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Bossuet - Oeuvres Complètes VI
Bossuet - Oeuvres Complètes VI
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^9^r
ŒUVRES COMPLÈTES
DE BOSSUET
TOUS niions KÉSEKVKS
ŒUVRES COMPLÈTES
b qy
BOSSUET PREGEDliES DE
TOME SIXIÈME
CONTROVERSE
lîAlM.KDUCJ PAHIS
I
1879
"UnivôrsifJJ*
BiGLIOTHECA
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS
mise dans tout son jour, un développement abandon de l'âme abîmée en Dieu. Gomment
que ne comporte pas un simple avcriisscment, lui demander alors, quand déjà elle est arri-
dont nous sommes en outre décharges par vée au terme, qu'elle puisse se laisser distraire
les nombreux et admirables traités de Bossuet aux infimes préoccupations ou aux liborieu-
sur la matière. Nul n'a plus profondément scs reclierches de qui péniblement s'y ache-
étudié la question, nul n'en a plus éloquem- mine? Que venez-vous lui parler encore de la
ment démontré l'étendue, ni dévoilé davan- vie des sens et de tout ce qui est matière vile
tage les con.séquences désastreuses. et corporsUe? Elle plane dans les régions
L'histoire de ces bruyants débats entre des élhèrées de l'infini. Est-ce que ce corps sensi-
hommes tels que Bossuet et Fénelon, dans un bleoù elle semble adhérer lui est de quelque
siècle dont la grandeur ne sera plus égalée empêchement? Qu'il éijrouve ce qu'il voudra,
par aucun, sera toujours d'un intérêt suprême exige à son gré, à
qu'il fasse, qu'il agisse, qu'il
pour les esprits sérieux. La question n'est di- sa manière, qu'importe! L'âme est au-dessus,
minuée en rien par le conflit des amours-pro- elle n'est plus soumise à sa vile tyrannie, elle
pres engagés son importance réelle ressort
: en est aussi dégagée que le créateur l'est de la
au contraire de l'intervention de pareils lut- création elle est en Dieu, comment s'abais-
:
teurs. La querelle s'agite autour de (ont autre sera-t-cllc à s'inquiéter d'une prison corpo-
chose que de vaines subtilités mystiques et relle ?
elle ne roule pas sur quelque louche expres- Tel est à peu près le raisonnement du quié-
sion, dénaturée ou envenimée par un esprit tiste, si que le quiêtisme procède par
tant est
jaloux et froissé. A qui sait l'cntcndro, la thêo- voie de raisonnement, et non pas, comme il
ri(! quii'tistc touche à tous les mystères do est fatal aux illuminés, par cnirainemenl. par
l'activité liumaino .sous la toute-puissante ac- haliuciiialion, par délire. Mais par une pente
tion de D'OU c'est-à-dire aux foiKlcincnts
,. naturelle, desâmes ardentes, ])ures d'ailleurs,
mêmes (ie la religion cl do la morale. Klie al- charmées enivrées à la noble et grande idée
et
toiiil de front particulièremoul toute l'iuslitu- de couleuiplor et d'aimer Dieu seul, si la cha-
B. ToM. VL
,
lour (|p l'imneination et les tendances rêveu- apaisement des esprits et une heureuse ter-
ses prédomiiit'iit, si le sens pratique est en minaison des débats. W ne m, initié d'abord
défaut, t'iiris's de la brillante chimère de aux conférences et en relation amicale avec
l'amour désinterossé, n'en viendront-elles pas les trois commissaires, était devenu membre
insensiblement aux cxiravapantes folies d'un actif de la commission depuis sa récente pro-
Michel Molinos ? Kl qui ne voit à quelles dé- motion à l'archevêché de Cambrai. Nommé
plorables conséquences de pareils rêves, éri- archevêque par Louis XIV, le 4 février 1695, il
pés en système, entraîneraient la foule des acceptait et sipnait, le 10 Mars suivant, les
esprits laiblcs ou des natures jicrvcrscs? Qu'on articles d'Issy (I), portés maintenant, sur sa
lise attentivement le décret d'Innocent XI, demande, do trente à trente-quatre pour une
du 28 août IG87, jjoitant condamnation des plus complète exitosition de la doctrine. Dix-
Q'uvresde Mi( hel Molinos, et qu'on nous dise sept jours après la sipnaluro, il écrivait à Bos-
si les erreurs et les iiérils du quielisme sont suet, résidant à Meaux, .sur le ton d'une ami-
ou cliimiriques ou exagérés. Or, M"" Guyon tié ancienne n'y a rien do nouveau en ce
: « Il
en renouvelait la doitrine, et les Masimcs pays-ci, sinon que vous n'y êtes plus, et que
des Saints émettaient tell s et telles proposi- ce chanpement se fait sentir aux philo.sophes.
tions d'où jiouvait renaître la théorie entière Je m'im ipinc qu'après les fêles, s'il vient de
du quielisme. De là les troubles, les discus- beaux jours, vous irez revoir Germiny paré
sions ardentes et i)rolonpees, les débats cé- de toutes les gnlces du printemps; dites-lui,
lèbres entre deux hommes dojit le pénic et la je vous supplie, que je ne saurais l'oublier et
prando renommée plus encore que la cha- ,
quej'esjièro me retrouver dans ses bocages,
leur du combat ou l'intérêt de la question, avant que d'aller chez nos Belges, qui sunt
créèrent, parmi tout ce que la cour et le extremi hominum. »
illustres, comme deux camps rivaux et ja- que, do retour dans leurs diocèses, ils publie-
loux, les tinrent en éveil, et portèrent juscjuc raient les articles dans une ordonnance por-
dans Home l'émolion et les ardeurs d'une tant en même temps condamnation des ou-
lutteoù cliacun devait cnlln triomphera sa vrapcs de Madame Guyon. Le nouvel arche-
manière, l'un par l'incontestable lèpilimitè de vèi|uodo Cambrai n'était point évidemment
astreint à la même loi, soit parce qu'il n'était
la doctrine, l'antre par l'admirable acquiesce-
ment doson entière soumission. Nous n'avons pas sacré encore, soit parce que les faux
pas à en redire ici l'histoire, d'ailleurs si con- mystiques n'avaient point paru dans son dio-
cèse, soil aussi par une sorte d'êpard à obser-
nue et si minutieusement racontée dans la
biopraphic des deux illustres champions (t), ver envei-s Madame Guyon, jusque-li soute-
nue et comme défendue jiar sa bienveillance.
histoire trop souvent dénaturée par les jiarli-
sans outrés de l'un ou de l'autre conlendant, Bossuct publiait son Ordonnance ïo 16 avril
100.5. Comme tout ce qui est émané de lui,
histoire au reste que le simple exposé biblio-
graiihi(iuo des traites de lîossuet, relatifs à la
quand il s'est .surtout adressé à l'^Lplise, l'or-
question, va mettre dans tout son jour.
donnancc exprime dans un noble lanpage les
enseignements de la foi, mais principalement
II
les erreurs oùse sont laissés entraîner les faux
OrdnyiJiaucesur Irsclalsd'oraisoîi. La ques- — mystiques. L'évéquc do Meaux signalait par-
tion (\u iiuirlisvic, pràcc aux iiiconseipiences ticulièrement cinq caractères auxquels il sera
de l'ardcnlo M"" Guyon, pràco sur-
et alVoléo aise de reconnaître dans la doctrine des quié-
tout à la haute j'osilion des iiersonnapes en- tisles leur égarement et les désastreuses
gapés dans la querelle, prenait déjà dans l'opi- conséquences des principes qu'ils établissent.
nion publique une véritable imiiortanco Comme conlre-poison, il promuipuait les
lorsque, par la confcrcnce d'issi/ (•2), où furent xxxiv articles d'Issy, et dênon(,Mil le^ livres
rèdipès par Hossuel, en compapnie de MM. de suspects et condamnés surla matière, en évitant
Noailles, èvèque de ('>hàl()ns, et Tronson, su- toutefoisdo nommer Madame (îuyon, dont
périeur de Sainl-.Sulpice, trente-quatre arti- troisouvrages, le Moyen Court, V tlrplication
cles sur la matière, il y avait lieu d'espérer un du Cantique des Cantiques, la fiègledes associés
à l'enfance de Ji'sus c\Moa\. pourtant nommé-
(I) Cf. Dtuitrl /liMi. d' tttiuitl. I T. I T Ft lulr. turlout monl tlclris. Knlin, il annonçait aux lldéles
Hui KfUfliK ,1 «t pâric nt.
:lr III,
une Jnstructioti plus complète et comme un
'
II
Traité SUT toute la question, publiéeen effet plus en plus la blessure l'Explication des :
lellèlrissure» (3)! L'évèque de Meaux sentit la même année, par un Bref où l'expression
profondémenti'injure: pou de temps après sa de la louange et de l'aHection dépasse la me-
mort, une amie de Fénelon, madame de la Mai- sure ordinaire à ces sortes de témoignages :
quer seulement, ce qu'il improuvait dans cet Tradition Jrs nouveaux mysti(jucs. — Bos-
ouvrage ;j 'y aurais volou tiers cliaiigciiliisicurs suet n'a point publié et il n'eut jamais l'inlen
choses pour avoir l'apiirobalion d'un lionimo tion de pul)li(M- un travail desLiné unique-
comme lui. » Un iucidciiL nouveau, parrcllét ment à Fenolon, son ami encore. Pendant les
du zèle malencontreux des amis do Fénelon conférences d'Issy, avant d'être promu àl'ar-
vint, eu aggravant la bituation, envenimer de chevèché de Cambrai, Fénelon, dans l'os.té-
ranco dojustiller les doctrines de Madame
I (I) L«llr», ou plul'ii Mtmotre. 2 aoili 1696. Voir llul. i/« Fénckn, Gnyon, avait rcdigê et remis aux codIitou-
) I
Ci, l.illrt ,|.: Fiiiol.in ti Dossuci, r. niar» 1896. (I) Ccst lu >liilc ilonnra pkr Bouuet, d'iutru oui dit i l> t'
i, JUIalian .ur I, Quirtùmt, icct. m, n. 19. de Janvier, mima «nné«.
AVERTfSSEMF.NTDES EDITEURS.
La Tradit ondes non rca ux )ni/slir/ues, que Bos- « C'est la grande mode, lui disait-il un jour, de
sueU'ailainsiinlituleeounon, fut tiréepar l'édi- trouver beaucoup d'esprit à M. de Camlrrai; on
teurconiiudesfff/iTfs pnslli urnes, l'abbé Lerni, a raison : il brille d'esprit, il est tout esprit; il
delapoussiércctdcsoublicttesoù cllodorniait en a bien plus que moi. »
depuis un denii-siécle, et publiée dans la for- Ce ne fut pas, au reste, caprice do femme
me qu'elle a aujourd'hui. Si l'exactitude, la ou jeu habile de la part de Madame do la
lucidité, la force du raisonnement ; si la Maisonfort si, expulsée de Saint-Cyr et dis-
science et, en bien des endroits, l'éloquence graciée à cause de son dévonmenl à Madame
elle-même décèlent ici encore le grand écri- Guyon et à l'archevêque de Cambrai, elle
Vîiin, on n'onbliem pourtant pas, que, dans choisit de préférence d'habiter à Meaux sous
l'intention de Bossuet. ces pages sont uni- la direction de Bossuet. Déjà, pendant son
quement des notes à communiquer h Féne- séjour à Saint-Cyr, elle avait connu et appré-
lon, qu'elles ne sont pasuneœuvre travailléeet cie la haute raison et la paternelle boute de
destinée au jinblic, assez fortes de raison l'évcque de Meaux. Elle lui avait alors pro-
néanmoins et assez peremptoiros pour avoir posé ses difTicultés sur les questions tant agi-
arrache ;^ l'archevêque do Cambrai le désaveu tées dans le moment elle le fit |)ar plusieurs
:
de son Gnotisquc, écrit à la hûte, disait-il. lettres. Bo.ssuet était prié d'écrire la solu- i
les prélats de la conférence proposée, acceijtée fi'ançais et publié en même temps que la Dé-
et puis refusée, étaient au moment de porter claration, parce qu'il importait d'empêcher la
leur jugement; que les décisions précédentes séduction du public, préoccupé alors du dé-
étaient d'ailleurs rendues, par la lettre au duc bat. Dés la première page, en quelques mots
de Beauvilliers, fort suspectes quant à la rec- précis et graves, Bossuet détermine le plan
titude de doctrine et d'intention, Bossuet, qu'il a suivi dans cette substantielle exposition
voyant danger et saisissant vite le piège,
le et les vrais motifs de sa publication. « Dieu
se hâta, par un écrit court, lumineux et pé- m'est témoin, dit-il, que toute ma vie je n'ai
remptoire, d'éventer la mine et d'empêcher rien eu tant à cœur que son amitié, .. sans que ,
l'égarement de l'opinion publique. « Ilnefawt jamais il y ait eu entre nous la moindre divi-
pas attend/i'ir le monde, en déplorant des maux sion, si ce n'est depuis ce livre malheureux. »
qui ne sont pas : on voit en quoi l'auteu/)- est à La division allait devenir plus profonde, par
plaindre : on sait ti op de qui et de quoi il est le l'imprudence, osons le dire, de l'archevêque
martyr, » disait-il en finissant. La fermeté du- de Cambrai. Puisque la cause était dès lors
langage ne doit présenter rien de dur aux portée au tribunal du Saint-Siège, pourquoi
oreilles de quiconque aura froidement et mû- remplir le monde de son bruit, alors surtout
l'ement considéré les événements et les évolu- que les expositions doctrinales et les réfuta-
tions de la question engagée entre Fénelon et tions déjà fiites par Bossuet ne permettaient
Bossuet. vraiment plus à une saine théologie d'hésiter,
ni à la bonne foi d'équivoquer? Mais il était
Déclaration des trois évoques. — Provoquée de la destinée de Fénelon d'aggraver une si-
par les assertions fort étranges de Fénelon, tuation déjà bien comjjromise en la compro-
dans sa Innocent XII et dans Y Aver-
lettre à
mettant de plus en |jlus par une ardeur au
tissement du livre des Maximes, la Déclaration combat et une souplesse de manœuvres qu'on
remettait dans le vrai les doctrines afiirmées voudrait trouver au- service d'une cause meil-
àlssy et les faits relatifs à la question. Li Dé- leure. Ses quatre lettres à Bossuet, écrites à la
claration était adressée au Souverain Pontife,
suite de la Déclaration et du Sommaire, en fu-
écrite en latin, rédigée par Bossuet et signée
rent le trop évident témoignage.
avec lui par de Noailles, archevêque de Pa-
ris, et Paul de Godet des Marais, évéque de Réponse à quatre lettres de Mgr F archevêque
Chartres, à Paris, dans le palais archiépisco- duc de Cambrai. —
La rèi)onse fut écra-
pal, le 6 août IG;)7. Mais Fénelon ne s'était sante a J'ai vu quatre lettres que vous m'a-
:
pas contenté de présenter sa cause sous un vez adressées, et j'ai admiré avec tout le
jour avantageux au Pape seulement il en : monde la fertilité de votre génie, la délicatesse
avait, dans son Avertissement, instruit le pu- de vos tours, la vivacité et les douces insinua-
blic. Bossuet estima dés-lors nécessaire la tions de votre éloquence, » disait Bossuet dès
traduction en frani;ais de la Déclaration faite le début, et il continuait à mettre en relief les
au Souverain Pontife. KUe parut vers la lin grâces mlinies du Cygne de Cambrai. Puis,
de la même année, imjiriméo chez Anisson. prenant en main sa redoutable ma.ssue. il
Dans dtjs circonstances ordinaires, unosim- frappait et réduisait en i)oussièro toutela hrii-
plc et brève exposition doctrinale et histori- lante armure du combattant trop véritable-
que aurait dû sullirc. quand surtout elle était ment armé à la légère. La fié/hinsc ne touche-
faite; dans les formes solcnnclhis de la Décla- iMit pas aux plus délicates (jueslioiis de la
ration. L'agitation dt's esprits, les périls do la Ihénlngic iiiysti>|iie, clic iv !(<< éc'airri-nif, pas
situation, et, disons le mot, grandeur du
la (lu jour le plus cclatiiiil, (|u'cili; sciiiil oucoro
déljal engageront Bossuet à un travail nou- un iliel'-d'duivre de controverse et un iuipc-
veau, où sa iirodigieuse l'écondilé, trouva le rissabio monument du plus grand style. Mais
secret d'éclairer encore une (juestion qu'on il y a [iliis: la noblesse chi caractère, les sain-
•îtait en droit de croire désormais tombée. tes inspirations de la foi, ladigiiileepiscopale.
De lii l'oiiusculi^ suivant : Bossuet tout entier s'y revélo dans un majcs-
\i. ToM. VL
AVFI\TISSEMENT DES EDITEURS.
Iiipiix écliil. N )us n'avons pas à en fournir la marquera rénexion préliminaire sur l'ut'
la
qu'on ju^je. Le cileur de Bossuet n'a pas à dans /'A'(y/(iT: admirable réponse à qui de-
craindro lis rediU^s, ni les lonnueui-s de la dis- mande encore pourquoi Bossuet mit tunt
cussion il est ciitrainc dés le premier p
:
isfail d'insisUuicc ou, comme bien d'autres le jiré-
avec grand écrivain, et s'il doit avec lui
le londent, apiiorta tant de passion dans la con-
rentrer dans une controvei-se déjà comme troverse du quittisme. On devra ne pas négli-
épuisée, il est tout surpris de se voir éclairé ger non plus cette observation de l'auteur :
d'un jour nouveau et d'être sur un terrain en- « Nous avertissons en Notre-Seigneur ceux
core ignoré. Dans tous les cas, il est constam- qui liront ces écrits, qu'ils doivent s'attendre
ment sous le charme d'une éloquence sans à y trouver en beaucoui» d'endroits des ma-
rivale et d'une émotion (ju'on ne saurait trop tières souvent tn;s-subtiles, dont la lecture
éprouver. La comlusion de la flcj>onsc nous les pourra peiner, parce (jue je ne puis les
en astun srtr garant « Après cela, Monsei-
:
onielLro lorsqu'on tâche de s'en prévaloir,
gneur, je n'ai plus rien à vous dire, et je m'en ni les mettre dans l'esiiril des hommes sans
tiens |)Our vos quatre lellrcs à celte seule ré- qu'ils y donnent de l'attention, ni faire que
ponse. S'il .se trouve dans vos écrits quelque l'attention ne .soit pas pénible. » (,tue le lec-
chose de considérable ((ui n'ait pas encore teur ne s'eirirouche pdinlml |)iis outre me-
été repoussé, j'y repondrai par d'autres sure il eslditllcile avec Bossuet d'eprou\er,
:
moyens. Pour des lettres composcz-on tant en le lisant, une peine véritable.
qu'il vous plaira divertissez la ville et la
:
cour faites admirer votre esprit et votre élo- Préface sur l'Instru^^tion Pastorale donnée à
:
mandez avec tant d'insistance. » La satisfac- Maximes des Saints. Or, a en lisant cette se-
tion ne larda pas ii être donnée, mais, pas conde explication, maigre les douces et cou-
lantes insinuations dont elle est rem|ilie. on
plus <pie la iliscussion des doctrines, elle ne
n'est pas longtemps sans s'apercevoir, qu'en
fut pas du goùl de Kenelou, comme nous le
elfet celte explication est un autre livre cons-
verrons en parlant do la Relation sur lequié-
truitsur d'autres princijtes directement oppo-
tisme. Ce|ieudanl il est d'autres écrits encore
sés à ceux du premier, et qui ont eux-mêmes
à connaître avant celui-là.
besoin d'explication. » Bo.ssuet ne fut pas le
Ecrplicalion dfs divtTS écrits ou Mémoires sur seul à en faire la remarque à Rome comme :
lelivre intitulé: Maaimes desSai)il.\. rie. — En en France il était démontré qu'une iloclrine
mémo temps, à peu près que la /wp use aux dont l'orthodoxie demandait tant d'expli-
quatre lettres, c'est-ii-diro dans les jirtîuiiers cation et dont l'explication était si éloi-
mois de lODS, Bossuel publiait chez Anisson gnée du sens naturel, devait infaillible-
letiDivers écrits. Quanti il les composa, c'était ment être l'expression ou d'une erreur ou
uni(iuenieiil sous la forme d'observations à d'un malentendu tout au moins. Et ici,
conunuMi(|Uftr à Feiielon. l'kis tard, le débat Bossuel prévient l'objection des asprits lé-
élanl devenu pubiii' et l'inleret de la religion gers qui court encore « Il faudra désabuser
:
l'exigeant, il livra à la piiblicile, après en ceux qui, mal informes de ce (jui se piisse,
avoir agrandi le cadre et développé la ma- ou amuses par des qui slions inutiles, s'ima-
tière, un travail pruiiitivumeut destine à des gineiil i|u'il de queli|ues disputes
s'agit ici
en question et sur un nouveau livre de M. l'Ar- à dire avec la sincérité et la liberté quelle
chevt'que de Cambrai, itnprimé à Hruœcl les. Pré- inspire à ses défenseurs, qu'il y va du tout
lude important, où l'auteur, selon sa manière pour la religion. La démonstration en sera
lucide, forte, entraînante, éclaire, dés la pre- aisée. » El alln d'aider le lecteur à la suivre
mière piige.lonle la sn il e do ladiscussion etllxe avec facilite, et « pour la réduire en mé-
les points h claljjir, enreduisaiilàiiuatro chefs thode » , il traite « ivs deux question^ ta :
la théorie du livre des J/ajj/dw. Lo lecteur re- première, si l'expUcaliou proposée dans l'Itu-
AVeRTISSEMlCNT DES ÉDITEURS.
tructmi Pasfnmh excuse le livre : la seconde, calme argumentation sans réplique possible.
si elle-même elle est excusable. » Inutile
d'ajouter que la réponse négative donnée à Troisième Ecrit ou Mémoire sur les passages
l'une et à l'autre question est péremptoire : de saint François de Sales. —
Déjà justifiée
mais qu'on veuille bien le remarquer, la dis- dans leslivres vui et ix de YInstruction swr
cussion en est étendue, profonde, digne en un les états d'oraison, la doctrine du
saint évéque
mot de Bossuet, digne de fixer tout esprit sé- de Genève est de nouveau examinée à cause
rieux, et attentif aux élans de l'âme humaine des nouveaux passages écrits et commentés
vers Dieu. On ne saurait enfin assez admirer par Fén don qui « n'en marque aucun qui ne
le trait final ; « Qu'on souffre donc que nous soit tronqué ou pris manifestement à contre-
opposions à des illusions spécieuses la claire sens ou même entièrement supposé. L'accu-
manifestation delà vérité et pour ceux qui ne : sation est griève ; mais elle ne 'peut être dis-
peuvent pas se persuader que le zèle de la dé- simulée, et, après tout, c'est un point de fait
fendre soit pur et sans vue humaine, ni qu'elle où l'on n'a besoin que de la simple lecture. »
soit assez belle pour l'exciter toute seule, ne Posée en ces termes, la question est tranchée:
nous fâchons point contre eux ne croyons : Bossuet met en évidence, dirai-je les égare-
pas qu'ils nous jugent par une mauvaise vo- ments ou les fallacieuses
préoccupations de
lonté et après tout, comme dit saint Augus-
; l'auteur des la même évidence
Maxinws? A.\'ec
tin (1), cessons de nous étonner qu'ils impu- il résout la question importante si l'état d'une
:
tent à des hommes des défauts humains. » âme parfaite, qui se croit damnée, est autorisé
Noble réponse aux détractious contemporai- par l'exemple et la doctrine de saint François
nes éloquente condamnation des modernes
: de Sales ou par les xxxiv Articles d'Issy.
,
A la suite de la Préface viennent les cinq Quatrième Ecrit ou Mémoire sur les passages
Ecrits ou Mémoires. Le premier, envoyé par les
de r Ecrit u/re. —Il secompose de deux parties:
mains de M. l'Archevêque de Paris à AL l'arche- dans la première Bossuet établit par l'Ecri-
vêque de Cambrai, le lundi 15 de juillet 1697, ture, appuyée d'une tradition constante, que
expose les erreurs relevées par la conférence l'amour de Dieu s'aide du motif de la récom-
des évéques dans le livre des Maximes et le pense éternelle dans la seconde, il montre
:
devoir oii étaient les évéques de signaler ces comment l'auteur des Maximes, pour étayer
la thèse contraire, détourne, paj- un abus ma-
erreurs. Un avertissement préliminaire, que
devra lire quit onque veut juger avec impartia- de leur sens naturel à un se)is étranger
nifeste,
tourné. —
Lurpremiére page fait connaître le but trine théologique relative à l'amour de Dieu
N'en disons pas d'avantage, et prions (juo la conclut, à juste titre, l'eminont thêoloption.
vérité paraisse bientôt, sans que lo beau nom
d'amour pur serve h l'obscurcir» conclusion
De nova ijuaistione traclatus Ires. — Le Icxlo
latin (lit quelle classe do Irt^lours s'u-
assez il
Mais Bossuet. coimne déjà de son temps ses et approuvés dans l'Kglise sainte Thcre-^e,
:
ninne. Il le di-clare hautement dans sa belle justement de détourner à son profit les ensei-
letlre au cardinal Spada, insérée à la (In de
gnements des mêmes auteurs. Qu'on ne s'ira i-
V Avertissement préliminaire {admonilio prx- gine pas, au reste, trouver ici une simple et
v/a;au QuietismusRedivivus, insih-ée, dit-il, non facile discussion de textes, plus ou moins bien
parvaine ostentation, mais par m'irssil(', afin saisis et présentés par Fénelon, ramenés en-
que l'univers entier saihe, et que la postth-ité, suite à leur vrai sens par Bossuet: il y a inlini-
si jamais nos écrits, à cause de l'importance de ment jjIus r|ue cela, y a de profondes études
il
mes rjue sa condamnation, demandée et at- amore puro. — Dins sa réponse au livre :
choses saintes et vénérables qu'où disait alors lieu, il avertissait les théologiens de se tenir
compromises et répudiées: mais qu'elle clait en garde contre les machinations d'un homme
impérieusement exipceitar le péril imminent dont le but unique, hypocritement masqué ,
de voirse reveiller else répandre la dangereuse était, en somme, de renverser toute la théorie
evv'ur ihi(Juiéiismt.De là les trois traités, pu- de l'amour pur ou charité [larfaite. L'accusa-
bliés verslenulieude l'année IG98,chezAuisson. tion et l'avertissement étaient renouvelés,
sous le couvert de l'anonyme, |)ar un prétendu
Mystici in tuto. —
Admirable exposition, théologien de Louvain en termes alarmés et
lumineux éclainis.-cment de lathéolo;;ie mys- en un style acerbe. Mirum, reiiondiil Bossuet,
tique, démonstration péromptoire du parfait Romam conticescere ad tantum Ecclesiœ pericu'-
accord des sublimités du mysticisme avec les lum. nrrJmn mihi dalos e.raniina tores L'iro- '
plus saines dclinitions du dopme chrétien : nie lui était certes loisible, quand surtout il
chef-d'œuvre nouveau, nous le disons hardi- était autori.sé à dire en face du public lettre :
ment, ajoute à tant d'aulreS chefs-d'd'uvre. cuUerum inflat in me classicum dominus Ca-
Les lecteurs familiarisés avec les délicatesses tneracensis nullumque non movet lapident, ut
et les arduosites des questions ici eu litige, omnes atadeinias commoveal. Qiis sive ptr im-
prêtent une attention relléi'hie à la dis-
s'ils pcritiam, sive per contumeliam dicta, diluere
cussion qu'en l'ail Bossuet, seront fra|i|)és nosoportel. Calomnie ou bévue, l'ecliafaudage
égaleme nt et de la juste&se de sa haute raison d'accusations croula bien vite sous les secous-
et de merveilleuse luciilile de son incompa-
la ses du vigoureux et terrible controversiste.
rable inlellipence. Les ralUnés de la bonne lati- Mais jilus encore que le triomphe, d'ailleurs
nité, —
classe do plus on plus rare parmi nous, infaillible contre un adversaire évidemment
— auront lieu, eux aussi, d'être satisfaits, quoi égaré, les theoloi^iens admireront tonjoure
qu'en dise d'ailleurs le modeste auteur nulla : dans le traité 5c /h)/(7 /)i luto avec l'e.xactilude de
eleganli.i',siutianliim perspi'uilatis/iabitaratio- ladoi'trine, la profonde pénétration, la clarté
ne, quocrediliilior n«stra futura est oratio, spre- lumineuse, l'étendue do ce ferme penie qu'au-
tis in locorum versione verhorum ornamcntis. cune obscurité n'arrête, qui avance comme eu
L'ouvrage établit deux faits incontestables : se jouaut à travers les périlleuses rencontres
vérité eut dans Bossuet son plus ferme et plus foule, ira regarder en face les choses et les
éloquent interprète, mais évidemment son hommes en question son regard desinté- :
défenseur inspiré par la charité que l'on doit resse, son œil clairvoyant, son jugement sain
à tous, nullement stimulé par une basse riva- découvriront la buvue universelle force lui :
lité contre qui ne lui fut jamais ni odieux, ni sera d'en croire à ses yeux, bon gre mal gré.
désagréable. » Hxc si quis a me, eo quod ean- Qu'il ne s'avise pourtant pas d'en instruire le
didius, idciixo eliam tntcmperantias dicta esse public le public' ne veut pas être instruit. En
:
mspicatur : non ifa est, iterum atque iterwm a-t-il le loisir et la patience?
fidenter in Domino dico : nonita est, ut esteliain Le lecteur aura l'un oi l'autre. Que dis-je? Il
ame alibi ([j dentonsiralum. » ne voudra pas se priver d'une double bonne
foi'tune de connaître l'histoire vraie et
celle
Quietismus redivivus. —
Après la question
:
nuation, aucun faux-fuyant,' nulle souplesse pas une siule forme de langige; rien de ce
qui soient d'un secoui-s qufli'onqno dans les qui, partout où Bossuet a mis la main, deeele
haljilclt's de la fii'pouse : elle est mise en piè- d'une façon ou d'uno autre, toujours infailli-
ces. A peine venue aux mains do Bossuet, elle blement l'aigle de Meaux. Ne jjouvait-on pas
n'étale plus quedoslamlteaux; tristes témoins supposer, si Bossuet est vraiment inspirateur
d'inio cause niallifuituse, défendue par un de la lettre, qu'il en a confie la nd iclion à
talent merveilleux et des prodifîcs d'esiirit, (|uel(]ue suiialteriie'i'Oii est d'aillem-s le ma-
mais enlin condamnée à périr sous les coups nuscrit Y Qiiehju'un l'a-t-il \\i'{ (,tnoi qu'il en
de l'inexorable vérité et d'une éloquence dont soit, la Lellrc paraissait le 30 janvier IG99.
la majestueuse llerté, l'expression diyno et
contenue, les éclaii-s étaient encore sans pré- Réponse a ua: Préjugés décisifs. Une chose —
cédents. A ([ui serait en quête d'un modèle nous frappe, en étudiant l'histoire de la
dan> les ililllcultes d'une réfutation, on ne sau- grande lutte entre Bossuet et Fenelon c'est la :
nier, ce (jui ne répugnerait pas (J), soit ([u.', tous les événements se rattachantà sa c lusele
engage si avant dans la lutte, il ne voulut aeinoiilieiii, amis et ennemis en loiii foi cha
lai.sser rien sans repli(iue. Mais, outre, ([u'il cun il leur manière, relie est, à la veille de sa
ne fut pas dans les lialiilndes de Bu.ssuet de condamnation, l'invincible conllance de l'ar-
guerroyer à visage couvert, (jue la lutte avec chevèiiue de Cambrai.
Feuolon était alors et assez éclatante et assez Bossuet prend en main les Préjugés, totirne
et retourne les feuillets du plaidoyer, il exa-
Cm qu»nd nou» »»on» rclii In apprA-
mine, il cUerclio s'il y a une pièce nouvelle
ligne» .'talent écrite».
(1)
clUlon. d» liauiwl liùt dt léwlom, III, | L»ii
\ Cesi » n en .
p»» croire»» y™«. Le ni.blo cl calme tcad' inlrjcn cincu-nn» au dossier rien de nouveau. Kn deux mots:
:
tlr»l le» R'mntiiur, olli» « >ll' litM ijwn, r.. granir pr.rli'. V" " aux préjugés
le-tonnei, fH..«niel .irolf pinci la reiulatiom à il brise le frelo échafaudage, et
biWfrtu à ./' ott II )
époque, au mois de février suivant, selon tou- personne de Fénelon regrets amers de voir
:
Fénélon venait de présenter au public Les Les Réflexions ou dernier éclaircissement sur
principales propositions du livre des Maximes la Réponse de M. l'Archevêque de Cambrai aux
des Saints, justifiées par des expressions plus Remarques de M. de Meaux, écrites par Bossuet
fortes des saints auleu/rs. Bossuet ne déposera en mars 1699, inédites encore avant l'édition
pas plume En finissant ce petit ouvrage,
la :
Vives, terminent, en dehors de la Correspon-
dit-il fm de la Réponse aux Préjugés, il me
à la dance, l'étonnante série des œuvres produites
tombe entre les mains 'un écrit intitulé : Les dans une controverse à jamais mémorable.
principales propositions, etc.; et il en donne C'est le dernier coup de massue asséné par
immédiatement la complète et victorieuse ré- l'hercule chrétien sur la tête sans cesse re-
futation. Il ne
pas encore terminée, qu'il
l'a naissante de l'hydre souple, tortueuse, vivace et
devra repousser un nouvel et double assaut :
bien autrement habile enses rephsetenses dé-
Pendant que j'acfiève cet ouvrage (Les passages tours quele fabuleuxserpentdeLerne. L'image
éclaircis), etquej'enprépare lasuite, sielleesten- du combat est peut-être amenée de loin elle :
réduites à leur juste valeur par les Passages résolu, peut-être déjà prononcé. » Le décret
éclaircis. Que le lecteur n'appréhende ni re- de condamnation des Maximes des Saints était
dites, ni ennui il peut avec assurance mar-
;
porté en effet le 12 mars 1699.
cher dans le sentier battu par Bossuet son :
illustre guide lui ménage des spectacles nou- Relation des actes et des délibérations de l'as-
veaux et des aspects inapen-us encore. Et, semblée du clergé, relatifs à la condamnation du
arrivé au terme de la course, il conclura avec quiétismc.— Ces pièces sont ici reprodudes
conviction « Ainsi tnus les embarras dont on
:
comme complément historique à la longue et
tdc/ie d'envelopper celte question en multipliant bruyante question du quietisme. Le lecteur
les passages des saints auteu/rs, disparaissent voudra lire particulièrement le :
c'est vouloir éloigner la décision qu'on attend, a Nous avons eu la consolation tant désirée
ot
quo do ne le laisser pas parhu- le dernier : tant os()éree de voir .Vlonseigacui l'ar clievé-
c'est déjà se conlrrdire soi-nicme (|U() de , que de (-aml)iMi .se soumettre le jiri'mior,
m'ecrire lettres sur lettres, et ou mémo luuips simplomoul, ausolumoul, et sans aucune res-
AVERTISSEMENT DES ÉDliEURS.
tnVtion on aioiifnnt mr-nif; flopiii»;. f|in'liiiift
:
eienx, soucieux ju<5qn'?i ne plus rcst-^r «n
pensL'o qu'il uil |iii avoir do sou liviv, iin'il repos, alln de parvenir à la elaire iuluitio i
reiioii'iiit il son jiii;i>mHiit pour se conformer d'un dogme précis, d'une snbtilitethéologique,
sim|ilcineiit ji relui du Souverain Pontife.» ainsi qu'ilvous plait de l'aiipeler; et vous,
Et l)if'n loin <le voir avec une comiilaisance chétifs,vous pleinemfintignorants îles choses
mondiine, ai)attu et brise l'aiitai-'Onisto des de la foi, vous passe/; distraits, indiirérents ou
ficrrs liiltcs jiasscos, il le montre <lans toute misér.iblement enfles de je ne sais quel bas
la «loirodt^ sa lldéli* ohé ssau -e, il en présente mépris on do quelle arrogim-e devant ce
avec un saint onlliousiasnie, ii l'univers chré- grand s|)eitaele du génie en quéto des vérités
ti(;n, le siiectacle élo(juont : « Les ennemis de (jui seulis fo it rtaoïiiour ol seront toujours
l'Efjlise, si attentifs aiur dit>isinns qui sem- l'inv nciblo et nécessaire sauvesanle de
blaient s'y élever, peuvent voir par cet eremplc l'homme Diiis tous les cas, vous le voyez
1
:
doctrine, l'aiiuiescemenl aux infaillil)les dé- Bossuet rhéteur"? Non, non les llnes.ses et
:
crets de l'autorité divinement institm-e (I). les calculs de l'éloquence linmaine n'ont pas
Aux incroyants la réplique est aisee Quoi : I de ces accents ils sortent du cœur. Jamais
:
vous avez en faci' les deux plus grands génies envers un liomme odieux, le génie lui-même
dont s'honore la France, vous les voyez sou- n'inventeraun pareil lang.ige. S'il est des es
ci. V..ir liil /lO» ..f ir </..i. /i.ii.f. tcitioil XI, II. », où U . ..c-
pritscapablosdepeuseraulrouient. ie lesplatnr
Ycli'i'i c (iilmiittblomvni la iném« ('«iimA
OEUVRES DE BOSSUET
DEUXIÈME PARTIE
CONTROVERSE
QUIÉTISME
DE NOVA QUiïlSTIONE
TRACTATDS TRES
mine defendi ,
I
B ToM. VI.
, ^
MYSTICl IN TITO.
pli. in i;:aiuli liorli qnaliior inodis, sive adhibilis duni isUini agendi rationem, sublato scilicet dis-
Lracliiis ad hauriendain aqiiam cxputeo, sivc cursu, quem in reliquis aclionibus, adeoquein
lola- u|ic, si\f |)(rli'vt'sa(|iKinliicliis; qiiibiis run- vid^ari oralioue adliiberc soleinus. Uuanla au-
nibii.s iiit'sl iJinpiia iiidiistriacl labor; poslieino leui hic inlcrxeniat reruin el quam subila mu-
per pUi\iam : » lliicus(|iie , iii(|uil, ad alias ora- lalio, facile inlelligi polesl ex quœ discursum
iis
liuiR's |iei vcnirc |)ossiiiiius noslio labore, posilo coniilari et conscqui soient: h.ncc aulem oninia
uuxilio Di'i, sitic quo perspicuum est ne boiiaiii subtrabunlur. lla-c illa. Jaui de superiiaturalis
qiiidoiii logilalioiieiii uliaiii inosseposse iiobis." a|)pellalione , cuui ea ouniia plena sint apud
Uœc ulciim poslea lolam rem reterl ad Dei
iila, ilieresiani, bic indicanuis lanluni ex Vila cap.
auxiiiiim, inleliij^aiiius loqiii de aiixilio qiiodaiii i'J ex Via perfeclivnis, cap. 25, 31 etc.
; , , aliis
cxlraordiiiario , sine quo bœc oralio lieri nullo innumcrabilibus locis prœlerniibsis >.
modo possil.
CAPUT m.
4. llaque in Via perfectionis sic hahcl, cap. 23:
. Possiiimis, inqiiit », aliiiuid ex nobismelipsis eadeni oralioue quœ est quicludinis ex
1. In
ciiin diNiiio auxilio iii bis diiabus oralioiiibus cap. 13, u ulenduui aliquibus precalionibus, vo-
inenlali el vocali : sed iii conleni|)lalione ((juai calibus, si lieri polesl ^ » ubi clarc supponit :
est ipsis>iina oralio (piielis aid iniioiiis) , niiiil non id seniper lieri posse lum in ea oralionc :
oiiiniiio possiiimis : Uoniinusliic agit soins : ejus u Ucuui (luuiia agere, eamque esse velul som-
uiiius est quia islud opus supra nalii-
opus : el nuui IriuMi lacullaluni sivc potenliarum, > quae
ram ea nuiia pars est. »
est, iialuia? in taïuen non suut penilus consopitœ 3 : ea enim
5. Kursus in Vila sua, cap. 12, de unione liuul corlis gradibus, « et tauien facullales ibi
quielis, de qua loi el lanla niyslici docucre, et sunl incapaecs applicandi se alteri rei quam
«juam sancla ideo vocal tbeolugiam inysticam : Deo^; » ibid. cap. 10 : Sunt agendi in capaces^;
hune suspendit quod, inquil, ncnio per sese : Omnis sensus (imiltitur "; ibidem, « sed tempus»
Icntarc debel, neque conari ut inlellectum sus- ubi anima cujuscunque rei imaginandae est in-
pendal ; sed cuni Deus suspendit illuin capax, esl brevissimum neque bine aliter quam :
ejiiMiue l'uncliones tcnet, luuc plura sine sistil : sensim sine sensu revocatur. Sal lamcn longo
discursu ac raliocinio intelligil: » lin suspen- temporc anima remanet stupida velul jumen-
sioneiu iulelloctus quoad aclum discurrendi, tum iulerduui poleuliaîitasus|)ensœ rémanent,
:
eanique altribulaiu non contenqilandi habitui, ut quid agant, nesciant ". » Ibid. Ha>c aulem
sed peculiari cuidaui operalioni di\iua; agit : oralio a sancla recenselur inter cas qu;c nmltis
auten» procul dubio de oralionc liabiluali et communes sunt, el cerlœ cuidam régula; subsint.
cerUe regulie suixiila. Antccpiani vero uilerius
CAPUT IV.
per^anius, aduiouenuis nos lue .scijui accuralis-
siiiiaui babitaui \cr&ioneui \ii'i illuslrissinii An- 8. Sancla ilcrum inculcat, cap. 20, « transfor.
dillii, cujus nota (irobilas el crudilio : buic niationoui illam, (pue lacultales jirivat ouniibus
ergo iidiiereuius, eo ipiod non salis calleanuis fuucliouibus, esse brevissimam : esse tamen alias
nobilisainiani linguani bispauicuui , qua suucla diulurniores inipolenlias 'J
: » quas inler expe-
virgo prseslat. rinienlo couipi obai i, Spiritum spirare ubi vult :
CAPUT 11.
neque aniniam inliliigcre quidquam, iiisiid, in
illis nullam suam esse parlem '<>.
6. Ibidem, cap. 14, ait < inlellectum non ali- 9. « Inlerea, inquil ><,litin anima quxdam
ter agere, quani certis iulcr\allis, lanupie subli- abslradio sInc sepaialio (gallice, dctacliemait)
incni esse eaui oralioneiu , ul necpie |iiicibus , ad quam niliil cuulcrl, quoniam Domino piacct
neque laboribiis, neque panileuliis coniparari auimam subito elevare. » Ibid. cap. 21 : et
possil : oporlcl ul eaiu del Deus'' : >< di\eisis.si- cap. 2i, cinn oralionem cœpisset a rcprœscu-
«
niis sciliecl nIis ac alias uraliones : nnde saiicla talione cujusdam m\sterii passionis Clirisli.tum
virgo passini el in onuiibus paj;inis suiiciiitilura- vero si Doiniuus elo\arel menlem ad subliniius
lem appellal, non (]tiud alla' oraliono non sint ali(piiil, niliil se obsislere, ac Deo duci scse per-
supcrnalurales ex pritieipio graliic supernalu-
,
niitUre ". >>
Ui'o loco oslendil excelsissiuiis illis
ralisorta' elad supernaluraleobjtcliun elevabe; opcralionibus quanquam illa: per scse eiici
,
• Uticm. dg It (lorf., cli. ib, p. 09. — > I tr, ch. 62, 63. — > Vit, p. 95, — • Ibid., p. 93 ' Ibtd., p. 98. — • /4 p. 99. —«Ch. 20,
eh. U, j) 71. p. 116.— "Cil. 20, p. 117. —" lli. Vil, p. 12J. —
,
non possunt, interdum tamen obicem aliquem nariœ operationis illa momenta brevissima; de
poni posse qua de re in Ira agemus.: quibus etiam vide supra (cap. 2, 3 et 4, n° 6
•7.8).
CAPUT V.
10. Haec quidem sufficerent : et tamen miri- CAPUT Vin.
fica \irgo id addit aliquando contingere, « cum
est in solitudine, ut se esse comperiat in impo- 15. Beatus Joannes a Cruce is est, qui de con-
tenlia cujusvis efformandœ cogilationis de Deo> templatione sive oratione passiva, lioc est quie-
aul faciendœ orationis ', » cap. 27. Quo loco os- tis sive simplicis intuitus, quem amatorium seu
tendit hanc impotentiam spectare ad orationis mavis amorosum vocat, accuratissime scripsit.
slatum et habitum. Ait aulem imprimis eam vel certissimam nolam
H. Subdit hœc postea : « Deus imprimit menti transeundi a slatu medilalionis ad contempla-
quanidam sui reverenliani longe diversain ab ea tionem « cum quis aniinadverlil se non posse
,
quain per sese anima liabere posset 2. » Ibid. medilari, neque operari per imaginalionem * » :
cap. 38. Inlellige per sese cum gratiis commu- qua voce excluditur, secundum stylum auctoris»
nibus et ordinariis, ut ex antecedentibus constat, ipsa operatio discm-siva ; quae ex decretis scholae
n*^ 3, 4. peripaleticae , quam post sanctum Thomam se-
rcs : (]mid sancliis (iiK^pio Aiigiisliniis, Crcgo- qiie ailiiiiralio earum rorniii <|uas \iili-| el audit»
riiis, licniardus,Thomas, alii(pi(> sompor incul- ade(>a|iparenl aliéna' ac \olul ex li n nnpio ve-
canl. Ar;;umeiilo aulem sunl diviiue exiraurdi- nicnles adeoipie : liiec operalio abslrahil aiiiiiiam
' (ni a7. |) 100 — ' r.c, c. 38, p. '^ai. — > Chcm. la ptrf., • Mont <iuC«riu., I. Il, c. 13, p. 7a.— ' llrit. c 18, p 7». —
t. T, cl 31, p. 091, ou, Ole— • Rolot., p. 283.— » Vi', •I, p. 1».
' lli., c. 14. p. 74. — * DhiciiPD miil. I l.c, 10, p. 1»7. —'IM., p.
— •
Cil. m, p. va. a 66.— ' Obu-.ire iiiul, I, i, c. 6, p. 276, 377.
MYSTICI IN TL'TU.
viiii siiit, (|iiati'niisnnima ad haiic siiigiilarilaloiii 2i. ILxe igitur prima pars est doctrinœ beati
niovcliir ''.
» non coniniuni
Claicl cigo aniiiiain viri Joannis a Crnco sccunda vero pars, debre-:
bnsad cam oraliunoinaclis nc(|iie obesl, quiul : Jam quo sensu illa impolenlia supematu-
25.
illa impcleiiliaflf/ liabilus ijunlusque defcclum vc- babealur, idem auclor eo conslare docel,
raiis
/eralur^ : .simili oniin inlcrvciiil illud iin|)edi- quod aiileialurab an'mm connaluralh, acdiscur-
niciiliiin ipiod vidcimis ex parle ipsiiis Dei; in- siva operiitiu'' eliam opuspio/>ni labonx,
'
ce.ssel
Icrvcnil eliam Deus passive
illa opeialio qiiam « iuduslnœ. : cessant denique « pro-
et coualus'='
infundit, ila ul nec illa im|)cdire, nec cliam pria; operationes, hoc est, illa; qua; exercentur
acquiicre anima illa possil » adeo absolnla est :
proprio labore, induslria,acquisilione, discui^su,
hœc \\n a communibus graliis undc cliam pas- :
et modo connalurali > qux omnia cum sancla <>
:
sini cxlraordiiiaria ac supenialuialis dicilur*, Theiesia ac bealo illo viro miiilice concinunt,
co scii.sn qiicin diximus, n''6 cl scq. alquein horuin bcatoruin prolereudis locisidem
22. Cœtcnim inipedimenla illa, illas impo- auctor lotus est.
tenlias, adcoMlemplalionis aclualislempus dun-
CAPUT X.
laxat revocandas, doccl vir bealus ipsissimis
26. Incrcdibilc dicta est, a mysticœ scntentiae
verbis, lolo libro pas.sim, maxime vero ubi ait,
tnc-dilalioiiein abirgandain (|uidoin « lolo illo
professure, lot myslicorum, quorum defensorvi-
deri velit, lesliinoniis experimenli.sque lullam
lemporc quo Deus largilur hune simpliccm ac ,
culiie Cl rlum est. Ibec exscribo ex \ersione rum, hoc est probalionum statu reperiatur, ha?c
accuralissima I'. Cypriani Caiinclit;« discalceali, verba demonslranl « In eo purgationis statu :
c. 85. —
Ifi, p. /b.d. 16 et 32,
> 86, MT, de. —
e. Mont du p. • 10. — • Instniciion (iir lo rt«ti d'or., I. IX. — ' Obscure BUil, I.
Deum (et modo quo solebat), nec interesse di- torem, et Ludovicum a Ponte ejusdem Ballasa-
vinis magna ciim animi attentione » (eo atlen- * ris Vitœ scriplorem , summos theologos ac
tionis génère quam sensiis ac discursus expri- spirituaies vires, a D. Cameracensi sœpe cum
mit, ut palet ex anteci'den[il)as). Vide quam a laude appeilatos. Hanc Vitam ex versione galii-
vero absint, qui negnnt ia oi-atione passiva seu cana rcferam.
quielis ac simplicisinluilus, impedimenta divina 30. Itaquc Ludovicus a Ponte incipit a duplici
quibus ligenlur l'acullates, affectus, discursivi génère « orationis mputalis.quarura altéra pro-
actus, et eam orationem lam
exlraordinariam ad cedit per viam ordinariam ; altéra per viam
gratiam communcm omnibus
justis, contra magis exlraordinariam, paucis connnuuica-
mysticas tlieologiœ décréta imo eliam contra sua, tami. » Prima autein « maxime pendet a nos-
ut mox videbimus, revocandam putent. tra induslria, provomente gralia, sine qua niiiil
CAPUT XI. bonicogitare possumus. » En ab ipso principio
27. Sanctus Franciscus Salesius de divinisim-
duplicem graliam, communem alleram, alleram
pedimentis agit, occasione venerabiiis Matris exlraordinariam conimunicatam paucis, nec ai)
liquet non
ex liabitu provenisse, sed ex sin-
id
decim aiinoriim laborem, quibus exaclls, cum
«
mysticoi'um expcrimcnlorum asscrlor, ii)se vi- 33. « Ihec igiliir oralio, inquil», ea in re sita
derit.
erat, ut coram Deo consliliierer per pi\Tspnliain
' Ch. 3, |). 3 Inslr. sur les élnls d'or., I. ix. ^ Ll». »n,
ep. 2a.— ' licnl do la M. du Cl.anl., Ce, i^iit. ri,c. ïl. — » Instr. I
Vio du P. D,alt. Alv., c. 2, p. 11. - liif n. ?i. —
' VI» Ju
,
scparalionc mnti\uriini propriicoinnuidi, in qiu» lem ' » non aulem perfcctos c?se volebat sine
:
nunc aiictor nosler qiiiiilum suum gradum, id amore puro: ergoinamore pnroorationemqua:
est pcrlfcliiuiis .st.iliim collocal. ad pcrfeclionein ducerel minime collocabat ;
34. Ail eiiiii .sl.iliuii cvcclus, arranas voccsplc- quo vel uno aCameracensi in immensum dislat.
niiiKjiie auilicliat, ° qiiibiis clad iiitiiidi coiileinp- CAI'LT XIII.
tuiii l't ad aiiKirctn laUiiii iiiritalialiir, cl roiuc- Gersonis (jnidem oralionem (|nieli8 sive
iO.
heiiilehalur si ab co oralioiiis (;eneie dellcclc- conlemplationein ad gralias gratis ilaias<lisf rie
rcl '
: » qiiîi' saiic siml i-xtiaonliiiaria. refcrcntislucuin saipciddiiximuscx docti>simo
35. Sed cxlraoïdiiiarimiiliiijiis slaliis ^ in ccs- libellocui litiiliis: aLlucid.itin scliolasticatlieo-
« salione distursus, » et illc niaxiine, cl Vilœ logi.T my-liia; *. » Jacibi aulem .Mvaris Paz
cjiisscriplor rcponehal ': « pcr pi.Tsciiliam Dri ha.'c verba sunl' «Oralionem 5im|>licis inlui- :
raii possil \ Ui">"'l""i. '''' aniniain pâli divina, nis gradum pcrveneral, licct oralionem melho-
quod etiani sancto I;:rialio parcnti suo contij^issc dieam ac meditativam sivc discursivani necdum
narrai , ejus<pic ici pralia a sutnnio |)ontificc prrelcrgrcssusessct, ac supcriorcm gradum ne-
nrcessario inipelralinn. ut a Hreviarii prccii)MS qnidein cognoscercl, cl pneclarc secum agi pu-
iniiTiinns cssel, proplcr extraonlinariani iliain laret ciim solatiis alquc aflectibus inbxrebat ».
vini (pia viclns ac snbactus, ad oraliones vocales Dcniqnc clara voce Icslabatur" srepc « eosqui
prosilirc velarctiir. « per vim et ipso ralionis apicc » divina; se vo-
37. Solebat niilem P. Alvarcs diccrc *, cum lunlati conjungcrcnl, antecellerc < aliis qui illa
Dcus « discnrsum antenet. » lune signum esse quieludinc i> et cxlraordiiiariis molibus Irahc-
dritnin, « Itenin velle es.so doniinum » singidari rentur : alqiii absurdum cs.sel perfectiores esse
supra disonrsiiinonuiem opcralionc qnani
illa et possc qui minus caslo pnroque amore leneren-
vidinms: qnod signnin a H. quoque viro Joannc lur : crgo illa quictudo non est in puro perfec-
a Cnicc dalnni leginius o. toque amore .slalucnda.
38. Ncc minus observain dignum P. Ludovici 42. Idem sciitiebat sancla Theresia, cum di-
de l*(>nle pronuntiatuin illud. non esse niiran- ccrcl' » non i)eiidere perfeelionemab illis graliis
duni si linic aiiiiM.e continuant cxlascs, scicn- <•
cxlraordiiiariis, cum miilla' sincla" animre nun-
« lia aliaque exlraordinaria: quod cl
infusa ', » qnam cas acceperiiil, innila' aeeeperinl quœ
ipsc de se P. Alvarcs in sna Uclalione rncinora- sanctfc non fuerunl; imovernqui laboiibusac
bat, visionescpie iniap:inaria.s et intelleetuales, quisivere virlules, mei ilis es,so |)olioies; » quod
voialus(pie mentis, ut consueta referebal. ap|)riinccum B. Salesio congrnit.
3i). l)eni(pie ante onniia observatu dignissi- 43. Ilnrsus cadem sancla virgo mcmorabal »
innni istud a P. Alvarcs singulari ipiodam edito • sibi notos cs.s<', quos Dcus ejiismodi graliis dig-
scrnionc niemoratuni adversus iiluminatos, nbi narctur. quibus carere mallenl, si id in sua yo-
cornni « reiireliendit errores i|uo<i negarcnl sine Icslalc relinipicrelur; » quod profeclo non dice-
oralione menlali possi* (picnKinam cs.se perfec- rcnl de puro amore, quo c;irere vellc csl im-
tum, nequc ad id sufficcrc orationcni voca. piuin : longo crgo discriîninc ba'c babebanl.
' /s., r IM. "»• — ' " .r ly. 138, c. 14, p. 140, 14Î. 143, '
/^., p S&S. — 'Conïlfl T. — «T. III, />• p«tA, 1 ». «p J. C.9,
144. — > Vl« du p. U»lt.,cli 16. p. I», 1*7,413, 468. rtc— <
/»., p. IWl. — ' In», «ur 1»» fUU dor., 1 .1. p. ISO. 1S3, 8. Kr.
r. Vie d<i
F. Ah., p. 146, 146, 163, 166, 107. d4 ramt, «• deiD., c. 9, p. TW. —
• làU-
PARS I. — MYSTICI PALAM OPPUGNATI.
44. Item asserit * ad summam perfectionem tan tum quos misericors Deiis ad gratiae statum
pervenisse quamdam, quœ nedum orationes ex- evehat, illa (confemplatione) potiuntur. »
traordinarias assecuta esset, ex oratione vocali 50. En contemplationis donum inter gratias
narias, de quibus diximus, in puro amore, quae templationis animi suspensionem » notât ' ut
« ;
c. «, p. 823. — ' /ni(., t. II ; Thtol. myil-, e. 3, p. 10, 1«. — ' /». p. 171. —« /6.,p. 201.
8 »n'STICI IN TL'TO.
facnlbites. seu ratione ac virfiialitrr tantnm : ut 6t. Qnare certissimnm est nnllam fWs.se Tel
profcclo luce ad involven-
sit clarius, non nisi levissimam causam, cur laiialismi accii'^rer :
datn spiritiialiuin scnicnliani Sclioiœ opiiiiuncs et sanclissimos niysticos. i| .sam imprimis The-
omncs saiicli spiriluali-s iino ore docucrunt, ralione noslra ', et auctores a|)pellaNiunis qui-
bus facultatum suspcnsio niteretur, Gensonein,
< niliil magis tcnicrariiini aiil pcriculosuin futu-
Tberesiam, Joannem a Je.su, Jacubum Alvarcni
nini 2 : s quod cliam alibi iirgel.
Paz, Franciscum Saiesium, atque liis nunc ad-
8". Sic novus iste piorum in}slicnnim asscr-
didimus Joannem a Cruce ac Ballasarum Al-
tor, non modo coruni abjicil decretiim cortissi-
varem. lla?c quidem refert auctor; quid autcm
mum, de suspensisac iigalis divino irnpcdiincnlo
rcspondcat, opcrœ pretium crit intelligerc. Ta-
in statu et oralionc passiva aniina> racullatibus,
Hs aulem responsio est « Facile probatu cssel,
Terum eliam illis gravissiinaui tcmchtalis nutain :
88. Nec verctur idem auctor mihi passim scilicel illos auclores et alios mjsticos, in ora-
impiilare fanalisiiuun 3, ipiod illa iiniiedimenta lionc quictis, divina illa discursus im|)cdimenta
tli\iiia ac lacullatuin aniiiue suspeiisiones agno- ncscissc , neque eam orationem rcvocassc ad
veiiin ; (piod ciim ego scnscrim, saiiclaiThc- gralias gratis datas, quœ nt)n modo niliii faciant
rcsia' oinniuiii(|ue nnsticoium dura et irrefra- ad Jusliiicanlem graliam, verum etiam cum
gabili auctoriintc duclus, nun ego sed illi lana- peccato moitali starc possinl? Facile, inquatn,
tisfni arguiintur. probabis, eam orationem, qua; cum peccato
Al forte auctor in eo vim facit, quod ego
i>9.
morlali slare puro amorc consistere,
jiossit, in
concesserim illaiii orationem, eiqne conjnncta purumque illum amnrem cum eo peccato posse
impcdiiiieula (!i\ina, in venerabili maire Joanna conjungi hxc, in(|uam, facile probabis, oui
:
que in eo prœlatos habes assentientes : quœ tibus? Verbis eorum teneris : negare non potes.
nostra qiiœstio est. Fatearis ergo necesse est a te unam myslicorum
6S. Adeo aiitem absnmiisab eo, ut in arti- prœlermissam nolam, atque eorum, quam ex-
cule IS passivitatein illain explicare velimus, tollere veile videaris, spretam auctorilatem.
quœdam? unde vcroorta, nisi ex eo quod anima diicclorem qui ha;c se perlicere posse credi-
videre non possil id quod « Deus ipse « sublia- dcrit!
hit, suffuratur, occulit Tuo crgo te gladio
' ? » 12. At enim : « Cum animœ cnipiam .sua mu-
jugulas : et ut me fanatismi arguas, non modo tantur exercilia, non propterea eiilem indicalur
Tberesiam et alios, sed etiam teipsum (pudet, eam esse amore perlcctam, sicul nec diacono
abl pudel) lacis l'analicum. cum ad sacordolium promovelur. » Nec cogitas
mulalo exercilio, medilalione suMala, (li>ciirsu
CAPUT XXII.
inlerdicto, simul iiulicari purissiiiuim aiiinrem
68. Sane D. Cameracensis vult a se meinora-
sine quo ista ex te esse non possunt: nequc
las très illas cclebcrrimas tiansitus ad contem-
uiluin est simile signum ; signiim. iiiquain, ^acti
plalioncm a B. Joaimc a Cruce prtcciarc consti-
in promovendis ad oniines. lia'C orgo miUauius,
tutas notas: « Nempe, » iM(iuit c, « objiciunla
et a te laleamur ncgiectas illas notas a spuilua-
me prœtcrmissam inqiotenliœ nolam. » Cerle id libus tradilas.
objicinnis. Ostcnde vero quid de ea dixcris.
« Dixi enim solum, inquit, ex discursiva ora-
CAPUT XXIV.
lionc, animam non tralicrcsuccum, nequc quid- 13. Prœsulis responsa vidinuis ; nunc ne quid
quam aiiud agerc, quam ut .scse distraiiat ac probalioni noslrœ desil, objecta audiaiiuis. Sunl
languorc conliciat. » Ccrte id solum dixisti. Die autem hujusmotli. Prinnim « B. Tlicrcsiam. :
sodés, an Joamics a Cruce alii(iui' mjstici id so- septima in mansione, as.serere animas ej us slali.s
lum dixcrint, non vcram iuipulcnliaiu aguovc- nulliim experiri am|ilius ra|ilum, (|ui contra or
rint, suspensis scilicet animi diviiia (juadam dinem n.iliiric suspciulat iiilclleclus voluntalis-
operatiuuc ac pcr iuqicdimenta diNina laculla- que lacullales ^. »
'
M«ï. (1rs snliilk, p 211-1. 'JU). — » I(.|>. ù l.i n.'cl p. 108, 109.
— — uo.— «Ma»
— ' MuK. .les sniiiLs, p. lt,7 — ' Jt>., p. 07, b9, 90. — ,
» Jb., p. 89.
I
Jb.. p lao. ' /»., p. 40. > Ucp. à la DtcU, p.
— ' lU'p. A la Dccl., p. 13H. 139. d«s ttinti, p. '.iOli
{0 BÏYI^TICT IN TUrO.
7i. Altcnim : « his suspcnsionibuseverli sys- ginatio indere consnevcrant ' » Quin eliam in. .
icma piirrp fiiici pioriim omnium mysliconim, tellectus opcrationon perturbai animum; quia
«
ac inipiimis It. Jivuinis a Cnirc '. » Omnipotens, qui crca\it illiun, ejus suspendit
"75. Teiliiirii : hanc fiilci ohsciirilatcm nulliim actionem, hincque inlueri latitiiin id quod inlus
mlmiltcre Imneii cxlraordiiiarimii, luillaiii cx- agilur quasi per rimidam qnanuiam ^, » hoc est
traordinariain aut miraciilusain inspiralioiiein ', actione intima, teiitii et exsili, vixque sensibili :
tcsie codcm B. Joanne a Cnicc. « tum vcropotcntia;,» quatenus magis afficiunlur
76. Qiiarliim : « Sccimiliiiii cumdem aucto- sensibiis, « manenl non cx>iincla; quidem, sed
rcm ab hujiis statu aniiiial)iis cxslascs, visiones, operalione nulla r.sensibiU scilicel) et quasi alto-
rcvriationcs, comuiunicationcs inicriores volun- nita; rerum magnitudine. »
taric rccipi minime o|)oilorc ' : » cum, codcm 81. Capite deinde (luarlosic ait: « Dominas
nuclorc leslœ,in fide nudissima atque obscuris- animas iiiterdum ad suum naturalem rc- sinil
Tt. Ouinlmu : admiticre illas facullalum sus- Denique, « Deus solus potesl hanc indulgcre
pensiones niliii aliud esse, quam » contcinpla- graliam, et quicumipie noster conalus essct inu-
lioncm passivam, (juœ ex se lihcra est et nieii- tilisé; » intcllige conatum ex communibus gra-
toria, cum pialiis gratis dalis conlundere; re- tiis (ul sup. n'* 3, 6, 23), alioqui nihil dicil. En
pupn.inlibus sanctis, qui dicunt nunquaiu his quoi operationcs exlraordinai ias, quoi rerum
gratiis vohmtaric occupandam menlem *. » Hœc iniracula inducat in eam mansiouem, a qua
sunt igitur D. Camcracensis argumenta quinque, omnia extraordinaria arcerc voliiissc fmgilur !
ad quœ resolvenda nunc online procedimus. 82. Uuid ergo dicendum ad eum sanctœ lo-
siinmansioneseptimajam nullasuspcnsioest, ne
quoad exlerioresefleclus » quod posteaexpo- :
tionibus et experiinentis praeparetur, quibus id nem quietis ac simplicis intuitus, sive passivam,
anima vel maxime doceatur, ne supernaturali vitœ spiritualis magistri quadam amoris vi m
gratine obicem ponat unde ea gratia, superna-
:
reponere videantur ? In promplu responsio est-
turalis licet, ut B. Theresiam, Joannem aCruce, Amor quodam sensu ipsa passione constat, alio
omnes vifœ spiri-
Baita.sarum Alvareni, aliosque sensu, actione, imo eliam vokmlalis electione
communi consensu docere vidi-
tuaiis auctores vera. Sunt qui ameut volenles, illecebris amoris
mus, tamen non eodem modo extraordinaria libère consenliant, seque ullro ac tola voluntate
est, atque exstases, aliaque qidbussensus omnis amori ipsi Iradant tum amor aclivus est. Sunt
:
secundum illos beatos auctores nihil tes. Id eliam in divinis habellocum. Verus amor,
quietis,
premi , nisi discursum qui christianis actibus vera charilas virlus est et virlutum perfectis-
non est essentialis, cum, teste propheta et Apos- sima quœ eliam a theologis vera dilectio vo-
,
tolo, justus fide vivat, quœ non est discursiva, catur, vera ac deliberala electione constans ;
ut passim theologi docent : unde hic Christiano unde etiam dilectionis nomen passim apud Iheo-
nihil extraordinarie adimitur, nisi ille discursus logos. Est aulem alius amor seu potius altrac-
quichristianœ vitœ, ut chrisliana est, non est tusad amorem impuisu divino inflammanle,
necessarius, caeteris integris et consueto modo instigante, ad amandum illiciente, aut eliam
currentibus: quare merito asserit nullum hue quodam modo pertrahenle. Hœc vis improprio
aliud aUvehi lumen prœter illud nudœ ac sim- amor dicilur; meUusillecebra amaloria dicere-
quae discursiva non adeoque tur :vigel aulem in oratione passiva. Cum vero
plicis fidei, est,
nihilde suo amittit sublato discursu, imo vero ei prono animo ac voluntate consentiunt, lit
ipsa dilectio illa juslitîcans atque perficiens
vel maxime ad suam redigitur nudilatem, sanc- ;
tamque obscuritatem, nihil ex discursus lucc quare hœc sola non prior illa justificat; aliud
siveaconlemplatione, adeo non exciudit gratias gerc. Uuœ nos a spiritualis vilœ magislris tradila
hic obilerannolamus; tractatuvero habito, seu
extraordinarias, ut etiam in statum pas- eum
continualo, de statibus orationis copiosius ex-
sim admitlatinterioresvoces nonnisi ab extraor-
dinaria inspiratione piolectas* admittat eliam :
sequeraur. Nunc ita sufficiunt.
12 MSYTICl IN TLTO.
dixiniusauferri « imlcfinile libcrumarbilriuiii, >. 94 Hffic autem et ista per se sini;ularis inau-
dila?que temerilatis sunl, et bilhint certissimas
sed taiiluin ad cfriTlnin siispcndi (liscmsus,
iti-
t.id)lralialiir; id eniiii lolo opère a^,'il U. Tlieroia, lira?cipiles, uti supra nicinoratum est n" 07, G9.
id Joaiini s a Cruce ul las animas rc^'aid. alque 9o. Quod anteni oralioneiu exliaordinariara
De Uralione auleni .siiiiclis qiKKpie inaccessam et S|>eciali vocalionc
oplinux' dircclioni snl)Jiiianl.
co, ul cni- indij-'eiilcniinipsaCiiarilalis perfectione cousti-
duininica, nsrpie adco al)siunns al)
(piani snlilralialur, ni cliani « |)a.sMvis.snnis, » si tiiil, contra omninm spiiiliialiuin sensum, utvi-
cerlostatnannis Inlo lil)ro m De stalibus oratio. oinnia incommoda in nostra Deciaialionc co-
piose recciisila', rcsponsis auctoris alibi, Deo
niA'2. libni (jniKpie x, inicr xxxiv Arlitulos, vin,
Qnare,
pra'scrlini n^ 36.
juvanle, i)crspicuc releilendis.
cllil). vin.pas^ini, ac
96. Vides, candide Icctor, quid illis evcniat
qnodcMMKjne liic niiln ac sjiiriUialibns aliis im.
qui se caMeris pra'starc velint : nempe existima-
imlalin-, niera el aperta caluninia esl in uic; et,
quod gravins, in s.inclos.
vit anctor se ad summum mystica; scienlia' devc-
quod a me indefi-
nissc, unum • s" esse scilicel a quo » vel maxime
91. Delilierosane arbilrio.
ha^e diserte dixi^
« s|iirituale: vir i
'lelligi » se senliant, unum se
nilc snblaluni insinudal, :
ineracensi aperta di-crepanliaesl. l*riunnn,(piod térât. Unale aulcm illud sit, sequentia deuion-
abi llisoundiins sanclis inio ore a^iùladi\ina ini. strabunt.
pcclinienla loll.d: deintle. quod sancloruui doc- CAPIT XXX.
triuan), lenierariain, periculosissnnan, suspec- Quod ad « passivitalcm » atlinet, D. Ca-
98.
taui , r.iiialicaui(|Ue décernât: deniqnc, qno,i meracensis duo perçasse convinciliir primiini, :
15, 11» 'll.elc., 45, etc. iii()uam,ac sulus, nullo liiiius ici addiiclo nue-
li»t. %ur les rtaU d or., I. vu et x. — ' Inst. lur les étiU d'or., tore : quod eliain illis veibis coubliUl in lies.
. III, Mil et X. —
' lo., 1. tu. — '
76., I. X. — » Jieip-ad Sum.,
f 72 Rp. h Udéd , p. 39».
'
IMcl. — ' Mnx . Artrl., p. ••
PARS I. — MVSTICl PALAM OPPUGNATI. 13
poiisione ad Declarationein positis : « Facile pro- « voluntate tua prœstitisti decori meovirtutem',
batii esset aucloiesqiios citant non faverc eonim cum nempe abundanlia sua :Non
iixisset « in
seiilenliic I.» Quod quideiu si tacite prol)atu es- movcbor in a-ternum:
illud eveiiit « Aver- » ad :
set, non id pivTterniilteret diligeidissiinus sut tisti faciem tuam a me, et lactus sum
contur-
tiiendi artilcx, cuni in eo Iota sit conslilula dif- « batus 2. » Cui concinit illud « Avertente te :
99. Sane confiletur sanctos mysticos poste- vitœ spirilualis magisler Theresia aliisque ,
rioris aetatis, « quamdam impotentiam » agno- prœslantior.ad lilteram bœc sunii vetas.
visse, sed « quœ ad litleram accipienda non 101. Quidni aulein tanti viri, si tanfa sunt
a sit 3. quid cnim necesse est vim
» Qiiidni ? horum impedimentorum incommoda, si tanta
facere sanclis ut eos a nativo sensu alistralias ? peiicula quanta tu jaclas, quidni sua dicta ipsi
quo auctore liœc aggredeiis queni addiicis vitœ ; temperarunt? cur Tbcresia bœc dixit quœ libruia
spiritualisauctoreniqui tecumscntiat?i:no,quein aperienti nunc succurrunt « In tam exceiso :
appellare potes qui non tiJji clare adverselur ? statu anima discurrere, necsivellct, posset " » ;
Ego vero, qui ab bac scntenlia discesserit, qui quo quid expressius excogilari potuit? Cur aiii
non base divina impedimenta docuerit, novi ne- paria milliesrepetebant, ncc animas sibiab alto
minem. Audi virum prœstantissimum ac san- commissas, ac suam impotentiam nimis déplo-
(titatis odore florenlem Olcrium « Status tuus :
rantes compiimcndas pularmit nempe, ut tu :
manifesta impotentia est, in qua Deus te illis doctioi', nova liœc temperamenla primus
lenet '*. » Ruisus « Reddittuas facullatcsnatu-
:
solusque reperires ?
rales inutiles et impotentes ad ilii servicmium.)) lU"i. « Al per illam, inquit
', mysticorum im-
Rursus « Transirete oporlct per ariditales, per
:
potentiam, intelligcndum est gratiœ illecebram
languores, perimpotentias. » In alia epistola &: tune esse tam validam, ut anima a se id impe-
« Tuum amaniU des-iderium (quatenus sensibile trare non possit.ut ab ea se abstrabat; » lioc
est, et in sensus se exerit) impeditur sive sistitur est, vix potest ; a^gre potest. Nempe idTberesia,
superiore potentia, ac pra-sentia Sponsi siien- id Eianciscus Salesius, id Joannes a Cruce, et
tium imponcntisinteiioribtis facultalibus. » Ite- alii viliB interioris principes' nesciebant : « vix »
runi: « si Sponsus sineretagcre s[)ousarn,quid illud ignorabant; veram iinpolentiam, vera im-
non tune loqucrctur ? » Nempe suspemlit ama- pedimenta divina propîiissimis verbis ad ani-
toria quœ a discursu pendent, qu;e ad sensus marmn laqueum expriniebanl.
veigunt: « Ut anima agnoscat, niliil se esse per 103. Quod autom iteriim reciurit auclor » ad
se quam ariditatem, quani impotentiam, (ptam Scliola; pra\jiidicia, lalsaiiupie pliilosopliiam ?
languorem ac ca'citalem, quœ in ea lestat bis supra luculenlissimeconl'utatimi esl(ii0o5},coii-
subtiactis auxiliis". » En Iktc impedimenta di- l'iitata ea, quœ ex me ipso niilii ipsi objicil de
vina piis vitœ spiiitualis magistris quam sint la- coulinuitate actuum, dei|ue libero arhitiio in-
iniliaria, qua; tu tanquam noxia ad lilterani detinite sublalo, et aliis bujusmodi (u'=- 50, (iO,
L
,
14 MYSTICI IN TUTO.
ino, sed aiiclores maximos, quos tantum ex- plicare sinebatur, ut cum postea prosilirent, di-
s ii|isi, .iiMlacissiniiisccnsor cirporc aggrcdiliir. viniores es.sent î
10.';. Al('\cn> (iioprie rO(iielici)(lil citqiiod at- 109. Neque profeclo necesse eral, tôt paginis,
iilerim oxciiipluiii aiigclorurii, ul OsUMiderem lanto sludio probarc usum meriloriuni lit)eri
sine iliscursii liberum arbilriiim >larc posse : ari)ilrii, non esse scmper ab cxstasi rajjluve
« Ncnipc, inqiiit ', si D. Meldcnsis dixisset an- aliennm quis enim id ignorât î aul oui non
' :
gelos sine <iiscursii fuisse lihcros ad rnercndum, notum somnimn Salomonis libéra sapienliœ ele-
iccAc sed, aiigclos \n prœseiili esse ad iiieren-
:
clionc celebeiTinnmi ? Ca'lcrum snfiieiel)at in-
diim liberos, sine reslriclionc dicliim, luliiera- tcrdumai)rnmpi lilteri arbilrii nsnm, mullosquc
iiismiiin sapit, ac iihcriim a coaclione tantum inessc aclus non magis ad illud pertinentes,
adniillit, suldala indiflertMilia. » quam moins primo-primos: quod a neminc ne-
iO(). K(pii(lcni pnlaiiain, oliain novitios tlieo- gari posse, ant unquam ncgalum esse constat :
logos larile inlellfcliiros ijua'sliimis slatum, sed lia?c in meo de Slntibtis oralionis libro nec-
proiil in Scliola passiin insliluilnr. UuiiM'il ncnipe dum Iraclanda susceperani : ccrta, concessa
sancins Tiionias''^, cl posl enni llieolugi onincs '•
nlrnni olim fiieril, Luibcro lavebil Ln auciipia ! exce.ssus, quibus ipsa sibi cxcidat, nec sui sit
Nerbornui, et Scboi;e leniiinosa lanlo majjislro compos, Dei revelalionecerlum qnonsque per. :
ca (le le dubital ? Adchixi in exempinm exslases collocant non proplerea legeni imponebam
: al
et ia|)lns Im'o ad inlentum meiim sullicit,
: (jiio Deo, ne quanicumque vellel |)assionis divinaî
ni iiiteidum, non semper, adinialnr liberi arbi- partein iniperliret suis quod facli inquam : ,
,
tiii n.sus qnod ne^^ari non polest. : ex|)crinienlique est non Iradilionis , aOD ;
slilalem populi elamitair la-deret, ac dicerct: nem quielis, aliasque cxlraordinarias atque pas.
I\'on rerordubor ejtis, neqtie loquar itltra in tur sivas, Siinclo Francisco Salesio, alii.sque spiri-
mhie illius " ? annon inleiea scnliebal incuin- lualibus ab Ecclesia receplis, approbalas, e.sse
i)enlem sibi vim iilam proplielieain plane ine. admillendas. > Quam aulem oralionem quietis
luclabilem 7 Uuid, cinn dicerel : Fnrlus sum sive passivam Franciscus Salesius, Theresia
(luasi vir elirius, et quasi liinuo mailiilus a vino ; Joamies aCruce, aliicpie approbarunt, iiisi eam
a fiicie Domiiii, cl <i furie i<erl)cn-um sniiclorum quam illa myslica ini|)olenlia laceret ? aul qui
ejus"^ an ciatsni compos, agebalcpie (jnod vel-
:
suntalii ni\slici, qui de ea oralione tracLirint ?
let ?U"'d K/.ecbicI, enm ad einn dicerel Doini- nulli proleclo. Eoru m eigo oialioncm i|)siauc.
mis a Kece eirennidedi levincnlis, » el non te
:
lor approbavil, ipiam mmc, si l)eo placcl, terne,
« converles a lalere tno in lalns aliud » ? i an
rariam, periculosani, lanalicam vocal.
Icclo sic allixns per tpiadra^iinla dies, innalo in 113. Nec minus iiic notalu dignus 2:2 Issia-
corpus sunm \igcbal inqierio? On'id sancins Job? censis arliculns ; " Absque bisoralionibus cx-
an qnaH'nn(|ne prolulit proprio dixil arbilrio, el Iraordinariis (passivis .scilicel) inler .sanclos rc
non aliéna vi tenelialiir vinclns nec per cerla ;
cen.seri, el ad perleclionis apiccm devenirecpiis
momcnta eximius iiloss|iei ac pielatis aclus cx- polest. » Neinpe allmlebatnus ad Francisi-um
— — — Salcsiiim, ad iliercïiam, ad alius id perspicuf
' /'- p 31 ' r«rt. I. q t>9, nri. 4. > Di»., p. 31. < Iiut.
—
,
ris, industriaeque propriae, auctoris mentem ex- meditatio ex naturœ est viribus, non cœlesle do-
ponamus, recolenda paucis ea, quamretulimus, num, nullaque est divina operatio, nisi ea quœ
spiritualium concors senlenlia, desuspensis ani- discursum excludit. Hoc autem est aperte hœre -
mi facultatibus. Primam ea de re audivimus licum nec minus ab auctore assertum, quam
:
magnam Theresiam (n. 34, etc.), et alios toto ex ipso viris spiritualibus, sanctœque Theresiae
priore arliculo passim, prœsertim vero n'^ IS, tribuendum : ergo et ipse tuetui- hœresim, et
16,23,24,23, 28, 34, etc. Actus autem ilios sanclis sph-itualis vitae magistris impulaii co-
proprii laboris et conatus, non alios esse quam git.
discursivos, ex iisdem spiritualibus tôt testimo. Nec minus haeresim sapit illud « idquod
119. :
laboris sil. Hoc ergo posito, si D. Cameracensem nem naluralem tantum, non eliaui manilest»;
ab ejusmodi actibus abhorrere evincimus, pro- ad peccatum ac viliosum aclum pertinere cum :
Responsionis, Bruxelli.se.xcu.vL-, adversu^ libruin 120. In hune impingil scopulum dum proprii
cui lilulus Summa iloctriiiœ, elc, qua appen-
iii
idcam cam iiilormal, qua- grali;v sn|)ernalnrali
dice lia;o Icgimus 2 ; , in Ucsponhione ad De- sit opposila; rioc inleliiyit, (piaui diversis .scnsi-
claralioncm abuiide probatur, actus propriœ bus proprium appcllolur. l'riiiiuiii eniin iiaiiet
indu.sliiœ, propriiquc conatus, esse evidentcr in qua'vis anima per lilRMiiin aihilriinn, teste IVr-
Icxtus actus naluralrs, anxioset sollicito.s,
libelli tulliano 2 : « suum et ernancipatum a Doo bo-
quibus anima graliaai auteircsalagit. Undecon- '< num, silque proprielas jam boni in homine »
a perleclisuliuii)erlcctioncmampulari
sla!, illos ox potestalc « bornim ut
arbilrii, (piai elliceret
posse juxta nostrum arliculum Issiaconsem, 12, « proprium » ut homo iiisliliitionc quidom,
:
qui propriam iniliislriani ilicilexprcssissimccam « sedcx volunlate jam bonus inveniretiu-, quasi
proprielalem, quK, si sanclis auctoribus ac D. « de propriolale nalura-. »
Bernardo credas nullatenus est supernatuialis. 121. l'rocul ergo abeal ilhid, -l proprium nc-
gcums id omnc quod supernalurale sit. Procul,
' Mu. d» «alnU, p. 20&, 210. — ' Sesp. ad Summa, Apnendir
Il . .
p. 73, 71. I
U Cor.,ul 6. -. î Tort., AJi: Uan., I. ii,c. 6.
r
.
16 MYSTICI IN TOTO.
ut ainpnlari posse crcdamus qu.'u iiisiinl « iiohis >• cenarius propria trabi cui)iditaleconv'incitur: >
ex noliis, > r|iio posilo oiiineiii liluMi nil)itrji rclicto bono comimini qiio dilalamur, animus
usiim aiiipiili'imis. An cliaiii obli\i>ci nos i>|)()r- constiingiliir, coarclatiir : in proprietale, at-
tcl Augiisliiii loties inciilcaiilis soloiiuie illiid : « que ideo in singulaiilale » versalur; und-
t Conscntirc vcl disscnlire, jjropriic volimlatis cxslat angiiliis « ubi sine dubio, sordes, riibi-
csl '?» lit ipsiim pro(iriiim incssclibcro arbitrio « go » incsl illa cnpiditas a qiia secundum Ja-
:
nos ex no ismctipsis salvos licri naliira aiiiinne : « piiam pra-tulil voluiilatcin. » litec illa « pro-
est a seipsa iinpelli : incilari, ôpfxàv 3; r, nndc prietas, ii;rc impiiritas est, quain auctor mis-
>>
eliam illiid a tola piiilosopiiia (cletiraliini; ex lionis sive impeiieclionis lanlum, non autcm
hoc definiri libcnini ailiitrium, qiiod sil causa inordinationis appcllat 3 qui maniTcstus est :
sui : non lamen prima causa, ut s;iiicliis Thomas cnor;cumsit aperte crronemn, si iniiocuum,
limitai. Non ergo rcjiciendiiin iiliid (|uod nobis ac lanlum inipcrfectuin réputés id in quo « sor-
sit ex nobis; sed qnod ex noliis « lan.
sil ti des, rubigo, propria cnpiditas, Icntans, abslra-
qnam ex nobis : » quod causain pi imam, nccad « liens, illiciens, lex propiia » in qua « aliud
aliain superiorem causain relercndiim sonat « plus qnam Deiis ila diligilur, > ut communi
(siip. n. 118). legi propria volunlas pnelcialur.
1:23. lYustra cr;zo anclor hidit '•
passim de illo
CAPL'T VI.
Aufiiistiiii loco a nobis lolirs alie^alo : « non ad-
juval Dcus nisi sponle coiiantem s, » ex propi ia
127. Falso ergo pr.Tlexlu a D. Cameraccnsi
sciliccl « voliintalc, • in ciijiis poteslale sit con- sanctorum s|iiriliialiuin excliisa proprielas, sivc
1;2l. Quorsiim ergo ilbul proiiriiim, ad imper- pra:lextus vidimiis'' alterum, ex eo quod pro- :
«propiiam mercedem, propria doua, propria in in quocimque actu, ac vel maxime in aclii virlule^
« corpore gcsta » (boc est projiria mérita) « sivc eaqueCbrisliana, pra'dilo, illa est liberi arbitrii
pcr .se a naliira csl, nec aliesl a iicrlectis, ncc aniiiii jiarle prolecto et imperato, nec lamen co
supernaliiraliims donis o|)poiiitur, sed eoriim minus edito, gratia; oiieraiilis alque aiiimum
subjecliim et fiindamenttim est : cuin naturain ipsum in scsc refleclcnlis iiilliixu?qucm actmn,
supponal gratia, non loilal. di.sciirsivum scilicel, onmiiio loUerc a vila per-
1:2."), An ergo pillas, in(]iiict, ba^c ignorari a fectorum, purum puhmii]ue fanalismum sapit.
Hernardinn provo-
120. Qiiippe ad sanetiim
jinra' lidei peniliis nudic et obscura*. in qua tan-
aulein bic memoral aiictor, eacsl in ijna « mer- abeiiiiin, ciim ipse ranatisiniis non nisi exlraor-
— Srom — diuaiia iiiipie.ssione c.nis.are possit. lacilc aii-
' Pr ./.ir tl 1,11.. c. M. n. 60. » . I. TU > «., |. ri.
— •
Rf. t la O.rl . p »3 — ' »» i>ecc meril. «/ rem if., I II. lem jiidb.it auctor a se able^a.am a peileclorum
c. 6, n. «. — • I Cor , 1», », »M. 7 , Il Cor., v. l'i. — ' A/'!l\
xxv. 10. — • App p. 74. — • liput., Ad Gui)., n. S, 6, t. I ; IH
,
nisi illam ordinariam communem omnibus mabus ostendat. Ergo voce tenus inspiraiioncîn
juslis. Ergo procul a fanatisrai « impetu et in- communem admittis ; rêvera introducis exlraor-
« slinctu » abest. Hœcille. dinariam comraunis gratiœ nomine involutam,
429. Sed profecto non omnia suaboiia fide, palliatam, ut in nostra PrcffntioneGa\\\csi adver-
ut oportebat, cxposuit tacuit enim « gratiani
: sus Instructionem pastoralem adsti-iL\imus '. »
« actualem » cam « esse qua Voluntas benepla- 135. Ex bis igitur liquet, introducta inspira-
« cili nobis hmolescat 2. » tione particulari ad singulos casus. et simnl su-
130. Quis autem ex theolog:is id unquam blatos actus proprii conatus atque.industriœ 2,
somniavit ? quis gratiœ actuali id tribuit, ut ea etipsum fanatismum sub gratiœ actualis nomine
nobis « voluntatem beneplaciti, » quœ reruin latenter inveclum imo vero palam, si rem ;
eventus ordinet, dct cogniîam? nempe ejus sen- ipsam, si vlm ipsum verborum attenderis.
tenliaenullum auclorem appellat, nullum ap-
CAPUT VIII.
pellare potest.Que ergo nova doclrina, nisi ut,
sub gratiœ actualis nomine, involvat inspiratio-
136. Actus autem
proprii conatus ac proprii
laboris hi sunt, qiiibus vigeat illud Davidicum
nem illam exliaordinariam, pcrfeclis revclan- :
aPcrfectœ animœ, pnerorum instar, se possi- cana, et quid in uncupioque casu agendurn no-
i)is sit, ostendat. Haie ergo sunt quœ im|.ro-
dcri, instrui, ac moveri sinunt in omni orca-
sionc [ler gratiam actiialcm quœ illis spirilum bemusibœc sunt quœ pe.ssinnmioiium.possiuiani
Dei communical Confuse tuncdictuin «de •. » gralue exspeclalionem ; pcssimuni fanatismum
Spiriln Dei » nunc autem in Imtructione
: inférant.
pnslorali |)alam revclatum eo quod, cum no- ;
13S. Ouœrit operosissime auctor subiilissi
tilia voluntalis beneplaciti sivc singnlarium mus», quid saiicliun Augustinum voluisse arbi-
evcnluum per graliam actualem indita, simul Iremur, cum diceret :« Non adjuvat gralia nisi
cxeral se sjjiritus, quo in omni occasionc, p(=,r- sponle conanlem ^ ? » Anuon enim. inqiiii,
feclœ animœ ca ([uœ ad cvcnlus singulos sint cliam sponle conantes Deus pra-venit
, ? Unis
agenda discernant. enim id Ihcologdrnm ignorai? Illud v(dt Angu-
13i. .lamgraliam aclnaleni.ctsicam onlina- slinns, non cs.so, ul sponle coneunn-, cxspcclau-
ri.im cl couimuncm oninilms ju.^tis millics no- dam graliai palam .se oxcrcnlis opem non ; esse
miiies, nulla lainen a le purficios ut rêvera non '
Pr-if. — ' Rr. n. l'fl — ' Ptnl ycT.'i — ' rtnt. i.txxvii. 14.
— Mil»., p. OT. —'Cap. :t, 4. h. M. ir. 11», r.; iinq. — ' i.o^.
'
^VPt P- 'îi '^. '"'• — ' '"»• P«» < n- ••• — ' Max., p. 0% W. — à lu D«ol., p.9l,»i, —
'l(>.,\\9l,9l.— 'Ilipfec. mer., I. il, «p.
' Ini. pon., «bl »U|>. — ' Mai., p. IM. — •
74., p. ÏIO, 1!17.
B. ToM. VI.
L
18 MYSTICI I\ TUTO.
reprehendendum, aliquid cxspcclari ex se, ex auclor excipil, niiiil c.sl. « Hic, inquit ', miiari,
proprio conatii, ex pro[)ria indusliia non ; milii liceat ;quodanlislesperspicacissiuiuseteru-
esse •voces illas proprii conalus propriœquc , dilissinms, in libellocarpendo sibiipsi ailco in.
induslria; ad scmipclagianos ablcfiandas ;
non dulserit, ul bar proférai vocibus absolulis, et
fuisse rejicicndani iinivcrsiiu « jusliliiP proprie- sine ulla reslriclione, aut temperamento vana- :
« lalcm ' " liljcri) arbitrio et propriis coiialibus que est exceplio de prs'cepli casu, qui in prœ-
ncccssario conjunclam, iil dixinius 2 : luec nos ceptisalfirmalivis raiissiuuis est,ac vix unquam
Auguslinum seculi, in novo syslemalc erroris ad cerla momenla revocandus (juo (il, ut ani- :
tibiis natiii'alibnsexslinpiiondis ila laboranlcni, uœ 2. Verum non adverlil gravis monitor vocem
ul onincs ])ariler noslros |)nipri(is conaliisexslin- « ad cerla momenla, » semel al(|ue
illam nieani,
guas. Cuni cnim a naliiralibiisconalibiis. super, ilerum inculcalam. Unis enim sires ad momen-
naluiales internosci non possini, subialis uni- la redigalur, ijuis cerla momenla assignaverit ;
perfeclis excludi jubés œlcrnœ bcaliludinis ac ut omillam consilii res, connubium, cœlibalum,
promissorum quoque amorem naluralom, quo lolum direclionis ordincm, cleemos}nas absque
sub liluld dcmonslravi 3 necessaiio dcveniri ad gravi illa nccessilale faciendas; quibus si adtli-
exstiii;,Mieu(iMMi oliam supcrnaturalem qui a ,
deris rcflexos aclus supra memeralos, cauliones,
nalurali disccrni nulia induslria possit : sic
lecliones, graliarum acliones, reliqua ejusmodi
eliam in aufeiendo conalii nalurali laboias'', ut innumerabilia, vides impulsibus parlicularibus
60 sublalo miilum dciniio conalum proi)iium nibil esse sublraclum.
snpcresse constct ac nihil pcrfectis suppetere;
143. Pergit^ : « Si banc propositionem in ca-
pra'ter insliuclum faualicum.
suislœ cujusvis operibus legeret (Meldensis epis-
mœ peileclœ, cuni sint pcr sese indifférentes ad maleria Summus Pontifex Innocculiiis XI se\e-
actus direclos aut reliexos, hos cdunt cum vel ri.ssime condcnmaveril. » Novieqnidem noviet :
prœceplum ad id uiget, \el graliie alliaclus Alexaudii Vlll. <le pra>ceplo amandi frequeiu
impcliit : » lua'cepli auleni easus urgens ad re- lando diligenlissimnm sanclissimumque decre-
flcxos aclus vix ac ne \ix quidcm invenitur; liun bis obscculus pra^ceploium alllrmantinm
:
ergo exspcclaiidus ilie. (iiiem \i(limus, gralia." cerlissimam legeni in meo (puKpie Calecbismo
acluabs divinum indicanlis mo.
l)en('|)laciliun Iradiili non ijrojilerea momenla plerumque in- :
lus: nidla prudenlia> adhibenda, sivc ad" dicari posse. aiil ego aut quisquam bominum
ratio
graliariuu acliones, sive ad lecliones pias, sive credidinms. « Magislrum jevereor, iiupiil'. et
ad cauliones vila; hunian» lot inler pericula sileo me enim vobiil hoc eliam nominecom- : >>
nccessarias, sive, quod est maxinuun, ad virlu- liellalum al ego graliis aclis id unum snpplieo, :
tum uilio cl propria .soilicilucHne incilanda slu. ne mibi falsa inipulenliir : neve, quoil uecpie ego
(lia. In bis, qua> vel poti.ssimam faciuul vihe neipie ipse cerla illa momenla pra'ceplis af-
Chrislianaî i)aileni, non reginiur ralione vcj (irmalivis assiiinare |)ossimus, ideo puro mani-
prudenlia, sed iiislinctu et iuipelu: quod ad fa- fcstoquefanatismosingula momenla, instincli-
nalismum ducil. bus, impulsibnsque parlicularibus, insuper
liabila iinidenliie Cbrisliana; ratione, relinqua-
CAPUT X.
nms : quod unum egissc me ', prolatœ objec-
442. Quod autcm pra?ccpti casuni bie el alibi tionis verba teslantur.
« Riip. i la Ddcl., p. 66. — > Cap. 3, 4, U — ' Prif. — < Vil. iii- •
p. 9!l, U7 eid. App., p. 33, 80. — ' Summa doel., n. S.
terC;.i,ilcn scripU, J'rff. — * Mnx. tics MiliKs. p. UT, US. — '
//).,
r. à. App.,
;
AmiCVLUSlU. — De contemplatione : ibi quo- cendi lacultatem'. » Ergo nova, arcana, inaudi-
natisiao tribui.ex his verbis pateti : « Id quod '(at de puro amore et contemplatioue continua : »
in directione cssentiale est, hoc est, ut nihil sicqiiidem alfirmat autor^; sed falso : agitur de
aliud facias qiiam gratife sequi singula vestigia ;
quibusdam ritibus ac mcthodis exercendœ sive
iisque te finibus coerceas, ut sinas agere Deum, assequendœ orationis continua*, quantum in hac
neque unquam de puro amore verba facias, nisi vita l'as est, deque ejus rei gratia frequentando
ei, cujusjam unctio cor aperuerit illi verbo quod psalmo Lxix,2 Deus in adjiitorium, cui connec-
:
adco durum est animabus adhuc sibi adliœres- tantur variœ et quodammodo perpetes cogitatio-
centiljus, quodque eas in scandaluni perlurba- nes : de his, inquam, agitur tantum.Lege, lector
tionemque conjiceret. » Ergo purus amor is est, diligens, relatam a prœsuîe Collalionem ^ ; nihil
quem docere sit velitum; non hic valet illud • De Gersone autem, ab eo suppo-
aliud reperies.
« Quomodo audient sine prœdicante^? » Deiins- nitauctorvitam mysticam in puro amore collo-
lincluisoli permittenda res alioquiturbœ, scan- catam'i; quod lalsum esse conslilit (art. 1, nO
;
dala ineliiclabilia orientur : quod quid aliud 40) omnino quicunque theologiam mysticam
:
quam fanatismus est, ut etiam alibi denionstra- occultandam putant, ii procul absunt ab ea rc-
liun3? ponenda in puro amore qui supra tecta prœdi-
candus. Quare quidquid rcspondet auctor niera
CAPUT II.
vitililigatio est qua contempla merus nobis ad
:
443. Ad hœc tergiversalur auclor, neque quid- ineundum puriamoris exercitium l'analismus rc-
quam aliud ; id eniin ait inlelligenduui « de qua- linquitur.
tere de lus verba lieri ad quemquam : totuni re. neni personalem cum Christo hominc in imper,
linquendum Deo sinendum ut agat prout ipse
: fectis statibus celebiatam, cum ad ipsum Deum
volueritexspectandum attractnm gratiœ actua-
: anima pcrvenerit, omittendam ^ : in summo per-
lis, illius scilicet anlea explicatœ : atqui hœc ip_ gradu, quo anima refluit in Deum, to-
i'eclionis
sissima sunl, quas nos mero instinctui ac fana- tam cam esse immersam ac pcrditam in Deo, ita
lismotribuimus. ut amittat etiam omnem visuin Del a .se percep-
146. Quanquam nec loci Patrum allegati ad il- tum; ctquamvisdisctinctamcognitionem, quan-
lud arcanimi quidquam faciunt : nenii)e ailGre- tumcunque exiguasite » quoatirihuta omnia, :
gorius Nazianzcnus de illo Pauli auathematc^ persomia; divinœ, adeoque ipse Christiis excludi.
« ausum aliquid esse Pauluni et se quoque aude_ tur. Hue accodit illud « animam, abjocla per :
re»; » ergo illud arcanum est qua^ illa consc- : totos dccem ac viginti annos oinni cogitalionc
cutio? rem maxiinam, rem ardnam Grcgorii de Cliristi stalibns, onuiem eornm virtutcm in se
Nazianzeni verba indicant; non ijrol'cclo arca- reperire, etiamsi i)cr totam viam omiii visu dis-
nam, quam loti plehiexplicabal, idque tribus lo- tinclo Cliristi careal ', » nec de eo loquatur aut
147. (Juidaiitem Clirysoslomi locus, ex honii- que mediis (hoc est Ghiislo ipso mcdialore) iiten-
lia 16 ad Romanos, abauctoreallcgatusîNcmpc diim.ciimad lincmpoiveiiliimesl *: » ipioeliam
istud: « Oi'îi^hDmilia praîccdentcdixisset, magna necesse sit vigere « liilem uiiam (jua' iiullam per-
etsupra natura;captum qiia\jam dicluruscssi>t^ ;
toctioiuim et altribulorum di,sliiicli(mi-i;i adiiiil-
majora, et longe magis cxsupcranlia omncuidi- tat. » Ilaic igilur est uovoruui spirilualium doc-
' Mnx. dos saint», p. 35. — ' Jlom., x, U. — ' Dccl., Pnef. — ' Chryt., hom. 10, in Ji/i. ad A'om., inlt., ubi siip. — • H*p. 1 U
< n^ii. A In Dicl., p. 11'.'; Inbl. pas., n. 20, p. 44, 61. — » Orat., 1, DM., p. 113. — • Coll., X, c. 8, 9, 10. — • Rip. à In f.écl i;- —
l. I, p Ji. — * l'ri-f., scct. 13.
» Insl. sur loj étnU d'or., 1. II. — '/*. — » /A. — • /i.
,
20 MYSriCI IN lUTO.
Irina :ila Molinosiis, ita Malavallus, ilavel maxi- ^^diva sit.Ergo conlcmplalio pura dircclaquc esl
me falxi proplietis illa, ()ii;l' apiid nos dux qiiic- illa qu;c « volunLirie >- Enlc lanluin abslraclis-
lismi fiiii. Hicauleiii (jiias twciisalioiies aiiclor, simooccLqtclur, ncc cjcleris objeclis ideisquedis-
(jua; fiilcimciita qua'siveril, nuiic oslciideic ne- linclis, « nisi oflcrcnle Deo, el ex impressionc
cesse est. graliaj » singidaris.
loo. Al ncgas a le asscrtam « impressionera
CAPUT IV. illam graliic singularis; ncgas cxclusam pro-
priam cicclioncm <. > (juid igilur signiticat
1?)0. n.Camcracoiisisli.TC vcrhasiint' : « Con-
illud conlenqtlalioncni « volnnlarie » (luidcm
toinplalio puia cl dircila, iiCi.'ativa est in cocjuod
non nisi illimilata et abslracti.ssima Enlisralione
non sosc occnpt't volnnlaiip ulla siMisiliili idea,
occupari , cœlcris vero objeclis non nisi « im-
nna^iine nlla (li^lincla ot noniinaliili : scd supra
pressionc gralia; el ofTererde Deo? » Uu'd est
oniiio scnsil)iic cl (lislindoni sola idoa puic inlcl-
illud, inquam, oHerenle Ueo ? annon Deus ofl'ert
Icelnaii cl aljslracla Eiilis illiniilali. » En ip^ilnr
illam quo(]uc abslraclissimam ralionem enlis?
qno « volunlaric » conloin|)latio pin a diricLujiic anniinilliinicrvcnitgraliaîconnnnilis inq)rcssio?
occnpetur. annon inlervenit omnibus aclibus, et inler
ili\. Hic anclor duo lacit : piimum, ntdefinial conlemplandum et exlra conlcmplalionem ? Si
conlcmi)IationiMn pnrani et direclam csso nega- non ergo liic aliud postulas, si non impressio-
livarn deinde, ni doteat (|ua ex le pi.Tcisc ne-
:
ncm gratis singularis inlcndis, plane vacat
galiva inlclligatnr : ni profoclo conslel conlcm- illa gratiic imprcssio, quam hic singulalim
plalionom, qna' non eo modo nogalivasit inipu- re(|uiris, et aclui animre « sese voluntarie » oc-
rani, lioc est nnslaniaUincconiposilam,indercc- cupanlis opponis.
lam(|ue habcri. ioG. oAtenim, inquil',nonexclusi propriam
152. Hic anclor cavillatnr in inmc modum 2 :
eleclionem » ea voce scilicel, faleor al vero
;
:
imagine scnsibili. idcaqno nllailislincla. » Con- tiam aclnalem omnia singulalim omnique
,
cla'»; » cl tamcn occnpari aliis qnoquc « objeclis impressione et impcln agalin- (pio lit, ut :
si
al(|nc idcisdi^liiiclis'i; » sed si Uens ofleral, co- Cbrislns tanlaque illa objecta ip?a contcmpla-
((uc animam adigal -i illa im|)ressione gralia* »
lionc non sali? per sese digna vidcanlnr. Id ergo
aclnaiis (piam \idinms; qua qnippc l)cncplacili bonus Deus avcrtal a nobis, quod puri quie-
volnnlas nobis innolescal. (Suj). ail. 2, cap. 7, tismi esl, ut vidimus.
no 2" cl se(|.)
CAPUT V.
loi. Kalsum eigo illud quod diris" : « Con-
1')8. pcrfcctisanimabnsncmpccon-
Jam t|nod
Icnqdalio pura cl dirccla <|uando(iue ncgaliva
IcmiilalncilMis snblrahatur Cbrislns, b;ccvcrba
esl, quandoquc non csl; <> conlra cnim dclinisli
anctorisprobaid: oAninia; contemplatrices pri-
« niiivcr.siin conlcnqilalionem puram cldiicclam vanlur\isuilistincto,scn?ibiliclrcflcxoChrisli'.»
negalivam esso; » lum cliam piaci.se inquo ne- Hic anclor conqucrilnr de supi»rcssis bis voci-
— Dw., — ' iti., p. :c| bns, « sensibili cl rcflexo : » cur a auteni cas vo-
' Mnx., iw>- ' R»p- * '» p. 74. 7&.
M.iï., |.
r-
iKt. — • /'.., p. 180. — M»x., p- IW! — " n., p. lisa. • l.o;>. h 1» Dècl., p. 82. — ' Ih. — • /'...
p. 77 ri «en. — M
' •:.,
tincto, » licet non in perpetuum. Rursus : <( Ini- mox redibit » ergo aberat a mente et cogita-
: ,
tanquam absorpla gustu sensibili non polest oc- gem Deo ne quantum voluerit probet ani-
fixit,
cupari distinctis visibus, » quales sunt attributo- mas? Quis Theresiam quindecim iuio ut ipsa ,
rum, divinarum personarum, ipsiusque Christi î memorat 2, duos et viginti fere annos inter ari-
procul ergo est ab illius status conditione Cliris- dilates delinuit, nisi Deus? « Sunt intcrvallo
tus distincte visus. « Idem, inquit i. evenit in quœdam in illis probationibus sed horuiii in. :
extremis probationibus. » Tum : « Mis duobus tercapedinem quis mensus est? ut et illud omit-
exceptis casibus , anima vel excelsissima potest tam, « variis causis effîciutsint prolixissiinœ 3 » ;
occupari Cliristo présente per fidem. » Ergo in sed esto probaliones sint brèves : an D. Camera-
illis casibus « Ciiristo praîsente per fidem » anima censi excidit, « transitum ad coatemplationein
occupari non potest. Cliristus autem « pressens ordinarie esse longum * » quo spalio anima de :
per tidem, » is i[)se est Christus, quem tenemur, Christo cogitare non possit ? an tantum archi-
juxta Pauluni, liabere « inhabitantem 2, » cujus episcopum a Christo per fidem prœsente disceden-
<i inhaljilalionis fldes » Clu-isti est médium; quœ tibus lias excusationes quœrerc oportebat? Do-
tamen abesse fingitur. Denique « inter coniem- lendura sane, dolendum, necpiœ lacrymœ hic
plationis intcrvalla ubi cessât purat conlempla- cessaverint.
tio, anima adhuc Christo (per fidem prœsente) 162. At enim excusari non debuit tam « hor-
occupari potest 3. » Ergo extra illa intervalla « rendi erroris , » de Christo a contemplatione
cum viget pura contemplatio, occupari non po- secluso, nisi « prolalis ejus ex pressissimis ver-
test. Ha!c sunt quœ quielismum loveant, aperte bis 5? » de re tantatamque perspicua am-
Quid si
in allissimo coniemplationis gradu constitutas in Prœlationc noslra Gallicana fuse perseculi su"
cas esse quaî Christo vel maxime occupentur. » nius, et in articulo Issiacensi 24 anlea proscrip-
simiis 6.
Extra hos duos casus scilicot, et adhuc inter ipsa
inlcrvulla ,
[)ura conleui[)lalionc cossaute, ncc CAl'LIT VII.
aliter aut alio modo neque ad : aliud valet illud
« adhuc,quo rofugit auclor, nisi ut intelliga-
»
163. Nunc deprehenso auctoris errore, (piain
Bl. —
M,n\.. p.
Mix., p. 106.
b9. —
' Eplir:.. III,
B'J;
17.
Max
'
p. 190. —
\'X>. »
" lii.l. nns., la Dicl., p. • l'ivl'., Avcri,, Art n l-sv, iirl. ;)l. — ' (te, c ;i
i ::i Utcl., p. <•
10., p. ,
UiU., n. M. p. 12G
MYSTICL IN TUTO.
<jiiociinquc temporc vit^ct piira contomplatio : ac ad omne opns boiniin, cl ad ipsam cxcelsissi-
proiiulc (loiilorat « laiilain circilalcin i
» al) mam unionem adjuvet : qnod (il ut nusquam
caque avcrlil eiiiii ail qiiain .scril)it, « allato imiicdinienlo esse possit.
Paiili alioniin(|iic sancloruiii coiilcmplaloniiii 1G9. Uuarc, cum formaruni recordalionem
cxoiiiplo , (pii Cliiisli noinen nuiiquaiu non in anferl, « Ueum incarualum cxcipit cujus re* ,
santiam, » cani quam inlelleclu c()iii|>lccli- d"0. De rciiquis nulia est didicultas cum ,
mur; ncc tanicn Clirisluni lune oniilliinus, ccrtum contempiationc Ciiiisli alias duas
sil
Ex quo eliani iiifi rt *, aniniani « onlinario indi- doeet aniinam maxima liccl abslrac-
2, cl sic in
gène co suslenlacido, pra;scrliin in iiœnis, in la- tiouc suspensam pcr Cbiisli mysleria perfcc-
boriltus, in pcrseculionibus in aiidilalilius : » ,
liones Dei, personœquc di>ina! assidue redu-
hoc est jjiofecto in probalionibus ; quo vcl cunlur; nec a mente disccdunt.
maxime lempcue pi\Tsul a Cbristo ni)S avocat.
IGo. Alio locd IhTC habet ^ : « Mihi quidam
CAPUT VllI.
pcr.suaderc \oluerunl, ululius esse animœ pcr- 171. Videt ergo Icctor diligens, de tribus vcl
fecliori, ni oecupelur divinilato taiilum scclnsis gravissimis arliculis, quibus 1ère lola vitœ spiri-
corporalibns; scd nunquam in caiu pcrsuasio- tualis ratio conlinetur, quam D. Cameracensis
ncm quippe qu;e experla sim , bac
adducar :
sanctœ Thcresiaî, ii. Joanni a Crucc, cœteris pro-
\ia diPmonem me voluisse deccplam a qua via :
bis myslicis advcrsa Ironie concuriat.qui favcrc
jiioindc caveri oporleat, neqnc credi cuiquam se vellc profilcbatur : adcoquc abcssc, ul dam-
ialia suadenli » adeo ab eorum auctuiilale :
nalo libello priusulis, aliquid iilis metuendum
ablioncbat ncquc cunclalur modeslissima
:
vcniat, ul contra piobato, illi sanctissimi auclo'
viii,^o liane viam « pcriculosissimam » pronun- resnon nisi iinprobari possint.
tiare, quippe qua daMiion ulalur, « ad c.xslin- •17:2. Kunc ju\at quœ dicta sunt repetere pan-
« triiendiirn sarr;o Eucliarisliaî gu.slum. »
els : piimo quidein arlicuio ha;c vidimus : in
4(i6. Kolandum aulom illud , inlcrdum sus-
oralionc quietis, suspendi, ligari, impediri per
pcmli .sacralissimaî iiuniaiiilalis inluilnm : sic eerla moiiienla di\ina operalione auiniaî l'acul-
tamen, nt in eain priiis cl assidue visam, ac pe- lales : cani orationem ideo supernaluralcmdici,
nilusaniiMii eompreliensam, voluntas lotoamorc communem discurrendi viam a Deo
quod supra
inaidescat, ntdicUim est.
cicvetur quod silcxlraon'-
[icr illud auxiliuin,
1G". Ilanc secnlns vir bealuS Joannes a Cruce, narium ac supra conmiuncs gratias non ci-go :
tnm omillenchim. » Yernni ndvertcnda causa quam sanclorum vcrba exscribcnlem, lanalis-
cjus concilii, qnod ncmpo Cbrislus incarnalus 'Mi.Tit. du Carm., 1- m, e. U, p. 172. .— ' Vive flimmc, cjiil, 3
'
/*., r- 127. • li; —
P- 1 - — ' "'• !' '-!>. — ' /*•, 1-10. — p. hVi; Kxpllc. du C«nt., p. 4S3. —
^ Viro flamme, cuit. S, T.
3,|
' e*it. d« làiiio, 0« «Iciii., cil. 1, p. "(«I. — .Mint.
I'-
du Caïui., 6, p. W6. —
' Chll., 6« d.iii , c. 7, p. 78C.
mi accusatum qiiœ : accusatio redundet in 181. Nihil igitur ad rem facit « affectus na-
eos, quorum exprimo disertas planasque sen- «turalis,» nlsiad infringendam sanctœ Theresiœ
tentias. sententiam illa enim, non affectura tantum
:
inspirationem extraordinariam revocantis, pu- cipuum quod est ab omnibus theologis tra-
:
divinis attributis, divinisque personis a pura non cogitare de gloria assequenda, » tanquam
contemplatione quietisticum errorem, sanctae de motivo, « quo magis incitentur, » Tridentino
Ttieresiœ ac Joanni a Cruce penitus repugnan- concilio, et sanctorumexemplis essetcontrarium,
tera deprehendi quœ liac prima parte demons- :
nisi eo modo sumptum, quo diximus.
approbat suam sententiam ». Primus iste, ex mmc sœpe diximus hic autem quœri-
expedit, :
sanctœ Theresiœ sexta mansione 2 ; <i Animae mus tantum, an hujus affectus concilium Tri-
hujus status vellent, ut videret Deus, sese non dentinum loco allegato 2 mentionem faciat?
ei tamulari spe mercedis » quem locum sic : Nullam autem facit, sed vim spei explicans in
urget prœsul « An vult saucta dicere vel illas
: eo reponit illam, « ut nos excitet, cohortelur
animas Deo ostendere a se rejici spem? absit ab mercedis intuitu, cum hoc ut imprimis glorifi-
ea talis impielas. » Ergo hic spectatur merces cetur Deus: » ergo vacant reliqua, nec affectus
tanquam objcclmn affectus naturalis et merce- naturalis ullam rationem habere nos oportet.
narii. 185. Jam, quod auctor « commodi proprii »
178. Ego vero quœro primum , utrum hujus nomine affectimi illum « naturalem » semper
affectus naturalis sancta virgo Thercsia uUam et ubique ase intellectum profitetur », manifeste
unquam mentionem? si quam;
fecerit locos falsum. Agnoscit enim proprium « commodum
proférât : nullum autem protulit, ac ne tenta- « œternum, » quod abdicari vult « absquc ulla
vit quidem. Si nullam; ergo illam interpreta- « spe'' » commodum autem œternum, praMor
:
tur ex libitu suo, non ex illius dictis. salutem œlernam nullum est. Idem eflicit illa
179. Quœro iterum, an B. Theresia, ita nolit vox « Fit sacrilicium absolutum connuodi pro-
:
« famulari Deo spe mercedis, » ut eam ipsaspes prii in œternum » Illud enim quod abjicitur
'^.
ne quidem « cohortctur ad cm-rendum « sta- rcspcclu œlcruitatis non nisi œternum est. Non
dium ? » Hoc si voluit, palam adversatur conci- ergo hic intelligitur affectus naturalis, qui non
llo Tridcntiuo dcnnienli valerc spem a, « ut justi potest esse nisi temporarius.
suam ipsorum socordiam excitando, et sese ad 186. Sane homiui justo nihil est œternum»
currendum in stadio coliortando cum lioc im- , nisi vel Dei posscssio, vel de Deo possesso gau-
primis ut glorificetur Deus, merccdem quoquc dium et deleclatio. Atqui neutrum corum est ex
intuentur œlcrnam » cujiis rei cxcmplum Moy- : affectu ualurali neutrum eorum aut in palria
:
scn et DavideiM pncbent Trulentini Patres. Ergo exscindendum aut in via contemneudum. Non
sancta Tlicrcsia bis potior, nec doctrinaconcilii, ergo conunodum proprium a^lornum alTcclus
nec hornm exemplo uterclur; quod nemo naturalis est, aut aliud (piidqiiaui cpiain ipsa
tanquam et illa spcs nullum sit motivum co- 187. D. Canjeraccnsis hœc sunt iu Rcspon-
hnrtans et invitans, falsum et hîcrelicum. I
Ins. pu»., p 4; Scrm. 83 m Cim!. Il, C. —
» ro.-. P, c. II. --
'
1.1;. lias , p. 7:1- Dciiï. I.ctdv 4 .M. do l'ttri», \: 40. — ' Oiàt. » Ins. pas., Il 3, 4, 10. — • M«X. Oo» Mintï, (>. îû. — * t^-^''}
sioHC ad Siitnmain docUiiioî • : « Fatctur U. exccssus, néelamen extra fines débites, non
episcoiuis MeKlcnsis scliolas coiniiiimilor Ira- denegaverim sauclis cum l'aulo « mente exce-
dcre, cli:iiilaleiii spéciale Uciim in seipso, amorc « dciilibus ', » cl in « cxcessu suo » cuin sancto
ahsoliilo. ac libero ab oumi respeclu ad nos : » Davide inulla dicenlibus '^
; « ila inanes ar^ju-
snlulil 2 : « Eain delinilioiieiii si seiiicl adini- « lias, ineplias, » deliria, inordinatos alTeclus,
scris, iino Issiaconsi arliculo Vi iiidi|,'eL systema eliam l'anlo et Mo\si a nie lLii>se imputilos,
iiieimi. » Duo eigo sunl capila quibiis illud doleusdico, aperla calumnia esl, pes>imo exeni-
cdiiliiii'lur : neuipc deOuilioiic ciiarilatis, cl plo ab aiilislilf illala anlislili; vel crgo prolerat
Is>iaiTiisi arlicidi» illo 13. lociim, vel iiilicielurindi;:iiam in fialremcontu-
1<S«. Alqiii alTeclus iialuralis ad ea duo esl meliaiii. Notai quideni ad lalus paginam incani
iniililis. Non eniui ainauuis iJeuin « sine ullo 4i3 •',
ul osicndal liœc a me inler absurda repu-
« respeclu ad nos,» affeclu naliu'ali. Non cliain lari; sedlalso : [c^e, iector, niliil invenies prœ-
est naliualis cliaiitas ilia quie « beni^tna esl, ter « pios excessus » ijuos sibi ipse Paulus, ii»se
« (pue [laliens, qu;e ouuiia crédit, speral, sus- David alliibuunl. Quod si cuiquam sanclorum
» linet, » de qna agit l'aulus s, de qua una trac- allribuerc videor « amalorias ameiilias:D id pri-
lalur Issiaceusi art. 13. Al(iui Ikcc duo capila mum nec ineo noiuinc nec piavo sensu dicluin,
« lotuni s\stenia » rcvocalur : non « ulia aiia cum eliam cjusmodi « amenlias » sponsa; ipsi,
« reindi^îet » non crgo indiëct illo aniore natu-
:
aUpie animis sancto ainore peicitis, non lier-
ridi, is(]ue ad e.\plicandaiu Theresiani perperani naidus, non alii oplimo sensu inipulare ve-
adducilur. reanlur.
l'Ji. Uuarto, nuntiuam dissensi ab aucloie
CAPUT IV.
assercnle de re iiiipossibili, ut
« vclleilales »
gravissimo peccato, eliam iiiaxiuio nierito ila
189. Ex eadem niansionc sexta, secundus
imputari posse ^. Unis eniiii lioc ab Auguslino,
aU'erliu- is bealai \iryinis locus ' : « Anima uoii
iiiio ab omnibus llieologis non didicit, pcccarc
se incitai spe adipi>ceiul;e {^doriaj ; .eruni id
gravissiine prava cuiiieutem si per iiiipossibile
ununi suo aniori satisi'acial, cujus
cogilal, ut
impunila essenl? Ouod quidem ad bouuin ul
ualura esl, ul senq)er operetur mille niodis. Si
in iiialum valere, absil ul negaverim.
possel anima, mille inventa quiereret, ul sese
l'Jo. Uuinlo, « velleilalis » noinen adliibiii,
ipso auiore consuuieret si id necessarium ad :
na' noslnc relercmns. non esse bealus, si id vclle po.ssem, aut si Deo
lill. l'rinimn, lue snpposilionos niliil nol)is placerel, illo ipso aclu clamât se beatum esse
adversanlur, (piasaimolalis ad margiiieni locis vclle, et non posse adeo nullusaclusa beatilu- ;
bns, pcr illas supi)osiliones inipossibiles, allri- mcriluui oiimino esset inaluin cujus rei ratio :
biilas « pias ineiilias, pios excessus, pia dcliria, est, cpiod duo bona mcrila inler se compati
iiiancs ai^ulias, quodque est grayissinium possini, non iKjssinl auleiii componi cl eom[iali
inordiiialos nH'eclns '. » Ego auleni ul pios
in eodem aclu meriluiii boiium et nialiiin ac :
li-ï
> Il Ccr., T, II. —
' Psal., cxv, 11. • —
I!Jp. 4 1» Uécl., p. IID,
ilal» ilor., I. IX 01 xj Art. dlisy, 33. — " K'-p. A In Décl., p. UJ. _ 1 Inbt M>r U-« «lat» d ur. 1. ix. « K=p. i —
D^c\., p. WJ, 101.
PARS II. AUCTORITATES SOLUTE. m
per lias propositiones septem, patet responsio proinde conturbentiir, scandalizenUir ', » ex-
ad oinnia objecta quae oriri possunt ex suppo- paveant.
sitionibys iiupossibilibus. 202. Quare illud, sive
prœceptum, sive con-
silimn, omnibus communiter propositum, eo
CAPUT VI. perlinet, ut omnes noslri actus a charilale im-
perentur quod autem subdit auctor, ita impe-
:
soMmus 2.
non quideni moveretur lanquam fine ultimo,
199. Ipse sensit auctor hujusmodi locos non ac inotivo prœcipuo charilatis; moveretur la-
esse ad summuin
urgendos, sed pessinias inter- men ut moveri soient piœ animœ per illas se-
pretatioiies adduxit duas ^ primam, secundum :
cundarias objectivas rationes, a Iheologis raemo-
sanclam Thercsiani « non incilari animas aft'ectii ralas, quœ ad amaudum alliciant.
naturali ac mcrcenario sui ad fornialem beali- 204.Neque id voluit sancta Theresia, ut glo-
tudlnera. » Qua de re prœnionuinius, nunquam ria cœlesti non absolule moveretur; quod con-
beatam vii-ginem cogitasse (n" 178) nun- m, :
cilio Tridentino repugnare vidiraus sed ut non :
quam, inquam, de afïectLi naiuiali bealitudinis moveretur tum, per cerla momenta, allernan-
fonnalis exsuperando cogilavit; sed iiisum tibus vicibus ^ etsi enim ea motiva virlute
:
Christianae spei supernatui'alem affectuni prœ- semper movent, non tamen semper actu de
tergressa, eum aflectum ex omnium Iheologo- illis cogjilatur; nec tamen diu a cogitatione ab-
rum sensu subjunxit ac subordiuavit Dei cha- sunt, ac subinde recurrunt; unde saucta The-
ritati : qiiare piœsul Theresiam invitam ad resia subdit de illis animabus « Rursus autem :
suura aflectum natuialem trahit, et a seipsa redeunt ad desiderium Dei perfecte poliundi :
verbis : a Omnia vestra in charilale liante; » nec iiilelligi pi)lost, sine Dei passidendi absoluto
et : « Sive niandiicalis, sivc bibitis, sive aliud desiderio nisi enim desiderarent, nihil Deo
:
« quid lacilis, omnia in gloriain Dei facile «. » iuMUoIarent iannolaiit autem non quidem au-
:
201. Sanc hiec pertinere ad prœce|)tum cl ad ferendum, absil; sed lamen dillercndum Dei-
perfeclioncm illam evangelicaj legis omnibus desideralissimi volum ergo illo nun(]uam abso- :
iniperalam exacliores Iheolagi Iradunt sed : lule carciil: sed vicibus aut lanlisper prémuni,
quia perfecli noslri non da de Clirisliana pcr- aut actu eliciunt sununam autem ipsam nim-
:
quemquam qui ab illo abhorrcat; imo qui non lalis esse illas animas, cuni repulanl .se illa leli-
ad id se invilari seutial. Non ergo perlinet ad cilate privari posse? » Absil ergo nt non optent
purum illum amorem, qui D. Cameracensi, illam lelicilatom cpia privari se posse, non sine
<t proponcn-
saiiclis (piociuc inacccssiis, nec iis gravissimo dolore senli(ml. Sic oumirio intelli-
dus esse >idealur ad quem scilicet, nec lumen : genda sunt dicta sanclorum, relalis inlegris loris,
interius babcant nec gratiiu illecebram quo : non abrupte allegalis, et per vim mauileslam ad
aliéna detorlis.
' Inslr. pas., ]i. '-t; Cl.âl., "• Jcm.. "•. 3. — » Ins. sur les itaU
ilùr., 1. V, lie. — ^ 1ns. lias ,
ji. 76. — > Ib. —M Cor., X\i, M. '
M,i.\ii]n;s lio., suints, p. ai, 30.— = /i., i>.
70. — ' CUit., 7"
-- '10., x, 31; Col., m, 17. d«in., c. 3, p. Kl T.
20 MYSTfCI INTUTO.
aniniahiis haîc hal)ct ' « Sine cura, sine ria; aninue virlulibus '. »
l'cclis :
sanc: sed per illud spa- 2i;i (Juodnam aulemsil illnd si>irituale com-
lellexione sunl; » «
liuni, (jno viget conlcmpialio. » modum proprimn, expressil bis verbis: «Es.sc
20". An i;iiUir per illud spaliinn non dcside-
nempe illud commodum sive meriti, sivc per-
leclionis, sivc merccdis a?lernaî: » atque illun
ranl Deuni? ahsit " Amans enini anima non :
illas a intentas solatiis, aut connnodo proprio, 2I0. Neqiie quidquamalind de spiritiiali am-
bitione a beato viro diclum comperi. Sane gulœ
sed Deo pro sua ipsius Jigtniate cl acceptis be-
ac kixuria; spirilualis viliuni Iribuit animabus
neliciis s » prinuun \ ides intentas acceptis be-
:
grande (lesiderium: qnanto ergo lervcntins est 216. De beato Salesio lot ac ta nia retiilimns
desiderium illius Iteo visoatqne |)ossesso œlern» ut ca lepeltMC nibil almd esset, qnam leetori
dulcedinis? Inde illud crumpit ex iino pec- laslidium ac nau.scam parère. Lnum illud. m\1
torc " Uunipe lelam biijus vita>, ut le slalim
: decrctorium, (jiiod ad proprielaleuideliniendam
amare possim cum ea i)leuitudine ac satmitate perliiiet, memoiarc bicjuval. u M}slici, inquil*,
qnam desiderat anima mea aieruam et inter- proprietalem vncanl animam eam quai suas vir-
ininabilem ilités persamlam icsignalionem relertad Deum:
*'. »
— • Cant., Vlir, 24. 239. — ' Ib., c. 4, 0. — • Maxim» liei aaints, p. 135. — > /^., p. I>,
— '
,
Ejpl. «lu Canl., 13* coupl. — • Vive flunmc, cant. 1, p. 621. 01, M.
PARS II. — AUCTORITATES SOLUT.^.
.^^ncta imilta vult scu vellet sibi, ex proprii com- \ilœ prœsentis; et quidem antequam conlin-
modi inotivo: cii.jiis rei 'gralia sanctus Francis- gant t. » Ex quo sequitur, ipso confitente, falso
cus Salesiiis confitetur inesse desideria, scd sub- allcgalum Francisci Salesii locum, et ad œter-
niissa: quippe cum illa submitlat voluiitali Dei, nam beatitudinem pessimo consilio esse detorla
quam siio comniodo anteponit. Secundus staliis quœ ad eam nihil atlinent.
est sanclœ indifferenliœ, ubi anima nihil voit 224. Quod autem subdit non nisi « naturalia
sibi ex niotivo proprii coinmodi: nulla habet « salutis desideria a se esse subtracta '^, duo
»
snbinittenda mercenaria desideria, quia nulla peccat: primum quod sancto Francisco Salesio
babct mercenaria; quanquam rémanent procli- talsa et aliéna imputât, cum ille, ipso Camera-
\itales et repiignantiaî involuntariœ quas siib- censi fatente, nonnisi de eventibus hujus vitœ
miUit:sed nulla habet desideria voluntaria et agat ; non autem de sainte, sive naturaliter, sive
deliberata ad suum commodum, exceptis casi- supernaturaliler desideranda; alteruni, quod sa-
sit perfecta et beala ad suum commodum, vult dere posse; ac nedura agnoscat errorem, si!)i
tanien perfectionem omneai, omnem beatiludi- falsaomnia iniputata essejactat: adeo confidit
nem, in quantum Deus hœc velle nos facit im- hominum credulilali, ac vanis verborum of-
Jesiiin sequaris; » tcrrenis omnibus dereliclis, vcniri volo; alioqui quoniodopotens esse meus
qnihtis Jésus cjiniit : « libi moii. et « milii a'icr- et ego liais, nisi ftieris ab oniiii propriu volun-
ri.ililt r \ivcie; » ad hivc cniiii îelerna pervenies, tate iiiliis cl foris spolialus? > neinpe illa pro-
si liri'C Icncna conlonipseris. pria volunlalc, sine qua nec nos Cliristi, nec
227. •< Villes, iiifcrl pra'Siil, sine proprieta Cliri>lu-i no>ler esse possil; qua; quidcm innocua
dcsicleraii posse a'tcrnani ciiiii Gliiislo vitam. » non est.
Sanc : « eigo liic agilur de sliidio naliiiali vir- 232. Snbdil : « Uoidam se résignant, sed cuni
Ititiini, ac niLTCcdis in quibiis est piopiielas » ; aliqna e.xceptionu ; non eniiii Deo plene conli-
al ego nibil iionini video qiiif le videie fmgis ; dimt'. •> Kiia bonocommuni ad |iropriani delixi
iu'<|iie (piidcpiani (piaiii pra-sidem casso studio voluidaleni ; unde illud « Ad : Jioc conaie, ul
in quierenda iila pioprietate laborantein. ab omiii proprielale possis exs|)oliari : » quod
lia interprelalnr ipse onuies : « Tune delieieiit
CAI'LT XIII.
vaiia' pb.iiila.^iii', conlurbalioiies iniipia', etcurae
228. « Auctor Imitulinuis exelainal « qiian- :
supeilhi;e lune eliam recedet imnioderatus
:
« luni potesl ainor Jesii, piuus, nullo propiio linior, et iiiordinalus anior niorielur; » lioc esl
« couiinodo, vel auioie perniislus! » Sic pnp_
illc aiiior quo a communi boiio ad jiroprium
sul '. Sed (juid sil illud coninioiiuin iiro|)iiuui,
convertaris, liasque « proprielarius. »
aut propiiis aiiior, scqueiilia deiiionsliabunl:
Noiine iiicrcenarii siinl diceudi, qui consola, CAPUT XV.
tiones seniper qiiaMiint? nonne aniatores sui inquit non potes perfeclain pos-
233. « Fili, 2,
nia;;is (piani Ciuisli probanliu' et Iiicra seniper
sidere libcrlaleiii,nisi lotaliler abiicges teinet-
niedilantur nenipc « solalioruni liicra; » nbi
?
ipsuin; conipedili sunt oinnes proprielaiii et
se ipsos niaiii.s quani Ciirisluin auiaie convin-
sui ipsius aniatores; conjecti quippe in angu-
cunlur non erfj;o innocua est iila pro|»rielas.
:
luin, ut Beiiiardiis incinorabat (n" 120), bine
l'ndc addit : « L'bi invcniet(n- taiis qui \clit Dco
eliam in sordeset maculas quippe ad pro|)riuni :
niodicuni eus reiiipierit, aut in querinioniain, Clirisli, » cl cx'lera ejusiuodi, qu;e plane
Jesuni
vel in dejcclionein niniiani cadunt - » qu;E sunt :
non vero œlerna ac
eveniunt, se(|ue et sua, di-
in vilio, non in illa lua iniperlectione ac pro-
vina scclanliijus.
prielale naliuali innueua.
233. Nec esl ullus auctor qui de sui abnega-
230. Sululit U"' auteni Jesiim propler
: «
lione lotiestamquc pra-clare dixerit, cuin in eo
Jesuin, et non propler suam aliquain consola- sil neque lanien loto libro uilain voculam
totus;
lionein dili;:unt , ipsum in oiiini liibulalione
invcneris de illa abdiealione desiderii, sive su-
et anijuslia cordis, sieul in sunima consolalionc
pernaluralis, siNc eliam naluralis peiiectionis
benedicMiil et si ntinquani eis consolalionein
:
su.T, ac sidulis a>lerna', quam auclor soninians
dare vellel, ipsuni lanien lauilarenl, et seniper
ubique sibi videre videalur.
pralias ajicre velleiiH; » cui suhjecla siuil (pue
236. Taiilus viUe iulerioris ac perfectac niagis-
ex D. Cauieracensi inox lecla sunt; quaj niliilad explieauda iiunquam ainoris
ter in |)erleclione
ornanienla \irlulum et nicrccdis wienia: voluj)-
naluralis usus est aclibus aut molivis, iiullus
lalein laciunt. et iialura; nio-
licet subtilius disliii.xeril gralia;
G A PUT XIV. loto qiiideni libro, sed prœserlim
lus, libri m,
231. Sed ad proprietalcin redeanuis, quando cap. 5t et oii, ubi de bis expresse Iraelal ; et la-
liujus nolioi'.ein ipso Caineraceiisis eonliielur ab nien nihil laie Iradidit : naliirae molus respicit,
co aiielore esse repelendaui. Hepetanius lil)ii ni non ut gralia' subordinandos, sed ul gralia; con-
a pnesule aliefjaluin capul 3" « Fili, reliiKiuc : trarios^, quippe qui naUiram eam inlellij,'at jain
te. et invenies me : sla sine oleelione, et oinni corruplam ciuii (jua nobis perpeluum bellum
proprielale, et luciabcris .seniper''. » An vero est. Ctelerum dcsideria naturalia proinissorum
iiic .soinniabal proprielaleni naluralein iiii|)cr- Dci el bcala; visionis, quœ a perleelis cvcllenda
feclani lanlum, nec proindc viliosam? Audi: esscnl, neque ipse neque alius quisquaui spiri-
« Nibil cxcipio, et in omnibus te nudaluui in- lualiuinsomniavil.
• Initnicllon putOMle, p. «S /)<• Imll ,1. i, c. 11, n. 3. — ' /)»
ii'iiV., ihùl., n. 1 ; 1. m, c.
;
37. — * Ve t«i/., I. l»i, c. 37, n. "J, — ' Dr imil., I. m. n. — • là., e. 37, n. I. — KIJ., c. 01, n. 1 ;
SCHOLÂ IN TUTO.
CAPUT XVI. sibi Iribuit Dei dona, vel ipsa Dei dona ipsi Deo
237. Amorem cerle beatitudiiiis loties ex- anteponit : quod sœpe auctor agnoscit, et in
pressif, ut nihil aliud spirare vidcatur : « Fili, vitio ponit : de illo naturali, ac deliberalo desi-
inqiiit S ego debeo esse finis tuus suprcinus et derio quod innocuum, et tantum imper-
sit
ultimatus, si vere desiderasesse beatus; postea^: fecluiu, œque cum aliis omnibus spiritualibus
« Ego sum qui doceo terrena dcspicere, prœ- tacet.
sciitia lastidire,œlerna quœrere, œterna sapere. » CAPUT XVIII.
Quam autem suspiret ad supernœ civitatis bca- 241. Alibi est observata a nobis i D. Came-
lissiniam raansionem, ad œleniani lucem, ad racensis objectio, de imperfeclione niera quam
perfectam iibertateni, ad Dei visionem, ad per- a me prœtermissam queritm-. Sed bœc nihil ad
petuam et imperlurbabilem paceui S; « quanta noslram quœslionem aut ad mysticos perlinere,
patiatur intus '*, » horuni desiderio, testatur, \el ibidem claruit.
maxime cap. 48; sequente vcro s Fili, cum tibi :
CAPUT XIX.
desiderium œternœ beatitudinis desuper infundi
242. Ex his plane constat nihil interesse mys-
sentis, et de labernaculo corporis exire concu-
ticorum, quid D. Cameracensis causa flat, imo
piscis, ut clarilatem meam sme vicissitudinîs
umbia contemplari possis; dilata cor tuum, et
mullum intéresse ne ulrœque causne conncxie
impUcitîPque habeantur. Quod enim myslici
omni desiderio hanc sanctam inspiràtionem sus-
suppositionibnsimpossibilibusgauderevidean-
cipe : ibi, inquit^, aderit libi totius facultas
tur^ sine periculo mercedis aHernaî ejusquevoti
boni, sine timoré amiltendi : \hi voluntas tua
una semper uiecum, fieri lam liquide demonstravimus, ut nullus
nil cupict extrancum vel
relinquatin- dubitationi locus : itaquc supposi-
privatum. » En illa ex privato bono proprieias
tiones illasnemini fraudi esse constitit. Al non
exclusa semper ut in fruitione, ila in desideiio
in tuto est D. Cameracensis sententia qua docet
en in bono commun! bona vita ac felix; ncc
absolu te abdicari salulem sic autem res con- :
nmllo posl " « (h'atia iiil temporale placita illnstrLssimi archiopiscopi Cameracensis
ncc ila :
qua'ril, nec aliud |)ra'minm qiiem Deum solum causic connexa iniplicilaipic esse vidoaidnr, ut
pro merccdc postulai. » Ilœc crgo postidare ad inconnnodiim propnl.saudum neccnris
illud
vult : de naluro, cadcm dcsidcrantc amorc im- necvigiliis parcerc deheamus. Is sane, in Ucs-
|iertcctosni, uiliil cogitai. ponsione ail libiinn cui lilulus, .S'h»))»« (/oc/ri-
-IW. Aliud (piidem est |)roprinm quo quis nœ, Mclilenscm episcopum duabus de cau.sis
accusât <i.
Priinum, (piod impugnelcummnnoin
1
//;., c. 9, 11. \.—'Ili., c. 13. 11. 3. — ' II,., ç. .18. — '
De imil. I
I. m, c. 43, 11. 5. — •
IL, 411, 11. I. — » /'j.. 11. 0. — 1 De iiml.', '
Pli l'aco. — Maximes dos saliiU, p. 'Jf. — ' AV-/). m/ iSummn,
c. r,i. 11. 1. — • Jb., c. Dl, II. 1. — » 10., II. 0.
, .,
30 SCIIOLA IN TUTO.
Iiossiim inlui-ii D. .Meldcnsis scnlenliani de III. l'ra'clai c sanclus Anibrosius eam in rem :
niolivo fnniiali cliarilalis. nisi ulinexciisaliiiein, « qui vcius est linis, is finis est non unius, scd
novaiiKiiic cl apcrlc n'iui;:naiilcm Scliokc aUiue
« omnium*. »
omnibus sanclis anThiuioiibus et rcccnliori- IV. Nc(juc tantum onmiinn hominuin, verum
bus : " ac paulo posl : « Non possum, inqnani, eliaiR onminm acluum luimaiiorutn.
pciiculosam V. Illos aulem actus hunianos dicinius, qui
eani senlciiliam non iiiluci i lit
quicdcli'iidi non possil qniii pariler coiulcni- ralionc, ronsilio, dcliberalioue fiunt.
YI. Ncque quisquam ditlilcliir quin omnes
nctur omiie (|Uod in Eccicsia ma;;nnni cl sanc-
tum est quarc pcrlinere ad eoinm ollicium qni
:
homines quidquid agunt quidquid volunt ,
late Facnllalis llicolopiie l'arisiensis in ScIioKt poliundo Deo ; ccrtum est , supposita notionc ,
disciplinis, nova commenla rcs|)ual, nie(|nc Ks. VIII. Ccrtum item est omnibus theologis per-
lii ac Sylvii vcsli!;iis inlia'rcnteni suscipial: scd lincrc ad ciiarilalem , et esse charilatis illud
propter mei ccnsoris admiiabilcs vcrborum of- l'auli2 : tt Mihi vivcre Christus est, et niori lu_
more, aliquol quivslioni-
iucias, bic scliolaslico K crum : coarclor aulem e duobus desidcrium :
bus ordinatis, accuralissime demonslrare cona- « habcns dissoivi et esse , cum Chrislo , mulîo
bor non modo ab codcm ignniata Schola;
,
u magis mclius, etc. »
dccrcla, vcrmn etiam im|)Ugnala a nobis vero ;
IX. I>oi aulem diligcndi in Scripturis sacris
dclensa. Faxil aulcm Dcus ul, quantum isla rcs (ininino dua; pioponunlur primum,
causx' :
XIV. Hœc autem omnia ad motivum chari- dixerim propler seipsum diiigendum, sive quia
tatis, ut in Scripturis revelala est, spectant. nihil justius, sive quia nihil fructuosius diligi
XV. Negari sane non potest , ex prœcepto potest: » adprimum perlinet, quo suo merilo: »
charitatis jiibeii nos diligeie Deum ut est Do- ad secundum, « quo nostro commodo » diliga-
minus, item ut est Deus noster, item ut ipse tur 1.
conglulinatus est nobis, item ut bene sit nobis'. XXIV. Notandum aulem illud etiam « ex com-
XVI. Hase autem omnia, quod Deus sit Domi- « modo Deum
propler seipsum adeo-
nostro, »
nus, quod sit Deus noster, quod sit benevolus» que casto puroque amore diligi, quia benevolum
sive amatorhominum, eaque cfiXavQpwTri'a prw- illud ac bencficium; unde commoda noslra pro-
ditus quam ex Paulo reluiimus, item quod sit fluunt, sunt vera excellentiainDeo: hoc est vera
beneficus, ac beatificus, quo uno bene sit nobis, et proxinia causa glorificandi Dei, adeoque et
sunt quidem in se absoluta attributa ; neque amandi.
enim ulla in Deo sunt atlributa vere relativa ,
XXV. Hœc vero duo motiva pure diligendi
prœter paternitatem, filiationem ac spirationem Deum non ejusdem sunt ordinis cum prius in-
;
bulis, ad ejus perfectionem et excellentiam per- Deum vero ut beneficum ac bealificum, esse
linentibus lendens, ita est absolula, ut iila quo- minus prœcipuum ac secundarium, alleri sub-
que attributa absolula sunt ; ita relativa , ut ordinalum, tamen per sese maximum.
eamdem attributa relalionem dicunt ad nos. XXVIII. Ita sane hœc motiva ordinala sunt,
XVIII. immerito Scliola docet omnem
Nec ut Deus in se oplimus ac beatissimus possit qui-
aclum charilatis esse in se absolulum iiulla ;
dem cogilari cogilatione abstiacliva ac Iransilo-
reali relalione ad nos non tamen absque ullo ,
ria, absque eo quod aclu et expresse cogilelur
respecluralioniscuml'undamenlo in re, propter de Deo benevolo ac benefico sed Deus bene- :
. volus ac beneficus erga nos, neque ut beatificus, ordine sane nalurœ el per se cognilionis, non
nisi quadam relalione inseparabili ad nostram tamen seniper teniporis.
beatitudinem. XXIX. Hœc aulem sufficiunl, ul inlelligalur
XX. Non sola nec prima, sed tamen vera causa Deum, ut in se optimum ac bcalissimum, esse
per se amandi esl, (piod « Deus prior dilexerit 2. » specificum objecluiii, quo sine charilas, nec esse,
Vera causa niagis aniaudi, quod i»lura donavc- nec inteiligi aut cogilari possil; Deum vero ut
ritac remiseril^. benevolum acbenelicum, iiiolivum esse secun-
XXI. Hœc perlincre ad verum aclum chari- darium et in primario .sallcm virtule compre-
latis quo peccalu remillunlur, ipse Clirislus do- hensum.
cet *. XXX. Neque enim illud plenc inlcllii\i polc.st,
XXIi. Rccle ergo conjungilur primœ causœ Deum esse in se perleclissinuim, nisi pariler sil
amandi Deum, eo (juod sit pcrlectus, altéra omnipolens, clemens, benevolus; aUpic adeo
causa, quod sit iienelicus: quœ est evangelica ac horum allribulorum amor esl neccssarius, ad
ccrtissima vcrilas. pcrl'eclionem charilalis in ileuui.
charilatis in Deiun, (piod sit pcrlectus, et (juod quam coordinala sunt neque ut diue caii.siu ;
sil ijencvDJiis, s;mclus l'.einardus commémorât, propric |)arHales, a'(nio jure coiunirrunt ad ex-
dum (jutui'il « (|uo merilo suo, quo coumiodo cilandam charitalem, sed ila ul |)rima illa alle-
« noslro» Deus propler seipsumdiligalur: verba ram reducat et Iralial in iiropriiim liiiein.
• rhul., VI, X, XI. — 3 I Joan., iv, 10, 10. — » Lur, vi, 44, 47.
Deum esse benevolum ac bealiliciim; eo magis
— ' J.UC, VJ, 44, 47.
s. Ucrn., De dil. Iko, ca|i. I, li. 1 ; cap. 7, n. 17, I. I.
MJitil.A IN TCTO.
agnoscimiis ne l.Tlariiiir, Piim cssc boniiin, bea- iiiaiii lolius Scli.'ilœ, banc omnium scnlei.Iiam ;
liiMi. siliiqnc oinniiin .siinicicnli.shiimiiii: quo qui oaiii inficiaius sit,nemineni reperiri: gravi
laiic iiuli:^i'iiiii.s iil Minus, cl bcali simus, cuin crrore Icncri Caineracenseni, qui solus inliciari
I
ipM- lire iiDsli i aiuoris iicc laiidis iiidigcal. velil : quod uberius suo loco declarabitur.
WXIll. Ncc si spciiliciim illuil iiioliviim in G. Jlar igilur sunt, quw Jlcideiisis episcopus
sc(\sl|)r;r'slai lins, idco pliiris valol soluiii, quajii non ul sua, scd ul omnium Iheologorum cerla
illa inulivi nlriusiiuc cnmplcxio: ncqiic noslra et firnia dccrela luenda suscepil. Negal idcia
qiiulqtiain inteiost, qiiain iil qiioquo modoDeiim episcopus a domino Camcracensi appellalum
|)ciTcclissiiiuiiii, oiiiiii [icrfcclioiiis gcncic iin- êssc, aul appeliari poliiisse qucmquam, qui sc-
pensissimc dili^amus; naluriC<iae cxccllcnlis- cus .senlial: addil, bunc cssc errormu (juielismi
siiiKi! co iiiagis liaMcainiis, quo maj;is inlcHisi- fonlem, ijuod ha-c uogmata. sivc aliqua eormn,
inus esse non niu(l(» nni\ersini ingénus huma- vel obtcuraveriut vei ncgavcrint.
num, venun eliaiu in uiininquemquc noslrum
propensissiina; alquc elïii.sissiniie volunlalis: se-
QU.liSTIO II.
qiiilur ex diclis, et in praxi ceiluni.
Deamorc iialurali heiititn(linis,ail prop. ' '
""
XXXIV. Sid) Uco ul hencvolo ac benefîco ho.
usque ad "t.
niiunni anialoreae servalorc, inlellineiidus vcnit
Je.NUs (^inistus \cra iliaiilalo ]ier sesc pioxinie Articulls PRIML'S.
Apustolo, saluleni alio refene, « quani in lau- beatiliidincm adjuvautur, ut ad illasres quœ nos
« dcni gloria^ l)ei : (|uouiam ex ipso, et per bealos laciunl, pcrvcnire, ciscpie inlia;rere pos.
« i|isinu, et in ipso suiil unuiiu : ipsi gioiia in simus. » In ea pra-cipiie verba legendi .sunt, ex-
« sa'CMJa 3. »
recentesve in eam
ceplo niillo, anliipii (|ui dis-
XXXVI. Kx bis anteni liquet. cliarilateni recta liiiclioneiii sci ipserinl. Legendus sanctus Tho-
ferri ad li iienduin ; ncc iiniiierilo eaiii a sancto mas, 1-2, q. 1 el se(jueiilibus, cl ejiis commcn-
Aufïuslino, .setpicnle i'\la^i>lro, sancio Tlionia. lalores ad unuiii pariter omiies post ip.sura
Scolo, aliis(pic llicologis, iLi deliiiitani, a ut sit
concliidenlcs, bominis esse agere propter ulti-
mollis ad IViiendiiin Deo propter ipsutn,
aiiiini
miim liiiein '(|. 1, a bmnana' vila; aliqiiem
1) :
ul lienevoliiin alqiie iK-nelicinii, liaiid minus 9. Alrpic ul con.slel illud esse de onini inlel-
e.sse veriini ac ncccs.s.iriiini, licet .seciindarimu lecliiali creatiira l'iiinniunedecrctiim, aïKiiamiis
niulivuin ejusdcin cliarilalis: liaiic e.ssecerli.si-
sanclum doclorem iLi de angclis dis.serentem ^ :
< Jonn., i|i, le. — : n Cm:, v. M, 15. — - Jiphu., 1, P, 12, U. Aiij., D- du(l. Chritl; lib. i, c. S, n. 8. — » I. p«rl., q. 69.
* :.jm., XI. cr..
art. l.
QVMST. IF. DE AMORE NATURALI BEATITUDINIS. 33
« Primiim, in anp;elis estvoluntas, hoc estincli- et fundamentum omnium aliorum; quia onuiis
nalio adbonum, ex cognitione qua cognoscunt motus proceditab aliquo immobilii « illud au- :
ipsam boni rationem, quod est proprimn intel- tem immobile est ipse beatitudinis appetitus, qui
leclui, et hase (quœejusmodisunt) perfectissime ita se habet in voluntatis actibus, .sicut sehabent
inclinantur in bonum, non quidem quasi ab alio in intellectivis prima principia atque omnino :
solunimodo directa in bonum, sicut ea quœ co- necesse est « quod sicut intellectus naturaliter
gnitione carent neque in bonum particulariter
; adhœret primis principiis, ita voluntas ex necssi-
tantum, sicut ea in quibus est sola sensiliva co- tate inhœreat ultimo fini 2 : » qui finis ibidem est
gnitio sed inclinata in ipsum universale bonum
:
:
ipsa beatitudo.
et hœc inclinalio dicitur volunlas. » Non ergo Articulus IV.
est in angelis tantum inclinatio ad bonum, na-
Hujus autem rei radix est, quod beatus
14.
luralis illa sine cognitione, sed ex ipsa cogni-
Deus et habens seipsum, creaturœ cuilibel ad
tione boni elicita.
imaginem suam faclai concédât, ut sit beata per
10. « Secundo, in ea voluntate est dileclio
naturalis secundum volunlatem ex cognitione
assimilalionem sui ad Deum 3. « Unde beatitudo
« est objectum^ » fitquehomo beatus,
voluntatis
scilicet 1; unde sequitur quod sit in eo eliam :
amen.
quidquid homo vult, velit propter finem (quod :
I
1 (lurt., i|. 10, Bil. 1. — 2 Jli., «ri. 2. — ' \ |i.icl , nri, ï iir(. l II J — •
I par;., art. 3, ad a. — > /:•'.. In i. dist 3(1'
B. Toii. VI.
34 SCHOLA IN TUTO.
non onlinaro modia in snnm prnpriiim ac lopi- beatitndinis interveniat semper actibus noslrîs
Umiiin Imu'UI, scilicfl iii .l'iciii.iiii liiNililiidiiiein : r s;dlem virtiiaiiler, indiii'cle, impiicile, conliisc ; »
in 2-2, (j. 27, arl. 3; (juo loco siipiionilciiin om- quo qiiidem veris talsa |ierniiscel ; qnid si( illud
nibus llii'i)l<)?is, i[ts(H|iie saiiclci Tlumia, oinncs « conlnse » sno loco meninrabiums cerle non :
oiiiniiio Imiiiiiii'S in (|ii(ii'iiiii|iii' acUi sorio. agi « indiieele » inleivenil, <piiid habel objei li pro-
ad |j(Mtilii(liiieni, de qiio diibitarc porlenli loco jirii ae linis nilimi ralionem : (jiind inler\<'nit,
17. Vides, leclor candide, « proptcrsolain bca- tur, ut dicebat sanetus Tliomas quod : inlcrve-
aiiiaiida^ l'aMpii' ad Ihiiic liiicin |jrii|>iitiiii ac k'- sione onmis argumenlaliiinis \ero ar nece>sario
giliimiin non ordinarc, Ch.se inordinaluni. » U"0 inlluxu. Uiiiire longe abesl ab inlervenlu <> indi-
qnid csUlaiiiis? cl lanien laisuni essct, nisi l)ea- recte, » inlUixus ille « ini|)licilus et %irtnalis, >
liliido lord omiii crcalurœ inlclligcnli linis na- quo eflieilur ul qucmadm<iduin inlellectus pri-
tnralis idtinuis. marnm ratiomnn sivc prinei|iiiirum vi, ila volun-
Dcniiinc rogamiis D. Camcracensis an possit tas bealiludinis tan(piam objeeti proprii ac finis
vcl iiMiiin anl pliilosupliuni anl llieologiim ap- ullimi vil Iule movealnr. Non ita verus Lovanien-
pcllarc (pii sociisscnlial? Video coiij("clin-as,ron- sis linis ullimi ralionem ac vim, sanctorunque
possil aflVrre pro sua senlenlia vel nnius aiicloris pnedito liomineni oui
nis in ulio actu ralione :
luec \crba simt ' : « A .sanclis Aiigiislino etïbo- 21. Ad\ersus illam non nicam sed lotius thco.
nia aliisqnc muUis.signilicaii liaiid inlrt'fpicnlcr, logiic senlenliam plenis veiis inveliilurinea dis-
desidcriinn boaliliidinis adeo lioniinis poclori seiiuliviic cni titiiliis : Verœ Oppusilivnes inUr
in^iluMl aique inscparabilc; ni ipiodannnod.i iir doclriiKim D. epiatopi Mehlcnsis et iiwam : in qua
li'rvi'nial unniibiis alTcclibns, niolibns, aclibns. n dis.sortatione et ante dicta prolert (n. super.) et
Uuibiis vcrbis, nt polest, cerlis.siniani et cviden- lia'c mea addit ^ : " Meldensis pollicetur se de-
lissiniani vcrilalcm exloniiat. Uni"' eniin « ninl- monslralnrum ex Sei iplura et l'alribns vocom
los » non onnics onniino coniniemo-
lanlnni, cl etimmunem iialura' lolius, née minus plii-
e.sse
ras? Ui'iii appdlas \iA innnn qui a sancli Angiis- losopborum quam Cliiislianornm, omnes vellc
lini, lolinsquc adeo gencris Ininiani anclorilalc esse bealos, et nolle non |)osse, neipie sibi eri-
disccsscril / qnam a-gre anleni vcruni conlilcris, percposse hoc molivum in quoenn(|iieaeluqnem
qui liu'C dixeris « liaud inhi^inenler » a.sscrla, ratio eliciat : ila ut onmiuui aettium, Iota Scliola
qua' nnllani non opiileanl paginam? deni(pie eonseiilienle, is .sil linis ullimiis: » iMiruin : lia?c
qnid ,sibi \ull luinn ilhid « (piodannnodo, » qnod \eibamea laïupiam iiiiisitala reprehendit : ex
intcr\enial, » ni linis nllinnis proplcr qnein » bis lilein moNel Iota di.sserlalione\iginti tutis eo-
fianl iHiniia -i? qnod inlervcnial nt « objeclinn qiie amplius paginis. tjnanto eilins (pia-stioiiem
propriinn " ac nalnrale « objcclnm enini vo-
: ab.solveret, si adiluceiel vel nnius tlieologi con-
( lunlalisesl bc.ilihido''< : » iicc proinde niagis clu.siouem ullaiii! nos enim lolam Seliolam tes-
se|iarariabaclii volnidalisbealiUidopolesl, quam tem airerimns : sancli ilioiiKe dicta niliil aliud
a visione lumen anl culur. qiiamex.seribimns : ipse\eroan \c{ iniuin tlieo-
19. l'orro Lovaniensis snnm illiid « quodam- loguiii prolert, cui noMim sitaut diibium.sillem,
modo interprcUitur his vcrbis ^ : a ut aiuur « uunies velle esse bealos, eiunquc lineui esse
iiltimum omnium acluuin humanoium quem leni esse hideclinabilem ut nonipsos « semper »
nemo noUe possit? » NuUum ; quid itzilur? ratio- diligamus, neque fieri posse ut nos dihgamus
ciniis, incommodis frustra excugitalis, consecu- nisi nobis optemus supremmn illud bonum
'
Uouibus, conjecturis, sermonem consumit om- quod est unum necessarium. » Recto ergo as-
nem : nec imquam cogitât duplex incomuio- serimus, tam nemini homini eripi posse, quin
dum : alterum, quod sub meo nomine sancti « semper, » adeoque in omni actu
motivum
Thomas dicta repreliendit : alterum, quod sibi habeat beatitudinis, quam nemini potest eripi,
<psi adversalui-, ut sequentia declarabunt. quin seipsum « semper » et sme intermissioné
Articulus VJII. diligat.
non esset totum hominis bonum, non esset ei 29. Atenim « id Augustinus asserit de béa-
ratio diUgendi « qui locus sancti Thomœ ad li-
it innata nec deliberato ;appetitu 2. „
titudinis
:
gendi ?
Thomas passim agnoscuut ; non eo sensu houio
appétit beatitudinem, sed sciens volensque sed
25. Non
ergo Meldensi, sed sancti Thomœ ,
non esset illis ratio diligendi. » Uuœ ilorum at- 31. l'rœclare igitur sanclus Thomas nos do-
que iterum milii imputât, atque ex bis in tôt cuit talem esse in nobis amorom beatitudinis
ubsurdu me conjiceru nilitur nec me, sed sanc- generalim. qualis est in bealis Dei AÏsi ainor :
:
tum lliomam cujus iiac verba sunt. id est tam tamen lam elicilus,
iiecossarius et
verœquevoluutatis acius, licet non deliheralus,
AUTICULUS IX.
nisi lorle qiioad aciuale quoddam exerciliiun
27. Uii'd quod non jani sanctum Tliomam
32. Mhil ergo diun innalumagit pravsid,
sed seipsum in me repreliendit? quippe qui in
bealiludinisamoremconre.ssns, ab oliiilu.inio et
Imtruclione pastoraliconlilaniur^ « necessila- a deliberato uctu motivum hcaliludinis amovere
lujt. — • :m, q. ïe. «rt. 13, Bd 3.— ' Opp. p. 20. — * Jiiil., u. U. Jli-, II. IM, p. 47. — : lii^. p.i •Ju. p.' 47.
,
se possc pulat ;
pcrfocio cnim vcl illnd cngitaïc VI. Beatitndinem esse voluntalis objecluni ;
dcLuissel, onino dclilifralnm ex insilo et iia. cl qunî sit biijiis rei radix ^n" M).
turali procoiltic, ncqiic possc non cssc ilii coii- VU. l'rcipler beatiludiiiem amandas esse vir-
ut (lociiil sancliis Thomas (n" i-i): lieiiirpic VIII. Onmium alTectuum radicem c.s.se appe-
nili,
niillimi aclimi ab objcclo suo, a suc fine uilinio titum cum, quosquis .sibi benc vult, et bcalitu-
scparari possc , ut supra conslilit (n" 8 cl scq.) dinem gcncratim cupit. {Ibid.)
33. Habct quidcm id aniiiius liunianiis, ut IX. Inordiiiatum esse actuni onmem, qui non
quai sil)i vcl niaxiino cordi siinl, ca non seni- ordinatur ad bcalilndincm tanqiiam ad legiti-
pcr aclu cxprcsso cl porspoclo coprilet : quin mam fincm '^n" 16;.
eliain cjus ici quani vcl iiiaximo anioïc prosc- X. Quam sit alhsurdum , amorem naturalem
(jualur, occniTcntoni sibi cofîilalioneni ad tenu beatilndinis influerc indirecte Uintum in omnes
|)us avcrtcrc, et alla copitatione acliiali et cx- actus humanos (n^ 19).
Noqiie lamen propler XI. Qui liaT negaveril, neminem adductum
pressa magis delincri volit.
ca minus agit ex illo inlimo ac lateiilc niolivi» nec addiici polui.ssc (n'^ 18, 21).
et appclilu : id enini a;:imiis, id omncs llicologi XII. Sub mco nomine vapulas.se ipsissim»
nnlld e\ce|)ln volnnt, ut qiiivis acliis ralionc sancli Thoni;c verba, a me diligenter exscripia
(nO 2-2 et scq.)
p:a'ilitus elici dcbeat ex motivo bcalitndinis,
non explicite senipcr, scd sivc explicite, sivc XIII. Qui hœc impugnavit, sibiipsi adversari.
implicilcct virlualitcr. (Ex n" A, propr, 2 et scq.) (N'^ 2", 28, 29, 38.) Atque hœc de amore nalu-
ncccsse est Homa quam pclil. Qua? cum auctor perficial,definilumque ab universa Schola sit,
impugnat, non me, scd sanctum Thomam, scd natura! toliusultimuin finem essebealitudinem;
sancluui Auguslinum millies, sed lotam thco- conseclancum est ut et gralia homini Christiano
logiaui,ipsiunquc naluram, imo vero cliam seip- proponat beatilndineni quam in (|uocunqucaclu
sum impugnat, ut dictum est. justus exquirat, qua de le totiiis ScboK-e, ac pri-
mum sancli TbomaMncnlcm exponimus, ejus
AnTicui.us X.
locis ordine rccensilis.
3i. Summa dicloruiu a thcologis de amore 36. Ex 1-2 «Cliarilas non : est quilibcl amor
natnrali bcalitudinis, lus fere proposilionibus Dei, sed amor Uci quo diligitur ut bcalitudinis
conlinclur : objectum. » (0- 65, art. 5, ad 1.)
I. Omncs utenlcs et frucntes, hoc est omnes 37. Ilem ex qua^slinne 114, art. 4 : Motus
rationem usos, velle esse bealos (n'» 7 et 15), humaiia' mentis ad Iruilionem di\ini boni est
II. Id commune angclis clhominiinis (n'' 9, propriiis aclus cliarilalis, pcr quam oumes
iO 11). aclus alianun virtiiturn ordinanlur in hune
m. Inclinalionem sive apjjetiluiu ad bealitii- linem. »
dinem laïKpiam ad (inem ultiniiiiii in inlellec- 38. Jam veiiiamus ad 2-2, q. 23, et scqucn-
tnalibiis ercaluris, ila esse naliualcni ut ex co- tcs, quibus sanclus doclorrem expre.s.se tractai:
IV. Ilanc esse naluram vobifilalis liiunana; sed amicilia> hoc est vera et genuina chari-
,
elici ac prosilire onuics lilieros actus eo ritu : titudiiiis objecluni, habcl lalioiiem specialein
modoquequo in iiitelleclivis conclnsiones om- boni , cl iilooamor tliai rilalis, (|ui est amor hu-
ncs il primis rationibus ac principiis oriuiitur jusboiii, csl specialis amor. » (Art. i.)
charitate unionisamanli
spectari. 3° Cliaritatem
temlerc in proposita *.
Deum ut est principium et causa
beatitudinis. Ex
49. lus sancli Thomœ, sancli
«
4" Charitatis esse Dionysil a'
non alterius cujusque virtutis, sancti Auguslini locis facile intclligitur,
utuiDeum tendat tanquam in ultimum (hiem,
duo con
sideranda esse in amore cliaiitaliss ;
qui finis ultiinus est ipsa beatitudo, primum'
ex anle dic- divinam bonitatem quam ille amor prœcise
tis. (Supra q spec-
2. n"
8 et seqq.) 5° Ultimum et tet ut finem et molivum foimale
principale bonum hominis esse alterum, in :
—
y.
u,J.
i
-
(t„„ ., ..
g ,
'
Loiivain, p. 03. —
> Ib., p. 6^ M. —' 76..
p. M, W. ' —
10., p. r.r.
• i
ùfp', p. '3.
66. -» Ib., p. 66, 67. ' —
0;,/>., , p. 20, àl.
,
niiionc.ii otniiis aiiior respiciat, et ad cain » es- qiue sit a cliai iiale distincla ; adeo oamia a se dici
isia concilicl cuin illa cliarilatc quœ nullinn oni- niolivi loco in amicitia. » Ouid cigo illud est
nino liaboat rcspecluni ad nus ; cl an desideriuui apud sanclum Thomam, Deiim diligi, « ul est
nnioiiis al)S(iiic ili" res|icclu conslare possit.
« causa, princi|)ium, olijeclum liealiludinis, » et
sciitialc « sit » quicrcrc unioneni. 62. Nec minus inane est illud ' : « IIos locos
56. Pcrspiciiuni i;;itur est bft'c slaïc nonposse, indicare lanlum, chai ilalem liabere pro objecte
Deum ul bcaliliciim, non aulcm bealiludinem »
CD scnsn (lueni Incluraiiclur, eaqucretraclari et
:
omnis cxpclil cha- est bealiludo sine fruilione boni, benevoli be-
unioncm quam cssenliaiilcr ,
ntas : si ucqiie (inis, ncquc molivum, ncque ra- uelici, bcalilici? Quod addit : « Sancli Tiiomae
tio ulla lormalisdiliîicndi est, rogo, quid est? vel locos co (lerlinerc, ut ostendat a cliarilale spec-
nnio lequiralur : id (|uitlem dcnionslrat non tor tacet, premit vero ea (piœ lolis «luaîstionibus
id (piod adoo moveal ut cssenliaiilcr appclalur de fmc, de principio, de causa (piibus diligatur
a|)crla conlradiclio est. De niolivo sanc secunda- Dcus; de rcspeclu finis ullinii, idesl Dei frucndj
rio, (picui auclor nec lacet nec capit ', alibi dis- ipsiusque l)ealitudinis, proprio charilali, aliaque
screinus, cl oinnia isla ex Sciiola; decrelis facile a iiobis supra memorala 'n'' 38,39 et seq.t, quo-
componcinus. rum ciihiercntiam aplaiiiquc connc.xionem cum
reliquis SclioUi; ac ipsius sancti Tliomtc decrelis
.\rticulus V. ostendemus : nunc sullicit sanclum doctorem a
pra^sulc,(ido(pieLovanieiisi (|uem ncnio cognos-
51>. Nunc, ni pcrspiciium sit quantum a sancli
Thomne doctrina al)erretur , id unum prolero. cit, nec esse intellecluin, ac siib meo nomine va-
duplicem mercenarium, videlicet bonuin et ma- Dei naturœ non gratiœ tribuebat. Ipse vero sanctus
lum; et duplicem merciiiioniam,unainlaudabi- et contrarium docet, etde ipso « motu » charitatis
lem alteram viluperabilem nam qui, inquit
,
: loquitur ; et eum motum a^ternœ mercedi, quœ
principaliler respicit ad mercedem creatain et Deus est, inteidum esse posse asserit et objecta :
temporalem, malus niercenarius est, et hune vi- ex Bernardo clare solvit unde exsistit ista con- :
[ aliter ad mercedem
œternam de qua dicitur :
niens dicere quod mohis charitatis possit esse
Merces tua magna nimis, bonus mercenarius. » mercenarius, si dicatur esse mercenarius, ex in-
65. Neque rcspoudendum, agi de homine se- tidtu mercetUs œternte et increatœ, » eoque prin-
cundum habitum jiisto qui spem exercere pos- cipali, ut mox dictum est.
sit; agitur enini, in tilulo quœstionis « de motu ,
principaliler habel oculum ad pœnam non po- , arKpiem,boiuuu optât ei queui diligil; ilhul au-
test Deo esseacceplus ; dicenilumquod non est tem bonum (juod charilas optai unum solum
siniile : nam cum pœna nec sit Deus nec ali- est, videlicet bonum œlerniun et sunnnun» bo-
est ipsc Deus : ideo ipsain principaliler polcst quod ipse Deus sit summum honmn, et quod
quis aspicere, et tamen in linern rcclc ordina- haheat ouuu; bonum per essenliam: socnntium
tus esse. » En charitatis, non modo habitus, sed quod optai illud proximo, dicilur ililigere proxi-
iterinn etiani « motus » in mercedem aUernain nunn, (juia vult quod habcal
bouuui per illud
inleuliis, idque princi|)aliler ex sanclo Honavcu- graliam gloriam .secundum (puul oplat illud
cl ;
tuia <pieni ideo, ut et sanctum Tiiomam, ah sibi, diligil seipsuin.» En lociis ille ab aucloro
acadi'iniis mecum proscrihendum proponi prolatiis iii (pio exscribil ca cpia» Dei charilalein
oporliihat. exiirimcbaMl: itremil aulem, (iua'|>roximiet sui.
68. Necpiedicas sanctum sub duhio locpii : id- in (pnbus tola eral declaralio verilalis.
tro enim condtemui- luisse tuin alicpios (pii 71. ilinc exsurgil denionslralio : ipM- (alelur
œlerna; nu'rccdis intuitiuu procedcre volebant, auctor hic agi de vera cl propri(> dicla charilate;
M non a cliaritale |)er se sed al» adectii iiatu- ,
alqui illa charitas optât sibi summum bomuii :
« rali; » (\uîv, nimc opiiiio peidlusexdhsvit: iuio
quœ desiderium
'
qunir. UlUc ^V M. ilu l'ari!>, p. M — m > il, ili>l. ',^7, arl. I,
aiicrte est lia-retica iiossidendi
•1. l.- > qualr. Lettre, p. «, — ' S. Don . itirf.. «ri. l n. 2.
