipoiil elCIjrisUis summa conlemplalione snbniiili>, D. Camera-


in ea, iiccluiii sil iiLTessarius, polius excliidalur , censis in Guyonia; graliain coloianda susccpit
ex hoc seilicet Muliiiosi |irinci|)io, « qiiod non his propusitionihus :

sinl rcquirenda nicilia, 'ClirislussdlicelejiKsqus


myslcria) ciini dcMMiluni est ad (incir ' » ,
CAl'LT H.
iiLiiipe ad Di'iini .si\e ad di\iiiilal('ni ipsair
XLVÎÎh Confcmpinlio
propoMVw. — 1. «
3. iMalavallus vero ejiisdciii rei ^ralia SiUiin eo qnod volun-
pura el dirccla, negaliva esl, in
ncliiiii tNinliiMiiM el iinivcrsaloni iiidiicit « sine iarie non se ocrnpct ulla sensihili imagine, vcl
ulla cuj^ilaliune disliiicla i. » Uiido eliain Deiis iilla idea dislincla el nominaliili , ni loqnilur
punis a ila sil coiileinpialiuiiis ul)jecliiiii , ut Dionx-iins: iiocc^t. nnlla idea liinitala et parli-
niiiil addiiidiiiii sil siiiiplici visiuiii Dci : » ac cnlari ciiva divinilaleiii 2. a

iie(|uidoiii ipso Ciirisliis aiil pcrsonœ divina;


A'A/A'.i proposilio. — 2. Pergit : « Contein-
« cuiii Deiis iiniis in seipso consiiicraudus sil
plalio .snperpredilnr omne sensibile et dislinc-
sine alliil)iitis, sine ulla iiolione aul aclione luni, id esl, oiiiucconi|.reliensuiii el limilaUiin,
disliucla, sed seciiuiluin essenliaui '•>. »
ul unili.Treal [lurc intellccluali et alislraclaîidcae
4. l'essinie ergo sed coiise()uenler docet^, eo enlis quod esl illimilaUim ncc icslriclnni 3. ,

quod Ciuislus « sil via, » jier euiii « esse Irans- lias ergo proposiliones D. Caiiieiaceiisis cura
« eundiini, » non lia'rcndiiin in eo; el veiuli Molino.si, Malavalli, et Gryoniœ compona-
illis
liiliini eadil , « c;pci apertis ocidis, ila liiinia- mus; gemina; apparebnnl. Hue enim « inno-
iiilak'iii excidere, cuiu aniiiir» diviiiilatcin a!- niinabilc, » hoc hoc « illimila-
« abslraclum, »

tigit. . tmii, » ncc « omnino


quod D. Ca- resli irlmn, »

5. Ilis se, iiti solct, Guvonia dal sociam do- ,


nieracensi ununi esl, a volnnlarinm » qiiidem,
cens ' « animam rciliieulem ad Deiiin per direcUvet pura; coiileinplalionis objeclnm, iiiliil
conleniplaliiiiieui, ila in Deo esse |)er(iilani et
esl aliud qiiam ilkid uni\ersalc, conlnsunijobs-
iniuiersain, ni nnlla snpersil ejnscopnilio dis- curum, quod nullain iiolinnem, nnllaui cugila-
lincla, (piauhiuivis Icuuis ; piidein enini cxci- tiouem disliiutam admidil quo ilein uno, sc- :

dissc cujusinnKiue perfcrliduis dislinclioiiem cundiini cosdeni auclorcs, pura conlemplalio


in Deo, ni'(jMc ipiid(|naiii in anima snpeiessc > conlinelnr. Ergo ab illis aucloribus Cauicra-
[iia'ler visuni lidei ciuifusa' el fiencialis, nnlla CCll.^is llillil dill'i'lt.
omnino iieileclioiiuiii aul allriliiiloruin nolione 3. NiMjue ol).^lal, quod illa conlemplalio di-
disliiula. » rccta el pura, negaliva apjicllolur : addil cniin
6. Addil 8|iinc soivi difficiillnlem « qnornm- auctiir, eam liaud minus esse « posilivain et
dain spiiilnalinni vetanlinin cngilari de (llnisli ,
« lealcni *. »

aut ejns slalilius interiorilitis, pusUpiani aidina 4. Nequc eliam obslat, quod haec oinnia, sci-
pei'xenil ad Denin eo qiuid liinic sl.ilnni eadein ;
licel alliibula diNime per.soïKe, ipsa
divina,
anima liaiisilil, ncc iiianel Ciuislus cuiii lacta
i>
Cliri.sli liumaniUis eliain di-slincle visii, in con-
est nniu essenlio! ad esseuliam. « lemplalionem ailmillautiir ^. Kemancl cnini res-
1. lla-eanlem repeleiula diiximns ex Inxtrur- triclio.uladmillaiilnrijuidem, sed non « volun-
tioiie noslra super stalibus (iratimiis, loin liliro laiic, » non s|)iiulf, non nllroneo aclu ergo :

sccnndd, ac inaxinie locis ad laliisallcgalis^. per sese excludunliir; quod unuin quicliMiio
8. llinc inler (iS proposiliones Alnlinosi inve- sulficil. l'uiie sequitur :

nilnr isla:2l, (pin> sic lialiot: « In oralioiie opiis L' proposilio. o. — « ELsi aclus directe el iin-
esl inunerc iii lide oliscura cl universiJ:, cuin niediale lendenles ad Deiini sidiini, ex parle
' Sc.,l. m lui n. 2&3 elc— ' In^l.. (rCt. l.', I. I. rll. Il p. 44. objecli el in rigorc pliilosti[iliico, sinl perlcclio
— ' //., »cci. 2, n.
,

12. 13. — ' M.iL. |p.ri. I, p. DO. pari, ii, p lie.


2î«. •ils.—'- /.'.. 221. 2'.;J, 224, •..2fi. 2^8. — • l'ïrt. Il, p. C.-l, .
,0,
r*. :n, ~
(,,... ,1. 1 4. p. Uï.— • y*., c. I, T. 1, p. 4, 0, 6, Sup . MCL I, C. l. II. t. — ' Max. des sunU, p. IbO. — > /i.,

— *Iiiitr. tur les état d'or., 1. il p. 187. — '


/»., p. IM. — » /*., p. 187, 138.
,

SKCT. VI. DE ALIIS ERRORIBUS. 99

res sunt tamcn aeque perfecli, hoc est œqiie


; a vera puraque contemplatione hnec omn'^'v sojpe
puri, œqiie nierilorii ex parte principii.quando arceantur, ipsaque anima his destilula mnn at.
liabent pro ol)jectis, objecta quœ Deus offert, Jam ergo quœrMiduin est, utrum liane couse-
etquibus anima non se occupât nisi inipressione queiiliara auctor admittat. Admittit autem his
graiiœ >. » En, utattributa, ut personœ divinœ ,
verbis :

ut ipsa Cbristi huinanitas sintobjccla aeque per- LI^ propositio. — 2. « Animœ confeniplalri.
fecla, aeque nieritoria, debent a Deo « offerri : » ces duobus diversis lempoiibus privaulur visu
non bis par sese , non « vokuilurie, » ut dictura dislincto ac sensibili acreflexo Cliristi; sed nun-
est (prop. 48), «nec nisi inipressione graliifi ani- quam privantur in perpetuum ejus visu simplice
ma occupatur; » impressione autem gratiœ sin- ac distincte *. »

gularis. Communis eniin gratia eliam objecte L//" propositio. 3. Pergit « In fervoi^ — :

illi abslracto, illimitato, iniiominabili, œque est nascente conteniplaliouis, illud exercilium est
necessaria objeclum innoniinal)ile
: œque a Deo imperfectissimurn, nihilque reprœsentat nisi con-
offertur; ergo hoc erit discrimen inter illud fuso modo. »

innominabile et hase dislincle nota, neinpe at- Z,///» propositio. — 4". « Anima velu tabsor.
h'ibuta, personas, huinanilatem Chrisli; quod pla guslu sciisi!)iii ad recollectionein, nondum
illud per sese, \okmlarie ac spontauco actu sit potest visis disliiictis occupaii; eam quippe de-

contemplationis objectum hœc autein non per :


bilein dislrahcrcut et rejiccient in ratiocinium

se, non & voluntarie, » sed si offeranlur; idque mcditaliouis, unde vix cgressa est. »

impressione gratiaa singularis, necuUo alio modo; L/F» propositio. — 5. « Hœc iinpotentia vi-
quod est erroneuni, et personis divinis ipsique denli distincte Christum non est perfeclio, sed e
Chrislo conlunieliosum. conha iuiperfeclio hujus exercitii, quia tuncsen-
6. Hue accedit alibi fuse a nobis explicita 2 quam purius. »
sibilius est

continui , confusi , et universalis actus ratio


^

LVn propositio. 6. « Secundo, anima vi- —


auctore Falconio, Molinoso ac Malavallo sequa- sum amillil. Ghristi in ullimis probalionibus,
cibus , Guyonia deni(jue i)edissequa, per illum quia tuiic Deus auferl ab anima possessioncm
conversiouis et consensionis actum qui semel ,
et coguitioucm rcllcxam omnis boni inexislen-

active editus, conlinuus poslea et irrevocabilis tis, ut eam ab omni proprio commodo pur-
juxta atque irreiterabilis manet^. get2. »
7. Hinc exulant explicitœ fidei actus ,
postu- LVh Extra hos status, ani-
propositio. — 7. «

lationes, gratiariim aclioucs'*; nec nisi iuipcl. ma, excelsissima quamvis, in actu conlem(ila-
lenteDeo per iustiactuni et insi)irationem, non tionis potest occupari Chiisto prœsente per li-

coramunera illam qua onuies jusli pollent, sed dem ^. »

singularemetextraordinariam, profluunt; unde LVIh propositio. — 8. « Et in intcrvallis,


anima per sese his omnibus caret, nuUoque ubi pura conlomplalio cessât, anima adluic est
conatu se ad hos actus provocat, nec suas exerit occupata Chrislo per fidem prœsente scilicct, :

vires. ut supra (proj). 56).


8. Aliud discrimen pariter quietisticum et er- 9. E.\ his treserroresexsurgunt primus, quod :

roneuui; quod illud abstraclum et innominabile ab auclorc quœrantur status duo, quibus Ghris-
anima conlem|)latrix sponte quœral, ipsa rei bo- tus lide |)rœsens absit.
nilate illccta; adaliaaulem objecta, hocestadat- 10. Sccimdus error : quod idem Ghristus in-
tributa parlicidaria sive absuliila sive relaliva, et veuialur in coii.eiiiplatione pura : sed ea condi-
ad ipsum Christum, nulla rci boj.itas invilare tioiie laulum, ut non « \olunlarie » ac per se,

possit; quod item est ciroueum, di>liiisquc at- queuiadmodum iila iiuiisliiicla » et iiinuiiiiiiubi-

tribulis ac personis, Gluistoque ipsi dcrogans, « lis ratio » enlis, sed laulum « offereulc Deo, »

nec nisi impressione « graiiœ singularis et ex-


CAPUT III.
« traordiuariœ, » ut est diclum supra (ad pro-
i. anima
contcuiplatrLx divinis atlributis
Si pos. -47, iU, 50.)

divinisque personis ipsoque adeo Christo non 11. Tcrliiis eiror ; quod Ghristus (per se « et
occupalur a voluntarie, » nec nisi id agenle Deo « voluntarie » quidein)cx diclis |)roposiiioiiibus,

per occull^jui et singularoni alcpie cxliaordina- in\enialur in iiil rvallis « ubi pura cessait cou-
rïain iiiipiessionem, proleclo consequcns est, ut
>'<
templalio ; » quasi iiidignus esset Clirislus qui
in ipsa pura oralione lide prœsens esset.
Max. dea saints, p. 188, 189. — > Instr. sur les i^Iats d'or., I. i. li, tixc autem nemo uiysticurum, neifiu s; i-
— • Mujrcii courl, c, 21, 12, 21, p. 90, etc., p. 101, in;;, etc., p 131,
l3ï, etc. — • Muyci ciiirl, ch. 2i, p. 130, 131; Canl., p. 20T, 203,
209; Iiitt. gur les ùta'is J'or , I. I, m. '
Miix. c^ «nliiLs, p 174, l.)G. - ' /^ . p. 1». — » /»., p. l»C.
400 QUIF.TISMUS «EDIVIVUS.

ritiialium, ncmn tlicoloporum dixil; neiiio dis- Poslea : « Hinc alii, ntsanctus Franciscus Assisi-
duos illns slalus a qnibiis Clii
linxil istiim abosse uas, dixeriml nullos a se aclns fieii possc : alii,

opmleiel ncmo aiil |)n)lialioniiin:


cliaiii cxlre- ut Grc;:i)riiis Lopezins, tulo vila'decursn non niM
nianirn aiit iiiiliniiiiii leiiipiis (ixit aiit lificre unmii et perpeliunn aclimi lieri. » Alibi : « Anima
poliiil. nec nisi a Uci vulunlale siispoiidil. Qiiarc non nniim motmn setilil, cum scilicet qui
nisi

oiiiiiia |)Cii)(Maiii cl leiiiorc, nec nisi in gra- ipsi imprcssus e>t '. » Dcnitpic « Tain placidi :
iiœc
Uani Gn>onia; cl (|iiiclislaniin indiicta sunl. sunt, lam unirunnes actiis, ut dislincli licct,
iS. C;rlora in cani rcni accinalc Iradil Irac- niiusii!cMi(|iie aclus esse >ideanlur 2. >

laliis inscri|iUis Myslici iii tulo, i j)., art. 'i toto : 18. IIi> verbis niiiil aliiid ajril auctor, qnam ut
uliide Clnisli hmnanilatc liiiidalissima veritas, quiclislai um conliuiiilali, cidem if(iuipollenlem
bcala- (]iioqiic iiiercsiii! ac JoannisdcCnice auc- uiiiloriuilalem subsliliial : eam scilicet qu;e nid-
torilalc lirnialur. laui nullam poslulalimiibus, nullam
aclibus,

14. Unod anclor videlur prohibcie tanlnin


graliarmn aciioui, nullam e\plicil;c de divi-
nis allribniis paiticularibus sive absulutis sive
rcflcxos et sensil)ilrs acUis circa Cbrisluni de :

scnsibilihMs cnni Mobnoso lacit in bidla lelicis rdalivis, aid de (^bristu, (idei rationem rcliutpiat,

ineniciriiu Inmiccidii XI, proj). ;to. ul est supra quatliscriiuiucntur aclus: eormnve di^liuclinaut

Absoniim quixinc itinbiijcri deCbrislo ctiam qnaliscunquc intenuptio peispecla esse


dicUnn '.

per se oplimi. l)cni(pic possil. Nullus deuique remauet conalus animi


rcflexos aclus (jiii siiiil

de (ido, ipia- pr.Tscnlcni piiestal Chris- diveisos aclus, a Dco licet iiiiperalos, exercenlis :

hic a^iilin-

tuni : lideni aiilcin arccri a quiivis Cinisliana; quaj quidem niliil aliud ipiam aliis veibis fals.iiu

vila'slaUi. niiiil est aliud qnani arccre ipsnni quietem conlinuilalcmtpie icl'eruiit.

Cbrisluni, qui, leste Paulo, non nisi « pcr lidcm CAI'IT IV.
c in conbbus nostris bahilat '. » Qiiarc isla oui- 1. Aclns réflexes (iuieli>lis exosos esse, facile
gratis ac nnllo Scri|)!urarnui lesliuicniio
nir. ,
demonslravimiisallalis locis 3; Molino>i oiiidem
nulln aucldie conlicla, nui Cujoiiia' uliiia, pro- (iicenlis * « reliuqiiendos omnes aclus animi re-
cul cbniinanda a Ciirislianornui nienlibuset au- llecteutis (|uip|ie(ini verum lumen et progies-
:

ribus. sum aiiimœ ad pcrlecliouem piobibeant » it.i- :

15. Ha^c igitur a me alibi fiisins explicata 3,


que ambulaudmn sineiellexioue insei|)snni ant
anclor vaiiis in locis coulntare nililur * sed :
in diviuas pL-iUcliones : » Gujonia; vero, sœpc
procul abludit al) iidcuto nostm, mullisqnc pa- admonenlis agi oporterc « sine rellexione : rc-
ginis frustra in respoudeudo consuuiplis, ol)jec- flecli in crealuram, esse rctroire : non esse ani-
tiones noslras iioipùdeni allii,'issc dcpreliciidi- nuuu in se:^e recurvandum '•>
: simplicitalcm in
lur : nc(inc nllu umdo purjr.it IMud « vdhmla- eo esse, ut agamns diiccle sine redexione •>; » ex
criuin «acper se lationi iiuMiiiiuai)ili eidis (hni- lellexis aclibus auiinam addiici ad suiiiiiuim pc-
laxal iltiiliuhun ciim ca'leia iuiiiresslouc ;
-<
rictilum 7 : « dcnitiue auiiuam lumquam in se
siu'.;ularioric'ni »aitciin"uauoliisidliiielif;io|)i)r- reciuvari * ; » quo nomine rellexi aclus ubiijue
icat Non cliani idl;i lalioue cxponeuduui sus- iidciliuiudur.
cepil ilbid, « lide pra-scideui » esse, qiiod ipsi "2. Ibec quidem quielistae. I). aulem Camera-
Cluislo dencfial. ul i)ra'diclum est : nnde erro- ccnsis rejicere non ausns, miiversim refleclen-
rcs ipsi inqnilalos starc, nec purgalos esse tes aclus, cos ad iiifeiiorein uarlcin ablegut bis
constat. vcrbis :

10. Ilis add.dur aucloris, de actu universali. LIX' prnpnaittn. 3. « Nnnipiam amUfit —
LVllh proposilio. — M. « Coiil(in|>lalio ppem in superiori |)nrle; boc e.'^t in aililms di-
consislit in aclilxis taui sinqibiibus, l.iui (hrcc- rceiis el inlimis. » Rnrsus Aclus diici ti et :

fis, taiu placidis, latu nniluiuidjus sivc a'ipiabi- inliiui, sine n flexione (|iia^ imprimât scnsibile
libus, tani nnllo successu, rnillu conspicuo dis- \esti|iium. snut ii ipiossanclus Franciscus Sale-
crimine, (it uiliil iusiiiiie babeant (niliil obseri'a-
sius vocal aiiii-em uieutis.» ItiMiique : « lire par-
bilc) : nndc al) anima al) iuvicein disceini i)os-
ti nmanin)a><e|iaraliofil|)erdiiïerenli.im.nclnuni

sint •''.
» Umsus : « Ksi conlcxlus iicluum lidei et realium. scdsimpliciumetdirectorum intclb-c-
auioris tamsimplicium, laui diiecloriun laui pla- ,
tust'tviilunlatJs.tjuiniilbiuirelimiMniilsensibile
cidorum, lau) uuiluruiiuiu, uljauinou nisi unuui vcsliginm;elaeluu!nr>'nexi)rnm.(|iiin'liniiU''n-
aclumautpotiusnulluuiaclumlucercvidcantuiti.» tcssensibilcvesligiumsuconiinumcanlimagina-
• Sii|> ,1- 1, 11. 8. — ' l'phet., m, 17. — ' l'r.f. sur VjHtl. potl., '
Mnx. des saints, p. 231. — ' Ib., p. 267. — > Instr. sur lu rtats
feot. . Avi-rt. sur Ir» dircni icills. — ' Rip. i la Dcvl.. p. 74, etc.; d'or., 1. V. — • Guid. inir sert. 1, lir. l. c. 2. n. 6 c. b, n. 3b;

, ;

84, l'tc. Dciiv. Lettre i M. i!r< M.'jiiix, p. 2a, etc. > Maxim, dot c. 11, n. tO — » Muycn court, | 0, p. 27, 81 Canl., c. 4, v. 1,
«ttiiiU, p. ieii. — '^
/II; p. •i.n, 20i.
f. 8J.
— ' 74., c, 6, V. 10, p. lia. — • là., c. 7, ». 7, p. 172.
SEGT. VI. DE ALIIS ERRORIBUS. 101

tioni et sensibus, qui pars inferior appcllantur, ceplum ad reflexos actus, profecto erunt fre-
ad clislengueinUiiii eos acliis ab operalionc di- qucntissimi actus illi, ad quos cœdom aniniœ
rec a et intima intellcclus et vMmitatis, quœ non nisi altracLu graliœ impellantur. Non au-
pars superior appellatur i. » In bas coiiicidit. tem de giatia comniuni omnibus juslis
igitur
propositio. —
:

i-A'a Reflexa persuasio non


4. « cum ea gralia ad directes œque ac reflexos actus
est linuliis intinius conscicnliœ eaque convictio,
: sit necessaria: ergo de gratia
extraordinaria, de
non estinliniasedapparens^. »
licet invincibilis, extraordinariis altractibus agilur, manetque
5, E\ bisgeniinus error prinius, quod actns : manilestum in longe pluriuns et numerosissi-
reflexi non sint superioris partis scd infimœ, mis vitas bumanœ actibus, qui iidem sunt re-
adcoque non sint liberi, nec vera peccata, quo flexi, locum habere, imo requiri impulsus
sive
turpissimi quique ac flagitiosissimi actus excu- allractus exlraordinarios.
santiir; aller,quod actus reflexi non sintintimi LVIP propositio. —S. « Pura et direcla con-
sed tantura appai-entes ; contra quod constat ac- templalio non occupatur sponte aut vokmlarie,
tus l'eflexos, quo niagis ex vera, deliberalissinia nisi ente innou)inabili; aliis vero objeclis, non
atque oculatissima cognitioneprodeunt, eo esse nisi ofl'erente Deo, et ex impressioue graliœ ', »
inleriores, ac, si Apos-
niali sint, pejores dicente, siiigidaris scilicct et exlraoidinariœ; alioqui
tolo « voluntaric peccantibus nobisjam non re-
:
nibil dicit, cum
communis œque ad alios
giatia
« Unquitur pro peccatis iiostia*; » et ipso Do-
aciiis Ergo anima perfecta, attri-
requiratur.
mino a Nunc vero dicitis,
: quia videmns ; bula particularia, personasque divinas, atque
«peccatumvestruni nianet* » etalilii « St'ienti ; :
adeoCbristum ipsum cogitans, non id facit nisi
« igitur... et non facienti, peccatum est illi 5. »
ex impulsu exlraordinario. Hœc de actibus in-
6. Hœc autem gradua sunt perspicua, ut auc-
direclœ conteuqilationis et impulsu exlraordi-
lor in Listructione paslurali bunc errorem rcje- nario ad eos necessario.
cerit, clarisque verbis negaverit « parleui inie- 6. Jam, ne ad aclum directae contemplationis
« riorem capaccm esse reflexionis C; » ubi sit anima per se liberior, adducalur.
gravissinie dolendum est, quod pessiinuin, cras-
sissimum, exiliosissiinum errorem, a se licet
LA'///» propositio. — 7. « Inutile et indiscre.
lum animabus proponere amorem ex-
est, bis
agnituin clarissimis verbis, aperte ejurarc ré-
cellenliorem, ad quem quippe non liabent aut
fugiât.
lumen inlerius aut attractum graliœ 2. » Non
CAPUT V. carent autem altiaclu conununi et ordinario ad
Sunt qui prophctico spiritu vere acti aDeo,
1. amandum pm-e Deum ergo hic agilur de ex-
;

singularis impulsus extraordinariam gratiam traordinario. Unde, ut ad amorem illum


veris produnt operibus, reruiuque eventibus; animœ eleventur, impulsu exlraordinario opus
sunt horum œmulatores qui se unpelu divinoi est. lluiccongiuit.
eoque continuo agi putant, eo quod ad quem-
dam perlectionis statum pervenisse se simulent
LXIV^ propositio. — 8. « Deo permiltenda
res est, nec de puro amore loquentlum, idsi
nullo tantaî rei indicio quos tanaticos dicimus. cum Deus
:
perinlcriorem unclionem incipilape-
2. Is autem lanatismus
Moiinoso et Guyo- in rire cor verbo lam duro, « etc. s. Unclio au-
illi
nia sœpe se prodil cui quiilem quam iaveat
:
tem conuuunis cuivis amori est necessaria; ergo
Cameraccnsis, docent bœ jam ex Mysiici in hic non comnumis, sed extraordinaria retpiiri-
tuto reiiciendaî propositiones: ad rem quifjpc extraordinariam et .'nacces-
lur,
LXl"^ propositio. — 3. « Animœ ( perfecfœ) sam eliam .sanclis.
sunt per se indificrenles ad actus direclos et 9. iNequc ibi sislit auclor; sed ad onmes actus
reflexos; cdunt aulem actus rcllcxos, quolies cxlendil insiinclum sive inq) uisum exlraurdina-
aut pr;nce[)lum [lostulat, aut gialia; allractus rium, bis verbis:
impellil 7. »

Agilur de obligalione eorum pra^ccplorum


LXV-' propositio. 10. « Hœ animœ non —
aliam liabenl rogulam nisi pra'cepla et consilia
quœ ad cerla momcnla redigunlur: sunt autem legis scriplu!, et gratiam actualem quœ sempcr
illa positiva, cum ncgativa seuq)er obligent legi esl conlormis ''. » Uursiis: « Datnr volnnlas
Casus crgo quo aiiim;e ad actus rellexos tenean- Dei, quœ se oslendil omnibus per inspiralio-
tur, sunt valde inbequcrdes; ac vix ullus
ejus- nem sive altraclmu graliœ quœ est in omnibus
modi casuscoiumemoiari |)olesl. Cuiucigopar- juslis &. In Inslrucliom- pastorali:
» « Voh.nlas
cissime eveniant casus illi, quibus vaieal prœ- beneplacili scmpei legi coulormis, seipsam os-
' Max. des saints, p. 186, 187, 189 sup prop, 48. 4H, 60; Afvtt.
m lui., n. 163, 161, 15B, 160, 167. — ;

3 ^;nx. d. s s.nut.-, p. 31, '35.


— //)., p. 36i Mj/ii. in lui., II. 114.
•<
_ <
Max. des. laiiiU, p. ci>
'
i Jll; p. 16U. '
103 QUIETISMUS REDIVIVUS.

tendit ppr pratiain aciiialom. » Driiiqiie:« Hœ :i. Née aliler respondet anctor ', quam nt nd-
anim.'i; ,.e siimnl |ios>iiliMi, inslnii, ol inoveri mittal ainoreiii charitatis. qui sit iiatiirabs, iiec

in oiiiiii oa.i.sioiie i>er gialiam aclualeui, quae virliis theoio^rici : et cupi<iitatein iiinoxiam née
ipsiscoimimnical spiriliiiii Uei '. » iiialaiii, qiia! sit vilioniiii radix; qiia in rc duo
H. SaiiP aiicliir liiuc cxciivarc nililnr, dura peccat, et (piod adiiiiltal hos errorcs, et quod
gratiain illaiii acliialciii CdiiU-mlil c >e (iidiiia- cos sancto Aii^rustino tribuat, qui ab illis
riani: scd iiic<iii;,'nie et lalso. tiralia eiiiiii acliia- maxime aiihorret.
lis osleiuleiis voldiilalcni Dei, eaiii rpioqiij cpiic LXyjll'^propoxitio. — i. «AmorDeiex pura
beticplacili dicilur, non est orditiaria; arKupiiii coneiipiscentia est sacrile^îiis et impius: » ac
omiiihiis per oani iniiotescerel Vdlinitas herie- paulopost: prîrpaiat ad justitiam, et conver-
<

placili: qiiod non fit. Heslat orpo ul vcre ex- .sioncin coidis 2; quod aperte répugnât conci-
r,

Iraoïdinaria sil, ac peifrcloinni statiii propria. bo Tri(b'iiliuo. detiiiienti ^, id quod pra'parat


licet connnnnisel orditiaria al) aiictore vocctiir. ac disponit ad gratiam a Spiritu sancto pro-
Exleiuliliir aiilom, eodein anclore te.sle, « ad licrsci.

« onnuMii occasionem; » crgo « in onnii occa- LXIX'^ propositio. 5. « Inutile est et indis- —
« sionc » instinetti.s ordiiiaiiiis diitii.s, n-vera cretum, indiicere animas ad ainorein excelsio-
cxtiaoïdinariiis n'|)eriliir. Sic auctor lectorem reiii (sivc purimij quo attiiigere non possunt,

liidit. necpie qniihpiain pensi lialict iinpiilsus interiore quippe luinine et f,na.ia' altractu des-
adniiltere exliaordiiiarios, diirinnodo iniiniita- lituta; ^. « Hursus « l'emiittenda rcs Deo est.:

tis InntuMi \dcil)iis coniiiiinu's ap|icliot ci ordi- neque nnquam de amore puro ioqucnduin, nisi
naiios. ciim Deiis per unctionein snani aperuitcorad
12. Neqnehic quidqiinni addiinns; sed leclo- dunim iliud veriium, quo aninia^ iilaî seandali-
rCMi reMÙIIiimis ad aiios Iraelatns nosiros 2, zaïiliir ac perturliautnr ''. » Alii)i deniqne:
ac prnescrtiiii ad iliiid de Mnslirix in tulo, ubi « l'aslores et sancti omnium aMatum qiiodain
ha;c liisc ex|iosila sunt. Une eliani |)eitinet. nreani génère cavelianl, ne de puri amoris su-
LAT/n prupdsitid. — 13. Vclle piicvenire i)limi exercitio abis ioquerentur, quam ani-
gratiaiii, est vriie sil)i ipsidare id (piod noiiduni nialius, quibus Deus largiretur attractum et lu-
ilia pra'.slat; est aiifpiidexspeelaïc a se, a pro- men, » ete**.

piia a propiio conalii, quibus veibis


iiidiisliia, 6. duo errores gravissimi continentur.
Mis
8eniipeia;j;iaiiisiims iiidueiliir ^. > Sin uiilein l'rimus,quod picri(pie sancli et jusli non vn-
pcrlecii nibil |)ro|)nu conalu atqiio iiidoslria centur ad amorem purum, (piippequiad enm
iaciuiil, re.slal ut ad oiniies aetiis instinclu et osseipiendiiin gralia et Iniuine destiinti siiil;

inipidsu extiaonliiiaiio aj^aidur, ut est a iiobis imo vero eo collaudato scandalizautur et par.
aiiiii deinonsIraUiMi . luil)entiir; aller, quod illius amoris veritas licet
14. Mis palet ab auctore indiici fanalicos ins- cvangelica, non taaien iiertiueat ail pia-dicalio-
tiiietus ad .scjijri'uda eouleMi|)lalioiiis objecta, nein Evangelii, nt in /)t'(7(/;v///())if est positum '.

ad aclus reIK-xos, ad ipsaiu ihii^eudani direc- De arcaiio illo maie ex l'atribus asserlo ab
".

laiii conleiMplalioneMi, ad cpiosvis deniipie aetus auctore, diximus in eo traelatu (pii inscribitur
salteni extra iicueepli alliruiati\i easuui; (piibus illislici in luto, part. 1. ait. 3. n. 141, etc., cap,
aclibus Iota 1ère luimaua vita coiitinetiu-, ut lo- 1 et 2.
cis aiie^jati-N dictuiu est '•>.
LXX" priipusitiu. — 8. « In Cbrislo pars infc-

CAPUT VI. rior non eommunicabat snpeiiori parti involuir


tarias perturbalioncs suas **; » ipiod ab ipso
Pnrter hos cirores ad quietismuin perti-
1.
auctore sa-pe lejcclnm, tiausIatuuKpie a se ad
nentes, iios eliain connneiMorauuis ab auctore
alium'-', ad exlnunum aperte propugnalum est,
addit(>s.
LXVIh propoxilin. 2. » Quitlquid non pro- — utaiibi diximus '".

vcnit ex principio charitatis, ut sanclus Au;rus-


9. Sic iMubuosi errores D. Canieraccnsis non
linns lioret, ex eupidilate pro\enit •'; » postea,
modo inetur et pingit, verum etiam auget at-
« cupidilas illa est aiiior, qui est omnium vitio.
que cxagyeiïit.

ruui ra(b\; » (pia> duo ad auioreui spei ajiph-


cantur, ipsaipie spes ad ctipiditaleui relerlur,
ul est in [hrlaratione positum.
» Inslr. past.. n. 3, p. 7. 8. — ' Mâx. lics snints. p. 21T.— > M,,>i. ' Instr. pssU, n. 1, 9, p. 14, 10. — ' Vht. des Mint». p. 17, SI.
in /"' n l-.'7. 128, r.'.>. usiuc ad IÎ6; Su». Hf.t., JV*!'. »ur i/iiil. — •>
Se»» a. e«p. 8; Msn. 14, c. 4. — '
M.ix .>, > Is. \>. 3i- —
pui'. — ,

'
M .X ùo tnliits, p. 97. —
' MyM. 111 /«(., porl. i, nrt.

— 3, » /*,, p. 314 — ' /'.


P 2'l ' O'-cl — — ' .Mat
.Max. do.-,
i.

.-aillli,
.-aiiili, p 12a.
c. t, II. lli>. l'ti'.. »>'|uo ad diioin uUculi. 'IVùl'. sur \ Imî. j>at., — • Vuatr Utiro rt M. 22, 23, 24, 2â, 36. — >• Hàp.
Myil. in lui., \li\i. k quatre Lcurci. V. t.im v, In (Incm
SECT. VII. XXXIV ARTICULI RECENSENTUR ET ELUDUNTUR. 103

COROLLARIUM sia, utilise de postulandaremissionepeccaloruni


S1\E RECAPITULATIO ET COLLECTIO ERROROM D. CAMERACENSIS et dono perseverantiœ, dcque pugna adversus
EX XXXIV ARTICULIS ISSIACENSIUUS DEMONSTRATA. concupiscenliam quaie contrariai propositio-
;

nes sunt l'oruialiler hœreticœ.


SECTIO VII ET ULTIMA IX. — Non licet Christiano indilTercntem esse
adsalutem, ad res quœ in eam relcrimtur
et
CAPUT PRIMUiM. :

sancta indilïereulia Chrisliana eveutus hujus


Utapcrte demoiistretur, D. Cameracensem jam vitiu fexceplo peccato), solatiorumque alque ari-
a se (kiiimotiun atl erroresimproltalos iiltro esse •ditatum spiritualium dispensationeui spcelat.
revohiliim, lios qiialuor et Iriginta articulos, 40 X. — Actus supra memorati majorisperloctio-
Maitii lG9o, ab ipso subsciiplos, ordine recen- nis Christianœ rationi non derogaiit, ncc desi-
semus •.
nunt esse perfecti, perspecli quamvis sint, duni-
I. — Quivis Christianus quovisin statu tenetur modo de iis graliœ habeanlur Deo, et in ejusglo-
ad conservandmn fidei, spei et charilalis exer-
riain rel'erantur.
cilium, et ad eariim aclus producendos sive eli-
XI. Non lied Christiano exspectare, ut Deus
ciendos ut viituluin dislinctarum actus.
hos actus inspirct via et inspiraliouc singulari :
I!. —
Quivis Christianus letielurad habciidam
imo vero ut ad cos seseexcilct nuUa aha rc iudi-
fidem explicitam in Deum omni[)olenteui, ciea- get quam fide, ea qua voluutas sigui sive signi-
torein cœli et teiiœ, qui « iuquireulibus se re-
ficata ac declarata prœceptis inuolcscit et sanc-
« nnmeralorsit ^ » et in ejusaliaattributaajque
torumexemplis; supposito semperauxiliogratiae
revclata; et ad ejus fidei actus producendos quo-
excitantis ac prœvenienlis postremic proposi- :

vis statu, etsi non quovismouiento.


ex ante meinoratis propositionibus
III. — Quivis Cliristianus pari jure obiigatur
tiones très
clare consequunlur; quibus contrariœ temera-
ad fideni explicitam in Deum Patrem, Filium, riœ sunt el erronoœ.
et Spiritum sanctum, et ad luijus lidei produ-
XII. — Actibus obligatoriis supra memoratis
cendos actus quovis statu, licet non momento
non veniunt intelligeudi aclus methodici sive
quovis.
IV. — Quivis Christianus
cerlis fomiulis ordinati, aut in easredacti etcer-
pariter obiigatur ad
tis vocibus alligali : aut aclus inquieti nimisque
fidem exiilicitam in Christum Ueum et homi-
sollicili (evipressés) scd actus sincère in corde
mediatorem sine quo nemo
;

nem, tanquam in
foruiali cum omni
suavilale et tranquillitate a
potest appropinquare Deo, et ad hiijus fidei eli-
Dei ^|rn•ilu iinmissa et inspirata.
ciendos actus quovis statu, licet non quovis mo-
mento.
Xlli. — In vilaetorationeperfectissimahiactus
V. — Quivis Christianus quovis in statu, licet
nniuutiu' in sola charilale, qualenus
tutcs anunat.elearumexerciluun imperat, juxta
omncs vir-

non niomcuto quovis, tenetur vellc, dcsidcrare


quod Paulus dicit « Cliarilas omnia sulTert,
' :

et postulare ex[ilicile sahitcm œternam, ut rein


« oumia crédit, omnia sperat, omnia suslinet. »
quam Deus ipse vult, et vult etiam vlIIc nos
Idcmdici polcstde quibusvis aliis aclibus Ghris-
priiplersuam gloiiam.
— tianis, quorum exercitia dislincla dirigil sive ré-
Vi. Vult iJeus ut quivis Christianus quovis
gulai ac pra?scribil charitas, quauquain illi aclus
statu, licet non quovis mouienlo, ab ipso ex-
non .sunt scm[)er sensibiliac dislincla ralionc
presse [lostuk't reudssionem i)uccalorum, gra-
perspecli.
tiam non peccandi.virUilum augmentum,etalia
qua;vis ad a-lei uaiu saliileni re(pnsila.
'
XIV. — DesideriumsalulisaMenKTac pcrfectne
Vil. — Quovis slatu Chrislianiiscoiicupiscen- redempti(Hiis quod nolatm* iu sanctis, ut in
non est desiderium aut ap-
Paulocl in caMeris,
tiam habet o|tpugiiandam, qiiau(piam non scm-
lantum; .scd, ut ail Paulus'
pclitus iudelihoratus
per aîcpialiti'r; quo iureol)ligalur<pi()visiu slatu,
estboua voluutas' quau) libère formare et ope-
licet non (pmvis momento, ad postulaudas vires
rari debomus iu nolis cum auxilio graliœ, ut
adver.sus teulatioues.
eam voluulalem maxime coulbrmis di-
VIll. — Ha; propositiones onnies sunt de fide
viiKi" voluiilali. lla>c
cpue sit

proposilio clare est a Deo


catholica, expresse contenliu in S\mbolo apo-
revelala, et contraria est li.Tielica.
slolorum, et in Orationc Douiinica (pi;econunu-
nis et (piolidiana est orali(» omniinu lilionuu XV. — Vellenon peccaro, esl etiam quanlam
vobmlasdivina; volunlali conlormis, et absolule
Dei : aut ctiam in conciliis Carthaginensi, Arau-
necessaria in (pmvis slalu. elsi non quovis mo-
siccnsi et Tiidentino expresse delinitie al) Ecclo-
mento neqne tanluin lenemurad cundcnnian-
:

luptr ttiit. oral., Iib. x, el x Cini. nosira. — '

JU, 6. ' 1 Cor., Alll, 17.


104 ULIETIS.MLS UI:D1V1YL'S.

duiii pcccalum, veiuin •liam ;ul iIoIimkIiiiu du eflerri, atipie apiccm Clirisliana; perfcclinnis

pcccalo, et ad illiitn delendiiin iin|)OlraLi vc- adipisci possnnt.

Dia. XXIII. — llcdipercslatuminlerioicmac puri-


XVI. — Actiis icflcxi in uosmclipsos, in nos- ficalioncm auimanun aii lias orationes cxtraoï-

in accepla dona, qui iil)i(pielo;;un_ dinarias, error est manilislus.


tios ai-liis, el

lur a propliilis el aposUdis ixt'icili, ul iJco de XXIV. —


.Kque peiicidosus error est, excln-
lH'iit'(iciis agaiims j^ralias, anl adaliosauiucpios dere a conlcnq)lalionis slalu divina altiibula,
fines; Ciirislianis onniiltiis eliani perli'clissimis 1res personas di\inasac Verbi incarnali m\sle-

piopositi sunt in i\cin|)luni : oaipio doclrina ria, prœsertim crncis CInisli cjusque resuricc-

ab cjnsnindi aelibiis averlil Clnislianos,


qiia; cr- tiouis : omnesquc onmino res qnœ sola lidc

ronca est, cl liaiesi inoxinia. apiiniiendi possunl, conleuq)lalricisaninuc ob-

XVII. — Hclleilenlis aniiniacliis mali cl po- jecta .sunt.



rirulosi nnlli siiid, ina-tereo.s qiiiluis anima ic- XXV. Non licet Cbristiano, passivae aut

snasel ad perccpladona, ut cujusvis cxbaordinariœ oralionis obtentn, in


flcclilur in aelioncs
agendis rebus lam spirilualibus quam tcnqiora-
pascaUir ainor proprius, aut ut in illis liuniana
libus, cxspcclare impidsum ad rpicmvis aclum
iulcinieida (piaTanlin-, aut (juiljus anima seipsi
dilcrnunanlis Uei per \iani et inspiratiouein
occupelur plus ipiam oporleal.
singularcm; contraria \cro sentcnlia ad tenlan-
XVIII. — Morlilicaliones cui\is slalui Cliri-
dum Ueum inducil alquc illusiuni et indiiijjentia;
sliano compeluut, eiqiii; sa'pe suid uecessariit";
viam apcril.
a quihus |)roindc peiieciionis oblenlu aveileie
fidèles est condemiiare l'aiduni enoncanique et
XXVI. —
Extra casns el niomenla ms[>iralionis
propbclicie sivcexlraordinaria" >era auiad de-
liaMcticam doclrinani siqiponerc.
niissio ab onmi anima Cbrisliana cliam perfccla
XIX. —
l'erpeluaoïalio non consislit in aelu
Deo débita in eo slal. ul omui iLUuinc si\e natu.
perpcluo et unico, qui pereimis uec iidenuplus
raii sivcsupciualurali di\iuilus accepto, Cbri-
suppimalnr, (iui(pie ideu ileiaii non debcal; sed
sliana'(pie prudcnlia- regulis ntalur ; sic tiuncn
in liabiluali ipiadaui alqueperpelua disposilionc
ut supponalur scuqicr alieo onnna rej;i per [tro-
ae pia'paraliuiie aniun, ni niliil laiianiusnisiad
videniiam, euniqne optiniicujusiiuc consiiiiesse
plaeeiidum Heo; piopusilio conlraria, quœ in
auclorcni.
quo\is slalu eliani peileclo excludeiet onmeni
plnraiilatem el snccessionem acluuni, cssel er-
XXVII. — Non oportet alligare prophetiaî do-
num slalusquc aposlolici di;;intatcm cerlostatui
ronea, et ojiniiuui sancloi lun Iradilioni jeijug-
licrieclionis el oralionis; aliiKpiin anima ad il-
nans.
iusiouem, tcmeritalem alquc errorcm induci-
XX. — Tiadiliiines aposlolicaMuilla'sunlprœ- lui-.
ler eastpias lula agnoscit Leclesia
licelauclorilasa coucdio Tiidentinodeliuilaest
; (piarum sci-
XXVIII. —
Vi;e exlraordinari;i3 cum notis ils
;
quas spirituales approbali Iradidere raris.siinai
proposilio conlraria est enonea, et pra'lense
sunl. sul)jiciunlui(pie examiui episcoporinn al-
apostolica.' tiadiliones oceulla' lidelibus esscnl
(juc aliorum siipiriorum ceclesiasticoruin ctdoc-
laquci, et via; inlioduecndipra\as onmesdoctri-
torum qui quidem de iisjudiairc debcnt, non
:

nas.
tam experimenlis, (piam inuuiilabilibus Scrip-
XXI. — Oialio simplieis pia'scnlia' Uei sivc
turam tradilionisque icgnlis (pii aulem ab e : :

qiùclis, exliaordiuaria'. eliam passi\a', a saneto mente et praxi disecdmd, débita; t>bedientia; sa-
Francisco Salesio, aliis(|ue spirilualibus in Ec- lularejugnm cxcutiunt.
ciesia leceplis apimibala-, sine j;ia\i lemeiilate XXIX. —
An sit \el fuerit ni)icunqMe terra-
abjici, ac |iii> su>peeli> liabeii non possuid, ne- rumcxiguus saltcm nurneruselcctarum anima-
que onuiiuo proliilienl (pinuiiuiis anima senqier
rum, quas Dcuscxtiaordinaric pra>Nenla>singn-
puepaiala niancal ad piiulncenilos (ipimiUmo iaribus insjiiratioidbtis sibi notis (piocuntpie
lcnq)oi e memoralos aelus; ipi(is(|uidem redi^erc
iuslanli ad ouuies ('.In istiana* pietali esseidiales
ad aelus iui|di<ilos sivi; cndncnles in graliam aelus, et ad onmia bona opéra ita mo\eat, ut
perlielaium animarnm, eo (d)lerdu, (]uod cas nibil eispia'^cribeudum sit, quoail ea opéra ant
anior Del cet lo (piodain modo coidineat, niliil exercilia .seipsascoliorlentur. divino jmlicio re-
aliiid esl (|uam eoi imideiu acliunu elieieudorum liiKpiimus; nec agnitis ant conic-sis talibus sta-
obiij^alionem eludeie, eoi'uuKpii; dislineliouem tibiis, id unum in praxi stalidnms, nibil esse
a Deo rcM'ialam lollere.
pericnlosiusaid illusioni pro|ilu.s. qnain regere
XXII. —
Alisque bis exlraordinariis oialioni- animas tiUKpiam in eum slatum per\euerinti
bus, anima: Clui^tianie ad bunnnam&anclilalcm denique etid statninius,quidquidsit de ilioruin
SECT. Vil. XXXIV AUTICULI RECENSENTUR ET ELUDUNTUR. lOo

statuum verilalc, non in ejiismodi piœvenienti- gerc non posset sedcautioncm nostram prope :

biis inspiralionibus colloeari perleclionem Chri- jam D. Cameiacensis ac dclensorum ejus vjcit
stianam. ingenium.
XXX. — In prœdictis articulas quod atlinet ad 2. Et quidem per Articulos perfecti quoque

conciipiscenliam, inipeileclioncs, ac pra>ci|Hie adigelantur ad actus explicilus ac spéciale exer-


peccala, propler lionorinu Domini miliani L>ei- cilium lidei, spei, et charitalis ut virtulinn dis-
paiœ Viiginis volunius hai)Ci i nicnlionem. tinctarum '
; neque ipse Cameracensis id aperte
XXXI. —
Quod attinet ad animas in proba- inliciari est ausus, adeo verba articulorum ur-
tionibus a Deo constitutas, sanctus Job, qui gebant : at quod palain non potuit, arte aggres-
earum exemplar est, cas docct, ut iitantur radiis sus est.

per intervalla inlei'inicanlil)us ad produccndos 3. Sane fidem exp-icitam in Deum ut onini-


actus prœstantissinios lidei, spei et chanlalis. potentem, ejusque attributa œque nota item :

Monent quoque spiiituaios viri, ut eosdeni actus in divlnas personas, Christumque ut liomineni
reperiant in apice mentis ac supreuia aiiimi et Deum, arliculi postulabant 2 : eadem objecta
parle. Quare nec pcrniittenduni illis aniniabus, specialia conicmplalionem admitlebant 3
in ;

ut suœ desperationi ac danuialioni appaieuti quietislas conCusa^ cujusdam contemplationisob-


acquiesçant sed c contra asserenduni non l'utu-
; tenlu, aliud qiiidvis niolienles lacile elidebant.
runi ut a Deo dcseiantur. Atnovus quietistarum propugnator, liaud veritus
XXXU. —
Sane in quovis ac prœsertiin in ad ralionem eniis abstraclissimam et innomina-
probationum statu adorari oportet Dei uUriccm bilem contemplatrices animas per sese redigerc,
justitiani : non tanien optandum ut suuni in elabi posse se cretlidit si pura contcnq^lalio alla
nos totuni rigoreni exciceat cum ainoiis pri- : objecta reciperet *, ea conditione tantum, si
valio sit in nobis quidam bujus rigoris elTectus. Deus ad illa instiiiclu singulari extiaordinario
Sui deroliclio [lubundon] Cluistiano nibil est impelleret; non alio modo : quasi illa objecta
aliud, quani onmem suam sollicitudinem pio-
« per se non allicerent. animas perfectas sibi
« jicere in Deum i, » et spem onincm salutis in \isas.
eo ita reponere, « ut totuni delur Deo, » quem 4. Spei exercitium spéciale et explicitum, eique
admodum post sanctum Cyprianum sanctus conjunctum salulisdesiilerium Arliculi exigunt ^ :

Augustiruis docet. at novus quietista, in speciem et verbo tenus,


XXXIII. — Potest etiam inspirari aniniabus retenta spe, vim ejus excludit, ac movendi vir-
quœ laborantin ejusinodi probationibus, si vere luleni, et motivi pra;cisi ralionem ab œterna
bumiles sint, ut scse subniillant el consentiant sainte separavit cbaritatemque a spe prorsus'^
:

voluntati Dei, etiam per lalsissimam prœsup-


si indepcntlentem slatuens, spei utilitatem neces-
positionctn, pro sempiternis bonis quœ jusiis silalemque sustidit.
proniisit animahus, eas pro suo beneplacito, in 5. Et Arliculi quidem jubebant,salutem vellc
sempiternis suppliciis deiineret, nullo tanieu nos, « ut rem quani Deus vellet, ac nos velle
gratiœ aniorisquc dispcndio qui sane quidam ; vellet ad gloi'iam suam 7 ; » at novus auctor
actus est perlecta' derelictio-nis (abandon) sui, bonis articulis malam exclusiNam apposuit :

ac puri amoris a (juibusdam sauctorum exerci- nec permisil nos saliitem velle, ni unice qua-
tiis; isque utiiiler cxeicori potest a perleclis lenus eani Deus vellet s, (pinsi sains ipsa per
aniniabus cuni gralia Dei maxime singidari ; sese non moveiet, non langeict mentem. Sic
abscpic eo quod lUKpiam derogetur aclil)us su- alieuum sensum impegil Articulis, leciUpie ani-
pra niemoratis, ad Cinistianaî perlectionis ratio- big(uun, ac sexcentis tergiversalionibus obno-
ncm essentialii)us. xium, id (luod per se erat planum et iÊUioxium.
XXXIV. — De c<Tlero, certum est inci|tientcs 6. Articidi ergo planis ac sinqilicihus usi \o-
cl perlectos pio sua quemque via |)er diversas cibus ambiguitalem onmem lollcre conalianlur;
régulas régi opoitcre, alque a perleclis cxcel- quos auctor a se eludi posse creditlerit, si no\as
sioie ac prolundiore modo intelligi Chrislianas et ambignas alienasque voccs hac et illac spar-
verilales. gerel.
1. Sanctam indilTerentiam a sancio Salesio
CAI'UT 11.
potissinunn ductam Ailicidi ita dcliniveraiil 9,

\. Subtiiissimaqiiamvis el labilis(|nielistaruni ut ad evenlus bujus vila; solaliaquo spiritualia


gens, quatuor el Iriginla articulis Issiucensibus
' Au. I, U. — - Alt. a, i, .1 Art. 24. — < Vidi- siip prop
lia comprcliensa et coiislricla vitlebalur, ul ell'u- 51 ad 08, sccl. 8, cap. 3, 2 cl soi). — » Art. 1, 5. — «
.

ii. Vidt sccl. 4


•t !>. — ' Art. 5, U — « Ma.v. clrisninis, p. •.-.., •.'(!
2T. J'ùt, tun
• I /;ir., V, 7. prop. Il), scct. 0, c. 8, 11. 1 et 6. — '
Art. y.
lOfi QUIETISMUS HEDIVIVUS.

pcrliiipret tanliim; ad snliilcm nnllafoniis : qiia verhorum, ant voces desti-


aiiclores portenta
(li'liiiiliiinc, lin't a se siibsciipla, lit ra (|iia' ad nalas ad explirandam sacramenloinm ellica-
litli'iii fatli'ilicaiii |i(iliiicicl '
, taiiicii iii-<ii|ier ciani. ad \irliitiiiii excel lenliain, aliudve qiiidvis
haliila, noviis aiii'hir eam adiiiisil iiidilTrron- nos a
Iraiislereiiilas pulaveril, idco lc;:itiina re-

tiani qiia* saliilis dosiilciia comiirrhciHlcrct, prehensione discedere oporleat : ciiin ipsiim
ca(|MO oliam divin.T îilmiaR siil)iiiissa snl)Mrdina- oucloiein, suhseiiptis ailiciilis in \eros expres-
lai|iif lolloiTt, resi;.Miali()noin mqno ad iiidifTe- s:js(|iic ac distinclos actus couseiilienleni liahea-
roiitiaiii ad salulem ejusquc stiidiiiin iis(|iie |)n>- miis : necdiiin eiiiiii noverat vocuni novilutcs
teiidcret '. qnihiis quielislte et ipse Molinosus in lucem
8. Ncc valet aurions inicriiiolatio, diiiii salu- inleger ledeat.
tis (lesidcriiiin, natiualc tantiim, exrliisiim esse 13. qnietislas pesMino et ad
Uctndcraiiiiis
voluit : ciim iie<|iie nos, iieiiuc is qiiein expli- haîresiin prono consilio reflexis aclilms ohslre-
caliaiiuis Fiaiicisciis Salesiiis, salutisdesideriiiin penles ', qno fiiictu ? si doiuinuiii Caineracen-
iiatiirale illiui iin(|iiaiii in aniiiio lialiiieriiniis< sem ferre cogimiir ahipenlein reflexos actus ad
nec de^ille^illln aliiid inlellexeriiniis, (|iiaiii iiliid inferioreni anima? parleni ' nec cosadiniilcn» :

qiiod l'i'cqiicnlatiir coiniiiniiil)ns saiictoriiin et teiii ni.si expresse jii.ssos, qiiod niinipiani fere
universiB Kccicsia' votis; nec leriiiiiis aiiclorein evenit; aiit iuipulsu singulaii excilatos, quasi
noliis iin|)(iluiileni ea qiiie nusi|iiain co^^ila- inipeirectiiiii essel, in seipsiiin ac in peccata sua
viiniis. vcl in dona di\ina refleclere '.

9. Hue accedit, qiiod aiirlor ipse dnin natir 14. Quo eridie eliain graliarum aciiones, imo
rale firaridit desideriiiin, niilla niiijiiaiii ret;iila et postiilationes ex peccatorimi et ciijusvis indi-
a siipeiiialiirali scceriiendiini, hoc qnoijnc in gentia- considération e oila? procul a vila per-
taiiliiniiliscriiiienaddiicil ', lit fidèles iicNcieiites fecla exsiilant : repiiyiiantihus licet articulis ah
qiiiuInaiM sil iialiirale qnoilvc sii[ternaliiiale sa- auctorc siih.scri|)lis ^.
lutis dcsideriiiin, iitriiiiiquc siniiil exscindant, Vêlant
15. .Viliculi s, ne Chrislianns qnivis
nec de sainte cogitent. ad aciiis speci.iles fldei. spei, aliarumqiie virtn-
10. Nec aiictorciii adjuvant novi defiMisores. tnin exerceiulos, diviiiaiu iiispiraliimein exspec-
qui speiii in cliaritale eiiiinenter ac virliile con- cuin ullro cxcilare se deheat,
tet : et ad id siif-
teiitaiii |ier caindeiii chaiilalein exerceri voliinl :
liciant |ira^ce|)ta divina, exeiiipla sanctornm,
ciiiiiiiiseaiiclor noliisciiin spem ipsain in seipsa ip.sa (ides, ip,>;a prudentia : at aiiclor luTcevertit
ut est specialis et disliiicla \irliis exeicendain exclusis aclilms conatns proprii, et indiicla gra-
esse, utreni ciilliolira (idi" deliiiilam afrnoveiit*; tiaacliiali.comiiuiniquidein dicta, rcvera aniem
oui niinc aliéna olilnidere. ipsiiiiupie ipso qiio- exlraordinaria o : qiiippe quœ a in oinni occa-
qiie sliiiiio'siiis velle deleiidere, ratio ac verilas sioiie ' uuicui(pieiiert'ectoruni voluiilalein benc-
nuii siiiiint. placiti et id oiiiiie quod (ieri quovis casu opor-
H. Nec favent noxœ in auctoris graliani con- tet exhiheal.
ficla' voces : ut nenipe dicaliir, spein
qiiidem 10. eral dcclaratiim
Arliciilis ">, virlutum
non opère opeianlis, » sed inve*
inveniri « in aclus pcr sesc ac propria honitate esse bonos
niii lanien in ipso « opeie opeialo » hoc est :
alqiie ideo specialiler exercendos eliam in per-
in ijuso opère rliarilalis, speiii in se eniiiienter fcclissiina oralione et vita; etiain cum iinpc-
ac virtnle coin|)le\a}. Non cniin aiit nos, ant ranle cliaritale prodeiinl : quod auclor infir-
aiielor noslrosarliciilos seipn se iirolessiis, aliiid
mai, negando virtnteiii diligi ut virliitem ; ant
niiqiiaiii co;:itaviiniis, qiiain illiid ciiiii l'anlo ',
viitiilis ut est virtus stiidioMim esse oporlere,
speiii csse exerceiid.iin, lit est specialis et a clia-
aiil in peileclam vilain adinittendas virlutum
rilale di>lincla virtus. • Niinccnini nianent tria praxes8.
« lia'C, lides, spcs, cliaritas > quiii eliani in
:
n. Uiiielisia» morlificationihus pariim faven-
Articiilis nostiis coiiiinuni studio onines. hoc tes Arliciilis reprcssi fuerant » : l'rnstra ; cum
est nos suhscribens, actus
et ipse « illos iinpli-
auclor cas tenlationesailmillal, in qiiihiis iiior-
citos et emiiienles 8, » (|iii ca'Ieros ita incliidant, lilicalio inlcrior et exlerior sil peniliis iiiiililis '<>;

ut ab eoiiiiii siiiniilaii exeicilio lilieieni, et Chrislo licellliceiile de gra\is.Niiiii>leiilalionili(is,


aninio pianidimus, et cxpiessissiniis \eil)is ini.
* Hoc gciiiis » da'iiKMiii « in iiiiUo potest exire :
piDli.iiidos diixiiniis.
nisi in oralione cl jejunio ". a
i-2. iNcc si quis coiniiientus est ad excusandos
' Art. 16, 17. —
5 Vidittcl. 6, e. 4, prop 69 cl iO, a
î. 3 4, 6

— cl c. 6, pr. 61. —
> Jilyir in lui., n. Itl, U2, 113 • Art
6, T, —
' AtI , B, ».
m
> Viilt prop. 3T et •«).,

ttct. S, c. 6, n. 3, tte.; IG, 17 —» Art. 11, 8ù, ïO —
• Vidr iccl 6, c r., prup «S cl G6,
Vid. «1 My,f. lui., n. 2lB ti >et| ' Vide Myil. in ««<., n. 139 n. » 01 scq. —
» An. 13. —
• lidt »ccl. 3. cap. 1 etï. > Art. la —
UO. — • Art. I «l 8. — ' I Cor., xiu, 13, — « Art. 21.
'

— '• Sup. sccl. 2, c. 2, n. 1 il 2.— •


.l/urc, ix, 28.
.

SECT. VII. XXXIV ARTICULI RECENSENTUR ET EinDUNTUR. 101

18. Arliciilis proscriptus fnerat actus perpe- sinei ent, ut animœ in suam damnafionem nul
hms, percnnis, et uniciis , ac sine iiitcrniptione desperationem unquam acquiescèrent, neve op-
et siiccessione conlinuus, nec rciierabilis • : cii- larentideo ut divina juslilia suum adversus eos
jus loco et subslitiiit aiictor actus adeo iinilormes rigorein exerceret «
; quod excusavit auctor, ad-
et aequabilcs, ut toto vitas ilocursii non nisi iinicus ducto imiversali decreto, ut animœ perfeiia}
actus exercer! videalur 2 : quod quiotistarum ederent generalia desideria omnium Del volun-
continuitati sive peivnnitati œquipoilat. tatum; addilis eliam latentibus, quibus vel ma-
19. Quidam quietista; D. Canicracensi haud xime occulta de pi\Tdestinationeetreprobationc
ignoti, curasuam doclrinam ut sauclls Patribus décréta continenlur 2.
incognitam argui vidèrent , de spirituali vita 26. Et quidem auctor deterretdirectores aprœ-
quasdam quos
traditiones occultas prœtexebant: dicanda iuler probaliones exiremas perCeclis
nunc, spertis aut detortis articulis 3 idem Ca- ,
auiinabus divina bonitale et cura de illarum sa-
meracensis excusât induclo antiquoruui arcano :
lule singulari : contia quod, aiictore Francisco
quodam etiam sanctis inaccesso, ac perturba- Salesio •*, in ii.sdem docetur Articulis ^.

turo eos in palainproderetur *. 27. Adducitur etiam in iisdcm Articulis s ca


20. Oralioneui quietis sive simplicis prœsen- suidereliclio {aliundon) qua^ nilalur Pctri dicto<'>.

tiae sive passivani Articuli induxcrant eaui ,


« omncin soUiciludineni vcslram projicient
"quani sanctus Frariciscus Salesins , aliique spi- « eum, qiioniam ipsi cura est de vobis
in
;

rituales , sancta Theresia , l)eatus Joanues a un de acius animœ se proiicicnlis in Dcuin, non
Cruce s indifforenlia, sed ipsa S]>e (livinœ bon italis no!)i
, caelerique probavissent eani scilicot :

quœ suspendi ligarique auiuiaî lacultates et consulenlis, omuino slabilitur.

quod 28. Ad id etiam valet locus Pauli non solum


ad veram impotentiani redigi fatebatur :
,

nuncauctornon modo improbat sed etiam ad ,


de generali divina bonitale confldentis, sediilam
fanatismum revocat, sanctosquc l'acit fanalicos''. eliam sibi applicanlis, bis verbis: « In fide vivo
21. Taies dixeramus orationes onines extra- Filii Dei, qui dilexit me, etlradiditsemclipsiun

ordinarias , ut nequidcm pericclione essent « pro me 7 ; ,> a qua s|)e discedere quasvis ani
necessarife ' : quascum auctorad unumpurum mas idem Paulus votai.

amorem revocat mû esse necessarias agno- 29. Sic per Articnlos triginta quatuor, adver-
,

scit : aut negat puriun amorem ad perfectio- sus subdolam et lubricam quietistarum facUo-
nem esse neccssarium, pari utrinque eriore et nem,abunde veritati consul tuni esse videbatur.
incommode. Atin iisquoque Articulis D. Cameracensis oc-
cultas effugieudi vias, vel ab inilio rimabatur,
22. De probationibus ac de salute devovenda
sive immolanda Articuli eam immolati(iuem ,
vel postea commentus est; nihilque est, quod
non nisi exlalsoel impossibili adiuilteiulaui.aut non vel recla subverterit vel oblique eluserit.

etiam data occasioue inspirandam slatuobantS; 30. Nec facile dixerim, an in aperlis erroribus

absolulum sacriticium ab auclore inductum ^ magis quam in ambiguis vocibus, repreliendi


,

pcuilus iguorabanl. debeat. Ecce eiiim bariim ope, (|iiidquid volue-


rit, luebilur si quietislas premere velis, illis
23. Tantum autem abl'uit auctor, ut sacrifi-
;

opilulabilur siii Ipsum redarguundum af.;gre-


cium illuddevoveudic salidisnon adiinpos- nisi
;

deris, bis se iiivolvit diclis (piibus a quietistis


sibilem condiliDuem redigeret, ute contra casam
abliorrere videalur, ac inutato colore adversa-
impossibilem jam realem et actualem visura
eoque l'uudaverit absolulum riis variabilom et ad omne dognia llexibilem
adslruxeril, illud
ostendet l'aciem quie si priu>idio sunl (absit
antea inaudiliiui sacrificium. ;

verbo injuria), traus quoque pro lulamine ba-


24. lideui Articuli nogabant, in extremis licet
beatur.
probationibus, derogari debere aut posse aclibus
Et is quidem sibi ipsi miraculo est, ejus-
31
aute uicmoralis, (pialis est explicita iii Ghrislum
qiie amici afTatiin rident, dum in iisquoque
lidesac spes '"; alaiictorabiisdcniprobaliouibus
quic vel aperte rejicit vel arte excusavit lain
ahesse Cbristum fide pncsentcm, abesse spem
Christianam, aut eam cum dos[iorationc con-
sui studiosos repereritdefeiisores ; quorum la-
junctam, asscril ".
men studiis verilas pnrvalebit.
3-2. Extra (|naluor ilios et triginta Articnlos
25. Et Articuli quidem vetabant, nedireclores
sunl alii iiifaiiili et probrosi, quos tiim .iltin-

' An. 19. — ' Sup.. soct. 6, c 3, |iro|i. 53, ii. 18, 17. — An. lu.
' gere noilemus, revenli aures Cbrisliaiiiu jile-
— » Irrfrsccl fl. c. 7, Il 5, «, 7. — ' Art. 21, 26. — « VIdf i/i/s/.
bis. Sed nec ea prxterniisit auctor
in hii p. 1 t.jinm, et cjin Ai.p. — ' Art. Ti, u3. — • Art. Si. — *, et actus
—"
,

» Si.|' -u :. 1, r. 1 et s.'ii '» Ko.l. — An. W. Suji., teU. 6. o. 3, An. ,11.


'
— • Sll|',, MlCt. il. . J. |>|.i|> .l... Il 1. 2 c. ^>'4. -
II. ti, 7, 1)11. p. ti), cl, «t iCct 1, c. 2 cl SC1|. 1:1 Irct. 6, p. 2-.!l, i.lit de l\iiil,.iisc-, 1637; Trois, icrit, n 11. -
An. 31. —
An. 3'.'. — I-
1 J'eir., v, J. — ' Galiil., ii, ao. —
* Su|i., koct. 2, cap. ï ot 8.
103 QUIETISMUS R EDI VI VUS.

parti siiperiori sciii|)cr De ccteris Kholatticii, Durando, Gabrielc, Majore : Quiet.


iialurali reruin ciirsu
red., sert. 5, cap. 3, n. 8.
IribuiTiIits, iicroljSL'.ssioiiis ac p(iss('>sionis spe-
De my-lirij, circa mûris pr.nim : Sch. in lui., n. 90,91.
ciciii ciclcni suhlraclos iniiuit , iniris verljoruiu
Ex libro De imilaliune Chrisli: .Wi/il. in lu/., n. 2.6jd
aiiilifipiiiiis. 241, ubi de proprietate.
;W. lla'c ilocpic iioslaccrc proiiihclCIirisliaiia De siincia Tlicrcsia : tlyst, in lui., part, i , fere t«ta; part.

sincerilas : (jikl* .si iil iioiiiiniliiis i)lacrromiis Il, n. 177 ad 2uG.

(li.ssimiilarc aiil fiiKiiliio iiilcrcmiir. ia's;e \eii- De beato Joanne a Cruce , deque appetitu bealitudinis ac

spiriluali avaritia : Hytl. in lui., n. 200 nd 21C.


talis roos, ac pciiciilnriiiii JMck'sia^ iiiiiiiitintri'S,
De sanclo Francisco Salesio, deque resignaiione atque in-
cimi lionorc et liouiore ad Cliribli tribunal starc
difTerentia : Hyst. in tut., a. 216 ad 226; Sclwl. (n lut., o.
oporteret. 150, 161,162.
De ipso cameracensi circa amorem bealitudinis : Sch. in
tut., n.27 ad 34; il., n 45, 96, 322, 33.i, etc. llle amor
INDICULUS LOCOULM QUI IN HOC OPEUE cccus, repiignantibus sanctis Augustino et Tboma : n. 292.

PERTRACTANTUR. De salute immolanda ac de ftacriHcio absoluto CameracCosii


errores : puicl. red., sect. I lola.
Dum liscc scribimus et prœlo Jamus, ab ilIiislris>iinio Camc- l'jusieni de salutis dcsiderio : Sch. inlui., n. 263, ad266 >

rari'n^i nova nmlla prodibanl ,


qii:e nos ab oiit^ iiis'iUili
Quiel. red., sect. 4 et 5.
raliuiic sii'C levocatos, aJ alla tractumla coin|i?lleivnl, et
De propudiis inorum ac de tentationibus extraordinarii ge-
inlcrruriipcrcnt oiinrarum cuisum. (Juo faduin cs( , ul exira
ncris : Quiel. red., sect. 2.
orliiiem . ac velut alieno loco spargei-enlur quxdain , qux in
De virtulibus : sect. 3.
euiiiilem mcliiis confenenlur (|U0(l ctiam a nobis alibi anno- amure puro, deque œale
:
De falso posito quxstionis slatu :

talum 1. Ha.'C igitur, et aiia ejusilem argumeuli ,


quacuni|ue sect. 4, c. pia;scrtim C.
tic causa bine imlc dispersa sint, ad Icnoris commuilum sub Jam ad res .-
de mercede xterna purum amorem instigante
suc quxquc litulo, velut intJicis loco colligenda esse duximus. et excitante: ily^t. in lut., n. 179, 180, 182; il., n. 203 ad
Ac pi'iniuni de auctoribus. 216; Sih. in lui., n. 218 ad 227. lide sub tiiulissancti Tbo-
l'A cvangelicis aposloiiris<|ue Scripluris, de diligendi eau- ma:, Bonaventur;e, Scoti, Suaris, et aliorum scholasticorum
sis ive molivis : 5c/io(. in (ul., n. i, prop. 8,9, 15, lu, 19, et mysticuruni.
21. 21, 2?, 31, 35. Quiel. red., sect. 7, cap. ?, n. 27, 28. De supposilionibus impossiliilibus, et earum merito: Uysi.
De bis Pauii veibis : Ciipio ilùsolti, et ex cbarilale prola-
in lu'., n. 190 ad 198; il., n. 212 ; Sch. in tut., qusst. 12
tis • Schol. in lut., n. 78, 7'J, 8ii.
tola, n. Ib7, 188; il., n. 346; Quiel. red., sect. 1. De bis
Kerii ex iisdem Scrl|iiui is de prxveiiiendo Ueo, :ii.' de conatu variai intcrprelaliones Gregoni iNazianzeni et Chrysostomi :
prupi'io, et Ui: proprieiatc liberi arbitrii M'jil. in lut., n.
:
Sch. in lui., n. 240, 241, 242. In bis suppositionibus santo-
1^:4, li!6 : ubi idem asseritur ex Iradiiione Patrum, n. lï^Oet rum sccurilas ex Augustino et Cbrysostomo : o. 195, 196, 197.
seq. Quiel. redit'., sect. c. 2.
Ex concilio Tridentino de charitate, deque amandi causis :
De sacr'llcio absoluto salutis selerns : Quiet, red., seeL 1_
Mijst. in tul., n. 17'J, 180, ISl, elc, Schol. m lut., n. Ul, De piis exeessibus et amatoria insania : Sch. in tul., n.
14'.'. Quiel. red., sccl. .i, c. 7, n. 2, I!, i, 5. 146, 243, 21), 216.
ad Patres de bcatitudine et amandi causis sive incen-
Jam :
De desiilerio ^eD.Tali omnium voluntatum Dei eliam lalen.
tivis Ambrosius 6'c/iol. inlul., n. 4, prop. 3; t(., n. 137;
: :
tium Quiet, red., secU 1 c. G, n. 1. sect ">•, c. 9, n. 1 et scq.
: ;

11., n. 2G3 ad 26G. De amore essenli.ililer unitivo Sch. in lui., a. 9,';, 147, U8. :

Item de amandi causis, sancloruni Gre}.'orii Nazianzcni, Au- De chdniate ut est aiuor inuluus : ubi de a'iiore D i ut aiuîci,
gustin!, Cassiani, ac Thomse Aquinatis Sch. tn lui., n. lUU, : nt spaii>i, etc. : Sch. m tut., a. liU ad 154. Ile fru^ndo et
lui, 102, 103. utendo, deque ainnre sui : Sch. in lui., a. Iu9. de, 113, etc.;
Augu>llnu.s, de necessario amore bealitudinis neque utendo Quiel. red., sect. 5, cap. 8.
aul Irueiido : Sch. in lui., n. 4, prop. 30, n. 8: il., n. 109 De vului.iaie explicita et implicita beatiluJinis : Sch. in tut.

ad 113. Hem de amore sui n. 116 il., n. 227 ad 234: il.,


:
i n. 4, piup. 6; il., n. 18 ad 22; il., n. 33.
n. 287 ad 292. Ilaud minus purusamor ab Augustino agnitus: De rcHeNis actibus non qiildcm alijicicndis i|uleUstarumTilu;
n. 294 ad 899. sed, i|UU(l u'i|iiivalet, ad inrcriurcm animi paricm abicgandis :

Du sanclo Uernardo ac duabus amandi causis Uysl. in lut., : U'pl. inlul., n. 127; il., n. 111, 142, 143. Quiel. red.,
n. I2G. Schol. inlul., n. 4, prop. 33, 34; it., n. lijad 1C3; sect. G, c. 4 : ubi de separalione partium animi, n. 3, 4, 5;
il., n. 238 ad 336. il., cap. 6.
De M.igistro Sch. in : lui., n. 8. De cuiiumplalione, et de Christo ab ea probibito : Mysl. in

De Alberto Magno : Sch. in lui., n. 237 ad 243. lut., part. I, art. 3 loto, n. 144. Quiel. red., sect. 6, e. I, 2,
De sancto Tboma , sive de oijjcrio cbarilatis et amore bea- 3 : ubi de actu univer.sali ac perpetuo : propos. 16, 17. Radix
Utuilini^ sive njturalis, sive supernaluralis, ac de n.ilur.i el ob- erroris, sect 6 , cap. 9.
jecta voluiitalis : Sch. in lui., n. 8 ad \'.r, il., n. 22 ad n De r.inniismo, sive de impulsibus et instinctibus extraordi-
il., n. 3j ad G3 tl., n. 84, 86; it., ». 103, 121, 129, IJU; nariis : ilyn. in lui., n. 127, 128 ad 145 ;
Quiel. red., sect.
'
II., 244 ad 262. Ilem, de peccato vcnia'i, deque inclinalione 6, cap. J.
De actilius conatus prnprii maie reprehen^s llysl.in (ul., :
ad Deuni vel babilu vel actu : n. 172 ad 176.
pari. I, an. 2 tolo, a n. IIG: ubi de |>ro|>rin, diquc P.itrum
De Scuto cl Suarc: Sch. in lut., n. 87, 88, 89, 127.
itquc Augusiini sensu, o. 120 aJ 12â. Quia, red., sccl, 6>
De ronnlijtione scboix Ibomislicai cum scotintica : Sch. in
cap. :<, n. 12, 13.
lui., n. bJ, bt, etc.
(Juod l'orlectio ia extraordinariis orationibus rollocanda non
De sancto Uonavcnlura.- £cA, inlul., n. 63 «d 80; ilcm n.
sit: .U'fW. tn tut., n. .19 ad 62; il., n. 112, 113, 114, ll6.
117, 306 ad 312.
De amure qui est |>astio, non perreclio aut virtus : Jryi<>

• &Aol m tulo, n. ïeS.


inlul., n. 88.
RELATION SUR LE QUIËTISME. 109

De perfectione omnibus proposita: Slyst. in tul., n. 200, De exstasibus, et quatenus différant a suspensis animi facui-
201, 202 : ubi de aclibus a charitale imperatis. /(.; Quiet, red., tatibus, habes Myst. in tut., a n. 69 ad 89;
: it.. a 107 ad
sect. (i, cap. 6, n. 5. 116: ubi de traditione horum slatuum.
Quod oralio qui^tis sive simplicis inluitus, sive passiva et De falsa pbilosophia a D. Cameracensi Schote imputata..
«onlemplaliva, licaloram There^ia; , Salesii, Joannis a Cruce, Myst. in lut-, n. 52 et seq.
Balthisaris Alvarez, et alionim proborum postreiiii a;vi iiiys-
De amore sive afîectu naturali D. Cameracensis Myst. in lut.,
ticoriim, constiluta sit in impedimenlo divino vero ac rcali; n. 177, IfS, I74nd 189; it., n. 199 ; Schol. in tut., n. 267
ex quo orilur impolentia su<pensis a discursu prœsertim animi
ad 286 ;
Quiet, red., sect. 4, cap. 3.
faciiltnjihus, ac sublatis actibus conatus praprii : ll;ist. in lui.
De quatuor erroribus quielismo addilis : Quiet, red., s. 6,
part. 1, art. l et 2, n. 1 ad 5; et llb ad 143 : ubi Cameia-
c. 6.
censis soli ipsi contrarius demonstralur, n. 67.
Notandus ibi errer secundus, sive prop. 68 quod amor
De ca impotentia habes uno verbo ex sanclis Theresia et
:

pur» concupiscentiœ, licet sacrilegus, ad justificationem prae-


.Toaniio a Cruce : quod in ea oratione anima, nec si velit, me-
Quodauiem se excusât auclor, quia prsparationem il-
paret.
dilari po.vsit, n. 173.
lam in removendis cupidilatum obieibus coliocet, duo pcceat;
Quatenus exstases et extraordinaria quaevis ab eadem ora-
primum, quod squet sacrileguni affeclum pio niolui limoris
tione amovenda: ex sancta Tberesia, n. 73, 78 ad 84; ex
a Spiritu sancto proTecti in eo est, quod obicem , cuju? vis
bealo Joanne a Cruce, n. 7!, 84 ad 87; ex Baltbasare Alvar
removeat; deinde quod peccata in censum pr.Tparalionum re-
ac Ludovioo a Po le. n. 34, 3S, 87.
ferre cogeretur: cum lis et sa>pe, teste Augustin i, alla pec-
Hinc dilii^cnler notandum, oralionem passivam sive conlem-
cata vincanliir, et pessimum superhise vitiuni retundatur.
plalionis, ab iisdem auctoribus distursivae sive meditativsB
De recollcctis D. Cameracensis erroribus Myst. in tut.
orationi oppositam, eanidem omnino esse a qua exstases et
:

omnia extraordnariaamovcant ilijsl. in tut., ubi supr., n. 1 n. 172 ad 177. Sch. in tut., n. Ib6 ; it., n. 256, 237, 238 ^
:

ad 73 it., n. 348. Quiet, red., sect. 7, tota.


quo sensu h;ibes ex .loanne a Cruce, n. 84, 8 j, 86, 87.
:

Hinc infer quam sibi quidam mystyci vcrba dari a D. Ca_ Summa rerum, resurgit quielismus toto orl)e terrarum ;

meracensi [lassi sint cum se pro defensore proborum mysli- alibi crassius, alibi mitius, eoque periculosius incrustatus!
:

corum venditet, a quibiis toto dislat systemate Huic noiuina mille, mille nocendi artes. Si valido ictn semej
Mysl. in tut. :

amputetur eju^que radix, dogmata et quscumque species ob-


n. 93, 94, 95, 96 auctore nullo a se allalo, n. 68, 9S vorum
; ;

cliam truncentur; pa\ Ecclesiœ si molli et levi manu, quod absil!


notam temerilatis et fanatismi inurit, n. 56,57,58
iilis
:

ad 61; it., n. 89 ad 91. Ibid. de tribus celeberrimis notis tunditur ; recrudescet, et sero nimis tanto morbo salutares
Iransitus ad contemplationem D. curas adhibueris.
Cameracensis errorcs, et a
piis mysticis aperta dicessio, n. 15 et seq., 23, 37, 68, 69 ad
72.

RELATIOÎV SUR LE QUIÉTISME

SECTION PREMIERE.
son et nous donner tout le tort, ce prélat, dans
Raison d'écrire cette relation. lapremière édition de celle Réponse ', posait ce
1. Puisque M. l'aichevèque de Cambrai veut fait imjiorlaul qu'il avait « proposé à M. de :

qu'on lui réponde si précisément sur ses de- Chartres que nous suppliassions de concert le
mandes et que, dans celte conjoucture, il n'y en
; Pape de l'aire régler par ses lliéologieus à Rome
a point déplus imporlanlescpie celles qui regar- une nouvelle édilion de .sou livre en sorte qu'il :

dent noire |)rocédé,(iu'il tàclu; de rendre odieu.v ne nous reslàlqu'à laiss r taire ces théologiens;»
en toutes manières, peuilanl qu'il a été en tou- et un peu après « Je demandais une réponse :

tes manières plein de cliariU' et de douceiu' jus- proni|>le. et au lieu d'ime réponse je reçus la
qu'à l'excès : si l'on laitlait à le .salislaire, il Déclaralion impiimée conlre moi. » Nous ne sa-
tirerait trop d'avantages d(ï uotie silence. Que vons rien de ce lait avant é en l'air : Jl. de
ne domie-t-il point à entendre contre nous par Charlr-es éclaircira le puhlic de ce qui le louche,
ces paroles de sa Uépcjnse à noire IJéchiralion : mais sans atlendiela rélnlalioii d'un faillie celte
« Le procédé de ces prélats, dont j'aïuais à me importance M. duCamhrai.s'eu dédillur-mèirre,
plaindre, a été tel, que je ne pourrais espérer prrisqu'ila voulu retirer celle édilion, tpioitiirc
d'elle cru en le racoidaut. Il est l»on même d'en répandue à Rome dans jiar .son or'dre; el (|iie,
épargner la coimaissance au |)ul)lic ? » Tout ce ' celle qu'il lui sirlislilue, supprime tout cet arti- il

qu'on |)('ul imaginer de |>lus rigotueux el de plus cle Nous avons en main les deux éd'lions,
''.

extrême esl lenlernié dans ce discours; elen lai- celle 011 il avance ce lail, cl celle oii il le siip-
saul send)laiil de se vouloir taire, on en dit plus piime; et la preuve esl démouslialive, (pie sans
que si l'on parlait, l'our se donner toute la lai- même se soirveiiir' des laits (pr'il avance, ce |)ré-

< Kdit. de Bruxelles, p. 8. ' EJit. t.nus lumi >le la ville, p. V. — > lùla. de tliimcllci, p.
i\0 RELATION SUR LE QUIfiTISME.

lat ^crit ce qui lui vient dans IVsiirit Je jjIus nion de ma main à M"' Guyon, sans remarquer
odinix, euforc qu'il soit si faux, que lui-nuMne en même temps que c'était h Paris, où elle y
il esl ohliiîé de ie relirer et de le
suppriiuer en- était re(;ue par ses supérieurs en sorte qu'il :

lièrcuicnt. n'était pas même en mou pouvoir de l'exclure de

2. Il n'en faudrait pas davanlafje pour jupcr la table sacrée; on lui doimait les saints sacre-

des beaux (loliors(|u'il veut iji muer à sacoudiiile, ments à cau.sc de la prole.ssion qu'elle taisait
et des aiïreuses cuiiiiMirsdout il déligure la uûtre. à chaque moment d'être soumise cl obéissante-
Il s'attache principalenieul h me dici ier : non A Meaux, je lui ai nonuué un confesseur, qui. ;'i

cnuleutdi- iu'accu>er par toutes ses lettres, « d'un siu- le rondement de l'entière soumission qu'elle

zèle précipité, d'un zèle amer', » c'est à moi témoignait par écrit et de vive voix dans les ter-
qu'il écrit ces mots : « Vous ne cessez de me mes les plus forts où elle put être connue, je don-
déchirer; > encore plus injurieux,
et ce qui est nai toute permission de la faire couununicr.
« vous allez lue pleurer partout, et vous me dé. Elle a souscrit à la condamnation de ses livres,
chirez en lue pleurant^; • il ajoute « Que : comme contenant une mauvaise doctrine elle a :

peut-on croire de ces larmes qui ne servent qu'à encore souscrit à nos censures, où ses livres im-
donner plus d'autorité aux accusations? » Dans primés et toute sa doctrine étaient coudaumés :

les mémos lettres' : » La [lassion ui'euipèche de enlin elle a rejeté, par un écrit ex(iri>s, les pro-
voir ce qui est sous mes yeux : l'excès de la i)ré- positions capitales d'où dépendait son système.
vcution mole toule exactitude. Je suis, dit-il'', J'ai tous tes actes souscrits de sa main, elje n'ai

l'auteur de l'accusation » contre son livre. Je donné celle allestalion, qu'on nomme complète,
suis cet impitoyable, « qui sans pouvoir assouvir que par rapport à ces actes qui y sont expressé-
son coura;,^', iiecdiim esiilcto auimo. par la cen- ment énoncés, et avec expresses défenses de di-
sure indirecte et and)ilieu.se portée dans nuire riger d'enseigner ou dogmatiser
,
délenses ;

Dt'ilaralion, redouble ses coups en particulier ;


qu'elle a acceptées et souscrites de sa nitiin dans
et,coulinue-l-il, en rociieillaul mes esprit^ re- : celle mêuie attestation. Voil.'i donc ce mélange
coUecto sphitu, je reprends les paroles douces incomiiréhensible de relâchement et de rig'ieur
pour l'appeliM-un second.\loliuos paroles ciuinc : édairci par actes, et l'accusation de .M. de C im-
sont jamais sorties de ma bouche, puisque ce br li manifestement convaincue de faux. Qui ne
prélat sait lui-même que je l'ai loiijoius séparé voit donc, apri's cela,qiri upfaut donner aucune
d'avec Molinos dans la conduite, et même dans croyance aux faits que ce prélat avance contre
certaines conséquences, encore qu'il en ait posé un coidrère et contre un ami aussi iulime que je
tous les princijjes. Mais voici des accusations l'étais? J'accorde sans peine à.M. rarclievê(pie de
plus particulières. Cambrai ,
que si nous lui avons fait ciuebpie in-
ne comprends rien, dit-il, h la con-
3. « Je jure, il doit, connue il ne cesse de le ré|)éter,

duite de M. de Meaux d'un coté il s'cnllamme : sonleuir l'hoimeur de son ministère offen.sé ;
avec indignation » (car, h l'entendre, je ne suis qu'il nous fa.sse la même justice. Je suis donc

jamais de -sens rassis) « il s'eidlanuue donc avec;


obligé aus.si de faire paraître la vérité sur les
indignation, si |)eu qu'on révoque eu doute l'évi- plaintes dont il se sert pour animer contre moi
deuee de ce système de M"" (.iiyon de l'autre, ; tout le pid)lic. Il faut recherclierjusqu'à la source

il lacouHuuniedans sa main, il l'autorise dans quelle- peuvent être lesc;uises, et de ces larmes
l'usage (piolidieu des sacrements, et il lui donne, trompen.ses, el des einporlemenLstju'on m'attri-
quand elle part de Meaux. une attestation com. bue : il dans l'origine, si
faut qu'on voie, jusque

plele. sans avoir exigé d'elle aucun acte on elle ou la passion qui m'a guidé dans
c'est la cliarilé

ait rétracte loruieilemeiit auciuie erreur. D'où a-Ile affaire die a duré plus de cpiatre ans
: et ,

viennent liuit de rigueur et tant de rel;\che- je suis le prcui'cr qu'on y ait fait entrer. 1^ con-
mcnl? > nexion des fails ne me permet pas de les sépa-
Ce sont les reproches qne nous avons vu
4. rer; et je suis dans l'obliiralion de raconter
écrits de la main de M. l'arclievécpie de Cam. toute la siùtede celle fAcheiise histoire, puisque

biai, dans un iMeinoire fjui subsiste encore. Il la conduite de mes confrères el la mienne ne peut
sait bien à (pii d l'avait adressé, et nous le dirons entendue que par ce moyen.
être
dans la suite toul est injuste dans l'endroit
: Il esl vrai qu'il esl allligeanl de voir des évo-
8.

qu'un en vient de voir il n'était pas permis de : ques en venir h ces disputes, même sur des fails.
duc que j'ai donné (une seule lois) la comuui- Les libertins en li iomphent, et prennent occa-
sion de tourner la piéle en hypocrisie, el lesafTai-
< Quilr. Lattre i M. Tôt. d* Mtaux, p. 42, 43. ' Trois l.cltrct, — res (le l'Eglise en dérision; mais si l'on n'a pa.s la
p. 4&. —
' Lallrc 4, p. av, 3S • Rttp. ad —
Stm. doct., ad ot|)cct.
justice de remonter à la source, on juge contre
RELAllOiN SUR LE QUIËTISME. Hi

la raison. M. de Cambrai se vante partout qu'il reprendre les choses jusqu'à l'origine ,
par un
n'a pas écrit le premier; ce qui pourrait mettre récit aussi simple, qu'il sera d'ailleurs véritable

la raison de son côté, et du moins nous rendrait et soutenu de preuves certaines?


d'injustes agresseurs.m'adresse cette parole à
Il

moi-îuême « Qui est-ce qui a écrit le preaiier?


:

Commencement ds la relation; et premièrement, ce qui


qui esl-ce qui a commencé le scandale ? » '
s'e6t passé avec moi seul
Mais esl-il per:nis dedissimnier les faits constants
et pulilics?Qui est-ce en eflet qui a imprimé le 1. Il y avait assez longtemps que j'entendais
dire par des personnes distinguées par leur pieté
premier sur ces matières, de M. de Cambrai ou
et par leur prudence, que l'abbé Fénelon était
de nous? Qui est-ce qui dit le premier, dans un
favorfible à la nouvelle oraison, et on m'en don-
Avertissement à la tète d'un ouvrage d'impor-
nait des indices qui n'étaient pas méprisables.
tance, « qu'il ne voulait qu'expliquer avec plus
Inquiet pour lui, pour l'Eglise, et pour les prin-
d'étendue les principes de deux prélats (M. de
ces de France dont il était déjà précepteur, je le
Paris et moi) donnés au public en trente-quatre
propositions^? » £tions-nous convenus ensem- mettais souvent sur cette matière , et |e lâchais

avais-je de d(>couvrir ses sentiments dans l'espérance


ble qu'il expliquerait nos principes ?
,

seulement ouï parler de cette explication? SI. de de le ramener h la vérité pour peu qu'il s'en
écartât. Je ne pouvais me persuader qu'avec ses
Cambrai dit beaucoup de choses de M. de Paris
que ce prélat a réfutées au gré de tout le pu- lumières et avec la docilité que je lui croyais, il
blic, par des faits incontestables; mais pour moi
donnât dans ces illusions ou du moins qu'il y
,

les excuses de M. de Cambrai n'ont pas la moin-


voulût persévérer, s'il était capable de s'en lais-
ser éblouir. J ai toujours eu une cei'taine persua-
dre apiiarence, puisqu'il est constant que je n'a-
sion de la force de la vérité quand on l'écoute, et
vais passeuicmeut entendu parler de l'explication
je ne doutai jamais que M. l'abbé de Fénelon n'y
qu'il voulail donner de nos principes communs.
fût attentif. J'avais pourtant quelque peine de
En avais-je usé de la môme sorte avec M. de
Cambrai, et quand je voulus publier l'explica- voir qu'il n'entrait pas avec moi dans cette ma-
tière avec autant d'ouverture que dans les au-
tion que j'avais promise de notre doctrine ,
n'avais je pas commencé par mettre le livre que tres que nous traitions tous les jours. A la fin

je préparais en manuscrit entre les mains de


Dieu me tira de cette inquiétude , et un de nos
M. de Cambrai pour l'examiner? Ce sont des amis communs homme d'un mérite couune
,

faits très-constants, et qu'on ne nie pas. Je suis


d'une qualité distinguée, lorsque j'y pensais le
moins, me vint déclaier que M™Guyon et ses
donc manifestement innocent de la division sur-
venue entre nous, moi qu'on accuse d'être l'au- amis voulaient remettre h mon jugement son
oraison et ses livres. Ce fut en l'année 1693, vers
teur de tout le mal. Si, au lieu d'expliquer nos
le mois de septendire , qu'on me proposa ces
princi|)es, il se trouve qu'on nous implique dans
examen. De deviner maintenant pourquoi l'on
déserteurs capitales; si on remplit tout un livie
des maximes de Molinos, et qu'on ne lasse que
me lit cette confidence, si ce fut là un de ces sen-
timents de confiance que Dieu met quand il lui
de les couvrii' d'apparences plus spécieuses
plait dans les cnnns pour venir à ses fins cachées
avons-nous dû le souffrir? 11 n'y a doncqu'à exa-
ou si l'on crut sim|ili'm( ni dans la conjoncture
miner si dans le fond notre ctiuse est aussi juste
qu'il se fallait cbcrcher quelque sorte d'appui
que nous l'avons démontré ailleurs; mais en
dans l'épiscopal, c'cstoû je ne puis entrer; je ne
attendant il est jnstilié à la face du soleil, au yeux
veux point l'aisonner, mais raconter seulement
de Dieu et des liouunes, que nous ne sommes
des faits que me rapelleul sous les yeux de Dieu,
pas les agresseurs, que noire déicuse était légi-
non-seulement une mémoire (raidie et sûrc
time autant quelle est nécessaire, et que du
moins cette [)artie du |)rocédé, qui est le fonde-
comme au premier jour, mais encore les écrits
que j'ai en main. Naturellement je crains de
ment de toute la suite, ne reçoit pas seulement
m'embanasser des aflanes où je ne suis pas
uneombrc detoutestation.
conduit par une vocation manifeste; ce qui ar-
6. Le reste n'est |)as moins certain : mais afin
rive dans le troupeau dont je suis charge, quoi-
de le l'aire entendre à tout le public, puis(jue
que iiiiligue, ne me donne point celte iiciii*
ceslM. de Cambrai qui nous y presse lui-même,
j'ai la foi an saint inini.stère et à la vocation di-
et qu'il a cini| cents bouclies |)ar loule 1 turope
vine, l'our celle lois, eii me proposant d'enlirr
à sa dispo.sition; pour y laiie retentir ses |)lainte8,
dans cet examen, on me répéta si soineiil (pie
que pouvons-nous luire, encore un coup, que de
Dieu le voulait, et ipie .M"»' (iuyon ne ile.siianl

Lettre 4, |i. 42. Aitrt., p. 18. que d'élrc cnseiguéc, un évèquc à qui elle pre-
112 RELATION SUR LE QUIÉTISME.

uait confiaiire ne pouvait pas lui rcfnsei- l'ins- par ma bouche, d'user de celte nouvelle coui-
triicliiMi i|ircllc(lemaiulail avec lant li'liiiinilili', municilioii de grâce, jusqu'à ce (pi'cllc eût élé
qu'à la fiii.ji' me londis. Je cdiiniis hioiilit que plus c\aiidiiée. Je voulais en tout et partout
c'élail M. l'alilté de Fënelon (jui avait (lonm' le procéder modérément, cl ne rien condamner à
conseil; regardai coiiirne un Ixjiihciir de
et je fond avant (pie d'avoir loul vu.
Voir nailre une oceasion si naturelle de ni'ex- 4. Cet endroit de la Vie de madame Guyon

pli(|uer avec lui. Dieu le voulait je vis M""" ;


est trop imporlanl pour être laissé douteux, et

(anou : on me donna tous ses livres, cl non-scu- voici connue cllerexpli(iuc dans sa Vic:« Ceux,

leineut les ir.iiniinc'^ , mais encore les nianus- dit-elle, que Noire-Seigneur m'a donnés c'est

criLs,coniujc si Vie qu'elle avait éciile dans un un slUe rénandu dans tout le livre) mes véri- :

gros volume, des coiiuuentaires sur Moïse, sur tables eiifaiils ont une lendaiice ;i demeurer en

Josué, sin- les Ju^es, sur rKvan;;ile, sur les l^pî- silence auprès de moi. Je dt'-eouvre leurs be-

tresde saint Paul, siul'Apocaljpse et siu- beau- soins, cl leur communique en Dieu ce qui leur
coup daiili es livres de l'Kcrilure. Je les emportai man(jne. Ils seiilent fort bien ce qu'ils reçoi-
dans mon diocise, où j'allais je : les lus avec vent, et ce qui leur est cnmmuniqué avec plé-

alleidion,jVn (isd'auqiles extraits, connue on le nitude; un peu après: « 11 ne faut, dit-elle,


»

fait des dont on doit juj;er: j'en écrivis


iiialières que se mellie auprès de moi en silence. » Aussi
au lourde les propes paroles; je mar-
ma main cette couuuimicalion s'appelle la communica-

(|uai tout jus(|iraux paj^es; et durant l'espace de tion en sileiicr, sans parler et sans écrire; c'est

quatre ou ciui| mois, je me mis en élat de pro- li^ langage des anges, celui du Verbe qui n'est
noncer lejn-ement (\yùm me demandait. (pi'uii silence éleinel.Ceux q sont ainsi auprès i

2. Je ne me suis jamais voulu charger ni de d'elle « sont nourris, dit-elle, inlimeuient de ta


confesser ni de diriger cette dame ,
quoiqu'elle gi'àcc coiiimuni(iuée |)ar moi en iilénilude. » A
me l'ait proposé; mais seulemenl de lui déclarer mesure qu'on lecevail la grâce autour d'elle,

mon sentiment sur son oraison et sur ladoclrine « je me sentais, dit-elle. |)eu à peu vider et sou-
de ses livres, en acceptant la lil>erle qu'elle me lager. » Chacun recevait sa grâce « selon son
donnait de lui ordonner ou de lui ilérendrc pré- degré d'oraison, et éprouvait auprès de moi celle
cisément sur cela ce que Dieu, dont je deman- pléiiilude de grâces a|)poi'lées par Jésus-Christ :

dais perpéluellomenl les Imnières , voudrait c'était comme une écluse cpii se décharge avec

m'ius|ii:er. profusion : on se scnlaiî empli, et moi je me


La première occasion que j'eus de me ser-
',i.
sentais \iilcr, et soulager de ma plénilude; mon
vir de ce pouvoir fut celle-ci. Je trouvai dausla âme m'était montrée comme un de ces torrents
Vie de celle dame, que Dieu lui donnait une qui tombent des montagnes avec une rapidité
altoudauccdegràcesdoulelle cievail; au picil de inconcevable. »

la lellrc il la fallait délacer : elle n'oublie pas 5. Ce qu'elle raconte avec pins de soin, c'est,

qu'une duclusse a\aitune fois l'ail cet office en : comme on a dit, qu'il n'y avait rien pour elle
cet étal on la niellait souvent sur son lit; souvent dans celle plénilude de grâces; elle ré|)èle |iai'-
on se conlenlailde demeurer assis auprès d'elle: loul que « tout était plein; il n'y avait rien de
on venait recevoir la grAce dont elle était pleine, vide en elle; » c'était comme une nourrice qui
et c'était là le seul ino\en de la soulager. Au rri've de lait, mais (pii n'en |)rend rien pour
reste, elle disait Irès-expressément quecesfiià- elle-même. « Je suis, dit-elle, depuis bien de;
ces n'étaient point pour elle qu'elle n'en avait ;
aniK'-es dans un étal égalemenl nu cl vide en

aucun besoin, élant pleine par ailleurs et que , aiiparence; je ne laisse pas d'clie Irès-pleiue.
celle surabondance ur les aulres.Toul cela
él.iit pi lue eau qui rem[i!irail un bassin, lant (pi'elle

me parut d'abord su,ierbe, iKuneau, inouï, et se trouve dans les bornes de ce (pi'il peut con-
dès là du moins fort .suspect ; et mon cu-ur, qui tenir, ne fait rien disliiiguer de s;i plénitude;

se .soulevait à cbaipie moment contre ladoclrine mais qu'on lui verse une surabondance, il faut

des livres (pie je lisais, ne put résisicr -à celle qu'il se décharge, ou ()u'il crève. Je ne .sens ja-
manière de donner des grâces. Cardislinclemeul mais rien pour moi-même mais ; lorsque l'on

ce n'élail ni juir .ses prières, ni par sesaverlis- remue par quehpie cho.sc ce fond inlimemenl
.senn'uts (pi'clle les donuait : il ne fallait qu'èlre plein et liaiiipiille, cela fait sentir la plénilude

a.ssis auprèspour au.ssitol recevoir une


d'elle a\cc tant d'excès qu'elle rejaillit sur les si'US;
elïusion de celle plémtude de grâces. Trappe c'est,ponrsuil-elle, nu irgorgeiuenl de |)léni-

d'une chose aussi cloun.i.ile, j'écrivis de iMc.uiv tude, un rejaillissement d'un fond comblé et
î* i'aiisà celle daine, que je lui deioadais. Dieu toujours plein pom° toutes les àiucs qui uni be-

RELATION S(1R LE QUIftTISM. 11?.

soin de puiser les eaux do celte plénitude ; c'est écrite de sa main, et signée d'elle : « Il y a trois
le rrservoir divin oii les enfants de la sagesse sortes de choses extraordinaires que vous avez
puisent incessamment ce qu'il leur faut. » pu remaïquer la première qui regarde les
.

6. C'est dans un de ces excès de plénitude, communications intérieures en silence celle-là ;

qu'envifonnée une fois de quelques personnes; est très-aisée à justifier par le grand nombre de
« coniino une fenune lui eût dit qu'elle était personnes de mérite et de probité qui en ont l'ait
l)lus pleine qu'à l'ordinaire : je leur dis, ra- l'expérience. Ces personnes, que j'aurai l'hon-
contc-t-cl!c, que
de plénitude, et
je mourais neur de vous nommer lorsque j'aurai celui de
que cela surpassait mes sens au point de me vous voir, le peuvent justifier, l^ourles choses à
faire creverce fut h cette occasion que la
: » venir, c'est une matière sur laquelle j'ai quehpie
duchesse qu'elle indique, et que personne n'ap- peine qu'on fasse attention ; ce n'est point là
prendra jamais de ma bouche, « me délaça, » l'essentiel; mais j'ai été obligée de tout écrire.
dit-elle, « cliariiablement pour me soulager : ce
'

Nos amis pourraient facilement vous justifier


qui n'empêcha pas que par la violence de la cela, soit par des lettres qu'ils ont en main, écri-
plénitude, mon corps ne crevât île deux côtés. » tes il y a dix ans, soit par la quantité des choses
Elle se soulagea en communiquant de sa plé- qu'ils onttémoignées et dont je perds facilement
nitude à un conlésseur qu'elle désigne, et à l'idée. Pour
les choses miraculeuses, je les ai

deux autres personnes que je ne découvrirai mises dans la. même simplicité que le reste. »
pas. La voilà donc déjà dans son opinion commu-
7. C'est après avoir vu ces choses, et beau- nicatrice des grâces, de la maifière inouïe et
coup d'autres aussi importantes (pie nous allons prodigieuse qu'on vient d'entendre pio[ihé- ;

raconter, que M. l'archevêque de Cambrai per- tcsse de plus, et grande faiseuse de miiai'les
siste à défendre M™'= Guyou en des termes dont Elle me prie sur cela de suspendre mou juge-
on sera étonné, quand nous en serons à l'article ment, jusqu'à ce que je l'aie vue et entendue
où il les faudra produire écrits de sa main. On plusieurs fois ce que je fis autant que je pus sur
:

verra alors, plus clair que le jour, ce qu'on ne lesdeux derniers chefs.
voit déjà que trop, que c'est aprèslout M™= Guyon 9. Je laisse donc pour un peu de temps les
qui lait le fond de cette affaire, et que c'est la miracles qui se trouvent à toutes les pages do
seule envie de la soutenir qui a sépaié ce |)rélat cette Vie; et les productions, qui sont ou vagues,
d'avec ses confrères. Puisqu'il m'attaque, connue ou fausses, ou conhises, et mêlées. Pour les
on a vu , sur mon procédé, tant avec M"'" Guyon cominunicafions en silence, elle tâcha de les
qu'avec lui-même, d'ime manière qui reuthait justifier par un écrit qu'elle joignit à sa lettre
cl mon ministère et ma conduite odieu> e à toute avec ce titre « La main du Seigneur n'est |)as
:

de prévoir ce que ces injus-


l'Eglise, c'était à lui « accourcic <. » Elle y apporte l'exemple des « cé-

tes reproches me contraindraient à la fin de dé- « lestes hiérarchies » qu'elle allègue aussi dans
couvrir mais une raison plus haute me force
: sa Vie en plusieurs endroits : « Celui des saints
encore à pailer. Il faut prévenir les fidèles contre qui s'entendent sans parler celui du fer frotté :

une séduction qui suhsiste encore : une femme (le l'aimant celui des hommes déréglés qui se
:

qui est ca[)al)le de tromper les âmes par de telles commuuiiiuent nu de dérèglement celui
es|)ril :

illusions, doit être connue, surtout lorsqu'elle de saillie iMoni(pie et do saint Augustin
dans le
trouve des adnnraleurs et des déléns(>in\s, et un livre X des Confessions de ce Père » où il s'agit :

grand parti pour elle, avec une attente de nou- bien du silence où ces deux âmes huent attirées
veaiUés que la sinte fera paraître. Je confesse que mais sans la moindre teinture de ces iirodigicuses
c'était ici en effet mi ouvrage de téuihres, (ju'on comimmications, de ces sii|)erl)es |)léniludes, de
doit désirer de tenir caché, et je l'eusse fait éter- ces regorgements qu'on vient d'entendre. Je u;-
nellement, comme je l'ai lait dînant plus de parle point des expériences auxquelles on mj
trois ans avec un impénétrable silence, si l'on ii'iivovait, ni aussi de certains ell'ets que la pré-

n'eût pas abuse avec troj) d'excès de ma discré- vention ou même la bonne foi peuvent avoir.
tion, et si la chose n'était pas vcime à un point Ce ne sont rien moins (pie des preuves, puis(pie
où il faut, pour le service de l'Eglise, mettre en c'est cela même qu'il tant éprouver et exami-
cvitlence ce qui se trame sourdement dans son ner, selon ce |)rincipe de r.\pôtre « Eprouvez :

sein. « les es|)rits s'ils sont de Dieu 2; net encore:

8. Comme M'"" Guyon sentit d'abord (pie je « Eprouvez tout, retenez ce (pii est bon ^. »
trouverais beaucoup de choses extraordinaires Ouand.ponr en venir à cette épreuve, j'eus com-
dans sa Vie , elle me prévint là-dessus, en cette mencé par délendre ces absurdes commuiùca-
munii-re, dans une lettre que j'ai encore toute ' Jsa-, Lm, 9. — ' /oaii., iv, 1. — '
I. Thess., v, ^1.

li. Toji. VL
n\ RFÏ-ATfON SUR ! E <>I'IÉTISME.

lions, M""» Giiyon tAolia d'en excuser une pailie, 1:2. Dans de ceux
la suite elle voit la victoire

comme la rupliire ilcscs liabilscn deux eiidioils qu'elle appelle les marljrs du Saint-Esprit. " 1)
par celle iflrowiltle pléniludc j'ai sa réponse :
Dieu dil-elle connue une personne inspirée,
!

peu salisrai>aiile dans une lellre de s;i main qui vous vous taisez vous ue vous taiiez pas tou- !

scrl à jnslilier le lait. l'our l'exaMieii d'une si jours. » Après cet eulliousia>uic, elle montre la

élraiiKC CDunnimication, on voit lii n iin'il est consonuuation de toutes choses |)ar l'élenduede
inutile. Ce qu'il ) avait de bon dau^ ivlle ré ce même esprit dins toute la terre. Lu peu après

ponse, c'est que la dame promellail d'obéir et elle raconte (jne, « passant par Versailles, elle
de n'écrire à personne ce (jne j'a\aisaussi exigé
;
vil de loin le chasse qu'elle fut pi i>e de
roi à la ;

poui remiiéclK'rdeseméleidcdiicilion.commc Dieu a\ee une possession si inline (pi'elle fut


elle Taisait avec une auloiiié élounanle car :
coutrainle de fermer les yeux elle eut alor> une ;

j'avais entre autres clioscs trouvé lians sa Vie, ce


certitude que S. M. l'aidait d'une manière par-

qui parait aussi dans son Inlerprélation impri- ticulière. » et, dit-elle, « que Noire-Seigneur
|)ermellrait J'écris, » pour-
que
mée sur le CanVuiuf, que p;u- un étal et une je lui parlasse.

deslinalion apo>toli(|ue. doid elle était revêtue, suit-elle, pour ne rien cacher, la chose
« ceci

et où les Ames d'un certain état sont élevées, ayant à présent peu d'apparence pour une per-
non-seulement elle « voyait clair dans le fond sonne décriée. » Mais elle eut en même temps
des Ames, » mais encore « qu'elle recevait une une certitude qu'elle serait délivrée de « l'op-
autorité miraculeu.se sur les corps et sur les
probre par le moyen d'une protectrice de (pii
>'

âmes de ceux que Notre-Scigneur lui avait don- on sait (pi'ellc est un peu lavori.'^ée, quoiqu'elle
la nonnne en deux endroits de sa Vie.
nés. Leur état intérieur sernliiail, dit-elle, être
en ma main » (par l'écoulement (jue l'on a \u
13. Chacun peut faire ici ses réilexions sur les

de cette grAce connnuni(piéc de .sa plénitude) :


propliélies de cette dame; car pour moi je ne
veux point sortir des faits: c'en est un bien
sans qu'ils sus.sent « ni conunent ni pourquoi,
ils ne pouvaient s'empédier de m'appeler leur
considérable que, dans im enthousiasme sur les
mer\eilles que i>ieu voulait opérer par elle, « il
mère; et cpiand ou avait poiité de cette direc-
conduite à cliarge. » m'ascndjlé, dit-elle, que Dieu m'a choisie en ce
tion, toute autre était

iU. Au milieu des précautions que je prenais siècle pour détruire la raison humaine pour ;

établir la sagesse de Dieu par la destruction


contre le cours de ces illusions je continuai ma
de la sagesse du monde: il établira les cor-
lecture, et j'en vins à l'endroit où elle prédit le
des de son empire en moi, et les nations re-
régne prochain du Saint-lvsprit par toute la
de\ait être précédé d'une terrible jjer- connaîtront sa |)uissance son esprit .sera lé- :
terre. Il

sécution contre l'oraison « Je vis, dit-elle, le :


pandu en toute chair. On chantera le cantique
démon décliai.ié contre l'oraison et contre moi; de l'Agneau connue vierge, et ceux (jui le chan-
une persécution étrange teront seront ceux qiù seront iiarfaitement dés-
qu'il allait .soulever
personnes d'oraison n'o>ait m'at- aftpropriés: ce que je lierai sera lié, ce que je
contre les : il

délierai sera délié je suis cette pierre (Ichée par


ta(pier moi-môme : il me craignait trop : je le
:

|)arailre j'étais la croix sainte, lejelée jiar les architectes ; » et


déliais tiuehpiefois : il n'osjiit ;

pour lui comme une l'oudre. >> le reste ipie j'ai lu moi-même à M. l'abbé de Fé-

que nelon il sait bien ceux (jui assistaient à la con-


11. a Une nuit, dit-elle à Dieu, j'étais fort ;

férence, et que c'était lui seul (pie je regardais,


éveillée,vous me montrAles à moi-même, sous
parce que c'elail lui connue prêtre qui devait
la ligure de cette femme de ['Apocalypse : vous
enseigner les autres.
me uionlrAtes ce nnslère, vous me files com-
prendre celle liuie: mon Ame au-ile.ssus des vi- H. M"" Guyon conlimie à se donner un air
prophétiipie dan.->son explication sur {'Apoca-
cissitudes et ini Dustanees. > Klle remarque elle-
lypse, d'où « Le temps
j'ai extrait ces paroles
même, et le soleil dejustice ipii l'einironnait, et
;

connue va venir; proche qu'on ne pense;


il est plus
toutes les vertus di\iues (]ui fais,iient

une autour de si tête « Elle était


coui'oiine :
Dieu choisira deux témoins en particulier, soit
gro.sse d'un fruit; c'est de cet esprit, .Seigneur, ceux qui .seront réellement vivants et qui doi-
disait-elle, (|ue vous vouliez conununiipier à tous
vent rendre témoignage, soit ceux dont je viens

mesenlanls: le démon jette un lleuve contre de parler » (qui sont la loi et l'amour piu-) et ;

moi; c'est la calonmie la terre lengloulirait, :


dans la suite: « U lUNstère |ilus véiilabli' que le
jour ipii luit vous passez à présent pour choses
elle tond)erait peu à peu: j'aurais des millions
!

diaboliques; le temi>s viendra (pi'aucune de ces


d'enlauts: » elle .s'u|ipli.iue de même le resie de
paioles ne sera re^jaidi-e (pi avec respect, parce
la pro|)liétie.
RELATION SUR LE QUIÉTISME. Hd
qu'on verra alors qu'elles viennent de mon Dieu; plutôt non « d'une oraison, mais d'un état donl
lui-même les conservera jusqu'au jour qu'il a on ne peut rien dire à cause de sa grande pu-
destiné pour les faire paraître.» reté. « Mais passons : et vous, ô Seigneur si !

15. C'est de ses écrits dont elle parle. Elle j'osais, jevous demanderais un de vos séra|ihiiis
insinue partout dans sa Vie qu'ils sont inspirés; avec le plus bridant de tous ses charbons, pour
elle en donne poui- preuve éclatante la miracu- purifier n)es lèvres souillées par ce récit, quoi-
leuse rapidité de sa main et n'oublie rien pour
; que nécessaire.
taire entendre qu'elle est la plume de ce diligent 19. Je dirai avec moins de peine un autre effet
écrivain dont parle David. C'est aussi ce que ses du titre d'épouse daus la Vie de cette lemme.
disciples m'ont vanté cent fois; elle se glorifie C'est qu'elle vint à un état où elle ne pouvait plus
que ses écrits seront conservés comme par mi- prier les saints ni même la sainte Vierge; c'est
racle, et, un jour arrivera, » dit elle encore dans déjà là un grand mal, de reconnailre de telsélats
V Apocalypse, « que ce qui est écrit ici sera en- sicontraires à la doctrine catholique; mais la
tendu de tout le monde, et ne sera plus ni bar- raisun qu'elle en rend est bien plus étranges
bare ni étranger. » a C'est, » dit-elle, « que ce n'est pas à l'épouse,

16. C'est ainsi qu'elle entretient ses amis d'un mais aux domestiques de prier l'épouse de prier
avenir merveilleux. J'ai Iraiiscritde ma main peureux: » comme si toute àirie pure n'était pa-
une de ses lettres au P. la Coinbe, duquel il fau- épouse ou que celle-ci fût la seule parfaite; ou
;

dia parler en son lieu j'ai rendu un exemplaire


: que les âmes bienheureuses, qu'il s'agisï^ait de
d'une main tùen sùro Ljui m'avait été donné pour prier, ne fussent pas des épouses plus unies à
le copier. Sans m'anètcr à des prédictions mê- Dieu, que tout ce qu'il y a de plus sahit et de
lées de vrai et de faux, qu'elle iiasarde sans cesse, plus uni sur la terre.
je remarquerai seulement qu'elle y confirme 20.Ce qu'il y a de plus répandu dans ce livr.
ses creuses visions sur la lemme enceinte de et dans tous les autres, c'est que cette dame est
l'Apocalypse, et que c'est peut-être jiour cette sans erreur. C'est la marque qu'elle donne par-
raison qu'elle insère dans sa Vie cette prétendue tout de son état entièrement uni à Dieu, et de
lettre prophétique. son apostolat mais quoique ses erreurs lussent
;

il. Je ramassais toutes ces choses que je crus infinies, celleque je relevai alors le plus, était
utiles pour ouvrir les yeux à M. l'abbé de Féne- celle qui regardait l'exclusion de tout désir et
lon, que je croyais incapable de donner dans les de toute demande pour soi-même, en s'abaudone
illusions d'une telle prophétesse quand je les lui nant aux volontés de Dieu les plus caclioos,
représenterais, et voici encore d'autres remar- quelles qu'elles fussent, ou pour la damnation ou
ques que je recueillis dans la même vue. potu" le salut. C'est ce qui règne dans tous les
18. Je ne sais comment je ferai pour expli- livres im[)rimés et manuscrits de cette dame, et
quer celle qui se présente la première. C'est un ce fut sur quoi je l'interrogeai dans une longue
songe mjstéiieux dont l'efiet fut étonnant. conférence que j'eus avec elle en particulier. Je
«Car, » dit-elle, «je fus si pénéuée de ce songe, lui montrai dans ses éciils, et lui fis répéter
et mon esprit fut si net, qu'il ne me resta nulle plusieurs fois, que toute demande pour soi est
distinction ni pensée que celle que Notre-Sei_ intéressée, contraire au pur amour et à la con-
gneur lui donnait. » Mais qu'était-ce, enfin, que fornnté avec la voloidé de Dieu et enfin très- ;

ce songe, et qu'est-ce qu'y vit celte femme si pé- précisément, qu'elle ne pouvait rien demander
nétrée? Une montagne où elle fut reçue par pour elle. Quoi, lui disais-je, vous ne pouvez
Jésus-Christ :une chambre où elle demande rien demander pour vous ? Non , répondit-
pour qui étaient les deux lits qu'elle y voyait ;
elle je ne puis. Elle s'embarrassa beaucoup
,

« En voilà un pour ma mère: » et l'autre? sur les demandes particulières de l'Oraison


« Pour vous, mon épouse » un peu après
: « Je
: dominicale. Je lui disais Quoi vous pouvez ne
: I

vous ai choisie pour élie ici avec vous. » Quand pas demander à Dieu la rémission de vos péciios?
j'ai repris M"" tiuyon d'une vision si étrange : Non, repartit-elle. Eh bien repris-je aus.-ilot, I

quand je lui ai représeuié ce lit pour une épouse moi, que vous rendez l'aibilre de votre orais >n,
sé()aré d'avec le lit de la mère, comme si la Mère je vous ordonne, Dieu par ma bouche, de dire
de Dieu dans le sens spirituel el mystérieux n'é- après moi : Mon Dieu, je vous [trie de me par-
tait pas, pour ainsi parler, la plus épouse de donner mes péchés. Je puis bien, dit-elle, ré-
toutes les épouses; elle m'a toujours répondu : péter ces paroles ; mais d'en laire entrer le .sen-
C'est un songe. .Mais, lui disais-je, c'est un songe timent dans mon cœur, c'est coidre mon orai-
(jne vous nous ilonnez couitue tm grand mys- son. Ce lut là que je lui déclarai qu'aviv m.e
tère, et comme le fondement iïune viaisoii, ou telle doctrine je ne pouvais plus lui pe nu élire les
\\6 RELATION SUR LE QLIfiTISME.

saints sacronicnts, cl que sa piopnsilion était lié- ramener M. l'abbé de Féneinn, que ceux qui
rd'tiqiic. Klle me pnniiil quatre et cinq lois de nous avaient écoutés étaient en sa main.
recPMtir iiislriiclii>n, et «le s'y somnctlre, et c'est 21. Un peu après celle conférence, j'écrivis
I)ar là que liiiil noire conférence. Elle se (il an «ne lon.jne lettre à M"" Gii>on, où je m'expli-
ciiinnieiiceiiienl fie l'année iOili, coinine il se- quais sur les dilïicullés qu'on vient d'entendre ">

rait ai>é lie par les dales des lellrcs


le juslilier j'en réservais quebjues aulres h un plus grand
qui y ont rappuil. Tôt après, elle fnt suivie examen : je manpiai-: tons mes sentiments, tels
d'une autre eonlérence |ilns iniporlaiile avec que je viens de représenter; ces |irodij;ieuscs
M. l'alilté de Féuelon dans son apparlenient à communicalions n'y étaient pas oubliées non ,

Versailles. J'y entiai plein dcconliaiice (pi'en lui plus que l'autorité de lier et de délier, les vi-
montrant sur les livres de M"'" Gumim loiiles les sions sur VApncah/pse et les autres choses que
,

erreurs el Ions les exeî'S qu'on vient (renletnirc, j'ai racontées. La lettre e^t du i de mars 169 1 :

il conviendrait avec moi trompée, et


{|irelle élait la réponse, (pii suivit de près, est très-soumise,
qucson état élait im élald'illiision. Je remportai el justilie tous les faits que j'ai avancés sur le

pour lonle réponse, (jm; puisqu'elle élait soumise contenu de ses livres. Elle acceptait le conseil
Sur la ilocti'iue, il ne lallail pas condanmcr la de se retirer sans voir ni écrire à personne au-
personne. Sur tous les autres excès, sur ces pro- trement que pour ses affaires; j'estimais la doci-
difîieuses comnnmicalions de grAecs, sur ce liti! ijin paraissait dans sa lettre, et je tournai
qu'elle disait d'elle-même, de la sulilimilé doses mon allenlion à désabuser M. VM)é de Féue-
grAces, el de l'étal de son éminenle sainteté: lon d'une personne dout la conduite élait si
qu'elle était la femme enceinte de VAporah/iKe, étrange.
celle fi qui il élait donné de lier el de délier, la
SECTION III.
pierre ani,mlaire, et le reste de celte nature ; on
Seconde partie de contenant ce qui s'est paité arec
me disait ipie c'était le cas de praliijuer ce que la rel.ition.

M. de Chillons, M. Tronsonet moi.


dit saint l'aid Eprouvez /es esprita. Pour les
:

grandes choses (pi'elle disait d'elle-même, 1. Pendant que occupé de ces pensées,
j'étais
c'était des ma;ïnanimiiés semlilables à celles de plein d'espérance de crainte, M"" Giiyon
et
l'Apotre, lorsipi'il raconte Ions ses dons , et (]uc tournait rexamen ii toute autre chose que ce
c'était cela im-mo examiner. Dieu
ipi'il fallait qu'on avait commencé. Elle se mit dans l'esiirit
me faisait senlii tout autre eliose s;i soumission ; de faire examiner les accusations i|u'ou inleutait
ne rendait pas son oraison bonne; mais faisait contre ses mœurs, et les désordres qu'on lut
espérer senlemenl cpr'clle se lais-erailicdresser : impnlait. Elle en écrivit h celte future piolec-
le reste me paiaissait plein d'niie illusion si ma- triee qu'elle ciojail avoir vue danssa prophétie,
nifeste ,
qu'il n'était lie.soin d'aucune autre pour la supplier de demander an roi tles com-
épreuve que de la simple relation des faits. Je missaires, avec pouvoir d'informer et de pro-
téiiioiu;nai mon seulimeiil avec toute la lilierlé , noncer sur sa vie. La copie qu'elle m'envoya de
mais aussi avec toute la douceur possible, ne sa lettre, et celle qu'elle y joignit, manpient par
crai;;nant rien lanl que d'aigrir cehii i|ue je des dates que lout ceci arriva au mois de juin de
voulais ramener. Je me retirai étonné devoir un l'an lOlK. C'était le cas d'accomplir les prédic-
si bel esprit dans l'ailmiration d'une femme dont tions, et iM™" Cuum y tournait les choses d'une
les lumières claiiMit si courtes, le mérite si léi^er, manière assez spécieuse: insinuant adroilemenl
les illusions si pal()ables, et ipii fiisait la proplié- qu'il lallait la purger des crimes dout elle élait
lesse.Les i)lenrs que je \ers;ii S(jus les \cnx de accusée, sans quoi on entrerait trop prévenu
Dieu ne furent pas ilii moins alors de ceux dont dans l'examen de s;i docirioe. .Mais il n'est pas
M. de Cambrai me dit à présent « Vous me : si aisé de surprendre une piété éclairée. La mé-

« pleurez et nous me déchirez. » Je ne son^çeais diatrice qu'elle avait choisie vit d'aliord que le
qu'à tenir caché ce ipie je vovais, sans m'en ou- parti des commissaires, outre les antres iiicon-
vrir qu'à Dieu seul; à peine le croyais-je uioi- vénieiiLs, s'éloignait du but (pii élait de com- ,

nième j'eusse voulu pouvoir me le cacher; je


: mencer par cxamiufr la doctrine dans les écrits
nie tàlais pour ainsi <lire moi-inème en trem- qu'on avait en main et dans les livres dont
,

blant, et à cba(|ue pas je crai-^nais des chute? l'Eglise élait inondée. .Viusi la proposition tombe
après celles d'un espril si lumineux. .Mais je ne d'elle iiiéiue : M'"" (liiNon céda; et ce fui elle
perd is|)ascoura(;o,mc consola lit sur l'expéiicuce qui lit demander amis la cho.se du
, par .ses ,

de tant de grands esprits (pie l»i<"u avait liuinilici inonde qui me lut la plus agréable c'ei-:t que, :

un peu de temps pour les l.iii e ensiiile niarelier pour achever un examen de celte imporlance,
plussùienieul; et je m'attachai d'autant plus à uù il fallait pénétrer loulc la matière du quié-
,

RELATION StJR LE QUIËTISME. iV


tisme, et mettre fin, si l'on pouvait, <'i une sorte puisqu-'il ne de rien moins que d'em-
s'agissait
d'oraison si pernicieuse , on m'associât M. de pêcher la renaissance du quiétisme que nous ,

Cliàlons, à présent archevêque de Paris, et voyions recommencer en ce royaume par les


M. Tronson, supérieur général de la congréga- écrits de M""* Guyon que l'on y avait répandus.
tion de Saint-Sulpicc. La lettre où M""" Guyon 3. Nous regardions comme le plus grand de
m'informa de celte démarche explique aciple" tous les malheurs qu'elle eût pour défenseur
ment toutes les raisons qui l'avaient portée à se M. l'abbé de Fénelon. Son esprit, son éloquence,
soumettre comme à moi à
deux messieurs.
ces sa vertu, la place qu'il occupait, et celles qui
Je ne connaissais le dernier que par sa répuia- lui étaient nous engageaient aux
destinées,
tion. Mais M. l'ahbé de Fénelon et ses amis y derniers efforls pour le ramener. Nous ne pou-
avaient une croyance particulière. Pour M. de vions désespérer du succès; car encore qu'il
Chàlons, on sait la sainte amitié qui nous a tou- nous écrivit des choses (il faut l'avouer) qui nous
jours unis ensemble. 11 était aussi fort ami de faisaient peur, et dont ces messieurs ont la mé-
M. l'abbé de Féncîon. Avec de tels associés j'es- moire aussi vive que moi, il y mêlait tant de
péi-ais tout. Le roi sut la chose par rapport à
témoignages de soumission que nous ne pou- ,

M"" Guyon seulement, et l'approuva. M. l'ar- vions nous persuader que Dieu le livrât à l'es-
chevèque de Paris a expliqué ce qui lui fut écrit prit d'erreiu\ Les lettres qu'il m'écrivait durant
sur ce sujet-là, et quelle fut sa réponse. On l'examen, et avant que nous eussions pris une
donna h ces messieurs les livres que j'avais v;js: finale ne respiraient que l'obéis-
résolution ,

M. l'abbé de Fénelon commença alors en grand sance; et encore qu'il la rendit tout entière à
secret à écrire .sur celte matière. Les écrits qu'il ces messieurs, je dois avouer ici qu'outre que ,

nous envoyait se multipliaieat tous les jours; j'étais l'ancien de la conférence, il semblait
sans y nommer M'"* Guyon ni ses livres, tout s'adresser à moi avec une liheilé particulière
,
tendait à les soutenir ou bien à les excuseï-- par long usage où nous étions de Irailer en-
le
c'était en effet de ces livres qu'il s'agissait entre sendjle les matières théologitiues l'une de ces ;

nous, et ils faisaient le seul objet de nos assem- lettres était conçue en ces termes :

blées. L'oraison de M™" Guyon était celle qu'il 4. « Je reçois, .Monseigneur, avec beaucoup
conseillait, cl peut-être la sienne parliculicre. de reconnaissance les bontés que vous me té-
Celle diime ne s'oublia pas; et durant sept ou moignez. Je vois bien que vous voulez charila-
huit mois que nous employâmes à une discus- biemenl mettre mon cœur en paix. Mais j'avoue
sion sérieuse elle nous envoya quinze ou seize
,
qu'il me parait que vous craignez un peu de me
gros cahiers, que j'ai encore, pour faire le pa- donner une vraie et entière sûreté dans mon
rallèle de ses livres avec les saints Pères, les état. Quand vous voudrez, je vousdiraicomuie
le
théologiens et les auteurs spirituels. Tout cela à un confesseur tout ce qui peut être compris
fut accompagné de témoignages absolus de dans une conlession généiale de toute ma vie .
soumission. M. l'abbé de Fénelon prit la peine elde lout ce qui regarde mou Inlérieur. Quand
de venir avec quelques-uns de .ses amis à Issy, je vous ai supi)lié de me dire la vérité sans
maison du séminaire de Saint-Sulj>icc où les , m'éiiargner, ce n'a été ni tm langage de céié-
inlirmilés de M. Tronson nous obligèrent à tenir monie, ni un art pour vous faire expliquer. Si
nos conliMCuces. Tous nous prièrent de vouloir je voulais avoir de l'art, je le tournerais à d'au-
bien entrer à fond dans cet examen, et pnite.>. tres choses ; el nous n'en serions pas où nous
lurent de s'en rap|)orter à notre jugement. sonnnes. Je n'ai voulu que ce que je voudrai
M'"° Guyon fit la même soumission par des toujours, s'il plait à Dieu , qui est de connailrc
lettres trè.s-res|)eclueuses;et nous ne songeâmes la vérité. Je suis jn-êlre, je dois loul à l'Eglise et
plus qu'à leruiinorcelle affaiie Irès-.secrèlement ncn à moi ni à ma répulalion per.sonnelle. Je
en sorte qu'il ne parût poiid de dissension dans vous déclare encore .Mon.seignein- (pie je ne
, ,

l'Eglise. veux pas demeure! un seul inslaiil dans l'erreur


2. Nous commenrâmes à lire avec plus de par ma faute. Si je n'en sors point au plus loi
prières que d'éludé, et dans nn gémissement (jue je vous décline ipie c'est vous (pu en êtes cause,
Dieu sait, tous les écrils (pToii nous envovait , en ne décidant rien. Je ne liens poinl à ma
surtout ceux de M. l'abbé de Fénelon ; à conférer place, el je suis prêt à la (piiller, si je m'en
tous les passages, cl souvciil à relire les li\res SUIS rendu indigne par mes erreurs. Je vous
entiers, quelque grande et laborieuse (ju'cn lui .somme au nom de Dieu, et par l'amour (pic
la leclure. Les longs exirails (pie encore font j'ai vous avez pour la vérité, de me la dire en toute
voir allcMlion nous apportions à mie al^
(jiielle rigueur. J'irai me cacher el faire péiiilence le
/aire où y il allait en ellet du tout i)Oin- l'Eglise, reste de mes jour.s, après avoir abjure elrélraclé
,

H8 RELATrON SUR LE QUII-TFSME.

piibliqHenfimt la docfrinc i^rrnrf'fi qui m'a sé- avec une pleine soumission si vous avez dès h
duit mais si ma doclrine csl iimocenle, ne me
:
présent quelipie chose à exiger de moi. Je vous
lonczpoinl en siis|)ens par dcsirspccls luimains. c'injure.au nom de Dieu, de ne me ménager en
C'est à vous h instruire avec antoriit' ccnx qui rien; et sans attendre les conversations que vous
se scandalisent fanicdc connaître les opérations me promettiez, si vous croyez maintenant que
de Dieu dans les âmes. Vous savez avec quelle je doive quelque chose h la vérité, et à rE;;lisc
conliancc je nie suis livré à vous, et appli(pié dans L'Kpielle je suis prêtre, un mot sans raison-
sans icl.Uiie à ne vous laisser rien ignorer de nement me suflira. Je ne tiens qu'à une seule
mes sentiments forts, il ne me reste
les plus chose qui est l'obéissance sinq)le. .Ma conscience
toujours qu'à Car ce n'est pas l'hoMunc
oliéir. est donc dans la votre. Si je manque, c'est vous

ou le Irès-prand docleur que je regarde en vous :


qui me faites manquer faute de m'averlir. C'est
c'est Dieu. Quand même vous vous tromperiez, à vous à répondre de moi, si je suis un moment
mon obéissance simple et droite ne me trompe- dans l'erreur. Je suis prêt h me taire, à me rétrac-
rait pas; et je compte pour rien de me tromper, ter, îi m'accuser, et même ù me retirer, si j'ai

en le faisant avec droiliuc et petitesse sous la manqué h ce que je dois à l'Eglise. En un mot
main de ceux qui ont l'autorité dans l'Eglise. réglez-moi lout ce que vous voudrez et si vou- :

Encore une lois, Monseigneur, si i)eu que vous ne me croyez pas,prenez-moiau motpourm'em-
doutiez de ma docilité sans réserve, cssa\ez-là barrasscr. Après une telle déclaration jenecrois
sans mepar-ner. Uii"iq"R vous aviez l'esprit pas devoir finir par des complimcnls. »
plus éclairé (lu'im aidre, je prie Dieu qu'il vous 1. Une autre lettre disait « Je vous ai déjà
:

6te loid votre propre esprit , et qu'il ne vous supplié de ne retarder pas un seul moment par
laisse que le sien. » considération pour moi la décision qu'on vous
de mot à mot toute la lettre. On voit
a. Voilà demande. Si vous êtes déterminé h condamnel
bien ,
de tout quitter et de faire la
|)ar les olTres quelque partie de la doctrine que je vous ai ex-
rétractation la plussolennelle, condtien la matière posée par obéissance, je vous .supplie de le faire
éUiit importante , et condden il y était engagé. aussi |iromptement qu'on vous en |)ricra. J'aime

Ce n'était point encore [)ar ses livres, puisqu'il autant me rélracter aujourd'hui que demain, ei
n'en avait écrit aucun en faveur de la nouvelle même beaucoup mieux. » Tout le reste élait du
oraison. J'acceplais avec joie la prière qu'il fai- même sens, et Unissait par ces mots « Traitez- :

sait pour moi, alin que je iierdisse tout mon moi comme un petit écolier, sans penser ni à ma

propre esprit qu'en eflét je n'écoulais pas, et je idace nia vos anciennes bontés pour moi. Je se-

tàcliaisde n'avoir d'oreilles que pour la tradition.


rai loute mavie plein de reconnaissance et de
docilité, vous me tirez au plus tôt de l'erreur.
si
Dans l'étal de .soumission où je voyais M. l'abbé
Je n'ai garde de vous proposer tout ceci pour
de l'énelon, j'eusse regardé connue une injustice
vous engager à une décision précipitée aux dé.
de dotder pour peu que ce fùl de sa docilité. 11
neme\iid jamais dans la pensée que les erreurs pens de la vérité à Dieu ne plaise je souhaite
:
;

d'esprit où je le voyais, (pioiqu'en elles-mêmes


seulement que vous ne retailliez rien pour me
importantes et pernicieuses, pussent lui nuire , ménager. »
8. Ces lettres me furent écrites par M. l'abbé de
ou pussent même l'exclure des dii^niités de l'E-
glise. On ne craignit point au iV" siècle de faire
Fénelon depuisie 12 de décembre KÎDi jiisipi'au
ili deJaiivier WJli; et pendant le temps qu'après
évéque legraud Synésius, encore qu'il conléssiU
beaucou|) d'erreurs. On le connaissait d'un es- avoir lu lous les écrits, tant de M"* Cunou

prit si bien lad et si docile, qu'on ne songea pas que de M. l'abbé de Fénelon, nous dressions
seidemenl (pie ces erieurs, quiii(|uc capitales, les Articles où nous compienions la condanma-

Cusseid un ob.slade à sa promotion. Je ne parle liou de toutes les crrems cpie nous trou\ions

point ainsi pour mejiistilier. Jcposesiinplenient dans les unes cl dans les autres, pesant toutes les
le fait, dont je laisse le jugement à ceux qui paroles, et tAchaut non-seulement à ré.souJre
récout<'nl : s'ils veulent le dilTércr jus(pi'à ce toutes les difficultés (jui paraissaient mais en- ,

qu'ils aientpu voir l'elïel du tout, ils me feront corcà prévenir par principe celles(iui pourraient
beaucoup de giAcc. Tout ici dépend de la suite s'élevei' dans la suite. Nousavions d'abord pen.sé
;

ctje ne puis rien cacher au lecteur sans loul àquel(|ues conversations de vive voix ajuès la
envelopper de lénèhies. Au reste la docilité de lecture desécriLs mais nous craigoiine- (ju'ea
;

Synésius n'était pas plus grande que celle ipie Si. mellanl la chost; en dispute nousne.souleva.s.sions
l'abbé de Fénelon laisail paraître; une auter Ici plutôt que d'instruiie un esprit cpie Dieu taisait

trccouli 'ul ces paroles :


entrer dans une meilleure voie, qui élailceliede
6. « ic ne puis m'enipèclierdevousdeiiiutidci' lu souiiiib.sioii absolue. U aou3 écrivait iui-aicuie,
RELATION SUR LE QUIÉTISME. H9

dans une lettre que j'ai encore « Epargnez- :


Mais nous ne nous avisâmes seu le-
les dignités.

vous la peine d'entrer dans cette discussion : moins moi, je le reconnais) qu'il y
nient pas (au
prenez la chose par le gros, et commencez par eût rien à craindre d'un hoimne dont nous
supposer que je me suis trompé dans mes cita- croyions le retour si siir, l'esprit si docile, les

tions. Je les abandonne toutes. Je ne me pique intentions si par raison ou par


droites : et soit

nj de savoir le grec, ni de bien raisonner sur les prévention, ou, si l'on veut, par erreur (car je
passages, je ne m'arrête qu'à ceux qui vous pa- me confesse ici au public plutôt que je ne cher-
raîtront mériter quelque attention; jugez-moi che à me délèndre), je crus l'iaslruction des
sur ceux-là, et décidez sur les points essentiels > princes de France en trop bonne main, po ur ne
après lesquels tout le reste n'est presque plus pas faire en cette occasion tout ce qui servirait
rien, k On voit parla que nousnous étions assez à y conserver un dépôt si important.
déclarés sur ses écrits. Il s'y était expliqué telle- 10. J'ai porté cette assurance jusqu'au point

ment à fond, que nous comprenions parfaite- que la suite fera connaître. Dieu l'a permis, peut-
ment toute sa pensée. On se rencontrait tous les être pour m'humilier : peut-être aussi que je pé-
jours : nous étions si bien au fait, qu'on n'avait chaisen mefianttrop aux lumières que je cro\ais
aucun besoin de longs discours. Nous recueil- dans un homme ou qu'encore que de bonne
:

lions pourtant avec soin tout ce que M. l'abbé de toi je crusse mettre ma confiance dans la force

Fénelon nous avait dit au connnencement, et de la vérité et dans la puissance de la grâce, je


tout ce qu'il nous disait dans l'occasion. On parlais trop assurément d'une chose qui surpas-
agissait en simplicité comme on fait entre des sait mon pouvoir.(Ji'oi qu'il en soit, nous agis-

amis, sans prendre aucun avantage les uns sur sions sur ce fondement et autant que nous tra- :

les autres; d'autant plus que nous-mêmes, qu'on vaillions à ramener un ami, autant nous demeu-
reconnaissait pour juges, nous n'avions d'auto- rions appliqués à ménager avec une espèce de
rité sur iM. l'abbé de Fénelon que celle qu'il religion sa réputation précieuse.
nous donnait. Dieu semblait lui faire sentir dans 11. C'est ce qui nous inspira le dessein qu'on
le cœur la voie que nous devions suivre pour le va entendre. Nous nous sentions obligés, pour
ramener doucementet sans blesser ladélicatesse donner des bornes à ses pensées, de l'astreindre
d'un esprit si délié. L'examen durait longtemps, par quelque signature mais en même temps :

il est vrai : les besoins de nos diocèses faisaient nous nous proposâmes, pour éviter de lui don-
des interruptions à nos conférences. Quant à M. ner l'air d'un homme qui se rétracte, de le iinre
l'abbé de Fénelon, on aimait mieux ne le trou- signer avec nous comme associé à notre délibé-
bler pas tout à fait sur ses sentiments, que de raiion. Nous ne songions en toute manière qu'à
paraître les condamner précipitamment, et avant sauver un tel ami, et nous étions bien concertés
d'en avoir lu toutes les défenses. C'était déjà leur pour son avantage.
donner un coup que de les tenir pour suspects 12. Peu de temps après il fut nommé à l'ar-
et soumis à un examen. M. l'abbé de Fénelon chevêché de Cambrai. Nous applaudîmes à ce
avait raison de nous dire qu'après tout nous ne choix connue tout le monde, et il n'en demeura
sa vionsses senti uients que par lui-même. Comme pas moins dans la voie de la sounii.ssion où Dieu
il ne tenait qu'à lui de nous les taire, la fran- le mettait : plus il allait èlre élevé sur le chande-
chise avec laquelle il nous les découvrait nous lier, plus il me send)lail qu'il devait venir à ce

était un argument de .sa docilité et nous les ca- ; grand éclate! aux giàces de l'étal épiscopal par
chions avec d'autant i)lus de soin, qu'il avait l'humble docililocpie nous lui voyions. Ainsi nous
moins de ménagement à nous les montrer. continuâmes à former noire jugemeiU et lui- ;

9. Ainsi, (huant tout le temps que nous trai- même nous le demandait avec la même humi-
tions tous trois celle affaire avec lui, c'est-à-dire lité. Les trente-quuire articles fuient dressés à
diu'ant huit ou dix mois, le secret ne fut pas Issy dans nos coulërences particulières: nous
moins imi)éuétral)le qu'il l'avait été durant le les présentâmes tout dressés au nouveau prélat,
temps à peu près égal (|ue j'y étais ap|)ii(|ué seul. M. de Châlons et moi, dans mon ap|)artcment à
11 le faut ici moindi'e souille venu au
avouer, le Versailles. M. l'archevèiiue de Paris a exposé ,

roi des senliineuts favorables de M. l'abbé de dans sa Uqwnxe à M. l'iiirlievcque de Cawbmi,


Fénelon pour M"'° (iuyon et pour sa doctrine , la peine que lui lit cette lecture. Nous lui
dimes
eût produit d'étranges effets dans l'esprit d'un sans disputer, avec une sincérité épiscopale ce ,

religieux, délicat sur la loi, si cir- qu'il devait faire des é( lits (pi'il iioiisavail envo-
prince si si

conspect à remplir Icsgraudes places deriiglise, yés •în si grand nombre : il ne dit mol. cl mal-
elle moins (|n'iin en eût dû attendri! eût été gré peine qu'il avait moiiliée, il s'dlfiil à si
la

pour cet abbé une exclusion inévitable de toutes gncr les Articles dans le niomenliiar obéissance.
iSO RELATION SUR LE QrimiSME.

Nous troiivAmcs plus à propos de les remellr mais accepté celle offre. Tout ce qui pourrait
cnlresos mains a(in qu'il put les considérer du- regarder des secrets de celle nalure sur ses dis.
rant qu('li|iii's jouis. Quoiqu'ils entamassent positions intérieures est oublié, et il n'en sera
le vif, ou pliiti'l. (pioiipril renversassent tout jamais question. M. l'arclievéque de Cauibrai
les roniicniiiils de la nouvelle oraison; coumn! insinue dans (piebpies-uns de .ses écrits, (pie je
les printipes en élaieut évidcnis nons crûmes , lus dilliiile sur (pirbjues-unes de ses restric-
que M. l'aidii' de IVnelon ne les contredirait pas tions, et que M. de Paris, alors M. de Cliàloiis,
quand il les aniail entendus, il nous a|)porla me redressa fortemiMil. .Nous l'avons donc bien
des restrielions à eiiacpic arlielc. oui en élu- oublié tous deux, puiscpi'il ne nous en reste au-
daient toute la loree et dont l'amliiguité le- ,
cune idée: nous étions toiijoiu's tellement d'ac-
rendait non-seulement inutiles , mais encore cord que nousn'eùmesjaiiiais besoin de nous per-
dangereux nous ne crûmes pas devoir nous y
:
suader les uns les autres et que tous ensemble,
;

irrôter. M. de Cand)rai céda et les Articles ,


guidés par le même esprit .le la tradition, nous
furent signés à Issy cliey M. Tronson, le 10 de
,
n'eûmes dans tous les lemps qu'une même voix-
mars ICito. 1i. M. l'archevêque de Cambrai demeura si
13. Uuauil M. l'arclicvèque de Cambrai dil bien dans l'e.sprit de soumission où Dieu l'a-
maiiilenanldaus sa Iléponseh noire Dcdarnlion^ vait mis, ipie, m'a\aiit prié de le sacrer, deux
qu'il a dffssc les Arliiles avec nous je suis '
,
jours avant cette divine cérémonie, à genoux,
lik'héqu'il ait ouhlié les saintes dispositions où et baisant la main qui le devait sacrer, il la
Dieu l'avait mis. Ou a vu, dans les lettres qu'il
])reiiait à témoin qu'il n'aurait jamais d'autre
écrivaitpendant qu'on liavaillaità ces Articles^ doclriiic que la miemie. J'étais dans le conir, je
qu'ilne demaudail (pi'unc décision sans raison- l'oserai dire, plus à ses genoux (jue lui aux
ner. Si nous entrâmes dans ce senliment, je miens. .Maisjc reçus cette soumission comme j'a-
prie ceux qui liront cet écrit de ne pas attri- vais lait toutes les autres de même nature que
buer à liaulcur ou ilédain à Dieu ne plaise!
;'i :
l'on voit encore dans ses lettres mon âge, mon :

en toute autre occasion nons eussions temi à antiquité, la sim|)licité de mes sentimeuts qui
lionneur de délibérer avec un homme de ses n'étaient (]ue ceux de l'Eglise, et le personnage
lumières et de son mérite, qui allait même que je devais faire, me donnaient celle con-
nous ùlre agrégé dans le ct)rps de lépiscopat. /iaiiee. .M. deCbàloiis fut prié il'élre l'un des as-
Hais à cette fois. Dieu lui montrait une au- sistants dans le sjicre, et nous crûmes donner
tre voie c'était celle d'obéir sans examiner
: :
à rEf;lise un prélat toujours unanime avec ses
il faut conduire les liounues par les sentiers
coiisécrateurs.
que Dieu leur ouvre, et par les dispositions que Je ne crois pas
15. que M. l'archevêque de
sa grâce lem met dans le ccvur. .\ussi la première
Cambrai veuille oublier une circonstance digne
fois que M. l.'arclievéque de Candirai a parlé de
de louange de sa soumission. .\i)rès la signa-
nos 34 Articles (c'est dans raverlissenicuf du
ture des Articles, et aux environs du temps de
livre des -1/«x/hi<'.s' (/fs saiiils), il ne parle que
son sacre, il me pria de garder du moins quel-
de deux prélats, de .M. de Cliàlous et de
ques-uns de ses écrits pour être en témoignage
moi, qui les avions di'essés, sans songer alors
contre lui s'il s'écartait de nos sentiments. J'é-
h se nonuner connue auteur. Il se sou\enai|
tais bien éloignédeeel esprit ilc déliance. Non,
de l'espiit où nous éli(Mis tous cpiand on signa.
Monsieur, je ne veux jamais il'aiitre |>iécaution
Voilà le petit m_\ stère que nous inspira son
avec vous que votre foi je rendis tons les pa-
:

seul avantage. J'entends dire par .ses amis que


piers comme (Ui me les avait donnés, s;ms en
c'était là connue un secret de C(Uifession entre
réserver un st"ul, ni autre chose (pic mesextrails
nous, (pi'il ne voulait pas découvrir, et que
pour me souvenir des erreurs ipie j'aurais à ré-
nous l'avions révélé. Nous n'avons j.unais pensé
futer SUIS nommer l'aiitenr. l'our les lellres qui
à rien de sendilable, ni imaginé d'autre secret
élaieut à moi, j'imi ai, comme un a vu. i^anlé
que celui de ménager sou liomu'iir, et decacln'r (pielipies-imes, plus pour ma consolation que
sa réiraclalion sous un lilre i)lus spécieux. S'il no
dans la crovaiice (|ue je pusse jamais en avoir
s'était pas trop déclaré par son livre, et qu'en-
besoin, si ce n'est peut-être p(Mir rappeleren
fui il ne fiMv.it pas notre long silence, ce seerej
.secrel à M. rarche>ê(pic de Cambrai .ses .saintes
sciait encore impénclrible. On a vu dans une soumissi<ius,encas ipi il fût tenté de les oublier;
de ses lettres rpiil .s'était olTert à me faire une si elles voient mainlen.iiit le jour, c'est au moins
coniession générale : il .sait bien (jue je n'ai ja- à rexlréniité, lors(pron me force à parler, et
toujours |ilus lotque je ne le voudrais. La pro-
EJition <lc Druxellc», |>. 8.
testation (pi'il me lit mi peu en a\ant son .sicre
RELATION SUR LE QlUÉTISME. 421

serait aussi demeurée dans le silence avec lout doctrine qui y était contenue, les voulait-il dé-
le reste, n'était venu juxqu'.iux oreilles du
s'il fendre plus qu'elle-même ? Quel seiail l'étonne-
roi que l'on en tirait avantage, et que. pour me nïent de tout le monde, de voir paraître à la
faire condrmer la doctrine du livre des Maxi- tète de mou livre, l'approbation de M. l'arche-
mes (les saints, on disait que j'en avais consaci'ê vêque de Paris, et de M. de Chartres, sans la
l'auteur. sienne ? N'est-ce pas mettre en évidence le signe
16. Un peu
avant la publication de ce livre, de sa division d'aver ses conlières, ses consé-
il une chose qui me causa une peine ex-
arriva crateurs, ses plus intimes amis? Quel scandale!
trême. Dans mon Instruction pastorale dn 16 d'a- quelle flétrissure à son nom de quels livres !

vril i09o, j'en avais promis une plus ample pour voulait-il être le martyr pourquoi ûter au public
!

expliquer nos Articles ; et je priai M. l'archovè- la consolation de voir dans l'approbation de ce


que de Candjrai de joindre son approbation à prélat le témoignage solennel de notre unanimité?
celle de M. i'évèque de Cliàlons, devenu arche- Toutes ces raisons furent sans effet: mon manus-
vêque de Paris, et à celle de M. de Chartres, crit me fut rendu après être demeuré, comme on
pour le livre que je destinais à cette explication. a vu, semainesenlièresau pouvoir de M. l'ar-
trois
Puisque nous avons eu à nommer ici M. I'évè- chevêque de Cand)rai; l'ami qui s'était chargé
que de Chartres, il faut dire que c'était lui qui, de me le rendi'e, prit surlui toulle temps qu'on
le (tremier des évè(]ues de ce voisinage, avait dé- l'avait gardé M. de Cambrai, disait-il, ne l'a-
:

C(uivcrt dans son diocèse les mauvais effets des vait tenu que peu dejoui's, el le rendait sans en

livres et de la conduite de M^^^Guyon. La suite de avon- lu que très-peu de chose. J'écrivis un mot
cette affaire nous avait fait concourir ensemble à ce prélat pour lui témoigner mes justes crain-
à beaucou[) de choses. Poiu* M. l'archevêque de tes. Je re^us une réponse qui ne me disait rien,
Paris, j'étais d'autant plus obligé à m'appuyer et dès lors il préparait ce qu'on va voir.

de sou autorité, (jue pour le bien de notre pro- 18. On voudrapeut-être savoir aupaiavant ce
vince il en était devenu le chef, .le crus aussi qu'était devenue alors M'"^ Guyon. Elle avait
qu'il était de l'édidcation publique que notre demandé d'être reçue dans mon diocèse pour y
unanimité avec M. de Cambrai fût connue de être inslruile elle fut six mois dans le saint
:

plus en plus de tout le monde. Je mis mon livre couvent des tilles de* Sainte-Marie, à condition
en maimscrit entre les mainsde cet archevêque: de ne comnumiquer a^ec qui que ce lût ni au
j'attendais ses diflicullés [)0ur me corriger sur dedans ni au dehors, ni par lettres ni autrement^
ses avis ; je me senlais pour lui, ce me semble, qu'avec leconfessenrque je lui nouauai à sa prière,
la même docilité qu'il m'avait témoignée avant et avec des religieuses que j'avais choisies, dont
son sacre ; mais, trois semaines après, l'appro- l'une était la vénérable Mère le Picard, très-
bation me fut refusée par une raison que j'étais sage su|iérieure de ce monaftère. Comme
loin de prévoir. Un ami couuuun me rendit dans toutes ses lettres et tous ses discoius ne res|)i-
la galerie de Versailles une lellrc de créance de raient que la soumission et une soumission
M. l'archevêque de Cand)rai, qui était dans son aveugle, on ne pouvait lui refuser l'usage des
diocè.sc. Sur celte créance on m'expliqua que saints sacrements. Je l'instruisis avec soin; elle
ce [irélat ne pouvait entrer dans l'approbation souscrivit aux Articles, où elle sentit la des-
de mou livre, parce que j'y condamnais M""' truction entière de toute sa docli ine : je re-
Guyon (pi'il ne pouvait coudanmer. jetai ses explications , et sa soumission lut
17. En ami le terri-
vain je représentai à cet pure et siuqile. Un peu après , elle souscrivit
ble inconvénient où M. de Cambrai allait tom- aux justes censures que M. de Cliàlons et moi pu-
ber. Quoi? il va paraître disai.s-je, que c'est pour bliâmes de ses livres el de la mauvaise docliiiie
soutenir W" Gnjon qu'il se désunit d'avec qui y était contenue « la coiidamiiaut de
:

ses confrères ? tout le monde va donc voii- « cœur el de bouche, comme si chaque propo-

qu'il en est le protecleur? Ce soupçon qui le « sition était énoncée. » On en spêcilia quel-
déshonorait dans tout le public va devenir , ques-unes des principales, auxtiuclles tout
une cerlitude. (jue devieimeut ces beaux dis- aboutissait : elle \ renonça expi'cssément. Les
cours que imiis avait faits lanl de lois.M. di^Caïu. livres (pi'rllc condamna lurent le Miijicu court
))rai, (pie amis ré|iandaieut partout
lui et ses et. le Canliijue des ((intiijHes. (jui étaient les
que bien ébiigué de s'intéresser dans les livres seuls iui|>iiinés (pi'clle avouât ne vou-
, je
de c.'lte tenune, il était prêt à les condamner s'il lus |)oiiit eiilrer dans les manuscrits i|ue le
était mile? A préscid (lu'elle lesavait corulaumés peuple ne coiinaissail pas elle olVrail à t-li.'u|ue :

elle-même, (lu'clle en avait soiiscril la coudam- parole de les brûler tous; mais je jugeai ce soin
naliou entre mes mains, cl celle de l.i niauNais<' inutile, à cause des copies (jui en resleraieul.
in RELATION SUR LE QUIÉTISME.

Ainsi ie me conicnini do lui (h'^foridrc de loscnm- sez les raisons qui me font écrire ces circons-
iiiiiiii(|iici", d'en (^criic d'.iiiltcs, d'cnsci;:ncr, tances on voil sous les yeux de qui je les écris,
.

ddninaliscr, diriger; la coiidairmatit an silence Cl puunpioi ciilin je fais connaitre une femme
et à la relraile, comme elle le dcniandail. Je <|ui est cause encore aujourd'hui îles divisions de

reçus la déclaralion qu'elle me (il conlre les abo- l'E-lise.


minations dont elle était accnséc. présnniant
la 19. M. l'archevêque de Cambrai en parlait
innocente, tant qu'elle i\c serait point convain- très-diversement durant le temps de nos exa-
cue par un examen légitime dans ii-quel je n'en- mens. Il nijus a souvent épouvantés en nous di-
trai jamais. Klle me demanda la permissi(m sant à <leux ou à trois ensemble, qu'il avait jilus
d'aller aux eaux de Bourbon; afir^s ses soumis- ajipris d'elle que de tous les docleurs; d'autres
sions, elle (^lail libre elle soubaila qu'au retour
: fois il nous consolait, en disint (pie loin d'ap-
des eaux on la rerut au même monastère où elle prouver ses livres, il était prêt à les condamner,
retint sou appartement. Je le peiiuis dans ce pour peu qu'on le jii;re,\t nécessaire. Je ne dou-
dessein de riu>iruire et de la convertir i\ fond, tais non |iliisde son retour sur ce point que sur
sans lui laisser, s'il se pouvait, la moindre tein- les autres; et ne cherrhanl aiilre cho->e que de
ture des visions et illusionspassées. Je lui doiuiai ramener à fond un homme d'esprit, d'une ma-
Cette attestationque .ses amis vantent tant, mais nière d'autant plus sincère, q .'elle serait plus
qu'elle n'a jamais osé montier, parce que j'y douce et moins forcée, je .sfiuhaiiais qu'il revint
spécillais expressément, « qu'au moyen des dé- de lui-même comme d'un court éblouisseuieiit ;

claialions et .soumissions de M"" Guyon, que et nous crûmes tous qu'il fallait atlendre h lui
nous avions par-devers nous souscrites de sa proposer l'expresse eondanmalion des livres de
main, et desdélenses par elle acce|)lées avec sou- celle lemine, dans un temps qui ne lui ferait au-
mission, d'éciire, d'enseijinei' et dofjmaliser dans cune peine. Voil^ ces impilo\ables, ces envieux
rE;;lise, ou de répandre ses livres im|)rimés ou de la gloire de M. rarclievé(pic de Cambrai, ces
mamiserits, ou de conduire les Ames dans les gens qui l'ont voulu perdre, qui ont pou.ssê si
voies de l'oraison ou autrement; je deuieuiais avant leur rigueur, que « le récit n'eu trouverait
satislait de sa eonduite, et lui avais continué la « point de croyance parmi les hommes. » Qu'on

parlicipaliou des saints sacrements dans laipiclle nous martjue du moins un temps où cette manie
je l'avais trouvée. » Celle alleslation était du nous ait pu prendre. Ou pourrait bien nous re-
premier de juillet \C>'M. Je partis le lendemain procher trop de ménagement, trop de douceur,
poiu' l'aris, où l'on devait aviser conduite
<i la trop de condescendance. Qu'il soit ainsi, je le
qu'on tiendrait dorélla^anl avec ne racon-
elle. Je veux et pour ne parler que de moi seul, ipie
;

terai pas connue elle prévint le jour que j'avais j'aie poussé liMp.ivant la conllance, l'amour de la
arrêté pour sondi'part, ni comme de|niis elle se paix, et celle bénigne charité qui ne veut pas
caclia couunent elle (ùt reprise et convaincue
: soupçonner le mal jusqu'ici tout au moins il
;

de beaucoupde contraventions auxeliosesqu'elle demeiir.'ia pour certain (jiie .M. raichevéïpie de


avait signées. (;e(|ue je ne i)uis di>siuMder, c'est Cambrai s'est désuni le premier d'avec .ses cou-
j'ai dans des
qu'elle lait toujours la pro|>liéle.sse ;
frères, pour soutenir contre eux M"* Guyon.
Mémoires noiés de main, (pie Dieu lui lai.s.se
sa
SECTION IV.
la disposilion de la vie de ceux rpn s'opjiosenl à
Quelles furent les eicusca de M. de Cambrai.
ses visions; elle a lait des prélats et des arche-
vêques bien dilTérents de ceux <jue le Saint- 1. Ce prélat prévit bien les inconvénients
que
Esprit avait rlioi>is: elle a fait aussi des prédic- j'avais maripiés,^ celui qui chargé de .sa éliit
tions dont le récit ferait horreur. On a vu ce créance; et voici ce qu'il envova écril de sa main
qu'elle avait prédit sui' la proleclion de sou orai- a la iiersonne du monde auprès de laquelle il
son par ieroi même; depuis (>lle a débile (pi'aprés voulait le plus .se jnslilier. Je rapporterai leeril
ce (ju'elle appelle per.seculion, son oraison revi- entier sans en relrancher une parole; que le
vrait sons un enl'ard: la pi'o;ili('>tie a été mai'(|iii'-e leclenr s'y rende atl<'iilil. il y va voir la cause 1

i' cet aupnsic cnlant. s.uis laue aucune iuqires- verilable detous leslroiiblesderEgli.se. L'écrit (

sion dans son esprit. A Dieu ne plaise ipic j'ac. commeiiee en cette' sorte :
|

cuse .M. de Canibiai, ni les .s;if,'e.s ItUes qui en\i- •2. a Quand
de .Menux m'a projiosê d'ap-
SI.

roimeut cet aini,d)le priner, du di.scours (pi'on ])rouver son livre, jelui ni léin ojgué avec allen-

lui en a Inii mais il v a dans tous les partis des


; diisseiuenl (|iie je serais ravi de donner cette
esprits outrés ijuiparient sans ménaftemcnl; manpie publique de ma conformilé de sentiment
ceux-là répandent encore que les temps clian};c- n\ ç tin|)iélal que j'ai icgardé depuis ma jeu-
roiit, et iiilimident Icb simples. Ou voit donc as- nesse connue mon inaitie dans la science de la
RELATION SUR LE QUIÉTISME. i33

roligion. Jo lui ai môme offert d'aller Gerniigny


îi et tout mouvement de la volonté. Elle soutient
pour dresser avec lui mon approbation. J'ai dit que quand on a fait une fois un acte de foi et
en même temps à Ms"^ de Paris et de Chartres, d'amour, cet acte subsiste perpétuellement pen-
et à M. Tronson, que je ne \oyais aucune ombre dant toute la vie, sans avoir jamais besoin d'être
de dillîculté entre M. de Meaux et moi sur le fond renouvelé; qu'on est toujours en Dieu sans pen-
de la doctrme; mais que s'il voulait attaquer ser à lui, et qu'il faut bien se garder de réitérer
personnellement dans son livre M""" Guyon, je ne cet acte. Elle ne laisse aux Chrétiens qu'une in-
pourrais pas l'approuver. Voilà ce que j'ai dé- différence impie et brutale entre le vice et la
claré il y a six mois. » Je n'en avais jamais rien vertu, enirc la haine élerncllc de Dieu et son
«u, non plus que de ce qui suit. amour éternel, pour lequel
de foi que cha-
il est
3. « M. de Meaux vient de me donner un livre cun de nous a été créé. Elle défend connue une
à examiner : à l'ouverture des cahiers j'ai trouvé infidélité tonte résistance réelle aux intentions
qu'ils sont pleins d'une réfutation personnelle; les plus abominables; elle veut qu'on suppose
aussitôt j'ai averti 3Is"^ de l^av'is et de Chartres, que dans un certain état de pcrroclion où elle
avec M. Tronson, de l'embarras où me mettait élève bientôt les âmes, on n'a plus de concupis-
M. de Meaux. » cence; qu'on est impeccable, inlailliblc, et jouis
4. Expliquons-nous : s'il prend pour réfutation sant de la même paix que les bienheureux
personnelle la condamnation de la personne, je qu'enfin tout ce qu'on fait sans réflexion, avec
ne songeais pas setdcmcnt h ooiulamner la per- lacilité, et par la pente de son cœur, est fait pas-
sonne de M"'^ Guyon qui s'était soumise; s'il ap- sivement et |)ar une pure inspiration. Celle ins-
pelle réfutation personnelle celle de son livi-e, piration qu'elle attribue à elle et aux siens n'est
ce n'était donc pas sa personne, mais son livre pas l'iuspiralion commune des justes, elle est
qu'il voulait défendre. Il continue. propbéti(jue; elle renferme une autorité aposto-
5. « On n'a pas manqué de me dire que je lique, au-dessus de toutes les lois écriles : elle
pouvais condamner les livres de M""' Guyon sans établit une tradition secrète sur cette voie qui
diffamer sa personne et sans me faire tort; mais renverse la tradition universelle de l'Eglise. Je
je conjure ceux qui parlent ainsi, de pesor devant soutiens qu'il n'y a point d'ignorance assez gros-
Dieu lesraisonsque je vais leur représen 1er. Les sière pour pouvoir excuser une personne qui
erreurs qu'on im[)ule i M"'° Guyon ne sont point avance tant de maximes monstrueuses; cepen-
excusables par l'ignorance de son sexe il n'y a :
dant on assure que M"" Guyon n'a rien écrit que
point de villageoise grossière qui n'eût d'abord pour accréditer cette damnable spiritualité, et
horreur de ce qu'on veut qu'elle ait enseigné. Il pour la faire pratiquer. C'est là l'unique but de
ne s'agit pas de quelque conséquence subtile et ses ouvrages; ôtez-en cela, vous en ôtez tout;
éloignée, qu'on pourrait, contre son intention, elle n'a pu penser autre chose. L'abominalion
tirer de ses prlnci|ies spéculatifs et de quelques- évidente de ses écrits rend donc évidenunent sa
unes de ses expressions; il s'agit de tout im des- personne abommable je ne puis donc séparer
:

sein diabolique, qui est, dit-on, l'âme de tous sa personne d'avec ses écrits. »
ses livres. C'est un système monstrueux qui est 6. De la manière dont M. île Cambrai charge
lié dans toutes ses parties, et qui se soutient avec
ici les choses, il me semble qu'il ait voulu
beaucoup d'art d'un bout jusqu'à l'autre. Ce ne se taire peur à lui-même, et une illusion ma-
sont point des conséquences obscures qui puis- nifeste au lecteur. Sans examiner si jimiude
sent avoir été imprévues à l'auteur; au contrai- toutes ces erreurs à iM'"" Guyon, ou seulement
re, elles sont le formel et uui(iue but de tout son
une partie, et le reste à d'autres auteurs, il n'y
système. Il est évident, dit-on, et il y aurait de la
a que ce seul mot à considérer si on sup|>ose :

mauvaise foi à le nier, que M'"° Guyon n'a écrit que celte dame persiste dans ses erreurs quelles
que pour détruire comme une imperloclion toute qu'elles soient, il est vrai que sa personne est
lafoiexplicitedcs attributs, des pcrsomics divines
abominable; si au contraire elle s'humilie, si
des mystères de Jésus-Christ et de son huuiaui-
elle souscrit aux censures qui léprouveul cède
té elle veut dispenser les Chrétiens de tout culte
;
doctrine et ses livres où elle avoue qu'elle est
sensible, de toute invocation distincte de notre
contenue, si elle condamne .ses livres, il n'y a
unique médiateur; elle prétend délriiiie dans demeurent condamna-
donc que .ses livres (|ui
les lidèles toute vie inléi ieine et tonte oraison
bles; cl par son humilité, si elle est sincère, et
réelle, en sup|irimaul tous que
les actes distincts
qu'elle j
persiste, s<i [lersounc est deveniu' in-
Jésus-Christ et les apôtres onl couiuuuulés, eu
nocente, et peut même devenir sainle par son
réduisant pour loujoius les duies à une (juieludc
repentir. On donc lai.son de uire à M. de
avait
oisive qui exclut toute pensée de l'cmcndenicnt.
Candjrai qu'il pomail approuver mon livre sans
124 RELATION SL'K LE QUIÉTISME.

blàmprM""Giiynn, que jcsiippos.iis rcprntante, « Je ne veux point la mort du péclicur • î • Lors-


clconlrc l;i(|m'llojc ne disais mol; cl h iiMiins île que saint Jean et saint Jacques voulaient faire
sii|)|)i)ser que sa rc|)Ciilaiice lût loinlc, (iii qn'ille descendre le feu du ciel, n'est-ce pas îi nous que
élail reioiiriiéc à son vomissciiienl, M. de Caiii- Jésus-Clirisl dit en la iiersonne de ces deux apô-
hrai rlail injuste de rc|)irseiiler s;i personne tres « Vous ne savez (las de cpiel es|)rit vous
:

coninicali(tniinal)Ie par nidu livre, el d'y relii- ôtes^?» Ne suffit-il pas d'élrc impitoyable en-
ser son apiimbalion sur re vain pn-lexle. vers les erreurs, et de eoinlamner sans miséri-
1. Ces! en ccl eiidroil qu'il raconU' ec qu'on a corde les livres qui les contiennent? Faiil-il
de iiiot à luol', (pi'ilne coin,
trauscril plus liaul pousser au dé.sespoir une femme ipii signe la
prend pas M. de Meanx, (|uid'iin colécouuiuinie coiidaumatiuii el des erreurs et des livres? Ne
M^'Guyon, el d'aulrc part la eoudainiie si durc- doit-on pas présumer de sa bonne foi tant que
nient : « Ponrnioi, » poursuit-il, «si je crojaisce l'onne voit iioinl d'actes contraires, el sa bonne
que croit M. de Meaux des
de M'"" Giiyon, livres foiprésumée lie mérite-t-elleaucune indulgence
cl par une conséciueuce nécessaire, de sa per- pour sa personne? Kn vi'iilé, vous .st'iiez outré
sonne iiiénie, j'aurais cru, inal:;ré mon amilié si vous poussiez votre zèle ju.squ'à cet excès; el
pour elle, iMre olili;:é en eonscie;ice îi lui faire c'est l'être que de soutenir qu'on ne piiis.se

avouer et rétracter Ibrmellemeiil à la laee de condamner un livre sanseii juger railleur digue
tonte l'K^liseles erreurs (pi'elle aurait évidem- du léii, même lorsque ccl auteur condamne lui-
meiit eiisei^'iiées dans tous ses écrits. niéme son livre.
8. « Je crois méiMC que la puissance séculière 9. « l'our moi, » continue M. dç Cambrai,
devrait aller plus loin. Uu'y a-l-il de plus di;^uc « je ne pourrais approuver le livre où M. de

du li'U ipi'uu moiistie (pii.soiis a|ipan'uci' despi- Meaux impute à cette l'emme un système si hor-
litualité, ne tend ipi'à élalilir le laualiMiii' el rible dans toutes ses parties, sans me diflamer
l'impureté; qui renverse la loi divine, qui traite nioi-méme et sans lui faire une injustice irré-
d'iuiperlVctions toutes les vertus, (pii tourne eu parable. Kn voici la raison : je l'ai vue souvent,
é|)renves cl eu impcrleclioiis tous les vices, qui tout le monde le sait; je l'ai estimée, je l'ai laissé

ne laisse ni subordination ni n'^ledaus la société estimer parties |)ersounes illustres, dont la ré|)u-
des hommes, (pii, par le |)rincipe du seciet, au- lation est chèie à l'Kgli.se, et ipii avaient con-
torise loute sorte d'il} pocri>ie el de menson^ïcs; fiance en moi. Je n'ai pu ni dùii:noreises écrits;
enfin, qui ne laisse aucun remède assuré contre qiMiqiie je ne les aie pas examinés tons i^i fond
tant de maux? Toute reliuiou à part, la .seule dans le temps, du inoijis j'en ai su assez pour
polict snllii pour punir ilu dernier supplice une devoir nie délier d'elle, et pour rexamiiicr en
personne si cnipeslée. il est donc vrai ipie, si toute rigueur. Je l'ai lait avec plus d'exactitude
cette femme
voulu manifeslemeut étalilir ce
a que ses examinateurs ne le pouvaient faire, car

système damualile, il lallait la linilirau lieu de elle était bien plus libre, bien plus dans son na-
lacon^jédier, comme il est certain que M. de Meaux turel, bien plus ouverte avec moi dans les temps
l'a lait après lui avoir donné la lré(pi('iite com- où elle n'avait rien à craindre. Je lui ai fait ex-
niunion, el une attestation aiitlieuticpie, sans pliiiuer souvent ce qu'elle peiisiiil sur les matiè-
(pi'elle ail rétiacte ses erreurs. >> .Si ildiic elle les res ipi'on af;ile. Je l'ai obligée à m'expliqiier la

a rélracti-es. si elle s'e>t repenlie, si elle déleste valeur dceliacim des termes de ce langage mys-
lesimpuretés ci lie.uicoup d'autres excès que tiipie dont elle se servait dans ses écrits. J'ai vu
vous dites qu'on lui atliil)iie, si vous su|tpose/ claireineiiteii toute occasion qu'elle lesentendait
faussemeut ipi'on les lui impute, pendant qu'on diiis un sens très-innocent el Irè.s-catholiipie.
ne solide pas seulement à l'en accuser; si on la J'ai même
voulu suivie en détail el .sa pratique
réputé imiocente de loul ce dont on ne l'avait et les conseils (lu'elle donnait aux gens les plus
pas convaincue par preuves si l'on ne songe ;
igiKuantset les moins préeautionnés. Jamais je
même pas :'i cet examen qui n'était pas mùr n'ai trouvé aucune trace de ces maximes infer-

alors, et dont il ne s'agissait seulement pas, mais nales (pioii lui impute, l'onvais-jeen conscience

seulement des erreurs dont elle était à la vei ilé les lui imputer par mon approbation, et lui don-
lé;,'itimemeut convaincue, mais aussi iiirelle re- ner le ileruier coup pour sa diffaïuatioii, après
jetait par acte aiillieutique, avec les livres ijui îjvoir vu de juès si clairement son innoceiiee ? »

les conleuaieut, la meltrez-vous entre les mains 1(1. Voilà sans doute ri'iioiidrebien haulenieiil

de la justice'.' la liriilere/.-voiis'.' Songez-vous bien de M'"" Gnvon voilà de belles paroles, mais
:

à la sainte douceur de notre ministère? Ne soin. bien vaines; car il ii'v a qu un mol ?i dire :

mcs-iious pas les seivileurs de celui qui dit: c'est qu'il fallait .siiiis hé.siter a|iprouver dans
'Ci-UCMUS, &MI. 1, 11. 3. ' SiKli., ïMii, 32. — » Luc, IX, 66.
RELATION SUR LE QUIÉTISME. 42IÎ

mon livre la condamnation de ceux de M"'° dans ses livres qu'il leur avait « laissé estimer »

(iiiyon, si j'en prenais bien le sens; et si je lui avec la personne. Il est de conserver,
juste
imposais, 31. de llamhrai ne pouvait pas éviter connue il dit, la réputation chère h l'Eglise de
de rentrer avec moi dans cet examen, à moins ces illustres personnes, h laquelle aussi on n'a
que d'être déterminé, comme maintenant il ne jamais songé seulement à donner la moindre
le parait qu3 trop, à détendre et celte teaime et atteinte mais qui peut nier que AI. de Cambrai
:

ses livres, à quelque prix que ce fût, contre ses ne fût obligé de désabuser ces personnes de l'es-
confrères. time qu'il leur avait donnée « laissé piendre »
11. Disons donc la vérité de bonne foi :il sen- si de M""= Guyon et de ses livres? Il
l'on veut,
tait bien en sa conscience que je ne lui imputais ne donc en aucune sorte de leur réputa-
s'agit
rien que de véritable, et en effet il continue en tion que l'autorité de M. de Caml)rai mettait à
cette sorte : « Que les autres, qui ne connaissent couvert; mais il s'agit de savoir si M. de Cand^rai
que ses écrits, les prennent dans un sens rigou- lui-même n'a pas trop voulu conserver sa propre
reux, je les laisse faire; je ne défends ni n'excuse réputation dans leurs esprits et dans l'esprit de
ni sa personne ni ses écrits n'est-ce pas lieau- : tant d'autres, quisavaieat couîbien il recomman-
coup sachant ce que je sais? Pour moi, je
faire, dait M""= Guyon à ceitx qui se conliaientà sa con_
dois, selon la juslice, juger du sens de ses écrits duilc; s'il n'a pas trop voulu sauver l'approba-
par ses sentiments que je sais à fond, et non pas tion qu'il avait tlounée à des livres pernicieux et
de ses sentiments par le sens rigoureux qu'on réprouvés partout où ils paraissaient.
donne àsesexpressions, et auquel elle n'a jamais 13. C'est de quoi M. de Cambrai ne peut s'ex-
pensé. Si je faisais autrement, j'achèverais de cuser après son aveu qu'on vient d'entendre,
convaincre le public qu'elle uicrilc le feu voilà : puisqu'il parait maintenant par là, en second
ma règle pour la justice et pour la vérité; venons lieu, qu'il veut encore aujourd'hui soutenir ces
à la bienséance. » livres, et qu'il n'y trouve de douteux que «ce
12. Toute celte règle de justice est fondée sur « langage mystique dont se sert M™^ Guyon
celte fausse maxime, qu'elle méritait le feu, ce dans ses écrits. » C'est un langage mystique
encore qu'elle eût par écrit,
détesté, même d'avoir dit dans son Moyen court que l'acte d'a-
et les erreurs dont convaincue etelle était bandon fait une lois ne se doit jamais réitérer •
;

celles qui suivaient du sens naturel de ses c'est un langage mystique d'avoir renvoyé aux
paroles. Du reste, c'était un fait bien cons- états inférieurs de la contemplation celle des
taniqueses livres et sa doctrine avaient scan- attributs particuliers et des persiumcs divines
dalisé toute l'Eglise llome même s'était ex-
: sans en excepter Jésus-Christ 2, c'est un langage
pliquée et tant de prélats en France et ail-
; mystique de supprimer tout désir jusquà celui
leurs en avaient suivi l'exeuiple, qu'on ne pou- du salut et des joies du paradis, pour toute vo-
vait plus dissiundcr le mauvais effet de ces livres lonté d'acquiescer à la volonté de Dieu connue
et le scandale (juils excitaient par toute la terre. ou inconnue, quelle qu'elle soit pour notre saint
CependanlM. de Cambrai, qui les avait donnés et celui des autres, ou pour notre damnation >*.
pour règle à ceiLX qui prenaient confiance en Tout le reste, qui est tiré du iloi/eii court et de
lui, aujourd'hui encore ne veut pas en revenir. V Interpréta lion du Cantique, dans le livre des
De peur de les condamner, il romp toute me- itats d'ordisui», quui(|u'il ne soit pas moins m,ui-
sure avec ses confrères el il ne veut pas qu'on : vais, est un langage mjslique selon .M. de Cam-
voie son aveugle attachement à ces livres perni- brai. Il est vrai mais ce tangage mystique est
;

cieux! La suite le fera paraître beaucoup da- celui des faux mystiques de nos jours, d'un FaU
vantage. Maintenant il tul'litde vitirdeux choses coni d'un .M )linos, dnn .Malaval auteurs con-
, ,

qui résnliont de son discours l'une, qu'il a : damnés, mais non celui d'aucun mystique ap-
a laissé estimer M"'° Guyon par des personnes prouvé. Voilà comme M. de Cambiai excuse les
illustres, dont la réputation est chère à l'Eglise, livres de M'"° Guyon. Prendre à la lettre el se-
et qui avaient conliance en lui. » Il ajoute « ,1e : lon la suile de tout le discours ce qu'on en vient
n'ai pu ni dn ignorer ses écrits. » C'est donc de rapporter el tout ce qui est de même esprit,
avec ces écrits qu'il l'a « laissé estimer » par ces c'est suivre le sens que ce prêtai vent appeler
personnes vraiment illustres « (|ui avaient con- rigoureux, (pn)i(in'il soit le sens naturel. eli|u'il
« fiance en lui; « en im mot, (lu'il conduisait. entreprend d'excuser pour laisser en auloiité ces
Elles estimèrent M""-' Gnyon et ses éci'ils avec mauvais livres encire (jn'il seule si bien en sa
:

l'approbation de M. l'ai-clievèqne de Cand)rai, conscience (in'il ne les peut jusiilier (pie pour
alors iM. labi)!'! de l''i'iii.'lon : r.)i"iiso!i (|u'i, leur les sauver, il a recours à cette méthode iaonie
conscilluil clail celle que M"'" Guyou enseignait ' V. Instr. lur le$ élati dor., I. I. — ' Liv. u. — ' Uv. m.
120 ULLATION SUR LE QUIliTISME.

de jugerdii sens d'un livre par la connaissance livre où je pourrai parler avec plus d'étendue?
particulière qu'on a des sentirn;;nts de l'auteur, Non : j'aurai l'air d'un homme muet et con-
el noii |ias <le> si'uliniiiits d'un auteur par les fondu, on tiendra ma plume, on me fera expli-
pariili's lie sou livre. Cusl a ijuoi aboutissent quer dans l'ouvrage d'autrtii; |)ar une sini; le
loulis les belles excuses (II- M. deCand)rai. Muis approbalion.j'avoucrai que mon amie est évidem-
enlin cusius ri;;uureux, couune il l'appelle, est ment un monsire sur la que le venin de
terre, et
celui (|ui avait frappe et scaud alise tomelaclirc- ses écrits ne peut être s jrli que de son cœur.
tieute: el léiioudre si liauteuienl nue M^'Guyou Voilà ce que mes iiieilleurs anus ont pensé pour
n'y avait jamais pense, c'est, encTe un coup, mon honneur. Si les plus cruels ennemis vou-
vouloir juyer de .-es paroles par ses pensées, et laient me dresser un i)iége pour me perdre,

non pas de ses pen>ées par ses paroles; c'est ou- n'est-ce pas là précisément ce qu'ils me devraient
vrir la |iorle anxêi|uivoi|ueb les plus grossières demander? »

et fournir des excuses aux plus mauvais livres. 17. Comment ne songe-l-il pas qu'au milieu
14. Il est vrai que c'est la encore aujourdliui de ses excuses, chacun lui répond secièlement :

la méthode deM. de Cainbrui.qui veulqu'oa de- Non, voire amie ne mériLiit point d'être « brû-
vine ce qu'il a pensé dans sou li\re des Maximes, lée avec ses livres, » puiscju'elle les condamnait;
sans avoir daigné en dire un seul mol et ; votre amie n'était pas même « un mon>tre sur
ilne faut pas s'élonncr qu'après avoir jusliilé la terre, > mais une femme ignorante qui, éblouie
M"" Guyon par une niélliode aussi fausse que d'une spécieuse spirilualilé, tiom[)ée par ses di-
celle qu'on vient d'entendre, il encore
la fasse recteurs, applaudie [)ar un homme de votre im-
servir à se juslilicr lui-uiéine. Mais venons à ce l>orlan"e, a condamné son erreur quand on a
qu'il ajoute sur la bienséance. pris soin de l'instruire. Cet aveu ne pouvait
l'ai connue
15. € Je je n'ai pu ignorer ses
: qu'édifier l'Eglise et désabuser de ses livres ceux
dû m'assurcr de ses senliinenls, moi
écrits. J'ai qu'ils avaient setluits M. rarchevêtjue de Cam-
:

prêtre, moi jirécepteur des princes moi ap[)li- , iJiai ncùl fait qu'approuver une conduite si

qiié depuis ma jeunesse à une étude continuelle jusle; mais une crainte mal entendue de diffa-
de la doctrine j'ai dû voir ce qui est évident.
; mer son amie et de se dilJ'iimer lui tenait Irop au
Il faut donc que j'aie du moins toléré l'évidence cœur. Ce qu'il appelle diffamer son amie, c'est
de ce sNstème impie? ce qui lait l'encur et qui d'enlendre ses livres naturellement comme fai-
me couvre d'une éternelle confusion. Tout noire saient ses confrères, comme lai^aii tout le monde
commerce n'a même roulé que sur celle abo- qui les condamnait. 11 ne voulait pas faire senlir
minable spiritualité dont on prétend qu'elle a à ses amis qu'il leur avait mis en main un si
rempli ses livres, et qui est rame de tous ses mauvais Hmc. C'est là ce qu'il appelait se dijja-
discours. En reconnaissant toutes ces choses par mer : et on s'étonnera à présent de lui voir faire
mon a|i|irubation je ine rends inliniment plus
, tant de pas en arrière sans le vouloir avouer? Il
inexcusable que Guyon. Ce qui paraîtra du
.>!""
craint trop, non pas de se diffumi'r, mais d'avouer
premier coup d'uni au lecteur c'est qu'on m'a , une laiite. Ce n'est pas là se diffamer; c'est s'ho-
réduit cl souscrire à la diflamation de mon amie, norer, au contraire, et réiiarer sa réputation
dont je n'ai pu ignorer le système monstrueux blessée. Etait-ce un si grand malheur d'avoir été
qui est évident dans ses ouvrages de mon pro- , trom|>é par une am;e? M. l'archevêque de Cam_
pre aveu. Voilà ma sentence prononcée et signée brai sait bien encore aujourd'hui laire dire à
par moi-même à la tête du livre de iM. de Meaux, lîome qu'à peine il connait M"-' Guyon. Quelle
où ce système est élalé dans toutes ses horreurs. conduilel à Kome, il rougit de cette amie; en
Je soutiens que ce coup de plu. ne donné contre France, où il n'ose direipi'elle lui est ineoiuuie,
ma conscience par une lâche polilicjue me ren- plutôt que de laisser lletiir ses livres, il en ré-

drait à jamais infâme et indigue de mon mi- pond et se rend garant de leur doctrine, quoique
nistère. déjà condamnée par leur auteur.
16. c Voilà néanmoins ce que les personnes 18. Que dire donc? Que M"" Guyon a sous-
les plus sages et les plus alTeclionnées pour moi crit par force sa condamnation? Est-ce une force
ont suuhailé et préparé de loin. C est donc pour de la souscrire dans un iuona>tère, où elle s'était
assurt:rma réputation qu'on veut cpie je signe renfermée volontairemenl pour y èlre in>truile.'
que mon amie mérite d'être bridée avec ses Est-ce une force de céder à autorité des évê(jues
I

écrit», pour une spiritualité exécrable qui fait qu'on a choisis pour ses docteurs? Mai^ puu-
l'unicpie heu de notre auiilie. .Mais encore com- vail-on conclaïuner plus expressément ces mau-
ment est-ce ipie je mexplii|Ui>rai là-dexsus? vais li\res que de sousiiiie à leur juste et sé\èrc
scia-co librement selon mes pensées et dans ua censure? Celait, dit-on, laire avouer à Ai.deCam
RELATION SUR L': QUIl^JISME. 121

brai une tromperie trop forte. Quel reuiètic? Il une fois, que vous soyez assuré que sa recon-
est constant par la connuune déclaration de
,
naissance n'est pas sincère; ne vous brûlez pas
toute la chrétienté et par la reconnaissance de vous-même; sauvez les personnes, condauniez
M'"" Guyon, que sa spiritualité est condam- l'erreur; proscrivez, avec vos conirères, les

nable. Il est certain par l'aveu présent de,


mauvais livies qui la répandent par toute la

M. de Candjrai, que « tout son commerce avec >» terre, et finissez une affaire qui trouble l'Eglise.

M""^ GuNon « roulait sur cette spiritualité » 20. a. Après tout, » poursuit M. de Caudjrai,
qu'elle avait elle-uiènie condaumée , et qu'elle « lequel est le plus à propos, ou que je réveille

taisait < l'unique lien de cette amilié » tant van. dans le monde le souvenir de ma liaison passée
tée. Ui'elle léponse à un aveu si formel? Que avec elle, et que je me reconnaisse ou le plus in-
dire à ceux qui objecteront : On ce connuerce sensé de tous les hommes pour n'avoir pas vu
uni par un tel lien était connu, ou il ne l'était des infamies évidentes ou exécrable pour les ,

pas? S'il ne l'était pas, M. de Cauibrai n'avait avoir tolérées, ou bien que je garde jusqu'au
rien à craindre en approuvant le livre de bout un profond silence sur les écrits et sur la
M. de Meaux; s'il l'était, ce prélat n'en était que personne de M"'° Guyon, comme un hounne
plus obligé à se déclarer, et il n'y avait à crain- qui l'excuse intérieurement sur ce qu'elle n'a
dre que de se taire ou de biaiser sm- ce sujet. pas peut-être assez connu la valeur de chaque
19. M. l'archevêque de Cambrai semble avoir expression ni la rigueur avec laquelle on exa-
,

prévu cette objection, et c'tst pom-quoi il conti- minerait le langage des nnstiques dans la suite
nue en cette sorte; car je n'omets aucune de ses du temps, sur l'expérience de l'abus que quel-
paroles « On ne manquera pas de dire que je
: ques hvpocriles en ont fait? En vérilé, lequel est
dois aimer l'Eglise plus que mon amie el plus le plus sage des deux partis? »

que moi-même » comme s'il s'agissait de l'Eglise


:
21. Je n'ai qu'à remarquer, en un mot, ce
dans une affaire où la doctrine est en sûreté et « profond silence jusfju'au bout, » que ftl. de

où il ne s'agit plus que d'une femme que je veux Cambrai promet ici on verra bienlôt les maux
:

bien laisser diffamer sans ressource, pourvu que qu'un silence si déterminé cause à l'Eglise. Après
je n'y prenne aucune part contre ma conscience. cette remarque nécessaire au fait, contimions
Oui, je brûlerais mon amie de ma propre main, la lecture de l'écrit du jjrélat.
et je me brùleiais moi-même avec joie, plutôt 22. «On ne cesse de dire tous les jours que les
que de laisser l'Eglise en péril. C'est une pauvre m\sli(iucs, même les plus approuvés, ont beau-
leunne captive, accablée de douleurs et d'oppro- coup exagéré on soutient même que saint Clé-
:

bres personne ne la défend ni ne l'excuse, et


: ment et plusieiu-s des principaux l'èies ont parlé
on a toujours peur. » Hé! bon Dieu! n'est-ce en des termes qui demandent beaucoup de cor-
donc rien, dans l'Eglise de flétrir un livre sé- , rectifs. Pourquoi veut-on qu'une femme soit la
duisant répandu par tout le royaume et au delà, seulti qui n'ait |)as pu exagérer ? l^ourquoi faut-il
surtout quand ou a été, pour peu que ce soit, que tout ce qu'elle a dit tende à former un sys-
sou|)(,onné de l'approuver? N'est-ce rien, encore tème qui fait frénùr ? Si elle a pu exagérer m-
un coup, de remarquer, de niellrc au jour, de nocemment, si j'ai connu à fond l'innocence de
léfutcr les erreurs d'un tel livre? C'est à quoi ses exagérations , si je sais ce qu'elle a voulu
M. de Cambrai ne veut pas entendre. Pourquoi dire mieux que ses livres ne l'ont expliqué, si

se sé[iarer d'avec ses conirères et ne montrer , j'en suis convaincu par des preuves aussi déci-
pas à toute l'Eglise le consentement de l'épisco- sives quetermes qu'on reprend dans sis
les

pat contre un livre en effet si pernieieiix? « On livres sont équivoques,


piiis-jela diffamer contre

a toujours peur, » dit M. de Cambrai. On le voit ma conseience el me diffamer avec elle?» Ce


bien : il voudrait qu'on h'il à repos eoulre cette prélat se tlédare donc de plus en i)ius les ter- :

« pauvre captive » dont il déplore le sort, et mes de M""^ Guyon ne sont qu'équivoques les :

(pi'ou laissât par pitié lortilier un parti qui ne évèqucs et le Pape même n'ont condamné ses
s'étend déjà que trop! Que sert de dire « Oui, je livres que parce (pi'ils ne les ont par bien eii-
« brûlerais mon amie de mes propres mains, je leiulus. Nous voilà ramenés en sa faveur aux
« me brûlerais moi-même? » Ceux qui brûlent malheureuses chicanes de la question de l'ail et
tout de cette sorte le font pour ne rien biùler : ce de droit. M. de Cambrai en est l'aiilenr, et il n'a
du but
sont de ces zèles outrés où l'on va an delà plus(iueeelte ressource pourdéfeiidiOiM"'*' (ùiyon
pour ptisser par-ilessus le point essentiel. Ne contre ses conhèresel conhe Konie même.
brûlez point de votre |UO|iie main M"'° Guyon, 23. Voici en cet élal comme il Iriouiphe, en
vousseriez irrégidier; ne brûlez pdiut une feuuue disant saii.i interruplicu « Qu'on obserxe do :

qui témoigne se reconnaître, à moins, encore près loulc ma conduite. A-t-il élé question du
138 RELATION SUU LK QUIÉTISME.

fond lie ia (loclrinc? J'ai d'aboni dit à M. de qu'il commence h me donner ; celte ign.UMnce
lleaiix que je sigiieiais de mon sang les Ireiilc- luoloiide rpi'il attribue à l'écilc, dont il fait sem-
qiiahv arliclcs qtrii avait dressés, potirviiqn'il bl.ud iiiainlenaul de vu iloir suuleuir l'auiori'.é»
y e.\|ili(|iiàt icrtaincs ciioses. M. l'airhcvèqne de ces divisions qu'il fait sonner si haut, sans qu'el-
i'aris pressa Irùs-I'orlcnicnl M. de Meaiix sur ces les aient jamais en le mniudre fondement, entre
choses, (|iii lui parurent justes et nécessaires. M. de ChAlou.., qui hit (d)lif:é h me presser Irès-
M. tic Mcaux se rendit, cl je n'Iiésilai pas un foitenienl, et moi. qui lui ré>islais et ne cédais
seul nionient h siuner. Maiiiteiianl (pi'il s'aj^it (|u'à la force. Ces faits et les autres sont de la

de (lélrir par contre-coup mon miuislèrc avec dernière conséquence (pic le sfige lecteur s'en
:

ma i)ersonne, en flctrissant M""= (iiijon avec ses souvienne. Mais, afin de les mieux comprendre,
éciils,on trouve en moi une résislance invin- achevons .s;ins interruption la suite de l'écrit
D'où \ienl celle (jiflérencc de conduite?
'iliic. que nous lisons.
Esl ce que j'ai été laii)le et timide (piand j'ai si- !2G. a Depuis quej'ai signé Ies3i propositions,

gné les trenle-(|Matie proposilions ? On en i)ent j'ai déclaré, dans toutes les occ.isions qui s'en

juixer par ma l'ermcté présenle. E^l-ce (|iie je .sont présenli'es naturellement, que je les avais

reliisc mainlenaid d'approuver le livre de M. de signées, et que je ne croyais pas (|u'il fût jamais
Meaux par entèlemenl et avec un esprit de ca- permis d'aller .au-delà de celle borne.
l),ile? On en peut ju^icr par ma facilité à siiiner 2'. « Ensuite j'ai moiilré à .M. l'archevôque
les treule-qiiati-e proposilious. Si j'étais entélé, de Paris 'ine expliead >n très-ample et très-
je le serais liien plus du loml de la doctrine de exacle de tout le svstèuie des voies intérieures,
M'"''(;u\on rpie de sa personne. Je ne pourrais à la marge des 3i propositions. Ce prélat n'y a
même, dans mon etdéternent le plus ridicule et pas remarqué la moindre erreur ni le moindre
le plus daii;:ereiix, me soucier de sa persomie excès. M. Tronson, h qui j'ai montré aussi cet
que je la croirais nécessaire pour l'a-
qu'aulaiil ouvrage, n'y a rien rc|)ris. » Reiuarcprez en pas-
vanccmeid de la doclrine. Tout ceci est assez saut, dans le fait, qu'il n'y a ici nille meniion
évident par la conduite (pie j'ai ternie. On l'a de m'avoir commimiipié ces explications, dont
condamui'>e, renlermée, ciiarfiée di^nitminie ; en elTel je n'ai jamais entendu parler.
je n'ai jamais dit un seul mot pour la justifier, 28. " 11 y a environ six mois qu'une Carmélite
jiour rexcuser, pour adiuicir son élal. Pour le du faubourg Saiul-Jaccpies me demanda des
fond de la doclrine, je n'ai cessé d'écrire et de éclaircissemenls sur celle matière. Aussitôt je lui
ciler les auleius approuvés de l'Eudise. Ceux (écrivis une grande lellre (pie je fis examiner
qui ont vu noire iliscussion doivtMil avouer (pie par .M. Il me
proposa seulement d'é-
de .Meaux.
M. de .\leau\.<pii voulaild'aliord tout loudro\er, viter un moliiidilTcrent en lui-même, mais que
a éléconlraint d'admellre pied à pied des chose ce prélat remaniuait qu'on avait quel(|uelois
qu'il avait cent luis rejelees comiiie très-mau- mal ein|)loyé. Je l'ùlai aussitôt : et j'ajoiiLii en-
vaises. Ce n'est doue pas de la personne île core des explications plcimvs de préservatifs,
M""" Guyon dont j'ai été en peine et de ses écrits: qu'il ne demandait pas. Le laubourg Saiul-
c'est du fond de la doclrine des saints, trop in- Jacipics, d'où esl sortie la plus imiilacahle criti-
connue ;i la plupart des docteurs scolasliqiies. (pie des mystiiiues, n'a pas en un seul mol à
2i. « Dès que la doctrine a été sauvée sans (lire sur cette lellre. M. Pirot a dit hautement
épar;^ncr les erreurs de ceux qui sont dans l'illa- (ju'elle pouvait .servir de règle assurée de la

lusion, j'ai vu Iranquillemenl M""= (Jnuui eaj)- doctrine sur ces matières. En effet, j'y ai con-
tive et flétrie. Si je relu.se mainlenant d'appnui- damné toutes les erreurs qui ont alarmé quel-
ver ce cpie M. de Miaux eu dit, c'ji'sl que je ne (pics gens de bien dans ces derniers temps. «
veux ni achever de la déshonorer contre ma En il s'en faut beaucoup: au reste il ne
pas.sanl,
conscience, ni mi- déshonorer en lui imputant s'agit jias d'exauiiuer une lellre particulière,
(les hl.isphémes qui retombent inévitablement dont le dernier élal ne m'est connu que par un
sur moi. » écrit confus, mais voici qui commence à de\enir
"l"). Voilà tout ce qui regarde les raisons de bien esseuiiel.
M. l'archesécpie de Cambrai pour ne point a|>- 29. « Je ne trouve pourtant pas que ce soit
proiivermoii livre, ipi'il avait rivu pour cela. Il assez pour dissip(T tons les vains ombrageas, cl
en ré.iulle des laiU de la dernière consiMjiience je crois qu'il esl ni'cessaire que je me déclare
pour ciumaitre parrailcment l'esprit où était d'une manière encore plusaulheutiqiie. J'ai fait
d'abord ce prélat, et le chani-'euicnl arrivé dans nn ouvrage où j'explitpie à fond tout losjslème
s;i condiiile depui> ipi'il a été .uelie\ùipie. du des voies inlérieurcs, où je mar.iue d'une pari
eiilcud ce que \culciil dire ces airs loudru^aitls tout ce qui est conforme ù la fui, et fondé sur la
KELATION SUR LE QUlETISAiE. l-2«

tradilion des saints; et de l'autre tout ce qui va SECTION V.


plus loin, et qui doit être censuré rigoureuse- Faits contenus dans ce Mémoire.
ment. Plus je suis dans la nécessité de refuser
1. Commençons par les derniers, pendant
mon approbation au livre de M. de Mcaux, plus qu'on en a la mémoire fraiclic. 11 y en a deux
il est capital que je me déclare en même temps
bien importants, dont l'un est que l'on me ca-
d'une façon encore plus forte et plus précise.
chait les explications que l'on mettait h la
L'ouvrage est déjà tout prêt. On ne doit pas marge des 34 propositions, pour les montrer
craindre que j'y contredise M. de Meaux. J'ai- seulement h M. l'archevêque de Paris et à M. de
merais mieux mourir que de donner au pul)lic Tronson. On commençait dès lors à commenter
une scène si scandaleuse. Je ne parlerai de lui sur les Articles ; on les tournait, on les expli-
que pour le louer, et que pour me servir de ses quait à sa mode, on se cachait de moi : poiur-
paroles. Je sais parfaitement ses pensées, et je quoi, n'était qu'on sentait dans sa conscience
puis répondre qu'il sera content démon ouvrage qu'on sortait de nos premiers sentiments ? On
quand il le verra avec le public. dira que M. de Paris et JU. Tronson l'auraient
30. « D'ailleurs je ne prétends pas le faire im- senti comme moi: qui en doute? ainsi ont-ils
primer sans consulter personne. Je vais le con- fait; et M. de Paris l'a bien monh'é; mais enfin
fior dans le dernier secret à M. l'archevêque do chacun a ses yeux et sa conscience on s'aide ;

Paris et h M. Tronson. Des qu'ils auront achevé les uns aux autres: pourquoi me séparer d'avec
de le lire, je le donnerai suivant leurs correc- ces messieurs, puisque nous avions eux et moi
tions. Ils seront les juges de ma doctrine, et on dressé ces Articles avec la parfaite unanimité
n'unprimera que ce qu'ils auront approuvé. qu'on a vue? pourquoi ne se cacher qu'à celui à
Ainsi on ne doit pas être en peine. J'auraisla qui, avant que d'être archevêque et dans le
môme confiance pour M. de Meaux, si je n'étais temps de l'examen des Arhcles, on se remet,
dans la nécessité de lui laisser ignorer un ou- tait de tout, comme à Dieu, sans discussion,
«

vrage dont il voudrait apparemment empêcher comme un comme un écolier ? » Ce


enflmt, '

l'impression par rapport au sien. n'est pas pour mon avantage que je relève ces
31. «J'exhorterai dans cet ouvrage tous les mots; c'est pour montrer la louable disposition
mystiques qui se sont trompés sur la doctrine, d'humilité et d'obéissance où Dieu mettait alors
d'avouer leurs erreurs. J'ajouterai que ceux qui, M. de Cambrai. Qu'était-il arrivé depuis, qui
sans tomber dans aucune erreur se sont mal changeât sa résolution? est-ce à cause que je
expliqués, sont obligés en conscience de con- l'avais sacré ? est-ce à cause que non content de

damner sans restriction leurs expressions, à ne me choisir pour ce ministère, plein encore et
s'en plus servir, à lever toute équivoque par une plus que jamais des sentiments que Dieu lui
explication publique de leurs vrais sentiments. avait donnés pour moi, quoique indigne, il re-

Peut-on aller plus loin pour réprimer l'erreur? nouvelait la protestation de n'avoir jamais d'au-
32. « Dieu seul sait à quel point je souffre de tres sentiments que les miens, dont il connais

faire souffrir en celte occasion la personne du sait la pureté? Cependant, c'est après avoir si-

monde pour qui j'ai le respect et l'attachement gné les Articles qu'il en donne à mon insu « une
le plus conslaut et le plus sincère. » ample explication » à M. l'archevêcjue de Paris
33. C'est ainsi que finit le Aicmoire écrit de et à M. Tronson 2. Quant à moi, j'en serais

la main de M. l'archevêque de Cambrai. On en- Irès-content: mais quant à .M. de Cambrai, vou-
lait-il détacher et désunir les hères et les una-
tend bien qu'elle est la personne qu'il est si

fâché de faiie souffi ir, do


et quoi était le sujet
nimes qui avaient travaillé ensemble avec un
cette soufirance tous les vérilables amis de
:
concert si parlait et si ecclésiastique? S'il le
voulait, quelle conduite ne le voulait pas,1 s'il
M. de Cambrai souHraient en effet de le voir si
prodigieusement attaché h la défense de ce livi'c, pourquoi se cachei- de moi qui ne rcs|)irais que
l'unité et la concorde? Eiais-je devenu tout à
qu'il aimait mieux se séparer d'avec ses con-
trêrcs qui le condanmaient, (juc de s'y unir par
coupdillicilc, capricieux et impraticable? U va-
une conmume approbation de mon livre, il la- lait bien mieux me
comnumi(iucr ce qu'on
traitait avec les cumpagnoiis inséparables de
quelle il vient encore de déclarer, qu'il ne trou-
vait que le seul obstacle d'im|)rouvcr les livres
mon travail, (lu'une lettre à une Carmélite,
qui ne fait rien à nos (|ueslioiis, puis(iu'on lui
de M""=Gu\()n mais laissons ces réllexious, et
:

parlait plutôt par rapport à son instmclion


venons aux fiiils cssenliels qui sont tonlciuis
parliculièio (juc i)ar rapport à l'étal en gcné-
dans ce Mémuire.
' Cl-dc»îiis, s«l. 3, n. 4, (1, — « Sccl 4, n. '21

D. ToM. VI.
130 UELATiON Mil i-M ury':TisMi:.

rnl. Mais, quoi! <in vnil étaler un roslc de con- bien déroule les bouimes lor.squ'on néglige les

fiaiKC ;iour un lioiiinie qui la méiilail Inulcu- moyens cerLiins et simples qu'on a en main, el

licn', iiiMiilanl (jn'on lui tadic l'cssonliol, cl ({u'ou se fie à son éloipience.

que, |)i)iu- avoir moins ilc U'-nioins îles varialions 5. « Je ne prétentls pas faire imprimer cet

qu'il rarcliovrquc de Cauil)rai


UK'tiilail, M. ouvrage sans consulter personne '. » On promet
lra\aille socivleiueul à le délailicr d'avec eux de consulter M. rarclievé(]ue de l'aris el M.
UMC qui l)iou l'avail associé dans ce Iravail. Tronson, el de n'imprimer que ce qu'ils auront
2. « J'ai fait un ouvrage où j'explique à fond approuvé. « J'aurais » dit-on, « la même con-
toul le svslènie des voies inlériciiies; l'ouvrage fiance pour M. de Meaux, si je n'éliùs dans la

lonli)rél:on nedt.il pas craindieiiuc néces.silé de lui lai.sser ignorer tm ouvrage dont
csl déjà
j'y(Mulredise M. de Mcaux: j'aimerais mieux il voudrait apparennnenl empêdicr l'impres-
sion par rapport au sien. Pourquoi la vou-
mourir que de doimer au |)ublic une scène si »

scandaleuse Sans mourir pour éviter ce


'. « drais-je cnqiéclier? Est-ce qu'il sentait en sa
scandale, il n'y avait qu'il me comuumi(|uer ce conscience, que, voulant tourner les Articles
nouvel ouvrage, comme on avait communiqué connue il a nos deux livies seraient con-
fait,

tous les autres, connue j'a\ais coninumiqué traires, et qu'il raisonnait sur des princii)es op-

celui (|ue je méditais. Je prends ici à témoin le po.sés à ceux dont nous étions convenus? c'est

ciel et la terre, que de l'aveu de M. de Cam- ce qu'il fallait prévenir. C'est peut-être i>ar la

brai, je n'ai rien su de ce qu'il tramait, et que jalousie de primer que je voudrais apparemment
j'ai les mams pures des scandaleuses divisions em[)êelier son livre de paraître: quelle marque
qui sont arrivées. avais-je donnée d'une si basse disposition?
3. Je ne parlerai de M. de
<> Mcaux que pour pounjuoi en vouloir soupçonner son confrère,
le louer el pour me servir de .ses paroles 2. » son ami, son consécralcur, à qui on ne peut re-
Qui iicnse-t-on amuser par ce discours aud)igu? procber que trop de prévention pour sa doci-
(jne font de vagues louanges dans un livre de lité? Si j'étais assez déraisonnable pour mon-

doctrine? Ne se serl-on pas tous les jours des trer une si bontcuse jalousie, el pour faire de

paroles d'iui auteur contre lui-même et pour le vains procès h M. de Cand)rai, M. de Paris et
combattre? Ainsi M. de Cambrai ne rassurait M. Tronson ne m'auraient-ils pas confondu ?el
pas le monde contre les dissensions (ju'on avait parce {\uapparem)m'nt ^c contredirais, sur cette
à ciaiudre de son livre, el encore mi coup j'en conjecture, sur celte apparence, on basarde
suis iiniocent. efreelixenient le plus grand scandale qu'on put

•i. « Je sais parfaitcmenl les pensées de M. de exciter dans l'Eglise.

Meaux, el je puis répoudre qu'il sera content de Mais d'où vient ce changement de con-
G.

mou ouvrage quand il le verra avec le|iublic. » duite? Celui à qui on défère tout durant la dis-
Quoi ! il sait si bien mes pen.sées qu'il ne daigne cussion des dont on attend le
matières, celui

me les demander? « Je serai conlonl: il en ré- jugement, même nu abandon dont


scid, avec
« pond, >' pourvu que je voie son livre avec tout je n'ai point abusé, en un mol, celui à qui seul
le monde. Kst-cc qu'il croyait entraîner le pu- on voulait tout ra|iporler, sans discus>ion et
blie, el par celle autorité m'enirainer moi- sans réserve, est aujourd'hui le .seul de qui on
même? me (pu\ dans les Articles
faire accroire se cache. Pounjiioi ? 11 ne m'est rien ariivé de
d'Issv, j'avais pensé loul ce qu'il voulait, ou nouveau depuis que M. de Cand)rai est arcbevê-
bien (pi'assuré, si je l'ose ilire, de mon' esprit (|ue; je n'ai fait que lui donner une nouvelle

pacilique, il cioyail (jucje laisserais loul pas- marque de confiance en lui demandant sou ap-
ser? Ne songeail-il pas (jnc la discrétion, la jia- probation, el en soumettant mon livre à son
lience, condescendance, surtout dans les
la e.xamen; mais il lui est arrivé, qu'élevé à celte
matières de la foi, ont des bornes au delà des- sid)lime dignité, il a voulu tourner à ses fins
quelles il ne faut pas les pousser? On axait un cachées les Articles qu'il avait signés; et il a
moyen .sùrcttntrc un aussi grand mal, (jui était lallu depuis oid)iicr ce qu'il avait promis à ce-

de se concerter, de s'eulendro, connue j'en don- lui des arbitres qu il avait clioi.sis, à qtù il avait

nais l'exemple: on a évité une voix si douce et montré plus de soumission.


si naliuelle on a cru qu'on entraiiierait le pu-
:
'. Il s'est encore trompé dans celle pensée,

blic, et. loin de se laisser eniraiuer. on a vu aussi bien que dans celle d'imposer au public;
un .soulèvement si universel, qu'à peine s'en M. tie l'aris lid a refusé loide approbation; il a
trouvera-t-il im pareil exemple. C'est ainsi (|ue domié sou approbation à mon li\re. On a vai-
UELATION SUR LE QUIÉÏISME. 131

neinent tenté de désunir ce que Dieu, je l'oserai n'est là qu'une illusion; c'en est une de propo-
dire, avait uni par la foi commune et par l'es- ser de faire écrire une femme qui ne devrait
prit de la tradition que nous avions cherché en. jamais avoir écrit, et à qui on a imposé un éter-
semble dans les mêmes sources. 11 est vrai que nel silence il faut se disculper soi-même en-
:

M. Tronson demeure d'accord de n'avoir point vers le public, et ne pas prendre de vains pré-
obligé M. de Cambrai à me donner son appro- textes pour s'en excuser.
bation; mais enfin tout dépend de l'exposé. M. 10. Il profondément attaché à soutenir
est si
de Cambrai exposait qu'il ne pouvait approuver la doctrine celte femme, qu'il avoue, non-
de
mon livre sans trahir ses sentiments; lui ré- seulement qu'elle est son amie, mais encore
pondre, sur cet exposé, qu'il ne doit pas ap- que tout son commerce et toute sa liaison avec
prouver, c'est la même chose que de conseiller elle étaient uniquement fondés sur la spiritua-
à quelqu'un de ne pas signer la confession de hté qu'elle professait '.

la foi tant qu'il n'en est pas persuadé. C'est pré- 11.11 est, dis-je, encore aujourd'hui si attaché
cisément ce que ftl. Tronson m'a fait dire; c'est aux livres de 31'"° Guyon, improuvés par tant
ce qu'il m'a dit lui-même: il a dit encore à de censures, qu'il affecte d'en
excuser les er-
plusieurs personnes, et à moi-même en pré- reurs comme un langage mystique, comme des
sence d'irréprochables témoins, qu'il croyait M. exagérations qu'il ose même soutenir par cel-
de Cambrai obligé en conscience de condamner les de quelques mystiques, et même de quelques
les livres de M™" Guyon, et d'abandonner son Pères 2; sans songer que ce qu'on reprend clans
propre livi'e; enfin tout était fini s'il avait voulu cette femme n'est pas seulement quelques exa-
passer par son avis; la preuve de ce fait serait gérations, ce qui peut arriver innocemment,
aisée, mais il vaut mieux ne s'attacher qu'à ce mais d'avoir enchéri par principe siu* tous les
qui décide. mystiques vrais ou faux, jusqu'à outrer le livre
8. On voit maintenant une des raisons pour- de Molinos même.
quoi M. de Cambrai, qui toujours conféra avec 12. Cependant, encore un coup, il demeure
M. de Paris et M. de Cliartrcs, a refusé con- si fort attaché à ces mauvais livres, qu'il vient

stamment de conférer avec moi. Il paraît déjà encore de déclarer dans ce Mémoire, qu'il pous-
par cet écrit, qu'avant môme la publication de sera sur ce sujet le silence jusqu'au bout. Il le
son livre, il ne songeait qu'à nous détacher; pousse en effet jusqu'au bout, puisque aujour-
mais la vérité est plus forte que les finesses des d'hui même, malgré tout le péril où il est pour

hommes, et on ne peut séparer ceux qu'elle avoir voulu excuser ces livres, on ne lui en
unit. peut encore arracher une claire condamnation.
9. « J'exhorterai les mystiques qui se sont 13. Pour achever ces réflexions sur les faits
trompés, » continue M. de Cambrai i, « d'a- constants, il faut encore observer la prodigieuse
vouer leurs erreurs; et ceux qui se sont mal ex- différence de ce qui se passait effectivement
pliqués, de condamner sans restriction leurs entre nous sur la signature des Articles, et de
expressions ; peut-on aller plus loin pour répri- ce qu'en raconte M. de Cambrai. Si je dis qu'il
mer l'erreur? » Qui doute qu'on ne le puisse et offrait de souscrire à tout dans le moment, sans
qu'on ne le doive, quand on a autorisé un mau- rien examiner, et par une entière et absolue
vais livre, un livre non-seulcmeiit suspect par- obéissance, je ne ferai que répéter ce qu'on a
tout, mais encore déjà condamné à llome et vu dans uules ses lettres ^ ; mais si je lis ce
ailleurs; quand on l'a « laissé estimer à des qu'il y a dans son mèiiioire, c'est tout le con-
« personnes illustres, » et qu'on s'est servi de traire; c'est lui qui nous enseignait, c'est lui
la confiance, qu'on avait en nous pour autori- qui nous imi)osait les conditions de la signa-
ser ce livre, encore qu'on ne pût le justifier que ture "»; j'étais un liounno dur et difficile, qu'il
par un recours à de secrètes explications que fallait que M. de Paris, alors M. de Cliàlons,
ceux à qui on le recommande ne devaient ni ne pressai Ircs-forUinciil, pour me faire revenir aux
pouvaient deviner; quand on allègue pour toute sentiments de M. de Cambrai. Je ne refusai
excuse, qu'on ne peut excuser ce livre qu'à jamais d'èlie enseigné d'aucim des moiiulre.>-
cause qu'on l'explique nneux qu'il ne s'expli- de l'Kglise, à plus forte raison des grands pré-
que lui-mèuio: est-ce assez d'oxiiortor, en gé- lats; mais pour cette fois et dans cette alfaire,
néral, les auteurs s'ils ont failli, à se reconnaî- je répèle, et bien le sait, (pi'il n'y eut jamai>
tre; cl s'ils ont parlé auiliiyiuMenl, à s'expli- entre M. de Cliàlons et moi la moindre diili
quer'/ Non, sans doute, ce n'est pas assez; ce
Sccl. 4, 11. l&- —'Jb-, 9, 13,20, 2a. — /*., 3 n. 3. — ' /A , 4,
iM RELATlOiN SUR LE QlJlÉTlSilE.

cullé : nous avions dressé les Ailiclcs tout d'une droyer, était contraint pied à pied d'admettre
Toix, sans aucune ombre de conlosinlion, cl ce qu'il rejetait. » Mais qui a vu cette discus-
nous r^jcWnics loiild'iuic voix Icssiihlilesiulor- sion? quel autre que nous y éUiit admis? par
prélalioiis de M. rarclicvc^qne de CaiM^rai, qui quel témoin me proii\erd-t-on que j'ai tant
Icndaicnt h rendre inulilcs loulcs nos résolu- varié? mais si j'avais à revenirde tantdecboses,
tions. M. de Cambrai n'avail-il à revenir de rien? pour
14. « Pour le fond de la doctrine, » dil-il •, moi je produis ses lettres et un Mémoire écrit
«je n'ai cessé d'écrire et d'écmilcr les ailleurs de sa main. Avouons qu'il fait deux person-
approu\és de l'E^Misc. » A ()iiel propos ce dis- nages bien contraires lisons les lettres qu'il :

cours? la (picslioii élail de les liioii cnlendre. écrivait durant la disciis.siou; il ne demandail
Qu'csl-cc cpic M. de Cambrai souiiicl ail h noire qu'un jugement après leipicl il n'oflrail dés le
jugen)cnl, si ce n'.'lail riiiler|)iilalion qu'il y Iirciiiicr mol que rétractation, que de tout

donnail? Mais h présent c'est loiit autre cbosc, quitter. Lisons le Mémoire (pi'il fait après sur
c'csl lui qui nous enseigne la Iradilion don- :
la même discussion ; non-seiilenn^nt M. de Cam-
nons gloire à Dieu ficela est; mais élait-ce nous brai n'a aucun sentiment duiil Ij lit eu à rêve,
qui demandions des arbitres de noire d( clriiie; nir, mais c'était à lui que nous revenions, et

(|ui ne demandions qu'une décision pour nous nous ne faisions que foudroyer à droite et à
y soumctirc, sans nous léserver seulement la gauche sans (lisceinenicnt.
moindre répliiiiic ^y qui pressions avec tant 17. « Ce n'élail pas, » dit-il ', « la personne
d'iiislancc<]ironnoiis prit au mot sur celle offre, de M"«^ Guyon dont j'ai élé en peine cl de ses
et qu'on mil notre docilité fi celle épreuve? écrits, mais du fond de la doctrine des saints

Uu'csl-il arrivé depuis (]ue M. de Cambrai écri- trop inconnue à la plupart des scolasliques. »
vait ces clioscs, si ce n'est que, devenu arche- Nous étions donc ces scul(isti(jues, à cpii la doc-
vêque de Cambrai, il n'a jikis voulu s'aslrciiidre trine des saints était si iiironnue, cl c'était .M. de
à la doctiiiic qu'il a\ail souscrite volontaire- Cambrai qui nous renseignait. Pendant la dis-
ment, qu'il a voulu varier, et qu'enfin il a ou- cussion, il se |ioitail pour disciple dcjiuisque, :

blié la soumission que Dieu lui avait mise dans dans un degré suiiéiicur, il veut proposer de
le ca^ur. nouvelles rc'-gles par ses explications, il se repcnt
Ceux qui ont vn notre discussion doivent
15. « d'avoir été soumis; et il parle comme ayant
si

avouer, » pouisuil-il ^, « que M. de Meaux, (pii été l'arbilre de tout.


voulait d'abord tout loudrojer, a été contraint 18. Mous ne sommes pas infaillibles, sans
d'admettre pied à pied des choses qu'il a\ait doute mais encore faudrait-il nous montrer
:

cent lois rejetées comme très-mauvaises. « C'était en quoi nous avions besoin d'être insliuils;
donc moi (|tii enseignais une mauvaise doc- quelU^s erreurs enseignions-nous? avions-nous
Irine; celait .'i moi
cpi'il lall.iit donner des ar- conlestéquelquc partie de la doctrine des saints?
bitres M. de Cambrai, <jiii ne parlait que de
: demandions-nous des docleurs cl des arbitres?
soumission h nos scntiiiienls, était en ellét celui gardons-nous bien de nous glorifier, si ce n'c^st
qui nous enseignait; M. de Meaux voulait lnut en Notre-Seigneiir ne parlons pas de la défé-
:

fuuilicycr ; mais s'il était à la (ois si fulminant et rence (lu'on se doit les uns aux autres; un dis-
si iiiiu>le dans le temps de la discussion, j^our- ciple de Jésus-Christ fait gloire d'apprendre tous
quoi atleiiiliez-vous sa décision pour vous y les jours et de tout le monde; mais encore ne
soumettre? poiir<iiioi la demandiez-vous avec faut-il pas oublier le personnage que nous
laiil d'iiislaiice? pourquoi voidiez-vous écouter faisions, M. de Cliàlons, M. Tronson cl moi :
en lui, non pas un docteur que vous daigniez sans doute on nous regardait comme des gens
appeler tiés-giand, mais Dieu même ? Klaient- '•
d'une siire et irieproehalile doctiine, h cpii on
cc là <les paroles sérieu>es, ou des llatteiies et voulait loin délérer sur les mystères de l'oraison
des déii.sions? élait-cc des coups de loiidicque et du pur amour, c'esl-;V<lirc, sur des points
vous rcspecliez, cl un homme qui foudioNait très-essentiels de la foi M. de Cambrai lui- :

tout h tort ou à droit,


que vous preniez pour même nous piopos;ul, nous recevait, nous re-
votre juge, que vous écouliez comuie Dieu gardait comme tels, et tout d'im coup nous np
raérncî sommes ; lus (pie des dot teiu-s, h qui, comme à
16.Relisons encore une fois les mêmes mots : la plupart des scolasti(pies, la doctrine des
« Ceux qui ont vu notre discussion doivent saints est iwofoudéiiieut « inconnue. »

avouer que .M. de Meaux, qui voulait tout fou- lu. Mais en même Icmps «pie M. de Cambrai

' SctI. 4, n. 23. — 5 /t. 3, u. <—' Ib. 4, ii 23.— < Ib. 3, n. 4. ' AvcrI ,
y. 9, lliEupl. àf^ M.ir , p. 240, O^cl. ait, p. 2T0.
RELATION SUR LE QUIÉTISME. 133

s'attribue tant d'autorité et tant de lumière, arbitres qu'il avait choisis, et auxquels aussi il

Dieu permet qu'il nous découvre ses incerti- envoyait tous ses écrits : il recevait ce mouve-
tudes maintenant il ne vanle que l'école il
: : ment comme un mouvement venu de Dieu
ne nous accuse que d'être opposés aux (loclcurs qu'il poussa jusqu'à son sacie si après il oublie :

scolasliqucs; mais alors il ne s'agissait que de tout, qu'avons-nous à dire?(|u'il dissiiiudait; ou


nousai)|)rcndre la doctrine des saints « inconnue bien, qu'élant tout lc qu'il pouvait être, il est
a et très-inconnue, » non à quelques-uns seule- entré dans d'autres desseins, et la pris d'un
menl, ou au petil nombre, mais à la plupart des autre ton.
docteurs de l'école. 22. 11 fait de merveilleux raisonnements sur
20. « Ce n'est pas la personne de M"" Guyon sa conduite : « Qu'on observe, dit-il, toute ma
dont j'ai été en peine et de ses écrits. « De quoi conduite est-ce que j'ai été faible et timide
:

donc s'agissait-il alors? qu'est-ce qui avait intro- quand signé les 3i propositions? on en peut
j'ai
duit notre question? pourquoi avait-on choisi juger par ma fermeté présente. Est-ce que je
et demandé des arbitres auxquels on soumettait reluse par entêtement el avec un esprit de cabale
tout? n'était-ce pas pour juger de l'oraison et d'a[)prouver de M. de Meaux? on en peut
le livre
des livres de M"" Guyon? veut-on toujours juger par ma facilité à signer les 34 propo-
oublier et perdre de vue le point précis de la sitions. » A quoi servent les raisonnements
dispute? M. de Cambrai n'avait encore rien mis quand les faits parlent? Ces faits montrent une
au jour sur' cette matière ce n'était pas lui :
règle et une raison plus simple et plus naturelle
qu'on accusait; c'était M'"" Guyon et ses livres : pour juger des changements de conduite c'est, :

pourquoi se mèlait-il si avant dans celte affaire ? en un mot, d'être archevêque ou ne l'être pas ;

qui l'y avait appelé, si ce n'est sa propre con- d'avoir des mesures à garder avant que de
science qui lui faisait sentir que l'on condam- .>;i
l'ètie, et de n'en garder plus quand l'affaire est
nait les livres de M'"^ Guyon, qu'il avait tant consommée.
recommandés, il demeurait condamné lui- 23. Il nous fait valoir sa facilité « à laisser
même? Pourquoi composait-il tant d'écrits? condamner renfermer, charger d'o|)probres
,

était-ce ou pour' accuser, ou pour excuser et M""" Guyon, sans jamais dire un seul mot pour
pour défendre ces livres? C'était donc là notre lajustilier, pour l'excuser, pour adoucir son
question; et cependant, à entendre présenle- état. » 11 ne faut pas encore ici beaucoup raison-
ment M. de Cambrai, ce n'est pas de quoi il ner c'est naturellement et simplement que M™»
:

était en |)eine, c'était du fond de la « doctrine Gu)on par sa uuuivaise docliiue et par sa con-
« des saints. » Quoi! de la doctrine des saints duite inconsidérée, sans qu'alors on l'approfon-
en général; ou par rapport à ces livres si forle- dit davantage , étaitdevenue si ridicule et si
tement accusés? on nous voulait donc enseigner odieuse, que la prudence et les précautions de
que ces livres étaient confoiines à la doctrine M. l'abbé de Fénelon, même depuis qu'il fut
des saints; et que si on les accusait, c'était h nonnné archevêque de Cambrai, ne lui permet-
cause que les docteurs de l'école pour la plupart taient pas de se connneltre inutilement que dis- :

ignoraient cette doctrine que M"'» Guyon venait je, de se commettre? de se décrier sans retour
leur appicndre? pour la soutenir; et qu'il n'y avait de ressource
comme elle résulte des
21. Disons la vérité
ù qui voulait la défendre que dans les voies in-
faits etdes écrits qu'on vient d'entendre. Pen-
diiectes.
dant qu'elle écrivait devant nous connue la partie nous paraissait, par tous
2i. C'est ainsi qu'il
accusée, M. l'abbé de Fénelon écii\ait aussi avait secrètement entrepris
ses écrits, qu'il de
autant qu'elle, ou comme son avocat, ou comme
la défendre : c'est ainsi qu'il la défend encore
son inter()rèle quoi cpi'il en soit, pour empé.
aujourd'hui en soulenaut le livre des Maximes
;

cher sa condamnation il ne s'agissait pas de :

(les siiiiils; il pose maiiilenant connue alors tous


la personne (|ui parlait toujours comme sou-
les principes pour la soidenir : si, voyant qu'il
mise, il s'agissait des livres et de la doctrine;
est éclairé, il enveloj)pesa doctrine; s'il la uu.igc
c'était donc des livres (ju'il voulait défendre, et
diuis (|uelques endroits, la niMuièrc de l'ensei-
il n'avait point d'autre titre pour entrer dans
gner n'en est que plus dangereuse. Enfui nous
cette cause : ce qu'il avait commencé élant
ne pouvions l'excuser alors que par l'evlrénic
simplement M. l'abbé de l'énclon, il l'acoutiiuié
soumission dont nous avons été conhainls do
« connue nommé à l'arclievêclié de Caud)rai; »
donner le;' preuves par ses lellrcs et nous n'a- ;
c'est sous ce titre qu'd .souscrit aux 3i propo-
vons perdu cette espérance, que par l'édilion de
sitions 1 : il a persisté ù soumettre tout au.\
son livre dont iltaul mainicnant parier.
> Fcj/U ItvAi. sur l»itBts d'or., 1. x.
134 RELATION SUR LE QUIÉTISME.

SECTION VI. plus dire avec ceux qu'il avait choisis pour arbi-
tresde sa doctrine. l'eudant que nous offrions
L'histoire du livre.
de noire côté de toiil couccrler avec lui, que
i. Ce livre qui devait être si bien concerté nous le faisions en effet, que nous mettions en
avec M. de l'arisel M. Tronson (car ponrmKijc ses mains nos conq)osilions, il a rompu toule
nYlaisplnsqiie celui qu'on ne voulait paséc(juler), union tant il était empressé de donner la loi
:

ce livre, dis-je, où l'cm .s'élailcnpaué.couiine on dans l'Kgli.sc et de louruir des excuses >^
,

a vu, h ne rien inellre qui ne lui liicn corri;ié cl M""Guyon; el il ne veut pas qu'on lui dise qu'il
approu\é d'eux, parut enllu loulàcoupau mois est la seide cause de la division dans l'épiscopat,

de février 1(1'.)T, .sansaueiuie nianiue d'une ap- et du sciindale de la du élienté.


probation si nécessaire. M. l'ardievcque de l'aris 4. Il qu'on oubliU combien fut
voudrait
explique lui-mônic M. l'archevêque de Caud)rai, prompt el universel le soulèvement contre son
comme ce livre avait paru cnnlrc son avis, con- livre la ville, la cour, la Sorbonne, les commu-
:

tre la parole (ornielle que M. de Cambrai lui avait nautés, les savants, les ignorants, les hommes,
donnée. Pour moi, qui me restreins sur cela les fennnes, tous les ordres .sans exception furent
uniquement h ce qui est public, j'observerai indignés, non pas du procédé, que peu savaient,
seulement que ne |ias voir l'approbation de et que personne ne savait à fond; mais de l'au-
M. l'archevêque de l'aiis;'i la tête de ce livre, dace d'une décision siambitieu.se; du ralfine-
celait en voir le relus; puisqu'aiirès les engage- meut des expressions, de la nouveauté inouïe,
ments que M. deCandjrai avait pris, il ne pou- de l'entière inulililé et de l'audjiguité de la doc-
vait pas ne l'avoir pas demandée ne parlons : trine. Ce fut alors (jue le cri public (il venir aux
donc plus de la mienne (pii n'était pas moins oreilles sacrées du roi ce que nous avions si soi-
nécessaire, jinisque j'étais l'un des deux prélats gneusement ménagé; il apprit, par cent bouches,
dont on promellait d'explicpier les |)riucipes. Il que M"" Guyon avait trouvé un défenseur dans sa
ne faut point perdre de vue celle promesse au- cour, dans sa maison, auprès îles princes ses
thentique dans l'Avertissemenl de M. l'archcvé- enfants; a\cc queldéplai-sir, on le peut juger de
(|iic de Cand)rai. On vit donc alors un livre qui la piélé cl (le la sagesse de ce grand prince.
devait décider des matières si délicates; démêler Nous |)arlàmos les derniers chacun sait les jus- :

si exactement le vrai et le faux; lever toutes les tes rcpproches ijuc nous essuyâmes de la bouche
équivoques, et réduire les expressions;! toute la d'un si bon maitie, pour ne lui avoir pas décou-
rigueur du langage théologique; |iar ce mo\en vert ce que nous savions de quoi ne chargeait- :

servir de règle à toule la s|>iritualilé :on vit, di.s- il pas noire conscience ? Cependant M. de Cam-

jc, paraître ce livre sans aucune ap|irobation, bial, dans un soulèvement si universel, ne se
pas même de ceux dont elle était le plus néces- plaignait que de nous et pendant que nous ;

saire, et de ceux ilont on avait promis de la étions obligés à nous excuser de l'avoir trop inu-
prendre, tilement servi, el (pi'il falliil enliii demander
2. Il ne sert de rien de réjjondrc que M. de pardon de notre silence qui l'avail siuivé, il fai-
Candnai avait bien promis de ne rien dire que sait et méditait contre nous les accusations les
M. de l'aris n'apiirou\;ll, mais non pas de pren- plus étranges.
dre son approbation par écrit car ce n'est pas ; 5. J'avais .seul soulevé le monde. Quoi ma !

la coutume de prouver une approbation par cabale? mes émissaires? l'oserai-je dire? je le
un fait en l'air on doit la montrer écrite et si-
: puis avec confiance et h la face du .soleil le plus ;

gnée, surtout quand celui de (jui ou la prend simple de tous les hommes, je veux dire le plus
eslintéressédans la cause; connue SI. l'arche- incapable de loule lines.se el de toute dissimula-
vêque de l'nris l'était manileslemeut dans le lion, (jui n'ai jamais trouve de créance que
nouveau livre, où, encore un coup, l'on pro- parce j'ai toujours marché dans la créance ecim-
mettait dans la préface du livre qu'on expli- muue ; tout à couj) j'ai couru
hardi dessein de
le

querait SI doctrine. perdre par mon seul crédit M. rarche\ê(pie de


M. de Cambrai hasardait tout
3. Ainsi lui : Cambrai, que juMiu'alors j'a>ais toujours voulu
qui aimait mieux mourir que de donner au pu- sauver à iiKs ri-ipies. Ce n'e.-lrien; j'ai remué
blic une scène aussi scandaleuse que celle de me seul pai" d imperceptibles ressorts, d'un coin de
contredire, » s'expo.se encore h donner celle de mon cabinet, parmi mes papiers cl mes livres,
contredireM. rarclievê(iuede l'aris, et de meltre toule la cour, tout l'aris tout le royaume; ,

toute l'Eglise en combustion. Il a mieux aiuu^ car tout prenait feu ; toule rEuro|)e et Rome
s'y cx|)0scr, et l'exécuter en effet, (]ue de couvr- même, où l'étonnemcnt universel, pour ne
iiir avec ses amis, avec ses couliél'cs, pour ne rieu dire déplus, fut porté aussi >ile que les
,
,

RELATION SUR LE QUIÉTISME. 13S

nouvelles publiques; ce que les puissances les La première chose qui parut, à l'ouverture
9.
plus accréditées, les plus absolues ne sauraient du de M. l'archevêque de Cambrai
livre ,

accomplir, et n'oseraient entreprendre, qui est fut une manileste affectation d'excuser les mys-
de faire concourir leshomtnescommeen un ins- tiques nouvellement condanmés, en les retran-
tant dans les mêmes pensées, seul je l'ai fait sans chant jusqu'à trois fois de la liste des faux spi-
me remuer. rituels'.On reconnaît ici celui qui avait promis
6. Cependant je n'écrivais rien; mon livre, de « pousser le silence jusqu'au bout » sur le
qu'on achevait d'imprimer quand celui de
,
sujet de M'"" Guyon. On a montré ailleurs que
M. de Cambrai parai, demeura encore trois se- le Moyen court de cette femme n'était autre chose
maines sous la presse, et quand je le publiai, on qu'une explication plus expresse de la Guide de
y trouva bien à la vérité des principes contraires Molinos, principalement sur l'indifférence du
à ceux des Maximes des saints (il ne se pouvait salut 2 et qu'on avait même affecté de transcrire
;

autrement, puisque nous prenions des roules si dans ce livret les mêmes passages dont Molinos
différentes, et que je ne songeais qu'à établir les dans sa Guide faisait son appui entre autres, ;

Articles que M. de Caminai voulait éluder); mais une lettre du P. Falconi qui a été censurée à
pas un seul mot tourné contre ce prélat. Rome 3. Ainsi pour sauver 31"'" Guyon il fallait
7. Je ne dirai de mon livre qu'un seul fait pu- sauver Molinos et c'est pourquoi M. de Cambrai
;

blic et constant; il passa sans qu'il y parût de l'avait épargné dans les Maximes des saints. Il
contradiction. Je n'en tirais aucun avantage; est vrai qu'il n'osa se dispenser de condanmer
C'est quej'enseignais la théologie de toute l'Eglise; nonnnéiuent cet hérésiarque dans sa lettre au
l'approbation de M. de Paris et celle de M. Char- Pape. Mais il n'y parla que des 6(S propositions de
tres y ajoutaient l'autorité que donne naturelle- ce malheureux, et affecta de se taire sur la Guide
ment, dans matières de la foi,
les le saint con- qui était l'original du nouveau quiélisme et du
cours des évéques. Le Pape même me fit l'hon- Moijen court. Pour ce dernier livre, bien éloigné
neur de m'écrire sur ce livre que j'avais mis h de condamner, il l'excusait dans la même
le
ses pieds sacrés, et daigna spécifier, dans son lettre, en comprenant son auteur parmi les mys-
bref, que «ce volume avait beaucoup augmenté tiques, « qui, » dit-il*, « portant le mystère de
<f la bonne volonté dont il m'honorait » on peu! : la foi dans une conscience pure, avaient favorisé
voir ce bref dans ma seconde édition; on peut l'erreur par un excès de piété affectueuse, par
voir aussi dans le bref à M. de Camljrai, s'il y a le défaut de précaution sur le choix des termes
un mot de son ne regarde
livre; cette différence et par une ignorance pardonnable des principes
pas ma personne c'est un avaulage de la doc-
: de la théologie. » Il ajoute que ce fut là le sujet
trine quej'enseignais qui est connue par toute la du zèle de quelques évêques', et des 34 pro-
terre, et que la ciiaire de saint Pierre autorise et positions ; quoique ces propositions et ces cen-
favorise toujours. sures n'aient jamais eu pour objet que M""= Guyon
Les affaires parurent ensuite se brouiller
8. et Molinos. V^oilà les prétendues exagérations,
un peu. C'est la conduite ordinaire de Dieu con- les prétendues équivoques, en un mot, le pré-
tre les eiTeurs. 11 arrive à leur naissance au pre- tendu langage mystique qu'on a vu qu'il prépa-
mier abord une éclatante déclaration de foi. rait pour refuge à cette fennne et il présentait ;

C'est comme le premier coup de l'ancienne tra- cette excuse au Pape même, pour en tirer ses
dition qui re|)Ousse la nouveauté qu'on veut in- avantages, si on eût voulu la recevoir.
troduire; l'on voit suivre a|)rès comme un second On voit, pour le Moyen court et les autres
10.
temps que j'appelle de tentation : les cabales, livres de M"'° Guyon, le même esprit d'indul-
les factions se rennicnt; les passions , les inté- gence, lorsque, parlant des censures de quelques
rêts |)arlagciit le monde; de grands corps, de évêques « contre certains petits livrets s » dont il
grandes iiuissances s'émeuvent l'éloquence :
n'osait se taire tout à lait devant le Pape, il
éblouit les simples; la dialectique leur tend des réduit ces mêmes censures à « quclquesendroils ,

lacets; une méla|)liysique outrée jette les esprits qui i)ris dans le sens qui se présente nalurelle-
en des pays inconnus plusieurs ne savent plus
; mout, méritent d'être condanmés". » Il semble-
ce qu'ils croient, et tenant tout dans l'indiUé- rait par là les condamner, si l'on ne se .souvenait
rcnce, sans entendre, sans discerner, ils pren- du sens particulier qu'il a voulu trouver dans
nent parti par humeur. Voilà ces temps que ces mêmes livres, malgré leurs pro|)res paroles,
j'ai)pellede tentation; si l'on veut, d'obscurcis-
sement. On doit ulti'u.lic avec foi le dernier
' Avcrt., p. 9, 11 ; Kxpli'-. des Max., p. 3fiO, Di'cl. «II., p. 270. —
J Voi/r: Rép. A quatre Icltrci do M. do CamlTni. — ' l'oyc- ln»lr.
tenqisuù la véiilé triomithe et prend inanilestc- tut les étais d'or., I. i. ' —
Upitl. nd Innoc. XI p- 61. — ' V(...(

uiont le dessus. Dicl., t>. V>0. — <•


Citlo:>iUS, xcl. IV, II. 11.
i3n RELATION SUR LF. QCir.TISME.

ne les jugeant condamnables que clans un sens de ne nommer au Pape que Moiinos sans nom-
rigoureux, qu'il assurtMiiic leur aiilour n'a jamais mer M™ Guyon. 11 est vrai (ju'on a jeté à la

eu dans l'espi it par où l'on no sent que (rop


;
de la lettre au Pape le Moyeu court, etc.,
niaiL'e

qu'il se ré>cr\ait de les excuser parce sens parti- avec Vl'lxpUcaHon du Cantique des caniiijuex.
culier qu'il vcul trouver dans le livre mal^ire les Mais après la liberté que M. de Cambrai s'est
paroles du
niOme. livre donnée de dire qu'on a inséré ce qu'on a voulu
11. Cependant, quelque peu qu'il en ait dit, il dans son texte, qui l'empécliera de désavouer
a tant de peur qu'on ne croie qu il ait passé con- une noie marginale dont le texte ne porte rien ?
damnation surleslivresdeM'"'Guyon,en|)arlanL et en tout cas il en sera quille pour condamner

dans sa lettre au l'ape des évcipics qui l'ont dansées livres « quebjiies endroits seulement, >•

censurée, qu'il ex|ili(iue, dans sa /îi /nuise à la en épargnant le fond qui est tout gàlé, et encore
Déclaration « qu'il ne s'a|)pnit> en rien sur
,
à les condamner dans ce .sens préleiidu rigou-
leurs censures, auxipielles il n'a jamais pris reux auquel il est caution que l'auteur n'a
,

aucune jiart ni directe ni indirecte : » paroles jamais pensé.


choisies pour montrer qu'il était Lien loin de les lo. Il ne satisfait pas davantage le public en
ajoutant ces paroles « Je ferai sur ce point, :
approuver.
Ce qu'il répond sur l'omission affecléc de
12. comme sur tous les autres, ce (jiic le Pape jugera
MolinosetdeM"" Guyon n'est pas moins étrange: à (iiopos » car qu'y avait-il à allendre depuis la
:

« Prétend-on, » dit-il ', « sérieuscuieut, (jiie je


censure de Rome de 1081)? ne voit-on pas que
veuille défendre ou excuser Moiinos, pendant M. de Cambrai, qui si longtemps après a soutenu
ce livre, en veut encore éluder la condamnation
que je déteste dans tout mon livre toutes les
erreurs des (58 propositions qui l'ont lait con- en la difléiant ? Ainsi celle lettre a devenue
damner ? » Oui, sans doute, on le |irélend sérieu- publique, » visiblement ne dit rien aussi M. de :

sement, puis(|ue même ces paroles confirment Cambrai voudrait bien que l'on crut qu'il a écrit
l'affectation periJtNtuclle de supprimer la Guide queUpie lettre au Pape plus secrète et plus pré-
de s'arréler seulement aux 08 cise c'est poiinpioi dans la seconde édition de
:
de cet auteur, et
comme elles fai^ident le seul sa Réponse, il a supprimé ces mots « ma lettre :
propositions, si
est devenue publique » et il a voulu retirer •
sujet de la coudanmation du Saint-Siège sans ,

l'édition où ils étaient, parce ([u'on y voyait trop


que ce livre y soit compris.
dont claiiemenl (pie sur les Untcs de M"« Guyon il ne
13. « l'our la persoime, » ajoule-t-il, «

rendu voulait qu'éluder, et ne s'ex[ili(iuer jamais.


les prêtais ont censuré les livres, j'ai déjà
16. Il fait plus (pie de garder le silence.
compte au l'ape, mon sujjérieur, de ce (jne je
M. l'aicbeNéque de Paris a déiiioniré (jue le livre
pense hVdessus. » U"» ne voit que c'est là biaiser
Est-ce en vain que des Maxivtes n'est qu'un laible adoucissement,
sur un point si esseidiel ?

- cpi'on doit être prêt qu'une adroite et arlilicieuse juslilieation des


saint Pierre a dit : « J»
livres de M""' Guyon 2. M. de Cambrai n'a fait
« rendre raison de sa foi, » non-seulement ;\ son
que re\étir de belles couleurs l'exclusion de
supérieur, mais encore « à tous ceux qui la de-
» omui jwarenli ? Qu'eût coûté à
l'espérance et du désir du salut, avec celle de
« mandent :

Jésus-Christ et des personnes di\ines dans la


M. de Caud)rai de s'expliquer à toute l'Eglise
pure contemplation, et tous les autres excès de
sans l'afléclation d'épargner et de soutenir
cette femme c'esl visiblement son intérieur que
:
M""" Guyon? Mais voyons encore quel compte il a
ce prélat a voulu dépeindre, et ses manifestes
rendu au Pape de ses sentiments sur les livres
ne le ré(iète point, » dit-il, défauts quil a voulu pallier dans son article 39.
de celte feunne. « Je
devenue pubrK|ue. » H n'y a C'est ce qu'on ressent dans sa Vie, où elle parle
« ma lettre étant
point de lettre piddiquc (pie celle où il dit au d'elle-même en des
celte sorte « Les: .'^mcs

de certains pelitsli\retscensurés
« qu'il y a degrés inférieurs paraîtront souvent plu> par-
Pape
faites. On se trouve si éloigné du reste des
par les évéques, dont quelipies endroits, au sens
qui se présente naturellement, étaient condam_
hommes, et ils pensent si dilTéremmeiit. que le

prochain de\ienl insupporlable. » Voici une


nables » voilà tout le compte qu'il rendait au
;

nouvelle merveille, de se trouversi fortau-ilessus


Pape de ces livres pernicieux dans leur tout et ,

insoutenables en tout sens, parce que ce qu'on \ des autres hommes, que l'éminenee de la per-
qu'où y veut deviner feelion, qui lait irgarderle proebain avec la plus
lit est pernicieux, et ce est

forcé et n'est pas sufdsanl. tendre condescendance, empêche de le suppor-


H. On ()eut encore observer ici l'aireclation ter mais la merveille des merveilles, « c'est, »
;

ajoule-t-elle, « qu'on éprouve dans la nouvelle


Bép. à la DM , rdit. ttiiinom, p. 139, de Bruiellts, p. 11. —
'
l Par., III, 1&. ' Erfil >!>• llr-jx.. r 119 — > K'V . p 13, U, 16, elc.
RELATION SUR LE QUIÉTISME. 137

vie, qu'on couvre l'extérieur par des faiblesses pieux général des Chartreux a mise au jour. Le
apparentes : » ainsi parmi les défauts qu'elle ne temps est venu où Dieu veut que cette union soit
peut ni vaincre ni couvrir, elle flatte par ces entièrement découverte ; je n'en dirai rien davan-
superbes excuses la complaisance cachée qui lui tage, et jeme contente de faire connaître celui
fait tourner son faible en orgueil, et par le niênie par l'ordre duquel M™'' Guyon écrivait sa Vie.
moyen M. l'arclievèque de Cambrai entretient 20. A toutes les pages de cette Vie elle se
l'admiration des « justes qui la connaissent i. » laisse emporter jusqu'à dire : « Oh! qu'on ne

17. Que servaient dans les Maximes des saints me parle plusd'humililé; les vertus ne sont plus
ces beaux discours sm- les âmes prétendues par- pom- moi non, mon Dieu, qu'il n'y ait plus
;

faites:« Elles parlent d'elles-mêmes par pure ,


pour moi, ni vertu, ni perfection, ni sainteté » :

obéissance, simplement en bien ou en mal, partout dans la même Vie les « manières ver-
comme elles parleiaient d'autrui 2 ?» Ne voit-on « tueuses» sont les manières imparfaites; «l'hu-

pas qu'il lallait trouver des excuses aux énormes milité vertu » est une luunililé feinte, du moins
vanteries d'une femme qui se disait revêtue d'un affectée ou forcée c'est là aussi qu'on trouve la
;

état prophétique et apostolique, avec pouvoir de source du nouveau langage où l'on dit qu'on ;

lier et de délier ; pleine de grâce jusqu'à regor- ne veut « plus les vertus comme vertus. » M. de
ger, et d'une perfection tellement suréminente Cambrai a adopté ces paroles i de là vient dans ;

qu'elle ne pouvait supporter le reste des hommes? ses écrits tout ce qu'on y voit pour rabaisser les
Quand de tels excès se découvriront, l'excuse en vertus : et de là vient enfui la violence perpé-
est toute prête dans le livre de M. de Cambrai ; tuelle qu'il fait à tant de passngi-s de saint Fran-
M™« Guyon aura parlé d'elle-même comme d'un çois de Sales, qu'il fallait entendre plus simple-
autre elle aura parlé par obéissance au P. La
;
ment avec le saint.
Combe, son du-ecteur à qui elle adresse sa Vie, , 21. Nous n'avionsricn dit d'approchantde tout

où se trouvent toutes les choses qu'on a rappor- cela dans nos Articles ces explications, ajoutées
:

tées. en faveur de M ""^ Guyon, n'éliiient pas une ex-


18. Le P. La Combe était celui qui lui avait été plication plus étendue, comme M. de Cambrai
donné d'une façon particulière et miraculeuse ; la promettait; mais une dépravation manifeste

s'il était devenu son père spirituel, elle avait de nos sentiments et de nos principes. Dans l'ar-
premièrement été sa mère c'était le seul à qui ;
ticle 33 nous avions tout dit sur les conditions et

elle communiquait la «grâce, quoique de loin,» suppositions impossibles il n'en fallait pas da-:

avec toute la » tendresse » qu'elle repiésente vantage pour véiifier ce qu'en avait dit saint
dans sa Vie , jusqu'à se sentir obligée, « pour la Clirysostome, et les autres saints, qui n'ont ja-
laisser évaporer, » de lui dire quelquefois: mais introduit ces suppositions qu'avec l'expres-
« mon fds, vous êtes mon (ils bien-ahué dans sion du cas iin|)Ossil)le. Mais ce quisuHisait pour
lequel je me suis plu uniquement. » Dieu lui les saints, ne ouflisait pas pour excuser M™°

avait pourtant donné « dans sa [)rison, et comme Guyon; ainsi pour la satisfaire il a fallu inven-
« le Iruit de ses travaux, » un aidre honnne ter le sacrilice absolu, dont jamais on n'avait

encore « plus intime » que le P. La Combe « et ;


entendu parler, et toutes les circonstances qu'on
quelque grande que fût son imion avec ce Père, en a souvent remarquées; toutes clio.ses ajoutées
celle qu'elle devait avoir avec le dernier était à nos articles, et inconnues à tous les auteurs
encore tout autre chose. » Sur cela je ne veux excepté à Molinos et à M""» Guyon.
rien deviner, et je rapporte ici seulement cet 22. Pour en dire ce mot en passant, et remet-
endroit de sa Vie, pour mordrcr (pie le laux tre un peu le lecteur dans le fait, était-ce une
mystère se continue, et que nous ne sonnnes pas explication de nos piincipes que cet acquiesce-
h la fin des illusions que nous promet cette ment à sa juste condamuatioii, qu'un de nos ar-
fenune. ticles a expressémonl condamné 2? Nous y avions
19. Cependant ce P. La Combe est l'auteur de diten termes exprès, « qu'il ne faut jamais pcr-
Analyse condamnée à Rome, et depuis par
i' mellre aux âmes pcinées d'arquicM'or à leur
plubieurs évêques. Les circonstances de sa liaison désespoir et damnation appai ente » au con- :

avec cette femme ont été connues du déhuit U. de Cambrai fait pcrna-ilie cet accpiics-
traire,

évêquc de Genève de sainte mémoire, Jean cement par undircdcur; cl (loiir le reiulre plus'
d'Aranllion, et l'histoire en est devenue [tubMipie volontaire, pour l'atlrilnuM à la plus haute paille
dans la vie de ce saint évêquc * , que le dodo et de l'àme, il l'appelle un sacrilice et un .saci ilico

absolu. Nous avions dit, dans le uiciue aiUclc


' .M X. des Stlnls, p. 349. — > Max. des lalnts, p 221, 2U7,
b• l'ii- ifi J<in d'AronlIion, «te, 1. m, c. 4, 261, tic. Max. dcB itliiU, r 221 ~ ' Art. 31.
138 RELATION SUR LE QL'IÉTISME.

« qu'il fallait, avec saint François de Sales, as-


nn pécheur) reconnaître qn'il mérite la peine
élernelle ainsi l'amour nahirel ne sert [dus
surer ces ànics (|uc Dieu ne les aliandunnerait ;
»

de rien à cet acte; ce n'e.st point par un amour


pas » loin d'apiirouver cet article, M. de Cam-
:

lorscju'il dit qu'il iialurel qu'un pécheur se reconnaît digne d'un


brai le rélule exi.ressémeiit,
de raisonner avec ces âmes supplice éternel. .Mais celle nouvelle réponse
n'est question, ni

qui sont incapables de tout raisounenienl, ni n'est pas meilleure <pie les autres, et M. l'arche-
mt^inc de leur représenter la boule de Dieu en vèquede Cambrai se verra conlraint de l'aban-
général. Il faut donc destituer de c(uisulalioii domier aussitôt (pi'on lui aura fait cette courte
des unies (pi'on suppose saintes, et leur oteravec réilexion : 11 n'est pas vrai que de reconnaître
qu'on mérite peine élernelle acquiescer
la raison le culU- raisouualile que saint l'aid cn-
la soit

sei;;ue : il laul lesli\rer à leurs cruelles pensées; ;'i .sa juste condamnalidu de la part de Dieu; car

clpour dire tout en un mot, à leur désespoir! loin d'y acquiescer, ce (jui est d'un dé.sesjjéré,

ou déjjraver nos principes,


tlait-cc là explicpier, on demande pardon au juste Juge; on le prie
eUpiavious-nous dit de semblable dans nos de changer sa justice en miséricorde, et de ne J

Articles? nous pas traiter selon nos mérites, mais de .|


SECTION YII.
noussauver par grAce au nom de Jésus-Christ
de C.imtrai,
Notre-Seigneur; loin de consentir par cet acte à
Sur les explication-! (le M. l'archcvèiiiie

et sur la niTessitj de notre Di'clar.ilion. sa juste condamnation de la part de Dieu, c'e.sl


au contraire y opposer sa miséiicordequien em-
1. S'il faut maintenant venir aux explications
de M. l'aiciievécpuMle Cambrai, tmis choses sont pêche l'effet.
îi n uKucpierdans le fait la première, que c'é- :
4. Ainsi, et c'est la seconde remarque, ces ex.

laienl des explications dontnoiis n'avions jamais plicalions changeaient tous les jours; celle à la-
eiitiudu jiarler, et qu'il fallait pourtant avouer quelle M. de Cambrai, en général, semble se
connue contenues dans nos articles d'issy, puis- tenir, est celle de l'amour naturel et celle du
(erme de i auquel il demeure d'accord
molif,
que c'élaicnl ces articles que M. de Cand)rai «

voidaitavoirexpliqués;laseconde, qu'il les clian- qu'il donne maintenant un nouveau sens lout

geail tous les jours, en sorte qu'elles ne sont pas difl'ércnt de celui de l'école. Je n'enlame point

encore achevées; la troisième, cpie visiblement celle malière, dont M. l'évèque de Chartres, par

elles conlenaienl de nouvelles erreurs. qui lesex|)lications ont passé fi nous, dira, selon
2. (Ju'avions-nous à laire de son amour natu- saïuiidence, ce qu'il trouvera à propos; mais je
rel, au(|iicl nous n'avions jamais soujié? et quand mar(]uerai seidcmentces (ails publics. La lellre

nous l'eu.-sions .idmis, que servait-il au dénoù' au l'aiie parut peu de mois après le livre, pour
ment des dillindtés? la principale de toutes était en adoucir les expressions; mais sans qu'il y filt
l'acMiuiescemeut à sa juste coudamualion du parlé d'amoiu" naturel, ni du nouveau sens des
mais M. l'aiclievéquede l'aris vient a motifs. » 'l'ôl après il vint en nos mains, par M.
coté de Dieu ;

encore de démontrer, ((u'acquiescer h la perle de Charlres, ime autre explicaliou où ce prélat


de cel amour naliurl, c'est si peu acquiescer à pourra dite qu'iln'y avaituidle mentiond'auiour
sa juste coudamualion de la part de Dieu, que naturel, et que le « molif» y avait encore un
c'est au conlraiie en recevoir une grâce, puisque sens tout contraire à celui qu'on a proposé de-
selon l'auteur même, c'en est une des plus émi- puis. A la lin, lamoiu' natiuel, dont on n'avait
nenles d élre privé d'im amour dont on fait le point encore euleuilu |iailer, est verni; et, c'est
seid obstacle h la perleclion. Qu'eussions-nous celle explication qid fut elalecdausl'/HJi/rurd'oH
pu diieà un rai.soimementsi clair? et en fallait- fiislorale.

il davanlaf^e pour nous empêcher de ri'cevoir 5. l'our tourner de ce côté-là toute la dispute,
des explicalious dontle livre qu'on vmdait nous M. de Cambrai publia à Rome et ailleurs, où il
faire excuser ne lir.iil aiicim secoius? voulid. la version latine de son livre. IU'allérait
3. D'ailleui> celle e\pli( alion e.sl si mauvaise, d'ime élrange .sorte en le traduisant presque :

qu'encore lout nouselleuu'ul cl dan.s la dernière parloul où l'on Irouve dans le livre le mol de
Icllrc (pii m'est adressée, AI. de Cand)rai la vient « propre intérêt, > commuilum ]iroiiiiutn le Ira- ,

de chauler. Dans celle dernière lellre '.acquies- ducleur a in.séré le mol de « désir » el« d'a|>pélil
cer à .sajuste condanmalion, ce n'est plus ac- mercenaire ; » appetitiotiis tiinrfiiaiiiv. .Mais
quiescera la perle de l'amour naturel, comme l'inlérét propre n'est pas un désir l'inlérél :

jusiju'ici il avait voulu nous le faire entendre :


propre mauireslemeut est un objet au-dehors,
c acquiescer à sa juste cundumnatiun^ c'est (à et non pas une alleclion au dedans, ni nu
principe inléricur de l'action tout le livre :

< Lcltrc bl M. (le.Mc , p. 6.