40 SCHOI.A IN TL'TO.
cigo vera et proprie dicla cliariUis oplal sibi arg.: dicendum quod Deo frucndum est, eo quod
Conlinnatur eadem cliari- ip.se soins perleclc finit et delccLit ipsuni ani-
sunirmim boniiiii. :
lalc lioino Dplal >il)i siiinimiin hoiuuii (jiia Ueo ninm propUr se el super onniia, » qui est niani-
ctpruxiiiiu illml oplat; alqiii Dou cl pruximo il- tesle Unis nilimus » perleele " liniens.
oplat per veraiu ol prupric iliclain diarila- 7(!. Duo ergo perspeela sinil : primum,ipsnm
luil
ergu oplat eliaiii t-ibi vera cl pnipric friii iJeo, ut niereede, cs.se (incniillnin ullimum
tciii;
quo sanclus; deiu(l(' illud l'iui, '
Qua; verba sancli Bonaveu- (le l(i(|ujliu' «
dicta charilale.
elsi respccluni baiiealad nos, nonlamcnellieerc
tune non soluni cjus sensuin, sed oliani cjiis
docliimeverilaleniclaieaperlcquedenionsliant. ul Ucuni ad nos relcrainus, inio nos ad Deuni :
tionis;qnod\'ert)proplLMahiid dili^ilnr, diligilur lud quod objieilur, niliil polest alteri tnagis
dilcclionc nsus; «ooexhis inroilcpiintuni, iicnipc uniri quani sibi : polest dici quod Deus ina-
qiiod « cbarilas facit nos Deiini pUis qiiani nos gis esl inliinus unicuiquc rei (juain i()sa sibi,
ipsos diligerc. »
et plus peiidct esse ici a Deo conser\ aille quam
7A. Quid sit anlcin diligere propter ultimiiin a!) ipsis principiis intrinsecis; et coinpleincn-
(ineni, aniore srilicel " non usiis sc<l friiitionis, » luin bealiludinis spirilus ralioualis liabel a Dcoi
ex ipsis iniliis icpcliMidinn; nenq>e ex dist. i, in non a seipso; et ideo cuiii diciltir (|uod niliil po-
1 Seiiti'titiaiiim, nbi (bslinclio l'nirtiis et usiis ex test alleri magis uniri quam sibi, si hoc inlclli-
.Vngiislino expbcatin- : sie aiilem iociiiiliir san gaUir de crealuris, verilaleui liabere polest; si
dus': «SohisDeiisperrecteselrnihMinihilautein vero inlclligatur de ipso Ueo, vcrilalein non ha-
aliud ab ipso potest perlecte seipso IViii sobis :
bet : Dciis eiiiiii inliine illabiliir ipsi aniiiia\ et
enini Dens est siinnnuni iiuninii et dihgit se ideo anima ex iiiliuiis medullisliabcl Deo adlise.
IViiendo se, el ila nec iiuilio Dei nec nsus esl rerc; et cuin liabet ebarilalem, amplius tendit
ciini indigenlia, .sieut noslra IVnilio et u.sus. » in ipsum quam in se ; el in eo requiescit am-
l'ndt; patel i|(siuii < l'nii » noslnnn ex indigenlia plius (piain in se, quia melior est Deus ci quam
iiDstra dieiae nosUuin lineni nlliiimni esse euni ipsi silii. »Uua; niagis magi.sque eHieiunl ad
(pii sil siininuini Ikiiiiiiu iiostiiiin iiiiendiiin et cliaiilaleinperlinercqnod ^climusbal)eI•cl)eum
bal)endnni, non anleni uleuduni, siveadaliqiiid ut nobis oplimiim, elabeoilcmafleclnquisit no-
aliud relerenduni. bis iulimuseliaiilatcm omninoavelli non po.sse:
"i. Kx liis .soivit objcctioncm istam « Ad '*
:
qu;e ipsissiuia noslra, nec jam laulum sancli
ilbid quod ()l)jieilur, quod eordingit, recle .ser- Tlionue, sed eliam .sancli l!oiia\enlura> sen-
vire inluitu nieiecdis diceiidnin quod illa ; lenlia esl, quorum adeo coiijuncla auclorilate
inerees aul esl ipse, sieut Douiinus dixit ad jaiM uliinur.
Abraliani : « Kgo nierees lua '
;
» el sie iulueiis
niereedeninou ulilur Di'o.qiiia non relcil ad AllTICULl'S X.
studium est ut homo ad hoc principiiliter inten- et a spe distingiii charitatera, a qiiia aclus ejus
datiit Deo inha^eat et eo fruatur; et hoc pertinet est tendere in objectum secundmn se, etiamsi
ad peiiectos qui cupiunt dissolvi et esse cuin per impossibile circumscriberetur ab eo com-
Christo. » Ecce perfectoi uni et ipsius PauU stu- moditas ejus ad amantem i
» non
; ita multo post
dium , idque « principale, » ut Christo pci - peigitsic2: « Quod ratio olijectiva actus chari-
Uude idem sanctus Doctor ad chari-
fruanlur. tatis et habitus polest Iriplicitcr inlelligi : ve]
tatem referri supponit quod quis desideret esse prima, quœ secundum
se apta nata est per sa
cum Christo'; ex quo desiderio consequatur ut esse ratio terniinandi; \el secunda, quœ est
ali"
dicat « Hei mihi, quia incolatus meus prolon-
: qua ratio prœcedens actum (amicitice in nobis),
gatus est 2 ! » propter quam aatus est aclus elici circa objec-
Sanctus autem Bonaventura docet ilhid
79. tum ;
vel tertia, quœ quasi concomitatiir. imo
Pauli esse amoris gratuiti ex quo probat ', « ad : quasi sequitur actum elicitum. » De bac terlia
efîectum charitatis non tantum spectare amore nihilnunc ad nos altinet. De secunda aulem hœi
Deum amare amicitiœ, imo eliani amore concu- observanda sunt primum, ut Scotus mox dice-:
piscenlicB. Frui enim, inquit, est amore inhae- bat,eam esse rationem « antecedenlem » ad ac-
quod frui Deo est per charita-
rere, et constat tum amiciliœ, quœ vox veri motivi in aclum in-
tem: quod hujus sancti iocls supra memoralis
« fluentis vim indicat: altcrum, propler eam
apprime congruit. De amore autem concupis- actum nalum clici. » Et talis, inquit, in propo-
centiaeex iisdem doctoribus muUa commemo- sito est ratio relativa hujus nalurœ ad amanlem,
rare possemus; sed praetermillimus, quia non in quantum est bonum couimunicati\iim su!
sunt hujus loci, imo forte in lotum nec hujus illi :sicut enim in nobis primo amatur aliquis
quœstionis. Sufficit autem ut certum sit id quod propter bonum honestmn, secundo quia scitur
asseruimus, illud Pauli: « Cuplo dissolvi et esse redamans; rcdamalio in eo estuna specialis
illa
« cum Christo, » esse charilalis; duobus scho- ratio amabililalis in eo alliciens ad amandum,
lastlcis sanctis doctoribus id clare asserenlibus, alia quam per bonum honeslum: ita in Deo non
nullis contradicentibus. sola bonitas infiuita, vel hœc nalura ut liœc na-
Suimna autem diclorum est sanclum
80. : tura,allicit ad amandum, sed quod hœc bo-
Thomam sub nostro nomine esse reprehensum; nitas amaverit me communicaiido se miiii. Se-
sanctum aulem Bonaventuram haud minus clare cundario hoc allicis, et in isto gradu amabilila-
consentire nobis: quare in ca quœstione in qua tis polest poni omne
inveniliir ratio illud in quo
coarguimur tanquam Scholœ inferentes bellum, amabililalis et potest dciiioiislrare se redamare,
habere nos consentientes sanctos doctores scho- sive creando, sive reparando, sivc disponcndo
laslicos duos maximœ auctoritatis, angelicum ad beatificaudum ita quod inlcr hœc non sit :
videlicetet seraphicum Doctorem. Jam de alio dislinclio, nec charitas respiciat magis ullimam
Scholœ principe Scoto facile transigcmus. (rationem) quam secundam, nec secmulam
quam primam; scdomnes sint raliones quœdam
non boni honesli. sed boni communica-
siiiuiii
QU/ESTIO IV.
livi et amanlis et quia amantis, ideo digni re-
:
De secundariis rationibus objcctivis charitatis : damari, juxla illud Joamiis: « Diligamiis Deum
ad n. 4, prop. 23, 25 et seq. quoniam « ipse dilexit nos » Hivc Scotus, a •'.
tiva charitalis, jam palet, cl adiiiic luculciiliiis ccssaria rcdamalionc conveniant: sine qiia nec
et ineluclabililer ik-moiisliaMlur. essel amor amicilia', hoc est non csscl charilas,
utsno loco dilii^'enliiis osteiiilclnr: niinc ûiiteai
AnTicLLLS m.
non resipsas, scd doclorum décréta cl aiicloii-
83. Scotiis aiilem pro more confiilal)al l)oc lales allendimns.
loco siiiicli Tlionia! scnlontiaiii, (iiiulanlis ipsain
AUTICL'LIIS V.
« charitalis sivc aiiioris aiiiitiliiL' lalioiieiii,
88. nos moveri oportel his vocibus
Ne(pie
« super commimicalidiie » ill.i > iioiiiiiiis " ad
Scoli dieeiilis .sccimdam illaiii r.dionem dici
Deum, i< seciiiidiitii qncMl iiol)is siiaiii iiealiliidi-
qiiidcm " ralionem objeclivam aeln allicientem
« iieiii coniiniiiiicjd: (piod assidue sincUis iJoe- °
ad amandum, sed aliqno modo el aliqnaliter ' :
tns Diictor 2; « (piod charilas non solnm si;inili- (pienlia: nec poU^st esse pcrtectissinia ratio dili-
cet aniorem Dci, .sod eiiani aiiiiciliain (pianidain giliilialis sine ntio(|ne honim. la Deo autem
nd ipsniii: (pi.u qnidem sn|)er aniori'iii addit prima ralio dilisibililatis est hoiicslassiia. Se-
nintuam redainatioiiem ctiiii qiiadam comiiiu- ciinda ratio pra'cedens actiiin, est (piia amavit
nicatioiie iiuiliia. » nos ciTando. » Quibiis ileriim ilermnque clares-
8(i. Scotns vero tiis fiemina docet; postea- cil inolivi iilrius(pie piiiiiarii scilicel ac secan-
qnani enini ohjicil sihi non dari charilahMii, darii in eliai ilalis aclibas arcta conjanclio, in
B (]uia lahs virlus essel aiiiieilia (piio non nisi in- quam Schola lola consentit.
ter a'cpiales esse possit"*: reS|iondel charitatem
Articulus VII.
qiiideni esse amieiliam, an(pianlnl(ini exteii-
deiido (iioiiien amicilia' : Imneslas (|nippe, iii- 90. Id suinina ipsa .sccnlos scholaslieos omncs
qnit, in dih^ii)ili, et reilanialio in (hiccio, snnl facile reeo;,Mioscenl<pii Thoiuislicaniac Scotisti-
condiliones pcr se in (iili^;ii)in, non (piideni im- cani Scholas, lice', sihi adveisinles, lanien con-
pcrleelionis ; inio non essel perleelior si non cinere animatherlenl. Id nijslici, id in praxi
redaniarel; » mule sululil: « Dens aiitein liahet omnes; (inosiuler
doceiil pii llarphiiis''; « Dens
lioneslatem el redainalionem sicnl anialionem: pcr ^laliam snam in nobis liabilans el vivens,
ex ipio excellenlins polesl esse amicilia ad tan^il spiiiltim noslrum sno dii;ilo, id est suo
i|)siim, ila ni dicaliir superainieilia '•. » spiriln. vicissitiidinem anioriscxi^ens, eldicens:
87. Kn (|U()iiiodo sancliis Thomas et Scotiis Aniale aniorem a'iernaiiler vos amanlem qiia :
nier ipsa dissidia, tamen de primariis et secuii- voce, incpiil, interiora imi\ersa amoris inipela
dariis rationibiis objeclivis charitalis, el de ae- commovenlnr, et omne.s aniinaj vires respondere
' î-2, 1. JJ, nrt. 6, nj 2 — ' 1-2, q. 60, art. 6. — ' &ol , ili ' lu Ml, dist. 27, q. un., n. 8. — ' Srir, Rtpori. Paru., dtst S7,
8T, q. un., n. 1. — * 76., n. 20. 1. lin., ch. 2, n. 3. — ' n.irp.. lib. iii ITinl. myr/., p. 4, c. 2».
,
co^mtur. Abyssalem amemus amoreranos œter- inter illud essenliale primum etaccidentalia, non
naliteramantem. » Sic ex instituto totiiis Scholae sitadraittendum metiium, nempe proprium in-
etiam scolisticœ, mystici duo illa motiva, prima- separabile; quod eliam sœpe essentiale dicitur,
rium scilicet et secundarium, in unum con- quale est homini loqui et alla. « Ergo prœter
« primam rationem, sunt et secundariae consé-
jungunt.
91. Praeit Rusbrokius, dicens • ; « Spiritus quentes ex prima, » ut ex sancto Thoma dixi-
sanctus alta voce sine slrepitu verborum vocife- mus (n. 8i}; bas autem sive proprietates inse-
ratur in nobis : Ametis araorem œterno aman- parabiles a[)pellamus, sive rationes formales
tem; » ac paulo post : « Nuuquam conticescit, subordiiialas, nihil ad praxim atlinet. Resagendae
sed perpetuo sine cessatione clamât : Solvite de. Christianis non hisarguliis metiendae sunt; quae-
bitum vestium ; amale amorem vos ex omni rendum quid Christus dLverit; an Dei benelici ac
œternitateamantem ; » quibus sane verbis per- bealifici rationem ab ejus perfectione smnma
separari voluerit ? an liœc ad plenitudinem cha-
fectissimam chaiilatem a sancto Spirilu infusam
adumbrantes, sicei motivum secundarium Dei ritatis conjungi jusserit? hoc, inquam, quœri
amantis adjnngunt, ut in actum charitatis con- oportebat; non falsa dialeclica commoveri ac
fluant; quae piorum omnium est praxis.
scholam motiva in
velut obstupefieri imperitos;
Scriptm'is conjuncta non negantem neque sepa_
Articull's Vill.
rantem, sed ordinantem, adversus Scriptiu-am
92. Primum quidcni illas suggillatut meas 2
;
concitare nefas erat. Hœc notet vir disertus et
nec légère volait annotatuni ad marginem Scoti ingenio dicendique artibus fidens; ac tandem
locum insignem, cui et alios tam perspicuos ad- agnoscat, nos immerito reprehensos, quod utra-
didi; quod quidem non Scotus solus, sed cliam que incentiva Dei perfectissimi ac sese commu-
sanctus Thomas iisdem vocabulis, cœteri auieni nicantis in praxi conjungamus, imo eamdem
theologi nullo excepto, saltem aequivalentibus nostramac principiumscholoe tolius, adeo theo-
et summa ipsa recognoscunt. logici ordinis esse sententiam.
93. Addidit mutari spcciem virtulis, adjuncto
ad motivum specificum alio proprio motivo '. QUiESTIO V.
Alibi 3 a Quœcunque nova formalitas addita ut
:
De illa dausula, mtllo respectu ad hos :ad
essentialis motivo specifico, ejus mutât speciem. propos, n
eris.
Quare, si Meldensis motivo specifico charitatis,
ArTICULUS PRIMUS.
quœ est gloria Dei, addit motivum spei, quae est
beatitudosiveadeptioboniutsecundum motivum 95. Prorsus D. Cameracensis abutitur defini-
essenliale sive inseparabile, inulat speciem cha- tione Scholae dicentischaritatem «esse amorem
ritatis, mutando motivum ejus specificum, sive « Dei in se, nullo respectu ad nos, » dum ad
formate objectum. » Hœcille; et illud assertum extremum urget postremam illam clausulam.
tribuit sancto Thomas, nullo sancti Doctorisallato Sane verum est illud, « nullo respectu ad nos, »
loco. Sed hic duo peccat primum in eo quod :
sensu qucm nos diximus (n. 4, prop. 17 et 18) '
assertum falsissimum est, si motivum istud se- nam si absolute et ad strictos apices verum est
cundarium suboi'dinatumque sit ; quod liquido cbarilalis ad nos nulluni esse respeclum, non
constabit arics virlulesquc scdulo peicurrenli ;
ergo illud verum est quod ex ipso auctore dixi-
nempe id perspicuum est neque qiiisqiiani ne- mus (num. 17, 18; auioris naluram esse « es-
:
totamque adco Scholam ea de rc consculienlem lud verum erit, dari « essenlialoiu lendenliam »
oppugnat. Allerum erratum est, quod essentialc absque « uUo respcclu, » (pioii aperiam in ler-
sive spccilicum conlundit cum eo quod est inse- niinis conliadiclionem implical. Si ergo vere
ter ncccssarius, iit niilla ralionc ab eo separari a divina gloria separari, mera udificatio est;
mcraccnsis', ttqiiinDeihcneficia.ciuatemisIttMiin
ruiii liicrum, verum quiestuin prœslel, testante
infinité Ijcnilicuin ilcniDiislratil, nieiilioi)jiiiaiit
Aiinslolo : « Mibi vivere Cliristus e.sl, et niori
nnnni c.\ ojiis altriijuli.s in (luo, .sicut et in ca'le-
« lucrum '
; » et « Lt Cbristuni lucrifaciam 2; >
:
notaliiin; sinauteni intelligatur onnii modo esse « merceiiariam .spei ciipidilalem eam esse, in
alisoliilmii, negaiiius; nec ipse auctor nobis
([ua non tain boiiitas largientis, (piam prœ-
ûdveis;n i jiossit : cpiare nec (piodjaclat in ligoie
niium retributionis expelilur. « lia ergo volu-
tueri, objectiim (iiaritalis ab onuii relalione ad
nius di\iiii> beiieliciis allentam es.se cliarilatem,
nos esse inu'cisum.
« nt largientis bonitatem » vel maxime atten-
AllTICLl-LS IV. dat; benelicia enim in nobis crealuni aliquid
98. Idem auctiT siilidil' (|iiod « eo respeclii simt ; bonitas largientis iiiliiiita et increata, quœ
ciiaritas sïm- aiiim- ciuiiplaieiilia' ciinclis Dei be- laiiien a res|)ectu ad beueliciu nequidem mente
neliciisliiMiiiciis deleil.itiir, non i)ioplerea Dei et cogitatione separari possit.
ex sancto Thoma amicuni diligamus. Deus au- tis quam Dei benefici atque effusissime libe-
tem est ainicissimus, et charitas, ex eodem ange- ralis intuitus, ideo esse consectaneum ut plu-
lico Doctore, ipsa est aniicitia '
; ergo virtutes ris valeat quam utriusque complexio. (Ex prop.
Dei, ipsamque beneficentiam erga humanum 30.)
genus, per se et propter se diligimus. Articulus X.
Articulus VIII. Videndus hic est Sylvius, qui facile
106.
104. At enim, inquit 2, Scholœ doctrina esset
coniessus amorem Dei ut prœcise excellentis in
« cassa et nugatoria » bene intellecta, nego ;
se esse, actum primarium charitatis, secunda-
:
Articulus IX.
his abesse, cum et ultro fatealur Deum infinité
beneficum esse charilatis objectum 2, bonilate
105. De his motivis inter se comparatis, ex relativa in absolutam versa, a quo nec nos
prsedictis propositionibus nunc ista colligi- abhorrere visi sumus; in tenui ergo nostra est
mus: concertatio. Utiuam ego vero id vel omni san- !
' 2-2, q. 23, «ri l, olc. — ' liesp. ad Hiimmam, p. M. p. 13, U ; Diu., p. 3. — • Lotira d'un thiiolog. do Louvtlii, p. 60.
,
46 SCIIOLA IN Tl'TO.
vissiinos finnal ciTorcs ; iiidiicil n(jvo> : iiieuiu- an nos, imo simplicitcr et omnimodc ad iJcnm
giain iitiivcrs.iiii qii.ilil. Ona' |i.-iiliiii proliala nos rcfert. » Sic ipse illud h ni refcrl ad iinain
sunl, parliiii in coii.sc(Hicnlil)iis piDliabimlur : cliarilalcm, qui mox rcfeiclial ad spcm. Ncc
sed praMJiilli'iula (luanlam. (]iiil)iis cl aiilcriora niirnm .si variai, qui a iccla via semel aber-
(iriiifiiliir, cl (ilijoctii)iics, piicsnliiii ex sclio- ravil.
cuucessis ; ad prup. 3G. vcrc csl; dcnique Deus vull se diligi non ut
: ,
110. Varia sanc rcspondel praîsiil ac pri- : nonpro])tcr le dchesdiligcre, sed iiropterDeum,
imim « cliaiilalciii j;eiieiiee suini pro ipsa spe uhi (lileclionis tua; rcclissimus finis csl. » Mit-
(jiiain sipnilicaliiniein, impiil '•>,
sancliis Thomas lamus crgo vanas ab Anguslino aliénas re-
et
lataiii liabiicrit; > al vciha Auguslini rccla- sponsiones : hoc pro concesso lencamus a prœ-
iiiaiil ; cliarilaleni eiiiiii deliiiil eain qua « Dco sulc , Auguslinum agncsci judiceni ; agnosci
liiiiiiiur proplcr ipsum. » lia'c osl aulcm vcra illam quam Anguslinus detinilioncm cdidit
cl inoprie dicla cliarilas, ul mox concedel aiic- charilalis : qua dermilione, causa cadil. Schola
lor. Rursiis, cliarilalcm dednil cam qiitc cslad aulcm oiimis, ut cl ipse conlilelur, |)osl Magis-
Dcuni et ad pioximiim : csl aiilcm l)a^c vcra Irum in 1, distinct, i, Aiiguslini dcfinilioncm
,
cliarilas. Di'iii(|iie eliaritaleiii delinil cam qnrc adniillil : ergo et Anguslino el Iota Schola ju-
ciipiditali oppoiiitiir. HaT auleiii itenim alquc dicc, el suo aibilrio, prœsul condemnalur.
ileniiii csl ipsa cliarilas. Saiieliis ven» Thomas
Articulls V.
ciim saiiclo Aupiislino hic vidl definilani cliari-
lalcm proul csl a spc dislincta non crgo ca :
413. Nihil csl quod niagis verilalis inlersit
cliarila> comprclieiichl speiii ; iiccpie nlltis llieo- inler conccssa mcmorari, quam islud sa'jie a
logorinii aliler inlcllexil; ac iie(iiii(lein ipse iiohis assumplum ex Iiisiniclioue pastorali. D.
ouclor, ul scqucnlia docenl. Camcracensis ^ « Fieri non possc iiti nosmct- :
ven't « amorem illiiiii tain puruin, queiii uniis- ccrtum est causam esse conclusam, et auctorem
(juisque sibi semper debeat » illius bœc verba '
; convictum esse manifesti erroris, qui loties di-
sunt : ergo anior ille « semper
qiiem » nobis xerit.ab objecto charitatis seclud* posse imo ,
debeiiuîs punis est; amore autem illo indesi- vero oportere, sludiurabealiludinis; adeoquenec
neiiter suninuim bonum nobis, ipso latente anc- eam nobis nec proximo ex charitate optandam,
tore , non oplare non possuraus : ergo piu'i ut etiam sequentia magis declarabunt.
amoris est, summum bonum sibi optare, idque
Articulus VIII.
concedit auctor : cujus concessionis quanta sit
120. Ex his igitur palet per auctoris concassa
vis, sequentia demonstrabunt.
rem esse conlectam; quod ut prohibeat, et ocu-
Articulus VI.
los ab ipsa summa quœstionis avertat multa de
115. Primus Augustinus prodeat disertissimis spei naturadequegratitudine profert; quœnunc
notissimisque verbis 2 : « Jlodus diligendi prœci- resolvenda sunt, et ad ipsum quœstionis caput
piendus homini, id est quoniodo se diligat ut
est semper oculi retorquendi.
prosit sibi quin autem se diligat et sibi bene
:
ritati,
nobis autem et proximo ut illud habeamus. Uuaj
vita beata alla posluletur, dicente Apostolo :
n. 70^ S.
I,
l'ttr., I, «.
tl,
ud .Sammam, p. lU, 33. — « In 3, il. 26, arl. 2, q. 1, ad 6.
48 SCnOLA IN Turo.
vcro in icrna ;
qiiare ncinini oporicl crimini net qnid Srlioja sensorit; bnjns ego dogmata
vcrli q.iod sprni nepcl iiioironariani, modocon. aiiis quidcdi ol)jicienda, nonanlem miliisequcn-
fcnlanca |ip(|iiatiirol slatiial. Snl (iiiamlo(|iii(lfin da proposui.
pai-s ex ipso a'ierna» liealilii-
Scliol;e iiiaxiiiia , Artici'lus IV.
(iinis (lesiderio, vnlt spcin cssc (piodamniodo 126. De amore vcro cbaritalis et gratitudinis
iiioicciiariam sive siii comiiKidi sliidiosam cha- ,
a se mulno dislingncndis non ila sollieilisumus.
lilatcm aiitcm non ila ; id qnnquc ex sancli Uilro tamen laigimnr domino ai cliieiiiscopo ca
Tlionia' allalu priniipii) rcsolvcndtMii.Elsi cnini de rc maxime lal)orare viso • : si qnis ila divinis
cliarilak'in (pidipic friii vcllc ronslilil, Ion;;© bcncficiis addictus viderelnr, nt de largitoris cx-
dissiniili modo in liiiilioncrn lendit ac spos. l'iic- ccllentia non siilis cogitarel, Deoqiie inbaîrerct
Icrquain qnod cnini spes in linilionoin lendit ut niagis affeclu quain eff(>clu ; id ipiidein adgrali-
in ol)jotluni primariuni, ciiaritas vero eain sc- tudinem rclerendum, non ad charitatcm sin ;
cundario speitat ; iuic cliani acccilit, (|iiod ciia- autem ad benelicia sic res|)icit, ut ipsum largi-
ritas iK'o frnalnr, ni pnescnto, eonjnnclo, unilo, lorem vel maxime spectel. et al)execllenlia ipsi
et aniico ; spes vero ni al)sentc, necdnin ainico beneficio, nli par esl, jiretimn ponal, iiunc vera
anl nnilo : qno fil nt eliaiilas in sola Dei p;loria aldci eiiaritale, nec ideo inferiorc, qnod utraque
ut in tinc sislal, eoipie referai frnilionem snani, scilieet et Dei optimi cl ejnsdcm i)encvoli ac be-
ul (lixinms : qiiod (juidein si spes facercl, jain neliei inoliva conjimgal, tiicologi docent (ex n^
non essel spes, sed cssel i|)sa cliarilas. 4, prop. 33 item ex q. v. art. S, 6, 7 ; et ex
;
AnxK.ULDS VI.
Hoc esl : non mihi opus est « solvcre objcclio-
« neni » a Sciiola* aucloritate rcpelilam « ba'c
129. Uuorsum erg illiid loties al) aucloreallc
;
« me nihit atlinel. « Quasi dicat; Nihil me atli- ' Kap. ad Summim. p i;, ». 31. elr. — ' Su imn inci ; r' «ri
friiii(.ii>. Siur., Dt /Id. $pê cl char. tr. 3, diS|j. l «cet. S, n. 3, «t
< lictp. ad Summum, p. 33. — ' JOiJ., \>. J2, 33. a. — ' Sai>., n. OU, »1, V* t'cril, ii. 10.
QU^ST. VIII. DE FALSO MPUTATIS. -49
perfcriam qiiœ Inii appelât, si ipsiim t'nii lam Domini Cameracensis hapc verha snnt • ;
133.
peilecliirn esse (lidnms? Non salis inlellexit
« Meldensis dixeral banc suaui de beatiludinis
pra-siil iii ipsiim fnii diversissiine tendere spem
molivo inscparabili senlenliam ab omni Scliola
et cliarilaU'in illain, ut in aliqnid ahsens et
:
usuipari ; » recle ; et id etiani num dicit: Nunc
adepln arduum, quod eslini[icrl'celiim; liane ut conlraiium abonini lereSchoia tradituin latetur.»
in ali(piid pnvsens atqnc cunjnnclum in quo
Non ita sane suin confessus ab objcclo specifico
:
liabenl nisi aucupaii voces; non dicat arcliiepi- 134. « Pollicitusest (Meldensis) se confutatu-
scopus lanto I; ;'o positus; agnoscat chari.ati rum Scholce sentcnliam libro ea de re cdilo. »
nihil esse nielius atd oplabihus, quani ut Deo lia Cameracensis ^ lalso. l'oliicilus est Melden- ;
conjuncta per giatiain et gloriani, vel sit bealis- sis, se ita explicalurum Seholœ opiniones varias»
sinia, vel esse incipiat. H;ec de spei natura dicta ut Iota dispulatio non tam de re qnani de nomi-
sint quo ad enores aucloris revincendos certani ne esse videalur 'i. Item est pollicilus, Ibie ut
viani uiuniauius. deinonstraret tolam illani quœslionem nihil
Articulus VIII. attinere ad rem, de qua agimns ^. llem est pol"
licitus, se demonstraturuni nihil allinere ad rem,
131. Imo res ipsa conl'ecta est. Duo enim auc-
an ipsa aHerna bcanliido primario an secunda-
tor asscrit : quod ipsa ciiarilas ita
alterutn niox,
rio, modo tameii ncccssario inoiivo ab ipsa clia-
absit ab eo, ut aliquid ex Deo sibi provenire,
ritaleq(ia;ralmfi. Ha^c quidem Meldensis est pol-
optet ut nec illud optet ïibi a Deo provenire,
;
Articulus IV.
QU^STIO VIII.
De impulatis.
133. Si domino Camcracensi eredimus, « is
falso
ego sum qui tolam inlcriorem vilain et ip-
Articulus primus. sain chai'ilalem ad bealiludinis in Deo amo-
132. Id qnoquc |)ertinet ad involvcndum rciii reduclam velim ». » Kuisus : « Dominus
qua^stionis slaluni, et ad locloris oculos ab illo Meldensis episcopus charitatis noinine nihil in-
distrahendos, quod aiictor uiihi ac tanta irn_
lot lelligcbal pra'lcramoiein bealiludinis in Deo^ »
piilcl cohlra verboriun teiioreni, quiu nuuc ne Addil : "ludcsincnler collimal idem episcopus,
lectoii lucinn laci.nit, (luani [la.icissiinis [lolcro ni lotaiii ainandi Dci ladoncm, amabililaletri
conuneiiioi'.inda sunl. —
'
Rrsp.. ad Summam, p. 6. —'Summn d«cl., p. US). ' Krsp
— ad Siinimnm, p. 6. — < lii>i. sur les . latu doraison. 1. m.— * Ibid
' Iteip. ad Summtim, p. 62, 63. 6», etc.; !'->, q. 17, B. ' 10.
, p. — ' //>., I. V. .Uhlil., p. 2119. 210.211. 212 21.) 214. \ilb. — 1 Htèjt
14; 12-2, q. 23, art. tS.
ad iSuninuini, p. 63. — * Jb., p. 8. — • /t., p. Iflj
a. io.M. VI.
50 SCHOLA IN TUTO.
[otainponat in qnfprenda in Deo hcatiliidine, et 13&. Quam procul a nobis absit illud, Cave
ulamaiuli ralio imam iii licalilmlinem rcsolva- nobis lain aeerbe impidatmn, antecedenlia os-
tur '. t'iKKinild noslia Ic^ciil (pii Iimt (ilijicilft lendunt. Uui.s enirn ex n<ibi.s dixit nnqiiain :
ipsam nniveisiin, seil speciali'iii et (piandain (pie ronli ilionib seiiijier babnisse siimmani Dei
cnrn ScDlo rcpo^iil; (pioil et Snmma diwlrmœ exeelleuliam, loties dixiinu-, ul leclori la'dio
priipu-
nefieen iain eunlincri putes cave ne cuntrilio- :
quam illnd inviiliuM' Iribiiiiiur nubis > : u Cave veie el seiiu adinonemus?
Uiï impl)^leI nui ullimi eunlriiitini.s acliuu elirias,
iii^i li'ipsum beandi |ll'llpll^it(); (piiMimiNSo buniu Articulus IX.
mU\ dbidt rel. » Sidxlil : (Àiniriliu (pianliimvis 113. Non eifîu, ul objicilnr 2, « di.seoiliiunsab
iia^rans, ex sula lleipulehiiUiuineel penecliune oa eunli'iliunis lurma quam a pareniibus edocti
inlinda, j^raliludun Dei lieneliciis se.se deleeianli snimis. » La enim lurma in onmibii.sealeeliisinis
tloru^aiel. liis ui'^ulii.s, qii;e ipMi usu el in pruxi le^ilur, ul p( (-(-al.imdeteslemiir, " eu cpiud Deo
nuMiuaui valent, (.lni,>Uini ipsnni bcnelicioruni upliiiiu sive iidinile buiiu « displieeal. Ll si au~
ouniiuni lonleni abjieeres. tcin <> illud uplimum el inliiule bunuin, sniu- >>
'
Rr>p. ad Stimmnm, |> vr. »«. 15. — > P., p. Ifi. 40 — » /.'«p. inaiii Dei exeelleiitiam pi rieeliunemque desi-
Oé Samniara, |>. 17. — • Ambr., m J^ial., i, ii. 1 at 13. — > Jt<*t>-
ad Siimmam, p. Ï7. Sess. 6, c. 6. — ' Reip. ad i>ummum, y. X.
J
QU^ST. IX. DE CHARITATE UT EST AMOR MUTUUS. SI
gnat, ea tamen voce vel explicite vel virtute com- amatur ut amicus in que mutuum ilhid requi-;
totoqiie afit'ctu centies ileramus : Coiilileiiiini « et ad me couversio e.us 2. » Quod eliam Cbri-
nos pionnin, eo ordinc ac ritii (pieni sœpe ilixi- 148. Radix aulem hujus rei est, qnod amor
mus. Roganius eniin D. Canieracensem, an ne- naluia sua est unilivus, imo vero est ip.sa aniino-
gare audeal benevnlentiam acbeneficenlianiDei rum conjunciio; neque quis ainare polesl, nisi
interejus a virilités » ac perfe tiDnesessennme- eum quein sil)i tradilum, cui se liadi.um velit-
randas? ergo bonilalom Dei viitiUeuiquc spec- unde ipsas charitas ab A|)ostolo vocalur « vin-
tantes, eo qiioque nuniine beneficentiani com- culum perleclionis ", » uuiendo Deo et homini
picclnntur. Alibi aiitcin ostendimus saiium •* apliun, cum couscientia amoris mului.
intelli'Cluni ejusdem Calechisuii ab auctore per- 149. Id a prœsuie semper dissimuiatum esse
versuin Tlieresiani, Salesium, reliqnos Iriistra
:
gravissiuium est, et si sa?pe a nobis objoctuin
appellatos, oppositee senfentiœ favere peinega- jam indeab hislriiclidiie de stalibus orcitinnis 5,
iCiitl., li,16. —
: r„ni VII, 10. —
> Joan.. xv, •!. • Col, —
' /'fa/., CIT. 1 —/ifip. nd fSiimmiim, p. 'il
•
Calk. conc. Trid., , til. 14 —
,
~ —
I. '
I
53 SCHOLA IN TUTO.
152. At, qiiod idem pr.nesiil in ca(!cin epi- De sancto Beniardo ; ad n. 4, prop. 23.
dccrriRMilis uni cdiii luilnilis. tjuoù (|iiidein Kiispecliim qiiodammodo ad est lilii
noiidiiin
b.Tredilatnii spcclantis noineii; ca'Ieruin nec
addo : « Videlur >ancliis a iliarilalc cxcliidcre
S|)onsi ajipellalio iiiimis rclaliva est qiiain pa-
« dc'idoriimi pos^idcndi Doi : » iion magis est
reiilis; >ed s|)on>i ralio desi^'iial riarius lolam
me 111, qiiarii illiid saiicli IIioiiul' lepe-
lolics
sponsfe possessioiiem in ipso sponso pusilarn
lilum : « Videlur qiiod non. i> llaqiie dhid, ;
conrcssi^se Mrliien-
sum, a propler se dili^i » in illo rrucUi, in ,
ynarr qnod pra'siil aildl *,
illo comniodo noslro clare compreliindalur.
seiM id qiio « niliil est rmdra iliiiin lucuienlius, >
Nec luinim ; cinii illud a Deo requi>iluni. niliil
ob eclio e>t pro £once~si>ine arcepla ; non (|ui-
aliud quaiii Iléus ip.se sil: Prxinium, » inquil^,
dein inala lidc, credo, sed |)Cssinio aniini adver-
« ipse qu' diligilur. » U"fE "os n" i, in prop.
sissiiiia (|iia'(nie ro;;ilanli-; excinplo.
noslia!2J. qua perspicuilalc puluinius, exseculi
lî>.i. Uiioriica ab.sliaiu'ndo liic a qua>slione
sumiis.
de inoli\i> alibi prrlracla, jiro ceilo rrlintiiiilur,
15". Qiiin eliam Bernnrdns qiiarens quo
anioieiii Dei tilamiri, el esse cliarilalis, el eiiin
« mcrilo suo » Deus dili;:-aliir, nullo loco nie-
necessario inaiiilrslo(|iic lespeclu ad nos esse
moral cxcelleiiliam illam ab omni respecUi ad
toiijiiiicUiiii ; ipiod eiat deiiioiistranduui.
nos absdiiilam. Sed « quo nieiito noslro * » :
lici langnescil ac lrij;esril oralio, nec amorein , praniid, quod extra Deiim (pueiereliir. Siibdii:
sed spein spoiisns el siionsa caneienl ; (iiiol) est « Varna ipiippe rliai ilas esse non pole^l, ncr
absurdissiniuni el iiierudilissiinuiii. lanien merreiiana est, quippe non (luœrit quœ
sua sunl.» Cur auleni non quieril? « quia ha.
' Instruction sur les «ils d'oraison, 1. viii. —•' lli. — ' /"o. — '
Al Canl.. m™. 83. n. 3. — ' /6.. n. 5. — • Pf d l. I)r\ c. l^
' Uttre4, |)ig. UO. — > Canl., vi, 2. — < Caiil , m, 4. — ' Cant-, n. l. i.6i sup. — ' JO., c. 7, u. 17. — ' /t., c. 1, n. 1. — '76.,c7,
1,1. 11. 17. — ' Ot dil. /V', c. 7, n. 17.
QU^ST. XI. DE AMORE QUARTI ET QUINTI GRADUS. S3
« bet, » qiiia ipsoamore jampossidet: « nec qiiœ- trina Sanctorum liber nititur. Amor autem
ril qiîfesiia siinl, quia non désuni'. » quarti gradus, est amor charitalis sive « jiisli-
100. Ca^le.a jam clarasunt: « Amor ipse sibi « ficans ' : » amor vero quinli gradus, csl amor
fnic.liis : sibi [ira'iniuui : aniat ul aniel 2 » perticiens sive |)urus, et perlecla ciiaritas 2.
qiiipne qui iii amore suo ipsiim auialiim coin- Ifii. His posilis aucloris detinilionibus, prima
plcclatiir lotiini, nec « a spe viies « siimilom- nostia conclusio est: « Amor justilicans est « iile
nes, ul sîiepe dixiuius : nullas, ha'relicuin, et « quem Schola defmivil amorem Deo ut in se est
coiiciiio Tiidciilino palam coiiliariuin. « adhœresceuteni, nulio respeclu ad nos:»
161. Quod ergo Coniardus addil ad iliud Da- quoad illam specilicain amandi ralionem, ut
vidis: « Confllciniiii Domino qiKini.un bonus :d diximus. Res per se clara, et ex dictis probata,
conlilelur quidi'ui, quia l'orla.^se bonus est sibi, ipsaqueauctdiis conlessione concessa.
non quia bonus esl in se^ » conciliandum est : 165. Seconda conclusio: Amor ille « purus
eu II eo quod videmus Deum diiifzi « propler : « est alque graluilus » ex lerminis constat, :
se psum » eliam ex noslio commodo, « quia cmn sit, ni vidimus, pura Dei bonilale in se
niliii fructudsius* : » nec inunciiio lamen vi- considerata lulius, alque ea ralione a spe dis-
tuperalur ille qui « Dcum sil)i boiuun » lan- tinctus : unde :
« tuni cogitai,quippe niiiil diligil nisi suuni s : 166. Terlia conclu.sio : Nihil illo amore su-
ilaque Deus bonus nobis cl bono et maio sensu « perius invenitur in Schola : » quippe cum in
sumi polest. Qui vull Deum sibi bonum ut det illo consistât pura et perlecta charitas : ex quo
tanluin extianea a Deo, malus est ainor au- : seqnilur :
tem ex Beiiiaido semper est bonus; cmn pse 16". Quarta conclusio « Amor ergo quinli :
Articulus primus. supra est, ncmpe amoi- (|uiidi giadus, ilcrum at-
cpic ilcrum csl sallcm stipcivacaucus, loti(]ue
163. Jam Schola penilus explicata, falso im_
pulalis ordirie conlulalis, nojjis dcvcriil ros
Schohu incoguitus. Jam ergo dcmonslranuis
ad
quain sit erruneus.
Jugulmn causa', cl ad duos amures, (juarli ni-
nnruni cl quiiiti gradus, quil)us tutus de Duc- Articulus III.
I
/h Canl serm. 18. n. 3. — ' scrm. 83, i. — '
ni. Est in Summa doctrina' ••
Inijiis crroris
, /(.., ii. Epist
11, cl Oe d I. Dm. c. 12, n. 34. — < Jbiil., c. 1, n. 1. — s
Ib., c. 8,
Mnximct des — — —
n. 22. — • fTi{K» sur l'Iiistr. put., p. 609. •
'
là., p. tl tt 9. —
s«ints, p. 6.
> Summa
' Jb., p. 10, IB,
doct., p. 443.
' /6.. p. 8.
84 SCIIOLA IN TlJTO.
demnnsiratio, qimm nrinc In paiica contrahl- jecio et « in »efn hninnnoi indefinite sumptn;
iniis. Il) Ik(I)c1 (|iiai lus ^nuliis D. Caiiici .icciisis scd non in illo nclu in ipio cnI inuiiliiialio. >i
in lihro De ilmiiina saDrlanim, « n( iti co Dciis erdni ipseaelns in qiio esl inoriliii.itio el pccci-
qii;i'r;iliii |
ropliT i|i,siim, (iMiiiii|iic rci niil('|tiinn- tiiin, esscl Jialiitn salleni suliinilinalus ultinio
liir, cxccpliiino niilla ; (|iiin cliarn in eo nloria fini, es.set (inoipic pcr se reliiihilis in Ueuni,
Dci pi!vd|)iie (lilijialiir, ihiqnc |irii|>rin lioaliliido pos.seUjue actu relalus in Ucinn, (ieri nieri-
non iiisi ut niciliiiinad liiiiic iilliiiiiiiii fiiuMii, lioc torins; eo modo qno aclus iiidilTcienles, pnta
est ad Dci gloriain rolatinii, ei(jue siilHudiiialnin comcslio, et alii Imjusniodi relati ad Deiun>
re(|iiiratiir fniim. 169, 47(t) : » atqui (iiiinliis tinnt niei ilorii : qnod (jnideni de acln pcecali
' radiis, (|iii niiiori piiro Itihiiitiir, iiiliil polest vcnialis dieeie, esl nl)>nrdissiinurn cl ei lonenm.
halicre sidiiimiiis, ni>i liuic addas alxlic-aliotiein L'ndc apei le lepuiinal rationi peccali acinalis,
pri)|ina- Ix'atiliidinis.ctiaiii id rcl'ntnrad Doiiiii, ut sil ipso liabilnbon snhordinalnin. Non cnim
afpioiuiiicl>.('aiiK'iacciisisal)li(inet : erfioaninr esl idio modo; ac ne liaMlo quidcjn Deo subor-
qiiiiili p:i'ailiis non modo est evaiddus et nnlliis, dinatnni, nisi forlcul jiidici et iiHori.id ((iindest
vcriiiii Pliaiii ii.iliis, pervcrstis, oiroiipiis. Hoc perse niidiim pejcalum. K dsa t;>l liain
id(pie >
' Re.tp. nd Sun. ilncl., p 4H, 49. — ' 1-2, q 88 ârl. 1, rc»p. nJ plus seipso dilii^al. Uuodeigo geril peclore, soîpc
i.- * Rtip. ni Sum., p. 60. — • Scst. M, eau. M. — > Jlup. ad
SuDi., p. bO. — • /6., p. U. — ' Ul, «uaal. 88, c et *a 3. < Rtap. lui .Siun., p. M. — > Mkl. uoa uiuU, p. 9, 18.
QU^ST. XI. DE AMORE QUARTI ET QUINTI GRADUS. S3
id piolecto agunt ut perf'ectionem in foiso et K est amor perfecte a commodo absolutus » ' :
inaiii ponant; nenipe in aniovendo .«tudio Ijeati- hic estamoi- inaccessus sanctis, ac si propo-
ille
tudinis. ut eliam sequentia clarius prodent. In- neretur, perlurbationi ac scandalo futurus, du-
térim statuimus amorem quiiili gradiis, et ab eo rusque omnino videretur : hœc, inquani,de ipso
quartidiscrimen ex auctoris quuquedeerelis maie amore dicuntur, non autem de quodam oratio-
et erronée esse assignatum quod erat demons- ;
nisexercitio, ut cavillatur prœsul.
trandum. 182. Ad qunitum, de sanctis canonizatis, sive
1. Vocari omnesjustos ad peileclioncm amoris, ardua et e.\ct'lsa dixisse lu^cpic Cassiauum, aut :
vocationc gcncrali, non spcciali souqi(>r. 2. Non Gersonem, aul {|uoscumque alios l'eposuisse in-
onmc'sCluislianos ad eiiuidem vocari perlcclio- ter arcaua, puri amoris inleliigviiliam. Alipie
nis gradum. 3. Id quod reticeri vuit plcris(iue ilu soluiic sunt cavilialioues omiies, erronpie
sanclorum.non esse pm-um amorem, scdaTKpiod auctoris in munikslo est.
ejus excrcitimn, nempe contemplationis luum.
4. Cum amorem (piiiiti gradus reticeri vult sanc- AUTICULLS VIII,
U<'> cl &ri|
la Dcct-, p. 107, lOU, 110, 111, 112, lia. — ' JUtp. ad Sum., p. 6.
-
86 SCHOLA IN TUTO.
que jiisto comninucm : voriimqiie esse id lan- inras nationales sine nllo respoelti ad vilain
tiiiii, cliarilalis acliis, sci>al;i seiii|icr siia ^IK•(•ic, a'Ieinam : ipia- laiiien eum sine ullo liujiis bea-
fir<|iu"nliiiit's csst' ac iiilciisioics in pti Icclis tiliidiiiis mnlivn ilili^erenl.
qiiaiii in inipcrliTlis : o qiio iio^ilo l'inslra (|nœ- Terlium, qnod acins illns faeiam mcn-
l'.'O.
rilur auior ilif (jiiinli gradiis ctinluiiiaUn-ns daees, impios, el l)\pneiilieiis eo (pmd per '
,
«inclos, iisqiie idici'ndiis. iNeqnc eiiini nlla est reslrielidiieiu menlaleiu re>ervarenl bcaliuidi-
pia nniniu, nodiiin sanclns aliqiiis (jni « coin- nem (|uaiii imniDiare vellc videbanliir. (.Jtind
niiiniMii jnslis (ininihus cliarilateni , ojusquc poslieiuum ar;;uiiieiiluin loties taiiuiue prolixe
frc(|iiciilioie.s inl('nsii)ics(ine ncliis )> rclniiial, et ur;:el ac ini-ulcal, ul in eo viin niaximain collo-
« ul duros •> JKirreal. ti'^'o ainur illo qidnli i:ra- casse videaliir.
d(is, (|iio toins lihor culliinal. ovani>liis, rxdiiis, 191. (Jiio eliam loco duo qiuTril'. Primum:
iniu inuruni ainuris spcclruni et ludibriuni CbU « niJin Deiis unniipoleiis poluerit forma re créa
turas inlelli;;eiiles qnibus nec sui visionem
Articulus IX. ,
pediam.
nr.FSTIO DUODECLMA BIl'AHTITA. 19-J. UiKTiil deni(pie annon mea me punpat
conscieiilia. miras illas a me qiioque reco;.'ni-
De locis Exodi xxxii, 32; et Rom. ix, 3; ac de
las Iradiliones in deleris aelibiis reponenlem,
suppuitiliu)iibus impcssibilil'US.
nullo sensu, niilla llicoloaia' leiiida.
48'. lUirsiis noliis res redit ad locos Mosis et 193. Hu'c i};i(ur omnibus riplis ineuleal ,s(
;
Pauii, el ad siippositioncs iilas inipnssil)iles tolics lia^e (ictus l.ovaniensis lanquam palmaiia om-
expiicalas: sed quia onuii aiiclurilale de.stiliitiis nibus pai^inis urgel ba^c epislolœ ad illiist. ^ :
pr.Tsid in rnliociidis indc dediielis oinne piie- aiehiepiscoiium l'aiisiensem mille modis ver
sidiiini coilocat, vidoaiiitis piiiniiin qiiid ex iiis saïU. laiila diceiidi arle, ul dialeelicis lacpieis
pcr novarn >()|)lii>licen inleral, (juid\e ie|iiiiia- pi'opemodum ii.etiliis videar <|na? tamen : lani
PRIMA PARS Qtl.CSTIONIS, 194. Epro loi nova, lam in bac quapstione hac-
Qua auclorh argumenia rcrerunlur et confulnnlur. temis inaudilu a me qiiaMrnti unani pro|joiio
quasliuneulam : an Mi'>es diiens* : « Aul di-
AnncuLfS primls.
« nulle, aul dele me de libm vila', » si de vita
488. Prirsnl omnibus pa;iinis me aeen<;al, qnod a'ierna inlilii;;('iidus venil, pu.averil se r;veia
supiiiisiliones illas inipo.ssiliiles as>eiens. in liia lie libro vila' aMernaî esse delendum? Idem
vcl uiaxune ati.suiila me (-<mi|('('<'i im ' : priinurn (|u.'TM'o de l'auli analliemale; an reveia lune
qudd die aelns iMo^i> el l'atili eonlra lalumein erederet se e>se anaduiiia lulurum? absil. .N.im
cssel, euiii milli aelni ralionali bealiludinis mo- el Moy.ses el l'aulus impie enarenl. impia ere-
livum (liesse posse deere\eiim, eni tamen illi
<iereid, si scnliient >e innoeuos .dioruni salvan-
rcminliaveiinl : unde sil conseipiens, eonnii dorum gialia de lilim vita' a'It rua' dclfudos. aut
acius niliil aliud esse (jtiam pins exeessus. sive aiialbeiua sive maledieliun lutums. Non id erj:o
'^
amalni'iaN ameidias (iMuii ralione deslitutas (iiilcliiul : imu se salvos ac bcalos luluros esse
WK Alleruni altMudum sive incunniiodurn ; setiliebant.
quod cgu Deu adiinuni libeilatcni crcundi na-
' ItxJ., p. 17. S4, 26 ' lb<d., p. U, 15 ' Lettre dlun Uiw-
' Oppoi., |i. U, 16. — ' Uid. loglcn d« Loiivnln. p. 21 36. — > Eiod., xxxu, 33.
l
195. Saiie Aufnistimis in illiid ', « Dele me : » 199. est eos omnino in-
Quare pers|)icuum
« St'ciiriis hoc dixit, ul iii conseqiieiitihiis ra- tellexisse quid dicereut intellexisse, inquam, :
tiociiialio cnncliiilatur, ut, quia Ueus Moysem non nisi ex conditione se agere aperte quidem :
non (Iclerel de hhro suo, populo peccaluui illud Moses « Aid dimitle, aul dele » neque aliter
: :
reniillciet. » Riusus alio loco 2 : ., Cum Deus Paulus intelligi potest, in eoque erat vis quod
minaicUir sacrilogo populo, pia Mo\si viscera pro amoie Dei el pro populi sainte, non modo
tromucrunt opposuit se pro illis iracundiœ
: ineie.iibilia, sed etiam impossi bilia tenlare velle
scripsisti. Quani paternis materuisque visce- dicebat angelum, si e cœlo descenderet, men-
ribus, qiiam securus boc dixit atlendens jusii. dacia locuturus quod quidem non dicebat tan-
:
liani et miseiiconliam Dei ut quia justus est : quaui id impossibile nesciret aut non cogitaret,
non peiileiel justiuii, quia iniseiicois esi igno- sed ostensurus tideni, si dari posset occasio
sceiel pcccatoi ibus. » etiam imposs'biliuni esse victricem quod erat :
196. En qu.im secnnis Moysesse de libro vitae mnximiim ad connnendatioiiein fidei. Neque
œternaî delcnduni oITeret : an propterea per miuoris erat aliud impossibile ad cnmmenda-
restiictiones mentales iiluiiebat Deo ? an l'aulus tionem cbarilalis, neque aliter cogitabat se ana-
ncscicbal se non propterea fuluruui analbenia, thema tuturum quam angelum lalsa dicentem.
aut Dei justi scnlentia a Cbristo separaiidum 201. Quod ergo pra^sulait' «Si Paulus et :
propler impios? an Deum existimabat injustiun Moyses senliebatd, non modo certum sibi ma-
fore sibi , ut Judœos lucrilaceret, nec saitem nere suam beatitudinem sed etiam ex tanto ,
illud suum cogitabat : « Non enim iirustus cliaritalis actu quo cam abdicabant. luturam
Deus, ul obliviscatur operis vestri •'? » Plane ex tutiorem, eorum actus nibil babebaot seriuin :»
Augusiinores, ondebimus: « Securus boc dixit:» quiitl, iaquam, illud ait, quod assidue et ad nau-
neque ei secius veram Deo et proximo charita- seaui inlarcit, incptum est. Ulctinque enim se
tem exhibebat. res babet, certe et ex rei veritate et ex Patruna
197. Hinc etiam illud a Chrysostomo incul- te^timonio Paulus et Moses « securi agebani, »
catum : id Paulum pio Judœis oblidisse Deo ea securi loquebanlur ergo nihil agebant
•
jier te
polestatibus sepaïamiurn a Cbristo, diserte hœc ex vehemcnlia afl'ectus nec nisi imperite pios :
adilidil ^ : « Neque hœc dicebal Paulus, (pioil excessus sanctis quoque denegari posse credi-
angeli ii)si, vel reliquœ poteslales id teidan' vel- mus, Paulo i|)so attesiante Sive mente exce- : ><
inl('lli;;el)at Pai lus, et id lieri non |)osse (piod solutio ad lertium n. 190.
'
Q. m l-y.nl., q. M7, ubi sup. — S.M-ro. 88, De verbis Kr n l'
illud est, non impossibile huniaïue ineniis ob-
—
.
//r/jr.. M, lu. — *lli)in. 16, m lipisl. itU Kum., ubi sup. * Uotn.
17, clc. ' Uppos., p. 22.
»8 RCHOLA IN TUTO.
jcrtiim ner nhsnnlnm abdirnri, si Dfiisvolni'-set ma se affprp ef'dnrprc proflfphnhir. Nepsi fpternnm
eiiiii lu .ilitiiiiiiiL'in (jiiu l)c(i lia voli'iitc carern beaiilndinem neseiehanl. idi-o est ron>eclaneurn
pus.NlMiiis. ila-c i^itiir suiil (|(iil)iis jaiii iiili rliri- Fanlu et MoNsi omissjun eam esse cnjns secnri
bliaiK» (i|)()i Irai Mi()ieiiiiaiii()risafliiiii exercilu- viverenl, ni dixiinns, perqnic ol)jeclionem qno-
ros. Ailticre potnissct l'I illiida f]iiiliiisilam posi- qne pi imam sohimus (snp. n. IKO} : alipieita,
liiiii, iipiiiiic hetiiii ex sii|iiriiu) doiniiiii» posse inverso lieet ordine, très objcctionesquibns loin
addiccie œlci nis snp|)liciis animas etiarii imiiic- dillienllascoristabat exsolvinius, ex uno princi-
rciiles , eiiaiii sainlas; iicc riiimis iiilerea ad pio deducta ducliina.
Dt'iiin dili^ciidrirn ()lili;;alns. Articclc» V.
2(ttScd liar iniililia ad iiostnim inslittitnm 207. In Rp^pnti^iotte'id Surtimam \ pro certo
^
non ni^i ad anii)\ciidiini ex oculis veiarn 'pKT- stipponil iinclor, « Deiiin jioxso ililii;i absqne
sliiincin indiicnnlur. Non iMiini piolcc o Moses, niotivo |)tMliludmi< ; imo.eo ampnlato. peifec-
non l>aldn^. anlad pnra' nalni"i> slainni. ant ad tissiinam amnndi ralionfni vi'jtTe : lu'f^andoita-
nidnia* iniciitinn aninios i('tori|iirliatit. Aii^n- qu>'. ul Meldeiisis atlectat. nllumaLtiin ratione
slinns et Chr.Nsostonnis illa sninerni doniinii pm-diiuiielici o.'8e.ib>tracl ione moti Ni beat itu-
i
nalissiniuni Dei sapienliani, qna, (este Salo- neinpe illc uctns niutivo beatilndiiiis vacuns.
,
nionc ', pnnire insonles exieinin a sua virlnlc Hnnc er{;o vel maxiomm errorem errul ad-
esse jndical ca re Mo\ses cl l'aiilns sciel)anl se
:
versns unanimt-m l'alrumac docittrum, ipsins-
esse sectMdS : scicitant iiiip<issibile osse qnod que adeo SeripUirip sacra; senleiiti un, hoc
Deo ofleiehanl : ca vcl per pios excessns , vol unico fniidamento freins cpiod in illis de^ide- :
per alias (piascninqne volneiis sernionis(ii;iM-as, riis Mosiset l'.inli.exeondnione imiio>sibili edi-
i)oii() celle aninio. sed (piod ne^;aii non potesl tis, illea motivo beatitndinis vaenus reperiatur
,
seenro et Into lo(|uehanlnr. Non cr^o queren- aclns. quod est ipsis terminis t-vnlentissinie fal-
dnni, (|iiid, in slaUi niclapli}si('o si forte consti- sissininm : essent qiiippe l)ealissimi secnndum
Inli, aj.'ere lenerennn- : sed qiiid ininc a Déo i
An^n^tinum «qni et baberent qnod vellenl, et
Clnislo re\elaide, rehns ul siinl slanlibns, a^^ere nibi vellent maie *. » Jam qiiicnni|ne opiat,
juleanuu'. l'er qna' patel soinlio ad secundnm idem beatnsesseviilt diimvnllopialo frul;qnod
arpuinenlnni, et ad ci connexas quœstiones pro- est bealum isse velle. Non polesi anfiin quis in-
posilas(n'^ 1«U, 1«1.) \itns esse feiix esset enim simul el lelix, <|ui
;
nin>, ni el angelos, esse spirilns nalnia inunoi- niala, sed porleiita. E|;oalisnrdis>imnm est, a
tales, el ad ejns ini.i^incm a Deo condilus l'oiu- :
quoNis disiderio seclndere Vdliim bc.itilndl-
punalinm el alios alner disseieides iinpios diei- nis. Nec pot st ipiis cnm Paulo ilieere, o Opta-
nius tam innaluin esse anima- rationali a'ier-
: bam anallicma esse *, » nisi qnadam proposila
nnm vivere qnani soli s|)lendesceie
, igni ,
bealilnduie, i\u:v oplaluni conseculnra es^el,
calera(Cte: nerjne propterea de iesliinj,'enda l)ej si imp'en possil.
alisuliila polenlia eo^:il;nnns, sed potenlia- illiiis 208 Ooiidaiitem videlnr snmmamelin omni
ordinala', qnam Seliola otnins a^noseil, elTeetis génère bialilndinem abdieare, hand minus
a Dcii rcvelalisapplieili, cielera inniiliaad nicta- faisiim. b!o emm ipso qnod eiiin actum «dit
pli)Mcos alih'^'annis, el pnri amoris nsilms in- faillis, plane si^nillcat se rein optalis>iinain
survire.anl adenm litieni iiaetenns a qiKupiain olleire pro Jnda-is : ei>iu illixl i|>siim cnnjiin^i
allam e:ise neL'amus. cnm Clirislo, qno se cirlo modo jnivari v<dtbat,
Net mayis ad rcmfhcit, quod aiielordi-
iUti Paulo eral o|ilalissimniii, nec optare ci's>almt,
Brrli>>nnns, scd ad vana coiiversns, de Socrale Cum emm dutbal illiiil, «vellem si fii-ri pos-
nliixpie eopiosissimo plido-^oplialni' ^ : (pii cuin osel,» ab^ojnle noieliat ilind (|iiod lieri nua
nec (le Dei vi ione cnj^ilarenl, et de anima- ipio- posse nisi el ipse senlirel, proficio disiperft. ut
qne imm<>rlalitale dnliilarent, nllin lamen et snpra dielnm est (n° i8ri) er^o in illo. a Opla- :
\irlnlem qna-icrenl, pro palria aliis(pie mo- et bain analliemaesse a (!liri-lo, o Clirisli, disi-
livis nllro nxirlem oppelerenl, imllolnm lu-ali- deiiiim ineral vel maximum ; nec imnioito
tndHnssi>e snpernalmalis, sive etiain nalmalis (ilirj>osli'imis illiid « Olali un, » ex (lliiisli ve-
oliiei lu onnmiii ennn unnnhns pa^mis healilii»
: hi'iiii'iilissimo desidcrio urtuiii esse duieruil,
dniemi|na-i(ml, cnpis L^ialia eiiam Kpicmusuui. ul mo\ videbitiir.
Sup., — UiUrc u M /Irs/i. ad Summ. doct., p. 40, 44. —
D« btal. vila, n. 10; /)«
XII, 16. ' Trait. de i'uri>, p. bVl.
Jrinit., llb. XIII, c. 5, n. 8. —
' /t., c.
8, D. U. —
* Aon., il, 3.
,
209. Onanti aiitem nieriti esset ille aclus dire. rum visis atqne
Sed illnd ad Iiltcram scriplis.
reimus, nisi alibi cxplicnliim esset '. Quoi] aiileni sunii vetal pielas. Quideniui? ut amoii tiio mo-
negniniis el sœ|ie iiegaviimis, illum actiuii iii se rem géras, vis Ueum ca-culire, ac diviuie .scien-
pei'Cectiorein esse (iiiaiii alios cliarilalis aciiis. l\x lumen exslingui? absil ul quisipiain ex ani-
absqiie illis coiidilioiiibiis iinpossiliilibus e<lilos, mo hoc dical. Qidd autem esl illud , ul gratis
ex ipso eliain auclore mox cooslitil (ii. 163 el amaro quo inlelliyar? a inlelligaie? nisi nempj
seq). absurda communicare, nesciet Deus te ama-
210. Qiiare, quod auctorasserit^, « torrentem re pure ? ergo ut intelligas te pure amarci
theologorutn noiuliim cretlidi.sse tam porfectuin hoc \ives ? an illud est amici, ut ipse amore
esse menceJis ilesitleiiiim ac llliul oplafiim do suo deleclctur, VfUe ut eo non delectetur ,
anatheinale pro Iralribiis, » vaimni est. Aclus Deus? velle, ut Deus sit l.ipis, ut summi amo-
eniiii ille ierveiilis.siiiiœ cliarilalis, qiio qiiis ciim ris apud animnm tuum laudem feras ?iterum
Pauio ila vull esse ciiin Clirislo, iil illaiii heali- atque iterum, absit. Quid ergo ? vejit, nolit
tudinom ad Deigloiiain lelcrat, laiii ex rei vcri- ancior, amatoiiae insauiae, pii excessus, impii
tale, qiiani e\ coiicessioiie aiicUnis, toliun illud futuri si ex absoluto consensu prolerrenlur ;
com|iieheii(lit, qiio sancta anima Deuin aiilcpo- neque aliud occuiril quam illud Marci ' : a Non
nat sibi, iiuiia licel adsit condilio im[)(issibilis , « scii bal quid diceret. »
Ergu ilii acUii Chrisli poliiindi vel maxime slii- 21.1. Jam ad illud l'aulinum sensu Chrysosto*
dioso lola vis amoris inesl : neque ex apposita mi iutillectum ': «Optaliam anathema esse a
condilionciinpnssiltiiiaiiiid qiiidqiiain acquii'iUir, Clii islo : B ab eo dicio si tollas illud, « si (ieri
quam iil id quod iiieiat clarius evolvalm' : cjuod a posse t, 1) necsential Paulusuonesse possibile,
ipso auctore teste uon est necossariuin-^ (nis 169 m nipe illud coiiseipieUir, ut l'aulus voluerit
176). Dt-uuiesse inju4um, et pm imjiiis a Chr'i>to se-
211. Neque unqnam diximiis id quod nobis D. parare saiKU)s (n" 187, 188). Quid ergo illud est
Camcracensis imponil, ila posse absliaiii amo- nisi [lia «hyperbole, » pius excessus: non ex
rembeatiludiiiis, ul non élus virUile et impulsii ignnralionc, sed ex affeclus veheun-ntia ? Non
agamus, ul supra diximus (n'^ 33, 176). ergo ei aptaverim illud : a Non sciebai quid di-
212. Neque item veriua est id quod imputahir ceret ; » sicul uec cum dicerel : « Si egoant aa-
nobis,- «.M drsil bealiludo Ueum sua amaliililale gelns de cœlo aliud > evaiigelizavfTit anatlii ma
« carilurum*. » Falemur enim Ueum sua peilec- sit '. » S'mI omnino id ageliat ut o^teudeiel amo-
tione esse amabilem , idque ceiilies incidcavi- rem simm taulomesse. ul vim omuem hnmani
mus ad . limusaulemI)ei|)crrcclioiieui sumuiam quod quideui sylvius
sermoiiis txsu(ierel; ex-^
non piL'ue inleiligi, aut eli.im cogilari posse, se- ponii his verbis': «Tam ardent^r cupio (salu-
clnso eo quod Deus sit ljeiie\olus, quod -il be- tem Jnd oruui), ut aliter exprimere non pos-
neficus quod sil bcalificus
,
quod ab omni- :
sim quam dicendo. Ojitab im, » etc.
bus a;que asseri, neque ab ipso auclore lamclsi 216. Quiil SI t|Uis iloceret . Uliiiam id fleri
id obscuravcrit, absolule ncgaii [jotuisse , sœpe posse t? quui? nempe ut Di'iisessci inj usais, ne-
conslilit, que id « vellet quod vull?» ahsil hoc a P.mlo,
213. haque a beatitudinis studio ita voluntas ni'C dignnm a|io^tolica niajestale : more (Cliiisli
absirabil, ul inlcllcclusa |>rimis iirincipiis, cum dicas: « Paler.si po-sihile est, si vis:» non au-
tameii nnilacouclusio nisi euiuin viilute et in- tem, velliin nivelles vellem.ut possjhile esset. :
iluxu elici poiisit. Dicant lanien quibus iuest taulu-i mentis exees-
Articulus VI. SU!> inli-nlion(;m landavero expnnienlis ui po-
:
2j4, Divorsimode sanclis evenil illnd : « Non tes! eliam per liyperliidem, (|u ou Uci «loiiim
cum Ni>a Clirisli ^loiia pra'poslcie dcliclalus a Non sciebal quid dicerel. a
exclamarel amons : " lioniun est nos bic esse. » AnricuLUS VU.
(,)uil)usdam vero cunliaiio modo evenil, ul visa : « Jam non amatiir
217. Quid illud amtoris
Cliiisli fiioria pbis iiimio deleclari vcreri videaii- Deus, neiiue propUr merilum, nequi' propler
tnr : sienulcm amoj'cm smun emmliaid : (Jti- pcrft'ctioncm, ncipie proiilcr beaiiludineni in
nam divinis ocnlis alicpiid snlTuiari possim ut amiMiilo coiicei)tam lantumd»in aman tur, :
solvilur.
est erroneiuu undc idem.Vufïustinus^: « Porro
Non ergo me punsit
:
enim cliaiitas paliia- acv x sulislanlia dilïei mit, piirum eliipianliir. l'i imiiserror acliis a lioiia- : i
' Ad B'tnit. ami. Bp. PtUiç, llb. vt.ctp.t ,n a\. — ^ fb. — ' Dr lieiisum, quod eos acliis, .scilicel a bcaliludiuis
itcl Cltr<$l ; I. I, c«p. 38, n. « —
' <^»i). 36, n. 64. — > Ut 7ri».,
B. iz, op. ult., n. 18. —
• I Cor., XIII, 8.
Uax- des uint!., p. 28. — > (>;i;io> , p. 19.
QUJEST. XII. DE LOGIS SCRIPTURyË I^IT SUPPOSITIONIRUS. 61
studio penilus absolûtes, esse possc uegaverini : innaluni ut cœcuni sit, sed ex cognitione elici-
lis cniiii ri'cisis, leciili pariler qiiod in Dci cuitu tum. An autern sit etiam deiiheratum frustra ,
est ojilimiiiu; iiec posse iiegaii sanctos sine nllo quaîiilur, cum de ea re volenda quam nemo
niolivo healihidinis agcre potnisse, cuni eliain non veile possit, nulla sitdeliberatio. Ad cumu-
pliilosoplii, aiiiqueapud (;a^anos, sine illo nio- lum errons acceciit, qnod me sancti Augiistini
tivo, ultio pro patria aiiisque rébus inorlem euinqueseculi sancti Thomae verba et dicta ex-
oppoiieiiut. scribentem, omnibus acadeniiis proscribendum
2:28. Huicautem errori vaiiismodis expresse, proponat, ulvidimus (in Frologo).
opposiiimiis n" 4, propos. etsequentes ad 1, 2, 231. Hœcautem Augustin! décréta clarissima
1, lotauique quœsLioiiem secundain.et Augusti- Sciipturis apertei.ongiuunt nullusenim major ;
nuui iiiillies, cujus liœc sunt ceiia decrela 1. ' : et copiosior bealitudinis sive beatœ vilœ prœdi-
non posse indilïercnler liaiieri beatitiidinem : cator quam ipse Cinistus : ncqiie sejjarari sinit,
« qiioniodoeiiini est beala vila qiiain non aniat exeniph gialia, studium mundaiidi cordis, quod
bcatus? aiit qnoaiodo aaialur qiiod iitrurn vigeat est \ii lus, ab optata visione Dei, qiiœ est beali-
an pereal indilTeienter acciiiitiM?^. Nisi loi le tudo,quain nemo non optai; ilade ca>leiis.Ciaie
virilités, quas propter ipsain bcaliliulineni sic ergo su|)ponit bcatos e.sse veile quibns bas virlu-
anianius.persuaderenoljisaiulint, ntipsaui bea- tcs suadet, ha^c piomia proponit. Sunt ergo om-
litudineni non aiiieuius. Uuod si latiinit, eliani nes boulines bealitudinis amatores, eoque studio
ipsas utique aniare desislinnis, quaudo iilain ad capessenda Chiisti piœcepla ac prœmia in_
projiterquam soiam istas aniaxinuis non ama- Ergo virlus, qiiœ, auclore prœsiile, id
ciliintiir.
nius. » 3. et aliorum radix « Quoniodo eiit : vull eripere sibiul nonciiret bealitudinem, nulio
vera tain illa perspecla, tam examiiiata, tam eii- modo est virlus eliain christiana.
Quata, tam ccrla senleinia, bealos esse onines 232. Sic iJle qui dicit « Domine, quid fa- :
homincs vclic? » ac paiilo |)OSt Si voliint, ut : -< « ciendo vilain œlernam possidel)o'? » ejii.sque
Veritas clamât, ut natiira compellit, rui suinme rei gratia jtissus a Domino, conimemoial ilhid ;
bonus et immulal)iiiler beatus Creator iiididit « Diiiges Uominum Deum Inum, » manireste
hoc. » Ex quo tria exsisluut primuin, non esse : conlert illudmandatiim ad finem bealitudinis :
virlutem, atque adeo non esse charilaleni, neque eo minus probalur ab optiino Magistro
qua> hoc sibi tentât deiiiere, ut bcata esse dicente « Hoc lac et vives. »
:
velit : altcium, non posse esse indillcrens uUi 2 )3. Nec miruni, cum votum ac ratio beali-
virluti, adcoque nec ipsi ciiaritati beatdudi tudinis clare comprobeiulalur inler ip.sa motiva
nis stiidium, et cliaritatem non esse quœ id co- prœcepti bis verbis : « ut Ijcne sit tibi 2; » etiam
netiir tertuim, pugnare contra naliiiam at(iue
: bis, « Diiiges Dominum Deum
tuuin » ut os- :
adeo contra Dcuin, qui a quocpie actu suo Iioc lendimus prop. 15).(ii. 4,
impetu orliis, queni.idmodum posilum est in 236. Priiniis ergo cr. or est quod iMo\ses et :
contra; cslo Aiigiistini quaittiin decreliiin is- sccuri salulis a'lern;e (ex n. 201) quod est :
potesl nescire (piid sil ipiod vcile se scit, sequi- ejus; seti eliain absolulum, quod iiu.sqiiam in-
tur ut omnes bea.am vilam sciant. » venitur in sanetorhin .scriptis : id eiiiin post
230. En clare beatœ vilaj desideriuin non Clii')sostomiim .sempcr addunt : » si licii possit»
ita
(sup. n. lin, 21,')) ; iicipie uiiipiam aliter; auctor
' De Irm., lib. xm, cap. 8, n. 11.— > De J'rw., lib. xui, cap. 5,
' Luc, X, 36 ' Dtut., VI, pti&ia.
62 SCHOLA IN TUTO.
er?o snnclorum dictis addit, novaqiieet inaudita enim Deiis tôt nos bpneflrHs ac miraciilis snpra
liiiïil.
peccalnm . sii|na natmain e\c\t'ril ,
prupiinm
2 i8. Tertiiis prror : illnd îibsnlutiim haltct Filinm dedeiil.el ciiiii eo qnid non '? coin se
Idem (tlijtcliiiii qniMl el cuiKlitiuiinliiin ciiiii ah- nobis enslodem provisorem. paivnlem spon- , ,
sulnliiin illiicl in eo sit, « (iiiml caMrs im|iiis>iilii- sinnqne pra^t)iiciH, nt iiiajorein in niodnin anio-
lis non nnxlo possilnlis, sed elinrn nrin rcalis rem eliceiel : contra , velnl oiililbialis b>t be-
esse vidratnr'; » easns anlein iin|H»s-<il»ilis sive neliciis, .sic airere cnm Dco voinmiis. lanqnain
condilionalis, de Ailutn iPt^ina crat : Piii" et in pnra natnra consliluli, iino veroinfra natnram
casns absiiluhis ne icalis visns, de eadeui sainte pnram;oblili scilicel animam ralionalem , se-
est (]n(r est vcia aldliculo sainlis îplnnre.
:
enndiini AnfiMsliniim el alios. natnra immorta-
%\Q. Ilirc anlcni alihi lusins i-XM'qnemnr : leiii e>se, ila iii» ;;eianiiis ac si m.ulaleiii eam
sed lia'C sullicinnl nt (islMidiinins anclorem a ac slalim exsliil^niciiilam habeiemns ne^pieeo :
l'altiMn, eliani eornrn (|nd)ns uliltir, seiileiitia conlenli .sic ainare vobimns, velnli n ibis nnllnm
lolo cœlo abenare. Evanifelinin Chrislns nullus esset
. iiislar cu- :
jnsdainSociatis.aliorninqneqniTeslameiilornm
Articulus XIII.
exsorles de;i:nnl; imo vero pejore loco, lanqiiam
240. Hsecaddinins velnli mnnlissa' locn: pri- nobis niillns cssel provisor Ueus, non opernm
muiii , Chrvsosldiimni ab anclore alitninn ;
noslrornin, non ammis meinor, qnalem ejise
di'inile , alius l'ali os non omnes Chrysosloiiii lin(;nnl Epicnrci Denm. ab illis enim apiid Uio-
scqiii senirniiaiii. îîenem Laerlinm let;inms, inlrodnclnm Denm
241. iNaui lud'lrninani qnod Cbrysostoinus nec nnwiii.eni res bimianas nec lie.mlenisous,
istiid saci ilifinni, nt aiiclor u|>|)cllal, nonaanos- imo nescicnlem se c<di qnein coleminm dice- ,
cit nisi lundilionalnin et ex inipossibili. ni vidi- rent propler pirestanliant natni.T pnecellenlis-
inns, Cbrysoslonuis claie dislin^nit l'aticni ab Niivi anlem spiiiuialcs Deuin noslrnm, ex snp-
ipsis l'atris icbiis2 ; el res qnideni l'aliis abdi- posilione faciimt cliam Irisliorem, qui amalori-
caie paralns, • si id lieri pos>el, » tanicn abipso bns suis non modo nihil pi,Tslel venim etiam ,
Paire ejnsipie ouvojai'a; slndio non se vel pcr pro a'ierna mcrcede paraveril sempilernos irrites,
iilani cundilionein iiniiossibilcni sepaiabal. Ver- aMcrna supplicia lalem Denin pcr contestas:
baiit : non An;,'n.siinns, non ipse Cassianns, non De fine ttllinin ttuo, et de suwmo hono.
Grc;;(tiins Nazianzeiuis qnl dc^idelia l'anli non AUTICULUS l'RI.MLS.
ad pd'iias ceternas revocat, ut pessiine inlcrprc-
24 i. Illa proposilio sic se liabel : « Prœciai'c
tiilnr aiiclor, sed ad illud « qnod aliipiid ni iiii-
sanclns Ambrosins Uni verus est linis is finis : ,
?i.3. l'ppler eiTores ;;iavissiinos, mnlla snnl imns esse dcbnil Uiiibnsdam |dacct dislinctio
?
incommoda qux nos ab anclorc dis.sucicnt. Cnm finis ulliiiii el ulliniale ullimi (picm Deiini esse. ,
el, Deiis iidiil silaliud vicissim quam ipsa bea- 248. Respondet Cameracensis i, « nulhun
liludo, scd expressius intelloeta ila ut non sit
;
essedubium, quiu bonum sitappetibile sive ap-
duplex fiuis ullinuis, sed unus vel contuse vel peLitu di^num; atque hic quœri tautum, annon
ex|iiesse consideialus. possit diligi boiunn in seipso lis ainoris actilms
245. Ha Augi.sliuus passim : OTtines enim la-
non sint ap|)etitus sive desideria hujus itoni
qui
borare ulassequantur Deuni et qui ab illo aber-
:
quod est nobis bonum. Et sanctus quidem Tho-
rant et fallacia bona quferunl, in eis apprelien- bouum esse desiderabile, sed non do-
mas docet
dere quanidain Dei specieni sive uinbràm ne- ;
non possetanquam bonum absque eo
cet diligi
que eis inhcBsuros, nisi ex reliquiis divinœ lucis quod appetatureodem actu perquem diligilur. »
quamdam seclireutur ejus iniagineui. Sic in 249. Res|)onsionem prœsulis attuh ad lon-
supeibia, Dei niagnitudiuem, honestalein, glt)-
guni, ex i)nstiemo libcllo quem edidit, ut oslen-
riaui ; in curiosilate, Dei scienliam; in avaritia, derem diilicuUalem ab eo nequidem esse inlel-
ininiensam in Deo rerum copiaui ; in sensuum lectam. Vis euim aigumenli nostri non est in eo
voiuplalibiis, sumuiaui Dei quieteni, sunnnum quod bouum sit desiderabile sive appetihilc, ut
de se ac sua verilatc gauiiiuui adunibratuni vi- aiuut, malerialitcr; sed qund ratio boni sive bo-
dent; uecin quavis creala rc (iiiem CDnstituerent nitatis dicat ralionem a|)petibilis additam enti:
bealitudinis, nisi ex quadatn Dei specie ibi rclu- unde cum Deus diligilur ul bonus, sive ex ra-
cenle, nec veie beati sunt, sed se beatos soni" tione bouilatis, simul diligilur ut est appetibilis
niaut sunt auleni vere beati, cuin in Dei beali-
;
ac dillusivus sui, quod idem est, ut vidiinus (n.
tudine et gloria suam beatiludinein collocaut et 246, 217).
gloiiam. Denique cuni quœruul quieteuj quam 250. Ex his aulem radicaliter intelligitur prae-
nunquam nonquœrunt, nihil aliud quam lalen-
clarus locus sancli Thomœ^jam coimnemora-
ter Deuin quœrunt qui suius quietat, utoniues tus 3, ubi sic habet: « Uua sola ratio diligendi
heologi Jàtentur. atlenditur principaliter a charitate, scilicet di-
' l'art. 1, q. !,. an. 1. — ' Art. 2, 4. — ' Part, i, q. &, art. 8, 1, art. », ad 2. — > 8iii>., n. »4. — >
8. Ttiom., (..<(.— ' 1"»». I, q 6,
pl spcundum sanctiim Thomam ex boalo Aii- ram, plenani tradilionem, plonas Errlesi.T pre-
quod nllinin hmninis ces', » eaqiie moliva el esse re\erenlia di.'iia. "
misliiio |nomiiili.inleiT) « "
spe inovelnr: non eniin iiia;jis (lili.;ciel spe- iiim inlenli'iiiem iMilieantnr: (juod eslab>mdis-
lan^ac non speians. L'nile eliani a prirsule siniinn. neqne eoiilul ilione diu^miin. Omiiino
allej;aliis henianlns dicens: Anior non a spe ludit pra>siil orbem chrisliamim dum haec .
viies siimit, hoc esl ex pra^snle, non vires sii- coniii iniscitnr; uiide nec ipse lus liœret, ul se*
niit nllas. lirgo spes plane iniililis, nec in sla- quenies arlictdi demonslrabuut.
tnni peri'eclionis, id est in (piiiiUini dlmn ^ra-
Articulus II.
duin iidmilliMvia.
2ot. Alilei : Anima perfeeta. e\ pia>snle, nmi 239. Ex Chrysostonio qnidem ista referun-
inilip;<"l l)ealiindine; non ei ;io indi'^el spe; qiiod lur 2; « Ociis volnil virlnlem exerceri posse
aiilern addil pi;esid ~, iiidireile iiidiprei-e, nt mercedis inluiln, ni inlirmilali noslra; se ac-
mciileni allenliDiein lacial ad Dei nia::niliidi- comm.idarel '. .Mibi: -Si qtns infiiiims est
>•
neni el cxeellenliaiM, eisi direcle non iiidiu'cat. et mercedein iiilnealiir *. » Ex .Vmbrosio vero
verba snnl: anima enim peileela, seemuimn luec ^: « l'roposiUini pia» mentis merceeleni
opéra ac henelieia divina. ni ad Deiim ma'j;is conscienliain: angiisiic meules invilenlin" pro-
amandum excilelur, solaqne divina e\eell 'tilia inis>is, ciigantur speialis mereedilias. Uuîp >•
"llili. Non ergo mirnrn, si a staln perfeclionis cnjns artilex Deiis, ac pali iani re(piireiiles s;iln-
ainandi Dei nidlu respccUi ad bealiliulinem- cliam coneilunn Tridentinnni ex eodem Apos-
« Ne(|ne enim siippliciornm meUis, iiecpie nier- tolo liefiiiivit 8, el angnsla' eril meiilis iesi)icere
Cedis de^iderium ad amoreni (juiilipiam conle- ad mere.edem eam, de (iiiaseiipttmi est S; " Ego
nml; non mcrilo, non perleclione, non ipsa « proteelor liiiis, et merccs liia magna iiimis. »
bealiUidine eommovelnr '. » AUpn S[)es llieo- Uno^l si ralNis>iniiii!i esl, proleelo C!lir>sosloinMS
logica ad luec lanlinii iililis : ergo liis secinsis el .Vmbrosiiis meieed s iiiluiliim remillenlesad
est innlilis. iiilirmas el aiign>las ani>iias, œquiuicui iuter.
!2o(!. Niliil esl eigo cm' eiiarilas liane spem prelalionem poslinabant.
iniperel, ex (|na née ai'denlior nec purior lu-
Articulus m.
lura sil. Unin eliam si s|iem imperel nidio sibi
emoliiMieido luluiam , a pert'eelo aein amoris 260. 1). anlemCameracensis Iwc verba snnt ">:
illiiis Mulla spe iiidigi desistel nllro, ni rre(|i:eii- « Ul explieenliir lia-c .saliilis desideria e\ r.liry-
« jiroprii eomniodi molisis (ilenain esse Seripln- là., p. 33 — ' Re^p. ad Sum., p. M. — Bam. 13, m /!p. ad
Util'., n. 4. — '
Hom. 77, ! 7e, . Jo<in.. n. 4. - l.iîi i lu
—
.
'
l--i, .1. 3, an. 2. ' Uup. ad Hum., \>. U, cU. — ' Mai. de» Awah.. câp. 8, n. 47. — • //«- .U>-H — ' /
xi ., M. — • S««a.
ikinU, p. 10. 4, c. 11. —• àtit; XV, 1. — • /?«/> ad Hitm., f. 64.
QU.^ST. XIV. DE SPE AC SALUTIS DESIDERIO ACCTORIS ERRORES. CH
habita imperfecta Patribus, perfectis nec impe- tres uno modo sumi mercedis menlio, sed ex
rari nec eliam suaderi. Ergo siint indifferentia; cujusque rationibus œslimanda. Quis enim an-
qui est ipsissimus error queni nunc auctor de- gustœ mentis esse dixcrit, (Hvinis bonis Dco que
precatur et a se amolliri tentât: at nunc illum qui sit summum ipse prœmium incilari? non
perspicuis verbis nequideni palliatum aut colo- sane Ambrosius , cujus hœc verba sunt i « Et :
ratum tradit: adeo hœc haerent pectoriet facile ?i bona est virtutum amicitia et summi boni
cnimpiint. charitas , nihil aliud quœrit perfectus ille , nisi
iiGl. î'\cijue vero dicat prœsul se hic desideria solum et prœclarum bonum unde et unam pe- ;
salutis intelligere ca quœ ipse vocaverit natura- tiita Domino, etc. Neque vero eum ut angustum
lia desideria visionis beatilicœ aut œtcrnœ fcli- inopemque faslidias abuudat enun ad beatitu- :
citatls: neque enini horum desidcrioruni aut hic dinem et possessionem boni, et ideo niliil aUud
aut uspiam aut Chrysostomus aut Ambrosius desidcrat » eo quod « omuia habeat, » ut ad-
:
meminere. Autistes loquitur gencratim de sahi- dit idem Ambrosius, « in Deo » scilicet univer-
lis desideriis ad iinperlectas animas ablegandis, saH l)ono.
perfectis vero animabus nec imperandis nec 2Gi. Prœclare ergo Ambrosio cum Chryso-
eliam suadendis, qui error est perspicuus et stomo convenit, non unam mercedis esse ralio-
maximus. nem quamdam mercedem quam cliaritas
: esse
cupiat, quam pcrfecti ambiant. Ea autem est,
Akticulus IV.
sccundum Ambrosium et Chrysostomum, quam
2G2. Chrysostomi et Am])rosii auctoritatem David postulavithis verbis 2 « Unam petii a Do- :
nihilmoramur, quorum clara sententia est. Nec « mino banc requiram; videam voluptatem ut
enim Cameracensis ignorare potuit Chrysostomi « Domini, verba Davidis ab utrisque
etc. y Quœ
insignes locos in D. Parisiensis egregia Instruc- ilUs Patribus prolata vidimus. Est autem illa
tione laudatos , ex quibus clarum erat quos perfectorum, non infirmorum merces nec illa :
non profecto eos qui pvo omni mercede « Chris- non enim a angustum aut inops » Aml)rosio ,
tum sequi et adipisci volunt, nec cœlum nec teste, illud bonum quod tendit, cum omuia ca-
regnum cœlorum dilecto anteferunt. « Quid enim piat. Ergo animam, neduni angustam faciat, fa-
mihi est in cœlo , aut a te « quid volui super cit capacissimam quare ab eo desiderio sub :
lerram i? »
Hoc est, neque superiori, neque Ambrosii nomine arcere pcrfectos, apcrta calum-
inferioris cujusquam boni cupido me tenet sed ,
nia est.
tui solius :liicestamor, liœc amicilia^.» Reliqua
Articulus VI.
vide ejusdem virtutis. Hic ostcndisse sufficiat,
non omni mercede fieri mercenarios et infir- autem D. Cameracensi de sancto Am-
2C3. Ut
mos sed quamdam esse mercedem cujus studio
;
brosio spem omnem adimamus, redeamus ad
amantes et amici sumus. Hœc tacere, et Patrum locum ab eo prolatum ex libro n De Ahiaham,
morces, adooquc
diclis abuti, ut plel)i impcrilic cap. 8. Eo vero loco Ambrosius id noiat auto
spes, sanctorum auctoritiite vilescat, et ad iinbe- iiiam cclebrem victoriam de quinque regibus rc-
porlalam, nihil esse ci de mercede promissum
ciliilalem animi rcferatur, non est tlieologicœ ;
Articulus V.
« tua mullaerits » nompo, iixpiit, spoudouda':
263. Quam autem confusa sit et vaga mcrre- «mercedis locus lune oral. Minus enim mira-
dis idea quam D. Cameracensis informavit do- , bile faceret si seculus promissum lioslem esset ,
cet Ambrosii locus quem citât « Propositnm •^, adorsus » Ac paulo post '*
« Bona meus est, :
pia; mentis, inquif', mercedem non expclit, sed qua; sine respousi ca-ieslis syngraplia ccrlameu
pro mercede habet boni facli couscientiam an- : arripuil. » Quod quidem inlellectum de parlicu-
guslœ mentes invitcntur promissis; erigantur laribusgeslis. quale istud fuit, verum esse polost
spcratis morcedibus. » Vides indefinite et uni- nol)iiinsqiio interdnm videlnrct graudius.iucor-
vcrsini de mercodo, iino de mercedibiis diclnm. luin evoutns et pra^nii écriasse cum regibiis,
Cui eliam addit Ambrosius, agi do « aliqiia (piam promissi peculiaris pignore. At ilind Ira-
heie uuivcrsim ad vitœ christianœ rationcm,
' —
Ptal., i.xxit, 26. ' Chryso^t., Iioin. » in Hp. ad Rom., n. 7.
.. » Reup. ad Sum., p. U. — • Ambr., U\>. Il Dl Abrah., c«p. S. ' /7r' lacob II nia btala, lib. I, c.ip. 7, n. 30. — ' rsat., XXïl, 4.
n. 47, iihi mip. — • tien , XV, 1. — • Lib il De Abrah , mp. 8, n. 47. iibl iilp.
D. Tn:i. VI.
ca SCIIOI-A IN TLTO.
non ipsc Ainbrnsiiis sinal, cnjus lirrc verlia jain ergo luijiis ainoiis usus in eo est ut tolum li-
viilimiis : " Smiimuin onini virliili inrpiilivnin briim expédiât ac si emn amorem cassum os- :
csl ifisa lifatiliidn ". » Oiiin ipsiiin Aliraliaiiuim teii(biinis, remaneliit lilxT, auctoreconsenlienle,
lantiiiii ^i^llmlamqllc pprrccliim.ijiiiiiiicofiucin debrus, incrudilus, nuila siii parle sibi ipsi coii'
\olis siii> i.liilipsoi^liia a'qiiaro uni) p;iliiit ', » gruus.
ubiijnc |i(illicilalionc iiicrcnlis illiciluin Ainl)ro- Articulus II.
Palrum locos qnil)iis Chrisliani indiicanliir ni (( Tertio modo a cbarilale quidem dislingniliir ,
dcsidcria sahilis halioanl inler indilIVif-nlia : sed ebaritati non conirariatiir, pula ciirn aliqiiis
non imporcnlur ac. ne (|nideni suadcan- dibgit seipsuin secunduinralionciu pioprii boni
a qna-
« tur. r. iNiliilenim de saliile a l'aliibiis diclinn, ita lamen qiiod in boc proprio liono non con-
ex ipsa Icelionc conslilil : de mercede qiiidcm stiliial finem ; sicul etiaui ad proxiiimm polcsl
sed cxplicare oporlelial generalini ac- esse ab<|ua .specialis dibnlio pneler dileclioncm
acliun ; ,
TJiomain citai.
272. Ex Estio vero ha;c sunl quœ ad rem fa-
UU/ESTIO XV. cianl 3 « Timorcm gcbennœ et opus ex eo sub-
:
De amore vaturali stii, quem atictor indurit. seciitum bcel ex amorc juslilia; non procé-
,
— •'
Cm., XV,
I,
ï. — • Inulr. po-^t., n.
I.
3 cl 9. — > Lcl-
I
Ir.sl.pu»., n. *. — ' 2-2, q. 19, »rt. 8, In 7. — i
Btl., In 3,
275. Sed neque sanclus Thomas neqiie Estius tem ellibrorum capila distributum. Libre autem
hune amoiein inducunt,ut in eosive rcmanenle quinto, cap. 24 hœc habentur verba quœ prae-
',
sive subliacto ,
perfectorum ab imperfcctis dis- sul citâtde amore naturali, quem auctor ille,
crimen constet. Hoc autem unura est quod ,
quisquis est, « nec laudabilem esse nec vitupera-
ab auctore spectatiir. Ergo amor ille natiualis bilem dicit » sed non ipse sibi constat
: subdit ;
deliberalus qiio ulitur, nusquara est Estio, m enim amore illo « secundum concupiscentiam
nusquam m sancto Tlioma. diligi Deum, quia necessitali nostrae subvenit ;
quo amore non diligitur res propter se, sed
Articulus III.
usum ejus; unde hoc modo plus diligit
propter
progressa sermo-
SJld. Instructio pastoralis in homo seipsum dilectione naturali quam Deum.»
nis Dionysium Carlhusianum laudat i « de ,
Quem amorem falsus Bonaventura, cum nec
« amore nalurali » loquentem, sed de eo « amore laudabilem nec vituperabilem dicit, fallitur. Ita-
« naturali quiproveniat ex amorebeatitudinis: » que nec is locus ad amorem manifeste vitupera-
qui amor proinde non est deliberalus, et quo bilem pertinens, quidquam omnino facit ad
necperfecti nec imperfecti carent. Nihil ergo ad amorem naluralem qui praesuli est innocuus ;
rem facit amor ille naturalis quem hi doctores ergo ineruditura opus merito contemnendum,
memorant, nullusque eorum est qui non longis- quippe quod Bonaventuram nec sensu, nec stylo
sime ab auctoris mente distet. refert; eu jus generis opuscula in hoc septimo
tomo ad calcem cum isto congesta sunt.
Articulus Vf.
non est. nc(pic ulia cjns menlio dislinctius allegati prodierunt (sup. n'^ 228,
ipso (Icliniliis
amore tcrlio qui csl spci, de qno anctor non vi- bcaliludincm amari virlutes: non ergo futuram
dclnr apcrlc |)ronnnliarc nirnm sil bonus vcl
esse \iitnlemcam, qna^ snadcat non amandam
non bcaliludincm: quod si per/icerct, née ips,un
malus : contra, i" affcriin- ibi cliaraclcr pro.
virlulcm amaremus, quara proplcr solam beali-
liriusbujns amoris, qui est ul sil nalmalis, dcli-
i)cralns. innocuus crpo non csl ibidem inicnlus. tudincm amamiis. (Ib.) "
;
\irlulem llicolopicam *, abjui amor illc super- 201. Nec minus Evangclio ac Scriplurœ répu-
naluralis est, cl ex Dci tjralia amor ille per
:
gnai qu.im naliuie (n'2;M et .secj.).
bonus est, liccl non juslidcans. Amorau- 202. Uuod autem l). Cameracensis reccntis-
?c sil
cum naluralis vocclur; non est per se bonus, conscquen(KT healilndinis, sive cjns a|>pelilnm
pcd indlll'erens non crtjo compreliensus sub
:
qucm Scbola vocal imialimi, scmel ilernniquc
tcrlio amorc, qui spei dicilur.
ac tcrlio avcum appcllat, facile coufutatur ab
Max. doi tllnl», p. 1. —
• /A., p. — /4., p. î, — ' 1 1. '
1 1.
• tl:, p. !•-.
' Deux. Lclt. i M. do Mi'iui, p 16. li"., IJuitr. Lrt! , :> 14, fti
QUyEST. XVI. DE RECAPITULATIONE DICTORUM.
m
Augustino dicente : a Quia non potest quisquam quanto amorem, quo in eum tendimus, potue-
appetere quod quale sit nescit, sequitiir ut om- rimus habere puriorem K » Ergo seclatorem
nes beatain vitam sciant, quam velle se sciunt :» bealitudinis in quovis actu, etiam puri amoris
ergo vilœ beatœ appetitus non est cœcus, sed ex sludiosum fuisse constat.
cognitione elicitus n» 229): quod ctiam inveni-
mus apud sanctum Thomam (sup. no 9 et seq.).
Articulus V.
fruendum est. Tum ille est pm-o amore prasdi- lunlalis humanae,*ut quemadmodum omnis
tus qui se refert ad Deum, non Dcum ad se ;
conclusio ex rationibus primis primisque prin-
qui seipsum non propter seipsum diligit, sed cipiisjitaomnisdeliberatavoluntasexillavolun-
propter Deum qui totam dileclionem refert in tate innata ejusque virlilute oriatur (n'' 12, 13).
;
illam dileclionem Dei, quio nullum a se rivu- 301. Horum aulem omnium radicem esse,
lum duci extra palitur , cujus derivatione mi- quod Deus bealus hoc bealitudinis votum cui-
nuatur^ : qui deniquc id sentit, a se debere am- cunque naturœ ad imaginem suam faclœ indi-
plius diligi Deum quam seipsum*. » derit (n** 14); ulleriorem aulem iiilimam pro-
295. nie, inquam, amer est purus, qui nuUo fundissimamque radicem esse Dei bonitatem .
vel tenui rivulo diminutus , Deum anteponit necessaria alque essenliali et transcendentali
sibi. Atqui ille amor haud minus in se com- relatione respicientem ad nos (sup.q. 13, art.l,
296. Specialiori ralione, nempe virtulis : cha. hensa non mea sunl, sed sancli Thomœ ex-
ritas, qua; est virtus, respicit bealiludinem, cum scripla lidelllor (n*" 22 et seq.).
esscpnssit: iindc cliam snnrlns doclor dofini- mio fatetur ; de increato negat : quia maxiina
lioiRMi' cliarilalis ah Aiigusliiio Iraililaiu adoptât
a cliarilas maxime de>ideral liabere Deiiiii "
ulsuaiii(siip. (j. 6, art. ll.iiMlO). (n"G;i, G9j. Agit aiitem saiictus, non de lio-
301. IJo spci et cliarilalis differpiitia, doqiie niiiie liabenlecliarilalem, sed de ipso niotu clia-
divcrsa iilriiis(iuc virliilis ad friiiliiiiicin Icu- rilalis l'n's Go, GG;: uiide di.Hrimeu iuler limo-
deiuli ralione, sancli ddcloris seiileiilia oxplica- rem pœii;e el meicedis desiderium, ijuod pu nii
tur, et iiide dcducla objecta .solviiiiliir ( n'* 121, non sil Dons, nec aliqiiid Dei : iiiei ces aulem el
308. Luculentissimiis aiilein locus adversus neris amabililas rcducilur ad ipsam excellen-
D. Cameracensom quo ulilur, sed truueo.
est ille tiaui Dei eo (piod non cssel pcrl'ectissimus nisi
:
Refeit eiiimid laiitiiin, quod « cliarilas velit bo- rcdamarel; atque bine lieri amiciliam inio su-
num Dc!), ciiiu \ ult eiiiu esse summum boiiiim:» peramiciliam, molivo creantis ac bealilicanlis
omillil aiitcin quod « eadein cliarilas vilil illud L)ci, una cum suiiiiua ici boneslale conjunclo,
bouum et proximo et sibi, nem[ie ut illud lia- ab coque inseparabili (n'^ 81, 8o, 86, 8S, 89).
lieat per graliam et gloriam (n^ 70). » Hic aulem 311. Ex his conciliatio sancli Tliomx cum
latetur piwsiil agi de vera et pro|)rie dicta clia- Scolo, una rei suiiima licel non uno modo ex-
rilalc : crgo necesse est lalealur vera et [iroprie plicita (a '=-
81, 83,86,87).
dicta cliai ilalc (piem([ue \elle liabcre Dcum per Articulus XI.
graliam et gloriam (u" 71).
315. Suinma concilialionis esl : etsi cliarilas
Articulus VIII.
hoc liabel spéciale, ipiod primariiiiu adcoquc
309. Hue accedit quod idem snnctns Bona- specilicinn ejiis objccliim sil absolulumab omni
vculura iulerprelaiis illud s.incli liernardi, (juod re ad extra, adeoiiuoab ipsa bealiludiiie : tameii
charitas < non cuict pi aMiiiuiii : > de creato pru}- ex secuodario molivo ea praxis inducitur, ul
QUvEST. XVÎ. — DE RECAPITULATIONE DICTORUM. 71
utraque motiva conjunganhir (n'^ 87, 89) fiat- : per suum connotatumhabeantinseparabilem re-
que aniicitia, hoc est amor mutuus, in quo con- lationem ad nos ex n. 4, prop. 6) ; hujus autem
sisfit charitas in quain praxitn abeunt mystici
: concessionis tanta vis, ut ea sola quœstio fmita
quoque cum Scholis etiam aciversariis Ihomis- : esset ; sed aperte variât auctor, totauique rem ad
tica nimirum etscotistica (n'^ 90, 91, 128). minuta deducit (ex n'=^ 98, 99). Fictus autem
Articulus XII. Lovaniensis negat Deum benelicum esse chari-
tatisobjectum (ex n. 180) ; et ipso Cameracensis
316. Oiianqiiam non censiii adhibendos mul-
suo nomine, ejusreigratia, meipsum recentis-
tos scholaslicos ad probandani rem facilem et
sime reprehendit.
claram, de qua nuUa unquam fuit veia contro-
tamen adduximus Eslium, Sylvium (n.
versia, Articulus XVI.
15 adjunxiinus Suarezium
et seq.) quibiis eliaiu 323. Tertio concedit auctor « necessitatemesse
docentem actiim amoiis gratiliidinis esse elici- indeclinabilem, ut nosipsosseuiperdiligamus: »
tiim ex ipsa chaiilate, manifeste ducto motivo ergo in omni actu (n. 27) neque fieriposse ut
: «
ex respecta ad nos (n. 127). nos diligamus, nisi nobis oplcmus supremum
317. Atque ex his certa est nosti-a conclusio ilhid est unum necessarium •. »
bonum, quod
sœpe repetila, sœpe repetenda, Scholam ordi- 324. Eam
concessionem firmat illa sententia;
nasse motiva charitatis, non autem negasse aut quod supponendum sit, cum Auguslino, « inde-
séparasse. clinabile pondus, continuaquc iuipulsio, sive
Articulus XIII. tendentia in beatitudiuem, ici est in fridtionem
De illa clausula tria demonstravimus :
318. Dei (n. 28) : » quo loco has duas voces nolavi-
primum, circa eamnobisimputari falsa secun- : mus, « continua, indcclinabilis. »
do, sentenliam prœsulisabeo quoque infractam: 325. Ibidem cavlUaliones auctoris, ac prœser-
tertio, mullis argumentis probari non alium tim quod appetitus ille sit cœcus, elisimus (n**
ejus vigere sensum prœter eum quem dixi- 29, 30 et seq.) : quod idem cfficacius inferimus
esse esscntialiter unilivam, adcoquc rcspcntuai suo niorito, sive i)ro noslro coinmodo ililigalur,
ad nos ab amore charil;i[is non possc distrahi
eo quod prœmiumnoslruui sit ipso (pii diligilur ;
(n" 48,95). pro mcrito auleui suo diligi ex co quod niiilliun
Articulcs XV. meruerit de nobis, prior nos immercnles dili-
gens (n'' 15G, 157 et seq.) Uuo palet duas dili-
322. Sccimdnm concessum, auiorcmDei utbc-
gcudi causas, ad quas reliquas rovocal, valcre
ncvoii, benclici eti)calilici pcrtinore per scse ad
tliarilatem(n's 45, UG) : cum (amen ea attributa > qv.M. LctUo ù M. de Mcaux, p. 13
Sr.nOLA IN TITO
quod crat probandum (juam pntinde anima non nisi privato sui, boc
pcr rcspcclum ad nos :
320. Mellillui docloris'novuni prœsul profcrt 333. Uuod igitur Ixic lingil auctor, « amorem
lociiiii quai ad nos ', ex sernionc de
ta epislula naturalem etiain pcr respeclimiadbealitudinem
Divcisis alïcclioiiiI)iis anima' qui scnno lotus : formaiem, » somnial. Ncquecnim Dernardusbic
advcrsaUn- piaisuli. Cilal aiitiiu hos locos de ani- quidipiam locpiilur de amore naturaii, aut de
ma validiore, qua;aîlaleiii inlaiililoui et novilio- bealiliidiue fiinuali quam anima réfugiât; illa
ruin btiilum piietcrgiessa, « non lade jain puta- enimfnùliii, illa eliarilas, illa felicissima confa-
spcm 2. » Ha?c ille : qu;e quid ad rom facianl formalis et creata, quam auctor in ore babet;
lion video. Auctor autom ex liis eliiit aiinosci a nc(pie euim aut illa clarilas, aut illa confabula-
in pcifeclis debeat; de (luo lamen aniore ne quod nos formaliler beat, lloe autem neque ab
vcrbiduiii (piidem oCLiirril, nisi forte cxisliniet anima iclïigi, ne(pic ad privulum sui amorem
Iralii, aut Bernardus dicil, aut sinit ipsa Veri-
primas ineiiiitis devolionis suavilates cssc nalu-
lales; quod et Beniardiis inipioliat, cum liic tas.
cas tribuat graliai et dono Dei, et nos alibi iclel- ;>;H. Cave dixcrisistudde Deo,sive,ut Augus-
limus^, et ipse auctor rcjicit. tinus Io(|iiitur, de verilatc, gaudium esse natu-
nisi oo sensu quo necessario et pcr se na-
330. Frustra autem prœsul objicit bœc vcrba rale,
anima.niiiila Deo quanil, quam ipsum Deum. « locus lotus noster est. Ostcndil enim sponsam,
Eigo qu;cril Deum, Ucum haberc vult; quod hoc est animam perfcclisslmam, perfecla cliari-
Crebro tate qua.Mere fruatur, cujus amorc
Deum, quo
unum iulciuruMiis. l'ndcsubdit : «i scili-
cet didicilexperimenlo, quoniam bonus Domi- inutuo (lelectctur, cum quosuavissime eolloqua-
nus spcranlibusin se, animœ quarenti ipsum! lur; maximo sane cl inseparabili respcclu ad
audire merelur : Tola pulclira es. Et audei isla lum ad .slabilicndum, ct/Hi/Hcf/»' eliam aierni
',
lionc dcleclalur glorio.sacuui Sponso. » Nisli in ejus aucloris verbis coumiodum œler.
caret. » Hœc mea verba sunt, quœ au lor ad amo- nis consislil, scilicetiiobilitas, potealia, benigni-*
ris naturalis significationem trahere frustra ni- las, pulchriludo,prov!dentia,»etc. Quœ sunt ple-
titur. raque relaliva ad nos. « Item, inquit, dilectio Dei
339. Quandoquidem vero prœsul Albertum ad nosœterna, immensa, noninterpolalaetfide-
Magnum adduxit, sciât illius sentenliam niliil lissima inducliva est verœ charitalis. » En illa
differre cœterorum doctorum, ac maxime
ab illa secundaiia quœ inducant charitatem veram, et
sancti Thomœ, quo discipulo glorialiu'. ^que ad Deum secundo loco nos moveant, ipsa Dei
enim felicitatem définit, « id quod est oplimum ;
gloria instar finis ultimi ac primarii collocala :
propter quod omnia alia opéra ta sunt propter : quod cum omni Schola plane congruit, ut vidi-
felicitatem enim omnis fit operatio 2. » Nulla mus.
ergo est quœ non ad eum finem referatur; ac Articulus XXI.
frustra quœritur aclus humanus ab illo fine ab-
343. Quod pios excessus sanctis tribui auctor
solulus. Pergit « Summum bonum est béati-
:
crimini im])utat, ex Chrjsostomo atque ex ipso
tude, liocque bonum volunlalis est objeclum 3. » Paulo confulavimus (n'^ 197,201, 202).
Non ergo alla voluntas est ab hoc bono absolu- 344. De amatoriis amentiis remisimusad Ber-
ta. Quod quidem postea sic exponit « Bonum :
nardum et aUos {Mijslici in tuto, nO 193). Nunc
ipsum commune, cujus ratio in intelloctu, est juvat afferre locos in quibus mellifluus doctor
objectum voluntalis '^. » Rm'sus « Mens, quia :
sponsam negat sui rationisve compotcm 2 dicit ;
imago Dei est, bealitiidinis est particeps ^ » :
ebriam amore » afibi, saluralam, eructantem,
:
quam proinde si abdicat, non vult esse imago etc., quippe ex cella vinaria prodeuntem : « to-
Dei; denique sic describit naturam voluntalis,
tumquod ralionis, consilii, judiciive videtur obli-
ut, quia est appetitus intellectivus, nedum cœco tam*.» His subjungimusGuillelraum sancti Theo-
Impetu feratur, ad ipsam tendat rationem appeti-
dorici abbatem, Bernardo supparem ejusque
bililalis absolute ^, quœ ab inlellectu apprelien-
adhuc supertitis Vilœ scriptorem sanctissimum,
dilur ; quœ ipsa doctriiia est, quam a B. Augus-
cujus hœc verba sunt ^ « Audi sanctam insa- :
principaliler ut suaui bcaliludinera sibi conunu- est adversus auctorcm assidue nobis h;ec falsa
nicet (en principaliler, id est, ita ut in co finem
imputantcm.
ullimum collocet), naturalem et impcrfectam Articulus X.XII.
charitatem habere convincilur. » Quœ verba, etsi
346. De pura natiira, de aninuT ralionalis
in specicm sibi faventia, relerc auclor erubuit :
morlalilale, do felicilale negiccla a |)liilosophis,
salis enim
impcrfciium illud sonarc
inleiicxit
iiiordinatuni, ncc charitatem Dei esse, sed sui dequc aliis ijusmodi, lulilcs quœslioues ad in-
A/4, ifagii., — —
' Parad. Aninuc. — > Serm. 73, l'n Cant., n. I. ' III., larm.
' l'rif. ;
—
Ibid. ' /Je npitrch. pari.,
~ —
vu, n. (•.
7, n. 3 * Sorm. 79, n. 1. — ' De nal. et Hign. Am., c.ip. 3. n. 6;
' 10., p. 10, n. 16. * Ib., I). :3. '
/4., n. 24. '
/*., p. \J, Op. S. ncrn.. t. ir. — " Cnr v,
II 13. — ' 'Krod., \xiii, 32. —
n. t.— ' Ib., p. 10, D. 25.- • /b., n. 18. - •
Parad. Anima, «p. 1. • Uom., IX. 3. — » Ad., x.wi 2\.
7i SCIIOLA IN TUTO.
volvcndam rem inliodiiclas SiTpc notavinni> VII. Ex bis evcrti a sancto Dcrnardo allatas
(n'^ 203, 206, 2}'{) : non onitii Pnnliis, non Moy- diias causas (iili;;ciidi l)e\i» opter se; nempe pro
ses,non alii ad Iutc aninios iclurqucbanl agi- : mcritn sua. pro commoda iioslrv '.
tur non de vana cl piirposlera irnaiiiiialione cu- VIII. Amoiein juslificanlcm, qui ab auclore
jns\isallorinsslaliis, sod ilcanathematea Christo, gradus diciliir, clsi Deum sibi rebiisqii'!
qiiarli
de libro vilœ œleniœ, rcbiis sont a slanlil)iis iil omnibus, niilla excc|)la, anlcponil, ncc sibi (cM-
Dco pcr Evan^icliinn conslilnlic. l'orro bealilu- cilalcm qiiaMit, nisi in quantum siibordinata est
dineni cl naliiialihus cl siipcrnaluialibns volis gloriaî bci ; tamcn non esse ainorcm puruni 2.
appclcndaiii, eliani in illis aclibiis, qiiibus cani IX. Dari amorcm [)uruni, qui quinti gradus
ex pcrcbanl in
inipossiliili alulicare viilcbanlnr, dicilur, .super quatiim ilkim graduni, iicet hic
aniino fn'* 207, 208j babuisscnt : alioquin me vim omnem amoriscomprcbcndat^.
cliarilalcin, qux* est uiolus ad frucnJuni (n" 109 X. Ainorcin illnm piirum, sivc quinti gradus,
elseq.). picri.sqtie sanclisaniinabusessc inaccessuui, ncc
eis prœdicaiidum ''.
Articulus XXIII.
XI. Amorcm quarti gradus subordinari Dei
347. De illis lani in se consideralis quam in- gloriœ magis bai)ilu quam aclu, ncc ad cura
ter se coniparalis, qiiid auclor sonliat, cl (piani pierumque referri magis quam aclum peccati
ipsiadvcrscnlur doclores caMcri, sa'pe (iiiidcni vcnialis ^.
comnienioraviinns: pi.Tcipue vcro, n'^ 92, 100: XII. Actum peccati venialis Deohabitusubor-
quœadcnodaiidani dillicullalcni onineraclScho- dinaliim esse 6.
lœ dccrola cxplicaiida cl Inlandavcl maxime per- XIII. Quidquid non est habitu subordinatum
tinent abjuc cliam ad oslciidcndam liiijns con-
:
Deo, esse peccatmn niortale ex quo sequitur :
trovcrsi;c gravilalcni (n'» 107, 108). His aulcm nulium esse veniale pcccatuin '.
posilis, et in unuin brcvilalis gralia recollcclis, XIV. Aclum amoris ciiciliim ex suppositionc
aucloris errores facile cluccsccnl. quod anima juxta a^ternis suppli-
inipossiliili,
III. Ampntalo moin ad fruendum Deo vigere tumclia, et in Dciim blaspbcmia i'.
perl'ecUssam ciiarilalcm '.
XVIII. Piauler illud salutis sacrificium condi-
IV. Non ergo valcrc dcfinitioncm cbaritatis ab tionaUun ex impo.s>ibili, a sancto Joaune Cliry-
codcm Augnstino Iraditam, cl a Mai^islro, a soslomo cjusquc sciiola cl aliis quibusdamagni.
s.\ncto Tlionia, et univcrsa Scliola reccplam *.
lum, dari aliiid saciiliciimi absolutum, cujus
Ex eo qiiod amor cbaritatis sit pctiiUis ab-
V.
niilla sit mcnlio apud illuni et ca3teros Patres
solnlus ab onmi respecta ad nos, cliam qnoad
aut auclorcs ".
motiva secimdaria ac snbonlinala niinusque
XIX. Sacrilicium illud alisolulum consi^fcro
pra?cipua, scipiilur contra Scliolam universani
in Cl) quod casus impossibilis non modo posaibi-
crrorgravi>siiiins; (piod amor cbaritatis non sit,
lis, scd cliam aclu rcalis a-slimctiir '3.
ut omnis amor, csMMilialilcr nnilivus *. XX. Sacrilicii ergo absoluli idem
illius esse
VI. El quiid amor Hci ut aniici, ut Domini,
objccliini alque condilionalis, nempe s;ilulcm
ut Dci nostri, Clii isli vero ut sponsi, ut Salvalo. œlcrnam •*.
ris, etc., cbaritatis non sit : qiiod est contra XXI. Spein mercedis, salutisque desidcrium
Evangclium, et consensuni l'alrtim et tbeologo- in perfectoruni statu nec suasuni, nec impera-
rum omnium ".
' Num. IM, uq. — Num. 1«3, 1C9, 170 et s«q., 175. —
167 et '
• Num. 7, 8 «t 5«<1 , 18, 20, 21, 22, 22a — ' Num. 9 et »eq , 30, » /»., cl 186. —
178 cl soq. —< Num.
Num. 172, 173, 174, 175. >
31, 229. — > Num. 20, 21. 2n7, Î'S — < Num HO, 110, 111. 1)3,' — • liià. —— Num. ' 210, 227 —
Ilrid. • Num. 202. 227. ;.M7, »
113, 203, 239. — > Num. BS, 131, 117, U3. —' Nuui. 147, 118, IG6, — Num. 207, 227. — " Num. 190, 104 cl scq., 201, 216, 236. —
••
::il cl mj. " Num. 107, 237. — " Num. 238. - " ibid.
QU^STIUNCULA : DE ACTIBUS A CHARITATE lîîPERATIS. 73
tiim, et ad imbecilles angustasque animas re- omnia, etsi vera essent, tamen operis insfituti
initlenduin '. rationinon congruunt.
Hœc igitur sunt, qiire ex lioc libello facile con- IV. Pii-eterea ad amorem quinti quoque gra-
dcmnentiir. His adcle alios errores copiose de- dus pertinet, ut in eo plerumque spes affulgeat
inonstratos, Mi/stici in tuto, et ibidem recoUec- acharitate imperala; cum, fatente auctore «,
tos, n's 174, 175, 176. Veriim et hœc alla bene et ibi sit amor qui Deum anteponat sibi, et
multa, quibus se qiiietismus erigere nititiir, po- charitas ipsa spem, cujus finis est, et anteve-
silis fundamentls ac remotis obicibiis, Deo
, niat, et nioveat, et ad actum impellat; quippe
daiite, poslea bieviiis ac plenius enitescent. omnimodis subordinatam sibi, et ad se per-
QU^STIUNCULA DE ACTIBUS A CHARITATE tractam.
V. Quin etiam in quovis gratiœ et charitatis
IMPERATIS.
statu valet apostolicum iilud a Finis prœcepti :
Tanta est in libro De sanctorum decretis erro-
« cbaritas ergo finis charitas etiam prœcep-
^ ; »
rum seges, uteam tôt auctoris inventa snbtilia
ti de spe; ac pi oinde quovis in statu gratiœ et
superare et exljanrire non possint. Hiijiis autem
ciiarilalis, spem régit, movet, incitât, et in suum
qua^stiunculœ ut exsolvamus nodos, totum lioc
argumentum in pauca conjicimus,
fiiioni liahit charitas; quod plane idem est
neqiie tamen
atque imperare;
quidquam prœleimittimus quod sit necessa-
VI. Non ergo quisquam est jushis qui non
rium.
plerumque et se et spem suam omnem referai
I. Primum quidem annotamus quarto amoris
ad Deum ejusque gloriam, qui est unicus vitœ
gradu vim omnem amativam facile conlineri 2;
chrlstianœ prœceptorumque finis, in quem qui-
quippe cum illius gradus laiila sit chaiilas, ut
cumque non tendit chrislianus non est.]
anima non modo Deum antcponat sibi, verum
VII. Cujus rei gratia hœc mandat idem Apo-
etiam felicitatem suam totam in objectum cba-
stolus : « Omnia vestra in charitate fiant ». » Et
ritatisieferat, neque aliter beala velii esse, quain
iterum : « Omne quodcunque facilis in verbo
ut Dei promoveal gloriam quo fine amoris per- ;
« aut in opère, omnia in noinine Domini noslri
fectio et puritas constat. Cum ergo in eo gradu
« Jesu Chrisli *. » Denique: « Sive ergo man-
tota virtus aniandi sit, quintus amor ab auc-
« ducalis, sive bibitis, sive quid aliud facitis
lore positus tanquam operis scopus unicus;
« omnia in gloriam Dei facile 5. » Quod si tanta'
non modo est supervacaneus, verum etiam no_
xius;cum spe ac mercede amori penitus sub- tam necessaria, tnmque apla alquo connexa jus-
ordinatis nihil supeiius excogilari possit, quam torum estad Dei gloriam relatio, ut etiammandu-
ipsa spei ac incrcedis ex vehemenlia charitatis candi ac bibemli animalem aclioncm propter
abjoclio earuniquc vis tola in amoris suavilatem eamdem Dei gloriam exerccndam habeant •
et utlractumabsorpta.Quo ipsa spes exstingui- quanto magis s|)em vivendi ac fruendi Dei, ac
tur, quod est erroneum, imo bœrelicum, pa- bcatœ œternilatis aliasque virtules ad ipsum
lam pronuntiante Apostolo ' « Nuiic autem :
Deum référant, ipsique charitati dominœ ac re-
'
manent tria hœc, « fldes, spes, cbaritas. » ginaî virtutum servire facianl.
' Niim, ao, 260. — ' Max. des nU, ti, 'J, 10, 10, la. — • I
Mux. des suints, p. (i, 0. 1 ïim . I. > -' I Cor., IM, U
CV-.,iiii, 13.
i 11.
«•« J Car., X, 31. — » Cil., , 17. — • MiX. di-i salirs.
76 SCUÛLA IN TUTO.
X. Quis eniin cimi li.cc audit : « Oinnia vcslra inquam, ei doclrina;, quod in actibus spei cba-
« in cli.iiilalc (iaiit; " cl : « Sive niaïuiiicalis, ritate pleruiuque iiiiiieialis perleclio repoiiatiir'.
« sive l)il)ilis, .sive qiiid aliiul lacilis, oiiinia in sed in eo vim facil, ut uaturalis amor sui , ille
« gloriaiii Del lacite; >< quis, iiKiiiain, cum lia^c irinoxiiis, et in iiuperfectis re.siduus, u perfeeli^
audit, non œililicalur polius (|uain offcnditnr? pleniuKjue c.vciilalur , ijuo nunc Iota spes svslc-
Oiiisvero cugitavit unfjiiaiu, ut ab liis suadendis lllali.^ redigitur ; tum in Inslruclione pastorali
teiiiperarelï plane nuilus quippc cuiu vult,'o ;
auctoris, lum in Kesiionsioiie ad Suiuniam doc-
lideliuiu ab ipso apostolo proposita esse inlcl- lrina;, aliis(iue scriptis Explicalionem De doc-
ligat. trina suncturum eon.scculis.
XI. Vide, chrisliane loclor, quam sit alienuni XV. Uua e.xplieatioiie ex postfacto, sive post-
a cliristiana verilale , ut peri'octionis obtentu limiiiio ac pr;e|)ostere édita, lolius libclli De
Dei saccrdolcs lia'c aposloliea |)rœdicare onuii- siinclurum ralioncm plane intervcr
iluclrina
l)us suadcre non audeant . liiccinc eiit linis .sam esse constat; subslitutis etiam sexcenties
Christiante |)erleelionis, ut vui^'atissinia; aposlo- et intextis in ipsam versioncm laliiiani aliis vo-
loruui senlvutiic a|iud pleiosque exolcscant, ol- eibiis (juam iis (juas originalis liabebat texlus.
l'endant aninuis.durioresquequani suavioies ac Omnibus eniin i'ere paginis loco « cominodi
vcriores Kuielis (iuoquc aniinabus esse vi- « proprii » quod liabcl ipsc texlus, occuril sub-
deantur. slilula sive addita « mercenaria ajipelitio : »
XII. Sanc commémorât auctor • amorcm qu;e sanc non versio, sed aperla cl assidua
quarli gradiis quinlique, cum utenpicjusliticct, texlus eorruptio et interpolatio est: quo ctiam
id liabcrc connnune ut Douni auleponant sibi lit, ut libelli luijus studiosissinii dcfensores ip-
ac lelicitaleni ip.sani ad euni eju.Mpie glunani sam (iiUKiiie explicalionem abjicianl, ncc minus
référant; (pio suliiato, vcl ip.so coulilente nulla pruplerea libellum luanliir invito (pioijucauc-
juslilicatio est ; .sed intérim in cuessediscrinien, lore, ut esta nobis demonslratum: Quiet, rediv >
etquinli graibis e.xeellentiam, (piod quarli gra- adiiionit.prœvia, n'^ 1,;2, etc.
dus amor liabitu tanluni pleruMKpic etiarn ailu XVI. Quod auteiu ubique pcrtendit auctor
referai; plane co modo rihupie (juo saucliis explicalionem de afi'ectn nalurali idem valcre
Tiionias docel peecati venialis acluni iiabilu re- cum illa de iiiiperalis ab ipsa cliaritale spci ac
ferriad Deuni. llœcauclor 2. Quie quidcni indi- reli(iuaruiii viiiutmii actibus eo quod illo af- ;
tanl quam ductilcm ac versalilem liabcat llieo- feelu nalurali pra'pedialur ebarilas, ne aclus
logiam. Ca'leruui quod ju>li(icanlis anioris gratia illos imperel : id quitleiu fal.suiu est. Neque
liabilu non aelu, nec magis quam ipso i)eecali cnini ab ii.sdem actibus imperandis magis pro-
Deum, erronciune.st;
venialis aclus rcleiatur in hibetur ebarilas per naluralesaffeclus illos in-
quod clianialiiiideinoustravimus ncnipc Sum- : noxios, (piam per ip.sam vitiosam ac inoibidam
ma doclriuœ, n'-'U; et Srliula in tulo, q. 11 Iota; cupidilatem, loto liujus vilic decur.su omnibus
quo ctiam locodotcnius de peecati venialis aelu aUpic ctiam inbanentem. Quare
sanclissimis
in Deum liabitu iVlalo crroneam doelriiiani im- posleaciiiam an'eeliim naturalcm illum inno-
puni sanctoïlioiiue. xiuiii, nus(]uamlicetinlibro /V sanctorum de-
XIII. .\e(|ue ilbid prœtcrmillcrc possumus, crctis, indieatum lamcn ut iiece.ssarium lutando
(]uod in eiidem libcllo nostro esl traditum, si systemati, Inslruclione pastorali édita, in qu.TS-
scniel adiiiiltalur in ipiinti auioris gradu ab ani- liouem islam per vim inlrusil rursus indilTe- :
ma contrabi baiiitiuu Dei auiandi, nullo umnino rciis e.sse slaluit, au sit iimoxiiis necne, ut est a
rcspeelu adbealil'iilineni ; inde onuiino eon.se- nobis alibi demonslratum '. Ex quo palet auc-
quiulspessit iuulilis neque usquam inqieran- toreiii sua a'que ac nostra diruenlem, nullo loco
visillius nulla spe indigi ullro desistercl; (piod lem, a cbarilate spei ac virlutum nclibus collo-
ab optima illa et perteela menlc longe abesse canduui, siibsidia undccunupie corradcns; ex
oporlet; neque curarel illud, ut bequenlaret ipso etiam arliculolssiaeeiisi lirmamentum petit.
iinpcrlcctuni aeluui niliil prolulurum. (Hdwlti Nos autcm eo loci de perfeelo amore explieaiido
iH tulo, q. 1 i, n. pneserliiii '21m, io6j. neijuidcm cogilavimus. In co enim ver.sabamur,
XIV. Ûuare nec liis luvrel auctor; nouba-ret. utidoceremus ex l'aulo, nmuiuiu virlutum ar-
'
Mal Jc< saints, p. C, 9, 10. — ' Uni', id Sum. doct. Wponso k qu»lrf I.cttrr^ v lom
QUIETISMUS REDIVIVUS.
Vus, cliam in charitale adunatos, tanicii dis. explicandum Issiacensem articulum valeat. Vide
tincto exerciliocliam inler pcrfectissimos poL Mystici in Mo, n" 187, 188. Quo d unum sufficit
înre. At nequePaulus, neque nosPaulum secuti^ ad plane demonstrandos ejusdem auctoris mira-
de perfectione illa extraordinaria, et plurimis bilcs ac variabiles vultus.
qiioque sanctoruininaccessa quinti et singularis XXIII. Fidenter autem asseveraverim, nun-
gradus, in qua passivœ sive contemplativœ ora_ quam magis Ecclesiœ fucum fieri cœplum, nun.
tionis, ac prœsentiœ Dei ratio poneretur, cogita- quam pericnlosius de religione lusum quam
l)amiis quidquam iiaturam ac vim charitatis
:
nunc fit. Librum reprehendis gallicum auctor ;
sentiîe Dei, sive quietudinis, art. 21 demum naturalem, nunc quidem itmoxium, nunc si ve-
agere cœpimus: prœcedentibus articulis id unum lis noxiumquoque; ad relationem habitu non
agebamus , apud omnes nulla per-
ut constaret actuconfugit ab una explicationead aliam de-
:
fectione impediri quominus actns virtutum, ac silit nullo consislitloco niliil non asserit ni-
: : :
Prœserlim lldei,spei et charitatis. ctiam adunati hilnon ut vnlt, cxplicat, et in sensum quemvis
in charitatc perfecta ubiquc vigcrent distinctis trahit ut nusquam subtilior arlilex exstitisse,
ac propriis cxercitiis ita ut illa adunatio illi dis- aut religioncm cliristianam absolutam etsimpli-
tincliouinihil prorsus efficeret. cem tôt acuminibus vexasse videatur.
XIX. Id vero lucc clarius ex articulorum tenore XXIV. Hœc si quisa me, eo quod candidius ,
13, 1-1, 15, 16, 18; ab articulo vero 21, qua; sin- me demonstratum i. Zelo enim zclatns pro
alibi
gulares sive extraordinarios contemplationis, ipsa veritate pro matrc mca Romana Ecclcsia;
;
sive (jassivœ orationis status spectant , ordine pro Domino meo D. Innocentio XII ;
pro catiio-
exscquimur. lica quœcunque diffusa est Ecclcsia : id unum
XX. Tantum autem abfuimus a perfectione vereor , ne nobis et cœteris catliolicis tracta-
cbrisliana in illis orationibus extraordinariis ac toribus, quod absit auctor acutissimus per no-
!
passivis collocanda, ut ctiam expressis verbis varum vocum involucra verba dédisse, ac pro
explicandum putarcmus non ineisperfectionem vera pietatc miras merasque offucias subsli-
aut purilalcm christianae vitœ esse repositam i
:
tuisse videatur.
qiiippc qua; lolo liluo milia vel Icvissinia voce aulem lanlum amorcni (juinli gradus, tmum
iiiUicala;, ac dcspcratis ichus i)r;pposteic ac pcr puii amoris nomine eelebialum, qui se spei
vim inlrusœ sint, contra omnium Icctorum son- anxiliit jiivari et excilari milit. Non crgo de vero
sum. Nemo cnim iirolccto affoctiim naliiraliMii jiuio auiorc quem
Scbola omnis agnoscit, ulla
loco proprii commndi siih.slitiiliim, orat siispi- iidbis euncerlalio est sed de amore ficlilio, qui
:
quan) consiicto morcoliicclum aut finem extra purmn vocilat, quod spei cbrisliana' opem ac
positiim qiioad actiis siii^ndos movcicmur. Por molivum ipsum alterna; saintis abjiciat. Nequc
motivum aiiti'ni iiiti'Iliui ntm ojiismodi liiicm ,
suslinenms amorem purum dici eum, (pii divi-
3. Nequc lamcn hic laliocinatione agerc volii- titiidinis, quam lanlis eonatibus in Inslruclio-
mus, sed iitsa aucloritale gestoruin lialiciuus :
nem pasloialem invexil; vel est ipsa spes Ihcn.
cnim prie nianiijus explicationem iliustrissimo logica, sive in spc Ibeologica movendi illicien-
per conimoilum qnideni propiium, nihil aliud admillunl; crgo admillanl necesse est spei ibeo-
ipsum « boiium uobis » quod logica' movenlis excidium illud, quod et nos
intclligebal (luaiii
permolivtim vcio criininanuu', et ipsc Cameracensis improbat :
est ol)jeel(nu spei tlieologicic ;
nilnl aliud (piam (inem extra [losilum: nulla iis- non nt levé quoddam facinus ; scd ut impiela-
quam aut niuorisnaluralis aut niotivi interioris tem, qnam a nobis impulari sibi omnibus pa-
mcntione: (piod idem illustiissimus Carnolensis, ginis querilur '.
siviquacuiKpic alla ralionc gestum, ipsa vcrl»a dicinms. Trisle ])erfugimn cum Paulus fidem :
nos coguut velaulquc aliud inlelligcrc in Ca- ac spem, reipsa, udu laulmn \irlute manere ac
disliiigui prommliaveril « Nuuc aulem, » loto
meracensis libro, (luaiii id quod et ipsc data :
Ircnlur.
distincte ; et per projjrios aclus : « fuies, spes,
5. Quod aulcm assidue pnrum amorem ob- « cbarilas : major aidem borum, » non .sola
Icnihud, ac puli berrima^ scd major, « csl cliarilas » bas animans, re-
:
vncis splendore i-c
cnim puriuu amorem enm «pii vera cliarilas non aulcm consumcns, aut corum actus pre-
est illa justilicaiis, iuliriatur quisquam. Cliari-
mcns.
lalcm cnim seimus eam qiia-, leste Aposldl'», 10. Nec aliler Malavallus, Molinosus, Guyonia,
« non quxnit qux bua sunt 3, » alquc ita ex Dei
spem illa'sam pra^diealianl, (juam quod piuo
'
Un™ pa»l., p. 68. — ' tb. r- C9, 79, 80.
— '
I Cur , xiii, 5. < Imlr. r«t-. P 18, ». 3", 49, ••.c. — ' | Cor-, un, 13.
ADMONITIO PP. .4L VIA.
aniore illo uniformi ac permanente, virlute dinn aut excusandum Cameracensem susci-
contineii, illoqiie adeo suppleri nieniorabant : piunt.
qnos nos alibi reprehendimus ', nec ipse Came- 16. His igitur explosis, alii defensores pro-
lacensis excusât : et in ipsis Issiacensibiis arti- deunt, quorum hœc excusatio sive responsio
ciilis 2, fidei ac spci aliaiumque \iiiuluni actus est nos quideiu confitemur optandum, ut nun-
:
cum chaiitate eonjunctos, sed tanien « dis- quam cxstitisset ac prodiisset liber lot œquivoca-
« tinclos » explicitosquc subscripsiinus. Qui tionibus scatens cœterum, posteaquam prodiit
:
ergo Caïucracensi hanc exciisationeni submi- nuUa censura est dignus qui scilicet ubi occur- :
nislrant, Maiavallinn, Molinosum, Guyoniam, rerit aliqua prava propositio, alibi confeslim
infau.>la et damna ta nomina, reduciuit in Eccle- aliam contradictoriam statuit ita ut nnllus sen- :
11. Alla argumentatio ille actus spem sup- : « prudenliali, « ut loquuntur, censura non au-
plens et virtnte eaiinenterque conlinens, vel est tem juridica affici potest.
actus charitatis, vel acliis cliaiitate major. Atqui Hœc excusatio libros fere omnes hœre-
17.
aclus nnllus est actn cliaiilatis major : est enim œque a juridica censura liberaret. Ut enim
ticos
ea virtus chantas quœ omnibus aliis virtulibus omiltam censuras non « prudentiales » illas,
« major est : » ea autem major esse nuUa memo- sed jurisdiclionalcs casque gravissimas, « peri-
ralur. Quin illa dileclio qua negat Dômiiuis « culosum iu fuie, inducens in hœresim, » alias-
ullani essemajorem 3, non est aliud quam cha- que ejusmodi quas libro œquus omnis, licet
Ex eo autem quod omnibus virtutibus
ritas. benignissimus, interpres inussisset : quis Nesto-
major sit, non sequilur ut suppléât reliquas, rio, quis Pclagio, eorumque assechs non eliam
sed ut eas adjungal sibi, eis emineat, eas regat. ab ha'icsi peperciscet, si eorum et asseclarum
Ergo supplementum ilhul spei ficlilium est. proposiliones conlradictorias attendisset? Vide
12. Si ])olest spes ejusve actus charitate sup- de « hoinousio, » de « theotoco, » seiuiariano-
pleri, maxime ex
eo quod dicat Apostoliis :
rum ac nestorianorum teclinas : vide severia-
« Charilas omnia sperat *. » Atqui eadem ratione norum, semieutychianorum de duabus naluris ;
sibile est sine spe quam « sine tide placere errer, nulla hœresis plane condeinnabitur,
si ex
14. Tum ea charilas, quœ ex Apostolo « omnia musuiO[^crc De statibus orationis, loin, ix, lib.i,
« crédit, uumia sperat, onmia sustinet *, » non
pag. 483, etx, pag. o.
19. Ergo ut erranlibus in fide oiune prœclu-
est alia charitas quam eaquie est justis omnibus
communis si cigo ex eo loco concludi posset
:
deretur eirugiiim; ea semper régula viguit, ut
spem ut cluuilute contentam ab ea quoquc sup- quod esset per se ha-relicum nolaielur, insuper
habilis excusalionibiis, coiilradiclionibus, tergi-
pleri, id ad omues slalus vit;e chrisliaiue perti-
iicret : nec tantum ad illum puri amoris statum versatiouibus : si qua ainbiguilas, si qui nodi
inter se ita implicati occuiereul, ut ex bis oli-
qui sanctissimis quii)usdam inaccessus esse lin-
gitur. Non autem id pcrtinet ad omnem vitai
quatus scnsus vix expediri posset, non pro|)lerea
dimitterenlur inlacti; sed ancipili illo gladio,
christiana' slatum : alioquin ubique tam spei
quam lidei clidcrentur aclus; quod est absur- quod estvcrbum Dei, ab ore Clirisli prodeunte,
potius secarentur abiiie etiam inter censuras
dissinuun et erroneum.
:
En quam porlenlosam
a Scripturis crrantium memoraretur illud a sanclo Leone II
15. et
alienam Ihcologiain coganlur inducerc qui luen- prolatum ', ul qui.sciuiserraveril, idem suiipsius
impugnalor cxslilerit,
Inatr. sur les Unis d'or , liv. m. — > Art 1, 3, 3, 13. — * Joait.,
XV, 13. — • 1 Cor., X II, 7. — i nu. — « Hebr, xt, 0. — ' /Airf., ' Episl. ad Imp. post. concil. vi. Vido Blati d'or, locis supra cit.
\ — • I Cor., xm, 7. et nut;tin cditori:i iid|>usilain. fJîdit. l'atal.J
80 ULIRTISMIS RKDIVIVUS.
ÎO. Fat crgo nccossc est condemnatus lil)cr, uit, compaiavit viam, induclo amore illocujus
quo (liicc honœ mentes in teiiiii et ambigiio in eo csset puritas, ut vel esset penilus exspes,
vcri falsiquc discrimine niniis laborarcnt : quo vel saltcm ab omni .spe independens, nullo spci.
proindc non modo midicrcularum, scd cliam nullo mercedis setern.T, nullo ipsius Dei poliundi
qnaiumvis imbecilliorum animarum, inlcrdum nuilivocxcilarelur; ex quo sit consequcns .s.'ilnlis
et (imiiornm capila ia>dcrcnliir, animi latisce- ut es .salus indifferenlia; nulla tauli benelicii
rcnl, ant in nubes avolarcnl aut, quod est pes- ;
ad amoreni indammandum liabita ralione. llinc
simiim, novœ perfectionis atque exqiiisitissimœ etiam profluit a sua; reprobalionis conviclio
sanctitatis specie in occultam superbiani agc- invinciltilis , » et illa « casus impossibilis ad
'
qiiam tamen defcrisures ejiis, ipso qiioqiie in- enim ipsum est quo molinosismi ratio constat,
\il(), liicri menioranliir. Nec piidet siiasisse quod dcsperalio simul et invicta sil, nec tamen
aiictori, nt manilbslum errorcm, ctiam cjura- intima, scd tantum apparens codemque ritu :
tum et ahjoclum, rcsorberet, ut fecit ' et nos ipsa infidelitas qu.Tcunquc crimina atque
et
atlributa oliam Aiignslino ca charilatc quœ sit « lunlalum Dei : 3 «quibus ipsa prœdestinalionis
naturalis, non virtus llieologica; atque ea cu- ac rcprobationis décréta, cum sint omnium oc-
pidilalc viliorum radicc quai sit innocua? cujus- cnltissima, coutinenlur in quo ipse prœsul, :
sacriicgo amore sui, qui tamen ad jusliliam ipsius gcslis scripti.sque conlcxta, exque ipsis
et ad convcrsioncm , invita omni tlicologia, liileris ejus manu exaralis, a nobis lucc meri-
iteruin ac tertio, correctioue nuUa, prœpararc diana clarius demousUatum est tolam banc
dicatur*. causam. quœ tanlo amliilu agilalur, inde esse
24. Atqui li.TC impcrilius, inquics, sive magis profectam, quod a Guyouia sua tuendaabslinere
incaulius quam fallacius dixil : pcssimc; ncqi:c nolens, ab amicis et cocpiscopis discedere, et
enim de rolnis maxiiuis ac rccouilitissimis lanla onuiia perturbarc maluit quam ut amicam .
conlidcnlia dicere dcliuit, qui non a tlicologia inlimam, alijue ex ipsa spirilualis vilœ rationc
salis anipluiii sibi pra'.siiliuin couqiarasset. coujunclissimam, suo prœsidio dcstilutani relin-
2o. Ac lamclsi, ut in falso syslcmale, simt qucrel,
mulla apud auctcrcin qua' iulcr se pugnent Quo ctiam coactus est, et Molinoso Guyo-
29.
:
tanUmi abcsl nt omuia ejusmodi sint, ut contra nia;conjunclo parcere, et a fal.sorum spirilua-
cerlum sil, ipsam dochiuiT summam falsis, .scd lium censu danmaliim ejus nomcu oradere, et
sibi conscclancis, conslare dccrclis sive priuri- cum (piiclislis eam iuire socielalem quam prin-
Dcduclnrus enim animas ad illam purga-
piis. ci|)ii)runi ac dogmalum déclarai.
tionem qua .saluloni ipsam periccto et absoiiiln 'M. Ibvclamou priucipia,ne soipsa proderent,
sacrilicio dcvovorout, in ecxjuc sacrilicio pcr- qnibusdam involiicris occullari o|)orluit unde :
feclionrm (ihrisliau.im Cdllocarcnl; jain inde nuillis in iocis maie consarciual.i, imo vero dis-
ab inilio ci purgaliuui, quam suuunam esse vo- sula alquc disru|)la apparel oralio; sparsaquc
ambigua quœ vim apcrtioribus lollcre videan-
' Qnat l.rtirc 1 M. do M»iix, p. 24. —
» Rff. i <)iinlrc Lct'.rci.
— • Max. (!cs salnls, p. T. —• Iiisir. pnsl, n. », p. 16. - * Max., ' Mnx. des »iilntJ, p. 37, etc. — » Ib., p. 87, 9J — » /! , p. 61.
f. 17,
la, 20, 21. — • It^laiion sur le luKtiimr, viJi in/ra.
ADMONiTio pn^vrA. 81
tiir : qnœ si excusationi sint, libriimqiie a cen- tiva ordinari qnidem inter se, non autem a se
sura inmmiicm pia^îseanl, jain ad illiiin occulta invicom sc|)arari posse et ad purum amorem :
qiiielislarimi tactio «juasi dato signo lalenter ex corde eliquanduni, secundum evangelicara
confliiet, aut iiiter voi'a l'alsaqiie pendebil aui- et aposlolicam disciplinam et inde secutas eccle-
miis, tota(jue Ecclesia fliicUiabit. siasticas preces, in praxi copulari et in unura
31. Nec.juvat aucloreiii, qiiod ab iis conse- redigi oportere quae nostrœ Iheologiae in hoc
:
quentiis abliorreat, quarum principia ac liin- fidei negotio adversus novilates summa est.
dainenta posuit : iicqiio prohibeie qiiisquam 35. His puris castisque decretis dominus Ca-
potest, qiiin libro iniiocuo viso et in auctorita- meracensis, si Malavalli, si Molinosi, si Lacombii
teni rece|3lo, ejns iegiliinae acverœ consecu- siGuyoniœ danniata commenta anteponat, sciet
tiones ab invitis quoque extorqneantur cum : Ecclesian» non deludi ambiguis, non laclionibus
piffsertiin non desint ipsis piincipiis congruae commoveri. Qui autem dignitati consulendum
voces : nempe « docilitates, huiuiliationes quœ- putant, pcrgratum laciunt episcopis, quos in
vis, iibertalis privationes, obsessioiies eliaiu ac pretio baberi e re Ecclesiœ est.31eminisse tamen
possessiones ad vilani interioreni pertinentes ' •
debent lacile anteponendam particularis quan-
tenlationes quoqiie novi gcneris, qtàbus cedere tumvis maxinii prœsulis dignilati, Sedis aposto-
sit unani saiubre rcmcdiani 2 : spretis morlifi- licœ, Romanœque Ecclesiœ, ac nobilissimi juxta
calionibus tant|uani iienilus iiuitilibns ^ » tum,
: atque sanctissimi pontificatus honorificentiam,
« cœca» obetlienliœ in omnibus'* : » quibus con- quam insana doclrina tradenda, asserenda, vin-
giual ad « omnes praxes a directore imperatas dicanda, oportet esse niaximam neque oblivisci :
llexibilisaninius ^ : » insuper habitis « anteactis possumus, in bac ipsa quietismi causa Romana
experimentis, leclionibus, consiiiis et consulla- Ecclesia quid egcrit adversus majores minora
lionibus : » nibil ut sit proclivius, quani pessi- peccantes. Deniqueid contidenter dixerim, salis
nias dirigciuii artes, onnienique Molinosi para- consliturani domino Cameracensi ex ipsa obe-
liirani leducere, excusera saltem, et intactara dientia suam aucloritatem, quem scilicet splen-
reiùiquere. didiorem omnibus charioremque faciet vere ac
De contempiatione aliisque consectaneis
32. sincère emendatus error, quam ipsa ab initio
in promptu estdicere; sed liis supersedeo, ne doctrinœ integritas.
totuni lioc opus ab ipsa praelalione contexere 36. Inslant, quidquid sit de dignitate, cum
vclle videar. D. Cameracensi incicmentius agi in- ; qui cum
33. His autem oppoiiimus a Scripiuris traditam connnoda sibi objecta negando propulsaverit,
ac l'atnuiî vestigiis tritani cretlendi, spcrandi, aut saltem explicando quodanimodo relractave-
diiigendique seniilani ac lorniam : nempe ut rit, tamen adluic postuletur erroris hand secus
diligamus Dominum exsislentem iilum atque ac si ea plane tueretm-. Sane explicationes edi-
viverlem, sed tamen Deum nostnim : in se qui- dit, sed tam nndliplices, lam varias, tam anci-
deni excclienlein, sed intci'im se nobis commo- pites, ut nedum constiteril eas textui consonare,
danlcm, « congluliuatum » nobis, a quo nobis ab eo potius abborrere, ac nequidem ipsas inter
« l)ene sit" : » quil)us motivis ciarc a Dec reve- se convenire ap|)areat ; negat se rclracta.sse
lalis,ac nno |)ru'ccpto co|iulatis, piaque fide et quidquam, quasi id non honori, sed dedccori
obedioulia conimictis, sacrani ac piuissimani et sil ; nullibi errasse vult : et sic sua excu.sat om-
eli(|uatissimani ciiaritalcin spirenuis. nia, ul etiam tueatur illam. non sine horrore
34. Absit ut ab ca
doclritia Scbolœ décréta auditain, involimtariam portiubadonem Clu'isli.
discedanl plane conlilcnuu' iJeimi in sese per-
: Claia et perspicua, ac nullo ambiguo lecla aut
lectum, in sese absolutuni; ncc in rclationo ad involida pollicilus,obscura et perplcxacongessit:
nos conslarc pcrl'ciiioncm taniam imo vero : nec iiliid saltem conlilctur, non liiissc clariun id
auiorcm noslrum longe (l'anscendorc et exsupe- quod [ot cxplicationibiis, toi emendalioiiibus, lot
rare deberc id omne (piod mente a|)pieheiidi- excusalioiiibus indigeiet : denicpie cxplicalionis
nius, ut in il!.) itcalo et optimo qui Iticem « iia- nomine nova addidit novis; errores
niliil nisi
sil bcnclicum, «piod sil bealilic(nn; ea(|ue n»o- alii explicalionnm mdiam liabent lationeni, aC
libruin plusquam auclor ipse delcndnnt ; alii
Maninics .Ips «aiiils, p. 7li, lï3, 124 — = JO.. )>. 76, 77, 92 — librinn (piidem in se lacile abjiciuul: plemun
f lu., p, m. - /'' . p. 240. — » Ib., p. 77. — " Ikiil.. VI, \, XI,
umba^ibus, itericulosum, erioneuui ctlaui liaud
qiias (iilt'iiler iduliinil niilliiiii liii-t in cxaiiiru neriiil, qiiis noslei inliinus sensus Incrit, quanta
addticliis; iiiiiiis proiio aiiiim» in aiulniis ohsc- in Sedeiiiaposlolicain, ac doininiini Innoceii-
qniiiin. titiiii Xil, optiiniiin et cleineiilissiinuiii puniin-
AH. It(> iTsi^;iialione et indiffcicnlia (piani affort cein, revcrenlia.
disliricti'uu'tn vi'hit a s;iniU) Fianiisco Salesio 4'2. « Vellcin equidein conticesccre, eininen-
01 lani, et uliique in lilx-llo lumlanicnti loco po- lissiine cardinalis, el Sedis aposlulicic lai ilus
silam, eam liipiol ad vviu niliil allineiv : quippe exspectarc jiidicium. Duinenim Li clesia Uoiiia-
ouMi r<'si>;nalio ipia' s^l)lni^sa, el indifl'iTt'nlia iia tain ^ravi cxainine rein tautaiii cxpendil.
qua' nnila desiilcria iialiiMc dicilnr, luiMpiani de qui est prieâialtibus, qiiain ni pr.'esloieiiMr sa.
salnle aiitiel)n> ad salmeni ni'eessarii>ab eodem hilare Dci, el ni in silentioel in spe sil ioitiludo
Salesio'; sed de reluis indilli renlibiis, tempo- nosIra'/Sed per inaïuis boinininn lot currunt
ralilnis, ac ninlabililins iiiieiliuanlur, nulla, e|)isli)la;, lot responsa iirodeuin , Iiislructiones
nnlla, in<piani, pioisus salidis a'ieina', nisi cpioad pastorales tanto studio laiila(|ue aile spai'i.'unlur,
diialioneni lanltwn, nnnupiani unieni qmiad rei ut inerilo veieaniiir, si nibll (ippuiiiauis, ne do-
siil)slaiiliain, nienlione habita, el ipsa saliilis ctrinis varii> cl pere^;rinis |
lebs Cbrisli abdiica-
abdiealione, non res inlei' veras, scd les niler tur a siiiiplicilale li\angelii. Non ei>;o, eiuinen-
iinpt)s>ibili'S reeensila, iiL ex Icxln sancli aiielo- tissiine Cardii^dis, lau(|uain ad coiitexlaiidam
ris el ev l'anli ae Marlini exeniplis ab eodeui instrueiidaiiicpie liiein iia-c seribinius, aul, quod
allalis, salis snperqiie eonslilil. absil, doeeiidain susei|iiiiius ina^isliam Eecci-
ay. U'ioil aiiiiit, resabsliiisas ac snbtilesqnfe siai uni, a (|ua doceri cnpiiiius. Uo^ainus aiilem,
caplnni vidni sLipeiare videanlnr, doelorinn lio- ut hune libruin, ipiein extoisit ip.s;i neces>itas ,
niiltendas, et a pnldieis tractalionibns pioeul atque liriniores, cuni vel teligere aposlolieninli-
abie^aiidas, cuni vanis ctiriosilalibiis dent lucuni uien Si veru ipse l'aulus areanoruiii auililor, et
iniu lebiis pcssiniis involncra |)i<'ebeant. leilii cœli discipiilus, veiiit Je o olyinain videre
W. Jani de scriplionibns nosliis iino verl)o Cl conleinplari l'elrinii , ei>in eoipie conlerre
transi^ain. Caliininianlur enini nus, quasi an- Evaii^eliuiii quod piivdicabat in ^entibiis , ne
t.icipalujudicio Sedes aposlolica' décréta anle ve- forle vaeuuin c^lrrerelanlcuculr^^seL qiianto
iii
neni sciibendi lacial , id piaUexit sibi reo el: 67c iuscriplutu : Kniinenlissimo domino meo D.
accnsalo deberi tiilinias i'es|iondendi pailes : cardiiiali 8pai»^e, Jacobiis BeniLTUus Bossuetus,
quasi nos ipsuni, non ipse se ad SedeniA|)Osloli- episc. MekUnsis. S. et obsei|uiuin.
cuin detuierit ant lori nsu ac le^ibtis erroris
: 43. lia'c (juidein a nol)isscripta sunt. LU ri de
apparetur. Vel Au;iiistininn videat non
inseclaliii Icnsures alii mvsticos inclamaiit, alii scIioI.imi-
saneciinlenlio^nni. sed niodeslissinniin etinipri- cos : nos vero illis in luto lollocalis jam id aj;i-
niis |iacdi<'nin, ad extreina nsque siispiria inler uius, ut qiiielismu resuigenli coiisiilaliir, laiili-
VandaliiiiiiM in>nllns |iro Dei gralia res|)()nden- qne nioiiieiiti reiii,bi'e\i opusculo compieben-
ItMn, el in sanclissinio opeie stienue occiindjen- sam, pro sua j^iavitatc perpcndi poslulamus.
teui. Lgo veru qua inenle sciipserini, Icstatur
SCI i|ila episliila ad l'iiiiiienlissiiniiin canliiialeni
Spadani, ciiiii inea qiia'dain in bue argiiiiienliiin SECTIO PRIMA.
op(i>cula iiiillereiu : (piain ego epislulaiii non l'rimus error quirli/ilanim, de cura ac (lesiderio
ambitiose, sed neiessario bic siibjeclain \olo ut ;
siiliilis. iiliisquc conuexis.
sciai univei SUA (ubis, sciant podleri, si qua ad
Hoc loco slaliiii admonemus.
siiifiiiias propo-
I Amour il* Dieu, li\. i\, cli. J, 4, b, etc. sitioiies suo bic urdiue reccnseiidas, sinyiUos
,
ADMOMTIO Pi'-iEVIA. 83
fere errores contiiiore; cfcteruin, facililalis causa, nem iinlérêt) qnam divina juslilia ipsi prœstare
eri'cues cofiiiatos el ad euiiideiii liiieiii perliuen- velit, sive ad lempus sive ad aHeinilateni. »
tes in idem capul coinpiiigiiuus. 4. Eadem Guyonia dixit non posse ani-
', «
rum liber colliiiiat, le^anlur priiniiin lice jain in deriiim nihil alind spirat quam ilhid toties a
Summa niemoralœ', qualiior Moliiiosi
ductrince B. Angustino memoratum. gaudium de veri-
pioposiliones el 1:2 « Ne anima de inl'erno
:
"7
: deque Deo viso, possesso, et summe in
tate,
aul deparadiso cogitct aiit eoiiim curam gcrat ,
œternum amato, aliisque consectam is.
aut [)ropriœ perCeciiunis, aiu virlutis. aul salulis 5. Alque hœc de cura, desiderio, ac studio sa-
sufvcujus spem abjiceie débet » quibus ad- : lulis, quoniam inter se conjuiicla sunt, au eum-
dcnihe suntSl et 38 « de omiltenda a medilali- dem tituknii rediguntur. De Chrisli liiimanitate
vis |jiaxi virtulum, deijueearuniaclibus, propria quandoquidem ea quEC Midinosus aliiqur dixe-
non produceudis ac de
eleclione aut aclivilile : runl non ila claraui conjuiiclionem cuni antedi-
supprimendo amore eiga Inmianilatein Chrisli, ctis habent, alium in locum li ansleianliir. Ilhis-
ulquœ silubjectuni nimissensibile. » (Juaesane trissiiiiusaiileiiianlisles^qii.im nihil aliud pialor
pio|)osiliones quain totum quielismum l'acile hœcdoceat, coloretet pingat, sequenlia dcnion-
complectaiitur, omnes vident. Damnatœ autciii strabunt.
sunt ab Innocentio XI, in buUa Cœlestis pastor^
2. Ad bas revocandœ islœ ejiisdem Molmosi,
CAPUT II.
éinf rfor- — ' Inst sur (es étaLs il'or., I. m, Gwd , I. ii, ch. 19,
ja :n!i. nrl. 8. 73 — < Intl. pn«l.. p. 18. 23. 37, 49. 61, 66. S4.
3(1, 21. i>t<!- — ' Moyen court, S 6. 17, de; Caitl., cli. 2, v. 4, p. 41 •j ! . 1, lie.
,,
84 QUIKTISMIÎS HKDIVIVL'S.
piîB anim.T invinriliillirr crrilnnt se a Uco jnsle « Fit ab-olutum s.'ierificimn commodi proprii in
cssi' :('|(iiili.il;is, <iua' l)lasiilit'iiiia non alio modo a'ierniiat'.'m, qnia casus inipossibilis anima? vi-
ab aiicliiic Mil\iliir,(|iiain si inU'Ili^aliir illa per- deliir po.ssibilis et .ictii realis iilipie persua- : <>
sua.siii |Hi|iiilaii (|ii<i(laiii sensu: in i-oquod anima sione et convielione itiviruii)ili '. Casus aulem
id " ima^jiMclnr. credat, somnict, » ut liai)eliir im|)os iliilis spcclabat « beatitudineni œlernain
inNoliscl Iiistrnctione pasturali conlics'. Scd ae |iiPnas alternas . quibus non amisso amore
frustra: conviclio « rnim est, » ea(|ue « invin- Dei piœ aninix^addicerentur. » Er^'oetille casus
ciliiiis. » ad montom lerlincl: dc-
Al(iui conNictio non modo « possildlis, » vcruni etiani actualis
niqiic ex ipso ancloie « nllcva est " atqiii ex In. : et realis \isus, speetat a'ieinam sabiltm : er^'O
structioiie pastonili « imai^in.ilio ineapax esl rcfie- \)\ai aniina> rêvera sibi viilentiu' a-ternis pnemiis
privanda', aîlernis suppliciis addii eiida? id(]ue
xiactusî «-Hic actusad mentem, « ad superiniem ;
acquiescenliœ itifra quoipie memnranila,'. .Nnn attribnilur : lioc autem ipsnm , nempe impu-
niaiilis, sed vere et tarc sanctis ba>resim, im|jielatem et blasplic-
ergi) est imapinantisaiits
serio refleclentis: idaiilem, ipsoaueldrc l'alenle, luiam. hoc, iiiquam, ipsmn est lueresis, impie~
est impimn : ergo ex ipkis explicatioiiibus liber tas. blaspliemia. Ergo midecnnqiie specteutur,
ergo pia> animœ quœ in illo esse ligmitur in crificio absolulo nuUius alleiius rei abdicatio-
desperatiDiiem consenliiuit. neni edi. (juani salulisœterna'; quod est ini.seri-
G. inm, ex eo quod sil illa persnasio inolnc- cordi Deo, non Sfiei. quoil jubel, .sed desperatioiiis
tabilis, id eilicilnr, ut (ideles anima- conlra Ajios- oITerre sacriruimn : qua; abomiiiatio est, ac
tolmn expresse « supra id qiiod possint lenlen- pejiis ali(|iiiil quam iminolare ainem.
« tur ', » et ut « Deiis jubcal impussibilia : » r« propoailio. — 1:2. » Non hic agitur, ut ci
quod hœrelicuni et anatliemale damnatiun a (niiimae; proponatur pr;¥cisum d gma fidei de
concilio Tridenlino ipsissimis vcjbis*. Toluiitale bei ad salvandos oiniies liomines. aut
1. llis anleni seinel posilis, tolus artienbis etiam (ides illa qua (juis(iue débet credere, ncIIc
scalel blaspliemiis. Neque valet exeusalin quod Denm salvuni esse uuumi)iiemqiie uoslrura 2. s
sit rcllexa et invinelhilis, sit tantum « appareils, aniedicta*, eo pertinent ut anima pia tentelur ,
«non intima. » Sie namcpie pessinius .Mulinnsus supra id quod potest, cum iiulla rationis aut
doeet Inrpissima tl.miiia, in qiiii? peil\clie ani- (Idei ope sul)le\ari (jucat et ut ab ea tollatur :
ma* iiiviiK'iliililcr rapionlur, appareiitia esse a raiiouabile obseqiiinm , >' Apostolo teste ^,
non intima lum illnd perversissimum, ea lia-
: pietati (Jhrislianai neees.sariuin.
bei pi o non inliinis, sed lantcnn a|ipan>nlil)us,
i Vl^ pnipositio. — \'à. « Tune direclor potest
qua' sint rctleetentisanimi. Eigo pruiiosilio ipsa sinere, ut anima siinplieiler acquiesçât a missioni
sua cxcusalioue seipsain conlicit. sui commudi proinii, et jnstie condemualioiii
111" pn'posilio. — 8. Eudcm art. iO sic le- in (pia se esse ex parle Dei crédit ^ : » eodein
gilur û : «In illa imiiressiDOC invulmilaria de- artieulo 10: qua' proposilio eadeni qua cieterœ
speralionis lit absnlntnm saerilieium cunmiodi censura inmilur. Iielii|(ia eodem ietu corruunt:
proprii in a-ternitatem. » Krgn illa inuodlatio nempe illud aci|uiesce.e sini liciter juslœ con-
rem speelal Iota a'Iernitate (Inraluram. adeo(|(io deumatioiii auilore ilireclore, non potest csse
non aliud quain ipsiun a>ternani saliitem : (juo iiisi rellecleulis, deliberaniis , libère asscnlien-
aperte lirmanlur ca ipia* de connnodo proprio tis, voluiitarie surilieanlis, damnalioni con-
œterno in prima [>ropositione relata snnt. senlientis cum
ea eondemnalio, qua; ex parte
;
scss. 6, dp 10. l'o^ti Trois. écriL — > Max. da saiiiu, ait. lu, ' Max. de* »«int,H, p. 87, 90. — ' «.. p. 8 i. — J /*.. p. 00. _
p. 90. — • làid. >
Siiii., n. 6. — ' 7(01.1., m, — 1. • Max. du Mints, trt. 10, p, 91.
,, .
1. Saepe respondet anctor, circa abdicationem Responsum autem mortis diximus sensu Pauli t
et imniolationem sabdis œtorna', niliil aiiiid a verœ ac propriœ mortis, « ita ut taederet nos, »
se propoiii prœter id quod articnlis Issiacensi- inqiLÎt Apostolus*, « eliam vivere : sed ipsi in
veram et absolutam ; quœ toto Rcnere dill'erunt. uUum in de.sperationem assousum admittiuuis :
Tertio, auctor jusde reprobationis et condem- quie blasphéma et impia, D. Cameracen.^is nec
nationis suœ persuasionem
conviclionem et a se avertere , nec nobiscum comnmnicai'e
camque insuperabilem ac rellexam, atque adco potuit.
lidei décréta cum recta atione coujunyunl et i , gavit nec salis cogilavit quuui ex lenui scintilla
:
3. loto crgo, ut aiunl, ciclo dillerunt ab auc- los apparavit, et totum quiclismum onminu con-
toris dujjuiuiibus Issiaceiises articuli. —
I
saints, p. 88; Inst. past. il. 10; iiot» ad p. 90. 92.
Max. des
î Trois •crit, qutrsl. inip.. n. 1 et Miiv. —
' Ktnts iloraison. I. IX;
'
CJuBtr. Lcllrc & M. lév do Mc.nnx, p. 5; Hclat. 7, sccl. n. 3, inf. Tn.i». .cru, 11. 2'J ' —
n Cor., 1, 8, 9.— 1.1% i|i, ep. 26, «1. 29;
— î Max., !>. W. — ' Art. 3i. — • Sup. prop. 5.
liv. V, c|i. 27, ol. 30; Trois, écrit, n. 13, U, 16, 22.
86 QUIKTISMLS REDIVIVUS.
lodere vclle visiis est? Fxperirc, Icclor, quisciuis Cbrisliano orbi niiniisnola, la profecto Inlellicit^
es : t.ii il( (•(im|icieii.'> qnis sil illc (iiiieliMiiu^ al) in lioc saeiilieiu, in lii tNlicjiisquas votampro-
aiictinf coiiliiliilus : liirva (iiiicliMiii e.sl, limien- batiiiriibiis, in liae .saiiilis abdicaiiiine,qua' ino-
dis lie niiiiiis (Icrorinala fi^'iii i.s al(|uc colurihiis. rnm prupndia invnlv.inlur : a quii)us ul alluir-
Unis cnini qiiiili-laiiiiii id prolilcliir iiMjiiam. rere U. Canierac-en^eni credinuis, sic borum
« ul Di'iiiiui'li'rni) o(lio|iro.si'(|ii,iliir : ut seipsiiin princi|iia, eaipic pruxima ab eu esse pnsila eerlo
rripsi odio halical : Dei oiuis et imapiiicin in «erlius est, cl ex anleecdeniibus el ex seiiuenti-
S('i|iS(t propler Deiim (lili;;('re cesscl ' : odii» ab- bus (piu(pie prupusiliuinbus niagis cluceseel.
solulose odeiit, laiiqiiaiii i>|iiis Dei non «^^el Im. 17/» propnsilio. — 2. « Tuni ^in extrcuiis illis
Tiiim ;
exlicinum almeKalioiiein
al<|iie ad illcd prubaliunibus anima a seipsa dividilur, cl exspi-
siii cxaciiatodio iiiipio anima' sine, quo suppo-
ral in criice cuni Cbrislo, dicens « Deus ' :
niliireain esse nialam nalura, iit ManiclinKi do- « meus, Deus meus, ul quid (lereii(iuisli me ^ ? »
ciieninl'? < Ihee aiielur de (piiilislis fin;;il. At, Art. 1U,eiii euiiciiùl illiid arlieuii \ï^ : « In ex-
al : iiscpie adcoiic nieliiis, ne veio ictu la'ilaN? tremis pridialii)iii|)iis ad auiuris purincatiuucm
liliiiienliiMi est, speelniin est qiiod poelaniui ins- fil se|iaratiu partis superiuris animie ab inle-
tar discerpendnin liaiiis, etjiislnni in qiiielistas riori. » Ac pauKt pust : " Sic in Cluistu pei leclo
ralione liichiilm-, pei.spiciuini reinaiicl al) eu superii'i'is partis. «Unoinm crior in en eiin>istil,
delfiisas prupusiliiiiies antedielas, qiiilius Jlo- non quud adinillalur qiia'flam .separfttiu supe-
linusi sidiilis inemia pinpn^fii.ilnr. Ilis aulein riuris iiileiiuris(pie pariiiim, qiiam oiunes Ibco-
propusilioiiibusseniel aniiilis et dannialis, loUis lugi pust l'auluui agnuseuiit ''
: sed utadiiiiltatiir
liber ciineidil. Hue euiin auleeedenlia : liuccon ea separaliu, qua euneilicntur in sunnua parie
sequentia bue tutus spécial liber. Posleaquani
: spes, in inliiiia \era de>|ieralio, ex eunsensu et
enini eo nobis tuta res redit, ul in desperalionis ae(|iiiesceulia vuluniulis quam vidinius, sup.
barallirurn iierleela', ul sibi quideui videulur» prup. ().
spei Ibeolui^ieir niovemii vini delralial. aul eu- prubaliunibus, <> aetusiideiiuris pailis perltnba-
jus\is oceulUe vulunlalis, bue est re|)rubali(inis liuiies sinl uiiininu civcœ el iiivulniilaiiiO. » Ne-
i[»sius (iesiiieriuui inlrudiicatîEx (pidins laeilc que eniin ununnu esee^-i cl invulunlaria ea per-
cunsei|iiiliu' illa aniin:e aseipsa lanla disliaeliu Inriiatiu est, (pisea superiure parle, id est, abipsa
qua; speni cuiii desperaliuiic cunciliel, el euni ratiuiieregitui'.jusiisqiieiiiipeiiis eoereetiir :qno
iuliilelilale lideni, et vilia unnna euni onniibus iiu|ieriu desliluta in uuine lli^^iinm pruruil :
\irlutibiis : (piu niliil est in Molinusisuiu leti ius. iimle etiaiii lit ut, secuiiduiu iMulinusum intanda
lias aiitcni cuusecutinues in Sunnua duetrinie illa eveniant.
li(piido deinuiistratas U. CauieraetMisis vidit •,
1. leiiujs errur, isque pe.ssinnis, (piud haec
el in l\espunsiune sua reliquit iutaetas : nlili oinnia au exem|ila Cbrisli liant, alqiie aniiiiie
verocunNersus ad vani|ij(|iiia, iiiiiil aliud quaui desperalœ, di>iraelis « superiure aicpie « inle- >>
suus eriures ipseprodidil : quudeliaaisequeiilia a riurc » pai hbus, in enni inodum qnem vidi-
Senimhis errnr, de probris obsolutn sacrifirio in pin'jiniieiu ermris singularis suu lueu reilar-
inviiluLs , purliuui uiiima,
(U'ijiit' ilistiunliiDie
giieiiili de involnutaiia (H'rluibaliunc Cbrisli-
fer II' lus (lirrrins ac rellexus, ac de iciiiu-
twntbus tuwi generis.
VHI' prupiinitiii. — B. Ad eaiiulcm pru|iusilio-
iiem pertiiie. i>lud de relli'xis direclisqne aeli-
CAI'UTPIUMUM. bus ' : " Ea separaliu fil ex dilleieiitia atliiuiu
reaiiuin, sed simplicium el diicelormn iniel-
1. Quisipiis inlandie seclai arcana pcrspexil
> An i. /«Mc, |>. 30, 31, 32. — î ArU 12, J„ur, p. 113, lU. — ' M.Dinics <lcb aaliili, p. 9U. — ' Mall/i , xxMii, M. —'Maxi-
• Suiniiiii •I'k:., n- 3.
modes sniiiU, p lai, \2i. — ' l/itir., ir, 11.
SECT. II. DE PROBRIS IN ABSOLUTO SACRIFICIO liNVOLUTIS. 87
lectnsac voliintalis, qui niillum rclinquunt ves- solationi, nulli liberlati addictas eas esse : ad
tisnuin sensiliile et actuiim reflexorum, qui
: ba?c oportet ut sint ab omni re divnlsœ, alque
vestiginni seusibile relinquenles se coininnni- eliam aviaqua illam ipsam divulsionem docean-
cant imai^inaiioni ac sensibus, qui pars inlcrior tur ut sint praîparatae omnibus praxiluis, qnas-
:
diiecta et intima iulellectus quae pars superior nequesuo orationis generi, neque suis experi-
dicitur : eodem art. 14. » mentis, neque lectiojiibus, neque personis, qua-
6. Quo loco omiltiiiius erroreni auctoris, par- rum olim auctoritate et consiliis tidenler uteban-
teni superioiem in direclis, inlerioreni vero in Liceat perpendere voccs omnes, ambiguas
tiir. »
reflexis aciibus, répugnante eliam philosopliia, sane, sed in Molinosi sensnin prônas. Qiiid illi
reponenlis : illud adverti volunius, esse in refle- ejusque asseclis sit illa docililasethmniliatio, »
•<-
xis aciibus,desperalionem ipsani, stante in di- nemo nescit cur autoin non sidTicit, ut sint
:
rectis suinnia ac perfecta spe ex quu elicilur : onnii consolalione, nisi sint etiam « omni liber-
veri consensus in onme vitiuni, una cuin virtute tate « nudatae? Sane illa privatio « liberialisom
eidein opposita conciliatio : tolusque iste locus, nis Molinoso grataaplaque exnlicandisfla'itiis,
»
et sil)i contradicit, et ad coloranduni palliandura- in qua; eodem auctore quasdam aninife vi qua-
que quielisinuni ciare pertinet. His conseutanea dam ac necessario inipetu rapiuntur. Jam abs-
est doctrina circa tentaliones quasdam novi traclio ab omni re, atqne etiam ab abstraclionis
genei'is. via.ab omnibus pristinislectionibus, ab omnibus
CAPUT II.
pioruin directorum consiliis, quid portendit?
quid portendit animus indistincte ad omnes
/A'» propositio. — 1. Dantur tentationes « novi
praxes a novo diiectare imponendas compara-
generis » sive « extraordinariœ, naturœ diffe-
tns? Ha^c omnia quam illam animam faciunt
« renlis a vulgaribus*. » Harumautem tenlatio-
novis imperiis traclabilem ac parabilem, prœ-
nuni ea vis, eanalura est, ut iis consentire una sertim accedente doctrina « ut se illae animœ
sit saliis^. Sic in tentatione desperationis una judicari .sinant a superioribus < , » quo no-
sains iiabetur, si auctore dircclore, « in justaiu
niinc etiam coni'essarii comprehenduntur, « iis-
tuam a Deoimniinenlem condemnationem sim-
que in omnibus cseco modo obediant » (sive
pliciier acqiùescas, ncc aiia via est sedandœ ten-
ca'cam obedientiam pra?slent leur obéit aveu- •
talionis, cum hujus effectus gratia instituta sit. » glément en tout) qua3 postrema ac proxima dis-
:
alii reales, alii apiiaronles, alii a sole jnslilia* est a di\iiia> jiislilia^ minisiris illala: siiblalo
profecli, et proj^iessiis loco liabili. abpic adeo ad eliam pallin tam charo propriie jusliiiie. prirci-
perfectas animas pertinentes: alii ab iniperlcc- puo licel illiiis ornamento '•
: » en siiblata illa
tisaniniabus orti, qui vilio sint: qiiale iii}sle- « propria jusiitia. » illa, illa, inqiiam, qiin;
riuin neino enucleaverit, nisi ex jjiavis iMiili- priiis siimmo oiiiameiilo essel.
nosidoginatibus alqiie praxibus. 7. Nec niiruin ha'c probrosa cl infanda obs-
2. Alio loeo iiidiicuiilur viilpeciilœ, hoc est curis invoivi diclis: qiiam seculus melbodiim
mniti defeclus, « exigiii » quidem appellati, sed D. Camcraccncis hacc excusât et laleiiler insi-
tanien « vineain devaslanles » qiios « doiiii. ">
:
nuât, indiiclis supra commcmoravi-
illis, qiias
« nns vinca* imiiiillat, ut ad vincani deseren- nuis, tenlalionibus, consciisiunibiis laiiliim ap-
« dam » anima {ompellatur. Kn delecliis iiqiie paicnlibiis etsi invincibilibiis, piivalionibus
« animam <levaslanles, exigiii » dicmitiir. et omiiis libcilalis, sacridciis absolulis, et reliquis
puigalionis loco ab ipso Uomiiio « immissi «
ejusmodi peipicxis, ambigiiis, ad prava verszen-
niemorantiir. Qiiœ ilerum atqne iteruin Moli- tibiis, imo apcrlc pravis, neipie unquam ex vero
nosum spirant. excusandis.
3. Poslea. ignominia « sive abjectio » indu-
cilur ea, qiue diiabiis rebus conslet : itrima,
SECTIO m.
qnod « anima scipsam ac defectus natiirales Tertius error : de virtntibus.
rursus indiiat: altéra, ut seipsam maciilcl crea-
CAPUT PRLMUM
tiirarum amoribiis {se salir dans les alfections
des créaluresy ». » Siibdil: « Niliil est aliiid \. Ad probra moriim pcriineni nealect.T vir-
ignominiam atqne abjcclionem liitcs. .Non aiilem esl hic animiis rclcxciidi .Mo-
quod nihil eoii-
linosi veiba, de omiltcnda a |)eircclis animabiis
ciliare possit: riiin contem|>tus ii (pii a creatii-
proveniient. abscpic eo hoiiim ex mea (jikuI
ijisiiis perleclionis ac virliilum cura: vide qiiaî
ris
rclalasimt 1 secl. cap. 1, n. \.
cnipa causa essem, mibi gloriie lulmi esseni: »
-2. liuNonia vero lus coiigriia |>rotuiit, his ver.
en itcrum ac tertio Molinosi rilii pmgalionis
loco inslitiita abjeclio, ciijiis ipsa anima \wr re- bis ^ : « .Niillas esse animas ail \iitiituin praxiin
Deo jaiii deiiegare possil: lami'ii ciim Dciis cx- A'///* prnpnsilio. — 1. « Piirus amor nnllam
plical peciiliariacon.silia, eotpic jure usus qnod viilt virliitem, (pialeniis est virliis, id est qualc-
iii eam a((piisi\il, posliilat abnegationes iilli- niis est lorliliido. regiilarilas, peifectio *. »
nias alqiie cxtrema sacrilicia, tolis visceiibus XIV " praposilid. — "2. aTimc exercentur vir-
coinnioveri et cxcusarc se*: » sed ipsam excii- tutes omnes dislincla>. non cogilando eas esse
salionein esse « in ciilpa, » qnippe qiKT « pio- virliilcs: qiiovis momeiilo nihil aliud (|iiis cogi-
a hibcat piMilicationem anima', piirilati et in- tai, ipiam ut Dei Vvilimialein lacial > qiia.si non :
« nocenliie » sine adhiereM^enlis, et « exuendu! iii eo ip.S() vel maxime virlus collocetur, ut Uei
' Canl., ch. Il, v 6, p U8. — ' /t., 6, 16, f. 62. — » ll>., c. 5 ' /*., c.
:. Il,
Il T 6, p 118. — ' là., T 7, p. 1-21. — '
M>.oen court.
T. 3, p. 113. — • It., Y 4, p. 116. p. 36. — • Maxim» d« sainti. p. ZU.
SEr.T. IV. DE QUINQUE AMORIBUS 89
voliinlati ohlomporomus: aiil sit |ieifecliiis tre- «quod sein aclibus exercere virtutum, sit ho-
neralim cogitarc Dei voiiinlaieiii, qnaiii S|>ccia- minis imperlecli. » His congrna alfeclarc, et
tim liaiic cl liane tlivinœ volimtalis exscqueiuiœ vanas excusaliones postea oblendere iiibil est
ralidiieiii, in qua collocaiae sinil (listinclœ vir- aliiid qiiaui
hœrelicis lavere, eorumqiie crriiri-
tules. Umle: bus colorein ac pigmenta quaerere quod tan-
XV ^ prnpositio. — 3. « Anior œnnilatdr facit tuin prœsulcm non decebat.
:
'Max. (toi sainl», p. 221. — ' Ib., art. 10. p. 2r..'J. — • Déclar. — ' PAU, IV, 8. — » n Pttr —
' Ubi supra. — * Clcm. Ad Nuslrum., De hœr. Instruct. pnst
I, 5, 6. Ki'P à In Duel , p. 6.
90 QUIETISMUS REDIVIVUS.
spei. qui est lortius, prins nrfii qnnni slalii con- "2. mofivnm prnpHi com-
Contra secundo :
slal. Hmc iicnMliiiil i'f;Ti'sri:i' ac iiivichi' raliones niodi, amure spei dominatm- <. iocin
quod in
qiiilms (litriiimis Caiiioleiisis iiessiiiiaui evusio- omiiino est ac motivmn nosirn' fclicilati> at- ' :
1. Ilis positis, consurgit de amoie spei au- ahquid naturale molivo naturaii
theiiiopica, sed
est :
et aiiiaiidi princi|>ium, av|ue erroncinn est ac
XVIII" propnnitio. — 3. « In amore spei nin- pcla^^iaiium. .MoliMUU eniin sive impulsivum
tivuin propriae feiicilatis pranalct molivo gioriœ intciiiis anioiis spei n(Ui polcst cssc aliiiuid na-
virititc, hoc est in aniore spei pi.Tvaicrc rem moyens |)iiucipium, sive impulsivum interius,
cicalam, nempc rclicilatcm noslram, hono di- sed exlermim. Totiim erjïo quo nilimtnr 1). Ca-
vino, nempe pioria; Uei,- qno coiilitu'liir aliqnid meracensis explicationes *, vanum est: manel-
incroaliim. nempc Dei niajoslas ac digniias. que scnsuscdutiarius, qui, lalente auctore, est
Qna ^eidcnlia everliliir spes llieologica, ut est erroneus et jjcss'imus.
in Dfclaialiono posilum *. 4. Om ino eiiim recordari nos oportet id
5. .Mler ei ror, amorem spei non esse peni- quod dicil auclor scilicet in libro De ductrina:
tns merceiiariiim fintérenfié); eo quoi! sil misliis saiiclorum, t absque novis suis explicalionibus,
initio amoiis Dei propler se : » lioc est inilio de pasiiua ad pa^inam, <lc liiica ad lineam, sca-
amoriscliai'ilatis:siveut iti Instnietionepastorali terc omiiia incpliis alquc insuuils ^, » ut eliaui
ponilur ^, aclus spei inclndit aniorcm Dei ut
•> abbi adnotulum est ^.
quod est lalsissimum, cum omncs tlicolo^i uno eo quod motivum f:iatuiliim lilt'sinléressé) in eo
ore scnliant cliarilatcni «juidcm non sine lide
, domiuclur 7; » cui a'(puvalel ista :
et spc, scd lidciU ac spem sine charitale esse A'A'" propnnilio. — amor Dens quiprit
2. < Is
posse, contrariamquc sententiam reputcnt er- propler se, cunitiiie omnibus rcbus nnlla ex-
runeain. cepta ante|)(inil ; » riirsus : « nec fclicilatem
6. Sic dt'licit iii illa divisione qnin(|ncamo- suam qna»rit nisi proplci' Dei gloriain. »
rum amoi spei Ihoologica*, ipse ipiiiicm bonus, XXh.prdpcxiiid. 3. Ha-cvera charitas non- —
et a Spiiilu siuicto inlusus, eisi ab amure cliaiiy dum est pura, hoc est, nouduui est inqtcnnista
latis scparatus unde illa divisio inadie(|uala et
: [saus iiuruii mélange) *.
falsa. lici tab auctuic lundamenli loco posila. XXll^ propcsitio. 4. « Quarlus amor, sive —
charitas adhuc misia cuidam molivo connnodi
CAI'LT 111.
proprii. rclato et suboi<liiiato ad molivmn |>rin-
1. l>udil onniino nus D. Cameracensis, cum cipale. ad liiicm iiltimmn, qui est puia ^lnria
conimodum pr<ipriiim \nlt esse aniorcm iiiiuia- Dei, dcbcict nomiiiari amor ciiarilalis mislic :
nimi ac natmalcm >ui. Coiilra primo, in anioïc scd cum hune amorem assidue oppoiicre dc-
spei, (|UiU c>l \iilu> liicolofjica, et mcic supci- beaimis amuri piiro. sive ab oumi commodi
naturalis, pra-\alcrc non polesl mulivuni crca- ralionc. absdiiilo, liuic amori darc coj;or noincn
tum : atijui connnodum piopi ium aniori spei amoris merccuarii . sivc commodu .stiidcnlis
pra'\alcl. bi^o pruprium commoduiii non est {intéressé j: quia adhuc loislus est reliquiis cuin-
uiouvum creatimi.
' Max. do4 i»lnti, p. 4. — ' /4id.. p. 14. — •'
Instr. p»5t., n. 4 —
' Lettre i>o«t., I). N. 16 — M«x. de» snlnit, p. U, — '
/i — • r>ùl . iviin 3 4. 10 — » Prem U-iirc à M ilc Mr i ix, p 41 —
• Dccl. cpiac. — ' II"»», pas' . n. a. • Ktp i qu«lre Lettres — ' Mnv ,ii> samt«. p. 6. — • /*., p. 8,
SECT. IV. DE UUINOUE AMORIBUS.
91
modi proprii qnanqiiam est amor, qiio Dons
noI)is ipsis ank'jKniiliir
,
DefniUifl tert.ia. —Amor purus, in quem loto
'. » hbio Cameraeeiisis inlendit ', est is qui hune
5. Ex liis li(|iiet aiiioroin charitatis verre ac a'tergresMis
p! , quinto gradui ab auctoi e assi-
uslilicaiitis, (]uo Lieuni iiolds reinis(itie oniiii-
guatur deliuiturqiie amor
biis aiileponiiiiiis ('prop. 19 el 20j, non esse pu-
: « Dei propter Deum
solum insecousideratum, nulla mistione
rum (prop. 21), sod niislmu fpiop. 22); contra
mer-
ceuaria acque inclus neque spei. »
qiiod oninis Schola delinil aniorem charitatis
verasac jnstificantis esse gratiiitnm.
Postulatim. — 5. Pelimus coucedi nobis ver-
ba, sivelocutiones auctoris stricto,
et ut aiunt
6. Qiiod aiitem passim r(\spondet auclor, agi rigoroso, hoc est, proprio sensu esse
iutflli<>en-
de statu non de actii redit sidutio supra allata
;
da. Concessum ab auclore, cum spopon- ultro
(cap. 1, n. 3), de statu qiiidcm agi, sed defi-
deiil se sublalurum œquivocationem oiuuera,
nioiidn peracins: ila ut aclus magis definialur et reui dedueturum ad rigorcm tlieoingicuai, et
quarn status. Rêvera enini actui convenii, tit ad exaclas delinitiones '. llis
sit jiistifioans, ut in eo pra'valeat molivuni ^gra-
positis , statum
quœstionis lacile el clare ponimus.
tuitiini {désintéressé}, ut Deuni rébus omnibus
sil)ique anti^ponat, ul felicilaicm nouuisi propier CAPUT VI.
fineni ultimum ac puraui Dei gloriain quœrat: 1. His posilis
plane oportet ut concedatur
quœquidcm statui charitatis jusliticantis com- Holiis, quinto «mori, sive amori
,
Definilio prima.— 1. Puruui sive gratidtnm Apostolo : « Nunc auleni manenl tria hœc,
fides,
amorem nos hic non eum (iicinuis quem iota spes, charilas ^. »
Scinda agnoscit amorem cliarii.dis jiro objecte 4. Hœc igilur auctoris summa doctrina' est,
spccilico sive i)rimario habentis Ueiim nec deesl
in se aliuti quitiqiiam nisi
ex ejus vcrbis ut
coiisiiieraium ; hoc enim sensu omnis actiis proposilu.nes ex his diicla- conlexanlui
quod ;
amoris sive charitatis purus est el gralniius ac : nunc uobis pra>slandiim est.
de eo nulla est liligalio.
Dcfinitio seruinla. —
3. Hic amor charilatis
CAPUT VU.
est ille quem aiictor quarto gradui assignat 2; XXllI^ projhisiiui. — I. « Neqne ponnaruni
esique is (pu Deum
nobis nostiisrpie couuuodis, nielus. iKNjue desiderium niercedis iu hoc amore
ac reluis omnibus aiileponit nec relicilaleuî ,
(cpùnti grailusj ullam liabeut parlem '; » stricte
suam (pia^rit nisi |)rop[(M Dei ;^loriaui :'
piop. 19 lo(|uendo (ex postulai! nosUi ralione; sujira
20. 21, 2"2. c;»p. supeiiori, 1,2,3, 4). Is
n'^ cap. o, ni 5i
erroneiun. iNullam enim parlem
amor rêvera piirns est et grilniliis, sed non esh lial)ere geueralini diclum, ila iulr||ij;i|iir, ul sa-
ilie amor purus, quem loto libro lulisdcsiileiiuni, sive spes Iheologica, nihil con-
Cameiacensis
intendit. férai ad amorem, neque ulium in iis sU aniandi,
inr<'nli\nim. niillrt illorobra sivo ratio illirions ne aut etiam vellet miserns farere nui eiim dilexis-
iiiovctis. !l<ic aiilcm cinineiiin est. claie advcr- sent : » (jiia' verha proprie el siriele. iiti ileluiit
sal r iliccnli Aiiostulo: « Finis iiiaTcpti rliari- '^ex posliilato noslio , siim|ila. si^nificant niilli^
a tas '
; » i|ii<i oiiinc pia'ce liiiii a(l(>(i(|iic spci Del lienedciis, nec ipsa Dei visinnc amoreiii in-
thoiilofrira' acdfsiderii saluliscoiiiprt'lu'inli ne- cendi posse : conlra <jiiod demonstratiim est. ex
gai neiiio. tradilione l'atriim et ex elaris Evantrelii locis,
2. Adile quoi] oa prnposilio proscriliitiir ex- ad liilein peiliiiere. in lilcllo cui titnliis. Srholti
prcsso decrelo lonrilii Tridentini, elare defi- iu lutii (q. 1-2, art. 8 et 9, n'* 218, 219, 220,221,
nientis 2, omnes jiislas animas « intiiilii nicr- 222).
a ccdisa^lerna\ » et " siiam ipsniiirn sncoidiani» 2. Neque cxciisari polest auetor ex (|iiil>usdam
mercodis ejusqne maxime Oens est. sive (pia> 3. Ex his autem confirmatur. secimdnm dicta
divina* posses'-iiinis intnitii, anima^ eliam pia- ac sanctoriiin, id qiiod sa'pe dixinuis: niuliva cha-
perlecla' sdlem ma^Msaccendantur ad amandum rilatis inler .se ordiiiari pos.se, ita ut edisiamus
Deuni aniore chaiilalis. alidd alio |)i'ius aut majusessc, nonaulemaliud
4. t)iiaie verum quidern est, cliarilatem non ubalio sepai'ai'i ohorlere.
sisleic in salulis dcsidcrio, sed illiid relcrro ad 4. Conliiiiialiir eliam error ancloris pro cerlo
gioiiam, ni est diclimi dcrmilione2. cai). 5,
L)i'i
piincipio sive decrelo slaliientis, in amore puro,
n^li. l t autem niiiscisim dicalnr doiilciiiim mill.un beneliciormn Dei sive pra'cedeiilium sive
sdiilis nirllam [larlom tiaixiv inamoie iJei. nc- fiiliiriim, uulliim divinœ bonitatis. ijuatenus be-
qne allem nioli\i cujdsdam exrilanlis, sivo in- nelica est, liaberi rationem : qiiod iiotari volu-
cenli\i, inrilamenli, rationis illicientis loco esse, nms, ut quod et per sese sit |iessimuin, el pe.s-
proprie ac stricte lucjtiendo, ut ex posliilato nos- sima suo loco observanda iiiducat; atque hœc
tru supra niemuiato,veil)aaiiclorissnmi délient; de (piinijue amoribus, acde amore qtiinto sive
crroncum est, et npnslolico dicto cuucilii(jne piiro. ail mentem auctoris ibidem constiluto.
Tridentini decreto contrarium. dicta sint nuiic ad ejusdeiu auctoris arliculos
:
quamamando inveniant, causa"* : » eodem modo Alio" propoxit innés ml eumdem fiiiem spertaiitesex
crroru^nm esl, et Apostolo concilioque'l'i idcnlino ariiculis libii I). Cinncraceusis.
contrarium. Con;;i'uiluutem Guyoniae (sup. sect.
1, cap. 1, n'^ ;i, A).
CAPUT PIUMUM.
6. Rur.sus de diiahns illis propnsitionihus A'.Vl'/^ prnpmtitio. — 1, « Qui puro aniore di-
quaTo : an de lialtilu sive .vt.ilii ixMlecle aman- liuit nulla cummodi proprii mislione, non exci-
tiiun preleralui'illud, « nullam li.ihere partem : »
laliir sui cummodi molivo ' : » id autem esl a
an de aciu auioi is puii sive (piinti j;radiis. Si de « commodo suo, » (|uo etiam .siliis a'terna con-
liabitu vel ^talu, ut pa.ssim auetor postulat, aperla tiueliir, arcere excilandi sive nioveiuli vim.
excludcns a lolo statu salulis deside-
est lueresis, tilde permit: « non viill bealiliiiliiiem. iiisi (juia
rimn, ipnp|)e i|uod ad hune slalmn niiiil coide- .scit el Deiiiii eam \elle, et \elle ut vi-liiiiiis, ad
rat. Sin autem de amore aciuali lo(|niliu' auetor, ejiis ^'ioi'iam : » i|uo elliciliir. ut nosira healiludo
valet censiua in hoc eapile ad proposilioncm |ier sese suaqiie iiisila bomlale, jam
.salii.sipie,
23, posila n" 3 et ad liane propositionem :24 re- nos millalcnus moveairirmal, autem ex seipien.
pclita. libiis': casum, qui propter piomis.sa
« Si per
CA1»LT VIII. mère im|)ossiltilis, vellet Heus ad
Kiatiiila esl
piiri amoris, non aniarent Deiun neque servi- rus dicebat » prœ desiderio 2 tante sci- Chiisti ;
rent Oeo minus fiileliter. » licel ejus cupidior, quaiite, ut gloriam suam in
XXVII'- propositio. — 2. < Quœ non possunt Christo, ita amorem augeri per hoc quoqueana-
separari ex parte objecli » (nempe beatitudo a tlieina sentiebat.
Deo aniato cum fniiili perseverantia), « respectu 4. Prefert Cameracensis ex persecutiene
Van
motivorum, realissime sepaiari possunt •.» dalicasanctum Viclorianummartu-em claravece
XXVIII^propositio. —3. Subdit 2 ; « Nonpo- profitentem, etiam suljliacta spe œternœ vitœ
test Deus non esse bealitudo fidelis aniniœ; sed fidelem se Creatori luturum 3. Quorsum
ista?
illa euin potest ainare aniore taui gratuito (dé- non enim sanctus martyr propterea ab au ère
sintéressé) ut nec intuitus Dei beatifici quidquain motivum spei séparât, aut inutile prœdicat ad
augeat amorem Dei in se consideiati nulla cogi- accendendum amorem, cuin subdat « Sccurus :
talione sui ; ac lantunideni ainaret si nunquam sum de Deo Christo et Domine meo, » qua voce
futurus esset béatitude sua. » Très postreuiœ déclarât se premissorum fide admartyrium,
hoc
propositiones, quia coincitknit cum 23, 24, 2o s, est, ad eam charilatem, qua, ipso
Domine leste,
eadem censura dignae sunt. Horum error est in nulla petest esse major, excitari.
Tw magis : neuipe quod auctor asserat, animas 5. En ubique apud saiictos illa securitas
perleclas non magis amarc, sive non magis in- quam sœpe inculcavimus. En Afer Viclorianus
cendi ad amandLun, Deoquc ex amore servien- ejusdemsecurilatis a sancto Augustino Alricœ
dum, exquovisDei eliam visi ac beatifici intuitu: speciali doctoreexplicalœ meinor de qua secu-:
quod in nullo saiictorum, quos auctor allegat, rilate vide id quod alibi monuimus*.
iuvenitur. Ergo concedimus quidquid Deus sive 6. Ejusdem securitatis testis Cassianus, de
per possil)ilesive per impossil)ile nobis imponat, Pauli anatliemate : « securus optai interire pro
cum amanduni, ei aniore servieudum esse ut ; Christo 5 : „ en illa securitas, quœ promi.ssis
autem nullo Dei etiani visi bénéficie magis ma- nixa et excitala, se ad exhibendam Christo
per-
gisque anima ctiam perlectissima sese ad inflam- lectissimam charilatem adherlatur.
niandum, sive ad firniandum amorem colmrte- 7. Ut addainus et scliolastices eo.sqiie anti-
tur; et nullus saiictorum tlixit, et est erroneum, quissimos, Scoluni au(li\iiiius 6 posl « circum-
ex anteccdenlibus, et ex concilio Tridentino scriplam ab objecte primarie charitatis,
com-
reprobatum expresse deciete, quod supra retu- niodilatomadaiiiantem,). ne lainen cœtera motiva
limus *. sive incimenta ad excitandam charitalom minus
valere viderentur,induxisse «secundarias objec-
CAPUT II.
tivas raliones ainanlis, rcdamaiilis ac bealilici
Locus Augustini pro exemple sit: postea-
1. Dei, in (pianlum est bonum comiiumicalivuin
quain enim staluit spe pacis œternœ adversus ex speciaiis amabihlalis
sui uobis. intuitu alli-
\itia ceriaiidu.il subilit & « Sed si, quod absit
; : l cientcs ad amanduni. >-
illius taiili boni ^[lacis œternœ) spcs nulla esset, 8.Videaiitur haiic in rem lecia D.Carnotensi?^
maie debuimus in linjus coullictationis molestia allati Diiiaiidi admittoiilisrespectum etiam ad
remanere, (juamvitiis in nosdominalionemnon boiia tempuralia tanquam « adminiciilali\um »
eis resisteudo periuitterc. Vides Auguslinum » ad charitatem «, « in quanlum omne bonum
doccre vilio quideiii repugnari oportere, eliamsi addito alio bono redditur eligibilius » ileruni: ;
pugna sanctœ ciiurilatis cum vilio.sa cupidilate « In amicia ci\ilis potest haberi lespcctiis ad
dil
foret perpétua non aulcm negare cliaritatein lecliouesel ulililales quw
;
ex amicilia conse-
Iiinc mugis incilari ad pugnam, si spes seinpi- (jutiiitiir. diiinmodonon habeatur ad cas lespec-
tern.'e pacis aClulgeal. tuspriiicipaliler : «Cabrielis »:oMiillœ sunt ra-
2. Clemens auleni Alcxandrinus docet <"•,
si liones diligendi prima et perkrtissima, boni-
:
sains et cliaritas
po.ssent, anteponiseparari las Dei denique: « Secundum (piod pluies vel
: »
Oportere charitaieui non vcre docet eain niaio-
:
potières raliones ceumiunicabilitalis concur-
rcm aut (iiiniorem non lutuiain, si saliitis runlin une diligibili, .secuiKhmi hoc magis di-
œlirnie, liocesilJei liabcndi cl possidendi intuitu
ligenduin afleclive. » Majoris »o : « Licel Deus
accendatur, qiied esset erroneum.
I
llnm. 16 et 16 in liom. — Schat. '
in tut., q 12. .irt. 12. n. 195.
' Max. ,lcs saints, p 28. -»/*., p. 18. - '
•' Vicl. Il', lib. V, cap. — Schnl. m
4. « lui.. .|. 12, art. 2, n. 196.
et n. — — De
Su,, scct. 4. cap.
— 8 196. — • Coll.. IX. c. 8. — in ' Sc/iot. tut-, q. 4, art. 2, 81 ce s-i
Strom:
' /„., a, n. 2. » civ. Oti, 1. xxi, cap. 26. •
Ub. n — ' â-otlrc pa-,t., p. 20. — «In m,
21. disl. 29, q. 3, intn.
i..
— 'ty..
q. un. con. 6. — «> Ibid., dUl. 27, q. 2.
04 QriICTISMUS IlEniVIVUS.
scciindnm linnitatcm inlrinscrnm f^it latio o|i- niillo slalu nisi ex errore inonifpsto eoqne ^ra-
jerlivii Chili itatis. Iiiim ii i ssi- cii'iiliviiiii,«-t nos vissiniii, loili possiiitl : ali|iii ea moliva, qiiaiin
cre.isst!, t'i n:ilLMiiis!<e,el ^luiillcart:, siiiiltMiiME liicaddiiela siinl in peileeliunis statu, ab auc-
alli ctivii' tiiiiiiis|iiiiiri|i.il< sail liui. >|Utul Deuin tore tolliiiilui (ex piop. iS), : ergo ille perlec-
diligaiiiiiti, « etc. QiiiP Scolo coiiciriunl. tionis slaUis, qiialis ab auclure lin(,'itur, erro-
9. 1\>H' Carnotiiisis, iinus ointiiiiin profcs- neiis est.
siis ', vel niaxiiiie si; fuisse et esse ctttmiiuiiioiis 6. Ha'c aiitcm lam reverenda, lam iibique
in Scimia Pi-iilniiKT «li-fin^orcm circa inuliva ineiilcata motiva ad allectiis naluiales Iraliere,
8|ii'tili(;alivacli.iiil:ilisL'l spi-i : liiiifii cniii c.c- niliil csl aliiid qiiam loti orbi illudere, ac l'alri-
tcris lliuolotiiH iiclilit, ainotivu |iarliciilaria vir- liiis, ccTle>iaslicis precibtis, ipsique Scriplui*»
tiilum esse excilaliva piiri aiiioris ''. •> Ciii ici viin apeilam inlerrc.
cum|irc)l)an(l;p itiitlcrl saiicli Thuiiia; locosa no- 7. Uom aiiclor id cxciisalionis loco afferens,
bis l'Iiaiii alilii iiicMiniatos^. contri seipstim pii^nat. Arlieulo eiiim tertio
10. Unie adiiiiixiiiiiis el snncUui) Bonavciilu- l'also, inter lal.sa jioiiit istiid : a l'crlectis aiiima-
uinnis. luniies iiiNsliei iii eaiii seiileiiliaiii iino Kr^t) (iro vcio esl, conservanda « niutivaspei. »
ore eiMiseiisei'int, ae si (|iii a eiiiiiiiiiini (mini- qiiibiis. inqiiit ', « eversis, conteuipliii sont
bus seiilciilia, vciiii) Mia;:is i|iiaiM le ndiiiiiiiil iiiiiiiaiiienla jtisiiliie (Jnistiana'. » Ki');o nuitiva
déclinasse \iileanliir, ad eaiii ljeiiij;na intei (ue- illa iiiteies.s.ila » spei justitiic Cliristiana,' Imida-
taliune icvoeenlur. menlasmit ; atqiie adeo iKiii natmalia sed su-
H. Esl enini evan^reliciim, el ex ipso cliari- perii.-itnralia :
quii uno dicto alleclus natuialis
talis pra'cepl" diicluni iliiiil : DHijiex Domiuum expliculio [liane lullitur.
'
Deuin tmiiu ; el isliid : Une far el vives : et
CAl'UT IV.
hoc, a ul benesil lilii * : » iiiiiil(|ue esl alisiir-
diiis,(|iiain a ciiarilatis iiiuli\is areeie, quœ ipso XXXIlt'^ propiifiitio. — 1. « Sanctus Fran-
mandato ctiuriialis conliiienUir. cisciis Aalesius, qui excluilit lam Inrmaiiler
onine molivum inleressalum ab omnibus vir-
CAi'LT 111.
tuliliiis animarum, vesti^iis inba3-
perlectai'um
\XIX' Propositio. — i.« Helinqiiend.T snnt rel -sanelonim AufTiisliiiicl Tboma; 2. »
artinia- in exereilio aiiioris adhiic tnisli eom- AA'A7V- prupusilii). -2. « Non hic eipo —
modo pioprio, quandiu atlraclus f,Malia,' ibi re- qurt'ieiidaspes esl, per molivum intercssaliim
linipiil eas». » exeieita 3. « yua voce molivi .scilieel « inleres-
XXX « propoMtio. — 2. Se(piilur : « Ila^c
« sali » intelli.^itm molivum Dei, ul Csl nobis
snnlea tnoliva nniiiifnis Sciipliine libris, prelio- jeeliim ikui pulcsl non esse mdtivum. Ert;ii er-
si.ssinis ipiiliiisipie IrailitiDiiis inunuiuenlis, et roraiietiiris csl, (|uod illud objeeliim « divinae
oniiiiliiis Kcciesia' pi ecibiis. » bi'iiilalis, ut est nobis bon.i, » jain inovcre ces-
nii perliiibalioiies, ad
llcultas, (|iiomod() anima ad plénum ab inté-
virliiles e.xerceiulas, ad
resse absolula ''/r.i/nfc/Ysx^fj possit velle Deuni,
eonculeandùiii pia-sen.s sacnliiiii, niliil siiiil
eiim volo eo motivo praeciso qiiod sil iiieuui ijo- nisi piopler Demn solum, et qnomndo Deus ut
num. » Subdit : « UbjecUim el motivum dille- id velit elficit per suum attiaclum. »
riint, objfcdiiii est ineiim coniiiiodiiin ; sed propo.Mliones duobus modis cnnside-
5. Hae
nmlivuiii non est inleres.salian, quandoqiiideii) randie simt priinum in seipsis secundo per
: :
niliil aliud spécial quam Uei beiie|)iaciluin. >. res()ectiim ad B Salesimn ex quod reCeiunUir.
Id auieni aperte esl lollere niolivuni spei, qiiod 6. In se consideratœ ei roneœ sunt, cuiii ex bis
est ipsuni coninioduai salulis aHciiui', nec aliud constat animas indilïerenles sive perl'ectas nibil
niolivuni ivliriquere peifeclis aiiiiuabus, quain jaiu deliberale velle sibi , sive ad suum commo-
ipsius cliaritalis ;quod est verbo tenus relinere dum. hrgo excliidunl omneiii voluntatem deli-
speiii el objecluni ejus : re auleni, \iin ejus om- berataiii qua volunl aliquid .sibi, sivi ad coimno-
adid me deleruiinel ' . » quo aperte negatur casibus in quibus anima non coopL'iatiir toti
ipsius « maxinii commodi , » id est ipsius suœ graliœ iicque eam lolaiii iniplct. » Ergo ani-
salulis œteniœ lalionein valere quidquam, ut mœ pi-rlfcla^ gratia cxcliidil omne commodi de-
ad agi'iiduni aniiiiusiuipellalur ex quo ulte- :
sidciium : sains aiiteiu aUeina est nobis com-
rius iiiducilur illa separulio, qua ab olijt'cto moda, ulilis, pioficua et in noslrum emolumen-
spei, quod est cummoduni, vis movciidi sive tom vcrgens. Ergo gratia perlecti status salutis
excitaiiiii sepaielur quod ileruiu alipie ilorum ;
excludil desiderium.
niiiil est aliud, quainipsam spei l'atiouem, ver- 8. Jam quod ad B. Salesimn, qui hic
attinet
bis liccl deieiisam, rêvera exstinguere. teslis adducilur quo ba^c ex piolcsso
, locus in
tractai, nnus est, ductus scilicet ex libro ix De
CAPUT V. amore Dci, cap. 3 et seq. Atqui constat, ni sœpe
demuiislravimns eo loci agi laiilum de even-
' ,
1. HiTC autem ut radicilus amputentur, et ad
tibus tcmpoialibus ac nuilaliilibus hnjus vilœ; ,
CAPUT VI.
AAAt///" pri'posilio. —'SScquiluv: « Re-
stam in anima proclivilalcs {des inclinations) XL" propositio. — i. « Anima nibil vull sibi
ac repungnantia' nnoliinlaria' qiias subinitlit ; sive [)i(>plei se.st'd viillomiiia propleiDenm '•
; »
sed milla liabetde.sidcria volunlaria el dilibciala quod esl contra spem volenlem .sibi saltilem,
proiitcr siiurii commoduiii, nisi in iis casibus eamcpie voleiilcMi propler se, non laïKpiam t'sset
ubi non cooperaliir lidclilcr toti sua- gralia?. » sola sibi linis ulliiiuis sed rclalo dc.sideiio ad
—
,
1 Max. (Ici saints, p. 46. — ' Viilo Myil. in lui., n. 216, usiiun • Inst. «ur le» ciM. .lor.. viii. _ •
/6. — '
A>ori. sur les dW.
ad 120. — '
Mjx. des saints, p. 49. ooritt, n, 17, — Max. dM
1.
uinu, p. Sl>.
,,
pprforla ac Itrnla sit proplor siiiini cnimiio- poslea : « Ergo profpriin pnri ainoris in eo ron-
(liiiii : » )P(|iii- lalsiiiii fl l'oiilrariiiiii spei , qiiœ si^tit, (il ne nos jam dili>:ainnsnisi propter ipsnm
viill licaia osM> pri)|tler suiirii (jiiiilciii roiiiiin)- Deam. » El (piideni lam exacla , lam accurala,
iluiii; s<>il a(-i-i'ii(li'iilc cliarilalc iii ulli'riuiein et, nt ejns vcrl)is nlar, larn ritjorosu pidlicilmn,
(iiiciii nlaliiin. Nec speiii resliliiil aialor , ad- ita cliaritalem ordinare o|)oi-lel)ut, nt e (jnidein
(li'iiiio' .'iiiiiiiaiiiv('llo|icirr('ti()iK'iii(>iiiMeiiiat(pie et proxnnmn anima dili^crel propie Uenni
oiiiiiiMii hcaliliKliiiciii ipiatchiis Dcu placct iil nos ipiod omni anima> jnsta-, eliam extra perlectio-
Ikic \fllc' clliciat iiisliiictii fiialia'. > Nc^pic niiiii nis statmii, compctit : non sic latnen ut nonnisi
i(l vi'llcco (pidd Dfiiiil placcal, iiiipctiiiiiciilu est piiipler Dcnm, (jnod anctoi- pcrieclis roerva
(piiMiiiiiiis idem ii<>liis ipuiipic ac pmpkT nos animaixis, quasi tota amandi ralio csscl ipse
vcliind.N allci'ln siilxinlinato. iildicUiin o.st. Kliis- Dens aninicC vcro etiam sancta* nnlla pru|)ria
;
tnm animani non vcllc sahilrm ul est noslra |)ra'!)(al. Non, intpiam, id olislat nam cnm id :
Quiv snnt énonça cl cxcinsixa spci cnni ipso , , mius quid relincpiat oportcl ut animtX> qnidein ,
lalcnlc anclorc, spcs velil Ueuni « in qnanlimi jnsta\ sed impei sein se, licel propter lecia',
est, iiupiil ', boninn inenni, mca l'elicilas inea , l)eum,dill;;anl perlcclic vcro id addani ni non
;
uierces. » Una* (piidem si inlei' se eiaris \erliis nisi propler l)enm,lan(piam nna Dei amal)iiilas,
pn'r^'nanl, niiiii niinnn cuni lal>a docliina non seeinsis molivis |iroximis. eliam snhordinalis
pos.>il sil)i esse con.^enlanea. lanmm amorcin allicial : alio pii inler impcrl'ec-
las perle('ta~i|ii<' aiumas niliil erit diseriminis.
CAl'lT Vil.
3. QiKid ei'no |)er!'ecta anima sibi velnt e.rtra-
itnpei cela, scil imiocna, eslamor propiia' exeel- roinmode pronmitiatnm sit. .Ne(pie valet ralio,
|cntia<, ni est no>li'a, sed cinn snbordiiialione ad (|nod (prni> seipsnm mm alio ordine quain pro-
linein csscnlialem ipii est Dci gloria : non voiu- xininm dili^at. Sibi eiiim (pMS(|iic est proxiinus
nni. \irlntes nir.i pei lectissimas ; cas projjlcr Liei el iiilimns : ratio aid(Mii dili.i^endi sui extendilur
t,'loriam pia'cipne volinniis; sed cas lamcn vo- ad proximiim. (pii est aller nos, nustruniquein-
luinns ul carnni et nici ilnni et nieivedem lia- timmn memhinm. Une aceedil (puni el nos et ,
bcanMio 2. » Lbi ad im|)erleelioncm relertnr proximiim ni rem Dei iiobis inliiiii dili^simus
qnod velinnis viilnles perleeli>sinia> ,
piopler amure eliiito ai) ip>a eliaritale ijua* diligcudi :
Demn eliam, id(pie pi'a'('i|)nc : qnare niliil alind ratio Justis onmilins commimis est, ita ul et
peiieelis l'eM'ivalm', (piain nt cas nnllo niodu Demn el pro\imiim et nos nna eliaritale duobus
wliid ni exiedenliam si\e perteelionnem snain, lice! maiiilalis eomprelieiisji, dili^aiims.
cl nt nierili niercedi.Miuc cansam : unde clariiis 4. Ilis coneinnnl isia ,
qnod impcrfectis ani •
eliuin sobordmala xelnduiitur, i el ad iniper- jam nllo commodo , ullo meiito, nlla perlée-
feclas animas atilc^.intur. lione, nlla mercedc ac nequidcm a'ierna ino-
veantnr. »
CAITT VIII.
5. Ilinrilla" apiul auclorcin frequcnlissimae vo-
XI.V pmpofiilio. —
a{. Iliap anim.Tsihi ipsis
ccs ', ul bealiliido noslra niiiee propler Demn,
vcliil exlianea* snnt,nec se jam ddi^nnt, nisi
ncc iii>i pi'o|)ler Denm diliuMlnr, lanqiiam ex
eu nin niodoipu' (|noca>terascieaUirasdili^nnl eliam
sese sit in<iil1erens. l iide us(|iie ad illain
pnr;r cliarit.disordnic sicunim sese Adam iii- :
mol.iva, non antem ordinenlnr tantum, ut facien- usque collocent, ut nihil velint nisi illud quod
duni esse sa^po monuimiis. Deus ab ipsa sua œtcrnilate decrevcrit sive de ,
6. Ncqiie huic obligationi nostrœ salis auctor corpore, sive de aiuma, sive de temporalibus»
constilil, (hun excliisivam hanc, « unice propter sive de œlernis. » Unde auctor adductus est ut
« Dcuni, » et non nisi « propter Dciiiii aiit prop- indiffcrcnliain more Guyoniœexponeret, dicens
« ter Dei voliintateni, » ideo admillcndani do- quod « sancta indifferentia admiltat generalia
cet, quod Dei voluntas eliain illani inliœrentem desideria » non solum cognilarum
, verum ,
tarum, verum etiam omnium latentium volun- mus, nt piœcisam, ni fallor, hujus quœslionis
tatuin Dei 2 » nbi notandœ islœ voces, « gene-
:
de salutis dcsiderio ideam ac notionem infor-
ralia desideria; «etistae, « omnium, latentium mel 3.
etiam reprobationis et aliorum et suœ décréta ut imniunem sive independenlem a spe, sive
conlinentur, et desiderium ad ea usque proten- quod idem est a spei niolivo, eique insilaanimos
dilur ut est in nostra Declaratione positum i.
:
excitandi vi. statuai cliariialis perleclioncm.
2. Ex hoc autem dogmate id conscqnilur, 2. IlinceUicitur ni aniiuiisuni Dei peilectioni
quod est sœpissime ab auclore dicium, ut saiicta ut in se est inlcutus, bcncliciorum ejus, eorinn
indifferenliaomne desiderium non niodosubor- eliain quibus ipsc seipsuin det nobis, sive aiile.
dinet , quod Jacit resignatio , sed etiam submo- cedcnliunijSivepnfsentium sive futiirornin,ad
veat et tollat; usque eo ut nec salutis œterna> amorem incilaiiduin nudam rationem liaheat.
volum relinquat iiitegrum. 3. Ex his consuiiiiilur ut anima) perfecla; ni-
3. Ex quo pariler conscquitur, ut si spes salu- hil cliaritali deleri aut de|)erire senliant, si
tis insit, non jam lamen niovoat ad ipsani quo- spemomneiii abjiciaut; qu;e deinde parimitte-
que salutein iiulifforenles animas. teriinium despeialioiiis sacrilicium in (|nod
4. Ex hoc deiiiiiiie sequitin-, nt infelix anima collimare toluiii librum et sicpe diximus, nec
ex « persiiasionc invincii)iii ac rellexa suai rcpro- salis pro nieiito inculcari posse dicimus.
« balionis, » in eam.imoet in jiislam coiidem-
« 4. lliecautt ni eliii sepessimasunl elaliapes-
« nationem suam » vero et
ahsohilo sacridcio»
« simaiuducuul,qutcnosjamcoinuiemorabimu9.
acquiesçai 2; siii aulem vero sacrilicio, ergo et
volunlario, quidcjuid lergiverseliu-aiiclor. iNcque
eniui erravil David dicens: « Volutdarie sacrifi-
SECTIO VI.
98 QUiETisMUs ki:liivivus.
ter ait oiiini iiiotivo snliilis .Tlcrnnc ac spci Cliris- quiete ctoblivione ciijiiscunqiiecogitalionis (lar
tiariie i.
Supra, sccl. 4 cl 5.) Ex qiio conscquitiir ticiilaris, et distincll'itiis altiiliuluruni Dei ac
cuiiUiii|ilali(tiuiii, (|iia; niaxiine ainoie coiislal, Trinilatis; » ex qiia, illa iuduciUir jain a iioliis
ab his ()noqiic uiiiiiibus inilcpiiidenler slare. induala' proposilio 3Î>, de non clicicndis aiiio-
-2. Unie jloliiiusiis coiilcmplalionein reponit ris adibiis « er;ra sanclani Vir^'ineui, sanclos. et
in fidi' aiiialinia (amoureune, cl nlisciira humanilatein Cliristi, qhia cnin isla sensibilia
nli.M|iie iilla di.sliiiclione jjci lecliomim et allri- sinl oljji'cla, lalis esl an;or erga illa. «
Liilonim î. » lla'c illa est u lides ol cognlii) gc- 9. llœc cigo inlanda de Clnisto divinisque
noraliset confusa, » in qua novi niyslici con- pensonis imo eliain de singulis allributis a
,
quod Ciuislus « sil via, » jier euiii « esse Irans- lias ergo proposiliones D. Caiiieiaceiisis cura
« eundiini, » non lia'rcndiiin in eo; el veiuli Molino.si, Malavalli, et Gryoniœ compona-
illis
liiliini eadil , « c;pci apertis ocidis, ila liiinia- mus; gemina; apparebnnl. Hue enim « inno-
iiilak'iii excidere, cuiu aniiiir» diviiiilatcin a!- niinabilc, » hoc hoc « illimila-
« abslraclum, »
aut ejns slalilius interiorilitis, pusUpiani aidina 4. Nequc eliam obslat, quod haec oinnia, sci-
pei'xenil ad Denin eo qiuid liinic sl.ilnni eadein ;
licel alliibula diNime per.soïKe, ipsa
divina,
anima liaiisilil, ncc iiianel Ciuislus cuiii lacta
i>
Cliri.sli liumaniUis eliain di-slincle visii, in con-
est nniu essenlio! ad esseuliam. « lemplalionem ailmillautiir ^. Kemancl cnini res-
1. lla-eanlem repeleiula diiximns ex Inxtrur- triclio.uladmillaiilnrijuidem, sed non « volun-
tioiie noslra super stalibus (iratimiis, loin liliro laiic, » non s|)iiulf, non nllroneo aclu ergo :
sccnndd, ac inaxinie locis ad laliisallcgalis^. per sese excludunliir; quod unuin quicliMiio
8. llinc inler (iS proposiliones Alnlinosi inve- sulficil. l'uiie sequitur :
nilnr isla:2l, (pin> sic lialiot: « In oralioiie opiis L' proposilio. o. — « ELsi aclus directe el iin-
esl inunerc iii lide oliscura cl universiJ:, cuin niediale lendenles ad Deiini sidiini, ex parle
' Sc.,l. m lui n. 2&3 elc— ' In^l.. (rCt. l.', I. I. rll. Il p. 44. objecli el in rigorc pliilosti[iliico, sinl perlcclio
— ' //., »cci. 2, n.
,
ut ipsa Cbristi huinanitas sintobjccla aeque per- LI^ propositio. — 2. « Animœ confeniplalri.
fecla, aeque nieritoria, debent a Deo « offerri : » ces duobus diversis lempoiibus privaulur visu
non bis par sese , non « vokuilurie, » ut dictura dislincto ac sensibili acreflexo Cliristi; sed nun-
est (prop. 48), «nec nisi inipressione graliifi ani- quam privantur in perpetuum ejus visu simplice
ma occupatur; » impressione autem gratiœ sin- ac distincte *. »
gularis. Communis eniin gratia eliam objecte L//" propositio. 3. Pergit « In fervoi^ — :
illi abslracto, illimitato, iniiominabili, œque est nascente conteniplaliouis, illud exercilium est
necessaria objeclum innoniinal)ile
: œque a Deo imperfectissimurn, nihilque reprœsentat nisi con-
offertur; ergo hoc erit discrimen inter illud fuso modo. »
innominabile et hase dislincle nota, neinpe at- Z,///» propositio. — 4". « Anima velu tabsor.
h'ibuta, personas, huinanilatem Chrisli; quod pla guslu sciisi!)iii ad recollectionein, nondum
illud per sese, \okmlarie ac spontauco actu sit potest visis disliiictis occupaii; eam quippe de-
se, non & voluntarie, » sed si offeranlur; idque mcditaliouis, unde vix cgressa est. »
impressione gratiaa singularis, necuUo alio modo; L/F» propositio. — 5. « Hœc iinpotentia vi-
quod est erroneuni, et personis divinis ipsique denli distincte Christum non est perfeclio, sed e
Chrislo conlunieliosum. conha iuiperfeclio hujus exercitii, quia tuncsen-
6. Hue accedit alibi fuse a nobis explicita 2 quam purius. »
sibilius est
active editus, conlinuus poslea et irrevocabilis tis, ut eam ab omni proprio commodo pur-
juxta atque irreiterabilis manet^. get2. »
7. Hinc exulant explicitœ fidei actus ,
postu- LVh Extra hos status, ani-
propositio. — 7. «
lationes, gratiariim aclioucs'*; nec nisi iuipcl. ma, excelsissima quamvis, in actu conlem(ila-
lenteDeo per iustiactuni et insi)irationem, non tionis potest occupari Chiisto prœsente per li-
roneuui; quod illud abstraclum et innominabile ab auclorc quœrantur status duo, quibus Ghris-
anima conlem|)latrix sponte quœral, ipsa rei bo- tus lide |)rœsens absit.
nilate illccta; adaliaaulem objecta, hocestadat- 10. Sccimdus error : quod idem Ghristus in-
tributa parlicidaria sive absuliila sive relaliva, et veuialur in coii.eiiiplatione pura : sed ea condi-
ad ipsum Christum, nulla rci boj.itas invilare tioiie laulum, ut non « \olunlarie » ac per se,
possit; quod item est ciroueum, di>liiisquc at- queuiadmodum iila iiuiisliiicla » et iiinuiiiiiiubi-
tribulis ac personis, Gluistoque ipsi dcrogans, « lis ratio » enlis, sed laulum « offereulc Deo, »
divinisque personis ipsoque adeo Christo non 11. Tcrliiis eiror ; quod Ghristus (per se « et
occupalur a voluntarie, » nec nisi id agenle Deo « voluntarie » quidein)cx diclis |)roposiiioiiibus,
per occull^jui et singularoni alcpie cxliaordina- in\enialur in iiil rvallis « ubi pura cessait cou-
rïain iiiipiessionem, proleclo consequcns est, ut
>'<
templalio ; » quasi iiidignus esset Clirislus qui
in ipsa pura oralione lide prœsens esset.
Max. dea saints, p. 188, 189. — > Instr. sur les i^Iats d'or., I. i. li, tixc autem nemo uiysticurum, neifiu s; i-
— • Mujrcii courl, c, 21, 12, 21, p. 90, etc., p. 101, in;;, etc., p 131,
l3ï, etc. — • Muyci ciiirl, ch. 2i, p. 130, 131; Canl., p. 20T, 203,
209; Iiitt. gur les ùta'is J'or , I. I, m. '
Miix. c^ «nliiLs, p 174, l.)G. - ' /^ . p. 1». — » /»., p. l»C.
400 QUIF.TISMUS «EDIVIVUS.
ritiialium, ncmn tlicoloporum dixil; neiiio dis- Poslea : « Hinc alii, ntsanctus Franciscus Assisi-
duos illns slalus a qnibiis Clii
linxil istiim abosse uas, dixeriml nullos a se aclns fieii possc : alii,
oiiiiiia |)Cii)(Maiii cl leiiiorc, nec nisi in gra- ipsi imprcssus e>t '. » Dcnitpic « Tain placidi :
iiœc
Uani Gn>onia; cl (|iiiclislaniin indiicta sunl. sunt, lam unirunnes actiis, ut dislincli licct,
iS. C;rlora in cani rcni accinalc Iradil Irac- niiusii!cMi(|iie aclus esse >ideanlur 2. >
laliis inscri|iUis Myslici iii tulo, i j)., art. 'i toto : 18. IIi> verbis niiiil aliiid ajril auctor, qnam ut
uliide Clnisli hmnanilatc liiiidalissima veritas, quiclislai um conliuiiilali, cidem if(iuipollenlem
bcala- (]iioqiic iiiercsiii! ac JoannisdcCnice auc- uiiiloriuilalem subsliliial : eam scilicet qu;e nid-
torilalc lirnialur. laui nullam poslulalimiibus, nullam
aclibus,
scnsibilihMs cnni Mobnoso lacit in bidla lelicis rdalivis, aid de (^bristu, (idei rationem rcliutpiat,
ineniciriiu Inmiccidii XI, proj). ;to. ul est supra quatliscriiuiucntur aclus: eormnve di^liuclinaut
de (ido, ipia- pr.Tscnlcni piiestal Chris- diveisos aclus, a Dco licet iiiiperalos, exercenlis :
hic a^iilin-
tuni : lideni aiilcin arccri a quiivis Cinisliana; quaj quidem niliil aliud ipiam aliis veibis fals.iiu
vila'slaUi. niiiil est aliud qnani arccre ipsnni quietem conlinuilalcmtpie icl'eruiit.
Cbrisluni, qui, leste Paulo, non nisi « pcr lidcm CAI'IT IV.
c in conbbus nostris bahilat '. » Qiiarc isla oui- 1. Aclns réflexes (iuieli>lis exosos esse, facile
gratis ac nnllo Scri|)!urarnui lesliuicniio
nir. ,
demonslravimiisallalis locis 3; Molino>i oiiidem
nulln aucldie conlicla, nui Cujoiiia' uliiia, pro- (iicenlis * « reliuqiiendos omnes aclus animi re-
cul cbniinanda a Ciirislianornui nienlibuset au- llecteutis (|uip|ie(ini verum lumen et progies-
:
10. Ilis add.dur aucloris, de actu universali. LIX' prnpnaittn. 3. « Nnnipiam amUfit —
LVllh proposilio. — M. « Coiil(in|>lalio ppem in superiori |)nrle; boc e.'^t in aililms di-
consislit in aclilxis taui sinqibiibus, l.iui (hrcc- rceiis el inlimis. » Rnrsus Aclus diici ti et :
fis, taiu placidis, latu nniluiuidjus sivc a'ipiabi- inliiui, sine n flexione (|iia^ imprimât scnsibile
libus, tani nnllo successu, rnillu conspicuo dis- \esti|iium. snut ii ipiossanclus Franciscus Sale-
crimine, (it uiliil iusiiiiie babeant (niliil obseri'a-
sius vocal aiiii-em uieutis.» ItiMiique : « lire par-
bilc) : nndc al) anima al) iuvicein disceini i)os-
ti nmanin)a><e|iaraliofil|)erdiiïerenli.im.nclnuni
sint •''.
» Umsus : « Ksi conlcxlus iicluum lidei et realium. scdsimpliciumetdirectorum intclb-c-
auioris tamsimplicium, laui diiecloriun laui pla- ,
tust'tviilunlatJs.tjuiniilbiuirelimiMniilsensibile
cidorum, lau) uuiluruiiuiu, uljauinou nisi unuui vcsliginm;elaeluu!nr>'nexi)rnm.(|iiin'liniiU''n-
aclumautpotiusnulluuiaclumlucercvidcantuiti.» tcssensibilcvesligiumsuconiinumcanlimagina-
• Sii|> ,1- 1, 11. 8. — ' l'phet., m, 17. — ' l'r.f. sur VjHtl. potl., '
Mnx. des saints, p. 231. — ' Ib., p. 267. — > Instr. sur lu rtats
feot. . Avi-rt. sur Ir» dircni icills. — ' Rip. i la Dcvl.. p. 74, etc.; d'or., 1. V. — • Guid. inir sert. 1, lir. l. c. 2. n. 6 c. b, n. 3b;
—
, ;
84, l'tc. Dciiv. Lettre i M. i!r< M.'jiiix, p. 2a, etc. > Maxim, dot c. 11, n. tO — » Muycn court, | 0, p. 27, 81 Canl., c. 4, v. 1,
«ttiiiU, p. ieii. — '^
/II; p. •i.n, 20i.
f. 8J.
— ' 74., c, 6, V. 10, p. lia. — • là., c. 7, ». 7, p. 172.
SEGT. VI. DE ALIIS ERRORIBUS. 101
tioni et sensibus, qui pars inferior appcllantur, ceplum ad reflexos actus, profecto erunt fre-
ad clislengueinUiiii eos acliis ab operalionc di- qucntissimi actus illi, ad quos cœdom aniniœ
rec a et intima intellcclus et vMmitatis, quœ non nisi altracLu graliœ impellantur. Non au-
pars superior appellatur i. » In bas coiiicidit. tem de giatia comniuni omnibus juslis
igitur
propositio. —
:
tendit ppr pratiain aciiialom. » Driiiqiie:« Hœ :i. Née aliler respondet anctor ', quam nt nd-
anim.'i; ,.e siimnl |ios>iiliMi, inslnii, ol inoveri mittal ainoreiii charitatis. qui sit iiatiirabs, iiec
in oiiiiii oa.i.sioiie i>er gialiam aclualeui, quae virliis theoio^rici : et cupi<iitatein iiinoxiam née
ipsiscoimimnical spiriliiiii Uei '. » iiialaiii, qiia! sit vilioniiii radix; qiia in rc duo
H. SaiiP aiicliir liiuc cxciivarc nililnr, dura peccat, et (piod adiiiiltal hos errorcs, et quod
gratiain illaiii acliialciii CdiiU-mlil c >e (iidiiia- cos sancto Aii^rustino tribuat, qui ab illis
riani: scd iiic<iii;,'nie et lalso. tiralia eiiiiii acliia- maxime aiihorret.
lis osleiuleiis voldiilalcni Dei, eaiii rpioqiij cpiic LXyjll'^propoxitio. — i. «AmorDeiex pura
beticplacili dicilur, non est orditiaria; arKupiiii coneiipiscentia est sacrile^îiis et impius: » ac
omiiihiis per oani iniiotescerel Vdlinitas herie- paulopost: prîrpaiat ad justitiam, et conver-
<
placili: qiiod non fit. Heslat orpo ul vcre ex- .sioncin coidis 2; quod aperte répugnât conci-
r,
« onnuMii occasionem; » crgo « in onnii occa- LXIX'^ propositio. 5. « Inutile est et indis- —
« sionc » instinetti.s ordiiiaiiiis diitii.s, n-vera cretum, indiicere animas ad ainorein excelsio-
cxtiaoïdinariiis n'|)eriliir. Sic auctor lectorem reiii (sivc purimij quo attiiigere non possunt,
liidit. necpie qniihpiain pensi lialict iinpiilsus interiore quippe luinine et f,na.ia' altractu des-
adniiltere exliaordiiiarios, diirinnodo iniiniita- lituta; ^. « Hursus « l'emiittenda rcs Deo est.:
tis InntuMi \dcil)iis coniiiiinu's ap|icliot ci ordi- neque nnquam de amore puro ioqucnduin, nisi
naiios. ciim Deiis per unctionein snani aperuitcorad
12. Neqnehic quidqiinni addiinns; sed leclo- dunim iliud veriium, quo aninia^ iilaî seandali-
rCMi reMÙIIiimis ad aiios Iraelatns nosiros 2, zaïiliir ac perturliautnr ''. » Alii)i deniqne:
ac prnescrtiiii ad iliiid de Mnslirix in tulo, ubi « l'aslores et sancti omnium aMatum qiiodain
ha;c liisc ex|iosila sunt. Une eliani |)eitinet. nreani génère cavelianl, ne de puri amoris su-
LAT/n prupdsitid. — 13. Vclle piicvenire i)limi exercitio abis ioquerentur, quam ani-
gratiaiii, est vriie sil)i ipsidare id (piod noiiduni nialius, quibus Deus largiretur attractum et lu-
ilia pra'.slat; est aiifpiidexspeelaïc a se, a pro- men, » ete**.
inipidsu extiaonliiiaiio aj^aidur, ut est a iiobis imo vero eo collaudato scandalizautur et par.
aiiiii deinonsIraUiMi . luil)entiir; aller, quod illius amoris veritas licet
14. Mis palet ab auctore indiici fanalicos ins- cvangelica, non taaien iiertiueat ail pia-dicalio-
tiiietus ad .scjijri'uda eouleMi|)lalioiiis objecta, nein Evangelii, nt in /)t'(7(/;v///())if est positum '.
ad aclus reIK-xos, ad ipsaiu ihii^eudani direc- De arcaiio illo maie ex l'atribus asserlo ab
".
laiii conleiMplalioneMi, ad cpiosvis deniipie aetus auctore, diximus in eo traelatu (pii inscribitur
salteni extra iicueepli alliruiati\i easuui; (piibus illislici in luto, part. 1. ait. 3. n. 141, etc., cap,
aclibus Iota 1ère luimaua vita coiitinetiu-, ut lo- 1 et 2.
cis aiie^jati-N dictuiu est '•>.
LXX" priipusitiu. — 8. « In Cbrislo pars infc-
'
M .X ùo tnliits, p. 97. —
' MyM. 111 /«(., porl. i, nrt.
.-aillli,
.-aiiili, p 12a.
c. t, II. lli>. l'ti'.. »>'|uo ad diioin uUculi. 'IVùl'. sur \ Imî. j>at., — • Vuatr Utiro rt M. 22, 23, 24, 2â, 36. — >• Hàp.
Myil. in lui., \li\i. k quatre Lcurci. V. t.im v, In (Incm
SECT. VII. XXXIV ARTICULI RECENSENTUR ET ELUDUNTUR. 103
nem, tanquam in
foruiali cum omni
suavilale et tranquillitate a
potest appropinquare Deo, et ad hiijus fidei eli-
Dei ^|rn•ilu iinmissa et inspirata.
ciendos actus quovis statu, licet non quovis mo-
mento.
Xlli. — In vilaetorationeperfectissimahiactus
V. — Quivis Christianus quovis in statu, licet
nniuutiu' in sola charilale, qualenus
tutcs anunat.elearumexerciluun imperat, juxta
omncs vir-
duiii pcccalum, veiuin •liam ;ul iIoIimkIiiiu du eflerri, atipie apiccm Clirisliana; perfcclinnis
piopositi sunt in i\cin|)luni : oaipio doclrina ria, prœsertim crncis CInisli cjusque resuricc-
nas.
tam experimenlis, (piam inuuiilabilibus Scrip-
XXI. — Oialio simplieis pia'scnlia' Uei sivc
turam tradilionisque icgnlis (pii aulem ab e : :
qiùclis, exliaordiuaria'. eliam passi\a', a saneto mente et praxi disecdmd, débita; t>bedientia; sa-
Francisco Salesio, aliis(|ue spirilualibus in Ec- lularejugnm cxcutiunt.
ciesia leceplis apimibala-, sine j;ia\i lemeiilate XXIX. —
An sit \el fuerit ni)icunqMe terra-
abjici, ac |iii> su>peeli> liabeii non possuid, ne- rumcxiguus saltcm nurneruselcctarum anima-
que onuiiuo proliilienl (pinuiiuiis anima senqier
rum, quas Dcuscxtiaordinaric pra>Nenla>singn-
puepaiala niancal ad piiulncenilos (ipimiUmo iaribus insjiiratioidbtis sibi notis (piocuntpie
lcnq)oi e memoralos aelus; ipi(is(|uidem redi^erc
iuslanli ad ouuies ('.In istiana* pietali esseidiales
ad aelus iui|di<ilos sivi; cndncnles in graliam aelus, et ad onmia bona opéra ita mo\eat, ut
perlielaium animarnm, eo (d)lerdu, (]uod cas nibil eispia'^cribeudum sit, quoail ea opéra ant
anior Del cet lo (piodain modo coidineat, niliil exercilia .seipsascoliorlentur. divino jmlicio re-
aliiid esl (|uam eoi imideiu acliunu elieieudorum liiKpiimus; nec agnitis ant conic-sis talibus sta-
obiij^alionem eludeie, eoi'uuKpii; dislineliouem tibiis, id unum in praxi stalidnms, nibil esse
a Deo rcM'ialam lollere.
pericnlosiusaid illusioni pro|ilu.s. qnain regere
XXII. —
Alisque bis exlraordinariis oialioni- animas tiUKpiam in eum slatum per\euerinti
bus, anima: Clui^tianie ad bunnnam&anclilalcm denique etid statninius,quidquidsit de ilioruin
SECT. Vil. XXXIV AUTICULI RECENSENTUR ET ELUDUNTUR. lOo
statuum verilalc, non in ejiismodi piœvenienti- gerc non posset sedcautioncm nostram prope :
biis inspiralionibus colloeari perleclionem Chri- jam D. Cameiacensis ac dclensorum ejus vjcit
stianam. ingenium.
XXX. — In prœdictis articulas quod atlinet ad 2. Et quidem per Articulos perfecti quoque
Monent quoque spiiituaios viri, ut eosdeni actus in divlnas personas, Christumque ut liomineni
reperiant in apice mentis ac supreuia aiiimi et Deum, arliculi postulabant 2 : eadem objecta
parle. Quare nec pcrniittenduni illis aniniabus, specialia conicmplalionem admitlebant 3
in ;
ac puri amoris a (juibusdam sauctorum exerci- nec permisil nos saliitem velle, ni unice qua-
tiis; isque utiiiler cxeicori potest a perleclis lenus eani Deus vellet s, (pinsi sains ipsa per
aniniabus cuni gralia Dei maxime singidari ; sese non moveiet, non langeict mentem. Sic
abscpic eo quod lUKpiam derogetur aclil)us su- alieuum sensum impegil Articulis, leciUpie ani-
pra niemoratis, ad Cinistianaî perlectionis ratio- big(uun, ac sexcentis tergiversalionibus obno-
ncm essentialii)us. xium, id (luod per se erat planum et iÊUioxium.
XXXIV. — De c<Tlero, certum est inci|tientcs 6. Articidi ergo planis ac sinqilicihus usi \o-
cl perlectos pio sua quemque via |)er diversas cibus ambiguitalem onmem lollcre conalianlur;
régulas régi opoitcre, alque a perleclis cxcel- quos auctor a se eludi posse creditlerit, si no\as
sioie ac prolundiore modo intelligi Chrislianas et ambignas alienasque voccs hac et illac spar-
verilales. gerel.
1. Sanctam indilTerentiam a sancio Salesio
CAI'UT 11.
potissinunn ductam Ailicidi ita dcliniveraiil 9,
tiani qiia* saliilis dosiilciia comiirrhciHlcrct, prehensione discedere oporleat : ciiin ipsiim
ca(|MO oliam divin.T îilmiaR siil)iiiissa snl)Mrdina- oucloiein, suhseiiptis ailiciilis in \eros expres-
lai|iif lolloiTt, resi;.Miali()noin mqno ad iiidifTe- s:js(|iic ac distinclos actus couseiilienleni liahea-
roiitiaiii ad salulem ejusquc stiidiiiin iis(|iie |)n>- miis : necdiiin eiiiiii noverat vocuni novilutcs
teiidcret '. qnihiis quielislte et ipse Molinosus in lucem
8. Ncc valet aurions inicriiiolatio, diiiii salu- inleger ledeat.
tis (lesidcriiiin, natiualc tantiim, exrliisiim esse 13. qnietislas pesMino et ad
Uctndcraiiiiis
voluit : ciim iie<|iie nos, iieiiuc is qiiein expli- haîresiin prono consilio reflexis aclilms ohslre-
caliaiiuis Fiaiicisciis Salesiiis, salutisdesideriiiin penles ', qno fiiictu ? si doiuinuiii Caineracen-
iiatiirale illiui iin(|iiaiii in aniiiio lialiiieriiniis< sem ferre cogimiir ahipenlein reflexos actus ad
nec de^ille^illln aliiid inlellexeriiniis, (|iiaiii iiliid inferioreni anima? parleni ' nec cosadiniilcn» :
qiiod l'i'cqiicnlatiir coiniiiniiil)ns saiictoriiin et teiii ni.si expresse jii.ssos, qiiod niinipiani fere
universiB Kccicsia' votis; nec leriiiiiis aiiclorein evenit; aiit iuipulsu singulaii excilatos, quasi
noliis iin|)(iluiileni ea qiiie nusi|iiain co^^ila- inipeirectiiiii essel, in seipsiiin ac in peccata sua
viiniis. vcl in dona di\ina refleclere '.
9. Hue accedit, qiiod aiirlor ipse dnin natir 14. Quo eridie eliain graliarum aciiones, imo
rale firaridit desideriiiin, niilla niiijiiaiii ret;iila et postiilationes ex peccatorimi et ciijusvis indi-
a siipeiiialiirali scceriiendiini, hoc qnoijnc in gentia- considération e oila? procul a vila per-
taiiliiniiliscriiiienaddiicil ', lit fidèles iicNcieiites fecla exsiilant : repiiyiiantihus licet articulis ah
qiiiuInaiM sil iialiirale qnoilvc sii[ternaliiiale sa- auctorc siih.scri|)lis ^.
lutis dcsideriiiin, iitriiiiiquc siniiil exscindant, Vêlant
15. .Viliculi s, ne Chrislianns qnivis
nec de sainte cogitent. ad aciiis speci.iles fldei. spei, aliarumqiie virtn-
10. Nec aiictorciii adjuvant novi defiMisores. tnin exerceiulos, diviiiaiu iiispiraliimein exspec-
qui speiii in cliaritale eiiiinenter ac virliile con- cuin ullro cxcilare se deheat,
tet : et ad id siif-
teiitaiii |ier caindeiii chaiilalein exerceri voliinl :
liciant |ira^ce|)ta divina, exeiiipla sanctornm,
ciiiiiiiiseaiiclor noliisciiin spem ipsain in seipsa ip.sa (ides, ip,>;a prudentia : at aiiclor luTcevertit
ut est specialis et disliiicla \irliis exeicendain exclusis aclilms conatns proprii, et indiicla gra-
esse, utreni ciilliolira (idi" deliiiilam afrnoveiit*; tiaacliiali.comiiuiniquidein dicta, rcvera aniem
oui niinc aliéna olilnidere. ipsiiiiupie ipso qiio- exlraordinaria o : qiiippe quœ a in oinni occa-
qiie sliiiiio'siiis velle deleiidere, ratio ac verilas sioiie ' uuicui(pieiiert'ectoruni voluiilalein benc-
nuii siiiiint. placiti et id oiiiiie quod (ieri quovis casu opor-
H. Nec favent noxœ in auctoris graliani con- tet exhiheal.
ficla' voces : ut nenipe dicaliir, spein
qiiidem 10. eral dcclaratiim
Arliciilis ">, virlutum
non opère opeianlis, » sed inve*
inveniri « in aclus pcr sesc ac propria honitate esse bonos
niii lanien in ipso « opeie opeialo » hoc est :
alqiie ideo specialiler exercendos eliam in per-
in ijuso opère rliarilalis, speiii in se eniiiienter fcclissiina oralione et vita; etiain cum iinpc-
ac virtnle coin|)le\a}. Non cniin aiit nos, ant ranle cliaritale prodeiinl : quod auclor infir-
aiielor noslrosarliciilos seipn se iirolessiis, aliiid
mai, negando virtnteiii diligi ut virliitem ; ant
niiqiiaiii co;:itaviiniis, qiiain illiid ciiiii l'anlo ',
viitiilis ut est virtus stiidioMim esse oporlere,
speiii csse exerceiid.iin, lit est specialis et a clia-
aiil in peileclam vilain adinittendas virlutum
rilale di>lincla virtus. • Niinccnini nianent tria praxes8.
« lia'C, lides, spcs, cliaritas > quiii eliani in
:
n. Uiiielisia» morlificationihus pariim faven-
Articiilis nostiis coiiiinuni studio onines. hoc tes Arliciilis reprcssi fuerant » : l'rnstra ; cum
est nos suhscribens, actus
et ipse « illos iinpli-
auclor cas tenlationesailmillal, in qiiihiis iiior-
citos et emiiienles 8, » (|iii ca'Ieros ita incliidant, lilicalio inlcrior et exlerior sil peniliis iiiiililis '<>;
— cl c. 6, pr. 61. —
> Jilyir in lui., n. Itl, U2, 113 • Art
6, T, —
' AtI , B, ».
m
> Viilt prop. 3T et •«).,
—
ttct. S, c. 6, n. 3, tte.; IG, 17 —» Art. 11, 8ù, ïO —
• Vidr iccl 6, c r., prup «S cl G6,
Vid. «1 My,f. lui., n. 2lB ti >et| ' Vide Myil. in ««<., n. 139 n. » 01 scq. —
» An. 13. —
• lidt »ccl. 3. cap. 1 etï. > Art. la —
UO. — • Art. I «l 8. — ' I Cor., xiu, 13, — « Art. 21.
'
18. Arliciilis proscriptus fnerat actus perpe- sinei ent, ut animœ in suam damnafionem nul
hms, percnnis, et uniciis , ac sine iiitcrniptione desperationem unquam acquiescèrent, neve op-
et siiccessione conlinuus, nec rciierabilis • : cii- larentideo ut divina juslilia suum adversus eos
jus loco et subslitiiit aiictor actus adeo iinilormes rigorein exerceret «
; quod excusavit auctor, ad-
et aequabilcs, ut toto vitas ilocursii non nisi iinicus ducto imiversali decreto, ut animœ perfeiia}
actus exercer! videalur 2 : quod quiotistarum ederent generalia desideria omnium Del volun-
continuitati sive peivnnitati œquipoilat. tatum; addilis eliam latentibus, quibus vel ma-
19. Quidam quietista; D. Canicracensi haud xime occulta de pi\Tdestinationeetreprobationc
ignoti, curasuam doclrinam ut sauclls Patribus décréta continenlur 2.
incognitam argui vidèrent , de spirituali vita 26. Et quidem auctor deterretdirectores aprœ-
quasdam quos
traditiones occultas prœtexebant: dicanda iuler probaliones exiremas perCeclis
nunc, spertis aut detortis articulis 3 idem Ca- ,
auiinabus divina bonitale et cura de illarum sa-
meracensis excusât induclo antiquoruui arcano :
lule singulari : contia quod, aiictore Francisco
quodam etiam sanctis inaccesso, ac perturba- Salesio •*, in ii.sdem docetur Articulis ^.
rituales , sancta Theresia , l)eatus Joanues a un de acius animœ se proiicicnlis in Dcuin, non
Cruce s indifforenlia, sed ipsa S]>e (livinœ bon italis no!)i
, caelerique probavissent eani scilicot :
ordinarias , ut nequidcm pericclione essent « pro me 7 ; ,> a qua s|)e discedere quasvis ani
necessarife ' : quascum auctorad unumpurum mas idem Paulus votai.
amorem revocat mû esse necessarias agno- 29. Sic per Articnlos triginta quatuor, adver-
,
scit : aut negat puriun amorem ad perfectio- sus subdolam et lubricam quietistarum facUo-
nem esse neccssarium, pari utrinque eriore et nem,abunde veritati consul tuni esse videbatur.
incommode. Atin iisquoque Articulis D. Cameracensis oc-
cultas effugieudi vias, vel ab inilio rimabatur,
22. De probationibus ac de salute devovenda
sive immolanda Articuli eam immolati(iuem ,
vel postea commentus est; nihilque est, quod
non nisi exlalsoel impossibili adiuilteiulaui.aut non vel recla subverterit vel oblique eluserit.
etiam data occasioue inspirandam slatuobantS; 30. Nec facile dixerim, an in aperlis erroribus
' An. 19. — ' Sup.. soct. 6, c 3, |iro|i. 53, ii. 18, 17. — An. lu.
' gere noilemus, revenli aures Cbrisliaiiiu jile-
— » Irrfrsccl fl. c. 7, Il 5, «, 7. — ' Art. 21, 26. — « VIdf i/i/s/.
bis. Sed nec ea prxterniisit auctor
in hii p. 1 t.jinm, et cjin Ai.p. — ' Art. Ti, u3. — • Art. Si. — *, et actus
—"
,
(li.ssimiilarc aiil fiiKiiliio iiilcrcmiir. ia's;e \eii- De beato Joanne a Cruce , deque appetitu bealitudinis ac
11., n. 2G3 ad 26G. De amore essenli.ililer unitivo Sch. in lui., a. 9,';, 147, U8. :
Item de amandi causis, sancloruni Gre}.'orii Nazianzcni, Au- De chdniate ut est aiuor inuluus : ubi de a'iiore D i ut aiuîci,
gustin!, Cassiani, ac Thomse Aquinatis Sch. tn lui., n. lUU, : nt spaii>i, etc. : Sch. m tut., a. liU ad 154. Ile fru^ndo et
lui, 102, 103. utendo, deque ainnre sui : Sch. in lui., a. Iu9. de, 113, etc.;
Augu>llnu.s, de necessario amore bealitudinis neque utendo Quiel. red., sect. 5, cap. 8.
aul Irueiido : Sch. in lui., n. 4, prop. 30, n. 8: il., n. 109 De vului.iaie explicita et implicita beatiluJinis : Sch. in tut.
Du sanclo Uernardo ac duabus amandi causis Uysl. in lut., : U'pl. inlul., n. 127; il., n. 111, 142, 143. Quiel. red.,
n. I2G. Schol. inlul., n. 4, prop. 33, 34; it., n. lijad 1C3; sect. G, c. 4 : ubi de separalione partium animi, n. 3, 4, 5;
il., n. 238 ad 336. il., cap. 6.
De M.igistro Sch. in : lui., n. 8. De cuiiumplalione, et de Christo ab ea probibito : Mysl. in
De Alberto Magno : Sch. in lui., n. 237 ad 243. lut., part. I, art. 3 loto, n. 144. Quiel. red., sect. 6, e. I, 2,
De sancto Tboma , sive de oijjcrio cbarilatis et amore bea- 3 : ubi de actu univer.sali ac perpetuo : propos. 16, 17. Radix
Utuilini^ sive njturalis, sive supernaluralis, ac de n.ilur.i el ob- erroris, sect 6 , cap. 9.
jecta voluiitalis : Sch. in lui., n. 8 ad \'.r, il., n. 22 ad n De r.inniismo, sive de impulsibus et instinctibus extraordi-
il., n. 3j ad G3 tl., n. 84, 86; it., ». 103, 121, 129, IJU; nariis : ilyn. in lui., n. 127, 128 ad 145 ;
Quiel. red., sect.
'
II., 244 ad 262. Ilem, de peccato vcnia'i, deque inclinalione 6, cap. J.
De actilius conatus prnprii maie reprehen^s llysl.in (ul., :
ad Deuni vel babilu vel actu : n. 172 ad 176.
pari. I, an. 2 tolo, a n. IIG: ubi de |>ro|>rin, diquc P.itrum
De Scuto cl Suarc: Sch. in lut., n. 87, 88, 89, 127.
itquc Augusiini sensu, o. 120 aJ 12â. Quia, red., sccl, 6>
De ronnlijtione scboix Ibomislicai cum scotintica : Sch. in
cap. :<, n. 12, 13.
lui., n. bJ, bt, etc.
(Juod l'orlectio ia extraordinariis orationibus rollocanda non
De sancto Uonavcnlura.- £cA, inlul., n. 63 «d 80; ilcm n.
sit: .U'fW. tn tut., n. .19 ad 62; il., n. 112, 113, 114, ll6.
117, 306 ad 312.
De amure qui est |>astio, non perreclio aut virtus : Jryi<>
De perfectione omnibus proposita: Slyst. in tul., n. 200, De exstasibus, et quatenus différant a suspensis animi facui-
201, 202 : ubi de aclibus a charitale imperatis. /(.; Quiet, red., tatibus, habes Myst. in tut., a n. 69 ad 89;
: it.. a 107 ad
sect. (i, cap. 6, n. 5. 116: ubi de traditione horum slatuum.
Quod oralio qui^tis sive simplicis inluitus, sive passiva et De falsa pbilosophia a D. Cameracensi Schote imputata..
«onlemplaliva, licaloram There^ia; , Salesii, Joannis a Cruce, Myst. in lut-, n. 52 et seq.
Balthisaris Alvarez, et alionim proborum postreiiii a;vi iiiys-
De amore sive afîectu naturali D. Cameracensis Myst. in lut.,
ticoriim, constiluta sit in impedimenlo divino vero ac rcali; n. 177, IfS, I74nd 189; it., n. 199 ; Schol. in tut., n. 267
ex quo orilur impolentia su<pensis a discursu prœsertim animi
ad 286 ;
Quiet, red., sect. 4, cap. 3.
faciiltnjihus, ac sublatis actibus conatus praprii : ll;ist. in lui.
De quatuor erroribus quielismo addilis : Quiet, red., s. 6,
part. 1, art. l et 2, n. 1 ad 5; et llb ad 143 : ubi Cameia-
c. 6.
censis soli ipsi contrarius demonstralur, n. 67.
Notandus ibi errer secundus, sive prop. 68 quod amor
De ca impotentia habes uno verbo ex sanclis Theresia et
:
omnia extraordnariaamovcant ilijsl. in tut., ubi supr., n. 1 n. 172 ad 177. Sch. in tut., n. Ib6 ; it., n. 256, 237, 238 ^
:
Hinc infer quam sibi quidam mystyci vcrba dari a D. Ca_ Summa rerum, resurgit quielismus toto orl)e terrarum ;
meracensi [lassi sint cum se pro defensore proborum mysli- alibi crassius, alibi mitius, eoque periculosius incrustatus!
:
corum venditet, a quibiis toto dislat systemate Huic noiuina mille, mille nocendi artes. Si valido ictn semej
Mysl. in tut. :
ad 61; it., n. 89 ad 91. Ibid. de tribus celeberrimis notis tunditur ; recrudescet, et sero nimis tanto morbo salutares
Iransitus ad contemplationem D. curas adhibueris.
Cameracensis errorcs, et a
piis mysticis aperta dicessio, n. 15 et seq., 23, 37, 68, 69 ad
72.
SECTION PREMIERE.
son et nous donner tout le tort, ce prélat, dans
Raison d'écrire cette relation. lapremière édition de celle Réponse ', posait ce
1. Puisque M. l'aichevèque de Cambrai veut fait imjiorlaul qu'il avait « proposé à M. de :
qu'on lui réponde si précisément sur ses de- Chartres que nous suppliassions de concert le
mandes et que, dans celte conjoucture, il n'y en
; Pape de l'aire régler par ses lliéologieus à Rome
a point déplus imporlanlescpie celles qui regar- une nouvelle édilion de .sou livre en sorte qu'il :
dent noire |)rocédé,(iu'il tàclu; de rendre odieu.v ne nous reslàlqu'à laiss r taire ces théologiens;»
en toutes manières, peuilanl qu'il a été en tou- et un peu après « Je demandais une réponse :
tes manières plein de cliariU' et de douceiu' jus- proni|>le. et au lieu d'ime réponse je reçus la
qu'à l'excès : si l'on laitlait à le .salislaire, il Déclaralion impiimée conlre moi. » Nous ne sa-
tirerait trop d'avantages d(ï uotie silence. Que vons rien de ce lait avant é en l'air : Jl. de
ne domie-t-il point à entendre contre nous par Charlr-es éclaircira le puhlic de ce qui le louche,
ces paroles de sa Uépcjnse à noire IJéchiralion : mais sans atlendiela rélnlalioii d'un faillie celte
« Le procédé de ces prélats, dont j'aïuais à me importance M. duCamhrai.s'eu dédillur-mèirre,
plaindre, a été tel, que je ne pourrais espérer prrisqu'ila voulu retirer celle édilion, tpioitiirc
d'elle cru en le racoidaut. Il est l»on même d'en répandue à Rome dans jiar .son or'dre; el (|iie,
épargner la coimaissance au |)ul)lic ? » Tout ce ' celle qu'il lui sirlislilue, supprime tout cet arti- il
qu'on |)('ul imaginer de |>lus rigotueux el de plus cle Nous avons en main les deux éd'lions,
''.
extrême esl lenlernié dans ce discours; elen lai- celle 011 il avance ce lail, cl celle oii il le siip-
saul send)laiil de se vouloir taire, on en dit plus piime; et la preuve esl démouslialive, (pie sans
que si l'on parlait, l'our se donner toute la lai- même se soirveiiir' des laits (pr'il avance, ce |)ré-
< Kdit. de Bruxelles, p. 8. ' EJit. t.nus lumi >le la ville, p. V. — > lùla. de tliimcllci, p.
i\0 RELATION SUR LE QUIfiTISME.
lat ^crit ce qui lui vient dans IVsiirit Je jjIus nion de ma main à M"' Guyon, sans remarquer
odinix, euforc qu'il soit si faux, que lui-nuMne en même temps que c'était h Paris, où elle y
il esl ohliiîé de ie relirer et de le
suppriiuer en- était re(;ue par ses supérieurs en sorte qu'il :
2. Il n'en faudrait pas davanlafje pour jupcr la table sacrée; on lui doimait les saints sacre-
des beaux (loliors(|u'il veut iji muer à sacoudiiile, ments à cau.sc de la prole.ssion qu'elle taisait
et des aiïreuses cuiiiiMirsdout il déligure la uûtre. à chaque moment d'être soumise cl obéissante-
Il s'attache principalenieul h me dici ier : non A Meaux, je lui ai nonuué un confesseur, qui. ;'i
cnuleutdi- iu'accu>er par toutes ses lettres, « d'un siu- le rondement de l'entière soumission qu'elle
zèle précipité, d'un zèle amer', » c'est à moi témoignait par écrit et de vive voix dans les ter-
qu'il écrit ces mots : « Vous ne cessez de me mes les plus forts où elle put être connue, je don-
déchirer; > encore plus injurieux,
et ce qui est nai toute permission de la faire couununicr.
« vous allez lue pleurer partout, et vous me dé. Elle a souscrit à la condamnation de ses livres,
chirez en lue pleurant^; • il ajoute « Que : comme contenant une mauvaise doctrine elle a :
peut-on croire de ces larmes qui ne servent qu'à encore souscrit à nos censures, où ses livres im-
donner plus d'autorité aux accusations? » Dans primés et toute sa doctrine étaient coudaumés :
les mémos lettres' : » La [lassion ui'euipèche de enlin elle a rejeté, par un écrit ex(iri>s, les pro-
voir ce qui est sous mes yeux : l'excès de la i)ré- positions capitales d'où dépendait son système.
vcution mole toule exactitude. Je suis, dit-il'', J'ai tous tes actes souscrits de sa main, elje n'ai
l'auteur de l'accusation » contre son livre. Je donné celle allestalion, qu'on nomme complète,
suis cet impitoyable, « qui sans pouvoir assouvir que par rapport à ces actes qui y sont expressé-
son coura;,^', iiecdiim esiilcto auimo. par la cen- ment énoncés, et avec expresses défenses de di-
sure indirecte et and)ilieu.se portée dans nuire riger d'enseigner ou dogmatiser
,
délenses ;
duite de M. de Meaux d'un coté il s'cnllamme : sonleuir l'hoimeur de son ministère offen.sé ;
avec indignation » (car, h l'entendre, je ne suis qu'il nous fa.sse la même justice. Je suis donc
il lacouHuuniedans sa main, il l'autorise dans quelle- peuvent être lesc;uises, et de ces larmes
l'usage (piolidieu des sacrements, et il lui donne, trompen.ses, el des einporlemenLstju'on m'attri-
quand elle part de Meaux. une attestation com. bue : il dans l'origine, si
faut qu'on voie, jusque
plele. sans avoir exigé d'elle aucun acte on elle ou la passion qui m'a guidé dans
c'est la cliarilé
ait rétracte loruieilemeiit auciuie erreur. D'où a-Ile affaire die a duré plus de cpiatre ans
: et ,
viennent liuit de rigueur et tant de rel;\che- je suis le prcui'cr qu'on y ait fait entrer. 1^ con-
mcnl? > nexion des fails ne me permet pas de les sépa-
Ce sont les reproches qne nous avons vu
4. rer; et je suis dans l'obliiralion de raconter
écrits de la main de M. l'arclievécpie de Cam. toute la siùtede celle fAcheiise histoire, puisque
biai, dans un iMeinoire fjui subsiste encore. Il la conduite de mes confrères el la mienne ne peut
sait bien à (pii d l'avait adressé, et nous le dirons entendue que par ce moyen.
être
dans la suite toul est injuste dans l'endroit
: Il esl vrai qu'il esl allligeanl de voir des évo-
8.
qu'un en vient de voir il n'était pas permis de : ques en venir h ces disputes, même sur des fails.
duc que j'ai donné (une seule lois) la comuui- Les libertins en li iomphent, et prennent occa-
sion de tourner la piéle en hypocrisie, el lesafTai-
< Quilr. Lattre i M. Tôt. d* Mtaux, p. 42, 43. ' Trois l.cltrct, — res (le l'Eglise en dérision; mais si l'on n'a pa.s la
p. 4&. —
' Lallrc 4, p. av, 3S • Rttp. ad —
Stm. doct., ad ot|)cct.
justice de remonter à la source, on juge contre
RELAllOiN SUR LE QUIËTISME. Hi
la raison. M. de Cambrai se vante partout qu'il reprendre les choses jusqu'à l'origine ,
par un
n'a pas écrit le premier; ce qui pourrait mettre récit aussi simple, qu'il sera d'ailleurs véritable
seulement ouï parler de cette explication? SI. de de le ramener h la vérité pour peu qu'il s'en
écartât. Je ne pouvais me persuader qu'avec ses
Cambrai dit beaucoup de choses de M. de Paris
que ce prélat a réfutées au gré de tout le pu- lumières et avec la docilité que je lui croyais, il
blic, par des faits incontestables; mais pour moi
donnât dans ces illusions ou du moins qu'il y
,
Lettre 4, |i. 42. Aitrt., p. 18. que d'élrc cnseiguéc, un évèquc à qui elle pre-
112 RELATION SUR LE QUIÉTISME.
uait confiaiire ne pouvait pas lui rcfnsei- l'ins- par ma bouche, d'user de celte nouvelle coui-
triicliiMi i|ircllc(lemaiulail avec lant li'liiiinilili', municilioii de grâce, jusqu'à ce (pi'cllc eût élé
qu'à la fiii.ji' me londis. Je cdiiniis hioiilit que plus c\aiidiiée. Je voulais en tout et partout
c'élail M. l'alilté de Fënelon (jui avait (lonm' le procéder modérément, cl ne rien condamner à
conseil; regardai coiiirne un Ixjiihciir de
et je fond avant (pie d'avoir loul vu.
Voir nailre une oceasion si naturelle de ni'ex- 4. Cet endroit de la Vie de madame Guyon
(anou : on me donna tous ses livres, cl non-scu- voici connue cllerexpli(iuc dans sa Vic:« Ceux,
leineut les ir.iiniinc'^ , mais encore les nianus- dit-elle, que Noire-Seigneur m'a donnés c'est
criLs,coniujc si Vie qu'elle avait éciile dans un un slUe rénandu dans tout le livre) mes véri- :
gros volume, des coiiuuentaires sur Moïse, sur tables eiifaiils ont une lendaiice ;i demeurer en
Josué, sin- les Ju^es, sur rKvan;;ile, sur les l^pî- silence auprès de moi. Je dt'-eouvre leurs be-
tresde saint Paul, siul'Apocaljpse et siu- beau- soins, cl leur communique en Dieu ce qui leur
coup daiili es livres de l'Kcrilure. Je les emportai man(jne. Ils seiilent fort bien ce qu'ils reçoi-
dans mon diocise, où j'allais je : les lus avec vent, et ce qui leur est cnmmuniqué avec plé-
(|uai tout jus(|iraux paj^es; et durant l'espace de tion en sileiicr, sans parler et sans écrire; c'est
quatre ou ciui| mois, je me mis en élat de pro- li^ langage des anges, celui du Verbe qui n'est
noncer lejn-ement (\yùm me demandait. (pi'uii silence éleinel.Ceux q sont ainsi auprès i
mon sentiment sur son oraison et sur ladoclrine « je me sentais, dit-elle. |)eu à peu vider et sou-
de ses livres, en acceptant la lil>erle qu'elle me lager. » Chacun recevait sa grâce « selon son
donnait de lui ordonner ou de lui ilérendrc pré- degré d'oraison, et éprouvait auprès de moi celle
cisément sur cela ce que Dieu, dont je deman- pléiiilude de grâces a|)poi'lées par Jésus-Christ :
dais perpéluellomenl les Imnières , voudrait c'était comme une écluse cpii se décharge avec
la lellrc il la fallait délacer : elle n'oublie pas 5. Ce qu'elle raconte avec pins de soin, c'est,
qu'une duclusse a\aitune fois l'ail cet office en : comme on a dit, qu'il n'y avait rien pour elle
cet étal on la niellait souvent sur son lit; souvent dans celle plénilude de grâces; elle ré|)èle |iai'-
on se conlenlailde demeurer assis auprès d'elle: loul que « tout était plein; il n'y avait rien de
on venait recevoir la grAce dont elle était pleine, vide en elle; » c'était comme une nourrice qui
et c'était là le seul ino\en de la soulager. Au rri've de lait, mais (pii n'en |)rend rien pour
reste, elle disait Irès-expressément quecesfiià- elle-même. « Je suis, dit-elle, depuis bien de;
ces n'étaient point pour elle qu'elle n'en avait ;
aniK'-es dans un étal égalemenl nu cl vide en
aucun besoin, élant pleine par ailleurs et que , aiiparence; je ne laisse pas d'clie Irès-pleiue.
celle surabondance ur les aulres.Toul cela
él.iit pi lue eau qui rem[i!irail un bassin, lant (pi'elle
me parut d'abord su,ierbe, iKuneau, inouï, et se trouve dans les bornes de ce (pi'il peut con-
dès là du moins fort .suspect ; et mon cu-ur, qui tenir, ne fait rien disliiiguer de s;i plénitude;
se .soulevait à cbaipie moment contre ladoclrine mais qu'on lui verse une surabondance, il faut
des livres (pie je lisais, ne put résisicr -à celle qu'il se décharge, ou ()u'il crève. Je ne .sens ja-
manière de donner des grâces. Cardislinclemeul mais rien pour moi-même mais ; lorsque l'on
ce n'élail ni juir .ses prières, ni par sesaverlis- remue par quehpie cho.sc ce fond inlimemenl
.senn'uts (pi'clle les donuait : il ne fallait qu'èlre plein et liaiiipiille, cela fait sentir la plénilude
d'une chose aussi cloun.i.ile, j'écrivis de iMc.uiv tude, un rejaillissement d'un fond comblé et
î* i'aiisà celle daine, que je lui deioadais. Dieu toujours plein pom° toutes les àiucs qui uni be-
•
soin de puiser les eaux do celte plénitude ; c'est écrite de sa main, et signée d'elle : « Il y a trois
le rrservoir divin oii les enfants de la sagesse sortes de choses extraordinaires que vous avez
puisent incessamment ce qu'il leur faut. » pu remaïquer la première qui regarde les
.
qu'envifonnée une fois de quelques personnes; est très-aisée à justifier par le grand nombre de
« coniino une fenune lui eût dit qu'elle était personnes de mérite et de probité qui en ont l'ait
l)lus pleine qu'à l'ordinaire : je leur dis, ra- l'expérience. Ces personnes, que j'aurai l'hon-
contc-t-cl!c, que
de plénitude, et
je mourais neur de vous nommer lorsque j'aurai celui de
que cela surpassait mes sens au point de me vous voir, le peuvent justifier, l^ourles choses à
faire creverce fut h cette occasion que la
: » venir, c'est une matière sur laquelle j'ai quehpie
duchesse qu'elle indique, et que personne n'ap- peine qu'on fasse attention ; ce n'est point là
prendra jamais de ma bouche, « me délaça, » l'essentiel; mais j'ai été obligée de tout écrire.
dit-elle, « cliariiablement pour me soulager : ce
'
deux autres personnes que je ne découvrirai mises dans la. même simplicité que le reste. »
pas. La voilà donc déjà dans son opinion commu-
7. C'est après avoir vu ces choses, et beau- nicatrice des grâces, de la maifière inouïe et
coup d'autres aussi importantes (pie nous allons prodigieuse qu'on vient d'entendre pio[ihé- ;
raconter, que M. l'archevêque de Cambrai per- tcsse de plus, et grande faiseuse de miiai'les
siste à défendre M™'= Guyou en des termes dont Elle me prie sur cela de suspendre mou juge-
on sera étonné, quand nous en serons à l'article ment, jusqu'à ce que je l'aie vue et entendue
où il les faudra produire écrits de sa main. On plusieurs fois ce que je fis autant que je pus sur
:
verra alors, plus clair que le jour, ce qu'on ne lesdeux derniers chefs.
voit déjà que trop, que c'est aprèslout M™= Guyon 9. Je laisse donc pour un peu de temps les
qui lait le fond de cette affaire, et que c'est la miracles qui se trouvent à toutes les pages do
seule envie de la soutenir qui a sépaié ce |)rélat cette Vie; et les productions, qui sont ou vagues,
d'avec ses confrères. Puisqu'il m'attaque, connue ou fausses, ou conhises, et mêlées. Pour les
on a vu , sur mon procédé, tant avec M"'" Guyon cominunicafions en silence, elle tâcha de les
qu'avec lui-même, d'ime manière qui reuthait justifier par un écrit qu'elle joignit à sa lettre
cl mon ministère et ma conduite odieu> e à toute avec ce titre « La main du Seigneur n'est |)as
:
tes reproches me contraindraient à la fin de dé- « lestes hiérarchies » qu'elle allègue aussi dans
couvrir mais une raison plus haute me force
: sa Vie en plusieurs endroits : « Celui des saints
encore à pailer. Il faut prévenir les fidèles contre qui s'entendent sans parler celui du fer frotté :
une séduction qui suhsiste encore : une femme (le l'aimant celui des hommes déréglés qui se
:
qui est ca[)al)le de tromper les âmes par de telles commuuiiiuent nu de dérèglement celui
es|)ril :
illusions, doit être connue, surtout lorsqu'elle de saillie iMoni(pie et do saint Augustin
dans le
trouve des adnnraleurs et des déléns(>in\s, et un livre X des Confessions de ce Père » où il s'agit :
grand parti pour elle, avec une attente de nou- bien du silence où ces deux âmes huent attirées
veaiUés que la sinte fera paraître. Je confesse que mais sans la moindre teinture de ces iirodigicuses
c'était ici en effet mi ouvrage de téuihres, (ju'on comimmications, de ces sii|)erl)es |)léniludes, de
doit désirer de tenir caché, et je l'eusse fait éter- ces regorgements qu'on vient d'entendre. Je u;-
nellement, comme je l'ai lait dînant plus de parle point des expériences auxquelles on mj
trois ans avec un impénétrable silence, si l'on ii'iivovait, ni aussi de certains ell'ets que la pré-
n'eût pas abuse avec troj) d'excès de ma discré- vention ou même la bonne foi peuvent avoir.
tion, et si la chose n'était pas vcime à un point Ce ne sont rien moins (pie des preuves, puis(pie
où il faut, pour le service de l'Eglise, mettre en c'est cela même qu'il tant éprouver et exami-
cvitlence ce qui se trame sourdement dans son ner, selon ce |)rincipe de r.\pôtre « Eprouvez :
8. Comme M'"" Guyon sentit d'abord (pie je « Eprouvez tout, retenez ce (pii est bon ^. »
trouverais beaucoup de choses extraordinaires Ouand.ponr en venir à cette épreuve, j'eus com-
dans sa Vie , elle me prévint là-dessus, en cette mencé par délendre ces absurdes commuiùca-
munii-re, dans une lettre que j'ai encore toute ' Jsa-, Lm, 9. — ' /oaii., iv, 1. — '
I. Thess., v, ^1.
li. Toji. VL
n\ RFÏ-ATfON SUR ! E <>I'IÉTISME.
lions, M""» Giiyon tAolia d'en excuser une pailie, 1:2. Dans de ceux
la suite elle voit la victoire
comme la rupliire ilcscs liabilscn deux eiidioils qu'elle appelle les marljrs du Saint-Esprit. " 1)
par celle iflrowiltle pléniludc j'ai sa réponse :
Dieu dil-elle connue une personne inspirée,
!
peu salisrai>aiile dans une lellre de s;i main qui vous vous taisez vous ue vous taiiez pas tou- !
scrl à jnslilier le lait. l'our l'exaMieii d'une si jours. » Après cet eulliousia>uic, elle montre la
élraiiKC CDunnimication, on voit lii n iin'il est consonuuation de toutes choses |)ar l'élenduede
inutile. Ce qu'il ) avait de bon dau^ ivlle ré ce même esprit dins toute la terre. Lu peu après
ponse, c'est que la dame promellail d'obéir et elle raconte (jne, « passant par Versailles, elle
de n'écrire à personne ce (jne j'a\aisaussi exigé
;
vil de loin le chasse qu'elle fut pi i>e de
roi à la ;
qui parait aussi dans son Inlerprélation impri- ticulière. » et, dit-elle, « que Noire-Seigneur
|)ermellrait J'écris, » pour-
que
mée sur le CanVuiuf, que p;u- un étal et une je lui parlasse.
deslinalion apo>toli(|ue. doid elle était revêtue, suit-elle, pour ne rien cacher, la chose
« ceci
et où les Ames d'un certain état sont élevées, ayant à présent peu d'apparence pour une per-
non-seulement elle « voyait clair dans le fond sonne décriée. » Mais elle eut en même temps
des Ames, » mais encore « qu'elle recevait une une certitude qu'elle serait délivrée de « l'op-
autorité miraculeu.se sur les corps et sur les
probre par le moyen d'une protectrice de (pii
>'
âmes de ceux que Notre-Scigneur lui avait don- on sait (pi'ellc est un peu lavori.'^ée, quoiqu'elle
la nonnne en deux endroits de sa Vie.
nés. Leur état intérieur sernliiail, dit-elle, être
en ma main » (par l'écoulement (jue l'on a \u
13. Chacun peut faire ici ses réilexions sur les
iU. Au milieu des précautions que je prenais siècle pour détruire la raison humaine pour ;
pour lui comme une l'oudre. >> le reste ipie j'ai lu moi-même à M. l'abbé de Fé-
mesenlanls: le démon jette un lleuve contre de parler » (qui sont la loi et l'amour piu-) et ;
15. C'est de ses écrits dont elle parle. Elle j'osais, jevous demanderais un de vos séra|ihiiis
insinue partout dans sa Vie qu'ils sont inspirés; avec le plus bridant de tous ses charbons, pour
elle en donne poui- preuve éclatante la miracu- purifier n)es lèvres souillées par ce récit, quoi-
leuse rapidité de sa main et n'oublie rien pour
; que nécessaire.
taire entendre qu'elle est la plume de ce diligent 19. Je dirai avec moins de peine un autre effet
écrivain dont parle David. C'est aussi ce que ses du titre d'épouse daus la Vie de cette lemme.
disciples m'ont vanté cent fois; elle se glorifie C'est qu'elle vint à un état où elle ne pouvait plus
que ses écrits seront conservés comme par mi- prier les saints ni même la sainte Vierge; c'est
racle, et, un jour arrivera, » dit elle encore dans déjà là un grand mal, de reconnailre de telsélats
V Apocalypse, « que ce qui est écrit ici sera en- sicontraires à la doctrine catholique; mais la
tendu de tout le monde, et ne sera plus ni bar- raisun qu'elle en rend est bien plus étranges
bare ni étranger. » a C'est, » dit-elle, « que ce n'est pas à l'épouse,
16. C'est ainsi qu'elle entretient ses amis d'un mais aux domestiques de prier l'épouse de prier
avenir merveilleux. J'ai Iraiiscritde ma main peureux: » comme si toute àirie pure n'était pa-
une de ses lettres au P. la Coinbe, duquel il fau- épouse ou que celle-ci fût la seule parfaite; ou
;
il. Je ramassais toutes ces choses que je crus infinies, celleque je relevai alors le plus, était
utiles pour ouvrir les yeux à M. l'abbé de Féne- celle qui regardait l'exclusion de tout désir et
lon, que je croyais incapable de donner dans les de toute demande pour soi-même, en s'abaudone
illusions d'une telle prophétesse quand je les lui nant aux volontés de Dieu les plus caclioos,
représenterais, et voici encore d'autres remar- quelles qu'elles fussent, ou pour la damnation ou
ques que je recueillis dans la même vue. potu" le salut. C'est ce qui règne dans tous les
18. Je ne sais comment je ferai pour expli- livres im[)rimés et manuscrits de cette dame, et
quer celle qui se présente la première. C'est un ce fut sur quoi je l'interrogeai dans une longue
songe mjstéiieux dont l'efiet fut étonnant. conférence que j'eus avec elle en particulier. Je
«Car, » dit-elle, «je fus si pénéuée de ce songe, lui montrai dans ses éciils, et lui fis répéter
et mon esprit fut si net, qu'il ne me resta nulle plusieurs fois, que toute demande pour soi est
distinction ni pensée que celle que Notre-Sei_ intéressée, contraire au pur amour et à la con-
gneur lui donnait. » Mais qu'était-ce, enfin, que fornnté avec la voloidé de Dieu et enfin très- ;
ce songe, et qu'est-ce qu'y vit celte femme si pé- précisément, qu'elle ne pouvait rien demander
nétrée? Une montagne où elle fut reçue par pour elle. Quoi, lui disais-je, vous ne pouvez
Jésus-Christ :une chambre où elle demande rien demander pour vous ? Non , répondit-
pour qui étaient les deux lits qu'elle y voyait ;
elle je ne puis. Elle s'embarrassa beaucoup
,
vous ai choisie pour élie ici avec vous. » Quand pas demander à Dieu la rémission de vos péciios?
j'ai repris M"" tiuyon d'une vision si étrange : Non, repartit-elle. Eh bien repris-je aus.-ilot, I
quand je lui ai représeuié ce lit pour une épouse moi, que vous rendez l'aibilre de votre orais >n,
sé()aré d'avec le lit de la mère, comme si la Mère je vous ordonne, Dieu par ma bouche, de dire
de Dieu dans le sens spirituel el mystérieux n'é- après moi : Mon Dieu, je vous [trie de me par-
tait pas, pour ainsi parler, la plus épouse de donner mes péchés. Je puis bien, dit-elle, ré-
toutes les épouses; elle m'a toujours répondu : péter ces paroles ; mais d'en laire entrer le .sen-
C'est un songe. .Mais, lui disais-je, c'est un songe timent dans mon cœur, c'est coidre mon orai-
(jne vous nous ilonnez couitue tm grand mys- son. Ce lut là que je lui déclarai qu'aviv m.e
tère, et comme le fondement iïune viaisoii, ou telle doctrine je ne pouvais plus lui pe nu élire les
\\6 RELATION SUR LE QLIfiTISME.
saints sacronicnts, cl que sa piopnsilion était lié- ramener M. l'abbé de Féneinn, que ceux qui
rd'tiqiic. Klle me pnniiil quatre et cinq lois de nous avaient écoutés étaient en sa main.
recPMtir iiislriiclii>n, et «le s'y somnctlre, et c'est 21. Un peu après celle conférence, j'écrivis
I)ar là que liiiil noire conférence. Elle se (il an «ne lon.jne lettre à M"" Gii>on, où je m'expli-
ciiinnieiiceiiienl fie l'année iOili, coinine il se- quais sur les dilïicullés qu'on vient d'entendre ">
Versailles. J'y entiai plein dcconliaiice (pi'en lui plus que l'autorité de lier et de délier, les vi-
montrant sur les livres de M"'" Gumim loiiles les sions sur VApncah/pse et les autres choses que
,
erreurs el Ions les exeî'S qu'on vient (renletnirc, j'ai racontées. La lettre e^t du i de mars 169 1 :
pour lonle réponse, (jm; puisqu'elle élait soumise contenu de ses livres. Elle acceptait le conseil
Sur la ilocti'iue, il ne lallail pas condanmcr la de se retirer sans voir ni écrire à personne au-
personne. Sur tous les autres excès, sur ces pro- trement que pour ses affaires; j'estimais la doci-
difîieuses comnnmicalions de grAecs, sur ce liti! ijin paraissait dans sa lettre, et je tournai
qu'elle disait d'elle-même, de la sulilimilé doses mon allenlion à désabuser M. VM)é de Féue-
grAces, el de l'étal de son éminenle sainteté: lon d'une personne dout la conduite élait si
qu'elle était la femme enceinte de VAporah/iKe, étrange.
celle fi qui il élait donné de lier el de délier, la
SECTION III.
pierre ani,mlaire, et le reste de celte nature ; on
Seconde partie de contenant ce qui s'est paité arec
me disait ipie c'était le cas de praliijuer ce que la rel.ition.
grandes choses (pi'elle disait d'elle-même, 1. Pendant que occupé de ces pensées,
j'étais
c'était des ma;ïnanimiiés semlilables à celles de plein d'espérance de crainte, M"" Giiyon
et
l'Apotre, lorsipi'il raconte Ions ses dons , et (]uc tournait rexamen ii toute autre chose que ce
c'était cela im-mo examiner. Dieu
ipi'il fallait qu'on avait commencé. Elle se mit dans l'esiirit
me faisait senlii tout autre eliose s;i soumission ; de faire examiner les accusations i|u'ou inleutait
ne rendait pas son oraison bonne; mais faisait contre ses mœurs, et les désordres qu'on lut
espérer senlemenl cpr'clle se lais-erailicdresser : impnlait. Elle en écrivit h celte future piolec-
le reste me paiaissait plein d'niie illusion si ma- triee qu'elle ciojail avoir vue danssa prophétie,
nifeste ,
qu'il n'était lie.soin d'aucune autre pour la supplier de demander an roi tles com-
épreuve que de la simple relation des faits. Je missaires, avec pouvoir d'informer et de pro-
téiiioiu;nai mon seulimeiil avec toute la lilierlé , noncer sur sa vie. La copie qu'elle m'envoya de
mais aussi avec toute la douceur possible, ne sa lettre, et celle qu'elle y joignit, manpient par
crai;;nant rien lanl que d'aigrir cehii i|ue je des dates que lout ceci arriva au mois de juin de
voulais ramener. Je me retirai étonné devoir un l'an lOlK. C'était le cas d'accomplir les prédic-
si bel esprit dans l'ailmiration d'une femme dont tions, et iM™" Cuum y tournait les choses d'une
les lumières claiiMit si courtes, le mérite si léi^er, manière assez spécieuse: insinuant adroilemenl
les illusions si pal()ables, et ipii fiisait la proplié- qu'il lallait la purger des crimes dout elle élait
lesse.Les i)lenrs que je \ers;ii S(jus les \cnx de accusée, sans quoi on entrerait trop prévenu
Dieu ne furent pas ilii moins alors de ceux dont dans l'examen de s;i docirioe. .Mais il n'est pas
M. de Cambrai me dit à présent « Vous me : si aisé de surprendre une piété éclairée. La mé-
« pleurez et nous me déchirez. » Je ne son^çeais diatrice qu'elle avait choisie vit d'aliord que le
qu'à tenir caché ce ipie je vovais, sans m'en ou- parti des commissaires, outre les antres iiicon-
vrir qu'à Dieu seul; à peine le croyais-je uioi- vénieiiLs, s'éloignait du but (pii élait de com- ,
blant, et à cba(|ue pas je crai-^nais des chute? l'Eglise élait inondée. .Viusi la proposition tombe
après celles d'un espril si lumineux. .Mais je ne d'elle iiiéiue : M'"" (liiNon céda; et ce fui elle
perd is|)ascoura(;o,mc consola lit sur l'expéiicuce qui lit demander amis la cho.se du
, par .ses ,
de tant de grands esprits (pie l»i<"u avait liuinilici inonde qui me lut la plus agréable c'ei-:t que, :
un peu de temps pour les l.iii e ensiiile niarelier pour achever un examen de celte imporlance,
plussùienieul; et je m'attachai d'autant plus à uù il fallait pénétrer loulc la matière du quié-
,
M"" Guyon seulement, et l'approuva. M. l'ar- vions nous persuader que Dieu le livrât à l'es-
chevèque de Paris a expliqué ce qui lui fut écrit prit d'erreiu\ Les lettres qu'il m'écrivait durant
sur ce sujet-là, et quelle fut sa réponse. On l'examen, et avant que nous eussions pris une
donna h ces messieurs les livres que j'avais v;js: finale ne respiraient que l'obéis-
résolution ,
M. l'abbé de Fénelon commença alors en grand sance; et encore qu'il la rendit tout entière à
secret à écrire .sur celte matière. Les écrits qu'il ces messieurs, je dois avouer ici qu'outre que ,
nous envoyait se multipliaieat tous les jours; j'étais l'ancien de la conférence, il semblait
sans y nommer M'"* Guyon ni ses livres, tout s'adresser à moi avec une liheilé particulière
,
tendait à les soutenir ou bien à les excuseï-- par long usage où nous étions de Irailer en-
le
c'était en effet de ces livres qu'il s'agissait entre sendjle les matières théologitiues l'une de ces ;
nous, et ils faisaient le seul objet de nos assem- lettres était conçue en ces termes :
blées. L'oraison de M™" Guyon était celle qu'il 4. « Je reçois, .Monseigneur, avec beaucoup
conseillait, cl peut-être la sienne parliculicre. de reconnaissance les bontés que vous me té-
Celle diime ne s'oublia pas; et durant sept ou moignez. Je vois bien que vous voulez charila-
huit mois que nous employâmes à une discus- biemenl mettre mon cœur en paix. Mais j'avoue
sion sérieuse elle nous envoya quinze ou seize
,
qu'il me parait que vous craignez un peu de me
gros cahiers, que j'ai encore, pour faire le pa- donner une vraie et entière sûreté dans mon
rallèle de ses livres avec les saints Pères, les état. Quand vous voudrez, je vousdiraicomuie
le
théologiens et les auteurs spirituels. Tout cela à un confesseur tout ce qui peut être compris
fut accompagné de témoignages absolus de dans une conlession généiale de toute ma vie .
soumission. M. l'abbé de Fénelon prit la peine elde lout ce qui regarde mou Inlérieur. Quand
de venir avec quelques-uns de .ses amis à Issy, je vous ai supi)lié de me dire la vérité sans
maison du séminaire de Saint-Sulj>icc où les , m'éiiargner, ce n'a été ni tm langage de céié-
inlirmilés de M. Tronson nous obligèrent à tenir monie, ni un art pour vous faire expliquer. Si
nos conliMCuces. Tous nous prièrent de vouloir je voulais avoir de l'art, je le tournerais à d'au-
bien entrer à fond dans cet examen, et pnite.>. tres choses ; el nous n'en serions pas où nous
lurent de s'en rap|)orter à notre jugement. sonnnes. Je n'ai voulu que ce que je voudrai
M'"° Guyon fit la même soumission par des toujours, s'il plait à Dieu , qui est de connailrc
lettres trè.s-res|)eclueuses;et nous ne songeâmes la vérité. Je suis jn-êlre, je dois loul à l'Eglise et
plus qu'à leruiinorcelle affaiie Irès-.secrèlement ncn à moi ni à ma répulalion per.sonnelle. Je
en sorte qu'il ne parût poiid de dissension dans vous déclare encore .Mon.seignein- (pie je ne
, ,
piibliqHenfimt la docfrinc i^rrnrf'fi qui m'a sé- avec une pleine soumission si vous avez dès h
duit mais si ma doclrine csl iimocenle, ne me
:
présent quelipie chose à exiger de moi. Je vous
lonczpoinl en siis|)ens par dcsirspccls luimains. c'injure.au nom de Dieu, de ne me ménager en
C'est à vous h instruire avec antoriit' ccnx qui rien; et sans attendre les conversations que vous
se scandalisent fanicdc connaître les opérations me promettiez, si vous croyez maintenant que
de Dieu dans les âmes. Vous savez avec quelle je doive quelque chose h la vérité, et à rE;;lisc
conliancc je nie suis livré à vous, et appli(pié dans L'Kpielle je suis prêtre, un mot sans raison-
sans icl.Uiie à ne vous laisser rien ignorer de nement me suflira. Je ne tiens qu'à une seule
mes sentiments forts, il ne me reste
les plus chose qui est l'obéissance sinq)le. .Ma conscience
toujours qu'à Car ce n'est pas l'hoMunc
oliéir. est donc dans la votre. Si je manque, c'est vous
en le faisant avec droiliuc et petitesse sous la manqué h ce que je dois à l'Eglise. En un mot
main de ceux qui ont l'autorité dans l'Eglise. réglez-moi lout ce que vous voudrez et si vou- :
Encore une lois, Monseigneur, si i)eu que vous ne me croyez pas,prenez-moiau motpourm'em-
doutiez de ma docilité sans réserve, cssa\ez-là barrasscr. Après une telle déclaration jenecrois
sans mepar-ner. Uii"iq"R vous aviez l'esprit pas devoir finir par des complimcnls. »
plus éclairé (lu'im aidre, je prie Dieu qu'il vous 1. Une autre lettre disait « Je vous ai déjà
:
6te loid votre propre esprit , et qu'il ne vous supplié de ne retarder pas un seul moment par
laisse que le sien. » considération pour moi la décision qu'on vous
de mot à mot toute la lettre. On voit
a. Voilà demande. Si vous êtes déterminé h condamnel
bien ,
de tout quitter et de faire la
|)ar les olTres quelque partie de la doctrine que je vous ai ex-
rétractation la plussolennelle, condtien la matière posée par obéissance, je vous .supplie de le faire
éUiit importante , et condden il y était engagé. aussi |iromptement qu'on vous en |)ricra. J'aime
Ce n'était point encore [)ar ses livres, puisqu'il autant me rélracter aujourd'hui que demain, ei
n'en avait écrit aucun en faveur de la nouvelle même beaucoup mieux. » Tout le reste élait du
oraison. J'acceplais avec joie la prière qu'il fai- même sens, et Unissait par ces mots « Traitez- :
sait pour moi, alin que je iierdisse tout mon moi comme un petit écolier, sans penser ni à ma
propre esprit qu'en eflét je n'écoulais pas, et je idace nia vos anciennes bontés pour moi. Je se-
prit si bien lad et si docile, qu'on ne songea pas que de M. l'abbé de Fénelon, nous dressions
seidemenl (pie ces erieurs, quiii(|uc capitales, les Articles où nous compienions la condanma-
Cusseid un ob.slade à sa promotion. Je ne parle liou de toutes les crrems cpie nous trou\ions
point ainsi pour mejiistilier. Jcposesiinplenient dans les unes cl dans les autres, pesant toutes les
le fait, dont je laisse le jugement à ceux qui paroles, et tAchaut non-seulement à ré.souJre
récout<'nl : s'ils veulent le dilTércr jus(pi'à ce toutes les difficultés (jui paraissaient mais en- ,
qu'ils aientpu voir l'elïel du tout, ils me feront corcà prévenir par principe celles(iui pourraient
beaucoup de giAcc. Tout ici dépend de la suite s'élevei' dans la suite. Nousavions d'abord pen.sé
;
ctje ne puis rien cacher au lecteur sans loul àquel(|ues conversations de vive voix ajuès la
envelopper de lénèhies. Au reste la docilité de lecture desécriLs mais nous craigoiine- (ju'ea
;
Synésius n'était pas plus grande que celle ipie Si. mellanl la chost; en dispute nousne.souleva.s.sions
l'abbé de Fénelon laisail paraître; une auter Ici plutôt que d'instruiie un esprit cpie Dieu taisait
vous la peine d'entrer dans cette discussion : moins moi, je le reconnais) qu'il y
nient pas (au
prenez la chose par le gros, et commencez par eût rien à craindre d'un hoimne dont nous
supposer que je me suis trompé dans mes cita- croyions le retour si siir, l'esprit si docile, les
nj de savoir le grec, ni de bien raisonner sur les prévention, ou, si l'on veut, par erreur (car je
passages, je ne m'arrête qu'à ceux qui vous pa- me confesse ici au public plutôt que je ne cher-
raîtront mériter quelque attention; jugez-moi che à me délèndre), je crus l'iaslruction des
sur ceux-là, et décidez sur les points essentiels > princes de France en trop bonne main, po ur ne
après lesquels tout le reste n'est presque plus pas faire en cette occasion tout ce qui servirait
rien, k On voit parla que nousnous étions assez à y conserver un dépôt si important.
déclarés sur ses écrits. Il s'y était expliqué telle- 10. J'ai porté cette assurance jusqu'au point
ment à fond, que nous comprenions parfaite- que la suite fera connaître. Dieu l'a permis, peut-
ment toute sa pensée. On se rencontrait tous les être pour m'humilier : peut-être aussi que je pé-
jours : nous étions si bien au fait, qu'on n'avait chaisen mefianttrop aux lumières que je cro\ais
aucun besoin de longs discours. Nous recueil- dans un homme ou qu'encore que de bonne
:
lions pourtant avec soin tout ce que M. l'abbé de toi je crusse mettre ma confiance dans la force
amis, sans prendre aucun avantage les uns sur sions sur ce fondement et autant que nous tra- :
les autres; d'autant plus que nous-mêmes, qu'on vaillions à ramener un ami, autant nous demeu-
reconnaissait pour juges, nous n'avions d'auto- rions appliqués à ménager avec une espèce de
rité sur iM. l'abbé de Fénelon que celle qu'il religion sa réputation précieuse.
nous donnait. Dieu semblait lui faire sentir dans 11. C'est ce qui nous inspira le dessein qu'on
le cœur la voie que nous devions suivre pour le va entendre. Nous nous sentions obligés, pour
ramener doucementet sans blesser ladélicatesse donner des bornes à ses pensées, de l'astreindre
d'un esprit si délié. L'examen durait longtemps, par quelque signature mais en même temps :
il est vrai : les besoins de nos diocèses faisaient nous nous proposâmes, pour éviter de lui don-
des interruptions à nos conférences. Quant à M. ner l'air d'un homme qui se rétracte, de le iinre
l'abbé de Fénelon, on aimait mieux ne le trou- signer avec nous comme associé à notre délibé-
bler pas tout à fait sur ses sentiments, que de raiion. Nous ne songions en toute manière qu'à
paraître les condamner précipitamment, et avant sauver un tel ami, et nous étions bien concertés
d'en avoir lu toutes les défenses. C'était déjà leur pour son avantage.
donner un coup que de les tenir pour suspects 12. Peu de temps après il fut nommé à l'ar-
et soumis à un examen. M. l'abbé de Fénelon chevêché de Cambrai. Nous applaudîmes à ce
avait raison de nous dire qu'après tout nous ne choix connue tout le monde, et il n'en demeura
sa vionsses senti uients que par lui-même. Comme pas moins dans la voie de la sounii.ssion où Dieu
il ne tenait qu'à lui de nous les taire, la fran- le mettait : plus il allait èlre élevé sur le chande-
chise avec laquelle il nous les découvrait nous lier, plus il me send)lail qu'il devait venir à ce
était un argument de .sa docilité et nous les ca- ; grand éclate! aux giàces de l'étal épiscopal par
chions avec d'autant i)lus de soin, qu'il avait l'humble docililocpie nous lui voyions. Ainsi nous
moins de ménagement à nous les montrer. continuâmes à former noire jugemeiU et lui- ;
9. Ainsi, (huant tout le temps que nous trai- même nous le demandait avec la même humi-
tions tous trois celle affaire avec lui, c'est-à-dire lité. Les trente-quuire articles fuient dressés à
diu'ant huit ou dix mois, le secret ne fut pas Issy dans nos coulërences particulières: nous
moins imi)éuétral)le qu'il l'avait été durant le les présentâmes tout dressés au nouveau prélat,
temps à peu près égal (|ue j'y étais ap|)ii(|ué seul. M. de Châlons et moi, dans mon ap|)artcment à
11 le faut ici moindi'e souille venu au
avouer, le Versailles. M. l'archevèiiue de Paris a exposé ,
religieux, délicat sur la loi, si cir- qu'il devait faire des é( lits (pi'il iioiisavail envo-
prince si si
conspect à remplir Icsgraudes places deriiglise, yés •în si grand nombre : il ne dit mol. cl mal-
elle moins (|n'iin en eût dû attendri! eût été gré peine qu'il avait moiiliée, il s'dlfiil à si
la
pour cet abbé une exclusion inévitable de toutes gncr les Articles dans le niomenliiar obéissance.
iSO RELATION SUR LE QrimiSME.
Nous troiivAmcs plus à propos de les remellr mais accepté celle offre. Tout ce qui pourrait
cnlresos mains a(in qu'il put les considérer du- regarder des secrets de celle nalure sur ses dis.
rant qu('li|iii's jouis. Quoiqu'ils entamassent positions intérieures est oublié, et il n'en sera
le vif, ou pliiti'l. (pioiipril renversassent tout jamais question. M. l'arclievéque de Cauibrai
les roniicniiiils de la nouvelle oraison; coumn! insinue dans (piebpies-uns de .ses écrits, (pie je
les printipes en élaieut évidcnis nons crûmes , lus dilliiile sur (pirbjues-unes de ses restric-
que M. l'aidii' de IVnelon ne les contredirait pas tions, et que M. de Paris, alors M. de Cliàloiis,
quand il les aniail entendus, il nous a|)porla me redressa fortemiMil. .Nous l'avons donc bien
des restrielions à eiiacpic arlielc. oui en élu- oublié tous deux, puiscpi'il ne nous en reste au-
daient toute la loree et dont l'amliiguité le- ,
cune idée: nous étions toiijoiu's tellement d'ac-
rendait non-seulement inutiles , mais encore cord que nousn'eùmesjaiiiais besoin de nous per-
dangereux nous ne crûmes pas devoir nous y
:
suader les uns les autres et que tous ensemble,
;
en toute autre occasion nons eussions temi à antiquité, la sim|)licité de mes sentimeuts qui
lionneur de délibérer avec un homme de ses n'étaient (]ue ceux de l'Eglise, et le personnage
lumières et de son mérite, qui allait même que je devais faire, me donnaient celle con-
nous ùlre agrégé dans le ct)rps de lépiscopat. /iaiiee. .M. deCbàloiis fut prié il'élre l'un des as-
Hais à cette fois. Dieu lui montrait une au- sistants dans le sjicre, et nous crûmes donner
tre voie c'était celle d'obéir sans examiner
: :
à rEf;lise un prélat toujours unanime avec ses
il faut conduire les liounues par les sentiers
coiisécrateurs.
que Dieu leur ouvre, et par les dispositions que Je ne crois pas
15. que M. l'archevêque de
sa grâce lem met dans le ccvur. .\ussi la première
Cambrai veuille oublier une circonstance digne
fois que M. l.'arclievéque de Candirai a parlé de
de louange de sa soumission. .\i)rès la signa-
nos 34 Articles (c'est dans raverlissenicuf du
ture des Articles, et aux environs du temps de
livre des -1/«x/hi<'.s' (/fs saiiils), il ne parle que
son sacre, il me pria de garder du moins quel-
de deux prélats, de .M. de Cliàlous et de
ques-uns de ses écrits pour être en témoignage
moi, qui les avions di'essés, sans songer alors
contre lui s'il s'écartait de nos sentiments. J'é-
h se nonuner connue auteur. Il se sou\enai|
tais bien éloignédeeel esprit ilc déliance. Non,
de l'espiit où nous éli(Mis tous cpiand on signa.
Monsieur, je ne veux jamais il'aiitre |>iécaution
Voilà le petit m_\ stère que nous inspira son
avec vous que votre foi je rendis tons les pa-
:
serait aussi demeurée dans le silence avec lout doctrine qui y était contenue, les voulait-il dé-
le reste, n'était venu juxqu'.iux oreilles du
s'il fendre plus qu'elle-même ? Quel seiail l'étonne-
roi que l'on en tirait avantage, et que. pour me nïent de tout le monde, de voir paraître à la
faire condrmer la doctrine du livre des Maxi- tète de mou livre, l'approbation de M. l'arche-
mes (les saints, on disait que j'en avais consaci'ê vêque de Paris, et de M. de Chartres, sans la
l'auteur. sienne ? N'est-ce pas mettre en évidence le signe
16. Un peu
avant la publication de ce livre, de sa division d'aver ses conlières, ses consé-
il une chose qui me causa une peine ex-
arriva crateurs, ses plus intimes amis? Quel scandale!
trême. Dans mon Instruction pastorale dn 16 d'a- quelle flétrissure à son nom de quels livres !
vril i09o, j'en avais promis une plus ample pour voulait-il être le martyr pourquoi ûter au public
!
C(uivcrt dans son diocèse les mauvais effets des vait tenu que peu dejoui's, el le rendait sans en
livres et de la conduite de M^^^Guyon. La suite de avon- lu que très-peu de chose. J'écrivis un mot
cette affaire nous avait fait concourir ensemble à ce prélat pour lui témoigner mes justes crain-
à beaucou[) de choses. Poiu* M. l'archevêque de tes. Je re^us une réponse qui ne me disait rien,
Paris, j'étais d'autant plus obligé à m'appuyer et dès lors il préparait ce qu'on va voir.
de sou autorité, (jue pour le bien de notre pro- 18. On voudrapeut-être savoir aupaiavant ce
vince il en était devenu le chef, .le crus aussi qu'était devenue alors M'"^ Guyon. Elle avait
qu'il était de l'édidcation publique que notre demandé d'être reçue dans mon diocèse pour y
unanimité avec M. de Cambrai fût connue de être inslruile elle fut six mois dans le saint
:
plus en plus de tout le monde. Je mis mon livre couvent des tilles de* Sainte-Marie, à condition
en maimscrit entre les mainsde cet archevêque: de ne comnumiquer a^ec qui que ce lût ni au
j'attendais ses diflicullés [)0ur me corriger sur dedans ni au dehors, ni par lettres ni autrement^
ses avis ; je me senlais pour lui, ce me semble, qu'avec leconfessenrque je lui nouauai à sa prière,
la même docilité qu'il m'avait témoignée avant et avec des religieuses que j'avais choisies, dont
son sacre ; mais, trois semaines après, l'appro- l'une était la vénérable Mère le Picard, très-
bation me fut refusée par une raison que j'étais sage su|iérieure de ce monaftère. Comme
loin de prévoir. Un ami couuuun me rendit dans toutes ses lettres et tous ses discoius ne res|)i-
la galerie de Versailles une lellrc de créance de raient que la soumission et une soumission
M. l'archevêque de Cand)rai, qui était dans son aveugle, on ne pouvait lui refuser l'usage des
diocè.sc. Sur celte créance on m'expliqua que saints sacrements. Je l'instruisis avec soin; elle
ce [irélat ne pouvait entrer dans l'approbation souscrivit aux Articles, où elle sentit la des-
de mou livre, parce que j'y condamnais M""' truction entière de toute sa docli ine : je re-
Guyon (pi'il ne pouvait coudanmer. jetai ses explications , et sa soumission lut
17. En ami le terri-
vain je représentai à cet pure et siuqile. Un peu après , elle souscrivit
ble inconvénient où M. de Cambrai allait tom- aux justes censures que M. de Cliàlons et moi pu-
ber. Quoi? il va paraître disai.s-je, que c'est pour bliâmes de ses livres el de la mauvaise docliiiie
soutenir W" Gnjon qu'il se désunit d'avec qui y était contenue « la coiidamiiaut de
:
ses confrères ? tout le monde va donc voii- « cœur el de bouche, comme si chaque propo-
qu'il en est le protecleur? Ce soupçon qui le « sition était énoncée. » On en spêcilia quel-
déshonorait dans tout le public va devenir , ques-unes des principales, auxtiuclles tout
une cerlitude. (jue devieimeut ces beaux dis- aboutissait : elle \ renonça expi'cssément. Les
cours que imiis avait faits lanl de lois.M. di^Caïu. livres (pi'rllc condamna lurent le Miijicu court
))rai, (pie amis ré|iandaieut partout
lui et ses et. le Canliijue des ((intiijHes. (jui étaient les
que bien ébiigué de s'intéresser dans les livres seuls iui|>iiinés (pi'clle avouât ne vou-
, je
de c.'lte tenune, il était prêt à les condamner s'il lus |)oiiit eiilrer dans les manuscrits i|ue le
était mile? A préscid (lu'elle lesavait corulaumés peuple ne coiinaissail pas elle olVrail à t-li.'u|ue :
elle-même, (lu'clle en avait soiiscril la coudam- parole de les brûler tous; mais je jugeai ce soin
naliou entre mes mains, cl celle de l.i niauNais<' inutile, à cause des copies (jui en resleraieul.
in RELATION SUR LE QUIÉTISME.
Ainsi ie me conicnini do lui (h'^foridrc de loscnm- sez les raisons qui me font écrire ces circons-
iiiiiiii(|iici", d'en (^criic d'.iiiltcs, d'cnsci;:ncr, tances on voil sous les yeux de qui je les écris,
.
ddninaliscr, diriger; la coiidairmatit an silence Cl puunpioi ciilin je fais connaitre une femme
et à la relraile, comme elle le dcniandail. Je <|ui est cause encore aujourd'hui îles divisions de
claialions et .soumissions de M"" Guyon, que et nous crûmes tous qu'il fallait atlendre h lui
nous avions par-devers nous souscrites de sa proposer l'expresse eondanmalion des livres de
main, et desdélenses par elle acce|)lées avec sou- celle lemine, dans un temps qui ne lui ferait au-
mission, d'éciire, d'enseijinei' et dofjmaliser dans cune peine. Voil^ ces impilo\ables, ces envieux
rE;;lise, ou de répandre ses livres im|)rimés ou de la gloire de M. rarclievé(pic de Cambrai, ces
mamiserits, ou de conduire les Ames dans les gens qui l'ont voulu perdre, qui ont pou.ssê si
voies de l'oraison ou autrement; je deuieuiais avant leur rigueur, que « le récit n'eu trouverait
satislait de sa eonduite, et lui avais continué la « point de croyance parmi les hommes. » Qu'on
parlicipaliou des saints sacrements dans laipiclle nous martjue du moins un temps où cette manie
je l'avais trouvée. » Celle alleslation était du nous ait pu prendre. Ou pourrait bien nous re-
premier de juillet \C>'M. Je partis le lendemain procher trop de ménagement, trop de douceur,
poiu' l'aris, où l'on devait aviser conduite
<i la trop de condescendance. Qu'il soit ainsi, je le
qu'on tiendrait dorélla^anl avec ne racon-
elle. Je veux et pour ne parler que de moi seul, ipie
;
terai pas connue elle prévint le jour que j'avais j'aie poussé liMp.ivant la conllance, l'amour de la
arrêté pour sondi'part, ni comme de|niis elle se paix, et celle bénigne charité qui ne veut pas
caclia couunent elle (ùt reprise et convaincue
: soupçonner le mal jusqu'ici tout au moins il
;
i' cet aupnsic cnlant. s.uis laue aucune iuqires- verilable detous leslroiiblesderEgli.se. L'écrit (
sion dans son esprit. A Dieu ne plaise ipic j'ac. commeiiee en cette' sorte :
|
cuse .M. de Canibiai, ni les .s;if,'e.s ItUes qui en\i- •2. a Quand
de .Menux m'a projiosê d'ap-
SI.
roimeut cet aini,d)le priner, du di.scours (pi'on ])rouver son livre, jelui ni léin ojgué avec allen-
sein diabolique, qui est, dit-on, l'âme de tous sa personne d'avec ses écrits. »
ses livres. C'est un système monstrueux qui est 6. De la manière dont M. île Cambrai charge
lié dans toutes ses parties, et qui se soutient avec
ici les choses, il me semble qu'il ait voulu
beaucoup d'art d'un bout jusqu'à l'autre. Ce ne se taire peur à lui-même, et une illusion ma-
sont point des conséquences obscures qui puis- nifeste au lecteur. Sans examiner si jimiude
sent avoir été imprévues à l'auteur; au contrai- toutes ces erreurs à iM'"" Guyon, ou seulement
re, elles sont le formel et uui(iue but de tout son
une partie, et le reste à d'autres auteurs, il n'y
système. Il est évident, dit-on, et il y aurait de la
a que ce seul mot à considérer si on sup|>ose :
mauvaise foi à le nier, que M'"° Guyon n'a écrit que celte dame persiste dans ses erreurs quelles
que pour détruire comme une imperloclion toute qu'elles soient, il est vrai que sa personne est
lafoiexplicitedcs attributs, des pcrsomics divines
abominable; si au contraire elle s'humilie, si
des mystères de Jésus-Christ et de son huuiaui-
elle souscrit aux censures qui léprouveul cède
té elle veut dispenser les Chrétiens de tout culte
;
doctrine et ses livres où elle avoue qu'elle est
sensible, de toute invocation distincte de notre
contenue, si elle condamne .ses livres, il n'y a
unique médiateur; elle prétend délriiiie dans demeurent condamna-
donc que .ses livres (|ui
les lidèles toute vie inléi ieine et tonte oraison
bles; cl par son humilité, si elle est sincère, et
réelle, en sup|irimaul tous que
les actes distincts
qu'elle j
persiste, s<i [lersounc est deveniu' in-
Jésus-Christ et les apôtres onl couiuuuulés, eu
nocente, et peut même devenir sainle par son
réduisant pour loujoius les duies à une (juieludc
repentir. On donc lai.son de uire à M. de
avait
oisive qui exclut toute pensée de l'cmcndenicnt.
Candjrai qu'il pomail approuver mon livre sans
124 RELATION SL'K LE QUIÉTISME.
coninicali(tniinal)Ie par nidu livre, el d'y relii- ôtes^?» Ne suffit-il pas d'élrc impitoyable en-
ser son apiimbalion sur re vain pn-lexle. vers les erreurs, et de eoinlamner sans miséri-
1. Ces! en ccl eiidroil qu'il raconU' ec qu'on a corde les livres qui les contiennent? Faiil-il
de iiiot à luol', (pi'ilne coin,
trauscril plus liaul pousser au dé.sespoir une femme ipii signe la
prend pas M. de Meanx, (|uid'iin colécouuiuinie coiidaumatiuii el des erreurs et des livres? Ne
M^'Guyon, el d'aulrc part la eoudainiie si durc- doit-on pas présumer de sa bonne foi tant que
nient : « Ponrnioi, » poursuit-il, «si je crojaisce l'onne voit iioinl d'actes contraires, el sa bonne
que croit M. de Meaux des
de M'"" Giiyon, livres foiprésumée lie mérite-t-elleaucune indulgence
cl par une conséciueuce nécessaire, de sa per- pour sa personne? Kn vi'iilé, vous .st'iiez outré
sonne iiiénie, j'aurais cru, inal:;ré mon amilié si vous poussiez votre zèle ju.squ'à cet excès; el
pour elle, iMre olili;:é en eonscie;ice îi lui faire c'est l'être que de soutenir qu'on ne piiis.se
avouer et rétracter Ibrmellemeiil à la laee de condamner un livre sanseii juger railleur digue
tonte l'K^liseles erreurs (pi'elle aurait évidem- du léii, même lorsque ccl auteur condamne lui-
meiit eiisei^'iiées dans tous ses écrits. niéme son livre.
8. « Je crois méiMC que la puissance séculière 9. « l'our moi, » continue M. dç Cambrai,
devrait aller plus loin. Uu'y a-l-il de plus di;^uc « je ne pourrais approuver le livre où M. de
du li'U ipi'uu moiistie (pii.soiis a|ipan'uci' despi- Meaux impute à cette l'emme un système si hor-
litualité, ne tend ipi'à élalilir le laualiMiii' el rible dans toutes ses parties, sans me diflamer
l'impureté; qui renverse la loi divine, qui traite nioi-méme et sans lui faire une injustice irré-
d'iuiperlVctions toutes les vertus, (pii tourne eu parable. Kn voici la raison : je l'ai vue souvent,
é|)renves cl eu impcrleclioiis tous les vices, qui tout le monde le sait; je l'ai estimée, je l'ai laissé
ne laisse ni subordination ni n'^ledaus la société estimer parties |)ersounes illustres, dont la ré|)u-
des hommes, (pii, par le |)rincipe du seciet, au- lation est chèie à l'Kgli.se, et ipii avaient con-
torise loute sorte d'il} pocri>ie el de menson^ïcs; fiance en moi. Je n'ai pu ni dùii:noreises écrits;
enfin, qui ne laisse aucun remède assuré contre qiMiqiie je ne les aie pas examinés tons i^i fond
tant de maux? Toute reliuiou à part, la .seule dans le temps, du inoijis j'en ai su assez pour
polict snllii pour punir ilu dernier supplice une devoir nie délier d'elle, et pour rexamiiicr en
personne si cnipeslée. il est donc vrai ipie, si toute rigueur. Je l'ai lait avec plus d'exactitude
cette femme
voulu manifeslemeut étalilir ce
a que ses examinateurs ne le pouvaient faire, car
système damualile, il lallait la linilirau lieu de elle était bien plus libre, bien plus dans son na-
lacon^jédier, comme il est certain que M. de Meaux turel, bien plus ouverte avec moi dans les temps
l'a lait après lui avoir donné la lré(pi('iite com- où elle n'avait rien à craindre. Je lui ai fait ex-
niunion, el une attestation aiitlieuticpie, sans pliiiuer souvent ce qu'elle peiisiiil sur les matiè-
(pi'elle ail rétiacte ses erreurs. >> .Si ildiic elle les res ipi'on af;ile. Je l'ai obligée à m'expliqiier la
a rélracti-es. si elle s'e>t repenlie, si elle déleste valeur dceliacim des termes de ce langage mys-
lesimpuretés ci lie.uicoup d'autres excès que tiipie dont elle se servait dans ses écrits. J'ai vu
vous dites qu'on lui atliil)iie, si vous su|tpose/ claireineiiteii toute occasion qu'elle lesentendait
faussemeut ipi'on les lui impute, pendant qu'on diiis un sens très-innocent el Irè.s-catholiipie.
ne solide pas seulement à l'en accuser; si on la J'ai même
voulu suivie en détail el .sa pratique
réputé imiocente de loul ce dont on ne l'avait et les conseils (lu'elle donnait aux gens les plus
pas convaincue par preuves si l'on ne songe ;
igiKuantset les moins préeautionnés. Jamais je
même pas :'i cet examen qui n'était pas mùr n'ai trouvé aucune trace de ces maximes infer-
alors, et dont il ne s'agissait seulement pas, mais nales (pioii lui impute, l'onvais-jeen conscience
seulement des erreurs dont elle était à la vei ilé les lui imputer par mon approbation, et lui don-
lé;,'itimemeut convaincue, mais aussi iiirelle re- ner le ileruier coup pour sa diffaïuatioii, après
jetait par acte aiillieutique, avec les livres ijui îjvoir vu de juès si clairement son innoceiiee ? »
les conleuaieut, la meltrez-vous entre les mains 1(1. Voilà sans doute ri'iioiidrebien haulenieiil
de la justice'.' la liriilere/.-voiis'.' Songez-vous bien de M'"" Gnvon voilà de belles paroles, mais
:
à la sainte douceur de notre ministère? Ne soin. bien vaines; car il ii'v a qu un mol ?i dire :
mcs-iious pas les seivileurs de celui qui dit: c'est qu'il fallait .siiiis hé.siter a|iprouver dans
'Ci-UCMUS, &MI. 1, 11. 3. ' SiKli., ïMii, 32. — » Luc, IX, 66.
RELATION SUR LE QUIÉTISME. 42IÎ
mon livre la condamnation de ceux de M"'° dans ses livres qu'il leur avait « laissé estimer »
(iiiyon, si j'en prenais bien le sens; et si je lui avec la personne. Il est de conserver,
juste
imposais, 31. de llamhrai ne pouvait pas éviter connue il dit, la réputation chère h l'Eglise de
de rentrer avec moi dans cet examen, à moins ces illustres personnes, h laquelle aussi on n'a
que d'être déterminé, comme maintenant il ne jamais songé seulement à donner la moindre
le parait qu3 trop, à détendre et celte teaime et atteinte mais qui peut nier que AI. de Cambrai
:
ses livres, à quelque prix que ce fût, contre ses ne fût obligé de désabuser ces personnes de l'es-
confrères. time qu'il leur avait donnée « laissé piendre »
11. Disons donc la vérité de bonne foi :il sen- si de M""= Guyon et de ses livres? Il
l'on veut,
tait bien en sa conscience que je ne lui imputais ne donc en aucune sorte de leur réputa-
s'agit
rien que de véritable, et en effet il continue en tion que l'autorité de M. de Caml)rai mettait à
cette sorte : « Que les autres, qui ne connaissent couvert; mais il s'agit de savoir si M. de Cand^rai
que ses écrits, les prennent dans un sens rigou- lui-même n'a pas trop voulu conserver sa propre
reux, je les laisse faire; je ne défends ni n'excuse réputation dans leurs esprits et dans l'esprit de
ni sa personne ni ses écrits n'est-ce pas lieau- : tant d'autres, quisavaieat couîbien il recomman-
coup sachant ce que je sais? Pour moi, je
faire, dait M""= Guyon à ceitx qui se conliaientà sa con_
dois, selon la juslice, juger du sens de ses écrits duilc; s'il n'a pas trop voulu sauver l'approba-
par ses sentiments que je sais à fond, et non pas tion qu'il avait tlounée à des livres pernicieux et
de ses sentiments par le sens rigoureux qu'on réprouvés partout où ils paraissaient.
donne àsesexpressions, et auquel elle n'a jamais 13. C'est de quoi M. de Cambrai ne peut s'ex-
pensé. Si je faisais autrement, j'achèverais de cuser après son aveu qu'on vient d'entendre,
convaincre le public qu'elle uicrilc le feu voilà : puisqu'il parait maintenant par là, en second
ma règle pour la justice et pour la vérité; venons lieu, qu'il veut encore aujourd'hui soutenir ces
à la bienséance. » livres, et qu'il n'y trouve de douteux que «ce
12. Toute celte règle de justice est fondée sur « langage mystique dont se sert M™^ Guyon
celte fausse maxime, qu'elle méritait le feu, ce dans ses écrits. » C'est un langage mystique
encore qu'elle eût par écrit,
détesté, même d'avoir dit dans son Moyen court que l'acte d'a-
et les erreurs dont convaincue etelle était bandon fait une lois ne se doit jamais réitérer •
;
celles qui suivaient du sens naturel de ses c'est un langage mystique d'avoir renvoyé aux
paroles. Du reste, c'était un fait bien cons- états inférieurs de la contemplation celle des
taniqueses livres et sa doctrine avaient scan- attributs particuliers et des persiumcs divines
dalisé toute l'Eglise llome même s'était ex-
: sans en excepter Jésus-Christ 2, c'est un langage
pliquée et tant de prélats en France et ail-
; mystique de supprimer tout désir jusquà celui
leurs en avaient suivi l'exeuiple, qu'on ne pou- du salut et des joies du paradis, pour toute vo-
vait plus dissiundcr le mauvais effet de ces livres lonté d'acquiescer à la volonté de Dieu connue
et le scandale (juils excitaient par toute la terre. ou inconnue, quelle qu'elle soit pour notre saint
CependanlM. de Cambrai, qui les avait donnés et celui des autres, ou pour notre damnation >*.
pour règle à ceiLX qui prenaient confiance en Tout le reste, qui est tiré du iloi/eii court et de
lui, aujourd'hui encore ne veut pas en revenir. V Interpréta lion du Cantique, dans le livre des
De peur de les condamner, il romp toute me- itats d'ordisui», quui(|u'il ne soit pas moins m,ui-
sure avec ses confrères el il ne veut pas qu'on : vais, est un langage mjslique selon .M. de Cam-
voie son aveugle attachement à ces livres perni- brai. Il est vrai mais ce tangage mystique est
;
cieux! La suite le fera paraître beaucoup da- celui des faux mystiques de nos jours, d'un FaU
vantage. Maintenant il tul'litde vitirdeux choses coni d'un .M )linos, dnn .Malaval auteurs con-
, ,
qui résnliont de son discours l'une, qu'il a : damnés, mais non celui d'aucun mystique ap-
a laissé estimer M"'° Guyon par des personnes prouvé. Voilà comme M. de Cambiai excuse les
illustres, dont la réputation est chère à l'Eglise, livres de M'"° Guyon. Prendre à la lettre el se-
et qui avaient conliance en lui. » Il ajoute « ,1e : lon la suile de tout le discours ce qu'on en vient
n'ai pu ni dn ignorer ses écrits. » C'est donc de rapporter el tout ce qui est de même esprit,
avec ces écrits qu'il l'a « laissé estimer » par ces c'est suivre le sens que ce prêtai vent appeler
personnes vraiment illustres « (|ui avaient con- rigoureux, (pn)i(in'il soit le sens naturel. eli|u'il
« fiance en lui; « en im mot, (lu'il conduisait. entreprend d'excuser pour laisser en auloiité ces
Elles estimèrent M""-' Gnyon et ses éci'ils avec mauvais livres encire (jn'il seule si bien en sa
:
l'approbation de M. l'ai-clievèqne de Cand)rai, conscience (in'il ne les peut jusiilier (pie pour
alors iM. labi)!'! de l''i'iii.'lon : r.)i"iiso!i (|u'i, leur les sauver, il a recours à cette méthode iaonie
conscilluil clail celle que M"'" Guyou enseignait ' V. Instr. lur le$ élati dor., I. I. — ' Liv. u. — ' Uv. m.
120 ULLATION SUR LE QUIliTISME.
de jugerdii sens d'un livre par la connaissance livre où je pourrai parler avec plus d'étendue?
particulière qu'on a des sentirn;;nts de l'auteur, Non : j'aurai l'air d'un homme muet et con-
el noii |ias <le> si'uliniiiits d'un auteur par les fondu, on tiendra ma plume, on me fera expli-
pariili's lie sou livre. Cusl a ijuoi aboutissent quer dans l'ouvrage d'autrtii; |)ar une sini; le
loulis les belles excuses (II- M. deCand)rai. Muis approbalion.j'avoucrai que mon amie est évidem-
enlin cusius ri;;uureux, couune il l'appelle, est ment un monsire sur la que le venin de
terre, et
celui (|ui avait frappe et scaud alise tomelaclirc- ses écrits ne peut être s jrli que de son cœur.
tieute: el léiioudre si liauteuienl nue M^'Guyou Voilà ce que mes iiieilleurs anus ont pensé pour
n'y avait jamais pense, c'est, encTe un coup, mon honneur. Si les plus cruels ennemis vou-
vouloir juyer de .-es paroles par ses pensées, et laient me dresser un i)iége pour me perdre,
non pas de ses pen>ées par ses paroles; c'est ou- n'est-ce pas là précisément ce qu'ils me devraient
vrir la |iorle anxêi|uivoi|ueb les plus grossières demander? »
et fournir des excuses aux plus mauvais livres. 17. Comment ne songe-l-il pas qu'au milieu
14. Il est vrai que c'est la encore aujourdliui de ses excuses, chacun lui répond secièlement :
la méthode deM. de Cainbrui.qui veulqu'oa de- Non, voire amie ne mériLiit point d'être « brû-
vine ce qu'il a pensé dans sou li\re des Maximes, lée avec ses livres, » puiscju'elle les condamnait;
sans avoir daigné en dire un seul mol et ; votre amie n'était pas même « un mon>tre sur
ilne faut pas s'élonncr qu'après avoir jusliilé la terre, > mais une femme ignorante qui, éblouie
M"" Guyon par une niélliode aussi fausse que d'une spécieuse spirilualilé, tiom[)ée par ses di-
celle qu'on vient d'entendre, il encore
la fasse recteurs, applaudie [)ar un homme de votre im-
servir à se juslilicr lui-uiéine. Mais venons à ce l>orlan"e, a condamné son erreur quand on a
qu'il ajoute sur la bienséance. pris soin de l'instruire. Cet aveu ne pouvait
l'ai connue
15. € Je je n'ai pu ignorer ses
: qu'édifier l'Eglise et désabuser de ses livres ceux
dû m'assurcr de ses senliinenls, moi
écrits. J'ai qu'ils avaient setluits M. rarchevêtjue de Cam-
:
prêtre, moi jirécepteur des princes moi ap[)li- , iJiai ncùl fait qu'approuver une conduite si
qiié depuis ma jeunesse à une étude continuelle jusle; mais une crainte mal entendue de diffa-
de la doctrine j'ai dû voir ce qui est évident.
; mer son amie et de se dilJ'iimer lui tenait Irop au
Il faut donc que j'aie du moins toléré l'évidence cœur. Ce qu'il appelle diffamer son amie, c'est
de ce sNstème impie? ce qui lait l'encur et qui d'enlendre ses livres naturellement comme fai-
me couvre d'une éternelle confusion. Tout noire saient ses confrères, comme lai^aii tout le monde
commerce n'a même roulé que sur celle abo- qui les condamnait. 11 ne voulait pas faire senlir
minable spiritualité dont on prétend qu'elle a à ses amis qu'il leur avait mis en main un si
rempli ses livres, et qui est rame de tous ses mauvais Hmc. C'est là ce qu'il appelait se dijja-
discours. En reconnaissant toutes ces choses par mer : et on s'étonnera à présent de lui voir faire
mon a|i|irubation je ine rends inliniment plus
, tant de pas en arrière sans le vouloir avouer? Il
inexcusable que Guyon. Ce qui paraîtra du
.>!""
craint trop, non pas de se diffumi'r, mais d'avouer
premier coup d'uni au lecteur c'est qu'on m'a , une laiite. Ce n'est pas là se diffamer; c'est s'ho-
réduit cl souscrire à la diflamation de mon amie, norer, au contraire, et réiiarer sa réputation
dont je n'ai pu ignorer le système monstrueux blessée. Etait-ce un si grand malheur d'avoir été
qui est évident dans ses ouvrages de mon pro- , trom|>é par une am;e? M. l'archevêque de Cam_
pre aveu. Voilà ma sentence prononcée et signée brai sait bien encore aujourd'hui laire dire à
par moi-même à la tête du livre de iM. de Meaux, lîome qu'à peine il connait M"-' Guyon. Quelle
où ce système est élalé dans toutes ses horreurs. conduilel à Kome, il rougit de cette amie; en
Je soutiens que ce coup de plu. ne donné contre France, où il n'ose direipi'elle lui est ineoiuuie,
ma conscience par une lâche polilicjue me ren- plutôt que de laisser lletiir ses livres, il en ré-
drait à jamais infâme et indigue de mon mi- pond et se rend garant de leur doctrine, quoique
nistère. déjà condamnée par leur auteur.
16. c Voilà néanmoins ce que les personnes 18. Que dire donc? Que M"" Guyon a sous-
les plus sages et les plus alTeclionnées pour moi crit par force sa condamnation? Est-ce une force
ont suuhailé et préparé de loin. C est donc pour de la souscrire dans un iuona>tère, où elle s'était
assurt:rma réputation qu'on veut cpie je signe renfermée volontairemenl pour y èlre in>truile.'
que mon amie mérite d'être bridée avec ses Est-ce une force de céder à autorité des évê(jues
I
écrit», pour une spiritualité exécrable qui fait qu'on a choisis pour ses docteurs? Mai^ puu-
l'unicpie heu de notre auiilie. .Mais encore com- vail-on conclaïuner plus expressément ces mau-
ment est-ce ipie je mexplii|Ui>rai là-dexsus? vais li\res que de sousiiiie à leur juste et sé\èrc
scia-co librement selon mes pensées et dans ua censure? Celait, dit-on, laire avouer à Ai.deCam
RELATION SUR L': QUIl^JISME. 121
brai une tromperie trop forte. Quel reuiètic? Il une fois, que vous soyez assuré que sa recon-
est constant par la connuune déclaration de
,
naissance n'est pas sincère; ne vous brûlez pas
toute la chrétienté et par la reconnaissance de vous-même; sauvez les personnes, condauniez
M'"" Guyon, que sa spiritualité est condam- l'erreur; proscrivez, avec vos conirères, les
M. de Candjrai, que « tout son commerce avec >» terre, et finissez une affaire qui trouble l'Eglise.
M""^ GuNon « roulait sur cette spiritualité » 20. a. Après tout, » poursuit M. de Caudjrai,
qu'elle avait elle-uiènie condaumée , et qu'elle « lequel est le plus à propos, ou que je réveille
taisait < l'unique lien de cette amilié » tant van. dans le monde le souvenir de ma liaison passée
tée. Ui'elle léponse à un aveu si formel? Que avec elle, et que je me reconnaisse ou le plus in-
dire à ceux qui objecteront : On ce connuerce sensé de tous les hommes pour n'avoir pas vu
uni par un tel lien était connu, ou il ne l'était des infamies évidentes ou exécrable pour les ,
pas? S'il ne l'était pas, M. de Cauibrai n'avait avoir tolérées, ou bien que je garde jusqu'au
rien à craindre en approuvant le livre de bout un profond silence sur les écrits et sur la
M. de Meaux; s'il l'était, ce prélat n'en était que personne de M"'° Guyon, comme un hounne
plus obligé à se déclarer, et il n'y avait à crain- qui l'excuse intérieurement sur ce qu'elle n'a
dre que de se taire ou de biaiser sm- ce sujet. pas peut-être assez connu la valeur de chaque
19. M. l'archevêque de Cambrai semble avoir expression ni la rigueur avec laquelle on exa-
,
prévu cette objection, et c'tst pom-quoi il conti- minerait le langage des nnstiques dans la suite
nue en cette sorte; car je n'omets aucune de ses du temps, sur l'expérience de l'abus que quel-
paroles « On ne manquera pas de dire que je
: ques hvpocriles en ont fait? En vérilé, lequel est
dois aimer l'Eglise plus que mon amie el plus le plus sage des deux partis? »
où il ne s'agit plus que d'une femme que je veux Cambrai promet ici on verra bienlôt les maux
:
bien laisser diffamer sans ressource, pourvu que qu'un silence si déterminé cause à l'Eglise. Après
je n'y prenne aucune part contre ma conscience. cette remarque nécessaire au fait, contimions
Oui, je brûlerais mon amie de ma propre main, la lecture de l'écrit du jjrélat.
et je me brùleiais moi-même avec joie, plutôt 22. «On ne cesse de dire tous les jours que les
que de laisser l'Eglise en péril. C'est une pauvre m\sli(iucs, même les plus approuvés, ont beau-
leunne captive, accablée de douleurs et d'oppro- coup exagéré on soutient même que saint Clé-
:
se sé[iarer d'avec ses conirères et ne montrer , j'en suis convaincu par des preuves aussi déci-
pas à toute l'Eglise le consentement de l'épisco- sives quetermes qu'on reprend dans sis
les
« pauvre captive » dont il déplore le sort, et mes de M""^ Guyon ne sont qu'équivoques les :
(pi'ou laissât par pitié lortilier un parti qui ne évèqucs et le Pape même n'ont condamné ses
s'étend déjà que trop! Que sert de dire « Oui, je livres que parce (pi'ils ne les ont par bien eii-
« brûlerais mon amie de mes propres mains, je leiulus. Nous voilà ramenés en sa faveur aux
« me brûlerais moi-même? » Ceux qui brûlent malheureuses chicanes de la question de l'ail et
tout de cette sorte le font pour ne rien biùler : ce de droit. M. de Cambrai en est l'aiilenr, et il n'a
du but
sont de ces zèles outrés où l'on va an delà plus(iueeelte ressource pourdéfeiidiOiM"'*' (ùiyon
pour ptisser par-ilessus le point essentiel. Ne contre ses conhèresel conhe Konie même.
brûlez point de votre |UO|iie main M"'° Guyon, 23. Voici en cet élal comme il Iriouiphe, en
vousseriez irrégidier; ne brûlez pdiut une feuuue disant saii.i interruplicu « Qu'on obserxe do :
qui témoigne se reconnaître, à moins, encore près loulc ma conduite. A-t-il élé question du
138 RELATION SUU LK QUIÉTISME.
fond lie ia (loclrinc? J'ai d'aboni dit à M. de qu'il commence h me donner ; celte ign.UMnce
lleaiix que je sigiieiais de mon sang les Ireiilc- luoloiide rpi'il attribue à l'écilc, dont il fait sem-
qiiahv arliclcs qtrii avait dressés, potirviiqn'il bl.ud iiiainlenaul de vu iloir suuleuir l'auiori'.é»
y e.\|ili(|iiàt icrtaincs ciioses. M. l'airhcvèqne de ces divisions qu'il fait sonner si haut, sans qu'el-
i'aris pressa Irùs-I'orlcnicnl M. de Meaiix sur ces les aient jamais en le mniudre fondement, entre
choses, (|iii lui parurent justes et nécessaires. M. de ChAlou.., qui hit (d)lif:é h me presser Irès-
M. tic Mcaux se rendit, cl je n'Iiésilai pas un foitenienl, et moi. qui lui ré>islais et ne cédais
seul nionient h siuner. Maiiiteiianl (pi'il s'aj^it (|u'à la force. Ces faits et les autres sont de la
de (lélrir par contre-coup mon miuislèrc avec dernière conséquence (pic le sfige lecteur s'en
:
ma i)ersonne, en flctrissant M""= (iiijon avec ses souvienne. Mais, afin de les mieux comprendre,
éciils,on trouve en moi une résislance invin- achevons .s;ins interruption la suite de l'écrit
D'où \ienl celle (jiflérencc de conduite?
'iliic. que nous lisons.
Esl ce que j'ai été laii)le et timide (piand j'ai si- !2G. a Depuis quej'ai signé Ies3i propositions,
gné les trenle-(|Matie proposilions ? On en i)ent j'ai déclaré, dans toutes les occ.isions qui s'en
juixer par ma l'ermcté présenle. E^l-ce (|iie je .sont présenli'es naturellement, que je les avais
reliisc mainlenaid d'approuver le livre de M. de signées, et que je ne croyais pas (|u'il fût jamais
Meaux par entèlemenl et avec un esprit de ca- permis d'aller .au-delà de celle borne.
l),ile? On en peut ju^icr par ma facilité à siiiner 2'. « Ensuite j'ai moiilré à .M. l'archevôque
les treule-qiiati-e proposilious. Si j'étais entélé, de Paris 'ine expliead >n très-ample et très-
je le serais liien plus du loml de la doctrine de exacle de tout le svstèuie des voies intérieures,
M'"''(;u\on rpie de sa personne. Je ne pourrais à la marge des 3i propositions. Ce prélat n'y a
même, dans mon etdéternent le plus ridicule et pas remarqué la moindre erreur ni le moindre
le plus daii;:ereiix, me soucier de sa persomie excès. M. Tronson, h qui j'ai montré aussi cet
que je la croirais nécessaire pour l'a-
qu'aulaiil ouvrage, n'y a rien rc|)ris. » Reiuarcprez en pas-
vanccmeid de la doclrine. Tout ceci est assez saut, dans le fait, qu'il n'y a ici nille meniion
évident par la conduite (pie j'ai ternie. On l'a de m'avoir commimiipié ces explications, dont
condamui'>e, renlermée, ciiarfiée di^nitminie ; en elTel je n'ai jamais entendu parler.
je n'ai jamais dit un seul mot pour la justifier, 28. " 11 y a environ six mois qu'une Carmélite
jiour rexcuser, pour adiuicir son élal. Pour le du faubourg Saiul-Jaccpies me demanda des
fond de la doclrine, je n'ai cessé d'écrire et de éclaircissemenls sur celle matière. Aussitôt je lui
ciler les auleius approuvés de l'Eudise. Ceux (écrivis une grande lellre (pie je fis examiner
qui ont vu noire iliscussion doivtMil avouer (pie par .M. Il me
proposa seulement d'é-
de .Meaux.
M. de .\leau\.<pii voulaild'aliord tout loudro\er, viter un moliiidilTcrent en lui-même, mais que
a éléconlraint d'admellre pied à pied des chose ce prélat remaniuait qu'on avait quel(|uelois
qu'il avait cent luis rejelees comiiie très-mau- mal ein|)loyé. Je l'ùlai aussitôt : et j'ajoiiLii en-
vaises. Ce n'est doue pas de la personne île core des explications plcimvs de préservatifs,
M""" Guyon dont j'ai été en peine et de ses écrits: qu'il ne demandait pas. Le laubourg Saiul-
c'est du fond de la doclrine des saints, trop in- Jacipics, d'où esl sortie la plus imiilacahle criti-
connue ;i la plupart des docteurs scolasliqiies. (pie des mystiiiues, n'a pas en un seul mol à
2i. « Dès que la doctrine a été sauvée sans (lire sur cette lellre. M. Pirot a dit hautement
épar;^ncr les erreurs de ceux qui sont dans l'illa- (ju'elle pouvait .servir de règle assurée de la
lusion, j'ai vu Iranquillemenl M""= (Jnuui eaj)- doctrine sur ces matières. En effet, j'y ai con-
tive et flétrie. Si je relu.se mainlenant d'appnui- damné toutes les erreurs qui ont alarmé quel-
ver ce cpie M. de Miaux eu dit, c'ji'sl que je ne (pics gens de bien dans ces derniers temps. «
veux ni achever de la déshonorer contre ma En il s'en faut beaucoup: au reste il ne
pas.sanl,
conscience, ni mi- déshonorer en lui imputant s'agit jias d'exauiiuer une lellre particulière,
(les hl.isphémes qui retombent inévitablement dont le dernier élal ne m'est connu que par un
sur moi. » écrit confus, mais voici qui commence à de\enir
"l"). Voilà tout ce qui regarde les raisons de bien esseuiiel.