RELATION SUR LE QUliîTISME. 139

est donc altéré par ce changement. C'est à M. de son qui l'obligeait h.se corriger porte contre sa
Cambrai une vaine excuse de dire que c'est ainsi correction comme contre son premier discours-
qu'il l'entendait, puisque dans une version il 10. Je n'apporte (lue cet
exemple, quoiqu'il y
faut traduire siuiplenient les mots, et non pas y en beaucoup d'autres de cette nature; parce
ait

insérer des gloses. qu'il suffit de voir ici, par quelque preuve sen-
sible, que s'engager aux explications de M. de
6. Il y a aussi partout inséré le terme de « mer-
cenaire » sans l'avoir jauiais défini, et pour avoir Cambrai, c'était entrer dans des détours qui
lieu d'insinuer dans le livre tout ce qu'il vou- n'ont point de fin, puisqu'il ne cesse d'y ajouter
drait parun double sens qui règne partout. quelques nouveaux traits.
7. Dans la même version latine on traduit le 11. En voici néanmoins encore une autre

mot de « motif, » par celui « d'affection inté- preuve, ftl. l'archevêque de Cambrai a donné à
« rieure » appelitus interior : contre la signifi-
:
Rome deux éditions de sa Réponse à la Déclara-
cation naturelle de ce mot, qui est celle que l'on tion de trois évêques; l'une de 1697, sans aucun
doit suivre dans une fidèle version. C'était pour- nom, ni de l'imprimeur, ni de la ville; l'aulre
tant cette version que M. l'archevêque de Cam- de 1698, à Bruxelles, chez Eugène-Henri Frik :
brai avait supplié le Pape de vouloir attendre il V a de quoi remplir cinq ou six pages des ad-

pour juger de son livre il voulait donc être •


;
dilions ou roslrictions qui se trouvent dans la
jugé sur une infidèle version il y ajoutait des : dernière édition; et lorsciu'il l'a présentée à Ro-
notes latines qui n'étaient pas moins discordan- me, il a prié qu'on lui rendit l'aulre, quoique
tes de son livre et c'est ce qu'il proposait pour
;
donnée de sa part : ce qui montre qu'il voulait
éluder l'examen du livre français, par des ex- couvrir ses changomcnls, cl il s'étonne que nous

plications non-seulement ajoutées à son livre, n'entrions pas dans des explications si variables !

mais encore qui n'y cadraient point. 12. Une dernière raison qui démontre l'incon-
8. Ceux qui n'ont pas vu cette version ni ces vénient d'y entrer, c'est que souvent ces explica-
notes, en peuvent juger par l'Instruction pasto- tionsne sont ((ue de nouvelles eneius. Je n'en
rale. On a niontrtr, par tant de preuves démons- rapporterai qu'un seul exemple, mais bien clair.
tratives, le peu de conformitéde celte Instruction M. de Cambrai ne sait comment distinguer son
avec le livre, qu'il n'y a plus que le seul M. de amour du quatrième degré d'avec celui du cin-
Cambrai qui l'ose nier; tant ses explications vi- quième ni comment conserver à ce dernier la
;

siblement sont forcées. Mais ce qui prouve l'in- prééminence qu'il lui veut donner, puisque le
certitude de ces explications, c'est que leur au- quatrième amour, comme le cinquième, « cher-
teur en paraît lui-mèmesi peu coulent, qu'il ne che Dieu pour l'amour delui-même, et le préfère
cesse de donner de nouveaux sens à son Instruc- à tout sans exception ', * portant même la per-
tion pastorale. reconnu, comme il a été
11 y avait fection et la pureté jusqu'à « ne chercher son
démontré dans ma Prélace 2, que «son amour propre bonheur que par rapport à Dieu 2 ; » ce
« naturel ne s'arrêtait [)oint à lui-même, qu'il quiestsi pur,(ju'oune peutaller au delà, ni pous-
« tendait à Dieu connue au bien suprême; » ser plus loin le désintéressement de l'amour.
qu'aussi les imparfaits, qui agissaient encore par 13. Je ne dis ces choses qu'en abrégé, parce
cet amour, « voulaient les mêmes objets, » et qu'elles sont assez expliquées ailleurs,et qu'on
que toute la différence n'était pas du côté de ne peut pas toujours répéter. Embarrassé decetle
l'objet, mais du côté de l'affection avec laquelle remar(|ue, (jui renverse tout son système parle
la volonté le désire 3; mais il a vu l'inconvéuient fondement, M. de Cambrai répond que l'amour
de celle doclrine, et dans les lettres qu'il m'a du quatrième degré, quoiqu'il soit justifiant,
adressées il ne veut plus que
''',
son amour na- remarquez ce mot, rapporte véritablement tout
turel soiUui amournalurel dcDieucu lui-n\ême, à Dieu, mais « liabilueiiemenl cl non pas ac-
ni autre chose que l'amour naturel d'un don « luellemcnl ^, » comiiie leciii(|iiièiue ;deiuênie,
créé, (lui est la béalitudc formelle. dit-il, que l'acte du pt-elié véniel est rapporté à
Mais en cela il se trompe encore. 1! n'est
9. Dieu, selon saint Thomas ', « lialiituellement et
pas permis de croire (pie, pour être un don créé, « non pas aeUielIcmenl. »

la « béatitude formelle, » c'est-à-dire la jouis- li. Celle réponse est inouïe dans l'école, et
sance de Dieu, puisse être désiiTc iialiuTlIcMieiit, contient deux manifestes erreurs la première :

parce (pie ce don créé est surnaliirel, cl que de ne faire l'auioiu' justifiant rapporté à Dieu,
l'amour n'en est inspiré que par la grûce, non que comme l'acte du péché véniel la seconde, ;

plus que l'amour de Dieu de sorte que la rai- : de faire rapporter liabilueiiemenl à Dieu l'acte

' Rp. ad tntioe. XI, p. 49, M. — ' Pr<5f. el-des». — » Ibid prop. '
M«x. dMuInli. p. B.— > /».. p. l?. —*t\fii> ci .î*iv . p. 49,

,

7; put., f. 90, 91, lUO.


liist. • Uttra 3, p. 0, 7, 18. i9, (>l'. — > l-'i, >l. HU, u. 1, 2.
HO RELATION SIT. LE QUIÉTISME.

inAme du pâcM vr^niel : ce que personne n'a fait manquer à l'essentiel de l'episcopat, dont toute
uvaiil M tie Ciniil)rai. la giAce consiste principalement à dire la vérité:
15. L'enviir csl l'énorme; car si l'acte dn péché c'est contrevenir h la sentence du l'ape saint
véniel est lialiitiiclloiiieiit rapporté à Dieu, il Ilonnisd.is ' : « Ipite imprllil in errorem qui non
s'ensuit qu'on le peut couunellrc pour l'arnour iiislniit irjuornuti's : ccst pous.ser les sini|ilcs

de Hien, ce qui ùlc toule l;i uialiee du pi'iln" vé- dans de ne les pas inslriiirc; » sur-
l'en eiir (pie
niel. On peut donc hien dire aNCC .saint Tiiouias, tout dans le cas où l'on vous piei.d h témoin, et
que le péelié véniel n'eni|.ôelie point l'Iioiiune, qu'on se .sert de votre nom pour les trom|)cr.
ni Innnain indelininient, d'élrc rapporté
l'aele Quoi donc? de parler? c'(\st ce ipie nous avons
à Dieu connue lin dernière; mais que l'acte fait en toute simplicilé dans notre ni'claralion.

même dn pérlié véniel où .se trouve ce qui s'ap- Mais, dit-on, c'est nue censure anticipée point :

pelle le désoiilre, ivardiiiatio, soit rappoité lia- du tout; c'est une déclaration nécessaire de nos
biluellenient fi Dieu, c'est contre la nature de scnliii"'nls, quaiul on nous fo' ce à les dire. Qui

tout |)éché; etdu véniel, par conséipient. obligeait M de Cambrai h expliquer nos Articles
16. La règle que donne ici M. de Camhrai sans notre .'..eu? à nous citer en notre propre
n'est pas moins erronée: eetle règle est que des nom; et enfin à nous faire accroire que son li-
actes qui n'ont aucun ra|)portà la lin dernière, vre, où nous trouvions tant d'erreurs, n'est
et qui ne sont |»as rapportés A Dieu, « du moins qu'une plus ample explication de notre doc-
« iiahiluelleinent, » sont des pérliés mortels '
'•
trine? Lui est-il permis de tout enlie|irendre, et
mais de là il s'ensuit, en premier lieu, que tous n'avons-nous qu'à nous taire quoiqu'il avance
péchés sont mortels, pins(pie nul péciié ne peut contre nous? Ce ne .sont pas là des prétextes:
être en aucune sorte rapporté à Dieu; et secon- ce sont des raisons plus claires que le soleil.
dement, connue l'a remarqué M. de Paris, que de Cambrai n'est pas moins injuste quand il
31.

tous les actes des païens sont péchés mortels :


que nous l'avons dénoncé la bonne loi l'obli-
dit :

puisque ce (jui cnq)éche le péché \éniel de rom- geait à reconnaitieque c'est lui-même qui s'est
pre dans le juste (jui le eounnet le rapport du dénoncé par sa lellre au l'ajic, loisipi'il le prie
moins habituel à Dieu; c'est l'hahitude tic la cha- déjuger son livre personne ne l'avait accusé,
:

rité qu'il a dans l'âme; d'où, iiai' une contraire c'est lui-même qui se fait honneur d'avoir porté
raison, il s'ensuit ipie le iiaïen n'ayant pa> en lui l'allaire au Pape. Mous approuvons sa soumis-

ce prmcipe de charité hahituelle ni rien qui sion, mais nous ne pouvions dissimuler que
l'unisse à Dieu, par la règle de M. de Camhrai, c'était s;ins consentir à sii doctrine.
quoi qu'il las.se, il [lèche toujours morlellemenl- ly. « Pounpioi, « envoyer à Rome
» dit-il,
1". Ain.si les nouvelles explications étant de votre Déclaration? La répon.se vient dans l'es-
»

nouveaux détours pour s'éloigner de plus en prit à tout le inonde. C'est parce que son livre

plus de la veiité; y entrer c'était se jeter dans y avait été porté, qu'il l'y avait envoyé lui-
un lahjrinthc d'eireurs qui nest pas encore même, et qu'il écrivait au Pape que ce livre ne
fini. L'auteur ne lait point de livres (pi'il ne pro- contenait autre chose (|ue notre doctrine '; la
duise (|ueliiue nou\eaulé contre la saine théolo- sincérité permet-elle de di.ssimuler des choses
gie il semblait avoir
: rcjclc iiiivuluiitaire (lu'il si mais c'est qu'on voulait se plaindre,
claires?
avait admis dans le trouble de la sainte àuie de et qu'on n'en trouvait aucun sujet.
Jésus-Christ mais il est plus clair que le jour
;
;20. Ces plaintes sont eitilées par un seul mol, i

(pic dans ses derniers écrits il rélabht ce dogme elles aboutissent à dire (|ue nous avons voulu

im|)ie; j'en ai lait la denionslralion -, ipie je ne perdre M. de Cambrai Dieu le sait mais sans : :

répèle pas ; c'esl-à-diic, qu'il mai chc sans roule appeler un si grand témoin, la chose parle.
et sans principes, selon que le puus:>u le besoin Avant que son livre eut paru, nous en avions
pré.sent. caché les erreurs, jusqu'à snnlliir les reproches
18. il est évident que nous ne
par ces faits, qu'on a enlemlus après ipie ce livre a paru,
:

pouvions recevoir les e.xpliiations il e^t dune :


il s'était assez perdu lui-même; si nous l'avons
d'une pareille évidence que noos ne pouvions pas voulu perdre, il élait de concert avec nous, en
ne pas n'jetir un livie, m nouseiiipeclierde dés- soulevaui tout le monde coiilro lui par ses am-
avouer publiquenieiit raoteurcpii publiqiiemenl bitieuses décisions, et en rcm|ilis.sanl ce mémo
nous en avait attrilmé la docli ine. Cai que laiie, ,
livre d'erreurs si palpables et de tant d'inexcu-
et que nous pourrait conseiller M. de CamliKii sables excès.
lui-inûmc? de nous luire? c'est consentir; c'cat 21. Lor.squ'il nous reproche, et à moi en par-
ticulier, qu'il nous fi.l proposer de supplier le
Ktip. ad Siim.,
'
p. 60; L<tlre 3 à M. de Mciux, p. 13. — > lUp.
à 4'iiire LctUtt. • Bp. ad Poli. — ' L«ttr« ivi Pnft, p. H, 69.
»

RELATION SUR LE QUIÉTISME. 441

Pape, par une lettre commune, de faire juger main , voici en abrégé ce que je disais '
;

nos questions sans liriiit par ses tli(^ologicns, et « qu'après lanl d'écrits, il fallait prendre une
en allciulaiit de dcinom'er dans le silence pre- : voie plus courte, et où aussi on s'expli(pic plus
mièrcMicnt, il dit une chose dont je n'ai jamais précisément, qui est celle de la conlérence île
entendu pailer, et si Ihusse, qu'il en supprime vive voix; que celle voix toujours pratiquée,
lui-mcine les principales circonstances, comme et même par les apôtres, comme la plus ellicace,
il a paru dès le commencement de cette décla- et la plus douce pour convenir de quelque
ration'. Aussi est-il vrai, secondement, que la chose, « lui ayant déjà été souvent proposée, »
proposition était impossible : l'imputation qu'il je la proposais encore moi-même par cet éci t,

nous avait faite de sa doctrine était pul)lique dans « à condition d'en éloigner toutes mani rcscon-
son avertissement du livre des Maximes des tentieuses, et au péril d'êtie déclaré ennemi de
saints, il l'avait réitérée, sans notre participation, la paix, si elle n'était de ma part amiable et
dans sa lettre au Pape, quiélait publique, connue respectueuse. » Sur ce qu'il taisait semblant de
ill'avoue; et il y répétait une et deux foisque craindre ma
connue il l'appelait, je
vivacité,
sa doctrine était conforme à la nôtre ;
par con- lui alléguais l'expéiience non-seulement de ,

séipient notre conscience nous obligeait à le dé- mes conicrences « avec les ministres, mais en-
savouer aussi publiquement qu'il nous avait core de celles que nous avions eues quelquefois
appelés en témoignage. En troisième lieu nous ensemble à cette occasion, sans que j'y eusse
ne mettions point en question la fausseté de sa élevé la voix d'un demi-ton seulement. »

doctrine ; nous la tenions déterminénient mau- 3. S'il y quelque expédient à trouver,


avait
vaise et insoutenable; ce n'était pas là une af- il ne pouvait naître que de pareilles conférences :

faire particulière entre M. de Cambrai et nous; mais j'espérais autre chose; j'espérais, dis-je, de
c'était la cause de la vérité, et l'affaire de l'Eglise, la force de la vérité, et d'une entière connais-
dont nous ne pouvions ni nous charger seuls, ni sance des manières de M. de Cambrai, que je le
la traiter comme une querelle privée, qui est ramènerais aux piinci|)es, Dieu par ma voix,
tout ce que voulait M. de Cambrai. Ainsi, sup- « clairement, amiablement, je l'osais dire, cer-

posé qu'il persistât invinciblement, comme il a tainement et sans réplique, en très-peu de con-
fait, à nous imputer ses pensées, tt qu'il ne von. férences, en une seule peut-être, et peut-être en
lût jamais se dédire, il n'y avait de salut pour moins de deux heures 2. »
nous qu'à déclarer notre sentiment à toute la 4. Tout ce qu'objectait M. de Cambrai, c'est
terre. Cette déclaration demeurait naturellement que je m'étais engagé à répondre par écrit à
soumise au Pape, connue tout ce qu'on fait en vingt demandes; ce que je trouvai ensuite à pro-
particulier sur Icsmalières de la foi ; c'était même pos de différer, à cause, disais-je, des équivoques
la lui soumellre que de la lui présenter, mais de ces vingt demandes qu'on serait longtemps à
cependant nous déchargions notre conscience ;
démêler, et à cause au temps trop long qu'il
et autant qu'il était en nous, nous rejetions des faudrait donner à écrire \e< réfutations et les
erreurs que noti'e silence aurait conlirniées. preuves ' ; » en ajoutant toutefois que a j'écri-
rais sans peine toutes les propositions qnej'au-
SECTION vui.
rais avancées dans la coiiféreuce, si on le de-
Sur les voies de douceur et les conrérences aimables.
mandait mais qu'il fallait coinm'iicer par ce
;

4. Que si l'on dit qu'il fallait tenter toutes qu'il y a de plus court, de |ilus décisif, de plus
voies de douceur, avant (pie d'eu venir à une précis b j'ajoutais encore, « de plus chari-
;

déclaration solermelle c'est aussi ce que nous


: table rien ne pouvant suppléer ce que fait la
;

avons fait. M. raichevè(ine de Paris l'a démon- vive voix et le discours animé mais sim[)le, ni
tré si clairement pour lui et pour nous, ipie je la présence de Jésus Christ au milieu de nous
n'aurais rien à ajouter sur ce ac" lait, sans les lorsque nous serions assemblés eu son nom,
cusalions particulières par où l'on m'attaque. pour convenu- de la véi ité. »
2. Mais si l'on vent se convaincre par ses yeux 5. Tout le inonde était étonné de l'iidlexiblc
de la netteté de ma ccimluite, il n'y a (|u'à lire refus de M. de Cambrai pendaid six semaines;
l'écritque j'adrc.isai à M. de Cambrai lin-méme nous en avons des témoins (pi'on ne démeid pas,
trois semaines avant renv(ji de notre Déclara- et on s'empressait à l'envi de nous faite cou léiei'
lion. Si le lecteur, peut-être nu |ieu lro|) pressé, ensendtle. Je ne refusais aucune condition, l n
n'aime pas à être renvoyé à d'autres éciils, cl religieux de distinction, touché, connue tout h-
veut tout trouver dans celui qu'il tient en sa monde, de ce désir cliarilable de lallier les ê\ê-

< Ci-dcMUii, itet. I, n. 1. . icril, art. 3- — ' 71).; «rt. 5.


142 ULLAIION blll LL ULlÉllSME.

ques, lira parole de moi pour lier une confé- a intérieures» : » on sait à quoi les faux spiri-
rence où il seniit. S'il n'avait dit qii'.'imoi seul tuels bien que les autres
les font servir, aussi

la réponse <iii'ii me rapporta, il faiulrail peut- choses qu'on vient d'entendre. SI. de Cambrai
être la lui laisser raconterai lui-niôine: ce fui, l'insinue et nous .sonunes peu con-
lui-même;
en un mol, cjue M. de Candjiai ne voulait pas .solés de entendre dire que la « voie de pur
lui
qu'on put dire (ju'il cliangeAt rien par l'avis de amour et de pure foi » (pi'il enseigne est celle
M. de Meaux. Si ce jjrt'lat ne veut i)as convenir « où l'on en verra moins que dans les autres:
••

de cette ré|)onse, qu'il la fasse telle qu'il voudra •


connue .s'il n'y allait ici (jue du plus ou du moins,
on voit bien qu'il n'en saurait faire (|ui ne soit et qu'il n'eût pas fallu s'exjiliquer plus précisé-
mauvaise. Uuoi qu'il en soit, je lui envoyai moi- ment contre ces abominations.
môme l'écrit dont on vient d'entendre les ex- L'auteur objecte sans cesse qu'on n'a point
2.
traits il n'est lias long; on |)0uira le lire en
:
eu égard h .ses conectifs, dont il veut que son
moins d'un quart d'Iieuie, parmi ceux que j'ai livre soit plus rempli que quelque autre livre

ramassés M. de Caudiiai ne disconvient pas de


:
que ce soit. C'e.st de quoi nous nous iilaignions.
l'avoir reçu.grandes lettres qu'il
Voilà cinq Nous avons trouvé mallieineux, pour un livTC
m'adresse, où il me reprend seulement d'avoir de cette nature, d'avoir besoin de tant de cor-
dit dans col écrit que « je le portais dans mes rectifs, comme il l'est à une règle d'avoir besoin
« entrailles il ne croit pas « qu'on pui.ssc
'
;
>- de trop d'exceptions. La vérité est plus simple ;
« porter dans ses entrailles» ceux qu'on reprend cl ce qui doit si souvent être modifié mai que na-

pour l'amour de la vérité, ni les pleurer (pie par turellement un mauvais fond il n'y a\ait qu'à :

des larmes artilicirtises pour les déchirer ilavan- s'ex|ili(]iier simplement, ainsi ipi'on l'avait pro-

tage. Que ne venait-il à la coidérence éprouver mis. Tout ce qu'on a dit sur le sacrilice absolu
Ini-mémc la force de ces larmes Irateruellcs, et n'a causé que de l'endjarras dans l'article des
des discours (jne la cliarité, j'ose le croire, et suppositions impo.s.siblcs; el on eût dû se passer
la vériténous auraient inspirés? Nous atleudimcs de ces correctifs, qui ne font qu'augmenter le
trois semaines l'effet de cette nouvelle invita- mal témoin le dangereux correctif de la per-
:

tion; et ce ne fut qu'h l'extrémilé, et après suasion « non intime, mais apparente, » qui ne
avoir épuisé toutes les voies de douceur, qu'on sert qu'à excuser le langage de Molinos, comme

envoya la Dcclarution dont il faut dire encore il a été démontré ailleurs 2. Tous les lecteurs

un mot. désintéressés reconnaissent ipie ces correctifs ne


sont que de vrais entortillements capables de
SECTION IX.
tourner les tètes; et on en a vu assez pour faire
Sur la Déclaration des trois évoques, et sur le Summo doctrines.
sentir les lacetsque Irouveul les simples dans
1. On se plaint qu'elle est trop rude : mais l'obscuritéde ce livre, qui pr'iinettait tant de
M. rarclievé(|ii de Paris a assmé avec vérité précision et de trancher si nellcment sur les
que M. rarclievé(pie de Canduai y avait été beau- équivoques.
coup épargné. Nous y avions tu ces « tentations 3. Une des choses qu'on vante le plus comme
d'im genre particulier » auxcpielles il faut suc- un excellent correctif, ce sont les « articles
condier 2, et dont ou n'a pu s'empêcher de par- « faux, » où que M. de Cambrai con-
il est vrai
ler ailleurs Nous y avions lu ces docilités des
•''.
damne les faux mjsti(pies. M. l'archevêque de
« ftmcs ingénues sur les choses humiliantes » Paris en a décou\ert lartilice; on s'embarrasse
indéliuiment, qu'on leur pourrait counnau-
<• naturellement quand on ne veut pas condanuier
o der '•
» ; ce déuùment non-seulement de « toute ce qu'on n'ose défendre à pleine bouche. On
< consolation, mais encore de « toute liberté; outre ailleurs le quiétisme pour passer par-
€ ce détachement de tout, et mémo de la voie dessus le vrai mal. Uuel quiétiste a jamais < con-
« qui leur apiireud ce délaclicmenl; cette di.s- senti de haïr Dieu éternellement, > ni < de se
c » sans limites « à toutes les pratiques
position haïr soi-moime d'une haine réelle, en sorte que
f voudra leur inqio.ser, » et cet u oubli »
(lu'on nous cessions d'aimer en nous pour Dieu sou
uni\ersel t de leurs expériences, de leurs leclii- œuvre et .son image 3? « Qui jamais a « consenti
« res, et des personnes (pi'clles tint consullces u se liair .soi-mcme d'une haine ab.solue, connue
« autrefois avec conliance. » IJdin nous y as ions .suppo.s^int tpie l'ouvrage du Créateur n'est jios

lu les « possessions, » les « obsessions et autres bon; à porter jusques-là le renoucemerd de


< cho.ses extraordinaires « <|ue l'auteiu' nous soi-même par une haine impie de noire àinc,
avait données connue > appartenant aux voies qui la suiipusc iuau\aise par sa nature, suivant

• Prem.^cril, «ri. 0. —
«Max. Ues uinU, p. 77, «I, 92. —«Trois M.1X. des UinU, p. 123, U. — « Trois. iScrit. — Max., art. 3
<rtit. —Max dos «ainU, |>. 10, 77. (lui, p. SI, Xi. —
* Art. 12, faux.
,

RELATION SUR LE QUllîTISilE. 143

le principe des manichéens '? » Quand on tire me fait cet archevêque, c'est qu'il ne méritait
de tels coups, on tire en l'air on passe par-
; pas d'être traité, étant soumis, à la manière dont
dessus le corps, et, à la manière des poètes, on on traite les pélagiens : comme si l'on ne s ivait
contente la juste aversion des fidèles contre le pas que ces hérétiques ont joué longtemps le
quiétisme, en leiu- donnant à déchirer un fan- personnage de gens soumis nièuie au Saint- ,

tôme. Siège. Je ne souhaite que de voir M. deCaMd)rai


parfaitement séparé d'avec ceux dont la soumis-
sion est ambiguë; mais, de bonne foi et en
Procédés à Rome. — Soumission de M. de Cambrai. conscience, peut-on être content de la demande
1. La Relation serait imparfaite si l'on omet- que, malgré ses soumissions précédentes, ce
tait les écrits italiens et latins qu'on a mis ^ prélat voulait faire au Pape pour déterminer la
Rome, au nom de M. de Cambrai, entre les manière dont il devait prononcer, connne il le
mains de en est venu des
tant des gens, qu'il déclare dans sa lettre du 3 d'août 1697? Il est
exemplaires jusqu'à nous. Un de ces écrits la- vrai que, par une lettre suivante, il dit ces mots :

tins que j'ai en main, sous le titre à! Observatiuns « A Dieu ne plaise que je fasse la loi à mon su-

d'un docteur de Sorbonne, dit que « les jansé- périeur ma promesse de souscrire, et de faire
:

nistes se sont liés avec l'évcque de Meaux contre un mandement en conformité, est absolue el
M. de Cambrai, » et que « les autres évcqucs se sans restriction. » Que voulaient donc dire ces
sont unis contre lui comme contre une autre mots de la lettre du 3 d'aoïd « Je demanderai :

Suzanne, à cause qu'il n'a pas voulu entrer dans seulement au Pape qu'il ait la bonté de me mar-
leur cabale et dans leurs mauvais desseins. » Le quer précisément les erreurs qu'il condamne et
même écrit fait valoir M. de Cambrai « comme les sens sur lesquels il porte sa condamnation^
nécessaire pour soutenir l'autorité du Saint- afin que ma souscription soit sans restriction? »
Siège contre les évêques, par lesquels il est im- Sans cela donc la restriction est inévitable mais ;

portant de ne pas laisser opprimer un si habile c'est pousser le Pape et l'Eglise à l'impossible.
défenseur. » Nous sommes, dans d'autres en- Il n'y aurait jamais eu de décision s'il avait fallu

droits, les ennemis des religieux dont il est le prévoir tous les sens que la mauvaise fertilité
protecteur. On voit par là toutes les machines des esprits subtils aurait produits; à cette con-
qu'il a voulu remuer. Mais le Pape qui gouverne dition nous n'aurions eu ni Vliomousion deNicée,
l'Eglise de Dieu ne souflVira pas que rien affai- ni le théotocos d'Ephèse. On voit donc qu'il s'en
blisse la gloire du clergé de France, toujours si faut tenir à cette « sagesse modérée » de samt
obéissant au Saint-Siège. La vérité ne se soutient Paul 1 autrement on tombe dans les « ques-
:

pas par des mensonges et pour ce qui est des


: « hons désordonnées et interminables » pros-

religieux, dans quels diocèses de la chrétienté crites par cet apôtre -.

sont-ils traités plus paternellement que dans les 4. On Cambrai se rétracte de


dira que M. de
nôtres? M. de Cambrai répondra peut-être que cette absurde proposition dans sa seconde let-
tout cela se dit sans son ordre mais je laisse à ; tre; mais non, puisqu'il continue à demander
juger au sage lecteur si, dans une accusation que le Pape « ait la hoidé de manjucr chaque
aussi visiblement fausse, où il s'agit également proposition digne de censure, avec le sens pré-
de la religion et de l'Etat, et de la réputation des cis sur lequel la censure doit tomber » c'est là :

évèqucs de Fiance, qui funt une [larlic si con- encore se plonger dans l'inipossibililé où toutes
sidérable de l'épiscopal, ce serait assez de désa- les décisions ecclésiasli(|ues sonléludées. S. M. de
vouer en l'air, quand on l'aurait fait, des ca- Caudjrai déclare qu'il sera soumis, et « qu'on ne
lonmics manilestes, après qu'elles auront eu le verra jamais, quoi qu'il arrive, écrire ni par-
leur elTet sur certaines gens, et si la justice et la ler i)our éluder la condanmation de son ou-
vérité ne demandent pas une déclaration plus vrage, » c'est en déclarant en même temps « qu'il
expresse et plus authentique. se bornera à demander au Pape une instruction
2. On vante , dans les mêmes écrits, le grand particulière sur les erreurs dont il devra se cor-
nombre d'évèques de docteurs qui favorisent
et riger. » A celle comlition, il proteste d'être
les sentiments de M. l'archevêque de Cambrai tranquille, « que sur le fait »
tant sur le droit ;

et que la seule crainte empêche de se déclarer, mais c'est après avoir aui)aravant dénoncé à tout
il faudrait du moins en nonuner un .seul; on l'univers que bien éloigné d'être en repos au de.
n'ose l'cpiscopat n'a [las élé iiilainé, et M. l'ar-
:
dans, il ne cessera de (piesliouner le Pape pour
clii'\è(pie lie Cambrai ne peut citer pour son luifaircdirc autre chose que ccqu'il aura ilècidé.
sentiment aucun docteur qui ait un nom.
3. Un des reproches les plus app:uvuls (jue I
I. 7. PI., I, 4. - ' U. 7im., Il, 21.
Ui RELATION SLll LE QUIEIISME.

Le monde complaisant dira encore que


.;. « liende tout ce « commerce : » c'est ce
»

c'cbl pousser tru|) loin le soiijjron mais je ne ;


que vu écrit de sa main après quoi on ne
l'on a ;

fais crpciui.inl que répc'Icr les paroles de ileiix


doit point s'étonner qu'il ail entrepris la défense

h'ilrcs iiMpriiiu'es, que M. de Cambrai ne ré" de ses livres.


tiaile pas. Je prie Dimi, au reste, qu'il s'en tienne 3. C'est pour les défendre qu'il écrivail tant

aux termes grnrraux de st soniuisMon el, ; de mémoiies devant les aibilres choisis; et il
quoique la vérité me force?» romaripiercc qu'il n'a pas été nécessiiire (jue j'en repré.senlasse les
puiilie de mauvais,» j'espérerai toujours, «avec longs exil ails que j'ai encore ,
puis<pie la sub-
saint Paid, « ce qu'il y aura de meilleur: » stance s'en trouve dans le livre des Maximes des
Coulidimus meliora, tametsi ita lu(,uiiitur^. saints.
4. Pour avoir lieu de défendre ces livres per-
SECTION XI.
nicieux, dont le texte lui paraissait h lui-même
Conriusion.
si insoideuable, il a tallu avoir recours à un sens
1. Il a donc cnfm mysl^re
fallu réNéler le faux caché ipie celte femme lui adéouverl; il a fallu
de nos jours: le voici en abri ^é tel qu'il a paiu dire a mieux expliipié ces livres que ces
(pi'il

dans le discours précédent Une nouvelle pro- : livres ne s'expliquent eux-mêmes le sens qui :

pliétesse a entrepris de ressusciter la Ciiiile de se présente naliirellemenl n'est pas le vrai


jloluios cl l'oraison qu'il y enscifinc c'est de cet : sens; ce n'est qu'un sens rigoureux, « auquel il
esprit qu'elle est pleine; mystérieuse lemmedc « ré|)ond qu'elle n'a jamais pensé » ainsi, :

r.^/)fir(/////w<' c'est de cet entant qu'elle est en-


, pour les bien entendre, il faut lire dans la pen-
ceinte. L'ouvrage de cette femme n'est pas sée de leur auteur, deviner ce qui n'est connu
achevé; nous sommes dans les Iciiqis qu'elle que du M. de Cambrai; juger des paroles
seul
appelle de persécution, où les martyi-s qu'elle par les sentiments, et non des .«enliinents par les
nonmic du Saint-Kspril auront à souffrir. Vien- paroles; tout ce qu'il y a de plus égaré dans les
dra le temps, et selon elle nous y louchons où , livres de celle lemme, c'est un langage mj.slique

le rèfine du Sainl-Espril et de l'oraison par où ,


dont ce prélat nous est garant ses erreui-s sont :

elle entend la sienne qui est celle de Molinos^ de simples é(piivoques; ses excès sont d'inno-
sera établi avec ime suite de merveilles dont centes exagérations semblables à celles des
,

l'univers sera surprisDe là celte comnmnica. Pères el des mjsliques approuvés.


lion de pràces, delà dans une feunnc la puis- que pense un si grand prélat des
5. Voilà ce
Xiiice de lier et de délier. 11 est certain par livres de iMme Gn\on, après avoir, si nous l'en
preuves qu'elle a oublié ce qu'elle a sousciit croyons, poussé l'examen jus()u'i la dernière
entre mes mains et en d'autres plus considéra- Iigueur c'est ce qu'il a écrit de sa main (;:iel-
.

bles, sur la condanmation de ses livres et de la (]ue temps devant la pubileation de son livre :

doctrine qui y était contenue. et après tant de censures, on n'a pu encore lui
Clia.pie évéque doit rendre compte, dans le arracher une vraie condaimialiou de ces mau-
tcnqis convenalile, de ce (pie la disposilion de vais livies au contraire, c'esl pour les sauver
:

la divine l'rovideiice lui a mis en main c'est ;


qu'il a épargné la Guide de Molinos, qui eu est

pourquoi j'ai été conliaiut d'expliquer que l'original.

jl. l'arclaneque de Cambrai, un homme decetlc Cependant, malgré toutes lesmiliiralionsdu


6.

élévation, e^l entré dans ce malheureux mys- livre liesMaximes des saints, on y voil encore et
tère, el s'est rendu le délénseur , (pioiipie sou. Mme (Juyonet .Molinos tro|) faiblement déguisés
vent par des voies délournées, de celle femme jHinr être méionnus; et si je dis après cela que
cl de .ses livres. l'ouvrage d'une feimne ignoranle et visionnaire,
2. Il ne dua pas qu'il ait ignoré celle prodi- cl celui de M. de Cambrai maniresteuient .sont ,

gieuse el insensée couunnuicalion déglaces^ d'un seul et même dessein je ne dirai , après ,

ni tant de prétendues proplielies, ni le pn-tendu loul, que ce qui parait île -soi-même.
état apostoliijue de celle lenuue, lorsipi'il l'a, 7. Je ne le dirai qu'après <pie la douceur et
de son aveu piopre, « laissé estimer à laiu d'il- la charité ont fait leurs derniers efforts. On n'a
lustres personnes qui se liaient en lui » jiour point chicané Mme Cinon sur ses somnissions:
leur conscience. Il a donc laissé estuner ime on lésa rei;ues bounement, j'emploierai cemot>
fcnuneqiii pro|ilii''tis.iil les illusionsde soncu'ur. et en piésnmanl toujours pour la sincérité
Sa liaison iuliuie a\ec celle lenuue elail fondée el l'obéissance on a ménagé s<in nom, sa fa-
:

sur « .sa spiritualité , » el il n'y a point d'uulre mille, ses amis, .sa personne, autant qu'on a pu,
on n'a rien oublié pour la convcrlir ; et il n'y a
,

RELATION SUR LE QOIÉTISME. HH


que l'erreur et les mauvais livres qui n'ont point tre un protecteur si déclaré de celle qui prédit
clé épargnés. et qui se propose la séduction de tout l'univers.
8. A l'ésaid de M. l'archevêque de Cambrai que c'est Irop parler contre une fenune
Si l'on dit

nous ne sommes que trop justifiés par les lails dont l'égarement semble aller jusqu'à la folie ;

incontestables de cette Relation; je le suis en je le veux, si cette folie n'est pas un pur fana-
particulier plus que je ne le voudrais. Mais pour tisme ; si l'esprit de séduction n'agit pas dans
faire tomber tous les injustes reproches de ce cette femme ; si cette Priscille n'a
pas trouvé son
prélat, il fallait voir non pas seulement les par- Montan pour la défendre.
ties du fait, mais le tout jusqu'à la source : 9. Si cependant les faibles se scandalisent ; si

c'est par là, si je l'ose dire, qu'il paraît que, dès les libertins s'élèvent; si l'on dit, sans examiner
l'origine, on a tâché de suivre les mouvements quelle est la source du mal, que les querelles
de cette charité « douce, patiente, » qui « ne des évêques sont implacables il est vrai, si on :

« soupçonne ni ne présume le ma! i. » Le si- sait l'entendre, qu'elles le sont en effet sur, le
lence est impénétrable jusqu'à ce que M. de point de la doctrine révélée. C'est la preuve de
Cambrai se déclare lui-même par son livre :
la véritéde notre religion et de la divine révéla-
on l'attend jusqu'à la fin, quelque dureté qu'il tion qui nous guide, que les questions sur la foi
témoigne à re fuser toute conférence on ne se :
soient toujours inaccommoda blés. Nous pouvons
déclare qu'à l'extrémité. Où placera-t-on eetle tout souffrir, mais nous ne pouvons souffrir qu'on
jalousie qu'on nous impute sans preuve et s'il ;
biaise, pour peu que ce sur les principes de
soit,

faut se justifier sur une si basse passion, de quoi la religion. Que si ces disputes sont indifférentes,

était-on jaloux dans le nouveau livre de cet comme voudraient les gens du monde, il n'y
le

archevêque? Lui enviait on l'honneur de dé- aurait qu'à dire avecGallion, proconsul d'Achaie,
fendre et de peindre de belles couleurs M™* qui était le caractère le plus relevé de l'empire
Guyon et Moliuos ? portait-on envie au sh le d'un romain dans les provinces: « Juils, s'il s'agis-

livre ambigu, ou au crédit qu'il donnait à son sait de quelque injustice ou de quelque mau-
auteur, dont au contraire il ensevelissait toute vaise action, ou de quelque affaire importanle,

la gloire ? J'ai honte poiu* les amis de M. de je me de vous écouler avec pa-
croirais obligé

Cambrai, qui font profession de piété, et cepen- tience; mais que des points de voire
s'il ne s'agit

dant qui ne laissent pas sans fondement d'avoir doctrine, et des disputes de mots et de votre loi :

répandu partout et jusqu'à Rome, qu'un certain démêlez-vous-en comme vous pourrez i » :

intérêt m'a fait agir. Quelques fortes que soient comme s'il eût dit : Battez-vous sur ces matières
les raisons que je pourrais alléguer pour ma dé- tant qu'il vous plaira,« je ne veux point en être

fense, Dieu ne me met point d'autre réponse dans « juge 2. » Et en effet, les Juifs « liattaienl »
le

le cœur, sinon que les défenseurs de la vérité, Sosthène jusque « devant le tribunal, sans que
s'ils doivent être purs de tout intérêt, ne doivent « Gallion s'en mît en |)eiue. » Voilà l'image îles

pas moins être au-dessus de la crainte qu'on politiques et des gens du monde sur les disputes
leur impute d'être intéressés. Au reste, je veux de religion ; et les tenant pour indiflérenles, ils
bien qu'on croie que l'intérêt m^a poussé contre se contentent de décider que lesévè(jues ont trop
ce livre, s'il n'y a rien de reprélicnsible dans sa de chaleur mais il n'en est pas ainsi. Si, bien
:

doclritie, ni rien (jui soit favorable à la fenune différent en toutes manières de Gallion, un

dont il fallait que l'illusion fût révélée. Dieu a grand roi plein de piété ne veut point se leutlrc
voulu qu'on me mît malgré moi entre les mains juge lie ces matières, ce n'est point |)ar mépris,
les livres qui en font foi. Dieu a voulu que l'K- c'est par respect pour l'Egli.se à qui Dieu eu a

glise eût dans la personne d'un évcquc un U- donné le jugement eepeiulant ipi'v : ;i-(-il ilo

nioin vivant de ce prodige de séduction ce n'est :


nouveau, etque n'aient |ias toujours pr;ilii|iié

la découvre, quand l'er-


qu'à l'cxlréuiilé (pie je avec tous les |)riiices chiéliens .ses augustes pré-
reur s'aveugle elle-uiènie jusqu'au point de me décesseurs, à |)roléger les évè(|ues(pii iiiareliMit
Ibrcer à déclarer tout (|uand, non CDiilenle de
;
dans la voie battue et dans la solidilé de l'aii-
paraître voidoir tri(tnq)licr, elle insulte; cienne règle ?
quand
Dieu découvi'c d'ailleurs tant de choses qu'on 10. Nous sonhailous elnous espérons de voir
tenait cachées. Je me garde bien d'inipuler à bienlol Jl. l'aiclicNèciue de Cambrai reeonnailre
M. rarciicvé(pie de Cambrai un aulre dessein du moins rinulilitc de ses spéeulalioiis. Il n'é-
([ue celui qui est découvert par des écrits de sa
lail du earailère (ju'il purhs
pas digue de lui,

main, par sou livre, par ses réponses, et parla du per.sonnage (pi'il lài.>ail dans le iiKuide. de.s;i
buile des laits avérés c'en est absez et trop, d'é- repiilalion, de son esprit, do défendre les liwcs
:

'
I. Cor., «Ml, 17. ' Jet; .wiri, 14. — >;,, I .

a. Ton. VL 10
,

140 HEMAHQUES SUK LA RÉPONSE

et les dogmes d'imc femme de celte sorte. Pour Dieu, il ne fait que dessécher les cœurs, enaffai-
les inlcr|iiiliilions qu'il a invcnt(Vs, il n'a qu'à bliss;ml les motifs cipables de les attendrir ou
se si)ii>eiiir li'ilre (iciiiciiir d'acconl (lu'il n'en de enllauimer? les vaines substililés dont il
les

trouve rien dans rKcriliirc ; il n'en cite aucun éblouit le monde ont toujours été le sujet des
|)assiigc pour ses nouveaux dogmes; il nomme gémissements de l'Eglise. Je ne lui raconterai
Ifs l'èresfl(luoiquesaulouis ecclésiaslifiuos (|u'il pas tous ceux que leur bel esprit a déçus; je lui
l.Uhe de Irainer à lui par des cons('(iuences. non^merai seulement, au 1\' siècle, un Jean
mais où il ne trouve ni son saciificc absolu, ni Scot Eiigène, à qui les >^dnts de son temps ont
ses simples ac(|uiescemenls, ni ses contem- reprocbé ', dans im autre sujet à la vérité, mais
plations d'où Jésus-Clii isl est absent par (Hat, ni toujours par le même esjirit, sa vaine pliiloso-
ses tentations extraordinaires auxtiuoiies il faut l>liie, où il voulait faire consisler la religion et
succomber; ni sa grâce acluclle, (juinous fait la piélé. C'est par où il faisant direaux Pères du
connaître la volonté de l)on |)laisir en toutes concile de Valence, (jue, < dans des temps mal-
occasions et dans tous les événements; ni sa « beuieux, il metlaillecondileà leurs tiavaux';»
ciiarilé naliuelli', rpii n'est pas la vertu tliéolo- et que lui et ses sectateurs, en remuant de « fri-

gale ; ni sa ciipidilé ipii, sans être vicieuse, est


« voles (|ueslions: » iiu'plas tjuœstiuuculas ; en
la racine de tous les vices: ni sa pure concupis- aulorisard de creuses visions uuiUs fabulas ; en :

cence, qui est, quoique sacrilège, la préparation ralïiuanl sur la spiritualité, et, pour parler avec

à la justice ni sa ilangcreuse séparation des ces Pères, en conqiosanl des « ragoûts de dévo-
;

t lion qui étaient à ebarge à la pureté de la foi :»


deux parties de l'Ame, à l'exemple de Jésus-
pulli's jiurilali fidei uauseam iiiferenles, ils de-
Cbri>t involontairemeid troublé; ni son mal-
beureux retour à ce liouble involnulaire; ni vaient craiudie d'être « imporlims aux gémisse-

son amour naturel qu'il réforme tous les jours, u menls de l'Eglise, » qui avait déjà trop d'au-
au de le rejeter une bonne fois tout entier
lieu tres cboses à déplorer supcrfluis cœlum pie :

comme également inutile et dangereux dans dolentium gemeutium non oneret. Nous
et
l'usage qu'il en fait ni ses autres |)roposilioiis
; cxiinrtons M. de Cambrai à occuper sa plume
que nous avons relevées: elles sont les fruits cloiiuente et son esprit inventif à des sujets
d'une vaine dialeeli(|ue, d'une mélapbysicpie plus dignes de luiqu'il prévienne, il est temps
;

outrée, de la fausse pliilosopbie (|ue s.iint Paul encore, jugement de l'Eglise: l'Eglise ro-
le

a condamnée '. Tous les jours nous entendons maine aime à être prévenue de cette sorte et ;

ses nieilleui-s amis le jilaindre d'avoir étalé son connue, dans les sentences qu'elle prononce,
érudition, et exercé son éloquence sur des sujets elle veut toujours être précédée par la tradi-
si peu solides. Avec ses abstractions ne voit-il tion, on peut en un certain sens l'écouter avant
pas que, bien éloigné de mieux faire aimer qu'elle parle.
• Ptud., Dt prad. adt. Scol. Erig., c. I. etc. — • Coït. Vcl
' C^l; 11, 8. m, c*n. 6.

REMARQUES
SUR L.\ Ul'PO.NSE IiE M. L'AHCIIEVI'OUE DE CAMBIIAI

A LA HliLAllO.>i Slil LE UUbTISMB

AVANT-PROPOS. confrères pour avoir voulu excuser les livres


condamnés de M""' Gujon que les tours d'esprit
RAISONS llK CKT OLVIIAGIC. ;

ne sTuvent pas des faits avérés; que st'-jiarer .

Les const^-ils des sont partagés sur l'o-


sa^;es connue on fait encore l'inlention d'un auteur ,

blinalion où je suis de répondre à M. l'arcbevè- d'avec le sens naturel, véritable, unique et per-
quede Caud)rai. Les uns disent (pic la matière |iéluelde son livre, c'est une illusion s;ins exem-
est sunisammenl éclaircie; (pie les faits impor- ple, quidonnelieu à défendre tout ce (ju'on vou-
tants (lemeurciit établis ; par exemple, qu'il est dra et îi éluder toutes les censures de l'Eglise-
cunstiinl (pie ce jnélal s'est dé.suni d'avec .ses qu'on peut bien éblouir le monde poiirun temps
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISMË. \\'

par des détours spécieux, mais qu'enfin l'illusion tout, je n'ai pas dessein de m'arrêter davantage
s'évanouit d'elle-niônie, et, qu'après tout, ce fait, à un fait de nulle importance, et je laisse à M.
du dessein formé de justifier M™° Guyon et sa de Cambrai le plaisir d'en dire tout ce qu'il vou-
mauvaise doctrine, est essentiel à cette matière dra. Ce qu'il y a d'important, c'est de bien con.
contre M. de Cambrai, puisque c'est celui qui naître l'affectation de tout nier, et défaire finesse
démon ti-e qu'il est coupable lui seul de tout letrou- des moindres choses.
ble de l'Eglise, et qui détermine le vrai sens et le Ceux qui prendront les tours d'esprit pour des
vi-ai dessein du livie de ce prélat, quand d'ailleurs toutes les belles paroles pour des véri-
faits, et

il serait douteux, ce qui n'est pas; ainsi, qu'après tés,n'ont qu'à se livrer à M. de Cambrai il :

avoir satisfait au devoir de développer la matière saura les mener loin. Pour passer à un autre
en toutes les manières possibles, et par dog-
les exemple, le monde a|)prouvera-t-il le semblant
mes et par les faits, je n'ai qu'à attendre en paix de ne pas connaître ce « religieux de distinction, »
ne peut manquer h la vérité, et le
la victoire qui qui voulut avec amitié lier entre nous une con-
sentiment des sages qui prend toujours le des- férence i, comme je l'ai raconté dans ma Rela-
sus. tion'^? Personne ici n'a méconnu ce religieux;
En effet, on sent, dans le monde, qu'ils sont et ce n'est que pour ceux qui sont éloignés que
rebutés par cette incroyable bardiessc de nier je nommerai avec honneur le Père confesseur
tout jusqu'aux faits les plus innocents, et d'as- du roi. Il a lui-môme raconté le fait à vingt per-
surer sans preuve tout ce qu'on veut, jusqu'à sonnes illustres, et avec sa noble franchise il dit
m'accuser deux ou trois fois d'avoir révélé une encore aujourd'hui à quiconque le veut enten-
confession générale qui ne m'a jamais été faite. dre, que sur la proposition de la conférence, la
Uui peut croire que M. de Paris, que M. de Cliar- réponse de M. de Cambrai fut beaucoup plus
tres, des prélats, pour taire ici leurs autres dure que je ne l'ai rapportée. Assurément, je ne
louanges, d'une piété et d'une candeur si connues, ferai pas dépendre la cause de ce fait particulier,

avec qui je suis uni comme on voit dans tous les après avoir établi les faits essentiels par des
actes publics, me fussent contraires en secret, preuves littérales et incontestables. Prendra ton
jusqu'à détourner M. de Cambrai d'approuver sérieusement sur une simple allégation, sans
mon livre, qu'ils ont eux-mêmes approuvé, et preuves et sans témoins, tout ce qu'imagine M,
jusqu'à s'unir pour sauver le sien qu'ils rejetaient de Cambrai de mes hauteurs, de mes vanteries,
avec moi comme plein d'erreurs? Quand nous de mes confidences, de mes perpétuels empor-
n'aurions que l'avantage d'être trois irréprocha- tements, de mes larmes feintes, et des autres
bles témoins d'une même vérité, et des juges faits de celte nature avancés en l'air par un

qu'il a choisis, dont, selon les canons, ilest obligé homme qui est fâché de voir à la fin toutes ses
(le suivre la foi ; devons-nous craindre que les finesses découvertes et ne sait quelle raison en
gens désintéressés nous refusent leur confiance? rendre au public? Je ne le crois pas; et plusieurs
Pour dire un met de moi en particulier, et sur un amis me conseillent de me fier à la solidité de
fait dans le fond très-indifférent, étais-je indigne mes preuves. D'autres disent qu'il faudrait en ef-
d'être invité par M. de Cambrai à faire son sacre, fet s'en tenir là, s'il n'y avait que des âmes for-

moi qu'il api)elait, qMoi(iu'indiguc, son père et tes qui se mêlassent déjuger de ce différend si ;

son maître; moi à qui il avait soumis et soumet nue cabale irritée, dont les ressorts se décou-
tait sa doctrine comme à un homme en qui il vrent dans tout le royaume, ne .s'appli(piail pas
regardait non pas un « très-grand docteur, » car ù surprendre les inliruies, et qu'il ne fallût pas
c'est ainsi qu'il daignait parler, mais « Dieu » leur donner des précautions salutaires contre
même? Cependant il se récric contre ce lait, les pièges les plus fins qu'on ait jamais ten-

comme s'il était au-dessous de lui d'être sacré de dus aux âmes simples. Puisque ce demies
mes mains; que les évêques ont ac-
et au lieu parti est visiblement celui de la charité, j'y

coutumé de se tenir honoré par le ministère donne Pmir éluder des faits convain-
les niaius.

d'un consécraleur et qu'on croit en recevoir une cants, iM. de Cambrai a fait les derniers efforts

grâce, celui-ci ne cesse de me reprocher un et a déployé toutes les adresses de son esprit.

« em|)rcsscincnt » ridicule' de quoi? de faire ;


Dieu l'a permis i)our me loirer à mettre aujour-
d'hui en évidence le caractère de cet auteur:
une cérémonie? de m'auloi iser davantage contre
que se peut, n'ait plus rien à
la vérité,
M. de Cambrai? car que pcul-ou imaginer dans afin s'il

cette occasion qui m'ait pu faire briguer, comme craindre de sou éloquence. Je ne pourrai éviter
une laveur, l'iionueur de le saerer? iMais, ai>iès un peu de longueur dans le dessein que je me

'
j;. ;.. (i la Hclal , c. 4,7, p. 92, 93, 130. 11*1).* I« R«l«t-. «•''. r- "6. — ' Relat ,
SMI
lift REMAItULKS SUi'. LA REPONSE

n'allègue que quand il manque de preuves pour


propose il'in.s(''rcr ses propres paroles eldc longs
passades tians ce disamrs. Je voudrais, malprô les puhliipies? Avant que d'élrc reçu à alléguer
ses redilcs ((mlimiolles. pouvoir ici rapporter des faits secrets, il doit commencer par vériher

tdiilc saU(''poiisc cl le suivre page à page l'éleii- : loiiles les citations de mon texte, que je soutiens

diic déiiicsiiréed'im Ici ouvrage lire» a seul dé- dans mes réponses (pi'il a altérées '. » Et entin :

loiirné; mais je clioisirai Unis les ciidroils iin- « Voili'i. « conclut-il, u le point de vue, d'où le
porlanls, et le livredc M. de Cambrai élaiiteiilre Iccleui doit regarder cette nouvelle acciisfition'.»

les mains de tout le monde, je ferai si que


bien, Réponse. — "2. J'arrête dès ce premier pas un
me rendra le témoignage sérieux lecteur pour s'il croit que lui demander
tout .'(juitabio lecteur
d'avoir rapimrté au long ce qu'il contient de plus celte dispute soit un jeu
où il soit per- d'esprit,

fort.
mis de dire tout ce qu'on veut, pourvu qu'on ait
On verra, dans les articles suivants, qu'il m'in- de belles pandes. On dirait, ces beaux dis- ;i

sulte perpéliiellemcnt sur des luils sans preuve, cours, que M. rarchevéïjiic de (Cambrai n'a j.a-
)»endant que je prouve le contraire par hii- mais parli' des procédés qu'il n'a pas dit que :

mème, par actes; (pie sa Hépuiise se dément


el le nôtre était si étrange el si odieux, tpie le récit

partout qu'il défend i>lus que jamaisM^MJuuni


;
;
n'en trouverait aucune créance parmi les hom-
qu'il diange iétat de la question, et me fait dire mes ^ que ce n'est pas lui qui nous a pressés le
:

fi eliaque page tout le conliaiie de


ce que je dis. premier, par cent reproches amers, à répondre
Commenrons, el dès l'avertissement, voyons ses aux laits (pi'il nous objecte. Mais encore que je
vains avantages et ses vains triomphes. doive bientôt relever cette circonstance * pour ;

commencer maintenanl par (juelque cho.se de


est vrai, comme on le suppo.se,
jiliis déci.sif, s'il
ARTICLE PREMIER. que je .sois pa.ssé aux faits el aux procédés, avant
que d'avoir satisfait aux dogmes, je veux bien
sun l'avertissement.
que l'on accorde à M. de Cambrai tout l'avantage
Da recours «ux prwcédis. cl s'il est vr»! que Jo n'ai point ré-
qu'il demande
I.
%.
pondu aux dogmes mais si au contraire ilestévideiil
:

(pie je ne suis venu au.x procédés (|u'après avoir


M. nE CAMnnAi. —
i. « Avant ((ue d'éclaircir
établi les dogmes par mes
écrits précédents; .si
fond riiisloiie de M'"'=Guyon. dont on m'accuse
.'i
ma Uuiélismc n'esl qu'une suite
Relation sur le
sans fondement de ne condamner pas les livres, de la Réponse à quatre Lettres de ce prélal; Ré-
je ne demande au lecteur qu'un moinent
de pa-
ponse qu'il a vue, qu'il a citée ; que j'ai linie,' en
lieiiee, |)oiir lui faire remanpier quel était l'état
lui déclarant qu'après avoir traité tout le dogme
de notre dispute, ipiand M. de Meaux a passé de par principes démonsiratils, « je n'avais plus
la doctrine aux laits'. » C'est ainsi que com-
à le sali^taire ipie sur les faits el les procédt^s,
mence ravertisscmcnt de M. de Cambrai, et il demandait avec tant d'inslanct'
puisqu'il le • '>
:

suppose ces faits comme constants " J'ai prouvé :

peut-on dire avec la moindre couleur, que je


;i ce prélat, dans ma réponse à la Déclaration et
ne viens aux procédés que par impuissance de
dans mes dernières lettres, (ju'il avait altéré mes
répondre aux dogmes ?
principaux passjiges pour m'imputer des seiili-
menls iiiqjies, et il n'a vérilié aucun de ces pas- g 11. Sur les alUr.itions du texte, etc.

.s;iges suivant ses citations. J'ai montré des para-


me mettre des
M. DE Cambrai. — 3. « J'ai prouvé h M. de
logismes qu'il a employés pour
Meaux ipi'il avait altéré mes priiicipaiix pa.ss».
lil.isphèmes dans la boiiciie, et il n'y répond
ges, pour m'impiiler des .senlinunls impies: el
rien. " C'est là (pi'il rapporte au long toutes ses
n'a vérilié aucun île ces |)as^;iges. J'ai montré
demandes el toutes ses objections; et il suppose,
des paralogismes qu'il a employés pour me met-
comme un fait avéré, ipie je n'y ai fait
si e'él.iil
tre des blasphèmes dans la boticlie. el il n'y
aueiuie réponse. Après (pialre p.iges de cette
répond rien. Je l'ai pres.sé, mais inutiieinenl,
sorte, où il allègue .sans aucune preuve tout ce
de répondre sur des ipie.stions essenlielks el
qu'il lui plait sur mon impui.ssance à répundie,
décisives pour mon système. Il s'agit, si Dieu
il eonchil en cette sorte : « Dans cet embarras,
par les promesses gratuites a élé libre, ou non
l'histoire de .M"" (liiyon parait à M. de Meaux un
de nous donner la béatitude .siirnaliirelle ". Si
spectacle |iropre à faire oublier toiil l'i coup tant
Dieu ne l'eut pas donnée, n'aurail-il pas été
de mécomptes sur la doctrine ">. « Et un peu
aimable pour .sa créature? Quand je le presse
après « Mais il est juste tle croire (pi'il p.uie.
:

sans prévention, sur des choses secrèles el qu'il <


K.'p. 1 U Kolat., Aitrt., p. 8. — > /&, p. 10. — > Rép. i 1.1

D<VI , p. 6. — • Cl-deuoiii, n. 17, It). — > Ktp. 1 quatn Ic.trM.—


I
«rp. i la Hcl.it , -lier; . p 3. — ' /ti . p. 6. 'Ri'P A In HrUi ,p. S.
,

A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 149

de me répondre sur les dogmes fondamentaux de mes réponses, qu'en a M. de Cambrai à me


de la religion, il se plaint de mes questions, et supposer vaincu et à s'attribuer la victoire.
ne veut point s'expliquer. Ce n'est pas que ces 7. Pendant qu'on me reproche des altéra-

questions lui aient échappé au contraire, il les : tions dont je n'ai jamais été capable, j'ai démon-
rapporte presque toutes, et prend soin de n'en tré, au contraire, qu'on m'imputait laussemen-

expliquer aucune ' . » des doctrines que je rejette en termes formels;


4. Cet argument est répété à toutes les pa- qu'on attaquait sous mon nom les sentiments
ges M. de Cambrai suppose partout, que de-
2. et les propres termes de saint Thomas •; qu'on
pids longtemps « je cite mal son texte et que prenait positivement pour ma réponse, une ob-
j'explique mal toutes ses paroles. Il ne sert de jection que je me faisais à moi-même 2 ce der- :

rien, » dit-il ^, « de montrer à 51. de Jleaux les nier fait est positif et ne consiste que dans une
altérations les plus évidentes; M. de Meaux simple lecture. M. de Cambrai ne devait-il pas
compte poiu-rien ce que j'ai vérifié, et il com- le nier ou le confesser de bonne foi? Mais j'ai
mence du ton le plus assiu-é comme si je n'avais vu trois lettres contre ma réponse à quatre des
osé rien répondre. » siennes: il semble vouloir finir par la troisième,
Réponse. —
5. C'est lui-même qu'il a dé- puisqu'il annonce d'abord qu'elle contient « le
peint dans ses dernières paroles. Il est sans reste de ses plaintes. » Il ne dit pas un seul
cloute bien aisé de s'adjuger la victoire, et de mot, dans ses trois lettres, d'une altération de
feindre que son adversaire est abattu à ses pieds, mon texte si clairement démontrée. Je pourrais
désarmé et sans réplique; mais au fond, parmi dire que dans tout le reste il ne touche, à son
tant d'endroits de sa réponse, où ce prélat ordinaire, aucune des principales difficultés :

m'objecte des altérations de son texte, il n'en je pourrais sans doute, comme M. de Cambrai
rapporte pas une seule. Il me renverra sans chanter cent fois mes victoires, si j'étais d'hu-
doute à ses livres, où il prétend les avoir prou- meur à prendre de tels avantages, mais je me
vées; mais il doit donc me permettre aussi de le réduis au fait. C'est assez que je montre à M.
renvoyer aux endroits des miens où je les ai l'archevêque de Cambrai, que la gloire qu'il se
éclaircies. donne est vaine; nous n'avons pas droit de sup-
6. C'en serait assez pour fermer la bouche à poser, lui que mes réponses soient faibles, ni
un accusateur. Mais s'il en veut davantage, di- moi que ses preuves soient nulles : c'est le fond
ra -t-il que je n'ai pas répondu à ses explica- dont il ne s'agit point ici : la question consiste h
tions sur l'intérêt propre éternel; sur le sacrifice savoir, si dans la dispute sm- les procédés il
absolu; sur la persuasion et conviction invincible doit prononcer d'autorité, que je suis vaincu,
et réiléchie, et néamnoins apparente, et non pas qu'il m'a ôlé la parole, que ce n'est que par im-
intime; sur le simple acquiescement à sa con- puissance que je passe aux faits, « parce que la
damnation; sur la séparation des parties de doctrine me réussit mal. » C'est là ce qui s'ap-
l'âme, jusqu'à mettre les vertus dans l'une, et pelle discourir en l'air, et faire illusion aux
les vices dansl'antre, pour les unir |)arcc moyen yeux par de vains tours de souplesse.
dans le même sujet *? C'est là pourtant le l'oiid 8. J'en dis autant îles reproches sur les sou-
des explications par où M. de Cambrai tàciic de haits de Moïse et de saint Paul: « Ce sont, »
souvrir rim|)iélé de son système. J'ai donc déjà dit-il ^, « pays inconnus pour M. de Meaux. »

satisfait de ce côté-là à celles des prétendue.^ aucune réponse; je n'ai non plus
Je n'y ai fait
altérations qid sont les plus essentielles. Si l'on répondu aux pieux excès, aux amoureuses ex-
ne veut pas lire un livre aussi court que ma lït'- travagances, dont l'accu-iation est recommencée
ponse à quatre lettres, qu'on lise du moins les cent et cent fois dans la Uéponse à ma relation ;

titres des questions qui sont à la tête; on verra mais je ne demande au qu'un de- .sage lecteur,
(jucj'ai tout traité.Sur ces questions tant van- mi-tjuart d'heure pour lire huit pages de la Ré-

tées, ne cesse de me rappeler à tons les


où l'on potise à quatre lettres et reconnailre que j'ai '',

états possibles ou impossii)les, où Dieu jteut satisfait à tout. Et pour les pieux excès, les
mettre ou ne mettre pas la nature hum:'iiie; saintes folies, les amoureuses extravagances, je
(pie doit-on cliercher davantage, que d'éclaircir les ai montrées dans les paroles formelles des
précisément ce qui est utile, et d'éloigner tout saints, en explication des souhaits de Moïse et
le reste comme étranger à la question? C'est ce de saint l'atil. J'ai démontré que ces deux
que j'ai fait 5; cl on m'avouera que j'ai du saints n'ont pas perdu un moment le désir de
moins autant de raison de supposer la solidité leur salut éternel, dans le temps (juils parais-

' lUp 4 la RcUt., p. 0. — > /6., c. 6, 7, p. lU, 132, etc. — > /4 > Ui'p. ti quatre kllrei. — • JO. — ' Rép. ù la liclat , AitrI-, f. 3,
1. 1, p. 149. — ' Kép. i quatre lettres. — ^ 16. 4. — * Depuis le 11. 8 juiq. n. 10.
no REMARQUES SUR LA RÉPONSE

siient s'iciilicrlc plus: cependant M. de Cam- mais voici une accusation bien plus grave t , •,

l)rai ri^pile sans fin, non pas (pie j'aimal ré- qu'on ne peut point jiasser si lépèrement. t de
ponilii, car c'est le point île la dispute; mais que n'avoir pas pardé fidèlement le .secret d'une con-
\v n'ai pas dit un seul mot : tant il pi rsume fession générale j'ai lait entendre que je ne pou-
:

qu'un tour éloquent et le ton allirmalil peut vais parler de quelque chose dont il s'est con-
tout sur les honwnes. fe.s.sé h moi sur le quiélisme, dont je me fais un

f III. Sur le secret, et en particulier sur celui de lacunOance. mérite de ne parler (las; et ce silence, dont je me

M. DE CiMDiiAi. —
0. " Alfirs il a recours M.
vante, dit-il, est cent fois |)ire qu'une révélation
de son secret, » de ce secret de confession (pi'il
(le Mcaux) h tout ce qui est le plus odieux dans
m'a confié. Je suis donc ci>u|iable d'infidélité
/a société humaine. Le .secret des lettres missi-
dans un secret de confession: ce que j'ai fait est
ves, qui, dans les clioscs dune confiance si re-
cent fois pire que de l'avoir révélé; et j'en con-
liliieusc et si intime, est le plus sacré a|)rès
viens, si ce qu'il avance est véritable.
celui de la corilcssion, n'a plus rieu d'iuviolalile
12. Tout le inonde demeure d'accord qu'en
pour Im. il produit mes lettres à Rome: il les
quebpie manière (priin prêtre révèle un secret
lait imprimer pour tnurner h ma dilïamaliou
(le confession soit jiar la parole, soit jtar qiul-
les papes de la confiance sans homes (pic j'aie
,

(pie autre sipne, c'est un des crimes des plus


eue en lui mais on verra qu'il lait inutilement
:

qualifiés qu'il puisse comiiietlre. 11 n'est pas


ce qu'il n'est jamais permis de laire contre son
jjrochain '.
même permis de faire connailre par le moindre
indice, qu'un |)éiiilent soil coupable. Pierre de
10. « 11 va jusqu'à parler d'une confession gé-
Rlois, dans son Traité de la Pénitence, accuse
nérale (pie je lui confiai, et où j'exposais,
un abbé de déshonorer sou pénitent quand il
comme un eutanl à son père, toutes les gr;\ces ,

de ma vie 2. On prend pour lui « un air de dédain qui soit re-


de Dieu et toutes les infidélités i
« maniiiablc » et que par \h il le rend suspect
:
n a vu, » dit-il ^, « dans une de ses lettres, qu'il
« s'était offert ;\ me faire une conlession péiié-
même en pénéral « et, dit-il, il importe peu :

bien que je n'ai jamais accepté


que ce soit ou par la parole, ou par quelque
« raie: il sait
sipne, ou par un air de dédain sur le visage quo-
« celte offre. » l'oiir moi, je déclare qu'il l'a ac-
ipi'il a pardé (juchpie temps mon écrit,
dam vultuoso cvutemplu : » ou i)ar quelque autre
ceptée, et
manière que ce soit, « qu'on divulpue le « secret
ilen parle même plus (pi'il ne faudrait, eu ajou-
de la conscience d'autrui. » Kn tous ces cas,
tant tout de suite: « Tout ce qui pourrait repar-
poursuil-il, « on est dépose |)ar une censure ca-
<•der des secrets de cette nature, sur ses dispo-
noni(pie ; el après être déchu de son ordre on
a sitions intérieures, est oublié, et il n'en sera
est condamné fi de perpétuels et ignominieux
«jamais question. » La voih'i, cette confession
pèlerinages Taies cauonica censura depo-
:
sur laipielle il |)romet d'oublier tout, et de par.
uil, etc. » Les peines sont augmentées depuis ce
der fidèlement parder
le secret. Mais est ce le
temps-là; la justice séculière met la main sur
fidèlement, (juede faire entendre qu'il en pour-
ces indipnes violateurs du plus religieux de tous
rait parler, et de se faire un inci ile de n'en
les secrets, et je n'ai pas besoin de rapporter à
jiarler pas quand il s'apit du quiélisme? Qu'il
(pielle peine elle les condamne.
en parle, j'y consens: ce silence, dont il se vante,
\">. .\près ces rèples sévères, si M. de Cambrai
est cent fois |iire(|u'uneiévélalion de mon se-
no prouve pas le crime digne du feu dont il
cret; qu'il parle selon Dieu: je suis si assuré
m'accuse, il voit à quoi il s'oblige devant Dieu et
qu'il maïupic de preuves, (pic je lui permets
devant les hommes. L'accusation est expresse ;

d'eu aller cherclierjusipie dans le secret invio-


nue de ses lettres jiorlait ' Quand vous le
: «
lable de ma confessinu. " Il insiste en un autre
voudrez, je vous dirai comme h un confesseur
endroit .sur celte inéine accusation ^, et il me
tout ce (jui peut être compris dans une confes-
reproche de mérite de me
in'étre « fait un
sion pénérale de toute ma vie, et de lotit ce ipii
t.iire i)ar rap|)orl au (piiétisme sur ma confession
reparde mon intérieur; » dire tout cola comme
pénérale. » .Me voilà dune par deux fois positi-
à un cinifesseiir, c'eût été en eiïel se confe.s.ser,
vement accusé sur le secret violé d'une confes-
naturellement jiris de cette sorte;
et je l'avais
sion pénérale, et il n'y a rien de plus sérieux
sur ce fondement ma Uclatian porte ces mots :

que celle plainte.


« M. de Cambrai sait bien (pie je n'ai jamais ac-
Réponse sin i.a confession. H. Nous di- — cepté cette offre et moi dit-il je déclare qu'il
; , ,

rons un mot sur le secret des lettres missives ;

l'a acceptée, p Voilà un démenti bien formel ; jt;

<
R/p. i la Uclat., f. 10. — > li-, t. 3, a<at>)., p. »1.— > B«l*t.,
Kcl 3, n 13. — <
n-p. i U Rtltl., •nul., p lAK. R4^l , «Kt 3, n. i.
,,

A LA RELATION SUR LE QUIÉTLSME. 1.^1

le mérite, s'il dit la vérité. Il ajoute que j'ai été uns aux autres sous le sceau de la confession ,
infidèle à l'inviolable secret d'une confession gé- « il est oublié de ma part; » est-ce trop parler,

nérale ; puis, frappé d'une accusation aussi visi- et peut-on fonder sur ces paroles une accusation
blement fausse (car il faut bien que je m'expli- capitale?
que en termes précis), il biaise à son ordinaire 19. Mais je laisse entendre que j'avais quelque
et il parle ainsi « M. de Meaux a gardé quelque
: chose à diie qui m'avait été confessé « sur le
temps mon écrit. » On ne se confesse pas par quiétisme, » matière si importante et si compli-
écrit; mais on pourra croire qu'il m'a laissé en quée : on ose ajouter que je me fais un « mérite
se confessant ou l'écrit de sa confession, ou du de n'en parler pas. » Non, encore un coup je :

moins quelque écrit d'un pareil secret ; il n'ose n'ai pas dit un seul mot du quiétisme; je parle à
le dire , quoiqu'il tâche de le faire entendi-e. l'occasion du « petit mystère » sur la façon dont
Est-il permis de donner de telles idées et d'arti- les Articles d'Issy furent signés entre nous, et il
culer de tels faits? ne s'agit ni directement ni indirectement du
14. Quand il avouerait à présent qu'en effet je quiétisme.
ne l'ai jamais confessé, en disant qu'il m'a con- 20. Mais je parle, dit-on, de ce qui pouvait re-
fié comme à un confesseur un écrit qu'il appelle garder les « dispositions intérieures » de M. de
une confession générale, la vérité s'y oppose je : Cambrai comme de chose oubliée; c'est que ce
n'ai reçu de lui en particulier aucun écrit quel prélat avait dit, dans la lettre que j'ai rapportée
qu'il soit tous les écrits qu'il m'a donnés m'ont
; pour d'autres fins qu'il offrait de me confesser
,

été communs avec ceux qu'il avait mis dans l'af- « tout ce qiu regardait son intérieur * mais d'é- ;

faire; à une allégation sans preuve j'oppose un tendre jusqu'au quiétisme, à des crimes, ou à
simple déni, et la gravité de la chose m'oblige h des erreurs, une expression aussi vague et aussi
le confirmer par serment : Dieu est mon témoin, générale que celle de « dispositions, » qui com-
c'est tout dire. prend indifféremment tout le bien et tout le mal,
15. S'il veut après cela nous avoir donné à et sur laquelle je n'assure rien; c'est empoison-
tous un écrit de même secret qu'une confession ner les paroles les plus innocentes, et propre-
générale ,
je n'ai rien à dire , sinon ce qui est ment me rendre coupable sur un sujet capital
porté dans ma. Relation ,
que, s'il y a quelque sans moindre indice.
le

chose de cette nature, « il est oublié , et il n'en 21. En un mot j'ai voulu qu'on sût, que s'il
,

Sera jamais question. » se tronvaitquelqii'un assez injuste pour me soup-

16. M. de Cambrai soutient que parler ainsi, çonner de me servir contre M. de Cambrai de la
« c'est trop parler d'une confession : » cela est confession qu'il disait qu'il me voulait faire, et
visiblement outre. Quand ce prélat se serait con- que j'avais refusée, c'està qiioije ne songeais pas;
fessé à moi, et que je l'aurais avoué, ce qui n'est à Dieu ne plaise on voit d'où j'ai tiré mes preu-
!

pas ; c'est autre chose d'avouer mie confession ves, et qu'on tenterait en vain de me les ôter
autre chose d'en violer le secret. sous prétexte d'une confession générale qu'on
. 17. Mais pourquoi ai-je parlé de confession? prétendait m'avoir faite.
je l'ai dit dans la Relation • je le répète c'est ;
22. Quand après cela M. de Cambrai me fait
qu'on répandait dans le monde et les témoins ,
rompre le sceau sacré de la confession par un sa-
que j'en puis donner sont irréprochables, que la crilège punissable; s'il l'a prouvé, qu'on me châ-
manière dont nos Articles ont été signés était un tie avance téinérniroinont un
: s'il tel l'ail contre
secret que nous nous étions donné les uns aux un évèque sou consécialcur, (pi'il s'Iiuiuilie une
autres sous le sceau de la confession. Je vou- fois ; c'est toul ce que je avoue lui deiuaiulc ; qu'il

lais aller au-devant d'un tel discours, et de qu'i lest cuirai né parlatapiilili' desou éloquence

toute autre seudjiabic idée et l'accusation sé- qu'il ne vante plus sa niuiléialion et sa douceur,
;

« on n'a guère de peine, dit-il 2, [^ être doux •


rieuse qu'on me fait encore aujourd'iuii sur le
secret delà confession, montre trop que ma pré- quand on sait qu'on no défend que la vérité. »
caution était nrccssaire. C'est ce qui nous force il lui ié|)liquer, (pie ce

18. « Je promets, » dit-on, « d'oublier tout; » n'est donc jias la vérité (pi'il défend, puisipril se
l\\y.-.' eniporlor sans le inoinihc fondomenl, et
non, je no dis pas ce qu'on nie l'ait dire, « j'ou-
« blicrai, » comme si dans le leniiis présent j'en avec les exagérations les plus injustes, aux accu-
avals quelcpie souvenir; je dis sans rien assurer, sations les plus atroces.
que s'il y a eu dans nos conversations ou dans
nos écrits quelque cliose (lu'oii se soit donné les
I
Loiire <lc M. do ^^mbr»l, Helal., secl. 3, n. «. — > Twl». 1«IU
'
Uelal., scct. 3, ii. lu. 4 M. do Mciux, p. 4«.
132 REMAUQl'RS SIR LA RrpONSE

{ IV. Sur If* prorMM : f]ui a fommfnciî il fait valoir « la réputation si nécessaire à un
M. PE Cambrai. 'i'S. Tout le monde — est
ïvé(pic pour l'exercice de son ministère » ce-

pendant il vent, tant il est injuste, avoir pu im-


' :

é[oTmé (le voir M. de Cambrai nous l'aire les


puiK'inenlalLKpKi- la ni'ilre,et encdre nous ("iter
agresseurs sur !e réiil des [inicédcs: voici kv
les justes défenses qu'il nous a lui-même four-
l)aroles de son Averlisscmeiit « (J"i fsl-cc qui :

nies.
for-e M. de Meaiix à déclarer loul?J'ai huijoiirs
borné la dispide aux ptiinls do^Miali(iiies ; el l V. Sur le* leitre».

mal^'ré mon innocence, loiijmirs craint des


riinloiations de lails,
j'ai

«{in ne (leineid arriver


M. i)F. CAMnnvi. —
2fi. « M. de Meanx n re-

cours à tout ce qu'il y a de pli s odieux 1-e


enice des évoques sans un scandale irrémé-
secret des lettres missives n'a plus rien d'invio-
diable '. »

UéI'oxse. — 2i. Nous


monlreions bientôt lui
lable
n'est
pour lui Il fait inutilement ce qu'il

jamais permis de faire contre son pro-


que son procédé concernant iM""^ Gujon, que
chain 2. » C'est ce qui revient à tdules les papes,
nous sommes enrm contraints de découvrir à
el on allègue partout « la loi inviolaldc deslet
toute i'Kfjiise, inllue dans le fond mais en atten- :

très missives el des mém<iires secrets '. »


dant, |)eut-il dire qu'il a toujours évité de former
par les procédés entre les évé(jnes des contesta-
IlÉPONSi;. — 27. Je Le Mémoire lui ré|i(inds :

que j'ai imprimé n'a jamais élé donné comme


lions scandaleuses ? C'était sans doute un |)ro-
\\n secret. Cesl la |)lus fine npido^ie que M. de
cédé qu'il racontait ,
quand il rc|irocliail à
Cambrai ail jamais pu faire h. son avantage si :

M. rarclievé(|ue de Paris l'examen et lapproba-


elle se loin ne contre lui, c'est par la règle com.
tiiin du livre iju'il a coridanmé el il suivait bien :

mune, que tout ce qn'iineulent pdiir leur dé-


que ce prélat avait nié cent fois les laits qu'il
fense ceux qui s'opposent h la vérité, leurtonrne
avance. A-t-il évité cette contestation et ne ,

à condamnation. Il n'y a donc pas la moindi-c


l'a-l-il pas au contraire poussée à bout dans sa
ombre de viol.dion du .secret dans l'impression
première lettre à cet évéïpie 2? ne (inil-il jias
de ce mémoire qui décide tout.
cette même lettre par un procédé si faussement
2H. Au surplus, dans une histoire suivie, telle
allégué, qu'il l'a supprimé lui-même en d'au-
qu'cNt ((lie de nos examens et de tous nos pro-
tres de ses écrits ^, cnnunc il en demeure d'ac-
cédés, il fallait aller î» la source, et faire connaî-
cord par deux fois dans s;» Héjwnse *? La pre-
tre notre accusideiir ; convaincre de faux ce
mière lettre (pii m'est adressée est conclue |iar le
qu'il a dit étant fâché, |iar ce qu'il a reconnu
même dont il sait bien en sa conscience que
fait,
avant que de l'être c'est ce qui nous a fait op-
;

nous sounnes bien éloignés de pouvoir demeu-


poser ses lellres ^i .ses livres, (Jès leconimence-
rer d'accord.
nient de celle dispute. Afin de remuer en sa
•2.'». il oublie (pi'il a déclaré notre procédé si
faveur le ressort de la com|)assion, il s'est donné
odieux, (pie ou la faisait, ne trouve-
l'Iiisloire, si
j)Our peiséciité, et ses conliêres pour peisccu-
rait point de créance parmi leslionnues, en sorte
ienrs; pendant qu'ils ne faisaient antre cho>c
qu'il valait nueux en (Mer la connaissance an
que de déclarer leur pensée sur un livre dont
public. Qu'il me permette de lui rendre ici les
on les faisait garants el il ne veut pas qu'il :

propres paroles dont il s'est servi contre moi ^ :


leur soit permis de montrer par son proprcaveu
u Ce silence diuit M. de Meanx se vante, est cent
qu'ils n'ont eu ni l'esprit ni le procêi!é de |,er-
fois pire que la révélation du secret qu'il fait
s('cnteurs de leur frère Mais lui-même, qui !

semblant de caclicr. » U"*^ n'a-l-il pas dit de mon


veut paraître si scrupuleux sur le secret des
procédé avec M'"» Cuvon à (pii il m'accuse
lettres missives, m'a-t-il demandé ma permis-
,

d'avon" (l<inu('" les sacrements coulre toute


sion pour publier celle où je lui dis « Je vous :

rèple N'élail-ce pas un procédé bien essentiel?


''.'

suis uni dans le fond avec le respect et l'incli-


passons: mon li\p(icri>ie, mes laïuies trompeu-
nation ipie Dieu .sait, je crois pourtant re.vsentir
ses poiu' le (Iccliircr jibis sûrement, et le reste,
encore je ne sais (jnoi qui nous sépare encore
(]ue le leclciu' pourra voii' an commencement de
un peu, et cela m'est insnpporLible* ?» Celle
ma Ikltitinn : n'(''lait ce pas un pmcédé des plus lettre est de conliance comme les autres sur la
odieux (pi'il m'inq)ulait .\insi nous ne faisons .'

matière de nos examens visiblemeiil elle est ;

que répondre; cesl lui (pii nous fait les agres-


écrite après la signature des Articles, et on voit
seius, contre la vérité du fait dans son intérêt :
que je lui insinue le plus doucement que je puis
' Kép. à la Rclnl .iirri,, p. 7. — ' rrrm. Ix'tlre à M. de Pârii,
p. 41. — • Hclal.,
,

MCL I, ri 1, — ' H«|. i I» Urlat., c. 7, p. 133.' ' riTin. Lettre k M. de Paris, p. U. — > Rrp. 4 UBelit , Artrt.^
— '
Iti'p., c. a, p. 61. — • Mcm. de M de Ctml>r>l, Kttal , -.crt. 3, p. 10, Voyu ci-dcMiu, 13. — ' Ii»p., c. 3, obj. 3, n. 6, p. TO. —
n. J. •
;6., obJ. 3, p. 54.
,

A LA RELATION SUR LE QUIl':TlSME. I.*i3

la peine qui me restait sur le cœur ; il est aisé secrètes conversations pour affaiblir le jugement
de deviner; mais, quoi qu'il en soit, c'est là
la que j'ai porté sur les matières qu'on m'avait re_
une lettre sur mes sentiments secrets qu'il a ré- mises, en m'acciisant pour mon aveu, à ce qu'il
vélée pour en tirer avantage contre moi-même. prétend, de les ignorer?
Il ne sert (le rien de répondre que j'ai connnencé ;
30. Mais cela n'est-ce pas un secret? Pourquoi
mon exemple, était mauvais, ne l'autoriserait
s'il n'en est-ce pas un de me tourner eu repi'oche
,

pas à faillir : mais c'est qu'il sait en sa cons- un aveu particulier qu'on me croit désavanta-
cience que le secret des lettres missives comme geux? Mais pourquoi les lettres jnissivcs de
celui de certains discours, est sujet aux lois de M. de Cambrai sont-elles plus secrètes? (ju'on
la discrétion. Il a produit d'autres lettres que les les relise on verra qu'il n'y est fait aucune men-
:

miennes, veut-il qu'on lui demande en veitu de tion de secret: dans le fond elles n'ont lieu de
quoi? 11 fait encore paraître une de mes lettres mauvais; elles ne font que représenter luie sou-
sur le sujet important, s'il m'a prié de faire son mission qui était louable, et ne tournerait qu'à
sacre ' ; et il s'en sert mal à propos pour établir honneur au prélat qui les a écrites, si sa conduite
le ridicule empressement qu'il m'impute, par où suivante ne démentait pas ses bons sentiments :

il montre bien, que s'il en avait d'autres dont ii sa faute n'est [)as de les avoir eus mais de les ,

pût tirer avantage, il ne s'en tairait pas. <'clle-ci avoir changés. Toutest |)ermis;\ M. de Cambrai:
se trouve accompagnée d'une de M. de Paris 2. il imprime toutes les lettres et tous les seci'cts

Une autre du même prélat également révélée , qu'il veut toutest défendu aux autres, et lui
:

dans la Rqwnse à la Relution assurait M. de , seul peut faire passer tout ce qn i! lui plait.
Cambrai, que « M.Pirotétait chargé de lexauien M. DE Cambrai. —
31. « Si elles voient main-
de son livie ^ » M. de Paiis lui a-t-il permis de
: tenant le jour, dit M. dcMcaux, parlant de mes
se sei-vif de sa lettre contre un homme qu'il a lettres secrètes, c'es-tau moins à l'extrémilc ,

mis en place, et que cepeudantM.de Candjrai lorsqu'on me force à parler, et toujours plus tôt
veut convaincre de variation par cette lettre? que je ne voudrais. Qu'est-ce qui l'y force ?qu'ai-
C'est la seule preuve qu'il ait de la prétendue je fait, pour défendre le texte de mon livre de-
approbation dont il se vante il se fait dire par : puis un an et demi en le soumettant au Pape ? » '

ce docteur que son livi-e « est tout d'or


,
» ne : Réponse. —
32. 1. Ce prélat suppose toujours
fallait-il pas distinguer des honnêtetés générales, le fait, qu'il n'a point parlé le premier sur les
sur un livre dont on entend la lecture en cou- procédés, sur quoi il vient d'être convaincu.

rant, sans jamais l'avoir entre ses mains, d'avec 2. suppose que son procédé, que j'ai ra-
Il

une approbation sérieuse? Mais il n'a tenu, dit- conté 2, n'influe pas dans le fond de cette ma-
il, qu'à M. Pirot d'avoir le livre en sa possession tière; encore qu'il soit constant qu'il détermine
tant qu'il eût voulu. M. Pirot le nie. M. de Cam- son livre ;\ un mauvais sens, et au dessein nia-
du
brai l'assure seul, et le lecteur équilaJjle doit nifestenicnl condaumable, de défendre Madame
moins peu déférer à son rajiport, (juand
aussi Guyon et sa doctrine, ainsi qu'il a été dit, et quc
il est .seul, que lui-même M. de Candjrai délère la suite achèvera de le déinonirer.
à celui des autres en cas pareil. Se moque-l-il 3. 11 suppose que c'est ici un fait partieulier

de tant appuyer sur des laits particuliers avan- pendant qu'il s'agit ou de le laisser élahlir, ou
cés en l'air? Nous verrons les autres lettres mis- d'éloufl'er dans sa naissance une secte toujoiu'S

sives qu'il a iuqirimées sans ra\eu et contre l'in- renaissante, que l'on pare de belles eouleiu's,
tention de leurs auteurs. connue il a été remarqué dans la Relation.
29. Mais encore n'y a-t-il que les lettres qui A. Ilsup|)0se entin, que ce n'est pas une nou-

obligent au secret? Si je lui ai avoué, ce (pi'il velle raison de faire coniiailre son injuste pro-
outre, que dans le temps (ju'on me remclhiit cédé, qu'il nous ait voulu réduire à passer pnur
cette afiairc, « je n'avais pas lu saint l'raurois des hypocrites et des persi-cuteurs, si nous ne le
de Sales, ni le li. Jean de la Croix '•, » ni quel- convain(piiiins par des preuves inconlestahles
ques autres mystiques; d'où il conclut contre et par .son (iropre témoignage.
moi, dans sa licinnise latine à M. rarclievê(|ue
g VI. Réflexions sur les fails riipiiork's en cel article : el
de Paris, que « j'étais i^iniuant de la voie uijsti- comment on les doit qualilier.
« (jue; et dans sa l>éiMus<' h lu llvldlioii que
j)
,

33. Le sage lecteur <léeidera counuenton doit


«je ne connaissais point l's uiysti(|ues^, » en
a|)peler les suppositions dans le fait, (pion \ieut
sorte que « je voulus qu'il n/<;n donn;\l des rc-
« cucils 6 » lui ai-jc promis de profiter de nos
:
de uiar(pier dans cet article :

31. 1. Une l'auteur n'a lait dans ses livres que


'
U*p., c. 4, p. 02. — ' /4. — > Ib., c. 6, p. 12J. — < /6., c. 2
ol>j. 1, p. 36. 36. — > Ib.; p. 83. — ' Jb., p. K. ' Kép. H U Kcl. Av€rt ..p. 7. — •'
«cl , i.»;l. J, n. ib, le, 17.
154 REMAROUES SUK LA RÉPONSE

soulcnir son texte et les dogmes sans en venir , Esprit, telles que sont les personnes saintes. Son

aux procédés, et siiis y venir le premier '. estime a encore deux caraclères: l'un, qu'il la
2. Que je n'ai pDJnl répondu aux (io;^ines;et lait passer à ceux qui le croient; l'autre, (|uelle

que c'est faute d'y que j'en


|)ouvoir répondre, s'étend jiisipi'à ses livres, à la manière qui aparu
suis venu aux procédés 2. dans son Mémoire >, et que la suite fera mieux
3. Il ne s'aiiil pas de savoir si j'y ai bien ré- connaître.
pondu ou non, niaissi l'on peut supposcrconiinc Ce fondement supposé, il faul maintenanl
4.
corlain, dans le lait, que je n'y ai point répondu considérer si les témoignages qu'il rapporte, sur

ni pu répondre. le sujet de cette femme sont |)roporlionnés à ,

4. Uue j'ai révélé un secret de confession, et l'estime qu'il avait ^wur clic, voici le premier.
fait pis que le révéler dans tonte son étendue'- Premier témoignage de fcD M. de GcDève.
I 11.

5. Connnent ces suppositions, dans le fait,


5.«Je l'ai connue (M'"' Guyon) au com.
peuvent être qualifiées et si l'on n'en peut pas ;

niencement de l'année 1G89, quelques mois


conclure ipie celle Ué|)onse n'a rien de ^jrave ni
après qu'elle fut sortie de la Visitation de la rue
de sérieux, puisriue l'auteur n'y lait ipi'éblouir
Saint-Antoine, el quelques mois avant que j'al-
le monde, et suivre sa iilunic échaiillée , ou le
lasse h la cour. J'étais alors prévenu contre elle,
désir de me contredire ; ce qui parait principa-
siircc ([lie javais ouï dire de ses voyages; voici
lement dans raccusalion de la conft'ssioii lévé-
ce (pii contribua fi effacer mes impressions. Je
lée, et dans la supposition comme constante,
lus une lettre de feu M. de Genève, datée du 20
que je n'en puis plus.
juin 1683, où sont ces paroles sur cette |>ersonnc:
« Je l'estime infinimenl; maisjene puis approu.

ARTiri-E II. « ver (pi'elle veuille rendre son esprit universel,


6in LE ciiAPirnE i'ui:MiEnde la iiépo.nsede m. de « et qu'elle veuille l'introduire dansions nosmo-
CASIIlIur, ou IL JUSTIFIE SON ESTIME POUR MA- « nastèresau préjudice de celui de leur institut.

DAME CLYON. « Cela divise et brouille les communautés les


« jdiis saintes.... A cela près, je l'estime, el je
I I. Quelle était l'estime de ce prélat.
a l'honore au delà de l'imaginable 2. »
M. DE Cambuai. — 1. Il faut voir, avant toutes Réponse. —
6. Il faul avoir bien envie d'esti-
choses, quelle élail M. de Cambrai
l'esliiiie (juc mer M"' Guyon, et d'effacer les mauvaises im-
avait conçue de 51""= Gujon, et considérer en- pressions de ses voyages du moins indiscrets ,

suite si les lémoi^rnagessur lescjucls il se fonde avec le P. la Combe , pour s'appuyer de cette
y sont propt)rliomiés. lettre. Voici connue en parle M. de Cambrai :

2. « Celle i)ersonne, il est vrai , me panit fort « Je voyais,» dit-iP, «que le seul grief de ce

pieuse. Je l'e.slimais beaticonp ;


je la crus fort prélat élail le zèle indiscret d'ime femme, qui
ex|)ériinenl<'e et éclairée sur les voies intérieu- voulait trop commimiquer ce qu'elle croyait
res; (iuoi(|u'elle lut fort i|j;iiorante, je ciiis ap- bon. » Il se contente d'appeler « un zèle indis-
prendre |iliissm' la iirati(jue de ces voies en exa- cret, " d'avoir voidii introduire partout son es-
minant avec elle sesexpériences, que je n'eusse prit particulier, el même « dans les monastè-
pu faire en consullant des personnes plus sa- res, au préjudice de celui de leurs instituts. »
vantes, mais sans expérience pour la prali(|ue. 1. M. de Cambial compte pour rien celle der-
On peut apprendre tous les jours en étudiant nière parole qui loin de permettre qu'on
, ,

lesvoies de Dieu sur les ignorants expérimentés ; approcliàt .M™» Guyon des maisons religieuses,
n'aurail-on [las pu apprendre pour la pratiiine, l'en devait exclure à jamais comme une femme ,

en conversiuit par exemple avec le bon frùrc qui y brouillait tout n'est-ce pas de dessein :

l.aïuent? Voilà ce que je puis avoir dit .\ M. l'ar- formé vouloir excuser M"" Guyon, que de ré-
clievéque de Paris, et à M. Meaux, en présence duire à ime simple indisi'rétion la témérité de
uc M. Tronson *. » contredire l'esprit tiescommunaulés? Mais celle
Réponse. —
3. Encore qu'il affaiblissece qu'il que ce s.iinl piélal éloignait des monastères bien
nous a ilit de cette femme, il nous suffit qu'il réglés, croira-t-on <iu'il l'eiit laissée approcher
l'ail regardée comme une personne dans l.i- aisé'inent des autres iiersoimes pieuses, et acqué-
qiielle les voies |tarfaites étaient pour ainsi dire rir leurestime? A cela près tout allait bien, el
si réalisées, qu'on les \ vo\ait comme en celles M. de Cambrai, facile à conleuter sur le sujet de

qui sont enseignées de Dieu par l'onclion de son celle femme, se payait des complinicuU de dvi-

'
V>yc: i-i-dusiit, ( 4 — > /b., | 1 et 3 — > /»., | 8. — • B(p. '
Mtm. d* 11. de CuBhral, Krlal , iwt 4. n. 9, 11, -a, », Met »,
i i« r.ciit c. I. r- !<>' 9, 10. II. — ' Rrp 1 II Rtl»i., c. I. p. II. — • /».
,

A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 4SS

lité que lui faisait un prélat, à condition de lui « rimentée dans les voies intérieu-
et si éclairée
fermer toute approche de ses monastères. « res, » qu'il en
son amie spirituelle, et qu'il fît

étudiât ses expériences. Mais voici quelque chose


l III. Second témoignage de feu M. de Genève
de plus fort.
M. DE Cambrai. — 8. « Quoique ce prélat ait
§ IV. Sur mon témoignage de moi-même.
défendu, l'an 1688, liwes de M""» Guyon, il les
parait avoir persisté , jusqu'au 8 février de 10. « Eh bien ! citons à M. de Meaux un té-
l'an 1685 , à estimer la vertu de cette per- moin qui examiné à fond tous les ma-
ait lu et

sonne 2; » ce qu'il prouve par les paroles de nuscrits de M"" Guyon; je n'en veux point
cette letti'e, où il écrit à un ami : « Je ne vous d'autres que lui-même *... Voici ce qu'il fit
« ai jamais ouï parler qu'avec beaucoup d'elle quand elle fut dans son diocèse il lui continua :

« d'estime et de respect, etc.» Il assure qu'il en a dès premier jour l'usage des sacrements, sans
le

usé de même, et il conclut en disant « Si elle : lui faire rétracterni avouer aucune erreur dans ;

« a eu quelques chagrins à Paris, elle ne les doit la suite, après avoir vu tous les manuscrits, et
« imputer qu'aux liaisons qu'elle a eues avec le examiné soigneusement la personne, il lui dicta
« P. la Combe. Et l'on ajoute, qu'elle s'est fait un acte de soumission sur les 34 Articles, daté
a des affaires par des conférences et par des du 15 avi-il 1695, où après avoir condamné tou-
« communications qu'elle a eues dans Paris tesles erreursqu'on lui imputait, il lui fit ajouter

« avec quelques persoimes du parti du quiétisme ces paroles : « Je déclare néamnoins, queje n'ai
« outré. Quelque éloi^ement que je lui aie jamais eu intention de rien avancer qui fût
«

« toujours témoigné pour cette doctrine et pour contraire à l'esprit de l'Eglise catholique
«

« les livres du P. la Combe, j'ai toujours parlé « apostolique et romaine, etc. »

« de la piété et des mœurs de cette dame avec Réponse. —


11. Ceux qui se sont laissé éblouir
« éloge. » par un acte qui ne dit rien, doivent apprendre
Réponse. —
9. Enfin M. de Cambrai n'a rien à n'être plus surpris par de telles choses. 11 faut
pour autoriser l'estime dont il honorait Madame distinguer deux temps celui qui a précédé l'acte :

Guyon, que le témoignage d'un prélat qui en qu'on rapporte, et celui où il fut signé.
avait déjà condamné les livres; quiavait cru lui 12. Avant que de signer l'acte où Madame
devoir parler si fortement contre le P. la Combe, Guyon commençait à souscrire ses soumissions
son directeur, et contre les « quiétistes outrés » particulières, j'ai dit, dans la Relation^, que
qu'elle fréquentait. Voilà les beaux témoignages comme témoignait en tout et partout
elle les

qui ont mérité à cette femme l'estime d'un ar- dans toutes ses paroles et dans toutes ses lettres,
chevêque; ce lui est assez, qu'on parle en géné- je ne crus pas devoir la priver des sacrements,
ralhonnêtement de ses mœurs, comme on a où feu M. de Paris l'avait conservée. Je la trai-
coutume de le faire, quand on ne veut pas s'en taisavec toute sorte de douceur, n'ayant pas en-
enquérir davantage. En effet, depuis que ce core bien détcrniiné en mon esprit, sises visions
saint évêque s'est senti obligé à entrer plus avant venaient (l(> [irésoniption, de malice, ou de quel-
dans cet examen il a chassé de son diocèse ,
que débililé de son cerveau. On ne connaît l'in-

M"" Guyon avec le P. la Combe, non -seulement docilité et l'opiniàlrelé, que par les désoliéissan-

pour leurs mauvais livres, mais encore pour leur ces, ou par les rechutes et les manquemenls de
conduite scandaleuse. S'il a jjarlé plus douce- parole. Ainsi, la voyant docile en tout à l'exté-
ment de la conduite de M""' de Guyon, avant que rieur, je la laissais entre les mains de son confes-
d'être bien informé, il ne s'ensuit pas qu'il faille seur, honune habile, dcicleur de Sorbonnc, et
produire des paroles générales connue des attes- ancien chanoine de l'Eglise de deaiix sans ,

tations aulhcnliqucs, ni que ce prélat ait eu in- m'informer du particulier; et je la traitai en in-
tention de reconnnander sa vertu, et de la ren- firme avec toute sorte de condescendance, selon
le précepte de Saint Paul « Recevez celui
dre estimable. Il serait bien étonné, s'il revivait, (pii :

de se voir citer comme défenscui- de M""* Guyon •


a est infirme dans sans dispute ni conlen-
la foi,

et, après ce qui s'est (lassé depuis, il ne fallait « tion^. » C'est une insigne témérité de condam-

pas remuer ses cendres contre sa pensée. Au ner cette conduite, qui au contraire me domio ,

reste, il est évident que les lettres de ce prélat lieu de dire à M. de Candtrai avec l'ApoIre, ,

ne font pas voir dans M""'=Guj on la moindre tein- dans une affaire de pun; police ecclésiasli(|uc •
ture de cette haute spiritualité, ipii l'a pu làire « Qui êtes-vous pour juger votre hère ? » '

regarder par M. de Cambrai « connue si cxpé-


' Rpp. 4 la Iftlat , c. 1, p. U. — = Ucl«t., scci. 1. ii. J, *; «cl. »,
n l, 2, 3, 20, 21 ; Btct. 3, n. 18, ctc — ' K'"! , M», I. — ' lli-
' id'ii. 4 la Belat , c. I, p. lï. 4. lu.
i"(\ nEMARQITS SUR LA RÉPONSR

13. A la si^'iintiirc, je ne fis (juc mliijer par ce qu'elle ne dit point, ni insérer dans mon
écrit cr (iirclle m'exiiosiil do ses Sfiilimcnts. procè>-\eilial ce (pu n'> fut jamais. M. de Cam-
coiimic ?» une |)erM)iuie
AitiNJ je lui laisSiii dire brai (leme(u°e la souscription de
d'accord de
i^iioianle, mais docile, lellc que je la cro\ais .M""' l'Urdounauce où je censurais les
(iiiM)n « à

ali)i-s, «qu'elle Menait eu aucune inleulion de « livres de cette personne. » Cette censure e.st

rien ensci^;ncr contre la foi de l'F.Klise. » Est-ce pu!ili(|ue et si, avant (pie d'en |iarler, .M. de
:

là un crime (|ui mc^rilH d'iMrc relevé par un ar- Cand)rai avait dai^rné la relire, il y aurait trouvé
clie\ù(|ue, (|Mi de iIcsmîu prémcdili' ne voudrait le Miiycu court , la Itfffle tles axnociès et Vlnter-
pas tourner tout eonlie un cunirère imiocenl ? pn'lation du Cantique ilcs cimtiques. expressé-
l.li liicn! M""'(;uw)n n'a>ail pas ini dessein formé ment condamnés avec la Guiilc xpirituelle de
d'écrire conire l'Kfiiise : celait laililesse: c'était Molinos, en ces termes : « le.s<piels livres, déjà

i;;norance, si l'on veut je lui aillais (juchiuefois : notés par divei"ses censures, nous condamnons
à s'expliquer dans les termes les plus coidormcs d'abondant, comme contenant une mauvaise
à ce qui me paraiss;iil ùlre de son interdion. docirine, et toutes ou les i)riiicipales |iroposi-

f,i.de Cambrai appelle cela « dicler un acte » ;


tions condanmécs dans les Articles
ci-dessus
cl il en conclut (pie j'aidorisc le sentiment cpie su.sdits » (jui sont les 3i d'Issy. De celle sorte,
' ,

cette fenune avait d'elle-même. .Mais un pré- M. de Cambrai étant convenu que M"" Guyon
lat exercé dans les |)rocédiues de celte sorte, avait souscrit à la condamnation de ses livres,
devait savoir le contraire, jinisque, après avoir portée par celte censure, ne peut nier, sans une
écrit ce qu'elle voulait je ne fis que lui ,
insipne infidélitéqu'elle ne les ait condamnés
,

<lonncr acte de sa déclaration , comme j'y connue o contenant une mauvaise doctrine et
étais ol)lij,'6, cl lui enjoindre en jieu de mots toutes ou les principales propositions condam-
ce qu'elle devait croire et pratiipier. C'est nées dans les Articles d'l.s.sy, » (jui au.s.si étaient
ce qui paraîtrait par l'expédition de l'acte ,
insérés dans la censure, comme en faisant le
si M. de Camiirai l'avait produite :pour moi, je fondement principal. J'ai rapporté en substance
n'ai iiasbesoinile^irossir un livre en transcrivant avec cette censure, l'acte ou .Si™ Cuyon y sou.s-
de lon^s actes, qu'on rapportera peut-être jilus criviP. Je l'aurais rapporté entier, s'il eût été
couuni'dément ailleurs quoi(|u'ilen soit, M. de :
nécessaire, el si l'on n'eût pas évité de grossir

Cand)rai (pii.servir contre moi


s'en veut doit , nn livre, en y insérant de lonjçs actes qui n'y
l'avoir, ou rccounaitre qu'il m'accu.se à tort. étaient pas contestés. Si présent M. de Cand)rai .'i

14. Kn i)asi>aut on voit que cet archevêque y ajoute ce qu'il lui plaît, ou il l'a vu dans l'acte

éclairait de i)rès.M""Guyon, pendant ({u'elle était même, el dans (juehpie expt'-dition autlieuti(iue ;

entre mes mains cl qu'elle lui rendait bon ,


ou il ne l'a pas vu et il le laconte h sa fantaisie
,

compte de mes procédures mais on va voir ;


sur la foi de M"" Guyon ou de (jnelque autre.
néamnoins qu'elle le trouqiait, etipi'il voulait se S'il l'avait vu, il en aiuait fait mcnlion ; il aurait

lai.vser trouqier. produit la pièce dont il se .sert ; s'il n'a rien vu,
connue il est certain, puisqu'il ne iieut pas avoir
I V. Aiilro ti'moignage lire de moi-mi'mc.
vu ce qui n'est pas il doit avouer que son amie ,

M. DE Camiiuai. —
13. « M. dcMeaux lui dicta ou queli|ue autre sur sa parole lui a menti, et
encore ces paroles dans sa souscription à l'Or- (pi'il adhère trop facilement à un mensonge

donnance où il censurait les livres de cette per- évident, en alU^iiant un acte faux.
t^oniie « Je n'ai eu aucune des
: erreurs expli- 1". l'ar ce nio\en, ilus de la moitié de la
» quées dans la dite Lettre jiastorale , a\anl JWpovse toMd)e, fondée dans sa
puis(|u'elle est

« toujours intention d'écrire ilans un sens très- jdus i^mde partie sur un acte inventé. Toutes
« Gilbolique, etc. Jcsuisdausladernicredouleur les fois qu'on trouvera dans la Rqmise de M. de

« que mon i;;norance, et le peu de coimaissancc Cambrai cel acte, où M""" Guyon dit d'elle-même
« des termes, m'en ait lait mettre de condam- de si belles choses, c'est-à-dire cent et cent fois

• nablcs '. » (car les redites ne sont pas é|iar(;née.s), qu'on sc


lOi'oNsi.. — 10. Tout cet endroit rapporté par souvienne (pi'il est faux d'iui bout l'autre. Si i'i

M. de Cambrai, connue compos-inl la décla- l'on en doute, je le produirai avec tous les

ration de M"" (inyon, est inventé d'un bout a autres, mais en attendard et |iour abn^per, il

l'autre. Ce prélat en devait produire l'expé- suffit (pidn n'ait osé ni produire ni pas même

dilion, s'il l'a en main, ou supprimer tout ceci mi'iilionuer, ni l'acte, ni l'exiieililion, comme on
s'il ne l'a pas, et ne pas faire Jiic à celte feuiinc
a l.iit celle de l'attestation qu'où a tant vantée.

t
Jttf. i Ia RcUI .
<-. l, p. Ub. '
Ordonntnc* du 16 »vril 1695 — ' Rtl»» , «et a.
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME 151

J VL Sur mon atleslation et sur celle de M. de Paris. User dans l'Eglise, ou de répandie ses écrits
imprimés ou manuscrits, ou de conduire les
M. DE Cambrai. —
18. « C'est sur ces décla-
âmes dans les voies de l'oraison ou autrement ? »
rations de ses intentions faites devant Dieu, et
Qu'y a-t-il à craindre de la direction d'une per-
dictées par ce prélat, qui lui donna l'attestation
sonne « à qui on défend d'écrire, d'enseigner,
suivante : « Nous, évêque de Meaux, » etci. »
dogmatiser, diriger ou conduire sous quelque
19. « M. l'archevêque de Paris a suivi la même
prétexte que ce soit ? » Que M. l'archevêque de
conduite, etc 2. »

Réponse. —
20. Je défendrai donc tout en-
Cambrai; qui n'aspire plus qu'à se justifier en
m'accusant, pousse sa critique où il voudra, il
semble par une seule et même raison la con-
ne trouvera lien d'omis dans cette alteslalion
duite de ce prélat et la mienne. Pour la mienne,
qu'il a rapportée '
; et si M""« Guyon avait été
elle consiste en deux choses, dont l'une est ce
fidèle à des soumissions si expresses, l'affaire
que je condamne dans M"' Guyon; et l'autre est
était finie de son côté. Je suis donc autant irré-
ce que j'y excuse ce que j'y condamne est
:

préhensible à réprimer sa conduite qu'à con-


encore subdivisé en deux points, dont l'un re-
damner ses erreurs.
garde ses erreurs, et l'autre regarde sa con-
25, un point où je lui ai laissé déclarer
Il y a
duite.
ce qu'elle a voulu pour sa justification et son
21. Pour les erreurs, l'attestation porte que
excuse et c'est celui des abominables pratiques
,
« je l'ai reçue aux sacrements au moyen des
deMolinos, où mon attestation porte que « je ne
actes qu'elle avait signés devant moi. » Or, ce
l'ai point trouvée impliquée, ni entendu la com-
qu'elle avait signé, c'était, comme l'avoue M. de
prendre dans la mention que j'en avais faite
Cambrai 3, la formelle condamnation de ses li-
dans mon Ordonnance du 16 avril 1695. » C'est
vres comme « contenant une mauvaise doctrine,
qu'en effet je ne voulais pas entamer cette ma-
et toutes ou les principales
propositions réprou-
tière, pour des raisons bonnes alors mais qui ,
vées dans les Articles d'issy. »
pouvaient changer dans la suite ce qui après :

22. S'il y avait quelque erreur singidièrement


tout n'était pas tant justifier M'n^ Guyon, que sus-
pernicieuse dans la doctrine, c'était la sup-
pendre l'examen de ce côté de l'affaire. Ainsi
pression des demandes et des actions de grâces.
j'ai lâché, selon la parole et l'exemple de Jésus-
Or j'avais pourvu à ce point en lui prescrivant
Christ, à garder toute justice, et à satisfaire égale-
dans l'acte qu'elle souscrivait, « de faire aux
ment h tout ce que la charité et la vérité me
temps convenables les demandes, et autres actes
demandaient.
de cette sorte, comme essentiels .i la piété, et
26. De cette sorte, mon allestation, que
expressément commandés de Dieu, sans que
M. l'archevêque de Cambrai a produite pour me
personne s'en puisse dispenser, sous prétexte
convaincre, a démoniré mou entière justifica-
d'autres actes prétendus plus parlaits ou émi-
tion puisque ce prélat n accuse M. de Paris que
;
nents, ni aulrcs prélcxtes quels qu'ils soient.
de la même conduite il faut qu'il se laisc à son ,

Ainsi signé dans l'oiigiual f J.-Bé.migne, évê-


égard comme au mien. J'ajouterai seulement
:

que de Meaux J.-M.-B. de la Mothe-Guyon en


; :
que M. l'arclievècpie de Paris a lait plus que moi,
date du 1" de juillet 1G95. »
et que les expresses conlravcutious â des paroles
23. Quiconque sauia comprendre où consiste
souscrites, dont M"» Guyon a depuis été con-
le quiélisme, verra que non-seulement il était
vaincue, ont obligé ce prélat â de plus grandes
condanmé en général mais encore en particu- ,
précautions envers celte femme en sorte que, ;

lier expressément proscrit par ces paroles par s'il faut jamais produire les actes eiiliers, au lieu
:

où aussi se justilie clairement ce qui est porté


que M. de Camlirai les a donnés [)ar lambeaux,
(l.ms la Ik'Idtiun'', qu'on a fait en particulier
et avecdes addilions supposées, ils le couvriront
condannier par actes à M""' Guyon les principales
encore plus de confusion qu'il ne l'est pai l'évi-
proposilions du (piiélisnic aiix(pi('ll('s ;iIkiu-
dence de ce que j'ai dit, et par l'im|iossiliilitc de
lissaicnl toutes les autres. La plus sévère ciilKjue
prouver la moindre chose de ce qu'il avance.
peut-elle rien opposer à celte condamnation des
erreurs ? J vil. S'il est vrni que je n'aie rien répondu sur lo sujet
de M"" Guyon.
Pour les conduites particulières de Madame
24.
Guyon, qu'y avait-il de plus ellicacc pour la ré- M. DI-: CASinnAi. — 2". Tout l'arlifice de M. de
primer, « que les défenses par elles acceptées Canii)rai est de me représeulei toujours connue
avec suumisbion, d'écrire , enseigner cl dognm- un homme « cpii ne époud i i icu ^, » à qui ciiMiifc
ilcompose des réponses à .sa fantaisie, en siiii[)ri-
' R«p. i I* Rolat., c. 1, p. 16. — > 71., p. 17. — > 10., p. 15. —
• U'Iol., Met. 1, n. 4; scct. 3, n. 18. > lt;'p. i la Itclat, c. 1, p. 16. — > Uid., p 32.
il nEMAKQL'ES SUR LA REPONSE

niant les mionnos qui sont sans réplique. En mes prenant aucune part. » Il .s'aps-
livres, n'y

voici lin exemple ' Pourquoi M. de Meaux se


: « sait donc que de la conduite
tant de la doctrine, :

vaulc-l-'i tic me eipiivaincre de faux ? En avouant car ma Icllrc du A de mars lui re[iréscnlait éga-
le l'ail que j'avanf(\ c'est-à-dire la communion lement SCS excès, .SCS égarements, ses erreurs
de Paris (juil lui donna de sa propre main, il ne insupportables cl insoutenables dans les termes,
répond rien (remarquez ce mot) aux nYMiiienlcs dans les choses mêmes, et sur le fond dans les :

communions qu'il lui a permises h Meaiix i)eu- expressions, dans les sentiments; contre la rai-
dant six mois, sans lui avoir jauiais lait avouer son, contre l'F^vangile, contre l'esprit del'Egli.sc:
ni rétracter ce fanatisme, où elle se cro\ait la elle ié|)ond à tout cela en avouant, en se sou-
leiiune de VApucalypse , et l'épouse au-dessus de mettant .sans ré.seivc n'est-ce rien lui faire
:

la mi-re. » avouer, que de lui faire avouer toutes ces cho-


Kl i'0>8E. — 28.
« Je ne réponds rien, » dit-il. ses? On nous la représente comme une personne
• avouer h M""' (un on » N'est-ce
je n'ai rien fait ! qui nous suiilenait qu'elle n'avait jamais eu au-
rien ré|iondre, (pic lie dire qu'on lui a laissé les cune crrcurde cellesqu'oului laissait condamner;
sacrements h cause de sa soumission absolue, et celle lettre montre un esprit tout contraire :

réitérée par tant de déclarations de vive voix, et ajoutez toutes les défenses portées dans les actes
[lar tant d'acles souscrits de sa main ? pour venir et dans la propre alleslation que M. de Cambrai

au |)arliciilicr, M. de Cambrai osci ait-il dire que produit. Il ose dire, après cela, que je n'ai rien
je n'ai rien déclaré à M™" Guyon de mes senti- répondu, lui qui sait, qui voit de ses yeux toutes
ments conire ses erreui-s, que le public con- mes jiréciscs réponses, dans ma Relation, dans
naissiiit, après ce qui est écrit dans les Etats un livre qu'il a en main, et sur lequel il tra-
d'oraison sur la signature des articles ^ ; et sur vaille. Non-sculemenl j'ai répondu, mais encore
sa souscription aux censures du 16 et du 25 ma réponse est irréprochable. J'ai les deux lettres
avril IGl'o, contre ses livres comme contenant dont il s'agit la mienne dans une copie que je
:

une mauvaise doctrine Veul-on venir aux con- ? retins alors, et celle de .Mme Guyon en original';
duites particulières de cette femme ? n'ai-je pas la seule crainle d'endiairasser le lecteur d'une

dit que je commençai par « défendre ces absur- longue et inutile lecture m'empêcha de les pro-
« des coumuinicalions de piAces, » et que duire. Mais enfin .M. de Cambrai veut-il n'avoir
M'"'"Gujon répondit qu'elle obéirait à celle dé- jamais vu ces lettres mentionnées dans ma ]Ma-
fense aussi bien qu'au commamlemcnl donné tion : ou veut-il lesavoir vucs?Ce qu'illui plaira;
exprès jiour rempécber de se mêler tle direction, car il lui faut laisser le champ libre, pour dire
fomme elle faisait avec son autorité étonnante?» ce qu'il veut avoir vu ou non : s'il les a vues, et
M. de Gambiai ne lit pas le livre qu'il réfute il ; que M"^' Guyon, qui lui rendait compte de tout,
ne lit que ce qui comientà sa i)réveutioii, et à les lui ait communiquées, il m'accuse à tort de
l'avantage qu'il veut prendre, en disant qu'on ne n'avoir satisfait à rien, puisiju'il |)arait par ces
lui répond jamais rien. lellres que j'ai satisfait h tout. Mais s'il veut n'a-
211. Poin- |)eu (pi'il eût consulté mon livre, il voir rien vu de tout cela, et qu'il m'accuse ce-
y aurait lu, que le \ de mars lG9i, j'écrivis une pendantau hasard, et sans en rien .savoir, d'avoir
grande lettre à Mme (Jiiyon,
où je lui marquais manqué à tous mes devoirs, il est le plus injuste

tous mes .sentiments « sur cesprodigieusescom- de tous les accusateurs, et dit tout à sa fan-
munications, sur l'autorité de lier et de délier, Uii.sic.

sur les visions de VAjwcalijpin', et les autres choses 30. Il répond peut-être, dans l'humeur con-
que j'ai racontées 3. » \\)i\h doue une répon.se tredi.sanle (pu le tient, qu'il lallait rendre ces
préci.se sur les chefs où l'on a.ssure que je ne ré- lettres piibli(]ues ; quoi, dans le temps qu'on es-
ponds rien. J'ajoute que la réponse de Mme pérait de ramener une ignorante soumise'' que)
Gu)ou, qui suivit de près celte grande lettre, prodige d'inhumanité ! 11 faut noter publique-
était très-soumise, et s'il en faut dire les lermcs ment les erreurs publiques : il faut même décou-
|)oiir conU'uler M. de Cambrai, Mme Guyon y vrir les plaies e.icliées, quand elles parais.sent
répète à chaque ligne « Je me suis trompée : : irrémédiables et contagieuses; voilà les règles de
j'accuse mon orgueil, ma témérité, ma folie; et l'Evangile, que j'ai su'ivies : le contraire est outré
remercie Dieu qui vous a inspiré la charité de ou laible.

me retirer de mon égarement je renonce de ,

i Vlll. ni-nexions iiir rnrilcle II.


tout mon CQ'ur ficela; je consens tout de nou-
veau (pi'oii biùle mes écrits, et qu'on censure M. On voit d'abord qu'il n'y a rien de sérieux
> ll^p. à II Délai c. 1, p. 33. — •
UH. tur Im iiati d'or., 1. x. — dans le discours de M. de Cambrai ce ne sont :
,

• ne'.»"., tel. 3, n. SI. (|uejeii\ d'esprJI, (]ue tours (riinagination. Tout


A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 1S9

ce qui lui fait si fort estimer M'"^ Guyon, dans Paris les des Nouveaux Catholiques dont
tilles

tout autre aurait produit un il ne


effet contraire; vous étiez alors supérieur, et vous n'avez pu
garde pas même Pour fonder
l'ordre des temps. ignorer ce qui se passa sur ce sujet environ en
l'estime qu'il fait commencer environ en 1689, l'an 1686. Vous voyiez marcher devant vous les
ilallègue des lettres et des actes de 1694 et de censures de Rome de
1688 et de 1689, contre les
1693. C'est vouloir montrer qu'il l'estime encore, livre du P. la Combe et de M"^' Guyon 2 les or- :

depuis môme qu'elle est condamnée par les pré- dres du roi pour renfermer ce religieux aussitôt
lats qu'ilappelle en témoignage. 11 n'y a que la qu'il fut revenu en France avec M'"^ Guyon, après
lettrede 1683 de feu M. de Genève, qui précède leurs voyages, et les perpéluels soupçons que
la date que M. de Cambrai a donnée au commen- l'on eut de leur mauvaise doctrine et de leur
cement de son estime. Mais cette lettre éloigne mauvaise conduite encore cachée alors, mais qui
31me Guyon, comme la peste des communautés. n'a que trop éclaté depuis. La conduite du dircc-
M. de Cambrai demeure d'accord, que l'autre tem" faisait-elle beaucoup d'honneur à la dirigée?
lettre du même prélat avait suivi la condamna- Voilà ce qui précédait le choix que vous avez
de ses mauvais livres avec
tion qu'il avait faite fait de celte fennne pour être « votre amie dans
ceux de Molinos, comme contenant la doctrine le commerce spirituel, » que vous racontez.
des quiétistes. On peut juger combien cet évêque 33. Ici toute votre ressource est de m'impli-
estimait M™« Guyon, infectée de ces sentiments. quer, si vous pouviez, dans votre erreur. Vous
Il semble que M. de Cambrai veuille se moquer avez vu, dites-vous, marcher après vous « l'attes-
quand il se fonde encore sur mon témoignage; « talion de M. de MeaiLX >; » où M""« Guyon est

mais pour cela il me suppose des actes faux il :


si estimée, « qu'on lui défend d'écrire, d'ensei-

hasarde tout ce qu'il lui plait, sur la foi de M^^ gner et dogmaliscr dans l'Eglise, ou de répandre
Guyon : il avance, contre la vérité du fait, que je ses livres imprimés ou manuscrits; ni de con-
ne réponds rien à ses objections, que je ne fais duire les âmes dans la voie de l'oraison ou au-
rien avouer ni rétracter à U'"^ Guyon, pendant trement. » Vous faites encore marcher après
qu'il voit le contraire pendant que, dans le fait,
; vous un acte qui ne hit jamais, comme je viens
il est constant que je réponds amplement à tout de le montrer; et je perdrais trop de temps si
:

et qu'il est certain, dans le droit, que mes ré- je voulais raconter ici tout ce qui a véritablement
ponses sont sansréplique. Comment veut-il qu'on marché après vous contre cette fennne, que vous
appelle ces expresses oppositions à la vérité, et estimez tant, et que vous avez « laissé » tant
après cela de quelle croyance veut-il être digne « estimer. »

dans ses récits?


32. Quand
il dit pour autoriser son estime : ARTICLE m.
« marcher devant moi les lettres de feu
Je vois
SUR MA CONDESCENDANCE ENVERS MADAME CLYON
BI. de Genève;; je vois marcher après moi l'attes-
ET ENVERS M. DE CAMBRAI.
tation de M. do Mcaux ne lui peut-on pas ré- ' :

pondre avec vérité Non, vous ne voyez point : g I. Mes paroles, d'où M. de Cambrai lire avantage.

marcher devant vous les lettres du feu évêque de trouve deux choses qui ont un grand
1. Je
Genève et pour ne m'arrèter pas h la date pos-
;
rapport dans la Réponse de M. de Cambrai :

térieure d'une de ces lettres, quand vous avez l'une est l'avantage qu'il lire de ma condescen-
commencé d'estimer Mme Guyon, en l'an 1689, dance envers M"° Gu}on l'autre est celui qu'il ;

vous voyiez ni.irciicr (levant vous, en 1683, une tire aussi de ma douceur envers lui-même.
lettre qui convaimpiait celle fennne de renverser 2. J'avais raconté, dansmayWrtMdn^, la prière
i'cspiil descomnnuiautés les i)lus saintes; vous que m'avait faite M. de Cambrai, de « garder du
voyiez marcher devant vous un ordre du même « moins queUiues-uns de ses écrits en témoi-
prélat, qui, conformément à sa lettre, l'éloiguail, « gnage contre lui, s'il s'écartait de mes scnti-
avec le i'. la Coinho, de .son diocèse, où elle « menis » et la réponse que je lui fis sur celle
:

brouillailles comnnniaulrs. Vous voyiez encore proposition «Non, Monsieur, je ne veux jamais
:

marcher devant vous la censine du même évê- « d'aulre précaution avec vous, que voire hoime
que, de 1688, oi'i les livres de cette fenunc si « foi. Par ce motif obligeant je rendis tous les
r,

cstimahlc sont condamnés avec ceux dcMolinos, « papiers» que l'on m'avait confiés, et ce pro-
« comme contenant les maximes artilicieuses du cédé de confiance m'a attiré le reproche (lu'on
« (luiétisinc. » Vous voyiez marcher devant vous va entendre.
tout ce que fit ce piélat pour faire ra|)|)eler à
' Actes contre la qulélismo, t. xv, p. Ï80, asfl. — ' AlK»lal. <i«
M. Moniix, n<.îp. do M. do Camlirnl, c. I, p. 11?,
.!<• U. — ' Kol»t •

'Kip., c 1, p. U. Met. 3, h. 14.


ICO REMARQUES SUR LA RfiPONSE

i" lui-môme. Je ne raconterai pas ces vaines redi-


puisque je suis assuré (jii'on me rendra té-
M. PE CAvnnAi. — 3. « Mais rnrore d'où vient
tes,

moignage d'avoir mis ici tout le fort.


(|iit* M. «le .MtMiix n'a ^'aiiir-aiiciiM île ces rnaniis-
n ils de conune
Ri-i'o.NsK. — Premier pintit : liaisons demé-
le
iin|>ios (|iie Je le priais

reconnail «lanssa
j;ai(icr,
lirlatinii ? i'iiis(in'il ne rn'a-
il
tiaqer M. de Cambrai. 6. Je réponds —Mes :

motifs, pour ne pas pousser M. l'abbé de Fénc-


vail pas encore dc^sabiisé de Lnnl d'eirenrs eapi-
ion. étaient justes, malgré ses erreurs, qui m'é-
lales. ne devait-il pas;;aider mes »^('rils()()iir nie
taient ciinmies :
niontier, papier sur la laltic, enrpioi je m'étais
i . nous les découvrait avec une
C'était lui qui
effaré? Uu'y aNait-il de |iliispropre |ionr cette
si apparente ingénuité, que nous ne pouvions
disciissinii, que de f.'aiiler. selon mon offre, dans
douter de sa confiance, ni connaître sa confiance
l'altenle d'un eliarilalile éelaiicisscment, ces
sans espérer son retour.
maniiscrils, où mes illusions étaient si mar-
2. Il promettait une entière soumission avec
quées ' î »

4. Voici encore la réflexion de cetarclicvêque, les termes les plus elfiaices qu'on eut pu choi-

surceqiie jedis de sesU'ttres (pii poiivaieiilpeiit-


sir, « jusqu'à |)romettie dès le premier mol sans
ôlrc servir à « lui rappeler ses saintes soumis. discussion, comme un petit éc(dier, de se rétrac-
« sions, en cas qu'il lut tenté de les oublier 2. » ter, de quitter tout, sa charge même, el se rcli-
« Il ciiiyait donc, répond-il •'.(jueje pouvais être i-er pour faire pénitence. » On n'a qu'à relire
ses lettres, et on jugera si jamais on a exprimé
tenté d'oiihlier mes soumissions, i'our s'assurer
sa soumission en termes plus forts, et avec un
contre ce cas, n'étail-il pas encore plus impor-
plus grand air de sincérité.
tant de garder des preuves de mes erreurs que
Ses erreurs n'étaient pas connues il y avait
cellesde mes soumissions? » :

bien des bruits répandus de son étroite liaison


5. Il fait un autre raisonnement * « On peut :

avec M"" Guvon; mais personne, qui nous fût


juger de ce que M. de Meanx [lensait alnrs de
connu, ne savait qu'il fût son approbateur, ni
mes égarements, par les cho.ses qu'il en dit en-
qu'il en voulût soutenir ni pallier la doctrine. Il
core aujourd'hui. « Je crus, » dit-il '•>
« riii.stnic-
y avait de rinconvcuient à faire i)araitre de la
« tion des princes de France en trop bonne
division dans l'Kglise sur cette matière h don- ;
« main, pour ne pas faire en cette occasion tout
ner de l'autorité à l'erreur par une approbation
« ce qui servait à y conserver un dépôt si iin-
si considérable à pousser un homme important,
« portant. » U'iclque soumission et quelque
et à le jeter peut-être dans une invincilde opi-
fincérité (jiiej'euss<', pouvait-il croire ce dépôt
niâtreté.
important en bonne main, supposé que je crusse
i. Si ces erreurs étaient excessives, leur excès
que la pci lection consiste dans le désespoir, dans

l'oiibli de Jé.siis-r,liri.->t, dans l'extinclion de tout


même nous persuadait qu'il n'y pouvait pas per-
sister longtemps, surtout dans une matière qui
ce cuite intérieur, dans un fanatisme au-de.ssus
n'était p.is encore si bien éclaircie qu'elle ne pût
de toiile loi? Ces erreurs moii^tnieii^es sont-elles
de telle nature qu'un homme tant soi peu éclairé
donner lieu à quelque surprise passagère.
5. Ce n'était pas lui seulement que nous
ait pu de bonne foi ignorer (pi'elles renverseiii
croyions ramener, mais encore ses amis qu'il
lechristianisme et les bonnes nuriirs'/ Kst-ce
tenait absolument en sa main, et nous espérions,
un fanatique admirable d'une femme, qui se dit
plus parlaite que Sainte Vierge, et destinée à la
en les ramenant avec lui, sauver de dignes
sujets.
eiilanter une nouvelle Eglise: e.st-ce le Montan
delà nouvelle l'riscille. dont la main estsi bonne
G. A la vérité, nous déplorions son entêtement
sur le sujet de M""" f.nvon, mais nous la voyions
pour le dépôt important de l'instruction des
elle-même à l'extérieur si disposée à la soumis-
princes? me croire propre à une ins-
1 levait-il
sion, et à renoncer tant à sa mauvaise dociriiic
truction importante, avec des erreurs si pal-
si
qu'à ses aiitiTs illusions, que nous ne pouvions
pables, avec un cerveau si all'ailili, avec un cœur
égaré?.... .Ma soumission .seule,
nous persuader ([u'il dût arrivera .M. l'abbé de
si .si j'eusse en
Fénelon de la soiileiiir jibis qn'elli* ne fai.sail
tant d'erreurs impies, ne pouvait jn.stider ce
elle-même. Nous ero\ions mêmcipie l'Iioimeur
jnélat. Ou il a trop peu fut en ce temps-là. où il
du monde nous aiderait en cela, eliprim homme
a l.iit biaiicoiip trop maiuleuant. » Al. de Cam-
de celte conséipiencc ne voudiail|)as comuiellre
brai répète cent lois les raisomiemenls mêmes
sur ma douceur envers M'"' Guyon el envers
Sji répiilatiou à proléger celte témme, à se décla-
rer son disciple el son M'ctateiir. pouvait
[}ui
' H»p , r. 2. p. 45 — ' Bel.it . Met. ï. n. 10. — » lUp., p. 03. — im.ipiiier tous les Imirs qu'il donnerait à son es-
< /t., p. 61, £3. — > Ilcltt., MCI. 3, n. 0. prit |iour la défendre, pour labandouner, pour
A LA RELATION SUR LE QUlfiTIS^fE. 1G1

la sauver, pour la condamner en même temps? j'ai dénoncé M. de Cambrai, brûlé M^n^ Guyon
Le monde n'avait jamais vu d'exemple d'une de mes propres mains, toute renonçante qu'elle
souplesse, d'une illusion et d'un jeu de cette était à ses visions et 5 ses erreurs; que ne dirai!
nature. pas M. de Cambrai contre un procédé si inique!
7. Je n'étais pas seul de cet avis j'étais ap- : Je vois donc bien ce que
j'ai anaire à un c'est :

puyé par les senliuients d'un prélat aussi sage homme enflé de éloquence qui a des cette fine
que M. de Chàlons, et d'un prêtre aussi vénéra- couleurs pour tout; à qui même les mauvaises
ble que M. Tronson, qui avait élevé M. l'abbé de causes sont meilleures que les bonnes, parce
Fénelon et que cet abbé avait toujours regardé
; qu'elles donnent lieu h des tours subtils que le
comme son père. Nous ne désavouerons pas que monde admire; à des inventions délicates qui
l'amitié ne soit entrée dans nos sentiments on :
ne subsistent sur rien, et dont on est l'artisan et
est bien aise de la concilier avec la raison, et le créateur. Que lui dirai-je, sinon avec l'Evan-
celte disposition n'est pasmalhonnête. gile 1 Nous avons chanté d'un ton agréable,
: «
Deuxième point : Avantages que tire M. de « et vous n'avez pas dansé nous avons entonné
Cambrai de ma condescendance. 1. Après tou- — « des chants lugubres,
;

et vous n'avez poin,


tes ces raisons, nous avons l'événement contre « pleuré. Jean est venu ne
mangeant ni ne bu-
nous et c'est pourquoi je me tais, et je me laisse
: « vaut, » avec une austérité et un jeûne effroya-
juger comme on voudra. Mais quant à M. l'abbé ble, « et ils disent Il est possédé du malin :

de Fénelon, pour me condamner comme il le « prit; le Fils de l'homme est venu » dans une
i\l sur mon énoncé, il faut qu'il ait dépouillé vie plus commune « buvant et mangeant » avec
tout sentiment humain, et qu'il parle contre lui- les hommes et ne
dédaignant pas lem-s festins,
même plus que contre moi. Il faut qu'il dise :
« et ils un homme de bonne chère I»
ont dit: c'est
V'ous avez tort de m'avoir cru sur mes soumis- Ils sont prêts à tout contredire. Quoi vous aviez !

sions, vous deviez sentir que j'en savais plus que peur de M^i^ Guyon ; cette pauvTe femme affli-
vous, et que mieux et plus finement qu'aucun gée, captive, que personne ne soutenait 2 ? Mais
autre homme du monde, je savais donner de quoi d'autre part, vous ne la brûliez pas avec
!

belles paroles à un homme simple. Que M. de ses hvres 3? Quoil vous m'avez épargné moi-
lleaux était innocent de s'amuser à mes promes- même pendant que j'étais entre vos mains ? vous
ses! comment n'avait-il pas l'esprit de songer n'avez point publié mes erreurs cachées ? Quoi 1

que le temps les demandait alors que je saurais ; vous ne voulez pas m'aider à les couvrir de sub-
bien en un autre temps reprendre mes avanta- tiles excuses, après que je les ai déclarées? Quoi
ges, et me relever, aigres être venu à mon but? que vous fassiez, vous aurez tort. Mais malgré la
Non, il ne faut rien donner à l'amitié, à la con- Subtilité et l'esprit de contradiction qui anime
fiance, à la réputation où était un honune vous : les sages du monde, il n'y aura que la paille qui
deviez me pousser à bout et n'attendre pas que soit emportée, « et la véritable sagesse sera justi-
je vous fisse un crime de votre douceur. fiée par ses enfants » '•.

8. Voilà, dans le fond, le raisonnement qu'il 10. Quel est le vrai caractère de cet homme
faut faire pour nous condanmcr mais en même ; contentieux, dont rApotro a dit « Nous n'avons :

temps, voilà de quoi rendre les honnnes défiants « pas cette coutume, ni l'Eglise de Dieu 5?» Et

à toute outrance, et leur procédé le plus pur, n'en est-ce pas un trait trop visible, de faire un
le plus inhumain et le plus odieux. Pour crime à un ami, d'avoir voulu gagner le cœur
moi je n'en sais pas tant, je le confesse, je cl le prendre par la confiance? C'est ce que j'a
ne suis pas politique, je ne connais pas les raffi- vais espère, en refusant l'uHre que rccomiait
nements qui font les esprits que les gens du M. de Cambrai, de me liiisser quelques-uns de
monde veulent nommer supérieurs. Simple et ses manuscrits, pour le vaincre en cas qu'il vînt
innocent tliéologien, je crus avoir assez lait pour à changer. 11 est vrai naturellement que je fus
lu vérité, en liant iM. de Cambrai pardes articles louché de ce moyen {pi'il trouva d'assmer sa
tbéologiqucs mais j'ignorais que certains esprits
: sincérité, en me laissant contre lui de telles
se mettent au-dessus de tout; (jii'ils établissent preuves. Mais moi, tant jetais sini|ilo, plein de
un nouveau langage qui fait dire tout ce qu'on candeur et de confiance; moi, dis-je, qui ne
veut; et que, pleins de distinctions et de défaites, voulais mettre ma sûreté que dans son bon
en trompant visiblement le monde, ils savent cœur, je rehisai toute anire assurance; et après
encore se donner des approbiilems. que, pour gage de sa bonne foi, je n'ai \ouhi
9. Tournons néanmoins la méilaille; faisons qu'elle-même, il me vient dire aujourd'hui vous :

que j'aie sinvi ces nobles conseils; (jue sans


' Mullli. XI, 1: i.,-.| — ; Miin. iloM.ilo ( .ini;.i 1;, ;,,;.i/., MCI 4.,
égard à promesses, soumissions, inconvénients, II. lu. — '
ini) c. Il, y. ^li. — ' itallh., XI, IJ. — C../.. (I, lu
,

li. Ton. VL H
162 nrMARQUES SUR LA REPONSE

!,oilcz (le la vraisernhlanro, quand vous vous voilh mon crime envers ce prélat : coiiiine .s'il

vantez de vous vUe fié mon bon cœur, et le .'i


voulait avouer qu'il fallait le connaître mieux
mien iiVlail pas tel que vous le pensiez. que je n'ai fait ; et iju'y a-t-il qui ressente jdus
Troisième point. Sur les papiers que j'ai res|)ritde contention, qu'une chicane aussi mal-
reudus. — ii. Il me
reproche qu'en lui ren- honnête que celle de m'accuser de trop de cré-
dant ses pardé ses icltres, sans vou-
itapiers, j'ai dulité en s<i faveur?

loir comprendre ma juste


réponse ' que la : i}uatrihne point. —
12. Pendant que nous

différence est extrême entre les lettres, qu'on ne parlons tant des écrits que M. de Cambrai n(jus
vous écrit que pour être i'i vous, et des papiers avait confiés, et que nous lui avons rendus par
<|u'on dépose entre vos mains pour les rendre liN motifs qu'on vient de voir, il est impossible

après la lecture. On n'a au reste à rendre au- que ne soil curieux de savoir ipiels ils
le lecteur

cune raison, juiurquoi ou garde des lettres: M. étaient. Mais pour abiéger celte discussion,
de Cambrai en a gardé des miennes, dont il M. de Cambrai va nous l'apprendre lui-même.
produit des extraits, sans qu'on lui eu demande Car encore que ces Mémoires fussent écrits avec
aucune raison. Mais suj.posé même qu'il m'ait lout le soin et avec toute la finesse dont il est
|.eul-élre, et sans l'assurer, passé dans l'esprit capable, comme le peuvent léiiioigner ceux qui
une i)ensée, un soupçon qu'il lui pouvait ai river les ont lus, et comme aussi il serait aisé de le

d'être tenté sur ses soumissions, j'ai bien voulu justifier par mes extraits; ce prélat les api)ellc

dire s;ms laron. que ses lettres auraient pu .ser- parlout, et dès d'abord (juatre fois de suite, des
vir îi lui en rappeler le souvenir : et il me fait a recueils informes, ('crits à la liAte et .s;ms pré-

un procès sur cette parole. C'est pourtant autre caution : dictés avec pri'cipilalion et sans ordre

chose d'être tenté, ce qui peut arriver au plus à un domestique, et (pii |»ass;iienl, .sans avoir
vertueux; autre chose de succomber à la ten- été rendus, dans les mains de M. de Meaux '. »
tation et quoi (pi'il en soit, j'ai voulu marquer
:
Il devait du moins ajouter, qu'il les confiait

h M. de Cambrai, (pie si j'ai été capable de gar- ('•gaiement h M. de CliAloiis et îi M. Tronson,


der entre mes mains des moyens pour le raji- qui, comme
moi, peuvent témoigner que quel-
pcler en sucrcl à .ses .soumis.sions, positivement ques-uns étaient de sa main et h loisir, et tous
j'ai voulu m'ôter le moyen de le
convaincre en les autres d'un caractère aussi bien que d'un

public de ses erreurs. Que peut-il trouver de style élégant, correct, où rien ne sentait la négli-

mauvais dans ce procédé, si ce n'est troj) d'hon- gence. M. Tronson nous en fil d'abord des ex-
nêteté et de confiance? « N'élait-il pas, dit-il ', qu'on ne lisait point .sans frayeur, tant les
traits

plus important, de garder les preuves de mes propositions en étaient étranges et inouïes.
erreurs, que celles de mes soumissi(uis ? « Oui, Sans doute il eu a parlé h M. de Cambrai à qui il
.vins doute, si j'avais songé à le convaincre aura laissé (pielque forte impression contre ces
d'erreur dans le public. « Ma soumission, pour- Mémoires éloimanls, surtout contre celui où
suit-il, me prouve (jne ma d(>cililé peut être railleur traitait de siiiil Cléiiieut d'Alexandrie :

excessive. Pounpioi est-il (M. de Meaiix) si pré- c'est donc pour en cxcumm les erreurs palpables,

cautionné et si défiant sur les soumis.siiins qui (pi'ii les haile d'ouvrages informes, mal digérés

ne peuvent rien contre moi. pendant qu'il et préeipilés. Kl il .sent si bien que c'était le

l'était si peu sur la preuve des erreurs qui étaient fond même de la doctrine qui y était à re-

le point capital? » l.a (jneslion est évidente: prendre, (pi'il ne les sauve qu'en di.s;int que
ipiand sur ce point capital on ne songe h rien ;
« ce n'élaient que des recueils secrets el informes
cl «pie, loin de disirer d'en avoir la preuve, ou tant des preuves du vrai, (pie des objections
consent par une absolue confiance à .s'en priver, (ju'on pourrail laire pour le faux ''. » C'est ainsi

ou ne \eut point i|u'uii ami .sente de la défiance. (pi'eu use ce juélat. U»aud il parle comme
On rend les hommes défiants eu l'étant soi- Molinos, (prune objection
ce n'est quand :

même tout mon but était de gagner M. l'abbé


:
M. l'évêque de Cb.mres le convainc par son
de Fénclon ainsi ce (pi'il me reproche av(^c
:
pro|)re écrit, d'avoir avoué le mauvais .sens de

tant d'amertinne, c'est..sur le sujet (le ses erreurs, son livre .sur l'exliiiclion du niolit de l'espé-
d avoir autant ipie j'ai pu tout remis à sa bonne rance, c'est un argument ad homiucm ; (iiiaïul il

liousse les cho.ses trop loin, c'est qu'il exag('rc.


foi content d'avoir satisfait ù la vérité par les
:

Articles, je n'en voulais pas davantage. L'évé- Quand esl-ce (buic (pi'il aura parié naturcl-
nement m'a trompé si mon procédé sincère : lemeiil? Il esl vrai ()ue dans ces .Mémoires ma-
avait eu un meilleur succès, ma joie aurait nuscrits il propose des senlimcnls si outrés,
peut-être été trop humaine quoi qu'il en .soit, : qu'il y a de certains endroits d'exagération*,
• lUp. c.
2, p. «0, 41, 43, «3,
4S. cT. - • /.., cond., p- !'•'• —
'
lUltt, «ect. 3, n- 16 — ' Ri'p . o a, P- M. ' 74., c. î, D. 47, e c.
A LA r.ELATION SUR 1,E OUIÉTISME. 163

principalement sur saint Clément d'Alexandrie: j'aie cru voir en lui les mêmes marques ? Veut-
mais il ne saurait nier qu'ordinairement les il dire qu'il était visible qu'il ne les avait pas?
plus grands excès ne soient ses dogmes et nous : N'est-ce pas là s'accuser lui-même en me vou-
savons positivement que sa gnose, comme il lant faire mon procès ? Mais il sait bien d'autres
l'appelait en traduisant le grec de saint Clément détours, et il est temps de découvrir plus à fond
d'Alexandrie, quoique pleine des sentiments les encore toutes ses adresses.
plus outi'és , est encore aujourd'hui la règle
secrèle du parti. ARTICLE IV.
13. Dans sa Béponse latine à M. l'archevêque DÉTOURS SUR l'aPPROBATION DES LIVRES IMPRIMÉS
de Paris qu'il voudrait bien nous cacher, quoi- DE MADAME GUYON, ET DE SA DOCTRINE.
qu'à Rome imprimée h ceux qu'il
il la distribue
croit affidés, ne cesse de répéter, que « ses
il
1. Ceux qui ne veulent pas croire toutes les
souplesses de M. l'archevêque de Cambrai, en
Mémoires manuscrits étaient indigestes impru- ;

demment, mal cl propos et précipitamment vont découvrir une preuve surprenante car ;

dictés : indigesta, incomposila, propere, prœs-


on lui va voir à la fois condamner et absoudre
postere, incaute et incondite diclata : » et qu'ils M"^ Guyon, l'accuser tout ensemble, et s'en
conlenaient une matièi e informe et mal digé- déclarer le protecteur : et l'Eglise n'a point

rée :rudem indigestamque materiam. Dieu est d'exemple de semblables subtilités.

juste : j'avais voulu de bonne loi m'ùter la s I. Ambiguïtés.

preuve que me fournissaient les manuscrits de M. DE Cambrai — 2. « Je supposais qu'on


M. de Cambrai; mais sa conscience le trahit, pouvait excuser une femme ignorante sur des
et ce qu'il en dit justifle assez tout ce i^ue j'ai expressions irrégulières et contraires à sa pen-
raconté dans ma Relation. sée, pourvu qu'on fût bien assuré de sa sincé-
14. Bien plus contre sa pensée et contre la
:
rité.De là vient que j'ai parlé ainsi dans le Mé-
mienne, je l'avoue, ses propres lettres servent moire que l'on a produit contre moi « Je n'ai :

encore à la convaincre. Une bonne et sûre doc- « pu ni dû ignorer ses écrits; quoique je ne les
trine, une conscience assurée et ferme, n'oblige « aie pas examinés tous à fond dans le temps, au
jamais à consulter avec tant d'angoisse à pro- : « moins j'en ai su assez pour devoir me défier
poser de « tout quitter, et même sa place » : « d'elle, et pour l'examiner en toute rigueur i. »
de « s'aller cacher pour faire pénitence le reste Ainsi je l'excusais sur ses écrits par ses inten-
de ses jours, après avoir abjuré et rétracté tions, sans vouloir néanmoins approuver les
publiquement la doctrine égarée qui l'aura livres quoique je les eusse lus assez négli-
:

séduit 1. » C'est ainsi que parle un homme qui gemment, ils m'avaient paru fort éloignés d'être
sent qu'il innove, et à qui, malgré qu'il en ait, corrects.
sa conscience reproche ses innovations. C'est à. « Pour l'examen rigoureux de ces deux
ce que je vois, maintenant qu'il a égalé son ouvrages (du Moyen court et du Cantique) par
obstination à son erreur; c'est ce que je ne ra|iport au public, c'était son évêque qui devait
voyais pas dans le temps que la soumission qui y veiller n'étant que prêtre, je croyais assez
:

m'a trompé lui caciiall peut-être l\ lui-môme faire en tâchant de connaître ses vrais senti-
son propre fond. Quoi qu'il en soit, .s'il a voulu ments.
me surpreruhc par les plus fortes expressions, 4. « Il ne s'agissait que des livres imprimés :

et avec le plus grand air de sincérilé, n'est-il je nejamais lus dans une rigueur théo-
les avais
point peiné en lui-même du succès d'un tel logique, une simple lecture m'avait déjà fait
dessein? Uue s'il me parlait sincèrement, et penser qu'ils étaient censurablcs. Je ne les excu-
qu'il eût véritablement dans le cœur tout ce sais ni ne les défendais, connue mon Mémoire
qu'il montrait par de si vives expressions, le expressément
dit mais la bonne opinion :

pourquoi, dans l'opinion que j'avais de lui, que j'avais de celte personne ignorante, me
trouve-t-il si étonnant (jue je l'aie cru? ne puis- faisait excuser ses intentions dans les expressions
je pas lui rendre ses proi)res jjaroles, et lui ré- les plus défectueuses 2. »

pondre ce qu'il dit lui-même toucliautM""'=Guyon: Réponse. —


5. On ne .sait si M. de Cambrai
« Il me parut que je voyais en elle ces manpies veut approuver ou improuvtM- les livres do
d'ingénuité, aprèslesquelies lespcr.sonncsdrDiles M"" Guyon. D'un ciMé, c'est les improuver, que
ont tant de peine à se délier de la dissinudaliua de les croire « fort éloignés d'être correcls ;
»

d'autrui 2? » Pourquoi ne voudrait-il pas que que de les trouver « censurablcs par lUie simple
Mfin. il« M. de Cambrai, Jielal., socl. 3, iiuni. i. — '
Ilt-i>., I, I
M.ni. .!,• M. de Cambrai, KcUl., >cct. 4, ii. i». 16- — H' !..
c. 1, p. 31, ÏO,
Ifii r,'MAR'H'f:< ^rp. la nrii-ONSF

« Icchirc approuver, que


: » de l'antre, c'est les ces paroles naturellement, tout le monde en a
de clicrclier » secièlc d'un« dans l'inlcnliDn tiré avec moi cette con.M^juencc, que c'étai l avec
auletir une excuse h ses expressions les plus ses « écrits » qu'il l'avait « laissé estimer; ces
« défeclucuses, » après un « examen h toute « pers')nnes qui se fiaient en lui, » visiblement
c ri^'ucur r que ce pif lat convient d'avoir fait. étaient des personnes (ju'il dirige, sur qui il a
6. Ce|)endanl il nous écliaiipcra hicntiM : car- tout pouvoir, qui rè;:lent leur estime par la
iTialf.T(5 cet examen n;zoiireMX, vous trouverez sienne; il leur a « laissé estimer » M"^' Guyon
trois Usines après, « qu'd y a un examen ri;:ou- avec ses écrits; pouvtmt les en délourner par
>' roux par rajjporl au pidilic, » que Al. de Cam- im seul mol, il ne l'a fias voidu faire. Voilà le

brai ne veut point avoir fait; et il ajoute qu'il st ils naturel du Mémoire de M. de
el inévitable
n'avait jamais lu les livres de M'"' Cnyon dans Cambrai. Mais qu'est-ce un doeleur, h un di- .'1

« une certaine rifmeiu- llu''oIo<:ique '. » Il va recteur de mettre en main un livre h ses péni-
donc une ripueur tlièolog:i(iue cl jiar rapportai! tents, à ceux qu'il conduit, si ec n'esl l'approuver?
pulilic. où M. de Cambrai n'est |ias entré et il : En rapi)rouvanl on met entre les mains de
le

mille personnes beaucoii|) plus que si aeliielle-


y a pourtant outre cela un o examen de lohle
1i;:ueur » auquel il avoue qu'il se croyait
,
ment ou en faisait la disli ibulimi. Car lamlra t-il
obiit:é. croire ipie ceux à qui on a lai>sé eslimer

"i. S'il s'agissait de faits personnels, j'avoue que M"" Guyon comme une personne s|iiriluellc, el
l'on pourrait disliriguer l'exameu d'un livre d'une si haute oraison ', ne li.s.iienl point ses

d'avec l'examen ripourenx de la |)ersonne : mais livres, où toute sa S|)iriliialilé était renfermée?
(jnedans l'examen d'un li\reil j en ail un d'une M. de Cambrai avoue qu'il les c<innai.ssiit. Celait
t ri;;ueur thèologirpie » et par rapi)Ortau public, donc délibérément el en eonnais.s;ince de cause
un autre qui soil « rigoureux » sans ôlre tliéo- qu'il les laiss;iil lire el estimer jiar ceux à qui
et
logiquc, et sans aucun rap|)ort avec le public ,
une de ses paroles les aurait ôlés pour jamais.
c'est ce que la tbéologic avait ignoré. Mais celle Ils disaient M. l'ibbé de Fénelon n'a pu ni dû
: <>

réflexion va paraître encore dans une plus grande « ignorer ces livres; lui prêtre, lui précepteur

évidence.
« des princes, lui (pii a dû .savoir ce qui était
« évident. » n'a dû ni |)U ignorer s'ils étaient
11. Sur l'tpprobalion dos livre» de Mme Gnyon.
I évidemment esliiuables. nous les lai.s.se lire
Il

M. DF, C.vMunAi. — 8. M. de Meaux assure, du dans celle pensée; ils sont donc évidemment
ton le plus aflirmalif, que j'ai donné ces livres fi bons; nous pouvons régler sur ces livres noire
tant tic gens; mais si je les ai doimés à tant de con.science. (Ki esl le zèle, où est la prudence,
gens, il n'aura pas de peine de les nommer; qu'il où esl l'auliiilé d'un directeur, si ces eon.sé-
le fa.s.se donc, s'il lui plail 2. quences sont douteuses? Sans doute il lallail de-
Hkponsk. — 9. M. de Cambrai me regarde viner (ju'il avait examiné M"" Guyon avec .ses
comme si j'avais eulre|iris de lui prouver la dis- livres oeil loule rigueur; » mais non ikis en toute

tribution M"" Guyon.


maimelle des éeiils île rigueur « Ihéologique, » ni « (lar rai>port au pu-
liais ce n'est pas là un docteur de (pioi il s'agit : blic » .se moqiie-l-on quand on pense éblouir
:

met im livre eu main à ceux qu'il diiige quand le monde jiar ces vaines dislinclions?
il l'eslime et l'approuve; c'est ce qu'a lait M. de
I m. Illusion sur l'intention cl (ur h question de fait.
Caudtrai. Car, que veulent dire ces |)aroIes de
son Mémoire: «J'ai vu souvent M"" Guyon, je M. DE Camiiiiai. — 40. • Le .sens d'un livTe
l'ai estimée, je l'ai laissé estimer par des per- n'esl pas toujours le sens (»u l'inlention de l'au-
sonnes illustres, dont la répulalion esl clicre à teur. Le sens d'un livre esl celui «pii .se pré.s«'nlc

l'Eglise, et qui nv.iieul conliauce en moi ^. » Il


nalurellemeiil eiuxamimiiit tout le texte: (pielle

donne assez h enlcndre ce (pie c'est que « de que puisse avoir élé riiilenlion ou le .sens de
I laisser estimer M"' Guyon par ces personnes l'auteur, un livre demeure en rigueur ceii.su-

fl qui avaient conliauce en liù, > en ajoutant rable par lui-même, .suis sortir de son texte, si
tout de suite : c Je n'ai pu ni du ignorer ses sou vrai et pro|ire sens qui esl celui du texte,
cou ne je est mauvais alors le sens ou riiileiilioii de la
écrits; » un peu après : « Je l'ai ;
n'ai :

pu ignorer ses écrits; moi prêtre, moi préce|)- persoiiiie ne lait excuser que la peisomie même,

leur des princes, moi appliqué deimis ma jeu- surtout quand elle est igiuuaiite. Kii posjiiil celle

nes.se h ime élude coiiliunelle de la doclrine, règle re(,iie de toute riv.;lise. je ne lais que dire

dû voir ce qui était évident^. » En entendant ce que M. de Meaux ne peut éviter de dire au-
l'ai
tant que moi; diui coté, ilacundaniné les li>i>s
'
n. I
c I, p. ao. — ' /''
, I'
ïl - \Um d* M. d« C.imbrAi.
tUiii . vwl. 4, n. 9. — n '
, n. Il
A LA RELATION SUR LE QUIËTISME. les

de M"" Giiyon; de l'autre il lui fait dire qu'elle nait, parce que cette condamnation terrible
n'avait aucune des erreurs portées par sa con- retombait sur les intentions de la personne
damnation'. » même '. »
Réponse. —
11. J'arrête ici le lecteur, pour Réponse. —
16. Je ne sais ce qu'il veut m'im-
le faire souvenir que ce qu'on fait dire ici à puter avec cette « terrible condamnation qui re-
M. de Meaux est inventé d'un bout à l'autre, « tombait, non point sur le livre de Guyon, W^
comme il a déjà été dit 2 après cela, reprenons : « mais siu- les » Dans
intentions de la personne.
la suite de la réponse. la condanmation d'un livre, ni moi ni qui que
M. DE Cambrai. —
12. 1 Cette distinction est ce soit ne nous sommes jamais avisés de con-
(rès- différente de celle du fait et du droit qui a damner le sens et l'intention
d'un auteur d'mie
fait tant de bruit en ce siècle. Le sens qui se autre manière qu'en prenant la suite de son «

présente naturellement, et que j'ai nommé sen- « texte et la juste valeur de ses termes. » Cette

sus OBvius, en y ajoutant naturalis, est, selon finesse qu'on me fait tourner contre la personne
moi, le sens véritable, propre, naturel et uni- m'est inconnue connue aux autres hommes.
que des livres pris dans toute la suite du texte, M. de Cambial peut-il dire de bonne foi que
et dans la juste vjleur des termes; ce sens étant mon livre, qu'il n'a retenu qu'une seule nuit 2
mauvais, les livres sont censurables en eux- et dont il a seulement parcouru les titres, lui
mêmes et dans leur propre sens il ne s'agit ; ait fait paraître un autre dessein? en tout cas,
donc d'aucune question de fait sur les livres. » il aurait pu en lisant le livre, où
se désabuser
Réponse. —
13. Veut-il introduire dans l'E- je n'ai pas seulement songé à connaître les in-
glise une nouvelle (pieslion de fait? Non, dit-il, tentions de M'"* Guyon autrement que par la
a et il ne s'agit d'aucune question de fait sur juste valeur de ses termes, et par la suite de son
<c les livres » de M"° Guyon. 11 y a pourtant une texte et de ses principes. Fallait-il m'impuler
nouvelle question de fait, puisqu'on avouant que un chimérique dessein, pour prétexter le refus
ces livres sont condaumables en leur propre d'une approbation? Mais voyons comme il s'em-
sens, il veut trouver un moyen de les sauver au barrasse en soutenant ce vain prétexte.
sens de l'auteur; car écoulons ses paroles: « Ces M. DE Cambr-U. —
17. a Le silence que je vou-
livres sont condaumables au sens véritable, pro- lais pousser jusqu'au bout n'était que pour
pre, naturel et unique, pris dans toute la suite n'imputer pas, avec M. de Meaux, un .système
du dans la juste valeur des termes. »
texte, et évidemment abominable à M"" Guyon. S'il n'eût
Et en même temps il saura trouver le m(>yen fait que condamner le livre de cette personne,
de disculper son amie, et de dire que ce sens en disant qu'on pouvait conclure de son texte
« non-seulement véritable, propre, naturel, qui
des erreurs qu'elle n'avait pas eu intention d'en-
se présente d'abord, mais encore unique, pris seigiier, il aurait parlé sans se contredire et
dans toute la suite du texte, et dans la juste va- conformément à l'acte (lu'll avait dicté 3. » On
leur des termes, » n'est pas le sien. le voit M. de Cambrai ne saurait que dire sans
:

14. S'il s'agissait de quelques paroles, de quel, lerecours conlimiel à l'acte inventé qu'il allé,
ques propositions détachées, il serait [)eut-èlre gue à chaque ligne-». Suivons « Mais lui iin. :

permis de soupçonner de la sur|)risc ou de l'i- puter Guyon) un sjstème toujours sou-


(à M'""
gnorance en quchpies endroits mais que dans ;
tenu et évidemment abominable, c'était se
les livies de système, comme on parle, et pleins contredire pour attaquer les intentions de la
de principes, on ait trouvé le mojen de répan- personne, et c'est ce que je ne croyais pas devoir
dre « dans toute la suite du texte et dans la juste approuver. »
valeur des termes un sens propre, naturel et I4ÉP0NSE. — 18. Laissons ù part la contradic-
unique » (|ui soit contiaire au sens de l'auteur, tion qu'il ne cesse de m'impuler contre la vé-
ce ne serait pas, cimune le su|)|)ose M. de Cam- rité des actes celle où il tombe est visible-
:

brai, l'ouvrage d'imi; iiersoinic ignorante, mais « M. de Meaux devait dire qu'on pouvait con-
l'effet du plus profond arlidee. clure du texte de M'"" Guyon des erreurs qu'elle
n'avait pas eu l'inleidion d'en.seigiier. » Ainsi,
( iV. Sur le refus de l'upprobation de mon livre.
dans le sentiment de .M. de Cambrai, je ne pou-
M. ueCambiiai. —
lîi. J'ai n'ai pas voulu jus-
vais condauuier M'"" Guyon (pie par des consé-

de M"'° Guyon par les .sentiments


lilier les livres
quences. Il oublie ce qu'il vient de dire, que son
livre était censurable « en luiiuème, dans son
(le l'auteur; mais seulement ne les cundanmcr
sens naturel, propre, unique, qui se présente
pas juscju'au \m\\\ où M. de .Meaux les condam-
I
K^p., c. a, o!> 3, p. iJ. — ' /t.. ili. 0, p. lUJ. — J
/»., cb. i,
'
llcp.. c. 'i, otj. 3, p. LO- — '•
Voy. cl'dess., art. 2, n. 1&, 16, etc. obj. 3, p. 69. — ' l'oyK ci-d«>ku>, n. U.
166 REMARQLtS SLIl I.A RÉPONSE

21. Enlin, quand écrit ces mots « Je n'ai


d'aburd, et qui de plus est vrai selon la suite du
il :

point voulu justilier les livres par les sentimenli»


discours et la juste valeur des termes '. » Mais
de lauleur, mais seulement ne les condamner
un sens pris dans celte sorte n'est pas un sens
pas que fera-t-il, le cas arrivant, car il est sans
par ses conséquences. C'est donc plus ((ue
',
tiré
doute ([uil peut arriver, où faudra condamner
par conséquences; c'est immédiatement et dans
il

son sens, non-seulement naturel et propre,


un méchant livre? Sera-l-il reçu à réitondrc
qu'on veut lui laiie condanmcr des intentions
mais encore unique, qu'il fallait condanmcr ces
l)er«onnelles?Uuijamais a pu avoir un tel dcs-
livres.
sem'/ (|ui jamais a imaginé une telle excuse ? On
dans ce sens « unique » que se
19. C'était
se contredit nécessairement dans une réponse
trouvaient ce» « abominalions, » car le texte vi-

donc de celte nature; car il faut dire d'un coté, comme


sible ne peut être ccnsmalile ipie par là :

a fait M. de Cambrai dans son Mémoire ', que


CCS abominations » ne se tiraient point par
'<

celait en pesant la « valeur de chacun des ter-


conséquences, mais se trouvent dans le texte
mes » qu'il excuse M""' Gu.\on, et de l'autre, dans
mémo « en son sens propre et uni(iue, selon
des sa llépousf, que c'est par la « suite de ce dis-
toute la suite du discours et la juste valeur
cours » et par la «juste \alem- des termes » que
termes. »
ses livres sont coiulanmables. Ainsi, quoi que
20. Après cela, vouloir faire dire à M. dcMeaux
puisse dire .M. de Cambrai, il introduit une nou-
que ce sens « unique du livre, dans toute la »>

velle (luestion de fait dans la condamnation des


suite, est contraire à l'intention de l'auteur,

contre la supposition, vouloir me rendre livres de .M'"« Gujon, mais une question de fait
c'est,
entièrement sans exemple. Dans la question de
conqilice de la plus pernicieuse de toutes les il-
(ïiil (ju'il prétend avoir évitée, tout est plein
lusions.
d'e.xcmples bien ou mal allégués ; on entend re-
21. C'est donc M. de Cambrai qui se contre-
tentir de tous côtés les trois chapitres et Hono-
dit, et non pas moi; puisqu'il assure, d'un côté,
rius, le cinquième et le si.xièine
quatrième, le
que ces livres favoris sont censurables par eux-
concile, etc. La question de fait que M. de Cam-
mêmes dans leur sens propre, naturel, unique,
brai met le premier sur le lapis n'est précédée
qui se présente d'abord et de l'autre, qu'ils ne ;

d'aucun exenq)le, et tout est singulier dans ce


le sont que par conséquences.
prélat. D'ailleurs, la question de fait qu'il intro-
22. C'est encore se contredire, (|ue d'enseigner
duit n'a point d'issue ni de lin, et ne peut jamais
d'un coté, conmic fait M. de Cambrai, qu'il a
être résolue, puistpie dans celle île ce dernier
B déjà condamné d ces livres cliéris, « dans leur
siècle qu'il rejette si loin, on oppose textes à
vrai, propre et unique sens 2; ot de l'autre, de .,

textes et pjuoles à paroles, ce (jui |)eut être la


n'y trouver pour toute matière de coudanmalion
matière d'une disciL-ision au lieu cpie dans la
€ (|ue des é(piivo(iues, des exagérations qui leur
;

question de .M. l'arehevéque de Cambrai, il n'oiv


« sont conunmies avec des saints, et un langage
pose à la « suite » et à la « valeur des paroles, »
« mystique » dont le sens est bon, et auquel
et au sens unicpie (jui en résulte, qu'une inten-
aussi on n'oppose « cju'un sens rigoureux où
tion qu'on ne peut jamais pénétrer d où il s'en- :

€ l'auteur n'a jamais pensé ^. »


suit ipi'ou ne peut [ilus (lousser à bout ni l'éla-
23. Mais encore est-il véritable (|u'avec toutes
ge, ni Arius, ni .Neslorius, ni aucun autre héré-
ces finesses, M. deCandirai ne sort |i(iiid d'af-
li(pie, ni leurs défenseurs. Voilà ce qu'a entre-
Oiiro. Ceux à qui il a « lai.ssé estimer les livres
pris M. de Cambrai pour justifier la malheu-
« lie M " Cuyon » ne devinaient pas ce sens
reuse conduite qui lui a fait laisser estimer les li-
<•
iiropre, naturel. uni(pic, » qu'inspirait la suite
du texte. Uuaiid il dit iju'il a laissé estimer la
vres de M"" Gujon et relu.ser son ajiprobation à
la juste condamnation qu'on en voulait faire.
liersonne et non pas les livres ', nous avons vu
le contraire par ses propres paroles ^. Uuand il

ajoule : « .Ne liuis-je pas l'avoir laissé estimer ARTICLE V.

connue je l'eslimais moi-même, c'est-à-dire Siuis si R LtS ENTREVUES AVEC MADAME (.1 VO.N, ET
estimer ses livres y » il .se condaume lui-même, LE TITRE u'aMIE.
puiscjuil ne peut pas ne point estimer des livres
1. que je trouve imprimé
Voici sur ce sujet ce
poin- la défense des<iuels on lui voit faire de si
dans première édition de la Rt'ponxf de M. de
la
granils cITorts.
Cambrai que j'ai en main. L'on y verra ce qu'il
disait naturellement.
'
Inv» clKleuus, Il 10, 11. — > Krp., c. 7, |<. ir,6. — « Mrm. de
M .!<• é«mbr«i, IMnI., «ccl -'. n. 9. 13. II. K., JD.'Xl, !,«<:i. 6,
— M. da M. de Camhiai, Ktlat.,
n. 11. vcl- ï. 11. 10, Mtt 11, n. 4.— ' IWp., c. 7, p. 164. — > loy. •
lit). . c. a. obj. 3, p. 67. '

kcct. 4, n. S.
cl-dc>ÂU», n. 9.
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 1G7

M. DE Cambrai. — 2. « Au reste, il faut expli- Qu'on est malheureux de soi-même et incertain


quer ces paroles de mon Mémoire : « Je l'ai vue lorsqu'il faut toujours échapper par quelque fi
« souvent; toutle monde le sait.» Le monde nesse Puisque tout « son commerce n'a roulé
!

savait, enque je l'avais vue assez souvent


effet, « que sur la siiiritualité » de M™® Guyon, il ne

[lour l'estimer et pour avoir du prendre connais- s'en excuserait pas tant, s'il ne sentait en sa
sance de sa spiritualité. Voilà ce que signilie ce conscience, que cette spiritualité qu'il trouvait
« souvent. » Mais il ne veut pas dire des entre- sibelle, était dans l'esprit de tout le monde, non-

vues fréquentes. Mon extrême assiduité à Ver- seulement odieuse, mais encore, pour me servir
sailles faisait rarement à Paris. Il est
que j'allais de ses termes, « abominable *. »
vrai qu'elle passait de temps en temps à Versail-
lesallant voir unedo ses parentes; mais, quoique
ARTICLE VI.
je l'ai vue un assez grand nombre de fois pendant
plus de quatre ans, il est vrai néanmoins que ces SUR l'approbation livres manuscrits de
des
entrevues, par rapport à cet espace de temps, MADAME GUYON.
n'étaient pas fréquentes i. » Que M. de Cambrai a su toutes les visions de
§ 1. cette femme.
Réponse. — Uuel entortillement dans tout
'à.
M. DE Cambrai. 1. « Venons maintenant —
ce discours 1 II ne sait s'il veut avouer qu'il ait
au fait que M. de Meaux raconte. Il assure qu'il
vu Guyon. Il dislingue subtilement comme
M""»
me montra sur les livres de M™« Guyon, toutes
sur un point de théologie. Cependant il est véri-
les erreurs et tous les excès qu'on vient d'enten-
table qu'il s'est toujours excusé d'avoir vu sou-
dre. Veut-il dire par là qu'il m'apporta les li-
vent cette femme, tant il croyait peu avanta-
vres, et qu'il m'y fit voir ces erreurs et ces excès ?
geuses ses liaisons avec une fausse prophélesse
on pourrait croire qu'il veut le faiie enten-
remplie d'erreurs et de visions et le monde est ;
dre; mais il ne le dit pourtant pas positivement.
l)Iein de gens irréprochables, qui racontent sans
Sa mémoire, qu'il dépeint fraiche et sûre, ne
difficulté qu'il leur a toujours soutenu qu'à peine
lui permet pas d'avancer ce fait2. »
l'avait-il vue deux ou trois fois. Quoi qu'il en soit,

sans examiner combien ont été fréquentes des


Réponse. —
2. 31. de Cambrai ne voit que ce
qu'il veut, et il nie même ce qu'il a sous les
entrevues qu'il voudrait bien diminuer, il suffit
yeux. Il n'y a rien de plus clair que ces paroles
qu'il l'ait vue assez pour l'appeler son amie, et
de ma Relation : J'enlrai dans la conférence <<

une amie d'une si étroite correspondance, d'une (avec M. l'abbé de Fénelon) plein de confiance,
si grande distinction, qu'il est dit partout, dans
qu'en lui montrant sur les livres de M"'« Guyon
son Mémoire et dans sa Réponse 2, que la répu-
les e.xcès qu'on vient d'entendre, il conviendrait
tation de cette femme était inséparable de la
qu'elle était L'ompée 3. » On ne « montre i)as »
sienne propre.
M. deCambrai. — 4. a On savait que j'avais vu
des faits «sur des livres» qu'on n'apporte point;
aussi venais-je dire en parlant de cette même
etestimé celte personne; ceux qui mepicssaient
ma'Jère, que « M, de Cambrai avait vu ces cho-
de la condamner l'appelaient mon amie. Celait
ses et plusieurs autres aussi imporlanles • : » ce
en leur répondant que je parlais leur langage,
n'était point un récit que je lui en faisais j'as- :

et que je donnais le nom d'amie à une personne


sure qu'il les a vues. Je « ramassais « tiuis ces
que j'avais fort estimée 3. »

Riii'ONSi;. — M. de Cambrai ne
non plus sait
faitspour les lui « représenter; » et la suite fut
en effet de les lui montrer sur Icslivresû; pour-
s'il doit nommer M™° Guyon son amie, que s'il
quoi aussi n'aurais-je pas apporté des lixres
doit reconnaître (ju'il l'a vue souvonl. Ce n'était
qu'on avoue que j'avais en main ? Mais que sert
pas lui qui l'appelait son amie donne
: cl s'il lui
à M. de Cambrai de nier que je lui en aie fait la
maintenant ce litre si répandu dans son Mémoi-
lecture, pui.stju'il avoue, a[)rèstout. par les pa-
re'', ce n'est que par complais.mce, par imila-
roles suivantes, que je lui en ai fail le récit?
lion, et à cause que ceux qui le pressaient île la
condanmcr la nonnnaii'nl ainsi : il donne tel
M. DE Camiîrai. 3. «Il est vrai seulement —
que dans une assez courte conversation, (pi'il
tour qu'il veut à s<'s paroles, autant sur les moin-
nomme une conférence, il me raconta ces vi-
dres choses (pie sur la doctrine on ne sait ja- :
f'. »
sions
mais si c'est lui qui parle de son propre fonds,
on s'il parle dans l'esprit des antres, par une
RÉi'ONsiî. — i. Je ne .sais encore tpielle finesse

peut IrouverM. de Cambrai à nous avouer ce ré-


lnq)ression du dehors, ad lioininem si l'on veut.
cit, plutôt sous le nom de conversation que sous
1 Hi p., pn^in. cdil., p. 17. —
' Mi'in. do M. <lo Cambriii, tielai.,

sort. 'I, n. 23, etc.; HAp. i In Kclat., c. 5, p. UO, 1U4, otc. > Ki''p., — ' Kelal., scct. 1, ii. 1C>, 19, etc. — ' Kép.
prcMi i.lil., f. «8. — ' «dut., sccl. 4, n. 10, lu, ulc. Mccl. a, II. i't'. — '
Jb-, n. 7. — • Jb., II. 1
lii|>., c. 4, p. 27
16R REMARQUES SUR LA RÉPONSE

celui de conf(*rcnce. Quoiqu'il en wiil, il ne bicsî Veut-on me faire produire les lettres origi-

niera pas ([d'elle se fil chez lui, iJ heure mar- nales qui en font jneuve? marqué dans ma
j'ai

quée, et ses amis appelés durant une a|)iés-di- Relation celles de M"' Guyon qui confirment
née et tant qu'il vouUil, plusquej'élai^ ^enu pour tout ce que j'avance il faut me croire ou me dé-
:

cela. Ce que je lui récitai est étendu plus au long menlir nettement sur des faits contre les<|ucls
dans la première édition de sa Réponse, a II nie on n'allègue rien, et dont j'ai la preuve en main.
raconta, dil-il (M. de .Meaux)
' que uiadame ,
Si M. de Cambrai en doiilait, il devait approfon-

Guvon s'iinapinait ci cver par une |)lénilude de dir la malière pendant que j'avais, outre les let-
pr;\ces, et la répandre sur les personne^ qui tres que j'ai encore, les livres que j'ai rendus,

étaient en silence auprès d'elle. Il ajouta (ju'ellc et qu'il m'avait fait confier lui-même; mais

avait prédit (|u"il vienihait bienlùl un temps où alors il ne douLiit point de la vérité de mes dis-
l'oraison se répandrait abondamment dans cours; et maintenant même il n'ose les accuser
l'Ei-dise; qu'elle était la femme de Apocalypse, i de fausseté, content de se s<iuver par dessubler
et l'épouse au-de»us de la .Mère ilu ! ib de Dieu. » uges.
Qu'il ne s'avise donc plus de nier que je lui ai M. HE Cambrai. — !•. « M"» Guyon m'avait
raconté ces laits im|)ortants. Des \isions qu'il dit plusieurs fois qu'elle avait de temps en temps

avoue lui-ménie avoir été sullisaules à laire con- de certaines impressions mnmenl;mées qui lui
damner Jr"' Guyon, ou connue folle ou connue
>
paraissaient dans le moment même des coin •

impie, si elle avait parle ain>i d'elle-même sé- numicalions extraordinaires de Dieu, et dont il
rieusement 2, n niéritaient d'être approfondies. ne lui restait aucune trace le moiiicnl d'après...
Elle ajoutait que, selon la règle, elle demeurait
i II. Que M. cje Cambrai afTaiblil et excuse tout.
dans la voie obscure de la pure foi, ne sarrélant
M. DE Camuuai. — 5. « Je répondis 1'' qu'elle jamais volontairement à aucune de ces choses...
r'.ait folle etimj)ie, si elle avait parlé ainsi il'ellc- Cette règle est celle du bienheureux Jean de la
mème sérieusement. 2° Je remarquai que beau- Croix,... du P. Surin, approuvé de M. de Meaux-
loiip de saintes ;\mes avaient raconté par simpli- Cet auteur remai(|ue que de très-saintes Ames
cité certaines grAces particulières, mais dans un peuvent être trompées par l'artifice de Satan,
gein'c très-inférieur aux prodiges insensés dont comme siiinte Catlierincde Bologne le fut du-
il s'agissait. 3° Je dis que cette personne m'a- rant trois ans par un diable sous la figui-e de Jé-
vait paru d'un esprit touiné à l'exagération sur sus-Christ '. » Il tourne ce raisonnement durant
ses expériences. J'ajoutai les paroles de saint cinq ou six grandes pages, avec de ces sortes de
Paul Eprouvez les esprits '. »
: répétitions, où l'on voit un homme qui, n'étant
Répo.nse. — 6. Veut-il avoir dit toutes ces jamais content de ce qu'il dit, ne fait que le ré-
choses; je passe tout, et je conclus, l" que selon péter.
M. de Cambrai M™
Gu\i)n paraissait « tournée Réponse. —
10. On voit comme il atténue et
« à exagérer ses expériences, e'e.st-à-dire cel- •> eomme il excuse les excès de .M"'" Guyon mais :

les qui lui paraissaient avanlageuses; ce qui est il erre; elle s'arrêtait si bien à ces visions qu'elle
un caractère d'orgueil (juil est forcé d'avouer; en venait ii des pratiipies, les inculquait sérieu-
2" que M. de Cambrai voulait affaiblir la vérité sement, et avec une certitude étonnante, et les
de nion récit par cette conditionnelle, si elle ' faisiiit servir de fondement à son état, comme je

avait parlé ain>i d'elle-même sérieusement. » l'ai fait voir dans la lielution ^. Elle appuie d'une

C'e^t ce (ju'il fait plus à découvert dans la suite. manière terrible sur le songe que j'ai raconté, et
M. DE Cambh.vi. —
"i. « Ces choses que M. de où M. de Cambiai affeele cent fois de ne trouver
Meaux me racontait m'étaient nouvelles et pres- rien de mauvais- que de s'être préférée à la siinte
que incroyables. J'avoue que je commenrai à Vierge, en dissimulant l'idée infAine que je ne
me délier un peu de la prévention de le prélat veux pas rappeler; c'est ce (|ue le P. Surin ni au-
contre cette personne. Je ne recoiiiiaisSJiis en cun spirituel n'aurait jamais approuvé, cependant
Joutes ces choses aucune trace des sentiments M. de Cambiai excuse autant (|u'il peut son indi-
que j'avais toujours cru voir en maaanie gne amie, et voudrait nous la donner amune
Guyon *. » une autre sainte Catherine de Bologne.
IlEi'ossE. —
8. Quoi! M. de Cambrai ne sa- M. DE Camiihai. — h. « Quand je proleste de-

vait riende ces prodigieuses communications de vant Dieu (pie je n'ai point lu les inanuscriLs, le
grAces'/ ses aiui> ne lui en avaient jamais rien lecteur ne doit pas .soiqx.onner aucun artifice...
dit? ou bien c'est qu'elles n'étaient pas vérila- S'il était vrai que je les eusse lus, et si j'étais ca-
pable d'artifice, je n'aurais garde de faire donner
Iii|... (irtni è'iil , p. ^4 — ' Krf., p. ai. — » /4m*. — '
/».,
e.L p. 3». Bép , p. 33,-ii.~- B<:t( , M<!. 'J, n. 9, 10, U, It). 19, (le
A LA RELATION SUR LE QUiÉTlSME. 169

à M. de Meaiix, par M"»* Guyon, ces manuscrits ARTICLE Vn.


que j'aurais conuus si capables de le scandali-
DIVERSES REMARQUES AVANT LA PUBLICATION DU
ser... Ce prélat faisait entendre qu'il était zélé
contre l'illusion et prévenu contre les mysti- LIVRE DE M. DE CAMBRAI.

ques 1. » Il répète et tourne encore ce raisonne" i I. Sur mon ignorance dans les voies mystiques.
ment en cent manières différentes.
Réponse. —
12. Me veut-il louer ou blâmer M. DE Cambrai. —
1. « J'ai écrit: poiu-quoi

quand il fait marcher ensemble ces deux quali- écrivais-je ?... Le lecteur ne doit pas être surpris

tés je me montrais « zéléconti'e rilhisionet pré- que j'aie donné des Mémoires à M. de Meaux sur
;

venu contre les mystiques?» c'est un trait lesvoies intérieures, puisque ce prélat me les de-
qu'on me veut donner, mais sans raison; si ce manda : il doit se souvenir que quand on le fit

n'est qu'il veuille appeler prévenus contre les entrer dans cet examen, il n'avait jamais lu ni

mystiques ceux qui le sont contre Molinos, qui saint François de Sales, ni les autres livres mys-
est un mystique d'une étrange espèce, favorisé tiques, que Rusbroc, Harpliiiis, Tanière
tels
,

toutefois par M"'^ Guyon et par M. de Cambrai. dont il dit que ne pouvant rien conclure de pré-
Voilà une des raisons qui eussent empêché M. cis de leurs exagérations, on a mieux aimé les

de Cambrai de me communiquer les manus- abandonner ', i etc.


crits de M""» Guyon, s'il les avait lus; quoiqu'il en 2. M. de Cam-
C'est ce qui a fait conclure à

soit, il me
mis entre les mains, ces livres
les a
brai, dans saréponse latine à M. l'archevêque de
Paris, que j'étais ignorant de la voie mystique:
remplis d'absurdités de toutes les sortes quelque :

précautionné qu'on soit, ou la confiance qu'on a Rudisel imperitus îiujiis doctriiiœ.

dans un génie élevé qui sait tout tourner comme prouve aussi, par une de ses lettres, qu'il
3. Il

écrivit des Mémoires, mais par obéissance.


il lui plaît, ou quelque autre semblable raison
4. Il ajoute un peu après que « la doctrine des
aveugle les hommes. Dieu se sert de ces disposi-
tions et c'est visiblement par un conseil de sa saints mystiques était en péril M. de Meaux ne :
:

les connaissait point, et voulait condamner l'a-


sagesse, que contre toute apparence ces écrits
sont venus à moi; Dieu voulait que l'illusion en
mour désintéressé 2, » etc.

fût découverte, et M. de Cambrai était trop dis- Réponse. — M. de Cnmbrai avait donc
5.

posé à les excuser. gi'and tort de se soumettre si absolument à un

13. Que sert maintenant de disputer s'il a lu


homme si ignorant dans la matière dont il est
ou s'il n'a pas lu ces manuscrits (pi'il m'a mis en question.
6. C'est sans doute qu'il sent dans sa con-
main ? laissons-lui dire les choses les plus in-
science qu'on peut être instruit dans les principes
croyables. Quoi qu'il en soit, il ne peut nier après
son aveu qu'on vient d'entendre qu'il n'en ait '',
de la vieinlérieure ctspiiiluelle, sansavoir songé
ouï de ma bouche le fond et les circonstances les à lire ni Rusbroc, ni Harphius, ni même Tau-
plus aggravantes. C'est pourtant après ce récit
lère, auteurs dont je ne vois pas que M. de Cam-

qu'il l'appelle toujours son amie, qu'il croit,


brai se soit servicar pour saint l'rançois de Sa-
:

comme on a vu, sa réputation mséparable de les, beaucoup, je l'avoue encore, son


sans lire
Traité de l'amour de Dieu, j'avais donné de l'at-
celle de cette fausse béate; qu'il me refuse son
tention, surtout depuis (pie je suis évè(iue et
approbation, de |)eur d'être obligé de la condam-
ner. Après de tant d'excès, il n'a rien
le récit
chargé de religieuses, à ses lettres où je trouvais
tous ses principes, et îi ses Entreliens. Si je n'a-
voulu approfondir avec moi, parce (lu'il ne vou-
lait pas ôlre convaincu, ni forcé d'abandonner
une profonde lecture du
vais [las jugé nécessaire

une amie qiû le déshonore par ses fanaliipies hieuheureux Jean de la Croix, j'avais lu sainte
extravagances autant que [larses erreurs. Après Thérèse, sa mère. .Mais(iuoi! veut-(ui lu'obliger
à vanter ici mes lectures? J'ai assez lu les mjsli-
cela, je |)ren<!s à témoin le ciel et la terie, qu'il
est seul, avec cette lausse |)ropliétesse, la causi!
quesiiour convaincre M. de Cambrai de les avoir
outrés: en parlant sur roraison, j'ai fait mon
des troubles (le ^Kgli^e, comme je l'eu ai con-
trésor delà parole de Dieu, sans rien donner au-
vaincu par ma Helulion.
tant (pie j'ai pu ;"i niDii propre esprit: et attaché
aux saints l'ères et aux principes de la Ihéologio,
dont la in\sti(pie est nue branche: si d'ailleurs
je déférais peu à l'autorité de certains niy.sli(pios
à cause de leurs exageralinns, cnninie .M. de
Cambrai me le reproche, il ne devait pas oublier
Rip-. <:• 1, P M, 23, 24, etc., p. SI, ele. — ' CIkIojs.i.h. p. 1, 2,
«, 4 ' ll'P-, c. 2, p. 35, 36. — ' Inst. «ur In rliK a or.. I i
170 REMAROIES SI.R LA UÉl'ONSE

Suarcz, que j'avais àli dans les élats d'oraison, tran.scrivent pour les distribuer de tous côtés.
qui es* c.\|iic-.s pDiircc .sciiliinciit '. ' tout était fini ..
s;ms faire tant de censures, tu
1. (itiaiil à ce (lu'ajoutc ici M. de Cambrai, tant de rénitalions ou d'instructions contre
que « je voulais condamner l'amour dcsinté- une |ieinieieus«; et insinuante doctrine. « Il n'y
« qu'on me réponde s'il est ()LTmis d'a-
ressé : » avait (\\\'h la faire taire, >. et permettre cepen-
va»cer un fait de celle imiiorlance sans en ap- dant à un arcbevé(|ue de lui prêter s;i plume.
porter la moindre preuve ? Si l'on en cmil M. Voilà comme on établit le (piiétismc en faisant
de Catniirai, je mets en péril la m\sli(|ue par semblant de l'éteiiidie.
mon i;,'norance, je veux condanmer la scolas- M. w. Cambiiai. 13. — « 51""= taiyon ii'élail
lique: esl-il juste, encore un coup, de n'e\it;er rien toute seule; mais c'était moi que M. de
que de moi la preuve en toute rigueur, à laquelle .Meaux craignait '. »
aussi je niol)li|,'e, et d'en croire M. de Cambrai HÉl'o^sE. —
craignais en effet,
li. Je le
sur sa parole ?
comme aux Cdales Timeo
saint Paul disait :

au reste, que ce soit moi qui


8. Ui''i"i|H"lc,
vos*:ic vous crains, je crains pour vous: et je
l'aie invile à me donner des Mémoires siu' ces reniar(|ue de nouveau qu'en cffi .M"" Guyon, l

auteurs, puisque j'avoue sans laçoii que je sou- a ([ui n'était rien toute seule, u était redoutable
baitais qu il s'ouvrit à moi? Nous verrons bienlôl par un défenseur tel que M. de Cambrai.
les consécjiicuces qu'il prétend tirer d'im lait si

indinérent; mais il laut voir auparavant d'autres l III. L'inlelligencc cnlrc M. de C.imhrai et 51*' Cuyon
vérités. comment connue.

I II. Des expéilienis de M. de C.imhrai contre M"' Cuyon.


M. DE Cambrai. — 1 i. « Cet article est impor-
tant i)arsesconsé(piences. M. de Cambrai répète
M. iiK Casiruai. —9. « M""» Cuyon n'était pas
objet de M. de
ici ma où je raconte Irancliemen
lielalion 3,
le principal Meaux dans cette
que j'étais en inquiétude pour lui sur les bruits
affaire. Lue fenmie ij^norante et sins crédit juu-
(jui se réi)an(laieiit, cpTil lavori.siil secrètement
elle-même ne pouvait faire .sérieusement peur à
M"'» Guyon et l'oiai.son des nouveaux mysti-
personne 2. »
ques. Il lui plail de dite ipi'en im certain lemps
Répo.nse. —
10. C'est toujours où en veut ve-
c'était moi-même et mes eontidenls qui les ré-
nir M. de Cambial, comme je l'ai déjà remar-
pandions ou qui les fai.sions valoir: il faut mon-
qué dans la Ilclation 3; il .s'étonne qu'on ait eu
trer le contraire par lui-même.
peur de « cette i)auvie captive, alllii^ée de dou-
leurs et d'opprobres, et que personne n'excuse
Uépo.nse. —
16. Rappelons en peu de mois
les faits contenus ilans le Mémoire de ce préL.t
ni ne détend, d INmiI ou parler de celle sorte
et dans les deux réponses à ma Itefalioii '• I
pcndaid qu'on lui voit tant de zélés partisans?
coniiais.sait M""" Guyon dès l'an 1689 ; il l'esli-
M. de Ciimbrai, qui la délend plus que per-
niail; il <• la laissait " estimer; il a\ail des liai-
sonne, veut (ju'on soil en repos sur .son sujet, et
sons avec elle; elle venait à Versailles, où les
qu'on lui l.iisso débiler ce qu'elle voudra pour
entrevues étaient assez fréquentes; il l'appelât
furlilier un |).irli pui.ssaul. Il écl)ap|)e néanmoins .son amie : tout le commerce roulait sur la spirj.
à ce prélat, qu'elle est « taiis crédit par elle.
tualilé et sur l'oraisoii. Il était .si étroitement
t même, - pour lairesentirlc crédit qu'elleavalt
uni avec elle, qu'il se croyait obligé h s'informer
par SCS amis.
de par contre-coup qu'elle por-
M.DEC\MRnAi. — i\. « Iln'yavait qu'àla faire
tait
.sa condiiilc
contre lui-même
^,

;
le

et c'est .sur ce fondement


Liire, et (pi'à l'obli^jer de .se retirer dans quel-
qu'il a déclaré parb)ut, cl dans .son Mcnn'ire et
que solilud<- éloifjuée, où elle ne se mèl;\t ixtinl
dans.s;i llcpomr c, que sa ré|Hitalion était iiisé-
de diri;,'er: il n'y avait (ju'."! supprimer ses livres,
paraiile de celle de celte lemiiie. Voilà s<ins
et tout était liiù; c'était lexpédienl rpie j'avais
doute une liaison bien étroite et bien connue :
d'abord proposé *. »
les bruits (jue l'on répandait n'avaient pas be-
Uki'o.nse. — 12. Oiiand on ne connaitrail pas
soin d'aiilres fondements: ceux qui pénétraient
combien M. de C-'inbiai favorise .M'"" (Jumui,
davanlage, n'ignoraient pas les eonléinuvs .se-
on le verrait i>ar les expédienis (|u'il propose
crètes qui se faisiiient à Versailles, où M*"'
contre elle II n'y avait eu eflet qu'A supprimer
(iuyon présidait: les étrangers meiiies sivaienl
cin(|uaule mille volumes (piicourent dans tout
(pie M. l'abbé de Fénelon n'ét;iil pas ennemi du
le ro\aiime avec tous les manuscrils anciens et
nouveau,\, que cent mains connues cl inconnues '
H*i.., c. a, p. 37. — ' — Kcp.e.
C.1/.1/., IT.37; 14. » 1, p.
Bolot., Met. 3, ni. — Mcm., UrUi..
'
n 46. K«yr; scct. 4, r<-

— rXe — O-
' InM sur Ici tiAli dur., \,
I ' n*p., c. 2, p. 30. — '
R»lat.
dc>^u^, »rt. î, n. 6; «rt. 4. n. 9,
n. etc.. »rl. 6,
— Mém. do M. d« C«ml>rai, Stlal., Kct. 4,
I, ï. •

KKl. I, n. 19. — •
Réf., itiJ , p. 36.
douua, ut. i, n. 3.
n. Ï3, «te, R>p , c. I>, p. 99, lot, clc.
A LA RELATION SUR LE QUIÊTISME. 471

qiiiétisme pour moi, je n'entrai en rien jusqu'à


: ami commun pour me presser d'accepter seul
la fin de l'année 1693, date importante que je cet arbitrage : était-ce moi qui poussais encore
ne remarque pas sans nécessité, comme la suite ce prélat, ou qui avait conçu le dessein de tour-
le fera paraître. ner contre lui M"i« Guyon? c'est la première
semblablement avoué que sur ces
il. J'ai action, dont tout le reste dépend et comme :

bruits je souhaitais que M. de Cambrai s'ouvrît tout ici est connexe, ce sera moi aussi sans doute
à moi, « dans l'espérance que j'avais de le ra- qui aurai obligé cette femme à demander M. de
mener à la vérité, pour peu qu'il s'en écartât '.» Cliàlons et M. Tronson pour me les associer
La conséquence naïve de cet aveu, c'est que je dans cette affaire ? Conunent donc M. de Cam-
'

l'aimais beaucoup, et que je craignais pour lui : brai était-il le « principal accusé, » si c'était M™^
s'il assure que je pensais bien plus à lui qu'à Guyon qui demandait d'être jugée ?

Mni^ Gujon, je l'avoue encore et je le devais ;


22. II est public que ce prélat avec ses amis,
d'autant plus, que sa personne en toutes façons qui étaient ceux de M""= Guyon, vinrent à Issy 2,
était plus considérable. pour y reconnaître une assemblée qu'ils avaient
eux-mêmes formée, ou M"» Guyon par leur
g IV. Si j'ai accusé M. de Cambrai, comme il l'assure.
moyen. C'est ici (car tous ces faits no sont point
M. DE Cambrai. —
D'où vient que M. de 18. niés), c'est ici, dis-je, que je demande à M. de
Meaux parle ailleurs en ces ternies « Ce n'était :
Cambrai, qui l'obligeait alors à se mêler si avant
ï pas lui qu'on accusait, c'était M'"'^ Gujon. dans les affaires de cette femme, s'il n'y avait
« Poui'quoi se mêlait-il si avant dans cette af-
rien de commun entre eux dira-t-il encore, :

« faire? qui l'y avait appelé? » C'estM. de Mcaux


que c'est moi qui l'invilais avec ses amis à cette
/ui-mème qui m'y avait appelé; il était iuquiet soumission, connue il prétend que je l'invitais à
pour moi, pour l'Eglise et pour les princes.... faire des Mémoires ? Quoi je l'invitais à venir !

D'un côté, dit-il, il avait d'abord de la peine que reconnaître pour juge son accusateur; disons
je n'avais pas assez d'ouverture : d'autre côté, il
mieux, ses accusateurs car ces deux messieui-s :

se récrie : « Pourquoi se mcMait-il dans cette le sont comme moi, si je le suis, puisque nous
« affaire ? » Mais enfin il est clair comme le jour n'avons pomt d'action qui ne nous soit com-
que j'étais le principal accusé'^. »
mune. Eu vérité, voilà des mystères inouïs et
19. Je rapporterai à part le faible avantage
inexplicables et on y abuse trop visiblement de
;

qu'il tire de notre déclaration poiu' prouver les


la foi publique.
« accusations que je préparais contre lui : » et
23 S'il eût été question d'accuser M. l'abbé de
il conclut: » Il est plus clair que le jour, que j'é- Fénelon, il ne fallait pas tant de détours, tant
tais le principal accusé. d'examens, tant de mémoires; il n'y avait qu'à
Réponse. —
20. Mais par qui était-il accusé ? nommer M°"= Guyon, connue amie de cet abbé •

par le public, comme l'était M'°^ Guyon? il tout était conclu par ce seul fait, et avec raison
n'avait point encore écrit. Par moi ? pourquoi me M'"'^ Guyon était trop comme : il était vrai
prenait-il pour juge avec ces autres messieurs ? qu'elle était son amie dès 1089
: , il l'esliinait; i|
mais devant qui l'accusais-je ? devant inoi-mèmc, avait avec elle des liaisons qu'on n'ignorait pas
;
ou devant quelque autre? do quoi entiii l'accu- on en eût eu aisément la preuve constante car :

sais-je ? où est mon accusation ? quelle en est la encore qu'il fit un mystère de celle amitié, qui
preuve? dit-on ce qu'on veut pariui Icsliounncs? peu d'Iionueur à sa capacité et à son es.
faisait
Je l'invitais à écrire, à ce ipi'il dit je désirais :
pas si cachée, (ju'il ne lût obligé
prit, elle n'était
savoir ses sentiments pour tàclicr de le ramener, de s'informer de la condnile de M'"<^ Guyon à
s'ils étaient mauvais donc je l'accusais, ou du:

la dernière rigueur ^ : et les per.sonues à qui il


moins je lui préparais des accusations, et j'a- avoue qu'il l'a laissé estimer étai<Mit bien con-
vais l'adresse cependant do l'obliger à me pren- nues. En l;illail-il davantage pour le priver élcr-
dre pour son juge. Il làut fuir les honnnos, re- nellement de toutes les grâces, si on eût songé à
noncer à la société, crctire être toujours au mi- l'accuser? cependant (juel témoin veut-il (pi'on
lieu des cmiemis, si l'on permet de donner sans lui allègue poiu- montrer (pion ne la jamais ac-
preuve des tours si malins aux actions les plus cusé do rien? Y en a-t-il un que la vérité plus ,

innocentes et les plus simples. encore que le respect rende plus irréprocliahle ,

•^i Mais encore remontons à la source. Sept


que le prince sous les yeux de qui loid s'est passé,
ou huit mois auparavant, quand M""" Guyon se et devant qui nous écriviuis? Ou n'a donc jamais
remit à moi pour prononcer sur son oraison ; accusé M. de Cambrai disons plus, on l'a lai.s.sé :

(piand M. de Candirai lui-même m'envoya un être arclievê(|ue et (|uand il est parveim à ce


;

' Koliit., iccl. 2, Il 1. — I


Hép., c. a, 11. 37. ' Uclal., 5cct. 3, II. 2. — 3 llml. — < Cldcssiit, an. 6,n. 7.
17Î REMARQUES SUR LA REPONSE

faite (les (lipnilf^s ecclésiasliqiics, parce (|ii'on ne scrits informes, sans rien éclaircir avec moi; cette

l'a [la.s j)i'nlii, il veut perdre de rcpiitaliuii ceux conduite ne montre-t-elle pas (pie j'étais le prin-
qui l'ont siiivé'.' Quon rendrait le j^enie lunnain cipal accusé? Eu faut-il davantage pour montrer
odieux si l'on ysoiilTrail de l(l> exenipli's ! Coiiiliien j'avais he.soiii de me justilier ?» '

M. UK CAMiiriAi. — !2i. « On peut vuir par là Kii'o.NSK. — 27. Il me veut donner l'air d'un
sin- <picl liindeinenljM. (le Meanx a pu diie, au homme prévenu ipii n'écoute rien, et (pii préci-
connnenceuicnt de la DcrUivaliou, (pie j'a\ai^ Î^US pite un examen de doctrine sans être itifornu^:
le (piatrii'uie ju}^c de .M""' Gnyoïi ajoute aux mais il oublie préci>éuient le princip;il. Cest
trois auties : En cunsultores très ('.aii sibi postu- qu'il m'avait |)leinement inslruil de ses senti-
lavit, (itiorum jitdicio sturel. Ilis illualrisaiwus ments et de sesrai.sons, ainsi iiu'il le reconnaît
aurlur iiuartusarci'usil. M. de.Meaux a liien senti par ces paroles d'une de ses lettres i Vous sa- :

diins la suite (pie ce fait pouvait convenir aux vez avec quelle conlianceje me suis livré h vous»
accusations (pi'il piV'parail contre moi; et dans et appli(pié sans relâche ne vous laisser rien .'i

sa traduction il a clian^;é son texte, en disant ij,'norer(le mes sentiments les plus forts'.» Jii;;ez

seidcinent : <• Notre autciu' s'est depids uni ;\ maintenant s'il y a rien de n('';;liné ni d'- précipité
cnx; » mais enfin il est clair connue le jour (|ue dans une allaiie où la partie inléiessée recon-
j'étais le principal accusé '. » iiait (pi'elle a dit tout ce (pi'elle .sjivail, et que de

Hf;iMj>SK. — 2?». Ilcuiairpiez que ce qu'on sa part il ne maïupie rien pour l'iiistriiction.

vient d'entendre (^sl la seule preuve littérale de 2S. Il oublie encore un autre fait également

M. de (]ainliiai, juiur uionlrer (jne M. deMeaux. important: c'est qu'il pressait par toutes ses
qu'il avaitclioisi poursonju^ie, s'était reudu snu lettres une décision; a sans, dit-il, attendre les
accusatein-, |)arce(pie, dans la Déclaration ^, on conversations (|ue vous me promettiez '. d De
a traduit le mot, qiinrtui^ accexsit : « après trois cette sorte, loin de demander deseonversalions,
« jui:esdoiuiés, M. de Caiidirai s'est uni à eux; » qui assurément ne lui auraient jamais été re-
au lieu de luetlre, « qu'il l'ut le ipiatri(MUC.» Ce fusées, on voit comme il coupe court sur ce su-
prélat veut me faire accioirc (pie j'ai bien senli jet et ipiaiiil on fait ce iju'il veut, il se plaint
;

t que ce fait ne convenait pas aux accusations qu'on est prévenu et (|u'on précipite lt!S choses.
€ que je préparais! "Aidant (pie le re|)n!clie est •il). Ain>i, ipioi qu'il puisse dire, de son pro[)re

atroce, aulaiil la iireuve est lé:.'ère et nulle : je aveu nous étions luulaitemcnt au fail; si nous
ne coiiipiends pas que M. de Cainlirai la finesse n'avions plus besoin de « longs discours, " c'est

\cut trouver ici; et après tout je m'en tiens i'i


que nous avicins lu à loisir de longs et amples
l'oii^dnal sans croire (pic la version doune con-
,
écrits : c'e>t enfin, piii.sqii'il faut tout circon.slan-

tre moi aucun avaiilaiie d'où je conclus que :


cicr à un homme qui semble vouloir oublier
l'envie de nie contredire lui fait liasirder les ac- tout; c'esl)dis-je , (juc nous avions eu de longs
cusations les plus violentes sans les pouvoir sou- cntretieiisdansde longues promenades qui nous
tenir d'aucune raison. étaient assez onliiiaires.
30. Il se plaint à toutes les lignes, que je lisais
I V. S'il est vrai i|u'on ncpliRoa, durant l'oxatncn, d'instruire
ses .Mémoires avec inéveution mais lui-même :

M. de Cambrai, et d'ùtrc inslruil ilc ses misons.


encore à |iré>enl leseslinic aussi peu que moi *;
M. DE Cambuai. — 2G. M. de .Meanx ne et il montre qu'il ne les ose soutenir, |)iiis(pi'il
conférait point avec moi sur la doctrine, et il neces.se derépéler.etméme dans l'eiulroit (|u'on
expliquait selon ses préventions les termes mys- vient d'enteiiilre, (p^il^ étaient informes, et(pril
tiques dont je m'étais servi sans précaution s'y était .servi sans précaution des termes mjsti.
dans CCS manuscrits iiilormes. « On
rcncon- se ques. Si Itii-iuéiue il en parle ainsi, je puis bien
« trait tous les jours, » dit ce prélat; « nous poii.sser plus loin mes jii>tes reproches.
« étions si l)ien au lait, ijuc nous n'avions pas 31. Ma lirlatiiiii expliipie souvent comme je
« besoin de loiius discours''. » C'e>t le moyen de craignais les disputes, dans rappréhension de
n'être jamais an fail, de ne se voir (pi'eii se ren- M soulever, |>lutot (pie d'instruire, un esprit (pic
contrant . et de n'avoir ni conférences ni lonj;s Dieu entrer dans une meilleure voie, qui
faisait
discours. Il parle encore ainsi « Nous iivioiis :
était celle de la soumis>ioii absolue ^. »
« d'abord pensé à (pieli|uesconver.s;ilinns(levive 32. J'aurai bientôt un nouveau procès .sur la
« voix; mais nous crai^iuions (pi'eii metlani la soumissiiMi, et l'on incidente sur tout; mais, en
« cliosc en dispute*, » elc. Ainsi M. de .'\leaux alteiidaut, vidons celui ci. M. de Cambnii n'a pas
lisait seulement, selon sa prévenliou, ces nianu-
'
iiCp. à U R<Ut., c. ï. |<. 43. —
' I^ltre i M. d» Cutbnl. /M.,

'
n*p., c. a. p. 38. — ' Dccl , t. ixriii; p. 249. — > RcUt., s.eci ter\. U, n. 4. — ' Relut , MCI. 3. n. A. ' —
l'oye.- ci-dM*iu, ul- ?

«, B. 8. — • n. n. 12. — • lUl-, MCt. 2, n. Xt Met. 3. a. a. n.


RELATION SUR LE QUIÊTISME. 173

raison de tant mépriser les enlrcliens très-fré- veut pas songer que s'il y a des conférences pour

quents qu'on avait avec lui, iï la rencontre, inslruire, il en a aussi pour convaincre celles
y :

comme peu propre à nous mellre au fait. Ces que je lui reproche d'avoir refusées étaient de ce
entretiens, quoique couris, ne laissaient pas dernier rang. Il était sorti de toutes les voies de

d'être sérieux; moins ils étaieni préparés, moins soumission en publiant son livre, et ne songeait
ils ressentaient la dispute et le dessein formé^ plus qu'à le soutenir en ce cas, il en fallait bien :

plus ils au dessein que je m'élais


étaient propres venir à lâcher de le convaincre, et de lui démon-
proposé de legagucr sans appaieil un espril dé- trer son erreur par quelques conlërences aussi
licat je ne sais ce qu'on veut ici^rcndre dans
: tranquilles que fortes: c'est l'espérance
que je
celte conduite. fais paraître dans ma
Pourquoi a-t-il Relation '.

refusé cette seule voie qui nous restait alors pour


I VI. Sur la voie de la soumission el de l'instruction.
convenir? Auparavant nous suivions la voie de
M. DE Cambrai. 33. « Faliail-il, de peur de — la soumission, que Dieu nous ouvrait; elle eut
me soulever, ne m'insiruire jamais? la voie de son effet et fil signer les Articles à M. de Cam-
Soumission exclut-elle celle de l'instruclion? brai, et sans dire un mot. 3Iais nous en allons
L'Eglise, en demandant qu'on se soumcUc, né- parler, el nous en reviendrons bienlùt aux con-
glige-t-elle d'instruire, et ne joint-elle pas tou- férences.
jours au contraire l'instruclion à l'aulorilé ? » i

Sur
Réponse. —
34. Il y a une instruclion sans
§ VIII.

— 37.
la signature des Articles.

M. DE Cambrai. « Il est vrai que les con-


dispute qu'il ne faut jamais négliger elle con- :

férences furent faites sans moi à Is>y il est vrai


siste à proposer et insinuer les principes douce-
;

aussi qu'on me proposa les Aiiicles tout dressés.


ment et comme imperceptiblement à la manière
Mais combien m'en donna-t-on d'abord ? M. de
que je viens d'expliquer. Quand on croit la ma-
tière suffisamment éclaircie, et qu'il ne s'agit
Meaux ne peut avoir oublié qu'on ne m'en donna
d'abord que trente; le 12% le 13% le 33'' et le
plus que de décider quand d'ailleurs on trouve ;
34' n'y étaient pas encore. Je garde l'écrit des
un espril qui pèche en sidjlililé, et que Dieu met
trente Articles qu'on me donna. »
dans la voie de la soumission absolue, j'ai re-
marqué dans la Relation qu'il en faut user 2.
Réponse. —
38. Il me prend ta témoin d'un
fait dont je sais dislinctenient le contraire. On
Faute de vouloir entendre des choses si claires,
ne trouva jamais h propos de lui demander son
M. de Cambrai remplit tous ses discours de so-
sentiment sur aucun des Articles pour les soli-
phismes, de paralogismes, de chicane et d'injus-
des raisons qu'on peut lire dans la Relation'^, et
tice mais suitout il est admirable sur les confé-
;

qu'il ne faut pas toujours répéter. Quelque copie


rences.
qu'il puisse produire des Articles, qu'on peut
l vil. Sur les conférences que M. de Cambrai m'accuse copier à sa fantaisie, je suis assuré qu'il n'en
d'avoir négligées durant l'exaincn.
paraîtra jamais aucune qui lui ail été donnée de
M. DE Cambrai. 34. Après m'avoir cent fois — notre part, où le i"2°, le 13% le 33° cl le 34' ne se
reproché que je ne conférais point avec lui du- trouvent pas comme il l'assure. Je répète que.
rant le temps de l'examen, il revient à la charge de propos délibéré il était fixé entre nous de ,

par ces paroles « Si j'avais de la peine , je .sa-


: n'en consulter jamais aucun avec lui; .s'il veut
vais la vaincre cl n'y avoir aucun égard, piùsque le nier à présent, pour le convaincre je lui re-
je signais (les Articles) sans disputer el sans dire présente, comme j'ai fait dans ma Relation''^, ce
un mol ;
que peut donc signifier celle crainte de qu'il a écrit dans son Ai'i'rtissoneiit '>, où il ne
la dispute avec un liounne silencieux, si CDufiaut parle que de «deux |irélats qui ontdouné au pu-
et si soumis? l'ourcpiDi M. île Meanx ne l'invi- « blic 31 propositions, B et ne s'avise pas dédire

tail-il pas à la ronlerence où « la force de lar- qu'il les «ail dressées avec eux. » Voilà qui
« mes fralernelles, et les discours inspirés par est net il ne nomme, comme auteurs des
:

« la charité el la vérité » auraient été si bien Siproposilioiis, que deux i)réi/7l.<!, M. de l'iris et
employés? « Pomqiioi éviter celle voie toujours moi pourquoi ne se met-il pas avec eux ?
;

« pratiquée, même par les apôtres, connue la 311. Il réiiuiid, qu'il ne pouvait se inrtlre

« plus cKicacc cl la plus douce pour convenir avec eux eu parlant de leurs ordonnances;
,

« de (jui-hpie chose •*? « auxquelles il n'a aucune jiarl » Mais la délaile •'•.

Ri;i'ONSi;. — 30. Il me rend les propres paro- esl troii vaine, et pour éclaiirir le public delà
les de ma Helafion *,je les reconnais; mais il ne rai.son ipii le portait à expliquer ces 34 proposi-

— — Bip.,
'//., scri, !>.n. 'J
— ' HolM , s-ot.. f I. n. u, 1 i. - ' /,. .icct.
I
U,|... c. i..

— •
\>. U9, 89.
Kclat, scct. 8, n. S, t.
ï Uïlat., sccl. 3, n. 8, 13. '
IH — ' Mnx. lies SHihts, Averl., U>. — ' U -p c. 3, |i. 80.
• . 4, p. ki).
n4 HEMAnoiKS <^im \A rf:ponsf

«que (l(^ii\[irflatsont doniK^esaii public,» { IX. Encore sur les Arliclfs, et sur la mauvaise foi
lions
dont M. de Cambrai l'accuie lui-même.
il n'iiiiiiil |>;is (iiiiilié la part (pi'il y aurait ciic>
s'il ii'cùl ^<llli "lans s;i niiisciciuo (ju'il n'y en M. DECAMnnAi. — 42.
Le lendemain, je dé- «

avait aiiniiie, non [ilns qu'à nos ordonnances. Il


clarai, |)ar deux prélats, que je
une lettre ;iux
parlait naturellenienl, cl il avait, jiliis près de la signerais les .\rticlcs jiar déférenœ, contre ma
source, la mémoire plus IVaiclic do ce fait. Kllc persuasion mais que si on voulait ajouter cer-
;

était encore plus récente quand il écrivit son taines clio.scs je .serais prèl h signer de mon
,

Mémoire où sont ces mots: J'ai d'altord dit .<


•''

sangi. »

M. de Meaux, que je signerais démon smj; les Itf:po>sE. — 43.


jamais vu de lettres
Je n'ai
34 articles qu'il avait dressés, poiuvu qu'il y ex- où il ail coulre .sa persua-
déclarât qu'il signci
pliquAt certaines choses'. » Quoi que puisse « sion cl je déplore seulemeid qu'il se recon-
>>
;

dire M.deCandjrai, ces rcr/nincs rAoscs ne pou- naisse coupable de .'igner ce qu'il ne croit pas.
vaient pas être des Articles puisque le inunbre de M. DE CAMitiiAi. —
44. « Si j'eu.s.se cru ces
irente-qiialro en était complet selon lui-même ,
Articles faux, j'aurais mieux aimé mourir que
mais tout au plus quelijues jiaroles, ce qui au de les signer; mais je les croyais véritables; je
fontl ne conclut rien. Il ré|»ond (jue c'est par les trouvais ,>.<'ulemeul insunis<inls pour lever
mégardc qu'il a nus trente-tpiatre au lieu de
certaines équivoques , et |tour fmii- toutes les
trente : c'est (ju'il dit tout ce qu'il lui plait. S'il
rpieslions. C'était préci.sémenl l'«-de.ssus que
a mis dans ses Minimes un iuvnliuitairc qui le tombait ma |)crsuasion opposée à celle de M. de
confond, il en accuse une autie ïuaiu s'il écrit ;
Meaux. »
a voulu dire.
trente-tpialre, c'est trente qu'il
J'allègue des faits certains et liien écrits de sa
llKPONSE. — 4o. Il s'aveugle et il s'enferre sans
nécessité. Accordez, .si vous pouvez , ces deux
main; il se sauve par les inventions de son bel
contraires: « Je croyais les Articles véritables, et
esprit, et il veut qu'on croie tout ce qu'il ima-
t je les signais contre ma |)ersuasion. » Est-ce
gine.
M. DE Cambuai. —
40. Ceilaius Articles par-
signer contre sa persuasion, que de vouloir lever
des é(piiv(iques? et quelqu'un a-l-il jamais parlé
Icut d'eux-mêmes ; par exemple le 32° ei le è'i''^-
ainsi? M. de Cambrai force partout le langage
M. de Cambrai prétend que M. de Mcaux ayant
humain il a cru sans doute que j'avais la lettre
;

parlé « contre sa propre opinion » surtout ,

où il exprime celle .signature contre .sa pensée, et


dans le 32°, il ne le peut avoir fait qu'y étant
pour y trouver une excuse il a embrouillé tout
fortement pressé par (juclque autre, et il m'inter-
son discours.
roge en celte sorte « M. de Meaux : me permel-
M. 1)1. CAMimAi. — 46. t Si M. de Meaux répond
tra-t-il de lui dire ici ce qu'il me dit sans cesse ;
qu'il avait suffisainmenl exigé ( ma profession de
était-ce pour cordondrcicsquiélistes, qu'il drcs.sa
foi) en me fais;inl .signer les Irente-qualre Aiii-
cet article 33''3?.
doit se .souvenir que, selon
Uki'O.nse. — 41. Je réponds Oui, c'élîiil pour :
cles,
ne les
il

avais .signésquc par obéissance, contre


.sa Ilelalion, je
ma
les conibndrc; il importait de leur montrer que
persuasion. Cette signature , faite contre ma
les .saints, qui scnd)laient avoir .sacrilié leur
conscience, loin de le rassurer, devait l'alarmer
sidul, n'ont jamais.songé fi le faire (pie sous une
plus que tout le reste 2. »
couditi.in iiu|)ossible,
alooliimenl fausse; et
sous une prcsiip|iosilion
que « c'était sans déroger
Uli'onse. — 47. Il inter|iièle lui-même , que
signe)- « contre sa persuasion, » c'est signer
à l'oiiligalion des autres actes essentiels
au cliris-
« contre sa conscience ;» cl il dit que, selon
lianismc''; " afin, en effet, de confondre les
ma lUlalion , il a signé de celle sorte; mais
quiétislcs qui les voulaient supprimer. C'est
ce n'est pas moi qui parle ain.si. J'ai bien dit
doue en vain que M. de Cambrai insinue qu'il
qu'il avait signe « par obcis.sanceS : » (|uaiid on
m'a suggéré cet article; l.i honne foi ikmisIc lit
signe de celle .sorte, on fait ce que la thcologic
metlie pour ne point dis.siiimlcr lapins grande
a|>pellc dcposersiiii doute ou son opinion nous
:

objcdioii des (piiélislcs, cl en donnci' en même


crûmes alors lâcilcmenl, après loiiles les promes-
temps la sululion. Le reste de ce qu'allègue
ses de M, de Cambrai, qu'au moins il avait signé
M. lie Cambrai regarde le fond, où il n'e.sl pas
dans cet esprit, ce qui nalurellemenl préparc la
(|ue.sti(iii d'entrer à présent , cl h cpioi j'ai .satis-
voie à rinlelligence parfaite; si le contraire est
fait ailliurs. Mais un \a voir encore sur les Ar- arrivé à M. de (Cambrai, et (pren efi'ct il ait signé
ticles uneélrangc jiarolc de ce prélat.
conlic sa conscience; je ne vois (kis dans les

Mcm. do M. de L'ambrai, Htlal., tfcl n 23. 4, — :

•Ii-r. Krp p. 77. Uép., 8«. —


p. 80, 81. — ' Ib., f. 78. — • An. d'iuy, ni. 83. Dum
'

12
. c. S, c. 3, p. • Kilil-, i««t. 3,
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 178

cœurs; je ne le dis pas, mais, par mallieur, « celle de M. de Meaux? -a N'était-ce pas à l'Eglise
c'est lui-même qui vient d'avouer qu'il était catholique, apostolique que je voulais l'attacher,
prêt à « signer par déférence, conti-e sa persua- en l'obligeant h. quitter les malheureuses singu-
«t sion. » Sur un tel entortillement je l'aban- larités que je rejetais? Quoi qu'il en soit, il n'y
donne à lui-même , et je lui laisse à expliquer a rien de nouveau, rien qui ne ressemble à ce
un mauvais discours. que M. de Cambrai avait déjà fait et s'il nie le ;

fait du sacre, du moins il n'en peut nier la con-


g X. Sur la soumission avant le sacre.
nexion avec ce qui précédait. Le reste qui ,

M. DE Cambrai. 48. « M. de Meaux assure — nous jelterait sur la question de mon empresse-
ment à faire ce sacre, ne vaut pas la peine d'être
que deux jours avant mon sacre, étant à genoux
examiné.
et baisant la main qui me devaitsacrer, je la pre-
nais à témoin que je n'aurais jamais d'autre § XI. Sur Synésius.

doctrine que la sienne? Quoi! d'autre doctrine M. DE Cambrai. — 51. « Pour aplanir tant de
que sienne? C'est celle de l'Eglise catholique,
la
difficultés , il a recours à l'exemple du grand
apostolique et romaine qu'il faut qu'un évèque Synésius * »
.

promette de suivre, et non i)as celle d'un autre Réponse. —


52. U ne servait de rien à notre
évêque. Si j'eusse parlé ainsi, il amait dû me re- sujet d'employer quatre grandes pages à exfiji-
prendre aussi n'ai-je jamais rien fait qui res-
:
quer le fait de Synésius, ni de se montrer savant
semble à ce récit». » dans une chose si triviale. Tout ce que j'ai voulu
Réponse. —
49. N'est-ce donc rien qui res- tirer de cet exemple, c'est que si on a cru que
semble à ce récit de m'avoirécrit tant de fois sur SjTiésius serait docile à déposer les erreurs dont
les points de foi o II ne me reste qu'à obéir j car
:
il s'accusait lui-même je pouvais bien espérer ,

ce n'est pas l'homme ou le grand docteur que je que M. de Cambrai en ferait autant après des
regarde en vous ; c'est Dieu; un mot sans rai-
promesses si solennelles.
sonnement me suffira; je ne tiens qu'à une
ma $ XII. Du peu de secret dont M. de Cambrai m'accuse.
seule chose, qui est l'obéissance simple;
conscience est dans la vôtre; traitez-moi comme M. DE Cambrai. — 53. « C'est ainsi que M. de
un qu'on peut voir
petit écolier 3, » et le reste Meaux parlait à tous ses confidents en grand
dans ma Belation 1 Et maintenant il vient nous nombre il leur : raconlait qu'il venait de sau-
apprendre que « c'est la foi de l'Eglise catholi- ver l'Eglise; qu'il avait découvert et foudroyé
que, apostolique et romaine qu'il faut qu'un une secte naissante et les confidents de M. de ;

évêque suive et non pas celle d'un autre évê-


, Meaux, en assez grand nombre avaient à leur ,

que! » Qui ne le sait? Mais lorsqu'on parle à un tour d'antres confidents aussi zélés qu'eux pour
autre évêque, connue on vient d'entendre, c'est les victoires de M. de Meaux contre le quiélismc.
qu'on a tonte la certitude moralo de la foi de cet Ce que j'avais confié secrètement à M. de Meaux
autre évèque.conforme h la catholique, aposto- me revenait par ce demi-secret qui est pire
lique et romaine, et qu'on espère d'entendre qu'une divulgation cnlière. » Me voilà bien fou-
Dieu parler p:ir sa bouche; ce qui fait écrire droyant et bien cnfié de mes victoires.
avec couliance, connue faisait ce prélat : «C'est Réponse. —
5i. Les diseurs de belles paroles
« Dieu que je regarde en vous. » parlent autant contre eux que pour eiLV. Si,
50. Je n'avais donc point à reprendre M. de pour vanter mes victoires siu' le quiélisme re-
Cambrai de sa proteslalion il ne faisait queré-
: naissant en M. de Cambrai, on ne faisait que
péter, par celle action, ce ([u'il avait dit autant et divulguer ce que ce prélat m'avait conliè, il me
plus fortement dans ses lettres. Je ne le crois l'avait donc confié; ne divulguait rien et l'on

pas a.ssoz injuste pour bl;\mer ces paroles que de véritable. Parlons nellement si l'on :

dema Relation 3 :'« Je reçus celle soumission avait voulu perdre M. de Cambrai, il ne fallait
comme j'avais reçu toutes les autres de même point tant do coufidonls. Qu'il voie là-dessus
natiuc, que l'on voit encore dans ses lettres; dans cet arlicle VU, la réponse des nombres 18,
mon Age, mon antiquité, la siuqilicité de mes IG et 23 et ipi'il recoimaissc l'effet de notre si-
;

seulimenls, (jui n'étaient (pic ceux de l'Eglise, et lence peuilant trois ans.
le personnage que je devais faire, me donnaient
I Xlll. Sur les Ictlrcs do M. l'abbé do la Trappe.
cette couliance. » l'ounpioi donc ici se récrier
tant .•
« Quoi! n'avoir point d'autre doctrine que M. DE Camiirai. — 55. on doute
o Si île ce faii'

on n'a (pi'à lire la preuiicrc des deux lollreii de


' Ki'p., c. 4, p. > K«lat., «cet. 3. n. 4, 8. 1. — ' RcUt.,scrt.
3, II. U. li^i'., c. 4. |>a(. 91.
i-lf' UEMAROrKS SUR LA RÉPONSE

lit. l'abbé (le la Trappo. sur mon livre. « Je pen- même les savants qui ont été éblouis; s'ils se
sais, I' (iil-il, pnri.int de moi, « que tontes les corri'_'ent. on oublie ce qu'ils ont été, cl on ad-

€ iiiipressiiiiis (ju'avjiil pu faiir sur lui eil'.c mire ce qu'ils sont.

c O|iiiiioii faiilnstiiiiie. étaient entièicineiilelTa- 60. En tous cas, il n'y a point de réplique h
t cées, et qu'il ne lui restait que la douleur de ces arpunienis de la Ih-hitiou '; toute la cliré*

c l'avoir écoiilée '. » lienté condanmait ses livies; il les fallait coa-

REPONSE. —
5fi. Que M. de Cambrai se sou-
damner avec toute l.t ebrétienté; personne ne

vienne des brnils répandus partout depuis si les excusait sur l'iideiition de l'auteur il ne ;

longtemps, de sa liaison avec M™ f.uyon'; fallait point leur eliercber une si mauvaise ex-
cuse: si on ne savait pas que M. de Cambrai eût
liaison qui élait fondée sur la spiriludilé, et si
« laissé estimer » ces livres, sa réputation de*
répandue dans le monde, que ce prélat va en-
core nous avouer que sa réputation eût été bles- meurait entière en approuvant le li\re de M. de
sée, si celle feuune se trouvait capaMe en ce
Meaux .si on le savait, M. de Cambrai n'en était
;

temps des erreurs dont elle élait aeeuvée. Après que plus obli^'é à se dérlarerct à sacrifier sa ré-
on pouvait ju^rer des impressions qu'AVAiT putalion à la vérité qui la lui aurait bienrcnduc.
cela
PU KAini: » s>n- lui une opinion laidaslique; »
I XV. Encore sur le scrrel.
.son livre imprimé élait une jireuve qu'elles
étaient véritables; et l'on pouvait alors en être M. DE Camiiuai — Cl.
Qui est-ce qui a parlé? «

étonné, conmic tout le monde le fut, sans jn^xe- Ai-je dit da.is le monde que M. de .Meaux m'avait
ment téméraire. doncpai une injuste pi éoc-
C'est |)roposé d'approuver son livre?CestM. de Meaux
eupalion qu'il veut toujours tout rejeter surM. de qui s'e.^t vanté de me faire approuver son livre
Meaux. pour avoir une rétractation cacliée sons un litre
])lus spécieux ; c'est lui (pii a publié ensuite que
l .\1V. Erraii- de M. de Cambra;, qui fail di'pcndre sa r*pu-
j'avais refusé celle a|)probalion |)romisc; sans
t.ition de celle de Mme Giiyon.
lui qui aurait jamais su que je ne voulais pas
,

M. DF, CAMunAi. 57. « Approuver le livre de — acbeverdedifl'amer lapersonnede M'* G iyon*î»


— Avec tout son cspiil M. de
Ui.poNSi;. i>2. ,

M. de Meaux, c'était, connue nous l'avons déj?!


Cand)rai ne dira jamais que des minuties. On
Yu, me couviir d'une éternelle confusion, pour
ne fait point un myslère d'avouer qu'on a de-
les lemiisoù j'-'^'^'S eslimé celle personne-*. »

Kn eflet, il dit ailleurs « M. de Meaux


mandé l'aiipridialion d'un ami, c'e.st à-dire qu'oQ
K«. :

s'est souuds à son jufieuient. J'ai pu ilire sans


croitrépondre d'un seul mot, en disant (pic
faeon, cl aussi sans all'eclalion, que j'avais de-
M"' (iuyon n'est plus abominable si elle a quitté
mandé h M. de Cand)rai la même prAcc qu'à
.SCS erreurs. .Mais pemlant (prelle les enseipnail
M. de Taris ci h M. de Cliartres; c'était pour
.avec tant d'art, par nu s\slème sinvi et .soutenu'
l'EfiJi-se un avantaixe qu'il ne fali.iil pasiaire, de
n'élail-illepasaboiuinable? n'était elle pas ili|.'nc
voir sur le quiélisiue lunanimité dans répi.sco.
du feu? M. de Meaux se contente de répondre
pal entre ceux qui avaient traité cette matière.
qu'il ne la faut point brûler si elle a renoncé à
6\. Mais vous demandiez mon approbation
ses inq)iélés; mais il sii garde buc.n de niiPO.NDnE
pour les temps où clic les croyait et les ensei-
comme une ^ rélraciation cacliéc » par où :

prouvc-l-on ce fait ? Mais « vous vous êtes vanté »


gnait *, etc. »

— 89. de celle apprubaliou? Eu vérité et de bonne foi,


Rii'ONSE. Il oublie tous les endroits de
était-ce tant de quoi se vanter (pic M. de Cambrai
le Relation oi\ j'excuse M""" Guyon * par le re-
ap.iiouvàl mon li\re? Ce prélat me fait bien en-
pentir <iu'elle témoi;.'nait, et les temps passés par
l.iiil. mais aMiuons (ju'il .se lait en même temps
sou i;;norance. Uuandil (lit(pie l'i^norancen'cx-
bien petit. Si le monde devait entendre que l'aj)-
cusc pas des < maximes si monstrueuses*, » il
jirol aîion de mon livre lut une réirarlalion de
ne son(:c jms aux spédeu.ses paroles dont le
la doctrine de M"" twiyon par M. de Cambrai,
q-iiélisme les couvre. Klles ne lui sont pas in-
qui n'avait jamais rien donné sur ce sujet, le
connues : lorsqu'une feuune i;;noranle (<t trom-
inonde savait donc bien (ju'il lui élait favorable.
pée par s<'S directeurs revient de bonne foi, ou
(il. Il \e(it(|iie j'aie deviné cpi'ilavail la répu-
l'bumilie dev.int Dieu; mais doant lesbounnes
on aime mieux la plaindre (]ue de la bkbner :
tation de M™ Cuyon si fort à cieur, ipi'il en
(iiisiiil dé|iendre la .sienne i)roprt ; et eiiiin que
loin qu'on cbargc sur les ignorants, ou cxcu.sc
pom- la sauver il inventerait celle nouvelle ques-
'
Ilrp., c. 0, p. JOa. — - r. ,..• cl-<lMnik, 11. 15. M M. — > Kèp •
tion de fait, qui apprend à séparer l'iuleulioa
c. 6, p 104. — • n., c. ï, ob;. 3, p. 60. — ' lUtat., Kct. 4. ii. 17,
•te. — • /»., n. k. '
l<«l4l.. II. la. — :
Uéf; c. 0, p. 107.
> ,

A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME, ni


d'ïin auteur d'avec toute la suite ile ses paroles g 111. Troisième prétexte : le concert avec les autres.
et l'unicine sens de son
livre. S'il y a quelque
exemple dans le monde d'une pareille illusion , M. DE Cambrai. — 6. « Tout est plein de mé-
je veux bien que l'on m'accuse de l'avoir prévue.
compte dans ces paroles de M. de Meaux, et je
65. Jlais qui saurait, poursuit-il, qu'il avait
me suis si peu désuni d'avec mes
conlrères, que
mciingé M'»^ Guyon. si M. de Meaux ne l'avait c'est de concert avec eux que j'ai donné mon
publié? comme si l'on ne savait pas les choses
livre au public i. »

qui parlent d'elles-mêmes. M. de Cambrai s'est Répo.-vse. — 7. Il allègue M. de Paris, et nous


allons voir couune le
bien apeiçu que son nom ne paraissant pas avec il consultait. Il allègue
les deux autres, on en verrait bien les raisons
M. Tronson, dont un mot important dans
j'ai dit

sans que personne se mil en peine de les pu-


ma îlelalion 2, atiquel M. de Cambrai n'a
rien
bliei-; c'est par là qu'il s'est engagé à compo.er
répondu. Quoi qu'il en soit, cette répon.se ne
son Mémoire, où, sans m'accuser d'avoir divul- renil point raison pourquoi on me
détacbait de
gué ce que toid le monde voyait de soi-même , ceux avec qui j'avais traité toute celte affaire.
il renuie tout pour s'excuser; mais en
J'en dirai bientôt davantage, mais ceci
s'excu- suffît
sant, il s'engage; et il a si bien démontré que pour convaincre M. de Cambrai d'avoir voulu
pour agir conséqueimueut il lui lallait soutenir désunir les unanimes.
BI"^ Guyon, que tout le monde l'a cru. M. DE Cambrai. 8. « Mais M. de Meaux—
appelle une désunion d'avec mes confrères,
tout procédé qui n'était pas une soumission
pour
ARTICLE VIII. lui 3. »

SUR LES RAISONS DE ME CACHER LE LIVRE Réponse. —


9. Il ne s'agissait plus de sou-

DES MAXIMES. mission après que M. de Cambrai en avait passé


toutes les bornes, mais du concert nécessaire
1. Tout ici se réduit à un seul point si M. de :

pour empêcher la désunion de l'épiscopat dans


Cambrai peut rendre raison pourquoi il m'a
la doctrine, et le trouble de l'Eglise.
caché si soigneusement son livre des Maximes
qui ne devait être qu'une plusample explication V. Autre prétexte si M. de Cambrai a bien
:
pourvu
des Articles et des principes de deux prélats à l'explication des Articles.

dont j'étais l'un. Considérons les prétextes qu'il


oppose aux raisons de la Relation K
M. DE Cambrai —
10. « Je pris soin de deux
choses l'une de ne rien dire de conlraire aux
l 1. Premier prétexte, tiré de ce qu'il m'avait refusé
34 Articles; je comptais qu'en les suivant, je
son approbation.
suivais ce prélat même que je ne pouvais plus
M. DE Cambrai. 2. « J'aurais souhaité de — consulter l'autre chose, que je voulais Jàire
:

faireexaminer mon livre par M. de Meaux; mais pour m'assurer de la première, était de faire
quelle apparence de lui demander son ap|)roba- examiner mou ouviage par M. rarchevèque de
tiou pendant que j'étais réduit à lui relaser la Paris et M. Tronson *. »
mienne^? » Réponse. —
11. il rend de bonnes raisons de
Kii'o.xsE. — 3. Comme s'il disait •
J'avais consulte, ces deux messieurs pour s'a.ssnrer du
manqué envers ce prélat en lui prélëraut sens des Articles; mais il n'eu rend aucune
M""' Guyon et ses livres; il lallait manquer en- |)our m'exclure de lem conijiiignie, moi qui les
core à toute la justice (jne je lui devais, en lui avait dressés avec eux. Je ne demande pas,
cachant ce que je disais pour expliquer ses (pi'avais-je l'ait? Je dis. cpioi que j'eusse fait, il
principes, et en mettant au hasard lu paix de iallail cherclier le concours. M. de Cambrai

l'Eglise. nous va confesser « (lu'il coinmenlail les Articles


« selon ses pensées; » mais dans un on\rafîe
i 11. Seronil prétexte : que j'étais piqué.
signé en coimiiun, il montrait un (les.sein liuiné
M. DE Camiiral — i. •' Je savais, \):\v des voies
de division quand il méprisait les pensées des
cerlaiues, combien il était pi(iué de monreriis^.»
Ui'.i'oNSE. — 5. Il voulait croire que j'élais
autres.
M. DE Cambrai. —
12. « J'avais, il y avait déjîi
pi(jiiéde son rchis, qui ne laisail lort qu'à lui
longtemps, doimé à M. rarchevêcpie de P.iris cl
seul, à cause (pi'il sentait bien ijue j'avais raison
à M. Tronson, mes explications des 31 .Vriicles
de m'en plaindre, et il se mimlre du nombre de
selon mes pensées M. de Aleaiix .se récrie on
: :
ceux (|ui croient ipi'il ne tant poiid |iaidonner à
coiinnciii ail donc alors à commenler les Ar-
celui ipi'on croit avoir oHeiisé.

' Kclttl , s , I r, 01 li. _ 1 Utp., c. 6, p. 113. — p. lU. — I


Ib., |>. Ub

it. ToM. VI. li
178 REIIAKOLES SLK LA UÉl'ONSE

tjcics...Oui, SUIS doute, oii les i-oiiiiiicnlait venir de la candeur avec Inquelle je livrais loiit
d'un coniiiicnlaire exacl elViiuloiiiK' au lextc. » et fais:iis tout livrer à .M. de Meaux uu houiiue ;

Ili.i'().Nsi;. — 13. Marquez la (Iule : « Il y avait plein d'arlilice et d'aïuhition est |ilus réservé, i

a liin^'IcMips: > ainsi, dès nnssiliH (jiie nous Kl iMi.NSE. — "ii. .Ne pai Ions point d'arliflie ni

cniiies si;:néenseniMe les Articles, vous vous (raïuhition, non plu.s(pie deiumdeor eu général ;

détacliier de moi [mhw les e\|ili(|iier h part; |i >soii> les laits, tjiiui ijue puis.se dire M. de Cain-
ainsi, dès le connuenceinenl, vous y \oulie/ hrai, c'e>l lui qui mis eu muiu toutes les ma
donner des explications « selon vos pensées; » ahsurdilés de son amie il ne .songeait |ias alors ;

mais elles étaient si peu conformes h celles de que lout leur couinurce spirituel dut être dé-
M. de que vous consulliez, dites-vous,
l'aris toii\erl à toute l'Eglise Dieu le voulait néan- ;

de les censurer.
qu'il a été oMij^é moins, pour empêcher le cours d'ime illusion
M. DE Camuiiai. —
H. » Le lait décide ces : si dangereuse, cl ce n'est pas la première fois

deux personnes, (|ui avaient dressé les Arliclts, que sa providence a mené les hommes les plus
ne trouvèrent dans l'evplicalion rien (jni le> put auroils à ses lins cachées, par leurs propres
éluder ni Icsanaililir '. » précautions.
Réponse. — l.'i. J'en crois les actes publics, M. DE Camiiuu. — "I-l. < Ite plus, si j'eusse
qui seuls lont foi; tout ce que vous dites de [lar- été rempli d'arlilice et d'auihiliou, n'aiirais-je
liculier se perd en l'air de lui-niènie, (jiiand il ma promotion à
rien eu à dissiuiiiler depuis
ne serait pas désavoué par les témoins (jue vous laichevêche de Camhrai? .\'a-t-on plus rien h
alléguez. craindre ni à espérer depuis qu'on est dans
l'épiscopat '? »
{ V. Remarques sur ces
de M. (le
paroles
Mc;iux. n
: u On se cacliait
lli.i'o.NSE. — 23. On accorde?» M. de Cambrai,
puis(pril le veut, qu'il pouvait avoir bien d'autres
M. DE Camdrai. —
10. « Il est vrai qu'on se vues (pie celles d'elle arch('vè(pic de Cambrai,
cachait de M. de Meaux, mais c'était de concert et que c'était là peut-être la moindre de .ses
avec les deux autres. » prétentions; mais (piand on veut lout concilier
Kti'o.NSE. —
1". Vous leur faites faire un beau avec M""'(;u\on, quand on veut la laire servir,
personnage : ils le désavouent ; ce n'élait pas par une nou\elle oraison h une direction plus ,

de leur C()lé se cacher de moi, que de vous gar- iiiie et plus absolue quand on a des engage- ;

der un secret que vous exigiez avec tant de ments qu'on ne peut plus rompre sans perdre
rigueur sur vos desseins particuliers voire ; ses meilleiiis amis ; et (|u'enlin on has,'n'(le tout
procédé n'est pas pins liomiéte (pic celui dont dans la couliance de touincr tout à ses lins par
vous les charuez injustemenl (pu'llc laihlesse : sou élo(|uen(e alors, malgré qu'on en ait, on
:

de mettre voire conliauce lil faut hien dire ce prend de tàu.sses mesures, et on change souvent
mot) dans de petites cacliolleries plus propres de conduite.
à nouer une iiitri;.'uc de cour, (pie la sainte
corropimilauif (pii doit èlie enlie les ministres J VII. Autres mauTaibos raisons.

de Jésus-Christ? Mais, ajnvs tout, (picl a été le


l'ruil do celle liuesse? Vos consuiteius vous
M. DE Cambrai. 2i. > Il fallait donc sans —
doute que j'eusse d'ailleurs de bonnes raisons
condamnent et m'approuvent.
de me cacher à M. de .Meaux sriil, à (pii j'a\ais
I VI. ncmarqiics sur les pensées ambitieuses. voulu me somiieltre autrefois avec une confiance
sans bornes. »
M. DR CAMnn\i. — « Ce n'était pas la
18.
lli.i'o.NSE. — 25. On voil dans la Relation '
dignité d'airluvécpie m'enqxVhail de sou-
(pii
des raisons bien naturelles de ce changement :

nicltrc mon livre à M. de Meaux, |iiiiMpieje le


c'e.^l (pi'on voulait sauver M'°' Gtiutn c'est ;

goumetlais de si lion co-iir à M. rnuison. «


(pi'en tournant la pensée de celle fenmie, on
Ui-.i'o\si:. — proposer »(Mdement
lîl. reiit-on
préparâil une secrète apologie ; c'e>l (|ue l'on
lui

une M. de Camiirai croit qu'il


telle dilficidlé?
conuueidait à .s<) mode les .Vrlicles ou sa doc-
faut prouvci- (]u'il a pu, s.ms déroger à .s{i
Uine elail trop vi.sibleinenl condamnée à peine :

diguilé, se soiiineltre pour l'approhalion de son


Un eul-ils signés qu'on songeait à y lrou>erce
livre à un évè(pie (pii avait Maiithi dans le uii-
qui n'y est pas; c'était depuis nu long temps, et
nistère ce n'est pas de cela (pi'il doit rendre
;
dès le commenceineni, (pi'on medilail cet ou-
rui.Min au |iuhlic.
vr.igc. Dans ce dessein M. de .Meau.x elail incoiu-
M. DE Cauurai. — 20. d Ou n'a qu'à se sou-
'
lii'i' . r. c, p. 116, UT. — ' B«l*l , SKt. 4, n. 36, toct. ô, n. 1,

Btp., c. 6, p. 116. 6, 14, 17, U, «le.


A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. rn
mode, parce qu'on sentait, dans sa conscience, tant, et bientôt; mais en attendant, il faut qu'il
que le livre qu'on préparait, était contraire aux porte confusion de m'accuser sans preuve.
la
princi|ies dont on était convenu avec lui. En un M. DE Cambrai. —
29. « 11 m'avait tendu
mot, il était suspect; on le sentait opposé aux (M. de Meaux) un piège très-dangereux pour
« illusions, » et « prévenu contre les mystiques » '
me jeter entre deux extrémités, et me réduire à
de la nouvelle manière, contre M"^ Guyon, son points »
contre Molinos, à qui on voulait donner de belles Réponse. —
30. Ce piège très-dangereux étai|
couleurs. Dans un état privé et particulier il de condamner avec moi les livres de i^i™^ Guyon
avait bien fallu garder avec lui quelques me- « dans leur sens vrai, naturel, propre, unique,

8mes mais dès qu'on est archevêque et qu'on


; selon toute la suite du texte et la juste valeu»
peut parler avec plus de force et moins de des termes, sans vouloir distinguer ce sens d<
»

crainte, on ne songe qu'à s'affranchir d'un joug l'intention de l'auleur. Ces « deux extrémités «
importun. étaient de rompre avec ses coniiLies pour lavo-
iJt). M. de Cambrai veut me faire accroire riser M^= Guyon, ou de saciilioi' les livres ilc
qu'en parlant ainsi je me donne pour plus éclairé cette fenmie à l'unité de l'épiscopat. Ce « i)oint
que les auti-es le trait est malin, mais grossier.
: « où je voulais le réduire, » était de continuer

Veut-on nier ce qui est dit dans la Relation 2, notre saint concert dans l'explication connue
que chacun a ses jeux et sa conscience; qu'on dans la signature des Articles ; c'était eu effet
s'éclaire les uns les autres; et que celui dont (£
un piège très-dangereux » à qui voulait les
l'espérance est dans la surprise, veut avoir le éluder.
moins de témoins qu'il peut? Voilà pourquoi on M. DE Cambrai. — 31. « Il était vivement piqué
m'éloignait quand, avec la liberté et la con-
: de mon refus, et il le laisait assez entendre. »

fiance que donne la vérité, j'aurais osé due, RepOiNSE. — 32. Il a déjà dit la même chose
comme moins sage, que mon âge, mon expé- presque en mêmes termes ; et je le remarque
rience, mon application à cette allaire que j'avais pour faire voir que destitué, comme un voit, de
vue dès son origine, me pouvait mériter peut- bonnes raisons, il croit làire valoir les mauvaises
être quelque égard particulier, qui me repren- à force de les répéter.
drait? Quoi qu'il en soit, demandais-je trop en M. DE Casibrai. — 33. « Il ne songeait plus à
demandant le concours et le concert pour ne garder le secret. « Quoi ! » disait-il , « il va
point hasarder la paix de l'Eglise? Encore un « paraître, » etc., « tout le monde verra, » etc.,

coup, demandais-je trop en demandant le con- « quel scandale ! quelle llélrissure ! » il com|)lait
cert que j'avais pratiqué moi-même en soumet- donc que mon secret adait devenir pub.ic en
tant mon livre à la coricction de M. de Cambrai? ses mains ? »
C'est de quoi il fallait rendre de bonnes raisons, Réponse. —
34. Il est vrai, je parlai ainsi à
et non pasjctcr en l'air de belles paroles. Voyons celui qui me vint déclarer de sa part qu'il me
néanmoins ces « raisons pressantes » que nous refusait son a|)probation de peur de eondainner
vante M. de Cambrai. M""= Guyon. Cen'était pas moi qui étais à crain-
M. DE Camrrai. —
^7. « M. deMeaux me don- dre dans fâcheuse divulgation de ce secret ;
la

nait à tous ses amis pour un honnne qu'il allait nous avons vu (pie c'est Ini-Miême (pii le làisail
faiie rétracter une seconde fois sous un titre éclater par reflet iné\ilable de son refus.
spécieux ^. » M. DE Cambrai. 35. « — En cet état devais-je
RiiPONSE. — 28. Où est la preuve? M. de Cam- encore une fois me livrera lui ? Je ne m'y étais
brai nie parle ainsi : « Si j'ai donné les livres que trop livré. »
de M"» Guyon à tant de gens, il n'aura pas de Répo.nse. — 3G. En cpioi trop , et qn'avais-jc
peine à les nonnner qu'il le fasse donc *. » :
Je fait, « il y avait déjà longtemps, » et dès le com-
pourrais le dire de même Un il nie nonnnc : un mencement, loiMpi'il se cachait de moi a\ec
seul de ces amis qui m'ont déféré ;\ lui? li en tant de soin ?Uu'a\ais-je fait, encore un coup,
revient trente fois à cette « rélraclalion sous un sinon de lui proposer avec M. de l'aris et .M. fron-
« titre plus .spécieux » qu'on lui proposait en son la signature des Articles? Il coinmeinait
approuvant mon livre; qu'il montre ce beau donc à se repentir de les a\oir souscrits, et il

projet par une .*;eide de mes paroles; qu'il y cherchait des tours. S'il ne voulait (pie les expli-
pense bien c'est lui (pu m'accii.se, et c'est ;\
:
quer sincèrement, sans ses pen-
le (aire « .selon
lui à prouver. On n'oblige point celui qu'on sées particulières, de me conlier ce
» (piel iieril

accuse à prouver une négative; je le ferai pour- secret? cl en (jueUpie manière (pi'il le pi il, lic
' l.ép., c. 1, p. a4. — " KcUt., McL 5, n. l. — UAj<., e. 0,
p. HT. — • Ib., c. 1, p. 31. Uép., c. 6, p. 117.
180 KEMAUQl'ES SUH I.A RÉWNSE

falloit-il pas snrrificr son iiir-conlPiiUMiu-iil inia- lU.poNSE. — 42. Laissons les conjectures ;

liiiiiiiie à Itiiiili-, ;i la |)iii.\, an concnurMle l'i-pis- voyons les faits |iosilils , et rcpa.ssons sur le
c<i|»al ? AI lis on asail il'anlres vncs, ol il f.illait .Mi'iuoirede.M. de (iamltiai, où .se trouvent ces
M"' Gnvnn, que les Ai liclos pro- paroles « On n'a pas niani|ué i\e me dire (juc
tirer d'allaiii' : ,

posés dans Ifnr nalnrel accahiaienl. je pnnvais condamner les IImcs de .M""" Guyon

iM. i)i; (^AMiiiui. — 37. « Si je nie ra<hai de (en a|iproiivanl le livre de M. de .Meaux dont il ,

M. <le Meanx, ce fnt de coiicerl avec M. de Paris était qneslioiij sans iliriauier sa pei.sonne, et .sans
etaM'c M. de Cliailres, auxquels M. Tronson fui me faire tort . > (Jiii sont ceux (pii lui parlaient

uni dans ce secret. » de celle sorte ?Cc sont .siins (loiitc ceux dont à
Rti'oNSE. — 3S. Ain.si toute l'haliiletc^ de la liL'iie d'aiipara\aiil il avait dit :« .M. de Meanx

M. de Cambrai allait à secaclicr de M. de .Meaux: vient de me donner un livre à examiner à ;

quelle niisi're! il alli'L'iie un antre Icninin ; c'est l'ouverture des caliiers, j'ai trouvé qu'ils sont

M. de Chaities, mais qui e>t encore eoidre lui pleins d'une rélutalioii personnelle île Madame
comme les deux autres : miscraliles (inesses, liuvoii; ; aiis-sitot j'ai averti .M»"^» de Paris cl de
<|ni tourner ouvertement contre
alioulissenl à (Iliarires, avec .M. l'ron.son, de l'eniharrasoù nie
vous tous ceux ([ne vous faites scinlilanl de vou- niellait .M. de .Meaux '. » C'est donc à ces deux
éveqnes et h ce prêtre qu'il s'adressait contre
loir uu'ua^'er. Tour le reste, on ne le rend pas
vtVilalile en le reliattant ; et il vaudrait mieux moi II avilit dit un peu au dessus, sur le si>jet
de l'appi-oliatioii :a J'ai dit à M*^"^* de Pans et de
une lionne |ireu\e que tant de répétitions.
M. Cambhai.
i)i; 3!l. a Si je me cadiais de — Chartres, et à M. Ironson.... que si .M. de Meaux
Meanx, c'est que je n'es|iérais plus de voiilail iillaqiier par son livre .M"" (iuyon, je ne
M. i\c
p{>uvais pas l'aiiprouver » C'est donc, encore•''.

trouver dans ce prélat la modération que je


trouvai dans M. l'arclievè(iue de Paris ». » un cou|i, à ces trois messieurs qu'il avait recours
KiPo.NSE. — 10. C'> sont des actions qu'il faut pour le ffarantir de ra|>pio|i,'ili(in ipie je lui
demandais. Ce sont ceux (pii lui ont dit cequ'on
quand on accuse un manrpiement de
allé;;uer
vient (rentendre « qu'il pouvait couuamner les
modération auti émeut ce n'est pas un fait,
;
:

« livres de .M""» Guuui, .siins la dinamer et se


mais une injme. Je ne ra|)porlerai pas sept ou
• t.. ire tort. » Ils lui tendaient donc avec moi le
huit pat:es de faits |iarliruliers (pie -M. de Paris a
désavoués, ni de loups di>eours sur les (pieslions
« même piège, » et le pressaient d'ap|ironvcr

du tond qui ne .sont pas de ce lieu, non plus (pie


mon livre, en a.ssuraiit (piil le pouvait faire
sans dillaiiier M'"" (Uivon,
M Pirot climmc de son livre comme il le ra- et ,s;ins se faire tort.»

papné 43. em|iIoie trois ou quatre pactes


Il la réfu-
iesautres, qu'il se 'glorifie d'avoir
:'i
conte, et
mon di-clare à toute tation de leur senliment, et conclut en cette
contre moi. De C(ilé je

jamais senti celte désunion sorte : « Voilà néanmoins ce que les persiuincs
ri^fzli^e rpie je n'ai ;

les |ilus sages et les plus aiïeetiomiées pour moi


tous ce. IX (pie M. de (laminai se vante d'avoir
avaient suuliaité* et piéparé de loin. » El un peu
délonrnés étaient avec moi dans un perpétuel
concours contre la doctrine de .son li\re et ce ;
ajuès : « Voilà ce que mes meilleurs amis ont
que je puis conclure de tous ses discours, c'est pensé pour mon Ikuiiiciu ^>
m
plus, (pi'il elait le malade que cliaciui
4i. De cette sorle, si je lui tendais un piéf^e
tout
eu proposant l'approhation de mon livre,
lui
li'iehail de ramener comme il pouvait. Cai'. après
lui de si fiiands év(\|ues,
c'était avec les personnes « les plus sages, » les
tout, s'il avait pour

vénéialiles, et tous mes amis plus « arii'cliounees avec ses meilleurs amis, »
tant de préires si
:

me avec M. de Paris, M. deCliarlres et .M. Tronson.


les plus intimes: pounpioi craindre tout
Il est donc, eu termes lormels. contraire à lui-
seul, et, comme porte la lîilalioii ', ciai;,'iiait-on

que la raison ne leur uiaii(pi;'it, < si j'a\ais voulu même, lors(pril dit danssii Képouse ' qu'ils
ne
lïiireun mauvais procès? » C'est ce ipii ne .souf- lui avaient point • comme moi tendu de piège •
lie aucune i('|)li(pie, et aussi n'y a-tnin rien ilit.
sur l'apiiroiiation de mon livre.
M. m: CvMiir.Ai. il. « RI. de .Meaux repond— 45. Ces sut]ef iimis, ces amis les plus affection-
« l'oiiKiuoi me s('iiarer d'avec ces iiies-
nés à Al. de Camlnai , en un mol ses meilleurs ,
ici :

« sieurs? » ("est (|ii(> ces messieurs ne voulaient amis élaieiit de tout ce concert dès l'origine-
pas, comme lui. m'airnclier sous un titre plus Voilà, dit M. de Cambrai, < ce (pi'ils avaient

spécieux une rétractation c'est (pi'ils ne m'a- ;


« souhaité et prep.iré de loin. » S'il était vrai,

vaient point tendu de pié;ies pour me réduire h comme M. de (!.uiibiai le répète vingt et trente

approuver son li>re *. »


' yum .le M dr r.itnbr»!. AV.u(., sccl 4. n 5. — ' /»., n. 3 —
M 1 .Ir M J.' r.imt.r«i. AV.a/., MO. 4, H. 2. — • Bclit., ic. l. 4,
'B*!' , e. 0, p. II». — Ulcltt., «et 6, ii.Ci.-»Kci...c. 6, p. 126. n. 16. — > Kip., c 0. p. Ue.
A LA RELATION SUR LE QUL'lTISMS. 181

lois,que ces messieurs lui eussent conseillé de que le concert; si, par conséquent, on ne devait
ne poinl approuver mon livi-e, comment osaient- pas saciilier à un si grand bien, non-seulement
ils le presser si fort sur celte a[>[)robation ? C'est de vaines imaginalions fondées sur des bruits
peui-ètrc qu'ils avaient cliangé d'avis: mais non- confus et sur de faux rap[)orts, mais encore de
ils ne l'aisaicnt que lui répéter « ce qu'ils avaient véritables querelles s'il y en avait. C'est à quoi
souhaité et préparé de loin. Autiement, il leur » n'a pu se résoudre celui qui vient nous appren-
aurait dit Ne vous souvenez-vous pas que c'est
: dre à se com[iier pour rien et à ne rechercher
vous-mêmes qui me conseilliez, en tel et tel que M. de Paris, qui \ii bien
la vérité et la paix.
temps, de ne |)as approuver ce livre ? Ainsi» qu'il ne gagnerait rien par ses remontrances sur
tout ce qu'il dit du conseil que lui ont donné un homme qui prenait les honnêtetés pour ap-
M. de Paris M. de Chartres et M. Tronson par
, , probations et les sages mé;iageuients pour un
lui-même ne peut pas être. 11 avance, dans les acquiescement à ses voloidés, tâcha au moins
moments, ce qu'il croit convenir;! ces moments de gagner du temps en l'obligeant d'alleudre la
mêmes, sans songer à toute la Siiite et il croit ; publication de mon livre pour voir ce qu'elle
se tirer d'affaire au lieu que visiblement il s'en-
:
produirait et quel secours on pourrait tirer du
ferre de plus en plus et il ne veut pas lever les
; temps. M. de Cambrai donna sa parole, il ne la
yeux à la main de Dieu qui l'aveugle Qu'ainsi ! tint pas et enfin il prouve très-bien que j'étais
'
;

ne soit, écoutons encore le fort de sa preuve. le seul dont il se cachât; mais on ne voit aucun
M. DE Cambrai. —
46. « Venons au poinl déci- fait prouvé pour juslilier une conduite si basse
sif » (remarquez c'est donc ici le poinl décisif
:
et si i)artiale.
selon lui-même) « n'y avail-il au monde que
:

M. de Mcaux qui fût capable d'examiiier son i m. Réflexions sur les faits des deux articles précédents.
livre ? M. de Paris, M. Tronson, M. Piroi, éiaient-
ils si faciles à séduire, eux qui devaient être si 48. Après cela, je souliens que tous les faits
bien avertis et précautionués contre mes pré-
si que M, de Cambrai avance dans sa Réponse pour
ventions ? Quand même ils auraient cru avoir refus de son approbation et le dessein
jiistiliei' le

besoin de quelques secours, n'en pouvaienl-ils de me


cacher un livre qui ne devait être qu'une
pas trouver ailleurs qu'en M. de iMeaux? Man- plusanq)le explication des principesque je.suivais,
quait-on dans Pa>is de théologiens ? Est-ce fuir ne peuvent plus subsister un seul moment, pour
la lumière que de se lier ingéi:iuncul ;\ M. de Irois raisons. Preiiiièremeiit parce que ce prélat
Paris, à M. Tronson
M. Pirot, à moins qu'on
et à les avance en l'air; ces divulgations de son se-
ne se livre aussi à M. de Meaiix ? Ce prélat cret, ces demi-spcrcls qu'il m'impute, ces confi-
devait-il montrer lant de vivacité sur ce que je dences si iiiullii)Iiées avec ces hauteurs puériles,
consullais les autres sans le consulter? Y a-t-il ces proines.ses de l'obliger â se ré'racter, et ces
rien de plus libre que la confiance ? Su|)posé riiiirules vanleries qu'il me reproche ne sont
même que je nu" fu^se éloigné de lui mal i'i
point prouvées. C'est là néanmoins loul le ron-
pro|)Os, il devait ménager ma faiblesse et être dement de ses injustes refus, de ses pratiques
ravi que les autres me uu'uassent douceniculau pitoyables pour se cacher de moi et du décri où
but. C'est ainsi qu'où est disposé quand on se il voudrad me laire loud)er. \'oilà un premier
comple poiu' riiii, et qu'on ne cherche que la degré de fausseté dans ses allégations; attaquer
vérité et la paix, etc. '. » ma réputation eu chose grave, me décrier, me
Ri.i'o.\si:. — 47. Je me suis lassé
en voulant cherchei(iuerelle, .sans preuve; pendant cpie je
rapi)orler au long ce discours pour être un ne l'athupie que sur des points de docii lue; où
exeuiplc de la piofusion des paroles qui n'ont je ne puis garder le silence sans une manilêslc
qu'un beau son. Car « dans cet endi'oil décisif, » prévarication, et sur des faits e.s.seiitiels prouvés
connue l'appelle .M. de Cauibiai, outre (|u'on ne par acies. Le second degré, c'est de se rendre
voit aucuiu' raison de in'éviler, on ne louche posiliveineut indiguede toute ero\ance, en avaii
pas seulement ladiflicullé. Il s'agissait de répou- eaïUdcs lailssur lesipiels il esl con\aincu |)aiscs
dre au poiid essculii'l de ma llcUilinn s'il était • pro|)iesécrits. Ainsi, iiiaiiHeslemeut, M.deCam
juste, s'ilhonnête, s'il était uiile à l'Eglise
était brai vient d'êlre convaiiieu, par son iMéiuoire
d'enqiécher le couccrl entre les évêques, de les écritde sa main, (jne ce (pi'il avance sur les con-
empi (lier de concourir tons à l'cxplicalion de seilsde M. de Paris, de .M. de Chartres et de M-
leius (duuiuuies maxiuiesel (rachcM'reuMMublc TroiKSou, pour ne pouil aiiproiner iiion livr<-, ne
ce «pi'ils avaient connuence dans l'uniou s'il ;
[teut .subsisler. Mais voiei un deruier degré de
y
aNait un nulle inojen d'assurer la (laix de l'Eglise lausselé (pii résidte du même Meiiioiro.