M. l'archesécpie de Cambrai pour ne point a|>- 29. « Je ne trouve pourtant pas que ce soit
proiivermoii livre, ipi'il avait rivu pour cela. Il assez pour dissip(T tons les vains ombrageas, cl
en ré.iulle des laiU de la dernière consiMjiience je crois qu'il esl ni'cessaire que je me déclare
pour ciumaitre parrailcment l'esprit où était d'une manière encore plusaulheutiqiie. J'ai fait
d'abord ce prélat, et le chani-'euicnl arrivé dans nn ouvrage où j'explitpie à fond tout losjslème
s;i condiiile depui> ipi'il a été .uelie\ùipie. du des voies inlérieurcs, où je mar.iue d'une pari
eiilcud ce que \culciil dire ces airs loudru^aitls tout ce qui est conforme ù la fui, et fondé sur la
KELATION SUR LE QUlETISAiE. l-2«
Paris et h M. Tronson. Des qu'ils auront achevé les uns aux autres: pourquoi me séparer d'avec
de le lire, je le donnerai suivant leurs correc- ces messieurs, puisque nous avions eux et moi
tions. Ils seront les juges de ma doctrine, et on dressé ces Articles avec la parfaite unanimité
n'unprimera que ce qu'ils auront approuvé. qu'on a vue? pourquoi ne se cacher qu'à celui à
Ainsi on ne doit pas être en peine. J'auraisla qui, avant que d'être archevêque et dans le
môme confiance pour M. de Meaux, si je n'étais temps de l'examen des Arhcles, on se remet,
dans la nécessité de lui laisser ignorer un ou- tait de tout, comme à Dieu, sans discussion,
«
l'impression par rapport au sien. n'est pas pour mon avantage que je relève ces
31. «J'exhorterai dans cet ouvrage tous les mots; c'est pour montrer la louable disposition
mystiques qui se sont trompés sur la doctrine, d'humilité et d'obéissance où Dieu mettait alors
d'avouer leurs erreurs. J'ajouterai que ceux qui, M. de Cambrai. Qu'était-il arrivé depuis, qui
sans tomber dans aucune erreur se sont mal changeât sa résolution? est-ce à cause que je
expliqués, sont obligés en conscience de con- l'avais sacré ? est-ce à cause que non content de
damner sans restriction leurs expressions, à ne me choisir pour ce ministère, plein encore et
s'en plus servir, à lever toute équivoque par une plus que jamais des sentiments que Dieu lui
explication publique de leurs vrais sentiments. avait donnés pour moi, quoique indigne, il re-
Peut-on aller plus loin pour réprimer l'erreur? nouvelait la protestation de n'avoir jamais d'au-
32. « Dieu seul sait à quel point je souffre de tres sentiments que les miens, dont il connais
faire souffrir en celte occasion la personne du sait la pureté? Cependant, c'est après avoir si-
monde pour qui j'ai le respect et l'attachement gné les Articles qu'il en donne à mon insu « une
le plus conslaut et le plus sincère. » ample explication » à M. l'archevêcjue de Paris
33. C'est ainsi que finit le Aicmoire écrit de et à M. Tronson 2. Quant à moi, j'en serais
la main de M. l'archevêque de Cambrai. On en- Irès-content: mais quant à .M. de Cambrai, vou-
lait-il détacher et désunir les hères et les una-
tend bien qu'elle est la personne qu'il est si
D. ToM. VI.
130 UELATiON Mil i-M ury':TisMi:.
rnl. Mais, quoi! <in vnil étaler un roslc de con- bien déroule les bouimes lor.squ'on néglige les
fiaiKC ;iour un lioiiinie qui la méiilail Inulcu- moyens cerLiins et simples qu'on a en main, el
licn', iiiMiilanl (jn'on lui tadic l'cssonliol, cl ({u'ou se fie à son éloipience.
que, |)i)iu- avoir moins ilc U'-nioins îles varialions 5. « Je ne prétentls pas faire imprimer cet
lonli)rél:on nedt.il pas craindieiiuc néces.silé de lui lai.sser ignorer tm ouvrage dont
csl déjà
j'y(Mulredise M. de Mcaux: j'aimerais mieux il voudrait apparennnenl empêdicr l'impres-
sion par rapport au sien. Pourquoi la vou-
mourir que de doimer au |)ublic une scène si »
tous les autres, connue j'a\ais coninumiqué traires, et qu'il raisonnait sur des princii)es op-
celui (|ue je méditais. Je prends ici à témoin le po.sés à ceux dont nous étions convenus? c'est
ciel et la terre, que de l'aveu de M. de Cam- ce qu'il fallait prévenir. C'est peut-être i>ar la
brai, je n'ai rien su de ce qu'il tramait, et que jalousie de primer que je voudrais apparemment
j'ai les mams pures des scandaleuses divisions em[)êelier son livre de paraître: quelle marque
qui sont arrivées. avais-je donnée d'une si basse disposition?
3. Je ne parlerai de M. de
<> Mcaux que pour pounjuoi en vouloir soupçonner son confrère,
le louer el pour me servir de .ses paroles 2. » son ami, son consécralcur, à qui on ne peut re-
Qui iicnse-t-on amuser par ce discours aud)igu? procber que trop de prévention pour sa doci-
(jne font de vagues louanges dans un livre de lité? Si j'étais assez déraisonnable pour mon-
doctrine? Ne se serl-on pas tous les jours des trer une si bontcuse jalousie, el pour faire de
paroles d'iui auteur contre lui-même et pour le vains procès h M. de Cand)rai, M. de Paris et
combattre? Ainsi M. de Cambrai ne rassurait M. Tronson ne m'auraient-ils pas confondu ?el
pas le monde contre les dissensions (ju'on avait parce {\uapparem)m'nt ^c contredirais, sur cette
à ciaiudre de son livre, el encore mi coup j'en conjecture, sur celte apparence, on basarde
suis iiniocent. efreelixenient le plus grand scandale qu'on put
Meaux, el je puis répoudre qu'il sera content de Mais d'où vient ce changement de con-
G.
mou ouvrage quand il le verra avec le|iublic. » duite? Celui à qui on défère tout durant la dis-
Quoi ! il sait si bien mes pen.sées qu'il ne daigne cussion des dont on attend le
matières, celui
pacilique, il cioyail (jucje laisserais loul pas- marque de confiance en lui demandant sou ap-
ser? Ne songeail-il pas (jnc la discrétion, la jia- probation, el en soumettant mon livre à son
lience, condescendance, surtout dans les
la e.xamen; mais il lui est arrivé, qu'élevé à celte
matières de la foi, ont des bornes au delà des- sid)lime dignité, il a voulu tourner à ses fins
quelles il ne faut pas les pousser? On axait un cachées les Articles qu'il avait signés; et il a
moyen .sùrcttntrc un aussi grand mal, (jui était lallu depuis oid)iicr ce qu'il avait promis à ce-
de se concerter, de s'eulendro, connue j'en don- lui des arbitres qu il avait clioi.sis, à qtù il avait
blic, et. loin de se laisser eniraiuer. on a vu aussi bien que dans celle d'imposer au public;
un .soulèvement si universel, qu'à peine s'en M. tie l'aris lid a refusé loide approbation; il a
trouvera-t-il im pareil exemple. C'est ainsi (|ue domié sou approbation à mon li\re. On a vai-
UELATION SUR LE QUIÉÏISME. 131
neinent tenté de désunir ce que Dieu, je l'oserai n'est là qu'une illusion; c'en est une de propo-
dire, avait uni par la foi commune et par l'es- ser de faire écrire une femme qui ne devrait
prit de la tradition que nous avions cherché en. jamais avoir écrit, et à qui on a imposé un éter-
semble dans les mêmes sources. 11 est vrai que nel silence il faut se disculper soi-même en-
:
M. Tronson demeure d'accord de n'avoir point vers le public, et ne pas prendre de vains pré-
obligé M. de Cambrai à me donner son appro- textes pour s'en excuser.
bation; mais enfin tout dépend de l'exposé. M. 10. Il profondément attaché à soutenir
est si
de Cambrai exposait qu'il ne pouvait approuver la doctrine celte femme, qu'il avoue, non-
de
mon livre sans trahir ses sentiments; lui ré- seulement qu'elle est son amie, mais encore
pondre, sur cet exposé, qu'il ne doit pas ap- que tout son commerce et toute sa liaison avec
prouver, c'est la même chose que de conseiller elle étaient uniquement fondés sur la spiritua-
à quelqu'un de ne pas signer la confession de hté qu'elle professait '.
la foi tant qu'il n'en est pas persuadé. C'est pré- 11.11 est, dis-je, encore aujourd'hui si attaché
cisément ce que ftl. Tronson m'a fait dire; c'est aux livres de 31'"° Guyon, improuvés par tant
ce qu'il m'a dit lui-même: il a dit encore à de censures, qu'il affecte d'en
excuser les er-
plusieurs personnes, et à moi-même en pré- reurs comme un langage mystique, comme des
sence d'irréprochables témoins, qu'il croyait M. exagérations qu'il ose même soutenir par cel-
de Cambrai obligé en conscience de condamner les de quelques mystiques, et même de quelques
les livres de M™" Guyon, et d'abandonner son Pères 2; sans songer que ce qu'on reprend clans
propre livi'e; enfin tout était fini s'il avait voulu cette femme n'est pas seulement quelques exa-
passer par son avis; la preuve de ce fait serait gérations, ce qui peut arriver innocemment,
aisée, mais il vaut mieux ne s'attacher qu'à ce mais d'avoir enchéri par principe siu* tous les
qui décide. mystiques vrais ou faux, jusqu'à outrer le livre
8. On voit maintenant une des raisons pour- de Molinos même.
quoi M. de Cambrai, qui toujours conféra avec 12. Cependant, encore un coup, il demeure
M. de Paris et M. de Cliartrcs, a refusé con- si fort attaché à ces mauvais livres, qu'il vient
stamment de conférer avec moi. Il paraît déjà encore de déclarer dans ce Mémoire, qu'il pous-
par cet écrit, qu'avant môme la publication de sera sur ce sujet le silence jusqu'au bout. Il le
son livre, il ne songeait qu'à nous détacher; pousse en effet jusqu'au bout, puisque aujour-
mais la vérité est plus forte que les finesses des d'hui même, malgré tout le péril où il est pour
hommes, et on ne peut séparer ceux qu'elle avoir voulu excuser ces livres, on ne lui en
unit. peut encore arracher une claire condamnation.
9. « J'exhorterai les mystiques qui se sont 13. Pour achever ces réflexions sur les faits
trompés, » continue M. de Cambrai i, « d'a- constants, il faut encore observer la prodigieuse
vouer leurs erreurs; et ceux qui se sont mal ex- différence de ce qui se passait effectivement
pliqués, de condamner sans restriction leurs entre nous sur la signature des Articles, et de
expressions ; peut-on aller plus loin pour répri- ce qu'en raconte M. de Cambrai. Si je dis qu'il
mer l'erreur? » Qui doute qu'on ne le puisse et offrait de souscrire à tout dans le moment, sans
qu'on ne le doive, quand on a autorisé un mau- rien examiner, et par une entière et absolue
vais livre, un livre non-seulcmeiit suspect par- obéissance, je ne ferai que répéter ce qu'on a
tout, mais encore déjà condamné à llome et vu dans uules ses lettres ^ ; mais si je lis ce
ailleurs; quand on l'a « laissé estimer à des qu'il y a dans son mèiiioire, c'est tout le con-
« personnes illustres, » et qu'on s'est servi de traire; c'est lui qui nous enseignait, c'est lui
la confiance, qu'on avait en nous pour autori- qui nous imi)osait les conditions de la signa-
ser ce livre, encore qu'on ne pût le justifier que ture "»; j'étais un liounno dur et difficile, qu'il
par un recours à de secrètes explications que fallait que M. de Paris, alors M. de Cliàlons,
ceux à qui on le recommande ne devaient ni ne pressai Ircs-forUinciil, pour me faire revenir aux
pouvaient deviner; quand on allègue pour toute sentiments de M. de Cambrai. Je ne refusai
excuse, qu'on ne peut excuser ce livre qu'à jamais d'èlie enseigné d'aucim des moiiulre.>-
cause qu'on l'explique nneux qu'il ne s'expli- de l'Kglise, à plus forte raison des grands pré-
que lui-mèuio: est-ce assez d'oxiiortor, en gé- lats; mais pour cette fois et dans cette alfaire,
néral, les auteurs s'ils ont failli, à se reconnaî- je répèle, et bien le sait, (pi'il n'y eut jamai>
tre; cl s'ils ont parlé auiliiyiuMenl, à s'expli- entre M. de Cliàlons et moi la moindre diili
quer'/ Non, sans doute, ce n'est pas assez; ce
Sccl. 4, 11. l&- —'Jb-, 9, 13,20, 2a. — /*., 3 n. 3. — ' /A , 4,
iM RELATlOiN SUR LE QlJlÉTlSilE.
cullé : nous avions dressé les Ailiclcs tout d'une droyer, était contraint pied à pied d'admettre
Toix, sans aucune ombre de conlosinlion, cl ce qu'il rejetait. » Mais qui a vu cette discus-
nous r^jcWnics loiild'iuic voix Icssiihlilesiulor- sion? quel autre que nous y éUiit admis? par
prélalioiis de M. rarclicvc^qne de CaiM^rai, qui quel témoin me proii\erd-t-on que j'ai tant
Icndaicnt h rendre inulilcs loulcs nos résolu- varié? mais si j'avais à revenirde tantdecboses,
tions. M. de Cambrai n'avail-il à revenir de rien? pour
14. « Pour le fond de la doctrine, » dil-il •, moi je produis ses lettres et un Mémoire écrit
«je n'ai cessé d'écrire et d'écmilcr les ailleurs de sa main. Avouons qu'il fait deux person-
approu\és de l'E^Misc. » A ()iiel propos ce dis- nages bien contraires lisons les lettres qu'il :
cours? la (picslioii élail de les liioii cnlendre. écrivait durant la disciis.siou; il ne demandail
Qu'csl-cc cpic M. de Cambrai souiiicl ail h noire qu'un jugement après leipicl il n'oflrail dés le
jugen)cnl, si ce n'.'lail riiiler|)iilalion qu'il y Iirciiiicr mol que rétractation, que de tout
donnail? Mais h présent c'est loiit autre cbosc, quitter. Lisons le Mémoire (pi'il fait après sur
c'csl lui qui nous enseigne la Iradilion don- :
la même discussion ; non-seiilenn^nt M. de Cam-
nons gloire à Dieu ficela est; mais élait-ce nous brai n'a aucun sentiment duiil Ij lit eu à rêve,
qui demandions des arbitres de noire d( clriiie; nir, mais c'était à lui que nous revenions, et
(|ui ne demandions qu'une décision pour nous nous ne faisions que foudroyer à droite et à
y soumctirc, sans nous léserver seulement la gauche sans (lisceinenicnt.
moindre répliiiiic ^y qui pressions avec tant 17. « Ce n'élail pas, » dit-il ', « la personne
d'iiislancc<]ironnoiis prit au mot sur celle offre, de M"«^ Guyon dont j'ai élé en peine cl de ses
et qu'on mil notre docilité fi celle épreuve? écrits, mais du fond de la doctrine des saints
Uu'csl-il arrivé depuis (]ue M. de Cambrai écri- trop inconnue à la plupart des scolasliques. »
vait ces clioscs, si ce n'est que, devenu arche- Nous étions donc ces scul(isti(jues, à cpii la doc-
vêque de Cambrai, il n'a jikis voulu s'aslrciiidre trine des saints était si iiironnue, cl c'était .M. de
à la doctiiiic qu'il a\ail souscrite volontaire- Cambrai qui nous renseignait. Pendant la dis-
ment, qu'il a voulu varier, et qu'enfin il a ou- cussion, il se |ioitail pour disciple dcjiuisque, :
blié la soumission que Dieu lui avait mise dans dans un degré suiiéiicur, il veut proposer de
le ca^ur. nouvelles rc'-gles par ses explications, il se repcnt
Ceux qui ont vn notre discussion doivent
15. « d'avoir été soumis; et il parle comme ayant
si
cent lois rejetées comme très-mauvaises. « C'était en quoi nous avions besoin d'être insliuils;
donc moi (|tii enseignais une mauvaise doc- quelU^s erreurs enseignions-nous? avions-nous
Irine; celait .'i moi
cpi'il lall.iit donner des ar- conlestéquelquc partie de la doctrine des saints?
bitres M. de Cambrai, <jiii ne parlait que de
: demandions-nous des docleurs cl des arbitres?
soumission h nos scntiiiienls, était en ellét celui gardons-nous bien de nous glorifier, si ce n'c^st
qui nous enseignait; M. de Meaux voulait lnut en Notre-Seigneiir ne parlons pas de la défé-
:
fuuilicycr ; mais s'il était à la (ois si fulminant et rence (lu'on se doit les uns aux autres; un dis-
si iiiiu>le dans le temps de la discussion, j^our- ciple de Jésus-Christ fait gloire d'apprendre tous
quoi atleiiiliez-vous sa décision pour vous y les jours et de tout le monde; mais encore ne
soumettre? poiir<iiioi la demandiez-vous avec faut-il pas oublier le personnage que nous
laiil d'iiislaiice? pourquoi voidiez-vous écouter faisions, M. de Cliàlons, M. Tronson cl moi :
en lui, non pas un docteur que vous daigniez sans doute on nous regardait comme des gens
appeler tiés-giand, mais Dieu même ? Klaient- '•
d'une siire et irieproehalile doctiine, h cpii on
cc là <les paroles sérieu>es, ou des llatteiies et voulait loin délérer sur les mystères de l'oraison
des déii.sions? élait-cc des coups de loiidicque et du pur amour, c'esl-;V<lirc, sur des points
vous rcspecliez, cl un homme qui foudioNait très-essentiels de la foi M. de Cambrai lui- :
avouer que .M. de Meaux, qui voulait tout fou- lu. Mais en même Icmps «pie M. de Cambrai
' SctI. 4, n. 23. — 5 /t. 3, u. <—' Ib. 4, ii 23.— < Ib. 3, n. 4. ' AvcrI ,
y. 9, lliEupl. àf^ M.ir , p. 240, O^cl. ait, p. 2T0.
RELATION SUR LE QUIÉTISME. 133
s'attribue tant d'autorité et tant de lumière, arbitres qu'il avait choisis, et auxquels aussi il
Dieu permet qu'il nous découvre ses incerti- envoyait tous ses écrits : il recevait ce mouve-
tudes maintenant il ne vanle que l'école il
: : ment comme un mouvement venu de Dieu
ne nous accuse que d'être opposés aux (loclcurs qu'il poussa jusqu'à son sacie si après il oublie :
donc s'agissait-il alors? qu'est-ce qui avait intro- quand signé les 3i propositions? on en peut
j'ai
duit notre question? pourquoi avait-on choisi juger par ma fermeté présente. Est-ce que je
et demandé des arbitres auxquels on soumettait reluse par entêtement el avec un esprit de cabale
tout? n'était-ce pas pour juger de l'oraison et d'a[)prouver de M. de Meaux? on en peut
le livre
des livres de M"" Guyon? veut-on toujours juger par ma facilité à signer les 34 propo-
oublier et perdre de vue le point précis de la sitions. » A quoi servent les raisonnements
dispute? M. de Cambrai n'avait encore rien mis quand les faits parlent? Ces faits montrent une
au jour sur' cette matière ce n'était pas lui :
règle et une raison plus simple et plus naturelle
qu'on accusait; c'était M'"" Guyon et ses livres : pour juger des changements de conduite c'est, :
pourquoi se mèlait-il si avant dans celte affaire ? en un mot, d'être archevêque ou ne l'être pas ;
qui l'y avait appelé, si ce n'est sa propre con- d'avoir des mesures à garder avant que de
science qui lui faisait sentir que l'on condam- .>;i
l'ètie, et de n'en garder plus quand l'affaire est
nait les livres de M'"^ Guyon, qu'il avait tant consommée.
recommandés, il demeurait condamné lui- 23. Il nous fait valoir sa facilité « à laisser
même? Pourquoi composait-il tant d'écrits? condamner renfermer, charger d'o|)probres
,
était-ce ou pour' accuser, ou pour excuser et M""" Guyon, sans jamais dire un seul mot pour
pour défendre ces livres? C'était donc là notre lajustilier, pour l'excuser, pour adoucir son
question; et cependant, à entendre présenle- état. » 11 ne faut pas encore ici beaucoup raison-
ment M. de Cambrai, ce n'est pas de quoi il ner c'est naturellement et simplement que M™»
:
était en |)eine, c'était du fond de la « doctrine Gu)on par sa uuuivaise docliiue et par sa con-
« des saints. » Quoi! de la doctrine des saints duite inconsidérée, sans qu'alors on l'approfon-
en général; ou par rapport à ces livres si forle- dit davantage , étaitdevenue si ridicule et si
tement accusés? on nous voulait donc enseigner odieuse, que la prudence et les précautions de
que ces livres étaient confoiines à la doctrine M. l'abbé de Fénelon, même depuis qu'il fut
des saints; et que si on les accusait, c'était h nonnné archevêque de Cambrai, ne lui permet-
cause que les docteurs de l'école pour la plupart taient pas de se connneltre inutilement que dis- :
ignoraient cette doctrine que M"'» Guyon venait je, de se commettre? de se décrier sans retour
leur appicndre? pour la soutenir; et qu'il n'y avait de ressource
comme elle résulte des
21. Disons la vérité
ù qui voulait la défendre que dans les voies in-
faits etdes écrits qu'on vient d'entendre. Pen-
diiectes.
dant qu'elle écrivait devant nous connue la partie nous paraissait, par tous
2i. C'est ainsi qu'il
accusée, M. l'abbé de Fénelon écii\ait aussi avait secrètement entrepris
ses écrits, qu'il de
autant qu'elle, ou comme son avocat, ou comme
la défendre : c'est ainsi qu'il la défend encore
son inter()rèle quoi cpi'il en soit, pour empé.
aujourd'hui en soulenaut le livre des Maximes
;
SECTION VI. plus dire avec ceux qu'il avait choisis pour arbi-
tresde sa doctrine. l'eudant que nous offrions
L'histoire du livre.
de noire côté de toiil couccrler avec lui, que
i. Ce livre qui devait être si bien concerté nous le faisions en effet, que nous mettions en
avec M. de l'arisel M. Tronson (car ponrmKijc ses mains nos conq)osilions, il a rompu toule
nYlaisplnsqiie celui qu'on ne voulait paséc(juler), union tant il était empressé de donner la loi
:
ce livre, dis-je, où l'cm .s'élailcnpaué.couiine on dans l'Kgli.sc et de louruir des excuses >^
,
a vu, h ne rien inellre qui ne lui liicn corri;ié cl M""Guyon; el il ne veut pas qu'on lui dise qu'il
approu\é d'eux, parut enllu loulàcoupau mois est la seide cause de la division dans l'épiscopat,
tre la parole (ornielle que M. de Cambrai lui avait nautés, les savants, les ignorants, les hommes,
donnée. Pour moi, qui me restreins sur cela les fennnes, tous les ordres .sans exception furent
uniquement h ce qui est public, j'observerai indignés, non pas du procédé, que peu savaient,
seulement que ne |ias voir l'approbation de et que personne ne savait à fond; mais de l'au-
M. l'archevêque de l'aiis;'i la tête de ce livre, dace d'une décision siambitieu.se; du ralfine-
celait en voir le relus; puisqu'aiirès les engage- meut des expressions, de la nouveauté inouïe,
ments que M. deCandjrai avait pris, il ne pou- de l'entière inulililé et de l'audjiguité de la doc-
vait pas ne l'avoir pas demandée ne parlons : trine. Ce fut alors (jue le cri public (il venir aux
donc plus de la mienne (pii n'était pas moins oreilles sacrées du roi ce que nous avions si soi-
nécessaire, jinisque j'étais l'un des deux prélats gneusement ménagé; il apprit, par cent bouches,
dont on promellait d'explicpier les |)riucipes. Il que M"" Guyon avait trouvé un défenseur dans sa
ne faut point perdre de vue celle promesse au- cour, dans sa maison, auprès îles princes ses
thentique dans l'Avertissemenl de M. l'archcvé- enfants; a\cc queldéplai-sir, on le peut juger de
(|iic de Cand)rai. On vit donc alors un livre qui la piélé cl (le la sagesse de ce grand prince.
devait décider des matières si délicates; démêler Nous |)arlàmos les derniers chacun sait les jus- :
si exactement le vrai et le faux; lever toutes les tes rcpproches ijuc nous essuyâmes de la bouche
équivoques, et réduire les expressions;! toute la d'un si bon maitie, pour ne lui avoir pas décou-
rigueur du langage théologique; |iar ce mo\en vert ce que nous savions de quoi ne chargeait- :
servir de règle à toule la s|>iritualilé :on vit, di.s- il pas noire conscience ? Cependant M. de Cam-
jc, paraître ce livre sans aucune ap|irobation, bial, dans un soulèvement si universel, ne se
pas même de ceux dont elle était le plus néces- plaignait que de nous et pendant que nous ;
saire, et de ceux ilont on avait promis de la étions obligés à nous excuser de l'avoir trop inu-
prendre, tilement servi, el (pi'il falliil enliii demander
2. Il ne sert de rien de réjjondrc que M. de pardon de notre silence qui l'avail siuivé, il fai-
Candnai avait bien promis de ne rien dire que sait et méditait contre nous les accusations les
M. de l'aris n'apiirou\;ll, mais non pas de pren- plus étranges.
dre son approbation par écrit car ce n'est pas ; 5. J'avais .seul soulevé le monde. Quoi ma !
la coutume de prouver une approbation par cabale? mes émissaires? l'oserai-je dire? je le
un fait en l'air on doit la montrer écrite et si-
: puis avec confiance et h la face du .soleil le plus ;
gnée, surtout quand celui de (jui ou la prend simple de tous les hommes, je veux dire le plus
eslintéressédans la cause; connue SI. l'arche- incapable de loule lines.se el de toute dissimula-
vêque de l'nris l'était manileslemeut dans le lion, (jui n'ai jamais trouve de créance que
nouveau livre, où, encore un coup, l'on pro- parce j'ai toujours marché dans la créance ecim-
mettait dans la préface du livre qu'on expli- muue ; tout à couj) j'ai couru
hardi dessein de
le
toute l'Eglise en combustion. Il a mieux aiuu^ car tout prenait feu ; toule rEuro|)e et Rome
s'y cx|)0scr, et l'exécuter en effet, (]ue de couvr- même, où l'étonnemcnt universel, pour ne
iiir avec ses amis, avec ses couliél'cs, pour ne rieu dire déplus, fut porté aussi >ile que les
,
,
nouvelles publiques; ce que les puissances les La première chose qui parut, à l'ouverture
9.
plus accréditées, les plus absolues ne sauraient du de M. l'archevêque de Cambrai
livre ,
accomplir, et n'oseraient entreprendre, qui est fut une manileste affectation d'excuser les mys-
de faire concourir leshomtnescommeen un ins- tiques nouvellement condanmés, en les retran-
tant dans les mêmes pensées, seul je l'ai fait sans chant jusqu'à trois fois de la liste des faux spi-
me remuer. rituels'.On reconnaît ici celui qui avait promis
6. Cependant je n'écrivais rien; mon livre, de « pousser le silence jusqu'au bout » sur le
qu'on achevait d'imprimer quand celui de
,
sujet de M'"" Guyon. On a montré ailleurs que
M. de Cambrai parai, demeura encore trois se- le Moyen court de cette femme n'était autre chose
maines sous la presse, et quand je le publiai, on qu'une explication plus expresse de la Guide de
y trouva bien à la vérité des principes contraires Molinos, principalement sur l'indifférence du
à ceux des Maximes des saints (il ne se pouvait salut 2 et qu'on avait même affecté de transcrire
;
autrement, puisque nous prenions des roules si dans ce livret les mêmes passages dont Molinos
différentes, et que je ne songeais qu'à établir les dans sa Guide faisait son appui entre autres, ;
Articles que M. de Caminai voulait éluder); mais une lettre du P. Falconi qui a été censurée à
pas un seul mot tourné contre ce prélat. Rome 3. Ainsi pour sauver 31"'" Guyon il fallait
7. Je ne dirai de mon livre qu'un seul fait pu- sauver Molinos et c'est pourquoi M. de Cambrai
;
blic et constant; il passa sans qu'il y parût de l'avait épargné dans les Maximes des saints. Il
contradiction. Je n'en tirais aucun avantage; est vrai qu'il n'osa se dispenser de condanmer
C'est quej'enseignais la théologie de toute l'Eglise; nonnnéiuent cet hérésiarque dans sa lettre au
l'approbation de M. de Paris et celle de M. Char- Pape. Mais il n'y parla que des 6(S propositions de
tres y ajoutaient l'autorité que donne naturelle- ce malheureux, et affecta de se taire sur la Guide
ment, dans matières de la foi,
les le saint con- qui était l'original du nouveau quiélisme et du
cours des évéques. Le Pape même me fit l'hon- Moijen court. Pour ce dernier livre, bien éloigné
neur de m'écrire sur ce livre que j'avais mis h de condamner, il l'excusait dans la même
le
ses pieds sacrés, et daigna spécifier, dans son lettre, en comprenant son auteur parmi les mys-
bref, que «ce volume avait beaucoup augmenté tiques, « qui, » dit-il*, « portant le mystère de
<f la bonne volonté dont il m'honorait » on peu! : la foi dans une conscience pure, avaient favorisé
voir ce bref dans ma seconde édition; on peut l'erreur par un excès de piété affectueuse, par
voir aussi dans le bref à M. de Camljrai, s'il y a le défaut de précaution sur le choix des termes
un mot de son ne regarde
livre; cette différence et par une ignorance pardonnable des principes
pas ma personne c'est un avaulage de la doc-
: de la théologie. » Il ajoute que ce fut là le sujet
trine quej'enseignais qui est connue par toute la du zèle de quelques évêques', et des 34 pro-
terre, et que la ciiaire de saint Pierre autorise et positions ; quoique ces propositions et ces cen-
favorise toujours. sures n'aient jamais eu pour objet que M""= Guyon
Les affaires parurent ensuite se brouiller
8. et Molinos. V^oilà les prétendues exagérations,
un peu. C'est la conduite ordinaire de Dieu con- les prétendues équivoques, en un mot, le pré-
tre les eiTeurs. 11 arrive à leur naissance au pre- tendu langage mystique qu'on a vu qu'il prépa-
mier abord une éclatante déclaration de foi. rait pour refuge à cette fennne et il présentait ;
C'est comme le premier coup de l'ancienne tra- cette excuse au Pape même, pour en tirer ses
dition qui re|)Ousse la nouveauté qu'on veut in- avantages, si on eût voulu la recevoir.
troduire; l'on voit suivre a|)rès comme un second On voit, pour le Moyen court et les autres
10.
temps que j'appelle de tentation : les cabales, livres de M"'° Guyon, le même esprit d'indul-
les factions se rennicnt; les passions , les inté- gence, lorsque, parlant des censures de quelques
rêts |)arlagciit le monde; de grands corps, de évêques « contre certains petits livrets s » dont il
grandes iiuissances s'émeuvent l'éloquence :
n'osait se taire tout à lait devant le Pape, il
éblouit les simples; la dialectique leur tend des réduit ces mêmes censures à « quclquesendroils ,
lacets; une méla|)liysique outrée jette les esprits qui i)ris dans le sens qui se présente nalurelle-
en des pays inconnus plusieurs ne savent plus
; mout, méritent d'être condanmés". » Il semble-
ce qu'ils croient, et tenant tout dans l'indiUé- rait par là les condamner, si l'on ne se .souvenait
rcnce, sans entendre, sans discerner, ils pren- du sens particulier qu'il a voulu trouver dans
nent parti par humeur. Voilà ces temps que ces mêmes livres, malgré leurs pro|)res paroles,
j'ai)pellede tentation; si l'on veut, d'obscurcis-
sement. On doit ulti'u.lic avec foi le dernier
' Avcrt., p. 9, 11 ; Kxpli'-. des Max., p. 3fiO, Di'cl. «II., p. 270. —
J Voi/r: Rép. A quatre Icltrci do M. do CamlTni. — ' l'oyc- ln»lr.
tenqisuù la véiilé triomithe et prend inanilestc- tut les étais d'or., I. i. ' —
Upitl. nd Innoc. XI p- 61. — ' V(...(
ne les jugeant condamnables que clans un sens de ne nommer au Pape que Moiinos sans nom-
rigoureux, qu'il assurtMiiic leur aiilour n'a jamais mer M™ Guyon. 11 est vrai (ju'on a jeté à la
qu'il se ré>cr\ait de les excuser parce sens parti- avec Vl'lxpUcaHon du Cantique des caniiijuex.
culier qu'il vcul trouver dans le livre mal^ire les Mais après la liberté que M. de Cambrai s'est
paroles du
niOme. livre donnée de dire qu'on a inséré ce qu'on a voulu
11. Cependant, quelque peu qu'il en ait dit, il dans son texte, qui l'empécliera de désavouer
a tant de peur qu'on ne croie qu il ait passé con- une noie marginale dont le texte ne porte rien ?
damnation surleslivresdeM'"'Guyon,en|)arlanL et en tout cas il en sera quille pour condamner
dans sa lettre au l'ape des évcipics qui l'ont dansées livres « quebjiies endroits seulement, >•
censurée, qu'il ex|ili(iue, dans sa /îi /nuise à la en épargnant le fond qui est tout gàlé, et encore
Déclaration « qu'il ne s'a|)pnit> en rien sur
,
à les condamner dans ce .sens préleiidu rigou-
leurs censures, auxipielles il n'a jamais pris reux auquel il est caution que l'auteur n'a
,
sement, puis(|ue même ces paroles confirment Cambrai voudrait bien que l'on crut qu'il a écrit
l'affectation periJtNtuclle de supprimer la Guide queUpie lettre au Pape plus secrète et plus pré-
de s'arréler seulement aux 08 cise c'est poiinpioi dans la seconde édition de
:
de cet auteur, et
comme elles fai^ident le seul sa Réponse, il a supprimé ces mots « ma lettre :
propositions, si
est devenue publique » et il a voulu retirer •
sujet de la coudanmation du Saint-Siège sans ,
de certains pelitsli\retscensurés
« qu'il y a degrés inférieurs paraîtront souvent plu> par-
Pape
faites. On se trouve si éloigné du reste des
par les évéques, dont quelipies endroits, au sens
qui se présente naturellement, étaient condam_
hommes, et ils pensent si dilTéremmeiit. que le
insoutenables en tout sens, parce que ce qu'on \ des autres hommes, que l'éminenee de la per-
qu'où y veut deviner feelion, qui lait irgarderle proebain avec la plus
lit est pernicieux, et ce est
vie, qu'on couvre l'extérieur par des faiblesses pieux général des Chartreux a mise au jour. Le
apparentes : » ainsi parmi les défauts qu'elle ne temps est venu où Dieu veut que cette union soit
peut ni vaincre ni couvrir, elle flatte par ces entièrement découverte ; je n'en dirai rien davan-
superbes excuses la complaisance cachée qui lui tage, et jeme contente de faire connaître celui
fait tourner son faible en orgueil, et par le niênie par l'ordre duquel M™'' Guyon écrivait sa Vie.
moyen M. l'arclievèque de Cambrai entretient 20. A toutes les pages de cette Vie elle se
l'admiration des « justes qui la connaissent i. » laisse emporter jusqu'à dire : « Oh! qu'on ne
17. Que servaient dans les Maximes des saints me parle plusd'humililé; les vertus ne sont plus
ces beaux discours sm- les âmes prétendues par- pom- moi non, mon Dieu, qu'il n'y ait plus
;
obéissance, simplement en bien ou en mal, partout dans la même Vie les « manières ver-
comme elles parleiaient d'autrui 2 ?» Ne voit-on « tueuses» sont les manières imparfaites; «l'hu-
pas qu'il lallait trouver des excuses aux énormes milité vertu » est une luunililé feinte, du moins
vanteries d'une femme qui se disait revêtue d'un affectée ou forcée c'est là aussi qu'on trouve la
;
état prophétique et apostolique, avec pouvoir de source du nouveau langage où l'on dit qu'on ;
lier et de délier ; pleine de grâce jusqu'à regor- ne veut « plus les vertus comme vertus. » M. de
ger, et d'une perfection tellement suréminente Cambrai a adopté ces paroles i de là vient dans ;
qu'elle ne pouvait supporter le reste des hommes? ses écrits tout ce qu'on y voit pour rabaisser les
Quand de tels excès se découvriront, l'excuse en vertus : et de là vient enfui la violence perpé-
est toute prête dans le livre de M. de Cambrai ; tuelle qu'il fait à tant de passngi-s de saint Fran-
M™« Guyon aura parlé d'elle-même comme d'un çois de Sales, qu'il fallait entendre plus simple-
autre elle aura parlé par obéissance au P. La
;
ment avec le saint.
Combe, son du-ecteur à qui elle adresse sa Vie, , 21. Nous n'avionsricn dit d'approchantde tout
où se trouvent toutes les choses qu'on a rappor- cela dans nos Articles ces explications, ajoutées
:
s'il était devenu son père spirituel, elle avait de nos sentiments et de nos principes. Dans l'ar-
premièrement été sa mère c'était le seul à qui ;
ticle 33 nous avions tout dit sur les conditions et
elle communiquait la «grâce, quoique de loin,» suppositions impossibles il n'en fallait pas da-:
avec toute la » tendresse » qu'elle repiésente vantage pour véiifier ce qu'en avait dit saint
dans sa Vie , jusqu'à se sentir obligée, « pour la Clirysostome, et les autres saints, qui n'ont ja-
laisser évaporer, » de lui dire quelquefois: mais introduit ces suppositions qu'avec l'expres-
« mon fds, vous êtes mon (ils bien-ahué dans sion du cas iin|)Ossil)le. Mais ce quisuHisait pour
lequel je me suis plu uniquement. » Dieu lui les saints, ne ouflisait pas pour excuser M™°
avait pourtant donné « dans sa [)rison, et comme Guyon; ainsi pour la satisfaire il a fallu inven-
« le Iruit de ses travaux, » un aidre honnne ter le sacrilice absolu, dont jamais on n'avait
avec cette femme ont été connues du déhuit U. de Cambrai fait pcrna-ilie cet accpiics-
traire,
évêquc de Genève de sainte mémoire, Jean cement par undircdcur; cl (loiir le reiulre plus'
d'Aranllion, et l'histoire en est devenue [tubMipie volontaire, pour l'atlrilnuM à la plus haute paille
dans la vie de ce saint évêquc * , que le dodo et de l'àme, il l'appelle un sacrilice et un .saci ilico
qui sont incapables de tout raisounenienl, ni n'est pas meilleure <pie les autres, et M. l'arche-
mt^inc de leur représenter la boule de Dieu en vèquede Cambrai se verra conlraint de l'aban-
général. Il faut donc destituer de c(uisulalioii domier aussitôt (pi'on lui aura fait cette courte
des unies (pi'on suppose saintes, et leur oteravec réilexion : 11 n'est pas vrai que de reconnaître
qu'on mérite peine élernelle acquiescer
la raison le culU- raisouualile que saint l'aid cn-
la soit
sei;;ue : il laul lesli\rer à leurs cruelles pensées; ;'i .sa juste condamnalidu de la part de Dieu; car
clpour dire tout en un mot, à leur désespoir! loin d'y acquiescer, ce (jui est d'un dé.sesjjéré,
laienl des explications dontnoiis n'avions jamais plicalions changeaient tous les jours; celle à la-
eiitiudu jiarler, et qu'il fallait pourtant avouer quelle M. de Cambrai, en général, semble se
connue contenues dans nos articles d'issy, puis- tenir, est celle de l'amour naturel et celle du
(erme de i auquel il demeure d'accord
molif,
que c'élaicnl ces articles que M. de Cand)rai «
voidaitavoirexpliqués;laseconde, qu'il les clian- qu'il donne maintenant un nouveau sens lout
geail tous les jours, en sorte qu'elles ne sont pas difl'ércnt de celui de l'école. Je n'enlame point
encore achevées; la troisième, cpie visiblement celle malière, dont M. l'évèque de Chartres, par
elles conlenaienl de nouvelles erreurs. qui lesex|)lications ont passé fi nous, dira, selon
2. (Ju'avions-nous à laire de son amour natu- saïuiidence, ce qu'il trouvera à propos; mais je
rel, au(|iicl nous n'avions jamais soujié? et quand mar(]uerai seidcmentces (ails publics. La lellre
nous l'eu.-sions .idmis, que servait-il au dénoù' au l'aiie parut peu de mois après le livre, pour
ment des dillindtés? la principale de toutes était en adoucir les expressions; mais sans qu'il y filt
l'acMiuiescemeut à sa juste coudamualion du parlé d'amoiu" naturel, ni du nouveau sens des
mais M. l'aiclievéquede l'aris vient a motifs. » 'l'ôl après il vint en nos mains, par M.
coté de Dieu ;
il davanlaf^e pour nous empêcher de ri'cevoir 5. l'our tourner de ce côté-là toute la dispute,
des explicalious dontle livre qu'on vmdait nous M. de Cambrai publia à Rome et ailleurs, où il
faire excuser ne lir.iil aiicim secoius? voulid. la version latine de son livre. IU'allérait
3. D'ailleui> celle e\pli( alion e.sl si mauvaise, d'ime élrange .sorte en le traduisant presque :
qu'encore lout nouselleuu'ul cl dan.s la dernière parloul où l'on Irouve dans le livre le mol de
Icllrc (pii m'est adressée, AI. de Cand)rai la vient « propre intérêt, > commuilum ]iroiiiiutn le Ira- ,
de chauler. Dans celle dernière lellre '.acquies- ducleur a in.séré le mol de « désir » el« d'a|>pélil
cer à .sajuste condanmalion, ce n'est plus ac- mercenaire ; » appetitiotiis tiinrfiiaiiiv. .Mais
quiescera la perle de l'amour naturel, comme l'inlérét propre n'est pas un désir l'inlérél :
est donc altéré par ce changement. C'est à M. de son qui l'obligeait h.se corriger porte contre sa
Cambrai une vaine excuse de dire que c'est ainsi correction comme contre son premier discours-
qu'il l'entendait, puisque dans une version il 10. Je n'apporte (lue cet
exemple, quoiqu'il y
faut traduire siuiplenient les mots, et non pas y en beaucoup d'autres de cette nature; parce
ait
insérer des gloses. qu'il suffit de voir ici, par quelque preuve sen-
sible, que s'engager aux explications de M. de
6. Il y a aussi partout inséré le terme de « mer-
cenaire » sans l'avoir jauiais défini, et pour avoir Cambrai, c'était entrer dans des détours qui
lieu d'insinuer dans le livre tout ce qu'il vou- n'ont point de fin, puisqu'il ne cesse d'y ajouter
drait parun double sens qui règne partout. quelques nouveaux traits.
7. Dans la même version latine on traduit le 11. En voici néanmoins encore une autre
mot de « motif, » par celui « d'affection inté- preuve, ftl. l'archevêque de Cambrai a donné à
« rieure » appelitus interior : contre la signifi-
:
Rome deux éditions de sa Réponse à la Déclara-
cation naturelle de ce mot, qui est celle que l'on tion de trois évêques; l'une de 1697, sans aucun
doit suivre dans une fidèle version. C'était pour- nom, ni de l'imprimeur, ni de la ville; l'aulre
tant cette version que M. l'archevêque de Cam- de 1698, à Bruxelles, chez Eugène-Henri Frik :
brai avait supplié le Pape de vouloir attendre il V a de quoi remplir cinq ou six pages des ad-
plications non-seulement ajoutées à son livre, n'entrions pas dans des explications si variables !
mais encore qui n'y cadraient point. 12. Une dernière raison qui démontre l'incon-
8. Ceux qui n'ont pas vu cette version ni ces vénient d'y entrer, c'est que souvent ces explica-
notes, en peuvent juger par l'Instruction pasto- tionsne sont ((ue de nouvelles eneius. Je n'en
rale. On a niontrtr, par tant de preuves démons- rapporterai qu'un seul exemple, mais bien clair.
tratives, le peu de conformitéde celte Instruction M. de Cambrai ne sait comment distinguer son
avec le livre, qu'il n'y a plus que le seul M. de amour du quatrième degré d'avec celui du cin-
Cambrai qui l'ose nier; tant ses explications vi- quième ni comment conserver à ce dernier la
;
siblement sont forcées. Mais ce qui prouve l'in- prééminence qu'il lui veut donner, puisque le
certitude de ces explications, c'est que leur au- quatrième amour, comme le cinquième, « cher-
teur en paraît lui-mèmesi peu coulent, qu'il ne che Dieu pour l'amour delui-même, et le préfère
cesse de donner de nouveaux sens à son Instruc- à tout sans exception ', * portant même la per-
tion pastorale. reconnu, comme il a été
11 y avait fection et la pureté jusqu'à « ne chercher son
démontré dans ma Prélace 2, que «son amour propre bonheur que par rapport à Dieu 2 ; » ce
« naturel ne s'arrêtait [)oint à lui-même, qu'il quiestsi pur,(ju'oune peutaller au delà, ni pous-
« tendait à Dieu connue au bien suprême; » ser plus loin le désintéressement de l'amour.
qu'aussi les imparfaits, qui agissaient encore par 13. Je ne dis ces choses qu'en abrégé, parce
cet amour, « voulaient les mêmes objets, » et qu'elles sont assez expliquées ailleurs,et qu'on
que toute la différence n'était pas du côté de ne peut pas toujours répéter. Embarrassé decetle
l'objet, mais du côté de l'affection avec laquelle remar(|ue, (jui renverse tout son système parle
la volonté le désire 3; mais il a vu l'inconvéuient fondement, M. de Cambrai répond que l'amour
de celle doclrine, et dans les lettres qu'il m'a du quatrième degré, quoiqu'il soit justifiant,
adressées il ne veut plus que
''',
son amour na- remarquez ce mot, rapporte véritablement tout
turel soiUui amournalurel dcDieucu lui-n\ême, à Dieu, mais « liabilueiiemenl cl non pas ac-
ni autre chose que l'amour naturel d'un don « luellemcnl ^, » comiiie leciii(|iiièiue ;deiuênie,
créé, (lui est la béalitudc formelle. dit-il, que l'acte du pt-elié véniel est rapporté à
Mais en cela il se trompe encore. 1! n'est
9. Dieu, selon saint Thomas ', « lialiituellement et
pas permis de croire (pie, pour être un don créé, « non pas aeUielIcmenl. »
la « béatitude formelle, » c'est-à-dire la jouis- li. Celle réponse est inouïe dans l'école, et
sance de Dieu, puisse être désiiTc iialiuTlIcMieiit, contient deux manifestes erreurs la première :
parce (pie ce don créé est surnaliirel, cl que de ne faire l'auioiu' justifiant rapporté à Dieu,
l'amour n'en est inspiré que par la grûce, non que comme l'acte du péché véniel la seconde, ;
plus que l'amour de Dieu de sorte que la rai- : de faire rapporter liabilueiiemenl à Dieu l'acte
' Rp. ad tntioe. XI, p. 49, M. — ' Pr<5f. el-des». — » Ibid prop. '
M«x. dMuInli. p. B.— > /».. p. l?. —*t\fii> ci .î*iv . p. 49,
—
,
inAme du pâcM vr^niel : ce que personne n'a fait manquer à l'essentiel de l'episcopat, dont toute
uvaiil M tie Ciniil)rai. la giAce consiste principalement à dire la vérité:
15. L'enviir csl l'énorme; car si l'acte dn péché c'est contrevenir h la sentence du l'ape saint
véniel est lialiitiiclloiiieiit rapporté à Dieu, il Ilonnisd.is ' : « Ipite imprllil in errorem qui non
s'ensuit qu'on le peut couunellrc pour l'arnour iiislniit irjuornuti's : ccst pous.ser les sini|ilcs
de Hien, ce qui ùlc toule l;i uialiee du pi'iln" vé- dans de ne les pas inslriiirc; » sur-
l'en eiir (pie
niel. On peut donc hien dire aNCC .saint Tiiouias, tout dans le cas où l'on vous piei.d h témoin, et
que le péelié véniel n'eni|.ôelie point l'Iioiiune, qu'on se .sert de votre nom pour les trom|)cr.
ni Innnain indelininient, d'élrc rapporté
l'aele Quoi donc? de parler? c'(\st ce ipie nous avons
à Dieu connue lin dernière; mais que l'acte fait en toute simplicilé dans notre ni'claralion.
même dn pérlié véniel où .se trouve ce qui s'ap- Mais, dit-on, c'est nue censure anticipée point :
pelle le désoiilre, ivardiiiatio, soit rappoité lia- du tout; c'est une déclaration nécessaire de nos
biluellenient fi Dieu, c'est contre la nature de scnliii"'nls, quaiul on nous fo' ce à les dire. Qui
tout |)éché; etdu véniel, par conséipient. obligeait M de Cambrai h expliquer nos Articles
16. La règle que donne ici M. de Camhrai sans notre .'..eu? à nous citer en notre propre
n'est pas moins erronée: eetle règle est que des nom; et enfin à nous faire accroire que son li-
actes qui n'ont aucun ra|)portà la lin dernière, vre, où nous trouvions tant d'erreurs, n'est
et qui ne sont |»as rapportés A Dieu, « du moins qu'une plus ample explication de notre doc-
« iiahiluelleinent, » sont des pérliés mortels '
'•
trine? Lui est-il permis de tout enlie|irendre, et
mais de là il s'ensuit, en premier lieu, que tous n'avons-nous qu'à nous taire quoiqu'il avance
péchés sont mortels, pins(pie nul péciié ne peut contre nous? Ce ne .sont pas là des prétextes:
être en aucune sorte rapporté à Dieu; et secon- ce sont des raisons plus claires que le soleil.
dement, connue l'a remarqué M. de Paris, que de Cambrai n'est pas moins injuste quand il
31.
puisque ce (jui cnq)éche le péché \éniel de rom- geait à reconnaitieque c'est lui-même qui s'est
pre dans le juste (jui le eounnet le rapport du dénoncé par sa lellre au l'ajic, loisipi'il le prie
moins habituel à Dieu; c'est l'hahitude tic la cha- déjuger son livre personne ne l'avait accusé,
:
rité qu'il a dans l'âme; d'où, iiai' une contraire c'est lui-même qui se fait honneur d'avoir porté
raison, il s'ensuit ipie le iiaïen n'ayant pa> en lui l'allaire au Pape. Mous approuvons sa soumis-
ce prmcipe de charité hahituelle ni rien qui sion, mais nous ne pouvions dissimuler que
l'unisse à Dieu, par la règle de M. de Camhrai, c'était s;ins consentir à sii doctrine.
quoi qu'il las.se, il [lèche toujours morlellemenl- ly. « Pounpioi, « envoyer à Rome
» dit-il,
1". Ain.si les nouvelles explications étant de votre Déclaration? La répon.se vient dans l'es-
»
nouveaux détours pour s'éloigner de plus en prit à tout le inonde. C'est parce que son livre
plus de la veiité; y entrer c'était se jeter dans y avait été porté, qu'il l'y avait envoyé lui-
un lahjrinthc d'eireurs qui nest pas encore même, et qu'il écrivait au Pape que ce livre ne
fini. L'auteur ne lait point de livres (pi'il ne pro- contenait autre chose (|ue notre doctrine '; la
duise (|ueliiue nou\eaulé contre la saine théolo- sincérité permet-elle de di.ssimuler des choses
gie il semblait avoir
: rcjclc iiiivuluiitaire (lu'il si mais c'est qu'on voulait se plaindre,
claires?
avait admis dans le trouble de la sainte àuie de et qu'on n'en trouvait aucun sujet.
Jésus-Christ mais il est plus clair que le jour
;
;20. Ces plaintes sont eitilées par un seul mol, i
(pic dans ses derniers écrits il rélabht ce dogme elles aboutissent à dire (|ue nous avons voulu
im|)ie; j'en ai lait la denionslralion -, ipie je ne perdre M. de Cambrai Dieu le sait mais sans : :
répèle pas ; c'esl-à-diic, qu'il mai chc sans roule appeler un si grand témoin, la chose parle.
et sans principes, selon que le puus:>u le besoin Avant que son livre eut paru, nous en avions
pré.sent. caché les erreurs, jusqu'à snnlliir les reproches
18. il est évident que nous ne
par ces faits, qu'on a enlemlus après ipie ce livre a paru,
:
Pape, par une lettre commune, de faire juger main , voici en abrégé ce que je disais '
;
nos questions sans liriiit par ses tli(^ologicns, et « qu'après lanl d'écrits, il fallait prendre une
en allciulaiit de dcinom'er dans le silence pre- : voie plus courte, et où aussi on s'expli(pic plus
mièrcMicnt, il dit une chose dont je n'ai jamais précisément, qui est celle de la conlérence île
entendu pailer, et si Ihusse, qu'il en supprime vive voix; que celle voix toujours pratiquée,
lui-mcine les principales circonstances, comme et même par les apôtres, comme la plus ellicace,
il a paru dès le commencement de cette décla- et la plus douce pour convenir de quelque
ration'. Aussi est-il vrai, secondement, que la chose, « lui ayant déjà été souvent proposée, »
proposition était impossible : l'imputation qu'il je la proposais encore moi-même par cet éci t,
nous avait faite de sa doctrine était pul)lique dans « à condition d'en éloigner toutes mani rcscon-
son avertissement du livre des Maximes des tentieuses, et au péril d'êtie déclaré ennemi de
saints, il l'avait réitérée, sans notre participation, la paix, si elle n'était de ma part amiable et
dans sa lettre au Pape, quiélait publique, connue respectueuse. » Sur ce qu'il taisait semblant de
ill'avoue; et il y répétait une et deux foisque craindre ma
connue il l'appelait, je
vivacité,
sa doctrine était conforme à la nôtre ;
par con- lui alléguais l'expéiience non-seulement de ,
séipient notre conscience nous obligeait à le dé- mes conicrences « avec les ministres, mais en-
savouer aussi publiquement qu'il nous avait core de celles que nous avions eues quelquefois
appelés en témoignage. En troisième lieu nous ensemble à cette occasion, sans que j'y eusse
ne mettions point en question la fausseté de sa élevé la voix d'un demi-ton seulement. »
faire particulière entre M. de Cambrai et nous; mais j'espérais autre chose; j'espérais, dis-je, de
c'était la cause de la vérité, et l'affaire de l'Eglise, la force de la vérité, et d'une entière connais-
dont nous ne pouvions ni nous charger seuls, ni sance des manières de M. de Cambrai, que je le
la traiter comme une querelle privée, qui est ramènerais aux piinci|)es, Dieu par ma voix,
tout ce que voulait M. de Cambrai. Ainsi, sup- « clairement, amiablement, je l'osais dire, cer-
posé qu'il persistât invinciblement, comme il a tainement et sans réplique, en très-peu de con-
fait, à nous imputer ses pensées, tt qu'il ne von. férences, en une seule peut-être, et peut-être en
lût jamais se dédire, il n'y avait de salut pour moins de deux heures 2. »
nous qu'à déclarer notre sentiment à toute la 4. Tout ce qu'objectait M. de Cambrai, c'est
terre. Cette déclaration demeurait naturellement que je m'étais engagé à répondre par écrit à
soumise au Pape, connue tout ce qu'on fait en vingt demandes; ce que je trouvai ensuite à pro-
particulier sur Icsmalières de la foi ; c'était même pos de différer, à cause, disais-je, des équivoques
la lui soumellre que de la lui présenter, mais de ces vingt demandes qu'on serait longtemps à
cependant nous déchargions notre conscience ;
démêler, et à cause au temps trop long qu'il
et autant qu'il était en nous, nous rejetions des faudrait donner à écrire \e< réfutations et les
erreurs que noti'e silence aurait conlirniées. preuves ' ; » en ajoutant toutefois que a j'écri-
rais sans peine toutes les propositions qnej'au-
SECTION vui.
rais avancées dans la coiiféreuce, si on le de-
Sur les voies de douceur et les conrérences aimables.
mandait mais qu'il fallait coinm'iicer par ce
;
4. Que si l'on dit qu'il fallait tenter toutes qu'il y a de plus court, de |ilus décisif, de plus
voies de douceur, avant (pie d'eu venir à une précis b j'ajoutais encore, « de plus chari-
;
avons fait. M. raichevè(ine de Paris l'a démon- vive voix et le discours animé mais sim[)le, ni
tré si clairement pour lui et pour nous, ipie je la présence de Jésus Christ au milieu de nous
n'aurais rien à ajouter sur ce ac" lait, sans les lorsque nous serions assemblés eu son nom,
cusalions particulières par où l'on m'attaque. pour convenu- de la véi ité. »
2. Mais si l'on vent se convaincre par ses yeux 5. Tout le inonde était étonné de l'iidlexiblc
de la netteté de ma ccimluite, il n'y a (|u'à lire refus de M. de Cambrai pendaid six semaines;
l'écritque j'adrc.isai à M. de Cambrai lin-méme nous en avons des témoins (pi'on ne démeid pas,
trois semaines avant renv(ji de notre Déclara- et on s'empressait à l'envi de nous faite cou léiei'
lion. Si le lecteur, peut-être nu |ieu lro|) pressé, ensendtle. Je ne refusais aucune condition, l n
n'aime pas à être renvoyé à d'autres éciils, cl religieux de distinction, touché, connue tout h-
veut tout trouver dans celui qu'il tient en sa monde, de ce désir cliarilable de lallier les ê\ê-
ques, lira parole de moi pour lier une confé- a intérieures» : » on sait à quoi les faux spiri-
rence où il seniit. S'il n'avait dit qii'.'imoi seul tuels bien que les autres
les font servir, aussi
la réponse <iii'ii me rapporta, il faiulrail peut- choses qu'on vient d'entendre. SI. de Cambrai
être la lui laisser raconterai lui-niôine: ce fui, l'insinue et nous .sonunes peu con-
lui-même;
en un mol, cjue M. de Candjiai ne voulait pas .solés de entendre dire que la « voie de pur
lui
qu'on put dire (ju'il cliangeAt rien par l'avis de amour et de pure foi » (pi'il enseigne est celle
M. de Meaux. Si ce jjrt'lat ne veut i)as convenir « où l'on en verra moins que dans les autres:
••
pour l'amour de la vérité, ni les pleurer (pie par turellement un mauvais fond il n'y a\ait qu'à :
des larmes artilicirtises pour les déchirer ilavan- s'ex|ili(]iier simplement, ainsi ipi'on l'avait pro-
tage. Que ne venait-il à la coidérence éprouver mis. Tout ce qu'on a dit sur le sacrilice absolu
Ini-mémc la force de ces larmes Irateruellcs, et n'a causé que de l'endjarras dans l'article des
des discours (jne la cliarité, j'ose le croire, et suppositions impo.s.siblcs; el on eût dû se passer
la vériténous auraient inspirés? Nous atleudimcs de ces correctifs, qui ne font qu'augmenter le
trois semaines l'effet de cette nouvelle invita- mal témoin le dangereux correctif de la per-
:
tion; et ce ne fut qu'h l'extrémilé, et après suasion « non intime, mais apparente, » qui ne
avoir épuisé toutes les voies de douceur, qu'on sert qu'à excuser le langage de Molinos, comme
envoya la Dcclarution dont il faut dire encore il a été démontré ailleurs 2. Tous les lecteurs
• Prem.^cril, «ri. 0. —
«Max. Ues uinU, p. 77, «I, 92. —«Trois M.1X. des UinU, p. 123, U. — « Trois. iScrit. — Max., art. 3
<rtit. —Max dos «ainU, |>. 10, 77. (lui, p. SI, Xi. —
* Art. 12, faux.
,
le principe des manichéens '? » Quand on tire me fait cet archevêque, c'est qu'il ne méritait
de tels coups, on tire en l'air on passe par-
; pas d'être traité, étant soumis, à la manière dont
dessus le corps, et, à la manière des poètes, on on traite les pélagiens : comme si l'on ne s ivait
contente la juste aversion des fidèles contre le pas que ces hérétiques ont joué longtemps le
quiétisme, en leiu- donnant à déchirer un fan- personnage de gens soumis nièuie au Saint- ,
tins que j'ai en main, sous le titre à! Observatiuns « A Dieu ne plaise que je fasse la loi à mon su-
d'un docteur de Sorbonne, dit que « les jansé- périeur ma promesse de souscrire, et de faire
:
nistes se sont liés avec l'évcque de Meaux contre un mandement en conformité, est absolue el
M. de Cambrai, » et que « les autres évcqucs se sans restriction. » Que voulaient donc dire ces
sont unis contre lui comme contre une autre mots de la lettre du 3 d'aoïd « Je demanderai :
Suzanne, à cause qu'il n'a pas voulu entrer dans seulement au Pape qu'il ait la bonté de me mar-
leur cabale et dans leurs mauvais desseins. » Le quer précisément les erreurs qu'il condamne et
même écrit fait valoir M. de Cambrai « comme les sens sur lesquels il porte sa condamnation^
nécessaire pour soutenir l'autorité du Saint- afin que ma souscription soit sans restriction? »
Siège contre les évêques, par lesquels il est im- Sans cela donc la restriction est inévitable mais ;
portant de ne pas laisser opprimer un si habile c'est pousser le Pape et l'Eglise à l'impossible.
défenseur. » Nous sommes, dans d'autres en- Il n'y aurait jamais eu de décision s'il avait fallu
droits, les ennemis des religieux dont il est le prévoir tous les sens que la mauvaise fertilité
protecteur. On voit par là toutes les machines des esprits subtils aurait produits; à cette con-
qu'il a voulu remuer. Mais le Pape qui gouverne dition nous n'aurions eu ni Vliomousion deNicée,
l'Eglise de Dieu ne souflVira pas que rien affai- ni le théotocos d'Ephèse. On voit donc qu'il s'en
blisse la gloire du clergé de France, toujours si faut tenir à cette « sagesse modérée » de samt
obéissant au Saint-Siège. La vérité ne se soutient Paul 1 autrement on tombe dans les « ques-
:
évèqucs de Fiance, qui funt une [larlic si con- encore se plonger dans l'inipossibililé où toutes
sidérable de l'épiscopal, ce serait assez de désa- les décisions ecclésiasli(|ues sonléludées. S. M. de
vouer en l'air, quand on l'aurait fait, des ca- Caudjrai déclare qu'il sera soumis, et « qu'on ne
lonmics manilestes, après qu'elles auront eu le verra jamais, quoi qu'il arrive, écrire ni par-
leur elTet sur certaines gens, et si la justice et la ler i)our éluder la condanmation de son ou-
vérité ne demandent pas une déclaration plus vrage, » c'est en déclarant en même temps « qu'il
expresse et plus authentique. se bornera à demander au Pape une instruction
2. On vante , dans les mêmes écrits, le grand particulière sur les erreurs dont il devra se cor-
nombre d'évèques de docteurs qui favorisent
et riger. » A celle comlition, il proteste d'être
les sentiments de M. l'archevêque de Cambrai tranquille, « que sur le fait »
tant sur le droit ;
et que la seule crainte empêche de se déclarer, mais c'est après avoir aui)aravant dénoncé à tout
il faudrait du moins en nonuner un .seul; on l'univers que bien éloigné d'être en repos au de.
n'ose l'cpiscopat n'a [las élé iiilainé, et M. l'ar-
:
dans, il ne cessera de (piesliouner le Pape pour
clii'\è(pie lie Cambrai ne peut citer pour son luifaircdirc autre chose que ccqu'il aura ilècidé.
sentiment aucun docteur qui ait un nom.
3. Un des reproches les plus app:uvuls (jue I
I. 7. PI., I, 4. - ' U. 7im., Il, 21.
Ui RELATION SLll LE QUIEIISME.
aux termes grnrraux de st soniuisMon el, ; de mémoiies devant les aibilres choisis; et il
quoique la vérité me force?» romaripiercc qu'il n'a pas été nécessiiire (jue j'en repré.senlasse les
puiilie de mauvais,» j'espérerai toujours, «avec longs exil ails que j'ai encore ,
puis<pie la sub-
saint Paid, « ce qu'il y aura de meilleur: » stance s'en trouve dans le livre des Maximes des
Coulidimus meliora, tametsi ita lu(,uiiitur^. saints.
4. Pour avoir lieu de défendre ces livres per-
SECTION XI.
nicieux, dont le texte lui paraissait h lui-même
Conriusion.
si insoideuable, il a tallu avoir recours à un sens
1. Il a donc cnfm mysl^re
fallu réNéler le faux caché ipie celte femme lui adéouverl; il a fallu
de nos jours: le voici en abri ^é tel qu'il a paiu dire a mieux expliipié ces livres que ces
(pi'il
dans le discours précédent Une nouvelle pro- : livres ne s'expliquent eux-mêmes le sens qui :
elle entend la sienne qui est celle de Molinos^ de simples é(piivoques; ses excès sont d'inno-
sera établi avec ime suite de merveilles dont centes exagérations semblables à celles des
,
bles, sur la condanmation de ses livres et de la (]ue temps devant la pubileation de son livre :
doctrine qui y était contenue. et après tant de censures, on n'a pu encore lui
Clia.pie évéque doit rendre compte, dans le arracher une vraie condaimialiou de ces mau-
tcnqis convenalile, de ce (pie la disposilion de vais livies au contraire, c'esl pour les sauver
:
élévation, e^l entré dans ce malheureux mys- livre liesMaximes des saints, on y voil encore et
tère, el s'est rendu le délénseur , (pioiipie sou. Mme (Juyonet .Molinos tro|) faiblement déguisés
vent par des voies délournées, de celle femme jHinr être méionnus; et si je dis après cela que
cl de .ses livres. l'ouvrage d'une feimne ignoranle et visionnaire,
2. Il ne dua pas qu'il ait ignoré celle prodi- cl celui de M. de Cambrai maniresteuient .sont ,
gieuse el insensée couunnuicalion déglaces^ d'un seul et même dessein je ne dirai , après ,
ni tant de prétendues proplielies, ni le pn-tendu loul, que ce qui parait île -soi-même.
état apostoliijue de celle lenuue, lorsipi'il l'a, 7. Je ne le dirai qu'après <pie la douceur et
de son aveu piopre, « laissé estimer à laiu d'il- la charité ont fait leurs derniers efforts. On n'a
lustres personnes qui se liaient en lui » jiour point chicané Mme Cinon sur ses somnissions:
leur conscience. Il a donc laissé estuner ime on lésa rei;ues bounement, j'emploierai cemot>
fcnuneqiii pro|ilii''tis.iil les illusionsde soncu'ur. et en piésnmanl toujours pour la sincérité
Sa liaison iuliuie a\ec celle lenuue elail fondée el l'obéissance on a ménagé s<in nom, sa fa-
:
sur « .sa spiritualité , » el il n'y a point d'uulre mille, ses amis, .sa personne, autant qu'on a pu,
on n'a rien oublié pour la convcrlir ; et il n'y a
,
nous ne sommes que trop justifiés par les lails dont l'égarement semble aller jusqu'à la folie ;
incontestables de cette Relation; je le suis en je le veux, si cette folie n'est pas un pur fana-
particulier plus que je ne le voudrais. Mais pour tisme ; si l'esprit de séduction n'agit pas dans
faire tomber tous les injustes reproches de ce cette femme ; si cette Priscille n'a
pas trouvé son
prélat, il fallait voir non pas seulement les par- Montan pour la défendre.
ties du fait, mais le tout jusqu'à la source : 9. Si cependant les faibles se scandalisent ; si
c'est par là, si je l'ose dire, qu'il paraît que, dès les libertins s'élèvent; si l'on dit, sans examiner
l'origine, on a tâché de suivre les mouvements quelle est la source du mal, que les querelles
de cette charité « douce, patiente, » qui « ne des évêques sont implacables il est vrai, si on :
« soupçonne ni ne présume le ma! i. » Le si- sait l'entendre, qu'elles le sont en effet sur, le
lence est impénétrable jusqu'à ce que M. de point de la doctrine révélée. C'est la preuve de
Cambrai se déclare lui-même par son livre :
la véritéde notre religion et de la divine révéla-
on l'attend jusqu'à la fin, quelque dureté qu'il tion qui nous guide, que les questions sur la foi
témoigne à re fuser toute conférence on ne se :
soient toujours inaccommoda blés. Nous pouvons
déclare qu'à l'extrémité. Où placera-t-on eetle tout souffrir, mais nous ne pouvons souffrir qu'on
jalousie qu'on nous impute sans preuve et s'il ;
biaise, pour peu que ce sur les principes de
soit,
faut se justifier sur une si basse passion, de quoi la religion. Que si ces disputes sont indifférentes,
était-on jaloux dans le nouveau livre de cet comme voudraient les gens du monde, il n'y
le
archevêque? Lui enviait on l'honneur de dé- aurait qu'à dire avecGallion, proconsul d'Achaie,
fendre et de peindre de belles couleurs M™* qui était le caractère le plus relevé de l'empire
Guyon et Moliuos ? portait-on envie au sh le d'un romain dans les provinces: « Juils, s'il s'agis-
livre ambigu, ou au crédit qu'il donnait à son sait de quelque injustice ou de quelque mau-
auteur, dont au contraire il ensevelissait toute vaise action, ou de quelque affaire importanle,
la gloire ? J'ai honte poiu* les amis de M. de je me de vous écouler avec pa-
croirais obligé
Cambrai, qui font profession de piété, et cepen- tience; mais que des points de voire
s'il ne s'agit
dant qui ne laissent pas sans fondement d'avoir doctrine, et des disputes de mots et de votre loi :
répandu partout et jusqu'à Rome, qu'un certain démêlez-vous-en comme vous pourrez i » :
intérêt m'a fait agir. Quelques fortes que soient comme s'il eût dit : Battez-vous sur ces matières
les raisons que je pourrais alléguer pour ma dé- tant qu'il vous plaira,« je ne veux point en être
fense, Dieu ne me met point d'autre réponse dans « juge 2. » Et en effet, les Juifs « liattaienl »
le
le cœur, sinon que les défenseurs de la vérité, Sosthène jusque « devant le tribunal, sans que
s'ils doivent être purs de tout intérêt, ne doivent « Gallion s'en mît en |)eiue. » Voilà l'image îles
pas moins être au-dessus de la crainte qu'on politiques et des gens du monde sur les disputes
leur impute d'être intéressés. Au reste, je veux de religion ; et les tenant pour indiflérenles, ils
bien qu'on croie que l'intérêt m^a poussé contre se contentent de décider que lesévè(jues ont trop
ce livre, s'il n'y a rien de reprélicnsible dans sa de chaleur mais il n'en est pas ainsi. Si, bien
:
doclritie, ni rien (jui soit favorable à la fenune différent en toutes manières de Gallion, un
dont il fallait que l'illusion fût révélée. Dieu a grand roi plein de piété ne veut point se leutlrc
voulu qu'on me mît malgré moi entre les mains juge lie ces matières, ce n'est point |)ar mépris,
les livres qui en font foi. Dieu a voulu que l'K- c'est par respect pour l'Egli.se à qui Dieu eu a
glise eût dans la personne d'un évcquc un U- donné le jugement eepeiulant ipi'v : ;i-(-il ilo
main, par sou livre, par ses réponses, et parla du per.sonnage (pi'il lài.>ail dans le iiKuide. de.s;i
buile des laits avérés c'en est absez et trop, d'é- repiilalion, de son esprit, do défendre les liwcs
:
'
I. Cor., «Ml, 17. ' Jet; .wiri, 14. — >;,, I .
a. Ton. VL 10
,
et les dogmes d'imc femme de celte sorte. Pour Dieu, il ne fait que dessécher les cœurs, enaffai-
les inlcr|iiiliilions qu'il a invcnt(Vs, il n'a qu'à bliss;ml les motifs cipables de les attendrir ou
se si)ii>eiiir li'ilre (iciiiciiir d'acconl (lu'il n'en de enllauimer? les vaines substililés dont il
les
trouve rien dans rKcriliirc ; il n'en cite aucun éblouit le monde ont toujours été le sujet des
|)assiigc pour ses nouveaux dogmes; il nomme gémissements de l'Eglise. Je ne lui raconterai
Ifs l'èresfl(luoiquesaulouis ecclésiaslifiuos (|u'il pas tous ceux que leur bel esprit a déçus; je lui
l.Uhe de Irainer à lui par des cons('(iuences. non^merai seulement, au 1\' siècle, un Jean
mais où il ne trouve ni son saciificc absolu, ni Scot Eiigène, à qui les >^dnts de son temps ont
ses simples ac(|uiescemenls, ni ses contem- reprocbé ', dans im autre sujet à la vérité, mais
plations d'où Jésus-Clii isl est absent par (Hat, ni toujours par le même esjirit, sa vaine pliiloso-
ses tentations extraordinaires auxtiuoiies il faut l>liie, où il voulait faire consisler la religion et
succomber; ni sa grâce acluclle, (juinous fait la piélé. C'est par où il faisant direaux Pères du
connaître la volonté de l)on |)laisir en toutes concile de Valence, (jue, < dans des temps mal-
occasions et dans tous les événements; ni sa « beuieux, il metlaillecondileà leurs tiavaux';»
ciiarilé naliuelli', rpii n'est pas la vertu tliéolo- et que lui et ses sectateurs, en remuant de « fri-
cence, qui est, quoique sacrilège, la préparation ralïiuanl sur la spiritualité, et, pour parler avec
à la justice ni sa ilangcreuse séparation des ces Pères, en conqiosanl des « ragoûts de dévo-
;
son amour naturel qu'il réforme tous les jours, u menls de l'Eglise, » qui avait déjà trop d'au-
au de le rejeter une bonne fois tout entier
lieu tres cboses à déplorer supcrfluis cœlum pie :
comme également inutile et dangereux dans dolentium gemeutium non oneret. Nous
et
l'usage qu'il en fait ni ses autres |)roposilioiis
; cxiinrtons M. de Cambrai à occuper sa plume
que nous avons relevées: elles sont les fruits cloiiuente et son esprit inventif à des sujets
d'une vaine dialeeli(|ue, d'une mélapbysicpie plus dignes de luiqu'il prévienne, il est temps
;
outrée, de la fausse pliilosopbie (|ue s.iint Paul encore, jugement de l'Eglise: l'Eglise ro-
le
a condamnée '. Tous les jours nous entendons maine aime à être prévenue de cette sorte et ;
ses nieilleui-s amis le jilaindre d'avoir étalé son connue, dans les sentences qu'elle prononce,
érudition, et exercé son éloquence sur des sujets elle veut toujours être précédée par la tradi-
si peu solides. Avec ses abstractions ne voit-il tion, on peut en un certain sens l'écouter avant
pas que, bien éloigné de mieux faire aimer qu'elle parle.
• Ptud., Dt prad. adt. Scol. Erig., c. I. etc. — • Coït. Vcl
' C^l; 11, 8. m, c*n. 6.
REMARQUES
SUR L.\ Ul'PO.NSE IiE M. L'AHCIIEVI'OUE DE CAMBIIAI
blinalion où je suis de répondre à M. l'arcbevè- d'avec le sens naturel, véritable, unique et per-
quede Caud)rai. Les uns disent (pic la matière |iéluelde son livre, c'est une illusion s;ins exem-
est sunisammenl éclaircie; (pie les faits impor- ple, quidonnelieu à défendre tout ce (ju'on vou-
tants (lemeurciit établis ; par exemple, qu'il est dra et îi éluder toutes les censures de l'Eglise-
cunstiinl (pie ce jnélal s'est dé.suni d'avec .ses qu'on peut bien éblouir le monde poiirun temps
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISMË. \\'
par des détours spécieux, mais qu'enfin l'illusion tout, je n'ai pas dessein de m'arrêter davantage
s'évanouit d'elle-niônie, et, qu'après tout, ce fait, à un fait de nulle importance, et je laisse à M.
du dessein formé de justifier M™° Guyon et sa de Cambrai le plaisir d'en dire tout ce qu'il vou-
mauvaise doctrine, est essentiel à cette matière dra. Ce qu'il y a d'important, c'est de bien con.
contre M. de Cambrai, puisque c'est celui qui naître l'affectation de tout nier, et défaire finesse
démon ti-e qu'il est coupable lui seul de tout letrou- des moindres choses.
ble de l'Eglise, et qui détermine le vrai sens et le Ceux qui prendront les tours d'esprit pour des
vi-ai dessein du livie de ce prélat, quand d'ailleurs toutes les belles paroles pour des véri-
faits, et
il serait douteux, ce qui n'est pas; ainsi, qu'après tés,n'ont qu'à se livrer à M. de Cambrai il :
avoir satisfait au devoir de développer la matière saura les mener loin. Pour passer à un autre
en toutes les manières possibles, et par dog-
les exemple, le monde a|)prouvera-t-il le semblant
mes et par les faits, je n'ai qu'à attendre en paix de ne pas connaître ce « religieux de distinction, »
ne peut manquer h la vérité, et le
la victoire qui qui voulut avec amitié lier entre nous une con-
sentiment des sages qui prend toujours le des- férence i, comme je l'ai raconté dans ma Rela-
sus. tion'^? Personne ici n'a méconnu ce religieux;
En effet, on sent, dans le monde, qu'ils sont et ce n'est que pour ceux qui sont éloignés que
rebutés par cette incroyable bardiessc de nier je nommerai avec honneur le Père confesseur
tout jusqu'aux faits les plus innocents, et d'as- du roi. Il a lui-môme raconté le fait à vingt per-
surer sans preuve tout ce qu'on veut, jusqu'à sonnes illustres, et avec sa noble franchise il dit
m'accuser deux ou trois fois d'avoir révélé une encore aujourd'hui à quiconque le veut enten-
confession générale qui ne m'a jamais été faite. dre, que sur la proposition de la conférence, la
Uui peut croire que M. de Paris, que M. de Cliar- réponse de M. de Cambrai fut beaucoup plus
tres, des prélats, pour taire ici leurs autres dure que je ne l'ai rapportée. Assurément, je ne
louanges, d'une piété et d'une candeur si connues, ferai pas dépendre la cause de ce fait particulier,
avec qui je suis uni comme on voit dans tous les après avoir établi les faits essentiels par des
actes publics, me fussent contraires en secret, preuves littérales et incontestables. Prendra ton
jusqu'à détourner M. de Cambrai d'approuver sérieusement sur une simple allégation, sans
mon livre, qu'ils ont eux-mêmes approuvé, et preuves et sans témoins, tout ce qu'imagine M,
jusqu'à s'unir pour sauver le sien qu'ils rejetaient de Cambrai de mes hauteurs, de mes vanteries,
avec moi comme plein d'erreurs? Quand nous de mes confidences, de mes perpétuels empor-
n'aurions que l'avantage d'être trois irréprocha- tements, de mes larmes feintes, et des autres
bles témoins d'une même vérité, et des juges faits de celte nature avancés en l'air par un
qu'il a choisis, dont, selon les canons, ilest obligé homme qui est fâché de voir à la fin toutes ses
(le suivre la foi ; devons-nous craindre que les finesses découvertes et ne sait quelle raison en
gens désintéressés nous refusent leur confiance? rendre au public? Je ne le crois pas; et plusieurs
Pour dire un met de moi en particulier, et sur un amis me conseillent de me fier à la solidité de
fait dans le fond très-indifférent, étais-je indigne mes preuves. D'autres disent qu'il faudrait en ef-
d'être invité par M. de Cambrai à faire son sacre, fet s'en tenir là, s'il n'y avait que des âmes for-
moi qu'il api)elait, qMoi(iu'indiguc, son père et tes qui se mêlassent déjuger de ce différend si ;
son maître; moi à qui il avait soumis et soumet nue cabale irritée, dont les ressorts se décou-
tait sa doctrine comme à un homme en qui il vrent dans tout le royaume, ne .s'appli(piail pas
regardait non pas un « très-grand docteur, » car ù surprendre les inliruies, et qu'il ne fallût pas
c'est ainsi qu'il daignait parler, mais « Dieu » leur donner des précautions salutaires contre
même? Cependant il se récric contre ce lait, les pièges les plus fins qu'on ait jamais ten-
comme s'il était au-dessous de lui d'être sacré de dus aux âmes simples. Puisque ce demies
mes mains; que les évêques ont ac-
et au lieu parti est visiblement celui de la charité, j'y
coutumé de se tenir honoré par le ministère donne Pmir éluder des faits convain-
les niaius.
d'un consécraleur et qu'on croit en recevoir une cants, iM. de Cambrai a fait les derniers efforts
grâce, celui-ci ne cesse de me reprocher un et a déployé toutes les adresses de son esprit.
cette occasion qui m'ait pu faire briguer, comme craindre de sou éloquence. Je ne pourrai éviter
une laveur, l'iionueur de le saerer? iMais, ai>iès un peu de longueur dans le dessein que je me
'
j;. ;.. (i la Hclal , c. 4,7, p. 92, 93, 130. 11*1).* I« R«l«t-. «•''. r- "6. — ' Relat ,
SMI
lift REMAItULKS SUi'. LA REPONSE
tdiilc saU(''poiisc cl le suivre page à page l'éleii- : loiiles les citations de mon texte, que je soutiens
diic déiiicsiiréed'im Ici ouvrage lire» a seul dé- dans mes réponses (pi'il a altérées '. » Et entin :
loiirné; mais je clioisirai Unis les ciidroils iin- « Voili'i. « conclut-il, u le point de vue, d'où le
porlanls, et le livredc M. de Cambrai élaiiteiilre Iccleui doit regarder cette nouvelle acciisfition'.»
fort.
mis de dire tout ce qu'on veut, pourvu qu'on ait
On verra, dans les articles suivants, qu'il m'in- de belles pandes. On dirait, ces beaux dis- ;i
sulte perpéliiellemcnt sur des luils sans preuve, cours, que M. rarchevéïjiic de (Cambrai n'a j.a-
)»endant que je prouve le contraire par hii- mais parli' des procédés qu'il n'a pas dit que :
questions lui aient échappé au contraire, il les : tions dont je n'ai jamais été capable, j'ai démon-
rapporte presque toutes, et prend soin de n'en tré, au contraire, qu'on m'imputait laussemen-
rien, » dit-il ^, « de montrer à 51. de Jleaux les nier fait est positif et ne consiste que dans une
altérations les plus évidentes; M. de Meaux simple lecture. M. de Cambrai ne devait-il pas
compte poiu-rien ce que j'ai vérifié, et il com- le nier ou le confesser de bonne foi? Mais j'ai
mence du ton le plus assiu-é comme si je n'avais vu trois lettres contre ma réponse à quatre des
osé rien répondre. » siennes: il semble vouloir finir par la troisième,
Réponse. —
5. C'est lui-même qu'il a dé- puisqu'il annonce d'abord qu'elle contient « le
peint dans ses dernières paroles. Il est sans reste de ses plaintes. » Il ne dit pas un seul
cloute bien aisé de s'adjuger la victoire, et de mot, dans ses trois lettres, d'une altération de
feindre que son adversaire est abattu à ses pieds, mon texte si clairement démontrée. Je pourrais
désarmé et sans réplique; mais au fond, parmi dire que dans tout le reste il ne touche, à son
tant d'endroits de sa réponse, où ce prélat ordinaire, aucune des principales difficultés :
m'objecte des altérations de son texte, il n'en je pourrais sans doute, comme M. de Cambrai
rapporte pas une seule. Il me renverra sans chanter cent fois mes victoires, si j'étais d'hu-
doute à ses livres, où il prétend les avoir prou- meur à prendre de tels avantages, mais je me
vées; mais il doit donc me permettre aussi de le réduis au fait. C'est assez que je montre à M.
renvoyer aux endroits des miens où je les ai l'archevêque de Cambrai, que la gloire qu'il se
éclaircies. donne est vaine; nous n'avons pas droit de sup-
6. C'en serait assez pour fermer la bouche à poser, lui que mes réponses soient faibles, ni
un accusateur. Mais s'il en veut davantage, di- moi que ses preuves soient nulles : c'est le fond
ra -t-il que je n'ai pas répondu à ses explica- dont il ne s'agit point ici : la question consiste h
tions sur l'intérêt propre éternel; sur le sacrifice savoir, si dans la dispute sm- les procédés il
absolu; sur la persuasion et conviction invincible doit prononcer d'autorité, que je suis vaincu,
et réiléchie, et néamnoins apparente, et non pas qu'il m'a ôlé la parole, que ce n'est que par im-
intime; sur le simple acquiescement à sa con- puissance que je passe aux faits, « parce que la
damnation; sur la séparation des parties de doctrine me réussit mal. » C'est là ce qui s'ap-
l'âme, jusqu'à mettre les vertus dans l'une, et pelle discourir en l'air, et faire illusion aux
les vices dansl'antre, pour les unir |)arcc moyen yeux par de vains tours de souplesse.
dans le même sujet *? C'est là pourtant le l'oiid 8. J'en dis autant îles reproches sur les sou-
des explications par où M. de Cambrai tàciic de haits de Moïse et de saint Paul: « Ce sont, »
souvrir rim|)iélé de son système. J'ai donc déjà dit-il ^, « pays inconnus pour M. de Meaux. »
satisfait de ce côté-là à celles des prétendue.^ aucune réponse; je n'ai non plus
Je n'y ai fait
altérations qid sont les plus essentielles. Si l'on répondu aux pieux excès, aux amoureuses ex-
ne veut pas lire un livre aussi court que ma lït'- travagances, dont l'accu-iation est recommencée
ponse à quatre lettres, qu'on lise du moins les cent et cent fois dans la Uéponse à ma relation ;
titres des questions qui sont à la tête; on verra mais je ne demande au qu'un de- .sage lecteur,
(jucj'ai tout traité.Sur ces questions tant van- mi-tjuart d'heure pour lire huit pages de la Ré-
états possibles ou impossii)les, où Dieu jteut satisfait à tout. Et pour les pieux excès, les
mettre ou ne mettre pas la nature hum:'iiie; saintes folies, les amoureuses extravagances, je
(pie doit-on cliercher davantage, que d'éclaircir les ai montrées dans les paroles formelles des
précisément ce qui est utile, et d'éloigner tout saints, en explication des souhaits de Moïse et
le reste comme étranger à la question? C'est ce de saint l'atil. J'ai démontré que ces deux
que j'ai fait 5; cl on m'avouera que j'ai du saints n'ont pas perdu un moment le désir de
moins autant de raison de supposer la solidité leur salut éternel, dans le temps (juils parais-
' lUp 4 la RcUt., p. 0. — > /6., c. 6, 7, p. lU, 132, etc. — > /4 > Ui'p. ti quatre kllrei. — • JO. — ' Rép. ù la liclat , AitrI-, f. 3,
1. 1, p. 149. — ' Kép. i quatre lettres. — ^ 16. 4. — * Depuis le 11. 8 juiq. n. 10.
no REMARQUES SUR LA RÉPONSE
siient s'iciilicrlc plus: cependant M. de Cam- mais voici une accusation bien plus grave t , •,
l)rai ri^pile sans fin, non pas (pie j'aimal ré- qu'on ne peut point jiasser si lépèrement. t de
ponilii, car c'est le point île la dispute; mais que n'avoir pas pardé fidèlement le .secret d'une con-
\v n'ai pas dit un seul mot : tant il pi rsume fession générale j'ai lait entendre que je ne pou-
:
qu'un tour éloquent et le ton allirmalil peut vais parler de quelque chose dont il s'est con-
tout sur les honwnes. fe.s.sé h moi sur le quiélisme, dont je me fais un
f III. Sur le secret, et en particulier sur celui de lacunOance. mérite de ne parler (las; et ce silence, dont je me
M. DE CiMDiiAi. —
0. " Alfirs il a recours M.
vante, dit-il, est cent fois |)ire qu'une révélation
de son secret, » de ce secret de confession (pi'il
(le Mcaux) h tout ce qui est le plus odieux dans
m'a confié. Je suis donc ci>u|iable d'infidélité
/a société humaine. Le .secret des lettres missi-
dans un secret de confession: ce que j'ai fait est
ves, qui, dans les clioscs dune confiance si re-
cent fois pire que de l'avoir révélé; et j'en con-
liliieusc et si intime, est le plus sacré a|)rès
viens, si ce qu'il avance est véritable.
celui de la corilcssion, n'a plus rieu d'iuviolalile
12. Tout le inonde demeure d'accord qu'en
pour Im. il produit mes lettres à Rome: il les
quebpie manière (priin prêtre révèle un secret
lait imprimer pour tnurner h ma dilïamaliou
(le confession soit jiar la parole, soit jtar qiul-
les papes de la confiance sans homes (pic j'aie
,
<
R/p. i la Uclat., f. 10. — > li-, t. 3, a<at>)., p. »1.— > B«l*t.,
Kcl 3, n 13. — <
n-p. i U Rtltl., •nul., p lAK. R4^l , «Kt 3, n. i.
,,
le mérite, s'il dit la vérité. Il ajoute que j'ai été uns aux autres sous le sceau de la confession ,
infidèle à l'inviolable secret d'une confession gé- « il est oublié de ma part; » est-ce trop parler,
nérale ; puis, frappé d'une accusation aussi visi- et peut-on fonder sur ces paroles une accusation
blement fausse (car il faut bien que je m'expli- capitale?
que en termes précis), il biaise à son ordinaire 19. Mais je laisse entendre que j'avais quelque
et il parle ainsi « M. de Meaux a gardé quelque
: chose à diie qui m'avait été confessé « sur le
temps mon écrit. » On ne se confesse pas par quiétisme, » matière si importante et si compli-
écrit; mais on pourra croire qu'il m'a laissé en quée : on ose ajouter que je me fais un « mérite
se confessant ou l'écrit de sa confession, ou du de n'en parler pas. » Non, encore un coup je :
moins quelque écrit d'un pareil secret ; il n'ose n'ai pas dit un seul mot du quiétisme; je parle à
le dire , quoiqu'il tâche de le faire entendi-e. l'occasion du « petit mystère » sur la façon dont
Est-il permis de donner de telles idées et d'arti- les Articles d'Issy furent signés entre nous, et il
culer de tels faits? ne s'agit ni directement ni indirectement du
14. Quand il avouerait à présent qu'en effet je quiétisme.
ne l'ai jamais confessé, en disant qu'il m'a con- 20. Mais je parle, dit-on, de ce qui pouvait re-
fié comme à un confesseur un écrit qu'il appelle garder les « dispositions intérieures » de M. de
une confession générale, la vérité s'y oppose je : Cambrai comme de chose oubliée; c'est que ce
n'ai reçu de lui en particulier aucun écrit quel prélat avait dit, dans la lettre que j'ai rapportée
qu'il soit tous les écrits qu'il m'a donnés m'ont
; pour d'autres fins qu'il offrait de me confesser
,
été communs avec ceux qu'il avait mis dans l'af- « tout ce qiu regardait son intérieur * mais d'é- ;
faire; à une allégation sans preuve j'oppose un tendre jusqu'au quiétisme, à des crimes, ou à
simple déni, et la gravité de la chose m'oblige h des erreurs, une expression aussi vague et aussi
le confirmer par serment : Dieu est mon témoin, générale que celle de « dispositions, » qui com-
c'est tout dire. prend indifféremment tout le bien et tout le mal,
15. S'il veut après cela nous avoir donné à et sur laquelle je n'assure rien; c'est empoison-
tous un écrit de même secret qu'une confession ner les paroles les plus innocentes, et propre-
générale ,
je n'ai rien à dire , sinon ce qui est ment me rendre coupable sur un sujet capital
porté dans ma. Relation ,
que, s'il y a quelque sans moindre indice.
le
chose de cette nature, « il est oublié , et il n'en 21. En un mot j'ai voulu qu'on sût, que s'il
,
16. M. de Cambrai soutient que parler ainsi, çonner de me servir contre M. de Cambrai de la
« c'est trop parler d'une confession : » cela est confession qu'il disait qu'il me voulait faire, et
visiblement outre. Quand ce prélat se serait con- que j'avais refusée, c'està qiioije ne songeais pas;
fessé à moi, et que je l'aurais avoué, ce qui n'est à Dieu ne plaise on voit d'où j'ai tiré mes preu-
!
pas ; c'est autre chose d'avouer mie confession ves, et qu'on tenterait en vain de me les ôter
autre chose d'en violer le secret. sous prétexte d'une confession générale qu'on
. 17. Mais pourquoi ai-je parlé de confession? prétendait m'avoir faite.
je l'ai dit dans la Relation • je le répète c'est ;
22. Quand après cela M. de Cambrai me fait
qu'on répandait dans le monde et les témoins ,
rompre le sceau sacré de la confession par un sa-
que j'en puis donner sont irréprochables, que la crilège punissable; s'il l'a prouvé, qu'on me châ-
manière dont nos Articles ont été signés était un tie avance téinérniroinont un
: s'il tel l'ail contre
secret que nous nous étions donné les uns aux un évèque sou consécialcur, (pi'il s'Iiuiuilie une
autres sous le sceau de la confession. Je vou- fois ; c'est toul ce que je avoue lui deiuaiulc ; qu'il
lais aller au-devant d'un tel discours, et de qu'i lest cuirai né parlatapiilili' desou éloquence
toute autre seudjiabic idée et l'accusation sé- qu'il ne vante plus sa niuiléialion et sa douceur,
;
18. « Je promets, » dit-on, « d'oublier tout; » n'est donc jias la vérité (pi'il défend, puisipril se
l\\y.-.' eniporlor sans le inoinihc fondomenl, et
non, je no dis pas ce qu'on nie l'ait dire, « j'ou-
« blicrai, » comme si dans le leniiis présent j'en avec les exagérations les plus injustes, aux accu-
avals quelcpie souvenir; je dis sans rien assurer, sations les plus atroces.
que s'il y a eu dans nos conversations ou dans
nos écrits quelque cliose (lu'oii se soit donné les
I
Loiire <lc M. do ^^mbr»l, Helal., secl. 3, n. «. — > Twl». 1«IU
'
Uelal., scct. 3, ii. lu. 4 M. do Mciux, p. 4«.
132 REMAUQl'RS SIR LA RrpONSE
{ IV. Sur If* prorMM : f]ui a fommfnciî il fait valoir « la réputation si nécessaire à un
M. PE Cambrai. 'i'S. Tout le monde — est
ïvé(pic pour l'exercice de son ministère » ce-
nies.
for-e M. de Meaiix à déclarer loul?J'ai huijoiirs
borné la dispide aux ptiinls do^Miali(iiies ; el l V. Sur le* leitre».
MCL I, ri 1, — ' H«|. i I» Urlat., c. 7, p. 133.' ' riTin. Lettre k M. de Paris, p. U. — > Rrp. 4 UBelit , Artrt.^
— '
Iti'p., c. a, p. 61. — • Mcm. de M de Ctml>r>l, Kttal , -.crt. 3, p. 10, Voyu ci-dcMiu, 13. — ' Ii»p., c. 3, obj. 3, n. 6, p. TO. —
n. J. •
;6., obJ. 3, p. 54.
,
la peine qui me restait sur le cœur ; il est aisé secrètes conversations pour affaiblir le jugement
de deviner; mais, quoi qu'il en soit, c'est là
la que j'ai porté sur les matières qu'on m'avait re_
une lettre sur mes sentiments secrets qu'il a ré- mises, en m'acciisant pour mon aveu, à ce qu'il
vélée pour en tirer avantage contre moi-même. prétend, de les ignorer?
Il ne sert (le rien de répondre que j'ai connnencé ;
30. Mais cela n'est-ce pas un secret? Pourquoi
mon exemple, était mauvais, ne l'autoriserait
s'il n'en est-ce pas un de me tourner eu repi'oche
,
pas à faillir : mais c'est qu'il sait en sa cons- un aveu particulier qu'on me croit désavanta-
cience que le secret des lettres missives comme geux? Mais pourquoi les lettres jnissivcs de
celui de certains discours, est sujet aux lois de M. de Cambrai sont-elles plus secrètes? (ju'on
la discrétion. Il a produit d'autres lettres que les les relise on verra qu'il n'y est fait aucune men-
:
miennes, veut-il qu'on lui demande en veitu de tion de secret: dans le fond elles n'ont lieu de
quoi? 11 fait encore paraître une de mes lettres mauvais; elles ne font que représenter luie sou-
sur le sujet important, s'il m'a prié de faire son mission qui était louable, et ne tournerait qu'à
sacre ' ; et il s'en sert mal à propos pour établir honneur au prélat qui les a écrites, si sa conduite
le ridicule empressement qu'il m'impute, par où suivante ne démentait pas ses bons sentiments :
il montre bien, que s'il en avait d'autres dont ii sa faute n'est [)as de les avoir eus mais de les ,
pût tirer avantage, il ne s'en tairait pas. <'clle-ci avoir changés. Toutest |)ermis;\ M. de Cambrai:
se trouve accompagnée d'une de M. de Paris 2. il imprime toutes les lettres et tous les seci'cts
Une autre du même prélat également révélée , qu'il veut toutest défendu aux autres, et lui
:
dans la Rqwnse à la Relution assurait M. de , seul peut faire passer tout ce qn i! lui plait.
Cambrai, que « M.Pirotétait chargé de lexauien M. DE Cambrai. —
31. « Si elles voient main-
de son livie ^ » M. de Paiis lui a-t-il permis de
: tenant le jour, dit M. dcMcaux, parlant de mes
se sei-vif de sa lettre contre un homme qu'il a lettres secrètes, c'es-tau moins à l'extrémilc ,
mis en place, et que cepeudantM.de Candjrai lorsqu'on me force à parler, et toujours plus tôt
veut convaincre de variation par cette lettre? que je ne voudrais. Qu'est-ce qui l'y force ?qu'ai-
C'est la seule preuve qu'il ait de la prétendue je fait, pour défendre le texte de mon livre de-
approbation dont il se vante il se fait dire par : puis un an et demi en le soumettant au Pape ? » '
rant, sans jamais l'avoir entre ses mains, d'avec 2. suppose que son procédé, que j'ai ra-
Il
une approbation sérieuse? Mais il n'a tenu, dit- conté 2, n'influe pas dans le fond de cette ma-
il, qu'à M. Pirot d'avoir le livre en sa possession tière; encore qu'il soit constant qu'il détermine
tant qu'il eût voulu. M. Pirot le nie. M. de Cam- son livre ;\ un mauvais sens, et au dessein nia-
du
brai l'assure seul, et le lecteur équilaJjle doit nifestenicnl condaumable, de défendre Madame
moins peu déférer à son rajiport, (juand
aussi Guyon et sa doctrine, ainsi qu'il a été dit, et quc
il est .seul, que lui-même M. de Candjrai délère la suite achèvera de le déinonirer.
à celui des autres en cas pareil. Se moque-l-il 3. 11 suppose que c'est ici un fait partieulier
de tant appuyer sur des laits particuliers avan- pendant qu'il s'agit ou de le laisser élahlir, ou
cés en l'air? Nous verrons les autres lettres mis- d'éloufl'er dans sa naissance une secte toujoiu'S
sives qu'il a iuqirimées sans ra\eu et contre l'in- renaissante, que l'on pare de belles eouleiu's,
tention de leurs auteurs. connue il a été remarqué dans la Relation.
29. Mais encore n'y a-t-il que les lettres qui A. Ilsup|)0se entin, que ce n'est pas une nou-
obligent au secret? Si je lui ai avoué, ce (pi'il velle raison de faire coniiailre son injuste pro-
outre, que dans le temps (ju'on me remclhiit cédé, qu'il nous ait voulu réduire à passer pnur
cette afiairc, « je n'avais pas lu saint l'raurois des hypocrites et des persi-cuteurs, si nous ne le
de Sales, ni le li. Jean de la Croix '•, » ni quel- convain(piiiins par des preuves inconlestahles
ques autres mystiques; d'où il conclut contre et par .son (iropre témoignage.
moi, dans sa licinnise latine à M. rarclievê(|ue
g VI. Réflexions sur les fails riipiiork's en cel article : el
de Paris, que « j'étais i^iniuant de la voie uijsti- comment on les doit qualilier.
« (jue; et dans sa l>éiMus<' h lu llvldlioii que
j)
,
soulcnir son texte et les dogmes sans en venir , Esprit, telles que sont les personnes saintes. Son
aux procédés, et siiis y venir le premier '. estime a encore deux caraclères: l'un, qu'il la
2. Que je n'ai pDJnl répondu aux (io;^ines;et lait passer à ceux qui le croient; l'autre, (|uelle
4. Uue j'ai révélé un secret de confession, et l'estime qu'il avait ^wur clic, voici le premier.
fait pis que le révéler dans tonte son étendue'- Premier témoignage de fcD M. de GcDève.
I 11.
suite si les lémoi^rnagessur lescjucls il se fonde avec le P. la Combe , pour s'appuyer de cette
y sont propt)rliomiés. lettre. Voici connue en parle M. de Cambrai :
2. « Celle i)ersonne, il est vrai , me panit fort « Je voyais,» dit-iP, «que le seul grief de ce
lesvoies de Dieu sur les ignorants expérimentés ; approcliàt .M™» Guyon des maisons religieuses,
n'aurail-on [las pu apprendre pour la pratiiine, l'en devait exclure à jamais comme une femme ,
en conversiuit par exemple avec le bon frùrc qui y brouillait tout n'est-ce pas de dessein :
l.aïuent? Voilà ce que je puis avoir dit .\ M. l'ar- formé vouloir excuser M"" Guyon, que de ré-
clievéque de Paris, et à M. Meaux, en présence duire à ime simple indisi'rétion la témérité de
uc M. Tronson *. » contredire l'esprit tiescommunaulés? Mais celle
Réponse. —
3. Encore qu'il affaiblissece qu'il que ce s.iinl piélal éloignait des monastères bien
nous a ilit de cette femme, il nous suffit qu'il réglés, croira-t-on <iu'il l'eiit laissée approcher
l'ail regardée comme une personne dans l.i- aisé'inent des autres iiersoimes pieuses, et acqué-
qiielle les voies |tarfaites étaient pour ainsi dire rir leurestime? A cela près tout allait bien, el
si réalisées, qu'on les \ vo\ait comme en celles M. de Cambrai, facile à conleuter sur le sujet de
qui sont enseignées de Dieu par l'onclion de son celle femme, se payait des complinicuU de dvi-
'
V>yc: i-i-dusiit, ( 4 — > /b., | 1 et 3 — > /»., | 8. — • B(p. '
Mtm. d* 11. de CuBhral, Krlal , iwt 4. n. 9, 11, -a, », Met »,
i i« r.ciit c. I. r- !<>' 9, 10. II. — ' Rrp 1 II Rtl»i., c. I. p. II. — • /».
,
lité que lui faisait un prélat, à condition de lui « rimentée dans les voies intérieu-
et si éclairée
fermer toute approche de ses monastères. « res, » qu'il en
son amie spirituelle, et qu'il fît
sonne 2; » ce qu'il prouve par les paroles de nuscrits de M"" Guyon; je n'en veux point
cette letti'e, où il écrit à un ami : « Je ne vous d'autres que lui-même *... Voici ce qu'il fit
« ai jamais ouï parler qu'avec beaucoup d'elle quand elle fut dans son diocèse il lui continua :
« d'estime et de respect, etc.» Il assure qu'il en a dès premier jour l'usage des sacrements, sans
le
usé de même, et il conclut en disant « Si elle : lui faire rétracterni avouer aucune erreur dans ;
« a eu quelques chagrins à Paris, elle ne les doit la suite, après avoir vu tous les manuscrits, et
« imputer qu'aux liaisons qu'elle a eues avec le examiné soigneusement la personne, il lui dicta
« P. la Combe. Et l'on ajoute, qu'elle s'est fait un acte de soumission sur les 34 Articles, daté
a des affaires par des conférences et par des du 15 avi-il 1695, où après avoir condamné tou-
« communications qu'elle a eues dans Paris tesles erreursqu'on lui imputait, il lui fit ajouter
« avec quelques persoimes du parti du quiétisme ces paroles : « Je déclare néamnoins, queje n'ai
« outré. Quelque éloi^ement que je lui aie jamais eu intention de rien avancer qui fût
«
« toujours témoigné pour cette doctrine et pour contraire à l'esprit de l'Eglise catholique
«
Guyon, que le témoignage d'un prélat qui en qu'on rapporte, et celui où il fut signé.
avait déjà condamné les livres; quiavait cru lui 12. Avant que de signer l'acte où Madame
devoir parler si fortement contre le P. la Combe, Guyon commençait à souscrire ses soumissions
son directeur, et contre les « quiétistes outrés » particulières, j'ai dit, dans la Relation^, que
qu'elle fréquentait. Voilà les beaux témoignages comme témoignait en tout et partout
elle les
qui ont mérité à cette femme l'estime d'un ar- dans toutes ses paroles et dans toutes ses lettres,
chevêque; ce lui est assez, qu'on parle en géné- je ne crus pas devoir la priver des sacrements,
ralhonnêtement de ses mœurs, comme on a où feu M. de Paris l'avait conservée. Je la trai-
coutume de le faire, quand on ne veut pas s'en taisavec toute sorte de douceur, n'ayant pas en-
enquérir davantage. En effet, depuis que ce core bien détcrniiné en mon esprit, sises visions
saint évêque s'est senti obligé à entrer plus avant venaient (l(> [irésoniption, de malice, ou de quel-
dans cet examen il a chassé de son diocèse ,
que débililé de son cerveau. On ne connaît l'in-
M"" Guyon avec le P. la Combe, non -seulement docilité et l'opiniàlrelé, que par les désoliéissan-
pour leurs mauvais livres, mais encore pour leur ces, ou par les rechutes et les manquemenls de
conduite scandaleuse. S'il a jjarlé plus douce- parole. Ainsi, la voyant docile en tout à l'exté-
ment de la conduite de M""' de Guyon, avant que rieur, je la laissais entre les mains de son confes-
d'être bien informé, il ne s'ensuit pas qu'il faille seur, honune habile, dcicleur de Sorbonnc, et
produire des paroles générales connue des attes- ancien chanoine de l'Eglise de deaiix sans ,
tations aulhcnliqucs, ni que ce prélat ait eu in- m'informer du particulier; et je la traitai en in-
tention de reconnnander sa vertu, et de la ren- firme avec toute sorte de condescendance, selon
le précepte de Saint Paul « Recevez celui
dre estimable. Il serait bien étonné, s'il revivait, (pii :
et, après ce qui s'est (lassé depuis, il ne fallait « tion^. » C'est une insigne témérité de condam-
pas remuer ses cendres contre sa pensée. Au ner cette conduite, qui au contraire me domio ,
reste, il est évident que les lettres de ce prélat lieu de dire à M. de Candtrai avec l'ApoIre, ,
ne font pas voir dans M""'=Guj on la moindre tein- dans une affaire de pun; police ecclésiasli(|uc •
ture de cette haute spiritualité, ipii l'a pu làire « Qui êtes-vous pour juger votre hère ? » '
13. A la si^'iintiirc, je ne fis (juc mliijer par ce qu'elle ne dit point, ni insérer dans mon
écrit cr (iirclle m'exiiosiil do ses Sfiilimcnts. procè>-\eilial ce (pu n'> fut jamais. M. de Cam-
coiimic ?» une |)erM)iuie
AitiNJ je lui laisSiii dire brai (leme(u°e la souscription de
d'accord de
i^iioianle, mais docile, lellc que je la cro\ais .M""' l'Urdounauce où je censurais les
(iiiM)n « à
ali)i-s, «qu'elle Menait eu aucune inleulion de « livres de cette personne. » Cette censure e.st
rien ensci^;ncr contre la foi de l'F.Klise. » Est-ce pu!ili(|ue et si, avant (pie d'en |iarler, .M. de
:
là un crime (|ui mc^rilH d'iMrc relevé par un ar- Cand)rai avait dai^rné la relire, il y aurait trouvé
clie\ù(|ue, (|Mi de iIcsmîu prémcdili' ne voudrait le Miiycu court , la Itfffle tles axnociès et Vlnter-
pas tourner tout eonlie un cunirère imiocenl ? pn'lation du Cantique ilcs cimtiques. expressé-
l.li liicn! M""'(;uw)n n'a>ail pas ini dessein formé ment condamnés avec la Guiilc xpirituelle de
d'écrire conire l'Kfiiise : celait laililesse: c'était Molinos, en ces termes : « le.s<piels livres, déjà
i;;norance, si l'on veut je lui aillais (juchiuefois : notés par divei"ses censures, nous condamnons
à s'expliquer dans les termes les plus coidormcs d'abondant, comme contenant une mauvaise
à ce qui me paraiss;iil ùlre de son interdion. docirine, et toutes ou les i)riiicipales |iroposi-
cette fenune avait d'elle-même. .Mais un pré- M. de Cambrai étant convenu que M"" Guyon
lat exercé dans les |)rocédiues de celte sorte, avait souscrit à la condamnation de ses livres,
devait savoir le contraire, jinisque, après avoir portée par celte censure, ne peut nier, sans une
écrit ce qu'elle voulait je ne fis que lui ,
insipne infidélitéqu'elle ne les ait condamnés
,
<lonncr acte de sa déclaration , comme j'y connue o contenant une mauvaise doctrine et
étais ol)lij,'6, cl lui enjoindre en jieu de mots toutes ou les principales propositions condam-
ce qu'elle devait croire et pratiipier. C'est nées dans les Articles d'l.s.sy, » (jui au.s.si étaient
ce qui paraîtrait par l'expédition de l'acte ,
insérés dans la censure, comme en faisant le
si M. de Camiirai l'avait produite :pour moi, je fondement principal. J'ai rapporté en substance
n'ai iiasbesoinile^irossir un livre en transcrivant avec cette censure, l'acte ou .Si™ Cuyon y sou.s-
de lon^s actes, qu'on rapportera peut-être jilus criviP. Je l'aurais rapporté entier, s'il eût été
couuni'dément ailleurs quoi(|u'ilen soit, M. de :
nécessaire, el si l'on n'eût pas évité de grossir
14. Kn i)asi>aut on voit que cet archevêque y ajoute ce qu'il lui plaît, ou il l'a vu dans l'acte
éclairait de i)rès.M""Guyon, pendant ({u'elle était même, el dans (juehpie expt'-dition autlieuti(iue ;
lai.vser trouqier. produit la pièce dont il se .sert ; s'il n'a rien vu,
connue il est certain, puisqu'il ne iieut pas avoir
I V. Aiilro ti'moignage lire de moi-mi'mc.
vu ce qui n'est pas il doit avouer que son amie ,
M. DE Camiiuai. —
13. « M. dcMeaux lui dicta ou queli|ue autre sur sa parole lui a menti, et
encore ces paroles dans sa souscription à l'Or- (pi'il adhère trop facilement à un mensonge
donnance où il censurait les livres de cette per- évident, en alU^iiant un acte faux.
t^oniie « Je n'ai eu aucune des
: erreurs expli- 1". l'ar ce nio\en, ilus de la moitié de la
» quées dans la dite Lettre jiastorale , a\anl JWpovse toMd)e, fondée dans sa
puis(|u'elle est
« toujours intention d'écrire ilans un sens très- jdus i^mde partie sur un acte inventé. Toutes
« Gilbolique, etc. Jcsuisdausladernicredouleur les fois qu'on trouvera dans la Rqmise de M. de
« que mon i;;norance, et le peu de coimaissancc Cambrai cel acte, où M""" Guyon dit d'elle-même
« des termes, m'en ait lait mettre de condam- de si belles choses, c'est-à-dire cent et cent fois
M. de Cambrai, connue compos-inl la décla- l'on en doute, je le produirai avec tous les
ration de M"" (inyon, est inventé d'un bout a autres, mais en attendard et |iour abn^per, il
l'autre. Ce prélat en devait produire l'expé- suffit (pidn n'ait osé ni produire ni pas même
dilion, s'il l'a en main, ou supprimer tout ceci mi'iilionuer, ni l'acte, ni l'exiieililion, comme on
s'il ne l'a pas, et ne pas faire Jiic à celte feuiinc
a l.iit celle de l'attestation qu'où a tant vantée.
t
Jttf. i Ia RcUI .
<-. l, p. Ub. '
Ordonntnc* du 16 »vril 1695 — ' Rtl»» , «et a.
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME 151
J VL Sur mon atleslation et sur celle de M. de Paris. User dans l'Eglise, ou de répandie ses écrits
imprimés ou manuscrits, ou de conduire les
M. DE Cambrai. —
18. « C'est sur ces décla-
âmes dans les voies de l'oraison ou autrement ? »
rations de ses intentions faites devant Dieu, et
Qu'y a-t-il à craindre de la direction d'une per-
dictées par ce prélat, qui lui donna l'attestation
sonne « à qui on défend d'écrire, d'enseigner,
suivante : « Nous, évêque de Meaux, » etci. »
dogmatiser, diriger ou conduire sous quelque
19. « M. l'archevêque de Paris a suivi la même
prétexte que ce soit ? » Que M. l'archevêque de
conduite, etc 2. »
Réponse. —
20. Je défendrai donc tout en-
Cambrai; qui n'aspire plus qu'à se justifier en
m'accusant, pousse sa critique où il voudra, il
semble par une seule et même raison la con-
ne trouvera lien d'omis dans cette alteslalion
duite de ce prélat et la mienne. Pour la mienne,
qu'il a rapportée '
; et si M""« Guyon avait été
elle consiste en deux choses, dont l'une est ce
fidèle à des soumissions si expresses, l'affaire
que je condamne dans M"' Guyon; et l'autre est
était finie de son côté. Je suis donc autant irré-
ce que j'y excuse ce que j'y condamne est
:
lier expressément proscrit par ces paroles par s'il faut jamais produire les actes eiiliers, au lieu
:
niant les mionnos qui sont sans réplique. En mes prenant aucune part. » Il .s'aps-
livres, n'y
vaulc-l-'i tic me eipiivaincre de faux ? En avouant car ma Icllrc du A de mars lui re[iréscnlait éga-
le l'ail que j'avanf(\ c'est-à-dire la communion lement SCS excès, .SCS égarements, ses erreurs
de Paris (juil lui donna de sa propre main, il ne insupportables cl insoutenables dans les termes,
répond rien (remarquez ce mot) aux nYMiiienlcs dans les choses mêmes, et sur le fond dans les :
communions qu'il lui a permises h Meaiix i)eu- expressions, dans les sentiments; contre la rai-
dant six mois, sans lui avoir jauiais lait avouer son, contre l'F^vangile, contre l'esprit del'Egli.sc:
ni rétracter ce fanatisme, où elle se cro\ait la elle ié|)ond à tout cela en avouant, en se sou-
leiiune de VApucalypse , et l'épouse au-dessus de mettant .sans ré.seivc n'est-ce rien lui faire
:
réitérée par tant de déclarations de vive voix, et ajoutez toutes les défenses portées dans les actes
[lar tant d'acles souscrits de sa main ? pour venir et dans la propre alleslation que M. de Cambrai
au |)arliciilicr, M. de Cambrai osci ait-il dire que produit. Il ose dire, après cela, que je n'ai rien
je n'ai rien déclaré à M™" Guyon de mes senti- répondu, lui qui sait, qui voit de ses yeux toutes
ments conire ses erreui-s, que le public con- mes jiréciscs réponses, dans ma Relation, dans
naissiiit, après ce qui est écrit dans les Etats un livre qu'il a en main, et sur lequel il tra-
d'oraison sur la signature des articles ^ ; et sur vaille. Non-sculemenl j'ai répondu, mais encore
sa souscription aux censures du 16 et du 25 ma réponse est irréprochable. J'ai les deux lettres
avril IGl'o, contre ses livres comme contenant dont il s'agit la mienne dans une copie que je
:
une mauvaise doctrine Veul-on venir aux con- ? retins alors, et celle de .Mme Guyon en original';
duites particulières de cette femme ? n'ai-je pas la seule crainle d'endiairasser le lecteur d'une
dit que je commençai par « défendre ces absur- longue et inutile lecture m'empêcha de les pro-
« des coumuinicalions de piAces, » et que duire. Mais enfin .M. de Cambrai veut-il n'avoir
M'"'"Gujon répondit qu'elle obéirait à celle dé- jamais vu ces lettres mentionnées dans ma ]Ma-
fense aussi bien qu'au commamlemcnl donné tion : ou veut-il lesavoir vucs?Ce qu'illui plaira;
exprès jiour rempécber de se mêler tle direction, car il lui faut laisser le champ libre, pour dire
fomme elle faisait avec son autorité étonnante?» ce qu'il veut avoir vu ou non : s'il les a vues, et
M. de Gambiai ne lit pas le livre qu'il réfute il ; que M"^' Guyon, qui lui rendait compte de tout,
ne lit que ce qui comientà sa i)réveutioii, et à les lui ait communiquées, il m'accuse à tort de
l'avantage qu'il veut prendre, en disant qu'on ne n'avoir satisfait à rien, puisiju'il |)arait par ces
lui répond jamais rien. lellres que j'ai satisfait h tout. Mais s'il veut n'a-
211. Poin- |)eu (pi'il eût consulté mon livre, il voir rien vu de tout cela, et qu'il m'accuse ce-
y aurait lu, que le \ de mars lG9i, j'écrivis une pendantau hasard, et sans en rien .savoir, d'avoir
grande lettre à Mme (Jiiyon,
où je lui marquais manqué à tous mes devoirs, il est le plus injuste
tous mes .sentiments « sur cesprodigieusescom- de tous les accusateurs, et dit tout à sa fan-
munications, sur l'autorité de lier et de délier, Uii.sic.
sur les visions de VAjwcalijpin', et les autres choses 30. Il répond peut-être, dans l'humeur con-
que j'ai racontées 3. » \\)i\h doue une répon.se tredi.sanle (pu le tient, qu'il lallait rendre ces
préci.se sur les chefs où l'on a.ssure que je ne ré- lettres piibli(]ues ; quoi, dans le temps qu'on es-
ponds rien. J'ajoute que la réponse de Mme pérait de ramener une ignorante soumise'' que)
Gu)ou, qui suivit de près celte grande lettre, prodige d'inhumanité ! 11 faut noter publique-
était très-soumise, et s'il en faut dire les lermcs ment les erreurs publiques : il faut même décou-
|)oiir conU'uler M. de Cambrai, Mme Guyon y vrir les plaies e.icliées, quand elles parais.sent
répète à chaque ligne « Je me suis trompée : : irrémédiables et contagieuses; voilà les règles de
j'accuse mon orgueil, ma témérité, ma folie; et l'Evangile, que j'ai su'ivies : le contraire est outré
remercie Dieu qui vous a inspiré la charité de ou laible.
ce qui lui fait si fort estimer M'"^ Guyon, dans Paris les des Nouveaux Catholiques dont
tilles
depuis môme qu'elle est condamnée par les pré- dres du roi pour renfermer ce religieux aussitôt
lats qu'ilappelle en témoignage. 11 n'y a que la qu'il fut revenu en France avec M'"^ Guyon, après
lettrede 1683 de feu M. de Genève, qui précède leurs voyages, et les perpéluels soupçons que
la date que M. de Cambrai a donnée au commen- l'on eut de leur mauvaise doctrine et de leur
cement de son estime. Mais cette lettre éloigne mauvaise conduite encore cachée alors, mais qui
31me Guyon, comme la peste des communautés. n'a que trop éclaté depuis. La conduite du dircc-
M. de Cambrai demeure d'accord, que l'autre tem" faisait-elle beaucoup d'honneur à la dirigée?
lettre du même prélat avait suivi la condamna- Voilà ce qui précédait le choix que vous avez
de ses mauvais livres avec
tion qu'il avait faite fait de celte fennne pour être « votre amie dans
ceux de Molinos, comme contenant la doctrine le commerce spirituel, » que vous racontez.
des quiétistes. On peut juger combien cet évêque 33. Ici toute votre ressource est de m'impli-
estimait M™« Guyon, infectée de ces sentiments. quer, si vous pouviez, dans votre erreur. Vous
Il semble que M. de Cambrai veuille se moquer avez vu, dites-vous, marcher après vous « l'attes-
quand il se fonde encore sur mon témoignage; « talion de M. de MeaiLX >; » où M""« Guyon est
hasarde tout ce qu'il lui plait, sur la foi de M^^ gner et dogmaliscr dans l'Eglise, ou de répandre
Guyon : il avance, contre la vérité du fait, que je ses livres imprimés ou manuscrits; ni de con-
ne réponds rien à ses objections, que je ne fais duire les âmes dans la voie de l'oraison ou au-
rien avouer ni rétracter à U'"^ Guyon, pendant trement. » Vous faites encore marcher après
qu'il voit le contraire pendant que, dans le fait,
; vous un acte qui ne hit jamais, comme je viens
il est constant que je réponds amplement à tout de le montrer; et je perdrais trop de temps si
:
et qu'il est certain, dans le droit, que mes ré- je voulais raconter ici tout ce qui a véritablement
ponses sont sansréplique. Comment veut-il qu'on marché après vous contre cette fennne, que vous
appelle ces expresses oppositions à la vérité, et estimez tant, et que vous avez « laissé » tant
après cela de quelle croyance veut-il être digne « estimer. »
pondre avec vérité Non, vous ne voyez point : g I. Mes paroles, d'où M. de Cambrai lire avantage.
marcher devant vous les lettres du feu évêque de trouve deux choses qui ont un grand
1. Je
Genève et pour ne m'arrèter pas h la date pos-
;
rapport dans la Réponse de M. de Cambrai :
térieure d'une de ces lettres, quand vous avez l'une est l'avantage qu'il lire de ma condescen-
commencé d'estimer Mme Guyon, en l'an 1689, dance envers M"° Gu}on l'autre est celui qu'il ;
vous voyiez ni.irciicr (levant vous, en 1683, une tire aussi de ma douceur envers lui-même.
lettre qui convaimpiait celle fennne de renverser 2. J'avais raconté, dansmayWrtMdn^, la prière
i'cspiil descomnnuiautés les i)lus saintes; vous que m'avait faite M. de Cambrai, de « garder du
voyiez marcher devant vous un ordre du même « moins queUiues-uns de ses écrits en témoi-
prélat, qui, conformément à sa lettre, l'éloiguail, « gnage contre lui, s'il s'écartait de mes scnti-
avec le i'. la Coinho, de .son diocèse, où elle « menis » et la réponse que je lui fis sur celle
:
brouillailles comnnniaulrs. Vous voyiez encore proposition «Non, Monsieur, je ne veux jamais
:
marcher devant vous la censine du même évê- « d'aulre précaution avec vous, que voire hoime
que, de 1688, oi'i les livres de cette fenunc si « foi. Par ce motif obligeant je rendis tous les
r,
cstimahlc sont condamnés avec ceux dcMolinos, « papiers» que l'on m'avait confiés, et ce pro-
« comme contenant les maximes artilicieuses du cédé de confiance m'a attiré le reproche (lu'on
« (luiétisinc. » Vous voyiez marcher devant vous va entendre.
tout ce que fit ce piélat pour faire ra|)|)eler à
' Actes contre la qulélismo, t. xv, p. Ï80, asfl. — ' AlK»lal. <i«
M. Moniix, n<.îp. do M. do Camlirnl, c. I, p. 11?,
.!<• U. — ' Kol»t •
reconnail «lanssa
j;ai(icr,
lirlatinii ? i'iiis(in'il ne rn'a-
il
tiaqer M. de Cambrai. 6. Je réponds —Mes :
4. Voici encore la réflexion de cetarclicvêque, les termes les plus elfiaices qu'on eut pu choi-
la sauver, pour la condamner en même temps? j'ai dénoncé M. de Cambrai, brûlé M^n^ Guyon
Le monde n'avait jamais vu d'exemple d'une de mes propres mains, toute renonçante qu'elle
souplesse, d'une illusion et d'un jeu de cette était à ses visions et 5 ses erreurs; que ne dirai!
nature. pas M. de Cambrai contre un procédé si inique!
7. Je n'étais pas seul de cet avis j'étais ap- : Je vois donc bien ce que
j'ai anaire à un c'est :
puyé par les senliuients d'un prélat aussi sage homme enflé de éloquence qui a des cette fine
que M. de Chàlons, et d'un prêtre aussi vénéra- couleurs pour tout; à qui même les mauvaises
ble que M. Tronson, qui avait élevé M. l'abbé de causes sont meilleures que les bonnes, parce
Fénelon et que cet abbé avait toujours regardé
; qu'elles donnent lieu h des tours subtils que le
comme son père. Nous ne désavouerons pas que monde admire; à des inventions délicates qui
l'amitié ne soit entrée dans nos sentiments on :
ne subsistent sur rien, et dont on est l'artisan et
est bien aise de la concilier avec la raison, et le créateur. Que lui dirai-je, sinon avec l'Evan-
celte disposition n'est pasmalhonnête. gile 1 Nous avons chanté d'un ton agréable,
: «
Deuxième point : Avantages que tire M. de « et vous n'avez pas dansé nous avons entonné
Cambrai de ma condescendance. 1. Après tou- — « des chants lugubres,
;
de Fénelon, pour me condamner comme il le « prit; le Fils de l'homme est venu » dans une
i\l sur mon énoncé, il faut qu'il ait dépouillé vie plus commune « buvant et mangeant » avec
tout sentiment humain, et qu'il parle contre lui- les hommes et ne
dédaignant pas lem-s festins,
même plus que contre moi. Il faut qu'il dise :
« et ils un homme de bonne chère I»
ont dit: c'est
V'ous avez tort de m'avoir cru sur mes soumis- Ils sont prêts à tout contredire. Quoi vous aviez !
sions, vous deviez sentir que j'en savais plus que peur de M^i^ Guyon ; cette pauvTe femme affli-
vous, et que mieux et plus finement qu'aucun gée, captive, que personne ne soutenait 2 ? Mais
autre homme du monde, je savais donner de quoi d'autre part, vous ne la brûliez pas avec
!
belles paroles à un homme simple. Que M. de ses hvres 3? Quoil vous m'avez épargné moi-
lleaux était innocent de s'amuser à mes promes- même pendant que j'étais entre vos mains ? vous
ses! comment n'avait-il pas l'esprit de songer n'avez point publié mes erreurs cachées ? Quoi 1
que le temps les demandait alors que je saurais ; vous ne voulez pas m'aider à les couvrir de sub-
bien en un autre temps reprendre mes avanta- tiles excuses, après que je les ai déclarées? Quoi
ges, et me relever, aigres être venu à mon but? que vous fassiez, vous aurez tort. Mais malgré la
Non, il ne faut rien donner à l'amitié, à la con- Subtilité et l'esprit de contradiction qui anime
fiance, à la réputation où était un honune vous : les sages du monde, il n'y aura que la paille qui
deviez me pousser à bout et n'attendre pas que soit emportée, « et la véritable sagesse sera justi-
je vous fisse un crime de votre douceur. fiée par ses enfants » '•.
8. Voilà, dans le fond, le raisonnement qu'il 10. Quel est le vrai caractère de cet homme
faut faire pour nous condanmcr mais en même ; contentieux, dont rApotro a dit « Nous n'avons :
temps, voilà de quoi rendre les honnnes défiants « pas cette coutume, ni l'Eglise de Dieu 5?» Et
à toute outrance, et leur procédé le plus pur, n'en est-ce pas un trait trop visible, de faire un
le plus inhumain et le plus odieux. Pour crime à un ami, d'avoir voulu gagner le cœur
moi je n'en sais pas tant, je le confesse, je cl le prendre par la confiance? C'est ce que j'a
ne suis pas politique, je ne connais pas les raffi- vais espère, en refusant l'uHre que rccomiait
nements qui font les esprits que les gens du M. de Cambrai, de me liiisser quelques-uns de
monde veulent nommer supérieurs. Simple et ses manuscrits, pour le vaincre en cas qu'il vînt
innocent tliéologien, je crus avoir assez lait pour à changer. 11 est vrai naturellement que je fus
lu vérité, en liant iM. de Cambrai pardes articles louché de ce moyen {pi'il trouva d'assmer sa
tbéologiqucs mais j'ignorais que certains esprits
: sincérité, en me laissant contre lui de telles
se mettent au-dessus de tout; (jii'ils établissent preuves. Mais moi, tant jetais sini|ilo, plein de
un nouveau langage qui fait dire tout ce qu'on candeur et de confiance; moi, dis-je, qui ne
veut; et que, pleins de distinctions et de défaites, voulais mettre ma sûreté que dans son bon
en trompant visiblement le monde, ils savent cœur, je rehisai toute anire assurance; et après
encore se donner des approbiilems. que, pour gage de sa bonne foi, je n'ai \ouhi
9. Tournons néanmoins la méilaille; faisons qu'elle-même, il me vient dire aujourd'hui vous :
li. Ton. VL H
162 nrMARQUES SUR LA REPONSE
!,oilcz (le la vraisernhlanro, quand vous vous voilh mon crime envers ce prélat : coiiiine .s'il
différence est extrême entre les lettres, qu'on ne parlons tant des écrits que M. de Cambrai n(jus
vous écrit que pour être i'i vous, et des papiers avait confiés, et que nous lui avons rendus par
<|u'on dépose entre vos mains pour les rendre liN motifs qu'on vient de voir, il est impossible
après la lecture. On n'a au reste à rendre au- que ne soil curieux de savoir ipiels ils
le lecteur
cune raison, juiurquoi ou garde des lettres: M. étaient. Mais pour abiéger celte discussion,
de Cambrai en a gardé des miennes, dont il M. de Cambrai va nous l'apprendre lui-même.
produit des extraits, sans qu'on lui eu demande Car encore que ces Mémoires fussent écrits avec
aucune raison. Mais suj.posé même qu'il m'ait lout le soin et avec toute la finesse dont il est
|.eul-élre, et sans l'assurer, passé dans l'esprit capable, comme le peuvent léiiioigner ceux qui
une i)ensée, un soupçon qu'il lui pouvait ai river les ont lus, et comme aussi il serait aisé de le
d'être tenté sur ses soumissions, j'ai bien voulu justifier par mes extraits; ce prélat les api)ellc
dire s;ms laron. que ses lettres auraient pu .ser- parlout, et dès d'abord (juatre fois de suite, des
vir îi lui en rappeler le souvenir : et il me fait a recueils informes, ('crits à la liAte et .s;ms pré-
un procès sur cette parole. C'est pourtant autre caution : dictés avec pri'cipilalion et sans ordre
chose d'être tenté, ce qui peut arriver au plus à un domestique, et (pii |»ass;iienl, .sans avoir
vertueux; autre chose de succomber à la ten- été rendus, dans les mains de M. de Meaux '. »
tation et quoi (pi'il en soit, j'ai voulu marquer
:
Il devait du moins ajouter, qu'il les confiait
public de ses erreurs. Que peut-il trouver de style élégant, correct, où rien ne sentait la négli-
mauvais dans ce procédé, si ce n'est troj) d'hon- gence. M. Tronson nous en fil d'abord des ex-
nêteté et de confiance? « N'élait-il pas, dit-il ', qu'on ne lisait point .sans frayeur, tant les
traits
plus important, de garder les preuves de mes propositions en étaient étranges et inouïes.
erreurs, que celles de mes soumissi(uis ? « Oui, Sans doute il eu a parlé h M. de Cambrai à qui il
.vins doute, si j'avais songé à le convaincre aura laissé (pielque forte impression contre ces
d'erreur dans le public. « Ma soumission, pour- Mémoires éloimanls, surtout contre celui où
suit-il, me prouve (jne ma d(>cililé peut être railleur traitait de siiiil Cléiiieut d'Alexandrie :
excessive. Pounpioi est-il (M. de Meaiix) si pré- c'est donc pour en cxcumm les erreurs palpables,
cautionné et si défiant sur les soumis.siiins qui (pi'ii les haile d'ouvrages informes, mal digérés
ne peuvent rien contre moi. pendant qu'il et préeipilés. Kl il .sent si bien que c'était le
l'était si peu sur la preuve des erreurs qui étaient fond même de la doctrine qui y était à re-
le point capital? » l.a (jneslion est évidente: prendre, (pi'il ne les sauve qu'en di.s;int que
ipiand sur ce point capital on ne songe h rien ;
« ce n'élaient que des recueils secrets el informes
cl «pie, loin de disirer d'en avoir la preuve, ou tant des preuves du vrai, (pie des objections
consent par une absolue confiance à .s'en priver, (ju'on pourrail laire pour le faux ''. » C'est ainsi
ou ne \eut point i|u'uii ami .sente de la défiance. (pi'eu use ce juélat. U»aud il parle comme
On rend les hommes défiants eu l'étant soi- Molinos, (prune objection
ce n'est quand :
tant d'amertinne, c'est..sur le sujet (le ses erreurs, son livre .sur l'exliiiclion du niolit de l'espé-
d avoir autant ipie j'ai pu tout remis à sa bonne rance, c'est un argument ad homiucm ; (iiiaïul il
Articles, je n'en voulais pas davantage. L'évé- Quand esl-ce (buic (pi'il aura parié naturcl-
nement m'a trompé si mon procédé sincère : lemeiil? Il esl vrai ()ue dans ces .Mémoires ma-
avait eu un meilleur succès, ma joie aurait nuscrits il propose des senlimcnls si outrés,
peut-être été trop humaine quoi qu'il en .soit, : qu'il y a de certains endroits d'exagération*,
• lUp. c.
2, p. «0, 41, 43, «3,
4S. cT. - • /.., cond., p- !'•'• —
'
lUltt, «ect. 3, n- 16 — ' Ri'p . o a, P- M. ' 74., c. î, D. 47, e c.
A LA r.ELATION SUR 1,E OUIÉTISME. 163
principalement sur saint Clément d'Alexandrie: j'aie cru voir en lui les mêmes marques ? Veut-
mais il ne saurait nier qu'ordinairement les il dire qu'il était visible qu'il ne les avait pas?
plus grands excès ne soient ses dogmes et nous : N'est-ce pas là s'accuser lui-même en me vou-
savons positivement que sa gnose, comme il lant faire mon procès ? Mais il sait bien d'autres
l'appelait en traduisant le grec de saint Clément détours, et il est temps de découvrir plus à fond
d'Alexandrie, quoique pleine des sentiments les encore toutes ses adresses.
plus outi'és , est encore aujourd'hui la règle
secrèle du parti. ARTICLE IV.
13. Dans sa Béponse latine à M. l'archevêque DÉTOURS SUR l'aPPROBATION DES LIVRES IMPRIMÉS
de Paris qu'il voudrait bien nous cacher, quoi- DE MADAME GUYON, ET DE SA DOCTRINE.
qu'à Rome imprimée h ceux qu'il
il la distribue
croit affidés, ne cesse de répéter, que « ses
il
1. Ceux qui ne veulent pas croire toutes les
souplesses de M. l'archevêque de Cambrai, en
Mémoires manuscrits étaient indigestes impru- ;
demment, mal cl propos et précipitamment vont découvrir une preuve surprenante car ;
encore à la convaincre. Une bonne et sûre doc- « pu ni dû ignorer ses écrits; quoique je ne les
trine, une conscience assurée et ferme, n'oblige « aie pas examinés tous à fond dans le temps, au
jamais à consulter avec tant d'angoisse à pro- : « moins j'en ai su assez pour devoir me défier
poser de « tout quitter, et même sa place » : « d'elle, et pour l'examiner en toute rigueur i. »
de « s'aller cacher pour faire pénitence le reste Ainsi je l'excusais sur ses écrits par ses inten-
de ses jours, après avoir abjuré et rétracté tions, sans vouloir néanmoins approuver les
publiquement la doctrine égarée qui l'aura livres quoique je les eusse lus assez négli-
:
séduit 1. » C'est ainsi que parle un homme qui gemment, ils m'avaient paru fort éloignés d'être
sent qu'il innove, et à qui, malgré qu'il en ait, corrects.
sa conscience reproche ses innovations. C'est à. « Pour l'examen rigoureux de ces deux
ce que je vois, maintenant qu'il a égalé son ouvrages (du Moyen court et du Cantique) par
obstination à son erreur; c'est ce que je ne ra|iport au public, c'était son évêque qui devait
voyais pas dans le temps que la soumission qui y veiller n'étant que prêtre, je croyais assez
:
m'a trompé lui caciiall peut-être l\ lui-môme faire en tâchant de connaître ses vrais senti-
son propre fond. Quoi qu'il en soit, .s'il a voulu ments.
me surpreruhc par les plus fortes expressions, 4. « Il ne s'agissait que des livres imprimés :
et avec le plus grand air de sincérilé, n'est-il je nejamais lus dans une rigueur théo-
les avais
point peiné en lui-même du succès d'un tel logique, une simple lecture m'avait déjà fait
dessein? Uue s'il me parlait sincèrement, et penser qu'ils étaient censurablcs. Je ne les excu-
qu'il eût véritablement dans le cœur tout ce sais ni ne les défendais, connue mon Mémoire
qu'il montrait par de si vives expressions, le expressément
dit mais la bonne opinion :
pourquoi, dans l'opinion que j'avais de lui, que j'avais de celte personne ignorante, me
trouve-t-il si étonnant (jue je l'aie cru? ne puis- faisait excuser ses intentions dans les expressions
je pas lui rendre ses proi)res jjaroles, et lui ré- les plus défectueuses 2. »
d'autrui 2? » Pourquoi ne voudrait-il pas que que de les trouver « censurablcs par lUie simple
Mfin. il« M. de Cambrai, Jielal., socl. 3, iiuni. i. — '
Ilt-i>., I, I
M.ni. .!,• M. de Cambrai, KcUl., >cct. 4, ii. i». 16- — H' !..
c. 1, p. 31, ÏO,
Ifii r,'MAR'H'f:< ^rp. la nrii-ONSF
brai ne veut point avoir fait; et il ajoute qu'il st ils naturel du Mémoire de M. de
el inévitable
n'avait jamais lu les livres de M'"' Cnyon dans Cambrai. Mais qu'est-ce un doeleur, h un di- .'1
« une certaine rifmeiu- llu''oIo<:ique '. » Il va recteur de mettre en main un livre h ses péni-
donc une ripueur tlièolog:i(iue cl jiar rapportai! tents, à ceux qu'il conduit, si ec n'esl l'approuver?
pulilic. où M. de Cambrai n'est |ias entré et il : En rapi)rouvanl on met entre les mains de
le
"i. S'il s'agissait de faits personnels, j'avoue que M"" Guyon comme une personne s|iiriluellc, el
l'on pourrait disliriguer l'exameu d'un livre d'une si haute oraison ', ne li.s.iienl point ses
d'avec l'examen ripourenx de la |)ersonne : mais livres, où toute sa S|)iriliialilé était renfermée?
(jnedans l'examen d'un li\reil j en ail un d'une M. de Cambrai avoue qu'il les c<innai.ssiit. Celait
t ri;;ueur thèologirpie » et par rapi)Ortau public, donc délibérément el en eonnais.s;ince de cause
un autre qui soil « rigoureux » sans ôlre tliéo- qu'il les laiss;iil lire el estimer jiar ceux à qui
et
logiquc, et sans aucun rap|)ort avec le public ,
une de ses paroles les aurait ôlés pour jamais.
c'est ce que la tbéologic avait ignoré. Mais celle Ils disaient M. l'ibbé de Fénelon n'a pu ni dû
: <>
réflexion va paraître encore dans une plus grande « ignorer ces livres; lui prêtre, lui précepteur
évidence.
« des princes, lui (pii a dû .savoir ce qui était
« évident. » n'a dû ni |)U ignorer s'ils étaient
11. Sur l'tpprobalion dos livre» de Mme Gnyon.
I évidemment esliiuables. nous les lai.s.se lire
Il
M. DF, C.vMunAi. — 8. M. de Meaux assure, du dans celle pensée; ils sont donc évidemment
ton le plus aflirmalif, que j'ai donné ces livres fi bons; nous pouvons régler sur ces livres noire
tant tic gens; mais si je les ai doimés à tant de con.science. (Ki esl le zèle, où est la prudence,
gens, il n'aura pas de peine de les nommer; qu'il où esl l'auliiilé d'un directeur, si ces eon.sé-
le fa.s.se donc, s'il lui plail 2. quences sont douteuses? Sans doute il lallail de-
Hkponsk. — 9. M. de Cambrai me regarde viner (ju'il avait examiné M"" Guyon avec .ses
comme si j'avais eulre|iris de lui prouver la dis- livres oeil loule rigueur; » mais non ikis en toute
met im livre eu main à ceux qu'il diiige quand le monde jiar ces vaines dislinclions?
il l'eslime et l'approuve; c'est ce qu'a lait M. de
I m. Illusion sur l'intention cl (ur h question de fait.
Caudtrai. Car, que veulent dire ces |)aroIes de
son Mémoire: «J'ai vu souvent M"" Guyon, je M. DE Camiiiiai. — 40. • Le .sens d'un livTe
l'ai estimée, je l'ai laissé estimer par des per- n'esl pas toujours le sens (»u l'inlention de l'au-
sonnes illustres, dont la répulalion esl clicre à teur. Le sens d'un livre esl celui «pii .se pré.s«'nlc
donne assez h enlcndre ce (pie c'est que « de que puisse avoir élé riiilenlion ou le .sens de
I laisser estimer M"' Guyon par ces personnes l'auteur, un livre demeure en rigueur ceii.su-
fl qui avaient conliauce en liù, > en ajoutant rable par lui-même, .suis sortir de son texte, si
tout de suite : c Je n'ai pu ni du ignorer ses sou vrai et pro|ire sens qui esl celui du texte,
cou ne je est mauvais alors le sens ou riiileiilioii de la
écrits; » un peu après : « Je l'ai ;
n'ai :
pu ignorer ses écrits; moi prêtre, moi préce|)- persoiiiie ne lait excuser que la peisomie même,
leur des princes, moi appliqué deimis ma jeu- surtout quand elle est igiuuaiite. Kii posjiiil celle
nes.se h ime élude coiiliunelle de la doclrine, règle re(,iie de toute riv.;lise. je ne lais que dire
dû voir ce qui était évident^. » En entendant ce que M. de Meaux ne peut éviter de dire au-
l'ai
tant que moi; diui coté, ilacundaniné les li>i>s
'
n. I
c I, p. ao. — ' /''
, I'
ïl - \Um d* M. d« C.imbrAi.
tUiii . vwl. 4, n. 9. — n '
, n. Il
A LA RELATION SUR LE QUIËTISME. les
de M"" Giiyon; de l'autre il lui fait dire qu'elle nait, parce que cette condamnation terrible
n'avait aucune des erreurs portées par sa con- retombait sur les intentions de la personne
damnation'. » même '. »
Réponse. —
11. J'arrête ici le lecteur, pour Réponse. —
16. Je ne sais ce qu'il veut m'im-
le faire souvenir que ce qu'on fait dire ici à puter avec cette « terrible condamnation qui re-
M. de Meaux est inventé d'un bout à l'autre, « tombait, non point sur le livre de Guyon, W^
comme il a déjà été dit 2 après cela, reprenons : « mais siu- les » Dans
intentions de la personne.
la suite de la réponse. la condanmation d'un livre, ni moi ni qui que
M. DE Cambrai. —
12. 1 Cette distinction est ce soit ne nous sommes jamais avisés de con-
(rès- différente de celle du fait et du droit qui a damner le sens et l'intention
d'un auteur d'mie
fait tant de bruit en ce siècle. Le sens qui se autre manière qu'en prenant la suite de son «
présente naturellement, et que j'ai nommé sen- « texte et la juste valeur de ses termes. » Cette
sus OBvius, en y ajoutant naturalis, est, selon finesse qu'on me fait tourner contre la personne
moi, le sens véritable, propre, naturel et uni- m'est inconnue connue aux autres hommes.
que des livres pris dans toute la suite du texte, M. de Cambial peut-il dire de bonne foi que
et dans la juste vjleur des termes; ce sens étant mon livre, qu'il n'a retenu qu'une seule nuit 2
mauvais, les livres sont censurables en eux- et dont il a seulement parcouru les titres, lui
mêmes et dans leur propre sens il ne s'agit ; ait fait paraître un autre dessein? en tout cas,
donc d'aucune question de fait sur les livres. » il aurait pu en lisant le livre, où
se désabuser
Réponse. —
13. Veut-il introduire dans l'E- je n'ai pas seulement songé à connaître les in-
glise une nouvelle (pieslion de fait? Non, dit-il, tentions de M'"* Guyon autrement que par la
a et il ne s'agit d'aucune question de fait sur juste valeur de ses termes, et par la suite de son
<c les livres » de M"° Guyon. 11 y a pourtant une texte et de ses principes. Fallait-il m'impuler
nouvelle question de fait, puisqu'on avouant que un chimérique dessein, pour prétexter le refus
ces livres sont condaumables en leur propre d'une approbation? Mais voyons comme il s'em-
sens, il veut trouver un moyen de les sauver au barrasse en soutenant ce vain prétexte.
sens de l'auteur; car écoulons ses paroles: « Ces M. DE Cambr-U. —
17. a Le silence que je vou-
livres sont condaumables au sens véritable, pro- lais pousser jusqu'au bout n'était que pour
pre, naturel et unique, pris dans toute la suite n'imputer pas, avec M. de Meaux, un .système
du dans la juste valeur des termes. »
texte, et évidemment abominable à M"" Guyon. S'il n'eût
Et en même temps il saura trouver le m(>yen fait que condamner le livre de cette personne,
de disculper son amie, et de dire que ce sens en disant qu'on pouvait conclure de son texte
« non-seulement véritable, propre, naturel, qui
des erreurs qu'elle n'avait pas eu intention d'en-
se présente d'abord, mais encore unique, pris seigiier, il aurait parlé sans se contredire et
dans toute la suite du texte, et dans la juste va- conformément à l'acte (lu'll avait dicté 3. » On
leur des termes, » n'est pas le sien. le voit M. de Cambrai ne saurait que dire sans
:
14. S'il s'agissait de quelques paroles, de quel, lerecours conlimiel à l'acte inventé qu'il allé,
ques propositions détachées, il serait [)eut-èlre gue à chaque ligne-». Suivons « Mais lui iin. :
brai, l'ouvrage d'imi; iiersoinic ignorante, mais « M. de Meaux devait dire qu'on pouvait con-
l'effet du plus profond arlidee. clure du texte de M'"" Guyon des erreurs qu'elle
n'avait pas eu l'inleidion d'en.seigiier. » Ainsi,
( iV. Sur le refus de l'upprobation de mon livre.
dans le sentiment de .M. de Cambrai, je ne pou-
M. ueCambiiai. —
lîi. J'ai n'ai pas voulu jus-
vais condauuier M'"" Guyon (pie par des consé-
contre la supposition, vouloir me rendre livres de .M'"« Gujon, mais une question de fait
c'est,
entièrement sans exemple. Dans la question de
conqilice de la plus pernicieuse de toutes les il-
(ïiil (ju'il prétend avoir évitée, tout est plein
lusions.
d'e.xcmples bien ou mal allégués ; on entend re-
21. C'est donc M. de Cambrai qui se contre-
tentir de tous côtés les trois chapitres et Hono-
dit, et non pas moi; puisqu'il assure, d'un côté,
rius, le cinquième et le si.xièine
quatrième, le
que ces livres favoris sont censurables par eux-
concile, etc. La question de fait que M. de Cam-
mêmes dans leur sens propre, naturel, unique,
brai met le premier sur le lapis n'est précédée
qui se présente d'abord et de l'autre, qu'ils ne ;
connue je l'eslimais moi-même, c'est-à-dire Siuis si R LtS ENTREVUES AVEC MADAME (.1 VO.N, ET
estimer ses livres y » il .se condaume lui-même, LE TITRE u'aMIE.
puiscjuil ne peut pas ne point estimer des livres
1. que je trouve imprimé
Voici sur ce sujet ce
poin- la défense des<iuels on lui voit faire de si
dans première édition de la Rt'ponxf de M. de
la
granils cITorts.
Cambrai que j'ai en main. L'on y verra ce qu'il
disait naturellement.
'
Inv» clKleuus, Il 10, 11. — > Krp., c. 7, |<. ir,6. — « Mrm. de
M .!<• é«mbr«i, IMnI., «ccl -'. n. 9. 13. II. K., JD.'Xl, !,«<:i. 6,
— M. da M. de Camhiai, Ktlat.,
n. 11. vcl- ï. 11. 10, Mtt 11, n. 4.— ' IWp., c. 7, p. 164. — > loy. •
lit). . c. a. obj. 3, p. 67. '
kcct. 4, n. S.
cl-dc>ÂU», n. 9.
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 1G7
[lour l'estimer et pour avoir du prendre connais- s'en excuserait pas tant, s'il ne sentait en sa
sance de sa spiritualité. Voilà ce que signilie ce conscience, que cette spiritualité qu'il trouvait
« souvent. » Mais il ne veut pas dire des entre- sibelle, était dans l'esprit de tout le monde, non-
vues fréquentes. Mon extrême assiduité à Ver- seulement odieuse, mais encore, pour me servir
sailles faisait rarement à Paris. Il est
que j'allais de ses termes, « abominable *. »
vrai qu'elle passait de temps en temps à Versail-
lesallant voir unedo ses parentes; mais, quoique
ARTICLE VI.
je l'ai vue un assez grand nombre de fois pendant
plus de quatre ans, il est vrai néanmoins que ces SUR l'approbation livres manuscrits de
des
entrevues, par rapport à cet espace de temps, MADAME GUYON.
n'étaient pas fréquentes i. » Que M. de Cambrai a su toutes les visions de
§ 1. cette femme.
Réponse. — Uuel entortillement dans tout
'à.
M. DE Cambrai. 1. « Venons maintenant —
ce discours 1 II ne sait s'il veut avouer qu'il ait
au fait que M. de Meaux raconte. Il assure qu'il
vu Guyon. Il dislingue subtilement comme
M""»
me montra sur les livres de M™« Guyon, toutes
sur un point de théologie. Cependant il est véri-
les erreurs et tous les excès qu'on vient d'enten-
table qu'il s'est toujours excusé d'avoir vu sou-
dre. Veut-il dire par là qu'il m'apporta les li-
vent cette femme, tant il croyait peu avanta-
vres, et qu'il m'y fit voir ces erreurs et ces excès ?
geuses ses liaisons avec une fausse prophélesse
on pourrait croire qu'il veut le faiie enten-
remplie d'erreurs et de visions et le monde est ;
dre; mais il ne le dit pourtant pas positivement.
l)Iein de gens irréprochables, qui racontent sans
Sa mémoire, qu'il dépeint fraiche et sûre, ne
difficulté qu'il leur a toujours soutenu qu'à peine
lui permet pas d'avancer ce fait2. »
l'avait-il vue deux ou trois fois. Quoi qu'il en soit,
une amie d'une si étroite correspondance, d'une (avec M. l'abbé de Fénelon) plein de confiance,
si grande distinction, qu'il est dit partout, dans
qu'en lui montrant sur les livres de M"'« Guyon
son Mémoire et dans sa Réponse 2, que la répu-
les e.xcès qu'on vient d'entendre, il conviendrait
tation de cette femme était inséparable de la
qu'elle était L'ompée 3. » On ne « montre i)as »
sienne propre.
M. deCambrai. — 4. a On savait que j'avais vu
des faits «sur des livres» qu'on n'apporte point;
aussi venais-je dire en parlant de cette même
etestimé celte personne; ceux qui mepicssaient
ma'Jère, que « M, de Cambrai avait vu ces cho-
de la condamner l'appelaient mon amie. Celait
ses et plusieurs autres aussi imporlanles • : » ce
en leur répondant que je parlais leur langage,
n'était point un récit que je lui en faisais j'as- :
Riii'ONSi;. — M. de Cambrai ne
non plus sait
faitspour les lui « représenter; » et la suite fut
en effet de les lui montrer sur Icslivresû; pour-
s'il doit nommer M™° Guyon son amie, que s'il
quoi aussi n'aurais-je pas apporté des lixres
doit reconnaître (ju'il l'a vue souvonl. Ce n'était
qu'on avoue que j'avais en main ? Mais que sert
pas lui qui l'appelait son amie donne
: cl s'il lui
à M. de Cambrai de nier que je lui en aie fait la
maintenant ce litre si répandu dans son Mémoi-
lecture, pui.stju'il avoue, a[)rèstout. par les pa-
re'', ce n'est que par complais.mce, par imila-
roles suivantes, que je lui en ai fail le récit?
lion, et à cause que ceux qui le pressaient île la
condanmcr la nonnnaii'nl ainsi : il donne tel
M. DE Camiîrai. 3. «Il est vrai seulement —
que dans une assez courte conversation, (pi'il
tour qu'il veut à s<'s paroles, autant sur les moin-
nomme une conférence, il me raconta ces vi-
dres choses (pie sur la doctrine on ne sait ja- :
f'. »
sions
mais si c'est lui qui parle de son propre fonds,
on s'il parle dans l'esprit des antres, par une
RÉi'ONsiî. — i. Je ne .sais encore tpielle finesse
sort. 'I, n. 23, etc.; HAp. i In Kclat., c. 5, p. UO, 1U4, otc. > Ki''p., — ' Kelal., scct. 1, ii. 1C>, 19, etc. — ' Kép.
prcMi i.lil., f. «8. — ' «dut., sccl. 4, n. 10, lu, ulc. Mccl. a, II. i't'. — '
Jb-, n. 7. — • Jb., II. 1
lii|>., c. 4, p. 27
16R REMARQUES SUR LA RÉPONSE
celui de conf(*rcnce. Quoiqu'il en wiil, il ne bicsî Veut-on me faire produire les lettres origi-
niera pas ([d'elle se fil chez lui, iJ heure mar- nales qui en font jneuve? marqué dans ma
j'ai
quée, et ses amis appelés durant une a|)iés-di- Relation celles de M"' Guyon qui confirment
née et tant qu'il vouUil, plusquej'élai^ ^enu pour tout ce que j'avance il faut me croire ou me dé-
:
cela. Ce que je lui récitai est étendu plus au long menlir nettement sur des faits contre les<|ucls
dans la première édition de sa Réponse, a II nie on n'allègue rien, et dont j'ai la preuve en main.
raconta, dil-il (M. de .Meaux)
' que uiadame ,
Si M. de Cambrai en doiilait, il devait approfon-
Guvon s'iinapinait ci cver par une |)lénilude de dir la malière pendant que j'avais, outre les let-
pr;\ces, et la répandre sur les personne^ qui tres que j'ai encore, les livres que j'ai rendus,
étaient en silence auprès d'elle. Il ajouta (ju'ellc et qu'il m'avait fait confier lui-même; mais
avait prédit (|u"il vienihait bienlùl un temps où alors il ne douLiit point de la vérité de mes dis-
l'oraison se répandrait abondamment dans cours; et maintenant même il n'ose les accuser
l'Ei-dise; qu'elle était la femme de Apocalypse, i de fausseté, content de se s<iuver par dessubler
et l'épouse au-de»us de la .Mère ilu ! ib de Dieu. » uges.
Qu'il ne s'avise donc plus de nier que je lui ai M. HE Cambrai. — !•. « M"» Guyon m'avait
raconté ces laits im|)ortants. Des \isions qu'il dit plusieurs fois qu'elle avait de temps en temps
avoue lui-ménie avoir été sullisaules à laire con- de certaines impressions mnmenl;mées qui lui
damner Jr"' Guyon, ou connue folle ou connue
>
paraissaient dans le moment même des coin •
impie, si elle avait parle ain>i d'elle-même sé- numicalions extraordinaires de Dieu, et dont il
rieusement 2, n niéritaient d'être approfondies. ne lui restait aucune trace le moiiicnl d'après...
Elle ajoutait que, selon la règle, elle demeurait
i II. Que M. cje Cambrai afTaiblil et excuse tout.
dans la voie obscure de la pure foi, ne sarrélant
M. DE Camuuai. — 5. « Je répondis 1'' qu'elle jamais volontairement à aucune de ces choses...
r'.ait folle etimj)ie, si elle avait parlé ainsi il'ellc- Cette règle est celle du bienheureux Jean de la
mème sérieusement. 2° Je remarquai que beau- Croix,... du P. Surin, approuvé de M. de Meaux-
loiip de saintes ;\mes avaient raconté par simpli- Cet auteur remai(|ue que de très-saintes Ames
cité certaines grAces particulières, mais dans un peuvent être trompées par l'artifice de Satan,
gein'c très-inférieur aux prodiges insensés dont comme siiinte Catlierincde Bologne le fut du-
il s'agissait. 3° Je dis que cette personne m'a- rant trois ans par un diable sous la figui-e de Jé-
vait paru d'un esprit touiné à l'exagération sur sus-Christ '. » Il tourne ce raisonnement durant
ses expériences. J'ajoutai les paroles de saint cinq ou six grandes pages, avec de ces sortes de
Paul Eprouvez les esprits '. »
: répétitions, où l'on voit un homme qui, n'étant
Répo.nse. — 6. Veut-il avoir dit toutes ces jamais content de ce qu'il dit, ne fait que le ré-
choses; je passe tout, et je conclus, l" que selon péter.
M. de Cambrai M™
Gu\i)n paraissait « tournée Réponse. —
10. On voit comme il atténue et
« à exagérer ses expériences, e'e.st-à-dire cel- •> eomme il excuse les excès de .M"'" Guyon mais :
les qui lui paraissaient avanlageuses; ce qui est il erre; elle s'arrêtait si bien à ces visions qu'elle
un caractère d'orgueil (juil est forcé d'avouer; en venait ii des pratiipies, les inculquait sérieu-
2" que M. de Cambrai voulait affaiblir la vérité sement, et avec une certitude étonnante, et les
de nion récit par cette conditionnelle, si elle ' faisiiit servir de fondement à son état, comme je
avait parlé ain>i d'elle-même sérieusement. » l'ai fait voir dans la lielution ^. Elle appuie d'une
C'e^t ce (ju'il fait plus à découvert dans la suite. manière terrible sur le songe que j'ai raconté, et
M. DE Cambh.vi. —
"i. « Ces choses que M. de où M. de Cambiai affeele cent fois de ne trouver
Meaux me racontait m'étaient nouvelles et pres- rien de mauvais- que de s'être préférée à la siinte
que incroyables. J'avoue que je commenrai à Vierge, en dissimulant l'idée infAine que je ne
me délier un peu de la prévention de le prélat veux pas rappeler; c'est ce (|ue le P. Surin ni au-
contre cette personne. Je ne recoiiiiaisSJiis en cun spirituel n'aurait jamais approuvé, cependant
Joutes ces choses aucune trace des sentiments M. de Cambiai excuse autant (|u'il peut son indi-
que j'avais toujours cru voir en maaanie gne amie, et voudrait nous la donner amune
Guyon *. » une autre sainte Catherine de Bologne.
IlEi'ossE. —
8. Quoi! M. de Cambrai ne sa- M. DE Camiihai. — h. « Quand je proleste de-
vait riende ces prodigieuses communications de vant Dieu (pie je n'ai point lu les inanuscriLs, le
grAces'/ ses aiui> ne lui en avaient jamais rien lecteur ne doit pas .soiqx.onner aucun artifice...
dit? ou bien c'est qu'elles n'étaient pas vérila- S'il était vrai que je les eusse lus, et si j'étais ca-
pable d'artifice, je n'aurais garde de faire donner
Iii|... (irtni è'iil , p. ^4 — ' Krf., p. ai. — » /4m*. — '
/».,
e.L p. 3». Bép , p. 33,-ii.~- B<:t( , M<!. 'J, n. 9, 10, U, It). 19, (le
A LA RELATION SUR LE QUiÉTlSME. 169
ques 1. » Il répète et tourne encore ce raisonne" i I. Sur mon ignorance dans les voies mystiques.
ment en cent manières différentes.
Réponse. —
12. Me veut-il louer ou blâmer M. DE Cambrai. —
1. « J'ai écrit: poiu-quoi
quand il fait marcher ensemble ces deux quali- écrivais-je ?... Le lecteur ne doit pas être surpris
tés je me montrais « zéléconti'e rilhisionet pré- que j'aie donné des Mémoires à M. de Meaux sur
;
venu contre les mystiques?» c'est un trait lesvoies intérieures, puisque ce prélat me les de-
qu'on me veut donner, mais sans raison; si ce manda : il doit se souvenir que quand on le fit
n'est qu'il veuille appeler prévenus contre les entrer dans cet examen, il n'avait jamais lu ni
mystiques ceux qui le sont contre Molinos, qui saint François de Sales, ni les autres livres mys-
est un mystique d'une étrange espèce, favorisé tiques, que Rusbroc, Harpliiiis, Tanière
tels
,
toutefois par M"'^ Guyon et par M. de Cambrai. dont il dit que ne pouvant rien conclure de pré-
Voilà une des raisons qui eussent empêché M. cis de leurs exagérations, on a mieux aimé les
soit, il me
mis entre les mains, ces livres
les a
brai, dans saréponse latine à M. l'archevêque de
Paris, que j'étais ignorant de la voie mystique:
remplis d'absurdités de toutes les sortes quelque :
dans un génie élevé qui sait tout tourner comme prouve aussi, par une de ses lettres, qu'il
3. Il
fût découverte, et M. de Cambrai était trop dis- Réponse. — M. de Cnmbrai avait donc
5.
une amie qiû le déshonore par ses fanaliipies hieuheureux Jean de la Croix, j'avais lu sainte
extravagances autant que [larses erreurs. Après Thérèse, sa mère. .Mais(iuoi! veut-(ui lu'obliger
à vanter ici mes lectures? J'ai assez lu les mjsli-
cela, je |)ren<!s à témoin le ciel et la terie, qu'il
est seul, avec cette lausse |)ropliétesse, la causi!
quesiiour convaincre M. de Cambrai de les avoir
outrés: en parlant sur roraison, j'ai fait mon
des troubles (le ^Kgli^e, comme je l'eu ai con-
trésor delà parole de Dieu, sans rien donner au-
vaincu par ma Helulion.
tant (pie j'ai pu ;"i niDii propre esprit: et attaché
aux saints l'ères et aux principes de la Ihéologio,
dont la in\sti(pie est nue branche: si d'ailleurs
je déférais peu à l'autorité de certains niy.sli(pios
à cause de leurs exageralinns, cnninie .M. de
Cambrai me le reproche, il ne devait pas oublier
Rip-. <:• 1, P M, 23, 24, etc., p. SI, ele. — ' CIkIojs.i.h. p. 1, 2,
«, 4 ' ll'P-, c. 2, p. 35, 36. — ' Inst. «ur In rliK a or.. I i
170 REMAROIES SI.R LA UÉl'ONSE
Suarcz, que j'avais àli dans les élats d'oraison, tran.scrivent pour les distribuer de tous côtés.
qui es* c.\|iic-.s pDiircc .sciiliinciit '. ' tout était fini ..
s;ms faire tant de censures, tu
1. (itiaiil à ce (lu'ajoutc ici M. de Cambrai, tant de rénitalions ou d'instructions contre
que « je voulais condamner l'amour dcsinté- une |ieinieieus«; et insinuante doctrine. « Il n'y
« qu'on me réponde s'il est ()LTmis d'a-
ressé : » avait (\\\'h la faire taire, >. et permettre cepen-
va»cer un fait de celle imiiorlance sans en ap- dant à un arcbevé(|ue de lui prêter s;i plume.
porter la moindre preuve ? Si l'on en cmil M. Voilà comme on établit le (piiétismc en faisant
de Catniirai, je mets en péril la m\sli(|ue par semblant de l'éteiiidie.
mon i;,'norance, je veux condanmer la scolas- M. w. Cambiiai. 13. — « 51""= taiyon ii'élail
lique: esl-il juste, encore un coup, de n'e\it;er rien toute seule; mais c'était moi que M. de
que de moi la preuve en toute rigueur, à laquelle .Meaux craignait '. »
aussi je niol)li|,'e, et d'en croire M. de Cambrai HÉl'o^sE. —
craignais en effet,
li. Je le
sur sa parole ?
comme aux Cdales Timeo
saint Paul disait :
auteurs, puisque j'avoue sans laçoii que je sou- a ([ui n'était rien toute seule, u était redoutable
baitais qu il s'ouvrit à moi? Nous verrons bienlôl par un défenseur tel que M. de Cambrai.
les consécjiicuces qu'il prétend tirer d'im lait si
indinérent; mais il laut voir auparavant d'autres l III. L'inlelligencc cnlrc M. de C.imhrai et 51*' Cuyon
vérités. comment connue.
;
le
— rXe — O-
' InM sur Ici tiAli dur., \,
I ' n*p., c. 2, p. 30. — '
R»lat.
dc>^u^, »rt. î, n. 6; «rt. 4. n. 9,
n. etc.. »rl. 6,
— Mém. do M. d« C«ml>rai, Stlal., Kct. 4,
I, ï. •
KKl. I, n. 19. — •
Réf., itiJ , p. 36.
douua, ut. i, n. 3.
n. Ï3, «te, R>p , c. I>, p. 99, lot, clc.
A LA RELATION SUR LE QUIÊTISME. 471
bruits je souhaitais que M. de Cambrai s'ouvrît tout ici est connexe, ce sera moi aussi sans doute
à moi, « dans l'espérance que j'avais de le ra- qui aurai obligé cette femme à demander M. de
mener à la vérité, pour peu qu'il s'en écartât '.» Cliàlons et M. Tronson pour me les associer
La conséquence naïve de cet aveu, c'est que je dans cette affaire ? Conunent donc M. de Cam-
'
l'aimais beaucoup, et que je craignais pour lui : brai était-il le « principal accusé, » si c'était M™^
s'il assure que je pensais bien plus à lui qu'à Guyon qui demandait d'être jugée ?
D'un côté, dit-il, il avait d'abord de la peine que reconnaître pour juge son accusateur; disons
je n'avais pas assez d'ouverture : d'autre côté, il
mieux, ses accusateurs car ces deux messieui-s :
se récrie : « Pourquoi se mcMait-il dans cette le sont comme moi, si je le suis, puisque nous
« affaire ? » Mais enfin il est clair comme le jour n'avons pomt d'action qui ne nous soit com-
que j'étais le principal accusé'^. »
mune. Eu vérité, voilà des mystères inouïs et
19. Je rapporterai à part le faible avantage
inexplicables et on y abuse trop visiblement de
;
par le public, comme l'était M'°^ Guyon? il tout était conclu par ce seul fait, et avec raison
n'avait point encore écrit. Par moi ? pourquoi me M'"'^ Guyon était trop comme : il était vrai
prenait-il pour juge avec ces autres messieurs ? qu'elle était son amie dès 1089
: , il l'esliinait; i|
mais devant qui l'accusais-je ? devant inoi-mèmc, avait avec elle des liaisons qu'on n'ignorait pas
;
ou devant quelque autre? do quoi entiii l'accu- on en eût eu aisément la preuve constante car :
sais-je ? où est mon accusation ? quelle en est la encore qu'il fit un mystère de celle amitié, qui
preuve? dit-on ce qu'on veut pariui Icsliounncs? peu d'Iionueur à sa capacité et à son es.
faisait
Je l'invitais à écrire, à ce ipi'il dit je désirais :
pas si cachée, (ju'il ne lût obligé
prit, elle n'était
savoir ses sentiments pour tàclicr de le ramener, de s'informer de la condnile de M'"<^ Guyon à
s'ils étaient mauvais donc je l'accusais, ou du:
innocentes et les plus simples. encore que le respect rende plus irréprocliahle ,
faite (les (lipnilf^s ecclésiasliqiics, parce (|ii'on ne scrits informes, sans rien éclaircir avec moi; cette
l'a [la.s j)i'nlii, il veut perdre de rcpiitaliuii ceux conduite ne montre-t-elle pas (pie j'étais le prin-
qui l'ont siiivé'.' Quon rendrait le j^enie lunnain cipal accusé? Eu faut-il davantage pour montrer
odieux si l'on ysoiilTrail de l(l> exenipli's ! Coiiiliien j'avais he.soiii de me justilier ?» '
M. UK CAMiiriAi. — !2i. « On peut vuir par là Kii'o.NSK. — 27. Il me veut donner l'air d'un
sin- <picl liindeinenljM. (le Meanx a pu diie, au homme prévenu ipii n'écoute rien, et (pii préci-
connnenceuicnt de la DcrUivaliou, (pie j'a\ai^ Î^US pite un examen de doctrine sans être itifornu^:
le (piatrii'uie ju}^c de .M""' Gnyoïi ajoute aux mais il oublie préci>éuient le princip;il. Cest
trois auties : En cunsultores très ('.aii sibi postu- qu'il m'avait |)leinement inslruil de ses senti-
lavit, (itiorum jitdicio sturel. Ilis illualrisaiwus ments et de sesrai.sons, ainsi iiu'il le reconnaît
aurlur iiuartusarci'usil. M. de.Meaux a liien senti par ces paroles d'une de ses lettres i Vous sa- :
diins la suite (pie ce fait pouvait convenir aux vez avec quelle conlianceje me suis livré h vous»
accusations (pi'il piV'parail contre moi; et dans et appli(pié sans relâche ne vous laisser rien .'i
sa traduction il a clian^;é son texte, en disant ij,'norer(le mes sentiments les plus forts'.» Jii;;ez
seidcinent : <• Notre autciu' s'est depids uni ;\ maintenant s'il y a rien de n('';;liné ni d'- précipité
cnx; » mais enfin il est clair connue le jour (|ue dans une allaiie où la partie inléiessée recon-
j'étais le principal accusé '. » iiait (pi'elle a dit tout ce (pi'elle .sjivail, et que de
Hf;iMj>SK. — 2?». Ilcuiairpiez que ce qu'on sa part il ne maïupie rien pour l'iiistriiction.
vient d'entendre (^sl la seule preuve littérale de 2S. Il oublie encore un autre fait également
M. de (]ainliiai, juiur uionlrer (jne M. deMeaux. important: c'est qu'il pressait par toutes ses
qu'il avaitclioisi poursonju^ie, s'était reudu snu lettres une décision; a sans, dit-il, attendre les
accusatein-, |)arce(pie, dans la Déclaration ^, on conversations (|ue vous me promettiez '. d De
a traduit le mot, qiinrtui^ accexsit : « après trois cette sorte, loin de demander deseonversalions,
« jui:esdoiuiés, M. de Caiidirai s'est uni à eux; » qui assurément ne lui auraient jamais été re-
au lieu de luetlre, « qu'il l'ut le ipiatri(MUC.» Ce fusées, on voit comme il coupe court sur ce su-
prélat veut me faire accioirc (pie j'ai bien senli jet et ipiaiiil on fait ce iju'il veut, il se plaint
;
t que ce fait ne convenait pas aux accusations qu'on est prévenu et (|u'on précipite lt!S choses.