• Ri!.., r. 0, p. 12T. • Hi|>., c. e, p. VXi,


182 REMAIIQLES SUR LA RÉPONSE

40. M. <io Cniiilirai y a ramassé sans iiu^napc- persuader tous ces faits, et que je voidais décrier
nionl, nvfT une ailiessc cxlit'^mo, tout ce qui etperdre M. de Caudirai, h une personne qui
pouvait jiislidcr le refus de ra|>[»iol).ilioii qu'il avait vu tout le contraire durant la suite de plu-
iiinvail |ii(iuiise, cl la prodigieuse aliiMialinn sieurs aimées? Conunent, persuader dis-je. lui

qu'il léuiiii;:iiail mnlre moi. jusqu'à me cacher que je trahissais le .secret, quand tous les jours
ce qu'il (il)lij;é de me df^cuuvrir. Il
(^lait le plus elle vojait mes précautions pour l'empêcher de
fonde maiiileuant ce relus cl celle alit^nalion sur venir où il pouvait nuire? J'ai donc la preuve
la (iivulfialiiin de son secrelcl sur les prclcndues constante (pie tous ces laits sont imaginaires.
promesses que je faisais h loul le monde de la Pour justiller mon Innocence attaquée avec tant
iulure rélraclalion à lacpiellc je l'iiMiperais ;
d'adre^s". cl avec ime élo<pience si iusiunaute,
maisdans son .Mémoire il ne parlait point de tout par im prélat que j'ui .servi en aun .sincère (car il
cela.Ce soni «loue choses avancées depuis, cl le faut dire), .sans mnu'pier à aucun devoir, tant
qu'on n'osait diie dans le tenifis qu'on disait qu'il n'a pas mis d'idistacles?! mes desseins. Dieu
tout contre uioi h la |ieisouue du monde auprès a voulu (pie je trouvasse dans ses écrits de quoi
de lupicllc on avait le plus d'intérêt à se jus- leCDUvaincie. Et que dirai-je, dans une occasion
tilier. sidouloureuse, sinon en simplicité avec l'Evan-
î)(t. C^n'aiiT^i ne soit, pour montrer que lors- gile a Cela est, cela n'est pas? »
:

qu'il rendit mon livre sans le voidoir a|iprouver, S3. Aussi voit-il le succès de ses mauvaises
il n'en avait vu que l"s marges. M. de Caud)rai finesses : a tourné contre lui ceux qu'il
la vérité

en rapjiorte cette preuve' « Je ne vis rien de :


a voulu flaller.a perdu son procès par actes
Il :

loul le reste; une preuve claire que je ne le vis il en api)elle h des faits inconnus au monde. A
pas, cslque je ne l'ai jamais allé;_'iié pour m'ex- Nicée, on y est convemi du consuhstantiel; mais
cuser, de n'avoir pas a|)i>rouvélc livre. » Quand Eusèbc de Césan'-e ne renlendait pas comme les
donc il n'allègue |)as ce qin .sert à l'excuser, c'est auties. On a déguisé les sentiments d'Arius: on
une preuve et imc preuve claire qu'il ne l'a pas a brigue en particulier les souscriptions des évo-
vu or, csl-il que dans son Méumirc il n'idiégue
; ques contre l'élagc. Cyrille s'est trop pressé il :

pas ces divulgations du secret, ces confidences a eu tort, contre sa parole, de ne pas attendre
odieuses, cl toul le reste qu'il apporte mainte- Jean d'Anlinche, qui venait h grandes journées
nant iiourjiistifier .son refus; donc il ne les con- avec ses évé(pies, et qui l'avait averti de sa mar-
naissait pas alors. C'est (lourtant alors, on ja- che. Voilîi les faits particidiers, et du moins dou-
mais. qu'(dles avaient dfi lui paraitie, puis(]ue teux, qu'on opposait an décret puMic et positif
(lès lors il coiiuiieurait selon le Mémoire', ce donné h Nicée, j'i Carthage, h Eplu'.se. Toute
qu'il a conlimié depuis, c'csl-à-dire dose cacher l'histoire ecclésiastique est pleine de tels exem-
de uioi cl de m'éviler. ples.Mais (pi'en est-il arrivé? A la lin, on s'est
îil. Quelle uidlleure rai.son ponvail-il avoir di'trompéde la vaineel fausse éloipience; on s'en
de .se cacher de moi, que celle que je divulgais est tenu aux actes i)ulilics, cl les faits particu-
son secret ? Il n'alléguait aloi s, pour toute raisin liers s'en sont allés en fumée.
de me cicher ce qu'il méililait sur son livre,
que « la tiéce.ssilé où il était de laisser ignorer
AIITICLE IX.
h M. de Meaiix un ouvrage dont il voudrait ap-
paremment em|iècher l'impression par rapiiort nEM.\RQLEs Sun ci; oti a siivi le livre.

nu sien'. » Je n'étais donc point alors ce faux ami l 1. Fausses impuLitions k M. de Meiox.
(|ui tiahissait le secret de .M. de Camhrjii, et qui

en tirait avantage : je ue m'étais donc pas encore M. DE CAMiinAi. —


1. v M. de Meanx pr

avisé de cette trahison. Me,> cent conMdcuts, qui


mil d'abord à plusieurs peisonncs(pril me do
nerail en scciel, cl avec une amitié cordiale
tous en avaientceul autres, n'avaient pas encore
ses liemaniuts par écril '. » C'est ce qu'il répète
porté inun inlidélilé aux ureillcs de tM. de Cam-
brai.
deux et trois luis à peu près dans les niéiiK^s
termes.
M. Ainsi ce prélat compose une histoire de
plusieurs pièces qui .se fout l'une après l'autre; lîi.i'ONSE. —
2. En secret? Je n'ai promis au-

cl quand il éciivait ses raixins à la personne du cunes remar(iu(\s que conctrti'es avec M. de l'a-
ris et M. de Chartres, mes approbaleiu-s. Al. de
monde à qui il voulait le |dus les faire goûter,
la saison île raconter mes
perliilies envers un
Cand)iai aurait bien voulu me del.uher d'avec

ami n'était pas ciicure venue. Continent au.ssi ces pillais, comme il a loiiioiirs liavaillé à les
délflcher d'avec moi : l'elTot assure mon dire.
• I!'|. .
-. I. p. 8 — > M;m. <\e M dp <'.iml.r.ù. Krlat., t«<t. 4,
Il '.!7, srit. b, n. t, ttc. — ' Btlat , itct. t, ii t, ttc '
R^p.,c. », p. 128, 130, rU.
A LA UELAÏION SUR LE UUlETiSAiE. d83
Nous avons nos Remarques ensemble, sans
fait il faut parler juste ; ce ne fut point le roi (jiii
quoi il eût élé impossible de convenir; et aucun renvoya l'affaire à Rome, Sa Majesté y laissa
boiume de bien ne dira jamais le contraire. Ou écrire M. de Cambrai qui le voulut. La lecture
,

il laut jirouver ces faits, ce qu'on ne fait point, de sa letU-e fut entendue, et c'est tout.
ou il tant les abandonner. Mais encore, quel M. DE Cambrai. —
10. « Pendant que j'atten-
usage M. de Cambrai voulait-il faire de mes Re- dais ainsi M. de lAIeaux devait-il éclater ? Il ,

murques ? On va l'enlcjulre en anticipant un peu veut faire entendre que d'autres apprirent au
la lecture de la Réponse. roi ce qu'il lui avait si longtemps caché.
M. DE CamiîPiAI. —
3. « Peu de temps après dois-je lui tenircompte de ce secret sur lequel ,
iMais

j'appiis tout à coup qu'on tenait des assemblées il n'avait aucune preuve, ni bonne ni mauAaise,
où les prélals dressaient ensemble une espèce de avant la publication de mon livre ? De plus, est-
censure de mon livre, à laquelle ils ont donné ce cacher assez une chose au roi quede la ré-
depuis le nom de Déclaration. Je m'en plai- pandre sourdement? »
gnis à M. l'archevêque de Paris, parce que Réponse. —
11. J'ai parlé ailleurs de celle
nous avions lait, lui et moi, un projet de recom- matière'. M. de Cambrai nous va dire encore
mencer ensemble l'examen de mon livre sur les que son « commerce de piété avec M""' Giiyon
Remarques de M. de Meaux, avec M. Tronson et connu. » Il n'en fallait pas davantage, si
était
M. Pirot. l'on eût voulu se servir des connaissances
4. « Surtout on ne voulait pas être rejeté en-
qu'on avait. Et ce qui scandalisait les gens de
tre les mains de M. de Meaux, qui joignait à tou-
bien, c'est qu'on appelât pitdé une si mauvaise
tes ses anciennes préventions une nouvelle hau-
doctrine. « M. de Miaux, dit-il ^ veut faire en-
teur', » etc. tendre que d'autres apprirent au roi, » etc.
FiÉPONSE. — 5. C'est à quoi M. de Cambrai Mais M. de Cambrai veut-il nier ce que je dis
voulait fai'C servir à mes Remarques : c'était aux yeux d'un si grand témoin, qui sait bien ce
pour en faire, aussi bien que de son livre, entre qu'on a porlé h ses oreilles sacrées?
lui, M. de Paiis, MM. Tronson et Pirot, un exa- M. UE Cambrai. —
12. « Au lieu de demander
men dont surtout il exigeait que je fusse exclu ; pardon au roi d'avoir caché le fanatisme de son
de sorte que mes Remarques seraient examinées confrère et de son ancien ami ne devait-il pas ,

sans moi, et à condition que si ces messieurs ne lui dire ce qu'il venait de me
promettre? Ce
tombaient pas dans le sens de M. de Cambrai, n'était pas les rap|)orts confus qui iiouvaient
dont ils étaient bien éloignés, il ferait deleur sen- alarmer un prêtre si sage ce qui le happa fut
:

timent l'état qu'on en a vu. Reprenons mainte- le pardon que iM. de Meaux lui demanda pour
nant la suite de la Réponse. ne luiavoir pas plus tôt déclaré mes égarements.
M. DE Cambrai. —
6. « M. de Meaux me fit
Si ce prélat eût cherché la paix, il n'avait qu'îi
attendre ses Remarques pi-ès de six mois mon :
dire à Sa Majesté Je crois voir dans le livre île
:

livre |)arùl à la fin de janvier, et je ne reçus que M. de Cambrai des choses où il se Irompe dan-
vers la fin de jidliet ses Remarques, qu'il a don- gereusement, et auxquelles je crois qu'il n'a pas
nées sous le nom de Premier écrit, du 15 du fait d'attention mais il attend des Remarques
;

môme mois 2. »
que je lui ai promises. Nous êclaii cirons avec
Réponse. — 1. Il faut remarquer la date de une amitié oitliale ce (jui pourrait nous diviser;
cet écrit et la vérité de ce fait. M. de Cand)iai, et on ne doit |)as craindre qu'il refuse d'avoir
qui en convient, ne nie pas au.ssi ce qu'il porte :
égard à mes Remaiijues si elles sont bien fou ,

que itcndaid que nous rédigions nos Remar- dées''. »


ques par écrit, on lui mil en main « deux Mé- Réponse. — 13. Celait \h un beau discours à
moires très-amples de M. l'irol, où sont toutes me proi)Oser. Sans doute, je devais répondre
nos diflicullésel une partie de nos preuves ^. » d'une amitié qui venait d'elle violée par un
Ces memoiies, faits sjous nos yeux conteiu\ient , acte si solennel; je devais me rendre garant de
le fond. Ainsi M. de Cand)rai n'ignorait aucun la docilité de .M. de Cambrai, après la marque
de nos senlimeids el l'on n'avait rien de caché
,
qu'il eu donnait par un livie où il venait d'élu-
pour lui. der tous les Articles que nous avions signés en-
M. DE Cambrai. —
8. « Alors j'étais sur le semble, el où il eiilre[irenail d'exiilupier ma
point de reveuii à Cambrai, et je n'avais plus propre doctrine sans m'en donner pari. De
que le lem|)s de préparer mes délenses (lour lelles propoMlions sont d'un homme (jui a cou-
Rome, où le roi nous renvoyait. » tume d'endormir les autres par la lacdilé de
Ri.i'ONSE. — y. Quand on ose nommer le roi,
I
Cl-diss«», «rt. 7, M. \b, lii, Xi.— îl<i'i..,c. 7, p. 100. — Mtip.,
« Kij)., c. 7, p. 131. - J JO., c. 7, p. 12tl. — Prciu. icrlt,
' ii.
g_ c. 1, p. 110.
ISi iu:.mai<ui;es siji\ la réponse

8CS o\|>r( :s>iuiis. 11 \(iit eiuurc (jue je l'oxcusc Iiien (pie c'est autre chose de .souhaiter, autre
sur MM |ieii il'.illcrilioii, lui à qui je venais une clid^e de soidliir mi de laisser faire; cl il ne lui
îiUiiilioii si pnnlijuifii- mais à rlutlt-r, uiiiis" est pas permis d'énoncer contre lu vérité le désir
|i(iii(lic (k- iiclles couleurs los uia\iiiR's les |iUk du roi.
iiiuigert'uses.
I II. Sur le Ttfisi (tes conf> rénccs.
li. « dcniandé paninn. » UucUc
Mais j'ai

merveille! Nous avions


i)cul-cHrc de lionnes M. DE Cami!Uai. —20. • Les prélats dressaient
raisonsd'é|iar|.^nfrM. de Cambrai; mais, comme ensemlilc une espèce de censure de mon li-

j'ai déjà dit, nous avions l'événement eonln; vre', etc.


nous. Ne dcvais-je pas encore aller disputer a Dès que ces asseniMi-es des prélats furent
contre un si lion maître, et soiitenir.M. ileClam- élalilies, et que loul v eut été concerté contre
(jui, contre tant de promesses, mettait la
l)rai ,
mon livre, on ne songea plus (pi'à me ré^luire
division dan> l'Ki-lise? On ne permet à un à aller comparaitre. Voilà ce (|ue si^'/dliaieiit
}
lionune de liien d'être trom|ié qu'une fois. ces tendres paroles : € yue ne venail-il à la
ITi. « Ce n'él.iil pas les rappoils confus qui
« conléienee, épiouver lu force de ces larmes
piinvaieiil al.oiiier un prince si sa!j;e. » Il ap-
« lialernelles, i> etc.
pelle des rapports conliis la voi\ imlilicpie de
tout ri)>anme loiilre son li\re et le lémui-
le ,
Hi.i'oNsi:. — 21. ('omme le refus des confé-»
renées amialiles est un des droits qui iiicoimno-
jrna^e pr( (•i> cpie rendaient nalnrellemenl à Sa
dent le plus M. de Caoïluai il emploie ses ,

Majesté les pens les plus sages. C'était comme


plus grands ellorls à le couvrir mais il ne faut ;

le cri de la foi hlessée (|ni venait frapper les


ipie se souvenir du lait e\|)li(pîé dans la /?<'/«-
oreilles, et s'o|ipo<er au quiélisme ren-ussuil ;
liun 2. Nous ne pouvions nous dispenser de nous
je n'avais pas encore ouvert la linuclie, et je ne
déclarer sur ce que M. de Camhr.li suppcsuit
le dirais pas si je pouvais en être dédit. On s'é-
il.ins son Avertissement (ju'il ne fais;iit son ,

tonnait de me voir si en repos p. ndant tous


livre des Marimrs titw pour exi>liqiier nos prin-
les mouvements ipie certaines gens faisiit-nt
cipes. Esl-ee une chose (pi'on puisse nier, que
cnnire mi)i. Mais, ipini ! je sais à i|ui je me ûe,
notre silence autorisait sa déelaralion? Nous
et <|iie Celui (|ui l'egardc Israël lie durt pas.
M. DE Cambuai. —
16. « Qu'avais-je l'ait de-
ne pouvions donc ni nous empêcher de parler,
ni parler sans convenir, ni eonviiiir .sms nous
pids (pie .M. de .Meaiix a\ait applaudi à ma no-
miiialion à rarelii'\éeiié de Canilirai?Je n'avais
voir ensemlile. tjuel air voit-on là d'aulorité ou
d'assemlilée élahlie pour faire comparaitre
fait que mon li\ie e'el.iil liieii assez ; et c'est )

ce livre nniiie iir leepui il m'avait promis ses


M. de Camliiai? Mais encore de quel mojen ,

mnaroiies • (coiieerlces. comme on vient de nous servions-nous |iour l'attirer à ce tiilmnal?


c'était de lui proposer une conlérence amiable
voir, avec M. de l'ai is et .M. de Chartres ; ce (pii
|)our nous expliipier ensemble, l'eiil-on plus
demandait du leinps). «Encore imeloisqu'avais-
visdilement iibiiser des mots, et renverser le-
j- lait dans cet inlervalle si court? je ne vois (pie
mu lettre au Tape i|iii ait pu le elKupuM' ': » Ail- langage hiuiiaiii.qued'appeler cela C(im/wr«f/r«?
leurs « Ma Miiiniission au l'ère comimin lie-
:
M. DE Camhuai. 2-J. « S'agissail-il de con- —
vail-ellc irriter M. de Meaiix'-^? » léreuces où .M. de Meaux voulut me proposer

Hi l'ONSK. —
1". Ma soumission est ciumue; doiiteiisement ses dillieulles, et se délier de ses

et je n'ai (|irà laisser passer des traits si malins. pensées coiilie mon livre^, etc. ? »

M. DE Camiuiai. in. «Etait-ce me rendre — Un'o.vsE. — 23.


n'est pas de la nature des Il

di^iie des lemarepies de M. de Meaux (pie ,


conlerences .imialiles de proposer doulrmemeul
d'écrire, selon le dé.sir du roi, unelellie au l'ape ses dillieulles car ainsi taiildeconférenees avec
:

pour lui soiimetlie mon livre, contre lerpiel on les ariens, avec les manielieens, avec les mono.
puliliail déjà de grands à Iton c ? » Il
liriiils thélites, un doute dans .saint
|irésupi)osaienl
dit ailleurs : « Le roi n'a-t-il pas désire que llilaire. dans saint Ainbroise dans siinl Au- ,

jeerivis.se*?» gustin, dans siiiil .Maxime, dans les aiilies qui


Hfcpo.NSi;. — lit. Ne disiiiis lien sur la suite de les iiroposaient. Uuand les Apôtres conler.iienl

la même maligrnle ; mais on ne peut pa.sser le avec les Juifs, est-ce à dire qu'ils leur paiiaieiil
désir du roi : « (Mi m'avait, » dit il, « a.ssuré dontcuscnuut de la venue de Jésus-Christ'/ Le
t ipjc le roi siiiiliailait tpie j'écrivisse. » Ce n'est faux saute aux jeux dans une sein Ida ije jro- I

donc point un oïdie ipiil eut re(,-u , mais il sait position ; par conséquent j'ai raison de dire * ce

I
Rip., e. 7, f. I3u. — ' Jb.. p. U4. — » 10., p. ui. — < Jl,., '
Ri-p.. c. 7 p. 131.— ' Relit., MCI. 1, n. 6 — > K»p., c. 7, p. 131
V lu. — • A(la/.,iect. T, n. U.
,

A LA RELATION SUR LE QUIËTISME. 183

que rapporte M. de Camlirai ' : « Nous ne niel- conférences, on plutôt aller subir la correction
lions point en qncslion ia iiuisselc de sa doc- de ce tribunal? »

trine ; nous la tenions déterminénient mauvaise Réponse. —


29. On se lasse d'entendre tou-
et insoutenable. »D'où Je conclus que «supposé jours prendre à contre-sens les ternies de « cor-
invinciblement comme il a lait
qu'il persistât , « reclion » et de « tribunal; » mais il ne faut pas

à nous imputer ses pensées, il n'y avait dî salut se rebuter,il faut sauver les infirmes qu'une ap-

pour nous, qu'à déclarer notre sentiment à parence de dialectique éblouit.


toute la terre. mes paroles, dont M. de
» Voilà M. DE Cambrai. —
30. « Dans la situation où
Cambrai conséquence.
lire cette j'étais, me convenait-il d'aller taire une scène
M. DE Cambrai. —
24. « Rien n'est plusclair : sujette à diverses explications, sm* lesquelles M.
M. de Meaux ne voulait m'allirer dans l'assem- de Meaux aurait été cru? »
blée que pour décider, que pour pailerau nom Réponse. —
31. A celte fois la difficulté serait
de l'Eglise que pour me l'aire dédire 2. »
,
imporlanlc, si l'on n'y avait |)onrvu par les con-
Riip-oxsE. — 23.
Est-il permis de dire Rien : ditions de la conférence. Elles sont comprises
n'est plus clair,pendant qu'on voit le contraire ? dans l'écrit du 15juillet 1697, que M. de Candirai
on ne confère point « pour décider; » mais pour reconnaît; j'y avais déjà renvoyé ce prélat dans
prouver ce qu'on croit; on ne parle point « au laRelation 1, et dans une simple lecture de quel-
« nom de l'Eplisc » cbacun propose ses pieu-
: ques paroles de cet écrit, on verra que j'avais par
ves, et on a de part et d'aulrenn même droit. En avance répondu à tout.
demai\dant à M. de Cambrai une uonlérencc
in. Contlitions de la Conférence, par l'écrit du 15 juillet 1697
amiable, nous ne prétendions as l'obliger à |
g

douler de ses sentiments. La loi est égale, et il S'a. La de montrer la vérité claire « eu
fin était
ne devait non plus exiger de nous que nous « peu de conférences, en une seule peut-être,
doutassions des nùties fnudrail-il seulement :
« et peul-èlie en moins de deux beures 2 » ;

[iiouver des vérités si mauilésles, si l'on agissait après avoir marqué les longueurs des répliques
de bonne loi? Après les conléiences, si l'on ne et des dupliques par écrit, on offrait pourtant
vent pas se rendre à la vérité, elle ne doit pas « d'écrire » et « souscrire toutes les propositions
pour cela demeLU'er nmeile si M. de Cambiai :
« » sitôt qu'on le deman-
qu'on aurait avancées,
ne veut jamais convenir qu'il ait tort de nous derait, mais on voulait commencer par ce qu'il
im[)uter sa docliine, que nous resle-t-il en effet
y a de plus court et de plus trancliant, qui était
pour mettre noti'e conscience à couvert, que de la vive voix.
déclarer notre sentiment à toute la terre? C'est 33. Quoique M. de Cambrai nous eût fait beau-
l'eflct inévitable d'une conlérence c'est pom- :
coup de demandes inutiles; après avoir répondu
éviter celle exlréniité, qu'on fait précéder, non que « c'était ouvrir une nouvelle dispule, au lieu
pas des décisions, mais des preuves, des autori- de finir celle où nous (Mions 2, » j'offris néan-
tés, des démonstrations M. de Caud)rai le sait :
moins de répondre à tout, pourvu qu'on voulût
comu'c nous, et rendra compte à Dieu de nous
il
venir à la conléience amiable di.> vive voix •'.

faire perdre le temps à prouver ce qui est clair 34. La suite de l'écrit porlail, qu'on admettait
connue lesolcil. ' à la C(Milérence les évéïpieset les docteurs que

M. DE Cambrai. —26. « Mais quoi! M. de M. rarclu'vè(|ue de Cambrai y voudrail appeler: »


Meaux ne devait-il pas craindre de se tromper et « (|ii'encore (pi'on lui proposât toutes les con"
en me condamnant? Non, on tie mettait |)as en dilions (es plusé(piilal)les, on avait pour témoins
question que |eiie fusse dans l'erreur, que je ne de .son le monde a de plus auguste:»
refusée (pie
dusse me dédire. » tous ces ont passé sans contredit M. de
faits :

Réi'O.nse. — 27. Dans une


conlérence de reli. Cand)rai a vu ces écrits, et il n'y a plus mainte-
gion est-on obligé de mettre s;i loi en doute? nant (pi'à conférer un moment ses objections
maison doit craindre de se Imuiper: non, dans avec mes réponses.
les matièiesoù l'on a pom- guide la Iradilion évi- M. deCamiuiai. — 35. « Dans la situation où
dente. Au surplus, dès (pi'on eut Cdimneiiccde' j'étais, me convenait-il d'aller l'aire une nouvelle
part et d'aidre par mcllre en doute le sujet de la si'ène sujelle à diverses explications, sur lescpiel-
dis|iule, il n'y avait (pi'à se taire, et tenir tout les M. de Meaux aurait été cru '? »
lionr indilléj'enl; mais ainsi la \erilé eût perdu Réponse. —
36. On remédiait à s;i crainte en
sa cause. oflranl d'écrire ce qu'il voudrait •'.

M. DE Camiirai. — 28. « Devais-jc tenter ces



' liclul., S.CC1. H, II. 2 et SUIT. ' l'ivm. écril de M. do McauB,
— — > Prcm. l'cril do M. de Me«ux. — '
A. — > Rif., e. 1, p. 138.
» Klp., i>.
IM. ' JUU. —• Ci-deuui, D. 33.
iM RKMARQUES SUR LA RP,l'ONSE

M. DR C*Mnn\f. — 37. « Si M. de Moiiux n cilé M. DE (AMitiui. — W. « Pour (éviter ers confu-


si mal les |i;i>Nii:os tlf tiios (Vrilsiiiiiiiiini^s, qui sions Mans |c>(onfi''rencesi je les proposiiis à .M.

soni SONS les \LMix (lu |nil»lic, etc.. (|iic n'eùl-il l'arelievéïpic de l'aris, avec ces trois condi-
pns dans ces roiili^reiiccs iiailiciilièivs où il
r;iil tions. >

nmail pu s'abaiidomier lil)rcineiil à sa vivacité IlEPfj.NSE. — liO. Il scnl donc bien en sa con-
et h sa prévcnlimi ? » science que le relusse louriiait en preuves contre
RtPONSi;. — 38. M. do Cambrai cndo son dis- ui.

cours par tous les repriiclii'S(|n'iin a cent lois ré- M. DE CAMnRAi. — 81. « I^condilion: qu'il
y
futés, et il ne dit mol à l'olTie d'écrire, qui remé- aurait des évoques el des lliéoliviens pré-
diait h tons les ineonvéïiieiils. sents. »

M. DE Camiium. 3i). « Je fis proposer à M. — Réponse. —


lii. On vient de voir ' que j'en

de Meaiix une voie d'éclaiirissemrui entre nous, étaisconvenu, sans que .M. de Cambrai repro-
aussi sùi'c et aussi paisiiili' ipie celle des eoulV'- che ce lait dont nous avons de trop fçrands té-
rcuces pouvait être tunudlm-nsc et and)ij;uë '. » moins.
RftpONSi:. —
10. Il ne pouvait rien y avoir de M. DE CAMiinAi. —
53. « II* condition: qu'on
tumultueux ni d'.iud)iiru avec les couililious parlerait tour à tour. >

pr(>i)0sées. L'auteur du tumulte, quel (pi'il eut Repo.nse. — 3k Ctmincnldonc aurait-on pu


paru aux spectateurs, et se serait con-
été, aniail
taire sans cela ? ipii jamais a imairiné une confia
vaincu lui-nu iiic: c'i'lail donc, par une crainte rence on l'on parle tous ensemble?
trop vai^ue, rejiler l'expédient le plus assuré et .M. DE CA.MiinAi . — ;io. " Qu'on écrive sur-le-
le plus court. champ les demandes el les réponses. »

M. m; de nous faire
C.vMiiHAi. — tl. « C'élaif Ri.po.\.sE. — 5(3. que j'avais demandé
C'est ce

l'un à l'aufrede cnurles (pieslions cl de comtes par l'(Vrit(pie M. de Cambrai a rc(;u ^: et pour
réponses par ('cril, aliu que nous eussinusde .abn'^jer je pro|ios;ii d'écrire ce qu'on eùl
,

pari et d'aiilre des preuves lilléralcs de tout ce voulu, au choix de la |iei\sonnc attaquée, quelle
qui se passerait cnlie nous. » qu'elle lïit.

Ri.poNsi:. — 4:2. Les ii-ponscs co- ries par écrit M. Camiirai


iiE —
5". a lir condition: que M.

dans grandes (lueslions ne durent uiièie: la


les de .Meanx ne se servirait point du prétexte des
vive voix traiiclie, parce qu'on va daluinl au conlérences entre nous siu' les points de doc-
point. trine, pour vouloir se reuilre examinateur de
M. i)i; Camiuim. —
W. oïl en couvieni: je lui . mon livre. »

envoyai viuffl courtes réponses. » Réponse. — KS. C'est h'i on l'on n'entend lien:
Reponsk —
-ii. Il m i'iivo>a de quoi disputer pourconléier siu' le livre (pii seul rni>nil la ques-
jnsqu'h la lin du monde. tion, il bien en evaminer le texte, non
lallail

M. i)i;Cv>!i'.nAi. 4.*». —
« Il m'en envoya ipiel- point par un examen de juridielion, quoi on l'i

quesunes, mepromellanl deme repondre lors- ne pensait pas: mais par un exainen de dispute,
que j'aurais répondu. J(* i'e|)ondis :ui\ «pii-slions s;ms leijnel il n') a point de conlérence.
de .M. de .Meaiix: alors il refusa de me rep(Uiilre DE ('.AMitiiAi.
.M. ?»!•. —
1 Que cet examen du

paréci'il nouolistanl la promesse qu'il en avait li'xte demeuicrail, suiNaiit noire projet, entre M.

iaili', et dont j'ai euvoM- l'écrit à Rome. » laK lie\é(|uc de Paris et moi avec MM. Truiison
Ri poNSK. —
i(). On vient de voir 2qiio je n'ai et l'iroi 3. »

Jamais letuse, mais senJemenl dilleré de répon- Réponse. — 6. A ce coup. M. de Cambrai com-
drcMiiémeiiar écrit, pour le taire plus nettement mence à.s'expliquer mieux. Il est vrai (piil pro-
dans la conlérence. I> i-n\oi de mou écrit à Koiiie posa de C'inicreravec inoi, à condilion (|ue je ne
montre en M. de C.amin.ii trop d'envie d'einhar parlerais point de son livre: c'est ce (pi'il voulait
ra.ss«M- une friande (pieslion par des minulies. réserver à lui el à ces .Messieurs; el pour moi ipii

M. DE (^v.MiiiiM. —
\'i. «On peut voir par mes étais exclu de cet examen, j'aurais |iu dans la
réjionses, etc., (pie des conlérences ne devaieni conléience discourir en l'air sur toutes les (pies-
pas m'einlKirrasser •*. » tioiis hors du livre, celles du livre m'elaiit inter-

Ri poNSK. — W. On peut voir par se.n réponses diles; el il séloime (pi'on ail rej^arde celle con-
que papier .soidTre loul, et (pion n'écliappe
le dition comme mie pour
illusion maln^e.^te. on,
pas de même à un discours (pii vous prc'vse, el se (liscul|ier du relus iujiisle el absurde de con-
Vous ramène inal;.'re Mms au |
oint de la (|(ies. férer, ou seiidile eu convenir et en nu. iic temps
lion : i,a éle là le moiii el le li dit de lonles le on rend la coiiléreuce non-M'uteiaciil impossi-
cuniereiices. ble, iiiai.s encore iidic> le.
' !<• |. . c. 7, |>. IW. — ' 1 i-<li «^lu. Il 3.' 33 — n*p .
|i. IM '
^-^icMUt, n. 44. — ' y*., u. .'=' — i '• ' |i. i3*.
A LA RELATION SUR LE QUIÈTISME. m
M. DE CvMBRAi. — 61. « Poiir l'histoire il'iin à Rome. » Là il rapporte mes paroles, qu on
religieux de disliuction...., eliem'esl absolument peut Vdir dans la Ilelalion 1, et il les reprend en
inconnue. » celle sorte Qui ne croirait, à ce ton démons-
: «

Réponse. — 62. Il fallait se déclarer sans dé- li if, que la pleine conviction de mon
vuilfi

tour, si la proposilion d'une conl'ércncc « par un infidélité? mais c'est ici que je conjure le lec-
areligrieii\ dedisliiiclion, » qu'ilne connait plus, teur déjuger entre M. de Meaux et moi 'i. »
lui est inconnue. Si sa réponse, que ce digne Réponse. —
2. J'accepte l'offre, et je consens
religieux riconte fort franclioment, ne plail pas qu'un lecteur attentif nous juge par cet endroit
à M. de Cambrai, la Relation lui laissait le ciioix seul.
d'en faire uneautrc ', « quiiio pourrait être que 31. DE Cambrai. — 3. « l» J'ai déclaré dans
« mauvaise. » Il fallait donc imaginer tell" autre mon livre que l'intérêt propre est un reste
réponse qu'il eût voulu; et non pas, sur un fait d'esprit mercenaire 20 j'ai montré avec évi- ;

aussi positif, nous payer de conjectures en l'air. dence que M. de Meaux a pris lui-même l'inté-
M. DE Cambrai. —
63. « Je nerenns les remar- rêt, non pom- l'objet de l'espérance chrétienne,

ques de M. Meaux quequand il n'était plus ques- mais pour une affection imparfaiîc; 3" le terme
tion que de partir pour Cambrai, et d'envoyer de « propre » ajouté dans mon livre à celui
prom'ilement mes réponses h Rome 2. » « d'inlérèt, » signifie manifeslemcnt la pro-
Rkponse. —
61. Il ne fallait qu'un oui ou un priété, qui, de l'aveu même de M. de *Meaux,
non. Si l'on eût aimé la paix, on eût bien pu est une du dedans, et non l'objet du
aff:"clion
difféier de queltpies jours le voyage. Je ne de- d(^hors; i°.M. de Meaux, en tradui.'^ant mon
mandais que très-peu de jours, et pout-èire seu- livre, dans sa D-'cInration, a rendu le mot « d'in-
lement deux ou trois heures. M. de Cambrai eût « léiessé » par celui de merrcncirius. Ai-je tort

pu tant qu'il eùi voidu envoyer ses Réponses à de traduire mon livre comme ce prélat l'a tra-
Rome, pour lesquelles on ne lui a jamais d;^- duit lui-même ''? »

maitdé de sursénure: mais il ne voulail (pr('h;- —4. Que servaient fantdediscours?


Réponse.
(1er les vnies d'éclaircissement et de douceur, La fausseté dont ma Rehtiion accuse M. de
que la cliarilé et la vérité nous faisaient deman- cambrai (iaiis la version de son livre, est d'avoir
der: et il ne sachant que dire
se hâlait île partir, partout, et plus de rinquanle fois, inséré dans
îi tout le monde, qui lui reprochait le relus de la son texte terme iVappctilio merceiiaria, qui
le
conférence avec ses annsel ses confrères. n'y fut jamais; et d'avoir expliqué par là le
M. DE Cambrai. —
60. « Je voidais bien écou- mot de motif et celui d'intérêt propre. Pour
ter les avis par écrit de M. de Meaux, et en pro- argumentor contre moi ex conres^i'^, et pouvoir
fitiM-, .s'ils étaient bons; mais je ne voulais pas jusicmcnt alléguer en preuve la DèdaraVwn des
me le livrer h lui dans .son tribunal. » trois évè(iues. il faudrait, non point y marquer
Réponse. —
66. Voilà enfin le fond elle secrei eu l'air, comme
M. de Cambrai fait h la marge,
de la délense de M. de Cambrai sur les confé- une longue suite de discours, mais (juelque en-
rences. Il n'y sait rien de meilleur que de chan- droit parliciilier où l'on employât le terme (//)/)(.'-
ger au nom odieux de Iribiuial, le nom d'une titio eu tradiiisanl .«^es passades. Mais qui .son-

coidérence amiable, (pic .sa con.science et même geait senleuient alors à celle iulerprélalion
riionnciir du monde luireproche davoir injus- entièrement inouïe? M. de Cambrai lui-même
tement rehi.sée. J'ai rapporlé tout au long; et n'y songeait pas encore dans .sa première ex|)li-
pre.=(iuc de mot à mot toides scsré|)ouses enfin ;
calioii (pie M. de Charlies a impriiiice, pui.stprij

il est convaincu d'avoirrchisi' les voies aimables, y suppose toujours conmiecon.vlaul, qu'il a pris
et d'avoir lellemeiil .senti le l'aiblc de sa cause» le terme de motif pour la fin qu'on se propose

qu'il n'a pu soutenir la lace de ses amis. au delitis.


5. M. (le Cambrai, destitué de preuve, a re-
cours dans sa Ui'pimse à une consetpieiice tirée
ARTICLE X. du mot de « pro|)riété » mais outre (prime :

8UB DIVERSES AUTRES UEMAIHIUES DU CHAPITRE VU consf'qiience n'est pas une version où le texte
ET DERNIER DE LA REPONSE. doilêtie reprt^senlélehpi'il eslensoi, on répond
de plus (pie la conséipieiice est niainai.se et :

I I. Sur la falsiRcation de lu vi>rsiiin lutine du livre


de M. de Camluvii.
quand la propriété serait un « appétit, » il ne
.s'eiisiiil |ias ipie le iiiolil en fût un. Ainsi M. de
M. DE Cambrai. — i. «Ceprélataltaqiieencorc Cambrai demeure, eu cinqu.mte endrnils, f;iu\
la version latine de mon Iïnk- que j'ui envuyée traducteur de sou propre livre, en sidi.'>liluaiil
Relut., koil. tl, n. b. — '
Kif , c 7, p. 136. ' Rtiïi., Mci, 7, 11. 6. — ' Kii,. , (. lac — '
/»,, r 13»
,

188 REMARQUES SIR I.A H^l'ONSE

une C(>iis(''qiionrc, cl encore fausse, au texle \îl. M. de .Meaux veut que ce fait soit faux;
<'

(|ii'il ivndif Miii|ilcmenl.


(.illail I" parce ijuil n'en a jamais entendu parler;
'2" il dit (jiie je me suis dédit sur ce lait
G. tl pour ne m'en pas tenir, «miinie fail eom- :

M. lie Cambrai; à de va};iies cilalions, je lui meiil dédit? c'e.st <|ue dans une seconde édiiion
représcnle dans son arliile H vrai <, la IradiictiDn de ma llqurnse, j'ai su|pprimé cet arliclc. Mais
de ce passade « L'Ame s'aliaruloime à i)ieii
: est ce se dédire sur un lait (|ue de le suppri-
pour tout ce qui regarde son inlt lét propre. » mer? » M. de Camluai ajoute ipi'il l'a supprimé
Et un peu après « En ne lui faisimt voir au-
: par discrétion, parce qu'il voulait suiiprinier

cune ressource pour son iiiléuM pro()re cHernel:» Autant qu'il pouvait les contestations jicrson-
I.
Eu vérité, oseia-l-on dire cpie ce soit traduire nelles ji

deux endroits e.sM.'iditls dans cette matière,


.si Kl po.NSK. —
i;i Tout est ici plein d'illusions
que de les rendre en cette sorte, le iiremier : M. de Cambrai demeure d'accoiil d'aNoir sup
permillere se Dco quoad vmuis commodi pm- primé ce fait dans nue seconde édition, et d'a-

prii merci'tiaridw appctilioiicm le second, encore ; voirvoiilu relirer les exemplaires de cette édition
plus essentiel uulla spe quodil pruprii ((iiniuddi
: où il était énoncé : n'est-ce pas là un désaveu
eliam œtemi mercfiiaridin appelHiuitem ? assez formel ? .Mais ee piélat ne maïupie jamais
1. II commet la même lalsilication lurscpi'il de beaux prétextes ; c'est, dit-il, la discrétion
traduit dans l'article 10, « le sacrifice absolu «le qui Ini a fait « supprimer les contestations per-
« rinlérét propre pour l'éternité, » par ces « sfuinelles. » Cela serait beau s'il était vrai :

mots : ahsnlule pioprii commodi appetilioiiem mais s'il avait à sup|)rimer cpielque chose par
viercciiarinm quanhaii ad œleruilali'm immolât '^. « discrétion sur les contestations iicrsonnelles, »
8. Pour peu qu'on entende celle dispute, on il aurait dû commencer par ces étranges |)a-

sait que ces trois passades sont les plus essentiels roles Lejudceilé de ces jnélalsa été Ici, que
: <

de tout le livre; et ceux (|ui en entiaiiient le je ne pourrais espérer d'être cru en le racon-
plus l'inévitable censure, à titre d'impiété et de tant 2. » Loin de retrancher ces paroles de la
blasphème, du propre aveu de l'auteur. ()|- est- première édiiion, il enchérit jiar-dessiis dans la
(pi'en ces trois endroits si essentiels la tra- seconde, en y ajoulaiil ces mois « Il est bon :
il

duction latine est falsiliée elle l'est donc dans : même d'en épargner la connaissmcc au pu-
tout ce (ju'il y a de plus essentiel dans tout le blic 3. » C'est ainsi (]iie sa discjélion lui fait

livre. supprimer les contestarKuis sur les faits.


9. Il faut ici remanpier que c'est .sur celte li. Pour ce qui regarde M. ilc Chartres, dont
version latine que M. de Cambrai demande au il apiiclle A lénioin la bonne foi, et une lettre

l'ape d'être jn^;é3: en elTel, beanconp de et, écrite de sa part;* ipi'il se souvienne cpie ce

ses examinateurs, qui n'entendent ou entendent prélal, après avoir témoigné laiit d'élomiemenl

peu le liançais, le jugent sur sa version. Ils le de voir M. de Cambrai « donner sa picuiiére
jugent donc siu' des l'ausselés essentielles c'est : explication en la présence de bien, avec dos
sur des faussetés essentielles qu'il demande prolestalions si sérieuses qu'il n'avait point eu
d'être jugé. On vante en vain le nombre de ses d'aulies sentimenis en fais;mt son livie, et s'en
partisiins la plupart d'eux ne le .sont maiùlès-
:
départir eependaul dans son Iiistnictioii pasto-
lement cpie tiorupés par ime infidèle version. rale ^ : » M. de Chartres, dis-je, se .sert de cet
10. Si, malgré l'évidence de ce lait. M. de exemple pour nous i>rémunir tontre les autres
Cambrai propose (ju'on le ju;;e déeisivemenl par allr.:atious de cet aiThe\èi|ue, en par a il ainsi:

cet endroit seul, c'est visiblement (pi'il met sti « Juge/ à l'avenir des laits et des rai.soii> qu'il
contiauee dans la lianliesse de rallirmalion, et avancera contre nous pour déleodre sou livre,
non pas dans la force de s^i preuve. par ce lait ipi'il a\ait donné comme incunles-
table *^. » C'en est assez contre un fail suppiiiué
Sur un fait posé p-ir M. <le Cambrai rt dosavoui^ par
I II.
lui-mime. par sou .•iiiteur.

Au expédients (jiie M. de Cam-


M. iiF, Camduai. —
11. « Voici un lait biin
15.
brai étale par
reste, les
un si long discoui> '', n'élaient
remarijuable (|ue j'ai avancé, et ipn, .selon .M. de
point recevables. et nous les avtins réfutés dans
Meaux, est si lai x que j'en supprime les prin-
la llilatioii ». Tout abouhlà concluiv que nous
cipales circonstances *. Ce lait est que Al. de
devions envoyer secrètement nos objections à
Chartres, » etc., «ju'on peut lire dans la Itc-
Rome. Mais où e.st ici requi;el' il veut bien
ponse.
R«p., p. 138; Htl •«««. 7, Il 31. ' Kcp. à la D^l.. prrm et —

.

Maï., p. 7a. ta. }'"» Int.. p. 61, 63. — deux, «dit., p. 8. ' /•• —
deux «du., p. 6. • y*., p. 1311 —
>

Vtri. tai., p. 66 —
'

' Lvltru d* M. tic l'unbral


/(... «rt. 10.
Pap*,
p VO
tpt^a.
» Ltltri! paalor. dr M. de Cha irc», p. «9, 79, bO.
.

• /»
, p. Il»,

— • IU|> , c. 7, p. 137
«ii ci
lao. — ' B«p., 138. uo, ui, «le. • nci , ftn i. n ai. —
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 189

nous prendre publiquement à garant de ses respect, tant il veut accoutumer le monde, et le
ci'reurs, dans VAveiiissement de son livre des Pape même s'il pouvait, à se coulenter de belles
l^laximes i, et il ne veut pas qu'il nous soit per- paroles.
mis de rendre notie désaveu public? Cbargés I IV. Sur les explications.

de ses taules par un livre impiimé, nous ne M. DE Cambrai. —


18. « Voici nn moyen dont
pourrons y opposer que des Mémoires secrets? M. de lAIeaux se sert pour justifier sur le refus
Notre silence n'eùt-il pas été un consentement qu'on a fait de mes explications il dit que je ne :

honteux là l'erreur qu'on nous imputait? C'est faisais que varier. C'est ce que M. de Chartres a
néanmoins ce que M. de Cambrai nous reproche entrepris de prouver mais je ferai voir que ce :

cent et cent fois conmie une injure nianiieste prélat a pris ce que l'Ecole appelle argumenttnn
que nous lui faisons. Quelle cause ne soulien- ad hominem pour l'explication précise de mon
drait pas celui qui sait appuyer une si visible livre '.»
injustice !
Réponse. — 19. Le tour est nouveau : on
ê III. Sur les soumissions de M. de Cambrai dans ses deux pousse une explication dans toute sa suite, sans
lettres im]irimées.
indiquer seulement qu'on en ait une autre et,
M. DE Cambrai. 16. « Il parassait par mes — quand on ne peut plus l'accorder avec ses autres
;

deux lettres, l'une datée du 3 août, et l'autre de discours ni avec le livre qu'on veut excuser,
quelques jours après, que M. de Meaux a lues tout d'un coup c'est un argument ud hominem.
imprimées, qu'en demandant au Pape à être On peut tout dire à ce prix mais cependant on ;

instruit en délai! de peur de me tromper, je pro- s'enfonce de plus en plus dans la variation puis-
nicllais de me soiuueltrc sans ondore de reslric- que l'on varie même pour se défendre d'avoir
lion, tant pour le fait que pour le droit, auelque varié.
censure qu'il lui plût de faire de mon livre '. » M. de Cambrai. —
20. «Mais supposons quej'aie
Réponse. — 17. « Je promettais, » dit-il (dans varié...supposons, ce que je montrerai ailleurs
ces lettres), « de me soumettre sans ombre de n'être pas vrai, qu'il y avait des erreurs dans
« reslriclion. » Je lui répète ce que j'ai dit dans mes explications: ques'ensuit-ilde là? Qu'après
la Belation 3 : « Que voulaient donc dire ces m'avoir montré ces erreurs, il fallait au moins
mots de la lettre du 3 août : « Je demande seu- me redresser 2. »
« lementau Pape qu'il ait la bonté de marquer Réponse. —
21. Que faisait M. de Chartres
« précisément les erreiu's qu'il condamne, et par tant de réponses? 11 n'y a qu'à lire tout ce
« les sens sur lesquels d porle sa coudamnalion, qu'a fait, tout ce qu'a écrit ce digne prélat, ce
« que ma soumission soit sans restriction?j)
afin
docte théologien ^, pour ramener son ami. Et
C'est donc clairement menacer l'Eglise de res-
moi, que préleudais-je autre chose dans l'écrit
triction, si le Pape ne prononce pas connue il
du 15 juillet, lorsque, l'invitant à la conférence,
le demande. Ainsi il donne le change lorsqu'il « Nous sommes prêts
je parlais en celte sorte '*
:

dit « Selon M. de Meaux ce n'est être ni docile


:
à lui faire voir :

ni sincère de demander d'èlre iustriùt*. » Il me « Que son explication ne convient pas à saint
fait parler comme il veut. J'ai dit cl je dis encore,
Bernard qu'il allègue seul, et qu'elle lui esl con-
que ce n'est pas être docile à l'inslructiou quand
traire ;

ou menace de restrictions, si on manque de nous « Qu'elle ne convient non plus à aucun père,
inslrnire à noire mode. Que peut-on croire d'un
à aucim théologien, à aucun m\sli(pie ;

auteur (pii seglorilie d'exclure jusqu'à «l'ondjrc


« Qu'elle est pleine d'erreurs, et (jue, loin de
de la restriction » toute claire? J'espère ipi'il
purger celles du livre, elle y eu ajtuite d'aidrcs;
fera nùeux qu'il ne dit : mais enlin, voilà ce qu'il
« Enlin. que le système, très-mauvais en soi,
dit en termes formels. Il ne répond rien à cette
l'est encore plus avec l'explicaliou ? »
objeclion il ne ré|)ond rien à l'extrémité oi'i je
:
2:î. Pouvait-on entier dans un délai! ]>lus
lui démontic qu'il ose réduire le Pape, en lui
nlile p()ur redresser nn ami (pii s'égarait ? .Mais
proposant rinq)ossible 5; c'est-à-dire de leiini-
il voulait être llatlé dans ses nouveaulés il : rehi-
ner tous les sens des espiits féconds en chicane.
sait le secours qu'on lui olfrail, et puis il vient
Enlin, lnin de rétracler deux lellrcs si témé-
se plaindre qu'on ne l'a pas secouru.
raires, comme je l'en avais averti o, il les défend
Mmo Cuyon.
I V Encore sur
cl les ctudiiine; et croit avoir satisfait à tout
son devoir (]uaud il vante après sa soumission
il

M. DE Cambrai. — 23. « Il est temps de reve-


alisohic, sans rétracter ce (pi'il a dit c(nilre le nir à M°" Guyon ^. »

I
U.p.. p. U2. — = /' p. 1 i:i — ' Lclt. p.isl. do M. .le C-|i.iilri»,
' ei-.lcssiis, art. 9. 11. 21 — J
H<.p., |>. 129. — ' Ki-Ut., .sccl 10, p. 09. 10, etc. — '
.

Prein. icrit tis M. ilo Moaux, n. b. — U. p.,


11. 3. — * Htp., p. 140. — > Kclul., 8cct. 10, n. 3. — • /*., ii. 5.
p. la.
190 ULAIARULES SUU LA RÉ^OiNSE

RéPONSE. — Puisqu'il ne lail picsque plus, M. de Camiiiiai. 34. « Que veut donc M. de—
dnus li; irsU' (le sa /îc/RH/sf, que de icpi'lcr ce Meaux, m1 ne peut être assuré par mon texte
qu'il u dit |i(iui- celle li'Muue, je u':uu';ii plus qu'à même? 'I

ujiiiiler (|iielquea pelils luuls ùccquc j'ai déjà Rti'ONSE. — 33. Je veux qu'on avoue fraiiclic-
ri'pundu . nient l'illusion qu'on a l.iile au public par le dé-
M. DE Cambrai. — 2i. « Je demande à M. de saveu de sontexle: laissant à pari le lexte, ce
Meaux (ju'il explique eu leriues pncis ce qu'il n'est pas la coutume (|ue dans des lettres aux
veut de uioi ; et j'ose dire (jii'il iw le pourra grandes puissances on lasse des marges; on
expliipier. > |ireiid bien la peine do inelire tout ce (ju'il faut
ilLi'o.Nsii. — 2o.
puuilaut eu deux Le voici dans le lexte mémo, et surtout quand il s'a;;il
mois: i" 11 laudiait uelteuieul coiidauuier les de spc'cilier une chose aussi essentielle (|ue l'eî^f
mauvais livres de celle leniuie, nuls pallier le la condaumalion des mauvais livres, .\iusi reje-
relus d'uuc telle coudauuialiou par limeution ter en marjie les livres de Al""' Guyon, c'est évi-
de l'auteur; 2" il laudruil rétiaeler de liuuue loi ter le dessein rormc de lescondaumer dans le
tout ce qu'on a dit, (pie les eudruils leprisdans lexle; et c'est la suite du iuauviùsdes>ein, d'a-
les URiucs livres ne sont (iu'i'(iui\o(pies, exa>;t:- voir déjà évité de la noimuer parmi les faux
ralious et termes un.sliques mal eideudus par spiiituels, aussi bien (pic Molinos, qu'elle suit
leurs censeurs; 3" il laudiail encore rétracter, en tout et qu'on épaij,'ue pour l'aïuoiir d'elle.
tout ce qu'on a dit eu j^é'ueral sur l'inleulion M. DK Camiihai. —
36. « M. de Meaux s'était
des auleuis, et ne luuinii' plus des déleuses à plaint, dans la fliV/'/ra/ton, que j'avais fait loin"
tous les h(ii'étiques qui lurent où qui seront ja- ber (dans la Lettre au Pape) le zèle des prélats
mais. surles uiyslicpies des siècles passés '. »
Ai. deCamdrai. — 26. « J'ai ('crit au l'apc (juc Uti'o.xsE. — 3". Je m'en suis plaint, il est
ces livres (ilaienl condauuiahle.--, dans une let- vrai: car aus.si (pie voulaient dire ces paroles
tre imprimée : n'est-ce pas l'acle le plus solen- de Lettre au Pape
\ii « Depuis (jiielqucs siè- '^•.

nel '^
? » etc. clesbeaucoup d'écrivains mysliipies, iiorlant le
Rtl'o^sE. — 27. On a montré que ce en qu'il mvslère de la toi dans une conscience pure,
dit Cbt pldlijt une excuse cuiidaumali'iU' (lu'iine avaient favorisé, sans le savoir, l'erreur qui se
M. DE Camiihai. — 28. M. de Meaux >< dil (lue cacbail encore ; ils lavaient lait par un excès de
je n'ai |>asnoMuué la persoime de M""' (.iu^on ; pielé a enflammé
alleclueiise, etc. C'est ce ipii
mais la nommait-il lui-même quand je lis celle dent de plusieurs évé(iues. n C'est donc
le zèle ai
lettre»?» manifestement contre ces pieux mystiiiues des
Réponse. —
29. Il ne s'agit pas de son nom :
siècles passés que notre zèle s'est enllammé;
j'a\aisexpressément condaumé ses livres, que « c'est ce qui leur a l'ail composer 3i Articles. »
M. de Caudirai tàciiait de sauver. Ces Al licles sont donc dressés contre eux; «c'est
M. DE Cammhai. —
;iO. " Il ajoute ([ue je dés- ce ijiii les a enuagés h faire des censures conti'e
avouerais peut-élre dans la siute des cilalioiis cerlaius petits livres, » elc. Il veut donc cnvc.
marginales qui; j'ai tiiiio iln Muyeti tourl ci du lopper ces petits livres dans l'idée confuse de
Ciiuliiiue: où en esl-on quand on veut supposer ces anciens et pieux mv.sli(pies. Il répond ' que,
de telles clioses ' î » lors(|u'il dil (jne ces mvsliipies des siècles passés
Rli'onse. — 31. On en est où en élait M. de « oui ecliaiine le zèle des prélaU » et fait faire
Cambrai lorsipi'il rejelail sur im autre le terme leurs articles cl leurs censures, c'était à dire
t d'involontaii'c » (pi'il allrilxiaiti'i Jésus-Clirist; eu étaient l'orij^ine innocente. » Kst-ce
« ([u'ils

j'avais lait celle obicclion dans la Hcldliuii''', cl ainsi (pion parle quand on veut parler nelle-
M. (le Caudirai la trouve si lorte (pi'il n'y fait menl ? In esprit si clair, ijui eiiibroiiille exprès
aucune repimse. Au reste, c'est une élranye son discours, ne moulrc-t-il pasipi'il veut |ilu-
condamnaliiiii (|u'une Unie mar);inale jetée après Iflt envelopper (ju'èclaiicir son sujet? Il ne ,s'a-

coup à colé il'ime letlre au l'ape. gissiiil que de dire, sans tant tournoyer, qu'il

M. DE Camiiiiai. —
d-l. " Il lail enleudre (pie je condamnait, avec les évéqiics, les erreurs des
désavouerai peul-élre .uissi mon propre texte''.» livres dont il s'agissait, sjuis leur clieicber des
Ku'o.xse —
S,i. Il Irouve donc lort étrange excuses cl des défenseurs parmi les pieux mys-
qu'un auicur désivoue sou pr(qirc lexte? C'e.-t liipies, que personne n'alta(piait car ils sont :

ce <pi il a lait sur « l'involonlaue » allribue à au fond très éloignes de M"" l.uvim et loin d'en ;

Jé.NUb-Clu'isl. favoiiser les erreurs, comme dit.M. «le Cambrai,


' Cl-d»i»vii. «ri. 2. 3,4, 5. — > Héf., p. 144. — '
Uû. —
lU'i'., |i. ' Intt. |>4:>l de M. M* <i*mbnt, auldiu, (>. Ib.

p. 146. — ' Btlat.; tcct. 6, d. 14. — " H»p., p. UO. Voyu ci-cprta. — B^., p. ' 14*.
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 191

les condamnent.
ils C'est ce qu'il devait dire en Réponse. — 45. Il biaise encoie: il ne s'agit
un mot pour dire au lieu qu'il lui a la vérité ; pas d'un soupçon en l'air, mais d'un senfuneut
fallu euiidoyei' cinq ou six pages entières;! s'ex- bien fondé, sur le relus exprès et réitéié de
pliquer, avec un long eiitorlilîement et de per- s'expliquer nettement. Pour moi, je suis tou-
pétuelles répélilions '. jours prêt à répondre sur tous les livres, quoi-
M. DE Cambrai. 38. « M. de Meaux m'ac- — que jamais on ne m'ait accusé d'en favoriser de
cuse encoie de biaiser sur un point essentiel ;
mauvais.
c'est de savoir ce que je pense sur les livres de M. DE Cambrai. 46. « Au lieu de rendre —
M°>« Guyou2. y. raison de sa foi « (sur les questions que je lui
Réponse. —
39. C'est biaiser de ne vouloir fais touchant la béatitude), « il se plaint que je

jamais parler nettement; c'est biaiser que de lepresse à répondre oui ou non '. »
ne reprendre que « quelques endroits » des Réponse. —
47. La récriiuination est vaine,
livres dont tout le fond est corrompu; c'est puisque j'ai répondu précisément à loules ses
biaiser de les reprendre au sens qui se préseule demandes inutiles, n'évitant que celles qui nous
el qui est naturel sensu ohvio et naturaU quand : ,
auraient détournés de l'état de la question et ne
on distingue ce sens de l'intention de i'auleuret font que l'embarrasser.
qu'on lâche d'eu éviter la condamnation par un M. DE Cambrai. —
48. « Il dit que je n'ai con-
si mauvais artifice ; c'est biaiser lorsqu'à la place damné que quelques endroits du livre: et où
des erreurs formelles dont sont pleins des livres, est le livre impie qui soit impie d'un bout à
on n'y veut trouver que des équivoques, avec l'autre 2 ? »
un langage mystique mal eutendu des censeurs, Réponse. —
49. Il biaise toujours il n'a qu'à :

et des exagérations qui leur sont couananes penser ce qu'onjugerait de lui, s'il disait Calvin, :

avec les saints; enfin, c'est biaiser quand on Luther, Socin sont ceusurables en quelques
nous oppose, avec suint Pierre, « de répondre endroits ne verrait-on pas claireincnt qu'il en
:

qu'on l'a rendu à son su|)érieur à qui on a parlé voudrait sauver le fond ? (juaut à ce qui regarde

si ambigumenl. M. de Cambrai le fait encore; le sens naturel, où il ne cesse de evenir par de i

il biaise donc encore à présent qu'il se défend longs discoiu's 3, nous en avons assez parlé ^.
de biaiser. M. DE Cambrai. —
oû. « Il me suffit d'adhérer
M. DE Cambrai. M. deMeaux se récrie: — 40. « du fond de mon cœur el sans ombre de restric-
K Est-ce en vain que saint Pierre a dit qu'on tion à la censure que le Pape a faite des livres
doit être prêt à rendre compte à tous ceux qui en questions. » (de M'"^ Guyon.)
le demandent^? » etc. Réponse. —
51. Comme si ce n'était pas une
RiiPo.xsE. — 41. 11 répondre à l'autorité
fallait reslriclion, et de toutes les restrictions la plus

de saint Pierre, et condamner nettement de caplieuse, de distinguer l'iiilenliou d'un auteur


mauvais livres, en rciranchant tous les subter- d'avec le sens naturel, unique et perpétuel de
fuges, et non pas toujours s'en défendre par son livre.

une telle protusiou de vaines paroles. M.


DE Cambrai. —
52. « Il croit me eou-
M. DE Cambrai. 42. « Il veut ignorer ce qui — vaiiicre par ce raisonuemeut « Ou ce coin- :

est i)ublic et si précis (dans la Lettre au Pupe), « inerce uni par un tel lieu était connu, ou
pour avoir un prétexte de me questionner, et « non; s'il ne l'était pas, M. de Cauibrai n'avait
de me réduire à une déclaration par écrit qu'il « rien à craindre en a|iprou\ant le livre de
puisse faire passer [)our une espèce de foruui- « M. de Meaux; s'il l'elail, ce prélat n'en était
lairo *. » C'est à quoi M. de Cainbiai revient « que plus obligé à se dcclarer ", etc. » Ma ré-
sans cesse *. ponse est facile. Ce commerce était connu,
Réponse. — 43.
Que d'inutiles paroles pour j'avais laissé condauiiier les livres; il n'eu était
éviter de dire oui ou non? Ne voil-oii pas qu'il plus (piestion; j'avais dit qu ils étaient ceusura-

seul en ellét qu'en condanuiant siuipleiuenl ces bles : je ne biaisais point; mais je ne ciojais
livres, il se condauuie lui-même, et tpie c'est pas avoir mérité qu'on exigeât de moi, comme
aussi pour cela (pi il biaise toujours? d'un humilie suspect, une dcclaralioii par écrit,
M. DE (Cambrai. ii. « Mais lui, qui cile — uitiirogcrcomme un
c'esl-à-diie une signature d'une espèce de lor-
mulaire '. »
saint l'ienc, se laisse-l-il
coupable et connue un lioiume suspect, sur Réponse. —
53. Sans doute ce n'est pas biai-
loul ce qu'il pense de lous le> livres (ju'il plaira ser que de « dislinguer rmleiitiou d'un auteur
ù irti adversaire de accuseï" de favoriser ? » 1
"^

'
li6|.., !> 161 — î /'. — ' ;/.., p. 15J, K.l, l.-.l, loO — 'Cl-
1 Bip , Ji. l4Ci, 146. 147, 148, 149. — = //<., p. lôU. — > Ib. — ' /6. dessus, Ait 4 — * U>p.. p. 162. — • Uol , locl. 4, n. lit — ' Uv|>.,
— > 10., p. 1&3, IM, 106. — • llép.,.p. l&O. p. Uk
192 RKMAKQri:s SLH LA HÉPllNSK

«d'avcr lo sens v(^rifnblp, unique et perpéliiel de AKTICLE XI.


« son livre, dans dans la jnsteloti le sa siiile cl
Sin LA CONCLUSION.
« valenr de ses paroles » et (pie dediieloujonrs :

i I. Discoiiri (le M. ili; CmmIitji sur le sucm» Je te> livre*.


que mon livre, qni liien eertainenienl ne con-
dajnitail (pie de celle sorle ceux de M"" il' yon^ M. DE CA.uiinAL — 1. o.\ peine ai-je publié mes
« (^lait ini fonnnlaiie. Tuul est cliangi' dans >• défenses, (pic le public a commencé à ouvrir les
les lerines nn livre approuvé est un lurnndaire
:
veux et à me faire justice... .M. de .Mcaiix me
de réiraelalion condarniier nn livre avoué :
permellra de lui dire ce (pi'il disait coiilre moi,

mauvais dans loute .-a suite, c'est doinier un acte « Ai-je remué d'un coin de mon cabinet à (^ani-
contre soi-ni(^nie; une conléienee aniiahie est « brai par des lessorLs tant des inipeice|)lil)les

un Iriliimal qu'on va reconnaître c'est ainsi :


« personnes nésintéressées'/ etc. » Ai-je pu lairc
qu'on parle (piaud on ne cherclie que des pré- pour mon livre, moi éloi-MK-, moi contredit, moi
textes, et encort' vains. accablé (le toutes paris, ce (pie .M. de .Meaux dit

M. DE CAiimiAi. rji. « Pour la Cuide spiri-— ipi'ilne |iouvait taire, lui en autorité, eu crédit:
<!/('//(' de .Molinos, M. de Meaux veut (|ue je la et eu étal de se laire craindre? "

d(''iendc, parce (pie je n'en ai point parle en par- Um'o.nsi;. —


-1. Si .M. de Cambrai croit avoir
lai! t des soi xaiitel mil luoposilionsMpioi ! deleiid- autant ramené de monde par .ses lellres, que son
on tous les livres dont on ne |)arle |)as '? » livre en avait soulevé, il se Halte trop. Le soulè-

Képonse. —
tu». Il biaise encore je suis con- : vement lut imivL-rsel, comme il l'a été d'abord
Iraiul de le ié|)éler. Il ne s'agit pas d'un livre in- contre toutes les erreurs naissantes; et il avoue
connu auquel on peut iie|)oiiit penser la Ciiiile : que le petit nombre de ceux (pii ne se lai.ssêient
de Molinosest un livre (]ui vient d'abord dans point euliainer au torrent, lut réduit à se laire;
l'esprit à tons ceux qui écrivent deceltemalière. c'est ce (pii n'arrive jamais à la vérité. Lcsliom-

On a donc raison de s'étonner (pi'il ait sii|)piiiiié mes n'opèrent |ioiiit de tels eflels; et les sages
Molinos dans le deiiouibieinent des taux spiri- sjivent distinguer l'impression solide et persé-
tuels, et (|u'encore il eu supprime le livre dans vérante de la tradition, d'avec les éblouis-scments
sa Lettre au l'ape. causés |)ar une Ccd)ale toujours prête à remuer.
M. DE Camiiiiai. — 56. « il m'avait déjàrepro-
g II. Sur les i^balcs.
clié de n'avoir pas nommé Molinos, et je repon-
dais (pie je n'avais pasjui;é iK'cessaire de iioiu- M. DE Cambrai. 3. — « Voici la réponse de ce
« Les cabales, remuent:
les factioiis.se
iiier un nom odieux dont il n'était poinl(piestion l»rélat:

en l'iMiice 2. »
« les passions, lesintéréls |)artag('iille monde'. »
KkI'onsi;. — .'>". Ktait-il plus (pieslidu en UncI intérêt pciil engager (piehprnn dans ma
Fraiicedes illumines d'Kspa;jiie(|u'il a nomiiK'S? cause? De ipiel C(")lé sont les cabales et les fac-

et (piand il eut voulu supprimer 1111 nom odieux,


tions? Je suis seul et destitué de tonte re.s.soiirce

devait-il se taire des (piietisles? Kst-ce un juge- liiimaine: (piicoiiipie regarde un peu .son inté-

ment téméraire de croire qu'en cette occasion rêt n'ose plus me M. de .Meaux con-
recoiiiiaitre.

il ail sup|iriiiié Aloliiios, comme il a lait M"<° tinue: » Ue grands corps, de gi.indes puissan-
Giijon, à qui la Cuidi- de Molinos avait préparé « cesse meuvent. » Oùsonl-ilscesgrandscorps?
où .sont ces grandes puissinccs'' ? etc. »
la voie?
M. DE Camurai. — oS. « l'oiir moi je con- Réponse. — -i. Croit-il avec ces paroles éblouir

damne sans exception et sans restriction tous les le monde, jus(prà lui faire oublier une cabale
(pii se fait .sentir par toiile la lerre? Croit-il (pic
ouvrages dcMidinos, si justement Irappés d'a-
nathèmc par le Saint Siège 3. » (picKpiiiii ignore les iiiteréls, les engagements,
Kl i'o>sK. —
5!t.Uii'ileoiidainnedoncenméme les esper.uiees (pii ont coiumencé celle .'iflaire,

et les res.MMirces (lu'on attend encore pour la ré-


temi>s la pernicieuse restriction de l'iuleiilion
des auteurs, (pii, en sauvant .M"" (Juvon, suive tablir? Ou en peut voir les loiidemeiits dans la

en mèiue temps Molinos et tous les iieresiar- {{(•Itilifii. Uiiaml esl-ee (pi'on a plus vi>ibleiiienl

qnes. éprouvé les elTorts d'un pui.ssanl parti' Pour ne


dire <pic ce seul constant et public, d'où
fait
'
Ik-ii |i. IM. - ' ;i.. p. 163.— • Ik
runivers.et Home comniecn
,

vieiment |
artoiit i"!

en l'rance, (pi.uid il doit paraître (pielipie écrit


de ce prélat, d'où viennent, dis-je, cent avant-
coureurs (pii |>ublient (pi'à ce coup .M. de Cam-
brai me va écra.sor?ll veut meltre pour lui la

KcUt., KCt. 6, a. B. — > lUp , p. 163.


A LA UFXATIOiN SUR LE OUIÉTISMK. ir?i

pitié. « Je suis seul, » dit-il; c'est ce que ne dit son éloquence, si Dieu le permet, n'imporc phis
jamais un évoque défenseur de la vérité catho- h personne.
lique; et l'Ecriture lui répond: Vœ «()//.'« Mal-
2 V. Sur In comparaison de Priscille et de Moiila'i.
heur à celui qui est seul » car c'est le caractère '
;

delà partialité et de l'erreur: « M. de Mcaux est M. de Cambrai en revient à toutes les pages
9.
en état de se faire craindre. » Puisqu'il m'y force, à cette comparaison, comme si elle était trop
je lui dirai aux yeux de toute la France, sans odieuse. Priscillc étaitune fausse prophétesse.
craindre d'èire démenti, qu'il peut plus avec un Montan l'appuyait. On n'a jamais soupçonné
parti si zélé,que M. de Meairx occupé à défendre entre eux qu'un commerce d'illusions de l'es-
la vérité par la doctrine, et que personne ne prit. M. de Cambrai demeure d'accord que son

craint. commerce avec M"° Guyon était connu, etroM-


lait sur sa spiritualité, que tout le monde a
i III. Sur Grenade.

M. DE Cambrai. — 5. « Quand j'aurais admiré


jugée mauvaise; je n'ai donc rien avancé qui
ne soit connu, rien qui ne soit assuré; et ren-
les visions d'une fausse prophétesse (chose dont
fermant ma comparaison dans ces bornes, je
M. de Meaux ne donne pas une ombre de
ne dis rien que de juste.
preuve), le savant et pieux Grenade n'a-t-il pas
g VI. Sur les trois écrits publiés i Rome au nom
été ébloui par une folle qui prédisait les visions
de M. de Cambrai.
de son cœur 2 ? »
Réponse. —
6. On donne le change Grenade :
10. Un des endroits les plus essentiels de la

n'a point excusé de livres pernicieux Grenade ;


Relation où je rapporte les écrits
•, est celui

s'est humilié, et n'a point cherché de vaines


qu'on a présentés àRomeaunom de M. de Cam-
brai. Par ces écrits, ce prélat nous fait jansénis-
justifications. Il y a une extrèuie différence en-
tes contre sa conscience. Il se fait le seul défen-
tre une simple surprise et une affectation mani-
leste de colorer des illusions. « M. de Meaux, »
seur des religieux nous en étions les
; comme si

dit-il, « ne donne pas une ombre de preuve » :


oppresseurs nous qui en sommes les pères. Il
,

s'offre au Saint-Siège contre les évcques de


nous entendons ce langage il veut que les illu- ;

sions de M""= Guyon ne soient pas prouvées; France, par lesquels il est important de ne le pas
car il la veut toujours défendre malgré son aveu laisser opprimer. Ce ne sont pas là seulement

et toutes les démonstrations qu'on a contre elle :


des bruits qu'on répande; les écrits latins et ita-
et pour lui, il par sa Réponse,
est trop certain remplis de ces calomnies , sont présentés
liens,

qu'après qu'on lui a découvert les dangereuses partout àRome au nom de M. de Cambrai en si
spiritualités et les erreurs de son amie, il ne grand nombre, qu'ils sont venus jusqu'à nous,
s'est pas moins attaché h la défendre.
et avons en main. Pour excuser ce pré-
nous les
lat, désavouer ces
j'avais espéré qu'il pourrait
ê IV. Propositions pour allonger.
écrits scandaleux contre sa nation, contre les
M. DE Cambrai. —
7. « S'il reste à M. de Meaux évèques ses confrères, et autant contre l'Etat
quelque écrit ou quelque autre preuve à alléguer que contre l'Eglise. 11 fallait parler sur des faits
contre ma personne, je le conjure de n'eu point si essentiels et M. de Cambrai
.si bien articulés :

faire un deini-sccret; je le conjure d'envoyer ne dit mot, et laisse par son silence toute la
tout à Rome, afin qu'il me soit promptemcnt France chargée de ses reproches odieux. Saint
conniuiniqué par ordre du Pape^. » Paul envoyé à Rome, y déclare publi([uement
Réponse. —
8. Pendant qu'on fait semblant aux Jifil's « ([u'il ne vient point accuser sa na-
de vouloir hâter la décision, ou cherche des « lion-»; il épargne un peuple perfide et il en ;

moyens de la reculer sous prétexte de comniu- ménage la réputation un archevêque île France :

nicatious qu'on demande au Pape promplcmeut. sacrifie à sa passion la gloire de sa patrie et de


Poin- moi, je n'ai rien à counnuniqucr M. de : ses confrères.
Caml)rain'a ni partie, ni accusateur, ni dénon-
ciateur que lui-même : la seule pièce nécessaire
au jugement qu'on attend avec resiicct, c'est le CONCLUSION.
livre des Mu.vimes des aaiiilfi eu original, et bien
I. Uécapitulalion où est démontre le caractère de la Réponse
distingué de sa version infidèle et de ses inter- cl des autres écrits de M. de Cambrai.
lirèlalionscaptieuscs et a|)rès coup ''.
J'écris ceci
iiiirle peuple, ou, pour parler nellemiMil, afin 1. pu douter ju.squ'à pré.senl
Si quelipi'un a
I

(jue le caractère de iVL de Cambrai étant connu, que Guyon, avec ses livres et .sa doiliine.
M'"°
lïU l'unique objet que M. rarchcvéquc do Cam-
'
/?«!., IV, 10. - 1 Rép., p. 166. — > Ib., p. 167.— < Cl-dossM,
art. 9, n. 4 et siliv. '
Uclol., icot. 10, n. 1. — ' AcI. .x.vnil, 11».

R. ToM. VI.
in REMAl'.UUi.S SUK LA UÉPONSE

brai ail tlonni- à ses éloquents cl inépuisables Ces articles étaient posés pour senir de fonde-
discours, en ddilùlrc convaincu par sa liépomc,
il ment aux justes censures des livres de celte
C'csl là «jn'il a invcnlé, in faveur do celle femme , comme cos mêmes censures le décla-
fennne, W nouveau secrel de séparer « le sens rent en ces termes exprès ' : qu'on remarque
vérilable, propre, unique cl perpéluel » d'un celtecirconslance: ainsi, poursauvorM™' Guyon,
livre o dans loulc sa suite, et dans la juste valeur il fallait éliiderla clinscdcs Articles. On prépare

des ternies, » d'avec tout le dessein du livre pour cet effet un liMO mystérieux, où, pour
même, cl d'avec rinlenliou de son auteur. Par mieux faire couler les maximes ipi'on méditait
l.\il a trouvé le niojen de conlcnlir ù la fois le contre ces Articles , on travaille à dé.sunir les
monde, qui ne peut lui pardonner de ce (pi'ii prélats qui les avaient dressés ensemble et par , ,

recule lanl à condaumcr des livres pernicieux, de longues finesses, on .se caclie de celui qui,
et sapropre inclinnlion qui l'oblige à les défen- Itar son antiquité, éLiit à la télé de ceux qui les
dre. On
a vu, par colle adresse, que, sans avoir avaient formés c'est moi-même encore dont je
:

besoin de la vérilé, sans aidres secours que celui paile. Ou a pous.sé la cliose plus loin ; et pour
de ses tours liabiios, île ses belles expressions, et faire accroire qu'on agit encoie de concert avec
de rélonuanle facilité de son génie il pouvait '
, ces prélats dans l'impression des Maximes des
persuader tout ce iiuil voulait à un certain genre Saints, on déclare, à la tête du livre, qu'on ne
d'bonunos, et leur lai.ssor pour déinoniré (lu'on fera autre cbo.so ijuc de donner plus d'élondue à
a lort do l'avoir pressé d'aïqirouver la condam- leurs |)rincipes; ce qui obligeait à un concert
nation de livres très-condamnables dans leur nvec eux cepondant on non a point de vérita-
:

vrai, perpétuel et unique sens. Avec un aveu si ble avec M. de Cliàlons, à présent M. de Paris,
clair, il .sait établir que ce qu'on a repris dans puisqu'il condamne le livre on n'eu a aucun ;

ces livres n'est plus que dos équivoques, d'inno- avec moi et on ne songe qu'à se cacher. Hon-
,

centes exagérations, un langage mystique, et louso pratique, où l'on se cache d'un évêque
enfin" un scnsrigouroux qu'un donne à ses ex- pitur ox])liquer sa doctrine ! Il faudrait donc que
piessions.et auquel l'aulourn'a jamaisponsé^.» j(ï parlasse, quand je serais seul , pour ne point
bien plus encore qu'on ail raison de les cen-
: laisser abuser de mon témoignage. C'est ce qu'a
surer, il a néamuoins raison do scandali.ser toute fait inventer le désir de défendre madame
l'Eglise plutôt que d'en approuver la censure. Guyon , et don pallier la défense.
Voilà le nouveau ])aradoxo qu'im arcbovéquc no prendrai point le ton plaintif que je
4. Je
est ^onu proposera ruui\ors. C'est là, je l'avoue, n'ai pas, pour exagérer tout ce que m'ont attiré
un des plus grands ollorts d'esprit qu'on ail ja- do la part do M. Cambrai et de ses amis les doux
mais vu; mais en mémo lomi)s il est le plus desseins qu'on vient d'oidemlro. On n'a rion
niallicuri n\ et le plus coupable, puis(iu'il pousse omis pour mo déciior de France et à Uome; et
h bout ton! > les décisions de l'LgliM' oonirc les pour trouvor dos laisons do s'éloigner de moi,
mauvais li\ros cl lo,^ aideurs, cl quil introduit, non-soulomoul on mo fait indigne d'avoir été le
dans les questions de la foi les plus iuqioi lantos, consécralour choisi de .\I. de Cambrai, mais en-
un jeu do paroles, où l'on dit ce que l'on veut core pour ui'achovor et ne me laisser aucune
impunément. ressource, oumofail loporlidc violateur de tous
2. i'our parvenir à celte lin, il a pris tous les les secrets, sans oublier celui de la confession.
moyens convi iiaMos. Il s'agissait de couvrir 5. S'il y eut jamais au monde une injustice
l'obsliné relus d'approuver un li\io où madame criante : c'est celle-là. Je n'ai jamais confessé
Guyon, en ne nommant que ses ouvrages, élait M. de Cambrai : il sagissjiit de tout autre chose;
justemcnl condaumoo dans Sii doctrine. 11 a vu j'avais à de madame
examiner la doctrine
les mauvais elfels d'im refus si scandaleux, cl Guyon, par contre-coup celle de ce prélat,
et
il n'y a point trouvé do moillour remède que de puisqu'il s'en rendait lo défenseur arbitre peu :

décrier l'auteur de ce livre. Parlons nettement :


proportionné à la grandeur de la malien', mais
cet autem-, c'éliiit moiinome,
c'était en moi- choisi par les parties, avec la soumis.sion ipion
même qu'il montrer tous les procédés
fallait a vue, la la qualili- de
conlcssion réiiugnait à
les plus odieux ; pounpioi ? parce que le .service col exauion, dans un dilTérond qui de sa nature
cl la définso de M™* (Junou le demandaient. pouvait devenir pulilio, puisqu'il s'agissait do la
3. Il y avait encore im autre dessein. Pour dé- loi. Aus-si l'ai-je il ne
soiguousiMuent é\itéo : cl
fendre M""" (;u\on, il fallait loiuiier, éluder, dé- m'est pas seulement lombé dans que je l'esprit,
truire 3 iArliclesqu'on avait souscrits avec nous. pusse entendre à confesse M"' Guyon ou M. de
' Ci-dctsni, art 4 — > Miïni. de M drCambr*!; lielal. , Kci. t. 'l'rii>ur« <lo M. il- Mcaux «t d< M dtChtlani. r.'i> l'onlofiDanc*
.II. lur In «lai'. .. ...«iwii
A LA RELATIOiN SUR LE QUIÉTISME. 19o

Cambrai. Cependant sans jamais avoir ouï la étrange artifice; que celui de m'avoir voulu fer-
confession de ce prélat, non-seulement je l'ai mer la bouche, ou affaiblir toutes mes preuves
révélée, mais encore « j'ai fait pis que de la ré- contre lui , en me donnant au public pour son
véler*. » confesseur?
6. Qu'on se souvienne de mes paroles j'ai : 9. Ce qu'il ajoute, comme par une abondante
dit de ma part « M. de Cambrai s'est offert à
: confiance: «Qu'il en parle, j'y consens,» comme
me faire une confession générale il sait bien : qui dirait: Qu'il achève de révéler ma confes-
que j'ai refusé son offre » cClait l'offre de me ' : sion, ne confirmer l'accusation qu'il n
sert qu'à
taire une confession « et moi, » dit-il, « je dé-
: intentée. C'est pourquoi il la conclut en ces ter-
clare qu'il l'a acceptée « il m'a donc fait une : mes ; « Je suis si assuré qu'il manque de preu-
confession et je l'ai ouïe. On sait parmi les ves, que je lui permets d'en chercher jusque
Chrétiens ce que c'est que faire une confession dans le secret de ma confession » vain discours :

à quelqu'un M. de Cambrai n'ignore pas la


: s'il en fut jamais, puisqu'il sait bien qu'on peut

force de cette parole je me fiais à sa bonne foi ;


donner ces lijjertés, sans que personne en veuille
en le prenant à témoin que « je n'avais jamais user. Mais cependant il appuie le titre de l'accu-
« accepté son offre M. de Cambrai le sait, »
;
sation; et par une figure si forte, et par les au-
avais-je dit mais il m'en donne le démenti à la
;
tres tours de son bel esprit, il a su imposer au
face de toute l'Eglise, jusqu'à dire « et moi je : monde, et mettre en péril mon innocence. Je ne
« déclare qu'il l'a acceptée » voilà le titre de : mens point jeti-emble pour lui en disant ces
:

l'accusation bien qualifiée; voilà une déclara- choses, que je voudrais pouvoir diminuer. Com-
tion bien formelle et bien authentique : le voilà bien de gens, je ne dirai pas dans les pays
dénonciateur à toute la terre d'un crime capi- étrangers, dans les provinces éloignées mais ,

tal, d'un sacrilège impie contre son confrère ; dans Paris même, où le monde qui nous con-
et quoique ce mot le fâche, contre son consécra- naît est toujours si petit, croiront que l'évcque de
teur. Meaux (scandale épouvantable pour les faibles
7. On dira qu'il biaise dans la suite, et que dans une cause de la foi) a révélé une confes-
visiblement il ne
pas d'une confession sa-
s'agit sion, et s'en est servi pour convaincre M. de
cramentelle, puisqu'il s'agit d'un écrit. C'est de Cambrai de quiétisme?
quoi j'aurais à me plaindre, qu'en matière si 10. Je ne relèverai plus toutes les frivoles rai-
capitale on ait pu biaiser: je l'aurai dit si je veux, sonsdont il appuieson accusation c'est un effet :

et j'en aurai donné l'idée si je veux je ne : de l'éloquence de M. l'archevêque de Cambrai,


l'aurai pas dit ; et pressé sur la calomnie, je que sur une accusation si essentielle, et à la fois
me serai préparé une
permis de défaite. Est-il si destituée de la vraisemblance, il ait fallu me

se jouer de cette sorte dans une matière si défendre si sérieusement. Un jour peut-être ce
grave ? Mais, au fond pesons les paroles c'est ,
.•
prélat me fera un crime de ne lui avoir pas de-
parler assez nettement, que de déclarer que j'ai mandé de réparation et il prouvera par cet ar-
;

accepté la confession qu'on me voulut faire. gument qu'il a eu raison dans l'accusation de
L'écrit dont on parle n'empêche point qu'on ne la confession, sur laquelle je n'ai osé le pous-
m'ait fait de vive voix une confession sacramen- ser, comme il prouve son innocence et celle
telle, dans laquelle, pour des raisons particuliè- de M""" Guyon par ma longue condescendance
res, on m'aura donné la confession par un écrit, sur les erreurs dont je les accuse.
qui fera dès-là partie de la confession cl par ce H. Après cela, comme M. de Cambrai avertit
moyen présupposera, selon la propriété des ter- les universités de se donner garde d'un prélat
mes, la confession faite dans les formes. (jui vient de détruire par ses artifices la notion

8. En quelque sorte qu'il prenne cet écrit ; de l'Ecole sur la charité <>, jcme sens bien plus
on en voit bien l'artifice. 11 veut donner à obligé d'avertir sérieusement les chréliens de
entendre que si je l'accuse (par nécessité) sur le se donner garde d'un orateur qui, semblable à
quiélismc, j'en puis avoir pris l'idée dans sa con- ces rhéteurs de la Grèce dont Socrale a si bien
Icssion car il veut que ce, .soit sur ce (ondeuient
: montré le caraclère, eulreproiul de prouver et
que je l'accuse de protéger cette erreur ', afin de nier tout ce <prilveul; qui itcut faire des
que les preuves, par lcs(iucllcs je l'en ni con- procès sur toul, cl vous ôlor tout à coup, avec
vaincu, soient réputées odieuses, connue tirées une souplesse iucoucevablo, la vérité qu'il vous
d'une confession, et affaiblies par ce moyen. aura mise devant les yeux ce qui est d'aulant
:

Qui croirait un archevéciuc capable d'un aussi plus à craindre, dans les matières de la ieli(;i(iii,
' H"|i., c, a, p. 51. — 1 Reltt., sed. 3«lat., »c»U n. 13.— ' I«p.,
que par leur subtilité elles donnent plus lieu à
t. 3, p. »1. ' JRup, ad Sum., p. 6.
1i'6 RKMAIlun S SI'K lA RÉPONSK

r.'iliiivoqnr. comme parleur imporlaiice elles à cet éL'ard hors d'atteinte, et en possession,
iittireiil (le plus grand maux à ceux qui s'y •'•ga- pour ainsi parler, de son innocence, dés là
rent. Ce n'est pas ainsi rpie udus avons éld in- (pfelle n'était point convaincue ; et parce qu'elle
slilu(''S.La varialion, l'arliliee, le oui elle non s'excuse en ma |irésence et de mon aveu de tel-
ne se trouve point dans les apùircs « il ne se : abominations, on me demande pour témoin
les

o trouve |)oinl dans saint l'an!, il ne se trouve de de la haute spiritualité de cette


la sainteté et

« point dansS\lvain, il ne se trouve point dans femme y a-t-il une conséquence plus mal
:

u Tliiniolhte; car dans Jésus-Christ Fils de Dieu, tirée ?

« (pi ils ont prêché, le nui et le uon n'a plus 13. Voici enfin la dilliculté invincible, selon
« (le lieu » il n'y a rien d'équivoque ni de va-
' :
M. de Cambrai c'est d'avoir donné les sacre-
• :

lialile:mais le oui seul est en lui : la simplicité ments et nue attestation si aiilhentiipie h. une
règne partout dans ses discours; et ce qu'il a dit femme (|ui n'a point avoué ses fautes, qui ne
une fois ne chan^'c plus. les a point rélraet(Vs, (pii ne s'en est point re-

12. Si ce caractère est dangereux, il sérail pentie ;


qui même, quand elle serait excusable
aisé de montrer comhicn il est faux. Il a l'allii depuis son repentir, ne laisserait |)as détrc di-
excuser M"""^ Guyon, et montrer des raisons de gne du feu avant (pi'elle eut demandé pardon.
" C'est ici, » dil M. de Cambrai 2,
l'estimer comme une personne tiès-spiritnelle, « (pic tout le

dans les expériences de la(piellc on trouvait la grand génie de M. de Meaux et toute son élo-
vie intérieure plus réelle et plus verilidiie que ([uence ne peuvent couvrir l'endroit faible de sa
l'our fonder une telle cause. » Mais si l'éloquence ne peut être ici d'au-
dans de saints directeurs '".

estime d'une per.Minne que tous les sages con- cun secours, voyons ce (jue pourra faire la sim-
damnent, il a fallu alléguer de grands noms (ilicilé. Je réponds donc, en un mot, comme j'ai

Il n'y a aucune de
comme celui île feu M. de GeniVe» et qu'a-l- :
dc'jà lail^ : ses fautes qu'elle

on trouvé? quehpie cho.sc qui la fas.se voir com- n'ait reconnue, dont elle n'ait demandé pardon,

me une parfaite spirituelle? point du tout: dont elle n'ait rendu grâces d'avoir été avertie ;

c'est une perturbatrice des comuuuiautés, dont sou repentir ipii paraissait humble, ayant fait .si

elle renverse l'esprit : et parce qu'en la chas- juger (lu'elle n'était pas indocile, on a plaint
sant d'un diocèse on lui fait des compliments son ignorance pliit(it que de la pousser à tonte
d'Iionnéleté, qu'on ne refuse jamais ;i ceux ;\ rigueur : est-il si malaisé de couvrir ce faible ?

(pu on ne l'ait point le procès juridiquement, 16. Je passerai sous silence cette déclaration

c'est un titre pour en faire une amie spirituelle, de n'avoir jamais eu l'intention de rien en-
«

pour lier avec elle le conunerce le plus étroit seigner contre la loi citholique » et celle de
et ,

sur la piété. n'avoir eu aucune des erreurs dont elle avait


13. Je ne répéterai pas ce qu'on a dil sur une souscrit la condamnation dans nos censures » :

autre lettre et sur la censure de ce prélat; et la première ne prouve rien, sinon qu'elle a pu

c'est assez, d'en avoir mar(|ué l'endroit au lec- errer par ignor.uice plus (]ue par malice et la :

teur ^. Mais on m'alU'gue moi-même pour ga- seconde (pii .serait de consê(piencc, est inven-
rant du grand mérite de celte fennnc"': peut- tée d'un bout à l'autre. Ce ne .sont pas V\ île

ce êtreséi ieusemenlî je m'en rapporte au lec- beaux tours, de beaux traits d'e.sprit il n'y a ;

teur. Mais produit-on en sa faveur?


encore (pie rien pour les curieux qui veulent voir comment

une attestation « où je lui défends d'enseigner un espril souple se tire légèrement d'un mau-
et de dogmatiser dans l'Eglise de répandre ses ;
vais pas c'est, dans la simplicité, la vérité
:

livres manuscrits ou imjjrimés de conduire et ;


même.
diriger les ;^mes dans les voies inli-rieures'"' : » n. Voyons si M. larchevéque de Cambrai
c'est de M. de Cambrai pour la préférer
un litre réussira mieux à se juslilier ipi'à me reprendre.
fiux plus saints lioinm(\s, el pour en faire son Il emploie, sans exagérer, [dus du tiers de sa
amie avec tant de distinction. Uqwuseh prouver (ju'il n'a [)oint lu les écrits

\A. Mais vous ne dites pas tout? 11 est vrai : où étaient ces prodigieuses cimimunications de
je le décharge, dans l'attestation, des abomina- giiUe, et toutes les autres absurdités de la spi-
bles pratiipies (pi'on laceu.sail dereconnaitre « à ritinlité de son amie il ne veut pas même ;

u titre d'épreuves » avec .Molinos car ce sont ;


avouer' que j'aie dit dans la lleUiUon *\\\c je
les termes de l'acte dont laltestalion n'est que lui ai lu ces prodiges dans le livre mêuie, con-

l'abrégé : j'ai même reçu ses excuses, la tenant tre la foi de mes paroles, contre les termes ex-

I)rès de ma Ihiation que j'ai cités eh bien '>>


: I

'II. Cor., I, n, 9. —
Ci-iltMU», irl. ï;
» | ï, ». 2. — > Ib., f »,

n. 0. — ' ci-dessus, nrt, 3, i 3, n. » • — M, | 4. n. 10, «te. — > fl:.. e. a, !•. (», «1, clc. — '/(.. p. M. — • Ci-<l«»sii», MU 2, n.
'
lt"p. «U Relui ,r I. |. |.. 18, l'i, SO, al,3J, »lr. — « Rcp.. p. V — ' Kaltt., scct. a, n. Su.
.

A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 197

passons-lui tout ce qu'il voudra il n'a du moins ; venu qu'à l'extrémité, pousse par M. Cambrai :

osé nier que je lui aie rapporte tous ces excès. c'est lui qui a commencé ce combat c'était :

Il avoue, dans le détail que je lui ai raconté donc lui, selon ses principes, qui n'en pouvait
ces absurdes communications de la grâce, ce plus ; et tous ses avantages,qui remplissent
pouvoir de de délier, ces merveilles de
lier et la juste moitié de son livre, ne sont que des illu-
la femme de l'Apocalypse ou il m'en aura :
sions. Enfin il est faux encore que ces faits
demandé la preuve, et il l'aura vue ; ou ce qui n'influent rien dans les choses : si une fois il
est pis, il ne l'aura pas demandée, et il n'aura estdémontré connne il que M. de Cam- l'est,
pas voulu voir. brai n'ait travaillé, ne travaille encore et ne
d8. Voici, sur l'approbation des livres de
doive travailler à l'avenir que pour défendre ou
M"* Guyon, le raisonnement de la Relation :
pour excuser M"»» Guyon, puisqu'il ne nous
« Je l'ai laissé estimer par des personnes illus-
montre point d'autre objet de son travail nous ;
tres; je n'ai puni dû ignorer ses écrits ' ; »
ne nous tromperons pas de réduire son hvre à
c'est ce qu'avait dit M. Canil)rai, et j'en avais
cette vue, et ce seul endroit en détermine le
tiré celte conséquence naturelle « C'était :
sens.
donc avec ses livres qu'il l'avait laissé esti-
mer. » M. de Cambrai se récrie 2 Que peut : «. II. Dessein d'éluder les Arliclesd'lssy, pour sauveriMms Gujon.

penser le lecteur de ce donc ? J'ai laissé esti-


1 Après avoir présupposé que ces Articles
mer la personne de M""= Guyon, donc c'est avec
comme si ont été dressés principalement contre M™»
ses écrits que je l'ai laissé estimer » :

Guyon, il est aisé de comprendre que si M. de


cette conséquence était étonnante. Mais, si elle
Cambrai les a restreints, ou entendus, et tour-
est si éloignée, pourquoi faire marcher ensem-
nés à sa façon, ce ne peut être qu'en faveur de
ble l'estime de la personne et la connaissance
cette femme par conséquent en faveur de Jlo-
des écrits ? Y a-t-il rien en effet de plus lié que ;

linos qu'elle suit. Mais pour rendre ceci plus


ces deux choses, surtout quand c'est par ses
clair, il en faut venir à l'application en par-
écrits que la personne s'est signalée que ses ;

de son orai- courant les articles, et en les conférant tant


écrits sont réputés être la peinture
son, et enfin que cette personne, estimée prin-
avec M™' Guyon et 3Iolinos, qu'avec le

cipalement pour sa spiritualité, ne peut pas ne


livre des Maximes de M. de Cambrai.
la point être par une raison excellente ? Faut- 2. Le fondement des Articles était d'établir,

il croire encore, avec tous les autres paradoxes


comme nécessaire à tout état l'exercice actuel

de l'histoire qu'on nous propose, que ces per-


de la foi, de l'espérance et de la charité, comme
étant des vertus distinctes ce qui aussi rendait
sonnes qui admirent Jl'"^ Guyon comme étant ;

nécessaire le désir exprès du salut. BI. Guyon,


si spirituelle, qui recevaient d'elle une si grande
après Molinos, aux parfaitscomme trop
l'avait (Jlé
communication de grâces, et qui v tenaient par
intéressé on peut voir le sentiment de 3Ioli-
tant de droits, ne lisaient point ses livres? M.
:

nos, dans la 7° et 13° proposition parmi les


de Cambrai dlra-t-il qu'il les en ait empêchées,
lui qui le pouvait par un seul mol ? Après cela,
soixante-huit condamnées par Innocent XI et ' ,

réduire lacliosc à la distriljution manuelle, et dans les passages de sa Guide spirituelle, où il


l'aire consister la difllcullé en cela seul, n'est-ce
confirme que l'àuic parfaite « ne veut liou, ne
pas, dans une manière si sérieuse, s'attacher désire rien, et n'a plus de |)art à la béatitude de

trop à des minuties? ceux qui ont faim et soif de Dieu, et qui crai-
Le dernier refuge de M. Cambrai et de
19. gnent de la perdre. » En conformité de cette
ses amis contre la Relation, est que tous les doctrine. M"" Guyon « avait rendu l'àme indif-

faits en sont inutiles à la question, et qu'aussi


férente à tous les biens et ii tous les maux tem-

je n'y ai recours (prêtant vaincu sur les dog- porels cl éternels, sans pouvoir asseoir auciui
mes; mais tout cela est encore une illusion ma- désir, même siu- losjoies du paradis. « Ces pas-
nifeste il n'est pas vrai, dans le lait, que je ne
:
sages sont inconnus ; M. de Cambrai, malgré les
sois venu aux procédés (pie n'en pouvant pins arlicles, en revient à la même difléience, en
sur les dogmes au contraire', j'ai démontré^
:
établissant celle du .salut.

3. Les Arlicles avaierd réduit la sainte rési-


que c'est après avoir élaljli les dogmes que je
gnation et la sainte Fran-
dilïérence de saint
suis venu aux procédés. Il est encore moins
vrai que j'y sois venu le premier je n'y suis ''
:
(.•ois de Sales ''
aux événenicnls temporels, selon
l'inlenlion du saint, sans qu'on y pût compren-
< Mi'inoiro. /lefnf, scct. 4, n. 9, 11, 12. ' —
Ci-detsu!i, ort.liii.
B; Uclat', ><<, Ri'P'> c. T, p. 101 < —
Ci-des<;u9, ar(. I, n I cl
dre le salut ; ce que les mêmes Arlicles avaient
(i:lT — * III., n. 23 et ^ulv. I
Actes coiilrc lo .iiiiil. — ' Ani. do Uicu, 1. il, c. S, »lc.
198 REMARQUES SUR LA RT-PONSE
exprimé cii termes formels : M. tic Cambrai a 10. Les Articles ne connaissaient de sacrifice
Ctlù une rcslriclion si iK^ccssiiire, et a nHaMi du .salut que celui qui se faisait [lar une suppo-
rindirrrrcncc du salut dans ses Maximes •. sition im|)ossible ' : mais pare.- queM"' Guyon
1. Il iiiiiis laisse à la vérité l'espérance cliré- après Molinos voulait (pi'un sacrifiât son salut,
tiiniie, mais sans fpi'cllc soit notre motif 2, en le tenant pour indifférent, et que c'était là
c'csI-.'i-Jire sans qu'elle nous touche, sans en [lartie qu'elle mettait le grand sacrifice des
(pi'elle excite notre amour; ce qui est en lais- dernières épreuves ; M. de Cambrai a ajouté en
ser le nom, en lui niant toute sa vertu : |iar .sa 2, en laissant croire
faveiu- le siicrifice absolu
où il lait bien semblant de confirmer les Arti- i»une Ame dé.sespérée que le cas qui paraissait
cles, en conservant l'espérance, mais il en élude impo.s.sible, était devemi non-seulement pos-
l'effet. sible, mais encore réel et actuel.
5. Le tour que donne ici M. deCambrai h ses il. Une difficulté si essentielle a été touchée
propositions en faveur de l'indinërenco, c'est dans la Itelatiou 3, et on \ a objecté à M. de
(|n'il ne i>réleiid exclure des Ames parfaites (jue Cambrai l'addition faite aux .\rticles du pré-
le désir naturel du salut, et que le motif (pi'il tendu sacrifice absolu ce prélat n'a rien ré- :

Ole est un appétit intérieur, naturel et intéressé pliqué cet endroit dans sa Rcpnttse, parce
<'i

pour la béatitude. qu'en erfet il n'a pu nier cette addition aux


(i. l'our réfuter ces exjjlications, sans avoir Articles.
bcsoind'uncautre chose, il siiflit de dire qu'on 12 Les Articles défendaient expressément à
n'y a pas seulement songé dans les Articles; un directeur de laisser acquiescer une âme à
c'est de quoi M. de Cambrai n'osera jamais dis- son désespoir et h sa damnation apparente et ;

convenir on n'a, dis-je, janiais sonpé ni à cet


:
lui « ordonnaient au contraire, avec saint Fran-
amour nalmel ni à cet ai)pélit intérieur ainsi ; çois de Sales, de l'assurer que Dieu ne l'aban-
ces explications ne servent de rien pour enten- donnerait pas *. » Non content de dissimuler
dre ces mêmes Articles, et y sont absolument uii article si essentiel, M. de Cambrai enseigne
étraufréres ; il ne peut donc pas non en être
|)lus qu'il n'est « pas question de dire à celte Ame le
question pour explitpicr le li\Te des Moximeft, dogme |)récisde la foi sur la bonté de Dieu qui
ne devait être, selon lAverlissement, qu'une
i\[\\ nous veut s;\uver, ni de raisonner avec elle,
|ilusample explication des articles mêmes. parce qu'elle est incapable de tout raisonne-
1. De là je couclusencorc que ces explications ment ^ » en conséquence de ce principe, il la
:

étant étianj^éres au livre des Maximes, conuntî fait tondier dans une persuasion et conviction
aux Articles qu'on expliquait, elles n'étaient que invincible do .sa réprobation, et lui permet
des addiliuiis après c<iup, pour couvrir ce qu'a- d'acquiescer à sa juste coudanmatiou de la part
vançait M. de Cambrai en faveur de M""» Guyon de Dieu " : toutes cho.scs visiblement ajoutées
cl de Molinos-tprcilc sui>ait. aux Articles, contre leur expresse disposition,
8. Saint François de Sales, dont nous expli- pour favoriser M""" Guyon et Molinos.
quions, dans l'article 9, la résignation et l'indif- \'S. Il n'est pas question d'entrer ici dans tou-
iérence, ne songeait non plus que nous h cet tes les ex|ilications de M. de Cambrai sur les
amoiu' naturel et h cet a|)pélit intérieur; et convictions réfléchies, intimes, apparentes, etc.
ainsi en toutes manières ces explications étaient mais seulement de lui demander si toutes ces
étrangères, et aux Articles où l'on proposait choses étaient dans les .\rticles; .si les ajouter ce
d'expliquer la doctrine de ce .saint, et au livre n'était rien ajouter aux .\rlicies mêmes: si c'était
des Maximes qui ne devait expliquer que les là les entendre ou les dépraver; il n'a rien dit
Articles. sur celledemande proposée dans la Relation ' ;
!>. .Molinos et M™" Guycui .s'étaient expliqués etjamais il n'y répondra «pi'en s'enveloppant
en (ilusieurs endroits contre les actes léllécliis; dans desé(pii\oqucs ou dans de vagues discours.
les Articles eu avaient montré la nécessité dans 11. Les Articles avaient iiidi(]ué très-distinc-
les plus parfaits » .M. de Cambrai n'osant les
:
tement qu'en tout état la fui explicite aux attri-
ôter, les a dégradés, en les renvoyant, dans les buts particuliers, en Dieu, l'ère. Fils et .Saint-
Maximes des saints *, à la partie inférieure ;de Esprit, el en Jésus-Christ Dieu et homme, était
quoi néanmoins, il s'est dédit dans son /;i.<;- néce.s.saire, el faisait partie |dus haute con-de la
iruction pastorale s, sans vouloir avouer sa templation» : M. de Cambrai n'ajoute à ces Arti-
faute. cles l'exclusion des attributs particuhers absolus
< Mu.,dMUinU, p.49, 60. — ' //., p. 33, 44. — ' An Ki,
Art. 2S. — > M»., p. 87, 90, 91, — > Rcltl., mcL,
n. — • M«x. det S»lnU, pij. 87, »0,»1, 118,123.— > Ini. p»sl. —

• Art. 31. — ' .Mtximu, p. Bh, 90. — • Utx., f. 87,90,


S, n.
91.
SI.

i» M. do Ctmbrd, n. IS, p. 28. ' B«l»t , Met. e, n 22 — • Alt. 18.

A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 199

ou relatifs, et de Jésus-Christ présent par la foi ou non, que ce grand saint ait dit qu'il faut se
en certains étals et ne réduit l'âme coniempla-
;
dépouiller d'un certain attachement aux vertus
tive, quand elle qgit par sa volonté, à l'être abs- et à la perfection ' ?» Qui doute qu'il ne se trouve
trait et innommable^ que pour pallier la foi ,
des attachements même vicieirx aux vertus, lors,
obscure, indistincte, et générale de Molinos, de que, par exemple, sans aller plus loin, on veut
Malaval et de M""' Guyon et nos Articles n'avaient;
trop les rendre siennes, et s'en glorifier soi-
pas besoin de ces additions. même? mais ce n'était pas de celaqu'il s'agissait.
15. Les Articles s'étaient expliqués à l'avan- Nous savions bien que M^" Guyon, après 3Ioli-

tage de la mortification 2 M. de Cambrai n'y :


nos, aussi bien que M. de Cambrai, abusaient de

ajoute ces mots : « Les tentations et les mortifi- l'autorité de saint François de Sales, et en allé-

cations intérieures et extérieures sont entière- guaient des passages auxquels aussi j'avais ré-
ment inutiles 3, » que pour excuser M°" Guyon, pondu amplement. II s'agissait des Articles, et je
qui ne leur est pas favorable. demandais si nous y avions « mis quelque chose

Pour détruire le fondement de la fanati-


16. « d'approchant » de ce qu'avait dit M. de Cam-
que inaction du quiétismc, les Articles avaient brai qu'on n'aime point les vertus comme ver-
:

défendu à tous de s'attendre à des ins-


les fidèles tus, qu'on n'y pense pas; qu'on ne veut point

tincts et inspirations particulières de Dieu être vertueux, etc. Au lieu de répondie sur les
: M. '^

de Cambrai ne fait que changer le langage, lors- Articles dont il s'agissait, se rejeter dans la ques-

qu'il exclut tousles actes de propre industrie et de tion, tant de fois vidée et épuisée, de saint Fran-

propre travails, et introduit la«gi-âce actuelle,» çois de Sales, visiblement ce n'est pas répondre,

comme faisant connaître aux âmes parfaites, en mais éluder. J'ai donc eu raison de conclure,
toutes occasions, ce que Dieu veut d'elles 6. qu'en effet il n'y avait rien dans nos Articles qui
17. Je pourrais marquer à M. de Cambrai
obligeât M. de Cambrai aux explications où l'es-

beaucoup d'autres contraventions aux Articles time des vertus fût diminuée, et qu'il n'y était
qu'il a souscrits mais je ne veux plus en rap-
:
entré que pour contenter M^i^ Guyon et Molinos
porter qu'une seule touchant les vertus, à cause son auteur.
qu'elle était toucliéc dans la Relation^, et qu'il 21. Ainsi il paraît, par les choses mêmes, que
a tâché d'y satisfaire dans sa Réponse^. le livre, qui promettait l'explication des Articles,

18. J'avais demandé à M. de Cambrai, à quoi était fait pour les éluder, sous prétexte d'en
servaient à l'explication de nos Articles, ces pro- étendre les principes etqu'jl était fait, par con-
;

positions de ses Maximes, qu'on n'aime plus «


séquent, pour excuser U'"^ Guyon qui en était
a. les vertus comme vertus^ autres de
» et les accablée. Joignez à cette raison, que je tire des

cette nature si souvent rapportées dans cette dis- choses mêmes, celle que je tire des faits; celle
que je tire, par exemple, de l'estime aveugle de
pute, a Nous n'avions rien dit d'approchant dans
nos Articles, connue portait la haute spiritualité de cette femme; celle que
la Relation : ainsi,
« ce n'en était pas une explication plus étendue, je tire de tous les efforts qu'on a faits et qu'on
fait encore pour en soutenir, excuser, ou pallier
comme M. de Cambrai l'auiait promis » mais :

les écrits après cela qui pourra douter do l'in-


:
une manifeste dépravation pour favoriser Moli-
tenlion de l'auteur, et que son sens, dans les
nos, qui avait décrié les vertus dans ses proposi-
lieux obscurs, ne doive être déterminé par cette
tions 'OjCtM™" Guyon qui le suit.
ne sert de rien de répondre, comme fait
vue?
19. Il
Ceux qui en voudront savoir davantage
22.
M. de Cambrai", que les passages de cette fcni-
sur parallèle de Molinos, de M'iMîuyon et de
le
mc, que j'ai lires do sa Vie, lui sont inconnus,
M. de Cambrai, peuvent lire le traité inlitulé
puisqu'il n'a jamais lu sa Vie. Car outie qu'elle
:

Quietismus redivivus, où ce parallèle est démon-


a avancé ailleurs '^ des propositions de même
tré. Il me suftit ici de luire sentir qu'il no s'agit
nature, il me sulfit qu'il |)araissc, qu'à inspiicr
(las de deux ou Irois passages il s'agit de tout
dégoût des vertus, sans même lire les livres
:

le
le système, de tous les principes; et do déinon-
de M""> Guyon, M. de (lairibrai se trouve natu-
tiorque c'est enlin lout le quiétismc que M. de
rellement de même esprit (pi'elle.
Caiiiijiai veut excuser dans M"'" Guyou, à litre
20. 11 en revient il s'aulori.ser de saint Fran-
d'cxagéralioii, d'i^cpiivoque et de langage mys-
çois de Sales, et il nous demande « Est-il vrai :

tique.
Max., p. 1C6, 187, 189, 189, 191, 1D5. 196.— > Art. 18— ^ Max.,
'
i III. Del'^lat <loliqiicslinn.
|v III, 115.— «Art. 11,25, 2«.— » Mnx.,|'.65, 117, 118. 150,M7.—
Inst, pnat. >la M. do C'amhrni, n. 3, |iag. 7, 8; Max., pag. 3^1, 3r>, 1. On ne s'attend pas que j'aille ici liailor la
186, cic —
' Hclnl., scct. 6, n. 20. —
Hop., p. 71, 72. ' Max., — question tant rcbaltuc de la cliariti-, cl de la d6-
|i. 221, JÏ0,Ï20, 2» —
"Actes contre lo quliil., prop, 31. " — lUp,
Itip., p. 72, — " Muycii court, p. 36.
' |.. 71.
200 lŒMAllUL'ES SI n LA RÉPONSE

flnitioii (|ii'(iii CM donne comniuiiéincnt dans pur du qiialrième degré, où Tonne cherche tson
l'Ecole; j'ai ('|iiiis(' la nialiùre dans mes trailés bonheur [iropre que comme un inouMi «pi'on
préct^denls. de savdir, si la
Il s'af^it iiiiicinemcnl rapporlc à la lin dernière, «pii est la gloire de
bonne lui a M. de Candiiai de
dû |icrniettrc à Dieii>, » il n'y avait rien qu'un amour qui cxclul

supposer cin(i cents f(jisdans sa Ucpouse à hi Ile- la félicité, même comme subordonnée c'csl ctt :

latiou, el dans ses autres écrits, «pie je suis con- amour que j'altacpie comme chimérique, comme
traire ù l'Ecole, pendant «jue j'en défends ex ;);o- dangereux, comme ruineux à l'espérance chré-
/(•.w) les principes dans \c Summa dvctrinœ* ; lienne. M. de Caiiihrai, «| ni ne cesse d'alléguer
dans deux éerits roinposés exprès sur ce sujet l'Ecole, ne .saurait nous produire un seul théolo-
])arnii les diversMémoires'; dans la Pn'fare sur gien pour son amour du ciiupiièine rang distin-
riustrurtiim paslartilc de M. île Cambrai^; dans gué de l'amour du quatrième. 11 ne s'agit pas de
l'Avertissement qui la ])récède'' ce que je con- : des conséquences qu'on lui conteste il
tirer ici :

firme encore tout nouvellement dans le traité s'agitde nous nommer un théologien qui ait
tout entier intitulé Schula iu tutu'', et dans le connu ce cinquième amour qu'il a distingué du
Quietismus redirivits'^ aux endroits particuliers quatrième, chpii fait tout le sujet de son livre:
cotés à la marge. il ne l'a pas fait, il ne le fera jamais. Ainsi il
-2. Après ces trailés, où je soutiens expressé- donne le ciiangc, quand il nous fait atla«pier le
ment en Iranrais et en latin, scolasti<picmenl el vrai pur amour «le l'Ecole, .sous prétexte que
en toute antre matière, la définition de l'Ecole, nous ivjetons le sien qui est faux.
je dis (\nr la bomic foi ne permettait pas de sup- 6. Sans entrer ici dans le fond, il me suffit de

poser que je ratta(iuasse. l'our la doctrine, je inoiiti«>r qu'il change visiblement tout l'état de

renvoie un sage lecteur aux endroits manpiés i'»


la question, piiisipril dit que a M. de Meaiix met
la marge, qui ne sont pas longs: et s'il n'est pas encore le quiélisine «lans la définition «le la cha-
convaincu de ma bonne foi, el dans le fond et ritéreconnue de toutes les écoles 2. On ne peut
dans la forme, supi)osé qu'il lise sérieusement el pas m'imposer plus visiblement. La source du
avec un amour sincère de la vérité, je lui con- quiélisine n'est pas la définition delà cliaiitéqui
seillede n'ouvrir jamais aucun de mes livres. constitue son quatrième degré, que je reconnais
3. Ou voit par là clairement l'illusion qu'on avec lui; mais la source du quiélisine est dans
voudrait (aire à l'Eglise dans celte dispute, en son cin«iuième degré, que ni l'Ecole, ni moi, ni
mettant toujours devant soi le nom d'amour pur ; aucun auteur ne coimaissent. .\insi il nous im-
comme si nous combattions cet amour au lieu : pute en termes formels tout le contraire de ce

«pie l'amonr pur ipie nous combaltons n'est pas que nous disons, (loii r se «loiiner à r Eglise comme
le véritable amour pur «pie toute l'f^glise recon- le seul défenseur du pur amour qui n'est point

naît, maisim laiixamonr pur queM. de Cambrai attaipié.

veut introtliiirc. 1. Le pur amour qu'il établit a dcssuilesaf-

A. L'amour pur «juc toute l'Ecole rccoimait, reuses ,


puisqu'il prépare la voie h des désirs
c'est l'aiiiour |usti(iant ; autrement l'amour de la généraux des volontés connues et inconnues «le

cliarité toujours désintéressé par sa nature, bien; à l'indilTérence du salut; au sacrifice ab-
comme saint Paul le déride qnwnt qua'sua
: .Yo» solu aux convictions invincibles; aux acquies-
;

»»»/''. Gel amour pur dont M. deGain-


est celui cements simples à sa juste condamnation à l'a- ;

brai a fait siui «jualrième degré, sans pourtant bandon absolu de l'Ame, jusipi'à ne se laisser
lui vouloir donner ce nom : c'est aussi celui que aucune ressource; à la .séparation de ses deux
toute l'Ecole reconnait, et «pie personne ne con- parties, pour faire compatir ensemble l'espé-
damne, comm«"je l'ai remartpiécent et cent fois. rance el le désespoir. Ainsi quand M. de Cam-
L'amour purque nous condamnons est celui dont brai répon«l sans cesse que son amour pur n'est
l'Ecole ne parla jamais, et dont .M. de Cambrai «prabstia«lif, il abu^e manifestement «le la foi
coinpos;! son cimpiième amour, où l'on ne re- imliiiipie, el d'une distinction «pii est bonne,
lient «pie le nom de l'espérance el de son inoliL mais mal appliipiée.
r>. Nous avons souvent en fram.ais re|)ré.>eiité, 8. Sou amour pur est exclusif en deux ma-

et en latin, «picI«piefois en très-peu de mots, mais nières: en premiir lieu, parce qu'il exclut le
btiijours à fond, et en particulier dans les lieux motif de l'espéiancedans r.ùiie parfaite: ci- «pii
murqués à la marge 8, qu'au-dessus de l'amour se tlémontie en ce que tout .son progrès aboutit
enfin au sacrifice absohi du salut et h un vrai
' Smuma
docl., n «. —
' D«\ix.*<Til, »rl 10, 11, II. » Prcf., —
II. '.H et lul».-
' Av«rl., M. 8, 9, 10 ' —
Srfiol. iit lui., Hz prlmli désespoir.
i|umt -
Q«it( r(dxr„ icct.i, cip.3.— ' I, Cor.,ZUl, 5.— ' DrilX.
*

4crit, Cinq, *<rit, ttc, (iuur.rtdii'., Admonil pT*r.,t\l> , <i«»<' , n.


'Max ,i<. ù - lUp p. *1.
A LA RELATION SUR LE QUiÉTlSME. 20i

9. Il est exclusif d'une autre manière: en 13. Telle est la doctrine que nous soutenons
tant qu'il exclut de l'acte de charité le désir de contre Molinos, contre Malaval, contre madame
la jouissance, où consiste la perfection de l'a- Guyon. contre M. de Cambrai qui est venu le
mour causé par la claire vue, ce qui contraint dernier de tous leur prêter toutes ses plus belles
à séparer de l'amour pur le désir d'aimer par- couleurs. J'ai montré • qu'il est lui-même de-
faitement à jamais comme qui dirait que pour :
meuré d'accord que je distinguais les objets de

aimer purement, il faut cesser de désirer d'ai- la charité « premiers et seconds, » et que « j'é-
mer purement, ce qui est le comble de l'erreur tablis l'excellence de la nature divine mise en

et de l'illusion. elle-même comme l'objet primilif et spécifique


Pour déraciner à fond une illusion si ab-
10. de la charité 2, » qui est le but de l'Ecole ; tous
surde et si dangereuse, il faut absolument dé- ce que dit ce prélat pour obscurcir mon senti-
terminer que la charité, outre le motif primilif ment apuartientaufond, et n'empêche pas qu'il

et principal de la gloire de Dieu considéré en soit co/islantdans le fait, de sou propre aveu,
lui-même, a pour motif second et moins prin- que l'autorilé de l'Ecole est entière dans tous
cipal, et qui se rapporte à l'autre, Dieu comme nies écrits.

communicable et connue conununiqué à sa 14. Quand donc


il me' dit ailleurs 3: « H est

créature mais pour être le motif second et


;
visible que vous n'admetlez le motif secondaire
moins principal, il ne s'ensuit pas qu'il soit sé- de la charité que pour apaiser l'Ecole par celle
parable; de sorte que le dénoùment de toute la mitigation apparente, » il me donne un dessein

difficulté, est que l'Ecole, comme je l'ai dit S a


indigne d'un théologien; mais en même temps
bien ordonné et arrangé, mais non jamais sé- il oublie que j'ai pris ces termes et celte doc-
trine des deux princes de l'Ecole, saint Thomas
paré les motifs d'aimer.
et Scot, comme je l'ai démontré ailleurs''.
H. La parole de Dieu y est expresse: « Vous
15. Et quand ce même prélat veut qu'on croie
« aimerez le Seigneur votre Dieu 2; » le « Sei-
« gneur: » il est excellent et parfait dans sa na-
sur sa parole pt sans preuve, que « j'ai « voulu

ture « votre Dieu


; » il est comnumicalif il : ;
condamner l'amour désintéressé j, » dans la dé-
fense duquel expressément je fais concourir tour
vous ordonne de l'aimer, « afin que vous soyez
heureux » Ut bene sit tibi^; parce qu'il vous
:
les docteurs scolasliques, comme il parait pas

Patribiis tuis conghitùiatus est Domi- tous les endroits qu'on vient de citer; la bonne
est uni :

foi lui devait avoir imposé silence.


jiMS*: « Aimez donc le Seigneur votre Dieu; »
Ama eryo Dominum Deum tuuin^. Voilà les mo- met en fait cet article l'Ecole,
16. Lorsqu'il :

tifs unis et inséparables exprimés dans le pré- qu'on m'opposait sans cesse, s'est tournée contre
cepte : l'Ecole vient là-dessus, et arrange ces M. de Meaux sur la charité "; » on dirait qu'il a
motifs sans les séparer; le premier est le spé-
obtenu contre moi le décret du moins de quel-
cifique, comme elle parle, et l'excellence de
que fameuse université; mais cela n'est pas, et
il a tenté vainement de soulever les plus célè-
Dieu considéré en lui-même le second et moins ;

bres.
principal, mais néanmoins inséparable dans le
17.fait pourtant ailleurs' une belle offre,
lime
précepte même, est qu'il « est « nôtre, » ce qui
et c'est d'assembler l'Ecole, |)our lui taire dire
emporte qu'il est communicalif; la charité re-
ce qu'elle a cru depuis cinq cents ans. Uue pré-
gardée dans son motif « primilif et spécifique »
tend-il? quoi! de metlre ensemble toutes les
est indépeudanle de ce iiiolif; l'Ecole le dit, et
écoles, ou d'en consulter quelques-unes sur
on l'en peut croire sans péril; la charité est in-
une matière qui va èlre jugée par lePaiie? C'est
dépendante de la vue de Dieu coiiiuiuuicalif,
ce (pi'il il ne cesse de nous pro-
deiuaude, et
comme d'un motif second cl moins luiiicipal,
jioser quebpie nouveau procédé. 11 a fait ce qu'il
excilalif cl auguienlalif, mais néanuiolMs insé-
a pu i)our émouvoir les nuivetsités; il les a sé-
parable du premier: l'Ecole ne le dit pas, et jj
rieusement averties de prendre garde à un prélat
n'était pas permis à M. de Cambrai delaNancer.
qui « par de secrèles machinations avait entre-
12. Ainsi quand il me reproche à loules les
pris de détruire leurs communes noIionsS; »
pages** « (jue je nicls la source du quiélisuie
il a tâché d'exciter l'Eglise romaine: « Voilà, »
dans l'amour indépendant de lu béaliludc, » 'J, « mes .senliiuenls sur la charité; voilà
dit-il
et de Dieu comiuunicalif cl cominuni(|ué; il
ce qui mérite d'ètie examiné de bien près par
m'impose, comme on vient devoir, puisque je
ne fais que rejeler un mauvais sens que je dé- '
Rép. à qualro Ictlrts, n. 16. — » Trois. Lcllrc A M- Ht Me«uT.
montre contraire à toute l'Ecole. p. &, 8, 7, 8, etc. — ' Trois. I.ctlro pour servir d» rop.. «-Ir., p. 36.
— • Sckol.. in lui , <j. 4, ii.bï, 83, de. —
» Rop., pag.39. —'
tbii.,
' Ri'p- 4 quiilrc lollros, i . — ' Orul. , VI. t. — ' II,., 1». — p. 161. — ' Troli. Lettre pour servir de r*p., etc., p. a .— 'Kw|>.

Rép., p. 0,1(7, tic. ad Sum.,t. 6 '. - 'Bip. 109.
-

202 REMARQUES SUR LA Rt'PONSE A LA RELATION.

l'Eglix romaine, clce(|iicjc suppose que M. de


arguments de Sorbonne, d'autre part je suis
lui soiinicl aussi al)Soliimeiil que je lui outré sur cette matière dans les thèmes que je
Meaiix
soumis mon livre. C'esl là-dessiis. » dit-il ail- (loiniais à ,ygr le [)(inphin '. C'était en abrégé
ai
Iriirs', que nous pouvons demander au l'apc
« l'Histoire deFrance: M. de Cambrai n'y troue
vail rien h reprendre, puisque celle histoir-
un prompt jugement; c'est là-dessus (|ue M. de
Meaux doit être aussi soumis que moi;c'eslcettc abrégée a fait partie des leçons de Mgr le duc
soumission (lu'il devait avoir promise il y a déjà de Rourgogne, et souvent on m'a lait l'honneur
longtemps, |iar rapport à toutes les opinions de m'admellre à celle lecture. Voici mainte-
siiif^uli^res que j'ai recueillies de son premier nant ce qu'on y trouve: c'esl <|ue j'y ai rap"
Etatt; d'orniso». Vain porté Vltistruclioii de saint I.nuis à sa fille
livre: » c'est celui sur les
arlilice jiour introduire um' uduvelle question, Isabelle, où il lui di.s,iit « Ayez toujours in :

cl faire donner des exaiiiiualeiu-s à mon livre teulion de faire ^jurement la volonté de Dieu
comme au sien. .Mais il crie en vain: rien ne sè- par amour, quand vous n'alteiidriez ni puni-
ment; ma foi, <pii n'est suspecle en aucun en- lion ni récompense. » Qu'y a- l-il de nouveau
droit, ne demande point de déclaration parlicn- dans ces paroles? ce sont là de ces suppositions
lièrc de ma .soumission c'est que je in'allaclie ; impossibles (]u'on trouve dans tous les livres;
au chemin liattu par nosl'éres: jene veux point la question est, si en les faisant on peut s'em-

donner un spectacle an monde ami de la nou- pèchcr de nourrir secrètement dans son cœur
veauté, m
étaler île l'esprit, en moidrant iju'on le chaste amour de la récompense, qui est
peut tout défendre. Ou a vu d'ailleurs' ce qui Dieu même; et si cette récompense, au lieu
s'est |)assé sur mon livre, et les récriminations d'aflàiblir le pur amour, n'est pas un moyen de
de M. de Cand)rai n'ont eu d'autre effet (pic de rcunammer, de l'accroitre, de le iiurifier davan-
faire voir d'inutiles leiilalives pour endtrouiller tage. N'est-ce pas amuser le monde, que tirer
une affaire toute en état. un avantage particulier de paroles dont tout le
IS. Nous déclarons donc à M. l'arclievêque de monde est d'accord? J'en dis aillant de cette
Cambrai qu'on ne liù fera jamais de procès femme tant louée par saint Louis. <• qui voulait
sur des opinions d'école; tous les passades (pi'il brûler le paradis, cl éteindre l'enfer, alin (lu'on
cite de moi au préjudice d'une déclaralion si ne servît Dieu que par le seul amour. » Quoi!
expresse, sont Ironcpiés ou pris manifeslement le paradis qu'elle voulait brûler, élail-ce l'a-
à contre-sens; je ne puis i)as crdreprendre ici mour éternel causé par la vision de la beauté
Celle discussion déjà faite; que le lecteur en fasse intinie, et par la parfaite jouissance du bien
l'épreuve; il verra (pi'on m'impose partout, et véritable? Voulail-elle éleindie dans renier la
(jue les pas.sjiges coulre lesquels M. de Cambrai peine d'être privé de Dieu et son dessein était- ;

.se récrie le plus, sont jusiement ceux où son de rendre hommes


il les iusen.sibles et indiffé-
tort estpliis sensible. rents à cette privation ? S'ils n'y sont pas
19. Il fait connaître que ma foi sur la charité insensibles, sont donc sensibles au désir de
ils
lui était siispecle il y avait déjà lonplcmps. et cet amour éternel qui rend les hommes bien-
dés le conuueucemenl «ju'il me mil eu maiu
heureux. Si l'on dit ipie le désir de cet amour,
l'affaire deiM""HJuyon.« Je n'i;,Mioraispas,>idil-dï, au lieu d'ennammer ramoiir pur, l'affaiblit et le
u sou opinion sur la cliarilé. qu'il avait déjà dégrade, ou qu'on le pui.sse séparer de l'amour
publiéeavecbeaucoiipde vivacité dans les thèses de Dieu, on confond toutes les idées et de la
où il pré.sidad. » .Malheureuse vivacité, s'il en raison et de la foi. Je n'en veux pas davantage;
reste encore à monà^'c.qui m'allire l.uil dere-
et avec celte seule vérité toutes les exclamations
pioches de M. raicbevècpie de Candirai-ll fau- de l'archevêque de Cambrai lombcnl dans
.M. le
diait pourtant m.U(|uer les excès où elle m'au- froid.
rait emporlé. iMaiscpioi! mes disputes de Sor-
21. Je suis étonné de ces paroles: « Pour
bonne seront mie preuve contre moi; et si, moi je n'ai jamais proposé ce pur amour h Mgr
sebui la coutume, pour exercer un habile é-
le duc lie Romgogne ^ « par où il achève
i
:

poiidanl, je m'avise de lui proposer avec force


de nous monlier (pi'iln'y a rien de .sérieux dans
(|uel(pic aiguillent contre de siiules doctrines,
ses discours : car, en premier lieu, comment
M. de Cambrai m'en lera un ciimel C'est ce n'a jamais proposé cet
peul-il dire (pi'il amour
qu'on présume quand on se voit en état .le faire
à Mgr le duc de Bourgoi;iie? n'était-ce pas lui
valoir par son éloipieiice jusqu'aux moiiidies
eu parler assez, que de lui faire lire avec atten-
choses.
tion et approbation cet abrégé de l'histoire qui
"20. Si je suis su.spect .sur l.i ( harilé par mes
' Trois. Lctue Je M. <1« Caœbro |Hiur «crur de r^p i nllc tic U.
' Bip, 11. 16. — ' Uclat., lecl. fi, ii. 7. — '
Kop., p. 24. de M«tux, p. 49 — > B<p.,p. (0-
RÉPONSE D'UN THÉOLOGIEN. 203

des thèmes de Mgr le Dauphin ? En


fail le sujet du quiétisme et nous devons louer Dieu s'il ne
;

second lieu, quelle finesse trou\e-t-iI à n'avoir l'ajamais enseigné à Mgr le duc de Bourgogne,
jamais parlé d'un tel amour au grand prince puisqu'il n'a jamais dû ni le défendre lui-même'
qu'il instruisait ? où était l'inconvénient de lui ni l'enseigner à personne ; n'y ayant
rien dé
faire lire les sentiments de saint Louis ? Ne sont- plus indigne de la théologie chrétienne,
que
ils pas en comme il remarque lui-même
effet, d'établir un pur amour qu'on n'ose
proposer
que je dans cet abrégé, un héritage que
l'ai dit aux enfants de Dieu, ni même en entretenir un
ce saint roi a laissé à ses descendants, plus pré- âge innocent.
cieux que la couronne de France ? Pourquoi 22. C'est néanmoins pour ce pur amour que
priver de cet héritage Mgr le duc de Bourgogne combat M. de Cambrai il Icombat pour un pur :

si capable de le recueillir ? En troisième lieu,


amour, qui non-seulement est inaccessible aux
le pur amour, que saint Louis enseignait à ses
saintes âmes, mais encore les trouble elles
enfants, est-il d'une autre nature que celui
scandalise K Nous lui laissons ce pur amour,
que toute l'Ecole attache à la charité toujom-s puisqu'il veut mettre sa gloire à le défendre^
désintéressée selon saint Paul? En quatrième et nous soutiendrons celui qu'on enseigne aux
lieu, montre donc que sous le nom de pur
il
Cluétiens, depuis l'âge le plus tendre jusqu'à la
amouril entendait son pur amour du cinquième vieillesse la plus avancée.
rang c'est celui-là que j'accuse d'être la source
; • Ma-t., p. 34, 35.

RÉPONSE D'UN THÉOLOGIEN


A LA PREMIÈRE LETTRE DE M. L'ARCHEVÊQUE DE CAMBRAI A M. L'ÉVÈQUE DE CHARTRES.

Monseigneur, tres : « En voici, » dites-vous ', « un exemple


ne sais si vous êtes informé de l'étonné-
Je des plus sensibles » s'il est sensible, on pourra
:

ment du public sur vos Lettres à M. l'évêque de juger des autres par celui-ci. Vous diles qu'on
Chartres : principalement
la première. sur vous impose, quand on vous fait dire, « qu'il
Si je révélais tous les sujets de cette surprise, faut que les âmes d'un
certain étal ne se servent
je composerais un volume plutôt qu'une lettre ;
plus, dans leurs tentations, du remède de la
mais après qu'on a beaucoup écrit s";r une ma- mortification inlérieure et extérieure, ni des
tière, il faut se réduire à ce qui emporte le plus actes de crainte, ni de toutes les pratiques de
clairement la décision, et je le mets dans ces l'amour par lesquelles elles se sont sancti-
trois chefs, dont je ferai trois questions, que je fiées 2. » Vous trouvez tout le contraire dans
prends la liberté de vous adressera vous-même. l'endroit qu'on cite des Maximes des saints,
La première, si vous avez bien prouvé les alté- où vous parlez de cette sorte 3 : « H est capital
rations de voire texte, que vous re|irochez à ce de supposer d'altoni que les tenlalions d'une
prélat. La seconde, si le sens nouveau que vous ànie ne sont que tenlalions conununcs, dont le
donnez au concile de Trente est soulenable. La remède est la morlilication inloriein-e et exté-

troisième, si volie première ex|)licalion adressée rieure avec tous les actes de crainte, et toutes
au même |)rélal, èlait la vraie ex|)licalion de les pratiques de l'amour intéressé. » Par là

voire pensée, ou un simple argiunenl ad liomi- vous prouvez très-bien en effet, que les teuta-
nem, une simple complaisance pour M. de lious communes, et des étals ordinaires, .sont
Chartres, comme vous le diles à présent, sans guéris par ces remèdes; mais vous oubliez ce
en avoir jamais donné la moindre marque. Ces qui suit innnédialeniLMit après « Il laiil être :

trois questions feront coimaîtrc beaucoup de ferme pour n'admettre rien au delà, sans une
choses essenliclles, non-seulement sur le fond entière conviction (|ue ces remèiies sont abso-
de votre doclrine, mais encore sur la manière lument inutiles*.» CesontlesparolesquoM.de
dont vous procédez dans celte affaire; et c'est à Chartres vous objecte: et ainsi manileslemenl ce
moi à les proposer d'une manière sensible. prélal a trouvé l'état où vous diles, non pas
seulement que « les Ames ne se servent plus,
PREMiÈUE QUESTION.
Le premier sujet de vos plaintes regarde l'nl- ' l'rom. L«ltro à M. do Clmrtres, p. 9. — ' LcU. past.udlo <ic M.

téralion de voUe texte iinpuléeàM. de Char-


do Clmrtras, p. 108. -> > Max., p. 144. ^ * Mtxiincsdo«6'ainli,p.
144, 145.
20t RÉPONSE A LA PRF.MIf:i\E LETTRE

dans leurs Irntalions, de la iiiurlilication inlé- loiijoui-s deux étals marqués, dans l'un desquels
des ailes de crainle, ni
rieiiie el exti^rieiirc, ni les actes simples du |iur amour ne font que du
de loiiU-s les pratiques de l'amour iuléressé » : mal ; el dans l'autre aussi, les pratiques ordi-

mais fucore où l'on est « iiiliiremeul eon. naires de ramolli intéressé, parmi lesquelles
vaincu (juc ces irmèdes leur muiI absoluineul vous comprenez la morlilicalion intérieure et
inutiles. » De cette sorte l'alléralion est tout exlérieure, sont inutiles.
entière de votre côté, i)uis<jue c'est vous seul C'est aussi sans fondement que vous distin-

qui .sii|iiirimez, dans votre texte, ces paroles guez un genre particulier de tentation , où la
que M. de Cliarlres tourne contre vous. morlilication intérieure et extérieure soient
Quel(|uc outrées que soient vos paroles, vous absolument de la plus forte de
inutiles. C'est

ne manquez jamais d'excuses; mais celle-ci est toutes les lentalums, el de laquelle le démon
bien légère : « 11 seulement, » dites-
est vrai même, dont les apôtres n'avaient pu venir à
vous ', « que je remarque dans la page sui- boni, était la ligure, que Jésus-Christ a pailé,
vante, le cas sin;;ulierde l'exliémité des quand il démon « ne [leut être
a dit que ce
épreuves, où il an ive (jue ces lemèdes sont « cliu.ssé (|ue par l'oraison el |»ar le jeune '. »

absolument inutiles, pour apaiser la tentation; » Mais qu'il y ail des tentations où le jeune, sous
mais c'est vous encore ici qui altérez votre lequel Jésus-Christ a compris la morlilication
texte. Vous vous laites dire seulement (juo ces extérieure, et l'oraison sous laquelle l'intérieure
remèdes sont inutiles h « la tentation, comme est reiilermée, «fussent absolument inutiles,»
s'il s'agissait seulement d'un genre particulier c'esl ceque ce Mailre céleste ne nous a jamais
de tentation, où les ilmcs ne doivent plus se enseigné et il n'y a que de faux mystiques qui
,

servir de ces remèiles. » Mais cidre <]ui' c'est soient entièrement convaincus de cette inutilité.
toujours ime erreur per nicieuse à la piété, de Au lieu donc de re|»roclier ?i M. de Chartres
leconnaitre une tentation, quelle <]u'clle soit, et qu'il altérait votre texte, en y trouvant des ten-
en (pielque c4al (pie ce soit, où la morlilication tations où la morlilication intérieure et exté-
intérieure et extérieure soient absolument inuti- rieure absolument inutiles, vous lui
fussent
les, la suite de votre discours i'ail\uir 1 inutilité deviez avouer le tort que vous avez eu de l'éta-
de ces remèdes cl la tenlaliondecet état indéfini, blir.

ment, puisque vous ajoutez aussitôt après, Que vous sert, en effet, d'avoir reconnu la
qu'il ne faut, pour apaiser la tentation, que le nécessité de la morlilicalion intérieure et exlé-
seul exercice du pur aiiKnir. qui est l'exercice rieure dans les « tentations communes, » que
de l'état 2. vous appelez des comiiiençanls 2 ; puisque vous
Au.ssi est-ce en parlant des Ames de cet étal i ne |)arlez ainsi que jiour en venir aux étals où,
que vous dites indcliinmiiit, o qn'elles ne sont par une « entière conviction » on les croit ,

mises en paix, au milieu de leurt tentations, par absolument inutiles ? Vous ne laissez doncqu'aux
aucuns des remèdes ordinaires, qui sont les « commeiieaiils la morlilication intérieure el
motifs d'un amour intéressé, du moins pendant extérieure, non plus que lespralKiuesde l'amour
qu'elles sont dans la grAcc du pur amour
s. »
intéressé ^. » Il est ré.servé aux âmes éminentes
Ainsi vous parlez toujours indélinimeiil des de repousser d'une autre manière les tentations
lenlations de l'état. Vous continuez
.'
« Il n'y a : de leur él;jl, ijui enferment celle du désespoir
que la lidèle coopération à la giAce de ce pur et ce moyen de les repousser, c'esl d'y succomber
amour qui calme leurs tentations : « encore en « aciiuiesçant, comme vous le dites ailleiuT»*.
i^

iudérmimeiit « et c'est par ; ajoutez-vous, li^i , à sa «juste condamnation de la part de Dieu ;


(jii'on peut dislin^iier leurs épreuves des épreu- ce cpii, d'ordinaire, sert h les niellre en |Kiix , ei
ves communes. » Il s'agit doue île l'état au(|ue| il calmer la lenUilion qui n'est destinée qu'à cet
appartiennent ces épreuves extraordinaires. El eflet , » où vous mettez la « purilicalion de
vous concluez en celte sorte « Les âmes <pii ne :
l'auiour. » Voilà, Monseigneur, tout le C'ir|)s de
sont pas dans cet étal (à (pii a|iiiailiennent ces votri' doctrine sur les tentations de l'étal parfait.

épreuves) tomberont inlaillibleiiienl dans des El M. de Chartres en vous fai.s.inl dire que vous
,

excès terribles, si on veut contre leur besoin, ,


en avez exclu la morliliœlion inlérieure, et le
les tenirdans des actes simples du pur amour ; reste, loin d'altérer votre texte, comme vous l'en
du puramoiir
et celles qui ont le vérital)le alliait accusez, non-.seuleinent n'a fait que transcrire
ne seront jamais mises en paix par les prali(pies vos pro|>res paroles, mais encore n'a fait que
ordinaires de l'amour intéressé. « Voilà donc suivre tout l'cnchaineinent de vos principes.
'Ullrc et M..1- ehirtrr», p. lu. 11 — > D«ux Uttr* à M. df '
Slallh., ITil, 20. - » Mtx., p. 75. -» /6.,p. 144. - ' /t.,
— p
Chârtrt.., p. Il; M«x,, y. UG. > lM.,y. U7.
91,03.
,,

DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 203

Telles sont ces altéralions dont vous nous qui, citant, dans votre Tnslruction pastùrale , \c
aviez promis « un exemple des plus sensibles. » passage où vous vous plaignez que M. de Char-
II vous échappe des mains et ce qui devait être ; tres ajoute le terme de surnaturel, l'y avez vous-
le plus clair pour votre dessein, se tourne en même ajouté. Reconnaissez vos paroles « La :

preuve contre vous. foinous enseigne, » dites-vous, « que l'espérance


Vous ne vous plaignez pas avec moins de force est une vertu surnaturelle '. » Quand donc on a
d'une autre altération de M. de Chartres et : ajouté le terme de surnaturel à celui de l'espé-
vous l'accusez d'avoir ajouté deux fois à voh'C rance, on n'a fait que développer ce qu'il con~
texte le terme de « surnatmel » qui n'y était pas, tient nécessairement selon vous-même. Pour-
et « qu'on n'en saurait tirer. » C'est un fait qui suivons « L'amour de Dieu, ^^ continuez-vous
:

ne demande qu'une simple lecture, et je ne « qu'on nomme d'espérance, est un amour véri-
prétends aussi que conférer vos paroles avec tablement surnaturel » et un peu après ^ :
:

celles de M. de Chartres que vous y avez insé- « J'ai fait deux divers degrés avec des définitions

rées. Vous parlez ainsi à ce prélat ' « Pour me : différentes de l'amour naturel de pure concu-
rendre ridicule à moi-même, vous rapportez piscence, et de celui de l'espérance chrétienne
cette proposition de mon livre « Cet amour : qui est surnaturel. » De cette sorte que l'amour ,

« d'espérance est nommé tel, parce que le motif que vous appelez surnaturel, c'est manifeste-
« d'intérêt propre y est encore dominant 2. » ment l'amour d'espérance amour dont vous :

Après quoi vous dites « Changez cette pro- : faites un degré à part, distingué de celui du
« position ; selon le sens de l'amour naturel, il second degré, que vous appelez « l'amour natu-
« faut l'exprimer ainsi. Cet amour » (surnaturel) « rel de pure concupiscence. » C'est encore un ,

« d'espérance est nommé tel, parce que le prin" coup, de cet amour d'espérance et du troisième
« cipe intérieur de l'amour naturel de la béali- degré c'est, di.s-je, de cet amour que vous avez
;

« tude pour vous-même y est encore dominant :» dit en termes formels, deux et trois fois, qu'il
vous ajoutez « et à la place de celle-ci
: Dieu : était surnaturel étrange combat de vous-même
:

« jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant avec vous-même C'est vous qui appelez cet
!

« voir nulle espérance pour son intérêt propre ,


amour d'espérance « surnaturel. » C'est vous-
« même éternel ^ ; » il faudrait dire : « Dieu même qui reprochez à M. de Chartres de lui
« jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant donner le même nom qu'est-ce qui vous fait :

« voir nulle espérance » (surnaturelle) pom* son ainsi méconnaître et désavouer vos propres dis-
« affection naturelle de béatitude , même éter- cours ? est-ce oubli ? est-ce plaisir de vous plain-
« M. de Cambrai pourrait-il porter la
nelle. ou
di'e, le désir d'abattre un adversaire, ou le

•shonte de telles propositions? » Après avoir peu de de votre système ? Quoi qu'il en
suite

rapporté ces paroles de M. de Chnrtres , vous soit, vous insultez ;\ M. de Chartres, comme s'il

vous élevez contre lui en cette sorte « Non, :


avait un tort extrême vous l'accusez d'ajouter
:

Monseigneur je ne mérite point de porter cette


,
«sans se gêner s,» ce qu'il lui plaît à votre .

honte ; retranchez ce que vous ajoutez sans le texte, et de donner par ce moyen « une affection

pouvoir tirer de mon texte, et toutes ces contra- « naturelle » pour motif aux vertus surnatu-

dictions ridicules s'évanouiront. Vous ajoutez au relles. Enfin, vous lui (iomandez Permeltriez- : <

terme d'amour d'espérance


« , » le terme de vous à un autre d'ajouter à ce que vous avez
« surnaturel. » Vous ajoutez à celui « d'espé- écrit, pour vous faire dire les impiétés et les

rance » celui de « suru;ilurelle. » En ajoutant extravagances <iue vous avez le plus en horreur?»
ainsi dans un texte , sans se gêner il n'y a rien ,
On ne peut pas faire ;\ un prélat des reproches
dont on ne \ienne facilement à bout. » Voilà plus amers. Il .se trouve cependant que ce qu'il
votre plainte dans toute sonél<'U(liie, cldu nidins avance est pris de vous-même. L'impiété et
vous ne direz pasipi'on l'ail afiaihiic. Sanscnlrer J"e.\lravagance qui vous font horreur, sont con-

dans le fond de la matière, ici où il ne s'agit que tenues dans vos projires paroles. Et si c'est vous
de l'altération de votre texte, elle consiste à y faire dire une impiété, ipie de vous faire appeler
« surnatiu-elle, « l'espéiance dont vous parlez
ajouter à votre amour du troisième degré, (jue
vous nommez l'amour trospérance '*, le terme de dans vos Maximes, la piété sera donc de l'appeler
surnaturel, qui, non-.seidcment n'y est pas, mais naturelle ? ce (pii est contraire i\ toute sorte de

encore « n'en i)eut être tiré, » selon vous. Mais, langage théologique ; et , connue on a vu, au
\ Monseigneur, vous ne songez pas que c'est vous- vôtre même.
'
même qui ajoutez ce terme. C'est vous, dis-je. On pourrait, avec la même facilité, faire encoi-c
retondier sur vous les autres altéralions dont
PrcmiiTC LcUro, |>. 53; t.oitre past. ilo M. do Chnrtres, p. 31,
, 82, — ' Max., pag, 0. — ' MaX.,p. 73. — < /*., p. 5.
'
IiiM. past., n. a, p, 6. — ' lb.,p. e. — ' Doiixiiiiw Lettre, p. U
206 RÉPONSE A LA IMŒMIÈHE Lli'lTUE

vous accusez M. de Cliarlres. Mais nous avons à Tout ce qu'il y a de controversisles, el, pour
traiter des inulicrcs plus iiiiporlanles ; el il me parler plus i^énéralenient, tout ce qu'il y a de
sullit qu'on puisse juRcr par les deux exemples théologiens, en Uaitant de la bonté el honnêteté
d'alléralion, (juc vous croyez les plus manifestes, de l'acte d'espérance chrétienne, demandent,
de la laiblesse de tous les autres. contre péché que de ser-
les protestants, si c'est
vir Dieu dans la vue de l'éternelle récompense,
DElJXlKMt: UlîKSTlON.
et ils répondent nnaniinemenl que le contraire
On ne sait, Moiisei^uiiu-, où vous avez pris
est exi)resséinenl défmi par le concile de Trente.
l'explication de ce décret du concile de Trente ' :
Le cardmal Bellarmin, en examinant celle
constant (pu; c'est contredire la foi ortho-
, Il e.st question ', a|)rès avoir jyroposé le sentiment de
doxe, que de soutenir (jue les justes pèchent Calvin, dit que le concile de Trente a décidé le
dans toutes leurs (l'iivres, si, outre le désir contraire Contraham dortrinam tradit conci-
:

principal que Iiieii soit •;loririi', ils envisagent la lium Trù/fii/imij?!, c'est-à-dire comme il l'expli-
récompense iHernelle pour exciter leur paresse, que, qu'il a décidé qu'on doit agir, t première-
el pour s'encourager courir dans la carrière,
i'i
ment, pour la gloire de Dieu, et secondement,
puis(iuil est écrit « J'ai incliné mon cœur à
:
aussi en vue de la récompense et de la félicité
« accomplir vos justices, à cause de la récom- éternelle, » qui est l'abrégé des paroles du dé-
« pense 2 ; et <pic l'Aiiolre dit de Moïse, qu'il cret dont il s'agit.
c rcj^ardait à la récompense s. » Estius, en proposant la même question ^ S'il :

Pour prendre une première notion du dessein esl permis de servir Dieu en vue de la récom-
de tout le décret, il tant sujijjoser avec vous- pense éternelle, conclut à l'alfirmative, el !a
même*, comme avec tous les lliéoloniens, qu'il prouve par l'autorité du concile de Trente. (Sess.
est dressé contre Luther et les protestants, qui U. cliap. 11 et can. 31.)
niaient la bonté et l'Iionnèteté de l'acte d'espé- Vous citez souvent Sylvius, et vous paraissez
rance , en tant qu'il avait en vue la récompense déférer à ses .sentiments. Vous y trouverez la
éternelle. même conclusion 3, en y ajout;int qu'elle esl de
Il y a deux parties dans ce décret, dont l'une foipar la parole de Dieu écrite el non écrite, et
est la condanmalion des protestants, et l'autre en particulier par la décision expresse du concile
en rcnlernie la réliitalion pardeux exemples li-
de Trente au chapitre en question, el au ca-
res de l'Ecriture, celui de David ctcelui de Moïse. non 31.
M. de Chartres vous presse vivement par ces Tout cela se dit par ces auteurs, en vue d'éta-
deux p;irlies du décret el vous tachez de les'•>;
blir la bonté et l'honnêteté de l'acte de l'espé-
éluder d'une manière qui n'a point d'exemple, rance, vertu théologale, où l'on désire la récom-
en répondant de cette sorte: « Il m'a paru que pense éternelle.
le concile ne voulait p()int parler de l'espérance, Suarez.danslc traité de cettevertu, demande*
vertu théologale connnandée, pnis(iu'il se conten- « Si c'est un acte honnête de l'espérance que
taitde dire, de la chose dont il |)arlait, qu'elle d'agir en vue de la récompense éternelle ? Utrum
n'était pasun péché, et qu'il voulait parler seu- operari inluilu ateriKF retributionis,sit actui spei
lement de la merceuarilé jointe dans l'An. im. ;
hout'slus:» cl il répond en celle sorte LuUierani :

parfaite avec cette vertu surnatiuelle. »


dtnnnaut actum illum totiquam omnino malum:
l'ermetlez tju'on vous demande. Monsei- primo quia non licct illam spem ponere in operihuf.
gneur, où vous avez pris celte explicatiim ? cl merilia; sertDKloquia quoduon piocedit exptiro
Esl-ce dans les termes du concile? On voit bien amort', ordinal Deum ad nus, quod est inordina-
que non, puiscju'il n'\ esl tait mille menlion de lum.iMIiilominnsdiro: operari propter retribulio-
cette « imiiarfaile mercenarilé, » ipie vous dites ncm œlernam, per se bonitm esl et Iwneslum:
qu'il a eue en vue. Une si vous dites qu'elle y c'est-à-dire, « les luthériens condamnent cet
doit être sous-entendue, contre la suite des pa- acte comme mauvais: premièrement,
tout à fait
roles, on vous fera avec respect une autre de- parce qu'il n'Dsl pas permis île mettre celte es-
mande, si, paruù tant d'auteurs ipii ont cité ce |)érancc dans les œuvres et dans les mérites; et I
décret, vous eu pouvez trouver un seul qui ait secondement, parce que ce qui ne procède pas i

indiqué ce sens. Non-seulement vous n'en rap- du i)ur amour, rapporte Dieu à nous: ordinal
portez aucun qui vous favorise, mais il n'y en a Deum ad nos, ce qui est désoidoimé. Voilà i>

aucun qui ail traité de cette malièrc, qui ne vous donc les luthériens fondés sur le pur amour,
soit contraire ouvertement. aussi mal à propos que les (piiétistes, quoique

' S«u. 6, e. 3. —' Pial-, «Trii 112. , —


• Mtx., p. 19.— « Httrr. ' Dtju$ti/., t m, lib. r,c. 8. — ' Disl . I. 3. p«g. 3. — >3- J
SI, të.— ' Lelln pasturalt do M. d« Cliartrsi, pa^. 41, 40, 40. (|Uiut.27; 3, p«(. 470. — < Olspt,diMf. l,t*cC.6,B.L
DE M. DE CAMRRAI A M. DE CHARTRES. 207

par un autre tour: deSua-


et voici la résolution la vraie vertu de l'espérance que dans l'acte, où,
rez sur celte difficulté néanmoins qu'il
: Je dis en adhérant aux promesses de la rémission des
est bon et honnête de soi d'agir pour la récom- péchés, on se les applique en particulier par la
pense éternelle; à quoi il ajoute, que « cette pro- croyance certaine qu'ils sont remis à chacun de
position, » où il s'agit, comme on voit, de l'acte nous, et que c'est là ce qui constitue notre jus-
de l'espérance chrétienne, « est de foi, » à cause tification. Pour l'acte où l'on regarde le repos et
qu'elle « est définie dans le concile de Trente » la récompense éternelle, Luther et les luthé-
(sess. 6, chap. ^l., can. 31). riens soutiennent qu'en les pratiquant on est de
En un mot, sans perdre de temps à nommer ceux dont saint Paul a dit: Omîtes quœrunt quœ
les théologiens l'un après l'autre, on met en fait sua sunt: on cherche son intérêt, et non pas ce-
qu'il n'y en a point, depuis le concile de Trente, lui de Jésus-Christ. Telle est la doctrine de Lu-
qui, bien éloigné de votre interprétation, n'ait ther, comme Suarez l'a posée en très-peu de
suivi positivement le contraire, que les paroles mots. N'est-il pas permis au concile d'opposer
de ce saint concile présentent seules à l'esprit. la contradictoire à un dogme si pervers ?
Après cela, on s'étonne des paroles de votre Mais quoi vous plaise de supposer, en-
qu'il
Lettre ' : « Supposons que je me sois trompé core étes-vous bien loin de votre compte. 11 n'est
dans cette explication du concile, et que je l'aie pas vrai que le concile se soit contenté de dire
mal cité, c'est un fait qui n'importe rien au que l'espérance de la récompense n'est pas un
dogme. » Quoi Monseigneur, une explication
!
péché; il la met au rang des désirs les plus ver-
que vous donnez seul, où vous avez contre vous tueux, quand il l'attribue à des âmes aussi par-
tous les docteurs, où vous n'en sauriez citer faites que celles de David et de Moïse, dont l'un
un seul pour vous, n'importe rien au dogme! a dit qu'il a « incliné son cœur à garder les com-
une explication d'un décret de foi contraire à « mandements divins, à cause de la récom-
l'intention de toute l'Eglise sera un fait indiffé- « pense •; » et saint Paul a dit de l'autre, qu'il
y
rent ! où en est la foi, si on laisse passer cette regardait 2, » dans l'acte émment, où il préféra
maxime? l'opprobre de Jésus -Christ à tous les trésors de
Mais vous apportez une raison: « C'est, » di- l'Egypte et à toutes les grandeurs du monde :
tes-vous 2, « que si le concile avait parlé de l'es- Aspiciebat enim in remunerationem.
pérance, vertu théologale, il ne se serait pas 11 faut avouer que M. de Chartres vous presse

contenté de dire qu'elle n'était pas un péché; »


ici d'une manière bien vive. Voici vos paroles,
donc, concluez-vous, vous parlait d'une autre
il qu'il produit 3; « Parler ainsi, » dites-vous,
chose, et de l'imparftiite « mercenarité. » Quoi !
« c'estparler sans s'éloigner en lien de la doc-
dans une affaire de dogme, où vous ajoutez au trine du saint concile de Trente, qui a déclaré
concile un terme qui n'y fut jamais, pour toute contre les protestants que l'amour de préfé-
preuve, et au préjudice du conscntcinent exprès rence, dans lequel le motif de la gloire de Dieu
et unanime de tous les docteur.', vous alléguez est le motif principal auquel celui de notre pro-
un raisoimement pris dans votre esprit Est-ce ! pre intérêt est subordonné, n'est point un pé-
ainsi que vous traitez la tiiéologie? Mais encore, ché. » Sur ces paroles ex|)rcsses de votre livre
combien est faible ce raisonnement! Le concile des Maximes où vous parlez du « propre inté-
*,

dit seulement que l'action dont il parle « n'est « rêt » comme


de la chose dont le concile a
pas un péché; » donc il ne parle pas de l'espé- défini contre les protostaids que ce n'est pas un
rance, vertu théologale ^. Mais si c'est de cette péché, ce docte prélat a formé ce raisoimement;
espérance que parlent les protestants, contre «Joignons, » dit-il 5, «présentement les paroles
lesquels vous convenez que le décret est dressé; (lu concile de Trente fi la définition de l'amour
s'ils ont osé assurer que cet acte de l'espérance mélangé, et de préférence, donnée par le livre,
était illicite, iuilignc d'un Chrétien, et par con- et n\ettons la preuve dans la forme de l'Ecole.
séquent un péché, le concile ne ponrra-t-il pas Le motif moins principal, (pu est l'intérêt pro-
condamner la contradictoire, et décider que c'est pre, rapporté et subonlonné à la gloire de Dieu,
une erreur contraire à la foi orthodoxe, de dire est la même chose que la récouq)euse éternelle,
qu'un tel acte soit péché ? Où prenez-vous, Mon- que le saint concile de Trente subordonne au
seigneur, ces nouveaux principes, et quelle rè- désir priiuipal de la gloire de Dieu (dans le pas-
gle nous donnez-vous pour expliquer les con- sage cité) or est-il que ce second motif de la ré-
:

ciles? couqiense éternelle, dans le sens du concile de


Ccst un lait constant que Lnthcrnc reconnaît Trente, est un motif surnaturel (pii excite la pa-

' PrcmWroLotlro i M. dcCliartrcs p. 13. — ' rnd. — ' Mnxl- ' Ptnl. rxviii, lia. — fUbr., xi, 20.
» — ' Loti, pnst., p. 46. —
mos<lcs saints, l'J. < Max., p. 19. — > Lctt. past., p. 40.
208 UÊI'ONSE A LA PREMIÈRE LKITRE

I esse (les jiisles, cl les eiieoiiiage h HKircIier regardera Moï.se', est celle que cet
l'aul fait

ilansia c.iiiière, Moïse eldans


tel (|iril élail «laiis .\ non sur un désir naturel, mais
poire a fondée,
DaNid; (lime le molif de l'inlénH prf)|ire dans le uniquement sur la foi. C'est pour cela que dés
livre de \'Ih-i>lic(ilion des Maximes, est un molif le commencement ; il a défini « la foi : le sou-
d'inlériH snrnatmel, cl non une
natu- alFeelioii tien des clif)ses (jn'on doit espérer Sperauda- : »

relle, laiiuellc n'esl plus, selon l'auleur, dans rum suhstaitda rerum - pom- montrer que l'es- :

les iiarlails, comme Moise el David. iiérance dont il parlait, et qu'il luit voir dans
Voilà eontre vous, Monsei^rneiir, la plus claire Moïse, était l'espérance chrétienne. La récom-
et la pins complète démonstration ipie l'on pût pense qui inclinait li; eieur de David à l'accom-
faire. Il s'agissiiit de montrer ipie l'intérêt pro- plissement des [iréeeptes, était celle que Dieu
pre, selon votre livre, était (pielijMe chose de avait révélée, celle (jui lui faisait dire : « Dieu est
surnaturel, et non pas votre affection naturelle. mon partage ^ ; » et ailleurs : « Les ju.stcs m'at
On vous presse, par la citation du décret que « tendent jn.squ'à ce que vous me rendiez ma
vous rapporte/, du saint c )ucile de Trente; ce dé- « récompense » Vous avez de beaux tours d'es-
''.

cret parle de l'acte où l'on désire la récom- prit mais vous ne jiersnaderez à personne ipie
,

pense, qui, sans doute, est surnaturelle; mais ce tout un concile œcuménique se soit mis en peine

décret par vous-même regarde rintérèlpro|)re; de soutenir Moïse et David |tar vos désirs natu-
donc, selon von.s, l'intérêt propre est surnatu- lels, ou que ce de l'E-
fut là alors la question

rel. Il n'y a rien de |)his évident et de plus dé- glise, el qu'on n'y eût rien de meilleur à faire
monstratif, ce qui |)arail par l'embarras mani- qu'à définir voire système.

feste où vous tombez dans voire réponse. Mais la manière dont vous coulez celte gros-
u Pour me faire justice, dites- vous ', il faut sière défaite, et ce détour manifeste du sens du
suivre ma pensée siu' le sens du concile. .Ma concile, est encore plus dangereuse (jue la chose

pen.sée a été que le concile se servait de l'e.xeni- même. Il n'y a rien là, dites-vous, contre la foi,

ple de .Moïse et de David pour prouver (ju'on on, pour répéter vos propres paroles: « C'est un
peut .sans pêcher mêler (juelques actes d'affection fait dogme s. » Il n'ajtpar-
ipn n'im|K)rle rien au

nalmelle pour la béatitude avec les désirs .sur- lienl point à la foi ni au dogme catholique, de

naturels de l'esiiérance. » Ce .sont vos paroles, et donner à un décret d'un concile œcuménique
je ne .s;iis couuiicnt vous avez pu vous résoudre un sens que personne n'y trouve que vous: di-
ù les avancer car à (jui en voulait le saint con-
:
sons plus, un sens où tous les théologiens vous
Les prolestants, contre qui vous avouez sont directement opposés; un sens qui élude le
cile?
que ce chapitre est composé, ont-ils jamais dit dessein exprès du décret contre les protestants,

lin mot contre votre désir naturel? Vous ne


un sens qui élude encore rintcrprétation que
&uniez nonuner, jene dirai pas mi seul proles- donne ce même concile aux deux pa.ssages ex-
tant, mais un .seul auteur qu'on ait repris d'a- près de l'Ecriture un sens (pu réduit à rien el
;

voir erre contre ce désir. Ce n'était point ce la décision et la preuve du cimcile même.

désir naturel, mais l'esiurance elle-même que Vous voudriez peut-être vous siiuver par l'o-
les protestants liduvaient illicite et désordonnée, pinion téméraire el erronée île ceux qui ne
connue clieicbant son propie avantage. C'est premuMit pour article de loi dans le concile que
donc cette erreur contre l'espérance tpic le con- ee qui est prononcé sous analhème dans les ca.
cile a voulu bannir d'entre les lidêles, el il n'y nous. Mais «juand vous ajouteriez celte erreur
a rien de plus vain que de tourner toute l'auto- aux autres, vous ne vous tireriez pas encore

rité d'un concile (ecuménique et toutes les for- d'affaire avec le concile, cl vous y trouveriez

ces de l'Eglise contre un faiitùnie. toujours une condanmaliou, puistju'à la fm des


En effet, pesez, Monseigneur, les paroles du décrets, et avant (pie d'en venir aux canons de

concile, ce qu'il a voulu .soutenir contre Lniher la session sixième dont il s'agit, il a décidé que

et les protestaids, c'est « (prit estpennis d'agir « ceux qui ne tieudroul pas Ibrlement, et conune
en vue delalélicilé éternelle, d'excitor par là Catlioli(pies, lidèlemeut toute la doctrine précé-

sa pare.s.se, de s'encourager à courir à la récom- dente sur ne seront jamais jus-


la juslilication,

pense » (pi'on doit recevoir à la lin de .sa course, tifiés''. » Kl (piand on n'y
lirait pas ce décret

« ilans le dessein principal de glorifier Dieu » :


équivalent à un analhème. vous ainiez toujours
or tout cela, c'est l'effet île l'espérance chré- contre vous ranatlième pris du canon xxxi,
tienne et surnatniclle on ne trouve point là de
;
couché en ces termes: Si qtiis dixeril justilica-
place pour les désirs naturels, dont vous voulez Ittm peccarc, duin iiUnilu icleniœ mercedis bene

faire l'objet du concile. La rccouqiensc que siiint ' llihr., XI, ». — ' Ihbt., X. 29. — Ptat.
> LXXll, ». - • /»,
' l'icm. Lcllrc, p. 41, Ut. c«Li, 8. — ' Prain. Lcllrc, p. 43. — Sm. 6,
• c. 16.
-

DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 209

operatur annthema sit. « Si quelqu'un tlit que sous couleur d'un fait innocent, et qui ne fait
le pèche dans les bonnes œu-vres
fidèle justifié rien au dogme. Vous avez les expressions les
qu'il fait en vue de la récompense éternelle, plus spécieuses, et les plus adroites insiruiations
qu'il soit ana thème. » Vous éludez cet anatiième, pour faire couler ce qu'il vous plaît dans les
vous trouvez en faveur d'un désir naturel ce oreilles crédules: vous hasardez tout .sur cette
que le concile entend manifestement de l'espé- confiance, et surle fond inépuisable d'explica-

rance chrétienne; et vous voulez établir qu'il tions dont vous vous sentez plein. Faut-il se
n'y a rien contre la foi dans ce détour? taire sur cela, ou bien avertir les peuples d'y
On dira peut-être que cet endroit n'est pas es- prendre garde ?
sentiel à votre système, et que vous pouvez le
TROISIÈME QUESTION.
retrancher sans entamer le reste. Mais M. de
Chartres ne vous laissera pas en repos pour cela, Remettonsle fait en peu de mots. Pressé par

et il reviendra sans cesse à vous dire, comme il M. de Cliartres, sur l'espérance chrétienne que
a fait: Pensez-y bien. Monseigneur; car enfin, vous ôtiez au parfait dans vos Maximes, sous le
continuera-l-il ', « ce que vous avez apjielé no- nom « d'intérêt propre, » vous lui envoyâtes
tre propre intérêt subordonné et rapporté à la une ample explication, où, sans songera votre
gloire de Dieu, est (selon vous) la même chose clef « d'amour naturel, ni à celle de motif pris
que le salut concile de Trente subordonne au « pour principe intérieur, » où vous mettez
désir principal de la gloire de Dieude : » c'est maintenant votre confiance, vous tâchiez de
quoi vous êtes convenu. « Or est-il, » poursuit sauver l'espérance selon les notions couununes
ce prélat, « que ce second motif du concile est que tout le monde avait prises d'abord dans
surnaturel. Car c'est celui qui excite la paresse votre livre: vous faisiez donc voir que vous en-
des justes, et les encourage à marcher dans la tendiez comme les autres, ces deux termes .sur
carrière; » c'est celui dont était poussé Moïse, lesquels tout le livre roule: ce qu'avant changé
un si grand législateur, et David, un si grand depuis par de nouv elles explicationsqui n'avaient
prophète. Donc, selon vous, « notre propre in- plus rien de comm un avec celle-là, deux vérités
« térèt » est surnaturel. Cependant vous nous se sont découvertes, l'une, que votre première
avez donné pour règle, dans votre Instruction défense vous a paru insoutenable, puisque vous
pastorale 2, que « vous ne vous êtes jamais servi étiez contiaint de l'abandonner et l'autre, que ;

(dans votre livre des Maximes) du terme d'inté- vos secondes défenses d'amour naturel et de
rêt, en y ajoutant celui de propre, que ponr principe intérieur n'étaient pas du premier des-
justifier le seul amour naturel de nous-mêmes: » sein de votre livre, puisque votre explication aux
c'est là votre unique dénoùment c'est tout le ;
pressants arguments de M. de Chartres, n'en
fondement île mais par vous-
votre système ;
disait mot.
même il nous force à le dire,
est faux, la vérité La démonstration de M. de Charties consiste
et ne croyez pas ()our cela qu'on vous manque principalement dans les oppositions que ce pré-
de respect. Cest un faux, c'est un iiego de l'E- lat a montrées enlie cette première explication

cole. Donc laiègle (pie vous nous ilonnez pour et celles qui ont commencé à paraître après
tout dénoùment est fausse, et vous ne jtouvez dans votie Instruction pastorale '. 11 ne faut
vous sauver de l'autorité du concile (pi'en la dé- point ici perdre le lemitsà prouver cette oppo-
mentant. sition. Votre lustrurtioii pastorale fait rouler,
Cependant il est douloureux à toute l'Eglise comme on vient ne voir, tout le ilénoùment de
de voir uu prélat de votre importance si pi et ;\ votre livre des Maximes sur deux choses, (|u'il

tout .sacrifier à un nouveau sjstèuie s'il ne faut^ ;


faut toujours avoir devant les yeux: première
pour le sauver, ipie donner un .sens inouï à un uuM'.t, sur « l'intérêt propie, » que vous préten-

concile œcuniéuicpie, c'est-à-dire, en d'autres dez avoir pris pour « im amour naturel de
termes, (|ue se jnuer de ses paroles, vous n'hé- 11nous-mêmes » et secondement, sur le ternie
''
;

sitez i)as à le faire. L'Ecriture ne sera |)as plus de motif, (pie vous dites avoir entendu non
inviolable poiu' vous vous ferez penser à David,
;
comme l'objet ou la fin qui nous détermine à
cl à saint i'aul sur Moïse, ce (|ui vous accommo- vouloir, mais « comme le principe » (intérieur)
dera, sans fondement et .sans témoignage vous ;
« d'amour par letiuel on agit, et la passion qui

forcerez tout pour en venir à votre point; vous « remue le ctvur ^ » tout cela ne se trouve
;

sauverez une erreur par une autre et vous fe- ; point dans votre première explication adivssée
rez passer iuqjerceptibicment des nouveautés à M. de Chartres; vous en convenez, et c'est

— M. Uo Cunbr*!,
Lcllro pDM. ilo M. do CImiUii», p. GC, 0', US, li'.i. — '
luit, put,
' Lett. |ia>t., pag. 40.
S, p. 9, tic.
' Inst. pastorale Uu n.
ilo M. de Cambril, p. 0, VJ, OJ, lUO, lUI, 1U3. — ' Ib., p. 10, 11.

B. ToM. VI. 14
,

210 RfiPONSF. A LA PF^KMlf.KE f.KTTIll

aussi ce i.nraît par In seule lecture


(|iii jmr ;
railleur ne s'entendait lui-même. In pareil
coiisri|in>iil. de Mille axii iir('|iie, vous avez système unique dans le monde, et vous n'en
est

mniiili'>leiiniil varié >ur le foud de vittrc livre, siiuriez rapporter d'exemple. Mais ce qu'il > a

et vos secoudes explications ont démenti


les de plus élran;;e, c'est (pie vous-même vonsson-
premières. tencz ces deux sens, et (pie tout lidcle que vous
Cet aveu est évident (lar voire première lettre vous las-iiv. au sens de l'amour naturel, qui dès
pa>toialcde M. de Char- le comniencemcnl, h ce que vous prélendez,
en réponse h la icitre

tres; puisfpic, poins.auvcr lavarialiou manilesic était le vôtre, vous faites de si paiids ellorts

di- vos éeiits dans le dénorniifnt essentiel


de dans toute une lon^'iie explication à mettre le
votre système, votre seul expcdieid est de con- sens contraire dans l'esprit de 31. de Chartres.
la raison (jue vous en rendez, et il la
venir cpie, dans celte première exiilicalion, ce Voici

n'esl pas voire vérilahle sentiment ipie vousavcz faut rapporlerdans vos propres tenues. « Je ne
cxi)i>sé h ce prélat « que vous vous ôtes ac-
:
vnvais, » dites vous ', « nul incouvénienl de

commodé pensée <'t?i son lanfrape.et que


!\ sa dire qu'un livre put être callicilique en deux
vous avez procédé avec lui par celte sorle d'ar- divers sens. Uiiand un livre, poursuivez-vous,
friiment (jue l'Ecole appelle ml ImminemK «Voil?! est .siisceptihle des deux sens, dont l'un est ca-
l'autre liérétique, on a sujet de
tonte voln- réponse, elil s'a^;it mainlenantd'exa- tholiipie et

craindre que le hou ne serve à dé(.tuiser le mau-


miuer si cela est ainsi que vous prétendez dans
votre lettre. vais. iMais quand il ne s'afiil tout au plus que
l'our amener vos lecteurs à votre pensée d'une équivoque, dont les deux sens sont callio-

vous |)roposez un système élranpe de votre livre liqiics, elle n'a rien de dan^ieieiix ni de suspect.

des Maxinifs vous supposez (pie, « sans avoir


: Je ne trouvais donc nui incouvénienl à làclici*
jamais voulu donner un douhle sens à ce livre, de vous montrer, pour finir vos alarmes, que
il ne laisse pas d'être vrai (pi'il a été pris en deux dans le sens même (jue vous donniez aux ter-
sens dilVérenls ; » non point par des i;:norants,
'*
mes « d'intérêt propre » et a dtsinléresso. •
on par des personnes indispo.sées < outre vous, mon livre pouvait être expliqué d'une manière
niais par vos meilleurs amis et vosdéleuseurs» correcte. »

car vous ajoutez ces paroles « Divers liahiles : Vous croyiez donc alors, c'est-à-dire depuis
liiéulo^iens que je consultai. > dites-vous, « de- très-peu, et dans vos dernièies répon.ses à M.
puis le i:raiid éclat mon IImc, me |>res-
contre de Cliailrcs, ipie votre livre pouvait .s'expliquer
.sèrent lieaiieoup de me
borner à la lÉiemièrc d'une manière correcte, » sans le dénoùment
explication. " <pii élail celle où « rintérel pro- damonr Mais vous oubliiez ce qne
naluiel.
pre se prend pour le salut éternel et pour
'. vous aviez écrit un an auparavant ù M. de
l'idijel lie l'espéiame chrétienne, et ils m'as- Meaiix, qu'en prenant « l'inlérél propre pour
snraieiil tous (pi'ils soulieiidi aient .sans peine le « le sa lui qui est le sens (pie vous proposez a
texle d'un livre dans le même sens, s;ms recou- M. de Chartres, et sans rauionr naturel, « vous
rir à l'autre, » qui éiait celui de » l'intérêt pro- «ne pouviez qu'extrava^mer de page en page,
pre » pris pour l'amour naturel. Bien plus : « et de lijrne en liniie -. » Mais mamlenanl ce

« dans la suite, » poursuive/.-vons 3, o II uie re- qui eiu|)orlait tant d'extravagance, est le même
vint de Koine que divers savants llié(do}:iens y sens (jue vous donnez deiuiis, comme correct à
pensaient précisément la même chose, «c'est-fi- M. de Chartres.
diie qu'ils soutenaient le texle du livre an sens « Non-seulenieit vous dites h M. de Meaux.

de B l'iulérèt propre • pris pour le .sjilut « maiii : a qne ce sens est de pajie en pape et de lijiiie en

« vous êtes, 1 diles-vous, « demeuré terme au linne plein d'extravagance » mais vous ajoutez ;

• sens de ramoiir naturel. • (pii selon vous, , que, pour soiilenii ce sens, «il laudrail à tout

« était le vôtre. » Voilà déjà une élr.iiifxe idée : moment soiilenir ipie l'on espère sans espérer,»

nu liM'e(|ni :i un douhle sens, non point en nu qu'on dt'sire pleinement s;i IxMlitiide dans un
endroit seulement, mais « dans tout son texte, » renoncement absolu à sa béatitude ; ce qui,

que (rh:diilis Ihénloniens veulriil soutenir dans ajoutez-vous, n'est pas un système; mais « un
un sens (pii était contraire à rinlenlion de l'au- .sonne monslriieux et uneexlrava(:aiice impie.»
teur (ju'ils avaient des.sciii du favori.ser : que de Ainsi, ce que vous marquiez h .M. de Meaux,
savants délenseurs du auteur à Home
même non-seulement comme insensé, extravagant,
élaienl île même senliiuenl. persuades par con- monstrueux, mais encore impie, loul d'un coup
séquent qu'ils enlendaienl mieux l'auteur que esl (leveuu correct et eallioli<jue, quand vous

— avez ecrilii M. de Charlrcs.


rrcm. Lettre do Cambrai u rc|>„ p. 6G, 66, M, 67, 76. Ji.,

p.U. —
>/t., p.6S. • uim, i».
M. — > /»., p. «B-
DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 211

Il vaudrait bien mieux ne pas tant écrire, et suivant ses préventions, ce qui, dites-vous, ne
parler plus conséqueunnent. Mais quand on se doit pas être conforme à l'autre explication, où
sent enveloppé de mille sortes de dilticultés in- l'auteur parle naliuelkMnent dans l'ustige con-
supportables, et que, pour parer à tant de coups, traire, qui est le vrai sens de ses propres pa-
on ne songe qu'à multiplier ses écrits; en se roles. »
couvrant d'un côté, on s'expose de l'autre, et Mais, Monseigneur, vous dissimulez que
l'on ne peut rien dire de suivi. lorsqu'on parle d'une manière si « évidemment
Quoi qu'il en soit, et laissant à part les ré- « contradictoire » à soi-même, la i.iremière
flexions quoique justes sur vos embarras inévita- chose à quoi l'on pense, c'est à |)rendre ses pré-
bles, vous trompez votre lecteur, eu lui disant cautions, et qu'on croirait visi!)lement amuser
aue votre livre était susceptible de deux sens le monde, si l'on fiiûssait son discours sans ex-
corrects ;
puisqu'il y a un de ces sens, et c'est primer une fois du moins sa piopre pensée au ;

celui que vous donnez à M. de Chartres, qui, lieu, Monseigneur, par malheur pour vous, que
selon vous-même, est plein d'extravagance et dans toute une explication si longue et si éten-
d'impiété. due, où duiant quinze grandes pages vous |)ar-
Mais ajoutons, qu'outre ces deux sens que lez ce langage étranger, vous ne diles |)as un
vous avouez, il faut de nécessite en reconnaître seul mot qui expli({iie le seid senliinent que
un troisièuie, qui est le mauvais, dont les pré- vous prétendez avoir dans l'esprit.
lats vous ont accusé. Leur déclaration, pour ne Oserait-on, Monseigneur, vous demander si
point parler de leurs autres écrits, niontie que, vous avez relu avec attention celle licpaiise, que
sous le nom « d'intérêt propre » vous excluez vous nous donnez pour un argument ad Itomi-
l'espérance et le désir du salut ; et sans entrer nem"! Si vous l'avez relue, je ne comprends pas
dans vous leur donniez une réponse
le iond, si ce qui vous a empêché de remar(|Mor non-seu-
certaine, votre détiance pourrait avoir de la lement qu'il n'y a pas un seul mot qui marcjne
vraisemblance. Mais il est constant que vous que vous argumentiez par les principes de M.
n'avez rien de fixe à leur opposer le sens de vos : (le Chartres mais encore que, depuis le
;

défenseurs n'est pas le vôtre. Celui de vos amis commencement jusqu'à la (in, vous écrivez
de Rome est indifl'crent de celui que vous sou- coimne un honnne qui parle naliuellemeid,
tenez en France et à Rome même. Celui (pii est et qui exprime ses propres pensée.^. On Irouvc
Correct et calliolique enécrivantàM. de Chartres, à toutes pages de votre Exphaition : « Je crois
était im[)ie et monstrueuxen écrivautà M. de a que l'acte de charité. » etc. « Je crois que
Meaux. Ainsi vous vous détendez douteusement, « l'acte d'espérance, » etc. Je dis ;
je crois ; je
tout irrésolu et sans principe. Votre incertitude « suppose vous parlez toujours en votre
' : »

fait tomber votre réponse et il n'y a plus qu'un


; nom, et il n'y a rien qu'on ressente moins dans
seul sens dans voire livi'e, qui est le mauvais tout votre discours (|u'uii air et un langage
qu'on y trouve naturellement, et qui enferme étrangers. Vous commencez par ces mois : « Je
l'exclusion et le t^acnllce de l'espérance. dois, mon très-chei' pr('lal, élre plus que prêt
Dès Ici, notre dispute est vidée par voire pro- le moindre dotons les fidèles, à rendre compte
pre aveu, et ce n'est plus que par abondance de ma loi à toute l'Kglise, et surtout à
vous,
de droit que j'entrerai dans le reste mais il ; qui êtes mon confrère, mou bon et ancien
faut pourtant vous monher, dans le détail et ami. » Est-ce par là cpie l'on couunence un
par vous-même, en plusieurs manières, l'in- langage de « complaisance et d'accomuHKle-
convénient où vousvous jetez par votre prétendu « ment » <pii d'iit être coidradicloire avec sou
argument ad hominem. prop'-e langage? Vous continuez : « Pour mes
Cet inconvénient est sensible parla délinition senlinients, les voici tels qu'ils sont dans mon
que vous laites de cet argument. « Cessez, » cœur, mis diins mou
et (|ue je crois les aNoir
dites-vous à M. de Chartres i, » de m'objocter livie. »Avez-vous mis dans votre livre les sen
la coidrariéle qui est entre ma lettre imprimée limenls de M. de Ciiaitn's? Ou ne trouve
dans votre ouvrage, et mon explicitlion sui- dans cet écrit aucune distinction de ce que >oiis
vante ces deux pièces doivent élre évidem-
: dilesde \oiis-mème, et de ce ipie vous préten-
ment contradictoires dans le langage » parce ; dez avoir emprunté. Ce style e.sl uniforme et
que telle est la nature « d'un argument ad ko- per|)étuel dans tonte votre E.vitlicaliou, tout y
viiiiem, uii un auteur (juille son piopre lan. est emprunté cl teint, ou rien ne l'est en par-
gage, où il emprunte celui d'im autre homme, lant du lunium milii (ce <pii m'est hou et a\an-
pour lûclier de le persuader à sa mode, cl en Premii^re i/p. Hk M. «• Comlirai nint-i U Loll. iioilor. ilo

M tl«
* l'icm. LoUrc, p. 7t>. Cliarlr«!>, |>. 'i, I, «te.
212 RÉPONSE A I.A PKKMIKRE LETTRE

lageux) : « Voili'i, » (lilcs-\ous ', « ce que jap- iiieillcures armes ; et si vous vouliez être en-
pelli" dos .'icti-N iiili rcssfs ; » et vous incUi-z ces tendu, vous deviez découMir alors vos plus
acU's |iaiiiii ceux tie « Maie c.s|ifiaii(t , » pju" iiilimcs pensées. Uni vous enqu-chait de le
C()nM(|iii'iit. M'Iiin NOUS, Irès-siiiiiaiiirels. Le laire? Vous écriviez. » dites-vous, » une sim-
i)iil)lic iri)ira-l-il qiw vous fX|)lii|ii('Z les seiili- ple lellre à un ami intiiiie > appelez-vous « une :

M. de Cliarlrcs, (|iiaiid il voit (|iic


iiienls (le simple leltre, » une explication si foncière et
vous ne cessez de ré|iét( r(|iie muis (Aipliqiuz les si simple de vos sentimenis, et la raison que
vùlics? Il laiidrail nini|(iiiiier Uiiil volie dis- vous vouliez rendre de \olre foi ? est-ce à cause
cours, pour uiaripur ici les endroits où l'on que vous > parliez < à un iiilimc ami, * que
voit que vous ne parlez (pie Mille langage iia- vous lui cachiez le fond de voire .secret? vous
lurel : niais en voiei un qu'on ne saurait ou- appelez • iiéi;ligence et défaut de pivcaulion, »
Mier : Voilà doue, diles-\ous ', pr(;'cisi'inenl, une suppression si délibérée et si continuelle
nioii tiès-elier prélat, ce (jue j'ai pensé, en tai- de votre des.sein «Vous ne crai;.Miez pas, » di-
:

sant mon IImc, sur lesaeles que j'ai nommés tes-vous, « de n'être pas entendu. » Mais par
intéressés, » qui sont lappoi tés un peu après, où vouliez-vous (|u'on vous enlendit, avec le
parmi de vraie espérance. Ce que vous
les actes grand soin (pie vous preniez de Uiire votre véri-
pensiez en iaisanl votre livre, est-ce, Monsei- liible et essentiel déiioùment, et un choix d'ex,

gneur, ce que |)ensait ou penserait M. de Char- pressions les pliissi;inilicalives et les plus pré-
tres,ou pcnsiez-voiis dis lors à lui laire un ar- cises,pour ex|)iiiiier (pie vous disiez votre .sen-
gument ad lidiniiiem f Uli qu'il en coûte, quand ! liinenl ? Vous avez de belles paroles tout le :

on veut détendre l'erreur, et soutenir une tausse monde le reconnait, mais j'embarras qui est
excuse Votre emlmiras est extrême sur cette
!
dans le tond ne peut .se couvrir, et on voit que
première explication (jue M. de Cliarlresa im- vous ne savez où poser le |)ied car s'il faut dire ;

primée. Vous ne pomez la reconnaître siins ici encore un mol de la nef:li;:ence des lettres,

vous condamner Noiis-iiiéiiie, comme un lioinmc où vous niellez votre refiif;e, vous suivez que les
qui nie l'espérance vous ne poiiNcz la rejeter, ; sùiils (loclciirs, les Itasile, les Jeioine, les Au-
parce que nous l'avez donnée à M. Cliaitresavee gustin, les lîernaid, n'ont rien eciil plus exac-
tous les léiiioi!;na^;es que vous) pouviez alla- tement (pie où ils trailaient de la
les lellies

dier de voire ciojance. Vous n'osez absoluineiit ddcliiue. dans celle-ci de mettre eu
11 s'a;;is.sail

ni rapjirouver, ni la renoncer; cl ne .sachant repos la con.science de trois évecpies, qui, apjie-


quel nom lui donner, vous lui appliquez à la lés en témoifiiiage par vous-même, se crovaient

lin celui d'aijj;iimeut ml honiitiem, que per obligés h déclarer à toute l'Eglise leur senliiiieir
sonne ne connaît en cette forme, ou, comme sur votre livre un de ceux : (pii vous pressait
vous l'apiielez, aif;uiiieiit d'accommodemenl le |ilus vivement, et (]ui était le plus occu|ie du
et de complaisance, (pii ne se trouve que chez besoin où vous éliez d'édaircir, s'il était possi-

vous. de ce livre, était .M. l'évéque de


ble, la doctrine

Uni veut voir votre emliarras sur celle ob- Cliarlres, vous faisiez alors profession
à ijui

jection, n'a (pi'à lire voire réponse: « J'avoue, d'ouvrir le plusà lond volieco iir; aussi a-t-on
diles-voiiR qu il refine partout dans cette lel- di'jà vu que vous coinineiicez celle lellre si négli-
',

irc (dans celle où est contenue voire première gée, .selon vous, par l'obligation où vous étiez-
Explication à M. de Chartresj un faraud défaut de « rendre compte de voire foi à toute l'Egli.se,

de précaution; et si c'est une faute, que de et .siirlout il vous," disiez-vous à .M. deCharlres,
n'en avoir pris aucune en écrivant une simple « (]ui éles mon conlrèie. mon bon et ancien
leltre à un ami iiilime, j'avoue (pie j'ai pai 1(3 ami '. » .Vpres 1111 tel pii-aiiibiile, on ne croi-
impro|ireiuenl, et avec la né;;li|.;enc(> d'un rail pas (pie vous dussiez vous siiiver par l.i né-
lioiiime ipii ne craint pas de n'élu- pas liien en- j:li;:enee de voire Ke|ionse au contraire vous :

tendu mais il vous est moins permis (pi'à un


: prepai ie/ les esprits à toute sorte de précisions
autre de me faire un crime de cet excès de eld'exaclitude.
confiance. » On ne comprend rien dansée dis- Je ne sais p;is au reste [lourquoi vous voulez
cours. que M. de Chartres fût celui à qui il fût o moins
Souvenez-vous, Monseif.'neiir, «pie vous étiez permis qu'à un autre de vous faire un crime
si vivement pressé par .M. de Cliarlres, que vos de l'excès de votre confiance ^, • c'est-à-dire
(dus solides Itéponses n'élaieiit |)as trop fortes, de vous icprocher vos variations. Sans doute.
il était donc temps, ou jamais, de deplover vos Monseigneur, vous ne direz pasqiie votre Expli-
rrctni^ro K«|>. de M. do C'oiiib. .li upri'K U Lcllrc put. de M. do *
Trom- rcp., etc., à la un de U Lctt. |>a*i(. de M- de Chartres. —
Cliiiitri-~, f. *. — ' /»., p. 8. — •
Jli., i>. 03, a. 8. > liid., p. 63,64.
DEM. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 213

cation dût être un mystère confié sous le secret que cet usage de la langue française était diffé-

à M. (ie Cliarlrcs, vous qui la citez le premier rent de celui des théologiens, qui prenaient

dans une Ué|)onse ijnpriniée contre la Décla- motif pour objet formel. Ainsi toute la difficulté
ration des troi s évéques mais si, sous prétexte ;
roulait sur la différence entre prendre motil
d'amitié et de confiance, vous cachez vos senti- pour objet formel avec l'Ecole, ou le prendre
ments à un intime ami si vous lui donnez une ;
pour la fin au dehors, selon l'usage que vous
réponse qu'ensuite vous détruisez par une prétendiez dans notre langage, et vous ne son-
,

autre formellement et contradictoirement oppo- giez pas encore alors à le jjiendre pour prin-
sée, et que par Ih vous cherchiez de la protec- cipe intérieur ni pour amour naturel.
tion à un livre qu'on ne peut défendre que par Vous remarquez dans \olie Lettre en réponse
de tels changements, des évèques, parce qn'ils à M. de Chartres, ces paroles de l'Explication
sont vos anciens amis, n'oseront s'en plaindre ? au même prélat : « On dit tous les jours : Le
Où prenez-vous, Monseigneur, ces nouvelles motif d'un courtisan est l'ambition ; vous
» et

règles de morale ? concluez à présent que « dans le vrai langage


Par exemple, vous avez dit, pour le terme de de votre livre expliqué dans la Lettre môme,
motif, « que vous vous accommodiez (dans le li- où l'on vous reproche la variation, motif" n'est
Yi'e des Maximes) à l'usage de notre langue où point « l'objet » extérieur, mais seulement l'af-
il veut d'ordinaire dire la Cm dernière, ou du fection intérieure. » Il est vrai, vous le dites à
moins la principale qui fait agir '. » Vous n'a- présent; mais vous ne le « disiez pas alors, » et
viez point d'autre idée, et vous veniez de dire vous le laissiez à deviner.
positivement que, dans tout votre livre des Vous direz que votre exemple d'un courtisan,
Maximes, « on doit toujours de bonne foi ré- «quia pour motif son ambition, » le prouvait
duire le terme de motif au même sens. » C'est assez. Mais voici votre texte entier dont vous ,

donc en toutes manières un fait constant que, supprimez la moitié. » On dit tous les jours Le ;

du temps que vous envoyiez votre Explication niotit d'un courtisan est l'ambition le motif ;

à M. de Chartres, vous ne connaissiez, dans ce d'un homme vain est la louange, etc. i. » Met-
livre des Maximes, le sens de motif que pour tez que exemple du courtisan et de l'ambi-
cet
signifier la fin qu'on se propose au dehors. Vous tion soit ambigu l'exemple de la louange déter-
:

dites maintenant le contraire dans votre Lettre mine, puisque jamais on n'a dit qu'elle put être
en réponse a lu Lettre pastorale de M. de Char- autre chose que l'objet extérieur d'une âme
tres 2, et vous voulez qu'on devine, sans en dire vaine, et qn'elle ne pouvait pas être son « affec-

mot, que, dans votre |)remière Explication h ce « lion intérieure. » En tout cas vous vous ex-
prélat, « vous parliez dans un esprit de complai- pliquez très-clairement dans suite, puisque la

sance et d'accominoilcment » donnez-nous :


vous y rejetez le mot de jin. h cause que « no-
donc quelque règle poiu' deviner vos des- « tre langue ne s'en accommode guère c'est :

seins, puisque vous ne daignez pas nous les ex- « pourquoi, » continuez-vous, «je l'ai joint au

pliquer. « terme de motif. » Pous oler juscju'au moindre

Vous « croyez peut-être que le lecteur perdra doute (le votre pensée, vousajoutez(|ue le terme
« patience » dans le pour
détail où il faut entrer de motif, « ])our signifier la (iii, est le plus na-

vous convaincre, et vous hiduillez tant de cho- « tnrel et le plu.s usité. » Ainsi vous vous déter-

ses, que vous croyez qu'on ne voudra pas se minez à ce sens-là, « et j'en ai cru, « dites-
donner la peine de les démêler; mais pourvu vous 2, « l'usage innocent do mon Cons- livre. »

qu'on gagne sur soi de lire li'ois |tages, on veri'a tamment donc, c'était « la \ous en-
(in » (pie

en particuliei' toute votre « adres.se. » tendiez par <' molif, » et vous ne permettiez pas
«J'assurais, dites-vous^, qu'en (iistiiigiiant (pi'on prit ce terme « autrement » (lu'en ce
l'objet formel et le motil, mon intentimi n'a- même sens.
vait point été de eoiitredii'e le langage des IIk'o- que vous avez changé depuis le mo-
C'est ce :

logiens mais que j'avais voulu S(>ulen)ent


; tif devenu dans Ion.; vos écrits suivants « le
est
m'accoinnu)der h l'usage familier de notre lan- « principe intérieur (jui nous fait agir, et la |)as-

gue pour le terme de motif. » Il est vrai, vous « sion (pii nous remue ^. » Vous avez donc ma-
dites ces mots mais vous .ajoutez en même
: nifestement altéré votre sjslème la variation est :

temps, (|ue cet usag(^ de notre langue était de démontrée, liaduiieissez vos termes tant qu'i'
prendre le motif |)our la lin (|u'on se propose vous plaira appelez-la négligence, coiii|iiai-
:

au dehors, et c'est en cela que vous prétendiez sance, accommodement, laiigageempriinté pom-
I
l'icm. rr\\, npr. la l.oi. past. de M. do Cliarl., p. 13, 14, 10. I
Prciii. iv|i. 1 M. clo eii.irtrcs npii''h l.i lettre p.iMoralo, p. U. —
— ' l.ell. ciiio|>.,p.CO. —' Jttid. ' 76., p. 13. — ' l'roin. Loit en rup., p. ti3, 66.
244 RÉPONSE A LA PREMIÈRE LETTRE

dJssippr îcs ninrmrs et les omliratros d'un ami : omis dans cet esprit , dites-vnns , tontes ces pré-

à Iravtis Cfs lulk's |)aiolis, vi la (im-ssc <lo vos cautions ri^'oiireiises, et j'ai jiarlé votre lan^;a};e,
tours, cl h tiavurs lotîtes vos dclicales coiMeitii- comiiie s'il eût élé effectivement le mien pro-
rcs, tout le iiKimle perrc le lond cxreiité ceux , pre. Uiiel mo\en donc restait il à M. de Chartres,

qui, loiil à fait en^'a^,'és<lans le parti, détenniné- dans un langage si semhialile d'ima;.'iner de In ,

nicrit ne venleiil jias voir. dilïérence dans les sentiments? De si faibles ex-
Il nous faut «Micorc un moment pour exami- cuses ne répondent pas à l'importance de la ma-
ner votre dernière ressourre. (l'est cpi'eu parlant tière il n'était pas ici question de
; parler h la
à M. de Chartres de « Tinti^rèt propre, » hunum hâte ; el si la facilité de votre génie devait pro-
tnilii, ou du s;dut. vous ave/ pris cirui ou six li>is duire une prompte Itéponse il ne s'ensuit pas ,

« la pri^'caution île dire qu'un l'apiiellerait si , qu'elle dût être ui'filifji'e, sous prélexte que vous
c l'on veut, mon intérêt. » « Si on le vont, pour- la donniez en forme de lettre puisqu'on traite ,

suivez-vous, manpie elairemenl que ee n'est pas en celle manière les affaires les plus sérieuses.
moi qui le veux, et que je sors de mun viai lan- Ainsi vos raisons .sont vaines, et vous n'en aviez
pafze poin- m'acroiiMiioder fi eeiui d'aulrui ipù ic aucune d'é|iargner ft un ami si inliine , h un si

veut. J'ajoute, poiusuivez-vous.ipieje n'ai fiarde grave lliéolofrien. trois ou qualiesli;.'nes. D'aulant

de disjiuter sur les termes. Ce n'est done cpie pour plus que vous en vouliez venir <i la (in h la [tro-
éviter une di^|)ute sur les termes, que j'entre teslalioii étonné, on vous prenez - h té-
qui l'a

purce lanpatreempiunti^el C(udraireau mien '. » moin celui qui .sonde les cœurs, comme .s'il j'al-
Mais pour dissiper ces fausses lueurs, il ne faut lais, diles-voiis ', paraître devant lui que votre ,

que vous entendre vons-m<^me. « Je n'aïu-ais eu Exphciition contient tout ce que vous avez pré-
garde de donner ainsi mon explication au pidilic tendu: que ce sont là les .senlimenls que vous
connue le vrai sens i\a mon livre du moins si : portez dans le cœur, et le système que vous
je rciissc dotmée, j'aurais marqué bien |)lus crovez avoir donné votre lettre. » Vous ne di-
c'i

expressément qu'encore qu'elle lût vraie en ellc- siez point, ilans celle sérieuse protestation, que
niéme, elle n'était [)ourtant pas celle que j'avais vous parliez à hi linle elavec tiniliqrtire; vous pa-
eue dans l'esprit en écrivaid mon livre; j'aurais raissiez tairesérieusement tout l'elTort de votre
fait là-dcs.susdans les formes tuntcs les protesta- esprit vous développiez toutes les distinctions et
tions les nliis folles poiii" ne dérofrer pas au vrai tons les tours. Vous parliez encore moins de
lanpaiicc. vmon livre en les réduisant au vôtre 2.» cowplaifidurr, à'acromvKulcwrtit. de Iniiqnge em-
A vous enlendie, Monseipiienr, on dirait ipie ces prunté, (Yarguiuetit ad huminem. C'étaient les
précautions et prolestalions diivx lex ^ermc-î de- senlimenls de votre cœur que vous portiez sous
mandaient un lonL'discours. Mais il ne fallait que les yeux de hieii, dans le cœur d'un sami êvéque,
trois mots. Ces ai;:uiiienls, où l'on procède par d'un si prave lliéo|o;;ien et d'un ami si intime,,

les principes des aulres . et, comme on dit, ad qui allendail de votre cordialité, non |ioiul une
hamiiifnuml U'uv funnule ré;;lée. Klle consiste d<Klrine étrangère, mais la votre pour réyler ,

à maïqiierune fois du moins ce qu'on emprunte sur celle coniiaissjmee les .sentiments qu'il pren-
de l'adversaire, et ce qu'on pense soi-même. drait avec SCS contieres et les vôtres sur votre
Qu'y avait-il de plus court et de plus ai.sé que livre.
d'ajouter h voire discours ces quatre lifrncs :
Au surplus, Monsei;;neur, ne croyez pas que
« J'aientendu par iiitéirt propre un amour na- nous prenions du terme d'irif**-
|)our rcsli iclion
turel de nous-mêmes, mais (piaud j'entendrais rrt propre ces clauses de lE.rpliratiov h M. de
comme vous, par ce mol, mnu salut et mon pro- Chartres que vous nous donnez pour preuve que
pre liien, ce qui n'est |ias, je ne laisserais jiasde vous |iailiez ad Iwwitiem bntium wihi, sera si : ,

pouvoir, selon vos priiieipes, jiisldier mon sys- l'on veut, mon propre; et les autr'^s de
iuli'rrt

tème vous vous croyiez oi)lif;(> pour décla-


? » Si même naluiecpienousavons déjà remarquées».
rer la de vos inlentions, de prendre
siiiccrili' Vous voudriez ipi'on crut ipi'eii mettant ces clau-
celte precaiilioii avec le publie pouiipioi la né- ; ses vous a>iez en vue Mitre déuoumcut d'in/<'rc'f

glif;er dans une lettre si giave à un ami iiilime, propre, pris pour otnoi/r naturel. Maisvousexpli
ù ipii vous écriviez avec le même séi leux et le qiiez lro|i lormelleiuenl uu autre sens. En eflcl,
même esprit que si c'était à Tliglisc, pour lui vouslais.sezen iloule .si l'espérance peut être fon-
rendic raison de votre foi ? dée sur ri)i/<'r(W/)r(i/»r; parce que vous dislin-
Vous avez encore recours f» négligence d'une
In piiez l'espérance simple ou commune, qui ne
lettre écrite h la iiûtc i^i un intime ami. « J'ai s'élève point au-tlcssiis de son bonum miht, de
' 1*U. rnrCp.. p W
Vnvn r/p Imp.
, p.ir M de Ctiulr«>, tpri» '
Utl. p»st.. p CP.10. ft). Eipllt-, p. 13. 14, ir. ; Pr-m Ulu ,

U Lait. put. — > Prtm. L<lt.«n rrp p. ,


67. pag. 68. —
> Cl-dtuus, n. 7,
,

DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 215

sou intérêt, de son motif propre , d'avec l'espé- Après des preuves si démonstratives contre
rance commandée par la charité, qui la rap- votre prétendu argument ad hominem, ilest bon
porte à son objet propre qui est la gloire de d'écouter encore vos merveilleusesvraisemblan-
Dieu vous dites doue, je l'avoue, de cette espé-
;
ces. Car vous en avez toujours pour prouver qu'il
rance counnandée, qu'à raison de son motif est impossible que vous ayez pensé ce que vous
on peut eu un sens la uounnor notre intérêt pro- pensez, ou que vous ayez fait les choses où l'on
pre en tant (lu'elie enferme le bonum mihi
,
vous surprend. Voici donc vos raisonnements :
comme son objet spécifique et vous laissez ce ; Ce serait « un changement trop grossier, » ce se-
langage libre. Ainsi les deux sens dont vous rait « une variation trop prompte; » quand on <<

voulez parler dans votre Explication à M. de veut tromper, donne-t-on en si peu de temps à
Chartres, signifient la même espérance suivant , un même homme deux écrits formellement con-
qu'elle est counnandée ou non commandée *. counnencement jusqu'à la
tradictoires depuis le
Vous n'aviez donc point dans l'esprit d'autre in- une variation, c'en est une la plus
fin ? Si c'est
térêt propre que le motif de l'espérance que vous ingénument déclarée, la moins déguisée qui fut
nommez siuq)le, commune et non commandée; jamais '. Quoi! Monseigneur, il est impossible
et votre restriction ne porte que sur celui-là qu'un homme, poussé à bout par démonstration,
sans qu'il y ait le moindre vestige de l'intérêt change de réponse, ou cherche de nouveaux
propre pris pour l'amour naturel. détour3 pour éltlouir les esprits, et de nouveaux
Au reste, pour revenir à vos solennelles pro- arlifices pour wuyrfr sa marche? Sur de si légers
testations sous les yeux de Dieu, qui ont tant fondements, on ne croira pas ce qu'on voit de
étonné M. de Chartres le sujet de son étonne, , ses deux yeux, ce qu'on tient de ses deux mains?
ment vu ce que vous disiez, que vous
est qu'il a Ces raisonnements, Monseigneur, ne sont plus
aviez toujours eu devant les yeux les mêmes de saison; et, permettez-moi de le dire, les ingé-
choses que vous avez tant de fois changées ;
nuités que vous vantez tant sont trop connues.
vous les expliquez en cette sorte « Je n'ai ja- : Vous direz, tant qu'il vous plaira, qu'on n'y
mais, dites-vous 2, voulu faire entendre pai" là ^
va pas si grossièrement quand on veut tromper.
que le langage en question fût le vrai langage Pour tomber dans ces terribles inconvénients, il
que j'avais voulu parler dans mon livre mais :
suffit d'èhe trompé et vouloir ensuite se défen-
seulement que en question était toute
la doctrine dre.Il n'y a que la vérité qui se soutienne uni-

la doctrine à laquelle je bornais le système de formément, et qui ne soit jamais contraire à


mon ouvrage. » C'était pourtant du langage île elle-même Teneur se contredit malgré elle, et
;

mon livre, qu'il s'agissait direcleuieut ; c'était les esprits les plus suivis sont entrainés [)ar l'es-
bien assurément par juger
le langage qu'il fallait prit d'erreur à des contradictions, et à des va-
du vrai sens, de la viaie explication de ce livre. riations inévitables on ne se souvient plus à la
;

Quand donc vous réduisez la protestation que fin de ce qu'on a au commencement; on est
dit
vous n'avez pomt changée, au langage et non au tout occupé de se défendre; on dit le oui et le
fond, la rcstiiclion mentale est trop violente :
non, sans s'en apercevoir que Iongtem|)s après;
c'est une faible défaite que croire avoir sa- et cette incertituile a paru dans toutes vos répon-
tisfait en réi)ondaut je l'culoiids amsi « si: ,
ses sur l'argument (ul liowinem.
Ion veut en un sens, en un « certain sens, etc. » Si l'on en |)eut encore douter, après les preu-
Ces clauses vagues peuvent bien montrer un ves qu'on vient de voir, il n'y a rien qu'à lire une
houune qui craint, qui hésite, qui n'est jamais lettre (|ue vous avez écrite depuis. Aprèsavoir vu
assuré, qui « se pré|)are des évasions, » qui les fortes réiionses de M. de Chartres à voire Ex-
en tout cas a plusieurs sens dans l'esprit, ou |)licalion, qu'il a imprimée 2, vous vous engageâ-
bons ou niauvais; mais elles ne seront jamais tes à le satisfaiie sur le mèmepiedet sans \ rien
une sérieuse explication de ses sentiments sous changer. C'est ce qui i)aiait dans cette lettre,
les yeux de Dieu car en disant que notre .salut
:
rajiporlée par ce prélat, où vous assurez (pic
est notre inléièl « en un certain sens, » ou « l'explication simi)le et naturelle du texte de
l'on a ce sens dans l'esprit, et on ne peut le votre livre, .selon vos véritables senliuieids, est
dissimuler sans arlilice à un ami cpii s'altend contenue dans votre Ij'Itrchil. de (liiarlies »: »
à rapprendre, à im grave tliétilngicn, à lui évè- c'est-à-dire dans riAplicalion (pi'il a nnprimée
que avec qui on traite un point de la loi ou ;
à lu lin de sa lettre pasloi'ale; ce n'était donc
l'on ne l'a point, et il est terrible d'assurer pas une conqilai>ance qui l'avait prodnile. ni nu
sous les yeux de Dieu qu'on l'a toujours eu.
argument atlliouiinem, comme maintenant vous
I Prom, r/'p. do M. da CtinbrAl, Imp. dnns It I.ctl. pnst. de M. ' l'r.'ni boit en Té\>., p. 66, 07, 08. — ' Lcll. pasl. Je M. do
de l'hoilrc.'., p. 3,8,11,13,13. — > Prcm L<tlr« an rùp., p. Vtl, flinrlrci, g. 72, 73. — ' /.'., p.73.
216 hkponse a i.a premif.rf, lettre

vous avisez dii lo ilirc ; c'rl.iit volir iimprc sons; tii'iu vous vonliez tout faire passer, comme
:

cl loiil aiiMf vniis j a\e/.aj(iiiti'' ilf|uiis, soililans étant d'un seul et même dessein ; cela éîait im-
votre Itistntctidu pastvrale ou (lausvcis autres cx- possible, et c'est pour(|uoi il a fallu enlin avouer

plicalions, est élrauger à ^utre syslèine, selon que c'étaient là deux tX|)lications « coiilradic-
que >ous l'exiiosiez h ce jiri''lat. « toiifs. » Cependant vous n aviz point voulu
I'e.se/,MiMisei;,'ueur, les paroles de celle lettre; avoir changé: car le mo\cu d'avouer un chan-
elle est éerile ajini-s votre Kx|(lieali()ii à M. de gement dans une tlocliine ipie vous nous donner
Chartres, et sur les oitjectious ([u'il laisiiil con. pour si suivie cl si imiforme ? thie lairc donc? il
trc; vous les trouvez « uatiuelies, fortes, pous- a fallu en faire, l'une étrangère, et l'autre la vôtre

sées aussi inin qu'elles iieuveut l'iHre, soifîucu- propre. Comment cela, si toutes les deux sont
scmeut ramassées de tous les endroits de votre é^'aleenent énoncées comme vôtres? c'esl lem-
livrequi peuvent les lurlilier, démêlées avec pré- liarras dont vous ne soi tirez jamais; et Dieu, <pic
cision et liirlemeni écrites. Je doute fort, ajoutez- vous |(ieiiez à témoin de votre « parlaile unilôr-
vous', qu'on ituisse mieux embrasser mon sys- inilé » avec vous-même, sera témoin seulement

tème pour le » l'our lépondre à de si


renverser. que vous vous servez de .son « sainl nom » pour
fortes objections, vous n'aviez ijua dire que M. aidoriser imc explication que vous avez désa-

de Chartres ne vous avait point entendu cl que ;


vouée ilepuis.
sans a;.'ir |)arv()s principes, vous ne laiMczcpi'un Lorsque vous dites apiès cela, dans votre pre-
argmneul(/(//i(im/»(m. Loin de |>arler ainsi, vous mière lettre en réponse à M. de Chartres, que
« quand vous le vîtes, vous lui déclarâtes, sans
supposez que M. de Chartres approuve votre
« système. » Il n'v aurait rien de fort merveilleuv, hésilalion ni ambiguilé, que vous n'aviez point

si vous n'aviez (ait que raisimncr selon .ses prin- entendu par « iidérèt propre » le.salid, en com-
cipes. Vous ajoutez ces paroles < L'explication : posant votre livre' ; » permettez-moi de le dire,
simple de mon livre, selon
cl uaturflli'dii texte avec tout le respect que je vous dois, votre mé-
mes véritables sentiMients, est coideuuc dans ma moire vous trompe; .M. de Chartres, (pie j'ai con-
Lrttif à M. de Chartres. » C'est celle dont nous sulté là-dessus, ne se souvient pas d'avoir rien

parlons, où vous voulez dire maintenant que oui de seudjiable dans le iloule où l'on pour-
;

vous avez parlé un autie lansa;:e que le votre ;


rait être entre vous deux, il conseid que vos pro-

mais al- is, et si peu de tenq)sai)rès cette ex|>Ii- pres écrits décident. Si vous aviez dans l'esprit-
cation, vous dites (ju'elle ciuitieiit votre .sens na- autant (pie vous l'assurez, « l'iulérét propre »
turel selon vos vérital)les sentiments. Loin de comme chose dilïérente du salut, vous en auriez
(lit (piebpies mots dans une a ussi ample explica.
vous plaiiidre(piece prélat vous ail malentendu,
et (pi'il ait pris pour voire doctrine ce que vous lion (pie celle (|ue vous lui donnâtes. Vous en

ne lui disiez que |)ar comi)laisance et ad liomi- eussiez fait du moins (pielipie mention dans une

«p/ii, vons|)romelte/.desatisl'aire à ses objections, le'lie qui la suivit, éciitesiirce sujet, où comme

« sjins sortirdu système de votre lethe. » Vous on a vu, vous songiez à toute autre chose sans :

ne donc point eu douuir une autre


])rélendiez alta(juer votre foi, vous voulez bien qu'on en

explication, mais vous en tenir à celle-là, coiimie croie vos pro|nes écrits, plutôt (pie vous qui les

étant, non poiid étraiii;ère, maislavolrepro|)re. combattez, et qui après tout ne cherclu^z qu'à
C'est à celle-là (joe vous <• vonliez faire cadrer vous excuser.
sans mauvaise sublilité le texte de votre livre, Vous all(''giiez, dans la même lettre, le témoi-
que vous deviez pour cela faire examiner par gnage de vos amis en assez grand nombre, et
yh)\iicélèbres tliéolot;iens 2. » Vous ne S(Ui};iez d'une .si délicate probité, à (pii vous avez toujours
donc point encore que votre piopre ex|ilication parlé « d'une manièie uniforme » il est étrange :

dùl être contiadicloire avec celle (jue vous don- que vous au-z d it si souvent de vive voix ce (pic
niez JiM. de Cil irlres ; et vous ne parliez seule- vous ne vous êtes point avisé d'('-erire an temps
ment pas de l'arj-Munent «(/ /(OHiiNcm (pie vous que vous avez donné cette première lettre h M.
voulez maintenant y trouver. (le Chartres, (jn'il a lait imprimer h la (in de son

tjue dirai je davaula;ie'/ Cette expliiation (pio ouvrage, (pioi(pi'il n'y eût rien de plus essentiel
vous promettiez dans peu à M. »le Chartres, et ?i votre dessein et enlin (|ue dans un livre ijiii
;

où vous deviez |iarlei- selon votre .sens, vinleo devait être si net, vous so}ez réduit ;i prouver

elTet; mais sans (pi'il y eut nulle mention ipu" la votre sentiment par témoins.
première lût enq)ruutee, elranjjère, on adliomi- Sans écouler ces vains prétextes, la variation
est (le plus en plus démontrée vingt docteurs :

'L»lt. do M.d« Cniiibr»!. r»p|>ort4« par M. dr Ourtrr» d«i.» tu


— Ar Cambr»), ripiiorlo» par
Al. île
que vous deviez cuusullcr, selon les leruics de
Letl. l'iist., p. IJ. 7J. • l.rtl

U. da Cliarlru dans ^aLcU pait., p. 72, 73. ' l'rcm. LcU., p. 6T.
DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 'H7

votre lettre qu'on vient de voir, auront reconnu vient à la charge, et conclut qu'il n'y a « rien de
avec vous « tenues de votre
s'en tenir dans les plus surnaturel, que le fontlement de la justice
« première explication i. » Votre livre était in- chrétienne et l'espérance en laquelle nous som-
soutenable, puisqu'il a fallu renoncer à cette ex- mes sauvés. »

plication, et introduire laniour naturel, dont au- Aussi l'aviez-vous pensé ainsi naturellement
;
paravant vous n'aviez lait nulle mention dans et M. de Chartres vous remet devant les yeux!
vos écrits. M. de Chartres l'a prouvé invincible- sur ce sujet, non-seulement votre première ex-
ment, et vous demeurez sans réplique. plication, que vous appelez maintenant une
Voici encore un autre terrible inconvénient : réponse ad hominem, mais encore une autre ré-
le sacrifice absolu de « l'intérêt propre, » si l'on ponse à laquelle vous ne donnez point ce carac-
entend le salut par cet intérêt, « est une doctrine tère et où vous dites néanmoins « J'ai voulu :

« erronée, scandaleuse, impie et blasphématoi- parler alors des motifs de l'espérance i. » Vous
« re, » comme vous le dites dans votre Instruction ajoutiez « Ces motifs ou objets de l'espérance
:

pastorale'^, et que M. de Chartres l'a uiontié par sont par eux-mêmes très-parfaits... Pour les âmes
vosparoles2 vous ne trouvez de solution à ce
: parfaites, ces motifs les touchent plus que jamais,
pressant argument, que de prendre « l'intérêt et ils leur font faire des actes d'espérance com-
propre » pour un amour naturel, sansquoi vous mandés par la charité, qui ne sont point inté-
avouez à M. de Meaux que tout votre livre de li- ressés. »
gne en ligne, et de page en page, est impie et Voilà, Monseigneur, ce que vous disiez dans
monstrueux. Vous êtes donc au milieu d'écueils vos réponses manuscrites mais depuis tout a ;

inévitables, et vous vous êtes précipité dans une changé : car vous avez vu, comme M. de Char-
suite d'erreurs, d'où vous ne vous laissez aucune tres l'a bien remar(pié, que « ces réponses
con-
issue. « formes au livre en emportaient la condamna-
ne veux plus remarquer qu'une seule va-
Je « lion, » et qu'il s'ensuivait que votre livre re-
mais bien claire, dont U. l'évêque de
riation, tranchait aux parlails l'espérance surnaturelle-
Chartres vous a convaincu c'est dansée passage ;
Ainsi les motils surnaturels de l'espérance, dont
vraiment décisif, comme l'appelle ce prélat, de l'Ecriture sainte et toutes les prières de l'Eglise

votre livre des Maximes, où vous dites* qu'il étaient renqtlies, sont devenus tout à coup, dans

faut « laisser les âmes imparfaites dans l'exer- votre Instruction pastorale, des actes d'une affec-
cice de l'amour mélangé de « l'intérêt propre, r. tion naturelle.
et qu'il faut même révérer ces motifs, qui sont Il était (lui de répondre, comme vous avez
répandus dansions les livres de l'Ecriture saiute, fait à M. deMeaux, que ces actes naturels étaient
etc. «M. de Chartres vous demande ^si l'affection dans les Ecritures, parce que les objets de la
naliirclle, à laquelle vous avez recours, peut être foi qui les excitent s'y trouvent; et M. de Char-
l'objet de toutes les prières de l'Eglise, et si des tres a montré que cette réponse est « insoute-
motifs purement naturels servent à ré|iiimerles « nable 2, » pnisipie, encore que les objets qui
passions, à afiérmir toutes les vertus, et à se dé- excitent,selon vous, cette affection naturelle
tacher de tout ce qui est renfermé dans la vie soient dans l'Ecriture, l'alïection n'y est pas ;
présente? Ce serait, dit-il, une doctrine péla- et c'est ce qui (ait diie au même prélat, que

gienne, et il n'y a que les affections surnaturel- c'est vouloir ne se rendie sur rien, que île don-
les de la grâce qui puissent opérer en nous de ner de telles réponses.
telles merveilles. » Vous lui doimez maintenant un sujet nou-
Dans la suite vous faites dire à l'article faux, veau de vous faire le même reproche en répon-
qu'il faut ôter à un parlait, « avec la crainte des dant à ses arguments avec un .si grand endiar-
« esclaves, le désir de la céleste |)atric et tons ras, et (pi'on reconnaît aisément on n'a (pi'à ;

« les motils intéressés de res|)éraiice. » Ce que lire, pour le remarquer, la leilre dont il s'agit

vous conilamnez vous-même en vous disant ipic entre nous dans cet écrit « Vous n'avez, ili- :

« pailaut ainsi, c'est tourner en mépris le fon- les-vous 3, jamais entendu par les motils inté-
dement de la justice chrétienne, je veux dire, la ressés de l'espérance, le motif spécilicpie île
crainte qui est le commencement de la sagesse, l'espérance chrétienne ; » de (piels niolils par-
et l'espérance par laquelle nous sonnnes sau- liez-vons donc, (juand vous disiez, au conunen-

vés. » cemcnl à M. de Chartres : « J'ai voulu parler


l'ar ces dernières paroles, M. de Chartres re- alors des motils de l'espérance ? » Quand on ''

' l'rcm. np , p. 74. — • Inst. paat. do M dcCambral. p. 49, 60 '


Lctl. paistoraloUo M. do Cliarlrcs, p. &«. — • Loiire pasi da
elc — '
Lclt. pnst. do M. do Caurtrcs, |>.65. —• Max., p. 33. — M do Chartres, p. 56. — > l>r«iD. Lcllra à M. d* Cliarlrcs, p, 61.
^ Latir. pasl., y, 64< ^ ' Lott. post., p. 6t.
ffS REPONSE A LA PREMIflRE LETTRE

nomme nin^si l'pspc^ranre al)SoIiiriiont parmi li's d'tiiii vous est « indifr(Venl » de
à soutenir qu'il

Clirt'liiMis, s'rsl-oii j.iiii.iisavisfd'cnlciiilro


autre dire ou l'autre; car voici vos |>nroles t (tr,
l'iiii :

cliiisc (pic IVspf^rnnn* clircticmic' haiis qiii'l il m'est Irès-iiiiliniitiit. dites-vous, que ce mo-
ciiiliairas de iliscoiirs se laiil-il jelcr pour ré- tif.Miit l'olijet en tant (jnexcitant l'amour natu-

piiiiilrc h un raisonnonioiit si simple : » Je n'ai, rel, meicrnaire et proprii'Iaire, ou liien (ju'il

diles-voiis', voniii pailir en ret endroil que soit d'amour naturel «pii cherclic
ce principe

du mélange ipii se lait impar- . dans les ."unes rolijel. Ce sera donc de ces vaines et creuses
»

faites, de la priipriél*^ avee les adeelinns surna- révi'lalious que vous aurez rempli toute l'Ecri-

tnrellrs pour les dons de hieii ? » (]'esl done de liire. toute lo tradition toutes les prières de .

la |)n)piiélé que vous vouliez remplir toute l'Kiilise. Il n'y a qu'à tourner l'esprit vers toute

l'Kerilure. Mais que diriez-vous à M. de Chartres.


autre chose (pu; celle dont il faudrait parler, ou
oiihlier d'où l'on est parti ffuidemenl de
dont vous réiulez ses paroles « Ces nhjels sont : ; le la

dans l'Kerilure, mais ralTe(li(m n'y est pas?»


piele, el l'esperaiicu par laipnlle nous sommes
Ai- sauves, deviendra une alliclion nalnrelle
Quelle réponse àeetle ohjeclion? la voici : <• ; et

jcdil, réponilez-vous, que l'afleelion y est? qui


pourvu ()ue vous disiez. « toute subtilité à part,»

csl-ee (pli n'entend pas (pi'une afleelion ou vo-


le monde croira (pie les noms, les imauinations
lonté imparfaite n'est pas dans im livre ? » Mais que vous place de vos premières et
iiic liiez a la

pourquoi n'y serait-elle pas eouune y sont les naturelles pensées n'ont rien que d'uni. C'estce

choses dont ce li\re parle, el dont aussi vous qui s'ap|)elle se jouer de son ispril aussi bien
voulez qu'il soil rempli? "Ce (pie j'ai voulu que de ses paroles et de la crédulité des hom-
dire est clair, « contimiez-voiis; sans doute, mes: vous avez encore unautre moyen d'éluder
il n'v a qu'fi dire (pie tout est clair, quoicpi'on les dillicultés, c'est de les passer sous silence
n'y entende rien. quand vous n'y p(uivez trouver de réponse ;

Mais je vous prie. Monseigneur, qu y a-t-il ainsi, quand .M. de Chartres vous a reproché'

(le clair dans les paroles sui\anles de la nK^iiie que vous conu:(i?-i(Z une prière 'ipii fait dési-
première lettre à M. de Chartres' « Il ne s'a;iil : rer,malgrél'Uraisouduniinicale,latenlatioii du
que d'une é(puvoq'ie » les objets sont repré- : desespoir, el le délaisseiiieiil du l'ère céleste ;

sentés dans rKeiilure, el c'est ce qu'il faut ré- quaiiil il a rapporté un extrait^ qu'on lui a donné
vérer; il laiil révérer aussi cet état d'amour comme de vous cl qui ensci^Mie la perle de tous
mélan^'é « et enlin, pour retrancher toutes les
: les dons de Dieu el de toute res,source intérieure

disputes de mois, je consens qu'on dise, si vous dans ce réel saci ilice de tout soi-même on .s'at- :

le voulez, que les molils S(Uit les ot)jets mais en ; tendait un (lés;iveu de ce le miuvai.se doctrine,
l'i

ce cas, il faudra que vous reconnaissiez de lionne et on n'a vu rien de scinblahlc vous avez (mssé ;

foi que le motif depropre » est l'oh-


• l'inlerét loiit cela sous silence.

jet en tant qu'excitant l'amour naturel' S'il La de cel extrait n'csl pas meilleure,
suite

s'en tient à voire iiniiiiiTe evplicalinn el au texte puis(|u'on apprend n à se laisser aller dansl'a-
V

(le votre livre, ces inolil> étant répandus dans bliiie ou l'amour propre, (pie Dieu précipite, se

l'Kcriture, etc.: élanl par eux-mêmes, .selon prend dans le désespoir à loules les ombres dc
vous, tirs-parlaits, et taisant laire aux parlails frr;1ces''. etc. » Ce désespoir ne vous effraye pas;

(les actes d'espérance, (piiiiesont pas intéresses^ vous vous taisez la .soustraction jzéuérale « de
i'i

ce ne sont point des nhjets excitant l'amour na- « ce (pie Dieu donne, k ou, comme on dis;iit
turel, dont vous n'avez pas dit un seul mot d;ins plus haut. « de bais les dons divins, » dans l'es-
voire première explicalion, et ipii n'est plus pérance (pie celte perle du don servira à eu
t

dans les parlails; s'il s'en tient j'i voire Inslriic- « (Mer la propriété, et (pic le don sera bienUH

((111 imslurolr.ct's motifs ne sont poini des oh- t apiTS rendu au cenlii|ile avec une pureté (|U|

jets, mais un principe inh-rieiir d'amour lia- ne sera plus siijelte à celle appropriation*, »
c tnrel > il nesl [toiiit lihre de dire lanlôiriin
:
• Leil. pa» M
Je fhnrtrps. pM- *
àt ' ''^•-
P- '• * ^W., — —
cl lanl(')t l'autre; la doctrine de la perlec- p 7 fl S «uiMil itirf., p 110
tioii n'est un jeu. Kl on s'étonnera tou-
point O Sauveur T boiTf qui trouilra loin ctlUa d iinfriuinr. pour
'

moi, |C lo \ru» boir» Jil>q.i'« 1» li» U plu» «mcre Jo Kui. ir.1 i


jours que dans une matière ^rrave. apn'^s que «ouflrlr la dnulc\ir. ri,.n imnl». la d»rl«lon. riii«uMi- de- liommcj au
vous avez paru dans les derniers temps vous ar- dolior». at au dadaii> la tantaiion du d»M«c<<ir. al Ir .li lai.-emaoi
du IViT cilosto .. Je mant)i.crali à l'attrail de Toire am..ur, kl ja-
rêter iuviolalilcment à soutenir (|iie le inotif rerulais.
• d'intérêt propre » était un principe intérieur ' On na trouve Dieu aaal puienwnl qaa dana la prrt* de loua wa
don», el dans c» réal vaenflce de tout Ml-tnême. aprèit aToir r"»lu
d'alTection naturelle, vous ie\eiiiez aujour- toute ns.v>ur<-a Intérieure la lalnusielnniue de liieu nous pouaw
.

Jii«i)ue-I4, al noue amour prnppe le met. p>Mir ainal dire,


dani la
Cmn. Lett. àM.ilo Cliattru, p. 61. — Prom. Uu à M. d* iieceanilé, parce que nou. ne iioiii perdant lotaleaanl ao Diau, qu*
Clmri « p. 62. quand tout le reatc noua manqua.
DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 219

Cette maxime : On ne trouve Dieu seul pure- charité; ainsi les affections naturelles, vertueu-
ment que dans la perte de tous ses dons, et dans ses, et rapportées aclueilcmeut à Dieu, ne sont
ce réel sacrifice de tout soi-uiètne, après avoir plus de votre pi'étendu état de perfection : ces-
perdu toute ressource intérieure, nous apprend nouveaux parfaits « n'en peuvent jamais souf-
ce que c'est que l'atuour pur de votre livre et le frir pas même en certains nioincnts, et par
sacrifice de purification qui y conduit votre si- : une simple ahstraclion. ils croient ce mélange
lence nous a fait penser que vous ne pouviez capable d'altérer leur simplicité. » Voilà donc
désavouer ces écrits, et nous y avons reconnu les l'homme prétendu parfait irréconciliable, selon
magnifiques expressions dont vous couviez votre vous, non-seulement avec l'amour-pi'opre vi-
sacrifice absolu avec le désespoir et les autres cieux, mais avec tout.^s les affections vertueuses
maux qui l'accompagnent. de la nature le voilà tout à fait passé dans
:

Nous avons tout sujet de craindre que ces l'ordre surnaturel, comme M. de Chartres l'avait
écrits que M. de Chartres a trouvés dans son dio- reproché, si \ oiro nouvelle Ihénlogie est reçue.
cèse, ne se soient fort multipliés ailleurs, et ne Et tout ce que vous dites aujourtl'hui pour
fassent estimer et désirer une telle peifection sauver la nouvelle idée de perfecliun que nous
aux cœurs aveugles et trop crédules. Désavouez- avait donnée votre Instruction pastorale, ne
les donc aujourd'hui, Monseigneur, ou les retrac- peut justifier le nouveau système que vous avez

tez poiu- en arrêter le progrès car on lesdonne : substitué à celui de voh'e livre Ou ne vous
comme venant de vous. répélera pas que M. de Chartres vous a
ici ce
D'autres que moi vous entreprendront peut- objecté sur les réflexions de l'état des parfaits;
être sur votre seconde lettre, d'autres attaque- souvenez-vous de cette maxime que vous avez
ront les faibles réponses que vous faites à M. de avancée Les actes discursifs et rétléchis ne
:

Chartres sur votre amour naturel je me con- ;


sont plus de cet état » on ne vous dit rien
;

tente de remarquer seulement ici que vous aussi de la séparation que vous avez établie en-
l'avez absolument exclu des parfaits dans votre tre la partie su|)éneure et inférieure , n'oubliez
InstritcUon pastorale ; p. 89. Pour « l'intérêt pas que vous avez dit que le trouble tle l'infé-

« propre, » ces àmcs ne se contentent point de rieure est entièriMuent aveugle et involontaire
n'y songer pas en certains moments par une dans cette séparation. Quelles consé(jueiices ne
sunple abstrachon; elles ne le peuvent jamais tireront pas les quiétistes de cette maxime î
souffrir, elles croient que le mélange de cet D'autres vous pou.sseiont sur le fond de la ma-
a intérêt propre » altérerait leur simplicité. » tière de l'amour pur (jue vous expliquez dans
M. de Chartres vous a aussi cité les pages de un sens si différent de voire livre pour moi, ;

votre livre, où vous excluez ah.S(>lument « l'in- je me borne. Monseigneur, aux remarques que
« térêt propre » de l'état des parfaits qui dans je viens de faire, et je me contente d'en tirer
votre livre est le motif de l'espérance ce '
; cette conséquence, que M. de Chartres vous a
prélat vous a fait von*, par vos pro|)res écrits, convaincu de quatre choses la i»remière, d'a- :

que cet amour nalurel que vous excluez ^ï , voir altéré votre système dans tous les points sur
absolument dans votre Iiistrv-rtuni pastorale, quoi tout roulait c'est ce qu'on vit^nt de mon-
;

est, selon une alfeclion naliuclle, ver-


vous, trer par une preuve abrégée tirée de vous-même,
tueuse léglée par une soumission suriiaturellp
,
C'est-à-dire, jiar votre explication pousst'^e par
et de grâce et si l'on y joint le sens de votre
: M. (le Chartres jusipi'à la plus grande évidence:
livre, par une résignation méritoire, qui sup- la .seconde, qui suit de votre même explica-
pose par conséquent un rapport actuel par la tion, d'avoir rejeté par votre livre l'espérance
chrétienne sous le nom « d'intérêt propre, »
Cest comme un homme qui tombe dans un abime; n'achève Il
puisque vous avez été contraint (rabandoiiner
de s'y lai-SLT aller, qu'après que tous lesap(uus du bord lui ecbap-
pcnt des mains. le seul dénomment que vous nous aviez donné
1/aniOiip propre que Dieu pr(^cipite. se prend dans son désespoir sauver. La
pour la troisième chose dont M. de
à toutes les ombres de grilce, -:ummeun homme qui se noie se prend
à toiites les r'.nres qu'il trouve en tombant dans eau 11 faut donc 1
Chartres vous a convaincu, c'est d'avoir misa
bici. corTiprendr» la néce^sitc^ de cette soustraction qui se fuit pou A votre dénoilmenl sur • l'iiilérét
la place de
peu en nous de tous tes dons divini il n'y a pas un seul don. quel-
,

que éminen qu'il soit, qui, après .ivoir i-lé un moyen d'avancement propre, » un sen s (|iii ne se peut .soulenirdaiis le
ne vienne d'vidinaire pou. la su. le un piège et un obstacle, par les système de votre livre, sans altribiierau concile
retours de propriété qui sahssen l'ûiTio
De l& vient que Oinu '.>tc ce qu'il avait donné mais il ne l'ûte pas ,
de Trente une doctrine inouïe, et directement
pour en priver toujours il l'ôte pout le mieux donner, et pour le
.
o|)posée aux intentions de ce concile et au .sen-
rendre sani l'imputcté de coi te appropriation maliijne que nous on
faisons tans nous en apercevoir La perle du don sert A ^Uor la timent unanime de tous les docleiirs. Kiiliii la
propriété et la propriété étant 6léa, le don est rendu au centuple.
quatrième chose ipie M. (It> ('harties n prouvée
(>l/ri/iiiicri(< dt M. dt Cuml/tai.)
' Lettr past. de M. de Chartres p. 83. est encore étrange; et cesl, iMonseigneur. ipic
220 RÉPONSE Ai:X PRÉJUGÉS DÉCISIFS

pour snnvpr votre système, vous hasardiez lout, d'avoir toujoins |ien<<^ ce qu'à la fin vous chan-
cl i|iii' vous lit' le SDiili'iiiez que |»ar les reslric- gez aux jeux de louie la Icrrc saus le vouloir
tiuns riieiil.iies les |piiis odieuses, et que vous axouer.
faisiez une proleslalioa, sous les yeux de Dieu,

UtPOiNSE AUX PRÉJUGÉS DECISIFS


DE M. L'ARCHEVÊQUE DE CAMBRAI.

On s'nporroil.il va lonplemps. que M. l'ar- donc assez clairement celte mvsliqne des mys-

de Candirai ne Miiilli|ilie ses éerils (|ue li(pies, celle (|u'oii eiiteud si bien, celle (pi'on
cliev(^(iue
par des redites cominiielles sans qu'il \ ail ;
explicpiemieux (pi'elle ne s'est expli(pii^e, celle
rien de nouveau qu'un ton plus atlirmalil. enlin dont on devait faire, par un livre mysté-
une hauteur exliaordiuaire, un slyle qui s'é- rieux, l'apolopie .secrète, en excusant son indif-
chaulTe et qui s'ai^^ril en (^clivant, el l'enlier férence |)ar celle du livre : ses derniers
reirancheinent de je ne sais quelle douceur renoncements el son sacrilice extrême par le
dont cet auteur se paiait au conunenccnient- saci'ilice absolu, l'exclusion dans la haute
Ce sont ces redites qu'il a voidu appeler des tontemplalion des atliibats de Jésus Christ par
préjujîi^s, » el, afin (|ue rien n'\ inancpiâl de semblables disposilioiis, l'acte miiipie et
des < préjuj^'i^s mais pour voir la
dérisifs ; » continuel par la tolale conformilé qu'on mcl
vanité d'uu si beau lite. il n'y a (|u'à se sou- à la place; et le reste de celle nalure, où l'on

venir de ce qu'on entend par le ternie de pré- le.ssuscile avec M"" Guyon, Molinos el Kaleonii

jupi'^s. Ce mol uaturellenient si^uilie les choses ses avant-coureurs.

jutfées. ou en tout cas des raisons, sans entrer Tels sord les préjugés, c'est-à-dire les choses
au fond, qui df^iwonlrent par elles-mi^mes ju^'é'cs de celle cause elles pronosliipient un
:

qu'une cause est boime, ou lout au moins fa- .semblable sort au lixie deM.de Cambrai. Son
vorable. obscurité affectée ne l'en doit pas sauver, piiis-
Y a-l-il en cette affaiie des choses jupées? qu'au contraire c'est une raison de le condaii,-
Oui, sans doute on a jupe .Molinos, on njiu'r^é
:
Fier le rapport confus de ses expressions avec
:

le P. l'.dconi, on a jupe M"" (Jujon qui a entre-


(pielipies-iines de ses bons inysli(pies jnslilierail

pris de les soutenir tous deux; telles sont les Molinos aussi aisNiient (|iie ce prélat. L'ambi-
choses jugées dans cette matièie, mais ces piiité dans celle matière .st^ra toujours suspecte

pril^jupés sont roMire M. de Caudirai. Ce n'est à Rome, (pii voit éclater de tous cot('>s les mau-
|»as nous <iui défendoris M"" (iuuin l'on con- : vais fruits ilmpiiétisuie, |ienilanl que cette secte
naît celui qui l'a nounnée son amie, qui avoue toujours attentive à son propres, ne cherche
que tout son comuiercc avec elle est londé sur (pi'à se l'.'diier sous un plus beau nom.
sa s|)iiitualilé. tpii ne trouve ilans ses écrits (pie Venons aux iiiilies sortes de pp'jupés. Nous
des pliiasi's mysliipics dont le sens est iimo- les avons délinis, des raisons s<ins entrer au
ceiil ; (|ui é|iuise loiiles les inveulions de son fond ; car dès (pi'il faut entrer, c'e.sl une discus-
esprit et tous les eflorls île son élo{|Mence pour sion et non pas un prejupé. .Maisachevons
Vi dérolter à la censiue, el qui se v.iiile enliii la délinitiond'un pivjiipé c'e.sl : donc une rai-
d'avoir en toute rigueur « la variété
examiné ' son sans entrer au fond, |iour bien pre.siimer
de ses locutions, pour avoir droit d'en répondre de la bonté d'une cause on même de s'en assu-
et d'assurer lepiihlicipril l'ciileud mieux ipi'elle rer. .M;ùs (pi'on parcoure les cinq questions où
ne s'entend elle-méiiie. lauteur irdiiit la matière, lout presipic y
C'est le dénoùmenl de celte parole <pii a dépend du fond. On en pentjiiperpar la pre-
étonnétnutle momie dans l'Axertissement qui mière « La charité, dans ses actes propres et
:

est h la léte du livre des Maximes di's Suints. dans son riiolir essentiel, n'esl-elle pasiudepcn-
« Les niy>li(|ues verroni hieii (pie je les entends ;
dante du molli de la bcalitud(<? > 11 tant ici re-
je li'iir l.iisse même iu;;ei' si je n'evpliipie pas venir à discul("r ce (jue veut dire le motil essen-
mieux leurs ma\iiues (pie la plu|iail d'entre tiel et (pielle est rindepciidance de la charité
eux n oui pu jUM|u'ici les explicpier. 6 La voil.i dans son motif specili(|ue à l'i-gard du molil
DE M. DE CAMBRAI. ^m

second, subordonné et moins principal : par là fet elles ne le sont pas si absolument qu'il n'y
toutes questions vont renaître l'une après l'au- ait des limitations à leur ligature, lant pour les
tre; il faudra des deux côtés transcrire tous nos actes que pour
le temps où l'on n'a nul besoin
ouvrages précédents, et reprendre tous les ar- d'entrer. Quoi donc! M. de Cambrai, toujours
guments par lesquels j'ai démontré qu'on pièt à poinliller sur des mots qui ne disent rien»
m'imposait. J'en dis autant des autres ques- détruira par un endioit si léger ra|)probation
tions par exemple, de la cinquième • « IN'est-il
; authentique de tout un livre ' où la suspension
pas vrai que la passiveté dans laquelle les mys- de l'acte de discourir est établie si amplement
tiques retranchent l'activité, c'est-à-dire les actes si à fond, par lant de passages exprès et (tosi-
inquiets et empressés, laisse la volonté passive tifsdetous les mystiques? Où est la bonne foi
dans l'usage de son libre arbitre, en sorte parmi les hommes, si de telles chicaneries (la
qu'elle peut résister à l'attrait de la grâce? » vérité m'arrache ce mot) sont des « préjugés, »
Autant de paroles, autant d'équivoques on : et encore des « préjugés décisifs? »
confond le vrai et le faux la liberté dans les ; Cette suspension des puissances est
un des en-
actes de vertu, qui ne lut jamais contestée, avec droits fje ne
pourquoi) ou M. de Cambrai
sais
celle des actes discursifs dans l'oraisoii seule- revient le plus souvent et où il triomphe le plus.
ment, qui font toute la difficulté. Il faudra ici Il a fait une ample répon.scau Musiici in Itilo;

repasser tous les textes exprès des mystiques, mais sans y parler d'un passage tranchant que
qui prouvent si clairement la suspension des j'y rapporte, où sainte Thérèse ^ et le bienheu-
puissances dans l'exercice actuel de l'oraison reux Jean de la Croix 3 ont dit d'un commun
qu'on nomme passive, et de quiétude, que M. de accord que l'àme dans la quiétude « ue pourrait
Cambrai lui-même qui veut la nier, estcontraint « pas discourir quand elle voudrait ^. » Cet en.

de la reconnailre : appellera-t-on cela des pré- droit est d'autant plus décisif qu'il est plus court,
jugés, ou plutôt l'inutile recommencement de et qu'il n'y a pas de locution plus lorte ni plus
toutes les disputes? naturelle pour exprimer une absolue im[)ossibi-
M. de Cambrai, j'allègue M. de Pa-
3Iais, dira lité. Quand le concile de Trente veut expliquer
M. de Chartres, qui sont de mon senti-
ris et nettement le pouvoir de résister à la grâce, il

ment; c'est de quoi je parlerai peut-être ail- ditqu'on y peut résister « si l'on veut. » Lors,
leurs: maintenant qu'il ne s'agit que de préjugés, au contraire, que saint Augustin veut exprimer
je n'ai qu'un mot à répondre. Ces deux prélats que sans le secours qu'il appelle sine quo ou ne
ont ai)prouvé mon livie des Etats d'oraison, où pourrait pas persévérer, il répèle trois à quatre

M. de Cambrai prétend trouver tout le venin de fois «qu'on ne le pourrait pas quand on le vou-
ma doctrine, dans cette pruposilion, qu'on ne se « drait: » Sine quo non potevnnl peiseverare si

peut a désintéresser par ra'pport à la béatitude, » veilent ^. De même, sainte 'l'hérèse et le bien-
ni en « arracher le désir à aucun acte raison- heureux Jean delà Croix concourent à exprimer
nable et délibéré 2. >, J'ai avancé celte doctrine la suspension absolue, mais passagère, du dis-

conmic commune « à toute l'Ecole,» sans qu'on cours, pai dire tout court « quonu'y peut pas
me |)ùl nommer un seul contradicteur; et aussi discourir quand on le voiulraii. Des (.'réjugés >.

est-ce sur cola (juo de Cambnii, dans la P>é-


iM. aussi légers que ceux de M. de (;aiubrai nous fe-
punse au Su)nma et dans ses autres écrits, sonne ront-ils abandonner des autoriti-s si précises?
le tocsin coiitie moi, comme coulre rennemi Mais quoi! faiidra-l-il aussi oublier la « verila-
commun. M. de (^liartres a donné pourtant son « hli! impuissance » ipril a hii-niême reconnue

a|)|)r(d)atiun à ce livre: |iasseiii-l-on pour cer- à l'égard de la [trière vocale '•; où. dans les der-
tain et .sans discussidu que tic si diules |tiélats se nières paroles, « qu'une âme devient incapable
contrciiistmt eux-mêmes? Je suis uni avec eux «de tout lai.sonnemeiit: » jusipie-là (juil ne
eu commerce periiélucl d'une commune doc- s'agit plus de « raisonner avec elle '? » Qu'est-ce

trine; nos sentiments ne furent jamais dillérents: qu'une incapacité poussée si loin, sinon une im
pour qui est le piéjugé, si ce n'est pour nous puissance absolues; M. deCambrai l'aduiel ici et
contre M. de Cambrai (jui a toujours ti\clié de lablâme ailleurs comme un fanatisme. Je lui ai

nous désunir? l'ar e\cm|)le, M. de l'aris, .sans op|)Osé ces raisonneiuents; je lui ai objecte ces
seulement songer à Ir.iilcr à l'ond dans l'orai.son passages du bienheinetix Jean de la Croix, et de
de (piiétude la suspension des puissances où son saint(! Thérèse, et les siens propres *. 11 les a vus
dessein ne le menait pas, auratlit en i)assantque
les âmes (h; cc-l état << parais-senl liées » ou * El»l« dV.r., I. VI. —
" Cliâl. do l'àmo. 0» Joia., ,-. 7. — • Vivo

Hiinuiii-, .-«iii. 111, > ), § 0. —'


Atysl. in (ul„, n. iill, 17;).— '
Ot
« (pi'eiles .sojit comme liées ^: » parce qu'en ef- Cur. et (.Vil/., t. U,IJ, n 31 cl »c.|., t. .\.— •
Ma»., in|j. i:.7. —
' r«go 'J. — ' Kuts d'or., U X. — ' PiqJ-, p. 6.
' /6., p. 00. — • .Uj/fl. in <u(0, D. 07, i;j.
ÎÎ2 RÉPONSE AIX PRrj['GP8 DÉCISIFS

dons lin livro f|ii'il fuit sf^mhlnnt de lï'liitcr: il traduction de son livre'. Il faut revoir tontes les
n'y ri'|n)iid |pasiiii seul mot; n'enl-cc (lusun pré- laisons (lar où je convamcii d'alléi-alion del'ai

juge riii'il n'a pas |)U y répondre? son firopre texte, en quehpies endroits es.sen-
Voyons niaintrnnni ces einq préjngi^s, i polir tiels, siins préjudice des autres, que je n'ai pas

t savoir si le sN^lfini; s'acnirde axec le li\re '. » cru devoir examiner. S il fallait renouveler ct-lte
Le premier e^l ipie M.del'aris, .MM. Tron-
I. dispute, jcn'auraisfprà renvoyer .M. de Cand)rai
soii, de lieaulbrl cl l'irol l'ont trouvé conforme': à ce que j'en ai ilit ailleurs 2, et surtout à cet ar.
donc, etc. U'icHc failll(^se: [treniièrcment, de gumeni auquel il n'a jamais répondu; (pie s'a-
vouloir qu'on décide par des préjuges d'un livre piss.iiit de traduire, et non d'interpréter \t'>Maxi-

qu'on a eidre ses mains; et secondement, de me'i saiuts, il n'y avait qu'.'i rendre le texte
f/(".s"

donner pour un préjufjé décisif un sentiment dé- de mot h mot, sans y insérer des additions que
nicnti par actes puiiiicsl j'ai démontré être fausM-s. J'ajoute à cette dé-
II. Cin(| llléolo^iens choisis par le Pape » inoiislialion, qu'elle convainc .M. de Cambrai
(elli qui M. de Candirai domiedc grandes louan- d'erreur manifeste,
ges) « ont déclaré à Sa Sainlelé que le te,\lc du Quand on
lui reproche son sacrifice absolu
livre pris dans son tout ne pouvait sif^niticr dans lenoncement/i « l'intérêt propre éternel,
le
(ju'une doctrine très-pme ^. » Le nomhie de « à l'intérêt jiroprc jjoiu léternilé 3, • il ne se

cinq m'étomie: undir.ul ipie M. de (lamhrai n'a sauve quen disant (|ue l'intérêt propre éternel
eu (|uc cin(| exannnatcurs et tous favorables :^ n'est pas le siilut éternel*. Je ne répéterai |>lus
sa doctrine; mais si d'autics, sendiahlement les raisons (jue j'ai oppo.sées à de si frivoles
nommés par le Pape, et les premiers, la jugent échappatoires; mais iitiisqu'on me nippelle au-
pernicieuse, est-ce un sujet de s'enorf;ueillir jourd'hui à In dispute sur altération de la ver- I

d'avoir nus en division la liiéolopie par ses am- sion latine de son livre, elle contond manifeste-
Itiguilés? U'ii d'ailleurs nous lacontcia l'hisloirc ment .M. de (Cambrai qui, au lieu de cesmols
de ces divers senlimcnts^et qui ne sait, par l'a- fianrais: " l'àine tait le .s;i(.ri(icc absolu de son
veu de M. de Carnlirai lui-même < , (]ue ceux « intérêt propre pour l'éternité *, » traduit en

qui ont été les plus lavorahles h .son livre n'on» latin; Absulutf proprii commudi appetiltonein
pu, tant il était clair, convenir avec son auteur wenviiariam , (juantum ail aleniitalfin perlinet,
d'un .sens qu'un put oppo.ser unanimement à immolai; c'est-à-dire: « l'Ame sacrifie absolu-
ceux qui le condanmaient, en sorte qu'ils ont « nient le désir mercenaire de .son inlerét propre
entrepris ilc mieux entendre M. de Camiirai o en ce qui regarde l'éternité; » où l'on voit à
qu'il ne .s'entendait lui-même, comme il preiend l'o'il ces deiixchoses: l'une esl les paroles que ce
cxpli(|iier M^Miuyon mieux (|u'elle ne s'est ex- prélat ajoute.') son texte; l'autre, encore plus es-
pliquée? Voih'i le nouveau mystère de ces livres sentielle, qui est que l'on sacrifie le désir de l'in-
contentieux: n'est-ce pas là. dans une affaire de térêt propre, « en tJint qu'il reganle l'éternité; »
cette importance, un préjugé bien avantageux ce (pii ne peut être sjiiis s;icrifier l'éternité
et bien clecisif? même. pas davantage sur ce pré-
Je n'en dirai
Le troisième préjugé dépend du fond. Le
III. tendu préjugé; c'en est un grand, je l'avoue,
texte du livre de .M. de Cambrai se concilie sans mais contre l'auteur, piiisipi'il n'y arien qui dé-
pcineavic lui-même " dans le sens cnlliolitpie; » montre plus l'erreur el la laiissetédans un texte,
et au conliaire on ne pourrait y insérer le .sens
que la nécessité de l'altérer pour le rendre, si
liérétique .sans en détiiclier les dillerentes par-
l'on pouvait, supportable.
ties » C'est visiblement supposer ce (|in est en
•'.
V. Le cinquième el dernier préjugé commence
question; c'est, dis-je, pré-su ppo.ser qu'on a rai- Le texte d'un livre doit passer pour cor-
ainsi : «
son, moyennant quoi bien certainement le tort
rect et pour clair, (piaïui on ne peut, après une
tond)era sur moi; et voilà ce (ju'on appelle un
vive contestation de jiiès de deux ans, v repren-
préjugé. Mais on ()id)lie que ce livre, dont le
dre aiieime expression (jui ne se trouve dune
sens est unilorme *>, » fait une dispute |iarmi
si •
manière encor* plus forte et moins préc-:iulion-
ses partisans cpii, au grand étonnement de la
née dans les auteurs mystiques qui sont canoni-
cinétieidé, n'ont |)u encore convenir avec l'au-
sés ou révérés dans toute l'Kglise. • la règle est
teur de la manière de le défendre.
sûre; il ne .s'agit plus (pie d'en venir laiiplica- .1

IV. Pour (pialrième piéjugé, Al. de Cambrai


tion et à la preuve; mais c'est quoi Al. de Cam- l'i

nousdoime une dispute enlie lui et moi .sur la brai ne .songera pas: et content d'une aflirinalion

'Pr«J. p. f..n. — > M. p. 6 _ >/ft. p. :. _< rrem l:<-ilre '


l>r«J p. 8. B. — > BrUI., Met T, n 6, R«m. aur I* Kip, i la
M. ilo Ch«rtiT~. p.i(j. «7, 7;., «tr. — '
l'K'J. p. 7, 8. — • Prem. Rtl.il . «n 1". n 4. — l(i,i. à .|u»tro l>clt n [l , M.>\ p ti, 90.
Lclti-e i U. da Clurlrca, p. 6t, 16, «le. _ • Prcm. Letu i M. d* Muui, p. a». — > titz, p. n, WK
DE M. DE CAMBRAI. m
hardie: « Or est-il. » continue ce prélat, « qu'on pas recevables, parce qu'elles ne sont pas sin-
ne marquera aucune des expressions de mon cères. » Voilà le cas où nous étions; et supposer

livre, que je ne la mnnire aussitôt, d'une ma- le contraire, c'est donner pour préjugé une

nière encore nliis forle, dans ces saints auleiirs. » fausseté manifeste.
C'est ce qu'il faudrait examiner de passage à pas- Sui' ce fondement, néanmoins, on voit pa-
sage; si ce n'est que, pour le plus court, on con- raître dans les Préjugés,, une pièce de rhétorique
vienne sans discussion, par un piéjiigé merveil- achevée, qui commence en celle sorte < : « Ici,

leux, et sur la simple pai(de de M. l'aichevèque je neveux point eutrer en preuve ni raisonner;
de Cambrai, qu'il est le plus modéré et le plus je ne veux que faire des questions. Que doit-on
pri^can lionne de tous les mystiques. penser d'un livre qui, loin de paraître amhigu
Voilà ce qu'il appelle les cinq préjugés ; et de à M. l'archevêque de l'aiis, et à ces autres per-
tous les noms, comme on voit, c'est celui qui sonnes si précautiomiées, leiu' a paru au con-
convient moins à un tel écrit. C'est un pré-
le traire correct et clair? » J'ai répomlu à celle
quand jioui toute preuve
jugé, mais contre vous, demande ; et soit (pi'on la doime comuic un
vous répétez et vous supposez ce qin est en préjugé, .soit qu'on la tourne en ()ue--tion, ce

question; c'est sous un grand nom ne rien n'est qu'une redite sous un autre nom. C'en est
dire ; ajouter à ces préjugés, qu'ils sont décisifs, une aidre que de demander « Que croira-l-on ;

c'est mettre comble à l'illusion; on montre


le d'un livre que cinq grands theulogiens ont
que la raison manque, lorsqu'on prend sans trouvé dans la forme des paroles saines? » J'ai
raison de tels avantages. pareillement répondu à ce prétendu préjugé
Cependant la conclusion de M. l'archevêque qui n'en devient jjas plus foil |)our être changé
de Cambrai n'en est pas moins triomphante. en forme d'interrogation. Ces demandes répé-
Qu'il me |)ermefte de l'arrêter à chaque mot. tées s(nis preuve, comme l'auleur en coinicnt,
« Quand il y aurait dans mon livre des ambi- seront-elles démonstratives, à cau.se (pi'il les
guïtés qui n'y sont pas. » Vous n'avouez même rebat douze ou (piinze lois? Quand il aura dit
pas l'anibiguité; vous étonnez tout le monde -.
mille fois que son livre esl irré|)rochable, et que
a toute équivoque est levée par d'autres en- M. de .Meaux n'a pu lallaquer qu'en tronquant
droits '
; » il talkiit l'éviter et non la lever. Mais, et altérant le texte 2, me lera-t-on l'injustice de

si elle est si bien levée, que devient ce double ne pas voir mes réfulalions plus claires que le
sens qui, selon vous, règne partout, et dont vos soleil ? Mais je n'ai |)u altaquer ce livre qu'en
amis n'ont pu encore cunveiiii' avec vous-même? allaquanl toute l'Ecole. Celle fausse imputation.
« M. de Meaux devait m'inviler à m'expliquer tant de fois dé.savouée et tani île fois réfulée,
sur ces endioils, au lieu de rejeter avec tant non par des passa;;es, mai.> par des Irai. es
exprès
de passion les ex|)licatiotis que j'ai ollértes avec de M. de Meaux, deviendra-t-elle solide en la
tant de déférence. » Hélas quelle déférence ! ! répétant sans preuve et sans tu raisonner? H
ceux qui vue en sout encore effrajés; on
l'ont poursuit « Que croira-t-on d'un livre que cet
:

déférait tout, pourvu qu'on em|)orlàl tout ce adversaire M. de Meauxy. aidé de lanl de con-
qu'on voulait; sans en rien rabattre. « M. de seils, n'a pu attaquer qu'en se fouilant sur des

Meaux a prononcé lui-même contre sa con- principes si faux, qu'il n'ose les .soutenir ouver-
« duite. Dans les ex|)ressions andiigués, » dit- tement, et si nécessaires à sa cause, qu'il ne
il, « la présonii)tion est pour un auteur, elc 2. » peut encore aujourd'hui se ré.soudie à les aban-
Puis(iu'il voulait me juger par mes paioles, il donner, malgré tontes les in.slaiices ipie je lais

fallait donc raj. porter le passage entier le ;


poiii l'obliger à se déclarer?M. de Cambrai »

voici « Nous approuvons les explications dans


:
veut-il être cru sur des allégations vagues el sur

les expjessiiins ambiguës; il y en peut avuir des discours en l'air, sansaiiiculer.ses doctrines
queUpies-unes de celle sorte dans le livie dont que M. de Meaux, .selon lui, n'ose ni avouer ni
nous convenons que dans celles dé.savouer ? J'ai répondu cent el cent lois à ces
il .s'agit; et

de cette nature la présomption est pour ,


vains reproches, el on n'a (pi'à lire, sans aller
un auteur, surtout (juand cet aideur esl un plus loin, cinq ou six pages des lîemarques 3,
évèipie dont nous liuuonins la piété ; mais ici, pour voir le contraire de l'einbai ras (jiie in'iin-
uù le princijial de ses sentiuienl.s esl .si clair h po.se M. de Camluai. J'ai répondu à la division

ceux qui les examinent de près, il n'j a <pi'ù le quoii iinpiilea trois prélats unanimes j'ai ré- ;

juger par ses (laroles un peu au- expie.s.ses; » pondu aux autres demandes de celte eloqicnle
dessus « Les explications (pu visiblenuMit ne
.
|)éidiaison, el en voici seulenientdeiix des plus
cadreul pasa\ec le texte ciinstaiinucnt, ne sont iin[)ortimles (pie j'ai rcservecspoui la lin.