€ que je préparais! "Aidant (pie le re|)n!clie est •il). Ain>i, ipioi qu'il puisse dire, de son pro[)re
atroce, aulaiil la iireuve est lé:.'ère et nulle : je aveu nous étions luulaitemcnt au fail; si nous
ne coiiipiends pas que M. de Cainlirai la finesse n'avions plus besoin de « longs discours, " c'est
'
n*p., c. a. p. 38. — ' Dccl , t. ixriii; p. 249. — > RcUt., s.eci ter\. U, n. 4. — ' Relut , MCI. 3. n. A. ' —
l'oye.- ci-dM*iu, ul- ?
raison de tant mépriser les enlrcliens très-fré- veut pas songer que s'il y a des conférences pour
quents qu'on avait avec lui, iï la rencontre, inslruire, il en a aussi pour convaincre celles
y :
comme peu propre à nous mellre au fait. Ces que je lui reproche d'avoir refusées étaient de ce
entretiens, quoique couris, ne laissaient pas dernier rang. Il était sorti de toutes les voies de
d'être sérieux; moins ils étaieni préparés, moins soumission en publiant son livre, et ne songeait
ils ressentaient la dispute et le dessein formé^ plus qu'à le soutenir en ce cas, il en fallait bien :
Sur
Réponse. —
34. Il y a une instruclion sans
§ VIII.
— 37.
la signature des Articles.
tail-il pas à la ronlerence où « la force de lar- qu'il les «ail dressées avec eux. » Voilà qui
« mes fralernelles, et les discours inspirés par est net il ne nomme, comme auteurs des
:
« la charité el la vérité » auraient été si bien Siproposilioiis, que deux i)réi/7l.<!, M. de l'iris et
employés? « Pomqiioi éviter celle voie toujours moi pourquoi ne se met-il pas avec eux ?
;
« pratiquée, même par les apôtres, connue la 311. Il réiiuiid, qu'il ne pouvait se inrtlre
« plus cKicacc cl la plus douce pour convenir avec eux eu parlant de leurs ordonnances;
,
« de (jui-hpie chose •*? « auxquelles il n'a aucune jiarl » Mais la délaile •'•.
Ri;i'ONSi;. — 30. Il me rend les propres paro- esl troii vaine, et pour éclaiirir le public delà
les de ma Helafion *,je les reconnais; mais il ne rai.son ipii le portait à expliquer ces 34 proposi-
— — Bip.,
'//., scri, !>.n. 'J
— ' HolM , s-ot.. f I. n. u, 1 i. - ' /,. .icct.
I
U,|... c. i..
— •
\>. U9, 89.
Kclat, scct. 8, n. S, t.
ï Uïlat., sccl. 3, n. 8, 13. '
IH — ' Mnx. lies SHihts, Averl., U>. — ' U -p c. 3, |i. 80.
• . 4, p. ki).
n4 HEMAnoiKS <^im \A rf:ponsf
«que (l(^ii\[irflatsont doniK^esaii public,» { IX. Encore sur les Arliclfs, et sur la mauvaise foi
lions
dont M. de Cambrai l'accuie lui-même.
il n'iiiiiiil |>;is (iiiiilié la part (pi'il y aurait ciic>
s'il ii'cùl ^<llli "lans s;i niiisciciuo (ju'il n'y en M. DECAMnnAi. — 42.
Le lendemain, je dé- «
était encore plus récente quand il écrivit son taines clio.scs je .serais prèl h signer de mon
,
sangi. »
dire M.deCandjrai, ces rcr/nincs rAoscs ne pou- naisse coupable de .'igner ce qu'il ne croit pas.
vaient pas être des Articles puisque le inunbre de M. DE CAMitiiAi. —
44. « Si j'eu.s.se cru ces
irente-qiialro en était complet selon lui-même ,
Articles faux, j'aurais mieux aimé mourir que
mais tout au plus quelijues jiaroles, ce qui au de les signer; mais je les croyais véritables; je
fontl ne conclut rien. Il ré|»ond (jue c'est par les trouvais ,>.<'ulemeul insunis<inls pour lever
mégardc qu'il a nus trente-tpiatre au lieu de
certaines équivoques , et |tour fmii- toutes les
trente : c'est (ju'il dit tout ce qu'il lui plait. S'il
rpieslions. C'était préci.sémenl l'«-de.ssus que
a mis dans ses Minimes un iuvnliuitairc qui le tombait ma |)crsuasion opposée à celle de M. de
confond, il en accuse une autie ïuaiu s'il écrit ;
Meaux. »
a voulu dire.
trente-tpialre, c'est trente qu'il
J'allègue des faits certains et liien écrits de sa
llKPONSE. — 4o. Il s'aveugle et il s'enferre sans
nécessité. Accordez, .si vous pouvez , ces deux
main; il se sauve par les inventions de son bel
contraires: « Je croyais les Articles véritables, et
esprit, et il veut qu'on croie tout ce qu'il ima-
t je les signais contre ma |)ersuasion. » Est-ce
gine.
M. DE Cambuai. —
40. Ceilaius Articles par-
signer contre sa persuasion, que de vouloir lever
des é(piiv(iques? et quelqu'un a-l-il jamais parlé
Icut d'eux-mêmes ; par exemple le 32° ei le è'i''^-
ainsi? M. de Cambrai force partout le langage
M. de Cambrai prétend que M. de Mcaux ayant
humain il a cru sans doute que j'avais la lettre
;
12
. c. S, c. 3, p. • Kilil-, i««t. 3,
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 178
cœurs; je ne le dis pas, mais, par mallieur, « celle de M. de Meaux? -a N'était-ce pas à l'Eglise
c'est lui-même qui vient d'avouer qu'il était catholique, apostolique que je voulais l'attacher,
prêt à « signer par déférence, conti-e sa persua- en l'obligeant h. quitter les malheureuses singu-
«t sion. » Sur un tel entortillement je l'aban- larités que je rejetais? Quoi qu'il en soit, il n'y
donne à lui-même , et je lui laisse à expliquer a rien de nouveau, rien qui ne ressemble à ce
un mauvais discours. que M. de Cambrai avait déjà fait et s'il nie le ;
M. DE Cambrai. 48. « M. de Meaux assure — nous jelterait sur la question de mon empresse-
ment à faire ce sacre, ne vaut pas la peine d'être
que deux jours avant mon sacre, étant à genoux
examiné.
et baisant la main qui me devaitsacrer, je la pre-
nais à témoin que je n'aurais jamais d'autre § XI. Sur Synésius.
doctrine que la sienne? Quoi! d'autre doctrine M. DE Cambrai. — 51. « Pour aplanir tant de
que sienne? C'est celle de l'Eglise catholique,
la
difficultés , il a recours à l'exemple du grand
apostolique et romaine qu'il faut qu'un évèque Synésius * »
.
ce n'est pas l'homme ou le grand docteur que je que M. de Cambrai en ferait autant après des
regarde en vous ; c'est Dieu; un mot sans rai-
promesses si solennelles.
sonnement me suffira; je ne tiens qu'à une
ma $ XII. Du peu de secret dont M. de Cambrai m'accuse.
seule chose, qui est l'obéissance simple;
conscience est dans la vôtre; traitez-moi comme M. DE Cambrai. — 53. « C'est ainsi que M. de
un qu'on peut voir
petit écolier 3, » et le reste Meaux parlait à tous ses confidents en grand
dans ma Belation 1 Et maintenant il vient nous nombre il leur : raconlait qu'il venait de sau-
apprendre que « c'est la foi de l'Eglise catholi- ver l'Eglise; qu'il avait découvert et foudroyé
que, apostolique et romaine qu'il faut qu'un une secte naissante et les confidents de M. de ;
que! » Qui ne le sait? Mais lorsqu'on parle à un tour d'antres confidents aussi zélés qu'eux pour
autre évêque, connue on vient d'entendre, c'est les victoires de M. de Meaux contre le quiélismc.
qu'on a tonte la certitude moralo de la foi de cet Ce que j'avais confié secrètement à M. de Meaux
autre évèque.conforme h la catholique, aposto- me revenait par ce demi-secret qui est pire
lique et romaine, et qu'on espère d'entendre qu'une divulgation cnlière. » Me voilà bien fou-
Dieu parler p:ir sa bouche; ce qui fait écrire droyant et bien cnfié de mes victoires.
avec couliance, connue faisait ce prélat : «C'est Réponse. —
5i. Les diseurs de belles paroles
« Dieu que je regarde en vous. » parlent autant contre eux que pour eiLV. Si,
50. Je n'avais donc point à reprendre M. de pour vanter mes victoires siu' le quiélisme re-
Cambrai de sa proteslalion il ne faisait queré-
: naissant en M. de Cambrai, on ne faisait que
péter, par celle action, ce ([u'il avait dit autant et divulguer ce que ce prélat m'avait conliè, il me
plus fortement dans ses lettres. Je ne le crois l'avait donc confié; ne divulguait rien et l'on
pas a.ssoz injuste pour bl;\mer ces paroles que de véritable. Parlons nellement si l'on :
dema Relation 3 :'« Je reçus celle soumission avait voulu perdre M. de Cambrai, il ne fallait
comme j'avais reçu toutes les autres de même point tant do coufidonls. Qu'il voie là-dessus
natiuc, que l'on voit encore dans ses lettres; dans cet arlicle VU, la réponse des nombres 18,
mon Age, mon antiquité, la siuqilicité de mes IG et 23 et ipi'il recoimaissc l'effet de notre si-
;
seulimenls, (jui n'étaient (pic ceux de l'Eglise, et lence peuilant trois ans.
le personnage que je devais faire, me donnaient
I Xlll. Sur les Ictlrcs do M. l'abbé do la Trappe.
cette couliance. » l'ounpioi donc ici se récrier
tant .•
« Quoi! n'avoir point d'autre doctrine que M. DE Camiirai. — 55. on doute
o Si île ce faii'
lit. l'abbé (le la Trappo. sur mon livre. « Je pen- même les savants qui ont été éblouis; s'ils se
sais, I' (iil-il, pnri.int de moi, « que tontes les corri'_'ent. on oublie ce qu'ils ont été, cl on ad-
c O|iiiiioii faiilnstiiiiie. étaient entièicineiilelTa- 60. En tous cas, il n'y a point de réplique h
t cées, et qu'il ne lui restait que la douleur de ces arpunienis de la Ih-hitiou '; toute la cliré*
c l'avoir écoiilée '. » lienté condanmait ses livies; il les fallait coa-
REPONSE. —
5fi. Que M. de Cambrai se sou-
damner avec toute l.t ebrétienté; personne ne
vienne des brnils répandus partout depuis si les excusait sur l'iideiition de l'auteur il ne ;
longtemps, de sa liaison avec M™ f.uyon'; fallait point leur eliercber une si mauvaise ex-
cuse: si on ne savait pas que M. de Cambrai eût
liaison qui élait fondée sur la spiriludilé, et si
« laissé estimer » ces livres, sa réputation de*
répandue dans le monde, que ce prélat va en-
core nous avouer que sa réputation eût été bles- meurait entière en approuvant le li\re de M. de
sée, si celle feuune se trouvait capaMe en ce
Meaux .si on le savait, M. de Cambrai n'en était
;
temps des erreurs dont elle élait aeeuvée. Après que plus obli^'é à se dérlarerct à sacrifier sa ré-
on pouvait ju^rer des impressions qu'AVAiT putalion à la vérité qui la lui aurait bienrcnduc.
cela
PU KAini: » s>n- lui une opinion laidaslique; »
I XV. Encore sur le scrrel.
.son livre imprimé élait une jireuve qu'elles
étaient véritables; et l'on pouvait alors en être M. DE Camiiuai — Cl.
Qui est-ce qui a parlé? «
étonné, conmic tout le monde le fut, sans jn^xe- Ai-je dit da.is le monde que M. de .Meaux m'avait
ment téméraire. doncpai une injuste pi éoc-
C'est |)roposé d'approuver son livre?CestM. de Meaux
eupalion qu'il veut toujours tout rejeter surM. de qui s'e.^t vanté de me faire approuver son livre
Meaux. pour avoir une rétractation cacliée sons un litre
])lus spécieux ; c'est lui (pii a publié ensuite que
l .\1V. Erraii- de M. de Cambra;, qui fail di'pcndre sa r*pu-
j'avais refusé celle a|)probalion |)romisc; sans
t.ition de celle de Mme Giiyon.
lui qui aurait jamais su que je ne voulais pas
,
faireexaminer mon livre par M. de Meaux; mais pour m'assurer de la première, était de faire
quelle apparence de lui demander son ap|)roba- examiner mou ouviage par M. rarchevèque de
tiou pendant que j'étais réduit à lui relaser la Paris et M. Tronson *. »
mienne^? » Réponse. —
11. il rend de bonnes raisons de
Kii'o.xsE. — 3. Comme s'il disait •
J'avais consulte, ces deux messieurs pour s'a.ssnrer du
manqué envers ce prélat en lui prélëraut sens des Articles; mais il n'eu rend aucune
M""' Guyon et ses livres; il lallait manquer en- |)our m'exclure de lem conijiiignie, moi qui les
core à toute la justice (jne je lui devais, en lui avait dressés avec eux. Je ne demande pas,
cachant ce que je disais pour expliquer ses (pi'avais-je l'ait? Je dis. cpioi que j'eusse fait, il
principes, et en mettant au hasard lu paix de iallail cherclier le concours. M. de Cambrai
tjcics...Oui, SUIS doute, oii les i-oiiiiiicnlait venir de la candeur avec Inquelle je livrais loiit
d'un coniiiicnlaire exacl elViiuloiiiK' au lextc. » et fais:iis tout livrer à .M. de Meaux uu houiiue ;
Ili.i'().Nsi;. — 13. Marquez la (Iule : « Il y avait plein d'arlilice et d'aïuhition est |ilus réservé, i
a liin^'IcMips: > ainsi, dès nnssiliH (jiie nous Kl iMi.NSE. — "ii. .Ne pai Ions point d'arliflie ni
cniiies si;:néenseniMe les Articles, vous vous (raïuhition, non plu.s(pie deiumdeor eu général ;
détacliier de moi [mhw les e\|ili(|iier h part; |i >soii> les laits, tjiiui ijue puis.se dire M. de Cain-
ainsi, dès le connuenceinenl, vous y \oulie/ hrai, c'e>l lui qui mis eu muiu toutes les ma
donner des explications « selon vos pensées; » ahsurdilés de son amie il ne .songeait |ias alors ;
mais elles étaient si peu conformes h celles de que lout leur couinurce spirituel dut être dé-
M. de que vous consulliez, dites-vous,
l'aris toii\erl à toute l'Eglise Dieu le voulait néan- ;
de les censurer.
qu'il a été oMij^é moins, pour empêcher le cours d'ime illusion
M. DE Camuiiai. —
H. » Le lait décide ces : si dangereuse, cl ce n'est pas la première fois
deux personnes, (|ui avaient dressé les Arliclts, que sa providence a mené les hommes les plus
ne trouvèrent dans l'evplicalion rien (jni le> put auroils à ses lins cachées, par leurs propres
éluder ni Icsanaililir '. » précautions.
Réponse. — l.'i. J'en crois les actes publics, M. DE Camiiuu. — "I-l. < Ite plus, si j'eusse
qui seuls lont foi; tout ce que vous dites de [lar- été rempli d'arlilice et d'auihiliou, n'aiirais-je
liculier se perd en l'air de lui-niènie, (jiiand il ma promotion à
rien eu à dissiuiiiler depuis
ne serait pas désavoué par les témoins (jue vous laichevêche de Camhrai? .\'a-t-on plus rien h
alléguez. craindre ni à espérer depuis qu'on est dans
l'épiscopat '? »
{ V. Remarques sur ces
de M. (le
paroles
Mc;iux. n
: u On se cacliait
lli.i'o.NSE. — 23. On accorde?» M. de Cambrai,
puis(pril le veut, qu'il pouvait avoir bien d'autres
M. DE Camdrai. —
10. « Il est vrai qu'on se vues (pie celles d'elle arch('vè(pic de Cambrai,
cachait de M. de Meaux, mais c'était de concert et que c'était là peut-être la moindre de .ses
avec les deux autres. » prétentions; mais (piand on veut lout concilier
Kti'o.NSE. —
1". Vous leur faites faire un beau avec M""'(;u\on, quand on veut la laire servir,
personnage : ils le désavouent ; ce n'élait pas par une nou\elle oraison h une direction plus ,
de leur C()lé se cacher de moi, que de vous gar- iiiie et plus absolue quand on a des engage- ;
der un secret que vous exigiez avec tant de ments qu'on ne peut plus rompre sans perdre
rigueur sur vos desseins particuliers voire ; ses meilleiiis amis ; et (|u'enlin on has,'n'(le tout
procédé n'est pas pins liomiéte (pic celui dont dans la couliance de touincr tout à ses lins par
vous les charuez injustemenl (pu'llc laihlesse : sou élo(|uen(e alors, malgré qu'on en ait, on
:
de mettre voire conliauce lil faut hien dire ce prend de tàu.sses mesures, et on change souvent
mot) dans de petites cacliolleries plus propres de conduite.
à nouer une iiitri;.'uc de cour, (pie la sainte
corropimilauif (pii doit èlie enlie les ministres J VII. Autres mauTaibos raisons.
crainte, on ne songe qu'à s'affranchir d'un joug l'intention de l'auleur. Ces « deux extrémités «
importun. étaient de rompre avec ses coniiLies pour lavo-
iJt). M. de Cambrai veut me faire accroire riser M^= Guyon, ou de saciilioi' les livres ilc
qu'en parlant ainsi je me donne pour plus éclairé cette fenmie à l'unité de l'épiscopat. Ce « i)oint
que les auti-es le trait est malin, mais grossier.
: « où je voulais le réduire, » était de continuer
Veut-on nier ce qui est dit dans la Relation 2, notre saint concert dans l'explication connue
que chacun a ses jeux et sa conscience; qu'on dans la signature des Articles ; c'était eu effet
s'éclaire les uns les autres; et que celui dont (£
un piège très-dangereux » à qui voulait les
l'espérance est dans la surprise, veut avoir le éluder.
moins de témoins qu'il peut? Voilà pourquoi on M. DE Cambrai. — 31. « Il était vivement piqué
m'éloignait quand, avec la liberté et la con-
: de mon refus, et il le laisait assez entendre. »
fiance que donne la vérité, j'aurais osé due, RepOiNSE. — 32. Il a déjà dit la même chose
comme moins sage, que mon âge, mon expé- presque en mêmes termes ; et je le remarque
rience, mon application à cette allaire que j'avais pour faire voir que destitué, comme un voit, de
vue dès son origine, me pouvait mériter peut- bonnes raisons, il croit làire valoir les mauvaises
être quelque égard particulier, qui me repren- à force de les répéter.
drait? Quoi qu'il en soit, demandais-je trop en M. DE Casibrai. — 33. « Il ne songeait plus à
demandant le concours et le concert pour ne garder le secret. « Quoi ! » disait-il , « il va
point hasarder la paix de l'Eglise? Encore un « paraître, » etc., « tout le monde verra, » etc.,
coup, demandais-je trop en demandant le con- « quel scandale ! quelle llélrissure ! » il com|)lait
cert que j'avais pratiqué moi-même en soumet- donc que mon secret adait devenir pub.ic en
tant mon livre à la coricction de M. de Cambrai? ses mains ? »
C'est de quoi il fallait rendre de bonnes raisons, Réponse. —
34. Il est vrai, je parlai ainsi à
et non pasjctcr en l'air de belles paroles. Voyons celui qui me vint déclarer de sa part qu'il me
néanmoins ces « raisons pressantes » que nous refusait son a|)probation de peur de eondainner
vante M. de Cambrai. M""= Guyon. Cen'était pas moi qui étais à crain-
M. DE Camrrai. —
^7. « M. deMeaux me don- dre dans fâcheuse divulgation de ce secret ;
la
nait à tous ses amis pour un honnne qu'il allait nous avons vu (pie c'est Ini-Miême (pii le làisail
faiie rétracter une seconde fois sous un titre éclater par reflet iné\ilable de son refus.
spécieux ^. » M. DE Cambrai. 35. « — En cet état devais-je
RiiPONSE. — 28. Où est la preuve? M. de Cam- encore une fois me livrera lui ? Je ne m'y étais
brai nie parle ainsi : « Si j'ai donné les livres que trop livré. »
de M"» Guyon à tant de gens, il n'aura pas de Répo.nse. — 3G. En cpioi trop , et qn'avais-jc
peine à les nonnner qu'il le fasse donc *. » :
Je fait, « il y avait déjà longtemps, » et dès le com-
pourrais le dire de même Un il nie nonnnc : un mencement, loiMpi'il se cachait de moi a\ec
seul de ces amis qui m'ont déféré ;\ lui? li en tant de soin ?Uu'a\ais-je fait, encore un coup,
revient trente fois à cette « rélraclalion sous un sinon de lui proposer avec M. de l'aris et .M. fron-
« titre plus .spécieux » qu'on lui proposait en son la signature des Articles? Il coinmeinait
approuvant mon livre; qu'il montre ce beau donc à se repentir de les a\oir souscrits, et il
projet par une .*;eide de mes paroles; qu'il y cherchait des tours. S'il ne voulait (pie les expli-
pense bien c'est lui (pu m'accii.se, et c'est ;\
:
quer sincèrement, sans ses pen-
le (aire « .selon
lui à prouver. On n'oblige point celui qu'on sées particulières, de me conlier ce
» (piel iieril
accuse à prouver une négative; je le ferai pour- secret? cl en (jueUpie manière (pi'il le pi il, lic
' l.ép., c. 1, p. a4. — " KcUt., McL 5, n. l. — UAj<., e. 0,
p. HT. — • Ib., c. 1, p. 31. Uép., c. 6, p. 117.
180 KEMAUQl'ES SUH I.A RÉWNSE
falloit-il pas snrrificr son iiir-conlPiiUMiu-iil inia- lU.poNSE. — 42. Laissons les conjectures ;
liiiiiiiie à Itiiiili-, ;i la |)iii.\, an concnurMle l'i-pis- voyons les faits |iosilils , et rcpa.ssons sur le
c<i|»al ? AI lis on asail il'anlres vncs, ol il f.illait .Mi'iuoirede.M. de (iamltiai, où .se trouvent ces
M"' Gnvnn, que les Ai liclos pro- paroles « On n'a pas niani|ué i\e me dire (juc
tirer d'allaiii' : ,
posés dans Ifnr nalnrel accahiaienl. je pnnvais condamner les IImcs de .M""" Guyon
iM. i)i; (^AMiiiui. — 37. « Si je nie ra<hai de (en a|iproiivanl le livre de M. de .Meaux dont il ,
M. <le Meanx, ce fnt de coiicerl avec M. de Paris était qneslioiij sans iliriauier sa pei.sonne, et .sans
etaM'c M. de Cliailres, auxquels M. Tronson fui me faire tort . > (Jiii sont ceux (pii lui parlaient
uni dans ce secret. » de celle sorte ?Cc sont .siins (loiitc ceux dont à
Rti'oNSE. — 3S. Ain.si toute l'haliiletc^ de la liL'iie d'aiipara\aiil il avait dit :« .M. de Meanx
quelle niisi're! il alli'L'iie un antre Icninin ; c'est l'ouverture des caliiers, j'ai trouvé qu'ils sont
M. de Chaities, mais qui e>t encore eoidre lui pleins d'une rélutalioii personnelle île Madame
comme les deux autres : miscraliles (inesses, liuvoii; ; aiis-sitot j'ai averti .M»"^» de Paris cl de
<|ni tourner ouvertement contre
alioulissenl à (Iliarires, avec .M. l'ron.son, de l'eniharrasoù nie
vous tous ceux ([ne vous faites scinlilanl de vou- niellait .M. de .Meaux '. » C'est donc à ces deux
éveqnes et h ce prêtre qu'il s'adressait contre
loir uu'ua^'er. Tour le reste, on ne le rend pas
vtVilalile en le reliattant ; et il vaudrait mieux moi II avilit dit un peu au dessus, sur le si>jet
de l'appi-oliatioii :a J'ai dit à M*^"^* de Pans et de
une lionne |ireu\e que tant de répétitions.
M. Cambhai.
i)i; 3!l. a Si je me cadiais de — Chartres, et à M. Ironson.... que si .M. de Meaux
Meanx, c'est que je n'es|iérais plus de voiilail iillaqiier par son livre .M"" (iuyon, je ne
M. i\c
p{>uvais pas l'aiiprouver » C'est donc, encore•''.
jamais senti celte désunion sorte : « Voilà néanmoins ce que les persiuincs
ri^fzli^e rpie je n'ai ;
vénéialiles, et tous mes amis plus « arii'cliounees avec ses meilleurs amis, »
tant de préires si
:
que la raison ne leur uiaii(pi;'it, < si j'a\ais voulu même, lors(pril dit danssii Képouse ' qu'ils
ne
lïiireun mauvais procès? » C'est ce ipii ne .souf- lui avaient point • comme moi tendu de piège •
lie aucune i('|)li(pie, et aussi n'y a-tnin rien ilit.
sur l'apiiroiiation de mon livre.
M. m: CvMiir.Ai. il. « RI. de .Meaux repond— 45. Ces sut]ef iimis, ces amis les plus affection-
« l'oiiKiuoi me s('iiarer d'avec ces iiies-
nés à Al. de Camlnai , en un mol ses meilleurs ,
ici :
« sieurs? » ("est (|ii(> ces messieurs ne voulaient amis élaieiit de tout ce concert dès l'origine-
pas, comme lui. m'airnclier sous un titre plus Voilà, dit M. de Cambrai, < ce (pi'ils avaient
vaient point tendu de pié;ies pour me réduire h comme M. de (!.uiibiai le répète vingt et trente
lois,que ces messieurs lui eussent conseillé de que le concert; si, par conséquent, on ne devait
ne poinl approuver mon livi-e, comment osaient- pas saciilier à un si grand bien, non-seulement
ils le presser si fort sur celte a[>[)robation ? C'est de vaines imaginalions fondées sur des bruits
peui-ètrc qu'ils avaient cliangé d'avis: mais non- confus et sur de faux rap[)orts, mais encore de
ils ne l'aisaicnt que lui répéter « ce qu'ils avaient véritables querelles s'il y en avait. C'est à quoi
souhaité et préparé de loin. Autiement, il leur » n'a pu se résoudre celui qui vient nous appren-
aurait dit Ne vous souvenez-vous pas que c'est
: dre à se com[iier pour rien et à ne rechercher
vous-mêmes qui me conseilliez, en tel et tel que M. de Paris, qui \ii bien
la vérité et la paix.
temps, de ne |)as approuver ce livre ? Ainsi» qu'il ne gagnerait rien par ses remontrances sur
tout ce qu'il dit du conseil que lui ont donné un homme qui prenait les honnêtetés pour ap-
M. de Paris M. de Chartres et M. Tronson par
, , probations et les sages mé;iageuients pour un
lui-même ne peut pas être. 11 avance, dans les acquiescement à ses voloidés, tâcha au moins
moments, ce qu'il croit convenir;! ces moments de gagner du temps en l'obligeant d'alleudre la
mêmes, sans songer à toute la Siiite et il croit ; publication de mon livre pour voir ce qu'elle
se tirer d'affaire au lieu que visiblement il s'en-
:
produirait et quel secours on pourrait tirer du
ferre de plus en plus et il ne veut pas lever les
; temps. M. de Cambrai donna sa parole, il ne la
yeux à la main de Dieu qui l'aveugle Qu'ainsi ! tint pas et enfin il prouve très-bien que j'étais
'
;
ne soit, écoutons encore le fort de sa preuve. le seul dont il se cachât; mais on ne voit aucun
M. DE Cambrai. —
46. « Venons au poinl déci- fait prouvé pour juslilier une conduite si basse
sif » (remarquez c'est donc ici le poinl décisif
:
et si i)artiale.
selon lui-même) « n'y avail-il au monde que
:
M. de Mcaux qui fût capable d'examiiier son i m. Réflexions sur les faits des deux articles précédents.
livre ? M. de Paris, M. Tronson, M. Piroi, éiaient-
ils si faciles à séduire, eux qui devaient être si 48. Après cela, je souliens que tous les faits
bien avertis et précautionués contre mes pré-
si que M, de Cambrai avance dans sa Réponse pour
ventions ? Quand même ils auraient cru avoir refus de son approbation et le dessein
jiistiliei' le
40. M. <io Cniiilirai y a ramassé sans iiu^napc- persuader tous ces faits, et que je voidais décrier
nionl, nvfT une ailiessc cxlit'^mo, tout ce qui etperdre M. de Caudirai, h une personne qui
pouvait jiislidcr le refus de ra|>[»iol).ilioii qu'il avait vu tout le contraire durant la suite de plu-
iiinvail |ii(iuiise, cl la prodigieuse aliiMialinn sieurs aimées? Conunent, persuader dis-je. lui
qu'il léuiiii;:iiail mnlre moi. jusqu'à me cacher que je trahissais le .secret, quand tous les jours
ce qu'il (il)lij;é de me df^cuuvrir. Il
(^lait le plus elle vojait mes précautions pour l'empêcher de
fonde maiiileuant ce relus cl celle alit^nalion sur venir où il pouvait nuire? J'ai donc la preuve
la (iivulfialiiin de son secrelcl sur les prclcndues constante (pie tous ces laits sont imaginaires.
promesses que je faisais h loul le monde de la Pour justiller mon Innocence attaquée avec tant
iulure rélraclalion à lacpiellc je l'iiMiperais ;
d'adre^s". cl avec ime élo<pience si iusiunaute,
maisdans son .Mémoire il ne parlait point de tout par im prélat que j'ui .servi en aun .sincère (car il
cela.Ce soni «loue choses avancées depuis, cl le faut dire), .sans mnu'pier à aucun devoir, tant
qu'on n'osait diie dans le tenifis qu'on disait qu'il n'a pas mis d'idistacles?! mes desseins. Dieu
tout contre uioi h la |ieisouue du monde auprès a voulu (pie je trouvasse dans ses écrits de quoi
de lupicllc on avait le plus d'intérêt à se jus- leCDUvaincie. Et que dirai-je, dans une occasion
tilier. sidouloureuse, sinon en simplicité avec l'Evan-
î)(t. C^n'aiiT^i ne soit, pour montrer que lors- gile a Cela est, cela n'est pas? »
:
qu'il rendit mon livre sans le voidoir a|iprouver, S3. Aussi voit-il le succès de ses mauvaises
il n'en avait vu que l"s marges. M. de Caud)rai finesses : a tourné contre lui ceux qu'il
la vérité
loul le reste; une preuve claire que je ne le vis il en api)elle h des faits inconnus au monde. A
pas, cslque je ne l'ai jamais allé;_'iié pour m'ex- Nicée, on y est convemi du consuhstantiel; mais
cuser, de n'avoir pas a|)i>rouvélc livre. » Quand Eusèbc de Césan'-e ne renlendait pas comme les
donc il n'allègue |)as ce qin .sert à l'excuser, c'est auties. On a déguisé les sentiments d'Arius: on
une preuve et imc preuve claire qu'il ne l'a pas a brigue en particulier les souscriptions des évo-
vu or, csl-il que dans son Méumirc il n'idiégue
; ques contre l'élagc. Cyrille s'est trop pressé il :
pas ces divulgations du secret, ces confidences a eu tort, contre sa parole, de ne pas attendre
odieuses, cl toul le reste qu'il apporte mainte- Jean d'Anlinche, qui venait h grandes journées
nant iiourjiistifier .son refus; donc il ne les con- avec ses évé(pies, et qui l'avait averti de sa mar-
naissait pas alors. C'est (lourtant alors, on ja- che. Voilîi les faits particidiers, et du moins dou-
mais. qu'(dles avaient dfi lui paraitie, puis(]ue teux, qu'on opposait an décret puMic et positif
(lès lors il coiiuiieurait selon le Mémoire', ce donné h Nicée, j'i Carthage, h Eplu'.se. Toute
qu'il a conlimié depuis, c'csl-à-dire dose cacher l'histoire ecclésiastique est pleine de tels exem-
de uioi cl de m'éviler. ples.Mais (pi'en est-il arrivé? A la lin, on s'est
îil. Quelle uidlleure rai.son ponvail-il avoir di'trompéde la vaineel fausse éloipience; on s'en
de .se cacher de moi, que celle que je divulgais est tenu aux actes i)ulilics, cl les faits particu-
son secret ? Il n'alléguait aloi s, pour toute raisin liers s'en sont allés en fumée.
de me cicher ce qu'il méililait sur son livre,
que « la tiéce.ssilé où il était de laisser ignorer
AIITICLE IX.
h M. de Meaiix un ouvrage dont il voudrait ap-
paremment em|iècher l'impression par rapiiort nEM.\RQLEs Sun ci; oti a siivi le livre.
nu sien'. » Je n'étais donc point alors ce faux ami l 1. Fausses impuLitions k M. de Meiox.
(|ui tiahissait le secret de .M. de Camhrjii, et qui
cl quand il éciivait ses raixins à la personne du cunes remar(iu(\s que conctrti'es avec M. de l'a-
ris et M. de Chartres, mes approbaleiu-s. Al. de
monde à qui il voulait le |dus les faire goûter,
la saison île raconter mes
perliilies envers un
Cand)iai aurait bien voulu me del.uher d'avec
ami n'était pas ciicure venue. Continent au.ssi ces pillais, comme il a loiiioiirs liavaillé à les
délflcher d'avec moi : l'elTot assure mon dire.
• I!'|. .
-. I. p. 8 — > M;m. <\e M dp <'.iml.r.ù. Krlat., t«<t. 4,
Il '.!7, srit. b, n. t, ttc. — ' Btlat , itct. t, ii t, ttc '
R^p.,c. », p. 128, 130, rU.
A LA UELAÏION SUR LE UUlETiSAiE. d83
Nous avons nos Remarques ensemble, sans
fait il faut parler juste ; ce ne fut point le roi (jiii
quoi il eût élé impossible de convenir; et aucun renvoya l'affaire à Rome, Sa Majesté y laissa
boiume de bien ne dira jamais le contraire. Ou écrire M. de Cambrai qui le voulut. La lecture
,
il laut jirouver ces faits, ce qu'on ne fait point, de sa letU-e fut entendue, et c'est tout.
ou il tant les abandonner. Mais encore, quel M. DE Cambrai. —
10. « Pendant que j'atten-
usage M. de Cambrai voulait-il faire de mes Re- dais ainsi M. de lAIeaux devait-il éclater ? Il ,
murques ? On va l'enlcjulre en anticipant un peu veut faire entendre que d'autres apprirent au
la lecture de la Réponse. roi ce qu'il lui avait si longtemps caché.
M. DE CamiîPiAI. —
3. « Peu de temps après dois-je lui tenircompte de ce secret sur lequel ,
iMais
j'appiis tout à coup qu'on tenait des assemblées il n'avait aucune preuve, ni bonne ni mauAaise,
où les prélals dressaient ensemble une espèce de avant la publication de mon livre ? De plus, est-
censure de mon livre, à laquelle ils ont donné ce cacher assez une chose au roi quede la ré-
depuis le nom de Déclaration. Je m'en plai- pandre sourdement? »
gnis à M. l'archevêque de Paris, parce que Réponse. —
11. J'ai parlé ailleurs de celle
nous avions lait, lui et moi, un projet de recom- matière'. M. de Cambrai nous va dire encore
mencer ensemble l'examen de mon livre sur les que son « commerce de piété avec M""' Giiyon
Remarques de M. de Meaux, avec M. Tronson et connu. » Il n'en fallait pas davantage, si
était
M. Pirot. l'on eût voulu se servir des connaissances
4. « Surtout on ne voulait pas être rejeté en-
qu'on avait. Et ce qui scandalisait les gens de
tre les mains de M. de Meaux, qui joignait à tou-
bien, c'est qu'on appelât pitdé une si mauvaise
tes ses anciennes préventions une nouvelle hau-
doctrine. « M. de Miaux, dit-il ^ veut faire en-
teur', » etc. tendre que d'autres apprirent au roi, » etc.
FiÉPONSE. — 5. C'est à quoi M. de Cambrai Mais M. de Cambrai veut-il nier ce que je dis
voulait fai'C servir à mes Remarques : c'était aux yeux d'un si grand témoin, qui sait bien ce
pour en faire, aussi bien que de son livre, entre qu'on a porlé h ses oreilles sacrées?
lui, M. de Paiis, MM. Tronson et Pirot, un exa- M. UE Cambrai. —
12. « Au lieu de demander
men dont surtout il exigeait que je fusse exclu ; pardon au roi d'avoir caché le fanatisme de son
de sorte que mes Remarques seraient examinées confrère et de son ancien ami ne devait-il pas ,
sans moi, et à condition que si ces messieurs ne lui dire ce qu'il venait de me
promettre? Ce
tombaient pas dans le sens de M. de Cambrai, n'était pas les rap|)orts confus qui iiouvaient
dont ils étaient bien éloignés, il ferait deleur sen- alarmer un prêtre si sage ce qui le happa fut
:
timent l'état qu'on en a vu. Reprenons mainte- le pardon que iM. de Meaux lui demanda pour
nant la suite de la Réponse. ne luiavoir pas plus tôt déclaré mes égarements.
M. DE Cambrai. —
6. « M. de Meaux me fit
Si ce prélat eût cherché la paix, il n'avait qu'îi
attendre ses Remarques pi-ès de six mois mon :
dire à Sa Majesté Je crois voir dans le livre île
:
livre |)arùl à la fin de janvier, et je ne reçus que M. de Cambrai des choses où il se Irompe dan-
vers la fin de jidliet ses Remarques, qu'il a don- gereusement, et auxquelles je crois qu'il n'a pas
nées sous le nom de Premier écrit, du 15 du fait d'attention mais il attend des Remarques
;
môme mois 2. »
que je lui ai promises. Nous êclaii cirons avec
Réponse. — 1. Il faut remarquer la date de une amitié oitliale ce (jui pourrait nous diviser;
cet écrit et la vérité de ce fait. M. de Cand)iai, et on ne doit |)as craindre qu'il refuse d'avoir
qui en convient, ne nie pas au.ssi ce qu'il porte :
égard à mes Remaiijues si elles sont bien fou ,
8CS o\|>r( :s>iuiis. 11 \(iit eiuurc (jue je l'oxcusc Iiien (pie c'est autre chose de .souhaiter, autre
sur MM |ieii il'.illcrilioii, lui à qui je venais une clid^e de soidliir mi de laisser faire; cl il ne lui
îiUiiilioii si pnnlijuifii- mais à rlutlt-r, uiiiis" est pas permis d'énoncer contre lu vérité le désir
|i(iii(lic (k- iiclles couleurs los uia\iiiR's les |iUk du roi.
iiiuigert'uses.
I II. Sur le Ttfisi (tes conf> rénccs.
li. « dcniandé paninn. » UucUc
Mais j'ai
Hi l'ONSK. —
1". Ma soumission est ciumue; doiiteiisement ses dillieulles, et se délier de ses
et je n'ai (|irà laisser passer des traits si malins. pensées coiilie mon livre^, etc. ? »
pour lui soiimetlie mon livre, contre lerpiel on les ariens, avec les manielieens, avec les mono.
puliliail déjà de grands à Iton c ? » Il
liriiils thélites, un doute dans .saint
|irésupi)osaienl
dit ailleurs : « Le roi n'a-t-il pas désire que llilaire. dans saint Ainbroise dans siinl Au- ,
la même maligrnle ; mais on ne peut pa.sser le avec les Juifs, est-ce à dire qu'ils leur paiiaieiil
désir du roi : « (Mi m'avait, » dit il, « a.ssuré dontcuscnuut de la venue de Jésus-Christ'/ Le
t ipjc le roi siiiiliailait tpie j'écrivisse. » Ce n'est faux saute aux jeux dans une sein Ida ije jro- I
donc point un oïdie ipiil eut re(,-u , mais il sait position ; par conséquent j'ai raison de dire * ce
I
Rip., e. 7, f. I3u. — ' Jb.. p. U4. — » 10., p. ui. — < Jl,., '
Ri-p.. c. 7 p. 131.— ' Relit., MCI. 1, n. 6 — > K»p., c. 7, p. 131
V lu. — • A(la/.,iect. T, n. U.
,
que rapporte M. de Camlirai ' : « Nous ne niel- conférences, on plutôt aller subir la correction
lions point en qncslion ia iiuisselc de sa doc- de ce tribunal? »
à nous imputer ses pensées, il n'y avait dî salut se rebuter,il faut sauver les infirmes qu'une ap-
douler de ses sentiments. La loi est égale, et il S'a. La de montrer la vérité claire « eu
fin était
ne devait non plus exiger de nous que nous « peu de conférences, en une seule peut-être,
doutassions des nùties fnudrail-il seulement :
« et peul-èlie en moins de deux beures 2 » ;
[iiouver des vérités si mauilésles, si l'on agissait après avoir marqué les longueurs des répliques
de bonne loi? Après les conléiences, si l'on ne et des dupliques par écrit, on offrait pourtant
vent pas se rendre à la vérité, elle ne doit pas « d'écrire » et « souscrire toutes les propositions
pour cela demeLU'er nmeile si M. de Cambiai :
« » sitôt qu'on le deman-
qu'on aurait avancées,
ne veut jamais convenir qu'il ait tort de nous derait, mais on voulait commencer par ce qu'il
im[)uter sa docliine, que nous resle-t-il en effet
y a de plus court et de plus trancliant, qui était
pour mettre noti'e conscience à couvert, que de la vive voix.
déclarer notre sentiment à toute la terre? C'est 33. Quoique M. de Cambrai nous eût fait beau-
l'eflct inévitable d'une conlérence c'est pom- :
coup de demandes inutiles; après avoir répondu
éviter celle exlréniité, qu'on fait précéder, non que « c'était ouvrir une nouvelle dispule, au lieu
pas des décisions, mais des preuves, des autori- de finir celle où nous (Mions 2, » j'offris néan-
tés, des démonstrations M. de Caud)rai le sait :
moins de répondre à tout, pourvu qu'on voulût
comu'c nous, et rendra compte à Dieu de nous
il
venir à la conléience amiable di.> vive voix •'.
faire perdre le temps à prouver ce qui est clair 34. La suite de l'écrit porlail, qu'on admettait
connue lesolcil. ' à la C(Milérence les évéïpieset les docteurs que
soni SONS les \LMix (lu |nil»lic, etc.. (|iic n'eùl-il l'arelievéïpic de l'aris, avec ces trois condi-
pns dans ces roiili^reiiccs iiailiciilièivs où il
r;iil tions. >
nmail pu s'abaiidomier lil)rcineiil à sa vivacité IlEPfj.NSE. — liO. Il scnl donc bien en sa con-
et h sa prévcnlimi ? » science que le relusse louriiait en preuves contre
RtPONSi;. — 38. M. do Cambrai cndo son dis- ui.
cours par tous les repriiclii'S(|n'iin a cent lois ré- M. DE CAMnRAi. — 81. « I^condilion: qu'il
y
futés, et il ne dit mol à l'olTie d'écrire, qui remé- aurait des évoques el des lliéoliviens pré-
diait h tons les ineonvéïiieiils. sents. »
de Meaiix une voie d'éclaiirissemrui entre nous, étaisconvenu, sans que .M. de Cambrai repro-
aussi sùi'c et aussi paisiiili' ipie celle des eoulV'- che ce lait dont nous avons de trop fçrands té-
rcuces pouvait être tunudlm-nsc et and)ij;uë '. » moins.
RftpONSi:. —
10. Il ne pouvait rien y avoir de M. DE CAMiinAi. —
53. « II* condition: qu'on
tumultueux ni d'.iud)iiru avec les couililious parlerait tour à tour. >
M. m; de nous faire
C.vMiiHAi. — tl. « C'élaif Ri.po.\.sE. — 5(3. que j'avais demandé
C'est ce
l'un à l'aufrede cnurles (pieslions cl de comtes par l'(Vrit(pie M. de Cambrai a rc(;u ^: et pour
réponses par ('cril, aliu que nous eussinusde .abn'^jer je pro|ios;ii d'écrire ce qu'on eùl
,
pari et d'aiilre des preuves lilléralcs de tout ce voulu, au choix de la |iei\sonnc attaquée, quelle
qui se passerait cnlie nous. » qu'elle lïit.
envoyai viuffl courtes réponses. » Réponse. — KS. C'est h'i on l'on n'entend lien:
Reponsk —
-ii. Il m i'iivo>a de quoi disputer pourconléier siu' le livre (pii seul rni>nil la ques-
jnsqu'h la lin du monde. tion, il bien en evaminer le texte, non
lallail
M. i)i;Cv>!i'.nAi. 4.*». —
« Il m'en envoya ipiel- point par un examen de juridielion, quoi on l'i
quesunes, mepromellanl deme repondre lors- ne pensait pas: mais par un exainen de dispute,
que j'aurais répondu. J(* i'e|)ondis :ui\ «pii-slions s;ms leijnel il n') a point de conlérence.
de .M. de .Meaiix: alors il refusa de me rep(Uiilre DE ('.AMitiiAi.
.M. ?»!•. —
1 Que cet examen du
paréci'il nouolistanl la promesse qu'il en avait li'xte demeuicrail, suiNaiit noire projet, entre M.
iaili', et dont j'ai euvoM- l'écrit à Rome. » laK lie\é(|uc de Paris et moi avec MM. Truiison
Ri poNSK. —
i(). On vient de voir 2qiio je n'ai et l'iroi 3. »
Jamais letuse, mais senJemenl dilleré de répon- Réponse. — 6. A ce coup. M. de Cambrai com-
drcMiiémeiiar écrit, pour le taire plus nettement mence à.s'expliquer mieux. Il est vrai (piil pro-
dans la conlérence. I> i-n\oi de mou écrit à Koiiie posa de C'inicreravec inoi, à condilion (|ue je ne
montre en M. de C.amin.ii trop d'envie d'einhar parlerais point de son livre: c'est ce (pi'il voulait
ra.ss«M- une friande (pieslion par des minulies. réserver à lui el à ces .Messieurs; el pour moi ipii
M. DE (^v.MiiiiM. —
\'i. «On peut voir par mes étais exclu de cet examen, j'aurais |iu dans la
réjionses, etc., (pie des conlérences ne devaieni conléience discourir en l'air sur toutes les (pies-
pas m'einlKirrasser •*. » tioiis hors du livre, celles du livre m'elaiit inter-
Ri poNSK. — W. On peut voir par se.n réponses diles; el il séloime (pi'on ail rej^arde celle con-
que papier .soidTre loul, et (pion n'écliappe
le dition comme mie pour
illusion maln^e.^te. on,
pas de même à un discours (pii vous prc'vse, el se (liscul|ier du relus iujiisle el absurde de con-
Vous ramène inal;.'re Mms au |
oint de la (|(ies. férer, ou seiidile eu convenir et en nu. iic temps
lion : i,a éle là le moiii el le li dit de lonles le on rend la coiiléreuce non-M'uteiaciil impossi-
cuniereiices. ble, iiiai.s encore iidic> le.
' !<• |. . c. 7, |>. IW. — ' 1 i-<li «^lu. Il 3.' 33 — n*p .
|i. IM '
^-^icMUt, n. 44. — ' y*., u. .'=' — i '• ' |i. i3*.
A LA RELATION SUR LE QUIÈTISME. m
M. DE CvMBRAi. — 61. « Poiir l'histoire il'iin à Rome. » Là il rapporte mes paroles, qu on
religieux de disliuction...., eliem'esl absolument peut Vdir dans la Ilelalion 1, et il les reprend en
inconnue. » celle sorte Qui ne croirait, à ce ton démons-
: «
Réponse. — 62. Il fallait se déclarer sans dé- li if, que la pleine conviction de mon
vuilfi
tour, si la proposilion d'une conl'ércncc « par un infidélité? mais c'est ici que je conjure le lec-
areligrieii\ dedisliiiclion, » qu'ilne connait plus, teur déjuger entre M. de Meaux et moi 'i. »
lui est inconnue. Si sa réponse, que ce digne Réponse. —
2. J'accepte l'offre, et je consens
religieux riconte fort franclioment, ne plail pas qu'un lecteur attentif nous juge par cet endroit
à M. de Cambrai, la Relation lui laissait le ciioix seul.
d'en faire uneautrc ', « quiiio pourrait être que 31. DE Cambrai. — 3. « l» J'ai déclaré dans
« mauvaise. » Il fallait donc imaginer tell" autre mon livre que l'intérêt propre est un reste
réponse qu'il eût voulu; et non pas, sur un fait d'esprit mercenaire 20 j'ai montré avec évi- ;
aussi positif, nous payer de conjectures en l'air. dence que M. de Meaux a pris lui-même l'inté-
M. DE Cambrai. —
63. « Je nerenns les remar- rêt, non pom- l'objet de l'espérance chrétienne,
ques de M. Meaux quequand il n'était plus ques- mais pour une affection imparfaiîc; 3" le terme
tion que de partir pour Cambrai, et d'envoyer de « propre » ajouté dans mon livre à celui
prom'ilement mes réponses h Rome 2. » « d'inlérèt, » signifie manifeslemcnt la pro-
Rkponse. —
61. Il ne fallait qu'un oui ou un priété, qui, de l'aveu même de M. de *Meaux,
non. Si l'on eût aimé la paix, on eût bien pu est une du dedans, et non l'objet du
aff:"clion
difféier de queltpies jours le voyage. Je ne de- d(^hors; i°.M. de Meaux, en tradui.'^ant mon
mandais que très-peu de jours, et pout-èire seu- livre, dans sa D-'cInration, a rendu le mot « d'in-
lement deux ou trois heures. M. de Cambrai eût « léiessé » par celui de merrcncirius. Ai-je tort
pu tant qu'il eùi voidu envoyer ses Réponses à de traduire mon livre comme ce prélat l'a tra-
Rome, pour lesquelles on ne lui a jamais d;^- duit lui-même ''? »
coidérence amiable, (pic .sa con.science et même geait senleuient alors à celle iulerprélalion
riionnciir du monde luireproche davoir injus- entièrement inouïe? M. de Cambrai lui-même
tement rehi.sée. J'ai rapporlé tout au long; et n'y songeait pas encore dans .sa première ex|)li-
pre.=(iuc de mot à mot toides scsré|)ouses enfin ;
calioii (pie M. de Charlies a impriiiice, pui.stprij
il est convaincu d'avoirrchisi' les voies aimables, y suppose toujours conmiecon.vlaul, qu'il a pris
et d'avoir lellemeiil .senti le l'aiblc de sa cause» le terme de motif pour la fin qu'on se propose
8UB DIVERSES AUTRES UEMAIHIUES DU CHAPITRE VU consf'qiience n'est pas une version où le texte
ET DERNIER DE LA REPONSE. doilêtie reprt^senlélehpi'il eslensoi, on répond
de plus (pie la conséipieiice est niainai.se et :
une C(>iis(''qiionrc, cl encore fausse, au texle \îl. M. de .Meaux veut que ce fait soit faux;
<'
M. lie Cambrai; à de va};iies cilalions, je lui meiil dédit? c'e.st <|ue dans une seconde édiiion
représcnle dans son arliile H vrai <, la IradiictiDn de ma llqurnse, j'ai su|pprimé cet arliclc. Mais
de ce passade « L'Ame s'aliaruloime à i)ieii
: est ce se dédire sur un lait (|ue de le suppri-
pour tout ce qui regarde son inlt lét propre. » mer? » M. de Camluai ajoute ipi'il l'a supprimé
Et un peu après « En ne lui faisimt voir au-
: par discrétion, parce qu'il voulait suiiprinier
cune ressource pour son iiiléuM pro()re cHernel:» Autant qu'il pouvait les contestations jicrson-
I.
Eu vérité, oseia-l-on dire cpie ce soit traduire nelles ji
prii merci'tiaridw appctilioiicm le second, encore ; voirvoiilu relirer les exemplaires de cette édition
plus essentiel uulla spe quodil pruprii ((iiniuddi
: où il était énoncé : n'est-ce pas là un désaveu
eliam œtemi mercfiiaridin appelHiuitem ? assez formel ? .Mais ee piélat ne maïupie jamais
1. II commet la même lalsilication lurscpi'il de beaux prétextes ; c'est, dit-il, la discrétion
traduit dans l'article 10, « le sacrifice absolu «le qui Ini a fait « supprimer les contestations per-
« rinlérét propre pour l'éternité, » par ces « sfuinelles. » Cela serait beau s'il était vrai :
mots : ahsnlule pioprii commodi appetilioiiem mais s'il avait à sup|)rimer cpielque chose par
viercciiarinm quanhaii ad œleruilali'm immolât '^. « discrétion sur les contestations iicrsonnelles, »
8. Pour peu qu'on entende celle dispute, on il aurait dû commencer par ces étranges |)a-
sait que ces trois passades sont les plus essentiels roles Lejudceilé de ces jnélalsa été Ici, que
: <
de tout le livre; et ceux (|ui en entiaiiient le je ne pourrais espérer d'être cru en le racon-
plus l'inévitable censure, à titre d'impiété et de tant 2. » Loin de retrancher ces paroles de la
blasphème, du propre aveu de l'auteur. ()|- est- première édiiion, il enchérit jiar-dessiis dans la
(pi'en ces trois endroits si essentiels la tra- seconde, en y ajoulaiil ces mois « Il est bon :
il
duction latine est falsiliée elle l'est donc dans : même d'en épargner la connaissmcc au pu-
tout ce (ju'il y a de plus essentiel dans tout le blic 3. » C'est ainsi (]iie sa discjélion lui fait
l'ape d'être jn^;é3: en elTel, beanconp de et, écrite de sa part;* ipi'il se souvienne cpie ce
ses examinateurs, qui n'entendent ou entendent prélal, après avoir témoigné laiit d'élomiemenl
peu le liançais, le jugent sur sa version. Ils le de voir M. de Cambrai « donner sa picuiiére
jugent donc siu' des l'ausselés essentielles c'est : explication en la présence de bien, avec dos
sur des faussetés essentielles qu'il demande prolestalions si sérieuses qu'il n'avait point eu
d'être jugé. On vante en vain le nombre de ses d'aulies sentimenis en fais;mt son livie, et s'en
partisiins la plupart d'eux ne le .sont maiùlès-
:
départir eependaul dans son Iiistnictioii pasto-
lement cpie tiorupés par ime infidèle version. rale ^ : » M. de Chartres, dis-je, se .sert de cet
10. Si, malgré l'évidence de ce lait. M. de exemple pour nous i>rémunir tontre les autres
Cambrai propose (ju'on le ju;;e déeisivemenl par allr.:atious de cet aiThe\èi|ue, en par a il ainsi:
cet endroit seul, c'est visiblement (pi'il met sti « Juge/ à l'avenir des laits et des rai.soii> qu'il
contiauee dans la lianliesse de rallirmalion, et avancera contre nous pour déleodre sou livre,
non pas dans la force de s^i preuve. par ce lait ipi'il a\ait donné comme incunles-
table *^. » C'en est assez contre un fail suppiiiué
Sur un fait posé p-ir M. <le Cambrai rt dosavoui^ par
I II.
lui-mime. par sou .•iiiteur.
Maï., p. 7a. ta. }'"» Int.. p. 61, 63. — deux, «dit., p. 8. ' /•• —
deux «du., p. 6. • y*., p. 1311 —
>
Vtri. tai., p. 66 —
'
• /»
, p. Il»,
—
— • IU|> , c. 7, p. 137
«ii ci
lao. — ' B«p., 138. uo, ui, «le. • nci , ftn i. n ai. —
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 189
nous prendre publiquement à garant de ses respect, tant il veut accoutumer le monde, et le
ci'reurs, dans VAveiiissement de son livre des Pape même s'il pouvait, à se coulenter de belles
l^laximes i, et il ne veut pas qu'il nous soit per- paroles.
mis de rendre notie désaveu public? Cbargés I IV. Sur les explications.
honteux là l'erreur qu'on nous imputait? C'est faisais que varier. C'est ce que M. de Chartres a
néanmoins ce que M. de Cambrai nous reproche entrepris de prouver mais je ferai voir que ce :
cent et cent fois conmie une injure nianiieste prélat a pris ce que l'Ecole appelle argumenttnn
que nous lui faisons. Quelle cause ne soulien- ad hominem pour l'explication précise de mon
drait pas celui qui sait appuyer une si visible livre '.»
injustice !
Réponse. — 19. Le tour est nouveau : on
ê III. Sur les soumissions de M. de Cambrai dans ses deux pousse une explication dans toute sa suite, sans
lettres im]irimées.
indiquer seulement qu'on en ait une autre et,
M. DE Cambrai. 16. « Il parassait par mes — quand on ne peut plus l'accorder avec ses autres
;
deux lettres, l'une datée du 3 août, et l'autre de discours ni avec le livre qu'on veut excuser,
quelques jours après, que M. de Meaux a lues tout d'un coup c'est un argument ud hominem.
imprimées, qu'en demandant au Pape à être On peut tout dire à ce prix mais cependant on ;
instruit en délai! de peur de me tromper, je pro- s'enfonce de plus en plus dans la variation puis-
nicllais de me soiuueltrc sans ondore de reslric- que l'on varie même pour se défendre d'avoir
lion, tant pour le fait que pour le droit, auelque varié.
censure qu'il lui plût de faire de mon livre '. » M. de Cambrai. —
20. «Mais supposons quej'aie
Réponse. — 17. « Je promettais, » dit-il (dans varié...supposons, ce que je montrerai ailleurs
ces lettres), « de me soumettre sans ombre de n'être pas vrai, qu'il y avait des erreurs dans
« reslriclion. » Je lui répète ce que j'ai dit dans mes explications: ques'ensuit-ilde là? Qu'après
la Belation 3 : « Que voulaient donc dire ces m'avoir montré ces erreurs, il fallait au moins
mots de la lettre du 3 août : « Je demande seu- me redresser 2. »
« lementau Pape qu'il ait la bonté de marquer Réponse. —
21. Que faisait M. de Chartres
« précisément les erreiu's qu'il condamne, et par tant de réponses? 11 n'y a qu'à lire tout ce
« les sens sur lesquels d porle sa coudamnalion, qu'a fait, tout ce qu'a écrit ce digne prélat, ce
« que ma soumission soit sans restriction?j)
afin
docte théologien ^, pour ramener son ami. Et
C'est donc clairement menacer l'Eglise de res-
moi, que préleudais-je autre chose dans l'écrit
triction, si le Pape ne prononce pas connue il
du 15 juillet, lorsque, l'invitant à la conférence,
le demande. Ainsi il donne le change lorsqu'il « Nous sommes prêts
je parlais en celte sorte '*
:
ni sincère de demander d'èlre iustriùt*. » Il me « Que son explication ne convient pas à saint
fait parler comme il veut. J'ai dit cl je dis encore,
Bernard qu'il allègue seul, et qu'elle lui esl con-
que ce n'est pas être docile à l'inslructiou quand
traire ;
ou menace de restrictions, si on manque de nous « Qu'elle ne convient non plus à aucun père,
inslrnire à noire mode. Que peut-on croire d'un
à aucim théologien, à aucun m\sli(pie ;
I
U.p.. p. U2. — = /' p. 1 i:i — ' Lclt. p.isl. do M. .le C-|i.iilri»,
' ei-.lcssiis, art. 9. 11. 21 — J
H<.p., |>. 129. — ' Ki-Ut., .sccl 10, p. 09. 10, etc. — '
.
RéPONSE. — Puisqu'il ne lail picsque plus, M. de Camiiiiai. 34. « Que veut donc M. de—
dnus li; irsU' (le sa /îc/RH/sf, que de icpi'lcr ce Meaux, m1 ne peut être assuré par mon texte
qu'il u dit |i(iui- celle li'Muue, je u':uu';ii plus qu'à même? 'I
ujiiiiler (|iielquea pelils luuls ùccquc j'ai déjà Rti'ONSE. — 33. Je veux qu'on avoue fraiiclic-
ri'pundu . nient l'illusion qu'on a l.iile au public par le dé-
M. DE Cambrai. — 2i. « Je demande à M. de saveu de sontexle: laissant à pari le lexte, ce
Meaux (ju'il explique eu leriues pncis ce qu'il n'est pas la coutume (|ue dans des lettres aux
veut de uioi ; et j'ose dire (jii'il iw le pourra grandes puissances on lasse des marges; on
expliipier. > |ireiid bien la peine do inelire tout ce (ju'il faut
ilLi'o.Nsii. — 2o.
puuilaut eu deux Le voici dans le lexte mémo, et surtout quand il s'a;;il
mois: i" 11 laudiait uelteuieul coiidauuier les de spc'cilier une chose aussi essentielle (|ue l'eî^f
mauvais livres de celle leniuie, nuls pallier le la condaumalion des mauvais livres, .\iusi reje-
relus d'uuc telle coudauuialiou par limeution ter en marjie les livres de Al""' Guyon, c'est évi-
de l'auteur; 2" il laudruil rétiaeler de liuuue loi ter le dessein rormc de lescondaumer dans le
tout ce qu'on a dit, (pie les eudruils leprisdans lexle; et c'est la suite du iuauviùsdes>ein, d'a-
les URiucs livres ne sont (iu'i'(iui\o(pies, exa>;t:- voir déjà évité de la noimuer parmi les faux
ralious et termes un.sliques mal eideudus par spiiituels, aussi bien (pic Molinos, qu'elle suit
leurs censeurs; 3" il laudiail encore rétracter, en tout et qu'on épaij,'ue pour l'aïuoiir d'elle.
tout ce qu'on a dit eu j^é'ueral sur l'inleulion M. DK Camiihai. —
36. « M. de Meaux s'était
des auleuis, et ne luuinii' plus des déleuses à plaint, dans la fliV/'/ra/ton, que j'avais fait loin"
tous les h(ii'étiques qui lurent où qui seront ja- ber (dans la Lettre au Pape) le zèle des prélats
mais. surles uiyslicpies des siècles passés '. »
Ai. deCamdrai. — 26. « J'ai ('crit au l'apc (juc Uti'o.xsE. — 3". Je m'en suis plaint, il est
ces livres (ilaienl condauuiahle.--, dans une let- vrai: car aus.si (pie voulaient dire ces paroles
tre imprimée : n'est-ce pas l'acle le plus solen- de Lettre au Pape
\ii « Depuis (jiielqucs siè- '^•.
nel '^
? » etc. clesbeaucoup d'écrivains mysliipies, iiorlant le
Rtl'o^sE. — 27. On a montré que ce en qu'il mvslère de la toi dans une conscience pure,
dit Cbt pldlijt une excuse cuiidaumali'iU' (lu'iine avaient favorisé, sans le savoir, l'erreur qui se
M. DE Camiihai. — 28. M. de Meaux >< dil (lue cacbail encore ; ils lavaient lait par un excès de
je n'ai |>asnoMuué la persoime de M""' (.iu^on ; pielé a enflammé
alleclueiise, etc. C'est ce ipii
mais la nommait-il lui-même quand je lis celle dent de plusieurs évé(iues. n C'est donc
le zèle ai
lettre»?» manifestement contre ces pieux mystiiiues des
Réponse. —
29. Il ne s'agit pas de son nom :
siècles passés que notre zèle s'est enllammé;
j'a\aisexpressément condaumé ses livres, que « c'est ce qui leur a l'ail composer 3i Articles. »
M. de Caudirai tàciiait de sauver. Ces Al licles sont donc dressés contre eux; «c'est
M. DE Cammhai. —
;iO. " Il ajoute ([ue je dés- ce ijiii les a enuagés h faire des censures conti'e
avouerais peut-élre dans la siute des cilalioiis cerlaius petits livres, » elc. Il veut donc cnvc.
marginales qui; j'ai tiiiio iln Muyeti tourl ci du lopper ces petits livres dans l'idée confuse de
Ciiuliiiue: où en esl-on quand on veut supposer ces anciens et pieux mv.sli(pies. Il répond ' que,
de telles clioses ' î » lors(|u'il dil (jne ces mvsliipies des siècles passés
Rli'onse. — 31. On en est où en élait M. de « oui ecliaiine le zèle des prélaU » et fait faire
Cambrai lorsipi'il rejelail sur im autre le terme leurs articles cl leurs censures, c'était à dire
t d'involontaii'c » (pi'il allrilxiaiti'i Jésus-Clirist; eu étaient l'orij^ine innocente. » Kst-ce
« ([u'ils
j'avais lait celle obicclion dans la Hcldliuii''', cl ainsi (pion parle quand on veut parler nelle-
M. (le Caudirai la trouve si lorte (pi'il n'y fait menl ? In esprit si clair, ijui eiiibroiiille exprès
aucune repimse. Au reste, c'est une élranye son discours, ne moulrc-t-il pasipi'il veut |ilu-
condamnaliiiii (|u'une Unie mar);inale jetée après Iflt envelopper (ju'èclaiicir son sujet? Il ne ,s'a-
coup à colé il'ime letlre au l'ape. gissiiil que de dire, sans tant tournoyer, qu'il
M. DE Camiiiiai. —
d-l. " Il lail enleudre (pie je condamnait, avec les évéqiics, les erreurs des
désavouerai peul-élre .uissi mon propre texte''.» livres dont il s'agissait, sjuis leur clieicber des
Ku'o.xse —
S,i. Il Irouve donc lort étrange excuses cl des défenseurs parmi les pieux mys-
qu'un auicur désivoue sou pr(qirc lexte? C'e.-t liipies, que personne n'alta(piait car ils sont :
ce <pi il a lait sur « l'involonlaue » allribue à au fond très éloignes de M"" l.uvim et loin d'en ;
p. 146. — ' Btlat.; tcct. 6, d. 14. — " H»p., p. UO. Voyu ci-cprta. — B^., p. ' 14*.
A LA RELATION SUR LE QUIÉTISME. 191
les condamnent.
ils C'est ce qu'il devait dire en Réponse. — 45. Il biaise encoie: il ne s'agit
un mot pour dire au lieu qu'il lui a la vérité ; pas d'un soupçon en l'air, mais d'un senfuneut
fallu euiidoyei' cinq ou six pages entières;! s'ex- bien fondé, sur le relus exprès et réitéié de
pliquer, avec un long eiitorlilîement et de per- s'expliquer nettement. Pour moi, je suis tou-
pétuelles répélilions '. jours prêt à répondre sur tous les livres, quoi-
M. DE Cambrai. 38. « M. de Meaux m'ac- — que jamais on ne m'ait accusé d'en favoriser de
cuse encoie de biaiser sur un point essentiel ;
mauvais.
c'est de savoir ce que je pense sur les livres de M. DE Cambrai. 46. « Au lieu de rendre —
M°>« Guyou2. y. raison de sa foi « (sur les questions que je lui
Réponse. —
39. C'est biaiser de ne vouloir fais touchant la béatitude), « il se plaint que je
jamais parler nettement; c'est biaiser que de lepresse à répondre oui ou non '. »
ne reprendre que « quelques endroits » des Réponse. —
47. La récriiuination est vaine,
livres dont tout le fond est corrompu; c'est puisque j'ai répondu précisément à loules ses
biaiser de les reprendre au sens qui se préseule demandes inutiles, n'évitant que celles qui nous
el qui est naturel sensu ohvio et naturaU quand : ,
auraient détournés de l'état de la question et ne
on distingue ce sens de l'intention de i'auleuret font que l'embarrasser.
qu'on lâche d'eu éviter la condamnation par un M. DE Cambrai. —
48. « Il dit que je n'ai con-
si mauvais artifice ; c'est biaiser lorsqu'à la place damné que quelques endroits du livre: et où
des erreurs formelles dont sont pleins des livres, est le livre impie qui soit impie d'un bout à
on n'y veut trouver que des équivoques, avec l'autre 2 ? »
un langage mystique mal eutendu des censeurs, Réponse. —
49. Il biaise toujours il n'a qu'à :
et des exagérations qui leur sont couananes penser ce qu'onjugerait de lui, s'il disait Calvin, :
avec les saints; enfin, c'est biaiser quand on Luther, Socin sont ceusurables en quelques
nous oppose, avec suint Pierre, « de répondre endroits ne verrait-on pas claireincnt qu'il en
:
qu'on l'a rendu à son su|)érieur à qui on a parlé voudrait sauver le fond ? (juaut à ce qui regarde
il biaise donc encore à présent qu'il se défend longs discoiu's 3, nous en avons assez parlé ^.
de biaiser. M. DE Cambrai. —
oû. « Il me suffit d'adhérer
M. DE Cambrai. M. deMeaux se récrie: — 40. « du fond de mon cœur el sans ombre de restric-
K Est-ce en vain que saint Pierre a dit qu'on tion à la censure que le Pape a faite des livres
doit être prêt à rendre compte à tous ceux qui en questions. » (de M'"^ Guyon.)
le demandent^? » etc. Réponse. —
51. Comme si ce n'était pas une
RiiPo.xsE. — 41. 11 répondre à l'autorité
fallait reslriclion, et de toutes les restrictions la plus
est i)ublic et si précis (dans la Lettre au Pupe), « inerce uni par un tel lieu était connu, ou
pour avoir un prétexte de me questionner, et « non; s'il ne l'était pas, M. de Cauibrai n'avait
de me réduire à une déclaration par écrit qu'il « rien à craindre en a|iprou\ant le livre de
puisse faire passer [)our une espèce de foruui- « M. de Meaux; s'il l'elail, ce prélat n'en était
lairo *. » C'est à quoi M. de Cainbiai revient « que plus obligé à se dcclarer ", etc. » Ma ré-
sans cesse *. ponse est facile. Ce commerce était connu,
Réponse. — 43.
Que d'inutiles paroles pour j'avais laissé condauiiier les livres; il n'eu était
éviter de dire oui ou non? Ne voil-oii pas qu'il plus (piestion; j'avais dit qu ils étaient ceusura-
seul en ellét qu'en condanuiant siuipleiuenl ces bles : je ne biaisais point; mais je ne ciojais
livres, il se condauuie lui-même, et tpie c'est pas avoir mérité qu'on exigeât de moi, comme
aussi pour cela (pi il biaise toujours? d'un humilie suspect, une dcclaralioii par écrit,
M. DE (Cambrai. ii. « Mais lui, qui cile — uitiirogcrcomme un
c'esl-à-diie une signature d'une espèce de lor-
mulaire '. »
saint l'ienc, se laisse-l-il
coupable et connue un lioiume suspect, sur Réponse. —
53. Sans doute ce n'est pas biai-
loul ce qu'il pense de lous le> livres (ju'il plaira ser que de « dislinguer rmleiitiou d'un auteur
ù irti adversaire de accuseï" de favoriser ? » 1
"^
'
li6|.., !> 161 — î /'. — ' ;/.., p. 15J, K.l, l.-.l, loO — 'Cl-
1 Bip , Ji. l4Ci, 146. 147, 148, 149. — = //<., p. lôU. — > Ib. — ' /6. dessus, Ait 4 — * U>p.. p. 162. — • Uol , locl. 4, n. lit — ' Uv|>.,
— > 10., p. 1&3, IM, 106. — • llép.,.p. l&O. p. Uk
192 RKMAKQri:s SLH LA HÉPllNSK
mauvais dans loute .-a suite, c'est doinier un acte « Ai-je remué d'un coin de mon cabinet à (^ani-
contre soi-ni(^nie; une conléienee aniiahie est « brai par des lessorLs tant des inipeice|)lil)les
M. DE CAiimiAi. rji. « Pour la Cuide spiri-— ipi'ilne |iouvait taire, lui en autorité, eu crédit:
<!/('//(' de .Molinos, M. de Meaux veut (|ue je la et eu étal de se laire craindre? "
Képonse. —
tu». Il biaise encore je suis con- : vement lut imivL-rsel, comme il l'a été d'abord
Iraiul de le ié|)éler. Il ne s'agit pas d'un livre in- contre toutes les erreurs naissantes; et il avoue
connu auquel on peut iie|)oiiit penser la Ciiiile : que le petit nombre de ceux (pii ne se lai.ssêient
de Molinosest un livre (]ui vient d'abord dans point euliainer au torrent, lut réduit à se laire;
l'esprit à tons ceux qui écrivent deceltemalière. c'est ce (pii n'arrive jamais à la vérité. Lcsliom-
On a donc raison de s'étonner (pi'il ait sii|)piiiiié mes n'opèrent |ioiiit de tels eflels; et les sages
Molinos dans le deiiouibieinent des taux spiri- sjivent distinguer l'impression solide et persé-
tuels, et (|u'encore il eu supprime le livre dans vérante de la tradition, d'avec les éblouis-scments
sa Lettre au l'ape. causés |)ar une Ccd)ale toujours prête à remuer.
M. DE Camiiiiai. — 56. « il m'avait déjàrepro-
g II. Sur les i^balcs.
clié de n'avoir pas nommé Molinos, et je repon-
dais (pie je n'avais pasjui;é iK'cessaire de iioiu- M. DE Cambrai. 3. — « Voici la réponse de ce
« Les cabales, remuent:
les factioiis.se
iiier un nom odieux dont il n'était poinl(piestion l»rélat:
en l'iMiice 2. »
« les passions, lesintéréls |)artag('iille monde'. »
KkI'onsi;. — .'>". Ktait-il plus (pieslidu en UncI intérêt pciil engager (piehprnn dans ma
Fraiicedes illumines d'Kspa;jiie(|u'il a nomiiK'S? cause? De ipiel C(")lé sont les cabales et les fac-
devait-il se taire des (piietisles? Kst-ce un juge- liiimaine: (piicoiiipie regarde un peu .son inté-
ment téméraire de croire qu'en cette occasion rêt n'ose plus me M. de .Meaux con-
recoiiiiaitre.
il ail sup|iriiiié Aloliiios, comme il a lait M"<° tinue: » Ue grands corps, de gi.indes puissan-
Giijon, à qui la Cuidi- de Molinos avait préparé « cesse meuvent. » Oùsonl-ilscesgrandscorps?
où .sont ces grandes puissinccs'' ? etc. »
la voie?
M. DE Camurai. — oS. « l'oiir moi je con- Réponse. — -i. Croit-il avec ces paroles éblouir
damne sans exception et sans restriction tous les le monde, jus(prà lui faire oublier une cabale
(pii se fait .sentir par toiile la lerre? Croit-il (pic
ouvrages dcMidinos, si justement Irappés d'a-
nathèmc par le Saint Siège 3. » (picKpiiiii ignore les iiiteréls, les engagements,
Kl i'o>sK. —
5!t.Uii'ileoiidainnedoncenméme les esper.uiees (pii ont coiumencé celle .'iflaire,
en mèiue temps Molinos et tous les iieresiar- {{(•Itilifii. Uiiaml esl-ee (pi'on a plus vi>ibleiiienl
vieiment |
artoiit i"!
pitié. « Je suis seul, » dit-il; c'est ce que ne dit son éloquence, si Dieu le permet, n'imporc phis
jamais un évoque défenseur de la vérité catho- h personne.
lique; et l'Ecriture lui répond: Vœ «()//.'« Mal-
2 V. Sur In comparaison de Priscille et de Moiila'i.
heur à celui qui est seul » car c'est le caractère '
;
delà partialité et de l'erreur: « M. de Mcaux est M. de Cambrai en revient à toutes les pages
9.
en état de se faire craindre. » Puisqu'il m'y force, à cette comparaison, comme si elle était trop
je lui dirai aux yeux de toute la France, sans odieuse. Priscillc étaitune fausse prophétesse.
craindre d'èire démenti, qu'il peut plus avec un Montan l'appuyait. On n'a jamais soupçonné
parti si zélé,que M. de Meairx occupé à défendre entre eux qu'un commerce d'illusions de l'es-
la vérité par la doctrine, et que personne ne prit. M. de Cambrai demeure d'accord que son
sions de M""= Guyon ne soient pas prouvées; France, par lesquels il est important de ne le pas
car il la veut toujours défendre malgré son aveu laisser opprimer. Ce ne sont pas là seulement
qu'après qu'on lui a découvert les dangereuses partout àRome au nom de M. de Cambrai en si
spiritualités et les erreurs de son amie, il ne grand nombre, qu'ils sont venus jusqu'à nous,
s'est pas moins attaché h la défendre.
et avons en main. Pour excuser ce pré-
nous les
lat, désavouer ces
j'avais espéré qu'il pourrait
ê IV. Propositions pour allonger.
écrits scandaleux contre sa nation, contre les
M. DE Cambrai. —
7. « S'il reste à M. de Meaux évèques ses confrères, et autant contre l'Etat
quelque écrit ou quelque autre preuve à alléguer que contre l'Eglise. 11 fallait parler sur des faits
contre ma personne, je le conjure de n'eu point si essentiels et M. de Cambrai
.si bien articulés :
faire un deini-sccret; je le conjure d'envoyer ne dit mot, et laisse par son silence toute la
tout à Rome, afin qu'il me soit promptemcnt France chargée de ses reproches odieux. Saint
conniuiniqué par ordre du Pape^. » Paul envoyé à Rome, y déclare publi([uement
Réponse. —
8. Pendant qu'on fait semblant aux Jifil's « ([u'il ne vient point accuser sa na-
de vouloir hâter la décision, ou cherche des « lion-»; il épargne un peuple perfide et il en ;
moyens de la reculer sous prétexte de comniu- ménage la réputation un archevêque île France :
(jue le caractère de iVL de Cambrai étant connu, que Guyon, avec ses livres et .sa doiliine.
M'"°
lïU l'unique objet que M. rarchcvéquc do Cam-
'
/?«!., IV, 10. - 1 Rép., p. 166. — > Ib., p. 167.— < Cl-dossM,
art. 9, n. 4 et siliv. '
Uclol., icot. 10, n. 1. — ' AcI. .x.vnil, 11».
R. ToM. VI.
in REMAl'.UUi.S SUK LA UÉPONSE
brai ail tlonni- à ses éloquents cl inépuisables Ces articles étaient posés pour senir de fonde-
discours, en ddilùlrc convaincu par sa liépomc,
il ment aux justes censures des livres de celte
C'csl là «jn'il a invcnlé, in faveur do celle femme , comme cos mêmes censures le décla-
fennne, W nouveau secrel de séparer « le sens rent en ces termes exprès ' : qu'on remarque
vérilable, propre, unique cl perpéluel » d'un celtecirconslance: ainsi, poursauvorM™' Guyon,
livre o dans loulc sa suite, et dans la juste valeur il fallait éliiderla clinscdcs Articles. On prépare
des ternies, » d'avec tout le dessein du livre pour cet effet un liMO mystérieux, où, pour
même, cl d'avec rinlenliou de son auteur. Par mieux faire couler les maximes ipi'on méditait
l.\il a trouvé le niojen de conlcnlir ù la fois le contre ces Articles , on travaille à dé.sunir les
monde, qui ne peut lui pardonner de ce (pi'ii prélats qui les avaient dressés ensemble et par , ,
recule lanl à condaumcr des livres pernicieux, de longues finesses, on .se caclie de celui qui,
et sapropre inclinnlion qui l'oblige à les défen- Itar son antiquité, éLiit à la télé de ceux qui les
dre. On
a vu, par colle adresse, que, sans avoir avaient formés c'est moi-même encore dont je
:
besoin de la vérilé, sans aidres secours que celui paile. Ou a pous.sé la cliose plus loin ; et pour
de ses tours liabiios, île ses belles expressions, et faire accroire qu'on agit encoie de concert avec
de rélonuanle facilité de son génie il pouvait '
, ces prélats dans l'impression des Maximes des
persuader tout ce iiuil voulait à un certain genre Saints, on déclare, à la tête du livre, qu'on ne
d'bonunos, et leur lai.ssor pour déinoniré (lu'on fera autre cbo.so ijuc de donner plus d'élondue à
a lort do l'avoir pressé d'aïqirouver la condam- leurs |)rincipes; ce qui obligeait à un concert
nation de livres très-condamnables dans leur nvec eux cepondant on non a point de vérita-
:
vrai, perpétuel et unique sens. Avec un aveu si ble avec M. de Cliàlons, à présent M. de Paris,
clair, il .sait établir que ce qu'on a repris dans puisqu'il condamne le livre on n'eu a aucun ;
ces livres n'est plus que dos équivoques, d'inno- avec moi et on ne songe qu'à se cacher. Hon-
,
centes exagérations, un langage mystique, et louso pratique, où l'on se cache d'un évêque
enfin" un scnsrigouroux qu'un donne à ses ex- pitur ox])liquer sa doctrine ! Il faudrait donc que
piessions.et auquel l'aulourn'a jamaisponsé^.» j(ï parlasse, quand je serais seul , pour ne point
bien plus encore qu'on ail raison de les cen-
: laisser abuser de mon témoignage. C'est ce qu'a
surer, il a néamuoins raison do scandali.ser toute fait inventer le désir de défendre madame
l'Eglise plutôt que d'en approuver la censure. Guyon , et don pallier la défense.
Voilà le nouveau ])aradoxo qu'im arcbovéquc no prendrai point le ton plaintif que je
4. Je
est ^onu proposera ruui\ors. C'est là, je l'avoue, n'ai pas, pour exagérer tout ce que m'ont attiré
un des plus grands ollorts d'esprit qu'on ail ja- do la part do M. Cambrai et de ses amis les doux
mais vu; mais en mémo lomi)s il est le plus desseins qu'on vient d'oidemlro. On n'a rion
niallicuri n\ et le plus coupable, puis(iu'il pousse omis pour mo déciior de France et à Uome; et
h bout ton! > les décisions de l'LgliM' oonirc les pour trouvor dos laisons do s'éloigner de moi,
mauvais li\ros cl lo,^ aideurs, cl quil introduit, non-soulomoul on mo fait indigne d'avoir été le
dans les questions de la foi les plus iuqioi lantos, consécralour choisi de .\I. de Cambrai, mais en-
un jeu do paroles, où l'on dit ce que l'on veut core pour ui'achovor et ne me laisser aucune
impunément. ressource, oumofail loporlidc violateur de tous
2. i'our parvenir à celte lin, il a pris tous les les secrets, sans oublier celui de la confession.
moyens convi iiaMos. Il s'agissait de couvrir 5. S'il y eut jamais au monde une injustice
l'obsliné relus d'approuver un li\io où madame criante : c'est celle-là. Je n'ai jamais confessé
Guyon, en ne nommant que ses ouvrages, élait M. de Cambrai : il sagissjiit de tout autre chose;
justemcnl condaumoo dans Sii doctrine. 11 a vu j'avais à de madame
examiner la doctrine
les mauvais elfels d'im refus si scandaleux, cl Guyon, par contre-coup celle de ce prélat,
et
il n'y a point trouvé do moillour remède que de puisqu'il s'en rendait lo défenseur arbitre peu :
Cambrai. Cependant sans jamais avoir ouï la étrange artifice; que celui de m'avoir voulu fer-
confession de ce prélat, non-seulement je l'ai mer la bouche, ou affaiblir toutes mes preuves
révélée, mais encore « j'ai fait pis que de la ré- contre lui , en me donnant au public pour son
véler*. » confesseur?
6. Qu'on se souvienne de mes paroles j'ai : 9. Ce qu'il ajoute, comme par une abondante
dit de ma part « M. de Cambrai s'est offert à
: confiance: «Qu'il en parle, j'y consens,» comme
me faire une confession générale il sait bien : qui dirait: Qu'il achève de révéler ma confes-
que j'ai refusé son offre » cClait l'offre de me ' : sion, ne confirmer l'accusation qu'il n
sert qu'à
taire une confession « et moi, » dit-il, « je dé-
: intentée. C'est pourquoi il la conclut en ces ter-
clare qu'il l'a acceptée « il m'a donc fait une : mes ; « Je suis si assuré qu'il manque de preu-
confession et je l'ai ouïe. On sait parmi les ves, que je lui permets d'en chercher jusque
Chrétiens ce que c'est que faire une confession dans le secret de ma confession » vain discours :
l'accusation bien qualifiée; voilà une déclara- choses, que je voudrais pouvoir diminuer. Com-
tion bien formelle et bien authentique : le voilà bien de gens, je ne dirai pas dans les pays
dénonciateur à toute la terre d'un crime capi- étrangers, dans les provinces éloignées mais ,
tal, d'un sacrilège impie contre son confrère ; dans Paris même, où le monde qui nous con-
et quoique ce mot le fâche, contre son consécra- naît est toujours si petit, croiront que l'évcque de
teur. Meaux (scandale épouvantable pour les faibles
7. On dira qu'il biaise dans la suite, et que dans une cause de la foi) a révélé une confes-
visiblement il ne
pas d'une confession sa-
s'agit sion, et s'en est servi pour convaincre M. de
cramentelle, puisqu'il s'agit d'un écrit. C'est de Cambrai de quiétisme?
quoi j'aurais à me plaindre, qu'en matière si 10. Je ne relèverai plus toutes les frivoles rai-
capitale on ait pu biaiser: je l'aurai dit si je veux, sonsdont il appuieson accusation c'est un effet :
se jouer de cette sorte dans une matière si défendre si sérieusement. Un jour peut-être ce
grave ? Mais, au fond pesons les paroles c'est ,
.•
prélat me fera un crime de ne lui avoir pas de-
parler assez nettement, que de déclarer que j'ai mandé de réparation et il prouvera par cet ar-
;
accepté la confession qu'on me voulut faire. gument qu'il a eu raison dans l'accusation de
L'écrit dont on parle n'empêche point qu'on ne la confession, sur laquelle je n'ai osé le pous-
m'ait fait de vive voix une confession sacramen- ser, comme il prouve son innocence et celle
telle, dans laquelle, pour des raisons particuliè- de M""" Guyon par ma longue condescendance
res, on m'aura donné la confession par un écrit, sur les erreurs dont je les accuse.
qui fera dès-là partie de la confession cl par ce H. Après cela, comme M. de Cambrai avertit
moyen présupposera, selon la propriété des ter- les universités de se donner garde d'un prélat
mes, la confession faite dans les formes. (jui vient de détruire par ses artifices la notion
8. En quelque sorte qu'il prenne cet écrit ; de l'Ecole sur la charité <>, jcme sens bien plus
on en voit bien l'artifice. 11 veut donner à obligé d'avertir sérieusement les chréliens de
entendre que si je l'accuse (par nécessité) sur le se donner garde d'un orateur qui, semblable à
quiélismc, j'en puis avoir pris l'idée dans sa con- ces rhéteurs de la Grèce dont Socrale a si bien
Icssion car il veut que ce, .soit sur ce (ondeuient
: montré le caraclère, eulreproiul de prouver et
que je l'accuse de protéger cette erreur ', afin de nier tout ce <prilveul; qui itcut faire des
que les preuves, par lcs(iucllcs je l'en ni con- procès sur toul, cl vous ôlor tout à coup, avec
vaincu, soient réputées odieuses, connue tirées une souplesse iucoucevablo, la vérité qu'il vous
d'une confession, et affaiblies par ce moyen. aura mise devant les yeux ce qui est d'aulant
:
Qui croirait un archevéciuc capable d'un aussi plus à craindre, dans les matières de la ieli(;i(iii,
' H"|i., c, a, p. 51. — 1 Reltt., sed. 3«lat., »c»U n. 13.— ' I«p.,
que par leur subtilité elles donnent plus lieu à
t. 3, p. »1. ' JRup, ad Sum., p. 6.
1i'6 RKMAIlun S SI'K lA RÉPONSK
r.'iliiivoqnr. comme parleur imporlaiice elles à cet éL'ard hors d'atteinte, et en possession,
iittireiil (le plus grand maux à ceux qui s'y •'•ga- pour ainsi parler, de son innocence, dés là
rent. Ce n'est pas ainsi rpie udus avons éld in- (pfelle n'était point convaincue ; et parce qu'elle
slilu(''S.La varialion, l'arliliee, le oui elle non s'excuse en ma |irésence et de mon aveu de tel-
ne se trouve point dans les apùircs « il ne se : abominations, on me demande pour témoin
les
« point dansS\lvain, il ne se trouve point dans femme y a-t-il une conséquence plus mal
:
« (pi ils ont prêché, le nui et le uon n'a plus 13. Voici enfin la dilliculté invincible, selon
« (le lieu » il n'y a rien d'équivoque ni de va-
' :
M. de Cambrai c'est d'avoir donné les sacre-
• :
lialile:mais le oui seul est en lui : la simplicité ments et nue attestation si aiilhentiipie h. une
règne partout dans ses discours; et ce qu'il a dit femme (|ui n'a point avoué ses fautes, qui ne
une fois ne chan^'c plus. les a point rélraet(Vs, (pii ne s'en est point re-
dans les expériences de la(piellc on trouvait la grand génie de M. de Meaux et toute son élo-
vie intérieure plus réelle et plus verilidiie que ([uence ne peuvent couvrir l'endroit faible de sa
l'our fonder une telle cause. » Mais si l'éloquence ne peut être ici d'au-
dans de saints directeurs '".
estime d'une per.Minne que tous les sages con- cun secours, voyons ce (jue pourra faire la sim-
damnent, il a fallu alléguer de grands noms (ilicilé. Je réponds donc, en un mot, comme j'ai
Il n'y a aucune de
comme celui île feu M. de GeniVe» et qu'a-l- :
dc'jà lail^ : ses fautes qu'elle
on trouvé? quehpie cho.sc qui la fas.se voir com- n'ait reconnue, dont elle n'ait demandé pardon,
me une parfaite spirituelle? point du tout: dont elle n'ait rendu grâces d'avoir été avertie ;
c'est une perturbatrice des comuuuiautés, dont sou repentir ipii paraissait humble, ayant fait .si
elle renverse l'esprit : et parce qu'en la chas- juger (lu'elle n'était pas indocile, on a plaint
sant d'un diocèse on lui fait des compliments son ignorance pliit(it que de la pousser à tonte
d'Iionnéleté, qu'on ne refuse jamais ;i ceux ;\ rigueur : est-il si malaisé de couvrir ce faible ?
(pu on ne l'ait point le procès juridiquement, 16. Je passerai sous silence cette déclaration
c'est un titre pour en faire une amie spirituelle, de n'avoir jamais eu l'intention de rien en-
«
pour lier avec elle le conunerce le plus étroit seigner contre la loi citholique » et celle de
et ,
autre lettre et sur la censure de ce prélat; et la première ne prouve rien, sinon qu'elle a pu
c'est assez, d'en avoir mar(|ué l'endroit au lec- errer par ignor.uice plus (]ue par malice et la :
teur ^. Mais on m'alU'gue moi-même pour ga- seconde (pii .serait de consê(piencc, est inven-
rant du grand mérite de celte fennnc"': peut- tée d'un bout à l'autre. Ce ne .sont pas V\ île
ce êtreséi ieusemenlî je m'en rapporte au lec- beaux tours, de beaux traits d'e.sprit il n'y a ;
une attestation « où je lui défends d'enseigner un espril souple se tire légèrement d'un mau-
et de dogmatiser dans l'Eglise de répandre ses ;
vais pas c'est, dans la simplicité, la vérité
:
\A. Mais vous ne dites pas tout? 11 est vrai : où étaient ces prodigieuses cimimunications de
je le décharge, dans l'attestation, des abomina- giiUe, et toutes les autres absurdités de la spi-
bles pratiipies (pi'on laceu.sail dereconnaitre « à ritinlité de son amie il ne veut pas même ;
l'abrégé : j'ai même reçu ses excuses, la tenant tre la foi de mes paroles, contre les termes ex-
'II. Cor., I, n, 9. —
Ci-iltMU», irl. ï;
» | ï, ». 2. — > Ib., f »,
n. 0. — ' ci-dessus, nrt, 3, i 3, n. » • — M, | 4. n. 10, «te. — > fl:.. e. a, !•. (», «1, clc. — '/(.. p. M. — • Ci-<l«»sii», MU 2, n.
'
lt"p. «U Relui ,r I. |. |.. 18, l'i, SO, al,3J, »lr. — « Rcp.. p. V — ' Kaltt., scct. a, n. Su.
.
passons-lui tout ce qu'il voudra il n'a du moins ; venu qu'à l'extrémité, pousse par M. Cambrai :
osé nier que je lui aie rapporte tous ces excès. c'est lui qui a commencé ce combat c'était :
Il avoue, dans le détail que je lui ai raconté donc lui, selon ses principes, qui n'en pouvait
ces absurdes communications de la grâce, ce plus ; et tous ses avantages,qui remplissent
pouvoir de de délier, ces merveilles de
lier et la juste moitié de son livre, ne sont que des illu-
la femme de l'Apocalypse ou il m'en aura :
sions. Enfin il est faux encore que ces faits
demandé la preuve, et il l'aura vue ; ou ce qui n'influent rien dans les choses : si une fois il
est pis, il ne l'aura pas demandée, et il n'aura estdémontré connne il que M. de Cam- l'est,
pas voulu voir. brai n'ait travaillé, ne travaille encore et ne
d8. Voici, sur l'approbation des livres de
doive travailler à l'avenir que pour défendre ou
M"* Guyon, le raisonnement de la Relation :
pour excuser M"»» Guyon, puisqu'il ne nous
« Je l'ai laissé estimer par des personnes illus-
montre point d'autre objet de son travail nous ;
tres; je n'ai puni dû ignorer ses écrits ' ; »
ne nous tromperons pas de réduire son hvre à
c'est ce qu'avait dit M. Canil)rai, et j'en avais
cette vue, et ce seul endroit en détermine le
tiré celte conséquence naturelle « C'était :
sens.
donc avec ses livres qu'il l'avait laissé esti-
mer. » M. de Cambrai se récrie 2 Que peut : «. II. Dessein d'éluder les Arliclesd'lssy, pour sauveriMms Gujon.
trop à des minuties? ceux qui ont faim et soif de Dieu, et qui crai-
Le dernier refuge de M. Cambrai et de
19. gnent de la perdre. » En conformité de cette
ses amis contre la Relation, est que tous les doctrine. M"" Guyon « avait rendu l'àme indif-
je n'y ai recours (prêtant vaincu sur les dog- porels cl éternels, sans pouvoir asseoir auciui
mes; mais tout cela est encore une illusion ma- désir, même siu- losjoies du paradis. « Ces pas-
nifeste il n'est pas vrai, dans le lait, que je ne
:
sages sont inconnus ; M. de Cambrai, malgré les
sois venu aux procédés (pie n'en pouvant pins arlicles, en revient à la même difléience, en
sur les dogmes au contraire', j'ai démontré^
:
établissant celle du .salut.
Ole est un appétit intérieur, naturel et intéressé pliqué cet endroit dans sa Rcpnttse, parce
<'i
étant étianj^éres au livre des Maximes, conuntî fait tondier dans une persuasion et conviction
aux Articles qu'on expliquait, elles n'étaient que invincible do .sa réprobation, et lui permet
des addiliuiis après c<iup, pour couvrir ce qu'a- d'acquiescer à sa juste coudanmatiou de la part
vançait M. de Cambrai en faveur de M""» Guyon de Dieu " : toutes cho.scs visiblement ajoutées
cl de Molinos-tprcilc sui>ait. aux Articles, contre leur expresse disposition,
8. Saint François de Sales, dont nous expli- pour favoriser M""" Guyon et Molinos.
quions, dans l'article 9, la résignation et l'indif- \'S. Il n'est pas question d'entrer ici dans tou-
iérence, ne songeait non plus que nous h cet tes les ex|ilications de M. de Cambrai sur les
amoiu' naturel et h cet a|)pélit intérieur; et convictions réfléchies, intimes, apparentes, etc.
ainsi en toutes manières ces explications étaient mais seulement de lui demander si toutes ces
étrangères, et aux Articles où l'on proposait choses étaient dans les .\rticles; .si les ajouter ce
d'expliquer la doctrine de ce .saint, et au livre n'était rien ajouter aux .\rlicies mêmes: si c'était
des Maximes qui ne devait expliquer que les là les entendre ou les dépraver; il n'a rien dit
Articles. sur celledemande proposée dans la Relation ' ;
!>. .Molinos et M™" Guycui .s'étaient expliqués etjamais il n'y répondra «pi'en s'enveloppant
en (ilusieurs endroits contre les actes léllécliis; dans desé(pii\oqucs ou dans de vagues discours.
les Articles eu avaient montré la nécessité dans 11. Les Articles avaient iiidi(]ué très-distinc-
les plus parfaits » .M. de Cambrai n'osant les
:
tement qu'en tout état la fui explicite aux attri-
ôter, les a dégradés, en les renvoyant, dans les buts particuliers, en Dieu, l'ère. Fils et .Saint-
Maximes des saints *, à la partie inférieure ;de Esprit, el en Jésus-Christ Dieu et homme, était
quoi néanmoins, il s'est dédit dans son /;i.<;- néce.s.saire, el faisait partie |dus haute con-de la
iruction pastorale s, sans vouloir avouer sa templation» : M. de Cambrai n'ajoute à ces Arti-
faute. cles l'exclusion des attributs particuhers absolus
< Mu.,dMUinU, p.49, 60. — ' //., p. 33, 44. — ' An Ki,
Art. 2S. — > M»., p. 87, 90, 91, — > Rcltl., mcL,
n. — • M«x. det S»lnU, pij. 87, »0,»1, 118,123.— > Ini. p»sl. —
•
ou relatifs, et de Jésus-Christ présent par la foi ou non, que ce grand saint ait dit qu'il faut se
en certains étals et ne réduit l'âme coniempla-
;
dépouiller d'un certain attachement aux vertus
tive, quand elle qgit par sa volonté, à l'être abs- et à la perfection ' ?» Qui doute qu'il ne se trouve
trait et innommable^ que pour pallier la foi ,
des attachements même vicieirx aux vertus, lors,
obscure, indistincte, et générale de Molinos, de que, par exemple, sans aller plus loin, on veut
Malaval et de M""' Guyon et nos Articles n'avaient;
trop les rendre siennes, et s'en glorifier soi-
pas besoin de ces additions. même? mais ce n'était pas de celaqu'il s'agissait.
15. Les Articles s'étaient expliqués à l'avan- Nous savions bien que M^" Guyon, après 3Ioli-
ajoute ces mots : « Les tentations et les mortifi- l'autorité de saint François de Sales, et en allé-
cations intérieures et extérieures sont entière- guaient des passages auxquels aussi j'avais ré-
ment inutiles 3, » que pour excuser M°" Guyon, pondu amplement. II s'agissait des Articles, et je
qui ne leur est pas favorable. demandais si nous y avions « mis quelque chose
tincts et inspirations particulières de Dieu être vertueux, etc. Au lieu de répondie sur les
: M. '^
de Cambrai ne fait que changer le langage, lors- Articles dont il s'agissait, se rejeter dans la ques-
qu'il exclut tousles actes de propre industrie et de tion, tant de fois vidée et épuisée, de saint Fran-
propre travails, et introduit la«gi-âce actuelle,» çois de Sales, visiblement ce n'est pas répondre,
comme faisant connaître aux âmes parfaites, en mais éluder. J'ai donc eu raison de conclure,
toutes occasions, ce que Dieu veut d'elles 6. qu'en effet il n'y avait rien dans nos Articles qui
17. Je pourrais marquer à M. de Cambrai
obligeât M. de Cambrai aux explications où l'es-
beaucoup d'autres contraventions aux Articles time des vertus fût diminuée, et qu'il n'y était
qu'il a souscrits mais je ne veux plus en rap-
:
entré que pour contenter M^i^ Guyon et Molinos
porter qu'une seule touchant les vertus, à cause son auteur.
qu'elle était toucliéc dans la Relation^, et qu'il 21. Ainsi il paraît, par les choses mêmes, que
a tâché d'y satisfaire dans sa Réponse^. le livre, qui promettait l'explication des Articles,
18. J'avais demandé à M. de Cambrai, à quoi était fait pour les éluder, sous prétexte d'en
servaient à l'explication de nos Articles, ces pro- étendre les principes etqu'jl était fait, par con-
;
cette nature si souvent rapportées dans cette dis- choses mêmes, celle que je tire des faits; celle
que je tire, par exemple, de l'estime aveugle de
pute, a Nous n'avions rien dit d'approchant dans
nos Articles, connue portait la haute spiritualité de cette femme; celle que
la Relation : ainsi,
« ce n'en était pas une explication plus étendue, je tire de tous les efforts qu'on a faits et qu'on
fait encore pour en soutenir, excuser, ou pallier
comme M. de Cambrai l'auiait promis » mais :
le
le système, de tous les principes; et do déinon-
de M""> Guyon, M. de (lairibrai se trouve natu-
tiorque c'est enlin lout le quiétismc que M. de
rellement de même esprit (pi'elle.
Caiiiijiai veut excuser dans M"'" Guyou, à litre
20. 11 en revient il s'aulori.ser de saint Fran-
d'cxagéralioii, d'i^cpiivoque et de langage mys-
çois de Sales, et il nous demande « Est-il vrai :
tique.
Max., p. 1C6, 187, 189, 189, 191, 1D5. 196.— > Art. 18— ^ Max.,
'
i III. Del'^lat <loliqiicslinn.
|v III, 115.— «Art. 11,25, 2«.— » Mnx.,|'.65, 117, 118. 150,M7.—
Inst, pnat. >la M. do C'amhrni, n. 3, |iag. 7, 8; Max., pag. 3^1, 3r>, 1. On ne s'attend pas que j'aille ici liailor la
186, cic —
' Hclnl., scct. 6, n. 20. —
Hop., p. 71, 72. ' Max., — question tant rcbaltuc de la cliariti-, cl de la d6-
|i. 221, JÏ0,Ï20, 2» —
"Actes contre lo quliil., prop, 31. " — lUp,
Itip., p. 72, — " Muycii court, p. 36.
' |.. 71.
200 lŒMAllUL'ES SI n LA RÉPONSE
flnitioii (|ii'(iii CM donne comniuiiéincnt dans pur du qiialrième degré, où Tonne cherche tson
l'Ecole; j'ai ('|iiiis(' la nialiùre dans mes trailés bonheur [iropre que comme un inouMi «pi'on
préct^denls. de savdir, si la
Il s'af^it iiiiicinemcnl rapporlc à la lin dernière, «pii est la gloire de
bonne lui a M. de Candiiai de
dû |icrniettrc à Dieii>, » il n'y avait rien qu'un amour qui cxclul
supposer cin(i cents f(jisdans sa Ucpouse à hi Ile- la félicité, même comme subordonnée c'csl ctt :
latiou, el dans ses autres écrits, «pie je suis con- amour que j'altacpie comme chimérique, comme
traire ù l'Ecole, pendant «jue j'en défends ex ;);o- dangereux, comme ruineux à l'espérance chré-
/(•.w) les principes dans \c Summa dvctrinœ* ; lienne. M. de Caiiihrai, «| ni ne cesse d'alléguer
dans deux éerits roinposés exprès sur ce sujet l'Ecole, ne .saurait nous produire un seul théolo-
])arnii les diversMémoires'; dans la Pn'fare sur gien pour son amour du ciiupiièine rang distin-
riustrurtiim paslartilc de M. île Cambrai^; dans gué de l'amour du quatrième. 11 ne s'agit pas de
l'Avertissement qui la ])récède'' ce que je con- : des conséquences qu'on lui conteste il
tirer ici :
firme encore tout nouvellement dans le traité s'agitde nous nommer un théologien qui ait
tout entier intitulé Schula iu tutu'', et dans le connu ce cinquième amour qu'il a distingué du
Quietismus redirivits'^ aux endroits particuliers quatrième, chpii fait tout le sujet de son livre:
cotés à la marge. il ne l'a pas fait, il ne le fera jamais. Ainsi il
-2. Après ces trailés, où je soutiens expressé- donne le ciiangc, quand il nous fait atla«pier le
ment en Iranrais et en latin, scolasti<picmenl el vrai pur amour «le l'Ecole, .sous prétexte que
en toute antre matière, la définition de l'Ecole, nous ivjetons le sien qui est faux.
je dis (\nr la bomic foi ne permettait pas de sup- 6. Sans entrer ici dans le fond, il me suffit de
poser que je ratta(iuasse. l'our la doctrine, je inoiiti«>r qu'il change visiblement tout l'état de
«pie l'amonr pur ipie nous combaltons n'est pas que nous disons, (loii r se «loiiner à r Eglise comme
le véritable amour pur «pie toute l'f^glise recon- le seul défenseur du pur amour qui n'est point
cliarité toujours désintéressé par sa nature, bien; à l'indilTérence du salut; au sacrifice ab-
comme saint Paul le déride qnwnt qua'sua
: .Yo» solu aux convictions invincibles; aux acquies-
;
brai a fait siui «jualrième degré, sans pourtant bandon absolu de l'Ame, jusipi'à ne se laisser
lui vouloir donner ce nom : c'est aussi celui que aucune ressource; à la .séparation de ses deux
toute l'Ecole reconnait, et «pie personne ne con- parties, pour faire compatir ensemble l'espé-
damne, comm«"je l'ai remartpiécent et cent fois. rance el le désespoir. Ainsi quand M. de Cam-
L'amour purque nous condamnons est celui dont brai répon«l sans cesse que son amour pur n'est
l'Ecole ne parla jamais, et dont .M. de Cambrai «prabstia«lif, il abu^e manifestement «le la foi
coinpos;! son cimpiième amour, où l'on ne re- imliiiipie, el d'une distinction «pii est bonne,
lient «pie le nom de l'espérance el de son inoliL mais mal appliipiée.
r>. Nous avons souvent en fram.ais re|)ré.>eiité, 8. Sou amour pur est exclusif en deux ma-
et en latin, «picI«piefois en très-peu de mots, mais nières: en premiir lieu, parce qu'il exclut le
btiijours à fond, et en particulier dans les lieux motif de l'espéiancedans r.ùiie parfaite: ci- «pii
murqués à la marge 8, qu'au-dessus de l'amour se tlémontie en ce que tout .son progrès aboutit
enfin au sacrifice absohi du salut et h un vrai
' Smuma
docl., n «. —
' D«\ix.*<Til, »rl 10, 11, II. » Prcf., —
II. '.H et lul».-
' Av«rl., M. 8, 9, 10 ' —
Srfiol. iit lui., Hz prlmli désespoir.
i|umt -
Q«it( r(dxr„ icct.i, cip.3.— ' I, Cor.,ZUl, 5.— ' DrilX.
*
9. Il est exclusif d'une autre manière: en 13. Telle est la doctrine que nous soutenons
tant qu'il exclut de l'acte de charité le désir de contre Molinos, contre Malaval, contre madame
la jouissance, où consiste la perfection de l'a- Guyon. contre M. de Cambrai qui est venu le
mour causé par la claire vue, ce qui contraint dernier de tous leur prêter toutes ses plus belles
à séparer de l'amour pur le désir d'aimer par- couleurs. J'ai montré • qu'il est lui-même de-
faitement à jamais comme qui dirait que pour :
meuré d'accord que je distinguais les objets de
aimer purement, il faut cesser de désirer d'ai- la charité « premiers et seconds, » et que « j'é-
mer purement, ce qui est le comble de l'erreur tablis l'excellence de la nature divine mise en
et principal de la gloire de Dieu considéré en soit co/islantdans le fait, de sou propre aveu,
lui-même, a pour motif second et moins prin- que l'autorilé de l'Ecole est entière dans tous
cipal, et qui se rapporte à l'autre, Dieu comme nies écrits.
Patribiis tuis conghitùiatus est Domi- tous les endroits qu'on vient de citer; la bonne
est uni :
tifs unis et inséparables exprimés dans le pré- qu'on m'opposait sans cesse, s'est tournée contre
cepte : l'Ecole vient là-dessus, et arrange ces M. de Meaux sur la charité "; » on dirait qu'il a
motifs sans les séparer; le premier est le spé-
obtenu contre moi le décret du moins de quel-
cifique, comme elle parle, et l'excellence de
que fameuse université; mais cela n'est pas, et
il a tenté vainement de soulever les plus célè-
Dieu considéré en lui-même le second et moins ;
bres.
principal, mais néanmoins inséparable dans le
17.fait pourtant ailleurs' une belle offre,
lime
précepte même, est qu'il « est « nôtre, » ce qui
et c'est d'assembler l'Ecole, |)our lui taire dire
emporte qu'il est communicalif; la charité re-
ce qu'elle a cru depuis cinq cents ans. Uue pré-
gardée dans son motif « primilif et spécifique »
tend-il? quoi! de metlre ensemble toutes les
est indépeudanle de ce iiiolif; l'Ecole le dit, et
écoles, ou d'en consulter quelques-unes sur
on l'en peut croire sans péril; la charité est in-
une matière qui va èlre jugée par lePaiie? C'est
dépendante de la vue de Dieu coiiiuiuuicalif,
ce (pi'il il ne cesse de nous pro-
deiuaude, et
comme d'un motif second cl moins luiiicipal,
jioser quebpie nouveau procédé. 11 a fait ce qu'il
excilalif cl auguienlalif, mais néanuiolMs insé-
a pu i)our émouvoir les nuivetsités; il les a sé-
parable du premier: l'Ecole ne le dit pas, et jj
rieusement averties de prendre garde à un prélat
n'était pas permis à M. de Cambrai delaNancer.
qui « par de secrèles machinations avait entre-
12. Ainsi quand il me reproche à loules les
pris de détruire leurs communes noIionsS; »
pages** « (jue je nicls la source du quiélisuie
il a tâché d'exciter l'Eglise romaine: « Voilà, »
dans l'amour indépendant de lu béaliludc, » 'J, « mes .senliiuenls sur la charité; voilà
dit-il
et de Dieu comiuunicalif cl cominuni(|ué; il
ce qui mérite d'ètie examiné de bien près par
m'impose, comme on vient devoir, puisque je
ne fais que rejeler un mauvais sens que je dé- '
Rép. à qualro Ictlrts, n. 16. — » Trois. Lcllrc A M- Ht Me«uT.
montre contraire à toute l'Ecole. p. &, 8, 7, 8, etc. — ' Trois. I.ctlro pour servir d» rop.. «-Ir., p. 36.
— • Sckol.. in lui , <j. 4, ii.bï, 83, de. —
» Rop., pag.39. —'
tbii.,
' Ri'p- 4 quiilrc lollros, i . — ' Orul. , VI. t. — ' II,., 1». — p. 161. — ' Troli. Lettre pour servir de r*p., etc., p. a .— 'Kw|>.
•
Rép., p. 0,1(7, tic. ad Sum.,t. 6 '. - 'Bip. 109.
-
cl faire donner des exaiiiiualeiu-s à mon livre teulion de faire ^jurement la volonté de Dieu
comme au sien. .Mais il crie en vain: rien ne sè- par amour, quand vous n'alteiidriez ni puni-
ment; ma foi, <pii n'est suspecle en aucun en- lion ni récompense. » Qu'y a- l-il de nouveau
droit, ne demande point de déclaration parlicn- dans ces paroles? ce sont là de ces suppositions
lièrc de ma .soumission c'est que je in'allaclie ; impossibles (]u'on trouve dans tous les livres;
au chemin liattu par nosl'éres: jene veux point la question est, si en les faisant on peut s'em-
donner un spectacle an monde ami de la nou- pèchcr de nourrir secrètement dans son cœur
veauté, m
étaler île l'esprit, en moidrant iju'on le chaste amour de la récompense, qui est
peut tout défendre. Ou a vu d'ailleurs' ce qui Dieu même; et si cette récompense, au lieu
s'est |)assé sur mon livre, et les récriminations d'aflàiblir le pur amour, n'est pas un moyen de
de M. de Cand)rai n'ont eu d'autre effet (pic de rcunammer, de l'accroitre, de le iiurifier davan-
faire voir d'inutiles leiilalives pour endtrouiller tage. N'est-ce pas amuser le monde, que tirer
une affaire toute en état. un avantage particulier de paroles dont tout le
IS. Nous déclarons donc à M. l'arclievêque de monde est d'accord? J'en dis aillant de cette
Cambrai qu'on ne liù fera jamais de procès femme tant louée par saint Louis. <• qui voulait
sur des opinions d'école; tous les passades (pi'il brûler le paradis, cl éteindre l'enfer, alin (lu'on
cite de moi au préjudice d'une déclaralion si ne servît Dieu que par le seul amour. » Quoi!
expresse, sont Ironcpiés ou pris manifeslement le paradis qu'elle voulait brûler, élail-ce l'a-
à contre-sens; je ne puis i)as crdreprendre ici mour éternel causé par la vision de la beauté
Celle discussion déjà faite; que le lecteur en fasse intinie, et par la parfaite jouissance du bien
l'épreuve; il verra (pi'on m'impose partout, et véritable? Voulail-elle éleindie dans renier la
(jue les pas.sjiges coulre lesquels M. de Cambrai peine d'être privé de Dieu et son dessein était- ;
second lieu, quelle finesse trou\e-t-iI à n'avoir l'ajamais enseigné à Mgr le duc de Bourgogne,
jamais parlé d'un tel amour au grand prince puisqu'il n'a jamais dû ni le défendre lui-même'
qu'il instruisait ? où était l'inconvénient de lui ni l'enseigner à personne ; n'y ayant
rien dé
faire lire les sentiments de saint Louis ? Ne sont- plus indigne de la théologie chrétienne,
que
ils pas en comme il remarque lui-même
effet, d'établir un pur amour qu'on n'ose
proposer
que je dans cet abrégé, un héritage que
l'ai dit aux enfants de Dieu, ni même en entretenir un
ce saint roi a laissé à ses descendants, plus pré- âge innocent.
cieux que la couronne de France ? Pourquoi 22. C'est néanmoins pour ce pur amour que
priver de cet héritage Mgr le duc de Bourgogne combat M. de Cambrai il Icombat pour un pur :
ment du public sur vos Lettres à M. l'évêque de juger des autres par celui-ci. Vous diles qu'on
Chartres : principalement
la première. sur vous impose, quand on vous fait dire, « qu'il
Si je révélais tous les sujets de cette surprise, faut que les âmes d'un
certain étal ne se servent
je composerais un volume plutôt qu'une lettre ;
plus, dans leurs tentations, du remède de la
mais après qu'on a beaucoup écrit s";r une ma- mortification inlérieure et extérieure, ni des
tière, il faut se réduire à ce qui emporte le plus actes de crainte, ni de toutes les pratiques de
clairement la décision, et je le mets dans ces l'amour par lesquelles elles se sont sancti-
trois chefs, dont je ferai trois questions, que je fiées 2. » Vous trouvez tout le contraire dans
prends la liberté de vous adressera vous-même. l'endroit qu'on cite des Maximes des saints,
La première, si vous avez bien prouvé les alté- où vous parlez de cette sorte 3 : « H est capital
rations de voire texte, que vous re|irochez à ce de supposer d'altoni que les tenlalions d'une
prélat. La seconde, si le sens nouveau que vous ànie ne sont que tenlalions conununcs, dont le
donnez au concile de Trente est soulenable. La remède est la morlilication inloriein-e et exté-
troisième, si volie première ex|)licalion adressée rieure avec tous les actes de crainte, et toutes
au même |)rélal, èlait la vraie ex|)licalion de les pratiques de l'amour intéressé. » Par là
voire pensée, ou un simple argiunenl ad liomi- vous prouvez très-bien en effet, que les teuta-
nem, une simple complaisance pour M. de lious communes, et des étals ordinaires, .sont
Chartres, comme vous le diles à présent, sans guéris par ces remèdes; mais vous oubliez ce
en avoir jamais donné la moindre marque. Ces qui suit innnédialeniLMit après « Il laiil être :
trois questions feront coimaîtrc beaucoup de ferme pour n'admettre rien au delà, sans une
choses essenliclles, non-seulement sur le fond entière conviction (|ue ces remèiies sont abso-
de votre doclrine, mais encore sur la manière lument inutiles*.» CesontlesparolesquoM.de
dont vous procédez dans celte affaire; et c'est à Chartres vous objecte: et ainsi manileslemenl ce
moi à les proposer d'une manière sensible. prélal a trouvé l'état où vous diles, non pas
seulement que « les Ames ne se servent plus,
PREMiÈUE QUESTION.
Le premier sujet de vos plaintes regarde l'nl- ' l'rom. L«ltro à M. do Clmrtres, p. 9. — ' LcU. past.udlo <ic M.
dans leurs Irntalions, de la iiiurlilication inlé- loiijoui-s deux étals marqués, dans l'un desquels
des ailes de crainle, ni
rieiiie el exti^rieiirc, ni les actes simples du |iur amour ne font que du
de loiiU-s les pratiques de l'amour iuléressé » : mal ; el dans l'autre aussi, les pratiques ordi-
mais fucore où l'on est « iiiliiremeul eon. naires de ramolli intéressé, parmi lesquelles
vaincu (juc ces irmèdes leur muiI absoluineul vous comprenez la morlilicalion intérieure et
inutiles. » De cette sorte l'alléralion est tout exlérieure, sont inutiles.
entière de votre côté, i)uis<jue c'est vous seul C'est aussi sans fondement que vous distin-
qui .sii|iiirimez, dans votre texte, ces paroles guez un genre particulier de tentation , où la
que M. de Cliarlres tourne contre vous. morlilication intérieure et extérieure soient
Quel(|uc outrées que soient vos paroles, vous absolument de la plus forte de
inutiles. C'est
ne manquez jamais d'excuses; mais celle-ci est toutes les lentalums, el de laquelle le démon
bien légère : « 11 seulement, » dites-
est vrai même, dont les apôtres n'avaient pu venir à
vous ', « que je remarque dans la page sui- boni, était la ligure, que Jésus-Christ a pailé,
vante, le cas sin;;ulierde l'exliémité des quand il démon « ne [leut être
a dit que ce
épreuves, où il an ive (jue ces lemèdes sont « cliu.ssé (|ue par l'oraison el |»ar le jeune '. »
absolument inutiles, pour apaiser la tentation; » Mais qu'il y ail des tentations où le jeune, sous
mais c'est vous encore ici qui altérez votre lequel Jésus-Christ a compris la morlilication
texte. Vous vous laites dire seulement (juo ces extérieure, et l'oraison sous laquelle l'intérieure
remèdes sont inutiles h « la tentation, comme est reiilermée, «fussent absolument inutiles,»
s'il s'agissait seulement d'un genre particulier c'esl ceque ce Mailre céleste ne nous a jamais
de tentation, où les ilmcs ne doivent plus se enseigné et il n'y a que de faux mystiques qui
,
servir de ces remèiles. » Mais cidre <]ui' c'est soient entièrement convaincus de cette inutilité.
toujours ime erreur per nicieuse à la piété, de Au lieu donc de re|»roclier ?i M. de Chartres
leconnaitre une tentation, quelle <]u'clle soit, et qu'il altérait votre texte, en y trouvant des ten-
en (pielque c4al (pie ce soit, où la morlilication tations où la morlilication intérieure et exté-
intérieure et extérieure soient absolument inuti- rieure absolument inutiles, vous lui
fussent
les, la suite de votre discours i'ail\uir 1 inutilité deviez avouer le tort que vous avez eu de l'éta-
de ces remèdes cl la tenlaliondecet état indéfini, blir.
ment, puisque vous ajoutez aussitôt après, Que vous sert, en effet, d'avoir reconnu la
qu'il ne faut, pour apaiser la tentation, que le nécessité de la morlilicalion intérieure et exlé-
seul exercice du pur aiiKnir. qui est l'exercice rieure dans les « tentations communes, » que
de l'état 2. vous appelez des comiiiençanls 2 ; puisque vous
Au.ssi est-ce en parlant des Ames de cet étal i ne |)arlez ainsi que jiour en venir aux étals où,
que vous dites indcliinmiiit, o qn'elles ne sont par une « entière conviction » on les croit ,
mises en paix, au milieu de leurt tentations, par absolument inutiles ? Vous ne laissez doncqu'aux
aucuns des remèdes ordinaires, qui sont les « commeiieaiils la morlilication intérieure el
motifs d'un amour intéressé, du moins pendant extérieure, non plus que lespralKiuesde l'amour
qu'elles sont dans la grAcc du pur amour
s. »
intéressé ^. » Il est ré.servé aux âmes éminentes
Ainsi vous parlez toujours indélinimeiil des de repousser d'une autre manière les tentations
lenlations de l'état. Vous continuez
.'
« Il n'y a : de leur él;jl, ijui enferment celle du désespoir
que la lidèle coopération à la giAce de ce pur et ce moyen de les repousser, c'esl d'y succomber
amour qui calme leurs tentations : « encore en « aciiuiesçant, comme vous le dites ailleiuT»*.
i^
épreuves) tomberont inlaillibleiiienl dans des El M. de Chartres en vous fai.s.inl dire que vous
,
Telles sont ces altéralions dont vous nous qui, citant, dans votre Tnslruction pastùrale , \c
aviez promis « un exemple des plus sensibles. » passage où vous vous plaignez que M. de Char-
II vous échappe des mains et ce qui devait être ; tres ajoute le terme de surnaturel, l'y avez vous-
le plus clair pour votre dessein, se tourne en même ajouté. Reconnaissez vos paroles « La :
ne demande qu'une simple lecture, et je ne « qu'on nomme d'espérance, est un amour véri-
prétends aussi que conférer vos paroles avec tablement surnaturel » et un peu après ^ :
:
celles de M. de Chartres que vous y avez insé- « J'ai fait deux divers degrés avec des définitions
rées. Vous parlez ainsi à ce prélat ' « Pour me : différentes de l'amour naturel de pure concu-
rendre ridicule à moi-même, vous rapportez piscence, et de celui de l'espérance chrétienne
cette proposition de mon livre « Cet amour : qui est surnaturel. » De cette sorte que l'amour ,
« d'espérance est nommé tel, parce que le motif que vous appelez surnaturel, c'est manifeste-
« d'intérêt propre y est encore dominant 2. » ment l'amour d'espérance amour dont vous :
Après quoi vous dites « Changez cette pro- : faites un degré à part, distingué de celui du
« position ; selon le sens de l'amour naturel, il second degré, que vous appelez « l'amour natu-
« faut l'exprimer ainsi. Cet amour » (surnaturel) « rel de pure concupiscence. » C'est encore un ,
« d'espérance est nommé tel, parce que le prin" coup, de cet amour d'espérance et du troisième
« cipe intérieur de l'amour naturel de la béali- degré c'est, di.s-je, de cet amour que vous avez
;
« tude pour vous-même y est encore dominant :» dit en termes formels, deux et trois fois, qu'il
vous ajoutez « et à la place de celle-ci
: Dieu : était surnaturel étrange combat de vous-même
:
« jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant avec vous-même C'est vous qui appelez cet
!
« voir nulle espérance » (surnaturelle) pom* son ainsi méconnaître et désavouer vos propres dis-
« affection naturelle de béatitude , même éter- cours ? est-ce oubli ? est-ce plaisir de vous plain-
« M. de Cambrai pourrait-il porter la
nelle. ou
di'e, le désir d'abattre un adversaire, ou le
•shonte de telles propositions? » Après avoir peu de de votre système ? Quoi qu'il en
suite
rapporté ces paroles de M. de Chnrtres , vous soit, vous insultez ;\ M. de Chartres, comme s'il
honte ; retranchez ce que vous ajoutez sans le texte, et de donner par ce moyen « une affection
pouvoir tirer de mon texte, et toutes ces contra- « naturelle » pour motif aux vertus surnatu-
dictions ridicules s'évanouiront. Vous ajoutez au relles. Enfin, vous lui (iomandez Permeltriez- : <
rance » celui de « suru;ilurelle. » En ajoutant extravagances <iue vous avez le plus en horreur?»
ainsi dans un texte , sans se gêner il n'y a rien ,
On ne peut pas faire ;\ un prélat des reproches
dont on ne \ienne facilement à bout. » Voilà plus amers. Il .se trouve cependant que ce qu'il
votre plainte dans toute sonél<'U(liie, cldu nidins avance est pris de vous-même. L'impiété et
vous ne direz pasipi'on l'ail afiaihiic. Sanscnlrer J"e.\lravagance qui vous font horreur, sont con-
dans le fond de la matière, ici où il ne s'agit que tenues dans vos projires paroles. Et si c'est vous
de l'altération de votre texte, elle consiste à y faire dire une impiété, ipie de vous faire appeler
« surnatiu-elle, « l'espéiance dont vous parlez
ajouter à votre amour du troisième degré, (jue
vous nommez l'amour trospérance '*, le terme de dans vos Maximes, la piété sera donc de l'appeler
surnaturel, qui, non-.seidcment n'y est pas, mais naturelle ? ce (pii est contraire i\ toute sorte de
encore « n'en i)eut être tiré, » selon vous. Mais, langage théologique ; et , connue on a vu, au
\ Monseigneur, vous ne songez pas que c'est vous- vôtre même.
'
même qui ajoutez ce terme. C'est vous, dis-je. On pourrait, avec la même facilité, faire encoi-c
retondier sur vous les autres altéralions dont
PrcmiiTC LcUro, |>. 53; t.oitre past. ilo M. do Chnrtres, p. 31,
, 82, — ' Max., pag, 0. — ' MaX.,p. 73. — < /*., p. 5.
'
IiiM. past., n. a, p, 6. — ' lb.,p. e. — ' Doiixiiiiw Lettre, p. U
206 RÉPONSE A LA IMŒMIÈHE Lli'lTUE
vous accusez M. de Cliarlres. Mais nous avons à Tout ce qu'il y a de controversisles, el, pour
traiter des inulicrcs plus iiiiporlanles ; el il me parler plus i^énéralenient, tout ce qu'il y a de
sullit qu'on puisse juRcr par les deux exemples théologiens, en Uaitant de la bonté el honnêteté
d'alléralion, (juc vous croyez les plus manifestes, de l'acte d'espérance chrétienne, demandent,
de la laiblesse de tous les autres. contre péché que de ser-
les protestants, si c'est
vir Dieu dans la vue de l'éternelle récompense,
DElJXlKMt: UlîKSTlON.
et ils répondent nnaniinemenl que le contraire
On ne sait, Moiisei^uiiu-, où vous avez pris
est exi)resséinenl défmi par le concile de Trente.
l'explication de ce décret du concile de Trente ' :
Le cardmal Bellarmin, en examinant celle
constant (pu; c'est contredire la foi ortho-
, Il e.st question ', a|)rès avoir jyroposé le sentiment de
doxe, que de soutenir (jue les justes pèchent Calvin, dit que le concile de Trente a décidé le
dans toutes leurs (l'iivres, si, outre le désir contraire Contraham dortrinam tradit conci-
:
principal que Iiieii soit •;loririi', ils envisagent la lium Trù/fii/imij?!, c'est-à-dire comme il l'expli-
récompense iHernelle pour exciter leur paresse, que, qu'il a décidé qu'on doit agir, t première-
el pour s'encourager courir dans la carrière,
i'i
ment, pour la gloire de Dieu, et secondement,
puis(iuil est écrit « J'ai incliné mon cœur à
:
aussi en vue de la récompense et de la félicité
« accomplir vos justices, à cause de la récom- éternelle, » qui est l'abrégé des paroles du dé-
« pense 2 ; et <pic l'Aiiolre dit de Moïse, qu'il cret dont il s'agit.
c rcj^ardait à la récompense s. » Estius, en proposant la même question ^ S'il :
Pour prendre une première notion du dessein esl permis de servir Dieu en vue de la récom-
de tout le décret, il tant sujijjoser avec vous- pense éternelle, conclut à l'alfirmative, el !a
même*, comme avec tous les lliéoloniens, qu'il prouve par l'autorité du concile de Trente. (Sess.
est dressé contre Luther et les protestants, qui U. cliap. 11 et can. 31.)
niaient la bonté et l'Iionnèteté de l'acte d'espé- Vous citez souvent Sylvius, et vous paraissez
rance , en tant qu'il avait en vue la récompense déférer à ses .sentiments. Vous y trouverez la
éternelle. même conclusion 3, en y ajout;int qu'elle esl de
Il y a deux parties dans ce décret, dont l'une foipar la parole de Dieu écrite el non écrite, et
est la condanmalion des protestants, et l'autre en particulier par la décision expresse du concile
en rcnlernie la réliitalion pardeux exemples li-
de Trente au chapitre en question, el au ca-
res de l'Ecriture, celui de David ctcelui de Moïse. non 31.
M. de Chartres vous presse vivement par ces Tout cela se dit par ces auteurs, en vue d'éta-
deux p;irlies du décret el vous tachez de les'•>;
blir la bonté et l'honnêteté de l'acte de l'espé-
éluder d'une manière qui n'a point d'exemple, rance, vertu théologale, où l'on désire la récom-
en répondant de cette sorte: « Il m'a paru que pense éternelle.
le concile ne voulait p()int parler de l'espérance, Suarez.danslc traité de cettevertu, demande*
vertu théologale connnandée, pnis(iu'il se conten- « Si c'est un acte honnête de l'espérance que
taitde dire, de la chose dont il |)arlait, qu'elle d'agir en vue de la récompense éternelle ? Utrum
n'était pasun péché, et qu'il voulait parler seu- operari inluilu ateriKF retributionis,sit actui spei
lement de la merceuarilé jointe dans l'An. im. ;
hout'slus:» cl il répond en celle sorte LuUierani :
indiqué ce sens. Non-seulement vous n'en rap- du i)ur amour, rapporte Dieu à nous: ordinal
portez aucun qui vous favorise, mais il n'y en a Deum ad nos, ce qui est désoidoimé. Voilà i>
aucun qui ail traité de cette malièrc, qui ne vous donc les luthériens fondés sur le pur amour,
soit contraire ouvertement. aussi mal à propos que les (piiétistes, quoique
' PrcmWroLotlro i M. dcCliartrcs p. 13. — ' rnd. — ' Mnxl- ' Ptnl. rxviii, lia. — fUbr., xi, 20.
» — ' Loti, pnst., p. 46. —
mos<lcs saints, l'J. < Max., p. 19. — > Lctt. past., p. 40.
208 UÊI'ONSE A LA PREMIÈRE LKITRE
I esse (les jiisles, cl les eiieoiiiage h HKircIier regardera Moï.se', est celle que cet
l'aul fait
relle, laiiuellc n'esl plus, selon l'auleur, dans rum suhstaitda rerum - pom- montrer que l'es- :
les iiarlails, comme Moise el David. iiérance dont il parlait, et qu'il luit voir dans
Voilà eontre vous, Monsei^rneiir, la plus claire Moïse, était l'espérance chrétienne. La récom-
et la pins complète démonstration ipie l'on pût pense qui inclinait li; eieur de David à l'accom-
faire. Il s'agissiiit de montrer ipie l'intérêt pro- plissement des [iréeeptes, était celle que Dieu
pre, selon votre livre, était (pielijMe chose de avait révélée, celle (jui lui faisait dire : « Dieu est
surnaturel, et non pas votre affection naturelle. mon partage ^ ; » et ailleurs : « Les ju.stcs m'at
On vous presse, par la citation du décret que « tendent jn.squ'à ce que vous me rendiez ma
vous rapporte/, du saint c )ucile de Trente; ce dé- « récompense » Vous avez de beaux tours d'es-
''.
cret parle de l'acte où l'on désire la récom- prit mais vous ne jiersnaderez à personne ipie
,
pense, qui, sans doute, est surnaturelle; mais ce tout un concile œcuménique se soit mis en peine
décret par vous-même regarde rintérèlpro|)re; de soutenir Moïse et David |tar vos désirs natu-
donc, selon von.s, l'intérêt propre est surnatu- lels, ou que ce de l'E-
fut là alors la question
rel. Il n'y a rien de |)his évident et de plus dé- glise, el qu'on n'y eût rien de meilleur à faire
monstratif, ce qui |)arail par l'embarras mani- qu'à définir voire système.
feste où vous tombez dans voire réponse. Mais la manière dont vous coulez celte gros-
u Pour me faire justice, dites- vous ', il faut sière défaite, et ce détour manifeste du sens du
suivre ma pensée siu' le sens du concile. .Ma concile, est encore plus dangereuse (jue la chose
pen.sée a été que le concile se servait de l'e.xeni- même. Il n'y a rien là, dites-vous, contre la foi,
ple de .Moïse et de David pour prouver (ju'on on, pour répéter vos propres paroles: « C'est un
peut .sans pêcher mêler (juelques actes d'affection fait dogme s. » Il n'ajtpar-
ipn n'im|K)rle rien au
nalmelle pour la béatitude avec les désirs .sur- lienl point à la foi ni au dogme catholique, de
naturels de l'esiiérance. » Ce .sont vos paroles, et donner à un décret d'un concile œcuménique
je ne .s;iis couuiicnt vous avez pu vous résoudre un sens que personne n'y trouve que vous: di-
ù les avancer car à (jui en voulait le saint con-
:
sons plus, un sens où tous les théologiens vous
Les prolestants, contre qui vous avouez sont directement opposés; un sens qui élude le
cile?
que ce chapitre est composé, ont-ils jamais dit dessein exprès du décret contre les protestants,
voir erre contre ce désir. Ce n'était point ce la décision et la preuve du cimcile même.
désir naturel, mais l'esiurance elle-même que Vous voudriez peut-être vous siiuver par l'o-
les protestants liduvaient illicite et désordonnée, pinion téméraire el erronée île ceux qui ne
connue clieicbant son propie avantage. C'est premuMit pour article de loi dans le concile que
donc cette erreur contre l'espérance tpic le con- ee qui est prononcé sous analhème dans les ca.
cile a voulu bannir d'entre les lidêles, el il n'y nous. Mais «juand vous ajouteriez celte erreur
a rien de plus vain que de tourner toute l'auto- aux autres, vous ne vous tireriez pas encore
rité d'un concile (ecuménique et toutes les for- d'affaire avec le concile, cl vous y trouveriez
concile, ce qu'il a voulu .soutenir contre Lniher la session sixième dont il s'agit, il a décidé que
et les protestaids, c'est « (prit estpennis d'agir « ceux qui ne tieudroul pas Ibrlement, et conune
en vue delalélicilé éternelle, d'excitor par là Catlioli(pies, lidèlemeut toute la doctrine précé-
pense » (pi'on doit recevoir à la lin de .sa course, tifiés''. » Kl (piand on n'y
lirait pas ce décret
faire l'objet du concile. La rccouqiensc que siiint ' llihr., XI, ». — ' Ihbt., X. 29. — Ptat.
> LXXll, ». - • /»,
' l'icm. Lcllrc, p. 41, Ut. c«Li, 8. — ' Prain. Lcllrc, p. 43. — Sm. 6,
• c. 16.
-
operatur annthema sit. « Si quelqu'un tlit que sous couleur d'un fait innocent, et qui ne fait
le pèche dans les bonnes œu-vres
fidèle justifié rien au dogme. Vous avez les expressions les
qu'il fait en vue de la récompense éternelle, plus spécieuses, et les plus adroites insiruiations
qu'il soit ana thème. » Vous éludez cet anatiième, pour faire couler ce qu'il vous plaît dans les
vous trouvez en faveur d'un désir naturel ce oreilles crédules: vous hasardez tout .sur cette
que le concile entend manifestement de l'espé- confiance, et surle fond inépuisable d'explica-
rance chrétienne; et vous voulez établir qu'il tions dont vous vous sentez plein. Faut-il se
n'y a rien contre la foi dans ce détour? taire sur cela, ou bien avertir les peuples d'y
On dira peut-être que cet endroit n'est pas es- prendre garde ?
sentiel à votre système, et que vous pouvez le
TROISIÈME QUESTION.
retrancher sans entamer le reste. Mais M. de
Chartres ne vous laissera pas en repos pour cela, Remettonsle fait en peu de mots. Pressé par
et il reviendra sans cesse à vous dire, comme il M. de Cliartres, sur l'espérance chrétienne que
a fait: Pensez-y bien. Monseigneur; car enfin, vous ôtiez au parfait dans vos Maximes, sous le
continuera-l-il ', « ce que vous avez apjielé no- nom « d'intérêt propre, » vous lui envoyâtes
tre propre intérêt subordonné et rapporté à la une ample explication, où, sans songera votre
gloire de Dieu, est (selon vous) la même chose clef « d'amour naturel, ni à celle de motif pris
que le salut concile de Trente subordonne au « pour principe intérieur, » où vous mettez
désir principal de la gloire de Dieude : » c'est maintenant votre confiance, vous tâchiez de
quoi vous êtes convenu. « Or est-il, » poursuit sauver l'espérance selon les notions couununes
ce prélat, « que ce second motif du concile est que tout le monde avait prises d'abord dans
surnaturel. Car c'est celui qui excite la paresse votre livre: vous faisiez donc voir que vous en-
des justes, et les encourage à marcher dans la tendiez comme les autres, ces deux termes .sur
carrière; » c'est celui dont était poussé Moïse, lesquels tout le livre roule: ce qu'avant changé
un si grand législateur, et David, un si grand depuis par de nouv elles explicationsqui n'avaient
prophète. Donc, selon vous, « notre propre in- plus rien de comm un avec celle-là, deux vérités
« térèt » est surnaturel. Cependant vous nous se sont découvertes, l'une, que votre première
avez donné pour règle, dans votre Instruction défense vous a paru insoutenable, puisque vous
pastorale 2, que « vous ne vous êtes jamais servi étiez contiaint de l'abandonner et l'autre, que ;
(dans votre livre des Maximes) du terme d'inté- vos secondes défenses d'amour naturel et de
rêt, en y ajoutant celui de propre, que ponr principe intérieur n'étaient pas du premier des-
justifier le seul amour naturel de nous-mêmes: » sein de votre livre, puisque votre explication aux
c'est là votre unique dénoùment c'est tout le ;
pressants arguments de M. de Chartres, n'en
fondement île mais par vous-
votre système ;
disait mot.
même il nous force à le dire,
est faux, la vérité La démonstration de M. de Charties consiste
et ne croyez pas ()our cela qu'on vous manque principalement dans les oppositions que ce pré-
de respect. Cest un faux, c'est un iiego de l'E- lat a montrées enlie cette première explication
cole. Donc laiègle (pie vous nous ilonnez pour et celles qui ont commencé à paraître après
tout dénoùment est fausse, et vous ne jtouvez dans votie Instruction pastorale '. 11 ne faut
vous sauver de l'autorité du concile (pi'en la dé- point ici perdre le lemitsà prouver cette oppo-
mentant. sition. Votre lustrurtioii pastorale fait rouler,
Cependant il est douloureux à toute l'Eglise comme on vient ne voir, tout le ilénoùment de
de voir uu prélat de votre importance si pi et ;\ votre livre des Maximes sur deux choses, (|u'il
concile œcuniéuicpie, c'est-à-dire, en d'autres dez avoir pris pour « im amour naturel de
termes, (|ue se jnuer de ses paroles, vous n'hé- 11nous-mêmes » et secondement, sur le ternie
''
;
sitez i)as à le faire. L'Ecriture ne sera |)as plus de motif, (pie vous dites avoir entendu non
inviolable poiu' vous vous ferez penser à David,
;
comme l'objet ou la fin qui nous détermine à
cl à saint i'aul sur Moïse, ce (|ui vous accommo- vouloir, mais « comme le principe » (intérieur)
dera, sans fondement et .sans témoignage vous ;
« d'amour par letiuel on agit, et la passion qui
forcerez tout pour en venir à votre point; vous « remue le ctvur ^ » tout cela ne se trouve
;
sauverez une erreur par une autre et vous fe- ; point dans votre première explication adivssée
rez passer iuqjerceptibicment des nouveautés à M. de Chartres; vous en convenez, et c'est
— M. Uo Cunbr*!,
Lcllro pDM. ilo M. do CImiUii», p. GC, 0', US, li'.i. — '
luit, put,
' Lett. |ia>t., pag. 40.
S, p. 9, tic.
' Inst. pastorale Uu n.
ilo M. de Cambril, p. 0, VJ, OJ, lUO, lUI, 1U3. — ' Ib., p. 10, 11.
B. ToM. VI. 14
,
mniiili'>leiiniil varié >ur le foud de vittrc livre, siiuriez rapporter d'exemple. Mais ce qu'il > a
tres; puisfpic, poins.auvcr lavarialiou manilesic était le vôtre, vous faites de si paiids ellorts
n'esl pas voire vérilahle sentiment ipie vousavcz faut rapporlerdans vos propres tenues. « Je ne
cxi)i>sé h ce prélat « que vous vous ôtes ac-
:
vnvais, » dites vous ', « nul incouvénienl de
vous |)roposez un système élranpe de votre livre liqiics, elle n'a rien de dan^ieieiix ni de suspect.
car vous ajoutez ces paroles « Divers liahiles : Vous croyiez donc alors, c'est-à-dire depuis
liiéulo^iens que je consultai. > dites-vous, « de- très-peu, et dans vos dernièies répon.ses à M.
puis le i:raiid éclat mon IImc, me |>res-
contre de Cliailrcs, ipie votre livre pouvait .s'expliquer
.sèrent lieaiieoup de me
borner à la lÉiemièrc d'une manière correcte, » sans le dénoùment
explication. " <pii élail celle où « rintérel pro- damonr Mais vous oubliiez ce qne
naluiel.
pre se prend pour le salut éternel et pour
'. vous aviez écrit un an auparavant ù M. de
l'idijel lie l'espéiame chrétienne, et ils m'as- Meaiix, qu'en prenant « l'inlérél propre pour
snraieiil tous (pi'ils soulieiidi aient .sans peine le « le sa lui qui est le sens (pie vous proposez a
texle d'un livre dans le même sens, s;ms recou- M. de Chartres, et sans rauionr naturel, « vous
rir à l'autre, » qui éiait celui de » l'intérêt pro- «ne pouviez qu'extrava^mer de page en page,
pre » pris pour l'amour naturel. Bien plus : « et de lijrne en liniie -. » Mais mamlenanl ce
« dans la suite, » poursuive/.-vons 3, o II uie re- qui eiu|)orlait tant d'extravagance, est le même
vint de Koine que divers savants llié(do}:iens y sens (jue vous donnez deiuiis, comme correct à
pensaient précisément la même chose, «c'est-fi- M. de Chartres.
diie qu'ils soutenaient le texle du livre an sens « Non-seulenieit vous dites h M. de Meaux.
de B l'iulérèt propre • pris pour le .sjilut « maiii : a qne ce sens est de pajie en pape et de lijiiie en
« vous êtes, 1 diles-vous, « demeuré terme au linne plein d'extravagance » mais vous ajoutez ;
• sens de ramoiir naturel. • (pii selon vous, , que, pour soiilenii ce sens, «il laudrail à tout
« était le vôtre. » Voilà déjà une élr.iiifxe idée : moment soiilenir ipie l'on espère sans espérer,»
nu liM'e(|ni :i un douhle sens, non point en nu qu'on dt'sire pleinement s;i IxMlitiide dans un
endroit seulement, mais « dans tout son texte, » renoncement absolu à sa béatitude ; ce qui,
que (rh:diilis Ihénloniens veulriil soutenir dans ajoutez-vous, n'est pas un système; mais « un
un sens (pii était contraire à rinlenlion de l'au- .sonne monslriieux et uneexlrava(:aiice impie.»
teur (ju'ils avaient des.sciii du favori.ser : que de Ainsi, ce que vous marquiez h .M. de Meaux,
savants délenseurs du auteur à Home
même non-seulement comme insensé, extravagant,
élaienl île même senliiuenl. persuades par con- monstrueux, mais encore impie, loul d'un coup
séquent qu'ils enlendaienl mieux l'auteur que esl (leveuu correct et eallioli<jue, quand vous
p.U. —
>/t., p.6S. • uim, i».
M. — > /»., p. «B-
DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 211
Il vaudrait bien mieux ne pas tant écrire, et suivant ses préventions, ce qui, dites-vous, ne
parler plus conséqueunnent. Mais quand on se doit pas être conforme à l'autre explication, où
sent enveloppé de mille sortes de dilticultés in- l'auteur parle naliuelkMnent dans l'ustige con-
supportables, et que, pour parer à tant de coups, traire, qui est le vrai sens de ses propres pa-
on ne songe qu'à multiplier ses écrits; en se roles. »
couvrant d'un côté, on s'expose de l'autre, et Mais, Monseigneur, vous dissimulez que
l'on ne peut rien dire de suivi. lorsqu'on parle d'une manière si « évidemment
Quoi qu'il en soit, et laissant à part les ré- « contradictoire » à soi-même, la i.iremière
flexions quoique justes sur vos embarras inévita- chose à quoi l'on pense, c'est à |)rendre ses pré-
bles, vous trompez votre lecteur, eu lui disant cautions, et qu'on croirait visi!)lement amuser
aue votre livre était susceptible de deux sens le monde, si l'on fiiûssait son discours sans ex-
corrects ;
puisqu'il y a un de ces sens, et c'est primer une fois du moins sa piopre pensée au ;
celui que vous donnez à M. de Chartres, qui, lieu, Monseigneur, par malheur pour vous, que
selon vous-même, est plein d'extravagance et dans toute une explication si longue et si éten-
d'impiété. due, où duiant quinze grandes pages vous |)ar-
Mais ajoutons, qu'outre ces deux sens que lez ce langage étranger, vous ne diles |)as un
vous avouez, il faut de nécessite en reconnaître seul mot qui expli({iie le seid senliinent que
un troisièuie, qui est le mauvais, dont les pré- vous prétendez avoir dans l'esprit.
lats vous ont accusé. Leur déclaration, pour ne Oserait-on, Monseigneur, vous demander si
point parler de leurs autres écrits, niontie que, vous avez relu avec attention celle licpaiise, que
sous le nom « d'intérêt propre » vous excluez vous nous donnez pour un argument ad Itomi-
l'espérance et le désir du salut ; et sans entrer nem"! Si vous l'avez relue, je ne comprends pas
dans vous leur donniez une réponse
le iond, si ce qui vous a empêché de remar(|Mor non-seu-
certaine, votre détiance pourrait avoir de la lement qu'il n'y a pas un seul mot qui marcjne
vraisemblance. Mais il est constant que vous que vous argumentiez par les principes de M.
n'avez rien de fixe à leur opposer le sens de vos : (le Chartres mais encore que, depuis le
;
défenseurs n'est pas le vôtre. Celui de vos amis commencement jusqu'à la (in, vous écrivez
de Rome est indifl'crent de celui que vous sou- coimne un honnne qui parle naliuellemeid,
tenez en France et à Rome même. Celui (pii est et qui exprime ses propres pensée.^. On Irouvc
Correct et calliolique enécrivantàM. de Chartres, à toutes pages de votre Exphaition : « Je crois
était im[)ie et monstrueuxen écrivautà M. de a que l'acte de charité. » etc. « Je crois que
Meaux. Ainsi vous vous détendez douteusement, « l'acte d'espérance, » etc. Je dis ;
je crois ; je
tout irrésolu et sans principe. Votre incertitude « suppose vous parlez toujours en votre
' : »
lageux) : « Voili'i, » (lilcs-\ous ', « ce que jap- iiieillcures armes ; et si vous vouliez être en-
pelli" dos .'icti-N iiili rcssfs ; » et vous incUi-z ces tendu, vous deviez découMir alors vos plus
acU's |iaiiiii ceux tie « Maie c.s|ifiaii(t , » pju" iiilimcs pensées. Uni vous enqu-chait de le
C()nM(|iii'iit. M'Iiin NOUS, Irès-siiiiiaiiirels. Le laire? Vous écriviez. » dites-vous, » une sim-
i)iil)lic iri)ira-l-il qiw vous fX|)lii|ii('Z les seiili- ple lellre à un ami intiiiie > appelez-vous « une :
sant mon IImc, sur lesaeles que j'ai nommés tes-vous, « de n'être pas entendu. » Mais par
intéressés, » qui sont lappoi tés un peu après, où vouliez-vous (|u'on vous enlendit, avec le
parmi de vraie espérance. Ce que vous
les actes grand soin (pie vous preniez de Uiire votre véri-
pensiez en iaisanl votre livre, est-ce, Monsei- liible et essentiel déiioùment, et un choix d'ex,
gneur, ce que |)ensait ou penserait M. de Char- pressions les pliissi;inilicalives et les plus pré-
tres,ou pcnsiez-voiis dis lors à lui laire un ar- cises,pour ex|)iiiiier (pie vous disiez votre .sen-
gument ad lidiniiiem f Uli qu'il en coûte, quand ! liinenl ? Vous avez de belles paroles tout le :
on veut détendre l'erreur, et soutenir une tausse monde le reconnait, mais j'embarras qui est
excuse Votre emlmiras est extrême sur cette
!
dans le tond ne peut .se couvrir, et on voit que
première explication (jue M. de Cliarlresa im- vous ne savez où poser le |)ied car s'il faut dire ;
primée. Vous ne pomez la reconnaître siins ici encore un mol de la nef:li;:ence des lettres,
vous condamner Noiis-iiiéiiie, comme un lioinmc où vous niellez votre refiif;e, vous suivez que les
qui nie l'espérance vous ne poiiNcz la rejeter, ; sùiils (loclciirs, les Itasile, les Jeioine, les Au-
parce que nous l'avez donnée à M. Cliaitresavee gustin, les lîernaid, n'ont rien eciil plus exac-
tous les léiiioi!;na^;es que vous) pouviez alla- tement (pie où ils trailaient de la
les lellies
dier de voire ciojance. Vous n'osez absoluineiit ddcliiue. dans celle-ci de mettre eu
11 s'a;;is.sail
lin celui d'aijj;iimeut ml honiitiem, que per obligés h déclarer à toute l'Eglise leur senliiiieir
sonne ne connaît en cette forme, ou, comme sur votre livre un de ceux : (pii vous pressait
vous l'apiielez, aif;uiiieiit d'accommodemenl le |ilus vivement, et (]ui était le plus occu|ie du
et de complaisance, (pii ne se trouve que chez besoin où vous éliez d'édaircir, s'il était possi-
Uni veut voir votre emliarras sur celle ob- Cliarlres, vous faisiez alors profession
à ijui
jection, n'a (pi'à lire voire réponse: « J'avoue, d'ouvrir le plusà lond volieco iir; aussi a-t-on
diles-voiiR qu il refine partout dans cette lel- di'jà vu que vous coinineiicez celle lellre si négli-
',
irc (dans celle où est contenue voire première gée, .selon vous, par l'obligation où vous étiez-
Explication à M. de Chartresj un faraud défaut de « rendre compte de voire foi à toute l'Egli.se,
de précaution; et si c'est une faute, que de et .siirlout il vous," disiez-vous à .M. deCharlres,
n'en avoir pris aucune en écrivant une simple « (]ui éles mon conlrèie. mon bon et ancien
leltre à un ami iiilime, j'avoue (pie j'ai pai 1(3 ami '. » .Vpres 1111 tel pii-aiiibiile, on ne croi-
impro|ireiuenl, et avec la né;;li|.;enc(> d'un rail pas (pie vous dussiez vous siiiver par l.i né-
lioiiime ipii ne craint pas de n'élu- pas liien en- j:li;:enee de voire Ke|ionse au contraire vous :
cation dût être un mystère confié sous le secret que cet usage de la langue française était diffé-
à M. (ie Cliarlrcs, vous qui la citez le premier rent de celui des théologiens, qui prenaient
dans une Ué|)onse ijnpriniée contre la Décla- motif pour objet formel. Ainsi toute la difficulté
ration des troi s évéques mais si, sous prétexte ;
roulait sur la différence entre prendre motil
d'amitié et de confiance, vous cachez vos senti- pour objet formel avec l'Ecole, ou le prendre
ments à un intime ami si vous lui donnez une ;
pour la fin au dehors, selon l'usage que vous
réponse qu'ensuite vous détruisez par une prétendiez dans notre langage, et vous ne son-
,
autre formellement et contradictoirement oppo- giez pas encore alors à le jjiendre pour prin-
sée, et que par Ih vous cherchiez de la protec- cipe intérieur ni pour amour naturel.
tion à un livre qu'on ne peut défendre que par Vous remarquez dans \olie Lettre en réponse
de tels changements, des évèques, parce qn'ils à M. de Chartres, ces paroles de l'Explication
sont vos anciens amis, n'oseront s'en plaindre ? au même prélat : « On dit tous les jours : Le
Où prenez-vous, Monseigneur, ces nouvelles motif d'un courtisan est l'ambition ; vous
» et
donc en toutes manières un fait constant que, supprimez la moitié. » On dit tous les jours Le ;
du temps que vous envoyiez votre Explication niotit d'un courtisan est l'ambition le motif ;
à M. de Chartres, vous ne connaissiez, dans ce d'un homme vain est la louange, etc. i. » Met-
livre des Maximes, le sens de motif que pour tez que exemple du courtisan et de l'ambi-
cet
signifier la fin qu'on se propose au dehors. Vous tion soit ambigu l'exemple de la louange déter-
:
dites maintenant le contraire dans votre Lettre mine, puisque jamais on n'a dit qu'elle put être
en réponse a lu Lettre pastorale de M. de Char- autre chose que l'objet extérieur d'une âme
tres 2, et vous voulez qu'on devine, sans en dire vaine, et qn'elle ne pouvait pas être son « affec-
mot, que, dans votre |)remière Explication h ce « lion intérieure. » En tout cas vous vous ex-
prélat, « vous parliez dans un esprit de complai- pliquez très-clairement dans suite, puisque la
seins, puisque vous ne daignez pas nous les ex- « pourquoi, » continuez-vous, «je l'ai joint au
Vous « croyez peut-être que le lecteur perdra doute (le votre pensée, vousajoutez(|ue le terme
« patience » dans le pour
détail où il faut entrer de motif, « ])our signifier la (iii, est le plus na-
vous convaincre, et vous hiduillez tant de cho- « tnrel et le plu.s usité. » Ainsi vous vous déter-
ses, que vous croyez qu'on ne voudra pas se minez à ce sens-là, « et j'en ai cru, « dites-
donner la peine de les démêler; mais pourvu vous 2, « l'usage innocent do mon Cons- livre. »
qu'on gagne sur soi de lire li'ois |tages, on veri'a tamment donc, c'était « la \ous en-
(in » (pie
en particuliei' toute votre « adres.se. » tendiez par <' molif, » et vous ne permettiez pas
«J'assurais, dites-vous^, qu'en (iistiiigiiant (pi'on prit ce terme « autrement » (lu'en ce
l'objet formel et le motil, mon intentimi n'a- même sens.
vait point été de eoiitredii'e le langage des IIk'o- que vous avez changé depuis le mo-
C'est ce :
gue pour le terme de motif. » Il est vrai, vous « sion (pii nous remue ^. » Vous avez donc ma-
dites ces mots mais vous .ajoutez en même
: nifestement altéré votre sjslème la variation est :
temps, (|ue cet usag(^ de notre langue était de démontrée, liaduiieissez vos termes tant qu'i'
prendre le motif |)our la lin (|u'on se propose vous plaira appelez-la négligence, coiii|iiai-
:
au dehors, et c'est en cela que vous prétendiez sance, accommodement, laiigageempriinté pom-
I
l'icm. rr\\, npr. la l.oi. past. de M. do Cliarl., p. 13, 14, 10. I
Prciii. iv|i. 1 M. clo eii.irtrcs npii''h l.i lettre p.iMoralo, p. U. —
— ' l.ell. ciiio|>.,p.CO. —' Jttid. ' 76., p. 13. — ' l'roin. Loit en rup., p. ti3, 66.
244 RÉPONSE A LA PREMIÈRE LETTRE
dJssippr îcs ninrmrs et les omliratros d'un ami : omis dans cet esprit , dites-vnns , tontes ces pré-
à Iravtis Cfs lulk's |)aiolis, vi la (im-ssc <lo vos cautions ri^'oiireiises, et j'ai jiarlé votre lan^;a};e,
tours, cl h tiavurs lotîtes vos dclicales coiMeitii- comiiie s'il eût élé effectivement le mien pro-
rcs, tout le iiKimle perrc le lond cxreiité ceux , pre. Uiiel mo\en donc restait il à M. de Chartres,
qui, loiil à fait en^'a^,'és<lans le parti, détenniné- dans un langage si semhialile d'ima;.'iner de In ,
nicrit ne venleiil jias voir. dilïérence dans les sentiments? De si faibles ex-
Il nous faut «Micorc un moment pour exami- cuses ne répondent pas à l'importance de la ma-
ner votre dernière ressourre. (l'est cpi'eu parlant tière il n'était pas ici question de
; parler h la
à M. de Chartres de « Tinti^rèt propre, » hunum hâte ; el si la facilité de votre génie devait pro-
tnilii, ou du s;dut. vous ave/ pris cirui ou six li>is duire une prompte Itéponse il ne s'ensuit pas ,
« la pri^'caution île dire qu'un l'apiiellerait si , qu'elle dût être ui'filifji'e, sous prélexte que vous
c l'on veut, mon intérêt. » « Si on le vont, pour- la donniez en forme de lettre puisqu'on traite ,
suivez-vous, manpie elairemenl que ee n'est pas en celle manière les affaires les plus sérieuses.
moi qui le veux, et que je sors de mun viai lan- Ainsi vos raisons .sont vaines, et vous n'en aviez
pafze poin- m'acroiiMiioder fi eeiui d'aulrui ipù ic aucune d'é|iargner ft un ami si inliine , h un si
veut. J'ajoute, poiusuivez-vous.ipieje n'ai fiarde grave lliéolofrien. trois ou qualiesli;.'nes. D'aulant
de disjiuter sur les termes. Ce n'est done cpie pour plus que vous en vouliez venir <i la (in h la [tro-
éviter une di^|)ute sur les termes, que j'entre teslalioii étonné, on vous prenez - h té-
qui l'a
purce lanpatreempiunti^el C(udraireau mien '. » moin celui qui .sonde les cœurs, comme .s'il j'al-
Mais pour dissiper ces fausses lueurs, il ne faut lais, diles-voiis ', paraître devant lui que votre ,
que vous entendre vons-m<^me. « Je n'aïu-ais eu Exphciition contient tout ce que vous avez pré-
garde de donner ainsi mon explication au pidilic tendu: que ce sont là les .senlimenls que vous
connue le vrai sens i\a mon livre du moins si : portez dans le cœur, et le système que vous
je rciissc dotmée, j'aurais marqué bien |)lus crovez avoir donné votre lettre. » Vous ne di-
c'i
expressément qu'encore qu'elle lût vraie en ellc- siez point, ilans celle sérieuse protestation, que
niéme, elle n'était [)ourtant pas celle que j'avais vous parliez à hi linle elavec tiniliqrtire; vous pa-
eue dans l'esprit en écrivaid mon livre; j'aurais raissiez tairesérieusement tout l'elTort de votre
fait là-dcs.susdans les formes tuntcs les protesta- esprit vous développiez toutes les distinctions et
tions les nliis folles poiii" ne dérofrer pas au vrai tons les tours. Vous parliez encore moins de
lanpaiicc. vmon livre en les réduisant au vôtre 2.» cowplaifidurr, à'acromvKulcwrtit. de Iniiqnge em-
A vous enlendie, Monseipiienr, on dirait ipie ces prunté, (Yarguiuetit ad huminem. C'étaient les
précautions et prolestalions diivx lex ^ermc-î de- senlimenls de votre cœur que vous portiez sous
mandaient un lonL'discours. Mais il ne fallait que les yeux de hieii, dans le cœur d'un sami êvéque,
trois mots. Ces ai;:uiiienls, où l'on procède par d'un si prave lliéo|o;;ien et d'un ami si intime,,
les principes des aulres . et, comme on dit, ad qui allendail de votre cordialité, non |ioiul une
hamiiifnuml U'uv funnule ré;;lée. Klle consiste d<Klrine étrangère, mais la votre pour réyler ,
à maïqiierune fois du moins ce qu'on emprunte sur celle coniiaissjmee les .sentiments qu'il pren-
de l'adversaire, et ce qu'on pense soi-même. drait avec SCS contieres et les vôtres sur votre
Qu'y avait-il de plus court et de plus ai.sé que livre.
d'ajouter h voire discours ces quatre lifrncs :
Au surplus, Monsei;;neur, ne croyez pas que
« J'aientendu par iiitéirt propre un amour na- nous prenions du terme d'irif**-
|)our rcsli iclion
turel de nous-mêmes, mais (piaud j'entendrais rrt propre ces clauses de lE.rpliratiov h M. de
comme vous, par ce mol, mnu salut et mon pro- Chartres que vous nous donnez pour preuve que
pre liien, ce qui n'est |ias, je ne laisserais jiasde vous |iailiez ad Iwwitiem bntium wihi, sera si : ,
pouvoir, selon vos priiieipes, jiisldier mon sys- l'on veut, mon propre; et les autr'^s de
iuli'rrt
glif;er dans une lettre si giave à un ami iiilime, propre, pris pour otnoi/r naturel. Maisvousexpli
ù ipii vous écriviez avec le même séi leux et le qiiez lro|i lormelleiuenl uu autre sens. En eflcl,
même esprit que si c'était à Tliglisc, pour lui vouslais.sezen iloule .si l'espérance peut être fon-
rendic raison de votre foi ? dée sur ri)i/<'r(W/)r(i/»r; parce que vous dislin-
Vous avez encore recours f» négligence d'une
In piiez l'espérance simple ou commune, qui ne
lettre écrite h la iiûtc i^i un intime ami. « J'ai s'élève point au-tlcssiis de son bonum miht, de
' 1*U. rnrCp.. p W
Vnvn r/p Imp.
, p.ir M de Ctiulr«>, tpri» '
Utl. p»st.. p CP.10. ft). Eipllt-, p. 13. 14, ir. ; Pr-m Ulu ,
sou intérêt, de son motif propre , d'avec l'espé- Après des preuves si démonstratives contre
rance commandée par la charité, qui la rap- votre prétendu argument ad hominem, ilest bon
porte à son objet propre qui est la gloire de d'écouter encore vos merveilleusesvraisemblan-
Dieu vous dites doue, je l'avoue, de cette espé-
;
ces. Car vous en avez toujours pour prouver qu'il
rance counnandée, qu'à raison de son motif est impossible que vous ayez pensé ce que vous
on peut eu un sens la uounnor notre intérêt pro- pensez, ou que vous ayez fait les choses où l'on
pre en tant (lu'elie enferme le bonum mihi
,
vous surprend. Voici donc vos raisonnements :
comme son objet spécifique et vous laissez ce ; Ce serait « un changement trop grossier, » ce se-
langage libre. Ainsi les deux sens dont vous rait « une variation trop prompte; » quand on <<
voulez parler dans votre Explication à M. de veut tromper, donne-t-on en si peu de temps à
Chartres, signifient la même espérance suivant , un même homme deux écrits formellement con-
qu'elle est counnandée ou non commandée *. counnencement jusqu'à la
tradictoires depuis le
Vous n'aviez donc point dans l'esprit d'autre in- une variation, c'en est une la plus
fin ? Si c'est
térêt propre que le motif de l'espérance que vous ingénument déclarée, la moins déguisée qui fut
nommez siuq)le, commune et non commandée; jamais '. Quoi! Monseigneur, il est impossible
et votre restriction ne porte que sur celui-là qu'un homme, poussé à bout par démonstration,
sans qu'il y ait le moindre vestige de l'intérêt change de réponse, ou cherche de nouveaux
propre pris pour l'amour naturel. détour3 pour éltlouir les esprits, et de nouveaux
Au reste, pour revenir à vos solennelles pro- arlifices pour wuyrfr sa marche? Sur de si légers
testations sous les yeux de Dieu, qui ont tant fondements, on ne croira pas ce qu'on voit de
étonné M. de Chartres le sujet de son étonne, , ses deux yeux, ce qu'on tient de ses deux mains?
ment vu ce que vous disiez, que vous
est qu'il a Ces raisonnements, Monseigneur, ne sont plus
aviez toujours eu devant les yeux les mêmes de saison; et, permettez-moi de le dire, les ingé-
choses que vous avez tant de fois changées ;
nuités que vous vantez tant sont trop connues.
vous les expliquez en cette sorte « Je n'ai ja- : Vous direz, tant qu'il vous plaira, qu'on n'y
mais, dites-vous 2, voulu faire entendre pai" là ^
va pas si grossièrement quand on veut tromper.
que le langage en question fût le vrai langage Pour tomber dans ces terribles inconvénients, il
que j'avais voulu parler dans mon livre mais :
suffit d'èhe trompé et vouloir ensuite se défen-
seulement que en question était toute
la doctrine dre.Il n'y a que la vérité qui se soutienne uni-
mon livre, qu'il s'agissait direcleuieut ; c'était les esprits les plus suivis sont entrainés [)ar l'es-
bien assurément par juger
le langage qu'il fallait prit d'erreur à des contradictions, et à des va-
du vrai sens, de la viaie explication de ce livre. riations inévitables on ne se souvient plus à la
;
Quand donc vous réduisez la protestation que fin de ce qu'on a au commencement; on est
dit
vous n'avez pomt changée, au langage et non au tout occupé de se défendre; on dit le oui et le
fond, la rcstiiclion mentale est trop violente :
non, sans s'en apercevoir que Iongtem|)s après;
c'est une faible défaite que croire avoir sa- et cette incertituile a paru dans toutes vos répon-
tisfait en réi)ondaut je l'culoiids amsi « si: ,
ses sur l'argument (ul liowinem.
Ion veut en un sens, en un « certain sens, etc. » Si l'on en |)eut encore douter, après les preu-
Ces clauses vagues peuvent bien montrer un ves qu'on vient de voir, il n'y a rien qu'à lire une
houune qui craint, qui hésite, qui n'est jamais lettre (|ue vous avez écrite depuis. Aprèsavoir vu
assuré, qui « se pré|)are des évasions, » qui les fortes réiionses de M. de Chartres à voire Ex-
en tout cas a plusieurs sens dans l'esprit, ou |)licalion, qu'il a imprimée 2, vous vous engageâ-
bons ou niauvais; mais elles ne seront jamais tes à le satisfaiie sur le mèmepiedet sans \ rien
une sérieuse explication de ses sentiments sous changer. C'est ce qui i)aiait dans cette lettre,
les yeux de Dieu car en disant que notre .salut
:
rajiporlée par ce prélat, où vous assurez (pic
est notre inléièl « en un certain sens, » ou « l'explication simi)le et naturelle du texte de
l'on a ce sens dans l'esprit, et on ne peut le votre livre, .selon vos véritables senliuieids, est
dissimuler sans arlilice à un ami cpii s'altend contenue dans votre Ij'Itrchil. de (liiarlies »: »
à rapprendre, à im grave tliétilngicn, à lui évè- c'est-à-dire dans riAplicalion (pi'il a nnprimée
que avec qui on traite un point de la loi ou ;
à lu lin de sa lettre pasloi'ale; ce n'était donc
l'on ne l'a point, et il est terrible d'assurer pas une conqilai>ance qui l'avait prodnile. ni nu
sous les yeux de Dieu qu'on l'a toujours eu.
argument atlliouiinem, comme maintenant vous
I Prom, r/'p. do M. da CtinbrAl, Imp. dnns It I.ctl. pnst. de M. ' l'r.'ni boit en Té\>., p. 66, 07, 08. — ' Lcll. pasl. Je M. do
de l'hoilrc.'., p. 3,8,11,13,13. — > Prcm L<tlr« an rùp., p. Vtl, flinrlrci, g. 72, 73. — ' /.'., p.73.
216 hkponse a i.a premif.rf, lettre
vous avisez dii lo ilirc ; c'rl.iit volir iimprc sons; tii'iu vous vonliez tout faire passer, comme
:
cl loiil aiiMf vniis j a\e/.aj(iiiti'' ilf|uiis, soililans étant d'un seul et même dessein ; cela éîait im-
votre Itistntctidu pastvrale ou (lausvcis autres cx- possible, et c'est pour(|uoi il a fallu enlin avouer
plicalions, est élrauger à ^utre syslèine, selon que c'étaient là deux tX|)lications « coiilradic-
que >ous l'exiiosiez h ce jiri''lat. « toiifs. » Cependant vous n aviz point voulu
I'e.se/,MiMisei;,'ueur, les paroles de celle lettre; avoir changé: car le mo\cu d'avouer un chan-
elle est éerile ajini-s votre Kx|(lieali()ii à M. de gement dans une tlocliine ipie vous nous donner
Chartres, et sur les oitjectious ([u'il laisiiil con. pour si suivie cl si imiforme ? thie lairc donc? il
trc; vous les trouvez « uatiuelies, fortes, pous- a fallu en faire, l'une étrangère, et l'autre la vôtre
sées aussi inin qu'elles iieuveut l'iHre, soifîucu- propre. Comment cela, si toutes les deux sont
scmeut ramassées de tous les endroits de votre é^'aleenent énoncées comme vôtres? c'esl lem-
livrequi peuvent les lurlilier, démêlées avec pré- liarras dont vous ne soi tirez jamais; et Dieu, <pic
cision et liirlemeni écrites. Je doute fort, ajoutez- vous |(ieiiez à témoin de votre « parlaile unilôr-
vous', qu'on ituisse mieux embrasser mon sys- inilé » avec vous-même, sera témoin seulement
si vous n'aviez (ait que raisimncr selon .ses prin- entendu par « iidérèt propre » le.salid, en com-
cipes. Vous ajoutez ces paroles < L'explication : posant votre livre' ; » permettez-moi de le dire,
simple de mon livre, selon
cl uaturflli'dii texte avec tout le respect que je vous dois, votre mé-
mes véritables sentiMients, est coideuuc dans ma moire vous trompe; .M. de Chartres, (pie j'ai con-
Lrttif à M. de Chartres. » C'est celle dont nous sulté là-dessus, ne se souvient pas d'avoir rien
parlons, où vous voulez dire maintenant que oui de seudjiable dans le iloule où l'on pour-
;
mais al- is, et si peu de tenq)sai)rès cette ex|>Ii- pres écrits décident. Si vous aviez dans l'esprit-
cation, vous dites (ju'elle ciuitieiit votre .sens na- autant (pie vous l'assurez, « l'iulérét propre »
turel selon vos vérital)les sentiments. Loin de comme chose dilïérente du salut, vous en auriez
(lit (piebpies mots dans une a ussi ample explica.
vous plaiiidre(piece prélat vous ail malentendu,
et (pi'il ait pris pour voire doctrine ce que vous lion (pie celle (|ue vous lui donnâtes. Vous en
ne lui disiez que |)ar comi)laisance et ad liomi- eussiez fait du moins (pielipie mention dans une
«p/ii, vons|)romelte/.desatisl'aire à ses objections, le'lie qui la suivit, éciitesiirce sujet, où comme
« sjins sortirdu système de votre lethe. » Vous on a vu, vous songiez à toute autre chose sans :
explication, mais vous en tenir à celle-là, coiimie croie vos pro|nes écrits, plutôt (pie vous qui les
étant, non poiid étraiii;ère, maislavolrepro|)re. combattez, et qui après tout ne cherclu^z qu'à
C'est à celle-là (joe vous <• vonliez faire cadrer vous excuser.
sans mauvaise sublilité le texte de votre livre, Vous all(''giiez, dans la même lettre, le témoi-
que vous deviez pour cela faire examiner par gnage de vos amis en assez grand nombre, et
yh)\iicélèbres tliéolot;iens 2. » Vous ne S(Ui};iez d'une .si délicate probité, à (pii vous avez toujours
donc point encore que votre piopre ex|ilication parlé « d'une manièie uniforme » il est étrange :
dùl être contiadicloire avec celle (jue vous don- que vous au-z d it si souvent de vive voix ce (pic
niez JiM. de Cil irlres ; et vous ne parliez seule- vous ne vous êtes point avisé d'('-erire an temps
ment pas de l'arj-Munent «(/ /(OHiiNcm (pie vous que vous avez donné cette première lettre h M.
voulez maintenant y trouver. (le Chartres, (jn'il a lait imprimer h la (in de son
tjue dirai je davaula;ie'/ Cette expliiation (pio ouvrage, (pioi(pi'il n'y eût rien de plus essentiel
vous promettiez dans peu à M. »le Chartres, et ?i votre dessein et enlin (|ue dans un livre ijiii
;
où vous deviez |iarlei- selon votre .sens, vinleo devait être si net, vous so}ez réduit ;i prouver
elTet; mais sans (pi'il y eut nulle mention ipu" la votre sentiment par témoins.
première lût enq)ruutee, elranjjère, on adliomi- Sans écouler ces vains prétextes, la variation
est (le plus en plus démontrée vingt docteurs :
U. da Cliarlru dans ^aLcU pait., p. 72, 73. ' l'rcm. LcU., p. 6T.
DE M. DE CAMBRAI A M. DE CHARTRES. 'H7
votre lettre qu'on vient de voir, auront reconnu vient à la charge, et conclut qu'il n'y a « rien de
avec vous « tenues de votre
s'en tenir dans les plus surnaturel, que le fontlement de la justice
« première explication i. » Votre livre était in- chrétienne et l'espérance en laquelle nous som-
soutenable, puisqu'il a fallu renoncer à cette ex- mes sauvés. »
plication, et introduire laniour naturel, dont au- Aussi l'aviez-vous pensé ainsi naturellement
;
paravant vous n'aviez lait nulle mention dans et M. de Chartres vous remet devant les yeux!
vos écrits. M. de Chartres l'a prouvé invincible- sur ce sujet, non-seulement votre première ex-
ment, et vous demeurez sans réplique. plication, que vous appelez maintenant une
Voici encore un autre terrible inconvénient : réponse ad hominem, mais encore une autre ré-
le sacrifice absolu de « l'intérêt propre, » si l'on ponse à laquelle vous ne donnez point ce carac-
entend le salut par cet intérêt, « est une doctrine tère et où vous dites néanmoins « J'ai voulu :
« erronée, scandaleuse, impie et blasphématoi- parler alors des motifs de l'espérance i. » Vous
« re, » comme vous le dites dans votre Instruction ajoutiez « Ces motifs ou objets de l'espérance
:
pastorale'^, et que M. de Chartres l'a uiontié par sont par eux-mêmes très-parfaits... Pour les âmes
vosparoles2 vous ne trouvez de solution à ce
: parfaites, ces motifs les touchent plus que jamais,
pressant argument, que de prendre « l'intérêt et ils leur font faire des actes d'espérance com-
propre » pour un amour naturel, sansquoi vous mandés par la charité, qui ne sont point inté-
avouez à M. de Meaux que tout votre livre de li- ressés. »
gne en ligne, et de page en page, est impie et Voilà, Monseigneur, ce que vous disiez dans
monstrueux. Vous êtes donc au milieu d'écueils vos réponses manuscrites mais depuis tout a ;
inévitables, et vous vous êtes précipité dans une changé : car vous avez vu, comme M. de Char-
suite d'erreurs, d'où vous ne vous laissez aucune tres l'a bien remar(pié, que « ces réponses
con-
issue. « formes au livre en emportaient la condamna-
ne veux plus remarquer qu'une seule va-
Je « lion, » et qu'il s'ensuivait que votre livre re-
mais bien claire, dont U. l'évêque de
riation, tranchait aux parlails l'espérance surnaturelle-
Chartres vous a convaincu c'est dansée passage ;
Ainsi les motils surnaturels de l'espérance, dont
vraiment décisif, comme l'appelle ce prélat, de l'Ecriture sainte et toutes les prières de l'Eglise
votre livre des Maximes, où vous dites* qu'il étaient renqtlies, sont devenus tout à coup, dans
faut « laisser les âmes imparfaites dans l'exer- votre Instruction pastorale, des actes d'une affec-
cice de l'amour mélangé de « l'intérêt propre, r. tion naturelle.
et qu'il faut même révérer ces motifs, qui sont Il était (lui de répondre, comme vous avez
répandus dansions les livres de l'Ecriture saiute, fait à M. deMeaux, que ces actes naturels étaient
etc. «M. de Chartres vous demande ^si l'affection dans les Ecritures, parce que les objets de la
naliirclle, à laquelle vous avez recours, peut être foi qui les excitent s'y trouvent; et M. de Char-
l'objet de toutes les prières de l'Eglise, et si des tres a montré que cette réponse est « insoute-
motifs purement naturels servent à ré|iiimerles « nable 2, » pnisipie, encore que les objets qui
passions, à afiérmir toutes les vertus, et à se dé- excitent,selon vous, cette affection naturelle
tacher de tout ce qui est renfermé dans la vie soient dans l'Ecriture, l'alïection n'y est pas ;
présente? Ce serait, dit-il, une doctrine péla- et c'est ce qui (ait diie au même prélat, que
gienne, et il n'y a que les affections surnaturel- c'est vouloir ne se rendie sur rien, que île don-
les de la grâce qui puissent opérer en nous de ner de telles réponses.
telles merveilles. » Vous lui doimez maintenant un sujet nou-
Dans la suite vous faites dire à l'article faux, veau de vous faire le même reproche en répon-
qu'il faut ôter à un parlait, « avec la crainte des dant à ses arguments avec un .si grand endiar-
« esclaves, le désir de la céleste |)atric et tons ras, et (pi'on reconnaît aisément on n'a (pi'à ;
« les motils intéressés de res|)éraiice. » Ce que lire, pour le remarquer, la leilre dont il s'agit
vous conilamnez vous-même en vous disant ipic entre nous dans cet écrit « Vous n'avez, ili- :
« pailaut ainsi, c'est tourner en mépris le fon- les-vous 3, jamais entendu par les motils inté-
dement de la justice chrétienne, je veux dire, la ressés de l'espérance, le motif spécilicpie île
crainte qui est le commencement de la sagesse, l'espérance chrétienne ; » de (piels niolils par-
et l'espérance par laquelle nous sonnnes sau- liez-vons donc, (juand vous disiez, au conunen-
nomme nin^si l'pspc^ranre al)SoIiiriiont parmi li's d'tiiii vous est « indifr(Venl » de
à soutenir qu'il
cliiisc (pic IVspf^rnnn* clircticmic' haiis qiii'l il m'est Irès-iiiiliniitiit. dites-vous, que ce mo-
ciiiliairas de iliscoiirs se laiil-il jelcr pour ré- tif.Miit l'olijet en tant (jnexcitant l'amour natu-
diles-voiis', voniii pailir en ret endroil que soit d'amour naturel «pii cherclic
ce principe
du mélange ipii se lait impar- . dans les ."unes rolijel. Ce sera donc de ces vaines et creuses
»
faites, de la priipriél*^ avee les adeelinns surna- révi'lalious que vous aurez rempli toute l'Ecri-
tnrellrs pour les dons de hieii ? » (]'esl done de liire. toute lo tradition toutes les prières de .
la |)n)piiélé que vous vouliez remplir toute l'Kiilise. Il n'y a qu'à tourner l'esprit vers toute
pourquoi n'y serait-elle pas eouune y sont les naturelles pensées n'ont rien que d'uni. C'estce
choses dont ce li\re parle, el dont aussi vous qui s'ap|)elle se jouer de son ispril aussi bien
voulez qu'il soil rempli? "Ce (pie j'ai voulu que de ses paroles et de la crédulité des hom-
dire est clair, « contimiez-voiis; sans doute, mes: vous avez encore unautre moyen d'éluder
il n'v a qu'fi dire (pie tout est clair, quoicpi'on les dillicultés, c'est de les passer sous silence
n'y entende rien. quand vous n'y p(uivez trouver de réponse ;
Mais je vous prie. Monseigneur, qu y a-t-il ainsi, quand .M. de Chartres vous a reproché'
(le clair dans les paroles sui\anles de la nK^iiie que vous conu:(i?-i(Z une prière 'ipii fait dési-
première lettre à M. de Chartres' « Il ne s'a;iil : rer,malgrél'Uraisouduniinicale,latenlatioii du
que d'une é(puvoq'ie » les objets sont repré- : desespoir, el le délaisseiiieiil du l'ère céleste ;
sentés dans rKeiilure, el c'est ce qu'il faut ré- quaiiil il a rapporté un extrait^ qu'on lui a donné
vérer; il laiil révérer aussi cet état d'amour comme de vous cl qui ensci^Mie la perle de tous
mélan^'é « et enlin, pour retrancher toutes les
: les dons de Dieu el de toute res,source intérieure
disputes de mois, je consens qu'on dise, si vous dans ce réel saci ilice de tout soi-même on .s'at- :
le voulez, que les molils S(Uit les ot)jets mais en ; tendait un (lés;iveu de ce le miuvai.se doctrine,
l'i
ce cas, il faudra que vous reconnaissiez de lionne et on n'a vu rien de scinblahlc vous avez (mssé ;
jet en tant qu'excitant l'amour naturel' S'il La de cel extrait n'csl pas meilleure,
suite
s'en tient à voire iiniiiiiTe evplicalinn el au texte puis(|u'on apprend n à se laisser aller dansl'a-
V
(le votre livre, ces inolil> étant répandus dans bliiie ou l'amour propre, (pie Dieu précipite, se
l'Kcriture, etc.: élanl par eux-mêmes, .selon prend dans le désespoir à loules les ombres dc
vous, tirs-parlaits, et taisant laire aux parlails frr;1ces''. etc. » Ce désespoir ne vous effraye pas;
(les actes d'espérance, (piiiiesont pas intéresses^ vous vous taisez la .soustraction jzéuérale « de
i'i
ce ne sont point des nhjets excitant l'amour na- « ce (pie Dieu donne, k ou, comme on dis;iit
turel, dont vous n'avez pas dit un seul mot d;ins plus haut. « de bais les dons divins, » dans l'es-
voire première explicalion, et ipii n'est plus pérance (pie celte perle du don servira à eu
t
dans les parlails; s'il s'en tient j'i voire Inslriic- « (Mer la propriété, et (pic le don sera bienUH
((111 imslurolr.ct's motifs ne sont poini des oh- t apiTS rendu au cenlii|ile avec une pureté (|U|
jets, mais un principe inh-rieiir d'amour lia- ne sera plus siijelte à celle appropriation*, »
c tnrel > il nesl [toiiit lihre de dire lanlôiriin
:
• Leil. pa» M
Je fhnrtrps. pM- *
àt ' ''^•-
P- '• * ^W., — —
cl lanl(')t l'autre; la doctrine de la perlec- p 7 fl S «uiMil itirf., p 110
tioii n'est un jeu. Kl on s'étonnera tou-
point O Sauveur T boiTf qui trouilra loin ctlUa d iinfriuinr. pour
'
Cette maxime : On ne trouve Dieu seul pure- charité; ainsi les affections naturelles, vertueu-
ment que dans la perte de tous ses dons, et dans ses, et rapportées aclueilcmeut à Dieu, ne sont
ce réel sacrifice de tout soi-uiètne, après avoir plus de votre pi'étendu état de perfection : ces-
perdu toute ressource intérieure, nous apprend nouveaux parfaits « n'en peuvent jamais souf-
ce que c'est que l'atuour pur de votre livre et le frir pas même en certains nioincnts, et par
sacrifice de purification qui y conduit votre si- : une simple ahstraclion. ils croient ce mélange
lence nous a fait penser que vous ne pouviez capable d'altérer leur simplicité. » Voilà donc
désavouer ces écrits, et nous y avons reconnu les l'homme prétendu parfait irréconciliable, selon
magnifiques expressions dont vous couviez votre vous, non-seulement avec l'amour-pi'opre vi-
sacrifice absolu avec le désespoir et les autres cieux, mais avec tout.^s les affections vertueuses
maux qui l'accompagnent. de la nature le voilà tout à fait passé dans
:
Nous avons tout sujet de craindre que ces l'ordre surnaturel, comme M. de Chartres l'avait
écrits que M. de Chartres a trouvés dans son dio- reproché, si \ oiro nouvelle Ihénlogie est reçue.
cèse, ne se soient fort multipliés ailleurs, et ne Et tout ce que vous dites aujourtl'hui pour
fassent estimer et désirer une telle peifection sauver la nouvelle idée de perfecliun que nous
aux cœurs aveugles et trop crédules. Désavouez- avait donnée votre Instruction pastorale, ne
les donc aujourd'hui, Monseigneur, ou les retrac- peut justifier le nouveau système que vous avez
tez poiu- en arrêter le progrès car on lesdonne : substitué à celui de voh'e livre Ou ne vous
comme venant de vous. répélera pas que M. de Chartres vous a
ici ce
D'autres que moi vous entreprendront peut- objecté sur les réflexions de l'état des parfaits;
être sur votre seconde lettre, d'autres attaque- souvenez-vous de cette maxime que vous avez
ront les faibles réponses que vous faites à M. de avancée Les actes discursifs et rétléchis ne
:
tente de remarquer seulement ici que vous aussi de la séparation que vous avez établie en-
l'avez absolument exclu des parfaits dans votre tre la partie su|)éneure et inférieure , n'oubliez
InstritcUon pastorale ; p. 89. Pour « l'intérêt pas que vous avez dit que le trouble tle l'infé-
« propre, » ces àmcs ne se contentent point de rieure est entièriMuent aveugle et involontaire
n'y songer pas en certains moments par une dans cette séparation. Quelles consé(jueiices ne
sunple abstrachon; elles ne le peuvent jamais tireront pas les quiétistes de cette maxime î
souffrir, elles croient que le mélange de cet D'autres vous pou.sseiont sur le fond de la ma-
a intérêt propre » altérerait leur simplicité. » tière de l'amour pur (jue vous expliquez dans
M. de Chartres vous a aussi cité les pages de un sens si différent de voire livre pour moi, ;
votre livre, où vous excluez ah.S(>lument « l'in- je me borne. Monseigneur, aux remarques que
« térêt propre » de l'état des parfaits qui dans je viens de faire, et je me contente d'en tirer
votre livre est le motif de l'espérance ce '
; cette conséquence, que M. de Chartres vous a
prélat vous a fait von*, par vos pro|)res écrits, convaincu de quatre choses la i»remière, d'a- :
que cet amour nalurel que vous excluez ^ï , voir altéré votre système dans tous les points sur
absolument dans votre Iiistrv-rtuni pastorale, quoi tout roulait c'est ce qu'on vit^nt de mon-
;
que éminen qu'il soit, qui, après .ivoir i-lé un moyen d'avancement propre, » un sen s (|iii ne se peut .soulenirdaiis le
ne vienne d'vidinaire pou. la su. le un piège et un obstacle, par les système de votre livre, sans altribiierau concile
retours de propriété qui sahssen l'ûiTio
De l& vient que Oinu '.>tc ce qu'il avait donné mais il ne l'ûte pas ,
de Trente une doctrine inouïe, et directement
pour en priver toujours il l'ôte pout le mieux donner, et pour le
.
o|)posée aux intentions de ce concile et au .sen-
rendre sani l'imputcté de coi te appropriation maliijne que nous on
faisons tans nous en apercevoir La perle du don sert A ^Uor la timent unanime de tous les docleiirs. Kiiliii la
propriété et la propriété étant 6léa, le don est rendu au centuple.
quatrième chose ipie M. (It> ('harties n prouvée
(>l/ri/iiiicri(< dt M. dt Cuml/tai.)
' Lettr past. de M. de Chartres p. 83. est encore étrange; et cesl, iMonseigneur. ipic
220 RÉPONSE Ai:X PRÉJUGÉS DÉCISIFS
pour snnvpr votre système, vous hasardiez lout, d'avoir toujoins |ien<<^ ce qu'à la fin vous chan-
cl i|iii' vous lit' le SDiili'iiiez que |»ar les reslric- gez aux jeux de louie la Icrrc saus le vouloir
tiuns riieiil.iies les |piiis odieuses, et que vous axouer.
faisiez une proleslalioa, sous les yeux de Dieu,
On s'nporroil.il va lonplemps. que M. l'ar- donc assez clairement celte mvsliqne des mys-
de Candirai ne Miiilli|ilie ses éerils (|ue li(pies, celle (|u'oii eiiteud si bien, celle (pi'on
cliev(^(iue
par des redites cominiielles sans qu'il \ ail ;
explicpiemieux (pi'elle ne s'est expli(pii^e, celle
rien de nouveau qu'un ton plus atlirmalil. enlin dont on devait faire, par un livre mysté-
une hauteur exliaordiuaire, un slyle qui s'é- rieux, l'apolopie .secrète, en excusant son indif-
chaulTe et qui s'ai^^ril en (^clivant, el l'enlier férence |)ar celle du livre : ses derniers
reirancheinent de je ne sais quelle douceur renoncements el son sacrilice extrême par le
dont cet auteur se paiait au conunenccnient- saci'ilice absolu, l'exclusion dans la haute
Ce sont ces redites qu'il a voidu appeler des tontemplalion des atliibats de Jésus Christ par
préjujîi^s, » el, afin (|ue rien n'\ inancpiâl de semblables disposilioiis, l'acte miiipie et
des < préjuj^'i^s mais pour voir la
dérisifs ; » continuel par la tolale conformilé qu'on mcl
vanité d'uu si beau lite. il n'y a (|u'à se sou- à la place; et le reste de celle nalure, où l'on
venir de ce qu'on entend par le ternie de pré- le.ssuscile avec M"" Guyon, Molinos el Kaleonii
jutfées. ou en tout cas des raisons, sans entrer Tels sord les préjugés, c'est-à-dire les choses
au fond, qui df^iwonlrent par elles-mi^mes ju^'é'cs de celle cause elles pronosliipient un
:
qu'une cause est boime, ou lout au moins fa- .semblable sort au lixie deM.de Cambrai. Son
vorable. obscurité affectée ne l'en doit pas sauver, piiis-
Y a-l-il en cette affaiie des choses jupées? qu'au contraire c'est une raison de le condaii,-
Oui, sans doute on a jupe .Molinos, on njiu'r^é
:
Fier le rapport confus de ses expressions avec
:
pris de les soutenir tous deux; telles sont les Molinos aussi aisNiient (|iie ce prélat. L'ambi-
choses jugées dans cette matièie, mais ces piiité dans celle matière .st^ra toujours suspecte
pril^jupés sont roMire M. de Caudirai. Ce n'est à Rome, (pii voit éclater de tous cot('>s les mau-
|»as nous <iui défendoris M"" (iuuin l'on con- : vais fruits ilmpiiétisuie, |ienilanl que cette secte
naît celui qui l'a nounnée son amie, qui avoue toujours attentive à son propres, ne cherche
que tout son comuiercc avec elle est londé sur (pi'à se l'.'diier sous un plus beau nom.
sa s|)iiitualilé. tpii ne trouve ilans ses écrits (pie Venons aux iiiilies sortes de pp'jupés. Nous
des pliiasi's mysliipics dont le sens est iimo- les avons délinis, des raisons s<ins entrer au
ceiil ; (|ui é|iuise loiiles les inveulions de son fond ; car dès (pi'il faut entrer, c'e.sl une discus-
esprit et tous les eflorls île son élo{|Mence pour sion et non pas un prejupé. .Maisachevons
Vi dérolter à la censiue, el qui se v.iiile enliii la délinitiond'un pivjiipé c'e.sl : donc une rai-
d'avoir en toute rigueur « la variété
examiné ' son sans entrer au fond, |iour bien pre.siimer
de ses locutions, pour avoir droit d'en répondre de la bonté d'une cause on même de s'en assu-
et d'assurer lepiihlicipril l'ciileud mieux ipi'elle rer. .M;ùs (pi'on parcoure les cinq questions où
ne s'entend elle-méiiie. lauteur irdiiit la matière, lout presipic y
C'est le dénoùmenl de celte parole <pii a dépend du fond. On en pentjiiperpar la pre-
étonnétnutle momie dans l'Axertissement qui mière « La charité, dans ses actes propres et
:
est h la léte du livre des Maximes di's Suints. dans son riiolir essentiel, n'esl-elle pasiudepcn-
« Les niy>li(|ues verroni hieii (pie je les entends ;
dante du molli de la bcalitud(<? > 11 tant ici re-
je li'iir l.iisse même iu;;ei' si je n'evpliipie pas venir à discul("r ce (jue veut dire le motil essen-
mieux leurs ma\iiues (pie la plu|iail d'entre tiel et (pielle est rindepciidance de la charité
eux n oui pu jUM|u'ici les explicpier. 6 La voil.i dans son motif specili(|ue à l'i-gard du molil
DE M. DE CAMBRAI. ^m
second, subordonné et moins principal : par là fet elles ne le sont pas si absolument qu'il n'y
toutes questions vont renaître l'une après l'au- ait des limitations à leur ligature, lant pour les
tre; il faudra des deux côtés transcrire tous nos actes que pour
le temps où l'on n'a nul besoin
ouvrages précédents, et reprendre tous les ar- d'entrer. Quoi donc! M. de Cambrai, toujours
guments par lesquels j'ai démontré qu'on pièt à poinliller sur des mots qui ne disent rien»
m'imposait. J'en dis autant des autres ques- détruira par un endioit si léger ra|)probation
tions par exemple, de la cinquième • « IN'est-il
; authentique de tout un livre ' où la suspension
pas vrai que la passiveté dans laquelle les mys- de l'acte de discourir est établie si amplement
tiques retranchent l'activité, c'est-à-dire les actes si à fond, par lant de passages exprès et (tosi-
inquiets et empressés, laisse la volonté passive tifsdetous les mystiques? Où est la bonne foi
dans l'usage de son libre arbitre, en sorte parmi les hommes, si de telles chicaneries (la
qu'elle peut résister à l'attrait de la grâce? » vérité m'arrache ce mot) sont des « préjugés, »
Autant de paroles, autant d'équivoques on : et encore des « préjugés décisifs? »
confond le vrai et le faux la liberté dans les ; Cette suspension des puissances est
un des en-
actes de vertu, qui ne lut jamais contestée, avec droits fje ne
pourquoi) ou M. de Cambrai
sais
celle des actes discursifs dans l'oraisoii seule- revient le plus souvent et où il triomphe le plus.
ment, qui font toute la difficulté. Il faudra ici Il a fait une ample répon.scau Musiici in Itilo;
repasser tous les textes exprès des mystiques, mais sans y parler d'un passage tranchant que
qui prouvent si clairement la suspension des j'y rapporte, où sainte Thérèse ^ et le bienheu-
puissances dans l'exercice actuel de l'oraison reux Jean de la Croix 3 ont dit d'un commun
qu'on nomme passive, et de quiétude, que M. de accord que l'àme dans la quiétude « ue pourrait
Cambrai lui-même qui veut la nier, estcontraint « pas discourir quand elle voudrait ^. » Cet en.
de la reconnailre : appellera-t-on cela des pré- droit est d'autant plus décisif qu'il est plus court,
jugés, ou plutôt l'inutile recommencement de et qu'il n'y a pas de locution plus lorte ni plus
toutes les disputes? naturelle pour exprimer une absolue im[)ossibi-
M. de Cambrai, j'allègue M. de Pa-
3Iais, dira lité. Quand le concile de Trente veut expliquer
M. de Chartres, qui sont de mon senti-
ris et nettement le pouvoir de résister à la grâce, il
ment; c'est de quoi je parlerai peut-être ail- ditqu'on y peut résister « si l'on veut. » Lors,
leurs: maintenant qu'il ne s'agit que de préjugés, au contraire, que saint Augustin veut exprimer
je n'ai qu'un mot à répondre. Ces deux prélats que sans le secours qu'il appelle sine quo ou ne
ont ai)prouvé mon livie des Etats d'oraison, où pourrait pas persévérer, il répèle trois à quatre
M. de Cambrai prétend trouver tout le venin de fois «qu'on ne le pourrait pas quand on le vou-
ma doctrine, dans cette pruposilion, qu'on ne se « drait: » Sine quo non potevnnl peiseverare si
peut a désintéresser par ra'pport à la béatitude, » veilent ^. De même, sainte 'l'hérèse et le bien-
ni en « arracher le désir à aucun acte raison- heureux Jean delà Croix concourent à exprimer
nable et délibéré 2. >, J'ai avancé celte doctrine la suspension absolue, mais passagère, du dis-
conmic commune « à toute l'Ecole,» sans qu'on cours, pai dire tout court « quonu'y peut pas
me |)ùl nommer un seul contradicteur; et aussi discourir quand on le voiulraii. Des (.'réjugés >.
a|)|)r(d)atiun à ce livre: |iasseiii-l-on pour cer- à l'égard de la [trière vocale '•; où. dans les der-
tain et .sans discussidu que tic si diules |tiélats se nières paroles, « qu'une âme devient incapable
contrciiistmt eux-mêmes? Je suis uni avec eux «de tout lai.sonnemeiit: » jusipie-là (juil ne
eu commerce periiélucl d'une commune doc- s'agit plus de « raisonner avec elle '? » Qu'est-ce
trine; nos sentiments ne furent jamais dillérents: qu'une incapacité poussée si loin, sinon une im
pour qui est le piéjugé, si ce n'est pour nous puissance absolues; M. deCambrai l'aduiel ici et
contre M. de Cambrai (jui a toujours ti\clié de lablâme ailleurs comme un fanatisme. Je lui ai
nous désunir? l'ar e\cm|)le, M. de l'aris, .sans op|)Osé ces raisonneiuents; je lui ai objecte ces
seulement songer à Ir.iilcr à l'ond dans l'orai.son passages du bienheinetix Jean de la Croix, et de
de (piiétude la suspension des puissances où son saint(! Thérèse, et les siens propres *. 11 les a vus
dessein ne le menait pas, auratlit en i)assantque
les âmes (h; cc-l état << parais-senl liées » ou * El»l« dV.r., I. VI. —
" Cliâl. do l'àmo. 0» Joia., ,-. 7. — • Vivo
dons lin livro f|ii'il fuit sf^mhlnnt de lï'liitcr: il traduction de son livre'. Il faut revoir tontes les
n'y ri'|n)iid |pasiiii seul mot; n'enl-cc (lusun pré- laisons (lar où je convamcii d'alléi-alion del'ai
juge riii'il n'a pas |)U y répondre? son firopre texte, en quehpies endroits es.sen-
Voyons niaintrnnni ces einq préjngi^s, i polir tiels, siins préjudice des autres, que je n'ai pas
t savoir si le sN^lfini; s'acnirde axec le li\re '. » cru devoir examiner. S il fallait renouveler ct-lte
Le premier e^l ipie M.del'aris, .MM. Tron-
I. dispute, jcn'auraisfprà renvoyer .M. de Cand)rai
soii, de lieaulbrl cl l'irol l'ont trouvé conforme': à ce que j'en ai ilit ailleurs 2, et surtout à cet ar.
donc, etc. U'icHc failll(^se: [treniièrcment, de gumeni auquel il n'a jamais répondu; (pie s'a-
vouloir qu'on décide par des préjuges d'un livre piss.iiit de traduire, et non d'interpréter \t'>Maxi-
qu'on a eidre ses mains; et secondement, de me'i saiuts, il n'y avait qu'.'i rendre le texte
f/(".s"
donner pour un préjufjé décisif un sentiment dé- de mot h mot, sans y insérer des additions que
nicnti par actes puiiiicsl j'ai démontré être fausM-s. J'ajoute à cette dé-
II. Cin(| llléolo^iens choisis par le Pape » inoiislialion, qu'elle convainc .M. de Cambrai
(elli qui M. de Candirai domiedc grandes louan- d'erreur manifeste,
ges) « ont déclaré à Sa Sainlelé que le te,\lc du Quand on
lui reproche son sacrifice absolu
livre pris dans son tout ne pouvait sif^niticr dans lenoncement/i « l'intérêt propre éternel,
le
(ju'une doctrine très-pme ^. » Le nomhie de « à l'intérêt jiroprc jjoiu léternilé 3, • il ne se
cinq m'étomie: undir.ul ipie M. de (lamhrai n'a sauve quen disant (|ue l'intérêt propre éternel
eu (|uc cin(| exannnatcurs et tous favorables :^ n'est pas le siilut éternel*. Je ne répéterai |>lus
sa doctrine; mais si d'autics, sendiahlement les raisons (jue j'ai oppo.sées à de si frivoles
nommés par le Pape, et les premiers, la jugent échappatoires; mais iitiisqu'on me nippelle au-
pernicieuse, est-ce un sujet de s'enorf;ueillir jourd'hui à In dispute sur altération de la ver- I
d'avoir nus en division la liiéolopie par ses am- sion latine de son livre, elle contond manifeste-
Itiguilés? U'ii d'ailleurs nous lacontcia l'hisloirc ment .M. de (Cambrai qui, au lieu de cesmols
de ces divers senlimcnts^et qui ne sait, par l'a- fianrais: " l'àine tait le .s;i(.ri(icc absolu de son
veu de M. de Carnlirai lui-même < , (]ue ceux « intérêt propre pour l'éternité *, » traduit en
qui ont été les plus lavorahles h .son livre n'on» latin; Absulutf proprii commudi appetiltonein
pu, tant il était clair, convenir avec son auteur wenviiariam , (juantum ail aleniitalfin perlinet,
d'un .sens qu'un put oppo.ser unanimement à immolai; c'est-à-dire: « l'Ame sacrifie absolu-
ceux qui le condanmaient, en sorte qu'ils ont « nient le désir mercenaire de .son inlerét propre
entrepris ilc mieux entendre M. de Camiirai o en ce qui regarde l'éternité; » où l'on voit à
qu'il ne .s'entendait lui-même, comme il preiend l'o'il ces deiixchoses: l'une esl les paroles que ce
cxpli(|iier M^Miuyon mieux (|u'elle ne s'est ex- prélat ajoute.') son texte; l'autre, encore plus es-
pliquée? Voih'i le nouveau mystère de ces livres sentielle, qui est que l'on sacrifie le désir de l'in-
contentieux: n'est-ce pas là. dans une affaire de térêt propre, « en tJint qu'il reganle l'éternité; »
cette importance, un préjugé bien avantageux ce (pii ne peut être sjiiis s;icrifier l'éternité
et bien clecisif? même. pas davantage sur ce pré-
Je n'en dirai
Le troisième préjugé dépend du fond. Le
III. tendu préjugé; c'en est un grand, je l'avoue,
texte du livre de .M. de Cambrai se concilie sans mais contre l'auteur, piiisipi'il n'y arien qui dé-
pcineavic lui-même " dans le sens cnlliolitpie; » montre plus l'erreur el la laiissetédans un texte,
et au conliaire on ne pourrait y insérer le .sens
que la nécessité de l'altérer pour le rendre, si
liérétique .sans en détiiclier les dillerentes par-
l'on pouvait, supportable.
ties » C'est visiblement supposer ce (|in est en
•'.
V. Le cinquième el dernier préjugé commence
question; c'est, dis-je, pré-su ppo.ser qu'on a rai- Le texte d'un livre doit passer pour cor-
ainsi : «
son, moyennant quoi bien certainement le tort
rect et pour clair, (piaïui on ne peut, après une
tond)era sur moi; et voilà ce (ju'on appelle un
vive contestation de jiiès de deux ans, v repren-
préjugé. Mais on ()id)lie que ce livre, dont le
dre aiieime expression (jui ne se trouve dune
sens est unilorme *>, » fait une dispute |iarmi
si •
manière encor* plus forte et moins préc-:iulion-
ses partisans cpii, au grand étonnement de la
née dans les auteurs mystiques qui sont canoni-
cinétieidé, n'ont |)u encore convenir avec l'au-
sés ou révérés dans toute l'Kglise. • la règle est
teur de la manière de le défendre.
sûre; il ne .s'agit plus (pie d'en venir laiiplica- .1
nousdoime une dispute enlie lui et moi .sur la brai ne .songera pas: et content d'une aflirinalion
livre, que je ne la mnnire aussitôt, d'une ma- le contraire, c'est donner pour préjugé une
nière encore nliis forle, dans ces saints auleiirs. » fausseté manifeste.
C'est ce qu'il faudrait examiner de passage à pas- Sui' ce fondement, néanmoins, on voit pa-
sage; si ce n'est que, pour le plus court, on con- raître dans les Préjugés,, une pièce de rhétorique
vienne sans discussion, par un piéjiigé merveil- achevée, qui commence en celle sorte < : « Ici,
leux, et sur la simple pai(de de M. l'aichevèque je neveux point eutrer en preuve ni raisonner;
de Cambrai, qu'il est le plus modéré et le plus je ne veux que faire des questions. Que doit-on
pri^can lionne de tous les mystiques. penser d'un livre qui, loin de paraître amhigu
Voilà ce qu'il appelle les cinq préjugés ; et de à M. l'archevêque de l'aiis, et à ces autres per-
tous les noms, comme on voit, c'est celui qui sonnes si précautiomiées, leiu' a paru au con-
convient moins à un tel écrit. C'est un pré-
le traire correct et clair? » J'ai répomlu à celle
quand jioui toute preuve
jugé, mais contre vous, demande ; et soit (pi'on la doime comuic un
vous répétez et vous supposez ce qin est en préjugé, .soit qu'on la tourne en ()ue--tion, ce
question; c'est sous un grand nom ne rien n'est qu'une redite sous un autre nom. C'en est
dire ; ajouter à ces préjugés, qu'ils sont décisifs, une aidre que de demander « Que croira-l-on ;
si elle est si bien levée, que devient ce double ne pas voir mes réfulalions plus claires que le
sens qui, selon vous, règne partout, et dont vos soleil ? Mais je n'ai |)u altaquer ce livre qu'en
amis n'ont pu encore cunveiiii' avec vous-même? allaquanl toute l'Ecole. Celle fausse imputation.
« M. de Meaux devait m'inviler à m'expliquer tant de fois dé.savouée et tani île fois réfulée,
sur ces endioils, au lieu de rejeter avec tant non par des passa;;es, mai.> par des Irai. es
exprès
de passion les ex|)licatiotis que j'ai ollértes avec de M. de Meaux, deviendra-t-elle solide en la
tant de déférence. » Hélas quelle déférence ! ! répétant sans preuve et sans tu raisonner? H
ceux qui vue en sout encore effrajés; on
l'ont poursuit « Que croira-t-on d'un livre que cet
:
déférait tout, pourvu qu'on em|)orlàl tout ce adversaire M. de Meauxy. aidé de lanl de con-
qu'on voulait; sans en rien rabattre. « M. de seils, n'a pu attaquer qu'en se fouilant sur des
Meaux a prononcé lui-même contre sa con- principes si faux, qu'il n'ose les .soutenir ouver-
« duite. Dans les ex|)ressions andiigués, » dit- tement, et si nécessaires à sa cause, qu'il ne
il, « la présonii)tion est pour un auteur, elc 2. » peut encore aujourd'hui se ré.soudie à les aban-
Puis(iu'il voulait me juger par mes paioles, il donner, malgré tontes les in.slaiices ipie je lais
les expjessiiins ambiguës; il y en peut avuir des discours en l'air, sansaiiiculer.ses doctrines
queUpies-unes de celle sorte dans le livie dont que M. de Meaux, .selon lui, n'ose ni avouer ni
nous convenons que dans celles dé.savouer ? J'ai répondu cent el cent lois à ces
il .s'agit; et
ceux qui les examinent de près, il n'j a <pi'ù le quoii iinpiilea trois prélats unanimes j'ai ré- ;
juger par ses (laroles un peu au- expie.s.ses; » pondu aux autres demandes de celte eloqicnle
dessus « Les explications (pu visiblenuMit ne
.
|)éidiaison, el en voici seulenientdeiix des plus
cadreul pasa\ec le texte ciinstaiinucnt, ne sont iin[)ortimles (pie j'ai rcservecspoui la lin.
I Prtj. p. 10. — ' l'rom. Kcrit do M. do Maiiui,». ». ' PrtJ., 11. 10. — = 16. p. U. — ' Kom., toiiO., ( 3.
224 RÉPONSE AUX PRrJl'C.ÉS DÉCISIFS
La promii'rc ost :
'
« Que cioira-t-on d'un Une |)eut-on croire d'un livre qui est roii-
livre, (iiiaiid "" voit (]iie ci'tix iiii'oii .ivail m dainné par actes publics de ceux dont un vante
pri'vcmis |)cniiaiil (lue jo (Iciiiciirais dans le i'approiiation secrète ?
silène.', onlouveil les yonx, el m'unl lail jiislice Une peut-on cmire d'un livre dont l'auteur,
liés ((lion a écoiilt^ les deux |iaiiies dans leurs après y avoir promis une entière préci>ion et
éerils '? » L'aiilre, (]ni tend à la nièiiie lin, et un éloi^mement de toute équivoque, n'en a pu
[lar où M. de Candtrai conelut ses deinarules : venir bout, et le remplit d'ambi;:uïlés?
.'i
« Kniin. qne croira-t-on d'un liNre, dont les Une peut-on croire d'un livre où il rè;,'ne par-
<lélenses très-eoriectes sont d(j?i encore plus tout un double sens, de l'aveu de son auteur,
répandues (jiie le livre même dans tonte l'Kn- el (pie ses amis ne peuvent défendre qu'en
rope '? » A la lin donc M. de Cami)rai ne se .ib.indoimant le seul dénoùment qu'il leur
contient pas; ravi de se l'aire lire " par tonte donne ?
a l'Kurope, » il croit l'avoir allirée à son senti- Une peut-on croire d'un livre dont les expli-
ment. Kn elTet, il n'est pas juscpTanx protes- cations, toiijouis variables, se détruisent les
tants (pii ne le traduisent, ne l'impriment et unes les en sorle que leur anleiir, après
autres :
ne le louent. Mais, sans entrer dans la thèse les avoir données sous les jeux d«' Uieii comme
pailieulière, ni vouloir oter h un auteur le son sens iii(pie el primitif, les élude dans la
i
c'est preju^rer eu sa iavem-, el ce ser.i là un les plus équitables, encore qu'il n'ait à craindre
le d'un ton plus sérieux avec saint l'aul. Si ceux Une laul il croire d'un livre lont l'auteur ne
dont cet Apolrea écrit, « (pi'ils errent et jeilent cheiche (pi'à é\iter le jii^;emenl par la conti-
c les antres dans l'errenr '•',
et «pie leurs dis- nuelle introduction de nouvelles ipiestions ', et
« cours };at;nent connne la j;anf;rènc ', >• réus- en jetant ses jiij.'es, s'il pouvait, dans des dis-
sissent dinantiin tem|)S à se laire admirer dans cii>.Mons inlinies?
le monde, ils n'auront «pi'à dire (pi'on a ouvert Je n'en veux point que ces d'autre preuve
les yeux à la lecture de leurs livres, et à prendre paroles des Pirjuijés (de son ^ : « Ces défenses »
pour un préjugé de la vérité le succès (]ui livi'i', répandues par toute l'Europe) « ne peu-
achève de les plonger ou de les entretenir dans vent plus être séparées du livre (ju'elles jiisti-
l'eircnr? les espi ils solides ne sc^ laissent i)as tient; elles ne fout plus avec ce livre qu'un seul
éhlonir si aisément; et loin d'être Haltes par ouvrage indivisible dans son tout. > Ainsi l'exa-
qu'on donne à leur élocpienceet à
les lonanjïes men du livre «piil a lui-même déféré au Saint-
leur esprit, craii^nent dans de tels applau-
ils Sié;;e, ne siillil plus; ce livre est inséparable
di^-emenls ce « pro^;rès en mal, dont parle >•
de l'inlinité des IImcs publiés pour s;» déleiise;
l'Apùlre : Piofuicul in pfjiia '•>.
Pour ce (pii est tout cela ne fait (pi'uii même « tout, » sur
des dél'-nsenrs de la vérité, la solidité doit èlre lecpiel il l.iut pronon( cr par un seul et même
ils ne seraient pasélomiés,
lem" p.irta^'e. Ainsi, JM^cmenl; on ne doit prononcer (pi'aprês un
même prand succès ipie celui dont
d'un |)!us examen de de Cambrai,
ce tout. S'il plait i'i .M.
se vantent leurs adversaires, ni des m.dheureux jivec sou inépuisjible lécondilé, d'écrire de nou-
progrès de l'erreur, bien instruits par le S.iinl- veaux livres, il faudra les joindre au procès; et
Esprit, qne « ces progrès ont leins bornes, » la décision du Saiiit-Si(''ge, qu'il lait semblant
cl que « leur errein\ leur é;iareuienl, que » de presser, sera prorogée jns(prau jugement
saint Paul appelle •
leur lolie, sera connue de universel : y a-t il une illusion plus mamlote?
a tout le monde ^. » Enlin, que peut-on croire d'un livre dont l'ob
Loin donc du milieu de nous les préjuf^és sciirilé et rambiguïté font la deteiise? Expli-
qu'on nous v.inte si l'on en veut de solides et : (pions-nons: les défenseurs de M. de Cambrai
de véritables, je les exposerai en peu de mots, suive ut .son liMCi'i .son exemple, parce que, s'il
et je dirai à mon loin' :
y a des (discnrités en un endroit , elles sont
Une pent-oii croire d'un livre ipie dèslccom- èclairciesen d'autres, en sorle «pie le tout e.sl
niencement l'on cache à ceux dont on voulait bon mais c'est
; un des artilices dont on s'est
li^i
expliquer la doctrine? servi pour excuser tous lt*s unnvais livres; les
" PrrJ. p. 12. — ' /'.. p. 23. — > Il r.m , m, Ll. ~ ' là , u, 17. • Prcm L«tl. à U. d* Cbarlrc», f 66, otc. — > Rem., coad. | <,
— > U. UI, U. — • Jt., B. n. 17. — > PrU., p. 13.
DE M, DE CA3IBRAI.
auteurs suspects n'ont point eu d'antres res- piété lut trompée par leurs belles expressions.
sources, etils ont tâché de trouver tlans leurs Vous devez savoir les mauvais sens queMolinos,
écrits des correctifs de tout ce qu'ils ont avancé que M"-" Guyon et les autres ont enveloppés de
contre la sainte doctrine. On ne trouve dans au- belles paroles: parlez nettement, encore un
cun auteur plus de ces sortes de correctifs que coup, vous qui dites que vous n'écrivez que pour
dans Origène; mais cela ne l'a pas sauvé des confondre les faux mystiques et, loin d'espé- ;
justes censures de Théophile d'Alexandrie, du rer que vos ambiguïtés ou vos conh-ariétés,
Pape saint Anastase et du concile V, encore que que vous donnez pour des correctifs, tien-
plusieurs saints l'eussent appelé le maître des nent lieu d'excuses, elles seront une des rai-
Eglises. Si l'on eût consulté les équivoques des sons pour vous condamner.
demi-ariens sur l'éternité et sur la divinité du Voilà de véritables préjugés, c'est-à-dire des
Fils de Dieu, et qu'on eût voulu excuser une choses jugées, comme je l'ai remarqué au
parole par une autre, on n'aurait pu les con- commencement, ou en tout cas des arguments,
fondre ni condamner leur erreur. Ou n'ignore sans entrer air fond, qui condamnent M. de
pas les équivoques de Nesîorius sur l'unité de la Cambrai. J'ajouterai ce dernier et inévitable
personne en Jésus-Christ et sur la qualité de la préjugé. On doit préjuger contre celui qui change
Mère de Dieu. Celles de Théodore de Mopsueste l'état de la question, et qui veut nous faire
ont donné lieu à un Facondus et à d'auh'es accroire que nous condamnons
la pureté de
grands hommes de lui chercher des excuses et l'amour enseignée par l'Ecole.
telle qu'elle est
des correctifs dans ses livres lors même qu'on , au lieu que nous n'attachons notre juste coni
en condamnait la doctrine; mais ellesn'ont pas damnation qu'au faux amour pur que ce prélat
suspendu l'effet d'une si juste condamnation. veut établir. Il est vrai qu'il faut un peu entrer
Les eutj chiens n'ont pu se soustraire à la cen- dans fond pour bien en tendre ce préjugé mais
le ;
sure de l'Eglise, en conformant leur langage à c'est très-légèrement, et d'une manière si facile
celui des orthodoxes, avec une telle adresse» et si décisive, qu'on peut dire que l'embarras de
que souvent on a peine à les distinguer. Cepen- la discussion ne s'y h-ouve point. Car il n'y a
dant l'Eglise a persisté à ne pas prendre des qu'à lire quelques lignes du livre des Remar-
Contradictions pour des correctifs, ni des am- ques i, pour y voir cesdeiLX faits constants: l'un,
biguïtés pour dos excuses. 3Iais où l'on voit l'é- que nous n'avons jamais attaqué l'amour pur
quivoque et l'obscurité régner avec le plus d'ar- de l'Ecole l'autre, que j'ai mis en fait, que l'a-
;
tifice, c'est dans l'erreur des monothélitcs. On mour pur de M. de Cambrai, distingué et mis
n'a qu'à voir les expressions sublimes, en appa- au-dessus de celui-là, n'avait jamais été en-
rence, d'un Théodore, êvèquc de Pharan, et seigné par aucun docteur: c'est un fait qu'on a
des autres chefs de cette secte'; mais l'Eglise articulé, sur lequel on ose encore assurer que
n'a point reçu leurs excuses ni leurs prétendus M. l'archevêque de Cambrai ne répondra jamais
correctifs, encore que quelquefois, et quelques- qu'en biaisant. On l'a sommé de nommer un
uns d'eux le plus souvent parlassent si bien le seul auteur, s'il en avait, il n'en a nommé au-
langage des orthodoxes, qu'on a encore aujour- cun il n'a pas mémo léjjondu un seul mot à
;
d'hui beaucoup de peine à trouver des carac- cette précise interpellation de nous indiquer ses
tères certains pour les distinguer. L'esprit de auteurs; c'est pourtant à (juoi il fallait répondre ;
l'Eglise est de dire ù ces correcteurs ambigus de et faute de l'avoir seulement tenté, on peut don-
t(ir. Les Bégnards n'ont pu tromper le jugement nom de préjugés, des redites perpétuelles. Un
(le l'Kglise par toutes les excuses (jue leur ont aiiteiu-, persuadé qu'il impose à ses lecteurs au-
fournies un Ekard et les autres lionnnes dont la tant qu'il lui plail, se joue de leiu- crédulité:
c'est ce que fait trop visiblcmeut un prclal (|ui
Concit, Later., aiib Mart., I, collât. 3 ap. Lab.,
; t. v, col. 183i
e>incil. VI, act. U. col. 9'i7. — ' Inst sur las étals dur. , I. .«. ' Ucm,coii>'l„ { 3, a. 3,4.
D. loM. VL
126 LES PASSAGES fXLAIRCIS.
giniu'iils di'cisils de la bonlr de sa cause. tigable à défendre la vérilé (pi'on l'est à l'atta-
tn liiiissant ce pelil ouvrage, il me lombe quer; et ceux qui lépaiideiit dans le monde,
ctilrc les mains un éeril inliliilé : Les prniripales avec tant de soins, h l'exemple de toutes les
propositions du livre des Maximes des saints, jus- sectes nouvelles, que ce sont ici des querelles et
liliéespar des expressions plus fortes des saints des intérêts particuliers; ou, comme disaient les
auteurs. Je ne sais pas de quelle date il est, non pélagicns, des questions de pure di.spute, cl non
plus que celui-ci, (jiic les ailidés ont vu, à ce que point de la foi: lies quœstionis, non fidei: s'ils
Avec un Avcriisscmcnt sur les signatures des docteurs et sur les dernières Lettres de M. l'archevêque de Cambnl>
saire pour rinstiiiclitin des fidèles, il lombe deux positions qui ont été extraites de mon livre scloa
nouveaux livres entre mes mains, avec ce titre vos vues. » l*renez bien garde , me dira-ton il ;
seconde lettre parait .sous une iiiscri|iti(iii .sem- mes vues » et c'est ainsi
;
voudra peut-être qu'il
blable. Tout le monde sait, et M. de Cambrai ne que j'en sois la source. » Mais la .suite ne laisse
II
l'ignore pas, (jne ces douze propositions ont été niicim doute, et on parle îi moi tr()|) clairement
extraites, (pialiliccs et signées, sans (pie j'en aie dans cette interrogation: « Pourquoi n'avez-vous
.seiiliMiient entendu parler ; loin que j'eusse la pas rapporté mes paroles tlans toute leur éten-
moindre |iart, ni à l'exéeiition, ni au conseil ilue, pour rendre le .^ens complet ? » un peu
même. 11 venu de Cambrai une relation
noiise.st après « Vous est-il permis de lioiiqner mon
:
toute à l'avantage de ce |iiélat, oti l'on nomme discours ? » et encore dans la même page t En :
d'antres auleiiis de la consultation et d'autres ne prenant que la moitié de mes paroles, vous
iiisligateiirs de ces signatures sans me meltrc ,
voulez me lairc enseigner l'impiété ; » c'est donc
dans ce dessein, (iepcndaiil comiiie il ne rberrlic
rrem. L«tlr« dr U. da
• Cambrai k M. àe Mcaux tur U ccr.iur
avec moi que des occasions de querelle, il cuui- des ili'Cloun lia rait<jp. 3.
LES PASSAGES ËCLAIRCIS. 227
moi qu'on veut faire l'auteur de l'extrait. « Vous « Vous croyez apparemment, » pour.suit-on i
faites, j) ajoute-t-il, « un dilemme fondé sur « que les fautes ne sont plus fautes, pourvu qu'on
cette altération ' : » je suis donc, encore un les pousse à bout avec une pleine autorité?...
coup, l'auteur de la pièce. Enfin il joint à l'accu- En quelle conscience avez-vous pu supprimer
sation les reproches les plus amers « Remar- : les paroles qui
suiventimmédiatementcelles-là ?»
quez trois choses, Monseigneur, ou plutôt souffrez S'il en appelle à la conscience, qu'il en re(;oivc
que les docteurs les remarquent, et reconnais- le témoignage devant Dieu. « Voilà, » me dit-on
sent le piège que vous leur avez tendu 2. » Occupé encore 2, « tout ce que vous supprimez contre
dans mon diocèse à toute autre chose qu'à cette votre confrère, afin de pouvoir présenter aux
censure , sans en avoir seulement entendu par- docteurs un fant(jme d'impiété qui leur fasse
'er, je tendais des pièges à ceux à qui je ne son- horreur. » Mais s'il vous est permis de pousser
geais pas ;
j'encourais sans le savoir la malé- si un fantôme d'impiété que vous me faites
loin ,
diction de ceux qui entraînent les autres dans imaginer contre mon confrère, comment sou-
l'abîme, et qui égarent les aveugles dans le grand tiendrez-vous devant Dieu ce que vous inventez
chemin. 11 n'y a donc plus à douter on prend ;
contre le vôtre ? « Je dois faire remarquer, »
toute l'Eglise à tèuioin d'une fausseté manifeste, contiîiuez-vouss, « combien la proposition esl
et on emploie à la soutenir le plus grave témoi- tronquée dans votre extrait... Mon texte est in-
gnage qui soit sur la terre. Mais quoi parle-t-on ! capable du sens horrible que vous y mettez : »
ainsi sans preuve ? y a-t-il quelqiie loi divine ou enfin à toutes les pages, « j'ai retranché, j'ai
humaine qui en donne la permission ? mais sou- supprimé, tronqué au lieu d'ouvrir les yeux
j'ai :
tient-on une si atroce accusation, de la moindre moi-même, je n'ai songé qu'à fermer ceux des
conjecture ? non toute la raison, c'est que M. de
;
censeurs, dont j'ai, ine dit-on, voulu conduire la
Cambrai le veut ainsi tout lui est bon pourvu ; ,
plume : et voilà, conclut-on, ce qui vous a lait
qu'il me rende odieux à toute la terre, en m'iiu. plus de mal devant Dieu, que vous ne sauriez
putant toutes les actions qu'il croit criminelles ;
jamais m'en faire auprès des hommes *. » Me
m'est-ildu moins permis de demander si cet voilà jugé avant le jugement de Dieu sur un fait
acharnement est compatible avec la charité ? où son œil, qui voit tout, sait que je ne suis mêlé
seul, on me charge de tout impunément je ;
eii aucune sorte. J'ai joint le scandale au crime ;
suis celui contre qui l'on n'a pas besoin de et, « telle est, » dit-on , « celte censure irrégu-
preuve, et mon nom suffit pour me condamner. lière , par laquelle vous voudriez justifier ce que
Ne répondez point
qu'on ait : Est-il croyable le public scandalisé rejette sur vous ». »
fait sans vous une chose de cette importance ? M. de Cambrai a été si bien informé, qu'il sait
est-ce une nécessité de consulter un absent ou même combien de temps j"ai caché celte censure
de l'attendre, quand on croit qu'une affaire clandestine. « Pour moi, » dit-il 6, «j'ai compris
presse ? Mais, sans tout ce laisonnemcnt, j'en dès le commencement quelles devaient être vos
reviens toujours à dire : La charité, qui n'est ni raisons,pour cacher depuis plus de deux mois si
querelleuse, ni soupçonneuse, ni contredisanle, mystérieusement cet acte. Vous n'avez mis votre
et qui ne pense pas le mal, croit-elle ce qu'elle espérance que dans le secret. Ainsi, loin de
veut sans témoignage ; ou le dit-elle au hasard, communiquer ingéiuiment toutes choses à votre
pour charger quelqu'un que l'on voudrait pou- confrère, pour l'i-claircisscment de la vérité,
voir déshonorer ? vous n'avez cherché qu'à fuir la lumière, et à lui
l'our moi, j'atleste la sincérité du oui et du |)orter par surprise des coups d'aulant plus
non des Chrétiens, contre laquelle il n'est pas mortels qu'il ne pouvait ni les parer, ni même
permis de s'élever sans raison non plus (\nc , les apercevoir. » La Iraliison est jointe au coup
d'accuser son frère sans preuve, que je n'ai i-ien mortel on ne prêche \\i\' ingénuité, et ce qu'on
;
me l'inipuler : la seconde lettre n'est pas moin.s sien les attentats qu'on croit les plus noirs on :
outrée ni moins aigre que la première « Les se confie en son éloquence, on croit pouvoir per.
docteurs éblouis, » me dit on', « n'ont lu ?i la suader tout ce (|u'oii veut, et on ne \eut pas qu-
hàle ([u'une proposilion di'iachée, où ils ont cru jc déplore une éloquence (pii fait tout oser.
voir sur votre parole, (pie la chair ne se soulève Au reste, un sage lecteur entend assez, .sans
plus. Mais il faut (pie vous ne leur ay(^/ pas même (pi'il soit besoin de l'en avertir, que l'injustice
donné h; lciii|)S d'examiner dans le texte la pé- du procédé dont je me plains dépend iiiiii|uc-
riode entière. » J'étais bien pressant de si loin.
* Deuilèmo L«lira de M. d« Cambrai h M. do Meiiix, iiir U con»
•
rrcni 1 cllro du M. .le CaMibr.ii a M Jo Mc.mx sur la fciiaiiio •iiro dc« dncioiirs do l'urlp, p. 10, II. — ' Ih., p. 'J3. — ' M., p. ÏK,
de» doclcura do l'nris, p. 3. — '
JI>-,V- ''^ — '
H Lolt. |' U îfl. — '/i., p. 31,.1ï,3-., I0,l,-i. — • Ih.. p. J».— Troni. Utt. p. 3,4.
228 LES PASSAGES ÉCLAIRCIS.
iiiciil do la niniiiirfî dont M. de Cainlinii a pris iir que bvs délibérations les plus solennelles
la ccnsuio. Car, au fond, pour la juslifiir il ne , n'ont guère été oomijosées de tant de véritables
Taiil ijuiin mol. Ce prélat a rempli tout llumc et voeaiix. (l'était les religieux qu'on voulait faire
Imilc la terre, du grand nombre des sectateurs les défenseurs du faux pur amour du cinquième
dont il se vantait dans la Faculté de Paris. Tous rang, et de .ses c'était donc le!'
suites affif uses :
SCS écrits le |)orlent encore : et si l'on eu cioit religieux (pi'il donner pour témoins. Si
fallait
ses amis, la seule violeiice cm|)éclic les docteurs l'on ne .s'est pas réduit au nombre de ceux qui
de se déclarer pour le Vwrcdc^ Maximes des samts. opinent dans les as.sembl('(^s publiques, c'est qu'il
Si, h la tin, on a trouvé à ])ro|)OS do les réfuter s'agi>saitd'une simple consiillatidu particulière,
I)ar le fait constant des sifrnatmes contraires, on action donc la Faculté n'eut jamais l'intention
n'a point clierclié jiour cela à prévenir l'Kfîlise de les exclure. La iiiéine raison raison y a fait
romaine, mais à dissiper une prévention dont admetire (]uel(|ues docleius du nombre de ceux
on lAcliait de l'éliloiiir. Quand les mémos, qui qui n'ont pas ac(]uis le temps ni fait l'acte né-
vantaient .--aus cesse la Faculté de Paris, pour ne cessaire pour ac<piérir le droit de suffrage dans
lioint ici parler des autres, ont dit (pie les soi- les assemblées, mais (pii (lour cela n'en signent
x.iiile docteurs qui avaient .signé d'abord, fai- pas moinsdans les délibérations et consultations
.siienl uuc trop pelilo partie d'une Facidté si particulières. M. de Cambrai, je l'avoue, n'est
céjôhrc et h nonducuse avec la môme
la lois si ; pas obligé de savoir ces coutumes de la Faculté;
(acililo on a augmenté les signatures jusqu'à mais aus.si, ne les sachant jias, il ne devait pas
deux cent cinciuante. S'éloiine-t-on que depuis en parler. Il devait encore moins faire impri-
deux ans qu'on ne parle d'autre chose parmi les mer un Mémoire sur cette consultation, où il fait
docteurs, il s'en soit ti ou\é un si grand nombre deux cent cinquante docteurs, c'est-à-dire deux
qui se soient crus |)réts à condamner un petit cent ciiKpiaute prêtres qualifiés dans l'Eglise
livre (pii, d'abord
dés la ])remière Iccltue, les
et et dans une fameuse université, également
si
avait tous scandalisés au point (pic tout le public prêts à signer le pour cl le contre par complai-
a vu (le ses jeux ? S'il .s'en est trouvé qiielqucs- sance pour leur archevêque'. Une craint point
nns(jui aient voulu iilusde temps pour délibérer^ de scandaliser tant de pieux prêtres, ni le peu-
ou sur la forme, ou sur la matière, et sur quel- ple (|ui les voit paraître tous les jours au saint
que circonstance parliculièrc, ou sur (luelque autel avec édilicalion. Voici les paroles du Mé-
raison |)olili(pie ou de bienséance, on les a laissés moire 2 * On est fort persuadé que les docteurs
:
f» leur liberté, .sans les presser davantage, éteins qui ont signé contre .M. de Cambrai auraient
se Hiclier de leur délai , ni même de leur refus. signé tu .sa laveur, si M. l'archevêque l'avait dé-
Au on peut défier M. de Caud)iai d'en
reste, siré. » C'est ainsi qu'il laut parier pour se faire
nonnuer un .seul qui ait allégué pour (xcu.se croire on ne peut olro trop peu ménagé, trop
:
Après un motif si simple et si solide, tous les nombre de i)rélies-docteurs, et, ce ipii e>t pis
attentats contre le Saint-Siège, qu'imagine M. de encore, conlro un si saint archevê(|ue, dont on
(lambiai dans ces signatures, tombent d'eux- vient, autant qu'on peut, soulever le peuple par
mêmes; et loin qu'oïl soit obligé d'y répondre, (les (''crits sans aveu (pion ro[)and dans la pro-
il serait même iiTespoctiioux de les répéter. Il y pre ville do son siège, et dans une ville cornine
a dos |)uissances sur la terre dont le nom même Paris. On siit pomtant l'origine de ce .Mémoire
s'attire un si grand ivspect, (luec'e.st en olfon.ser scandaleux ou voit pour i|ui il (\sl fait, et d'où
;
la maieslé (juc de |)re.suiiux (pTon puis.se pen- il est répandu la chose est publi(pie et on n'en
:
ser conire elles do certaines ciioses. Au.ssi ne lait point de scrupule, tant on .se croit tout [ler-
nous revient-il par aucun endroit (pie Home .se mi.spour autoii.s(r un parti (itii a les chefs que
plaigne du procédé qu'on a tenu en cotte occa- l'on coimait. En (|Uoi l'un coiumol Imis laules
sion. Cnipitales contre la vérité et la charité l'une, de :
Il me suffit, pour justifier mes confrères les faire un crime et un attentat contre le Sainl-
docliiirs, do raconter .sjiiis déguisomenl, et Siége, d'une aclioii (pie les conjeclnres ren-
comme tout Paris l'a vu, l'Iiistoirc de leur .si- daient n(ce.s.s;urc ; l'autre, do la ie\otir decir-
gnature. Ce .sont, à
des d(xtours par-
la vérité, (•(Uislauces atroces qu'elle n'eut jamais ; cl la
ticuliers, (pii se sontunis pour ropou.ssor une troisième , d'en accuser ceux qui n'y ont
caliimnie (|u'on voulait faire à Iciii' ordre, jus-
mais on peut biena^>su-
< M.-m. snr In cnnstill. «{{nëc par dri d<Klcur>do Paris coi Crc U
qu'aux }eux (lu Pape :
(tvro do M. rarclic\ j to de ('«mltral.
.' '
iif., p. 3. —
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 229
nulle part, comme s'ils en étaient les autems. C'est avec saint Thomas, c'est avec toute l'E-
Ce qu'il y a ici de merveilleux, c'est que, cole, c'est avec saint Augustin de mot ù mot,
pendant qu'on élève sescris au ciel contre les si- que j'ai posé le principe de la béatitude connue
gnatures de Paris, l'on en tente secrètement à clair, comme universel, comme incontestable.
Louvain sur quatre propositions, où l'on déguise M. de Cambrai ne peut le souffrir. C'est, dit-il i,
les miennes sur la charité. Ainsi tout ce qu'on un raisonnement de païen, « c'est Cicéron que
fait contre M. de Cambrai est un attentat ; tout « saint Augustin cite « il oublie qu'il ne cite :
ce qu'il fait sourdement est bon, et il semble Cicéron que comme un témoin de la voix com-
vouloir imiter le langage de ceux qui disaient : mune du genre humain, et des Chrétiens comme
« Tout ce que nous entreprenons est saint : des philosophes. La troisième de ces dernières
Quod volumus sanctum est. On a bien vu l'ar- lettres renouvelle cet argument ; selon lui, on
tifice; et sans pénétrer plus avant dans ce secret^ n'a recours à ce principe « que lorsqu'on a aban-
un évêque est en repos du côté de cette savante donné toutes les écoles chrétiennes 2. » H le
Faculté, lorsque, appliqué durant trente ans à fait dire à mon prétendu disciple, pour ensuite
défendre la foi catliolique selon la médiocrité me le faire dire à moi-même : « il cherche, » dit-
de son pouvoir. Dieu a fait qu'il n'a jamais rien on, « et moi après
dans les philosophes lui,
écrit de suspect, et que dans la question parti- païens, dans Caton, dans Torqua tus, dans Cicé-
on voudrait l'inquiéter, il n'a
culière sur laquelle ron, les témoins de la tradition et les principes'
faitque suivre de mot à niot non-seulement fondamentaux de la théologie ; » comme si c'é-
ces fameux docteurs des Pays-Bas Estius et , tait une nouveauté que la grâce fût fondée ra-
Sylvius, mais encore saint Augustin et saint dicalement sur la nature, ou que ce ne fût pas
Thomas, qu'eux et toutes leurs Facultés recon- toute l'Ecole, saint Thomas, saint Augustin,
naissent pour leurs mailres '. Jésuc-Christ même, qui excitât tous ceux qu'il
me fût permis, sans passer
Je voudrais qu'il attirait du dehors et ceux qu'il réunissait au
;
les bornes de cet Avertissement, de repasser sur dedans, c'est-à-dire tous les fidèles, les apôtres
la calomnie que continue contre moi la dernière comme comme les im-
les autres, et les parfaits
lettre, « sur la seule raison d'aimer, » dont je parfaits, en leur proposant pour fin commune
n'ai jamais écrit une syllabe. Cependant on la béatitude. Et parce que je propose ce même
s'opiniàtre, sur le droit, h m'altribucr une doc. principe, que nul n'a nié, que nul n'a omis
trine que j'ai réfutée vingt et trente fois par des comme le principede toute morale, commun
traitésexprès 2. Dans le fait, M. De Cambrai dit je suis un païen; je « ne songe plus que je parle
que lâché trois de mes disciples, » encore
« j'ai « au milieu de l'Eglise, » je paganise « dans le
qu'il y ait deux qui me sontentièrement incon- « sanctuaire, » et je traite comme les j)aïeiis les
nus, l'un desquels se montre mon disciple en secrets de l'Epoux et de l'Epouse : voilà ce qu'on
écrivant ouvertement contre moi, et jiour 31. de me reproche, tant on se laisse entraîner à une
Cambrai: voilà ceux dont on veut me rendre immense profusion de belles paroles.
garant demande, sans exagérer et sans éle-
: je On bien que je ne fais qu'efileurer celte
voit
ver ma voix, seulement si on le peut en con- doctrine on en verra dans la suite (pielquc
:
science? Pour l'autem- de Vêsirs du ciel, on ose autre partie, autant qu'il se trouvera convena-
assiner qu'il « a appris dans mon école à dégra- ble à la matière que j'ai entreprise; mais avant
der la charité ((juclles paroles!) et ci réduire que de l'enlamer , il faut dire encore un mol
toute la religion à un amour de concupiscence important sur les .signatures.
pour Dieu. » On lui im[)0se, il faudrait citer C'est à leur occasion cpie M. de Cambrai tra-
quelques-unes de ses paroles ; on ne l'a pu vaille àrendre impossible l'e.xamen de .son li-
faire:il faudrait répondre aux passages exprès vre. On n'en peut examiner aucun sans le lé-
de l'Ecriture, dont son livre est nu tissu. On duire en propositions [larliculières mais c'est ;
m'impose encore |ilus, puis(|uc piîr.^onne n'ose- là précisément ce (pi'il blâme diins la censure
rait nier que je n'aie toujours «nntcnu sur ce des docteurs. « C'est, » dit-il » « vouloir défigu-
sujet la doctrim- conimuue de l'Ecole et do rer à plaisir ce qui est bon en soi i)our le ren-
saint Thomas'. dre odieux, (pie de démembrer mon ouvrauo
' Div. icrils Cinq, ^crit ; Pri'f sur l'Inst. pnst. Sehola in luto,
;
q. 2, art. B, q. 5, art. 30; q. 10, art. \i. ' Elnls d'or., I. x; Sum. —
;
par proposilicMis détachées. « One veut-il donc
Jocl.; Div. écriU; Avcrtiss.; Deux Ecrit, tiuatr. Ecrit; Cinq. Ecrit; que l'on lasse'/ Ouoi! que l'on transcrive tout un
l'ii (. sur l'Inst. pnst.; Rcp. A quatre kllros ; Schol. lulo, Pni. m livre, et puis «pi'oii le i]n;\lifii' d'un .seul liail,
Uiij. ;
q.l, a. 1; q. 2, a. I, 6,8, 10 ; q. 3, a. 2, 3 q. 4, a. 2; q. 6, a.
;
9, 10, U ; q. 6, a. 1, 2. 3 ; q. 8, a. 2, 3 ; q. 12, a 8, 0, U ; q. 13, sans entrer dans aucun détail iMais écoulons '!
[a raison : « Les incml>rcs i]c ce corps ainsi ilô- besoin de nos livres, sans se laisser amuser au
cliirés, L'I l'-pars rh cl là, ne seraient plus que spectacle qu'un prélat ingénieux donne aux
(les morceaux inanimés, informes cl allércs. » beaux esprits, elle procède à son examen avec
Voilà siins (loule de liciles paroles, mais qui toute sa maturité et sa vigilance. Peut-être que
n'ont aucun sens non jiliis (juc celles (jiii sui- la sentence est déjà donnée, l'our moi, je n'ai
vent :« Nul ouvrage n'est !)on qu'autant (pi'il jamais prétendu que mes écrits fussent néces-
a une vraie unilé qui rend tout entier simple
le saires à autre tin qu'à piévenir dans le peuple le
et inili\isiljle : dès qu'on le coupe par luoiceaux. mauvais effet des ouvrages b ès-séduisanls d'un
il n'est plus lui-uiùuie, et clKupie morceau aiu>i prélat doij^ imposent aux
les airs allirmatifs
plus étrange imagination ? Ce prélat en a senti Quelque peine que je ressente de tant écrire
labsurdilé, et il ajoute « Je suis bien éloigné :
sur une malièie épuisée, cl dont le monde pa-
de i)rétendre que l'Eglise ne puisse pas, quand rait rebuté, je ne dois pas mépriser le moyen
elle le juge à prop;>s, condamner certaines pro- que l'on me présente de pousser à la dernière
positions d'un livre, (jui renferme plus sensi- évidence la démonstration des erreurs du livre
blement (pie les autres le venin de l'erreur. « des Maximes. S'il est vrai qu'on en ait cboisi les
Mais si ce n'est pas cela que vous prétendez, « principales propositions,» pour les confronter
qu'avez-vous donc à reprendre dans les extraits aux passages les plus exiirès, et qu'il nes'agisse.
des docteurs? qu'ont-ils voulu autre cbose, que comme dit l'auieur, que de « justitier cbaquo
de marquer les propositions où le venin se fai- proposition par une simple comparaison des
sait sentir ? On ne lit jamais autrement de cen- piolesdu même auteur avec cellesdessaints'; »
sure particulière, ni jiuidique, ni doctrinale, et le procès sera bientcjt fait, et le résultai sera
toutes les l)elles paroles sur l'unité d'un ou- clair car encore qu'on se prépare dans le nou-
:
viage s'en vont eu fumée. veau livre une espèce d'écliappaloiie, en disant
L'auteur t;\clie de se sauver en cette sorte : pour conclusion « qu'on n'a rapporté qu'une
« Je soutiens seulement cpi'on ne prend jamais très-|)etile partie des expressions des saints au-
en ligiRMUgrauuiiaticale certaines piopo.-i'i'UiS teurs pour en faire une espèce d'essai 2; • il ne
délacliées d'un livre, lorsqu'elles ne contieiment faut [loinl s'arrêter à celle exagération, puis-
(lu'iui langage ordinaire aux saints, cl qui est qu'un liomine d'un si bel esprit, et si attaché à
expli(]ué dans un sens très-contraire à l'erreur son livre, aura sans doute choisi ce qu'il avait
par tout le texte du livre même. » Quelle invo- de meilleur et de plus pressant jjour sa défense.
iution de discours? mais après tout, cela même H est vrai qu'on ne pourrait éviter beaucoup de
c'est la question cl si c'est assez de prétendre
;
longueur en exaiiiinant passage à passag.'. Mais
que « son langage est ordinaire aux saints, » il y a encore ici un expédient h prendre, pour
poin- le soustraire à toute censiu'e, l'auteur s'est ne tenir pas siui jugeiiient en suspens durant
préparé un beau moyen pour éluder non-seule- celle discus.Nion. l'arini ces pro|)Ositions princi-
meiit celle des docteurs, mais encore celle à pales, choisissons d'abord la principale de tou-
laquelle on doit croire qu'il est soumis. Savoir tes, celle du « sacrilice absolu, » et du « simple
nu reste, si son langage est le langage ordinaire ac(piiesceinent 5 sa juste coudamuation de la
des saints, c'est le sujet de ce livre. Du moins part de Dieu. » C'est dans celle proposition que
M. de Caud)rai ne dira pas, connue il a dit lau! se (luit trouver, selon .M. de Cauibiai, l'acte le
de fois, que c'est voidoir éloigner la décision plus parfait du christianisme, et selon nous, le
qu'on attend, (pic de ne le laisser pas parler le \enin le plus manifeste du livre. Commençons
dernier c'est dt-jà se coiitiediie soi-même, (pic
:
par là, sans préjudice du rôle (lu'on pourra voir
de ni'éaire lettres sur lettres, et en mcnie Iciiips dans la suite : c'est là, enencl,que tout aboutit;
me défendre d'y répondre mais après tout l'K- ; c'est là que l'on nous opp^s.- les passages les
plise mailresse va son train réglé: sans avoir plus aflreux. On est placé, (juand ou lit les vœux
i'rtoi. LcUrc, f. 7, ' l'rlnclp. prop., p. 3. — = là-, p. 136.
LES PASSAGES ÉCLAIRCIS. 531
de tant de pieux auteurs pour l'enfer, et les les prenant à la lettre n'en fassent un mauvais
passages terribles, où, h quelque prix que soit, usage. »
ilsveulent être damnés. Voyons s'il est véritable, Mais qui a donné la liberté à M. l'archevêque
qu'ilne s'agisse, comme le déclare M. de Cam- de Cambrai de diminuer la force des expres-
brai à la tête de son livre, que d'une « simple sions des saints, si ce n'est qu'il trouve dans toti-
comparaison de ses parolesaveccelles dessaints. » tes ou dans la plupart un caractère manifeste
Mais d'abordil est réfuté par le titre de son li- d'exagération, qui nous mènerait « si loin au
vre même. « delà des bornes, » qu'il craint lui-même cet
excès, et sent bien le malheur où il tomberait,
Chapitre IL de prouver plus qu'il ne veut, sans le recours
nécessaire à de bénignes interprétations ? Slais
Réflexions sur le titre et sur le dessein du livre des Propo-
sitions. voici pour lui un autre embarras : car quelle
règle nous donuera-t-il pour fixer ces « lempé-
« Principales propositions justifiées par des « rainents » qu'il est contraint de chercher à la
« expressions plus fortes des saints auteurs. » déposition des témoins qu'il nous produit? et
Je demande pourquoi plus fortes que ne sont- : comment nous montrera-t-il qu'il n'est pas lui-
elles précises? c'est la justesse et la précision même de ces « mystiques indiscrets, qui, pre-
qu'il faudrait chercher, et à ne dire ni plus ni nant au pied de la lettre lesexpressionsdessaints,
moins que ce qu'il faut. Mais c'est là ce que en font un mauvais usage ' ? » car c'est là préci-
l'auteur n'ose nous promettre. Ainsi, dès son ti- sément de quoi on l'accuse. Lorsqu'il répète
tre, il sort de l'idée de la « simple comparaison » cent fois, que ces autein-s « sont bien moins pré-
qu'il avait promise, et il nous prépare à enten- « cautionnés » que lui, il ne veut pas dire par
dre quelque chose d'exagéré. « Son excuse, là, qu'il soitplus prudent, qu'il soit plus sage:
c'est, » dit-il i « que les ex|)ressions (des au-
, il veut dire, que ces saints auteurs ayant écrit
teurs qu'il cite) sont quelquefois exagératives, et avant les livres de Molinos, et des autres mysti-
qu'on ne doit pas les prendre au pied de la let- ques de nos jours, ont parlé, comme disait saint
tre. » Ce a quelquefois, » qui semble restrein- Augustin, des Pères qui ont écrit avant la nais,
dre la proposition, est étendu par ces paroles sancc ou avant la déclaration des hérésies,
de la même page par où commence le livre : « avec plus de sécurité » Securhisloquebautur,
:
« chaque proposition attaquée est beaucoup et que depuis, comme dit le même saint, il a
moms forte que celles des saints canonisés ou fallu prendre de nouvelles précautions que les
révérés de toute l'Eglise: » remarquez ces mots, Pères eux-mêmes auraient prises pour confon-
« chaque proposition, » où tout est compris; et dre de manifestes erreurs, s'ils avaient écrit avant
ces autres, beaucoup moins forte; » ce qui
« est qu'elles eussent si ouvertement et si dangereu-
entre si bien dans tout le système, qu'il est com- sement troublé l'Eglise Ut manifesta resistere-
:
ramasse les idées de tout son livre, est encore veaux mysliciues; si par conséquent il n'est
plus surprenant. point de ceux contre lesquels il faut encore se
Ce petit recueil suffit, » dit-il 2, « pour mon-
« précaiilionner et si ce qu'il appelle des précau-
;
trer que les phis fortes cx|)ressions de mon livre tions ou des correctifs, n'est pas plutôt une fai-
le sont « beaucoup moins » que celles de ces ble mitigation, colorée ou de gran-
palliative,
tés, beaucoup de choses que le lecteur ne doit précisément la dilliculté et (|iioi qu'il en soit, :
pas prendre « au pied de la lettre, » tant elles on ne doit point oublier que dès le premier pas,
iraient loin au delà des bornes « d'où il conclut, : et dans son litre, l'auteur du nouveau système
ses propositions, loin d'être si fortes que est sorti du dessein de la simple comparaison
»
que 'i ><
les passages aux(|uels il les compare, en sont qu'il nous avait luoposéu, puistpril estionlrainl
des espèces d'explications pour les tein|iérer; d'avouer que tnule.st plein d'exagération ilans
et pour empêcher que les mystiques indiscrets les paroles rpi'il cite.
' l'riiiclii. prop.. p. 3, — ' Ib., p. IJD. ' Vriiicip. l'iop. p. lu^j.
»
2:»-2 LES PASSAGKS F.CL.WRCIS.
Chapithk III. moi (lu livre de vie '. » El ainsi la condition im-
possible n'est point énonct'edans leurs di.scours.
HJjjIc pour juger des expression» ex.ig<!rativcs.
Néanmoins siiint Cbrysosiume 2, c'est-à-dire le
On nous rojcicz dans la discussion
ilini: Voiis
plus grand auleiir en celle matière, l'a soii.s-en-
[u'-iiilili; cnihanassanle que vous luoniclliez
L-l
tendiie : a Saint l'aul, j. dit-il, « se dév(juait
d'(\ilfr. Vous nous mouliez bien, par l'auteur, pour les Juifs, et voulait être anallième, .s'il était
(|ii'il s'est sei"vi de passages exafiéralifs;
mais il
pos.sible.» Ui même raison oblige d'en dire au-
laiidrait une règle pour l)ien entendre ce qu'il tant de .Moïse, (pii n'a pas moins vu que saint
en l'aut raliallre. Il est vrai et l'auteur du nou- ;
l'aul rimpo.ssibilité de sa ilitnaude.
veau sjstème, ipii met le fort de sa cause dans JI' principe. —
L'impossibililé dont il s'agit
des passages d'une manifeste exagération, dc- n'est pas celle qu'on lediercbe dans des spécu-
v;iil donner celle règle aulreuienl il se rend le
:
lations a! straites et mélaplijsiijues mais celle ,
mailre de |»ous.ser ou de leu)pércr h sa fantaisie qui est révélée de Dieu selon ce que dit saint ,
les ex|)ressii)ns excessives, et il compose un sys- l'aul, que Dieu allermit noire salut « par deux
tème arbitraire. .Mais ce qu'il n'a pas voidu ou " choses selon les(|uelles il est impossible que
qu'il n'a pu faire, je vais le faire pour lui.
Voici
« Uieu mente » Quibus ivipossibile est mentiri
:
la règle ;
Deum i. » Le même .\p(jtre établit encore dan
Toutes les fois qu'on fait avancer h ceux (pi'oii
le même chapitre cette impossibilité, en disant :
siq)pose saints des impiélés, des blasplièiues, de « Dieu n'est jtas injuste, pour oublier vos bon-
manifestes erreurs contre le fondement de la foi, • nés œuvres ». » Ainsi, l'im possibilité dont i|
iilaul croire (juc c'est exagération, et en rabat- s'agit est de la foi. H est impossible que Dieu soit
Irece qui nMifermcrerreur ou ce qui y conduit. « menteur; « il est impossible (pie Dieu soit
faire pénitence, continuer à servir Ilieu juMpi'fi l'aul savait (lu'il ne serait iioiiil anallième
la lin, i)endant qu'ils se cruient damnés ou le 1\' principe. —
Selon ces [tiincipes, la béati-
voulant èlrc, on voit bien cpie un transport e'esl tude éternelle n'a jamais été arrachée du cœur
(pii inporle une vi.sible exagération. Mais, pour
( de ces deux grands sainis, pas mèinc lorsqu'ils
ici reclilier toutes ses idées et n'en
prendre que semblaient y renoncer pour la gloire de Dieu et
de cerliiiiu's, je (humerai (juebpies principes de pour le sjiliit de leurs frères.
solulioii à tous ces passages, évidcnnncnt dérivés T' principe. Il est révélé de Dieu (jue la clia-
de celte règle. rilé n'est jiasune simple bienveillance (pii ne
Chapitre IV. serait pas réciproque, mais un amour d'ami h
Sept principes gdn^raux de solution lire» do la rople précé- ami ce (jui (îst fondé sur ce que tout amour est
:
propo^é par aucun des saints (pie sous condition quelle, par coiisé(|uent, doit être présupposée
cl par supposition im[>ossible exprimée ou sous.
(lans tout acte de charité , tel qu'était celui du
ciileudue. La preuve en est claire par les exem- Moïse et de .saint l'aul.
gue en ce sujet, ils parlent lousdeiLX absolument- charité pourrait avoirun motif plus haut, pour
« Je voulais être anallième, » dit saint l'aul '. aimer Dieu, que celui de sa bouté bienfaisante
« .Si vous ne pardonnez pas à ce peuple, ellacez- I
/,j </ . A XII, 3J. — lloin. 10, 17, 1,1 lif.adliom. — > Utlr.,
AtfM., IX, X »l, 19. — « /6., 10.
— ,
envers nous et de notre béatitude : ce motif sera vait la prière des saints devant lui, puisque
l'excellence de la nature divine. Mais elles ne 3Ioïse, « assuré de sa justice, » qui « ne pouvait »
font pas voir que ces motifs soient séparables, en pas l'effacer du livre de vie : Securus dejustitia
quoi consiste l'erreur du nouveau système. Dei, quœeum non posset, obtint de sa mi-
delere
fil" principe. Cette manière de dévouer— séricorde qu'il pardonnât à ceux qu'il pouvait en
son salut quand on sait avec pleine sécurité effacer avec justice. On voit toujours cette pieuse
qu'on ne le peut perdre, mais qu'on l'assure sécuiité de Moïse, qui entendait parfaitement ce
plutôt par un si grand acte, est un transport, un que la justicede Dieu rendait impossible. Il parle
excès que de saints auteurs ont appelé une sage dans le même sens sur le psaume Lxxvn, oii il
et amoureuse folie, à cause qu'un si beau trans- suppose toujours que Dieu, « ne pouvant » en
port était au-dessus de toute raison et le pui" aucune sorte de vie, se porterait
l'ôter du livre
fruit d'un amom- qui n'a point de bornes. par sa miséricorde à y laisser ceux qu'il pouvait
priver de celle grâce K
Chapitre V.
Autorités des saints Pères pour les sept principes précédents.
La tradition de cette sécurité ])araît encore par
les passages des autres Pères, que j'ai rapportés
Quoique la malière de ces
j'aie traité à fond ailleurs 2; et, pour ne pas oublier
auteurs les
sept principes en divers endroits, et que j'ai rap-
mystiques, je produirai Denis le Chartreux, qui,
porté au long les passages qui les établissent ' , se conformant, comme il le déclare, à saint Au-
il estde telle importance que le lecteur ne puisse
gustin, a parlédans le même esprit; et l'abrégé
douter de cette tradition, que je la remets encore de son interprétation est dans ces paroles « De :
point arriver qu'il fût effacé du livre de vie même. Seigneur Jésus, que je suis certain
Dieu remettrait au peuple le pécbé qu'il avait que vous ne permettrez pas que je sois séparé de
commis. » vous, je demande d'être certifié de la conversion
En un autre endroit « Avec quelle sécu- '*
: des Juifs » Conformément à celte doctrine, si
'i.
rité a-t-il dit ces mots « Effacez-moi du livre : constante dans toute l'Eglise et dans tous les
« de vie! » Qitam securus hoc dixit! considérant temps, saint Cbrysostoine oppose toujours à l'a-
la justice et la miséricordede Dieu, alinqu'élaiit nalhème de saint Paul la condiliou, « s'il était
bien certain qu'iui Dieu si juste ne perdrait pas possible : » ce qui lui a fait lirer celle consé-
un innocent , sa miséricorde sauvût les |)é- quence que j'ai remarquée , (ju'il savait au fond
cbcurs. » de sou cœur que Dieu, loui de le baimir de sa
Suint Augustin ne parle pas ici que de Moïse ; présence, lui assurait d'autant plus sou éternelle
mais comme l'analhème de saint Paul, dans le union, qu'il semblait en (pielque l'aeou l'abaii-
chap. IX aux Romains, s'oxpli(iue de la mOiiic douner pour l'amour de lui.
sorte et par le même priiicii)e, le Vénérahlo J'ai aussi ra|iportê ailleius deux |)assages de ce
(/(«?)(, ne itlos quos jusle possct , deleret : Moïse lanldefoisprodiiils, ni eeu\ ipiej'ai rapporlésde
s'oppose pour eux à la colère de Dieu, eu lui di- sain! jîeniard sur les excès de la .sainte E|)oiise,
sant :vous ne voulez pas leur pardonner ,
« Si qui ne se possède plus, enivrée dans le cellier
clVatx'Z-moi de votie livre. »Uii [jarntce {pie |iou-
— ' /» lisal. I.XKTII, n. 22— ' Qiiirl. reJ-, S«t. &, en/». 2. — ' In
I(i|). i quitra IcUreifOtc; ScM. in Ul., q. 12, part, I, orl. V. Bpisl. iid Jiom. ix. — ' lloin. 16 in Episi. od Rom liom 4 in /i>n,
J Qwril. in Biod. cxLvIi. t. III. —
' End., xiU, 32. — « Serin. !>».
n./ l'hilip. — > litp A ,|ii,urc kllrc.. ' llom lU m
.
iipul.mdi(iim-
.ai, t. 7 '•
Jncap. IX ad Uom.—" Aug. inpsttl.,cv, ii.2l, t. IV, — ' Iluni. 1!), ;ub fin. — » Jllm., vm, *).
est LES PASSAGES riCLAÎRCIS,
(le l'Erioux, et y oubliant « tout cefin'elle sem- de Jésus-Christ pour ses frères qui lui étaient
a Liait avoir de raison, de conseil et de jiifîc- unis |)ar le .<ang, l'exemple du Sau-
voulant |)ar
« ment '; » ni res paroles expresses du xYnérablc veur, se donner en échange pour le salut de
Guillaume de s;iint Tliicni son conlcmporain tous; quoiqu'il sût bien qu'il était impossible
cl riiislorien de sa vie ': « Ecoulez nnc sainte d'élre séparéde Dieu, en s'avançanl par sagrûcc
folie « Si nous excédons dans notre esprit, c'est
: et pour l'amour de lui-même à la plus parfaite
pour Dieu. » Voulez-vous entendre une autre fo- pratii|ue du commandement, cl même que par
lie? « EfTacez-nioi du li\redc vie. » En voulez- ce mo\en il devait recevoir !)eaucoup plus qu'il
vous encore une autre? écoidez rAp(')lre; « Je ne doimait » .\insi, selon saint Basile aussi
'.
désirerais élre analliéuie. » C'est l'ivresse des bien (]uc selon saint Chrysoslome, loin que
apôtres remplis du Sainl-Espril; c'est la folie qui Moïse et saint Paid aient laissé aiïaiblir en eux
lait dire h Eestus : « Paul, vous èles insensé, le désir de leur union avec Dieu, ils sentirent
« vous cxtravaf^uez. » J'ai cité déjà i)lusieurs au contraire qu'elle n'en serait que plus grande
fois ces autorités 3 dans les livres contre lesquels par leur abandon.
on a publié des réponses; et la marque bien as-
Chapitre VL
surée qu'on n"a rien à dire, c'est qu'en effet on
Deux autres principes.
n'en parle non plus, que si ces autorités n'appar-
tenaient pas h la question, au lieu qu'elles le dé- VII!' principe. — Pour exciter sa paresse, el
cident; mais, comme si on y avait répondu, on s'encourager à courir dans la c<irrière, on peut,
continue de me prépai er un mauvais procès sur en se proposant princiiialcmenl la gloire de
les pieux excès, sur les pieuses folies, en répé- Dieu, agir aussi en vue de la récompense: cl c'est
tant ces mots à toutes les pages, comme s'ils ce qu'a David en disant: « J'ai porlé mon
fait
par la perIVclion de la nalme divine, connue bat etiim in remunerationem s. C'est l'expresse
par un molil iirincipal d'amour et encore que ''; délinition du concile de Trente *, qui montre
dans le fond il n'> ait rien de plus naturel à l'a- dans les plus parfaits le motif subordonné delà
mour que de s'élever aulaiit qu'on le peut au- récomiiense, uni au parfait et principal motitdc
dessus de toute raison pour ne consiilter que la charité.
lui. — Rép. & r|M«l.lctl.— »0« Triiil., I. Tiii.ctp. ult., n. U, t 8 ' s lu*., Rrj./ut . initrroj 3. — :
l', . Mtiii, — >lliU.
— Ci-dciiu», t. i- X', ao. — «Scj». 6, U.
.
2. Que les sacrifices des âmes désintéressées sespéré, loin de consentira sa juste condamna-
sont d'ordinaire conditionnels, mais que celui- tion, l'on y oppose au contraire la miséricorde
ci est absolu. (P. 86, 90). qui en empêche l'effet '. »
3. Que le cas qui paraissait impossible dans le Il donc |)lus clair que le jom- que l'ac-
est
sacrifice conditionnel, parait alors possible et ac- quiescement simple dont il s'agit en ce lieu,
tuellement réel. (P. 90). n'est autre chose qu'un consenlement à sa dam-
1. Que l'âme est invinciblement persuadée, nation; c'est aussi ce qu'on appelle le sacrifice
d'une persuasion réfléchie, qu'elle est justement absolu : et quand après on avoue que dans cet
réprouvée de Dieu. (P. 8). acte consiste la délivrance de l'âme persécutée
5. Que la conviction en est invincible. (Ibid)- de la tentation du désespoir, on avoue une ten-
6. Que l'âme est incapable de tout raisonne- tation, et encore une tentation aussi mortelle
ment, et ainsi qu'il n'est pas question de lui pro- que celle du désespoir à laquelle le vrai remède
poser le dogme de la foi, ni de raisonner avec est d'y succomber.
elle. (P. 88, 90). Ces deux seules propositions renferment le
7. Que l'âme est alors divisée d'avec elle- venin de toutes les autres, et même de tout le
même, et qu'elle expire avec Jésus-Christ, en système. On ne peut pas dire que les dix propo-
disant: Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'avez- sitions sur les(]ueIlos il roule puissent être sau-
vous abandonné ? (P. 90) vées, en disant qu'elles sont e.xagératives, puis-
8. Que cette division consiste à faire le sacri- qu'on a promis dans le livre toute la rigueur
fice absolu de son inlérôt propre pour l'étcrnilé liiéologique. D'autre part, toutes précises qu'el-
et à regarder le cas impossible comme réel et les sont dans l'intention de l'auteur, elles pas-
actuel. sent ce qu'il y a de plus excessif dans les autori-
9. Que l'âme fait en cet état, avec le consen- tés qu'il veut mettre en comparaison avec elles.
lement de son directeur, un acquiescement sim- Ainsi, loin de tempérer les sentiments des saints,
ple à la perte de son intérêt propre, c'est-à- comme l'auteur nous le promet, on va voir (jue
dire, comme on vient de voir, del'intérêt propre ces propositions sont poussées beaucoup au-
même éternel, de l'intérêt propre pour l'éter- delà de ce qu'il y a de plus outré dans les pas-
nité, et cl la juste condamnation où l'on croit
sages.
Chapitre VIII.
être de la part de Dieu. {P. 91).
Auteurs allégués en conrirmatioii des propositions du nou-
10. Que c'est par cet acquiescement que l'àmc
veau système.
est délivrée, de sorte que sa délivrance dans
cette tentation, qui est celle du désespoir, con- Notre dessein nous renferme dans les passa-
siste à y succomber. (P. 92). ges que l'on allègue pour juslifier les excès du
Au reste, « l'acquiescement simple à sa juste nouveau système sur les épreuves, et sur les sup-
« condamnation de la part de Dieu, » n'est rien positions impossibles. On les peut considérer on
de moins ici que l'accjnicscement simple à sa dans ceux qui les ont mis acluellemeiil eu pia-
damnation éternelle, que l'âme qu'on intiotluit lique, ou dans ceux qui les considèrent par pure
croit mériter par ses crimes, sans y avoir au- spéculation. Nous Iraiterons à part ces deux sor-
tes d'autorités, et nous allons commencer par
cune ressource.
C'est en vain que l'auteur répond *, que cet ac- les premières, qui sont les plus fortes.
quiescement n'est autre chose h cette âme, Premier auteur : La bienheureuse Angéle de Koligni.
qu'une sincère reconnaissance qu'elle mérite I' passage. « Je cria i, dans — la doulem- la
d'être damnée: car, sans parler encore des au- plus amère Seigneur! (juoiqueje
: sois damnées
tres raisons, on n'a |)as besoin d'un avis parti- je ferai néanmoins pénitence'*. »
culier de son directeur pour reconnaître (jn'on //"' iHissayi'. — « En me voyant damnée,
je ne
mérite d'être danmé : c'est un acte de tous les me soucie nullement île ma tlaumalion, parce
moments, qui ne |)résu|)i)ose (|ue la persuasion que je me soucie et m'afUige bien plus d'avoir
(|u'on esten péché murlel, où le directeur n'in- offensé mon Créaleiu'^. »
tervient pas. Celle hninble rceouuaissance n'est lll" passaijc. — « Si je savais très-cerlainemcnt
pas aussi un acte qu'on « laisse faire » seule- (juc je serais daiimée, je ne pouriais en amiine
ment; c'est un acte que l'on conseille positive- la(;on en être allligée; je n'en travaillerais ni
ment, pourvu (in'il soit accompagné de la con- n'en ferais i)as moins oraison, ni n'en servirais
fiance (jui fait demander pardon. Mais alors pas moins Dieu tant j'ai conq)ris sa justesse et
:
B loin (l'acquiescer à sa perle, ce qui est d'un dé- ladroiture de ses jugenienis ''. »
sur loqui. sec. a,— > l'rincip. proi' |'«S **•
-• /.
I
< Mi'i- l.cllri- It .M .II- Mcunx, y :.. Ucux.Lcllro cil rtp. 4 ccilo
1
Itcl t., 7, ii
IV' passnqe. — « Priez la justice de Dieu que si amèrement, qu'il n'y a en eux que malice? Ce
celle idole loiiibe cl se brise, pour lu.inilesler n'e>t là au fond qu'une explication de ce que di-
ses œuvres diaboliques cl ses ineiisonjies, elc. Je s,iit le .s;nnl .Vpôlre « Je ne trouve point de bien
:
Itrie le Fils de Dieu, que je n'ose nomtiier, que " en moi', > c'est-à-dire dans ma chair, dans
s'il ne nie iiianiresle |)()int par lui-inènic, il le ma convoili.se et un peu ajirès « Je ne fais pas
; :
fasse par la lerre et fiu'ellc m'engloulissc, afin « le bien que je veux, mais je fais le mal que je
que je serve d'exemple '. » « ne veux pas' ;n ce qui n'empêche i)as qu'on
y- passage. — « Sei;.'nciir, si vous devez me dise avec une entière confiance « .Mdlieureux :
précipiter dans rai)iuie, ne lardez mais pas, a honnne que je suis !» et < Qui me délivrera? :
iailes-le soudainement; et piiisipie vous m'avez a la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Sei-
voir qu'elle i)arle avec transport, avec excès, Contra spem, in spem « en esi>crance, contre ;
(|ui défend d'attribuer aux funes simples des sen- difficulté; et il serait même inutile de produire
timents impies. Klie parle donc avec une jjleine les autiesaideurs.qui sont tons ré.solus en celui-
sécurité, (]u'il n'en était rien et qu'il n'en pouvail ci, s'il ne fallait montrer une fois combien de
rait damné, ou s'il serait sauvé ?. » tre ?à Dieu ou à vous? Ce n'est pas à Dieu, qu'on
« Il avait une très-grande peine d'esprit, suppose n'en rien savoir c'est donc à vous pour : :
croyant certainement qu'il était damné. Tous vous donner le plaisir de- connaître que vous ai-
les hommes du monde ne lui auraient pas ôtê mez purement, vous le voulez ùter à Dieu. C'est
cetteopinion.... Cette peine lui avait duré quatre donc vous que vous regardez et non pas lui. Quoi i
Cette autorité est si importante, qu'on la répète saintes folies, le saint enivrement de l'amour.
de Sales, et réflcxluns.
afin que n'en recevant point de récompense, il
eût le plaisir de faire quelque chose purement L'embarras du nouveau système parait prin-
pour Dieu. » cipalement dans l'acquiescement simple, avec le
Réponse. —
Elle n'a qu'un mot l'excès, l'exa- :
consentement d'un directeur, à la « perte de l'iu-
gération sortent partout dans les paroles de ce « térét propre, » et, ce qui est encore plus clair,
bon religieux il croyait êtredanmc, sans perdre
;
à sa « juste condamnation de la part de Dieu, »
pourtant cette « pleine sécurité » dont nousavons que croit mériter une àme qui se regarde invin-
tant parlé aprèsles saints Pères ; tout est fini par ciblement comme criminelle; ce qui emporte
cette réponse. nécessairement la damnation. Pour parer ce
Mais que veu dans le fond, sur le pa-
t-il dire, coup, l'auteur a recours à saint François de Sa-
radis etsur l'enfer, dont il ne se soucie point? un
les, et, dit-il', le « terme » d'acquiescement
autre mot leva expliquer. Il ne s'en soucie point simple « est préci.séiuent celui dont saint Fran-
du tout, et cela ne lui sert de rien; à Dieu ne çois de Sales se sert pour ces occasions. » « Pré-
plaise; c'est se déclarer supérieur à David et à « cisément, » c'est tout dire; mais examinons
Moïse, aussi bien qu'à saint Paul qui l'a loué*. ces passages.
Il ne s'en soucie point, pour s'en occuper uni-
/" passage. — « Entre tous les essais de l'a-
quement, principalement, finalement; c'est ce mour parfait, celui (pii se fait [lar l'acquiesce-
qu'il veut dire, et il sent qu'il .se faudrait oiihlier ment de l'esprit aux trihulatious spirituelles,
soi-même, plutôt que d'oublier Dieu, qui lui est estsans doute le plus fin et le plus relevé. »
plus cher que lui-même. C'est ce qui n'est pas Ucpouse. —
La proposition de l'auteur re-
en dispute et tout ce qui est au-delà ne peut cire
;
garde l'acquiescement à la « juste condamna-
pris à la lettre sans nue erreur insensée. « Sa vie, « tion de la |)ail de Dieu ^ : » le passage pro-
dit-il, est un libertinage et une réjouissance per- duit pour la .soutenir regarde « racquioscemeiit
pétuelle; » sans iuipiiélude, sans trouble, il est « pour la trihulatioii spirituelle : » deux choses
plus fibre, il est plus content que tous les lioni- très-dilléientes : c'est ainsi que l'auteur est
mesdu monde. précis.
Au reste, quelque excessifs que soient ces pas- Il" passage. — Il ne reste plus à l'âme « (jue
sages, je n'y vois point, non plus que dans les la suprême pointe d'es[)rit, huiuelle alta-
line
autres, le sacrifice absolu ni l'impusssihle réa-
chéc au cœur et bon plaisir île Dieu, dit par iiu
lisé, ni l'absolue incapaiiléde raisonner, ni l'ac- très-simple ac(piie.scement : Père éternel !
quiescement sim[)le à sa juste coiidauiiialiou, ni mais toutefois ma volonté ne soit pas faite, mais
les autres expressions ([iii font voir le dérègle- la votre '. »
ment du nouveau système, où l'on enchérit sur liciHinse. — Le sens est : « Père éleriiel !
les expressions les phis exagératives. je voudrais bien être quitte de celte privation
des consolations et do cette peine accablante :
I
Trois Kcrit, ij, im; — ' Princi).. |.roii. ji. 45. — ' /!., p. 53, (
• (.i-dohsus, c I» >
cl 0, itrincip. I
rrliicii>. 1
1. |os , p. 63. 10., - • /«., p. M.
238 LES PASSAGFS KCf.AlHCIS
mais je me soiimels. Il s'ag:il donc de celle Kpoux. Celui rpii n'est pas abandonné
(e céleste
ppinc parlinilicrr, et non pas, en f;onr'ral, de la dans le lalin, qui n'est pas rési-
fiirfsiqiialu/t,
jiislo ronilaiiiiialiiin qne mérilc de la part de nué, qui n'est pas soumis à snuflrir ces peines],
Dieu IVinie criniintllc. croit avoir tout [lerdii; et par là étant lond)c
///• pasxdfie. —
Le sacré acquiescement se
« dans une profonde trislcsse et un liorrible dé.scs-
f.iil dans le fond de l'àmc en la suprême et plus" poir, il dit : C'est fait de moi, je suis perdu. »
dc'licalc pdinlc do IVs|iril '. » Hlosiiis ajoute ', quon doit « alors s'efforcer,
IWpovse. —
On ne voit dans ce passa?;e, non afin que d'im esprit abandonné et libre on
plus que dans les passades prt^cédenis, nnlle puisse dans l'intérieur être privé de Dieu même,
niciilion de perle alisolnc de l'inlérèl |)ropre, de soi, et de toutes les créatures, conservant
ni de juste condanniation moiitée du cùté de une véiilable paix. » Jusqu'ici sont les |)aroles
Dieu. Il .s'a;;il du sincère acquiesccmcnl à la filées de Louis de Dlois. e( l'on voit qu'il parle
volonté divine rpii nous envoie celle peine sans des épreuves connue un lioimne qui y a passé.
nous en nioiihrr la lin si ce n'est, ajoute le : Hépouse. —
Nous dirons bientôt ce que c'est
sainl, « à la pai lie liante où la foi nous assure (jiieces « Je crois, » d'inîagination. Tout le reste
qne le trouble linira. » Il s'a;:il donc d'une n'est qu'exagération : c'en est une d'un grand
peine qui de sa nature doit finir, et non de la excès que cet « borrible dé.sespoir : n l'on appelle
juste condamnation, dont l'eflet est itdcrini- lie ce nom qui nous y porte, cl à
la tentation
nablc. Voilà coninie on prouve ce qui est pro- hupielle on croit souvent avoir consenti, quoi-
mis si précisément et si solennellement. qu'il n'en soit rien.
Non-seulement on ne Irouvc rien, dans les Cette perle « intérieure de Dieu, » avec ce
passa;:es de l'auleur, qui revienne à ce qu'il c total délaissement à .soi-même, » est durant
promet mais on y trouve le conlrane.
: certains moments une privation de tout secours
Le premier passade reparde la lésignalion ' : aperçu et sensible, pendant laquelle la concu-
or nous avonsdémontré ailleurs, que la résif^na- piscence déploie tout ce qu'elle a de malins
lion, aussi bien que rindiflérence, à la i)orter désirs. Mais ces assurances de sa damnation
au plus loin, se borne dans les privations des « sont accompagnées d'une sécurité, » qu'il
grAces sensibles, sans jamais passer au delà, n'est riende lout cela, et n'en peut rien être;
ainsi qu'il est accordé par les Articles d'Issy. puisque toujours on continue à servir Dieu
l'ar là s'explifpie le second passage qui n'est « d'un esprit résigné cl libre » auimo resi- :
qu'une suite du iMcédenl. (liHilo et libcro. que ce sont là, comme De sorte
J'en dis autant du troisième qui se trouve dans la bienbeureuse Angèle, et dans les autres,
six lifîiies après dans la même jiajze, et dans la de pieux excès, et de ces sages folies du .saint
continuation du même sujet. Il est donc très- amour, semblables à celles de la croix où Jésus-
clairement démontré que les trois passages, qui Clirist a signalé son amour par des excès au-
doivent être précis, ont un sens tout opposé ù dessus de toute raison, quand il a dit < Mon :
dans l'endroit le plus essenliel du nouveau ail pu perdre sa sécurité dans cet effro\able
système, où son aulein- avait besoin des passages délaisseinenl. En cela il est imilé par ses servi-
les plus piécis, et les avait promis tels, il n'a teurs, en leur manière, cl selon la mesure qui
fait que se jouer de son lecteur |)ar où l'on : leur est donnée dans les épreuves les plus vio-
peut juger des autres passages, non-seulement lentes.
dans celle matière, mais encore dans toutes les Nous avons vu néanmoins que l'auteur du
aulies. nouveau système refuse de convenir de celle
a sécurité ' » mais c'est disputer contre les
;
Quith^me tuteur : da Biais. peiné de Blosius, c'est que cet liomme, exercé
« Un liomme, dit-il 3, dans les épreuves, par une épreuve si rude, est « en paix *, »
abandonné à lui-même, croit qu'il ne lui reste eoiiime le rapporte l'auteur. J'ajoute que Blo-
aucune comiais.sanee île Dieu il croit avoir :
sius lui lait embrasser sa peine en ces termes:
quelque bonnes qu'elles soient, il croit oITenscr < de toutes grtlccs » Hulve, atnaritudo aiiiuru- :
sima onmi gratia plcna : sa sécurilé est si qu'il en est convaincu ; mais seulement qu'il
grande au milieu de sa damnation prétendue, le croit.
qu'il y voit les grâces jusqu'à l'abondance. Enfin le troisième croire est celui des âmes
Ce sont donc
de pieux excès, de pieuseslà peinées qui croient consentir aux tentations,
exagéralions,pour exprimer une peineexirème. qui se voient perdues même sans ressource, et
Mais, quelque fortes qu'elles soient, elles sont ne croient passe pouvoir jamais arracher cette
bcaucoupau-dcssous de cequeditde sang-froid impression funeste.
l'auteur du nouveau système, puisqu'il ajoute Ce dernier C7-oire de sa damnation tient quel-
avec la réflexion dont Louis de Blois ne parle que chose du précédent; mais ilsup|)ose dans
pas, « l'acquiescement simple à sa jusle con- les âmes saintes cette pleine sécurité, qu'il
damnation de de Dieu, l'incMpacité de
la part n'en est rien, ainsi qu'elle est expliquée ci-des-
raifonner» en aucune sorte, et par conséquent sus, dans les Principes '.
l'inutilité de parler à cette âme désespérée, ni Quand l'auteur du nouveau système croit
des dogmes de la foi, ni de la raison; choses si sauver ses « persuasions et convictions invin-
éloignées de Louis de Blois, qu'on n'y en volt « cibles de sa juste réprobalion » par c.is croire
différent de lui par des caractères si marqués. voire service soit raisonnable '; » ni par con-
séquent, qu'il ne soit plus question de leur pro-
CnAPlTRE XII.
poser ni la raison, ni le dogme de la foi. Toute
Règle pour entendre le croire des âmes peinée&
la pratique des saints, et notamment celle de
Avant de passer outre, pour entendre com- samt François de Sales, csldiiectenient contraire
ment on a dit tant de fois, dans les passages |)ré- à celle-là. Nous avons démontré ailleurs 3, selon
cédents, qu'on croyait être damné; il faut dis- les maximes de ce saint, qu'en quelque peine
tinguer trois sortes de croire. 11 y a, première- que soient plongées les âmes, on leur doit tou-
ment, le croire de la partie raisonnable et supé- jours proposer la boulé de Dieu qui ne leur
rieure, soit par o[)iniun, soil par démonstration manquera jamais; et l'auteur du nouveau sys-
et par science, soil pai' la foi. tème l'a supposé avec nous dans les Articles
Le croire de la science et de la démonstration il'Issy''. Ces vérités établies, continuons à exa-
s'appelle cou\iclion et jugement fixe, ce que miner les auteurs qu'on nous objecte.
saint i'aul allribue aussi à la loi, qu'il a nom- ClIAPlTnE Xlll.
mée « un(; conviction des choses qu'on ne voit
Suite des .Tuteurs.
pas • : » et ailleurs aussi juyemciil, confor-
Cinquième auteur ; to bienltciiroitx Jean do la Crjiv.
mément h celle parole: « Je n'ai pas jugé que
« je susse autre chose parmi vous si ce n'est En pesant toutes les paroles d'un autciu- si
« Jésus-Christ 2. » profond et si solide, on remarquera aisément
eu en second lieu le croire des songes,
Il y a ce «m'y ajoute le nouveau système.
que exprime aussi quelquefois par voir:
l'on I" passade. — « L'àme voit plus claiique le
aus.si se peut ia|)p()iler le croire de ceux dont couciipiscence qui en csl la source, el dans le
png. 26. cil nul.vJit. 29. — ' Art. 33. — ' rrhici)). |iro(M)».,p.
,11.
quoique dans \o fond do sa consrif nrc clin ne se Itt'ponse. — Je ne sais pas comment l'auteur
sente point coiiii.ilile, |inis(|ne le |ilus souvent, ne sent point ici celte iin|)uissance n'eue mais
cllecoinniunie à son ordinaire, el n'abandonne di\iue, où l'.Unc .se trouve, s<'uis que les pantles
point son oraison. des houunes puissent mettre fin à l'opération
Suite (lu pnsxaije. « Ses confesseurs la sa- — de Dieu, mais .scidcmcnt soutenir les ùmcs pen-
criOenl de nouveau '. » dant qu'elle dure.
liciiiiuse. — \'.n la condamnant comme si clic /// ii'issage. — «Il lui semble clairement que
('lait tond)ée en ces peines |i,ir punition de ses Dieu rabaudoiine ; c'est une |>cine lamentable
péchés, et la rati;4u;uil de ivnfexsioiix gciiérnies de croire ipie Dieu l'ait abandonnée •. »
(pii ne sont pas de saison; circonstance inni- llépaiise. —
Tout ceci regarde le sensible.
(juéc par le hienlicureux '^ et qu'il ne fallait L'àme, poursuit-il, .sent fort au vif l'ombre de
pas omettre. la mort... elle con.sisle à se sentir sans Dieu,
Suite (lu jxm^age. « H n'est jias question de — c;ir tout cela .se seul ici... Elle sent aussi le dé-
ceci ni de cela, mais de les laisser dans celle las,s«'inent des créatures dont elle .se .sent mé-
purgation, en les consolant el encourageant à prisée; » besoin qu'elle se
et ailleurs ' : « Il est
vouloir cela, tant (piil plaira à sa di\ine ma- voieet.se sente éloignée de tout bien. » Voilà
jesté :i. » ce qui se trouve dans tout le sensible; mais
licpouse. — Il y a ici deux conseils : l'un de tout cela n'est .suivi d'aucun cfTel réel : point de
laisser les Ames dans celte pnrgalion ; l'autre, sacrifice absolu ; |)oinl d'acquiescement simple,
de les consoler el encourager. et quoi()uc l'Ame ne sente pas qu'elle doive ja-
l'ar le premier conseil, on lesohlige ;\ ac-
mais .sortir de colle ])eiue, elle demeure en son
quienrer, condamnation
non pas « à leiu-juslc fond dans une pleine sécurité, i)our les raisons
de la part de Dieu » ;\ Dieu ne plaise mais à ;
!
(|ui ont été dites, et pour celles qu'on verra
laul pas cesser de que ces la cous<pler, bien (pi'elles l'aiment jusiiu'à donner pour lui mille
consolations, an lieu de dimiiuier s;i douleur \ies. .Mais ce qu'il y a ici de parliculier, c'est (]ue
présente, souvent raugmeiileiil plutôt dans les dans les temps d'épreuves, leur amour, bien
moments ". puiMpie, tout eu les augmentant» éloigné de les coiKSoler, leur tourne en afllic-
elles ne laissent pas de lui apporter un grand, lion, quand « elles croient voir en elles-mêmes
(jiioicpie imperce|itible soutien ; le bienbemeux des causes d'èlre délais.séepet rebutées de celui
axait parlé correctemeiil ; mais on a outré sii qu'elles aiment el qu'elles désirent sipassionné-
doclriiie en altérant son passage. menl«:» et lout cela, je vous prie, que.sl-cc
//' p(tssa(je. « L'Ame en cet —
élat peut antre cbo.si' merveilleux de l'amour
(lu'un jeu
aussi peu de chose que celui qui est dans un el de ces excès, Iranchous le mol après tant de
cachot obscur, les fers aux mains cl aux |)icds,
sans .se pouvoir remu(>i .
•>
'T*rinc prop.. p. OJ . O *c. »«ii. 1. il. <•• 6, p. 'JT». — II., p. U
<
Prinrip ftap tlnil —• Cn —
rrincIp.propM.. i6i((.
1..^»». ' cl l'.'l I* , c. 9. P- ïl'l. — ' PriiK'Ip. prop., p, TI ; C>6«c. ilMif, c. T
— rr>>l"suc. —
, ,
'
1 lr:r., V, 7.— • l'riiicip. |n.|.„ tl.ul.~t /4., |,„g. o»; 0*K. p ïij
« » (Xac. «mM. Il,c. 1 (lur li nii), p- 236
.....(, l. u.c. 7, !.. !*«. — ' tl>., \' *3.
LES PASSAGES r:CLAlRCIS. 241
saints auteurs, de ces sages folies qu'il inspire ? ter la gnose de Dieu (cette connaissance pra-
V' jiassiige. — « L'âme conuail en elle deux tique), comme celle qui surpasse la loi par la
parties, la supérieiue et l'iutérieiire, si distinc- cbarilé '. »
Réponse. —
A cause que Dieu opère « dans ne voudrait jamais rien faire contre la droite
l'âme à l'obscur et au désu des sens et puissan- beau pour lui-même 2. ,
raison, choisissant le
ces -', » comme le bienheureux l'explique lui- Deuxième auteur : saint Chrysostome.
même, son style, qu'il la selon
c'est-à-dire,
saisitindépendauuneut desiuiageset des lâutô-
Ill^passnge. — « II faudrait être bon, quand
mes, de toute impi-essiou qui vient des sens, et
même il n'y aurait point de récompense pro-
mise 3. »
même du discouis, qui, selon lui, en dépend
naturellement en sorte que Dieu seul, et l'âme
:
IV" passage. « L'Apôtre dit —
Je voudrais :
système Jusqu'ici n'a rien dit du tout pour le F" passage. « Nous ne —
devons pas regar-
soutenir. Voyons les autres passages. der notre intérêt, mais seulement que sa vo-
lonté s'accomplisse, quand même elle serait
GHAPrfRE XlV.
de ne nous donner ni les vertus que nous
Passnges spéculalil's sur les supjiosilions impossibles.
souhaitons, ni même le ciel auquel nous aspi-
Je prendrai ici une aidn; niéthode que dans rons •>. »
les .'ha
caj acilé de protiter de la raison et des dogmes Dieu pour la gloire, mais parce qu'il est ce
de la toi, à rac(pue.scement simple et au sacri- qu'il est '. »
fice absolu ; et si cet actpiiescement n'est |)as au Cinquième auteur : Sylvius.
gnose de Dieu (de; la ('(iimaissaiice praliciiic ai;- notre amour, ou que nous aimions Dieu en vue
Ciiinpagnéc d'un amour parlait], ou du saint d'elle, eu sorte (Uie sans elle nous ne l'aime-
éternel ; cl que ces deux cliu.ies, qui sont la rions pas.... 11 doit donc être aimé, en .sorte
môme, lussent séparées, il clioi.sirail .sans hési- que nous pratiquions l'atnour cl les boinics
DhK.nml, 1. Il, c.
1.
œuvres pour la li^ililiidc comme pour la fin agréalile , elles l'aimeiaienl autant que la
de ces (l'iiMes; iiiiiis (|iie nous laiiporlions plus lieauté «. »
loin iiolic hraliliiiie à Dieu, curiiiiK- h la fin
ClIAfilllE XV.
siinpli'imiil iliTiiièrC", élanl ilispONés de sorte Réponse «I remari|urs nur les [>a<isfigp( préc^rlcnt».
que imus voudrions l'aimer é;;ak'iiient, (jiiand
Voil.'i tons les passages que j'ai appelés spé-
ni( ine nous n'enlcndrioiis pas la Ijéalilude '. »
culatifs, cités par r.iiittur [loiir les conditions
sixième auteur : le coriiinal lltuia.
impossihies, et j'y lerai ces courtes remar-
IX' pasuofie. — » Si je ne savais que je dusse ques.
èlre ant^anli, je vous servirais avec le nii^nie I' remaniue. —
On voit heaiicoiip de [lassa-
zi'le ; car ce n'esl pas pour moi, mais ()0ur vous, ges pour m\ s<-icrilice coiidiliomiel du s.'ilut :
que je vous sers 2. »
on n'en trouve aucun pour le s;icrilice ahsolu
A' pof'saqe. — Fltisliroc appelle ce! tMat fd'é- pour l'acfpiiescement .simple
et c'est une :
prciives exlix^mesi comhal de l'ispril de Dieu preuve thétilogiqne que le premier est de tra-
contre le noire, et une sorte de désespoir; Tan- dition, et l'aiilie, une invenlion du nouveau
ière, pressuie inlérieme; llarpliins, tme lan-
sjstéme.
gueur iniVrnale, cl une séparation de l'unie d'a- remarque.
//• —
Par le principe vi ', la siip-
vec l'esprit. »
impossihle proine hien ipTil y a un
po.siliun
hon eu'ur ». » A qiuti elle ajoute ailleurs*, que mûmes siipposilioiis. (lu'elles se font avec assu-
en vivant bien, n'empêcherait pas qne les ac- par supposition impossible, il devrait ignorer
tes lie la ctiarité deineiirasseiu les mèitiesdans qu'on l'aime. » Sans doute on ne plaira pas à
le lond subslance de l'acte.
et quant f> la celui qui ne connaît rien, et ne sait pas iiiènie
d'aimer Dieu en sorte que la vie éternelle, et de cet auteur, que le désir de l'aimer sera sé-
non pas la gloire de Dieu, soit seule et alisnlu- paré du désir de lui plaire.
mcnt la dernière fin ou qu'on cessai d'aimer, ;
La démonstration en est claire, si l'on joint à
sipar impossible elle manquait; ce qui parait la proposition qu'on vienl d'entendre celle où
manifestement dans le huitièim; passage, qui est il qne par ces suppositions impossibles on
esl dit
pas nous les donner, n'ont rien de liltéral; car piété est réduite au désir et au bonheur de [ilaire
pour les mérites, les vouloir ôter, c'est vouloir à Dieu? Hénoc « plait à Dieu, et par là devient
« son ami » Placens Deo fartus est dilectus ">-.
X' remarque. —
Le réduit de celte doctrine, on ne peut donc pas désirer seiicuseiiK'ni de
n'en èU-e pas connu tout ce qu'on Irctne au :
Autres propositions du nou verni système: sur aimerait autant Dieu, (piand même, par
le désir de plnire
ti Dieu.
« On
il voudrait rendre en-r-
sui>posilioii impossilile,
Outre nouveau système
les dix pro|)o.sili(insdu
nellemenl malheureux ceux iiuiramaientaimeî':
que nous avons a|iporlees, en \oici deux étoii-
c'estdans le lieu de|à alli-goé une autre propo-
nanlesi»: «Unaimerailaidaiil Dieu, quand luéiiie.
- ' / TUnt., I», 3. — ' M«i. p. m, II. IV, 0.— ' Max., p. 11.
1. lï.
m LES PASSAGES ECLAIRCIS.
siliiiri sur InqtiPlIi- ji' fais (|iinlrc lnii-ves rc- velles propositions des plus condamnables du
Dieu, (jni ne |)<Mit rairc ni Ii'umi ni mal à omix M. de ("amhrai donne d'aliord une helle iilée
que ni le hoidu-iir. ni le inalhcnr , ni IVlic de son livre par ce- paroles: « En jusliliant
nu^Mie on \c non-i^'n', n'inlrresM'iil en annnie ainsi, dit-il ', clwupie proposition par une sim-
de soi par les lernies mêmes, el (ju'il a élu dc- lecteur par de vaines suhliliti'S. » Cela serait vrai
nionlré ailleurs '. en partie, s'il iroiiieltait pas plusieurs proposi-
Que répondre? car ces prétendus parfaits sont tions des pins condanmaldes ou (ju'il n'ei'lt ,
en effet au-dessus du liniilieur. el du malheur |iiiint adaché à celles qu'il rapporte, i.ne note
môme éternel : ce sont des dieux, indépendants (pu les alVadilil el (pii les déduise : c'est ce qui
de bien même; ou suis > être, ils s's melteul en nous reste à considérer en |)eu de mois.
paroles seulement,' et par nu vain elTort de leiu- Le discours serait iiiliui, si nous avions hcxa-
esprit, ajoutent f'-nllure à l'erreur.
il> miiier parole à par<>ie, les suhtiles interpréla-
//' remarque. —
Aussi celle indifférence ?» lioiis (pie donne l'auteur à l'inlérél propre éter-
ôlre heureux on mallieureux est inouïe parmi nel, à rinl(''rél propre pour rélernité, à la per-
aucun anteiM(|u'oii aimàl liieii toujours autant, composent le nouveau sjstême. Selon le proet
quand il voudrait rendre mallienieux ceux qui du livre ipie nous examinons, il ne s'agit pas
l'auraientaimé : celle siipiiosiliou étant iliiecle- de savoir si. en corrigeant les propositions (jue
mcfd coulraiie à la honte iiitinie de Dieu elà la nous reprenons dans les Maximes îles sain >, »in
nature de l'amour. les fera venir, bon gré ou mal gré. aux passa-
///" rci/K/ri/i/c. — Saint Clirvsostome dit Meii ges des pieux docteurs dont on sautorise: il
que aux leux éternels, si
Sîunt l'aul se dévouait nuit voir si ces saints auteurs axant des paroles
bien le voulait, pour s<iu\er les Juils: mais il propres el même nsilees, en (uit cherclié d'aiii-
n'a \ii\u\ii de snppo-er (piil lïil malheureux^ hignés, d'extraordinaires, et soimenl si mal ipii
puisqu'il aurait eu ce cpi'il voulait, et (|ue, pas d'abord, qu'on n') peut Irouver as.se/ de coriec.
|a délinilion du honheur, on est lieuieux lors- lis l'ar exemple, (pic dirons-nous du pcison-
que Ion a ce (pie l'on veut, el (jne l'on ne \enl na;^e qu'on lail faire au direcleur dans les
rien de mal: lictilus qui et IkiIk'I iiiintl vult, et Mn.rinies (le^ saints ? Ou n'eu vil jamais de seui-
nihil vult maie: comme dit s,iint Auniisiin '. lifilile à celui-ci, ipii, persuad<' (pie d.'ius les
Conlorméii'enl à celte doclrine, sainte Callie- épreuves les hommes, de tout rai-
< inc,ipalili*s
rine de (iéiies pailait ainsi ^: < Lamoiii pur sonnement, ne .senuit point .soulagi'S, ni par
r,
non-seiilemciit ne peut endurer, mais ne |ieut les bonnes rais >iis ni par le dogme de la l<ii,
pas même coiiipreiulre <pic le chose c'est que ne trouve point d'autre |iarli dans la direction,
peine on loiirmenl, tant de feuler ipii esl déj;'i que celui de laisser taire à ces malheureux un
fait, que de tous ceux ipie bien pourrait taire; saci'ilice absolu par un ac(puesceiuent simple ,\
cl encore ipi'il lïil possihle de seiitu' lomes les leur juste condainnalioii. Si l'on trouve un tel
peines des dénions el de tontes les .'hues dam- directeur dans les livres spiriiuels, ipi'on nous
nées, je ne pourrais jamais croire ipie ce lus- le niiuitie el s'il n'j en eut jamais, poiinpioi,
;
sent peines, tant le pur amour > lerail trouver en laisint semblant de lempérer Icsexprcssituis
de houlieiu a . exccssiics des auteurs pieux, en cinpioie-l-ou
IV' remarque. Il est étonnanl —
ipie l'auteur de plus excessives auxquelles ils ii'onl jamais
rcjelte si loin l'indiflerence du salut, puistpiil pensé?
ailmet celle de lu luatilnde éternelle. (|ui com- Mais, dira-l-on, j'apporte mes explicalions-
prend en soi tous les liieiis el le salut même. l'remièrement, vos explications ne .se trouvent
Vuilà dune, dan;» ces deux chapilrc^, deux iiuu- non plus dans vos auteurs que voir* texte ;
vos propositions avec les passages. A euleiulre propriété de mercenarité d'intérêt propre»
, ,
votre projet, nous crojions trouver dansées sont dans tous vos livres, les restes de « l'a-
,
passages toutes vos pro,.ositions , et nous n'y « mour naturel de soi-même » dont on se dé-
trouvons que des toui'S d'esprit, et pas un mot « |)0uille et c'est là « qu'on fait ce giand sa-
;
Vous avez recom-s à vos notes sur la 12"= pro- son cœur dans ce teinps; il faut qu'il ait voulu
position qui regarde le sacrifice absolu. « Cette dire: Mon Dieu, puisque dans l'éteinilé Je ne
proposilion a deux parties: l'une, qu'on fait le vous aimerai plus avec un soin naturel et in-
sacrifice absolude son intérêt propre l'autre, ;
quiet, ni avec un amour naturel de moi-même,
qu'on est dans une impression de désespoir où je vous aimerai du moins avec ce soin in(|uiet
l'on dit comme Jésus-Christ Mon Dieu, pour- : et cet amour naturel dans tout le cours de ma
« étant sans dilficidté. » Pour la seconde, «voici,» d'avec l'amour naturel des consolations on ,
dit?s-vous, « les expressions des saints. » Vous n'évite pas l'incoinénieiit, puisque toujours le
vous affranchissent de la preuve que vous nous toutes les consolations sensibles devaient se
devez « par des passades des saints plus forts perdre.
« que les vôtres. » C'est, dites-vous, que le sa- lien faut donc revenir à nos principes le sa- :
crifice absolu de l'intérct propre ne regarde pas crifice du saint, où il s'aL^issail de voir Dieu ou
« on sacrifie » seulement « la propriété ne le n'aimer i)as dans
voir pas, d'aimer ou de
le salut :
«ou la mercenarité: » et vous ajoutez, c'est l'éternité,ne pouvait regarder autre chose que
aussi ce qu'on avait à sacrifier, en passant « de la perle du salut mais sous condi ion impos-
:
«l'étal des justes impartails à celui des |)ar- sible, mais asec la sc^curilé qui demeurait dans
le cœur, accompagnée des saints transports, des
« faiiS. » Tel est le dernier effort de votre théo-
dans vos notes. VoiU'i les deux choses pieux excès d'un amour sans bornes.
logie
précises: «Il ne s'agit pas du s;dut «c'est la :
Loin donc d'avoir rien prouvé par tant de
passages, vous n'avez pas même touché la dil-
picmière, elle est élomianle: consultons l'excni-
iiculté. Je n'ai pas besoin de vos notes celles-
que vous alléguez du sacrifice absolu de
:
Ple
vous le reuianpiez ci me desabusent de tomes les autres; l'inleièt
ac(iuiescenient simple :
voulez élie simple, l'oiu- rexpli(|iief, il laul donc « persuasion iinincibiedesa juste léprobation. »
'rriiic |>rop., |i. U. — > rrinci|<. j/rap., p. 4i. — ' /4,p. 61.
2W LES PASSAGES ÉCLAIRCIS.
e s\Tion^Tnps » dnns votre lan(rape, je ne vous après: « L'Ame ne perd pas pins de vue Jt'siis-
puis croire, |iiiisc|ii(' ers |K'rsii.isi()ii>;, qno vous Clirisl que Dieu. Mais loiiles ces pertes ne sonl
iioiimii'Z a(i|i;ironli's, oui (ks cfïï'b si ncls dans rpi'apiiarentes el pa^sfiuères, ajuès quoi Jésiis-
k'sjifrilice dans ra(|iiiescoriieiilsiiii|)lt'.
absolu cl (^hrisl n'est (pas moins rendu à l'Ame que Dieu
Aussi ii'i;:n<irie/ vous (ins (|tie Molinos nVnl pris même. » Il n'y a nulle vérité dans ce discours.
atilrciiiciil « l'appari'iil. » Les crimes qu'il nii- Ces perles sont |ilus • rpr.i])|iarcnles, » piiisipie
lorisiiil sous ces mois n'élaiciil (pie trop o in- ce retour de Jésiis-Clii ist qui sera « rendu »
times » cl Irop réels; el pour vous él >i^;iier ail- n'empiVhe pas la réalité de la privation, tant
lant (le lui (pi'il le nu-iilail, il lallail choisir que tiiire ce tein|is dV|ueuves. D'où l'aiileur
(l'aiilres lerinesipie ceux «pii vous sont coni- conclut (pie• hors ces cas, l'àme la plus élevée
inims avec ce faux s|iiiiluel. peut dans l'actuelle contemplation être occupée
Je n'ai non plus liesoin de répéler le reste du de Jésiis-tlhrisl pièseid (>ar la foi » par consé.
' :
nouveau sysU'uic : loul almulil h ce sacrifice, à quenl dans ces deux ras, - » et en parlieulierau
Cet ac(|iiiescenienl, comme h l'acte le plus par- « cas des épreuves, » l'Ame n'en peut élie
fait de la pititi : ces désirs t;énéraux pour toutes occupée: on ne peut dire avec sjtint Paul: « Je
k»s volonles de Dieu ', cl même les(>lus cachées, vis en la foi du (ils de Dieu, > qui m'a aimé et
piépareiil la voie à cel acquiescemenl : l'espé- s'est donné pour moi 2, » car c'est encore en
rance n'est plus un nioliC, dés qu'il en i'aiil venir êtreoccu[)é; c'est en être occupé que d invoquer
jusqu'à la sjicrilier c'est \h, C(»inmc je l'ai dit 2,: Dieu expressémenl et disliiicleuienl par Jesus-
el je ne trains point de le répéler encore une Chrisl, (pii esl alors présent par la foi el en- :
fois: « c'est \h, » dis-je, « le point di-cisit » el la core qu'on puisse dire avec lui, « pouripioi me
Source de l'erreur: puisque c'est [mr là qu'on délaissez-vous? » ce doit être sans aucune vu'-
est mené pas h as, h cel « acte hai haie el dé- dislinc.e el particulière. Sur cette proposition,
sespéré, de s.'i(iiliei", jiar un siieiifice ahs'ihi, qui esl la 2:2' du livie tjuc nous réfutons, la
son honlieur même éternel , el d'ac(]uieseer à note dil qu'on n'est pas t privé pour toujours
sa perle, nial],'re la nature et maL'ié la ^lAce : » de la vue simple et dislincle de Jésus-Clirist*: >•
c'est aussi ic qui conduit insensilileiiient par mais elle ne répond rien à celte iiidnclion na-
l'iiiilillérence salut au d('';:oùl du Sauveur;
du turelle, (pi'oii peul donc en être privé très-long-
et sur cela encore à examiner une dernière
j'ai temps, pourvu (pic ce ne soit pas toujours'.
prupusilion (pii ap|iartienl aux épreuves. L'excuse tpie donne l'auleiu' à celle |>rivalion
de Jésiis-Cliiist dans les épreuves, c'esl qu'elles
CllAI'lTIlE X\.
Sonl courtes, il oiihlie le doole et jtieux cardi-
Dernière proposition Inudi.-int la privation de Jésus- Doua dans le livre dans chapitre qu'il
nal el le
Christ dans les (épreuves.
en a cité*, où d dil que « sainte Thérèse a élé
Les Ames contemplatives sont priv('es de la
« dans ces épreuves aflieiises dix-huit ans; .saint
vue dislincle, sensihie el réllechie de Jésus- Frant.dis, deux ans; sainte Claire de .Monlf.dco,
Chii-t en deux temps dilTerents: mais elles ne quiii7.eans; .sainte (^.iitheriiiede lioido^ine, cinq,
sonl jamais privées l'oin Toijorns en celle vie saillie .Marie Kuvplieune, dix-sept; siiiile Marie-
de lavue simple el di-liiicle de iéMis-Cliiist^. » Madeleine de l'azzi, cin(| ans, et s«Mze ans en-
C'est une des propositions du nouveau système, core dans ces extrêmes délaissements; Henri
oi'i il l'aiil il'ahoiil remaivpier ces mots, « privées Suzo, di.x Bal Ihasar Alvarez, seize el ThomiLs
; ;
cités pour le cas des dernières épreuves. soutenue comme bonne, ainsi qu'il est démontré
Quatre auteurs
dans la Réponse à quatre Lettres, où je renvoie
Premier auteur : saint Augustin.
la note
le lecteur. Il cesse de la soutenir dans
« par là combien il est vrai que nulle
On voit sur la quinzième proposition 2; il lu défend
de
Seigneur
chose ne doit nous arrêter, puisque le nouveau dans une nouvelle lettre, et il ne sait
même, en tant qu'il est la voie, a voulu non quel parti prendre. Ce qui est certain, c'est que
passassions au-
pas nous arrèler. mais que nous pour établir la conformité des âmes iieinées
delii. de peur que nous ne
nous atlacliassions
avec Jésus-Christ, « notre parfait modèle, »
il
qu'il
avec irnjierleciiuii aux choses Icmporelles l'a mise dans « l'involontaire»,
«qui, en Jésus-
méri-
a tailes poiu- noire saliil, afin que nous Christ, comme en nous, n'avait aucune
com-
tions de parvenir à lui-mtMue, qid a délivré muuication avec la partie supérieure.
noire naturelles choses temporelles et qui
l'a
Chapitre XX 111.
élevée h la droite du Père '. »
— Je prends à témoin les yeux du Conclusion de cet ouvrage. —
L'auteur du nouveau système
jiêpouse. iniiigine de vains eiubarnis.
éblouir le monde?
teur du nouveau système nous veut faire imagi-
Blosius.
Deuxième auteur :
les veux un moment sur ces passages expliqués paroles « L'Eglise romaine même a un intérêt
'^
:
sans vue sim|.lc et livre des propositions qui sont visiblement iiikn
plu> que coidiisémciil el
PLUS précautionnées que plusieurs de
saint
« (li.stmcle; » el cela
pour autant île temps qu'on
François de Sales, dont elle dil dans son
olliee
soit pas
\ou(ha, pom-vii seulement « que ce ne doelrine
vie. » solennel « Par ses écrits pleins d'une
:
tous SCS ennemis qu'elle ne peut décider (|ii'cii comme les autres novateurs, il se sent condamné
vari.iiil "I tn m- eonlridisiinl ille-niéiiic. » par les paroles que l'imiire.ssion de la foi com-
L'n aiiUiir (|ui éeril en celle surle, perd le niuneavait lait couler naliirel.eiiientdesa plume:
rcspeci, el seniltle vouloir é|ioiiv;inler l'Kjzlise el (pielles (pie soient mainlenanl ses expiessi(jns'
romaine en lui moiitianl. |i()in' la relmler, nne il sera toujours véritable (pie les mollis dont il
discussion infinie el endiarrassanle de tant de parlait, el (pi'il vonl lil oler aux parlails, étaient
pass;i;:es, cpii ne sont jtas moins auloriNés que des <i motils ré|ianiliis partout, des • moliis >•
ceux de saint François de Sales. révérés ', n el des inov eus révélés de Dieu • pour
Mais Dieu a donné à son Kjrlise des refiles cer- répiinier les passions, |)our afiermir lonlcs les
taines pour trancher cesdiilicullés. Kt première- vertus, et pour détacher les;\mes de tout ce qui
nierd, la tradition se conserve toujours jtar cer- esl renlêrmé dans la vie pré.senle. » C'est ce que
tains actes publics etsi not-'ires (pie les novateins porte le -Y article vrai : le taux concourl dans le
eux-méuies ne les peuvent nier. Ainsi la divinité iiiéuie sens avoué que ces pré-
', puis<pi'il y esl
du l'ilsile Dieu paiaissait dans l'adoratiou (pi'on cieux molils, (pi'oii entreprend d'iiter aux par-
lui rendait dans tous les temps el cpi'Arius trou- laits, sont les « fondements de la justice chré-
vait établie. La tradition du pcclié oriuiucl ctait tienne je veux (lire. > poursuit railleur, «la
;
conservée dans le bapléuie des cidaids et celli' ; crainte ipii est le commencement de la s;if;esse ,
de la nécessité aussi bien (]ue de rellicace de la cl l'esiiéiance par laquelle nous sommes .sauvés.,
priUe, par les prières de i'pAdise. Les mêmes A|»rès cela, vouloir n'-dnire ces " fondements
prièics de décident encore la qLicslion
l'Kfili.se o de la justice chrétienne, " et tous ces m(difs
les vœux (pi'eile pousse au ciel poin- le sidut.qui propriétés (lu'on vient d'entendre, aux maini-
au lond (jne la consoimuation
n'est autre chose iiipies expressions de VAiumiliipse el i\os pro-
de l'amour, ne peuveid pas y être coidraires. phètes, où la L'joire des enfanls de Dieu est si
Surceia nous avons l'aveu solennel de ad\er 1 vivement rep é.scntée par des inanes sensibles,
saiie, puiscpi'il est lin-méme demeuré d accord, qu'elles en pouiraienl exciter l'aiiionr naturel :
que les motils intéressés (pi'il ôte aux pailaits c'est un détour si visible, c'est un si manifeste
« sontlepandusdaus tous les li\res di- l'Kcriture allaibli-seiiient de ce cpie la vérité avait inspire
sainte,dans tous les monuments les plus pré- d'abord, (pie les oreilles ehreliemies ne le peu-
cieux de la tradition eidin, dans toutes les ;
vent plus eiileiidre (pie coiniiie un jeu d'esprit
prières de l'Eglise '. * dans la maliere du monde la plus firave.
Nous n'avons pas besoin d'examiner avec lui Ainsi, on est étonné, ipiand on entend un
sa nouvelle explication de l'intcrét propre ; el il auteur .se ploiilier que les siiiits parlent comme
snllit, pour en condanmer l'aulein-. «pie ce (pi'il lui , el « qu'ils sont beai>coii|> moins piécau-
flic aux jiarlads sous ce nom, est cela même qui « lionn''s: quoi altribuerons-noiis le
» car h
esl ré|iaudu de son aveu, dans l'Ecriture dans
. ,
• avec toutes .ses circonstances
sacrilice absolu, »
tradition el dans les jtrières (pie le Saint- et avec « rac(piie.seenienl simple sa juste con- .'i
la
Esprit dicte à l'KpIise catlioli(pie. a tlaiimation? Est-ce une expression dess;iir;ls?
>>
Si, vo}ant ce pas avancé (pu renversait tout le point du tout: on ne trouve rien de semblable
syslèmc, il a voulu retourner en arrière et sou- dans leurs écrits. Est-ce donc une « précaution »
tenir que les molils de « l'intérêt propre » du livre des Maximes pour adoucir les expres-
n'étaient pas ceux de l'espérance ehrétiemie, sions des pieux auteurs? au contraire, c'est ce
que l'on concluait (ju'il y a de plus excessif et de lus outré dans
loin d'avoir afiailili par là ce |
naturellement contre lui, il n'a lail (pie l'affer- ce liMC. L;nss;ml à pi»i I ces excès déj.'i traités
niir, puis(iue, après tout, il esl eeilain (pie les ailleurs, le(piel des saints a parlé comme on
motils de l'espérance chrétienne sont en eflet vient d'entendre parler, dans l'article 3 vrai et
répandus • dans toute l'I-crilme, dans tous les faux, un homme ipii se ;;loiilie d'être « le plus
€ iirièresde rK;;lise ; » de telle .sorte (jiie c'était rendu plus corrects les |)reiiiiers d'entre eux ?
parler natuicllemeid. (pie de les avoir expli(piés Ajues cela peut-on s'ima^ziner que l'Egli.se
par ces termes. puisse être en peine du fond de sa décision, ou
yu'il dise api(''s cela lant (pi'il Noiidia. (|iie ces s'iiupiieler des passages qu'on lui objecte des
pr(^cedents ? les doctes savent que les
motils ne sont point les surnaturels, mais ceux siècles
dcsafleetions naturelles, cetle expliralion. trou- ariens en avaient contre la divinité dn lils de
vée après coup, ne !>erl qu'îi taire von (pie, Dieu d'aussi apparents cl en aussi grand nom- ,
Mai , p 33.
• M«i., (1 J3. — ' Jà,. p. sa.
EXTRAIT DES ACTES DU CLERGÉ. 249
bre que ceux qu'on nous objecte. Mais sans passages. Au reste, elle est incapable de s'émou.
s'etdiuier ni de leurs expi essiuns, ni de leur voir de la malignité des contredisants, dont elle
sainielé, ni de leur nombre, i'Euiise a su distin- aura toujours à essuyer les o; pnsitions et même
guer le fond qui a toujours été constant, d'avec les railleries tant qu'elle sera sur la teire. Accou-
les exjiressioiis, qui n'ont pas toujours été égale- tumée dès l'origine iiu christianisme à prendre
ment |)iccautioiuices. Car si l'auteur du nouveau le point de la décision, le lond, dis-je encore
système se sent lui-même obligé à réduire saint une fois, le fond ne
la met jamais en peine es :
François de Sales à des expressions plus correc- quand il trouverait quelques saints auteurs
se
tes, il a reconnu qu'avant les disputes on peut qui se seraient quelquefois écartés de la vérité
être beaucoup moins précautionné que depuis avant qu'elle fût bien reconnue, elle ne les
qu'elles sontémues, et qu'il ne faut pas s'étonner dégratlcrait pas de l'état ni de l'honneur de la
qu'on trouve quelque cliose h expliquer et à sainteté, parce qu'elle suppose toujours qu'ils
tempérer dans les plusgrands saints, sans préju' portaient dans leur sein la soumission qui les a
dice du fond qui demeure toujours inaltérable- sanctifiés.
Quand donc aujourd'hui on veut faire craindre ftlais aujourd'hui. Dieu merci, nous ne sommes
à l'Eglise romaine, que ses ennemis, qui sont point en ce cas les piopositions du nouveau
;
« une doctrine variable différente selon les faut outier les passages pour
,
y trouver quelque
« temps ', » on est affligé de vdir cette objection idée de ces étranges propusilions. Il faut outrer
des « hérétiques , » des « libertins » et des saint Fianeois de Sales, et lui faire avouer au
« autres hommes
peu affectionnes au Saint- pied de la que, privé de voir et d'aimer
Ifltre,
« Siège, » relevée par un évèque, qui doit savoir Dieu dans la vie future, û ne cessera de l'aimer
combien l'Eglise romaine est au-dessus de tels du moins dans celle-ci il tant outrer de la :
discours. Elle sait bien qu'en l'état où Dieu a même sorte une Angèle de Foligni, et les autres
mis la vérité en ce lieu d'exil, il v aura toujours pieux auteurs, pour leur faire |)arler le langage
de quoi lui taire un mauvais lirocès mais elle ; du livre des Maximes. Ainsi tous les eudiairas
sait qu'il j a a..s-i un point décisif par où l'on dont on tâche d'envelopper cette question, en
tianche les dillicuUés el l'on concilie tous les mullipliant les passuges des saints auteujs, dis-
paraissent connue un vain nuage.
' Princip. prop., p. 127.
Perlant condamnation et prohibition du livre intitulé: Explication des maximes des Sainis sur la vie in
Icricwe, par mcssire Fianœis di: Salit,'nac Fenulon. archcvéquf de Cambrai, elc
Avec la délibération prise sur ce sujet Ie23juillet 1700, dans l'assemtiir-e générale du cleri,'t' de l'rance, Ji SainlGerm.iin-oii-Law
EXTRAIT du prnch-verhal de VasxembUe du. clergé de 165,'). dans la IkMation qu'elle avait fait dresser de
France du jeudi rirxyt-deurùhne }uiltel 1700, rfu matin, ce qui s'est passé en France au sujet de la doc-
nwrueiyneur l'arclievéque-duc de lleims président.
trine l'ondamnée parla constitution d'Iiuioi enl \,
MeBseigneurs les (ommissain-s nommés par la et de l'acceptation qui en avait été faite: sUe sur
compagnie pour dresser la relation de te qui s'est ce pian on s l'iuit proposé dans la coiniinssion
,
pour faire cette relation, qu'on était convenu de connaissance de cette alTaire avec le juf;( nt .
suivre le raûmc ordre qu'avait subi l'assemblée de qu'il en a porté par cette constitution, que ceux
,
qui rsmrdpnt l'arrppfnfion de la nu-nie ronstilu- pneur l'archevêque de Cambrai ayant pris le bu-
,
lioti : (]ur la proiô'Me i|u'on avail oli-cr^t^ |M)iir reau . monsi-ii.Mieur l'évi-que de Meaux a dit qu'il
a(ri|it:iiiiiii. avail éù si r(?;.'iiliCTi! nu ri le pourrait av.iil sculemeiii a .ijoiiler a ce qu'il avait dil le jnur
çLTMr de inodi'U- à la (wu-rilé. el i|U aussi elli- avait préctilent que me-selL-iiiurs de la commission
, ( e
l'ic iircitMlt'i- |jar les e\em|iles de l'ailiqiiilf et déa , avuieul observé sur la cmiluile que l'a-ssemblev de
le ttin|w de saïul le Grand
l.i^oiiqu'a ré;;aru des l(j55 avail tenue par rapport à la Itelatioii qui fut
cxeiii|iles (le pareilirs relaiio )< f.iiles pour cousir- faite alors par ses ordres savoir que ladite Hela- ,
ver aux sie< |.'8 futurs la numoire des f lils iiiipnr- tion ayant été apimiuvée, on ordonna qu'elle serait
tants à rK(.'lisc. on en reunrquail plusieurs dans sifriiée par tous les députés insérée dans le procès- ,
les l'crils de saiiil Atlianase, de saiiil llilaire et de verbal el imprimée dans un recueil séparé, qu'ainsi
Saint Auj.'U>tiii: qu'au reste il no pouvait disMmii- l'avis de la ( (immission éiait qu'on suivit cet exem-
1er à la compa^'uie lu peine qu'il re-^si-iitait de se ple, si la compa;.'nie l'avait pour airréable.
voir contraint par ses onlrcs à rappeler dans son
. , Délibération prise par province, ra.ssemblée a
souvernr une allaire si douloureuse, non plus que approuvé lu Relation de ce qui s'est fait dans l'af-
de 8e dispenser de reinai()uer dans le lait que la faire de moiiFeii.'neur l'archevêque de Cambrai el
Déclaration que monseifîneur rarihev(\|ne de Paris, a ordonné, s ivani l'avis de la commission, qu'elle
aujourd'hui (urdinal. nionsei^ineur résèque de sera sij:!itV' p.ir tous messeiiineurs el messieurs les
de leurs se uinients
Cii.irln-8.et lui. avaient publiée dépulés, insérée dans le procés-verbal . et nu'il en
sur le livn- de nionseifineur l'archeviMiiie de Cam- sera fait iiicussauiment une édition particulière.
brai, ne fut pas donnée pour f.iire à l'R.-lise une
dénonnaiion de <c livre, comme il semble par un
proeés-verhiil. que l'a cru une province erclé>ias- RELATION
tiqup : mais que ce fut par rindi«pensable néces-
sité de juslilier leur foi el la pnreié de leurs sen- La di^cisjon prononcée avec tant de poids et
limenLs. Mondil sei;,'neur l'évitiue de Meaux a (le C(niiiaiss;uice par N. S. I'. le l'apc Innoceiil
ajouté qu'on trouvera vers la lin de la Relation, . XII, le 12 mars l(>!«t, esl si iinporlaiilo, el la
une analyse des procès- verbaux des assemblées iiiaiiicro de la recevoir el de l'cxéciilei dans le
provinciales, avec des reman|ues pour en faire ob- rovaiinie, si sa;;e el si c;inoni(|iie, qu'on n'en
server la parfaite unilormité. el que surtout on y
peiil Irop soi|;nciiseiiieiil recueillir les actes qui
verrai! éclater la pié'é du roi, attentive a conSiTver
se perdraient en deineiiianl disper.sé;. Les s;iinls
les droils des évniues dans l'ac iplation de la
Pères' lions ont laissé plusieurs seinld.ililcs re-
conslitnlion apnsluli(|ue M. n'ayant pas vo-ilu
. S.
l'enref^islrenient et revéciilion qu'a- cueils, on, pour l'iiislniclion des fidèles, lanl de
en ordon ler ,
près qu'elle urait été re(;ue par toutes les provin- leur ii^'c que des siècles Ininrs, ils ont rédiiil les
ces ecclésiastiques; qu'i-nlin après avoir repré- actes publics d.'ins La Itela-
la snile d'un lécil.
senté toutes ces choses a l'as^eiiililée il crovaii ne Uun de l'a-sseniblèe jiénéraledu cler^ié de France
pouvoir mieux linir que par ce passade de saint en ItKJî), com(ios(H» sur ces beaux modèles, nous
AuL'Ustin. par le(|iiel l'indilTérence des nonveanx a été en celle occasion d'mie si ;;rande nlililé,
spirilnels est si pré iscmcnl léfulée ' Quatiimlo
qu'il n'esl pas permis de dmilerqne celle (pi'on
non 'ivuit biiilm; aul ijuvinoilo
esl binla vilaiiuaiii
ania die>.M'e à cet exemple ne soit é;;alenienl
onin/ur quoU uii-uin vujcal.an perçut, indiljevenlcr
prolilali e ;'i la poslciilè. C esl aii.ssi ce qui a poilé
acripilur?
Après quoi monsieur l'abbé de Lnuvois a fait la
1 a^^cllll>l('( ^;cni'r.de de l.i i>ré.senle aniuV 1700,
lecture de la Itelalioii , lai|uclle étant achevée, h nommer iiie>,sei^;neurs les évèc|ues de .Mt^atix,
nionsi L'iieur I évéqiie de Meaux a supplié l'as- de .Moiilaulum. de Cahois el de Tio_\es, avec
seiiibléf d'ordonner qu'elle duineunU sur le bureau, me sieurs les alibés de Caiimartin, de l'oin-
afin que chacun de mcssei«'icurs el mi'ssieurs les ponne. |{ issiiel el de Loiivojs, pour disposer
dépulés cûi le loisir de l'examiner et de taire ses celle aflaire el lui en laii e le rapport
n'-llexions sur Ce quelle conlieiii. mondit sei;;neur
La nouvelle sjiiiiliialili' ou la nouvelle oraison
ajoiiiant que la coiiiiiii-^sion la souniellait avec un
qu'on n voulu iiilrodiiire dansces dernièics an-
profonil rcs[ieci au de
jiii:i'rnenl la coiupa^^nie et des
nées en Italie el en Iraiice, a son londement
paiticiihers qui la lomposent.
L'asstinbl e . suivant l'avis de la commissioi principal ^nr un pi-i<ti ndii nmonr pnr on anioiir
a ordonné que lu llelaliou demeua-rait sur le bu- desinlèresx^ bien dilTèrenl de ramoiii de Dicti,
reau. que rKerilme el la reli;;ion reeonnaiss<'nl.
E\THAIT (lu fimcfs-rrrhal d« l'asitmhUr du rrniirali Hans celte nouvelle spiriinalilé ou ap| elait
ttnf)i-irnitirmf juii'tl 17(1(1, du matin, monsrigntur iar- inlerci non-sciilemenl les bien> temporels, ou
chtr^i/ue-dur de lltiiiit yr^sident.
nieme dan.^ l'ordre des biens spirilnels les gnl-
Mesw'iuneurs les commissaires nommés par la
compagnie pour la llelutioii de l'ulTuirc de uioiisei- ' Athini*. Apol. aW r<m'lii»lin ; »pol. a, Ciml. Arim < Bpi'l. ad
$.-,l'iir . I)r Êfitn^" Artm'» ; Hliir., Di tymed.; August, Dt çtaixi
> Ub. m Dt Tritul., c, 8. Ptlatii, Brtmt, CatlU., «le.
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 251
ces et les consolations sensibles, mais encore le montrent assez.de là que venaient ces
C'est
salut (|ue nous espérons en Jésus-Clirist, la étran'j:es épreuves qui réalisaient le péché pour
gloire cMerneile, quoiqu'elle soit celle do Dieu aussi mieux réaliser la damnation; et on cher-
plus que la noire, la béalilude, la jouissance de chai! un repos funeste dans un acquiescement
Dieu, la vision bienheureuse. Toutes ces choses absolu à sa perte.
paraissent trop basses pour toucher les âmes La condamnation de Molinos, prononcée à
parvenues à ce prétendu pur amour. Tout ce Rome le 20 novembre 1687 par la bidle d'iuno.
qu'on avait à chercher en Dieu, devait être tel- cent XI, renilit l'Eu lise plus attentive à ces ma-
lement détaché de nous qu'il n'y eût aucun rap- tières; et la France ne fut pas longtemps sans
port On oubliait que dès la troisièuie parole du s'ape cevoir qu'on répandait depuis quelque
commandement de l'amour divin, il était dit: temps dans tout le royaume une infinité de pe-
« Vous aimerez le seip;neur votre Dieu, » au tits livres où les maximes du faux pur amour et
même sens qu'il fut dit à Abraham: « Je serai delà nouvelle oraison étaient établies d'une ma-
« ton Dieu, et celui de ta [xtslérilé après toi ' : » nière si spécieuse, que, comme ceux de Molinos,
au même sens que David disait si souvent: «0 ils étaient comptés parmi les livres de dévotion.
«Dieu, mon Dieu, » pour marquer qu'il était à Ceux qui se firent le plus remarquer par les gens
nous, et nous à lui, ilc celte façon particulière instruits furent les livres intitulés Le Moyen :
que saint Paul après Jérémie explique en di- court, et une Interprétation sur te Cantique des
sant :« Je leur serai Dieu el ils me seront peu cantiques. Une femme avait composé ces traités.
« pie 2; » et dont encore il est écrit dans VApo. Feu monseigneur l'archevêque de Paris la mit
caljjpse : « C'est ici le tabernacle de Dieu avec dans un monastère, où il fit faire contre elle
« les hommes, et il habitera avec eux, et ils se- quelques procédures dont il ne se trouve aucun
« rout sou |)eMple, et Dieu demeurant avec eux vestige Couune elle parut très-obéissante, on se
« sera leur Dieu '. » contenta de sa soumission et sur la promesse
;
Cependant il se fallait élever au-dessus de cet qu'elle fit de ne plus écrire ni dogmatiser, on lui
amour que nous devons à Dieu « comme notre: » laissa l'usage des sacrements.
il avait par cet endroit-là trop de liaison avec Le mal se renouvelant et le bruit s'auguien-
nous. Pour achever de poser l'état de la question tant de plus en plus par les livres qu'on vient de
et la matière des décisions ecclésiastiques, on ne nommer, qui se répandaient jnsipie dans les
doit point oublier que Jésus-Christ, connne Jé- communautés, leur auteur demanda en parti-
sus-Christ et Sauveur, avait trop de ra|)port à culier l'instruction de quelques évèques sur la
nous pour être le digue objet d'une Ame contem- nouvelle oraison prétendu amour pin- car
el le ;
plative animée du pur amour. Il ne fallait plus pour les abominations qu'on regaidail couune
le regarder que comme « Dieu béni au-dessus les suites de ses principes, il n'en fut lamais
Dieu le voulait d'une volonté absolue, el on u'au- rent à l'examen des juges (ju'ils avaient choisis.
rnit pas voulu faire la moiudie action pour en Ce hit après les avoir examinés que les Irois
avoir cxpliiiiw^ sur la matii'rc ce qu'il trouva à de ce nouveau livre no fût celle de ces deux pn'"-
propON, ilMtiiMii\iilivs;irlirlc's, olariuli'jjuioiiimé lats, e'esl-à-dire de mesM-ii^neurs leséviquode
arcln'V(^iliic' (le (Ifiniinai. Cbàlohs, déjà eleve à raiclievèclié de l'aris, el
iViidaiil (|iiL- l'on Iravailinit «'iresiiislructions de Meaux. il ne.s'aunssiit que d'élendre plus ou
pa'liculicros, feu mutiM'i^'neiir raiclic\t^(iiie de moins leurs principes. Laiilcur leur attribuait
l'aris (jiii de S(HI crilc coiilre l'ei leur,
vcillail le> pn)|)((siiii>ns. el ne se laissait à lui-même au-
piiMia sou or'doimance du KJoclnlire Ki'.U, où. tre pari, en celleallaire.quecelle de dével«)i)per
eiilie autres livres, les deux dont il a été parlé plus au leurs senlimenls. l'ar là ils se troii-
lonfj;
furent condamnés avec la nouvelle oiaison. vaienl en;:a^'és mal^'ié eux dans celle caii.se; le
l'areillecondainnalion Inlprouoniée par mes livre élant publie, imprimé en laufiue vulgaire,
sci;ineius les éviSiues de Meaux et de (^li ilons avec privilégie, avec le nom d'un si iirami auteur,
dans leurs Onlonn.mces des Met 25 avril ltHI5. il (allait eu désavouer on avouer la docirine; et
Ces deux prêtais insérèrent dans lems (tidou- ce> deux prélats .se virent rédiiitsà cette nécessité'
nances les lreMle-<iuatre Articles d Issy |)oiu- Klle leur parut encore plus làcbeiise, lorsipie
l'instriRlion deslidèles. Ladameietiréeà Mi'aux, examinanlla doctrine qu'on leur atlribuait. loin
ainsi qu'il a été dit, les avait déjà souscrits, d de la pouvoir accorder avec les .\rtirlcs d'Usy,
souscrivit encore aux ordouunances où la ccn- ils trouvèrent qu'elle ne làiMiit que les éluder,
sme de ses livres élail(oulemie,el donna toutes et la Juyièrenl d'ailleurs si opposée à la s;iiule
les manjues qu'on pouvait attendre de sa sou- théologie, (pi'ils se cruieulobliyés à déclarer sur
mission. cela leui sculiment.
M()nseig;neur l'évèque de Chartres, qui le pre- Ils se 11 illèreiil loufilemps de l'asTéable espé-
niiei-de tous les évécpies du ro\.unne avait dé- rance que mon.seji^neiir l'archevêque de Cam-
couvert dans sou diiicè>e lui counnencemenl de brai renlrerail dans les premiers .Nenliuicnts de
l'introduclion de la miuvelle uraison, et en avait conliance (pi'il leur av.iit léinoi;.'nes dès le com-
vudesesu'ux les mauvais ellets, anime pat le ineiiceiuenl de celle alTaiie. .Mais ce |irêlal ne
même cs|)iil qui guidait les autres préials. eon- trouvant plusà proposde s'en rapporter comme
dauma an^si, par son Oidounauce du:21 novem- auparavant à .sesconirères, et résolu de soutenir
bre de la même année, les livres iutilide> : l.e Sii docirine ina|i;ré biute l'opposition qu'il y
Mdijeu court et Vhitfipirliition .sur le Cuiitiiiio' tiMuvail en France, porl.i l'aflàiie au Saint-^ié^^e
des cantiques, avec un manuscrit du même au- par la lellre (|u'on va transcrire ici toul entière,
teur, qu'on répandait dans son diocèse et an. parce qu'elle est le (ondement de la procédure
leurs, sous le nom de Toneuts, dont les lidèles qui coimiieucecà Itoine. La voici en laliii et
liit
CxtraiLs, inseré.s dans celte Ordonnance, lont en Iradm lion que lautcur en
liMiK ajs M'Iou la
assez voir les rai>onsde delendre et de censurer publia quelque leui|is après '.
cet écrit pernicieux.
Le roi touche à son ordinaire des intérêts de
prolectenr, approuva
LETTHE
la relitiion d»)nt il est le
A H. T. S. P. LU PAPE l.NNOCEXT XIL
ce que laistienl ces évéïpics et tant de zèle, tant
;
Três-Sainl l'ère.
de |)recaulion, tant de justes mesru'cs avec un si
J'avais résoluau plus t()t avec toute
d'e.ivoyer
grand soulieu. amaient elonH'e le mal dans sa
sorte de souinis>ioii de respeci a Voln- Sainteté le
et
naissance, si, par un événement (iii'on ne peut peu sur les Maxiuies ds
livre que j'ai fait depu .-<
assez déplorer, mon>eigoeur rarclievé(pie de sai it.'ipour la vie intérieure La suprême autorité
Cambrai n'avait mis an jour son livre inlitule :
avec laiiuflle vous présidez il loules les Kj;l ses el ,
Exi>lic(Ui()ii lies Miuimes des saints sur la vie les f"!-;'!' es dont vous in'.ivez ciniililê. luiinposaieiit
iutèrieure, ipii a renouvelé les disputes, et a ce devo r Mais pour n'oineltre rien d.ris une raa-
excité comme en un inomeiil|iaitoulle royaume liêrcsi iiiipiirla Ile. el sur la(|uelle les esprit." sont si
lesoulèvemenl ipi'on a vu. at;ités pour remédier uu.\ éiiuiviniue.-* qui |k,'U-
; el
Une circonstance remaripiahle de la piililica- veiil naître de la diversilê du fjôiiie des laii^uw,
j'ai pris le parti de faire avec soin une version l.iliiic
Uon de ce livre lut de déclarer, dès la iirelace^
de toul iiioa ouvrage l^'est à quoi je m'aiipluiuc
que lieux rjratuls prélats (ce sont les pid|)i es pa-
loul entier, et hieiiiOl j'enverrai cette Iraducliou
roles de celle prélacey ayant donné au public
«
pour aux pieds de Voln'Sai lelé.
1.1 iiielire
treiite-ipiatrc propositions ijui contiennent en
Plùl à Dieu. Três-.-iaiiil l'en*, que je pusse en vouâ
substance Inute la (loclriuedes voies inlérii-ures, préseiilant moi-même mon livre avec un eœur lélê
l'ameur ne pritemiail, dans cet ouvraize, (jiie et soumis recevoir votre bênédicuoii a|ioslolii|ue •
d'e> pliipier leurs prmcipoavec plusdetendiie. » Il < -t «uflU«nt, crojaaa-Doiu, da npporur U vanioa rr*tiv4iM
Ainsi on ne lai>siiit aucun doute une la doclrine MUluneoU
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 253
Mais les affaires du diocèse de Cambrai pendant les J'ai donc renfermé dans le style le plus concis
meilleurs de la guerre, et l'instruciion des pruices qu'il m'a été possible, des définitions des termes
que le roi m'a fait .'honneur de me coiitier, ne me que l'usage des saints a autorisés, l'y ai même em-
permettent pas d'espérer cette consola' ion. ployé le poids et l'autorité d'une censure pour tâches
Voici, Très-Saint l'ère, les raisons qui m'ont en- d'écraser une hérésie si pleine d'impudence. Il m'a
gagé à écrire de la vie intérieure et de la contem- paru. Très-Saint l'ère, qu'il y aurait quelque indé-
plation. J'ai aperçu que les uns. abusant des maxi- cence qu'un évê'iue montrât au public ces erreurs
mes des saints si souve it apiirouvées par le Saint- monstrueuses, sans témoigner aussitôt l'indigiiaiioa
Siège, voulaient insitmer peu à peu des erreurs per- et l'horreur qu'inspire le zèle de la
maison de Dieu.
nicieuses ; et que les autres , ignorant les choses spi- A Dieu ne plaise néanmoins que j'aie perdu de vue
rituelles, les tournaient en dérision. La doctrine ma faiblesse, et que j'aie parlé avec pré.soraption!
abominable des « uiétistes, sous une ap|)arence de L'autorité suprême du Saint-Siège a suppléé abon-
perfection , en secret comme la gangrène
se glissait damment à tout ce qui me manquait. Les Souverains
en divers endroits de la France et même de nos . Pontifes, en examinant scrupuleusement tous les
Pays-Bas. Divers écrits, les uns P''U corrects, les écrits des saints qu'ils ont canoiiksés ont approuvé ,
autres fort suspects d'erreur, excitaient la curiosité en toute occasion les véritables maximes de la vie
indiscrète des fidèles. Depuis quelques siècles beau- ascétie|ue et de l'amour contemplatif. Ainsi, en m'af
coup décrivons mystiques, portant le mystère de la tachant à cette règle immuable, j'ai espéré de pou-
foi dans une conscience pure, avaient favorisé sans voir dresser, sans aucun péril de m'égarer, les ar-
Je savoir l'erreur qui se cachait encore. Ils l'avaient ticlesque j'ai donnés comme véritables. A l'égard
fait par un excès de piété affectueuse p ir le défaut ,
des faux que j'ai condiranes, j'ai été conduit comme
de précaution sur le choix des termes et par une , par la main car je me suis proposé en tout pour
,
ignorance pardonnable des principes de la théologie. modèle les décrets solennels par lesquels le Saint-
C'est ce qui a enflaminé le zèle ardent de plusieurs Siége a condamné les soixante-huit propositions de
illustres évéques. iJ'est ce qui leur a fait composer Michel de Molinos. Fondé sur un tel oracle, j'ai osé
trente-quatre Articles qu'ils n'ont pas déd.iigué de élever ma voix.
dresser et d'arréier avec moi. C'est ce qui les a en. Premièrement, j'ai condamné l'acte permanent,
g.igés aussi à faire des censures contre certains petits et qui n'ajamais besoin d'être réitéré, C( mme une
livres, dont quelques endroits pris dans le sens qui source empoisonnée d'une oisiveté et d'une léthargie
seprésente naturell 'ine it méritent d'être condam lés. intérieure.