I Prtj. p. 10. — ' l'rom. Kcrit do M. do Maiiui,». ». ' PrtJ., 11. 10. — = 16. p. U. — ' Kom., toiiO., ( 3.
224 RÉPONSE AUX PRrJl'C.ÉS DÉCISIFS

La promii'rc ost :
'
« Que cioira-t-on d'un Une |)eut-on croire d'un livre qui est roii-
livre, (iiiaiid "" voit (]iie ci'tix iiii'oii .ivail m dainné par actes publics de ceux dont un vante
pri'vcmis |)cniiaiil (lue jo (Iciiiciirais dans le i'approiiation secrète ?

silène.', onlouveil les yonx, el m'unl lail jiislice Une peut-on cmire d'un livre dont l'auteur,
liés ((lion a écoiilt^ les deux |iaiiies dans leurs après y avoir promis une entière préci>ion et
éerils '? » L'aiilre, (]ni tend à la nièiiie lin, et un éloi^mement de toute équivoque, n'en a pu
[lar où M. de Candtrai conelut ses deinarules : venir bout, et le remplit d'ambi;:uïlés?
.'i

« Kniin. qne croira-t-on d'un liNre, dont les Une peut-on croire d'un livre où il rè;,'ne par-
<lélenses très-eoriectes sont d(j?i encore plus tout un double sens, de l'aveu de son auteur,
répandues (jiie le livre même dans tonte l'Kn- el (pie ses amis ne peuvent défendre qu'en
rope '? » A la lin donc M. de Cami)rai ne se .ib.indoimant le seul dénoùment qu'il leur
contient pas; ravi de se l'aire lire " par tonte donne ?
a l'Kurope, » il croit l'avoir allirée à son senti- Une peut-on croire d'un livre dont les expli-

ment. Kn elTet, il n'est pas juscpTanx protes- cations, toiijouis variables, se détruisent les

tants (pii ne le traduisent, ne l'impriment et unes les en sorle que leur anleiir, après
autres :

ne le louent. Mais, sans entrer dans la thèse les avoir données sous les jeux d«' Uieii comme
pailieulière, ni vouloir oter h un auteur le son sens iii(pie el primitif, les élude dans la
i

petit pliiisir de l'applandisscment dont il se suite en l< s donnant comme empruntées?


Halle; si par de beaux tours d'esprit, el une Qne peut-on croire tl'im livre dont l'auteur,
a^iréalde élo(|ueuce aidée de la nouveauté el de invité par ses amis à une conférence amiable,
laeiniisilé, nn or.ileurse lail lire, il croira qne la reluse coustaiument sous toutes les conditions

c'est preju^rer eu sa iavem-, el ce ser.i là un les plus équitables, encore qu'il n'ait à craindre

artiumeut de la solidité de sa ducirine. Prenons- (pie la seule lorce de la vérité?

le d'un ton plus sérieux avec saint l'aul. Si ceux Une laul il croire d'un livre lont l'auteur ne
dont cet Apolrea écrit, « (pi'ils errent et jeilent cheiche (pi'à é\iter le jii^;emenl par la conti-
c les antres dans l'errenr '•',
et «pie leurs dis- nuelle introduction de nouvelles ipiestions ', et
« cours };at;nent connne la j;anf;rènc ', >• réus- en jetant ses jiij.'es, s'il pouvait, dans des dis-
sissent dinantiin tem|)S à se laire admirer dans cii>.Mons inlinies?
le monde, ils n'auront «pi'à dire (pi'on a ouvert Je n'en veux point que ces d'autre preuve
les yeux à la lecture de leurs livres, et à prendre paroles des Pirjuijés (de son ^ : « Ces défenses »

pour un préjugé de la vérité le succès (]ui livi'i', répandues par toute l'Europe) « ne peu-
achève de les plonger ou de les entretenir dans vent plus être séparées du livre (ju'elles jiisti-
l'eircnr? les espi ils solides ne sc^ laissent i)as tient; elles ne fout plus avec ce livre qu'un seul
éhlonir si aisément; et loin d'être Haltes par ouvrage indivisible dans son tout. > Ainsi l'exa-
qu'on donne à leur élocpienceet à
les lonanjïes men du livre «piil a lui-même déféré au Saint-
leur esprit, craii^nent dans de tels applau-
ils Sié;;e, ne siillil plus; ce livre est inséparable
di^-emenls ce « pro^;rès en mal, dont parle >•
de l'inlinité des IImcs publiés pour s;» déleiise;
l'Apùlre : Piofuicul in pfjiia '•>.
Pour ce (pii est tout cela ne fait (pi'uii même « tout, » sur
des dél'-nsenrs de la vérité, la solidité doit èlre lecpiel il l.iut pronon( cr par un seul et même
ils ne seraient pasélomiés,
lem" p.irta^'e. Ainsi, JM^cmenl; on ne doit prononcer (pi'aprês un
même prand succès ipie celui dont
d'un |)!us examen de de Cambrai,
ce tout. S'il plait i'i .M.

se vantent leurs adversaires, ni des m.dheureux jivec sou inépuisjible lécondilé, d'écrire de nou-
progrès de l'erreur, bien instruits par le S.iinl- veaux livres, il faudra les joindre au procès; et
Esprit, qne « ces progrès ont leins bornes, » la décision du Saiiit-Si(''ge, qu'il lait semblant

cl que « leur errein\ leur é;iareuienl, que » de presser, sera prorogée jns(prau jugement
saint Paul appelle •
leur lolie, sera connue de universel : y a-t il une illusion plus mamlote?
a tout le monde ^. » Enlin, que peut-on croire d'un livre dont l'ob
Loin donc du milieu de nous les préjuf^és sciirilé et rambiguïté font la deteiise? Expli-
qu'on nous v.inte si l'on en veut de solides et : (pions-nons: les défenseurs de M. de Cambrai
de véritables, je les exposerai en peu de mots, suive ut .son liMCi'i .son exemple, parce que, s'il
et je dirai à mon loin' :
y a des (discnrités en un endroit , elles sont
Une pent-oii croire d'un livre ipie dèslccom- èclairciesen d'autres, en sorle «pie le tout e.sl
niencement l'on cache à ceux dont on voulait bon mais c'est
; un des artilices dont on s'est
li^i

expliquer la doctrine? servi pour excuser tous lt*s unnvais livres; les

" PrrJ. p. 12. — ' /'.. p. 23. — > Il r.m , m, Ll. ~ ' là , u, 17. • Prcm L«tl. à U. d* Cbarlrc», f 66, otc. — > Rem., coad. | <,
— > U. UI, U. — • Jt., B. n. 17. — > PrU., p. 13.
DE M, DE CA3IBRAI.

auteurs suspects n'ont point eu d'antres res- piété lut trompée par leurs belles expressions.
sources, etils ont tâché de trouver tlans leurs Vous devez savoir les mauvais sens queMolinos,
écrits des correctifs de tout ce qu'ils ont avancé que M"-" Guyon et les autres ont enveloppés de
contre la sainte doctrine. On ne trouve dans au- belles paroles: parlez nettement, encore un
cun auteur plus de ces sortes de correctifs que coup, vous qui dites que vous n'écrivez que pour
dans Origène; mais cela ne l'a pas sauvé des confondre les faux mystiques et, loin d'espé- ;

justes censures de Théophile d'Alexandrie, du rer que vos ambiguïtés ou vos conh-ariétés,
Pape saint Anastase et du concile V, encore que que vous donnez pour des correctifs, tien-
plusieurs saints l'eussent appelé le maître des nent lieu d'excuses, elles seront une des rai-
Eglises. Si l'on eût consulté les équivoques des sons pour vous condamner.
demi-ariens sur l'éternité et sur la divinité du Voilà de véritables préjugés, c'est-à-dire des
Fils de Dieu, et qu'on eût voulu excuser une choses jugées, comme je l'ai remarqué au
parole par une autre, on n'aurait pu les con- commencement, ou en tout cas des arguments,
fondre ni condamner leur erreur. Ou n'ignore sans entrer air fond, qui condamnent M. de
pas les équivoques de Nesîorius sur l'unité de la Cambrai. J'ajouterai ce dernier et inévitable
personne en Jésus-Christ et sur la qualité de la préjugé. On doit préjuger contre celui qui change
Mère de Dieu. Celles de Théodore de Mopsueste l'état de la question, et qui veut nous faire
ont donné lieu à un Facondus et à d'auh'es accroire que nous condamnons
la pureté de
grands hommes de lui chercher des excuses et l'amour enseignée par l'Ecole.
telle qu'elle est
des correctifs dans ses livres lors même qu'on , au lieu que nous n'attachons notre juste coni
en condamnait la doctrine; mais ellesn'ont pas damnation qu'au faux amour pur que ce prélat
suspendu l'effet d'une si juste condamnation. veut établir. Il est vrai qu'il faut un peu entrer
Les eutj chiens n'ont pu se soustraire à la cen- dans fond pour bien en tendre ce préjugé mais
le ;

sure de l'Eglise, en conformant leur langage à c'est très-légèrement, et d'une manière si facile
celui des orthodoxes, avec une telle adresse» et si décisive, qu'on peut dire que l'embarras de

que souvent on a peine à les distinguer. Cepen- la discussion ne s'y h-ouve point. Car il n'y a

dant l'Eglise a persisté à ne pas prendre des qu'à lire quelques lignes du livre des Remar-
Contradictions pour des correctifs, ni des am- ques i, pour y voir cesdeiLX faits constants: l'un,
biguïtés pour dos excuses. 3Iais où l'on voit l'é- que nous n'avons jamais attaqué l'amour pur
quivoque et l'obscurité régner avec le plus d'ar- de l'Ecole l'autre, que j'ai mis en fait, que l'a-
;

tifice, c'est dans l'erreur des monothélitcs. On mour pur de M. de Cambrai, distingué et mis
n'a qu'à voir les expressions sublimes, en appa- au-dessus de celui-là, n'avait jamais été en-
rence, d'un Théodore, êvèquc de Pharan, et seigné par aucun docteur: c'est un fait qu'on a
des autres chefs de cette secte'; mais l'Eglise articulé, sur lequel on ose encore assurer que
n'a point reçu leurs excuses ni leurs prétendus M. l'archevêque de Cambrai ne répondra jamais
correctifs, encore que quelquefois, et quelques- qu'en biaisant. On l'a sommé de nommer un
uns d'eux le plus souvent parlassent si bien le seul auteur, s'il en avait, il n'en a nommé au-
langage des orthodoxes, qu'on a encore aujour- cun il n'a pas mémo léjjondu un seul mot à
;

d'hui beaucoup de peine à trouver des carac- cette précise interpellation de nous indiquer ses

tères certains pour les distinguer. L'esprit de auteurs; c'est pourtant à (juoi il fallait répondre ;
l'Eglise est de dire ù ces correcteurs ambigus de et faute de l'avoir seulement tenté, on peut don-

leurs propres propositions Parlez nettement :


;
ner avec confiance, |)our dernier et invincible
ne tenez point un langage douteux; ne laissez, préjugé contre le livre de ce prélat, qu'encore
aucune ressource aux novateurs; et au lieu de qu'il ail cilé tant d'auteurs, il n'en a punommer
les excuser sous prétexte qu'ils auront dit en un .seul pour son prétendu amour pur, distin-
quelques endroits des choses peu accordantes gué de son (piatrième degré, qui est principale-
avec l'erreur; au lieu, dis-jc, de les excuser par mcul ce qu'il avait à prouver.
cette contrariété, clic leur a attiré, ainsi que Pour ce ipii est des |)ré|iigés qui ne consis-
nous l'avons expliiiué ailleurs '', comme une tent, comme il l'avoue, (pi'à des demandes «sans
nouvelle qualilicalioii de « s'être combattus eux- preuves, » et à dos propositions qui désireraient
mêmes: » Qui cliam sni ipsius l'xxlilit impitgna une discussion qu'il ne fait point c'est, sous le
;

t(ir. Les Bégnards n'ont pu tromper le jugement nom de préjugés, des redites perpétuelles. Un
(le l'Kglise par toutes les excuses (jue leur ont aiiteiu-, persuadé qu'il impose à ses lecteurs au-

fournies un Ekard et les autres lionnnes dont la tant qu'il lui plail, se joue de leiu- crédulité:
c'est ce que fait trop visiblcmeut un prclal (|ui
Concit, Later., aiib Mart., I, collât. 3 ap. Lab.,
; t. v, col. 183i
e>incil. VI, act. U. col. 9'i7. — ' Inst sur las étals dur. , I. .«. ' Ucm,coii>'l„ { 3, a. 3,4.

D. loM. VL
126 LES PASSAGES fXLAIRCIS.

nVlait pns nr^ pour prciulic de tels avantages ;


et donner d'abord à toute la terre ce que nous
clan lii'ii tk' se iléJicr, cil liomrnc grave, de la (•Clivons, en sorte que ce iirélat le voie aussitôt
lio|) (aiilc cro} aille iiu'oii puiinail pii'U r h ses (jue nous. Je ri-ponds actuellement au livre que
piY'jiifji'.N siiis raison, » il les donne pour ar- j'ai indiqué, car il ne laut pas élie moins infa-

giniu'iils di'cisils de la bonlr de sa cause. tigable à défendre la vérilé (pi'on l'est à l'atta-
tn liiiissant ce pelil ouvrage, il me lombe quer; et ceux qui lépaiideiit dans le monde,
ctilrc les mains un éeril inliliilé : Les prniripales avec tant de soins, h l'exemple de toutes les
propositions du livre des Maximes des saints, jus- sectes nouvelles, que ce sont ici des querelles et
liliéespar des expressions plus fortes des saints des intérêts particuliers; ou, comme disaient les
auteurs. Je ne sais pas de quelle date il est, non pélagicns, des questions de pure di.spute, cl non
plus que celui-ci, (jiic les ailidés ont vu, à ce que point de la foi: lies quœstionis, non fidei: s'ils

J'apprends, quelques temps. M. de


il y a dtrjà ne .sont pas encore désabusés de celle erreur,
Cambrai dit lui-même dans sa Ih'ponse aux Ite- (jui a servi d'introduction «^ toutes les nouveau-
viartiues*, cpiil y a des livres qu'il ne veut ré- tés,verront bientôt qu'on ne serait jamais entré
panclie qu'à Uomc. C'est encore nn pr(!'jugé de dans celle dispute, s'il ne s'agissait du fond de
la bonne Ciiusc, de négliger ces i>ctilsni.\ stères, la piélé, de la n\:le de I Kvangile, en un mot de
R(f. tux Bcm., p. 107.
l'essence du Cbrislianisiue.

LES PASSAGES ÉCLAIRCIS


ou

RÉPONSE AU LIVRE INTITULÉ


/ r.s rniNcirAi.rs propositions du liviif. dks maximics dks saints, justifiées par des expressions
PLUS FOUTF.S DES SAINTS AUTEUHS.

Avec un Avcriisscmcnt sur les signatures des docteurs et sur les dernières Lettres de M. l'archevêque de Cambnl>

AVEUTISSEMENT menée sa lettre en ces lermes « Je m'adresse :

à vous comme source de tous les de.s,seins


à la
srn i.i:s sionatuhes df.s D0CTi:ins et srn les
foriiii's contre moi, et je inciuls toute l'Egli.se à
mCRMEU s LICTTHES ItE M. L'AllCIIEVÉyUK HE
lémuiii du dernier ipii cclale '. »
CAUDIUI.
Voyons si l'on ne prend pas contre moi l'Eglise

l'eiidant que ouvrage et que j'en


j'acliéve cet ,
à témoin d'une cliose qui n'est pas. « Il s'agit, >
continue-t-il « de celte censure de douze pro-
prépare la suite, si elle est encore jugée néces- ,

saire pour rinstiiiclitin des fidèles, il lombe deux positions qui ont été extraites de mon livre scloa
nouveaux livres entre mes mains, avec ce titre vos vues. » l*renez bien garde , me dira-ton il ;

qui me surprend Première lettre de M. l'arelie-


:
pourrait bien s'être préparé une évasion, en
vc'iue de Meaux, sur les douze propositions qu'il
disant qu'il n'assure jias que je les aie extraites

veut faire censurer par des docteurs de l'aris la ;


moi-même, mais qu'elles sont extraites selon

seconde lettre parait .sous une iiiscri|iti(iii .sem- mes vues » et c'est ainsi
;
voudra peut-être qu'il

blable. Tout le monde sait, et M. de Cambrai ne que j'en sois la source. » Mais la .suite ne laisse
II

l'ignore pas, (jne ces douze propositions ont été niicim doute, et on parle îi moi tr()|) clairement
extraites, (pialiliccs et signées, sans (pie j'en aie dans cette interrogation: « Pourquoi n'avez-vous
.seiiliMiient entendu parler ; loin que j'eusse la pas rapporté mes paroles tlans toute leur éten-
moindre |iart, ni à l'exéeiition, ni au conseil ilue, pour rendre le .^ens complet ? » un peu
même. 11 venu de Cambrai une relation
noiise.st après « Vous est-il permis de lioiiqner mon
:

toute à l'avantage de ce |iiélat, oti l'on nomme discours ? » et encore dans la même page t En :

d'antres auleiiis de la consultation et d'autres ne prenant que la moitié de mes paroles, vous
iiisligateiirs de ces signatures sans me meltrc ,
voulez me lairc enseigner l'impiété ; » c'est donc
dans ce dessein, (iepcndaiil comiiie il ne rberrlic
rrem. L«tlr« dr U. da
• Cambrai k M. àe Mcaux tur U ccr.iur
avec moi que des occasions de querelle, il cuui- des ili'Cloun lia rait<jp. 3.
LES PASSAGES ËCLAIRCIS. 227

moi qu'on veut faire l'auteur de l'extrait. « Vous « Vous croyez apparemment, » pour.suit-on i
faites, j) ajoute-t-il, « un dilemme fondé sur « que les fautes ne sont plus fautes, pourvu qu'on
cette altération ' : » je suis donc, encore un les pousse à bout avec une pleine autorité?...
coup, l'auteur de la pièce. Enfin il joint à l'accu- En quelle conscience avez-vous pu supprimer
sation les reproches les plus amers « Remar- : les paroles qui
suiventimmédiatementcelles-là ?»
quez trois choses, Monseigneur, ou plutôt souffrez S'il en appelle à la conscience, qu'il en re(;oivc

que les docteurs les remarquent, et reconnais- le témoignage devant Dieu. « Voilà, » me dit-on
sent le piège que vous leur avez tendu 2. » Occupé encore 2, « tout ce que vous supprimez contre
dans mon diocèse à toute autre chose qu'à cette votre confrère, afin de pouvoir présenter aux
censure , sans en avoir seulement entendu par- docteurs un fant(jme d'impiété qui leur fasse
'er, je tendais des pièges à ceux à qui je ne son- horreur. » Mais s'il vous est permis de pousser

geais pas ;
j'encourais sans le savoir la malé- si un fantôme d'impiété que vous me faites
loin ,

diction de ceux qui entraînent les autres dans imaginer contre mon confrère, comment sou-
l'abîme, et qui égarent les aveugles dans le grand tiendrez-vous devant Dieu ce que vous inventez
chemin. 11 n'y a donc plus à douter on prend ;
contre le vôtre ? « Je dois faire remarquer, »
toute l'Eglise à tèuioin d'une fausseté manifeste, contiîiuez-vouss, « combien la proposition esl
et on emploie à la soutenir le plus grave témoi- tronquée dans votre extrait... Mon texte est in-
gnage qui soit sur la terre. Mais quoi parle-t-on ! capable du sens horrible que vous y mettez : »
ainsi sans preuve ? y a-t-il quelqiie loi divine ou enfin à toutes les pages, « j'ai retranché, j'ai
humaine qui en donne la permission ? mais sou- supprimé, tronqué au lieu d'ouvrir les yeux
j'ai :

tient-on une si atroce accusation, de la moindre moi-même, je n'ai songé qu'à fermer ceux des
conjecture ? non toute la raison, c'est que M. de
;
censeurs, dont j'ai, ine dit-on, voulu conduire la
Cambrai le veut ainsi tout lui est bon pourvu ; ,
plume : et voilà, conclut-on, ce qui vous a lait
qu'il me rende odieux à toute la terre, en m'iiu. plus de mal devant Dieu, que vous ne sauriez
putant toutes les actions qu'il croit criminelles ;
jamais m'en faire auprès des hommes *. » Me
m'est-ildu moins permis de demander si cet voilà jugé avant le jugement de Dieu sur un fait
acharnement est compatible avec la charité ? où son œil, qui voit tout, sait que je ne suis mêlé
seul, on me charge de tout impunément je ;
eii aucune sorte. J'ai joint le scandale au crime ;

suis celui contre qui l'on n'a pas besoin de et, « telle est, » dit-on , « celte censure irrégu-
preuve, et mon nom suffit pour me condamner. lière , par laquelle vous voudriez justifier ce que
Ne répondez point
qu'on ait : Est-il croyable le public scandalisé rejette sur vous ». »

fait sans vous une chose de cette importance ? M. de Cambrai a été si bien informé, qu'il sait
est-ce une nécessité de consulter un absent ou même combien de temps j"ai caché celte censure
de l'attendre, quand on croit qu'une affaire clandestine. « Pour moi, » dit-il 6, «j'ai compris
presse ? Mais, sans tout ce laisonnemcnt, j'en dès le commencement quelles devaient être vos
reviens toujours à dire : La charité, qui n'est ni raisons,pour cacher depuis plus de deux mois si
querelleuse, ni soupçonneuse, ni contredisanle, mystérieusement cet acte. Vous n'avez mis votre
et qui ne pense pas le mal, croit-elle ce qu'elle espérance que dans le secret. Ainsi, loin de
veut sans témoignage ; ou le dit-elle au hasard, communiquer ingéiuiment toutes choses à votre
pour charger quelqu'un que l'on voudrait pou- confrère, pour l'i-claircisscment de la vérité,
voir déshonorer ? vous n'avez cherché qu'à fuir la lumière, et à lui
l'our moi, j'atleste la sincérité du oui et du |)orter par surprise des coups d'aulant plus

non des Chrétiens, contre laquelle il n'est pas mortels qu'il ne pouvait ni les parer, ni même
permis de s'élever sans raison non plus (\nc , les apercevoir. » La Iraliison est jointe au coup

d'accuser son frère sans preuve, que je n'ai i-ien mortel on ne prêche \\i\' ingénuité, et ce qu'on
;

su de ce qu'on faisait. On persiste néanmoins à doit à un confrère, pendant qu'on atlribue au

me l'inipuler : la seconde lettre n'est pas moin.s sien les attentats qu'on croit les plus noirs on :

outrée ni moins aigre que la première « Les se confie en son éloquence, on croit pouvoir per.
docteurs éblouis, » me dit on', « n'ont lu ?i la suader tout ce (|u'oii veut, et on ne \eut pas qu-
hàle ([u'une proposilion di'iachée, où ils ont cru jc déplore une éloquence (pii fait tout oser.
voir sur votre parole, (pie la chair ne se soulève Au reste, un sage lecteur entend assez, .sans
plus. Mais il faut (pie vous ne leur ay(^/ pas même (pi'il soit besoin de l'en avertir, que l'injustice

donné h; lciii|)S d'examiner dans le texte la pé- du procédé dont je me plains dépend iiiiii|uc-
riode entière. » J'étais bien pressant de si loin.
* Deuilèmo L«lira de M. d« Cambrai h M. do Meiiix, iiir U con»

rrcni 1 cllro du M. .le CaMibr.ii a M Jo Mc.mx sur la fciiaiiio •iiro dc« dncioiirs do l'urlp, p. 10, II. — ' Ih., p. 'J3. — ' M., p. ÏK,
de» doclcura do l'nris, p. 3. — '
JI>-,V- ''^ — '
H Lolt. |' U îfl. — '/i., p. 31,.1ï,3-., I0,l,-i. — • Ih.. p. J».— Troni. Utt. p. 3,4.
228 LES PASSAGES ÉCLAIRCIS.

iiiciil do la niniiiirfî dont M. de Cainlinii a pris iir que bvs délibérations les plus solennelles
la ccnsuio. Car, au fond, pour la juslifiir il ne , n'ont guère été oomijosées de tant de véritables
Taiil ijuiin mol. Ce prélat a rempli tout llumc et voeaiix. (l'était les religieux qu'on voulait faire
Imilc la terre, du grand nombre des sectateurs les défenseurs du faux pur amour du cinquième
dont il se vantait dans la Faculté de Paris. Tous rang, et de .ses c'était donc le!'
suites affif uses :

SCS écrits le |)orlent encore : et si l'on eu cioit religieux (pi'il donner pour témoins. Si
fallait

ses amis, la seule violeiice cm|)éclic les docteurs l'on ne .s'est pas réduit au nombre de ceux qui
de se déclarer pour le Vwrcdc^ Maximes des samts. opinent dans les as.sembl('(^s publiques, c'est qu'il
Si, h la tin, on a trouvé à ])ro|)OS do les réfuter s'agi>saitd'une simple consiillatidu particulière,
I)ar le fait constant des sifrnatmes contraires, on action donc la Faculté n'eut jamais l'intention
n'a point clierclié jiour cela à prévenir l'Kfîlise de les exclure. La iiiéine raison raison y a fait
romaine, mais à dissiper une prévention dont admetire (]uel(|ues docleius du nombre de ceux
on lAcliait de l'éliloiiir. Quand les mémos, qui qui n'ont pas ac(]uis le temps ni fait l'acte né-
vantaient .--aus cesse la Faculté de Paris, pour ne cessaire pour ac<piérir le droit de suffrage dans
lioint ici parler des autres, ont dit (pie les soi- les assemblées, mais (pii (lour cela n'en signent
x.iiile docteurs qui avaient .signé d'abord, fai- pas moinsdans les délibérations et consultations
.siienl uuc trop pelilo partie d'une Facidté si particulières. M. de Cambrai, je l'avoue, n'est
céjôhrc et h nonducuse avec la môme
la lois si ; pas obligé de savoir ces coutumes de la Faculté;
(acililo on a augmenté les signatures jusqu'à mais aus.si, ne les sachant jias, il ne devait pas
deux cent cinciuante. S'éloiine-t-on que depuis en parler. Il devait encore moins faire impri-
deux ans qu'on ne parle d'autre chose parmi les mer un Mémoire sur cette consultation, où il fait

docteurs, il s'en soit ti ou\é un si grand nombre deux cent cinquante docteurs, c'est-à-dire deux
qui se soient crus |)réts à condamner un petit cent ciiKpiaute prêtres qualifiés dans l'Eglise
livre (pii, d'abord
dés la ])remière Iccltue, les
et et dans une fameuse université, également
si

avait tous scandalisés au point (pic tout le public prêts à signer le pour cl le contre par complai-
a vu (le ses jeux ? S'il .s'en est trouvé qiielqucs- sance pour leur archevêque'. Une craint point
nns(jui aient voulu iilusde temps pour délibérer^ de scandaliser tant de pieux prêtres, ni le peu-
ou sur la forme, ou sur la matière, et sur quel- ple (|ui les voit paraître tous les jours au saint
que circonstance parliculièrc, ou sur (luelque autel avec édilicalion. Voici les paroles du Mé-
raison |)olili(pie ou de bienséance, on les a laissés moire 2 * On est fort persuadé que les docteurs
:

f» leur liberté, .sans les presser davantage, éteins qui ont signé contre .M. de Cambrai auraient
se Hiclier de leur délai , ni même de leur refus. signé tu .sa laveur, si M. l'archevêque l'avait dé-
Au on peut défier M. de Caud)iai d'en
reste, siré. » C'est ainsi qu'il laut parier pour se faire

nonnuer un .seul qui ait allégué pour (xcu.se croire on ne peut olro trop peu ménagé, trop
:

(pi'il aiiprouvait le livre que l'on censurait ou ;


anirinatif. On ne .songe pas qu'un .Mémoire de
(pi'on eu ait lemarqué un .seul parli.san dans un cette sorte n'est .uitre clio.se, au pied de la let-
aussi grand corps ipio la Faoïiilé. tre, (pi'iin libelle (liifamatoire contre un si grand

Après un motif si simple et si solide, tous les nombre de i)rélies-docteurs, et, ce ipii e>t pis
attentats contre le Saint-Siège, qu'imagine M. de encore, conlro un si saint archevê(|ue, dont on

(lambiai dans ces signatures, tombent d'eux- vient, autant qu'on peut, soulever le peuple par
mêmes; et loin qu'oïl soit obligé d'y répondre, (les (''crits sans aveu (pion ro[)and dans la pro-

il serait même iiTespoctiioux de les répéter. Il y pre ville do son siège, et dans une ville cornine
a dos |)uissances sur la terre dont le nom même Paris. On siit pomtant l'origine de ce .Mémoire
s'attire un si grand ivspect, (luec'e.st en olfon.ser scandaleux ou voit pour i|ui il (\sl fait, et d'où
;

la maieslé (juc de |)re.suiiux (pTon puis.se pen- il est répandu la chose est publi(pie et on n'en
:

ser conire elles do certaines ciioses. Au.ssi ne lait point de scrupule, tant on .se croit tout [ler-

nous revient-il par aucun endroit (pie Home .se mi.spour autoii.s(r un parti (itii a les chefs que
plaigne du procédé qu'on a tenu en cotte occa- l'on coimait. En (|Uoi l'un coiumol Imis laules
sion. Cnipitales contre la vérité et la charité l'une, de :

Il me suffit, pour justifier mes confrères les faire un crime et un attentat contre le Sainl-
docliiirs, do raconter .sjiiis déguisomenl, et Siége, d'une aclioii (pie les conjeclnres ren-
comme tout Paris l'a vu, l'Iiistoirc de leur .si- daient n(ce.s.s;urc ; l'autre, do la ie\otir decir-
gnature. Ce .sont, à
des d(xtours par-
la vérité, (•(Uislauces atroces qu'elle n'eut jamais ; cl la

ticuliers, (pii se sontunis pour ropou.ssor une troisième , d'en accuser ceux qui n'y ont
caliimnie (|u'on voulait faire à Iciii' ordre, jus-
mais on peut biena^>su-
< M.-m. snr In cnnstill. «{{nëc par dri d<Klcur>do Paris coi Crc U
qu'aux }eux (lu Pape :
(tvro do M. rarclic\ j to de ('«mltral.
.' '
iif., p. 3. —
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 229

nulle part, comme s'ils en étaient les autems. C'est avec saint Thomas, c'est avec toute l'E-
Ce qu'il y a ici de merveilleux, c'est que, cole, c'est avec saint Augustin de mot ù mot,
pendant qu'on élève sescris au ciel contre les si- que j'ai posé le principe de la béatitude connue
gnatures de Paris, l'on en tente secrètement à clair, comme universel, comme incontestable.
Louvain sur quatre propositions, où l'on déguise M. de Cambrai ne peut le souffrir. C'est, dit-il i,
les miennes sur la charité. Ainsi tout ce qu'on un raisonnement de païen, « c'est Cicéron que
fait contre M. de Cambrai est un attentat ; tout « saint Augustin cite « il oublie qu'il ne cite :

ce qu'il fait sourdement est bon, et il semble Cicéron que comme un témoin de la voix com-
vouloir imiter le langage de ceux qui disaient : mune du genre humain, et des Chrétiens comme
« Tout ce que nous entreprenons est saint : des philosophes. La troisième de ces dernières
Quod volumus sanctum est. On a bien vu l'ar- lettres renouvelle cet argument ; selon lui, on
tifice; et sans pénétrer plus avant dans ce secret^ n'a recours à ce principe « que lorsqu'on a aban-
un évêque est en repos du côté de cette savante donné toutes les écoles chrétiennes 2. » H le
Faculté, lorsque, appliqué durant trente ans à fait dire à mon prétendu disciple, pour ensuite

défendre la foi catliolique selon la médiocrité me le faire dire à moi-même : « il cherche, » dit-
de son pouvoir. Dieu a fait qu'il n'a jamais rien on, « et moi après
dans les philosophes lui,
écrit de suspect, et que dans la question parti- païens, dans Caton, dans Torqua tus, dans Cicé-
on voudrait l'inquiéter, il n'a
culière sur laquelle ron, les témoins de la tradition et les principes'
faitque suivre de mot à niot non-seulement fondamentaux de la théologie ; » comme si c'é-
ces fameux docteurs des Pays-Bas Estius et , tait une nouveauté que la grâce fût fondée ra-
Sylvius, mais encore saint Augustin et saint dicalement sur la nature, ou que ce ne fût pas
Thomas, qu'eux et toutes leurs Facultés recon- toute l'Ecole, saint Thomas, saint Augustin,
naissent pour leurs mailres '. Jésuc-Christ même, qui excitât tous ceux qu'il
me fût permis, sans passer
Je voudrais qu'il attirait du dehors et ceux qu'il réunissait au
;

les bornes de cet Avertissement, de repasser sur dedans, c'est-à-dire tous les fidèles, les apôtres
la calomnie que continue contre moi la dernière comme comme les im-
les autres, et les parfaits
lettre, « sur la seule raison d'aimer, » dont je parfaits, en leur proposant pour fin commune
n'ai jamais écrit une syllabe. Cependant on la béatitude. Et parce que je propose ce même
s'opiniàtre, sur le droit, h m'altribucr une doc. principe, que nul n'a nié, que nul n'a omis
trine que j'ai réfutée vingt et trente fois par des comme le principede toute morale, commun
traitésexprès 2. Dans le fait, M. De Cambrai dit je suis un païen; je « ne songe plus que je parle
que lâché trois de mes disciples, » encore
« j'ai « au milieu de l'Eglise, » je paganise « dans le

qu'il y ait deux qui me sontentièrement incon- « sanctuaire, » et je traite comme les j)aïeiis les
nus, l'un desquels se montre mon disciple en secrets de l'Epoux et de l'Epouse : voilà ce qu'on
écrivant ouvertement contre moi, et jiour 31. de me reproche, tant on se laisse entraîner à une
Cambrai: voilà ceux dont on veut me rendre immense profusion de belles paroles.
garant demande, sans exagérer et sans éle-
: je On bien que je ne fais qu'efileurer celte
voit
ver ma voix, seulement si on le peut en con- doctrine on en verra dans la suite (pielquc
:

science? Pour l'autem- de Vêsirs du ciel, on ose autre partie, autant qu'il se trouvera convena-
assiner qu'il « a appris dans mon école à dégra- ble à la matière que j'ai entreprise; mais avant
der la charité ((juclles paroles!) et ci réduire que de l'enlamer , il faut dire encore un mol
toute la religion à un amour de concupiscence important sur les .signatures.
pour Dieu. » On lui im[)0se, il faudrait citer C'est à leur occasion cpie M. de Cambrai tra-
quelques-unes de ses paroles ; on ne l'a pu vaille àrendre impossible l'e.xamen de .son li-
faire:il faudrait répondre aux passages exprès vre. On n'en peut examiner aucun sans le lé-
de l'Ecriture, dont son livre est nu tissu. On duire en propositions [larliculières mais c'est ;

m'impose encore |ilus, puis(|uc piîr.^onne n'ose- là précisément ce (pi'il blâme diins la censure
rait nier que je n'aie toujours «nntcnu sur ce des docteurs. « C'est, » dit-il » « vouloir défigu-
sujet la doctrim- conimuue de l'Ecole et do rer à plaisir ce qui est bon en soi i)our le ren-
saint Thomas'. dre odieux, (pie de démembrer mon ouvrauo
' Div. icrils Cinq, ^crit ; Pri'f sur l'Inst. pnst. Sehola in luto,
;

q. 2, art. B, q. 5, art. 30; q. 10, art. \i. ' Elnls d'or., I. x; Sum. —
;
par proposilicMis détachées. « One veut-il donc
Jocl.; Div. écriU; Avcrtiss.; Deux Ecrit, tiuatr. Ecrit; Cinq. Ecrit; que l'on lasse'/ Ouoi! que l'on transcrive tout un
l'ii (. sur l'Inst. pnst.; Rcp. A quatre kllros ; Schol. lulo, Pni. m livre, et puis «pi'oii le i]n;\lifii' d'un .seul liail,
Uiij. ;
q.l, a. 1; q. 2, a. I, 6,8, 10 ; q. 3, a. 2, 3 q. 4, a. 2; q. 6, a.
;

9, 10, U ; q. 6, a. 1, 2. 3 ; q. 8, a. 2, 3 ; q. 12, a 8, 0, U ; q. 13, sans entrer dans aucun détail iMais écoulons '!

a. 1. q. IB, a. 2, 3,4; (iuiel. rediv., Adn.,n. 6; Hoir, sur la lUp.,


concl.. t 3. — > Voy. llnslr. sur les <tat!i d'or.; la Sclwl. m lui.; cl I
Dc'iv. Lcllrc cil rt'|i. A M. de McauA, p. 2«. — • Lctirc sur I*
les Divers Ixrilg. char., p. 9. — •'
Prcm. Lettre, p. 6.
230 LES PASSAGES ËCLAIRCIS.

[a raison : « Les incml>rcs i]c ce corps ainsi ilô- besoin de nos livres, sans se laisser amuser au
cliirés, L'I l'-pars rh cl là, ne seraient plus que spectacle qu'un prélat ingénieux donne aux
(les morceaux inanimés, informes cl allércs. » beaux esprits, elle procède à son examen avec
Voilà siins (loule de liciles paroles, mais qui toute sa maturité et sa vigilance. Peut-être que
n'ont aucun sens non jiliis (juc celles (jiii sui- la sentence est déjà donnée, l'our moi, je n'ai
vent :« Nul ouvrage n'est !)on qu'autant (pi'il jamais prétendu que mes écrits fussent néces-
a une vraie unilé qui rend tout entier simple
le saires à autre tin qu'à piévenir dans le peuple le

et inili\isiljle : dès qu'on le coupe par luoiceaux. mauvais effet des ouvrages b ès-séduisanls d'un
il n'est plus lui-uiùuie, et clKupie morceau aiu>i prélat doij^ imposent aux
les airs allirmatifs

jronqué n'est plus l'ouvra^'e de l'auteur. » Ainsi simples. Que son


ses partisans cessent de vanter
on n'a qu'a iirélendre (juc son ouvrage « est bel esprit et son éloquence: on lui accorde sans
« bon ctuni, pour le rendre non-seulement
>' |)eine (ju'il a tait une vigoureuse et opiniâtre dé-
incensiuable, mais encore iuexaminalile. Aussi- fense. Uni lui conteste l'esprit? il en a jusqu'il
tôt (piunauteiu- aura prononcé « qu'il a voulu faire peur, et son mallieiir est de s'être chargé
(|u'on ue lût ses propositions (pie dans leur d'une cause où il en faut tant.
place naturelle ', » et que de les considérer en
Chapitre HnKMiKn
particulier c'est les tronquer, aussitôt il est ^
Propositions (lu ^uj(.l.
couvert de toute censure vit-on jamais une :

plus étrange imagination ? Ce prélat en a senti Quelque peine que je ressente de tant écrire
labsurdilé, et il ajoute « Je suis bien éloigné :
sur une malièie épuisée, cl dont le monde pa-
de i)rétendre que l'Eglise ne puisse pas, quand rait rebuté, je ne dois pas mépriser le moyen
elle le juge à prop;>s, condamner certaines pro- que l'on me présente de pousser à la dernière
positions d'un livre, (jui renferme plus sensi- évidence la démonstration des erreurs du livre
blement (pie les autres le venin de l'erreur. « des Maximes. S'il est vrai qu'on en ait cboisi les
Mais si ce n'est pas cela que vous prétendez, « principales propositions,» pour les confronter

qu'avez-vous donc à reprendre dans les extraits aux passages les plus exiirès, et qu'il nes'agisse.
des docteurs? qu'ont-ils voulu autre cbose, que comme dit l'auieur, que de « justitier cbaquo
de marquer les propositions où le venin se fai- proposition par une simple comparaison des
sait sentir ? On ne lit jamais autrement de cen- piolesdu même auteur avec cellesdessaints'; »
sure particulière, ni jiuidique, ni doctrinale, et le procès sera bientcjt fait, et le résultai sera
toutes les l)elles paroles sur l'unité d'un ou- clair car encore qu'on se prépare dans le nou-
:

viage s'en vont eu fumée. veau livre une espèce d'écliappaloiie, en disant
L'auteur t;\clie de se sauver en cette sorte : pour conclusion « qu'on n'a rapporté qu'une
« Je soutiens seulement cpi'on ne prend jamais très-|)etile partie des expressions des saints au-
en ligiRMUgrauuiiaticale certaines piopo.-i'i'UiS teurs pour en faire une espèce d'essai 2; • il ne
délacliées d'un livre, lorsqu'elles ne contieiment faut [loinl s'arrêter à celle exagération, puis-
(lu'iui langage ordinaire aux saints, cl qui est qu'un liomine d'un si bel esprit, et si attaché à
expli(]ué dans un sens très-contraire à l'erreur son livre, aura sans doute choisi ce qu'il avait
par tout le texte du livre même. » Quelle invo- de meilleur et de plus pressant jjour sa défense.
iution de discours? mais après tout, cela même H est vrai qu'on ne pourrait éviter beaucoup de
c'est la question cl si c'est assez de prétendre
;
longueur en exaiiiinant passage à passag.'. Mais
que « son langage est ordinaire aux saints, » il y a encore ici un expédient h prendre, pour
poin- le soustraire à toute censiu'e, l'auteur s'est ne tenir pas siui jugeiiient en suspens durant
préparé un beau moyen pour éluder non-seule- celle discus.Nion. l'arini ces pro|)Ositions princi-
meiit celle des docteurs, mais encore celle à pales, choisissons d'abord la principale de tou-
laquelle on doit croire qu'il est soumis. Savoir tes, celle du « sacrilice absolu, » et du « simple
nu reste, si son langage est le langage ordinaire ac(piiesceinent 5 sa juste coudamuation de la
des saints, c'est le sujet de ce livre. Du moins part de Dieu. » C'est dans celle proposition que
M. de Caud)rai ne dira pas, connue il a dit lau! se (luit trouver, selon .M. de Cauibiai, l'acte le
de fois, que c'est voidoir éloigner la décision plus parfait du christianisme, et selon nous, le
qu'on attend, (pic de ne le laisser pas parler le \enin le plus manifeste du livre. Commençons
dernier c'est dt-jà se coiitiediie soi-même, (pic
:
par là, sans préjudice du rôle (lu'on pourra voir
de ni'éaire lettres sur lettres, et en mcnie Iciiips dans la suite : c'est là, enencl,que tout aboutit;
me défendre d'y répondre mais après tout l'K- ; c'est là que l'on nous opp^s.- les passages les
plise mailresse va son train réglé: sans avoir plus aflreux. On est placé, (juand ou lit les vœux
i'rtoi. LcUrc, f. 7, ' l'rlnclp. prop., p. 3. — = là-, p. 136.
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 531

de tant de pieux auteurs pour l'enfer, et les les prenant à la lettre n'en fassent un mauvais
passages terribles, où, h quelque prix que soit, usage. »

ilsveulent être damnés. Voyons s'il est véritable, Mais qui a donné la liberté à M. l'archevêque
qu'ilne s'agisse, comme le déclare M. de Cam- de Cambrai de diminuer la force des expres-
brai à la tête de son livre, que d'une « simple sions des saints, si ce n'est qu'il trouve dans toti-
comparaison de ses parolesaveccelles dessaints. » tes ou dans la plupart un caractère manifeste

Mais d'abordil est réfuté par le titre de son li- d'exagération, qui nous mènerait « si loin au
vre même. « delà des bornes, » qu'il craint lui-même cet
excès, et sent bien le malheur où il tomberait,
Chapitre IL de prouver plus qu'il ne veut, sans le recours
nécessaire à de bénignes interprétations ? Slais
Réflexions sur le titre et sur le dessein du livre des Propo-
sitions. voici pour lui un autre embarras : car quelle
règle nous donuera-t-il pour fixer ces « lempé-
« Principales propositions justifiées par des « rainents » qu'il est contraint de chercher à la
« expressions plus fortes des saints auteurs. » déposition des témoins qu'il nous produit? et
Je demande pourquoi plus fortes que ne sont- : comment nous montrera-t-il qu'il n'est pas lui-
elles précises? c'est la justesse et la précision même de ces « mystiques indiscrets, qui, pre-
qu'il faudrait chercher, et à ne dire ni plus ni nant au pied de la lettre lesexpressionsdessaints,
moins que ce qu'il faut. Mais c'est là ce que en font un mauvais usage ' ? » car c'est là préci-
l'auteur n'ose nous promettre. Ainsi, dès son ti- sément de quoi on l'accuse. Lorsqu'il répète
tre, il sort de l'idée de la « simple comparaison » cent fois, que ces autein-s « sont bien moins pré-
qu'il avait promise, et il nous prépare à enten- « cautionnés » que lui, il ne veut pas dire par
dre quelque chose d'exagéré. « Son excuse, là, qu'il soitplus prudent, qu'il soit plus sage:
c'est, » dit-il i « que les ex|)ressions (des au-
, il veut dire, que ces saints auteurs ayant écrit
teurs qu'il cite) sont quelquefois exagératives, et avant les livres de Molinos, et des autres mysti-
qu'on ne doit pas les prendre au pied de la let- ques de nos jours, ont parlé, comme disait saint
tre. » Ce a quelquefois, » qui semble restrein- Augustin, des Pères qui ont écrit avant la nais,
dre la proposition, est étendu par ces paroles sancc ou avant la déclaration des hérésies,
de la même page par où commence le livre : « avec plus de sécurité » Securhisloquebautur,
:

« chaque proposition attaquée est beaucoup et que depuis, comme dit le même saint, il a
moms forte que celles des saints canonisés ou fallu prendre de nouvelles précautions que les
révérés de toute l'Eglise: » remarquez ces mots, Pères eux-mêmes auraient prises pour confon-
« chaque proposition, » où tout est compris; et dre de manifestes erreurs, s'ils avaient écrit avant
ces autres, beaucoup moins forte; » ce qui
« est qu'elles eussent si ouvertement et si dangereu-
entre si bien dans tout le système, qu'il est com- sement troublé l'Eglise Ut manifesta resistere-
:

pris dans le titre même, où l'on ne promet que turerrori.


des a expressions plus fortes des saints auteurs. » 11 faudra donc examiner, avant toutes choses,
C'est donc à dire, qu'on va ramasser dans les si l'auleur même ne s'est point trop laissé frap-
livres ce qu'il y a de plus poussé, de plus exces- per à ces exagérations contre lesquelles il nous
sif, pourencomposerunsystème: celaest-iljustc? met eu garde ne s'en est point servi trop
; s'il

Mais ce qu'ajoute l'auteur à la conclusion, où il « à la lettre, » et à la manière outrée des nou-

ramasse les idées de tout son livre, est encore veaux mysliciues; si par conséquent il n'est
plus surprenant. point de ceux contre lesquels il faut encore se
Ce petit recueil suffit, » dit-il 2, « pour mon-
« précaiilionner et si ce qu'il appelle des précau-
;

trer que les phis fortes cx|)ressions de mon livre tions ou des correctifs, n'est pas plutôt une fai-

le sont « beaucoup moins » que celles de ces ble mitigation, colorée ou de gran-
palliative,

maîtres de la vie spirituelle » Lisons encore :


des erreurs. Il ne faut point se fâcher de ces
« Il y a même dans les passages que |'ai rappor- expressions, qui sont nécessaires à expllipier

tés, beaucoup de choses que le lecteur ne doit précisément la dilliculté et (|iioi qu'il en soit, :

pas prendre « au pied de la lettre, » tant elles on ne doit point oublier que dès le premier pas,
iraient loin au delà des bornes « d'où il conclut, : et dans son litre, l'auteur du nouveau système
ses propositions, loin d'être si fortes que est sorti du dessein de la simple comparaison
»
que 'i ><

les passages aux(|uels il les compare, en sont qu'il nous avait luoposéu, puistpril estionlrainl
des espèces d'explications pour les tein|iérer; d'avouer que tnule.st plein d'exagération ilans

et pour empêcher que les mystiques indiscrets les paroles rpi'il cite.
' l'riiiclii. prop.. p. 3, — ' Ib., p. IJD. ' Vriiicip. l'iop. p. lu^j.

»
2:»-2 LES PASSAGKS F.CL.WRCIS.

Chapithk III. moi (lu livre de vie '. » El ainsi la condition im-
possible n'est point énonct'edans leurs di.scours.
HJjjIc pour juger des expression» ex.ig<!rativcs.
Néanmoins siiint Cbrysosiume 2, c'est-à-dire le
On nous rojcicz dans la discussion
ilini: Voiis
plus grand auleiir en celle matière, l'a soii.s-en-
[u'-iiilili; cnihanassanle que vous luoniclliez
L-l
tendiie : a Saint l'aul, j. dit-il, « se dév(juait
d'(\ilfr. Vous nous mouliez bien, par l'auteur, pour les Juifs, et voulait être anallième, .s'il était
(|ii'il s'est sei"vi de passages exafiéralifs;
mais il
pos.sible.» Ui même raison oblige d'en dire au-
laiidrait une règle pour l)ien entendre ce qu'il tant de .Moïse, (pii n'a pas moins vu que saint
en l'aut raliallre. Il est vrai et l'auteur du nou- ;
l'aul rimpo.ssibilité de sa ilitnaude.
veau sjstème, ipii met le fort de sa cause dans JI' principe. —
L'impossibililé dont il s'agit
des passages d'une manifeste exagération, dc- n'est pas celle qu'on lediercbe dans des spécu-
v;iil donner celle règle aulreuienl il se rend le
:
lations a! straites et mélaplijsiijues mais celle ,

mailre de |»ous.ser ou de leu)pércr h sa fantaisie qui est révélée de Dieu selon ce que dit saint ,

les ex|)ressii)ns excessives, et il compose un sys- l'aul, que Dieu allermit noire salut « par deux
tème arbitraire. .Mais ce qu'il n'a pas voidu ou " choses selon les(|uelles il est impossible que
qu'il n'a pu faire, je vais le faire pour lui.
Voici
« Uieu mente » Quibus ivipossibile est mentiri
:

la règle ;
Deum i. » Le même .\p(jtre établit encore dan
Toutes les fois qu'on fait avancer h ceux (pi'oii
le même chapitre cette impossibilité, en disant :

siq)pose saints des impiélés, des blasplièiues, de « Dieu n'est jtas injuste, pour oublier vos bon-
manifestes erreurs contre le fondement de la foi, • nés œuvres ». » Ainsi, l'im possibilité dont i|

iilaul croire (juc c'est exagération, et en rabat- s'agit est de la foi. H est impossible que Dieu soit
Irece qui nMifermcrerreur ou ce qui y conduit. « menteur; « il est impossible (pie Dieu soit

La règle est siuqile autant que sûre autrement :


« injuste ; » il est impossible ni d'èlie daiiiné, ni
on ferait les saints téméraires, blaspiiémaleurs, de croire (pi'on le scni en voulant bien faire, à
crranls conlre les principes de la foi , ce ijui est
moins de renoncer à la foi.
iuq)ie et contradieloire. ni' principe. — De là il s'ensuit que les
Je me confie en Notrc-Seigncur que la seule , saints (pii ont fait un tel sacrifice, comme on le
proposition de celle règle connnenceà ouvrir les suppose de .Moïse et de saint l'aul, l'ont lait avec
veux d'un sage lecteur sur la plupart des passa- une " pleine sécurité » qu'il n'en serait rien et
ges du nouveau système. Et lorsiju'il entend les qu'il n'en pouvait rien être. Ce sont les paroles
saints ou les pieux spirituels par exemple une ,
de saint .\uguslin sur .Moïse Securus hoc dixit : ;

bicnlieureuse Angèle de l'oiigni, un saint l'ran- et l'iiii|)Ossibililé en était révélée de Dieu.


(,ois de Sales, un Louis de Blois si l'on veut, un ;
Ce que saint .Viigiistin a dit de .Moïse, le Véné-
F. Laurent el les autres, ne parier ipie de déses- rable Uède rappli(pie à saint l'aul. Moïse savait
i)oir liiirrible, el tout enseud)!e vouloir aimer, qu'il ne serait point effacé du livre de vie saint :

faire pénitence, continuer à servir Ilieu juMpi'fi l'aul savait (lu'il ne serait iioiiil anallième
la lin, i)endant qu'ils se cruient damnés ou le 1\' principe. —
Selon ces [tiincipes, la béati-
voulant èlrc, on voit bien cpie un transport e'esl tude éternelle n'a jamais été arrachée du cœur
(pii inporle une vi.sible exagération. Mais, pour
( de ces deux grands sainis, pas mèinc lorsqu'ils
ici reclilier toutes ses idées et n'en
prendre que semblaient y renoncer pour la gloire de Dieu et
de cerliiiiu's, je (humerai (juebpies principes de pour le sjiliit de leurs frères.
solulioii à tous ces passages, évidcnnncnt dérivés T' principe. Il est révélé de Dieu (jue la clia-
de celte règle. rilé n'est jiasune simple bienveillance (pii ne
Chapitre IV. serait pas réciproque, mais un amour d'ami h
Sept principes gdn^raux de solution lire» do la rople précé- ami ce (jui (îst fondé sur ce que tout amour est
:

ilciilo et de l'aulorilé des saint». essentiellement unitif, ou plutôt c'est l'union


/" principe. — Le .sncriliec du s;dut n'a été même de celui qui aime avec son objet; la- ,

propo^é par aucun des saints (pie sous condition quelle, par coiisé(|uent, doit être présupposée
cl par supposition im[>ossible exprimée ou sous.
(lans tout acte de charité , tel qu'était celui du
ciileudue. La preuve en est claire par les exem- Moïse et de .saint l'aul.

ples du dévoucuient de Moi.sc et de raiiatbème


y 1^ principe. — Cela élanl, on peut bien con-
de sailli l'aul, (pii sont les deux seuls qu'on allè- clure, de ces suiipositioiis im|)ossibles, (jue la

gue en ce sujet, ils parlent lousdeiLX absolument- charité pourrait avoirun motif plus haut, pour
« Je voulais être anallième, » dit saint l'aul '. aimer Dieu, que celui de sa bouté bienfaisante
« .Si vous ne pardonnez pas à ce peuple, ellacez- I
/,j </ . A XII, 3J. — lloin. 10, 17, 1,1 lif.adliom. — > Utlr.,
AtfM., IX, X »l, 19. — « /6., 10.
— ,

LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 233

envers nous et de notre béatitude : ce motif sera vait la prière des saints devant lui, puisque
l'excellence de la nature divine. Mais elles ne 3Ioïse, « assuré de sa justice, » qui « ne pouvait »
font pas voir que ces motifs soient séparables, en pas l'effacer du livre de vie : Securus dejustitia
quoi consiste l'erreur du nouveau système. Dei, quœeum non posset, obtint de sa mi-
delere
fil" principe. Cette manière de dévouer— séricorde qu'il pardonnât à ceux qu'il pouvait en
son salut quand on sait avec pleine sécurité effacer avec justice. On voit toujours cette pieuse
qu'on ne le peut perdre, mais qu'on l'assure sécuiité de Moïse, qui entendait parfaitement ce
plutôt par un si grand acte, est un transport, un que la justicede Dieu rendait impossible. Il parle
excès que de saints auteurs ont appelé une sage dans le même sens sur le psaume Lxxvn, oii il
et amoureuse folie, à cause qu'un si beau trans- suppose toujours que Dieu, « ne pouvant » en
port était au-dessus de toute raison et le pui" aucune sorte de vie, se porterait
l'ôter du livre
fruit d'un amom- qui n'a point de bornes. par sa miséricorde à y laisser ceux qu'il pouvait
priver de celle grâce K
Chapitre V.
Autorités des saints Pères pour les sept principes précédents.
La tradition de cette sécurité ])araît encore par
les passages des autres Pères, que j'ai rapportés
Quoique la malière de ces
j'aie traité à fond ailleurs 2; et, pour ne pas oublier
auteurs les
sept principes en divers endroits, et que j'ai rap-
mystiques, je produirai Denis le Chartreux, qui,
porté au long les passages qui les établissent ' , se conformant, comme il le déclare, à saint Au-
il estde telle importance que le lecteur ne puisse
gustin, a parlédans le même esprit; et l'abrégé
douter de cette tradition, que je la remets encore de son interprétation est dans ces paroles « De :

ime fois sous ses yeux. même, » dit-il 3, « Seigneiu', quejesuiscerlain »


Je commence par ces paroles de saint Augus- que vous ne m'effacerez point du livre de vie, je
tin 2 Quand Moïse a dit 3 « Effacez-moi du li-
: :
demande d'être assuré que vous pardoimerez le
« vre de vie, avec une pleine sécurité
» il l'a dit :
péché de votre peuple. C'est ce qu'il fait dire à
Securus hoc pour conclm'e que, ne devant
dixit, Moïse ; et
il fait dire aussi à saint Paul « De :

point arriver qu'il fût effacé du livre de vie même. Seigneur Jésus, que je suis certain
Dieu remettrait au peuple le pécbé qu'il avait que vous ne permettrez pas que je sois séparé de
commis. » vous, je demande d'être certifié de la conversion
En un autre endroit « Avec quelle sécu- '*
: des Juifs » Conformément à celte doctrine, si
'i.

rité a-t-il dit ces mots « Effacez-moi du livre : constante dans toute l'Eglise et dans tous les
« de vie! » Qitam securus hoc dixit! considérant temps, saint Cbrysostoine oppose toujours à l'a-
la justice et la miséricordede Dieu, alinqu'élaiit nalhème de saint Paul la condiliou, « s'il était
bien certain qu'iui Dieu si juste ne perdrait pas possible : » ce qui lui a fait lirer celle consé-
un innocent , sa miséricorde sauvût les |)é- quence que j'ai remarquée , (ju'il savait au fond
cbcurs. » de sou cœur que Dieu, loui de le baimir de sa
Suint Augustin ne parle pas ici que de Moïse ; présence, lui assurait d'autant plus sou éternelle
mais comme l'analhème de saint Paul, dans le union, qu'il semblait en (pielque l'aeou l'abaii-
chap. IX aux Romains, s'oxpli(iue de la mOiiic douner pour l'amour de lui.
sorte et par le même priiicii)e, le Vénérahlo J'ai aussi ra|iportê ailleius deux |)assages de ce

liède y ai)plique aussi la même solution et jl '•>,


Père, dans l'un desquels il dil, « (pTil ^a^ait Irès-
prend de saint Augustin les passages qu'on bien » qu'il no serait point analbèuie «; » et dans
va entendre. L'un est tiré du Traité sur le l'autre 7, ipie (piand il a dit, ipie « ni les anges,
psaume cv, et sur ce verset *"'
: Si non Moijses ste- * ni les dulres |)uissauces ne le pounaieul .H'pa-
lissel in confruclione etc. Objecit semetipsum pro « rer d'avec Jésiis-Clnist 8, » ce n'était pas (pie
eis, dicens peccatum, dimitte; si
: Sidimitlis illis ces puissances voulussent tenter de l'en séparer_
non, dele me delibro luo. llbi demonstratiim est, ce ipràDieune plaise; mais pour montrer l'excès
inlercessio sanctorum quauluin pro illis valeal de son amour, » connue nous l'avons enlentlu.
apud Dcuni. Securus euim Moijscs dejusliliu Dei, Laiiteiu' du iu)uveau s\slèine ne veut en-
qwe eum ilelcre non jiosset, impetiavit niisciicoi- tendre ces passages de saint Chrysoslome déjà ,

(/(«?)(, ne itlos quos jusle possct , deleret : Moïse lanldefoisprodiiils, ni eeu\ ipiej'ai rapporlésde
s'oppose pour eux à la colère de Dieu, eu lui di- sain! jîeniard sur les excès de la .sainte E|)oiise,
sant :vous ne voulez pas leur pardonner ,
« Si qui ne se possède plus, enivrée dans le cellier
clVatx'Z-moi de votie livre. »Uii [jarntce {pie |iou-

— ' /» lisal. I.XKTII, n. 22— ' Qiiirl. reJ-, S«t. &, en/». 2. — ' In
I(i|). i quitra IcUreifOtc; ScM. in Ul., q. 12, part, I, orl. V. Bpisl. iid Jiom. ix. — ' lloin. 16 in Episi. od Rom liom 4 in /i>n,
J Qwril. in Biod. cxLvIi. t. III. —
' End., xiU, 32. — « Serin. !>».
n./ l'hilip. — > litp A ,|ii,urc kllrc.. ' llom lU m
.

iipul.mdi(iim-
.ai, t. 7 '•
Jncap. IX ad Uom.—" Aug. inpsttl.,cv, ii.2l, t. IV, — ' Iluni. 1!), ;ub fin. — » Jllm., vm, *).
est LES PASSAGES riCLAÎRCIS,

(le l'Erioux, et y oubliant « tout cefin'elle sem- de Jésus-Christ pour ses frères qui lui étaient
a Liait avoir de raison, de conseil et de jiifîc- unis |)ar le .<ang, l'exemple du Sau-
voulant |)ar
« ment '; » ni res paroles expresses du xYnérablc veur, se donner en échange pour le salut de
Guillaume de s;iint Tliicni son conlcmporain tous; quoiqu'il sût bien qu'il était impossible
cl riiislorien de sa vie ': « Ecoulez nnc sainte d'élre séparéde Dieu, en s'avançanl par sagrûcc
folie « Si nous excédons dans notre esprit, c'est
: et pour l'amour de lui-même à la plus parfaite
pour Dieu. » Voulez-vous entendre une autre fo- pratii|ue du commandement, cl même que par
lie? « EfTacez-nioi du li\redc vie. » En voulez- ce mo\en il devait recevoir !)eaucoup plus qu'il
vous encore une autre? écoidez rAp(')lre; « Je ne doimait » .\insi, selon saint Basile aussi
'.

désirerais élre analliéuie. » C'est l'ivresse des bien (]uc selon saint Chrysoslome, loin que
apôtres remplis du Sainl-Espril; c'est la folie qui Moïse et saint Paid aient laissé aiïaiblir en eux
lait dire h Eestus : « Paul, vous èles insensé, le désir de leur union avec Dieu, ils sentirent
« vous cxtravaf^uez. » J'ai cité déjà i)lusieurs au contraire qu'elle n'en serait que plus grande
fois ces autorités 3 dans les livres contre lesquels par leur abandon.
on a publié des réponses; et la marque bien as-
Chapitre VL
surée qu'on n"a rien à dire, c'est qu'en effet on
Deux autres principes.
n'en parle non plus, que si ces autorités n'appar-
tenaient pas h la question, au lieu qu'elles le dé- VII!' principe. — Pour exciter sa paresse, el

cident; mais, comme si on y avait répondu, on s'encourager à courir dans la c<irrière, on peut,
continue de me prépai er un mauvais procès sur en se proposant princiiialcmenl la gloire de
les pieux excès, sur les pieuses folies, en répé- Dieu, agir aussi en vue de la récompense: cl c'est

tant ces mots à toutes les pages, comme s'ils ce qu'a David en disant: « J'ai porlé mon
fait

étaient condamnables. « cœur à accomplir vos justices, à cause de la ré-


On me fait acci'oirc ([ue j'établis ces excès « compense -; » et Moïse, dont .saint PanI écrit,
d'amour contre la raison d'aimer, encore que qu'en mépri.sant les richesses et la gloire de Pha-
raon, il regardait à la récompense: » Aupicie-
j'aie dit très-expressément, (|u'on y est poussé
1

par la perIVclion de la nalme divine, connue bat etiim in remunerationem s. C'est l'expresse
par un molil iirincipal d'amour et encore que ''; délinition du concile de Trente *, qui montre
dans le fond il n'> ait rien de plus naturel à l'a- dans les plus parfaits le motif subordonné delà
mour que de s'élever aulaiit qu'on le peut au- récomiiense, uni au parfait et principal motitdc
dessus de toute raison pour ne consiilter que la charité.

son cœur. / V principe. — Quand donc on entend dire à


Pour la vertu d'union qui est dans l'amour, des Ames que pour s'encourager h ser-
saintes,
j'en ai tant parlé ailleurs, (pi'il ne me reste îi re- vir Dieu, et poiu' exciter le fond de la langueur
marquer que ce principe de saint Augustin 5; que nous portons en nous-mêmes jusqu'à la
« Qui(le!<t nmor, nisi quœdiim vita diio uU(jHa co- mort, il ne leur sert à rien de regarder à la ré-
jntlaiis, vtl copulnre n]i]u'leiis, amanlem sciliccl, compense, ou bien qu'elles ne se soucient ni d'ê-
et quodanuilur? Qu'est-ce, que l'amour,
« dit-il, tre sauvées, ni d'èlre damnées, mais de la seule
si ce n'est une vie qui unit deux choses, ou qui gloire de Dieu, ou autres choses semblables; si
désire de les unir? de sorte qu'imaginer de l'a-» on poussait .eius expressions à la lettre, on fe-
mour où consente dans
le fond d'èlre dé-
l'on rait ces ftmes plus parlailes que les plus parfaits,
suni, sans se posséder l'un l'autre, c'est vouloir et on conlrciiirail ou>erlemeiit le saint concile.
61er h l'amour sa propre nature. C'est de là que Ces neufs principes conlicnnent si bien la claire
vient celle doctrine miaiiime de toute l'Ecole, résolulion de tous ces pa.ss;iges, que les esprits
qui, comme nous avons dit «, ne connaît de nu peu exercés les pourraient expliipicr d'eux-
vraie charité que dans l'amitié réciprotiue. mêmes: mais pour eu faciliter l'expliciition, il
ADDITION. faut, selon le projet, rapporter les propositions,
el y comparer les passages.
t Le de Dieu Moïse (il paraître
fidèle .serviteur
«ne grande charité pour ses frères, qu'il choi-
si ClIAPITRK VU.
sit d'être eflacédu livre de Dieu où \l était écrit, Proposition du nouveau syilL-me,e( rénexioni.
si le péché du peuple ne lui était pardonné. Et
i. Proposition sur l'abandon: que Dieu n'y
saint Paid ns\ désirer d'être analhème ou .séparé
fait voiraucune ressource, ni aucune espérance
' Ji% Cunf , vm 7.7J, 7.», ubi sUj». — ' Ot nul, et dig. itmor,, à l'inlérôt pro|)re môme éternel. {Max., p. 73.)
t. 3, n. 6, inicr '>p. S Ueni., t. 11. — > Rjp.l qutt. lolt, Schol. m
m
;

lui. — Rép. & r|M«l.lctl.— »0« Triiil., I. Tiii.ctp. ult., n. U, t 8 ' s lu*., Rrj./ut . initrroj 3. — :
l', . Mtiii, — >lliU.
— Ci-dciiu», t. i- X', ao. — «Scj». 6, U.
.

LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 235

2. Que les sacrifices des âmes désintéressées sespéré, loin de consentira sa juste condamna-
sont d'ordinaire conditionnels, mais que celui- tion, l'on y oppose au contraire la miséricorde
ci est absolu. (P. 86, 90). qui en empêche l'effet '. »

3. Que le cas qui paraissait impossible dans le Il donc |)lus clair que le jom- que l'ac-
est
sacrifice conditionnel, parait alors possible et ac- quiescement simple dont il s'agit en ce lieu,
tuellement réel. (P. 90). n'est autre chose qu'un consenlement à sa dam-
1. Que l'âme est invinciblement persuadée, nation; c'est aussi ce qu'on appelle le sacrifice
d'une persuasion réfléchie, qu'elle est justement absolu : et quand après on avoue que dans cet
réprouvée de Dieu. (P. 8). acte consiste la délivrance de l'âme persécutée
5. Que la conviction en est invincible. (Ibid)- de la tentation du désespoir, on avoue une ten-
6. Que l'âme est incapable de tout raisonne- tation, et encore une tentation aussi mortelle
ment, et ainsi qu'il n'est pas question de lui pro- que celle du désespoir à laquelle le vrai remède
poser le dogme de la foi, ni de raisonner avec est d'y succomber.
elle. (P. 88, 90). Ces deux seules propositions renferment le
7. Que l'âme est alors divisée d'avec elle- venin de toutes les autres, et même de tout le
même, et qu'elle expire avec Jésus-Christ, en système. On ne peut pas dire que les dix propo-
disant: Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'avez- sitions sur les(]ueIlos il roule puissent être sau-
vous abandonné ? (P. 90) vées, en disant qu'elles sont e.xagératives, puis-
8. Que cette division consiste à faire le sacri- qu'on a promis dans le livre toute la rigueur
fice absolu de son inlérôt propre pour l'étcrnilé liiéologique. D'autre part, toutes précises qu'el-

et à regarder le cas impossible comme réel et les sont dans l'intention de l'auteur, elles pas-
actuel. sent ce qu'il y a de plus excessif dans les autori-
9. Que l'âme fait en cet état, avec le consen- tés qu'il veut mettre en comparaison avec elles.

lement de son directeur, un acquiescement sim- Ainsi, loin de tempérer les sentiments des saints,

ple à la perte de son intérêt propre, c'est-à- comme l'auteur nous le promet, on va voir (jue

dire, comme on vient de voir, del'intérêt propre ces propositions sont poussées beaucoup au-
même éternel, de l'intérêt propre pour l'éter- delà de ce qu'il y a de plus outré dans les pas-
nité, et cl la juste condamnation où l'on croit
sages.
Chapitre VIII.
être de la part de Dieu. {P. 91).
Auteurs allégués en conrirmatioii des propositions du nou-
10. Que c'est par cet acquiescement que l'àmc
veau système.
est délivrée, de sorte que sa délivrance dans
cette tentation, qui est celle du désespoir, con- Notre dessein nous renferme dans les passa-

siste à y succomber. (P. 92). ges que l'on allègue pour juslifier les excès du
Au reste, « l'acquiescement simple à sa juste nouveau système sur les épreuves, et sur les sup-
« condamnation de la part de Dieu, » n'est rien positions impossibles. On les peut considérer on

de moins ici que l'accjnicscement simple à sa dans ceux qui les ont mis acluellemeiil eu pia-
damnation éternelle, que l'âme qu'on intiotluit lique, ou dans ceux qui les considèrent par pure

croit mériter par ses crimes, sans y avoir au- spéculation. Nous Iraiterons à part ces deux sor-
tes d'autorités, et nous allons commencer par
cune ressource.
C'est en vain que l'auteur répond *, que cet ac- les premières, qui sont les plus fortes.
quiescement n'est autre chose h cette âme, Premier auteur : La bienheureuse Angéle de Koligni.

qu'une sincère reconnaissance qu'elle mérite I' passage. « Je cria i, dans — la doulem- la

d'être damnée: car, sans parler encore des au- plus amère Seigneur! (juoiqueje
: sois damnées
tres raisons, on n'a |)as besoin d'un avis parti- je ferai néanmoins pénitence'*. »

culier de son directeur pour reconnaître (jn'on //"' iHissayi'. — « En me voyant damnée,
je ne
mérite d'être danmé : c'est un acte de tous les me soucie nullement île ma tlaumalion, parce
moments, qui ne |)résu|)i)ose (|ue la persuasion que je me soucie et m'afUige bien plus d'avoir
(|u'on esten péché murlel, où le directeur n'in- offensé mon Créaleiu'^. »

tervient pas. Celle hninble rceouuaissance n'est lll" passaijc. — « Si je savais très-cerlainemcnt
pas aussi un acte qu'on « laisse faire » seule- (juc je serais daiimée, je ne pouriais en amiine
ment; c'est un acte que l'on conseille positive- la(;on en être allligée; je n'en travaillerais ni
ment, pourvu (in'il soit accompagné de la con- n'en ferais i)as moins oraison, ni n'en servirais
fiance (jui fait demander pardon. Mais alors pas moins Dieu tant j'ai conq)ris sa justesse et
:

B loin (l'acquiescer à sa perle, ce qui est d'un dé- ladroiture de ses jugenienis ''. »
sur loqui. sec. a,— > l'rincip. proi' |'«S **•
-• /.
I
< Mi'i- l.cllri- It .M .II- Mcunx, y :.. Ucux.Lcllro cil rtp. 4 ccilo
1
Itcl t., 7, ii

de M. do Mcaux à quatre lettres, p. ïl. f.


01. — < n., !.. IÎ3,
23B LES PASSAGES F;CLAIKCIS.

IV' passnqe. — « Priez la justice de Dieu que si amèrement, qu'il n'y a en eux que malice? Ce
celle idole loiiibe cl se brise, pour lu.inilesler n'e>t là au fond qu'une explication de ce que di-
ses œuvres diaboliques cl ses ineiisonjies, elc. Je s,iit le .s;nnl .Vpôlre « Je ne trouve point de bien
:

Itrie le Fils de Dieu, que je n'ose nomtiier, que " en moi', > c'est-à-dire dans ma chair, dans

s'il ne nie iiianiresle |)()int par lui-inènic, il le ma convoili.se et un peu ajirès « Je ne fais pas
; :

fasse par la lerre et fiu'ellc m'engloulissc, afin « le bien que je veux, mais je fais le mal que je

que je serve d'exemple '. » « ne veux pas' ;n ce qui n'empêche i)as qu'on
y- passage. — « Sei;.'nciir, si vous devez me dise avec une entière confiance « .Mdlieureux :

précipiter dans rai)iuie, ne lardez mais pas, a honnne que je suis !» et < Qui me délivrera? :

iailes-le soudainement; et piiisipie vous m'avez a la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Sei-

abandoimée, achevez, et jelez-moi dans ce^ a gneur '. »

abiineî. » Une si l'espérance même semble s'éclipser,


lU'pouse. — Il n'en faut i)as davantage pour c'est encore ce que disait le même siunt Paul :

voir qu'elle i)arle avec transport, avec excès, Contra spem, in spem « en esi>crance, contre ;

avecexaf^ératioii, et à la rigueur contre la règle « l'espérance'. » Après cela, il ne reste plus de

(|ui défend d'attribuer aux funes simples des sen- difficulté; et il serait même inutile de produire
timents impies. Klie parle donc avec une jjleine les autiesaideurs.qui sont tons ré.solus en celui-

sécurité, (]u'il n'en était rien et qu'il n'en pouvail ci, s'il ne fallait montrer une fois combien de

rien être, et loujoiu's en présupposant la condi- riens on lâche de faire valoir.


tion impossible. Voilà une claire résolution par
Deuxième auteur : saint François do S:il« : Vie de co saint pir M.
les |)rincipcs po.^és'.
PéTC- luo d'Kïrenx.
Au reste, il ne faut point
de raisonnement. ici

Car, que l'on fas.se pénitence f par le ])rcmier pas-


sage); que l'on continue l'oraison la plus par-
I" passage. — dans les der-
« 11 fallut enfin
nières presses d'un rude tourment, en venir à
.si

faite et toujours à servir Dieu (par le troisième) :


cette terrible résolulion, que puisqn'en l'autre
que l'on fas.se un acte parlait de contrition, et
vie il devait être privé pour jamais de voir el
que l'on veuille le faire et le continuer (par le
d'aimer un Dieu si digne d'être aimé, il voulait
second), en croyant avec cela être damnée, et
au moins, pendant (ju'il sei ait sur la terre, faire
s;msvoir très-certainement (]u'il n'en peut rien
tout son possible poiu' l'aimer de toutes les forces
être, ce seiait évidemment l)laspliémcr : et atlri.
de son àme, et dans toute l'éleudue de ses affec-
l)uer sentiments à une personne qu'on
de tels
tions... Le démon vaincu pai- un acte d'amour
appelle bienbetueuse, ce serait non-.seulement
si désinlére.Siié lui céda la victoire i. »
lui attribuer ce que la règledélend de penser des
âmes saintes, maisencore être .soi-même visible-
11° passage. —
« Il a porté dans sa jeunesse

un aisse/ long teuq)S, une impression de répro-


mentdanslerreur.KlIe ne veut rien moinsqu'élrc
balioii«. ij

damnée, quel(]ues paroles


fa.sse dire; et tout ceci
ipie
ne peut
le transjiort lui

èti'e (iU(; de ces


liqiinise. — Il a porté cet état, il a piis la ré-
solulion en cessant il'aimer dans la vie future,
excès, de ces que M. de Cam-
amoureuses folles,
« d'aimer toujours » dans celle-ci; mais il a fait
brai irprcnd cent fois, sans jamais répoudre une
'ont cela avec une pleine .secinité qu'il n'en se-
seule fois aux jiassages exprès ipi'on lui a pro-
rait rien, il l'ii fjiit par un de ces ['lieux excès que
duits', ni faire mème.send)laul de les voir.
nous avons tant ex|)li(i(iés; je l'avoue autre- :

Après cela, il est imitile de rapporter toutes


ment, c'est le faire blasphémer; et en approu-
les terribles exagérations cpie l'auteur .se donne
vaid son blasphème, blasphémer soi-même.
la |)eine de transcrire ^, conune |)our étourdir
Ce (|ui éloime dans l'aideur du nouveau .systè-
les lecteurs, et elfiajer ceux (jui ne savent pas
me, c'est (pi'il ose dire que .saint François de
que ce sont là des transports d'une àme qui se
Sales, aussi bien (|ue IJlosius et les autres, dans
sent toute pénétrée de la corruption que notre
de semblables épi cuves, « .sont bien éloigne.i de
nature |iorttMlans son .sein depuis le péché.
« celle pleine sécmité^; » mais c'est coml)atlre
Quant aux violentes
à ce (pi'on croit consentir
ouvertement les principes des .stints; c'est faire
tentalions, nous verrons bientôt ce que c'est ei ;

de la piété une forcenée qui dé.<cspère de son sa-


je ne veux parler ici (|ue du désespoir, qui n'est
lut, que de lui ôter l'assinanceipie cette sortcde
manifestement (m'i'xagéralion.
danination ne peut pasêlie. On peut voir cette
Que sert doue de remplir un livre des pa.s.sages
où lu bienheureuse et tant d'uulres se plaignent
' flom., vil, 19. —>/»., 19. » 7^,34,86. — < /*., I»,
1» — _
I
/(.., 60,01. — J /i, p. 61.— > Cl-losau». r. 4. Triiir,, p.!. 2, 3. > Princ.pr., p. 45. —
• Princip. prop.. p. 53. ' Deiii. Ixllrc en —
— ' Ci-J«s»u», c. 6. — > l'rincip. prop., p. 49, H, 61, clc. rrp. à rolic de M
de Meaux à quattrc lettre*, p. (60.
.
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 237

verilé expliquée ù fond dans un autre endroiti ; Chapitre IX.


mais ceci suffit. Sur le désir de cacher à Dieu ce qu'on fait pour lui.

Troisième auteur F. Laurent.


:
Pourquoi ce désir ? Pouraimer Dieu purement
Nous verrons donc encore paraître le frère et sans récompense? ne le peut-on sans cela, et
Laurent, qu'on a expliqué si clairement et tant sans faire Dieu aveugle? On le peut sans doute,
de fois. « Il s'était toujoursgouverné parainour, mais c'est là, dit-on, lemoyen de faire connaitre
sans aucun autre intérêt, sans se soucier s'il se- la pure'é de son amour. A qui le faire connaî-

rait damné, ou s'il serait sauvé ?. » tre ?à Dieu ou à vous? Ce n'est pas à Dieu, qu'on

« Il avait une très-grande peine d'esprit, suppose n'en rien savoir c'est donc à vous pour : :

croyant certainement qu'il était damné. Tous vous donner le plaisir de- connaître que vous ai-
les hommes du monde ne lui auraient pas ôtê mez purement, vous le voulez ùter à Dieu. C'est
cetteopinion.... Cette peine lui avait duré quatre donc vous que vous regardez et non pas lui. Quoi i

Depuis il ne songeait ni à paradis ni à en- si vous ne supposez desabsurdités, Dieu ne saura


ans....
fer. Toute sa vie n'était qu'un libertinage et une pas que vous l'aimez purement? bon gré, mal
réjouissance continuollc. » gré, il faut bien entendre dans ce discours les

Cette autorité est si importante, qu'on la répète saintes folies, le saint enivrement de l'amour.

jusqu'à trois fois 7, tant on y a de confiance on ;


Chapitre X.
y ajoute « qu'il avait quelquefois désiré de pou-
:

Sur l'acquiescement simple passage de saint François


voir cacher à Dieu ce qu'ilfaisaitpom'son amour, :

de Sales, et réflcxluns.
afin que n'en recevant point de récompense, il
eût le plaisir de faire quelque chose purement L'embarras du nouveau système parait prin-
pour Dieu. » cipalement dans l'acquiescement simple, avec le
Réponse. —
Elle n'a qu'un mot l'excès, l'exa- :
consentement d'un directeur, à la « perte de l'iu-
gération sortent partout dans les paroles de ce « térét propre, » et, ce qui est encore plus clair,
bon religieux il croyait êtredanmc, sans perdre
;
à sa « juste condamnation de la part de Dieu, »
pourtant cette « pleine sécurité » dont nousavons que croit mériter une àme qui se regarde invin-
tant parlé aprèsles saints Pères ; tout est fini par ciblement comme criminelle; ce qui emporte
cette réponse. nécessairement la damnation. Pour parer ce
Mais que veu dans le fond, sur le pa-
t-il dire, coup, l'auteur a recours à saint François de Sa-
radis etsur l'enfer, dont il ne se soucie point? un
les, et, dit-il', le « terme » d'acquiescement
autre mot leva expliquer. Il ne s'en soucie point simple « est préci.séiuent celui dont saint Fran-
du tout, et cela ne lui sert de rien; à Dieu ne çois de Sales se sert pour ces occasions. » « Pré-
plaise; c'est se déclarer supérieur à David et à « cisément, » c'est tout dire; mais examinons
Moïse, aussi bien qu'à saint Paul qui l'a loué*. ces passages.
Il ne s'en soucie point, pour s'en occuper uni-
/" passage. — « Entre tous les essais de l'a-
quement, principalement, finalement; c'est ce mour parfait, celui (pii se fait [lar l'acquiesce-
qu'il veut dire, et il sent qu'il .se faudrait oiihlier ment de l'esprit aux trihulatious spirituelles,
soi-même, plutôt que d'oublier Dieu, qui lui est estsans doute le plus fin et le plus relevé. »
plus cher que lui-même. C'est ce qui n'est pas Ucpouse. —
La proposition de l'auteur re-
en dispute et tout ce qui est au-delà ne peut cire
;
garde l'acquiescement à la « juste condamna-
pris à la lettre sans nue erreur insensée. « Sa vie, « tion de la |)ail de Dieu ^ : » le passage pro-
dit-il, est un libertinage et une réjouissance per- duit pour la .soutenir regarde « racquioscemeiit
pétuelle; » sans iuipiiélude, sans trouble, il est « pour la trihulatioii spirituelle : » deux choses
plus fibre, il est plus content que tous les lioni- très-dilléientes : c'est ainsi que l'auteur est
mesdu monde. précis.
Au reste, quelque excessifs que soient ces pas- Il" passage. — Il ne reste plus à l'âme « (jue
sages, je n'y vois point, non plus que dans les la suprême pointe d'es[)rit, huiuelle alta-
line
autres, le sacrifice absolu ni l'impusssihle réa-
chéc au cœur et bon plaisir île Dieu, dit par iiu
lisé, ni l'absolue incapaiiléde raisonner, ni l'ac- très-simple ac(piie.scement : Père éternel !

quiescement sim[)le à sa juste coiidauiiialiou, ni mais toutefois ma volonté ne soit pas faite, mais
les autres expressions ([iii font voir le dérègle- la votre '. »
ment du nouveau système, où l'on enchérit sur liciHinse. — Le sens est : « Père éleriiel !

les expressions les phis exagératives. je voudrais bien être quitte de celte privation
des consolations et do cette peine accablante :
I
Trois Kcrit, ij, im; — ' Princi).. |.roii. ji. 45. — ' /!., p. 53, (

• (.i-dohsus, c I» >
cl 0, itrincip. I
rrliicii>. 1
1. |os , p. 63. 10., - • /«., p. M.
238 LES PASSAGFS KCf.AlHCIS

mais je me soiimels. Il s'ag:il donc de celle Kpoux. Celui rpii n'est pas abandonné
(e céleste
ppinc parlinilicrr, et non pas, en f;onr'ral, de la dans le lalin, qui n'est pas rési-
fiirfsiqiialu/t,
jiislo ronilaiiiiialiiin qne mérilc de la part de nué, qui n'est pas soumis à snuflrir ces peines],
Dieu IVinie criniintllc. croit avoir tout [lerdii; et par là étant lond)c
///• pasxdfie. —
Le sacré acquiescement se
« dans une profonde trislcsse et un liorrible dé.scs-
f.iil dans le fond de l'àmc en la suprême et plus" poir, il dit : C'est fait de moi, je suis perdu. »
dc'licalc pdinlc do IVs|iril '. » Hlosiiis ajoute ', quon doit « alors s'efforcer,
IWpovse. —
On ne voit dans ce passa?;e, non afin que d'im esprit abandonné et libre on
plus que dans les passades prt^cédenis, nnlle puisse dans l'intérieur être privé de Dieu même,
niciilion de perle alisolnc de l'inlérèl |)ropre, de soi, et de toutes les créatures, conservant
ni de juste condanniation moiitée du cùté de une véiilable paix. » Jusqu'ici sont les |)aroles
Dieu. Il .s'a;;il du sincère acquiesccmcnl à la filées de Louis de Dlois. e( l'on voit qu'il parle
volonté divine rpii nous envoie celle peine sans des épreuves connue un lioimne qui y a passé.
nous en nioiihrr la lin si ce n'est, ajoute le : Hépouse. —
Nous dirons bientôt ce que c'est
sainl, « à la pai lie liante où la foi nous assure (jiieces « Je crois, » d'inîagination. Tout le reste
qne le trouble linira. » Il s'a;:il donc d'une n'est qu'exagération : c'en est une d'un grand
peine qui de sa nature doit finir, et non de la excès que cet « borrible dé.sespoir : n l'on appelle
juste condamnation, dont l'eflet est itdcrini- lie ce nom qui nous y porte, cl à
la tentation

nablc. Voilà coninie on prouve ce qui est pro- hupielle on croit souvent avoir consenti, quoi-
mis si précisément et si solennellement. qu'il n'en soit rien.
Non-seulement on ne Irouvc rien, dans les Cette perle « intérieure de Dieu, » avec ce

passa;:es de l'auleur, qui revienne à ce qu'il c total délaissement à .soi-même, » est durant
promet mais on y trouve le conlrane.
: certains moments une privation de tout secours
Le premier passade reparde la lésignalion ' : aperçu et sensible, pendant laquelle la concu-
or nous avonsdémontré ailleurs, que la résif^na- piscence déploie tout ce qu'elle a de malins
lion, aussi bien que rindiflérence, à la i)orter désirs. Mais ces assurances de sa damnation
au plus loin, se borne dans les privations des « sont accompagnées d'une sécurité, » qu'il
grAces sensibles, sans jamais passer au delà, n'est riende lout cela, et n'en peut rien être;
ainsi qu'il est accordé par les Articles d'Issy. puisque toujours on continue à servir Dieu
l'ar là s'explifpie le second passage qui n'est « d'un esprit résigné cl libre » auimo resi- :

qu'une suite du iMcédenl. (liHilo et libcro. que ce sont là, comme De sorte
J'en dis autant du troisième qui se trouve dans la bienbeureuse Angèle, et dans les autres,
six lifîiies après dans la même jiajze, et dans la de pieux excès, et de ces sages folies du .saint
continuation du même sujet. Il est donc très- amour, semblables à celles de la croix où Jésus-
clairement démontré que les trois passages, qui Clirist a signalé son amour par des excès au-
doivent être précis, ont un sens tout opposé ù dessus de toute raison, quand il a dit < Mon :

l'auteur. a Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous dé-


La réllexion qu'on doit faire ici, c'est que « laissé 2? A Dieu ne pliise que son ;\me .sainte
))

dans l'endroit le plus essenliel du nouveau ail pu perdre sa sécurité dans cet effro\able
système, où son aulein- avait besoin des passages délaisseinenl. En cela il est imilé par ses servi-
les plus piécis, et les avait promis tels, il n'a teurs, en leur manière, cl selon la mesure qui
fait que se jouer de son lecteur |)ar où l'on : leur est donnée dans les épreuves les plus vio-
peut juger des autres passages, non-seulement lentes.
dans celle matière, mais encore dans toutes les Nous avons vu néanmoins que l'auteur du
aulies. nouveau système refuse de convenir de celle
a sécurité ' » mais c'est disputer contre les
;

CuAPiTiii: XL saints et contre une tradition consLinle, que de


Suite dctaulcun. le nier et ce qui la montre dans rbomine
:

Quith^me tuteur : da Biais. peiné de Blosius, c'est que cet liomme, exercé
« Un liomme, dit-il 3, dans les épreuves, par une épreuve si rude, est « en paix *, »
abandonné à lui-même, croit qu'il ne lui reste eoiiime le rapporte l'auteur. J'ajoute que Blo-
aucune comiais.sanee île Dieu il croit avoir :
sius lui lait embrasser sa peine en ces termes:

penlu tout son temps et dans ses actions,


;
« Je vous .s.iliie, o amerliime Irès-amère. iileine

quelque bonnes qu'elles soient, il croit oITenscr < de toutes grtlccs » Hulve, atnaritudo aiiiuru- :

'Prlnclp.propo. ,p. :.!); IIIo., Inil. tp., «?p. I, p. 171 —• .Wnll\.,


'
//.. p. CO. — > Ain. de Hicu. |. IX. c. 3. — ' rr.iirip. propo»., XXVI', 10. — ' Dm» [.Vf. en ti,i. k cello de M. de Mcaui, p. ^^.0.
41. 0», 124: Ulot., lut. »p., ftpp. I, p. 330, 311, 332. *- '
t*. :|1C. p:0,>OI., p. &9.
fti;
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 239

sima onmi gratia plcna : sa sécurilé est si qu'il en est convaincu ; mais seulement qu'il
grande au milieu de sa damnation prétendue, le croit.
qu'il y voit les grâces jusqu'à l'abondance. Enfin le troisième croire est celui des âmes
Ce sont donc
de pieux excès, de pieuseslà peinées qui croient consentir aux tentations,
exagéralions,pour exprimer une peineexirème. qui se voient perdues même sans ressource, et
Mais, quelque fortes qu'elles soient, elles sont ne croient passe pouvoir jamais arracher cette
bcaucoupau-dcssous de cequeditde sang-froid impression funeste.
l'auteur du nouveau système, puisqu'il ajoute Ce dernier C7-oire de sa damnation tient quel-
avec la réflexion dont Louis de Blois ne parle que chose du précédent; mais ilsup|)ose dans
pas, « l'acquiescement simple à sa jusle con- les âmes saintes cette pleine sécurité, qu'il
damnation de de Dieu, l'incMpacité de
la part n'en est rien, ainsi qu'elle est expliquée ci-des-
raifonner» en aucune sorte, et par conséquent sus, dans les Principes '.

l'inutilité de parler à cette âme désespérée, ni Quand l'auteur du nouveau système croit
des dogmes de la foi, ni de la raison; choses si sauver ses « persuasions et convictions invin-
éloignées de Louis de Blois, qu'on n'y en volt « cibles de sa juste réprobalion » par c.is croire

pas le moindre vestige. d'imagination, qu'on vient d'entendre, il abuse


Il se faut bien garder de prendre pour ac- visiblement son lecteur. Car son croire, quoi
quiescement cet « abandon, » ou, pour mieux qu'il puisse dire, n'est plus un croire d'imagi-
parler, cette «résignation,» animusresignatus, nation, non-seulement par le caraclère de ré-
dont parle ce pieux abbé : c'est autre chose flexion et de conviction qu'il y ajoute, mais
d'être résigné à porter sa peine, autre chose encore à cause qu'il le réalise par ces trois effets
d'acquiescer à sa juste condamnation, qui com- positifs, par l'acquiescenicnt simple, par l'avis

prend sa perte totale et irrémédiable. du directeur, par le sacrifice absolu; ce qu'on


Je reçois donc aisément ce que dit Blosius , ne trouve dans aucun des saints. Ilsn'onljaniais
mais non pas ce qu'y ajoute le nouvel auteur: supposé que les âmes saintes, qui sont dans les
et c'est en vain qu'il rapporte les grandes ap- peines, fussent incapables de tout raisonnement
probations qu'a méritées un docteur qui est contre la parole expresse de saint Paul « Que :

différent de lui par des caractères si marqués. voire service soit raisonnable '; » ni par con-
séquent, qu'il ne soit plus question de leur pro-
CnAPlTRE XII.
poser ni la raison, ni le dogme de la foi. Toute
Règle pour entendre le croire des âmes peinée&
la pratique des saints, et notamment celle de
Avant de passer outre, pour entendre com- samt François de Sales, csldiiectenient contraire
ment on a dit tant de fois, dans les passages |)ré- à celle-là. Nous avons démontré ailleurs 3, selon
cédents, qu'on croyait être damné; il faut dis- les maximes de ce saint, qu'en quelque peine
tinguer trois sortes de croire. 11 y a, première- que soient plongées les âmes, on leur doit tou-
ment, le croire de la partie raisonnable et supé- jours proposer la boulé de Dieu qui ne leur
rieure, soit par o[)iniun, soil par démonstration manquera jamais; et l'auteur du nouveau sys-
et par science, soil pai' la foi. tème l'a supposé avec nous dans les Articles
Le croire de la science et de la démonstration il'Issy''. Ces vérités établies, continuons à exa-

s'appelle cou\iclion et jugement fixe, ce que miner les auteurs qu'on nous objecte.
saint i'aul allribue aussi à la loi, qu'il a nom- ClIAPlTnE Xlll.
mée « un(; conviction des choses qu'on ne voit
Suite des .Tuteurs.
pas • : » et ailleurs aussi juyemciil, confor-
Cinquième auteur ; to bienltciiroitx Jean do la Crjiv.
mément h celle parole: « Je n'ai pas jugé que
« je susse autre chose parmi vous si ce n'est En pesant toutes les paroles d'un autciu- si
« Jésus-Christ 2. » profond et si solide, on remarquera aisément
eu en second lieu le croire des songes,
Il y a ce «m'y ajoute le nouveau système.
que exprime aussi quelquefois par voir:
l'on I" passade. — « L'àme voit plus claiique le

« Je croyais voir, je voyais. Vous voyiez ù roi » 1


jour, ([u'elle est pleine de maux et de péchés,
car Dieu le lui fait eiitendie '•>. »
disait Joseph à l'haraon, et iJaniel à Nabucho-
donosor. C'est un croire d'imaginaliou aiupiel Ilcponse. — Elle voit tous les péchés dans la

aus.si se peut ia|)p()iler le croire de ceux dont couciipiscence qui en csl la source, el dans le

rimagiiialiiin est blessée ; il cioit être prince, il


consculemcnt qu'elle s'imagine y donner ",

croit être ange; on ne dit pas qu'il le juge, ni 'Clmp. l. — '


/f"wi.,xil, l.— ' Troi». Ecrit, n. It; Kiilr r>, 1.

png. 26. cil nul.vJit. 29. — ' Art. 33. — ' rrhici)). |iro(M)».,p.
,11.

<3, Tr lo;;uo des Œiivrci du bleiilieuroiiv Jean de l« Croix. —


' /Mr., Il, 1. — ' Cor., II, ï. • Ci dCMUK, c. 10.

2i0 LES PASSAGES t^CUIRClS.

quoique dans \o fond do sa consrif nrc clin ne se Itt'ponse. — Je ne sais pas comment l'auteur

sente point coiiii.ilile, |inis(|ne le |ilus souvent, ne sent point ici celte iin|)uissance n'eue mais
cllecoinniunie à son ordinaire, el n'abandonne di\iue, où l'.Unc .se trouve, s<'uis que les pantles
point son oraison. des houunes puissent mettre fin à l'opération
Suite (lu pnsxaije. « Ses confesseurs la sa- — de Dieu, mais .scidcmcnt soutenir les ùmcs pen-
criOenl de nouveau '. » dant qu'elle dure.
liciiiiuse. — \'.n la condamnant comme si clic /// ii'issage. — «Il lui semble clairement que
('lait tond)ée en ces peines |i,ir punition de ses Dieu rabaudoiine ; c'est une |>cine lamentable
péchés, et la rati;4u;uil de ivnfexsioiix gciiérnies de croire ipie Dieu l'ait abandonnée •. »
(pii ne sont pas de saison; circonstance inni- llépaiise. —
Tout ceci regarde le sensible.
(juéc par le hienlicureux '^ et qu'il ne fallait L'àme, poursuit-il, .sent fort au vif l'ombre de
pas omettre. la mort... elle con.sisle à se sentir sans Dieu,
Suite (lu jxm^age. « H n'est jias question de — c;ir tout cela .se seul ici... Elle sent aussi le dé-
ceci ni de cela, mais de les laisser dans celle las,s«'inent des créatures dont elle .se .sent mé-
purgation, en les consolant el encourageant à prisée; » besoin qu'elle se
et ailleurs ' : « Il est
vouloir cela, tant (piil plaira à sa di\ine ma- voieet.se sente éloignée de tout bien. » Voilà
jesté :i. » ce qui se trouve dans tout le sensible; mais
licpouse. — Il y a ici deux conseils : l'un de tout cela n'est .suivi d'aucun cfTel réel : point de
laisser les Ames dans celte pnrgalion ; l'autre, sacrifice absolu ; |)oinl d'acquiescement simple,
de les consoler el encourager. et quoi()uc l'Ame ne sente pas qu'elle doive ja-
l'ar le premier conseil, on lesohlige ;\ ac-
mais .sortir de colle ])eiue, elle demeure en son
quienrer, condamnation
non pas « à leiu-juslc fond dans une pleine sécurité, i)our les raisons
de la part de Dieu » ;\ Dieu ne plaise mais à ;
!
(|ui ont été dites, et pour celles qu'on verra

la peine que Dieu leur envoie comme ;i une bientôt.


peine médicinale, en s'abandounaut à Dieu IV' passafjc. —
« Elle ne trouve aucune con-
" comme à celui qui a soin de nous Quniiiam :
solation ni aucun appui en aucune doctrine, en
ipsi tuniest de vobis V »
aucun maitrc spirituel '. »

du .second conseil, si on avait


l'our ce qui est Béponsc. — « Aucune consolation ni appui
bien compris ce que c'est que les coh.s'o/it, on « sensible ; » car c'est ain.si qu'il faut entendre
uauiail pas dit qu'il ne s'agit pas de leur an- le bienlieureux, qui ne se serait pas donné la
noncer le dogme de la foi, ni la boulé de Itieu peine d'écrire taul d'instructions pour les Ames
envers nous, ni aucune raison, parce que cette de cet état '',
s'il n'eùl été a.ssuré qu'elles
y
.'une cil est eiilii'i-emt'ut capable, car la consola- trouvaient de solides quoique peu sensibles
tion ne peut venir que <le ces sources. soutiens.
Suite (lu passage. — « Car ju.squ'alors, <iuoi
Au sur(ilus, elles ne sont pas si dcslituée^dc
qu'elles lassent et (juuicju'ils disent, il n'y a plus toute sensible consolation, qu'il ne « leur sem-
de remède '. »
ble qu'elles aimeul Dieu
donneraient el qu elles
lU'ponse. —H ne fallait pas tronquer ce pas- mille xies pourlui, comme c'est la vérité par- ;

sage en V relrauclianl ces mots essentiels : « Il


ce que ces âmes aimeul Dieu en ces traxaux
n'y a point de remède (pii serve et profite fi celte
avec vérité et grande ellicacc *. » Voilà donc
àme pour sa douleur '• » quoicpie le remède
:
deux choses: l'une, (pi'elles aiment Dieu avec
lui serve beaucoup il ne jxtur la .soutenir. Ainsi, enicaee l'.uilre, qu'au fond elles senicnt bien
;

laul pas cesser de que ces la cous<pler, bien (pi'elles l'aiment jusiiu'à donner pour lui mille
consolations, an lieu de dimiiuier s;i douleur \ies. .Mais ce qu'il y a ici de parliculier, c'est (]ue
présente, souvent raugmeiileiil plutôt dans les dans les temps d'épreuves, leur amour, bien
moments ". puiMpie, tout eu les augmentant» éloigné de les coiKSoler, leur tourne en afllic-
elles ne laissent pas de lui apporter un grand, lion, quand « elles croient voir en elles-mêmes
(jiioicpie imperce|itible soutien ; le bienbemeux des causes d'èlre délais.séepet rebutées de celui
axait parlé correctemeiil ; mais on a outré sii qu'elles aiment el qu'elles désirent sipassionné-
doclriiie en altérant son passage. menl«:» et lout cela, je vous prie, que.sl-cc
//' p(tssa(je. « L'Ame en cet —
élat peut antre cbo.si' merveilleux de l'amour
(lu'un jeu
aussi peu de chose que celui qui est dans un el de ces excès, Iranchous le mol après tant de
cachot obscur, les fers aux mains cl aux |)icds,
sans .se pouvoir remu(>i .
•>
'T*rinc prop.. p. OJ . O *c. »«ii. 1. il. <•• 6, p. 'JT». — II., p. U
<
Prinrip ftap tlnil —• Cn —
rrincIp.propM.. i6i((.
1..^»». ' cl l'.'l I* , c. 9. P- ïl'l. — ' PriiK'Ip. prop., p, TI ; C>6«c. ilMif, c. T
— rr>>l"suc. —
, ,

'
1 lr:r., V, 7.— • l'riiicip. |n.|.„ tl.ul.~t /4., |,„g. o»; 0*K. p ïij
« » (Xac. «mM. Il,c. 1 (lur li nii), p- 236
.....(, l. u.c. 7, !.. !*«. — ' tl>., \' *3.
LES PASSAGES r:CLAlRCIS. 241

saints auteurs, de ces sages folies qu'il inspire ? ter la gnose de Dieu (cette connaissance pra-
V' jiassiige. — « L'âme conuail en elle deux tique), comme celle qui surpasse la loi par la
parties, la supérieiue et l'iutérieiire, si distinc- cbarilé '. »

tes qu'il semble que l'une n'a rien de com-


lui //e passage. —
« Si, par supposition, il rece-
mun avec l'autre, eu étant très-éluiynée et très- vaitde Dieu la liberté de l'aire, sans être puni,
séparée et il est ainsi en un sens, parce que
; les choses défendues, quand il saurait même
selon l'opération qu'elle l'ait pour lors, qui est qu'en les faisant il aurait la récompense des
toute spirituelle, elle ne communique point avec bienheureux, et qu'il serait assuré que Dieu ne
la partie sensitive '.» saurait pas ses actions, ce qui est impossible, il

Réponse. —
A cause que Dieu opère « dans ne voudrait jamais rien faire contre la droite
l'âme à l'obscur et au désu des sens et puissan- beau pour lui-même 2. ,
raison, choisissant le
ces -', » comme le bienheureux l'explique lui- Deuxième auteur : saint Chrysostome.
même, son style, qu'il la selon
c'est-à-dire,
saisitindépendauuneut desiuiageset des lâutô-
Ill^passnge. — « II faudrait être bon, quand
mes, de toute impi-essiou qui vient des sens, et
même il n'y aurait point de récompense pro-
mise 3. »
même du discouis, qui, selon lui, en dépend
naturellement en sorte que Dieu seul, et l'âme
:
IV" passage. « L'Apôtre dit —
Je voudrais :

être analhème.... l'Apôtre sentait que beaucoup


dans sa partie la plus spirituelle, conuaissent
de gens ne le croiraient point.... Nous parvien-
ce qui se passe, sans que les sens j puissent
drons à nous instruire de cet amour secret et
rien pénétrer. Telles sont les dernières boines
nouveau. ..'je n'ignore pas que les choses que
où puisse être poussée des deux la séparation
j'en dis paraissent nouvelles et incroyables*. »
parties. Mais d'entrepreudre pousser jus- de la
Il oublie que saint Chrjsostome suppose par-
qu'au sacrilice absolu, jusqu'au simple acquies-
tout expressément &, » que la condition était
cement par l'avis d'un directeur 3, jus(]u'à don-
impossible : ce qui était essentiel à cette ma-
ner ce remède à la tentation du désespoir, et la
tière.
vaincre en y succoudjant c'est de quoi on n'a vu :

ici aucun vestige, et par conséqueut l'auteur du Troisième auteur : Avila.

système Jusqu'ici n'a rien dit du tout pour le F" passage. « Nous ne —
devons pas regar-
soutenir. Voyons les autres passages. der notre intérêt, mais seulement que sa vo-
lonté s'accomplisse, quand même elle serait
GHAPrfRE XlV.
de ne nous donner ni les vertus que nous
Passnges spéculalil's sur les supjiosilions impossibles.
souhaitons, ni même le ciel auquel nous aspi-
Je prendrai ici une aidn; niéthode que dans rons •>. »

Quatrième auteur Rodriguez.


pitres précédents, et je ra(>porlerai tout :

les .'ha

de s ili' de couq)arais(iu, priant le


les [)as.>ages Y1° passage. — « Comme le démon disait à
lecteiu- atteiilit de penser s'il j trouvera la un serviteur de Dieu dont parle Geison : Tu ne
moindre [jarole qui levienne à l'eiuici-e iu- seras pas sauvé ; il répondit : Je ne sers (las

caj acilé de protiter de la raison et des dogmes Dieu pour la gloire, mais parce qu'il est ce
de la toi, à rac(pue.scement simple et au sacri- qu'il est '. »
fice absolu ; et si cet actpiiescement n'est |)as au Cinquième auteur : Sylvius.

contraire manil'estenu'nt éloigné par la condi-


VU' passage. —
permis d'aimer Dieu « Il est
lidu ou supposition impossible le plus souvent
par le motif de la récompense, pourvu (pi'oii
énoncée et toujours sous-entendue, selon le
soit lellement disposé, qu'on l'aimerail égale-
principe premier et troisième
'''.

ment ipiand même il n'y aurait point de béati-


Premier autevir: saint Clément d'Alexandrie. tude ;'i a;t('n(lre >*. »

J" passufie. — « Si quelqu'un, par supposi-


\ —
« 11 n'est pas permis d'ai-
III" passage.
mer Dieu pour récompense, en sorte (jue la
la
tion impossible, demandait au gnostiipie (à
ou de vie éternelle soit absolmuent la dernière (in de
l'bomme spirituel) ce (pi'il ilioisiiail, la

gnose de Dieu (de; la ('(iimaissaiice praliciiic ai;- notre amour, ou que nous aimions Dieu en vue
Ciiinpagnéc d'un amour parlait], ou du saint d'elle, eu sorte (Uie sans elle nous ne l'aime-

éternel ; cl que ces deux cliu.ies, qui sont la rions pas.... 11 doit donc être aimé, en .sorte
môme, lussent séparées, il clioi.sirail .sans hési- que nous pratiquions l'atnour cl les boinics

irruMv |irip|Kis p. 06, (>0, W/(c. nui/., il. c. 23 (sur la (In), p.


'
l'rliic. prup p.O; S;.om,,l. iv. — > Ib., — •»//.., p. lO. —,
311 ' II'., et
,

DhK.nml, 1. Il, c.
1.

tS (tu commoiic), p. Ï4U. — l'rincip. prop., pat;. 35. — •


Uoin. 16 ol 1(1, 1» Ji/i. '"i liom. —,
> Max., p. VU — I
Cl-deuui,c. 4. l'i-incip. prop.,pag. 15, 38. — ' Jb., p. 16, M. — ' '»•. P- •'•

li. Ton. VI. lt>


242 LliS l'Aï SAGES Eùl.AlKCIS.

œuvres pour la li^ililiidc comme pour la fin agréalile , elles l'aimeiaienl autant que la
de ces (l'iiMes; iiiiiis (|iie nous laiiporlions plus lieauté «. »
loin iiolic hraliliiiie à Dieu, curiiiiK- h la fin
ClIAfilllE XV.
siinpli'imiil iliTiiièrC", élanl ilispONés de sorte Réponse «I remari|urs nur les [>a<isfigp( préc^rlcnt».
que imus voudrions l'aimer é;;ak'iiient, (jiiand
Voil.'i tons les passages que j'ai appelés spé-
ni( ine nous n'enlcndrioiis pas la Ijéalilude '. »
culatifs, cités par r.iiittur [loiir les conditions
sixième auteur : le coriiinal lltuia.
impossihies, et j'y lerai ces courtes remar-
IX' pasuofie. — » Si je ne savais que je dusse ques.
èlre ant^anli, je vous servirais avec le nii^nie I' remaniue. —
On voit heaiicoiip de [lassa-
zi'le ; car ce n'esl pas pour moi, mais ()0ur vous, ges pour m\ s<-icrilice coiidiliomiel du s.'ilut :
que je vous sers 2. »
on n'en trouve aucun pour le s;icrilice ahsolu
A' pof'saqe. — Fltisliroc appelle ce! tMat fd'é- pour l'acfpiiescement .simple
et c'est une :

prciives exlix^mesi comhal de l'ispril de Dieu preuve thétilogiqne que le premier est de tra-
contre le noire, et une sorte de désespoir; Tan- dition, et l'aiilie, une invenlion du nouveau
ière, pressuie inlérieme; llarpliins, tme lan-
sjstéme.
gueur iniVrnale, cl une séparation de l'unie d'a- remarque.
//• —
Par le principe vi ', la siip-
vec l'esprit. »
impossihle proine hien ipTil y a un
po.siliun

Seplitmo auteur : sainte Th^r^. autre motif même principal de l'amour de

XI' passage. — « Si l'àmc pouvait, elle cher-


Dieu, que celui de sa houté hienfais.inte, el ce
sera la perlection de son excellrnti' nature ;
cherait des iiivenlions pour se consumer dans
mais elle ne prouve point que ce motif soit le
cet amour. Sil était néees.s<nre, poui' la plus
seul.
grande j,loire de llieu. qu'elle demeiiiAt éter-
nellemeiil anéantie, elle y conseiitirail de très-
///' remarque. — Il |)arail aussi, par ces

hon eu'ur ». » A qiuti elle ajoute ailleurs*, que mûmes siipposilioiis. (lu'elles se font avec assu-

Ames de ce degré ne pensent


rance qu'on ne prend par là ni le .salut ni le
« les |)i>int, pour
désir d'y arriver, puisqu'on ne peut pas ne dé-
s'exciter davaiilagv i'i servir Dieu, à la gloire qui
sirer |)oiut ce tpi'on .sait (|u' 1 est impossible
leur est préparée, et (prelle-meme ne se soucie
ni de \ie, ni de héatilude, ni même de son de ne désirer pas (par le principe \j '.
avancement ; paire ipie tous sesdésirs scrculcr- IV' remurijue. La si-curité que trouvent —
de Dieu. » les l'èies dans les actes des épreuves el dans
mi'iii ilaiis la gloire
ceux des suppositions impossitiles, ne regarde
Huitième auteur ; Saint François do Sales.
pas senlemeiil la healilude iiatuielle. inaisen-
Nous passerons ici tous les pa.ssages où il core la suruatiirelle, comme il parait par les
s'agit de repren\e qu'il a expéiimeiilée , el exemples de Aloise et de saint Paul, donl Inn
de racquiesccmeiil, pane qu'ils ont déjà été parle du livre de vie, etlaiilrede ranalluimou
'>.
Irai lés séparation d'avec Jésiis-Clirisl.
XI J* passage.
aimerail mieux l'enfer — « il Y' remarque. — Lue autre r.iison pour mon-
avec la voloiile de Dieu, (jue le paradis sans la trer celle vérité, c'e.sl que le sacrifice condition-
volonté de Dieu oui. même il piclérerait l'en-:
nel el de supposition impossihle étant un acte
fer au païadis, s'il siN.iit (lu'cn celui-là il y eût de charité et par con.séqueut d'amitié
par
(
un peu plus du lion |daisir di\iii (pi'en celui- le |)riiiciiie correspondance (>t
î» *), il sii|ipo.se la
ci; en .sorle que si, p.ir ima;:io;ilii>n de chose un amour ii'ciproque. ce qui prouve que le
iniposvitile , il .savait (|iie .sa damnalion fut un ilesir de la jouissimcC y est iiéces>.iiremenl com-
peu plus agie.itileà Itieu que sa ,sai\alioii, il pris.
(juiltfiail
''. >
.sji sahation, et courrail à .^a daiuiia- t /" remarque. — De là il .s'ensuit que tous
titui
les pas.s.igis des pieux auteurs où luii trouve
XIII' pnsmirje. Si nouspouvions servir Dieu — qu'on ne se met point en peine de .son siiliit. el
sans mérile, ce ijui ne se peut, nous devrions que ce motif ne sert de rien pour s'encoiir.iger
désirer de le lairt! 7. •
à suivre Dieu, à la lellre seraient outres el con-
Xl\' passiiije. — ne se paient pas
« Elles traires à rexpre.NSe delinilioii du concde de
pour iMrc hcllcs, mais .seultineiil pour plaire ii Ireiite pai les priiii X el !••'•. sjk. s
ijic.s la bé-
leur Aiiiaiil, auquel, .si la laideur elail aus.-,i nigne imerpi('l.iii(ui. ipii consiste à dire que la
soiislraclion du silul, (juaiio elie sciailpu.ssilj.e,
• Princi|i. pio|i., p. 32 — '/»., p. 18. _
rt., p. 96. —
• •
/4.,
p. 16, M. — • Cl-datiu>, 0. 11. — l'fioc prop., p. 10. —
• •
Jl, r.liidp. pnip., p. 03. — • Cl-<lew'ii, c. 4. — •
Cl-dmatta, c 4.
p. aa. — • /t.. p. 17 —
• /', r ,
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 243

en vivant bien, n'empêcherait pas qne les ac- par supposition impossible, il devrait ignorer
tes lie la ctiarité deineiirasseiu les mèitiesdans qu'on l'aime. » Sans doute on ne plaira pas à
le lond subslance de l'acte.
et quant f> la celui qui ne connaît rien, et ne sait pas iiiènie

VU' dessein des pieux doc-


reinarque. — Le si on l'aime, puisqu'on ne lui plai t qu'en l'ai-

mant; d'où s'ensuivra, selon les principes


lenrs est de laire voir qu'il n'est pas pennis il

d'aimer Dieu en sorte que la vie éternelle, et de cet auteur, que le désir de l'aimer sera sé-
non pas la gloire de Dieu, soit seule et alisnlu- paré du désir de lui plaire.
mcnt la dernière fin ou qu'on cessai d'aimer, ;
La démonstration en est claire, si l'on joint à
sipar impossible elle manquait; ce qui parait la proposition qu'on vienl d'entendre celle où
manifestement dans le huitièim; passage, qui est il qne par ces suppositions impossibles on
esl dit

de S\lvius '. prouve la séparation, non d es choses, mais des


V///" remarque. L'abandon des saints à la — motifs parce que « les choses qui ne peuvent
:

être séparées du côté de l'objet, le peuvent être


volonté de Dieu, pour le temps et pour l'éler-
du coté des motifs '. » Si donc on peut aimer
nité, a pour fondement ce passage de saint
Pierre : « Rejetant en lui toute votre sollici- Dieu sans désirer de lui plaire, le motif de plaire
ce qui à Dieu peut èhe séparé du motif de l'amour
« tnde, à cause qu'il a soin de vous 2 : >,

fait dire à saiide Thérèse Je m'abandomiais :


qu'on a pour lui pensée qui n'entra jamais ;

entièrement à ce Roi suprême, pour disposer dans res|iril humain.


C'est aussi à quoi abouti ssent les désirs de
absolument de sa servaute; selon sa sainte vo-
lonté, comme sachant ndeux que moi ce qui
ceux qui voudraient cacher à Dieu ce qu'ils font
m'est utile S; » où l'on voit un dénoùment par- pour son service, afin de l'aimer sans aucune
fait des passages qu'on nous objecte de la vue de la récompense, ce qui emporte en même
sainte.
temps qu'on le veut aimer sans aucun déi.ir de
IX" remarque. — Les passages cinquième, b.i plaire, [iiiisqu'on voudrait le pouvoir aimer

sans qu'il le sût.


treizième et quatorzième, où l'on semble renon-
cer aux mérites, sil était possible, et même aux Mais cela étant, que deviendront tant de pas-
vertus, dans la supposition que Dieu ne voulût sages de l'Ecriture et des saints, où toute la

pas nous les donner, n'ont rien de liltéral; car piété est réduite au désir et au bonheur de [ilaire

pour les mérites, les vouloir ôter, c'est vouloir à Dieu? Hénoc « plait à Dieu, et par là devient
« son ami » Placens Deo fartus est dilectus ">-.

diminuer les dons de Dieu. Pour les vertus, il


:

David ne demande qu'à lui plaire dans la ré-


y en a que Dieu ne veut pas toujours nous don-
ner, par exenq le celles qui ne sont pas de notre
gion des vivams. Le caractère de tous les saints
est d'être ceux qui lui plaisent Le Saint des :

état ou besoin présent; mais les veitus sub-


saints met sa gloire à « faire toujours ce qui plait
stantielles de la religion, si on disait, autrement
« à son Père 3; ou croirait pouvoir sé|iarer
» et
que par impossible et par une espèce d'excès
du parfait amourde Dieu
la volonté de lui plaire!
que Itieu ne voidùl pas nous les donner, on con-
« La vo- Saint l'aul met l'essentiel de la retiuion« à con-
tredirait saint Paul, qui a prononcé :

o lonlé utst votn- sauclificalion *. »


(le Di(
naître Dieu, ou plutôt à ôu-e connu de lui *; »

X' remarque. —
Le réduit de celte doctrine, on ne peut donc pas désirer seiicuseiiK'ni de
n'en èU-e pas connu tout ce qu'on Irctne au :

et de lout ce chapitre, estipic les passages (ju'on


contraire ne reçoit d'excuses que par ces sortes
nous oppose prouvent bien que dans les épreu-
d'excès dont nous avons tant parlé; et les por-
ves on peut perdre, durant un temps, le senti,
ter jusqu'à ôter au partait amour le inolil de
ment du bien qu'on a mais non pas avec le ;

plaire à Dieu, ne peut être qu'un mépris formel


bien même ou le don de Dieu, le désir et la con-
fiance de l'avoir au fond ce qui rend en. ;
de sa paiole.
llèremeut iiuililes tous les passages de compa- Chapitre XVII.
raison qu'on lait tant valoir.
Autre proposition sur l' mlilTirenci' îi être heureax
Chapitre XV. et malheureux.

Autres propositions du nou verni système: sur aimerait autant Dieu, (piand même, par
le désir de plnire
ti Dieu.
« On
il voudrait rendre en-r-
sui>posilioii impossilile,
Outre nouveau système
les dix pro|)o.sili(insdu
nellemenl malheureux ceux iiuiramaientaimeî':
que nous avons a|iporlees, en \oici deux étoii-
c'estdans le lieu de|à alli-goé une autre propo-
nanlesi»: «Unaimerailaidaiil Dieu, quand luéiiie.

• Chip. pr*c*<l. - • I Peir., T, 7. - • Vie, c. 27 ;


liuti d'or.,
'
Mnx-, p. a« — ••**'/'•. '». *".— ' Joa n ,
vin. .'.<.- ' C.'«'-,

- ' / TUnt., I», 3. — ' M«i. p. m, II. IV, 0.— ' Max., p. 11.
1. lï.
m LES PASSAGES ECLAIRCIS.

siliiiri sur InqtiPlIi- ji' fais (|iinlrc lnii-ves rc- velles propositions des plus condamnables du

niar<|ii(>s. sNstème, ipioiqne r.iuleur ne les coin oie point


l" rewitrqur. — far colin siipposilion, l'aii- parmi celles (pi'il entreprend de justilier.
teiir irilniiliiil l'iinlilTcrnirn fi iMic lu'urnix ou
ClIAPITlIK XMII.
nialhc iciix. il'nù snil dans la cn-aliuT mif cn-
Note* de M. de Cambr.ii >ur In propotition*.
lli Tc iii(l(''|>f'n(latici> (le Ions les jiij;oriiciils de

Dieu, (jni ne |)<Mit rairc ni Ii'umi ni mal à omix M. de ("amhrai donne d'aliord une helle iilée
que ni le hoidu-iir. ni le inalhcnr , ni IVlic de son livre par ce- paroles: « En jusliliant
nu^Mie on \c non-i^'n', n'inlrresM'iil en annnie ainsi, dit-il ', clwupie proposition par une sim-

sorte; nicUenl la peifeclion h s'élever


|)iiisijn'i!s ple comparaison de mes paroles avec celles des
an-»lessiis de loul inlcriH conune il esl clair : saints, je ne dois |.as étie accusé d'éhloiiir le

de soi par les lernies mêmes, el (ju'il a élu dc- lecteur par de vaines suhliliti'S. » Cela serait vrai
nionlré ailleurs '. en partie, s'il iroiiieltait pas plusieurs proposi-
Que répondre? car ces prétendus parfaits sont tions des pins condanmaldes ou (ju'il n'ei'lt ,

en effet au-dessus du liniilieur. el du malheur |iiiint adaché à celles qu'il rapporte, i.ne note

môme éternel : ce sont des dieux, indépendants (pu les alVadilil el (pii les déduise : c'est ce qui
de bien même; ou suis > être, ils s's melteul en nous reste à considérer en |)eu de mois.
paroles seulement,' et par nu vain elTort de leiu- Le discours serait iiiliui, si nous avions hcxa-
esprit, ajoutent f'-nllure à l'erreur.
il> miiier parole à par<>ie, les suhtiles interpréla-
//' remarque. —
Aussi celle indifférence ?» lioiis (pie donne l'auteur à l'inlérél propre éter-
ôlre heureux on mallieureux est inouïe parmi nel, à rinl(''rél propre pour rélernité, à la per-

les on a Ineu vu des |)assa;ies sur les


liotimies : suasion rcHecliie, elanx autres ex|iressions sin-
su|)po>ilions imp'>»ildes; mais on n'a vu dans d'un sens du moins éqniviupie, qui
f;ilii'ies el

aucun anteiM(|u'oii aimàl liieii toujours autant, composent le nouveau sjstême. Selon le proet
quand il voudrait rendre mallienieux ceux qui du livre ipie nous examinons, il ne s'agit pas
l'auraientaimé : celle siipiiosiliou étant iliiecle- de savoir si. en corrigeant les propositions (jue
mcfd coulraiie à la honte iiitinie de Dieu elà la nous reprenons dans les Maximes îles sain >, »in
nature de l'amour. les fera venir, bon gré ou mal gré. aux passa-
///" rci/K/ri/i/c. — Saint Clirvsostome dit Meii ges des pieux docteurs dont on sautorise: il
que aux leux éternels, si
Sîunt l'aul se dévouait nuit voir si ces saints auteurs axant des paroles
bien le voulait, pour s<iu\er les Juils: mais il propres el même nsilees, en (uit cherclié d'aiii-
n'a \ii\u\ii de snppo-er (piil lïil malheureux^ hignés, d'extraordinaires, et soimenl si mal ipii

puisqu'il aurait eu ce cpi'il voulait, et (|ue, pas d'abord, qu'on n') peut Irouver as.se/ de coriec.
|a délinilion du honheur, on est lieuieux lors- lis l'ar exemple, (pic dirons-nous du pcison-
que Ion a ce (pie l'on veut, el (jne l'on ne \enl na;^e qu'on lail faire au direcleur dans les
rien de mal: lictilus qui et IkiIk'I iiiintl vult, et Mn.rinies (le^ saints ? Ou n'eu vil jamais de seui-
nihil vult maie: comme dit s,iint Auniisiin '. lifilile à celui-ci, ipii, persuad<' (pie d.'ius les
Conlorméii'enl à celte doclrine, sainte Callie- épreuves les hommes, de tout rai-
< inc,ipalili*s

rine de (iéiies pailait ainsi ^: < Lamoiii pur sonnement, ne .senuit point .soulagi'S, ni par
r,

non-seiilemciit ne peut endurer, mais ne |ieut les bonnes rais >iis ni par le dogme de la l<ii,
pas même coiiipreiulre <pic le chose c'est que ne trouve point d'autre |iarli dans la direction,
peine on loiirmenl, tant de feuler ipii esl déj;'i que celui de laisser taire à ces malheureux un
fait, que de tous ceux ipie bien pourrait taire; saci'ilice absolu par un ac(puesceiuent simple ,\
cl encore ipi'il lïil possihle de seiitu' lomes les leur juste condainnalioii. Si l'on trouve un tel
peines des dénions el de tontes les .'hues dam- directeur dans les livres spiriiuels, ipi'on nous
nées, je ne pourrais jamais croire ipie ce lus- le niiuitie el s'il n'j en eut jamais, poiinpioi,
;

sent peines, tant le pur amour > lerail trouver en laisint semblant de lempérer Icsexprcssituis
de houlieiu a . exccssiics des auteurs pieux, en cinpioie-l-ou
IV' remarque. Il est étonnanl —
ipie l'auteur de plus excessives auxquelles ils ii'onl jamais
rcjelte si loin l'indiflerence du salut, puistpiil pensé?
ailmet celle de lu luatilnde éternelle. (|ui com- Mais, dira-l-on, j'apporte mes explicalions-
prend en soi tous les liieiis el le salut même. l'remièrement, vos explications ne .se trouvent
Vuilà dune, dan;» ces deux chapilrc^, deux iiuu- non plus dans vos auteurs que voir* texte ;

mais, iprês tout, ce n'était p.is là ce <jue vous


' Cinq. Etli de M. do M. »iit. \Uv. > i,ii>i'<- 1.0 ire». — • (''p.
aviez promis. Vous ne vouliez ijue comparer
il qiiKta (.ciirci, n. 13, AuR , /'r Irin , I. 'Xiii, n. H. — * Vio,
c. ^1; H'H» d'or., I. ix. * Pnitc. prop-, p, 3.
, ,

LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 245

vos propositions avec les passages. A euleiulre propriété de mercenarité d'intérêt propre»
, ,

votre projet, nous crojions trouver dansées sont dans tous vos livres, les restes de « l'a-
,

passages toutes vos pro,.ositions , et nous n'y « mour naturel de soi-même » dont on se dé-
trouvons que des toui'S d'esprit, et pas un mot « |)0uille et c'est là « qu'on fait ce giand sa-
;

approciiant. « crifice du soin inquiet de l'amour naturel et


« de soi-même '. » Mais le grand sa- si c'est là
Chapitre XIX.
crifice qu'a offert saint Frau(;oisde Sales en di-
Les notes sur la lî" et la 14» proposition, ei leur
sant que s'il était privé de l'amour de Dieu dans
absurdité manifeste.
l'éternité, il le pratiquerait du moins de tout

Vous avez recom-s à vos notes sur la 12"= pro- son cœur dans ce teinps; il faut qu'il ait voulu
position qui regarde le sacrifice absolu. « Cette dire: Mon Dieu, puisque dans l'éteinilé Je ne
proposilion a deux parties: l'une, qu'on fait le vous aimerai plus avec un soin naturel et in-
sacrifice absolude son intérêt propre l'autre, ;
quiet, ni avec un amour naturel de moi-même,

qu'on est dans une impression de désespoir où je vous aimerai du moins avec ce soin in(|uiet

l'on dit comme Jésus-Christ Mon Dieu, pour- : et cet amour naturel dans tout le cours de ma

quoi m'avez-vous délaissé ? » Pour la première ' vie.

partie, vous la li-anchez en un mot , comme Que


l'on veut séparer le « soin inquie' »
si

« étant sans dilficidté. » Pour la seconde, «voici,» d'avec l'amour naturel des consolations on ,

dit?s-vous, « les expressions des saints. » Vous n'évite pas l'incoinénieiit, puisque toujours le

ne les employez donc que pour celle-là la pre- ;


saint aura voulu dire que, puisipie dans la vie
mière passe toute seide à la faveur de vos noies futme il devait ètie prive de consolation et
sans que vous osiez la soutenir trancime au- d'a[ipui sensible, il voulait du moins les gofiter

torité. dans celle-ci, qui est pircisémcut le conliaire


Mais voyons encore quelles sont les notes qui de l'état où l'on prétend qu'il entrait et où ,

vous affranchissent de la preuve que vous nous toutes les consolations sensibles devaient se
devez « par des passades des saints plus forts perdre.
« que les vôtres. » C'est, dites-vous, que le sa- lien faut donc revenir à nos principes le sa- :

crifice absolu de l'intérct propre ne regarde pas crifice du saint, où il s'aL^issail de voir Dieu ou
« on sacrifie » seulement « la propriété ne le n'aimer i)as dans
voir pas, d'aimer ou de
le salut :

«ou la mercenarité: » et vous ajoutez, c'est l'éternité,ne pouvait regarder autre chose que
aussi ce qu'on avait à sacrifier, en passant « de la perle du salut mais sous condi ion impos-
:

«l'étal des justes impartails à celui des |)ar- sible, mais asec la sc^curilé qui demeurait dans
le cœur, accompagnée des saints transports, des
« faiiS. » Tel est le dernier effort de votre théo-
dans vos notes. VoiU'i les deux choses pieux excès d'un amour sans bornes.
logie
précises: «Il ne s'agit pas du s;dut «c'est la :
Loin donc d'avoir rien prouvé par tant de
passages, vous n'avez pas même touché la dil-
picmière, elle est élomianle: consultons l'excni-
iiculté. Je n'ai pas besoin de vos notes celles-
que vous alléguez du sacrifice absolu de
:

Ple
vous le reuianpiez ci me desabusent de tomes les autres; l'inleièt
ac(iuiescenient simple :

pi-opre n'est plus l'amour naturel, c'est le \ rai


dans ces paroles de saint François de Sales
lorscju'il dit que, « pnis(|u il sera privé dans
dèsiiile voir Dieu dans l'èiernité ; cl c'esl ce-
lui-là que vous laites sacrilier. par un saciilice
l'autre vie de voir et d'aimer Dieu, il voidait
absolu, à de ^ales, à la bienheu-
.sailli Kram.'ois
l'aimer du moins pendant (jn'd élail sm- la
terre -. » Le voilà ce sacrifice que vous pri'lcndez reuse Angèle, aux autres que vous citez. La ré-
absolu le voilà cet ;ic(piie.sceinent (pie vous
;
llexion (pii vous tait nommer « rctb cliie, » la

voulez élie simple, l'oiu- rexpli(|iief, il laul donc « persuasion iinincibiedesa juste léprobation. »

n'est pas une rellexuui ipii donne .sim|ileiii(nt


dire, selon vo-, principes, (pièces expies.sions
de voir Dieu ou de ne le voir pas, d'aimer ou de occasion à cette même persuasion ; mais qui
l'approuve si bien, (pi'oii on vient à sjicrilierson
n'aimer pas dans rétcrnilé, ne regardent pas le
salut parmi ac(piiesceniciit simple avec le cmi-
galut. C'est dé,àimcalisiirdiléinouic: mais celle-ci
sentement trè.s-venlable et Ires-relleehi d'un di-
est bien plus \i>il)le;car enfin ipi'a vjulu .Nacri
rocleni'.
fier le saint, si ce n'est pas le salut ? Il e.sl ai.sé,
Quand vous vous siuivez en disant et en ré-
répondent vos notes; ce sont les « restes de pio-
pétant dans vos notes'-, (prappairni et miagi-
« piiclé et de mercenarité '. » J'entends les pa-
« naire, ou de la .seule partie uileiicnn', muiI
roles : dévoilons-cn le mystère : les restes de
'
Doux. Lctlro «u i4p. i M. do Menu k, ,.. al. - • l'nne.prep., p

'rriiic |>rop., |i. U. — > rrinci|<. j/rap., p. 4i. — ' /4,p. 61.
2W LES PASSAGES ÉCLAIRCIS.

e s\Tion^Tnps » dnns votre lan(rape, je ne vous après: « L'Ame ne perd pas pins de vue Jt'siis-

puis croire, |iiiisc|ii(' ers |K'rsii.isi()ii>;, qno vous Clirisl que Dieu. Mais loiiles ces pertes ne sonl
iioiimii'Z a(i|i;ironli's, oui (ks cfïï'b si ncls dans rpi'apiiarentes el pa^sfiuères, ajuès quoi Jésiis-
k'sjifrilice dans ra(|iiiescoriieiilsiiii|)lt'.
absolu cl (^hrisl n'est (pas moins rendu à l'Ame que Dieu
Aussi ii'i;:n<irie/ vous (ins (|tie Molinos nVnl pris même. » Il n'y a nulle vérité dans ce discours.
atilrciiiciil « l'appari'iil. » Les crimes qu'il nii- Ces perles sont |ilus • rpr.i])|iarcnles, » piiisipie
lorisiiil sous ces mois n'élaiciil (pie trop o in- ce retour de Jésiis-Clii ist qui sera « rendu »

times » cl Irop réels; el pour vous él >i^;iier ail- n'empiVhe pas la réalité de la privation, tant
lant (le lui (pi'il le nu-iilail, il lallail choisir que tiiire ce tein|is dV|ueuves. D'où l'aiileur
(l'aiilres lerinesipie ceux «pii vous sont coni- conclut (pie• hors ces cas, l'àme la plus élevée

inims avec ce faux s|iiiiluel. peut dans l'actuelle contemplation être occupée
Je n'ai non plus liesoin de répéler le reste du de Jésiis-tlhrisl pièseid (>ar la foi » par consé.
' :

nouveau sysU'uic : loul almulil h ce sacrifice, à quenl dans ces deux ras, - » et en parlieulierau
Cet ac(|iiiescenienl, comme h l'acte le plus par- « cas des épreuves, » l'Ame n'en peut élie
fait de la pititi : ces désirs t;énéraux pour toutes occupée: on ne peut dire avec sjtint Paul: « Je
k»s volonles de Dieu ', cl même les(>lus cachées, vis en la foi du (ils de Dieu, > qui m'a aimé et
piépareiil la voie à cel acquiescemenl : l'espé- s'est donné pour moi 2, » car c'est encore en
rance n'est plus un nioliC, dés qu'il en i'aiil venir êtreoccu[)é; c'est en être occupé que d invoquer
jusqu'à la sjicrilier c'est \h, C(»inmc je l'ai dit 2,: Dieu expressémenl et disliiicleuienl par Jesus-
el je ne trains point de le répéler encore une Chrisl, (pii esl alors présent par la foi el en- :

fois: « c'est \h, » dis-je, « le point di-cisit » el la core qu'on puisse dire avec lui, « pouripioi me
Source de l'erreur: puisque c'est [mr là qu'on délaissez-vous? » ce doit être sans aucune vu'-
est mené pas h as, h cel « acte hai haie el dé- dislinc.e el particulière. Sur cette proposition,
sespéré, de s.'i(iiliei", jiar un siieiifice ahs'ihi, qui esl la 2:2' du livie tjuc nous réfutons, la
son honlieur même éternel , el d'ac(]uieseer à note dil qu'on n'est pas t privé pour toujours
sa perle, nial],'re la nature et maL'ié la ^lAce : » de la vue simple et dislincle de Jésus-Clirist*: >•

c'est aussi ic qui conduit insensilileiiient par mais elle ne répond rien à celte iiidnclion na-
l'iiiilillérence salut au d('';:oùl du Sauveur;
du turelle, (pi'oii peul donc en être privé très-long-
et sur cela encore à examiner une dernière
j'ai temps, pourvu (pic ce ne soit pas toujours'.
prupusilion (pii ap|iartienl aux épreuves. L'excuse tpie donne l'auleiu' à celle |>rivalion
de Jésiis-Cliiist dans les épreuves, c'esl qu'elles
CllAI'lTIlE X\.
Sonl courtes, il oiihlie le doole et jtieux cardi-
Dernière proposition Inudi.-int la privation de Jésus- Doua dans le livre dans chapitre qu'il
nal el le
Christ dans les (épreuves.
en a cité*, où d dil que « sainte Thérèse a élé
Les Ames contemplatives sont priv('es de la
« dans ces épreuves aflieiises dix-huit ans; .saint
vue dislincle, sensihie el réllechie de Jésus- Frant.dis, deux ans; sainte Claire de .Monlf.dco,
Chii-t en deux temps dilTerents: mais elles ne quiii7.eans; .sainte (^.iitheriiiede lioido^ine, cinq,
sonl jamais privées l'oin Toijorns en celle vie saillie .Marie Kuvplieune, dix-sept; siiiile Marie-
de lavue simple el di-liiicle de iéMis-Cliiist^. » Madeleine de l'azzi, cin(| ans, et s«Mze ans en-
C'est une des propositions du nouveau système, core dans ces extrêmes délaissements; Henri
oi'i il l'aiil il'ahoiil remaivpier ces mots, « privées Suzo, di.x Bal Ihasar Alvarez, seize el ThomiLs
; ;

pour lonjinus, » el ceux-ci, " vue simple el dis- de Jésus, viiiiil. »


» lincle de Jésiis-dhi i>l ; » ce (pii emporte (pi'on Eiilin, on teia durer celte privation au.ssi loii^;-
pourrait être privé de cette vue simple el dis- « temps qu'on voudra, puisque la condition est
lincle, » h condition ipie ce ne lïil pas « pour seulement (pi'on n'v soit pas « pour toujours en
toujours en celle vie. » « celle vie; » el dinaiil tout ce lemp.s, selon 1»
L'auteur passe de là h marquer deux temps note, non-seulement on sera « prive de la vue
potu' celle pii\alion, dont le premier esl la Icr- « seiisilile et de Jesu.s-Chrisl •', » ce (pii
1 ellecliie
vciir de la conlein|dalion nai.vs^inle: ce tem|is ne laisserait pas d'être pernicieux el iiisou-
ne me re^'anle pas; mais le second temps esl de tenahle, mais encore « de la vue dislincle du
mon sujet |iuis(pril a|i|).u'lieiit aux épreuves-
, même Jésu.s-Chrisl » présent par la loi. On
Secoudeiuenl doue, une âme « perd de vue » n'aui"! o (pi'une vue confuse » el très-generalc
Jésiis-Ohiisl dans les dernières épreuves* ic. : de Jésus-Christ en Dieu et sous prclexlc que
marquez ces mots, • perd de vue » cl un peu ;

• M«t., p. 1«1 — • r.aK, II. M. — • Pr nr. pmp p. I*)!, '"•


,
'Max., ). 61. — : H*(.. a quaitc Iclirc,, n. 1». — ' M .x ,, 11.1. — ' I1..11. pi't., |). .12 rrriila mr «lUe pHc; Vbi Cfr«.^i.

. ;

i9«. « /t., p. m. e. 10. — * ecmc. |'ru|i., nota Uo U f*t. 133.


247
LES PASSAGES ECLAÏRCIS.

« l'ànie croit alors avoir tout perdu » pour tou-


Chapitre XXII.
'
ne le verra Note sur l'involnnlaire en Jésus-Christ.
jours, CHi c'esl la supposition, elle «
« plus que conriiscinent. Dans quel endroit de » La variation de l'auteur sur ce sujet est sur-
rKvangile trouvera- t-on celle nouvelle
doc- prenante: il s'est excusé de celle parole sans
trine? faire ce qu'il fallait pour en purger son livre.

Chapitre XXI. Flatté par de complaisants défenseurs, il l'a

cités pour le cas des dernières épreuves. soutenue comme bonne, ainsi qu'il est démontré
Quatre auteurs
dans la Réponse à quatre Lettres, où je renvoie
Premier auteur : saint Augustin.
la note
le lecteur. Il cesse de la soutenir dans
« par là combien il est vrai que nulle
On voit sur la quinzième proposition 2; il lu défend
de
Seigneur
chose ne doit nous arrêter, puisque le nouveau dans une nouvelle lettre, et il ne sait
même, en tant qu'il est la voie, a voulu non quel parti prendre. Ce qui est certain, c'est que
passassions au-
pas nous arrèler. mais que nous pour établir la conformité des âmes iieinées
delii. de peur que nous ne
nous atlacliassions
avec Jésus-Christ, « notre parfait modèle, »
il

qu'il
avec irnjierleciiuii aux choses Icmporelles l'a mise dans « l'involontaire»,
«qui, en Jésus-
méri-
a tailes poiu- noire saliil, afin que nous Christ, comme en nous, n'avait aucune
com-
tions de parvenir à lui-mtMue, qid a délivré muuication avec la partie supérieure.
noire naturelles choses temporelles et qui
l'a
Chapitre XX 111.
élevée h la droite du Père '. »
— Je prends à témoin les yeux du Conclusion de cet ouvrage. —
L'auteur du nouveau système
jiêpouse. iniiigine de vains eiubarnis.

lecteur, un seul mot des dernières


s'il y a là
rapporté environ quarante passages pour
J'ai
épieuves, ni de privaiion de Jésus-Chrisldans
la
que lescomparer à quatorze ou quinze propositions
quelque temps que ce soit, ni d'autre chose
condamnables, sur le seul sujet des épreuves, et
d'è.reintroduit, mais toujoiu-s et en tout état
comme voie, à lui-même conune il ne s'est trouvé nulle ressemblance qu'inlorme
par Jésus-Christ
de longs passa- et confuse entre les uns et les autres, pas même
vérilé et comme vie. Cile-t-on si
dans les écrits de saint François de Sales,
tpii
seiilenienl de la ques-
ges, qui n'approchent pas plus conformité.
est celui dont on vante le la
tion, si ce n'est quand on veut manilesleuient démonhée l'au-
Cependant, comme s'il l'avait ,

éblouir le monde?
teur du nouveau système nous veut faire imagi-
Blosius.
Deuxième auteur :

ner un embarras invincible dans la


condauma-
Troisième auteur le bienheureux Jean de la Croix.
il tâche d'inté-
lion de son livre des Maximes, et
:

j},,po„sg. _ Pour abréger, on n'a qu'à jeter


resser l'Eglise romaine dans sa cause
pai ces

les veux un moment sur ces passages expliqués paroles « L'Eglise romaine même a un intérêt
'^
:

aillem-s'. pour voir qu'ils ne


lont rien à la (jiies- des
principal de soutenir ce langage (prétemlu
lioii el ne contiennent pas
un seid mot de Jésus- mystiques et des saints auleursj qu'elle a pour ,

Christ. ainsi dire, tant de fois canonisé avec les saints


Quatrième anteur : saint François de Sales. qui l'ont parti' dans leurs écrits. Autremenl les
Prenez courage car s'il vou:" a dénué des :
hérétiques, les libertins, et tous les autres hom-
«

consolations et sentimenls de sa présence, c'est mes peu affectionnés au S'nnt-Siige, ne manque-


selon
tienne plus à votre raient pas de dire que cette Eglise varie
alin que sa présence ne
» lestemps, qu'elle cède aux impressions passa-
cœur-'.
]\,!,)ov>te. — Etre « dénué des consolations el gères, cl qu'elle censure aujourd'hui ce
qu'elle
Par
est bien éloigné de donnait hier pour la lègle de la perfection.
senlimenls de présence, »
«
de ne le voir exemple, elle paraitiail condamner dans mon
« juM-die Jésus-Christ par la loi, »

sans vue sim|.lc et livre des propositions qui sont visiblement iiikn
plu> que coidiisémciil el
PLUS précautionnées que plusieurs de
saint
« (li.stmcle; » el cela
pour autant île temps qu'on
François de Sales, dont elle dil dans son
olliee
soit pas
\ou(ha, pom-vii seulement « que ce ne doelrine
vie. » solennel « Par ses écrits pleins d'une
:

« pour toujours en celte


« céleste, il a éclairé l'Eglise
et a moniré un
En un mut, nous avons lail voir, dans les ail- arriver à la perlec-
pas la sécu- « chemin assuré et uni pour
leurs, que le temps d'épreuve n'ôte
Je laisse à juger si c'estun bon mo\en
lilé (pi'onne trouve qu'en Jésiis-CInist, comme « tion. "

de détruire les quiétisles et de remédier à laiil


perpétuel médiateur et ponlile toujours vivant,
d'autres maux île l'Egli.se, (pie de laire dire à
nlin d'mlei céder pi»ur nous.

• l'rinc. prop. p. 12\ S Aiig., l 1. Oir dnri. ehrin(.,n. 38, — » '


Max., p. l'a. - ' Prlnc. prop., p. «1. - ' -VI»»-. l'-
l'"' ''*

Ci-dc>sus,c. 16, Itt,


;

8o pB»s. - > Prlnc. prop., p. U*. — • Princip. prop., p. lîW.


248 LES PASSAGES rT.LAIRCIS.

tous SCS ennemis qu'elle ne peut décider (|ii'cii comme les autres novateurs, il se sent condamné
vari.iiil "I tn m- eonlridisiinl ille-niéiiic. » par les paroles que l'imiire.ssion de la foi com-
L'n aiiUiir (|ui éeril en celle surle, perd le niuneavait lait couler naliirel.eiiientdesa plume:
rcspeci, el seniltle vouloir é|ioiiv;inler l'Kjzlise el (pielles (pie soient mainlenanl ses expiessi(jns'

romaine en lui moiitianl. |i()in' la relmler, nne il sera toujours véritable (pie les mollis dont il

discussion infinie el endiarrassanle de tant de parlait, el (pi'il vonl lil oler aux parlails, étaient

pass;i;:es, cpii ne sont jtas moins auloriNés que des <i motils ré|ianiliis partout, des • moliis >•

ceux de saint François de Sales. révérés ', n el des inov eus révélés de Dieu • pour
Mais Dieu a donné à son Kjrlise des refiles cer- répiinier les passions, |)our afiermir lonlcs les
taines pour trancher cesdiilicullés. Kt première- vertus, et pour détacher les;\mes de tout ce qui
nierd, la tradition se conserve toujours jtar cer- esl renlêrmé dans la vie pré.senle. » C'est ce que

tains actes publics etsi not-'ires (pie les novateins porte le -Y article vrai : le taux concourl dans le

eux-méuies ne les peuvent nier. Ainsi la divinité iiiéuie sens avoué que ces pré-
', puis<pi'il y esl

du l'ilsile Dieu paiaissait dans l'adoratiou (pi'on cieux molils, (pi'oii entreprend d'iiter aux par-
lui rendait dans tous les temps el cpi'Arius trou- laits, sont les « fondements de la justice chré-

vait établie. La tradition du pcclié oriuiucl ctait tienne je veux (lire. > poursuit railleur, «la
;

conservée dans le bapléuie des cidaids et celli' ; crainte ipii est le commencement de la s;if;esse ,

de la nécessité aussi bien (]ue de rellicace de la cl l'esiiéiance par laquelle nous sommes .sauvés.,

priUe, par les prières de i'pAdise. Les mêmes A|»rès cela, vouloir n'-dnire ces " fondements
prièics de décident encore la qLicslion
l'Kfili.se o de la justice chrétienne, " et tous ces m(difs

d'aujourd'hui et on voit trop clairement que


:
révélés qui ont tout le bon crTel el toutes les

les vœux (pi'eile pousse au ciel poin- le sidut.qui propriétés (lu'on vient d'entendre, aux maini-
au lond (jne la consoimuation
n'est autre chose iiipies expressions de VAiumiliipse el i\os pro-
de l'amour, ne peuveid pas y être coidraires. phètes, où la L'joire des enfanls de Dieu est si
Surceia nous avons l'aveu solennel de ad\er 1 vivement rep é.scntée par des inanes sensibles,
saiie, puiscpi'il est lin-méme demeuré d accord, qu'elles en pouiraienl exciter l'aiiionr naturel :

que les motils intéressés (pi'il ôte aux pailaits c'est un détour si visible, c'est un si manifeste
« sontlepandusdaus tous les li\res di- l'Kcriture allaibli-seiiient de ce cpie la vérité avait inspire
sainte,dans tous les monuments les plus pré- d'abord, (pie les oreilles ehreliemies ne le peu-
cieux de la tradition eidin, dans toutes les ;
vent plus eiileiidre (pie coiniiie un jeu d'esprit
prières de l'Eglise '. * dans la maliere du monde la plus firave.
Nous n'avons pas besoin d'examiner avec lui Ainsi, on est étonné, ipiand on entend un
sa nouvelle explication de l'intcrét propre ; el il auteur .se ploiilier que les siiiits parlent comme
snllit, pour en condanmer l'aulein-. «pie ce (pi'il lui , el « qu'ils sont beai>coii|> moins piécau-
flic aux jiarlads sous ce nom, est cela même qui « lionn''s: quoi altribuerons-noiis le
» car h
esl ré|iaudu de son aveu, dans l'Ecriture dans
. ,
• avec toutes .ses circonstances
sacrilice absolu, »

tradition el dans les jtrières (pie le Saint- et avec « rac(piie.seenienl simple sa juste con- .'i
la
Esprit dicte à l'KpIise catlioli(pie. a tlaiimation? Est-ce une expression dess;iir;ls?
>>

Si, vo}ant ce pas avancé (pu renversait tout le point du tout: on ne trouve rien de semblable

syslèmc, il a voulu retourner en arrière et sou- dans leurs écrits. Est-ce donc une « précaution »
tenir que les molils de « l'intérêt propre » du livre des Maximes pour adoucir les expres-
n'étaient pas ceux de l'espérance ehrétiemie, sions des pieux auteurs? au contraire, c'est ce
que l'on concluait (ju'il y a de plus excessif et de lus outré dans
loin d'avoir afiailili par là ce |

naturellement contre lui, il n'a lail (pie l'affer- ce liMC. L;nss;ml à pi»i I ces excès déj.'i traités

niir, puis(iue, après tout, il esl eeilain (pie les ailleurs, le(piel des saints a parlé comme on
motils de l'espérance chrétienne sont en eflet vient d'entendre parler, dans l'article 3 vrai et

répandus • dans toute l'I-crilme, dans tous les faux, un homme ipii se ;;loiilie d'être « le plus

c nionumeids de la tradilion. dans toutes les


précaiitioimé » de tous les ni\sli(|ues, et d'avoir

€ iirièresde rK;;lise ; » de telle .sorte (jiie c'était rendu plus corrects les |)reiiiiers d'entre eux ?
parler natuicllemeid. (pie de les avoir expli(piés Ajues cela peut-on s'ima^ziner que l'Egli.se
par ces termes. puisse être en peine du fond de sa décision, ou

yu'il dise api(''s cela lant (pi'il Noiidia. (|iie ces s'iiupiieler des passages qu'on lui objecte des
pr(^cedents ? les doctes savent que les
motils ne sont point les surnaturels, mais ceux siècles

dcsafleetions naturelles, cetle expliralion. trou- ariens en avaient contre la divinité dn lils de

vée après coup, ne !>erl qu'îi taire von (pie, Dieu d'aussi apparents cl en aussi grand nom- ,

Mai , p 33.
• M«i., (1 J3. — ' Jà,. p. sa.
EXTRAIT DES ACTES DU CLERGÉ. 249

bre que ceux qu'on nous objecte. Mais sans passages. Au reste, elle est incapable de s'émou.
s'etdiuier ni de leurs expi essiuns, ni de leur voir de la malignité des contredisants, dont elle
sainielé, ni de leur nombre, i'Euiise a su distin- aura toujours à essuyer les o; pnsitions et même
guer le fond qui a toujours été constant, d'avec les railleries tant qu'elle sera sur la teire. Accou-
les exjiressioiis, qui n'ont pas toujours été égale- tumée dès l'origine iiu christianisme à prendre
ment |)iccautioiuices. Car si l'auteur du nouveau le point de la décision, le lond, dis-je encore
système se sent lui-même obligé à réduire saint une fois, le fond ne
la met jamais en peine es :

François de Sales à des expressions plus correc- quand il trouverait quelques saints auteurs
se
tes, il a reconnu qu'avant les disputes on peut qui se seraient quelquefois écartés de la vérité
être beaucoup moins précautionné que depuis avant qu'elle fût bien reconnue, elle ne les
qu'elles sontémues, et qu'il ne faut pas s'étonner dégratlcrait pas de l'état ni de l'honneur de la
qu'on trouve quelque cliose h expliquer et à sainteté, parce qu'elle suppose toujours qu'ils
tempérer dans les plusgrands saints, sans préju' portaient dans leur sein la soumission qui les a
dice du fond qui demeure toujours inaltérable- sanctifiés.
Quand donc aujourd'hui on veut faire craindre ftlais aujourd'hui. Dieu merci, nous ne sommes
à l'Eglise romaine, que ses ennemis, qui sont point en ce cas les piopositions du nouveau
;

ceux de la vérité de Jésus-Christ, lui objecteront système ne se lisent dansaucim dessairds: il en

« une doctrine variable différente selon les faut outier les passages pour
,
y trouver quelque
« temps ', » on est affligé de vdir cette objection idée de ces étranges propusilions. Il faut outrer
des « hérétiques , » des « libertins » et des saint Fianeois de Sales, et lui faire avouer au
« autres hommes
peu affectionnes au Saint- pied de la que, privé de voir et d'aimer
Ifltre,
« Siège, » relevée par un évèque, qui doit savoir Dieu dans la vie future, û ne cessera de l'aimer
combien l'Eglise romaine est au-dessus de tels du moins dans celle-ci il tant outrer de la :

discours. Elle sait bien qu'en l'état où Dieu a même sorte une Angèle de Foligni, et les autres
mis la vérité en ce lieu d'exil, il v aura toujours pieux auteurs, pour leur faire |)arler le langage
de quoi lui taire un mauvais lirocès mais elle ; du livre des Maximes. Ainsi tous les eudiairas
sait qu'il j a a..s-i un point décisif par où l'on dont on tâche d'envelopper cette question, en
tianche les dillicuUés el l'on concilie tous les mullipliant les passuges des saints auteujs, dis-
paraissent connue un vain nuage.
' Princip. prop., p. 127.

RELATION DES ACTES ET DÉLIBÉr.ATIO?yS


CONCERNANT L\ CONSTITUTIOM EN FORME DE BREF DE S. S. P LE P.VPE INNOCENT XII LE DOUZIÈME DE MARS 1G99,

Perlant condamnation et prohibition du livre intitulé: Explication des maximes des Sainis sur la vie in
Icricwe, par mcssire Fianœis di: Salit,'nac Fenulon. archcvéquf de Cambrai, elc

Avec la délibération prise sur ce sujet Ie23juillet 1700, dans l'assemtiir-e générale du cleri,'t' de l'rance, Ji SainlGerm.iin-oii-Law

EXTRAIT du prnch-verhal de VasxembUe du. clergé de 165,'). dans la IkMation qu'elle avait fait dresser de
France du jeudi rirxyt-deurùhne }uiltel 1700, rfu matin, ce qui s'est passé en France au sujet de la doc-
nwrueiyneur l'arclievéque-duc de lleims président.
trine l'ondamnée parla constitution d'Iiuioi enl \,
MeBseigneurs les (ommissain-s nommés par la et de l'acceptation qui en avait été faite: sUe sur

compagnie pour dresser la relation de te qui s'est ce pian on s l'iuit proposé dans la coiniinssion
,

pa.s-e dans rKgli?e de Frunre au sujet de l'alTaire


de diviser la rel;itioii en deux p.irties. dont la pre-
de raiiriseifznenr i'anlievéquit de (Jaml)rai ,ont pris mière contiendrait soiiunaireineiit ce qui avait pré-
le liureuu , el moiisei^'iicur révKjue de \leauv, cédé le livre intitulé /i.r/j/icdno» des )iiaxiiites des
:

coiiunc ancien de mes.seigneurs les cora-


le plus sainis. qui avait donné
lieu a la consiilution en

mis-alres a dit, qu'en ex(''iutioii des ordres de la


,
forme de ttref de notre Saint- l'ère le Pape, du dou-
conipa'.Tiie messeifjneurs de la corninission el lui
,
zième de mars Itj'.iy.etla seconde contiendrait les
avaient csamiiu'! le plan qu'on pouvait se foiner actes tant ceux qui ont saisi le Saiiil->iét;e de la
.

pour faire cette relation, qu'on était convenu de connaissance de cette alTaire avec le juf;( nt .

suivre le raûmc ordre qu'avait subi l'assemblée de qu'il en a porté par cette constitution, que ceux
,

250 EXTRAIT DES ACTES DU CLERGÉ.

qui rsmrdpnt l'arrppfnfion de la nu-nie ronstilu- pneur l'archevêque de Cambrai ayant pris le bu-
,

lioti : (]ur la proiô'Me i|u'on avail oli-cr^t^ |M)iir reau . monsi-ii.Mieur l'évi-que de Meaux a dit qu'il
a(ri|it:iiiiiii. avail éù si r(?;.'iiliCTi! nu ri le pourrait av.iil sculemeiii a .ijoiiler a ce qu'il avait dil le jnur

çLTMr de inodi'U- à la (wu-rilé. el i|U aussi elli- avait préctilent que me-selL-iiiurs de la commission
, ( e

l'ic iircitMlt'i- |jar les e\em|iles de l'ailiqiiilf et déa , avuieul observé sur la cmiluile que l'a-ssemblev de
le ttin|w de saïul le Grand
l.i^oiiqu'a ré;;aru des l(j55 avail tenue par rapport à la Itelatioii qui fut
cxeiii|iles (le pareilirs relaiio )< f.iiles pour cousir- faite alors par ses ordres savoir que ladite Hela- ,

ver aux sie< |.'8 futurs la numoire des f lils iiiipnr- tion ayant été apimiuvée, on ordonna qu'elle serait
tants à rK(.'lisc. on en reunrquail plusieurs dans sifriiée par tous les députés insérée dans le procès- ,

les l'crils de saiiil Atlianase, de saiiil llilaire et de verbal el imprimée dans un recueil séparé, qu'ainsi
Saint Auj.'U>tiii: qu'au reste il no pouvait disMmii- l'avis de la ( (immission éiait qu'on suivit cet exem-
1er à la compa^'uie lu peine qu'il re-^si-iitait de se ple, si la compa;.'nie l'avait pour airréable.
voir contraint par ses onlrcs à rappeler dans son
. , Délibération prise par province, ra.ssemblée a
souvernr une allaire si douloureuse, non plus que approuvé lu Relation de ce qui s'est fait dans l'af-
de 8e dispenser de reinai()uer dans le lait que la faire de moiiFeii.'neur l'archevêque de Cambrai el
Déclaration que monseifîneur rarihev(\|ne de Paris, a ordonné, s ivani l'avis de la commission, qu'elle
aujourd'hui (urdinal. nionsei^ineur résèque de sera sij:!itV' p.ir tous messeiiineurs el messieurs les
de leurs se uinients
Cii.irln-8.et lui. avaient publiée dépulés, insérée dans le procés-verbal . et nu'il en
sur le livn- de nionseifineur l'archeviMiiie de Cam- sera fait iiicussauiment une édition particulière.
brai, ne fut pas donnée pour f.iire à l'R.-lise une
dénonnaiion de <c livre, comme il semble par un
proeés-verhiil. que l'a cru une province erclé>ias- RELATION
tiqup : mais que ce fut par rindi«pensable néces-
sité de juslilier leur foi el la pnreié de leurs sen- La di^cisjon prononcée avec tant de poids et

limenLs. Mondil sei;,'neur l'évitiue de Meaux a (le C(niiiaiss;uice par N. S. I'. le l'apc Innoceiil
ajouté qu'on trouvera vers la lin de la Relation, . XII, le 12 mars l(>!«t, esl si iinporlaiilo, el la
une analyse des procès- verbaux des assemblées iiiaiiicro de la recevoir el de l'cxéciilei dans le
provinciales, avec des reman|ues pour en faire ob- rovaiinie, si sa;;e el si c;inoni(|iie, qu'on n'en
server la parfaite unilormité. el que surtout on y
peiil Irop soi|;nciiseiiieiil recueillir les actes qui
verrai! éclater la pié'é du roi, attentive a conSiTver
se perdraient en deineiiianl disper.sé;. Les s;iinls
les droils des évniues dans l'ac iplation de la
Pères' lions ont laissé plusieurs seinld.ililcs re-
conslitnlion apnsluli(|ue M. n'ayant pas vo-ilu
. S.

l'enref^islrenient et revéciilion qu'a- cueils, on, pour l'iiislniclion des fidèles, lanl de
en ordon ler ,

près qu'elle urait été re(;ue par toutes les provin- leur ii^'c que des siècles Ininrs, ils ont rédiiil les

ces ecclésiastiques; qu'i-nlin après avoir repré- actes publics d.'ins La Itela-
la snile d'un lécil.

senté toutes ces choses a l'as^eiiililée il crovaii ne Uun de l'a-sseniblèe jiénéraledu cler^ié de France
pouvoir mieux linir que par ce passade de saint en ItKJî), com(ios(H» sur ces beaux modèles, nous
AuL'Ustin. par le(|iiel l'indilTérence des nonveanx a été en celle occasion d'mie si ;;rande nlililé,
spirilnels est si pré iscmcnl léfulée ' Quatiimlo
qu'il n'esl pas permis de dmilerqne celle (pi'on
non 'ivuit biiilm; aul ijuvinoilo
esl binla vilaiiuaiii
ania die>.M'e à cet exemple ne soit é;;alenienl
onin/ur quoU uii-uin vujcal.an perçut, indiljevenlcr
prolilali e ;'i la poslciilè. C esl aii.ssi ce qui a poilé
acripilur?
Après quoi monsieur l'abbé de Lnuvois a fait la
1 a^^cllll>l('( ^;cni'r.de de l.i i>ré.senle aniuV 1700,
lecture de la Itelalioii , lai|uclle étant achevée, h nommer iiie>,sei^;neurs les évèc|ues de .Mt^atix,

nionsi L'iieur I évéqiie de Meaux a supplié l'as- de .Moiilaulum. de Cahois el de Tio_\es, avec
seiiibléf d'ordonner qu'elle duineunU sur le bureau, me sieurs les alibés de Caiimartin, de l'oin-
afin que chacun de mcssei«'icurs el mi'ssieurs les ponne. |{ issiiel el de Loiivojs, pour disposer
dépulés cûi le loisir de l'examiner et de taire ses celle aflaire el lui en laii e le rapport
n'-llexions sur Ce quelle conlieiii. mondit sei;;neur
La nouvelle sjiiiiliialili' ou la nouvelle oraison
ajoiiiant que la coiiiiiii-^sion la souniellait avec un
qu'on n voulu iiilrodiiire dansces dernièics an-
profonil rcs[ieci au de
jiii:i'rnenl la coiupa^^nie et des
nées en Italie el en Iraiice, a son londement
paiticiihers qui la lomposent.
L'asstinbl e . suivant l'avis de la commissioi principal ^nr un pi-i<ti ndii nmonr pnr on anioiir

a ordonné que lu llelaliou demeua-rait sur le bu- desinlèresx^ bien dilTèrenl de ramoiii de Dicti,
reau. que rKerilme el la reli;;ion reeonnaiss<'nl.
E\THAIT (lu fimcfs-rrrhal d« l'asitmhUr du rrniirali Hans celte nouvelle spiriinalilé ou ap| elait
ttnf)i-irnitirmf juii'tl 17(1(1, du matin, monsrigntur iar- inlerci non-sciilemenl les bien> temporels, ou
chtr^i/ue-dur de lltiiiit yr^sident.
nieme dan.^ l'ordre des biens spirilnels les gnl-
Mesw'iuneurs les commissaires nommés par la
compagnie pour la llelutioii de l'ulTuirc de uioiisei- ' Athini*. Apol. aW r<m'lii»lin ; »pol. a, Ciml. Arim < Bpi'l. ad
$.-,l'iir . I)r Êfitn^" Artm'» ; Hliir., Di tymed.; August, Dt çtaixi
> Ub. m Dt Tritul., c, 8. Ptlatii, Brtmt, CatlU., «le.
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 251
ces et les consolations sensibles, mais encore le montrent assez.de là que venaient ces
C'est
salut (|ue nous espérons en Jésus-Clirist, la étran'j:es épreuves qui réalisaient le péché pour
gloire cMerneile, quoiqu'elle soit celle do Dieu aussi mieux réaliser la damnation; et on cher-
plus que la noire, la béalilude, la jouissance de chai! un repos funeste dans un acquiescement
Dieu, la vision bienheureuse. Toutes ces choses absolu à sa perte.
paraissent trop basses pour toucher les âmes La condamnation de Molinos, prononcée à
parvenues à ce prétendu pur amour. Tout ce Rome le 20 novembre 1687 par la bidle d'iuno.
qu'on avait à chercher en Dieu, devait être tel- cent XI, renilit l'Eu lise plus attentive à ces ma-
lement détaché de nous qu'il n'y eût aucun rap- tières; et la France ne fut pas longtemps sans
port On oubliait que dès la troisièuie parole du s'ape cevoir qu'on répandait depuis quelque
commandement de l'amour divin, il était dit: temps dans tout le royaume une infinité de pe-
« Vous aimerez le seip;neur votre Dieu, » au tits livres où les maximes du faux pur amour et

même sens qu'il fut dit à Abraham: « Je serai delà nouvelle oraison étaient établies d'une ma-
« ton Dieu, et celui de ta [xtslérilé après toi ' : » nière si spécieuse, que, comme ceux de Molinos,
au même sens que David disait si souvent: «0 ils étaient comptés parmi les livres de dévotion.

«Dieu, mon Dieu, » pour marquer qu'il était à Ceux qui se firent le plus remarquer par les gens
nous, et nous à lui, ilc celte façon particulière instruits furent les livres intitulés Le Moyen :

que saint Paul après Jérémie explique en di- court, et une Interprétation sur te Cantique des
sant :« Je leur serai Dieu el ils me seront peu cantiques. Une femme avait composé ces traités.
« pie 2; » et dont encore il est écrit dans VApo. Feu monseigneur l'archevêque de Paris la mit
caljjpse : « C'est ici le tabernacle de Dieu avec dans un monastère, où il fit faire contre elle
« les hommes, et il habitera avec eux, et ils se- quelques procédures dont il ne se trouve aucun
« rout sou |)eMple, et Dieu demeurant avec eux vestige Couune elle parut très-obéissante, on se
« sera leur Dieu '. » contenta de sa soumission et sur la promesse
;

Cependant il se fallait élever au-dessus de cet qu'elle fit de ne plus écrire ni dogmatiser, on lui
amour que nous devons à Dieu « comme notre: » laissa l'usage des sacrements.
il avait par cet endroit-là trop de liaison avec Le mal se renouvelant et le bruit s'auguien-
nous. Pour achever de poser l'état de la question tant de plus en plus par les livres qu'on vient de
et la matière des décisions ecclésiastiques, on ne nommer, qui se répandaient jnsipie dans les
doit point oublier que Jésus-Christ, connne Jé- communautés, leur auteur demanda en parti-
sus-Christ et Sauveur, avait trop de ra|)port à culier l'instruction de quelques évèques sur la

nous pour être le digue objet d'une Ame contem- nouvelle oraison prétendu amour pin- car
el le ;

plative animée du pur amour. Il ne fallait plus pour les abominations qu'on regaidail couune
le regarder que comme « Dieu béni au-dessus les suites de ses principes, il n'en fut lamais

« de tout'', » sans s'occui)er volontairemcnl de question, el celle personne en témoignait de


ce qu'il avait voulu être lail pour nous; c'est-à- l'horreur. Sur le reste elle elle-même
propo.sa
dire « notre sagesse, noire jusiice, noli'esancti- messeigneurs les évèques de .Meaux el de Chà-
« (ication, notre rédenq)tion ^, en un mot
» lons, depuis arclievêiiue de Paris, el aujourd'hui
« nolie Emmamiel, Dieu avec » Tout
nous*». cardinal, avec léu M. Trouson, siqiéi leur du
cela nous devenait comme indifleient; on ne se séuùnaire de Sainl-Sulpice. Il se tinta Issy, dans
souciait ni d'ètie sauvé ni d'é.re damné; c'était la mai.sonde ceUe cunuunnaulé.des conférences

là ce (pi'on appelait la sainte el hieuheureuse Irês-secrèles sur la nouvelle spiritualité el sur


indifférence dans uu .sens bien oppuséà l'inlcn- les livres en question. Celle qui les avait com-
lion de ceux (pii s'élaieul servis di: cette expres- posés fut ouie plusiems lois, et .s'élanl retirée
sion. On sacr ihait aisémeut dans les dernières volontairemcnl aux filles de Sainle-Marie de

épreuves ce ipi'on tenait on con-


si iiidiffcicMit: Meaux, elle et sesamis présentèrent divers écrits
sentait à sa danuiatioii en presnp|iosatit que poiu' explii|uer leurs seulimenls, (pi'ils .sounii-

Dieu le voulait d'une volonté absolue, el on u'au- rent à l'examen des juges (ju'ils avaient choisis.
rnit pas voulu faire la moiudie action pour en Ce hit après les avoir examinés que les Irois

détourner le coup. juges choisis crurent nécessaire d'opposer à a


Onclles illusions prenaient la |)lace des solides nouvelle oraison el aux éciilsipron présenlait
vérités (pi'ou laissail en celle sorte an-dessous' pour la défendre les trenle-ipi.itre Arlielesd'Issv.
(le soi; exemples des bi'guards dans les siè-
les du 1(1 mars t(i!ti. La siiile des laits oblige iii à
cles pas.sés, el celui de Mulinos en nos jours, le reman|Her que M. l'.ibl é ib Femlon fui nti do
C«M., XVII, 7 ^Jtr. XXXI, M, III VIII, lii. — '
Apoc,
ceiixi|ui ( criviii'iil enlavi m diipieletiiliiitiiour
XXXI, 3. — ' Hiim., x,h. —
' 1, Cor., i . — * lia., vil, U. pur el de la nouvelle spinlualite, el qu'aines
252 EXTRAIT DES ACTES DU CLFRGIÎ.

avoir cxpliiiiw^ sur la matii'rc ce qu'il trouva à de ce nouveau livre no fût celle de ces deux pn'"-
propON, ilMtiiMii\iilivs;irlirlc's, olariuli'jjuioiiimé lats, e'esl-à-dire de mesM-ii^neurs leséviquode
arcln'V(^iliic' (le (Ifiniinai. Cbàlohs, déjà eleve à raiclievèclié de l'aris, el
iViidaiil (|iiL- l'on Iravailinit «'iresiiislructions de Meaux. il ne.s'aunssiit que d'élendre plus ou
pa'liculicros, feu mutiM'i^'neiir raiclic\t^(iiie de moins leurs principes. Laiilcur leur attribuait
l'aris (jiii de S(HI crilc coiilre l'ei leur,
vcillail le> pn)|)((siiii>ns. el ne se laissait à lui-même au-
piiMia sou or'doimance du KJoclnlire Ki'.U, où. tre pari, en celleallaire.quecelle de dével«)i)per
eiilie autres livres, les deux dont il a été parlé plus au leurs senlimenls. l'ar là ils se troii-
lonfj;

furent condamnés avec la nouvelle oiaison. vaienl en;:a^'és mal^'ié eux dans celle caii.se; le
l'areillecondainnalion Inlprouoniée par mes livre élant publie, imprimé en laufiue vulgaire,
sci;ineius les éviSiues de Meaux et de (^li ilons avec privilégie, avec le nom d'un si iirami auteur,
dans leurs Onlonn.mces des Met 25 avril ltHI5. il (allait eu désavouer on avouer la docirine; et
Ces deux prêtais insérèrent dans lems (tidou- ce> deux prélats .se virent rédiiitsà cette nécessité'
nances les lreMle-<iuatre Articles d Issy |)oiu- Klle leur parut encore plus làcbeiise, lorsipie
l'instriRlion deslidèles. Ladameietiréeà Mi'aux, examinanlla doctrine qu'on leur atlribuait. loin
ainsi qu'il a été dit, les avait déjà souscrits, d de la pouvoir accorder avec les .\rtirlcs d'Usy,
souscrivit encore aux ordouunances où la ccn- ils trouvèrent qu'elle ne làiMiit que les éluder,
sme de ses livres élail(oulemie,el donna toutes et la Juyièrenl d'ailleurs si opposée à la s;iiule
les manjues qu'on pouvait attendre de sa sou- théologie, (pi'ils se cruieulobliyés à déclarer sur
mission. cela leui sculiment.
M()nseig;neur l'évèque de Chartres, qui le pre- Ils se 11 illèreiil loufilemps de l'asTéable espé-

niiei-de tous les évécpies du ro\.unne avait dé- rance que mon.seji^neiir l'archevêque de Cam-
couvert dans sou diiicè>e lui counnencemenl de brai renlrerail dans les premiers .Nenliuicnts de
l'introduclion de la miuvelle uraison, et en avait conliance (pi'il leur av.iit léinoi;.'nes dès le com-
vudesesu'ux les mauvais ellets, anime pat le ineiiceiuenl de celle alTaiie. .Mais ce |irêlal ne
même cs|)iil qui guidait les autres préials. eon- trouvant plusà proposde s'en rapporter comme
dauma an^si, par son Oidounauce du:21 novem- auparavant à .sesconirères, et résolu de soutenir
bre de la même année, les livres iutilide> : l.e Sii docirine ina|i;ré biute l'opposition qu'il y
Mdijeu court et Vhitfipirliition .sur le Cuiitiiiio' tiMuvail en France, porl.i l'aflàiie au Saint-^ié^^e
des cantiques, avec un manuscrit du même au- par la lellre (|u'on va transcrire ici toul entière,
teur, qu'on répandait dans son diocèse et an. parce qu'elle est le (ondement de la procédure
leurs, sous le nom de Toneuts, dont les lidèles qui coimiieucecà Itoine. La voici en laliii et
liit

CxtraiLs, inseré.s dans celte Ordonnance, lont en Iradm lion que lautcur en
liMiK ajs M'Iou la
assez voir les rai>onsde delendre et de censurer publia quelque leui|is après '.
cet écrit pernicieux.
Le roi touche à son ordinaire des intérêts de
prolectenr, approuva
LETTHE
la relitiion d»)nt il est le
A H. T. S. P. LU PAPE l.NNOCEXT XIL
ce que laistienl ces évéïpics et tant de zèle, tant
;

Três-Sainl l'ère.
de |)recaulion, tant de justes mesru'cs avec un si
J'avais résoluau plus t()t avec toute
d'e.ivoyer
grand soulieu. amaient elonH'e le mal dans sa
sorte de souinis>ioii de respeci a Voln- Sainteté le
et
naissance, si, par un événement (iii'on ne peut peu sur les Maxiuies ds
livre que j'ai fait depu .-<

assez déplorer, mon>eigoeur rarclievé(pie de sai it.'ipour la vie intérieure La suprême autorité
Cambrai n'avait mis an jour son livre inlitule :
avec laiiuflle vous présidez il loules les Kj;l ses el ,

Exi>lic(Ui()ii lies Miuimes des saints sur la vie les f"!-;'!' es dont vous in'.ivez ciniililê. luiinposaieiit
iutèrieure, ipii a renouvelé les disputes, et a ce devo r Mais pour n'oineltre rien d.ris une raa-
excité comme en un inomeiil|iaitoulle royaume liêrcsi iiiipiirla Ile. el sur la(|uelle les esprit." sont si

lesoulèvemenl ipi'on a vu. at;ités pour remédier uu.\ éiiuiviniue.-* qui |k,'U-
; el

Une circonstance remaripiahle de la piililica- veiil naître de la diversilê du fjôiiie des laii^uw,
j'ai pris le parti de faire avec soin une version l.iliiic
Uon de ce livre lut de déclarer, dès la iirelace^
de toul iiioa ouvrage l^'est à quoi je m'aiipluiuc
que lieux rjratuls prélats (ce sont les pid|)i es pa-
loul entier, et hieiiiOl j'enverrai cette Iraducliou
roles de celle prélacey ayant donné au public
«
pour aux pieds de Voln'Sai lelé.
1.1 iiielire
treiite-ipiatrc propositions ijui contiennent en
Plùl à Dieu. Três-.-iaiiil l'en*, que je pusse en vouâ
substance Inute la (loclriuedes voies inlérii-ures, préseiilant moi-même mon livre avec un eœur lélê
l'ameur ne pritemiail, dans cet ouvraize, (jiie et soumis recevoir votre bênédicuoii a|ioslolii|ue •

d'e> pliipier leurs prmcipoavec plusdetendiie. » Il < -t «uflU«nt, crojaaa-Doiu, da npporur U vanioa rr*tiv4iM
Ainsi on ne lai>siiit aucun doute une la doclrine MUluneoU
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 253

Mais les affaires du diocèse de Cambrai pendant les J'ai donc renfermé dans le style le plus concis
meilleurs de la guerre, et l'instruciion des pruices qu'il m'a été possible, des définitions des termes
que le roi m'a fait .'honneur de me coiitier, ne me que l'usage des saints a autorisés, l'y ai même em-
permettent pas d'espérer cette consola' ion. ployé le poids et l'autorité d'une censure pour tâches
Voici, Très-Saint l'ère, les raisons qui m'ont en- d'écraser une hérésie si pleine d'impudence. Il m'a
gagé à écrire de la vie intérieure et de la contem- paru. Très-Saint l'ère, qu'il y aurait quelque indé-
plation. J'ai aperçu que les uns. abusant des maxi- cence qu'un évê'iue montrât au public ces erreurs
mes des saints si souve it apiirouvées par le Saint- monstrueuses, sans témoigner aussitôt l'indigiiaiioa
Siège, voulaient insitmer peu à peu des erreurs per- et l'horreur qu'inspire le zèle de la
maison de Dieu.
nicieuses ; et que les autres , ignorant les choses spi- A Dieu ne plaise néanmoins que j'aie perdu de vue
rituelles, les tournaient en dérision. La doctrine ma faiblesse, et que j'aie parlé avec pré.soraption!
abominable des « uiétistes, sous une ap|)arence de L'autorité suprême du Saint-Siège a suppléé abon-
perfection , en secret comme la gangrène
se glissait damment à tout ce qui me manquait. Les Souverains
en divers endroits de la France et même de nos . Pontifes, en examinant scrupuleusement tous les
Pays-Bas. Divers écrits, les uns P''U corrects, les écrits des saints qu'ils ont canoiiksés ont approuvé ,

autres fort suspects d'erreur, excitaient la curiosité en toute occasion les véritables maximes de la vie
indiscrète des fidèles. Depuis quelques siècles beau- ascétie|ue et de l'amour contemplatif. Ainsi, en m'af
coup décrivons mystiques, portant le mystère de la tachant à cette règle immuable, j'ai espéré de pou-
foi dans une conscience pure, avaient favorisé sans voir dresser, sans aucun péril de m'égarer, les ar-
Je savoir l'erreur qui se cachait encore. Ils l'avaient ticlesque j'ai donnés comme véritables. A l'égard
fait par un excès de piété affectueuse p ir le défaut ,
des faux que j'ai condiranes, j'ai été conduit comme
de précaution sur le choix des termes et par une , par la main car je me suis proposé en tout pour
,

ignorance pardonnable des principes de la théologie. modèle les décrets solennels par lesquels le Saint-
C'est ce qui a enflaminé le zèle ardent de plusieurs Siége a condamné les soixante-huit propositions de
illustres évéques. iJ'est ce qui leur a fait composer Michel de Molinos. Fondé sur un tel oracle, j'ai osé
trente-quatre Articles qu'ils n'ont pas déd.iigué de élever ma voix.
dresser et d'arréier avec moi. C'est ce qui les a en. Premièrement, j'ai condamné l'acte permanent,
g.igés aussi à faire des censures contre certains petits et qui n'ajamais besoin d'être réitéré, C( mme une
livres, dont quelques endroits pris dans le sens qui source empoisonnée d'une oisiveté et d'une léthargie
seprésente naturell 'ine it méritent d'être condam lés. intérieure.
Alais Très-Saint Père, les hommes ne s'éloignent
, Secondement, j'ai établi la nécessité indispen-
guère d'une extrémité sans tomber dans une autre sable de l'exercice distinct de chaque vertu.
Ouelijues personnes ont pris ce prete.\te , contre Troisièmement, j'ai rejeté comme incompatible ,

notre intenlion pour tourner en dérision,


. comme avec l'état du voyageur, une contemplation perpé-
une chimère extravagante, l'amour pur de la vie tuelle et sans interrupi.on qui exclurait les péciiés
,

conte niplative. ven.els, la distinctiou des vertus et les distractions ,

Pour moi , j'ai en marquant le


cru qu'il fallait , involontaires.
juste milieu, séparer le vrai du faux et ce qui est ,
Onatrièniement, j'ai rejeté une oraison passive,

ancien et assuré d'avec ce qui est nouveau et pé- qui excinrail la coopt-ialion réelle du liljre arlnlre
rilleux C'est ce que j'ai essayé de faire selon mes
.
pour former les acies méritoires.

forces très-bornées de savoir si j'y ai réussi ou


: Cinquièniemcni, je n'ai ailinis aucune autre quié-
non, c'est à vous, Très-.Saint Père, ix en juger, et tude, ni dans oraison ni dans les autres exercices
I

c'est à moi à écouter avec respect, comme vivant de la vie iiilerieuie, que celle paix dii Saint-Esprit,
et parlant en vous, saint Pierre, dont la foi ne man- avec laquelle lésâmes lesplus pures lonl leurs actes
quera jamais. il'une liianière si uniforme, que ces actes parais.Ncut
Je me suis principalement appliqué â rendre cet aux personnes sans science, non des actes distincts,
ouvrage court, et en cela j'ai suivi le coiLseil de.s mais une simple et permanente uinlé avec Dieu.
personnes les plus éclairées qui ont désiré (|u'on ,
Slxièmeinenl de peur que la doclrine du pur
,

pût trouver un remède prompt et facile non seule- , amour, si autorisée par tanl de Pères de l'Iiglise et .

ment contre l'illusinn qui est contagieuse, mais par tant d'autivs saints, ne parill servir de refuge
encore contre la densiun des esprits profmes. Il a aux erreurs des quiétistes, je me suis principalement
donc fallu so iger aux âmes pleines de ca ideur. qui aiipliqué à montrer quelque degré de perlec-
ciu'eii

étant plus siinplt^s dans le bien que précaulionnées IJon qu'on soit, et de quel(|ue pureté d'amour qu'on
contre le mal, n'apercevaient pas (ut liurrible ser- soit rempli , il faut toujours conserver
dans son
pent qui se glissait entre les lli'urs. Il a fallu songer cu'ur l'espérance par laiiuelle nous sommes sauvés
aussi au mépris des critiijues qui ne veulent point suivant ce que l'Apôtre dit Maiiilciiunl ces trois :

séparer de la doctrine empestée des liypocrKes, les clwscs, la foi, l'csprrancc, ta cliaiitc . dcincurciil;
Ir.idilions ascéti(|ues, et les piécieu.ses maximes des mais la (liarilc es, /(/ plus (/lunde. H faut donc lou.
saints C'est pourquoi on a jugé qu'il était a propos jours espériT, désirer, uemander noire salut, mêiue
de une espèce de dii'lionnaire de la tliéniogie
laire en tant qu'il est notre salut puisiiuc Dieu li- veu, ,

mysliipie pour empêcher les bonnes âmes de passer et (lu'il veut que nous le voulions pour sa f.loirc-
au delà des bornes posées par nos pcrcs. Aiusi l'eapérauce se conserve dans sou proiue exer-
254 EXTRAIT DKS ACTKS DU CLERGÉ,

cire, non-seulemrnt par rtiabitnde infuse, mais on- dVire jiip<^, « poiii' remMipr, » disnit-il, « aux
cort par ses actes propres . i]Ui élaiil coin mandés et • éqiiiv>i(nics qui |ieiiveiil nailre de la diseisilé
ennoblis p.ir lu cliarili- , roiiiiuu parle l'ivrole. Bout « des laM;;iies. • TniisièiiuMiieiil, (ju eiiiiiit
il

rapport)^ trOa-siinpIeiiient a la 8ui>|tiiii- lin du la


011 diverses explicalioiis de smi livre cl de m-s
cliarilC ind'ine, qui esi l,i (lurc t;loire de Dieu.
intentions: el eiilin. qu'il ré|K-tail une el dcu>
Septii'iuenient , j'ai dit que cet étalde charilé ne
fois, qu'il ne prétendait dans ce IImc que de
8e trouve que dans un petit noml)'e d'âmes IniS"
habituel. suivre les lreiile-(iiialie Articles d'I.vsj, ain.'îi
parlailes.ct qu'il est en elles si-uhinrnt
Quand je dis habituel ne plaise (|u'on en-
, à Dieu qu'il l'aNail déclaré dans la préface de son livre.
tende un éiat inaiiiissible ou exempt de luule ca- Jlini.Mif;iieiir raiclieMi|uc de l'aris. el .Mon-
rialiun. Si cet élal est encore sujet aux pé' liéa seifjneiir i'é\é(|ue de .Mcaux, (|iii sjtv.iienl lal-
quotidiens, à ciiihien plus forte raisoii esl-il coni- faire enga;;ée, el le l'ape saisi parleUie ; vovanl
patilde avec des actes faïUs de temps en temps qui , aii.ssi que d'ailleurs on les np|iel.iienl toujours
ne laissent pas d'être bons et ménloiies, quoiqu'ils en lénioijjnajîe, se seiiliienl enliii obligé.s à se
soient un peu moins purs el désinti^re.-seg. 11 siillit, déclarer : ce ne fut pas .sans continuer autaiil
pour cet (Hat, que les actes des vertus y soient laits qu'ils purent les voies aiiiiatiles, comme leur
le plus souNCnt avec celle perfection que la clianlé
coinmiin caractère el leur ancienne amitié les y
y ri'iiand. et dont elle les anime. Toutes ces clio.ses
oMigeaienl. .MunM'i|.;iieur l'evéïiue de CliaiUes,
sont confuriiies aux lreiile-i|ualre articles.
Je joindrai. Tres-Saint l'ère, au livre que j'ai
en i|ni monseigneur de C.imbrai leinoignuilune
publié, un manuscrit des sentiment:) des
recueil conliance |)ai'liculière, s'était joint à eu\ pour
i'éres el des saints des derniers siècles, sur le pur l'e.xamen, tant de l'alTaire fond, que des daii.s le

amour des conleinplatifs, alin (|ue ce qui n est ([ue e.\|iédierils )>our la lerniinerd'une manière pai-
siinplemenl dans le premier ouvra},'e, soit
exjiose sible. .Mais après une longue allenle pendant
prouvé dans second par les téiiioiiina^ies et par
le rcs|iace d'einiron six mois. .s;iiis prétendre riea
les.^eiitiiiienLs des saints de tons les siecli'S. Je sou-
pnnioiicer dans la cause dont cet arelie\èque
mets du fond de mon cœur. Tres-Saiiii Père, l'un
a>uildèjà .saisi le l'ape, el sans même dénoncer
el l'autre ouvrafie au ju:.'Cmeiil de la sainte Kylise
le lÎMc, mais seuiemeiil pour la décharge de
romaine, qui est la inére de toutes les autres, et
leur conscience, ils |iuliliirenl leur Declaralion
qui lésa enseignées. Je dévoue, et ce qui (lé|iend
de moi, et moi-même, à Votre Sainteti'. comme le du li d'aoul Kiin ; et monseigneur révé(|ue de
doit faire un tils plein de zèle et de respect, (.lue si Cliarlics s'unit avec eux, pour les raisons qui
mon livre fraiii,ais a deju été porté a Votre Sainteté, sont ex|)osées dans la même Declaralion.
je vous supplie Irés-liumblemeiit, Tres-Saint l'iTe, Uuelqnc lem|>s après, Monseigneur l'arcbevô-
do nu rien décider Siins avoir vu aup navant ma que de Paris publia son Inslruclion [lastoralc,
traduction latine qui partira tout au plus ti)t. Uue
du" d'octobre Kiit", sur la perfection rhiétieniie^
me resle-t-il a faire, si ce n est di' .-ouliaiter un
el fur la rie intérieure, contre les illusions des
loiin ponlillcat a un chef des p.isteurs qui j.'ouverne
faux viystiiiues : où, api es avoir instruit son linu-
avic un co'ur d-^iiitére.'s.sé le royaume de Jesus-
peau ilu fond de la malièrc, il ne mainjua pas
Christ.et qui dit avec l' ipplauilisseineiit de taules
les nations rattioli(|uos i. son illustre famille : Je
dexpliqiuM' que s'il ne prononçait pas, comme
ne vous coutiaU pvinlY Kii faisant tous les jours de il le |iou\ait, sur le li\re qui faisait alors tant de
tels vu'ux je rois demander la gloire
. < et la conso- briiil, c'elail parre.specl pourle l'ape (jui l'exa-
lation de l'Kk'lise. le rétalilisscineiit de la discipline, minail.
la pr(ipai;atioii de la foi. l'extirpalinn des scliismes Monseigneur l'évéïine de Cliarlres publia aussi
et des hérésies, eiilln l'ahonda iie moisson dans le s;i leltie pastorale, du 10 de juin lt>'.t6, sur le li-
champ du souverain l'ère de famille. Je serai à ja- vre Explualion des Miirimes des suints,
iiililiilé ;

mais,
el sur les explii niions iliiférentes que monseujneur
De votre Sainteté,
larrheviijue (le Cambrai en a données ; cl il \ dè-
Lctrés-humlile. Irés-obéissanl et Irés-dévoué
cl.ira qu'on devait attendre avec soumission le
fils et serviteur,
Jngemenl du Sainl-^iege, uù la cause avait élé
Fkançou, «rdt(r/giv-Jiu iê Cambrai. portée.
On n'entrera pas plus avant dans le particu-
lier des ouvrages qu'on a (iiibliés sur ce livre, cl
Ce qu'il y a de considérable dans le fait est, on se conleiilera de louer le zèle el la doctrine
preiMUTciiieiil. (iiie celle lellre de iii(niMi(;iKMi|- des prel.itsipii ont Irav.iillé si iitilemenl ;"i lailé-
l'uicliev (|iie de Candnai .saisi.ss^iil le l'ape, el feiise bonne cause. Il ne tant pa» oublier
de la

lui dciiiaiidail iiii jii^cinent. Secuiidoiiienl ijiio pour reciairci.s.semenl du lait, ipie pendant un
l'auleur iniiiiiellailn .\i .Viiiilcle une lra<l<i(iii<ii temps si considérable, ou moiiseigneur l'arclie-
luliae de t>uii livre, scluii latjuelle U dcuiuiiduit vCqucdc Caïubrui delcuduit sua livre, il ne s est
COINUAMNATIOiN DES MAXIMES DES SAINTS. ûh^

trouvé dans toute la chrétienté aucun auteur qu'ils ont jugé de chacune. Nous donc, après
coiuui qui ait entrepris de le soutenir. aviir pris les avis de ces mêmes cardinaux et
Tout l'anivers est témoin de l'applicatiou in- docteurs en théologie, dans plusieurs congréga-
faliL'aljle de notre Saiiit-Père le l^i .e dans im ti"ns tenues à cet effet en noire iuésence; dési-
exauîoii que les nouvelles cxpliealionsdu livre rant, autant qu'il nous est donné d'en haut, |)ré-
rendaient tons les jours plus dillicile mais tous : venir les périls qui pourraient menacer le trou-
lesiucidentsqu'on Taisait naître, pour ainsi dire, peau du Seigneur, qui nous a été confié par ce
a chaque pas, loin de découiao:er le s dut Pon- Pasteur éternel de notre propre mouvemept.et
;

tife, n'ont (ail qu'enflammer son zèle. Non con- de notre certaine science, ajuès une mine déli-
tent des congTégations qu'il faisait tenir sans bération, et par la plénitude de l'autorité apos-
relâche, et du com|)te qu'on Un en rendait tous tolique, CONDAMNONS ET REPROUVONS, par la te-
les jours, ce saint Pape, pressé du <lésir de don- neur des piésentes, le livre susdit, en qiielque
ner la paix à l'Eglise par une décision exacte et lieu et en quelque autre langue qu'il ait été iin
digne de la Chaire^de saint Pieire, les tenait lui- primé de quelque édidon et de quelque ver.sion
même longues et fréquentes; et secondé par les qu'il s'en soit laite, ou qui s'en puisse faire dans

cardinaux qui continuaient sons ses ordres leurs la suite; dauiantq le par la lecture et parTusaue
utiles et édifiants travaux, après une discussion de ce livre, les fidèles pourraient être insensible-
si publique et si solennelle de chaque proposi- ment induits dans des erreurs déjà condamnées
tion, et après avoir inqiloré et failimplorer [)en- par l'Eglise catlioliijue; et, outre cela, comme
dant pluMeursjours l'assista'ice du Saint Es|>rit, contenant des piO|)ositious, qui, soit dans le sens
il |)ul)lia la constitution en forme de bref que des paroles, tel qu'il se pré.senle d'abord, soit
en
nous allons rapporter '. égard à la liaison des princi|ies
sont témérai- ,

• Condamnation et Défense res, scandaleuses, mal sonnantes, offensent les


oreilles pieuses, sont (lernicieuses dans la prati-
faite par noire très^sainl Père Innocent, par [a Providence divine,
Pape X// du livre imprimé à Paria en \t91,sous celitre ; Expli- que, et même erronées respectivement. Faisons
cation des Maximes des saints sur la vie intérieure, etc.
défense à tous et un chacun des fidèles, même à
Innocent Pape XII ,
poiu- perpétuelle mé- ceux qui devraient être ici nommément expri-
moire : més, de rimprimer, le décrue, Ih lire, le garder
et s'en servir, sons 'peine d'excommunication ,
Comme il est venu à la connaissance de notre
Siège apostolique, qu'un certain livre fiançais que les contrevenants encourront par le fait
avait été mis au jour sous ce tiire Explication :
même et sans autre déclaration. Voulons et
DES Maximes. DES saints sur la vie intérieure; commandons, par l'autorité apostolique, que
PAR MESSIRE FRANÇOIS DE SaLIGNAC-FeNELON t quiconipie aura ce livre chez soi , aussitôt qu'il

archevéïiue-duc de Cambrai, précepteur de mes- aura connaissance des présentes lettres, le mette
scitjut'urs les ducs de Binnqogne, d'Aujou et de sans aucun tièlai entre les mains des ordinaires

Berry : à Paris, chez Pierre Aitbuin, Pierre des lieux ou des inquisiteurs d'iiêrèsie nonobs- :

l'htiery, Charles Cluusaier, 16U7 ; et que le bruit tant tontes choses à ce conti'aires. Voici (pieltes
extraordinaire que ce livre avait daboi'd excité sont les propositions conteuues au livre susdit,

en France, h l'occasion de la doctrine qu'il con- nous avons coiiilamuécs, comiui' nous ve-
«jiie

tient comme n'étant pas saine, s'était depuis tel- lums de marquer, par notre jngemeiil et censure
lement ié|)aiidu qu'il était nécessaire tl'aijplicjuer aiiostoliipies, traduites ilu iraiiçaisen latin.

lotre vigil.ince pastorale à s'y remédier; nous 1. 11 ) a un état habituel d'amour de Dieu, qui
avons mis ce livre entre les mains de qiiehpies- est une liiaiilé |iure et .sans aiicim mel.mge du
im.s de nos véuci ailles frères les ciirdiiianx île la motif de l'intciêt propre... .Ni la crainte des châ-
sainte Eglise romaine, et d'autres docteurs en timent^, ni le dcsir des rècompen.ses n'ont plus
théologie, pour être par eux examiné avec la de part àcel amour. Un n'aime pins Dieu ni |)our
matin ité (jiie l'importance de la matière sem- le mérile, ni pour la perlèclion, (lour le bon- m
blaitdemanuer. En exécution de nos ordres, ils heur qu'on doit trouver eu l'aimant.
ont sérieusement et peiidantlonglemps examiné, 11. Dans l'elat de la vie contemplative o.i uni-

dans plusieurs congrégations diverses proposi- ,


live, ou perd tout motif intéresse de crainte et
tions extraites de ce même livre , sur lesquelles d'espi'M'ance.
ils nous ont raiJ()orlè de vive voix et par écrit ce m. (>e (|iii est essentiel ilans la direction, est

Nutuna de ne laiie ipie suivre pasàiias la giace avec une


' r«|irotluisons Ici que 1.1 traduiion du br^r, f'ilU |mr
liu>~ii. I i. I .•|.(.qi,L- iiii il |Mil>lin »in nmni.iMniui d iirit| luliini re ii- patience, une precaidiun et une delieale.sse inli-
ut ù lu ri>rii iiiDM 1111 livro n» Mu 'mc.i. On liru eu iniindeinant
l'ie. Il faut se lioiiier il laisser l.iiie hieii, l'i ne e
-uisiiou» coiiiuiv com|>ii>aiciil il celle JUtanon des ylcUt du ilciyi
purler jamais ua puriimuur, quuijuunil t il\. ,<>.u'
,

2o6 EXTRAIT DES ACTES DU CLERGÉ.

roiirliuii inlZ-rif lire romincncc à ouvrir le cœur celle âme un acquiescement simple h la perte

à ci'lli- |iari'lo, ijiii psl si dure aux .'iines encore de .son intérêt propre, eià la condamnaliou juste

ail icliiTS
'.
eiles-ii:(^iiies, el si capaMe ou île les où elle «•mit élre de la jiart d- Dieu.
sciiiilaliser ou île les jeler dans le li-onlplc. .\lll. La par. le iulerieuic tie Je.sus-Clirisl sur
iV. Iiausl'éiat île la sainte inilirrcrcnce, l'Aine la croix ne c<iiiiiiiuniquail |>as ùlasupérieare son

n'a plus de désirs volmilaii es el déllhérés pour trouble involontaire.


sou h lércM. cxccpU^ dans les occasions où elle ne
i
XIV. Il .se lait, dans les dernières épreuves,
coo| ère pas (idèlcnicnl à loute sa ^rrAce . pour la purilication der.iinoiir, une sépaialiuii
V. Dans cet étal de la sainte indifférence, ou de la partie supérieure de l'Auie d'avec l'infé-
ne veut rien pour soi, mais on vent tout pour rieure... Les actes de la partie iiilérieure dans
Ci'tle séparation, siuit d'un trouble entièrement
Dieu on ne veut rien pour être parfait ni lùen-
:

Iieureux |)our son proi>re intérùt mais on veut ;


avcu^rle et involouLiire parce que tout ce qui ;

toide perfection et tonte héatitnde antant qu'il .


est intellectuel et >oloulaiie e.sl de la pai'lie su-

plail à Dien de nous faire vouloir ces choses par périeure.


i jinpression de s;i prAce. XV. La méditation consiste dans dcs.ictes dis-

VI. En cet état on ne veut plus le saint, comme cursifs qui sont faciles à dislinf:uer les uns des
salid propre , comme délivrance éternelle , autres... Cette composilion d'actes discui*sifs el
comme récompense de nos mérites, comme le rélléchis est propre à l'exercice de l'amour inlè
pins 1,'rand de nos intérêts mais on le veut dimc
;
ressé.

volonté pleine comme la ^rloire et le bon plaisir XVI. Il y a un état de contem|)lation si haute

de Dien ,
comme imc chose qu'il vent, etipi'il el si parfaite, qu'il devient habituelen sorte ;

veni que nous voulions pour lui. que tontes les fois qu'une âme se met en ac-
VII. L'ahaudini n'est que lal)né'j:aliou on re- tnelie oraison, sou orai.son est conleiiii)lalive el

noncement de soi-nièiiie, que Jésus Christ mms non discursi\e. Alors elle na plu> be.soin de re-

demande dansl'Evanpile. après que nous aurons venir à la uicdilation , ni à ses actes méthodi-
tontqiiillé an dehors. Celle abné^ialion de nous- ques.

niémes n'esl que pour l'iulérét propre Les VVll. Les Ames conlem|tlalives sont privées
de Mie distincte, .sensible el lélléchiede Jcsus-
épieuves exirémcs, où cet ahamion doit être la

exercé, sont les lenlalions, par lesquelles Dieu Clirisl en deux tem[)S dillereiils... l'remière-
meiit, dans la ferveur naissante de leur cuuleni
jaloux vent purifier l'amour en ne lui laisaut
voirancime lessomce, ni aucune es|i6rance pour plalion... Secondeuieul, une Ame perd de vue
même éleruel. Jésus-Christ dans les deinières épreuves.
son intérêt propre,
VIII. Tons les sacrilices que les Ames les plus XVIII. Dans l'etal pas.sil... ou exerce toutes les

désintéressées font d'^irdiuaire sur leurhéatilnde vertus distinctes, .sius penser q.i'elles sont ver-
éternelle sont couilili'>nnel>... .Mais ce sacridre tus; on ne pense eu chaque muiiiem qu'à faire

ne peut élre ah.soln dan-, l'état ordinaire. Il n'y ce que Dieu veut, el lamoni jaloux lait tout en-

a que cas de ces dernières épreuves, où ce


le semble (jn'on ne veut plus elie \erlueux ^poiu"
sacrifice devient en quelque manière absolu. soi;, el qu'on ne l'est jaiiiuiï laul que quand un

I\. dernièreséprenves une Ame peut


Dans les n'esl pins altaclie à I elre.

être invinciblement persuadée d'une persuasion XIX. Un peut due en ce sens que l'ûme pas-

rcllécliie, el qui ri'est pas le fond iulinie de la sive et désintéressée ne veut plu.s même l'aïuour

conscience qu'elle est justement répiouvée de eu tant (ju'il est s;i |)erleclioii et .son bonheur;
,

Dieu. mais seuiemenl en Uuil qu'il est ce que Dieu


\. Alors l'Ame elle-même , divisée d'avec veut de nous.

expire sur la en disant


cioi\ avec Jésns-Clu ist , :
XX. Les Ames transformées,., en se confes-
sant, doivent deleslei leurs fautes, se condam-
O lUeu, mini Hint pourquoi m'avez-vuns abandon-
ner ei désirer la rémission de leui-s péchés, non
née'/ Dans celle inq)rcssiou mvolonlaiic de dés-
cs|)oir, elle lait le sacritice absolu de son intéiêl comme leur propre purilication el déliNiance.
propre jioiu' l'élernité. mais comme chose que Dieu veut, el qu'il veut
que nous voulions ponr.s;i gloire.
XI. cet état une ànie |)erd toute espérance
Eu
pour son propre inlérêt; niais elle ne perd XXI. Les sidnls mysliiiues oui exclu de l'étal
Jamais, dans la parlii- supérieure, c'e.sl-à-dire, des Ames tiaiislormees, les pratiques de vertu
XXII. Uuoique celte doclrine (ilu pur amour)
dans .ses actes directs et mlimes, rcspérance
parlaite,qui est le désii- désintéiessé des prome.s- fut la pure et simple perlée. ion de I Evangile
marquée ilans tonle la Iradiiioii. les anciens
ses.
nasieurs ne proposaient dordiuahc au coin-
XII. Un dùcclcur peid alors laisser taire ;•
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 2ST

mun des justes que les pratiques de l'amour in- « et l'usage qu'on en ferait, les fidèles pourraient
téressé proportionnées à leur grâce '. « être induits à des erreurs déjà condamnées par
XXIIl. Le pur amour fait lui seul toute la « l'Eglise catholique» ce qui a sa relation na-:

vie intérieure, et devient alors l'unique principe turelle aux condamnations nouvellement pro-
et l'unique motif de tous les actes délibérés et noncées par Imioceut XII, dont la conformité
méritoires 2. avec les décrets du concile œcuménique de
Au reste, nous n'entendons point, par la con- Vienne est assez connue.
damnation expresse de ces propositions, approu- Pour ne laisseraucun lieuà tantd'explications^
ver aucunement les autres choses contenues au oîi les défenseurs du livre semblaient mettre

même livre. Et afin que ces présentes lettres leur confiance. Sa Sainteté a expliqué qu'elle en
viennent plus aisément à la connaissance de condamnait les propositions, « soit dans leur
tous, et que personne n'en puisse prétendre « sens qui se présente d'abord, » obvio sensu,

cause d'ignorance, nous voulons pareillement, « soit à raison de la connexion des opinions, »
et ordonnons par l'autorité susdite, qu'elles SIVE EX CONNEXIONE SEA'TENTIARUM par OÙ le
:

soient publiées aux portes de la basilique du saint Pontife fait sentir que, non content de con-
Prmce d^s Apôtres, de la chancellerie aposto- damner sens natiu'cl qui parait d'abord dans
le

au Mont-Citiirio, et
lique, et de la cour générale le livre, en a voulu pénétrer à fond toute l'in-
il

à la tête du Champ-de-Flore dans la ville, par tention, dan> la liaison de ses principes.
l'un de nos huissiers, suivant la coutume, et L'auteur du livre, selon la promesse qu'on a
qu'il en demeure des exemplaires affichés aux pu voir dans sa lettre à Sa Sainteté, en avait en-
mêmes en sorte qu'étant ainsi publiées,
lieux :
voyé à Rome la traduction latine tournée en ex-
elles aient envers tous et un chacun de ceux plications adoucies. Mais le Pape, sans s'y ar-
qu'elles regardent, le môme effet qu'elles au- rêter, non plus qu'à celles qu'il insinuait dès sa

raient étant signifiées et intimées à chacun lettre, condamne ce livre au sens naturel que
d'eux en personne voulant aussi qu'on ajoute
;
l'original français présentait, «et en quelque

lamême foi aux copies et aux exemplaires, a langue qu'il soit imprimé, » quocunque idio-
même imprimés, des présentes lettres, signés MATE : ce qui comprend même le texte latin sur
de la main d'un notaire public et scellés du sceau lequel l'auteur avait demandé d'être jugé.
d'une personne constituée en dignité ecclésias- Le roi, dont le zèle et la piété égalent la pé-
tique, tant en jugement que dehors, et par nétration et les lumières, et qui n'avait demandé
toute la terre, qu'on ajouterait ces mêmes .'i
au Pape qu'une décision prompte et précise,
lettres représentées et produites en original. reçut avec une joie digne du filsainé de l'Eglise,
l'exemirlaire du décret du Pape qucMgrDel-
Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, sous l'anneau du
pécheur, le douzième jour de mars m. dc. xcix, l'an huilième phini, nonce de Sa Sainteté, aujourd'hui cardi-
de notre pontificat. nal, émit entre les mains dc Sa Majesté, et le
1

Signé J.-F. card. Albano. même miiùstre lui i)résenta peu de temps après
Et plus bas :
le bref qui s'ensuit, du 31 de mars 1699.

L'an de A.-S. J.-C. I69i), indictinn sepUhne, le 13 de

mars et du pontificat de notre saint-Père le Pape par


,
INNOCENT XII, PAPE».
la Providence divine innovent XH l'an huilième, le
Bref susdit a été affiché et publié aux portes de la basi- Notre très-cher fils en Jésus-Christ, salut cl
lique du prince des Apôtres, de la yrande cour d'Inno- bénédieiiou apostolique. Ni us avons reçu une
cent, à la télé du Champ-de-l'lorc et aux autres lieux .

nouvelle etsigiialéi; pieuvede la piélé dont Votre


de la ville accoutumés, par moi François Perino, huissier
de notre très-saint Père le Pape. Majesté fait toujours profession, |)rinci|ialement

A la lecture d'une si sage constihition, on sen- (piaïul il s'agit de rinlégrilé de la foi catholitiue,

titd'abord que le Saiiit-Siégc avait compris à parsa du 10 du présent mois de mars, ilans
lettre

laciiielle vous nous assurez que vous al tendez


fond tout le mal, et en avait voulu couper la ra-
cine. Par une première atteinte le livre est noté, avec une extrême impatience le jugement dit
« par le biiiil (jui s'éleva en l'iaiico, que la doc- Saint-Siège, ur la doctrine contenue dans le li-
« trine n'eu était pas saine. Ce (|ui hd i)uuss6 si vre de raiehevètiue de Cambrai, et vous nous
loin que « le l'api; se crut obligi'à l'examiner. » priez inslammeid d'empêcher par i;otre autorité,
Voilà donc la première chose qui se fait sentir tous les délais, et de lever tous les obstacles <pio
dans le fait. En avarii.ant, ou Iroiive le livre plus certaines personnes ainaienl pu faire uailie,
poiu' relariler la pidiliealion de notre senlonee
précisénuMit attacpié, qu(ji(|U(' encore en géné-
ral, lor.s(|ii'avanl cpie d'en veiiiraux i)riiposilions
l.c tcxlo oniiiii.il .1 ilo traduit encore [M
particulières, on déclai'c que : « par la lecture vrc iiuo nou> donnons»

B. ToM. VI. n
m» EXTRAIT DES ACTES DU CLERr.É.

définitivo. Mais nous croyons que vuus savez à Celte lettre sera un monument éternel h la
pr(^siM:l, If (Itncl que nous venons de pu-
pnr postérité, de la piété d'un piand roi, et de la part
i)li('r. cl (|MC nous avons donné ordre de vous qu'elle lui a fait prendre h la traïupiillité rendue
renicllio nu>sil(M enlre les mains, quelle a élé à l'Ktilise, ijui avait été altérée cl le pouvait élre
en celle occasion noire soliiciliide p.isloraîe à beaucoup plus par celte dispute, si elle n'avait
remplir nos devoirs et h salisliiiie à >os jiisleg été si lieureiisemenl terminée.
instances. Vous devez ôlrc aussi persuadé (|ue La même lettre jiislilie encore la grande es-
ceux qui ont été charnés de rexameii de celte lime de Louis le Grand en-
et l'alTection liliale
allaircet tl'eu avancer le jimemeut. vont corres- vers Innocent XII; ce qui console et réjouit les
pondu avec /('le. (^epeudaut nous prions Dieu, vrais Glu élieus, et sera d'un grand exemple aux
auteur de tout bien, de coud)ler de ses gràceo siècles luliirs.
Voire Majesté: et nous vous doinions do bon bien donnait une viRibie bénédiction h cal ou-
cœur notre bénédiction apostolique. vrage la conslitiilion du Sainl-l'ére lit tout son
:

effet sur res|)iil de .Mjir r;iiilie>éqtie de Cam-


Donné à Rome, à Sainlt'-M.iric majenre, sous l'anneau <lu

PiVheur, le 31* jour de mars lUOO, elle huiiifinc de notre


brai. (|ui, sjuis besiter, déclara .>hi soumission ab-
pontilicat. solue et sans réserve eu ces termes.
Signé UlySse-Josepu Gossaduno.
UÀ^'DEMEKTdi Monteigneur iarchevé<iue-ducdeCambrai>.
Et au dos :

A noir.- rhiT (ll-i on Nolre-ScIgneur Jésus-Christ, LOUIS, François, par la i^iséricorde de Dieu et la grâce
roi de Fr.ince tret-ClinStlcn. du Saint-Siéj,'e archevêque -duc de
apostolique ,

Cambrai, prince du saint Empire, comte du Cara-


Ce bref fait voir le f^rand zMe de Sa Majesté à
brésis, etc., au clergé séculier et régulier de notre
procurer de la part du Saiut-Siéfj;e luie prompte
diocéae, salul et bénédiction on Notre-Seigneur.
di''(i>ion de celle importante alTaire, sans entrer
ÎSûus nous devons à vous sans réserve, mes trôs-
dans le l'ond de la malièie dont elle atlendail le chers Frères, puisque nous ne somiuei plus à nous,
jugement de Sa Sainlelé; et eu même temps le mais au troupeau qui nous est cuiitié. i\os autcm
soin particulier que le l'ape a eu de laire porter servos veslios per Jesum. C'est dans cet esprit que
au roi la d'cision aussitôt (pi'elle fut prononcée, nous nous sentons obligé de vous ouvrir ici notre
ainsi (jne Mj,'r le nonce l'avait exécuté. cœur, et de continuer à vous faire part de ce qui
Avant ipie ce bref du l'a|)C eut pu arriver en nous touche sur le bvre intitulé Explication des :

France, Sa Majesté avertie, comme on vient de Maximes des Saiiils.


Enfin notre a condamné ce
saint Pôro le Pape
voir, du jtigemenldu Saiut-Sié;;e, en témoi^'ua
livre avec les vingt-truis en ont
propositions qui
sa joie au Saint-lVre par cette lettre en date du
été extraites, par un bref daté du douze mars, qui
6avriH(i'J9.
est maiDlenant répandu partout, et que vous aves
déjà vu.
LSTTHE de la main du Roi au Papt.
Nous adhérons à ce bref mes chors Frères , tant
,

TnÈS-SAINT-rÈllE, pour le du livre que pour les vingt-trois pro-


texte

nonce de Votre Sainteté positions, simplement, absolument et sans ombre


Apn'^3 avoir reçu par le
m'a donner de son jugement sur de restriction. Ainsi, nous condamnons tant le livre
]a part qu'elle fait
que les vingt-trois propositions, pré<'isémcnt dans la
le livre de l'arclicvOquc de Cainhrai je n'ai pas ,

voulu diiïtrer u la remercier des peines et de l'ap-


même forme, et avec les mêmes qualillcations sim- ,

plement, ahsolument, et sans auiunu n'striction.


plualion que le zèle udaliKable de Votre Béatitude
lut a fait apporter à la discu.ssioii de celle alTaire.
Uu plus, nous défendons sous la même iwiiie à tous
les lidèles de ce diocèse, do lire et garder ce bvre.
Les instances que j'ai faites à Votre Sainlelé pour
terminer au plus tôt celte dispute, étaient fondées Nous nous consolerons, mes trés-chers Frêri'S, de
ce qui nous humilie, [lourvu que le miiiislère de la
sur la parfaite roimaissanre que j'avai.s du préju-
parole, que nous avons it\u du Seigneur pour
Hice qu'elle causait au bien de rH(,dise. L'inlérôt
votre sancldiralion n'en soit pasalTaibli, et quc^
,
que je prends t sa tranquillilé m'obline é^'aleinent
nonobstant l'iiumiliation du pasteur, le troupeau
^ rendre des actions de nrûies à Voire Uéalilude de
croisse en grâce devant Dieu.
l'avoir cnlin procune. 11 nio reste à souhaiter que
C'est donc de tout notre cœur que nous vous
Voire Sainti'le puisse voir loiiKleuips l'heureux fruit
exhortons à une soumission sincère et à une do- ,
des soins qu'elle donne au ^'ouvernenient de IK-
cilité sans rt'serve, de peur qu'on n'aller»' msensi-
glise, et qu'il plaise à Uleu d'a(cor<ler aux prières
liilèles la coie-ervalion d'un aussi uraïul l'ape.
hlemenl la simplicité de rot)éi8sance pour le Saint-
des
Siège, dont nous voulons, moycnn.int la grAco,
Votre Sainlelé doit Cire persuadée que j'y jireiids uu
vous donner l'exemple jus(|u'au dernier soupir ds
intérêt particulier et i^Tsuimel, et ijue je suis avec
voire lré,s-devol QOlru vie.
vtiuéraUon, Iriis-saiiit- l'ère, lits.

Signé LOUIS. 0«iu loumii^laii fut prtmlUTMBcul ^ntc ta ItUo.


CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS.

A Dieu ne plaise qu'il soit jamais parlé de nous, dans son livre. Et comme il est également de mon
si ce n'est pour se souvenir qu'un pasteur a cru devoir et de mon inclination d'employer la puis-
devoir être plus docile que la dernière brebis du sance qu'il a plu à Dieu de me donner, pour main-
troupeau et qu'il n'a mis aucune borne à sa sou-
,
tenir la pureté de la foi, et d'appuyer d'une pro-

mission !
tection singulière tout ce qui peut y contribuer, je

Je souhaite , mes que « la grâce


très-chers frères ,
vous adresse une copie de ladite constitution de
« de Notre -Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu notre saint Père le Pape vous admonestant ,et ,

« et la communication du Saint-Esprit demeure néanmoins enjoignant d'a>sembler le plus tôt


qu'il vous sera possible les sieurs évêques suCfra-
« avec vous tous. » Amen.
gants de votre métropole, afin que vous puissiez
Donné à Cambrai, le 8 avril 1669.
recevoir et accepter ladite constitution avec le res-
Signé François, archevêque-duc de Canibrai.
pect qui est dû à notre saint Père le Pape et con- ,

venir ensemble des moyens que vous estimerez les


Les ennemis de l'Eglise parurent surpris d'un
plus propres pour la faire exécuter ponctuellement
changement si soudain et si exniplaire, et ils
et d'une manière unifurme dans tous les diocèses;
eussent bien voulu ne le pas croire. Mais l'E-
et qu'après que j'aurai été informé de l'acceptatioa
glise, qui sait la grâce altachée à l'obéissance, qui en aura été faite et des résolutions qui
, auront
reconnut dans la soumission de cetarchevêque été prises dans toutes les as.-erablèes
qui seront
l'effet naturel de l'humilité ciirétienne et de la tenues à cette fin, je fasse expédier mes lettres
subordination ecclésiaslique. Il y a un premier patentes pour la publication et exécution de ladite
évéque, il y a un Pierre préposé par Jésus- constitution dans toute l'étendue de mon royaume,
Chiist même à conduire tout le troupeau il y : terres et pays de mon obéissance. Sur ce, je prie
a une mère Eglise qui est établie pour ensei- Dieu qu'il vous ait Monseigneur l'archevêque , ou
,

gner toutes les autres, et l'Eglise de Jésus- mon cousin, en sa sainte et digne garde.
Christ, fondée sur cette unité comme sur un roc Ecrit à Versailles, le vingt-deuxième jour d'avril mil six
cent quatre-vingt-di.x-ncuf.
immobile, est inébranlable.
cepcndanl à Signé LOUIS et plus bas Colbert
On travaillait tirer l'unité qu'on ; :

devait allendre d'une constitution si solennelle, Et au dos est écrit : A mon cousin, etc. ou A Monsieur
l'archevêque de. etc.
et à assurer par ce moyen la paix de l'Eglise. .,

Le roi, par sa piété et par sa droiture, se dé- Une pareille lollre fut adressée à
M. l'arche-
termina d'abord aux voies les plus canoniques vêque de Cambrai, commençait ainsiet elle :

et les plus conformes h l'ancienne tradition et « Monsieiu' l'archevêque de Cambrai ayant ,

aux maxim.s reçues de tout temps dans l'Eglise vu par le mandement que vous avez lait publier
universelle. Mais on connaîtra mieux ses inten- dans votre diocèse, et dont vous m'avez envoyé
tions par la lettre de Sa Majesté, qu'on va tran- un exemplaire, votre souinis.sion pom* la con-
scrire, que par nos paroles. damnation prononcée par N. S. P. le Pape
contre le Uvre que vous avez fait imprimer en
LETTRE circulaire du Roi aux Métropolitains.
l'an 1097, sous le titre d'ICxplinilion des mixi-
Monsieur l'arclievôque de... ou mon cousin, à mes des saints sur la vie intérieure, etc. »
ceux qui sont cardinaux ou pairs. Toutes les paroles de celle letlrc du roi aux
Le sieur archevêque de Cambrai ayant porté de- méliupolilains sont dictées par la religion et
vant N. S. P. le l'upe le jugcraeiit des plaintes qu'on
par la sagesse mais ce qu'elle a de plus remar-
:

avait excitées en dillérents eiidioits de mon royaume, quable, c'est que Sa Majeslé voidiil ex|)rimcr
et particulièrement en ma bonne de Paris, tou-
ville
que ce serait seideiiieiit après qu'elle aurait élé
cluinl le hvre qu'il y avait fait imprimer en l'année
informée de l'acceplation de la conslitiilion, et
16'J7, sous le titre û' Explication des maximes des

saints sur la vie intérieure, Sa Sainteté l'aurait fait


des ré."çolulions qui auraient été |)ri.ses dans
examiner avec tout lu temps, l'exactitude et l'atlen- toutes les provinces eeclé.siasliques, qu'elle lêrait
lion que pouvaient désirer l'importance de sa ma- expédier ses lellres patentes /loi/r /</ publication
tière et le caractère de sou auteur, et l'aurait eiitiu et exécution delà mcmc constitution par tout son
condamné par sa constitution en furnie de bref du royaume. Par ce moyen dans une matière où ,

12 mars dernier, dont le sieur Uelpliini, son nonce, il s'agi.ssait de la foi, ce prince, aussi habile et
me serait venu informer [)ar ses ordres, et m'aurait inlelligeid que pieux, sut sagement preudre le
présenté en même
un exemplaire de hulite
temps
parli que lui inspirait la religii)ii, et nouIiU (pic
coiistilution : dans la suite que ledit
et j'ai a|)pri«
le «senlinienl des évèqucs précédât ses lelUes pa-
Bieur archevêque de Cambrai, en ayant été informé,
avait voulu être le premier à reconn:iltn^ la justice
tentes.

do cetlH rondainnation, et réparer par la prompti- La jiarle au cieur el lomiie ceux


vérilé (pii
tude de sa soumission le maliieur qu'il avait eu de (les rois coMuneil lui plail, lui (il rct'oiiii.iuro
l'attirer pur les propositions qui vluiunl cuulenuus cpii ^i, dans les alluires leiupoicllcs, la puis-
2C0 EXTRAIT HFS ACTES DU CLERGE.

sanre royalo doil inarrlior dovaiil, comme celle ecclésiastique. Ainsi l'avaient entendu ces prands
qui esl |ii"<i|)iimV (lo Kioii iimir les poiivpincr; l'apes .saint Innocent, .siiint Léon 1", saint .Sim-
clans Ins /iflairrs de llicii iiic'-mc cl (|iii di'-- plice, Saint (>i'epoire, saiid Maitin, saint LéonllL
pciiilcnldf sa nvilaliciii, elle ne lail (|ii(' vi-hir Jean MIL Victor 11, Kui:ène 111 el les autres,
au secours de ses iiiiiiislrcs sici(''s, i|iii sont |iar dont les provinces allrpuaient les autorités:
leur caraclcro les dc|i(isilaircs de la doctrine Les Lplises tenaient à hoimeur de citer les let-
inspirée de Dien. Ainsi , en celle occasinn, ce tres des l'apes (pii leur étaient adressées, el
prand mi ne s'atiriliiie d'anlre aidorilé (jne celli sque ni 8 uiCi très leur avaient autiefois ccrr
celle d'assendiler les éviV|nes, selon la prali(|iic les dans le même e.>pril.
perpétuelle des empereurs el des rois clirélienS' Le l'ape, connue le chef et la bouche de
cl eu même temps il les asscnd)le par la voie la toute l'K^lise. du haut de la chaire de saint
pitis eanonitpie, eesl-fi-dire |)ar l'atilorilé sa- Pierre, dans la<pielle touies les K^lisi-s gardent

crée de leurs méiropolilains, qui, reconmie de l'unité, annonçait à tous les fidèles la commune

loiil leuq)sdans toute l'KpIise, ne pouvait venir tradition avec tonte l'autorité du Prince des

que de la tiadilion des apôtres. apôtres les évécpics reconnaiss;ml dans le dé-
:

Toute rKi^ilise de France s'épanclia en actions cret du premier siège la tradition de leui-s saints

de prAces, el reconnut plus que jamais quelle prédécesseurs toute vivante dans leurs Eplises ;

avait un roi à qui la sa;:csse était en\o\ée d'en et ce consentement pai fait était la dernière

haut pour pré>ider à ses conseils. Le succès marqua de l'assivlance du Sainl-Kspiit qui ani-
répondit à son atlenle. On vil toutes les pro- mait tout le corps de rKglise cathuliipie c'était :

viri{(> dans un pieux mouve/nenl, par des as- là cet examen que le prand Pape siiinl Léon
send)lées où la lorce de la vérité se rendit sen-. avait tant loué. Ainsi, en reconnais.sanl ladivine
silile dans la unanimité de tant de
parfaite supériorité du premier siège, les évècpies se
provinces, sans autre conceil <pie celui que conservaient le dépôt de la Iradilion ipie Jé-
lui inspirait la même lumière de la loi, la .sus-Chrisl leur avait mis entre les mains el ;

même suite de la Iradilion et le même espi it même selon l'ordre naturel, le premier juge-
de la piàce^C'esl ce (pi'on va rcconnailre dans ment dans lescpieslionsde la foi. Mais en même
le recueil des procès-verliaux des asseudilées lem|isils avouaient que le premier siège, lors-
proviniiales, el on avouera qu'il ne fallait pas que le hesoin de l'Lglise le demand;iil, pouvait
laisser |irendre, faute de les avoir ramassés en. commencer, pour être suivi avec connaissance
send>le. tant de lémoipiiapes de la loi, el lanl |)ar les .sièges snrhordonnés, en .sorte que tout

de précieux momuneuisde la discipline ecclé. ahonlit à l'i.nilècatlioliipic On trouvera même de


renouvelés en nosj^urs, sous la pro-
siasli(pie ranticpiitè, el avec le consentement du grand

tection d'un prince si relipieux. pape saint Léon, un concours des provinces île
l'empire, .semhlahle à celui qui venait des se
(Suit riin.il)>c di's prorès-verlinux dei ags«mbir'e<! provin-
eiale», )ioiir l.iccppl^ilion tlu Bref de N . S. P. le P.ipo, apreS prali(pier. Kniin lesactcsde ces assemhlées sont
quo Boiisiiel cominue () un trésor d'érudition ecclésiasti(pie, (jiii nelai.ssc

L'uniformité des |)rovinces, et pour parler rien à désiier sur l'ancien ordre de l'Lglise,

encore plus précisément, le consentement una- sur l'autorité des canons et sur les libertés

nime de lous les é\é(pies tic rKj;lise pallicane, au->i saintes <pie modestes el respectueuses que
parait principalement en trois clio>cs dans la :
Je>us-Clirist nous a par son sang, et
acciiiises

manière' de recevoir la conslilution aposlolique, dont aussi les Lgli.ses chrétiennes oui toujours
été si jalouses.
dans le tond de la ducti'iuc, et dans l'examen
des forni dites. La chose était fai ile par le fond: les èvêtpies

Pour ce qui reparde l'acceptation solennelle étaient instruits de la matière par les dis|iule$

de la conslilution, les évé(|u<'s, toujours atta- pi ecedentes. Aussi les assemblées n'ont rien ou-

chés h la Iradilion, après avoir recherché les Idie de ce cpii serv.iil à illustrer la matière. On
cxenqiles des siècles passés, et en particulier estentré dans l'esprit de la censure apostolique
ce qui sétail fait en la dernière occasion, qiij en romiiarant les vingllrois propositions con-
était l'acceptation solennelle des constitutions damnées, pour en bien comiailre le sens par la
d'imiocenl X
d'Alexandre Vil, sur les cinq
el liaison des princiiics'. Tous ont remanpie dans
propo^iln»ns résolurent d'im conuiiun accord le livre, avec une nouvelle docliine, une .source
qu'i'i ce prand exenqile el pour maintenir les
jlillu.sions el de pralupies pernii icuses '; des

des cvéques, on > desail procéder


di'uils .sjicres inetextes il la négligence, de vaines précisions,
lion par une sinqde exécution, mais toujours des sublililés incomiues à toute l.i ti adilion, qui

avec connaisiiince, el par lorme de juycment * rroc^k-TMb. df Rouen, d'AIbl. — ' De Kvbonii*, de B«ur(«i.
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 261

étaient le goût des vérités et des vertus évangé- ront, salut. Les plaintes qui s'élevèrent en l'année
liqiies; un dessécliemcnt de l'oraison an lieu de 1697. en différenls endroits de notre royaume, et
la perl'oction qu'on en promellait ; une (laiteuse parliculièreinent en notre i)onne ville de Paris, au
sujet du livre intitutë: Explication des Maximes des
nonriitnre de la vanité, la ruine de l'espérance
saints sur la vie intérieure. compo=épar le sieur de
et un affaiblissement de l'attention qu'on doit
Salignac-Fénelon, archevêque de Cambrai, l'ayant
avoir à Jésus-Christ et à ses mystères <. On a
engagé de porter d'abord au Saint-Siège cette aflaire
pénétré à fond la nature du faux amour pur, qui était née dans le royaume, et de soumettre au
qui effarait toutes les anciennes et les véritables jugement de notre saint Père le Pape la doctrine qu'il
idées de l'amour de Dieu, que nous trouvons y avait expliquée, Sa Sainteté aurait fait examiner
répandues dans l'Ecriture et dans la tradition : ce livre avec toute l'exactitude que méritent les
celui qu'on veut introduire et établir à sa place choses qui regardent la foi et après y avoir tra-
;

est contraire h l'essence de l'amour, qui veut vailléelle-même pendant un très-longtemps avec
toujours posséder son objet, et à la nature de beaucoup de zèle et d'application, elle l'aurait con-
damn;' par sa constitution donnée en forme de bref
l'homme, qui désire nécessairement d'être hcu-
lel2 mars dernier, etaurait ordonnéen mèmetemps
reux2 on condamne distinctement sur ce prin-
:

au sieur Delphai, son nonce, de nous en présenter


cipe la prétendue sainte indifférence, et ce
de sa part un exemplaire, et de nous demander notre
prétendu abandon total où sous prétexte de , ,
protection pour la faire exécuter. iXous l'avons reçue
soumission à la volonté de Dieu, qu'on appelle avec le respect que nous avons pour le Saint-Siège
de bon plaisir, on fait consister le plus saint et pour la personne de notre saint Père le Pape, et
exercice de la religion à sacrifier les àmos à la nous avons estimé à propos d'en envoyer des copies
condanmatiun élcrnelle^ d'où suit une altéra- : à tous les archevêques de notre royaume, avec ordre
tion des véritables maximes et du langage des d'assembler les évèques leur sulïragants, afin qu'ils
saints. puissent accepter cette constitution dans les formes
Le fond si bien pénétré fit passer unanime- ordinaires, et que joignant ainsi leurs sutTrages à
l'autorité du jugement de notre saint Père le Pape, le
ment toutes les provinces par-dessus certaines
concours de ces puissances pût ètoulîer entièrement
formalités, qui néanmoins fuient remarquées
des nouveautés qui blessaient la pureté de la foi, et
avec autant de solidité que de respect, pour en
dont on pouvait abuser pour la corruption de la
éviter les conséquences. 11 fut même sagement morale chrétienne. Ces assemblées ont eu le succès
observé que l'archevêque
de Caud)rai qui , que nous en avions espéré, et nous avons vu ïivec
avait le plus d'intérêt à rechercher les moyens beaucoup de plaisir, par les procès-verbaux qui
d'affaiblir, s'il se pouvait, la sentence qui le nous ont été présentés, que les prélats de notie ro-
condanmait, s'y était le premier soumis par yaume, et même ledit sieur archevêque de Cambrai,
acte exprès'. On remaïqua avec joie les noms reconnaissant dans la constitution de notre saint
illustres des grands évèques cpi'il avait suivis
Père le Pape, la doctrine apostolique, l'ont reçue avec
le respect et la soumission qui est due au chef qu'il
dans cette action et à l'exemple du roi, toutes
:

a plu à Dieu de nous donner, que lorsque nous


les provinces s'unirent à louer celte soumission,
l'employons pour maintenir la pureté de la foi, comme
montrant à l'envi que tout ce qu'on avait dit un roi redevable à la bonté divine
très-cliiètien,
par nécessité contre le livre, était prononcé sans d'une longue suite de griices etde prospérités, est
si
aucune allérali(jn de la charité. obligé de le faire A ces causes, nous avons dit
:

A|)rès que les provinces eurent accepté una- déclaré et ordonné, disons, déclarons et ordonnons,
ninienient avec respect et soumission la consti- par ces présentes, signées de notre main, voulons et
tution aposlolirpie, il restait encore que, selon nous plait, que ladite constitution de notre siint Père
le Pape en forme de bi-ef, attachée sous le conlre-
la couhnne innuémoriale de tous les l'ojaumes
scel lie notre chancellerie, acceiUie par les archevè-
cbrèliens, il plut à Sa Majesté d'appiijerde sa
(pies et évêqnes de notre royaume, y soit reçue et
main royale, et d'ordonner l'exéculion d'une
publiée, pour y être exécutée, gardée et observée se-
décision si antlienli(jue. Ce qui lut lait en cette
lon sa forme et teneur. Exhortons à celte lin, et
forme :
néanmoins enjoignons ù tous les archevêques el évè-
DÉCLARATION DU ROI ques, conformément aux résolutions qu'ils ont prises
cux-ménies. de la faire lire et publier incessamment
Qui ordonne l'rxikulinn de la conslitulion de S. S. P. le
dans toutes les églises de leurs diocèses, enregistrer
l'ape, en forme de liref du VI mart Ki'.M), portnnt con-
,

damuntion d'un litre intiluli! Kx|ilic;itiun (lt'^i M.ixiiiics :


dans les grelïes de leurs ollicialilés.cl de donner tous
dc!i SaiiiLs sur vie inli'rieure coiii/ion' yar il. l'arche-
l;i , les ordres qu'ils eslnneronl les plus eflicaces pour
vêque lie Cambrai. la l'aire exécuter poncluellemeMl. Ordonnons en outre
que ledit livre, ensemble que tous les écrits qui oui
Louis, par la grûre de Dieu,noi de France et de
été faits, impriméset publiés pour la défcii.se des pro-
Navarre : A tous ceux qui ces présentes lettres ver-
positions ((Ui y .sont coiileiiues, et qui ont été cou-
« Do Rouen. — > D'kU. — ' D< Tour», UAlx. — '
Di CuiM. damuées, scroul supprimés. Défcudous ù toutes sur-
962 EXTRAIT DES ACTES DU CLEftGÊ.

tes de porponnc» à ppinc de punition exemplaire,


aut charges portéu par l'arrêt de c» jour. À Paris, m
parlement, le quatoriiéme jour d'août vtil six cent qualre-
de IP9 di'hilfr, imprimer, et mOmo de les reienir.
dngt-dii-neuf.
Enjoignons à ceux qui en ont de les rapporter
Signé Panglois.
aux ^'i-cITi'S des jusiiies dans le ressort de-quel-
les ils demi'urent ou en ceux des oflli ialités
, , Code (léciarnllon a été aiis.si cnrcfiislrée dans
pour y élre suprinn-s : et à Ions nos ofliciers et tons les autres |i.irleiiicnls du ro^auiiic.
autres , auxquels la police appartient , de faire pour ne rien (hiicIIic d'une piocédure qui
toutes les diligences et perquisitions nteessaires servira de modèle aux .siècles fnturs, on doit
pour rexiV,utiou de cette présente disposition. M- ici rcniartiucr qu'après avoir supprimé le li\re
fendons pareillement à toutes sortes de personnes dont il s'agissait, le roi. à la Irès-liumlile sup-
de composer, imprimer, et déhiter à l'avenir aucuns
plicalion. cl selon les vd-iix exprès de la plupart
écrits, lettes ou autres ouvraL'cs, sous quelque titre
des provinces, a pareillcmeiil sripi)rimé Ions les
et en qui-hpie forme (|ue ce puisse (Mre. pour soutenir,
anires livres imprimés cl pnblii's pour la dé-
favoriser et renouveler lesditcs propositions condam-
des propositions condamnées, el défendu
ni'es. à peine il'iHre procédé contre eux comme
per- fen.sc

lurhaîeur du repos i)ul)lic. |»aravance à toute sorte de per.sonncs d'écrire


pour les soutenir, favoriser et renouveler à
donnons rnmanili rnt à nos amés et féaux
Si m ,

peine d'être |)rocédé contre eux counnc pertur-


les pens tenant noire coeur de parlement, que s'uil
leur appert que dans ladite constitution en
forme lialeurs du icpos public.
le bref il n'y ait rien de contraire aux
saints décrets, Celle iiréc'inlion était nécessaire contre les
constitutions canoniques, aux droits et prééminences diver.scs explications qu'on donnait au livxe
de notre couronne, et aux libertés de l'h^t^lise galli- avant la conslilulion cl depuis: elle l'est encore

cane, il aient à faire lire, publier et enreyislrer nos


contre (juebiues inconnus ipii ont conlimié d'é-
et
présentes lettres, ensemble ladite constitution :
crireen .s'i laveur, de (picl(|iu> manière que ce
le contenu en icelles garder et faire
parder, et obser.
soit, pendant que In .soumission de l'aulcnr lui
ver par tous nos sujets dans l'élendue du ressort
fait cailler le silence.
de notre dite cour, en ce qui dépend de l'autorité
Ainsi fut C(Ui.sonnné le grand ouvrage que le
que nous lui donnons. Enjoifinons en outre à notre
i)lus sage de tous les rois s'élail proposé. avait
dileconr. et à tons nos autres of(l<'iers cbacun en
Il

droit soi. de donner auxdits arclievéques et évéques


voulu recevoir les avis des évécjues de son
et à leurs ofliciaux le secours et aide du bras
sécu- ro\anme as.semhlés canonicpiement dans leurs
lier, lorsqu'ils en seront requis dans le cas
de droit, |)roviuces sous leius métropolitains, avant que
pour l'exécution de lailile constitution car tel est :
de doniu^r ses lellres patentes pour l'exécution
notre plaisir; en témoin de quoi nous avons fait de la conslilulion aposloliquc: Sa Majesté en
mettre notre scel à ces présentes, ordonne expédilion après les avoir reçus; et
I

sa Déclaration, pidiliéc dans tout le loyaiime»


Donni! il VcrMillc* le quatrième jour du mois daoï'il , lim
de noire s'expliijue en des lermes qui se font si bien re-
de Rr.'irc mil six ccnl qu-ilrc-vlngl-ilix-ncuf, cl

règne le cinqu:mtc-scpliume. mar(|uer par leui- propre force, qu'il n'est pas
Siffri.* LOnS. bes<iiM de les répéter.

Kt plus lias : Var le roi , l'Ht'Lii'PKAUx. L'arrêt d'emegislremcnt de la déclaration au


Kl iccllr du urmid sceau do ciro Jaune. parlement de Paris, donné le qualorac d'août
Urgistries. oui e» ce rn/ui'ran» le prorureur général du mil six cent qnalrc-vingl-dix-iuMif, se conserve
roi , ;>oiir Hre ei(cut es selon leur firme el teneur , et dans des registres révérés par toul le royaume,
copies cullnliiinnifes enntyt'es auz bnillages ri si^néchnussi'ts
el .sera un momnnent immortel de la parfaite
du ressiirl. pour y (trt lues jtuhlii'es ri regisln'rs. EnjninI
,

aux sul'flilult du jirorurfur yrm'ro/ du roi d'y tenir la concorde cl du concoms unanime du sacerdoce
main tl d en certifier la cuur dam un mois tunani et
,
,
et de l'empire suus LOUIS le Grand.

MANDEMEMT DE MUNSI-IGNEUll L'ÉVÈQCE DE MEAUX


rofR i,\ rinii.TVTiDN dk i.a constititios dk sotrk &AiNT-pi;nE lk pape innocent xn. du 13 mars ik^
ruUTANT CONDAMNATION IvT DÉl'BNSE OU LIVKB INTITULÉ Sipliealio» du Utuimtt iu SaMi nt la r« i^tUrimn, «te.
:

Jacqiips-Béniirne, p.ir la permission divine, D.iiis robIi?ation où nous sommes de con-


évéquc de Meaux, aux doyens ruraux, cures cl damner les lau.sses spirilualilés, même dniis les

vieaiies, cl & tous les lidèle^ de notre diocèse livres où elles pniaisM-iil a>cc les plu.n belles

subit el béiiéilicUoii eu iNolrc-Seiyiieur. couletus, quoique loi^ouis sans luuloiilé de


CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 263

témoignage des saints nous


l'Ecriture et sans le ; successeur de saint Pierre, une censure qui
.oarlcrons avec d'autant plus de confiance, que prévoit si bien les inconvénients des nouvelles
3Ctle condamnation est précédée d'une consti- spiiitiialilés, tant dans la spéculative que dans
tution apostolique, où la loi de saint Pierre et la pratique,avec une si ferme volonté de sur-
de l'Eglise romaine, mère et maîtresse des monter les travaux d'un examen si pénible et ;

Eglises, s'est expliquée en ces termes ' : adhérant à son jugement, nous condamnons le
livre susdit, intitulé Explication des Maximes
;

Une censuresi claire et si solennelle a eu tout


des saints sur la vie intérieure, etc., et lesdites
l'effetqu'on en pouvait espérer le môme es-
;
vingt-trois propositions, avec les mêmes quali-
prit de la tradition, qui a fait parler le chef visi-
ficationsde la constitution apostolique, sans ap-
ble de l'Eglise, lui a uni les membres; toutes les prouver les autres.
provinces ecclésiastiques de ce royaume ont A CES CAUSES, nous vous mandons de publier,
reçu la soumission ordinaire et accepté la dans vos prônes et prédications, la constitution
constitution avec nous avons eu la
respect; ci-dessus traduite, avec notre présent Mande-
consolation tant désirée et tant espérée, de voir ment, pour être suivie et exécutée dans tout
Mgr l'archevêque de Cambrai s'y soumettre notre diocèse, selon sa forme teneur; ordon- et
le premier, simplement, absolument et sans nons
,
qu'elle sera enregistrée
greffe de notre au
aucune restriction en ajoutant même de-
">
:
officialité, pour y avoii- recours et être procédé
puis quelque pensée qu'il ait pu avoir de son
par les voies de droit contre les contrevenants ;
livre, qu'il renonçait à son jugement, pour se
défendons à toutes personnes de lire ledit livre,
conformer simplement à celui du Souverain même de le garder, sous toutes les peines por-
Pontife.
tées par la constitution enjoignant sous les;

Ainsi on ne songe plus à défendre un livre


mêmes peines à ceux qui en auraient quelque
avec lequel on aurait à craindre, selon la con- exemplaire, de nous les remettre incessamment
stitution, {ïinduire les pieux lecteurs à des er-
entre les mains.
reurs déjà condamnées par l'Eglise culkolique ;
Nous vous mandons pareillement, d'envoyer
et on renonce en termes exprès à toute pensée de et signifier cespiésentes h tous curés et vicaires,
s'expliquer, après que le Saint-Siège en a con-
communautés séculières et régulières de notre
damné les propositions en toutes manières :
diocèse, et autres qu'il appartiendra, soi-disant
soit dans leur sens naturel, soit dans la liaison
exempts et non exempts, pour être lues, pu-
de leurs principes. bliées et exécutées dans la même l'orme.
Les ennemis de l'Eglise, si attentifs aux divi-
sions qui scud)Iaicnt s'y élever, peuvent voir,
Donné à Meaux, dans notre palnis i^piscopnl, !>' seizièms
par cet exemple, que ce n'est pas en vain qu'elle jour(lu mois d'août, l'an rail six cent nonantc-neuf.
se glorifie en Notre-Seigneur du remède qu'il a
opposé aux dissensions en donnant un chcl aux Signéi. Bénigne, év. de Meaux.
évèques et à l'Eglise visible, avec lequel tout le lît plus bas ;

corps garde l'unité. Par le commandement de mondii seiijneur.