Alais Très-Saint Père, les hommes ne s'éloignent
, Secondement, j'ai établi la nécessité indispen-
guère d'une extrémité sans tomber dans une autre sable de l'exercice distinct de chaque vertu.
Ouelijues personnes ont pris ce prete.\te , contre Troisièmement, j'ai rejeté comme incompatible ,
ancien et assuré d'avec ce qui est nouveau et pé- qui excinrail la coopt-ialion réelle du liljre arlnlre
rilleux C'est ce que j'ai essayé de faire selon mes
.
pour former les acies méritoires.
c'est à moi à écouter avec respect, comme vivant de la vie iiilerieuie, que celle paix dii Saint-Esprit,
et parlant en vous, saint Pierre, dont la foi ne man- avec laquelle lésâmes lesplus pures lonl leurs actes
quera jamais. il'une liianière si uniforme, que ces actes parais.Ncut
Je me suis principalement appliqué â rendre cet aux personnes sans science, non des actes distincts,
ouvrage court, et en cela j'ai suivi le coiLseil de.s mais une simple et permanente uinlé avec Dieu.
personnes les plus éclairées qui ont désiré (|u'on ,
Slxièmeinenl de peur que la doclrine du pur
,
pût trouver un remède prompt et facile non seule- , amour, si autorisée par tanl de Pères de l'Iiglise et .
ment contre l'illusinn qui est contagieuse, mais par tant d'autivs saints, ne parill servir de refuge
encore contre la densiun des esprits profmes. Il a aux erreurs des quiétistes, je me suis principalement
donc fallu so iger aux âmes pleines de ca ideur. qui aiipliqué à montrer quelque degré de perlec-
ciu'eii
étant plus siinplt^s dans le bien que précaulionnées IJon qu'on soit, et de quel(|ue pureté d'amour qu'on
contre le mal, n'apercevaient pas (ut liurrible ser- soit rempli , il faut toujours conserver
dans son
pent qui se glissait entre les lli'urs. Il a fallu songer cu'ur l'espérance par laiiuelle nous sommes sauvés
aussi au mépris des critiijues qui ne veulent point suivant ce que l'Apôtre dit Maiiilciiunl ces trois :
séparer de la doctrine empestée des liypocrKes, les clwscs, la foi, l'csprrancc, ta cliaiitc . dcincurciil;
Ir.idilions ascéti(|ues, et les piécieu.ses maximes des mais la (liarilc es, /(/ plus (/lunde. H faut donc lou.
saints C'est pourquoi on a jugé qu'il était a propos jours espériT, désirer, uemander noire salut, mêiue
de une espèce de dii'lionnaire de la tliéniogie
laire en tant qu'il est notre salut puisiiuc Dieu li- veu, ,
mysliipie pour empêcher les bonnes âmes de passer et (lu'il veut que nous le voulions pour sa f.loirc-
au delà des bornes posées par nos pcrcs. Aiusi l'eapérauce se conserve dans sou proiue exer-
254 EXTRAIT DKS ACTKS DU CLERGÉ,
cire, non-seulemrnt par rtiabitnde infuse, mais on- dVire jiip<^, « poiii' remMipr, » disnit-il, « aux
cort par ses actes propres . i]Ui élaiil coin mandés et • éqiiiv>i(nics qui |ieiiveiil nailre de la diseisilé
ennoblis p.ir lu cliarili- , roiiiiuu parle l'ivrole. Bout « des laM;;iies. • TniisièiiuMiieiil, (ju eiiiiiit
il
amour des conleinplatifs, alin (|ue ce qui n est ([ue e.\|iédierils )>our la lerniinerd'une manière pai-
siinplemenl dans le premier ouvra},'e, soit
exjiose sible. .Mais après une longue allenle pendant
prouvé dans second par les téiiioiiina^ies et par
le rcs|iace d'einiron six mois. .s;iiis prétendre riea
les.^eiitiiiienLs des saints de tons les siecli'S. Je sou-
pnnioiicer dans la cause dont cet arelie\èque
mets du fond de mon cœur. Tres-Saiiii Père, l'un
a>uildèjà .saisi le l'ape, el sans même dénoncer
el l'autre ouvrafie au ju:.'Cmeiil de la sainte Kylise
le lÎMc, mais seuiemeiil pour la décharge de
romaine, qui est la inére de toutes les autres, et
leur conscience, ils |iuliliirenl leur Declaralion
qui lésa enseignées. Je dévoue, et ce qui (lé|iend
de moi, et moi-même, à Votre Sainteti'. comme le du li d'aoul Kiin ; et monseigneur révé(|ue de
doit faire un tils plein de zèle et de respect, (.lue si Cliarlics s'unit avec eux, pour les raisons qui
mon livre fraiii,ais a deju été porté a Votre Sainteté, sont ex|)osées dans la même Declaralion.
je vous supplie Irés-liumblemeiit, Tres-Saint l'iTe, Uuelqnc lem|>s après, Monseigneur l'arcbevô-
do nu rien décider Siins avoir vu aup navant ma que de Paris publia son Inslruclion [lastoralc,
traduction latine qui partira tout au plus ti)t. Uue
du" d'octobre Kiit", sur la perfection rhiétieniie^
me resle-t-il a faire, si ce n est di' .-ouliaiter un
el fur la rie intérieure, contre les illusions des
loiin ponlillcat a un chef des p.isteurs qui j.'ouverne
faux viystiiiues : où, api es avoir instruit son linu-
avic un co'ur d-^iiitére.'s.sé le royaume de Jesus-
peau ilu fond de la malièrc, il ne mainjua pas
Christ.et qui dit avec l' ipplauilisseineiit de taules
les nations rattioli(|uos i. son illustre famille : Je
dexpliqiuM' que s'il ne prononçait pas, comme
ne vous coutiaU pvinlY Kii faisant tous les jours de il le |iou\ait, sur le li\re qui faisait alors tant de
tels vu'ux je rois demander la gloire
. < et la conso- briiil, c'elail parre.specl pourle l'ape (jui l'exa-
lation de l'Kk'lise. le rétalilisscineiit de la discipline, minail.
la pr(ipai;atioii de la foi. l'extirpalinn des scliismes Monseigneur l'évéïine de Cliarlres publia aussi
et des hérésies, eiilln l'ahonda iie moisson dans le s;i leltie pastorale, du 10 de juin lt>'.t6, sur le li-
champ du souverain l'ère de famille. Je serai à ja- vre Explualion des Miirimes des suints,
iiililiilé ;
mais,
el sur les explii niions iliiférentes que monseujneur
De votre Sainteté,
larrheviijue (le Cambrai en a données ; cl il \ dè-
Lctrés-humlile. Irés-obéissanl et Irés-dévoué
cl.ira qu'on devait attendre avec soumission le
fils et serviteur,
Jngemenl du Sainl-^iege, uù la cause avait élé
Fkançou, «rdt(r/giv-Jiu iê Cambrai. portée.
On n'entrera pas plus avant dans le particu-
lier des ouvrages qu'on a (iiibliés sur ce livre, cl
Ce qu'il y a de considérable dans le fait est, on se conleiilera de louer le zèle el la doctrine
preiMUTciiieiil. (iiie celle lellre de iii(niMi(;iKMi|- des prel.itsipii ont Irav.iillé si iitilemenl ;"i lailé-
l'uicliev (|iie de Candnai .saisi.ss^iil le l'ape, el feiise bonne cause. Il ne tant pa» oublier
de la
lui dciiiaiidail iiii jii^cinent. Secuiidoiiienl ijiio pour reciairci.s.semenl du lait, ipie pendant un
l'auleur iniiiiiellailn .\i .Viiiilcle une lra<l<i(iii<ii temps si considérable, ou moiiseigneur l'arclie-
luliae de t>uii livre, scluii latjuelle U dcuiuiiduit vCqucdc Caïubrui delcuduit sua livre, il ne s est
COINUAMNATIOiN DES MAXIMES DES SAINTS. ûh^
trouvé dans toute la chrétienté aucun auteur qu'ils ont jugé de chacune. Nous donc, après
coiuui qui ait entrepris de le soutenir. aviir pris les avis de ces mêmes cardinaux et
Tout l'anivers est témoin de l'applicatiou in- docteurs en théologie, dans plusieurs congréga-
faliL'aljle de notre Saiiit-Père le l^i .e dans im ti"ns tenues à cet effet en noire iuésence; dési-
exauîoii que les nouvelles cxpliealionsdu livre rant, autant qu'il nous est donné d'en haut, |)ré-
rendaient tons les jours plus dillicile mais tous : venir les périls qui pourraient menacer le trou-
lesiucidentsqu'on Taisait naître, pour ainsi dire, peau du Seigneur, qui nous a été confié par ce
a chaque pas, loin de découiao:er le s dut Pon- Pasteur éternel de notre propre mouvemept.et
;
tife, n'ont (ail qu'enflammer son zèle. Non con- de notre certaine science, ajuès une mine déli-
tent des congTégations qu'il faisait tenir sans bération, et par la plénitude de l'autorité apos-
relâche, et du com|)te qu'on Un en rendait tous tolique, CONDAMNONS ET REPROUVONS, par la te-
les jours, ce saint Pape, pressé du <lésir de don- neur des piésentes, le livre susdit, en qiielque
ner la paix à l'Eglise par une décision exacte et lieu et en quelque autre langue qu'il ait été iin
digne de la Chaire^de saint Pieire, les tenait lui- primé de quelque édidon et de quelque ver.sion
même longues et fréquentes; et secondé par les qu'il s'en soit laite, ou qui s'en puisse faire dans
cardinaux qui continuaient sons ses ordres leurs la suite; dauiantq le par la lecture et parTusaue
utiles et édifiants travaux, après une discussion de ce livre, les fidèles pourraient être insensible-
si publique et si solennelle de chaque proposi- ment induits dans des erreurs déjà condamnées
tion, et après avoir inqiloré et failimplorer [)en- par l'Eglise catlioliijue; et, outre cela, comme
dant pluMeursjours l'assista'ice du Saint Es|>rit, contenant des piO|)ositious, qui, soit dans le sens
il |)ul)lia la constitution en forme de bref que des paroles, tel qu'il se pré.senle d'abord, soit
en
nous allons rapporter '. égard à la liaison des princi|ies
sont témérai- ,
archevéïiue-duc de Cambrai, précepteur de mes- aura connaissance des présentes lettres, le mette
scitjut'urs les ducs de Binnqogne, d'Aujou et de sans aucun tièlai entre les mains des ordinaires
Berry : à Paris, chez Pierre Aitbuin, Pierre des lieux ou des inquisiteurs d'iiêrèsie nonobs- :
l'htiery, Charles Cluusaier, 16U7 ; et que le bruit tant tontes choses à ce conti'aires. Voici (pieltes
extraordinaire que ce livre avait daboi'd excité sont les propositions conteuues au livre susdit,
en France, h l'occasion de la doctrine qu'il con- nous avons coiiilamuécs, comiui' nous ve-
«jiie
tient comme n'étant pas saine, s'était depuis tel- lums de marquer, par notre jngemeiil et censure
lement ié|)aiidu qu'il était nécessaire tl'aijplicjuer aiiostoliipies, traduites ilu iraiiçaisen latin.
lotre vigil.ince pastorale à s'y remédier; nous 1. 11 ) a un état habituel d'amour de Dieu, qui
avons mis ce livre entre les mains de qiiehpies- est une liiaiilé |iure et .sans aiicim mel.mge du
im.s de nos véuci ailles frères les ciirdiiianx île la motif de l'intciêt propre... .Ni la crainte des châ-
sainte Eglise romaine, et d'autres docteurs en timent^, ni le dcsir des rècompen.ses n'ont plus
théologie, pour être par eux examiné avec la de part àcel amour. Un n'aime pins Dieu ni |)our
matin ité (jiie l'importance de la matière sem- le mérile, ni pour la perlèclion, (lour le bon- m
blaitdemanuer. En exécution de nos ordres, ils heur qu'on doit trouver eu l'aimant.
ont sérieusement et peiidantlonglemps examiné, 11. Dans l'elat de la vie contemplative o.i uni-
roiirliuii inlZ-rif lire romincncc à ouvrir le cœur celle âme un acquiescement simple h la perte
à ci'lli- |iari'lo, ijiii psl si dure aux .'iines encore de .son intérêt propre, eià la condamnaliou juste
ail icliiTS
'.
eiles-ii:(^iiies, el si capaMe ou île les où elle «•mit élre de la jiart d- Dieu.
sciiiilaliser ou île les jeler dans le li-onlplc. .\lll. La par. le iulerieuic tie Je.sus-Clirisl sur
iV. Iiausl'éiat île la sainte inilirrcrcnce, l'Aine la croix ne c<iiiiiiiuniquail |>as ùlasupérieare son
VI. En cet état on ne veut plus le saint, comme cursifs qui sont faciles à dislinf:uer les uns des
salid propre , comme délivrance éternelle , autres... Cette composilion d'actes discui*sifs el
comme récompense de nos mérites, comme le rélléchis est propre à l'exercice de l'amour inlè
pins 1,'rand de nos intérêts mais on le veut dimc
;
ressé.
volonté pleine comme la ^rloire et le bon plaisir XVI. Il y a un état de contem|)lation si haute
de Dien ,
comme imc chose qu'il vent, etipi'il el si parfaite, qu'il devient habituelen sorte ;
veni que nous voulions pour lui. que tontes les fois qu'une âme se met en ac-
VII. L'ahaudini n'est que lal)né'j:aliou on re- tnelie oraison, sou orai.son est conleiiii)lalive el
noncement de soi-nièiiie, que Jésus Christ mms non discursi\e. Alors elle na plu> be.soin de re-
demande dansl'Evanpile. après que nous aurons venir à la uicdilation , ni à ses actes méthodi-
tontqiiillé an dehors. Celle abné^ialion de nous- ques.
niémes n'esl que pour l'iulérét propre Les VVll. Les Ames conlem|tlalives sont privées
de Mie distincte, .sensible el lélléchiede Jcsus-
épieuves exirémcs, où cet ahamion doit être la
exercé, sont les lenlalions, par lesquelles Dieu Clirisl en deux tem[)S dillereiils... l'remière-
meiit, dans la ferveur naissante de leur cuuleni
jaloux vent purifier l'amour en ne lui laisaut
voirancime lessomce, ni aucune es|i6rance pour plalion... Secondeuieul, une Ame perd de vue
même éleruel. Jésus-Christ dans les deinières épreuves.
son intérêt propre,
VIII. Tons les sacrilices que les Ames les plus XVIII. Dans l'etal pas.sil... ou exerce toutes les
désintéressées font d'^irdiuaire sur leurhéatilnde vertus distinctes, .sius penser q.i'elles sont ver-
éternelle sont couilili'>nnel>... .Mais ce sacridre tus; on ne pense eu chaque muiiiem qu'à faire
ne peut élre ah.soln dan-, l'état ordinaire. Il n'y ce que Dieu veut, el lamoni jaloux lait tout en-
être invinciblement persuadée d'une persuasion XIX. Un peut due en ce sens que l'ûme pas-
rcllécliie, el qui ri'est pas le fond iulinie de la sive et désintéressée ne veut plu.s même l'aïuour
conscience qu'elle est justement répiouvée de eu tant (ju'il est s;i |)erleclioii et .son bonheur;
,
mun des justes que les pratiques de l'amour in- « et l'usage qu'on en ferait, les fidèles pourraient
téressé proportionnées à leur grâce '. « être induits à des erreurs déjà condamnées par
XXIIl. Le pur amour fait lui seul toute la « l'Eglise catholique» ce qui a sa relation na-:
vie intérieure, et devient alors l'unique principe turelle aux condamnations nouvellement pro-
et l'unique motif de tous les actes délibérés et noncées par Imioceut XII, dont la conformité
méritoires 2. avec les décrets du concile œcuménique de
Au reste, nous n'entendons point, par la con- Vienne est assez connue.
damnation expresse de ces propositions, approu- Pour ne laisseraucun lieuà tantd'explications^
ver aucunement les autres choses contenues au oîi les défenseurs du livre semblaient mettre
même livre. Et afin que ces présentes lettres leur confiance. Sa Sainteté a expliqué qu'elle en
viennent plus aisément à la connaissance de condamnait les propositions, « soit dans leur
tous, et que personne n'en puisse prétendre « sens qui se présente d'abord, » obvio sensu,
cause d'ignorance, nous voulons pareillement, « soit à raison de la connexion des opinions, »
et ordonnons par l'autorité susdite, qu'elles SIVE EX CONNEXIONE SEA'TENTIARUM par OÙ le
:
soient publiées aux portes de la basilique du saint Pontife fait sentir que, non content de con-
Prmce d^s Apôtres, de la chancellerie aposto- damner sens natiu'cl qui parait d'abord dans
le
au Mont-Citiirio, et
lique, et de la cour générale le livre, en a voulu pénétrer à fond toute l'in-
il
à la tête du Champ-de-Flore dans la ville, par tention, dan> la liaison de ses principes.
l'un de nos huissiers, suivant la coutume, et L'auteur du livre, selon la promesse qu'on a
qu'il en demeure des exemplaires affichés aux pu voir dans sa lettre à Sa Sainteté, en avait en-
mêmes en sorte qu'étant ainsi publiées,
lieux :
voyé à Rome la traduction latine tournée en ex-
elles aient envers tous et un chacun de ceux plications adoucies. Mais le Pape, sans s'y ar-
qu'elles regardent, le môme effet qu'elles au- rêter, non plus qu'à celles qu'il insinuait dès sa
raient étant signifiées et intimées à chacun lettre, condamne ce livre au sens naturel que
d'eux en personne voulant aussi qu'on ajoute
;
l'original français présentait, «et en quelque
lamême foi aux copies et aux exemplaires, a langue qu'il soit imprimé, » quocunque idio-
même imprimés, des présentes lettres, signés MATE : ce qui comprend même le texte latin sur
de la main d'un notaire public et scellés du sceau lequel l'auteur avait demandé d'être jugé.
d'une personne constituée en dignité ecclésias- Le roi, dont le zèle et la piété égalent la pé-
tique, tant en jugement que dehors, et par nétration et les lumières, et qui n'avait demandé
toute la terre, qu'on ajouterait ces mêmes .'i
au Pape qu'une décision prompte et précise,
lettres représentées et produites en original. reçut avec une joie digne du filsainé de l'Eglise,
l'exemirlaire du décret du Pape qucMgrDel-
Donné à Rome, à Sainte-Marie-Majeure, sous l'anneau du
pécheur, le douzième jour de mars m. dc. xcix, l'an huilième phini, nonce de Sa Sainteté, aujourd'hui cardi-
de notre pontificat. nal, émit entre les mains dc Sa Majesté, et le
1
Signé J.-F. card. Albano. même miiùstre lui i)résenta peu de temps après
Et plus bas :
le bref qui s'ensuit, du 31 de mars 1699.
A la lecture d'une si sage constihition, on sen- (piaïul il s'agit de rinlégrilé de la foi catholitiue,
titd'abord que le Saiiit-Siégc avait compris à parsa du 10 du présent mois de mars, ilans
lettre
B. ToM. VI. n
m» EXTRAIT DES ACTES DU CLERr.É.
définitivo. Mais nous croyons que vuus savez à Celte lettre sera un monument éternel h la
pr(^siM:l, If (Itncl que nous venons de pu-
pnr postérité, de la piété d'un piand roi, et de la part
i)li('r. cl (|MC nous avons donné ordre de vous qu'elle lui a fait prendre h la traïupiillité rendue
renicllio nu>sil(M enlre les mains, quelle a élé à l'Ktilise, ijui avait été altérée cl le pouvait élre
en celle occasion noire soliiciliide p.isloraîe à beaucoup plus par celte dispute, si elle n'avait
remplir nos devoirs et h salisliiiie à >os jiisleg été si lieureiisemenl terminée.
instances. Vous devez ôlrc aussi persuadé (|ue La même lettre jiislilie encore la grande es-
ceux qui ont été charnés de rexameii de celte lime de Louis le Grand en-
et l'alTection liliale
allaircet tl'eu avancer le jimemeut. vont corres- vers Innocent XII; ce qui console et réjouit les
pondu avec /('le. (^epeudaut nous prions Dieu, vrais Glu élieus, et sera d'un grand exemple aux
auteur de tout bien, de coud)ler de ses gràceo siècles luliirs.
Voire Majesté: et nous vous doinions do bon bien donnait une viRibie bénédiction h cal ou-
cœur notre bénédiction apostolique. vrage la conslitiilion du Sainl-l'ére lit tout son
:
A noir.- rhiT (ll-i on Nolre-ScIgneur Jésus-Christ, LOUIS, François, par la i^iséricorde de Dieu et la grâce
roi de Fr.ince tret-ClinStlcn. du Saint-Siéj,'e archevêque -duc de
apostolique ,
A Dieu ne plaise qu'il soit jamais parlé de nous, dans son livre. Et comme il est également de mon
si ce n'est pour se souvenir qu'un pasteur a cru devoir et de mon inclination d'employer la puis-
devoir être plus docile que la dernière brebis du sance qu'il a plu à Dieu de me donner, pour main-
troupeau et qu'il n'a mis aucune borne à sa sou-
,
tenir la pureté de la foi, et d'appuyer d'une pro-
mission !
tection singulière tout ce qui peut y contribuer, je
gner toutes les autres, et l'Eglise de Jésus- mon cousin, en sa sainte et digne garde.
Christ, fondée sur cette unité comme sur un roc Ecrit à Versailles, le vingt-deuxième jour d'avril mil six
cent quatre-vingt-di.x-ncuf.
immobile, est inébranlable.
cepcndanl à Signé LOUIS et plus bas Colbert
On travaillait tirer l'unité qu'on ; :
devait allendre d'une constitution si solennelle, Et au dos est écrit : A mon cousin, etc. ou A Monsieur
l'archevêque de. etc.
et à assurer par ce moyen la paix de l'Eglise. .,
Le roi, par sa piété et par sa droiture, se dé- Une pareille lollre fut adressée à
M. l'arche-
termina d'abord aux voies les plus canoniques vêque de Cambrai, commençait ainsiet elle :
aux maxim.s reçues de tout temps dans l'Eglise vu par le mandement que vous avez lait publier
universelle. Mais on connaîtra mieux ses inten- dans votre diocèse, et dont vous m'avez envoyé
tions par la lettre de Sa Majesté, qu'on va tran- un exemplaire, votre souinis.sion pom* la con-
scrire, que par nos paroles. damnation prononcée par N. S. P. le Pape
contre le Uvre que vous avez fait imprimer en
LETTRE circulaire du Roi aux Métropolitains.
l'an 1097, sous le titre d'ICxplinilion des mixi-
Monsieur l'arclievôque de... ou mon cousin, à mes des saints sur la vie intérieure, etc. »
ceux qui sont cardinaux ou pairs. Toutes les paroles de celle letlrc du roi aux
Le sieur archevêque de Cambrai ayant porté de- méliupolilains sont dictées par la religion et
vant N. S. P. le l'upe le jugcraeiit des plaintes qu'on
par la sagesse mais ce qu'elle a de plus remar-
:
avait excitées en dillérents eiidioits de mon royaume, quable, c'est que Sa Majeslé voidiil ex|)rimcr
et particulièrement en ma bonne de Paris, tou-
ville
que ce serait seideiiieiit après qu'elle aurait élé
cluinl le hvre qu'il y avait fait imprimer en l'année
informée de l'acceplation de la conslitiilion, et
16'J7, sous le titre û' Explication des maximes des
12 mars dernier, dont le sieur Uelpliini, son nonce, il s'agi.ssait de la foi, ce prince, aussi habile et
me serait venu informer [)ar ses ordres, et m'aurait inlelligeid que pieux, sut sagement preudre le
présenté en même
un exemplaire de hulite
temps
parli que lui inspirait la religii)ii, et nouIiU (pic
coiistilution : dans la suite que ledit
et j'ai a|)pri«
le «senlinienl des évèqucs précédât ses lelUes pa-
Bieur archevêque de Cambrai, en ayant été informé,
avait voulu être le premier à reconn:iltn^ la justice
tentes.
sanre royalo doil inarrlior dovaiil, comme celle ecclésiastique. Ainsi l'avaient entendu ces prands
qui esl |ii"<i|)iimV (lo Kioii iimir les poiivpincr; l'apes .saint Innocent, .siiint Léon 1", saint .Sim-
clans Ins /iflairrs de llicii iiic'-mc cl (|iii di'-- plice, Saint (>i'epoire, saiid Maitin, saint LéonllL
pciiilcnldf sa nvilaliciii, elle ne lail (|ii(' vi-hir Jean MIL Victor 11, Kui:ène 111 el les autres,
au secours de ses iiiiiiislrcs sici(''s, i|iii sont |iar dont les provinces allrpuaient les autorités:
leur caraclcro les dc|i(isilaircs de la doctrine Les Lplises tenaient à hoimeur de citer les let-
inspirée de Dien. Ainsi , en celle occasinn, ce tres des l'apes (pii leur étaient adressées, el
prand mi ne s'atiriliiie d'anlre aidorilé (jne celli sque ni 8 uiCi très leur avaient autiefois ccrr
celle d'assendiler les éviV|nes, selon la prali(|iic les dans le même e.>pril.
perpétuelle des empereurs el des rois clirélienS' Le l'ape, connue le chef et la bouche de
cl eu même temps il les asscnd)le par la voie la toute l'K^lise. du haut de la chaire de saint
pitis eanonitpie, eesl-fi-dire |)ar l'atilorilé sa- Pierre, dans la<pielle touies les K^lisi-s gardent
crée de leurs méiropolilains, qui, reconmie de l'unité, annonçait à tous les fidèles la commune
loiil leuq)sdans toute l'KpIise, ne pouvait venir tradition avec tonte l'autorité du Prince des
que de la tiadilion des apôtres. apôtres les évécpics reconnaiss;ml dans le dé-
:
Toute rKi^ilise de France s'épanclia en actions cret du premier siège la tradition de leui-s saints
de prAces, el reconnut plus que jamais quelle prédécesseurs toute vivante dans leurs Eplises ;
avait un roi à qui la sa;:csse était en\o\ée d'en et ce consentement pai fait était la dernière
haut pour pré>ider à ses conseils. Le succès marqua de l'assivlance du Sainl-Kspiit qui ani-
répondit à son atlenle. On vil toutes les pro- mait tout le corps de rKglise cathuliipie c'était :
viri{(> dans un pieux mouve/nenl, par des as- là cet examen que le prand Pape siiinl Léon
send)lées où la lorce de la vérité se rendit sen-. avait tant loué. Ainsi, en reconnais.sanl ladivine
silile dans la unanimité de tant de
parfaite supériorité du premier siège, les évècpies se
provinces, sans autre conceil <pie celui que conservaient le dépôt de la Iradilion ipie Jé-
lui inspirait la même lumière de la loi, la .sus-Chrisl leur avait mis entre les mains el ;
même suite de la Iradilion et le même espi it même selon l'ordre naturel, le premier juge-
de la piàce^C'esl ce (pi'on va rcconnailre dans ment dans lescpieslionsde la foi. Mais en même
le recueil des procès-verliaux des asseudilées lem|isils avouaient que le premier siège, lors-
proviniiales, el on avouera qu'il ne fallait pas que le hesoin de l'Lglise le demand;iil, pouvait
laisser |irendre, faute de les avoir ramassés en. commencer, pour être suivi avec connaissance
send>le. tant de lémoipiiapes de la loi, el lanl |)ar les .sièges snrhordonnés, en .sorte que tout
tection d'un prince si relipieux. pape saint Léon, un concours des provinces île
l'empire, .semhlahle à celui qui venait des se
(Suit riin.il)>c di's prorès-verlinux dei ags«mbir'e<! provin-
eiale», )ioiir l.iccppl^ilion tlu Bref de N . S. P. le P.ipo, apreS prali(pier. Kniin lesactcsde ces assemhlées sont
quo Boiisiiel cominue () un trésor d'érudition ecclésiasti(pie, (jiii nelai.ssc
L'uniformité des |)rovinces, et pour parler rien à désiier sur l'ancien ordre de l'Lglise,
encore plus précisément, le consentement una- sur l'autorité des canons et sur les libertés
nime de lous les é\é(pies tic rKj;lise pallicane, au->i saintes <pie modestes el respectueuses que
parait principalement en trois clio>cs dans la :
Je>us-Clirist nous a par son sang, et
acciiiises
manière' de recevoir la conslilution aposlolique, dont aussi les Lgli.ses chrétiennes oui toujours
été si jalouses.
dans le tond de la ducti'iuc, et dans l'examen
des forni dites. La chose était fai ile par le fond: les èvêtpies
Pour ce qui reparde l'acceptation solennelle étaient instruits de la matière par les dis|iule$
de la conslilution, les évé(|u<'s, toujours atta- pi ecedentes. Aussi les assemblées n'ont rien ou-
chés h la Iradilion, après avoir recherché les Idie de ce cpii serv.iil à illustrer la matière. On
cxenqiles des siècles passés, et en particulier estentré dans l'esprit de la censure apostolique
ce qui sétail fait en la dernière occasion, qiij en romiiarant les vingllrois propositions con-
était l'acceptation solennelle des constitutions damnées, pour en bien comiailre le sens par la
d'imiocenl X
d'Alexandre Vil, sur les cinq
el liaison des princiiics'. Tous ont remanpie dans
propo^iln»ns résolurent d'im conuiiun accord le livre, avec une nouvelle docliine, une .source
qu'i'i ce prand exenqile el pour maintenir les
jlillu.sions el de pralupies pernii icuses '; des
avec connaisiiince, el par lorme de juycment * rroc^k-TMb. df Rouen, d'AIbl. — ' De Kvbonii*, de B«ur(«i.
CONDAMNATION DES MAXIMES DES SAINTS. 261
étaient le goût des vérités et des vertus évangé- ront, salut. Les plaintes qui s'élevèrent en l'année
liqiies; un dessécliemcnt de l'oraison an lieu de 1697. en différenls endroits de notre royaume, et
la perl'oction qu'on en promellait ; une (laiteuse parliculièreinent en notre i)onne ville de Paris, au
sujet du livre intitutë: Explication des Maximes des
nonriitnre de la vanité, la ruine de l'espérance
saints sur la vie intérieure. compo=épar le sieur de
et un affaiblissement de l'attention qu'on doit
Salignac-Fénelon, archevêque de Cambrai, l'ayant
avoir à Jésus-Christ et à ses mystères <. On a
engagé de porter d'abord au Saint-Siège cette aflaire
pénétré à fond la nature du faux amour pur, qui était née dans le royaume, et de soumettre au
qui effarait toutes les anciennes et les véritables jugement de notre saint Père le Pape la doctrine qu'il
idées de l'amour de Dieu, que nous trouvons y avait expliquée, Sa Sainteté aurait fait examiner
répandues dans l'Ecriture et dans la tradition : ce livre avec toute l'exactitude que méritent les
celui qu'on veut introduire et établir à sa place choses qui regardent la foi et après y avoir tra-
;
est contraire h l'essence de l'amour, qui veut vailléelle-même pendant un très-longtemps avec
toujours posséder son objet, et à la nature de beaucoup de zèle et d'application, elle l'aurait con-
damn;' par sa constitution donnée en forme de bref
l'homme, qui désire nécessairement d'être hcu-
lel2 mars dernier, etaurait ordonnéen mèmetemps
reux2 on condamne distinctement sur ce prin-
:
A|)rès que les provinces eurent accepté una- déclaré et ordonné, disons, déclarons et ordonnons,
ninienient avec respect et soumission la consti- par ces présentes, signées de notre main, voulons et
tution aposlolirpie, il restait encore que, selon nous plait, que ladite constitution de notre siint Père
le Pape en forme de bi-ef, attachée sous le conlre-
la couhnne innuémoriale de tous les l'ojaumes
scel lie notre chancellerie, acceiUie par les archevè-
cbrèliens, il plut à Sa Majesté d'appiijerde sa
(pies et évêqnes de notre royaume, y soit reçue et
main royale, et d'ordonner l'exéculion d'une
publiée, pour y être exécutée, gardée et observée se-
décision si antlienli(jue. Ce qui lut lait en cette
lon sa forme et teneur. Exhortons à celte lin, et
forme :
néanmoins enjoignons ù tous les archevêques el évè-
DÉCLARATION DU ROI ques, conformément aux résolutions qu'ils ont prises
cux-ménies. de la faire lire et publier incessamment
Qui ordonne l'rxikulinn de la conslitulion de S. S. P. le
dans toutes les églises de leurs diocèses, enregistrer
l'ape, en forme de liref du VI mart Ki'.M), portnnt con-
,
règne le cinqu:mtc-scpliume. mar(|uer par leui- propre force, qu'il n'est pas
Siffri.* LOnS. bes<iiM de les répéter.
aux sul'flilult du jirorurfur yrm'ro/ du roi d'y tenir la concorde cl du concoms unanime du sacerdoce
main tl d en certifier la cuur dam un mois tunani et
,
,
et de l'empire suus LOUIS le Grand.
vieaiies, cl & tous les lidèle^ de notre diocèse livres où elles pniaisM-iil a>cc les plu.n belles
Eglises, s'est expliquée en ces termes ' : adhérant à son jugement, nous condamnons le
livre susdit, intitulé Explication des Maximes
;
aura trouble, f;uerre et renversement. Et comme parle de ce qui lui arri»a le jour «le la l'uriAcallon. le P. la Comh»
«Ui.t alor» avec elle; e le avait eu vin jt-ileux Jour» de fi*vr« con-
le {'ils de Dieu, ou pliil('it ses enlaiils, indivi^i-
tinue et. le Jour «le la purincitlon. elle eUit retombe» giliis aang*'
,
blemeiit avi-c lui, seroiil re|iaiiiliis par toiile la rcusrmriil .|ue nrnai». Lui lisant cette lettre, «i .ui parlant decetu
faut ipie le prince de ce iiioiide remue femme J. laissée elle n'hesiU point de dire .ju elle letall «Ile dé- ,
ti*rre ; il
termina le tem|<s de rarcom|ilis»ement de sa proliction ausiécicqut
luulu la terre de divers .signes et inisi-res ; plus court, lans d terminer t\ ce serait à lu (In di- rcliil-<i, ou au com.
menrement de laulrc. .Mme U .luclie se de ( liovreu»e m'adilqira
> Vnyt: laKttaliuH iitr (rfiiiV/i<m>.. v*ri. 3, n. 10; •! Cit dé commence inenl du clian^eu.eiil arriveraient en KM.
la paia et le
UniiCuym, icTxU par ttU-mêiu, p. 46, 49, 489. M. d* Cherretue n'en est pjsdikcooTenu. (No« d* Aewwi.)
,
UA.DAME GUYON A DOJI GRÉGOIRE BOUVIER, CHAR- admirable, sans rature, que quehpies mots mal
TREUX, SON FRÈRE. écrits mais dans un sens si propre cl si beau,
;
Vous ne sauiiez dire le bien (pie iNotrc-Seigrieiir Dieu, au I'. de la Molle '
; il n'y est point entré
fait taire àGrenoble pour l'inléiieur. Ali (jn'il ! il prend toul du cotéde la lrom|)erie. Jcdemeuro
faitbon s'abandonnera lui, et (pi'il récompense abandonnée à Dieu, aussi contente d'êlre Ironi.
bien pour un moment de perle en lui ce qu'il
, , péc (pie de ne l'être pas; parce (pie je n'ai point
a fallu soulliir pour y arriver Mais quand il ! d'intérèl qui me soit propre, et (juaiid je serais
n'y aurait point d'autre récompense (|ue celle de damnée je ne nie \om\\ ais désis-
assurée d'être ,
vous dise que je trouve partout cetl(î volonté iiilérieure et extérieure. nous savions Oh ! (pie si
essentielle de Dieu, non li(jrs de lui, mais en lui- bien cesser d'agir, pour laisser agir Dieu en nous,
même en sorte (ju'il m'a mise dans l'iuipossi-
; (pie nous serions heureux et nous abandonner !
nous fïvons. Mnis rpliii qiii ne Yeiit lirn que ce d'exprimer tous promets dn ne pins ni
: et je
qu'il a , tel (iii'il soil ; (]iii esl aussi coulent de sa écrire, ni parler de ces matières, ayant bien
jaiivrelé inlérioiire que des plus fiiaiides ri- plus de pencbant pour la solitude que pour toute
(•llcs^es qui n'a pas de voUiiité, de pemliant,
;
autre cliose. Comme ma l'iV avait été écrite avec
de (lé>ir, d'iiiclinalion pour quoi que ce soil, une grande simplicité, j'> avais mis tout ce que
quelijuc relc\és pus-^eiil-ils ùUv , lelui-lfi est je croMiis avoir senti : mais, puistpieje me suis
Ijarlailenu-nl l)euieux. C'esl , mon livs-clier •rompée, il n'y a, Monseigneur, qu'à tout brûler.
frère, l'étaloù je vous souhaile. La aiorl et la Si Dieu veut faire écrire sur ces matières dans la
\ie esl égale ù une telle Ame. Je vous porterais suite, il .se servira de |)ersoiines moins mau-
envie, si je pouvais vouloir autre ciiose (pic la vaises, et (jui ne mêleront \>ns leur propre
\olonlé de Dieu, de ce que volrc ftfie el votre esprit avec sa vérité. J'ai luoi-méine liorrcur de
julirmité vous disposent ù vous aller unir encore ce mélange. Ainsi, Monseigneur, il n'y a qu'à
plus étroitement à votre Dieu, et que vous allez tout brûler : me .semble, aucune
je n'en aurai, ce
\oir celui qui esl plis aimable que toutes les peine, ni mêmecondamnation, pourvu
de ma
vies. Pour moi, (jui suis in<li^;ne dimsifirand que Dieu suit glorilié, connu el aimé.
l)ieii, mécontente de la volonté de mon Dieu,
je Je ressens connue je dois. Monseigneur, les
qui est plus pour moi que tout le piuudls. obligations que je vous ai de la peine que vous
voulez bien prendre de me redresser dans mes
LETTRE IlL
égarements vous assurant qu'avec la giûcc de
;
LETTRE IV.
mérité que Dieu me lai.ssiU à l'esprit d'illusion :
veux dire un ciuisenlement (pie le même Dieu neiiieut du vrai el du faux (pic son onction :
qui le demande fait laiie. J'avais cru, jusipi'à vous enseigne les eflets de cette iiiéiiie onction
pirsenl, (pie Dieu était également auteur d'un dans les Aines. Ce ipii nie lail vous parler de la
certain silence ipiil opère dans l'iline, et de cer- sorte. Monseigneur, c'est (|iiejai toujours trouvé
tains actes (juil l.iil faire, où il parait h la créa- mon compte avec mon Dieu, el avec ceux qui se
ture qu'elle na d'aiilie part que celle de .se sont laissé guider par son espril. Je vous avoue
laissermouvoir au gré de Dieu. Ils sonl si sim- iiigêmiuient ipie j'aime tort que mon sort soit
ples que r;\me (pii les fait ne les distingue pas. entre ses mains. Les persiinnesipie voiispoiirriei
Mail si je me suis trompée, ce n'est p.is une consulter sur cela n'auraient iieul-étre pas lex-
cliosc fort extraordinaiie ipriine lemme igno- périence et la lumière des étaLs intérieurs joint •
rante se .soit trompée. S'il \ a (piehpie cliose do fl ce que n'étant employées par aucun car/Klère
bon dans nn^s (Vrits, il vient de Dieu seul : .s'il
y à celle leclieiebe, Dieu ne leur niamfesterait
a du défaut, de la méprise et de l'erreur, il est peut-être pas sa vérité. Pour vous, Mon.scigneur,
de moi et je ne suis pas fAcliée que cela ait
;
entre les mains duquel, ajirès Dieu, j'ai remis
servi vous faire voir. Monseigneur, de (pioi je
!i toutes clioses, j'espère delà bonté de Dieu qu'elle
suis capable. Dieu n'en est pas moins siinl, et ne vous lai.sscra pas prendre le cbaiige. Je n'ai
ses Voies n'en sonl pas moins admirables, pour point sollicité votre piété A ni'a|)proiiver, puisque
avoir été (écrites par une personne ipii se trompe je ne désire que la >êrité. Je ne luetoiiils pas
dans ses exitressions. Mon dessein ne lut jamui» qu'aiicunesconsidei alions humaiiios rendent ma
l'oy. U tielali^H lurli ijuiililWU, ««cl
'
a «, VI. '2, t.
< t't). la KtUlton «ar 1« ^ukiiêmt. MCI ;), a. 1 «t •.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 267
choses extraordinaires que ce sont celles dont Il me semble qu'il n'y aura pas de peine' à .:oncevoir les commu-
;
nications intérieures des purs esprits, si nous concevons ce que c'est
je luis le moins de cas, selon ce que j'ai eu l'hon- que la céleste hiérarchie, où Dieu pénètre tous les anges, et ces es-
neur de vous dire. Si je les ai marquées dans prits bienheureux se pénétrent les uns et les autres. C'est la même
lumière divine qui les pénétre, et qui, faisant une réflexion des uns
ma Vie, ce n'a été que pour obéir, sans vouloir sur les autres, se communique de cette sorte. Si nos esprits étaient
qu'on s'y arrêtât le moins du monde. Ce n'est purs et simples, ils seraient illuminés , et celte illustration e.st telle
a cause de la pureté et simplicité du sujet, que les cœurs bien
donc point par là qu'on doit juger d'une âme, disposés qui en approchent, ressentent cette pénétration. Combien
mais sur son état intérieur, très-détaché de tout de s;iints qui s'entendaient sans se parler ? Ce n'est point une conver-
sation de paroles successives mais une communication d'onction
;
cela, sur l'uniformité de sa vie et sur ses écrits. de lumière et d'amoui-. Le fer frotté d'aimant, attire comme l'aL
11 y a de trois sortes de choses extraordinaires mant même. Une âme désappropriée, dénu/e, simple, de Dieu, attire
les autres âmes à lui comme les hommes déréglés communiquent
que vous avez pu remarquer Monseigneur la
;
, :
un certain esprit de dérèglement. C'est que sa simplicité et pureté
première qui regarde les couunuuications inté- est telle, que Dieu attire par elle les autres cœurs.
Saint Augustin parle de ce silence dans ses Confessions, où il dit
rieures en silence celle-là est très-aisée à justi-
:
que parlant avec sainte Monique, Ils furent enlevés dans ce silence
fier, par le grand nondjrede personnes de mérite ineffable mais qu'à cau»e de lu faiblesse il en faut revenir aux pa-
;
roles, riût à Dieu que nos cœurs fussent assez puri, pour n'avoir
et de probité qui en ont fait l'expérience. Ces point d'autre communication avec les créatures. Lorsqu'on est deux
personnes, quej'aurai l'honneur de vous nonuner ou trois assemblés au nom du Seigneur, on éprouve si fort qu'il
y
est, qu'il faut avouer que s'il y a de la tromperie, Dieu s'en mêle-
lorsque j'aurai celui de vous voir, le peuvent car il est certain que le diable ne peut entrer ici. Il peut bien con-
justifier. Pour les choses à venir, c'est une ma- trefuii-e tout ce qui a quelque forme et figure expresse ou discours-
mais une chose qui n'a rien de tout cela, et qui est d'une simplicité,
tière sur laquelle j'ai quelque peine qu'on fasse pureté et netteté admirable.
attention ce n'est point là l'essentiel mais j'ai
: :
la giAce de vous lesècliiircir. Je vous assure déjà enfants licniimiienl du pain, cl |)ersoniie ne leur
par avance que je consens que vous les brûliez eu rompt. Le diable se .sert de lu malice de quel-
268 LETTRES RELATIVES
qiics-iiiis, qui al)iisnnt de tout, et qui, se disant Condamnez mes méprises. Monseigneur, si vous
ne l'élaiil [loiiil, eaiisriit l)caiir(iu|)
iiili'iifiiis et en trouvez dans mes écrits je les condamne :
de mal, cl par le scamlalc qu'ils donnent, nui- <lès à présent moi tnême
mais démêlez la vé- ;
péiieuce.Uoc je la souhaite pour vous, Monsei- J'attends vos ordres. Monseigneur, pour me
gneur, cette hemeuse expérience, qui rend l'a- rendre où il vous assmant que je
vous plaira '
;
mertume douce. (|ui change la douleur eu léli- n'ai plus d'autre désir que de voirs obéir, non-
cité, (]ui fait il'lieiueux misérables, (jiii leur ap-
seulement comme à un évêqrre pour Icqirel j'ai
prend qu'il n'y a de solide plaisir (pie dans la
un fort grand respect, mais coiirrrreà une per-
perte (Le tout ce (jue les houunes peu éclairés
sonne pour laquelle Notre-Seigneirr me donne
api)elient de ce nom! une entière confiarrce. Je conser-ve dans mon
Je ne désire point. Monseigneur, élre justifiée
cœur toute la reconnaissjuice qire je dois de la
personnellement mais je désire que (pielqu'un
;
peine que vous prenez poirr éelaircir la vérité
fas^e connaître (jue les sentiers de l'iiitciieiu' ne sans pré veir lion. J'ose vous assrrrer, .Monseigneirr,
sont ni faux, ni(liiméri<]iies, ni |)leinsd'eireurs. que Dieu vous en récornpenser'a dès cette vie
J'ose diie ipie l'uiivrage de l'inléiieiu' est celui
par l'aborrdance de ses gr;Ues. Jésirs-Christ et
de Dieu s'il n'elail point sou ouvrage, il se dé-
Reliai ne sont jamais en même licir il faut que
:
qui pourraient avoir une interprétation favora- auquel j'entends les choses; prête à tout con-
ble M je les exprimais comme je les entends, et damner sans nul examen, contente que vous
qui pourraient faire peine étant pris à la lettre. mettiez tout au feu. Faites-vous remettre en
Je ne viens point, dis-je, pour cela mais pour ;
main les originaux et les copies je vous les ré- :
vous obéir, pourme condamner moi-même sans signe si absolument, que, quoi que vous en puis-
qu'il soit besoin d'examen, à moins que vous siez faire, je ne m'en informerai jamais. J'ai
écrits. Mon cœur me rend ce témoignage, que à mon divin Maître comme une victime cunsa-
je ne tiens à rien du tout. J'ai désiré, j'ai de- crée à toutes »es volonlés, et faites-moi la grâce
mandé qu'on m'éclairàt dans mes égarements ; de me regarder comme la personne du monde
mais l'on s'est toujours contenté de crier contre qui est avec le plus grand respect et de sincérité,
moi que j'étais hérétique, méchante et abomi- etc.
que je me ferais examiner par qui il leur plai- sienne ne soit pas éclairée de la vériié de l'inté-
rait; mais que mon cœur n'avait de penchant
rieur car pour moi, Monseigneur, je me re-
:
que pour vous. Dieu a fait voir que je ne me garde comme un chien mort. Quand je serais la
suis point trompée. Aucun des autres n'a voulu
plus misérable du monde, il n'en serait pas
ni me voir ni m'entcndre. Vous seul. Monsei- moins vrai que Dieu veut établir son règne
gneur, avez eu cette charité, sans faire attention
dans le cœur des hommes, qu'il le veut faire
au décij dans lequel je suis. Je ne doute point par l'intérieur et l'oraison, et qu'il le fera mal-
que Dieu ne récompense votre charité aussi :
Ircviio tJu pfL'Ial avec MnioCiuyun, dont il cbt parle duiib la nota
duchcbse de Charost.
(irécvdcnte. .— >Voy. litlalion, aect. 3, n. 1.
Co bamiHli «u loir, 30 Janvier.
270 LETTFIFS RFI.ATIVES
MADAME GUYON A BOSSUET. qui empêche l'àme d'étie unie à Uieu, d'un
rapport a soi très-sublil, d'un propre iiiléiét
C« 10 Kvrler 18M.
d'une rè|)Uf^iiance que la nature nde
spirituel.
Je VOUS avais prié, Monsoijrnciir, «le ni'aiilei 8e laisser détruire au point ipi'il faut pour être
de vos ronseils pour me lirrr île iiics i^f^arc- unie a Dieu. J'ai cru éprouver tout cela. J'ac-
nicnls : mais ce serait abuser de voire Itimli*, cuse ma tromperie, el vous demande, .Monsei-
Ce sérail vous Iromper, que de feiudro ce (pii gneur, de brûler tous mes écrits et qu'il soit
n'est pas en ma imissaiice •
el j aiiuerai ndeux fait défense d'imprimer davantage des livres
mourir de la miM''re la plus houleuse (jue de défendus. Ceux qui le sont je les abjure el dé-
vous tromper uu moiuenl. Loisipie vous m'avez teste connue de moi c'est tout ce que je puis.
:
corporelles. Je ne cundauuie point les actes ni plus abuser un prélat .si plein de charité, ei
les l)()nnes pratiques, à Dieu ne plai.se Je ne ! pour lequel j'aurai toute ma vie un profond
donne point de remède à ceux qui marchent; res[iecl et une exlrémc rccoimais-sancc, etc.
mais j'en diume poiu- beaucoup ipii ne peuvent De la Mottiie Guyon.
fane ces actes disliiuls. Vous diles, Monsei-
J"ai unegrande lièvre, que j'ai peine à
si
gneur Ces remèdes sont dangereux, el l'on
:
(jui connue ncenl à sentir ceilainesinipuissimces J'ai tâché de le taire jusipi'à présent, vous ayant
(ce qui est fort couuunn), croient être au som- obéi avec une extrême ponctiialilé, ainsi que nos
Miel; el j'ai voulu, en relevant ce dernier élut, amis iionrront vous en a.ssurer. Ce fut par
leur faire comprendre leur eloi^'nemenl. excès de conliance quejo vous donne la Vie, que
l'onr ce qui iej;ardc le .sens de la doctrine, j'étais |iréte h comme le reste, si Volro
brider
je suis une ignorante. J'ai cru ijuc mon direc- ("irandeiir me ordonné. Vous vovez bien
l'avait
teur olerail les termes mauvais, (pi'il corrigerait ipie celle Vie ne peut .se montrer que par excès
la doelnne. Je crois, .Monseigneur, tout ce que lie conliance. Je l'ai écrite, ainsi que mon Dieu
soumission et du désir sincère que j'ai de vous ma reconnaissance qu'en vous disant, en toute
obéir singulièrement, et que vous fassiez tout simplicité et sincérité, ce que je crois que avez à
l'usage qu'il vous plaira de mon obéissance. faire en quoi je salislerai également, et à votre
;
Je vous prie, Monseigneur, de faire attention vous taire que je ressens en vous quelque chose
que j'ai écrit par obéissance, sansrénexion;quej dont je suis fort touché c'est celle insatiable avi-
:
quoique cette obéissance m'ait coûté bien des dité de croix et d'opprobres, et le choix que Dieu
mes choses si l'on me l'ordonnait, quand il m'en certaines croix, où son doigt et sa volonté sem-
devrait arriver plus de maux. blent marqués. Il me semble qu'on doit être
excité par h\ à vous montrer, autant qu'on
LETTRE XL peut, ce qu'on croit que Dieu demande de vous,
MADAME GUYON A BOSSUET. et à vous puritier de certaines choses, dont
A la fin de février 1694.
peut-être il veut vous purger par la coopéra-
tion de ses ministres. Les grâces qu'il fait aux
J'éprouve, Monseigneur, depuis quelques âmes par leur ministère, quelque pauvres
jours, une union très-réel le avec votre âme. Com- qu'ils soient d'ailleiu's, sont inénarrables.
me cela ne m'arrive jamais sans quelque dessein Pour commencer donc, je vous dirai la pre-
particulier de Dieu, je vous conjure de vous mière chose dont il me parait que vous -devez
exposer à ses yeux divins l'esprit et le cœur vides, vous purifier, c'est de ces grands senlimenls
afin que Dieu y mette ce qu'il lui plaira. Livrez- que vous marquez de vous-même. Ce n'est pas
vous à ses desseins éternels sur votre âme, et que j'aie peine à croire qu'on puisse dire de soi,
consentez, s'il vous plait,à tous les moyens dont comme d'une autre, certaines choses avanta-
il voudra se servir pour régner plus absolument geuses, surtout des choses de fait, quand il y a
en vous qu'il n'a encore fait. raison de les dire, et qu'on y est obligé par l'o-
Je ne sais. Monseigneur, si je fais bien ou béissance. Mais celles que je vous ai montrées
mal de vous écrire comme je lais mais j'ai : sont sans exemple, et outrées au delà de toute
cru (lu'il valait ndeux t'aillir pai- nu excès de mesure et de tout excès. Ce qui me rassure un
simplicité à votre égard, assurée (jue vous me peu, c'est (juc j'ai vu dans une de vos lellres
,
reihesscrez lorsipie je m'égarerai, (|uc de ris- à M. de Clicvrcuse, que vous êtes vous-même
quei' de désobéira Dieu, io me suis olfcile à sa étonnée d'avoir écrit de telles choses, étant Irès-
divine Majesté, pour souffrir tout ce (pi'il lui éloignée d'avoir de vous ces senlimcids. Appa-
plairait jwur votre âme. Je ne vous fais point remment Dieu vous fait sentir (pu- de telles ma.
excuse de ma liberté car j'ai celte conlianceen
; nièresde parler de soi, et une si grande idée de
la bonté de Dieu, que si c'est lui qui me lait vous sa perfection, serait une vraie pâluiede l'amour-
écrire, il luellra dans votre cœur les dispositions propre. Déposez donc tout cela, et suivez le mou-
nécessaires pour connaître et goûter le molif(|ni vement que Dieu vous eu doniu'; d'anlanl plus
me agir; sinon cela .servira du moins à vous
fait (jue ren(hoil, où vous dites: « Ce (jue je lierai
faire conqirendre mes égarenu'uts, 'i exercer sera lié, ce (pic je dclieiai sci'a délié, » cl le reste,
votie charilé, et h vous faire voir ma conliance, estd'im excès insupportable; suilout (juand on
(pii ne (liniiiuie (loint le [trolond res[iect avec considèie (pie celle (pu iiarli' ainsi se trouve dans
lc<iiiel je suis, etc. un état aposloli(pi(', c'c^t-à-dire se croit un apô.
tre parélal. Je ne cioi> pas (ju'il vous soil pei mis
' Voy. U liettitioH sw le qui^tume, flcot< 'Jl.
'^, i).
2"2 LETTRES RELATIVES
de retenir de telles choses. Déposez-les donc, et qu'il plaira àDieu d'inspirer aux évêques cl aux
exéculcz la ri'.soliilioii que Dieu vous inspire de doelcui*s, approuvés pour réduire vos expres-
vous Mwjnesirer, de ne pliis tVrire, de ne i)lns sions et vos sentimeiiLs à la règle de la loi, el
n'a |)(iinl d'exemple dans l'Kiilise, surtout (piand Ma seule diflicnlté e.sl sur la voie, et dans la
vous les comparez.'» la commimicatiun ([uNtut déclaration (pie vous laites que vous ne pouvez
entre eux les saints an^;es el les antres hicnlicu- rien demander pour vous, pas même de ne pé-
rcux esprits; el (piand vous mar(|iiez en vous cher pas, et ne persévérer dans le bien jusqu'à
une piénilude, ipie vous appelez iidlnie, pour la lin de votre vie, qui est pourtant une chose
toutes les Aines, qui cause un let^or^iement dont qui manque aux étals les plus pailails, et que,
je n'ai jamais oui parler qu'à vous, (juchpie soin selon saint Augustin, Dieu ne donne qu'à ceux
quej'aic piisd'eneiierilii'railii'nrsdesexemples. qui la demandent. Voilà ce quime fait une
Vous reninlicrez à tout cela en vous retranchant peine que jusqu'ici je n'ai pu vaincre, quelque
tonte commimiealion, connue vous m'avez lé- elïort (jue j'aie faitpour entrer, s'il se pouvait,
nioij:né (pic vous étiez résolue. dans vos senlimcnts. el dans les explicalionsdes
Je ne prétends pas vous exclure d'écrire pour personnes spirituelles que vous connai.sscz, avec
vos aflaircs, ni pour entretenir avec vos amis qui j'ai liailé à fond de celte disposition. La rai-
une correspondance de charité ce (pic je pré- ;
son qui m'en empêche, c'est (]u'elle parait di-
tends, c'est l'exclusion de tout air de dogmatiser, reclement contraire aux commandements qi.e
ou d'enseigner, ou de répandre les grâces |iar Jésiis-Chrisl nous l'ail tant de fois de prier et de
celle si extraordinaire communication qu'on veiller sur nous : ce qui regarde tons les Chré-
pourrait avoir avec vous. tiens et tous les étals. Quand vous me dites que
Je mets encore dans le rang des choses que cela vous est impossible, c'e-^t ce qui augmente
vous devez exposer, toutes |trédicUons, visions, ma |)eine car Dieu (|ui assnréinenl ne com-
; ,
miracles, et en un mot, toutes choses extraor- mande lieii d'impossible, ne rend passes com-
dinaires, queliiiie ordinaires ipie vous vous les mandements impos.sible>à ceux (pi'il aime et ;
figuriez dans certains élats; car tout cela est au la prière est ce qui leur est le moins impossi-
rang des palmes de l'amour-iiropre, si l'on n'y ble puixpic c'est par elle, selon le concile de
prend heaucoup garde. Dieu est indépendant Trente, sess. 6, cliap. 11, que ce qui était impos-
de tout cela c'est à ipioi vous devez vous atta-
:
sible ces.se de relie.
cher même selon les principes de votre oraison. Je n'ignore pas certaines iinpuiss;mces, que
Que s'il vous vient des choses de celte iialme, des personnes lrès-.>iaiiites ont observées et ap-
que vous ne croyiez pas pouvoir cin|iécher, prouvées en CCI tains degrés d'oraison; mais ce
lai.ssez-les écouler, autant qu'il est en vous, et n'est pas là ma ditlicnlte. On .s^iil que des pré-
ne vous y attachez pas. lin voilà assez sur ce ceptes allirmatils, tels que celui de prier, ne sont
point, et je n'ai point de peine sur cela; parce pas obligatoires à clia(iue moment mais qu'il :
que vous m'avez dit cl écrit que vous étiez y ait un degré où pennaneinmenl et par état
disposée h vous conlormer au conseil que je on ne puisse pas prier pour soi, c'est ce qui me
vous donne en Noire-Seigneur. parût opiiosé au commandement de Dieu, et
Il y aurait heaucoup de choses à vous dire sur
de (pioi aussi je ne vois aucun exemple dans
vos écrits. Je puis vous assurer (ju'ils sont pleins toute l'Kglise. La raison de cette impossibilité
qui sonl imprimés, et qu'on ne s;uiiail hrùler, c'est (pielque cho>e d'intéressé, où une ànie de
comme je vous vois soumise à consentir, et à ce degié ne peut s'appliquer, que de prier
vous soiimellre à toute censure, correction ei qu'on ne pèche |)as l'auire, que c'est l'alfiire
;
explication (pi'ou y pourrait laire, aimant mieux (le Dieu, et non pas la notre. Ces deux ré|ionses
mourir mille l(.is, cl soiillrir loiiles sortes de ré|iiigiieut à la règle do la foi,uulint l'une que
l'Eglise, ou donner le moindre lieu à lalteralion Que ce soit quelquechose d'intéressé de prier
tie la siûne doctrine; vous u'aNcz ijuà per.sisler Dieu ipi'oit ne pèilie pis, c'est de même que si
dans ce senlimenl, et vous soumcllie h tout ce on (ll^all que c'esl i|uelcpie chose d'intéressé de
demander à Dieu son amour car ; c'est la même
,,
mande devient une chose si étrangère â la « mise à Dieu, parce que c'est de lui que vient
prière, qu'elle n'en fait plus aucune partie, er.- « la patience ' Par de tels actes l'âme, en
? »
Un ne se trompe pas moins , qiiaml on re- De là suit encore qu'il ne faut pas lanl louer
garde comme itii|jerle((i<)n île iéllé<liir et .«-e la sim|>Iicilé, ni porterie bl;\me (pi'on fait de la
iccourher sur soi-même. C'est ini|)ei re('lion de multiplicité jusqu'à nier la distinction des Irois
se recoinljer sur sui-même par com|ilaisimcc actes, dont l'oiai-son, comme toute la vie cliré-
pour soi; mais, an contraire, c'est un don de lienne, est néccss;»irement composée, qui sont
Dieu de rélléeliir sur soi-même pour s'iiumi- les acles de foi, ircs|)érancc et de charité. Car,
« suis pas pour cela jnstilié ' : » on pour con- Ire, leurs actes ne peuvent pas n'êlie pas dis-
naître les dons ipi'on a reçus, comme quand le tincts; et encore qu'à les regarder dans leur
même saint l'aul nous avons reçu dit que « lierfection, ils soient inséparables dans l'Ame
€ l'esprit de Dieu pour connailre ce qui nous a du juste, il n'y aura rien d iuipariàil de les voir
« été donné '^; » cl cent autres choses scniMa- connue di>lincts, puisipie ce n'est que connailre
blcs. C'est encore, sans dillicullé, un acte une véiilé; non plus (|ue de les exercer connue
reiombé sur soi-même, que de dire tels, jinisque ce n'est que les exercer selon la
réllexe et :
Jacques, comme à Jol), cimune à Daniel, qui représenler ; car il ne jjcuI pas être sans la foi
« nous induisez pas en lentalion, mais délivrez- la perfection de l'amour, d'avec la foi et la con-
plus répiiguanlesà la perfection que cette autre: quoi(|uc unis ; cl c'est aussi ce qui en fait la sim-
« l'ardonuez-nous. » plicité.
Voilà donc des actes rénéchis et Irês-parfaits; ne faut donc point se persuader qu'on y
Il
soient vérilahlcs. Car y a des il est vrai qu'il conlrairc, .si elle était mise par écrit, .serait uni-
actes qu'on appelle exprès, qui ne sont qu'imc vei sellement conilanniée connue contraire à ,
tormule dans l'esprit ou dans la mémoire; mais im commandement exprès, et par conséquent
pour ceux qui sont en vérité dans le co'ur, et à une vérité triis-exprcssément révélée dansl'Ë-
.se produisent dans son fond, ils sont très-hous, vangile.
cl n'en seront pas moins parfaits pour être con- Ce qu'on dit de plus apparent contre une vé-
nus de nous. pitur\u (pi'ils viennent véritahle- rité siconstante, c'est qu'il y a des in.slincts et
menl de la foi (|ui nous fait altrihucr à Dieu, et des mouvements divins certainement tels, (jui
rcconnailre venir de lui, tout le bien qui est en sont clairement contre des commandements de
nous. 11 ne faut donc pas rejelor les actes cx- Dieu, lelsque l'insliuclipii fuldonné à.Mirabani
j)rès et c'est le faire que do metirc la pcrfcc- d'iunnoler .son fils. On ne peut douter que Dieu
;
apeii;us, si on pouvait les apercevoir en soi. par elles-mêmes dans l'esprit du jnsle qui les
Mais cela ne peul pas être bon puisque par un ;
regoil. Il ne faut donc pas les rejeter, sons pré-
Ici senlimenl on exclut l'action de prikes, l.iiil texte (prellcs seraient contraires au conunande-
commandée par saint l'aul ; cet acte u'éLuil ni ment ilc Dieu; j)uisque celle (jtii fui donnée à
plus ni moins intércs.sé que la demande. Ain aham, qu'il lallail immoler sou (ils, chpicDieii
'I. C..r. IV, 4 — ' /*., II. H. — > JUiill ri, 11. le voulait ainsi, était contraire en apparence à la
,
A ^AFFAIRE DU QUIETISME.
promesse que Dieu avait de nuilliplier lafaite Quand Abraham entreprit, contre la défense
postérité d'Aliiviliam par Il n'y a donc Isnac. générale de tuer, de donner la mort à son fils,
plus qu'à exauiiuer si elles sont de Lieu ou de Dieu lui fit voir ce qui était très-vrai, qu'il était
nous ; ou, en d'autres termes, si ceux qui re- le maître de la vie des hommes; que c'était lui
çoivent de semblables impressions sont de ceux qui avait donné cet Isaac, qui avait droit de le
que Dieu meut spécialement, et qu'on appelle lui redemander, et qui pouvait le lui rendre par
qu'on ne peut rien demander à Dieu. Mais cela exercer un plus saint encore, qui néanmoins,
ne résout pas la difficulté ; car c'est autre chose après tout, n'eut point son etfet.
de recevoir une fois un pareil instinct, comme Mais quelle perfection espérez-vous dans la
Abraham "autre chose d'être toujours dans un
, cessation de tant d'excellents actes de la de-
état où l'on ne puisse observer les commande- mande, de la confiance, de l'action de gnàccs î
ments de Dieu. D'ailleurs cet état, qui vous fait C'est de demeurer défaite d'actes intéressés.
dire en cette occasion: Je ne puis, selon vous Mais c'est l'erreur de prendre pour intéressés
n'est pas un état extraordinaire, mais un état des actes commandés de Dieu comme une
où l'on vient naturellement avec une certaine partie essentielle de la piété , tels que sont
méthode et de certains moyens, qui sont même ceux qu'on vient de marquer , ou d'attendre
qualifiés courts et faciles. C'est donc dire qu'on à les faire que Dieu vous y meuve par une
doit travailler à se mettre dans un état dont la impression extraordinaire ; comme si ce n'était
fin est de ne pouvoir rien demander à Dieu, et pas un motif suffisant d'exciter à les faire
que c'est la perfeclion du christianisme. Or qu'ils soient non -seulement approuvés, mais
c'est là ce que je dis qu'on n'exposera jamais au encore expressément commandés. L'excuse de
jour, sans encourir une censure inévitable. l'impuissance n'est pas recevable , pom- les rai-
Et si l'on demande en quel rang je mets donc sons qu'on a rapportées celle du rassasie- :
ceux qui douteraient de mon senliment, ou qui ment, poussé jusqu'au point de le trouver as-
en auraient de contraires je répondrais que je . sez grand en celte vie pour n'avoir plus rien
demeure non-seulement en union, mais en- à demander, s'il devieiU universel pour tout un
core en union particulière avec eux,popformé- état, c'est-à-dire pour toute la vie, est une er-
ment à ce que dit saint Paul: Demeurons dans reur on ne voit rien de semblable dans l'Ecri-
:
nies choses auxquelles nous sommes parvenus iurc, ni dans la tradition, ni dans les exemples
a ensemble et s'il y a quelque vérité où vous
;
approuvés. Quelques mystiques, quelque âme
ne soyez pas encore parvenus, Dieu vous le pieuse, qui dans l'ardeur do son amour ou de
« révélera un jour *. » C'est, Madame, ceque je sa joie, aura ditqu'iln'y a plusde désir, en l'en-
vous dis. Vous avez pris certaines idées sur l'o- tendant des désirs vulgaires ou en tous cas ,
raison; vous croiriez être propriétaire et inté- des bons désirs pour certains moments, ne fe-
ressée en faisant de certains ai.tes, quoique ront pas une loi et plutôt il les faut entendre
;
on aheiirlenient dans votre esprit je n'en de- ; reté du culte, c'est une pratique insoutenable.
meure pas moins uni avec vous, c-^péiant que Quand on natlaquc que ces endroits de l'inté-
Dieu vous révélera ce qui rcsic, d'autant phis rieur, ce n'est point l'inlérieur qu'on attaque, et
que vous demandez avec instance qu'on vous c'est en vain qu'on s'en plaint ; car les personnes
redresse de vos ésaremcnls; cl c'est ce que je intérieures n'ont point eu cela. Sœur Marguerite
lâche de faire avec une sincère charité. du Saint-Sacrement était intérieiu'c;mais après
Déposez donc Madame peu à peu ces im-
, ,
qu'elle cid été choisie pour épouse, coud)léc de
puissances prétendues, qui ne sont point selon grâces proporliounées, et élevée à une si haute
l'F.vangile. Croyez-moi , la demande (pie vous conlemplaliou, clic disait « Sans la grâce de :
son degré d'oraison où clic csl absorltic en Dieu Ui) dit pour nous'; » il faut
: u rE.s|)rit prie
en disant : « Uienliciirciix riioniinc qui craint donc le mais celte parole regarde
laisser làire ;
Kicu !
dans
notre plus grande conliaiue iloit ùlrc tous les états de giùce et de .sainteté. D'ailleurs,
la [Il i('ic (jue nctus sommes
con- ohlij^t^s de faire la consé(|uence n'est pas bonne au lieu dédire, :
timicllcment à Dion, de vouloir nous soutenir de il prie eu nous, donc il le faut laisser faire; il
sa main loiite-|)uissanle, alin que nous ne lof- faut dire il |irie en nous, donc il faut coopérer
:
Icnsions point '. » On n'a <\nk lire ses lettres; on h. .son mouvement et s'exciter |»our le suivre,
trouvera que l'élat d'orai>on où elle lait cette comme la suite le démontre. On dit que, selon
prière est celui où elle était après quarante ans le même .saint l'aul, a le Chrétien est poussé par
de profession et vingt-. leux amièes de sécheresse, « l'Esprit que Jésus-Christ dit que
de Dieu 2; »
portée avec une foi sans pareille parmi des per- « le Clirélien est cn.seigné de Dieu*. » Cela csl
sécutions inouïes. vrai, non d'un étal particulier, mais de tous les
Si onvent remonter aux premiers siècles, saint justes et que Jésu.s-Clirist dit expressément
;
:
Augustin était intérieiu-; mais on n'a qu'à lire « Tous seront enseignés de Dieu. » On ne prouve
SCS Confessions, qui sont une perpétuelle con- donc point, jiar ces paroles, cette surprenante
templation, on y trouvera partout des demandes singularité qu'on veut attribuer à un état ;iarti-
(|u'il fait pour lui -même, sans qu'on y pui-se cuiier. Ou dit: 11 est écrit, a Un'on se renonce soi-
nnianpicr le moindre vestige de la pcrfeclion même*. » E.st-ce à dire qu'il faut renoncer à de-
d'anjonidlmi. Saint mais l'aul était intérieur; mander ses besoins à Dieu jiar rapport à son
non-seulement pour lui-même, mais il
il prie .salut? Ce serait trop visiblement abuser de la
aucune sorte. Cela déjà est assez étrange; mais « viendrons à nous ferons en lui notre de- lui et
gagne sa cause: et l'àmede saint l'aul était é(iouse ni exemple, ni per.sonnequi put ou ijui o.s;U
dans le degré le plus sublime, sans cesser de se dire ouvci temcnt : En cet étal ce serait une
procurer des intercesseurs. KnliiKju'on me mon- demande propriét;iire intéressée, de demander
tre tlans toute la suite des siècles un cxemiile pour .soi (pielque chose, si bonne qu'elle fût, à
semblable à celui dont il s'agit, je dis un exem- moins d'\ être poussé |)ar un mouvement parli-
ple approuvé; je connnencerai à examiner la culici- : et la coimiiime révélation, le comman-
matière de nouveau, et je tiendrai mon senti- dement commun lait à tous les Chrétiens, ne
ment en suspens; mais s'il ne s'en trouve aucim, sullit [las. Une telle propo.silion est de celles où
il faut (|ii'on cède. il n'y a rien à examiner, el qui portent leur con-
Je n'ai jamais hésité un seul moment sur les damnation dans les termes.
étals de siinle Thérèse, que je n'y ai rien |>aree J'écris ceci sous les yeux de Dieu, mot à mol.
trouvé (pie je ne trouvasse aussi dans l'Ecriture, comme je crois l'entendre de lui par la voix de
connue elle dit elle-même que les docteurs de la tradition elde rEcritiire. avec une entière con-
son temps le rcionnaissaienl. C'est ce qui m'a fiance que jevous permets néan-
dis la vé-rité. Je
faitestimer, il y a trente ans, sanshésiter, sa doc- moins de vous expliquer encore peut-être se :
trine, qui aussi est louée par toute l'Eglise; et à Irouvera-l-il dans vos sentimenls quelque chose
présent (pie je viens encore de relire la plus qui n'est point assez débrouillé; elje serai tou-
grande parlie de ses ouvrages, j'en porte le même jours prêt à l'entendre. l'our moi, j'ai voulu ex-
jugement, Imijours sur le fondement de l'Kiri- près m'expli(iuer au long et ne itoint épargner
lure mais ici je ne sais où me prendre; tout est
:
ma peine, pour satisfaire au désir que vous avci
contre cl rien pour. d'être instruite.
— • nom., VIII, 20. — ' /6 . 1 1. — ' Jnnn., TI, 4j. — ' Matl., XT1, 41.
• Clflltau de fi'mt, 7« dcDicarc, c. 4. ' 1. Tf.ttt., r, 25
— '
/ y.,.in., n, 10. — • «., xr», 13. - '
/»., r», 4. — /»., xi», l».
tJilr , nu, 13.
A L'AFFAIRE T)V QÏTIfTîSME.
Je vous déclare cependantque je loue votre plation, et qui sont très-assurément des actes,
que je compatis à vos croix, et que j'es-
docilité, d'une foi très-vive, d'une espérance très-pure,
père que Dieu vous révélera ce qui reste, comme d'un amour sincère; car il est bien aisé d'enten.
je l'ai dit après saint Paul. J'aurai encore beau- dre que tout cela y est renfermé ce sont pour-- :
coup de choses à vous dire sur vos écrits et je le ; tant des actes de réflexion et sur siu- soi-même
ferai quand Dieu m'en donnera le mouvement, ses actes propres. Et retour qu'on fait sursi le
comme il me semble qu'il me l'a donné à celle soi-même, pour y connaître les dons de Dieu,
fois. Au reste sans m'altendre trop à des mouve- était un
acte intéressé, il n'y en aurait point qui
ments particuliers, je prendrai pour un mouve- le fût davaotage que l'action de grâces. Mais ce
ment du Saint-Esprit tout ce que m'inspirera serait une errem- manifeste de le qualifier de
pour votre âme la charité qui me pi'esse et la cette sorte, et encore plus d'accuser l'Eglise d'in.
prudence chrétienne. Je suis, dans le saint amour diiire ses enfants à de tels actes, quand elle les
de Notre-Seigneur, très-parfaitement à vous et induit à l'action de grâces. Il en faut dire autant
toujours prêt à vous éclaircir sur toutes les dif- de la demande, qui, comme nous l'avons dit,
ficultés que pourra produire cette lettre dans n'est ni plus ni moins intéressée que l'action de
votre esprit. grâces.
Addition. — Pendant que
je ferme ce paquet, Toutes ces actions sont donc pures, sont sim-
Dieu me remet dans l'esprit le commencement ples, sont saintes, soiit parfailes, quoique réflé-
de l'action du sacrifice qui se fait par ces paro- chies et ayant toutes un rapport à nous. 11 faut
les du pontife Sursum corda, le cœur en haut
: : que tous conforment au désir de
les fidèles se
paroù le prèlreexcitc le peupleets'excite lui-même l'Eglise, qui leur inspire ses sentimenis dans son
le premier à sortir saintement de Uii-niéme, pour sacrifice ce qu'on ne fera jamais; mais plutôt
:
a'élever où est Jésus-Christ. C'estlàsansdoiiteun on fera tout le coutraire, si on regarde ces actes
acte réiléchi, mais très-excellent, et qui peut être comme intéressés ; car c'est leur donner une
d'une très-haute et très-simple contemplation. A manifeste exclusion.
<|uoi le peuple répond avec un sentiment aussi su- Il donc entrer dans ces actes il faut qu'il
faut :
blime : Nous l'avons (notre cœur) à Notre-Sei- y dans nos oraisons une secrète intention de
ait
gneur ; c'est-à-dire nous l'y avons élevé, nous l'y les faire tous; intention qui se développe plus ou
tenons uni : ce qui emporte sans difficulté une moins suivant les dispositions où Dieu nous
,
réflexion sur soi-même; mais une réflexion qui met;maisqui ne peut pas n'être pas dans le fond
en effet nous fait consentir à l'exhortation du d'un Chrétien, quoiqu'elle puisse y être plus ou
prêtre, qui, en s'excitant soi-même à ce grand moins cachée et quelquefois tellement, qu'on ne
acte, y excite en même temps tout le peuple pour l'y aper(,oit pas distinctement. Ce sera là peut-
dans le sien,pour les offrir à Dieu par Jésus- cela il faut changer non-seulement de langage,
Chi-ist. Le prêtre donc, ou |)lutôt toute l'Eglise et mais de principes, en reconnaissant que ces ac-
Jésus-Christ même eu sa personne, après avoir tes sont très-parfaits en eux-mêmes, soit -qu'ils
oui de la bouche de tout le peuple celte humble Foiciit aperçus ou non, excités ou non par notre
et sincère rccounaissance de ses sentiments : attention et par notre vigilance pourvu qu'on :
«c Nous avons le cœur élevé au Seigneur, » la re- croie et qu'on sache qu'on ne les fait connue il
garde comme un don de Dieu; et afin que les faut qu'aulant qu'on les fait par le Saint-Esprit :
assistants enti'cnt dans la même disposition, il ce qui n'est pas d'une oraison particulière, mais
élève de nouveau sa voix en ces termes « Ucn- :
connnuu à tous les élals du christianisme, quoi
« dons gniccs au Seigneur notre Dieu, » c'est-à- que non toujours exercé avec ime égalesimpli-
dire rendons-lui gnkes universellement de tous cité et pureté. Si on entre véritablement dans
ses bienfaits, et rendons-lui grâces en particulier ces sculiuients , la doctrine en sera irrépréhen-
de cette sainte disposition où il nous a mis, d'avoir sible.
humblement tout ensemble |iar cette action, le « que nous connaissons que nous
C'est par là
sacrifice de l'Eucharistie. « sommes de la vérilé » (ses enlanls cl animés
Voilà sans doute des actes parfaits, des actes par elle), « cl que nous en persuaderons notre
très-sim|pirs, des actes 1res -pius, (pii peuvent " c(vm- en la présence de Dieu, parce que, si
€ noire cœur nous reprend, Dlcii est plus prand pas comme j'ai écrit cela, qu'il ne m'en est rien
« que notre cœur, oï il counnit loiil. Mes liien- resté dans la tète, et que je n'ai nulle idée de
e ainiés, si noire cœur ne nous reprend pas, moi, n'y pensant pas même. Lorsque je puis Y
•
nous avons de rassnrance devant Dieu cl quoi ;
réfléchir, il me parait que je me trouve au"
que ce soit que nous lui demandions, nous dessous de touti-s les créatures et un vrai néant-
•' l'obtiendronsdelui. » Voilà des actes manifes- J'ai donc l'esprit \ide de toute idée de moi.
tement réfléchis sur soi-mùuie, et un fondement J'av.iis cru (pie Dieu, en voulant se senir de
de confiance étalili sur la dispiisiliiMi qu'on sent miii, ^'a^ait regardé (|ue mon iidinie mi.sère, et
en son co'ur. Je demande si ce sont là des sen- qu'il avait choisi un instrument
destitué de tout,
timents des parfaits ou des imparfails. S'ils sont alin qu'il ne
dérobât pas sa gloire. Mais
lui
des parfaits, ils ne sont donc ni intéressés ni pro- puisrpie je me suis lrouq)ée, j'accuse mon or-
priétaires. On ne peut pas dire qu'ils n'eu soient gueil, ma témérité et ma folie, et je remercie
jias, puisque s;iint Jean les connaît en lui connue Dieu, Monseigneur, qui vuus a inspiré la charité
dans les autres, h'ailleurs on les voit expressé- de me retirer de mon
égHiemenl.
ment dans saint Paul , lors(|u'il dit ,
prêt ù con- Le mol de de lier iic doit pas être pris
délier cl
sommer son s;icriliee, et dans l'état le jjIus par- au sensqu'ilestdit àrLi;li.--c c'était une certaine
:
fait de sa vie : « J'ai bien combattu ', » et le reste. autorité que Dieu semblait m'avoir.ionnée, pour
On voit (pi'il s'appiùe sur ses œuvres mais : tirer les ûmcs de leurs |»eiiies et les y replonger.
comment? Il est sms doute que c'est en tant Mais, Mon.seigneur, c'est ma folie qui m'a fait
qu'elles sont de Dieu et un effet connne une ,
croire toutes ces choses, cl Dieu a permis que
marque de son amour. cela se trouvait vrai dans les Ames; en sorte que
Il ne faut dimr point tant blAmcr ces actes ré- Dieu en me livrant à l'illusion, a permis que tout
fléchis, qui sont, connne on voit, des idus par- concourût pour me faire croire ces choses, non
faits et en même temiis des plus Inuubles, et en manière rèlléchie sur moi, ce que Dieu n'a
(pii néamuoins. bien loin d'étouffer en nous jamaispermis, ni que j'aie cru eu être meilleure;
l'esprit de demande, sont, selon saint Jean, un mais j'ai mis sii )plcment et sans retour ce que
des fondements qui nous fait demander avec je m'imaginais. Je renonce de tout mon cœur à
Au reste ,
je ne veux pas dire que toutes les aucune ce que je puis, est de les désavouer.
:
finies Sîûntes doivent toujours être expressément C'est de tout mon cœur que je prends le parti
dans la pratique de ces actes ce que je veux : de me retirer, de ne voir ni écrire à pei-suune
dire, c'est que ces dispositions sont saintes et sans exception. Il y a six mois que je commence
combattre directement le
parfaites, et (jue c'est à le prati(juer j'espère que Dieu me fera la
:
d'impures, ou de faire comme une espèce de écrits et qu'on censure les livres, n'y prenant
règle pour les parfaits, des dispositions diffé- nul intérêt je l'ai toujours demandé de la sorte*
:
Dieu n'en est ni moins grand ni moins parfait , Dieu laisse la liberté de pensera elles, eld'autres
ni moins heureux pour tous mes égarements. Je que Dieu invite à se donner à lui par un oubli
croirai. Monseigneur, de moi tout ce que vous si entier d'elles-mêmes, qu'il leur reproche les
m'orddunerez d'en croire; et je dois vous dire moindres retours. Ces Ames sont coimne des
|)our obéir h l'ordre que vous me donnez de von? petits enfants qui se laissent porter à leurs pères,
mander simplement mes pensées, que je ne sais qui n'ont aucun soin de ce qui les regarde. Cela
' 7.— î Toy. U AVd/ion, ^cl. V. n. 31, cl
/"im., IV, Iri. /îr:,ir.
ne cond'"'in<» pas cell'^s qui r>?i«eont: mais pour
%U Itr la ripoiut k l» RciaUc», tri. 3, | 7, n. 2>. celles-là, Dieu vcul d'elles cel oubli et celle
A L'AFFAIRE DU QUIÈTISME. 279
Perfe d'elles-mêmes, du moins je le crois de la coulent alors de source, et pourquoi l'on ex-
sorte mais puisque cela ne vaut rien je le
:
, prime alors son amour son abandon et sa foi
,
vous plaira di" iiio donner ; et je me rendrai iii- Sitôt que je sus qu'on m'accusait d'apprendre ï faire l'orai-
son, et que bien des gens étaient en rumeur de ce qu'une femme
cessan.iiK'nl dans la prison ijn'il >(nis plaira
faisait aimer et portait lei jeunes dames au aiépri% de U
m'indiquer, étant toujours avec le mènie res- vanité et au désir de leur s^lut quoique c« crime me parût ;
pect et la même soumission, etc. assez pardonnable, je voulus, a cause de la faiblesse et pour
ne point scandaliser les (>etils, cesser de le commettre. Je me
ÉMOmE DE MADAME DE COTON. relirai, et j'ai vécu depuis ce temps séparée du monde, sans
nul commerce, même avec ma propre famille ni avec Dca
Quoique j'eusse formé le dessein de me laisser accabler amis, ayant toujours agi avec une extrême bonne foi en tout
uns me justifier ni me défendre, la gloire de I) eu et l'inté- cela. J écriv.s, en me retirant, lis raisons que j'avais de me
rct de la vérité m'obligent aujourd'liui de rom[ire celle réso- retirer. Je protesUii que j'ciais toujours ptéle de venir rendre
lution. J'ai écrit deux livres, l'un intitule /«
ii la vérité raison de ma lu sitôt qu'un lu voudrait
, que si mon rxil vo- ;
Jfoi/en enurt ri facile de faire oraison et le second £j-;">si- ; lontaire ne satisfaisait pas et que sa Majesté voulut de moi un
tion du Cantique du cantiques. Je n'eus jam.iis le dessein exil et une prison forcée je m'y rendrais d'abord; qu'elle ne
,
de faire im|irinier ni l'un ni l'autre, que je n'avais écrits que serait jamais forcée pour moi, puisque je faisais toujours mon
pour mon édiflcation particulière. Les copistes les ayant plaisir d obéir, même dans les choses 1rs plus dures.
donnés pleins de fautes à des libraires, l'on lut obligé de les Depuis ce temps, ma retraite ni mon silence n'ayant point
corriger, voyant qu'un les imprimait de la sorte. L'on m'a tranquillisé le zèle des personnes qui veulent ma perte, l'on
rechercliée, il L'on me
y a près de sept ans, pour ces livres. m'a suppose, selon le bruit public, des crimes. Silât que je
mit au couvent des religieuses de Sainlc-Varie, rue Saint- l'ai su, j'ai écrit pour prier instamment qu'on me donnlt des
Antoine; l'on m'examina avec toute la rigueur que peuvent commissaires laïques, gens d'une probité reconnue, sans pas-
faire des gens fort animés; l'on ne trouva rien à reprendre ii sion ni prévention. J ai offert de me rendre en quelle prison
mes mœurs, quelque recherche qu'on en put faire avec ud l'on voudrait, pour me faire juger dans toute la rigueur pos-
fêled'amertume. Pour mes livres, je les soumis à l'Kglise, sible, ne demandant sur cela nulle grâce l'on me l'a refusé. :
que je révère et à Ucpicile jo l'iiis et serai soumise jusqu'au Je déclare de nouveau que je soumets tous mes écrits, qoe
tombeau. Je déclarai uiéoïc que, s'il y avait quelque chose qui je reuonce et déteste tout ce que mon ignorance m'y a fail
ne fût pas dans lo pur esprit de l'Eglise, je priais qu'on le mettre, qui ne se trouvera pas conlorme ii la pure doctrine
condamnât, et que j'aimerais mieux élre bnilée que d'altérer de Eglise,
1 que j'aime, que je révère, et dont je ne me veux
le moins du monde, par mi>n ignorance, même avec bonne jamais écarter. Mais je soutiens en même temps que, si on lee
intention, sa pure et chaste doctrine. Celait tout ce que je examinait sans prévention etqu'il me fut permis d'y répondre
pouvais faire, étant femme ignorante, et mes mœurs se trou- il ne s'y trouverait rien que de tres-calholii|ue selon le seni
vant sans corruption. que je pense. Il n y a rien, dans l'Ecriture sainte même,
Cependant ne se contenta pas de cela
l'on : l'on me voulut ou la critique et la malice des ho.-nmes ne puissent donner
obliger d'écrire que j'avais eu des erreurs. Je dis qu'il n'y un mauvais sens. Y a-t-il rien qui inlispose plus, et qui
avait qu'5 les liv a et marquer les endroits erro-
condamner en fasse donner un plus mauvais, que de supposer des
nés, que condamnais de tout mon cœur; mais que je
je les crimes 'f Car enfin si j'ai fait les crimes dont on m'accuse il le*
ne pouvais pas écrire que j'avais été dans l'erreur, parce ce faut condamner sans examen ; et avec quelle disposition peuir
que rela sup|)Osait quelque chose de caché que je détestais ;
on lire des livres de pieté d'une personne a laquelle Ion sup-
les erreurs qui s'étaient glissées par mon ignorance dans pose des crimes? Parce que j'ai été mise a Sainte-Marie, cha-
mes livres dans mes écrits, si l'on en trouvait; que je
et cun s'est donné un droit de me calomnitr, étant sûr d être bien
priais mémo qu'on les censuritt en toute rigueur. avoue.
Cela ne satisfit point; l'on me (il de grandes menaces de Ces crimes ont été inventés d'abord par la malice d'une
m'opprimer; mais je crus qu'il fallait plulét soulfnr la femme à qui j'ai refusé une aumône considérable; d'une femme
mort que de trahir la vérité. Mme de Maintenon, alors con- qui a quitté son pays, après avoir été convaincue du vol d'une
vaincue démon innocenc*. obtint qu'on me remit en liberté. église ; d'une femme chassée d'ailleurs pour sa dissolution et
Ma liberté ne fit qu'aigrir l'ulcère loin dr le fermer : l'on son hypocrisie; «l'une femme qui a deja dit contre moi des
a indisposé tous les esprit* avec plus de violence. calomnies reconnues fausses. C e.-l sur ce fondement, et sur
Lorsque j'étais à sainte Marie, l'on voulut obhgcr les reli- les discours d'autres créatures qui se dinent elles-mêmes abc
gieuses k dire du mal de moi elles le refusèrent, n'en con-
: minables, que j'ai chassées cl indiquées comme telles, et|)Our
naissant point, il ce quelles disaient ouvertement. Il se trouva lesquelles je n'aique de l'Iiorreur; c'est, dis -je, sur de pareils
dans mes interrogations une lettre fausse, reconnue telle, sur témoignages qu'on me suppose des crimes. Qu'on examinema
laquelle M. l'offirial me dit qu'on m'avait fait arrêter. J'en vie a fond, c'est ce quejedemande et s il se trouve un seul ;
Si l'on n'attaquait que ma personne, je soulTrirais sans me sur la connais!>.ince de la vérité, mais bien sur des suppositions
plaindre toute sorte de calomnies ainsi que je les ai souffertes fausses et des calonmies piinissnbles. S ils sont rou|i.ibles,
jusqu'il présent. Mais comme on se sert des crimes qu'on c'est en ce qu'ils ne veulent point erUircir la vérité, et qu'on
in'impu>r pour condamner la vérité, et pour tirer une fausse me refuse une justice qu'on n a jamais refusée ii personne.
ronclusion que tous ceux qui font oraison sont criminels, je Les raisons que j'ai eues de demander des juges laïques,
suit obligée ti la vérité de faire voir que si j aime l'oraison gens de probité et sans prévention, sont |>arce que je sais que
je ne suis point roupahie, l'oraison et le cr me étant incom- les juges ecclésiastiques n'approfundissent pas sur les crime*;
patibles. (Juoil l'.imour de Dieu, l'assiduité de se tenir en et que, lorsque je demandai justice de la fausse lettre, feu M.
»a présence pourraient rendre mauvais? Il est odieux de le l'ollicial me dit qu'il fallait pardonner |K)ur l'amour de Dieu.
penser. Ceux cjul font des crimes doivent avouer, ou qu'ils Je le fis, et c'est ce qui a donné la hardiesse a ces personne*
n'ont pas fait oraison, ou qu'ils l'ont quittée après l'avoir de recommencer. J'ai raison de demander îles gens de probité,
faite, et c'est leur infidélité qui les a fait tomber dans le puisque je sais qu'on fait ce qu'un peut pour suborner de*
crime. Si j'avais crime» dont on m'accuse, j'avouerais
fait les témoins, jUMju'a promettre et donner des pensions pour rolJ.
de bonne foi que je ne les .lurais commis que parco ipir je Il ne se trouvera dans ce siècle que liup de faux témoins
me serais éloignée de mon Dieu, source de pureté en m'éloi- pour de l'arg ni.
gnani de l'oraison, mais ne les avant point comtois, et n'avani J'ai besoin de gens sans prévention, piisqu'on Uchede pré-
point quitté l'oraison, je dois fairavoir mon innocence. venir tous le* esprits. Pour moi, je ne préviens personne :
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 281
j'abandonne à Dieu ce qui me regarde; je n'écris que pou pour peu que ce soit, du respect et de la soumission que je lui
rendre témoignage k la vérité; je ne me soucie poini de ma dois, ayant un respect infini pour son caractère: élanl pnie
de la peine, au momdre signal j'ap-
vie. Si c'est elle qui fait ilme soumettre de nouveau à ce qu'il ordonnerai! de moi,
porterai ma tète sur un échafaud, et ce me sera un avantage après avoir connu la vurité par lui-même, ou par des person-
de mourir delà sorte. IVlais je n'avoueraijamais quej'aie com- nes sans prévention.
mis de crimes que j'abhorre, que je déteste, et dont Dieu, par
son infinie miséricorde, m'a toujours préservée. Je n'ai point LETTRE XV.
été élevée dans le crime mon éducation en a été aussi éloi-
:
ce sont des gens sans intérieur et sans oraison, qui se vantent Juin 1694.
de leurs crimes, que diable a suscités dans ce siècle |iour
le
mai» s'il est selon l'équité, (|u'on ail la bonté de me l'accor- elle cttraclère des personnes (jui m'accu.sent.
der. Je prie Dieu, seule et souveraine vérité, de faire con- Je suis toute [iréle de soutenir toutes .soi'tes de
nailrequc je ne mens point.
Une confronlalions, et je crois qu'il vous sera ai.sé.
(les causes de re que je souiïrc aujourd'hui vient do ce
que le» mêmes personnivs ([ui m'ont toujours poursuivie et avec la grâce de Dieu, dedéiiièlei une malignité
perséculre ont disposé Mgr rarchrvcque coiilrc inni, lui fai- peu commune. Vous verrez, Me.sseigiieiiiN. leca-
sant comprendre ipie je manquais de soumission ii ses or-
dre»; quoiqu'il «oit vrai que je ne me sois jamais Ocarléo. A Mmo de Mointonoii, et qui eut ttpporl^ ci-deuus, p. 379.
282 LEITRES 'RELATIVES
r;iLiùri des pnrsonnos qui m'acriisonl, cl pcul- la dépense des Iinbils, l'on n'y trouvait point à
ù\iv stT.i-cc tiii |,M and bien (tour l'Kjilise (|u'iiii relire et l'on l;iiss,iil faire. Dès iju'clles oui eu
,.\aniini' i|ni sont los coupables, de ceux qui ac- quilté tout cela, l'on a crié comme si je les eusse
( iisi-nl cl celle qiu csl accusée. perdues. Si je leur avais fait (juilter la piété
Trois personnes de pmbilé sont aniin<''cs con- pour le luxe, l'on ne ferait pas tant de bruit.
tre moi ; .M;;r l'évèrpic Cliarires ',parce que son J'ai (les témoins, des lettres écrites à M. le curé
/èle est troMq)é : il me sera aist^ de faire voir par de Versailles qui feront voir ma juslilicalion, si
qui et connnent. l'on me veut bien fiirc la giAce de m'écoulcr.
M. le curé de Versailles, qui n'a pas toujours La troisième personne est.tl. Doileau ',.suscité
été aussi décliainé contre moi (pi'il l'est, puis- par une dévote •', qui l'assure que Dieu lui a fait
qu'il m'écrivit, lorsqiieje sortis de Saintc-.Marie, comiaitre que je suis fort mauvaise. Cela est ac-
a|)rès avoir lu les livres dont il s'af^it et les plus compagné de choses maiiifesleinent fausses,
loris de mes écrits, qu'il était dans mes mêmes qu'il est aisé d'avérer. Ce sont dis personnes
qui, par zèle, nnimeiit !< iitle monde contre
sentimeids : j'en ai la letlrc. Depuis ce temps,
me laisiii lliomieiu' de se dire de mes amis,
il
moi. Le reste des accusateurs sont tous des
me venait avoir plus assiilùmenl (pi'aucnn au- gens avec lesquels je n'ai eu dec(uiimerceque
tre: il a téaioi;;né à beaui'o.q) de mes amis l'csti- pour leur donner l'aumône ou les chasser et
iiuliijuer ce ([u'ils sont.
me cpi'il lai.vail de moi ; même depuis la dernière
(ois qu'il m'est venu voir, il a dit mille biens Je dirai les choses dont on m'accuse. Je ne
demoià Saint-Cyr, elensuite beaucoup de mal. prétends pas, Messeigneurs, vous cacher la
La raison de celle coiuluile, c'est que M. le moindre chose, parce que, grâce à Dieu, je ne
veux ni les autres, ni me tromper
tromper
ciné de Versailles s'est ima^jiné cpic j'avais retiré
Mme la comtesse de Guielie et .Mme la ducliesse moi-même. que je sus qu'on m'accusait
Sitôt
de .Morlemartdc sa conduite, |)our les mettre de diriger, je me retirai et ne vis plus per-
sous celle du 1*. Alleamnc, Jésuite. sonne, ainsi ijuc vous le verrez, Messeigneurs,
Il est de lail que .Mme la comtesse de Guiclie
par celte autre lettre.
J'ai toujours cru qu'il fallait être éclairé sur
était sous la conduite du [\. I'. .Mleaume avant
(pie j'eusse riionneur de la coinaitre ce ii'esl :
le criminel avant toutes choses. C'est pourquoi,
donc pas moi (|ui l'y ai mise. Pour Mme la du- je vous conjure, Messeigneurs, |)ar lachariléde
clie.ssc tie .Mortemart, comme elle se cro\ait Noire-Seigneur Jésus-Christ, dont vous êtes
obli-îi'e, en se donnant à Dii'u, deqiiillerla cour. pleins, de recevoir les mémoiresqui vous seront
rpii lui était un éciieil, poiu' se donnera l'édu. donnés contre moi d'obliger les personnes à
;
de .Mme de Maintenon, et cpii l'a, en effet, se suis assiu'ée (pie Jésus-Chrisl et liélial ne sont
plaint de deux choses opposées: l'une, ilc ce
|i()iiit en même lieu.
que j'ai Ole ces dames de la direction de lem- lé- J'ai pris la liberté de demander Honseigneur
ileJleaux dès l'année passée, parce que j'ai tou-
l^ilimc i)aslem', pour les mettre sous la conduite
d'im P. Jésuite; et l'autre, que je les dirigeais. jourseu un très-grand fonds de respect pourliii,
CiiMuoent.si je les dirigerais, leur ai-jc donné (juejesuis persuadée de son /èle pour l'Eglise,
undirecleur? Et si je leur ai donné un direc- de ses lumières et de .sa droiture, et que j'ai
leur, je ne les dirigerais doue pas. Dieu ne m'a toujours [initê en moi la disposition d'y con-
pasalandonnée an point de me mêler de diri- damner ce qu'il y condauinera.
riger, quoique je crusse alorsipi'il donnait ipiel- J'ai désiré Monseigneur de Châlons, quoique
(piefoisdes e\|jéiieuccs pour eu aider les autres. M. l'abbê dCiNoailles ^ soit le |)lus zélé de ceux
Mais loiiles les pi'rsounes (pie j'ai connues qui me décrient; lanl |iaree (pi'il } a lonLïleiiips
a\aieul leurs directeurs. Lorsipie ces dames ai- que je sais quel est son discernement et sa piélé,
maient la vanité,
qu'elles portaient d;- inou- .
que parce qu'y ajaiil inlerét, à cause de Mme
clics, (pi'elles meltaienldu ro;i-e, que quebpies- sa nièce, j'ai été bien ai.se (|u'il connût la vérité
iiiies d'elles riiiiinienl leurs familles par le jeu et par lui-même.
J'ai souhaité M. Tron.son quoique je susse
,
: M. Godet dciMaril», ^rtquo d* Chartres, qui 1* prrmltr
nralt
dvoouverl lo nouvran qukrttBme, intr'utuit A iiainl-Cyr | ar Mm* • J«aii-J.>cq«c»n..llf«ii, ch»roiMrilcS«iiit-Iloiu't*, è Pari». — »L«
Oujron Ft qiielquct-uiK'^ <lc *«s diiu-ipicii, .ommo M. da Mcaux a aour Roa», dani rc («mpt.
tr^a-céi^bra — ' Frtre d» l'éTifHa à«
Min do obMrrar dans l'androit déjà ciU de la Riiatian.
I Ctillou, et depuia aon auccesicui dunt ce >.((e.
A L'AFFAIRE DU QUII^TISME. 283
tous les soins qu'on a pris de me décrier au- peut-être rejettera-t-il cette victime h cause de
près de lui, parce que je sais quelle est sa droi- on impureté. Quoi qu'il en soit, je trouverai
ture, sa piété, sa lumière, et qu'il est nécessaire dans son sang ce grand lavoir qui nettoiera
qu'il connaisse par lui-même le sujet que Mon- toutes mes taches, et me rendra une victime
seignem- de Chartres a d'animer son zèle contre agréable à ses yeux. Ce sont là mes sentiments.
moi. Je vous prie d'avoir la bonté de leur dire ceci;
Je vous conjure, Messeigneurs, par toute la car peut-être y va-t-il de la gloire de Dieu. J'a-
charité qui règne dans votre cœur, de ne point chèverai, s'il plaît à Dieu, dans dix ou douze
précipiter cette affaire, d'y mettre tout le temps jours.
qu'il est nécessairepour l'approfondir, et pour
LETTRE XVU.
me faire la grâce.de m'entendre sur les articles
MADAME GUYON A BOSSUET.
qui peuvent vous faire peine. Je vous conjure
1694.
aussi d'être persuadés que je vous parle sin-
cèrement. Ayez la bonté, s'il vous plaît, de vous J'ai écrit les justifications des écrits avec une
informer, non à ceux qui ne me connaissent entière liberté, parce que M. le duc de Chevreuse
pas, mais à ceux qui méconnaissent, quelle est me l'a ordonné de votre part. Dieu est témoifi
ma sincérité. Pour ce qui regarde l'article des delà volonté sincère qu'il m'a lui-même donnée
livres et des écrits, je déclare que je les sou- de vous obéir, et de penser siu* moi et sur ce
mets de tout mon cœur, comme j'ai déjà fait, qui me regarde tout ce que vous m'ordonnerez
ainsi que je le déclare au papier ci-joint. d'en penser. Toutes les personnes qui m'ont
\oiUianchai\nivedeV ImitationdeJésus-Christ connue dès mon enfance, et celles qui m'ont
qui est l'abrégé de tout ce que j'ai déjà écrit: conduite dans tous les âges pourraient vous as-
je prends la liberté de l'attaclier ici. surer qu'en tontes les grâces que Notre-Seigneur
Chapitre 37 du livre m de l'Imitation de m'a faites, celle de la simplicité et de l'ingénuité à
Jésus-Christ , de l'édition in-12 , chez Des- ne leur pas cacher une pensée que j'eusse con-
prez, libraire à Paris. S'abaiidojiner tout à Dieu, nue, et en la manière que je la connais, est ce
sans vouloir reprendre le soin de soi-même. qui les a toujours le plus frappées en moi.
jÈSUs-CinusT. Mon fds, qiùltez-vous vous- Souffrez donc. Monseigneur, qu'en continuant
même, et vous me trouverez, etc. mes manières sinqiles et peu usitées parmi le
monde, je prenne la liberté de vous dire que le
LETTRE XVL cœur seul peutjugerdes écrits auxquels le cœur
MADAME GUYON A BOSSUET. seul a part. Ce que j'écris, ne passant point
169i. par la tète, ne peut être bien jugé par la tète,
bien de l'obligation à M. deMeaux, de vou-
J'ai je vous conjure. Monseigneur, par le sang de
loir bien prêter l'oreille à la justification des Jésus-Christ, mon cher Maître, que la |)ré-
écrits; mais que je serais contente s'il voulait vcntion qu'on vous a donnée contre moi ne
bien ouvrir celle du cœur; et que je serais sûre vous empêche pas de iiénétrer la moelle du
du gain et de la cause de l'oraison Pourvu que ! cèdre; que les mauvais habits dont mes expres-
les droits de celle-ci soient conservés dans toute sions peu correctes et mal digérées ont couvert
leur étendue, sans altération ni adoucissement, la vérité, ne vous la fassent pus mécounaitre.
ilne m'importe ce que je devienne. Je conjure C'est moi, Monseigneur, (pi'il faut punir ; c'est
ce saint prélat que tout tombe sur moi. Je sius ma témérité (pi'il mais il ne faut
faut châtier;
sûre qu'en me jetant dans la mer, ou m'cni'er- rien ôler à la vérité, de l'inlérienr, de son tout
mant dans une prison perpétuelle, la tempête indivisible au contiairc, il la faut tirer dans
;
contre l'oraison finira. C'est plutôt moi qu'on sa nudité et dans son éclat. Cela sera en l'ex-
veut perdre; et je le mérilc assez par tant d'in- pliquant nettement, connue je crois avoir lait
de pro|)riétés secrètes que j ai com-
fidélités et
ici que si cpiebpie chose vous fait encore de la
:
mises, si peu de pur amour et de pure souf- peine, j'espère de l'explirpier si netlemenl, avec
france. La seule grâce que je vous demande est la grâce de Dieu, que votre cœur entrera dans
que vous cnq)loyiez tout votre créilit pour cela ce que votre esprit même [larail ne pas péné-
trer; pane qu'il y a de certaines choses où
auprès de ces Messieurs '. Ui'^^ 'î' compassion
l'expérience est an-dessu.s de la raison sans
ne vous arrête point, ni eux aussi ces senli- ;
.
menls naturels sont indignes de Dieu: que je être certain à la raison. Pour connaître un ou-
vrage h lond, il hiit entrer en quehpic ma-
sois la victime sacrifiée & sa justice. Mais, hélas
,
!
n'écris point pîir IVsprit, et qu'il me seinhle, gneiir, que l'intérieur est de lui-même pur et
lors(|iir jViiis, (|iic cela \ioiil (riini'iiiiliTSdurcc .sans tache, et (pie c'ol t'aine du chrislianisine ;
clic. Mais pour l'iulérieur, ô Monseigneur '.c'est Je suppose, Monseigneur, que vous partez
un tout aiujuel toutes les parties sont si néces- pour Paris aujourd'hui. Ce qui m'en console est
saires, qu'on ne peut en nlranclier aucune sans l'espérance (jne vous reviendrez bientôt, et que
la détruire. Il n'en est pas des clioses de l'es- je pourrai, à votre retour, vous entretenir de
prit comme de celles du corps, auijuel on peut mon travail. Je crois qu'il est ncces,saire que je
ôter certains memi)rcs sans le détruire tout à vous le montre, et que je m'expliipie avec vous
fait. Songez, Monseigneur, que toutes les par- sur toutes les circonstances du .syslème, avant
tics de l'intérieur sont les parties essentielles, que je le donne aux autres. Je ne puis douter que
des parties nobles, et que c'est la détruire, que vous n'ayez la charité et la patience d'écouter
de l'altérer. toul. Pour moi, je ne souhaite que de régler, par
Je vous écris. Monseigneur, avec celte liberté vos décisions, toul ce que je dois dire aux autres.
qui ne craint rien, parce qu'elle n'a rien .'i Je vous dirai tout et tout ce (pie vous ne croirez
;
les impressions (pj'ou vous a voulu donner de Je VOUS envoie, .Monseigneur, une partie de
moi, soit bonnes, soit mauvaises. Je ne suis mon travail , en attendani que le reste soit
rien mais voyez la possibdile et la vérité de
;
achevé : il le sera demain ou après-demain au
l'intérieiu- dans tous ces saints que j'expose de- plus tard. Je fais des extraits des livres, et des
vant vos jeux'. Ne jetez point la vue .sur moi espiVes d'analyses sur les passages, pour vous
de peur (pic l'horreur (|ue vous en auriez ne éviter de la peine, et pour ramasser les preuves.
vous donnât du dégoût. C'est la même eau pure Ne soyez point en iteine de moi je suis dans vos :
et nette qui a jias.sé par le canal |)ur et Irè.s-pur mains comme un petit enfant. Je puis vuusassu-
de tant de .saints, et (|ui passe aus.si par un canal rer que ma doctrine n'est pas ma doctrine elle :
toul sale et inq)ur par lui-même. Kemonlcz h la pas.se par moi .sans être à moi, et .sans rien y
source, Monseigneur, et^ous verrez que c'est le laisser. Je ne tiens à rien, et toul cela m'est
même principe et la même eau. Hrisez le canal, comme étranger. Je vous expose simplement, et
iln'imporle ; mais(jue l'eau ne .soit pasré|ian(lue .sans y prendre part, ce que je crois avoir lu dans
sur la poussière. lUcucillez-li'i, celte eau, laites- les ouvrages de plusieurs siiints. C'est à vous j"»
était dispersé, ne le peut qu'autant que vous |)er- elTacé chez moi. Comptez, Monseigneur, qu'il ne
di'cz toute prévention. Faites doue voir, Monsei. s'agit que de la cliuse eu cUc-méme, et uuUc-
meiit de moi.
Bouuit, liant u
RrUilion, êttl. 3, n. 1, parla des terlu qu«
U
Mme OU]ron composa pcndiidl dur^ de rexnmeii, t pour faire le Vous avez ta charité de me dire que vous
pnnillilvd» ICI lirresnvcc Icn uliitn i'èrei, les Uiiolofiens et lu .souhaitez (pie nous soyons d'accord et moi je ;
aucune des marques de celte bonté paternelle présent, quelque chose à exiger de moi. Je vous
que j'ai si souvent éprouvée eu vous. Je vous de- conjure, au nom de Dieu, de ne me ménager en
mande, par l'auiour que vous avez pour l'Eglise, rien et sans attendre les conversalions que vous
;
la rigueur d'un juge et l'autorité d'un évèque me promettez, si vous croyez maintenant que je
jaloux de conserver l'inlcgrité du dépôt. Je liens doive quelque chose à la vérité, et à l'Eglise dans
trop à la tradition, pour vouloir en arracher laquelle je suis prêtre, un mot sans raisonne-
celui qui en doit èti'e la principale colonne en ment me tiens qu'à une seule
sultira. Je ne
nos jours. chose, qui est l'obéissance simple. Ma conscience
Ce qu'il y a de bon dans le fond de la matière. est donc dans la vôtre. Si je manque , c'est vous
C'est qu'elle se réduit toute à trois chefs. Le qui me manquer, faute de m'avertir. C'est
faites
premier est la question de ce qu'on nomme à vous à répondre de moi, si je suis un moment
1 amour pur et sans intérêt propre. Quoiqu'il ne dans l'erreur. Je suis prêt à me taire à me ré- ,
soit pas conforme à voire opinion particulière, tracter, à m'accuser, et même à me retirer, si
vous ne laissez pas de permettre un sentiment j'ai manqué à ce que je dois à l'Eglise. Eu un
qui est devenu le plus commun dans toutes les mot , réglez-moi tout ce que vous voudrez ; et si
écoles, et qui est manifestement celui des auteurs vous ne me croyez pas, prenez-moi au mol pour
que La seconde question regarde la con-
je cite. ni'embarrasser. Après une telle déclaration ,
je
tcniplalion, ou oraison passive par état. Vous ne crois pas Monseigneur , , devoir tinir par des
verrez si je me suis trompé, eu croyant que plu- compliments.
sieurs saints en ont lait tout un système très-
LETTRE XXI.
bien suivi et très-beau. Pour la troisième ques-
l'abbé de fénelon a bossuet.
tion, qui regarde les tentations et les épreuves de
A Versailles, ce 16 Décembre 1G04.
l'état passil, je crois être sur d'une entière con-
lormité de niessentinieuls aux vôtres. Il ne reste Monseigneur avec beaucoup do re-
Je reçois, ,
donc que la seule dilticulté de la cuntemiilalian conuiiissance les boules que vous me léinoignez.
par étal. C'est un lail lùen ditticile à éolaircir. Je vois bien même que vous voulez charilable-
Quand vous serez revenu ici, j'achèverai de meul mettre mon cœur en jiaix maL>> j'avoue :
où Dieu vous a mis pour cet examen. à un conlesseui tout ce qui peut être compris
dans une coulession générale de toute ma vie '',
LETTltE XX.
et tout ce qui regarde mou ultérieur. Quand je
l'abbé de fénelon a bossuet '.
vous ai supplié de me dire la vérité sans ni'épar-
A Versailles, ce 12 Décembre 1G94.
gner, ce n'a été ni ui. langage de céréinoiiic ni ,
J'ai oublié, Monseigneur, de vous demander un .art pour vous faire evpliquer. Si je voulais
si vous avez parlé de M. Leblanc pour M. le avoir de l'art, je le tournerais à d'autres cho.ses,
'
BoMuct a loiàré uno parllo do cctta lollro dan» M Relation, n.4.
(juant k la conlossion giinoraleque Fénelon oITrait ici de faire .k
•
«oît. 3, n. 0.
' Il n'jgii Ici do do la Jiiildicllon «iir l«« p»rf.lifi<i« do Ro-
r»(r..iro
Bouuet Ir prélat n'y consentit Jamal», et il le d.'claro fnrmollrmont
b»!», doni JonlMaii l'alibayo do co liou, pn«-6déc par M
do la Sali», dnrv a» Urinlwn. sert. 3, n IJ- On a vu. .Iii-il. dan» une .li- Ma
•
jilaU SDiPii, qui pstdc connnllrc la vi'i ilt''. Je suis nu.vii donnée. Je n'ai ccss^ depuis hier de prier
|)i»Mrc ;
j«' (li'i-i lonl 'i l'Kulisc , cl rien 'a moi ni ?» jiuur Votre (Jramlcur; el je sens dans mon sons
ma ié[iiilalion personnelle. quelque clio.se qui fait que je donnerais mille
Je vous déclare cnrore, Monseigneur, que je vies, si je les avais, pour l'entier accomplisse-
ne veux pas dcmeiner iin seni inslanl dans la ment des desseins de Dieu .sur Votre Grande'.;r-
moindre erreur par ma rniiic. Si je n'en sors J'attendrai vos ordres pour toutes cho.scs, Mon-
point au plus lût: je vous déclare que c'esl vous seigneur, ne voulant que vous obéir cl vous
qui eu éles cause, en ne me d( ridaul rien. Je ne donner des mai qiies du (iiofond respect avec
liens pointa ma |)lace, et je suispiélà laqniller. Imiud je veu.\ èlre toute ma vie, etc.
El je m'en rendu indigne par mes erreurs.
suis
LETTRE XXIII.
Je vous sonune, au nom (h; Dieu cl par l'amour ,
tracté pulilicpiemenl la ddcliiuc é^-'an'c qui m'a cl ma recomiaissance sur la bonté que vous
.séduit. Mais si ma doririne est iiinoceule, ne me avez d'accepter la demande que j'ai pris la
Icnez iKiinlen .suspens par desrcspectshmnains. liberté de vous taire je vous obéirai. Monsei- :
C'csl à vous à instruire avec anloi ilé ceux qui se gneur, avec une extrême cxactilude. J'accept •
scandalisent, lante de coimuitrc les opéralions de les couiiilions, el j'espère, avec la giAce de Lieu,
Dieu dans les ;uncs. que vous serez coulent, Monseigneur, de mon
Vous savez avec quelle confiance je me suis obéissance, s'il |)lait fi Dieu. Si j'osais, je vous
livré h vous , sans rel.Ulie à ne vous
et ajpliipié demanderais une gnUe, i)our éviter toutes sortes
lais.ser rien ip;norcr de senlinienls les plus mes d'inconvénients, qui Monseigneur, que .sérail.
sene, essayez-la sans m'épargner. Quoique vous n'a\ant point de plus forte inclination que de
ayez l'esprit pins éclairé qu'un autre, je prie vous marquer et mon prolond respect et ma
Dieu qu'il vous Ole tout votre propic esprit, il parfaite soinnis-sion.
qu'il ne vous laisse que le sien. Je serai loutcma P.-S. J'attendrai aus.si vos ordres, Mon.sei*
vie, Monseigneur, plein du respect que je vous
gneur, pour la conununion: je ne couuuuuieroi
dois. quaulanl qu'il vous plaira.
LETTRE XXII.
LETTRE XXIV.
MADAMI- GLYOïN A BOSSUF.T.
L'AUBf. nu FliNELON A DGSSUKl ''.
Co 23 Jiîrcmbre ICi.
Je vous ai dit. Monseigneur, (|ue je ne priais Gnv..n |i»rllr de P.rii r< •• V,.|. ,i
vous ai exposée par obéissance, je vous conjure dans ma situation présente, souscrire par per-
de le faiie aussi proniptement qu'on vous en suasion à cet endroit car je me souviens trop
;
priera. J'aime autant me rétracter aujourd'hui bien que M"" de Chantai consultant saint Fian-
que demain, et même beaucoup mieux; car le çois de Sales sur tous les actes les plus essentiels
plus reconnaître la vérité et obéir est le
tôt à la religion chrétienne et au salut, qu'elle as-
meilleur. Je prends même la liberté de vous sure ne pouvoir faire en la manière dont on les
supplier de ne regarder point à me ccrriger, par l'ait dans la grâce commune il lui.répond dé"
une trop grande précaution. Je n'ai point besoin cisivement de ne les plus l'aire « qu'à mesure
de longue discussion pour me convaincre. Vous que Dieu l'y excitera, et de se tenir active ou
n'avez qu'à me donner ma leçon par écrit : passive, suivant que Dieu la fera être. » Il est,
pourvu que vous m'écririez précisément ce qui ce me semble, évident que ces dernières pa-
est la doctrine de l'Église et les articles dans roles ne peuvent signifier qu'elle soit tantôt dans
lesquels je m'en suis écarté, je me tiendrai in- l'état passif et tantôt dans l'actif; mais seule-
violablement à cette règle. ment qu'elle fasse des actes distincts ou n'en
Pom- les dilïicullés sur l'intelligence exacte fasse pas, et demeure en quiétude, suivant que
des passages des auteurs, épargnez-vous la peine Dieu l'y portera. Voilà sa dernière décision,
d'entrer dans celte discussion. Prenez la chose « pour elle et pom* ses semblables; » il finit en
par le gros, et connnencez par supposer que je disant « Ne vous en divertissez jamais. » Vous
:
me suis trompé dans mes citations. Je les aban- jugez peut-être, Monseigneur, que cette règle
donne toutes. Je ne me pique ni de savoir le ne regarde que l'oraison c'est ce qui me parait
:
grec ni de bien raisonner sur les passages je : se réduire à une question de nom.
ne m'arrête qu'à ceux qui vous paraîtront mé- Pour le bienheureux Jean de la Croix, il me
riter quelque attention. Jugez-moi sur ceux-là; semble clair qu'il ne veut point qu'on mélange
et décidez sur les points essentiels, après les- la voie active avec la passive, quoicju'il admette
quels tout le presque plus rien et ne
reste n'est des actes distincts en tout état. Voilà ce qui me
mérite pas l'inquiétude où l'on se trouve. Si fait penser que vous ne devez pas dire positive-
vous étiez capable de quelque égard humain ment que les saints n'ont jamais rien dit d'un
(ce que je n'ai garde de vous imputer), ce ne état où l'on ne s'excite plus. Qui dit une excita-
serait pas de vouloir me flatter contre le pen- tion, dit un effort pour se vaincre et pour en-
chant do ceux qui ont la grande autorité. Au trer dans une disposition dont on est éloigné.
contraire, il serait naturel de craindre que vous L'âme habituellement unie à Dieu et détachée
auriez quelque peine à me justifier contre la de tout ce qui résiste à la grâce, doit avoir de
prévention de tout ce qu'il y a en ce monde de plus en plus facilité ou à demeurer unie ou à se
plus considérable. Bien loin de craindre cet in- réunir sans effort. La grâce est plus forte, l'ha-
convénient, je crains celui de votre charité pour bitude plus grande, les obstacles bien moindres
moi. Au nom de Dieu, ne m'épargnez point ; dans toute âme qui avance. Que sera-ce de celles
traitez-moi comme un petit écolier, sans penser qui sont en |)elit nombre dans un état si éini-
ni à ma place ni à vos anciennes bontés pour nent? Je ne demande pas qu'on décide pour cet
moi. Je serai toute ma vie plein de reconnais- état, ni qu'on explique l'oraison passive, puisque
çancc et de docilité, si vous me lirez au plus vous ne le voulez pas. Je conviens même que
tôt de l'erreur. Je n'ai garde de vous proposer Dieu peut obliger en quelque occasion une belle
tout ceci, pour vous engager à une décision âme à s'exciter, pour la tenir plus dépendante ;
préci|iitée, aux dépens de la vérité. A Dieu ne car je ne doime point de lègios à Dieu. Mais
plaise! je souhaite seulement que vous ne re- je voudrais qu'on ne décidât rien là- dessus. Je
tardiez rien pour me ménager. veux, encore plus que tout le reste, me sou-
LETTRE XXV. metlre.
vie spirituelle n'en ont jamais parlé. Jo me sou- par votre dernier itillcl, que vous ne complez
mettrai là-dessus cnnime siu' tnul le reste; mais pas (pie j'aille aujourd'hui à Issy. cl (jue vous
je vous suitplic de cuu&idércr que Je ne puis. ne souhaitez que j'y aille (jue jeudi pom- la cou-
288 LETTRES RKLATiVES
quant jamais le premier, il ne cesse point abominations qu'on m'accuse d'approuver comme innocentes,
à titre d'épreuves. Si je ne me suis pas autaut expliquée con-
d'agir de plus en plus, à mesure que l'âme se
tre ces horribles excès que la chose le dem.indait ilans met
délaisse purement â lui, et s'enfonce davan- temps ont été
doux petits livros, c'est que, dans le qu'ils
tage dans riialiilude de son amour. Mais la écrits, on ne parlait point de ces détestables choses, et que
ni'iindre bésitalion, qui est une infidélité dans je ne savais qu'on eût enseigné on enseignât de si damnables
doctrines. Je n'ai non plus jamais cru que Dieu put être direc-
cet étal, peut suspendre l'opération divine, et
tement ou indiicclemont auteur d'aucun péché on défaut vi-
réduire l'âme à s'exciter. l>e plus. Dieu, pour
cieux ; à Hieu ne plaise qu'un tel blasphème me fût jamais
ré|nouver, ou pour elle ou pour les autres, entré dans l'esprit ! Je déclare en particulier que les lettres
peut la mellre dans la nécessité de quelque qui courent sous le nom d'un grand prélat ', ne peatenl être
ter un étal où rame, dans sa situation ordi- dans la présente déclaration. Fait à .Moaux, audit monMtire
naire, n'a i>lus besoin de s'exciler, les actes de Sainte-Marie.
Ce )5 aTril lfi93.
distincts \enant sans excilalion. Donnez-moi
'
Celle leltro fat écrite «pr*i 1» «Igottare de» treole-qinlf» Ar-
une meilleure idée de l'étal ()assif, j'en serai
Iwy l> prf.fe»»lon de fol do l II e«l pirlé eet
ticle» dre»««» à ; et
ravi.U»"> qu'il eu soit, j'obéirai de la pléni- reltIKO tui bulle» pour l'itchoèch* de Cimbiii, luquel M. l'âbb*
de Fcticlon e»»!! *l* nomm* d«n» le commcnccmeot du moi» de
(-
tudo du ueur.
Trier de celle ennée. Il fui »»cr* t S«lnt-Cyr p>r Bouuel, •••1M4 <1«
«<éque» do Chilon» et d'Amlen», la 10 Juin de 1» mémo inoé*.
11 perla do c«ll« qu'il iteit à triitar tttc l'irchevéque da RalOM
qui demindiit qu'on remit Cembr»! «ou» n
métropole, d'ot c«tt«
Egl ta «»«li *t* tiria i>«r l'euioni* de» ron dli.p«|!na pour *ti»
irigca en »fche»cché, malgté roppo»liion do no» roii et de» »rcb«-
«Ttque» da Raiou. —
' La cardinal la Camu», étiqua da QraiMbla.
A L'AFFAIRE DU QUIRTISME. 289
permission de continuer ses conférences: je la réparer les désordres que cette dame avait faits
lui refusai, et lui fis dire qu'il lui serait avan- dans quelques couvents de Chartreuses, où elle
tageux de se retirer du diocèse. De là elle s'en avait fait la prophétesse comme partout ail-
alla dans des monastères de Chartreuses, où leurs.
" rite sur ce qu'il savait d'elle, au sujet d'une maxime detcstablt
que (les maximes d'iuie piété solide; mais aux « {touchant l'impureté) qu'on prétendait qu'il soutenait qu'elio avait
aulres file dit tout ce qu'il y a de plus perni- a dite, et en le faisant souvenir d'une ancienne fuusso accusation
> contre clic dont il avait eu connaissance, aussi bien qiio la rétiac.
cieux dans son livre des Toirenls, ainsi qu'elle ti tion publique delà personne qui l'avait calomniée, o C'est co quo
en a usé à l'égard de Caleau-Harbe c'est le ;
nous trouvons écrit do la propre main du duc de Chcvreiiso, A qui
Mme Guyon avait remis sa lettre toiitouverlo pour la faire pas&cr
nom de celte fille, dont l'esprit et ragrément À co religieux. « J'accompagnai, ajoutc-t-il la lettre de Mmo Guyon
lui plaisaient. au R. P. de Ricliobruqiie, d'un billet où jo no m'expliquais ni pour
ni contro et lui demandais Kciilcincnt (sans le coniuiitrc) une ri—
Repassant par Grenoble, elle me fit tant sol- ponso prompte et précise à cello do cclto daino Voici mol à mot
liciter, que je ne pus lui refuser une lettre de co qu'il mo manda en m'onvoyant cctto réponso. • Ce sont les Ictiif s
20 et 3S qui suivent immédiatement Nous les tranurrivons (ldèl«-
' Voi/. >ur co religieux les Icltrci siiivnnlcs. (Kdil. de l'fr»,) menl sur les originaux, ainsi que les deux qui viennent aprAs, e^
' Nou« igiionms à qui cclto loUrc Ou mlresséo. Oom DofoH» a pu- qui acliàvont il'eclaircir les faits ilont pari lo cnrdinnl Lo C'Amut,
blia «l «xtr»!! «ans d«lo parmi les Icllrcs (lo Inniiéo 1696. Ello
Toutes cet pièces paraissent pour la prcmiéro fols {tCdil. dt *'er$.)
«st corl.iiiiomciil aiil" ieuro , c est pciuniucil nuus la pincocu nprts la > La lettre do .Mmo liiiyoïi, que la duc lui avait envoyée, cbinow
DktaralMiKh^Unc C^iym. oii 11 on osl l'ail nionlioil .(Bc/ii. dtVtri.) on vu dans Vrit
l'a la noto precédoiito. (/ii/i/. rffi )
B. ToM. VI. 19
21 Ml LETTRES RELATIVES
(Irais »>a.s la librrlé de vous remettre, Monsei- précis que ce que je dis ici? S'il faut néan
gneur, s;ins l'ordre exprès que nous m'en don- moinsquelquecho.se de |)Ius, prenez la peine
nez. Dans la disposition où la miséricorde de de nie le mander, et je rendrai témoignage à
Dieu nie consene encore, je ne me trou\e pas la vérité. C'est dans cette disposition cjue je suis
capable de parlcrde manière (ju'on veut que
la lrè.s-sincérement en Notre-Seigneur, en vous
que c'est me faire justice
j'aie fait, et j'ose dire demandant auprès de lui vos prières, Madame,
de me croire sincère et entièrement èlni^'uè de votie, etc.
entendu de la l)oucbc de celte dame (jue de J'ai reçu, mon révérend Père, l'éclaircisse-
très- chrétien et de trèslioniiétc. C'est un té- ment que je vous avais demandé, avec la let-
moignage que j'ai rendu |iliisicurs lois, que je
tre pour M"" Gu\on. Je vous rends grâces de
rendrai encore toutes les lois que j'en serai re-
votre exactitude. Mais il me reste encore quel-
quis ;
parce que je le dois tel à la vérité, et que que cho.sc à .savoir sur cette matière ce serait ;
je m'estime heureux
rendre à présent, puis-
tle
i" vous étiez prieur de Saint-Robert en 1686
.si
que c'est en exécution de vos ordres, et en vous et 168", et si maison de votre congréga-
cette
y marquant la respectueuse soumission avec tion n'est pas dans Grenoble ou
après 2' ;
Est-il possible qu'il chercher dans faille me s'il s'est fait chez elle, ou ailleurs par elle, pen-
ma solitude pour labri(|uer une calomnie con- dant son séjour à Grenoble, quebiues assem-
tre vous, et qu'on m'en lasse rinslrumcnt? Je blées scandaleuses dont vous ayez eu connais-
ne pensai jamais à ce qu'on me fait dire, ni à sance 4" enfin ce que vous savez de la fille qui
;
faire ces plaintesdont on veut que je sois au- se rétracta et s'il ne vous est rien revenu de
,
teur. Je déclare, au contraire, et je l'ai déj?i certain d'ailleurs sur les nia>urs de cette dame
déclaré plusieurs fois, que je n'ai jamais rien qui soit mauvais. vous demande sur cela,
Je
entendu de vous que de très-chrétien et de mon ré\érend l'ère, le témoignage que la vé-
très-honnèle. Je megardé de vous
serais bien rité vousobligera de rendre sans acception des
voir, Madame, vous avais crue capable de
si je personnes, et ne puis trop louer votre droiture,
dire ce que je n'oserais pas écrire, et <|ue l'Apù- aussi bien (|ue le zèle pour cette même vérité,
Ire délenil de nonmier. S'il est pointant néces- (]ue vous marquez dans votre lettre d'une ma-
saire que je le nomme à votre décharge Je le fe- nière si clirétienne et si éloignée de tout inté-
raiau premier avis, et je dirai nettement qu'il rêt humain. Accordi^z-moi, s'il vous plaît, quel-
n'en est absolument rien c'est-à-dire que je ; (jue part à vos prières devant le Seigneur, que
ne vous ai jamais oui dire rien de sendilable, ni vous servez si purement ; et me crojiv, tou-
rien (iiiienapiiroche le moins du monde, etcpie jours, mon révérend l'ère, très-sincèrement à
(le ma part je n'ai rien dit <|ui puisse lairc croire vous.
que je l'aie entendu de vous. On m'a dej;\ écrit 1;V Le duc de Chevreuse.
(lessus, et j'ai déjà répondu de même. Je le ferais
encore mille lois si mille fois j'en étais re(|uis. LETTRE XXXII.
On confond deux histiiires (ju'il ne fiuidiait pas
DOM RICnEBRAQUE AU DUC DB CHEVREUSE.
confondre. Jesais celle delà tille qui se rétracta;
A Blols23 avril 1C95
et vous sivezde votre part Madame, le ,
persomiage (pie j'> lis' auprès du prtiat. par le l'n petit voyage que j'ai été obligé de faire m'a
seul /èle de la vérité, et i)onr ne pas lilt>sser ma enqièché de répondre plus tiit à la lettre que
conscience en me taisant lâchement. Je parlai vous m'avez faiiriionnenr dem'écrire. Je le
pour lors librement, et je suis prêt à le taire de fais, ()U(ii(|iie je ne connaisse pas de quelle uti-
même, si Dieu le demande à présent de moi lité jinisse être ma réponse, ni pourquoi vous
comme pour lors. Jecioirai qu'il le demande, m'ordomu'Z de la faire. Ji- ne le veux savoir
si j'en suis requis. 3Iais que dirais-je de plus qu'autant qu'il >ous plaira. Monseigneur. Vous
A L'AFFAIRE DU QUIfiTISME. 291
le voulez, j'obéis, et je réponds à chaque chef en probité reconnue, et que l'on m'a mande ctre
parliciilier.
mort depuis quelques mois en odeur de sain-
teté, ne pouvait s'en taire, et prenait généreuse-
Au premier, qu'en 1686 et 1687 j'élais prieur
de Saint-Robert, et que ce monaslère n'est pas
ment son parti quand la prudence ou la charité
l'exigeaient de lui. Un P. Odile, Récollet, ne
dans Grenoble, mais h trois grands quarts de
parlait pas si favorablement d'elle; mais c'é-
lieue de ce pays-là.
tait contre sa doctrine, et non pas contre ses
Au deuxième, que je n'ai ni assez de lumière
mœurs qu'il parlait. Je ne me ;ouviendrais pas
ni assez d'expérience pour juger de la doctrine
dame mais a écrit, et parait natu- aisément de ce qu'il disait.
de la ; elle il
Bt(cau-U*rbc, donl
'
il ut [larlu daiis la lotlio ilu cardiiial Le ti'miiiijimKos
cuuiiilùment.
C*Bu». {lidit. lU Vin.)
202 LETTRES HELATFVES
quelle disposilion je suis pour tout ce qui peut soumise Je m'en retourne samedi. Je souhaite-
rais avoir l'honneur de vous voir auparavant. Je
vous iiilcresscr.
doute que jeu puisse trou ver le loisir. Consencz-
LETTRE XXXIV.
moi l'honneunlevolie précieuse amitié, etsoyez
l'abbé de SAINT-ANDRÉ •.
persuadé de l'cslime et de la vénération avec
Meaux,le25 février 173?. laquelle je suis, .Monsieur, etc.
Jo me recommande de tout mon cœar aux
Je ne comprends pas, Monsieur, comment il
prières de M. Bourbon '.
se peu! trouver quelqu'un qui jiuissc m'altribucr
le dessein de taxer les mœurs de M""" Guyon, LETTRE XXXVL
dans la lettre que j'ai écrite contre l'historien de BOSSL'ET A M. DE LA BROUE, ÉVÊQUE DE MIREPOIX.
Meanx2. Celte dame est assez justifiée sur cet A Meaux le 24 mai 1695.
article, par la Kelaliuii que (it M. de Meaux lui-
même de la grande affaire du quiétisinc, dans Je me suis Monseigneur, de votre
fort réjoui.
heureuse arrivée c'est beaucoup se déclarera
l'assemblée du elergé de 1700, counue le procès-
:
à Meaux, à cause de sa maladie. Elle parait fort mander, i)reuiièreiuent, .s'il n'est pas vrai que
de plusieurs auteurs Irès-approuvés,
cet acte est
* Vicdr* g^ntnl de M«iux, «t «mi particulier dg Bossutt.
> D TouvMiiii l>upl>y^.ii, nmiKlIctin, qui publia, en 1731, VUitl. cl nolammenl de siiint Kran(.ois de Sales, en
it rr.gltir dt Allant, i tuI lh-«-. plusieurs endroits; mais en particulier marqué
> Cctls Iciire eat Inidiia alii<.i que la 38«, 4I«, lit, 43o et (Oo.
Noua lea publions d'apr^a le& manuacriu originaux quo nous aTona < Srcrclaire da M. TroiiMii. (EJil. àt »!.)
antre les mains. (£rfif. it Vtrt- ) >M.ccll-i..y.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 993
comme un acte d'une grande perfection, dans de ses y contenue, s'y conformant en tous
livres,
sa Vie par M. d'Evreux, Henri de Maupas, pag. points. Monsentiment est que cela suffit d'au- :
qui ne fait que s'y conformer, le doit être aussi. vres si justement flétris. Il faut remarquer que
Je voudrais, en troisième lieu, demander à ce jusqu'à présent, il n'a paru que soumission, et
Père ce qu'il pense de la doctrine qu'on intro- qu'on n'a aucune preuve de révolte ou de déso-
duit dans l'Ecole, et qui fait consister la charité béissance dans sa conduite.
dans la volonté d'aimer Dieu, quand on ne de-
LETTRE XXXVII.
vrait jamais parvenir par là à aucune sorte de
BOSSUET A M. DE LA BRODE.
béatitude. Or, celle-là visiblement enferme l'au-
A Germigny, ce 29 Mai 1695.
tre; donc, etc.
Je voudrais bien. Monseigneur, avoir une
J'espère rendre cette matière si claire, qu'il
heure de conversation avec vous, et au plus tôt;
n'y restera aucune difficulté, ni aucun moyen
et je crois que l'affaire est assez importante pour
de rejeter mon article utjacet. Faites-en l'ana-
vous inviter à un petit tour; car, pour moi, je
lyse, et vous en serez convaincu.
ne puis quitter pendant cette octave, ni de quel-
Pour ce qui est de la perfection, il n'est pas
que temps après cependant la chose presse. II
:
lomlurail fiiiaml la malii-re serait ('rlaircio, cljc tomc, sur de très-solides fondements, a trouvé
le croisencore. Au surplus, pour l'indilTLiciicc, el admiré dans saint l'aul. Il (-si suivi de Théo-
j'.iviiueraice que vous voudrez, quand vous vou- dorel, de saint Isidore de Ilamielte, d'Ecumé-
drez aussi (|u'oii compare eiiseinldc une vellc-ité, nius; et dans nos jours, d'Ksliusetde Froment,
cl encore une veiicilé de ciioses iuiptissililcs et sans avoir encore examiné les autres : saint
connues jtour telles, avec une volonl*^ efficace et François de Sales, siiinte Thérèse et beaucoup
ajisoiuc. C'est ce <inej'aiuai h dire aux faux lujs- d'aulres unies .saintes, diml je nedois point souf-
tiiiues, qui concluent leur indilTérencc, <pie je frir qu'on condamne les sentiments, sont de
crois liéréliquc, d'une proposition (jui bien as- même avis. (Juand je dis qu'on peut insfjirer,
MuY'nient ne l'est pas, puisqu'elle passe dans j'explique assez que ce n'csl pas à tout venant,
tous les livres sans èlrc reprise. en tout cas, il faudra expli-
positis iHiueitdis; et
Ne cro\ez p.is i\\\p je parle ainsi par atlaclie- quer ou déterminer un terme général, dont je
tncntà mon sens; maisc'cst (pi'avant l)ien pen.sé ne me suis servi que faute d'en avoir un plus
et repensé à celle affaire el h celle pro|tosilion, propre. Au surjdus, c'est à moi à nriiuiiiilier, si
|)lus qu'à Innle autre, je ne crois pas devoir aisé- Dieu le veut; mais non pas à mollir ni à con-
ment céder (ju'à des raisons claires ou à des au- damner, sans (pion me produise aucune auto-
torités plus ;:randes que celles qui m'ont déter- rité, ce que j'ai avancé sur les auloritê'S que je
miné. J'aurais pu éviler la ditlicullé. el j'en ai été viens de dire, el sur beaucoup d'autres que je
tcnlé; mais en même tenqis il fallait ahandon- n'ai pas encore eu le tenqis de rajjpcler en ma
ner le dessein que Dieu me mellail, ce me sem- mémoire. Dieu, que je regardeseiil, me donnera
ble, dans le cteur, de démêler le bon d'avec le ses lumières, si les miennes sont trop courtes.
mauvais dans les m}sti(|ues. J'édaircirai tout
LETTRE XX.MX.
cela dans mon Inslrurlion, à la(|uelie je lia-
vaille sans relâche. Mais comme il ne faut rien MADAME DE GUYON A BOSSUET.
précipiler, la (pieslion est de .sjïvoir s'il ne fau- Juillet leM.
drait i)oint prévenir sur celle dif(iculléceux qui Je prends la liberté de vous offrir ce tableau',
pourraient en mal jufjer : car pour la proposi- ipii passe parmi ceux ipii s') comiaissenl, pour
tion en elle-même, je vous prie de n'en être èlie assez bon. Il j a longtemps (pie j'aurais pris
|iasen peine. Itérobez-vous donc un jour ou la CDiiliance de le [irésenler à Votre Grandeur;
deux pendard celle octave; nous viderons celle mais je voulais (|ue toutes ces allaires fussent
nfiaire ensend)le en très-peu de lenqis. Doimez terminées au|)aravanl. lailes-moi la grùcc de
moi du moins de vos nouvelles, el de celles de l'agréer conmic un têinoignage de mon res-
l'asscuibléc. Je suis, etc. pect el de ma reconnais.sance je vous envoie :
elles sont fort faibles : elle nie (pion lui ait fait Vous pouvez. Madame, aux eaux. Vous
aller
aucunes défen.ses ;'i de Paris. M.
raichevc^clié ferez forl bien d'éviter l'aris, ou en tout cis de
rareliev(''(|iie, i|ui m'avait dit
m'einerrait (pi'il n'.v point paraitie. Ne laites de bruit nulle [uul.
ce qui a\ail été fait, ne m'a rien en\o\é du lonl: Donnez-nous une adresse pour vous écrire ce
on neliii a fait souscrire tout au |>lusqu'un dé.sa- qui sera nécessnre. tin dit ici (jue M"" de Mor-
veu ^réiKTal el conditionnel de toute erreur, et lemarl et M"'" »le Morstein sont allées vous voir
moi je ne crois ()as cela sullisaut. à Meaux. On les a trouvées toutes deux sur
Uuanl à la déclaration d'un certain prél.il ce chemin vendredi, el je crois même avoir vu
éloigné, qiievoiisavez vue, c'est moins(pie rien. leur livrée el Iciu- ('-quipage en pa.ss,-ml. Gela
Je vois dans certaines gens, et je vous noimiie, vous lera des aflaires, s'il est véritable; et on
sans bésiler, M. IJ., un gr.uid zèle, mais faux, ne trouvera pas bon que vous raiua.s.siez autour
el une très-grande ignorance de la matière. de vous des personnes qu'on croil que vous di-
Je n'accorderai jamais au 1*. de l.i Tour In to-
' L'*Ot» Lcdicu ijoiik >i>|iienil que ce lib'eau repratcnUtt un
lùrauce [lour un senlimenl que saint Clirjsos- Vierge Iciiuit l'eQfftiit J^kus dans tes braa
,
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.
P S Je suis un peu étonné de de faire aucun bruit, vous pouviez avoir la bonté
de Charost
aucune nouvelle de M"=« la duchesse d'examiner la conduite que je tiendrais à Bour-
sur ce que vous m'avez promis. bon; et au retour des eaux, si je verrais en
LETTRE XLL effet ces dames, ou si je me retirerais dans mon
ancienne solitude.
ADAME ;gUYON A BOSSUET.
Juillet 1695. Vous savez. Monseigneur, qu'elle a été ma
mois à la parole que bonne foi; et que je vous demandai, après que
J'ai satisfait durant six
vous m'eûtes permis de ine retirer, si vous
j'avais mettre quelque temps en-
donnée de me
juger de ma con- agréiez que jeretomuiasse passer l'hiverà Sainte-
tre vos mains, alin qu'on pût
Sainte-Marie Marie, en cas que l'envie m'en prit ; sm- quoi
puite etje ne suis sortie ensuite de
vous me fîtes la grâce de me répondi-e que je
;
sainte-Marie do Meaujt, lo 13
Elle était entrée aux Filles Uo
I
M""= de i'unl-Sainl-Pierrcde Lyon, sœur d'une peut pas soutenir que s'élant d'cllc-niôme en.
de nos sa-iiis, nie prie de vous demander per- gagée h revenir au couvent où elle était, aussi-
mission r|ii'eilc puisse entrer diinaiiclic. Il y a tôt qu'elle en est sortie elle ail rompu tout com-
lonptt Mips ([lie nous l'avons vue, el elle s'en re- merce s;ins aucune raison. Uuaut à moi, j'ai
loiiriie à Lyon ; ce sera encore pour du Icnips fait à son égard tout ce qui dépendait de mon
de Votre Giamleur illu>lii>simc, etc. avec l'estime que vous savez, etc.
M"" Guyon de toutes choses, et pour la doctrine première justilkntion que M. de Meaux m'a don-
et pour les mœurs. Je vous prie, si cela est, de uce, et qu'il redemande. Celle-là m'est d'une ex-
vouloir bien me l'envoyer, parce ([u'appaiem- trême conséquence à garder. Elles sont datées du
ment elle sera fausse. Pour la doctiinc, !<> elle même jour.
a .souscritnos Articles, où nous avons compris Je joins à cette attestation la copie de celle
la condamnation de toute la sienne; 2" elle a que vos religieuses lui ont donnée, que vous
souscrit la censure de SI. de CliAlonset la mienne» n'aurez pas peut-être vue. Ceux qui connaissent
et a condamné elle-même ses propres livres, au votre exactitude jugeront aisément qu'une justi-
sens que nous avons condamnés, c'est-à-dire fication si entière n'aura été (jue la suite d'un
comme contenant une mauvaise doctr'uie 3" ;
désavœu formel, d'une condamnation précise
et
ordonné défaire les actes intérieurs mar-
je lui ai qu'elle aura faite de .ses premiers sentiments et
qués dans nos Articles, à quoi elle s'est soumise; de ses livies. Mais il peut y avoir quelque sujet
4" elle a pareillement .sousmt à la défense que
de craindre ipie (piehpie.s-uns de ses amis n'en
je lui ai faite de dogmaliser, écrire, répandre jugent autrement, ne voyant pas la manière
ses livres iiii|)riinés ou manuscrits, diriger, etc- dont elle s'est .smimise. Comme les copies de
Par tout cela, vous voyez bien que la doctrine ces attestations ne maïKiiicront pas de se multi-
est flétrie; et je nie réserve à publier ces actes plier, et parla de se rendre publitpie, peut-être
sou.scrils parelle, quand on le trouvera propos. ;'t
jugerez-vous aussi à propos de rendre ses sou-
En attendant, je lui ai donné une attestation
que la vérité soit re-
mi.ssions publiques, alin
relative à ces actes, où, à r;iison de sa soumis- connue par ceux mêmes à qui elle ne plaira
sion, je lui continue les sacrements dans la ré- pas '
ce|ttion desquelsje l'ai trouvée. Pour ses mœurs Monseigneur, que vous excuserez la
J'espère,
je déclare (jiie je n'ai rien trouvé contre elle sur liberté avec laquelle je vous écris, ne le faisant
les abomiu.ilions de Molino.>, qu'elle m'a tou- que pour vous taire comiailrc avec combien d
jours paru (li'tesler. .\u reste, elle s'est mal sé- sincérité et d'attachement je suis, etc.
parée d'avec moi, puisque m'ayant demandé
une iieruiissioii seulement (l'ai 1er aux eaux, avec ACTF DE (ni'llISSIO.X DE UADAMK COTO!l.
où je ne veux point entrer, et qui n'en vaut ni'rtais pareillement soumise. Je reçoit non-seulement un*
pas In peine avec une femme. Je n'ai point pro- '
OntrouTtra il« suit* de c«tte lettr* toutes les pitres dont pirt*
mis de la g.inler, ni de reinpécher de sortir M. Tronson. Il «si ttonnant qu'elles n aient pu éli< publices Ju^
;
qu'Ici. Nous les donnons d'aprH les o.'^^inaux. ou sur des copliA
cl on ne nie l'a jamais proposé. Mais elle ne suthentiques qusiwui tTons «ntra l*s mtini, (Mil. é* Vtn.]
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 29^
répugnance, mais encore avec une pleine et entière soumis- Je supplie ledit seigneur évêque de Meaux, qui a bien voulu
sion, ces Articles. Je promets, avec la grâce de Dieu, de m'y me recevoir dans son diocèse , et dans un si saint monastère.
conformer, tant en croyance qu'en pratique et condamner de , de recevoir pareillement la déclaration sincère que je lui fais
cœur et de bouche tout ce qui y est ou peut y être contraire sur le serment que je dois ii Dieu et à sa sainte vérité, que
directement ou indirectement, comme toutes autres oreurs, je n'ai dit ni fait aucune des choses qu'on m'impute, sur les
en quelques livres qu'elles soient, même dans les miens. Je abominations qu'on m'accuse d'approuver comme innocentes,
ne reconnais et n'avoue que deux livres, dont l'un est intitulé: à titre d'épreuves ou exercices. Si je ne me suis pas autant
Uorjen court et très-facile de faire oraison , que tous peu- expliquée contre ces horribles excès que la chose le demandait,
feti! pratiquer très-aisémeni , et arriver par là dans peu, ,
dans mes deux petits livres, c'est que , dans le temps qu'ils ont
de temps, à une haute perfection; et l'autre Le Cantique :
été écrits, on ne parlait point de ces sortes d'épreuves, et que
des cantiques de Salomon, interprété selon le sens mystinue, je ne savais pas qu'on ciit enseigné ou qu'on enseignât de si
et la vraie représentation des états intérieurs; désavouant damnables pratiques. Je n'ai non plus jamais cru que Dieu
tous autres livres qui me seraient ou me pourraient être pût être directement ou indirectement auteur d'aucun péché
attribués. Je n'ai nulle part à l'impression deux
de ces ou défaut vicieux. Un tel blasphème ne m'est jamais entré
ivres; et j'ai supposé que ceux qui les feraient imprimer y dans l'esprit; et je renonce ii toute expression d'où l'on pour-
ce qui serait nécessaire, rait, en quelque manière que ce fut, induire cette impiété.
changeraient et corrigeraient tout
tant au sens qu'aux expressions que besoin serait : , autant Quant aux manuscrits qu'on répand sous mon nom, notamment
ainsi je déclare très-sincèrement que je n'y suis nullement celui qu'on nomme Des Torrents, et autres semblables je ,
attachée, ni n'y prends aucune part qu'autant qu'ils sont con- n'eu puis avouer aucun, à cause des altérations qu'on a faites
formes à la foi catholique, apostolique et romaine, de laquelle, dans les copies; et aussi que je n'ai jamais prétendu qu'on les
par la grâce de Dieu je n'ai jamais voulu ni entendu me publiât que par ordre et avec bon examen. Ainsi Dieu me
,
départir un seul instant, sur quelques articles que ce soit. Je soit en aide, et ses saints Evangiles Fait au monastère de la 1
dessus tout à nos saints pères les Papes et au Saint-Siège présentes soumissions et déclarations de ladite dame Guyon,
tant celle du 15 avril 1695 que celle du 1" juillet de la même
apostolique, en la communion par la et obéissance duquel ,
cachée avec Jésus-Christ, en quelque lieu que la Providence nous rend de sa bonne conduite depuis six mois qu'elle est ,
me destine, le reste de mes jours. Fait au monastère de la audit monastère), le requéraient. Nous lui avons enjoint de faire
Visitation de Sainte-Marie de Meaux, le 15 avril 1695. en temps convennble les demandes et autres actes que nous
avons marqués dans lesdits Articles par elle souscrits, comme
J.-M.-B. DE LA MOTTE-GUYO.\. essentiels à la piété, et expressément commandés de Dieu,
sans qu'aucun fidèle s'en puisse dispenser sous prétexte d'au-
ACTE DE SOt'MlSSIOX DE M.VDAME CIIYON, tres actes prétendus plus parfaits ou éminents , ni autres pré-
textes quels qu'ils soient; et lui avons fait itératives défenses,
Ecrit au has de l'Ordonnance ou Lettre pastorale de
tant comme évêque diocésain qu'en vertu de l'obéissance qu'elle
Mgr Vévique de Meaux. nous a promise volontairement comme dessus d'écrire en- , ,
UE MK.VtX
avec un cœur humWe conforme
et sincère, je me soumets et
aux condamnations y portées dcsdils livres, y condamnant de Lorsqu'elle quitta son diocèse.
tocur et de bouche toutes propositions à ce contraires de ,
même que si elles étaient expressément énoncées. Je déclare Nous, évêque de Meaux, certifions il qui il appartiendra
qu'au déclarations et soumissions de M"" Guyon,
moyen des
néanmoins, avec tout respect, et sans préjudice de la présente
soumission et déclaration que je n'ai jamais eu intention de
,
que nous avons par-devers nous, souscrites de sa main, el les
rien avancer qui fut contraire à la foi et h lespnt de l'Iîglise défenses par elle acceptées avec soumission, d'écrire, enseigner,
catholique, apostolique et romaine, i\ laquelle j'ai toujours été dogmatiser dans l'Eglise, ou de répandre ses livres imprimes ou
et serai soumise, aidant Dieu ,
jusqu'au dernier soupir. Ce que manuscrits, ou de conduire les âmes dans les voies de l'oraison
je ne dis pas pour me
chercher une excuse mais dans l'obli- ;
ou autrement ensemble des bons témoignages qu'on nous a
:
gation oii je crois être de déclarer en simplicité mes inten- rendus depuis six mois qu'elle est dans notre diocèse , et dans
tions. Je déclare en outre que je n'ai jamais eu aucun com- le monastère de Sainle-.Marie nous sommes demeurés s-l-
,
merce avec Molinos, ni avec aucun qui en ait eu avec lui; lisfait de sa comluile, et lui avons continué la participation des
que je ne me souviens pas d'avoir lu le livre de Malaval que saints sacrements dans hiipiello nous l'avons trouvée; décla-
,
a HC- par nous faite dans notre Ordonnante da 16 avril ICCO. LETTRE XLVI.
Donné i JIwux, le I" juillet 1095.
LE P. LACOMUE A MADAME GUTON.
J. Bi^mcwK.év. de Meanx. CelOoctob. 1C95.
mais bien de prande éililicalion ; n'ayant Jamais parlé à aucane pensive, elle saura bien en procurer l'excctition.
.personne du dedans et du duhors qu'avec une permission par-
C'est à .SCS .soins, que j'en aban-
par-<lcssus tout,
ticulière, en outre lien reçu ni écrit que selon que
n'ayant
mondit seigneur lui a permis ; ayant remarqué en toute sa donne le succès, vous en disant ici naïvement ma
conduite et dans toutes ses paroles une grande régnlarili, pensée. Je liendrais celle entrevue pour une
gimiihcilé, sincérité, humilité, morliiication, douceur et patience
faveur du ciel si précieuse, si consolante pour
chrélicunc, et une vraie dévotion et estime de tout ce qui est
moi, qu'après le bonheur de plaire à Dieu et de
de la foi, surtout îu inyslèrc de l'incarnation et de la sfinie
enfance de Notre Si ipneiir Jèsus-Clinst. Mue si ladite -dame suivie en tout sa volonté, il n'en est jioint que
l'Iionneur de choisir notre maison
nous voulait faire pour y j'csliiiiasse plus en ce inonde. Toulc la petite
yivre le reste de ses jours dans la retraite, notre communauté
Cette piotestalion est siniple
église (le ce lieu en serait lavie.
le tiendrait à f.ivcur et satisfaction.
cl sincère, sans aulrc vue ni pensée que de rendre témoignage La clio.se ne me parait point iinpo.ssible, ni
i la véiilé. F.iil (C 7 juillet 1095. même trop hardie, en prenant, comme vous
Signé SfrurTrancoise-Elisabeth le Picart, supérieure.— feriez sans doule, les meilleures précautions
Sœur .M.n.lelaine-\imée Gueston. Sœur Claude- — changeant de nom, marchant avec petit train,
;
LES RELIGIEUSES DE MEAUX A MADAME GUYON. terions les choses avec le jilus de sûreté qu'il
De notre monastère de Meaux, rc 9 juillet 1095. nous .serait possible, pour n'èlre pas découverts.
Vous avez si |iiiissaiiimeiil giit^iié les cœurs de Il vous en cotiterait un |ieu plus de voyager ;
celle comniiiiiauli par vos boules el les cxcnr mais h cela près, pnis(|uc vous êtes obligée de
|)les (le volic \(i lu, qu'il nous esl iiii|tossiltle de demeurer sans commerce, il serait mieux, ce
laisser iiailir Mlle Maïc s;ms la eliai j;er de ces me semble, que vous lussiez éloignée, et que
faibles leiuoi;j:iia^:es, (jtii ne vous |iroiivm)iil ja- vous cliangt\issi(V de temps en temps de de-
mais assez la jtisle eslinie doiil nous soiiiiiies meure dans des pro\inces reculées; vrai mojen
piévenucs en volie laveur. La eotuiaissaiiec de n'être pas rceonnue.
que nous avons de la ^éiiéidsilé el de la len- Votre elat intérieur el extérieur esl conduit
(Iresse de voire eteur, nous tail espt^jer ijuc
de Dieu, d'une manière à ne laisser guère de
vous nous feiez riioiineiif de nous aimer lou- lieu à la consullalioii el j^i la prévoyance. Si
geiix d'elle aidées du .secours de vos .sainlcs tecteur de l'entreprise qu'il aura lui-même
pi i( les, (pie, malgré noire indignilé, nous vous excitée, et il n'en arrivera que ce que nous
deiiiaiiduus la giAce de vous en souvenir devant sotiliailons imiquemenl pour tout succès, l'ac-
le Seigneur. Si nos \(rux .sonl exaucés, vous complissement de sa lrès-|uste et plus qu'ai-
aurez une ineilleinc .sauté; el si nous sninmes mable volonté. Vous prendrez la carrosse de
a.ssezlutueuses pour vous assurer «le vive voix Botdeaux; de là vous viendrez h Pau, d'oii il
n'y a <|ue .six lieues jusqu'ici '. Si lasai-on était
de la coutinualion de notre parlailc amitié ,
vous seit'z persuadée, .Madame, des respects et propre, le prétexte de prendre les eaux aux
dit sincère et parlait allailieinent de vos très- fameux bains de I5au;nères, qui est à trois lieues
liuiiililes el ohéissaiilcs ser\aiiles en Nolre-Sei- d'ici , serait fort plausible. En tout cas, en at-
piieiii. tendant le temps des eaux, vous viendriez faire
Les Suians m-; i.a communaiti': de la Visitation > C'esl-i-dire, à Lourdes, prtlte Tille dftns lo Béam, dn dlo^e
de '^'rbr*. t.* P. L« Combe rtait alort renfcrinr, par ordre do roi
SAiMii-MAiiiE. Uuu )>oil Oénil dam le clillcau de celte ville.
, , ,
à Pau ou à Bagnères et ;
dessein,
Dieu, faites éclore dans
esprit secondé par sa providence, et nous
et l'autre de bon cœur.
qu'elle le temps convenable ce qui est caché
depuis
défendrons à Jeannette de mourir avant
pas de l'élernité dans votre dessein! C'est là,
ma
vous ait vue. Quelle joie n'aurait-elle
monde, très-chère, que je vous suis parfaitement acquis.
vous embrasser avant que de sortir de ce
illustre persécutée femme forte, mère des
vous étant si étoitement unie, et pénétrant
vi- !
vement votre état! Votre billet, quoique si enfants de la petite Eglise, servante du petit
elle vous est Jlaitre i, qui suivez la lumière dont il
vous
court, l'a extrèmcineiit réjouie :
pirée de vous demander un anneau d'or pour velle nous avez -vous annoncée Qu'elle s'exé- !
Ciel. Les
deux d'argent pour ses deux confiden-
elle, el
cute, si elle est dans le dessein du
de vous aller prendre à l'aris, ou en Ici endroit en plus nous n'osons presque plus lui donner
:
qu'il- nus iiiair.iil me prescrire, pour vous con- des remèdes, crainte qu'elle ne puisse pas les
duireici ou ailleius ! C'est la grAcc quî je vous supporter. Elle vous embrasse de tout son cœur,
demande. illuslre pcrscculée! si vous le ju- sensible h vos maux et tendrement com|)atis-
gez à propos, pour le présent que votre main sante. Vous courez grande fortune de ne vous
plus que libérale me fait l'Iiounour de m'oiïrir, voir l'une et l'aidre (ju'en l'autre monde : j'en
tout ce que je vous demande dans les ordres de dis de même de vous
de moi. Les autres filles
et
la rrovidence, c'est que je puisse avoir l'iKin- vous .saluent avec une estime et un amour très-
neur et le plaisir de vous voir, que je préfère à particulier. L'alfection et le zèle de M. Lashe-
toute autre chose. Nous avons recommandé la rons sont très-grands assurément il n'épargne- :
chose à Dieu dans nos saints sacrifices, et nous rait ni sa bourse ni sa pcrsoime pour vous ren-
continuerons, si le Maitre de la vie et de la dre service mais comme sa présence est trop
;
mort n'en dispose autrement et y avons engagé ; nécessaire et trop remarquée dans ce lieu, et
toutes les bonnes Ames de ce lieu, et singuliè- une longue absence causerait une ailmiration
rement celles de l'étroite conlidcnce. Tout est plus propre fi évenler le sxstème qu'aie bien
entre les mains de la puissance souveraine ;
ménager. Pour moi, je vous suis toujours éga-
que pour sa gloire et .son honneur. Je
tout soit lement acipiis en Notrc-Seigneur. Votre expli-
liiiis. Madame, en vous protestant queje vous ho- cation de iApociiIypae me paraît très-belle, très-
nore, vous estime et vous aime en Nolrc-Sci- solide et très-utile. Je ne m'étends pasdavantage,
çnciu- Jésus-Christ, plus que je ne saurais vous jusqu'à ce que nous sachions si notre nouvelle
l'exprimer. adresse réussira.
Que nous dites-vous ? qu'on vous a empoison-
LETTRE XLVIL
née ' ? Est-il possible que la malice soit allée
LE P. LACOMBE A M"'" CITYON.
jusqu'à un tel excès? Mais comment votre corps,
Ce 11 novembre 1005. si si (aible, a-l-il pu résister à la vio-
délicat et
Je reçois la vôtre, du 28 octobre, à laquelle je lence du poison? Avez-voussu par quelles mains
jour je le lis de même l'au- ce frime a été commis? Pauvre victime, il faut
réponds le même :
très-sensibles mi.>cricordcs.
Ouelipie désir que nous a\ons de vous voir,
nous préférons votre conser\alion à la joie <pie La joie de la petite société. Madame, dans le
désir ardent qu'elle avait d'avoir l'honneur de
nous causerait un si grand bien remettant ,
qu'elles vous seraient utiles, si Dieu vous donne s'il est dans le dessein de Dieu que vous veniez
le mouvement d'y venir. Oh ! quelle .satisfaction dans ce caidon, je remliai poiutiu^llement dans
pour nous tous Je ne l'espère pres<pie plus,
!
l'endroit que vous me ferez l'honneur de me
voyant un délai considérable. |)i>ndant lequel il mai(|uer, n'en |)laise au très-révéreml et très-
peut arriver (pielqiie changemeid considérable, véiu'rable Père. Je ne rougirai jamais, Madame,
sinon |iar notre é'Iargissemi'nt, du moins par en présence de (jiù que ce soit, de confesser la
notre mort. Vos inlirmilés sont cvlrémes, cl pureté (le volie doctrine, discipline et intrurs,
par leur excès et par leur diM'ée: bonnes et for- comme je en pré.scnce de notre prélat,
l'ai fait
tes croix pour l'assaLsouuement des autres dis- à .son relom- de Paris, au sujet de l'illustre et
po^itions. La même toute-|)tMssante main qui plus (pi'aimable Père. Il ne man(pie point ici
vous happe, vous soidienne cl vous conserve d Egyptiens, (|ui cherchent les premiers-nés des
jus pi'au coud)le des souffrances et des épreuves Israéhtes pour les submerger.
qu'elle vous a destinées! J'ai consulté un fameux médecin au sujet de
Ce cond)le «'uible approcher pour notre '
ne Totl pas »ur quel fondement Mme Guyon torftlt pu diku-
On
chère Jeannette ,
qui s'use et s'alfaiblit de plus der au P. L> Combe ijg'on rat m
empuitunnea.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 801
vos incommodités; il m'a assuré que les eaux rassée et surchargée que bien servie, comme il
de Cauterets se boivent pour vos maux. Elles vous arriva autrefois. Une femme intelligente
sont à quatre lieues de cette ville et pour y al- ; et fidèle vous suffirait, avec un garçon sur qui
ler, il y faut passer nécessairement. Ces eaux on pût s'assurer, tel qu'était Champagne. Dieu
font des effets merveilleux. Il m'a demandé si veuille vous inspirer ce qui est dans son dessein,
je savais de quel poison vous aviez été empoi- et vous en faciliter l'exécution Je ne conçois !
tous vous honorent parfaitement, et vous sa- vriez pas. Les eaux fort minérales et décisives,
luent de toute la force de leurs cœurs. Je vous telles qu'il y en a en ce pays, pourraient y être uiî
suis invariablement acquis et attaché à la grâce fort bon remède. Vous devriez, ce me semble,
démon Dieu. user de liqueurs fort agissantes et cordiales, du
LETTRE XLXIII. meilleur vin, d'eau clairette, de rossolis, d'eau
LE P. LA COMBE A MADAME GUYON. de canelle, et de tout ce qui peut le plus donner
de mouvement au sang et le réchauffer afin
Je reçus hier votre lettre, an- où étaient les qu'il ne se fige pas dans les vaisseaux. Votre
neaux la joie en a été grande dans notre pe- vie, trop sédentaire, contribue beaucoup à ce
:
Providence m'en lournira les moyens, comme ra arrêter les desseins d'un Dieu, ou empêcher
qu'il ne tire sa gloire de tout ce qu'il a résolu
elle l'a fait jusqu'à présent d'une manière ad-
mirable. de faire ou de permettre ? C'est là ce souverain
plaisir et l'unique prétention des cœurs qui lui
II faut qu'on soit bien acharné contre vous,
pour ne vous laisser pointde repos, après qu'on sont bien soumis et c'est pour celle raison que
;
tenant cachée avec lui dans le sein de son Père, ne m'avait tant plu il y a moins à retoucher
:
malgré toutes les poursuites de vos adversai- que dans les autres. Les étals intérieurs y sont
fort bien écrits, cl tirés, non sans merveille, du
res.
Songez donc à faire le grand voyage vers le
texte sacré, où rien ne paraissait moins être
compris. Si tonte voire ex|)licatioii de l'Ecriture
printemps, alin que nous ayons la satisfaction
était assemblée en un volume, on pourrait
de vous voir et de vous rendre quchiues servi-
l'appeler la Bible des âmes inlérieures: et phit
ces. Vous ne trouverez pus ailleurs une société
qui vous soit plus ac(|uise (pie la nôtre. Per- au ciel que ramasser et en taire
l'on pût tout
sonne ne pourrait aller d'ici pour vous condui- plusieurs copies, aliii si grand ouvr.ige
(pi'un
que nous ppnsorions ontrepromlir pour la v6- de Malaval que je n'ai pu approuver, et contre
cun ouMa;.'e de lospril, diinioins de conlinuer, même aux allies, el l'obslacle ()u'y met la mé-
ditation mélhodicpie et gênante (pie les hom-
m'etanl pour m') appiicpier ce
lail ^iolei,cc :
sa science. de le réfuter, el de le
Il serait ai.sé mon papier .sans vous parler d'elle. El (jue vous
faire voir cpie son raisonncinenl fait pitié à ceu.x en dirai-je? Une toujours il me semble que
(jui s'enteiideiit un peu au.\ choses iinsliipies.