Nous rendons grâces à Dieu d'avoir inspiré i
lidVKR.
notre Saint-Père le Pape Innocent XII, digne
I
V. i(:i-(icsau3 la bulle de condantimtiim. p. 2G0. — ' Procis-vert Lu et pulilii' en syno(1(>, le jeudi troisième jourdc septem-
dt la province d* Cambrai, imp. à Turis, p. 16. bre, l'an mil six cent nonantc-neuf.
LETTRES
SUR L'AFFAIUE DU QUIKTISME

elles seront fortes, plus la fin sera proche. Et


LETTRE IMIEMIKIIE.
comme Jésus-Christ naquit dans la paix de tout
MADAME GUYON AU P. LA COMBE, BAIINABITE '.
lemonde, il ne naiira, pour aiuM dire, spiri-
Ce 28 février 1682. tuellement que dans la paix générale, qui sera
durable pour du temiis. L'Evan;j;ile sera prêché
Il y aura (|iianlité de' croix qui nous seront
mais vous remarquerez qu'elles
par toute la terre ; mais comme les vertus du
communes ;

ciel .seront ébranlées, erovez que vous le .serez


nous uniroiil(lavaiitaj;e eu Dieu, par une fer-
vous-mêuit; |)oiir des moments , et que le
meté iuvariaiilc à soutenir toutes sortes de
démon, allaciuant le ciel de votre esprit, vous
maux. Il me semble (jue Dieu veut donner une
portera A vouloir tout quitter; mais Dieu, qui
génération s|)iritu(lle et bien des cnlanls de
vous a destiné pour lui, vous fera voir la trom-
grAce que Dieu me
;
rendra féconde en ce monde.
perie. Je vous avertis de n'('Couter votre raison-
Vous aurez des emix, et des prisons nous sé-
nement et vos réilexions (|iie le moins que vous
pareront eorporellcmenl mais i'imiou eu Dieu ;

le pourrez; et j'ai un fort instinct de vous dire


sera invidiaiile. L'on sent la division, quoi(ju'on
de garder celle lettre, même delà cacheter de
ne .sente pas l'union.
votre main, afin que vous voyiez que les choses
J'ai fait cette nuit un .sonRC qui marque d'é-
vous ont été jjrédites. lors(iu'elles aniveront.
trauj^es renver.sements, .si l'on iinuvail s'y ar-
Ne dit(\s pas que vous ne voulez pas d'as.suraiice;
rêter : ?i mon réveil, mes .sens en étaient loul
CJir il ne s'a^'it pas de cela, mais de la gloire
énms. Il n'arrive rien que ce cpie le monde
de Dieu. Rien ne pourra vous en donner
peut produire ; il menace bien et la tempête
alors.
gronde lonj;temps. Je ne sais quel sera le fou-
Je ne sais ce que j'écris. Allons, il n'est plus
dre, mais il me .seudile (jue tout l'enfer se ban-
temps, ni pour vous ni pour moi, d'être malade :
dera, pour empèciier le pruf^Mvs de l'intérieur,
levons-nous car le prince de ce monde appro-
;

et la formation de Jésu.s-Clu•i.^t dans les Ames.


che. De même qu'à la venue de Jésu>-Christ il
Cette tempête sera si lorle, qu'A moins d'une
s'était fait (pianlité de meurtres des proi>hèles,
grande protection et (idélilé. on aura peine A
il y avait eu tant de guerres, (pie le peuple juif
la soutenir. Il me seudile qu'elle vous causera
avait été comiiie anéanti ; ainsi la véritable
anitalions et doutes; parceque votre étal ne vous
piélé, qui est le ciille inléiieur, sera |)res<iue
Alant pas toute rédexion, la tpmpèle sera telle,
détruite, et ce culte sera persécuté en la per-
qu'il ne restera |«is [lierrc sin- pierre. Tous vos
sonne des propbèles, c'est-à-dire de ceux qui
amis seront dissiiiés, cl ceux cpii vous l•e^leront
l'ont enseigné, et la désolation sera grande sur
vous renonceront et auront houle de vous en ;

la terre. Durant ce temps, la femme .sera en- '

sorte (piii iieiiie vous restera-t-il une persoime.


ceinte, c'est-à-dire pleine de cet esprit mlérieiir,
Ceci sera tivvliui;;, et il \ aura une suile et un
cl le dragon se lieiulra devant elle, .sans pour-
encliaineiiirnt de croix si élrauf^i'S, tant d'ob-
tant lui nuire, parce qu'elle est environnée du
jections et de confusions, (pie vous en serez sur-
connue avant la lin du monde, qui est
pris. Et
soleilde justice, qu'elle a la lune sous les |)ied.s,
qui est la malice et l'incinistance, et que les
proprement le second avènement de Jé.sus-
Cluist,il se passera d'étran;;es cho.ses; A pro- vertus de Dieu lui serviront de couronne. Mais
portion de cetavéuemenl-ci, en arrivera-t-il, et <
Dam sa Vu p. (>0J. rll« rit qu'elle rtalt cvitt femme.
,

Cela arriva en IBtO. La lettre au P. la Combe ert rapi ortre


il semble même (pie dans toute la terre il y 4 la pni;e 48-.I elle ne Suit pas le-. Joun. mai» le* aiiiieis EM,
,

aura trouble, f;uerre et renversement. Et comme parle de ce qui lui arri»a le jour «le la l'uriAcallon. le P. la Comh»
«Ui.t alor» avec elle; e le avait eu vin jt-ileux Jour» de fi*vr« con-
le {'ils de Dieu, ou pliil('it ses enlaiils, indivi^i-
tinue et. le Jour «le la purincitlon. elle eUit retombe» giliis aang*'
,

blemeiit avi-c lui, seroiil re|iaiiiliis par toiile la rcusrmriil .|ue nrnai». Lui lisant cette lettre, «i .ui parlant decetu

faut ipie le prince de ce iiioiide remue femme J. laissée elle n'hesiU point de dire .ju elle letall «Ile dé- ,

ti*rre ; il
termina le tem|<s de rarcom|ilis»ement de sa proliction ausiécicqut
luulu la terre de divers .signes et inisi-res ; plus court, lans d terminer t\ ce serait à lu (In di- rcliil-<i, ou au com.
menrement de laulrc. .Mme U .luclie se de ( liovreu»e m'adilqira
> Vnyt: laKttaliuH iitr (rfiiiV/i<m>.. v*ri. 3, n. 10; •! Cit dé commence inenl du clian^eu.eiil arriveraient en KM.
la paia et le
UniiCuym, icTxU par ttU-mêiu, p. 46, 49, 489. M. d* Cherretue n'en est pjsdikcooTenu. (No« d* Aewwi.)
,

LETTRES RELATIVES A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 26S

il ne de se tenir toujoiu-s debout de-


laissera pas est Dieu. C'est ce qui fait que, n'ayant rien de
vant elle, et de la persécuter de cette manière. propre, il veut bien se servir de ce néant où il
Mais quoiqu'elle souffre longtemps par de ter- hjbile, pour s'attirer une quantité d'âmes de
ribiesdouleurs del'eufantemeul spirituel, qu'elle toutes conditions et élats dans l'intérieur, et vous
crie même par la violence, Dieu protégera son ne sauriez croire le nombre des personnes de
fruit, et lorsqu'il sera véritablement produit et mérite, d'âge, prêtres,
religieux, qui veulent
non connu; il sera caché en Dieu jusqu'au jour bien chercher Dieu de tout leur cœur dans leur
de que la paix soit
la manifestation, jusqu'à ce intérieur où il habile, et agréer ce que Dieu
sur La femme sera dans le désert, sans
la terre. leur fait dire par une petite lemmelette. Ils ne
scutien humain, cachée et inconnue on vo- : l'ont pas plus tôt lait avec docilité, que Dieu,
mira contre elle des fleuves de la calomnie et de pour confirmer ce qu'elle leur dit, leur fait expé-
la persécution mais elle sera aidée des ailes de
;
'"imenter sa présence d'une manière très-in lime
la colombe, ne touchant pas à la terre, le
et, N(jtre-Seigneur me fait parler le jour et écrire
fleuve sera englouti durant qu'elle demeurera la nuit ; et quoique je n'aie point de santé, il

intérieurement libre, qu'elle volera comme la co- fournit à tout.


lombe, et qu'elle se reposera véritablement sans Je vous dis ceci dans le secret, ne sachant pas
crainte, sans soins etsanssouci. Il est dit qu'elle pourquoi le Maître me le fait dire. Il m'a fait
y sera nourrie, et non qu'elle s'y nourrira. Sa écrire le sens mystique de la Bible sans autre
perte ne lui permettant pas de faire réflexion livre que celte même Bible. En moins de six
sur ce qu'elle deviendra, et en penser pour peu mois, l'Ancien Testament a été achevé, qui est
que ce soit à Dieu en aura soin. Je piic
elle. un ouvrage de plus d'une rame de papier, et en
Dieu, si c'est sa gloire, de vous donner l'intelli- des maladies continuelles, sans que l'mlcrrup-
geuce de ceci. tion interrompît le sens, et sans qu'il me fût
nécessaire de demeurée,
le relire. Où j'en suis
LETTRE IL je continue, et tout s'est trouvé dans une suite

UA.DAME GUYON A DOJI GRÉGOIRE BOUVIER, CHAR- admirable, sans rature, que quehpies mots mal
TREUX, SON FRÈRE. écrits mais dans un sens si propre cl si beau,
;

qu'il ne se peut rien de jilus. Je n'avais point


Ce 12 déceitfbre 1689.
d'autre part à cet ouvrage que le mouvcincnt
Vous ne devez pas douter, mon très-cher de la main ; ce qui est aisé à voir, élant des
frère, que ce ne soit avec beaucoup de plaisir choses si subl'ines, que je n'aurais pas pu les
que je reçois de vos nouvelle;*; mais je vous a|)pioii(lre. Jevous dis ceci sous le sceau delà
dirai simplement que votre dernière m'en a coiitession. Dieu selon loiit ce
Il a fallu obéir à
donné plus que nulle autre elle a le goût du : qu'il a voulu, sans (pie nul intérêt de lainille, de
cœur vous êtes le seul de ma lamille qui goû-
; biens, d'enfants, ni quoi que ce puisse être, me
tiez la conduite de Dieu sur moi. Elle est en effet puisse détourner.
trop iuipénélraltle [)our être comprise par la Je n'ai |)arlé de ceci à personne. J'ai voulu
raison ; le cœur la goù le, et la raison s'y penl. quelquefois écrire mes dispositions iraliandon îi

Vous ne sauiiez dire le bien (pie iNotrc-Seigrieiir Dieu, au I'. de la Molle '
; il n'y est point entré
fait taire àGrenoble pour l'inléiieur. Ali (jn'il ! il prend toul du cotéde la lrom|)erie. Jcdemeuro
faitbon s'abandonnera lui, et (pi'il récompense abandonnée à Dieu, aussi contente d'êlre Ironi.
bien pour un moment de perle en lui ce qu'il
, , péc (pie de ne l'être pas; parce (pie je n'ai point
a fallu soulliir pour y arriver Mais quand il ! d'intérèl qui me soit propre, et (juaiid je serais

n'y aurait point d'autre récompense (|ue celle de damnée je ne nie \om\\ ais désis-
assurée d'être ,

faire sa volonté sans réserve et sans résistance ,


ter un moment de taire la voloulé de Dieu ^

oh qu'on serait très-bien récompensé Il fuit


I !
parce que je voudrais le servir pour lui-même,
que je verse mou cœur dans le vôtre, et que je par cet esprit d'abandon à sa divine ciuidiiite

vous dise que je trouve partout cetl(î volonté iiilérieure et extérieure. nous savions Oh ! (pie si

essentielle de Dieu, non li(jrs de lui, mais en lui- bien cesser d'agir, pour laisser agir Dieu en nous,
même en sorte (ju'il m'a mise dans l'iuipossi-
; (pie nous serions heureux et nous abandonner !

de laire aulre chose (pie ce (lu'il veut de


bililé pour rextéiieiir à Ions les niouvenients de la
moment en momeiil, sans (pie je piiisst; me l'rovideiice. loiiles nos peines ne viennenl (pie
regardei- moi-même, ni aiiciuic néaliire ; mais de ce (pie nous voulons, pour riiitéiieur ou l'ex-
tout se l'ait en Dieu. Si je V(julais me re^^arder. ;c térieur, (pielipie chose (pie nous n av(Uis pas, ou
ne puis plus me trouver, et ne sais plus ce (pie que nous ne voulons pas qnehpie clio>e quo
c'estdu luui ni de niiun luul est ù Dieu, et luut : I
Son bi;au-fr;ro, qui Htdl supiricunlcs Uarjiabilci d« Paris.
166 LETTRES RELATIVES

nous fïvons. Mnis rpliii qiii ne Yeiit lirn que ce d'exprimer tous promets dn ne pins ni
: et je

qu'il a , tel (iii'il soil ; (]iii esl aussi coulent de sa écrire, ni parler de ces matières, ayant bien

jaiivrelé inlérioiire que des plus fiiaiides ri- plus de pencbant pour la solitude que pour toute
(•llcs^es qui n'a pas de voUiiité, de pemliant,
;
autre cliose. Comme ma l'iV avait été écrite avec

de (lé>ir, d'iiiclinalion pour quoi que ce soil, une grande simplicité, j'> avais mis tout ce que
quelijuc relc\és pus-^eiil-ils ùUv , lelui-lfi est je croMiis avoir senti : mais, puistpieje me suis

Ijarlailenu-nl l)euieux. C'esl , mon livs-clier •rompée, il n'y a, Monseigneur, qu'à tout brûler.
frère, l'étaloù je vous souhaile. La aiorl et la Si Dieu veut faire écrire sur ces matières dans la

\ie esl égale ù une telle Ame. Je vous porterais suite, il .se servira de |)ersoiines moins mau-

envie, si je pouvais vouloir autre ciiose (pic la vaises, et (jui ne mêleront \>ns leur propre

\olonlé de Dieu, de ce que volrc ftfie el votre esprit avec sa vérité. J'ai luoi-méine liorrcur de
julirmité vous disposent ù vous aller unir encore ce mélange. Ainsi, Monseigneur, il n'y a qu'à
plus étroitement à votre Dieu, et que vous allez tout brûler : me .semble, aucune
je n'en aurai, ce
\oir celui qui esl plis aimable que toutes les peine, ni mêmecondamnation, pourvu
de ma
vies. Pour moi, (jui suis in<li^;ne dimsifirand que Dieu suit glorilié, connu el aimé.
l)ieii, mécontente de la volonté de mon Dieu,
je Je ressens connue je dois. Monseigneur, les

qui est plus pour moi que tout le piuudls. obligations que je vous ai de la peine que vous
voulez bien prendre de me redresser dans mes
LETTRE IlL
égarements vous assurant qu'avec la giûcc de
;

MADAME GUYOM A DOSSUET. Dieu, vous trou\erez toujours en moi uu pro-


Septembre 1693. fond respect el une entière soumission.
Je ferai exactement. Monseigneur, toutcequc Il n'est pas parlé, ce me semble, du corps
vous me manpiez ' , et je ne verrai personne, ni dans ces douleurs ex|)rimées dans ma Vie, mais
n'écrirai |)oinlde lettre, connue j'ai commencé bien du cœur. Si cela est écrit autrement, c'est
de faire depuis six .semaines. Je naurai nalle une faute de la cu|)ic.
peine fi croire que je suis lromi)ée a\ant bien ,

LETTRE IV.
mérité que Dieu me lai.ssiU à l'esprit d'illusion :

MADAME GtïO.N A BOSSUET.


mais il me sendile que moncn-urme rend lémoi-
Ce 5 oct. 1693.
puape qu'il ne me laisse point i^ celui d'erreur ;

car ilsemble cpTil me donne une telle dé-


me La conliance que Dieu m'a donnée en voire
mission desprit pour tout, et une si grande loi lumière et en votre discerncmenl me fait pren-
pour tout ce qui est de IKglise, que je condanme- dre celle de vous demander que Dieu soil votre
rais au l'eu ma personne, aussi bien (pie mes Seul conseiller dans l'examen (pie vous voulez
écrits, si je trouvais en moi le moindre arrêt ii bien vous donner la peine de faire'. Qu'il se
aucune pensée particulière. fas.se entre Dieu el vous, Monseigneur, (|uecc
Lors(pie j'aiipclle im consetdement passif, je soil sa première lumière ipii vous donne le disccr-

veux dire un ciuisenlement (pie le même Dieu neiiieut du vrai el du faux (pic son onction :

qui le demande fait laiie. J'avais cru, jusipi'à vous enseigne les eflets de cette iiiéiiie onction
pirsenl, (pie Dieu était également auteur d'un dans les Aines. Ce ipii nie lail vous parler de la
certain silence ipiil opère dans l'iline, et de cer- sorte. Monseigneur, c'est (|iiejai toujours trouvé

tains actes (juil l.iil faire, où il parait h la créa- mon compte avec mon Dieu, el avec ceux qui se
ture qu'elle na d'aiilie part que celle de .se sont laissé guider par son espril. Je vous avoue
laissermouvoir au gré de Dieu. Ils sonl si sim- iiigêmiuient ipie j'aime tort que mon sort soit
ples que r;\me (pii les fait ne les distingue pas. entre ses mains. Les persiinnesipie voiispoiirriei
Mail si je me suis trompée, ce n'est p.is une consulter sur cela n'auraient iieul-étre pas lex-
cliosc fort extraordinaiie ipriine lemme igno- périence et la lumière des étaLs intérieurs joint •

rante se .soit trompée. S'il \ a (piehpie cliose do fl ce que n'étant employées par aucun car/Klère
bon dans nn^s (Vrits, il vient de Dieu seul : .s'il
y à celle leclieiebe, Dieu ne leur niamfesterait
a du défaut, de la méprise et de l'erreur, il est peut-être pas sa vérité. Pour vous, Mon.scigneur,
de moi et je ne suis pas fAcliée que cela ait
;
entre les mains duquel, ajirès Dieu, j'ai remis
servi vous faire voir. Monseigneur, de (pioi je
!i toutes clioses, j'espère delà bonté de Dieu qu'elle
suis capable. Dieu n'en est pas moins siinl, et ne vous lai.sscra pas prendre le cbaiige. Je n'ai

ses Voies n'en sonl pas moins admirables, pour point sollicité votre piété A ni'a|)proiiver, puisque
avoir été (écrites par une personne ipii se trompe je ne désire que la >êrité. Je ne luetoiiils pas
dans ses exitressions. Mon dessein ne lut jamui» qu'aiicunesconsidei alions humaiiios rendent ma
l'oy. U tielali^H lurli ijuiililWU, ««cl
'
a «, VI. '2, t.
< t't). la KtUlton «ar 1« ^ukiiêmt. MCI ;), a. 1 «t •.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 267

cause bonne : de Dieu. S'il a permis


c'est celle tous, si Notre-Seigneur vous l'inspire. Je vous
que je me sois méprise, je n'ai jamais prélendu prie aussi de lire le Moyen court et facile de faire
soutenir mes seuliments, mais condamner moi- l'oraison.
même en moi ce que vous y condamneriez.
Je vous prie seulement. Monseigneur, de faire EGRIT DE MADAME GUYON QUI ACCOMPAGNAIT SA LETTRE.
attention que |e n'ai dans les
jamais mis la pieté La main du Seigneur n'est pas acconrcie.

choses extraordinaires que ce sont celles dont Il me semble qu'il n'y aura pas de peine' à .:oncevoir les commu-
;
nications intérieures des purs esprits, si nous concevons ce que c'est
je luis le moins de cas, selon ce que j'ai eu l'hon- que la céleste hiérarchie, où Dieu pénètre tous les anges, et ces es-

neur de vous dire. Si je les ai marquées dans prits bienheureux se pénétrent les uns et les autres. C'est la même
lumière divine qui les pénétre, et qui, faisant une réflexion des uns
ma Vie, ce n'a été que pour obéir, sans vouloir sur les autres, se communique de cette sorte. Si nos esprits étaient
qu'on s'y arrêtât le moins du monde. Ce n'est purs et simples, ils seraient illuminés , et celte illustration e.st telle
a cause de la pureté et simplicité du sujet, que les cœurs bien
donc point par là qu'on doit juger d'une âme, disposés qui en approchent, ressentent cette pénétration. Combien
mais sur son état intérieur, très-détaché de tout de s;iints qui s'entendaient sans se parler ? Ce n'est point une conver-
sation de paroles successives mais une communication d'onction
;

cela, sur l'uniformité de sa vie et sur ses écrits. de lumière et d'amoui-. Le fer frotté d'aimant, attire comme l'aL
11 y a de trois sortes de choses extraordinaires mant même. Une âme désappropriée, dénu/e, simple, de Dieu, attire
les autres âmes à lui comme les hommes déréglés communiquent
que vous avez pu remarquer Monseigneur la
;

, :
un certain esprit de dérèglement. C'est que sa simplicité et pureté
première qui regarde les couunuuications inté- est telle, que Dieu attire par elle les autres cœurs.
Saint Augustin parle de ce silence dans ses Confessions, où il dit
rieures en silence celle-là est très-aisée à justi-
:
que parlant avec sainte Monique, Ils furent enlevés dans ce silence
fier, par le grand nondjrede personnes de mérite ineffable mais qu'à cau»e de lu faiblesse il en faut revenir aux pa-
;

roles, riût à Dieu que nos cœurs fussent assez puri, pour n'avoir
et de probité qui en ont fait l'expérience. Ces point d'autre communication avec les créatures. Lorsqu'on est deux
personnes, quej'aurai l'honneur de vous nonuner ou trois assemblés au nom du Seigneur, on éprouve si fort qu'il
y
est, qu'il faut avouer que s'il y a de la tromperie, Dieu s'en mêle-
lorsque j'aurai celui de vous voir, le peuvent car il est certain que le diable ne peut entrer ici. Il peut bien con-
justifier. Pour les choses à venir, c'est une ma- trefuii-e tout ce qui a quelque forme et figure expresse ou discours-
mais une chose qui n'a rien de tout cela, et qui est d'une simplicité,
tière sur laquelle j'ai quelque peine qu'on fasse pureté et netteté admirable.
attention ce n'est point là l'essentiel mais j'ai
: :

été obligée de tout écrire. Nos amis pourraient LETTRE V.


facilement vous justifier cela, soit par des lettres
MADAME GUYON A BOSSIJET.
qu'ils ont en main, écrites il y a dix ans, soit par
Ce '22 octobre 1693.
quantité de choses qu'ils ont remarquées, et dont
Comme je n'ai point d'autre désir, Monsei-
je perds facilement l'idée. Pour les choses nnra-
gneur, que celui de vous obéir très-exactement,
culeuses, je lésai mises danslamcme simplicité
je vous prie de m'ordoimer ce qu'il vous plaît
que le reste. J'ai écrit la vérité, telle qu'elle a
que je fasse. Je me relirai, le lii tlu mois de sep-
paru aux autres et à moi mais je n'en ai jamais
;

tembre, à la campa;jiic, dans un lieu où je n'ai


jugé, n'y faisant pas même d'attention. Judas a
de commerce (pi'aNcc les filles qui me servent.
fait des miracles ainsi je suis bien éloignée de
;

J'en ai laissé une à Paris chez moi ,


qui sait seule
fonder sur cela.
où je suis, et qui m'envoie les lettres qu'on
m'é-
Toute grâce que je vous demande, Monsei-
la
crit. J'en ai usé de la sorte,
pour éviter de don-
gneur, est de sns|)endre votre jngeruonl jus(|u'à
ner des conseils à ceux qui m'en demandaient
ce que vous m'ayez examinée à fond. i*our le
dans leurs besoins, jusiju'à ce que vous ayez
faire avec succès, il tant, s'il vous plaît, que vous
connu, iMouseigiieur, si jesuis trom|>ée ou non.
ayez la charité de me voir |)lusieurs lois, et de
Ce n'est p;is (|ue je puisse me délier de mon
m'entendrc. Si vous voulez bien me permettre
Dieu, non assiuémeut mais j'ai un si grand
:

d'aller dans vulre diocèse, d'une manière incon-


respect pour ce qu'il vous plaira de juger, ou
nue, cela se ferait plusfacilement elsansbrtiil. Je
plutôt pour ce i|ue Dieu vous inspirera déjuger
me mettrais dans un couvent, ou dans une mai-
de moi, ipie j'en croirai ce que vous m'en direz,
son particulière, telle qu'il vous plairait de me
sans néamnoins que je puisse me donner aucun
l'ordonner, vous assurant (jue vous verrez, en
mouvement jiar moi-même. Je suis donc prèle
toute occaîîoii, des preuves de ma docilité, de
à m'exiler moi-même pour lonjouis, prèle aussi
ina soumission cl du profond resi)ect avec lequel
à reveinr chez moi |)Our y souffrir toutes les
je suis, etc.
confusions imaginables prête encore h subir la
;

P. S. Sivousvoidez bien. Monseigneur, me dire prison et même lu mort.


vos ditlicnltès, et ce qui Vdiis l'ail peine dans les Mais, Monseigneur, je vous demande d'avoir
écrits et dans la J'/r, j'espère (pic Iticu me fera pitié d'une inlinitè d'ânu\s (|ui génii.sseul : les

la giAce de vous lesècliiircir. Je vous assure déjà enfants licniimiienl du pain, cl |)ersoniie ne leur
par avance que je consens que vous les brûliez eu rompt. Le diable se .sert de lu malice de quel-
268 LETTRES RELATIVES

qiics-iiiis, qui al)iisnnt de tout, et qui, se disant Condamnez mes méprises. Monseigneur, si vous
ne l'élaiil [loiiil, eaiisriit l)caiir(iu|)
iiili'iifiiis et en trouvez dans mes écrits je les condamne :

de mal, cl par le scamlalc qu'ils donnent, nui- <lès à présent moi tnême
mais démêlez la vé- ;

sent exlrômeinent à la véritc^ rilé de mes mauvaises expressions, et devenez


De tout temps il y a eu luic voie active et une son défenseur, après m'avoir jugée sévèrement.
contemplative; c'étaient deux sriMuscpii vivaient J'espère, Monseigneur, que vous nedés.igréereZ
d'inlelliu'cnce. A pi(''senl, malj.'ré le t(^mni;:naf;e pas ma liberté, puisqu'elle est produite par la

de Jésus-Christ, Marthe !"em|)oite sur Marie. confiance (|ue.Noire-Seigneur me donne en vous,


L'on veut même étahlii- celle-là sur la ruine de et que vous vous laisserez persuader de mon
l'autre; l'on travaille à détruire la vérité, cro- profond respect et de ma parfaite soumis.sion.
yant l'étahlir. Je ne vous im[)ortimerai plus, si vous avez la
C'est cette vérité, Monseigneur, qui a recours bonté de me faire savoir voire volonté.
h vous. Vous l'avez si bien déleiidiie contre les
eimemis de la rcli^iion calholicjue, délende/-la LETTRE VI.

encore, sitôt que Itieu vous la fera sentir je


;
MADAME GUYON A BOSSL'ET.
dis sentir, car cette vérité n'est pas de simple
spéculation, comme bien d'autres, elle esld'ex- Ce "ib janvier 1694.

péiieuce.Uoc je la souhaite pour vous, Monsei- J'attends vos ordres. Monseigneur, pour me
gneur, cette hemeuse expérience, qui rend l'a- rendre où il vous assmant que je
vous plaira '
;

mertume douce. (|ui change la douleur eu léli- n'ai plus d'autre désir que de voirs obéir, non-
cité, (]ui fait il'lieiueux misérables, (jiii leur ap-
seulement comme à un évêqrre pour Icqirel j'ai
prend qu'il n'y a de solide plaisir (pie dans la
un fort grand respect, mais coiirrrreà une per-
perte (Le tout ce (jue les houunes peu éclairés
sonne pour laquelle Notre-Seigneirr me donne
api)elient de ce nom! une entière confiarrce. Je conser-ve dans mon
Je ne désire point. Monseigneur, élre justifiée
cœur toute la reconnaissjuice qire je dois de la
personnellement mais je désire que (pielqu'un
;
peine que vous prenez poirr éelaircir la vérité
fas^e connaître (jue les sentiers de l'iiitciieiu' ne sans pré veir lion. J'ose vous assrrrer, .Monseigneirr,
sont ni faux, ni(liiméri<]iies, ni |)leinsd'eireurs. que Dieu vous en récornpenser'a dès cette vie
J'ose diie ipie l'uiivrage de l'inléiieiu' est celui
par l'aborrdance de ses gr;Ues. Jésirs-Christ et
de Dieu s'il n'elail point sou ouvrage, il se dé-
Reliai ne sont jamais en même licir il faut que
:

truirait deliii-méme mais ; comme cestle sien,


l'irn cède la place à l'autre. Où Jésus-Christ se
il se nudliplie, connue les Israélites, par l'op-
fait serrlir', il est ;iisé decorrclure (prèle démon
pression et la persécution. Les personnes les
n'y a pas de jiarl ; cependarrl Dieu peirrrel qu'on
plus giossiéres que Dieu instruit lui-même sont
ne pirisse lediscei'rrer en rrroi. J"attendsdev(uis,
conduites par là. 11 y en a qui soutirent des tour-
Morrseigneur-, la conrraissauce de la vérité, ré-
ments de secours. Vous en
inex|ilicables, faute
solrre de croire de moi ce que votre cirrrr vous
gémiriez. Monseigneur, si vous le voyiez car :

en dira. C'est cecceur- vide (preje prends pour


plus ces |)auvres âmes sont coud)allues par les
mon jirge, espér arrl qire Dieir le fera sortir de
doutes et les incertitudes où l'on les met, plus
cet ("(prilibie où vous l'avez lemr avec 'anl de
Dieu les exerce d'une manière surprenante, se
dniitiue et de fidélité ce que je vous prole.ste ;

servant même souvent des démons pour cela.


n'avoir |)as eircoi'C tr'oirvé, jirsqrr'à ce que .Nolrc-
Une je périsse, .'\l(iuseigueur, connue une victime
Seigrreirr m'ait adressé à voirs, Monseigneur,
de la justice de mon divin niailre; mais ajez
pour- lequel je conserverai loirtemavie un res-
pitié de ces pauvres àmcs ; cela est digne de
pect iirviolable et rrnc sorrmisNiorr errtière.
vous.
Ayez la bonté de me faire s;ivoir le lierr et le
Qu'il sera glorieux h un prélat, si plein de
terrrjis où il vorrs plail qire j'aie l'horureirr de
science, de zèle cl de piélé, de démêler le faux
vous voir', afin de m'y rendre: il farrl (jne je
du vrai! Vous verrez par la letlie ci-joinle ',
sois avertie quebpiesjour'sdevarrl, àcarrse d'rrnc
que je vous prie de brider après l'avoir lue, la
voilure. Si vous avez cette borrlé, et (|ire M. de
peine de certaines àines il y en a de celle sorte :

Chevreuse ne soit pas à Paris, vous aiirvz, s'il


bien plus qu'on ne pense. Je n'ose |)lusiépondre
vorrs plail. celle d'eirvojer' chez M"" la dirchesse
à pcrsoime sur ces m.itièies: il me sendile ipie
de Charosl, qui me le fera savoir.
je serais prêle de mourir pour une seule àine,
et pr(>te aussi de ne parler jamais à aucune. Kflnlion.wrtl 4 »«l 3, n. 2n. _ L entrcTua H
' I. n. ; > (U i
'C'alail U leurs duiit Je sr'. Ji\ iplet qui •Uil. dit .ibl>é L«-
.
Pons, chel M. r'âl>b • Janoii. rue < ats.-llc, apK'i >)'lc Ilo^ivjrt eut
dleii l'Innr <!• tou» In «ici» dt U du>^ukni dt Mme Uuyuii cl i* ctlrlrr l> molM dtll* 1 efliM dtt rcîj(j>eukes du Sunt-Sacrc.i.ci.t
MoUii ) m(in«. dv ,i nicmt ru*'
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.

LETTRE VIL jamais fait attention, non plus qu'à la diction ;


M"° GUYON A BOSSUET 1. Noire-Seigneur m'ayant fait comprendre alors
Ce 29 janvier 1694. qu'il me susciterait une personne qui les met-

Permellcz-moi Monseigneur, avant d'être


,
trait comme ils doivent être, et pour l'un et

examinée, que je vous proteste que je ne viens pour l'autre.


point ici, ni pour me justifier, ni pour me dé- Je suis donc toute prête, Monseianeur, à vous
fendre 2, ni même pour expliquer des termes éclaircii- sur toutes mes pensées, et du sens

qui pourraient avoir une interprétation favora- auquel j'entends les choses; prête à tout con-
ble M je les exprimais comme je les entends, et damner sans nul examen, contente que vous
qui pourraient faire peine étant pris à la lettre. mettiez tout au feu. Faites-vous remettre en
Je ne viens point, dis-je, pour cela mais pour ;
main les originaux et les copies je vous les ré- :

vous obéir, pourme condamner moi-même sans signe si absolument, que, quoi que vous en puis-
qu'il soit besoin d'examen, à moins que vous siez faire, je ne m'en informerai jamais. J'ai

ne le jugiez nécessaire vous protestant que jg


;
une reconnaissance que je ne puis ex|)iiiiicr de
condamne de tout mon cœur, sans aucune res- toutes vos bontés. Monseigneur. Je serai de-
ti'iction, en présence de mon Dieu, tout ce que main à huit heures, s'il |)lait h Dieu, aux Filles
vous condamnez ou en ma conduite ou en mes du Saint-Sacrement ; offrez-moi, s'il vous plaît,

écrits. Mon cœur me rend ce témoignage, que à mon divin Maître comme une victime cunsa-
je ne tiens à rien du tout. J'ai désiré, j'ai de- crée à toutes »es volonlés, et faites-moi la grâce
mandé qu'on m'éclairàt dans mes égarements ; de me regarder comme la personne du monde
mais l'on s'est toujours contenté de crier contre qui est avec le plus grand respect et de sincérité,
moi que j'étais hérétique, méchante et abomi- etc.

nable, sans vouloirmemontrer mes égarements, LETTRE Vin.


et me prêter une main secourable pour m'en MADAME GUYON A BOSSUET.
tirer. 31on cœur m'a adressé à vous, Monsei- Ecrite le soir même du jour de l'entrevue.
gneur, il y a longtemps; mais ma timidité me Ce 30 janvier 1694.
Nos amis me proposèrent d'être exa-
retenait.
Je prends encore Monseigneur,
la liberté,
minée par trois personnes j'y consentis par :
d'écrire à Votre Grandeur, pour lui dire qu'il
soumission et je pris la liberté de leur mander
est impossible qu'une âme aussi droite que la
;

que je me ferais examiner par qui il leur plai- sienne ne soit pas éclairée de la vériié de l'inté-
rait; mais que mon cœur n'avait de penchant
rieur car pour moi, Monseigneur, je me re-
:

que pour vous. Dieu a fait voir que je ne me garde comme un chien mort. Quand je serais la
suis point trompée. Aucun des autres n'a voulu
plus misérable du monde, il n'en serait pas
ni me voir ni m'entcndre. Vous seul. Monsei- moins vrai que Dieu veut établir son règne
gneur, avez eu cette charité, sans faire attention
dans le cœur des hommes, qu'il le veut faire
au décij dans lequel je suis. Je ne doute point par l'intérieur et l'oraison, et qu'il le fera mal-
que Dieu ne récompense votre charité aussi :

gré toutes sortes d'oppositions. J'ose même vous


ma soumission et ma confiance esl-elle entière. assurer que vous sentirez la force de cet esprit,
Ordonnez de moi ce qu'il vous plaira. Quoique tout d'une autre manière que vous ne l'avez
je n'aie point un jour de santé, je suis prête à sentie et, malgré le mépris (jue j'ai pour moi-
;

faire tout ce qu'il vous plaira de in'ordoimer,


même je ne i)uis inenipêclier de m'inlé-
,

espéi ant que Dieu me donnera lu force de vous


resser infiniment auprès de Dieu (lour \oiis.
obéir. Monseigneur. J'espère que ma liberté ne vous
11 y a deux choses à regarder dans mes écrils ;
offensera [las, et que vous la regarderez coiinnc
ce qui regarde l'avenir et le sens de la doctrine. un ellel de ma reconnaissance et de l'enlière
Pour les choses extraordinaires, outre (pie je confiance que iNolre-Seigneiir medonneen vous,
n'en ai jamais lait decas, que je ne les ai écrites
qui ne diminue point le profond respect avec
que par simplicité et révéïiement
ohéissaiice,
ma
lequel je serai toute vie, etc.
en fera voir la vérité. Dans le sens de la doc-
De LA MOTTHE GUYON.
trine, il y a ce qui est essentiel et ce qui n'est
que d'expression, l'our l'essenliel, comme j'ai
Comme M. le duc de Chevreuse n'est pas tou-

jours à l'aris, si vous voulez liicn me taire sa-


écrit sans savoir ce que j'éciivais, j'ai pu être
voir votre volonté, lorsque tout sera prépare; il
Irompée en tout: pour l'expression, je n'y ai
n'y a cpi'à m'envoycr vos ordres chez M"" la
Cctic Icllro fui icrile In viillc minio ilii Jour du l.i p rvmiiWc en.
'

Ircviio tJu pfL'Ial avec MnioCiuyun, dont il cbt parle duiib la nota
duchcbse de Charost.
(irécvdcnte. .— >Voy. litlalion, aect. 3, n. 1.
Co bamiHli «u loir, 30 Janvier.
270 LETTFIFS RFI.ATIVES

LETTRK rx. je n'ai entendu parler que d'une dissemblance

MADAME GUYON A BOSSUET. qui empêche l'àme d'étie unie à Uieu, d'un
rapport a soi très-sublil, d'un propre iiiléiét
C« 10 Kvrler 18M.
d'une rè|)Uf^iiance que la nature nde
spirituel.
Je VOUS avais prié, Monsoijrnciir, «le ni'aiilei 8e laisser détruire au point ipi'il faut pour être
de vos ronseils pour me lirrr île iiics i^f^arc- unie a Dieu. J'ai cru éprouver tout cela. J'ac-
nicnls : mais ce serait abuser de voire Itimli*, cuse ma tromperie, el vous demande, .Monsei-
Ce sérail vous Iromper, que de feiudro ce (pii gneur, de brûler tous mes écrits et qu'il soit
n'est pas en ma imissaiice •
el j aiiuerai ndeux fait défense d'imprimer davantage des livres
mourir de la miM''re la plus houleuse (jue de défendus. Ceux qui le sont je les abjure el dé-
vous tromper uu moiuenl. Loisipie vous m'avez teste connue de moi c'est tout ce que je puis.
:

dit, do deiuauder cl de diSircr,


Monsei;.Mieiu', Du reste, je .suis indinne des peines ipie vous
j'ai voulu essaver de le faire, et je n'ai ru avez prises el je vous
; proleste. Monsei-
(ju'un plus •,'rand ti'moi;;iiat;e de mon impuis- gneur, que j'en aurai une reconnaissiince éter-
sance. Je me suis trouv(^e comme une parahli- nelle. Je vous |iroiiiets devant Dieu de ne jamais
(|ue, àipii l'on dil de marcher parce (|uil a des écrire que pour mes affaires lempinelles, cl de
jambes les eflmls qu'il veut faire poui' cela ne
: ne jamais p'irler à peisiinne. Je crois, Monsei-
servent ipi'à lui faire sentir son impuissance. gneur, ipie cela est suflisanl pour léparer tous
L'on dil dans les répies ordinaires Tout Imuunc : es maux rpie j'ai faits. Agréez donc que, ne
(|uia des jambes doit marcher. Je le crois, je le pouvant fairececpie vouscrovezcpieje dois faire,
sais cependant j'en ai, et je sens bien que je nC
: qui sont des demandes, des prières pour moi,
m'en puis .servir; el ce .serait abu.ser de votre el me tniuvant impuissante de vous obéir, je
charité que de promellre ce que je puis tenir- me regarde comme un monstre qui doit être
Il Y a des impuissances spirituelles connue de efl'acé du commerce deshiimmes, et qui ne doit

corporelles. Je ne cundauuie point les actes ni plus abuser un prélat .si plein de charité, ei
les l)()nnes pratiques, à Dieu ne plai.se Je ne ! pour lequel j'aurai toute ma vie un profond
donne point de remède à ceux qui marchent; res[iecl et une exlrémc rccoimais-sancc, etc.
mais j'en diume poiu- beaucoup ipii ne peuvent De la Mottiie Guyon.
fane ces actes disliiuls. Vous diles, Monsei-
J"ai unegrande lièvre, que j'ai peine à
si
gneur Ces remèdes sont dangereux, el l'on
:

écrire. Excusez mes expressions, Monseigneur,


en abuse: il n'y a qu'à les oler; mais ceux qui
cl agréez la sincérité de mon cœiu".
en ont Desoinue trouvent plus personne i|ui Icui
en lionne. Vous diles, Miuisei^^ueur, cpi'il n'y a LETTliE X.
que quatre ou ciu(| persoime.s en tout au uuind>^
MAUAMi: GUYO.N A BOSSUET,
qui aient ces manières d'oraison, el qui snienl
Ca ftT. 1«»4.
(laus celle dillicullesde f.iire des actes, el je vous
dis qu'il j en.i plus de cent mille dans le njondc- Lorsque je pris la liberté do vous diwnander
Ainsi l'on a écrit pour ceux qui élaienl en cet do m'examiner. c'était avec une disposilion sin>
étal. J'ai lâché d'ùler un abus, et c'est ce qui a
cèrc do vous obéir aveuglément, et de suivre
fait l'excès de uu:s termes, qui est i|ue de> Ames ce que vous m'ordonnerie/. comme Dieu même'.

(jui connue ncenl à sentir ceilainesinipuissimces J'ai tâché de le taire jusipi'à présent, vous ayant

(ce qui est fort couuunn), croient être au som- obéi avec une extrême ponctiialilé, ainsi que nos
Miel; el j'ai voulu, en relevant ce dernier élut, amis iionrront vous en a.ssurer. Ce fut par
leur faire comprendre leur eloi^'nemenl. excès de conliance quejo vous donne la Vie, que
l'onr ce qui iej;ardc le .sens de la doctrine, j'étais |iréte h comme le reste, si Volro
brider
je suis une ignorante. J'ai cru ijuc mon direc- ("irandeiir me ordonné. Vous vovez bien
l'avait

teur olerail les termes mauvais, (pi'il corrigerait ipie celle Vie ne peut .se montrer que par excès
la doelnne. Je crois, .Monseigneur, tout ce que lie conliance. Je l'ai écrite, ainsi que mon Dieu

vous nie faites riionni'ur de me dire j'aimer.iis ;


est témoin ipie je ne mens point, avec une telle
nueiix mourir mille fois, que de m'écarler des absliaclion d'esprit. (|u'il ne m'ajam.iis été pw-
senliincnts de rKglise.Jerétracledoiic, dé.savoue, niis de faire un retour sur moi en l'écrivant.
condamne Idul ce que j ai dit et écrit qui peut Quoique cela soit île la sorte, peu de personne>
y élre conlraire.Jc m'accuse de témérité, d'illu- sont capables de comprendre jusqu'où vont les
sion, de folie. secrètes el amoureuses cominunic. liions de Dieu
Je dois dire à votre (Jrandeur, (jiie lorsque et de l'ilme. La conliance que Noire-Seigneur
j'ai parlé de celte concupiMcnce uu propiiélé '
Voy. I* R4taluH lar U <iiiulnmt, >c<:i.i, a. 3. 4 tt tuir.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTFSME. iH
m'a donnée en Votre Grandeur m'a fait croire LETTRE XII.
que vous les sentiriez si elles étaient incompré- BOSSUET A MADAME GUYON.
hensibles, et que le cœur serait frappé des mê- 16 Mars 1694.
mes cliosesqui répugnaienlà l'esprit. Quand cela J'ai reçu, Madame, la lettre que M. de Che-
ne serait pas, cela ne diminuerait rien de ma con- vreuse m'a rendue de voire part '. Je n'ai pas
fiance et du désir de vous obéir. C'est à vous, eu besoin de changer de silualion, pour me met-
Monseigneur, à voir vous-même si celte Vie peut treen celle que vous souhailiez. Comme je sens
être communiquée à d'autres qu'à Voti'C Gran- lebesoin extrême que j'ai de la grâce de Dieu,
jg
deur. Je la dépose de nouveau en vos mains pour demeure nalurellement exposé à la recevoir, de
en taire tout ce qu'il vous plaira, vous protestant quelque côté qu'il me l'envoie. Je suis très-re-
que, de quelque manière que les choses tour- connaissant de la charité que vous avez pour
nent, je ne me jamais du respect, de la
désisterai mon âme et je ne puis mieux vous en marquer
;

soumission et du désir sincère que j'ai de vous ma reconnaissance qu'en vous disant, en toute
obéir singulièrement, et que vous fassiez tout simplicité et sincérité, ce que je crois que avez à
l'usage qu'il vous plaira de mon obéissance. faire en quoi je salislerai également, et à votre
;

De la Motthe Guyon. désir, et à mon obligalion. Je ne dois pas aussi

Je vous prie, Monseigneur, de faire attention vous taire que je ressens en vous quelque chose
que j'ai écrit par obéissance, sansrénexion;quej dont je suis fort touché c'est celle insatiable avi-
:

quoique cette obéissance m'ait coûté bien des dité de croix et d'opprobres, et le choix que Dieu

écrire les mô- fait pour vous de certaines humihalions et de


traverses, je serais encore prête ci

mes choses si l'on me l'ordonnait, quand il m'en certaines croix, où son doigt et sa volonté sem-

devrait arriver plus de maux. blent marqués. Il me semble qu'on doit être
excité par h\ à vous montrer, autant qu'on
LETTRE XL peut, ce qu'on croit que Dieu demande de vous,
MADAME GUYON A BOSSUET. et à vous puritier de certaines choses, dont
A la fin de février 1694.
peut-être il veut vous purger par la coopéra-
tion de ses ministres. Les grâces qu'il fait aux
J'éprouve, Monseigneur, depuis quelques âmes par leur ministère, quelque pauvres
jours, une union très-réel le avec votre âme. Com- qu'ils soient d'ailleiu's, sont inénarrables.
me cela ne m'arrive jamais sans quelque dessein Pour commencer donc, je vous dirai la pre-
particulier de Dieu, je vous conjure de vous mière chose dont il me parait que vous -devez
exposer à ses yeux divins l'esprit et le cœur vides, vous purifier, c'est de ces grands senlimenls
afin que Dieu y mette ce qu'il lui plaira. Livrez- que vous marquez de vous-même. Ce n'est pas
vous à ses desseins éternels sur votre âme, et que j'aie peine à croire qu'on puisse dire de soi,
consentez, s'il vous plait,à tous les moyens dont comme d'une autre, certaines choses avanta-
il voudra se servir pour régner plus absolument geuses, surtout des choses de fait, quand il y a
en vous qu'il n'a encore fait. raison de les dire, et qu'on y est obligé par l'o-
Je ne sais. Monseigneur, si je fais bien ou béissance. Mais celles que je vous ai montrées
mal de vous écrire comme je lais mais j'ai : sont sans exemple, et outrées au delà de toute
cru (lu'il valait ndeux t'aillir pai- nu excès de mesure et de tout excès. Ce qui me rassure un
simplicité à votre égard, assurée (jue vous me peu, c'est (juc j'ai vu dans une de vos lellres
,

reihesscrez lorsipie je m'égarerai, (|uc de ris- à M. de Clicvrcuse, que vous êtes vous-même
quei' de désobéira Dieu, io me suis olfcile à sa étonnée d'avoir écrit de telles choses, étant Irès-
divine Majesté, pour souffrir tout ce (pi'il lui éloignée d'avoir de vous ces senlimcids. Appa-
plairait jwur votre âme. Je ne vous fais point remment Dieu vous fait sentir (pu- de telles ma.
excuse de ma liberté car j'ai celte conlianceen
; nièresde parler de soi, et une si grande idée de
la bonté de Dieu, que si c'est lui qui me lait vous sa perfection, serait une vraie pâluiede l'amour-
écrire, il luellra dans votre cœur les dispositions propre. Déposez donc tout cela, et suivez le mou-
nécessaires pour connaître et goûter le molif(|ni vement que Dieu vous eu doniu'; d'anlanl plus
me agir; sinon cela .servira du moins à vous
fait (jue ren(hoil, où vous dites: « Ce (jue je lierai
faire conqirendre mes égarenu'uts, 'i exercer sera lié, ce (pic je dclieiai sci'a délié, » cl le reste,
votie charilé, et h vous faire voir ma conliance, estd'im excès insupportable; suilout (juand on
(pii ne (liniiiuie (loint le [trolond res[iect avec considèie (pie celle (pu iiarli' ainsi se trouve dans
lc<iiiel je suis, etc. un état aposloli(pi(', c'c^t-à-dire se croit un apô.
tre parélal. Je ne cioi> pas (ju'il vous soil pei mis
' Voy. U liettitioH sw le qui^tume, flcot< 'Jl.
'^, i).
2"2 LETTRES RELATIVES

de retenir de telles choses. Déposez-les donc, et qu'il plaira àDieu d'inspirer aux évêques cl aux
exéculcz la ri'.soliilioii que Dieu vous inspire de doelcui*s, approuvés pour réduire vos expres-
vous Mwjnesirer, de ne pliis tVrire, de ne i)lns sions et vos sentimeiiLs à la règle de la loi, el

exercer ni ces coninuiniciiiiuns de


recevoir aux justes bornes des traditions et des dogmes
grûces, que vous expliipiez dune nianièie qui catholiques.

n'a |)(iinl d'exemple dans l'Kiilise, surtout (piand Ma seule diflicnlté e.sl sur la voie, et dans la
vous les comparez.'» la commimicatiun ([uNtut déclaration (pie vous laites que vous ne pouvez
entre eux les saints an^;es el les antres hicnlicu- rien demander pour vous, pas même de ne pé-
rcux esprits; el (piand vous mar(|iiez en vous cher pas, et ne persévérer dans le bien jusqu'à
une piénilude, ipie vous appelez iidlnie, pour la lin de votre vie, qui est pourtant une chose

toutes les Aines, qui cause un let^or^iement dont qui manque aux étals les plus pailails, et que,
je n'ai jamais oui parler qu'à vous, (juchpie soin selon saint Augustin, Dieu ne donne qu'à ceux
quej'aic piisd'eneiierilii'railii'nrsdesexemples. qui la demandent. Voilà ce quime fait une
Vous reninlicrez à tout cela en vous retranchant peine que jusqu'ici je n'ai pu vaincre, quelque
tonte commimiealion, connue vous m'avez lé- elïort (jue j'aie faitpour entrer, s'il se pouvait,
nioij:né (pic vous étiez résolue. dans vos senlimcnts. el dans les explicalionsdes
Je ne prétends pas vous exclure d'écrire pour personnes spirituelles que vous connai.sscz, avec
vos aflaircs, ni pour entretenir avec vos amis qui j'ai liailé à fond de celte disposition. La rai-
une correspondance de charité ce (pic je pré- ;
son qui m'en empêche, c'est (]u'elle parait di-
tends, c'est l'exclusion de tout air de dogmatiser, reclement contraire aux commandements qi.e
ou d'enseigner, ou de répandre les grâces |iar Jésiis-Chrisl nous l'ail tant de fois de prier et de

celle si extraordinaire communication qu'on veiller sur nous : ce qui regarde tons les Chré-
pourrait avoir avec vous. tiens et tous les étals. Quand vous me dites que

Je mets encore dans le rang des choses que cela vous est impossible, c'e-^t ce qui augmente
vous devez exposer, toutes |trédicUons, visions, ma |)eine car Dieu (|ui assnréinenl ne com-
; ,

miracles, et en un mot, toutes choses extraor- mande lieii d'impossible, ne rend passes com-
dinaires, queliiiie ordinaires ipie vous vous les mandements impos.sible>à ceux (pi'il aime et ;

figuriez dans certains élats; car tout cela est au la prière est ce qui leur est le moins impossi-
rang des palmes de l'amour-iiropre, si l'on n'y ble puixpic c'est par elle, selon le concile de
prend heaucoup garde. Dieu est indépendant Trente, sess. 6, cliap. 11, que ce qui était impos-
de tout cela c'est à ipioi vous devez vous atta-
:
sible ces.se de relie.
cher même selon les principes de votre oraison. Je n'ignore pas certaines iinpuiss;mces, que
Que s'il vous vient des choses de celte iialme, des personnes lrès-.>iaiiites ont observées et ap-
que vous ne croyiez pas pouvoir cin|iécher, prouvées en CCI tains degrés d'oraison; mais ce
lai.ssez-les écouler, autant qu'il est en vous, et n'est pas là ma ditlicnlte. On .s^iil que des pré-

ne vous y attachez pas. lin voilà assez sur ce ceptes allirmatils, tels que celui de prier, ne sont
point, et je n'ai point de peine sur cela; parce pas obligatoires à clia(iue moment mais qu'il :

que vous m'avez dit cl écrit que vous étiez y ait un degré où pennaneinmenl et par état
disposée h vous conlormer au conseil que je on ne puisse pas prier pour soi, c'est ce qui me
vous donne en Noire-Seigneur. parût opiiosé au commandement de Dieu, et
Il y aurait heaucoup de choses à vous dire sur
de (pioi aussi je ne vois aucun exemple dans
vos écrits. Je puis vous assurer (ju'ils sont pleins toute l'Kglise. La raison de cette impossibilité

de cho.scs insiippoilahles el insoutenahles, ou me paraît encore plii.^ insupportable que la


selon les termes, ou même selon les choses et
chose en elle-même. A l'endroit iiù vous vous
obj< ctez à vous-même qu'on a du moins besoin
dans le loiul. Maisjc ne m'y arrêterai pas <piant
h preseiiljpuiMpie nous consentez ipi'on les hriilc de prier pour soi, atin de ne pécher pas, vous
tous; ce (lu'on leia, s'il le laiit. A l'egaidde ceux faites deux principales réponses l'une, que :

qui sonl imprimés, et qu'on ne s;uiiail hrùler, c'est (pielque cho>e d'intéressé, où une ànie de

comme je vous vois soumise à consentir, et à ce degié ne peut s'appliquer, que de prier
vous soiimellre à toute censure, correction ei qu'on ne pèche |)as l'auire, que c'est l'alfiire
;

explication (pi'ou y pourrait laire, aimant mieux (le Dieu, et non pas la notre. Ces deux ré|ionses

mourir mille l(.is, cl soiillrir loiiles sortes de ré|iiigiieut à la règle do la foi,uulint l'une que

confusions, (|ue de .scandaliser un des iietils de l'autre.

l'Eglise, ou donner le moindre lieu à lalteralion Que ce soit quelquechose d'intéressé de prier
tie la siûne doctrine; vous u'aNcz ijuà per.sisler Dieu ipi'oit ne pèilie pis, c'est de même que si

dans ce senlimenl, et vous soumcllie h tout ce on (ll^all que c'esl i|uelcpie chose d'intéressé de
demander à Dieu son amour car ; c'est la même
,,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 27.^

chose de demander à Dieu de l'aimer toujours, vidence de notre vie, il ne faudrait, ni


le soin
et de lui demander de ne l'offenser jamais. Or labourer, ni semer, ni apprêtera manger; et je
Jésus-Christ ne prétend pas nous orilonner un dis que s'il y a quelque différence entre ces deux
acte de propriété et d'intérêt, quand il com- sortes de soins , c'est que celui qui regarde les
mande tant de fois de telles prières, qui au con- actes intérieurs est d'autant plus nécessaire, que
traire font une partie très-essentielle de la per- ces actes sont plus parfaits, plus importants
fection chrétienne. plus commandés et voulus de Dieu plus que
On dit que l'âme, attirée à quelque chose de tous les autres. La nature du
libre arbitre est
plus parfait et de plus intime, deviendrait pro- d'être instruit, conduit, exhorté; et non-seule-
priétaire et intéressée, si elle se détournait à de ment il doit être exhorté et excité par les autres,
tels actes ; et que, sans les faire, elle est assez mais encore il le doit être par lui-même; et
éloignée du péché. Mais c'est précisément où je tout ce qu'il y a à observer en cela, c'est que
trouve le mal, de croire qu'on en vienne dans lorsqu'il s'excite et s'exhorte ainsi, il est pré-
celte vie à un degré oîi par état l'on n'ait pas be- venu, et que Dieu lui inspire ces exhortations
soin d'un moyen aussi nécessaire à tous les fidèles qu'il lui-même. Mais il ne s'en
se fait ainsi à
que celui de prier pour eux-mêmes, comme pour doit pas moins exciter et exhorter au-dedans
les autres, jusqu'à la fin de leur vie. Ce qui selon la manière naturelle et ordinaire du libre
rend choseencore plusdifficile et plus étrange,
la arbitre; parce que la grâce ne se propose pas
c'est que ce n'est pas seulement par une impuis- de changer en tout cette manière, mais seule-
sance particulière à un certain état et à certai- ment de l'élever à des actes dont on est incapa-
nes personnes, qu'on attribue cette cessation de ble de soi-même. Ce sont ces actes qu'on voit
toute demande pour soi ce qui du moins sem- : perpétuellement dans la bouche de David; et
blerait marquer que ce serait une chose extra- non-seulement de David, mais encore de toui
ordinaire mais au contraire on éloigne cette
;
les prophètes. C'est pourquoi ce saint Prophète
idée on veut que ce soit une chose ordinaire
: se dit à lui-même « Espère en Dieu; élève-toi,
:

p\ comnae naturelle au dernier état de la perfec- mon esprit, » et le reste.

tion chrétienne on donne des méthodes ponr


:
Que si l'on dit qu'il le fait étant appliqué, j'en

y arriver on commence dès les premiers degrés


:
conviens car aussi ne prétcnds-je pas qu'on
:

à se mettre dans cet état on regarde comme :


puisse faire ces actes de soi-même, sans être
le terme de sa course d'en venir à cette entière prévenu par la grâce. Mais comme il faut s'exci-
cessation; et c'est là qu'on met la perfection du ter avec David, il faut aussi, en s' excitant, dire
christianisme On regarde comme une grâce de avec lui : « Mon âme ne sera-t-elle pas soumise
n'avoir plus rien à demander, dans un temps où « à Dieu, parce que c'est de lui que vient mon
l'on a encore de si grands besoins; et la de- « salut? » et encore « Que mon âme soit sou-
:

mande devient une chose si étrangère â la « mise à Dieu, parce que c'est de lui que vient
prière, qu'elle n'en fait plus aucune partie, er.- « la patience ' Par de tels actes l'âme, en
? »

core que Jésus-Christ «Vous ne ait dit souvent :


s'excitant, reconnaît que Dieu agit en elle, et
« demandez rien en mon nom; demandez, et lui ins|>ire non-seulement cette sujétion, mais
« vous obtiendrez; veillez et priez; cherchez, encore l'acte par lequel elle s'y excite. Et si
« demandez, frappez ' » ; et saint Jacques : Dieu, en foisant parler David et tous les pro-
« Quiconque a besoin, qu'd demande à Dieu^; » phètes, aussi bien cpie les apôtres, selon la ma-
de sorte que cesser de demander, c'est dire en nière naturelle d'agir du libre arbitre, n'avait
d'autres termes qu'on n'a plus aucun besoin. pas prétendu nous insinuer celte manière d'agir,
L'autre léponsc, qui est de dire qu'on n'a dont nous voyons en tous ces endroits une si
pointa se mettre en peine de ne plus pécher, vive et si parlâite représentation, il nous aurait
ni à faire à Dieu celle tleniandc, parce que c'est tendu im piège pour nous rendre propriétaires.
l'affaire de Dieu, ne me paraît jias moins étrange. Mais, au contraire, il est clair qu'il a voulu
En clTet, quoique ce soil véritablement l'affaire donner dans un homme aussi iiarl'aihpu» David,
de Dieu, c'est aussi lellement la nôtre, que si un nioilèlc de prier aux âmes les plus parl'ailcs.
nous nous allions mettre dans l'es|trit que Diru Ou se trompe donc manifestement, ipiand on
fera en tout ce qu'il faudra, sans que nous imagine un état où tout cela est déiniil, et
nous disposions à coopérer avec lui, et même à qu'on met dans cet état la perfection du culte
exciter noire diligence à le faire, ce serait tenter chrétien, endroit
.sans (pi'il y ait aiiemi île
Dieu autant que si l'on disait (pi'à cause
et plus l'Ecrilme où on le puisse trouver, et y ajant
que Dieu veut que nous abandonnions â sa pro- tant d endroits où le contraire parait.
• Jean., vi, 21 , M,:liH., xx\i, 41 ; Luc, xi, 9. — > Jnc, i, 6. ' r4at. Lxi, », 0.
H. ToM. VL 18
274 LETTRES RELATIVES

Un ne se trompe pas moins , qiiaml on re- De là suit encore qu'il ne faut pas lanl louer
garde comme itii|jerle((i<)n île iéllé<liir et .«-e la sim|>Iicilé, ni porterie bl;\me (pi'on fait de la
iccourher sur soi-même. C'est ini|)ei re('lion de multiplicité jusqu'à nier la distinction des Irois

se recoinljer sur sui-même par com|ilaisimcc actes, dont l'oiai-son, comme toute la vie cliré-

pour soi; mais, an contraire, c'est un don de lienne, est néccss;»irement composée, qui sont
Dieu de rélléeliir sur soi-même pour s'iiumi- les acles de foi, ircs|)érancc et de charité. Car,

lier, connue faisait saint l'aul, lorsqu'il disait :


puisque ce sont trois choses selon saint Paul,
« Je ne me sens coupable de rien ;mais je ne et trois choses (|ui peuvent être l'une sans l'au-

« suis pas pour cela jnstilié ' : » on pour con- Ire, leurs actes ne peuvent pas n'êlie pas dis-

naître les dons ipi'on a reçus, comme quand le tincts; et encore qu'à les regarder dans leur

même saint l'aul nous avons reçu dit que « lierfection, ils soient inséparables dans l'Ame

€ l'esprit de Dieu pour connailre ce qui nous a du juste, il n'y aura rien d iuipariàil de les voir
« été donné '^; » cl cent autres choses scniMa- connue di>lincts, puisipie ce n'est que connailre
blcs. C'est encore, sans dillicullé, un acte une véiilé; non plus (|ue de les exercer connue
reiombé sur soi-même, que de dire tels, jinisque ce n'est que les exercer selon la
réllexe et :

€ l'ardoimez-nous nos péchés connue nous ,


vérité même. Il ne faut donc pas mettre l'im-
peili'clion ou la propriété à faire volonlairc-
])ardoimons à ceux (jui nous ont oflensés '. »
Mais l'Kjilise a défmi, dans le concile de Car- menl des actes exprès et nudti|)liés, mais à les
Uiat;c,(prim acte qui est rélléclii en tant de ma-
faire comme venant de nous.
nières i)eul convenir aux plus parl'ails, comme
Tout cela me fait dire que l'abandon ne peut

à ra|)ùtrc saint Jean, conune à l'apotrc saint


pas être un acte si .sinq)le qu'on voudrait le

Jacques, comme à Jol), cimune à Daniel, qui représenler ; car il ne jjcuI pas être sans la foi

et l'espérance ou la couliance, étant impossible


sont noumiês avec Noé par K/échicI connue les
plus dignes intercesseurs qu'on peut euq)lojer de s'abandonner à celui à qui on ne se lie pas,
au[très de Dieu ; cl néanmoins ces acles réllé- ou de se fier absolument à quelqu'un sans s'y
chis ne sont pas au-dessous de leur perfection. abandonner autant (jn'on veut s'y fier, c'est-à-
dire jusqu'à ne faut pas séparer
l'intiiii. Ainsi
Mais celui (pii fait cet acte réfléchi « Pardon-
il
:

nez-nous, » i)cut bien faire celui-ci « Ne :


l'abandon, qu'on domie, et avec raison pour ,

« nous induisez pas en lentalion, mais délivrez- la perfection de l'amour, d'avec la foi et la con-

« nous du mal: et ces demandes ne sont pas


r>
fiance; ce sont assurément trois actes distincts,

plus répiiguanlesà la perfection que cette autre: quoi(|uc unis ; cl c'est aussi ce qui en fait la sim-
« l'ardonuez-nous. » plicité.

Voilà donc des actes rénéchis et Irês-parfaits; ne faut donc point se persuader qu'on y
Il

un acte iuqtarfaitet pro-


déroj-'C, ni (pi'on fasse
ce qui me lait conclure encore que les actes les
priélairc quand on demande pardon à Dieu,
plus exprès et les plus con:;us ne répugnent en
aucune sorte à la perfection pourvu qu'ils ou la gi ùce de ne pécher [dus ; cl la proposition
,

soient vérilahlcs. Car y a des il est vrai qu'il conlrairc, .si elle était mise par écrit, .serait uni-
actes qu'on appelle exprès, qui ne sont qu'imc vei sellement conilanniée connue contraire à ,

tormule dans l'esprit ou dans la mémoire; mais im commandement exprès, et par conséquent
pour ceux qui sont en vérité dans le co'ur, et à une vérité triis-exprcssément révélée dansl'Ë-
.se produisent dans son fond, ils sont très-hous, vangile.

cl n'en seront pas moins parfaits pour être con- Ce qu'on dit de plus apparent contre une vé-
nus de nous. pitur\u (pi'ils viennent véritahle- rité siconstante, c'est qu'il y a des in.slincts et
menl de la foi (|ui nous fait altrihucr à Dieu, et des mouvements divins certainement tels, (jui
rcconnailre venir de lui, tout le bien qui est en sont clairement contre des commandements de
nous. 11 ne faut donc pas rejelor les actes cx- Dieu, lelsque l'insliuclipii fuldonné à.Mirabani
j)rès et c'est le faire que do metirc la pcrfcc- d'iunnoler .son fils. On ne peut douter que Dieu
;

lion h les (aire ces.ser ce (pii lait dans le ftuid ;


ne puisse inspirer de tels mouvements et en
qu'on exclut tout acte, |)uisqu'on n'ose en pro- même temps une cerliludc évidente que c'est
(luire aucim, et qu'on leiail cesser les moins lui (]ui Il's insiiire, et ces ccriiludes se justifient

apeii;us, si on pouvait les apercevoir en soi. par elles-mêmes dans l'esprit du jnsle qui les
Mais cela ne peul pas être bon puisque par un ;
regoil. Il ne faut donc pas les rejeter, sons pré-

Ici senlimenl on exclut l'action de prikes, l.iiil texte (prellcs seraient contraires au conunande-
commandée par saint l'aul ; cet acte u'éLuil ni ment ilc Dieu; j)uisque celle (jtii fui donnée à
plus ni moins intércs.sé que la demande. Ain aham, qu'il lallail immoler sou (ils, chpicDieii
'I. C..r. IV, 4 — ' /*., II. H. — > JUiill ri, 11. le voulait ainsi, était contraire en apparence à la
,

A ^AFFAIRE DU QUIETISME.

promesse que Dieu avait de nuilliplier lafaite Quand Abraham entreprit, contre la défense
postérité d'Aliiviliam par Il n'y a donc Isnac. générale de tuer, de donner la mort à son fils,
plus qu'à exauiiuer si elles sont de Lieu ou de Dieu lui fit voir ce qui était très-vrai, qu'il était
nous ; ou, en d'autres termes, si ceux qui re- le maître de la vie des hommes; que c'était lui

çoivent de semblables impressions sont de ceux qui avait donné cet Isaac, qui avait droit de le
que Dieu meut spécialement, et qu'on appelle lui redemander, et qui pouvait le lui rendre par

mus de Dieu. une résurrection, comme saint Paul le remar-


Vuilîi, Madame, ce qu'on pourrait dire de plus que 1. Dieu par là ne faisait point cesser en
apparent pour soutenir cet état, qui fait dire Abraham des actes saints mais il en faisait ;

qu'on ne peut rien demander à Dieu. Mais cela exercer un plus saint encore, qui néanmoins,
ne résout pas la difficulté ; car c'est autre chose après tout, n'eut point son etfet.

de recevoir une fois un pareil instinct, comme Mais quelle perfection espérez-vous dans la
Abraham "autre chose d'être toujours dans un
, cessation de tant d'excellents actes de la de-
état où l'on ne puisse observer les commande- mande, de la confiance, de l'action de gnàccs î
ments de Dieu. D'ailleurs cet état, qui vous fait C'est de demeurer défaite d'actes intéressés.
dire en cette occasion: Je ne puis, selon vous Mais c'est l'erreur de prendre pour intéressés
n'est pas un état extraordinaire, mais un état des actes commandés de Dieu comme une
où l'on vient naturellement avec une certaine partie essentielle de la piété , tels que sont
méthode et de certains moyens, qui sont même ceux qu'on vient de marquer , ou d'attendre
qualifiés courts et faciles. C'est donc dire qu'on à les faire que Dieu vous y meuve par une
doit travailler à se mettre dans un état dont la impression extraordinaire ; comme si ce n'était
fin est de ne pouvoir rien demander à Dieu, et pas un motif suffisant d'exciter à les faire
que c'est la perfeclion du christianisme. Or qu'ils soient non -seulement approuvés, mais
c'est là ce que je dis qu'on n'exposera jamais au encore expressément commandés. L'excuse de
jour, sans encourir une censure inévitable. l'impuissance n'est pas recevable , pom- les rai-
Et si l'on demande en quel rang je mets donc sons qu'on a rapportées celle du rassasie- :

ceux qui douteraient de mon senliment, ou qui ment, poussé jusqu'au point de le trouver as-
en auraient de contraires je répondrais que je . sez grand en celte vie pour n'avoir plus rien
demeure non-seulement en union, mais en- à demander, s'il devieiU universel pour tout un
core en union particulière avec eux,popformé- état, c'est-à-dire pour toute la vie, est une er-

ment à ce que dit saint Paul: Demeurons dans reur on ne voit rien de semblable dans l'Ecri-
:

nies choses auxquelles nous sommes parvenus iurc, ni dans la tradition, ni dans les exemples
a ensemble et s'il y a quelque vérité où vous
;
approuvés. Quelques mystiques, quelque âme
ne soyez pas encore parvenus, Dieu vous le pieuse, qui dans l'ardeur do son amour ou de
« révélera un jour *. » C'est, Madame, ceque je sa joie, aura ditqu'iln'y a plusde désir, en l'en-
vous dis. Vous avez pris certaines idées sur l'o- tendant des désirs vulgaires ou en tous cas ,

raison; vous croiriez être propriétaire et inté- des bons désirs pour certains moments, ne fe-
ressée en faisant de certains ai.tes, quoique ront pas une loi et plutôt il les faut entendre
;

commandés de Dieu vous croyez y suppléer


;
avec un correctif. Mais, en général, je main-
par d'autres choses plus inliiiiciiK'iil coiuiiKui- tiens que mettre cela comme un état, ou connne
dées, soit faiblesse, ou linl)itude, ou ignorance, le degré suprême de la perfeclion et de la pu-

on aheiirlenient dans votre esprit je n'en de- ; reté du culte, c'est une pratique insoutenable.
meure pas moins uni avec vous, c-^péiant que Quand on natlaquc que ces endroits de l'inté-
Dieu vous révélera ce qui rcsic, d'autant phis rieur, ce n'est point l'inlérieur qu'on attaque, et
que vous demandez avec instance qu'on vous c'est en vain qu'on s'en plaint ; car les personnes
redresse de vos ésaremcnls; cl c'est ce que je intérieures n'ont point eu cela. Sœur Marguerite
lâche de faire avec une sincère charité. du Saint-Sacrement était intérieiu'c;mais après
Déposez donc Madame peu à peu ces im-
, ,
qu'elle cid été choisie pour épouse, coud)léc de
puissances prétendues, qui ne sont point selon grâces proporliounées, et élevée à une si haute

l'F.vangile. Croyez-moi , la demande (pie vous conlemplaliou, clic disait « Sans la grâce de :

l(iT/. pour vous-même que Dieu vous délivre


, Dieu je tomhernis en toutes .sortes de péchés; et
(11- tout mal, c'est-à-dire eu d'aulns termes, je la lui dois ilemander à toute heure, et lui ren-
(|u'il vous fasse persévérer dans son amour, n'est dre gr;\ces de la proleclion qu'il me donne'. »
p;is risaac qu'il faut immoler. <.)iio voyez-vous Sainte Thérèse était intérieme; mais elle finit
dans cet acte qui en rcmlc le sacrilico si parfait?
I llclir.,1.1, 19. — ' li« do Marg. d:i H. SMrtmcn!, I. ïU,c. ».
' i'/iil., III, 16, is. a. a.
2/6 LETTRES RELATIVES

son degré d'oraison où clic csl absorltic en Dieu Ui) dit pour nous'; » il faut
: u rE.s|)rit prie

en disant : « Uienliciirciix riioniinc qui craint donc le mais celte parole regarde
laisser làire ;

Kicu !
dans
notre plus grande conliaiue iloit ùlrc tous les états de giùce et de .sainteté. D'ailleurs,
la [Il i('ic (jue nctus sommes
con- ohlij^t^s de faire la consé(|uence n'est pas bonne au lieu dédire, :

timicllcment à Dion, de vouloir nous soutenir de il prie eu nous, donc il le faut laisser faire; il
sa main loiite-|)uissanle, alin que nous ne lof- faut dire il |irie en nous, donc il faut coopérer
:

Icnsions point '. » On n'a <\nk lire ses lettres; on h. .son mouvement et s'exciter |»our le suivre,

trouvera que l'élat d'orai>on où elle lait cette comme la suite le démontre. On dit que, selon
prière est celui où elle était après quarante ans le même .saint l'aul, a le Chrétien est poussé par

de profession et vingt-. leux amièes de sécheresse, « l'Esprit que Jésus-Christ dit que
de Dieu 2; »

portée avec une foi sans pareille parmi des per- « le Clirélien est cn.seigné de Dieu*. » Cela csl
sécutions inouïes. vrai, non d'un étal particulier, mais de tous les

Si onvent remonter aux premiers siècles, saint justes et que Jésu.s-Clirist dit expressément
;
:

Augustin était intérieiu-; mais on n'a qu'à lire « Tous seront enseignés de Dieu. » On ne prouve

SCS Confessions, qui sont une perpétuelle con- donc point, jiar ces paroles, cette surprenante
templation, on y trouvera partout des demandes singularité qu'on veut attribuer à un état ;iarti-
(|u'il fait pour lui -même, sans qu'on y pui-se cuiier. Ou dit: 11 est écrit, a Un'on se renonce soi-

nnianpicr le moindre vestige de la pcrfeclion même*. » E.st-ce à dire qu'il faut renoncer à de-
d'anjonidlmi. Saint mais l'aul était intérieur; mander ses besoins à Dieu jiar rapport à son
non-seulement pour lui-même, mais il
il prie .salut? Ce serait trop visiblement abuser de la

invite les antres pritr pour lui. a Priez pour


?i
[laiole deJésus-Chrisl. On dit : « Dieu estamour,
moi, » dit-il, « mes frères^.» Sansdoute qu'il fai- a et qui demeure dans l'amour de Dieudemeure
sait lui-même la prière qu'il faisait faire pourlui. o en Dieu, et Dieu en lui* : » donc il n'y a rien

4e me souviens, à ce [iroiuis, de l'endroit où il à demander. Mais cela serait contre Jésus-Christ


est dit que vous ne pouvez invoquer les saints en même, qui, après avoirdil à ses •ip(jtres « Nous :

aucune sorte. Cela déjà est assez étrange; mais « viendrons à nous ferons en lui notre de- lui et

me vient, dit-on, « meure «; » et encore « Demeurez en moi et


la raison e.><t encore pire : « Il » :

« moi en vous'; » et encore « Le Saint-Esprit


« dans que les domestiques ont besoin
resi)rit
:

« viendra en vous, et il y demeurera*, » incul-


d'intercesseurs, mais les épouses non. » Sur quoi
se fonde cette doctrine? Sur rien, si ce n'est seu- que plus que jamais le couimandement de la
lement sur le mot d'épouse. Mais toute Ame prière.

chrétienne et juste est épouse, selon saint l'anl ;


Je ne sais donc, encore un coup, à quoi re-
nul ne doit donc invoquer les s.iints. et Luther courir je n'ai trouvé ni Ecriture, ni tradition,
:

gagne sa cause: et l'àmede saint l'aul était é(iouse ni exemple, ni per.sonnequi put ou ijui o.s;U

dans le degré le plus sublime, sans cesser de se dire ouvci temcnt : En cet étal ce serait une
procurer des intercesseurs. KnliiKju'on me mon- demande propriét;iire intéressée, de demander
tre tlans toute la suite des siècles un cxemiile pour .soi (pielque chose, si bonne qu'elle fût, à
semblable à celui dont il s'agit, je dis un exem- moins d'\ être poussé |)ar un mouvement parli-
ple approuvé; je connnencerai à examiner la culici- : et la coimiiime révélation, le comman-
matière de nouveau, et je tiendrai mon senti- dement commun lait à tous les Chrétiens, ne
ment en suspens; mais s'il ne s'en trouve aucim, sullit [las. Une telle propo.silion est de celles où

il faut (|ii'on cède. il n'y a rien à examiner, el qui portent leur con-

Je n'ai jamais hésité un seul moment sur les damnation dans les termes.
étals de siinle Thérèse, que je n'y ai rien |>aree J'écris ceci sous les yeux de Dieu, mot à mol.
trouvé (pie je ne trouvasse aussi dans l'Ecriture, comme je crois l'entendre de lui par la voix de
connue elle dit elle-même que les docteurs de la tradition elde rEcritiire. avec une entière con-
son temps le rcionnaissaienl. C'est ce qui m'a fiance que jevous permets néan-
dis la vé-rité. Je

faitestimer, il y a trente ans, sanshésiter, sa doc- moins de vous expliquer encore peut-être se :

trine, qui aussi est louée par toute l'Eglise; et à Irouvera-l-il dans vos sentimenls quelque chose
présent (pie je viens encore de relire la plus qui n'est point assez débrouillé; elje serai tou-
grande parlie de ses ouvrages, j'en porte le même jours prêt à l'entendre. l'our moi, j'ai voulu ex-
jugement, Imijours sur le fondement de l'Kiri- près m'expli(iuer au long et ne itoint épargner
lure mais ici je ne sais où me prendre; tout est
:
ma peine, pour satisfaire au désir que vous avci
contre cl rien pour. d'être instruite.

— • nom., VIII, 20. — ' /6 . 1 1. — ' Jnnn., TI, 4j. — ' Matl., XT1, 41.
• Clflltau de fi'mt, 7« dcDicarc, c. 4. ' 1. Tf.ttt., r, 25
— '
/ y.,.in., n, 10. — • «., xr», 13. - '
/»., r», 4. — /»., xi», l».
tJilr , nu, 13.
A L'AFFAIRE T)V QÏTIfTîSME.

Je vous déclare cependantque je loue votre plation, et qui sont très-assurément des actes,
que je compatis à vos croix, et que j'es-
docilité, d'une foi très-vive, d'une espérance très-pure,
père que Dieu vous révélera ce qui reste, comme d'un amour sincère; car il est bien aisé d'enten.
je l'ai dit après saint Paul. J'aurai encore beau- dre que tout cela y est renfermé ce sont pour-- :

coup de choses à vous dire sur vos écrits et je le ; tant des actes de réflexion et sur siu- soi-même
ferai quand Dieu m'en donnera le mouvement, ses actes propres. Et retour qu'on fait sursi le
comme il me semble qu'il me l'a donné à celle soi-même, pour y connaître les dons de Dieu,
fois. Au reste sans m'altendre trop à des mouve- était un
acte intéressé, il n'y en aurait point qui
ments particuliers, je prendrai pour un mouve- le fût davaotage que l'action de grâces. Mais ce
ment du Saint-Esprit tout ce que m'inspirera serait une errem- manifeste de le qualifier de
pour votre âme la charité qui me pi'esse et la cette sorte, et encore plus d'accuser l'Eglise d'in.
prudence chrétienne. Je suis, dans le saint amour diiire ses enfants à de tels actes, quand elle les
de Notre-Seigneur, très-parfaitement à vous et induit à l'action de grâces. Il en faut dire autant
toujours prêt à vous éclaircir sur toutes les dif- de la demande, qui, comme nous l'avons dit,
ficultés que pourra produire cette lettre dans n'est ni plus ni moins intéressée que l'action de
votre esprit. grâces.
Addition. — Pendant que
je ferme ce paquet, Toutes ces actions sont donc pures, sont sim-
Dieu me remet dans l'esprit le commencement ples, sont saintes, soiit parfailes, quoique réflé-
de l'action du sacrifice qui se fait par ces paro- chies et ayant toutes un rapport à nous. 11 faut
les du pontife Sursum corda, le cœur en haut
: : que tous conforment au désir de
les fidèles se
paroù le prèlreexcitc le peupleets'excite lui-même l'Eglise, qui leur inspire ses sentimenis dans son

le premier à sortir saintement de Uii-niéme, pour sacrifice ce qu'on ne fera jamais; mais plutôt
:

a'élever où est Jésus-Christ. C'estlàsansdoiiteun on fera tout le coutraire, si on regarde ces actes
acte réiléchi, mais très-excellent, et qui peut être comme intéressés ; car c'est leur donner une
d'une très-haute et très-simple contemplation. A manifeste exclusion.
<|uoi le peuple répond avec un sentiment aussi su- Il donc entrer dans ces actes il faut qu'il
faut :

blime : Nous l'avons (notre cœur) à Notre-Sei- y dans nos oraisons une secrète intention de
ait

gneur ; c'est-à-dire nous l'y avons élevé, nous l'y les faire tous; intention qui se développe plus ou
tenons uni : ce qui emporte sans difficulté une moins suivant les dispositions où Dieu nous
,

réflexion sur soi-même; mais une réflexion qui met;maisqui ne peut pas n'être pas dans le fond
en effet nous fait consentir à l'exhortation du d'un Chrétien, quoiqu'elle puisse y être plus ou
prêtre, qui, en s'excitant soi-même à ce grand moins cachée et quelquefois tellement, qu'on ne
acte, y excite en même temps tout le peuple pour l'y aper(,oit pas distinctement. Ce sera là peut-

lequel il dont il tient tous lessentimenls


parle, et èlre le dénoùment de la difficulté mais pour :

dans le sien,pour les offrir à Dieu par Jésus- cela il faut changer non-seulement de langage,
Chi-ist. Le prêtre donc, ou |)lutôt toute l'Eglise et mais de principes, en reconnaissant que ces ac-
Jésus-Christ même eu sa personne, après avoir tes sont très-parfaits en eux-mêmes, soit -qu'ils

oui de la bouche de tout le peuple celte humble Foiciit aperçus ou non, excités ou non par notre

et sincère rccounaissance de ses sentiments : attention et par notre vigilance pourvu qu'on :

«c Nous avons le cœur élevé au Seigneur, » la re- croie et qu'on sache qu'on ne les fait connue il
garde comme un don de Dieu; et afin que les faut qu'aulant qu'on les fait par le Saint-Esprit :

assistants enti'cnt dans la même disposition, il ce qui n'est pas d'une oraison particulière, mais
élève de nouveau sa voix en ces termes « Ucn- :
connnuu à tous les élals du christianisme, quoi
« dons gniccs au Seigneur notre Dieu, » c'est-à- que non toujours exercé avec ime égalesimpli-
dire rendons-lui gnkes universellement de tous cité et pureté. Si on entre véritablement dans
ses bienfaits, et rendons-lui grâces en particulier ces sculiuients , la doctrine en sera irrépréhen-
de cette sainte disposition où il nous a mis, d'avoir sible.

le cœur en haut; et tout le peuple y consent par Autre addition. —


Pour m'expliquer mieux
ces paroles : « il est raisonnable, il est juste. » sur les actes réfléchis, en voici un do sainlJean';
Après quoi ne reste plus qu'à s'épancher en
il « .'.les pelits enfants, n'aimons pas de paroles

actions de grAccs, et commencer saintement el a ni mais par œuvres et en vérilé.


de langue ,

humblement tout ensemble |iar cette action, le « que nous connaissons que nous
C'est par là
sacrifice de l'Eucharistie. « sommes de la vérilé » (ses enlanls cl animés

Voilà sans doute des actes parfaits, des actes par elle), « cl que nous en persuaderons notre
très-sim|pirs, des actes 1res -pius, (pii peuvent " c(vm- en la présence de Dieu, parce que, si

ctre, connue je lui dit, d'une Irèb-haulc contem- '


Joun., m, IB.
,

378 LETTRES RELATIVES

€ noire cœur nous reprend, Dlcii est plus prand pas comme j'ai écrit cela, qu'il ne m'en est rien

« que notre cœur, oï il counnit loiil. Mes liien- resté dans la tète, et que je n'ai nulle idée de
e ainiés, si noire cœur ne nous reprend pas, moi, n'y pensant pas même. Lorsque je puis Y

nous avons de rassnrance devant Dieu cl quoi ;
réfléchir, il me parait que je me trouve au"

que ce soit que nous lui demandions, nous dessous de touti-s les créatures et un vrai néant-
•' l'obtiendronsdelui. » Voilà des actes manifes- J'ai donc l'esprit \ide de toute idée de moi.

tement réfléchis sur soi-mùuie, et un fondement J'av.iis cru (pie Dieu, en voulant se senir de

de confiance étalili sur la dispiisiliiMi qu'on sent miii, ^'a^ait regardé (|ue mon iidinie mi.sère, et

en son co'ur. Je demande si ce sont là des sen- qu'il avait choisi un instrument
destitué de tout,
timents des parfaits ou des imparfails. S'ils sont alin qu'il ne
dérobât pas sa gloire. Mais
lui

des parfaits, ils ne sont donc ni intéressés ni pro- puisrpie je me suis lrouq)ée, j'accuse mon or-
priétaires. On ne peut pas dire qu'ils n'eu soient gueil, ma témérité et ma folie, et je remercie

jias, puisque s;iint Jean les connaît en lui connue Dieu, Monseigneur, qui vuus a inspiré la charité
dans les autres, h'ailleurs on les voit expressé- de me retirer de mon
égHiemenl.
ment dans saint Paul , lors(|u'il dit ,
prêt ù con- Le mol de de lier iic doit pas être pris
délier cl

sommer son s;icriliee, et dans l'état le jjIus par- au sensqu'ilestdit àrLi;li.--c c'était une certaine
:

fait de sa vie : « J'ai bien combattu ', » et le reste. autorité que Dieu semblait m'avoir.ionnée, pour

On voit (pi'il s'appiùe sur ses œuvres mais : tirer les ûmcs de leurs |»eiiies et les y replonger.

comment? Il est sms doute que c'est en tant Mais, Mon.seigneur, c'est ma folie qui m'a fait
qu'elles sont de Dieu et un effet connne une ,
croire toutes ces choses, cl Dieu a permis que

marque de son amour. cela se trouvait vrai dans les Ames; en sorte que

Il ne faut dimr point tant blAmcr ces actes ré- Dieu en me livrant à l'illusion, a permis que tout
fléchis, qui sont, connne on voit, des idus par- concourût pour me faire croire ces choses, non
faits et en même temiis des plus Inuubles, et en manière rèlléchie sur moi, ce que Dieu n'a
(pii néamuoins. bien loin d'étouffer en nous jamaispermis, ni que j'aie cru eu être meilleure;
l'esprit de demande, sont, selon saint Jean, un mais j'ai mis sii )plcment et sans retour ce que
des fondements qui nous fait demander avec je m'imaginais. Je renonce de tout mon cœur à

confiance. cela. Je ne puis m'ôter les idées, car je n'eu ai

Au reste ,
je ne veux pas dire que toutes les aucune ce que je puis, est de les désavouer.
:

finies Sîûntes doivent toujours être expressément C'est de tout mon cœur que je prends le parti

dans la pratique de ces actes ce que je veux : de me retirer, de ne voir ni écrire à pei-suune
dire, c'est que ces dispositions sont saintes et sans exception. Il y a six mois que je commence
combattre directement le
parfaites, et (jue c'est à le prati(juer j'espère que Dieu me fera la
:

Saint-Esprit que de les traiter non-seulement ,


grAce de l'achever jusqu'à la mort.
d'im|)arfaites, mais encore propriétaires et Je consens tout de nouveau qu'on l)ri"ile les

d'impures, ou de faire comme une espèce de écrits et qu'on censure les livres, n'y prenant

règle pour les parfaits, des dispositions diffé- nul intérêt je l'ai toujours demandé de la sorte*
:

rentes. Unie semble, Monseigneur, que l'exercice de


la charité contient toutes demandes et toutes
LETTRE XIII.
prières; et comme
y a un amour sans ré-
il
MADAME CfVON A IlOSSUET. flexion, il y a aussi une prière sans réllexion; et
Je n'ai nulle peine, Monseigneur, à croire que celui qui a celte prière stibslaiiticlle satisfait à
je suis trumpée maisje ne puis ni m'en allli;;er
; toutes les autres. pnis(iu'elle les renferme toutes.
ni m'en plaindre Uuand je me suis donnée à
'^.
Elle ne les détaille pas, à
cause de sa siniplitilé
Nolre-Scigneur,c'a été sans réserve et sans excep- Le cœur qui sans cesse à Dieu attire la
veille
tion; et quand j'ai écrit, je l'ai fait i)ar obéis- vigilance de Dieu sur lui. Mais je veux bien
sance, aussi contente d'écrire des extravagances croire encore que je me Inunpe en ce point.
que de bonnes choses. Ma consolation est que Il deux sortes d'Ames les unes auxquelles
y a :

Dieu n'en est ni moins grand ni moins parfait , Dieu laisse la liberté de pensera elles, eld'autres
ni moins heureux pour tous mes égarements. Je que Dieu invite à se donner à lui par un oubli
croirai. Monseigneur, de moi tout ce que vous si entier d'elles-mêmes, qu'il leur reproche les
m'orddunerez d'en croire; et je dois vous dire moindres retours. Ces Ames sont coimne des
|)our obéir h l'ordre que vous me donnez de von? petits enfants qui se laissent porter à leurs pères,
mander simplement mes pensées, que je ne sais qui n'ont aucun soin de ce qui les regarde. Cela
' 7.— î Toy. U AVd/ion, ^cl. V. n. 31, cl
/"im., IV, Iri. /îr:,ir.
ne cond'"'in<» pas cell'^s qui r>?i«eont: mais pour
%U Itr la ripoiut k l» RciaUc», tri. 3, | 7, n. 2>. celles-là, Dieu vcul d'elles cel oubli et celle
A L'AFFAIRE DU QUIÈTISME. 279

Perfe d'elles-mêmes, du moins je le crois de la coulent alors de source, et pourquoi l'on ex-
sorte mais puisque cela ne vaut rien je le
:
, prime alors son amour son abandon et sa foi
,

désavoue comme le reste. d'une manière très-distincte; qu'on le fait de


Il me paraît, Monseigneur, par tout ce que même dans les cantiques ou chansons spiri-
vous dites, que vous croyez que j'ai travaillé à tuelles, et qu'on ne peut le faire h l'oraison. II
comme les croyants
étouffer les actes distincts, y a bien des raisons de cela; mais il ne s'agit
imparfaits. Je ne jamais fait et quand je fus
l'ai , plus d'éclaircissement, il ne faut que se sou-
mise intérieurement dans l'impuissance d'en mettre c'est ce que je fais de tout mon cœui".
:

faire, que mes puissances furent liées, je m'en


défendis de toutes mes forces ; et je n'ai cédé au LETTRE XIV.
fort et puissant Dieu que par faiblesse. Il me MADAME GUYON A MADAME DE MAmTENON K
semble même que cette impuissance de faire des Juin 1694.
actes réfléchis ne m'ôlait point la réalité de
Tant qu'on ne m'a accusée que d'enseigner î
l'acte; au contraire, je trouvais que ma foi, ma
faire l'oraison, je me suis contentée de demeurer
confiance , mon abandon ne furent jamais plus
cachée, et j'ai cru que, ne pariant ni n'écrivant
vifs et mon amour plus ardent. Cela me fit com-
à personne, je satisferais tout le monde; que je
prendre y avait une manière d'acte direct
qu'il
tranquilliserais le zèle de certaines personnes de
et sans réflexion , et je le connaissais par un
probité, qui n'ont de la peine que parce que la
exercice continuel d'amour et de foi, qui rendait
calomnie les indispose et que j'arrêterais par là
,
l'ànie soumise à tous les événements de la Pro-
cette même
calomnie. Mais à présent que j'ap-
vidence, qui la portait à une véritable haine
prends qu'on m'accuse de crimes, je crois devoir
d'elle-même, n'aimant que les croix, les oppro-
à l'Eglise, aux gens de bien, à mes amis, à ma
bres, les ignominies. Il me semble que tous les
famille et à moi-même, la connaissance de la
caractères chrétiens et évangéliques lui .sont
vérité. C'est pourquoi, Madame, je vous de-
donnés. J'avoue que sa confiance est pleine de
mande une justice qu'on n'a jamais refusée à
repos, exempte de souci et d'inquiétude elle :
personne, qui est de me faire donner des com-
ne peut faire autre chose que d'aimer, et se
missaires, moitié ecclésiastiques et moitié laï-
reposer en son amour. Ce n'est pas qu'elle se
ques, tous gens d'une probité reconnue et sans
croie bonne, elle n'y pense pas elle est comme :

aucune prévention : car la seule probité ne


une personne ivre qui est incaiiable de toute
,
suffit pas dans une aOaire où la calomnie a
autre chose que de son ivresse. Il me semble que
prévenu une infinité de gens.
la différence de ces personnes et des autres est
que premiers mangent la viande pour se
les
Si on veut bien m'accorder cette grâce, je me
rendrai dans telle prison qu'il plaiia, à Sa Ma-
nourrir, la mâchent avec soin, et que les autres
jesté et à vous, Madame, de l'indicjuer. J'irai
en avalent la substance. Si je dis des sottises,
avec la fille qui me sert depuis quatorze ans :
vous me les pardonnerez , Monseigneur, ne
devant plus jamais écrire.
l'on nous séparera et l'on me ilonnera, pour
me servirdaus mes infirmités, qui l'on voudra.
Je n'ai garde, Jlonscigneur, de vous faire des
Dieu veut bien que la vérité soit caïuuie,
Si
difficultés sur votre lettre ,
je crois tout sans rai-
vous verrez, Madame, que je n'éluis pas indigne
sonner, et je vous obéirai avec tant d'exactitude
des boutés dont vous m'honoriez autrelois. Si
que je pars demain dès le malin. Je n'aurai plus
Dieu veut (pie je succombe sous l'cHoit de la
de commerce qu'avec les filles qui me servcnl,
calomnie, j'adore sa juslirc et m'y sounu-ts de
et afin de ne jilus écrire à personne sans ex-
tout mon cœur, demandant même la punition
ception, personne ne saura où je suis. J'enverrai
que ces crimes méritent.
de six en six mois quérir ma pension; ,si je Desgnkes de nature ne se refusent ja-
celte
meurs, l'on le saura. Si Dieu vous inspire. la bonté de me l'ac-
mais, Madame. Si vous avez
Monseigneur, de le prier pour ma conversion,
corder, j'euv(;rrai dans huit jours cIkv.M. le duc
j'espère (|uc vous aiucz la charité de le faire. Je
de Reauvilliers quérir la réponse ou l'ordre qu'il
ne perdrai jamais le souvL'iiir de votre cliarilé et
des obligations que je vous ai, étant, avec beau- '
Hendint que M. do Mcaux, dit IViItlcur d^'s Biinc^-AfantraKi
dcsnbuscr Mino Oiiyoïi do ses erreurs pour détour-
itnit occiipi! 4
coup (le respect et de soumission, votre Irès- ;

noi rallentlon A d'autres objet», cllo so mit dniis rcs|>rit de faire


liuuible et très-obéissante s!'i \ uile. les ncciisali'm^ tnteiitccsconiro SCS minuis. Dftiis cette vu.*
elln

Je pourrais vous lain- rem quer .


, Mon- écrivit à colle future prottctriea qui lui avait iti moutn^e en vision
pour la coinra ssalres. qui iuk!>eat
supplier do demander au roi de»
scignciu', qu'il y a eu, eu bcnuoiq) d'endroits d'informer et do prononcer sur s.t vid. Elle onvoy» A
cliars>''s
os-
I

lot'.ro A Mme de Maintenon, cl l'aeiompasun d'un


suel c.ipie do sa
de nicsécrils, des l'^llres^ious (|ui sont dos actes
Mémoire. —Nous doniioni c« Mimoiro à It suite île collo l>Urt
très distincts. 11 suruil facile de luire voir ([iiMs
280 LETTRES RELATIVES

vous plaira di" iiio donner ; et je me rendrai iii- Sitôt que je sus qu'on m'accusait d'apprendre ï faire l'orai-
son, et que bien des gens étaient en rumeur de ce qu'une femme
cessan.iiK'nl dans la prison ijn'il >(nis plaira
faisait aimer et portait lei jeunes dames au aiépri% de U
m'indiquer, étant toujours avec le mènie res- vanité et au désir de leur s^lut quoique c« crime me parût ;

pect et la même soumission, etc. assez pardonnable, je voulus, a cause de la faiblesse et pour
ne point scandaliser les (>etils, cesser de le commettre. Je me
ÉMOmE DE MADAME DE COTON. relirai, et j'ai vécu depuis ce temps séparée du monde, sans
nul commerce, même avec ma propre famille ni avec Dca
Quoique j'eusse formé le dessein de me laisser accabler amis, ayant toujours agi avec une extrême bonne foi en tout
uns me justifier ni me défendre, la gloire de I) eu et l'inté- cela. J écriv.s, en me retirant, lis raisons que j'avais de me
rct de la vérité m'obligent aujourd'liui de rom[ire celle réso- retirer. Je protesUii que j'ciais toujours ptéle de venir rendre
lution. J'ai écrit deux livres, l'un intitule /«
ii la vérité raison de ma lu sitôt qu'un lu voudrait
, que si mon rxil vo- ;

Jfoi/en enurt ri facile de faire oraison et le second £j-;">si- ; lontaire ne satisfaisait pas et que sa Majesté voulut de moi un
tion du Cantique du cantiques. Je n'eus jam.iis le dessein exil et une prison forcée je m'y rendrais d'abord; qu'elle ne
,

de faire im|irinier ni l'un ni l'autre, que je n'avais écrits que serait jamais forcée pour moi, puisque je faisais toujours mon
pour mon édiflcation particulière. Les copistes les ayant plaisir d obéir, même dans les choses 1rs plus dures.
donnés pleins de fautes à des libraires, l'on lut obligé de les Depuis ce temps, ma retraite ni mon silence n'ayant point
corriger, voyant qu'un les imprimait de la sorte. L'on m'a tranquillisé le zèle des personnes qui veulent ma perte, l'on

rechercliée, il L'on me
y a près de sept ans, pour ces livres. m'a suppose, selon le bruit public, des crimes. Silât que je
mit au couvent des religieuses de Sainlc-Varie, rue Saint- l'ai su, j'ai écrit pour prier instamment qu'on me donnlt des
Antoine; l'on m'examina avec toute la rigueur que peuvent commissaires laïques, gens d'une probité reconnue, sans pas-
faire des gens fort animés; l'on ne trouva rien à reprendre ii sion ni prévention. J ai offert de me rendre en quelle prison
mes mœurs, quelque recherche qu'on en put faire avec ud l'on voudrait, pour me faire juger dans toute la rigueur pos-
fêled'amertume. Pour mes livres, je les soumis à l'Kglise, sible, ne demandant sur cela nulle grâce l'on me l'a refusé. :

que je révère et à Ucpicile jo l'iiis et serai soumise jusqu'au Je déclare de nouveau que je soumets tous mes écrits, qoe
tombeau. Je déclarai uiéoïc que, s'il y avait quelque chose qui je reuonce et déteste tout ce que mon ignorance m'y a fail

ne fût pas dans lo pur esprit de l'Eglise, je priais qu'on le mettre, qui ne se trouvera pas conlorme ii la pure doctrine
condamnât, et que j'aimerais mieux élre bnilée que d'altérer de Eglise,
1 que j'aime, que je révère, et dont je ne me veux
le moins du monde, par mi>n ignorance, même avec bonne jamais écarter. Mais je soutiens en même temps que, si on lee
intention, sa pure et chaste doctrine. Celait tout ce que je examinait sans prévention etqu'il me fut permis d'y répondre
pouvais faire, étant femme ignorante, et mes mœurs se trou- il ne s'y trouverait rien que de tres-calholii|ue selon le seni
vant sans corruption. que je pense. Il n y a rien, dans l'Ecriture sainte même,
Cependant ne se contenta pas de cela
l'on : l'on me voulut ou la critique et la malice des ho.-nmes ne puissent donner
obliger d'écrire que j'avais eu des erreurs. Je dis qu'il n'y un mauvais sens. Y a-t-il rien qui inlispose plus, et qui
avait qu'5 les liv a et marquer les endroits erro-
condamner en fasse donner un plus mauvais, que de supposer des
nés, que condamnais de tout mon cœur; mais que je
je les crimes 'f Car enfin si j'ai fait les crimes dont on m'accuse il le*
ne pouvais pas écrire que j'avais été dans l'erreur, parce ce faut condamner sans examen ; et avec quelle disposition peuir
que rela sup|)Osait quelque chose de caché que je détestais ;
on lire des livres de pieté d'une personne a laquelle Ion sup-
les erreurs qui s'étaient glissées par mon ignorance dans pose des crimes? Parce que j'ai été mise a Sainte-Marie, cha-
mes livres dans mes écrits, si l'on en trouvait; que je
et cun s'est donné un droit de me calomnitr, étant sûr d être bien
priais mémo qu'on les censuritt en toute rigueur. avoue.
Cela ne satisfit point; l'on me (il de grandes menaces de Ces crimes ont été inventés d'abord par la malice d'une
m'opprimer; mais je crus qu'il fallait plulét soulfnr la femme à qui j'ai refusé une aumône considérable; d'une femme
mort que de trahir la vérité. Mme de Maintenon, alors con- qui a quitté son pays, après avoir été convaincue du vol d'une
vaincue démon innocenc*. obtint qu'on me remit en liberté. église ; d'une femme chassée d'ailleurs pour sa dissolution et
Ma liberté ne fit qu'aigrir l'ulcère loin dr le fermer : l'on son hypocrisie; «l'une femme qui a deja dit contre moi des
a indisposé tous les esprit* avec plus de violence. calomnies reconnues fausses. C e.-l sur ce fondement, et sur
Lorsque j'étais à sainte Marie, l'on voulut obhgcr les reli- les discours d'autres créatures qui se dinent elles-mêmes abc
gieuses k dire du mal de moi elles le refusèrent, n'en con-
: minables, que j'ai chassées cl indiquées comme telles, et|)Our
naissant point, il ce quelles disaient ouvertement. Il se trouva lesquelles je n'aique de l'Iiorreur; c'est, dis -je, sur de pareils
dans mes interrogations une lettre fausse, reconnue telle, sur témoignages qu'on me suppose des crimes. Qu'on examinema
laquelle M. l'offirial me dit qu'on m'avait fait arrêter. J'en vie a fond, c'est ce quejedemande et s il se trouve un seul ;

demandai justice l'on ne voulut pas me la faire; cela aurait


: témoin de probité qui m'ait vue commettre quelque cHme,je
empêché ces mêmes gens de faire d'autres faussetés. Ce sont pa^se cundjinnatiun.
ces mêmes personnes, reconnues faussaires, qui m'imposent Je ne mo plains point de ceux qui me poursuivent à présent,
aujourd'hui de nouveaux crimes. parce qu'ils le font par zèle mais ce lele n'est point établi
:

Si l'on n'attaquait que ma personne, je soulTrirais sans me sur la connais!>.ince de la vérité, mais bien sur des suppositions
plaindre toute sorte de calomnies ainsi que je les ai souffertes fausses et des calonmies piinissnbles. S ils sont rou|i.ibles,
jusqu'il présent. Mais comme on se sert des crimes qu'on c'est en ce qu'ils ne veulent point erUircir la vérité, et qu'on
in'impu>r pour condamner la vérité, et pour tirer une fausse me refuse une justice qu'on n a jamais refusée ii personne.
ronclusion que tous ceux qui font oraison sont criminels, je Les raisons que j'ai eues de demander des juges laïques,
suit obligée ti la vérité de faire voir que si j aime l'oraison gens de probité et sans prévention, sont |>arce que je sais que
je ne suis point roupahie, l'oraison et le cr me étant incom- les juges ecclésiastiques n'approfundissent pas sur les crime*;
patibles. (Juoil l'.imour de Dieu, l'assiduité de se tenir en et que, lorsque je demandai justice de la fausse lettre, feu M.
»a présence pourraient rendre mauvais? Il est odieux de le l'ollicial me dit qu'il fallait pardonner |K)ur l'amour de Dieu.
penser. Ceux cjul font des crimes doivent avouer, ou qu'ils Je le fis, et c'est ce qui a donné la hardiesse a ces personne*
n'ont pas fait oraison, ou qu'ils l'ont quittée après l'avoir de recommencer. J'ai raison de demander îles gens de probité,
faite, et c'est leur infidélité qui les a fait tomber dans le puisque je sais qu'on fait ce qu'un peut pour suborner de*
crime. Si j'avais crime» dont on m'accuse, j'avouerais
fait les témoins, jUMju'a promettre et donner des pensions pour rolJ.
de bonne foi que je ne les .lurais commis que parco ipir je Il ne se trouvera dans ce siècle que liup de faux témoins
me serais éloignée de mon Dieu, source de pureté en m'éloi- pour de l'arg ni.
gnani de l'oraison, mais ne les avant point comtois, et n'avani J'ai besoin de gens sans prévention, piisqu'on Uchede pré-
point quitté l'oraison, je dois fairavoir mon innocence. venir tous le* esprits. Pour moi, je ne préviens personne :
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 281

j'abandonne à Dieu ce qui me regarde; je n'écris que pou pour peu que ce soit, du respect et de la soumission que je lui
rendre témoignage k la vérité; je ne me soucie poini de ma dois, ayant un respect infini pour son caractère: élanl pnie
de la peine, au momdre signal j'ap-
vie. Si c'est elle qui fait ilme soumettre de nouveau à ce qu'il ordonnerai! de moi,
porterai ma tète sur un échafaud, et ce me sera un avantage après avoir connu la vurité par lui-même, ou par des person-
de mourir delà sorte. IVlais je n'avoueraijamais quej'aie com- nes sans prévention.
mis de crimes que j'abhorre, que je déteste, et dont Dieu, par
son infinie miséricorde, m'a toujours préservée. Je n'ai point LETTRE XV.
été élevée dans le crime mon éducation en a été aussi éloi-
:

gnée que la menée. J'ai été trop criminelle de ne


vie que j'ai MADAME GUYON A MM. BO.SStlET, ÉVÉQUE DE MEAUX ;

pas assez aimer Dieu, et de n'avoir point correspondu aux


DE NOAILLES , ÉVI'QUE DE CHALON'S ET ;
grâces qu'il m'a faites.
Qu'on n'impute donc point à la vie intérieure des crimes que TRONSON, SUPÉRIEUR DU SEM1.NA1RE DE SAINT-
le démon ne vomit que pour la ternir. C'est dire que le soleil SULP1CE.
est impur et sans lumière, c'est vouloir mettre l'abomination
dans le lieu saint. 11 ya des gens exécrables qui le t'ont; mais
Choisis pour examiner ies Uvies et les étals oe Mme Guyon.

ce sont des gens sans intérieur et sans oraison, qui se vantent Juin 1694.
de leurs crimes, que diable a suscités dans ce siècle |iour
le

obscurcir la dragon qui vomit la fumée inler»


véritc : c'est le
Comment pourrai-je, Messeioiieiifs, paraître
nale contre mais cette vapeur maligne retombera
le soleil ;
devant vous, si votis me cioye/ coupable des
sur lui-même, et la vérité paraîtra au jour. crimes dont on m'aceuse? Coiiiineiii pourruz-
Qu'on examine mes écrits, qu'on le lasse avec exactitude et
vous examiner, sans horreur, des livres qui
en rigueur, qu'on voie s'il y a rien qui ne porte à l'amour de
Dieu, à l'éloignement du péché, à suivre les conseils évangé- viennent d'une personne qu'on veut laiie pas-
liques, pourvu qu'on ne leur donne pas un mauvais tour. Que ser pour exécrable ? .Mtiis aus.si comment n'y
s'il y a quelque chcse de trop fort dans les expressions, si je
paraîtrai-je pas, puisqu'ayant pris la liberté
de
me suis mal expliquée, si je me suis servie de termesoutrés,
je suis toujours prête d'ex|ili<iuer sincèrement la vérité de ce
vous demander à Sa Majesté pour examiner ma
que j'ai pensé. Qui connaît, mon cœur mieux que moi? qui foi, et ayant été assez heureuse d'avoir obtenu
vent juger de ma foi'!" Lorsque je dis, j'entends cela de celte ce que je désire ? ce serait me priver de l'unitiue
sorte, pourquoi dire, vous l'entendez autrement'.' Je déclare
que que je condamne et déteste lout mauvais
cela n'est pas;
ressource qui me reste en cette vie, de pouvoir
sens qu'on leur peut donner; que je suis toujours prèle îi
l'aire connaître la pureté de ma toi, la droiture
explii|uer le bon sens dans lequel je le< ai écrits, à rendre de mes intentions et la Mucéiilé de mon cœur
raison de ma foi, et à confirmer cette même foi de mon sang.
devant des personnes qui, quoique [irévenues,
Je sais que des gens ont falsifié de mes écrits, qu'ils y ont
ajout." des choses mauvaises ; mais il est aisé de voir qu'ils ne me sontnidlement suspectes, à cause de leurs
sont différents des originaux, et fort éloignés de l'esprit de lumières, de leur droiture et de leur extrême
tout le reste. Je ne me plains point de ceux qui se lient pour
probité.
les décrier, s'ils croient ce qu'on leur dit de moi : maisqu'ils
prennent garde que dans tous les siècles le diable a fait le J'avais pris la liberté de demander à Sa Majesté
singe de Dieu: qu'il y a des gens abominables qui aHectenl de joindredesjugeslaïques, atin qu'ils appioion-
une fausse piété, afin de faire décrier parla la vraie piété, et dissent ce qui regarde mes mœurs; parce que je
de confondre le faux et le vrai : c'est ce que j'ai prié qu'un
examinât. prélats ont raison de se déchaîner; mais i]
croyais qu'il était impossible qu'on pi'il juger
Les
faut ne confondent point l'agneau avec le loup ils
voir s'ils :
favorablement des écrits d'une personne (juj
font plus, ils crient au loup contre l'agneau, et laissent vivie passe pour couiiable. Je me suis offerte d'enlrer
le loup en paix. Je prie le Seigneur qu'il leur donne l'esprit

de discernement ils ne le peuvent avoir qu'en se dépouillant


:
en prison, ainsi que vous le verrez, Messcigneursi
(le l'espriC de prévention, afin d'examiner dans un esprit pur, par la lettre ci-jointe ', si vous voulez bien vous
simple et droit. Il serait aisé de voir la vérité, de la séparer donner la peine de la lire. J'ofhe plus: c'est de
de l'erreur et du mensonge.
faire voir que je n'ai point fail les choses dont
Si l'on veut bien me donner les juges que je demande, faire
examiner les crimes avant les écrits, je suis toujours prête à on m'accuse. Je n'entends pas tjue cetix ipii
reparaître, afin de faire voir la vérité de ce qui me regarde. m'accusent prouvent ce qu'ils a\anL'ciit, cpioi
Qu'on n'ellraye point les ilmes, les empêchant d'embrasser
que ce suit l'ordinaire mais je nrolfre de prou-
;
l'oraison, qui est lavoie pure et sainte oii l'âme est éclairée
de grandeur de Dieu et de son néant, où elle est échauffée
la
ver que cela n'est pas. Si voti,-> voulez bien, Aics-
de son amour, où elle apprend mépriser lout ce qui n'est il seigneiu-s, avoir la charité d'e.\aminei' ce ipii
point Dieu, nour ne s'attacher qu'à lui seul, et non pas une
regarde le ciiminel avant re.xamen des livres,
école de crimes, comme on la veut faire passer. Si quelqu'un
m'accuse, i|u'il se présente, qu'il soit confronté, comme l'on
je vous en aurai une obligation iiiliiiie. Il est
fait dans toutes les justices réglées ; mais (|u'on ne se conteiile aisé d'informer à charge et à décharge, de toute
pas de donner des Mémoires où l'un met ce qu'on veut, parce ma vie. Je vous dirai, Me.^sseigiieuis, avec luie
qu'on est sûr (|u'on ne sera pas obligé à le soutenir. Si ce
entière ingénuité, les choses tlont on m'accu.se,
que je demande est injuste, je me condamne moi-même ;

mai» s'il est selon l'équité, (|u'on ail la bonté de me l'accor- elle cttraclère des personnes (jui m'accu.sent.
der. Je prie Dieu, seule et souveraine vérité, de faire con- Je suis toute [iréle de soutenir toutes .soi'tes de
nailrequc je ne mens point.
Une confronlalions, et je crois qu'il vous sera ai.sé.
(les causes de re que je souiïrc aujourd'hui vient do ce
que le» mêmes personnivs ([ui m'ont toujours poursuivie et avec la grâce de Dieu, dedéiiièlei une malignité
perséculre ont disposé Mgr rarchrvcque coiilrc inni, lui fai- peu commune. Vous verrez, Me.sseigiieiiiN. leca-
sant comprendre ipie je manquais de soumission ii ses or-
dre»; quoiqu'il «oit vrai que je ne me sois jamais Ocarléo. A Mmo de Mointonoii, et qui eut ttpporl^ ci-deuus, p. 379.
282 LEITRES 'RELATIVES

r;iLiùri des pnrsonnos qui m'acriisonl, cl pcul- la dépense des Iinbils, l'on n'y trouvait point à
ù\iv stT.i-cc tiii |,M and bien (tour l'Kjilise (|u'iiii relire et l'on l;iiss,iil faire. Dès iju'clles oui eu
,.\aniini' i|ni sont los coupables, de ceux qui ac- quilté tout cela, l'on a crié comme si je les eusse
( iisi-nl cl celle qiu csl accusée. perdues. Si je leur avais fait (juilter la piété
Trois personnes de pmbilé sont aniin<''cs con- pour le luxe, l'on ne ferait pas tant de bruit.
tre moi ; .M;;r l'évèrpic Cliarires ',parce que son J'ai (les témoins, des lettres écrites à M. le curé
/èle est troMq)é : il me sera aist^ de faire voir par de Versailles qui feront voir ma juslilicalion, si
qui et connnent. l'on me veut bien fiirc la giAce de m'écoulcr.
M. le curé de Versailles, qui n'a pas toujours La troisième personne est.tl. Doileau ',.suscité

été aussi décliainé contre moi (pi'il l'est, puis- par une dévote •', qui l'assure que Dieu lui a fait

qu'il m'écrivit, lorsqiieje sortis de Saintc-.Marie, comiaitre que je suis fort mauvaise. Cela est ac-
a|)rès avoir lu les livres dont il s'af^it et les plus compagné de choses maiiifesleinent fausses,
loris de mes écrits, qu'il était dans mes mêmes qu'il est aisé d'avérer. Ce sont dis personnes
qui, par zèle, nnimeiit !< iitle monde contre
sentimeids : j'en ai la letlrc. Depuis ce temps,
me laisiii lliomieiu' de se dire de mes amis,
il
moi. Le reste des accusateurs sont tous des
me venait avoir plus assiilùmenl (pi'aucnn au- gens avec lesquels je n'ai eu dec(uiimerceque
tre: il a téaioi;;né à beaui'o.q) de mes amis l'csti- pour leur donner l'aumône ou les chasser et
iiuliijuer ce ([u'ils sont.
me cpi'il lai.vail de moi ; même depuis la dernière
(ois qu'il m'est venu voir, il a dit mille biens Je dirai les choses dont on m'accuse. Je ne

demoià Saint-Cyr, elensuite beaucoup de mal. prétends pas, Messeigneurs, vous cacher la
La raison de celle coiuluile, c'est que M. le moindre chose, parce que, grâce à Dieu, je ne
veux ni les autres, ni me tromper
tromper
ciné de Versailles s'est ima^jiné cpic j'avais retiré
Mme la comtesse de Guielie et .Mme la ducliesse moi-même. que je sus qu'on m'accusait
Sitôt

de .Morlemartdc sa conduite, |)our les mettre de diriger, je me retirai et ne vis plus per-
sous celle du 1*. Alleamnc, Jésuite. sonne, ainsi ijuc vous le verrez, Messeigneurs,
Il est de lail que .Mme la comtesse de Guiclie
par celte autre lettre.
J'ai toujours cru qu'il fallait être éclairé sur
était sous la conduite du [\. I'. .Mleaume avant
(pie j'eusse riionneur de la coinaitre ce ii'esl :
le criminel avant toutes choses. C'est pourquoi,

donc pas moi (|ui l'y ai mise. Pour Mme la du- je vous conjure, Messeigneurs, |)ar lachariléde

clie.ssc tie .Mortemart, comme elle se cro\ait Noire-Seigneur Jésus-Christ, dont vous êtes
obli-îi'e, en se donnant à Dii'u, deqiiillerla cour. pleins, de recevoir les mémoiresqui vous seront

rpii lui était un éciieil, poiu' se donnera l'édu. donnés contre moi d'obliger les personnes à
;

ealioM de enlants et au soin de .sa fa-


.il.M. .ses
donner leurs noms, et à vous parler à vous-
mille, qu'elle avait m^li^és jusqu'alors :en quit. mêmes. Si je suis coupable, j(! dois être plus
dememanl punie qu'une autre, puiM|iie Dieu m'a fait la
tant Versailles et à Paris, il lui fallait

un direeleui' à Paris. Ce|iendaut .M. le curé de grâce de lecounailre et de l'aimer; et je ne suis


Versailles, qui ilit avoir présentement l'oreille point igiioiaule pour être e.xcnsée, puisque je

de .Mme de Maintenon, et cpii l'a, en effet, se suis assiu'ée (pie Jésus-Chrisl et liélial ne sont
plaint de deux choses opposées: l'une, ilc ce
|i()iiit en même lieu.

que j'ai Ole ces dames de la direction de lem- lé- J'ai pris la liberté de demander Honseigneur
ileJleaux dès l'année passée, parce que j'ai tou-
l^ilimc i)aslem', pour les mettre sous la conduite
d'im P. Jésuite; et l'autre, que je les dirigeais. jourseu un très-grand fonds de respect pourliii,
CiiMuoent.si je les dirigerais, leur ai-jc donné (juejesuis persuadée de son /èle pour l'Eglise,
undirecleur? Et si je leur ai donné un direc- de ses lumières et de .sa droiture, et que j'ai
leur, je ne les dirigerais doue pas. Dieu ne m'a toujours [initê en moi la disposition d'y con-
pasalandonnée an point de me mêler de diri- damner ce qu'il y condauinera.
riger, quoique je crusse alorsipi'il donnait ipiel- J'ai désiré Monseigneur de Châlons, quoique

(piefoisdes e\|jéiieuccs pour eu aider les autres. M. l'abbê dCiNoailles ^ soit le |)lus zélé de ceux
Mais loiiles les pi'rsounes (pie j'ai connues qui me décrient; lanl |iaree (pi'il } a lonLïleiiips

a\aieul leurs directeurs. Lorsipie ces dames ai- que je sais quel est son discernement et sa piélé,
maient la vanité,
qu'elles portaient d;- inou- .
que parce qu'y ajaiil inlerét, à cause de Mme
clics, (pi'elles meltaienldu ro;i-e, que quebpies- sa nièce, j'ai été bien ai.se (|u'il connût la vérité
iiiies d'elles riiiiinienl leurs familles par le jeu et par lui-même.
J'ai souhaité M. Tron.son quoique je susse
,
: M. Godet dciMaril», ^rtquo d* Chartres, qui 1* prrmltr
nralt
dvoouverl lo nouvran qukrttBme, intr'utuit A iiainl-Cyr | ar Mm* • J«aii-J.>cq«c»n..llf«ii, ch»roiMrilcS«iiit-Iloiu't*, è Pari». — »L«
Oujron Ft qiielquct-uiK'^ <lc *«s diiu-ipicii, .ommo M. da Mcaux a aour Roa», dani rc («mpt.
tr^a-céi^bra — ' Frtre d» l'éTifHa à«
Min do obMrrar dans l'androit déjà ciU de la Riiatian.
I Ctillou, et depuia aon auccesicui dunt ce >.((e.
A L'AFFAIRE DU QUII^TISME. 283

tous les soins qu'on a pris de me décrier au- peut-être rejettera-t-il cette victime h cause de

près de lui, parce que je sais quelle est sa droi- on impureté. Quoi qu'il en soit, je trouverai
ture, sa piété, sa lumière, et qu'il est nécessaire dans son sang ce grand lavoir qui nettoiera
qu'il connaisse par lui-même le sujet que Mon- toutes mes taches, et me rendra une victime

seignem- de Chartres a d'animer son zèle contre agréable à ses yeux. Ce sont là mes sentiments.
moi. Je vous prie d'avoir la bonté de leur dire ceci;
Je vous conjure, Messeigneurs, par toute la car peut-être y va-t-il de la gloire de Dieu. J'a-
charité qui règne dans votre cœur, de ne point chèverai, s'il plaît à Dieu, dans dix ou douze
précipiter cette affaire, d'y mettre tout le temps jours.
qu'il est nécessairepour l'approfondir, et pour
LETTRE XVU.
me faire la grâce.de m'entendre sur les articles
MADAME GUYON A BOSSUET.
qui peuvent vous faire peine. Je vous conjure
1694.
aussi d'être persuadés que je vous parle sin-
cèrement. Ayez la bonté, s'il vous plaît, de vous J'ai écrit les justifications des écrits avec une
informer, non à ceux qui ne me connaissent entière liberté, parce que M. le duc de Chevreuse
pas, mais à ceux qui méconnaissent, quelle est me l'a ordonné de votre part. Dieu est témoifi
ma sincérité. Pour ce qui regarde l'article des delà volonté sincère qu'il m'a lui-même donnée
livres et des écrits, je déclare que je les sou- de vous obéir, et de penser siu* moi et sur ce
mets de tout mon cœur, comme j'ai déjà fait, qui me regarde tout ce que vous m'ordonnerez
ainsi que je le déclare au papier ci-joint. d'en penser. Toutes les personnes qui m'ont
\oiUianchai\nivedeV ImitationdeJésus-Christ connue dès mon enfance, et celles qui m'ont
qui est l'abrégé de tout ce que j'ai déjà écrit: conduite dans tous les âges pourraient vous as-
je prends la liberté de l'attaclier ici. surer qu'en tontes les grâces que Notre-Seigneur
Chapitre 37 du livre m de l'Imitation de m'a faites, celle de la simplicité et de l'ingénuité à
Jésus-Christ , de l'édition in-12 , chez Des- ne leur pas cacher une pensée que j'eusse con-
prez, libraire à Paris. S'abaiidojiner tout à Dieu, nue, et en la manière que je la connais, est ce
sans vouloir reprendre le soin de soi-même. qui les a toujours le plus frappées en moi.
jÈSUs-CinusT. Mon fds, qiùltez-vous vous- Souffrez donc. Monseigneur, qu'en continuant
même, et vous me trouverez, etc. mes manières sinqiles et peu usitées parmi le
monde, je prenne la liberté de vous dire que le
LETTRE XVL cœur seul peutjugerdes écrits auxquels le cœur
MADAME GUYON A BOSSUET. seul a part. Ce que j'écris, ne passant point
169i. par la tète, ne peut être bien jugé par la tète,
bien de l'obligation à M. deMeaux, de vou-
J'ai je vous conjure. Monseigneur, par le sang de
loir bien prêter l'oreille à la justification des Jésus-Christ, mon cher Maître, que la |)ré-
écrits; mais que je serais contente s'il voulait vcntion qu'on vous a donnée contre moi ne
bien ouvrir celle du cœur; et que je serais sûre vous empêche pas de iiénétrer la moelle du
du gain et de la cause de l'oraison Pourvu que ! cèdre; que les mauvais habits dont mes expres-
les droits de celle-ci soient conservés dans toute sions peu correctes et mal digérées ont couvert
leur étendue, sans altération ni adoucissement, la vérité, ne vous la fassent pus mécounaitre.
ilne m'importe ce que je devienne. Je conjure C'est moi, Monseigneur, (pi'il faut punir ; c'est

ce saint prélat que tout tombe sur moi. Je sius ma témérité (pi'il mais il ne faut
faut châtier;

sûre qu'en me jetant dans la mer, ou m'cni'er- rien ôler à la vérité, de l'inlérienr, de son tout
mant dans une prison perpétuelle, la tempête indivisible au contiairc, il la faut tirer dans
;

contre l'oraison finira. C'est plutôt moi qu'on sa nudité et dans son éclat. Cela sera en l'ex-
veut perdre; et je le mérilc assez par tant d'in- pliquant nettement, connue je crois avoir lait
de pro|)riétés secrètes que j ai com-
fidélités et
ici que si cpiebpie chose vous fait encore de la
:

mises, si peu de pur amour et de pure souf- peine, j'espère de l'explirpier si netlemenl, avec

france. La seule grâce que je vous demande est la grâce de Dieu, que votre cœur entrera dans

que vous cnq)loyiez tout votre créilit pour cela ce que votre esprit même [larail ne pas péné-
trer; pane qu'il y a de certaines choses où
auprès de ces Messieurs '. Ui'^^ 'î' compassion
l'expérience est an-dessu.s de la raison sans
ne vous arrête point, ni eux aussi ces senli- ;
.

menls naturels sont indignes de Dieu: que je être certain à la raison. Pour connaître un ou-
vrage h lond, il hiit entrer en quehpic ma-
sois la victime sacrifiée & sa justice. Mais, hélas
,
!

nière, dans l'esprit de celui qui l'a fait.


'
M. JO N„3:||01 l-t M It ll<li.-tt«tirA duccll? UaiiIm hvcc
que je
Je vous proteste, connue il est vrai,
,

-2^i LETTRES REI.ATIW:S

n'écris point pîir IVsprit, et qu'il me seinhle, gneiir, que l'intérieur est de lui-même pur et
lors(|iir jViiis, (|iic cela \ioiil (riini'iiiiliTSdurcc .sans tache, et (pie c'ol t'aine du chrislianisine ;

qui est \c ca-iir, parce que la foi ,


par laquelle et (pj'tin (iuni>sc celle téméraire tpii,
par son
le Seigneur m'a conduite, semble ax'Uiiler ignorance, a avili ce (jifil y a de plus précieux
l'espritalin de donner |)lus de lilierté au sur la lerre. C'est la grâce (|ue vous (lemaude au
cœur, ou u la volonté d'aiiucr et de goûter nom lie Dieu la per>oune du monde ipii vous
Dieu. honore le plus, et qui est avec plus de respect et
Souffrez, Monseigneur, quepoiulcs moments de soumisNion. etc.
je récuse votre esprit, et (jue j'iiuplore la faveur l'ermellez-moi d'en dire autant à M. de Châ-
de votre cœur, pour iMie juge des écrits que le lons.

cœur a produits, l'our uia personne, je la li-


LETTtlK XVIII.
vre volontiers à la peine et au cliiUiuient ; et
L'aDDË DK Ft.NKI.O.X A BOSSOET.
sur cela vous ne sauriez jamais vous méprcfl-
drc, queUpic rigueur (pic vous exerciez envers Oi inercreditU Juillet 109t.

clic. Mais pour l'iulérieur, ô Monseigneur '.c'est Je suppose, Monseigneur, que vous partez
un tout aiujuel toutes les parties sont si néces- pour Paris aujourd'hui. Ce qui m'en console est
saires, qu'on ne peut en nlranclier aucune sans l'espérance (jne vous reviendrez bientôt, et que
la détruire. Il n'en est pas des clioses de l'es- je pourrai, à votre retour, vous entretenir de
prit comme de celles du corps, auijuel on peut mon travail. Je crois qu'il est ncces,saire que je
ôter certains memi)rcs sans le détruire tout à vous le montre, et que je m'expliipie avec vous
fait. Songez, Monseigneur, que toutes les par- sur toutes les circonstances du .syslème, avant
tics de l'intérieur sont les parties essentielles, que je le donne aux autres. Je ne puis douter que
des parties nobles, et que c'est la détruire, que vous n'ayez la charité et la patience d'écouter
de l'altérer. toul. Pour moi, je ne souhaite que de régler, par
Je vous écris. Monseigneur, avec celte liberté vos décisions, toul ce que je dois dire aux autres.
qui ne craint rien, parce qu'elle n'a rien .'i Je vous dirai tout et tout ce (pie vous ne croirez
;

perdre mais je vous écris néanmoins a\cc toute


; pas bon ne sera jamais mon seiithaeut.
la .soumission possilile. Démêlez, je vous con-
LETTKE XIX.
jure, en ma faveur, la liberté qid naît de la foi
et de l'amour, d'avec lauilace qui nail de la
l'abbé de fi:m;lo> a bossuet.
présomption. Laissez pour (piel<iiu> temps toutes \ Vcrs.iille!,c« 2b juillet 1694.

les impressions (pj'ou vous a voulu donner de Je VOUS envoie, .Monseigneur, une partie de
moi, soit bonnes, soit mauvaises. Je ne suis mon travail , en attendani que le reste soit
rien mais voyez la possibdile et la vérité de
;
achevé : il le sera demain ou après-demain au
l'intérieiu- dans tous ces saints que j'expose de- plus tard. Je fais des extraits des livres, et des
vant vos jeux'. Ne jetez point la vue .sur moi espiVes d'analyses sur les passages, pour vous
de peur (pic l'horreur (|ue vous en auriez ne éviter de la peine, et pour ramasser les preuves.
vous donnât du dégoût. C'est la même eau pure Ne soyez point en iteine de moi je suis dans vos :

et nette qui a jias.sé par le canal |)ur et Irè.s-pur mains comme un petit enfant. Je puis vuusassu-
de tant de .saints, et (|ui passe aus.si par un canal rer que ma doctrine n'est pas ma doctrine elle :

toul sale et inq)ur par lui-même. Kemonlcz h la pas.se par moi .sans être à moi, et .sans rien y

source, Monseigneur, et^ous verrez que c'est le laisser. Je ne tiens à rien, et toul cela m'est
même principe et la même eau. Hrisez le canal, comme étranger. Je vous expose simplement, et
iln'imporle ; mais(jue l'eau ne .soit pasré|ian(lue .sans y prendre part, ce que je crois avoir lu dans

sur la poussière. lUcucillez-li'i, celte eau, laites- les ouvrages de plusieurs siiints. C'est à vous j"»

la rentrer dans sa source on souHrez (pi'elle


, Lien examiner le lait, et •'i me dire si je me
coule par le canal de laiit de saints. Dieu, qui trom|)e. J'aime autant croire d'une fa^on que
veut se .servir de vous alin de ra.s.seinbler ce qui d'une Dès tpie vous aurez parlé, tout sera
.luIrc.

était dispersé, ne le peut qu'autant que vous |)er- elTacé chez moi. Comptez, Monseigneur, qu'il ne
di'cz toute prévention. Faites doue voir, Monsei. s'agit que de la cliuse eu cUc-méme, et uuUc-
meiit de moi.
Bouuit, liant u
RrUilion, êttl. 3, n. 1, parla des terlu qu«
U
Mme OU]ron composa pcndiidl dur^ de rexnmeii, t pour faire le Vous avez ta charité de me dire que vous
pnnillilvd» ICI lirresnvcc Icn uliitn i'èrei, les Uiiolofiens et lu .souhaitez (pie nous soyons d'accord et moi je ;

autours npiriluela. • 11 est clair qu'elle avait envoyé au prélat, avec


«llo lettre, unécnl dans lequel elle ealreprenait da prouver qua dois vous (Jire bien davantage. Nous sommes
cas expériences et toute sa docuine ^ttiient conlormes A celles des par avance d'accord, de (]uelipii' manière (juc
ttinla, et qu'au fond elle avait ral«on sur tous les pointa, quoiijua
•ut-<lra, ella na s'eiprUait pu aD tarmas uw< exacts. vous décidiez. Ce ne >v'ru poiut uuc suuiiiist>ioii
A L'AFFAIRE DU QUfÉTISME. 28S

extérieure ; ce sera une sincère conviction. Si vo;is continuez. Monseigneur, à vouloir,


Quand nièine ce que je crois avoir lu me paraî- comme vous me l'avez fait entendre, rentrer
trait plus clair que deux el deux font quatre, je dans le commerce
ordinaire d'honnêteté avec
le croiraisencore moins clair que mou obli- lui, j'aurail'honneur de vous donner un petit
gation de me défier de mes lumières, et de leur diner, où il sera fort aise de se trouver, el je
préférer celles d'un évêque tel que vous. Ne crois que vous serez content de lui dans ce repas.
prenez point ceci pour un couipliment c'est une : Il faudra attendre voire retour au commence-

chose aussi sérieuse et aussi vraie à la lettre ment de l'année prochaine.


qu'un serment. Je ne puis m'emiièclier de vous demander,
Au ne vous demande en tout ceci
reste, je avec une pleine soumission, si vous avez dès à ,

aucune des marques de celte bonté paternelle présent, quelque chose à exiger de moi. Je vous
que j'ai si souvent éprouvée eu vous. Je vous de- conjure, au nom de Dieu, de ne me ménager en
mande, par l'auiour que vous avez pour l'Eglise, rien et sans attendre les conversalions que vous
;

la rigueur d'un juge et l'autorité d'un évèque me promettez, si vous croyez maintenant que je
jaloux de conserver l'inlcgrité du dépôt. Je liens doive quelque chose à la vérité, et à l'Eglise dans
trop à la tradition, pour vouloir en arracher laquelle je suis prêtre, un mot sans raisonne-
celui qui en doit èti'e la principale colonne en ment me tiens qu'à une seule
sultira. Je ne
nos jours. chose, qui est l'obéissance simple. Ma conscience
Ce qu'il y a de bon dans le fond de la matière. est donc dans la vôtre. Si je manque , c'est vous
C'est qu'elle se réduit toute à trois chefs. Le qui me manquer, faute de m'avertir. C'est
faites
premier est la question de ce qu'on nomme à vous à répondre de moi, si je suis un moment
1 amour pur et sans intérêt propre. Quoiqu'il ne dans l'erreur. Je suis prêt à me taire à me ré- ,

soit pas conforme à voire opinion particulière, tracter, à m'accuser, et même à me retirer, si
vous ne laissez pas de permettre un sentiment j'ai manqué à ce que je dois à l'Eglise. Eu un
qui est devenu le plus commun dans toutes les mot , réglez-moi tout ce que vous voudrez ; et si
écoles, et qui est manifestement celui des auteurs vous ne me croyez pas, prenez-moi au mol pour
que La seconde question regarde la con-
je cite. ni'embarrasser. Après une telle déclaration ,
je
tcniplalion, ou oraison passive par état. Vous ne crois pas Monseigneur , , devoir tinir par des
verrez si je me suis trompé, eu croyant que plu- compliments.
sieurs saints en ont lait tout un système très-
LETTRE XXI.
bien suivi et très-beau. Pour la troisième ques-
l'abbé de fénelon a bossuet.
tion, qui regarde les tentations et les épreuves de
A Versailles, ce 16 Décembre 1G04.
l'état passil, je crois être sur d'une entière con-
lormité de niessentinieuls aux vôtres. Il ne reste Monseigneur avec beaucoup do re-
Je reçois, ,

donc que la seule dilticulté de la cuntemiilalian conuiiissance les boules que vous me léinoignez.

par étal. C'est un lail lùen ditticile à éolaircir. Je vois bien même que vous voulez charilable-

Quand vous serez revenu ici, j'achèverai de meul mettre mon cœur en jiaix maL>> j'avoue :

qu'il me paraît que vou,-^ craignei un peu de me


vous doni\er mes extraits et mes noies. Je ne
vous demande (|u'un peu d'attention el de pa- donner une vraie cl entière sûreté daii>- mon
tience. Je suis iiiiinimenl èdilie des dispositions étal. Quand vous le voiiiirez, je vous dirai comme

où Dieu vous a mis pour cet examen. à un conlesseui tout ce qui peut être compris
dans une coulession générale de toute ma vie '',

LETTltE XX.
et tout ce qui regarde mou ultérieur. Quand je
l'abbé de fénelon a bossuet '.
vous ai supplié de me dire la vérité sans ni'épar-
A Versailles, ce 12 Décembre 1G94.
gner, ce n'a été ni ui. langage de céréinoiiic ni ,

J'ai oublié, Monseigneur, de vous demander un .art pour vous faire evpliquer. Si je voulais
si vous avez parlé de M. Leblanc pour M. le avoir de l'art, je le tournerais à d'autres cho.ses,

comte de Toulousi». et iiou> n'en serions pas où nous en sommes. Je


J'ai oublié aussi de vous dire que M. de la Salle n'ai voulu que ce que je voudrai tou|ours, s'il

convient qu'il ne ui'a jamais parlé pour vous


M. révt^que de Mcaux avec le marqiusdo la Salle, fr^re de M. do
parler, n'i pour nie faire entrer dans l'affaire *. Tonri.ay.
'
liossuet i rail imprimer cette lettre dans »%Rtlttli<m, aect. 3.

'
BoMuct a loiàré uno parllo do cctta lollro dan» M Relation, n.4.
(juant k la conlossion giinoraleque Fénelon oITrait ici de faire .k

«oît. 3, n. 0.
' Il n'jgii Ici do do la Jiiildicllon «iir l«« p»rf.lifi<i« do Ro-
r»(r..iro
Bouuet Ir prélat n'y consentit Jamal», et il le d.'claro fnrmollrmont
b»!», doni JonlMaii l'alibayo do co liou, pn«-6déc par M
do la Sali», dnrv a» Urinlwn. sert. 3, n IJ- On a vu. .Iii-il. dan» une .li- Ma

lettre! (c'est ccllcci), qu'il s'éUil oiTert ^ aw lni.r iMo coiifeuiao


ivéqiio do Tournay, oi quo M. r6vc.|uo do Moaiii toidail flcilr t l'a-
mlnlilo, C'oil pouripiol l'ubbi do Fiuolon K'olTratt d'abouchor choi lui (cnciale ; il lalt bien "jua > ii'aijamai» «ccepU celle oITr». a
-

'.m LETTRES r.ELATlVES

jilaU SDiPii, qui pstdc connnllrc la vi'i ilt''. Je suis nu.vii donnée. Je n'ai ccss^ depuis hier de prier
|)i»Mrc ;
j«' (li'i-i lonl 'i l'Kulisc , cl rien 'a moi ni ?» jiuur Votre (Jramlcur; el je sens dans mon sons
ma ié[iiilalion personnelle. quelque clio.se qui fait que je donnerais mille
Je vous déclare cnrore, Monseigneur, que je vies, si je les avais, pour l'entier accomplisse-
ne veux pas dcmeiner iin seni inslanl dans la ment des desseins de Dieu .sur Votre Grande'.;r-
moindre erreur par ma rniiic. Si je n'en sors J'attendrai vos ordres pour toutes cho.scs, Mon-
point au plus lût: je vous déclare que c'esl vous seigneur, ne voulant que vous obéir cl vous
qui eu éles cause, en ne me d( ridaul rien. Je ne donner des mai qiies du (iiofond respect avec
liens pointa ma |)lace, et je suispiélà laqniller. Imiud je veu.\ èlre toute ma vie, etc.
El je m'en rendu indigne par mes erreurs.
suis
LETTRE XXIII.
Je vous sonune, au nom (h; Dieu cl par l'amour ,

qnc vous devez à la vérilé, de me la dire en MADAME GUYON A DOSSUET.


toule rigueur. J'irai me cacher el faire pénitence
le reste de mes jours, après avoir alijiué cl ré- Je ne saïuais assez vous exprimer et ma joie

tracté pulilicpiemenl la ddcliiuc é^-'an'c qui m'a cl ma recomiaissance sur la bonté que vous
.séduit. Mais si ma doririne est iiinoceule, ne me avez d'accepter la demande que j'ai pris la
Icnez iKiinlen .suspens par desrcspectshmnains. liberté de vous taire je vous obéirai. Monsei- :

C'csl à vous à instruire avec anloi ilé ceux qui se gneur, avec une extrême cxactilude. J'accept •

scandalisent, lante de coimuitrc les opéralions de les couiiilions, el j'espère, avec la giAce de Lieu,

Dieu dans les ;uncs. que vous serez coulent, Monseigneur, de mon
Vous savez avec quelle confiance je me suis obéissance, s'il |)lait fi Dieu. Si j'osais, je vous
livré h vous , sans rel.Ulie à ne vous
et ajpliipié demanderais une gnUe, i)our éviter toutes sortes
lais.ser rien ip;norcr de senlinienls les plus mes d'inconvénients, qui Monseigneur, que .sérail.

forts. Il ne me reste toujours qii'Ji dhéir car ce ;


vous eussiez la bouté de me conlesser' loi-sipic
n'est pas l'Iiomme ni le lrîs;:ran(l docleur(iue vous .serez à Meaiix : vous verriez par là tout
je regarde en vous, c'esl Dieu. Unaud même vous mon cœur, et je ne serais pdint expo.sée îi un
vous trompeiicz. mon ol)(i>sance simple et confesseur qui peut être gagné. C'<'st une pen-
droite ne me Iromperait pas; el je couqile pour sée qui m'est venue, que je soumets néanmoins
rien de me tromper, eu le faisant avec droiture à tout ce qu'il vous plaira d'en ordonner. Pour
et petitesse sous la main de ceux qui ont l'auto- le nom, ce .sera, s'il vous plail, celui de la llous-
rité dans l'Eglise. Encore ime fois, Monseignem*, saye. J'attends l'obédietice incessamment, elje
si peu que vous doutiez de ma docilité sans ré- partirai -.sans relarder, sitôt <|neje l'aurai reçue ;

sene, essayez-la sans m'épargner. Quoique vous n'a\ant point de plus forte inclination que de
ayez l'esprit pins éclairé qu'un autre, je prie vous marquer et mon prolond respect et ma
Dieu qu'il vous Ole tout votre propic esprit, il parfaite soinnis-sion.
qu'il ne vous laisse que le sien. Je serai loutcma P.-S. J'attendrai aus.si vos ordres, Mon.sei*
vie, Monseigneur, plein du respect que je vous
gneur, pour la conununion: je ne couuuuuieroi
dois. quaulanl qu'il vous plaira.
LETTRE XXII.
LETTRE XXIV.
MADAMI- GLYOïN A BOSSUF.T.
L'AUBf. nu FliNELON A DGSSUKl ''.

Co 23 Jiîrcmbre ICi.

Je n'ai garde de partir, Monseigneur, devant


Je vous .11 déjh supplié lr^s-lulmbIement, Mon-
le temps que vous m'avez prescrit j'ni iaùssé
:
seigneur, de ne retarder pas d'un .-eut momeni,
les places relemies. Je veux vous ol)éir en tout,
par consiiléralion pour moi, la décision qu'on
Monseigneiu- mais dans les clioses qui ne se-
;
vous demande. Si vous éles déterminé cou i'i

ront pas en mon pouvoir, je vous les lirai sim-


danmcr quelques parties de la doctrine que je
plement pour ne pas Jromper Votre IJrandeiir.
Je pri'U'is la lilierté de vous envoyi»r la Vie de ' noMiii-l ne lui arrorda pu ta <1i>nian(lf. • Jf n* ne eii!>, dit-ll
dan» >a /?/-/n»ioii, «trt. S, n. J, lairait voulu cbar^rr. oi uc .^.lc^•
soinle Cnllterinc dr Grnrt. Il y a bien des acr ni Ae flinucr cruo dame, quoiqu'elle me rait propo*4; tnaia aca-

choses qui oui rap|iorl à certaines difficultés :


Icmenl de lui diclarer non aenilmeot eor eon oralaon et lor la doc-
trine de >eii liTrca. •
j'ni cm que vou-^ seriez bien ais 'de les voir. 'Colle Icllte, c.mm<> m
fc^x. U' l'.-H'r vrn ti- vn|« cti >'mi

Je vous ai dit. Monseigneur, (|ue je ne priais Gnv..n |i»rllr de P.rii r< •• V,.|. ,i

IVt.v, ,),. r.lle Mlle le I ,„ ij de


point pour moi. cl il est vrai : mnis je suis son- r- .„t„n. r.li, ne
J.,
'
f .: ., |, nom
ve;d poiléea prier pour les aulic<; el lursipuî dr .Vl.c.ie la llo.iuav. , . :,. .-. .,..!>.
' Il "lin a Ina^ré dana ai UrUluM, •cl. 3, n. 7 «l 8, etc., la m».
l'iustincl m'en vsl donné, la facililé m'en est Jeure partie de MU* iMtt*.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 287

vous ai exposée par obéissance, je vous conjure dans ma situation présente, souscrire par per-
de le faiie aussi proniptement qu'on vous en suasion à cet endroit car je me souviens trop
;

priera. J'aime autant me rétracter aujourd'hui bien que M"" de Chantai consultant saint Fian-
que demain, et même beaucoup mieux; car le çois de Sales sur tous les actes les plus essentiels
plus reconnaître la vérité et obéir est le
tôt à la religion chrétienne et au salut, qu'elle as-
meilleur. Je prends même la liberté de vous sure ne pouvoir faire en la manière dont on les
supplier de ne regarder point à me ccrriger, par l'ait dans la grâce commune il lui.répond dé"
une trop grande précaution. Je n'ai point besoin cisivement de ne les plus l'aire « qu'à mesure
de longue discussion pour me convaincre. Vous que Dieu l'y excitera, et de se tenir active ou
n'avez qu'à me donner ma leçon par écrit : passive, suivant que Dieu la fera être. » Il est,
pourvu que vous m'écririez précisément ce qui ce me semble, évident que ces dernières pa-
est la doctrine de l'Église et les articles dans roles ne peuvent signifier qu'elle soit tantôt dans
lesquels je m'en suis écarté, je me tiendrai in- l'état passif et tantôt dans l'actif; mais seule-

violablement à cette règle. ment qu'elle fasse des actes distincts ou n'en
Pom- les dilïicullés sur l'intelligence exacte fasse pas, et demeure en quiétude, suivant que
des passages des auteurs, épargnez-vous la peine Dieu l'y portera. Voilà sa dernière décision,
d'entrer dans celte discussion. Prenez la chose « pour elle et pom* ses semblables; » il finit en

par le gros, et connnencez par supposer que je disant « Ne vous en divertissez jamais. » Vous
:

me suis trompé dans mes citations. Je les aban- jugez peut-être, Monseigneur, que cette règle
donne toutes. Je ne me pique ni de savoir le ne regarde que l'oraison c'est ce qui me parait
:

grec ni de bien raisonner sur les passages je : se réduire à une question de nom.
ne m'arrête qu'à ceux qui vous paraîtront mé- Pour le bienheureux Jean de la Croix, il me
riter quelque attention. Jugez-moi sur ceux-là; semble clair qu'il ne veut point qu'on mélange
et décidez sur les points essentiels, après les- la voie active avec la passive, quoicju'il admette
quels tout le presque plus rien et ne
reste n'est des actes distincts en tout état. Voilà ce qui me
mérite pas l'inquiétude où l'on se trouve. Si fait penser que vous ne devez pas dire positive-

vous étiez capable de quelque égard humain ment que les saints n'ont jamais rien dit d'un
(ce que je n'ai garde de vous imputer), ce ne état où l'on ne s'excite plus. Qui dit une excita-
serait pas de vouloir me flatter contre le pen- tion, dit un effort pour se vaincre et pour en-
chant do ceux qui ont la grande autorité. Au trer dans une disposition dont on est éloigné.
contraire, il serait naturel de craindre que vous L'âme habituellement unie à Dieu et détachée
auriez quelque peine à me justifier contre la de tout ce qui résiste à la grâce, doit avoir de
prévention de tout ce qu'il y a en ce monde de plus en plus facilité ou à demeurer unie ou à se
plus considérable. Bien loin de craindre cet in- réunir sans effort. La grâce est plus forte, l'ha-
convénient, je crains celui de votre charité pour bitude plus grande, les obstacles bien moindres
moi. Au nom de Dieu, ne m'épargnez point ; dans toute âme qui avance. Que sera-ce de celles
traitez-moi comme un petit écolier, sans penser qui sont en |)elit nombre dans un état si éini-
ni à ma place ni à vos anciennes bontés pour nent? Je ne demande pas qu'on décide pour cet
moi. Je serai toute ma vie plein de reconnais- état, ni qu'on explique l'oraison passive, puisque
çancc et de docilité, si vous me lirez au plus vous ne le voulez pas. Je conviens même que
tôt de l'erreur. Je n'ai garde de vous proposer Dieu peut obliger en quelque occasion une belle
tout ceci, pour vous engager à une décision âme à s'exciter, pour la tenir plus dépendante ;

préci|iitée, aux dépens de la vérité. A Dieu ne car je ne doime point de lègios à Dieu. Mais
plaise! je souhaite seulement que vous ne re- je voudrais qu'on ne décidât rien là- dessus. Je
tardiez rien pour me ménager. veux, encore plus que tout le reste, me sou-
LETTRE XXV. metlre.

l'abbé du FliNEL0.\ A BOSSUET. LETTRE XXVI.


Dimanche, G mars tG95. l'abbé de FÉNiîLO.N A BOSSUET.
M.mli, 8 mars 1G95.
Je prends la liberté, Monseigneur, de vous
supplier de ne mettre point dans les copies ce Je croyais, Monseigneur, aller hier au soir
que vous aviez mis d'ahonl sur un état où l'on chez vous, et recevoir vos ordres pour aujour-
ne s'excite plus, qui est (pie les auteurs de la d'hui mais je ne his pas libre. Je compremls.
;

vie spirituelle n'en ont jamais parlé. Jo me sou- par votre dernier itillcl, que vous ne complez
mettrai là-dessus cnnime siu' tnul le reste; mais pas (pie j'aille aujourd'hui à Issy. cl (jue vous
je vous suitplic de cuu&idércr que Je ne puis. ne souhaitez que j'y aille (jue jeudi pom- la cou-
288 LETTRES RKLATiVES

clnsion. Manflpz-inoi. s'il von?plaîl, si j'ai Itien LETTRE XXVIL


conipri;:. Je ferii tout ce que vous voudrez, l'abdè de fénelon a bossuet '.

san> nscrvo à rexlérieur et à l'intérieur. Pour A Versailles, ce 21 mars IC93.


le bicnlieurcux Jean de la Cmix et pour saint
Je profiterai. Monseigneur, des derniers avis
Friiiçojs de Siiles, j'éroiiter:ii avec doeililé les
que vous avez la bmlé de me donner sur mon
eiidioits dont vous uie voulez instruire; unis
Mémoire. Ma docilité et ma reconnaissance à
il faut observer bien des circonst.'inces.Si vous
voire égard s'étendront toujours à d autres
aviez la bonté de m'indiqucr ces endroits par
choses |dus importantes. J'ai été obligé de de-
avance, je les examinerais à loisir, sans envie
meurer ici pour mon aff lire'; cl j'ai cru même
de les éluder ni de dis|)uler.
devoir suspendre ma profe-sion de foi, jusqu'à
Pour l'excitalion (] ne j'exclus, elle ne regarde
ce que toutes choses fussent bien démêlées :
qu'un nombre dames, plus petit (|u'on ue sau-
c'est ce empêché d'aller à Paris, et
qui m'a
rait s'ima^tiner. Je n'exclus f|u'nii effort qui
de vous demander votre témoignage chez M.
interromprait l'occupation jiaisible. Je ne l'ex-
le nonce. J'entrevois qu'on prend le chemin
clus (m'en supposant dans l'entière passiveté
de terminer promptemenl l'affaire, sans aller
une inclination prescjue imi>erceptible de la
à Home. Je s-rai ravi que M. l'archevêque de
grâce, qui est seulement |)lus parfaite que celle
Reims soit content, et qu'il fasse le bien de
que vous admettez à tout moment dans la
son ICglise.
grâce commune. Je ne l'exclus qu'en suppo-
Il nouveau ici, sinon que vous
n'y a rien de
sant que celle libre quiétude e4 accompaj;née
n'y êtes plus, et (jue cechangement se fait sen-
de fré(iuenls actes distincts qui sont non exci-
tir aux philosophes. Je m'imagine qu'après les
tés, c'est-a-dire aux(|uels l'âme se sent douce-
fêtes, s'il vient de beaux jours, vous irez re-
ment inclinée, sans avoir besoin d'effort contre voir Germigny paré de toutes les grâces du
elle-même. Faute de ces si},mes, la quiétude
printemps. Dites-lui, je vous supplie, que je
me serait d'abord suspecte d'oisiveté et d'illu-
ne saurais l'oublier, et que j'espère me retrou-
sion. Quand ces signes y sont, ne font-ils jias
ver dans ses bocagt savant que d'aller chez nos
la sûreté? lit que demandez- vous davantage ?
Belges, qui sont extremi hominum.
Pourvu que les actes distincts se fassent tou-
jours par la pente du cœur, qui est celle d'une DÉCLARATION DK MADAME GUTON.
liabilude très-forte de grâce, à quoi servirait
OÙ elle proteste être iimocente.
de s'exciter et de troubler cet état? Enfin il ne
donner pour règle à l'ànie de ne s'ex- Je Bopplie Mgr l'évèqne de Meaux, qui a bien vonla me re-
faut ni
cevoir dans son diocèse et dans un si saint monastère, de re-
citer jamais, ni su|)poser absolument qu'elle
cevoir pareillement la déclaration sincère que je lui fais, que
ne le doit pas. Je crois bien ([ue Dieu, ne man- je n'ai dit ou fait aucune des choses qu'on m'impule sur les

quant jamais le premier, il ne cesse point abominations qu'on m'accuse d'approuver comme innocentes,
à titre d'épreuves. Si je ne me suis pas autaut expliquée con-
d'agir de plus en plus, à mesure que l'âme se
tre ces horribles excès que la chose le dem.indait ilans met
délaisse purement â lui, et s'enfonce davan- temps ont été
doux petits livros, c'est que, dans le qu'ils
tage dans riialiilude de son amour. Mais la écrits, on ne parlait point de ces détestables choses, et que

ni'iindre bésitalion, qui est une infidélité dans je ne savais qu'on eût enseigné on enseignât de si damnables
doctrines. Je n'ai non plus jamais cru que Dieu put être direc-
cet étal, peut suspendre l'opération divine, et
tement ou indiicclemont auteur d'aucun péché on défaut vi-
réduire l'âme à s'exciter. l>e plus. Dieu, pour
cieux ; à Hieu ne plaise qu'un tel blasphème me fût jamais
ré|nouver, ou pour elle ou pour les autres, entré dans l'esprit ! Je déclare en particulier que les lettres
peut la mellre dans la nécessité de quelque qui courent sous le nom d'un grand prélat ', ne peatenl être

jamais vu avec prieur de Saint-


excitation passagère. Ainsi je ne voudrais ja- vraies ;
puisque je no l'ai le

Robert qui y est nommé ; et je suis prête de jurer sur le


mais faire une règle absolue d'exclure toute
saint Evangile que je ne les ai jamais vus en un mémo heu,
excitation mais au-si je ne voudrais pas reje- contenues
et d'aflirmer sons pareil serment les autres choses
;

ter un étal où rame, dans sa situation ordi- dans la présente déclaration. Fait à .Moaux, audit monMtire
naire, n'a i>lus besoin de s'exciler, les actes de Sainte-Marie.
Ce )5 aTril lfi93.
distincts \enant sans excilalion. Donnez-moi
'
Celle leltro fat écrite «pr*i 1» «Igottare de» treole-qinlf» Ar-
une meilleure idée de l'étal ()assif, j'en serai
Iwy l> prf.fe»»lon de fol do l II e«l pirlé eet
ticle» dre»««» à ; et
ravi.U»"> qu'il eu soit, j'obéirai de la pléni- reltIKO tui bulle» pour l'itchoèch* de Cimbiii, luquel M. l'âbb*
de Fcticlon e»»!! *l* nomm* d«n» le commcnccmeot du moi» de
(-
tudo du ueur.
Trier de celle ennée. Il fui »»cr* t S«lnt-Cyr p>r Bouuel, •••1M4 <1«
«<éque» do Chilon» et d'Amlen», la 10 Juin de 1» mémo inoé*.
11 perla do c«ll« qu'il iteit à triitar tttc l'irchevéque da RalOM
qui demindiit qu'on remit Cembr»! «ou» n
métropole, d'ot c«tt«
Egl ta «»«li *t* tiria i>«r l'euioni* de» ron dli.p«|!na pour *ti»
irigca en »fche»cché, malgté roppo»liion do no» roii et de» »rcb«-
«Ttque» da Raiou. —
' La cardinal la Camu», étiqua da QraiMbla.
A L'AFFAIRE DU QUIRTISME. 289

LETTRE XXVIIL recommandation qu'elle me demandait pour


M. le
lieutenant civil, sous prétexte d'un pro-
EXTRAIT d'une LETTRE DU CARDINAL LE CAMUS '.
cès [lar-devant ce magistrat. 11 n'y avait rien
M. l'évèque de Genève 2 avait mis M'"'^Guyon que de commun dans ma lettre: je disais seule-
chez les nouvelles Catholiques de Gex, espérant ment que c'était une dame qui faisait profes-
qu'elle leur ferait du bien dans leurs affaires
sion de piété. J'ai su depuis qu'elle n'avait
temporelles. Mais, ayant appris qu'elle et son
aucun procès, et qu'elle n'avait pas rendu la
P .la Combe dogmatisaient, il les obligea de lettre à M. le lieutenant civil : mais elle prit
quitter son diocèse. Ils vinrent à Grenoble, où
grand soin de la montrer, croyant que cela
ils ne furent pas plus tôt arrivés, que le P.
pourrait lui donner quelque réputation et quel-
la Combe employa tous mes amis pour obte-
que appui...
nir la permission de confesser, de diriger et
Si le P. Bénédictin
ne s'était pas rétracté,

de faire des conférences ; mais cela lui fut re-


c'eût étéune nouvelle preuve contre cette da-
fusé.
me: mais ce Père se trouva engagé à se dédire
En ce temps j'allai faiie ma visite, qui dura
par une personne de grande qualité, dont il faut
quatre mois. M""* Guyon profita de mon ab-
taire le nom. 11 y avait déjà de quo' se convaincre
sence; elle dogmatisa, elles fit des conféren-
assez des erreursctdela conduite de cette fem-
ces de jour et de nuit, où bien des gens de ])iété
me, qu'on voyait courir de province en province
se trouvaient et surtout les novices des Capu-
;
avec son directeur, au lieu de s'appliquer à
cins, à qui elle faisait des aumônes, y assis-
sa famille et à ses devoirs. L'inquisition de Ver-
taient conduits par un Frère quêteur. Par son
ceil voulait faire des informations contre elle et
éloquence naturelle, et par le talent qu'elle a de
le P. la Colombe mais son Altesse royale les
parler de la piété d'une manière à gagner les ;

fit sortir de ses Etats, sans beaucoup de céré-


cœurs, elle avait effectivement fait beaucoup
monie.
de progrès, elle s'était attiré beaucoup de gens
de distinction, des ecclésiastiques, des reli- Le général des Chartreux a écrit une très,
gieux, des conseillers du parlement : elle fit
grande lettre à M sur tout ce qu'il a décou-
vert de la conduite de cette daine et de Cateau-
même imprimer sa méthode d'oraison. A mon
retour, ce progrès me surprit, et je m'appli- Barbe. Ce général, homme très-savant et très-
quai remédier. La dame me demanda la
à y sage, a été obligé de sortir de sa solitude, pour

permission de continuer ses conférences: je la réparer les désordres que cette dame avait faits
lui refusai, et lui fis dire qu'il lui serait avan- dans quelques couvents de Chartreuses, où elle
tageux de se retirer du diocèse. De là elle s'en avait fait la prophétesse comme partout ail-
alla dans des monastères de Chartreuses, où leurs.

elle se fit des disciples.


LETTRE .\X1X.
Elle était toujours accompagnée d'une jeune
filie qu'elle avait gagnée, et qu'elle faisait cou- DOM RICHEBRAQUE, BÉNÉDICTIN, AU DUC DE
cher avec elle: cette fille est très-bien laite et CUEVUELSE.
pleine d'esprit. Elle l'amenée à Turin, i\ Gènes, lilois li iivril 1695
à Marseille et ailleurs. Ses parents s'étant venus
Je réponds autant précisément que je puis à
plaindrcù moi (le l'en lèveineut de leur fille, j'écri-
la Ictlre '; en voici la réponse, que je ne pren-
vis (ju'on la renvoyât, et cela Par fut exécuté.
celle on a découvert d'affreux mystères;
fill(! ' Co religieux so nommait Dom Richebroquc, et avait été prieur
do Snint-Robcrt do Corniilon, monastère des BOncdictins, situô près
on s'est convaincu que M'"" Guyon a deux ma- de Grenoble. 11 était ré^idant a Ulois, qu.ind MmcGiiyon lui écrive
nières de s'expliipier. Aux uns elle ne débite .TU mois d'avril 1695, pour le prier « de rendre témoignage 1 la vé-

" rite sur ce qu'il savait d'elle, au sujet d'une maxime detcstablt
que (les maximes d'iuie piété solide; mais aux « {touchant l'impureté) qu'on prétendait qu'il soutenait qu'elio avait

aulres file dit tout ce qu'il y a de plus perni- a dite, et en le faisant souvenir d'une ancienne fuusso accusation
> contre clic dont il avait eu connaissance, aussi bien qiio la rétiac.
cieux dans son livre des Toirenls, ainsi qu'elle ti tion publique delà personne qui l'avait calomniée, o C'est co quo
en a usé à l'égard de Caleau-Harbe c'est le ;
nous trouvons écrit do la propre main du duc de Chcvreiiso, A qui
Mme Guyon avait remis sa lettre toiitouverlo pour la faire pas&cr
nom de celte fille, dont l'esprit et ragrément À co religieux. « J'accompagnai, ajoutc-t-il la lettre de Mmo Guyon
lui plaisaient. au R. P. de Ricliobruqiie, d'un billet où jo no m'expliquais ni pour
ni contro et lui demandais Kciilcincnt (sans le coniuiitrc) une ri—
Repassant par Grenoble, elle me fit tant sol- ponso prompte et précise à cello do cclto daino Voici mol à mot
liciter, que je ne pus lui refuser une lettre de co qu'il mo manda en m'onvoyant cctto réponso. • Ce sont les Ictiif s
20 et 3S qui suivent immédiatement Nous les tranurrivons (ldèl«-
' Voi/. >ur co religieux les Icltrci siiivnnlcs. (Kdil. de l'fr»,) menl sur les originaux, ainsi que les deux qui viennent aprAs, e^
' Nou« igiionms à qui cclto loUrc Ou mlresséo. Oom DofoH» a pu- qui acliàvont il'eclaircir les faits ilont pari lo cnrdinnl Lo C'Amut,
blia «l «xtr»!! «ans d«lo parmi les Icllrcs (lo Inniiéo 1696. Ello
Toutes cet pièces paraissent pour la prcmiéro fols {tCdil. dt *'er$.)
«st corl.iiiiomciil aiil" ieuro , c est pciuniucil nuus la pincocu nprts la > La lettre do .Mmo liiiyoïi, que la duc lui avait envoyée, cbinow
DktaralMiKh^Unc C^iym. oii 11 on osl l'ail nionlioil .(Bc/ii. dtVtri.) on vu dans Vrit
l'a la noto precédoiito. (/ii/i/. rffi )

B. ToM. VI. 19
21 Ml LETTRES RELATIVES

(Irais »>a.s la librrlé de vous remettre, Monsei- précis que ce que je dis ici? S'il faut néan
gneur, s;ins l'ordre exprès que nous m'en don- moinsquelquecho.se de |)Ius, prenez la peine
nez. Dans la disposition où la miséricorde de de nie le mander, et je rendrai témoignage à
Dieu nie consene encore, je ne me trou\e pas la vérité. C'est dans cette disposition cjue je suis
capable de parlcrde manière (ju'on veut que
la lrè.s-sincérement en Notre-Seigneur, en vous
que c'est me faire justice
j'aie fait, et j'ose dire demandant auprès de lui vos prières, Madame,
de me croire sincère et entièrement èlni^'uè de votie, etc.

ce qui s'appelle laiisselé, et beaucoup plus de


LETTRE XXXI.
ce (|ui s'appelle calomnie. C'en serait une in-
LE DCC DE CHEVREUSE A DOM JlICUEBRAQUE.
signe si j'avais parlé de la sorte. Je déclare au
contraire, Slonseigneui", <jue je n'ai jamais rien A Vertailles ce 18 avril 1G9S.

entendu de la l)oucbc de celte dame (jue de J'ai reçu, mon révérend Père, l'éclaircisse-
très- chrétien et de trèslioniiétc. C'est un té- ment que je vous avais demandé, avec la let-
moignage que j'ai rendu |iliisicurs lois, que je
tre pour M"" Gu\on. Je vous rends grâces de
rendrai encore toutes les lois que j'en serai re-
votre exactitude. Mais il me reste encore quel-
quis ;
parce que je le dois tel à la vérité, et que que cho.sc à .savoir sur cette matière ce serait ;

je m'estime heureux
rendre à présent, puis-
tle
i" vous étiez prieur de Saint-Robert en 1686
.si

que c'est en exécution de vos ordres, et en vous et 168", et si maison de votre congréga-
cette
y marquant la respectueuse soumission avec tion n'est pas dans Grenoble ou
après 2' ;

laquelle je suis, etc. si (laissant désormais à part la calonmie contre


Fr. Richebiuque, m. B. cette dame, qu'on vous avait faussement attri-

LETTRE XXX. buée) vous avez reconnu quelque chose dans


sa doctrine touchant l'intérieur, qui ne soit' pas
DOM niCllEBRAyUE A MADAMK CUYON.
orthodoxe et conforme aux sentiments des
Illois U avril IC9â.
saints et des auteurs m\sti(|ues approuvés 3" ;

Est-il possible qu'il chercher dans faille me s'il s'est fait chez elle, ou ailleurs par elle, pen-
ma solitude pour labri(|uer une calomnie con- dant son séjour à Grenoble, quebiues assem-
tre vous, et qu'on m'en lasse rinslrumcnt? Je blées scandaleuses dont vous ayez eu connais-
ne pensai jamais à ce qu'on me fait dire, ni à sance 4" enfin ce que vous savez de la fille qui
;

faire ces plaintesdont on veut que je sois au- se rétracta et s'il ne vous est rien revenu de
,

teur. Je déclare, au contraire, et je l'ai déj?i certain d'ailleurs sur les nia>urs de cette dame
déclaré plusieurs fois, que je n'ai jamais rien qui soit mauvais. vous demande sur cela,
Je
entendu de vous que de très-chrétien et de mon ré\érend l'ère, le témoignage que la vé-
très-honnèle. Je megardé de vous
serais bien rité vousobligera de rendre sans acception des
voir, Madame, vous avais crue capable de
si je personnes, et ne puis trop louer votre droiture,
dire ce que je n'oserais pas écrire, et <|ue l'Apù- aussi bien (|ue le zèle pour cette même vérité,
Ire délenil de nonmier. S'il est pointant néces- (]ue vous marquez dans votre lettre d'une ma-
saire que je le nomme à votre décharge Je le fe- nière si clirétienne et si éloignée de tout inté-
raiau premier avis, et je dirai nettement qu'il rêt humain. Accordi^z-moi, s'il vous plaît, quel-
n'en est absolument rien c'est-à-dire que je ; (jue part à vos prières devant le Seigneur, que
ne vous ai jamais oui dire rien de sendilable, ni vous servez si purement ; et me crojiv, tou-
rien (iiiienapiiroche le moins du monde, etcpie jours, mon révérend l'ère, très-sincèrement à
(le ma part je n'ai rien dit <|ui puisse lairc croire vous.
que je l'aie entendu de vous. On m'a dej;\ écrit 1;V Le duc de Chevreuse.
(lessus, et j'ai déjà répondu de même. Je le ferais

encore mille lois si mille fois j'en étais re(|uis. LETTRE XXXII.
On confond deux histiiires (ju'il ne fiuidiait pas
DOM RICnEBRAQUE AU DUC DB CHEVREUSE.
confondre. Jesais celle delà tille qui se rétracta;
A Blols23 avril 1C95
et vous sivezde votre part Madame, le ,

persomiage (pie j'> lis' auprès du prtiat. par le l'n petit voyage que j'ai été obligé de faire m'a
seul /èle de la vérité, et i)onr ne pas lilt>sser ma enqièché de répondre plus tiit à la lettre que
conscience en me taisant lâchement. Je parlai vous m'avez faiiriionnenr dem'écrire. Je le
pour lors librement, et je suis prêt à le taire de fais, ()U(ii(|iie je ne connaisse pas de quelle uti-

même, si Dieu le demande à présent de moi lité jinisse être ma réponse, ni pourquoi vous

comme pour lors. Jecioirai qu'il le demande, m'ordomu'Z de la faire. Ji- ne le veux savoir
si j'en suis requis. 3Iais que dirais-je de plus qu'autant qu'il >ous plaira. Monseigneur. Vous
A L'AFFAIRE DU QUIfiTISME. 291

le voulez, j'obéis, et je réponds à chaque chef en probité reconnue, et que l'on m'a mande ctre

parliciilier.
mort depuis quelques mois en odeur de sain-
teté, ne pouvait s'en taire, et prenait généreuse-
Au premier, qu'en 1686 et 1687 j'élais prieur
de Saint-Robert, et que ce monaslère n'est pas
ment son parti quand la prudence ou la charité
l'exigeaient de lui. Un P. Odile, Récollet, ne
dans Grenoble, mais h trois grands quarts de
parlait pas si favorablement d'elle; mais c'é-
lieue de ce pays-là.
tait contre sa doctrine, et non pas contre ses
Au deuxième, que je n'ai ni assez de lumière
mœurs qu'il parlait. Je ne me ;ouviendrais pas
ni assez d'expérience pour juger de la doctrine
dame mais a écrit, et parait natu- aisément de ce qu'il disait.
de la ; elle il

ou condamnée ou C'est devant Dieu, en la présence duquel j'ai


rel que sur ses écrits elle soit
la confiance que je suis en écrivant cette lettre,
justifiée par des personnes plus éclaiiées et plus
tout ce que je crois pouvoir dire sur ces quatre
expérimentées que moi.
Au troisième, qu'il ne m'est jamais revenu ou cinq chefs. Vous me ferez mander quand il

vous plaira. Monseigneur (sipourtant il n'y a pas


qu'il se soit tenu chez la dame ou en sa présence
d'inconvénient que je le sache), pouî quoi vous
des assemblées nocturnes. Il s'en tint une (et
avez voulu que je me sois expliqué là-dessus.
c'est peut-être ce qui lait l'équivoque), non pas
Jene le saurais deviner: mais j'ai ohéi simple-
dans Grenoble, mais dans un petit boiu-g où
ment. Je suis, dans la même shnplicité, ef
notre monastère est situé, de laquelle je me crus
avec le plus profond respect, etc.
pour lors obligé de donner avis à Mgr l'évcque,
et sur laquelle je ne pourrais pas ici m'expli-
LETTRE XXXUI.
quer. Mais M-^^Guyon n'y avait nulle part, et je
ne crois pas même qu'elle fût actuellement à b'ARANTHON d'aLEX, ÉVÉQUE DE GENÈVE. '

Grenoble. Cette assemblée n'eut aucune suite, 8 fiHrier IDO:..

et peut-être le hasard y eut-il sa part, au moins


Quand j'ai reçu votre lettre du deinier jour
à l'égard de certaines personnes qui s'y ren-
de l'année 1694, j'en avais déjà anticipé la ré-
contrèrent.
su en
ponse par une lettre que j'ai confiée à M. B.,
Au quatrième enfin, que j'ai effet l'his-
docteur de Sorbonne. Je vous avoue que j'ai de
toire (le la fille qui se rétracta mais que ce n'a ;
la peine de prendre le sens de la vôtre, parce que
été que sur des ouï-dire et par des bruits pu-
vous y paraissez préoccupé de certaines idées
bhcs. C<'^ bruits étaient, autant que ma mémoire
i, après le
qui n'ont rien de commun avec la situation où
peut encore fournir, que cette fille
je me trouve à votre égard. On vous a fait une
départ pour Verceil deJI'»^ Guyon, avec laquelle
injustice, si on vous a inq)uté de venir dans ce
elle avait demeuré, avait dit de la dame à un
pays, pour y prendre des armes contre la dame
Père Siméon, Augustin déchaussé, bien des cho-
que vous me nommez. C'est à quoi nous n'avons
ses qui ressentaient la turpitude, et desquelles
songé, ni vous ni moi. Dieu le sait, et les hom-
on crut devoir avertir le seigneur évéque ce ;
mes le connaîtront un jour. Je ne vous ai jamais
qui grand bruit dans Grenoble, et principa-
fit
ouï parler d'elle qu'avec beaucoup d'estime et de
lement au palais épiscopal, où je l'appris: mais
respect, et ma mémoire ni ma conscience ne me
le bruit s'apaisa bientôt, parce que, disait-on, la
reprochent pas d'en avoir jamais parlé aidre-
fille s'était rétractée, ayant, |mr les remords de
ment. Si elle a eu quelques chagrins à Paris,
sa conscience, reconnu (jue le seul dépit de n'a-
elle ne les doit inq)ider qu'aux liaisons (pi'elle a
voir pas fuit le voyage l'avait fait parler si mal à
eues avec le P. la Condje, avant que j'eusse le
pro[)OS. On disait aussi que celte fille avait eu
bien de la connaître; et l'on ajoide (|u'elle s'est
(luclque temps l'esprit égaré. C'est ce qu'on di-
fait desafl'aues par des connnunicatious et des
sait.
contérences (ju'elle a eues dans Paris, aveccjuel-
Vous voulez, Monseigneur, que j'ajoute s'il
(pies personnes du parti du quiélismeoutn-. Uuel-
ne m'est rien revenu d'ailleurs de mauvais des
(pieéloignement que je lui aie témoigné pourceltc
mœurs de la dame. Je le fais, en vous assurant doctrine, et pour les livres la Comhe, j'ai
du P.
(pie non. Ondisait, au coidraire, beaucoup de mo'ursdc celte
toujours parlé de la piiHé et îles
bien de sa grande retraite, de ses charités, de
dame avec éloge. Voilà eu peu de mots les véri-
.son édifiante conversation, etc. Un M. Giraud,
tables sentiments où j'ai toujours été à sou
entre les autres conseillers, et, si j'ose le dire
égard, et qui vous doivent faire connaître dan
d'un si saint homme, mon ami, honnne d'une
'
Noiis croyons faire plai.ilr nu ImIcut eji n)oiitiint 1 «s Awt
rendus à MmaOuyitn, co» doux luu™» qui iorvirmii
i

Bt(cau-U*rbc, donl
'
il ut [larlu daiis la lotlio ilu cardiiial Le ti'miiiijimKos
cuuiiilùment.
C*Bu». {lidit. lU Vin.)
202 LETTRES HELATFVES

quelle disposilion je suis pour tout ce qui peut soumise Je m'en retourne samedi. Je souhaite-
rais avoir l'honneur de vous voir auparavant. Je
vous iiilcresscr.
doute que jeu puisse trou ver le loisir. Consencz-
LETTRE XXXIV.
moi l'honneunlevolie précieuse amitié, etsoyez
l'abbé de SAINT-ANDRÉ •.
persuadé de l'cslime et de la vénération avec
Meaux,le25 février 173?. laquelle je suis, .Monsieur, etc.
Jo me recommande de tout mon cœar aux
Je ne comprends pas, Monsieur, comment il
prières de M. Bourbon '.
se peu! trouver quelqu'un qui jiuissc m'altribucr
le dessein de taxer les mœurs de M""" Guyon, LETTRE XXXVL
dans la lettre que j'ai écrite contre l'historien de BOSSL'ET A M. DE LA BROUE, ÉVÊQUE DE MIREPOIX.
Meanx2. Celte dame est assez justifiée sur cet A Meaux le 24 mai 1695.
article, par la Kelaliuii que (it M. de Meaux lui-
même de la grande affaire du quiétisinc, dans Je me suis Monseigneur, de votre
fort réjoui.
heureuse arrivée c'est beaucoup se déclarera
l'assemblée du elergé de 1700, counue le procès-
:

M. de Paris', que de vous avoir parlé comineil


Tcrbal en fait foi aussi bien que sur sa soumis-
;

a fait. Je crois malgré tout cela, et jusqu'à ce


sion, dont M. le cardinal deNoaillesfulCdutent,
qu'il éclate davantage, tpril n'y a qu'à le laisser
lui laissant l'usage des s;icrcuicnls ; soumission
faire, .sans se soucier ni de lui ni de ses mémoi-
à la(iuelle ou doit présiuner qu'elle a persisté
res. J'ai bien voulu lui rendre compte de ma
pendant les huit ou dix dernières années de sa
conduite dans celle atlaire, et il avait hautement
vie, qu'elle a passées à Blois, sous les jeux de
témoigné qu'il en était content. J'ai bien prévu
M. Berthier, qui était un prélat très-éclairé.
qu'il serait fâché qu'on os.'it mieux faire quelul»
Ainsi, tout ceque j'ai dit de cette dame ne re-
et condamner les propositions fondamentales du
garde que les erreurs dans lesquelles sa simpli-
quiélisine, qu'il n'a pas seulement connues.
cité naturelle et son a>eugle conliance pour le
Après tout, il en sera, s'il plait à Dieu, comme
P. de la Combe l'avaient fait tomber. Je ne
pouvais pas moins faire que de donner ma let-
de VExpositton, qu'il a voulu condamner, et
qu'après il a approuvée.
tre au public, pour apaiser les plaintes de tout
Je continue cependant à travailler à mon Ins-
ce diocèse, qui mo venaient de toutes parts, con-
truction. Une graiule partie de vos remarques
en voidant justifier de toute
tre riiisloriin qiû,
viendront mieux là, ce me semble, que dans une
erreur M"" liuvon, dont il a fait un grand
ordonnance, où l'on ne [lourrait s'expliquer que
éloge, a donné alleinle à la répulalion du grand
sonnuairenient et substantiellement.
prélat qui en a obtenu jiar son zèle la cmulani-
J'ai bien pensé à l'ariiclelJli, et je le trouve en
nation. Monsieur, mes véritables senti-
Voil;^,
tant de livres approuvés, que je n'ai pas cru
ments, sur lesquels la personne de distinction
qu'on pût révoquer en doute. L'exemple de
le
qui NOUS a parlé peut compter. Je suis parfaite-
faire des actes sur des suppositions fausses est
ment, etc.
venu de Moïse et de .saint Paul. Les inlerpréta-
LETTRE XXXV. lions de saint Chry.sostome et de Théodoret sont
BOSSUETAH. TRONSO.N St'PÉRIEl'R DU SÉMINAIRE DE formelles pour ce genre d'actes et il m'a paru ;

SAI.M-SLLPICE^. que la chose n'a besoin (pie de limitation, comme


mais c'est de tpioi nous
j'ai fait: iiarlerons plus

de ce que je dois en amplement, l'oureeqiiiestdu P. \alois, Jésuite,


Je m'acquitte, Monsieur,
puistpril s'explique à vous plus francliemenl, je
vous envoyant celte Ordonnance, qui fut seule-
vomirais bien, dans l'occasion, que vous lui de-
ment puliliée liiei' à Meiuix. Je vous siq>plie de
la voir. Elle est faite selon les règles dont nous
mandassiez s'il iniprouve cet acte, ou par l'abus
sommes convenus. Vous trouverez trois mots qu'on en peut faire, par les illusions quon y
ajoutés dans nos Arlieles, dans le \'-2', dans le
peut mêler, ou en .soi-même. Si c'est en la pre-
20' et dans le 31* ils ne sont d'aucime eonsé-
;
mière manière, il ne liit cpie ce que je dis, et ce
quenee, rendent sinileuitMil le di>eoui s plus
et tpie je dirai plus amplement dans mon lustruc-

net Je n'ai rien encore conclu avec la dame cpii est


.
tion. Si c'est en la .seconde, je voudrais lui de-

à Meaux, à cause de sa maladie. Elle parait fort mander, i)reuiièreiuent, .s'il n'est pas vrai que
de plusieurs auteurs Irès-approuvés,
cet acte est
* Vicdr* g^ntnl de M«iux, «t «mi particulier dg Bossutt.
> D TouvMiiii l>upl>y^.ii, nmiKlIctin, qui publia, en 1731, VUitl. cl nolammenl de siiint Kran(.ois de Sales, en
it rr.gltir dt Allant, i tuI lh-«-. plusieurs endroits; mais en particulier marqué
> Cctls Iciire eat Inidiia alii<.i que la 38«, 4I«, lit, 43o et (Oo.
Noua lea publions d'apr^a le& manuacriu originaux quo nous aTona < Srcrclaire da M. TroiiMii. (EJil. àt »!.)
antre les mains. (£rfif. it Vtrt- ) >M.ccll-i..y.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 993

comme un acte d'une grande perfection, dans de ses y contenue, s'y conformant en tous
livres,

sa Vie par M. d'Evreux, Henri de Maupas, pag. points. Monsentiment est que cela suffit d'au- :

26. tres voudraient qu'on entrât dans le détail, ce


Secondement, je demande en quoi cette pro- qui serait infini et pourrait tomber dans des al-
position diffère de celle-ci : Il vaudrait mieux tercations sur les explications, indignes de nous.
souffrir toutesles peines d'enfer dans toute l'éter- Je suis donc assez porté à me contenter de ce
nité, que de faire un péché mortel ou véniel : que j'ai dit le premier, en lui défendant d'écrire
celle-ci est pourtant incontestable; donc l'autre, et dogmatiser, etc., et de plus, de débiter des li-

qui ne fait que s'y conformer, le doit être aussi. vres si justement flétris. Il faut remarquer que
Je voudrais, en troisième lieu, demander à ce jusqu'à présent, il n'a paru que soumission, et
Père ce qu'il pense de la doctrine qu'on intro- qu'on n'a aucune preuve de révolte ou de déso-
duit dans l'Ecole, et qui fait consister la charité béissance dans sa conduite.
dans la volonté d'aimer Dieu, quand on ne de-
LETTRE XXXVII.
vrait jamais parvenir par là à aucune sorte de
BOSSUET A M. DE LA BRODE.
béatitude. Or, celle-là visiblement enferme l'au-
A Germigny, ce 29 Mai 1695.
tre; donc, etc.
Je voudrais bien. Monseigneur, avoir une
J'espère rendre cette matière si claire, qu'il
heure de conversation avec vous, et au plus tôt;
n'y restera aucune difficulté, ni aucun moyen
et je crois que l'affaire est assez importante pour
de rejeter mon article utjacet. Faites-en l'ana-
vous inviter à un petit tour; car, pour moi, je
lyse, et vous en serez convaincu.
ne puis quitter pendant cette octave, ni de quel-
Pour ce qui est de la perfection, il n'est pas
que temps après cependant la chose presse. II
:

nécessaire de s'en expliquer davantage après les


n'est pas question d'absoudre M'"'' Guyon; elle
articles 6 et 7.
est tout absoute, puisque je l'ai trouvée commu-
Quant à l'indifférence, c'est tout le contraire :

niant, et que je la laisse communier sur sa sou-


car dès qu'on regarde la supposition comme
mission. Il est donc question de savoir de quelle
fausse, il n'y a plus de moyen de soutenir l'in-
soumission l'on peut et l'on doit se contentei-,
différence; outre que, n'y ayant point d'indiffé-
pour lui continuer l'usage des sacrements; s'il
rence pour aimer dans la supposition, il n'y a
faut descendre aux minuties avec une femme, ou
point d'indifférence pour le salut ni pour la béa-
exiger seulement, avec la profession dans le dé.
titude, qui est esscntiollement dans l'amour
tail d'une bonne et saine doctrine, la condam-
même.
nation en termes généraux, mais précis de sc-
Au surplus, je répète que j'y ai bien pensé et
livres. Je ne doute pas que ses partisans ne soient
que pense encore, et que jusqu'ici je ne puis
j'y
toujours également entêtés d'elle, et rien ne peut
a|)ercevoir aucune raison de douter. Tout ce
les désabuser ou leur fermer la bouche sur leur
qu'on pourrait dire, c'est que ces actes sont très-
boimo opinion. Tant qu'en effet elle sera sou-
inuliles.et que les esprits les plus solides, comme
mise, il faut laisser à part tout ce qu'on dit de
saint Augustin, ont atteint la perfection sans les
part et d'autre de M. le cardinal Le Camus, ou
faire; mais comme d'autres saints les ont faits,
pour ou contre. Venons au fait que doit-on faire :

il une explication légitime, qui


faut les réduire ù
pour la mettre envoie de salut et édifier 1 Eglise,
n'est autre que d'exprimer que l'amour de Dieu
sans avoir égard à autre chose qu'à la vérité et à
est désirable de soi, plus que tous les tourments
la charit(>?
possibles ne sont h haïr.
Pour la proposition', j'ai cru deux choses;
M. de Chàlons m'a répondu sur ce passage de
l'une, qu'elle était incontestable; l'autre,que je
saint Bernard, qu'il ne l'ente id qu'en supposant
ne devais pas la dissinnder car voulant parler:

que les mouvements iutérieursqu'on donne pour


à fond, je ne devais pas éviter la dilficullè; ce
divins soient conformes à la tradition, de.'<qucls
que j'eusse fait en me taisant d'une chose qu'on
les évèquos sont juges.
trouve dans tous les livres de (lé\otion, et dans
Pour !e bienheureux Jean de la Croix, je n'ai
les |)lus approuvés depuis plusieiu's siècles, et à
rien h dire, sinon (jue je ne le crois pas a.sscz au-
remonter jusqu'aux sources, dans saint Chrysos-
torisé, pour faire de ses scntiuienls un motif
tome, etc. Les nouveaux m\sti(pies en abusent;
pour approuver une doctrine dans une Ordon-
c'est pour cela iju'il (allait manpier lalms qu'ils
nance. dif
en fout. J'ai bien cru qu'on y trouverait do lii

Je suis après ?i conclure avec M"'" Guyon elle :


licullé; mais j'ai cru en même temps qu'elle
souscrit les articles avec toutes les soumi.ssious
'
C'tslU |iriiposUirn qui suppose qu'on p«ut désirer ou dcm«n-
que l'un pouvait exiger; elle est prèle à se .sou- nn
diT dVtro «oparo otcrnclkinent d« l>i«u por un oxcf» d« ch»ritr,
mettre h nos ordonnances et à la condanmation pour fccs frères ou pour Dieu mCjne*
204 LETTRES RELATIVES

lomlurail fiiiaml la malii-re serait ('rlaircio, cljc tomc, sur de très-solides fondements, a trouvé
le croisencore. Au surplus, pour l'indilTLiciicc, el admiré dans saint l'aul. Il (-si suivi de Théo-
j'.iviiueraice que vous voudrez, quand vous vou- dorel, de saint Isidore de Ilamielte, d'Ecumé-
drez aussi (|u'oii compare eiiseinldc une vellc-ité, nius; et dans nos jours, d'Ksliusetde Froment,
cl encore une veiicilé de ciioses iuiptissililcs et sans avoir encore examiné les autres : saint
connues jtour telles, avec une volonl*^ efficace et François de Sales, siiinte Thérèse et beaucoup
ajisoiuc. C'est ce <inej'aiuai h dire aux faux lujs- d'aulres unies .saintes, diml je nedois point souf-
tiiiues, qui concluent leur indilTérencc, <pie je frir qu'on condamne les sentiments, sont de
crois liéréliquc, d'une proposition (jui bien as- même avis. (Juand je dis qu'on peut insfjirer,
MuY'nient ne l'est pas, puisqu'elle passe dans j'explique assez que ce n'csl pas à tout venant,
tous les livres sans èlrc reprise. en tout cas, il faudra expli-
positis iHiueitdis; et
Ne cro\ez p.is i\\\p je parle ainsi par atlaclie- quer ou déterminer un terme général, dont je
tncntà mon sens; maisc'cst (pi'avant l)ien pen.sé ne me suis servi que faute d'en avoir un plus
et repensé à celle affaire el h celle pro|tosilion, propre. Au surjdus, c'est à moi à nriiuiiiilier, si
|)lus qu'à Innle autre, je ne crois pas devoir aisé- Dieu le veut; mais non pas à mollir ni à con-
ment céder (ju'à des raisons claires ou à des au- damner, sans (pion me produise aucune auto-
torités plus ;:randes que celles qui m'ont déter- rité, ce que j'ai avancé sur les auloritê'S que je
miné. J'aurais pu éviler la ditlicullé. el j'en ai été viens de dire, el sur beaucoup d'autres que je
tcnlé; mais en même tenqis il fallait ahandon- n'ai pas encore eu le tenqis de rajjpcler en ma
ner le dessein que Dieu me mellail, ce me sem- mémoire. Dieu, que je regardeseiil, me donnera
ble, dans le cteur, de démêler le bon d'avec le ses lumières, si les miennes sont trop courtes.
mauvais dans les m}sti(|ues. J'édaircirai tout
LETTRE XX.MX.
cela dans mon Inslrurlion, à la(|uelie je lia-
vaille sans relâche. Mais comme il ne faut rien MADAME DE GUYON A BOSSUET.
précipiler, la (pieslion est de .sjïvoir s'il ne fau- Juillet leM.

drait i)oint prévenir sur celle dif(iculléceux qui Je prends la liberté de vous offrir ce tableau',
pourraient en mal jufjer : car pour la proposi- ipii passe parmi ceux ipii s') comiaissenl, pour
tion en elle-même, je vous prie de n'en être èlie assez bon. Il j a longtemps (pie j'aurais pris
|iasen peine. Itérobez-vous donc un jour ou la CDiiliance de le [irésenler à Votre Grandeur;
deux pendard celle octave; nous viderons celle mais je voulais (|ue toutes ces allaires fussent
nfiaire ensend)le en très-peu de lenqis. Doimez terminées au|)aravanl. lailes-moi la grùcc de
moi du moins de vos nouvelles, el de celles de l'agréer conmic un têinoignage de mon res-
l'asscuibléc. Je suis, etc. pect el de ma reconnais.sance je vous envoie :

aussi deux petites boites pour vous récréer par


LETTRE XXXVIII.
leur nouveauté. La plus petite est l'emblème de
BOSSUET A M. I)E LA BRODE. la couliance (jue je veux avoir loule ma vie en
A Meaux, le 3 juin 1695. Volie Grandeur, étant avec une parlaile sou-
Vous savez. Monseigneur, que je n'ai nul des- mission, etc.
sein de favori.ser M"" (iuuin. Je ne me pres.seiai LETTRE XL.
l)as de la renvoyer, tant qu'elle me sera obéis-
sante. Au
surplus, je recevrai les preuves : mais BOSSUET A MADAME GUYON.
j'ai h vous dire (pie, selon mes connaissances, A l'ans, ce 16 Joillel lim.

elles sont fort faibles : elle nie (pion lui ait fait Vous pouvez. Madame, aux eaux. Vous
aller
aucunes défen.ses ;'i de Paris. M.
raichevc^clié ferez forl bien d'éviter l'aris, ou en tout cis de
rareliev(''(|iie, i|ui m'avait dit
m'einerrait (pi'il n'.v point paraitie. Ne laites de bruit nulle [uul.

ce qui a\ail été fait, ne m'a rien en\o\é du lonl: Donnez-nous une adresse pour vous écrire ce
on neliii a fait souscrire tout au |>lusqu'un dé.sa- qui sera nécessnre. tin dit ici (jue M"" de Mor-
veu ^réiKTal el conditionnel de toute erreur, et lemarl et M"'" »le Morstein sont allées vous voir
moi je ne crois ()as cela sullisaut. à Meaux. On les a trouvées toutes deux sur
Uuanl à la déclaration d'un certain prél.il ce chemin vendredi, el je crois même avoir vu
éloigné, qiievoiisavez vue, c'est moins(pie rien. leur livrée el Iciu- ('-quipage en pa.ss,-ml. Gela
Je vois dans certaines gens, et je vous noimiie, vous lera des aflaires, s'il est véritable; et on
sans bésiler, M. IJ., un gr.uid zèle, mais faux, ne trouvera pas bon que vous raiua.s.siez autour
el une très-grande ignorance de la matière. de vous des personnes qu'on croil que vous di-
Je n'accorderai jamais au 1*. de l.i Tour In to-
' L'*Ot» Lcdicu ijoiik >i>|iienil que ce lib'eau repratcnUtt un
lùrauce [lour un senlimenl que saint Clirjsos- Vierge Iciiuit l'eQfftiit J^kus dans tes braa
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.

monastère être les refuser dans cette conjoncture, où je ne de-


Si vous voulez hors du
rio'cz
vais être que cinq heures avec elles et me relii'a:
avec beaucoup de
en sûreté, vous devez agir ensuite?
fort retirée.
précaution, et demeurer partout Monseigneur, permettez-moi de
adresse pour vous écrire ce
En vérité.
Donnez-nous une vous le dire avec respect, et en vous demandant
très-sincèrement, etc.
qui sera nécessaire. Je suis pardon de ma liberté il me semble qu'avant
n'apprendre ;

P S Je suis un peu étonné de de faire aucun bruit, vous pouviez avoir la bonté
de Charost
aucune nouvelle de M"=« la duchesse d'examiner la conduite que je tiendrais à Bour-
sur ce que vous m'avez promis. bon; et au retour des eaux, si je verrais en
LETTRE XLL effet ces dames, ou si je me retirerais dans mon
ancienne solitude.
ADAME ;gUYON A BOSSUET.
Juillet 1695. Vous savez. Monseigneur, qu'elle a été ma
mois à la parole que bonne foi; et que je vous demandai, après que
J'ai satisfait durant six
vous m'eûtes permis de ine retirer, si vous
j'avais mettre quelque temps en-
donnée de me
juger de ma con- agréiez que jeretomuiasse passer l'hiverà Sainte-
tre vos mains, alin qu'on pût
Sainte-Marie Marie, en cas que l'envie m'en prit ; sm- quoi
puite etje ne suis sortie ensuite de
vous me fîtes la grâce de me répondi-e que je
;

de Meauxi que pour ce que vous me fîtes


l'honneur
Vous me vous ferais plaisir. Je l'eusse fait sans doute,
de me dire que je pouvais me retirer.
^
et je le ferais encore, si la calomnie, que vous
demandâtes seulement que je fisse peu de séjour
Bourbon le plus m'avez dit souvent que vous n'écoutiez pas, et
à Paris, et qu'ensuite j'allasse à
vous me donnâ- dont vous avez tant de preuves, ne paraissai?
secrètement que je pourrais; et
pas faire néanmoins beaucoup d'impression sur
Monseigneur, pour raison de cette demande,
votre esprit. Vous ne pouvez ignorer ma fran-
tes,
Paris, qui
que celle de Mgr l'archevêque de
de vous. chise, ma soumission, mes sentiments, qui ont
pourrait me faire de la peine à cause
ces choses je n'ai vu toujours été et sont véritablement conformes à
J'ai exécuté exactement
:

la loi catholique et aux 34


Articles de votre let-
Pans.
qu'un moment en passant ma famille à
campagne 3, afin d'aller trd pastorale ; mon attachement pour l'Eglise
Je me suis retirée à la
que je pour- d'une manière particulière, mon desirsincère de
à Bourbon avec le plus de secret
à tout le monde le lieu ou vivre retirée et sans me mêler de ce qui ne me
rai. J'ai même caché
commerce avec per- regarde pas. Vous le savez, Monseigneur, je vous
ie me retire, afin de n'avoir
j'apprends l'ai assez dit, et
ne vous ai jamais parlé autre-
sonne; et cependant aujourd'hui
pour quel- ment je l'ai même signé entre vos mains et,
d'une fille que j avais laissée à Paris
:
;

publiez. Monsei- j'ose vous le dire, vous en devez témoignage


ques commissions, que vous
si
question. Combien
vous voulez me à la vérité, quand il en sera
gneur, que je me cache, que
poursuivre avec rigueur, et que vous
avez pris de fois me lavez-vous promis, Mi)nseign«'ur
criminellement, et tourné de même à
la cour, La bonne foi et la confiance avec laquelle je
me suis fivrée vous ne me le doivent-elles
dames qui me sont venues qué-
fi

le voyage de deux de votre droiliire? Souf-


faire allendre
rir à iUeaux. La
révérende Mère supérieure vous pas fais
plait, qu'après mes plaiiilcs res-
I a pu dire sur ce voyage que ces dames, ayant fi-ez, s'il vous

pectueuses et soumises, je vous demande ici


appris que j'avais demandé une voilure pour me prières devant le Sei-
Vaux était à votre bénédiction et vos
ramener, -et saclianl que M™» de
gneur, et que je vous assure du
profond respect
non-seule-
Vaux, et M"-» de Charost à Forges, ma vie,
m'envoyer aveclequel je suis et serai toute etc.
ment elles voulurent, à leur délaut,

un carrosse, mais venir elles-mêmes. Comp- LETTRE XLII.


fini, après le certi-
tant tout ce qui me regarde DE LA VISITATION
de sortir que vous ni'a- LA MKRE LE PICART, SUPÉniEURE
ficat et la permission
Monseigneur, DE MEADX, A BOSSUET.
viezdoimés, comment pouvais-je, Juillet 1C9&.

sainte-Marie do Meaujt, lo 13
Elle était entrée aux Filles Uo
I

juillet suivant. Mmo la .lucl.csso Vive Jésus !


,an»ierie95, et elle en .urlit lo 12
deMurlemartlavintprenaroi Mcaux dan. .on earro.-so, et la
Guyon,
coiuluisità Paris.
Venant tic recevoir celle letlre de M"'°
„ . ,, ..
Monscignoiir. Elle
dans sa ReUiUon. soct. 3 n.
Jo ne raeonlcni pas. dit Bos.uet
3
(ont "iivcrto, je VOUS l'envoie,
p,.„ent 1. Jour qu. J'avai. ar.016 pour .on dé-
me prie de vous la laire tenir, sans me ainsi
18, comment elle dire où
cacha; comment elle fut rcynso e
part, ni comme de, uis elle te
convaincue de beaucoup de contraventions
aux chose» quelle avait
elle est. ni je lui pomniis recrue
par où :

quelle fait toujours la


savante de son .séjour, que
e'e.t
>I8M«.>. Ce que Je ne puis dissimuler,
propliétcsso. • je ne suis pas plus
,1 j .

eûmes l'honneur de vous von-.


1
ello ledit
1 1
Ici,
1
Elle ne 5'«all pa. retirée à la campagne, coi«r..e quanti nous
mais dont un» petit» maison du faubourg SainUGcrmotn.
.

296 LETTRES UELAilVES

M""= de i'unl-Sainl-Pierrcde Lyon, sœur d'une peut pas soutenir que s'élant d'cllc-niôme en.
de nos sa-iiis, nie prie de vous demander per- gagée h revenir au couvent où elle était, aussi-
mission r|ii'eilc puisse entrer diinaiiclic. Il y a tôt qu'elle en est sortie elle ail rompu tout com-

lonptt Mips ([lie nous l'avons vue, el elle s'en re- merce s;ins aucune raison. Uuaut à moi, j'ai
loiiriie à Lyon ; ce sera encore pour du Icnips fait à son égard tout ce qui dépendait de mon

Je supplie Votre Grandeur, Monsei;;ncur, de ministère; et si elle veut me désobéir et manquer


nous mander si vous le trouverez bon c'est : à ses paroles, elle se Irorapcra elle-même, et
une dame fort sage, et que nous avons eue pour non pas moi. Je l'ai très-bien connue; mais autre
pensionnaire. Après avoirdeniandé votre siiinlc chose est de conn allie, autre chose est de con-
bénédiction, je me dis d'un profond respect, vaincre jiar actes. Je suis de tout mon cœur et

de Votre Giamleur illu>lii>simc, etc. avec l'estime que vous savez, etc.

Sœur Franc. -Elisvb. lk Picart, LErrilE XLIV.


do la Visit. Sainte-Marie.
RÉPONSE DE .MOSlian TRONSO.N.

LETTRE XLIIL onob. IC95.

BOSSUET A U. TRONSON. Voici la copie de l'allestation que vous me de-


mandez, et (jui m'est tombée, il y a quelques
A Gerrnl5;iy, ce 30 septembre ICDS.
jours, entre mes mains. Un avait écrit au dos,
On m'a mandé quoii avait vu entre vos mains d'une autre main, je ne sais si c'est de la main
nue attestation de moi où je déchargeais de la dame, les paroles suivantes Copie de la :

M"" Guyon de toutes choses, et pour la doctrine première justilkntion que M. de Meaux m'a don-
et pour les mœurs. Je vous prie, si cela est, de uce, et qu'il redemande. Celle-là m'est d'une ex-
vouloir bien me l'envoyer, parce ([u'appaiem- trême conséquence à garder. Elles sont datées du
ment elle sera fausse. Pour la doctiinc, !<> elle même jour.
a .souscritnos Articles, où nous avons compris Je joins à cette attestation la copie de celle
la condamnation de toute la sienne; 2" elle a que vos religieuses lui ont donnée, que vous
souscrit la censure de SI. de CliAlonset la mienne» n'aurez pas peut-être vue. Ceux qui connaissent
et a condamné elle-même ses propres livres, au votre exactitude jugeront aisément qu'une justi-
sens que nous avons condamnés, c'est-à-dire fication si entière n'aura été (jue la suite d'un
comme contenant une mauvaise doctr'uie 3" ;
désavœu formel, d'une condamnation précise
et
ordonné défaire les actes intérieurs mar-
je lui ai qu'elle aura faite de .ses premiers sentiments et
qués dans nos Articles, à quoi elle s'est soumise; de ses livies. Mais il peut y avoir quelque sujet
4" elle a pareillement .sousmt à la défense que
de craindre ipie (piehpie.s-uns de ses amis n'en
je lui ai faite de dogmaliser, écrire, répandre jugent autrement, ne voyant pas la manière
ses livres iiii|)riinés ou manuscrits, diriger, etc- dont elle s'est .smimise. Comme les copies de
Par tout cela, vous voyez bien que la doctrine ces attestations ne maïKiiicront pas de se multi-
est flétrie; et je nie réserve à publier ces actes plier, et parla de se rendre publitpie, peut-être
sou.scrils parelle, quand on le trouvera propos. ;'t
jugerez-vous aussi à propos de rendre ses sou-
En attendant, je lui ai donné une attestation
que la vérité soit re-
mi.ssions publiques, alin
relative à ces actes, où, à r;iison de sa soumis- connue par ceux mêmes à qui elle ne plaira
sion, je lui continue les sacrements dans la ré- pas '

ce|ttion desquelsje l'ai trouvée. Pour ses mœurs Monseigneur, que vous excuserez la
J'espère,
je déclare (jiie je n'ai rien trouvé contre elle sur liberté avec laquelle je vous écris, ne le faisant
les abomiu.ilions de Molino.>, qu'elle m'a tou- que pour vous taire comiailrc avec combien d
jours paru (li'tesler. .\u reste, elle s'est mal sé- sincérité et d'attachement je suis, etc.
parée d'avec moi, puisque m'ayant demandé
une iieruiissioii seulement (l'ai 1er aux eaux, avec ACTF DE (ni'llISSIO.X DE UADAMK COTO!l.

parole de rcNenir, 1" elle a prévenu iiioii (iiiigé,


Ecrit au bas des 3i Arlicles.

en su|)posaiit à la suiiérieurc de Sainte Marie, Je, (on«!:ignée, reconnais qu'illasinssime et r^T^renditsime

que je l'av.iis accorde et .M'coiidement. aussi-


:
père et seigneur en Jt^sos-Chrisl messire Jarqurç-Ilcnigne
,

Rossuct, cvrquo de M<.iiix, au jugement duquel jr mo sui>


tôt (iii'elle a été sortie, elle m'a cherché iiuerelle
soumise il y a pn-s de deu\ ini , ma
remis rn m.iin ces 34
pour ne levenir plus. Tout cela est un procède .Vrlirirs soignés de lui, et de ceux au jugement drqueli j«

où je ne veux point entrer, et qui n'en vaut ni'rtais pareillement soumise. Je reçoit non-seulement un*
pas In peine avec une femme. Je n'ai point pro- '
OntrouTtra il« suit* de c«tte lettr* toutes les pitres dont pirt*
mis de la g.inler, ni de reinpécher de sortir M. Tronson. Il «si ttonnant qu'elles n aient pu éli< publices Ju^
;
qu'Ici. Nous les donnons d'aprH les o.'^^inaux. ou sur des copliA
cl on ne nie l'a jamais proposé. Mais elle ne suthentiques qusiwui tTons «ntra l*s mtini, (Mil. é* Vtn.]
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 29^

répugnance, mais encore avec une pleine et entière soumis- Je supplie ledit seigneur évêque de Meaux, qui a bien voulu
sion, ces Articles. Je promets, avec la grâce de Dieu, de m'y me recevoir dans son diocèse , et dans un si saint monastère.
conformer, tant en croyance qu'en pratique et condamner de , de recevoir pareillement la déclaration sincère que je lui fais
cœur et de bouche tout ce qui y est ou peut y être contraire sur le serment que je dois ii Dieu et à sa sainte vérité, que
directement ou indirectement, comme toutes autres oreurs, je n'ai dit ni fait aucune des choses qu'on m'impute, sur les

en quelques livres qu'elles soient, même dans les miens. Je abominations qu'on m'accuse d'approuver comme innocentes,
ne reconnais et n'avoue que deux livres, dont l'un est intitulé: à titre d'épreuves ou exercices. Si je ne me suis pas autant

Uorjen court et très-facile de faire oraison , que tous peu- expliquée contre ces horribles excès que la chose le demandait,
feti! pratiquer très-aisémeni , et arriver par là dans peu, ,
dans mes deux petits livres, c'est que , dans le temps qu'ils ont
de temps, à une haute perfection; et l'autre Le Cantique :
été écrits, on ne parlait point de ces sortes d'épreuves, et que

des cantiques de Salomon, interprété selon le sens mystinue, je ne savais pas qu'on ciit enseigné ou qu'on enseignât de si

et la vraie représentation des états intérieurs; désavouant damnables pratiques. Je n'ai non plus jamais cru que Dieu
tous autres livres qui me seraient ou me pourraient être pût être directement ou indirectement auteur d'aucun péché
attribués. Je n'ai nulle part à l'impression deux
de ces ou défaut vicieux. Un tel blasphème ne m'est jamais entré
ivres; et j'ai supposé que ceux qui les feraient imprimer y dans l'esprit; et je renonce ii toute expression d'où l'on pour-
ce qui serait nécessaire, rait, en quelque manière que ce fut, induire cette impiété.
changeraient et corrigeraient tout
tant au sens qu'aux expressions que besoin serait : , autant Quant aux manuscrits qu'on répand sous mon nom, notamment
ainsi je déclare très-sincèrement que je n'y suis nullement celui qu'on nomme Des Torrents, et autres semblables je ,

attachée, ni n'y prends aucune part qu'autant qu'ils sont con- n'eu puis avouer aucun, à cause des altérations qu'on a faites
formes à la foi catholique, apostolique et romaine, de laquelle, dans les copies; et aussi que je n'ai jamais prétendu qu'on les
par la grâce de Dieu je n'ai jamais voulu ni entendu me publiât que par ordre et avec bon examen. Ainsi Dieu me
,

départir un seul instant, sur quelques articles que ce soit. Je soit en aide, et ses saints Evangiles Fait au monastère de la 1

Visitation de Sainte-Marie de Meaux, le 1" juillet 1695.


me soumets sans peine, de cœur et de bouche, à toute con-
damnation qu'ont faite ou peuvent faire de ces livres ceux à J.-M.-B. DE LA Motte-Gl'ïo.n.
qui Dieu en a donné la puissance, notamment a celles de
me=seigneurs les évèques de Meaux et de Châlons, au juge. Et ou bas de cette soumission est l'acceptation de Mgr l'é-
ment desquels je les ai particulièrement soumis et par- ,
vêque de Meaux. —
Nous évêque de Meaux avons reçu les
, ,

dessus tout à nos saints pères les Papes et au Saint-Siège présentes soumissions et déclarations de ladite dame Guyon,
tant celle du 15 avril 1695 que celle du 1" juillet de la même
apostolique, en la communion par la et obéissance duquel ,

année et lui en valoir ce que de


avons donné acte pour lui
grâce de Dieu, j'ai mourir. Je
toujours vécu et veux vivre et ,

raison; déclarant que nous l'avons toujours reçue et la rece-


déclare en outre que j'ai obéi et obéirai sincèrement à l'ordre
vons sans difficulté il la participation des sacrements dans
qui m'a été donné , par ledit seigneur évêque de Meaux. de
n'écrire aucun livre, ni enseigner ou dogmatiser dans l'Eglise, laquelle nous l'avons trouvée; ainsi que la soumission et pro-
testation de sincère obéissance et avant et depuis le temps
,
ni de conduire les âmes dans les voies de l'oraison ou autre-
qu'elle est dans notre diocèse (y joint la déclaration authen-
ment, ne désirant autre chose que de vivre séparée de tout
commerce ilu monde, autant qu'il est possible, et de demeurer tique de sa foi, avec le témoignage qu'on nous a rendu et qu'on

cachée avec Jésus-Christ, en quelque lieu que la Providence nous rend de sa bonne conduite depuis six mois qu'elle est ,

me destine, le reste de mes jours. Fait au monastère de la audit monastère), le requéraient. Nous lui avons enjoint de faire

Visitation de Sainte-Marie de Meaux, le 15 avril 1695. en temps convennble les demandes et autres actes que nous
avons marqués dans lesdits Articles par elle souscrits, comme
J.-M.-B. DE LA MOTTE-GUYO.\. essentiels à la piété, et expressément commandés de Dieu,
sans qu'aucun fidèle s'en puisse dispenser sous prétexte d'au-
ACTE DE SOt'MlSSIOX DE M.VDAME CIIYON, tres actes prétendus plus parfaits ou éminents , ni autres pré-
textes quels qu'ils soient; et lui avons fait itératives défenses,
Ecrit au has de l'Ordonnance ou Lettre pastorale de
tant comme évêque diocésain qu'en vertu de l'obéissance qu'elle
Mgr Vévique de Meaux. nous a promise volontairement comme dessus d'écrire en- , ,

seigner ou dogmatiser dans l'Eglise, ou d'y répandre ses livres


Je reconnais que Mgr l'évcque de Meaux m'a remis en
imprimés ou minuscrits ou de conduire les âmes dans les
;

main son Orionnanct et [nstruction pastorale sur les états


voies de l'oraison ou autrement; à quoi elle s'est soumise de
d'oraison, en date du s.imeili Ifi avril 16!)5, et celle de Mgr
nouveau, nous déclarant qu'elle fais;iit lesdils actes. Donné à
de Ciiâlons sur le même
en date du 25 avril de la sujet,
Meaux, audit monastère, les jour et an que dessus.
mènne année dans lesquelles ordonnances sont contenus les
,

souscrits par moi ri-dessus, et en conséquence Signé: J. Bémgne, év. de Meaux.


34 Articles
d'iceux la condamnation de certains livres, notamment du J.-M.-B. DE LA MOTTE-GUTON.
livre intitulé : llnrjen court, etc., et de celui in'ilulé Le Can- :

des cantiques elc. i'ai lu Ic-diles ordonnances; et,


CERTIFICAT DON>>; A MMlMIE Gl'ÏON PAR M. l'ÉVÉQUK
tique ,

UE MK.VtX
avec un cœur humWe conforme
et sincère, je me soumets et

aux condamnations y portées dcsdils livres, y condamnant de Lorsqu'elle quitta son diocèse.
tocur et de bouche toutes propositions à ce contraires de ,

même que si elles étaient expressément énoncées. Je déclare Nous, évêque de Meaux, certifions il qui il appartiendra
qu'au déclarations et soumissions de M"" Guyon,
moyen des
néanmoins, avec tout respect, et sans préjudice de la présente
soumission et déclaration que je n'ai jamais eu intention de
,
que nous avons par-devers nous, souscrites de sa main, el les
rien avancer qui fut contraire à la foi et h lespnt de l'Iîglise défenses par elle acceptées avec soumission, d'écrire, enseigner,

catholique, apostolique et romaine, i\ laquelle j'ai toujours été dogmatiser dans l'Eglise, ou de répandre ses livres imprimes ou
et serai soumise, aidant Dieu ,
jusqu'au dernier soupir. Ce que manuscrits, ou de conduire les âmes dans les voies de l'oraison
je ne dis pas pour me
chercher une excuse mais dans l'obli- ;
ou autrement ensemble des bons témoignages qu'on nous a
:

gation oii je crois être de déclarer en simplicité mes inten- rendus depuis six mois qu'elle est dans notre diocèse , et dans
tions. Je déclare en outre que je n'ai jamais eu aucun com- le monastère de Sainle-.Marie nous sommes demeurés s-l-
,

merce avec Molinos, ni avec aucun qui en ait eu avec lui; lisfait de sa comluile, et lui avons continué la participation des

que je ne me souviens pas d'avoir lu le livre de Malaval que saints sacrements dans hiipiello nous l'avons trouvée; décla-
,

je n'ai pas lu le livre intitulé Analijsi^ qui est en latin ni : , ,


rons en outre quelle a lonjours délesté en notre présence les
celui de Molinos que longtemps après avoir écrit mes deux abominations de Molinos el autres condamnées ailleurs, dans
ne nous a point paru qu'elle fiil Impliquée;
(tetits livret, et en passant; et je regarde Icsdils livres comme lesquelles aussi il

et nous n'avons entendu la comprendre dans la mention qui en


bien el légitimement censurés.
208 LETTRES RELATIVES

a HC- par nous faite dans notre Ordonnante da 16 avril ICCO. LETTRE XLVI.
Donné i JIwux, le I" juillet 1095.
LE P. LACOMUE A MADAME GUTON.
J. Bi^mcwK.év. de Meanx. CelOoctob. 1C95.

Par mondit seigneur, Lerieo Je n'ai reçu la vôtre, du 22 du mois passé»


ATTESTATION I)0>NFE A «- CITC» lAR I ES BELIfilElSES que le 8 du présent ; nu retardement si consi-
UE LA VISITATION HE MEAIX d<''rai)le me laisait craindre que vous ne fussiez
l/>rsqu'elle sortit de ce monnilère. plus en état de nous donner de vos chères nou-
Nous, soussignées, supéricnrc» et relipicnses de la VisilatioD velles. La divine Providence ne nous en veut
Sainie-M'rie de Moaui, ccrlillons que M"« Guyon ayant de- pas encore |ii iver. Uii'elJe nous .serait favorable,
meuré (Inns noire inai>ion par l'ordre et la permission de Mgr
si elle nous accordait le bien et le |>laisir de
de Meaui, notre illustre prélat et supérieur, l'espace de sil
mois, elle ne nous a donné aucun sujet de trouble ni de peine, vous voir Si c'est elle (|ui vous en a inspiré la
!

mais bien de prande éililicalion ; n'ayant Jamais parlé à aucane pensive, elle saura bien en procurer l'excctition.
.personne du dedans et du duhors qu'avec une permission par-
C'est à .SCS .soins, que j'en aban-
par-<lcssus tout,
ticulière, en outre lien reçu ni écrit que selon que
n'ayant
mondit seigneur lui a permis ; ayant remarqué en toute sa donne le succès, vous en disant ici naïvement ma
conduite et dans toutes ses paroles une grande régnlarili, pensée. Je liendrais celle entrevue pour une
gimiihcilé, sincérité, humilité, morliiication, douceur et patience
faveur du ciel si précieuse, si consolante pour
chrélicunc, et une vraie dévotion et estime de tout ce qui est
moi, qu'après le bonheur de plaire à Dieu et de
de la foi, surtout îu inyslèrc de l'incarnation et de la sfinie
enfance de Notre Si ipneiir Jèsus-Clinst. Mue si ladite -dame suivie en tout sa volonté, il n'en est jioint que
l'Iionneur de choisir notre maison
nous voulait faire pour y j'csliiiiasse plus en ce inonde. Toulc la petite
yivre le reste de ses jours dans la retraite, notre communauté
Cette piotestalion est siniple
église (le ce lieu en serait lavie.
le tiendrait à f.ivcur et satisfaction.
cl sincère, sans aulrc vue ni pensée que de rendre témoignage La clio.se ne me parait point iinpo.ssible, ni
i la véiilé. F.iil (C 7 juillet 1095. même trop hardie, en prenant, comme vous
Signé SfrurTrancoise-Elisabeth le Picart, supérieure.— feriez sans doule, les meilleures précautions
Sœur .M.n.lelaine-\imée Gueston. Sœur Claude- — changeant de nom, marchant avec petit train,
;

M.iric AnAURY.— Soeur Geneviève-Angélique RuFFi.N. —


Sœur Marie-Eugénie de Ijiint. comme une petite demoiselle, on ne soupi;on-
nerail jamais que ce fut la pcr.sonnc que l'on
LETTKE XLV.
cherche el quand vous seiiez ici, nous concer-
;

LES RELIGIEUSES DE MEAUX A MADAME GUYON. terions les choses avec le jilus de sûreté qu'il
De notre monastère de Meaux, rc 9 juillet 1095. nous .serait possible, pour n'èlre pas découverts.
Vous avez si |iiiissaiiimeiil giit^iié les cœurs de Il vous en cotiterait un |ieu plus de voyager ;

celle comniiiiiauli par vos boules el les cxcnr mais h cela près, pnis(|uc vous êtes obligée de
|)les (le volic \(i lu, qu'il nous esl iiii|tossiltle de demeurer sans commerce, il serait mieux, ce
laisser iiailir Mlle Maïc s;ms la eliai j;er de ces me semble, que vous lussiez éloignée, et que
faibles leiuoi;j:iia^:es, (jtii ne vous |iroiivm)iil ja- vous cliangt\issi(V de temps en temps de de-
mais assez la jtisle eslinie doiil nous soiiiiiies meure dans des pro\inces reculées; vrai mojen
piévenucs en volie laveur. La eotuiaissaiiec de n'être pas rceonnue.
que nous avons de la ^éiiéidsilé el de la len- Votre elat intérieur el extérieur esl conduit
(Iresse de voire eteur, nous tail espt^jer ijuc
de Dieu, d'une manière à ne laisser guère de
vous nous feiez riioiineiif de nous aimer lou- lieu à la consullalioii el j^i la prévoyance. Si

joiiis un |ieu. Ne noxaiil pas, .Madame, avoir


néanmoins le cœur vous dit de partir, partez
jamais mérité des honiiiletés que cliacimc a avec le même abandon dont vous faites pro-
remues de vous, il nous esl pourlaiil si avaiila- fession pour toutes choses Dieu sera le pro- :

geiix d'elle aidées du .secours de vos .sainlcs tecteur de l'entreprise qu'il aura lui-même

pi i( les, (pie, malgré noire indignilé, nous vous excitée, et il n'en arrivera que ce que nous

deiiiaiiduus la giAce de vous en souvenir devant sotiliailons imiquemenl pour tout succès, l'ac-

le Seigneur. Si nos \(rux .sonl exaucés, vous complissement de sa lrès-|uste et plus qu'ai-
aurez une ineilleinc .sauté; el si nous sninmes mable volonté. Vous prendrez la carrosse de
a.ssezlutueuses pour vous assurer «le vive voix Botdeaux; de là vous viendrez h Pau, d'oii il
n'y a <|ue .six lieues jusqu'ici '. Si lasai-on était
de la coutinualion de notre parlailc amitié ,
vous seit'z persuadée, .Madame, des respects et propre, le prétexte de prendre les eaux aux
dit sincère et parlait allailieinent de vos très- fameux bains de I5au;nères, qui est à trois lieues

liuiiililes el ohéissaiilcs ser\aiiles en Nolre-Sei- d'ici , serait fort plausible. En tout cas, en at-
piieiii. tendant le temps des eaux, vous viendriez faire

Les Suians m-; i.a communaiti': de la Visitation > C'esl-i-dire, à Lourdes, prtlte Tille dftns lo Béam, dn dlo^e
de '^'rbr*. t.* P. L« Combe rtait alort renfcrinr, par ordre do roi
SAiMii-MAiiiE. Uuu )>oil Oénil dam le clillcau de celte ville.
, , ,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. ?99

retourneriez plus fait tenir d'argent depuis environ un au


un tour en cette \111e, puis vous je le sens fort bien par
ainsi à diverses re- que les autres années :

à Pau ou à Bagnères et ;

plus à propos l'abondance où vous mavez mis et je ne puis ,

prises, selon cpie l'on jugerait


parente de que me louer infiniment de vos charités. Ce que
De vous faire passer ici pour une
d'apparence; je vous ai touché du retranchement de ma pen-
M. de Lasherons ', il n'y a pas
dans ces quar- sion se doit entendre de la moitié de celle que le
toute sa parenté étant si connue
aucune personne. Vous roi me donne, que l'on retient encore, comme
tiers, qu'on n'eu ignore
ma parente je vous l'ai mandé autrefois.
pourriez bien mieux passer pour
Lons-le-Saul- Jene suis point avide des nouvelles du siè-
du côté de ma mère, qui était de
cle mais encore voudrais-je que vous prissiez
nicr, Franche-Comté, vous faisant appeler
en
;

son nom de maison. la peine de m'en écrire. J'aurais souhaité de sa-


N. Chevalier, tel qu'était
encore plus unis et voir qui l'on a fait évèque de Genève, ne l'ayant
Je crois que nous sommes
le sont les pu apprendre par la gazette. Ici tout va d'un
plus proches dans la vérité, que ne
parents et alliés selon la chair. Enfin,
dès que même train. J'aurais bien des choses a vous ra-
étudie- conter, si Dieu voulait que je le pusse faire un
nous vous aurions sur les lieux, nous
vous tenir ca- jour de bouche qu'il accomplisse en cela
rions mieux tous les moyens de
:

peu de comme dans tout le reste, son adorable volonté.


chée et le secret n'étant confié qu'à
;

au- Les amis et amies de ce lieu vous honorent et


personnes, et d'une intime confidence, il y
devant Dieu ce vous aiment constamment, principalement ceux
rait tout à espérer. Voyez donc
venez qui sont comme les colonnes de la petite
que le cœur vous dira là-dessus. Si vous
arrivant à Eglise.
écrivez-nous en partant de Paris, en
vous veniez, vous ne prendriez qu'une
Bordeaux et à Pau. Nous prierons Dieu cepen- Si
son vous lui changeriez son nom. Je ne se-
dant de vous faire suivre courageusement
fille, et
aussi
selon qu'il vous sera suggéré par son rais pas fâché de revoir Camille je salue :

dessein,
Dieu, faites éclore dans
esprit secondé par sa providence, et nous
et l'autre de bon cœur.
qu'elle le temps convenable ce qui est caché
depuis
défendrons à Jeannette de mourir avant
pas de l'élernité dans votre dessein! C'est là,
ma
vous ait vue. Quelle joie n'aurait-elle
monde, très-chère, que je vous suis parfaitement acquis.
vous embrasser avant que de sortir de ce
illustre persécutée femme forte, mère des
vous étant si étoitement unie, et pénétrant
vi- !

vement votre état! Votre billet, quoique si enfants de la petite Eglise, servante du petit
elle vous est Jlaitre i, qui suivez la lumière dont il
vous
court, l'a extrèmcineiit réjouie :

éclaire, et le consultez dans toutes vos


entre
toujours plus acquise, l'on peut dire qu'elle
si
salutations et prises, et qui n'avez d'autre désir que de lui
puisse l'être davantage. Pour des
vous en envoie une plaire, ni d'amour que pour sa sainte et adora-
des embrassements, elle
Elle s'est sentie ins- ble volonté quelle grande et favorable nou-
infinité des plus tendres. ;

pirée de vous demander un anneau d'or pour velle nous avez -vous annoncée Qu'elle s'exé- !

Ciel. Les
deux d'argent pour ses deux confiden-
elle, el
cute, si elle est dans le dessein du

tes pour moi, vous me donnerez ce que le


-,
âmes de confidence de ce lieu en attendant
le succès comme une grâce el une laveur
cœur vous diia; mais je voudrais avoir le por-
trait que je vous rendis à Passy
et je vous prie, du ciel. Jeannctle aussi bien qu'elles, dans
les ordres de la soumission au bon plaisir
de ne pas me le refuser. Venez vous-même,
s'il se peut; et nous aurons
tout en votre per- de Dieu, la préférerait à tout ce que Paris e!
plus
l'univers a de plus beau, de plus rare el de
sonne.
vo- charmant comme elle ne fait avec l'illustre
Si je vous écris quelque chose touchant ; el

tre état ce n'est pas pour vous rassurer


,
:
et incomparable Père ' qu'un même cu'ur,
qu'un même esprit el une même volonlê,
elle
l'hoimnc est trop incapable de donner des as-
toutes, ratifie et souscrit tout ce qu'il vous
en écrit :

surances à une âme à qui Dieu les ote


apparence, et m'a chargé de vous l'assurer et mar-
et qu'il veut dans une affreuse elle

môme conviction de porte et de désespoir. Une quer.


u
ruine et destruction entière n'est pas compa- Permetlez-moi de vous dire. Madame, el
est vrai, iiuil y a deux mois jai stuige la nuit
tible avec la sécunlé. Je vous en dis seniemcnl
(pie j'avais été à Toulouse, pour
vous > prendre
ma pensée, sans la faire valoir, et sans prélen-
vous conduire dans ce canlnu. Que je
ili'e>U-
dre qu'elle serve à autre chose. et
l'iu-nnein-
J'ai re(;u la lettre de change, mais non encore
merais heureux. Madame, d'avoir
le pa(piel de livres. Il est vrai que
vous m'avez *'">
'
M nppcllo ainsi rlinfnht Jisut. (A'dil. rf» )

' Le P. La Com^o lui-mOmo.


Ju chauau do Luuitlu.
non LETTRES RF.LVTIVES

de vous aller prendre à l'aris, ou en Ici endroit en plus nous n'osons presque plus lui donner
:

qu'il- nus iiiair.iil me prescrire, pour vous con- des remèdes, crainte qu'elle ne puisse pas les
duireici ou ailleius ! C'est la grAcc quî je vous supporter. Elle vous embrasse de tout son cœur,
demande. illuslre pcrscculée! si vous le ju- sensible h vos maux et tendrement com|)atis-
gez à propos, pour le présent que votre main sante. Vous courez grande fortune de ne vous
plus que libérale me fait l'Iiounour de m'oiïrir, voir l'une et l'aidre (ju'en l'autre monde : j'en

tout ce que je vous demande dans les ordres de dis de même de vous
de moi. Les autres filles
et

la rrovidence, c'est que je puisse avoir l'iKin- vous .saluent avec une estime et un amour très-
neur et le plaisir de vous voir, que je préfère à particulier. L'alfection et le zèle de M. Lashe-

toute autre chose. Nous avons recommandé la rons sont très-grands assurément il n'épargne- :

chose à Dieu dans nos saints sacrifices, et nous rait ni sa bourse ni sa pcrsoime pour vous ren-

continuerons, si le Maitre de la vie et de la dre service mais comme sa présence est trop
;

mort n'en dispose autrement et y avons engagé ; nécessaire et trop remarquée dans ce lieu, et
toutes les bonnes Ames de ce lieu, et singuliè- une longue absence causerait une ailmiration
rement celles de l'étroite conlidcnce. Tout est plus propre fi évenler le sxstème qu'aie bien
entre les mains de la puissance souveraine ;
ménager. Pour moi, je vous suis toujours éga-
que pour sa gloire et .son honneur. Je
tout soit lement acipiis en Notrc-Seigneur. Votre expli-
liiiis. Madame, en vous protestant queje vous ho- cation de iApociiIypae me paraît très-belle, très-

nore, vous estime et vous aime en Nolrc-Sci- solide et très-utile. Je ne m'étends pasdavantage,

çnciu- Jésus-Christ, plus que je ne saurais vous jusqu'à ce que nous sachions si notre nouvelle
l'exprimer. adresse réussira.
Que nous dites-vous ? qu'on vous a empoison-
LETTRE XLVIL
née ' ? Est-il possible que la malice soit allée
LE P. LACOMBE A M"'" CITYON.
jusqu'à un tel excès? Mais comment votre corps,
Ce 11 novembre 1005. si si (aible, a-l-il pu résister à la vio-
délicat et

Je reçois la vôtre, du 28 octobre, à laquelle je lence du poison? Avez-voussu par quelles mains
jour je le lis de même l'au- ce frime a été commis? Pauvre victime, il faut
réponds le même :

tre foisavec diligence, et cneoi e par l'ordinaire


bien que vous soulTriez toutes sortes de maux :

la gloire de Dieu paraîtra hautement eh vous.


suivant. Vous avez de trop bonnes raisons de
Nous saluons tous cordialement ces bonnes fil-
ne pas vous mettre en voyagedevant l'hiver, pour
les qui .sont avec vous Dieu fait aux nôtres de
que nous y apportions la moindre contradiction. :

très-sensibles mi.>cricordcs.
Ouelipie désir que nous a\ons de vous voir,
nous préférons votre conser\alion à la joie <pie La joie de la petite société. Madame, dans le
désir ardent qu'elle avait d'avoir l'honneur de
nous causerait un si grand bien remettant ,

vous voir, et de la consolation qu'elle attendait


de plus tous nos souhaits entre les mains de
d'un bien si précieux, a été bien courte. Mais
Dieu.
Il y a en ce pays des eaux de toutes sortes', connne unitpiement la volonté de Dieu et tout
le bien de la petite Eglise, elle seule lu'u suffit
pour différents maux il y en a pom- boire et:

pour toute prétention. Plaise au petit Maitre de


pour le bain, et en trois ou quatre lieux diffé-
rents. Celles de Hagnères .sont les plus renom-
nous y rendre soujiles et parfaitement soumis!
mées on y vient de toutes jiarts, et je crois
:
Je le serai toujours. Madame, à votre égard, et

qu'elles vous seraient utiles, si Dieu vous donne s'il est dans le dessein de Dieu que vous veniez
le mouvement d'y venir. Oh ! quelle .satisfaction dans ce caidon, je remliai poiutiu^llement dans
pour nous tous Je ne l'espère pres<pie plus,
!
l'endroit que vous me ferez l'honneur de me

voyant un délai considérable. |)i>ndant lequel il mai(|uer, n'en |)laise au très-révéreml et très-
peut arriver (pielqiie changemeid considérable, véiu'rable Père. Je ne rougirai jamais, Madame,

sinon |iar notre é'Iargissemi'nt, du moins par en présence de (jiù que ce soit, de confesser la
notre mort. Vos inlirmilés sont cvlrémes, cl pureté (le volie doctrine, discipline et intrurs,

par leur excès et par leur diM'ée: bonnes et for- comme je en pré.scnce de notre prélat,
l'ai fait

tes croix pour l'assaLsouuement des autres dis- à .son relom- de Paris, au sujet de l'illustre et

po^itions. La même toute-|)tMssante main qui plus (pi'aimable Père. Il ne man(pie point ici
vous happe, vous soidienne cl vous conserve d Egyptiens, (|ui cherchent les premiers-nés des
jus pi'au coud)le des souffrances et des épreuves Israéhtes pour les submerger.
qu'elle vous a destinées! J'ai consulté un fameux médecin au sujet de
Ce cond)le «'uible approcher pour notre '
ne Totl pas »ur quel fondement Mme Guyon torftlt pu diku-
On
chère Jeannette ,
qui s'use et s'alfaiblit de plus der au P. L> Combe ijg'on rat m
empuitunnea.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 801

vos incommodités; il m'a assuré que les eaux rassée et surchargée que bien servie, comme il
de Cauterets se boivent pour vos maux. Elles vous arriva autrefois. Une femme intelligente
sont à quatre lieues de cette ville et pour y al- ; et fidèle vous suffirait, avec un garçon sur qui
ler, il y faut passer nécessairement. Ces eaux on pût s'assurer, tel qu'était Champagne. Dieu
font des effets merveilleux. Il m'a demandé si veuille vous inspirer ce qui est dans son dessein,
je savais de quel poison vous aviez été empoi- et vous en faciliter l'exécution Je ne conçois !

sonnée je lui ai dit que non. II m'a prié de


:
pas comment vous pouvez vivre avec les glaires
vous le demander; que si vous l'ignoriez, du que vous avez dans le corps. C'est la pituite ou
moins de savoir les symptômes que le po ison l'humeur aqueuse, mêlée avec le sang, qui se
vous a causés dans le commencement, parce glace dans vos veines; et cela empêchant la
que par les symptômes il connaîtra le poison. Il circulation du sang, il est inconcevable que
m'a protesté qu'il avait des remèdes admira- vous n'en mouriez pas dans peu d'heures. Je
bles, singulièrement pour cela. me figure que cette glaire tient à la surface des
La petite société m'a recommandé par exprès vaisseaux, et que le sang a encore quelque pas-
de vous assurer de leurs respects très-humbles : sage libre par le milieu sans quoi vous ne vi-
;

tous vous honorent parfaitement, et vous sa- vriez pas. Les eaux fort minérales et décisives,
luent de toute la force de leurs cœurs. Je vous telles qu'il y en a en ce pays, pourraient y être uiî
suis invariablement acquis et attaché à la grâce fort bon remède. Vous devriez, ce me semble,
démon Dieu. user de liqueurs fort agissantes et cordiales, du
LETTRE XLXIII. meilleur vin, d'eau clairette, de rossolis, d'eau
LE P. LA COMBE A MADAME GUYON. de canelle, et de tout ce qui peut le plus donner
de mouvement au sang et le réchauffer afin
Je reçus hier votre lettre, an- où étaient les qu'il ne se fige pas dans les vaisseaux. Votre
neaux la joie en a été grande dans notre pe- vie, trop sédentaire, contribue beaucoup à ce
:

tite Eglise. Vous pouvez bien croire que j'en ai


mal; l'exercice, le changement d'air, l'agitation
eu ma i)onne part, d'autant plus que le temps du voyage vous .seraient utiles: venez à l'air des
me paraissait long depuis la réception de la montagnes, qui est vif et pénétrant.
précédente. Ce me sera toujours non moins un Les jansénistes vont remonter, leurs adver-
plaisir qu'un devoir de répondre à vos bontés saires seront abaissés. Peut-être se prépare-t on
vraiment excessives envers moi, du moins par déjà à un nouveau combat Port-Royal ressus-
:

citera. vicissitude des choses Mais qui pour-


le commerce de lettres, autant que la divine
!

Providence m'en lournira les moyens, comme ra arrêter les desseins d'un Dieu, ou empêcher
qu'il ne tire sa gloire de tout ce qu'il a résolu
elle l'a fait jusqu'à présent d'une manière ad-
mirable. de faire ou de permettre ? C'est là ce souverain
plaisir et l'unique prétention des cœurs qui lui
II faut qu'on soit bien acharné contre vous,
pour ne vous laisser pointde repos, après qu'on sont bien soumis et c'est pour celle raison que
;

vous a tant tourmentée, et que vous avez don-


leur abandon leur suffit pour tout : abandon
sacré et très-sur, qui est la plus tranquille, la
né une ample salislaclion Ji ce qu'on a exigé
de vous '. C'est que le tout petit et très -grand
plus parfaite et la plus hemeuse disposition de
l'àiiie.
Blailrc n'a pas encore achevé son œuvre en
J'ai lu votre Apocalypne -avec beaucoup de sa-
vous, ni comblé la mesure de vos souffrances.
tistaction nul autre de vos livres sur l'Ecriture
Cependant il vous piotége scnsiblen)cul, vous :

tenant cachée avec lui dans le sein de son Père, ne m'avait tant plu il y a moins à retoucher
:

malgré toutes les poursuites de vos adversai- que dans les autres. Les étals intérieurs y sont
fort bien écrits, cl tirés, non sans merveille, du
res.
Songez donc à faire le grand voyage vers le
texte sacré, où rien ne paraissait moins être
compris. Si tonte voire ex|)licatioii de l'Ecriture
printemps, alin que nous ayons la satisfaction
était assemblée en un volume, on pourrait
de vous voir et de vous rendre quchiues servi-
l'appeler la Bible des âmes inlérieures: et phit
ces. Vous ne trouverez pus ailleurs une société
qui vous soit plus ac(|uise (pie la nôtre. Per- au ciel que ramasser et en taire
l'on pût tout

sonne ne pourrait aller d'ici pour vous condui- plusieurs copies, aliii si grand ouvr.ige
(pi'un

re, sans que cela lit trop d'éclat. Il faut que


ne péril |)as'/ Les vérités mysliipies ne sont point
vous preniez quel(iu'uM où vous êtes ex|)liqiiées ailleurs avec aiilaiil de elailé et d'a-
encore •

crairidrai-jc que vous n'en hissiez plutôt emba-


boiulance, et.ce qui iiiipi»ru> le plus, avec au-

des ilcclartlioiii que


tant de rap|)orl aux saintes Kcriliires. .Mais,
' Il |i.irl'i
M. d» Meauic avait cxigcc» do
Uuii.' <-.u>un, hélas! nous soiiiiiiesdaiis un loiiipsoù tout ce
3. ,2 LETTRES RELATIVES

que nous ppnsorions ontrepromlir pour la v6- de Malaval que je n'ai pu approuver, et contre

on iic\eul de nous lesipu'llfs j'ai écrit e\pres>énient.


rili' est iciiNcrst-et aliiiné:
(lu'iiiiitilili', ilfslniclioii el pcite'. N'aM-/.-\ous Il s'est faif une angineiitation de noire Eglise.

j»oint pu rucmivnr le PfutaUiKine ? Trois religiiuses d'un monastère assez proche


«le ce lieu étant venues au.\ eaux, on a eu oc-
l»oiir Mioi, dans le piand loisir (pie j'aurais
ne juiis run (aire, (pioicpie je l'aie essiyé sou- casion de leur parler, et île voir de quelle ma-
je
vent. Il iii'esl iiiiptissililede m'appliquera au- nière est faite l'oraison ([ue Dieu enseigne lui-

cun ouMa;.'e de lospril, diinioins de conlinuer, même aux allies, el l'obslacle ()u'y met la mé-
ditation mélhodicpie et gênante (pie les hom-
m'etanl pour m') appiicpier ce
lail ^iolei,cc :

mes suggèrent, voulant (pie leur étude soit une


qui nie lail traîner une laii};iiissaiite et niistMa-
lioime r gle de prier et de traiter avec Dieu.
|)le vie ne pouNant ni lire, ni éerire, ni lia-
;

L'une de ces mise par le Saint-


trois tilles a été
\ailltr desmains, (jua\ee répii).Miance et amer-
tume de conir et vous s<ive/ que notre état ne
:
Esprit même
dans son oraison l'autre, y étant :

ou tirerait aus- appelée, combatlail son attrait en s'altachant


porte pas de nous laiie \ioiencc ;

obstinément aux livres, sans gortl el sans suc-


sitôt de l'eau d'un roelier.
cès: la troisième, tommenlée de slrupules,
L'ouvrage de M. Nieole • me fait dire de lui
indiscrèleinent n'est pas encore en étal d'y être introduite.
ce qui est dans Job Il a parlé :

de choses (jui surpassent excessiNenieiil toute


Jeannette me
grondera de ce que je remplis

sa science. de le réfuter, el de le
Il serait ai.sé mon papier .sans vous parler d'elle. El (jue vous
faire voir cpie son raisonncinenl fait pitié à ceu.x en dirai-je? Une toujours il me semble que
(jui s'enteiideiit un peu au.\ choses iinsliipies.
Dieu nous l'enlève, el toujours elle nous est
laissée; qu'elle vous honore et vous aime par-
Il ne comprend ji.is même, en cei tains en-
droits, l'ilalde la (|uestioii et le sens des ter- laitement, el ses conqiagnes de même: elles
mes. prend pour des iiéchés ce que l'on ne
Il
sont toutes en fête pour leurs anneaux. Songez
hlàiiie que coiiime des imperleclions et sur ;
à m'apporler aussi queliiues bijoux. Tous les

celle supposition il tire d'absurdes conséquen- amis vous saluent tant cl tant. ma Irès-chi'-re,
ces, dont il triomphe. Il s'imagine qu'ù cause ponrrai-je encore vous revoir? Si Dieu ni'ac
qu'on prali(iue l'orai.son de simple regard, on cordait un si grand bien, je clianlerais de boa

ne lait jamais aucun acte distinct; comme si cœur le Ntmc dimittis : nous raconterions à
loisir toutes nos aventures, qui sont étranges,
le Saint-Esprit, à (]iii l'on tàciie de se sou-
mellie, ne portait pas l'àmc à faire bien cha- et donl pas une ne serait cachée à votre cœur.

que chose en .son temps. Il combat les mysti- LKTTllh -XLIX.


(|ues par des raisonnements contraires à l'expé- FÉNELON A BOSSUET.
rieiice iiitérieure, auxquels on a répondu si sou-
k l'aris, ce 7 ilcceiubre 1695.
vent. Il accusede nouveauté iino spiritualité (pii
a le ténioi;:nago de tous les siècles, el ipie l'E- J'ai fait, Monseigneur, bien des réflexions
glise même a autorisée en recevant avec estime sur ce (pie vous m'avez fait l'honneur de me
plus j'y pense, plus je trouve que j'ai
les écrits des saints, comme de sainte Thérèse
dire :

manière plus capable d'éviter les


et de .saint Franrois de Sales, qui, dans un de
parlé (le la la

éipiivoipies.J'ai dit en termes |)ropres « Sous


<léclare (prit a reinar<pié (juc l'o-
:
ses A'»/r(7/V»i.s-,

plupart des l-illes de la Visitation prétexte d'insinu lion, ou entrelienl le goùl de


raison de la
une oraison de simple remise en l'esprit et la curiosité. Il pour se nour-
faut lire
se termine à
pour s'édilier, pour vouloir jamais
et
Dieu. Qu'est-ce aulre ciiose (jue le simple re- rir et

gard ? Il n'allègue ni ne réfute pas un seul pas- trouver dans ses lectures la ivgle de sa condui-

sage de mon Aualyxix cependant on le met au : te. » r/elait dans mon second point, où il ne
rang des livres qui conliennenl, dit-on, les s'agis-sait ipie d'une Carmélile déj;'» instruite et

principales erreurs des <piielistes. S'il y en eût dans la voie de la iierlection, qui liouvc dans
remarqué quelqu'une, il ne me l'amaii pas par- sa règle et dans ses supérieurs toutes les déci-
donné. Avec cela, il sera applaudi par la foule; sions donl elle a besoin.
mais Dieu prendra la deleiisetlc la vérité, et Vous observerez, s'il vous plall. Monseigneur,
étendra son iè;;ne intéi icur, malgré la conlra- qu'apivs avoir posé dans mon premier point la
diclion dca liomnies. Il y a certaines opinions nécessilé de l'amour de Dieu el du delache-
ment, s;ins entrer dans aucnnecpieslion, et me
retraiiiliant dans les principes les plus univer-
I
C«t écrit • pour titr» Rtfu'a'inn du prineipnUt tttturi drs
çu ''tsUÊ, nmtrHttet danâ tu iir-c. rrii'i/r<> par tntt"nHilH<r Ht M^r selleiiieiit ireiuinus, je n'eiiiplo\ai mon S(Vond
Virchevfqut dt fani (de Il.irliiV .< I' cctourc IQM. C«ili le der-
uwr «crit que com^ofta ccC4;ii.br« «uunr.
point tout enlier qu'à precauliomier l'auditeur
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 303

contre toutes les sources d'illusion qui peuvent trouvé que je ne pouvais me déclarer plus
altérer cet amour. Pour cela, je tâchai de taire fortement et plus précisément contre tout ce
craindre les lectures curieuses, la science qui qui peut favoriser l'illusion.
enfle, les voies extraordinaires et toutes les Quand j'aurai l'honneur de vous voir un peu à
questions. Je ne recommandai que la fidélité vous dirai quelque chose qui n'est rien
loisir, je
aux règles, la sincérité, la défiance de son pro- moins qu'essentiel, et sm- quoi je ne croirais peut-
pre sens, et l'obéissance dans l'usage meute être pas entièrement ce que je m'imagine que
des meilleures choses. Ainsi tout mon discours^ vous croyez mais je déférerai toujours avec joie
:

à le bien prendre, comme je le donnais de tout à tous vos sentiments, après vous avoir exposé
mon cœur, était une déclaration perpétuelle les miens.
contre les illusions qui font tant de bruit ; et Quand vous voudrez, je me rendrai et à Meaux
je croyais, tant je suis malhabile homme, avoir et à Germigny pour passer quelques jours
,

dit les choses les plus précises et les plus fortes auprès de vous, et pour prendre à votre ouvrage i
pour précautionner l'auditeur contre tous les toute la part que vous voudrez bien m'y donner.
excès de la fausse spiritualité. Je serai ravi non pas d'en augmenter l'autorité,
,

demandé aux Carmélites, c'est-à-dire


J'ai mais de témoigner publiquement combien je
h Mère prieure et à la sœur Charlotte de
la révère voire doctrine. Ce que je vous demande
Saint-Cyprien, ce qui leur avait paru de ce en attendant, au nom de Notre-Seigneur, qui
discours elles m'ont assuré avoir
: entendu vous a donné tant de lumières, c'est de l'écouter
ce que je vous rapporte. La sœur Charlotte, intérieurement, de souffrir que les petits vous
pour qui je parlais principalement, et qui en parlent, et de vous défier de tout préjugé. Lu
avait besoin, a été ravie de l'entendre et veut en comment vous êtes dans mon cœur. Je
seul sait
profiter. me réjouis sur ce qu'on me mande que vous èles
J'ai appris, d'un autre côté, que quelques nommé conservateur des privilèges de l'XJniver-
personnes prétendaient que j'avaisdit ces paro- sité 2. Ces sortes de titres dorment sur certaines
les: Il faut fire pour lire, et non pour s'instrui-
lètes; et sur d'autres ils peuvent servir à redresser
re. Si j'ai parlé ainsi, j'ai dit des paroles qui les lettres. Je vous conpn-e. Monseigneur, de ne
n'ont aucun sens, et qui ne signifient qu'une douter jamais de mon attachement tendre et
extravagance. Il me semble que les personnes
fidèle à vous respecter.
équitables qui ont assisté à ce sermon n'ont
pas trouvé que j'y fusse entièrement égaré: il
LETTRE LI.
faudrait être ivre nu fou pour tenir ce langage.
BOSSUET A M. DE LA BROUE.
Pour moi, je vous rendrai toujours avec joie et
docilité un compte exact de ma conduite. Il n'y
a correction que vous ne me puissiez faire sans Les remarques. Monseigneur, de votre der-
ménagement, et que je ne reçoive avec soumis- nière lettre sont justes. On a ou'i au parlement le
sion et avec reconnaissance, connue une mar- religieux particulier, qui n'a répondu que sur son

que de la continuation de vos anciennes bontés. fait, et a déchargé ses supérieurs. On a oui aussi

ma vie d'être votre dis- le général de Saint-Maur et le prieur de Rebais,


Je ferai profession toute
ciple, et de vous devoir la Micilienre |)arlic du qui ont désavoué. Le procureur général écrit de
peu que je sais. Je vous conjure de m'ainier tou- Rome, in verbo xarerdotis, qu'il n'a rien su, et
jours, et de ne douter jamais de mou zèle, de on a connnencéà le croire. Il est certain, en tout
mon res()eel et de mon attachement. cas, qu'on ne les peut pousser [iliis loin ipie le

duc de Cambrai. désaveu. Pour le remède (ju'on apportera à ces


Fa., archevêque
entre|)rises, il faut s'en reposer sur le parlement,

LETTRE L. et je ne m'en mêle pas.


Quant à la défense de la doctrine de France
FÉNELON A BOSSUET.
je vois, Monseigneur tout ce que vous vojcz;
,

A Ciimbrai, ce IS Dfccmlire 1095.


niais Dieu m'a de tout temps mis dans le cœi:r
dans ce moment, Monseigneur, la
Je reçois (ju'il fallait, en toute occasion convenai)le, dé-

de bonti- que vous me faites l'hon-


lettre [licine tendre la vérité pour elle-même, sans aucune
neur de m'éeriro et je me hâte de vous dire à
;
d'orai-
'
L'ouvrage dont il s'ïgil ici ost V tmlrucHox sur Un Riais
([uei point j'en suis pénéiré. Je .sais assez quels son, quo M. doCnmbr.ii devait npprouvcr. co nu'il rrfiisa pour Us
sont vos seulimeuls sur la matière dont vous me raisons ijui sont inirt|uccii dans l.i Urlalio'i do M. de N'cinv.
Bossucl fut iiommû constrvitour de» nrivilet;esdo >ini\oriitA,
2 1

parlt!/.; et je puis vous assurei" (|ue si vous m'eus-


lo Udcccnibro liii[>, A la plnco de M de Ilarlay, arclicvi-tuo ..e
siez entendu parler au Caruiéliies, vous auriez Farii, mort lo 6aoi>t procu lout. (liiltl ilr l'rrs.)
,

304 LETTRRS RELATIVES

vue <I.' la (erre; et que cela


r(*componse sur entretenir sur cela , cl ce sera au premier Ioisir_

in/'mi' valait mieux que loules les n'oonipenses. Prions pour les |)érils de l'Lglise, attaquée plus
Jcsti.s-CluiNl me met uiaiul -uanl h celle épreuve tineiuenl (pie jamais sous prétexte de piété. Je
et luùine encon' à une plus nule puisqu'il faul ,
suis, Monsieur, très-sincèrement, etc.

iiK^uie m'exposera im ahaiidon parlait à la Pro-


vitlcuce contre tout ce qui pourra venir de Home. LETTRE LllL

Voilà ce (pie je rcs-ens (pie Dieu me deinande: PÉSELON A BOSSUET.


et tout rt^solu que je suis, j'avoue (|tie la faiblesse A Vairnrionnes. ce 9 mal tG90.

humaine a besoin d'(Mri' fortifiée dans cet (''lai- \au% avez, Mousei;:neur, quelque chose à
Si
Dans le fond je suis iieiuriix qu'il n'y ail pour
,
m'euvoyer je vous .supplie de ne me l'envoyer
,

moi que l'allenlc de celle promesse t il vous : pas si Itil. J ai attendu h Cambrai le plus long- ,

t sera rendu dans la résurrection '. » temps qu'il m'a été|io>sible, ce (|ue vous m'aviez
J'aurais seulement à sonbailer (pie la défense fait riionneiir de me promelti e. .Mais enfin , je
de Saiiit-Aiit-'uslin et de la ^;ràce eut pircédé cet n'ai pu m'enipèelier d'aller à Tournai faire mes
ouvrage 2 pour ne pas attirer sur l'un la liaiiu-
,
visites dans la |Kirlie de la ville (pii est de ce
qu'on aura pour l'autre; mais il laiit suivie les diocèse. De là je suis venu ici, où j'ai beaucoup
conjonctures, et eu cela niénic tout abandonner d'affaires; ensuite j'irai à Condé, à Mous el à
à la Providence. Maiibeuge où j'en trouverai encore davantage-
,

Pour ce qui regarde M"" Guyon s'il faut , Ainsi, Monseigneur, je ne puis relourncr h
encore qu'on dise qu'elle m'a trompé parce Cambrai que pour le concours, pendant liquel
qu'elle ma menti, j'y consens; et il me sulllt je n'aurai point de temps libre. Quand il sera
d'avoir agi .selon la règle. A iin-sent qu'on voit Uni j'irai faire un tour à Versailles; et je crois
,

son mensonge, on doit agir autrcnienl. .Mais qu'il vaut mieux remetlre jusqu'à ce temps-là ce

quand je l'ai crue, il n'y avait aucun acte contre (pie vous .souhaitez (|ue je fasse. Je compte de-

sa iiersoune, et l'extérieur de la soumission él.iil meurer en ce pays jusqu'au commencement de


entier. Je crois (|u'à ce couj) on ne songera qu'à juillet. La miillitiide innombrable des troupes,

larenfermer, et je ne sais pas comment. et le mouvement où elles sont agitent beaucoup

L'ouvrage contre les (piii^listes ne m'arrêtera toute cette frontière. Jugez quelle di.siiphne il

que fort peu outre la partie (]ue vous avez vue


: peut y avoir dans un pays si désolé. Uien n'est
qui n'a (lu être que la si>conde, j'en ai fait une plus sincère (pie le zèle et le respect avec lequel
aulre aussi gramb* depuis votre départ. je vous serai dévoué, Monseigneur, jusqu'au
dernier soupir.
LETTKK LU.
LETTRE LIV.
BOSSIET A M. TRONSOJ».
IIOSSLKT A l'aBBK BOSSUET, SCI NEVEU.
A r.iri» ce 21 Mar» 1006.
.\ P.iri».ff rO mai 1006.
Je VOUS envoie, Monsieur, celte petite Médi- Soyez le très-bien aiii\é à Pise, vous et votre
tation sur les iuduhjciircs. Elle est liiile princi- compagnie '. Nous attendons la .suite de vos re-
palement |)our mon diocèse, et ainsi j'en donne de les faire imprimer, comme celles
lations, aliii
très-peu mais. .Monsieur, je ne puis oublier l.i
de M. l'abbé de Choisi sur le voyage de Siani.
:

sainte société «pie Dieu a mise enlre nous pour


Nous venons du sacre de M. de Chàlons ', fait
l'ouvrage où nous avons travaillé sou.'î ."^es ordres
par M. l'aiclieM'Mpie à Notre-Dame. Il avait pour
dans une si parfaite union, et je neveux rien
de Lion.
assistants M.M. de Chartres el
faire sans vous en donner part.
La Kaeulté a nommé des coininis.saires pour
On ni'obj(nte souvent lautorilé de M. Olier, et
examiner le livre de la mère d'Agn'da >. Les
entre .uitres deux de ses letlres : la 7,i' et la 90".
gens de biens el les vrais .savants sont terri-
Je vous prie de les faire examiner, ou de m'en
blement soulevés. Il a été censuré à Roine par
expliipicr par vous-même, à votre loisir, l'esprit
décret des cardinaux de llinpiisilion confirme .

cl la dortriiie.
pHr le jiajie Innocent \l, le jeudi -26 juin 1G.S1,
Dans toute celte matière, il faul. Monsieur, sur
et la censure aflichee à l'ordinaiie. le 4 aoùi
loules choses se nndre attentif aux éipiivofpies
lliSI. Tâchez de nousenvoyei l'imprimé de cette
des nouveaux auteurs, (pii, eu faisant Siiiiblaut
censure, de la même année à Rome.
de tout accorder, icserveul loul le venin dans de
'
L'abbé eh<-l'rp''au<. daot il itra Kiitent parlé dam la toilt.
pclits mots ambigus. J'ai bien envie de vous ' GaMoK d> Noaill», qui luccrdait à ion Irtir, daranu archari.
qiia da l'aria
La facuU- cenaiira en \ùi7 lUMaur* proi>oiiUoni da icn livia
' I.HC «ir. u.
trt myiit'}»' <<' dt />•»«. tic. (Jri pourra eoiiij lar. ylir
' Il I agit d* U /M/fx» dtl qumtri Arixcttt du Cltrgi dt f'ranu, intliuli
qu'U tgiiUil no diroir po* |.l*ir« à la our ùo DoiiM. loln, I* critiqua quo Douaat a faila df rat ouTrtj*.
,

A T/AFFAIRE DU OUlfiTISME. 305

j'attends aujourd'hui YApoloçiie ' de M. le termes M. l'abbé Renaiidot


très-obligeants.
cardinal Noris, dont il m'a honoré par le P. m'en a aussi apporté
fort honnête, sur une
2. j'ai iuipalience de la voir. Je salue 31.
Estieiniot votre sujet, de M. l'abbé de Gondi. J'écris par
Phelippeaux, sans oublier M. l'ahbé de Gomer. cet ordinaire à Son Altesse et à MM. de Gondi»
Salviati et Ricasoli.
LETTRE LV.
Je fais aussi vos remercimenls à M. Dupréi
FÉNELOiS A BOSSUET. dont je vis hier la sœur. Nous attendons avec
A Mons ce 11 mai 1696. impatience les nouvelles de Rome il me semble :

que vous ferez bien de faire un petit journal de


Je reçois, Monseigneur, avec heaucoup de
ce que vous verrez et apprendrez. Nous vous
reconnaissance les marques de voire bonté. Me
demanderons les nouvelles c'en a été pour vous :

voici dans une visite pénible, que je n'ai pu


une bien làciieuse que celle de la mort de M. de
relarder. Quand elle sera finie, j'aurai l'embarras
laBruyère Toute la cour l'a regretté, et M. le
•'.

du concours et de l'ordination. Si j'avais reçu ce


Prince plus que tous les autres. M. d'Aquin,
que vous voulez que je voie, pendant le Carême,
ancien premier médecin, s'est tué aux eaux, par
j'aurais été diligent à vous en rendre compie.
son art, en agissant contre l'avis de ses confrères
Dès que je serai débarrassé, je par lirai pour aller
des provinces.
à Versailles recevoir vos ordres. E 1 attendant, je
Je verrai les mesures qu'on pourra prendre
vous sup[ilic de croire, iMonseigneur, que je n'ai
pour avoir de bonne main les portraits de nos
besoin de rien pour vous respecter avec un
beaux princes-* et pour les livres, j'y donnerai
;
attachement inviolable. Je serai toujours plein
ordre.
de sincérité pour vous rendre compie de mes
Je reçus hier par M. l'abbé de Louvois {'Apo-
pensées, et plein de délérence pour les sou-
logie de M. le cardinal de Noris, dont cette
mettre au.\ vôtres. Mais ne sojez point en peine
Eminence m'a fait présent faites-lui en bien
:

de moi. Dieu en aura soin le lien de la loi nous :

des compliments de ma pari. Je n'en ai vu que


tient étroitemenl unis pour la doctrine; et pour
la moitié ; et quand j'aurai tout lu, j'écrirai
le cœur, je n'y ai que respect, zèle et tendresse
moi-même. Le stjle est noble et savant, la
pour vous. Dieu m'est témoin que je ne mens
théologie exacte, les remarques judicieuses. Son
pas. La métaphysique ne peut marciier, dans les
ennemi^està bas sans avoh' sujet de se plaindre.
embarras où je me trouve. Je n'entends parler
Je vous de bien assurer de mes très-
prie
que des maux de la guerre et de ceux de l'Eglise
humbles respects M. le cardinal de Janson.
sur celte Ironlièrc. J'en ai le cœur en amertume,
J'attends avec impatience des nouvelles de votre
et ma tète n'est guère libre pour les choses que
arrivée au[»rès de lui.
j'ai le plusaimées. Encore unelois. Monseigneur,

je vous suis dévoué avec tous les sentiments res-


LETTRE LVH.
pectueux que je vous dois. BOSSUET A SON NEVEU.
A P.iris, ce " juin 1606.
P. S. Avez-vous vu Monseigneur l'ouvrage
, ,

du P. Lami contre Spinosa^ ? Auriez-vous la


Je VOUS crois présentement à Rome, et je
souhaite a|iprendie bientôt que vous y êtes
bonté de me mander ce que vous en pensez ?
arrivé en bonne santé avec votre eompagiiic.
LETTRE LVl. Je crois vous avoir mandé ipie les compli-

BOSSUET A SON NEVEU. ments que je fai.siis au grand-duc sur votre


A l'iirii., oc 2K mai ICOC.
sujet liiienl |iré\enus d'une réponse île ce |)i iiice
à la lellie que vous lui aviez présentée de ma
Nous lorùmos samedi vos Itîtlres du 11 ; elles
part, où il lait de vous une agréable peinliirc.
ont lourui im agréable entrelien à toute la la-
On a (iris grand soin, ihiiis celle cour, de nous
mille. J'ai vu stu' cela, dès hier malin, M. le
faire savoir que vous j aviez dumie sati>laetnin;
niaKpiis SaUiati, qui m'a envoyé ce matin une
cl je reçois encore à présent une lellre de M. de
lettre de M. le grand-duc, qui parle de vous en
Ricasoli, la plus obligeante du monde.
' C'est r^p./'Tf7i> do rclto )>rui><).sition do» inoliios do Scylliic :

do l'abbû Dnssuoti l'iorcnco.


Ci)rrc pundiint
de tu Tt intM a touffert dam tu chair.
'

V* 2 11 est assez connu par sos Caractères. Uossuti l'.ivait mis aupr^i
' Il ctait benidictiii, rocurour géntfral ds I* coni;r<gMion d«
|

Saiiit-Maiir vu cuur i:o Knnie, irf^-estiir iibic par tn miik io^ la- do M
le duc. pour lui apprendre l'histoire. Il mourut d'apupleku- lo

IciitR, hon appllciitlon qui lo rondaiont iiiriiiitn(.'iit cher A dum Mft- 10 mai IG'Jli, très-regrctto de ses amis, surtout de l'evviiuo di
,

biilun et i Ujut SOS contrvros cjccupc&dc traviiuii; litli-i.iiroa. Il les a Meaux. amiuel il i-l»(t fort nliacht!
IcbiJcoiip al(l> K par ses rcclierclics ol ses rei-utils Immonscs, «111
' 1.0 urnn l-dut do Toscmio dtsiruii ces portraits, ainsi 'lue le»

sera bien da foia moittl'jn do lui dans toute la suito do cvlte corres- ouvf.igck di prélat
' Col eniionii 4: oit Un anonyme, qui sous le i.nm simulé d'un />»>-
pon,lm,«.
trur dt SorUinHr f.iupulriir, „iliU i'le>.- .ivee beaucoup ds »l«-
Miir arclieYl>i|Uo do l'ambrai donna à c«t
' 1 ouvrage son appro-
Irncecoulio lll,,l.n,r- rfri /.i Ntunô .Ir re MV.inl «n din»l.
,
bation, eik dnlF du mois do juin 169(1.

D. ToM. VI. •m
.Iftfi LEITHES HF.I \TIVES

J'ai mit les (iilip^nros (in'il fail.iil iKUir vous heure je n'ai pas voulu entre Iiier
jiis(|u'à cette

nroniriM les laliliaiix dt-s piiiitcs. Je n'ai pu malière avec vous pour vous eiitrntlre encoules-
palier au roi, ni tle i-ela , ni lie Notre \oyaj;e , à siou, comme vous me téinoign.Ues le souhaiter

cause (ie sa goutte. 11 se ptii te lrès-l)ien à pié- dès la première visite que j'eus l'honneur de
ticnt. rendre où vous ét-s ce lui le mercreili s.iinl;
:

M. de Deauxilliers était aux eaux ; mais vous en avant rendu deux depuis, le vendredi
cliaigé de lui en saint et le vendredi de la semaine de E'àipies.
M. l'abbé de Langeron s'est

parler. Vous voiiliiles d'abord coinmencer par vous


J'ai lu les dissertations dont M. le cardinal de metire h genoux comme pour vousconlesser ;
,

me laire présent. Ce sont et je vous témoignai qu'il lallait qu'avant que de


NuriN a bien voulu
des picees aelie\ie> en savoir, en éliv'iiuce, en (lailer «le siicreiiientavec vous, j'ens.se 1 honneur
delie.ile-'Se et je vous prie de
;
le bien dire à (je vous eniretenir en conveisiilion sur ce qui
Sou Kniiuence, en attendant (jue j'aie l'Iionnciir était connu dans le inonde de votre allaire.puur

de lui en écrire. reconiiallre votre disposition preseiile ti cet

(In paile beaucoup censure qu'on


ici de la égard, et juger par là si vous étiez en elat qu'on
médite à Home contre r.ipebrock eu la\eur ' put à coup sur vous recevoir aux s;icreuients. Je
des Cannes, sur leur de.sceudiincc d'Klie. J'ai vous proposai dansées trois visites le préalable,
une tluse lie ces l'ères sur ce sujet, de la der- qui me paraissait nécessaireavant que d'en
nière iinpeitiueuce. Je souli.iite de tout mon venir à ne convenait pas de
la coutes,sion. qu'il

canu (|u'il ne parle rien de Kouie ijui ne con- faire de votre part, ni de recevoir de la mienne,

\ieuuc à sa dignité. (pie vous ne lussiez résolue de laire ce que je


crovais pour vous, après lont ce qui s'est passé
LETTUE LVIII.
à votre sujet, d'une obligation indispcnsiible.
BOSSIKT A M. DiC LA UltOL'E. J'eus riionneur de vous l'expliquer au long dans
A Paris, ce 1 Juin ITiOO. ces visib's;je le fis le plus iielleinent ipie je

Je voudrais bieir, Monseigneur, vous pouvoir


pus, gardant, autant (pi'il me tut possible, toutes

écrire certaines clioses qui se passent \ous :


les mesures du respect rpie je vous dois et je ;

veirie/. cpic je n'oublii; pas celles que vous luc crois vous en devoir faire ici l'abrégé, pour vous

reeoniuiaude/ avec tant de raison si prr>'ani- les remettre en mémoire.

menl. Je làclierai de Vous envoyer au plus tôt Comme vous avez eu le malheur de prendre
ce ipii remanie le (|uiéliMue. Vous ne suiriez sur le sujet de l'oraison de fausses idées, soit
croiiv ce (|ui se renuie secrètement en laveur de que le guide que vous avez consulté sur cela
cette lemuie on nie parait ré.solii de
: mais eiilin n'ait lait (jne les entretenir, ou <iu'il vous lésait

dans un bon cliAleati, et


la renlei nier loin d'ici, inspirées, et «pie vous les ajez remues de lui en ;

de lui Mer tout commerce. Ses déguisements un mot, que la conduite que vous ave7 >iiivic en
^oiil eviu"nls on en a la preuve et cependant
; ;
cela vous a engagée à écrire des livres qui ont
ses parti. ans ne reviennent point. Si l'on poU- scandalisé l'Eglise par les erieui^s qu'ils con-
ail tout mettre sur le papier, vous veri uz bun tiennent, et vous ont attiré une condamnation

de> cboses qui vous feiaienl beaucoup de peine. solennelle de quelques évéqiies, et parljculièrc-
J'ose vous dire senlemeiit que, si je lâchais le iiieiit de léu .Mgr l'arclievéïpie dans le diocèse

pied, tout st rait perdu mais jusqu'ici on n'a :


diKpiel vous viviez le plus, laisaiit votre st'jour

rien pu ga^;ller contre moi et je ne crois pas :


ordinaire à l'aris, et de deux autres évéques au
u'on gagne rien, tant que je serai en vie. Je jugement de (jui vous avez bien voulu vous en
suis, Monseigneui comme vous savez, etc. ,
rapporler, dont l'un est pre.H'ntemeiit .Mgi l'ai-
clieveque, votre supérieur naturel cl Irguiine ;
U'.HliE LIX. vous ne pouvez, .Madame, être admise à la |»arti-
M. PUlOT.IiocTl.in DE SOUUO.X.M;, A MUlAMKCUYON^ cipaliou des .saciemenls i|ue vous ne eliacliea
, i

tCn.Sorbunnc 1G9G. vos erreurs quils ont condamnées. C'est l'obli-


Vous ne devez pas être surprise, Madame, si gation de tous ceux dont les ouvrages ont été
> L* dcmtii ilu P. I'ap«brok *«« '•> nrmn Ait fort rir. Ili ne condamnés jiar l'Eglise, de les rétracter c'esl la :

piirci.I V' f.-.l-r r.-r-,-.r S [î ; i. i, r,|. II» ciir.nfo crrilll d'oblclur première démarche qu'ils doivent loire pour
A l'-.tion d'K»p«);i)c,
demeurer dans lacommimioii tie l'Eglise, quand
.

l.-t S^.mli, dKii-


ils n'en sont pas sortis. Vous lailes pioie.vsior
de vous ) tre toujours const'ivee vous regai dcz
t ;

l'Eglise comme votre .Mèie. Vous prou-Mex.

tgfit ua UvMuelT dites-vous, dans une dcclaialioii que vous avez


AL' AFFAIRE DU QUIÉTISME. 307

vous-mèiae écrite à Vincennes, entre ma pre- instruit des ordonnances qui ont été faites en
mière et ma seconde visite, « de croire tout ce France sur vos livres et sur celui du P. la
qu'elle croit, de condamner tout ce qu'elle con- Combe.
damne, sans exception. » Vous dites que « ce Je sais que vous avez donné deux actes de
sont les sentiments dans lesquels vous voulez soumission à Mgr de Meaux, dont le premiel
vivre et mourir, étant prête, avec la grâce de était pour les 34 Articles, et l'autre pour son

Dieu, de répandre votre sang pour la vérité que ordonnance et pour celle de Mgr de Châlons »
l'Eglise enseigne. » Vous ajoutez dans ce même présentement archevêque de Paris et qu'après ;

pa[)ier ,que vous vous soumettez de tout votre


« il vous donna un témoignage que vous souhai-

cœur à la condamnation que Mgr l'archevêque tâtes, aux conditions qui y sont marquées. Nous

de Paris a faite de vos livres, lorsqu'il était lûmes tout cela dans la chambre où vous êtes,
encore évêque de Chàlons. » et je vous en fis voir des copies de bonne main.
C'est tout ce que porte l'acte que vous me mon- J'ai cru aussi devoir lire tous vos interroga-

trâtes le jour du veudredi saint, tout écrit de votre toires, sans parler de ceux d'autres personnes
main, à la faveur d'une plume et d'une sorte qui ont été faits à votre occasion et que j'ai
,

d'encre que votre industrie vous fominl,datéde aussi vus. J'ai lu les pièces qui ont donné ou-
Vincennes: c'est
la veille, le jeudi .saint 19 avril, à verture à faire vos interrogatoires, qui sont les
comme vous vous exprimez. Fait dans la Tour de trois letties que vous a écrites le P. la Combe
Vincennes, le d9ayii/l6tlG.Si ce papier, qui de- depuis lemois d'octobre dernier , dont vous
meura entre vos mains, et que je ne doute pas que aviez vous-même reçu les deux premières, qui

vous ne vouIus.siez bien signer, était biensincère, ont été trouvées dans vos papiers et la dernière
;

et que vous y donna.ssiez sans équivoque et sans vous a été représentée et reconnue [)ar vous,
aucune réserve à la condamnation que vous y
,
et les autres papiers que vous aviez dans votre

dites que vous faites de vos livres toute l'interpré- maison. J'ai eu l'honneur de vous dire que
tation qu'on y devrait donner naturellement, et j'avais pris communication de toutes ces choses,

aussi étendue que portent ces termes dans l'usage et à raisonner de tout cela, en le rapportant l'un

qu'on en fait ordinairement, et la signitication à l'autre, je ne puis m'empèclier de prendre la


qu'on a coutume de leur attacher je ne deman- ;
liberté de vous dire qu'on doit à votre égard
derais rien de plus et cela, bien entendu, ren-
:
prendre plus de sûretés pour compter sur la
fermeiait tout ce qu'on pourrait désirer de vous. promesse que vous ferez, et exiger de vous des
Mais permettez-moi. Madame, de vous dire que paroles plus positives et plus précises.
ce que je sais de votre affaire m'euipèche d'être Uni n'aiirad cru, comme M. de Meaux, que
content de ce papier, et me fait exiger de vous de vous soumetire aux deux ordonnances qui
une plus ample explication. condamnent nommément vos deux livres, du
J'ai lu vos livres imprimés, et celui qui porte Moyen court et du Cantique, c'était vous con-
pour tilre Les Torrents, qui n'est encore que damner vous-même et vous rétracter? Rien ne
mamiscril , et j'eus l'hotmeur de vous porter parait avoir plus l'air d'une rétraelation, qu'une
l'extrait que j'ai fait, il y a longtemps, du Moyen souscriplion à la condamnatiou de vos livres, et
court, que je parcourus le vendredi saint, pour une soumission aux mandements des evêques
vous en faire remarquer les erreurs, en vous qui les coiulamuenl. Vous avez signe ces or-
rcprcsenlant une feuille imprimée à Rome, où (lonnauces (|in (•ondanmcnt vos livres et ce-
le Moyen rourt et la /{cf/Zc des «s.svicîf'.ssonf con- pendant, Madame, je lis dans votre septième
damnés, non pas, comme vous me diles (pie inlernigatoire: « Uii'on n'a rien trouvé dans vos
vous le croyii'z, depuis que vous êtes de re-
<• écrits contre foi, et que vous en avez nue
la

« tour de Meaux, et à la sollieilalion de M. de bonne d(Vharge; que s'il y a (pieliiues termes


a Meaux, » mais longtemps avant les ordon- (pie vous ayez emplow's mal |»ropos, et sur
;i

nances de Paris, de Cliâlons et de Meaux, le "19 lestpiels vous vous sojez trompée, c'est un effet
novembre \(W.^ sous Alexandre VIII comme le : de votre ignorance (pie vous les délestez et les
;

livre latin de V Analyse du /'. la Combe y avait d(%avouez de tout votre cœur; (pie vous êtes
été aussi condaume l'armée prén-dente,
9 le liien assurée (pi'il ne se Inuivera aucune erreur
septembre KiKS, sous le \nmi\iUi\i tV Innocent
XI; dans aucun de vos (Vrils et ipie vous n'avez
,

de la(pii-llc eonilaiiuiaiion je vous lis encoie en point eu aussi à taire aucune rélractalion. »

même temps voir la feuille imprimée Rome, i'i Ponvez-voiis accorder cela avec la sumnission
pour répondre à ce (pu^ vous m'avaneii'z (pic auxordoimanees desev(Spies?i'ouvez-voiisdirc,
tille Analyse avail été a[>|)ronvée à Rome par Madame, ipi'mi n'a rien trouve dans vos(VrilS
une coiigregalion. Vous croj(v. bien <pie je suis c inliec( la toi, «ehiue vous en ave/, «une bonne
308 LtTTHKS RELATIVES

dc'chiiipc ? » M. ili" Moanx , dans son ordon- C'est, Madame, le premier pas que vous devez
niiiicc (Idiini'C à Mf.iiix le 1(> avril lfî!''>. dit (jne faire; vous devez réliaeler vtis livres et vos
« vos livi'i'scdiitii'iiiii'iil iinc mauvaise duclriiie, autres écrits qui ne sont pas imprimes,
au
nu lt's|(iiiii-i|),ili'siirii|>i(sili<>iiscoiidam-
e\ liiiilcs, moins celui que vous appelez les Torrents. H
rico dans lcs;U Arlidcs (jui smil iiisfivs dans >• est entre les mains de bien du monde la doc- :

relu- «it-doniiaiicf. Cclli" di- Mur ranlu'vi'i|iic, trineen est aussi mauvaise; il v a même dc8
pour Icirs ('vt^iiiio dcCliAlons. didiin-eà Chàloiis manières de parler (pii sont plus outrées, et qui
il- '2.'i avril, nindainiie vos livn-s coiiiiiic coii- portent un caractère plu> |ieniii ieux.

It'iiaiil " la diR-lriiu' ikiiivcIIc » (jM'il niinlaiime, Vous devez donner une parole bien formelle
et pour la coiidaniiiatiou do ia(|ni<ll(- il clalilit sur cela, ijui porte, dans un aele (pit; vous écri-
aussi dans son ordonnance les uiéuies '6i Ar- rez de voire main, (jue vous reliai lez la doc-
ticles. trine conlenue dans vos livres delà maiiiiTe ,

Vous appelez bonne ilécliar^'e, » pour


« lUie qu'elle est eoudaiimée par Mgrs Icsevêijucs, feu
la doelrine de vos livres, une déelaialioii de Mgr l'aiilieveipie étant encore évéque de Clià-
BI. de McauN, «pi'il ne vous a donnée que parce lons, et M. de Meaiix.
(jue vous vous élis soumise aux deux ordon- La seconde parole qu'on doit tirer de vous,
nances, e\|irimanl celle soumission connue une MadaiiK», est que vous su|)pi imiez tout ce que
coudiliou. sans ipini il ne vous l'aurail pas don- vous avez lail, soit (pi'il soit iiiipiiiné, soit qu'il
née ; aussi bien (jiie lesilélenses qu'il vous avait ne le soit pas, soit commeidaiie sur l'Ecriture,
faites , cl qu'il nianiiie dans cet écrit que vous soit antre ou vragc de spiiilualité. Vous aviez
aviez acce|)lées, de ne vous pins mêler de con- accei)té la défen se, que vous avait faileM.de
duire personne, d'''crire et de « répandre » vos Meaux, de ré|)audre aucun de vos écrits. Dans
livres, soit iuq)rimés, soit manuscrits. Elait-ce l'usage de parler coniniunément re(,u, cela si-
là vous dr'cliarj;er sur la doi'lrine de vos livres? gniliait que vous les snp|irimiez tous, et que
l'ouvez-vous dire « qu'il ne se trouvera nidic vous n'en communiqueriez aucun à personne.
erreur dans aucun de vos écrits, et que pour Cependant pour ne rien dire du 1*. Alleaume,
cette raison vous n'avez eu nulle rétiactalion à voulant bien suppos r ici (pie votre mémoire
laire ? > Ne paraissiez-votis j-as vous éli e rétrac- vous a trompée d'almrd, et s'est remise en-
vousaviezvoulu.ionunc
tée aullii'nlii|iiement, si suite^, on voit par vos inlerrogaloircs (jue vous
on le boime loi? Kt
de\ait iirésuuier, agir de avez, depuis voire reloiir de .Meaux, donné à
quelle marque nouvelle donnez-vous encore l'abbi' Coiiliu ier trois caliieis sur la juslificalion
d'(ni retour eulier,par le papier île Vincenues, de votre doelrine par les senliuieuts des Pères,
que vous m'avez présenté le vendredi saint, et auxijuels Vous prelendez qu'elle esl conforme;
qui est dimeuré entre vos mains? Vous y tliUs, on y voit, aussi bien ipic dans les lettres du
à la vérité, « que vous vous soumetlez de tout V. la Combe, .sur le.sipielles vous avez été in-
votie cœur h la coiidaumation <|ue Mgr l'ar- terrogée, que vous avez depuis envoyé votre
clievéque a lai le de vos livres, lorstju'il était Aiwciiliipse au P. la Combe. Etait-ce, .Madame,
encore évé<iue de Cliàlons. » .Mais n'en aviiz- tenir voire parole, que d'en user ainsi? Appa-
vous pas déjà dd et signé autant à Meaiix ? et remment vous avez pris ces mots, de répandre
on vous voit depuis assurer (pie vous n'avez vos livres et vos écrits, connue ce n'était pas
.si

point eu (te lélnntaliou à faire. les ré|iandre (pie d'en donner quel(]u'un à imc
(À'Ia mar(|ue, .Madame, (|u'il faut avec vous personne, et (|iielipii> aulre à une aiilre, et (pie
bien peser toutes les svdabes, et que, conunc vous vous fussiez .seulement engagée à ne les
vous croyez jiisquà celle lieure n'avoir donné pas semer partout; et c'est ce (pii oblige à vous
aucune tt'tracliiliim, u'ji ayiiiit nulle erreur dans demander nu engaueiiieut nouveau, ou vous
vos écrits, on \ous lerail encore signer
(piaiid pronielliez de jelei' au feu tout ce ipii pomrait
votre papier de Vimeiines, vous prétendriez vous relomlnr sons la main, de vos ouvrages,
toujours (|uc vous n'auriez lait mille relrai ta- .soit impi'iiiK'S, soil niaiiiiseiits.
lion, (pie vous n'auriez eu nulle erreur dans La troisième condilioi. que je crois qu'on vous
voséciils, et «piil n'\ aurait rien de mauvais doit proposer, c'est de n'enirer dans la direc-
qu'un Usage iiicousideré (pie vous y auriez fait tion de ))ersonne. pour la conduire dans la voie
de «piehpies tenues dont vous n'auriez pas , de l'oraison ; et c'est, Madame , une suite de
assez entendu la lorce. Cela va, Madame, à élu- votre reiraclalion, |tuis(pif vous v reconnailiez,
der ce qu'on arrêtera avec vous, ànioiiu» qu'on si vous le lailesserieiisenienl, et dans une pleine
n'v lasse entrer les paroles (pii signilicront le persua.sion tpie vous avez ele dans l'égarement
plus clairemeul votre réliactalion. sur cette nialière , et que vous y êtes tombée
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 309

dans l'erreur que vous devez vous défier de


,
venez de bonne foi de vos égarements, condam-
vous-mèuie, et regarder ce ministère , de don- nés par ordonnances des évêques ; et il ne
les
ner conseil sur le l'ait de l'oraison, couune'au- paraît nullemeit qu'elle ait lait sur vous celte
dessus de vous, vous humiliant de votre chute, impression. Il n'\ a lien d'a|)procbant à ce que
et vous en relevant par le silence et par la re- je lis dans ces deux interrogatoires : cette lettre
traite. M. de Meaux vous avait interdit celte fonc- vous flatte comme les autres.
y dit qu'il faut Il

tion et c'est ce qu'il entend dans sa déclara-


, qu'on soit bien acharné contre vous, de ne vous
tion dont vous faites honneur comme d'une
, point laisser en repos; il loue votre livre sur
bonne décliarge; c'est ainsi que vous la nom- l'Apocalypse , conune le meilleur de vos com-
mez. Il y dit que vous aviez accepté la défense mentaires sur l'Ecriture ?( le met même au-des-
qu'il vous avait faite d'écrire, enseigner, dogma- sus des commentaires des auteurs. 11 dit que le
tiser dans l'Eglise sur les voies de l'oraison. Cette recueil de ce que vous avez fait sur l'Ecriture
défense d'enseigner dans l'Eglise va à quelque sainte, si on le pouvait tout ramasser, pourrait
chose de plus qu'à s'abslenir de prêcher ou de être appelé la Bible des âmes intérievres. Tout
publier en plein temple des maximes sur l'orai- cela serait capaijie de vous donner de la vanité,
son. On entend assez que c'est se renfermer en sivous étiez assez faible poui' en pouvoir pien-
soi et dans la confusion d'avoir erré et engagé
; dre mais, si forl qu'on se sente sur cela, il faut
;

les autres dans l'erreur, par la créance qu'ils t tujours se défier de ce qui va à entretenir l'or-
ont, avec trop de facilité , donnée aux livres gueil qui nous est naturel.
qu'on a imprimés, ou aux conseils qu'on leur a ne vous dirai rien, Jladame, du portrait qu'il
Je
in.-^pirés, se conlenler de se redresser soi-même, marque dans sa seconde lettre vous avoir rendu
et ne plus prendre part à conduire personne. à Passy, et qu'il souhaite encore avoir, en vous
La quatrième, qui me parait. Madame, un faisant instance pour cela, et vous priant de ne
grand sacrifice pour vous, mais sur quoi il n'y le lui pas refuser. Si cela fait compassion de sa

a |)as à composer ni à rien relâcher, c'est ab- part, en découvrant du faible dans un homme
soliunent de rompre tout commerce avec le d'une spiritualité qu'il croit fort élevée; le dé-
P. la Combe, et de le regarder comme un guide noùment que vous en donnez dans la réponse
aveugle, et qui ne pourrait cire que très-dan- que vous y laites en votre lioisième interroga-
gereux pour vous. Vous l'avez dû regarder toire, marque en vous un trait de sagesse.
ainsi, au moment que vous l'avez vu,condanmé iMais [tour ne vous rien dire que sur la troi-
comme vous par les ordonnances, ne se pas ré- sième lettre, ce Père vous y ilit à la hn que s'il
tracter, et demeurer toujours dans ses premiers vous voyait, comme vous lui aviez fait espérer
sentiments. Vous savez que sa doctrine est la que vous feiiez pour cela un voyage à Lourdes,
vôtre, vous avez tous deux les mêmes principes; il chaulerait de bon cœur le JS'uncdimiltis. Je
il vous a proposée, dans la préface qu'il a l'aile ne sais si cette application est de voti-e goût
sur votre Explication du Canligue, et dont vous mais je ne crois pas (pie le canlicpic de Siméiui
le reconnaissez auteur dans vos inlerrogaloi- soit fait pour cela, et j'ai trop bonne opinion de
res, comme la Sulamile (pii possède rcs[)rit de vous pour ne pas suppose que vous le désavouez.
rE|)(tux, et qui en peut découvrir le sens le plus Mais vous le vojez dans cette lettre toujours at-
caché et les nijsières les plus inconnus il s'est : taché h ses premièies idées sur l'oraison il vous ;

l'ail de vous l'idée la plus noble et la plus élevée y répond sur le livre de M. Nicole, (pie vous lui
qu'on |)uis.se faire d'une dame chrétienne il l'a ; aviez envoyé, et ou ne peut eu parler avec plus
inspiiée à ceux (|ui oui eu poiu- lui (pielqiie cré- de mépris. Il met une (lemi-;iage à le tourner
dulité; il ne faut, pour le recomiailie, (pic soir en ridicule; et, comme s'il ne savait pas l'clat
les h'/is lettres (pi'il vousaécriles. Dans les deux de la (piestion, il lire avantage de ce qu'il ne
premières, un auniùnierdu chàleau de Lourdes rapp(Ule rien de son Analyse, (piil lelève :

vous écrit avec lui il met sa lettre a|)rès celle


; comme si c'était une maiMpie que cet auteni',
de ce l'ère, dans le même |iapier il vous traite
; (pii déclare (pi'il ne veut tiaiter (pie de livres
d'illu^^lre persécutée, de feuune forte, de mère hau(;ais: Malaral, votre Moyen court, voire
des enfants de la petite Eglise. Canti(iue, vos Turrenls, et L'abbé d'Erliral. ne
Le Père éci il seul dans la troisième lettre, et rapportant rien de l'Analyse, u') cid pu rien
l'auiuônier n'y nu'trien de lui; mais celle lettre, trouver à reprcudie.
qu'on vous a reptésenlée dans votre; sepiièuie et Enfin je ne sais ciimine vous pomez vousac-
votre huiliènu- interrogatoire, datée du " décem- comiiKidcrde ces termes, (pie je veux bien ciicure
bre Ki'Ji), sutlirail.seul(! pour vous laii e revenir di> vous rcpréseiiler < Pour moi, •dil-il au milieu
: >.

reslime que vous avez eue pour li"^ »• vous re- de cette troisième lelire qu'il vous écrit, « duiis
310 F.RTTRES RFfATIVES

le pmnd que j'nnrais. je ne piii'^ rien faire,


loisir de Verceil, l'Inquisiliou ii'aiiprouvnut pas. mais
qniiii|iie je l'aie osau- xniM'iit. Il m'c^l ini|i(is- |»ar' deux parliculicis consullcuis de l'Inquisi-
sililr lie m'appliqHer h au( un <>nvra(.'e tie l'es- tion, qui. ,'i la véiiie, avaient exaiiuiié le livre
piil, ilu inninxle eonliniier, m'elanl lait viu- par ordre de riu<piisileur, niaiMjui ne sonl pas
ienee piiiir m'y appli(|iier ; ee (pii me liil h ainer 5 melire eu cotuparai-ou avec des évèipies qui
une lanjjMiissanlf el mi^éialile vie, ne ponv.inl censurent ici et (pie la coiigrégation des Itile-
;

ni lire, ni écrire, ni tia\ailler(Jes mainscpi'avec n'e-sl point entrée dans l'appridtalion du livre,
répntjnanee elameilnnie île cd'iir el vous sa- ; qui même a été depuis censuré par riu(|iiisi-
vez que noire élat ne porte pas de nous faire tion deltomeen i('>HH, sous Innocent XI. comme

violence on lircrail aussilôl de l'eau d'un ro-


; j'ai eu l'hoimeur de vous l'ohserver déj.'i. Mais
cher. » Est-ce là \olre étal. Madame? Il sei-ait à il [)arail hien, par l'apologie que vous faites de

plaindre, et je n'en connais guère de semhlalile cette AiuihjHe, que vous coidinuez à être atta-
dans le pur christianisme : Jésus-Christ veut chée à l'auteur; et c'est ce cpie vous manpiez
qu'on s'y lasse violence. encore hien pitis expressément dans votre hui-
V(»iis n'avez pas ouhlié(|uc j'eus l'honneur de tième inlerrogatoire, oii vous dites que ee l'ère
Vous ténioifjtier sur cela ma peine dans ma troi- vous a\ant été doimé par tm évécjue (c'est .M.
sième visite; et pour m'en donner l'explication, de (îeuève) pour voire directeur, el vous-mi^me
vous me (Iles entendre que ce l'ère taisait sept l'ayant depuis choisi pour cela ''cette clause est
ou Iniil lii'ures d'oiaison par jour. .Mais |)0iir Itien ajoidée, et elle était néce-siire, puis<|ue
faire tant d'oraisons, est-on hors d'èlat de s'ap- M. de (Jenève vous marqua hienlôl qu'il ne vous
pliquer, ni aux oiivra'..'es d'esprit, ni an travail convenail pas; il fallait vnlre choix pour y sup-
des mains? Saiid l'aul, si élevé qu'il lût à Dieu, pléer;, « vous n'aïu'iez jamais cesse de lui ohéir
et si grandes que fns.sent ses comimmications el de suivre sa condiiile. si vous aviez été por- i'i

avec lui, a|>pliquait son esprit, et occupai! ses tée de le pouvoir faire; que vous lui ohéiricz
mains de sou métier. .Mais trouvez-vous qu'il ait encore si vous |iou\iez lui demander ses avis, à
raison de dire qu'avec ses sept ou huit heures moins (]iril ne vous fi'it déleudu. Il vous l'é-
d'oraison par jour. // trahit' une lnii(]uissante et tait assez, .Madame, n'a>ant point changé de
mist'raMf vie? celle expression offruscrait hien viu's sur l'oraison, depuis ime condaiimation
des ;iens Une vie tout occupée de Dieu peut-elle si solennelle de son Aiinlysi'.

s'ap|ieler laiiguissanle et miseralile ? et |)ouvez- Il faut donc vous le défendre, Madame, el ne


vous approuver (pi'en déciivant un état incH)m- s'en pas tenir?» supposer ipie vous verrez hien
patilile avec la violence qu'on se devrait faire qu'il ne peut vous être permis, coiiune il sem-
pour s'élever au-dessus de la paiesse naturelle, hle qu'a su|>posi'' .M. de .Meaux, qui stVemcnt
il ap|iille le votre connue le sieiiT .Notre elat, n'aurait jamais approuvé (pie vous eussiez écrit
dit-ilen vous parlant, tu^ porte pas de utxis faire à ee l'ère, comme vous marquez que vous lui
violence. Il veut, .Madame, vous iuléres,ser eu avez ('crit une fois de .Meaux, « en donnant vo-
vous mellatd <le son coté, et vous taisant parta- tre lettre ouverte h une reliiiieuse de Sainle-
ger avec lui son état. .Marie, qui av.iit soin de cacheter les lettres. »
Si vous n'aviez point onlilii' le renoncement C'est ce (pie voiisdiles dans votre troisième in-
que vous aviez de volii- doctrine, en vous
lait leridgaloire. .Mais il ne faut pas, de votre part,
soiunellaut n la condaninalion cpii en a été faite en demeiner à vous alislenir de ce commerce
h (iiiàlous el à Meaux, vous aiuiez, an moment parce (pi'ou vous l'aura deleiidii. On ne vous le
que vous viles celte lettre, (piillé toute l'estime défend que parce (|u'il est mauvais. Vous en vo-
que vous aviez pour ce l'ère. Vous voyez sa doc- yez le ilauj:ei si vous êtes dans un grand repen-
rine condanmieouume la vôtre: puuvez-vous tir de vos erreurs .sans ipioi vous ne devez pas
:

condamner la vôtre sans coudaumei la sienne? penser aux .sacremenls, et personne ne vous y
El s'il persiste dans la sx'inie, ne devez-vous peut recevoir. C'est nu prétexie. Madame, de
pas, en qu uit la \ôlre, le «piilter lui-ménic ? dire (|ue vous voulez ;^ssisler ce l'ère dans ses
Vous ne vous êtes pas sans (lonle souvenue de hesoins: on y peut |H)urvoir «railleurs, el vous
cet en)iaj,;emeiil dans votre .sejilième inteiroga- ne <levez plus du tout entrer en rien dans ce qui
toire, ipiand vous « (|ue la iloctrinc de
v dites le regarde. Cela vous coûtera, .Madame, mais il
ce l'ère n'a poiui 4lecondauniee qu'au con- ; faut iKMis arracher nous-mêmes l'u-il et la main,
traire elle a clé iqipminée par l'inquisition de s'il ) a (pichpie.scandaleà en ciaiiiilie, .soit pour

Verceil et par la coii.:;rcj;aliciu des Hiles. » nous, soit pour les aiilres. Kl après iivoir tant
Il ne s'a};it pas de \ous l.iiie voir ici que .son mar(pié votre envie pour le revoir, coiniue il
Atiiilyse n'a pa^ Otc approuvée (tar l'IiKjui.siliou parait dans les trois lettres i|u'il vous écrit de-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 311

puis le mois d'octobre, il est bien juste que vous pieds et couronnée d'étoiles mais surtout les
;

en quittiez jusqu'au souvenir, autant qu'il sera deux lits (vous entendez. Madame, ce que je dis
en vous, et que vous ne pensiez plus lui que i^ de votre songe nous en avons parlé), ne peuvent
;

comme un écueil dans votre conduite spiri- que choquer les àines pieuses. Il faut sur tout
tuelle. cela, Madame, quelque réparation et comme ;

La cinquième obligation où je crois que vous il y a en cela bien des faits connus comme no-

êtes, avant toutes choses, c'estd'édifier autant le toires, il faut que la réparation soit publique. La
public que vous l'avez mal édifié, ou qu'on l'a prudence doit régler cela, en vous ménageant
ma! édifié à votre occasion. Vous savez que ces autant que la charité et l'édification de l'Eglise
termes de petite Eglise, dont vous êtes appelée le pourront permettre, mais n'omettant rien de
la mère, de colonnes de la petite Eglise, d'aug- ce qu'elles demanderont. 11 faut un acte de votre
mentation de la petite Eglise, ne peuvent qu'of- part qui convainque le public de votre soumis-
fenser et vous n'avez pas pu vous-même soute-
; sion parfaite: cela ne peut être trop humble.
nir cela dans vos interrogatoires vous n'y avez : Mais il faut commencer par changer de cœm' il ;

pu donner un bon sens, et vous en avez renvoyé ne faut pas se presser avec précipitation pour
l'explication au Père, que vous dites, dans votre recevoir les sacrements.
second interrogatoire « avoir accoutumé de se On tremble quand on lit, dans vos Torrents,
servir de cette manière de parler, dont vous ne que vous faites aller vos âmes du premier ordre
vous servez pas vous-même. » C'est ce que vous à la communion, comme à table, tout naturel-
marquez encore dans votre septième interroga- lement ; et se confesser, comme
feraient des en-
toire. Vous avez souvent dit, dans vos interroga- fants, des lèvres, sans douleur ni repentir. Il
toires, que vous abhorriez les sectes, et rien n'est faut prendre du temps, Matlame, pour vous per-
plus digne d'une dame chrétiemie mais il faut ; suader de toutes les obligations que je viens de
évitai' de donner lieu à un soupçon contraire. marquer; et j'en ajoute une dernière.
Mais, Madame, ce n'est pas la seule chose qui en ce que vous devez vous
Je la fais consister
ait offensé à votre occasion. Car, enfin, ijue les remettre à Mgr l'archevêque, ou à celui qu'il
autres vous fassent passer pour une prophétesse, vous enverra pour le représenter, de tout ce que
qu'ils vous regardent comme la mère de la petite vousaurez à faire pour satisfaire le public, et de
Eglise, si vous désapprouvez cela (ce qui, à la la manière que vous aurez à suivre pour cela,
vérité, ne parait pas, et qu'il est malaisé de jus- le faisant juge de tout, et vous soumettant de
tifier de votre part, puisqu'au lieu de désavouer votre part aveuglément à tout ce qu'il vous mar-
tout cela vous l'avez laissé dire), vous n'en serez quera. 11 ne s'agit pas ici de faire la loi à rE;',lise:
pas responsable. Maiscequ'on a trouvé de misé- c'est d'elle qu'il la faut recevoir, et toutes les
rables livres chez vous a fort dé|)Iu à tout le pu- personnes dont elle a condamné les erreurs ne
blic, et rien ne convenait moins à une dame d'o- sont rentrées en grâce avec elle, ou ne s'} sont
raison. Vous n'y reconnaissez poiu' être à vous mainleiuies, qu'en s'al)andonnanlàelleet la re-
que Griselidis, Peau d'âne cl Don Quichotte; gardant comme leur guide. C'est, Madame, la
mais ^pour ne rien dire de La Belle Hélène, que conduite (pie vous avez à tenir sans ipioi on
;

l'abhé Couturier dit «pie vous lui avez doimée, ne i)eut du tout vous doimei' les ^acl•ements..,
en lui disanlque, prenant celte pièce dans le sens Il fautvous y préparer coinniejevousleinai(ine ;

spirituel, elle était bonne et instructive), quand et si vous entrez dans ces dis|iositioiis que je
vous n'auriez pris plaisir qu'à ces livres de Peau vous pi'oposc, et (pie l'Eglise voie en vous les
d'âne, D(m Quichotte et autres se id>lal)les, cela marques d'un vrai changement, ne douiez pas
même nV'lail pas aussi sérieux (pie devait être (pi'elle ne vous tende les bras et (pi'elle ne vous
voire lecluietamilière. Vos di\-neiili>pérasspiri- y reçoive avec joie. J'en aurai une très-sensible,
lucls, et lescomédies de Molière, man|uent un si je puis contribuer à ce succès, que je .souhaite
amusement d'oisiveté, et n'étaient pas nue occu- avec autant de passion tpie je suis avec respect,
pation digue de vous, Madame. etc. PiROT.
Je ne crois pas (|ue votre Vie, faite par vous-
môine, soit connue de beaucoup de monde mais ;
Je n'ai pas voulu. Madame, rien toucher, dans

je sais que d'autres ipie M. de Meaux l'ont vue, ma lellre, de tout ce «jne vous me dites, ilaiis les
cl le degré où vous vous y élevez vous-même, la
eu rhduuciir de vous r("iidi(', de
visil("s (pie j'ai

familiarité (pie vous vous y dormez avec Dieu, la VOnlinuKuice .Mgr revè(pio de Cliailics; \ous
di'

(MMipaiaisiiii (pic vous iailesde vous-même.'ivcc vous en SKinii'iidrez aiscmeul. Vous me Iciudi-
la Icmiiic (le \' Apucalinise, ipii s'enfuit dans le gnàtes sur cela faut (rindigualinii. {pi('|i.ic deux
dl•.^ell, cii\ironnec du soleil, la lune sous ses fois vous in'assui;Ues que vous iie poiiiiiez ja-
312 LETTRES UELATIVES

in.iis vous n^^niidre à vniis y soniiullre, cl qu'il dans l'état où je vous voyais, c'était que vous
n'> a |»oiiit (le /cH-r, do roues, i\c rlu-vnl ts que ne senti.ssiez pasasst^zce mal, puisque peul-élic
xiiis iH! soiiirii->iL'z pliiliM que de le f;iir<\ Cesl ne vous icpiocliiiz-vons pas une faute vénielle
ce r|iic vous me dilcsdans la proMiiiMC visite, en dans toute votre alTaire. Vous ne me répondîtes
nie MiDiilrant le rcualliiuié daiisvolic chnuihrc, rien, et cela me donna lieu devons (aire encore
et (|uc vous uio irprliles dans la Irnisii-ine, d'un depuis ce même reproche, et vous ne me répon-
air dont l'idée uie lait eiu'orc peur. Ce n'csl pas dîtes pas plus. Celle conliance, Madame, per-
qncje vous propose de signer sa censure mais ; meltez-inoi de le dire, me parait pré.somplueuse,
l'i'loif;tienienl que vous en supportez n'est pas et je vous avoue (pi'elle m'épouvanta.
supporlahie. Ce pivlat niai(|uc, dans la pafic 13 Il est dites une autre fois,
vrai que vous me
dfî son Onlotiiiaucr, qu'il a conléié avec Mf^r en vous d(''fciiilant d'être coupalile de péchés,
l'arclievèipie et M;:r de Mcaiix et se roidir, ; que vous n'étiez pas à confesse ; et (|uc si vous y
coninie vous failcs, conlre elle, c'est ne vous pas étiez, vous sauriez ne vous y pas excuser. El
sonuieUrei'i Mj^r l'arclievèipic. .Mi^rde .Meauxdil cela me fait souvenir de ce (|ue j'ai In dans vrs
dans un écrit |»atlicidier, en |iarlanl de celle Torrents, que des âmes ipie vous repardez
OnldiiiKnirr, «(pi'il peut rendre téuioignage de comme des plus [lailaites se confessent (piel-
la vérité des extraits qui sont continus dans quefois, a jiarce (pion leur dit de le faire,

cette censuic, cl qu'ils sont conloriues à un sans pouvoir s'accuser de rien ; parce qu'elles
exemplaire qui lui a été mis en main par votre sont soumises comme un iietit enfant à qui on
ordre. » dirait ."
Il faut vous confesser de cela. .Mais lors-
Je voudrais, Madame, que vous eussiez vu dans qu'on leur dit ; Vous a\ez fait cette faute, elles
riiisloire ecclésiasticpie les cxem|iles d'humilité ne trouvent rien en elles (|ui i'ail faite et si l'on ;

qui s'y trouvent marcpiés dans des réiraetations dit liites que vous l'aviz faite, elles le diront
:

de personu'^s à qui il a\ait éelia|)i)é(|iuli|ut' er- des lèvres, sans douleur ni repentir. » Est-ce \h
reur, lorsque leur clianpriunl s'est lait dchoimu votre portrait. Madame? Si cela était, je crain-
foi vous ne vous élèvcrie/ pas si fort contre
: drais pour vous, et je ne tiens pas celle situation
celle Ordonnance, et vous ne feriez pas tant de d'ànie honnc ipiand on médite nneconfessiim.
:

diriicultés de vous y soumettre. Votre retour, il tant .se reconnailre coupahie et s'exciter à la
pour être tel que je le souhaite, doit étic ap- contrition. C'est la disposition que demande le
prouvé de tout le monde, mais .<;iulout desévù- concile de Trente, et c'est la doctrine de l'Eiilise,
ques, et particidiérementileceux delà provuicc. mnnpiéedans tous les catéchismes. Il faut, .Ma-
Uuand saint Aii^riislinet quelques antres évéqnes dame, commencer vous détaire de Ions vos
|»ar
d'Afriipie reiurml la rdrai talion ipie lit un pi{'juL;és pour entrer dans ces sentiments. En
nommé /,(7)('n'u.s-, des erreurs (pii l'axaienl fait un mot, il faut avec une humilité exemplaiie,
condanmer par les é\éques de France, il en faire tout ce qu'on vous manpiera.
donna avis aux piélals tramais et \oidut (pi'ils
ratiliasstMit l'alisoUition que les .\lricains avaient LLTTKE LX.
doimée ;"i ce Français. La lettre de ce l'ère sur BOSStET A SON .NF.VF.O.

ce sujet est deux cent dix-neuvième dans


la Ce 10 juin 1G%.
rinq)resMon nouvelle; elle est très lielle, et mé-
Je reçois avec |)laisir votre lettre de Home du
riterail hien que vous eussiez la curiosiié de la
"22 mai, et une de pareille date de M le cardinal
lire il serait ai.sé.
: Madame, de l,i satislairc. de Jansoii, (pii me témoigne toute .sorte de bon-
Vous seriez édiliée en la lisant; et <piand vous
tés et une paiticiilière satisfaclion de vous. Il
aurez hien p<'nsé;i ce (pie vous devez i'i rEi,'lisc
m'écrit aussi très-olilige.iiiimenl de .M. l'helip-
poiu- nparer le hruil t\n\ a lait votre doctrine
peaiix. Nous attendons la suite de vos relations
sm- l'oraison, il ne tieiidia p.is à celle
soumis- tous les ordinaires Je ne manipierai pas de vous
sion, que vous reconnaîtrez aisément ne pas
écrire ; aujoiinriiui, la fêle ne m'a lais.s«* ipie le
devoii' reriis<'r.
loisir (jiril lallait pour écrire aux deux c.inli-
Mais pour cila, M.idaiiie, il faut (|iie vous
naiix '. Vous faites hien de ne vous einhai ra.<:ser
so>ez convaineiiedii mal (pi'onl fait voslivres, si
moins i|ue vous pourrez de.... Il me seiii-
(pie le
innocentes (pie lussent vos intentions; et méiiic
hleque vims devez avoir un cachet sciuhlahie au
du mauvais ellcl i|u'a proilnit votre conduite,
mien.
où il a moins paru de simplicité et de caiideiir
'
1>< Jui^ii <t Norls,
qu'ii n'aurait été à désirer: pardonnez-moi ces
ermes. Je pris de vous dire, a Vinccn-
la liheilc

nes, que ce qui nie paraissait de plus Iciriljlc


A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 313

LETTRE LXI. des lettres que je lui ai écrites. Il faut prendre


garde aux causes du retardement, et rectifier lés
BOSSUET A SON NEVEU.
désordres s'il y en a eu.
A Meaiix, ce 24 juin 1696.
Lundi, les connnissaires ' feront leur rapport
J'ai bien de la joie d'a[tprendre, par votre let-
sur la Mère d'Agréda. Ils doivent qualifier dix
tre du 4, la coiilimiatioii des bontés de Mgr le
ou douze propositions, et traiter le reste en gros.
cardinal de Janson. Je ne le fatif,aierai pas de re-
La Faculté n'aura pas le temps de délibérer ^u
mercînients; car jamais on ne finirait. Témoi-
prima mensis : je n'en sais pas davantage, M le
gnez-lui bien ma reconnaissance.
Nonce a fait quelques efforts, à la sollicitatioii
Je suis ravi de l'avantage que vous avez eu
des Cordeliers, auprès de M. le Chancelier.
de baiser les pieds de Sa Sainteté, et de toutes les
On dans une grande attente de ce qui se
est
bontés qu'il vous a témoignées. Je crois qu'il fau-
fera à Rome sur le P. Papebrock^.
dra trouver quelque occasion de lui écrire. En
Nous vous avons écrit la mort du pauvre M. de
attendant, vous ne sauriez assez marquer à tout
la Bruyère, et cependant nous voyons que vous
le monde, ni assez chercher les moyens de l'aire
l'avez appi'ise par d'autres endroits.
insinuer au Pape même ma reconnaissance, mes
J'ai reçu une lettre du 4, deiMgr le cardinal de
respects et ma soumission.
Janson, toute pleine de bonté pour vous. Je lui
11 revient de tous cotés qu'on est content de
fais réponse.
vous à Florence j'espère qu'il en sera de même
:

à Rome. Le connnencement est fort beau. Je LETTRE LXIII.


suis bien aise que vous paraissiez avec toute la BOSSUET A SON NEVEU.
bienséance possible, et même avec de l'éclat A Paris, ce 9 juillet 1696.

convenablement. J'ai VU, par votre lettre du 19, que vous arri-
Je ne manquerai pas, à mon retour à Paris, viez de la campagne, et que vous alliez vous met-
qui sera au connnencement du mois piuchain, tre en train de laire doucement vos visites. Pour
de voir M. le Nonce, et, en attendant, de lui faire moi, j'arrivai ici samedi. Je trouvai l'affaire de
par lettre nos remercînients '. la Mère d'Agréda embarquée. Les députés ont
J'ai obtenu la permission de faire tirer le por-
fait leur rapport, qu'on a imprimé; la Faculté
trait des princes. On trouve plus à propos de les
doit connnencer ;\ délibérer samedi 11, et con-
jiire faire par Troy, dont le pinceau passe pour
tinuer jusqu'à latin de l'affaire. Les Cordeliers
le meilleur : il fera un effort pour l'Italie. Nous font leur brigue mais on croit que tout passera
;

commencerons aussitôt après mon retour, et conformément à l'avis des députés.


j'écris dès à présent pour le préparer. Un Cordelier nommé Méroin a dit qu'il était
J'attends des nouvelles de vos visites, et sur- porteur de deux brefs, où Sa Sainteté se réser-
tout chez les cardinaux d'Aguirre Colloredo et vait la connaissance de cette affaire; et, au cas
Noris. que l'on passât outre, a déclaré qu'il en appelait
Le Père général des Jacobins 2 est tro|) habile au Pape. Il s'esi depuis, dans rassend>lée même,
et de trop bon sens pour ne i)as trouver ridi- désisté de son a])[iel. On a su qu'il n'y avait point
cule le livre do la Mère d'Agrédn, quand même de brefs qui portas.sent ce (ju'il a dit, et l'on a
elle n'aurait pas fait Dieu scotiste. M. le Nonce passé oulie à la dêlibériilion. Vous savez ce qui
a l'ail quehjues efforts pour empêcher le cours a engagé la Faculté d;ins f examen de ce li\re,
de la censtu'e de la Faculté : il parait qu'on c'est qu'il était nuuii de l'approbation de deux de
passera outre. ses docteurs.
LETTRE LXII. M. le premier président a mandé Mérom, sur
ce qu'il avait voulu présenter des brefs tpii n'a-
BOSSUET A SON NEVEU.
vaient point |)assé par les formes ordinaires, et
A Geriuignj, ce M juin 1690.
l'on vient de me diie (pi'ou l'avait envojé hors
Je suis bien étonné de voir, par votre lettre du
de Paiis. Tout le inonde est soulevé contre l'im-
^'2, que vous n'avez encore reçu aucune lettre
pertinence impie du livre de celle Mère.
de nous en Italie. l.)e|)U;is la réception de vos let-
M. le cmlinal d'Aguirre n'a pas voulu s'expli-
tres de Florence, j'ai éifrit pr(!sque tous les oiiii-
naires. M. Phelippeuux ne parle pas non plus '
Do la Faculté do tlniologlo.
3 Les Cannes mirent tout en œuvre pour obtenir de Komc une
'
H avait <icril A Rome pour y procurer une Irii i c réception et condamnation des ac/e.< dMinin/i publias parce Fin. Tuu!. les
doH niiilii A l'abbô tio^siiet. savants do l'ICuropo en lurent indiKUi!!, et plusieurs s'en plaïuni-
P. Cloclie, Fraudais de nntion, trés-diKtingii6 par son Mvoir
ren( nu Papo et aux cardinaux. L'empereur m6mo écrivit au l'npo
3 1.0

et son xèlu pour les bonneb l'tiiilc», qui consuli'rail tx^.'iucnnp Uossuct, otnu roi d'KspaKiie, le 20 Janvier I)i96, afin d'cmpiVher rini|ijiM-
et «loiit il sera souvent parte dans toute I-i huilo de c^'ltu currca|.un'
tiun do piisAor nutre ;atc«tt«allaire n'cOt pus i liumo d autre suite
d.i"'e. — r«y. Dupiu. Ilist.dit wu' tticU, t. i, p .^77.
314 LETTI\F.S REI.ATIYES

qiier sur cflle nuilii^m : apparemment qu'il ne celle du cnrdinal a un caractère par-
Ca.<u)nnte

Yoiilail ni ap|ii'iiiiv(-i'(iiiei li<)M-iiiau\aive, ni cun- pour vous et pour


ticulier d'aiiiilié et d'e.Nliine

(laiiiiit r ce ipii- sa nalimi ap|iruii\e aussi bien moi. Je suis ravi que vous fréquentiez .sa mai-
qne son grande inipalicnie que vous
roi. J'ai son et sa bibliothèque, el que vous vous entre-
aw'/ renihi vos ropecls à celte KiiiiiiiMice, et aux teniez, et moi aussi, dans ses bonnes grâces.

aiilro.s(ionl vous savez (|ue je soiiliaili- parlicii- M. (le (^loissv est mort cette nuit, après avoir
reçu, la veille el ra\ant-veille, tous les sacre-
iièieiuent que vous niéi iliez les bonnes grâces.
ments avec une piété exemplaire.
LETTKK LXIV. Le iiiaiiaj;e de .M. de Torcy avec Mlle de
BOSSLKT A SON NEVEU. Pomponne Le mi l'a souhaité, et
est arrêté.
A Paris, c« 16 juillet 1696. son désir s'étanl déclaré davantage pendant la
maladie du père, ou a jii;:é que Sa .Majesté vou-
J'ai rcçn votre lillre dn '2r) juin. M. de Heims
lait lier les deux
pour Ira lier les af-
lamilles,
m'a dit aussi (ju'il a\ail rcrii votre relaliou.
faires élran:;ères avec de l'ompouiie durant .M.
Vous lui avez lait plaisir, et i^i moi aussi. Ai. le
queli|ue temps. On ne doute poiiil que l'exer-
cardinal île Jaiison continue à lui ci-rire sur
cice de la chaige ne tlemeure à .M. de Torcy,
votie siiji'l (l'uiie niaiiière si que
ol)li;;caute,
dont la si;;e.sse, t'hoimelelé el les manières sont
nous ne saurions assez l'en remercier ni vous
universellc:iientapprouvées; eu sorte qu'un aura
ni moi j'en ai le cu'ur : pciiélré.
de la joie de tout ce qui se tera à son a>anta<;e.
Je re\iiis hier de Versailles pour assister à-la
S'il y a ce soir ou demain qnehpie chose de
réeeplioii île .M. l'abbé l'Uuirv ', et à .sa liaranprue
nouveau, je vous l'écrirai de Versulles.
à l'Aciulémie. Il a la place de notre pauMC
On continue les délibérations sur la Mère
nmi 2, que je reijrelle tous les joui-s de plus en (1
'.V^'iéda. La question est entre la censure t»
plus.
gldlxi, el la censure avec des <pialilications par-

LETTKE LXV. licnlurenienl appliipiees, donl plusieurs pré-

BOSSUET A SON NEVEU. teiideiit ipie le lixie n'est pas <li;.'iie. On dit ici

A P«ri«, ce 23 juillet 1696. que la censure contre le Propylœum du P. Pape-


brock a passé à Home.
Le révérend 1*. Péra, Dominicain, a mandé Nous cnlendimes hier la Roberline de M. l'abbé
ici à M. le cardinal d'Eslrées que vous éliez
de Loiivois, qui se lit avec autant de savoir,
très-bien venu en Italie.
de précision et d'élégance qu'il était possible.
Ou continue à délibérer en Sorboniic sur la
M. l'abbé de Jaiis(ui v disputa, el lit tiè.s-bien :

Mère d'.Vfiieda b'S a\is se parla;;ciil Inrt sur : la


on le loue beaucoup. A nion leloiu de Meatix
manière de ceiiMirer. Ceux qui ta\oris('iit le
qui sera après l'Assomplion, je clierclierui l'oc-
iivie liaiiieiil eu loiiy;iieur les opinions. J'ai reçu
casion de lecomiailre.
la censure des inqiii>ilinii> d'K>paj:iie sur l'ape-
Nous aNons vii le livre du cardin.".l Sfondrale,
brock, dans le paquet de .M. l'IiclippiMiix.
sur la Conception iinmaeulée': il est élevant
eu une pelile allaire enlre M. de Lyon
Il y a et curieux. Il y fait lieaiicoup valoir un livre
et M de Konen, à la Mes.sc du roi: le prenueri
sous le nom auteur du
de Flavius Dexler,
qui avait occupé la place, l'a soiileniie contre
iv siècle, que le cardinal d'Agiiirrc a mis vu
raiilie, qui la voulait prendre sur lui. Le roi
pièces dms ses coni iles. .M. de Paris \ous prie
n'a pas paru voir: moi qui y elais, je ne vis
de remlre giAces à celte Lminenee de son pré-
rien.
sent, el de le liien assurer de ses .services.
LEIIKK I.XVl. M. le nonce est ici toit estime, par mille belles
B0S8UKT A SON NRVED. qualité. M. de lleiius lui donna ces jour> |>;iN>és

A Paru, re '.'0 juillet ITiOG. où 31. le cardinal il'ENlrées lit


lin granit diiier,

reçu votre lettre du 1(1, et à |>eu prés de


J'ai excellemment les honneurs. J'embrasse M. Plie-
même date celles des cjirdiiiaiix Cibo, Altieri, lippeaiix.

Lasinate cl Colloredo, toutes lrés-ol>li;;eantcs: Le> lettres de M. cardinal de Janson sontle

loiijoiirs si pleines île bonlr pour vous, que je


' Ont lr> r^l^hrc hittoricn. BouilPt, qm leroniid^r«it be.inroiip,
r«ï« 1.111 ci.M,.,r pour •nii»-prrr<.|>lri.r ilr, KiifanI» dr Fi/iii <•, cl me crois obligé de m'en entretenir encore avec
Itt maiitUht ri.r.Tr lUti» <-c poitr i>ar Mnii cr<slii. Ion d« In 'i<Mr,iro
lui.
de M d« Canr'ral. cornu. .\ r^ ...i s ii.'.r...
• ...i.
i w ..t - i.

Om dnit dirt i la l.iuaiU'


d'' rUcrr itr i » aTâni-ir r < C>li<^re(*ftt fnlUulé tinnotmt*'* riméienfû. L'aot'mr mtn|trfrHi
M. Le<li«a mart)iic «la'' . r.
d'y pr»<m* r \ r 1.1 r> Mo ...» I''«••.or « .p n >ii>iti«- i .

1
!'.'.•
.. >|Ue I (bbe Fifllfjf .iiira.l c i . cMch! .Je > ...i, i ...i :. .,ui Lit
duniir à I ahi.r Cplbirt, s'il «valt voulu f«lr< la moinUre dtmarch*. d'où il CUI>'

loltt)Ur — '
A L'AFFAIRE DU QUiÉTISME. 315

Tout se porte ici à l'ordinaire. Voilà une vous en voyez toutes les raisons et toutes les
lettre de .M""' de Jouarre, que j'aurais dû vous dittlcultés.
envoyer il y alongtejups. Prenez bien ganle, en Vous ne pouviez pas choisir deux livres plus
lui faisant réponse, de ne lui pas marquer ce propres que les V(iriationi> et V Apocalypse K D'a-
retardement je serais perdu sans ressource.
;
bord que je serai à Paris c'est-à-dire , après ,

l'Assomption, je commencerai à envoyer les


LETTRE LXVIL passages latins qu'on demande; et avec raison.
FÉNELON A BOSSUET '. Voilà deux illustres ti'aducleurs à qui je vous
A Versailles, ce 5 Août 1696. prie de faire dema part toutes sortes de remer-
cîments et d'honnètelés.
Monseigneur, de ne pou-
J'ai été Irès-fàché,
Le canlinal d'Aguirre m'écrit avec une ten-
voir emporter à Cambrai ce que vous m'avez
dresse et une bonté extrême pour vous et pour
fait l'honnenr de me confier; mais M. le duc
moi. Il me dit qu'il est actuellcineut occupé de
de Chevreuse s'est rhargé de vous expliquer c
qui m'a obligé à tenir cette conduite. Il a bien
la lecture des Variations, dont il fait un grand
éloge.
voulu, Monseigneur, se charger aussi du dépôt,
J'écris à M. de Malezieux pour le chevalier
pour le remettre ou dans vos mains à votre re-
Tarlare^, qui m'a écrit, et à qui je ferai ré-
tour de Meaux, ou dans celles de quelque per-
ponse par le premier ordinaire. Dites-lui bien
sonne que vous aurez la bonté de lui nommer.
Monseigneur, que je prendrai tout le soin possible de ses in-
Ce qui est très-certain, c'est que
térêts.
j'irais au-devant de tout ce qui peut vous plaire
Je suis venu ici pour une thèse qui m'y est
et vous témoigner mon extrême déférence, si
de suivre mon cœur en cette occa-
dédiée: ilnombre d'honnêtes gens, et la
y a
j'étais libre
fleur de l'Oratoire. On y attend le P. de la Tour,
sion. J'espère que vous serez persuadé des rai-
qu'on regarde comme devant être bientôt gé-
sons qui m'arrélent, quand M. le duc de Che-
néral. Le P. de Sainte-Marthe se doit démettre
vreuse vous les aura expliquées. Comme vous
dans une assemblée qui se tiendra au mois pro-
n'avez rien désiré que par bonté pour moi, je
chain à l'institution. Son grand âge et ses in-
crois que vous vouiîrez bien entrer dans des
lirmités donnent un prétexte à sa démission,
raisons qui me toui ent d'une manière capi-
i

que tous les amis de cette congrégation ont


tale. Elles ne diminuciiL en rien la reconnais-
crue nécessaire s.
sance, le res[iect, la déférence et le zèle avec
L'on continue les délibérations de Marie d'A-
lesquels je vous suis dévoué.
gréda sur le même pied. Les mendiants et
LETTRE LXVIIL leurs [)artisans occupent le temps en vains et

BOSSUET A SON NEVEU. mauvais discouis, espénmt qu'on se servira de


l'autorité pour hâter les délibérations on n'en :

AJuilly, ce 16 A(iûtl69G.
fera rien. Cette vengeance est enragée contre
Vous m'avez fait plaisir de ni'envojer la lettre moi, parce qu'ils veulent croire que j'agis plus
de M. le duc de Savoie à Sa Sainteté. M. de que je ne lais et ne veux taire dans celle alfaire.
Reims m'a mandé (jue vous la lui aviez aussi Je n'ai point reçu de lettre du cardinal Noris;
envojéc. Elle lait voir qu'on parlait ouverte- c'est le seul (pii ne m'ait pas écrit peut-être sa :

ment à Rome d'une paix dont on faisait encore lettre viendra-t-elle par le P. Estiermot, ou ses
un peu de mjslère h la cour lorsque j'en suis compagnons. Je sonpi;(inne un peu de ti'oiti de
parti. Le maiiiige de M. le duc de Rouigogne son côté. Unoi qu'il en soit, c'est un homme
avec la princesse ainée de Savoie m'a donné qu'ilfaut tâcher de giiguei poiu' le bien tie ,

occasion de parler de ce que j'ai perdu par la l'Eglise. Il est fort gouverné par la cour de Flo-
moil de M"" la l)au|)liine'^ ; j'ai été favorable- rence.
nienl écuuté. Je ne pouvais me taire en cette \\ faudra bien lui dire combien j'estime ses

occasion, (jucl qu'en doive être l'événenjenl: ouvrages, et en particulier son Apulugie, sur
la pielleje lui écrirai, s'il m'en donne la moindre
< C'est ici do cri'nnre rinnt le duc de Clicvreuso était por_
la lettre
M. do Moaux smi manuscrit des Btali dn- oi'verture.
leur, lorsqu'il rendit i
riiinon t|up M. de (.'iimbril rcfusii Uniiprouver.
D. D4li>ri» a mis à la miite do ceit» lettre un .V mnirt de Fi-nelon U s'agissait de Iriiduiroen italien co^ deux ouvrages..
'

Il Mnierf"' Vaiiiienn, pour Jiistiller son rcfu» d'approuver le livre d« ' ,7 1 —


iir 11' ciiivacieiTiirlnr.-, In leltrc do Il..^Ml^t au comte tic
iUiïi'-ui'i On peut lo lire dans la lielaLion, où ce M'.motre Mt Insér' Pontrhartrain Lillru divtrtu et VHùlmrr dr llotniir', l'i.ii--
;

i.iiit entier, «ect. 4, n. 2. Justi. du I. viii, n. I.

t en avait «-tti premier num/^nlor. H demanda dôtrr premier


II loMi lui exécute par rapport * la ih'missioM dn 1' !• M' Mar-
'

aiiniMiiier de Min" In duciose de llouri;<>i;ne ce i|n'il nl>tint doua


, the ol relocUoii du l". do La Tour, cuinuio M. do Mcaiiv le uiaritUii
celle «uiiée, coiiiine on It verra par les lettres auivantrst
316 LEi'lKLS HELATIVES

J'ai fail vos niinpliiiiciils à M. l'aiclii;\i^(|iie dinairc de ma lettre an cardinal d'Aguirre ,


que
de l'aiis. (|iii vous Icsiciid de bon tniir, l'I vous les siennes m'y ont engapé.
prie dv laire ses leiiicrciiiieiits h M. le cardinal
d'A;^Nirrc.
LETTHE LXX.
Le roi a dit à M°" de Mainlcnon ma propo- BOSSLKT A SON NEVEC.
sition ', cl elle m'en a écrit i)lilip;e.itiiment. Je A Ver^ailtcï. ce Î8 août 1696.
n'en crois |)as da>aida^e. Sa MajcNté déclara liier (]u'elle envoNait pour
Jen<li encore le prince d'Orant^e t'-tait campé otape à Turin M.M. les ducs de l'oix el de Clioi-
prùs d'Alli : il a fait romraj;er ponr liiiit jours. seul, avec dix mille éciis à liaciin pour leur (

Il an désespoir de In paix de Savoie. Elle est


e>t
voyape, et mille éciis par mois |)our leur table.
admirable, et on a bien sn mépriser ce ({ui en Un croit toujours (pie la princesse viendra à
ellel ne servait plus de rien : lieue nums iinia Fontainebleau. Ou n'a rien decl.uésursou sujet-
coiitt'mticif. M. le duc de Sa\oie va se mettre à la léle de nos
On lortement anx létes des princes.
tra\aille armées. On croit (elle de .M. de (laliuat (b; trente
La de HoiM-u'ogne est laite, et elle est
léie de .M. à Irenle-cilKi mille hommes, a\ec dix mille de
si belle (pie je crains <jn'oii ne lions l'enlève; ce celle de Sa\oie. Vous de\ez a\oirsu aussitôt (|ue
n'est poiii tant (prune siin|ile conjecture. nous (|iie M. .Maiisfeld est à luriii, où il a olTerl
le roi lies Itouiains, el (jiie cel;i n'a rien opéré-
LETTRE LXIX, On lait dire à M. de Sa\oie (ju'oii le verrait à la

BOSSUET A SON NEVEU. télé des Iroupes de Fiance avec autant de gaieté
qu'il en avait eu à paraitie à la tète des tioiipes
A Versailles, ce 20 août 1G96.
allii'es. avec celle dillérence que celles de France
J'ai reçu un billet de .M. le cardinal d'Aiïuirro, élaii'iit meilleures.
d'une bonté sans exemple. J'y lais la réponse (pie Vous aurez encore une fois de mes nouvelles
je vous envoie tout on\eile et (pii vous leia ,
d'ici; a|)iès (pioi il faudra aller au synode.
entendre les deux leltres auxfpielles je réponds. Il y a eu à .Meaux quebpie contestation entre
Je suppose (jiie vous ;i\e/ mon cacliet. le cliapitre et les compapnies pour les |)laces du
Je suis bien aise (pie le livre de la mère d'A- cliii'iir. Messieurs du presidial pour se venper. ,

préda soil connu. Ce (pii re;iarde la conclusidu ont informé el dicrété d'ajournement personnel
de la Sorbonne, c'est cent (pialre-vinf;lsopiiiaids, M. Nobliii cliaiioinc, pour avoir été à heure
,

parmi lesipiels les delcnseurs iiidirecls du li\re, indue au latalia clie/ Itametin. Noblin est venu
partisans secrets des Cordeliers ,
parlent des au pailemeiit solliciter des défenses, que je crois
quatre . des cin(| et des six lienres. qu'il oblieudra aiM'menl 2.
AsMiji/. toujours bien de mes respects M. le fait con\enii
J'ai les compapnies pour leur
cardinal de Janson : di.es-lui (pie j'ai le co-iir marche à la procession de l'Assomption je crois :

pénétré de ses binili-s. Suivez en toid ses conseils, (pi'il lie me sera pas malaisé de faire encore

non-seulement pour ce ipii regarde Itome, mais ciin\eiiir le chapitre et les compapnies: mais ce
pour toute \olre conduite. .Nous lui sommes bien .sera pour mon retour. .M. le lieutenant péiiéral
obli|.;és du soin (pi'il |)rend de laire souvenir Sa et .M. le procureur du roi in'aNaieut dil (|u'on ne
Sainteté de nous. pous>eiait pas |)lus loin ipie riiilorniationraflaire
A\aiil de faire réponse au clievalier Tarlaie , de .Nobliii : peul-élie n'eu ont-ils pas été les
il faut (pie je |)aile h Ai. Malezieux (pii ne sera , maities; le lieiitenanl criminel était plus ardent.
ici ipii! ce soir ainsi la réponse sera pour l'or-
: Je souhaite appreudie au premier jour (|uc
diiiaue |)ro(baiu. .\SMire/-le de mon amitié. riudis|iiisition de M. l'Iielippeaux n'a pas eu de
J'embrasse M. l'Iielippeaux. suites.
Sur les bruits de la |>aix, le roi et la reine Mes respecLs à M. le cardinal de Janson.
d'Anulelerre demandent seulement (ju'on ne les
0I''<:laiiatios hkmmiaiii: avxoy faite E.'OTRt: i.F.s maims
euj;age à rien, et (pi'on ne stipule |iour eux
DE M. DE KOAILLCS, ARCIIEVtOVE * 'ARIS.
aucune pension du coté de l'-Viiplelerre, ni rien
Cumine je ne respire. Dieu merci, que soumitsion iveuglg
qui leiide à l'abdic-tlion de leur couronne.
el tluciliU' f'our l'Kglike, cl (jue je suit inriuLiliIcmenl allaciiéa
Vous avez mi, par la pazette (pie milord ,
k la loi cjUicilique, je ne piii< iié<- itrt trop furirmcnl com-
cliaiicelier d'Ecosse ' est gouverneur du prince bien je déteste du fond de mon coru' toutes le» erreurs COD-

de Galles. Vous jugez bien, par le slylc exlraor-


Lo IVr* dt l'abM Ooataal lui m>rt)ur, dans une leure da t oe-
>

tobr>< Kita, que Ipparlemrnt aralt Tturi.y* l'alTaire é lolAnal, et


Au sujet d* 1* plie* d« prtmitr aumAnier d» Mm* Il dnchMM fait (! Iii>>eaui o^llrirrailu (irrMdi.il dr M' lux de connallrr de» af-
de i:. .: ,. ,;;,.•. fairei criminelle* des eccMiineii>|UFS,excrpi> dan> les cas pr>Mli«i^
> Mllard F(rUi,dontuii k.i lt*lcttra> à la ccrres] i.iJaiic*. > Beasuct dans s« Itimarfum sur In ripaïué éi M. ii Camini
A L'AFFAIRE DU QUIfiTISME. 317

damnées dans les (renle-quatre propositions arrêtées et signées aucune façon de la conduite et direction spirituelle de per-
par Wgrs les arclievêques de Paris et de Cambrai, par Mgr sonne; de peur que. ne me défiant pas assez de moi-même,
Ievéqne de Meaux et par M. Tronson. je ne vinsse à m'égarer, ou à faire égarer les autres.
Je rondamnf même, sans aucune restriction, mes livreSi Et je promets encore de ne plus me diriger ni conduire
que Mgrs de Paris et df Meaiix ont condamnés, parce qu'ils par le P. la Combe, mon ancien directeur, puisque Mgr
|es ont jugés, et qu'ils sont contraires à la sainte doctrine l'archevêque de Paris ne le juge pas a propos, qu'il a con-
qu'ils avaient établie dans les trente-quatre propositions; et damné le livre de
Pcie intii.ulé VAnalyse de l'oraison
ce
je reiette avec toutes ces erreurs, jusqu'aux expressions que mentale, et que l'on m'a dit que ce même livre a été con-
mon ignorance m'a fait employer dans un temps où je n'avais damné à Rome. Ainsi j'assure que je n'aurai plus aucun
point encore oui parler de l'abus pernicieux qu'on pouvait commerce de lettres ni autrement ivec lui.
l'aire de res termes. Enfin je proteste qu'il l'avenir je me soumettrai humble-
Je souscris avec une pleine soumission à l'interprétation ment à la conduite et aux règles que Mgr l'archevêque de
que Msrs de Paris et de Meaux leur donnent en les con- Paris voudra bien me prescrire pour ma direction et con-
ilamiiant; parce que j'ignore la force de ces termes, que ces duite, tant extérieure qu'intérieure , et que je ne m'écarterai
prélats en sont parfaitement instruits, et c'est à eux à décider jamais de ce qu'il croira que Dieu demandera de moi; bien
de ce qui est conforme, non-seulement à la doctrine, mais repentante et bien fâchée d'avoir par mes livres et écrits
,

même au langage de l'Eglise et du sens le plus naturel de , donné occasion aux bruits et aux scandales qui se sont élevés
chaque expiession. dans le monde
leur sujet; et bien résolue à l'avenir de pra-
it

Au resle, quoique je sois très-éloignée de vouloir m'excuscr, tiquer cet ordre établi par l'Apôtre : Que la femme
apprenne
et qu'au contraire je veuille porter toute la confusion des con- en silence. Ainsi Dieu me soit en aide et ses saints Evantjiles!
damnations qu'on jugera nécessaires pour assurer la pureté de C'est la déclaration sincère que je fais aujourd'hui ÎS^ août ,

la foi, ledois néanmoins, devant Dieu etdevant les hommes ce 1606, et que je signe de tout mon cœur, dans la seule vue de
témoignage à la vérité, que je n'ai jamais prétendu insinuer, Dieu et par un pur principe de conscience, et ii laquelle je
par aucune de ces expressions, aucune des erreurs qu'elles prie M. l'archevêque d'ajouter une foi entière.
contiennent; je n'ai jamais compris que personne se fut mis ce
mauvais sens dans l'esprit; et si on m'en eut averlie, j'aurais M""' Guyon avant de signer celle iléclaralion,
,

mieux aimé mourir que de m'exposer à donner aucun om- voulut consuller M. Troiison, supéiietn- de Saint-
brage lii-dessus, et il n'y a aucune explication (|ue je n'eusse
Sulpice, qui écrivit ces mois au bas de la docla-
donnée pour prévenir avec une extrême horreur le mauvais
effet de ces sens pernicieux. Maisenlin, puisque je ne saurais ralion :

faire que ce qui est airivé ne soit arrivé, je condamne du « Puisque M°" Guyon veut bien s'en rapporter k mon sen-
moins, avec une soumission sans réserve, mes livres avec timent, je crois devant Dieu, après avoir bien examiné cette
toutes les expressions mauvaises dangereuses et suspectes ,
afl'aire, que non-seulement elle peut, mais même qu'elle
doit
qu'ils contiennent, et je voudrais pouvoir les supprimer en- souscrire, sans rien changer, il la déclaration ci-dessus que
tièiement. Je les condimn- pour satisfaire à ma conscience, Mgr l'archevêque de Paris exige d'elle, et s'y soumettre d'es-
et pour me conformer d'esprit et de cœur à la condamnation prit et de cœur.
que i>lgr l'archevêque de Paris, qui est mon pasteur, et Mgr
L. Tronson. »
de Meaux en ont justement faite. Je voudrais pouvoir signer
de mon sang cette déclaration pour mieux témoigner à la ,
En conséffuence, celle dame ajouta les paroles
face de toute l'Eglise ma soumission pour mes supérieurs, mon suivantes à sa dt'daiation :

attachement inébranlable à la foi catholique et mon zèle sin- ,

Cejourd hui , 28 août 1696, j'ai signé de tout mon cœur la


cère pour détruire à jamais, si je le pouvais, toutes les illu-
déclaration pour obéir
ci-dessus M. l'archevêque et me il
sions dans lesquelles mes livres pourraient faire tomber les
,

soumettre à tout ce qu il croit que Dieu demande de moi; et


ànies.
je l'ai fait sincèrement par un pur principe de conscience,
Davantage, pour marquer toujours de plus en plus la sincé.
,

sans limitation ni restriction. Que si j'ai quelquefois été em-


rite de mes dispositions, je déclare que j'abhorre tout ce qui
barrassée k qu'on a demandé de moi ce n'a
souscrire ce
s'appelle conventicule, secte, nouveauté, partie ; que
tou- j'ai
,

jamais été par un aiuicliemeni k mon sens, mais par un doute


jours été et que je veux loiijoirs être inviolablement unie il
que je le puisse faire en conscience. Mais puisqu'on mas-
l'Eglise catholique, apostolique et romaine, et (|ue je n'en ,

sure que je pui» et le dois en conscience, il est juste que je


connais point d'autre que je déteste comme
sur la terre : ,
soumette mon esprit k celui de mes supérieurs; en foi Je
j'ai toujours fait, morale et la fausse spiri-
l.i doctrine, la
quoi j'ai signé, en la présence de Dieu.
tual lé de ceux qui on a donné le nom de quiétistes; que la
ii

seule idée des abumiiialions dont on les accuse me fait hor- J. M. Bouvier de la Motte -Guvon.
reur, et que le condamne de tout mon cœur et sans excep-
tion ni resiriclion, toutes les expressions, propositions, LETTRE LXXL
maximes, auteurs, livres que l'on a condamnés à Uome, et
que Mgrs les Pr^dats ont condamnés en France, comme con-
BOSSUET A SON NKVEU.
tenant, tendant insinuer une théologie mystique si pleine
ii
A Paris, ce 3 septembre 1696.
d'illusions et si abominable que je suis trés-éloignée de vou-
;

loir m'ériger en chef de parti ni de dogmatiser en public ou


,
J'ai rcrii votre lellre du ii. .le vous envoie une
en secret, de vive voix ou par écrit, ni de rien innover dans ordonnan'-e de M. île l'aris '
, vraiineiil adini-
la doctrine chrétienne ou dans les exercices de piété comme ,
raiile, (|ui iHounera ici l)0;iuc(iii|> de monde. On
dan» l'oraison et les autres pratiiiucs et maximes de la vie in-
térieure Et pour ne donner plus aucun li. u il de» soupi,ions avait l'orl presst' ce prélal, de corlaius endroits,
injurieux il l'amour de la doctrine orthodoxe (|uo Dieu n mise de condamner un livre (|iii avait paru avant
dans mon cœur, je proleste et pruineUi de ne plus composer
votre départ. Il a fail siu' celici^ (|ui élail juste .

aucun livre , écrit ni traité de dévotion, ni de me mêler en


mais il y a ajouté le plus iteau témoi'^iiage qu'on
à nu /ielation, art2.{C, ubsorvo que Mme
do Guyon, ayaiilûlu cuii.
Tftinruc (lo contrRvoiitions cxi'csscs & des paroles qu'cllo a^alt ^iX'^\.t'OrHnnnanc<'elfiixlrm-t)nH paslorale, do M. do Noaillas
«nuMTiics. M. do Noiiilos. arrhcvCqno do Paris, fut oWi(ji. do ai^liovêiiuo doPan», du 20 «niU l'ï9B, sur la grSce tl la inAlr^liiia-
prendre, à Son i'ijord.do pl<i» grande;, priiaulions. et ce Hit en cun- lion. L'abbo Lcdiou nous apprend quo llosau*'t <itait l'auteur de la
a4<pieiico do ce» preiivci de diipiicitt; (lU'il exigea d'olto cette dû- partie dngmaliquu do cotlo /ni^iud'jn, impriroi.'o •! <onie Iv< do
cinration, apri.« qu'elle eut aubl k 'Vlnconiies diflérunbi iiilcrroga- ectio editlnn, p. 718 et suiv. —
'Voy. VHitl. du Dmtmi, I. xl, ii. 13.
totreK. {HiIU. d» Vtrt)
>1R Lr.TTRKS HKI.ATIVKS

|>ùt sonhnitcr pour la prAce et pour raiiloriU' de crut cela juste mais en même temps il résolut
;

Kiii'l Aiit;ii>lin. Il MniliMitc que \ous pri'si'iilicz de mettre un conirc-poids en faveur de la grâce
(11- ^ii pari les i-xeniplaires que je vous i-nvoie elliiace et de l'aulorite de .saint Augustin. C'est

(le relie onloim.iiice, à MAI. les autliiiaux Casa- ce qu il a lait, connue vous verrez, et, à mon

nale cl Niuis : je me sers de celte oceasioa pour avis, de la manière du inonde la plus forte et la

leur écrire, ^uaul à M. le cardinal d'A^'iiiire, il plus piéci.se. La leclin c de celte Ordonnance vous
lui écrit ne riniporlnne pas
lui-méiiie, et je iera sjmsdoiitesoiixeiiirdetequeje vous écrivis,

ciltr luis. Je >ous prie de rendre ces lettres le il y a quebpie temps, au sujet de mon onvnigc

plus tôt (pie vous pouricz, avec les ordonnances. sur la giilce c'est là ce que j'avais en vue, et je
;

Je ne crois pas ipie le terme, accepter les ne puis vous dire la consolation que je ressens
conslilulions des Papes, jinissc déplaire c'est : de voir la vérité all'iancbie. cl l'aubiritéde SJiinl
la lorinule ordinaire. I.lle esl de tous nus atdeurs, Auguslin, awirelois tant xilipeiidé-e parcenaines
it de buval ; elle esl im inc de s;iinl Antonin, gens, liaiilement rétablie. Dieu .soit loue de son
.si

Tès-la\oral>le à la |iuissaiice des l'apes. Il éla- don inexiilicable ! M. de l'aris qui m'a
C'est

Mil l'aiiloiilé de la déterininaliiin de Jean Wll einoyé cet exemplaire vous ne manquez
|)oiir :

Iratiicelles, cuir* autres raisons sur pas de lui en écrire, et à moi quebpie cliose
contre li'r- ,

ce qu'elle est urreptata , c.r'nnifiata <'t apyrohnta. (pi'on puisse nionlrer. On a été un peu élonué

Vous Iroiiverez ce> pandes uiéuKirahies, .Si(m»irr que vous n'ayez lait aucune réponse sur VOrdon-
part. IV, lit. \-l, cap. 4 FntU'ucUi siiiil
:
litnrlici nnnre touchant l'ordiiintion des Aufflais que ,

Vi'ii, qui (issiTUitt roiitra ilelrnuiiiiitiiniem ailhnU- M. l'irot vous a envoxee. .M. de Nîmes a répondu,
cam, fiiflam per Errh'sium et Joiniiit'in XXU, l'eiil-élre que cette Ordonnance sur la gi-;\ce

per omîtes sutri'ssdirs ejus et nvuies alio.s praiotos (buinera lieu, avec le temps, à faire |)arailre
Eirlesiir et (lurlures utriusque juris, et mmjislros mon ouvrage sur cette malière. Je suis aux
plurinws in tlu'oUn]ia Mcreptatnm, exuminatum et écoules pour faire ce qui coiniendi'a, suivant la
apprubutitiu ut iviissimam. di.sposilion (pie Dieu fera naitre.

l'iiur les nouvelles , on en a ici qui marquent On va imprimer l'ouvrage sur le qniélisme • ;
que .M. le maiéclial de (lalinat est en maidie ;
on vous l'eiiNena feuille à feuille, à mesure
qu'il doit être le 7 à Casil, c'esl-Ji-direà la iiiace qu'on rimprimera. On ne peut faire autrement,
où il élait (pie M. de Savoie s'y doit rendre le
;
sans une loui^uenr extrême. On fera tant de
13 (pie raruiee sera dequatreviujits balaiiloiis,
;
cartons (pi'il faudra il ) a de bonnes raisuns de
:

dont il ) en a seize de M. de Savoie, et de cent ne plui tarder. Lnlin, M. de Cambrai s'est


escadrons. On a cnvojéà M. de Sa\oie les |)alen- déclaré sur l'approbalion Après avoir eu ce livre
les de généralissime. Il a re(;u d'avance cent entre ses mains trois semaines entières et plus,
vous il l'a eutièienient refu.sée, et n'a pu .se résoudre
mille écus pour deux mois de subsides :

vo\e/. bien (juc c'est cin(|uantc iiiillc écus par à condamner .M"" Gnyon. J'ai été obligé d'en
mois, laiil que la (juerre durera. reiidie compte, et c'estenlin à (juoi aboulil cette

Le roi se porte de mieux en mieux. Il n'a point ddcililé, on, pour parler plus juste, celte sou-

étésiiigné ; on n'a point lait d'incision, un baume mission sans réserve. Je n'ai jamais vu d'exemple
exceilenl a tail des merveilles : c'est celui de d'un pareil aveugleuienl.
M. déjà connu et en répulalioii.
leiiilb-l, M'"* Giiyon a souscrit à la condamnation de
Les deliberalions de Sorlioiiiie sur .Marie d'.V- s(>s ouvrages, comme coiitenanl une mauvaise
pirda voiil lii.ir. \\^ aremmcnl le décrel passera doctrine, contraire aux articles qu'elle a signés;
à l'axisdes députés. Il laiit allribiierla longueur luou'imant cela et la renonciation à son direc-
au nombre des opinants, (|iii sont cent ipialre- teur, avec quebpies aiilres cIiom'S conformes à

viupts. et à ratVeclaliou de ceux (|ui, eiiK^ages par sa (bVlaralion laile cuire mes mains, on raie(;uc

les Cordeliers, ont voulu éluder ou reculer la aux s icrements. Il } a un peu de di.scoiirs dans
condamnation. sa soumission. Elle n'a pas voulu son.scrire ipie
M. Tronson ne l'ail assurée par écrit qu'elle le
LETTItE LXXII.
pouvait, et qu'elle y était obligée. On ne vil
BOSSLKT A M. UK LA BAOUE. jamais tant de pré.somplion e( tant d'égarement
A l'nris m 4 dicombre 10%. (pie celle per.sonne en a fait p;uailre. S(\s amis

Je me sers Monsei^'iieiir, de la commodité de ne revienuenl pas pour cela. Ce (pi'il y a de


M. de Vares pour vous laiie rendre, de la part iinilli iir, c'est (jnelle deuieiireia iiilermée.
de M. de l'aris, celle Onloniiance qu'il \ienl de Je veillerai .soipneti.seinent à l'avis ipie vous
publier, (lu l'a lorl presse, duii ccii.da cùlé, de m'avez donné pour! Allemagne, et ne manquerai
condamner le li\re dont il ) est lait mention. Il
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 31!»

aucune occasion mais il faut que Dieu la donne,;


très-bien régalés, et tout le peuple ravi de les
et lesbonnes affaires se décrient par des projets voir.
mal coMcerlés. Les ducs qui vont en otage doivent partir
L'affaire de la Mère d'Agréda va s'achever en aujourd'hui, pour être à Turin jusqu'à la paix
Sni-bonne, et passera h l'avis et aux qualifi- générale. Ils y auront le même Irailement qu'on

cations des députés, avec quelques légères expli- y faisait au marqids de Legauez, grand d'Es-
cations. Il faut iuipiiier en partie la longueur de pngne. Les dames partent aussi pour aller au-
la délibération au nombre des délibérants, qui devant de la princesse au Pont-de-Beauvoisiu.
étaient cent quatre-vingts. Ily a eu aussi beau- L'ordre est donné pour mardi.
coup dans la
d'affectation cabale on a vu en ; M. le maréchal de Catinat et M. le duc de
cette occasion combien il y avaitde fausses dévo- Savoie seront toujours à Casai, l'un le 7 t l'autre (

tions dans la tête de plusieurs docteurs, combien le 15 comme je vous l'ai mandé
, et ce prince, ;

d'égarement dans certains esprits, et combien de le jour de son arrivée, dînera chez le aiaiéchal.

cabales monacales dans un corps qui en devait Le reste est attendu avec impaiieuce.
être pur. On épouvanté de l'empoisonnement de la
est
Vous m'îivez parlé d'un Mémoire que j'avais reine d'Espagne i
et de ses terribles circon-
,

lait envoyer au cardinal d'Aguirre sur ce sujet stances. Trois personnes qui ont mangé du pàlé
par le cardinal de Bouillon le voilà il vous :
'
; où elle a trouvé la mort sont mortes avec elle.
instruira de ce livre. La réjjonse du cardinal à La censure contre la Mère d'Agréda tire à sa
son confrère a d'abord été ambiguë et sans déci- fin. Elle passera de cinquante voix à l'avis des
sion depuis il a parlé franchement. On a décou-
: députés. On dit de très-belles choses, et de temps
vert que tonte l'approbation que ce livre a eue en en temps de grandes pauvielés. Je serai à Paris
Espagne est l'effet d'une intrigue de cour, et le le 1:2, s'il plaît à Dieu.
cai'diual s'en est expliqiié à Rome assez ouverte-
LETTRE LXXIV.
nieut à mon neveu. Vous me renverrez, s'il vous
BOSSUET A SON NEVEU.
plaît, ce Mémoire, car je n'en ai que cela.
Vous savez apparenuuent la congrégation que A Paris, ce 17 septembre 1696.

les Jésuites vont tenir h Rome. Leur général a Votre lettre du 28 aoiit in'apiirenil des choses
mandé que tout le montic ap|)oriàl une liste des si agréables pour M"" la princesse des Ursins,

propositions relâchées dont on accusait sa com- qu'on ne peut trop s'en réjouir avec elle. Toute
pagnie et lui-même il donnera la sienne. Je
; la cour en témoigne ici de la joie, et je vous prie
crois qu'à la lin de bon ou de mauvais jeu ils
, , de ne i)as manquer de lui témoigner la mienne.
deviendront orthodoxes. On ne parait pas à L'affaire des Pères de l'Oratoire fut consonnnée
Rome leur être fort favorable. vendredi : le join- même
de Sainte- nue le P.
nomination des dames et de
Vous aurez su la Marlhe lit sa démi.ssion, le P. de la Tour lid élu
qnchpies autres pour la future duchesse de Bour- par quarante -deux suffrages sur (piarante-cinq.
gogne on n'a point |)ailé des cliarges d'église.
: Toule la cour, aussi bien que toute la ville, a
Je vous avouerai sans hésiter que j'ai fait ma
,
, ap|ilaudi à un si digne rhoix.
demande : elle a été aussi bien reçue qu'il se Vous lirez la lettre que j'écris au chevalier
pouvait et les ap[)areuccs sont bonnes de tous
, Tartare, et vous lui parlerez en conformité.
côtés.Uieu sait ce (ju'ii veut et pour moi je suis ; Je vous prie de recueillir soigneusement ce qui
bien près de rindillêreuce. Je suis comme vous aétêfaitcnidreAlolinos, Malaval. .MadameCiiiyon,
savez, etc. l'Aiiahish de La Combe, l'alconi, Bernières, etc.
Je |>ars demain pour m'en retourner. Ou commence à inqirimer mon ouNiageconlie
les quielisles.
LETTRE LXXIII. Je ne mainpierai pas d'écrire à M. le cardinal
BOSSOET A SON NEVEU. Baiberiu au prenuer courrier.
,

M. .Marescoti a écrit ici liès-avanlageiisement


A Meaux, le lU septembre 1696.
sur votre sujet; et M. l'abhe Relol, à qui la lettre
On a dû publier aujourd'hui la paix, et chanter était écrite, a tort répandu vos lonaui;es.
If Te Di'um à l'aris. Kllc a eli' publiée à Turin , Nous avons des obligations infinies et au delà
et le mariage de la princesse de l'icunMil a\ec le de Innt caidinai de J.uison. Vous pouvez
à M. le
(lue de Bourgogne a été signé .M. de iManslelii :
lui dire sans façon (pie je leiai dans le leinps ce
y
(tait encore. M. le maréi bal de (Matinal et tous ([u'il faudra pour l'alfaiie dont il vous a parlé.
les olllciei-sde l'année ont été trois jours à Turin Le témoignage qu'il rendra de votre conduite
' Il iKra |iubU« à U fil) dci Lellrt) sur U quùlitmc. '
Mario Aiii\c <la Bavîéro-NcubourK. liUc iio mourut qu'en 1740.
390 LFTTRRS RMATIVFS

piiiirra vous ùlrc iilili^ dans le temps; iii.iis il a MM. les abbés de Fleury el de Langic .sont ici,

raisoii (Ir vous ilirc cjn'il laiil alk-r en rela Ibrt et vous .siilueiit.

iialiiri'lli-ineiil cl Inrt lii'iicalt'iiii'iil.cn soi leiju'on


EI'1STUL.\ LXXVI.
III' si'iilc pas le nioiiiilie dessein ; ce ijiii oMij^e à
se rcnlcniier dans de> termes lort ;;cni ranx. CAHOINALIS CASANATE AU KIMSCOPl'M MGLDENSLH.
L'alTaired'Agréda doit èlie linie aiijourd'iini ' lUiin»-. ': ocib. t(i96.

et adu passer inaiiiKiiiumerolï l'asis des dcpiilés. lleratis amoris lui signilicationibus exornus
Je m'en relomnc jeudi, el \ciidiedi je célé- me, llliisirissime l'ra-Mii , novi>siinis scilicet lil-

brerai en attendant mon obit, l'anniveisaire de


, leris qiias nupcr ad me redilidit I). abbas Bos-
mon sacre. suetus, Iratris lui hlius ,
Jaiii pridem milii |)rie-
Soyez bien atlentil à nous rendre compte de ce claïas ob ejus virlules chaiissimns : ex ipiibus
qui se dira de l'oriionnance de .M. de l'aris. prolécloillaiii jir.'c ca'tcrisilccer|isijucuudilateni,
Les évi\|iies de l'Iandre ont écrit au l'api; sur qiiod taiitopeie ab illiistri.vsimo l>. archiepiscopo
son bref, où il vent ipi'on entende les propo- l'arisicnsi intellexi me amari. In cujns rei tesli-
sitions in seii.su obviu; el ils t;klicnl de lairc \oir nioiiiuiu exiiplavit clarissimus \ir Coiislitutiunein
qu'on abuse beaucoup de ce ternie, (jue M. île snam ima ciim epistola tua ad me ilelerri ; eo
l'aris a suivi. Plusieurs sont niccoulents de la forlasse judicio indiictus, illam ad mechariorem
première partie de sou (h douuanee siu' la ^'ràee; per\<<nt(iram, si iiiiiantissimi mei litleriscomitata
mais il parait «{u'ils .se consolent de celle pre- accederel. Uiiod (jiiideiu iiegare non ausim,
niiéie pai lie par la .seconde. cum ca'tei'oqiiiiipra'^i.iiiiis>iini viri ei.'i'e:jia> dotes
lot taiila-ipie sint, ut iis non modo imiverso
LETTUE LXXV. (ialliarum regnopiabiceal.sedca'lerarnmetiam
BOSSUKT A SON NKVEU. Ecclesiarum pra'suiihus exemplosit, illosque ad
A (jcrmiKny, ce Î4 septembre IG90. siii imitalionem alliciat.

Je n'ai pas encore leçu vos leltics cet oïdi- Graiissima insuper ad me accessit ejusmodi
naire. Nous attendons avec impatience les nou- (Àmstitutioiiis edilio, lum (juia in ea opiimi pas-

velles de Home sur roidonnaueede iM. de l'aris. toi'is, animinnrecogno\iSedisa|)ostolicaMlecretis

M. le nonce en a parlé li-oideinent, et a dit qu'il a Ici) coidbrmem, ut nihil magis; tinn etiam quia
n'appartenait qu'au l'a|)e de .s'e.xiilicpier sur la plane video maxinnnn gloria' cunnduni viro

foi. Vous .savez nos sentiments sur cela et , la religiosissimo inde accessuriim, abiis pra'sertini
prali(jue de l'anticpiilé On s'en est e\pli(|ué à qui catliolica- veiilatis studio llagrant.
home même, dans l'alTaire de Janséiiiiis; et Te intérim, illusliis.>iiue pra-sul summopere ,

Inuiicent XI a loué des lettres du clergé où les exoralum volo, pia-lato 1). arcliiepiscopo, i)ncm
évéïpies sallribuaicul le iiremier Jugement. pluriini inerito .seinpcr feci, sempenpie faciauj,

Souveucz-vous des bidîes et autres décrets sur |>roplcr hoc iiiizens erga me animi sui te.>timo-

Ir quiclisme du temps d'Imiocent \1 y en a : il niiim gralias nomiiie meo a,:as imnnueras: libi-
sept ou huit, cl je prie de vous .M. I'lieli|ipcau\ que persuadeas nihil milii fore jucundius, quain
aidera les bien chercher, s;mseu omettre aucun. luis luurumque coinmudis in.scrvire, et valeas.

Lu censure de la .Méie d'.Vgu-da sera relue an H. card. Casamate.


i'T octobre 2, et paraîtra au.ssitôt après elle a :

LETTRE LXXVll.
été laite selon l'avis des députés, avec qiielcpies
FÉNELO.N A BOSSUKT.
adoucis.semeuls.
Nous cliaiilàmes hier le Te Detim pour la |mix A Fonl.iincbleau, jeudi 4 ofl'bre 1C96.

de Savoie. Monseigneur, de l'aris ù Ver.s.iilles


J'arrivai,

Il y a en <i Meaux des dirticultés inl'mics pour avant-hier au soir toit tard, elje ne sus hiei-, par
les piai-es el pour les rangs : j'ai tout réglé. M. Ledieu, (|ue voi.s étiez à Ver.sailles, (|ue dans
Je célébrai solennclli-menl mes obsé(|ues le le tenqis de l'embarras de mon dejiail ainsi je :

21 ^, jour de saint Matthien,avec grand concouis. ne his pas libre d'avoir l'honnein- île vous aller
M. le tbi'ologal lit un beau sermon. voir. J'espère ipie vous verrez par toide ma con-

Elle ce Jour-là, par une ccnstiro conforme ÀCaVii


(Itiil en effet duite quelle est ma .sincérité, l'ei-sonne, s'il plait
d«s déput4->, qui fui ensuite confirma au lar d'octobre. à llieii . n ira j.iinais plii> loin que moi en zèle
3 Danii une lettre du '2 octol>re, i)ui contient rien nitirv choko
d*lntére»<.ant. le prélat lui marqua . >l.* cen»iir« dt la Mrr« d'A- pom- de l'Eglise, et
i'aulorite en allachcment
(féda a été relue ce matin. «I parnltra (lnn« peu de Jotire. • inviolable à s;i vous suis Irès-obligé,
tradition. Je
* BoMlMt avait fnndn dana ion cathédrale un aervice. qui
v-|{lift«

derait Hn
célélirè ton» les ans nprêt aa mort au Jour de -.on décès Mon.Migneur, de> soins avec lesquels vous ave«
;

et r»<ir acquitta catte roi.dation, on disait puur lui, panUant s* vie, la boulé de vous intéresser à tout ce qui nie
une Mv>jtc ann^o
cli.Hiue
• C'était labb«Trcu<*. touche. Mais je crois que vous me devez lajublice
,

A L'AFFAIRE DU QUÏÉTISME. 321

de compter sur ma
candeur, et sur la simplicité de Yi. de
sur la grâce est su de M. de Reims
Pai'is
avec laquelle je pense des choses dont vous êtes et à l'archevêché, par le moyen du P. Estiennol
aussi persuadé que m
Je n'admettrai ni souf- et de M. Vivant. J'ai envoyé à M. de Paris ce
que
frirai loin. Pour le public,
jamais ce qui va plus lecardinal Casanate et Fabroni pensent. On sait
il patiemment des occasions qui
faut attendre tous les sentimentsdu cardinal de Janson, par les
soient naturelles, et sans indécence, pour ne manières dont ^^crit celui qui est auprès de lui.
laisser rien d'équivoque dans les esprits je n'en : Le cardinal de Noris fait fort le mystérieux. Le
veux jamais négliger aucune occasion. Je vous P. EstiennotaécritàM. de Reims que M. le car-
supplie, Monseigneur, d'être persuadé que quand dinal Noris avait trouvé des choses à reprendre
je ne serai point arrêté par des raisons essen- dai:s l'Ordonnance. Vous avez fort bien tourné la
tielles,dont je laisserai juger des gens plus sages chose. M. de Reims a dit que si M. le cardinal de
que moi, j'irai toujours avec joie et de moi-même Janson savait où en sont les Jésuites, etc. Vous
au-tievant de tout ce qui pourra vous témoigner entendez le reste. Je ne dis rien de vous mais :

ma déférence et ma vénération pour vos sen- on sait tout par ailleurs.


timents. Je ne ferai ni ne dirai jamais rien qui On m'a donné copie d'une déclaration et sup-
n'en doive convaincre le public. Conservez, s'il plique de Hennebel ', Lovanien qui accepte le
vous plaît l'honneur de vos bonnes grâces à
, sensu obvio, et demande qu'on s'en contente.
l'homme du monde qui est attaché à vous On a envoyé de Flandre à Rome une grande
Monseigneur, avec le respect le plus sincère. quantité d'exemplaires de l'ordonnance deftL de
Paris et quoique des Jansénistes de ce pays-Iù
;
NOUVELLE DÉCLARATIO.N DE MADAME GUTON A H. l'aRCHEVÉQUE
DE PARIS. en aient d'abord été très-mécontents, on croit
qu'à présent ils s'en veulent.
Je supplie très-humblement Mgr l'archevêque d'être per-
«uadé de ma parfaite obéissance à ses ordres et de la sincé- ,
Le P. Estiennot a écrit à M. de Reims que le
rité de mes paroles à tenir ce que je lui ai déjà promis par cardinal Noris me ferait réponse mais je n'ai
:

mes déclarations et par mes lettres et que je lui promets


,
rien reçu.
encore de nouveau aujourd'hui. Je l'assure que, dans l'adou-
cissement qu'il me fait la grâce de me procurer, je serai LETTRE LXXIX.
fidèlement attachée à la conduite et direction de M. le curé
de Samt-Sulpice, tant pour l'exlérieur que pour l'intérieur;
FÉNELON A M***.
que aucun commerce de conversations, de visites, ni
je n'aurai
A Fontainebleau, ce 28 oct. 1G9G.
de lettres, sous main ou autrement, avec personne sans ex-
ception, que de son avis et participation que je serai fulèle ;
touché, iMonsieur, de l'amitié dont
Je suis si
à me tenir au lieu qui me sera marqué sans en sortir ni , votre lettre est remplie, que je ne puis m'empè-
m'en éloigner sous quelque prétexte que ce soit ni souffrir ,
cher d'y répondre avec un véritable épanche-
ou consentir en nulle manière qu'on m'en st^pare ou qu'on
m'en ôle sans l'ordre exprès de mondit sel!;neur et qu'enfin ;
ment de cœur. Je vous ai toujours aimé, et je
je ne donnerai volontairement aucune atteinte à la droiture vous aimerai toute ma vie je ne me sens pas :

de ma conduite, qui puisse me faire soupçonner d'aucune


capable d'être jamais autrement. Pour votre vi-
intrigue ni pralii|ue cachée avec personne sans exception. ,

C'est ce que je lui promets et lui jure devant Dieu, et que je vacité, je ne l'ai jamais regardée que comme
signe de tout mon cœur aujourd'hui. un effet excessif de votre zèle sincère pour l'E-
De la Motte Gwyon. glise, et de votre délicatesse pour l'inlérèt de
Ce 9 octobre 1696. vos amis. J'aurais seulement souhaité que vous
LETTRE eussiez pris tianquillement, et sans précipita-
LXXVlll.
tion, des mesures avec eux pour prévenir tous
BOSSUET A SON NEVEU.
les éclats puisque vous ne les aviez jamais
A Germigny, ce 27 oct. 1696.
;

trouvés ni faux dans letu's jiaroles, ni insen-


reçu vos lettres du 18 et du 2o septembre,
J'ai
sés dans leur conduite. C'était à vous. Mon-
celle dti 2 de ce mois. On attend la princesse
sieur, ce me semble, à retenir les esprits
de Savoie à Fontainebleau le 5, au plus tard. Le modérer leurs alarmes,
écliaulTés, à et à tenir
roi s'avancera à imc petite jotn-née et jusqti'à
tout en suspens. Vos amis auraient eu en
Monlargis, qui eslàhiiillioucs.avecMonseigiieur,
vous une conliance sans réserve vous auriez ;

etMonsieur ira la recevoir. On ne marque pas eu jiart à toutes leurs délibéialions tpiand ;

que les princes y doivent être. J'espère être à


même ils n'eussent pas jugé cumiiie vous sur la
Fonlainchieau le 3, et vous ainez \h de mes nou- personne, ils auraient été sans pe ne d'accord
velles, s'il plait h Dieu. Les dames parai.s.sent
avec vous, et i)our les recherches les i)liis exac-
toujours bien contentes de la princesse. On tes, et pour les précautions piopres à prcM-nir
attend à la cour M. de Brionne, en dira
(jui les
l'éclat. Eiilin, s'ils avaient eu m de> -iiiliineiits
premières nouvelles de visu.
' Docteur do Louviiiii, i|Uo s.i FaciilK- .'l^.l. <nT»,' « liuiiio, «u
Tout ce que vous me mandez de VUiduniiance snj<:l des tr6iibIoii cxciti-t dun» les Pay^-Uaft.

ToM. VI. ^1
LETTRES RELATIVES

condamnables, ou s'ils avaient opiniAIrenient ne tiennent à aucune personne que par le lien
reliisé ili' |iri'ii(lre des prérauliims nécessaires, unique de rK;.'lise il n'\ en a aucune qu'iU ne
;

>i)iis auriez loiijours t'ié reçu à les abandim- sacrifiassent dès (pie l'Eglise parlerait: ils sonl
ner ; cl le plus lard eût été le meilleur pour aussi soumis fiour les personnes et pour les li-

vous. vres, que pour le fond de doctrine.


Mais il n'y lanl plus penser : Dieu a permis Pour moi, je vous le déclare devant Dieu,
que les choses n'aient pas pris un clietnin si na- j'.uirais horreur de moi-même, si je me surpre-
turel. J'adore sa |)rovi(lcncc: et lom d'avoir au- nais à penser autrement. Quand même j'aurais
cune peine ù vous remercie des
cet égard, je moi seul dans l'Eglise toute l'autorité des Papes
biens infinis «pii me sont veims pai° là. Kien et des conciles généraux, je n'agirais jamais
n'est bon que la croix de Jésus-Cbrist, sur la- en cette matière, ni en aucime autre, que par le
quelle il faut mourir atlaciié avec lui. La croi.x conseil de mes confrères et de tous les saints
n'e>t véiilable qu'autant qu'elle nous vient de prêtres qui .sont instruits dans la tradition. Ma
nos meilleurs amis, de qui nous l'attendions le conduite actuelle dans le diocèse de Cambrai,
moins. Vous Oies tout ensemble mon bon ami que je veux eonlimuM- jusqu'à la mort, est de ne
et ma bonne croix, que j'embrasse tendrement. décider rien, depuis les grandes ch(jses jus-
Quand vous voudrez, je vous exiiliquerai tous (ju'aiix plus petites, par mon jiropre sens. Tout

mes seidimenls ; et je suis assuré (pie, lorsipic se détermine par la délibération de mon conseil
vous aurez examinés, vous conviendrez qu'il
les qu'on ap|)elle le vicariat, et (jui est composé de
n'y a point d'inquisition oud)rageusc qui puisse cinq persomu's (pie je consulte. Si j'étiiis seul
coulredire ce (pie je pense. Vous verrez même d'un sentiment, en des matières bien moins im-
que persomie ne va plus loiii que moi pour portantes (pie celle dont nous parlons, je ne le
condamnei' tout ce qui passe les bornes, et pour suivrais pas, (pielipie bon (pi'il me parût. Je n'ai
prévoir l'illusion. J'ose dire que je s;iis mieux aucune prélenlion m'empêchât de prendre
(pii

que ceux qui ont fait tant de bruit, les bornes les iiartis les plus fermes, dès que je verrais la
précises où il faut s'arrêter, et le langage qu'il tradition blessée.
faut tenir ;iux uiysticpics [loiu' les y réihiire. l'ar- 11 est vrai la lecture des ouvrages des
(|uc
donnez-moi cette présonq)tion: elle ne m'em- saints, par l'Eglise, m'empêche de
autorisés
pèebera jamais d'être connue un petit enfant m'alarmcr trop facilement sur des expressions
ilans les mains de l'Eglise et même dans celle qui ont été fort innocentes dans leurs écrits,
de mes amis. qui ont pu l'être de même dans ceux des au-
Je denunu-e avec vous, Monsieur, dai.s la rè- tres (jui ont parlé sanspn^caulion avant le der-
gle que vous avez posée vous-même. Nous ne nier éclat, et sur les(juelles j'aurais mieux
pensons difléremment (|ue siu' une chose très- aimé des explications pour lever toute
préci.ses,

peu im|iortante, et dont il n'est plus «piestion : ombre d'équivo(pies, avec une condamnation
demeurons cordialement unis ilaus les choses ex|)resse de tous les mauvais sens faite par l'au-
que nous pensons de même et s'il nous reste : teur même, (jue des censures générales des su-
de i)art ou d'autre à coiuiailre ce (jue nous ne périeurs.
connaissons pas, l'amour de la vérité, dans Quand même mon entêtement ou mon igno-
cet esprit d'unité, nous attirera laliunièredont rance m'emi)ècheraieiit de discerner avec assez
nous avons besoin. Craignez, tant qu'il vous d exactitude ce qui serait contraire à la tradi-
plaira, de ne craindre pas assez accusez-vous ; tion, je déposerais sans peine mon senliiiienl
de pousser la modération jusqu'à la mollesse: parlieiilier pour me conformer à celui de mes
pour moi, je ne puis savoir que ce que je sais, ni d'un clergé savant et pieux. Avec
coiili ères, et

craindre (jue d'être injuste : Viiusquisque in de telles disposilions, dans lesquelles je veux
senttu snoabuiiilcl. Ouand même vous auriez su- vivre et mourir, je ne crains ni d'( tre trompé,
jetde craindre (piebjue chose d'une personne ni de tromper les autres. Quand même je me
décréditée avec tant d'éclat, que pouvez-vous tromperais avec celte droiture cl docilité s-ins
craindre d'elle seule ? Vous ne pourriez le crain- réserve pour l'Eglise, mon erreur serait >énielle,
dre que par rcnlêtemenl de vosamis; mais cet et ne ferait mal à personne.
entêtement, si ridicule et si extravagant (ju'on Que d'autres personnes, qui n'enlcndent pas
puisse se l'imaginer, n'na jamais à rien contre le fond de la doelrine, ou (pii ne l'entendent
les décisions dogmalicpies, ni même contre les (pi'àdemi, ou y ai)porlent secrètement leurs
conseils dcB pasleiu.s. Ils sont sincères, .sinqdes passions mondaines, .s'elT.trouchent cl alarnu'nt
et dociles; donneraient leur vie pour obéir
ils les autres, je n en suis pas surpris. V(>us
L l'Eglise jusijue dans les nioiuiLes choses; ils le devriez être moins (lu'uii autre, vous qui
A L'AFFAIRE DU OTHÉTISME. 323

avez passé votre vie à que beaucoup


croire ment. Monsieur avait eu le dessein d'aller plus
de gens zélés se font des fantômes poui' loin, et pour cela était parti devant le roi mais ;

les combattre. Tu vero, homo Dei mais pour : il s'est arrêté à Montargis. Toutes les
dames qui
vous. Monsieur, vous nous connaissez, vous l'on vue durant le voyage, et ont eu l'honneur
savez ce qui nous arrêtera toujours, et pour la de la suivre, en sont charmées. L'entrevue en-
doctrine et pour la conduite. Encore une fois, tre Mgr le duc de Bourgogne et elle s'est faite
j'adore Dieu, quia permis que vous ayez cru dans le carrosse du roi Mgr de Bourgogne n'a
:

l'Eglise en péril. Pour cela, il a fallu que vous fait que descendre du sien pour entrer dans

ayez pris les plus dociles et les plus zélés de ses celui du roi. Ils ont paru contents l'un de l'au-
enfants pour les fanatiques, dignes tout au tre, et voilà tout ce qu'on sait du premier abord.

moins d'une prison perpétuelle. Mais tout ce Comme elle appelait toujours le roi Sire, Sa Ma-
que Dieu a fait ou permis m'unit à
est bon. il jesté lui a dit
de l'appeler dorénavant Monsieur,
vous plus quejamais, et je ne peux vous ex- ce qui décide le rang et le traitement de du-
primer à quel point je m'attendris en vous chesse de Bourgogne. On ne croit pourtant pas
écrivant. Je vous offre d'entrer en conversation qu'elle paraisse beaucoup en public. Le roi l'a
simple et cordiale, quand vous le voudrez il ; toujours appelée madame la princesse de Savoie,
ne s'agit point de dispute ni d'éclaircissement ou Madame tout court.
humain. Si je vous ai blessé ou scandalisé, je Nous savons ici que le Pape fait secrètement
vous en demande pardon. examiner l'ordonnance de M. de Paris mais ;

En tout ceci je n'ai fait que trois choses. La ce qu'on écrit de tous côtés, conformément à ce
première est de me contenter des éclaircisse- que vous dites, fait espérer que tout tournera en
ments dontvous vous êtes contenté la seconde, ; approbation. Soyez bien en repos en votre mai-
de recueillir des passages des saints pour l'exa- son de Frescati je voudrais que ce lut en la mai-
:

men de la matière, après quoi j'ai signé les son de Cicéron.


trente-quatre propositions la troisième, de ne
; J'ai reçu une lettre, toujours de plus en plus

refuser de croire les accusations contre la per- obligeante, de M. le cardinal de Janson, que
sonne, qu'après que M. de Meaux m'a assuré je vous prie d'assurer de mes très-humbles res-
qu'elles étaient sans preuve, et que les accusa- pects.
teurs étaient indignes d'être écoutés. Il est vrai
LETTRE LXXXl.
que je crois que certaines personnes savantes
sont plus en état de condamner ce qui est effec- l'abbé LEDIEU A L'aBBÉ BOSSUET.
tivement faux, dangereux et contraire à la tra- A Fontainelileau, le lunJi 5 novembre 1606.
dition,que de marquer précisément ce qui est Nous sommes seulement de samedi, 3 no-
ici

bon et de l'expérience des saints, en le réduisant vembre. D'abord chacun a dit, petits et grands,
èi un langage correct. Vousjugezbien, Monsieur, je dis les plus gros bonnets, que M. de Meaux
que celte lettre demande un secret inviolable, venait prendre possession de la charge de pre-
et je connais trop votre cœur pour èlre en peine mier aumônier de Madame. Tous les préten-
là-dessus. Je n'ai pour vous qu'amilié, estime, dants aux charges intérieures font assidûment
confiance et vénération. leur cour à ce supérieur prélendu. Je remar-

LETTRE LXXX. que l'abbé de Choisy entre eux, qui, depuis la


mort de son bon ami la Bruyère, a repris le
BOSSUET A SONT NEVEU.
conunercc de noire Père grec. Cependant il n'y
A Font.iinebleau, le lundi 5 nov. 169G.
a aucime ouverlure, et le bon Père est fort
Nous venons de voir arriver M'"° la princesse tran(|uille à son oïdinaire sur ses livres, corri-
de Savoie. Elle est fort bien l'aile, d'une phy- geanl ici même, connue ailleurs, les épreuvesdc
sionomie fort vive et fort spiiituellc elle a un ;
son livre sur les Etats d'oraison.
sourire fort agréable, et un air qui plaît beau-
LETTRE LXXXII.
coup. Le roi en écrivit hier des mcrvejlles il :

est content au dernier [)oint et cond)lé (h; joie


BOSSUET A SON NEVEU.
de riiunieur et du bon espritde la pt iiicesse, qui A Germiny, ce 13 nov. 1096.

n'a |)oiul paru éloiuiée, cl «pii a répuudu à Sa Après .ivoir marqué la réception de vos let-
Majcsléel à tout le monde d'une luaiiiùre où il tres du 2 et du 9 octobre, que je vous ai peut-
a paru beaucouji de raison et (le grâce. Le roi èlre déjà accusée de Konlainebleau, jevousdlrai
fut liiiT l'alUMidrc. à Moulargis, où elle de- que le cardinal Cas.inale m'écrit du 2"2 ocloluc
vait arriver. Monseigiieurélail avechii.avec peu une lellre pleine (raiiilllé et de couliancc. Il se
de monde de la cour, cl ses domestiques seule- (ii'clare |iour VOnlnniiance de M. de Paris, et
324 LETTRES lŒLAUVES

insinue qu'on l'a lue et approuvée dans le con- j'éclaircisse simplement avec vous deux endroits
sisiuirc, ou moins dans une asscnd)lée de
ilu de votre lettre, où vous me paraissez donnera
cardinaux mais il s'explique, en môiue temps,
; la mienne des sens très-contraires à mon inten-
pour interpréter le in sensu ubvio du Pape. Oii tion. Je siipposei.ii toujours que je me suis
écrit de plusieurs côtés de ce pavs-l?j, (ju'il en mal expliipié, quand vous aurez mal entendu.
va venir un nouveau href sur cette iidcrpréta- ' Le premier endroit vous regarde. Je ne vous
liiui, et sur les proposions de morale déiérées impute nullemeiitde nous avoir pris pour des fa-
au Pape. Les Pays Cas espagnols et par conta- nati(jues, dignes tout au moins d'une prison per-

gion en trouble sur toutes ces


les nôtres, sont pétuelle: je veux seulement dire (jue vous n'a-
clioses. Je suisencore ici pour quelques jours. vez pas dû croire l'Eglise en péril, et voici mon
MM. Courtin et de llarlay sont nommés [ilé- raisonnement. M"» Giiyou ne pouvait pas toute
nii)olenliaircs jjour la paix. M. de Ger^iit ac- mettre l'Eglise dans ce péril, elle ne pou-
.seule

com|)aj;nera M. de llarlay. On n'attend (pie les qu'en nous séduis.tnt et vous n'a-
vait le faire ;

passe-porls ; du reste, ou ne parle de rien. vez pu croire que nous fussions capables d'être
La princesse continue à |)lairc beaucoup. Je séduits contre l'Eglise, tant que vous ne nous
crois vous avoir mandé que, parle tiaité, elle avez pas cru des lanaliques, dignes d'être ren-
doit être mariée aussitôt après sa douzième fermés; donc vous ne deviez pas vous alarmer
année, qui arrivera l'an prochain au G de dé- tant pour l'Kglise voilà toute ma pensée. J'ai
:

cembre. supposé que vous ne nous lueniez pas pour des


visionnaires extravagants, puisque vous me té-
LETTRE LXXXIII.
moigniez encore tant d'amitié j'en ai conclu
:

BOSSIET K SON NEVEU. que vous ne deviez pas être tant alarmé sur la
A Mciux, ce 1er Jéccmbre 1C90.
séduction d'une femme, qui ne pouvait être
reçu vos lettres du 2-2 et 30 octobre, de
J'ai puissante et dangereuse que par nous.
Frescati. Je suis bien aise que vous vous trou- Le second endroit regarde les gens qui peu-
viez bien, eteu bonne compagnie c'est à vous : vent avoir eu dans cette affaire des vues humai-
à prendre garde si un si long séjour y est con- nes. Vous m'auriez lait grâce et justice de me

venable. J'entends bien que le vrai objet, dans laisser exi^liquer moi-même, si vous ne m'en-
im voyage de la nature du vôtre, est de se faire tendiez pas; je n'ai voulu parler que de mille
des connaissances et des amis, siutout parmi gens qui ont discouru avec curiosité et avec
les personnes les plus considérables, qui sont malignité. Les évêques dont il n'est pas ques-
les cardinaux mais il faut bien choisir, et que
:
tion ici, et que je révère comme je le dois, vous

ce soient les meilleurs, autant qu'il se peut. diront eux-mênies combien les gens du monde
Des deux que vous me nommez, y en a unil ont voulu pénétrer dans celte affaire pour nous
qui n'est pas, ce me seud)le. en grande estime. noircir à la cour, surtout auprès des gens dont
Du ne vous parle de celte sorte par
reste, je ils croyaient que nous avions trop l'amilié. Le
aucun ni autrement (juc par
avis particulier, monde ne serait plus monde, si de lelles cho-
conjectiue. Vous êtes sage et vous sa(uez bien ses n'arrivaient pas. Vous devez d'autant plus,
rélléchir sur les idées (juc vous donnerez de vous- .Monsieur, croire ce que je vous dis, que vous le
même. Jus<pi'ici on parait vous distinguer tort : dites vous-même car vous assurez que vous
;

il faut soutenir votre réputation. Vous savez que, avez pris notre parti, quand on nous a imputé
par toutes sortes déraisons, c'est M. le cardinal des choses qui sont certainement trcs-fausscs.
de Janson qu'il laut contenter. Voilà mon inleiilioneclaiicie de bonne foi sur
Nous attendons ce ipi'on fera sur le seiisus les deux endroits de ma lettre que vous preniez

obvius. dans des sens très-contraires aux miens.


11 n'y a point de nouvelles. Je serai mardi à Pour les discussions de faits qui regardent la
Paris, s'il plait à Dieu. Je suis arrêté par le personne, il ne me convient plus de les (aire, et,
procès (|u'on lait ici h l'oKicialilé au curé de si vous m'aimez sincèreuieut, comme je le sou-

Jouarre. il est (|ueslion de bien remplir cette haite, et comme je prends pbiisir à le croire,
place, si impui tante au diocè.se. vous devez souhaiter cpie tie lelles choses se
fassent par d'autres sans moi. Pour les passa-
LETIUE LWXIV.
ges dont vous me parlez, je ne les ai jamais vus;
FÉNtLON A M.*^
mai>jc ne dois pas coud. miner une personne sur
Ce n cléffinbre ICOC.
des songes rapportés siiii|)lemeiil par elle sjiiis
Souffrez, Monsieur, je tous en conjure, que les donner pour bous. Il va iiiêmetropd'exeiu-

Il «n vint, en «ncl, du 31 iiuvc.iibra IliJS. plesdccliuscs ù peu près semblables ilaiis de trè»-
,

A L'AFFAIRÉ DU QUIÉTISME.

bonnes âmes, pour en devoir conclure rien de d'aucune lettre. Nous attendons avec impa-
décisif contre cette personne. A l'égard des pré- tience ce que vous aurez résolu pour Naples.
dictions, je ne les ai jamais lues, ni comptées M. de Chaulnes dit que c'est un voyage hasar-
pour quelque chose j'ai cru même être bien
;
deux, mais vous saurez prendre vos mesures.
assuré que la personne ne s'y arrêtait pas plus Le Tra;(e du feu cardinal Sfondrate <, est ici
que moi. On peut dire par simplicité cequi vient méprisé et condamné de tous les honnêtes gens.
dans l'esprit, mais il ne faut pas le donner pour Songez à nous l'envoyer, aussi bien que son
une prophétie et alors on ne se trompe point
;
Innocentia vindkaia 2, où il dit la conception
quoique ce qu'on a dit se trouve faux. C'est la immaculée définie par un concile des apôtres ,
règle du bienheureux Jean de la Croix, qu'il et que la fête est d'institution apostolique. Mes

me paraît capital de suivre toujours pour respects à M. le cardinal de Janson.


éviter l'illusion. Si une personne voulait être
LETTRE LXXXVL
prophétesse, ce serait un préjugé contre elle qui
BOSSUET A SON INEVEU.
me mettrait en grand soupçon. Quand je vois
Meaux, ce 30 décembre 1696.
une personne qui donne simplement à ses su-
périeurs ce qui lui passe par la tête, ne comp- reçu votre lettre du 4 par l'ordinaire, et
J'ai

tant pour rien ce qu'elle donne, et n'ayant point un peu après le paquet où étaient les proposi-
le dire par obéissance, alors n'im-
tions que vous me promettiez par vos précé-
de honte de
dentes, dont j'écris à M. PhelippeaiLX.
porte que ce qu'elle dit soit vrai ou faux, bon
ou mauvais, ce n'est point là que je juge d'elle. Nous avons grand intérêt de savoir si l'on

Pour moi, Monsieur, je n'ai point à juger sur persiste toujours à n'accorder aucune pension
cette personne cela ne regarde que 31. l'arche- aux curés pour quelque cause que ce soit,
;

vêque de Paris, qui est éclairé, pieux de


et plein
quelque âge quelque service qu'ils
qu'ils aient,

grâce; je n'ai qu'à me taire, et me renfermer aient rendu, de quelque valeur que soient
et
les cures, tant en fond qu'en casuel. Faites-
dans mes fonctions.
Ce qui doit. Monsieur, vous mettre l'esprit en moi, je vous prie, toutes les distinctions là-
repos et pour l'Eglise et pour vos amis, c'est que, dessus, en sorte que cette instruction puisse"
comme vous le croyez vous-même, ils ne pen- servir dans l'occasion pour la cure de Saint-
sent rien de mauvais; qu'ils donneraient leur Euslache, dont vous savez la nature.
vie pour empêcher les moindres nouveautés ; Je vous prie aussi de faire chercher la dis-

qu'ils ne respirent que soumission à l'Eglise ;


pense dont il est question dans ce mémoire, et
qu'ils auraient horreur de tout ce qui serait con-
d'entreprendre le transumptum pour me l'en-
traire à cette docilité ingénue qu'ils ne seront
voyer, s'il ne coûte pas beaucoup. Il s'agit d'une
;

vieille affaire du diocèse, que nous ne saurions


jamais d'aucune cabale qu'ils n'useront jamais
;

finir. Souvenez-vous aussi des décrets sur le


de leur autorité pour blesser les règles, ni pour
quiétisme , surtout de ceux dont j'ai envoyé
rien faire seuls; qu'ils ne seront jamais attachés
le mémoire et la date à M. Phelippcaux ils
à aucun livre, ni àaucune persomie, ni à aucun ;

sont de conséquence pour moi. Mou impres-


sentiment suspect, et qu'au contraire, ils seraient
sion sur le quiétisme en est au dernier livre des
aussi zélés et aussi fermes que personne pour-
rait l'être, pour réprimer toute illusion. Ce fon- dix, qui sont assez courts.

dement posé,il ne reste, Monsieur, qu'àconclure M. Chasot est ici en bonne santé, et vous
ce que vous avez conclu vous-même dans vos manderait les nouvelles, s'il y en avait. La seule
premières lettres nous pensons, vous 1 nous
:
1 qui regarde la littérature, consiste en deux thè-
de même, dans tout ce qui est important; nous ses soutenues à Reims coup sur coup par les

ne ensons dilTcremment qu'en ce qui n'est Jésuites, dans l'une desiiuelles la doctrine de
I

d'aucune importiiice nous sommes, Dieu


;
Molina. sur la conciliation du libre arbitre avec
merci, dans la vraie unanimité. Je suis ravi la prédication, est |)ro|>osée comme étant sortie

d'y être avec vous car je ne cesserai jamais


;
toujours plus pure de toutes épreuves où elle les

de vous aimer avec tendresse et vénération. a été mise et l'autre se sert de cette lioctrine,
;

comme tirée de saint Augustin mène, dans le


LETTRE LXXXV. livre De boiio persevcrinilifT, el propre à établir
B0S8UET A SON NEVEU. les prefinitions di* Suarez, et la prédestiiialion
Paris, ce !) décembre I(i96. gratuite etiam adgiuriam, (|ui est proitosée coui-
que cinq *ï«<iut» >1«
'
Inlltui* : J\'"dju ;)r<ri/i!.i(inuriom.< ('ij>o/ii(iiî,
Le courrier apparemment n'est pas encore Friiicc •JtnomcrL'iil an l'ipo.
oH ptdc ce hvto dio» li Icllro flrt, c|.d»niu».
arrivé, et nous ne vous accusons la réception

Il lie
326 LETTRES RELATIVES

me t'Iant sainl Aiipnslin qu'on veut suivre en Dieu, en qui je me fie, me donnera de la force

lout. Nous allciulous lonjoiu's ce que fera noiuc pour éventer la mine.
sur le livre (lu cardinal Sfondrateconlre qui tout Je n)e réduis à ce dilemme: Ou l'on veut écrire
est soulève^ la même doctrine que moi, ou non. Si c'est la
même, l'unité de rF>gliso demande qu'on .s'en-
LETTKE I.XXXYII.
tende; si c'en est une autre, me voilà réduit à
BOSSUET A H. l'aDDÉ DE MAULEVRIER. écrire contre, ou à renoncer à la vérité.
Janvier 1G97.
LETTKE LXXXMIII.
Je sais d'une nlani^^c à n'en plus pouvoir
BOSSLET A SO.N >KVEU.
douter, que M. de Cambrai veut écrire sur la
spiiilnaiiU'. PreMiièreiiieul, il ww l'a ('crit, et j'ai
A Venailles, re 20 Janvier 1007.

s.'i lettre : secondenienl, j'en suis averti de très- Votre dernière lettre sans date, m'apprend,

fa )nue part. Je suis assuré que cet L'crit ne peut que vous avez eulin reçu vos passe-ports pour
causer (ju'uu grand scandale 1° parce qu'après : Nnples, et (piappareunneut vous devez être h
ce qu'il m'a fait dire sur le refus d'approuver présent parti pour ce pajs-là. Je vous souhaite
mou livre, il ne se résoudra jamais à condannier un lieureux voyage et un prompt retour.
les livres de M'"' Guyon; ce ipii est introduire Je croyais vous avoir mandé ce que vous me
imc nouvelle dislinction du fait et du droit, et dilesqu'im a écrit de M. de Cand)rai apparem- :

faire voir (juc M. de Paris et moi avons con- ment ce sera M. l'irol qui l'aura mandé à M. Vi-
damné celle dame sans enlendrc sa pensée. vant, à qui il communiijue tout. J'attendrais les
Cela est d'mi si grand scandale, que je ne puis [lièces sur le quiélisme, .selon les dates que j'ai

en conscience le siqiporler, etque Dieu m'oliligc envoyées à M. l'belippeaux.


h faire voir qu'on veut soutenir des livres dont
LETTRE LXXXIX.
la doctrine est le rcnversemenl de la piété. 2°
M. DE RANCÉ A M. Mv SAI.NT-ANDRÉ, CIRÉ DE
Je vois par les lellres et par le discours de M. de
VAUEDUES.
Candirai, (pi'il leiidra à établir comme possible la
Février 1097.
perpélui'lle passiveté; ce qui mène à des illirsions
insupportables, (^ar si cet état est possible , à J'ai reçu. Monsieur, le livre que vous m'avez
moins de le restreindre, conune je le fais après envo\é, et rO»v/()Hiifj»fd lie M. l'archevêque: je
le l)ienlieureux Jean de la Croix, fi la sainte vous suis bien obligé de ce que vous n'avez pas
Vierge ou à qiiebpie autre âme aussi extraordi- oublié la prière que je vous avais faile. C'est une
naire, telle que celle de .saint Jean-lJapliste, on chose déplorable, que de voir les diversités de
donnera ouverture à conduire l<>s ;\mes sur ce senlimeub; (pii se forment dans l'Eglise, et par-

pied-là, ce qui serait renver.ser la bonne con- ticulièrement celle qui a donné lieu au livre de
duite des Ames, et un des articles que M. de Cam- U. de Cambrai. On ne saurait trop louer le zèle
brai a signés, qui est le ^'.)'. 3° Je suis assuré de M. de Meaux, de .s'ojiposer, conune il fait, h
qu'il laissera dans le doute ou dans l'obscurité des erreurs si pernicieu.ses. Je ne doute point
plusieurs articles sur les(piels il me sera aisé que tous les gens de bien ne se joignenl à lui,
de faire voir qu'il fallait s'expliquer indis|ien- el que sou parti ne soit celui de l'Eglise. Je n'aj(ui-

sablement, dans la conjouctiue présente. El si terai rien ;\ ce billet, si ce n'est pour vousa.ssn-

cela est, comme il sera, qui peut me disiieu- rer. mon très-cher Monsieur, que je prendrai
scr de faire voir à toute l'Eglise cond)ien cette toide ma vie un intérêt sensible à tout ce ipii
dissiimdatJDu est dangereuse ? Tout cela dé- vous reganle, el qu'il n'est pas possible d'être
montre (pi'à moins de concerter toirs eiisem- avec |ilus d'estime etde sincérité qucje suis, elc.
bje ce (pi'il faul dire, c'est qu'on veut tromixT, Fr. .\nMAMD-JEAN, anc. abbé de la Trappe.
c'est qu'on veut montrer que M. de Taris et
moi l'avons mal condamnée; ce que j'avoue- LETTRE XC.
rais sans peine, s'il était vrai. Mais connue bien BOSStKT A SON .NEVEU.
nssurémenl cela n'est pas, la vouloir défendre, A I'*ri<.ce3 Wvrier \C,m.

c'est vouloir rél.iblir cl remettre sin l'autel une Celte lellre vous trouvera revenu h Rome, cl
idole bri.sée. Voil.^ In vérité ,'i laquelle il faul que je souhaite que ce .soil en bonne santé. Vous
je sacrifiema vie. Je le répèle, on vent rendre aurez su la nouvelle de M. le cardinal de Rouil-
Il condamnaliou de M"" (;n\on douteuse, par lou. qui, sur lesinslauees d« M. le cardinal de
la remettre en lionueur, et on ne m'évite en
l.'i
Janson pour .son lelour. doit aller à Rome vers
relie occasion après m'avoir témoigné tant de
, la IVnlecole, chargé des affaires, dans l'allenlc
soumis.sion en paroles, que parce qu'on sent que du dccanatdu sacré collège. Il est vrai que M. de
A L'AFFAIRE DU QUltTISME. 327

Cambrai a refiisé d'approuver mon livre, en dé- pliquer. « On dit tout haut que, par ces paroles,
clarant qu'il ne veut pas improuver M'"" Guyon. il se veut mettre à la tète du Le livre est
parti.
Ila même depuis deux jours imprimé un livre fort peu de chose. Ce n'estque propositions
sur la spiritualité ; où tout tend h la justifier,
' alambiquées, phrases et verbiage on est assez
:

sans la nommer. Il n'a pris aucune mesure déchaîné contre tout cela. Il y aurait des pro-
avec personne, et l'on trouve cela un peu hardi. positions essentielles à relever. Nous garderons
A peine ai-je eu le loisir de parcourir son livre. toutes les mesures de charité, de prudence et de
J'embrasse M. Phelippeaux. bienséance. On trouve l'action hardie et sans
mesure. M. de Cambrai a pressé et précipité son
LETTRE XCI.
livre: M. l'archevêque de Paris est irrité de ce
BOSSUET A SON NEVEU.
procédé. Vous n'avez, vous et M. Phelippeaux,
A Paris, ce 11 février 1697.
qu'à ouvrir les oreilles.
Vous nous avezgrand plaisir de nous don-
fait

ner de vos nouvelles de Naples. Nous espérons LETTRE XCII.


apprendre bientôt de celles du Vésuve, sans BOSSUET A M. GODET DES MARAIS, ÉVÉQUE DE
pourtant vous demander une recherche aussi CHARTRES.
curieuse que celle de Pline pour le mont Gibel. Ce 13 février 1697.
Vous aurez su que M. le cardinal de Bouillon
J'ai VU M. de vu M. de Cauîbrai, et
Paris, j'ai
devait aller à Rome après Pâques chargé des ,
je n'ai rien appris de nouveau. Le livre fait
affaires, et que M. le cardinal de Janson devait
grand bruit, et je n'ai pas ouï nommer une per-
revenir au mois d'août ou de septembre. J'en ai
sonne qui l'approuve. Les uns disent qu'il est
fait mes compliments à cette Eminence.
mal écrit; les autres, qu'il y a des choses très-
Mon frère m'a dit qu'il vous avait mandé quel-
hardies les autres, qu'il y en a d'insoutenables;
;
que chose du procédé de M. de Cambrai, et du
les autres, qu'il est écrit avec toute la délicatesse
livre qui a paru de lui depuis peu. Il s'est en-
et toute la précaution imaginables, mais que le
tièrement avec les Jésuites
rallié et il a dit ,

fond n'est pas bon; les autres, que, dans un


qu'il n'avait point à la cour d'ami plus cordial
temps où le faux mystique fait tant de mal, il ne
que le P. de la Chaise. Il n'a pris aucune me-
fallait écrire que pour le condamner, et aban-
sure qu'avec les Jésuites; aucune avec M™° de
donner le vrai mystique h Dieu ceux-li\ ajoutent ;

Main tenon, ni avec le roi. Quelle sera la suite


que le vrai est si rare et si peu nécessaire, et que
de cette affaire? Dieu le sait. Mon livre sur le
le faux est si commun et
dangereux, qu'on ne si
quiélisme 2 est achevé d'imprimer, et va paraître
peut trop s'y opposer. Je souhaite de tout mon
inccssanunent. M. de Cambrai en a public un,
cœur que Dieu nièiie tout à sa gloire. On se
qui a pour titre : Explication des Maximes des
pare fort de M. Tronson; et je ne sais pas si ce
saints sur la vie intérieure. prend d'un ton 11 le
que vous a|)[)elez sagesse en lui n'est pas un
bien haut et bien décisif. dans l'avertis-
11 parle,
trop grand ménageujeut.
sement , de trente-quatre articles 3 de deux
grands prélats, qu'il veut ex|)Ii(pier avec plus LETTRE XCIII.
d'élendue il ne dit pas qu'il les ait signés. On
: BOSSUET A M. DE LA BROUE.
trouve un peu extraordinaire qu'il ait entrepris A Paris, ce 23 février 1G97.
de lairc cette ex|)iicati()n sans concert avec eux,
Vous aurez h i)résent reçu l'exemplaire de
et après avoir vu mon livre '». Ce procédé étonne
mou livre, que M. l'abbé de Catelan vous a
tout le monde, et à la cour et à la ville, et l'on
envojé. J'ai eu l'honneur, mon cher seigneur,
remarque beaucoup qu'il a dit dans l'avertisse-
de vous écrire ce que j'altendaisde vous. M. de
ment: « Les m3sli(pics savent bien que je les en- Cambrai a impiimé un livre que je .souhaite
tends; et je leur laisse à juger si je n'exprime
qu'on vous envoie : M. l'ahhé de Catelan pren-
pas leurs maximes avec
plus d'exaelilnde, que
dra ce soin; sans lui, je l'aurais fait. Ou est
ta plupart d'entre eux n'ont pu justpi'ici les ex-
fort soulevé manière dont il s'est
contre: la
conduit n'y eonlrihue pas peu; car on a vu ipi'il
'_ C'est le livre inliluli! : Br;i/i(-(//ion des Murimis de) Siinls
qui ni l'objtt <lo toute In controvorsc. ot la matiiro du Jugcmcnlil» se cachait de M. de Paris, el piiiieipaleiuenl de
llnll»'.
' L7iij(ni.(io/i sur les niais tl'oraison, lom, ix.
moi. On a su pounpioi ilinereCiisail son appro-
l'oy. ce» trente-quatre articles lom. 1». bation; on a trouvé luallionnèle ipi'il voiili'il ex-
Dossuet Bvait mis ion livre Sur les Etals d'oraison, on mnniis-
'

mnlns de M. do Cambrai, >|u| refusa do l'approuver,


cril entre les
pliipier nos Articles sans concert, et (•crire sur
rommo on « vu, et qui dés lors résolut do donner son livre des Ma- une malièie(|ue nous avons traitée en eoininun,
tines, iic!acini\»'i\ cxvcM» ànnn un profond necrol, sans on rien
communiquer i M. do Moaux. — sans prendre aucune mesure. Nous lAeherons
Voy. la Helalfin du <iukH.me
hucl. tii, II. l(î, ci-dc^3U«.
'
d'agir de même <pie la vérité soil en sûreté,
,

328 LETTRES RELATIVES

sansqr.'il arrivo di^ scandale de notre côlo. Priez deux lettres que vous m'avez envoyées, et qui

Dieu puiir l'Kglise, pour M. de Paris, pour M. de acconjpagnaieni celle que vous m'avez fait l'hon-
pour moi. Je voudrais bien pou\oir
Cliarlrcs cl neur de remarque en cela votre
in'écrire; je
mVxpli'pier davanlagc. Tout à vous, mon très- bouté pour moi. Ce m'est une mar-
cl charité

clier seigneur. que obligeante de votre sincère et constante


M. de l'arisct .M. de Chartres m'approuveront; amitié. Si j'ai eu, dans l'occasion dont vous
et cela est très-à-propos, à cause de la liaison parlez, trop de ménagement pour notre ami

qui a été marquée entre nous dans cette alïaire. comme on vous l'insirme ', ce n'a été que pour
Mon neveu est de retour de Naples, où il a n'avoir pas eu assez de lumières. Car, dans le
reçu toute sorte de civilités, et il est charnié de fond, je vous avouerai franchement que j'ai
ce vojage il vous assure de ses respects; toute
:
cru, apiès iilusicurs personnes de piété, qu'il
la lainille vous en dit aulant. Ma sœur est tou- était impiirlaiil que le monde lut instruit de ses

joiM's de même. Ah! que vous avez hicn prédit sentimeids. Or, il me send)le qu'il s'en explique
beaucoup de ciioses! Jevous écrirai ce (jui se assez, et iju'il d'une manière qui
les éclaircit

passera de ()lus remanjuable, aulant «ju'il sera deux bons eflets. Le premier, de re-
jieut avoir

possible. dresser ceux qui abusent des livres des bons


m\sli(iues et de leurs expressions, et qui, y
LETTliE XCIV.
donnant un sens opposé à la doctrine de l'E-
BOSSUET A M. DE LA BROUE. aux bonnes mœurs,
glise et contraire à la foi et
A Paris, ce 23 Kvrier 1097.
tombent dans de très-grands égarements L'autre
Assurez-vous, .Monseigneur, que je ne vous est de prévenir les soupçons qu'on pourrait for-
de ce qui se pourra écrire
laisserai rien ignorer mer contre lui, en faisant connaître d'une ma-
surTaflairc dont vous désirez, avec tant de rai- nière claire et précise tout ce qu'il pense sur
son, d'être informé. Le livre de M. <le Cambrai cette matière. Je ne sais quel sort d'ailleurs
continue h soulever tout le monde, c'est-à-dire aura son ouvrage; mais toujours, quoiqu'on
docteurs et autres, et la cour comme la ville. en dise, il doit empêcher, à mon avis, qu'on ne
Nous sommes résolus, M. de Paris, M. de Char- soupçonne l'auteur d'avoir des erreurs qu'il
tres etmoi, après avoir tout pesé, de lui pré- condamne avec tant de force. Voilà mes vues,
senter les Articles sm- lesipiels il aura à s'ex- que je vous expose simplement, et (jue je sou-
pliquer brièvement et précisément, après les mets de tout mon cœur à ceux qui en ont de
avoir pe.sés et réduils en termes précis. Nous plus étendues. Car je sais que les miennes,
procéderons en esprit de vérité et de charité, par quelque bonne inlcntion qui les accompagne,
les voies les plus prudentes et les plus pres- étant fort bornées, me doivent toujours être fort
.santes, selon que Dieu nous l'inspirera. Nous suspectes. Celle dont je puis vous assurer qui
n'oidilierons rien, s'il plait à Dieu et quoiijuc ; m'est plus à cceur, et qui ne me trompera pas,
M. de (/tmbrai ait engagé le P. de La Chai.se à est que je serai toute ma vie avec toute la re-
parler pour son livre, nous csjjérons que la connaissance que je dois, et avec un allache-
vérité sera si bien soutenue par tous ceux que meut inviolable, entièrement à vous.
vous avez vus engagés à sa défense, que la vic-
LETTIΠ.XCVI.
toire lui demeurera tout entière. IViez Dieu pour
BOSSIKT A SON NKVKU.
nous vous nous mantiuez bien suppléez-y par

;

\ ViTsiilles, ce î.i février 1607.


vos piières.
vous donne, avec raison, beaucoup de
Oti vous envoie
Je ma réponse à M.Mgrs les car-
gloire, poiw avoir réduit à rol)r'issiuice des en- dinaux Barberin et Denlioiï: je vous prie de

nemis de .M. de Sainl-l'ons '. Je n'en dirai rien bien faire valoir mes reconnais,sances à ces
dav.inlage, étant fort pressé je pars pour Ver- dignes cardinaux. Le livre île M. de Cambrai
;

sant les. fait ici, h la cour et à la ville, le plus mauvais

du quelques chapitres à l'ouvrage


ajoutera effet du monde pour son auteur, dont le pro-

qu(t Vous avez; on vous enverra tout ce qu'on cédé etdoctrine soulèvent tout le monde
la

pourra. contre lui. Le oi en est ému au-delà de ce (pi'on


i

peut penser: il lui revient de tous cotés (jue tout


LETTKE XCV. le monde en est scandalisé. C'est .M. le duc de
M. TBONSON A L'ÉVÊUUE DE CHARTRES. Beauvilliers <pii. le premier, en a |iorlé la nou-
Ce Î4 fi-Trier IC97. velle au roi* ; M"" de Maintenon a suivi; et le

le VOUS suis très-obligé, Monseigneur, des ' ci-dMiUi.


r. y- lettre 93.
3 C>«t-A-Hire que I« duc da fie«UTillier<, on l'ftbscnce dt M. d«
hti Uvcollcu, avec qui c< piolit avki( do dwatlé*. wnbrti, pour lot* reUii dtna Mn dloc^M, pr<MQU ion litr* *u roi
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.

roi étaiten impatience de savoir mes senti- mander, il n'a pas cru devoir mettre si tard la
ments. main à la plume. Puisqu'il me l'a fait prendre à
Le soulèvement est au-delà de l'imagination. sa place, je profiterai, avec votre permission.
Je dois taire encore avec M. raichcvcqiie de Monsieur, de l'occasion, pour dire (le plus que
Paris un extrait des propositions censurables le livre de M. de Cambrai est enfin parvenu à

que je vous enverrai. être universellement méprisé. Plusieurs docteurs


M. le cardinal de Janson recevra par cet or- ont dit qu'il y aurait bien de quoi le proposer
dinaire une lettre de cinq évêques au Pape en Faculté, pour le censurer comme il le mérite.
contre le livre du cardinal Sfondratei. Aussi- Aussi M. de Meaux y trouve-t-il des propositions
tôt que j'eus vu le livre, j'imaginai ce dessein, erronées contre la coopération à la grAce, et sur
qui depuis s'est trouvé conforme à la pensée de d'autres matières: par où il parait que l'auteur
M. Phclippeaux. Le roi a fort approuvé la lettre, n'est pas bien foncé dans la théologie. Tout
dont il a demandé la traduction. J'ai fait la cela fait désirer de plus en plus l'ouvrage de
lettre, en ayant été chargé par M. de Reims. notre prélat, qui vient de s'achever aujourd'hui,
Je vous prie de faire, sur ce sujet, à M. le car- à la réserve des tables, qui nous tiendront en-
dinal de Janson, toutes sortes d'honnêtetés de core celte semaine, et je ne crois pas que l'on
ma part. M. de Reims s'est chai-gé de lui adresser puisse vous l'envoyer par le premier ordinaire.
la lettre. Le roi l'a fort approuvée, et c'est tout Mgr de Paris a donné une magnifique approba-
ce que je puis vous en dire quant à présent. tion ; nous attendons celle de M. de Chartres.
Vous ferez part à M. Phclippeaux de ce que je J'ai été chargé d'imprimer, pour joindre à cet
vous en ai dit ci-dessus. ouvrage, un recueil des actes de la condamna-
11 y a un article dans la lettre du roi à M. le tion des quiétistes, qui comprend la bulle d'In-
cardinal de Janson, pour lui ordonner de rendre nocent XI contre Molinos, le décret de l'Inqui-
la lettre dans la propre main du Pape. Je sup- sition, aussi contre sa personne, et les autres
pose qu'il vous la fera voir: qui que ce soit n'en portant condamnation des livres des nouveaux
sait rien ici. Vous ne direz pas, si vous le vou- mystiques Les ordonnances des prélats de noire
lez, que c'est moi qui ait lait la lettre. province y sont jointes ; de sorte qu'on aura sur
Le roi sait le bon traitement que vous ont cette matière tout ce qui s'est lait de plus remar-
fait les Espagnols dans votre séjour h Naples, quable contre cette secte.
et la manière dont le vice-roi vous a parlé de Enfin parait depuis un mois le recueil des
Sa Majesté, de la famille royale et de la France; Hommes illustres de ce siècle, au nombre de
et elle a paru en cire très-contente. M. de trente-quatre ou environ, par M. Perrault, de
Reims a lu l'article de votre lettre sur les choses l'Académie, qui a fait les discours ti ès-succincls
que vous a dites M. le cardinal Dcnhoff. J'ai vu qui sont joints aux estampes de chacun. Lulli
ici M. le comte Dcnhoff, à qui j'ai beaucoup et Quinault en sont; M. de Tureniic M. le ,

parlé de la religion : il est calviniste opiniâtre. Prince, M. Colhcrl, le cardinal de Richelieu,


Nous attendons la suite du livre contre la M. le chanchelier, Séguier, M. PlicIlis<oii. Des-
probabilité*. cartes, |)lusieurs autres, et M. IVlippcaux, grand-
Le recueil des Hommes illustres de ce siècle, père de M. Ponlcharlrain. Dans sa généalogie
par M. Perrault, de l'Acaiiémic, parait depuis ou s'est contenlé do tlirc qu'il vient de la bran-
quelques semaines. La biigue et la jalousie de che des Phclippeaux él;d)lis à Rlois, dans la-
certaines gens ont fait mutiler cet ouvrage, et quelle il y a eu de sui le jusqu'à sopl secrétaires
relranciicr des hommes qui méritaient bien d'y leur famille est originaire ifAnjou,
(l'Klal, et (]ue
avoir place». où un Jean IMitMipptMiix se trouve avoir occupé
LETTTRE XCVIIL une charge im|)(irlanlc auprès des anciens com-
tes d'Anjou, dès l'an iiOll et tant, sans outrer
l'abbé LEUiiiU A l'abbii; nossuET.
en d'autres détails. Je ilis encore ceci, iMon-
A Paris, ce lundi soir23 février 1697.
sieur, avec votre permissinn, pour le compa-
M. Bossnet n'ayant rien autre chose fi vous
gnon de votre voyage. .Vu roslo, los PP. Josuiles
f t en loa honneurs  toute la cour. M. do Pontchartrain,
alors
fit
ont fait rayer du nomliro dos lidiumos illustres
rontrûlcur général des finances, fut le premier qui nvcrlit le roi quo
Mme (iuyon avait trouvé un défenseur de sa cour, dans sa maison. M. l'ascal et M. Ariiauid ipii olaionl gravés, ot
iKifirés dca princes ses enfiinls M. lo Tcllicr, arclicvéqug do Kcims.
parl.i aussi
dont les éloges olaionl imprimés à leur r.iiig.
on plusieurs fois au roi.
ainsi que le bref du pape Innocent XU, on réponse
*Cctlo lotiro Cola a révidlé, siirloiil losgonsdo lellros ol loin* ;

tiix cinq «vé(iue«, seraimprimée ovcc los Leilrtt divtnri. iniligiialii)U a paru dans une loltre iiii|iriinéo
' Du r
nonialci général de» .ti-sultos.
.

> M. LodioM, >ecrétairedu pielut, rxpli'iue dans lalcltro sulrtnli, qui a cuuiu.
droisie k l'abbo Uossuet, quels itaicnt ces porsonnsg«i.
330 LETTRES RELATI^^iS

LETTRE XCVin. c'eût élé trop tirer les choses par les cheveux,
que de rallribuer aux nouveaux mysli(pies. Je
DOSSl'KT A SON NEVKU.
suis J)ien heureux en effet d'avoir en saint
A l'aris, ce i mars 1G97.
Chrysoslomc pour moi dans le Ireiile-tidisiéme
Jai lorii vnlrc lellre 12 iï^vrier. Nous
<lii
article : car sans cela vous m'écrasiez avec saint
nvoiis (l(^j.'i paik^ de vous, M. le canlinal do l5oiiil- Fran(;ois de Sales el toutes les s;iinles, môme
loii c[ iiioi il l(^iii(ML'no de la joie
: de vous ren- avec les jilus excellents conmientaleurs ; mais,
lonticr à Rome. Je lui ferai bien vos compli- Dieu merci, je suis sauvé. J'ai bien su que Cas-
ineuls, el vohe lillre sur sa mission m'en don- sien était de même avis; mais je ne cite qu'à
nera un grand sujet. Je ne doiile pas du rofirct regret dans de telles choses, où le plus souvent
rpi'on aura à Home d'y perdre M. le cardinal il est outré dans ce qu'il dit de mieux.

de Janson rc que vous me dites del grand cou-


:
Si l'on n'est pas content de la raison que j'ai
ccito (ju'on atie lui en Italie m'a lait un f^rand donnée dans la préface, du soin que je prenais
plaisir. Il est égal ici; el nous yain-ons autant de pour certains inysti(pies, j'aurai du moins fait
joiedc le voir, ipronauraderegi-et d(^ le prendre connaître que ce n'est pas par la grande estime
à liome. .Assiui'7-le bien de mesresj'ecls vous :
que je fais de leur autorité. J'ai un peu corrigé
ne lui en samiez trop dire, ni trop l'assurer les six dernières lignes que vous avez vues:
d'un sincère allacliement, et d'une parfaite re- mais quand on pensera(pie j'ai un peu regardé,
connaissance de toutes les bontés (pi'il nous quoi(pie obliquement, M. de Cambrai, je ne
témoigne par des elïels si agréables. m'en olïenserai pas, et il était dillicile de laisser
Je fais réponse à M. I'lieli|)peau\ sur les dé- passer ralfeelalion de défendre M"" Guyon. sans
crets du (piiélisinc. Mon livre aelièvc de s'im- en dire (piebpie mol en général.
primer je vous l'enverrai aussitôt avec une
:
Si vous avez de limpatienee de voir le livre
lettre an l'apc, pour le lui présenter. Celui de de M. de Cambrai, j'en ai encore plus pour en
M. de Cambrai a excité un soidèvcmcnt si uni- savoir votre sentiment, maintenant que vous le
versel, et <pii, au lieu de dimimier, augmente devez avoir nvu de M. l'abbé de Calelan. Ce que
si fort, que jamais il ne s'en est vu un pareil.
je vous puis dire en attendant, c'est que le sou-
Il y laudra apporter (pielque remède je vous :
lèvement est univeisel, et augmente h mesure
en |)ailerai(piand on aurapi isuu parti. Lemicn, que le livre se répand. La cour s'est d'abord
en attendant, est de jiarlei le moins (pic je i)uis. soulevée autant et plus que la ville. Quelques
Nous ganleiciMs toutes les mesures que la cha- Jésuites s'y sont déclarés, entre autres le P.
rité cl la paix demandent. de Valois, cl, à ce qu'ojulit, le de La Chaise
1*.
;

Soyez allenlil à noire lettre sur le cardinal pas esprits vous au-
mais cela l'apaise les :

Sloiidrate. Je vous ai mandé (pic M. le cardinal


rez appris tout le reste par ma lettre précé-
de Janson, à (|ui on l'a adressée, a ordre de la dente.
lendrc lui-même à Sa Sainteté. Je vous en compte que mon livre sera présenté dans
Je
enverrais nue copie, si je ne croyais pas (juc la semaine proebaine, et (pie de lundi en huit
M. le cardinal de Janson vous la fera voir. je l'enverrai an l'ape avec une lettre pour Sa
Sainteté. Vous saurez tout exactement. Je suis
LETTHE XCIX.
avec le respect t]ue vous savez, etc.
BOSSUET A U. DE LA BROCB.
A Mcaiix. ccO mars 1697. LETTRE G.

Je VOUS ai dt'-jà fait mes compliments, mon BOSSUET A SON NEVEU.


seigneur, sur grande part que vous avez eue
la A Paris, ce 11 mart 1697.

à la salislaciiou donnée à M.
(pu a été faite et quatre exemplaires de mon livre, dont
Voil.'i

de Saint-l'ons. Uuaud vous aurez occasion do j'en desline un à Sa Sainteté, l'autre ;» M. le


faire savoir à ce prélat la joie (piej'en ai, par canlinal de Janson, le troisième au cardinal
le respect pailicnlier (juc j'ai pour lui, aussi Spada, et le quatrième est pour vous. Vous jioii-
bien (pie pdur liiitéi et comimin, vous nie ferez vez toujours faire relier ces livres, en attendant
plaisir. (]ue je vous envoie deux Icllres, l'une pour Sa
.(I. de Cambrai ne donne puinl d'autre cause Sainteté, et l'autre pour M. le cardinal Spada :

du nhis de l'appidlialion, sinon (pi'il ne |)ou- vous recevrez par l'ordinaire proeliain. J'en
les
>ail pas con.senlir, coiuiiie il l'eut fait jtar cet parlerai au roi, <pii le trouvera très-bon, en
acte, à condamner M" liiivon. même temps «pie je lui présenterai le livre.
Je ferai une alleiilion nouvelle à la liiiilième Vous ne sauriez croire (|uelle est à ce sujet l'at-
proi»osilion des bé-gnards; il m'a paru (jue tente du public on.s'allend de trouver la conso-
:
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 331

lation et l'instrucfion que M. de Cambrai a Vous verrez bien que j'ai évité de parler de
ôtées au peuple par sa sécheresse. Le soulève- M. de Cambrai, quoique tous mes principes
ment continue avec indignation et mépris on : soient contraires au siens.
ne voit paraître de défenseurs déclarés de son Je vous envoie son livre et au premier ordi-
,

avis, que les Jésuites. M. le cardinal de Bouillon naire vous pourrez avoir mes remarques fai- :

se mêle dans cette affaire, pour soulager ce pré- tes vôtres, en attendant, avec M. Phelippeaux.
lat. On est engagé dans une autre route avec Prenez bien garde à ajuster comme il faut les
le roi, par M. de Paris et M"'" de Maintenon. cartons pour mon livre, qu'on vous envoie ils :

Je ne puis vous rien dire du P. de La Chaise, qui sont de conséquence.


ne s'explique pas.
11 y a un grand moment h la cour sur un dé-
LETTRE CIL
mêlé pour la place au sermon, entre l'évèque M. TRONSON A l'ÉVÉQUE DE CHAUTRES.
d'Orléans et M. de La Rochefoucauld je vous
i
: Ce 21 mars 1697.
en manderai le détail de Versailles, où je Je profitedu peu de relâche que me donne mon
vais. rhumatisme, pour vous mander les dispositions
Nous vous enverrons des exemplaires de où se trouve notre ami. 11 est prêt à profiter des
mon livre pour nos amis par une autre voie. remarques que Mgr de Meaux et d'autres feront
Vous savez que le chambellan le genlil- ,
sur son livre, et de déférer absolument à ce que
homme de la chandire et le capitaine des gar- Mgr de Paris, M. Pirot, et quelques autres per-
des occupaient au sermon le dos de la chaise du sonnes croiront qu'il iloit expliquer on corriger
roi. Le premier aumônier avait une quatrième dans son ouvrage. Il me semble qu'après cette
place à la droite du premier gentilhomme. C'est démarche on ne pourra plus douter de ses senti-
celle-là que M. de La Rochefoucauld a deman- ments, qu'on n'aura plus sujet de le soupçonner
dée et obtenue pendant l'absence de M. d'Orléans de quiétisme, ni de craindi'e ce que l'on appré-
et de M. l'abbé de Coislin. M. d'Orléans est re- hendait pour l'avenir. Je ne sais si on ne soupçon-
venu d'Orléans pour cette affaire. nera point que ce que je dis ici vient encore d'un
trop grand ménagement, mais j'ai cru qu'en par-
LETTRE CL
lant d'un ami à un ami, je pouvais snnplement
BOSSUET A SON NEVEU. écrire ce qui me venait en pensée. J'espère que
A Piiris, ce 18 mars 1G97. vous le recevrez avec votre bonté ordinaire pour
J'ai reçu votre lettre du 26
nous ap- février : celui qui est entièrement ;\ vous.
prouvons beaucoup la résolution que vous pre-
nez de revenir aussitôt que vous aurez vu à LETTRE cm.
Rome M. le cardinal de Bouillon. 11 vous pré- BOSSUET A SON NEVEU*.
pare toute sorte de bon accueil, et m'a même AMi-iiux, ce2i m.ir5 1G07.
dit qu'il prétendait que vous n'aurez point d'au-
J'ai reçu h Paris votre lettre du 5 j'attends
tre logis que le sien mais il faut demeurer
;
avec impatience vos sentiments, et l'effet tle la
dans votre train d'ordinaire, et seulement lin
lettre que nous avons écrite sur le cardinal Sfon-
rendre fort assidiuncnt vos respects. C'est bien
drale. On aura vu du moins que nous sommes
fait aussi de laire votre voyage comme vous l'a-
entrés lie nous-mêmes dans les sentiments des
yez projeté, et de ne donner point de
fatigue bien intentionnés de Rome.
à M. le cardinal de Janson.
Je viens d'écrire au granil-diic, en lui en-
Voilà ma lettre au Pape 2. Je n'ai rien fait,
voyant num livre. Nous en ferons passer, le pins
comme vous [louvez croire, qu'avec l'agiéiuenl tôt (|ue nous pourrons, à Rome, pour nos amis.
du roi. Recevez les ordres de M. le cardinal de
Nous sommes convenus, M. de Paris et moi,
Janson pour votre audience résolvez avec lui ;
par ordre du roi, de travailler iuces,,ainmenl à
les pas qu'il faudra faire du côté du cardinal
l'extrait des proposilioiis du livre tle M. île ('am-
Spada ne perdez point de temps à mettre
:

brai, et à leur (pialilicalion. Il faut im peu tle


ma lettre aux pieds de Sa Sainteté.
temps |)i)iir mettre eela eu état. Le livre est in-
Tout le monde est ici si déclaré contre M. de
soutenable et abandonné; lesJésuiles qui le soti-
Cambrai, et pour le procédé et poiu' le joiid do
la (loitrine, (pTil ne s'y peut rien ajouter. ' Cotte lottro qui contient
une ceniure abn'gje du livre des ^.t-
Timrj dr, saints, manire&tc les vrais motifs du j*lc de IJossuet eon-
' M. liuCnmboul do Conlin, (|ul itait «lorj prtmitr lumAnlcr, lf« rel ouvrage- et il ncst persinne,
tant »oi peu *quital.|o. qui
•t fut dans la luitc grand aumftnior. Uoisuol explique i la fln do n'ajo il« uno foi entit>ro aux drclarntions que IVvt'que de NJeaux
celte lettre lo sujet de In di»piito. faiinil sans (Ane A son neveu, dans uno lettre qui ne pouvait aoup-
Celle lettre, ainii i|iic la réponse de Sa Salnlelo. est
Imprliréo (nnner devoir *tre un )our imprlmi'e, et oi'i le» hommes décrient
•nUle de l'/ni'ruc<ion lur les étuis d'oraison, lom. U. ordiuaireincnl les vt-ntablci diipoiilious de leur caur.
332 LETTRES RELATIVES

tenaient d'abord, no parlent plus que «les moyens Au reste, il a assuré le roi et tout le monde
de le corriger; elteiix «pion a proposés jiisi pi ici qu'il aurait la ibuililé d'un enfant; et qu'il se
sont faibles. Le i'. tic La Chaise a au roi.tprun
dit réliaelerait hautement .si un lui montrait qu'il
de leurs l'i-ros, ipi'il dit tHre un grand théolo- avait avancé des erreurs. .Nous le ineltrou> h
gien, y trouvait «iiiarautc-lrois propositions à ré- l'épreuve; cir ce sera pir lui-inôinc que nous
former. Il m'a (lit à moi-mèuic la mùme chose, commencerons. En voilà assez sur ce sujet, et
h la réserve du noiid)re «les pro|tosilions. li<)[);mais il n'est |ias inutile que vous soyez
H y a dans «e livre plusieurs propositions qui instruits, vous et 51. l'helippeaux. J'ajouterai
sont directement contraires aux lrentc-<|uatre seulement «pie tout l'i-crit de ce prélat est plein
Articles que l'auteur a si;,'n«^s, entre autres au de contradictions, et ipie le faux elle vrais'y trou-
huitième et onzième. Ce qui est répandu «lans vent souvent en.seuilile.
tout le livre contre le dt'sir du salut. liiidilTé- M. de Paris, M. de Reims et moi n'avons au-
rence h cet éfiard, le troid)le involontaire «le la cune parla la lettre du roi, pour dé.savouer ce
partie inférieun-. en Jésus-Christ, pa|j;e 12-2, est «pie le P. de La Chaise a écrit à M. le cardinal
erroné et plein ilifruoiancc. Le sacnlicc absolu de Jansiui en faveur de .M. de Cambrai. .M. le
de son salut, et raequicscemciit simple h sa [lerle cardinal d'Estiées est déclaré contre ce prélat
et fi sa «lamnalion, pa;;e 00 et 91, est ime im- assez ouverteiueul; M. le cardinal de Bouillon
piété manifeste, réprou\ée p;n- l'arlielc 31, signé tortille.

par l'auleur. La pi|j;e 0-2 contredit les autres, et


n'est qu'une vainc pallialiou de l'erreur. Un
LETTRE CIV.

amour qui, page i! ol 1", est np|)elé impie et sa- M. I»E RANGÉ A BOSSLET •.

crilège, est manpié dans la même page 7, comme i


Mars 1607.

une préparaliou fi la jusiiliealion. Vous trouve- Je vous avoue, Monseigneur, que je ne puis me
rez vers page 07, le quiéli>;me tout pur, c'est-
la taire. Le de M. de Cambrai m'est tombé
livre
à-dire l'attente oiMVC «le la grAce sous |)rélextc entre les mains je n'ai pu ctunprcndre qu'un
:

qu'il ne la faut pas prévenir. l*lusieiu-s passages liommc de sa sorte put être capable de se lais-
cités pag. 55 et 12(), «le saint Franrois de Sales, ser aller à des imaginations si contraires h ce
ou ne se trouveid |)as dans les ouvrages «le ce que l'Evangile nous enseigne, aussi bien que la
saint,ou sont pris à contre-sens, et même mani- tradilion sainte de l'Eglise. Je pen.sais que toutes
festement trontjués. Vous trouverez quelques- les impressions qu'avait pu faire sur lui cette
uns que j'ai marqués dans les livres vin et ix de opinion faiilaslitpic étaient entièrement clTacées,
mon InatnirtiiDi sur les ctats d'ornisoii. Les jjre- cl qu'il ne lui reslait que la douleur de l'avoir
mières délinitionssur lesquelles loule le système écoulée mais je me suis bien trompé.
;

sont fausses et erronées. L'averlisseniciit, et tout On sail que vous avez écrit contre ce système
le st_\le du livre a paru d'une arroganee inliuie; monslriieiix ; c'est-à-«lirc (pie voiisravezdètruit;
et tout est tellement alamlii(|iié depuis le com- car tout ce que vous écrirez. Monseigneur, seront
mencement jiisipi'à la lin, «pie la plupart n'y des ilèeisioiis. Je prie Dieu qu'il béni.sse votre
entendent rien: et après l'avoir lu, il reste seu- plume, comme il a fait eu «pianlité d'autres oc-
lement la douleur de voir la piélé loule consister casions, et qu'il lui donne la force néces.saire en ;

dans des phrases, dans des subtilités, dans des sorte qu'il n'y ait pas un trait «pii ne porte coup.
abstractions. Je n'aipas let«inpsd'endiredavan- Peuilanl «pie je ne puis penser à ce bel ouvrage
tape, et en voilfi plus «pi'il n'en faul pour vous de M. «le Cambrai sans indignation, je de-
faire voit les causes du soulè\eineiil cl de l'iiidi- mande à Noire-Seigneur qu'il lui fasse la gr;kc
gnation universelle. «le rec«)miaitre ses égaroiiients. Dieu, Mmisei-
J'i'rris tout ceci avec douleur; à cause du gneiir, vous a choisi dans nos temps entre les
scandale de l'Kglise, et de l'Iiorriblc déeri où autres hommes, pour soutenir la vérité, et vous
tombe un homme dont j*a\ais cru faire le meil- lavez fait jusqu'ici en loiiles rencontres, et avi>c
leur de mes amis, et «pie j'aime encore Irès- tant de suceî's, «pieje n'en doute point «pie vous
sincèremeiil. malgré l'ii régularité de sa con- ne le fassiez encore dans celle-ci avec le même

duite envers moi. Je n'ai ixiiiit la liberté de me luinheiir.


taire après ce ipTil «lit dans son averti.ssement, Je n'ai pas besoin de vous «lire. Monseigneur,
qu'il expose la doeliine «pie M. de Paris et moi rinléiét «pie je prends dans tout ce «pii vous re-
avons établie dans les trenle-(|ualic Articles. garde; car je m'a.ssiire bien «pie vous en êtes per-
Nous scriiuis prévariiatiMirs si nous nous tai- suadé, aussi bien que de la reconnaissance, de
sions, et l'on nous imputerait ia doctrine du nou- U Vu di ,V. dt Jtancé,
' Cette lettre ut rapporlie d>ni par l'abbé
veau livre. daUanolliar, I. ii, ch. U.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 333

l'attachement et de tout le respect avec lesquels d'en donner aucune copie. Si cette affaire par
je suis, etc. malheur ne s'accoinmodai t pas, avant mon arrivée
Fr. Armand-Jean, à Rome, par les voies de la douceur et de la cha-
ancien abbé de la Trappe. rité chrétienne et épiscopale, qui doivent vous
porter à interpréter le plus bénignement que
LETTRE CV. faire se pourra toutes les expressions qui peu-
BOSSUET A M. DE LA BROUE. vent choquer d'abord et M. de Cambrai à vou-
,

A Meaux, ce 29 mars 1697. loir donner tous les éclaircissements nécessaires

J'aireçu, Monseigneur, votre lettre du 13 : pour que la droiture et la pureté de sa conduite


donné ordre qu'on vous adressât un paquet et de sa doctrine ne laissent aucun doute dans
j'ai
pour vous et pour Messeigneurs de l'esprit de ceux qui ne cherchent que la vérité
de livres ;

si cette affaire ne s'accommodaitpas par cette voie


votre voisinage. Je vous envoie, en attendant, les
derniers cahiers, qui, joints avec ce que vous avant mon arrivée à Rome, il est comme inévi-
avez, feront l'ouvrage complet. table que j'en entendrai parler à Rome dans le

8 des béguards tribunal où ces matières sont portées, à la tête


Vous avez raison sur l'article :

je n'y avais pas regardé d'assez près; je tàcheiai


duquel apparemment je me trouverai, les infir-
mités de MM. les cardinaux Cibo et Altieri, qui
de réparer le tort que j'ai.
Quant à M. de Cambrai, le soulèvement et en sont aussi, ne leur permettant plus de s'y
trouver.
l'indignation augmentent de jour en jour contre
Parcelle raison, Monsieur, je dois désirer que
son livre; et on se déclare à mesure qu'on lit le
mien. Il est consterné: mais je ne vois pas en- vous me confiiez vos remarques, quoique encore
imparfaites. Je vous avouerai, Monsieur, que
core qu'il soit humihé, puisqu'il ne songe qu'à
j'ai toujours désiré de les voir avant que de lire
pallier. Les Jésuites sont ses seuls partisans en- :

avec attention le livre de M. de Cambrai, que je


core disent-ils eux-mêmes que leurs plus habi-
n'ai luque rapidement parce que j'ai regardé
les théologiens trouvent jusqu'à quarante-trois
;

propositions à corriger. J'attends avec impa- vos remarques comme nécessaires pc ur que la
tendresse et l'estime que vous savez que j'ai
tience vos sentiments, sans les vouloir prévenir
en rien par les miens. Je pardonne à M. l'abbé pour lui, aussi bien que vous, ne séduisit sans
ce secours mes lumières beaucoup infériem-es
de Catelan d'être politique avec tout autre que
,

vous. M. de Cambrai a endormi M. de Fleury


aux vôtres en toutes choses, et principalement
comme beaucoup d'autres. Je reçus hier une dans celte théologie mjstique, fort différente de
celle de l'Ecole. Encore une fois, Monsieur,
lettre de M. l'ancien abbé de la Trappe d'une
faites-moi l'amilié de m'envoyer confidemment
force incomparable contreM. deCambrai prions :

pour lui car il est à plaindre et à déplorer. Je les remarques qui me sont nécessaires voulant
;

que vous savez, etc. durant le chemin lire et relire le livre de M. Cam-
suis avec le respect
brai avec le secours de ces remarques dans les-
LETTRE CVL quelles je vous supplie de ne rien omellre de ce
LE CARDINAL DE BOUILLON A BOSSUET. qui vous aura pu paraître d'abord blâmable,
Ce 30 mars 1697. quoique votre charité épiscopale indépeiulam-
,

J'ai différé, iMousicur, jusqu'à présent à vous meul des sentiments que vous m'avez toujours
faire mes remercimcnts du livre que vous m'avez fait paraître pour un prélat aussi distingué par

grâce de menvoyer, par la raison qu'avant


fait la sou mérite qu'est M. de Cambrai, vous ail lait
de vous les faire, je voulais en avoir [)ris lecture : trouver un bon sens à ses propositions.
ce que j'ai fait, on l'accompagnant de mon ad- Je crois. Monsieur, que la droiture de mon
miration onlinaire par toutes les pioihictions de cœur, mon amour pour la vérité, mon estime
votre proioude érudition et de \otre génie su- remplie d'une si ancienne (piMineltez-moi ce

blime. Mais après. Monsieur, vous avoir remer- mot) ainilié [lour vous, sont assez connues pour
cié de celte première grâce, je vous en demande que vous ne soupçonniez pas que iium estime et
une seconde avant mon départ et avant que je ma tendresse pour M. de Cambrai me puissent
prenne congé du roi; ce qui sera le samedi porter à faire l'usage de vos remarques qui piil
siiint, après la communion pascale de Sa Ma- être le moins du monde désavaulageux à la
jesté. vérité et à vous. Au moins vous puis-je assurer
Celle seconde giâce, Monsieur, est de vouloir avec sincérité «pie ni M. de Cambrai ni auiiiiie
m'eiivoyer conlidcmmciil vos remaïupies sur le personne de celles (pie vous avez lieu de croire
livre de M. de; Cambrai, voiisdoiuir.td ma i>.irole être plus dans ses iiiléiéls et ses senliinenls ipie
de ne Ici inelire entre les mains de iiersoiiiie ni dans les vùlres n'onl el n'auionl uucuuc coii-
334 LETTRES RELATIVES

naissance, tiii'aiilaiil tiuc vous le vomirez ,


de la LETTRE CVIIL
prière (|uc je viuis fais par celle lollrc que
je
LE CAUDIXAL LE CAMLS AU CURÉ DE SALVT-
vous envi'ie par un liomnie exprès, pour (piVlle JACtflES DU IHUT-PAS.
ne puisse pas loniber en d'auUes mains (pie les A Granoble, le Ur avril 1697.
vûlrcs, non plus ilc la réponse dont vous m'Iiono-
ne Je vous rends prAces, Monsieur, du soin que
rcrez. Croyez, s'il vous piail, MonMeur, qu'on
vous avez pris d'envoyer pour moi chez mon
peut vous LMre acquis plu.s ahsoUnnenl el plus
frère, les ordonnances do .Mgr l'archevêque de
cordialement que je vous le suis.
Paris je vous serai obligé si vous voulez bien
Le card. de Uoiillon. : ,

y joindre celle qui regarde la rehaite des ordi-


LKTTUK CVIl.
nands.
BOSSIKT A SON NEVEU. Je présentement le livre de M. de Cambrai:
lis

A Mmiix, te 31 Mars tC07. je n'ai pas encore celui de M. de Mcaux. Je

J'ai rec.u votre lettre du 12, el mon frère trouve (pi'on subtilise beaucoup et qu'on met au
m'envoie celle que vous lui écrivez de môme jour qiiantilé de cas métaphysiques qui scanda-
dale. Je suis bien aise tpie M. le cardinal d'Es- lisent les faibles, dont les théologiens méthodi-

trées ait eu la siucérilé d'exi)li(iuer à M. le car- ques et exacts ne peuvent .s'accommoder , et dont
duial de Janson ses sentiments sur le livre de les libertins se raillent. Si un mot a échappé à

M. de Cambrai : il ne les a pas cubés dans ce quelque pieux auteur, on prétend autoriser par
Vous bien de parler modestement,
faites là un langage tort dillérent de celui dont les
pays-ci.
la chose ne parlera saints Pères se sont senis cominunément dans
ainsi «pie voire compa;,Mion :

que trop par elle-même. l'Eglise mais comme ces nouveautés de langtige
;

Les plongeon comme je vous


Jésiiiles l'ont le ,
et de sentiments .sont entièrement bannies de ce

l'ai mandé. Personne ici ne peut


comprendre diocèse, je n'ai rien à dire là-dessus. On ne peut

pouniuoi l'on veut voir dans toute cette intrigue être à vous, Monsieur , avec plus d'estime el de
plaisir ce cordialité que j'y suis.
le cardinal de Janson. J'apprends avec

que vous me mandez de l'estime universelle oii Le card. Le Camus.


est ce cardinal à Home.
LETTRE CIX.
l'om- vous dire des nouvelles des livres, le
mien ])arait bien reçu et la doctrine (pic j'y;
BOSSUET A SON NEVEU.
propose a augmenté le soulèvement contre celui A Mcaux, le jour de IVnioes, ce 7 avril 1697.

de iM. de Candirai, <pii on est consterné. Il devait J'ai reçu votre lettre du 19 mars : vous en
aller jiasser b.-s fêtes h Cambrai ; mais il est recevrez deux de moi i»ar cel ordinaire, parce
demeiué, et ne parait point à la cour. M. de que celle (juc j'écrivis dimanche dernier arriva
Malezicux lui a prêté sa pelite maison que vous trop d'un jour à Paris. Nous attendons
tard
connaissez, et il y est dont on écrit
dans un état l'cnètde notre lellre à Sa Sainteté sur le livre
avec conqiassion. Il sera (jucslion de .s'expliquer; du cardinal Sfondiale et nous prions Dieu qu'il
,

et (jnelque envie qu'on ait de le .soulager, on ne conduise l'esprit du Pape. Il serait triste pour ,

veid point cpie la vérité en souffre. l'Eglise et pour son pontilicat, quon épargnât un
iM. le nonce ne parla avant mou départdu bon livre plein tic si grandes erreurs, et le déshonneur
témoignage (juil me rendait à Kome : je l'ai su en demeurerait au Saint-Siège.
dejtuis jiar d'autres personnes à (jiii il l'a dit. Je n'ai rien davantage à vous dire sur le livTC
Voici le lenq)soù il faudra (pie vous reveniez: de M. de Cambrai. Je vous ai mandé où il était:
un plus long séjour serait interprété à oisiveté. on (lit (pi'il y est avec des docteurs. Nous L'iclie-

Jnsijn'ici mais il ne le faut pas


tmil va bien ; rous de mettre lin à cette allairc, aussitcM que je
gAter. J'ai besoin de vous et de M. l'belippeaux ; serai à Paris.
et je compte (|uerarri\ée de M. de Ikniiilon vous Il est dillieile que le cardinal d'Estrées ait fait
déterminera, sans alt(Midre le dé|i.ut de .M. le voir aux Jésuites ce cpie vous soupçonnez '
; car
cardinal de Janson. Vous aurez encore quehpic jene crois jias (pi'il l'ail eu eu son pouvoir.
chose à voir en Italie, et vous saurez bien jnendre Je ne doule |ioiut que ce que vous |>en.sez du
votre tour. Père de La Chaise ^ ne .soil véritable il esl Jé- ;

Souvenez-vous, dans l'occasion, de m'écrire suite autant (pie les autres.


qnebiiie chose d'obligeant pnurM. l'abbé Ueiiau- Faites bien mes amitiés au P. Dez ; vous savex
dol, qui dit .sans cesse mille biens de vous.

LA)c(tr« des cinq ^vrquen contrt !• lirrv du cardinal Sfondrat«»
> Cjii il prat.'utaU la Uvra lit M. dt Cambrai, et éuil cnliéi«in«at

dan» au inUriU.
A L'AFFAIRE DU OTHËTISME. 338

qu'il est de mes amis particuliers. Assurément le me fut possible. Il m'a reçu avec
mieiLx qu'il
c'est une tète et un homme bien intentionné et un air humain, que je ne me trouvai en au-
si

droit i. cune façon embarrassé devant lui. Vous croyez


Je n'ajoute rien à ce que je vous ai mandé de bien que cela ne se passa pas sans lui marquer
votre retour. Tous nos amis sont ici d'accord non-seulement le respect et l'ainour que vous
qu'il est temps d'y penser, et qu'un plus long avez pour sa personne, mais encore celui de
séjour ne ferait pas bien ici. toute la nation. Je lui dis une chose qui lui fit
Je vous aurais envoyé la lettre des cinq évoques plaisir c'est qu'il était plus heureux qu'aucun
:

au Pape, si pour certain que M. le


je n'avais tenu de ses prédécesseurs, puisqu'il avait le bonheur
cardinal de Janson vous en ferait part. On n'en de réussir en tout ce qu'il désirait, qu'il venait
a donné ici aucune copie qu'au roi en français de voir réussir la paix d'Italie, qu'on pouvait
et aux évèques souscrivants. dire son ouvrage et qu'il aurait encore le
,

Je ne sais si je vous ai mandé que M. de Cam- bonheur de mettre la paix dans toute l'Europe,
brai fait ce qu'il peut pour nous détacher, M. de ce qui était l'ouvrage du ciel, et l'effet de ses
Paris et moi : ses efforts ont été très-inutiles jus- prières et de ses souhaits. Le Saint-Père me parut
qu'ici. Jene puis me dispenser de parler, puis- très-touehé de ce discours : il me répéta plusieurs
qu'il dit dans son avertissement qu'il ne veut fois qu'il désirait ardemment celte paix; et à
qu'expliquer nos articles mais j'ai agi, et conti-
: cette occasion il me parla du roi, comme un père
nuerai d'agir avec toute la modération possible. qui aime tendrement son fils. Je lui dis : Saint-
Père, il seulement pas l'avantage d'être votre
n'a
LETTRE ex.
fils aîné, il a celui d'être le seul qui soutienne la
l'abbé bossuet a l'évêque de meaux, son oncle 2.
religion, et par conséquent le Saint-Siège. Ce
Ce 9 avril 1697.
fut là-dessus qu'il s'étendit sur les louanges du
Hier, après diner j'eus l'honneur de présenter roi, m'assurant que ce que je disais était vrai ;

h Sa Sainteté votre livre et votre lettre. 11 serait


que le roi était la colonne de l'Eglise et du Saint-
trop long de vous mander tout ce qu'elle m'or-
Siège; que sans lui tout serait ébranlé; qu'il
donna de vous faire savoir de sa part. Elle me priait Dieu tous jours pour la conservation
les
répéta tout ce qu'elle avait dit à M. le cardinal d'une vie si précieuse, qui est, dit-il, plus pré-
de Janson : que vous
premier évèque de
étiez le
cieuse à l'Eglise que la nôtre propre. Oui, ajou-
l'Eglise, et le soutien de la religion en toute
sans lui, sans lui seul, tout serait perdu ;
ta-t-il,
occasion qu'il n'ignorait pas restime que tout
;
et nous ne saurions trop lui marquer notre
le monde faisait de vous. Il me ré[)éta cinq ou
reconnaissance. Ce bon Pape ne pouvait Unir
six fois nous le portons dans notre cœin-.
:
sur une si ample matière Je suis|sensiblement
C'est la même expression dont il se servit après
touché de sesmanières naturelles, et de cette
avec moi, en me parlant de moi. Enfin on ne bonté qui fait son véritable (^^l'actèle.
peut rien ajouter au bien qu'il me dit de vous,
et à l'obligation qu'il assure vous avoir, de ce LETTRE CXI.
que vous soutenez ainsi la bonne doctrine de M. DE RANCli A BOSSUET.
l'Eglise. Je lui rapportai en peu de mots à quelle Ce 14 avril \t'o7.

occasion vous aviez donné ce livre, cl quelle


Je n'ai vcçu que depuis deux jours le livre (pie
en était la nécessité. Il me fit connaître qu'il
vous m'avez l'ail l'honneur de m'envoyer. Je ne
était instruit de ce qui se passait en France à ce
vous tlii'iii point, Monseigneur, ({u'il ait surpassé
sujet Je fus très-aise de ce qu'il ne me parla pas
mon attente mais bien tpiej'y aie Irouvé dans
;

de M. de Candirai, ne voulant, en aucune façon,


le (leu tpie j'en ai déjà lu, loul ce (|ue l'on pou-
m'en entretenir Après avoir tenu lunglenips la
vait tli''siier pour rétahlisseinenl de la vérité et
conversation siu- vohe sujet, il me dcniamla des
pour la destruction de l'eirenr; et (pie rien ne
nonvellesdeNaples, connnent j'avais trouvé celte
peut être plus ca[)able de dèsaluiser ceux (jui se
grande ville il m'enlrclinl de lîouie et de mille
:

sont lais.sés aller à leurs folles inuiginalions. et


autres choses. Je lâchai de le contenir sur loul,
de prévenir les esprits qui pourraient écouler les
' notait Jésuite. Oïl verra par la suite tlo celte correspondance
qu'il fut À Rome un zùlé pnrtih.-inde M. de Cambrai. mêmes extravagances.
' C'est
le bcul fragment eiue nnns ayons Je toiitt^lcs lettres que
Vous Irailez lit clK)se avec une prt)loiuleur el
Tabbà Bo&suct (•crivit & l'L'vûqno do Mcaiix son or.de, de|-uis son
dàparl pour l'Italie, Jusqu'au ncmcnt où lallaiio do do Cam- M une étendue digne de vous, Monseigneur; et
brai fut porléedcvunt le SaînL-Siége. Ces lettres, qui devaient con-
lonir de» anccdolc!i curieuses sur la cour do Komo, les dillrrcnts
quoique Dieu donne à tout ce qui sort de voire
porsonnaKF.s do l'Ilalic, les affaires do Ihijlise, cic ou n'ont pa*
,
plume ime héiiédictioii particulière, il me sem-
été conservées dans lo temps ,ou n'ont pas élo égarées depuis en plus
sorte qu'il no reste, pour tout co commencement do la corrcspon-
;
ble que ce dernier ouvrage a encore été
daiico, quo les lettres do l'oncle au neveu* favorisé (jue les autres.
,

338 LETTRES RELATIVES

Ilostvrai, Monscigiiciir, que rien n'a jamais du l'ape, qui selon toutes les apparences, ne
éié plus iiii|i()riaiit pour i'iiuiiiicur de l'E^'lise, manquera pas de s'expliquer là-dessus: on ilit

pour le sailli des lidcies et |)uur la i^luire de que toute siijinidiclion n'ayant jamaisdù s'éten-
JésLis-Clirisl, que la cause que vous soutenez: dre au del.'i des bornes de la maisonqne Dieu
car, en vérilt^, si les cliinières de ces fanatiques avait confiée à sa conduite, toutes les fois qu'il a
avaient lieu, il laudiail lerincr le livre des divi- voulu sortir de cette sphère, il n'a pas réponduà
nes Ecritures, laisser rEvaii;;il(', (|iiei(|ue saintes s.'i vocation.
ct(piel(pie nécessaires qu'eu sciii'iit les |irali(|U('s, Ile la on passe aux circonstan
thèse génér.ile
connue si ne nous étaient d'aucune ulililc';
elles ces pai ticulières sur le sujet des lettres dont il
il faudrait, dis-je, compter pour rien la vérité et est (pieslion ; on prétend que, par les termes

la conduite de Jésus-Christ, tout adorable (prelle tlont il se sert, il oiildie entièremenl le respect

est, si les opinions de ces insensés trouvaient qu'il doit au caraclère de .M. raichevé(|ue de

queltpie créance dans les esprits, et si l'autorité Cambraiet ùsoninérite personnel; (ju'il n'appar-
n'en entièrement exterminée. Enlin, c'est
était tient pas à un inoiuc de parler ainsi d'un grand

une simplicité consommée, cachée sous des ter- archevècpie; que ses explosions marquent plus
mes extraordinaires, des expressions affectées, son tempérament et son humeur, que son zèle
sous des phrases toute nouvelles, qui n'ont été et sa charité. Et pour confirmer ce sentiment,

imafîinées que pour iinjioser aux unies et pour on iai)pelle tout ce qu'il a écrit contre M. l'abbé
les sé'duire. le Koi et le P. .Mabillon, dans les contestations

Nous ne manquerons point de prier Dieu qu'il a eues avec eux. Car vous savez. Monsieur,

Monseigneur, qu'il touche les cieurs, qu'il éclaire que le monde ne pardonne rien aux saints il exa- :

les esprits, et qu'il s'en rende tellement maitre, mine tout à la rigueur, lorsqu'il s'agit de les
qu'ils profitent des inshuelions que vous leur condamner. Plus ils sont élevés par leurs ver-
donnez; les uns, en abjurant avec sincérité l'er- tus et leur sainteté, i)lus on prend jilaisir de les

reur (lu'ils ont einhiassée; et les autres, en la rabaisser, et de les rapprocher des autres hom-
regardant comme le reuversement de toute la mes parciuelques traits de faiblesse que l'on croit
piélé clui'tiemie. Je suis, Moiiseiijiieiir , avec découvrir en eux. Jamais cette malignité n'a
tout rallacheinenl, la reconnaissance et le res- paru plus grande à légarddu saint abbé dont il
pect possible. est question. On a donné souvent de très-fausses

Fn. AnMAM)-jEAN, interprétations ;\ des actions très-saintes : on lui

anc. abbé de la Trappe. faitdes crimes de plusieurs choses, qui pourront


peut-être .servir un jour à .sa canonisation car il :

LETTUE CXIl.
y a bien de la dittèrence, selon r.\pùtre, entre
UN AMI DE l'aDBE DE I,A TRAPPE. le jugement de riiomme spirituel et de l'honime
Vous m'ordonne/, Monsieur, de vous appren- charnel, c'est-à-dire, de celui qui juge parles
dre ce que l'on dit ici des deux lellres (pie M. lumières de la foi, et de celui qui juge par ca-
l'abbé de la Trappe a écrites fi M. l'évèiiue de price, par fantaisie, et suivant sa inalignilé ou sa
Rieaux : la première, sur de M. larche-
le livre passion.
vèqiie de Cambr.ii ; et la seconde, h l'occasion Vous voyez. Monsieur, que je commence à me
du de M. de Meaiix. Vous paraissez même
livre découvrir, et qu'après vous avoir informé de ce
désirer savoir ce que je pense de ces lettres : que j'ai entendu dire des lettres de M. l'abbé de
je m'en vais répondre à vos deux questions. la Trappe, je vous ai déjà fait connaître mes
Soyez persuadé, s'il vous plaît, que je le ferai senliments.
sincèrement, et sans aucune prévention, ni sur En eflet, il n'est pas difficile de trouver poiir-
la matière ni sur les personnes. cpioi la plupart des hommes se trompent dans
Je commeuceiai donc par vous dire que beau- les jiigemenls (pi'ils font des actions des autres.
coup de ^.'enscoiidamneul .M. l'abbé de laTra|ipe, Ils prennent presque toujours pour règle de leurs
et ménisent iiiissi peu les termes en parlant de jugements leur propre di.sposilion, .sans exami-
lui, (jiril lésa lui-même peu inénai^és en par- ner celle des personnes dont ils jugent. Pour
lantde .M. l'archcNequede Cambrai. On demande appliquer ce principe au cas preseiil. voici ce
d où vient cpie M. l'abbé de la Trappe s'inf;ère (|ue je tlemaiiderais à ceux ipii condanmenl si
de dire son aNis en une occasion de celte nature, forlemenl les lettres de M. l'abbé delà Trappe,
où peistume ne le consulte. On (lil(|u'il lui con- elle pnalable (|ue je croirais nécc.s,>>.iire pour
vieiidiait be.iiicoup mieux de ^'arder le silence, les inellre en état d'en bien juger je souhaite- :

cl ir.illemlre .-Mec ie>pect le seiiliuieiit desévé- rais, (lis-ie, (pi'ils voidu.ssent se ir.Hisporter d'es-

ques qui travaillent sur celle matière, et celui prit et par léllexion dans la cellule de M. l'abbé
A L'AFFAIRE DU UUIÉTISME H:h7

de Trappe, et se le représenter ensuite faisant


la Parler ainsi, dit-il, en combattant les faux
la lecture du livre de M. de Cambrai. Il voit qu'il mystiques de nos jours, c'est anéantir la loi el

y est traité des voies intérieures, de la vie mysti- les prophètes, c'est parler le langage des démons;
que, de la sublime oraison, de la parfaite contem- parler ainsi, dit-il ailleurs, c'est contredire l'E-
plation ; il ne peut croire que ce livre ne soit vangile , c'est mettre la pierre de scandale
pas de sa compétence. Du solitaire "qui a passé dansla voie des enfants del'Eglise parler ainsi,
:

près de quarante ans dans son désert, qui, pen- dit-il encore, c'est tomber dans l'hérésie, et dans
dant toutce temps, a conduit de saints religieux, une impiété qui renverse toutes les mœurs chré-
dont il a connu les sentiments les plus intimes tiennes. Son livre est rempli de semblables ex-
et les plus secrets, doit avoir quelque connais- pressions il dit même, dans la lettre qu'il a
:

sance de voies intérieures, et entcndrele langage écrite au Saint-Père, qu'il y aurait quelque in-
mystique. Cependant il croit trouver dans ce li- décence qu'un évêque montrât au public ces
vre des routes marquées pour arriver au pur erreurs monstrueuses, sans témoigner aussitôt
amour, inconnues jusqu'ici aux saints habitants son indignation, et l'horreur qu'inspire le zèle
desamaisonetàlui-mème: cela commence à lui de la maison de Dieu ce sont ses propres
;

rendre ce livre suspect. Il le lit, il le relit avec at- termes. Pourquoi le même zèle ne pourra-t-il
tention: le nom, le caraclère, la réputation point avoir inspiré à M. l'abbé de la Trappe
de l'auteur en suspens : il souhai-
le tient les expressions dont il s'est servi, et que l'on
terait trouver, par une seconde lecture, qu'il condamne, parce qu'on les trouve trop fortes ?
s'est trompé dans la première. Mais enfin, Il y a bien de la différence, dit-on, entre un
après un long et solide examen, il croit h'ouver prélat à qui il appartient de décider et de pro-
dans ce livi-e un système qui lui paraît n'être noncer sur les matières de doctrine el de morale
pas conforme à celui de l'Evangile et de la mo- chrétienne, et un moine qui doit se renfermer
rale de Jésus-Christ il croit y voirde fausses idées
;
dans son cloître, et ne s'occuper que de ce qui
de la charité et du pur amour de Dieu je dis, il : se passe dans sa maison. Mais aussi il y a bien
croit. Plein de ces réflexions, qu'il se persuade de la différence entre faire imprimer un livre
être fondées sur les plus solides principes de la et le donner au public, et écrire une lettre à
religion, son zèle s'allume, et il s'y livTC en- son ami. Mais je veux bien encore porter la
tièrement et sans mesure dans une lettre qu'il chose plus loin, et soutenir hardiment que si
écrit à M. l'évêque de Meaux, avec lequel il est M. l'abbé de la Trappe voulait écrire sur cette
lié depuis longtemps d'une amitié très-étroite. matière, et instruire le public de ses sentiments
11 lui écrit comme il lui aurait parlé. Il n'a point sur les voies intérieures, en établir les règles, en
prétendu parler au public : il n'a pas même dû découvrir les illusions, en combattre les abus, il
s'attendre que le monde aurait la moindre con- n'y aurait rien dans tout cela qui ne fût dans
naissance de ces sentiments sur cette matière. l'ordre. Qui jjeut sur un tel sujet nous donner
Si quelque événement imprévu a rendu ses let- plus de lumière qu'un homme qui doit en être ins-
M. l'évê-
tres publiques, ce n'est point sa faute. Si truit, non-seulement par sa profonde doctrine,
que de Meaux y avait contribué, il ne faudrait mais par sa propre expérience, el pai' celle de
pas douter qu'il n'eût eu quelque raison très-so- tant de saints religieux qu'il gouverne depuis
lide pour le faire. si longtemps? Quand on demande de quoi il se

Mais pour revenir à M. l'abbé de la Trappe, mêle de dire son avis dans celle occasion, je ré-
est-ce de son zèle, ou de l'indiscrétion de son pondrais volontiers Ds quoi se mêlait saint Ber-
:

zèle, qu'on le cdndamne? On ne peut passer nard, quand il combattait les erreurs d'un Pierre
pour indiscret, quand on parle à son ami connne deBruys, d'un Abailard, ol de certains héréti-
on parlerait à soi-même, et à un ami tel que ques qui avaient pris de son temps le nom d'a-
M. l'évêque de Meaux. Pour son zèle, en le rc postoliques? De quoi se mêlait-il, quand il tra-
gardant en lui-même, comment peut-on le vaillait à étouffer les schismes qui [jarlageaient
condamner avec raison, surtout dans la seconde l'Eglise, quand il écrivait au Pape Eugène, el
lettre, où il ne parle point de M. rarclievêquede qu'animé d'un saint zèle, il osait prendre la li-
Cambrai ? M. l'abbé de la Trappe, en lisant son berté de lui représenter tous ses ilevoirs?
livre, croit voir une secte très-dangereuse, toute H y a de certains intérêts de l'Eglise qui enga-
prêle à s'établir, et à répandre degrandescrreurs gent le zèle de tous les Chrétiens, el surtout ce-
parmi il est conhrmê dans ce senti-
les lidèles : lui de tous les ecclésiasli(iues séculiers el régu-
ment par de M. l'évêciue de Meaux, qui
le livre liers, qui ont (juelipie lumière pour pouvoir dé-
lui parait ne pouvoir trouver des termes assez fendre la vérité (pii est atta(piée.

forU pourcondamncr celle pernicieuse docUine. J'aurais encore beaucoup dccliososà dire pour
B. TuM. Vi.
,

338 LETTRES RELATIVES

jnslifier M. l'ubb*^ de la Trn|)|ic, quand mriiio il LETTRE CXin.


auiail dit publiqiieniciil ce qu'il a dit en secret; BOSSUET A SO.N NETEO
mais cela nroblit;eiait à (aire une dissertation, A Vcruilli-t, ce 15 avril 1697.

et sortir des bornes que je crois être obligé de


<'i
reçu votre lettre du 2G mars, où vous ac-
J'ai
me prescrire dans cette lellre. Je la linis par une cusez la réception des |»a(|ucts du 23 février et
réliexion, qui seule devrait siiflire pour imposer du 9 mars, venus ensemble.
silence aux gens du monde qui. en cette occa- De peur d'oublier encore de vous parler de
sion, se décliainenl imi)ilo>al)lenient contre M. avec le cardinal de Jan.son au sujet de
l'aflaire
l'abbé de la Trappe. Que ceux qui s.ivent ce (jue mon abbaye de Beauvais, je me liAte de vous
c'est que l'amour de que ceux qui ont
la vérité ; m irquer (jue j'ai dit, il y a longtemps, h ses
senti la \i>e impression que lait dans un cœur gens d'affaires, qu'il n'y avait qu'à me donner
véritablement chrétien le désir de la défendre un Mémoire, et qu'assurément je n'auiais point
contre l'erreur; que ccux-l.'i,dis-je, parlent tant de procès avec son Eminence.
qu'ilsvoudront du zèle de M. l'abbédelaTrappe ; Je suis ra\i du bon effet que la lettre des cinq
qu'ilsjugent s'il est indiscret, cl s'il a passé les évêques commence à produire '. Il ne se peut
bornes. Mais pour ceux (|ui parlent de Zi'le, et rien ajoutera ce cju'a dit eu la pré.seulant M. le
qui n'eu ont jamais eu le nmiuiire sentiment ; cardinal de Janson j'en ai rendu compte en bon
:

rpii dans leurs réflexions et dans leurs discours lieu; et quoique les dépêches de son Eminence
ne con.sullent que la pru<lence bumaine, règle doivent mieux faire connaître toutes choses que
toujours trompeuse quand il s'agit déjuger de je nele puis, j'ose dire (pie ce que j'en ai rapporté

la conduite des saints qu'ils ne .soient point


; ne nuira pas à taire connaitre combien son Emi-
surpris si je leur dis sincèrement qu'il doit être nence a servi et sei t l'Eglise en cette occasion.
bien plus |>crmis à M. l'abbé de la Trappe de Tant mieux si l'on a ajouté au livre du cardi-
juger du livre de M. l'archevêque de Candirai, nal Sfondrate '. Ce n'est qu'au livre que nous
qu'il ne leur est permis déjuger de M. l'abbé de en voulons et à la mauvaise doctrine, et non à
la Trapjte, et de condamner son zèle. la personne, dont nous respectons la vertu et la
Monsieur, ce (piej'ai cru devoir répondre
Voili'i, dignité, et en elle le choix du Pape'.
aux deux (luestionsquevousm'avezfailes. Si vous Je suis bien aise que la lettre des cinq évêques
désirez encore (jueUpie nouvel éclairci.ssemcnt, je ait paru devant les yeux éclairés et favorables du
suis tout prêt de vous le donner, s'il est en mon H. 1*. général des Jacobins*. Tout ce que j'en-
pouvoir de le faire. tends dire de ce l'ère me donne de la vénéra-
Ou peut ajouter aux raisons ci dessus, que M. tion pour lui et je vous prie de lui demander
;

l'abbé de Trappe, en se faisiuit moine, n'a


la son amitié |)0ur moi.
pas cessé d'être docteur et qu'en celte qualité
; Je n'ai point encore reçu de lettre du cardinal
ajant jiué de défendre l'Eglise contre ceux (jui d'Aguirre sur Slondrate, si vc n'est une vieille
entreprendraient de donner atteinte aux vérités lettre, où il me parlait avec douleur de la mort
fondamentales, il a dû dans cette occasion, où de ce cardinal, son intime ami.
elles .sont le plus dangereusement attaquées, Je ne tloutc pasque le P. de La Chaise n'ait
témoigner tout le zèle qu'on lui reproche fort bon ordre de .se rendre attentif à cette alTaire, et
injustement i)uisquc, pour parler, il a pris celle
; h celle du livre de .M. de Cambrai. Les Jésuites
de toutes les voies la plus sim|)le, la jibis ordi- le favorisent ici ouvertement; mais on ne s'en
naire et la plus permise, en un mot, la plus émeut guère, et leur crédit n'est pas si grand
conforme à son état, (pii est celle de la con- que leur intrigue.
fiance en son ami, (pii était actuellement occiqié '!.« l'tpe nomma, la 7 mai IC97, huit consiilltnrs pour n m -

h défendre la même cau.se. Maison ne doit pas lier la dnctrino du livre de Sfondrate, dc%aiil In rardn ;

guirreel Norit. Crs roniullcun liaient le P C'Iorlie, c


être surpris aujourd'hui île voir des gens s'ani- Demlnicaina la gincral des CordeUer* cooitntueli la T
; 1

mer par un taux zèle de religion contre ceux gi-nrral des Carmes d^cliauviét ; la P. Ooni»
Jrsuitas ^commiNSairt du Salnt-UfBea, la P V
la
qui en soutiennent lesvéritablesi>rineipes c'est :
le P. ilorrelil, bamabita, et le P. Serranl. pr»

presque toujours le |>encliant des critiques de


'

Baint-AuguMin. Mai'., Meiii.'t ai •

ne reprit plus dt't.ormals, et la r


profession, parce que, \i\anl dans le monde et
l'oubli. La prriat rabroi.i qui, »1
,

son esprit, itleins d'eux-mêmes, de lems senti- Vefforv'a de mfme


à garantir de 1 -,c .- ....;„: .\:
1
^ -vi- —
brai. *laitsecr,taire de la r">pai;»ndc.
ments, et \ides de hieu, ils jugent poiu' lOrdi- > On puMia i Home ijua les iliirur» du livra da Sfandrat*, la P.

nairc avec autant d'autorité et de certitude, que Jean Dim^scùis al la P. Gabricli. araient ^ouU blao das cboia
erronf^* dan* la livra.
d'insuHisauce et de fausseté de lumières. > SfondrtU avait M fait cardinal par Innorent XU, poar la
Hcnmpeniar da *aa ^riU contra la Refait, al contra la* qualr*
Articlas da l'aueiDbl6e du clergé da Franco da 1682.
Le r. Cloche, qui Tut lr4>-aa J.>iis la bulla arec UataiMt.
'
A L'AFFAIRE OU QUIÉTISME. 339

Je loue votre discrétion k ne pas nommer l'au- cier son bontés qu'il me
Eminence de toutes les
teur de la lettre des cinq évèques. M. de Reims fait témoigner parvous. Sa profonde intelligence
a dit au roi que c'était moi, et tout le monde le et son grand zèle pour la vérité paraissent assez
sait : ici on mis dans les gazettes de Hollande
l'a par le peu que vous me dites de sa part.
et des Pays-Bas. 11 n'y a rien à ajouter à ce que vous avez dit

ne faut pas vous cacher ce'que m'a dit ici


Il sur le sujet du cardinal Sfondrate. Nous serons
un homme de considération sur le sujet du liwe très-aises, non-seulement qu'on mette à couvert
de M. de Cambrai. Il prétend qu'on doit craindre la personne, mais encore qu'on l'honore et qu'on
une nouvelle hérésie qu'il en est né de plus
;
la recommande. Il faut avouer pourtant que son
grandes de moindres commencements que je ;
Innocentiu vindicata ', dont nous avons parlé
devrais me tirer de cette affaire qu'il fallait la ; autrefois, laissant à part le fond du sujet, ne fait
plâtrer, et laisser dire à M. de Cambrai ce qu'il guère d'hoimeur à son savoir.
voudra. Vous pouvez juger de ce que j'ai ré- C'est une chose siu-prenante de voir jusqu'à
pondu ce que vous pouvez le moins deviner, je
: quel point va le soulèvement contre M. de Cam-
vous le dirai c'est que M. de Cambrai nous a
; brai, etcomment il augmente tous les jours. M.
appelés comme en garantie de son Avertissement, de Paris, M. de Chartres et moi continuons l'exa-
en disant qu'il ne voulait qu'expliquer les prin- men de son livre avec toute la diligence et toute
cipes de deux grands prélats, et de leur trente- la modération possible, sans aucun égard à la
quatre Articles. personne, encore qu'elle nous soit chère mais :

Pour vous faire connaître maintenant l'état la vérité est la plus forte.
des choses, M. de Paris, M. de Chartres et moi M. le caidinal de Bouillon s'est
ici fort dé-
nous sommes réunis pour examiner le livre, en claré pour de M. de Cambrai. Je lui ai
le livre
extraire les propositions, les qualifier, les don- parlé sur cela en vrai ami de l'un et de l'autre.
ner au roi, et par le roi h M. de Cambrai. Nous Le roi, M. de Paris, M. de Reims et M""" de
ne voulons pas prévoir le cas qu'il refuse de sa- Maintenon paraissent toujours dans la même
tisfaire à l'Eglise. Quoi qu'il en soit, nous met- situation.
trons les choses dans la dernière évidence. Le Songez h voh-e retour un plus long séjour :

roi est bien intentionné pour la religion, plus serait mal interprété
deviendrait une affaire.
et
que prince qui soit au monde et nous tâcherons ; Jusqu'ici tout se prend bien.
de faire en sorte que l'affaire finisse ici à l'amia- Vos entretiens avec le cardinal Denhoff et les
ble : après cela, nouvelles choses, nouveaux con- cardinaux Casanale et Noris nous font bien voir
seils. l'élat des choses.

L'auteur du discoursque je^^cnsde rapporter Nous croyons que vous avez reçu une vingtaine
cardinal de Bouillon. C'est M™° de Main-
est le d'exem[iiaires demonlivre par les correspoudanls
tenon qui a raconté tous ses discours ils sont : d'Anisson.
conformes à ceux qu'il m'a tenus.
LETTRE GXV.
M. l'abbé de Chavigny est nommé à l'évôché
de Troyes, sur la démission de M. sou oncle, BOSSUET A SON NEVEU.
qui se retire dans son séminaire, et renonce au A l'atii, ce 29 avril 1697.

monde et à Paris, sans lever l'éleudard. J'ai appris, par voIre leltiv
du 9, les prépara-
J'ai fait vos compliments à M. Phelippeaux. tions de M. le cardinal de Janson 2, cl la bonne
que le roi a nommé comte de Maïuepas. réception dont elles ont élé suivies. J'avoue que
MM. les abbt's de Fleury, le précepteur, et de j'ai vivement sonli les témoignages de la bonté
Catclan, ici présents, vous saluent.
l)alernelle de Sa Sainteté, et que ce m'est une

LETTRE CXIV. grande consolation de voir les iielits lia\au cpie v

j'ai entrepris pour l'Eglise, si ap|)rouvés de son


BOSSUET A SOM NliVIiU. chef. Vous ne sauriez assez manpier ma recon-
A Paris, co 22 avril 1G97. naissance h toute cette cour failos-l;\ retentir si :

haut, (pi'elle vienne aux oreilles du Pape, et


J'ai reçu votre lettre nou-
ilu "2 : j'allends des
priez M. le cardinal de Janson de vouloir bien
velles de la préseuliilion de mon livre et de ma
joindre à tontes ses gr.lces celle de la faire
Icllrc. Je coni|(teqiic vous avez pris garde
au entendre à Sa Sainlelé. J'allends la suite il i-st :

carton, et à le liiire in.sérer dans l'exemplaire


important au bieude l'Eglise dans la ciuijonclnre
du Pape, (jui sera mis entre les mains de (|ucl-
présente, que je sois honoré de quelque répoD*».
que pei sonne imporlunle ce sera sans doute M. :

Jc cardinal Casauale. Je vous prie de bie'nrcuicr- l'oy. U iiolo tiir la Irltro GO.
* Pour procurer 1 ccl «liM une nudiciui- iJu juipa
8J0 LETTRES RELATIVES

Vo'js .ivrz l)ion fait dV-Nitcr d'avoir à parler sur dinaux d'Agiiirre et de Noris h la Wte c'est la :

le sujet de M. de Caiid)nii continuez h avoir la : cause de Dieu , non pas la ni"ilre.


et

même modération. M. Ani.sson m'a a.ssuré que vous deviez avoir h


M;i iciire à Sa Sainteté a été envoyée h M. de pré.senl une viuglaine d'exemi)laires de mon
Reims par M. Vivant (jui y a mi^mc remnnpiè , livre, pour faire vos i)réscnts.
(|ucl(|ue cliosc du shic des lettres qui furent J'attends dcvos nouvellesau sujet de la prépa-
écrites h Rome dans l'affaire de Janséniiis par les ration de votre retour, peu près dans le temps
i'i

évêques de France. Il .se fonde sur ces paroles : de celui de M. le cardinal (le Janson. Vous pouvez
In qud fiilt's uou polcst sentire (h'fertum. Mais, aller jusque là, mais pas plus loin. Vous aurez
outre qu'elles .sont de Saint-Bernard, je crois qu'il bt aiiconp h vous donner t;arde du cardinal de

sxiit bien la que j'ai toujours


liaule imiliSNion Bouillon vous savez combien il e.st de mc^
:

faitede soutenir dn Saint-Siège,


rindt''l( cliliililé amis.
de l'Kglise et de la loi romaine. Au siuplns, on rendu compte à la cour de la réception que
J'ai

ne trouve pas ici que je nie sois trop avancé et ; le Pape vous a faite; et ne pouvant aller que dans
ma lettre, que M. Vivant a coinniû rendue pu- quelques jours à Vi-r.sailles, j'aienvové un grand
blique , y est bien reçue. extrait de votre lettre à M"" de Maintenon je l'ai :

M. de Cambrai a écrit au Pape, en lui envoyant suppliée de le faire voir au roi.


son livre traduit en latin '. pour le soumellre h Je vous prie, en rendant ma lettre au cardinal
sa censure la lettre doit être à présent arrivée îi
: de Janson, d'y joindre toutes les rnarques de ma
Rome. Cependant nous avons ici continué de reconnaissance. J'embrasse M. Phclippeaux. Vous
nous assend)ler, M. de Paris, .M. de Chartres et aurez été tous les deux bien aises (jiie nousayons
moi nous avons arrêté les propositions, ()ui ne
: fait M. Lcdieu chancelier de notre Eglise.

sont pas en petit nombre que nous trouvons ,

dignes de censure pour en envoyer au pren\icr


,
LETfRE CXVI.
jour, et dès qu'elles .seront rédigées, les qualifi- BOSSUET A SON NEVEU.
cations précises à ce prélat. Nous ferons ensuite
A Paris, m 6 mii 1697.
tout ce qu'il faudra, en charité, pour défendre
la vérité. Les bonnes intenliousdcM. de Cambrai J'ai reçu votre lettredu IGavril. Nous attendons
nous étant connues, nous ne doutons pas qu'il ne avec respect la réponse de Sa Sainteté '. Nous ne
satisiasse l'Eglise; et ce nous .serait nue grande craignons ni le P. Diaz, ni même le P. Tyrso ';
douleur d'avoir h envoyer des instructions ft ni les plumes de ses cordrèrcs; et nous .savons que
Rome contre des erreurs qui tendent à la sub- la vérité sera toujours la maîtresse dans l'Eglise
version de la religion cela est pour vous seule- :
romaine.
ment et pour M. l'helippeaux. Je remets à votre
, Pour l'affaire de M. de Cambrai, il n'y a plus
discrétion d'en dire ce que vous jujrere/ à propos de mystère à en faire. Nous avons tenu huit ou
ft M. le cardinal de Janson : notre examen étant dix conférences, M. de Paris, M. de Chartres cl
conmi, il de mjstère.
n'\ a point à en faire moi, pour arrêter les propositions que nous
M. le cardinal de Bouillon, avant voidu savoir croyons condamnables dans son livre, les lui
mon sentiment a\aul .son dépait, je lui ai parlé connnuniquer, et l'inviter h les rétracter. lia
en ami, connue il l'exigeait de moi cela ne :
trouvé h i)ropos d'en écrire au Pape el il a bien
lempécliera |)as de .se déclarer ouvertement fait, si c'est avec soumission et la sincérité qu'il
protecteur dcM. deCambrai, ctindirectdélenscur doit. Mais connue nous avons sujet de craindre
de son livre. qu'ilnebiaise, et que nous ne croyons j>as de\oie
No is attendons la réponse sur le cardinal laisser courir son livre, (punous paraît tendre h
Sfondiate. On mande ici publiquement que le la subveision de la reli;;ion, nous nous .s<.>ntons
plumes
l'ère gO'iéral des Jésuites a otlciUoiites les obligés d'instruire le Pape de l'importance de la
de compagnie pour le déleudie; (pi'il est
s;i chose et des raisons(pie nousavonsd'en éclaircir
|iourtanl un des coimnissaires nommés jwur Sa Sainteté '.
l'examen que le 1'. Uiaz Cordelier espagnol,
; , Nous voyons M. de Cambrai toujours très-
est au.ssi fort zélé poiu- lui , et irrité contre les attaché h défendre M"* Guyon, que nous croyons
évùques de Franc4', îi cause de la Mère d'Agréda.
'A la lettraqu'ils araiant àcnia cantra laa afr«ur> du Um da
Nous avon. vu agréablement |>armi ces connnis- cardinal SfonJral*.
' C'ait la P. Tyris Oonialn. finirai dc> J^uilet.
.saires le l'ere général des Jacobins, et les car- i m,-:,
' I.arcliatf )u« '^ I'=- -• - -. . al da Oiutra»
'
BoUU«t
«Tait tU nitl Inltrmt. la Irtduclion d\i litrt li'dtil difltrarriil aïKl i
'
rentra <a llrra

!>• •rhain',
ti.i-ora M
M. da Cambrai promcilali M>iliiii<nl au da M de Cambrai ii> do.airul
papa da lui anvojrcr ct(l« tnducUon Vef. ta lailra au Souverain ramener dani d«a c- .. i.tr Mn\ celai
pOBUIt, ci-dauii*. cctl* (IcheuH coi.U*'>4iwu.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 341

toute niolinosiste, et dont nous ne pouvons souffrir y meth-ela dernière main. Mais celui de M. de
que demeurent en leur entier sans
les livres , Cambrai oblige à bien d'auh-es choses qu'à
mettre au hasard toute la piété. Nous avons eu montrer la fausse idée qu'il a de l'amour. Le
toute la patience possible, et fait toute sorte passage de saint Ignace est vraiment admirable,
d'efforts pour finir l'affaire par les voies de la et, comme vous le dites, très-convaincant. Tous
charité. Puisqu'on la pousse jusqu'à Rome , il les martyrs ont parlé dans ce même sens. Je
faudra éclater malgré nous, et montrer que nous souhaite que les dispositions de ce prélat soient
ne sommes pas disposés à épargner notre con- aussi bonnes que M. de Béziers vous l'a écrit
;

frère, qui met la religion et la vérité en péril. mais je ne sais ce qu'il faut attendre d'un prélat
Vous pouvez dire avec discrétion, et avec choix, qui, sentant un soulèvement si universel et si
ce que vous trouverez à propos de ce que je vous étrange contre son livre, bien loin de s'humilier,
écris sans vous déclarer. Je prie M. Phelippeaux veut encore faire la loi, et ne songe qu'aie
d'en faire autant, et cette lettre vous sera com- défendre. Priez Dieu qu'il le change, et qu'il lui
mune. inspire un remède plus efficace dans une sincère
Je ne vous dissimulerai pas que M. le cardinal humilité.
de Bouillon, qui a de grandes liaisons politiques Je suis bien persuadé
que M. de Rieux, quand
avec M. de Cambrai et ses amis n'aille à Rome , il au beau style
se serait laissé éblouir d'abord
avec dessein de le défendre plus ou moins ouver- de ce livre et à des paroles spécieuses, ne per-
tement, selon les occasions et les dispositions sistera pas, quand il en aura pénétré le fond.
qu'il trouvera. Mais, entre nous, je vous dirai J'entends ce que vous me manderez du senti-
que cela ne nous étonne guère, et que nous ne ment de 31. de Saint-Pons. J'ai été ravi de
doutonspasquela religion ne prévale. Je parlerai voir celui de M. de Béziers expliqué en six beaux
fort modestement, en vous assurant que le roi ne termes, et si obligeants pour moi je vous prie :

nous sera pas contraire. Tout le monde est pour de lui en marquer ma reconnaissance. Mon li-
nous, et surtout le clergé, on craint tout pour la vre réussit à Rome comme il a fait ici; il en
piété, si M. de Cambrai évite la censure. Encore faut louer Dieu : l'autre est improuvé aussi hau-
un coup, parlez prudemment, comme vous avez tement.
où il faut, quand
faitjusqu'ici. Dites ce qu'il faut, M. de Cambrai met sa confiance dans le car-
il faut. Assurez bien que nous ne laisserons pas dinal de Bouillon et dans les Jésuites. 11 em-
la vérité captive c'est tout ce que je puis vous
:
ploie ici toute son adresse mais la vérité y est
;

dire. J'ai parlé à M. le cardinal de Bouillon avec jusqu'ici la plus forte, et la sera,
s'il plaît à Dieu.
la sincérité que je devais. Il y aura des choses à vous écrire sm- cela, qui,
L'explication que nous avons vue de M. de jusqu'ici, doivent être encore secrètes j'aurai :

Cambrai *, est pire que le texte , et ne peut peut-être la bouche ouverte par je prochain or-
passer. dinaire. Pour moi je ferai mon devoir, avec la
LETTRE CXVII. grâce de Dieu. Je voudiais bien vous avoir à
BOSSUET A M. DE LA BROUE. mon secours; et si vous aviez quelque honnête
A Paris, ce 18 mai 1697. prétexte de venir ici, ce me serait une singu-
lière consolation.
Je n'ai reçu, Monseigneur, que depuis trois
Vous apprendrez mieux l'affaire du cardinal
jours votre lettre du 18 avril, où vous me dites
Sfondrale par la lettre (jue nous avons écrite au
votre sentiment sur le livre de M. de Cambrai.
Pape contre son livre, (|ue par le récit que je
Je ne sais par quelle aventure il est arrivé qu'une
pourrais vous eu faiie. J'espère être bientôt en
lettre de date postérieure, et qui iu'aunon(,ait
élat et en liberté de vous l'envoyer' avec la ré-
celle-là, l'a préiédée. Quoi ((u'il eu soit, je suis
ponse du Pape, (jue nous savons être résolue
très-aise d'apiucudro votre sontiinenl. Mais il me
et devoir être fort homiêle mais Rome a bien
:

semble qu'il faut aller plus avaut, et me dire


de la peine à noter un cardinal, et le Pape une
encore si vous y trouvez (juclipie autre chose, et
créilture dont il a cru (jue la pnunoliou lui fe-
en particulier si vous trouvez (|ue sa doctrine soit
rait honueur. Nous avons écrit comme devaient
fort conforme aux Articles (|u'il a signés avec
faire dos évêques.
nous.
Ou espère recevoir bientôt de Rome un bref
I^e livre que vous souhaitez que je donne était,
à M. de Paris, confirmatif de son ordonnance
comme vous l'avez vu ,
prescpie en état avaut
sur la gnk-e.
votre dé|iarl; et en moins d'un mois, je pourrais
Vous avez bienfait de préparer le peuple sur
' Il l'agit des illfrirontos explications quo M. do Cambrai «TUit
oiitiéïi doHoii livro 4 lu léquo do Clinrlro»;
nous avons su la bénédiction (|ue
le <iiiiélisiue :

Il on ior> plusioura
•• <|uesiion diiiiit la siiiioc Dieu a donnée à vos sermons.
342 LETTRES HKLATIVËS

La seconde .'dilion de mon livre s'adu-ve il : de M. de Cand)rai semble être h sa


L'affaire

yauri un petit supplénioiil, que vous ne juge- crise. Il que dans sa tradiiclion
n'a de confiance
pas innlilo. Il laiit conibaltre pour la foi latine, par où il espère de surprendre Uoine,à
rez
jiis(pi'aii dernier soupir. Dieu nie donne beau- ce que l'on dit. Car pour moi, il ne me voit plus,
coup de courage et de santé dans un grand tra- et voudrait me faire re^'ardcr comme sa ]>artic.

vail et dans un grand Age je ne m'en sens : A la cour, on dit qu'il allend tout de la protec-
l)oint, par sa grûce. Prions les uns pour les au- tion de .M. le cardinal de Bouillon et des Jésui-
tres. Vous savez mon rcs|)cct. tes. Soyezallenlif à ce qui se passera, sans vous
M. de Metz est mort on donne sonévôché ' : ouvrir aiitrcinenl que comme je vous l'ai mar-
h M. l'abbé d'Auvergne, le cordon h M. de Pa- qué par ma précédente.
ris, la cliarge de consciilci' d'Klal à qid vous Le pauvre M. de Cambrai est fort abattu, et

voudrez: je ne demanderai rien. Betribuftitr n'en fait pas moins le fier. Je suis sa bètc. On
libi in resurreclione justorum. croit ici que M. le cardinal de liouiilon trouvera
à f{onie tic quoi ralentir son ardeur pour cc
LKTTHE CXVIIL
piélal. Cc dernier croirait venir h bout de tout,
BOSSUET A SON NEVEU. s'il n'avait pas en tète M. l'arclievèque de Paris

A Paris, ce 19 mai 1697. aussi bien que moi.


Nous attendons le bref sur Sfondrate, et la ré-
Nous avons reçu votre lettre du 30. Je parle-
ponse de M. de Paris. J'espère aussi qu'on ne
rai h M. de Torcy ce soir. i)onr le faire asir en
m'oubliera jias.
votre faveur 2, comme vous le désirez, auprès
On ici assez étrange le déguisement du
trouve
du nonce. Je ferai aussi ma batterie de ce C(Mé-
livre de M. de Cambrai et l'on croit que Home
\h. J'écrirai aux cardinaux ce que vous souliai-
;

s'apercevra aisément du ciiange, et de l'affec-


tez; mais ce ne peut être par cet ordinaire. Vous
tation de défendre nn livre français par une tra-
me ferez grand plaisir de lùclier d'avoir l'écrit
duction latine du inèiiic livre.
pour Sfondrate, et de me l'envoyer au plus
Ménagez-vous, avant de partir, quelque bonne
tôt.
correspondance.
Je m'étonne que les exemplaires de mon li-
vre envoyés |)Our
qu'.\nisson a , Rome n'y LETTRE CXIX.
soient pas encore arrivés. La traduction en
BOSSUET A SON NEVEU.
latin ne se peut faire qu'avec beaucoup de
temps. A Paris, cc 3 Juin 1697.

Il est de la dernière conséquence pour vous J'ai reçu


avec votre Icllie du 7, le bref du
ici,
et pour moi (jue vous partiez, f> peu près en Pape '. J'en ai envoyé aussitôt une copie h mon
même tem|)S(|ue M. le caidliial d<' Janson, avec frère pour vous la faire pas.ser. Nous avons
,

M. Pliclippeanx. Des ileux dillicidlés que vous sujet d'être très-contenls. Je serai mercredi ù
a[)porlez pour différer votre départ, mon frère Paris, et je verrai M. le nonce, lant sur cela
en lève une, (|ui est celle de l'argent vous sur- : que sur votre induit, et ferai toutes les diligen-
moulerez celle du temps, comme M. le cardinal ces iiécessiiircs.
de Janson. Je vois, par
la lettre très-oblige-mte de M. le
On a cbassé trois religieuses de Saint-C\r cartiiiial de Janson, que la répon.se aux cint]
pour lc(|iiiélisme, et une entre autres (jui a été évi'^qiies devait venir par cet onlinaire; appa-

au couunencement une des meilleures amies remment elle aura été porlt^e à .M. de Reims,
de M"" de Jlainlenon, et que vous pouvez avoir qui est dans son diocèse ; ainsi je ne sais rien
souvent oui appeler M"' la clianoinessc elle : encore.
s'appelle M"" de Maisonfort Kllc a demandé •^.
M. le cardinal de Janson ne me parle pas
en grâce de venir dans le diocèse deMeaux, et du bref pour moi. Vous ne sauriez trop lui
on l'envoie à Jouarre. Celle affaire a fait grand niaiipier ma reconnaissance île toutes ses
bruit on a cru voir dans cel événement la dis-
: bontés.
po.Mlion de la cour contre celte secte, dont la Je pourrai vous mander, par l'ordinaire pro-
petile cabale a élé lurl alarmée. cliaiii , la résolution qu'on prendra sur le li-

' Cr orgci prrmlor ^Tfqiic do M(U


<l'Avitiu>»iii <!p la l'ciiillide. vre de M. lie ('ambrai. Il est bien certain que
nomni(.'rar la rni en \M8. en \cnu d'un induit du pape Clé- ceux qu'il a appelés en garantie ne |>euvent pas
ment IX. Il mourut le Iv mai lfi97, tgé d< <|uilrc-<ting-huit-*i>a
/.•</ Jt IVfJ )
se taire.
: M. l'abt» Duuuot solliclt.ilt à Rome uninduit |K<ur s ii tbbay;
Je vous ai parlé d'établir, avant votre retour
de Sny, il «ii sera l'irlc <\nn-< U Je rcs lettres. - '
«iillo I ,ij/. «u

loin. V, page 609 et »ui». le» J.'ip nifi de l'ostuet ux d./Kcull'ê iju*
i '
C'r<l le bref que U Pap« lui adrcN>> en reponie à la lettre qut
iciia daiu* lui avait pto|.o>t.ei lur ait(ri)-oinU dcipirilualiU. !• prélat lui ivatt écrit* au ti^M de ton liTt« Surltt 4l»U forauo»
A L'AFFAIRE OU QUIÉTFSMK. 843

en France, quelque correspondance. Il me pa- et peut-être de le dénoncer dans les formes :

raît que M. le cardinal Denlioff ', peut être mis c'est le seul parti que je vois; et le livre fait
à quelque usage. trop de mal pour être soufferi.
Anisson n'a pas encore d'avis que les exem- Disposez-vous au retour
le plus tôt que vous
plaires de mon livre, qu'il a envoyés par Mar- pourrez vous en voyez toutes les raisons qui
;

seille, soient arrivés. augmentent de jour en jour. Si vous avez des


La seconde édition va se distribuer. raisons nécessaires de prolonger pendant quel-

LETTRE CXX. que temps voire séjour à Rome sans affecta-


tion, j'ai prié M. Phelippeaux de ne vous pas
BOSSUET A SON NEVEU.
quitter, et je l'en prie encore.
A Meaux, le jour de la Pentecôte, ce 26 mai 1697.
M. de Cambrai est superbe et consterné on ;

J'ai du 14 mai. Je vous en-


aperçu votre lettre ne saurait croire jusqu'à quel point il est devenu
verrai bientôt un imprimé où sera notre lettre odieux à toute la cour.
sur SfoHdrate et le bref du Pape 2 qui est ici Songez à votre santé. M. le cardinal de Bouil-
trouvé fort bon très-honorable pour nous
,
; lon vous observera fort, et rendra bon compte de
et du côté du Pape,plien de dignité et de sa- vous. Cette Eminence croit tout devoir à la ca-
gesse. bale; je dis tout : le roi est averti.
Toutes les lettres de Rome parlent des mena- ne doute pas que vous n'ayez été bien aise
Je
ces de certaines gens qui veulent défendre Sfon- de promotion de M. l'abbé de Coislin à l'évè-
la
drate nous verrons.
;
ché de Metz.
On prendra ici demain une résolution finale Assurez bien de mes très-humbles respects
sur de M. de Cambial, et vous ne le
le livre M. le cardinal de Janson.
pourrez apprendre que dans huit jours. J'avoue que je suis inquiet du retardement
Ajoutez à ce que je vous ai mandé du dis- des exemplaires de mon livre, envoyés par
cours du roi à Saint-Cyr, qu'il parla avec éton- Anisson.
nement de ceux qui pouvaient estimer la plus Considérez bien cette lettre de M. de Cambrai ;

grande folle de son royaume. Cela a fait beau- tout y est captieux etartificieux. L'auteur s'y dé-
coup penser aux amis de M""" Guyon. clare pour les ascètes; mais M. l'abbé de la
Je pars mercredi pour Meaux dès le matm :
Trappe, le plus saint de tous les ascètes, le
je ne tarderai pas à revenir et je ne crois pas ;
reje'te, et a écrit contre lui de terribles lettres,
y passer l'octave. Dimanche je donnerai l'habit qu'on dit ici que M. le nonce a envoyées au
à la tille aînée de M. le Premier, à Faremou- Pape.
tiers. reçu une lettre très-obligeante
J'ai de M. le
Je chercnerai les moyens de faire savoir au cardinal Spada sur mon livre.
cardinal Casanate que le livre de M. de Cam-
brai «st ici fort odieux, et que
LETTRE CXXI.
le roi est in-
digné. BOSSUET A SON NEVEU.
\ J'oubliais de vous dire que M. de Cambrai se A Arminvilliers, ce 10 Juin 1697
tourmente à donner des explications aussi mau-
J'ai reçu à Meaux votre lettre du 21 avril j'y
vaises que le texte Les prélats croient qu'il y ;

étais allé pour la fête, d'où je suis venu à Fare-


a beaucoup de proposilious à qualKicr dure-
mouliei's pour y donner l'habit à la fille aiut'c de
ment, et qii'outie cela, il faut abandonner le li-
M. le Premier. Cela hil fait hier, et je vins cou-
vre, qui n'est qu'un qniélisme pallié. Il a refusé
cher ici pour me romlre ce soir à Paris, d'où celle
de conférer à l'amiable avec moi, en présence
lettre partira. J'aurai soin de vos lettres pour
de MM. de Paris et de Chartres. Iltoiu'iie son es-
M"' de Pons et pour le nouvel evùque de
prit et ses arliliccs ?i diviser, ou à amuser les
Tioycs'.
prélats; mais il ne viendra h bout ni de l'un,
La veille de mon départ de Paris, nous avions
ni de l'antre. Un croit qu'il éclatera bientôt
pris une résoluliou hnale, qui devait èlre porléo
quelque cIiosl-.
au roi par M. de Paris, hlle allait à dire (|ut' le
Je vous envoie co|)ie de la lettre de M. de
livre dans son tout et dans .ses i)ailii\sélait plein
Cambrai •*. Nous sommes résolus de répondre,
d'erieurs, un renouvcllcnieul pallié du (piié-
' Co cardinal, natif do Prusse, d'uno llluêlro foiniUo, était vomi a
lisme, et une apologie secrète de M'"" (Inyon ;
Homo iiann autre domoln que do voyager. L« paiie Innocent XI, iiui
10 ijoùia beaucoup, lefit prélat doniottfiuc, et pou après cardinal. que le seul remède était de rabaudomier pure-
11 mourut à Itomo 20 Juin 1697, âgé de ipiaraiite-huil ana.
le
'
Co bref sa trouvera à la suite de la lotiro do» cinq év<qu(!(i ni» '
l)oiiis-Kriiiii,ois lloutliillicrdc ClKni^ny. nnurn- .v.^pi.- ,i*

l'upo. Iroyca le ÏJ uvrll It<'.l7. Il fut fuit arcliuviM|iie do Seuii ni I7IK, c|


* C'en celle qu'il ictltlt au l'apo, lo 'il avril lo07. mourut le 9 novembre 173l>, àfi de soixante-cinq ans. i,Bdil, \'tri.
3i4 LETTRE HELATIVES

meut et simplement, et de condamner les livres su par M. le cardinal Casanate qu'on souhaitait

de M"^' Giiyoïi et de Molinos, sinon d'instruire qu'il futtourné en latin et en italien, pour l'ins-
Rome et d'en attendre la décision, sans rien faire truction des pays étrangers. Il ne vous arrivera
que donner les instructions nécessaires au peu- jamais. Monsieur, tant d'honneur et d'éléva-
ple, pour empéclicr l'effet de la cabaii! (jui se tion que vous en méritez, et que je vous en
remue. Je ne sais pas connuent cela aura été souhaite.
exécuté, et je retourne h Paris pour m'inslruire
LETTRE CXXIIL
du succès. Ceci est pour vous seul.
BOSSUET A SOM NEVEU.
Quant au cardinal de Bouillon, vous devez
A Parii. ce 17 Jain
vous attendre qu'il rendra votre séjourà Rome
1697.

fortcurieux vous m'en tendez.


: Jaireçula de M. de Caud)rai ', que
Ictlre

Je n'ai rien à attendre du roi ni de M""* de vous m'avez envoyée, pendant que de mon côté
Mainlenon, que des choses générales dans l'oc- je vous en envoyais un exemplaire que cela ne :

casion. fasse point ralentir votre zèle à m'envoycr tout


.M de Paris craint M. de Cambrai, et me craint
. ce que vous pourrez avoir de lui. Il enveira son
également. Je le conlrains; car sans moi tout livre traduit : sa Iradilion, et surtout des expli-
irait à l'abandon, et M. de Cambrai l'emporte- cations de sa 11 nous docli lue.
cache tout ici,
rait. On a de bonnes raisons de ne pas mêler autant qu'il peut mais vous pouvez tenir pour
;

M. de Reims dans cette affaire qu'indirectement. assuré que ses explications ne seront ni bonnes
Les avis que vous me donnez, par rapport i^ M. en elles-mêmes, ni conformes ;\ son livre.
le nonce, sont dont je puisse profiler,
les seuls Nous en avons fait au roi noire rapport et :

et je le ferai. Si la cour s'apercevait qu'il y eût M. de Paris lui a porté notre avis conunun, qui
le moindre dessein, elle fiAlerait tout; et c'est élail que le depuis le com-
li\rc élait rempli,

la principale raison de M'"» de Mainlenon, qui mencement jusqu';\ dans son tout et dansla fin,

n'a de bonne voloidé que par rapport ;\M. de ses parties, d'erreurs sur la foi et de quiétisme
l'aris. Du reste, MM. de Paris et de Chartres sont pallié en sorte qu'on ne pouvait ni le soutenir
;

faibles, et n'agiront qu'autant qu'ils seront ni le corriger. On attend là-dessus sa dernière


poussés. résolution. Jus(ju'iii il persiste à ne vouloir poinl
On commence h dire ici que Rome et le Pape abandonner son livre, et ii refuser obstinément
ont quelque estime pour moi. Je ne dis sur cela de conférer avec nous de vive voix. Nous avons
que ce qu'il faut; vous en voyez les conséquen- pris encore huit jours pour faire les derniers ef-
ces. Je suis seul en bulle h la cabale. forts; et si nous ne pouvons le réduire à la rai-
Vous devez bien prendre garde h qui vous son, nous écrirons à Rome, sans hésiter, par
parlerez. M. l'abbé de la Trémouille
Je crois '
l'ordinaire prochain.
et les siens gens d'honneur; mais faire sa cour Toute la finesse de M. de Cambrai consiste à
est une grande tcnlation. Vous saurez connaître donner des exiilicalions telles quelles?» sou livre.
votre monde. • Ses amis croient tout sauver, pourvu qu'ils le
sauvent; et nous sommes résolus à ne recevoir
LETTRE CXXII.
aucune explication que celles cpii s'y trouveront
LB CARDINAL LE CAMUS A BOSSUET. véritablement conformes. Et (juand la doctrine
A Grenoble, ce 17 Juin 1697. de SCS explications serait bonne, si elle n'est con-
Je fais, Monsieur, depuis longtemps une pro- forme au livre, nous demeurerons fermes h
poursuivre sa condamnation; parce que nous
fession ouverte de vous lionoier et de m'in-
si
voyons clairement que tant que le livre subsis-
téresscr h tout ce (pii vous louche, que je ne
tera, tout le {]uiélisme demeurera en honneur.
peux différer d'un moment de vous lém'oifjner
Je vis hier le roi et M'"" de Mainlenon, de la
la joie que je ressens de la place du conseil (|iie
part lie M. de Paris et de M. de Chartres, pour
le roi vient de vous donner. Il n'y a point de
leur dire que notre jiarti était pris décrire au
place, |iour élevée qu'elle soit, qui ne soit au-
dessous de votre mérite et des grands services Pape, si M. de Caiidirai ne fait pvis ce qu'il doit.
J'ai porté la même parole fi M. le nonce, du
que vous rendez à lEiilise. Le dernier de vos
consentement du roi. Je pense (pie si M. de
ouvrages sur l'oraison, (|ue vous m'avez fait la
(',iiud)rai s'opiniAlre, il ne restera |tlus guère h
gri\ceiie m'envovei, est un ouvrage très-solido,
la cour-.
et, pour tout dire en un mol, digne de son au-

teur. Od l'a si fort approuvé à Rome, que j'ai Su lettre «u râ|.e, .1..1II il a •to Jrj» p»rl4.
' Il n'y r«t* guér*. tn rltu. puiiqua \t 1" acût suiiant il tut
ordra du lol d* M rclirtr dtn> ion dlocist.
.

A L'AFFAIRE PU 0UII^:TISME. 34S

Vous direz à M. le cardinal de Janson ce fait espérer pour l'ordinaire prochain quelque

que vous voudrez du commencement de celte chose de plus spécifié i


lettre; et s'il saitquelque chose de ce qu'on M. de Cambrai a déjà donné deux explications
a dit à M. le nonce, vous ferez semblant de sur son système. La dernière, qu'il prétendait
l'ignorer. décisive, est plus longue de beaucoup que son
Vous n'oublierez pas de faire votre compli- livre. CeuN à qui il l'a communiquée me dissua-
ment à M. de Metz K dent de la lire, et disent qu'elle ne satisfait h
rien. On ne sait donc plus comment en sortir
LETTRE CXXIV.
avec lui. Ses amis proposent des explications
M. DE RANGÉ A BOSSUET.. plus courtes et plus précises, qu'on nous promet
A Paris, ce 7i juin 1607.- demain. Il rend le traité fort difficile, par le re-
Vous voulez bien, Monseigneur, que je vous fus opiniâtre de conférer avec nous trois ensem-
dise que je prends trop de part à tout ce qui ble de vive voix. Tout le monde le blâme sur
vous regarde, pour être sans envie d'en ap- cela, plus que sur tout le reste. Il fait rouler la
prendre quelque chose dansles conjonctures pré- difficulté sur moi, avec qui il ne veut point de
sentes. J'ai ouï dire que le Pape vous avait écrit : commerce sur cette matière. 11 ne fallait donc
je ne doute point que ce ne soit pour vous té- pas me prendre en garantie, comme les autres.
moigner combien il approuve le zèle que vous On ne comprend rien ;\ son procédé, qui, je
avez fait paraitie dans l'ouvrage que vous venez vous assure, devient de plus en plus odieux,
de donner à l'Eglise pour la défense de la vérité, d'autant plus que j'apporte de mon côlé toutes
et pour la réfutation d'une erreur dont il se peut les facilités possibles. Vous pouvez dire de ceci
dire que les suites sont infinies. Je ne doute point ce que vous trouverez à propos.
que l'affaire ne tourne à voire consolation, et à
LETTRE CXX.VI.
celle de tous les gens de bien. 11 est certain qu'il
l'abbé LEDIEU a l'abbé BOSSUET.
n'y en a pas à laquelle ils doivent prendre plus
d'intérêt.
A Paris ce 1i juin 1697.

Permettez-moi, Monseigneur, de vous faire On


a pris. Monsieur, tous les soins imagina-
une prière. Comme j'ai ouï parler, de plusieurs bles, pour vous faire recevoir bientôt plusieurs
endroits, de la lettre que j'ai eu l'honneur de exemplaires du livre de Mgr de Jleaux. J'ai ins-
vous écrire sur le quiétisme, et que je ne me piré à notre prélat, et il l'a enfui agréé, qu'on
souviens point de ce que je vous ai mandé; vous en envoyât six exemplaires de la nouvelle
vous me feriez un extrême plaisir de m'en édition par la poste. Dans cette seconde édition
envoyer une copie, au cas que vous l'ayez il y a la lettre de Monseigneur au Pape, avec le

encore. Car le monde, comme vous le savez, bref de Sa Sainteté en latin seulement, qu'il
parle comme il lui plait souvent il ne ftut point
: iaut faire mettre à la suite des approbations.
de scrupule d'allribuer aux gens celles auxquelles V^ous trouverez à la fin, sous le titre des Addi-
ils n'ont point pensé et on est bien aise de pou-
;
tions et corrections, de nouveaux passages de

voir répondre avec cerliludc. saint Augustin et un dernier d'Hugues de Saint-


;

Nous ne cessons point. Monseigneur, de re- Victor contre le faux désintéressement de l'a-
commander à Dieu tout ce qui vous louche, pour mour pur, (lui est très-décisif et très-réjouissant,

ce monde comme pour l'autre. Je puis vous as- parce que les faux injsliiiues y sont moqués
surer que vous tenez dans nos conus toutes les comme ils le méritent. Celte lettre et ces addi-

places que vous y devez avoir, et qu'on ne peut tions ont paru assez importautes i)Our être im-
être avec plus (rattachement, de sincérité et de primées à part: ou en a fait un supplémeni, en
respect que je suis, etc. faveur de ceux qui ont la preniière édition. J'en
ai fait mettre douze dans le pacpiet, avec six let-
Fn. Armand-Jean, anc. abbé de la Trappe.
tres des cinq évêrpies au Pape, et le bref de Sa
LETTRE CXXV. Sainteté. 11 y a près de trois semaines (lu'ou est
BOSSUET A SON NEVEU. à l'imprimer Monseigneur le cliancelier ajaul
;

A Paris, ce 24 juin 1GU7. lait toutes les mauvaises diflicullés qu'on peiil

imaginer jiour empêcher la publication, jus-


Votre du 4 m'apprend l'arrivée
lettre en
([u'àeniropreudrede le persuader à Monseigneur
bonne quoique avec une cxlrême
santé, las-
me par de belles érudilions de la di.scipliiie de l'K-
situde, de M. le cardinal de Bouillon et ,

glise d'Afrique, qui uc voulait pas s'assujettir au


I
du Cambout do Coislin. nu le 13 .scptemlirc 16C>4^
lliinrl-Charlei
iiomino évéqut de Met! le Ï6 moi 1697, mort le 28 novembre 173ï' '
il arriva à Homo lo i Juin avec lo T. riiai-onnicr. Jésuite, et
{Bdit. d» ytri.) 1«F. Scrn, DominiMln, qu'il ftvait choisi pour tlioologien.
;j48 LKTTKES REt.\TIVES

jugement (lu Pnpe; car, dit-il, je sais l)i.Mi l'His- réponses ; et j'en al donné une d'une demi-
Uti ncdoiilo point (ju'il ne leuillc de papier, i)iiur le prier d'expliquer qua-
toire wclc'siasliiiiip.
par les révcremls IVres Jc>iiites, et tie termes ambigus, dont il se sert, jiar une dé-
fût souillé
finition précise; après quoi on lui (loimcra eu
mCMiie par M. de Cambrai, (|ue M. Anisson a
trouvé chez ce niafiislral dans ces circoiislaiices, de mots la réponse qu il demande '. Ou
Irè.s-peu

et qui aussi voudrail bien qu'on n'eût pas la U- yjoindra les extraits des pnqmsilions condam-
sur cet exemple, de porter des plaintes et
bi-rlé, nables dans son livre, et l'on se mettra en état
des mémoires à Home contre liii-niémc. de les envoyer à Home, après le temps ipie la
bonté de M. de Paris souhaile (jne nous lui don-
LinTUECXWII. nions pour venir 'i rési[tiscence; ce que quel-
BOSSUES' A M. DE NOAILLKS, AUCUKVÊQL'K DE l'AItlS. (jnes-uns espèrent encore. Pour moi, (|uclque
f juillet 1f.97. désir (jne j'en aie, je ne sais plus que penser,

Est-il mon
cher seigneur, qu'il n'y
possible, voyant ses lorlilleiuenls. M. le nonce nous té-
ait point de réponse ? Si cela est, on se moque
moigne (pi'on souhaite à Itonic (pie la chose se
visiblement, puisipTil ne s'af,Mt ()uedc quatre termine ici plulôl que d'èlre portée h l'iiupiisi-

mots et de leur di'linilion. Cependant, assuré- tion, qui aussi, commevous savez, n'accommode
ment Il vérité soullVo. On imprime le livre par- guère ce pa\s-ci.
à Bordeaux nouveau bref lui On souhaite fort d'apprendre bientôt que M.
tout ; il l'est : le '

l'aulorilé par sa seule aml)in;uïté. Pres- le cardinal de Bouillon soil (piille, comme on
donne de
le croit à présent, de l'indisiwsilion causée par
sez, je vous en supplie: on ne demande qu'à
la lassitude. Je vous prie de le bien assurer delà
tourner tout en plaintes et en procédés contre
part que je prends à son heureuse ariivée, et h
moi, ou contre vous-même. Si vous saviez ce
la bonne esi)érance que vous avez du prompt
qu'on dit au nom de M. deCand)rai, et connue
rétablissement de sa santé.
on vous met en jeu, vous verriez qu'il y va du
Je pars pour Ver.saillcs, où M. le chancelier
tout pour vous, les évéquesqni ont Iravadléavec
vous, et pour l'Ef^lise. Au nom de Dieu finissons
veut me recevoir mercredi, au conseil qui s'y

tiendra.
les procédés venons au fond de la cause. Tout
:

comme vous savez, mon cher seigneur. M. le nonce m'a montré une lettre du Pape à
h vous,
coucher à Versailles. M. de Cambrai *, assez sèche, quoiqu'on le loue,
Je m'en vais
mais sans y dire un seul mot de son livre. On
LETTRE CXXVTII. est toujours à la cour dans les mômes disposi-
BOSSUET A SON NEVEU. tions à son égard. Jl. de Cambrai amuse M. de
A Paris, ce 1 juillet 1697. Paris toute mon application est, comme vous
:

La nouvelle de la place du conseil qu'on me pouvez penser, à faire en sorte qu'il ne le sur-
donnai! jns()irà Itome, comme vous me l'appre-
prenne pas.
Le roi est fort content de moi M°" de Main-
nez par voire lellie du 11 juin, e.sl véritable de
tenon est louj(iui> (le même, et je suis très-bien
samedi dernier. Le roi me l'accorda à son lever
auprès d'elle. Le nonce m'a dit Irès-loiieinenl
a iMarly sans que je l'eusse demandée, avec tou-
(ju'ilfallait me faire cardinal, el m'envojer à
tes les bontés dont Sa iMajesIé sait accompagner
ses grûces. Ainsi vous devez en faire part vos i'i
Rome quel(|ues autres personnes parlent ici
:

amis, aillés l'avoir dit d'abord à iM. le cardinal de la môme manière.


de Bouillon el à M. le CiU'dinal de Janson, que La cour en grande atlenle de ce qui arri-
est

vera de M. de Cambrai. Il ne parait pas que ce


leur extrême boulé iidéressera pour nous dans
ce nouveau lémoignage de celle du roi.
prêliil songe au livre qu'il avait promis au
Je l'ai mandé M. de Paris et à
loul aussilot ,'i
Pape '.
JI. de lleims dans sou diocèse, où il est il y a Nous espérons toujours votre retour au plus
tôt: ne lailes aucun mouvement pour moi au
prés de deux mois: il ne |)arle point encore d'en
sujet du cardinalat.
revenir.
M. de Cambrai gagne ici du temps, par l'é- '
C<Ult iin« réponse >ut rlnct trtldai qu* U. da Cambrai avait
norme lon;;uein' de ses explications. 11 a refusé dnuài puiirJustiHcr son livra, et qu'il anvoya à M. da Paris.

obsliiiémcut de eunlcier avec nous, à eau.se de Uokstirt ne crut pa:, devoir le» discuter fort ati loiijt, et il m
cun.
teitla de niellr» en marge de ces articles des rep.inses tr^s-eourtes
moi, à(pii seul il ne \eul point parler, ni même Nous rapportcroni les articles et li s r*|onsei à la suite de cette leu
pour rendre le lecteur plua attentif iax endroits dolertueuz
communiquer quehpies-nnes de ses réponses. U tre :

l'écrit de .M de Cambrai nous mettruni en tialiqiu toui c«iu


de
y en a d'autres sur lesquelles il deniamle mes qu* llatsuel avait niarquei avec du crayon.
5 Vey. la lettre précédent*.

'
Il b'agU Ju bref adrtssiA rtrchcriquc dg C'tmbtai, tn rcpoiis« K'esià-dira la traduction latine de i.n livra. Il y penuft tréf
à u Itttre *n F(p«. airUuHinent, et en eflet ne urda pu t l'anvcyer t Bon*.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 847

LES XX ARTICLES DE M. DE CAMBRAI, M. DE Meaux. —


Béatitude et parfait con-
avec les réponses de m. de meacx. enlement, selon cet article, c'est la même
chose.
Article premier. Que pour. On peu ici demander si la béati-
M. de Camln-ai. —
N'est-il pas vrai que tout le sys- tude ou la gloire de Dieu sont fins subordon-
tème de mon livre se réduit à exclure du cinquième nées, et s'il n'est pas vrai, par la définition de
état d'amour les actes intéressés, sans exclure ja- la fin dernière, qu'il n'y en a point d'autre que
mais les actes désintéressés de toutes les vertus la béatitude.
distinctes, et que tout rnon système étant borné au Art. V.
désintéressement de l'amour, mon
système, loin M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que l'inclina-
d'exclure les actes désintéressés, demande natu- tion naturelle, nécessaire et indélibéréeque nous
rellement tous ces actes? avons pour nous-mêmes, et qui accompagne tous
M. DE Meaux. —
Nous n'avons vu, dans son nos actes, même les plus libérés, est ce qui les
livre, de distinction entre les actes intéressés empêche d'être désintéressés?
et désintéressés, que celle qui regarde le bo- M. DE Meaux. —
La notion de l'école de Scot,
7ium in se, et celle qui regarde le bonum sibi, que tout le reste a suivie, confond l'intérêt avec
ou la béatitude et le salut. la béatitude. Ainsi, pour répondre avec préci-
sion, il faut faire précéder la définition, et ré-
Art. II.
pondre différemment selon les différents prin-
M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai qu'on n'a ja-
cipes.
mais eu d'autre idée du désintéressement, que celle Art. VI.
que nous donne le pur amour de charité, par le-
quel nous aimons Dieu pour lui-même, nous et
M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que quand on

notre prochain en lui et pour lui seul?


ne s'aime délibérément que d'un amour de charité,

M. DE Meaux. —
Cela est vrai, mais vague et
on peut, en vertu de cet amour si pur, se désirer le

souverain bien pour soi ; et par conséquent faire


indiiférent, et d'autant plus impertinent à la
des actes de vraie espérance avec son motif propre
question que nous traitons, que l'auteur change
et spécifique, sans avoir besoin que la cupidité sait'
toutes les notions qu'il avait auparavant don- mise s'y mêle, d'une manière délibérée ?
nées du pur amour dans son livre. M. de Meaux. —
Se désirer le souverain bien,
Art. III.
en tant que souverain bien, ne peut être sans
le désir naturel de la béatitude, qui est soumis
M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai qu'on n'a jamais
et ordonné, quand on met sa béatitude en Dieu,
eu d'autre idée de l'intérêt propre que celle d'une
non pas en faisant deux fins dernières de la
cupidité ou d'un amour particulier de nous-mê-
béatitude et de Dieu, ou regardant la béatitude,
mes, par lequel nous désirons le bien autrement
qu'à notre prochain en sorte que cet amour ne
;
qui est la fin dernière, comme référible à une
vient point de pur zèle pour la gloire de Dieu, autre fin, mais en expliquant que l'idée de
mais qu'il est tout au plus soumis à. l'ordre? C'est Dieu et celle de la béatitude ne diffèrent que
ce que saint Bernard nomma cupidité soumise Cu- : comme le confus et le distinct.
pidi'afiiiuœ a superveniente charitate ordinatur.
Meaux. —
Art. VII.
M. DE Non, cela n'est ()as vrai.
Toute l'Ecole regarde l'ainoiir d'espérance ou
M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que de tels ac-
tes,par lesquels nous désirons noire souverain bien
de concupiscence comme intéressé, quoiqu'il
en tant que nôtre, et qui sont de vraie espérance,
comprenne le prochain au même sens que ne peuvent, sans erreur, être mis au rang des
nous-mêrne. puisque la cupidité même soumise n'y
actes intéressés,
Cet amour, qui est soumis à l'ordre, est un a aucune part d'une manière délibérée, et qu'ils ne
amour de charité. sont fondés que sur le seul amour de charité pour
Tout amour de charité est un amour de pur nous?
zèle, selon toute l'Ecole. M. DE Meaux. — Il n'y a point d'erreur dans
Saint Bernard n'a rien de semblable. cette opinion qui est suivie du torrent de l'E-
cole.
Art. IV. Art. VIII.

M. de Cambrai. — N'cst-il pas vrai que cette cupi- M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que l'intérôt
dité soumise peut regarder la béatitude comme un propre, qui se trouve dans les justes moins parfaits,
étal de l'homme, où elle sciait pleinement contente ; que les Pères ont nommés souvent mercenaires, el
au que l'amour de charité pour nous-mêmes
lieu que les saints des derniers siècles appelloMtpriijini.'-
ne nous l'ait désirer notre béatitude ou parfait diminue dans ces justes à mesure qu'ds se
taires,
contentement que pour glorilicr Uiuu un nous? perlecliouneni, quoiiiue leur espùruuco, avec son
348 LETTRES RELATIVES

motif propre, augmcnlo toujours à proportion que .M. DE Meaux. — Cela se peut, selon les idées
leur rliarili^ croit? communes de l'Ecole.
M. i)i: Mkalix. — L'int('r(H pi-oprc, qui csl pris Le désinléi e>scment de la charité consiste à
pour l'csprraiicc iiiônio, ncdimiiuio, pas, mais regarder Uieii comme bonum in se, ce qui dif-
niipmnnic pltilôl par la parfaite cliarili^. fère du bonum mihi, eu quoi on met l'intérêt.
J'nipriétaires cl meici-iutirea sont deux clioscs
AtiT. XIII.
dinércntes.
M. de Cambrai. — .N'esl-il pas vrai que, dans la
Art. IX. vie et (tans l'oraison la plus parfaite, tous les aclef

M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que les drsirs
(ïespcrance et des autres vertus sont unis daiis la
seule charité, en tant qu'elle anime toutes Us autres
et lesdemandes de la Sainte Vierge, de Parid. de
vertus, et en commande
F exercice, Hc, et qu'ainsi
saint Paul et des autres grands saints pour li itr
tous ces actes sont désintéressés?
ou pour leur béatitude, étaient dans re
perfeelion
])ar(n\Ul('sinti'ressement. et que leur espi^rancc, pour M. de Meaux. — Voyez les 3t Articles.
être si (puri''e, n'en était pas moins véritahle, et n'en Dans la seule charité, en tant qu'elle est
avait pasmoinsson motif spérilique, qui est toujours seule celle qui commande les autres, et rien de

bonum mihi? plus.


, M. deMkaux. —
Romnn mihi c^[ inséparable A UT. XIV.
de ce que Scot et son érole, que le torrent des
Ihéolo^'iens suit, ont appelé ulililé propre.
^l. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que cette ex-
pression {•énérale et absolue, sont unis dans la seule
A «T. X. charité, emporterait en rigueur Cexclusion de tous
actes qui ne seraient pas unis dans la seule charité,
M. de Cambrai. —
N"est-il pas vrai que res actes
et que cette exclusion s étendrait sur toute la vie et
d'espéranre et des autres vertus, que la rliarité
l'oraison laplus parfaite; qu'ainsi j'ai tempéré cette
commande expressément pour les rapporter en même
crpression, en la restreignant toujours i UQ état
temps à sa propre fin, et qu'elle anime en leur com-
seulement habituel et non invariable.
muniquant
de la charité
sa propre perfection, prennent l'espèce
mf'me, sans perdre leur motif spécifi-
M. DE Meaux. — l'omt du tout ; mais seule-
ment (pic la charité seule les commanderait au
que, qui est toujours le /)o;n(7?i 7ni7ii', ni par con-
Béqut'ht leur espèce particulière, comme saint Tho- sens (pi'on vient de voir.
mas l'assure : Assumitspecicm, transit in speciem ? Invariable, selon la notion de l'auteur, veut
M. DK Meaux. —
Cela est vrai. Mais si l'aulenr dire dont on ne peut déclioir.

n'avait jias voulu dire ;iiilre cliose il aurait parlé Art. XV.
de la vertu cl de son motif autrement qu'il n'a
fait.
M.(/e Cambrai. — .N'est-il pas vrai que quand on
dit,d'un crtté, (juc l;i sainte indifférence n'est que le
Anx. XI. désintéressement de l'amour et de l'autre, que le
;

M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que de tels ac-


désintéressement de l'amour n'est que le retranche-

motif spécifique, qui, par


ment de la cupidité soumise, pour ne désirer plus
tes, en conservant le
aucun bien que pue la charité, comme on en désire
exemple, est le bonum mihi dans l'espérance, ne
au prochain, oiulilévidemmentque la sainte iM<ii/7"d-
sont point intéressés, et par conséquent le bonum
rcnce renfcrvc tous les désirs que la charité pour
T7n7ii n'est point le motif intéressé?
nous mêmes nous doit inspirer, et qu'elle n'exclut
M. DE Meaux. —
C'est parier contre les idées
jamais que les désirs »if/ci' (/c cupi</i/« soumise, ou
du torrent de l'Ecole. intérêt propre?
Si toutefois l'auteur veut s'en tenir à celte M. DE Meaux. —
Tout cela ne signifie rien.
idée, il s'ensuivra que l'amour d'espérance On est intéressé pour le prochain comme
jinre sera désintéressé, et pai- consé(|ueMt un pour soi, (|iiand on recherche l'intérêt com-
amour pm, contre toutes les idé-es qu'on a du mun.
pui'amour. Ceci peut être appliqué aux articles Si l'on exclut le bonum mihi de la notion
lOelll. d'intérêt, il faut prendre une autre idée de l'a-
moiir pur (jue celle qui la dislinjjiie de l'espé-
AiiT. XII.
rance.
M. de Cambrai. —pas vrai qu'un juste
N'cst-il
Art. XVI.
si parfait et si désintéressé qu'il puisse être, peut
faire à toute lieureet à tout moment de tels actes .(/. de Cambrai. —
N'esl-il pas vrai que si l'inté-
d'espérance et des autres vertus avec leurs motifs rêtpropre n'est \)asmoubun dniré par charité pour
propres, sans sortir du plus parfait désintiressement moi comme pour le prochain, mais seulement le
de la charité, puisque c'est la charité méuie qui le< contentement de la aipulilé soumise, le sacrilice de
lui fait faire? ''intéaM propre pour l'éternilé ne peut jamais être
A L'AFFAIRE OU QlIIÉTISiVlE.

que le sacrifice ou retranchement du contentement sans intérêt propre ou cupidité même soumise ? Faut-
de cette cupidité? D'où il s'ensuit qu'on peut conti- il désirer moins parfaitement les biens les plus par-
nuer, dans la partie supérieure de l'âme, à désirer et faits ?L'Ecriture qui les promet, et qui en commande
attendre son souverain Wen par un amour ùq cha- le désir nous engage-t-elle à les vouloir d'une ma-
ritépour soi, dans le moment même où la cupidité nière moins pure et moins désintéressée que les évé-
soumise perd tout appui en soi, par la supposition nements de la vie ?
imaginaire, qui se fait dans la partie inférieure, M. DE Meaux. —
C'est bien fait de rapporter à
qu'on est réprouvé. Dieu tout l'amour qu'on a pour soi-même; mais
M. deMeaux. — Le sacrifice de l'intérêt pro- l'amour de la béatitude ne peut être ôté à l'hom-
pre est par tout le livre celui du salut. me, quelque saint qu'il soit.
On ne sait ce que veut dire tout ceci. Que si l'on dit que l'amom' délibéré peut être
Si l'on n'a à sacrifier autre chose que l'a- ôté, j'en conviens, mais on ne voit pas que ce
mour naturel qu'on a volontairement pour soi- soit une chose si rare, ni qu'en cela consiste la
même, le mystère n'en est pas bien grand, perfection.
puisqu'on a toujours tout son bien et tout son Art. XX.
salut.
M. de Cambrai. —N'est-il pas vrai que quand
Art. XVII.
on dit que le Chrétien doit toujours exercer les ver.
M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que si Vinté- tus distinctes par conformité à la volonté de Dieu, on
rêtpropreii'est que cette cupidité soumise, on peut renferme nécessairement dans cette conformité les
dansla vieet dans l'oraison la plus parfaite, ne motifs spécifiques de toutes les vertus, puisqu'ils
désirer plus d'o)-(/maiV(5 les vertus pour son propre leurs sont essentiels, et qu'autrement elles ne seraient
intérêt, c'est-à-dire, pour consoler celte cupidité^ plus ces vertus commandées? Peut-on se conformer
quoiqu'on ne cesse jamais de les désirer pour la à la volonté de Dieu, sans vouloir non-seulement ce
gloire de Dieu en nous, et par un amour de charité qu'il veut, mais encoj'c par /a raison précise pour
pour nous-mêmes? laquelle nous engage à le vouloir avec lui ? En veut-
il

M. DE Meaux. —
L'Ecole ne le définit pas on moins la bonté propre d'une chose, et sa conve-
ainsi. Il faut convenir des notions, et répondi-e nance pour notre dernière tin, quand on veut cette
différemment selon chacune. bonté et cette convenance que pour nous conformer
à la volonté de Dieu, qui, selon saint Thomas, est la
D'ordinaire: ce mot est remarquable.
seule règle suprême par laquelle toutes nos vertus,
. Art. XVIII. loin de perdre leur essence, trouvent leur perfection?

M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que la cupi- M. DE Meaux. —
Cela est vrai; et c'est pour-
dité soumise est permise à cause de sa soumission à quoi on condamne les expressions de l'auteur,
la charité mais qu'elle n'est pas commandée, et
; qui, parlant autrement, montre qu'il pense au-
qu'elle serait commandée; si elle était ce qui consti- trement aussi.
tue les vertusles plus commandées, telles que l'espé- LETTRE CXXIX.
rance; et qu'ainsi elle ne peut être essentielle au
M. DE R.\NCli A BOSSUET.
motif spécifique qui constitue cette vertu; autrement
Ce 3 juillet 1697.
il faudrait dire que la Sainte Vierge, qui n'agissait
point par cupidité soumise, et qui ne s'aimait que J'ai Monseigneur les copies des deux
reçu , ,

d'un amour de charité, n'a jamais fait un seul acte lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'en-
d'espérance. YO\cr: il .suffit qu'elles ne conticimenl rien que
M. DE Meaux. — La cupidité soumise, c'est-à- vous n'approuviez, pour que je ne me leponle pas
dire, comme l'explique l'auteur, l'amour natu- de les avoir écrites. Dieu a permis qu'elles allas-
rel et délibéré de soi-même, est impcrliiienle sent jilus loin que je ne pensais. 11 est vrai que
à la charité et à l'espérance et d'un genre en- le sujet me toucha d'une manière si vive, que je

tièrement disparate. ne pus [)as ne le point tomoigner.


Nous attendons ce cpie vous avez la bonté de
Art. XIX.
vouloir nous envoyer, et je ne doute point «pic
M, de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que ei nous Dieu ne favorise de nouvelles bénéilicliuns tout
devons tûclicrde ne nous désirer les biens inférieurs, ce <|u'ilvous inspirera d'écrire sur celte ma-
que Dieu nous donne par sa volonté de bon plaisir tière. Il que ceux qui > ont in-
serait à souhaiter
dans les événements de la vie, que par un amour térêt prissent des sentiments de paix et iriuimi-
de charité pour nous-mêmes, et sans inlérêl propre
lilé, el qu'on ne se fit point un honneur île sou-
oucupiditémême soumisi: ixp\\i3ionti raison nous Ifieu ou
tenir ce (pi'oii ne devail pas avancer :

devons lâcher de tic nous désirer les biens supécieurs


tirera .sa ghiiiv. Nous ne numqucions |uiinl do
qui nous sont leconnus dans la volonté signifiée,
lui offrir nos prières avec toute l'application
tels que les vertus, la persévérance et la béatitude
que par ce même amour de charité pour uoufl, el possible. Je u'ui pas besoin de vous duc, Mon-
;tsii LKTTUES URL.MIVES

scign.Hir, jusqu'où va ratlachemeul cl le res- A ce coup, on a promis dans huit jours la


pour voire personne; car je m'as- dernière réponse de .M. de Cambrai, que la cha-
pecl (|iic j'ai
rité attendre. La disposition de la cour e.sl
sure que \ous en éles Itien persuadé. fait

toujours méine contre lui, el sa fierté, depuis


Fil, Aumand-Jean, anc. abhù île la Trappe.
la

J'ai lu el relu la lettre que M. voire neveu vous le bref qu'il a re<,u, est augmentée. 11 ne le

a écrite, avec une consolation (piejene puis montre pourtant pas, et il serait souhaiter que fi

vous exprimer: rien ne nianiiic mieux la dispo- nous en eussions une copie anthentiipie. Ni M. de
sition lie Sa Sainteté pour l'allaire el poui' votre Reims, ni moi, ne l'emporterons sur l'archcvè-
personne. que de Paris ', dont la famille a tout crédit. Ce
n'est pas à moi qu'il convient de se doimcr du
LETTRE CXXX.
mouvement pour les objets <le l'ambition '; ma
BOSSUET A M. UE RANCÉ.
vraie grandeur est de soutenir mon caractère,
A Paris, re 4 juillet 1G97.
d'édilier et de .servir l'Eglise, etc. La parabole
Je Monsieur, que M. l'évéque de Noyoïi
siiis.
ma leçon.
desiiint Luc, chap. xiv, vers. 12, est
vous a écrit sur le sujet du quiétisme, dans le remuant ni insensible.
Je ne dois être ni
des,sein de joindre Notre rép.ui.se à sa Icltrc, et
Le eardin.il de Rouillon.sera toujours le même;
de les faire imprinur cn.siMnhle. Vous savez bien doit tout aux amis de M. de Cambrai dans la
il
les raisons d'éviter celte conjoncture, et il nie
conjoncture présente.
semble que vous n'avez rien à ajouter au senti-
De concert avec M. de Torcy, je parlerai au
ment d'un si grand prélal. La liberté que je roi, alin qu'il permette que ce ministre dise à
prenils est l'elTel de mon zèle pour votre service,
M. le nonce qu'on fera plaisir au roi de vous
et pour votre réputation, ijn'il faut conserver à
accorder l'induit ^.
rEj.çlise. J'espère ne passer pas cet été sins vous

voir, et je suis à vous. Monsieur, comme vous LETTRE CXXXU.


savez. BOSSUET A SON NEVEU.
LETTRE CXXXL A Versailles, ce 22 avril 1G97.
BOSSUET A SON NEVEU.
M. Phelippeaux nous a assuré, par sa lettre
A Marly.ce 15 juillet 1G97,
du 3, que vous étiez à Frescali: nous n'en avons
Je suis ici d'bier, cl j'y passerai la semaine :

point eu des vôtres.


on y h cause de l'élection de
est tians la joie
Un attend ici de jour en jour la promotion
M. le prince de Conli à la couronne de Pologne.
des canliiiaux. On commence à dire que M. le
C'est le jeune Galeran, secrétaire de M. l'abbé
cardinal de Jansoii a ordre de retarder, cl que
de l'oligiiac , (pii a apporté la nouvelle de l'é-
pour cela
c'est : ainsi je lui écris à tout lutsard.
lection de M. le prince de Conli. De trente- deux
Vous verrez ma et celle de M. le cardinal
lettre
palatinats.nous en avons vingt-liuit les quatre :

de Bouillon, à qui vous vous expliquerez vous-


autres sont laibles, et nous en avons près de la
maréclial ont pro-
même.
moitié. L'arclicvéque el le
Vous leur pourrez dire que M. l'archevêque
clamé l'élection, et chanté le Te Deum ce sont :

de Cambrai donne ici à son ouvrage des expli-


les marques portées par les constitutions de la
cations inaHvaises eu elles-mêmes et qui ne ,

république pour 11 ne élection val ideet complète.


conviennent nullement au texte il |)arle cepen- :

M. le prince de Conli a reçu celte nouvelle


dant avec une (ierlé étonnante. M. de Paris fait
avec une modération aimable. Ou alti iid la
toujours des ellorls pour le convertir; on en
députation solennelle, et cepeudanl on ne cbant;e
attend le succès.
rien à l'extérieur.
Les nouvelles de Pologne sont mauvaLses et
Il est vrai, connue vous le
dans votre diles
les espérances s'éloignent. L,a con\eision do
lettre du '21'), conformément
ce (jiie je vous .'i

M. lélecleur de Saxe * parait être mie illusion :


avais nianiué, ([u'on a été content du bref aux
on dit néanmoins qu'il est appuyé du Pape, et
cin(| éNécpies touclianl le livre de Sfondrate:
mais si l'on ne dit mot sur le livre, il ne .sera
que le uouce est déclaré contie nous. Le roi

pas aisé d'empêcher (jne (|uel(iu'un ne parle ici.


l'our moi, j'attendrai toujours une décision avec Il eit question du chapuu d* c«rdtni].
' L'abb' Uossuet |<r(u«il un» doui* ton oncle de faire quelqots
respecl et patience; mais je gémirai en mon démarches (tour be procurer celle ui,;iiifr Ce grand hoinni* np^nd

co'ur, si l'on v<)it ime acception de personnes d'une ntdjiu-re vraiment digne do »a mi) .riuntc, et «^ui lui fait au-
tant d'honneur qu'il en aurait reçu de U |<cur|>re ronume. Au ratta,
dans la chaire de s;iint l'ierre, dont je souhaite l'archcrtniue de Parii ao lut pak cne cardinal i celte promstisa;
la gloiie entière, qui est celle de Jesus-Cluist mai» ce lut M, de Cambout de CoUlin, evéquc d'Oriean»
* Pour l'abbaye de Savigny, dont il aiti parle plus haut.
même. ' C« priucc MAl caUioûquo puur pouvuir tire roi de l'uloga*.
, ,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 351

n'en voulait rien croire et se croyait assuré du EPISTOLA CXXXIV.


Pape, dont on disait que le nonce avait outre- BREVE INNOCENTII XII, AD LUDOVICUM XIV.
passé les ordres.
Innocentius Papa XII,
J'oubliais de vous marquer que sans la parti-
cipation de M. de Chartres ni de moi, M. de Charissime in Christo fili noster, salutem.
Paris avait consulté huit docteurs non suspects Ingenli plane gaudio recreari sensimus pasto-

à M. de Cambrai, qui tous ont rapporté que le ralem nostram sollicitudinem, ubi ex litteris
livre et ses explications ne se pouvaient soute-
Majestatis Tuœ, die 26 Julii proxime pra-teriti

nir. Deux évêques, à qui M. de Cambrai avait ad nos dalis, ac eliam ex ore venerabilis fratris
noslri cardinalis Bullonii, qui nobis eas red-
remis les explications, ont répondu comme les
huit docteurs. L'un est M. de Toul: je ne sais didit, quam provido et
perspicue inlellexiuius,
pas le nom de l'autre. Il avait voulu consulter prœstanti zelo ad pei-iculosas, occasione libri a
M. d'Amiens, qui s'est excusé, ne croyant pas venerabili fratre archiepiscopo Cameracensi nu-
pouvoir rien gagner. per in lucem cdili, exortas controversias, con-
Le roi a résolu d'écrire de sa main au Pape tinuo aniinum erexeris; illasque, pro eo quo
touchant cette affaire, afin que Sa Sainteté parle regium tuuui pectus assidue flagrat, incompa-
au plus tôt sur le livre. Il doit demain s'expli- rabili studio iucorrupteatque intègre custo-
quer au nonce, et la lettre partira lundi, auquel diendi in florenlissiuio isto regno eam doctri-
jour M. de Paris M. de Chartres et moi enver-
,
nam, quam de fonlibus Salvaloris haustam a
rons par le nonce noire déclaration sur le livre, romana Ecclesia cœterarum mater et magisira
signée de noire main dont on vous enverra une longe laleque diffundit, ad nostrum et hujus
copie. sanctœ Sedis judiciuiu deferri curaveris, oin-

LETTRE CXXXIll.
nem subinde, pro eorum quœ definienda duxe-
rimus exsecutione, auctorilalis regiœ efficaciam
LE ROI A INNOCENT XII.
prœstiturus. Uueuiadmodum itaque piissimaui,
A Meudoii.ce 26 Juillet 1697.
ac vere Christianissimo rege dignam, curam
Très-saint Père banc tuam pluriuiuui in Domino commenda-
Le livre que l'archevêque de Cambrai a com- mus; ila Majestali Tuœ significamus nos me-
posé ayant depuis quelques mois excité beau- moratum iibruin illustrium theologorum exa-
coup de bruit dans l'Eglise de mon royaume, mini subjecisse, qiiihus siiuiliter trausmissns no-
bis a venerabili fratre archiepiscopo Damasceuo
je l'ai fait examiner par des évoques, et par un
nuntio nostro clarorum aliquot Gailia; anlis-
grand nombre de docteurs et de savants reli- ,

gieux de divers ordres. Tous unanimement, titum in illum auimadversioues comnumicari


tant les évêques que les docteurs m'ont rap- ,
jussimus, ut co consultius quod ère calholica
porté que le livre était très-mauvais et très- fuerit auctorilate aposlolica decernauuis. Sed

dangereux, et que l'cxplicalion donnée par le hajc onmia latins edisccrct idem nuntius nos-
même archevêque n'était pas soutenable. Il ter, quiegregiam Majestali Tuœ pietatem, per-

avait déclaré dans la préface de son livre


,
petuamque ac conslauteiu in eamdein Sedein
qu'il voulait seulement expliquer et étendre la observanliain indesiuenler nos docot. luteriin
doctrine de ces mêmes évêtiucs. Mais après eximiœ rcligiosie(pic cogilatignes lu;u proloclo-
avoir lente toutes les voies de douceur, ils ont rcin eum experiautur, qiieuiaclorein aguoscuut

cru être obligés en conscience de laire leur Dé- enixe precamur, ac Majestali Tu;o apostoli-

claration sur ce livre et de la mellre entre les cani benedictionein amantissiine im|)ertiinur.
mains de l'archevêque de Damas , nonce de Daluin apud Sanclam Mariam Majorem, die
Votre Sainteté auprès de moi. Ainsi, très-saint 10 Sept. 1G97, auuo pontilicatus ",
Père, pour tcruiiner une afiaire qui pourrait SPINOLA.
avoir des suites très-fAchcuses, si elle n'était LETTRE CXXXV.
arrêtée dans son commciiccmenl, je supplie
BOSSUET A SOiN NEVEU.
humblenient Votre Sainlelé de prononcer le
sera possible sur ce livre, et
\ Paris, ce 'i9. juillet 1697.
plus tôt qu'il lui
sur la doctrine qu'il conlieiit, assurant en même J'ai reçu, par le dernier courrier, vos deux
temps Voire Sainteté (|ue j'emploierai toute lellres, celle du "l et celle du t>.

mou anlorili; poui' lain; tîxécutcr ses décisions,


On vous envoie par cel oiilinaiie hiiil exem-
et que je suis, l'rès-saint l'ère, Voire Irès-dévol plaires (le iium livre, de la seconde édilion :

lils, Louis. six sont déj;\ i)arlis par un autre ordinaire.


Peut-être qu'à la lin le piupicl de M. Auisson,
a^is LF.TTHKS REI.ATIVÏS

qui es* arrivé h Lil)oiirne, vous parviendra. \a pour le Pape. Cependant le roi a parlé t^^s-
seconde édition est reiiiiiniiialik- par son addi- piiissainmenl au qui écrit cx)nlormé-
noiire .

lion, qui imporlanle


est lisez-la iiien, et la
: ment au discours de Sa Majesté j'ai vu sa lellre. :

faites remarquer. Les huit exemplaires


l)ien Le roi lui-même aujourd'hui très-for-
écrit
qu'on vous envoie seront en deux paquets on : tement. On se délie des Jé'suiles et du cardi-
payera ici le port sur le |)icd de douze livres. nal de Kouillon on se servira de la main du
;

L'ordonnance de M. de Heiius' ne fait ici au- roi pour écrire au l'a|ie. Le pauvre M. de Cam-
cun bruit. Je ne me signalerai jias par do sem- brai aura ordre de.se retirer. Le 1'.de la Chaise,
blables actes. C'est h ceux qui remplissent les patron du cardinal de l;oiiillon, ne parait point
grands sièges à parler: pour moi, je me con- dans tout cela ; mais ou lui atli ibiie tout. On
tenterai de faire les clio.ses sans (''clat. croit que celte affaire reculera l'abbé d'Auver-
Je n'ai point reru la lettre que M. le cardinal gne 1,

de Bouillon me devait écrire. Je ne 1 attendrais Aussitôt qu'on aura remis à M. le nonce la


pas pour lui envoyer les propositions qu'on re- lellre du roi, j'agirai, el de mon chef. Retenez
prend dans le livre de M. de Cambrai, si cela M. I'iielippeaux auprès devons: soyez très-at-
était en mou pouvoir, mais il faut que tout soit tentif à bien écouter ce qu'on dira Ji Rome. La

arrêté entre les deux autres prélats ; car quoi- fureur de M. de Cambrai contre moi est extrê-
qu'on soit d'accord du fond, cliacun ajoute cl me, .sa cabale est terrible, et les artilices qu'elle

diminue counne il l'entend ; de sorte que je no emploie égalent sa fureur ; mais nous avons
puis rien écrire de précis, et que d'ailleurs je pour nous Dieu, la vérité, la bonne intention,

n'aime pas fi écrire en l'air. C'est ce que vous le courage, le de Maintenon, etc. J'ai
roi, M°'"
direz à M. le cardinal. Vous y pourrez ajouter besoin d'attention et de patience. M. le nonce
que M. de Cambrai n'avance pas ces affaires par est bien intentionné |)our moi.
ses procédés il croit tout gagner en
: nie disant Pourquoi n'avezvous pas écrit encore à M. de
sa partie; mais personne n'en veut rien croire. Metz?
On n'est guère content de son osbtiué refus à LETTRE CXXWI.
conférer avec nous, tant que je serai présent.
BOSSUET A M. UE LA BROCE.
Il
y perd lui-niùme beaucoup à agir de celle
manière car j'ai pour lui un fond de bonne
;
A Paris, ce 1" Août 1C97.

intention inaltérable, malgré ses emportements Pour réponse à vos précédentes, le roi et
contre moi. 11 se taille bien des affaires, dont il M"" de Main tenon sont toujours d'accord sur le
sortira très-mal uppaienuneut des deux côtés ; livre de M. de Cambrai. Jen suis content; et

et l'air plaintif et opprimé qu'il se veut donner les évoques qui ont parlé au roi sur le livre doi-
ne plait guère. vent dtiiiner lundi leur Déclaration, pour être
Nous altcMidons toujours votre retour : il n'y envoyée à Rome jiar l'agent du Pape. Le roi
a (juc les clialeurs qui vous puissent relarder. lui a parlé nettement de M. de Cambrai et du

Nous nous portons bien, Dieu merci. livre, fondé sih- l'avis des évêques. Le roi a

J'ajoute suriM. de Cambrai (ju'il ne croit per- écrit an Pape de sa main: tout cela est fait, et
sonne que ceux qui le llattout cela répond à : vous Miyez ce qui reste à faire. M. de Paris fait
une des choses que M. le cardinal de liouillon un peu de peine, mais la patience vient ;\ bout
vous ordonne de m'écrire. Assurez-le de mes de tout. Tout sera fait pour lundi le roi le dé- :

très-humbles respects, el M. le cardinal de Jan- sire. Après cela M. de Paris s'expliquera par

son. J'eudjrasse M. i'iielippeaux. une instiuclion, en attendant (pie Rome |)arle.


Vous devez couuneucer à parler d'une ma- Rome n'est point fa\orable au livre, quoiqu'il
nière plus douteuse de Al. de Cambrai. Je vous ail pour lui le P. tle la Chaise el les Jésuites.

écrirai sur cela plus précisément, lorstpie j'au- M. de Cambrai n"é\ itéra pas le Sainl-Ollice. Je
rai eu le loisir de voir les tlisposilions de la sonliaileraisune autre manière: mais il faut
cour. M. de Paris me retient ici, cl j'y suis oc- lai.sser Rome à s;i mode. Les évêques se
faiie

cupé à rédiger les articles sur le livre de M. de déilareront on n'en vient à tout cela, (pi'après
:

Couibrai, qu'on remettra lundi à M. le nonce a\oir tout tenté M. de Cambrai est inexorable,
el diin orgueil (jiu lait iieiir on n'a rien voulu :

: CcItc ordonnnnct. du 24 mal I6U7. rrgurdaU lu rrK""'''*, cl vous dire ijue les choses ne lussent réglées.
portait i^u'oucun tic serait admis dati^ le diucèso do Hcimt à l'ad- Outre l'examen que nous avons lait, M. de
iniiiiatration des hacrcuicuis, t^ue lortcivi'outro lo certificat do vie et
de inaiini de leurs mii rieurs, lévdiuc dan» lo didcisc du.|iicl ila l'aris, .M de Chartres et moi, connue appelés
auraient fait leur dentier fcojuur leur aurait donni uit tumui^ita^o en témoignage pur M. de Cambrai dans son
aulltetitiquo do la Kogeaio do leur conduite, et du buii usage ija'ill
I
.Naveu du cardinal de Bouillont
titraisiit fait an pouToics qui leur avaient ^ti; conllét.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 353

avertissement et dans sa lettre an Pape; M. de attendu qu'il soumis au Pape, et qu'il a


s'est
Cainbi-ai a demandé le sentiment deM. d'Amiens demandé de s'aller présenter en personne à Sa
etde M. de Toul, dont le premier s'est excusé, Sainteté ce qu'il espère encore contenir, quoi-
:

et l'autre lui
a déclaré son sentiment contraire qu'cn effet il sache bien que le roi n'en veut
au sien. Onlrc cela M. de Paris a donné le livre point entendre parler. Ainsi c'est en quelque
à examiner à huit théologiens sorbonistes et façon contre le roi qu'il proleste. Personne ne
autres, qui, sans aucune communication et sans peut ni no veut rien faire juridiquement contre
se connaître, se sont déclarés contre le livre et lui mais, pour empêcher que nous ne rendions
:

contre les explications que l'auteur leur voulait au Pape même le témoignage de la vérité, au-
donner. Il a pris le ton plaintif et opprimé; mais quel il nous appelle lui-même, rien no le peut
tout cela sera faible, et on découvrira tous ses empêcher et ce n'est pas là prévenir le juge-
;

artifices. Le refus obstiné de conférer qu'il a fait ment du Pape, non plus que les instructions
avec les trois évèques, scandalise les honnêtes que nous donnerons sans aucune marque do
gens, et fait voir qu'il a bien cru qu'on le con- juridiction, pour empêcher l'erreur de gagner.
vaincrait. Vous me faites plaisir de me mander la bonté
et la confiance que M. le cardinal de Bouillon
LETTRE CXXXVn.
vous témoigne. Sur ce que toutes les fois qu'il
BOSSUET A l'abbé RENAUDOT.
m'a parlé ou écrit de l'affaire de M. de Cam-
,Teu(ii matin. brai, il en parlait comme d'une affaire entre
Vous me ferez plaisir. Monsieur, de remercier ce prélat et moi, je l'ai supplié, et même par
Mgr le nonce du soin qu'il prend de m'avertir. une depuis son départ, de ne me point
lettre
Tout serait prêt de ma part; mais le concert faire le tort de me considérer comme partie.
pourra prolonger les affaires de huit jours. J'au- Je n'ai aucune affaire avec M. de Cambrai, que
rai l'honneur, avant lundi, de voir Mgr le celle qu'il a avec tous les évêques et toute l'Eglise
nonce. Je dînerai ici et n'en partirai qu'à cinq par sa mauvaise doctrine. M. le cardinal m'a
heures en attendant, votre visite me sera tou-
:
faitl'honneur de me marquer la réception de
jours fort agréable. la lettre où je lui écrivais cela mais il n'y ré- ;

LETTRE CXXXVIII.
pond rien. Ainsi je vous prie de ne point man-
quer de lui faire faire attention sur le fort qu'il
BOSSUET A SON NEVEU.
me ferait, en représentant cette affaire comme
A Paris, ce 5 août 1697.
une affaire qui m'est personnelle. Au reste, vous
J'ai reçu vos deux lettres; l'une, par
le cour- pouvez dire que je n'ai et que je n'ai jamais eu
rier de M. de Janson; l'autre, de
le cardinal aucun démêlé particulier avec JL de Cambrai,
date antérieure, par l'ordinaire du 16 juillet. à qui j'aifait en tout temps toutes sortes de plai-
La joie qu'on a eue ici de la promotion des sirs, dont j'ai tout le monde et le roi même pour
cardinaux a été très-grande. On a vu la bonne témoins. Gardez pourtant toujours beaucoup de
volonté du Pape pour la Fiance, qui a beaucoup modération sur ce point.
réjoui; et la pcr.sonne de M. le cardinal de Cois- Notre Déclaration sur le livi-e de M. de Cam-

lin étant fort aimée, on eût dit, .selon l'ex-


'
brai est arrêtée elle sera signée demain, et
:

pression de M. de Noyon, que tout le monde donnée à M. le nonce pour Home c'est un té- :

avait été fait cardinal. M. Noblet m'a vu ce ma- moignage au Pape de notre doctrine. Les trois
lin; j'ai été longtemps avec lui. Selon ce que je évêques n'ont pu l'aire autre chose tout le clergé :

vois, cette lettre ne trouvera plus son patron ' à se serait tâché, s'ils s'étaient portés pour accu-
Rome. sateurs de M. de Cambrai. En effet, poui(iuoi
M. l'arclievéquc de Cambrai, après avoir re- M. de Paris, M. de Chartres et moi serions nous
fusé tous les |)artis où a\. de Paris avait tâché plutôt ses accusateurs que les autres évêques?
(le le porter pendant trois mois, pour le tirer Ce qui nous donne droit d'agir, c'est que M. de
d'aflaire, a eu ordn; d(> retirer dans son dio- .'ic Cambrai nous ayant appelés en témoignage dans
cèse il partit samedi, lia fait auparavant, entre
: lii préface de son livre, on nous regarderait avec

les mains de M. le nonce, un a:;te, dont je ne sais raison comme


les fauteurs et les garants de ses
pas encore le contenu. Il proteste en général de erreurs, nous restions dans le silence mais
si :

nullité de tout ce qu'on peut faire contre lui, aussi nous ne pouvons aller au delà d'une dé-
claration de nos scntimenls. Le roi a suppléé à
' Piorro du Cambout d* Caislin, né à Paris on 10.16, nommi •'vt-
tout en demandant un Pape un jugeiiiciil. Je
qiic d'Orli niiH en ICOO, fut fait cardiiinl lo 2Ï Juiliot IC'JT. 11 moimit
Ir 5 frviiiT 170<; (ICdil. Je l',rt.) vous enverrai notre Déclaration par le pinchaiii
' 1- rni'l.ii;.! .1.- .Iuiiwmi.
' 1-'lli< .nu trouva ci.dossiiR, pn^'. U rt fiiiiv

IJ. l'oM. VL 2a
8^1 LETTRES HEI.ATIVES

ordinaire : je joindrai de temps en lenips d'au- explications, sur lesquelles vous rere^TCz bientôt
tres nit'inoires. Kiilcndez bien la iiroct'dure. un Mémoire fort instructif. Il se fonde beaucoup
M"" de .Mainicnon m'écrit qu'il faut que vous sur saint François de Sales. Outre ce que vous
et M. riielippcaux sou-/ alliiilirs. Il faut parler en verrez dans mon vous recevrez aussi
livre,
avec moiléiation, eommej'ai marqué par mes un Mémoire où il sera démontré
qu'il en a tron-
précédentes. qué, altéré, et pris à contre-sens huit ou dix
J'attendrai l'écrit que vous me promettez de pas.sages capitaux.
M. IMielippeaux '. Je crains que la tète du F»apc J'ai parlé de vous faire demeurer h Rome

ne soit pas fort bomie. J'étudierai la matière avec M. Pheli|ipeaux le roi l'a fort approuvé,
:

avec toute dont je suis capable.


l'application aussi bien que M'" de Maiiiteiion. Vous tour-
M. le nonce est bien disposé pour moi, cl fort nerez la lettre que vuus m'écrirez à ce sujet, de
déclaré contre M. de Cambrai. Il n'est pas con- manière que je puisse la faire voir h Sa Ma-
tent du cardinal de Kouillon, croyant être car- jesté; et cependant vous saurez bien me dire à
dinal plus tut que celui de son [)ays2. part ce qu'il fauilra. M. de Reims, M. de Paris
Nous nous portons bien. M. Noblet m'a dit et M. de Chartres .seront de notre secret. Parlez
mille biens de M. l'iielippeaux et je lui ai dit ;
toujours sobrement .sur M. de Cambrai, et prêtez
qu'il m'en avait écrit beaucoup de lui, et vous l'oreille à tout ce qu'on dira, il se flatte que la
aussi. cour de Rome lui sera favorable. Vous devez
On vous enverra quatre exemplaires de la avoir reçu les lettres que vous souhaitiez pour
seconde édition de mon livre par le prochain cardinaux '.
les trois
ordinaire /linsi, avec six et luiil des deux en-
: L'abbé de Chanterac, gi'and vicaire de M. de
vois précédents, vous en aurez dix-huit. Cambrai, doit aller à Rome 2. 11 est accompagné
LETTRE CXXXIX. d'une autre personne dont je ne sais pas le
nom 3.
BOSSUET A SON NEVEU.
Je reçois en ce moment votre lettre du 3. Je
A Paris, ce 12 août 1697.
suis Itien aise que vous ajez reçu les lettres pour
Aujourd'hui enfin partira la Déclaration dn les trois cardinaux.
trois évéïpies prenez-en bien l'esprit. M. le
:
Le nonce de ce qu'il n'est point car-
est f;khé
nonce écrit tout ce qu'ilfaul pour y faire entrer dinal; il premier chapeau. U est fort
espère le
la cour de Home. bien en cette cour, et il se comporte au mieux
M. de Caiid)rai a répandu une lettre^sursa au sujet de M. de Cambrai. Il y a eu une au-
retraite forcée, qui lui prépare des apologies et dience au sujet des promotions. Vous aurez soin
des évasions. Il ne .songe qu'îi se donner un air de ueclere causas sur votre séjour à Rome, sans
plaintif, et à se faire regarder comme un lioinmc déclarer le véritable motif. Déliez- vous beaucoup
opprimé. Vous ne manquerez pas de bien re- de M. le c^udinal de Rouillon, et prévenez M.
maniuer les excuses qu'il se i)ré|)are, si on le Pheli|ipeaux sur cet article.
condamne en général si même l'on désigne les:
Les Jt'suiles ont fait soutenir ici quatre thèses,
propositions en particulier, il se sau\era i)ar et font fort valoir le pur amuur : je crois qu'on
le sens, et il menace de souscription avec res-
leur parlera.
triclion.
Nos articles et nos sensures, dont il est parlé
Tout le monde
trouve ces matières étranges, dans notre Déclaration sont, comme vous savez,
et prépaiatoires au schisme. L'auteuren témoi-
h la lin de mon livre sur les états d'oraison.
gne toutes les dispositions; et rien ne l'en sau-
vera que de se voir, comme il sera, entière- LETTRE CXL.
ment destitué de sectateurs. Il met toute sa H. l'archkvéuue de cahbhai a in ami *.
confiance dans le cardinal de IJoiiillori et dans Ce 3 août 1697.
les Jésiutes, dans ses airs olainlifs, et dans ses Ne soyez point en peine de moi. Monsieur :

' Cotaient dci remarques sur 1* Uti» d« M. do C«mbr»i, qu 11 de mon livre va à Rome. Si je niesuis
l'alTaire
•nToya dam la nuits à UjMuet.
' M. Delptiini, uonco en France, qui devint cardinal en 1C99 trompé, rautoiilé du Saint-Siège me détrom-
croyait atoir «ujet de te plaindre du cardinal de Uoulllon,
qui, se^ pera et c'est ce que je cherche avec un cœur
;
Ion lui, naTalt paa ai«c» fortement «ollirité a* promotion.
Il pré-
tendait qu ayant témoigné dcpui» le commencement do sa
noncia-
ture beaucoup d attachement pour la France le cardinal de
Uoull- Ces trois cardinaux sont Catanate, Noris ot d'AguIrre Bosnwt
lon ne deTait paa aoullrir que la chapeau qu'il pensait
m*rlt«r fût 4talt la relationarec eux, mais la plupart des letim qu'il leur écri»
donné* M. Grlmanl. vénitien comme lui, et que le cardinal de Tait nnui manquent, et nos recherches ni nos iollicitaiians n'ont pa
BduiIIuu raTorlsait, quoiqu II fOt entièrement dani les intéii/ii
do nons les procurer.
reniperciir, et ennemi de la France, l.e Cardinal Grimul
fut d»- ' Il y arriTa la 13 teptembr* 1697.
|iun> ïico-iol de Napicr.
> C'et.iit unrccl^slaktique nommé La Trenpcri*.
» »<•,. celte lettre i la suite de cdlc-u. * M. te duc de Ikauvllliera
A L'AFFAmE DU QUIÉTISME. 355

docile et soumis : si je me suis mal expliqué, on tion, n'étant qu'habituel et point invariable.
réformera mes expressions si la malière paraît : Dieu sait que jamais voulu enseigner
je n'ai
mériter une explication plus étendue, je la ferai rien qui passe ces bornes. C'est pourquoi j'ai
avec joie par des additions si mon livre n'ex- : dit, en parlant du pur amour, qui est la charité

prime qu'une doctrine pure, j'aurai la conso- en tant qu'elle anime et commande toutes les
lation de savoir précisément ce qu'on doit croire, autres vertus dislinctes : Quiconque n'admetnen
et ce qu'on doit rejeter. Dans ce cas môme, je au delà, est dans
bornes de la tradition : qui-
les

ne laisserais pas de faire tontes les additions qui, conque passse cette borne, est déjà égaré '.
sans affaiblir la vérité, pourraient éclaircir et édi- Je ne crois pas qu'il y ait aucun danger que

fier les lectears les plus faciles à s'alarmer. Mais le Saint-Siège condamne jamais une doctrine
enfin. Monsieur, Pape condamne mon livre,
si le si autorisée pnr les Pères, |!ar les écoles de théo-
je serai, s'il premier à le con-
plait à Dieu, le logie, et par tant de grands saints quel'EgUse ro-
damner, et à faire un mandement pour en dé- maine a canonisés, t'our les expressions de mon
fendre la lecture dans le diocèse de Cambrai. Je livre, si elles peuvent nuire à la vérité faute
demanderai seulementauPapequ'il ailla bonté d'être correctes, je les abandonne au jugement
de me marquer précisément les endroits qu'il con- de mon
supérieur et je serais bien fâché de
;

damne, et les sens sur lesquels porte sa condam- troubler la paix de l'Eglise, s'il ne s'agissait que
nation; afin que ma souscription soit sans res- de l'intérêt de ma personne et de mon livre.
triction, et que je ne coure aucun risque de dé- Voilà mes
sentiments. Monsieur. Je pars pour
fendre ni d'excuser, ni de tolérer le sens con- Cambrai, ayant sacrifié ù Dieu tout ce que je
damné. Avec Dieu me
ces dispositions que puis lui sacrifier là-dessus. Souffrez que je vous
donne, je suis en paix, et je n'ai qu'à attendre exhorte à entrer dans le même esprit. Je n'ai
la décision de mon supérieur, en qui je recon- rien ménagé d'humain et de temporel pour la
nais l'autorité de Jésus-Christ. Il ne faut défen- docti'ine que j'ai crue véritable. Je ne laisse
dre l'amour désintéressé qu'avec un sincère dé- ignorer au Pape aucune des raisons qui peuvent
sintéressement. Il ne s'agit pas ici du point appuyer cette doctrine. En voilà assez c'est à :

d'honneur, ni de l'opinion du monde, ni de Dieu à faire le reste, si c'est sa cause que j'ai
l'humiliation profonde que la nature doit crain- défendue. Ne regardons ni l'intention des hom-
dre d'un mauvais succès. J'agis, ce me semble, mes, ni leurs procédés c'est Dieu seul qu'il
:

avec droiture je crains autant d'être présomp-


; faut voir en tout ceci. Soyons les enfants de la
tueux et retenu par une mauvaise honte, que paix, et la paix reposera sur nous; elle sera
d'être faible, politi(iue et timide dans la défense amère, mais elle n'en sera que plus pure. Ne
de la vérité. Si le Pape me condanme, je serai gâtons pas les intentions droites par aucun entê-
détrompé, et par là le vaincu aura tout le véri- tement, par aucune chaleur, par aucune indus-
table fruit de la victoire Victoria cedet victo,
: triehumaine, par aucun empressement naturel
dit saint Augustin. Si au contraire le Papenecon- pour nous justifier. Rendons sinqilement compte
daume point ma doctrine, je tacherai par mon de notre bonne foi laissons-nous corriger, si
;

silence et par mon respect, d'apaiser ceux d'en- nous en avons besoin, et souffrons la correction,
tre mes confrères dont le zèle s'est animé con- quaiul même nous ne la mériterions pas.
tre moi en m'imputant une doctrine dont je Pour vous, Monsieur, vous ne devez avoir en
n'ai pas moins d'horreur qu'eux, et que j'ai tou- pailageque le silence, la soumission et la prière.
jours détestée. Peut-être me rendront-ils justice, Priez pour moi dans un si pressant besoin priez ;

en voyant ma bonne foi. pour l'Eglise, qui soullredeces scandales; priez


Je ne veux que deux choses, qui composent pour ceux qui agissent contre moi, afin que l'es-
ma doctrine la première, c'est que la cliarité
:
prit de grâce soit en eux pour me détromper, si
est un amour de Dieu poiu' lui-inènie, imlépen- je me trompe, ou pour me faire justice, si je ne
danunentdu molitde la béatilude (ju'on trouve suis pas dans l'erreur priez pour l'intérêt de
;

en lui la seconde est (juc dans la vie des âmes les


; l'oraison nuMue, (pu est en péril et qui a besoin
plus parfaites, c'est la ciiariléqui prévient lonles d'êhe justifiée. La perfeclion est deveiuie sus-
les autres vertus, anime et (|ui en com-
qui les pecte; il n'en fallait pas tant pour en éloigner
mande les actes, pom- les rapporter à .sa fin : les Chrétiens hUhes et pleins d'eux-mêmes. L'a-
en sorte que le juste de cet état exerce alors mour désintéressé parait une source d'illusion
d'ordinaire l'espérance et toutes les aidres ver- ctd'inipiélé abominable. Onaccoulume les Chré-
tus avec tout le désinléressenu'ut de la charité tiens, sous prétexte de sùrelc et de précaution,
juème (pii en commande l'exercice. Je dis d'or- à ne chercher Dieu (|ue par le motif de leur
dinaire, parce que cet état n'est pas suis excep-
ÀlujUmcJ du Samli, ATcrliisoucul.
3sr. LETTRES RELATIVES

bt^alilndo cl par iiitéi(^t pour cux-iiiùincs ou ;


Articles délibérés à hsy, il proteste qu'il s'en
dt^fcnd aux Ames les plus .ivaiici'os de servir tient à cette doctrine. Il se plaint ((u'oti lui a re-

Dieu par le pur inolif par lequel ou avait jus- fusé la libertéde .s'expliquer, proteste de sa sou-
qu'ici souliaiir- que les pécheurs revinssent de mi.ssion en termes fort simples et forts clairs,
leur ('•garruieut, je veux dire la boulé de Dieu est prêt i'i soutenir devant le l'ape qu'il n'a rien
infiniment aimable. Je sais (ju'on abuse du pur ditde contraire aux Articles d'hsi/ : s'W n'a pas
amour et de l'abandiiu. Je sais que des liypiuri- envoyé .son livre lalin, c'est que le roi lui a té-
tes, sous de si beaux noms, renversent l'Kvan- moi^'iié qu'il valait mieux traiter h l'amiable :

gilc mais le pur amour n'en est jtas moins la per-


:
qu'il aurait été à Kome si le roi l'avait voulu
fection du christianisme; et le pire de tous les permcllre. Il supplie .M. le nonce de garder l'o-

remèdes est de vouloir détruire les choses par- ri^jinal de protestation, et d'en envoyer une
faites, pour empêcher (ju'on n'eu abuse. Dieu y copie au l'ape.
saura mieux pounoir que les honuucs lliuni- On lui a si peu refusé de s'expliquer, que
lions-nous, taisons-nous; au lieu déraisonner nous avons, en seize gros cahiers, ses explica-
sur l'oraison, songeons à la faire. C'est en la tions. Elles ne sont ni bonnes en elles-mêmes,
ni conlormes au texte il répond sur la plupart
faisant que nous la défendrons; c'est dans le si- ;

lence que sera notre force. des difficultés qu'on lui a faites, et ce n'est
Va. archevêque, duc de Cambrai. qu'illusion. Il ne manquera pas de les ajuster,
et même d'en envoyer d'autres à quoi il faut :

LETTRE CXLL dra être attentif, aussi bien qu'à son Ordon-
BOSSUET A SON NEVEU. nance ou lettre pastorale explicatoire, qu'on dit
A Germigny, ce 18 août 1697. toujours qu'il prépare et (pi'il pourra bien en-
voyer à Ilome sans la publier sur les lieux.
reçn votre lettre du 30 jnillet. Vons au-
J'ai
il y a une affectation à m'altaipier seul, pen-
rez reçu présent mes lettres aux trois cardi-
l'i

dant (pienous sommes trois. 11 faut que vous


naux. Je fais réponse au cardmal de Bouillon
liarliez avec beaucoup de modér;ition, de peur
sur le compliment qu'il m'a fait comme con-
de ilonner lieu à ce qu'il dit contre moi comme
seiller d'Etat.
sa partie et je vous prie de bien avertir de
:

11 n'y a rien de nouveau sur M. de Cambrai,


ceci M. l'helippcaux.
sinon que .sa lettre, qu'on a ré[)andiic avec tant
Assurez bien de mes respects très-particuliers
de soin, soidève tout le monde autant que le
M. le cardinal Casanate.
livre. Je vous envoie à toutes lins une réiionse
que j'y ai laite comme sous le nom d'un tiers '. LE'ITEKA CXLII.
Je ne sais encoie quel iisai^e j'en ferai ici mais ;
IL CARDINALE d'aGUUUIK AL SIGNOR VESCOVO
par l'ordinaire prochain vous recevrez une in- BOSSUET.
struction latine' très-importante, avec des let- Roma, 10 aposla 1697.
tres pour cardinaux à <|ui vousla|)our-
t|Mel(pies
signor abbale Hossuet, nepotc dcgnissiino di
II
rez présenter. Vous aurez reçu, av;mt celle let-
Nostra Signoria illuslrissimasi è conqùaciuto li
tre, lesdouzecxemi)lairesde mon livre que vous
giorni pa.ssati di felicilare le mie brame, con
souhaitez.
porgcrmi sicure nuove prospéra c perfetta d(>lla
Le cardinal Pelrucci-'' est nu pauvre acteur.
sainte di Vosira Signoiia illuslrissima tanto ne.
Je suis étonné de la nellelé avec laquelle il vous
cessaria alla Chicsji di Dio, la (juale ella non
n parlé : j'aimerais mieux (|ue l'allaire fût plus
cessa sempre mai con le sue
di i)iu illustrare
sceièle. Portez-vous bien. Je continuerai à vous
degnissimc opère, conforme ho avulo l'onorc
/•erire h Itoine, parce que je suppose que mes di vedere in que.sta ullima sua, che il medcmo
lettres V(tus arrèleront.
signor abbale .si è degnalo prescntarini, tlel
J'ai vu entre les mains de M. le nonce une
Vliistruzionc supra li stati dcll' oroiioiie conira
profrslalion en Français, de la main deéciile
la setlii tlel benche non abbia po-
(piielismo ; e
M. de (^imbiai, où il commence par dire qu'un
tiito leggerlo inlieramente, alieso il poco tempo
évéque l'ayant accusé d'avoir contrevenu aux
che mi permetlono le mie moite oecupiizioni,
nulladimeno ho avuto la consolazionc ili poler
' La Ri'l'onc do IloimiFt fut lntprini<''« tous et titre : li^pniut à

unt Ullit dr M. i'a'chtrf'iut de Cambrai. Noui rovoM donnée au far giiidizio dalli primidiie libri, quello ehe sarft
Toltimi ï.rffôdent,
lutto il resto dell'opera, colm.i di erudizionc e
>Cctl« piica oit Intitulée Symma dictrina HMati liltilus • Ex- :

plication des MaximoH dot Saints. Kilo cat Imprimée en latin et pieta, veramenle in lulo degiia e [iropria délia
en rr>ii;ais, au tnme T. siia grau virlù. Uiianto bramerei |iolergli signi-
>Ce canliu.il avait ilé disciple do Molinoi. li en .sera parli plu-
tiaufb lois dans la suila. ficare il viva voce i miei sensi délia stima cosi
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 357

partîcolare, che conscrvo al suo merito, di che faite M. de Meaux vous prie de ne point don-
:

pno farne qualche testimonianza il sud. signor ner copie de cette dernière, ni d'en dire l'au-
ahbate, à cui ebbi jeri l'onore di condurre meco teur. L'opiniâtreté est aussi grande qu'elle peut
in carozza, per ainmii'are nella conversazione être de part de M. de Cambrai. Non-seule-
la
in suo gran talento e virtù, degno seguace e ne- ment M. l'archevêque de Paris n'y a rien gagné;
pote di un tanto prelato, corne Vostra Signoria ni M. l'évêque de Chartres, ni plusieurs qui
illustrissima, alla quale rassegnando, con l'in- s'en sont mêlés; mais il persiste avec hauteur
tinio deli' animoi niiei plu fervorosi rispetli, che dans son sentiment, quoique M. le nonce lui ait
desidero vengano esercilati dalla di Ici genti- dit que s'il ne satisfaisait pas les évêques de
lezza con in favore di molli suoi preglatissimi France, très-certainement il sera condamné à
commandi, resto con baciaie a Vostra Signoria Rome. M. de Paris doit écrire sur cette affaire;
illustrissima le mani. et M. de Meaux attend ce qu'il aura donné au

LETTRE public pour faire imprimer le Mémoire qu'il a


CXLIII.
fait donner à M. de Cambrai sur cette affaire;
BOSSUET A M. DE RANGÉ.
dans lequel relève quarante-huit propositions
il
A Gemiigny, le 22 août 1697.
toutes hérétiques, erronées ou tendantes à l'hé-
M. l'abbé Berrier me donne la joie, Monsieur, résie, qu'il a extraites du livre de cet arche-
de ra'apprendre que votre santé se soutient et , vêque.
que votre vivacité pour la saine doctrine ne Pour ce qui vous regarde, c'est M . le nonce
diminue pas. On a bien politique sur vos lettres ; qui a envoyé vos lettres au Pape, et elles sont
mais après tout, qui peut trouver à redire que publiques à Rome comme à Paris. On a voulu
vous ayez écrit votre sentiment à un ami ? Ce dire engrande assemblée, et en présence de M.
serait en tout cas à moi qu'il se faudrait prendre de Meaux, que c'était M. aiaisme qui en avait
du recours qu'ont eu vos deux lettres. Mais je donné copie il l'a justifié, en disant que c'était
:

n'ai jamais eu le dessein de les divulguer et, ; si peu lui, que sur
le bruit de ces lettres vous
après tout , c'est l'effet d'une particulière per- lui en aviez demandé une copie, et qu'ainsi on
mission de Dieu. Oui, Dieu voulait que vous par- ne pouvait vous accuser en rien. Ensuite il dit
Peut-être veut-il encore que vous sou-
lassiez. à ces prélats (M. de Bayeux en était un) que
teniez votre sentiment de raisons. Faites-le puisque M. de Cambrai vantait tant les expé-
Monsieur, si Dieu vous en donne le mouvement, riences comme nécessaires pour juger sur les
et envoyez-moi votre écrit. J'en ferai l'usage que états d'oraison, on ne pouvait rejeter votre sen-
Dieu veut, et je ne cacherai pas !a lumière sous timent, vous qui, outre une science profonde,
le boisseau. Si une lettre de M. de Cambrai, qui avez l'expérience de tant de saints que vous avez
a couru dans le monde sur sa retraite, vient à conduits pendant plus de trente années. Je crois
vous, vous y sentirez sans doute, aussi bien que qu'il vous mande qu'il approuve fort que vous
moi, un très-mauvais caractère ; mais Dieu y écriviez sur celle matière mais il m'a dit de
:

mettra la main, et j'espère qu'à cette occasion la vous mander de lui moidrer ce que vous aurez
fausse spiritualité sera découverte. Je suis à vous, écrit avant de le (aire voir, parce qu'il y a des
Monsiem", de tout mon cœur. faits que vous ne pouvez bien savoir par le pu-
Rien ne m'empêchera, s'il plaît h Dieu , de blic, sur lesquels il vous avertirait. Il fera ce
vous aller voir que la conjoncture des affaires.
, qu'il pourra pour vous aller voir; ce qui me
Si j'ai huit jours de ii!)res, je ne manquerai pas parait incertain, parce qu'il ne veut pas s'écar-
d'en profiter, et je l'espèie. ter à cause du mouvement présent où sont les

LETTRE CXLIV. choses. Quand j'aurai l'honneur de vous voir, je


vous dirai le reste des circonstances de cctto
l'abbé beuuiek a m. ue rangé.
affaire. M. de Candjrai n'a pas un évêque qui
A Torcy, ce 23 août 1697.
soit déclaré pour lui mais le parti est fort dans
;

Voici, Monsieur, une de M. l'évêque de


lettre les autres élals, soit à la cour, soit ;\ la ville;
M. de Meaux; je crois qu'il vaus parle des affai- c'i'st ce public qu'il faut à présent détromper.
res présentes. Je lui ai dit ce que M. Roilcau Je vais chez M. l'archevêque de Paris si j'ap :

m'avait engagé de vousdiio; sur quoi il m'a ré- prends quehjue chose de plus sur cotte aflairc,
tondu que depuis la lettre que M. de Cambrai je l'ajouterai à cette lettre avant que de l'en-
^ donnée au pul)lic sous le nom d'im atiii,
il n'y voyer à la poste. Je suis avec tout rallacheuient
avait plus guère de méuagcMueuls à garder, et possible, et en quoi que ce soit, Monsieur, plus
(juedepuis celle lettre il ciiangeait de manière à vous que personne du monde.
de parler. La voici avec une réponse qui y a été L'abbé Berrier.
3ô8 LETTRES RELATIVES

Je ne vis liier M. rarclipvèf|ue de Paris


qu'un quez bien qu'une des illusions qu'on vent faire
inomciil j'arrivai à Coiillans coiiunc il allait
:
à la vérité, c'est de tourner cette qiieslioii en

inuntcr en carossc pi)ur aller à l'aris y chauler pure question d'école et c'esl pourquoi je m'at-
;

le Te Di'um pour la prise tic Barcelone; mais tache, comme vous verrez, à démêler ce qui est

je lus (juehiue lemps avec M. l'abbé de Beau- d'opinion dont on dispute, et ce qui e.st de la foi
fort, qui lui prcseiil à toutes les conléreuces de où l'on esl d'accord, liciiilez-vous atlentil, vous
M. rarcbe\i}(iue de l'aris avec M. de Cambrai. 11 et M. Phelippeaux, à ce point, qui est capital en

me dit «pie celui-ci eu avait très- mal usé avec cette affaire.

M. de Paris, pour ne pas dire qu'ilTavail mal- Il importe aussi beaucoup de bien établir que,
traité; que le p.irli était fort (pic l'iiiiversilé de ;
qiiahd les explications de .M de Cambrai seraient .

Louvaiii était divisée; (pi'il j avait des évè(pies bonnes en elles-mêmes, ce qui n'est pas, c'est

eu Krance (pii M'usaicul parler, mais qui, dans le livre (pii fera le mal, et c'csl le livre qu'il

le loiid, étaient pour M. de Cambrai; enliu,j'ai faut juger.

bien vu ipie l'on se repeiit pies(|ue de la con- J ajoute au Mémoire latin un Mémoire fran-
deseeiidaiicc <pie l'on a eue pour lui, ne s'élant (;ais', sur saint Franc.ois de Sales, parce que
servi de ce lemps que pour i^rossir son parti. ro|iinioii qu'on aurait ipie ce saint serait iiii-

M. l'arclievéque de l'aris est resté enferme à pli(pié dans cette cause retiendrait avec raison;

Conflans toute cette .semaine, et je crois que (.'a au lieu qu'en voyant (pie M. de Cambrai en abuse
été pour écrire sur cette alTaire, dont à présent justpi'à l'excès, ce que ce Mémoire fait paraître,

on va presser le jugement à Bome. Je lui ai dit cela donne de la confiance, et même une jiislc

une partie de ce (jue vous m'avez dit, lorscpu- indignation contre celui qui abuse de l'autorité
j'ai eu l'Iionneur de vous voir. Vos senlimenls de ce sailli.

plaisent à tous les gens de bien, et d'autant i)lus Au une lettre qu'on
surplus, je joins encore
aux que M. de Cambrai objectant tou-
prélats, |)ublie sous le nom
de M. l'abbé de Chanterac',
jours les expériences, on lui objecte les vôtres, parent et grand vicaire de M. de Cambrai. Celle
sans doute |)lus exactes aussi bien que plus éle- lettre, avec celle de M. de Cambrai, (pie vous

vées que les siennes, soit par rapjjorl à vous, devez avoir reçue, fait coniiaiti c le caractère de
soit par rapport au grand nombre de saints reli- ces esprits. Obsencz princi[>alemenl, après les
gieux que vous conduisez de|)uis si longtemps. grandes louangesqu'on donne à .M. de Cambrai,
Ainsi ce (pic vous écrirez leur fera un aussi en le représentant comme un saint, et comme
grand plaisir, qu'il sera de grand poids. un esprit au-dessus des autres, de (jiielle sorle
on conclut, cl de ipielle manière on allecte de le
LETTRE CXLV. relever, en i>ailaiit de lui comme lcsa|)Otrcs ont
BOSSUET A SON Nt:VEU. parlé de Notre-Seigneiir.
A Juilly, et 26 août 1697.
On de tout cela pour in-
se servira peut-être
reçu votre lettre du 2(> juillet. Je vous en-
J'ai timider cour de B(une; et je sais en particu-
la
voie ce (pie je vous avais promis par l'ordiiiaiie lier (pie c'est l'esprit de M. le cardinal de Bouil-
précédenl. Il a fallu joindrecet éclaiicissemeul ', lon; mais il n'y a rien à craindre le livre ne :

et cette conlirmation à notre Dcclaratioii, qui trouvera ici aucun approbateur dès la première :

devait être plus .sonimaire ; et y ajouter ce (Uii apparence de condamnation, le prélat demeu-
regardait on M. de Cambrai voulait inelire
l'iiat
rera abandonné, et n'osera souffler hii-même.
|a (jiiestion et (pielqiic clio.se en général sur ses La cour esl ferme pour la vérité, et ne sera point
explications (pie nous avons enlrc les mains, ébranlée.
mais auxquelles nous ne savons pas s'il veut se Il est vrai que les Jésuites remuent beaucoup
tenir. ici, et remueront .siins doute à Rome mais leur ;

Je ne de vous en-
laisserai pas h tout liasard pouvoir esl petit. Us atVecteut de soutenir (le^
voyer qiiebpies remanpiesî sur cet ouvrage, thès(\s amour, (jui ne font rien dan
sur le |»ur
pour vous seulement, aliii ipie vous vous en ser- le fond, mais (pii donnent néanmoins dans la
viez dans le besoin. conjoncture un air d'approbation la doctrine il

La pièce latine est fort imporlante. Hemar- suspecte. On fera ici ce (ju'il faudra.
• Cul-A.dirc, U auHiM docUiiUÊ, «U., «t Ik UtUt d'un dotltur N'oubliez pas, par parenthèse, d'écrire an P.
'

•te.
de la Chaise sur la mort de M. le comte delà
' Ca ramtrquci, (|Ug BoMutl trait d'abord rnttet par acn nartu
*«ul, forant antuile rcfun lues par l'autour, cl donnéai au pulillc C«t «cril fut publia dana le temps sou» ce litre : Troinim» Mril
'

tout is titra Ltt paitnçtt


: rcLiirrit, ru Iliponnt au lirrr tntilulé : eu Uémoirt dt M. rM^uê dt Utaux, lur In pauafti il faut
Lts p. 'ncipaUs l'rnpotilioni du ttVTt dfê Masimit du laintt, ju$- Fraoç-iidf Sttttt.
tifictM pardu uprutiont flut /oTia dtt iitinli tuituri. Vnir ci-d«s- > Cette lettre itail adtesM^ À Mme de Ponlbac. BoMuct en pari*

to., 423 ot suIt. encore dans ton Second Bcnl, a. 33.


A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 359

Chaise son frère, et sur la charge donnée à son sion, comme avec un homme de condition,
neveu, avec cent mille écus de retenue ce que ; sans faire de votre côté aucune avance, puis*
le roi a fait avec toute sorte de démonstra- qu'il vous est inconnu.
tion d'estime et de considération pour ce Père. Pour cardinal Peh'ucci, c'est un homme
le
Tenez pour certain qu'il n'en sera pas pour qu'on n'a aucune obligation de cultiver il ne :

cela plus écouté dans cette affaire. faut ni le mépriser, nien faire cas.
Pour entrer un peu dans le fond de ce qu'on Vous serez plus embarrassé avec M. le car-
peut faire, Rome peut prononcer ou par une dinal de Bouillon vous pouvez lui faire con-
:

condamnation générale du livre, ou en quali- fidence de certaines choses, et surtout de celles


fiant des propositions en particulier, ou par qui doivent nécessairement venir à sa connais
un respective, comme dans la bulle d'Innocent sauce. Vous lui aurez sans doute déjà fait re-
XI contre Molinos et cela, ou par un décret de
; marquer que je n'étais pas libre, ni dans la
l'Inquisition, ou par une bulle qu'on nous pour- possibilité de lui rien expliquer sur notre Dé
rail adresser ici. claration, qui ne dépendait point de moi seul,
en ce pays-ci
Cette dernière procédure serait et siu" laquelle j'avais à recevoir la loi.
la plus authentique, par les raisons que vous Il n'en est pas de même de mes Ecrits
savez; mais ce sera aussi celle où la cour de particuliers, sur lesquels vous êtes plus libre :
Rome aura plus de peine à entrer. Ainsi je mais agissez toujours en sorte que vous assuriez
crois qu'il faut tendre d'abord à une condam- les affaires préférablement à tout. Dans la place
nation générale du livre, et de la doctrine qu'il où se trouve M. l'archevêque de Reims, vous
contient, ce qui ne doit point paraître difficile, voyez qu'on est obligé de le mettre dans notre
y ayant tant de proposi lions manifestement con- concert. Vous pouvez croire que je ne fais rien
damnables comme contraires à la foi. Ce pre- sans la participation de la cour.
mier pas en pourra attirer d'autres successive- Au surplus, comme c'est ici l'affaire de Dieu,
ment, selon l'occurrence. où par sa grâce je n'ai en vue que la vérité,
A toutes lins je vous enverrai, par l'ordinaire c'est une affaii'c de prière, de confiance et de
prochain, des qualifications précises sur les pro- piété.
positions marquées dans le dernier écrit ce : Après mon synode, qui sera de jeudi en huit,
sera pour vous seul et pour les intimes confi- je retournerai à la cour : j'irai à Fontainebleau,
dents, selon l'occurrence. et je ne quitterai plus guère.
11 me reste à vous recommander de vous Vous pouvez joindre, si vous le trouvez à

rendre attentif à tout jusqu'aux moindres cho- propos, à la pièce dont je vous envoie la mi-
ses tout est de conséquence en ces matières
: :
nute, une copie plus lisible pour le cardinal
c'est là votre principale fonction. Il n'est plus Spada. Dans la suite, quand il sera à propos,
question de ménager autrement M. de Cam- vous donnerez des copies à MM. les cardinaux
brai, qu'en n'en parlant qu'autant qu'il sera Casanatc, d'Aguirre, Noris, Colloredo, Albano,
nécessaire. Ferrari, Pansiatico, en les assurant de mes res-
Vous aurez, en voyant M. le cardinal Spada, pects particuliers. Il faudra, je crois alors, que
à lui expliquer les motifs des deux écrits que M. le cardinal de Bouillon en ait des premiers :

vous lui rendrez pour les mettre aux pieds du tout est remis à votre prudence. Surtout veil-
Pape, et à me préparer une favorable attention lez à nous envoyer les pièces et explications
sur tout ce que je pourrai envoyer par rapport qu'on donnera.
aux dispositions des esprits. Les Jésuites nous chicanent par leurs thèses
Insinuez, à qui et quand vous le jugerez fi sur le pur amour, non pour éclaircir la ma-
propos, qu'il sera utile, pour préparer la voie tière, comme vous l'entendez bien, mais ex-

à la décision, de faire paraître des r-iits forts, près pour brouiller. Ils en avaient fait une con-
où l'on instruise les peuples de l'importance de tre le Pape, qui disait tout. Ne voulant point de

la chose, en marquant toujours le respect con- bruit, je l'ai empochée on les arrêtera par
:

venable au Saint-Siège, cl l'attente de son ju- d'autres voies.


gement. Surtout il faudra faire voir que ce Vous voyez que j'ai à penser à beaucoup de
n'est point une pointillé de dispute théologi- choses. Je me porte bien.
que, mais qu'il s'agit d'une erreur qui irait,
LETTRE CXLVI.
comme celle de Molinos, qui n'y est que dégui-
sée, Ma subversion du ciillcile Dieu. l'abbé de CIIANTERAf. A .MAIUMK PK l'ONTIIAC.

Vous n'avez rien à faire avec M. l'abbé de Il est vrai, Madame, comme M. de Cundom
Chanlcrac, que d'user de civilité dans l'occa- vous l'a dit, que M. rarche\è(|ne de Cambrai
3iiO LETTRES RELATIVES

rct»! la iioinellcdi' l'oriibrascmcnt de son pa- Les Pères Jésuilesjugcnt bien autrement de ce
lais avec loiiIflatiaïKjuillilL'qu'iiiic vertu solide livre : ils l'approuvent, ils le louent, ils iedi-ten-

et un parfait (lésinléitNSCineiil peiiNont (Idmiut.' dent, et avec eux personnes d'une


toutes les

Il me rt''|i'jutiil sinipleiiienl ià-ilessus (jn'iUaliail piété distinguée. Tous ceux qui l'ont lu en ce
ioujoiirs aimer la volunté do iJieu, et cpie nous pays admirent l'élévalioii et l'étendue du génie
le devions nn'ine lenieicier de ce qu'il avait de l'auteur, la beauté et la félicilé de ses ex-
lait son bon Sa piété est sineère, cl je
plaisir. pressions simples et sublimes, lévidence, la
trois (|u'on ne peut guère trouver une person- précision, la solidité de ses maximes et de sa
ne dont le cœur soit plus rempli des vérités de doctrine, jointes à un mépris .sincère de tout
sa rcli;iion il s'en trouverait encore moins
: son esprit naturel, et une docilité d'enfant à
dont l'esprit soit cajjable de les pénétrer si pro- l'autorité et aux décisions de l'Eglise.

fondément. Peut-être est-ce la seule cause du Voilà, Madame, ce qui a toujours été incom-
grand bruit que son livre a lait à l'aris, et qui patible avec la moindre erreur,
qui fera tou- et

retentit, me dites-vous, ju.scpi'à Bordeaux. Il jours le caractère des saints et des vrais doc-
n'e.st i)as donné à tout le monde de connaître teurs de l'Eglise. Quoique M. de Cambrai dise
les mystères ; et Jésus-Christ parlait bien diiré- des cho.ses liès-relevées, et que peu de person-
rennnenl à ses apôtres, et au reste des trDupes nes soient eapablesde le suivre de prèsdanscettc
qui venaient avec plus de zèle pour entendre sa grande élévation, on comprend bien néanmoins
doctrine. qu'il voit plus clair que les autres les vérités de

Je ne m'étonnerai point que cc,li\Tc ail le mê- la religion qu'il les goûte, qu'il les aime, et
;

me sort que grands saints qui ont


celui des plus que c'est le vrai amour de Dieu qui le fait par-
écrit sur des matières si relevées, si peu à la ler de l'abondance de son cœur.

portée du commun des Chrétiens, et si peu à Nous, Madame, (jui connaissons la vérité dès
l'usage de beaucoup de savants dont le cœur le comuicncement, nous pouvons rendre témoi-

desséché, comme dit sainte Thérèse, par des gnage de ce que nous avons entendu, de ce que
études stériles, ne s'ouvre point à la rosée du nous avons vu, de ce (jue nous touchons au
ciel, et ne se laisse point pénéln-r à l'onction de doigt et ce témoignage est sincère, aussi Lieu
;

Jésus-Christ. Il est vrai, c'est un mal etune trop que l'assurance que je fais ici à M. de Ponthac
grandeprésomption, quêtant de gens, qui n'ont et h vous, que je vous honore toujours, à Cam-
point de science des saints, osent se rendre ju- brai comme à Bordeaux, avec le même res-
ges des mystères les plus cachés de la parlailc pect.
charité: ce n'est pas moi qui dis qu'ils blasphè- G. DE Chamterac.
ment ce qu'ils ignorent. LETTRE CXLVII.
Les écrits de sainte Tliérè.se, du bienheureux BOSSUET A se» NEVEU.
Jean de la Croix et de saint François de Sales A Ccrmigny, ce 2 sept. 1G97.

entêté examinés, d'abord qu'ils ont paru, avec Je vous ai annoncé


réception de vos lettres la
ce zèle amer qui n'est pas selon la science il :
par les courriers extraordinaires. J'ai reçu cel-
semblait même que la multitude allaitprévaloir les du 1:2 et du lo; et depuis, celle du 6 par l'or-
contre eux. Les téméraires conlondaienl
plus dinaire.
nos articles de foi avec les opinions particulières M. l'archevêque de Cambrai, qui avait retiré
deqiielques docteurs scolasliijues et ceux qui ; sa protestation, mise entre les mains de M. le
connaissaient trop la religion pour condaumer nonce, en a remis une autre, sur laipielle je
leurdoclrine, lesaccusaieut du moins de manquer n'en sais pas assez pour vous en mander le dé-
de prudence. Ils ne l'aisaienl sans doute pas as- tail mais elle ne change rien dans la disposi-
;

sez d'attention (|ue la plénitude du Saint-Esprit tion des choses. M. le nonce est venu chez moi,
parait une ivresse aux yeux du monde, et que pour me la montrer: on la donnera au roi, et
la folii-, don! saint l'aid lire toute sa gloire, est je la verrai.
une profonde sagesse devant Dieu. On a nouvelle d'.Vvignon de M. le cardinal de
Il n'est |)as possible, Madame, qu'une per- Janson, ipii sera le fi à Paris.
sonne sans prévention puisse dire que ce livre fa- On qu'on vendra toutes les charges de ia
dit
vorise les (piiètistes. Je vous as.sure qu'il les con- maison de M ""' de Bourgogne, et que celle de
damne avec i>lus de sévérité qu'il ne parait dans premier aumônier sera de cent vingt mille li-
la censure de Rome contre les soixanle-(piatre vres que je ne donnerai pas.
propositions; et vous verrez que ce méchant pré- Je vous envoie mes (pialitications sur les pro-
cxte découvrira bientôt l'injusUce et les motifs positions extraites du livre de M. de Cambrai ;
secrets des premiers auteurs de ce grand éi lai. l'usage eu est marqué dans la |iage suivante.
A L'AFFAIRE DU QUIÊTISME. 361

Vous observerez M***, qui est un homme tement, aux décisions de l'Eglise, ou à la sainte
fort ignorant et non moins impertinent. Le dis- Ecriture. Pour peu ou de
qu'il y ait d'obscurité
cours qu'il a tenu sur les livres de M. de Cam- besoin de raisonner, on s'en tient à la qualifi-
bi'ai et les miens, est le même
que celui que M. cation d'erroné, qu'il faut prendre dans le moin-
de Cambrai répandait pour amuser. On
ici dre doute, plutôt que l'autre, qui demande une
s'en est moqué, et il en faut faire de môme. évidence absolue. Il y a là bien de l'arbitraire
Les lettres de Rome font connaître qu'on etdu dégoût; mais ce qu'il y a de certain, c'est
y sait que le roi a écrit au Pape sur M. de que l'erroné suffit presque toujours en cette
Eambrai. occasion.
Si ce n'était jeudi mon synode, je meren-
LETTRE CXLVIII.
drais à Paris, pour voir M. le cardinal de Janson.
Je n'y serai que lundi. l'abbé PHELIPPEAUX A BOSSUET.
Il faut laisser procéder les députés, pour A Rome, ce 3 sept. 1G9?.

l'examen du livie, comme ils l'entendront, reçu,aionseigneur, votre lettie du 12 août,


J'ai

étant juste qu'ils fassent la loi plutôt que de la par laquelle vous me marquez souhaiter que je
recevoir. reste à Rome dans conjoncture présente j'en
la :

Ce qui sera le plus facile sera une condam- vois assez la nécessité. Il faut se soumettre aux
nation en général, sans rien spécifier ; et après ordres de la Providence; trop heureux si je
cela, une condamnation par un respective, soit puis servir à la défense de la vérité, et vous
à l'Inquisition, soit dans une bulle comme celle marquer en cette occasion mon attachement in-
de Molinos. Il faut seulement représenter à violable à vos intérêts.
quelques personnes affidées, qui sachent le dii'e J'ai reçu votre Déclaration avec une autre ex-
à propos, tant pour le lieu que pour le temps, plication, et la lettre française de M. Cambrai.
que comme c'est à la France qu'on veut pro- J'espère qu'avec ces secours, et les autres que
fiter, il serait à désirer qu'on fit des choses que vous nous faites espérer, on mettra la vérité
la France puisse recevoir directement et sans dans une telle évidence, qu'elle sera reconnue
réserve. de tout le inonde. J'étudie sérieusement la ma-
11bien prendre garde de ne faire en-
faut tière, et je crois que je pourrai dans la suite
ou de difficile. De quel-
visager rien de pénible faire mémoire, dans lequel je donnerai plus
que façon qu'on prononce, M. de Cambrai d'étendue aux articles remarqués dans la Décla-
demeurera seul de son parti, et n'osera ré- ration, et j'en ferai voir la fausseté pai' les prin-
sister. cipes que je tirerai de votre livre. Car il faut
On croit que dont je vous ai en-
ses lettres, nécessairement instruire les examinateurs, et
voyé copie, tendent à faire peur à Rome, et à même les cardinaux, dans des choses si méta-
lui faire craindre de s'engager dans une grande physiques et qu'on ne manquera pas d'embrouil-
affaire. Prenez le contre-pied, et montrez que, ler et de déguiser autant qu'on le pourra. 11 sera
quoi qu'on fasse, il n'y a rien à craindre d'un bon de m'envoyer quelque explication sur le
honune qui ne peut rien. Il est regardé dans trente-troisième Article, où l'on prélondra trou-
son diocèse comme un hérétique ; et dès qu'on ver la même doctrine que dans M. de Cambrai ;
verra quelque chose de Rome, dans Cambrai 20 sur l'essence de la charité, pour ne tomber
surtout et dans les Pays-Ras, tout sera soulevé pasdansla question purement scolastique; 3» sur
contre lui. ce qu'il dit qu'il n'exclut pas l'amour et le désir
Quoique je présume bien qu'on aura peine à de la félicité comme volonté de Dieu, mais seu-
entrer dans les qualifications particulières, et lement comme bonheur de l'homme; en quoi
qu'on ne jugera pas le démêlé assez imporlant il s'appuiera sur votre livre. Je sais ce que vous

pour demander une bulle, j'envoie cependant y répondrez; mais je crois qu'il faut bien expli-
mes qualifications •, qui vous serviront, en quer ces trois choses. Je tâcherai de profiler de
tout cas, d'instruction, ainsi qu'à M. Phclip- vos lumières, et n'épargnerai rien pour laire
peaux. triompher la vérité. Je ne doute guère du suc-
La difiérence d'hérétique
et d'erroné ne vous cès, (|iu'lque cfl'ort qu'on fasse de la part de M.
est pas inconnue. Iléroli(iue est ce qui est con- de Cambrai.
traire expressément, en termes clairs et dircc- Je vous ai mandé dans ma dernière, que je ne

Nous n'tvoni point ces qualillcatlons. On a pout-étro nigllgj


croyais pas que M*** fût député de M. de Cam-
do les conserver,parce qu'elles se retrouvent, quant ou l'ond, duns brai je le crois pourtant à présent, par les dis-
:

lea ouvrage» donnéi par Uosauot&ur celte controvorio. Voiy. en par-


cours qu'il lient; et vous verrez par là quoi
ticulier l'ouvrage Inlituié Premier licrii, qui fut remis à l'arclievé-
i)ue do Cambrai par M. do Paris, l« 16 Juillet 1697. (hiit. d* Parii.J fond vous devez luire sui" dos Gascons, quoiqu'ils
nfi? LETTRES RELATIVES.

^oiis nionl de grandes oblipalions. Il tient le sonne et pour le Saint-Sièffe. Cette lettre a pro-
nie me iMiigant"'!'"^ les Jésuites, entre a litres le duit d'abord tout le bon effet qu'on en pouvait

1'. (icntel, Français cl pénitencier de Saint- attendre elle a avance l'examen de l'aflaire de
:

Pierre, qui dit (|uc le livre de iM.de Cambrai plus de six mois. Vous savez quels sont les sept
est admirable qu'il aura la
;
fortune des bons examinateurs nommes. Le Pape leur a parlé
livres, (|uisontconibaltus dans les conimencc- à tous, leur recommandant de ne rien faire et
ments, mais qui, victorieux dans la suite, de- de ne rien dire qui |n"it les rendre suspects il ;

viennent m mortels dans la postérité; discours


i les a exhortés à la diligence, leur déclarant
que la cabale et la flatterie font dire aux par- qu'ilvoiilaitjuger cette affaire <?j'ca//ie<//-a,c'esl
tisans du livre, mais qui se trouveront f.1ux. son expression, et répondre aux bonnes inten-
Le cardinal de Bouillon est toujours indis- On ne se conten-
tions et au zèle de Sa .Majesté.
posé. On lui a fortement remontré (|ue le livre tera pas de condamner le livre en général, si
de M. de Cambrai ne valait rien, et qu'il ne de- on le trouve condamnable on condamnera :

vait pas se mêler, pour son lionneur, de cette les propositions particulières qu'on extraira.
affaire et on m'a assuré que ces discours
;
La Dcclaration des trois cvêqiies éclaircira
avaient bien ralenti son ardeur. beaucou|) celte manière, fort obscure parelle-
Il vient ici plusieurs Jésuites de Flandre, mèmeelencore plusembrouilléedans le livre

entre autres le confesseur de l'arclievèque dont il est question. C'était ce qui faisait le
de Malines, et un autre pour défendre Pape- plus de peine aux cardinaux et aux examina-
brock, dont on examine quebiues œuvres qui, teurs mais on y a bien pourvu. Celle Décla-
;

selon la relation des examinateurs, pourront ration est nette, précise et courte elle donne :

bien être condamnées. l'idée du livre, en découvre le venin caché,

Je doute fort i|ue le livre du P. Dez passe. par cette suite de proi)ositions qui font voir
J'en ai demandé des nouvelles à une personne tout l'esprit du livre, et elle produira un très-
qui pouvait m'en dire sûrement, et elle m'a bon accourcira la matière.
effet et

repondu E un liliraccio, l'autore è tcmcrario


: Je ne puis asscr m'élonner de l'opiniâtreté,
11 dit que, sous prétexte d'atta-
c ifi)iiiin)ttumr. et, si j'ose le dire, de l'endurcissement de .M. de

quer Haïus, renouvelle toutes les querelles


il Cambrai, à qui on a tout communiqué. Sa lettre
de Jansénius, et traite un peu mal saint du 1" août marque bien son attachement à
'

Augustin. Ces Pères ne peuvent pas agir ici cette doctrine. Elle est publique ici on l'a fait :

par autorité bien des gensleursonlopposés:


:
traduire en italien (lourla distribuerau Saint-
cela les déconcerte. Office. On la regarde comme une jiièce très-

Je vous ai envoyé le nom des examinateurs remaïquable on voit son but, les apologies et
:

du livre de M. de Cambrai. On n'a jioi.Mt de les excuses qui se [irepare on aperçoit surtout :

nouvelle de l'arrivée de son grand vicaire : que le silence auquel il se dispose en cas de
on l'attend pour avoir les Mémoires (ju'il doit malheur, sera comme son dernier refuge. Je ne
communiquer. Je vois que l'atlaire tirera en crois jias que l'air |)laintif et opprimé qu'il veut
longueur, et nous voilà restés a Home du se donner lui serve de rien; car on sait déjà ici

moins jiour tout l'Iiiver, où nous n'aurons pas les ménagements qu'on a eus pour lui en toute

grand contentement du nouveau ministère. façon avec quelle douceur et quelle charité
,

On parle même de s'en retourner en France on l'a traité. Le cardinal Casanate m'a assuré
au printemps si l'indisposition continue
,
: qu'on approuvait fort que le roi ne lui ait
c'est la meilleure chose qu'on pourrait faire. pas permis de venir à Rome. On attend les
Jo suis avec un profond respect, etc. personnes instruites qu'il envoie pour tra-
vailler à sa justification il faut : compter que
LETTRE CXLIX. ses amis ne s'oublient point.
l'ABDÉ BOSSIET A SON ONCtE. On veut ici (je dis toute la cour) que les Jé-
A llomc, co 3 septembre 1097. suites soutieniientsous main celivrc j'ai bien :

Sa Sainteté a reçu, par M. le nonce, la Dccla- de la peine a me le persuader, parce qu'ils


ration ffcs trois cvOqucs, et en a fait faire des co- voient à i)resenl à découvert qu'ils n'auraient
pies pour les cardinaux du Sainl-Oflice. M. le pas tout l'honneur imaginable dans le succès,
cardinal Casanate me le dit hier : il m'ajouta et qu'ils ne seraient approuves ni soutenus de
(|ue le Pape avait ete très-louche de la lettre du personne. On doit décider bientôt leur grande
roi ilce sujet; t|ue Sa Sainteté l'a reçue comme affaire de l'idolâtrie, qu'on les accuse de per-

une des plus grandes marques de la religion, I


Du 3 todi, *<lre>tii« tu dac de UciurUlcra. Mou l'arooi doa-
de la piolc Uu roi, de syu icspect pour sa per- t-in plut biat.
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 363

mettre aux nouveanx Chi'étiens de la Chine. Le LETTRE GLI.


Saint-Office leur a donné jusqu'au 17 de ce
BOSSUET A SON NEVEU.
mois pour répondre aux accusations de tous les
A Paris, ce 16 «ept. 1697.
autres missionnaires du monde on passera :

outre, ne donnent pas leur réponse dans ce


s'ils J'ai reçu votre lettre du 27 août. On a nou-
terme ; jusqu'à cette heure ils ont gardé le si- velle que M. l'abbé de Chaiitorac est parti de
lence. Toulon nous aurons besoin d'être instruits de
:

M. de Cambrai ne saurait éviter la condamna- ses démarches, surtout des explications qu'il
tion mais il y aura bien des tortillemenls et
;
pourrait porter. J'ai répondu à ce que j'ai pu
des chicanes aussitôt que le grand vicaire sera
: prévoir si vous pouvez les avoir, il faudra me
:

arrivé, il aura un espion, et nous serons ins- les envoyer aussitùt-; je donnerai toutes sortes

truits. Le cardinal Petrucci court ici chez les d'éclaliclssemeuts. Ce monsieur lâchera d'em-
moines, pour leur donner une grande idée de brouiller, et c'est tout ce qu'il pourra luire. Sa
M. de Cambrai c'est un bavard qui né sait
: lettre, dont je vous ai envoyé copie, fera con-

rien, un emporté. Vous ne saurez croire com- naître le caractère de son esprit, qu'on dit assez
bien il est important que le nonce continue à de même genre que celui de M. de Cambrai,
bien laire. sinon qu'il est moms aigu et aussi plus solide.

LETTRE CL.
Vous voyez comme il est livré.
Voilà encore une lettre qu'on vient de pu-
BOSSUET A M. DE LA BROUE.
blier M. de Cambrai ré[)ète ce qu'il avait déjà
1.
A Germigny, ce 3 sept. 1697.
dit à tout le monde, qu'on était d'accord sur le
J'ai reçu votre
lettre, Monseigneur, du 23 fond des choses; ce qui n'est pas vrai. Vous
d'août. Je ne puis vous rien dire de nouveau avez vu dans les écrits précédents ce qu'on
n'ayant encore rien appris du côté de Rome, pense de ses explications.
depuis l'exécution des choses dont vous avez su Le roi a été bien aise de voir la diligence
le projet. M. de Cambrai est chez lui, et il passe qu'on fait à Rome, et le caractère des examina-
pour constant que c'est par ordre du roi. Je ne teurs que vous marquez.
sais quel changement il arriva du côté de la Toutes les personnes de Rome qui ont ici
maison des princes. Il n'a pas tenu à mon té- correspondance écrivent en conformité.
moignage que M. l'abbé de Catelan ne fût as- On vous envoie la Déclaration des trois évc-
suré, et, en effet, je ne vois aucune raison d'y qiies, imprimée. On l'a fait imprimer pour dis-
craindre aucun changement. siper les faux bruits que 31. de Cambrai faisait
Il ne s'agit point du tout d'avoir recours au semer, qu'on n'avait pu rien trouver à repren-
Saint-Office, dont il n'est fait mention dans au- dre dans son livre
I cun acte. C'est M. de Cambrai lui-même qui a
et aussi afin qu'elle vînt
;

plus faciicmeut entre les mains des cardinaux


porté l'affaire à Rome, sans désigner à quel et des examinateurs. Ou s'est dépêché île \ons
Pour nous, nous ne nous rendrons ni
tril)unal. l'envoyer autant qu'on vous eût fait les der-
,

dénonciateurs ni accusateurs nous parions : nières corrections: vous eu aurez des exem-
comme témoins et comme appelés en garantie plaires corrects au premier ortilualre. Rcmar-
par M. de Candjrai. Je n'ai point eu de loisir (juez que, dans l'exemplaire manuscrit ipie nous
pour m'appliquer à d'autres affaires qu'à celle- avons signé pour Sa Sainteté, on avait laissé
là, depuis qu'elle est entamée. On va commen- des fautes même assez considéra Ides, surtout
cer à donner les éclaircissements nécessaires, |)Our les citations, par le peu d'exactitude des
dont l'un sera le livre (|ue vous avez vu con- réviseurs : on s'était chargé de cette révision à
cernant la même matière. Pour l'autre, dont l'archevêché.
vous souhaitez que je traite au plutôt, il en Les lettres de Caud)rai poi'tcnt cpie M. l'ar-
faut laisser venir les occasions, qui ne sont pas boime mine, et qu'on croit
ehevêiiue y fait (ju'il
éloignées. Du reste, je suis, Monseigneur, y fera une ordonuanee pour expliiniei- son Ihre,
comme vous savez, avec tout le respect pos- mais qu'il la tiendra secrète. Si elle est pui.'li-
sible, etc.
que, nous l'ain'ous. Je ne vols dans cette affaûi'.
J'ai reçu de gros paquets de M. de Saint-Pons de la part de ce prélat, (|ue llnesse, artidcc el
sur la nouvelle rupture avec les Récollets il :
embrouillement.
m'écrit aussi sur la matière du tom|)s et me ouve
La cabale est puissante ; mais le livre li

parle de conciliations que je n'entends sur


i)as, toujours peu d'approbateurs.
les divers sentiments, yuoifiuc opposés.
' M. de Caml>r.-ii (écrivit colto scconio luttro, pour mionclr c*
juil «voit dit do lro|i dur dans ccllo i M. lo duc .In Ucaiiyillieni
304 LETTRES REIATIVES.

M. de I»nris donnera nne instruction, comme LETTRE CLII.

je crois vous l'avoir iiiaiidé. BOSSUET AU CAKUI.NAL d'aCUIRRE.


Nous vous t'iivoyons encore six exemplaires A Versaillcs.ce ICsepltmhre 1697.
(le mon livre, Tordinairc qui part.
i)ar
La lettrede Votre Eminence m'a donné beau-
M. le cardinal de IJouillon s'est excusé sur son
coup de joie. Je suis ravi de l'approbation dont
indis|u)sitioM, et a peu écrit au roi.
elle honore ce qu'elle a vu de mon livre j'es- ;

M. le eardiual de Janion dit ici mille biens de père que la suite lui parailra encore plus im-
vous; il parle aussi lrès-l)ien de M. l'iielippeaux: portante. Il est, Slonsei,^neur , de la dernière
il doit vous écrire à tous deux. Celle Emineuce
conséquence qu'on donne le dernier coup au
a écrit à queltpies-uiis des examinaleurs. Elle quiéti.sine, qui avec de belles paroles réduit la
ni'a dit (pi-'il tallail laisser quelqu'un à Rome piété à des cho.ses vaines le lait consister en
,

pour observer M. le cardinal de Bouillon et le [(blases, en rabat tous les motifs, et pose des
tenir en bride. M. le cardinal de Janson, aussi
principes d'où l'on lire des conséquences af-
bien que M. le cardinal d'E>trées, parlent du freuses. Ce de plus à craindre sont les
qu'il y a
cardinal de Bouillon comme des Jésuites, qu'on é(piiv()(|ues, dans lesrpielles on dcgiiisc el on
sait être pour M. de Cambrai.
renferme loul le venin. Je souhaile, .Mimsci-
M. le ranlinal de Jaiison dit que vous et gneur, que la siulé de Voire Eminence lui per-
M. I'lielii)peaux vous pouvez vous servir ulile- mette d'entrer en celle alT.iire.
meiil de .M. Cliarlas', à qui le cardinal Albano Je porle envie à mon neveu de l'honneur qu'il
cl le cardinal Casanale se (ienl. J'ai lait i)arler Si vous étiez venu en France
a de vous voir.
le cardinal de Janson, touchant ce que le pre-
pour y prendre les b;iiiis connue on l'assurait,
mier vousnvait dit sur son compte il m'a paru ;
nous parlions à rinstaut, M. de Reims et moi,
ne rien savoir de tout cela, ni rien du tout par pour jouir de la i>réscncc désirée, et de la can-
rapport fi moi, qu'en (iénéral l'estime du Bape. deur, de la piété, du savoir d'un tel ami que
M. l'abbé de Barrière m'a vu, et n'a rien dit Votre Eminence. Je la supplie de tout mon
davaulajie on ne souiieonne rien.
;
cœur de continuer à mon neveu cl à moi la pré-
Ou dil ici que M. le cardinal .\lbano e.st fort cieu.se amitié dont M. le cardinal de Janson me
ami de M. le cardinal de Bouillon. Je suis fAclié rend un si |)récieux témoiu;nage. Je suis lou-
de l'indispo^ilion de celle Emiaencc il faut :
joms avec un respect sincère, etc.
espérer (juc ce ne sera rien.
LETTRE CLIII.
M. de Cambrai continue à semer partout que
BOSSUET A M. DE LA UnOUE.
c'est moi seul qui remue la cabale qui est contre
A l'aris, re 21 septembre, 1697.
lui. 11 m'a cru le meilleur do ses amis, quand
Je VOUS envoie. Monseigneur , la Déclaration
il m'a prié de le sacrer, et qu'il a remis tant de
que nous avons enfin été contraints d'envoyer 5
fois sa mes mains. Toidc la ca-
doctrine entre
Rome, après ipiou a eu perdu toute espérance
bale a été de relner de l'enlèlement de M""
le
de ramener .M. de Cambrai par la douceur. Il
Guyon h quoi j'ai Iravailli' de concert avec
,

est vrai (pi'on a nommé sept examinaleurs. On


M'"" de Maintenon, sa prolecirice, à laipicUe il
dans ne doule point qu'il nese prépare des embrouil-
doit loul el à cacher son erreur au roi
; ,

lements et des chicanes sans lin, dèsquc M. l'abbé


l'espérance tju'il donnait de se corri|;er. Le roi
de Chanlerac sera arrivé.
a bien su me reprocher <|ue j'étais cause, en
lui taisant u\\ si grand mal, cpiil était arciievâ-
On prend les mesures qu'on peut, pour em-
pêcher Rome d'agir par le Sainl-Oflice. Le Pape
quc de Caml)rai voilà loul mou crime à son
:

égard, et touU' ma cabale. Cependant il m'a a dit ipi'il ferait par lui-même. J'ai écrit h l'abbé
Bosquet ce qu'il faut, et il sera utile à Rome. Le
mis la léle desa |iroteslaliou à M. h; nonce,
seul à
roi cl M'"" de Maintenon peiMSlenl. Les Jésuites
et supprimé M. de Paris, avec leipiel il m'a-
il a
se déclarent beaucoup. On a parlé de divers
vait mis la piemièic fois. Le reslc de sa prote-
station n'a rien de loi t remarquable
mouvements fi la cour. Je puis vous assurer que
qui soit ,
je liens pour vous. Je ne vois rien à craindre
venu à ma connaissance.
pour M. l'abbé de Calelan qui se conduit bien.
' AntniLo riitrlu. de l> tI'.U de Conieruis, iUit supérieur du Je ne Uinlerai pas à me rendre à Fontaine-
«émln*irr de runier», tousM. Cttilot. Aprii la mort de ce pr^Ul
les violence! iju un eicr^a dans le dioc^te, 4 l'occation de la Ù^aU, bleau. Nous savons que M. de Rieiix parle en
robligirent de Mirlir deFr<nce,ct de te ndigicr i Rome, où il vacillant sur le livre el sur la malicre qu'il
composa toD litre l)t tibtrIoiibuM Eccinir Callican*, i|uc 1J<>^!,udi
T'Iuto souvent dans «a r>'/rai( di la Déclaration. (Edil. de Ver«.) parait ne pas Irop bien euleiuh e. Ceux qui ne
voient prennent ceci pour des poin-
|ius le loiid

tillés.
,

A L'AFFAIRE DU ULUËTISME. 36S

LETTRE CLIV. J'ai oublié de vous dire, sur le livre de M. de

Cambrai, que visiblement son dessein est de


BOSSUET A SON NEVEU.
défendre indirectement M°i« Guyon, et de se
A Paris, ce 23 sept. 1697.
mettre à couvert en faisant voir que le refus de
J'ai reçu votre lettre du 3 septembre, dont la condamner n'empêche pas qu'il n'enseigne
j'ai même temps un grand extrait h.
envoyé en une bonne doctrine. On ne croit pas que ce livre
la cour. Vous avez vu, par mes dernières lettres, lui fasse beaucoup d'honneur, n'étant élevé qu'en
que j'ai fait à M. le cardinal de Janson la con- paroles et en phrases, comme j'ai dit. Nous n'a-
fidence > que vous souhaitiez avec raison. Il vons, surcepoint, qu'à ne dire mot. On ne parlera
continue à parler de vous de la manière du que trop pour nous , et le livre tombera de lui-
monde la plus obligeante, et à laquelle on ne même.
peut rien ajouter. LETTRE CLV.
Je crois que le roi est bien informé de l'état de
l'abbé BOSSUET A SON ONCLE.
la santé de M. le cardinal de Bouillon ,
par lui-
A Rome, ce 27 septembre 1697-
même. Je suis fâché pour celte Eminence, pour et
les affaires du
que sa santé soit
roi, mauvaise :
Je ne vous écrivis pas l'ordinaire dernier , qui
mais je vois que, Dieu merci, le mal est plus in- était le mardi à cause de l'extraordinaire qui
,

commode que dangereux. 11 a mandé au roi que devait partir hier, aujourd'hui et tous les jours;

le livre dé M. de Cambrai n'éviterait pas la con- mais M. le cardinal de Bouillon l'a retardé, et on
damnation. ne sait plus quand il part. Comme il pourrait le
faire partir dès demain tout à coup, je commence
M. de Paris fera paraître bientôt une instruc-
tion pour prémunir contre l'erreur, en attendant à vous écrire aujourd'hui, ayant bien des choses
le jugement de Rome. On imprime actuellement
à vous communiquer.

Sumwa rfocïrniœ; à quoi je joindrai J'ai reçu, la semaine passée, votre lettre de
l'écrit intitulé
une courte résolution des trois questions que M. Germigny, du 2 septembre, avecles qualifications
de Cambrai m'a faites et de deux autres. ,
dont nous ferons l'usage qu'il faut; elles sont
Nous dinàmes hier chez M. le nonce il fit un :
très-précises et très-nécessaires. J'ai reçu hier

repas magnifique aux trois cardinaux à M. de ,


votre lettre de Paris, du 9 septembre : vous aurez
Reims à M. de Metz et h moi. Rien n'égale la
,
reçu dans le même
temps la lettre par M. de
splendeur et l'honnêteté avec laquelle il vit ici Barrière, et par conséquent le dénoûment à ma

ni la considération où il est à la cour et dans lettre du 20, que vous n'entendiez pas, qui est

toute la prélature. Il me lit voir une lellre de M. pourtant très-importante, ainsi quelessuivantes,

le cardinal Spada, qui lui mandait d'envoyer pour connaître ce pays-ci. Tout chemine et che-
sept exemplaires de mon
en spécifiant les livre,
minera suivant l'idée que je vous donne le car- :

additions, et sept de celui de M. de Cambrai; dinal de Bouillon et les Jésuites sont toujours les

c'est pourles septexaminateurs. J'aidonnéordrc


mêmes assurément.
à Anisson de porter les sept derniers à M. le nonce
L'abbé de Chanterac comrrience à paraître il :

dès aujourd'hui, sans parler de mol. Pour les a vu le cardinal de Bouillon, l'abbé de la Tré-
niouille, le gt-iiéral des Dominicains, le P. Es-
miens, vous les pourrez fournir, moyennant les
liennol et |)lusieurs fois le cardinal Spada il a
,
six que je mis encore îi la posle par le dernier
;

ordinaire, et quatre que j'enverrai par le pro- eu audience du l'ai)e. Il n'a encore rien donné.
Le Pape et le cardinal Spada souliaiteiaient tort
chain.
qu'il eut apporté des exemplaires du livre de M.
M. de Paris a reçu un bref fort honnête. Le
(le Cambrai, pour les mellii' entre les mains des
Pape lui a fait dire par M. le nonce qu'il accor-
derait des pensions aux curés inlirmes de son
examiiiateiiis.qui n'en ont tiiie deux en tout. Son
but de retarder tant (lu'il |)ouria, crojaiil que
est
diocèse par forme d'aliment, à certaines condi-
qui a temps a vie, surtout en ce pays, où il arrive
tions. J'en demanderai autant; niais je réserve
tant de changements tout ;» coup c'est la vue du
d'en parler, aussi bien que de votre induit, jus-
:

cardinal de Bouillon; j'en juge très-sùreinent par


qu'au temps où je verrai M. le nonce à Konlai-
ses discours.
Qcblcau il est toujours bien disposé. Si la lellre
:

du roi au Pape se divulgue, envoyez-la-nous


On m'a .li^siirétiueM. de Chanterac n'apportait
:

quoique nous en sachions le contenu, la propre pas la Iriiduclion latine; je m'en suis toujours
bien doute, parce (pie cela abregeiait la matière,
Icnciir est bonne à garder 2.
si la traduction était conforme à l'original; et si
Cctto confidence a»alt pour objet lo Si'Jdur qiio ccl obbû devait

elle ne l'était pas, ce serait .sa coiidamnalion par
(tira k Runii-, peur milvre laffalic de M. de Cambrnl.
3 11 parait bien ctaireBieiit que lJus!>uct n'était pas autour do c«tto reconimando h son neveu do lui envoyer de Rome mie copie, peur
'.•Urc, comme Ici partisans de Fcnclon le rtpandalent, puùqu'il p uvoir la coniervor.
, ,

SOii LETTRES RELATIVES

liii-in^mc. Quand messieurs les cardinaux in'oiil (leCambrai dans son tort de tous les côtés. Cet
parlé (le celle liailiulioii repondu en,
je leur ai abbé parle b)UJours dans le sens de la lettre de
ce M'ii>; ci ils vcrrunl, si M. de Cambrai n'a pas M. deCambi.ii Nur les propositions du livre, dont
fait (le traduction, le dessein et la mauvaise loi il .souhaite ()u'un marque lessens. Mais la réponse
de l'auteur, ipii n'avait promis cette traduction à cette lettre fait voir la mauvaise foi de cette
que pour auiuser. Ce trait bien relevé fera son vue; et celle lettre ne produit pas ici l'effet que
effet j'ai déjà dit lortement ce que j'en pensais
;
son auteiu' en avait espéré; j'ose dire qu'elle en
au cardinal Spada et à W(;r Cenci maitre de
, , un tout contraire.
fait

cliambre de sa Saiideté, qui m'iionore de son On ne doute pas ici que le P. Dcz ne travaille
amitié particulière. Cela peid aller plus loin, pour la défen.se du livre; je n'en puis rien a.s.su-
d'autant que le Pape attendait cette traduction rer. Je sais seulement (piil m'en parle toujours
dvec empressomeiit. On parle seulement d'unC avec une grande affectation. Le secret du Saint-
tradition prétendue de|iuis saint Thomas, dit-on, OKice fait qu'on aura plus de peine à être instruit
jusciu'à celle heure. (Jn n'a encore rien reçu; le du particulier; avec cela rien d'essentiel ne nous
canlinal Casanate m'en a assuré. échappera, s'il plait à Dieu.
On sait, à n'en pouvoir doider, que les Jésuites 11 faut à présent que je vous parle de M. le
sonl le conseil de M. l'abbé de Chauterac : il
y cardinal de Bouillon, et de ce qui s'est passé
passe très-souvent trois ou quatre heures du jour entre lui et moi.
et de la nuit. Je vous dirai d'abord qu'il se porte toujours de
M. de Clianlcrac répand ici que M. de Cambrai mieux en mieux, et qu'il commence se com- îi

n'a jamais eu aucune liaison parlicidière avec nmniquer. Il vint hier ici de Frcscati, poin* la
M"" Guyon; que c'est plutôt à il. de Meaux qu'on congrégation du Saint-Office, qui se tient devant
peut reprocher, puisqu'il a été très-contenj
le le Pape tous les jeudis, et où on devait parler
d'elle etde sa coiiduile; (lu'il lui a donné des té- de l'affaire des missions de !a Chine, c'est-à-ilire
nioitrnages aulhenli(pies et l'a reçue aux sacre- de cesactesd'idolàtiiedonl onaccii.sc lesJisiiiles.
ments, lui permellaMt même de conununier tous Au retour, j'eus l'honneur de le voir; et comme
les jours. Je ne sais que croire de tout cela et c'était l'uinque fois que je l'aie vu en étal de
tout ce qui s'est passé : je dirai ce qu'il faut; m'enlendre, je le priai de me donner un moment
mais c'est pour vous taire voir la bonne foi avec pour pouvoir exécuter les ordies dont vous
laquelle on parle et on agit. Le même dil encore m'aviez chargé depuis un mois, et lui faire part
que vous n'avez d'abord et pendant six semaines dcvosdisposilionssurralïairede M. de Cambrai.
rien trouvé à reprendre au liv re de M de Candirai . Il me dil qu'il me savait très-bon gré de ne lui

cl que vous ne vous en êtes avisé que loMgtenq)S en avoir pas parlé plus lot, à cause de l'état où
après; il ajoute que M. de Paris et M. Pirot il avait élé; qu'il était incapable de tout; (ju'il

ont vu et approuvé le livre avant son impression. me priait de venir le lendemain, quie.sl aujour
Pour ce qui vous regarde, j'ai dans vos lettres de d'Iiui, diner îi l're.scali, où nous aurions le temps
ce temps-là la conviction du contraire; et pour de parler et de lire ce que je voudrais lui
M. de Paris et M. Pirot, supposé (|uc ce qu'il dit montrer.
soit vrai, comme me l'a soutenu encore M. le J'ai donc été ce matin à Frcscati, et après le
cardinal de Houillon on voit bien (|ue ce n'est
, diner nous nous .sommes enfermés. Je lui ai
qu'une iirpi'ise manifeste de la part de IM. de
, déclaré tous les pas (jue j'avais faits auprès ilu
Cambrai. Mais d'un anlie coté, cela même ne
, cardinal Spada, àquij'avaisremisentre les mains
montre (pietropclairementlc venin caché de son les écrits <|uevous m'aviez adres.sés, et dont on
livre, (ju'ils ontenliu découvert et condamné pu- des copies, de l'ordre de Sa
ilevait iléjà avoir lait
bli(iuement; <"t doit rendre le sort de ce livre Sainteté, |)our les distribuer aux examinateurs
tout à fait sendtlable à celui de Al. Molinos, qui etaux cardinaux du Saint-Olfice. Il m'a dit cpiil
fut approuvé par desévé(iuesetparles|)rincipaux ne les avait pas encore vus, mais (|u'il cio\ait
religieux île tous les ordres, (jui se laissèrent pourlanhpion lesluiavail donnés. Je lui .li parlé
éblouir h l'air de pieté que l'auteur affeclaildans de l'eciitfpie vousaviezenvojéàM de Candirai ',
ce livre. du V6 Juillet : il a .souhaité île le voir, je le lui ai
L'abbé de Clianterac ajoute que vous n'avez lu. Il n'en a été {|ue trop content, et je l'ai vu
conummi(|ué à M. de Caiid)rai aucune de vo^ étonné : il m'a dil ipi'il n'y avait rien à .njouler
difticullés; j'ai la preuve du contraire en poche il m'en a demandé une copie, que je fais laire.
;

dans l'écrit que vous lui avez envoyé par les Je ne |>cnsc pas, après cela, qu'il croie que M. de
mains de M. de l'aris , de Marly le 15 de juillel,
' Col rrlui qui esl Intllulr J'rtmit' Kril ou M-moire dt il. té-
dont je fais ici un Irès-Lon usiigo, et oui mel M. r/yut iti AI. ilt Mtaui à M, J'arcAn-^iu dt Cambrai, etc.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 367

Cambrai n'a pas été instruit, que vous lui ayez faut; mais il est sûr que non. J'espère en avoir
rien voulu cacher, et que vous n'ayez pas poussé des preuves démonstratives, peut-être dans peu.
à son égard la charité aussi loin qu'elle pouvait Je sais la force avec laquelle le roi a écrit mais ;

aller. ne m'a pas dit un mot sur le refus obstiné


!1 le cardinal de Bouillon ne cherche qu'à le trom-

de conférer avec vous. per, et veut uniquement son avantage et celui

Il m'a dit que si quelque chose le consolait de ses amis.


d'avoir été incommodé dc^)uis un mois, c'était de ne comprends pas ce que peuvent être les
Je
ne s'être point mêlé jusqu'ici de cette affaire, et thèses que vous me mandez que les Jésuites ont
de ce qui s'est passé depuis qu'il a présenté la soutenues pour le Pape.
lettre de Sa Majesté que l'indifférence était le
,
Je suis très-obligé à M. le cardinal de Janson
parti qu'il voulait prendre dans tout le cours de du bien qu'il dit de moi je vous supplie de lui ;

celte affaire, et qu'il ne se mêlerait ni pour ni en bien marquer ma reconnaissance.


contre. Je ne sais si cette indifférence est bien Par mes dernières lettres, vous avez bien vu
dans l'intention du roi; mais enfin voilà ce qu'il qu'on prend ici un autre train que celui que M.
m'a fait l'honneur de me dire à moi-même, le cardinal de Janson s'imaginait qu'on pren-
croyant bien apparemment que je le répéterais. drait. On ne pense pas ici à l'index, et le Pape
ie lui ai lu la leltie de M. de Chanterac qu'il a ,
ne veut pas seulement qu'on défende le livre,
/ait semblant de n'avoir pas vue. Il l'a trouvée s'il est condamnable; mais qu'on en examine la

forte et bien écrite il a eu la bonté d'écouter les


;
doctrine, pour la condamner, comme le roi le
réflexions que je prenais la liberté de lui faire souhaile. C'est lui qui l'a dit, et qui en a parlé
avec toute l'ingénuité possible. Je n'ai pas encore en ce sens aux examinateurs l'assesseur du :

pu faire dire à 31. le cardinal de Bouillon que M. Saint- Office m'en a assmé, aussi bien que M.
de Cambrai eût tort. le cardinal Casanate.
Au reste, j'ai cru ne devoir plus faire de mys- LETTRE CLVI.
tère sur mon séjour ici; il m'est revenu de toutes
BOSSUET A SON NEVEU.
parts qu'on écrivait de Paris que mon retour était
retardé pour cela, et j'ai dit à M. le cardinal de A Meaux, ce 29 septembre 1697.

Bouillon, à qui j'avais assuré mon départ au mois J'ai reçu votre lettre du 10 ;au moins j'ai lu
de septembre, que vous m'aviez mandé de retarder ainsi,quoique le chiffre fût un peu brouillé.
encore quelque temps pour voir le commence-
,
Tâchez d'écrire les dates, les chiffres et les noms
ment de celte affaire que néanmoins je n'étais
;
bien nettement. La lettre de M. Phelippeaux,
chargé de rien mais que je ne laisserais pas de
, qui était dans le même paquet, était du 2.
m'iuslruire de tout, et de lui communiquer ce que L'addition du P. Damascène aux examina-
j'apprendrais sur celle affaire. 11 m'a prié de teurs ï est fâcheuse. Voilà trois examinateurs
trouver bon qu'il ne me fil aucune part de ce que indisposés contre les Français et contre nous,
M. de Chanterac lui diiail et lui communiquerait, à cause du cardinal Sfondralo cela paraît ici ;

comme il me promellail d'en user de môme pour bien affecté. J'en parlerai à M. le nonce à Fon-
ce que je lui pourrais dire. Je l'ai bien assuré que tainebleau, où je serai jeudi. Je coucherai mer-
je ne lui demandais le secret en rien, pour ce qui credi à la Forlelle.
regarde M. de Caudjrai cl M. de Chanterac, ne Nous savons que M. de Cambrai envoie son
voulant jamais lui dire rien que je ne puisse dire livre en latin avec quelques notes: la question
à M. de Chanterac et à M. de Cand)rai lui-même, sera principalement de voir si le tout sera bien
parce que je n'avançais jamais rien que fondé conforme à l'original.

sur la vérité et la bonne foi. Nous nous .sonnnes mémoires nécessaires. Un P.


J'enverrai les
quittés très-bons amis et très-satislails l'un de Jacobin, nommé
le P. Clerc, du couvent du

l'autre. faubourg Saint-Cermain, est venu me demander


Je vois bien que j'embarrasse fort ici le car- des instructions de la part du P. Massouillé.
dinal de Bouillon ; mais il faut qu'il prenne J'ai envoyé, par M. Anisson, quatie exeni-
patience, car à présent le sort en est jeté, et plaires de la seconde édition de mon livre Sur
quelque sincère envie que j'eusse, pour toute les l'tah d'oraisoii, vingt l)ècl(inition'< latines,

sorte de raisons, de retourner, je vois bien la vingt Addilions \ M. le nonce m'a .ail voir dans
nécessité où je suis de rester. une lettre de M. le cardinal Spada, qu'on do-
Le but de M. le cardinal de Bouillon est de
h» P. Damascène, do l'ordro des Mineurs conventuels, lïtnit l'ap
*

lirer en louf^ucur; la seule diflicidlé sur celle probatcur du Nodus prudalina lions dissolulut du cardiiinl Sfon*
alïaire viendra de sa part. S'il agitde bonne fui, drate.
'
Il s'agit des additions faites par Dostuct 1 :>on Jn$lruclioH lur
dans trois mois l'atluirc est liiiic, et connue il la Hall d'oraiion. luy. toui. V.
368 LEITRES RF.LATIVES

niandcfort les Additions. On yjointun Mémoire d'une personne de confiance qui agisse sous les
ijKiiiiiscrit, sur lequel on a fait la Dèclaraliou. ordres du roi, mais (jui néanmoins ait unccom-
il beaucoup plus de choses, les traite
conijireriil niission particulière de lui de voir le Pape, les
Mon amplement, et qualifie; c'est pour
plus ministres, et d'agir, s'il est nécessaire, en son
cela qu'on ne l'a point l'ait ini|)riincr. Vous nom. Pendant le séjour (|uc je ferais ici, celte
n'aurez aujourd'hui «pie la première partie, qui commission me ferait beaucoup d'honneur, et
consiste vin;;t leinanpies
en il y en a encore :
me donnerait une certaine liaison avec les af-
qu'on enverra par l'ordinaire pro-
vinfît- trois, faires, qui, je vous avoue, non-seulement me

chain. On pourra mettre ces instructions en ferait plaisir, mais me serait utile et avanta-
mains arfidécs: étudiez-les, vouset M. Phelip- geuse. Vous ne doutez pas que je ne fisse tout
peaux, vous y trouverez tout mais nous avons ;
de mon mieux pour m'en bien acquitter. Je
voulu nous réduire h ce qui est de plus essen- suis, pour M. le prince de Conli, tout porté sur

tiel.Il est hou qu'il y ait des gens qui voient les lieux, d'une manière qui ne lui fera pas

tout; vous pouvez montrer le mémoire îi Gra- déshonneur. Je ne lui demande rien, el j'ai ici
nclH 1. des entrées partout.
On verra au premier jour une Lettir paxtornle M. l'électeur de Saxe a envoyé ici, depuis trois
de M. de Paris, qui ne se publiera point que semaines, un gentilhomme à lui, en qualité de
nous ne l'ayons vue. Je fais imprimer pour son envoyé, et ipii fait ici ses affaires. Ce serait
vous, mais non pas divulguer ici, l'écrit latin une commission ipii ne m'engagerait ici qu'au-
intitulé : Summa doctriiiœ. tant que je le voudrais, et que les antres aiïaires
J'attends les nouvelles de l'arrivée de M. de m'y arrêteraient, et qui pourrait toujours m'êlre
Chanlerac il est Ibrt artificieux.
;
avantageuse en tous sens, aussi bien qu'à vous,
Je vous prie, vous et M. Phclippeaux, de bien me donnant occasion de parler au Pape de tout.
couvrir votre marche, et de concerter tons vos Faites-y, s'il vous plaît, réflexion : consultez,
pas; cela est de la dernière cousé(|uencc pour sur cette vue, M. le cardinal de Jansonet M. de
les deux cours, et pour tous les spectateurs. Reims; et prenez, si cette proposition ne vous
déplait pas, auprès de M. de Pomponne, du roi
LETTRE CLVII. et de M. le prince de Conli, les mesures que
l'abbé dossuet a son oncle. vous jugerez à propos ou tenez mon idée se-
;

crète, si vous croyez que cela me convienne


Ce lunili, 30 sept. 1697.
mieux. C'est 31. le cardinal Barberin dont je
Ce que vous me mandez des charges de la vous envoie une lettre, el qui ne veut pas de
maison de M"'" la duchesse de Bourgoi;ne, qu'on mal, qui m'a fait donner cette vue: il est ici le
vendra peut-être, me parait extraordinaire. J'ai protecteur de Pologne.
do la peine îi le croire, surtout pour ce qui re- Au reste, comme le but de M. de Cambrai el
gai'de les charges ecclésiasli(ines, que le roi a de ses amis est de lAcher de faire croire qu'il a
un tort grand scni|)ule de laisser vendre. des gens savants de son côté en France, ce serait
Le Pape a eu la goutte ces jonrs-ci, et un peu une cho.se très-utile et très-nécessaire d'exciter
d'émotion, ou si voidez, de lièvre. Ou l'a fait les plus grands évêques. et les personnes de
d'abord assez mal, mais ce n'a été rien de dan- l>iélé cl connues, de se déclarer contre par des
gereux il se porte mieux, et a aujourd'hui
:
lettres et instructions courtes; par exemple, M.
donné audience h M. le cardinal <le liouillon, le cardinal le Cauius, M. l'abbé de la Tra|ipe,'
qui est venu de l'rescati exprès. Je ne l'ai point M. de Mirepoix, Ai. de Nîmes et autres du même
vu on m'a lait avertir qu'il dllait taire partir
:
caractère.
son courrier ce soir. J'oubli.iis de vous dire que vendredi il y eut
Depuis (pic je me vois arr^^té ici, que j'ai ap- une congrégation extraonlinairedes cardinaux
de M. de Conli, et qu'il y a appa-
pris le .jépart du Saiiil-Ollice .sur l'affaire des Jésuites de la
rence que alïaires de Pologne resteront
les (^hine, cl (jue, contre l'attente de tout le monde,
broudiéi's quelque temps, il m'est venu une el même (le SaSainlelé, on donna un délai aux
pensée, qui est peut-être une chiinère. mais que Jésuites, de (piatre mois. Ils n'avaient donné
je vais vous propo.ser, et dont vous ferez tout le aucune réponse aux faits avaiici^ par le procu-
cas que vous voudrez. reur général des Missions étrangères ipii pour-
tjuand M. le prince de Conti sera en Pologne, suit cette alTaire ici.
il me paiait qu'il est difficile (pi'il se passe en Je finis, pour envoyer ma Pape a
lettre. F>e
cette cour, dans les circonstances présentes, donné audience dans son litau eardinal de
' L'un dcscxamlntteurs. Bouillon : la goutte lui est descendue au genou
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 369

et au pied : du reste, il se porte bien. M. le car- aise de vous voir appliqué à l'ouvrage sans trop
dinal de Bouillon est reparti pour Frescati; la de confiance.
bonne santé de ce cardinal ne change rien à Avant mon arrivée ici, le roi avait parlé à M.
l'eslime et à l'amitié qu'on a pour lui. 11 ne veut le nonce de Damascène, comme d'un surnumé-

encore voir personne à la campagne il est et : raire suspect, qu'il fallait ôter. On avait aussi
sera toujours incapable d'un grand travail. parlé de Gabrieli, Feuillant, sans le nommer
Je vois bien qu'il feia ses efforts pour que le parce qu'on ne savait pas le nom. J'ai empêché
livre soit mis seulement à l'index. Il faut, pour qu'on ne poussât plus loin cette affaire, et je l'ai
l'empêcher, que le roi en parle à M. le nonce, et fait de concert avec M. le nonce, qui parait tou-

en écrive à M. le cardinal de Bouillon, comme jours bien disposé nous le tiendrons en bonne
:

d'une chose qui ne remédierait à rien. L'indif- humeur.


férence que cette Eminence témoigne vouloir Vous recevrez deux gros cahiers de remar-
garder sur le livre est pour me persuader qu'il ques sur le livre de M. de Cambrai dont je ,

n'a pas eu de part à ce qui s'est fait au sujet des vous ai déjà écrit. La dernière correction n'y est
examinateurs, quoiqu'il soit constant qu'il en pas, parce qu'on n'a eu aucune vue de les tlon-
est l'auteur. ner au public, surtout à cause des qualifications;
C'est ce cardinal qui a demandé en grâce un mais des gens instruits s'en pourront servir pour
délai pour les Jésuites. découvrir le venin du livre.
Au ne puis m'empêcher de vous faire
reste, je On fait grand bruit à Paris de deux livres en-
souvenir du pauvre chevalier de la Grotte ', qui voyés à Rome de la part de M. de Cambrai l'un ;

est désespéré, et qui mourrait ici de faim sans autorisé par M. de Paris, alors évoque de Chà-
moi. Vous ne m'avez fait aucune réponse sur son lons, c'est le livre du frère Laurent, dontje crois
sujet. Je vous ai envoyé, il y a longtemps, un que nous avons parlé; l'autre s'appelle les
reçu de lui de six cents livres pour M. de Malé- Fondements de la vie spirituelle approuvé de
zieux. Je lui donne de l'argent à proportion ; moi étant doyen de Metz, où l'on prétend que
mais cela m'incommode fort. Une réponse, s'il la nouvelle spiritualité est tout du long, mais

vous plait, et une assurance de M. de Malézieux ;


ce n'est rien, et tout le contraire s'y trouve
et ayez labonté d'envoyer ces six cents livres à dans l'endroit qu'on m'oppose, ch. v, que je
M. Guérin à Lyon, et de m'en donner avis, sans vous marque à tout hasard, afin que, s'il vous
quoi je serais obligé de l'abandonner, ne pou- tombait entre les mains, vous sussiez ce que
vant pas suffire à tout. c'est.
Continuez h. ne tombe à
m'instruire; rien
LETTRE CLVIII. terre. Si la cabale estgrande à Rome, comptez
BOSSUET \ SON NEVEU. qu'il en est de même ici mais nous avons tou-
:

jours pour nous le roi et M"" de Maintenon.


A Fontainebleau, ce 7 oct. 1697.
J'instruirai M. de Paris et M. de Chartres de ce
Je n'ai reçu qu'aujourd'hui seulement votre que vous m'apprendrez.
lettre du 17 septembre le courrier est arrivé : J'approuve tout ce que vous me mandez que
tard à Paris, et les lettres ont refardé de deux vous laites. Portez-vous bien seulement, et priez
jours entiers. J'ai fait imprimer l'écrit latin in- Dieu qu'il vous conduise dans la défense de sa
tituléSumma (loclriïiœ, poui Rome seulement, cause.
et vous l'aurez par l'ordinaire prochain. Vous LETTRE CLIX.
recevrez, peul-clre par celui-ci, une ordonnance
l'abbé bossukt a son oncle.
de M. de Reims contre <lcs thèses que les Jésui-
ont soutenues à Reims i\ la louange de Mo-
A Rome, ce 8 oct. IG07.
tes
liuoset de sa doctrine. Je n'ai que faire de vous Vous aurez été étonné, avec raison, d'avoir
en rien dire vous la verrez.; passé les deux ordinaires avec celui-ci sans rece-
Vous ne me parlez (loinldu tout de M. le car- voir de mes nouvelles, que peut-être une leltre
dinal Ncrli cependant ou dil(iue c'est un per-
; que j'adressai pour vous ;\ M. Bloiidel, du "'(le l

sonnage. ce mois: mais qui en i)iésiipposait une autre du


Je crois vous avoir mandé que M. l'abbé de jour de devant. 'M) sepleiulire.el ipii est le pa(piet

Chaul(!rac porte la version latine du livie des iiK^us dans celui-ci, dont voici l'iiisloire eu peu
Maximes des saints, avec des notes. Je suis bien de mois.
M. le cardinal de Rouiliou tenait (le|>iiis huit
' C"cst lo mCnie quo le ch«vnller Tartnre, dont Dossuet fuit l'iii»-
jours, à cliaipif momcnl, ceeoiiiiicr evlraordi-
toirc diiiis uiio lettre à M. da Pontcliartroin. Voir tom. 1er, Pièces
JUltlAcutiTU' (Kdil. de ViiTt.) naire, nommé Raisin, en suspens. ((iiMiue de
B. ioM. VI.
:i7(» LETTRES RELATIVES

vnnt pnriir : enfin il se résolut de le faire paiiir lequel j'ai raison de croire (pi'on a eu quelque
\t- |)iTiiiicr ocloine au malin. J'en fus averti sû- dessein, à M. de Reims, el celui de M. de Reims
renienl, cl en ni<}nie lenips qu'il u'élail jias Irop à M. le marquis de Barbesieux : j'en écris un
Bùr (l'envojer les lettres, ()u'on voulait faire par- mot h M. de !'.( l.ii.s.

tirparce courrier, au secrétaire de M. le cardinal Je ne puis m'einpêclierde vous dire qu'il me


de Bouillon, qui apparcunnent, me dit-on.
serait serait très-commode de pouvoir écrire par les
aussi curieux ([ue le maître, et qui ne se faisait courriers extraordinaires.ce que je ne puis plus,
pas une affaire d'ouvrir les paquets. A qui entend M. le c^'irdinal de Bouillon voulant que les lettres
Lien, salut. Uu-^nd j'eus éeritet faille paquet que passent par ses mains ce que je ne crois pas trop
:

je vous renvoie à présent, je le lis donner par sur. Cela ne laisserait pas d'être très-important
mon \alol de cliaudne au courrierqui promit de quel(|uefois, dans de certaines circonstances où
s'en charger et de vous le rendre; et en même il faudrait que vous hissiez instruit de ceqai se
temps un autre paquet pour M. le cardinal de |)asse ici, aussiti'it qu'on le pourrait f'trc, afin

Janson. M. le cardinal de Bouillon le sut appa- d'avoir la réponse prête à ce qu'on pourrait dé-
remment : ce (pii est de certain, c'est que, quand guiser ou mander (le faux. Je ne sais s'il serait à
le courrier fut [larti, cin(| on six heures après, propos d'endire un mol au roi, ouà M. de Torcy,
un laquais de cette Kminence rapporta ce pa(iuct ou à M. de Barbesieux, ou à M. l'cllelier, afin
et dit que le courrier l'avait ouhlié. Où la malice qu'on avertit les courriers de prendre mes lettres,
fut plus grande, c'est qu'on laissa aussi partir le sans les faire passer parccsgens-ci; ou quelqu'un
courrier ordinaire qui partait cette miil-là, et de .ses ministres trouvât bon qu'on leur adressAt
(pie je ne pus envoyer mon paquet, ni par l'cx- les paquets; ou enfin quehpic expédient de celte
iraordiuaire. ni par l'ordinaire. J'avoue que cela nature, .sans pourtant que cela vint à la connais-
m'a un peu jjicpié, sachant, ù n'en pouvoir dou- sance (leM. le cardinal de Bouillon, s'il est pos-
ter, (ju'on n'a pas voulu que le courrier portât sible. Au reste, les paqueLs qui vous seront
mou paquet, qui s'adressait à vous. Pour celui adressés auront toujours le dessus écrit dénia
(le M. le cardinal de Janson, je suppose qu'il est main, et seront cachetés avec du pain, ceux au
parti, cuir on ne me l'a pasrenvo\é je vous prie
: moins de conséquence, et presque tous. Venons
pourtant de vous en inlornicr. au fait.
Outre ces deux paquets, que j'avais fait don- M. de Chanlerac continue ses discours ordi-
ner au courrier en main inopre, j'adressais encore naires, quejc vous ai mandés |)ar ma lettre du
un paipiel à M. lîlondel, le(]iiel j'envo\ai au se. 30.11 n'a el n'aura guère de gens (jui le croient

ciétairede M. le cardinal de Bouillon, danslequcl que ceux qui sont prévenus pour lui, lesquels
il y avait une lettre pour vous qui pn'supposait sont en très-petit nombre,
gens ignorants el les
la j)remière: une pour M. de Reims, cl une pour el mal iiilbrmés. Les Jésuites et
M. de Cambrai
M. le cardinal de Janson. Le secrétaire de Jl. le sont toujours les mêmes. On dit imbliquement
cardinal de Bouillon m'a assmé que ce paquet (pie lel*. l)ez('eril. Jus(ju'ici.M. de Chaulerac n'a
élait parti dans le sien : je m'en rapporte à sa eu que les fralrcs, hors le cardinal Spada. Le
parole. cardinal Casanaleesl le même. L'abbé de Chau-
Bcnt-étre, si vous recevrez celte lettre, aurez- lerac ne cherche qu'A embrouiller. On murmure
vous i)arlé au courrier, pour savoir ce qu'était (pi'on veut répandre de l'argent..M. deChanlcrac
devenu le |)a(|uet(picjevous marquaisvousavoir est très-peu de chose, grand parleur et ennuyeux
envoyé par le voici
lui. Enlin
je vous le renvoie : à force de répéter les mêmes choses ce .sonl les :

sans l'ouvrir, ne lais qu'ajouter ce que je puis


et l)er.sounes (|n'il voit le plus souv(Mit qui me l'ont
savoir de nouveau. Examinez un peu un (les ca- dit. Je lui fis, l'autre jour, des hoimêlelés chez
chets de ce pacpiet vous verrez qu'on en a pris
:
M. le cardinal de Bouillon, comme il sortait et
l'impression avec de la p;Uc ou de la cire, pour que j'entrais :cela fet court, et je n'entrai en ina-
en laire un pareil appareuuneid. Cela e.sl cau.se lièi e sur rien de ; le nom AI. de Cambrai ne lut
que je raelièlerai, pour celle fois-ci, avec de la pas .seulemeul prononcé.
cired'Kspa^U(.' el le cachet de M. I'heli|)|)eaux; et On m'a a.sMiiéde plus en plus que le I*. Ua-
doréuavanl a\(^c du pain et au lieu de mon Mi-
; ma.scèiie était de la main desJésnileset du cardi-
chel, je me servnai de celui de iM. l'Iielippeanx
,
nal de Biiuillon. Il a paru même prévenu, mais
ou d'une léle anlirpie (pie j'ai, qu'il (Sl diflicile c'est SUIS avoir vu le livie ; car on nen a pascn-
de contrefaire. IVul-(Mre aussi me servirai je de core ici, cl c'est ce (pii e>l caii^e (pi'on ne tra-
la voie du courrier de Veni.se de temps en lemiis; vaille pas. M. de Chaiilerae n'en vent jias don-
je vous manderai les mesures que j'aurai prises. ner. La traduction parait évanouie on ne ^ait :

Je prends la liberté d'adresser ce paquet-ci sur , ce que cela veut dire, ou pluttit on voit une dé-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. ;ni

monstration du peu de sincérité et de l'arlifice. tion unanime, universelle de tout le


et déclarée
Nous mettrons, s'il vous plait.un prélat nommé monde en faveur de ne suis
la sainte doctrine. Je
Fabroni, fameux ici par des nouvelles pasqiiina- pas le seul à qui il en ail écrit ici cela fera un :

des, sous le chiffres de BB. Il [»ourra peut-être bon effet, s'il continue. 11 peut, dans l'occasion ,

faire ici un personnage il est ami des Jésui-


' : parler de l'affaire en écrivant ici à quelque tète
tes. M. de Chanlerac va chez lui la nuit: le cardi- principale, et cela ferait à merveille car il con-
;

nal de Casanate m'en a averti ; je le savais déjà. firmerait extrêmement tout ce que je puis
Le cardinal de Janson vous dira le caractère du dire et faire. Je mande à M. le cardinal de
personnage, qui est ici Irès-haï .-j'en ai déjà fait Janson que vous lui direz le détail de ce qui se
avertir le l'ape, qui est sur ses gardes. M. de passe ici sur tout cela. Le P. Péra, Jacobin, en
Chantcracn'a à Rome d'amis que ceux du cardi- rend compte fort exactement à M. le cardinal
nal de Bouillon et des Jésuites : c'est à la lettre ;
d'Eslrées. Vous ne sauriez assez remercier M. le
je le découvre tous les jours, et cela commence cardinal de Janson des bontés qu'il a témoignées
h se publier ici. pour moi.
C'est une chose très-utile d'avoir fait imprimer Il est certain que c'est une grosse affaire à
et publier la Déclaration des évêques: cela rend Rome d'avoir en tète le cardinal de Bouillon.
leur témoignage plus certain et plus authentique. Tout ministre est à Rome très redoutable, plus
Cet écrit éclairera tout le monde, et fera connaî- qu'en aucun lieu du monde vous en voyez bien
:

tre la malignité du livre et les contradictions. M. les raisons. On les ménage plus, en quelque sorte,

de Reims en a déjà envoyé au P. Esliennot un que le Pape même.


exemplaire, qui sortait de dessous la presse. J'ai J'avoue que l'ingratitude et l'injustice de M.
prié ce Père de ne le pas fauevoir que je n'eusse de Fénelonsont au delà de ce qu'on peut dire.
reçu le paquet que vous m'en envoyez, qui arri- Enfin, la nouvelle de la paix arriva avant-hier
vera apparemment dans deux jours, et où seront à M. le cardinal de Bouillon, qui en fit part hier
les corrections. Il serait à propos d'en faire ve- au Pape : il n'y a pas lieu de douter qu'elle ne
nir ici le plus d'exemplaires qu'il sera possible , soit universelledans le terme prescrit. La paix
pour que tout le monde en ait s'il y a moyen , : en Strasbourg consolent les Français de
soi et
rien ne peut faire un meilleur effet. Si votre Luxembourg et de la Lorraine, et la gloire du
Summa dodrinœ était aussi imprimé, ainsi que roi de France est dans son entier.
llnstruction de M. de Paris, il serait utile d'en J'ai rendu votre lettre de compUmentà M. le
avoir ici des exemplau-es. Plus on poui'ra faire cardinal de Bouillon. M. Charlas sera employé
paraître de petits écrits en latin ou en italien , utilement. La santé de M. le cardinal de Bouil-
mais substantiels et bons, plus on réussira à per- lon continue à être bonne. Son Eminence tra-
suader les esprits. M. de Chanterac n'a encore vaille très-peu ; il est le même sur tout.
donné aucun écrit, aucune explication. Appa- La nouvelle de la paix changera apparem-
remment examiner, par ses protecteurs
il fait ici ment les vues de finance qu'on avait sur les char-
et ses amis
a apporté là-dessus; mais jus-
qu'il ges de M"'° la duchesse de Bourgogne.
qu'ici rien n'a paru. Il espère qu'on lui commu- Au reste, M. de Chanteiac crie ici à la per-
niquera les propositions que les examinateurs sécution, et veut faire pitié ; cela ne réussira
extrairont du livre, pour y répoudre, dil-il mais ; pas.
il trompe ce n'est pas l'u.^age du Sainl-Ollice,
se :
Sa Sainteté a toujours un peu de goutte ; la
ce serait un procès sans (in. Moliiios et lecaidi- douleur l'empêche de dormir il est abattu. ; Il

nal Pctrucci auraient cxpiii|ué toutes Icms pro- ne serait pas bon (|ue cela continuât : car pour
positions, si on le leiu- avait (jeriius. un vieillard de quatre-vingt-trois ans, la perte
M. de Chanlerac répand (pie la jalousie que du sonuneil est un giand mal. Du reste, il n'y
vous avez eu de M. de Camhrai et de son génie a pas de danger. Je ne laisse pas de vous prier
adniirableet supérieur, est cause de tout ce grand (le prendre la précaution de vous assurer de
bruit. iM. le cardinal deJanson, pourèlrcconclavisle en
J'ai reçu votre lettre du IG, de Paris ; et par le cas de maliieur suhit et inopiné. Ce sciait pour
même courrier une lettre de M. le cardinal de moi unechose très-avaiitageuseet Irês-agréalile,
Janson, aussi ohligeanlc pour vous et pour moi d'aidant plus (pie je suis persuadé qu'il aura plus
qu'elle le peut être. Il me parle de vous et de vo- de part ipie personne à ce (jui s'y iéra. Si celle
tre livre avec des éloges (|ue l'un (>t l'autre exi- Kininence ne i>eut pas m'accorder cette già("e,
gent à la vérité, mais dont il coimait liien le mé- M. le cardinal d'Eslrées ne serait peul-êlie pas
rile. Il me parle en même Icnqis de la disposi- facile de vous taire ce plaisir, et à mni. Si ees
' n doïlril «n oHot carJiiial nou^t lo ininlidcil de Clùimiil XI. deux Eininenccs me manquent, je supplieri'i
372 LETTRES RELATIVES

M. le carflinal de Bouillon, que je voudrais in. feront pas grande impression car on est Ins- ;

coi.iiniiili-r le dernier. Me trouvant iei, il serait Iruit, on on a hou moyen de l'élre.


le sera, et

mal à moi de ne pas assister à ce mané;;e, où on La lettre du roi répond h une partie de ces
a|i|pren(l toujours quelque chose, et d'où je ne impostures, aussi bien (jiie l'écrit ijuc vous avez
SOI lirais pas sans l'induit (jue je souhaite, et fait communiquer à M. de Cambrai par M. de

sans d'autres prérof;alives très-utiles dans la Paris, du 15 juillel, dont vous m'avez envoyé
suite, il n'y a, comme je vous dis, aucune ap- copie. Je l'ai lu tout entier à M. le cardinal de
|iaience (|iic l'Eglise ail dans ce moment le mal- Bouillon, qui en a été surpris, et qui voit bien
iieiu-de perdre son chef; mais cette précauli(»n par là qu'on n'a rien dissimulé à M. de Cambrai.
ne Icra mal à personne, et m'assurera ce (juc je Si l'on |)ouvait faire un petit détail de la liaison

désire en cas d'accident. Présentement que nous de Ai. de Cambrai avec AI"" Guyon et de ce qui
avons la paix, le conclave est une aflaire de deux s'est passé dans celle aflaire entre M. de Cam-

ou trois mois au plus. brai, vous, M. de dirions, AI°" de Mainlenon et


AI"" Guyon, à l'occasion des trente-quatre
LETTRE CIA.
Articles, il faudrait y ra|)porter ce qui s'en est
l'abbé bosslet a son oncle.
ensuivi: le refus qu'a fait Al. de Cambrai d'ap-
A Rome, c« Il octobre 1697.
prouver voire livre, l'invincible opposition qu'il
Je sers d'un courrier ex'.raonlinaire qui
me a témoignée pour conférer avec vous, le scandale
a apporté la nouvelle de Fa jiaix, et que M. le car. que son livre a donné et donne tous les jours,
dinalde Bouillon lenvoie. Celle lettre vous sera avec la manière d'agir et d'écrire de ce prélat.
rendue sûrement .son Kminence n'cnsailrien;
:
Une relation de tous ces faits, avec (jueliiues ré-
c'est par la voie du cadinal Olloboni que je vous llc.xions, ferait l'ien voir l'intention de l'auteur;
la fais passer. Je vous ai adressé un firos paquet or, comme l'inlenlion d'un auteur inlliie beau-
conlenanl deux ordinaires, qui n'ont pu partir coup sur son livre, elle monlierait ici quel est
à cause que M. le cardinal de Rouillcn n'a pas l'esprit qui a dirigé celui de M. de Cambrai, en
voulu (|ue le premier partit par le dernier mnnilesierail le venin caché, et découvrirait le

courrier extraordinaire. Je vous en ai conté toute sens mauvais qu'il veut insinuer sous de belles
riiisloire dans nia lettredu 8, parlie par l'or- paroles d'amour pur, de tradition, d'épreuves
dinaire dernier, et que j'ai adressée h M. de extraordinaires.
Reims ; en même temps j'ai envoyé celle de Ce porta coup à Alolinos et fit apercevoir
(jui

M. de Reims à M. de lîarhcsieux, ayant sujet de les vices de son livre, quijusqiie là pa.ssait pour
me délier (|ue M. le cardinal de Bouillon ne fit bon, fut sa conduite qu'on découvrit, et son in-
ouvrir mes lellres et n'eût fait faire un cachet tention dans tout ce qu'il faisait. Bien d'habiles
ciniime le mien. En général, le cardinal et les gens prétendent même iiu'on aurait de la peine
Jésiiiles .sont les mêmes sur tout. il trouver dans le livre de Alolinos, De la guide,
Al. le de Bouillon parait rétabli, et
cardinal des propositions qu'on pût condamner indépen-
vient ici de temps en temps il emploiera ses :
daiimieiit de ses autres écrils, de .sesexplirations
forces et sa s,-mlé pour M. de Cambrai, mais en et de sa confession. Je ne veux pas dire par là
agissant sous main. Les Jésuites et le cardinal de (juil n'y ait pas dans le livre de AI. de Cambrai
liouillon font tous leurs efforts pour le .servir. assez de proixisitions manifestement mauvaises:
On n'a pas peu à faire h Rome, quand un nii- mais ce que je i)ropose en feiait encore décou-
nislrc est contraire. vrir le venin plus clairement à tout le inonde,
Les discours de M. de Chanlerac consistent et |>rinci|ialemenl à ceux (pii ne le vei.leiit pas
à (lireque M. de Cambrai n'a aucune liaison voir. Je fais travailler à la traduction en ita-
particulière avec M"" Guyon, dont la per- lien de votre écrit du 13 juillel. qui met AL de
sonne et les mœurs ont reçu de vous un témoi- Cambrai dans tout le tort imaginable. S'il est né-
gnage authentitjuc que la haine que vous
: cessaire, je le donnerai aux cardinaux et aux
avez conire M. de Cambrai vient de jalousie examinaleiirs.
d'auleiir et d'envie de la supériorité de génie, J'ai appris depuis hier que M. le nonce avait
d'espritel desjiii ilualité de .M. de Cambrai. Il cric envoyé des de Al. de Cambrai, et que tous
livres
h la per.sécution, dit qu'on ne s'esl pas ex|)liqué les examinalems en avaient à présent.
liaiicliemeiit avec M. Cambrai sur ce qu'on
tie J'ai appris encore ce malin ipie .M. de Chanle-
tidiivail à due son li\re
?! que .M. de l'aiis et
; rac avait dil (et c'est de r.iblié ilo la Trémoiiille
Al. l'irol l'onl approuvé avec des lermes exiraor. que je le liens qu'il ven.iil de recevoir la lia-
,

dinaires d'e>lime: (luecesl imccalialequiie per- iluclion laline du livre de M. de Cambrai. Je .se-
sécute, et mille cho.ses de cette façon, qui ne rai très-aise (ju il la fasse |iaraitre : jusqu'ici il
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 373

n'en avait pas parlé. 11 l'avait sans doute; mais ne serviront de rien. On veut juger le livre;
et
apparemment il voulait faire revoir ici et corri- nous tâcherons de faire en sorte qu'on ne prenne
ger nous saurons tout cela avec le temps.
: pas le change. Sa Sainteté est déjà avertie des
Tout le but de M. de Chariterac est d'em- tours qu'on veut donner en faveur de M. de
brouiller et d'allonger si M. le cardinal le veut,
: Cambrai ; et elle s'est expliquée clairement, di-
cela est aisé ; il peut sans peine traîner l'affaire sant qu'il était question du livre qui avait lait le
en longueur. Je doute d'en pouvoir voir la fin. scandale.
à moins que le roi ne presse et ne déclare qu'il Je crois qu'une des principales choses
où je
s'en prendra à lui; que toutes les semaines il dois être allenlif, c'esl qu'on prévienne le Pape
n'en parle au nonce, et ne le prie d'écrire au sur tout ce qu'on pouriait lui faire faire sans
y
Papeen conformité, pour qu'iln'écoute point ceux penser. C'est une de mes grandes applications:
qui par polilique et un ménagement pernlci( ux moyennant cela les examinateurs iront leur
à l'Eglise, lui insinuent d'épargner M. de Cam- train, et on ne les laissera manquer d'aucun se-
brai, à cause de sa dignité et de ses amis. cours ni d'aucune exphcation sur les difficultés.
Le Pape est toujours incommodé de sa goutte, Ceux d'entre eux qui sont les plus savants re-
qui le chicane et l'empêche de dormir. 11 est très- dresseront les autres. J'ai déjà eu plusieurs con-
chagrin et très-inquiet. Les uns disent que ce férences avec le père général des Dominicains,
n'est rien; mais, selon moi, c'est toujours beau- le P. Serri, lliéologien de M. le cardinal
de
coup à un homme de son âge il ne laisse pas : Bouillon, et le P. Jlassoulié, examinateur ils :

de donner audience ù tout le monde. Je vous sont bien intentionnés et bien instruits; M. de
ma dernière lettre, à tout hasard, que,
écrivis par Chanterac les a vus souvent depuis qu'il est ici,
me trouvant ici, si un malheur arrivait au Pape et c'est tant mieux
ne gâte rien à nos affai-
: il

il me serait très-avantageux et très-agréable commence


res. Il un peu inquiet du suc-
à é!re
d'entrer dans conclave; que je n'en sortirais
le cès, et dit qu'on ne fera pas M, de Caanbrai hé-
pas sans l'induit que je demande et d'autres réliquc malgré lui.
avantages pour que pour cela
la suite
la vie de ; Je vous ai mandé, par mes précédentes, le
je vous priais de prévenir incessamment là-des- délai que la congrégalion du Saint-Office a en-
sus M. le cardinal de Janson en premier si M. le ; core accordé aux Pères Jésuilcs, pour ré[)ondre
cardinal de Janson était engage, M. le cardinal aux accusations des auties missionnaires de la
d'Esfrées: j'avais oublié tout net M. le cardinal Chine c'est une grande grâce qu'on leur a faite,
:

de Coislin, en cas de refus des deux premiers. à laquelle personne ne s'attendait. On ne doute
Pour M. le cardinal de Bouillon, j'aurais peur pas (pie le cardinal de Bouillon n'en soit la
de le contraindre, si je le lui demandais, et de cause.
me conhaiiulre aussi. Ce n'est pas que le Pape Le P. Diaz a pris la qualité de procureur gé-
soit en danger; mais on ne sait pas ce qui peuf néral des Minimes, quoiqu'il yenail un autre qui
arrivera un vieillard de qualie-vingt-lrois ans en fasse les fondions c'est pour avoir un pré-
:

passés. texte pour rester ici sans affectation.


M. le cardinal de Bouillon se porte mieux, Par une lellre que je vous écrivis le 30 sep-
mais il est incapable d'une grande applic'alion. tembre, qui devait partir par un d Uirier ex-
Sa vue est à piésent défaire son neveu caidinai, traordinaire, mais que M. le cardinal de Bouil-
en cas que le Pape veuille faire un espagnol et lon eut la bonté de ne (las vouloir (pii partit, et
un allemand. Pour le coup, je ne sais si ce se- qui n'est partie que mardi dernier, je vous par-
rait 1 inlenlioii du roi et si Sa iMajcsIé n'aiuierajt lais d'une idée qui m'était venue sur M. le prince
pas mieux, en ce cas, vous nommer. de Conli, si je restais à Kome, et laquelle je lais-
.je reçois dans le momeni voire lellre du 23sep- sais à votre jugement. Celait qu'ayant iienl-èlre
temhre, datée de Paris. Je n'ai point cnconMoru ici besoin, pour parler eu .son ncim au l'ape,
ce que vous et M. Ledieu me mandez qui vient d'une personne de coiiliance, distinguée de M. |c
pour n)oi, par la posic, de vos livres et de la cariliual de Bouillon, (jui ne peut |)as faire de
Lh'cliiralion des trois évé(pies. certains |ias, je m'oll'rais à lui pour cela et pour
Je vois bien que M. de Cambrai cherche ici à lui rendre compte de ce <|ui .se jtasse ici. Cela me
vous rendre sws|)cct; mais encore une fois il n'y ferai! entrer dans une espèce de liai.sond'anaire
réussira pas, quehpie effort que lui et ses amis quine meserait ni désagréable ni inutile, (lettc
fassent. Sa protection ne sert de rien il est : idéeaurail peut-être été meilleure à lui proposera
qiieslioii ici du livre et du livre Irauçais, s'il est lui-même, si j'y avais pensé avant sou départ ;

1)011 ou s'il est mauvais. On ne s'éloigncia pas mais je ne songeais pas à rester ici. Si nous n'y
lie cela: ses oxplicalions bonnes ou mauvaises voyez aucune app.irencc non plus (praucmie
374 LETTRES RELATIVES

raison, je serai trôs-aisi^inenl de votre avis. C'est sur cela la justice qui m'est duc. Car cela

M. le cardinal C.irio I5,irl)eriiii, dont je vous en- étant, je suis sur, .Monseigneur, que, loin

vovai une lettre dernier ordinaire, qui


par le de diminuer d'auiiii'; et de confiance pour
m'a lait [mrler de cette vue; mais ne le iiom- moi, \ous ajouterez encore quelque nouveau
liR'/ pas. d?gré de vivacité à lune et à l'autre; et serez
Je vous envoie un méuioirc italien, tradidt ap- persuadé que les sentiments d'estime cl d'ami-
|iarenuneiU du fran(;ais venu de Paris : c'est tié que je puis avou" pour M. l'archevêque de

pour brouiller les évcques avec le l'ape et em- Cand)rai n'ont jamais causé la moindre dimi-
pocher les justes desseins du cleri;é de France; nution aux sentiments de vénération, d'estime
vous verrez de quoi il est question. On répand et d'amitié si anciennement gravés dans mon

ici ce mémoire secrètement, et ce sont les Jésui- cœur, et qui ne liniront (pi'avec ma vie.

tes (jui le débitent. J'ai lieude croire que par le bon air que je
Quoi(|ue dans Rome on fasse courir le bruit suis venu respirer Ici depuis plus d'un mois, je

que le l'ape est mal, cela n'est pas vrai : il n'y la prolongerai plus loin (luelle n'aurait été, si

a rien de nouveau sur sa santé. 11 se lève, mar- je m'étais opiniâtre plus longtemps h ne vouloir
cbe un peu appuyé îi la vérité; et il y a appa- pas changer d'air durant quelque temps car ;

rence que ce ne sera rien. Ne laissez pas, s'il J'étais en très-mauvais état, lorsqueje partis de

vousplaif, de prendre des mesures d'abord avec Rome pour m'en venir ici. Mes insomnies con-
M. le cardinal de Jausoii, pour lui marquer le tinuelles de[)uisque j'y étais arrivé, jointes à
plaisir que l'aurais de me revoir avec lin sinon ;
une lièvre, sans être continue, que j'avais tous
avec M. It! cardinal d'Estiées, qui est celui, en- les jours, avec des accès qui outre cela mar-
tre nous, ([ui ouvre davantai:e, et qui se sert
s quaient la lièvre quarte, me conduisaient à
plus volontiers des honnêtes gens. grands pas dans une fièvre dont la (in ap-
lente,

Je vousai mar(pié, par ma précédente, une paremment eut pour moi. Mais,
été très-funeste

nouvelle briyue qu'on lait jouer en faveur du grâce à Dieu, je suis présentement dans une
livre de M. de Cambrai elle vient des Jésuites.:
aussi parfaite santé, pour le moins, que lors-

M. deChanterac a de très-fréquentes conférences que je partis de l'aris. Croyez, Monsieur, et


avec M. Fabroni, qui est un zelanti, et (|ui a vous me rendre/ justice, que personne ne vous
accès auprès de Sa Sainteté. Le cardinal Casa- est si véritablement et si absolument acquis

nale m'en a averti : je le savais déj;'i, et j'avais que


fail*pré\enir le Pape ; ce qui a euq)éché tout le Lecard. de Rouillon.
mal. P. S. Je me (latte, Monsieur, que vous ne
Vous ne pouvez lro|) ténioifiner ma recon- serez pas facile de voir les actes ci-joints,
naissance à 51. le caritinal de Jauson; je suis sur lesquels le l'ape a jugé devoir accorder i
()énélréde ses bontés. mon neveu une grâce aussi avantageuse et aussi
honoral)le (]^^e^t la coadjutorerie de Cluny On
LETTRE CLXI.
ne peut pas me traiter avec plus de bonté, et
LE CAItUI.NAL DE tOUlLLO.N A BOSSUET. j'ose dire de distinction, qu'il le fait. Je ne le

A l'rescali, ce 12 oclobre 1607.


connaissais point du tout, lorsque je suis venu
ici ; que ses manières simples et naï-
et l'idée
Je vous suis, Monsieur, sensiblement obligé ves avaient données do lui, avant son pontili-
de la part (|ue vous me témoignez prendre à la ca!, à tout le monde aussi bien qu'à moi est ,

grâce «|ue le l'ape m'a faite delà coadjutorerie une idée très-lausse.
de (Miuiy pour mon neveu l'abbé d'Auver;,'ne.
Je me suis toute ma vie fait» Monsieui-, un LETTRE CLXII.
sigrand honneiu' et un si grand plaisir dans la BOSSUET A SON NEVEU.
persuasion où j'étais d'avoir beaucoup de part
A FonI;iinebleau, m 14 octobre (f>!*7.
en votre amitié et en votre conliance, que je
soufl'rirnis avec beaucoup de peine la moindre ne sais pourquoi votre paquet ne ni'R
Je
diminution (pie je soupçonnerais y ôtre arrivée. point encore été rendu. M. le cardinal dEs-
Je souhaite (pie .M. l'abbé Rossuet, étant aussi iréesa eu le sien je ne vois pas à cpioi attri-
:

content de moi que je crois qu'il a sujet de l'ê- buer ce relaiilomont '. Je vous prie d'être soi-
tre de toute la conduite ijuej'ai tenue à .son égard gneux d'envoyer à teuq>s à la poste je suis :

depuis le premier uionient (jue je suis arrivé bien persuadé qrie vous n'y maïKiuoz pas.
dans ce pays jusqu'à présent, et (|ui .seia tou- Mous avons vu des Ictlrei où il parait que
jours la inème, me rende, par ses lettres, <On en * Tii It cauM dtni U Mttt CLI.\.
A L'AFFAIRE DU OUIÉTISME. 3"o

M. l'abbé de Chanterac commence à débiter ses LETTRE CLXIII.

denrées, et que tout Rome est attentive à cette l'abbé phellippeaux a BOSSDET.
matière. A Rome, ce 11 octobre 1697.
Le P. Esliennot écrit au cardinal d'Estrées
»

qu'on vise, du côté du cardinal de Bouillon, à Je viens d'achever desaniinadversions latines

mettre le livre de M. de Cambrai à l'index, sur les dix premiers articles du livre de M. de
Cambrai, qui sont les principaux. l'examine
donec corrigatur. Ce ne serait qu'augmenter le
.le

article par article, et en montre les erreurs ou


mal, au lieu de le guérir. Si l'on ne fait quel-
dans la vue
les contradictions. J'ai fait ce travail
que chose de tranchant, on perdra tout, et la
dignité du Saint-Siège sera rabaissée. Celte de m'en instruire, et de pouvoir aider ceux qui
qualification ne convient point à un livre dont en auront besoin. Il ne reste plus qu'aie polir
et le mettre au net j'espère pouvoir vous l'en-
le tout, dès le fondement, est mauvais
et elle ;
:

ne ferait qu'un pernicieux effet. Le cardinal voyer à la fin du mois et, si vous le jugez bon,
:

d'Estrées croit qu'il se faut contenter d'une cen- on pourra le faire imprimer sans nom, pour en
il dit que le détail causerait faciliter la communication.
sure in gtobo :

un imbroglio qui ferait tout abandonner au Les examinateurs ont enfin reçu des livres
Pape. dont ils manquaient, et vendredi ils s'assemble-
Le cardinal de Bouillon est très-mécontent de ront pour la seconde fois. Dans la première as-
vous voir à Rome. Il faut que vous et M. Pho- semblée, il fut résolu que chacun ferait l'ex-
faire trait des propositions qu'il trouverait censura-
lippeaiLX couvriez votre jeu, pour ne point
con- que tous se lescommuniqueraient en
dire que les Fran(;ais se battent. Faites bien
bles, et
commun. La traduction latine est arrivée mais
sidérer ceci à M. Phelippeaux, et considérez-le
;

elle sera peu utile, la plus grande partie enten-


bien vous-même : vous avez affaire de tous côtés
dant le français; et je sais qu'un d'eux a trailuit
à des gens bien fins.
lelivretout entier en italien. M. le cardinal d'Es-
Vous recevrez un paquet de l'ouvrage lalin 2 :

trées a mandé ici que le P. Granelli vous avait


prenez bien garde à la manière de le donner.
On ne vise qu'à faire paraître que c'est ici une envoyé son vœu sur le livre de M. de Cambrai.
Il a confondu ce que je vous ai
envoyé contre
querelle particulière.
Malaval cela n'a pas laissé de faire de l'embar-
M. de Cambrai a fait une assemblée de doc-
:

ras. Aussi vous voyez la nécessité de ne


rien
teurs, pour examiner une ordonnance impri-
non publiée. dire sur ce chapitre cette fausse nouvelle pou-
:

mée et
Souvenez-vous bien de frère Laurent , qu'on
^
vaitnous priver d'un homme nécessaire.
peut-être Vous savez que l'affaire des missions a été re-
objecte à M. de Paris. Vous recevrez,
mise, et qu'on a accordé aux Jésuites un délai
par cet ordinaire, une lettre sur cela, sous
le

de M. de Beaufort. Elle est très-bien faite de ([ualre mois la congrégation paraissait dis-
:

nom ;

pourra la faire courir, pour peu qu'on posée à condamner Fabroni. J'ai donné un mé-
et l'on
moire italien, qui vous a été envoyé vous :

parle de ce livret.
voyez les bonnes intentions qu'on a. Fabroni
L'ordonnance de M. de Reims sur Molina et
admirée de tout le avait porté, dans l'assemblée de ses confrères,
la grâce * est ici et à Paris
une pour l'envoyer au roi, con-
lettre française,
monde il vous en envoie des exemplaires
:
;
il
Jlais un
tre le fait de M. l'archcvêtiue de Reims.
est à Reims.
d'eux, dont je vous ai quelquefois parlé, s'y
> Bcnédictin, procureur général de la congrégation do
Saiiit-Maur.
opposa, et dit que quand il laudiait écrire au
» Summa doclrinit.
roi, ce n'est pas dans ces termes.
• C'est un do ces mystiques qui ne s'expriment
jamais d une ma-
nière simple et naturelle. Bossuct
le cariictirise on un mot : • L'ex- J'ai une sccoiule lettre de M. de Cambrai, qui
ration sortent partout dans les paroles do ce
cès dil-il, et l'e.vog revient toujours ii sou principe et îi sa docilité.
bon religieux. • Pmsagts dclaircis.
C. 12.

«Cette ordonnance, datée du 16 juillet 1697,


condamnait deux Son ageut ne dit eiiCDie (|ue des chuses géné-
do Reims, au mois do décembre
thèse» soutenues chez les Jésuites
rales ou se donne un air de persécution, quoi-
l'our la rédiger, M. lo Tidlicr avait emprunté la plumo
:

précédent,
du célèbre Vuitasse, professeur de
Sorbonno; c'est du moins co quo qu'elle n'ait pas accoutumé de tomber sur les
17 Janvier 1698. La querelle entre M.
dit lo Journal des raviinls. du
Jésuites alors beaucoup do bruit, et 11 en sera gens de ce rang. Ce n'est (pie jalousie d'auteur;
do Reims et les flt

plusieurs fois question dans la suite do


cctto corrispondaiice. On M. de Meaux n'a pu suiiporler un mérite si iVlii-
dans Mnn- tervir à V/iist.tccUi-, par
tantdans une personne moins avancée en fige.
ptnt avoir le» détails les P""'
I. P. tl'Avrigny, t. iv, p. 91
et suiv. {Edil. de Vert.)

Le livre a été imprimé sans sa permission mais :

on ne l'a piis ilesavoué, et on le soutient encore;


par M. de Paris et st>n
il avait été ;ipprouvé
granil-vieaire, (pii l'ont loué comme un cliol-
376 I.F.TTItFS RFI ATIVES

(l'rpiivrc : mais tanl pis ; car en a\aiil roctumii le Le cardinal de Noris m'a dit nettement qu'il
poisoii, ils se sont (ircIar<''S coiilre. Mais ce qui lui paraissait que le livre en question était une
est piiiir ni'ii un (ail noiivcan. M. de Cambrai jiistilication de .Moliuos, mais cacliéc et artifi-

s'est liroiiilli' aMc


de Maiiilenon et le roi,
.M"° cieuse : le cardinal Casîiiiate n'en pense pas
auquel M de Taris et M. de Mtanx ont donné
. moins. Ils n'ont tncoie vu a<icun de la
écrit

k\s mains. On ne vient (uiinl au fond de l'aflairc, part de M. de Caudirai, et ils n'ont pas une
on consiste toute la diKiculh", et je crois (]n'on grande idée de M. de Cbanterac, à ce qu'ils
est peu propre pour donner de bomx^s raisons. m'ont dit ils sont remplis d'estime pour les
:

Le livre du 1*. Dez doit tMre déléré an prender trois évécpics.

jour on prétend qu'il ne passera pas.


: On l'a fait J'ai reçu, comme vous voyez, les six exem-
procureur des Missions cela servira ;
c'i le rete- plaires de vos livres, et les ht'rlarations : vous

nir à Home: peid-étre s'en «ervira-t-on à plus ne sauriez trop envoyer ici de Déclarations et
iriiiie aflaire. de Summd dortrinœ.
Le couronnement du duc de Saxe fait nu 15 Il court une réplique en français de M. de Cam-

septend)re. nous fait attendre avec impatience brai h votre réponse je ne lai pas lue et on la :

la nouvelle de l'arrivée de Mj^'r de Conli. La nou- dit fort nrli(icicuse.


velle de la paix, tant désirée, a fait ici plaisir à Je vous envoie une lettre du I'. Augustin, à
quelques-uns. M. l'abbé vous mandera d'autres qui rendu votre lettre. Entre nous, il est un
j'ai

nou\elles. Je suis a\ec respect, etc. peu bavard mais il nous est bon pour découvrir
;

certaines clioses. Il ne sait ce qu'il vous mande


LETTKK CLXIV.
sur le cardinal Kenbofl, saint François de Sales,
L'aBUK nOSSlKT A SON 0.\CLE. etc. ré|iondez-lui en général, sans entrer dans
;

A Home, ce 15 octobre 1C97.


aucun détail.
Je VOUS écrivis le 11 de ce mois, |)ar un cour- L'affaire du P. Serri qu'il vous mande, fera '

rier extraordinaire, (pii ne partit pourtant d'ici birt partout au cardinal de liouillon, si on la
que le 13, M. le cardinal de Houillonne pouvant sait laire valoir : c'est la pure vérité, et le P.
jamais (inir ses dépùelies. J'avais reçu le matin Serri me l'a confiée à moi-même.
votre lettre du 23 de septembre. H ne s'est passé L'aveuglement de M. le cardinal de Bouillon
depuis ce jour [)rcs(|ue rien de considérable sur sur M. de Caudirai et extrême
les Jésuites est :

aucune matière. Voici ])ourlaut toujours (picl- il croit qu'il y va de son bonneur de sacrifier
que fait, et j'aiinc mieux être trop long que d'ou- tout pour ses amis.
ItlierqueUpiecbostMpiipeut étrede conséijueuce, J'ai vu, depuis vendredi, le P. Dez, qui fait

cl aider à connaitre les dispositions des gens de l'ignorant sur tout, eUpii siil bmt : il esl très-
ce pays-ci à qui nous avons à faire: les petites bien instruit des laux-bnauls de M. de Cam-
clioses servent souvent à juper des grandes. brai. Je l'ai mis insensiblement sur la matière,
Le Pape, en apparence, se porte mieux. Il n'a et il s'est enferré sans y penser. Toute leur dé-
plus de douleur de goutte, et donne auilieuce à fense sur le pur amour porte sur la délinilion de
son ordinaire; mais il est resté fort faible, et de la cbarilé. C'est aussi là où M. de Cambrai veut
fort mauvaise bumeur cela fait tout appré- : réduire toute la queslion mais on ne prendra ;

biiider pour im boiuuie de .son âge. Les pas(pn- p;is le cliange assurément; et quand il n'y au-

nades que le iicuple ingrat, dit-il, a faites contre rait que ce (\u\ regarde leur pur amour, ils ne
lui et les /.cUnils, lui oïd causé une vive dou- pouriaient jamais sauver la délinilion qu'ils

leur; et il ne s'est pas bien porté depuis. La des- donnent de dans le cinquième état,
la cbarilé
truction du Ibi'.Ure en a été l'oeeasion, et on n'a (|ni esl celui des parfaits. Car il demeurera tou-

jamais vu un diihainement si uni\ersel. il n'y a jours pour constant que la cbarilé, dans cetétat,
eu (|ue deux ou trois /.clouta, et l-abroni <pii n'e>t dilTérenle de celle du quatrième que par
voudrait bien par là être cardinal, (pu aient porté l'exclusion de la béatitude et l'indilTérence sur
le i'ajie h celle résolution. 1,1 diuiinalion.
J'ai (loimé au canlinal Casanale et au cardinal Jamais le P. De/, n'a pu se tirer de là il m'a :

Noris voire Di'rLaratioii imprimé(! : cria lait nu (lit seulement (pi'ap|tarennuent M. de Cambrai
bon faisant voir à tout le monde qu'on
effet. En n'en coinieuiliail pas, et dirait peul-êlre sim-
expose censure publi(pie ce qu'on lidiivi"
li la plement (pi'il y a des moments où on en peut
k redire au livre di- M. de Cambrai, et (pi'on faire ab.straelion ce ()ue personne ne nie, mais
;

agit ouvertement el s.Tus nnstèie, on lui porte ce (|iù ne |ieut constituer lui élat iierm.incnt et

lin coup dont il esldifllcile qu'il se puisse jamais


relever. l\'y. 1« dclul (lui! Il i'IUi iinrrimcoà It luilc de ccll».ci.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 37'

ce qui ne le rend pas plus parfait. Cet état per- Je crois vous avoir mandé, il y a longtemps,
manent néanmoins, où l'on met la perfection, que les tableaux sont arrivés à bon port enlre
est tout le but du livre de M. de Caml)rai. Il ne les mains de M. Dupré; que la princesse les a
veut rien dire du tout, ou bien il veut établir cet reçus avec des témoignages très-grands de joie
état de perfection qui n'est, encore une fois, et de bonté particulière pour vous et pour moi,
différent de son quatrième état que par l'exclu- et qu'elle lui en parle toutes les fois qu'il a occa-
sion formelle de notre bonheur même, comme sion de la voir.
rapporté à Dieu considéré en lui-même. Je lui Je n'écris pas à M. de Reims, par cet ordi-
parlai très-doucement; mais je lui fis voir que naire, n'y ayant rien
ici de nouveau je vous prie :

la difficulté seraitlrès-clairementet très-évidem- de l'assurer de mes respects, aussi bien que M.


ment expliquée. l'archevêque de Paris.
Il me dit que le P. Alfaro, l'un des examina- J'ai rendu Aotre lettre à M. le cardinal d'Aguir-
teurs, n'entendait pas un mot de français; que re, qui était dans son ht. Il a eu, ces jours pas-
le latin de M. de Cambrai l'aiderait fort, qu'il sés, une attaque d'apoplexie, dont il est revenu.
l'avait prié de l'aider sur le français : je l'en ai L'état où il est fait de la peine, c'est un homme
prié aussi, et en même
temps de trouver bon excellent qui ne respire que le bien.
que nous examinassions en quelques conféren-
ces, les matières ensemble, que j'espérais que LETTRE CLXV.
nous conviendrions aisément des principes qui LE P. AUGUSTIN, BÉNÉDICTIN, A BOSSUET.
devaient être incontestables surtout après les 34
Rome, sainte Sabine, octobre 1G97.
Articles;que nous irions d'abord de bonne foi
au point de la dilficulté, et que nous verrions, Je ne mérite point toutes les grâces dont il
pour notre instruction commune, en quoi elle plaît à Votre Grandeur de me combler dans votre
consistait. Je le ferai très-volontiers, et par là je lettre obligeante. Je confesse ma propre misère :

saurai les faux-fuyants. je trouve cependant mon bonheur à vous faire


Le P. Dez fait le mystérieux sur sa nouvelle connaître la confiance parfaite, le zèle ardent,
commission de procureur général des Missions, le respect ancien et plein de religion que je dois
qui n'est qu'un titre en l'air, pour lui servir de au vrai maître des Eglises, au vrai père des
prétexte de passer ici l'hiver, pour M. de Cam- fidèles, au vrai défenseur de la religion dans
brai : cela est sûr et comme public. Je crois sa- notre temps.
voir que le livre du P. Dez ne passera pas au La première fois que M. le cardinal Denhotf,
Saint-Olfice. qui fut toujours renqjli de vénération pour vous,
Ayez bonté de presser pour moi pour le
la Monseigneur, me
parla du livre de M. de Cam-
conclave, qui est plus près peut-être qu'on nu brai, qu'il avait eu l'occasion île voir avec M. le
pense, M. le cardinal de Jansou, M. le cardinal sacristain du Pape, mon bon ami il me dit qu'ils ;

d'Estrées et M. le cardinal de Coislin. Je souhaite étaient convenus que M. de Cambrai avait pour
bien n'en avoir point; mais si ce malheur arri- lui les cinq derniers siècles, dans lesquels les
vait, je serais au désespoir de rester h Rome très- mystiques avaient écrit. Je hn répondis que M.
inutile, et de ne pas avoir quelque petite part de Cambrai élait malheureux, s'il n'avait d'au-
à ce qui se fera. tres garants de la doctrine épiscopale que ceux-
J'ai vu ce matin Mgr Lenci, maître de chambre là ,
parce que le concile de Trente après ,

du Pape, qui m'a dit que le Pape se portait bien. leur naissanci!, ne les avait point proposés pour
J'ai pris occasion de lui porter la Déridratinn la règle que nous devons suivre; que s'ils avaient

(les trois évéques, pour lui faire mes compli- la tradition, ils étaient plus anciens; que s'ils
ments sur le n'-lablisscment de la santé de Sa en maïKiiiaient en certains points, ils n'élaient
Sainlolé. Il a bien de la boulé pour moi, et il pas en cela autetu's calholiipies dans la doctrine ;
m'a dit qu'il dirait à Sa Saiulelé la joie que je que si sainte Thérèse et saint François de Sales
liù témoignais de si bon C(eur de sa saule. Je me élaient comidés parmi ces mysli(iues brouillés
sers de tous les moyens ([ue |e puis imaginer avec la Iradilion, on condamnait leiu' savoir,
pour le faire penser fi vous, et lui laire ronnailre mais non la Iradilion; (pie j'esliinais que la
l'attente où le roi et toute l'Kgliseesl, d'ime dé- règle proposée par .M. de Meaux à Mlle de Duras
cision prompte et authentiipie, sur l'alfairc en emhiassant la religion ealholique, élait celle de
question. celle .sainte cl de ce .saint, comme celle encore
La lettre que je vous écrivis le 11 a été en- de Ions les saints Pèies et sainls doeleiirs en
voyée par l'abbé de la Tréuiouillc, dans le pa- parlicnlier, (juieoiisislailenciMpie chacun d'eux
quet de M. le cardinal d'Estrées. crût (ce que nous sommes obligés de croire de
,

378 LETTRES REr.\TIVES

chariin d'eux en parliculicr) que l'Eirlise catlio- théologie qu'à des religieux : et il n'y en a que
li(|iir mteiiil mieux rEcrilure que nul eu parli- très-peu qui méritent d'être choisis, pour sug-
culier. gérer h laulorilé catholi(pie cl apostolique la
M.iis. me dit-il, poiirra-t-on arriver I.'i dans Science c;dholi(pie et apostolique. L'ordre auquel
ce |i;i\s?Je lui rc'iiii(|iiai On y arrive si l)icn,
: on seconlic (la\aida;rc à Kome est celui de Saint-
(ju'un cardinal du Saiid-Ollicc adore le livre de Dominique. Le P. .Serri a de la liberté, de l'élé-
M. de Meaux, exce|)to dans l'endroit où il s'est vation et de l'attention la doctrine de la maî- .'i

arrêté à ôler avec quelque violence, dis;iit-il tresse des Eglises. L'Egli.sc fait une perte inesti-
des auteurs à M. ilc Cambrai, qiù onl dû suivre mable dans les circonstances [irésenles, s'il va à
la loi de l'Eulise, i|ui n'ont |iu laire un Evan-ile l'ailoue il reste ici jusqu'à la fin de novend)re.
:

nouveau, et qui ont écrit avant la condanuialiou Si la cour voulait conser>er un sujet actuelle-
du quiélisMie. ment appliqué à .son service, et qu'elle s'en ex-
cru (juc votre Grandeur, ne désafïrécrait
J'ai pliquât, la demande d'tmaussi grand prince dans
point celle petite histoire, d'aidant plus néces- cette occasion lui assiuerait ici un sujet très-
saire à savoir, que dans ce pa\s, à l'occasion du avec honneur d'engagcmenl avec
utile et tirerait

passage de saiid François de Sales, rapporté dans une république de consé(iuence, un ordre qui a
le yodus (lisaolutus et à la tète du livre, on y a quelque consiilération en lalie.
irés-l)ien reçu, i)arnii les aidres réponses qu'on M. Steyaert cho(|uéd'un refus d'ordination
'

fait à l'autorité de ce liou saint en matière de fait par M. de Cand)rai, sur des fondements

théolo;^ie, (ju'Alcxandre \ II, qui l'a canonisé, et raisonnables, aux ecclésiastiques du grand col-
qui écri\it ;\ messieurs de Louvain au sujet de lège de Louvain qu'il gouverne, va écrire con-
saiid Au-xustin et de saint Thomas, est convenu tre le livre de ce prélat. CeuMpie le docteur Hen-
que Dieu avait accordé au premier sn/u^f/r/a mo- ncbel représente ici lui écrivent qu'ils sont Irès-
uita, et aux autres inconcussa doqmata. mécontenls du livre, quoiciue Irès-édiliésdu re-
J'envoie, par cette poste, le Juqemeut du P. fus. Ce docteur a eu le moven de lire le livre :

Serri, que Voire Grandeursouhaitede voir. l*our il nie dit hier qu'il était insoutenable, surtout
l'avoir lait, il en coulera à l'Ej^lise de Kome la après que l'auleuravait souscrit les Irente-qualre
perte de ce sujet, si i)ropre h la servir dans celle Articles, et vu l'excellent ouvrage de M. de
rencontre, et dans l'aflaire du iS'odus Prœdesli- Meaux. Il me fit espérer que l'Université de
naliuiiis dissulutus. M. le cardinal de Bouillon Louvain recevrait au plus tôt les trente-quatre
l'cnij;a{;ea à laire cet écrit en iiarlant de Pro- Articles nous devons aujourd'hui conférer en-
:

vence il le lui rendt à Kome. Après l'avoir lu,


: core avec lui et monseigneur le sacristain, qui
celle Enunence lui en témoigna son chapin, lui est Liégeois, cl se nomme Mgr Le Drou.
disud (juil leero\ait |)lus favorable à ses amis. Le P. Massouliéest de l'avis du P. Serri. Il
Le l'ère lui répondit qu'il avait pensé que Son m'a pronns de faire un écrit *, tiré tout entier
Eminence voulait (ju'il la servit en servant la vé- de saint Ihomas, qui est ici pre.s<|ue l'imiiiuc
rité. Celle entiée ilaiis l'eiuploi de théulo^rien a mailre : son dessein iiarliculièremenl d'attirer
élt' sinvie de peu de coidiauciî dans les autres au parti de la vérdé le bon M. Charlas, qui est
alïaires, et en particulier dans celle ac la Chine, à (iresent M. le canlinal de .Monleliasconi. Je
Toute la dé|iense que ce eaidiual a laite pour n'oublierai rien pour le porter à soutenir la
ce l'ère a été de pourvoir à sa nourriture. Erdin cause de l'àmc de la religion, de la foi vive, de
la république de Venise a fait instance au Père l'espérance agissante, de la vraie charité chré-
général pour avoir en qualité de
le P. Serri, lieune, qui ne délndt pas la nature humaine ;

lhéolo|iien de l'Université de Padoue, un an après mais qui la rendant bonne,


|)erlecliunne, la
(|ue ce relij;iinix s'en était excusé. Le P. Serri et enlin hemeusc réglant les alleclioiis dans
s'est adressé à Son Eminence, pour lui dire (|u'il l'ordre de Dieu, enseigné dans les Ecritures ex-
préférait l'honneur de la servir à toid autre |ili(|uées par tous les s;nnts Pères et les saints
avaida^'c. M. le cardinal lui a dit de suivre son docleurs.
incliiialion le l'ère lui a répimdu (pi'elle était
: Il send)lc, Monseigneur, que \& dissolution si-
pour le ser\ir. C'est après cela (jue M. le cardi- crilége du uni, que les Ecritures et les saints
nal a doimé la liberté au général d'en disposer avaient appelée hauteur, abime, s;icrenieid
connue il lui plairai! celui-ci a cru que celait
: prolondeiu', volonté de l'architecte ; du nœud,
un ordre interprétatif pour l'envoyer à Padoue,
cl il a pris des engagemenls. Fameux docteur i» Louiàir..
'

> Le r. Mutoulii lit «Il •ITcl imprimer, en 169'}, une r^niUlloii


Le système de Home est sûrement bien connu
de» erreur» des quiiilMcs tous ce litre ; TraiU it ta virilallê Or»'-
de Votre (irandeur on n'y a conliancc pour la
: Ion, qu'il détllA à M. de Ko*iilc>, arche. <iue de Paria.
A L'AFFAIUE DU QUfÉTISME. s-ig

dis-je, de la prédestination, ne peut être con- voir son livre, et qu'il souhaitait que je le visse.
damné qu'après la décision de de M. l'affaire J'ai promisde faire toutes mes diligences pour le
de Cambrai, dans laquelle Sa Majesté est en- pouvoir après quoi nous en discourrons.
lire,

trée avec autant de gloire que de religion. J'ai Il m'a été impossible jusqu'à présent de l'avoir :
d'autant plus lieu delecroire, que ses protecteurs demain le cardinal Ferrari, notre procureur
ont fait entendre au Saint-Père que la protec- général, et le P. Massoulié se retirent ici jusqu'à
tion qu'il doit à un cardinal, qui est sa créature, la Toussaint ; l'occasion est belle.
l'engage adonner le temps de pouvoir le dé- Votre Grandeur doit être avertie que les Ro-
fendre après sa mort. J'apprends néanmoins mains ont été au désespoir au sujet du théâtre
qu'à force d'étudier pour le défendre, on reste abattu par les ordres du Pape, et que c'est bien
convaincu qu'il ne peut être défendu. lui faire sa cour que lui en donner des louan-
J'ai fait un long travail, où je l'ai suivi nom- ges il en est toujours de plus en plus satis-
:

bre par nombre: et j'ai démontré qu'il a violé fait.

la lettre et le sens de presque tous les passages


qu'il rapporte on en a tiré un sommaire, que
;
LETTRE GLVI.
M. le prieur de Toureil, de Toulouse, porte en BOSSUET A SON NEVEU.
France. J'ai soutenu, de plus, qu'il a violé pres- A Fonlaiiiebleau, ce 21 octobre 1607.
que toutes les définitions que l'Eglise a faites
sur la corruption du péché, et la réparation de Votre lettre du 1" octobre, qui était dans le
la grâce médicinale et libératrice. Cet ouvrage paquet de M. Blondel, me fut hier rendue. Le
est entre les mains de nos religieux notre pro- : Courrier extraordinaire, nommé Raisin, qui de-
cureur général, frère du défunt cardinal Ricci, vait apporter le paquet de la veille, m'a dit
l'a approuvé avec des témoignages obligeants. ([u'il avait reçu défense de M. le cardinal de

Il est à présent entre les mains d'un autre qui Bouillon de se charger d'aucun paquet, et que
en paraît satisfait je le remettrai ensuite à M.
: pu faire était de prier le se-
tout ce qu'il avait
le cardinal Casanate. J'espère toujouis de plus crétaire de Son Eminence de vous renvoyer le
en plus que cet ouvrage posthume ne sera pas vôtre sans qu'il en sache rien davantage. Les
le triomphe des ennemis de saint Augustin, ministres du roi ont leurs raisons, et c'est à vous
mais leur tombeau. à prendre d'autres mesures par les voies ordi-
Je sais l'estime qu'a Voire Grandeur pour naires.
l'Instruction paatorale de feu M. le cardinal On est bien aise ici de savoir que M. le cardi-
Denhoff sur le sacrement de pénitence. Il char- nal de Bouillon ait été si heureusement rétabli

gea M. le sacristain, M. Charlas et moi de la re- par le bonde Frcscati. J'apprends qu'il a
air
voir nous lui représentâmes certains points qui
: mandé au roi, de très-bonne
à ce qu'il parait,
méritaient quelques éclaircissements. Il ap- foi, qu'il ne se mêlerait de rien dans l'affaire

prouva nos sentiments, nous ordonna de les de M. de Cambrai. J'ai envoyé à M. le nonce
mettre par écrit, et de les faire ajouter aux édi- sept exemplaires qu'il m'a demandés du livre
tions suivantes. Je les présente à Votre Gran- français de ce prélat. Nous vous avons envoyé
deur, et la supplie de m'en apprendre au plus deux douzaines d'additions, qui serviront à
tôt son jugement ; car M. le cardinal des Ursins compléter les exemplaires de la prenùère édi-
a fait imprimer celte addition à iJénévent M. ; tion qui pourront venir par Livourno.
le cardinal d'Aguirrc, à Salarnanque, traduite On trouve ici que tout est à craindre des ai'ti-
en espagnol ; et M. le vicaire apostolique, en (ices d(î la cabale. Ou dit que l'affaire traînera

Hollande. J'en ai envoyé une traduction tVan- en longueur, qu'il arrivera quelque changc-
çaiseàM l'archevêque dlùnbrun, qui l'a reçue: nienl. On ne peut prendre conliance aux exa-
l'auteur l'avait approuvé avant sa mort. Je sup. minateurs. Je suis presque le seul qui croit (jue
lie Votre Grandeur de m'accorder sa sainte bé- Dieu fera un coup de .sa main, et ne permellra
nédiction, et de me permetlre de me dire, avec pas que la chaire de .saint Pierre se déshonore,
un très-parfait et très-profond respecl, etc. en connivant à une doctrine .si mauvaise, si
contraire à l'Evangile et à ses propres déci-
F. AU(iUSTIN.
sions.
après ma Icllre écrite, (|uc j'ai
J'ajoute ici,
M. de Cambrai a cent bouches pour débiter
vu M. Dorât', directeur de AI. Charlas: il m'a ses faux avantages. On maiule de Kome qu'on
luit cuniiuilre que M. de Cambrai leur avait fait consultera le cardinal Pclrucoi, (jui voudrait
C'cUit un ancien orclilprîtro do P.inicra, rifuglo,
'
comme Cli.ir-
tenir un milieu entre M. de Cambrai et nous.
lu, àllomr,<lopui:> l'alTairi: do lu ti'galo. Il serait bien l'irange qu'on nous mit onlre .ses
380 LErrRES RELATIVES

mains. Nous l'avons épargné, jusqu'à ne faire Depuis que examinateurs onl reçu chacun
les

nulle niciilion (les censures de ses livres '. le livre français .M. de Cambrai, il semble
de
laili's bien léllcxion à ce cjue je vous ai qu'ils veuillent aller plus vite. Ils lircnl, ven-
mandé |)ar l'ordinaiie ilernier. Allez au mieux dredi dernier, chez le inailrc du sacré palais,
plulùl (ju'au plus court, si ce n'est que vous ne la seconde session, toujours sur les préliminai-
prévissiez de grantles louL;iieurs. Le roi allend res. Avant que la po>le parte, et que je ferme
ce (ju'on aiua délenniiié sur ce (|u'il a fait dire ma letlre, je dois être informé précisément
par M. le nonce 2, cl Sa .Maje.slé pressera (piaiid de ce qui se sera passé je linirai ma leltre :

il en sera temps. Je léjai la relation que vous par là.

désirez. Les amis et protecteurs de H. de Cambrai se


J'aivu unelelire (le .MonsJïnor (Jiori à M. le sont laiit remués auprès du l'ape, qu'il a per-

cardinal d'KsIiées, qui dit ipie tout va bien, mis aux examinateurs de voir M. de Chanterac»
mais qu'on pré|)are des longueurs. 11 faut faire et d'écouter tout ce qu'il leur voudrait dire et
entendre (|ue le livre de M. de Caud)rai est donnerpoiir leur inslriiclion, ce qu'il leur avait
court, la matière bien examinée, déjà ju^'ée en défendu d'abord, cl ce (pi ils avaient aussi exé-
la |)ersorme de ïllolinos, de La Combe, de M"" cuté. 11 n'y a pas grand mal ; il est bon mèiiie
Gu> on, de Besnières, cl qu'ainsi l'on doit être qu il ne se puisse pas plaindre de n'avoir pas été
prêt. entendu, qiioiijue le lisre parle de lui-môme.
M. le cardinal d'Estrécs m'a parlé du P. Mais il faut remanjuer que c'est une règle, re-
l'era, Jacobin, comme pouvant donner des avis ligieusement observée dans les atlaires du
sûrs. Sainl-Oflice, que
examinateurs ne s'ou-
les
La lettre de M. de Cambrai est imprimée. 11 vrent en rien aux parties, même qu'ils ne les
se fait ai)plandir dans Ions les larduns cl les éoidenl pas. L'asse.-seur leur a écrit à chacun
journaux de Hollande. Je vous en envoie l'ex- un billet, de la pari de Sa Sainteté pour le leUf
Irail c'est constamment .M. de llarlay qui a
: permeltre.
fait dresser l'article. Le dessein des amis de .M. de Cambrai est de
A\czsoin, en donnant l'imijrirné de la Dé- pousser la cho.se plus loin, et de faire en sorte
claratuiu dex évéqucs, de corriger les endroits qu'on coinnumi(pie à iM. de Cambrai les propo-
qu'on a marqués à la main: ils sont impor- sitions qu'on croira devoir extraire de son livre,

tants. pour y tJoiiner l'explicition (pi'il jugera à pro-


l'aites, dans l'occasion, mes compliments pos, et par là éluder la condamnation : je sais
respectueux à .M. le cardinal de Bouillon. M. que c'est là tout leur artilice. Jusqu'ici, il n'y a
le cardinal de Jarison est h iieauvais, fort occu- pasde vraiseniblanee (pi'ils y réussi.ssenl; mais
pé de son dioiésc. c'est leur grande vue. Ce (pi'il j a à craindre,

Parlez comme vous le devez sur l'ordonnance c'est que Sa Sainteté, (pii dit toujours oui au

de M. de Reims, qui est ici fort estimée. Elle dernier venu, tout d'un coup, croyant ne faire
est en elTet fort sage, fort savante, lort curieuse auemi mal, ne s'engage à (juel(pie chose de sem-
cl néce>saire, après les llièses dos Jésuites. blable, et parla n'elernise celle alTaire. Je fe-
Le roi est |iiéveuu qu'on machinera pour vous rai bien tout de mon mieux pour ipie le Sainl-
obliger à rexenir, mais on croit votre séjour h l'ère se tienne sur .ses gardes ; et si, je l'o.se dire,

Home nécessaire. M. le cardinal de Bouillon voulait se déclarer

LETTRE CLXVll. sur celle aHaireet la faire finir, il n'eu serait |)as

seulement ipiesliou : mais, jiixpi'à celle heure,


L'aDDË noSSUET A SOM ONCLE.
il dit lui-même qu'il ne s'en veul mêler ni pour
A Ccrmigny, ce 27 octobre IC97.
ni contre ; or ne se mêler pas contre, cesl vou-
J'ai que vous m'avez fait l'iion-
reçu la lettre
loir ne |)as linir, ce qui, ce me semble, n'est ni
ncur de m'écrirc de Meaux, du septembre. t2'.)
riiilenhoii du roi ni celle du i'ape.
Je fais relier les six exenqilaires (pie j'ai reçus Il est dillieile d'empêcher les coups founés:
par le |)énuUièiie ordinaire, et attends les (pia-
tout ce (pie je puis faire, c'est de bien avertir cl
tre aidres. Lesvin,:;! exeuqilairesde la preudère Casanale, cardinal .Noris
iiislrtine le cardinal le
édition arri\eront apparemment bientôt :ilssonl
le cardinal Spada et le l'ajie par dcsgensanidés.
partis de Livonrnc. viendia du de M. nonce
Tout rc ipii C('il(' le cl
Le cirdiiuil IVirucri attit 4l«dls<-i|i|c do MollOM. L'inqiildtinn sera d'un grand poids, et pour cela,
al>j iror »c- jcnlimtnts cl i^ircmllt I* Iccluro do lou> les
du roi il
11' ifca d
l>\roi> iiu'il atail Ml Im Mimer sur la th<^>l^|;l• myitiquo. faut que nonce écrive loi temeiit là-dessus.
.M. le
' Le roi avait trmui^nr au noue* (irc m
coiiicnt do l'addition du
Il n'y aura pas de mal aussi peut-être (ju'il jtarle
r ninn'cJno, «t déùri qu'il fût retrancha du nombro de» exarei-
na'.oui». au sujet de l'assesseur, qui [larait partial cela ;
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 38*

pourra le faire un peu songer à lui il est en- ; truit, qu'il ne fasse pas mal. Nous aurons l'œil à
tièrement dévoué au cardinal de Bouillon. Jugez tout, et n'oublierons rien pour inslruire tout le
par là de celle Eminence. Avec tout cela, les monde.
gens les plus sensés sont persuadés que le livre Le Pape paraît se porter considérablement
n'évitera pas la censure mais ce ne sera pas
; mieux. Il donne audience à tout le monde, et
sans peine si M. le cardinal de Bouillon conti- s'est aujourd'hui promené fort longtemps dans

nue sa mauvaise volonté cachée car, poiu- les ; son jardin. On prétend, avec tout cela, qu'il n'est
Jésuites, ils ne peuvent faire aucun mal consi- pas hors d'affaire, que l'humeur de la goutte
dérable. n'est pas dissipée, et que l'estomac ne fait pas
L'assesseur a parlé au Pape d'une manière bien ses ionctions. M. le cardinal de Bouillon
très-artificieuse sur le livre en question ; il lui a n'est pas fâché qu'on croie que le Pape ne se
parlé de M. de Cambrai comme d'un homme porte pas bien, pour avoir plus de cré(Jit et il ;

d'une très-grande considération, pour qui il est certain qu'on ménage plus les cardinaux dans
fallait avoir des égards très-grands, et ne pas les temps qu'on croit avoir besoin d'eux, comme
précipiter une affaire qui regarde de si près un dans ces circonstances.
grand archevêque ;
qu'il fallait l'écouter et voir J'oubliai dans le dernier ordinaire de vous
ses raisons; quec'étaitune affaire de la dernière écrireque le P. Diaz et les autres Cordeliers es-
conséquence, et mille choses générales de cette pagnols ont joué des ressorts très-grands depuis
façon, qui ne font qu'embrouiller l'esprit du peu, pour faire faire quelque chose en faveur du
Pape. Le but est d'allonger et de gagner du livre de la Mère d'Agréda. J'ai été bien averti
temps d'attendre, s'il se peut, la mort du Pape,
; qu'ils voulaient employer pour cela M. l'ambas-
et mille aufres accidents qui peuvent retarder sadeur d'Espagne et dans les entretiens que
;

celte affaire. j'ai eus avec le cardin; l Casanate et le cardinal


On ne saurait mieux faire que d'imprimer ce Noris, j'ai eu soin de les en avertir. Il s'est trouvé
qu'on veut envoyer ici. Cela est beaucoup plus effectivement que peu de temps après, c'est-à-
commode pour les examinateurs et les cardi- dire, depuis quinze jours, M. l'ambassadeur
naux, et cela est plus authentique. d'Espagne leur en a parlé mais ils lui ont ôté ;

Ce que le P. Augustin vous a mandé, dans la toute espérance de pouvoir renouveler cette af-
lettre que je vous envoyai, par l'autre courrier, faire et de ncn faire eu faveur de ce livre. Le
de la Faculté deLouvain, n'est pas vrai. Hcnne- cardinal Casanate me le dit la dernière fois que
bel, qui est ici, a reçu ordre de ne se pas mêler j'eus l'honneur de le voir.
dans cette affaire. Ce docteur i m prouve fort le
livre; et il est vrai que Steyaert dit qu'il écrit
LETTRE CLXVIH.
contre M. de Cambrai. BOSSUET A SON NEVEU.
Enfin M. de Chanterac a donné une copie du
A Germigny, ce 27 octobre 1697.
livre en latin au Saint-Ollico, qui en fait faire
(les co[)ies pour chaque exan)inatcur. J'enqiloie- Il faut commencer par vous annoncer la ré-
rai tous mes efforts pour cti avoir nue, afin de ception de vos lettres du 8 et du 11. Le deinier
vousTenvoyerincessamment, c'est-à-dire, le plus paquet m'est parvenu par M. le cardinal d'Es-
tôt que je poui'rai. Irées celui (pie vous avez mis à l'ailivsse de M.
:

Je viens d'apprendre ce qui s'est passé ven- de Reims, qui est chez lui, n'est pas encore ar-
dredi dernier à l'as-semblée dos cxaminateiu's : rivé jus(pi'à moi.
on n'a parlé que des préliminaires. Tous ont M. le cardinal de Bouillon m'a honoré d'une
parlé déjà assez désavantageusemenl du livre; grande lettre pleine de bonté. Vous jugerez par
on a résolu d'en extraire des propositions, qu'on ma réponse, que je vous envoie, de ce qu'elle
examinera l'une après l'autre; et on a voulu dé- contenait.
terminer de s'asscnd)ler tous les vendredis de Vous aurez par l'onliiiiiire prochain, sans lar-
chaque semaine, peur (pie chacun rendit compte der, la relati(Ui sur le(|niéli^me (|ue vous voulez.
(leson travail, et poin- convenir, (i'est ce (jne J'aireçu la copie que M. l'helippeaux m'a en-
j'aifait proposer, connue le meilleur moven voyée '.
d'avancer; au moins on n'aura plus besoin de Al. (le Paris prépare et imprime actuellement
nouvelles convocations. Missonlié et (iranclli une ordonnance contre M. de Cambrai.
.servent cl serviront fort l)ien et Irès-ulilcnicnl. Le mouvcinenl (jne .se donnenl ici les ajnis de
i.e I'. AHora, Jé.snile, s'est trouvé à celle assem- M. de Cambrai est iiicrojabic ce (pii nous ;

lih'c ; il est Espagnol et iionnèle homme, à ce


T'^iniont lo» mn.irju.". Inliiic» iU-c(!( .ibliù sur le» Jix luoniioi-»
qu'on dit; et il se peut faire, s'il est bien ins- uiliclt'n ilu liviodo .M. du ( uinliiul.
383 LETl RES RELATIVES

le peuple, et h préparer les mois. J'ai reçu par le même courrier, le paquet
oblige & instruire
q»'»» Mcud. Les poli lifiues de vingt Déchiratinns, et quatre de voslivrcset
voies au jnK"-'""-'"!

répaiideiil (jii'oii aura de grands iiiénagcinenls, additions. Les vingt exemplaires de la première

pour ne i.oint lU'lrir uii arclie\ôque. Je ne le édition ne sont pas encore arrivés.

puis croire : ce serait tout perdre, l'ius une er- M. de Chanterac fait fort retentir ici la grâce
reur si pernicieuse vient de liaul, plus il en faut tju'ilprétend avoir obtenue de Sa Sainteté, sur
détruire l'autoiilé. Il sera temps de ménager sa la communication de toutes les difficultés qu'on

personne, quand on aura lomlroyé une doctrine fera sur l'ouvrage de .M. de Cambrai. 11 est vra»

qui lend au renversement île toutes les prières que le billet de l'assesseur aux déjiutés contient
et de toutes les conduites de l'Kglise. que du l'ape que les examina-
c'est l'intention

Cardez toujours, avec M. le cardinal de Bouil- teurs puissent commimi(|uer de vive voix avec le
lon, les mesures de respect et de confiance que grand vicaire de M. de Cambrai sur leui-s difli-
vous ai marquées par mes lettres
précéden- cullés. C'était là un beau prétexte pour ne ja-
je
tes. mais finir, pour entas.-er diflicullé sur difficulté.
M. le maréchal de Noailles qui m'a prié
C'est Cl rendre suspects tous ceux qu'il aurait voulu :

Laurent' C'est pourquoi les examinateurs, dans leur der-


de vous envoyer la lettre sur le Fr.
:

nière assembli'-e de vendredi, ont résolu de ne


vous ne vous press-^rez pas de la divul;-'uer.
et pu- rien communiquer de ce qui se passerait dans
M. l'arclievéqucde Cambrai a imprimé
nue ordonnance exidicativc de son livre et leurs assembiées, ni de ce qui s'y résoudrait, et
blié
pareillement explicative de sa prétendue
tradi- ont paru trouver très-exUaordinaire l'ordre
tion il la lient ciichéc, et à
:
Cambrai même on (ju'ils ont ret.'u.
imprimer Cela m'a donné occasion d'en parler fortement
n'en a point d'exemplaire'. 11 l'a tait
ren- ici, et d'en faire parler au l'ape, pour l'engager
en trois ou quatre lieux différents, afm de
On est révo<iuer cet ordre, qui n'est bon à rien, qui
dre jilus dillirile la réunion des feuilles.
^^

ne sert que de prétexte aux malintentionnés,


étonné du soin (lu'il prend de cacher une
or-
qui contre toutes les rè;:les du Saint-Oflice,
qui doit être publique. Il la veut en-
est
donnance
dérober et nuit au secret, si nécessaire pour finir, et
voyer à Uomc furtivement, et nous en
et pour nous pour bien finir.
la connaissance, pour surprendre
Un Je ne puis pas encore répondre de ce qui se fera
ûter les moyens d'en dérouvrir les erreurs.
positivement mais j'espère par le premier or-
évécpie, auquel il l'a communiquée, m'a fait sa-
;

c'est l'évèquC
dinaire pouvoir vous mander une résolution fi.\e
voir qu'elle était [.ire que le livre :

,ic Sa Sainteté, de renvoyer?» la congrégation


de Toul 3.
demandera sur
des canlinaux tout ce qu'on lui
J'embrasse M. Phelippcaux.
cette afiairc, et, en particulier, un ordre aux
LETTRE CLXIX. cxaininati:ursde ne point changer leur manière
l'abbé Bossi i:t a son oncle. onlinaire de procéiler avec les parties. C'est une
A Uoiiie, ce '^9 novembre l(i:>7. chose juste, qui n'empêche pas qu'on n'écoute
m'avez fait l'hon- les raisons lU" M. de Cambrai, et qu'on n'exa-
J'ai reçu la lettre que vous
mine ce qu'il voudra ilonuer pour sa défense;
neur de m'écrire de Fontainebleau du 1
de ce
mais qui iirévient mille inconvénients et mille
* Cttt* lettre, •dreii^a »a mirichtl d« Noalllei par \'ê\>\>i à» chicaneries. J'espère taire prentirc celle bonne
Beiufor', (trand-iicn'o de Pirit, axii pour but dg juiiidtr ou d'ci-
pli'iucr le l'»ro du Fr. L*urcn:.
résolution avant (pie le cardinal de Bouillon ail
' Il «'igit ict do i'Jtatructinn pastoral* dilée du l^ irptembrc, \enl qu'on ait ce dessein, et qu'on rompt ses
mua qui ne (ul eu rtTrt publiée qu'a la On d'octobre. Deui lettrée
de Kinelan t l'abbé de Clianietac (dti n
irpt el i3 ocl. \MT) noua mesures. Je suis assuré que cela ne lui plaira
don eni lea raiaooa du retard de la pubtcain-n de cctie pièce. On y pas quanti cela sera assuré, je lui en pailerai,
:

volt que Kenelon avait composé deui lmtr\>ctiont, l'une pour espll-
qurr aa dortrli>e, l'auire pour eipoter la auite de la tradition ; maia supposant toujours ipi'il ap|)rouvc toul ce qu'on
qu'aptèe II Jugea à propoa de le» fundre en une aeulc. Ou jr appreitd mil pour emiiét lier les longueurs. Si mes ilé-
encore que plutteura théoloclcna, lélrt pour la cauae de l'arcbevA-
que de Cambrai, lui Orent dra obaerrationa qui donnèrent lieu k c« marchcs ne réussissent jias, je preiulrai jieut-
prélat d'ajouter t aon Initruttiun beaucoup de cartona, comme oo être la résolution de demander une audience à
i« volt dam l'édlilon originale, oii pluaieuta pagea aonl intercalera,
d'auiree imt>rinièot en >aractero« plua roenua et par là on eipli-
;
sa Sainteté, pour lui représenter mes raisons :
l)ue d'une manière plauaible ce que dit Ici Boatuet, apparemment mais je ne ferai rien que de l'avis du cardinal
mal Informé, que Fentlon avait (ail Imprimer ton yru(>-u(ioil èO
troit ou quatre Iteui dlITarenta. (Kdtt, d» \'tr$.) CaSiinate el ilii canlinal Spada.
• HenM fuoa de TliUr.l de Bia.y, né le 25 mal \KiT, nommé év*.
On tint donc, venilredi i>5, la Iroi.Mème confé-
que de l'oul en lAnT. Il reluaa l'archevéche de B^rdetul en 1097,
et fut choial par Lo<i a XIV, ir lO mai I7t)l, |K>ur aucceetciw de rence, où l'on continua les pieliminnires: on a
Douiicl dana le aiége de Mra'il, qu'il occupa juaqu'a aa iDort. Clé-
parlé fortement ctuitre le livre en général. Jiis-
mc'it XI le Ht cardinal en 1715 II muurui • l-^rla, e Sainl^IermalD-
dca l'iea, doot U éuit tbbé, le £6 juillet 17J7. (KdU. d« \n-$J (pi'ici, tout va bien, ou étudie la matière, on a
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 3s;.'

les livres. Le P. Massoulié, le P. Granelli, le P. Le ami de ce cardinal, et il est certain qu'en celte

Mire, le Père procureur général des Augustins, affaire-ci M. le cardinal de Bouillon croit s'en

le maître du sacré palais, sont les plus savants, servir.

sans difficulté, et font bien. Le P. Damascène Je ferai de mon mieux, et tâcherai de ne rien
était à la campagne : le P. Gabrielii et le P. Al- oublier, pour instruire Dieu fera le reste et le
;

faro parlèrent peu. La première conférence se temps.


tiendra lundi 4 de novembre, parce que c'est le 11 serait fort à souhaiter que Damascène, Ga-
premier jour libre à cause des fêtes on com- : brieli et Alfaro ne fussent pas parmi les exami-
mencera à entrer dans le détail des propositions. nateurs : mais c'aurait été un trop grand fracas
J'ai reçuRemarques, qui sont excellentes je
les : si le roi avait pressé là-dessus le Pape; et je crois

crois qu'il les faut traduire en lalin, et retran- que cela fera un bon effet, si M. le nonce a rendu
cher les qualifications. Si ceux que je consul- compte ici de la manière dont cela s'est passé à
terai là-dessiis, qui seront le cardinal Casanate Paris. Je l'ai dit au cardinal Casanate, qui est le

et le cardinal Noris, le jugent à propos, j'en fe- seul, jusqu'à cette heure, sur qui je puisse comp-

rai faire des copies et les donnerai pour instruc- ter.

tion. Jusqu'ici, c'est mon dessein, à moins que Je n'ai point encore entendu parler des livres
je n'y voie quelque nouvelle difficulté. Cela est que vous dites qu'on objecte à Paris je ne sais :

court et clair, et démonstratif: c'est tout ce qu'il ce que c'est que ce livre du Fr. Laurent.
faut. M. le cardinal de Bouillon est toujours à Fres-
y a longtemps que j'ai présenté un de vos
Il cati : il se porte bien, et régale tout le monde.
livres à M. le cardinal de Nerli, qui est assuré- Je ne puis lui aller faire ma cour aussi souvent
ment un personnage. Le cardinal de Bouillon que je le voudrais, ni jouir de la petite maison
est assez de ses amis, le P. Damascène aussi : que j'y ai. Présentement qu'on peut retourner à
je l'ai trouvé un peu prévenu. J'ai été une heure Home sans danger et dormir, j'irai plus souvent
et demie avec lui ce malin. Comme il est homme et j'y coucherai de temps en temps une nuit ou

capable d'entendre, bien intentionné, qui aime deux.


qu'on l'instruise, et qui sait bien le français, prince de Conli, en Pologne,
L'.arrivéedeiVI. le

j'espère lui faire connaître la vérité. Je lui ai est certaine.Le ministre de l'empereur, celui de
déj;\levé bien des nuages qu'il avait sur le pro- Saxe, et les amis de cet électeur, ont fait leurs
efforts pour engager le Pape à ftiire des démar-
cédé, et sur ce qu'on avait tâché de lui insinuer.
un des ches en faveur de M. de Saxe; mais ils n'y ont
Je continuerai h le voir souvent : c'est
pas réussi, cette cour étant résolue d'attendre
plus appliqués du Saint-Office. C'est le seul car-
l'événement. Le cardinal de Bouillon ne s'est
dinal, avec le cardinal Spada, que M. de Ciian-
ami,
donné aucun mouvement sur tout cela, au grand
lerac ait vu jusqu'à celle heure. 11 est fort
ctonnement de tout le monde.
ce me
semble, du cardinal d'Estrées. Si ce car-
non-seulement Le Pape est sorti déjà plusieurs fois, malgré
dinal pouvait lui faire savoir ,

je grand froid; il se porte mieux; mais les car-


l'état des choses, mais le procédé de M. de Cam-
liuaux ne veulent pas croire qu'il soit horsd'af-
brai, celui des évoques à son égard, le scandale
f liio, et, moins que personne, M. le cardinal de
que cause le livre, et l'improbalion géiu'i .:1c
tiOUillull.
qui a éclaté contre, cela ferait un bon effet. Car
J'oublie de vous diie que le cardinal Petrucri
vous ne sauriez vous imaginer avec quelle
a (lit (pie le livre de M. de Cambrai était tiès-
application et quelle adresse on insinue ici le
niaiivais et insoutenable.
contraire, et que une cabnle où roti fait
c'est
11 esl bon (pie vous |)arli(^z quelquefois à M. le
entrer le roi. Cela répandu par M. le cinlinal
cardinal d'Kslrées du P. Eslieiiiiotetde M.Ceorgi
de Bouillon et par des gens (pii seinhleiit n'y
coiiMiKMles gens que j'esliinc, et qui sont de
avoir aucun inlérêt, fait d'abord eU'ut.
ne suis point outri' chez le cardi-
mes bous amis.
Ce malin ji;
J'ai reçu l'Urdonnance de M. de Reims ', qui
nal RlarescoUi, parce (pie M. de (^liaiderac y
est foudroyante : on y reconnaît la main qui l'a
était celui-là est l'ami parlicnlier de M. le car-
:

faite.
dinal de Bouillon; mais je l'ai bien instruit, il y
J'ai entieleim cl instruit M. Charlas, qu'on
a longtemps. Ce cardinal elle cardinal Nerli .sont
cardinaux papables. avait comnuMicéà prévenir; mais il est, à celle
Je rccdiniais tous les jours de plus en plus heure, dans le bon chemin, si je ne me trompe.
l'iidérèl (|iic M. le cardinal de Bouillon piiMid * i'oifts la lottro l»Uï cl'ilos»ii4.
pour Al. de Cambrai. Le cardinal Albani est fort
' Ccsl celui qui succédai liinocorit XU, soua la nom J» C14-
niint XI.
nu* LETTRES RELATIVES

LETTRE CLXX. J'ajoute que cette Instruction, avec ces petits


correctifs, ne saurait Iroj) toi paraître: je la garde
DOSSUET A M. DE NOAIM.ES, AUCllEVÉliUE DE PARIS.
A tlarly,cc3 novembre IC97. pour la mieux goûter moi seul.

Je ne Iroiive rien qu'à admirenlans voirc /n«- LETTRE CLXXI.


Iructiou. Klle est soliilc, elle est profonde, elle BOSStKT A .SON NEVEU
est conccle, elle est docte; et si j'avais à repren- A Marly, et 4 novembre 1697.
dre quelque chose, c'est seulement (|u'clle pour- reçu votre lettre du 13 octobre. Vous ap-
J'ai
rait paraître un peu li-op cliarttée de doctrine et prendrez, par extraordinaire, que le roi m'a
de passifie;;. Ce (léfaiil est trop l)eau pour le cor- donné la charge de premier aumônier de M"« la
riger. J'ajoute que tout le monde n'en verra pas duchesse de lîourgoïiie. J'en reçus la nouvelle
(^fialement l'ordre : (|uoi(|ue si l'on suit avec al- mercredi dernier à (iermijnv, par un courrierdc
Icnlion les ils serviront de
lilns de la marfie, M. Ponlchartraiii, de la part du roi. J'ai laissé
leposoirs et semble t]u'à la
de guides, il me passer la Toussaint, pour faire l'office; et je par-
page Si il ne faudrait pas dire ',si généralement tis hier pour venir coucher ici, et faire mes re-
(ju'on ne trouve aiicime trace dans les martyrs
mercîmenls. Le roi me dit tout ce qui se peut
lie ces précisions suhliles. Il y en a un exemple
d'obligeant, et me donna beaucoup de marques
dans Victor de Vile; on eu po(uiait trouver de confiance Monseigneur de même; et je vous
:

quelque autre. Cela ne fait rien dans le fond, et puis dire que ce fut une joie publique dans toute
ou en est quitte pour adoucir un tant soit peu
la cour. Je verrai demain la princesse. On croit
l'expression.
que le roi, (pii n'a point nommé la cha|ielle, me
Je vous supplie, mon
cher seigneur, de bien
m'en parler
veut faire l'honneur de : il ne m'a
observer ces mois de la pa:^e "o, que si l'on cou-
encore rien dit. Nous avons résolu, mon frère et
Iniue à nous accusrr, comme un fait, clc. Il me
moi, de ne vous proposer pour rien. Il faut es-
parait(|ue ces excusesne sont pasde lasublimilé,
pérer que par votre bonne conduite, et par vos
et, pour ainsi dire, de la magu;uiimiléd'(mo ins-
services, vous obtiendrez quelque chose de mieux.
truction |iastorale. Vous paraîtrez trop ému du
Ne doutez pas que je ne in'ap|ilique à vos avan-
bon mécliant mot d'un jtrélat que v jus connais- tages jilus qu'aux miens puisque dans les choses;

.sez, cl que tout le monde connait, cl des carac-


teiiipoielles vous pouvez, en continuant à rem-
tères qu'il nous a donnés à vous et h moi. Plu-
plir vos devoirs, faire mon |)iinci|)al objet.
sieurs croiront même (pic vous aurez voulu Vous recevrez, par cet ordinaire, la nouvelle
repousser à mes dépens le caractère de rigueur Instruction pastorale de M. de Cambrai, dont
qu'd m'attribue. Ce n'est pas votre intention, je je vous ai tant parlé dans mes lettres précéden-
lésais; niais je dis aussi quil ne faut pas qu'on tes : rappelez-en la mémoire. Je vous ai mandé
le puisse dire, ni penser. Votre indulgence, qu'il combien elle a été faite artilîcieusement et quel
faudrait plulot ai>pelerpalieuce sainte et charita- en est le dessein. Vous verrez, par la date, qu'il
bleascr\i à la vérité puisqu'elle a servi à la con-
y a six semaines qu'elle est publiée on a voulu :

Mclion. Il n'y a point eu de rigueur en cette avoir tout ce temps-là pour prévenir Rome, si
alï.iiie, pnisipi'on ne s'est déclare qu'à l'extré- l'on pouvait, etembroiiilier les affaires.
inilé. Noire DérlurnUon n'est pas un acte de Celte Instruction doit faire un effet tout con-
ngucur;elle porte si justification en elle même. traire à celui ipic railleur eu attend. On voit un
Ce n'est pas une rigueur dans \otre Instruclinn, homme qui recule sur tout, qui ne sait coniineut
•lavoir iiiar(pié en lieiile endroits les jiaroles du couvrir ses erreurs, et (jiii n'a pas riiiimilité de
livre de .M. de (^aiiihrai il est désigne troj) clai-
les avouer. Il n'en faut pas davantage pour per-
;

reiiient, pour donner lieu à aucun doute. J ole- siiadcique le livre est visiblement condamnable,
rais, pour cette raison, ces inots:/e ménaijt'mrnt puisque auteur ne le [leiit ^allver (pfeii le tour-
I

qui est ilù (lu mnilc cl nu raracthe de l'aulcur. nant à contre-sens. Cest reffet que vous atten-
Ces excuses me semblent peu nécessaires, après diez de l'explication : voiisavez très-bien raisonné
notre Di'clurnliou; et il me parait plus noble, par et, eu général, je vous puis dire que tous les
con-iéqueiit plus épiscopal, de le jiistilier par le
raisomiemen's que vous faites sur cette affaire
foiiil. C'est une assez lionne iaison(|ue celle d'al-
sont très-justes. J-vuus enverrai bientôt de cour-
teiiiirc le jugcmeni du l'ape, et je crois que le
tes remaniiies surcelte ordoniiince. Kii atten-
'

reste fera parler sans nécessité. Je suis à vous,


dant, voilà le récit que je vous ai promis î : il ne
comme voussavez, mon cher .seigneur.
Douuet mm
Imrn* pt* i «• courir» remirqiia», mais il M
'
On dini rinMruclion d« M. do Noalllct, qu'il • eu «„ard
Toit, <in rcrtl â«M« é'.tndu, «>"» c« tiiro I ifun nr riuionciic» /wt.

tnx nbNcrvalKini lio ilouucl en corriconl ou adouciktant lu dilTc- loralf Koniut à Cmmirai It 16 di irfirntn —
' Dt fiur/uaMM UmL

rci.tca •xpnt&ton» <juo la prvitt re|>rci.ait. Ut tt/ulal».


, .

A L'AFFAIRE nil QTJIËTISME. .^ss

Je faut communiquer qu'à peu de personnes qui pour allonger; car il n'y a aucune bonne raison
soient sûres. à cela. On dit encore pour prétexte de cette
M. le cardinal de Janson est à Beauvais, ti'ès- remise (mais ce n'est qu'un !)ruit qui ne laisse
heureusement appliqué à son diocèse. Ne doutez pas d'avoir son fondement), que M. le nonce
a
pas de mon attention à ce que vous me marquez écrit qu'il croyait qu'on ferait (ilaisir au roi de
par rapport à lui et à M. le cardinal d'Estrées
'
: nommer d'autres examinateurs à la place de
ce dernier n'est point ici. Damascène et de Gabrieli et que cela doit se ,

Tout ce a en France de bons évêques


qu'il y ,
résoudre demain, à la congrégation du Saint-
et moi plus que personne, nous faisons des vœux Office. J'ai vu ce soir M. le cardinal Noris qui
,

continuels pour la conservation lie Sa Sainteté: m'en a touché quelque chose. Je lui ai dit à peu
et jamais Pape ne fut plus révéré ni plus chéri près ce que vous m'avez écrit sur ce sujet-là,
Assurez-vous que je ne partirai point d'ici, s'il lui taisant remarquer que le parti que les évoques
plait à Dieu, sans avoir fait résoudre ce que vous prenaient naturellement était celui de la douceur
croyez nécessaire. Le roi est toujours porté par et du respect pour ce qu'ils pouvaient croire l'in-
le même zèle, et il ne faut que lui montrer le tention du Pape et de la congrégation nous :

bien. C'en est un grand qu'il a fait d'avoir, dès verrons ce qui en sera. J'ai parlé au cardinal
le lendemain de la paix, et avant la signature de Casanate en conformité sur cet article.
l'empereur, déchargé tout le royaume de l'us- Je lui ai parlé plus fortement sur f article de la
tensile, de la capitation et de la milice c'est : communication des pièces et propositions que
relâcher tout d'un coup quarante millions. demande M. de Chanterac, et sur le billet de
M. le cardinal de Bouillon m'honore trop de l'assesseur. Il est convenu que c'était entièreuien t
ses bontéspour n'être pas bien aise de la nouvelle contre l'ordre et la règle du Saint-Office que le ;

grâce que j'ai reçue. Je vous prie de lui en donner Pape s'était comme engagé là-dedans sans le
avis de ma part, en l'assurant de mes respects. savoir. Je ne vois encore rien de précis et de
Le P. Augustin voudrait qu'on fit agir le roi déterminé là-dessus. Ces cardinaux et le cardinal
dans l'affaire du P. Serri je le voudrais, mais : Spada me rassurent; mais je ne vois point de
il faut que le temps et les circonstances se pré- contre-ordre précis. Je saurai si demain on lait
sentent. quelque chose à cesujet; cela est de conséquence.
Ce que je crains plus que tout, c'est la comnui-
LETTRE CLXXIL
rùcalion des propositions avant la condaunudiou;
l'abbé bossuet a son oncle.
ce qui serait contre toutes les règles du Saint-
A Rome, ce 12 novembre 1697. Office , cela ne s'élaut jam.iis pratiqué. J'agirai
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon- ici de mon mieux ,
pour représenter toutes les
neur de m'écriredeFonlaiuehIcau, du iioctobre. raisons contraires; je ferai toutes sortes d'ins-
Vous aurez vu, par mes préccdeules, le sujet du tances. Une seule |)arole de M, le canlinal de
retardement de nu\s lettres. J'espère, par les ré- Bouillon ferait toul; mais il ne faut pas res|)ércr,

ponses que je recevrai, apprendre le sort qu'elles et vous voyez en quel cnd)arras je suis.
auront eu. Ajoutez, de plus, (pi'il n'y a pasdejoiu'où
La suppression du livre, donec corrUfaiur deux ou trois personnes ne parlent au Pape en
paraît jusrpi'ici une chimère, et nue chose ini- faveur de M. deCand)rai, et qu'il ne sait plus où
[tossible dans l'élat des allaires, comme vous il en est. Dans le couuueucemenl, rien n'était
aurez vu par mes précédentes. pareil à son ardeur à présent il dit cpi'il faut
:

Le Saiul-Office engagé à examiner les


est aller adaçiio. M. le cardinal Noris m'a dit aujour-
propositions M. de Cambrai le souhaite, et il
: d'hui Irès-frauehement, mais eu secret, (jue M.
y
a ajjparencc qu'on lui donnera conlentement eu le cardinal de Bouillon déclarait (pfil élail .siu'
partie; cai'.d'èNilcr le jY.s/wciiDt', s'il cslcondamné, cela iudilférenl; mais, (pie pour lui, il ero\ait
il n'y a iioinl d'apparence. (|u'il favorisait M. de Cambrai, et qu'il sollicitait
L'assend)lèe des commissaires ne se tint pas pour lui. L'assesseur le sert par toutes .ses dé-
hier, comme elle avait élé indi(pu'c on l'a :
marches; les Jésuites se déclarent hautement il :

remise, du conunaridomcrd du l'ape jusipi'à , n'y a (pie moi qui lais toujours semblant d'en
nouvel ordre. Le (yrélexlc est la Iraduc.lion nou- donler. Jesais pomlant (pi'ils n'oublient rien : ils
velle avec les notes, qui e.irmncnce à |)arailre , vont sollicilanl |)ailout Italiens et Français; et le
et (ju'(ui vcul que les exaimnaleurs \oienl avant P. Dez a dit, il y a (pialre jours, (pie la société
que de coulinucr les assemblées. C'est toujours était engagée à taire aidant d'elTorls pour empê-
.loiiKngur l'un ou Iniilro do
cher la eoiulamiiatiou de ce livre, comme elle en
' Il a'(i(;lss.-iil
c.-sdon» ranliiinux A
pitulrc pour r.,nr|nviH(n rnbhù Bossuot, tl lo l'apo vonall à mourir
avait lait pour taire coiuiamuer Jan miiIus.
U. iuu. VI.
386 I.KTTRES RELATIVES

Jf ne sais ce qu'on ponrrail faire poiii- imposer c;itions en forme. J'ai déjà écrit h Naples, au
silrnfi'i'icc.sMcssi(Mirs, ipii imlilii'iil p.niunt.snns sieur Bali/.on , pour voir si on ne pourrait pas
lionle, que le roi ne i)rt'ii(l plus aucun irilt rit à faire imprimer cette traduction ; cela serait bien

celle afi'aire, et (pie M. le cardinal de Houillon conunoile et plus utile, parce qu'il en faudrait
n t'iait cliari^é de rien là-des.sus de sa pari ; faire transcrire trop de copies. Il me parait que
qu'aussi il Icumi^'iiail une parfaite indifférence. la matière .sera bien éclaircie, après la /^(''/arat/eii,

Que puis-je dire à lout cela? iNéaninoins je puis le Sumvia doctiiiur et les remarques. M. Phe-
,

\ous assurer que je ne me décourage pas. lippcaux travaille actuellement à la traduction :

M. le cardinal de bouillon ne me parle non plus nous la corrigerons cnsend)le.


de celle aflaire que si elle n'existait pas. Aussi Je n'ai pas encore eidendu jiarlcr du livre de
,

je ne lui en dis [)lus un mol, et je fais tout ce que


Fr. Laurent. J'ai reçu la lettre de M. de Beaufort '

je juge à jiropos, sans le lui connnuni(|uer. II sur cet article.


m'est revenu qu'on disait que le roi avait écrit s;mrait trop en France éclater contre
On ne , ,

fortement à M. le cardinal de Bouillon : il le le livrede M. de Cambrai ils se mènenl ici :

mérilerait bien. Si le roi jugeait à propos de ré- beaucoup |)ar réputation et par crainte.
crire an l'ape pour faire de nouvelles instances, M. de Chanterac a lait voir ici à quelqu'un le
tenienl à M. le nonce contre commencement d'un écrit en laiin , traduit de
qu'il voidùl parier toi
la connmuiicalion des propositions, qu'il lui français, sous le nom
d'im docteur de Sorbonne,
dirait n'éUe qu'un mojen d'allonger, inutile en qui fait voir, à ce qu'on dit, pro|)Osition par |iro-
soi, injurieux au Saint-Siège, et contraire, de position, la condanmalion de .Molinos par .M. de

l'aveu des cardinaux et des e.xaminatcms, aux Candjrai. II est dit, dans cet écrit, (jne .M. de
sûrement Candjrai a pom' lui la plus grande partie de la
du Saint-Ullice, il en
règles résulterait
un bon eflel si du moins
: il ordonnait à M. le Soibonnc.
fait voir encore une réponse de M. de
Cardinal de Bouillon de i'eni|iéclier de (jueliiue Il

manière que ce témoigne


juiisse être, et s'il Cambrai au premier article de la Déclaration des
toujours la même vigueur, ce serait une chose cictjues, où l'on dit qu'il vous traite trè^-mal ,

très-utile, jiour ilc pas dire très-nécessaire. Il ne m'a jjromis de me faire avoir tout cela cette
Serait pas moins avantageux qu'on put insinuer semaine.
au cardinal de Bouillon ([u'il lerait une chose Le point important à présent, c'est d'empêcher,
agréable, moi étant à Home pour cette aflaire, à quel(pie prix (jue ce soit, la conununicalion des
de me conununi(pier ses vues. Je sais bien que propositions rpie les examinateurs extrairont de
cela l'endiarrasscrait mais s'il délérait à cet
;
M. de Cambrai. Il ne faut point perdre de temps;
avis, il me domicrait lieu de lui représenter bien ei si on envowiil quehpie courrier extraordinaire
des choses, et de lui parler librement; ce que je poiu' faire faire les instances nécessaires et con-
venues, il sera bon que vous soyez instruit, et
ne puis faire.
11 ne faut pas oublier, s'il vous plait de fairl ,
(pie vousajez soin de iii'avertir en même temps.
Il laut être assuré, qu'à moins qu'on ne voie du
parler à M. le nonce, de l'asse.ssenr, connue d'un
ctJté du roi une persévérance constante et pu-
iionnne entièrement partial, cl de se plaindre de
sa conduite. 11 esl bon ijue cela lui revienne, et bli(iuc, on ne se pressera point de linir.

qu'il sache le méconlentemenl tant du roi que Je vous envoie dans deux leuilles séparées ce

des évèipies. Si le roi jugeait encore à pro|)os, que je sais de la traduilion latine.
quand il fera réponse aux bonnes lètes aux car- Je ne rc(;ois aucune rcpoiuse de vous au sujet

dinaux du Sainl-Ollice, de leur en loucher un du pauM'e chevalier de la Grotte, qui s^uis moi
nuit, rien ne serait plus ellicace; mais je ne sais mourrait de laiin.
J'ai perdu mon cachet à tète ainsi je suis
si cela est pratic.diie. Kiilin le mal, eu lout ceci,
;

vient du cardinal <lc Bduillon : cela produit un oblige de cacheter avec imedeNi.sc de M. i'belii>-
très-maUNais cllet pour la bonne cause. pcaux, doiil je vous envoie l'emitreinle.
Je n'ai point rc^'u encore le Sumiiui dortriiiœ:
LLITUE CLXXIIL
il me viendra apparenunenl par le prochain
BOSSL'bT A SUN NEVEU.
comrier; j'en lerai un bon usage. On ne saurait
A VcrMiJIes, ce II novembre 1697.
trop m'en cnvojer, ainsi que des Diclaraliuiis
des évèqufs. J'ai reçu votre lellre du -2-2 oclobrc. Uuoi-

Nous avons résolu de traduire les remairpies qu'après ma nommatioii on atteiulil celle du
que NOUS m'avez envojées rien nesl plus net, : reste de la chapelle, il ne s'est rien dit du lout
plus précis, |ilus La traduction
démonstratif. sur cela. On revint samedi de Jlarly, d'où je suis
ialine laite, on retranchera pcul-èire les ijualifl- Voy. U leltr* 16:1 cM*itui.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 387

venu ici. Je vais faire un tour à Paris, pour n'en peut douter; mais, encore un coup, cel;i
retourner au plus tôt à la cour. ne peut que faire un peu retarder le jugement
M. le cardinal de Bouillon a écrit sur mon Pour ce qui regarde M. de Cambrai, il est bien
sujet à M. l'abbé de Fleury ^ une lettre à peu difficile que son Hvre échappe ici à la condam
près de même sens que celle que vous pouvez nation. On aura beau cour non pres-
faire, celte
avoir comprise par ma réponse. Il se défend fort sée ira peut-être un peu lentement; mais il
de se mêler de l'affaire de M. de Cambrai, et dit faudra mettre à profit cette lenteur qui, avec
qu'il ne croit pas que vous ayez aucun sujet Je cela, ne sera pas excessive. Pour en tirer parti
il faut nécessairement traduire en latin les pre.!
vous plaindre de lui. C'est ainsi qu'il a la bonté
de parler, ajoutant même qu'il vous avait offert mières vingt remarques dont je vous parlais dans
de tenir chez lui la place d'ami, qu'y tenait M. ma dernière lettre, et les faire imprimer. J'ai
pris le conseil de M. le cardinal Casanate, de M.
l'abbé de Polignac. J'ai prié M. l'abbé de Fleury
le cardinal Noris et de plusieurs autres. On a
de faire de ma part toutes les honnêtetés que je
dois à ses bontés si obligeantes. J'ai fort assuré
trouvé fort bon l'impression de la Déclaration et
que vous étiez dans les mêmes sentiments : je
du Summa doctrinœ. Je fais voir par là que les

suis bien persuadé que vous parlerez et agirez évêques ne font rion en secretsur cette matière ;
qu'ils sont bien aises d'exposer aux yeux, et à la
sur ce même pied et je vous en prie.
,

censure pubhque, des remarques sur un livre


Je pensais vous envoyer quelques remarques
public, et dont le scandale est public. Cela m'a
sur Y Instruction pastorale de M. de Cambrai :
fort servi dans les instances que j'ai été obligé
je ne sais si j'en aurai le loisir.
J'envoie à M. le grand-duc, pour contenter de faire, pour qu'on ne se départît pas des règles
sa dévotion, l'office de saint Fiacre, qu'il a de-
du Saint-Office relativement à la communica-
tion, qu'on voulait extorquer, des sentiments
mandé.
Le M, le nonce et fera ce qu'il
roi a parlé à des examinateurs et des propositions, et que
faut. nonce dit qu'on ne lui mande rien
M. le la congrégation a résolu de ne point commu-

de Rome, ni pour ni contre. Le roi continuera niquer.


d'agir. M. le cardinal Casanate m'a assuré encore au-
Conduisez-vous toujours avec votre prudence jourd'hui, et M. le cardinal Spada que
aussi,

ordinaire.Vous pouvez adresser à M. de Torcy, toute la permission qu'on aux


avait accordée
à M. Blondel,ce que vous aurez de conséquence examinateurs était seulement d'écouter M. de
à m'envoyer. Ghanterac, sans s'expliquer avec lui et c'est à ;

M. de Metz'^ et l'abbé de Castries, qui sont présent l'intention de Sa Sainteté, qu'on avait

venus me surprendre ici à diner, vous font bien surprise. Ainsi les choses resteront dans l'état

des compliments. moins que le Pape et la con-
elles doivent être, à

LETTRE CLXXIV. grégation ne changent de sentiment.


l'abbé bossuet a son oncle. Hier on m'assura que le Pape avait donné
ordre au maître du sacré palais de ne plus ap-
A Rome, ce 18 novembre 1C97.
peler le P. Dainascène aux assemblées cela :
reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon-
J'ai
voudrait dire qu'il est exclu. J'en ai dit un mot
neur de m'écrire de Fontainebleau, le 21 octo-
au cardinal Casanate, qui n'a voulu me rien
bre- Je n'ai rien changé à ma manière d'adres-
dire; mais m'a parlé de manière que j'ai sujet
il
ser mes lettres à M. Roulier, à Lyon, parce que
de croire y a en cela quelque chose de
qu'il
je la crois sûre, et que jusqu'ici rien ne s'est
vrai. Il n'y a pas grand mal, quoitpio le P. Pera
perdu. Je prends du reste les précautions que
m'ait \oulu peisuador qu'il élail engagé à con-
vous avez vues, et qui sont praliiables, de peur
damner le livre. Ce P. Damascèiic s'en prend i\
de surprise. Vousavcz, il y a loiigleinps, rèclair-
M. le nonce, qui a écrit forleuieul confie lui. Il
cissemonl sur le retardement de mes lettres du
n'ignore pas les bous offices que vous lui avez
1" octobre.
rendus ainsi il ne nous en sait pas mauvais
:

Tout est dans la même disposition que je vous


gré.
ai nianjuée dans ma précédente, de la part des
Pour revenir à nos vingt 'remarques, je vous
Jésuites et du cardinal de Bouillon. J'en reçois
dirai donc que M. PliHippeanx .n n tradiiif une
tous les jours de nouvelles corilirmalions on •
parti,.. J'avais écrit Naples dans rinfcnlion d'y
à
'AnHré-H«rcul« de Fleury, né' k I.oilèvo, le 22 Juin lOM, d'nbord
du roi, fut nommé en 1I.9H .i Itvcch* de Frr^Jui, dont II ••
•imift.ilor
faire imprimer cet ouvrage
; mais on me mande

démit on 1715. Il devint préccpiciir de 1-oiMi XV, caidmal en 1710, qu'il faut la permission (liicardiiial-évé<|Uf ildu
pin» miDlsIie d'Ent, et mourut k Imy, le 29 janvier 1713. (lidtt.
d* vice-roi. Cela serait long à examiner,
Yeri.J peiilèire
' Du Cambout do Colalia, nevou du catdlnil do ce nom. la permission ne serait pas sûre: ainsi nous
388 LETTRES RELATIVES

avons pris \o parli de vous envoyer, par cet ordi- faire, mai qu'on sVn tient aux principales.
.

naire, ce iju il y en a de Iradiiil et jtar le pro-


;
Il est bon aussi (|ue vous sachiez qu'une des
chain, je vous enverrai le resle. Il est alisolu- choses qui fera ici le plus de tort à .M. de Cam-
nienl nécessaire de le faire imprimer Itien et brai, c'est (pi'ou s'imagine qu'il est carié-sien, et

correctement. Cesvinprl reman|iiossontdrmons- qu'il préfère cette philosophie à la comnume :

tratives et décisives vous pouvez bien compter


:
cela gendarme ici (|uel(|ues-uns des principaux

(pi'avec cela, hien enleiidn, le livre ne peut pas examinateurs contre lui.

tenir. Vous y corrigerez ce que vous jugerez Au reste, il n'est vous pas nécessaire que
vous-mémo àpropos.On n'a pas cru devoir met- mettiez votre nom ne faut même
'i cet ouvrage. Il

tre les qualilicalions comme elles sont sépa-


:
l'imprimer que pour ce pa\s-ci, vous réservant à
rées, on a inséré ce (pi'il faut dans le corps du faire imprimer le français (juand il vous plaira,

discours; cela ne sera pas improuvé ici, mais et dans la forme que vous jugerez fi propos. En-

est même nécessaire. On pense qu'il est bon de core une fois, n'hésitez pas à faire imprimer ce
mettre le-; principaux passaj^es à la marge en que nous vous diMuandons pour ce pays-ci, cela
français, pour (ju'on voie d'un coup d'œil, et est absolmncnt nécessaire; mais, s'il vous plaît,
il ne faut pas perdre un moment de temi>s. Aus-
qu'on puisse confrouler aisément.
Les dernières remarques (pie j'ai reçues par sitôt mon paquet reçu, il faut faire imprimer en

le dernier courrier avec le Summa doctrinœ, toute diligence ce que nous vous envo)on.s,

sont aussi excellentes mais l'ouvrage serait trop


: quand vous aurez corrigé dans le latin ce que
long; et puis ces remarques sont sur des matiè- \ous jugerez à propos. Vous donnerez la dernière
res plus délicates, plus épineuses, plus .subtiles forme à l'ouvrage à mesure qu'on rim[)rimera ;

pour ne sont pas en général né-


la piuiiarl, et dans huit jours vous recevrez le resle de la Ira-
cessaires poui' la condamnation du livre en ce duclion des vingt remarques. Dès qu'elles seront
pa\s-ci, où on ne sera louché que des erreurs imprimées, vous m'en enverrez des exemplai-
sensibles et démontrées. On peut néanmoins res, s'il vous plait, pendant trois ou quatre or-

(et il n'.\ a (|ue vous ijui le pIIis^i(•z (aire) en dinaires, le |)lus qu'il sera possible, aussi liien
prendre le sulislanliel, cl ce «pii lendrait 'i lor- que des Dàlarativus et des Summa doclrinœ : il
tilier les remarques, pour le
vingt [ireinières nécessaire de ic'pandre cela partout. On jugC
e.st

foudre dans ces remarques, ou le placer à la ici forl sur la répulalion : ces trois pièces .se sou-
lin mais il ne faut, s'il vous plail, prendre
: tiennent l'une l'autre, et sulïisent. Au reste, les
que ce (jui ne .souffre aucune répli(iue, et ne dernières reman)ues nous .serviront ici pour
laisse lieu à aucune échaiipatoire. Il est aussi appiiifondir la matière, et pour ré|)ondre, s'il

inqiortani d'abréger le plus qu'il sera possible, est nécessiiire, à quebpics


par quel- diflicidtés,
car c'est ce cpii fera l'ulililé de cet ouvrage ; sur- ques feuilles volantes, et pour instruire dans la
tout aussi (jue rien ne sente la querelle particu- nécessité. Mais que l'imprimé, s'il vous plait,
lière et l'injure. soit bien correct et cnvojé promptement. En-
Il sera bon d'expliquer les suppositions impos- core une fois n'hésitez pas un moment, car cela
sibles, de faire voir en quoi
de M. de csl l'excès est absolument nécessaire.
cand)rai, et cond)ien est différent ce cpic vous La lettre pastorale de M. l'archevôque de
en avez écrit de bien établir l'exercice de l'orai-
; Cand)rai a été envoyée ici imprimée. L'assesseur
.snn de quiétude, (|iii ne rend pas plus parfaits l'a prêtée à M. le cardinal Casaiiate, qui l'a lue :

Chrétiens, l'.il.i sape i)ar les londemenls tout elle est très-longue. M. le cardinal m'a dit (ju'il

son système, et lui enlève les passai:! s de l'Ecri- lui paraissiittpi'il commençait à rétracter beau.
ture sainte, ilmd il abuse niaiillc.^IcMieut. La coup de choses il ne l'avait plus et l'avait ren-
:

remarque sur lesarlicles laux est excellente il :


due il la croit onforme aux notes.
; i

csl à jiropos de la melire en substance et en Au resle, ciwnme on allait me donner copie


ubregc. Enlin il faut faire de ces remanjucs un des notes en latin, le maiire du .sacré palais a
ouvrage complet; mais pour les vingl-quatr^ re|)ris le manuscrit, et je ne l'ai pu avoir; mais
dernières reniarcjucs, ne inelle/ que ce (|ui est on m'a a.ssuré que je l'aurais pour l'ordinaire
essentiel, substantiel et .sans répliiiue, et quj prochain. M. le cardinal Casanate me l'a comme
peut frapjjcr ces gens-ci en laisjmt sentir les in- promis, et une autre pei-somie.
convénients. Il faut, s'il vous plail, que, pendant Je vous envoie un écrit en français contre
qu'on im|)rimera les vingt remarques, vous ne vous <, très-mauvais .sur le cas iinpo.s.sible. Il est
perdiez pas de lenqts à achever en latin cet ou-
vrage, et le conclure en laissant entendre • C«t Acrll,dt prt« de ilciiii ccnU p«g«s
intltuMiIc/'t
in-ri. ut
if'uit rc(l-iiotl ijte ••'< flrn ,f à tin ..V im eviù r r rn>l«, ei l'<-U-
((iiM y a tme inliuiié d'autres remar(iucs h momln lùy/UM lia eu aituM.,it„n. firr/uK A/. TT/f /« Uiva M
A L'AFFAFKE DU QUIÉTIS3IE. 3SO

de la main, à ce qu'on dit, de M. de Cambrai. LETTRE CLXXV.


Celui du docteur de Sorbonnc ne se publie pas, l'abbé PHELIPPEAU.X. A BOSSUET.
et apparemment ce n'est pas grand'cliose. Ce 18 novembre 1697.
Les personnes qui écrivent en France qu'on
Voilà le reste de la traduction faite à la hâte,
consultera sur cette affaire le cardinal Petrucci
et d'un style simple pour être mieux entendu
ignorent absolument le cara^tère de celte cour-
avec les notes de M. de Cambrai. Vous pouvez
ci, et l'état présent des choses ; outre que je sais
insérer la réfutation de ces notes, et de l'écrit
de science certaine, que ce cardinal condamne
que j'ai envoyé parle dernier courrier. Comme
le livre de M. de Cambrai. 3Iais il suffirait qu'on
ce ne sont que des observations, on y peut in-
crût qu'il y prît part, pour faire condamner plus
sérer les qualifications; et il faut nécessaire-
vite M. de Cambrai ; il n'y a rien à craindre de
ment rendre la vérité éclatante, car il y a bien
ce côté-là.
des soliicilations publiques et secrètes.
Plus la Hollande se déclarera favorable à M-
Vous me mandez de ne me donner que le
de Cambrai, plus son affaire sera mauvaise ici-
moins de mouvement que je pourrai rieji n'est ;
Je ferai un bon usage de la Relation que vous
si facile mais si je ne m'en dorme, je ne sais
:

me promettez. Il est certain que M. le cardinal qui s'en donnera. Au reste, je jinis assurer que
de Bouillon est très-indisposé contre moi. Je
ceux que je me suis donnés ont été nécessaires,
traite les affaires dont je suis chargé avec toute
et qu'ils n'ont été aperçus de personne, puisque
l'application qui m'est possible, et je rends tout
je vais, sans valet, et le soir, et
que je ne vois
le respect que je dois à chacun.
que des personnes sûres et fidèles, qui sont de
L'union entre vous, M. de Paris et M. de Char-
mes amis 11 serait peut-être bon que je
.

tres, est nécessaire, et que même cela paraisse


m'en donnasse davantage mais ma première ;
encore par quelque chose de public, aussi bien
maxime , c'est d'obéir et de suivre vos vo-
que l'attention et la protection du roi.
lontés.
de Janson et M. le cardinal
Si M. le cardinal
Les congrégations des examinateurs ont été
d'Estrées écrivaient ici à quelque cardinal, ou
suspendues en attendant la traduction latine,
personne de considération, sur la disposition
les notes et quelques écrits. Cette traduction a
de la France et du roi, sur le scandale, que
été donnée à quelques examinateurs je l'ai ;
cause le livre, et le contraste de- votre procédé
vue, le latin en est pur. Vous jugerez des notes,
avec celui de M. de Cambrai, cela ferait un bon peu que j'en ai vu ne servira qu'à faire con-
le
effet. Il serait bon même qu'on commençât dans
damner l'auteur.
la Faculté et dans le clei'gé à se remuer là-
On m'a assuré que le maître du sacré palais
dessus, s'il est possible; vous êtes prudent et
avait ordre de n'appeler plus Damascène ; on en
sage.
saura la vérité à la première assemblée. Ainsi
Je finis par vous annoncer
promotion ino- la
il resterait sept examinateurs, dont cinq parais-
pinée de M. le cardinal Censi, que le Pape dé-
sent vouloir faire leur devoir. On ne sait encore
clara hier être un des deux léservés in petto, dès
quel parti prendront Gabrleli et Aliaro, Jésuite ;
la première promotion ainsi il va immédiate- :

on m'a assuré <|ue le premier irait bien pour :

ment après le cardinal Tanara. J'en ai une joie


ce Jésuite, qui est Espagnol et assez honnête
très-particulière ; car c'est, je l'ose dire, le seul
honnne, je ne sais s'il pourra s'éloigner de l'en-
ami sur qui je puisse compter ici sûrement. C'est
gagement où parait être la société. On cherche
un homme d'une douceur et d'un mérite infini,
déjà à dill'érer et nous serons longtemps ici,
;

aimé de tout le monde, et très-affeclionné à la


si de votre côté on ne presse. Vous n'ignorez
France. J'ai été, cette après-dinéc, inic heure
pas ceux (jui peuvent traverser il n'y a (juc ;

avec lui ; personne ne s'attendait à sa pronio.


l'évidence de la vérité (pii pourra touiiier celte
lion, et lui moins qu'un autre. M. le cardinal de
cour, et la porter à agir malgré les sollicitations
Janson en sera ravi.
et les intrigues qu'on pourra (aire.
L'ordotmancc de M. de Reims est ici admirée Le livre du P. Dez devait être refcié ce '

partout ce qui n'est pas jésuite. Je lui écris am- soir; mais comme M. le cardinal de Bouillon
plement, et choses qniassmément ne lui déplai-
Voulait être présent, peut-être (jiie les dépêches
ront pas; il vous en iiilormera.
(pi'il devait faire amont eiigi\gé à dilTêiiïr. Le
eonireM. l'nrchev^quc de Cambrai. On fit d'nbord courir colto pièce niaitre du sacré palais donna ce livre à lire au
manuscrite à Rumo, et enfin on la fit Imprimer rarinOo suivante,
I6J».
P. ftlassoulié, (jui y fil des notes. Le P. Dcz Ics

ayant vues, a fait un livre contre le Dominicain


'
C't- livro ,Hail iliri,./- c.iilr,- I.-h (I-:..vi . , ,1,- ll.i.u. .|.i.. k- !•

QerLcrun vcniiit >li) publier en ll.iudi''


,

3ro LETTRES RELATIVES

sons le litre de Bi'ponse au jnnuêniste anpinjme: jours en mon nom, sans meltrc en jeu celui
le Dominicain sVn est |)l.iint à la confirégulion du roi, dont on ne doit point se servir sans
el je ne sais conwnenl cela se terminera. ordre.
L'Ordonnance de M. île Heims contre les tlii-- Vdiis avez vu présentement sans doute Tins-

ses desJésnites sera lort estimée on a liean- : triiclion pastorale de .M. de Cambrai vous re- ;

con|i de cnriosilé de la voir. C'est nn coup Itien mar<]nez aisément que tout y est déguisement
violent ponr les [jersoniies (jni n'y sont pas ac- et aililice. Je travaille h la réfuter sonimaire-

coiitmnces. menl. Ce n'est pas une explication, mais un


Si vons prenez le parti de faire imprimer les autre livre, mauvais et censunible comme le
observations, il lanty mettre vous tout ce cpie premier.
aurez h dire contre ce de ne point
livre, alin M. de Paris doit envoyer aujourd'hui à Rome
multiplier les écrits, el de ne jtoinl attirer de son Iiisiruction pastorale K 11 n'y nomme jioint
réponses frivoles. Tous les gens instiuits et non M. de ('ambrai, ni son livre; mais en trente
prévenus sont pour nous. Je vous prie même endroits, il en rajiporte des quatre et cinq li-

d'insérer dans ces observations une réfutation gnes, qu'il loudi oie d'une étrange forée.
Je vous envoie une petite lettre de M. l'abbé
courte de la Lettre padorale que vous pouvez
avoir il n'en est venu ici qu'un exemplaire, ap-
:
de Reaufort à M. le maréclial de Noailles, sur le
parenuncnl pour pressentir ce (|u'on en dirait sujet du I"r. Laurent, carme déchaussé. Vous

en celle cour. On parle encore d'un écrit il'un verrez avec combien peu de ménagement un
docteur de Sorbonne, probablement supposé :
bomme de rarcbevèché, et bien avoué de son
patron, parle de M. de Cambrai.
je n'ai pu encore le voir. Il faut que ce ne soit
Outre l'instruction pastorale, M. de Cambrai
pas praiul'cbose, car on n'ose encore le com-
municpier. Après ces obser\alions, s'il se fait remplit le monde de iietits ouvrages, qu'il ré-

queUiue réponse, je serai eu état d'y répliquer,


pand par le nombre infini de ses émissaires.
faisant tout ce que je puis pour m'instruire i\
En un mol, quoi qu'il dise, et quelque beau
semblant qu'il fasse, il n'a guère en\ie de se
fond de la matière.
M. de Clianterac et M *" courent partout soimieltre mais il le fera malgré lui, parce
;

débitant beaucoup de cboses qui ne servent à que si Rome


prononce, il ne trouvera pas un
seul liomiiie pour le suivre.
rien ni l'un ni l'autre n'est capable d'entrer en
;

discu.ssion de la matière. Si M. le cardinal de M. l'abbé de Fleiiry, l'aumônier, a reçu une


lettre de M. le cardinal de Bouillon par rapport
Jansou était encore à Home, l'aflaire serait iiien-
•i moi il veut toujours que je croie (pi'il ne
tôt jugée ; mais il faudra prendre patience. Ou
; se

attend quehpie événement qui puisse retarder, mêle de rien. Cet abbé doit répondre que je crois
tout ce (pi'il dit, et que je n'entre en nulle con-
cl ([ui n'arrivera peut-être jias.
Les Jésuites ont répondu ces jours-ci que naissance de sa conduite, (|ui ne peut être que

M"" de Slaintenon avait écrit au cardinal de bonne, el conlorme aux ordres qu'il a. Je me
Bouillon en faveur de M. de Cand)rai on veut ;
réduis toujours, sans plainte el sans chagrin, à

même que le roi soit ilillérent: mais cela ne dire que cette Eniinence ne me fait pas assez de

fera pas grand effet, s'il continue à presser l'af- justice, sur ce qu'il me parait trop regarder cette

faùe. Je suis avec un prolond respect, etc. affaire comme une querelle particulière entre
M. de Cambrai et moi. Comme il parle de vous,
LETTRE CLXXVI. j'ai prié cet abbé d'a.ssurer que vous recevez de
BOSSLET A SON NEVEU. ce cardinal toute sorte de bons traitements, et
A Vcr8.iillcs, c« 9 décembre 1G97. que vous n'a>ez qu'à vous en louer. Demandez-
lui toujours sa bienveillance et sa protection ;
J'aireçu votre lettre du "2!) octobre, el je suis
vous ne sauriez rendre trop de devoirs.
lui
bien aise de vous voir toujours au fait el forl
Quant aux écrits que j'envoie, il ne faut pas
attentif. J'attends par l'ordinaire procbain d'ap-
que votre pré\ention pour moi vous empêche
prendre l'événement de votre projet <• U ne
d'examiner ce qui convient au lieu où vous êtes :
faut poii\t, sans néces.sité, demander audience
de nuin coté, je ne puis voir assurément que ce
au l'ape, ù cause que cela fe-
du grand éclat
qui con\ient ici.
rait mais agis>anl par le conseil du cardinal
;
Les amis de M. de Cambrai n'ont à dire autre
Casanate que vdus me nommez, vous ne sau-
chose, sinon (|ue je lui suis trop rigoureux. lUais
riez que bien faire. Prenez garde de parler lou- dans une querelle où
si je molli.s.sais il y va de
' Ce prwj«l coniiMait.comm» on la vu p»r les Ictlres prrcrdenlcj '
Elle eit lntilulif:/iu/r«ciin pailoralt lur la ptrfKlicm tkri-
i •Itmandcr qu'on Mconfirniit dtnt l'aflttra de M. d« Cambrai aux <wi»i< tl mr Oi rit tinirtiart. cn»lrt la ii.'iuî'nj ia/.i»M myiliquci-
c:. lin Situ'-' f.i c et qu'on ne communlqult peint à Tabbé do du oclotn lb9T.
ri,; ,
La data est l>
A L'AFFAIRE DU QUIETISME. .391

toute la religion, ou si j'affectais des délicates- aux erreurs grossières qui sont ca-
l'essentiel, et

ses, on ne m'entendrait pas, et je trahirais la pables de frapper ces gens-ci.


cause que je dois défendre. Au reste, vous ne sauriez, les uns et les au-
La traduction en latin dénies remarques fran- publier en France d'instructions con-
tres, trop

çaises serait bien longue. M. Phelippeaux pren" tre M. de Cambrai. M. le cardinal de Bouillon

dia bien la peine d'en traduire ce qui sera plus et les Jésuiles sont bien aises de faire croire ici,
utile. Mon intention est qu'elles puissent servir que le clergé de France est entièrement div'sé
de mémoire à quelqu'un de confiance. sur cette matière, et que beaucoup de prélats et
Vous devez avoir reçu deux pièces latines, qui de docteurs ne condamnent pas le livre de M.
sont pour vous et pour des personnes alfidées : de Cambrai. Il serait bon de faire connaître le
l'une est Narratio, l'autre est Errores et qualifi- contraire à tout le monde par toute sorte de
cationes. voies.

Vous ne manquerez pas de nous écrire sur J'ai appris, ma dernière lettre, qu'on
depuis
l'Ordonnance de M. de Reims. On dit qu'il court, parlait tout basde former une congrégation de
contre cet ouvrage, une lettre fort imperti- cardinaux exprès pour cette affaire. Cela peut
nente. avoir son bon et son mauvais. Si cette nouveauté
J'attends avec impatience l'écrit latin de M. était demandée de la part du roi par M. le car-

Phelippeaux je l'embrasse de tout mon cœur.


;
dinal de Bouillon, de concert avec M. de Char-
M. le cardinal de Janson est encore à Beau- tres, M. de Paris et vous, je tiendrais le projet

vais; on l'attend ici dans peu. pour bon. Si c'est le contraire, ce dessein m'est
fort suspect ; et on n'y viendra que pour tâcher
LETTRE CLXXVIL de changer des choses, qu'on croit n'être
l'état

l'abbé bossuet a son oncle. pas favorable à M. de Cambrai. J'ai mis en cam-
A Frescali, ce 19 novembre 1697.
pagne deux ou trois personnes pour découvrir
ce qui en est: je le saurai dans peu et j'agirai
J'ai reçu ici, il y a trois jours, la lettre que suivant l'occurrence. Ce que vous me mandez
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de Get'" par votre précédente lettre, qu'on verra l'effet
migny, le 2" du mois passé. Je suis venu ici que produira ce que le roi a dit à M. le nonce,
prendre l'air quatre ou cinq jours, et m'en re- me fait suspendre mon jugement: et je doule
tourne demain. Je rendi'ai inoi-mcme votre si ce ne serait pas ce projet dont vous voudriez
lettre à M. le cardinal de Bouillon, et aurai par me parler: d'un autre côté, je crois que cela
là occasion de lui parler de cette affaire, dont, vaudrait bien la peine de m'être mandé claire-
pour vous dire la vérité, nous ne parlons pas ment.
plus que s'il n'en était pas question. La raison Je suis venu ici en partie pour attendre que
pour laquelle de mon côté j'en agis ainsi, c'est je fusse mieux instruit, et n'être pas obligé de
que je vois fort bien qu'il évite tontes les occa- parler là-dessus, sans savoir ce que j'ai à dire.
sions d'entrer là-dessus en matière avec moi :
Tout ce que je puis vous assurer, c'est (pie le
et comme je veux aller mon chemin, et l'aire ce cardinal de Bouillon sera bien hardi, s'il le fait
qu'il convient pour le bien de la cause, je n'en
sans ordre du roi car, assurément, une pa-
:

veux pas être euipèclié. Je suppose toujours reille chose ne |)cut s'exécuter, sans que le car-
qu'on est i)ienaise, parce que cela doit ùlre ainsi. dinal de Bouillon y ail part.
Du reste, je ne fais rien que je ne veuille bien Les Jésuiles publient haulement que la lettre
qui soit su de tout le monde, et je garde toutes du par M. révê(|ue de Meaux
roi a été dictée :

les mesures imaginables. cela est assez insolent, et dil pour aliéner des
Enfin nous avons eu coiiie des notes latines, trois évoques l'esprit des examinateurs. Des re-
et j'ai cliaigé M. Phelippeaux de vous en envo- ligieux intrigants, à la Icle des(iuels est le P.
yer un exemplaire par cet ordinaire, il vous Diaz, cordelier esi)agnol, publieiU (pie M. de
instruira aussi de ce <iu'il a pu savoir de nouveau Cambrai est le seul dcfenseur des religieux, et
dei)uisinon dé|)arl. 11 vous doit envoyer les der- qu'ils doivent le soutenir.
nières feuilles de la traduction latine, dont nous Il est sûr ([ue le P. Damascène est exclu du
attendons ici les exemplaires avec giiuule im. nombre des examiiialenrs, doni il est Irès-I'àché,
patience, connue cliosi' très lu'cessaire. Vousavez elles examinateurs sont fort aises li'cn êlre dé-
ù pn'st'nl VOrduiniiiiire et les IS'oh's; vons|)oni- bariassés. M. Phelippeaux vous écrira ample-
ricz ajoulci ce. (jn'il faut aux eiulroils. Ce (pic je ment celle lellrc sera dans son p;i(picl.
:

prends la liberté de vous reconnnandcr, c'est |a Le Pape se porU; bien, cl a (<iil son Miailit! de
brièveté cl à cet effet de ne vous arrêter qu'à cliambie iMgr Aqiiavi\;i, iN';ipolil;iin, (jui est for!
392 LETTRES REI.ATrSTS

mon ami, et qui pourra parler au Pape plus Vous avez re(;u à présent VInsintclion pnxto-
lorlemeiit (|iic M. I.euei, qui, par modesUc» rak de M. de C.unbrai. (l'est un moyen incon-
iro>ail i«arler<ie rien. Je suis, etc. leslable pour condamner le livre: air, l'Eglise .si

romaine se laissai! éblouir d'une explication si


LETTIΠCLXXVIII.
grossière, ce serait h ce coup qu'on ()OUiTait
BOSSUET A SON NEVUU.
dire Tune qui in Jinhid /;uut,fugiant ad montes.
:

A Vcrsriillcs, ce 13 novembre 1C97.


Mais ce que dit siint.Xugustin, sur les pélagiens
Je vois, par votre lettre du 5, que vos travaux arrivera plutôt: Sed Kalesiam liomanamfanere
aunMientent; Dieu vous bénira. Nous sommes itsquequdiiuf mm potuil.
au leuips (le l'emlirouillement celui cludénoû- :
11 est vrai qu'il y a beaucoup de
dans le livre
ment \icialra, (pii nous sera favorable. Nous choses outrées contre ilolinos mais ce n'est ;

avons avis qu'on a ôté Damascène du nombre que pour le favoriser plus finement et mettre
des examinateurs j'en suis bien aise, tant |)our
:
toute sa doctrine dans des exc(''s.
piire voir le /.(le du roi à défendre la bonne Je vous envoie un Mémoiie ', qui vous manjue-
cause, que pour le bien même de l'affaire. Quoi- ra, dans l'Instructinu pastorale de M. de Paris,
que ce reli;;ieux se fût expliqué pour la censure les endroits extraits du livre de M. de Cambrai.
du livre, il n'était pas à propos (ju'il fût un des Je diflère de parler, parce (pie je veux donner
examinateurs. une courte mais forte réfutation de l'Instruction
J'ai ciiuseillé de ne rien pousser pour exclure paslnrah' de cet arcbevèquc.
Caliiieli. J'admire le peu de sincérité de M. l'abbé de
M. de Cambrai et ses amis crient ici victoire ; Chanterac, lorsqu'il dit qu'on se ralentit ici. M.
mais nous ne nous étonnons pas de ce sljlc. de Cambrai, qui se vante d'avoir pour lui la
Tout lésounait de la victoire de ce prélat, quand moitié de la Sorboune, ne saurait trouver un
il lut rcnvojé de la cour le loi. (lisait-un, ne:
seul api)robatcur de sa docliiiie, ni d'aucune
se souciai! plus de l'affaire, et tout allait bien des pro|iosilions qu'on re|)rend dans son livre.
pour .M. deCaud>rai. 11 est vrai qu'alors les in- Il n'a même osé dire, comme ont fait M. de
lrigU(îs n'étaient pas telles qu'elles le sont dans Reims et M. de Paris,qu'il avait consulté des
la circonstance présente, et qu'on ne voyait pas évé(pies et des docteurs.
une cabale .si pui.ssaule et si concertée; mais Jamais il n'y eut une pareille illusion à celle
Ja vérité sera la plus forte. de .s(jn amour naturel permis, qu'il étale dans
Je vous prie de cbeicber les moyens de voir son Iiis'iuclion pantorale, pages 9 et 10. On ne
M. le cardinal de Bouillon, et de lui dire qu'en- pouvait rien inventer de moins convenable au
core que je croie tout ce qu'il lui plait sur la livre, de moins fondé en .soi-même et de plus
neutralité promet, je ne ces.serai jamais de
(pi'il outré. 11 n'y a point de |ilus claire démonstra-
me plaindre à lui avec respect du peu de jus- tion de la fausseté du livre en soi, et de l'illusion
tice (pie Son Euiinence me rend, sur la plainte que l'auteur fait ii ses lecleurs. Son impudence
que j'ai eu riiouneur de lui faiie des discours est extrême d'avoir assuré, p. 103, qu'il a tou-
qu'on avait tenus, et (pii tendaient à réduiie jours pensé de même, quand il n'y a pas trois
{•elle alTaire à ime querelle |iarlieuli('re eidre lignes de suite (jui deineurenl eu leiirenlier.
M. dcCandtrai et moi. Toule la France sait que Je viens de voir, dans une lellie de Rome,
jcn'ai aucune aucun démêlé avec
affaire ni cet que .M. Derniui, assesseur du saint Oflice, .se dé-
arelievè(pie, qui ne me soit couuuuu avec les clare fort partisan de .M. de Cambrai. A Dieu
autres prélats. Je ne ce.sseiai de renouveler cette ne plaise, poiullionneur du Pape et de l'Eglise
pl.iinle h .M. le cardinal de rionillon, jus(pr;\ ce romaine, (pi'elle se laisse surprendre h la plus
qu'il m'ait fait ju>li(e, et(prilait (laij^né me gro.^sièiedes illusions !

répondre sin* ce point. Du reste, toutes les let- M. de (Cambrai a écrit une nouvelle lettre au
tres de llotne disent ipiil fait .secrètement sim Pape au sujet de .sa nouvelle explication. Jaurai
affaire de celle de M. deCandirai n'en croyons :
la foi jiis(pi'au bout, que Rome ne se lai.s.scra
rien, ni vous ni moi. A^'i.ssez toujours avec lui pas surprendre.
dans les mêmes sentiments de respect et de
i|Uei sur la traduction latiiw du llrra d* M.dcCambrai, apiit 1 avoir
conliancp, quand il vous jujj'cra di{;ne de vous «ciilriiicnl parcoiiruo rai'lilemrnl.
écouter. '
i'oy. ce Miinoirï à la suite de celte lettre-

Vousavez i)ris l'cspril des explications de M.


de Canihini, connue .si vous avi(>/. eu le livre des
jours entiers entre vos mains '.

L'alilx: JJu^iui avait ciivoyo ilc Uumr, u huii uiicic, li» rciuar-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. ?.03

EXTRAIT DE L'iXSTRrCTION PASTORALE DE M.l'aRCHEVÊQUE DE <i L'espérance désintéressée des promesses; » Explic, p. 91.

Paris contre les faux mystiques du 27 octodre 1097. Instr. past., p. 21 : « Le désir désintéressé consiste à ne
vouloir le salut qu'en tant que Dieu le veut; » Explic, p. 20,
Fait par l'évêque de Meaux. 27, qu'il cause que Dieu le veut... Instruc, ibid.: k L'âme
Instruction pastorale, pag. 7, 8, sur la tradition, riîfute la persuailée invincibleme it; •> Explic, p. 87. Instruc, ibid.:

doctrine de V Explication des maximes des taints , p. "261 '•


« Le trouble est involontaire, dit-on, mais le sacrifice n'est-il

et en particulier la p. 7, Un secret
même etc. repris de
,
,
pas volontaire'/ « Explic, 90. Instruc, ibid.: u Sa- p. 89,
VExptic. Averliss., p. 1, 2; livre, p. 261, encore, p. 7, « à crifice conditionnel... Explic, p. 87. Instr. ibid.:
absolu;»
un très-petit nombre d'âmes parfaites, » contre VExpUc, « Ne pas coopérer à toute sa grâce » Explic, p. 50. Inst., ;

p. 34. Encore, p. 8 : « La perfection nécessaire, etc. Ex- >> p. 21 « L'âme acquiesce à sa réprobation par un acte ré-
:

plic, 261. La même encore, « Doctrine cacliée fléchi... et conserve l'espérance par un acte direct; » Explic,
p. 34, 35,
aux saints; » Explic. ibid., encore Instruc past., p. 8, 9: p. 87, 90, 91.
K Si la perfection était celle dont parle l'Evangile; "Explic, Instruc past., p. 22 : « Désespoir apparent... péché appa-

p. 261. rent... trouble involontaire; tout cela réfuté; Explic, p. 87,


Instruc. Past., p. 9 : « On ose dire qu'on a caché la doc- 88. 89, 90, 91.
trine de la perfection presque à tous les Chrétiens , même à J)is(r. past., p. 23 : « Ame indifférente pour tout ce qui la

la plupart des saints, et cela de peur de les scandaliser; » regarde; » Explic, p. 72. Instr. ibid.: u Le directeur n'a
Explic. des Maximes, p. 34, 35. La même Instr. ibid. -. d'autre ressource que de laisser faire un acquiescement sim-
« "Tombe dans le désespoir; » Explic, p. 9. Instruc, Ibid.-. ple » E.rplic, p. 91. Instruc, ibid.: « L'ignorance orgueil-
:

« Acquiesce à sa réprobation, » Explic, p. 91. Instr. Ibid.-, leuse de ceux qui font les maîtres en Israël, sans avoir ni
K Faire un mystère de la perfection chrétienne; » Explic, science ni vocation; » l'auteur de YExfAicalion des Maximes
p. 34, 3!), 261; et dans VAvertiss., p. 1, 2,4, 5. Instruc, désigné; et il l'était encore mieux dans la première édition
ibid.: « Le lait des enfants... la nourriture des forts,» repris qui a été retirée on y lisait : « Sans avoir les premières no-
;

de VExplic, p. 261. tions de la théologie. »


Instruc, p. 12, contre les précisions du pur amour ensei- Instruc. past., p. 29 : « Le dictionnaire des nouveaux
gnées dans VExplication des Maximes, p. 28, 29, 4i, 220» mystiques; » Explic, Avertiss., p. 26.
227, et en général sous ces termes àeprccision, pcti(es sub- Instruct. past., p. 30 « Ne reproche que d'avoir manqué :

tilités, abstractions, idées abstraites, jietites distinctions de de zèle pour réprimer la témérité d'une femme qui enseign.iit
métaphysique , raffmements de Sjiirilualité, et autres seni. la doctrine des nicolaïtes. » C'est un caractère de M. de
blablci répandus à toutes pages de l'Instruc. past., sur- les Cambrai et de M°" Guyon.
tout p. 12, 13, IG, 17, 25, 34, 39, 40, 41 49, 51 S2, 55 . , Instruct. past., p. 31, à la marge : « Dans le cas du pré-
62, 63, etc. C'est un caractère continuel du livre de l'Expli- cepte ;
» Explic, p. 66, 99.
cation et de son auteur, comme il est évident par l'esprit past., p. 34
Instruct. « L'amour pur consiste ii aimer :

même de l'ouvrage et par sa propre expression, p. 28, 29 Dieu pour lui-même sans rapport nous; » fifiîic., p. 28, ii

44,45,226,227. 42, 43. Instruc, ibid.: « Pour son intérêt éternel; «Explic,
Instr. past., p. 12: « On considère Dieu en lui-même, sans p. 73. Instruc, ibid.: « Nous ne serions pas dans la sainte
aucun rapport en soi; Explic, p. 28, 42, 43, Inst., ibid. . indifférence, nous ne serions que dans le degré de la rési-
« Désirer Dieu comme son bien, même en rapportant tout cela gnation » et p. 35 ;
<< Le Fils de Dieu n'aura donc été que
:

à sa gloire ; ce n'est qu'une charité mélangée ; » Explic, p. 6, dans le degré de la résignation où l'on a des désirs soumis,
8, 9, 10, 14, 15, etc. et non pas dans la parfaite indifférence oii l'on n'a plus du

Instr. past., p. 15, et 16, à la marge : « Tous les Chréti'jns désirs il soumettre » Explic, p. 49, 50. ;

appelés à la perfection; » Explic, p. 34, 35,261. Instruc, Instruc. past., p. 35 « Trouble involontaire de Jésus- :

p. 16 : « La plupart des saints n'ont pas été capables de la Christ, analiième dans le concile général; n Explic, p. 122.
perfection, quoique ce soit la simple perfection de l'Evangile; » Instruct., ibî'rf. La résignation et l'indifférence expliquées sur
Explic, p. 34, 35, 261. Instr., ibid. « Par la subtilué de : d'autres principes.
leurs précisions, contre la précision du pur amour; » Explic, Instruct. past., p. 38: « Saint Paul et saint Martin, »etc
p. 28, 29, 44. Instruc, ibid. « Avoir renoncé à tout in- : L'Explication des Maximes réfutée sur ce sujet, pag. 49, 52,
térêt, même éternel ; » Explic. p. 73. 56, 57.
Instr. past., p. 17: « La chair entièrement soumise à Instruct. past., p. 39 40 « Vouloir son salut comme , :

l'es'irit; » Explic, p. 76. Instr., p. 17 : « Uaflinements de chose que Dieu veut; ne le vouloir précisément, exclusive-
spiritualités, subtilités, précisions chimériques; » contre VEx- ment que parce que Dieu le veut « doctrine de {'Explication,
,
;

ptic, p. 28, 29, 44. p. 26, 27, 52, 53, réfutée. Instruc, ibid.: u Petites subti-
Instruc. past., p. 18 : «Sans rapport à nous; » Explic.^ lités... » c'est encore le caractère
précisions métaphysi(|ues ;

p. 28, 42, 43. de M. de Cambrai qui revicntsouvei.tdans r/iis7rwc(ioii pas-


Insir. past., p. 19 : « Une âme ne doit plus avoir... pour torale. El p. 40 <c Précisions subtiles » le même caractère.
: ;

tout ce qui la regarde, non pas même pour ion intérêt éter- Instruc. past., p. 41 « Acipiicscer aux volontés connues, :

nel ;
Explic, p. 72, 73. Instruc, ibid.: « Ni perfection, et inconnues; » Explic, p. 61. Instruct., ibid.: « Excita-

ni salut, ni paradis,» de; Explic, p. 52,54,57,226. tions empressées: » Explic., p. 99, 100: « Intérêt propre...

Instr., ibid.: « Aussi un auteur cér^bre, etc.. un rafline- amour mélangé; » Ejp/i'c, pages ci-dessus cotées et dans ,

ment insensé;» /ti/ziic., p. 63. Plus trois lignes de suite tout le livre.
prises mot à mot de M. de Cambrai; Explic, art. 5, p. 59. Instruc. jiast.. p. 41 Sans l'amour d'espérance, notre
: •.

Instruc past., ibid. :«Sacrillce de notre salut dans les der- intérêt domine sur la gloire de Dieu;» Explic, p. 4, 5,8,
nières épreuves; » ExpL, p. 90. 14, 22. lléfutation de ce sentiment, attribué il saint François
Instr. past., p. 20 « Ne vouloir plus pour soi ni mérite, : de Sales par l'auteur de VExplie.
ni perfection, ni, » etc.; Explic, p. 52, 54, 57, 226. Instr., Iristru' past., p. 47. « Jamais : les justes ne regardem
ibi<l.: <• Invinciblement persuadée; « Ex\>lic, p. ti7, Instr., comme un ras possible qu'ils puis.sciit soulTrir les peines éter-
iliid.: « Acquiescer il la juste condamn.ition où elle croit être nelles, ni être privés de Dieu après l'avoir aimé toute Icui
de la (lart de Dieu; » Explic, p. 91. yiisfr., ibid.: u II vie ; il n'y a que les nouveaux spirituels qui croient ce raa|

n'ckl plus question de lui dire ;


n Explic., p. 88 , 8!) : u Rien non-seulomciit possible, mai» réel; » Explic, p. 90.
ne la rassure; » Explic, p. 89. Instr. ibid. à lu marge : u Sa. Instruct. past.. p. 51. C'est une K-futalion des précisions
rrilicc absolu de son salut, et li! directeur la laissera faire; » qui régnent dans tout le livre , cl qui en sont le vérit.d)le ca-
Exiilic, p. 90, 91. Instr., ibiil.: « Désespoir apparent... ractère, comme on u dit ri-dcssus.
truublu invulunlairc; » Explic, p. 89, 9U. InsIr., ibid. Instruc. past., p. 53 : » Mélange decliarilé... proprointé-
394
LETTRES RELATl\Tî^

15, 2?, 13. Instrue., jours suspendues, en attendant les ùctUs qu'on
rèt.. t«e.; Frp'tV., p. 4, 5,8, 9, 14,
« Pur aniour... vue ra<:-langée...
fl amour êlrange qui promet. On doit donner la traduction latine de
ibid
purilicalion de l'amuur... ^'preuves fu-
nous fail acquiescer...
la Lettre pnstornlc de M. lie Camlirai tout cela :

ne«U'5- » loule»
projiositions liréi» du livre de VEziilic, p. 10,
ne tend qu'à diff-irer. In se persuade qu'il arri-
(
15 -ii'.ÎS, b7, 'Jl, l'21, 113, I4i.
n est vera qnehiue coiijoiicliire qui fera diOérercctlo
Inslruc. pasi. p. 55 : • Quand on «"est échaulTe...,
il

l'aime sans rapport; "


rien de >i aisi- que de dire à l)cu qu'on affaire, el encore plus celle de Sfondrale, à la-
ibid. Molifs précis; » Eiplic,
liplic, p. ÏS, 4J. Inslr., : .

quelle iieiitêlre est-on plus intéressé qu'à l'au-


p. il, 45.

In-.truc. past., p. 58 « L'idée abstraite de l'olreen génc tre. Ou nt'a dit que M. raiclicvèque de Reims
rai ; > Explir., p. 187. était dans le des-ein île faire de nouvelles ins-
Perdei non-Mulemenl loule image
Jnslruc. past., p. 59 du livre do
etc. La con-
tances, pour accélérer rexaineu
scnsihic, mais toute idée distincte cl nominalde,
tenip'alion pure bannit tout cela; aucun n'a cru que
la cousi- Sfondrale. Je nesais s'il ne vaudrait pas mieux
drralion de» per^onncs divines cl de j'himanité de J«us- laisser finir l'afTaire qui est commencée, qui
qu'il n'y
Chrst fut incompatible avec la pure conicmplalion ;

est |ilus pressante; d'autant qu'elle influe dans


d'auires idiTS que l'id -c abstraite de lèlrc en
gé-
peut avoir
néral; n contre VEiplic. des Maximes, 187 et suiv.
p. 180, les mœurs d'une extrême conséquence.
et est
Inslruc. past., p. GO : <• La pure conicmplalion exclut le» Quant a Sfondrale, un écrit d'un (larliculier
idéi-s, »elc.; Erplic; p. IS9.
suffirait peut-être pour réveiller les esprits, s'il
Insmc. jast., p. Cl- Idées particulières et nomin.ibics; ..

était d'une bonne main et convaincant; vous


contre VEzplic, p. 18C.
Instruc. past., p. C5 : a Dés lors la vie intérieure et l'o-
y ferez vos réfiexions.
raison est en » c'est la lettre de M. de Cambrai, du
péril ;
J'ai \u\i.Rdation, i.\m est admirable, et qui ne
3 août , écrite il un ami que l'on reprend.
00:" Ne voulant rien d'extraordinaire...
manquera pas de faire une forte imtiression :
ynJli-uc. past., p.
la grâce commune des justes suffit seloneux; » contre l'Ex- par là on verra la fausseté qu'on s'est etTorcé
plic, p. 05, etc., 150, etc. d'insinuer .11 n'y a rien à fai re après les observa-
Inslruc. past., p. 08: <> C'est mal combattre le quiétisme,
ne>l pas privée tionsdonnées, qu'à presser lejugeinent on les :

de dire simplement que l'ûmc contemplative


pour toujours de la connaissance du Sauveur; » Explic., lit déjà en français et en litin et je suis per- ;

104. 193. Inslruc, ibid. : C'est mal parler, de dire qu'on suadé qu'elles feront tout i'ellet (ju'on en doit
p.
en perd la vue distincte au commencement; contre VEx\ilic.,
espérer. Je suis avec un profond respect, etc.
p. 191. 195 el suiv.
Imlruc. jiast., p. 69. Il réfute ceux qui croient qu' « on LETTRE CLXXX.
perd Jésus-Clirisl de vue dans les épreuves; » contre les en-
droits marqués en dernier lieu du livre de VEzplic. de» l'abbé bossuet a son oncle.
Uaximts.
u Ne pas répondre à toute l'élendua
A Rouie, ce 20 novembre 1697.
tii^.iuc. past p. 71 ,
:

de sa grâce; > Explic, p. 50 ; « Etre indilTirent ii son in- reçu la lettre que vous m'avez fait l'bon-
J'ai
térêt, même éternel; » Explic, p. 8, 73. Inslruc, ibid. :

Dieu
neur de m'écrire de .Marly, le 4 novembre. Vous
a Cet amour de nous-mêmes... que la jalousie de .at-

taque précisément en nous; n Explic, p. 8. Instruc, ibid.: ne doutez pas de la joie que m'a donnée la cer-
a L'amour qui provoque la jalousie de Dieu... ces idées titude de la nouvelle de la charjje de premier
bizarres de la jalousie de Dieu, qu'on nous a débitées;» aumônier. Je suis persuadé que tout le monde
Explic, p. 8, el ailleurs très-souvent, comme p. 7, 28, 29,
s'en réjouit à Paris et à la cour. Ici tous les lion-
73, 74, 89.
Inslruc. past., p. 75: « On sera surpris que nous n'ayons nèles gens qui vous connaissent en sont ravis:
pas prononcé sur ce de spiritualité; n C'csl celui de
livre
les cardinaux Casanate, Noiis el Albani m'ont
M. de Cambrai de VExplicalinn des Kaximes des saints,
,

qui pourtant cstiéruté dans toute celle Instruction paslurale,


prié de vous témoigner la salisf.iclion qu'ils en
comme on vient de voir, même avec des qualirications très- avaient. Je ne doute i)as que M. le cardinal de
fortes el Ircs-durcs. Bouillon lie vous éciive là-dessus. M"* la prin-
LETTRE CLXXIX. cesse des Ursins en a une véritable joie, et m'a
prié de vous le marquer. Pour ce qui me re-
M. i.'abhi; piielippeai:x a bossi'ET.
garde, je n'ai jamais douté de vos bontés à
A Home, ce JG novembre 1097.
mon égard, je mets tous mes intérêts entre vos
reçu une joie Irès-sfii.sible en appreniiul
J'ai mains, et je n'ai d'autre inquiétude que celle
les nouvelles mat fjiics d'e.'sliine (]iie le roi vient défaire mon devoir, et ce que je pourrai pour
lie vous (loiiner la eoiijoiicliiie e>l LivinaMe,
' :
vous plaire el vous faire honneur. Voilà de
el servira h la cause qu'on ne clieielie [ilii.s (|tr;i
quoi je vous prie d'être assuré vous le verrei ;

dilTiirer. Je viens (rappreiulre de bon eiiilinil.


encore mieux, je l'espère, quand j'aurai l'hon-
qu'on copiait un ouvrante de plus de .soi\;iiili' neur d'être au|irès de vous.
pages en laveurdc M. de Cambrai compose par :
Les nouvelles nianiues des bontés du roi
un l'ère Jésuite je lAelieiai de l'avoir au plus
:
font ici fort bien pour tout. Je crois (|ti'elles
lût. Les assemblées des e.vaminaleiu's sont toti- désespérenl Jésuites, el peul-êlre
les le car-
> Par Ij nominali',!) A ta <-h:.r^a tl« picuitr •un.i-iiici Ua i» uu> dinal de ilotiillnn, qui, comme eux, est tou-
cbi'*A,fl» lîourgogn*.
jours le méiiie sur louL
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 39S

M. cardinal de Bouillon parut très-satisfait


le qui lui a porté un de vos livres de ma part,
de la lettre que je lui présentai de votre part, avec la Déclaration des trois évêques et le
et des amitiés, me dit-il, que vous lui faisiez. Siimma doctrines, et lui a dit bien des choses
Depuis, je entretenu un quart-d'heure de
l'ai qu'il ne savait pas, et qu'on lui avait déguisées.
YOrdomiance de M. de Cambrai il m'a parlé ; J'irai incessamment il a témoigne
le voir ;

en cardinal du Saint-Office, c'est-à-dire avec qu'il en serait bien aise. Il étudie la matière,
beaucoup de réserve. et en doit rendre compte au Pape. J'espère
On n'a point encore recommencé les conféren- qu'on viendra à bout de tout avec patience ;
ces des examinateurs. M. de Chanterac ne se on en a besoin dans ce pays-ci.
presse pas de donner les copies nécessaires de sa J'ai su qu'on avait tenté de faire une congré-

traduction et des notes. J'ai pourtant lieu de pen- gation nouvelle pour les raisons quej'ai soupçon
ser qu'on recommencera bientôt les assemblées; nées, et que je vous ai marquées par ma der-
il n'y a que moi qui presse la décision encore ; nière; mais cela n'a produit aucun effet. J'en ai
le faut-il faireavec modération, et par rapport parlé en confidence à M. le cardinal Casanate et
à l'humeur des gens de ce pays-ci, et par rap- à M. le cardinal Noris, qui n'en avaient pas en-
port à ce que les protecteurs de M. de Cambrai tendu parler, et qui m'ont comme assuré que
publient qu'il n'y a que la précipitation qui soit cela ne réussirait pas, parce que ce serait faire
dangereuse pour M. de Cambrai. un affront au Saint-Office.
Je prétends précisément le contraire, et quand J'ai reçu l'Ordonnance de M. de Cambrai .

je suis obligé de parler, je me restreins à de- jamais Ordonnance n'a coûté si cher; huit écus
mander et à faire instance seulement pour qu'on de port, c'est bien payer, je ne puis m'empèchcr
ne fasse rien contre les règles, et qui puisse pré- de lediie, une aussi méchante pièce. Je l'ai par.
judicier à l'honneur du Saiul-Siége. Du reste,je courue, et suis persuadé qu'elle ne lui fera ic;
suis le premier à dire qu'il faut écouter tout le aucun bien. On voit un homme qui est aux
monde, et ne se point précipiter ;
que j'espère abois, et qui, comme vous dites fort bien, veut
qu'on éclaircira bientôt cette matière, de telle couvrir ses erreurs sans avoir l'humilité de les
sorte qu'il sera évident que la seule et unique vue avouer. L'ouvrage laiin, que j'attends imprimé,
des évéques est de faire connaître la vérité et de éclaircira tout : je l'espère ainsi, et ne puis assez
dévoiler le mensonge. Au surplus j'observe qu'il vous répéter qu'il est absolument nécessaire.

est de la prudence de Sa Sainteté, et de la con- La Relation quej'ai reçue en même temps est
grégation du Saint-Office, d'éviter de donner admirable. Térenceaurait été embarrassé d'écrire
par des longueurs extraordinaires, un moyen aussi bien, sur une matière aussi peu divertis-
aux personnes mal intentionnées, qui sont en sante que celle-là.
grand nombre en France et ici, de répandre M. de Cambrai et ses [fiotecteurs mériteraient
davantage le venin de leur mauvaise doctrine qu'on la publiât mais je n'en laisserai courir
;

sous prétexte qu'elle n'est pas improuvée par le aucune copie avec cela je ne pourrai m'empè-
:

Saint-Siège, quelques instances que le roi et les cher de la lire aux gens qu'il faut nécessaire-
premiers évèciues de France aient pu faire. ment détromper, et à ceux qu'il faut confirmer.
De certaines gens aposlés ont beau ici me dé- Ils sont en bon nombre. Je ne laisserai pas de

courager premièrement je ne crains rien en


:
choisir mon monde; et ce ne sera que dans la
faisant les démarches que je fais, qui sont de nécessité, et où il faut, que j'en ferai usage-

mon devoir; en second lieu, je suis persuadé Comme elle ne contient rien que de vrai, quel
que deux mois plus tôt ou plus lard il faut que danger peut-il y avoir de la répandre? Soyez
la vérité l'emporte. J'ose dire que je ne me flatte assuré qu'on ne vous ménage pas il est juste ;

pas j'ai là-dessus de très-sûres notions, autant


:
d'opposer la vérité à l'artifice et au mensonge.
qu'on peut les avoir. Les faussetés que les pro- L'écrit sur le frère Laurent est traduit on n'en :

tecteurs de M. de Cambrai ont répandues depuis a pas encore parlé ici nous le tiendrons tout
;

deux mois, produiront, s'il plaità Dieu, un effet prêt eu cas de besoin. Tout ce qui peut touchiT
tout contraire à ce qu'ils .se sont imaginé, dans M. de Paris m'est aussi cher qu'à vous. Je vous
l'esprit de ceux qui ont été prévenus, quand ils prie de l'eu bien assurer, et je ne perds aucune
8C seront détrompés ; à quoi je liavaillc tous les occasion de le faire counaitre tel qu'il est : c'est

jours. tout ce (pi'il pour le taire esliuu-r autant


faut
Par exemple, Mgr Fabroni, qui avait fait le qu'il le mérite. Son Ordonnance, que j'attends
plus de mal danslecouuncnccnu'nl dans l'esprit par le prenuer courrier, lèra im Irè.s-lion ellel.
du l'apc.connnencc à reviiiii'. Je n'ai jias voulu M. le cardinal de Hmiillou a été jaloux (pie
l'aller voii' encore, j'y ai envoyé M. l'iidippcaux» j'cmplojasse une certaine personne, pour Ira-
306 LETTRES RELATIVES

duire ce qiii nous csl nécessaire dans (|ueli|ues pussent ôlre mis dans toute leur étendue à côtd
occasiuns : il lui a fail parler el l'a (il)li;;é di' Ira- des censures que vous avez faites. Il eut été à
diiiro, pour de Cambrai, ses deux iellres. L»
M souhaiter que M. l'archevêque de Cambrai eût
misH-able et excuse qu'il a Irouvi^e sur
pclile donné, de concert avec vous, des cxi)lications
cela est pitoxable, et quand il m'en a parlé, je cl des éclaircissements aux endroits de son livre

lui ai dit qu'il avait lailà mer\eillo, el me suis où l'oti peut trouver à redire. Cette conduite
mis h rire ; cela seul montre la corde. Il n'en hiunble et défiante lui aurait éié d'ailleui-s plus
laut pas douter : rexcliision qu'a eue Damascène avantageuse; car il aurait prévenu la censure de
l'a trés-làclié, aussi bien que l'assesseur. Rome, (ju'il aura peine à éviter, à ce ([u'on me
Les Jésuites ne cbaiigentpas; on dit qu'ils oui mande de ces (piarliers-l;i.

ordre de tenir bon. Trouvez bon, .Monsieur, fpie je profite de


11 n'e^lt plus question de la santé du Pape,
qui celle occurrence, poiu- vous demander la conti-
se porte à merveilk- Dieu le conserve! ;
nuation de voire amitié. Vous ne pouvez l'ac-
Vous ne me mandez rien sur le clievalier corder à personne nui vous honore et qui vous
Tartare en vérité, il tait pitié. Il craint que la
:
estime plus que moi, et qui soil à vous avec plus
parole qu'on lui a donnée de sa pension, tant d'attachement el de vénération «lue j'y suis.
quil sera en i)ays catlioli<iue, ne soit une chan- LETTRE CLX.XX1I.
son. 11 laudrait, une lois pour toutes, qu'il sût à
DE BOSSUET A SON NEVED.
quoi s'en tenir, et qu'il n'eût pas tant de peine à
A Versailles, ce 1 décembre IG97.
se faire payer. J'avoue qu'il m'est ici extrême-
ment à cbarne, quoi qu'il modeste; je
soit fort Je viens de recevoir votre lettre du 12 no-
vous supplie de me mander précisément ce qu'il vembre. On va travailler à l'impression que
peut espérer. vous souhaitez : on enverra l'écrit feuille à
On examine à présont au Sainl-Oftice le livre feuille.

du 1'. Dez, sur les alTaires du jansénisme. Le F, Vous verrez parles remarques ci-joinles', que
le Mire et le P. Granelli sont les examinateurs. M. l'archevêque de Cambrai, se déclare si ou-
Le dernier a déjà rendu son compte au Saiut- vertement contre son livre, dont il rapporte en
Oflice il y a grande apparence que ce lisre ne
:
trente endroits des lignes entières, qu'il ne s'y
passera pas. peut rien ajouter. M. de Chartres n'a encore
OnvientdcdireàM.Pl)elippeauxqu'oncoi)iait rien fail. L'Instruclion de 31. de Paris est très-

un écrit assez lonfjpourM. de Cambrai, fait jjar bien re(;ue, et il met .M. de Cambrai en pièces.
le P. Dez : tout cela ne sert à rien. La de M. de Beauforl, que je vous ai en-
lellre

Je crois qu'il est important qu'on laisse là voyée, sur le F. Laurent, est triomphaute. Vous

Sfondrate pour «pielquc temps : je n'en mande connaissez M. de lieaulbrf, qui est l'hoimne de
rien àiM. delSeims; maison se servira de ce pré- confiance de M. de Paris.
ici de mauvais ollices aux évô-
texte pour rendre
Le roi a encore parlé très-fortement à JI. le
ques auprès du Pape, que cette atlaire touche Nonce, et celui-ei a écrit selon l'intenliou de
vivement: enlin ce sont deux alfaires pou'' Sa Majesté.
une. M. de Cand)rai continue à faire le soumis,
Au reste, ayoz la bouté de m'envoyer une avec l'air du monde le plus arrogant. Il a fail les
douzaine d'exemplaires de la lettre des cinq derniers elïorts pour venir au mariage du duc
évéqnes sur Slondratc plusieurs caidinaux :
de Bourgogne on n'a pas voulu le lui permet-
:

tie, el il en csl bien mortifié.


m'en demandent.
Il n'y a pas un seul docteur de son sentiment.
LLTTRE CLXXXI. La cabale est puissante mais tout cédera à la :

LE C\UI)IN,VL LE OAMIS A HOSSIIET. condanniation; il n'en faut pas douter.


A Grenoble, ce "^7 novcinliro IG07.
LETTRE CLXXXIII.
Rien n'est si grand, Monsieur, et si digne de l'auhé iiossuet a son onclb.
vous que le zélé (]ue vous faites paraître en tou-
A Home, ce 3 dl'<'embre 1607.
tes renronircs contre les nouveautés on ne :

J'ai reçu que vous m'avez tait l'hon-


la lettre
peut assez ailmircr la force avec laquelle vous
neur de m'écrire 1' H de novembre, de Ver-
avez attaqué le (luiélisme, pour le détruire en-
sailles. Je vous envoie la coi>ie d'un écrit latin,
tièrement. Le dernier ouvrage que vous m'a\ez
fail en faveur de M. de Cambrai, sous le nom
fait la grAce de m'en\o\er est digne de son au-
d'im docteur de Sorbonne, contre la lU'claralioH
teiu- ; et s'il y avait rpu-bjuc chose à désirer,
c'est (pie le;, textes du livre que \on^ coudiallcz ' Crs iTinariuc . ont ctu duimcti In Ictiro 17tt.
A L'AFFAIRE DU QUiETiSME. 397

des trois évêqnes, et un extrait d'un autre écrit que vous soyez averti du fait. La note était telle
de la même plume, fait avant celui-lii. Je n'au- que je vous l'ai marqué, donnant sa doctrine de
rais jamais si je ne l'avais vu, qu'on eût
cru, l'amour pur comme appartenante à la foi, et
osé écrire insolemment au sujet des évèques
si disant qu'on avait eu sur ce sujet une certaine
et de vous en particulier. Les écrits font juger économie du secret pour ceux qui 7i07i poterant
de la bonne foi de celui qui anime tout. Il faut portare modo : cela était encore plus fort que je
que lui et ses amis aient perdu l'esprit, si j'ose ne puis vous le dire.
le dire, pour en venir, comme ils font, aux in- J'ai vu ces jours passés l'assesseur, qui, après

jures et aux calomnies il en résulte nécessai-


: beaucoup de verbiage, me dit que le Saint-
rement un effet contraire à leur intention. Je Office avait résolu, avant que de faire recom-

savais bien ce, qu'ils répondaient de bouche ; mencer l'examen, d'attendre la réponse de M.
mais qu'ils l'osassent mettre par écrit, et qu'ils de Cambrai aux pièces dont cet archevêque avait
en fissent la plus forte défense de leur cause, demandé la communication, qui sont la Décla-
c'est ce que je ne pouvais m'imaginer. Cela me ration des évêqnes et le Summa doctrinai;et
paraît également injurieux au roi et aux évo- qu'on le lui avait accordé.
ques. Je ne puis m'empèclier de le dire, mais ils Ce dessein me parut un peu extraordinaire.
feront bientôt le roi janséniste. Je pris sur cela la résolution de faire parler au
J'ai reçu une lettre très-homiêfe du P. de la Pape, et de représenter à MM. les cardinaux que
Chaise, en réponse à la mienne. Elle avait été ce n'était qu'un prétexte pour allonger et recu-
envoyée apparemment aux Jésuites ici, qui ne ler la décision; que M. de Cambrai avait par là

m'ont pas fait l'honneur, ni de me l'apporter, tout ce qu'il pouvait désuer, qui était que non-
ni de me faire faire le moindre compliment sur seulement on ne jugeai point, mais qu'on n'exa-
la nouvelle grâce que Sa Majesté vous a accor- minât pas même sa doctrine; que c'était éluder
dée. Il y a même huit jours que j'y allai, et je les bonnes intentions de Sa Sainteté et les ins-

n'ai pas entendu parler de personne. Je ne sais tances de Sa Majesté, et peu répondre au zèle
s'ils ontrésoludenemepoint voir, pourse venger qu'elle témoignait pour voir la fin de cette im-
de vous, qui avez eu la hardiesse de présenter portante affaire, qui causait un si grand seau
au roiïOrdonnance de M. de Reims. Je ne laisse dale dans son royaume qu'il n'était question
;

pas de garder ici toutes les mesures possibles en que de ce livre qu'on avait en main, dont on
paroles et en actions, disant toujotu's que j'ai avait même la traduction, outre les notes expli-
peine à croire les faits qu'on me rapporte. Vous catives de M. de Cambrai; qu'on ne pouvait pas
jugerez de ces écrits, qui ne siguitient rien comprendre ce qu'on avait à désirer de plus
d'ailleurs. pour l'éclaircissemeul d'un livre qui faisait toute
Au reste, la copie des notes, que M. Phelip- la question, contre lequel seul les évèques s'é-

peaux vous a envoyée il y a quinze jours, a été taient élevés, et dont M. de Cambrai avait de-
prise sur l'exemplaire donné à Granelli et ce- ; mandé l'examen qu'il n'était eu aucune ma-
;

iuiquej'avais vu, dont je vous avais renducompte nière question des ouvrages que ce prélat pour-
et envoyé quelques extraits, était celui du maître rait faire dans la suite, où il dirait tout ce qu'il

du sacré palais, qui se trouvait entre les mains jugerait à propos; qu'il s'agissait uniquement
du P. Massoulié : c'est proprement celui qui du livre ; que ce n'élail que pour éterniser celle
avait élé donné le premier au Saint-Ohico. Ce affairequ'on employait lous ces prélexles: cnlin
malin, en parcourant l'exemplaire sur lequel que ricu du moins ne devait c.npècliei- qu'on
M. Phclippeaux a fait copier ce qu'il vous a en- ne conlinuût à examiner le livre, sauf, pour la
voyé, j'ai trouvé qu'il y manque la note dont je décision dernière, d'alleudre les éclaircisso-
vous avais qui regarde le silence i)rélendu
éciil, mcnls dont la congrégation croirait avoir be-
des pîisleurset des saints sur celle matière; note, soin.
à la vérité, bien positive, et qui sullirail seule Toutes ces raisons ont fait impression sur la
pour (aire condamner le livre. Il faut qu'ils plupart de MM. les cardinaux que j'ai pu voir,
aient jugé à propos de la su[»prinier. C'estnéan- et même sur le Pape, à qui j'ai fait parler en
moins un fait l'ai vue et lue
constaul, (pie je conibrmilé. J'espère qu'on rccouuneucora bien-
avec le P. Massoulié. Je veux un peu aller à la tôt les coul'ércnces, d'aulaul plus que je sais cpie

soiucc, et savoir ce ipiest devemic celle pre- M. le nonce a écrit, et (pie le Pape, tpii ilisail. il

mière copie. Je ne sais si, par li' ruoveii de l'as- y a queUpies jours, qu'il voidail camiiiuri' in
sesseur, ils ne l'auraii'ul jias fait siip(irimcr : qucslo iiciiolii) roi pirdr di pinttibo, rheniincr
s'ils n'ont |)as eu celle précauliou, jes|)èrt^ liu dans ecllc allaire avec un |ii(>(l de iilnuih. cdui-
laiic uu bon u.sagc. Mais il est toujours à propos n;('iii;aili\ dire qu'il lailailaller [iliis vile. Si jo
398 LETTRES RELATIVES

vois qu'on ne (1(^tfrniine rien sur les conféren- vous en voyez bien les raisons. Toutefois man-
ces dniis la prcmiireconirn^^îallon, j'ai formé la dez-moi, je vous prie, ju.>>qu'où je puis m'avan-
résoliilion de parler nuii-iiit'^ine au Pape, en cer <lans la nécessité, et dans les circonstances
pieiiaul l'occasion de lui lcuioi;,Mirr, de la part urgentes.
des Imis évéques, leur joie sur le rétahlisse- Le cardinal Spada m'a dit qu'à la place du
de sa saule. J'ai dessein de ne lui
iiicnl parfait P. Damascene, le Pape avait uouuné le Père gé-
parler que dans la ni'iessilé, pdur appuyer da- néral ou le procureiu' gênerai des Carmes dé-
vantage les choses. Ce rélablisHMneul des confé- chau.ssés i. Je ne sais ipii il est: j'ai seulement
rences me parait de la dernière iniporlanre; ouï dire, ce me send)le, il y a quehiue temps,
car si on n'examine on n'aura garde déju-
[)as, qu'il n'était pas trop ami des Jésuites avec cela :

ger, et dorcnavaiil le Pape et la congrégation je me di lie toujours de quelcpie cabale dans les
seront plusatleulifs: cet arrêté de la congrégation nouveautés. Le cardinal Spada m'a dit qu'il
ut Icterminé il y a un mois, dans le temps que était consultcur du Sainl-Olliee mais je crois ;

1 assesseur laisait tout ce qu'il voulait, et qu'on qu'il n'est pas bien informé. Je vous en dirai
éLiit sorti des règles ordinaires, comme vous davantage par le premier ordinaire.
l'avez vu. J'ai eu une longue conférence avec Fabroni :

encore prisla résolution de publier, c'est-


J'ai c'est un homme d'esprit, mais qui était prévenu.
à-dire de donner aux cjudiuaux l'écrit que vous Je lui ai pailé en votre nom comme à une per-
m'envojàtes d'abord, au(|uel j'ai ajouté la petite sonne de considération, et dont vous estimiez
préface que je vous fais passer, qu'on a trouvée le mérite. Je lui ai lu votre Relation ; cela a fait
ici convenable au sujet et au temps. Je l'ai lue un très-bon effet. On l'instruira bien, et j'es-
au cardinal Spada et au cardinal Casanate, qui père qu'il ne favorisera jjIus ce qu'il ne con-
l'ont approuvée. J'ai parlé aujourd'hui forte- naissait pas : il lit votre livre, dont il est très-
ment sur tous ces délais au cardinal Spada, (|ui content.
m'a que, .saus(|ue j'en parlasse
dit qu'il es[)érail Je i)arlerai et remercierai, en conformité de
à Sa Sainiclé, on Icrail ce qu'il convient pour votre lettre, M. le cardinal de Bouillon de ses
diligcnler celte afiairc. Il faul toiil emportera bonléspour moi. et de la manière <lont il a
la pointe del'épée, otloul faire sansia participa- écrit. Il est i)0urtant bon que vous sachiez que
tion de M. le r.ariliual de Bouillon, qui pourrait, ce qu'il a écrit, qu'il m'avait offert de me don-
par de petils mots, ciupècher ces longueurs. ner auprès de lui, la place d'ami, la môme qu'a
Vous jugez liiiM) de l'^ndinri-as on i? suis- \'r- M. de Polignac, est très-faux. Il est vrai que je
pLU' ne me pas rebuter. n'ai pas sujet, pour les honnêtetés, de m'en
Ou m'avait lonseillé, et c'est M. le cardinal plaindre ; mais, à dire aussi la vérité, je n'ai
Casanate, de piéscnler un mémorial ;i con-
la pas non de m'en louer beaucoup. M.
|)lus sujet
grégation et au Pape ; mais j'ai j-tgé h propos le cardinal de Bouillon croit payer tout le monde
jusqu'ici de ne le (aire qu'à l'extrémité ; pre- par des compliments et en disiint qu'il a
,

mièrement, parce que je ne crois pas devoir me une grande couliance, quand il agit tout au con-
déclarer i)arlie si ouverlement et si en forme ; traire; cela suffit pour cet article. Je vais mon
en .second lieu, parce ipie j'aime mieux tenter chemin, el je ne manque à rien pour ce qui est
les voies indirectes, et (jue cela vienne de la du cérémonial mais je me liens pour dit ce
;

parldu Pape en troisième lieu, parce que je


;
ipie je saiset ce (jue je vois. M. le cardinal de
doute que ce goit l'inleulion des évèquesdc re- Bouillon ne veut eu tout qu'imposer, et au roi,
connaître le tribimal du Saint-Office, et je no et aux particuliers: il ne réussit pas mieux à
pourrais présenlerle mémorial (ju'en leurnom; Home, sain (|ue malade.
outre (|ui- les lAéiucs {'frccliNement ne .«e por- Le livre du P. Dez, sur les affaires du jansé-
tent point pour parties, et ont srulement déclaré nisme, a été rejeté, connue dangereux et mau-
Iiiiirssenliments, cl (|ue c'est le roi (j ni demande vais, par les deux examinateurs, le P. Granelli
et presc le jugement. Ces raisons m'ont retenu et le 1*. le Mire, qui ont fait leur rapport de-
et merci iindronlliMijotirs. Mais aussi cela m'em- vant les cardinaux. Le cardinal de Bouillon
car si je, pouvais agir di-
barrasse li('aueon|) : n'a pu se conicmr. Avant ipic les caniinaux
reitemenUljiiridiipninentau nonidesévèi|ue3 prissent une résolution conforme à lavis des
cl un peu au nom du roi devant la congréga- exainin.iteurs, il a jtarlé lorlement en faveur
tion el le Pape, je crois ipie l'alTaire irait plus du livre, et a même interiiosé le nom du roi,
vite; au (ontraire. Ions les pas que je fais, il ce qui a Irès-siirpris les cardinaux et les aindi-
faut presque (|ue je les fisse de moi-même, et
' C iuil l< gùuirjl il<t CarSM» dccliiux,<)iil m Dumauil le P. Fkt*
point aussi ouverlement qu'il serait à désirer ;
;

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 399

gnés ; car ils se sont bien imaginé que le roi elle est respectueusement insolente. M. l'arche-
n'avait aucun ordre, lisent dé-
donné là-dessns vêque ne s'oubliera pas. J'ai un grand plaisir
cidé qu'on donnerait h chaque cardinal l'a- de voir triompher la véritable doctrine de saint
vis des examiiialeiirs par écrit, sur lequel ils Augustin. Les Jésuites me font plus de caresses
formeront leur jugement. Ils sont résolus, à ce que jamais, quoique je défende M. de Reims,
qu'on m'a assuré, si le cardinal de Bouillon et que, etc. ; mais c'est avec modération. Le
continue, d'en faire écrire au roi. Jugez du bon roi trouve tout bon, aussi bien que ftl""^ de
effet que cela fait ici je ne puis vous dire à :
Maintenon.
quel point sa conduite est méprisée à Rome. Outre la remontrance, que les Jésuites don-
Je vous supplie de me mander quelle idée nent publiquement, sans nom pourtant ni d'au-
M"" de Maintenon et le roi ont du cardinal de teur, ni d'imprimeur, ni d'approbateur, et sans
Bouillon, et s'ils croient être bien servis ici.
privilège,il court un autre libelle outrageant
Il que le roi continue, auprès
est nécessaire contre M. de Reims : tout roule sur son hu-
du nonce, ses bons offices, et lui témoigne son meur et sur sa famille. La remontrance n'est
étonnement sur toutes ces longueurs affec- pas écrite pour le style ; mais elle énonce
tées.
faux en deux endroits; l'un où elle dit que M.
LETTRE CLXXXIV. de Reims condamne la science moyenne, l'au-
BOSSUET A SON NEVEU. tre, où elle prétend qu'il oblige d'enseigner la
A Versailles, ce 9 décembre 1697. prédestination ad gloriam ante prœvisa mérita ;
On n'a point encore reçu les lettres de ce cour- mais il a dit le contraire. Un des moyens d'au-
rier : je vous écris cependant, et si elles arri- toriser à Rome l'Ordonnance de M. Reims se-
vent, j'en accuserai la réception. rait de la faire imprimer à Rome même, avec
Toute cour est d'une magnificence
cette les marques ordinaires d'approbation comme ;

inouïe pour mariage de Mgr le duc de Bour-


le on fit de mon Exposition, traduite en italien,
gogne il fut célébré samedi j'eus l'honneur
: ; qui fut imprimée à l'imprimerie de la propa-
de servir la princesse. Tout fut fait avec une gande ou du Saint-Office.
grâce merveilleuse de la part des mariés. M. le On écrit ici de Rome que M. l'abbé de Chan-
cardinal de Coislin fit l'office ce ne fut qu'une ; terac vante M. de Cambrai connue le défenseur,
Messe basse. On lit les fiançailles et le mariage contre les évoques de France, de l'autorité du
en môme temps, dans la chapelle royale. Les Pape, de l'anti-jansénisme et des moines. Il les
évêques étaient en locliet et camail, ayant à gracieuse à Cambrai, et leur dit qu'il se con-
leur tôleMM. les cardinaux d'Estrées, Furstem- tentera, pour les recevoir à l'administialion des
berg et Janson. Les cardinaux eurent hier, sacrements, du témoignage de leurs supérieurs.
avec M. le cardinal de Coislin, leurs audiences Ils n'ont pas un homme plus opposé que lui
particulières de M"" la duchesse de Bourgogne, dans le fond; mais il sait jouer.
qui les fit asseoir, à l'ordinaire, sur un pliant. La lettre qu'ila répondue en confirmation de
Hier elle tint le cercle, qui fut d'un éclat ex- celle à l'ami est pire que l'autre
' car encore :

du sang. Ma-
traordinaire. Toutes les princesses qu'il y [)romette de se soumetlrc à la décision
dame entre autres, avaient à leur tète 31adame du Pape, en quelque forme qu'il parle, il me-
la duchesse de Bourgogne nace de passer ses jours à questionner le Pape
Vous aurez l'imprimé des Observations, en en particulier; et toute sa soumission ne pa-
latin, le plus tôt qu'il sera possil)le : Je suis raîtqu'un jeu.
très-content de ce que j'ai vu de l;i version. M. le cardinal de Janson m'envoya une lettre
On imprimera en même tem|)S la Réfiitnlion en ré|ionse à la vôtre, qu'il m'a aussi envoyée.
de r luslritction pastorale de M. de Cambrai, Il parle toujours de vous avec la même estime,

qui est une pépinière d'erreurs; on la niclira la même considération et la même tendresse.
à la tôle de rtws Cinq écrits ', que vous devez A du clergé de France,
l'égard de ce qu'on dit
à préstMit avoir reçus. vous savez quelle fut ma conduite dans l'assem-
V Instruction p'istorale de M. de Paris fait blée (le tt)8l et t08-2, et ce que je fis pour em-
fort bien ici. Tout le monde voit (|u'il n'y man- pêcher qu'on n'allât plus loin. Du reste, il faut
que qu(! le nom
de M. de Cambrai et de son laisser oublier cela, et prendre garde seidement
livre, (|ui de tous côli's y est mis en |iièces. à ce (|ui se dira sur mon compte. Vous connais-
Les Jésuites ont fait une remontiance à M. sez mou manuscrit sur cette matière*, que M.
I*arclievéi|iie de Reims sur son Orilminaure *
Vol/., C'-dcMui loi leltrct 140 et lri6.
' C.rt Cini/ érrili ou Mémoires, oInBl qiio la l'ri'ffire sur l'inslr, 'C« minuicrit «il U Drfem» dt /n ty^claralion du clerçi, dont
p'itt. d'j M. (Il] Ciiinbral, 10 trouvoot cl-dossus, lonio V, Doiiuot iTtll pgrmi» à l'tlibi Fleury do ptaodr* un* copia. Apiis
400 LETTRES RRLATIVFS

«le l'amltrai pont avoir en de M. de lliiii_\ ; plaisant, c'est que tout cela s'est passé sans que
mais il no laut rien irimicr. le cardinal de Itonillon en ait rien su : je doute

Li:TiKE CLXXXV.
même qu'il le s;iclie encore.
Celte Emineiice arriva avant-hier de Frescati.
L'Aliltli UOSSLET A S0.\ ONCLE
où elle était restée liiiil jours, et me parla liicr
A Rome, ce Ul décembre IC97.
comme uiilioinmei|ui n'était nullemeiit informé
J'ai rei;u la iellrc (Iiil- vous m'avez fait l'iioii- de la nouvelle résoliilion du Pape et des cardi-

nem- de m'écrire de Versailles, le 18 nuveinl)rc. naux sur celle aflaire. Je me crus obligé de lui
J'ai re(,u aussi les exeinplaires de> divers écrils dire, en général, que j'avais lieu d'espérer que
dniit M. Ledieii me |)arlail: j'en ferai rusa|j;c l'examen recommencerail bientôt: sur quoi il
qu'il faut, el les ci)UMuiiiii(iuerai ici à ceux qui parut très-surplis, et me dit que ce n'était pas
enleiidetil le franeais. l'nur les cardinaux, il ne la résolution qu'il semblait (pi'avait |>rise la

leiu" faut rien dimner, hors à (luehiues-uns, si congrégation, mais qu'il en serait bien aise. Je
ceii'esl lesobservalionsl ilines (luand elles seront lui dis ([u'à [irésenton se llallail qu'il voudrait

imprimées. Cela contient tout: la faraude quanlitc bien aider à presser cette affaire, étant doréna-
d'écritures leur lait peur il y en a iléjà assez.; vant pour tout cet hiver à Home: il ne me ré-
Vous aurez vu, jiar ma derniùre lettre, la si- pondil rien. Je vous assure que j'ai tout sujet de
des aflaires, et les pas et les instances
tuation me louer de tout ce que celte Eminence me dit

que de laire pour en^çager à re-


j'avais résolu hier d'obligeant pour vous et pour moi : elle sa-

commencer les conférences des examinateurs. vait de M. de l'abbé de Fleury, l'aumonier, tout
11 de vous marquer tout ce qu'il
serait trop long ce que vous lui aviez dit à son sujet, dont elle
a fallu faire pour y par\enir je vous dirai seu- :
me témoigna une sensible joie. Vous ne devez
lement (pie Sa Sainteté el M.M. les cardinaux de pas douter (pie je ne réponde comme jedois à
la congrégation ont enfin entendu mes raisons, tant de bontés.
et qu'ils ont jugé mes instances sur ce st:jet De tous ceux auxquels je me suis proposé de
très-justes ; inùme n'a pus'y lefuser.
l'assesseur lire votre liflatiou, il ne me reste plus que les
Je n'ai paru par aucun instrument public. Le cardinaux Carpegua el Noris. Je l'ai lue aux
i'apc a été bien instruit de mes raisons, sans que cardinaux Nerli, .Slarescolti, Ferrari etCasanale.
j';iie eu aucune audience de lui; et la congréga- Les deux [iiemieis étaient très-prévenus par le
tion, sans (ju'il ait été besoin de lui présenter de cardinal de IJouillou j'ai lieu de les croire bien
:

mémorial, a fait (u décret: enlin Sa Sainteté a


. changés. J'ai reiulez-vous avec le cardinal Car-
ordoiuié au maître du sacré palais de faire con- pegua et le cardinal Noris pour la leur lire je :

tinuer les conlérenccs des examinateurs avec leur ai dit que vous m'aviez défendu de la pu-
toute la diligence possible, sans attendre les ré- blier, non (pic vous ne craignissiez (pi'on pût
ponses de .M. de Cambrai sur les pièces à lui vous démentir sur une chose si publi(jue, el
cuimiiimiipiées. dont vous aviez les preuves en main mais seu- ;

Le niailie du s;icré palais est très-bien inten- lement par charité pour votre confrère que ;

tionné pour linir, et en sent la conséquence. Je vous m'aviez envoyé cette Relation seulement
l'ai \u, et j'en suis très-content. L'assesseur m'a pour mon mais (jue
instruction particulière ;

fait 1 de nierendre compte de tout


lioniieur sa('Iiant combien imporlant (pie MM. les
il est
ce que la congrégation et le l'ape avaient cardinaux soient informés de la véi ilé sur une
déterminé sur ce sujet, el m'a lail entendre matière si importante, et où on leur en a tant
qu'il avait fortement parlé là-dessus: je l'ai imposé, j'avais cru nécessaire de la communi-
assuré (jue j'en étais peisuadé. Je crois que quer à leurs Einincnces. Elles ont trouvé cela
iM. le nonce recevra, par cet ordinaiie , la très-à propos el très-utile à la cause, el la con-
resolution ()ue Sa Sainteté a prise Je lue . duite (pie vous et moi tenons sur ce sujet, fort
suis servi utilement de ce que le nonce avait louable ils sont ravis de tout s;ivoir.
;

ccril. Je crois savoir de bonne part ijue le I'apc Je sais que M. de Chanlerac, qui a eu vent
est réveille, el \oit <)u'on le trompait quand on d'une Ilclntinu, est très-en peine, et fait tous
lui fai&iil croire que le roi ne se souciait |ias de ses efforts pour la voir; mais Irès-iniililement,
celte alTaire, et dans ce tiu'on lui disait tnucliaiit car j'en ai même refusé des copies à ceux de
il. de Cambrai el les i'M'(pies. J'espère faire (tar- .MM. les caiiliii.mx qui me r(Uil demandée ; cl

vcnir \oUe 7iWa/ioH jusqu'à lui. Ce qu'il y a de cela pour les raison- (|ue je vous dis, (juils ont
eux-mêmes approuvées. Le nouvel evainina-
la mort lie «t ibU, cclla copio (loua à la bililioth^u* du roi, où général actuel des Cannes déchaus-
teiir est le
eMc e^i encore. —
Vny. ilani ciUc ôj tiun dcA IMuo/ei de iiottuit,
lu voluuM du Uailùanuau.
«é.s, il s'appelle le 1\ Piiiliiipe : il csl tièâ-habilc,
A L'AFFAIRE DU QUIÉTIS.iiE. 401

à ce qu'on dit, homme d'esprit, mais très-sourd. Je ne doute pas que M. le cardinal de Bouil-
On prélend qu'il n'a aucune relation avec les lon ne se fasse valoir sur la résolution prise par
Jésuites: on vient de m'assurer qu'il est même le Pape et la congrégation, s'il la sait à cette
leur ennemi, et par rapporta Papebrok, et par heure ; mais il n'y a pas la moindre part : cela
rapport à Palafox. a été déterminé d'un jour à l'autre, pendant
La note sur le quarante-quatrième article qu'il était absent.
vrai, dont je vous ai parlé, se trouve encore J'ai vu les nouvelles qualifications. 11 serait
dans l'exemplaire qu'a en main le P. Mas- bon d'avoir en main l'écrit des protestants an-
souillé je tâcherai d'en avoir copie avant de
: glais, publié dans le temps de l'affaire de Moli-
fermer ma lettre. Je l'ai bien averti de ne s'en nos, et qui est cité dans la Relation : cela a
pas dessaisir elle ne se trouve pas dans celui
: frappé tous les cardinaux mais je ne puis ; le
de GranelU je ne sais si c'est à dessein.
; trouver, quoiqu'il semble avoir été condamné
Je n'ai garde de parler au nom du roi je fais : parle Saiut-Office. Je vous prie encore de m'en-
seulement entrevoir l'intérêt qu'il prend à cette voyer un exemplaire, en blanc, d'une belle
affaire, et qui paraît assez par sa lettre. édilion de votre Exposition de la doctrine chré-
Je ne vois pas que VOrdonnance de M. de tienne, pour le cardinal Casanate, à qui ce seul
Cambrai fasse ici aucun bon effet pour son li- de vos livres manque, aussi bien que le Recueil
vre on n'a encore distribué aucun exemplaire
: des Oraisons funèbres.
aux cardinaux; je crois que les examinateurs J'ai appris sur Sfondrate, que la congrégation
l'ont. du Saint-Office est comme déterminée à pous-
Je reçus avant-hier, par le courrier, deux ser cette affaire à présent, et à presser le Pape
exemplaires de VOrdonnance de M. de Paris, là-dessus. Je vois que le général des Domini-
qui est admirable et digne de ce prélat: elle cains le souhaite fort il est des examinateurs.
:

fera bien voir ici l'union des évèques. Je la por- Le cardinal Casanate m'en a parlé; je lui ai dit
tai dès le jour même à M. le cardinal Casanate, franchement là-dessus que si je n'appréhendais
afin qu'il Pape. Je ne sais si
en pût instruire le que cette affaire retardât et embarrassât l'autre,
j'aurai le temps d'écrire, sur ce sujet, ^ M. de j'en aurai bien de la joie il m'a assuré que ;

Paris par cet ordinaire mais ce sera par le pre-


; l'une n'avait rien de commun avec l'autre, et
mier, où je pourrai encore lui mander plus que tous les examinateurs se trouvaient diffé-
précisément ce qu'on en pense. Au reste, la ma- rents. Je ne sais pas quelle sera la dernière dé-
nière dont ce prélat se comporte à l'égard du cision de Sa Sainteté je vois du pour et du con-
:

livre de M. de Cambrai, et ce qu'il en dit à la tre dans cette affixire j'espère que Dieu fera
;

fin, est précisément comme il le fallait pour ce tout pour le mieux. Le P. Estiennot m'a dit
pays-ci, et comme je le souhaitais. que M. de Paris pressait plus ici cette affaire
Je lais transcrire, et on me l'a promis avant que M. de Reims j'ai de la peine à le croire.
;

le départ du courrier, un écrit, traduit en ita- Je sais bien que pour moi, j'ai fait ici valoir,
lien, pour M. de Cambrai. L'original est fran- tant que j'ai pu, la modération des évèques, et
çais, et fait par un Jésuite français. J'ai sujet le respect qu'ils témoignent pour la personne
(l'être assuré que c'est le P. Dez vous en juge- : du Pape par leur silence. C'est ici où les Jésui-
rez. Il est plus modéré que les autres mais on : tes ne s'oublieront pas ils ont toujours de bon-:

voit malgré cela qu'il part de la même main. nes causes à soutenir.
J'ai oublié de vous mander qu'on avait sou- Nous savons les fâcheuses nouvelles de Polo-
tenu ici publiquement à la Propagande la doc- gne: les Polonais ne méritaient pas un tel roi.
trine contraire au prétendu amour pur de M. Le cardinal de Couillon eu parait très-touché,
de Cambrai et c'est ce qu'on veut dire à la fin
; mais plus par rapport à l'ambassadeur qu'au '

de cet écrit. prince de Conti. Il y a huit jours que M. le car-


Au reste, on mande ici de Flandre que M. de dinal de Bouillon reçut une lettre de iM. de Po-
Cambrai envoie un Père de l'Oratoire porter lignac, du 25 octobre, qui marquait précisément
son Ordonnance h tous iesévêqucsde Flandre, tout le contraire de ce qu'on a vu, dans les cir-
et dans toutes les universités. Ce prêtre promet couslances les plus favorables.
de repasser i)ourprenibe les ré|)onses, qu'il es- L'idéequ'on avait ici de M. le priuee de
père être autant d'approbations. On (ht (|ue M. Conti n'a lait qu'augmenter, par son malheur,
Steyaert a déclaré <\ ce porteur qu'il n'approu^ dans l'esprit des amis et des ennemis: il n'y a
vait pas la doctrine de M. de Gand)rai, et que le qu'une seule voix siu- son compte. On voit hien
lendemain il avait fait soutenir des thèses con- qu'il est au-dessus des couronnes, et qu'il n'en
tre le prétendu amour pur. ' I-âbNi do l'ollgiiac.

b. ToM. VI.
402 LETTRES RELATIVES

est pas ébloui. Un homme du commun aurait manière : Ita se esse reprobum sanclus Franciscus
donné dons tous qu'on lui tendait
les jiiégrs Salesius in ecclesia sancti Stephani in Gressibus
mais son disccrnenient a édalé dans ces con- opinatus est : et à la marge : Opinatnsest, expres-
jonctures, autant ijue son };ran<l courage. sione vulgari , id est credidit; ce qui me para't
La traduction de M. de Cand)rai coniuiencc h affaiblir le texte.
paraître il n'y en a encore qu'un exemplaire
; : Dans la page 90, h côté de ces paroles : « Dans
on dit qu'on en fait des copies, pour en donner celle impression involontaire de désespoir, elle
à cliaipie examinateur. Cet exempi.iire a été fait le sacrilicc absolu de son intérêt propre,
donné, depuis trois jours, au niailre du sacré etc., « il met ces paroles : Sacrilicium aliquo
palais, (|ui l'a remis à Massouillé. Je le sus liier modo dixeram absolutum, et ita resiridum vo-
au soir, et j'ai été ce matin trouver le 1*. Mas- lueram. Jam immolât suam imper-
illud explico :

souillé : j'ai vu cet exemplaire. Ce que je vais fcctionem naturalem adjunctam spei superna-
vous en écrire est un peu général, mais l'ordi- turali; sed non ipsam spem ; prétendant par im-
naire prochain j'espère en pouvoir dire davan- perfectiouem naturalem entendre qu'il sacrifie
tage. Le 1'. Massouillé ne m'a pas voulu permet. toute vue d'intérêt propre, qu'il avoue être une
trc de rien copier ainsi je ne parle ici (pic de
; imperfection naturelle sans pouitant perdre l'es-
mémoire. pérance surnaturelle, (pii demeure toujours, ce
Ce qu'il y a d'abord îi remarquer, ce sont les qui me parait une contradictiou manilesle. Car»
notes. Ce manuscrit consiste donc dans le corps peut-on conqirendrc une espérance surnaturelle
du livre traduit, et à côté, à la marge, il y a des sans la vue de notre béatitude, de notre bonheur,
notes, par lesquelles M. de Cambrai prétend ex- qu'il immole connue imperfection? C'est unir
jiliquer plus clairement ce qu'il a voulu dire, et ensemble, et l'espérance et le désespoir; enfin
rendre sa doctrine incontestable et claire c'est : c'est un galimatias inintelligible.
la manière dont parlent ses agents. 40 Dans l'ai ticle xiv, à l'endroit du trouble
J'ai lu, pendant une demi-heure, plusieurs de involontaire de Jésus-Christ, il dit ; IJanc vocem
ses notes; voici ce que j'en ai pu tirer de plus tanquam alienam rejii-io; et il ajoute qu'elle n'est
important, cl <jui donne une idée du système des pas dans son original que c'est une faute d une ;

explications qu'elles eonliennenl. personne chargée de l'impression de son livre,


l'reniièrenient, il reconnaît qu'il parle d'un qui l'a faite dans une bonne vue, et qu'il a pour
état habiluel, mais non invariable, dans le sens témoins de te fait des gens irréprochables. On le
dont il en parle dans la prélace. croira si l'on veut, mais ceux qui entendent un
2" Partout il ajoute toujours aux termes de |)cu le français, et la suite de son raisonnement,
proprii commudi, et de ;»;(»;>nœ felicilatis dont , sont persuadés du contraire.
les évèqucs se servent dans leur Déclaration et , La cinquième chose que j'ai eu le temps de
qui appartiennent au quatrième état, ceux de remanjuer, c'est la note à l'article xliv, qui me
amuiis iiiteiensati, pmpriœ meircdis, et quehjue- parait (je ne puis m'empêcher de le direj bien
Ibis avec celte rédiiplication quatcuua intercssati; insolente. Il dit, en termes exprès, que le point
connue, par exem|ile, dans la |iage 'Jl : Un di- de son pur amour n'est pas seulement une doc-
recteur peut alors, dit-il, laisser laire un acquies- trine pour les ascétiques, mais encore pour les
cement simple à la perte de son intérêt propre, docteurs et les pasteurs, qui le conservent, avec
propriicommodi qtKileinis intercssati. Celte ex- les autres points révélés, comme le plus précieux
pression, et plus |)récise siginlicaliun, ne lait dépôt de la foi ;
que pour ce qui regarde léco-
qu'un mauvais elTet contre lui, car on voit par lli iioiiiiedont ils ont usé sur cela, il s'en faut
.son intention perpétuelle de rabais>er, connue prendre à l'iiuiierfectiou des hommes, qui non
intéressé, un amour qui est amour très-pur et possunt portarc modo : vous voyez le rang où il
très-parfail, aucjuel nul théologien n'a donné le met tant de saints martyrs et autres.
nom d'iuiiour intéressé. Le 1'. Massoulié, qui a examiné cet ouvrage,
3° Uaus l'arlide x, il veut absolument qu'on m'a dit <iue ces noies rendaient la condamnation
entende (jue tout se passe dans l'imagination, et de M. de Cambrai idus sûre, parce (pie les
point dans l'esprit. El en cet endroit de la page endroits (pii paraissaient ambigus dans .son livre
87 : « Alors une àmc peut élre invinciblement auxquels .ses amis auraient pu donner un sens
pci-suadée d'une piisuasion réiléchie, etc., » il moins mauvais, sont présenteinent, par son ex-
dit, h la marge
Pcrsuasio invincibilis non est
:
plication, hors de toute ambiguïté, et (|u'on sait
fera pcrsuasio, sed imaginatio; et il assine que ce a voulu dire. C'est le jugement que jusqu'à
(ju'il
c'est ce (ju'il dit piéciséuunl. Il traduit a|lré^ ce celteheure en ont porté le P. Massoiilliéel le
ijuil a dit de saint liancois de Sales, de cette maître du sacré palais. Je tAchcrai cette se-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. ^03

niaine, si je puis, d'avoir toutes ces notes trans- donnait occasion aux hérétiques de se mofjuer
crites. des traditions les plus authentiques. Je l'atta-
lis m'ont dit que, jusqu'à cette heure la traduc- quai fort sur ses traditions secrètes, j'insistai
tion leur avait paru fidèle, et la lalinilé bonne. surtout sur l'indifférence et sur le dixième arti-
Si je pouvais seulement avoir le tout pendant cle, sur l'unique motif qu'il admet, savoir, la
vingt-quatre heures.jeverraissi la traduction est volonté de Dieu, ce qui me paraît avoir des sui.
fidèle, et je marqueraislesendroilsoùelle man- tes f;ichcuses. Vos écrits sont venus : il a fallu
que ; pour les notes, en quatre lieures de temps les traduire et les faire copier, et j'ai cru que
elles seraient transcrites. mon travail ne servirait que pour des réponses
particulières, s'il en fallait faire mais vous épui-;

LETTRE CLXXXVI. sez la matière.


l'abbé PHELIPPEAUX A BOSSUET. La Lettre pastorale' de M. de Cambrai fait un
nouveau système. L'Instruction de M. de Paris
Ce 10 décembre 1697.
est excellente, et fera ici un bon effet. Je croyais-
Je viens d'apprendre les examinateurs ont que vous envoyer un troisième écrit italien, inti-
reçu ordre de s'assembler vendredi. Vous savez
tulé Rejlezioni d'un dottore di Sorbonna. Le co-
:

qu'on a substitué au P. Damascène le général me


piste l'avait promis mais ; il est tard, et je
des Carmes déchaux, qu'on dit être honnête désespère de l'avoir pour cet ordinaire. Il y a
homme. M. de Cambrai a écrit au cardinal Ca- bien de l'apparence que l'auteur est le P. Dez
;

sanate,pour lui donner avis qu'il enverrait une il veut se signaler. On m'a assuré qu'il était
réponse au Summa doctrinœ et à la Déclaration, auteur de quatre écrits de trois latins, dont je:

et le prie de ne pas presser le jugement il ; vous en envoyé un entier, et un extrait du


ai
aura écrit pareillement aux autres cardinaux. Il Second, que j'ai complet le troisième est l'ita- ;

a aussi écrit aux examinateurs tout cela ne : lien; que je fais transcrire. Je n'ai pas le qua-
tend qu'à différer. Son député est un peu em- trième: je ferai mes diligences pour l'avoir et
barrassé de ce qu'il entend dire de la Relation, pour savoir au vrai quel en est l'auteur. J'au-
qu'il fait chercher inutilement, car on n'en a rais une grande démangeaison d'écrire conire
point donné de copie, et on se contente de la ce prétendu docteur; mais vous le ferez mieux
lire. Elle ne laisse pas de faire un bon effet, cl et plus modérément que je ne pourrais faire.
d'effacer les idées qu'il avait données : il a re- On se donne ici un grand mouvement pour
cours à tout. Dimanche je le rencontrai venant s'opposer à la canonisation de Palafox. Le gé-
de la chambre du P. Dias, Cordelier espagnol néral des Jésuites a fait, dit-on, opposition chez
fort intrigant. Il estennemi de ceux qui ont fait le cardinal Casanate, ponent de cette affaire ce- :

condamner la Mère d'Agréda, dont il voulait pendant le roi d'Espagne en fait les instances et
solliciterla canonisation vous Jugez bien qui : les frais. Les Carmes déchaux se remuent fort
lui a donné cette connaissance. pour cette affaire et l'ambassadeur d'Espa-
;

Vous avez tellement ramassé tout ce que le gne n'a pas peu d'occupation de donner au-
livre de M. de Cambrai a de mauvais, et dans dience aux parties.
vos observations et dans vos écrits nouvelle- On m'a dit que M. de Cambrai avait envoyé
ment arrivés, que vous ne laissez rien à gra- sa Lettre pastorale aux évoques de Flandre par
piller aux autres; par là toutes mes animadvcr- un Père de l'Oratoire, qui devait leur eu de-
sions deviennent inutiles. J'avais pourtant fait mander leur sentiment. M. Sleyaert a dit qu'il
sentir quel'amour desoi, renfermé clans l'amour n'était pas nécessaire d'attendre son avis, qu'ii
de la béatitude, était bon, et que d'en nier la n'approuvait dochiue de l'archevêque;
i)as la

bonté, c'était doimer dans l'erreur des mani- et le lendemain soutenir une thèse con-
il a fait
chéens. J'avais amassé les passages de :-ainl Au- tre son système. Cet homme assurément n'es?
gustin, de saint Thomas, de Rornard
saint et des pas janséniste, s'il ne l'esl devenu depuis peu
scholasliques, pour prouver que l'amour jiisli- Après le rai>port du livre du P. Dez, il a été
(iant et renfermant le désir de la béatilude n'est ordonné (pi'il irait per manus des cardinaux.
point mercenaire; que les saints les plus par- Le général des Jésuites a mandé à toutes ses
fôils étaient ceux, connue dit Estius, (juc l'Ecri- maisons de faire des prières pour une grande
ture nous représente avoir été les plus touchés pcrséculion que soullrail la Société: ou croit
do la possession de Dieu. J'avais remarqué cet que c'esl pour l'affaire de Palafox.
rudioit où il est dit (pi'il n'y a point de Ijadi- Le proeureiu- des Missions étrangères do
tidii plus ('vidente (|ue celhi de son .iniour pur : France a oltleuu des bulles d'un nouvel évèelié
ce qui étant ou faux, ou du moins contesté. pour un des leurs. Ces Messietus sont tort olili-
i>H LETTRES RELATIVES

},'L'.s à cri iigcnl, et no lui rendent pas assez de niiiic, qui écrit de bon sens, et qui mande qu'il

justice, si le liriiit<|iii a couru de sa révocation concerte avec vous ; ce ijuc j'ap|irouve beau-
Un a ^raml intérùtdc l'éloigner d'ici;
était vrai. coup, et que je vous prie de continuer. Il lui

mais ce nVsl passes confrères. parle de la noinclle congrégation, pour hupiclle


Connue IVcrit italien ne vient pas, et (ju'il on avait fait une tentative inutile, et lui marque
est fort tard, je vous envoie ce que j'avais mis au que vous m'en écrivez.
net de mon ouvrage cpii était assez long mais : Je trouve bien long d'imprimer mes Remar-
VOrdonuauce de M. de Paris et vos observations ques :'}' en fcvixi un extrait en latin, où je ré-
seront beaucoup meilleures : je m'en .servirai, pondrai en abrégé aux notes et aux explications
s'il y a néccssilé de le faire. Un veria clair dans de Vlnstniction pastorale, et je seneraila ma-
cette matière, et il n'y a que les retardemcnts à tière.
ciaindre. Uiiant ?i la dissension entre les évoques, il

. du
L'écrit italien vient d'arriver h dix heures n'y en a point. Nous avons leurs lettres, con-
soir. Il aété coin posécn franrais.et traduit parmi traires au livre et à Vliistructian pastorale.
italien, l'abbé Mico. Le scribe a dit un de mes ;\
M. de Cambrai n'en a pas un seul pour lui, et
amis qu'un Jésuite l'avait apporté eu disant Je :
vous pou\ez le mettre en fait j'en dis autant :

ne suis pas quiéliste, mais je ne puis souffrir des docteurs. Si l'affaire n'était pas portée au
qu'on opprime ce pauvre archevêque. Selon Pape, on prendrait ici des moyens pour répri-
toutes les apparences, d'après la peinture qu'on mer une erreur si dangereuse. Mais M. de Cam-
m'en a faite, c'est le P. Dez. La copie n'étant brai s'élaut adressé lui-même au Pape, on se-
l)as tout à lait achevée, je vous enverrai le reste rait dans le dernier élonneiuent si Rome ne
pai' le premier ordinaire. condamnait pas un livre par lequel tout Moli-
nos revient.
LETTRE CI-XXXVIL
Vous aurez des exemplaires de la lettre des
BOSSUET A SON NEVEU. cinq évèques sur Sfondrale. Nous sommes con-
A Paris, ce 17 ilécembre 1697. venus qu'on ne ferait rien h présent sur cela,
et (ju'on songerait uniquement à terminer l'af-
J'ai reçu votre lettre du 26: je commencerai
faire de M. de Cambrai.
par le chevalier de la Grotte. Sa pension est
Je reçois à l'instant une lettre pleine d'ami-
assurée de 200 écus, tant qu'il sera en pays de
connaissance. A mou retour, j'entrerai dans le tiés de M. le cardinal de Bouillon, sur ma
détail.
charge de premier aumônier. Je vous prie de
l'a.ssurcr de mes respects.
domain, et ne reviendrai à Vorsîiillcs
Je i)ars
Je serais bien aise d 'avoir l'écrit du P. Dez'
que jour de saint Jean, pour le serment
le -21, •

s'il se peut.
et les autres choses. Un nous a donné pour au-
môniers ordinaires M. l'abbé de Caslries, à qui Je ne sais si je vous ai mandé que j'avais vu
vous ferez voire compliment MM. de la Bouli-
un avis du P. Serri, (pii est admirable, sur le
;

dière, de la Uocliejae(juelein,de Lévis, de la


livre de M. de Cambrai.
maison de Mirepoix, et de Mont-Morel, frère de Tout ce que M. de Cambrai expose, dans son
lustrucliun pastorale, sur la doctrine, est dé-
l'abbc des Alleurs. Le sacre de M. de Metz est
guisé. Il omet les articles les plus importants ;
dimanche prochain aux Feuillants, où il est en
retraite, par M. le cardinal de Coislin, et MM. de
il coule sur M°"^^ Guyon, tju'il veut défendre à
Verdun et de Careassomie. ipiehiue prix que ce soit, et l'enveloppe avec
les mystiques des siècles passés, auxquels il
M. de Heims vous écrira apparennueut sur
la remontrance insolente contre son Ordumiaii- veut faire accroire ([ue nous en voulons dans
ct'2, par un qui se dit Jé.Miite
nos censures. La traduction latine de son hvre
mais sans lumi ;

d'auteur ni d imprimeur, s;ms aveu, sans per- est un grossier ai lilice : elle est aussi vraie que
missions les passigesde saint François de Sales, dont il
: cela réussit très- mal.
J'ai fait ce matin vos conqtliments à
en a supposé, trompié, altéré et pris à contre-
M. de
sens plus de vingt
l'aris, qui m'a montré une lettre d'un Père mi-
LETTRE (^LWXVIII.
I
n
d«v»lt prOlcr wrmcnt en nnalité d« pnmicr aiimftnier da la l'abui^: uossuEr a son oncle.
duchciM de l<our^o,;..o
' M. la Tailler liii-ii.,me
avoue, dani ici lettres à lobht; Uo', u^i \ nome, ce 17 doccmbre 1697.
que la KtmonlnHn cit atitt Okh .criit, su'il y a de toni endmis
•t un rt'ptct tileriêur. L'aiiteuf do cette piica était le P. Daniel,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon-
et
Ml l'a lui; rin-.'c ilain le H(,util d« «» dirirt oHvragu, t. III, p. 431
' Il a'agit de l'écril italien de c» Pi^ro centra la DrcUuatio» iU§
et aiiiv. (/•;./. dt Peri.)
troia frr'ifUff.
A L'AFFAIRE DU QUifiTISME. 405

neur de m'écrire de Versailles, le 2S novembre. portiers, et qui étaient remplis d'injures contre
J'espère que mes dernières lettres vous auront un prélat qui avait rendu de grands services à
un peu plus contenté que les précédentes. Les l'Eglise ; que cela ne ferait point d'honneur aux

conférences recommencées me paraissent un auteurs et n'avancerait point la cause. Il pubUe


coup de partie. De plus, j'ai raison de croiie maintenant qu'il n'y a point de part, et je sais
qu'on ne les discontinuera pas, même qu'on qu'il les a fait transcrire chez lui. Je n'ai pu sa-
les rendra plus fréquentes qu'une fois la semaine î voir au vrai les autem-s des deux écrits latins;
avec cela on ne peut répondre de rien. Les cam- on que l'abbé de Chanterac les a composés
dit
braisiens sont ici un peu étonnés de voir qu'on a avec un de ses amis. Mais quel est cet ami ? Les
recommencé et qu'on paraît déterminé à conti- uns assurent que c'est un des Jésuites dont on
nuer. m'a dit le nom c'est le P. Gentel mais d'autres
; ;

Je ne vous fais pas une longue lettre aujour- disent qu'il n'en est pas capable ; cependant ce
d'hui, pour une raison essentielle c'est que j'ai : fut lui qm les porta aiLX écrivains. Pour l'écrit
été saigné il y a deux heures, pour un mal de italien dont je vous envoie le reste, il a été com-
gorge et une espèce de fièvre double tierce qui posé en français, et traduit en italien par un
me prit samedi. Il n'y a aucun accident, Dieu abbé Mico, qui est écrivain du P. Dez. C'est cer-
merci, et on ne peut avoir des accès plus légers. tainement son ouvi-age ; je n'en doute point ; il
veut se signaler ici par bien des endroits.
LETTRE CLXXXIX.
Je ne sais sur quoi ces messieurs se fondent
l'abbé phelippeaux a bossuet. pour chanter victoire à Paris car je vous ré- :

A Rome, ce 17 décembre 1697.


ponds sur ma tête que le livre sera condamné,
J'espère que l'indisposition de M. l'abbé n'aura pourvu qu'on juge; et on jugera. On peut bien
pas de suites : c'est une fièvre qui le prit il y a différer et empêcher le jugement mais non pas ;

trois jours. 11 s'est fait saigner aujourd'hui ; il la condamnation du livre j'espère même qu'on :

ne paraît point d'accidents dangereux. Je vous fera un extrait des propositions. Gabrieli pourra
mandai, par le dernier com'rier, qu'après les bien demeurer seul dans son sentiment peut- ;

sollicitations qu'on avait faites, on avait ordonné être aura-t-il honte d'être seul : mais, quoi qu'il
au maître du sacré palais de recommencer les en soit, le succès me paraît certain. Toute l'at-
assemblées. En effet, ils s'assemblèrent vendredi tention qu'il faut avou-, c'est à ce qu'on ne diffère
dernier, et sont intimés pour vendredi prochain; pas par quelque brigue cachée.
ce qui continuera régulièrement, du moins une J'attends vos Remarques sur la Lettre pasto-
fois la semaine car le cardinal Casanate, que
: rale. Nous avons reeu l'Instruction pastorale de
j'aivu aujourd'hui, et à qui j'ai porté un exem- 31. de Paris : rien n'est plus solide. Il condamne
plaire de vos derniers écrits, m'a fait entrevoir ouvertement l'errem-, et l'auteur de l'erreur :

qu'on s'assemblerait deux fois la semaine. Plu- elle fera un effet merveilleux. On s'en est servi
sieurs examinateurs se plaignirent qu'on avait pour montrer la nécessité de remédier au plus
ditau Pape, et répandu dans le monde, qu'on tôt une erreur qui 'se répandait en tant d'en-
à
n'avait suspendu les conférences que parce qu'ils droits. Le P. Bernardini est bien intentionné, et
avaient besoin des ccrils qu'on leur a donnés : ne songe qu'à nous seconder. Je vous envoie
ilsprotestèrent qu'ils n'avaient aucun besoin de copie d'une lettre écrileàGranelli. Il y a répondu
ces écrits pour s'éclaircir de la matière. On vou- en complimenls. Si on se fonde sur cela |)our
laitencore différer jusqu'à ce qu'on eût les ré- chauler victoire, on sera fort trompé. Je vous
ponses qu'on promet à la Déclaration et au souhaite une heureuse aimée, et suis avec un
Summa doclrinœ. Alfaro insista fort là-dessus; profond respect, etc.
mais il ne fut pas écouté, et on lui répondi;
li;ttre cxc.
qu'on ne sortait point de Rome, et qu'il fallait
procédera l'examen. Le P. Damascène envoya MADAME DE MAINTENON A BOSSUET.
une lettre pour s'excuser sur les aflaiies qu'il A Saint-Cyr, ce 2Î décembre tG97.

avait, qui l'empêcheraient de comiailre de cel|(>, Il n'y a point d'affaires ni de diverlissomeiils


affaire. Gabrieli affecta une indisposition on : (pii [Miisscnlni'empêclier il'avoir riionneur de
croit qu'il pourra bien s'exclure Ini-mèine. On vous voir, Slonsieur mais il est tiès-lioti (|ite
;

n subsliluéà Damascène le P. Philippe, générai vous vous réserviez pour les choses iiéecssain s.
des Carmes déchaux. Je l'ai vu je crois (|u'il ira
:
et qu'on voie ipie notre cabale n'est pas .si vive
bien. qu'on le veut persuader. Les nouvelles (jne M. l'ar-
Granclli se |)iaignit à l'abbé de Cliantcrac de ce chevètjue m'a fait voirsoiit à peu près celles que
qu'on laissait contre l'usage divers écrits h leurs vous me mandez, et il y a bien de l'apparence
406 LETTRES RELATIVES

(ju'on tirora en longueur ilans une cour où l'on seconde '. M. Pirol m'a envoyé ce que M. Vivant
ne se liAte pas. J'espère que Dieu soutiendra sa lui avait écrit sur ce sujet.
cause et celui qui la soutient, et (jnc \ousme
LETTRE CXCIL
conserverez toujours les inôuies bontés. Je suis
avec admiration et lespcct, Monsieur, votre très- BOSSIT.T A SON NEVEU.

humble et lrès-nl)éissanlc servante.


A Mcaux, ce lundi Î3 décembre 1C07.

Maintenon. Je reçois piésenlemeut voti e lettre du 3, avec


les papiers joints; il est fort tard, et je n'ai de
LETTRE CXCL
teuq)s (|uepour vous accuser la récejition. Vous
BOSSUET A SON NEVEU.
laites bien de ne parler au Pape que dans la
A Mmux, ce ÎÎ (l('cemhre Ifi07.
nécessité. Vous pouvez assurer que le roi a tou-
Nous n'avons pas encore ici les lettres du der- jom-s le même zèle mais gardez -vous bien de
;
'

nier ordinaire. procéder en rien, comme si vous agissiez par


J'ai pris mon parti de ne point faire impri- son ordre. On a peine de revenir d'une fau-se
mer Hewnrques, qui seraient une trop lon-
les démarche». Conlentez-vous d'écouter; le reste
pue affaire. Je ferai l'analyse des notes et de dépend du temps. Je vous en dirai davantage
Vluslructiou pastordie en latin. Cela sera mieux, une autre fois.
parce qu'il coiitiiMuIra un extrait des Bemar- LETTRE CXCIII.
qitcs, et une licponsc aux Explicalious de M. de
l'abbé PilELIPPEAUX A BOSSUET.
Cambrai. Cela viendra parfaitement après le
A I\omc, mardi Î4 diîccmbro 1697.
Siimmct doctriuœ, où j'en ai parlé en général;
et en un mot je sens que cela sera bien. Monsieur l'abbé se porte beaucoup mieux;son
Un Péie Minime de la Tiiuifé-du Mont mande inflammation de gorge est diminuée, et la liè-
à M. rarclievé(]uc de Paris qu'après son Ordon- vre a cessé; ainsi j'espère que cela n'aura pas
nance il ne faut plus rien faire et il me semble
;
de suite. Le P. Dias, cordelier espagnol, si dé-
t|ue le sentiment de M. le cardinal d'Eslrées claré contre la France dans l'affaire des bulles,
était de ne rien faire du tout. Mais je ne suis continue de favoriser l'abbé de Chanterac. On
ni de l'un ni de l'autre avis. Il faut ici instruire m'a assmé qu'il avait vu le Pape, et lui avait
les peuples, qu'on séduit par mille petits écrits- fait l'éloge de l'archevêque, lui disant que ce

et par cent bouches cachées et découvertes, n'élail qu'une cabale des évéques, (pii n'avaient

Ij'InKiructiuu de M. de l'aris est admirable ;


pu l'allircr à leur parti; que c'était le seul qui
mais il n'a pas trouvé îi propros de la f nre pré- favori.silt lesrépidiers. et qui fùlatlachéau Saint-
cise contre ce qu'a dit en particulier M. de Siège; mais cela ne fera aucun eflél, et M. de

Cambrai. Il n'y a rien contre son Instrurtion Chanterac couuncnce il voir le péril où est le
paalorale, ni contre ses noies. Je suis convaincu livre. Rien des gens lui disent nettement qu'il

qu'il faut (]uc lîome voie par nos écrits la né- ne peut éviter la condaumaiion, et que la Le/-
cessité de |)arler c'est votre seutiuienl et celui
; trc jiastornle n'c\ci\f.c point le livre, quoiqu'elle
de M. l'hebppeaux. Vous me maniiez même tous puisse servir à justifier la personne. Le P. La-
deux séparément que nous n'emiiorterons rien lenai lui tint ce discours : et a\aut eu occasion

que par l'évidence. Ce que je ferai sera court, d'(Mi laire le récit à .M. le caiiliual de Rouillon.

et ne tendra jias à allou^'cr j'ajoute qu'il sera


;
il lui répondit qu'il lui avait fait tort grand plai-
précis et démêlé, et ne laisseia aucim doute, sir, parte qiie ces gens-b'i se llallaienl trop. S
s'il plait à Dieu. M. de Cand)rai est trop in- celle réponse est sincère ou non, je n'en sais"
venlil, et il croit trop aibémeut en imposer au rien; car dès le couunencemeut le P. Latcnai,
monde. consulté par le même, .se déclara pour nous, et
Voil.'i une réponse à M. le cardinal de Rouil- celleEmineuce peut savoir qu'il a relation avec
lon sur son couqiliment. Nous recevons tous moi. est le théologien du cardinal Altieri, et
Il

les jours des lettres de tous les évoques, appro- tous deux sont bien iutenliomu's.
batives de noti e doctrine, et en particulier du Vendredi dernier, il y eut conférence des exa-
Summa ductriuœ, qui a seni .\ beaucoup de minateurs ou y traita du fond du livre, et de
;

monde. l'amour du cinquième élat. Allaro se déclara en


M. de Cliartres prépare quelque chose. L'in. raveur de M. de Candirai mais Cranelli parla ;

struction pasloralf de W. de Cambrai a encore contre M. de Cambrai, comme un homme qui


aliéné tous les esprits. '
Il s agit >l'- la Ictiro cQ r^ponsg de ctllt d«M. de Cambrai à iin

.M. Vivant aécrit des merveilles sur la lettre I ml, et dont ossu"l était auteur.
' Ce trait o nii>; ort aux ce! \U que fit leordlnal
noulllon 'r pou
dès la première lecture, et encore plus après la toulinlr le livre du T. Dex, icjeté par le* cxamiiiatcura.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 407

possédaitbienla matière. La première conférence valescent; et on me défend (je pense avec raison),
est indiquée au lundi 30 on y doit traiter de: d'écrire et de m'appliquer. C'est pourquoi j'ai

tout ce qui regarde l'indifférence. Vos derniers priéM. PheUppeaiLX d'écrire pour moi. En gé-
écrits sont estimés autant qu'ils le méritent, et néral je puis vous dire que les affaires commen-
produiront l'effet qu'on en espère. On ne doit cent à cheminer et à être en bon train.
pas être surpris d'Alfaro : il est obligé de suivre Les Cambraisiens sont un peu affligés, et les
l'impulsion des Jésuites. Ils sont fort curieux, de Jésuites pas moins insolents : ils mériteraient

voir la Relation, mais inutilement car on se con- ;


châtiment, en vérité, de la part de la cour; j'en-
tente de la lire à ceux qu'il est nécessaire d'ins- tends les Français, qui excitent seuls les autres.
truire. Le P. Charonnier i a interrogé une per- Je parle là-dessus avec une modération très-
sonne qui l'avait on n'accusait
entendu lire, si grande. Le P. Alfaro sera, s'il peut, pour M. de

point l'auteur de cliarnali té. J'espère que le P- Cambrai. Le P. Gabrieli est douteux, et je suis
Charonnier et M^"** l'abandonneront, quand ils fâché à cette heure du ménagement que nous
le verront noyé. On saura dans la suite des nou- avons eu. Comme les autres sont plus savants et
velles plus particulières. plus braves gens, j'espère qu'ils feront leur de-
voir.
On m'a assuré que M. de Cambrai voulait faire
une seconde édition de son livre, dans laquelle Le P. Dez n'a pas daigné venir me voir, ni au-
il corrigerait tous les endroits qui ont choqué-
cun Jésuite, excepté le seul P. Charonnier.
Je suis bien fiiché de n'être pas en état d'é-
Mais qu'espère- t-il de cette démarche? Plus il
crire encore par cet ordinaire à M. de Paris sur
écrira, plus il s'embarrassera.
Granelli se plaignit à l'abbé de Chanterac des
son admirable Ordonnance : elle fait ici un très-
écrits répandus, pleins d'injures contre une per- bon effet. M. le cardinal de Bouillon m'a fait
l'honneur de me venir voir et de s'informer tous
sonne qui avait rendu de grands services à
2

lEgiise, et qui ne servaient point à la cause, les jours exactement de ma santé.

puisqu'ils étaient contraires aux explications Jenevous dirai point l'histoiredupaquetque


de la Lettre pastorale. Je n'ai pu déterrer au je vous envoie, c'est ma lettre du 18 de ce mois
vrai lesauteurs des deux latins. Il est certain que que j'ai retrouvée hier sur ma table : je crois

le P. Gentel, jésuite, a portés à copier: uutis


le:, être assuré de l'avoir envoyée dans mou paquet

savoir s'il en est l'auteur ou un autre, on n'en tleLyon du même jour. La voilà je suis très- ;

sait au vrai. Pour l'italien c'est le P. Dez qui en


fâché du retardement, car il y a des choses bon-

est l'auteur, autant qu'on peut savoir ces sortes nes à savoir. J'espère que la lettre de M. Phe-
lippeaux et ma lettre à mon père y auront sup-
de choses; c'est son copiste ordinaire qui l'a
pléé. Je finis à cause de ma lettre.
traduit en italien. Les uns et les autres seront peu
lus par ceux qui seront bien intentionnés. LETTRE CXCV.
L'instruction de M. de Paris est fort goûtée >
B0SSL\3T A SON NEVEU.
et M. le cardinal de Bouillon a avoué qu'on ne A Versailles, ce 30 décembre 1697.
fiouvait rien voir de plus précis ni de plus fort, lettre à mon frère, du 10. Une
J'ai vu votre
e lui ai donné lesnouveaux écrits on saura quel :
pas vous embarrasser des ports ni des
faut
effet ils produiront sur lui. Je suis avec un pro- ponrles copistes, et autres de cette nature
frais :

fond respect, etc. mé-


n'y épargnez rien, et en m'envoyant le
Le cardinal Franzoni est mort : aussi il n'y a sur-le-
moire lie \os di'i)enses, j'y satisferai
plus que cardinaux Cibo et Alticri qui pré-
les
champ. J'entrerai aussi très-volontiers dans les
cèdent M. le cardinal de Bouillon. Il est en bonne moyens de vous faire subsister, vous et M. Phe-
santé et officiera demain au Palais. lippcaux il convient en toutes manières que ce
;

LETTRE CXCIV. soit H ne faut point se dé-


honorahlenient.
grader ; mais il semble aussi que vous l'avez
l'abbé bosuet a son oncle.
pris d'un ton un peu haut, et que vous devez
Home, ce U décembre 1097.
le baisser, sans qu'il y paraisse. Du reste, il tant
reçu la lettre que vous m'avez lait l'hon-
J'ai
prendre courage et essuyer toutes les longueurs,
neur de m'écrire de Versailles, le 2 de ce mois. même celles qui sont alfectécs.
Dieu merci, depuis avanl-liier la lièvre double C'est un bon effet de vos sollicitations, d'avoir
tierce m'a quille, et rinllainmatiou de gorge est les conférences des exami-
obtenu qu'on reprit
passée: aussi je ne suis pas malade, mais con- nateurs.
Ilest vrai qu'il n'y a rien de plus indigne que
> CV'tait riionimu ;lc confiance du cordiniil cJa liouiUou.
^ i.'ôvv(|ue de Mcaux. le procédé de M. de Cambrai à notre égard, et
408 LETTRES RELATIVES

au mien en particulier. Il y a sur cela deux LETTRE CXCVI.


choses à faiie, à quoi nous ne ui;iiiqu(;roiis pas;
L'AUnK BOSSL'KT A l'aBBÉ DE GO.NDI.
l'une (le le faire connaître, et l'aulrc de nous
montrer les plus sages. De Itome, le 30 décembre 1697.

Mor» frère vous aura marqué ce qu'il a fait


Les bontés dont vous m'avez comblé quand
dire à M. de Paris de volie part. Je suis bien
j'ai passé à Florence me font espérer que vous
aise que son Iiis(nuiion pastorale plaise sa :

ne trouverez pas mauvais la liberté que je


gloire est la mienne. Nous sonuncs très-unis
prends de vous assurer de mes respects, à ce re-
;

et vous me ferez plaisir de lui rendre Ijnn


nouvellement d'année; et que je me serve de
compte, surtout de ce qui aura rapport à lui. Je
Cette occasion pour vous parler d'une affaire sur
n'ajoute rien de mes senlimeids sur sou In-
laquelle vous voulez bien que je vous demande
struction; jc vous les ai déjà dits, el il est vrai
votre conseil et voire i)rotcclion.
qu'elle est excellente et Irès-lliéolotiique.
Vous aurez sans doute entendu parler du livre
Les l)ons l'ères Minimes, qui lui rendeid
de M. rarchevè(|ue de Cambrai, qui fait tant de
compte de ce qui se passe, lui inspirent quel-
bruit en Fiance, qui s'examine à |)ré>ent dans
quefois à bonne itdention des choses qui ne
la congréfiatiou du Sainl-OKice. C'est un livre
sont |)as convenables, comme de n'écrire plus
contre lecpiel on peut dire que toute la France
après son Ordonnauce, parce que ce n'est qu'un
s'est soulevée, dont le roi a écrit à Sa Sain-
prétexte d'allonger. Mais comme il n'a rien dit,
teté, et contre le([uel M. l'archevêque de Paris.
ni sur les Expliralious de M. de Caud)rai, ni
M. l'évéque tie Meaux et M. l'évèquc de Char-
sur son Instruction pastorale, ni môme sur
tres ont été obligés de donner leur Déclaration
beaucoup de points de la qucstiou principale,
en iiarliculier, ayant été appelés en témoigna-
il faut bien donner les instructions nécessaires,
ac par M. l'archevêque de Cambrai lui-môme,
en sorte, autant qu'il sera possible, que cela
dont ils ne peuvent approuver la doctrine. Il est
n'allonge pas. Voyez ces bons Pères, et en-
donc question à présenta Rome d'examiner et
tendez-vous avec eux autant qu'il se pourra.
de prononcer sur ce livre, sur lequel le roi et
J'irai mon train, allez le vôtre : concilions tout;
les évè(pies de France demandeid au Saint-Siège,
vous venez ce que j'écris h M. l'helippeaux.
avec instance, un pronq)t jugeinent,comrae vous
La remoutiance des Jésuites à M. de Ucims
le verrez encore mieux que je ne puis vous le
fait grand bruit; ils l'avouent publiquement.
dire, par la copie de la lettre ilu roi au Pape,
Ils la faisaieid imprinu-r à Uouen, où le roi en
que je joins à celte lettre. Or, je ne puis m'em-
a fait saisir tous les exemplaires. Le libraire a
pèchcr de vous dire. Monsieur, que j'apprends
avoué qu'il l'imprimait jjar ordre des Jésuites :

de plusieius côtés que .M. Fédey, agent de Mgr


on l'a mis en prison, d'où M. de Heims a sup- le grand-iluc, se mêle dans celte afiaire. Si
plié le roi de le délivrer. Je vous manderai la
c'est pour ou contre, c'est ce que je ne puis vous
suite de celte alfaire.
dire sûrement : mais, connue je sais que ce
Nous attendrons les moyens (jue vous nous n'est pas de concert avec moi qu'il travaille,
ddimerez de ménager sur les ports. On prend
j'appréhende un peu cpie l'on ne s'imagine ipic
ici les mesures que l'on peut, pour ne vous
Son .\llesse Séiénissime prend (picl(pie part
point charger. On ne pouvait se dispenser de
danscctteanaire.peut-êtreen faveur du livrede
vous envoyer Vliistrucliim pastorale de M. de
M. de Cambrai. Or, comme je suis assuré que
Cand)rai, (pudevient une pièce cssenliellc à
l'intention de Son Altesse Sérénissimc n'est pas
l'affaire.
de favoriser ce qui a la nu)indre apparence de
Les bons Pères Minimes ont mandé
qu'on ici
n'être pas bon, connaissant autant (]ue je fais,
a trouvé mauvais à Home que évèques
les trois
outre toides excellentes (jualités qui le font res-
aient fait leur l)C(lariiti(}n, qui ressemble trop
pecter de toute la terre, un zèle pour la reli-
Ji un jugement iinli'ipé n\ais il n'y a rien qui
:
gion et pour la bonne doctrine (pic rien n'éga-
y revienne moins. Klle ressendile davantage à prends la liberté, Monsieur, de vous ou-
ie; je
une espèce de déiKincialinn raisonuée, quoique vrir mou cœur sur cette alTaire, pour vous siip-
ce ne soit point cela, (l'est un ténmignage de |ilier de vouloir bien en instruire Son Altesse
gens qu'on a vonln engager dans une mauvaise Sérénissime, suivant ce cpu- vous jugerez ù pro-
cause, et (|ui disent tiès-modesleuient les lai-
pos. Je vous en aurai, Monsieur, une .sensible
sons (juils oïd de dé.savouer ce (pi'on voulait et je juiis même
obligation en mon particulier ;

leur inq)uler. .Vnssi n'avons-nous pas tu qu'on


vous a.ssurer (pie .*!. de .Meaux joindra cette
y eût rien trouvé de mal ce .sont des toius
nouvelle nbhnalion à tant d'autres qu'il vous a.
:

qu'on voudrait donner aux choses. Je m'en rapporte sm' le tout à voli'c prudence ;
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 409

et, si vous le jugez à propos, ne parlez de rien : plus haute estime, entièrement due à son grand
je suis assuréque vous ferez le tout pour le mérite.
mieux. Pardonnez-moi seulement la liberté Je suis cependant aussi respectueusement
que je prends, et faites-moi la justice d'être que je dois Monsieur, votre très-humble,
i'êti'e,

persuadé que personne ne vous honore plus etc.

véritablement que je fais, etn'est avec plus de LETTRE CXCXIII.


respect, etc.
l'abbé BOSSUET a SON ONCLE.
LETTRE CXCVII. Rome, ce 31 décembre 1697.
l'abbé de GONDl A l'aBBÉ BOSSUET.
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon-
Pise, ce 7 janvier 1698.
neur de m'écrire de Versailles, le 9 décembre.
Comme je vous honore toujours infiniment, Je me porte à présent fort bien. Dieu merci. 11
et que je fais gloire de n'avoir pour vous que y eut hier une conférence des examinateurs, et
des sentiments d'une parfaite estime, ainsi la première est indiquée au 9 janvier. Les Jé-
j'espère que vous me ferez la justice d'être for- suites se déclarent toujours de plus en plus dé-
tement persuadé que l'on ne peut vous être cidés pour M. de Cambrai. Il ne faut pas dire
plus obligé que je le suis à votre bonté, pour que vous le savez de moi ; mais que l'abbé de
l'honnêteté de vos expressions, à l'occasion du Chanterac se vante d'être assuré de ces deux-là.
renouvellement de l'année. Je vous supplie de MassouUé, Granelli, Miio, Bernardini sont dé-
croire que j'y donne tout le retour que je dois, cidés contre; Serrant l'est presque aussi. C'est
accompagné des vœux les plus ardents pour le manège ordinaire des Jésuites, de caresser

toutes vos prospérités. dans le temps qu'ils font le plus de mal. Enfin
Je suis pleinement informé de l'affaire qui le P. Dez m'est venu voir je n'ai fait semblant
;

concerne le livre de M. l'archevêque de Cam- de rien. Le nouvel examinateur, général des


brai, et qui fait tant de bruit en France. Je n'i- Carmes, est si sourd qu'il faut qu'il prenne son
gnore point qu'on l'examine à présent fort soi- parti sur les écrits, car dans les conférences
gneusement à Rome, dans la congrégation du il n'entend pas un mot et cela est fâcheux ; du
Saint-Office je sais aussi que M. l'évèque de
: reste, Usera bien instruit, il est honnête honnne
Meaux, tout de même que MM. l'archevêque de et droit.
Paris et l'évèque de Cliartrcs, ont donné leur Vos Remarques imprimées feront un bon efl'et
Déclaration, par laquelle n'approuvent point
ils pour les cardinaux je ne doute pas que vous
:

sa doctrine et je suppose que la même congré-


; n'y joigniez une observation sur Vlustruction
gation ne pourra pas longtemps tarder à pro- pastorale de M. de Cambrai, pour qu'on envoie
noncer sur ce livre. les erreurs et les contradictions mais faites ;

Tout le détail qu'il vous a plu m'en faire dans votre écrit le plus court qu'il se pourra. Il n'est
votre lettre du 31 décembre, avec la co|)ie de la pas question ici de ce (pii s'est passé à l'assem-
lettre du roi au Pape, j'ai cru ne pouvoir me jjléede 1(38:2 je n'en souflle pas, et je ne vois
:

dispenser de le comiuunlcpier au grand-duc, pas qu'on parle de votre manuscrit pour la dé-
jiour lui donner la facilité de mieux compren- fense des quatre Articles. Sa Sainteté se porte
dre les démarches de M. Fédey dans cette à mer\eille. Je finis, car il est tard.
affaire. Son Altesse m'a dit que M. Fédey ne J'oid)liais île vous souhaiter une heureuse an-
pouvant pas ignorer qu'elle a écrit à des car- née je n'ai que faire de vous exprimer mes
:

dinaux el à des consullcurs du Saint-Office senLiments sur ce qui vous regarde, cpii m'est
en conformité des sentiments de M. de Meaux, |)lus clierelplus précieux que moi-même.
elle croit que son agent s'en étant aussi mêlé, M. le cardinal de Bouillon commence à tenir
il ne peut jamais avoir tenu d'autre langage un langage un peu diflërent, el dit que l'allairc
que confoiine au sien ; c'est-à-dire en la- M. de Caml)rai n'ira pas bien. Il ne m'endor-
veur di; ce que M. voire oncle [)ent sonliailer. mira pas el je n'ensuis que plus sur mes gardes
Mais, pour s'en Itien assurer, Son Altesse lui pour éviter les coups fourrés.
ordonne par ce même
onlinaire de se domier
bien de garde de ne jamais franchir aucun pas
LETTUE CXCIX.
([uino soit avanlag(Mix à la caiise soidenuc par liOSSUDT A M. Ifl-: LA ItROUE.
ce digne prélat, (pic la solidité de sa doclrint; A Versiiillcs, ce 3 janvier IC98.

cl ses énnnenles (jualités rendent à juste titre On a iu)|>rinié avec diligence, Monseigneur,
l'un des plus beaux oi iiements de rKglisc, et la IVélaee aux écrits déjà iiii|)rimés mais j'en ;

pour la personne duquel Sou Altesse a toute la ai suspendu la publieatidu, pour laiie paraître
>no LETTRES RELATIVES

à la tôle, dans cotte préface, la réfutation de de la cause de Dieu qui ne souffre nul faible
l'Iiislntction pastorale, qui aclièvera, s'il plail h ménagement, allez votre train, est assurez-vous

Uieii, la diMiionslialionde l'erreur et de l'ifrno- que vous ne serez pas abandonné. Je veux bien
rancc de M. de Cambrai. Après, je nie don- vous dire que le roi, par sa bonté, a la com-
nerai tout entier à la seconde partie, que vous plaisance de n'exiger rien de M. le cardinal de
souhaitez tant voir paraître en attendant, je : IJouilion contre M. de Cand)rai, qu'il sait que
tra\aille h beaucoup de Mémoires nécessaires. ce cardinal favorise mais c'est que Sa Majesté ;

Uu cAlé de llouie lesailaiies y lau^'uissaient par est persuadée qu'une affaire de cette nature n'a

les elVorls de la cabale puissante, qui ne t;kliait pas besoin desoKices vulgaires de ses ministres.
qu'îi les faire oïdilicr : mais j'ai envoyé des C'est une affaire pro|irement entre le Fape
instructions, par le secours desquelles mon et le roi, une affaire de confiance entre les
neveu a trouvé le moyen de ranimer tout ;
en deux puissiuues cl le roi croit (pie c'est assez
;

sorte qu'on ira bon train, s'il plait à Dieu. Le pour lui de s'expliquer à M. le nonce. Voilà ce
roi continue de presser avec zèle et vivacité. qui est de ma connaissance, sans vouloir en-
Vous seriez étoimé de voir les écrits qu'on dis- trer plus avant dans les mystères d'Etat, dont

tribue à Home de la part de M. de Cainl)rai : on je ne me mêle |)oint. Vous pouvez vous ouvrir

y lit (lue c'est une


de janséni-tes qui le
cal>ale de ce (jup je vous dis h des personnes sages et
persécute, parce (pi'il n'a pas voulu entrer bien conlidenles.
dans leur faction qu'au reste, c'est un liumnie
;
On a beaucoup d'obligation h. Mgr Giori et on
5 ménaf:ur pour délendrc l'autorité du Saiiit- la ressent '. Je vois qu'il a quei(iue peine de
Siéf;e, attaquée par des hommes turbulents. \\ ce que je n'ai pas la promotion de M. empêché
se donne aussi pour protecteur des ordres rcli. de Cand)rai, que j'aurais pu luidon-
et il est vrai

gieux: cnlin il est tombé dans l'aveuglement. nerde fortes atteintes mais les conjonctures rae :

Je m'assure que M. de Saint-Pons ne sera détermineraient à prendre un autre parti et :

guère content de ses excès ; et s'il est ébranlé M. de Cambrai était soumis, il savait si bien dis-
par l('6'i(»iwifl ilurtriitœ, j'ose assurer qu'il sera sinuder, qu'encore que je ne lusse pas sans quel-
convaincu par les écrits que j'aurai l'honneur que crainte, j'avais beaucoup plus d'espérance.
de lui envoyer. Quoiqu'il en soit, je me laisserai sur cela blimer
Je suis, Monseigneur, comme vous savez, avec tant (pi'on voudra parce que le bliltne qu'on me ;

tout le respect possible, etc. domie est l'eflel d'un zèle que je révère.
J'ai vu ici une lettre de M. Pequini à H. le
LLTTUE ce.
cardinal de Janson, qui parle de moi d'une ma-
BOSSUET A SON NEVEU.
nière (jui me donne du courage: il me fait l'hon-
A l'aris, ce C janvier 1G08.
neur de comiiariT mes écrits à ceux des Pères.
On était ici animé de
la lenteur qu'on
fort Je vous instruis de tout cela, afin que dans l'oc-
semblait vouloir apporter à l'allaire deM.de casion et à propos, sans affectation, vous me
Cand)rai, et l'on a\ait peine à couq)rendre, ménagiez les boimes grâces de ces prélats dans
après la part que le roi y prend d'une manière l'affaire dont il s'agit.
sidéilarée |)our la paix de son royaume et pour Je \errai demain M. de Paris, et lui ferai vos
le bieu de qu'on y dût procéder si
la relij,'i(in, compliments. Il sera bien aise de la manière
mollement. Il y allait même beaucoup de l'hon- dont vous faites valoir son Instruction pastorale,
neur et de l'autorité du Sainl-Siége, que ceux qui est venue dans une conjoncture où elle était
qui avaient donné ces conseils n'ont guère eus fort nécessaire : celle Instruction est très-excel.
en vue. Rlaiidonant «pie la chose reprend son lente.
train, on est liien aise de l'heureux succès de Dcmonirance h M. de Reims
Vous avez su la ,

vos soUicilations. que fait imprimer .sans aucune


les Jésuites ont
Il est bon de vous dire sans façon que M. le permission. Celle atlaire va faire grand briiil :

cardinal de Itouillon a\ait ici insinué, par ses vous en samez da\anlage par le prochain ordi-
letties, i|ue noire Dcrhnatiou avait lait im naire. Les Jésuites la veulent soutenir, et \ous
mauvais rflel |)i ur nous; que le Tape l'aNait voyez ce qui en peut arriver. M. de Reims m'a
regardée comme un juj;enienl, par Icipiel nous fait voirsur son Ordoiiuanre une lettre de M. le
prévenions celui du Sainl-Siége; et (lu'enlin cardinal d'Aguirrc , qui remplit de Joie tous
nous avions perdu loule croyance. Je ^oiis '
Ce I
nrait parti lt4s-TiTcmrnt *<i r>p« contn la neuvcll*
ri'l.it

puis assurer ([u'on ne l'a pas cru, et je n'en de M- de Cambrai. Cr»t ce q\ie lk>&suet «r«it ippris par
fj'irttuftUte

dirai pas davantage. Itendez en toute o casion U lettre de M


rhelippeaui. et plut parliciiliérunenl enorr ptr un*
lettre de M. Uiori minM »i cardinal d« Janwn, dont U Ml Uitmta-
tout respect à ce cardiual : mais couune il y va tlon dana la lettre 303, cl-aprta.
,

A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 4U

qui est digne des premiers Ces discours, tenus par une personne de poids
les pens de bien, et
instruite de nos manières, indifférente en appa-
siècles de l'Eglise 1.
rence, très-adroite et fort insinuante, a produit
LETTUE CCI. l'effet que la cabale désirait. Sa Sainteté a cru

l'abbé phelippeaux a bossuet. faire des merveilles, et grand plaisir aux évêques
A Rome , ce 7 janvier 1698. de France, de joindre des évêques aux huit
plu- examinateurs; et il y a six jours qu'elle leur joi-
Je crois que vous serez bien aise de voir
livre de gnit deux prélats. L'un est Mgr l'arclievêque de
sieurs endroits de la traduction latine du
Chicti, dont le nom propre est échappé de ma
M. de Cambrai, où il paraît qu'il a traduit dans
mémoire i
c'est un prélat napolitain, que le
vue d'insinuer sa nouvelle solution, où cor-
il ;
la
pape a fait venir depuis peu h Rome pour être
rompt le texte français: vous y ferez les réflexions
secrétaire d'une congrégation et qu'on croit qu'il
que vous jugerez à propos. Je ne vous dis rien
veut faire cardinal on dit qu'il a du mérite et
des deux examinateurs qu'on a ajoutés, ni des
:

du savoir. L'autre prélat est Mgr le sacriste du


raisons dont on s'est servi pour les obtenir je :

Pape 2, qu'on tire toujours des Pères Auguslins,


suppose que M. l'abbé vous en aura mandé le
qu'achever ces notes et il est et qu'on fait toujours évêque in partilms il est :

détail. Je ne fais ;

Flamand, docteur de Louvain, pour un et passe


si quejenepuis plus rien écrire. J'attends
tard,
vos réflexions ce qui m'empêche de rien écrire
;
homme d'esprit et de mérite. Il y a longtemps
que je suis averti de sa liaison avec M. de Chan-
sur la lettre, pour ne pas multiplier les écrits, et
terac de M. le cardi-
est aussi très-dépendant
donner occasion auxdélaisqu'oncherche. Je suis
: il

nal de Bouillon y a longtemps,


; et il a déclaré, il
avec respect, etc.
assez ouvertement qu'il ne trouvait pas dans
LETTRE CCII.
M. de Cambrai des choses si mauvaises, ajou-
l'abbé bossuet a son oncle. tant qu'il y aurait peut-être quelque accommo-
Rome, ce 7 janvier 1698. dement à ménager sur cette afl"aire. On ne
peut douter que la cabale, bien instruilc de tout
reçulalcttre quevousm'avezfaill'honneur
J'ai
insinué ce prélat au Pa[)e.
de m'écrire de l'aris, le 17 décembre. Je me
cola, n'ait proposé et

D'ailleurs comme Flamand, il entend parfaite-


porte bien Dieu merci il me reste un peu de
:

difticulté de dormir, à quoi n'a pas peu


contri- ment le français.

Je ne doute pas que le Pape n'ait eu la meil-


bué un peu de fatigue qu'il faut me donner. En-
lin lacabale nous a porté un de ces coups fourrés leure intention du monde mais par là vous :

que je craignais tant; et cela était nécessaire voyez quels ressorts ou fait jouer pour al-
pour allonger un peu, car tout avançait, et bien. longer et pour embrouiller. Ou met deux pré-
mal, au moins dans Ji la tète, don l'un
est comme déclaré, et au
11 laut lâcher de réparer le lats

l'intention voici le fait. La cabale ayant été


: moins très-prévenu pour l'autre, ou l'a dit d'a-
:

apparemment bien avertie par ses émissaires bord tout à lait dévoué aux Jésuites; mais je veux
dans le Saint-Office et dans les
conférences, on croire que cela n'est pas. Je vous avoue que je nu
pourrait dire entre autres le [\ Allaro, que l'af- m'alleiulais pas à celte nouveauté aussi a-t-elle :

faire n'allait pas bien pour eux;


qu'il seud)lail sur|)ris tout le monde, et fait dire ici haute-

qu'on voulait examiner à la rigueur le sens na- meut qu'on voulait sauver M. de Cambrai. Je
tureldu livre, et sur cela juger des propositions, suis peisuadé (pion ne le sauvera i)as, mais au
ilsont voulu embrouiller les conférences. Pour moins ou donnera de l'embarras et on allongera;
cet effet, M. le cardinal de Bouillon
Irés-sùre- car il faut rccoiiuneiicer. D'ailleurs ces prélats
ment a fait insinuer au l'ape, par l'entremise de se trouvent à la tète des coiiléreuces; et s'ils sont

M. le cardinal Albaui, que l'cxauien qu'on fai- malintentionnés, ils peuvent mettre bien des
saitde ce livre serait d'un bien plus praiid poids ubslacles.
J'ai cru être obligé, et cela par le
conseil de
en France, si on ne se contentait pas de le faire
examiner par des moines, dont ou méprisait M. lecanlinal de Casauate, de parler au cardi-
nal Spada à fond sur tous ces faits. Je lui
ai
l'autorité en France; et que si l'on
joignait (jucl-

parlé pendant deux lioures avant-hier, avec


tout
qucs évéqucs aux premiers examitiatcurs, cola
seraitd'une plus grande réputation, et fcrailunc Icrespectipicjeluidoiset à Sa Sainteté, niaisavec
ipie m'in-
impression tout autre. toute la force dont je suis capable, et
les cir-
I
U cardlnnl d'Agulrro fut d'abordtrès-opposé «ux lh*ologlcns spiraient l'importance de la matière et
«iillo la himl*r« de In
frnn-nis. et lurlout « Bmsuot; mili d»ns la do la cnsn^gation dr»
«t 11 d«Ylnt l'ad-
<
u l'appelait Uodolovic, et iult socrduira
véri'i'l'vl Ht «urmonlcr les pr.Jug'-s d« •« nation,

mlraleiir de-. ptiUls «t des docteurs contre lesquels U avait <to b,


' dlccts» de Uiac.
>"m"l» D.W1, évoque doPorpbyro, noàiluy, au
Ibrt privenu.
412 LETTRES RELATIVES

conshuiccs. Il m'a paru bien recevoir ce que je caractère du Pape. Tout cela n'a pas empêché
lui ai tlit, el je lui ;ii ili'couvcrl toutes les cabales (pie je n'aie été \oir cematin M. le sacriste, avec
qu'on loniiail. Il m'a Irouvé bien inslriiitel de (pii j'ai eu une conférence de deux heures. C'est

clioses inùnies(iu'ii ne sivait pas. Kn un mol ex- un liomme froid et qu'on dit assez franc; il s'in-
cepté sur la personne (leM. cardinal de Ikiiiillon, struira assurément. D'ailleurs, pcrsonnellcmenl
je lui ai i)arléde tout à cœur ouvert, alin qu'il il n'est pas ami des Jésuites mais il est lié avec
;

en pùl parler h Sa Sainteté, el enipéclier, s'il est le parti contraire sur les affaires de Louvain. J'ai

possible, de nouveaux clianf^ements. Je lui ai re- des personnes de poids |)oiir|)ar!er; du reste, on
présenté l'impiirlance, les grands inconvénients, ne peut répondre de rien. Pour Mgr de Chieli,
le mauvais ellet (jue tous ces cban;;enients fe- j'ai bonne o|tinion de lui. Heureusement il s'est

raient en France ce que pourraient dire et


;
adres.sé h un de mes intimes amis pour étudier

penser les évéques de France et le roi, quand ils les matières avec lui, et chaque jour je sais ses

\erraient à (piel point on sendilait favoriser sentiments les [ilus secrets.


M. de Cand)rai contre toutes les régies. Je lui ai Ce(iueje vous ai mandé des discours qu'on a
rappelé tout ce (pii s'était passé depuis le com- tenus an Pape, pour lui faire mettre les deux
mencement de cette affaire, et la conduite (pi'on nouveaux examinateurs est sur; car c'est le Pape
avait tenue, qui était inouïe dans le Saint-Of- lui-même qui l'a dit, et les deux cardinaux aussi
lice jusqu'à cette beure. Il m'a assuré de la qui ont agi. J'espère que Dieu présidera à tout;
boinie intention de Sa Sainteté, qui croyait tout mais la rage des Jésuites contre moi est au delà
faire pour le mieux que pour lui ses alfaires
;
de ce qu'on peut pen.scr. Je m'imagine aussi que
rempécbaientde vaquer îi celles du Saint-Office, M. le cardinal de IJouillon ne m'est pas plus fa-
et qu'il n'y allait presque jamais cela est vrai. : vorable mais on me témoigne de la part de cette
;

Pour lui rendre ma plainte plus juste sur le fait Eminence tout le contraire. Je m'attends à quel-

de M. le sacriste, je lui ai dit qu'il y avait que plat de leur métier. Les conférences recom-
déjà très-longtemps que je vous avais instruit mencées les ont violemment irrités; mais il ne
de la prévention de ce |)rélal, et qu'il s'était dé- tiendra pas à moi de les fâcher encore davan-
claré trop favorable à M. de Cambiai. Il faut, s'il tage en faisant mon devoir. Au reste, je vous
vous plait, que vous teniez le même langage à prie d'écrire une lettre d'honnêtetés, aussi bien
M. le nonce el au roi. Avec cela, il ne faut pas que M. de Paris, àMgrGiori, prélat de cette cour,
demander sa révocation, mais se plaindre de la ami de MM. les cardinaux d'Estrées et Janson,
trop grande partialiléqu'on lait paiaitre à cha- (pli fait tout ce qu'on peut faire auprès du Pape.

que pas pour favoriser M. de (lambrai, en em- Je sais qu'il sera bien aise d'une pareille marque
brouillant l'alTaire de nouveau. d'estime et d'amitié, el cela l'excitera encore. U
Je \ous avoue (jue je suis obligé défaire ici estbon de lui écrire en latin, car il n'entend pas
un persoimag»" qui ne doit pas plaire à cette un mot de fraii(;ais vous me ferez un sensible
:

cour; car ce n'est i|ue |)0ur me plaindre de tout plaisir. Si M. cardinal de Janson voulait écrire
le

ce (pi'on y fait, et en représenter l'injustice et la à Mgr de Chieti, dont il très-ami, et au sacriste,


nouveauté. Il est vrai «lue je le fais avec toute la siu rattente où en est la France de voir linir le
modération et dextérité dont je suis capaljle : scandale qu'a causé le livre, cela fera un très-
mais entin je le fais, et suis contraint de le faire; bon elfet.

et si je ne le taisais pas, il est certain tpie rall'aire Il faut se plaindre hM. le nonce, mais ino-
ne Unirait jamais: cela ne laisse pas, comme vous d(>steinent, et m'e.xciiser de tout ce que je suis
croyez bien, d'être très-désagréable et très-l;\- obligé de faire ici. Les plaintes que je fais ne
cbeux. Je l'ai dit tout fr;mcbement au cardinal passent pas le cardinal Spada.
Spada,quimera avoué. Je neluiai pas parlé dans Témoignez, je vous prie, à M. de Paris, que
la vue (le laiie le sacrisie, mais seule-
ré\o(pier M. je vous dis beaucou|) de bien du Père Miiiin)e>
ment pour manileslemenl la part
lui laire voii' (pie je fais agir où il convient.
qu'il ail la ealiale, le mau\ais effet (|ue cela produit Je n'ai plus retrouvé dans la traduction de
(ians llome, etinmian<|uablement en France. Il M. de Cambrai ï'iiitfti'ssatus dont je vous
m'adit les plus belles paroles dumonde; mais j'ai avais parb* ;je m'étais hrouillè : il traduit aussi
pris la liberlede lui demander des ellets. Jesiiis pres(pie jiartout le motif de rintérél |)i opie, ap-
persuade que ce queje lui ai dit sur M. le .sicrisie pclilio pioprii commodi, el ajoute q'.ielijuefois
sera rapporté au Tape. Ile plus, dimanclie au (juirxtuK proprit. C'est une alleclatioii manifeste,
soir on parla fortement au l'ape de toutes ces ca- de traduire par «/)/><• /i7j() le motif. Appelitio, c'e&l
bales de MM. le.s cardinaux de liouillon et Al- désir, (pii vient de la |)art de la puissance ce ;

Lani mais, encore une lois, vous couuaisscz le


: qui est tout autre chose que le motif, qui se (ire
A L'AFFAIRE DU QIIIÎ^.TISME. 413

du côté de l'objet : cela me paraît très-considé- lat la trouve pleine de dérision et de brocards.

rable, et je le fais remarquer. J'espère que


ici Après avoir attendu longtemps, et avoir pris les
vos Remarques n'oublieront rien, et surtout sur mesures qu'il fallait, on lui a permis d'avoir re-
Vhistruction pastorale, qui est pleine assuré- cours à la justice du parlement, sans entamer
ment de contradictions et d'erreurs, et qui, bien le fond. Il s'agira seulement de la léparation

entendue, doit le faire condamner par lui-même. sur le manquement de respect, et sur une im-
Il faut ici de la patience plus qu'on ne peut pression sans aveu. M. de Reims a donné une
croire ; j'espère l'avoir. requête forte, mais modérée. Le provincial et
Un de mes amis, de chez M. le cardinal de les supérieurs des trois maisons des Jésuites ont

Bouillon, a fait un extrait de plusiem's passages été mandés à demain, pour venir avouer ou

de la traduction de 31. de Cambrai, sur la traduc- désavouer la Remontrance, et faire leur décla-
dution du motif intéressé qu'il traduit mercenarii» ration telle qu'ils jugeront à propos. Us avoue,
et deVappetitio proprii commodi,qui marque une ront sans doute et sur la forme leur condam-
;

extrême affectation. naUon est indubitable. Savoir comment cela


J'ai découvert, il y a déjà longtemps, le com- tournera, et quelle satisfaction donneront les
merce qu'a l'abbé de Chanterac avec le P. Dias, Jésuites pour prévenir ce coup, c'est ce qu'on
Cordelier espagnol, qui est un frippon parfait, ne peut encore prévoir. Le R. P. de La Chaise
ennemi et de la personne du roi, et du clergé prit la peine de venir hier ici avec le P. Gail-
de France, et qui ne cherche qu'à engager cette lard ils me
: parlèrent amplement de cette
cour contre la France j'en ai parlé au cardinal:
affaire. Je leurs fis quelque ouverture, comme

Spada. Je crois que cela ne doit pas plaire au de moi-même je les reverrai demain il sera
; :

roi. encore temps, parce qu'on croit que les Jésui-


J'oublie que M. le sacriste est
de vous dire tes ont obtenu un délaide quelques jours.

consulteur du que l'archevêque de


Sainl-Office, Vous êtes bien obligé à M. le cardinal de
Ciiieti n'en est pas, et que pour cet effet il est Bouillon de toutes ses bontés, que je publierai
encore nommé pour l'examen du livre de Sfon- ici pom' vous en faire honneur. On enverra au

drate. Il y a dans le Saint-Office quatre consul- premier jour l'Exposition de la foi, et le Recueil
teurs du Saint-Office; deux archevêques qui d'Oraisons funèbres, que vous m'avez deman-
sont Mgrs Bottini et Darti un é\êque, qui est ;
dés. Vous aurez aussi les Remarques des An-
le sacriste et Mgr Nucci, secrétaire de la con-
;
glais ' sur M. l'abbé de Fénelon. Nous y join-
grégation du concile, drons la Remontrance à M. de Reims, sa requête,
et l'arrêt intervenu dessus pour mander les Jé-
LETTRE CCIII.
suites. fait très-civilement par un
Cela s'est
BOSSUET A SON NEVEU. greffier, qui Dongois, leur ami. Cet arrêt
est
A Paris, ce 13 janvier 1G98. préjuge assez contre eux. Continuez à servir
Votre lettre du 10 m'apprend des clioses que l'Eglise, Dieu vous aidera de plus en plus. Je
je serais fâché d'igiioicr. Je crois vous avoir ferai voir àM. le prince de Conti ce que vous
mandé que j'ai vu entre les malus du cardinal m'écrivez sur son sujet 2, qui est très-juste.
de Janson une lettre de Mgr Giori, où il écrit LETTRE CCIV.
conforniétncnt à ce que vous me marquez ;
LE CARDINAL DE BOUILLON A BOSSUET.
M. le cardinal de Janson m'a promis de la faire
Uome, ce 11 janvier IG08.
voir où il faut. On est fort aise ici de la conti-
C'est au
Monsieur, d'une longue con-
sortir,
nuation des conférences des exainiiialeurs.
versation (pie je viens d'avoir avec M. voire ne-
J'ai reçu de Flandre un petit livre coidre le
veu, que je me donne l'homieur de vous écrire.
Summa doelriuK, (pii a beaucoup de vcniti et
Dans cette conversation je lui ai parlé sur bien
de dissiniulalion. 11 y est fait miMitiou d'une
réponse à la Déclaration, qui n'est pas encore des choses avec toute l'ouverture du cœur, ten-
dresse et considération possibles. m'a con-
venue à ma cotmaissauce je l'allends pour ;
Il fait

prendre ma résolution. Je ne ferai rien (jue de naître que mou silence sur la porsuasiou
où je
Court. On MC croira pas aisémcut (pie M. le car- devais êlre de la |)uielé de vos inteulions, eu

dinal de Roiiilloii ait hàlé la suite des conlé- couihatlanl la dorlriue du livre de M. de Cam-
renccs. brai, vous avait fait de la peine. En quoi per-

11 se p.issc ici uue chose qui fait grand bruit,


mettez-moi, Monsieur, de vous dire que vous
au sujet (le la Hemoulrancc h M. de Ucinis sur ' Ilnsauet veut parler Ici d'un livro qu'on ntlribuait «U do>

son OriUinnancc (pu; les Jésuites ont fait iuipri- leur Uurnot, Anflnl!!, Imprimé en ICïlS A An\<lcr.l.ini, (oua co liU«:
Jiecuritde tlivcrSiS p>(\-es conctriuint IciiuUit^Wê^
iner. Ils la croient fort res|)eclucuse, et ce pré- ' IVy. 1.1 kltitlBT.
414 LETTRES REIATIVE8

iiNuz lorl : car me pourricz-vous croire capa- Ià-dc.<îsu8 comme je devais, en l'assurant qu'il

desoiip(;nniUT la punU-el ladroiliirodes iiilcn- devait ôtre assuré que dans mes diseoursjnmais
lion iluuo persoiiiio (|iie j'esliine, lionorc el aime cela n'écbappi rail de ma bouche, comme eflec-

au point i]uc vous savez que je vous csliino, ho- livemcnlj'ai là-dessus une réscne extrême. Je
nore et aiuieilcptiis.siloiigloiiips?Croycz donc, s il lui ajouté que je ne pouvais m'cmpécher
ai

vous j.lail, Monsieur, que je ne suis pas capable de avouer que c'était le sentiment de tout
lui

de soupçonner jamais la droiture de vos intcn- Rome et de toute la Fiance qu'il v avait donné
;

lioiis, et qu'on ne peut être plus absolument el lui-même un très-grand loinkinent, en parlant
plus vérilablemcnt à vous qucj'ysuis, aussi bien sur cette aiï.iire de la manière qu'il m'en |)arlait
qu'à M. de Cambrai. Ce qui m'a alllii^é el conti- à moi-même dans toutes les oeeasions; que je
nue il m'all)it,'cr, c'csl de voir que les deux pré- voulais bien être persuadé que c'était un elTetde
lats de France que j'estime et aime le plus se la prudence dont il cro\ ait devoir user en celte

trouvent dans des senliuienlssi opposés. Faites- cil constance qu'il y avail longlem[)S (pie vous
;

moi la justice, Monsieur, de compter en tout m'aviez encore chargé de lui renouveler vosjus-
leuq)s, et en toutes occasions plus véritablement tes |)lainles sur son silence à l'égard de l'afTairC

sur moi que sur personne. personnelle qu'il prétendait que vous aviez avec
Le cardinal de Bouillon. M. de Cambrai. Knliii, en lui parlant franche-
menl sur l'inclination qu'il témoignait h sauver
LETTRE CCV. M. de Cambrai, je lui ai dit tout ce qu'il faut,
l'abbé bossl'et a son oncle. sans qu'il ail eu le moindre sujet de trouver
I\omc, ce 14 janvier 1G98. mauvais ce que je lui ilisais, cf miiquemcnl pour
Par la lettre que j'ai reçue de mon père du qu'il connût le sentiment du public. Je ne puis

23 décembre, j'ai appris que vous étiezà Meaux, et ne veux pas vous dire ce qu'il m'a fait l'hon-

cl que mon p.iquel n'était arrivé à Rome que neur de me répondre là-dessus: contentez-vous
ce maliu-là aussi que vous l'auriez pu voir as-
: s'il vous plail, d'être assuré qu'il ne vous don.

sez à temps poiu" y laire réponse. nera là-dessus jamais aucune sali.sfaclion ;

il n'y a rien de nouveau sur l'affaire de Cam- que sou parti est pris sur la condiiile qu'il
l)rai. Jeudi passé, 9, iiycul uneconlérenceoù les veut tenir, tant h votre égard qu'à l'égard de
nou\e;uix examiiialcuis assistèrent: ils netirenl M. de Cambrai qu'il désire que je croie qu'il
,

prescpie qu'écouler. On reconwncn(;a de nou- traite comme que pcut-ôlre il se plaint


vous, et
veau l'examen, el on mil sur le lapis six propo- plus de que vous. Voilà fidèlement en beau l'é-
lui

sitions, tirées du livre, sur le cincpiième état el tat de l'esprit de .M. le cardinal deRouiUon, qui
sur l'espérance, fonilemcnt de la doctrine de sait lorl bien cei|u'ilaà faire, el qui m'assure ne
M. de Caiid)rai. Un doit, le de ce mois, faire -2'-i me vouloir aucun mal des sentiments qu'il
une nomelle conlérence, dans laquelle, après s'imaginequc j'ai pour lui. Il lui serait bien aisé,
qu'on se sera assuré que les propositions sont s'il le voulait, de me lesi'iter, si je les avais; mais

vérilablcinent dans le livre, ou en paroles ex- je ne crois pas (lu'il en veuille prendre la peine.
presses, ou équivalentes, chaque examinateur Il est, s'il vous plait, de la dernière impor-

volera, c'est-à-dire dira son sentiment sur les tance que vous ne disiez jamais ce que j'écris
qualilicalions. On m'a assuré (jue les proposi- siirM. le cardinal de Rouillon, si ce n'est à M. de
tions sont très-bien cxliailes, et d'une manière Paris, au roi el à M"" de Maintenon'
très-loi le ; el si elles demeurent dans cet état, Il est bon et même nécessaire que vous écri-

il de Jésuite qui les pourrait sauver. L'ar-


n'y a viez, comme je vous l'ai marqué par ma der-
clievé(|ue de Cliieli s'appelle Mgr Rodolovic. nière, à Mgr Ciori en latin, coinmeaussiM.de
Mgr le sacrisle, à ce que l'on m'a assuré, a une Paris cl M. de Chartres il faut l'engager à con-
:

giaiiile liaison avec M. le cardinal de liouillon; tinuer. A Rome, tout le monde tremble de par-
il est homme de doctrine, elje ne |iuis eioire Ici'; vous en vovez bien la raison.

qu'il se veuille déshonorer. Tous les examiiia- J'ai appris que latibé de Clianler.ic cl les Jé-

lcuis seront inslruilsà Ibnd, liors le Jésuite, à qui suites étaient lurieux contre moi cause de .'i

il de parler il ne se trouva pas à la


est inutile : votre |{</(//i()«, qui faitconnailrc notre nouveau
dernièriî eonlérence. vaiut. Je ne puis attribuer qu'à eux un bruit
J'ai eu l'occasion ce malin de parler à M. le qu'ils ont voulu répandre parmi l-^s Fiançais,
cardinal de Romllon, et de lui renouveler vos (jiie j'avais ici ties eimeinis, qu'on cherchait à
jiisles plaintes; el cela h propos île ce ipTil m'a m'assassiiier, el même que j'ilais lonibé ma-
dit iiu'oii lui avait i.ippoitc, ipie je disais ipi'il lade de peur. Tonles choses laiisses, sans le
était favorable à M. de Cambrai. Je lui ai parlé moindre londcmenl : les gens qu'ils di.sent mes
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISAIR. 41.'.

ennemis sont mes meilleurs amis. On ferait LETTRE CCVL


mieux de débiter des choses vraisemblables,
BOSSUET A SON NEVEU.
s'ils voulaient qu'on y ajoutât toi, et que cela
A Paris, ce 20 Janvier 1G9S.
me fitquelque tort. M. le cardinal de Bouillon
a bien ri ce matin avecmoi de imagina-
cette Jevois avec plaisir, par votre lettre du 31,
tion il : n'a assurément
n'en a lait aucun cas, et que vous Dieu merci, hors d'affaire. M. de
êtes,

aucune part à ces manières basses de se venger, Paris est content de votre lellre. Je n'ai point
mais que je méprise comme je le dois. Je vous vu M. de Reims, qui apparemment est occupé
mande seulement cela, afin que vous voyiez la de son affaire avec les Jésuites. Elle a été re-
fureur et la rage de ceux à qui nous avons al- mise entre les mains de M. le premier prési-
taire. Ils voudraient être ici maîtres du ti ipot; dent 1, en conséquence des paroles données au
mais je vais toujours mon chemin, et continue- roi par les deux parties, sur les affaires de
M.
rai, s'il plait à Dieu, à agir de môme, sans de Reims.
crainte de qui que ce soit que de lui. J'ai appris aujourd'hui de M. le cardinal
On attend ici la fin de vos Ecrils, ellâ Réponse d'Estrées qu'il y a deux nouveaux consulfeurs,
hl'Instruction deM. de Cambrai. Je crois que dont l'un est M. l'archevêque de Ciiieti, et l'au-
vous songerez aussi k m'euvoyer des Déclara- tre le sacriste de Sa Sainieté. On
que ce der- dit
tionsdes évêques. Il faut seulement convenir du nier est habile homme, et fort porté au jansé-
port à Paris, et envoyer tout cela comme im- nisme pour le premier, qu'il est un peu pa-
;

primés, comme marchandises, et non comme rent du Pape, qu'il veut être cardinal, et que
lettres. Les observations, telles que vous me le Pape s'y fie beaucoup. On ajoute que Sa
les promettez, feront bien pour les cardinaux ; Saintelé lui fait quitter son archevêché et lui
les examinateurs les ont tous vues, hors Alfaro donne une abbaye.
et GabrieU. Le bruit de l'effet de ma Relation relentil ici
Des personnes bien affectionnées pour la par toutes les lettres de Rome. C'est bien fait
bonne cause sont persuadées qu'on cabale plus de n'en point donner de copies mais il sera :

que jamais, et qu'on cherche quelque inven_ dil'ficiie de ne la pas rendre publique, si l'on

tion pour faire échouer celle affaire et juslificr se détermine à la présenter au Pape. Dans ce
M. de Cambrai. J'écoule tout, mais je ne suis cas, il faudra faire du mieux qu'on pourra. Il
pas encore arrivé à deviner ce qu'il est possible est bon que le Pape en soit instruit. Le roi con-
de faire pour réussir dans ce dessein, à moins tinue à presser M. le nonce. Vous faites fort
quele roi n'abandonne l'atfaire, et que Rome bien de vous défier des coups fourrés et de la
ne se veuille déshonorer. bonne mine. On est ici bien persuadé que le
On fera ce qu'on pourra à Paris pour gagner P. La Chaise est pour M. de Cambrai. Nous
M. le nonce les Jésuites n'oui>lient rien à cet
: nous portons bien.
effet. Il est bon, sans menacer, qu'ils soient con-
LETTRE CCVil.
vaincus que si Rome ne [iurle pas, la France est
l'abbé LEDIEU A L'aBBÉ BOSSOET.
toute prèle, aussi bien que le roi, à agir et que
A Paris, ce 20 Janvier 1G98.
rien ne l'en peut empêcher.
Ne dites, s'il vous plait, qu'avec grande pré- Dès vendredi dernier 17, il est parti d'ici,
caution ce que je vous mande sur ce qui se Monsieur, par la diligence de Lyon, un paquet
passe dans les conférences; c'est le secret du contenant douze recueils d'Oraisons fuiièbrei
Sainl-Oflice. Il est bon que vous sachiez que de noire prélat, et autant de son Exposilion,
tout le monde ici me veut tant de mal, que plu- avec un autre paquet à votre adresse, où j'ai
sieurs Emineuces m'ont fait cl fait luire des mis un recueil des pièces concernant Molinos et
compliments sur ce qu'elles souhailent que, si lesquiélisles, et où se Irouvenl aussi les lellres
M. l'abbé de la Trémouille est placé, je sois au- des Anglais, dans lesquelles il est parlé de l'ab-
diteur de Uole. Je sais ce que je dois répondre bé de Fénelon. Sons la même enveloppe, j'ai
là-dessus. Les Jésuites cl M. le cardinal de Harlity. Ce magistrat ayant représenta tu roi
'
C'était AthUI« <lc

Bouillon ne laissent pas de l'apijréhender. Je quo l'alTairc pas do naturo 1 (tre plnldi'o en plein par-
n'était
lement, lo entra dans les vues du premier prt'sidcnt, et
prince
ne puis m'cin pécher de vous dire que M. le
le chargea do trrmirter le dilTérend, dont II vouhit qu'il fût seul
cardinal de iiouillon m'a parlé ce malin en arbitre. M. do Uarlay arrêta que les supérieur» des Jésuites Iraient
cliei l'archovèque do Reims lui demander l'honneur do .von
nniitio,
petit fou. Cela seul suffit (luur savoir à quoi >»
et lui témoigner iiu'ilu ét«i<-nl sciinlilcment fjc'irs d'avoir encouru
s'en tenir. Le roi, M"" île Maiiiienon cl la disgrice. Cet arratii lut sigi.i. et Ait le londemein on alla foire visite
au prélat, qui parut avoir oublié tout le passe, t.iiit il lit do oiv-'c
France sont à plaiiuhc. Il est dillicilc (lu'il n'ar- — d'Arrigny, dé)» iv, p. ItXl.
aux Jésuites. }'oy. cité. t.

rive pas quel<ine chose qui le découvre hienlôt. (Ki/i/. lit VtTê.)
il 6 I.ETTUES l'.KLATIVES

mis encore qiialrc cxoniplaires de la Hemon- seuls déclarés : j'espère que les autres préfére-

IraiHc (les Jt'Siiilt'ï^ à M. de iU-ims sur son Or- ront la vérité h la cabale. On ne peut pas sa-
doiiuancc '\ii lî> La requête que
juillet dernier. voir de quel cAlé M. le sacristeet Mgr Rodolo-
penchent ils ne se sont pas expliqués, et
ce iin'lal a présentée au parlement sur ce sujet \ic :

ne fait cjue sortir de dessous la presse pour pas- nous avons toujours sujet d'appréhender, parla
ser entre les mains de l'auteur, qui a défende manière dont ils ont élé mis du reste, j'espère :

expressément d'en donner aucime à personne : que la vérité triomphera.


c'est ce qui ni'emi)èclie de vous l'envoyer à pré- M. le cardinal de ISonillon veut faire croire que
sent ; ne doutez pas que vous ne la receviez |)ar c'est lui quia fait doubler les conférences. Cela

ce prélat niéuic. est très-faux car il dit qu'il en avait parlé au


;

Depuis le départ de M. de Jle.iux jiour Ver- Pape samedi dernier seulement; el c'est cinq
appris chez M. de îVcims que les
sailles, j'ai jours avant que le Pape a donné l'ordre pour
Jésuilesdevaicnt se trouver à trois heures après Cela ; rien de plus constant.

midi chez le président, pour conclure leur ac- M. le cardinal de Bouillon, en lui rendant vo-
coinmodemenl an premier de lem- Hemon-
sujet tre réponse à son complinienl, me dit qu'il
trancc. Le prélat deniamlc qu'ils viennent lui vous avait écrit dès l'ordinaire dernier, sur ce
(jue je lui avais témoigné de votre pari. Je ne
faire salisfaction chez lui, et (ju'ils rétraclenl
leur pièce par écrit entre les mains du magistral croyais en vérité pas qu'il le lit mais j'avoue ;

Icin- arbitre. A cinq heures du soir on n'en avait que, sans man(|uer au respect qui lui est dû,
encore aucune numelle diez M. de Keims; on je lui ai parlé assez fortement, et il a jugé à

ne les y attendait que demain. propos de se raviser. Si vous ne lui avez pas en-
L'imiiression de la lîcfiitation de M. de Cam- core fait réponse quand vous recevrez cette
lettre, je vous prie de lui insinuer que les bruits
brai lire à sa lin, cl j'espère qu'on pourra vous
l'envoyer inccssannnent. Le triomphe de la vé- qui courent sur sa partialité pour M. de Cam-

rité qu'elle contient fait certainement un grand brai viennent de toutes paris, mais que vous

plaisir. Je suis etc. n'en voulez rien croire, non plus que moi. J'ai
jugé à propos, après la conlérence (|ue j'ai eue
LETTRE CCVIIL
avec lui, de donner à M. de la Trémouille, qui
L'Annii BOSSUET A. SON ONCLE. esta présent fort bien avec lui, la lettre que
Rome, ce 21 janvier 1G98. vous m'écriviez du 2o novembre, dans laquelle
J'ai reçu, par le dernier courrier, vos lettres était l'ordre que vous me donniez de lui faire

du 22 et du 23 décembre, de Meaux, et celle vos justes plaintes. J'ai trouvé, depuis le com-
du 3 de Vei saillcs.
,
mencement ju.squ'à la lin, qu'il n'y avait rien
Je croyais (pi'il n'y aurait de conférence des qui nei)ùt lui être lu, et qui ne put faire un
examinateurs, suivant ce qui avait été résolu, bon Vous y parlez avec force et
effet. vérité sur
que jeudi prochain, 23 du mois; mais mardi tout vous y manpiez que toutes les
: lettres de
passé, c'est-à-dire il y a aujourd'hui huit jours, Rome portent qu'il favorise secrètement M. de
le l'ape envoya ordre de lenir la conlércncc le Cambrai mais que nous n'en croyions rien ni
:

jeudi suivant, 16 de ce mois, etdorénavant dcu.\ vous ni moi. C'est après avoir lu cette lettre,
lois de la semaine. Il y en a déjà eu deux de- qu'il jugea à propos de parler au Pape, pour
puis ma dernière lettre car hier il s'en tint une.
; presser, dit-il, le jugement de cette affaire.
Mais en même temps le Pape dit qu'il fallait Néanmoins on publie partout que le dessein de
ilisputer. et c'était de la part de la cabale qu'é- cette cour est de la traîner en longueur cela :

tait venue celle nou\elle imajiinalion, qui ne ne laissera pas d'être dinicile, si les conférences
s'est jamais pralupiée dans le Saint-Olfice. Ef- continuent deux fois la semaine. Il est bien cer.
fedivement jeudi passé on dis|)ula avec aijîreur tain que si M. le cardinal de Bouillon voulait,
de la part d'.Mfaro et de (Jabrieli cela fut .scan- ; cela serait déjà Uni, el finirait h pré.scnt h Pà-
daleux. Je l'ai su, et j'en ai fait avertir le Pape (jues je le veux encore espérer.
:

et le cardinal Spada. 11 y a lieu d'espérer qu'on Le P. Dezest malade pouravoir trop travaillé.
mettra lin à celle manière d'examiner, qui Le P. Minime m'a dit qu'il avait écrit à M. de
n'est imatiinéc par la cabale que pom* tout Paris (ju'on ne pouvait trop éclater et trop ins-
brouiller, el tirer en lonj;ueur: car hicron com- truire en France; et il est vrai qu'il n'y a que
mença à voler. AHaro parla trois heures en fa- cela, et l'ésidence <le la matière, (|ui puisse don-
veur de M. de Candirai, el dit des choses pi- ner le branle ici, où ils tremblent sur tout.
toyables. Apparennnent tout le monde ne sera Sur la résolution que vous prenez de compo-
pas de son avis. Alfaro et Gabricli sont les ser un écrit nouveau, qui sera un précis, je me
A L'AFFAIRE DU QUIËTISME. i\l

suis déterminé ti faire faire plusieurs copies bien opposeront fousmain. M. le cardinal de Bouii.
écrites de vos Remarques traduites, qui ont ici Ion lui fait mille amitiés, et connaît son mérite.
fait sur l'esprit de tous ceux ù qui nous les avons Je me porte bien, Dieu merci, et j'ai fait de-
communiquées un effet merveilleux, et qui em- mes visites à presque tous
puis huit jours toutes
porteront assurément ce que vous fe-
l'affaire : 31M. les cardinaux et antres principaux de cette
rez ensuite sera admirable pour les cardinaux. cour, qui envoient tous les jours savoir de mes
Je ne laisserai pas de donner vos Remarques nouvelles avec une bonté infinie.
écrites à MM. les cardinaux Casanate, Noris, Je ne puis assez vous témoigner la nouvelle
d'Aguirre, Nerli, Albani et Ferrari, qui en sont obligation que je vous ai, de vouloir bien entrer
capables, et peut-être Marescolli. Je suis per- dans la dépense qu'il me reste à faire ici, sur la-
suadé qu'avec cela et le nouvel imprimé latin sui- quelle je n'aurais pu prendre aucune mesure.
tes nouveautés de M. de Cambrai, l'affaire sera J'avais ajusté toutes mes affaires pour le mois de
éclaircie et emportée. Septembre, et je ne voulais vous être à charge en
M. de Chanterac dit qu'il a déjà reçu le pre- rien, sachant les dépenses que vous êtes obligé
mier cahier de la Réponse de M. de Cambrai, de faire mais j'avoue que je ne puis y suffire
:

article par article, à la Déclaration et auSumma avec le i'eveixu de mon abbaye, qui est le seul
(loclrinœ, d'une manière courte, précise, Ihéolo- que j'aie, et qui est bien diminué par les taxes
gique et démonstrative ce sera un composé de : et par le change horrible. Vous pouvez être as-
ses notes et de sanouvellc Ordonnance. suré que la figure que j'ai été obligé de faire ici
Je crois savoir que M. le cardinal Noris a été dès le commencement a été nécessaire, et par
consulté par un grand seigneur de France, pour rapport à vous, et par rapport à moi ; que je
savoir ce qu'on pourrait taire pour sauver M. de n'ai rien fait d'excessif, et ne fais rien encore. On
Caml)rai et il a répondu qu'il fallait qu'il se ré-
; juge ici beaucoup, même les plus honnêtes gens,
tractât, qu'il désavouât son livre comme mau- par l'extérieur, et il faut m'y soutenir à présent
vais, et que par là il préviendrait la sentence, et plus que jamais par moi-môme car on ne cher- ;

se ferait plus d'iionneur. Mais ici M. de Chante- che qu'à vous avilir, et moi aussi. Je suis très
rac et M. le cardinal de Bouillon croient que les exact et très-réservé pour ma dépense mais :

affaires sont trop avancées effeclivement il ne : j'aieu à en renouveler plusieurs, depuis trois
le peut plus faire après sa dernière Ordonnance. mois, pour chevaux, carrosses et livrées, dont je
J'ai déjà fait remarquer à tous les cardinaux et ne puis me dispenser, et où j'ai ménagé de mon
examinateurs, que ce nouveau sens qu'il veut mieux. Si vous avez donc la bonté de m'aider,
donner à son livre, est contraire h toutes les ex- je vous prie de me faire savoir ce quje vous pou-
plications qu'il en a données lui-môme aux évo- vez me donner je me réglerai là-dessus et je
:
;

ques à toutes celles que ses défenseurs et pro-


; "»ous serai toujours très-obligé, quoi que ce
tecteurs ont données ici dans quatre écrits qu'ils puisse être. Je prendrai la liberté, après votre
ont répandus à sa traduction, à ses notes, où
; réponse, de tirer ime lettre de change sur qui
il n'en dit pas un mot; à son livre lui-môme, où vous voudrez, de la souune que vous êtes en êlat
il n'est rien dit d'approchant d'un sens qu'il est de me donner. J'espère en vérité, plus que ja-
la clef de son livre, et sans Icciuel, selon lui- mais, que tout finira pour ce printenqis.
môme, tout ce qu'il a dit est erroné et blasphé- Le Père Carme dont je vous parle est très-
matoire; sans compter que ce sens ne vaut rien comui de M. Pirot et de M. de Paris, que
eu soi. Selon moi, c'est une démonstration con- vous pouvez faire eulivr dans ce qui le regarde.
tre lui, et je n'ai encore vu personne qui n'en J'envoie à M. de Ueiuis le conuneneement
soit convenu. d'un écrit pour Sloudrate par un Jésuiio, où il
Je vous envoie un Mémoire pour \m Père Iraile assez mal les évê(iues de rassemblée. Il .se-
Carme (pii est ici. C'est un pariait honnête hom- rait de conséquence qu'on ne laissât pas ici une
me, qui m'est très-utile sur le livre de M. de pareille liberté, qui est Irès-injurien.-ie au roi et
Cambrai et sur Sfondrale; hou théologien et , au clergé, et qui renouvelle mie (pierelle assou-
dans les vrais principes, très-estimé du Pape |)ie. Un mot (le la part du roi là-dessus à M. le

cl «les cardinaux : il est aussi théologien du cardinal de lioiiillon remédierai! à loul il ne :

cai(lin;d Allieri. Je vous supplie de l'aiie en sorte pense à rien.


qu'il reste à lloine : c'est une persoiUK» frès-iu- N'oublie/, pas. je vous prie, Mgr Cioii.
slriiilc et de confiance, (|ue l("s éveipu's, et en J'ai des coinpilnienls à vous faire de la part de
liarliiidicrvonselinoi, yaïuous toujouisJ^e qu'il MM. leseardinativ .Mlieri, iiarberini, Cilto, Casa-
demande est Irès-jnsie: il n'y a (pie les Jésniles nale, Noris, d'Aguirre, Sacripauli.Cen--i,Cii|loie-
cl M. le cardinal de IJouillon qui |)eut-êlre s'y do, Albuni, à (piij'ai fait les viMieseii les visitant.

b. ToM. VI. il
418 LFTTRIN HKI.-wTÎVES

de l'erreur y sera complète. Je ne ménage plus


LETTRE CCIX.
guère M. de Caudirai, (jui se déclare trop ou-
BOSSIF.T A M. I)i: LA nnoLR. vertement, et veut faire une illusion Uop mani-
A Pari», ce Î5 janvier 1G98 feste h l'Kfîlise.
Je VOUS supplie, Moiiseifcneiir, de me par- Les écrits qu'on donne à Rome de sa part,
donner si je ne vous cVris p.is aussi pnncliiolic- el dont j'ai des copies, jiorleid expressément
raeul que je le di^sirerais. 1 irsqn'il n'y a rien que .si nous nous sonuues déclarés contre lui,
de p.irlinilier. Nous appii n ms, par ce ilernier c'est à cause qu'il n'a pas voulu entrer dans
ordinaire, (jup le Pape a ajoiilt^ deux nouveaux notre cabale, qui était celle des jansénistes ; et
cousulteurs, dont l'un est Mfjr Hodulovie, ar- qu'on a besoin en France d'évécpies comme
clieviVpie de Cliieli, que Sa Sainleti- a a|ipel(^ fi lui, pour défendre l'autorité du Saint-Siège.

Rome; l'autre est le sacriste du Pape, qu'on Ces ba.sse.sses sont bien indi-'ncs d'un archevê-
dit être un savant liouime, et bien intenlionn*^ que mais j'ai vu l'accusidion du jansénisme
:

pour la bonne cause. écrite de sa main. Il dit aussi qu'on empêche


L'ar(liev(^que passe pour le plus savant par violence les docteurs de Sorbonnc de se dé-
homme d'Italie ilaus la lecture des IVres, apn^'s clarer pour lui.
le cardinal Noris. C'est lui lionune de soixante Le Saint-Office .se remue beaucoup contre
et dix ans, qu'on dit être un de ceux que le Sfondrate ; et il n'y a que le Pape qui a peine
Pape a rt^sené !» chapeau, et
petto jjour le à consentir à la censure : nous ne disons mol,
qu'il voudrait bien montrer comme son suc- pour ne pas mêler tant d'affaires.
cesseur. Vous aiuez su le bruit qu'a fait la Remon-
Il parait qu'on veut faire une bulle en forme, trance des Jésuites, cl la requête de M. de
et qualifier les propositions : si ce sera prœcise Reims au parlement, pour s'en plaindre. M. le
ou par un respective, comme dans l'affaire de premier président a accommodé cette affaire,
Molinos, nous n'en savons rien et : il ne leur par ordre du roi. M. de Reims a déclaré qu'il
faut point faire de nouvelles peines. remeltrait volontiers ce qui regardait sa per-
Le l'ape a lait dire au roi, par M. le nonce, sonne, pourvu qu'on satisfit à l'injure faite à
que pour faire quelque chose de solide, et oter l'épiscopat. On y a pourvu par l'écril donné à

tout pn'^lcxle à M. de Caudirai de dire qu'il n'a M. de Reims : avant-hier, leur provincial cl

pas (^té entendu, on attendrait ses ri^pon.scs à les supérieurs de leurs trois maisons d'ici, qui

notre Déclaration et îi mon Summa dociriuœ ; l'ont signé, le portèrent assez humblement à
mais, en inî\me temps, qu'vju ne lui permettrait M. de Reims, qui les recul assez bien.
point d'abuser de cette juste complaisance, ni Je ne vous dirai rien de la Déclaration xur
de pou.sser trop avant celte longueur ni^ce>saire. les protestants, où l'on a suivi les instructions

On ne laisse pas cependant de continuer les de M. de Dasville de point en point. On lui est
congri^gations des cousullcurs, parmi lesquels bien obligé du soin qu'il prend des affaires de
on en voit deux déclarés pour M. de Cand)rai, la religion je vous supplie, ilans l'occasion, de
:

dont l'un est le Jésuite Alfaro, espagnol, qui lui en faire mes couiplimenls.
suit le mouvement de la Société toute déclarée
LKTTRi: CCX.
contre nous; el l'autre se nonuue f.abrieli,
ne me trompe, qui nous a été M. l)i; NOAILLES, AUCIIKVI'.QUE DE PARIS, A L'aBBÉ
l'Vuillant, si je
bossi:et.
suspect dèscouuuencemeut. On n'a pas
le

voulu le faire ûter (piand on lit retrancher Da-


A P.iris, ce Î6 janvier tf.98.

mascéue, RécoUct, édileur de Slondrale, pour appris avec bien de la joie. Monsieur, par
J'ai

ne pas paraître incidenler. Tout le monde lient la lettre (|ue vous avez pris la peine de m'écrire,

à Rome pour constant que le livre ne .se peid votre entière guérison j'y prends autant de part
:

sauver. Pour moi, par la couliance eu la hoidé que j'en avais prise à votre maladie, el je vous
cl l'imporlance de la cause, je ne doute point souliaite une parfaite et lon^;ue sanlé.

que Dieu ne veuille ce coup révéler celte ini-


fi Je suis fort aise du bon succès que vous m'as,
quité, qui va s'insiuuaut dans l'Kglise d'ime surez que mon Instruction a dans votre cour; et

manière d'autant |this dangereuse qu'elle est je vous rends gr;\ces de tout mon co'ur des soins

plus secrète. (picvous avez pris de la faire valoir. J'en ai en-


On a achevé d'imi>riuier ma Ui'futatioii île voyé plusieurs exemplaires, el j'en enverrai en-
l'Itistructinn paxtoralc, et (pielques autres écrits core d'une seconde èddion eu pelil, qui sera
que vous aurez au premier jour, et ipu- je vous achevée dans peu dcjours.Jesius tout ce (|ue vous
que
prierai de distribuer. J'espère la conviction faites, tout ce que vous avez à combutlre pour
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. tift

la défense de notre cause. Il parait bien qu'on Mais comme je parlais au roi sur votre sujet,
la bonne pour nous, puisqu'on fait tant
croit pour le prévenir contre les mauvais offices, il m'a
d'efforts pour en éloigner le jugement. Les deux fait une histoire sur votre compte. On lui a dit que

nouveaux consulteurs n'ont apparemment été vous aviez été attaqué la nuit pistolet appuyé et
, ,

nommés que pour cela j'espère néanmoinsque:


qu'on vous avait fait promethe que vous n'iriei
la vérité ne laissera pas de triompher mais il ;
jamais dans une certaine maison, sinon la vie:
vous en coûtera encore bien de la peine et de la J'ai dit ce qu'il fallait. Ne vous lassez pas d'agir
vigilance. Je suis persuadé que vous continuerez pour l'affaire dont vous êtes chargé: Dieu sur tout.
volontiers l'une et l'autre. Soyez-le, je vous prie, LETTRE CGXII.
que je vous honore toujours, Monsieur, par-
l'abbé phelippeaux a bossuet.
faitement, et que j'ai pour vous les sentiments
A Rome ce 28 janvier 1698.
que vous méritez.
Je vous envoie une observation contre la Lettre
LETTRE CCXI. pastorale,el les falsifications de la version latine
BOSSUET A SON NEVEU. de M. de Camtirai, que j'ai cru devoir donner
De Versailles, ce 27 janvier 1698. aux examinateurs, en attendant la réfutation que
Votre lettre du 1 nous fait voir les nouveaux Vous nous faites espérer. On vient de me prêter
efforts de la cabale, pour traîner l'affaire en la Réponse de ce prélat à la Déclaration des trois
rigueur, et la réduire, s'il se pouvait, à rien. évêques, en français, imitrimée sans le nom de
Dieu ne le permettra pas, et au contraire tout Ja villeoù l'impression s'est laite elle est plus :

tournera h la conlusion de la mauvaise doc- grosse que le livre, et contient deux cent trente-
trine. On prendra les mesures qu'il faudra pour six pages d'un caractère assez menu, avec Res-
rompre celles des partisans de M. de Cambrai :
ponsio ad libellum cui titulus: Summa doctrinœ,
je dois aujourd'hui parler au roi sur cela. S'il y
imprimée à Bruxelles. Ce livret contient soixante-
a du temps, on vous mandera le détail. Tout douze pages: je n'ai encore pu lire ni l'un ni l'autre.
aboutira à faire connaître avec quelle affecta- Il paraît, par votre lettre, que vous avez
con-
tion on cherche à prolonger. fondu Mico avec Miro. Le premier est uncopisle,
Le mémoire que jejoindrai à malettre, sil'on qui a traduit l'écrit italien que je vous ai envoyé:
a le temps vous instruira de ta conduite que vous
, il est copiste des Jésuites, et du P. Dez en parti-

aurez à tenir. Assurez- vous qu'on n' oubliera rien culier. Le second est un Bénédictin, à qui le
personne pour préve-
ni sur la chose, ni sur votre ,
l'ape vient de donner la charge de sous-biblio-
nir les inconvénients. Le prétexte de nommer les thécaire au Vatican. Il a été examinateur du li-
deux nouveaux examinateurs est si évidemment vre du P. Dez, et l'est encore de celui de M. de
mauvais, qu'il ne fautque le montrer sans le com- Cambrai. Miro n'est point vendu aux Jésuites ni
battre. Je parlerai sobrement ;i M. le nonce de ce au P. Dez; c'est tout le contraire.
que vous m'avez mandé surMgr le sacrisle.Il ftiut, Dans les congrégations qui se sont tenues on
ie moins qu'on pourra, rendre suspect et odieux n'a point volé, le Pape ayant souhaité qu'on dis
votre ministère. cutàt la matière, et qu'un discourût sur chaque
J'ai vu, entre les mains de M. le nonce, deux proposition extraite chacun donnera après .sou
:

lettres du cardinal Spada, dans les(juelles il lâche vœu par écrit. Jusqu'ici les partisans du livre
d'appuyer les raisons du délai de l'examen, et de n'ont pas proposé une raison inobable ils sont :

lacommunication des objections à M. l'abbé de fortement réfutés par ceux qui connaissent ja
Cbantcrac. Il n'y a rien de mieux tourné nous : vérité, et qui ne sont point engagés dans quel-
aurons soin d'y répondre ce qu'il faut, pour em- que faction. Il n'y a qu'Allaroot
Gabricii qui
|)êcher qu'on n'en abuse; car le fond est bon. soient déclarés pour le livre vous en voyez bien
:

On fera écrire M. le cardinal de Janson, comme la raison, et la nécessité que le dernier a de s'u-
vous le souhaitez : on ne manquera pas aussi nir avec les Jésuites. Pour ce qui regarde le P.
d'écrire à M. Giori. Massoulié, le P. Granelli. le P. Miro, le procu-
H faut tout remarquer, et ne se point montrer reurgénéral des Augiistins et le maihe du sacré
difficile ni pointilleux. Votre conduite est dans palais, (|ui sontles plus habiles, ils sont iné-

cet esprit ;
je le vois bien, et je le fais remar- branlables pour nous, et ne changeront pas,
quer à ceux qui doivent en être instruits. étant bien persuadés par la vérité même, et in-
Je viens de chez le roi : tout va bien pour capables d'avoir aucune coniplaisance pour les
i'allaire un Mémoire, dont on
générale. J'ai fait Jésuites, ni mémo pour le cardmal de Houillon.
me doit rendre réponse dans deux jours ilcst : On ne peut rien dire de précis des trois ni>'"^'*»
"^'^^ PO'""
capable d'acheminer les allaires. ne s'élant pas encore déclarés : je»'-
420 LETTRES RELATTyf=:«!

suspect'. Le pt'^n<^ral(IosCarmes balance, etnc fait Lés Jésuites onf deiriandé dix jours de
que de inéehanles objections. l.'ar('iie\è(|uc de délai sur leur alfairc de Monfueius ou des
Chicti es! un hoinuie.sans lliéologie, l)on-lioininc, missions on fut surpris de celle demande,
:

brehi, breloc je ne saurais mieux le com-


: on la leur accorda cependant. Je crois que le
paii T (|u'au euiV' de Qiiinci. Je l'ai vu doux fois ;
P. Latenais sera encore examinateur de Sfon-

il esl aist'- de lui pcisiiadcr (juand je lui parle ;


drate, ou du livre de M. de Saint-Pons on n'a :

mais les Jt'sniteslui tournent d'aitord la cervelle- (tas encore commence cet examen on m'a dit :

11 va néanmoins à la eondanmation ilu Um'c en même aujourd'liui (juc le Pape l'avait sus-
j;énéral. Je lui ai dit ()ue cela ne sullisait pas pemlu. (jabrieli a composé un (,'ros volume
pour remétlier tout au mal, et qu'il lallaii
à tail pf'ur la défense de Sfomirate c'était lui qu'il :

marquer les iimpositions mauvaises, connue on fallait exclure, au lieu de Damascènes; ou


a\ait lait à Molinos et à l'eli ucci que sans cela ;
plutôt ils devaient être exclus également l'un
on dirait qu'il n'amait rien trouvé de mauvaisi et l'autre, aussi bien qu'Alfaro, puisqu'il

n'ayant pu dési;:;ner aucune pioposilion en i)ar- paraît évidemment (|ue son corjis esl partie.
licidicr. 11 sera emp(ulé' par le sacrisle, évù(|ue Ou avait lait courir le bruit ici que vous élicz
de Porphyre, (jui ne man(|ue pas d'esprit, mais fort mala<le, alin de ralentir les examens. Il n'y

de bonne volonté. Je lui ai donné tout ce qu'on a nienteries qu'on ne publie. Nous attendons
pouvait pour l'instruire. Nous avons disputé en- des exemplaires de l'/ns^j-i/fl/o?) de M. de Paris
semble ; et la dernière l'ois il nie lit des objex;- en latin clen (rançais il faut en envoyer un bon
:

tions pitoyables, me
prouver cpie le livre
pour nombre, aussi bien que de celle de M. de Char-
parlait de cinq états dilïérents dans la délinition lics. Ilsontpubiié que beaucoupd'évéques soute-

des cinq amours. Je m'apereus même cpi'il me naient le livre, que le roi nesen .soucie |>lus, que
parlait avec quebpie sorte d'ai^Teur; illallut cpie les Jésuilessonl tout-puissants à la cour, que le roi

l'eusse tout le llej^me italien, pour ne rien dire a approuvé la /{tHio/iOv/jKrconlrcM.deKeims-


(iuipùirai^;rii-. Cependant, comme c'est un poiili- qLie M. de Paris même et M. de Chartres etaien''

quei|ui voudrait bien s'avancer, il pensera à lui revenus après la Lcllie pastorale de M. de Cam-
(juand il (audra voler son pays : ' lui donne des brai. Je vis avant-hier le procureur général des

engaiieraeulsqui me .sont susjjects. Il est sur que Augustius il est plein


; d'estime pour vous il ;

la laclion de M. Caudjrai, voyant cinq per.son- me dit de vous le témoigner le plus loi que je
ncs inébraidables, a introduit leslrois derniers, pourrais. Il me redemanda l'écrit de M. de Paris*
pour avoir du moins nu paieil nombre. Us les Le maître du sacré palais travaille et combat /jro
peut-être pourront-ils bien il a traduit en italien l'écrit de
conq)lent pour eux : (iris et finis :

se tronqier dans leur calcul. Le Pape a nommé M. de Paris. H réfute vigoureusement les faux
un nouvel examinateur, que l'assesseur doit in- raisonnements d'Alfaro, et lui reproche les fal"
timer demain au Saint-Utlice la chose est en- : silicalions despass;iges qu'il Irompie. Si l'aflaire

core secrète. Je ne sais par quelle inspiration du P. Lalcnai rwussil, connue je l'espère, ce sera
on l'a mis; nous n'aurions osé le demander; un nouveau secours qui ôlera le partage: cela
ce n'est pas non plus M. de Chanterae, parce iio relardera rien, il e.sl instruit connue luide la

qu'il ne le croit pas favorable. Quand il le saura, matière. On est lorl smpris ici e(uuinenl la té-

M. cardinal de Bouillon, les Jésuites et lui


le nir'rilé desJésuitesdememe en Fiance impunie»
feront leur possible [lour le taire exclure. Ce tout autre serait perdu, osant aller contre les
nouvel examinateur esl le V. Lalcnai, homme intentions du roi. Ne viendra-l-il jamais un jour

inciipable de trahir la vérité. où M""' de Maintenon et le roi .sauront les de-


On vous a envoyé un Mémoire jiar le dernier nuu elles qu ils ont laites, cl lesiliscours peu re.s-
courrier, et j'en envoyai un seudilabii" à M. de lieclueux qu'ils ont tenus contre l'un et l'autre?
Paris ave/ la bonté de l'avertir au plus lût de
:
Je vous écris selon les chiflVes de .M. Ledieu, et
manier seerètemeul dans la con-
celte alTaire je continuerai. Je suis avec un protond res-
joni lurc présente. Ni la per^innc dont il est pect, etc.
qiit ^lion, ni moi, ne pensions point à ee qui esl I'. S. Sur le Mémoire que j'avais autrefois
arrivé: l'ablié de Chanterae court après. On ne dressé pour les résignalions des cures', et qui a
vous aurait jias envoyé ce Mémoire cependant : été présenté par M. le cardinal de Itouillon, le

lacho.se se peul taire; car la personne dont il est Pape n'a rien voulu établir en général, pour ne
question dans ce Mémoire mérite (ju'on la serve, pas contredire son décret; mais il a répondu ;

par son seul i.iCi ile ;.er.s()imel.

<
11 >'«gil ilun« p«rmi»«lon qu» Ton lolilclUU à Roma po«r lu
ur<» 'in' d< pouvoir »o roierttr un» ptation
n'aviiciilpoliil Oobicii,
«B rMlgli«iii leur cura.
A L'AFFAIUE DU QUIÉTISME. m
nues cela est excellent dans la conjoncture.
Habebîtur ratio in casibus particularibus. Ainsi
:

évêqiies, elles Si on pouvait faire écrire M. le cardinalle Camus


je crois qu'avec le certifical des
à au Pape, pour lui faire sentir l'importance d'une
pourront être admises. Ce Mémoire fut envoyé
et prompte décision, et instructive, contre un livre
M. Lézineau, qui en parla au P. de La Chaise,
qui a fait un si grand scandale, et qui est entre
qui a fait donner ordre au cardinal d'en
sollici-
les mains de tout le monde, cela ferait un très-
ter le succès.
bon effet il est évèque, et
: peut parler, surtout
LETTRE GGXIIL après Y Instruction postorale de M. de Cambrai.
l'abbé bossuet a son oncle. J'envoie à M. de Reims le reste de l'écrit pour
Rome, ce 28 janvier 1608. Sfondraf e ; la fin est aussi insolente que le com-
reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon- mencement, d'une grande ignorance.
et
J'ai
Paris, le 6 de ce mois; elle L'affaire des pensions jwur les curés est comme
neur de m'écrire de
me voir l'esprit de la cour plus que jamais.
fait
déterminée on n'a pas fait de règle générale
: ;

Je sais que M. le nonce fait hien son devoir. Les


maison m'a dit qu'on le permettrait pour les cas
particuliers. C'est M, Lézineau à Paris qui est
Conférences conlinuent avec ardeur deux fois la
instruit de tout cela vous n'avez qu'à le con-
semaine. Massoulié, Gi-anelli, le Mire, le maî-
:

tre du sacré palais, le procureur général des sulter, si vous voulez demander ici quelque

Augnslins, sont sûrs. Gabrieli, Alfaro, sont les chose et après vous m'écrirez.
;

mômes que je vous les ai représentés dans mes Le P. Latenai est f;\clié de la demande que je
dernières lettres. M. le sacriste conlinueà excu- vous fis pour lui l'ordinaire dernier, craignant
ser le livre de M. de Cambrai le plus qu'il peut. que vous ne crussiez qu'il demandait votre re-
Mgr Rodolovic est encore indéterminé ; il est commandation comme une récompense d'avoir
fait son devoir. Dans le temps qu'il m'en parla,
peu savant. Le Carme est prévenu pour M. de
il nesavait rien du toutde cequ'ila appris
depuis.
Cambrai; néanmoins j'espère qu'il pourra re-
Il sera bon de le servir, mais par des voies indi-
venir. Dans les conférences on n'a fait que dis-
rectes, et pas si ouvertement, comme vous le
puter, on n'a pas encore voté.
Mgr Giori m'a dit qu'd écrivait aujourd'hui à jugerez à propos. Vous pouvez toujours en dire
la cour (je ne sais si ce sera h M. de Pomponne un mot au roi; on laisse tout cela à votre pru-
ou à M. de Torcy, à M. le cardinal de Janson dence.
ou à M. le cardinal d'Estrées) la relation de ce Je vous prie de m'envoyer un exemplaire de

qui se passa avant-hier, entre lui et le Pape, au ces lettres des protestants anglais, que vous avez

de M. de Fénelon. Il a lait au citées dans votre Relation, qui mettaient M. de


sujet de l'affaire
Cambrai au nombre des amis de la cause. En-
Pape une peinture vive et vraie de tout ce qu'on
voyez-nous aussi par la poste Aes Summa doc-
a fait d'extraordinaire dans celte affaire, et de ce
«r/»ft;,etdesD('dflra<io»s, et de nouveaux recueils
qu'on faisait encore tous les jours sous main. Le
Pape a entrevu la vérité el le piège qu'on lui ton_ Votre Rc filiation de la Lettre pastorale est néces-
par ces paroles, que dorénavant il saire et attendue avec impatience, aussi bien
dait, et fini
n'irait jamais se coucher qu'il n'eût pressé deux que cet écrit latin où vous devez donner des
l'ois celle affaire. On lui a fait comprendre les des- principes pour réiiondre à tout. Nous ne nous

seins secrets des cmiouiis de la France, qui ne oublionspas:M. Phelippeauxadéjhdoniié imécril


voulaient qu'allumer un feu qui aurait de la latin, court, pour réiuler par le livre cet amour
naturel dont parle M. de Cambrai, et son Ex-
peine h s'étciiulre, et cela est vrai : le Pape a èlé
plieation des t'tats. Je veux, i)Our prouver qu'il
louché. H est bon (|ue vous soyez averti, afin de
n'a jamais pensé juste, y ajouter une démons-
tâcher de voir lalellic, (pii est forte, eliiidirertc-
le tardiual de Bouillon. N'ou- tration par toutes les explications qu'il vous à
meut contreM.
bliez pas, je vous prie, d'éciire à ce prélat, vous domiécs en France, par ses lettres au Pa|)C et à
l'ami, par ses notes, par les écrits (jui ont été
elM. de Paris.
(ails ici sur ses Remaniiies, et par ses ordres
Depuis ma dernière lettre, je ne sais (pii a
;

cela se peut aisément démontrer en peu de pa-


inspiré au l'ape de mettre pour examinateur,
(liuisledesscin de lever le parlageappaiemmeul, roles.

eu cas en eût, le P. Latenai, (pii est juste-


(|u'il J'alteiulsavec impatience le premier courrier,
y
ment celui de qui je vous écrivais l'ordinaire pour savoir ce cpie Mgr l'archevècpu^ de UeimS
passé. Il doit être proposé demain, de la part du résoudra sur les Jésuites. J'espère que Mgr le
pape, à la congrégation, el se trouvera la pre- cardinal Noris sera obligé de lui l'aire lépl>n^e :

au long là-dessus. Mi:r. le eanlinaldo


mière conférence; il est sûr, M. le cardinal de je luiécris
ijouillon n'en sait rien, et demain il tombera des Bouillon esl le même, plus malinleiilionné que
433 LETTRES RELATIVES

jamais tout son but est de faire cardinal son


: sité que le Saint-Siège a de favori«er ceux qui
neveu. II dit loujuurs que M. de Meaux et M. s'y adressent, alin de fournir par là aux autres
de Cambrai sont les plus habiles prélats, It 3 évêques de nouveaux motifs pour y recourir.
plus savants de France. C'est vous faire un L'affaire du P. Lalenai a échoué, comme je
grand honneur dans les conjonctures pré- l'appréhendais. 11 ne fut point appelé le vea-
sentes; son intention est par là de dénigrer M. dredi, et on n'a pu savoir si on en parla au
de Paris et M. de Ueims, qu'il dit n'avoir pas Saint-Oflice le mercredi précédent, comme on
fait leurs Ordounauces. le devait faire. Je crois ([ue M. le cardinal de

Je n'ai pu avoir que ce matin Icsdcux derniers Boudlon y aura eu une bonne pari. En arrivant
écrits imprimés de M. de Cambrai l'un eu fran- ;
ici, il l'avait fait consulter sur cette affaire ; et
çais, contre Déclaration, où il nefait{|iiH ré-
la ayant vu qu'il n'allait |)as comme il l'aurait
jjéter sa solution singulière sur les étals et la- souhaité, il ne lui parla plus de rien. Il sondait
inour naturel l'autre, contre le Summa doc-
;
aussi les gens, aliii d'inlroduiic ou d'exclure,
trinœ, en latin, où il |)réleu(l réfuter votre dé- dans le nombre des examinateurs, ceux qu'il
finition de la ciiarité. La fin contient une im- trouverait fivorables ou contraires.
posture manifeste, qui est que vous faites l'o- Jeudi dernier, le Pape nomma lescardinaux
raifon passive pres(|ue toujours continue : Noris et Ferrari pour présider et régler les con-
volis dites le contraire partout ; cela répond grégations. C'est un bien mais cela retardera;

au reste.y a un orgueil insupportable dans


Il la conclusion : car les occupations des cardi-
ses réponses. 11 est encore surprenant de voir naux, et les différentes congrégations dont ils
comment il évite de s'expliquer sur M^'Guyon sont, obligeront qu'on ne fasse plus qu'une con-
etsur le livre de Molinos je n'ai pu que par- : grégation par semaine. On a même résolu
courir ces ouvrages. Je compte (ju'on les aura d'examiner le livre article par article, ce qui ti-
répandus à Paris, et que vous les avez eus plus rera en longueur, et quand il n'arriverait pas
tôt que nous. de nouveauxincidents,nousserons bienheureux
M. le cardinal de Janson voulait écrire à
Si si cela élait fini à la fin de l'été prochain. On

l'archevêque de Cliieti, sur le scandale qu'a nesaurait trop jiresser de votre côté; car on fera
causé le livre de M. de Cambrai, et sur ses jouer tous les ressorts possibles pour retarder,
explications de mauvaise foi, il ne pourrait en qui est la seule chose qui leur soit favorable.
résulter qu'un très-bon effet. L'affaire allait le mieux du monde, et aurait
Je vous envoie copie de la lettre que j'ai été été finie avant Pài| ues,sans l'adjonction des deux
obligé d'écrire à M. l'abbé de Gondi,surdes examinateurs. On avait déjà examiné et qualifié
a\is queeus que l'agent du grand-duc tra-
j'ai huit ou dix des principales questions, et le reste
vaillait avecDiascontre lesévéques, pour
le P. suivait naturellement. Il n'y avait qu'Alfaro el
M. de Cambrai. Voilà la réjionse de cet abbé. Gabrieli pour le livre; le général des Carmes
M. le grand-duc a exécuté effectivement le tout, biaisait ; cela n'empêchait pas que les autres
et a envoyé à M. le cardinal Noris votre livre, n'avançassent. Nos (larlies ont su cette disposi-
croyant qu'il ne l'avait pas ou ne peut rien de :
tion, et ont vu qu'elles élaient perdues ils ont :

plus honnête. Je ne sais si vous ne pourriez faitsuggérerparFabroni, vendu aux Jésuites,et


pas écrire là-dessus à l'abbé de Gondi. par le cardinal Albanl, (|u'on se moquerait en
LKTTHE CCXIV. France devoir un jugement rendu par de seuls
l'ADDÉ PIIELIFl'EAUX A DOSSUET. religieux; comme si c'était eux qui jugeassent.
llomc, ce 4 fiSvricr 1693. Ils ont produit rarchevê(|ue de Chieli, qui ne

Je vous envoie uuquatrièmeargument, qu'on sait point de théologie, et (|ui est ami ancien des
a oublié dans la co\m de l'observation (|no je Jésuites, et le sacriste, qui s"ét;ùt déclaré dès le
vous ai envoyée par le dernier courrier, lidnil vivant du cardinal Denholî. Le sacriste n'a pas
être placé à la tiu de la deuxième illusion, qui nié à un de ses amis qu'il n'eut élé sollicilé et
regarde la solution qu'il donne, en préleiidanl gagné par M. le cardinal denuuitlon jamais il :

avoir des états. Sa réponse à la Déclaration


p.irlé n'avait élé employé en aucune semblable, itfaire.
contient les mêmes réponses que V Instruction L'addition de ces deux derniers a fut connaître
pastorale : il a soin de faire entendre ()M'il ne (|uils seraient partagés: c'estce(|u'onchi'rcliait
condamne point M"" Guyon, et ne prendaucune pour faire nailrc de l'embarras, et obliger le
p;iit aux censures qui ont été faites contre elle; Pape à casser celte congrégation et à
en créer
et à la lin il se donne comme im évéqueopprimé. une autre ce qui ; jugement, et leur
relardait le

Ses parlis.uis ne man(|uenl pas d'exagérer le donnait espérance d'y pouvoir mettre des gens
recours (|u'il a eu au Saiut-Siége, et la néces- gagnés. Le Pape a été (cri (àcbé de cela, et a
,

A L'AFFAIUE DU QUIÉTISME. 423

nomraéles deuxcardinaux.pour assister et régler cardinaux : assurément elle ne pouvait pas faire
les choses, qui commençaient à s'échauffer de un meilleur choix. Je l'avais proposé, il y a plus
( part et d'autre. La présence de ces Eminences ar- de deux mois, au cardinal Spada et au cardinal
rêtera peut-être l'archevêque de Ghieti et le Casanate; et, depuis peu, j'avais fait quelques
sacriste. Jesaisque lecardinal Noris n'estime pas démarches nécessaires Pape y est entré. : le

le sacriste cela l'obligera de prendre garde à


:
M. le cardinal Ferrari et M. le cardinal Noris
lui, aussi bien que les avis qu'on lui a fait don- à moins qu'ils ne changent du blanc au noir
ner par ses amis. sont contre le livre : je les ai déjà instruits et les
Je ne suis pas surpris que le P. de La Chaise instruirai. La Lettre pastorale, selon eux, est
justifie le P. Dez d'avoir écrit c'est le style ordi-
;
contre M. de Cambrai car il fautnécessairement:

naire. Mais dira-t-il que les Jésuites ne soient condamner M. de Cambrai selon lui-même, s'il
pas ouvertement déclarés ? L'abbé de Chanterac n'a pas eu le sens de \a Lettre pastorale. La con-
et le cardinal Petrucci en font gloire et le pu- séquence est bien aisée à déduire, et ils ne se
blient partout. Ils se prévalent aussi beaucoup Ureront jamais de là. Tout le but de la cabale

d'une letlreduroi, écrite au cardinal deBouillon, était d'allonger et au moins de faire en sorte, en
qu'on dit avoir été distribuée à tous les cardi- brouillant, qu'on se résolût à ne point qualifier
naux, pourfaire voir quele roi ne se soucie plus les propositions, à ne pas faire une censure
,

du jugement du livre On fait valoir une lettre


. mais seulement à défendre le livre. Je sais, à
de l'abbé de Fourcy, qui mande que le cliapelet n'en pouvoir douter, que ce n'est pas à présent
se défile, que M. Bossuet reste seul, que M. de l'esprit de cette cour. Le Pape a dit ce matin qu'il

Paris et M. de Chartres se contentent des expli- voulait qu'on fit une censure dans les formes, et
cations de M. de Cambrai, et que les amis de ce qu'on qualifiât les propositions, si elles méritaient
prélatse multiplient de jour en jour. On ne cher- d'être censurées ;
qu'on les prendrait pour des
che qu'à amu;,er et tromper le monde. ignorants, si on et qu'on se
faisait autrement,
L'affaire de M. rarchevè((uede Reims est con- moquerait d'eux. C'est le cardinal Albani, que
sideVabJe : un bon succès.
je souhaite qu'elle ait j'ai vu ce matin, et avec qui j'ai eu une confé-
Un que si on avait em-
Jésuite disait l'autre jour rence de deux heures, qui m'a assuré que le
pêché le libraire de Rouen, on en trouverait Pape venait de le lui dire je le sais encore :

vingt autres dans le royaume voilà le génie des


:
d'ailleurs.
Jésuites. Nous attendons vos Remarques. Je vous
On a été obligé de réduire les conférences
ai déjà mandé de les faire en latin aisé votre :

à une fois semaine, à


la cause des affaires
style est pressé, et trop sublime pour être seule-
qu'ont les deux cardinaux, et des congrégations
ment entendu par des fralres et des cardinaux
auxquelles ils sont obligés d'assister mais je :

qui n'en savent pas tant: c'est ce qui m'a obligé


compte pour beaucoup la règle et l'ordre que
de faire mon observation en style scolastique ,
ces cardinaux mettront dans les conférences.
pourfaire plus d'impression. Je souhaite qu'elle
Ils assistèrent déjà vendredi à celle qui se tint •

soit de votre goût il n'y a que la nécessité qui


:

et on prit la résolution d'examiner le livre arti-


m'ait obligé do la faire, et la vue que les vôtres
cle par article, pour en voir la suite et le sens.
neviendraient pas sitôt. Je suis avec respect, etc.
Les défenseurs du livre n'ont plus moyen d'al-
LETTRE CCXV. longer, qu'en parlant longtemps mais on y ;

l'abbé bossuet a son oncle.


mettra des bornes au moins dans les circons-
:

tances présentes, c'est tout ce qu'on


Uome, ce i février 1G98. y peut
faire.Ce qu'il y a de bon, c'est (ju'à présent
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon- apparemment le Pape ne fera plus rien sui-
neur de m'écrirc, du 13 janvier je me porte :
celte adaire (]u'en coiisullant MM. Icscardinaux
bien, Dieu merci, quoique Je n'aie pas un mo- Ferrari et Noris,
(jui ont de l'houneur, de l'es-
ment à moi. prit etde la conscience, cl leur réputation à
Voici le changement qui est arrivé à nos affai- conserver.
res. Le l'ape a nommé le cardinal Noris et le M. le cardinal de Bouillon et les Jésuites,
cardinal Ferrari pour assister aux conférences , ayant été aveilis par l'assesseur que le Papo
les régler cl empêcher les disputes vaincs et avait nonuné le P. Lalenai, ont l'ail suspendre
scanilalcuscs que les partisans de M. de Cambial la niiminalion, en disant nllendre
(|u'il fallait
avaient iiilroduilcs dans les conrércuces. Sa l'eflel (pie pnidihrail la pré>cn(e des deux car-
Sainteté s'est aperçue des efforts de lac abale cl, ; dinaux: je le craignais bitMi quand je vous l'é-
pour être insliuite de tout par des gciis sùr.s crivis. Jus(pi'ici ils insiuucnl tout ce (pi'ils veu-
éclairés et non susi)ecls, elle a choisi ces deux lent au Pai)e par lalii oui cl c'est lui, poussé
;
424 LETTHKS RELATIVES

par les Jésuites, qui a proposé les derniers exa- M. le cardinal de Bouillon public partout
minateurs, qui ont lait tout l'onibanas avec le une eidière liberté. On ilit
(jue le roi lui laisse

l'ère Canne, qui est entêté juscpi'à cette heure, que l'abbé de (^Innlerac donne un extrait de
yuand on les amis, il ) avait déjà dix proposi- lettre du roi qui le manpie, à ce qu'ils préten-

tions de (piaiiliées, cl on se moquait de Ga- dcid. J'ai compiis(|ue cela se rapporte uni(|ue-
hrieliet d'Allaro: selon toute apparence, sans ment à ce que vous me mandez, que le roi ne
l'adjonction des deux derniers, l'atTairc était prétend pas forcei' la conscience de ce cardinal-
finie mais les choses ont changé de face par ]h,
;
Klail-il|)os>ible (pi'on luidcmandi'it une pareille

et on ne le pouvait ni prévoir ni empêcher. On chose? Cela vous fait voir (pi'il fautconlinner
a fait voir clairement tout cela au l'apc; mais de faire agir le roi auprès du nonce. C'est tout
il n'a SU) apporter d'autre remède que celui
que ce qui désole ces gens-ci, et le seul moyen de
vous voyez. • de luiir.
éu.ssir et

M. le sacriste est tout au cardinal de Bouil- M. le cardinal Norisa à présent quelqueespèce


lon, et M. l'archevêque de Cliieti à présent aux de mén;igement pour les Jésuites pour lui :

Jésuites. Les premiers quinze jours, il avait été rendre justice, cela jusqu'ici ne va qu'à ne se
bien puis les Jésuites et M. le cardinal de
:
I)as déclarer leur ennemi, et partial contre eux ;

Bouillon lui ont lait peur, et il est chanpé. Ils mais il n'y a pas d'apparence que celte vue le
lui ont fait accroire (pi'ils le feraient cardinal, fa.s.se, dans cette occasion, biaiser. Pour le car-

et sa conduite produira tout le contraire. C'est dinal Ferrari, il n'y a rien h craindre. Je crois

un ignorant, estimé tel ici de tout le monde et qu'il seiait à propos que M. de M. de l'aris,

de tous les cardinaux il avoue lui-même qu'il


:
Chartres et vous, aux
écrivissiez séjjarément
n'y entend rien cela fait |)ilié.
;
deux cardinaux, pour leur marquerl'importancc
Je traduis le livre de M. de Cambrai en italien de l'alVaire, le scandale du livre, le péril de
pour les deux cardinaux, la traduction latine la religion en voulant autoriser de iparcilles vi-

étant trop infidèle: ils verront parla rinlidélilé- sions, cl cond)icn il est nécessaire de donner
Je leur domierai le livre article par article, sui- une règle sûre. M. lecardinal Ferrari est, je pen-
vant qu'ils l'examineront. se, celui qui écrivait à M. de Cambrai ce qu'on

J'ai une conférence de deux


eu ce malin vous a envoyé cet été. Cela ferait voir votre
lieutcs avec M. le cardinal Albani on ne peut .• union, et on veut faire croire ici le contraire.
pas plus lie souplesse dans un homme, que M. l'abbé de Fourcy écrit ici que le chapelet
j'enaivu dans cecardinal.Onncpeut ni on ne commence à défiler ;
qnciM.de l'aris soulicnl

doit s'y lier en rien. Jusqu'ici il a fait beaucoup à la vérité que le livre ne vaut rien mais (|ue le
;

de mal: dorénavant ne sera pas en étal d'en


il sens de la Lt(/rd /w.s/ora/c' est bon; que M. de
faire autant. De certaines gens lui ont parlé Chartres dit aussi qu'avant la Lettre pastorale
fortement sur le tort que sa conduite lui ferait, le livre était mauvais, mais que la Lettre pasto-

si elle était sue des évê(|uesct du roi peut-être :


rale luidonne un bon sens que vous seul pré-
;

modcrera-t-ilses insinualions. Je l'ai instruit tendez que ni l'un ni ra(drc ne vaut rien. Je sais
de tout le fait, et encore du droit. Quand on bien que tout cela est faux mais avant qu'on ait
:

viendra à la déci.sion, il sera difficile qu'il soit détruit ces f;mx bruits, ils produisent de mau-
pour le livre ; mais les voies de douceur et d'ac- vais etlels. Vous ne sauriez tous trois trop par-
commodcmeid, les tempéraments de la i)oliti- ler, troj) écrire, trop faire de bruit, s'il m'est
que sont de son génie, et son inclination l'y permis de parler ainsi. Vous croyez bien que
porte dans celte ariaire-ci. Il m'a assuré que ni moi ni nos amis ne nous oublions |)as.

le l'ape voulait une censure dans les formes, M. le cardinal de Bouilhui lait sonner bien
ou (pi'on jusIili.U le livre. Il m'a paru trouver h uit le préti'udii partage d'avis des examina-
le deiiiicr iMiimssd)le, et il l'est elïecliveuient : teurs. Cela est alleeté, cl découvre tout il faui :

ainsi, ne leroiit à piéseid ipie tâcher d'allon-


ils que je sois sage. Je ne doule pas qu'à l'aris on
ger. Il ne serait pas impossible, si ceux qui veu- ne fasse beaucoup valoir ce partage.
lent déleiidie le livre de M. de Cambrai persis- M. le cardinal de Bouillon et les Jésuites sont
tent, (|ue l'on ajoutât (]uel(|ues examinaleins. alarmés des cardinaux Noris et Ferrari. Les Jé-
C'est à quoi j'aurai l'u-il, et serai três-allentif. suites veulent partout faire voir leur puiss;incc.
Tout est à craindre de la rage du cardinal de So\ez tous bien modérés sur le fait de .MM. les
Bouillon et des Jésuites, qui mettront le tout cardinaux Noris cl Ferrari, et de ceux (]ui sont
pour le tout assurément. Cela fait ici pour M. le pour nous. Mais pour les autres, vous avez su-
c<u(liual de liiuillon, pour le rui et la France, jet de vous plaindre, excepté du 1'. I'hilip()ei
un tiès-mau\uis efl'el. car on sait l'inléiét iju'Allaro et Cabrieli oui
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.

dans cette affaire. M. le sacriste était déclaré cause, dans les occurrences qui demandent
avant d'être choisi: M. l'arctievêque de Cliieti promptitude.
est un ignoiant, qui est inetié par les Jé-
LETTRE CCXVI.
suites tout publiquement. Il est bon que M. de
BOSSUET A SON NEVEU.
Paris et M. de Chartres parlent en conformité
A Paris, ce 9 février 1698.
au nonce, afin qu'on ne croie pas que je sois
le seul. Ne du
parlez qu'au roi, et à vos amis, J'ai reçu votre lettre du 21 janvier. Je vous
P. Laîenai, qui peut encore être mis au nombre en envoie une pour Mgr Giori M. de : Paris
des examinateurs. J'ai été trois heures avec Ga- écrira dans le même sens je ne crois pas ; qu'il

brieli. La théologie de ces gens-là fait pitié '•


soit nécessaire que M. de Chartres écrive. Vous
ils croient avec un distinguo finir tout, et ne
rendrez à M. le cardinal de Bouillon, à votre
font que tout brouiller. Ce ne sont que subtili- commodité, la lettre que je lui écris.
tés; en un mot, les mêmes solutions que celles L'affaire de la dispute était morlelle nous :

des écrits envoyés. La Lettre pastorale, au lieu verrons si le remède que vous lâchez d'y a[)por-
de les aider, les embarrasse carils prétendaient ter aura le succès que vous en espérez i.
;

L'affaire de l'assassinat fait ici grand bruit.


justifier le livre sans cela, comme on voit par '^

leurs écrits. •
J'ai fait part à mon vous l'écrira, de
frère, qui

Vos écrits et la Réponse en français et en latin ce qu'on en a en bon lieu. Il nous faut
dit

ne peuvent venir trop tôt. Il faudrait tâclier de mander jusqu'aux moindres circonstances, qui
faire écrire au P. Pliilippe par quelqu'un qui
servent à éclaircir tout ce qu'il y a de faux ou

lui fit voir le tort irréparable qu'il fera à sainte de vrai.


Thérèse, aux autres vrais mystiques, de les
et
M. le cardinal de Bouillon ne voudra jamais
confondre avec M. de Cambrai. C'est là tout ce avancer, et il faut tâcher de le faire indépen-

qui l'empêche de le condamner, croyant con- damment de lui.


damner les autres en même temps nous fai- :
Le P. Latenai sera bien servi. Vous verrez,
sons ici de notre mieux pour dissiper ses crain- dans la lettre à M. Phelippeaux, ce que je lui
tes.
mande de cette affaire.
Mgr Pape
Giorifait des merveilles, et tient le Modérez-vous dans votre dépense, mais ne
attentif en défiance. 11 m'a dit que vous
et vous dégradez pas. Vous savez tout ce que je
pourriez être cardinal, si M. le cardinal de Bouil- suis obligé de faire l'argent comptant est fort
:

lon ne faisait pas nommer son neveu. Le Pape rare. Vous pourrez tirer sur moi de petites

est plus que jamais dans la disposition de fair'' sommes, en les réilérant dans le besoin. Com-
cardinal le parent du duc do Saxe. II faut eu mencez par deux cents écus; mon frère vous
môme temps un français, et cela non par no- aidera, et nous nous entendrons ensemble pour
mination de la France, uiiiis parce que le Pape vous secourir.
croira faire plaisir d'eu choisir un de cette na- EPISTOLA CCXVIl.
tion. Ne pourricz-vouspas taire insiiuier au nonce
BOSSUETU AD CEOUIUM.
qu'il serait important qu'on ne laissai pas M. Luteliœ l'arisionim, 10 Fcb. 1698.
le cardinal de Bouillon mailre du choix ? M. de
Viro illustrissimo domino meo Georio, Jaco-
Paris pourrait avoir en ce cas la nomination de
bus Benignns Bossuelus, Meldensis episcopus,
France. Sans cela le neveu de M. le cardinal
salutem plurimam dat.
de Bouillon auiapart à la promotion, quoique
Pridem suadet animns, vir illustrissime, ut
le cardinal n'osAt jamais le proposer au roi. Al-
signilicem perlilleras maxiiuani illam exisliuia-
lé cardinal de. lîouillun assurément se moque

du roi dans l'iune. tionem tui ,


quam praniarissiiuarnin aitium
stuilia, et ipsa, counnendatio lanla' virlulis ex-
M. l'arclievêque de Reims a fait merveille •

poscunl. Urgct benolieiinu singulare, quo nos,


je m'imagine la rage de ceux qu'il a sijiislenit'ut
Innniliés. Il y a ici bien des gens (pii ne l'ai-
pro aiuica lua virilalc (iM-lanli's.ai)ud opiinunn
iK'ru'IiccidissimnniipK- l'oulificein onuii ope.iu'c
nient pas; mais il sera .soidoim contre les Jé-
suites.
miiuis IcliciliT (piam dili^enlcr, adjiiva^. Sane

CoMnnuni(inez, je vous prie, avec ftJM. les vides occulta, imo vero a|)erla molimina ad
cardinaux de Jansoii et d'KsIrées, peu amis de tuendnin lilirum, quo Gallia coulurbatur. inge-
M. le cardinal de Bouillon, et conliimez à
I
Lo do Douillun fltrcprésciitor au Pape, par l'aï&CMicur
cardtiKil
Dcriiinl, quo la mati^ra iio pourrait <tro bien rclaircio. k iiiiiiai
faire connaître l'obligation (prou a à Mgr<iiori. qu'on no la discuUt \ (on\, en dlaputant sur losdiiIrroKli obJel<.iMn>
trovorsiî.s enlro .M. de Cambrai et los trois »'V^»iUr». l.o P.ipo donn«
Le moins (pi(! vous pourrez vous ab^i'ritcr de
rordro(:c disputer, co qnoUernini fli nussiliM intinior.>u( contulteiirt.
Paris cl de la cour sera le meilleur pour la ' Celui dont on débitait que l'abbik B«>«nel avait 4té inena<4.
426 LETTRES RELATIVES

qualilie les propositions. Voilà tout le but des


miscinl passirn ppiscopi, reç^h piclas coinmovc-
iieiii|ic s|)cniMt cliaiii Ecclesi;c Uotnanne cxaminaleurs qui lavorisenl M. de Cambrai, ou
tiir;
sijleiidoro verboriim. HcdibU plulùtses protecteurs; car pour sa personne,
SCSI- iiiiposiliiios
qiiii'lisimis atlscilis nuvi libri coloribus, suo- je ne crois pas qu'on s'en soucie beaucoup. J ai
cxcii- fait tout mon |)0ssiblc pour en détacher quel-
riiini|iio traclatidiies l'aciliiis (jiiaia istain

saii el L'Xiilicari possc coiiliilct. Non iil iVrot vt;- (lu'im. Il n'y a rien à es|)érer, que je pense, du

non Imioceiitii Xll sapicMilia el pii-las Sacriste, ni de Gabrieli, ni d'Alfaro ; mais l'ar-
ritas, iil :

nct|iio |)cr lilaiidos sennones illiuli paliflui- Ec- l'Iievèipie de Cliieti est déjà bien ébranlé, et j'es-

clcsiw, aiit iiilVinf;! tanli ponlilicaUis -loiiam. père tout de la droiture du Carme, qui est assez
Tu \c'ri>, vir illiisliissime, (|iiein sancliis l'oii- entêté des mystiques. J'y ai travaillé ce matin»
tifox Cflel)rala univcrso orbi tei rarimi, llallia^- et j'ai fait voir à deux de ses confrères le tort

qiie iniiui/iiis, lieiicvoleiilia abiiic cliain fnliicia ipi'il faisait aux vrais mystiques, de les confon-
CdlioïK'slal, niio tnnrc luo, et lalioianli verilali dre avec les nouvcau.x*. Je verrai demain MM. les

siicciirras : abl)ali Hossiictlo lil)i ilcviiiclissiiiio. cardinaux Noris et Ferrari.


cl iandiiiii liiariiiii stiidiosissiiiioasserlori faveas- M. de Cbanlerac a distribué ici la traduction
Ego cerle siipplicarc vix aiidco iit me slalitn iii latine de M. de Cambrai, imprimée avec les no-

l)occandidissimiiin |)ccliis adiniltas, cullorcin tes, dilïérentcs en quelques endroits, mais es-

liccl ac veneraloretii pra'cipmun virliilis illiiis, senliellement les mûmes, et beaucoup plus
cujiisvivam imasineiii inclyli cardinales ac duo élendui s ;
je ne sais si on les verra à Paris. On
pinpurali ordinis décora, Lslreus et Jansoniiis, soujjiie ici après votre Héfulution et vos écrits

tolies expresserunt. lllud inlerim, vir ilhistris- complets, aussi bien qu'après les observations
siuie, postulanti et (lagilanti no;;are non pôles, lalities ; tout le inonde me les demande. Le plus
quin scilicel i)enignis amibus i»roni et huinilis lût serait bien le mieux assurément ; en atten-
obscquii leslilicalioaein accipias. Vale. donne des copies de la traduction que
dant, je
Il n'y est pas tlit un mot sur l'amour
vous savez.
LETTRE CCXVIII.
naturel nous y avons ici supjjléé par quelques
;

l'adbé bossuet a son oncle.


observations courtes, en attendant les vôtres.
Uome, ce II février 1698.
On sait ici l'accounnodement des Jésuites,
J'ai reçu que vous m'avez fait l'hon-
la lellrc mais on ne sait pas encore précisément les con-
neur de m'écrire, du 20 janvier. J'ai reçu aussi ditions. M. de Reuns ne m'a pas écrit cet ordi-
par la poste, et je vous prie do voidoir bien le naire. Je crois les Jésuites bien mortifiés.
dire à M. Ledieu, le gros paquet d'Oraisons fu- Sur ce qu'on a su ici que le P. de La Chaise
nèbres et il'lixpositiotis. J'aurais bien voulu vous était allé voir touchant celte aflaire, on a
avoir à la place des Déclarations, des Suwwa dit (|ue si vous vous en mêliez, il fallait metlre
doclrinœ : exemplaires d'Orfli-
deux ou trois dans les conditions que les Jésuites cesseraient
sons et (l'Exposilions peuvent sullire pour le ici de défendre M. de Cambrai. M. le cjirdinal

présent mais il n'y a pas de mal, et je trouverai


; de Bouillon n'est pas fâché qu'on croie que les
l)ien à ipii les donner. J'ai été ravi du pelil livret Jésuiles agissent pour le livre, s'imaginant que
loiicbanl .M. de Cambrai : il y est nommé et bien tout tombera sur eux, et rien sur lui mais H ;

nonuné; et cela lera ici un ellet teriible contre se tromi)e, car l'un n'empêche pas l'autre. Il
lui. La produit l'elTel que j'en
Ilclation a déjii Voudrait bien me persuader (pi'il penche pour
attendais; mais ime preuve connne celle-là, vous dans celle aflaire mais on voit trop iiiani-
;

conslanle, qui le repré.senle en France, dès ce feslement tout le contraire. Sans lui, le livrede
temps-là, comme clief du parti, est très-consi- M. de Cambrai n'aurait pas tenu lerre, el je se-
dérable : je le ferai voir au l*ape. rais très-sùremenl présenlemeiil à Paris vous :

Au resie, loul le dessein de la cabale se réduit savez comme je vous ai parlé des coups fiiurrés.
à engager c<'lle coim' à se conlenler d'une con- Les Jésuiles et le cardinal de Bouillon com-
damnalion et probiliilion du livie en général, mencent à me faire (jnelipies caresses; c'est
comme on fait pom' le li\re du Mot/rn court, et juslement ce rjui me lait craindre encore plus.
autres, et àempéelier nue qualilicaliou des pro- J'ai averti M. le cardinal de Roiiillini de la
positions mais voilà juslement le point où le
:
manière insolenle dont le Jésuite, en défendant
i'ape est très-feiine jus(prà présent. Cela lui a Sfondrale, parlait des évéïpies, et voulait gros-
été jiroposé depuis quinze jours, par vingt per- sièremenl el sédilieusement renouveler les que-
sonnes. Sa Sainteté l'a toujours rejeté connne relles passées. Il a fort bien reçu l'avis. Je ne

une chose indigne <lu Saint-Siégc dans les cir- sais si je vous ai mandé que le P. Gabrieli fait
conslauccs présentes ; il \eut absolument qu'on im[triuier un Iimc pour détendre Sfondrale.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 42T

ici de nouveau. Ma santé conti-


tif à vos actions marchez avec précaution.
:
Il n'y a rien
nue bonne, Dieu merci, aussi bien que
d'tMre
Dieu sera pour vous. Je ne répondrai à M. le
que cardinal de Bouillon que par l'ordinaire pro-
celle de M. Plielippeaux. Il serait à propos
MM. de Paris et de Chartresm'écrivissent chacun chain.

une lettre ostensible. On ne cesse de répandre LETTRE CCXX.


ici qu'ils approuvent à présent le livre de M.
de
BOSSUET A SON NEVEU.
Cambrai, joint à la Lettre pastorale. A Paris, ce 17 février 1698.

LETTRE CCXIX. Je reçus hier fort tard votre lettre du 28 jan-


BOSSUET A SON NEVEU. vier. Je vois l'état des choses par votre récit, et
A Versailles, ce 15 février 1698. le péril où tous les efforts de la brigue mettent

Votre lettre du 14, jointe à la lettre que


j'é- labonne cause; mais Dieu la ;soutiendra par la
crivais à peu près dans le même temps est très- . vérité.Le roi manda M. le nonce exprès di-
importante. Ne soyez en peine de rien, tout manche, afin qu'il envoj à t dès le lendemain,
tournera à bienne faites point d'éclat, je crois
;
de la part de Sa Majesté, le mémoire dont je
que ces mauvais bruits se dissiperont d'eux- vous ai fait passer copie i. Le roi s'est expliqué

mêmes. Vous devriez avoir circonstancié da- fortement. Le second Mémoire, qui est le petit,
vantage ce qui s'est passé à Rome ; il aurait fallu n'a pas été donné on a cru qu'il fallait voir
:

marquer qui est celui qu'on accuse du prétendu auparavant ce que deviendrait la dispute, qui
assassinat, et rapporter toute l'histoire comme peut avoir un bon effet, en faisant expliquer les
on l'a répandue. Ce n'est pas assez de dire que examinateurs entre eux avant de voter ; ce
celui qu'on croit ennemi est le meilleur
ami ; qu'ils doivent faire en secret et par écrit.

ni, comme vous l'écrivez à monfrère,


qu'on ne M. le nonce m'a fait voii- une lettre de M. de
voit que ceux que l'on doit voir pour
la répu- Cambrai, qui ne tend qu'à allonger. Il renou-
tation et pour le bien de l'affaire il faut don- ; velle sa demande d'aller à Rome, et prie qu'on
ner tout le détail. Cependant vous devez tou- lui obtienne la permission d'y envoyer toutes

jours aller votre train, sans vous rebuter car :


ses réponses qui sont imprimées, mais qu'il tient
par ce moyen tout tombera de soi-même, s'il secrètes, jusqu'à ce qu'on lui ait accordé de les

n'y a rien comme


je le crois. Vous avez été en produire. Sa letlre ne renferme que des plain-
il répète huit ou dix fois qu'il ne
péril de perdre un bon ami M. le cardinal de :
tes :
veut point

Janson a été fort mal d'un fâcheux rhume. On d'accommodement, que ce serait llctrir sa loi.
l'asidgné trois fois de ma connaissance, et il de- Vous diriez qu'on cherche des explications,
vait l'être une quatrième fois, si le mal avait quand il ne s'agit plus que d'attendre un juge-
pressé ; il est à présent, Dieu merci, hors de ment. Ihléclarc qu'il nous a offert d'écrire con-
péril. Le roi et toute la cour en ont été fort en jointement avec nous à Rome, pour demander
peine. un jugement c'est de quoi nous n'avonsjamais
:

M. le cardinal de Bouillon m'a écrit une avec cabale


d'ailleurs, la (ju'il a, il
oui parler ;

grande lettre sur votre conversation il dit, en- :


eut écrit sous main ce qu'il aurait \ouUi. Tout
tre autres choses, qu'il vous a parlé avec ou- cela n'aurait été qu'un anuisement; et si nous
verture sur bien des articles. Vous a-t-il donné avions fait ce qu'il dit nous avoir jiroposé, nous
quelques avis sur votre conduite ? Il faut tout aurions eu l'air d'être ses parties, que nous ne
savoir pour parer ici les coups. devons pas nous doiuuM-. Du reste, des tours
Je n'écrirai pomt encore par cet ordinaire à artificieux remplissent toute la lettre. M. le
Mgr Giori, parce que je suis bien aise de voir nonce a fait une réponse courte et sèche,
auparavant M. le cardinal de Janson et M. le sans se charger d'aucune proposition envers
cai'diiial d'Kslrécs. J'enverrai, par le |)rcmier Rome.
ordinaire, un Mémoire que le roi donnera de- La lettre de Mgr Ciori fera un bon elTet j'y :

main à M. le nonce; on a eu de bonnes raisons serai fort atlentif. M. de Paris lui a écrit par le
pour ne le pas envoyer plus tùt. Ce Mémoire cardinal de Janson. Vous avez reçu ma lettre,
dira tout ce (pi'il faut. dans hupielle je vous ai inaniué ce que le car-
de-
Je ne parle point des clioses marquées dans dinal d'Fstrées m'a dit, (pii est que M. Ciori
mes précédentes lettres. Vous n'avez à penser vait lieaiicoup se ménager ; (pi'il était trop Iranc;

qu'à ce qui regarde l'affaire de ri''.:;lise tout li> :


([u'il lui conseillait de ne pas montrer les lettres

reste ira de lui-uièuu! et lourneia à liien. Vous iocr.'ln.rv- ,rKl*i


' Il lut cnroyo par le iioncouu cordiiial S,.;..l,.,

devez être persuadé (ju'ou pense à ti>nt, et (pi'iin ,1.1 l*a|.c. BoMUot ratait coiniiost, c» nous lo doiiuon» à l« t"iw O'

80 sert de loid. Vous vojez hien <iu'ou est atten- celte lettre.
428 LETTRES RELATIVES

pour la première de leurs peuples, el afln qu'on soit prémuni contre son /rvrfrue-
de M. de Paris. J'apprends,
lion jmslnrate, et cent aulrei livres qui viennent de loutc6téi
fois, que ennemis de la I''raiice se mùlcnt
les '

pour sa défense, tant du dedans que du dehors du royaume.


de celle affaire je m'en doutais. : Quoiqu'on nait rien à dire au choix des personnes que Sa
Voilà l)ien des cabales réunies celle de Sfon- :
Sainteté a nommées de nouveau pour l'examen dont il s'agit,
il y a sujet de craindre qu'on ne se serve encore de celte oc-
drale, de Marie d'Agréda, etc.
casion pour obtenir de nouveaux délais, soos prétexte qu'il
J'altciids avec iiupalicnce la nouvelle dé- faudra instruire de nouveaux examinateurs.
claration des examinateurs. C'est un coup de On voit bien que l'examen du livre de l'arcbevèque de
Cambrai. Irarluit en lalin, peut avoir son utilité, par la con-
partie.
frontation du lalin avec le franr.njs; mais on pourrait aussi se
La cour ne voudra point agir auprès du car- servir de cet examen, comme d'un détour pour éluder le ju-
dinal (jae vous mar([uez mais je trouverai ; gement du livre français, qui est celui qui fait tout le trouble.
Le livre traduit en lalin n'eM pas connu, etl'on croira aisé-
moyen de le faire.
ment que l'archevêque de Cambrai en aura tourné la version
M. de Paris a fait voir ;\ M. le nonce les let- à sa défense. C'est le livre français qui fait le bruit, et c'est

tres d'un },'i"nnd nombre des plus excellents évù aussi sur ce livre que le roi demande une décision, et que Sa
qut's, déclarés pour nous. J'en ai aussi beau- Sainteté l'a promise.
Comme Sa Majesté tient tous les évèques et les oniversiléi
coup ; mais nous ne trouvons pas à propos de de son royaume dans l'attente du jugement du Saint-Siège,
faire agir ces prélats. il est du bien de l'Lglise el de l'honneur de ce ponlillcal que

On a découvert (pie le P. La Combe, Barna- l'espérance (pi'on y a ne soit pas trop prolongée, el qu'on ne
laisse pas échauffer une dispute qui ne cause de j a que tropde
bile, directeur de M'"" CuNon, clicf de la cabale,
scan laïc, le remède deviendrait plus difficile dans la suite.
dont
était en tout et partout un second Molinos 2,
il est
l'our cela, nécessaire de donner des bornes aux com-
cl on l'a resserré dans le cliàtcau où il est relé- munications demandées par rarcbevéi|ue de Cambrai el, saot ;

s'arréler b tant d'explications qui mèneraient la chose il l'in


gué.
Tini, de prononcer sur un livre très-court, qui porte en lui.
On ménagera le P. Latenai, qui mérite d'être même sa justification et sa condamnalion.
servi pour ses qualités personnelles : on a déjà
mis lesfers au feu. Ce Père doit être assuré LETTRE CCXXL
qu'il ne sera commis en rien; on connaît ici l'aBUÉ PlIliLIPI'li'AUX A nossuET.
son mérite. Rome, ce 18 février 1698.

Vous avez sans doute observé que la plupart


MÉMOIRE
des notes du livre latin imprimé (le M. de Cam-
Rtmiiparlt I« maint du nonce, pour (Ire
roi entré envoj/i à Rome, brai sont différentes de C(^llesqui étaient dans ses
et porter te Pape à céUbrer la condamnation du livre de M, de
Cambrai-
manuscrits, et que je vous ai envoyées. J'ai fait
prudence avec la- assez de bruit sur les falsilications du lixie. Je
On ne peut que louer Ss S.iinlct(S de la

quelle elle veut proc(!iler b l'cvanicn ilu livre de l'.irchevêque crois que vous en ferez mention dans la réponse
de Cambrai, cl ôler h ce pr'lat tout pnUexIc de s'excuser, en que vous préparez, et que vous en pourrez
disant qu'on n'aura pas ouï ses réponses. On craint seulement
une occasion de tirer, cette alTairc en lon-
môme doimer l'extrait c'est ce qui m'a empê- :

que ce ne lui soit

gueur. ché de le faire en particulier.


On adt^j^ donné & Rome divers écrits tr^s-amples, tant pour Le P. Estiemiot mande M. l'archevêque de .'i

la défense ilc ce livre, que contre la Dédaratinn des trois Reims, par le dernier courrier, que la plupart
éiiques (le Fr.ince. On y a aussi distribué le livre du même
arrlicvique, trailiiit en lalin, et ensemble des noies latines
des examinateurs étaient déclarés pour le livre :

très-amples sur tous les endroits qui Tont quelque diniculté. cela est très-laux rien n'a changé depuis ma
;

Il par°it donc par liique l'alTalre est sufTisamment instruite, dernière lettre.
Cl qu'il est peu nécessaire d'attendre de nouvelles réponses de
Nous avons appris ce qui a fait exclure le
cet archevêque.
Si néanmoins il voulait répondre en particulier aux objec- P. Latenai. Deux cardinaux, à qui ses amis se
tions de ces trois évcqucs, de le faire il
il n'a tenu qu'à lui plaignaient d'un tel proct'dé, (]ui pouvait lui être
j a longtemps, puisque les écrits sont imprimés depuis quatre injurieux, répondirent qu'il avait écrit contre
mois ; de sorte que la rommiinir:ilion qu'il en ilein.inJe k
prf-ient est uni" alicctition, par laiiuclle il semble vouloir tirer le livre; et je sais de bonne part que .M. le car-
la. chose en longueur, et embrouiller une affaire qui est toute dinal de Bouillon avait fait montrer l'écrit au
impie.
11 a mémedi'ji répondu, cl l'on a vu ces réponses impri-
Pape. Pei'sonne n'avait coimaissance de cet i^cril
mées k Briixellcs. d'où l'on ne peut douter qu'il ne les ait que l'auteur, M. le caidinal de Bouillon et moi.
envoyées où il a voulu. M. le cardinal de Bouillon, h sou arrivée, con-
Si les éviqucs de France publient d'autres écrits contre les
sulta tous ceux qu'il pouvait conuaitte, afin de
livrer de l'archevêque de Cambrai, ce n'est point pour l'ins-
Iruction du procès ii Rome, mais seulement pour l'initructiun les exclure, les trouvait contraires à ses in-
.s'il

tentions. a eu beau protester au P. Latenai


Il

* Lci ambafiadoiiri .le l'empereur vt du roi d'Eipugne lolllr.tcrent


qu'il n'eu avait point parlé au Pape il est vrai
;
:

onvoTtement pour M. de Cambrai.


' Ia dcclaratlon du P. La Ccmbo i l'iiéque de Tarbe», placée à ntais il avait fait >oir l'éciit par ses amis. C'e>t
la aulle de la lettre 239 cl-apri«, taurnira la preuTO de ce lall. par ses intrigues que l'alTaire a été embrouillée
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 429
et retardée.
Massoulié et Granelli m'ont assuré Paris. Et d'ailleurs, bien des raisons particu-
que l'examen serait à présent fini, sans les ad- lières etquelques affaires qui regardent ma fa-
jonctions qu'on a lailes, et qui ont obligé de re- mille m'obligent de songoi- au retour et je \oh ;

commencer la discussion du livre. Outre les car- que ma


présence sera peut-être assez inutile
dinaux Noris et Ferrari; l'assesseur, qui est ici, M. l'abbé y étant, qui pourra faire
terminer
Bernini, et le commissaire du Saint-Olfice, qui l'affaire à sa gloire. Je vous supplie d'y penser,
est Dominicain, y assistent comme témoins, et de m'en mander votre sentiment.
aussi bien que les cardinaux. On m'a averti que depuis quelques jours on
On fait tout ce qu'on peut pour gagner ou in- a donné au Pape une écriture sanglante contre
timider quelqu'un de ceux qui sont opposés au les évêques de France, qu'on accuse de vouloir
livre. On espère que si le partage continue, le tout brouiller et de violer les constitutions les
Pape sera obligé ou de casser cette congrégation, plus saintes. C'est au sujet du règlement fait
ou d'ajouter de nouveaux examinateurs, ce qui contre les réguliers on ne cherche qu'à brouiller
:

ne tend qu'à différer. On examine encore le cette cour avec la nôtre. M. le cardinal de
premier article avec l'exposition des divers Bouillon est plus attentif aux affaires des Jé-
amours lous n'ont pas encore opiné. Je vis
:
suites qu'à celles du loi. Il n'arrête pas, ou
hier rarchevèque de Ghieti, que je lâchai d'ins- peut-être même favorise-t-il ces étincelles, qui
_ truire sur des points qu'on m'avait dit lui faire pourront allumer dans la suite un incendie ;
m de la peine, et je dois même lui envoyer des nos ennemis sauront profiter de tout. Les Jé-
r passages de saint Thomas il me parut mieux ;
suites ont encore demandé un délai de dix jours

disposé qu'auparavant. Nous tâcherons de savoir pour les affaires de Confucius. M. le cardinal de
son senUment, quand il aura opiné, aussi bien Bouillon envoya quérir ***, et le pria de dili-
que celui du que dépend la
sacrisle : c'est de là genter et de presser cette affaire. Celait à une
certitude qu'on en pourra avoir. reste, dans Au heure de nuit, le mardi gras, jour de poste ,
les deux dernières congrégations, il n'y eut que Timeo Danaos, et dona ferentes.
deux personnes qui parlèrent en chacune. On Je Yous prie de garder le secret sur l'affaire
ne dispute plus, on a bien vu que c'était une du P. Latenai avec M. le cardinal de Bouillon
;

chose inutile, et même ridicule chacun dis- :


car je serais fâché de le commettre et de le
court sans être interrompu. Dans la dernière perdre. On mande tout à M. le cardinal de
congrégation, Gabrieli parla pour excuser le Bouillon de Paris, et il n'est pas houunc à par-
£ livre, Granelli parla pour le condamner. Je ne donner : d'ailleurs le P. Latenai pourrait ne
doute point d'un bon succès personne n'ap- : plus avoir de confiance en moi.
prouve les solutions de M. de Cambrai, ni cet Le Pape est bien intentionné pour accélérer
amour naturel qu'on prétend retrancher. Mais mais sa facilité fait qu'il sera toujours
l'affaire;

quoi qu'on fasse, si l'examen continue de la trompé. 11 est certain que le crédit et le poste
manière qu'on fait, il ne peut être terminé plus du cardinal de Bouillon peut ébranler des Ita-

tôt que de Pâques en un an. Après on viendra liens, plus attachés à leur intérêt et à leur for-

aux consulteurs, on fera les extraits des vœux, lune qu'à l'amour de M. le cardinal de
la vérité.

et l'ad'aire sera portée à la congrogalion des car- Bi>uillon est pourra dans la suite
leste, et

dinaux en voilàjusqu'à l'année


: sainte, supposé susciter de nouveaux embarras. Il croira qu'il

que le Pape ne meure point. est de son hoimeur de soutenir ce qu'il a entre-

C'est à vous, Monseigneur, J» juger s'il est à pris; c'est son génie saint Cyprien aurait été
: '

propos que je reste à Koine pendant tout ce ici d'un grand secours.

L Icmps-là. Je ne doute pas que vous ou M. de Je suis bien persuadé qu'on ne doit jamais

p Paris ne trouviez facilemenl quehju'un plus in- apporter ici aucune affaire de doctrine ils sont
trop ignorants et trop vendus à la laveur et j^
:

telligent que moi, qui sera bien aise de voir


Konic et île connaître celle cour. Eu ce cas-là l'intrigue. Si on avait fail juger eu France ou

je pourrais m'en retourner; ou même M. labbé par des évêques ou par la Soi bonne, ils n'au-
pourrait rester .seul poiu- attendre la fin de l'af- raient jamais osé rioii faire au contraire. Ils sa-
faire. Quand vos ri'iiDUscs seront venues, il n'y vent bien que la France est plus savante, et
aura plus d'insInuliDii à (loiincr ; il ne s'agua toute (jucslion de dogme les end)arrasse dans
plus (|ue d'alti'udre. .l'a|)prelieude poiu' ma l'iguorance où ils sont. Après lont, celle affaire
saiiti' pendant l'élé; car je connnenee à sentir si impurlanledcpenddesviinix de moiiu's il n'y :

dans la ItMe «.es élourdissenients, (|ui me font a |)res(|ue pas de docteurs de Sorbonne qui ne
craindre de londicr dans le même accident où
< C'est un iioin oinpriiiiK, dont nos Me
ju lombai quelque temps uvunl de parlir de pu U vralo ïlijiiincaliuu.
130 F.ETTRES RELATIVES

soient licaiiciniji |>lus lialtilos (|ircu\eii iiialière -Noris est contre le livre ; et il faudrait avoir ou-
de it'litjion. Je suis aveciiiipioruiui ic>pect, etc. blié saint Au-ïustin. pounlonner dans ces rêve-
I.ETTUKCCWII. ries et dans ces petitesses.
Loin (jue ['Instruction pastorale deM.deCam-
L'aDDK IIOSSIET A SO.N ONCLE.
brai ait adouci M. de Paris et M. de Chartres
Koinc, ce 18 fi-vricr lfi98.
sur le livre, elle les a convaincus de plus en plus
Je reçois la lettre que vous me faites l'iionneur qu est pernicieuv et nécessairement censura-
il

dem'écrirede Versailles, le 4". Je commence- blc. .Non-seulement nous sommes parfaitement


rai, s'il \ous plaît, |)ar ce (pii me rojjarde. d'accord, mais encore nous donnerons, dans
Vous aurez vu, par une de nies lettres, que l'occasion, toutes les marques possibles de no-
vous n'aviez pas encore reçue l<)rs(iue vous tre union. Je puis en général, que
vous as.surer,
m'avez (Vrit, que le bruit de celte fausse histoire ceux (jui dans voudront faire leur
celle affaire
était enfin veini jusqu'à moi. J'ai été, comme coiir au cardinal de Bouillon et aux Jésuites la
vous le crojez bien, le dernier qui lai sue; et feront fort mal au roi et à M""» de .Maintenon,
je vous en ai écrit un mot aussitôt que je l'ai qui ne consenent les dehors avec quelques-uns
apprise. Je n'aurais jamais cru que l'on eût l'ef- de la cabale (|u'en atlendanl la censure, après
fronterie de faire faire tant de chemin à une laquelle on verra bien du changemenL
paieille fahie, où il n'y a ni vérité ni vraisem- Les bruits qu'on répand ici contre vous ne
blance. Tout le monde l'a bien vu ce carnaval sont rien moins qu'un mauvais commerce; ce
et dans toutes les occasions, et ces propos n'ont qui a donné lieu au Pape, ajoute-ton, de vous
fait ici aucune iuqtression ; cela est constant. éloianer de Home et de faire demander justice
M. le cardinal de IJouillon est persuadé, 'plus au roi par le nonce. Comme cela ne se trouve
que |)orsi)imi', de la fausseté de ce récit et il : pas avoir la moindre vraisemblance, c'est la
m'a dit que s'd l'avait cru vrai, il n'auiait pu justilicaliou de votre conduite. Cependant vous
s'empêcher de vous en écrire. On voit bien la voyez bien (juevous ne sauriez trop vous rendre,
malice des auteurs de cette fable, et la cause qui en toutes manières irrépréliensible.
les a portés à l'inventer, parle soin qu'on a pris Vous pouvez être assuré d une parfaite union
de faire aller celte .sottise aux oreilles du roi. Il de M. de Paris et de M. de Chartres avec moi ;
me seud)le cpie la fausseté de la narration se fait et si l'on ne craignait, dans la conjoncture pré-
sentir d'elle-même par son contenu. Ici on ne sente, de trop émouvoir les évêques, on ferait
menace pas, on exécute parce qu'on craini ; paraître les cinquante lettres. La vérité est que
d'être prévenu, et avec raison. Vous pouvez si Home ne fa.t pas quel(|ue chose digne d'elle,

compter qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout et les cardinaux de leur ré|)utation, ce sera un
ce bruit, (jui s'est plutôt dissipé par sa fausseté scandale épouvantable, qui fera beaucoup de
que par le bien que certaines gens me veulent. tort à la religion.
11 est certain que tous ceux qui en ont entendu Il faut qu'on ait écrit de Rome quelque chose ^

parler l'ont su de chez le cardinal de Bouillon et M. de Cambrai sur l'accommodement projeté,


les Jésuites. puisque ce prélat a tant écrit contre M. le nonce,
M. le cardinal de Bouillon m'a assuré qu'il comme vous lavezvii par ma précédente. Il n'y
n'en avait écrit à (|ui que ce soit, même avant a |toird d'accounnodemeid dans une affaire de
d'être iulormé de la vérité. En voilà assez sur religion: la vérité veut être nettement victo-
celle inatière, il faut s'attendre à tout: je dis à rieuse ; et tout ce qui biaise a toujours été re-
tout; Dieu soit loué! jeté.
11 faut espérer que le P. Latenai reviendra
LETTIΠCCXXIII. ;

en toid cas il sera servi.


BOSSUET A SON .NEVEU. Votre travail sur le livre de M. de Cambrai
A Vers.nillca, c« 24 fi'vrior 1698.
sera grand, mais très utile. Le cardinal Albani
J'ai reçu votre lettre du 4 : je sins bien aise se perdraici de répulalion, |)ar ses eomplai-
d'apiirenilre que votre santé se conserve parmi pour M. le canlinal de Bouillon. Les ac-
.sances
tant de travail. couunodemeuls rendront ridicules tous ceux
La nomination des deux cardinaux pour pré- (|ui les proposeront.
sider aux assemblées ne peut faiicqui' bcuicoup Le roi sait ce (|ue .M. le cardinal de Biiuiljon
de bien. Je concerterai atijounlhui a\cc M. do a f.dt |)ublier, par l'abbi' de de la
Cli inlerac,

i'aris ce que nous aurons à leur écrire. Je rends lettre qu'il lui a écrite. C'ol une manière de
bon ciMMpte au roi de ce (|ue vous et M. l'helip- noter ce caidiiial, que de fiure passer les ins-
pcaux m'écrivez. L'e.siirit même du cardinal tances que lait Sit Maje.>té par la voie du nonce.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 431
Si l'on savait ce qu'écrit l'abbé de Fourcy, il hœc scribimus aut, quodabsit.docendam susci-
;

aurait ici une grande La famille de M.


affaire. pimus magistram Ecclesiarum, a qua doceri
le chancelier est toute pour M. de Cambrai, cupimus. Rogamus autem ut hune librum
parce que ce prélat est soutenu par M. de Harlay. quein extorsit ipsa nécessitas, et benignus
acci-
Vous aurez bientôt toute ma réponse à M. de pias, et ad sanctissimi domini nostri pedes
Cambrai. Je vous envoie une lettre que vous offerre velis. Redeunt enim ad nos
libri nostri
joindrez à ce livre, quand vous le rendrez à M. clariores atque firmiores, cuni vel
teligere
le cardinal Spada, pour le pape et pour lui. Je apostolicum limen. Si vero ipse Paulus, arca-
dis un mot, dans ma lettre, du tort qu'on fait norum auditor et tertii cœli discipulus, venit
aux vrais spirituels, de les alléguer pour M. de Jerosolymam videre et contemplari Petrum
Cambrai. cum eoque conferre Evangelium quod prœdica-
Avant qu'il soit peu, vous verrez à Rome le bat in gentibus, ne forte in vacuum
curreret
provincial de France des Carmes déchaussés^ aut cucurrisset quanto magis nos humiles,
; sed
qui est ami de son général. 11 est bien instruit, cathedrœ Pétri communione glorianles, ad eam
et très- persuadé que sainte Thérèse et le bien- afferre omnia nostra debemus: vel incitandi,
si
heureux Jean de la Croix sont fort éloignés de légitime currimus ; vel emendandi, si vel mi-
M. de Cambrai, et qu'on leur a fait injure de nimum aberramus ?
les citer en sa faveur. Je ferai sur cela un petit Ego vero quidquid scribo, bac mente me
écrit en latin, où je joindrai saint François de scribere volo, sanctoque Pontifici fausla omnia
Sales. apprecor utque
; tererum prœclarissimo admi-
Ayez bon courage ne vous rebutez point
:
; nistro diutissime utatur oro, Eminenliœ Tuœ
c'est le moyen de venir à bout de tout. addiclissimus. Vale, eminentissime cardinalis.
J'espère présenter mon livre au roi demain
ou après-demain. L'écrit lalin, dont je viens de LETTRE CCXXV.
vous parler, suivra bientôt contre la réponse au l'abbé bossuet a son oncle.
Summa doctrinœ.
Rome, 25 février 1698.
Attendez-vous h voir votre préfendue affaire
M. de Cambrai y reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon-
J'ai
dansldi Gazette de Hollande :

neur de m'écrire de Versailles, le 3 de ce mois.


fait dire tout ce qu'il veut par M. de Harlay.
Je vous dirai d'abord que j'ai fait ropréscnicr
EPISTOLA CCXXIV. au Pape le scandale que causeraient dans toute
BOSSUETI AD CARDINALEM SPADAM. la chrétienté, et parmi les hérétiques, les lon-
Datum in palatio Veisaliano, 24 Feb. an. 1G98.
gueurs et le partage des théologiens
dans une
affaire aussi éclaircie par
évèques de Franceles
Eminentissimo domino meo D. cardinali Sa Sainteté a jugé à propos de faire tenir les
Spada}, Jacobus Benignus Bossuetus, episcopus conférences deux fois la semaine, ordoimant
Meldensis, salulcm et obscquium. aux deux cardinaux de laisser leurs autres oc-
Vellem equidem conlicescere, eminentissime cupations pour celle-là. De plus, le Pape a fait
cardinalis, cl Sedis apostolicaj tacilusexspectare connaître assez clairement ses scnliincnts, pour
judicium. Dum enini Ecclesia Roniana lam que les examinateurs pensent à eux-mêmes. Je
gravi examine rem taulam expcndit, qiiid est suis comme assnié à présent de l'archevêque
prœstai)ilius quam ut prœstuU'initr salutare Del, de Chieli, qui est tout changé j'espère un peu :

et ut in silentiu et in spe sil furtitudu noslra ? du général des (larmes. Le cardmal Casanatt;
Scd pcr manus hoininum loi cunimt epislola>, travaille à ramener le sacrisle je doute qu'il :
y
tôt rcsponsa prodcunl, liislriictioncs pastorales réussisse mais il le perdra dans res|)ril du
;

lanta arle spaiguiitur, ut merilo veroamur, si Pape sans cela. Poiu' (Jahricli cl .Vllaro, c'est
nihil opponimus, ne diictriuisvariixelpeiruriius toul dire, ils smt vrais moines et si leur intérêt ;

plehs Clnibli abdiitalur asitiiplicilalo Kvangclii. le dcinande, ils se rendront à loid ce que l'on
Neqiie enim hic de uniiislaiituni lihri soi le voudia. Le Pape et celte cour ont bien \u les
agitur; scd an |)ni:val('anl spirilualcs argutiit' ; faux pas qu'ils ont faits, et semblent votdoir se
veriipK; .spirilualcsah Ecclesia Koniana appro- redi'csser.
bali, dum ad asscrenda ha'c iiivonla pcrpcraiu J'ai agi et parlé Irès-modesleuienl. Depuis
liccl et inviti adducmdur, trahi vidcanlnr in huit jdurs j'ai élé chez la plupart des c.irdinaiix,
cridris consoi linm. cl li>tu° iti représeiilé à (]iiel péril la rciuilalioii
.Non ergo, emineidissimc cardinalis, lan- tlu Saint-Siège cille l'Kglise elail expusce (i.ir le
quam ud conleslundam inslrucndaiiuiue lilcui partage des exaiuiualcurs; que c'était ù eux à y
432 LETTRES RELATIVES

renuSiicr. Ils le sentent bien; et, fi la vérité, si ce même (jui me détermina enTm à le faire aussi
païUv-'e (huait, ce serait le pins ^.'lantl scandale h'gèrcment (jnc je l'ai fait. .Après m'avoir entre-
qui jamais arriver il seiail pour les liéré-
jiul : tenu de celle affaire, el m'aMÙr assuré qu'il élail
ennemis de l'Ejrlise nti sujet de dé-
li(|iies el les convaincu de la fausselé du fait ce qu'il me ré-
rision. On m'a parn lonehé de ces raisons et le ; péta cent fois, il me conseilla de ne faire aucun
cardinal Casanale, (|ni m'avait vu assez mélan- cas de ce bruit (|ui bunberail de lui-même, de
colique à cause de tons ces procédés, m'a assuré n'en point (''criri' en France, el de ne pas cher-
que je me réjouirais bientôt, et que les choses cherà me justilier, même visà-visde vous, pour
prenaient un train pins |irompl que je ne ne vous pas intpiiéler. 11 m'ajouta que si on m'en
croyais. Je leur lais entendre

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