Dieu nous l'enlève, el toujours elle nous est
laissée; qu'elle vous honore et vous aime par-
Il ne comprend ji.is même, en cei tains en-
droits, l'ilalde la (|uestioii et le sens des ter- laitement, el ses conqiagnes de même: elles
mes. prend pour des iiéchés ce que l'on ne
Il
sont toutes en fête pour leurs anneaux. Songez
hlàiiie que coiiime des imperleclions et sur ;
à m'apporler aussi queliiues bijoux. Tous les
celle supposition il tire d'absurdes conséquen- amis vous saluent tant cl tant. ma Irès-chi'-re,
ces, dont il triomphe. Il s'imagine qu'ù cause ponrrai-je encore vous revoir? Si Dieu ni'ac
qu'on prali(iue l'orai.son de simple regard, on cordait un si grand bien, je clianlerais de boa
ne lait jamais aucun acte distinct; comme si cœur le Ntmc dimittis : nous raconterions à
loisir toutes nos aventures, qui sont étranges,
le Saint-Esprit, à (]iii l'on tàciie de se sou-
mellie, ne portait pas l'àmc à faire bien cha- et donl pas une ne serait cachée à votre cœur.
gard ? Il n'allègue ni ne réfute pas un seul pas- trouver dans ses lectures la ivgle de sa condui-
sage de mon Aualyxix cependant on le met au : te. » r/elait dans mon second point, où il ne
rang des livres qui conliennenl, dit-on, les s'agis-sait ipie d'une Carmélile déj;'» instruite et
principales erreurs des <piielistes. S'il y en eût dans la voie de la iierlection, qui liouvc dans
remarqué quelqu'une, il ne me l'amaii pas par- sa règle et dans ses supérieurs toutes les déci-
donné. Avec cela, il sera applaudi par la foule; sions donl elle a besoin.
mais Dieu prendra la deleiisetlc la vérité, et Vous observerez, s'il vous plall. Monseigneur,
étendra son iè;;ne intéi icur, malgré la conlra- qu'apivs avoir posé dans mon premier point la
diclion dca liomnies. Il y a certaines opinions nécessilé de l'amour de Dieu el du delache-
ment, s;ins entrer dans aucnnecpieslion, et me
retraiiiliant dans les principes les plus univer-
I
C«t écrit • pour titr» Rtfu'a'inn du prineipnUt tttturi drs
çu ''tsUÊ, nmtrHttet danâ tu iir-c. rrii'i/r<> par tntt"nHilH<r Ht M^r selleiiieiit ireiuinus, je n'eiiiplo\ai mon S(Vond
Virchevfqut dt fani (de Il.irliiV .< I' cctourc IQM. C«ili le der-
uwr «crit que com^ofta ccC4;ii.br« «uunr.
point tout enlier qu'à precauliomier l'auditeur
,
contre toutes les sources d'illusion qui peuvent trouvé que je ne pouvais me déclarer plus
altérer cet amour. Pour cela, je tâchai de taire fortement et plus précisément contre tout ce
craindre les lectures curieuses, la science qui qui peut favoriser l'illusion.
enfle, les voies extraordinaires et toutes les Quand j'aurai l'honneur de vous voir un peu à
questions. Je ne recommandai que la fidélité vous dirai quelque chose qui n'est rien
loisir, je
aux règles, la sincérité, la défiance de son pro- moins qu'essentiel, et sm- quoi je ne croirais peut-
pre sens, et l'obéissance dans l'usage meute être pas entièrement ce que je m'imagine que
des meilleures choses. Ainsi tout mon discours^ vous croyez mais je déférerai toujours avec joie
:
à le bien prendre, comme je le donnais de tout à tous vos sentiments, après vous avoir exposé
mon cœur, était une déclaration perpétuelle les miens.
contre les illusions qui font tant de bruit ; et Quand vous voudrez, je me rendrai et à Meaux
je croyais, tant je suis malhabile homme, avoir et à Germigny pour passer quelques jours
,
dit les choses les plus précises et les plus fortes auprès de vous, et pour prendre à votre ouvrage i
pour précautionner l'auditeur contre tous les toute la part que vous voudrez bien m'y donner.
excès de la fausse spiritualité. Je serai ravi non pas d'en augmenter l'autorité,
,
que de la continuation de vos anciennes bontés. fait, et a déchargé ses supérieurs. On a oui aussi
in/'mi' valait mieux que loules les n'oonipenses. Prions pour les |)érils de l'Lglise, attaquée plus
Jcsti.s-CluiNl me met uiaiul -uanl h celle épreuve tineiuenl (pie jamais sous prétexte de piété. Je
et luùine encon' à une plus nule puisqu'il faul ,
suis, Monsieur, très-sincèrement, etc.
humaine a besoin d'(Mri' fortifiée dans cet (''lai- \au% avez, Mousei;:neur, quelque chose à
Si
Dans le fond je suis iieiuriix qu'il n'y ail pour
,
m'euvoyer je vous .supplie de ne me l'envoyer
,
moi que l'allenlc de celle promesse t il vous : pas si Itil. J ai attendu h Cambrai le plus long- ,
t sera rendu dans la résurrection '. » temps qu'il m'a été|io>sible, ce (|ue vous m'aviez
J'aurais seulement à sonbailer (pie la défense fait riionneiir de me promelti e. .Mais enfin , je
de Saiiit-Aiit-'uslin et de la ^;ràce eut pircédé cet n'ai pu m'enipèelier d'aller à Tournai faire mes
ouvrage 2 pour ne pas attirer sur l'un la liaiiu-
,
visites dans la |Kirlie de la ville (pii est de ce
qu'on aura pour l'autre; mais il laiit suivie les diocèse. De là je suis venu ici, où j'ai beaucoup
conjonctures, et eu cela niénic tout abandonner d'affaires; ensuite j'irai à Condé, à Mous el à
à la Providence. Maiibeuge où j'en trouverai encore davantage-
,
Pour ce qui regarde M"" Guyon s'il faut , Ainsi, Monseigneur, je ne puis relourncr h
encore qu'on dise qu'elle m'a trompé parce Cambrai que pour le concours, pendant liquel
qu'elle ma menti, j'y consens; et il me sulllt je n'aurai point de temps libre. Quand il sera
d'avoir agi .selon la règle. A iin-sent qu'on voit Uni j'irai faire un tour à Versailles; et je crois
,
son mensonge, on doit agir autrcnienl. .Mais qu'il vaut mieux remetlre jusqu'à ce temps-là ce
quand je l'ai crue, il n'y avait aucun acte contre (pie vous .souhaitez (|ue je fasse. Je compte de-
L'ouvrage contre les (piii^listes ne m'arrêtera toute cette frontière. Jugez quelle di.siiphne il
cl la dortriiie.
pHr le jiajie Innocent \l, le jeudi -26 juin 1G.S1,
Dans toute celte matière, il faul. Monsieur, sur
et la censure aflichee à l'ordinaiie. le 4 aoùi
loules choses se nndre attentif aux éipiivofpies
lliSI. Tâchez de nousenvoyei l'imprimé de cette
des nouveaux auteurs, (pii, eu faisant Siiiiblaut
censure, de la même année à Rome.
de tout accorder, icserveul loul le venin dans de
'
L'abbé eh<-l'rp''au<. daot il itra Kiitent parlé dam la toilt.
pclits mots ambigus. J'ai bien envie de vous ' GaMoK d> Noaill», qui luccrdait à ion Irtir, daranu archari.
qiia da l'aria
La facuU- cenaiira en \ùi7 lUMaur* proi>oiiUoni da icn livia
' I.HC «ir. u.
trt myiit'}»' <<' dt />•»«. tic. (Jri pourra eoiiij lar. ylir
' Il I agit d* U /M/fx» dtl qumtri Arixcttt du Cltrgi dt f'ranu, intliuli
qu'U tgiiUil no diroir po* |.l*ir« à la our ùo DoiiM. loln, I* critiqua quo Douaat a faila df rat ouTrtj*.
,
V* 2 11 est assez connu par sos Caractères. Uossuti l'.ivait mis aupr^i
' Il ctait benidictiii, rocurour géntfral ds I* coni;r<gMion d«
|
Saiiit-Maiir vu cuur i:o Knnie, irf^-estiir iibic par tn miik io^ la- do M
le duc. pour lui apprendre l'histoire. Il mourut d'apupleku- lo
IciitR, hon appllciitlon qui lo rondaiont iiiriiiitn(.'iit cher A dum Mft- 10 mai IG'Jli, très-regrctto de ses amis, surtout de l'evviiuo di
,
biilun et i Ujut SOS contrvros cjccupc&dc traviiuii; litli-i.iiroa. Il les a Meaux. amiuel il i-l»(t fort nliacht!
IcbiJcoiip al(l> K par ses rcclierclics ol ses rei-utils Immonscs, «111
' 1.0 urnn l-dut do Toscmio dtsiruii ces portraits, ainsi 'lue le»
sera bien da foia moittl'jn do lui dans toute la suito do cvlte corres- ouvf.igck di prélat
' Col eniionii 4: oit Un anonyme, qui sous le i.nm simulé d'un />»>-
pon,lm,«.
trur dt SorUinHr f.iupulriir, „iliU i'le>.- .ivee beaucoup ds »l«-
Miir arclieYl>i|Uo do l'ambrai donna à c«t
' 1 ouvrage son appro-
Irncecoulio lll,,l.n,r- rfri /.i Ntunô .Ir re MV.inl «n din»l.
,
bation, eik dnlF du mois do juin 169(1.
D. ToM. VI. •m
.Iftfi LEITHES HF.I \TIVES
J'ai mit les (iilip^nros (in'il fail.iil iKUir vous heure je n'ai pas voulu entre Iiier
jiis(|u'à cette
nroniriM les laliliaiix dt-s piiiitcs. Je n'ai pu malière avec vous pour vous eiitrntlre encoules-
palier au roi, ni tle i-ela , ni lie Notre \oyaj;e , à siou, comme vous me téinoign.Ues le souhaiter
cause (ie sa goutte. 11 se ptii te lrès-l)ien à pié- dès la première visite que j'eus l'honneur de
ticnt. rendre où vous ét-s ce lui le mercreili s.iinl;
:
M. de Deauxilliers était aux eaux ; mais vous en avant rendu deux depuis, le vendredi
cliaigé de lui en saint et le vendredi de la semaine de E'àipies.
M. l'abbé de Langeron s'est
canu (|u'il ne parle rien de Kouie ijui ne con- faire de votre part, ni de recevoir de la mienne,
veirie/. cpic je n'oublii; pas celles que vous luc crois vous en devoir faire ici l'abrégé, pour vous
menl. Je làclierai de Vous envoyer au plus tôt Comme vous avez eu le malheur de prendre
ce ipii remanie le (|uiéliMue. Vous ne suiriez sur le sujet de l'oraison de fausses idées, soit
croiiv ce (|ui se renuie secrètement en laveur de que le guide que vous avez consulté sur cela
cette lemuie on nie parait ré.solii de
: mais eiilin n'ait lait (jne les entretenir, ou <iu'il vous lésait
de lui Mer tout commerce. Ses déguisements un mot, que la conduite que vous ave7 >iiivic en
^oiil eviu"nls on en a la preuve et cependant
; ;
cela vous a engagée à écrire des livres qui ont
ses parti. ans ne reviennent point. Si l'on poU- scandalisé l'Eglise par les erieui^s qu'ils con-
ail tout mettre sur le papier, vous veri uz bun tiennent, et vous ont attiré une condamnation
de> cboses qui vous feiaienl beaucoup de peine. solennelle de quelques évéqiies, et parljculièrc-
J'ose vous dire senlemeiit que, si je lâchais le iiieiit de léu .Mgr l'arclievéïpie dans le diocèse
piirci.I V' f.-.l-r r.-r-,-.r S [î ; i. i, r,|. II» ciir.nfo crrilll d'oblclur première démarche qu'ils doivent loire pour
A l'-.tion d'K»p«);i)c,
demeurer dans lacommimioii tie l'Eglise, quand
.
vous-mèiae écrite à Vincennes, entre ma pre- instruit des ordonnances qui ont été faites en
mière et ma seconde visite, « de croire tout ce France sur vos livres et sur celui du P. la
qu'elle croit, de condamner tout ce qu'elle con- Combe.
damne, sans exception. » Vous dites que « ce Je sais que vous avez donné deux actes de
sont les sentiments dans lesquels vous voulez soumission à Mgr de Meaux, dont le premiel
vivre et mourir, étant prête, avec la grâce de était pour les 34 Articles, et l'autre pour son
Dieu, de répandre votre sang pour la vérité que ordonnance et pour celle de Mgr de Châlons »
l'Eglise enseigne. » Vous ajoutez dans ce même présentement archevêque de Paris et qu'après ;
cœur à la condamnation que Mgr l'archevêque tâtes, aux conditions qui y sont marquées. Nous
de Paris a faite de vos livres, lorsqu'il était lûmes tout cela dans la chambre où vous êtes,
encore évêque de Chàlons. » et je vous en fis voir des copies de bonne main.
C'est tout ce que porte l'acte que vous me mon- J'ai cru aussi devoir lire tous vos interroga-
trâtes le jour du veudredi saint, tout écrit de votre toires, sans parler de ceux d'autres personnes
main, à la faveur d'une plume et d'une sorte qui ont été faits à votre occasion et que j'ai
,
d'encre que votre industrie vous fominl,datéde aussi vus. J'ai lu les pièces qui ont donné ou-
Vincennes: c'est
la veille, le jeudi .saint 19 avril, à verture à faire vos interrogatoires, qui sont les
comme vous vous exprimez. Fait dans la Tour de trois letties que vous a écrites le P. la Combe
Vincennes, le d9ayii/l6tlG.Si ce papier, qui de- depuis lemois d'octobre dernier , dont vous
meura entre vos mains, et que je ne doute pas que aviez vous-même reçu les deux premières, qui
vous ne vouIus.siez bien signer, était biensincère, ont été trouvées dans vos papiers et la dernière
;
et que vous y donna.ssiez sans équivoque et sans vous a été représentée et reconnue [)ar vous,
aucune réserve à la condamnation que vous y
,
et les autres papiers que vous aviez dans votre
dites que vous faites de vos livres toute l'interpré- maison. J'ai eu l'honneur de vous dire que
tation qu'on y devrait donner naturellement, et j'avais pris communication de toutes ces choses,
aussi étendue que portent ces termes dans l'usage et à raisonner de tout cela, en le rapportant l'un
nances de Paris, de Cliâlons et de Meaux, le "19 lestpiels vous vous sojez trompée, c'est un effet
novembre \(W.^ sous Alexandre VIII comme le : de votre ignorance (pie vous les délestez et les
;
livre latin de V Analyse du /'. la Combe y avait d(%avouez de tout votre cœur; (pie vous êtes
été aussi condaume l'armée prén-dente,
9 le liien assurée (pi'il ne se Inuivera aucune erreur
septembre KiKS, sous le \nmi\iUi\i tV Innocent
XI; dans aucun de vos (Vrils et ipie vous n'avez
,
de la(pii-llc eonilaiiuiaiion je vous lis encoie en point eu aussi à taire aucune rélractalion. »
même temps voir la feuille imprimée Rome, i'i Ponvez-voiis accorder cela avec la sumnission
pour répondre à ce (pu^ vous m'avaneii'z (pic auxordoimanees desev(Spies?i'ouvez-voiisdirc,
tille Analyse avail été a[>|)ronvée à Rome par Madame, ipi'mi n'a rien trouve dans vos(VrilS
une coiigregalion. Vous croj(v. bien <pie je suis c inliec( la toi, «ehiue vous en ave/, «une bonne
308 LtTTHKS RELATIVES
dc'chiiipc ? » M. ili" Moanx , dans son ordon- C'est, Madame, le premier pas que vous devez
niiiicc (Idiini'C à Mf.iiix le 1(> avril lfî!''>. dit (jne faire; vous devez réliaeler vtis livres et vos
« vos livi'i'scdiitii'iiiii'iil iinc mauvaise duclriiie, autres écrits qui ne sont pas imprimes,
au
nu lt's|(iiiii-i|),ili'siirii|>i(sili<>iiscoiidam-
e\ liiiilcs, moins celui que vous appelez les Torrents. H
rico dans lcs;U Arlidcs (jui smil iiisfivs dans >• est entre les mains de bien du monde la doc- :
relu- «it-doniiaiicf. Cclli" di- Mur ranlu'vi'i|iic, trineen est aussi mauvaise; il v a même dc8
pour Icirs ('vt^iiiio dcCliAlons. didiin-eà Chàloiis manières de parler (pii sont plus outrées, et qui
il- '2.'i avril, nindainiie vos livn-s coiiiiiic coii- portent un caractère plu> |ieniii ieux.
It'iiaiil " la diR-lriiu' ikiiivcIIc » (jM'il niinlaiime, Vous devez donner une parole bien formelle
et pour la coiidaniiiatiou do ia(|ni<ll(- il clalilit sur cela, ijui porte, dans un aele (pit; vous écri-
aussi dans son ordonnance les uiéuies '6i Ar- rez de voire main, (jue vous reliai lez la doc-
ticles. trine conlenue dans vos livres delà maiiiiTe ,
point eu (te lélnntaliou à faire. les ré|iandre (pie d'en donner quel(]u'un à imc
(À'Ia mar(|ue, .Madame, (|u'il faut avec vous personne, et (|iielipii> aulre à une aiilre, et (pie
bien peser toutes les svdabes, et que, conunc vous vous fussiez .seulement engagée à ne les
vous croyez jiisquà celle lieure n'avoir donné pas semer partout; et c'est ce (pii oblige à vous
aucune tt'tracliiliim, u'ji ayiiiit nulle erreur dans demander nu engaueiiieut nouveau, ou vous
vos écrits, on \ous lerail encore signer
(piaiid pronielliez de jelei' au feu tout ce ipii pomrait
votre papier de Vimeiines, vous prétendriez vous relomlnr sons la main, de vos ouvrages,
toujours (|uc vous n'auriez lait mille relrai ta- .soit impi'iiiK'S, soil niaiiiiseiits.
lion, (pie vous n'auriez eu nulle erreur dans La troisième condilioi. que je crois qu'on vous
voséciils, et «piil n'\ aurait rien de mauvais doit proposer, c'est de n'enirer dans la direc-
qu'un Usage iiicousideré (pie vous y auriez fait tion de ))ersonne. pour la conduire dans la voie
de «piehpies tenues dont vous n'auriez pas , de l'oraison ; et c'est, Madame , une suite de
assez entendu la lorce. Cela va, Madame, à élu- votre reiraclalion, |tuis(pif vous v reconnailiez,
der ce qu'on arrêtera avec vous, ànioiiu» qu'on si vous le lailesserieiisenienl, et dans une pleine
n'v lasse entrer les paroles (pii signilicront le persua.sion tpie vous avez ele dans l'égarement
plus clairemeul votre réliactalion. sur cette nialière , et que vous y êtes tombée
,
les autres dans l'erreur, par la créance qu'ils t tujours se défier de ce qui va à entretenir l'or-
ont, avec trop de facilité , donnée aux livres gueil qui nous est naturel.
qu'on a imprimés, ou aux conseils qu'on leur a ne vous dirai rien, Jladame, du portrait qu'il
Je
in.-^pirés, se conlenler de se redresser soi-même, marque dans sa seconde lettre vous avoir rendu
et ne plus prendre part à conduire personne. à Passy, et qu'il souhaite encore avoir, en vous
La quatrième, qui me parait. Madame, un faisant instance pour cela, et vous priant de ne
grand sacrifice pour vous, mais sur quoi il n'y le lui pas refuser. Si cela fait compassion de sa
a |)as à composer ni à rien relâcher, c'est ab- part, en découvrant du faible dans un homme
soliunent de rompre tout commerce avec le d'une spiritualité qu'il croit fort élevée; le dé-
P. la Combe, et de le regarder comme un guide noùment que vous en donnez dans la réponse
aveugle, et qui ne pourrait cire que très-dan- que vous y laites en votre lioisième interroga-
gereux pour vous. Vous l'avez dû regarder toire, marque en vous un trait de sagesse.
ainsi, au moment que vous l'avez vu,condanmé iMais [tour ne vous rien dire que sur la troi-
comme vous par les ordonnances, ne se pas ré- sième lettre, ce Père vous y ilit à la hn que s'il
tracter, et demeurer toujours dans ses premiers vous voyait, comme vous lui aviez fait espérer
sentiments. Vous savez que sa doctrine est la que vous feiiez pour cela un voyage à Lourdes,
vôtre, vous avez tous deux les mêmes principes; il chaulerait de bon cœur le JS'uncdimiltis. Je
il vous a proposée, dans la préface qu'il a l'aile ne sais si cette application est de voti-e goût
sur votre Explication du Canligue, et dont vous mais je ne crois pas (pie le canlicpic de Siméiui
le reconnaissez auteur dans vos inlerrogaloi- soit fait pour cela, et j'ai trop bonne opinion de
res, comme la Sulamile (pii possède rcs[)rit de vous pour ne pas suppose que vous le désavouez.
rE|)(tux, et qui en peut découvrir le sens le plus Mais vous le vojez dans cette lettre toujours at-
caché et les nijsières les plus inconnus il s'est : taché h ses premièies idées sur l'oraison il vous ;
l'ail de vous l'idée la plus noble et la plus élevée y répond sur le livre de M. Nicole, (pie vous lui
qu'on |)uis.se faire d'une dame chrétienne il l'a ; aviez envoyé, et ou ne peut eu parler avec plus
inspiiée à ceux (|ui oui eu poiu- lui (pielqiie cré- de mépris. Il met une (lemi-;iage à le tourner
dulité; il ne faut, pour le recomiailie, (pic soir en ridicule; et, comme s'il ne savait pas l'clat
les h'/is lettres (pi'il vousaécriles. Dans les deux de la (piestion, il lire avantage de ce qu'il ne
premières, un auniùnierdu chàleau de Lourdes rapp(Ule rien de son Analyse, (piil lelève :
reslime que vous avez eue pour li"^ »• vous re- de cette troisième lelire qu'il vous écrit, « duiis
310 F.RTTRES RFfATIVES
ni lire, ni écrire, ni tia\ailler(Jes mainscpi'avec n'e-sl point entrée dans l'appridtalion du livre,
répntjnanee elameilnnie île cd'iir el vous sa- ; qui même a été depuis censuré par riu(|iiisi-
vez que noire élat ne porte pas de nous faire tion deltomeen i('>HH, sous Innocent XI. comme
plaindre, et je n'en connais guère de semhlalile cette AiuihjHe, que vous coidinuez à être atta-
dans le pur christianisme : Jésus-Christ veut chée à l'auteur; et c'est ce cpie vous manpiez
qu'on s'y lasse violence. encore hien pitis expressément dans votre hui-
V(»iis n'avez pas ouhlié(|uc j'eus l'honneur de tième inlerrogatoire, oii vous dites que ee l'ère
Vous ténioifjtier sur cela ma peine dans ma troi- vous a\ant été doimé par tm évécjue (c'est .M.
sième visite; et pour m'en donner l'explication, de (îeuève) pour voire directeur, el vous-mi^me
vous me (Iles entendre que ce l'ère taisait sept l'ayant depuis choisi pour cela ''cette clause est
ou Iniil lii'ures d'oiaison par jour. .Mais |)0iir Itien ajoidée, et elle était néce-siire, puis<|ue
faire tant d'oraisons, est-on hors d'èlat de s'ap- M. de (Jenève vous marqua hienlôl qu'il ne vous
pliquer, ni aux oiivra'..'es d'esprit, ni an travail convenail pas; il fallait vnlre choix pour y sup-
des mains? Saiid l'aul, si élevé qu'il lût à Dieu, pléer;, « vous n'aïu'iez jamais cesse de lui ohéir
et si grandes que fns.sent ses comimmications el de suivre sa condiiile. si vous aviez été por- i'i
avec lui, a|>pliquait son esprit, et occupai! ses tée de le pouvoir faire; que vous lui ohéiricz
mains de sou métier. .Mais trouvez-vous qu'il ait encore si vous |iou\iez lui demander ses avis, à
raison de dire qu'avec ses sept ou huit heures moins (]iril ne vous fi'it déleudu. Il vous l'é-
d'oraison par jour. // trahit' une lnii(]uissante et tait assez, .Madame, n'a>ant point changé de
mist'raMf vie? celle expression offruscrait hien viu's sur l'oraison, depuis ime condaiimation
des ;iens Une vie tout occupée de Dieu peut-elle si solennelle de son Aiinlysi'.
condamner la vôtre sans coudaumei la sienne? penser aux .sacremenls, et personne ne vous y
El s'il persiste dans la sx'inie, ne devez-vous peut recevoir. C'est nu prétexie. Madame, de
pas, en qu uit la \ôlre, le «piilter lui-ménic ? dire (|ue vous voulez ;^ssisler ce l'ère dans ses
Vous ne vous êtes pas sans (lonle souvenue de hesoins: on y peut |H)urvoir «railleurs, el vous
cet en)iaj,;emeiil dans votre .sejilième inteiroga- ne <levez plus du tout entrer en rien dans ce qui
toire, ipiand vous « (|ue la iloctrinc de
v dites le regarde. Cela vous coûtera, .Madame, mais il
ce l'ère n'a poiui 4lecondauniee qu'au con- ; faut iKMis arracher nous-mêmes l'u-il et la main,
traire elle a clé iqipminée par l'inquisition de s'il ) a (pichpie.scandaleà en ciaiiiilie, .soit pour
Verceil et par la coii.:;rcj;aliciu des Hiles. » nous, soit pour les aiilres. Kl après iivoir tant
Il ne s'a};it pas de \ous l.iiie voir ici que .son mar(pié votre envie pour le revoir, coiniue il
Atiiilyse n'a pa^ Otc approuvée (tar l'IiKjui.siliou parait dans les trois lettres i|u'il vous écrit de-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 311
puis le mois d'octobre, il est bien juste que vous pieds et couronnée d'étoiles mais surtout les
;
en quittiez jusqu'au souvenir, autant qu'il sera deux lits (vous entendez. Madame, ce que je dis
en vous, et que vous ne pensiez plus lui que i^ de votre songe nous en avons parlé), ne peuvent
;
comme un écueil dans votre conduite spiri- que choquer les àines pieuses. Il faut sur tout
tuelle. cela, Madame, quelque réparation et comme ;
La cinquième obligation où je crois que vous il y a en cela bien des faits connus comme no-
êtes, avant toutes choses, c'estd'édifier autant le toires, il faut que la réparation soit publique. La
public que vous l'avez mal édifié, ou qu'on l'a prudence doit régler cela, en vous ménageant
ma! édifié à votre occasion. Vous savez que ces autant que la charité et l'édification de l'Eglise
termes de petite Eglise, dont vous êtes appelée le pourront permettre, mais n'omettant rien de
la mère, de colonnes de la petite Eglise, d'aug- ce qu'elles demanderont. 11 faut un acte de votre
mentation de la petite Eglise, ne peuvent qu'of- part qui convainque le public de votre soumis-
fenser et vous n'avez pas pu vous-même soute-
; sion parfaite: cela ne peut être trop humble.
nir cela dans vos interrogatoires vous n'y avez : Mais il faut commencer par changer de cœm' il ;
pu donner un bon sens, et vous en avez renvoyé ne faut pas se presser avec précipitation pour
l'explication au Père, que vous dites, dans votre recevoir les sacrements.
second interrogatoire « avoir accoutumé de se On tremble quand on lit, dans vos Torrents,
servir de cette manière de parler, dont vous ne que vous faites aller vos âmes du premier ordre
vous servez pas vous-même. » C'est ce que vous à la communion, comme à table, tout naturel-
marquez encore dans votre septième interroga- lement ; et se confesser, comme
feraient des en-
toire. Vous avez souvent dit, dans vos interroga- fants, des lèvres, sans douleur ni repentir. Il
toires, que vous abhorriez les sectes, et rien n'est faut prendre du temps, Matlame, pour vous per-
plus digne d'une dame chrétiemie mais il faut ; suader de toutes les obligations que je viens de
évitai' de donner lieu à un soupçon contraire. marquer; et j'en ajoute une dernière.
Mais, Madame, ce n'est pas la seule chose qui en ce que vous devez vous
Je la fais consister
ait offensé à votre occasion. Car, enfin, ijue les remettre à Mgr l'archevêque, ou à celui qu'il
autres vous fassent passer pour une prophétesse, vous enverra pour le représenter, de tout ce que
qu'ils vous regardent comme la mère de la petite vousaurez à faire pour satisfaire le public, et de
Eglise, si vous désapprouvez cela (ce qui, à la la manière que vous aurez à suivre pour cela,
vérité, ne parait pas, et qu'il est malaisé de jus- le faisant juge de tout, et vous soumettant de
tifier de votre part, puisqu'au lieu de désavouer votre part aveuglément à tout ce qu'il vous mar-
tout cela vous l'avez laissé dire), vous n'en serez quera. 11 ne s'agit pas ici de faire la loi à rE;',lise:
pas responsable. Maiscequ'on a trouvé de misé- c'est d'elle qu'il la faut recevoir, et toutes les
rables livres chez vous a fort dé|)Iu à tout le pu- personnes dont elle a condamné les erreurs ne
blic, et rien ne convenait moins à une dame d'o- sont rentrées en grâce avec elle, ou ne s'} sont
raison. Vous n'y reconnaissez poiu' être à vous mainleiuies, qu'en s'al)andonnanlàelleet la re-
que Griselidis, Peau d'âne cl Don Quichotte; gardant comme leur guide. C'est, Madame, la
mais ^pour ne rien dire de La Belle Hélène, que conduite (pie vous avez à tenir sans ipioi on
;
l'abhé Couturier dit «pie vous lui avez doimée, ne i)eut du tout vous doimei' les ^acl•ements..,
en lui disanlque, prenant celte pièce dans le sens Il fautvous y préparer coinniejevousleinai(ine ;
spirituel, elle était bonne et instructive), quand et si vous entrez dans ces dis|iositioiis que je
vous n'auriez pris plaisir qu'à ces livres de Peau vous pi'oposc, et (pie l'Eglise voie en vous les
d'âne, D(m Quichotte et autres se id>lal)les, cela marques d'un vrai changement, ne douiez pas
même nV'lail pas aussi sérieux (pie devait être (pi'elle ne vous tende les bras et (pi'elle ne vous
voire lecluietamilière. Vos di\-neiili>pérasspiri- y reçoive avec joie. J'en aurai une très-sensible,
lucls, et lescomédies de Molière, man|uent un si je puis contribuer à ce succès, que je .souhaite
amusement d'oisiveté, et n'étaient pas nue occu- avec autant de passion tpie je suis avec respect,
pation digue de vous, Madame. etc. PiROT.
Je ne crois pas (|ue votre Vie, faite par vous-
môine, soit connue de beaucoup de monde mais ;
Je n'ai pas voulu. Madame, rien toucher, dans
je sais que d'autres ipie M. de Meaux l'ont vue, ma lellre, de tout ce «jne vous me dites, ilaiis les
cl le degré où vous vous y élevez vous-même, la
eu rhduuciir de vous r("iidi(', de
visil("s (pie j'ai
familiarité (pie vous vous y dormez avec Dieu, la VOnlinuKuice .Mgr revè(pio de Cliailics; \ous
di'
(MMipaiaisiiii (pic vous iailesde vous-même.'ivcc vous en SKinii'iidrez aiscmeul. Vous me Iciudi-
la Icmiiic (le \' Apucalinise, ipii s'enfuit dans le gnàtes sur cela faut (rindigualinii. {pi('|i.ic deux
dl•.^ell, cii\ironnec du soleil, la lune sous ses fois vous in'assui;Ues que vous iie poiiiiiez ja-
312 LETTRES UELATIVES
in.iis vous n^^niidre à vniis y soniiullre, cl qu'il dans l'état où je vous voyais, c'était que vous
n'> a |»oiiit (le /cH-r, do roues, i\c rlu-vnl ts que ne senti.ssiez pasasst^zce mal, puisque peul-élic
xiiis iH! soiiirii->iL'z pliiliM que de le f;iir<\ Cesl ne vous icpiocliiiz-vons pas une faute vénielle
ce r|iic vous me dilcsdans la proMiiiMC visite, en dans toute votre alTaire. Vous ne me répondîtes
nie MiDiilrant le rcualliiuié daiisvolic chnuihrc, rien, et cela me donna lieu devons (aire encore
et (|uc vous uio irprliles dans la Irnisii-ine, d'un depuis ce même reproche, et vous ne me répon-
air dont l'idée uie lait eiu'orc peur. Ce n'csl pas dîtes pas plus. Celle conliance, Madame, per-
qncje vous propose de signer sa censure mais ; meltez-inoi de le dire, me parait pré.somplueuse,
l'i'loif;tienienl que vous en supportez n'est pas et je vous avoue (pi'elle m'épouvanta.
supporlahie. Ce pivlat niai(|uc, dans la pafic 13 Il est dites une autre fois,
vrai que vous me
dfî son Onlotiiiaucr, qu'il a conléié avec Mf^r en vous d(''fciiilant d'être coupalile de péchés,
l'arclievèipie et M;:r de Mcaiix et se roidir, ; que vous n'étiez pas à confesse ; et (|uc si vous y
coninie vous failcs, conlre elle, c'est ne vous pas étiez, vous sauriez ne vous y pas excuser. El
sonuieUrei'i Mj^r l'arclievèipic. .Mi^rde .Meauxdil cela me fait souvenir de ce (|ue j'ai In dans vrs
dans un écrit |»atlicidier, en |iarlanl de celle Torrents, que des âmes ipie vous repardez
OnldiiiKnirr, «(pi'il peut rendre téuioignage de comme des plus [lailaites se confessent (piel-
la vérité des extraits qui sont continus dans quefois, a jiarce (pion leur dit de le faire,
cette censuic, cl qu'ils sont conloriues à un sans pouvoir s'accuser de rien ; parce qu'elles
exemplaire qui lui a été mis en main par votre sont soumises comme un iietit enfant à qui on
ordre. » dirait ."
Il faut vous confesser de cela. .Mais lors-
Je voudrais, Madame, que vous eussiez vu dans qu'on leur dit ; Vous a\ez fait cette faute, elles
riiisloire ecclésiasticpie les cxem|iles d'humilité ne trouvent rien en elles (|ui i'ail faite et si l'on ;
qui s'y trouvent marcpiés dans des réiraetations dit liites que vous l'aviz faite, elles le diront
:
de personu'^s à qui il a\ait éelia|)i)é(|iuli|ut' er- des lèvres, sans douleur ni repentir. » Est-ce \h
reur, lorsque leur clianpriunl s'est lait dchoimu votre portrait. Madame? Si cela était, je crain-
foi vous ne vous élèvcrie/ pas si fort contre
: drais pour vous, et je ne tiens pas celle situation
celle Ordonnance, et vous ne feriez pas tant de d'ànie honnc ipiand on médite nneconfessiim.
:
diriicultés de vous y soumettre. Votre retour, il tant .se reconnailre coupahie et s'exciter à la
pour être tel que je le souhaite, doit étic ap- contrition. C'est la disposition que demande le
prouvé de tout le monde, mais .<;iulout desévù- concile de Trente, et c'est la doctrine de l'Eiilise,
ques, et particidiérementileceux delà provuicc. mnnpiéedans tous les catéchismes. Il faut, .Ma-
Uuand saint Aii^riislinet quelques antres évéqnes dame, commencer vous détaire de Ions vos
|»ar
d'Afriipie reiurml la rdrai talion ipie lit un pi{'juL;és pour entrer dans ces sentiments. En
nommé /,(7)('n'u.s-, des erreurs (pii l'axaienl fait un mot, il faut avec une humilité exemplaiie,
condanmer par les é\éques de France, il en faire tout ce qu'on vous manpiera.
donna avis aux piélals tramais et \oidut (pi'ils
ratiliasstMit l'alisoUition que les .\lricains avaient LLTTKE LX.
doimée ;"i ce Français. La lettre de ce l'ère sur BOSStET A SON .NF.VF.O.
convenablement. J'ai VU, par votre lettre du 19, que vous arri-
Je ne manquerai pas, à mon retour à Paris, viez de la campagne, et que vous alliez vous met-
qui sera au connnencement du mois piuchain, tre en train de laire doucement vos visites. Pour
de voir M. le Nonce, et, en attendant, de lui faire moi, j'arrivai ici samedi. Je trouvai l'affaire de
par lettre nos remercînients '. la Mère d'Agréda embarquée. Les députés ont
J'ai obtenu la permission de faire tirer le por-
fait leur rapport, qu'on a imprimé; la Faculté
trait des princes. On trouve plus à propos de les
doit connnencer ;\ délibérer samedi 11, et con-
jiire faire par Troy, dont le pinceau passe pour
tinuer jusqu'à latin de l'affaire. Les Cordeliers
le meilleur : il fera un effort pour l'Italie. Nous font leur brigue mais on croit que tout passera
;
et son xèlu pour les bonneb l'tiiilc», qui consuli'rail tx^.'iucnnp Uossuct, otnu roi d'KspaKiie, le 20 Janvier I)i96, afin d'cmpiVher rini|ijiM-
et «loiit il sera souvent parte dans toute I-i huilo de c^'ltu currca|.un'
tiun do piisAor nutre ;atc«tt«allaire n'cOt pus i liumo d autre suite
d.i"'e. — r«y. Dupiu. Ilist.dit wu' tticU, t. i, p .^77.
314 LETTI\F.S REI.ATIYES
qiier sur cflle nuilii^m : apparemment qu'il ne celle du cnrdinal a un caractère par-
Ca.<u)nnte
(laiiiiit r ce ipii- sa nalimi ap|iruii\e aussi bien moi. Je suis ravi que vous fréquentiez .sa mai-
qne son grande inipalicnie que vous
roi. J'ai son et sa bibliothèque, el que vous vous entre-
aw'/ renihi vos ropecls à celte KiiiiiiiMice, et aux teniez, et moi aussi, dans ses bonnes grâces.
aiilro.s(ionl vous savez (|ue je soiiliaili- parlicii- M. (le (^loissv est mort cette nuit, après avoir
reçu, la veille el ra\ant-veille, tous les sacre-
iièieiuent que vous niéi iliez les bonnes grâces.
ments avec une piété exemplaire.
LETTKK LXIV. Le iiiaiiaj;e de .M. de Torcy avec Mlle de
BOSSLKT A SON NEVEU. Pomponne Le mi l'a souhaité, et
est arrêté.
A Paris, c« 16 juillet 1696. son désir s'étanl déclaré davantage pendant la
maladie du père, ou a jii;:é que Sa .Majesté vou-
J'ai rcçn votre lillre dn '2r) juin. M. de Heims
lait lier les deux
pour Ira lier les af-
lamilles,
m'a dit aussi (ju'il a\ail rcrii votre relaliou.
faires élran:;ères avec de l'ompouiie durant .M.
Vous lui avez lait plaisir, et i^i moi aussi. Ai. le
queli|ue temps. On ne doute poiiil que l'exer-
cardinal île Jaiison continue à lui ci-rire sur
cice de la chaige ne tlemeure à .M. de Torcy,
votie siiji'l (l'uiie niaiiière si que
ol)li;;caute,
dont la si;;e.sse, t'hoimelelé el les manières sont
nous ne saurions assez l'en remercier ni vous
universellc:iientapprouvées; eu sorte qu'un aura
ni moi j'en ai le cu'ur : pciiélré.
de la joie de tout ce qui se tera à son a>anta<;e.
Je re\iiis hier de Versailles pour assister à-la
S'il y a ce soir ou demain qnehpie chose de
réeeplioii île .M. l'abbé l'Uuirv ', et à .sa liaranprue
nouveau, je vous l'écrirai de Versulles.
à l'Aciulémie. Il a la place de notre pauMC
On continue les délibérations sur la Mère
nmi 2, que je reijrelle tous les joui-s de plus en (1
'.V^'iéda. La question est entre la censure t»
plus.
gldlxi, el la censure avec des <pialilications par-
BOSSUET A SON NEVEU. teiideiit ipie le lixie n'est pas <li;.'iie. On dit ici
1
!'.'.•
.. >|Ue I (bbe Fifllfjf .iiira.l c i . cMch! .Je > ...i, i ...i :. .,ui Lit
duniir à I ahi.r Cplbirt, s'il «valt voulu f«lr< la moinUre dtmarch*. d'où il CUI>'
loltt)Ur — '
A L'AFFAIRE DU QUiÉTISME. 315
Tout se porte ici à l'ordinaire. Voilà une vous en voyez toutes les raisons et toutes les
lettre de .M""' de Jouarre, que j'aurais dû vous dittlcultés.
envoyer il y alongtejups. Prenez bien ganle, en Vous ne pouviez pas choisir deux livres plus
lui faisant réponse, de ne lui pas marquer ce propres que les V(iriationi> et V Apocalypse K D'a-
retardement je serais perdu sans ressource.
;
bord que je serai à Paris c'est-à-dire , après ,
AJuilly, ce 16 A(iûtl69G.
fera rien. Cette vengeance est enragée contre
Vous m'avez fait plaisir de ni'envojer la lettre moi, parce qu'ils veulent croire que j'agis plus
de M. le duc de Savoie à Sa Sainteté. M. de que je ne lais et ne veux taire dans celle alfaire.
Reims m'a mandé (jue vous la lui aviez aussi Je n'ai point reçu de lettre du cardinal Noris;
envojéc. Elle lait voir qu'on parlait ouverte- c'est le seul (pii ne m'ait pas écrit peut-être sa :
ment à Rome d'une paix dont on faisait encore lettre viendra-t-elle par le P. Estiermot, ou ses
un peu de mjslère h la cour lorsque j'en suis compagnons. Je sonpi;(inne un peu de ti'oiti de
parti. Le maiiiige de M. le duc de Rouigogne son côté. Unoi qu'il en soit, c'est un homme
avec la princesse ainée de Savoie m'a donné qu'ilfaut tâcher de giiguei poiu' le bien tie ,
occasion de parler de ce que j'ai perdu par la l'Eglise. Il est fort gouverné par la cour de Flo-
moil de M"" la l)au|)liine'^ ; j'ai été favorable- rence.
nienl écuuté. Je ne pouvais me taire en cette \\ faudra bien lui dire combien j'estime ses
occasion, (jucl qu'en doive être l'événenjenl: ouvrages, et en particulier son Apulugie, sur
la pielleje lui écrirai, s'il m'en donne la moindre
< C'est ici do cri'nnre rinnt le duc de Clicvreuso était por_
la lettre
M. do Moaux smi manuscrit des Btali dn- oi'verture.
leur, lorsqu'il rendit i
riiinon t|up M. de (.'iimbril rcfusii Uniiprouver.
D. D4li>ri» a mis à la miite do ceit» lettre un .V mnirt de Fi-nelon U s'agissait de Iriiduiroen italien co^ deux ouvrages..
'
BOSSUET A SON NEVEU. télé des Iroupes de Fiance avec autant de gaieté
qu'il en avait eu à paraitie à la tète des tioiipes
A Versailles, ce 20 août 1G96.
allii'es. avec celle dillérence que celles de France
J'ai reçu un billet de .M. le cardinal d'Aiïuirro, élaii'iit meilleures.
d'une bonté sans exemple. J'y lais la réponse (pie Vous aurez encore une fois de mes nouvelles
je vous envoie tout on\eile et (pii vous leia ,
d'ici; a|)iès (pioi il faudra aller au synode.
entendre les deux leltres auxfpielles je réponds. Il y a eu à .Meaux quebpie contestation entre
Je suppose (jiie vous ;i\e/ mon cacliet. le cliapitre et les compapnies pour les |)laces du
Je suis bien aise (pie le livre de la mère d'A- cliii'iir. Messieurs du presidial pour se venper. ,
préda soil connu. Ce (pii re;iarde la conclusidu ont informé el dicrété d'ajournement personnel
de la Sorbonne, c'est cent (pialre-vinf;lsopiiiaids, M. Nobliii cliaiioinc, pour avoir été à heure
,
parmi lesipiels les delcnseurs iiidirecls du li\re, indue au latalia clie/ Itametin. Noblin est venu
partisans secrets des Cordeliers ,
parlent des au pailemeiit solliciter des défenses, que je crois
quatre . des cin(| et des six lienres. qu'il oblieudra aiM'menl 2.
AsMiji/. toujours bien de mes respects M. le fait con\enii
J'ai les compapnies pour leur
cardinal de Janson : di.es-lui (pie j'ai le co-iir marche à la procession de l'Assomption je crois :
pénétré de ses binili-s. Suivez en toid ses conseils, (pi'il lie me sera pas malaisé de faire encore
non-seulement pour ce ipii regarde Itome, mais ciin\eiiir le chapitre et les compapnies: mais ce
pour toute \olre conduite. .Nous lui sommes bien .sera pour mon retour. .M. le lieutenant péiiéral
obli|.;és du soin (pi'il |)rend de laire souvenir Sa et .M. le procureur du roi in'aNaieut dil (|u'on ne
Sainteté de nous. pous>eiait pas |)lus loin ipie riiilorniationraflaire
A\aiil de faire réponse au clievalier Tarlaie , de .Nobliii : peul-élie n'eu ont-ils pas été les
il faut (pie je |)aile h Ai. Malezieux (pii ne sera , maities; le lieiitenanl criminel était plus ardent.
ici ipii! ce soir ainsi la réponse sera pour l'or-
: Je souhaite appreudie au premier jour (|uc
diiiaue |)ro(baiu. .\SMire/-le de mon amitié. riudis|iiisition de M. l'Iielippeaux n'a pas eu de
J'embrasse M. l'Iielippeaux. suites.
Sur les bruits de la |>aix, le roi et la reine Mes respecLs à M. le cardinal de Janson.
d'Anulelerre demandent seulement (ju'on ne les
0I''<:laiiatios hkmmiaiii: avxoy faite E.'OTRt: i.F.s maims
euj;age à rien, et (pi'on ne stipule |iour eux
DE M. DE KOAILLCS, ARCIIEVtOVE * 'ARIS.
aucune pension du coté de l'-Viiplelerre, ni rien
Cumine je ne respire. Dieu merci, que soumitsion iveuglg
qui leiide à l'abdic-tlion de leur couronne.
el tluciliU' f'our l'Kglike, cl (jue je suit inriuLiliIcmenl allaciiéa
Vous avez mi, par la pazette (pie milord ,
k la loi cjUicilique, je ne piii< iié<- itrt trop furirmcnl com-
cliaiicelier d'Ecosse ' est gouverneur du prince bien je déteste du fond de mon coru' toutes le» erreurs COD-
damnées dans les (renle-quatre propositions arrêtées et signées aucune façon de la conduite et direction spirituelle de per-
par Wgrs les arclievêques de Paris et de Cambrai, par Mgr sonne; de peur que. ne me défiant pas assez de moi-même,
Ievéqne de Meaux et par M. Tronson. je ne vinsse à m'égarer, ou à faire égarer les autres.
Je rondamnf même, sans aucune restriction, mes livreSi Et je promets encore de ne plus me diriger ni conduire
que Mgrs de Paris et df Meaiix ont condamnés, parce qu'ils par le P. la Combe, mon ancien directeur, puisque Mgr
|es ont jugés, et qu'ils sont contraires à la sainte doctrine l'archevêque de Paris ne le juge pas a propos, qu'il a con-
qu'ils avaient établie dans les trente-quatre propositions; et damné le livre de
Pcie intii.ulé VAnalyse de l'oraison
ce
je reiette avec toutes ces erreurs, jusqu'aux expressions que mentale, et que l'on m'a dit que ce même livre a été con-
mon ignorance m'a fait employer dans un temps où je n'avais damné à Rome. Ainsi j'assure que je n'aurai plus aucun
point encore oui parler de l'abus pernicieux qu'on pouvait commerce de lettres ni autrement ivec lui.
l'aire de res termes. Enfin je proteste qu'il l'avenir je me soumettrai humble-
Je souscris avec une pleine soumission à l'interprétation ment à la conduite et aux règles que Mgr l'archevêque de
que Msrs de Paris et de Meaux leur donnent en les con- Paris voudra bien me prescrire pour ma direction et con-
ilamiiant; parce que j'ignore la force de ces termes, que ces duite, tant extérieure qu'intérieure , et que je ne m'écarterai
prélats en sont parfaitement instruits, et c'est à eux à décider jamais de ce qu'il croira que Dieu demandera de moi; bien
de ce qui est conforme, non-seulement à la doctrine, mais repentante et bien fâchée d'avoir par mes livres et écrits
,
même au langage de l'Eglise et du sens le plus naturel de , donné occasion aux bruits et aux scandales qui se sont élevés
chaque expiession. dans le monde
leur sujet; et bien résolue à l'avenir de pra-
it
Au resle, quoique je sois très-éloignée de vouloir m'excuscr, tiquer cet ordre établi par l'Apôtre : Que la femme
apprenne
et qu'au contraire je veuille porter toute la confusion des con- en silence. Ainsi Dieu me soit en aide et ses saints Evantjiles!
damnations qu'on jugera nécessaires pour assurer la pureté de C'est la déclaration sincère que je fais aujourd'hui ÎS^ août ,
la foi, ledois néanmoins, devant Dieu etdevant les hommes ce 1606, et que je signe de tout mon cœur, dans la seule vue de
témoignage à la vérité, que je n'ai jamais prétendu insinuer, Dieu et par un pur principe de conscience, et ii laquelle je
par aucune de ces expressions, aucune des erreurs qu'elles prie M. l'archevêque d'ajouter une foi entière.
contiennent; je n'ai jamais compris que personne se fut mis ce
mauvais sens dans l'esprit; et si on m'en eut averlie, j'aurais M""' Guyon avant de signer celle iléclaralion,
,
mieux aimé mourir que de m'exposer à donner aucun om- voulut consuller M. Troiison, supéiietn- de Saint-
brage lii-dessus, et il n'y a aucune explication (|ue je n'eusse
Sulpice, qui écrivit ces mois au bas de la docla-
donnée pour prévenir avec une extrême horreur le mauvais
effet de ces sens pernicieux. Maisenlin, puisque je ne saurais ralion :
faire que ce qui est airivé ne soit arrivé, je condamne du « Puisque M°" Guyon veut bien s'en rapporter k mon sen-
moins, avec une soumission sans réserve, mes livres avec timent, je crois devant Dieu, après avoir bien examiné cette
toutes les expressions mauvaises dangereuses et suspectes ,
afl'aire, que non-seulement elle peut, mais même qu'elle
doit
qu'ils contiennent, et je voudrais pouvoir les supprimer en- souscrire, sans rien changer, il la déclaration ci-dessus que
tièiement. Je les condimn- pour satisfaire à ma conscience, Mgr l'archevêque de Paris exige d'elle, et s'y soumettre d'es-
et pour me conformer d'esprit et de cœur à la condamnation prit et de cœur.
que i>lgr l'archevêque de Paris, qui est mon pasteur, et Mgr
L. Tronson. »
de Meaux en ont justement faite. Je voudrais pouvoir signer
de mon sang cette déclaration pour mieux témoigner à la ,
En conséffuence, celle dame ajouta les paroles
face de toute l'Eglise ma soumission pour mes supérieurs, mon suivantes à sa dt'daiation :
seule idée des abumiiialions dont on les accuse me fait hor- J. M. Bouvier de la Motte -Guvon.
reur, et que le condamne de tout mon cœur et sans excep-
tion ni resiriclion, toutes les expressions, propositions, LETTRE LXXL
maximes, auteurs, livres que l'on a condamnés à Uome, et
que Mgrs les Pr^dats ont condamnés en France, comme con-
BOSSUET A SON NKVEU.
tenant, tendant insinuer une théologie mystique si pleine
ii
A Paris, ce 3 septembre 1696.
d'illusions et si abominable que je suis trés-éloignée de vou-
;
|>ùt sonhnitcr pour la prAce et pour raiiloriU' de crut cela juste mais en même temps il résolut
;
Kiii'l Aiit;ii>lin. Il MniliMitc que \ous pri'si'iilicz de mettre un conirc-poids en faveur de la grâce
(11- ^ii pari les i-xeniplaires que je vous i-nvoie elliiace et de l'aulorite de .saint Augustin. C'est
(le relie onloim.iiice, à MAI. les autliiiaux Casa- ce qu il a lait, connue vous verrez, et, à mon
nale cl Niuis : je me sers de celte oceasioa pour avis, de la manière du inonde la plus forte et la
leur écrire, ^uaul à M. le cardinal d'A^'iiiire, il plus piéci.se. La leclin c de celte Ordonnance vous
lui écrit ne riniporlnne pas
lui-méiiie, et je iera sjmsdoiitesoiixeiiirdetequeje vous écrivis,
ciltr luis. Je >ous prie de rendre ces lettres le il y a quebpie temps, au sujet de mon onvnigc
plus tôt (pie vous pouricz, avec les ordonnances. sur la giilce c'est là ce que j'avais en vue, et je
;
Je ne crois pas ipie le terme, accepter les ne puis vous dire la consolation que je ressens
conslilulions des Papes, jinissc déplaire c'est : de voir la vérité all'iancbie. cl l'aubiritéde SJiinl
la lorinule ordinaire. I.lle esl de tous nus atdeurs, Auguslin, awirelois tant xilipeiidé-e parcenaines
it de buval ; elle esl im inc de s;iinl Antonin, gens, liaiilement rétablie. Dieu .soit loue de son
.si
Tès-la\oral>le à la |iuissaiice des l'apes. Il éla- don inexiilicable ! M. de l'aris qui m'a
C'est
Mil l'aiiloiilé de la déterininaliiin de Jean Wll einoyé cet exemplaire vous ne manquez
|)oiir :
Iratiicelles, cuir* autres raisons sur pas de lui en écrire, et à moi quebpie cliose
contre li'r- ,
ce qu'elle est urreptata , c.r'nnifiata <'t apyrohnta. (pi'on puisse nionlrer. On a été un peu élonué
Vous Iroiiverez ce> pandes uiéuKirahies, .Si(m»irr que vous n'ayez lait aucune réponse sur VOrdon-
part. IV, lit. \-l, cap. 4 FntU'ucUi siiiil
:
litnrlici nnnre touchant l'ordiiintion des Aufflais que ,
Vi'ii, qui (issiTUitt roiitra ilelrnuiiiiitiiniem ailhnU- M. l'irot vous a envoxee. .M. de Nîmes a répondu,
cam, fiiflam per Errh'sium et Joiniiit'in XXU, l'eiil-élre que cette Ordonnance sur la gi-;\ce
per omîtes sutri'ssdirs ejus et nvuies alio.s praiotos (buinera lieu, avec le temps, à faire |)arailre
Eirlesiir et (lurlures utriusque juris, et mmjislros mon ouvrage sur cette malière. Je suis aux
plurinws in tlu'oUn]ia Mcreptatnm, exuminatum et écoules pour faire ce qui coiniendi'a, suivant la
apprubutitiu ut iviissimam. di.sposilion (pie Dieu fera naitre.
l'iiur les nouvelles , on en a ici qui marquent On va imprimer l'ouvrage sur le qniélisme • ;
que .M. le maiéclial de (lalinat est en maidie ;
on vous l'eiiNena feuille à feuille, à mesure
qu'il doit être le 7 à Casil, c'esl-Ji-direà la iiiace qu'on rimprimera. On ne peut faire autrement,
où il élait (pie M. de Savoie s'y doit rendre le
;
sans une loui^uenr extrême. On fera tant de
13 (pie raruiee sera dequatreviujits balaiiloiis,
;
cartons (pi'il faudra il ) a de bonnes raisuns de
:
vo\e/. bien (juc c'est cin(|uantc iiiillc écus par à condamner .M"" Gnyon. J'ai été obligé d'en
mois, laiil que la (juerre durera. reiidie compte, et c'estenlin à (juoi aboulil cette
Le roi se porte de mieux en mieux. Il n'a point ddcililé, on, pour parler plus juste, celte sou-
étésiiigné ; on n'a point lait d'incision, un baume mission sans réserve. Je n'ai jamais vu d'exemple
exceilenl a tail des merveilles : c'est celui de d'un pareil aveugleuienl.
M. déjà connu et en répulalioii.
leiiilb-l, M'"* Giiyon a souscrit à la condamnation de
Les deliberalions de Sorlioiiiie sur .Marie d'.V- s(>s ouvrages, comme coiitenanl une mauvaise
pirda voiil lii.ir. \\^ aremmcnl le décrel passera doctrine, contraire aux articles qu'elle a signés;
à l'axisdes députés. Il laiit allribiierla longueur luou'imant cela et la renonciation à son direc-
au nombre des opinants, (|iii sont cent ipialre- teur, avec quebpies aiilres cIiom'S conformes à
viupts. et à ratVeclaliou de ceux (|ui, eiiK^ages par sa (bVlaralion laile cuire mes mains, on raie(;uc
les Cordeliers, ont voulu éluder ou reculer la aux s icrements. Il } a un peu de di.scoiirs dans
condamnation. sa soumission. Elle n'a pas voulu son.scrire ipie
M. Tronson ne l'ail assurée par écrit qu'elle le
LETTItE LXXII.
pouvait, et qu'elle y était obligée. On ne vil
BOSSLKT A M. UK LA BAOUE. jamais tant de pré.somplion e( tant d'égarement
A l'nris m 4 dicombre 10%. (pie celle per.sonne en a fait p;uailre. S(\s amis
cations des députés, avec quelques légères expli- y faisait au marqids de Legauez, grand d'Es-
cations. Il faut iuipiiier en partie la longueur de pngne. Les dames partent aussi pour aller au-
la délibération au nombre des délibérants, qui devant de la princesse au Pont-de-Beauvoisiu.
étaient cent quatre-vingts. Ily a eu aussi beau- L'ordre est donné pour mardi.
coup dans la
d'affectation cabale on a vu en ; M. le maréchal de Catinat et M. le duc de
cette occasion combien il y avaitde fausses dévo- Savoie seront toujours à Casai, l'un le 7 t l'autre (
tions dans la tête de plusieurs docteurs, combien le 15 comme je vous l'ai mandé
, et ce prince, ;
d'égarement dans certains esprits, et combien de le jour de son arrivée, dînera chez le aiaiéchal.
cabales monacales dans un corps qui en devait Le reste est attendu avec impaiieuce.
être pur. On épouvanté de l'empoisonnement de la
est
Vous m'îivez parlé d'un Mémoire que j'avais reine d'Espagne i
et de ses terribles circon-
,
lait envoyer au cardinal d'Aguirre sur ce sujet stances. Trois personnes qui ont mangé du pàlé
par le cardinal de Bouillon le voilà il vous :
'
; où elle a trouvé la mort sont mortes avec elle.
instruira de ce livre. La réjjonse du cardinal à La censure contre la Mère d'Agréda tire à sa
son confrère a d'abord été ambiguë et sans déci- fin. Elle passera de cinquante voix à l'avis des
sion depuis il a parlé franchement. On a décou-
: députés. On dit de très-belles choses, et de temps
vert que tonte l'approbation que ce livre a eue en en temps de grandes pauvielés. Je serai à Paris
Espagne est l'effet d'une intrigue de cour, et le le 1:2, s'il plaît à Dieu.
cai'diual s'en est expliqiié à Rome assez ouverte-
LETTRE LXXIV.
nieut à mon neveu. Vous me renverrez, s'il vous
BOSSUET A SON NEVEU.
plaît, ce Mémoire, car je n'en ai que cela.
Vous savez apparenuuent la congrégation que A Paris, ce 17 septembre 1696.
les Jésuites vont tenir h Rome. Leur général a Votre lettre du 28 aoiit in'apiirenil des choses
mandé que tout le montic ap|)oriàl une liste des si agréables pour M"" la princesse des Ursins,
propositions relâchées dont on accusait sa com- qu'on ne peut trop s'en réjouir avec elle. Toute
pagnie et lui-même il donnera la sienne. Je
; la cour en témoigne ici de la joie, et je vous prie
crois qu'à la lin de bon ou de mauvais jeu ils
, , de ne i)as manquer de lui témoigner la mienne.
deviendront orthodoxes. On ne parait pas à L'affaire des Pères de l'Oratoire fut consonnnée
Rome leur être fort favorable. vendredi : le join- même
de Sainte- nue le P.
nomination des dames et de
Vous aurez su la Marlhe lit sa démi.ssion, le P. de la Tour lid élu
qnchpies autres pour la future duchesse de Bour- par quarante -deux suffrages sur (piarante-cinq.
gogne on n'a point |)ailé des cliarges d'église.
: Toule la cour, aussi bien que toute la ville, a
Je vous avouerai sans hésiter que j'ai fait ma
,
, ap|ilaudi à un si digne rhoix.
demande : elle a été aussi bien reçue qu'il se Vous lirez la lettre que j'écris au chevalier
pouvait et les ap[)areuccs sont bonnes de tous
, Tartare, et vous lui parlerez en conformité.
côtés.Uieu sait ce (ju'ii veut et pour moi je suis ; Je vous prie de recueillir soigneusement ce qui
bien près de rindillêreuce. Je suis comme vous aétêfaitcnidreAlolinos, Malaval. .MadameCiiiyon,
savez, etc. l'Aiiahish de La Combe, l'alconi, Bernières, etc.
Je |>ars demain pour m'en retourner. Ou commence à inqirimer mon ouNiageconlie
les quielisles.
LETTRE LXXIII. Je ne mainpierai pas d'écrire à M. le cardinal
BOSSOET A SON NEVEU. Baiberiu au prenuer courrier.
,
piiiirra vous ùlrc iilili^ dans le temps; iii.iis il a MM. les abbés de Fleury el de Langic .sont ici,
raisoii (Ir vous ilirc cjn'il laiil alk-r en rela Ibrt et vous .siilueiit.
et adu passer inaiiiKiiiumerolï l'asis des dcpiilés. lleratis amoris lui signilicationibus exornus
Je m'en relomnc jeudi, el \ciidiedi je célé- me, llliisirissime l'ra-Mii , novi>siinis scilicet lil-
Je n'ai pas encore leçu vos leltics cet oïdi- Graiissima insuper ad me accessit ejusmodi
naire. Nous attendons avec impatience les nou- (Àmstitutioiiis edilio, lum (juia in ea opiimi pas-
M. le nonce en a parlé li-oideinent, et a dit qu'il a Ici) coidbrmem, ut nihil magis; tinn etiam quia
n'appartenait qu'au l'a|)e de .s'e.xiilicpier sur la plane video maxinnnn gloria' cunnduni viro
foi. Vous .savez nos sentiments sur cela et , la religiosissimo inde accessuriim, abiis pra'sertini
prali(jue de l'anticpiilé On s'en est e\pli(|ué à qui catliolica- veiilatis studio llagrant.
home même, dans l'alTaire de Janséiiiiis; et Te intérim, illusliis.>iiue pra-sul summopere ,
Inuiicent XI a loué des lettres du clergé où les exoralum volo, pia-lato 1). arcliiepiscopo, i)ncm
évéïpies sallribuaicul le iiremier Jugement. pluriini inerito .seinpcr feci, sempenpie faciauj,
Souveucz-vous des bidîes et autres décrets sur |>roplcr hoc iiiizens erga me animi sui te.>timo-
Ir quiclisme du temps d'Imiocent \1 y en a : il niiim gralias nomiiie meo a,:as imnnueras: libi-
sept ou huit, cl je prie de vous .M. I'lieli|ipcau\ que persuadeas nihil milii fore jucundius, quain
aidera les bien chercher, s;mseu omettre aucun. luis luurumque coinmudis in.scrvire, et valeas.
LETTRE LXXVll.
été laite selon l'avis des députés, avec qiielcpies
FÉNELO.N A BOSSUKT.
adoucis.semeuls.
Nous cliaiilàmes hier le Te Detim pour la |mix A Fonl.iincbleau, jeudi 4 ofl'bre 1C96.
Il y a en <i Meaux des dirticultés inl'mics pour avant-hier au soir toit tard, elje ne sus hiei-, par
les piai-es el pour les rangs : j'ai tout réglé. M. Ledieu, (|ue voi.s étiez à Ver.sailles, (|ue dans
Je célébrai solennclli-menl mes obsé(|ues le le tenqis de l'embarras de mon dejiail ainsi je :
21 ^, jour de saint Matthien,avec grand concouis. ne his pas libre d'avoir l'honnein- île vous aller
M. le tbi'ologal lit un beau sermon. voir. J'espère ipie vous verrez par toide ma con-
derait Hn
célélirè ton» les ans nprêt aa mort au Jour de -.on décès Mon.Migneur, de> soins avec lesquels vous ave«
;
et r»<ir acquitta catte roi.dation, on disait puur lui, panUant s* vie, la boulé de vous intéresser à tout ce qui nie
une Mv>jtc ann^o
cli.Hiue
• C'était labb«Trcu<*. touche. Mais je crois que vous me devez lajublice
,
de compter sur ma
candeur, et sur la simplicité de Yi. de
sur la grâce est su de M. de Reims
Pai'is
avec laquelle je pense des choses dont vous êtes et à l'archevêché, par le moyen du P. Estiennol
aussi persuadé que m
Je n'admettrai ni souf- et de M. Vivant. J'ai envoyé à M. de Paris ce
que
frirai loin. Pour le public,
jamais ce qui va plus lecardinal Casanate et Fabroni pensent. On sait
il patiemment des occasions qui
faut attendre tous les sentimentsdu cardinal de Janson, par les
soient naturelles, et sans indécence, pour ne manières dont ^^crit celui qui est auprès de lui.
laisser rien d'équivoque dans les esprits je n'en : Le cardinal de Noris fait fort le mystérieux. Le
veux jamais négliger aucune occasion. Je vous P. EstiennotaécritàM. de Reims que M. le car-
supplie, Monseigneur, d'être persuadé que quand dinal Noris avait trouvé des choses à reprendre
je ne serai point arrêté par des raisons essen- dai:s l'Ordonnance. Vous avez fort bien tourné la
tielles,dont je laisserai juger des gens plus sages chose. M. de Reims a dit que si M. le cardinal de
que moi, j'irai toujours avec joie et de moi-même Janson savait où en sont les Jésuites, etc. Vous
au-tievant de tout ce qui pourra vous témoigner entendez le reste. Je ne dis rien de vous mais :
C'est ce que je lui promets et lui jure devant Dieu, et que je vacité, je ne l'ai jamais regardée que comme
signe de tout mon cœur aujourd'hui. un effet excessif de votre zèle sincère pour l'E-
De la Motte Gwyon. glise, et de votre délicatesse pour l'inlérèt de
Ce 9 octobre 1696. vos amis. J'aurais seulement souhaité que vous
LETTRE eussiez pris tianquillement, et sans précipita-
LXXVlll.
tion, des mesures avec eux pour prévenir tous
BOSSUET A SON NEVEU.
les éclats puisque vous ne les aviez jamais
A Germigny, ce 27 oct. 1696.
;
etMonsieur ira la recevoir. On ne marque pas eu jiart à toutes leurs délibéialions tpiand ;
ToM. VI. ^1
LETTRES RELATIVES
condamnables, ou s'ils avaient opiniAIrenient ne tiennent à aucune personne que par le lien
reliisé ili' |iri'ii(lre des prérauliims nécessaires, unique de rK;.'lise il n'\ en a aucune qu'iU ne
;
>i)iis auriez loiijours t'ié reçu à les abandim- sacrifiassent dès (pie l'Eglise parlerait: ils sonl
ner ; cl le plus lard eût été le meilleur pour aussi soumis fiour les personnes et pour les li-
mes seidimenls ; et je suis assuré (pie, lorsipic se détermine par la délibération de mon conseil
vous aurez examinés, vous conviendrez qu'il
les qu'on ap|)elle le vicariat, et (jui est composé de
n'y a point d'inquisition oud)rageusc qui puisse cinq persomu's (pie je consulte. Si j'étiiis seul
coulredire ce (pie je pense. Vous verrez même d'un sentiment, en des matières bien moins im-
que persomie ne va plus loiii que moi pour portantes (pie celle dont nous parlons, je ne le
condamnei' tout ce qui passe les bornes, et pour suivrais pas, (pielipie bon (pi'il me parût. Je n'ai
prévoir l'illusion. J'ose dire que je s;iis mieux aucune prélenlion m'empêchât de prendre
(pii
que ceux qui ont fait tant de bruit, les bornes les iiartis les plus fermes, dès que je verrais la
précises où il faut s'arrêter, et le langage qu'il tradition blessée.
faut tenir ;iux uiysticpics [loiu' les y réihiire. l'ar- 11 est vrai la lecture des ouvrages des
(|uc
donnez-moi cette présonq)tion: elle ne m'em- saints, par l'Eglise, m'empêche de
autorisés
pèebera jamais d'être connue un petit enfant m'alarmcr trop facilement sur des expressions
ilans les mains de l'Eglise et même dans celle qui ont été fort innocentes dans leurs écrits,
de mes amis. qui ont pu l'être de même dans ceux des au-
Je denunu-e avec vous, Monsieur, dai.s la rè- tres (jui ont parlé sanspn^caulion avant le der-
gle que vous avez posée vous-même. Nous ne nier éclat, et sur les(juelles j'aurais mieux
pensons difléremment (|ue siu' une chose très- aimé des explications pour lever toute
préci.ses,
peu im|iortante, et dont il n'est plus «piestion : ombre d'équivo(pies, avec une condamnation
demeurons cordialement unis ilaus les choses ex|)resse de tous les mauvais sens faite par l'au-
que nous pensons de même et s'il nous reste : teur même, (jue des censures générales des su-
de i)art ou d'autre à coiuiailre ce (jue nous ne périeurs.
connaissons pas, l'amour de la vérité, dans Quand même mon entêtement ou mon igno-
cet esprit d'unité, nous attirera laliunièredont rance m'emi)ècheraieiit de discerner avec assez
nous avons besoin. Craignez, tant qu'il vous d exactitude ce qui serait contraire à la tradi-
plaira, de ne craindre pas assez accusez-vous ; tion, je déposerais sans peine mon senliiiienl
de pousser la modération jusqu'à la mollesse: parlieiilier pour me conformer à celui de mes
pour moi, je ne puis savoir que ce que je sais, ni d'un clergé savant et pieux. Avec
coiili ères, et
craindre (jue d'être injuste : Viiusquisque in de telles disposilions, dans lesquelles je veux
senttu snoabuiiilcl. Ouand même vous auriez su- vivre et mourir, je ne crains ni d'( tre trompé,
jetde craindre (piebjue chose d'une personne ni de tromper les autres. Quand même je me
décréditée avec tant d'éclat, que pouvez-vous tromperais avec celte droiture cl docilité s-ins
craindre d'elle seule ? Vous ne pourriez le crain- réserve pour l'Eglise, mon erreur serait >énielle,
dre que par rcnlêtemenl de vosamis; mais cet et ne ferait mal à personne.
entêtement, si ridicule et si extravagant (ju'on Que d'autres personnes, qui n'enlcndent pas
puisse se l'imaginer, n'na jamais à rien contre le fond de la doelrine, ou (pii ne l'entendent
les décisions dogmalicpies, ni même contre les (pi'àdemi, ou y ai)porlent secrètement leurs
conseils dcB pasleiu.s. Ils sont sincères, .sinqdes passions mondaines, .s'elT.trouchent cl alarnu'nt
et dociles; donneraient leur vie pour obéir
ils les autres, je n en suis pas surpris. V(>us
L l'Eglise jusijue dans les nioiuiLes choses; ils le devriez être moins (lu'uii autre, vous qui
A L'AFFAIRE DU OTHÉTISME. 323
les combattre. Tu vero, homo Dei mais pour : il s'est arrêté à Montargis. Toutes les
dames qui
vous. Monsieur, vous nous connaissez, vous l'on vue durant le voyage, et ont eu l'honneur
savez ce qui nous arrêtera toujours, et pour la de la suivre, en sont charmées. L'entrevue en-
doctrine et pour la conduite. Encore une fois, tre Mgr le duc de Bourgogne et elle s'est faite
j'adore Dieu, quia permis que vous ayez cru dans le carrosse du roi Mgr de Bourgogne n'a
:
l'Eglise en péril. Pour cela, il a fallu que vous fait que descendre du sien pour entrer dans
ayez pris les plus dociles et les plus zélés de ses celui du roi. Ils ont paru contents l'un de l'au-
enfants pour les fanatiques, dignes tout au tre, et voilà tout ce qu'on sait du premier abord.
moins d'une prison perpétuelle. Mais tout ce Comme elle appelait toujours le roi Sire, Sa Ma-
que Dieu a fait ou permis m'unit à
est bon. il jesté lui a dit
de l'appeler dorénavant Monsieur,
vous plus quejamais, et je ne peux vous ex- ce qui décide le rang et le traitement de du-
primer à quel point je m'attendris en vous chesse de Bourgogne. On ne croit pourtant pas
écrivant. Je vous offre d'entrer en conversation qu'elle paraisse beaucoup en public. Le roi l'a
simple et cordiale, quand vous le voudrez il ; toujours appelée madame la princesse de Savoie,
ne s'agit point de dispute ni d'éclaircissement ou Madame tout court.
humain. Si je vous ai blessé ou scandalisé, je Nous savons ici que le Pape fait secrètement
vous en demande pardon. examiner l'ordonnance de M. de Paris mais ;
En tout ceci je n'ai fait que trois choses. La ce qu'on écrit de tous côtés, conformément à ce
première est de me contenter des éclaircisse- que vous dites, fait espérer que tout tournera en
ments dontvous vous êtes contenté la seconde, ; approbation. Soyez bien en repos en votre mai-
de recueillir des passages des saints pour l'exa- son de Frescati je voudrais que ce lut en la mai-
:
refuser de croire les accusations contre la per- obligeante, de M. le cardinal de Janson, que
sonne, qu'après que M. de Meaux m'a assuré je vous prie d'assurer de mes très-humbles res-
qu'elles étaient sans preuve, et que les accusa- pects.
teurs étaient indignes d'être écoutés. Il est vrai
LETTRE LXXXl.
que je crois que certaines personnes savantes
sont plus en état de condamner ce qui est effec- l'abbé LEDIEU A L'aBBÉ BOSSUET.
tivement faux, dangereux et contraire à la tra- A Fontainelileau, le lunJi 5 novembre 1606.
dition,que de marquer précisément ce qui est Nous sommes seulement de samedi, 3 no-
ici
bon et de l'expérience des saints, en le réduisant vembre. D'abord chacun a dit, petits et grands,
èi un langage correct. Vousjugezbien, Monsieur, je dis les plus gros bonnets, que M. de Meaux
que celte lettre demande un secret inviolable, venait prendre possession de la charge de pre-
et je connais trop votre cœur pour èlre en peine mier aumônier de Madame. Tous les préten-
là-dessus. Je n'ai pour vous qu'amilié, estime, dants aux charges intérieures font assidûment
confiance et vénération. leur cour à ce supérieur prélendu. Je remar-
n'a |)oiul paru éloiuiée, cl «pii a répuudu à Sa Après .ivoir marqué la réception de vos let-
Majcsléel à tout le monde d'une luaiiiùre où il tres du 2 et du 9 octobre, que je vous ai peut-
a paru beaucouji de raison et (le grâce. Le roi èlre déjà accusée de Konlainebleau, jevousdlrai
fut liiiT l'alUMidrc. à Moulargis, où elle de- que le cardinal Cas.inale m'écrit du 2"2 ocloluc
vait arriver. Monseigiieurélail avechii.avec peu une lellre pleine (raiiilllé et de couliancc. Il se
de monde de la cour, cl ses domestiques seule- (ii'clare |iour VOnlnniiance de M. de Paris, et
324 LETTRES lŒLAUVES
insinue qu'on l'a lue et approuvée dans le con- j'éclaircisse simplement avec vous deux endroits
sisiuirc, ou moins dans une asscnd)lée de
ilu de votre lettre, où vous me paraissez donnera
cardinaux mais il s'explique, en môiue temps,
; la mienne des sens très-contraires à mon inten-
pour interpréter le in sensu ubvio du Pape. Oii tion. Je siipposei.ii toujours que je me suis
écrit de plusieurs côtés de ce pavs-l?j, (ju'il en mal expliipié, quand vous aurez mal entendu.
va venir un nouveau href sur cette iidcrpréta- ' Le premier endroit vous regarde. Je ne vous
liiui, et sur les proposions de morale déiérées impute nullemeiitde nous avoir pris pour des fa-
au Pape. Les Pays Cas espagnols et par conta- nati(jues, dignes tout au moins d'une prison per-
com|)aj;nera M. de llarlay. On n'attend (pie les qu'en nous séduis.tnt et vous n'a-
vait le faire ;
passe-porls ; du reste, ou ne parle de rien. vez pu croire que nous fussions capables d'être
La princesse continue à |)lairc beaucoup. Je séduits contre l'Eglise, tant que vous ne nous
crois vous avoir mandé que, parle tiaité, elle avez pas cru des lanaliques, dignes d'être ren-
doit être mariée aussitôt après sa douzième fermés; donc vous ne deviez pas vous alarmer
année, qui arrivera l'an prochain au G de dé- tant pour l'Kglise voilà toute ma pensée. J'ai
:
BOSSIET K SON NEVEU. que vous ne deviez pas être tant alarmé sur la
A Mciux, ce 1er Jéccmbre 1C90.
séduction d'une femme, qui ne pouvait être
reçu vos lettres du 2-2 et 30 octobre, de
J'ai puissante et dangereuse que par nous.
Frescati. Je suis bien aise que vous vous trou- Le second endroit regarde les gens qui peu-
viez bien, eteu bonne compagnie c'est à vous : vent avoir eu dans cette affaire des vues humai-
à prendre garde si un si long séjour y est con- nes. Vous m'auriez lait grâce et justice de me
venable. J'entends bien que le vrai objet, dans laisser exi^liquer moi-même, si vous ne m'en-
im voyage de la nature du vôtre, est de se faire tendiez pas; je n'ai voulu parler que de mille
des connaissances et des amis, siutout parmi gens qui ont discouru avec curiosité et avec
les personnes les plus considérables, qui sont malignité. Les évêques dont il n'est pas ques-
les cardinaux mais il faut bien choisir, et que
:
tion ici, et que je révère comme je le dois, vous
ce soient les meilleurs, autant qu'il se peut. diront eux-mênies combien les gens du monde
Des deux que vous me nommez, y en a unil ont voulu pénétrer dans celte affaire pour nous
qui n'est pas, ce me seud)le. en grande estime. noircir à la cour, surtout auprès des gens dont
Du ne vous parle de celte sorte par
reste, je ils croyaient que nous avions trop l'amilié. Le
aucun ni autrement (juc par
avis particulier, monde ne serait plus monde, si de lelles cho-
conjectiue. Vous êtes sage et vous sa(uez bien ses n'arrivaient pas. Vous devez d'autant plus,
rélléchir sur les idées (juc vous donnerez de vous- .Monsieur, croire ce que je vous dis, que vous le
même. Jus<pi'ici on parait vous distinguer tort : dites vous-même car vous assurez que vous
;
il faut soutenir votre réputation. Vous savez que, avez pris notre parti, quand on nous a imputé
par toutes sortes déraisons, c'est M. le cardinal des choses qui sont certainement trcs-fausscs.
de Janson qu'il laut contenter. Voilà mon inleiilioneclaiicie de bonne foi sur
Nous attendons ce ipi'on fera sur le seiisus les deux endroits de ma lettre que vous preniez
Jouarre. il est (|ueslion de bien remplir cette haite, et comme je prends pbiisir à le croire,
place, si impui tante au diocè.se. vous devez souhaiter cpie tie lelles choses se
fassent par d'autres sans moi. Pour les passa-
LETIUE LWXIV.
ges dont vous me parlez, je ne les ai jamais vus;
FÉNtLON A M.*^
mai>jc ne dois pas coud. miner une personne sur
Ce n cléffinbre ICOC.
des songes rapportés siiii|)lemeiil par elle sjiiis
Souffrez, Monsieur, je tous en conjure, que les donner pour bous. Il va iiiêmetropd'exeiu-
Il «n vint, en «ncl, du 31 iiuvc.iibra IliJS. plesdccliuscs ù peu près semblables ilaiis de trè»-
,
A L'AFFAIRÉ DU QUIÉTISME.
bonnes âmes, pour en devoir conclure rien de d'aucune lettre. Nous attendons avec impa-
décisif contre cette personne. A l'égard des pré- tience ce que vous aurez résolu pour Naples.
dictions, je ne les ai jamais lues, ni comptées M. de Chaulnes dit que c'est un voyage hasar-
pour quelque chose j'ai cru même être bien
;
deux, mais vous saurez prendre vos mesures.
assuré que la personne ne s'y arrêtait pas plus Le Tra;(e du feu cardinal Sfondrate <, est ici
que moi. On peut dire par simplicité cequi vient méprisé et condamné de tous les honnêtes gens.
dans l'esprit, mais il ne faut pas le donner pour Songez à nous l'envoyer, aussi bien que son
une prophétie et alors on ne se trompe point
;
Innocentia vindkaia 2, où il dit la conception
quoique ce qu'on a dit se trouve faux. C'est la immaculée définie par un concile des apôtres ,
règle du bienheureux Jean de la Croix, qu'il et que la fête est d'institution apostolique. Mes
tant pour rien ce qu'elle donne, et n'ayant point un peu après le paquet où étaient les proposi-
le dire par obéissance, alors n'im-
tions que vous me promettiez par vos précé-
de honte de
dentes, dont j'écris à M. PhelippeaiLX.
porte que ce qu'elle dit soit vrai ou faux, bon
ou mauvais, ce n'est point là que je juge d'elle. Nous avons grand intérêt de savoir si l'on
Pour moi, Monsieur, je n'ai point à juger sur persiste toujours à n'accorder aucune pension
cette personne cela ne regarde que 31. l'arche- aux curés pour quelque cause que ce soit,
;
grâce; je n'ai qu'à me taire, et me renfermer aient rendu, de quelque valeur que soient
et
les cures, tant en fond qu'en casuel. Faites-
dans mes fonctions.
Ce qui doit. Monsieur, vous mettre l'esprit en moi, je vous prie, toutes les distinctions là-
repos et pour l'Eglise et pour vos amis, c'est que, dessus, en sorte que cette instruction puisse"
comme vous le croyez vous-même, ils ne pen- servir dans l'occasion pour la cure de Saint-
sent rien de mauvais; qu'ils donneraient leur Euslache, dont vous savez la nature.
vie pour empêcher les moindres nouveautés ; Je vous prie aussi de faire chercher la dis-
dement posé,il ne reste, Monsieur, qu'àconclure M. Chasot est ici en bonne santé, et vous
ce que vous avez conclu vous-même dans vos manderait les nouvelles, s'il y en avait. La seule
premières lettres nous pensons, vous 1 nous
:
1 qui regarde la littérature, consiste en deux thè-
de même, dans tout ce qui est important; nous ses soutenues à Reims coup sur coup par les
ne ensons dilTcremment qu'en ce qui n'est Jésuites, dans l'une desiiuelles la doctrine de
I
de vous aimer avec tendresse et vénération. a été mise et l'autre se sert de cette lioctrine,
;
me t'Iant sainl Aiipnslin qu'on veut suivre en Dieu, en qui je me fie, me donnera de la force
lout. Nous allciulous lonjoiu's ce que fera noiuc pour éventer la mine.
sur le livre (lu cardinal Sfondrateconlre qui tout Je n)e réduis à ce dilemme: Ou l'on veut écrire
est soulève^ la même doctrine que moi, ou non. Si c'est la
même, l'unité de rF>gliso demande qu'on .s'en-
LETTKE I.XXXYII.
tende; si c'en est une autre, me voilà réduit à
BOSSUET A H. l'aDDÉ DE MAULEVRIER. écrire contre, ou à renoncer à la vérité.
Janvier 1G97.
LETTKE LXXXMIII.
Je sais d'une nlani^^c à n'en plus pouvoir
BOSSLET A SO.N >KVEU.
douter, que M. de Cambrai veut écrire sur la
spiiilnaiiU'. PreMiièreiiieul, il ww l'a ('crit, et j'ai
A Venailles, re 20 Janvier 1007.
s.'i lettre : secondenienl, j'en suis averti de très- Votre dernière lettre sans date, m'apprend,
fa )nue part. Je suis assuré que cet L'crit ne peut que vous avez eulin reçu vos passe-ports pour
causer (ju'uu grand scandale 1° parce qu'après : Nnples, et (piappareunneut vous devez être h
ce qu'il m'a fait dire sur le refus d'approuver présent parti pour ce pajs-là. Je vous souhaite
mou livre, il ne se résoudra jamais à condannier un lieureux voyage et un prompt retour.
les livres de M'"' Guyon; ce ipii est introduire Je croyais vous avoir mandé ce que vous me
imc nouvelle dislinction du fait et du droit, et dilesqu'im a écrit de M. de Cand)rai apparem- :
faire voir (juc M. de Paris et moi avons con- ment ce sera M. l'irol qui l'aura mandé à M. Vi-
damné celle dame sans enlendrc sa pensée. vant, à qui il communiijue tout. J'attendrais les
Cela est d'mi si grand scandale, que je ne puis [lièces sur le quiélisme, .selon les dates que j'ai
pied-là, ce qui serait renver.ser la bonne con- ticulièrement celle qui a donné lieu au livre de
duite des Ames, et un des articles que M. de Cam- U. de Cambrai. On ne saurait trop louer le zèle
brai a signés, qui est le ^'.)'. 3° Je suis assuré de M. de Meaux, de .s'ojiposer, conune il fait, h
qu'il laissera dans le doute ou dans l'obscurité des erreurs si pernicieu.ses. Je ne doute point
plusieurs articles sur les(piels il me sera aisé que tous les gens de bien ne se joignenl à lui,
de faire voir qu'il fallait s'expliquer indis|ien- el que sou parti ne soit celui de l'Eglise. Je n'aj(ui-
sablement, dans la conjouctiue présente. El si terai rien ;\ ce billet, si ce n'est pour vousa.ssn-
cela est, comme il sera, qui peut me disiieu- rer. mon très-cher Monsieur, que je prendrai
scr de faire voir à toute l'Eglise cond)ien cette toide ma vie un intérêt sensible à tout ce ipii
dissiimdatJDu est dangereuse ? Tout cela dé- vous reganle, el qu'il n'est pas possible d'être
montre (pi'à moins de concerter toirs eiisem- avec |ilus d'estime etde sincérité qucje suis, elc.
bje ce (pi'il faul dire, c'est qu'on veut tromixT, Fr. .\nMAMD-JEAN, anc. abbé de la Trappe.
c'est qu'on veut montrer que M. de Taris et
moi l'avons mal condamnée; ce que j'avoue- LETTRE XC.
rais sans peine, s'il était vrai. Mais connue bien BOSStKT A SON .NEVEU.
nssurémenl cela n'est pas, la vouloir défendre, A I'*ri<.ce3 Wvrier \C,m.
c'est vouloir rél.iblir cl remettre sin l'autel une Celte lellre vous trouvera revenu h Rome, cl
idole bri.sée. Voil.^ In vérité ,'i laquelle il faul que je souhaite que ce .soil en bonne santé. Vous
je sacrifiema vie. Je le répèle, on vent rendre aurez su la nouvelle de M. le cardinal de Rouil-
Il condamnaliou de M"" (;n\on douteuse, par lou. qui, sur lesinslauees d« M. le cardinal de
la remettre en lionueur, et on ne m'évite en
l.'i
Janson pour .son lelour. doit aller à Rome vers
relie occasion après m'avoir témoigné tant de
, la IVnlecole, chargé des affaires, dans l'allenlc
soumis.sion en paroles, que parce qu'on sent que du dccanatdu sacré collège. Il est vrai que M. de
A L'AFFAIRE DU QUltTISME. 327
Cambrai a refiisé d'approuver mon livre, en dé- pliquer. « On dit tout haut que, par ces paroles,
clarant qu'il ne veut pas improuver M'"" Guyon. il se veut mettre à la tète du Le livre est
parti.
Ila même depuis deux jours imprimé un livre fort peu de chose. Ce n'estque propositions
sur la spiritualité ; où tout tend h la justifier,
' alambiquées, phrases et verbiage on est assez
:
sans la nommer. Il n'a pris aucune mesure déchaîné contre tout cela. Il y aurait des pro-
avec personne, et l'on trouve cela un peu hardi. positions essentielles à relever. Nous garderons
A peine ai-je eu le loisir de parcourir son livre. toutes les mesures de charité, de prudence et de
J'embrasse M. Phelippeaux. bienséance. On trouve l'action hardie et sans
mesure. M. de Cambrai a pressé et précipité son
LETTRE XCI.
livre: M. l'archevêque de Paris est irrité de ce
BOSSUET A SON NEVEU.
procédé. Vous n'avez, vous et M. Phelippeaux,
A Paris, ce 11 février 1697.
qu'à ouvrir les oreilles.
Vous nous avezgrand plaisir de nous don-
fait
sansqr.'il arrivo di^ scandale de notre côlo. Priez deux lettres que vous m'avez envoyées, et qui
Dieu puiir l'Kglise, pour M. de Paris, pour M. de acconjpagnaieni celle que vous m'avez fait l'hon-
pour moi. Je voudrais bien pou\oir
Cliarlrcs cl neur de remarque en cela votre
in'écrire; je
mVxpli'pier davanlagc. Tout à vous, mon très- bouté pour moi. Ce m'est une mar-
cl charité
qui a été marquée entre nous dans cette alïaire. comme on vous l'insirme ', ce n'a été que pour
Mon neveu est de retour de Naples, où il a n'avoir pas eu assez de lumières. Car, dans le
reçu toute sorte de civilités, et il est charnié de fond, je vous avouerai franchement que j'ai
ce vojage il vous assure de ses respects; toute
:
cru, apiès iilusicurs personnes de piété, qu'il
la lainille vous en dit aulant. Ma sœur est tou- était impiirlaiil que le monde lut instruit de ses
joiM's de même. Ah! que vous avez hicn prédit sentimeids. Or, il me send)le qu'il s'en explique
beaucoup de ciioses! Jevous écrirai ce (jui se assez, et iju'il d'une manière qui
les éclaircit
passera de ()lus remanjuable, aulant «ju'il sera deux bons eflets. Le premier, de re-
jieut avoir
nemis de .M. de Sainl-l'ons '. Je n'en dirai rien bien faire valoir mes reconnais,sances à ces
dav.inlage, étant fort pressé je pars pour Ver- dignes cardinaux. Le livre île M. de Cambrai
;
qu(t Vous avez; on vous enverra tout ce qu'on cédé etdoctrine soulèvent tout le monde
la
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.
roi étaiten impatience de savoir mes senti- mander, il n'a pas cru devoir mettre si tard la
ments. main à la plume. Puisqu'il me l'a fait prendre à
Le soulèvement est au-delà de l'imagination. sa place, je profiterai, avec votre permission.
Je dois taire encore avec M. raichcvcqiie de Monsieur, de l'occasion, pour dire (le plus que
Paris un extrait des propositions censurables le livre de M. de Cambrai est enfin parvenu à
tiix cinq «vé(iue«, seraimprimée ovcc los Leilrtt divtnri. iniligiialii)U a paru dans une loltre iiii|iriinéo
' Du r
nonialci général de» .ti-sultos.
.
> M. LodioM, >ecrétairedu pielut, rxpli'iue dans lalcltro sulrtnli, qui a cuuiu.
droisie k l'abbo Uossuet, quels itaicnt ces porsonnsg«i.
330 LETTRES RELATI^^iS
LETTRE XCVin. c'eût élé trop tirer les choses par les cheveux,
que de rallribuer aux nouveaux mysli(pies. Je
DOSSl'KT A SON NEVKU.
suis J)ien heureux en effet d'avoir en saint
A l'aris, ce i mars 1G97.
Chrysoslomc pour moi dans le Ireiile-tidisiéme
Jai lorii vnlrc lellre 12 iï^vrier. Nous
<lii
article : car sans cela vous m'écrasiez avec saint
nvoiis (l(^j.'i paik^ de vous, M. le canlinal do l5oiiil- Fran(;ois de Sales el toutes les s;iinles, môme
loii c[ iiioi il l(^iii(ML'no de la joie
: de vous ren- avec les jilus excellents conmientaleurs ; mais,
lonticr à Rome. Je lui ferai bien vos compli- Dieu merci, je suis sauvé. J'ai bien su que Cas-
ineuls, el vohe lillre sur sa mission m'en don- sien était de même avis; mais je ne cite qu'à
nera un grand sujet. Je ne doiile pas du rofirct regret dans de telles choses, où le plus souvent
rpi'on aura à Home d'y perdre M. le cardinal il est outré dans ce qu'il dit de mieux.
Soyez allenlil à noire lettre sur le cardinal pas esprits vous au-
mais cela l'apaise les :
à la salislaciiou donnée à M.
(pu a été faite et quatre exemplaires de mon livre, dont
Voil.'i
du nhis de l'appidlialion, sinon (pi'il ne |)ou- vous recevrez par l'ordinaire proeliain. J'en
les
>ail pas con.senlir, coiuiiie il l'eut fait jtar cet parlerai au roi, <pii le trouvera très-bon, en
acte, à condamner M" liiivon. même temps «pie je lui présenterai le livre.
Je ferai une alleiilion nouvelle à la liiiilième Vous ne sauriez croire (|uelle est à ce sujet l'at-
proi»osilion des bé-gnards; il m'a paru (jue tente du public on.s'allend de trouver la conso-
:
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 331
lation et l'instrucfion que M. de Cambrai a Vous verrez bien que j'ai évité de parler de
ôtées au peuple par sa sécheresse. Le soulève- M. de Cambrai, quoique tous mes principes
ment continue avec indignation et mépris on : soient contraires au siens.
ne voit paraître de défenseurs déclarés de son Je vous envoie son livre et au premier ordi-
,
avis, que les Jésuites. M. le cardinal de Bouillon naire vous pourrez avoir mes remarques fai- :
se mêle dans cette affaire, pour soulager ce pré- tes vôtres, en attendant, avec M. Phelippeaux.
lat. On est engagé dans une autre route avec Prenez bien garde à ajuster comme il faut les
le roi, par M. de Paris et M"'" de Maintenon. cartons pour mon livre, qu'on vous envoie ils :
tenaient d'abord, no parlent plus que «les moyens Au reste, il a assuré le roi et tout le monde
de le corriger; elteiix «pion a proposés jiisi pi ici qu'il aurait la ibuililé d'un enfant; et qu'il se
sont faibles. Le i'. tic La Chaise a au roi.tprun
dit réliaelerait hautement .si un lui montrait qu'il
de leurs l'i-ros, ipi'il dit tHre un grand théolo- avait avancé des erreurs. .Nous le ineltrou> h
gien, y trouvait «iiiarautc-lrois propositions à ré- l'épreuve; cir ce sera pir lui-inôinc que nous
former. Il m'a (lit à moi-mèuic la mùme chose, commencerons. En voilà assez sur ce sujet, et
h la réserve du noiid)re «les pro|tosilions. li<)[);mais il n'est |ias inutile que vous soyez
H y a dans «e livre plusieurs propositions qui instruits, vous et 51. l'helippeaux. J'ajouterai
sont directement contraires aux lrentc-<|uatre seulement «pie tout l'i-crit de ce prélat est plein
Articles que l'auteur a si;,'n«^s, entre autres au de contradictions, et ipie le faux elle vrais'y trou-
huitième et onzième. Ce qui est répandu «lans vent souvent en.seuilile.
tout le livre contre le dt'sir du salut. liiidilTé- M. de Paris, M. de Reims et moi n'avons au-
rence h cet éfiard, le troid)le involontaire «le la cune parla la lettre du roi, pour dé.savouer ce
partie inférieun-. en Jésus-Christ, pa|j;e 12-2, est «pie le P. de La Chaise a écrit à M. le cardinal
erroné et plein ilifruoiancc. Le sacnlicc absolu de Jansiui en faveur de .M. de Cambrai. .M. le
de son salut, et raequicscemciit simple h sa [lerle cardinal d'Estiées est déclaré contre ce prélat
et fi sa «lamnalion, pa;;e 00 et 91, est ime im- assez ouverteiueul; M. le cardinal de Bouillon
piété manifeste, réprou\ée p;n- l'arlielc 31, signé tortille.
amour qui, page i! ol 1", est np|)elé impie et sa- M. I»E RANGÉ A BOSSLET •.
une préparaliou fi la jusiiliealion. Vous trouve- Je vous avoue, Monseigneur, que je ne puis me
rez vers page 07, le quiéli>;me tout pur, c'est-
la taire. Le de M. de Cambrai m'est tombé
livre
à-dire l'attente oiMVC «le la grAce sous |)rélextc entre les mains je n'ai pu ctunprcndre qu'un
:
qu'il ne la faut pas prévenir. l*lusieiu-s passages liommc de sa sorte put être capable de se lais-
cités pag. 55 et 12(), «le saint Franrois de Sales, ser aller à des imaginations si contraires h ce
ou ne se trouveid |)as dans les ouvrages «le ce que l'Evangile nous enseigne, aussi bien que la
saint,ou sont pris à contre-sens, et même mani- tradilion sainte de l'Eglise. Je pen.sais que toutes
festement trontjués. Vous trouverez quelques- les impressions qu'avait pu faire sur lui cette
uns que j'ai marqués dans les livres vin et ix de opinion faiilaslitpic étaient entièrement clTacées,
mon InatnirtiiDi sur les ctats d'ornisoii. Les jjre- cl qu'il ne lui reslait que la douleur de l'avoir
mières délinitionssur lesquelles loule le système écoulée mais je me suis bien trompé.
;
sont fausses et erronées. L'averlisseniciit, et tout On sail que vous avez écrit contre ce système
le st_\le du livre a paru d'une arroganee inliuie; monslriieiix ; c'est-à-«lirc (pie voiisravezdètruit;
et tout est tellement alamlii(|iié depuis le com- car tout ce que vous écrirez. Monseigneur, seront
mencement jiisipi'à la lin, «pie la plupart n'y des ilèeisioiis. Je prie Dieu qu'il béni.sse votre
entendent rien: et après l'avoir lu, il reste seu- plume, comme il a fait eu «pianlité d'autres oc-
lement la douleur de voir la piélé loule consister casions, et qu'il lui donne la force néces.saire en ;
dans des phrases, dans des subtilités, dans des sorte qu'il n'y ait pas un trait «pii ne porte coup.
abstractions. Je n'aipas let«inpsd'endiredavan- Peuilanl «pie je ne puis penser à ce bel ouvrage
tape, et en voilfi plus «pi'il n'en faul pour vous de M. «le Cambrai sans indignation, je de-
faire voit les causes du soulè\eineiil cl de l'iiidi- mande à Noire-Seigneur qu'il lui fasse la gr;kc
gnation universelle. «le rec«)miaitre ses égaroiiients. Dieu, Mmisei-
J'i'rris tout ceci avec douleur; à cause du gneiir, vous a choisi dans nos temps entre les
scandale de l'Kglise, et de l'Iiorriblc déeri où autres hommes, pour soutenir la vérité, et vous
tombe un homme dont j*a\ais cru faire le meil- lavez fait jusqu'ici en loiiles rencontres, et avi>c
leur de mes amis, et «pie j'aime encore Irès- tant de suceî's, «pieje n'en doute point «pie vous
sincèremeiil. malgré l'ii régularité de sa con- ne le fassiez encore dans celle-ci avec le même
l'attachement et de tout le respect avec lesquels d'en donner aucune copie. Si cette affaire par
je suis, etc. malheur ne s'accoinmodai t pas, avant mon arrivée
Fr. Armand-Jean, à Rome, par les voies de la douceur et de la cha-
ancien abbé de la Trappe. rité chrétienne et épiscopale, qui doivent vous
porter à interpréter le plus bénignement que
LETTRE CV. faire se pourra toutes les expressions qui peu-
BOSSUET A M. DE LA BROUE. vent choquer d'abord et M. de Cambrai à vou-
,
propositions à corriger. J'attends avec impa- vos remarques comme nécessaires pc ur que la
tendresse et l'estime que vous savez que j'ai
tience vos sentiments, sans les vouloir prévenir
en rien par les miens. Je pardonne à M. l'abbé pour lui, aussi bien que vous, ne séduisit sans
ce secours mes lumières beaucoup infériem-es
de Catelan d'être politique avec tout autre que
,
pour lui car il est à plaindre et à déplorer. Je les remarques qui me sont nécessaires voulant
;
que vous savez, etc. durant le chemin lire et relire le livre de M. Cam-
suis avec le respect
brai avec le secours de ces remarques dans les-
LETTRE CVL quelles je vous supplie de ne rien omellre de ce
LE CARDINAL DE BOUILLON A BOSSUET. qui vous aura pu paraître d'abord blâmable,
Ce 30 mars 1697. quoique votre charité épiscopale indépeiulam-
,
J'ai différé, iMousicur, jusqu'à présent à vous meul des sentiments que vous m'avez toujours
faire mes remercimcnts du livre que vous m'avez fait paraître pour un prélat aussi distingué par
blime. Mais après. Monsieur, vous avoir remer- mot) ainilié [lour vous, sont assez connues pour
cié de celte première grâce, je vous en demande que vous ne soupçonniez pas que iium estime et
une seconde avant mon départ et avant que je ma tendresse pour M. de Cambrai me puissent
prenne congé du roi; ce qui sera le samedi porter à faire l'usage de vos remarques qui piil
siiint, après la communion pascale de Sa Ma- être le moins du monde désavaulageux à la
jesté. vérité et à vous. Au moins vous puis-je assurer
Celle seconde giâce, Monsieur, est de vouloir avec sincérité «pie ni M. de Cambrai ni auiiiiie
m'eiivoyer conlidcmmciil vos remaïupies sur le personne de celles (pie vous avez lieu de croire
livre de M. de; Cambrai, voiisdoiuir.td ma i>.irole être plus dans ses iiiléiéls et ses senliinenls ipie
de ne Ici inelire entre les mains de iiersoiiiie ni dans les vùlres n'onl el n'auionl uucuuc coii-
334 LETTRES RELATIVES
J'ai rec.u votre lettre du 12, el mon frère trouve (pi'on subtilise beaucoup et qu'on met au
m'envoie celle que vous lui écrivez de môme jour qiiantilé de cas métaphysiques qui scanda-
dale. Je suis bien aise tpie M. le cardinal d'Es- lisent les faibles, dont les théologiens méthodi-
trées ait eu la siucérilé d'exi)li(iuer à M. le car- ques et exacts ne peuvent .s'accommoder , et dont
duial de Janson ses sentiments sur le livre de les libertins se raillent. Si un mot a échappé à
M. de Cambrai : il ne les a pas cubés dans ce quelque pieux auteur, on prétend autoriser par
Vous bien de parler modestement,
faites là un langage tort dillérent de celui dont les
pays-ci.
la chose ne parlera saints Pères se sont senis cominunément dans
ainsi «pie voire compa;,Mion :
que trop par elle-même. l'Eglise mais comme ces nouveautés de langtige
;
pouniuoi l'on veut voir dans toute cette intrigue être à vous, Monsieur , avec plus d'estime el de
plaisir ce cordialité que j'y suis.
le cardinal de Janson. J'apprends avec
de iM. de Candirai, <pii on est consterné. Il devait J'ai reçu votre lettre du 19 mars : vous en
aller jiasser b.-s fêtes h Cambrai ; mais il est recevrez deux de moi i»ar cel ordinaire, parce
demeiué, et ne parait point à la cour. M. de que celle (juc j'écrivis dimanche dernier arriva
Malezicux lui a prêté sa pelite maison que vous trop d'un jour à Paris. Nous attendons
tard
connaissez, et il y est dont on écrit
dans un état l'cnètde notre lellre à Sa Sainteté sur le livre
avec conqiassion. Il sera (jucslion de .s'expliquer; du cardinal Sfondiale et nous prions Dieu qu'il
,
et (jnelque envie qu'on ait de le .soulager, on ne conduise l'esprit du Pape. Il serait triste pour ,
veid point cpie la vérité en souffre. l'Eglise et pour son pontilicat, quon épargnât un
iM. le nonce ne parla avant mou départdu bon livre plein tic si grandes erreurs, et le déshonneur
témoignage (juil me rendait à Kome : je l'ai su en demeurerait au Saint-Siège.
dejtuis jiar d'autres personnes à (jiii il l'a dit. Je n'ai rien davantage à vous dire sur le livTC
Voici le lenq)soù il faudra (pie vous reveniez: de M. de Cambrai. Je vous ai mandé où il était:
un plus long séjour serait interprété à oisiveté. on (lit (pi'il y est avec des docteurs. Nous L'iclie-
dan» au inUriU.
A L'AFFAIRE DU OTHËTISME. 338
qu'il est de mes amis particuliers. Assurément le me fut possible. Il m'a reçu avec
mieiLx qu'il
c'est une tète et un homme bien intentionné et un air humain, que je ne me trouvai en au-
si
Je ne sais si je vous ai mandé que M. de Cam- bonheur de mettre la paix dans toute l'Europe,
brai fait ce qu'il peut pour nous détacher, M. de ce qui était l'ouvrage du ciel, et l'effet de ses
Paris et moi : ses efforts ont été très-inutiles jus- prières et de ses souhaits. Le Saint-Père me parut
qu'ici. Jene puis me dispenser de parler, puis- très-touehé de ce discours : il me répéta plusieurs
qu'il dit dans son avertissement qu'il ne veut fois qu'il désirait ardemment celte paix; et à
qu'expliquer nos articles mais j'ai agi, et conti-
: cette occasion il me parla du roi, comme un père
nuerai d'agir avec toute la modération possible. qui aime tendrement son fils. Je lui dis : Saint-
Père, il seulement pas l'avantage d'être votre
n'a
LETTRE ex.
fils aîné, il a celui d'être le seul qui soutienne la
l'abbé bossuet a l'évêque de meaux, son oncle 2.
religion, et par conséquent le Saint-Siège. Ce
Ce 9 avril 1697.
fut là-dessus qu'il s'étendit sur les louanges du
Hier, après diner j'eus l'honneur de présenter roi, m'assurant que ce que je disais était vrai ;
Ilostvrai, Monscigiiciir, que rien n'a jamais du l'ape, qui selon toutes les apparences, ne
éié plus iiii|i()riaiit pour i'iiuiiiicur de l'E^'lise, manquera pas de s'expliquer là-dessus: on ilit
pour le sailli des lidcies et |)uur la i^luire de que toute siijinidiclion n'ayant jamaisdù s'éten-
JésLis-Clirisl, que la cause que vous soutenez: dre au del.'i des bornes de la maisonqne Dieu
car, en vérilt^, si les cliinières de ces fanatiques avait confiée à sa conduite, toutes les fois qu'il a
avaient lieu, il laudiail lerincr le livre des divi- voulu sortir de cette sphère, il n'a pas réponduà
nes Ecritures, laisser rEvaii;;il(', (|iiei(|ue saintes s.'i vocation.
ct(piel(pie nécessaires qu'eu sciii'iit les |irali(|U('s, Ile la on passe aux circonstan
thèse génér.ile
connue si ne nous étaient d'aucune ulililc';
elles ces pai ticulières sur le sujet des lettres dont il
il faudrait, dis-je, compter pour rien la vérité et est (pieslion ; on prétend que, par les termes
la conduite de Jésus-Christ, tout adorable (prelle tlont il se sert, il oiildie entièremenl le respect
est, si les opinions de ces insensés trouvaient qu'il doit au caraclère de .M. raichevé(|ue de
queltpie créance dans les esprits, et si l'autorité Cambraiet ùsoninérite personnel; (ju'il n'appar-
n'en entièrement exterminée. Enlin, c'est
était tient pas à un inoiuc de parler ainsi d'un grand
une simplicité consommée, cachée sous des ter- archevècpie; que ses explosions marquent plus
mes extraordinaires, des expressions affectées, son tempérament et son humeur, que son zèle
sous des phrases toute nouvelles, qui n'ont été et sa charité. Et pour confirmer ce sentiment,
imafîinées que pour iinjioser aux unies et pour on iai)pelle tout ce qu'il a écrit contre M. l'abbé
les sé'duire. le Koi et le P. .Mabillon, dans les contestations
Nous ne manquerons point de prier Dieu qu'il a eues avec eux. Car vous savez. Monsieur,
Monseigneur, qu'il touche les cieurs, qu'il éclaire que le monde ne pardonne rien aux saints il exa- :
les esprits, et qu'il s'en rende tellement maitre, mine tout à la rigueur, lorsqu'il s'agit de les
qu'ils profitent des inshuelions que vous leur condamner. Plus ils sont élevés par leurs ver-
donnez; les uns, en abjurant avec sincérité l'er- tus et leur sainteté, i)lus on prend jilaisir de les
reur (lu'ils ont einhiassée; et les autres, en la rabaisser, et de les rapprocher des autres hom-
regardant comme le reuversement de toute la mes parciuelques traits de faiblesse que l'on croit
piélé clui'tiemie. Je suis, Moiiseiijiieiir , avec découvrir en eux. Jamais cette malignité n'a
tout rallacheinenl, la reconnaissance et le res- paru plus grande à légarddu saint abbé dont il
pect possible. est question. On a donné souvent de très-fausses
LETTUE CXIl.
y a bien de la dittèrence, selon r.\pùtre, entre
UN AMI DE l'aDBE DE I,A TRAPPE. le jugement de riiomme spirituel et de l'honime
Vous m'ordonne/, Monsieur, de vous appren- charnel, c'est-à-dire, de celui qui juge parles
dre ce que l'on dit ici des deux lellres (pie M. lumières de la foi, et de celui qui juge par ca-
l'abbé de la Trappe a écrites fi M. l'évèiiue de price, par fantaisie, et suivant sa inalignilé ou sa
Rieaux : la première, sur de M. larche-
le livre passion.
vèqiie de Cambr.ii ; et la seconde, h l'occasion Vous voyez. Monsieur, que je commence à me
du de M. de Meaiix. Vous paraissez même
livre découvrir, et qu'après vous avoir informé de ce
désirer savoir ce que je pense de ces lettres : que j'ai entendu dire des lettres de M. l'abbé de
je m'en vais répondre à vos deux questions. la Trappe, je vous ai déjà fait connaître mes
Soyez persuadé, s'il vous plaît, que je le ferai senliments.
sincèrement, et sans aucune prévention, ni sur En eflet, il n'est pas difficile de trouver poiir-
la matière ni sur les personnes. cpioi la plupart des hommes se trompent dans
Je commeuceiai donc par vous dire que beau- les jiigemenls (pi'ils font des actions des autres.
coup de ^.'enscoiidamneul .M. l'abbé de laTra|ipe, Ils prennent presque toujours pour règle de leurs
et ménisent iiiissi peu les termes en parlant de jugements leur propre di.sposilion, .sans exami-
lui, (jiril lésa lui-même peu inénai^és en par- ner celle des personnes dont ils jugent. Pour
lantde .M. l'archcNequede Cambrai. On demande appliquer ce principe au cas preseiil. voici ce
d où vient cpie M. l'abbé de la Trappe s'inf;ère (|ue je tlemaiiderais à ceux ipii condanmenl si
de dire son aNis en une occasion de celte nature, forlemenl les lettres de M. l'abbé delà Trappe,
où peistume ne le consulte. On (lil(|u'il lui con- elle pnalable (|ue je croirais nécc.s,>>.iire pour
vieiidiait be.iiicoup mieux de ^'arder le silence, les inellre en état d'en bien juger je souhaite- :
cl ir.illemlre .-Mec ie>pect le seiiliuieiit desévé- rais, (lis-ie, (pi'ils voidu.ssent se ir.Hisporter d'es-
ques qui travaillent sur celle matière, et celui prit et par léllexion dans la cellule de M. l'abbé
A L'AFFAIRE DU UUIÉTISME H:h7
y est traité des voies intérieures, de la vie mysti- les prophètes, c'est parler le langage des démons;
que, de la sublime oraison, de la parfaite contem- parler ainsi, dit-il ailleurs, c'est contredire l'E-
plation ; il ne peut croire que ce livre ne soit vangile , c'est mettre la pierre de scandale
pas de sa compétence. Du solitaire "qui a passé dansla voie des enfants del'Eglise parler ainsi,
:
près de quarante ans dans son désert, qui, pen- dit-il encore, c'est tomber dans l'hérésie, et dans
dant toutce temps, a conduit de saints religieux, une impiété qui renverse toutes les mœurs chré-
dont il a connu les sentiments les plus intimes tiennes. Son livre est rempli de semblables ex-
et les plus secrets, doit avoir quelque connais- pressions il dit même, dans la lettre qu'il a
:
sance de voies intérieures, et entcndrele langage écrite au Saint-Père, qu'il y aurait quelque in-
mystique. Cependant il croit trouver dans ce li- décence qu'un évêque montrât au public ces
vre des routes marquées pour arriver au pur erreurs monstrueuses, sans témoigner aussitôt
amour, inconnues jusqu'ici aux saints habitants son indignation, et l'horreur qu'inspire le zèle
desamaisonetàlui-mème: cela commence à lui de la maison de Dieu ce sont ses propres
;
rendre ce livre suspect. Il le lit, il le relit avec at- termes. Pourquoi le même zèle ne pourra-t-il
tention: le nom, le caraclère, la réputation point avoir inspiré à M. l'abbé de la Trappe
de l'auteur en suspens : il souhai-
le tient les expressions dont il s'est servi, et que l'on
terait trouver, par une seconde lecture, qu'il condamne, parce qu'on les trouve trop fortes ?
s'est trompé dans la première. Mais enfin, Il y a bien de la différence, dit-on, entre un
après un long et solide examen, il croit h'ouver prélat à qui il appartient de décider et de pro-
dans ce livi-e un système qui lui paraît n'être noncer sur les matières de doctrine el de morale
pas conforme à celui de l'Evangile et de la mo- chrétienne, et un moine qui doit se renfermer
rale de Jésus-Christ il croit y voirde fausses idées
;
dans son cloître, et ne s'occuper que de ce qui
de la charité et du pur amour de Dieu je dis, il : se passe dans sa maison. Mais aussi il y a bien
croit. Plein de ces réflexions, qu'il se persuade de la différence entre faire imprimer un livre
être fondées sur les plus solides principes de la et le donner au public, et écrire une lettre à
religion, son zèle s'allume, et il s'y livTC en- son ami. Mais je veux bien encore porter la
tièrement et sans mesure dans une lettre qu'il chose plus loin, et soutenir hardiment que si
écrit à M. l'évêque de Meaux, avec lequel il est M. l'abbé de la Trappe voulait écrire sur cette
lié depuis longtemps d'une amitié très-étroite. matière, et instruire le public de ses sentiments
11 lui écrit comme il lui aurait parlé. Il n'a point sur les voies intérieures, en établir les règles, en
prétendu parler au public : il n'a pas même dû découvrir les illusions, en combattre les abus, il
s'attendre que le monde aurait la moindre con- n'y aurait rien dans tout cela qui ne fût dans
naissance de ces sentiments sur cette matière. l'ordre. Qui jjeut sur un tel sujet nous donner
Si quelque événement imprévu a rendu ses let- plus de lumière qu'un homme qui doit en être ins-
M. l'évê-
tres publiques, ce n'est point sa faute. Si truit, non-seulement par sa profonde doctrine,
que de Meaux y avait contribué, il ne faudrait mais par sa propre expérience, el pai' celle de
pas douter qu'il n'eût eu quelque raison très-so- tant de saints religieux qu'il gouverne depuis
lide pour le faire. si longtemps? Quand on demande de quoi il se
Mais pour revenir à M. l'abbé de la Trappe, mêle de dire son avis dans celle occasion, je ré-
est-ce de son zèle, ou de l'indiscrétion de son pondrais volontiers Ds quoi se mêlait saint Ber-
:
zèle, qu'on le cdndamne? On ne peut passer nard, quand il combattait les erreurs d'un Pierre
pour indiscret, quand on parle à son ami connne deBruys, d'un Abailard, ol de certains héréti-
on parlerait à soi-même, et à un ami tel que ques qui avaient pris de son temps le nom d'a-
M. l'évêque de Meaux. Pour son zèle, en le rc postoliques? De quoi se mêlait-il, quand il tra-
gardant en lui-même, comment peut-on le vaillait à étouffer les schismes qui [jarlageaient
condamner avec raison, surtout dans la seconde l'Eglise, quand il écrivait au Pape Eugène, el
lettre, où il ne parle point de M. rarclievêquede qu'animé d'un saint zèle, il osait prendre la li-
Cambrai ? M. l'abbé de la Trappe, en lisant son berté de lui représenter tous ses ilevoirs?
livre, croit voir une secte très-dangereuse, toute H y a de certains intérêts de l'Eglise qui enga-
prêle à s'établir, et à répandre degrandescrreurs gent le zèle de tous les Chrétiens, el surtout ce-
parmi il est conhrmê dans ce senti-
les lidèles : lui de tous les ecclésiasli(iues séculiers el régu-
ment par de M. l'évêciue de Meaux, qui
le livre liers, qui ont (juelipie lumière pour pouvoir dé-
lui parait ne pouvoir trouver des termes assez fendre la vérité (pii est atta(piée.
forU pourcondamncr celle pernicieuse docUine. J'aurais encore beaucoup dccliososà dire pour
B. TuM. Vi.
,
rpii dans leurs réflexions et dans leurs discours lieu; et quoique les dépêches de son Eminence
ne con.sullent que la pru<lence bumaine, règle doivent mieux faire connaître toutes choses que
toujours trompeuse quand il s'agit déjuger de je nele puis, j'ose dire (pie ce que j'en ai rapporté
h défendre la même cau.se. Maison ne doit pas lier la dnctrino du livre de Sfondrate, dc%aiil In rardn ;
mer par un taux zèle de religion contre ceux gi-nrral des Carmes d^cliauviét ; la P. Ooni»
Jrsuitas ^commiNSairt du Salnt-UfBea, la P V
la
qui en soutiennent lesvéritablesi>rineipes c'est :
le P. ilorrelil, bamabita, et le P. Serranl. pr»
nairc avec autant d'autorité et de certitude, que Jean Dim^scùis al la P. Gabricli. araient ^ouU blao das cboia
erronf^* dan* la livra.
d'insuHisauce et de fausseté de lumières. > SfondrtU avait M fait cardinal par Innorent XU, poar la
Hcnmpeniar da *aa ^riU contra la Refait, al contra la* qualr*
Articlas da l'aueiDbl6e du clergé da Franco da 1682.
Le r. Cloche, qui Tut lr4>-aa J.>iis la bulla arec UataiMt.
'
A L'AFFAIRE OU QUIÉTISME. 339
Je loue votre discrétion k ne pas nommer l'au- cier son bontés qu'il me
Eminence de toutes les
teur de la lettre des cinq évèques. M. de Reims fait témoigner parvous. Sa profonde intelligence
a dit au roi que c'était moi, et tout le monde le et son grand zèle pour la vérité paraissent assez
sait : ici on mis dans les gazettes de Hollande
l'a par le peu que vous me dites de sa part.
et des Pays-Bas. 11 n'y a rien à ajouter à ce que vous avez dit
Pour vous faire connaître maintenant l'état la vérité est la plus forte.
des choses, M. de Paris, M. de Chartres et moi M. le caidinal de Bouillon s'est
ici fort dé-
nous sommes réunis pour examiner le livre, en claré pour de M. de Cambrai. Je lui ai
le livre
extraire les propositions, les qualifier, les don- parlé sur cela en vrai ami de l'un et de l'autre.
ner au roi, et par le roi h M. de Cambrai. Nous Le roi, M. de Paris, M. de Reims et M""" de
ne voulons pas prévoir le cas qu'il refuse de sa- Maintenon paraissent toujours dans la même
tisfaire à l'Eglise. Quoi qu'il en soit, nous met- situation.
trons les choses dans la dernière évidence. Le Songez h voh-e retour un plus long séjour :
roi est bien intentionné pour la religion, plus serait mal interprété
deviendrait une affaire.
et
que prince qui soit au monde et nous tâcherons ; Jusqu'ici tout se prend bien.
de faire en sorte que l'affaire finisse ici à l'amia- Vos entretiens avec le cardinal Denhoff et les
ble : après cela, nouvelles choses, nouveaux con- cardinaux Casanale et Noris nous font bien voir
seils. l'élat des choses.
L'auteur du discoursque je^^cnsde rapporter Nous croyons que vous avez reçu une vingtaine
cardinal de Bouillon. C'est M™° de Main-
est le d'exem[iiaires demonlivre par les correspoudanls
tenon qui a raconté tous ses discours ils sont : d'Anisson.
conformes à ceux qu'il m'a tenus.
LETTRE GXV.
M. l'abbé de Chavigny est nommé à l'évôché
de Troyes, sur la démission de M. sou oncle, BOSSUET A SON NEVEU.
qui se retire dans son séminaire, et renonce au A l'atii, ce 29 avril 1697.
monde et à Paris, sans lever l'éleudard. J'ai appris, par voIre leltiv
du 9, les prépara-
J'ai fait vos compliments à M. Phelippeaux. tions de M. le cardinal de Janson 2, cl la bonne
que le roi a nommé comte de Maïuepas. réception dont elles ont élé suivies. J'avoue que
MM. les abbt's de Fleury, le précepteur, et de j'ai vivement sonli les témoignages de la bonté
Catclan, ici présents, vous saluent.
l)alernelle de Sa Sainteté, et que ce m'est une
Jc cardinal Casauale. Je vous prie de bie'nrcuicr- l'oy. U iiolo tiir la Irltro GO.
* Pour procurer 1 ccl «liM une nudiciui- iJu juipa
8J0 LETTRES RELATIVES
Vo'js .ivrz l)ion fait dV-Nitcr d'avoir à parler sur dinaux d'Agiiirre et de Noris h la Wte c'est la :
évêques de France. Il .se fonde sur ces paroles : de celui de M. le cardinal (le Janson. Vous pouvez
In qud fiilt's uou polcst sentire (h'fertum. Mais, aller jusque là, mais pas plus loin. Vous aurez
outre qu'elles .sont de Saint-Bernard, je crois qu'il bt aiiconp h vous donner t;arde du cardinal de
ne trouve pas ici que je nie sois trop avancé et ; le Pape vous a faite; et ne pouvant aller que dans
ma lettre, que M. Vivant a coinniû rendue pu- quelques jours à Vi-r.sailles, j'aienvové un grand
blique , y est bien reçue. extrait de votre lettre à M"" de Maintenon je l'ai :
!>• •rhain',
ti.i-ora M
M. da Cambrai promcilali M>iliiii<nl au da M de Cambrai ii> do.airul
papa da lui anvojrcr ct(l« tnducUon Vef. ta lailra au Souverain ramener dani d«a c- .. i.tr Mn\ celai
pOBUIt, ci-dauii*. cctl* (IcheuH coi.U*'>4iwu.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 341
toute niolinosiste, et dont nous ne pouvons souffrir y meth-ela dernière main. Mais celui de M. de
que demeurent en leur entier sans
les livres , Cambrai oblige à bien d'auh-es choses qu'à
mettre au hasard toute la piété. Nous avons eu montrer la fausse idée qu'il a de l'amour. Le
toute la patience possible, et fait toute sorte passage de saint Ignace est vraiment admirable,
d'efforts pour finir l'affaire par les voies de la et, comme vous le dites, très-convaincant. Tous
charité. Puisqu'on la pousse jusqu'à Rome , il les martyrs ont parlé dans ce même sens. Je
faudra éclater malgré nous, et montrer que nous souhaite que les dispositions de ce prélat soient
ne sommes pas disposés à épargner notre con- aussi bonnes que M. de Béziers vous l'a écrit
;
frère, qui met la religion et la vérité en péril. mais je ne sais ce qu'il faut attendre d'un prélat
Vous pouvez dire avec discrétion, et avec choix, qui, sentant un soulèvement si universel et si
ce que vous trouverez à propos de ce que je vous étrange contre son livre, bien loin de s'humilier,
écris sans vous déclarer. Je prie M. Phelippeaux veut encore faire la loi, et ne songe qu'aie
d'en faire autant, et cette lettre vous sera com- défendre. Priez Dieu qu'il le change, et qu'il lui
mune. inspire un remède plus efficace dans une sincère
Je ne vous dissimulerai pas que M. le cardinal humilité.
de Bouillon, qui a de grandes liaisons politiques Je suis bien persuadé
que M. de Rieux, quand
avec M. de Cambrai et ses amis n'aille à Rome , il au beau style
se serait laissé éblouir d'abord
avec dessein de le défendre plus ou moins ouver- de ce livre et à des paroles spécieuses, ne per-
tement, selon les occasions et les dispositions sistera pas, quand il en aura pénétré le fond.
qu'il trouvera. Mais, entre nous, je vous dirai J'entends ce que vous me manderez du senti-
que cela ne nous étonne guère, et que nous ne ment de 31. de Saint-Pons. J'ai été ravi de
doutonspasquela religion ne prévale. Je parlerai voir celui de M. de Béziers expliqué en six beaux
fort modestement, en vous assurant que le roi ne termes, et si obligeants pour moi je vous prie :
nous sera pas contraire. Tout le monde est pour de lui en marquer ma reconnaissance. Mon li-
nous, et surtout le clergé, on craint tout pour la vre réussit à Rome comme il a fait ici; il en
piété, si M. de Cambrai évite la censure. Encore faut louer Dieu : l'autre est improuvé aussi hau-
un coup, parlez prudemment, comme vous avez tement.
où il faut, quand
faitjusqu'ici. Dites ce qu'il faut, M. de Cambrai met sa confiance dans le car-
il faut. Assurez bien que nous ne laisserons pas dinal de Bouillon et dans les Jésuites. 11 em-
la vérité captive c'est tout ce que je puis vous
:
ploie ici toute son adresse mais la vérité y est
;
dire. J'ai parlé à M. le cardinal de Bouillon avec jusqu'ici la plus forte, et la sera,
s'il plaît à Dieu.
la sincérité que je devais. Il y aura des choses à vous écrire sm- cela, qui,
L'explication que nous avons vue de M. de jusqu'ici, doivent être encore secrètes j'aurai :
Cambrai *, est pire que le texte , et ne peut peut-être la bouche ouverte par je prochain or-
passer. dinaire. Pour moi je ferai mon devoir, avec la
LETTRE CXVII. grâce de Dieu. Je voudiais bien vous avoir à
BOSSUET A M. DE LA BROUE. mon secours; et si vous aviez quelque honnête
A Paris, ce 18 mai 1697. prétexte de venir ici, ce me serait une singu-
lière consolation.
Je n'ai reçu, Monseigneur, que depuis trois
Vous apprendrez mieux l'affaire du cardinal
jours votre lettre du 18 avril, où vous me dites
Sfondrale par la lettre (jue nous avons écrite au
votre sentiment sur le livre de M. de Cambrai.
Pape contre son livre, (|ue par le récit que je
Je ne sais par quelle aventure il est arrivé qu'une
pourrais vous eu faiie. J'espère être bientôt en
lettre de date postérieure, et qui iu'aunon(,ait
élat et en liberté de vous l'envoyer' avec la ré-
celle-là, l'a préiédée. Quoi ((u'il eu soit, je suis
ponse du Pape, (jue nous savons être résolue
très-aise d'apiucudro votre sontiinenl. Mais il me
et devoir être fort homiêle mais Rome a bien
:
Il on ior> plusioura
•• <|uesiion diiiiit la siiiioc Dieu a donnée à vos sermons.
342 LETTRES HKLATIVËS
yauri un petit supplénioiil, que vous ne juge- crise. Il que dans sa tradiiclion
n'a de confiance
pas innlilo. Il laiit conibaltre pour la foi latine, par où il espère de surprendre Uoine,à
rez
jiis(pi'aii dernier soupir. Dieu nie donne beau- ce que l'on dit. Car pour moi, il ne me voit plus,
coup de courage et de santé dans un grand tra- et voudrait me faire re^'ardcr comme sa ]>artic.
vail et dans un grand Age je ne m'en sens : A la cour, on dit qu'il allend tout de la protec-
l)oint, par sa grûce. Prions les uns pour les au- tion de .M. le cardinal de Bouillon et des Jésui-
tres. Vous savez mon rcs|)cct. tes. Soyezallenlif à ce qui se passera, sans vous
M. de Metz est mort on donne sonévôché ' : ouvrir aiitrcinenl que comme je vous l'ai mar-
h M. l'abbé d'Auvergne, le cordon h M. de Pa- qué par ma précédente.
ris, la cliarge de consciilci' d'Klal à qid vous Le pauvre M. de Cambrai est fort abattu, et
voudrez: je ne demanderai rien. Betribuftitr n'en fait pas moins le fier. Je suis sa bètc. On
libi in resurreclione justorum. croit ici que M. le cardinal de liouiilon trouvera
à f{onie tic quoi ralentir son ardeur pour cc
LKTTHE CXVIIL
piélal. Cc dernier croirait venir h bout de tout,
BOSSUET A SON NEVEU. s'il n'avait pas en tète M. l'arclievèque de Paris
M. Pliclippeanx. Des ileux dillicidlés que vous sujet d'être très-contenls. Je serai mercredi ù
a[)porlez pour différer votre départ, mon frère Paris, et je verrai M. le nonce, lant sur cela
en lève une, (|ui est celle de l'argent vous sur- : que sur votre induit, et ferai toutes les diligen-
moulerez celle du temps, comme M. le cardinal ces iiécessiiircs.
de Janson. Je vois, par
la lettre très-oblige-mte de M. le
On a cbassé trois religieuses de Saint-C\r cartiiiial de Janson, que la répon.se aux cint]
pour lc(|iiiélisme, et une entre autres (jui a été évi'^qiies devait venir par cet onlinaire; appa-
au couunencement une des meilleures amies remment elle aura été porlt^e à .M. de Reims,
de M"" de Jlainlenon, et que vous pouvez avoir qui est dans son diocèse ; ainsi je ne sais rien
souvent oui appeler M"' la clianoinessc elle : encore.
s'appelle M"" de Maisonfort Kllc a demandé •^.
M. le cardinal de Janson ne me parle pas
en grâce de venir dans le diocèse deMeaux, et du bref pour moi. Vous ne sauriez trop lui
on l'envoie à Jouarre. Celle affaire a fait grand niaiipier ma reconnaissance île toutes ses
bruit on a cru voir dans cel événement la dis-
: bontés.
po.Mlion de la cour contre celte secte, dont la Je pourrai vous mander, par l'ordinaire pro-
petile cabale a élé lurl alarmée. cliaiii , la résolution qu'on prendra sur le li-
loin. V, page 609 et »ui». le» J.'ip nifi de l'ostuet ux d./Kcull'ê iju*
i '
C'r<l le bref que U Pap« lui adrcN>> en reponie à la lettre qut
iciia daiu* lui avait pto|.o>t.ei lur ait(ri)-oinU dcipirilualiU. !• prélat lui ivatt écrit* au ti^M de ton liTt« Surltt 4l»U forauo»
A L'AFFAIRE OU QUIÉTFSMK. 843
raît que M. le cardinal Denlioff ', peut être mis c'est le seul parti que je vois; et le livre fait
à quelque usage. trop de mal pour être soufferi.
Anisson n'a pas encore d'avis que les exem- Disposez-vous au retour
le plus tôt que vous
plaires de mon livre, qu'il a envoyés par Mar- pourrez vous en voyez toutes les raisons qui
;
grande folle de son royaume. Cela a fait beau- tout y est captieux etartificieux. L'auteur s'y dé-
coup penser aux amis de M""" Guyon. clare pour les ascètes; mais M. l'abbé de la
Je pars mercredi pour Meaux dès le matm :
Trappe, le plus saint de tous les ascètes, le
je ne tarderai pas à revenir et je ne crois pas ;
reje'te, et a écrit contre lui de terribles lettres,
y passer l'octave. Dimanche je donnerai l'habit qu'on dit ici que M. le nonce a envoyées au
à la tille aînée de M. le Premier, à Faremou- Pape.
tiers. reçu une lettre très-obligeante
J'ai de M. le
Je chercnerai les moyens de faire savoir au cardinal Spada sur mon livre.
cardinal Casanate que le livre de M. de Cam-
brai «st ici fort odieux, et que
LETTRE CXXI.
le roi est in-
digné. BOSSUET A SON NEVEU.
\ J'oubliais de vous dire que M. de Cambrai se A Arminvilliers, ce 10 Juin 1697
tourmente à donner des explications aussi mau-
J'ai reçu à Meaux votre lettre du 21 avril j'y
vaises que le texte Les prélats croient qu'il y ;
meut et simplement, et de condamner les livres su par M. le cardinal Casanate qu'on souhaitait
de M"^' Giiyoïi et de Molinos, sinon d'instruire qu'il futtourné en latin et en italien, pour l'ins-
Rome et d'en attendre la décision, sans rien faire truction des pays étrangers. Il ne vous arrivera
que donner les instructions nécessaires au peu- jamais. Monsieur, tant d'honneur et d'éléva-
ple, pour empéclicr l'effet de la cabaii! (jui se tion que vous en méritez, et que je vous en
remue. Je ne sais pas connuent cela aura été souhaite.
exécuté, et je retourne h Paris pour m'inslruire
LETTRE CXXIIL
du succès. Ceci est pour vous seul.
BOSSUET A SOM NEVEU.
Quant au cardinal de Bouillon, vous devez
A Parii. ce 17 Jain
vous attendre qu'il rendra votre séjourà Rome
1697.
Je n'ai rien à attendre du roi ni de M""* de vous m'avez envoyée, pendant que de mon côté
Mainlenon, que des choses générales dans l'oc- je vous en envoyais un exemplaire que cela ne :
M. de Reims dans cette affaire qu'indirectement. assuré que ses explications ne seront ni bonnes
Les avis que vous me donnez, par rapport i^ M. en elles-mêmes, ni conformes ;\ son livre.
le nonce, sont dont je puisse profiler,
les seuls Nous en avons fait au roi noire rapport et :
et je le ferai. Si la cour s'apercevait qu'il y eût M. de Paris lui a porté notre avis conunun, qui
le moindre dessein, elle fiAlerait tout; et c'est élail que le depuis le com-
li\rc élait rempli,
la principale raison de M'"» de Mainlenon, qui mencement jusqu';\ dans son tout et dansla fin,
n'a de bonne voloidé que par rapport ;\M. de ses parties, d'erreurs sur la foi et de quiétisme
l'aris. Du reste, MM. de Paris et de Chartres sont pallié en sorte qu'on ne pouvait ni le soutenir
;
teur. Od l'a si fort approuvé à Rome, que j'ai Su lettre «u râ|.e, .1..1II il a •to Jrj» p»rl4.
' Il n'y r«t* guér*. tn rltu. puiiqua \t 1" acût suiiant il tut
ordra du lol d* M rclirtr dtn> ion dlocist.
.
Vous direz à M. le cardinal de Janson ce fait espérer pour l'ordinaire prochain quelque
encore. Car le monde, comme vous le savez, bref de Sa Sainteté en latin seulement, qu'il
parle comme il lui plait souvent il ne ftut point
: iaut faire mettre à la suite des approbations.
de scrupule d'allribuer aux gens celles auxquelles V^ous trouverez à la fin, sous le titre des Addi-
ils n'ont point pensé et on est bien aise de pou-
;
tions et corrections, de nouveaux passages de
Nous ne cessons point. Monseigneur, de re- Victor contre le faux désintéressement de l'a-
commander à Dieu tout ce qui vous louche, pour mour pur, (lui est très-décisif et très-réjouissant,
ce monde comme pour l'autre. Je puis vous as- parce que les faux injsliiiues y sont moqués
surer que vous tenez dans nos conus toutes les comme ils le méritent. Celte lettre et ces addi-
places que vous y devez avoir, et qu'on ne peut tions ont paru assez importautes i)Our être im-
être avec plus (rattachement, de sincérité et de primées à part: ou en a fait un supplémeni, en
respect que je suis, etc. faveur de ceux qui ont la preniière édition. J'en
ai fait mettre douze dans le pacpiet, avec six let-
Fn. Armand-Jean, anc. abbé de la Trappe.
tres des cinq évêrpies au Pape, et le bref de Sa
LETTRE CXXV. Sainteté. 11 y a près de trois semaines (lu'ou est
BOSSUET A SON NEVEU. à l'imprimer Monseigneur le cliancelier ajaul
;
A Paris, ce 24 juin 1GU7. lait toutes les mauvaises diflicullés qu'on peiil
jugement (lu Pnpe; car, dit-il, je sais l)i.Mi l'His- réponses ; et j'en al donné une d'une demi-
Uti ncdoiilo point (ju'il ne leuillc de papier, i)iiur le prier d'expliquer qua-
toire wclc'siasliiiiip.
par les révcremls IVres Jc>iiites, et tie termes ambigus, dont il se sert, jiar une dé-
fût souillé
finition précise; après quoi on lui (loimcra eu
mCMiie par M. de Cambrai, (|ue M. Anisson a
trouvé chez ce niafiislral dans ces circoiislaiices, de mots la réponse qu il demande '. Ou
Irè.s-peu
et qui aussi voudrail bien qu'on n'eût pas la U- yjoindra les extraits des pnqmsilions condam-
sur cet exemple, de porter des plaintes et
bi-rlé, nables dans son livre, et l'on se mettra en état
des mémoires à Home contre liii-niémc. de les envoyer à Home, après le temps ipie la
bonté de M. de Paris souhaile (jne nous lui don-
LinTUECXWII. nions pour venir 'i rési[tiscence; ce que quel-
BOSSUES' A M. DE NOAILLKS, AUCUKVÊQL'K DE l'AItlS. (jnes-uns espèrent encore. Pour moi, (|uclque
f juillet 1f.97. désir (jne j'en aie, je ne sais plus que penser,
Est-il mon
cher seigneur, qu'il n'y
possible, voyant ses lorlilleiuenls. M. le nonce nous té-
ait point de réponse ? Si cela est, on se moque
moigne (pi'on souhaite à Itonic (pie la chose se
visiblement, puisipTil ne s'af,Mt ()uedc quatre termine ici plulôl que d'èlre portée h l'iiupiisi-
mots et de leur di'linilion. Cependant, assuré- tion, qui aussi, commevous savez, n'accommode
ment Il vérité soullVo. On imprime le livre par- guère ce pa\s-ci.
à Bordeaux nouveau bref lui On souhaite fort d'apprendre bientôt que M.
tout ; il l'est : le '
l'aulorilé par sa seule aml)in;uïté. Pres- le cardinal de Bouillon soil (piille, comme on
donne de
le croit à présent, de l'indisiwsilion causée par
sez, je vous en supplie: on ne demande qu'à
la lassitude. Je vous prie de le bien assurer delà
tourner tout en plaintes et en procédés contre
part que je prends à son heureuse ariivée, et h
moi, ou contre vous-même. Si vous saviez ce
la bonne esi)érance que vous avez du prompt
qu'on dit au nom de M. deCand)rai, et connue
rétablissement de sa santé.
on vous met en jeu, vous verriez qu'il y va du
Je pars pour Ver.saillcs, où M. le chancelier
tout pour vous, les évéquesqni ont Iravadléavec
vous, et pour l'Ef^lise. Au nom de Dieu finissons
veut me recevoir mercredi, au conseil qui s'y
tiendra.
les procédés venons au fond de la cause. Tout
:
comme vous savez, mon cher seigneur. M. le nonce m'a montré une lettre du Pape à
h vous,
coucher à Versailles. M. de Cambrai *, assez sèche, quoiqu'on le loue,
Je m'en vais
mais sans y dire un seul mot de son livre. On
LETTRE CXXVTII. est toujours à la cour dans les mômes disposi-
BOSSUET A SON NEVEU. tions à son égard. Jl. de Cambrai amuse M. de
A Paris, ce 1 juillet 1697. Paris toute mon application est, comme vous
:
La nouvelle de la place du conseil qu'on me pouvez penser, à faire en sorte qu'il ne le sur-
donnai! jns()irà Itome, comme vous me l'appre-
prenne pas.
Le roi est fort content de moi M°" de Main-
nez par voire lellie du 11 juin, e.sl véritable de
tenon est louj(iui> (le même, et je suis très-bien
samedi dernier. Le roi me l'accorda à son lever
auprès d'elle. Le nonce m'a dit Irès-loiieinenl
a iMarly sans que je l'eusse demandée, avec tou-
(ju'ilfallait me faire cardinal, el m'envojer à
tes les bontés dont Sa iMajesIé sait accompagner
ses grûces. Ainsi vous devez en faire part vos i'i
Rome quel(|ues autres personnes parlent ici
:
obsliiiémcut de eunlcier avec nous, à eau.se de Uokstirt ne crut pa:, devoir le» discuter fort ati loiijt, et il m
cun.
teitla de niellr» en marge de ces articles des rep.inses tr^s-eourtes
moi, à(pii seul il ne \eul point parler, ni même Nous rapportcroni les articles et li s r*|onsei à la suite de cette leu
pour rendre le lecteur plua attentif iax endroits dolertueuz
communiquer quehpies-nnes de ses réponses. U tre :
'
Il b'agU Ju bref adrtssiA rtrchcriquc dg C'tmbtai, tn rcpoiis« K'esià-dira la traduction latine de i.n livra. Il y penuft tréf
à u Itttre *n F(p«. airUuHinent, et en eflet ne urda pu t l'anvcyer t Bon*.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 847
M. DE Meaux. —
Cela est vrai, mais vague et
on peut, en vertu de cet amour si pur, se désirer le
M. de Cambrai. — N'cst-il pas vrai que cette cupi- M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que l'intérôt
dité soumise peut regarder la béatitude comme un propre, qui se trouve dans les justes moins parfaits,
étal de l'homme, où elle sciait pleinement contente ; que les Pères ont nommés souvent mercenaires, el
au que l'amour de charité pour nous-mêmes
lieu que les saints des derniers siècles appelloMtpriijini.'-
ne nous l'ait désirer notre béatitude ou parfait diminue dans ces justes à mesure qu'ds se
taires,
contentement que pour glorilicr Uiuu un nous? perlecliouneni, quoiiiue leur espùruuco, avec son
348 LETTRES RELATIVES
motif propre, augmcnlo toujours à proportion que .M. DE Meaux. — Cela se peut, selon les idées
leur rliarili^ croit? communes de l'Ecole.
M. i)i: Mkalix. — L'int('r(H pi-oprc, qui csl pris Le désinléi e>scment de la charité consiste à
pour l'csprraiicc iiiônio, ncdimiiuio, pas, mais regarder Uieii comme bonum in se, ce qui dif-
niipmnnic pltilôl par la parfaite cliarili^. fère du bonum mihi, eu quoi on met l'intérêt.
J'nipriétaires cl meici-iutirea sont deux clioscs
AtiT. XIII.
dinércntes.
M. de Cambrai. — .N'esl-il pas vrai que, dans la
Art. IX. vie et (tans l'oraison la plus parfaite, tous les aclef
M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que les drsirs
(ïespcrance et des autres vertus sont unis daiis la
seule charité, en tant qu'elle anime toutes Us autres
et lesdemandes de la Sainte Vierge, de Parid. de
vertus, et en commande
F exercice, Hc, et qu'ainsi
saint Paul et des autres grands saints pour li itr
tous ces actes sont désintéressés?
ou pour leur béatitude, étaient dans re
perfeelion
])ar(n\Ul('sinti'ressement. et que leur espi^rancc, pour M. de Meaux. — Voyez les 3t Articles.
être si (puri''e, n'en était pas moins véritahle, et n'en Dans la seule charité, en tant qu'elle est
avait pasmoinsson motif spérilique, qui est toujours seule celle qui commande les autres, et rien de
n'avait jias voulu dire ;iiilre cliose il aurait parlé Art. XV.
de la vertu cl de son motif autrement qu'il n'a
fait.
M.(/e Cambrai. — .N'est-il pas vrai que quand on
dit,d'un crtté, (juc l;i sainte indifférence n'est que le
Anx. XI. désintéressement de l'amour et de l'autre, que le
;
que le sacrifice ou retranchement du contentement sans intérêt propre ou cupidité même soumise ? Faut-
de cette cupidité? D'où il s'ensuit qu'on peut conti- il désirer moins parfaitement les biens les plus par-
nuer, dans la partie supérieure de l'âme, à désirer et faits ?L'Ecriture qui les promet, et qui en commande
attendre son souverain Wen par un amour ùq cha- le désir nous engage-t-elle à les vouloir d'une ma-
ritépour soi, dans le moment même où la cupidité nière moins pure et moins désintéressée que les évé-
soumise perd tout appui en soi, par la supposition nements de la vie ?
imaginaire, qui se fait dans la partie inférieure, M. DE Meaux. —
C'est bien fait de rapporter à
qu'on est réprouvé. Dieu tout l'amour qu'on a pour soi-même; mais
M. deMeaux. — Le sacrifice de l'intérêt pro- l'amour de la béatitude ne peut être ôté à l'hom-
pre est par tout le livre celui du salut. me, quelque saint qu'il soit.
On ne sait ce que veut dire tout ceci. Que si l'on dit que l'amom' délibéré peut être
Si l'on n'a à sacrifier autre chose que l'a- ôté, j'en conviens, mais on ne voit pas que ce
mour naturel qu'on a volontairement pour soi- soit une chose si rare, ni qu'en cela consiste la
même, le mystère n'en est pas bien grand, perfection.
puisqu'on a toujours tout son bien et tout son Art. XX.
salut.
M. de Cambrai. —N'est-il pas vrai que quand
Art. XVII.
on dit que le Chrétien doit toujours exercer les ver.
M. de Cambrai. — N'est-il pas vrai que si Vinté- tus distinctes par conformité à la volonté de Dieu, on
rêtpropreii'est que cette cupidité soumise, on peut renferme nécessairement dans cette conformité les
dansla vieet dans l'oraison la plus parfaite, ne motifs spécifiques de toutes les vertus, puisqu'ils
désirer plus d'o)-(/maiV(5 les vertus pour son propre leurs sont essentiels, et qu'autrement elles ne seraient
intérêt, c'est-à-dire, pour consoler celte cupidité^ plus ces vertus commandées? Peut-on se conformer
quoiqu'on ne cesse jamais de les désirer pour la à la volonté de Dieu, sans vouloir non-seulement ce
gloire de Dieu en nous, et par un amour de charité qu'il veut, mais encoj'c par /a raison précise pour
pour nous-mêmes? laquelle nous engage à le vouloir avec lui ? En veut-
il
M. DE Meaux. —
L'Ecole ne le définit pas on moins la bonté propre d'une chose, et sa conve-
ainsi. Il faut convenir des notions, et répondi-e nance pour notre dernière tin, quand on veut cette
différemment selon chacune. bonté et cette convenance que pour nous conformer
à la volonté de Dieu, qui, selon saint Thomas, est la
D'ordinaire: ce mot est remarquable.
seule règle suprême par laquelle toutes nos vertus,
. Art. XVIII. loin de perdre leur essence, trouvent leur perfection?
M. de Cambrai. —
N'est-il pas vrai que la cupi- M. DE Meaux. —
Cela est vrai; et c'est pour-
dité soumise est permise à cause de sa soumission à quoi on condamne les expressions de l'auteur,
la charité mais qu'elle n'est pas commandée, et
; qui, parlant autrement, montre qu'il pense au-
qu'elle serait commandée; si elle était ce qui consti- trement aussi.
tue les vertusles plus commandées, telles que l'espé- LETTRE CXXIX.
rance; et qu'ainsi elle ne peut être essentielle au
M. DE R.\NCli A BOSSUET.
motif spécifique qui constitue cette vertu; autrement
Ce 3 juillet 1697.
il faudrait dire que la Sainte Vierge, qui n'agissait
point par cupidité soumise, et qui ne s'aimait que J'ai Monseigneur les copies des deux
reçu , ,
d'un amour de charité, n'a jamais fait un seul acte lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'en-
d'espérance. YO\cr: il .suffit qu'elles ne conticimenl rien que
M. DE Meaux. — La cupidité soumise, c'est-à- vous n'approuviez, pour que je ne me leponle pas
dire, comme l'explique l'auteur, l'amour natu- de les avoir écrites. Dieu a permis qu'elles allas-
rel et délibéré de soi-même, est impcrliiienle sent jilus loin que je ne pensais. 11 est vrai que
à la charité et à l'espérance et d'un genre en- le sujet me toucha d'une manière si vive, que je
J'ai lu el relu la lettre que M. voire neveu vous le bref qu'il a re<,u, est augmentée. 11 ne le
a écrite, avec une consolation (piejene puis montre pourtant pas, et il serait souhaiter que fi
vous exprimer: rien ne nianiiic mieux la dispo- nous en eussions une copie anthentiipie. Ni M. de
sition lie Sa Sainteté pour l'allaire el poui' votre Reims, ni moi, ne l'emporterons sur l'archcvè-
personne. que de Paris ', dont la famille a tout crédit. Ce
n'est pas à moi qu'il convient de se doimcr du
LETTRE CXXX.
mouvement pour les objets <le l'ambition '; ma
BOSSUET A M. UE RANCÉ.
vraie grandeur est de soutenir mon caractère,
A Paris, re 4 juillet 1G97.
d'édilier et de .servir l'Eglise, etc. La parabole
Je Monsieur, que M. l'évéque de Noyoïi
siiis.
ma leçon.
desiiint Luc, chap. xiv, vers. 12, est
vous a écrit sur le sujet du quiétisme, dans le remuant ni insensible.
Je ne dois être ni
des,sein de joindre Notre rép.ui.se à sa Icltrc, et
Le eardin.il de Rouillon.sera toujours le même;
de les faire imprinur cn.siMnhle. Vous savez bien doit tout aux amis de M. de Cambrai dans la
il
les raisons d'éviter celte conjoncture, et il nie
conjoncture présente.
semble que vous n'avez rien à ajouter au senti-
De concert avec M. de Torcy, je parlerai au
ment d'un si grand prélal. La liberté que je roi, alin qu'il permette que ce ministre dise à
prenils est l'elTel de mon zèle pour votre service,
M. le nonce qu'on fera plaisir au roi de vous
et pour votre réputation, ijn'il faut conserver à
accorder l'induit ^.
rEj.çlise. J'espère ne passer pas cet été sins vous
co'ur, si l'on v<)it ime acception de personnes d'une ntdjiu-re vraiment digne do »a mi) .riuntc, et «^ui lui fait au-
tant d'honneur qu'il en aurait reçu de U |<cur|>re ronume. Au ratta,
dans la chaire de s;iint l'ierre, dont je souhaite l'archcrtniue de Parii ao lut pak cne cardinal i celte promstisa;
la gloiie entière, qui est celle de Jesus-Cluist mai» ce lut M, de Cambout de CoUlin, evéquc d'Oriean»
* Pour l'abbaye de Savigny, dont il aiti parle plus haut.
même. ' C« priucc MAl caUioûquo puur pouvuir tire roi de l'uloga*.
, ,
à M. de Cambrai, qui tous ont rapporté que le ralem nostram sollicitudinem, ubi ex litteris
livre et ses explications ne se pouvaient soute-
Majestatis Tuœ, die 26 Julii proxime pra-teriti
nir. Deux évêques, à qui M. de Cambrai avait ad nos dalis, ac eliam ex ore venerabilis fratris
noslri cardinalis Bullonii, qui nobis eas red-
remis les explications, ont répondu comme les
huit docteurs. L'un est M. de Toul: je ne sais didit, quam provido et
perspicue inlellexiuius,
pas le nom de l'autre. Il avait voulu consulter prœstanti zelo ad pei-iculosas, occasione libri a
M. d'Amiens, qui s'est excusé, ne croyant pas venerabili fratre archiepiscopo Cameracensi nu-
pouvoir rien gagner. per in lucem cdili, exortas controversias, con-
Le roi a résolu d'écrire de sa main au Pape tinuo aniinum erexeris; illasque, pro eo quo
touchant cette affaire, afin que Sa Sainteté parle regium tuuui pectus assidue flagrat, incompa-
au plus tôt sur le livre. Il doit demain s'expli- rabili studio iucorrupteatque intègre custo-
quer au nonce, et la lettre partira lundi, auquel diendi in florenlissiuio isto regno eam doctri-
jour M. de Paris M. de Chartres et moi enver-
,
nam, quam de fonlibus Salvaloris haustam a
rons par le nonce noire déclaration sur le livre, romana Ecclesia cœterarum mater et magisira
signée de noire main dont on vous enverra une longe laleque diffundit, ad nostrum et hujus
copie. sanctœ Sedis judiciuiu deferri curaveris, oin-
LETTRE CXXXIll.
nem subinde, pro eorum quœ definienda duxe-
rimus exsecutione, auctorilalis regiœ efficaciam
LE ROI A INNOCENT XII.
prœstiturus. Uueuiadmodum itaque piissimaui,
A Meudoii.ce 26 Juillet 1697.
ac vere Christianissimo rege dignam, curam
Très-saint Père banc tuam pluriuiuui in Domino commenda-
Le livre que l'archevêque de Cambrai a com- mus; ila Majestali Tuœ significamus nos me-
posé ayant depuis quelques mois excité beau- moratum iibruin illustrium theologorum exa-
coup de bruit dans l'Eglise de mon royaume, mini subjecisse, qiiihus siiuiliter trausmissns no-
bis a venerabili fratre archiepiscopo Damasceuo
je l'ai fait examiner par des évoques, et par un
nuntio nostro clarorum aliquot Gailia; anlis-
grand nombre de docteurs et de savants reli- ,
dangereux, et que l'cxplicalion donnée par le hajc onmia latins edisccrct idem nuntius nos-
même archevêque n'était pas soutenable. Il ter, quiegregiam Majestali Tuœ pietatem, per-
cru être obligés en conscience de laire leur Dé- enixe precamur, ac Majestali Tu;o apostoli-
claration sur ce livre et de la mellre entre les cani benedictionein amantissiine im|)ertiinur.
mains de l'archevêque de Damas , nonce de Daluin apud Sanclam Mariam Majorem, die
Votre Sainteté auprès de moi. Ainsi, très-saint 10 Sept. 1G97, auuo pontilicatus ",
Père, pour tcruiiner une afiaire qui pourrait SPINOLA.
avoir des suites très-fAchcuses, si elle n'était LETTRE CXXXV.
arrêtée dans son commciiccmenl, je supplie
BOSSUET A SOiN NEVEU.
humblenient Votre Sainlelé de prononcer le
sera possible sur ce livre, et
\ Paris, ce 'i9. juillet 1697.
plus tôt qu'il lui
sur la doctrine qu'il conlieiit, assurant en même J'ai reçu, par le dernier courrier, vos deux
temps Voire Sainteté (|ue j'emploierai toute lellres, celle du "l et celle du t>.
qui es* arrivé h Lil)oiirne, vous parviendra. \a pour le Pape. Cependant le roi a parlé t^^s-
seconde édition est reiiiiiniiialik- par son addi- piiissainmenl au qui écrit cx)nlormé-
noiire .
L'ordonnance de M. de Heiius' ne fait ici au- roi pour écrire au l'a|ie. Le pauvre M. de Cam-
cun bruit. Je ne me signalerai jias par do sem- brai aura ordre de.se retirer. Le 1'.de la Chaise,
blables actes. C'est h ceux qui remplissent les patron du cardinal de l;oiiillon, ne parait point
grands sièges à parler: pour moi, je me con- dans tout cela ; mais ou lui atli ibiie tout. On
tenterai de faire les clio.ses sans (''clat. croit que celte affaire reculera l'abbé d'Auver-
Je n'ai point reru la lettre que M. le cardinal gne 1,
arrêté entre les deux autres prélats ; car quoi- fureur de M. de Cambrai contre moi est extrê-
qu'on soit d'accord du fond, cliacun ajoute cl me, .sa cabale est terrible, et les artilices qu'elle
diminue counne il l'entend ; de sorte que je no emploie égalent sa fureur ; mais nous avons
puis rien écrire de précis, et que d'ailleurs je pour nous Dieu, la vérité, la bonne intention,
n'aime pas fi écrire en l'air. C'est ce que vous le courage, le de Maintenon, etc. J'ai
roi, M°'"
direz à M. le cardinal. Vous y pourrez ajouter besoin d'attention et de patience. M. le nonce
que M. de Cambrai n'avance pas ces affaires par est bien intentionné |)our moi.
ses procédés il croit tout gagner en
: nie disant Pourquoi n'avezvous pas écrit encore à M. de
sa partie; mais personne n'en veut rien croire. Metz?
On n'est guère content de son osbtiué refus à LETTRE CXXWI.
conférer avec nous, tant que je serai présent.
BOSSUET A M. UE LA BROCE.
Il
y perd lui-niùme beaucoup à agir de celle
manière car j'ai pour lui un fond de bonne
;
A Paris, ce 1" Août 1C97.
intention inaltérable, malgré ses emportements Pour réponse à vos précédentes, le roi et
contre moi. 11 se taille bien des affaires, dont il M"" de Main tenon sont toujours d'accord sur le
sortira très-mal uppaienuneut des deux côtés ; livre de M. de Cambrai. Jen suis content; et
et l'air plaintif et opprimé qu'il se veut donner les évoques qui ont parlé au roi sur le livre doi-
ne plait guère. vent dtiiiner lundi leur Déclaration, pour être
Nous altcMidons toujours votre retour : il n'y envoyée à Rome jiar l'agent du Pape. Le roi
a (juc les clialeurs qui vous puissent relarder. lui a parlé nettement de M. de Cambrai et du
Nous nous portons bien, Dieu merci. livre, fondé sih- l'avis des évêques. Le roi a
J'ajoute suriM. de Cambrai (ju'il ne croit per- écrit an Pape de sa main: tout cela est fait, et
sonne que ceux qui le llattout cela répond à : vous Miyez ce qui reste à faire. M. de Paris fait
une des choses que M. le cardinal de liouillon un peu de peine, mais la patience vient ;\ bout
vous ordonne de m'écrire. Assurez-le de mes de tout. Tout sera fait pour lundi le roi le dé- :
très-humbles respects, el M. le cardinal de Jan- sire. Après cela M. de Paris s'expliquera par
écrirai sur cela plus précisément, lorstpie j'au- M. de Cambrai n"é\ itéra pas le Sainl-Ollice. Je
rai eu le loisir de voir les tlisposilions de la sonliaileraisune autre manière: mais il faut
cour. M. de Paris me retient ici, cl j'y suis oc- lai.sser Rome à s;i mode. Les évêques se
faiie
cupé à rédiger les articles sur le livre de M. de déilareront on n'en vient à tout cela, (pi'après
:
Couibrai, qu'on remettra lundi à M. le nonce a\oir tout tenté M. de Cambrai est inexorable,
el diin orgueil (jiu lait iieiir on n'a rien voulu :
: CcItc ordonnnnct. du 24 mal I6U7. rrgurdaU lu rrK""'''*, cl vous dire ijue les choses ne lussent réglées.
portait i^u'oucun tic serait admis dati^ le diucèso do Hcimt à l'ad- Outre l'examen que nous avons lait, M. de
iniiiiatration des hacrcuicuis, t^ue lortcivi'outro lo certificat do vie et
de inaiini de leurs mii rieurs, lévdiuc dan» lo didcisc du.|iicl ila l'aris, .M de Chartres et moi, connue appelés
auraient fait leur dentier fcojuur leur aurait donni uit tumui^ita^o en témoignage pur M. de Cambrai dans son
aulltetitiquo do la Kogeaio do leur conduite, et du buii usage ija'ill
I
.Naveu du cardinal de Bouillont
titraisiit fait an pouToics qui leur avaient ^ti; conllét.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 353
et l'autre lui
a déclaré son sentiment contraire qu'cn effet il sache bien que le roi n'en veut
au sien. Onlrc cela M. de Paris a donné le livre point entendre parler. Ainsi c'est en quelque
à examiner à huit théologiens sorbonistes et façon contre le roi qu'il proleste. Personne ne
autres, qui, sans aucune communication et sans peut ni no veut rien faire juridiquement contre
se connaître, se sont déclarés contre le livre et lui mais, pour empêcher que nous ne rendions
:
contre les explications que l'auteur leur voulait au Pape même le témoignage de la vérité, au-
donner. Il a pris le ton plaintif et opprimé; mais quel il nous appelle lui-même, rien no le peut
tout cela sera faible, et on découvrira tous ses empêcher et ce n'est pas là prévenir le juge-
;
artifices. Le refus obstiné de conférer qu'il a fait ment du Pape, non plus que les instructions
avec les trois évèques, scandalise les honnêtes que nous donnerons sans aucune marque do
gens, et fait voir qu'il a bien cru qu'on le con- juridiction, pour empêcher l'erreur de gagner.
vaincrait. Vous me faites plaisir de me mander la bonté
et la confiance que M. le cardinal de Bouillon
LETTRE CXXXVn.
vous témoigne. Sur ce que toutes les fois qu'il
BOSSUET A l'abbé RENAUDOT.
m'a parlé ou écrit de l'affaire de M. de Cam-
,Teu(ii matin. brai, il en parlait comme d'une affaire entre
Vous me ferez plaisir. Monsieur, de remercier ce prélat et moi, je l'ai supplié, et même par
Mgr le nonce du soin qu'il prend de m'avertir. une depuis son départ, de ne me point
lettre
Tout serait prêt de ma part; mais le concert faire le tort de me considérer comme partie.
pourra prolonger les affaires de huit jours. J'au- Je n'ai aucune affaire avec M. de Cambrai, que
rai l'honneur, avant lundi, de voir Mgr le celle qu'il a avec tous les évêques et toute l'Eglise
nonce. Je dînerai ici et n'en partirai qu'à cinq par sa mauvaise doctrine. M. le cardinal m'a
heures en attendant, votre visite me sera tou-
:
faitl'honneur de me marquer la réception de
jours fort agréable. la lettre où je lui écrivais cela mais il n'y ré- ;
LETTRE CXXXVIII.
pond rien. Ainsi je vous prie de ne point man-
quer de lui faire faire attention sur le fort qu'il
BOSSUET A SON NEVEU.
me ferait, en représentant cette affaire comme
A Paris, ce 5 août 1697.
une affaire qui m'est personnelle. Au reste, vous
J'ai reçu vos deux lettres; l'une, par
le cour- pouvez dire que je n'ai et que je n'ai jamais eu
rier de M. de Janson; l'autre, de
le cardinal aucun démêlé particulier avec JL de Cambrai,
date antérieure, par l'ordinaire du 16 juillet. à qui j'aifait en tout temps toutes sortes de plai-
La joie qu'on a eue ici de la promotion des sirs, dont j'ai tout le monde et le roi même pour
cardinaux a été très-grande. On a vu la bonne témoins. Gardez pourtant toujours beaucoup de
volonté du Pape pour la Fiance, qui a beaucoup modération sur ce point.
réjoui; et la pcr.sonne de M. le cardinal de Cois- Notre Déclaration sur le livi-e de M. de Cam-
•
pression de M. de Noyon, que tout le monde donnée à M. le nonce pour Home c'est un té- :
avait été fait cardinal. M. Noblet m'a vu ce ma- moignage au Pape de notre doctrine. Les trois
lin; j'ai été longtemps avec lui. Selon ce que je évêques n'ont pu l'aire autre chose tout le clergé :
vois, cette lettre ne trouvera plus son patron ' à se serait tâché, s'ils s'étaient portés pour accu-
Rome. sateurs de M. de Cambrai. En effet, poui(iuoi
M. l'arclievéquc de Cambrai, après avoir re- M. de Paris, M. de Chartres et moi serions nous
fusé tous les |)artis où a\. de Paris avait tâché plutôt ses accusateurs que les autres évêques?
(le le porter pendant trois mois, pour le tirer Ce qui nous donne droit d'agir, c'est que M. de
d'aflaire, a eu ordn; d(> retirer dans son dio- .'ic Cambrai nous ayant appelés en témoignage dans
cèse il partit samedi, lia fait auparavant, entre
: lii préface de son livre, on nous regarderait avec
nullité de tout ce qu'on peut faire contre lui, aussi nous ne pouvons aller au delà d'une dé-
claration de nos scntimenls. Le roi a suppléé à
' Piorro du Cambout d* Caislin, né à Paris on 10.16, nommi •'vt-
tout en demandant un Pape un jugeiiiciil. Je
qiic d'Orli niiH en ICOO, fut fait cardiiinl lo 2Ï Juiliot IC'JT. 11 moimit
Ir 5 frviiiT 170<; (ICdil. Je l',rt.) vous enverrai notre Déclaration par le pinchaiii
' 1- rni'l.ii;.! .1.- .Iuiiwmi.
' 1-'lli< .nu trouva ci.dossiiR, pn^'. U rt fiiiiv
IJ. l'oM. VL 2a
8^1 LETTRES HEI.ATIVES
ordinaire : je joindrai de temps en lenips d'au- explications, sur lesquelles vous rere^TCz bientôt
tres nit'inoires. Kiilcndez bien la iiroct'dure. un Mémoire fort instructif. Il se fonde beaucoup
M"" de .Mainicnon m'écrit qu'il faut que vous sur saint François de Sales. Outre ce que vous
et M. riielippcaux sou-/ alliiilirs. Il faut parler en verrez dans mon vous recevrez aussi
livre,
avec moiléiation, eommej'ai marqué par mes un Mémoire où il sera démontré
qu'il en a tron-
précédentes. qué, altéré, et pris à contre-sens huit ou dix
J'attendrai l'écrit que vous me promettez de pas.sages capitaux.
M. IMielippeaux '. Je crains que la tète du F»apc J'ai parlé de vous faire demeurer h Rome
ne soit pas fort bomie. J'étudierai la matière avec M. Pheli|ipeaux le roi l'a fort approuvé,
:
' Cotaient dci remarques sur 1* Uti» d« M. do C«mbr»i, qu 11 de mon livre va à Rome. Si je niesuis
l'alTaire
•nToya dam la nuits à UjMuet.
' M. Delptiini, uonco en France, qui devint cardinal en 1C99 trompé, rautoiilé du Saint-Siège me détrom-
croyait atoir «ujet de te plaindre du cardinal de Uoulllon,
qui, se^ pera et c'est ce que je cherche avec un cœur
;
Ion lui, naTalt paa ai«c» fortement «ollirité a* promotion.
Il pré-
tendait qu ayant témoigné dcpui» le commencement do sa
noncia-
ture beaucoup d attachement pour la France le cardinal de
Uoull- Ces trois cardinaux sont Catanate, Noris ot d'AguIrre Bosnwt
lon ne deTait paa aoullrir que la chapeau qu'il pensait
m*rlt«r fût 4talt la relationarec eux, mais la plupart des letim qu'il leur écri»
donné* M. Grlmanl. vénitien comme lui, et que le cardinal de Tait nnui manquent, et nos recherches ni nos iollicitaiians n'ont pa
BduiIIuu raTorlsait, quoiqu II fOt entièrement dani les intéii/ii
do nons les procurer.
reniperciir, et ennemi de la France, l.e Cardinal Grimul
fut d»- ' Il y arriTa la 13 teptembr* 1697.
|iun> ïico-iol de Napicr.
> C'et.iit unrccl^slaktique nommé La Trenpcri*.
» »<•,. celte lettre i la suite de cdlc-u. * M. te duc de Ikauvllliera
A L'AFFAmE DU QUIÉTISME. 355
docile et soumis : si je me suis mal expliqué, on tion, n'étant qu'habituel et point invariable.
réformera mes expressions si la malière paraît : Dieu sait que jamais voulu enseigner
je n'ai
mériter une explication plus étendue, je la ferai rien qui passe ces bornes. C'est pourquoi j'ai
avec joie par des additions si mon livre n'ex- : dit, en parlant du pur amour, qui est la charité
prime qu'une doctrine pure, j'aurai la conso- en tant qu'elle anime et commande toutes les
lation de savoir précisément ce qu'on doit croire, autres vertus dislinctes : Quiconque n'admetnen
et ce qu'on doit rejeter. Dans ce cas môme, je au delà, est dans
bornes de la tradition : qui-
les
ne laisserais pas de faire tontes les additions qui, conque passse cette borne, est déjà égaré '.
sans affaiblir la vérité, pourraient éclaircir et édi- Je ne crois pas qu'il y ait aucun danger que
fier les lectears les plus faciles à s'alarmer. Mais le Saint-Siège condamne jamais une doctrine
enfin. Monsieur, Pape condamne mon livre,
si le si autorisée pnr les Pères, |!ar les écoles de théo-
je serai, s'il premier à le con-
plait à Dieu, le logie, et par tant de grands saints quel'EgUse ro-
damner, et à faire un mandement pour en dé- maine a canonisés, t'our les expressions de mon
fendre la lecture dans le diocèse de Cambrai. Je livre, si elles peuvent nuire à la vérité faute
demanderai seulementauPapequ'il ailla bonté d'être correctes, je les abandonne au jugement
de me marquer précisément les endroits qu'il con- de mon
supérieur et je serais bien fâché de
;
damne, et les sens sur lesquels porte sa condam- troubler la paix de l'Eglise, s'il ne s'agissait que
nation; afin que ma souscription soit sans res- de l'intérêt de ma personne et de mon livre.
triction, et que je ne coure aucun risque de dé- Voilà mes
sentiments. Monsieur. Je pars pour
fendre ni d'excuser, ni de tolérer le sens con- Cambrai, ayant sacrifié ù Dieu tout ce que je
damné. Avec Dieu me
ces dispositions que puis lui sacrifier là-dessus. Souffrez que je vous
donne, je suis en paix, et je n'ai qu'à attendre exhorte à entrer dans le même esprit. Je n'ai
la décision de mon supérieur, en qui je recon- rien ménagé d'humain et de temporel pour la
nais l'autorité de Jésus-Christ. Il ne faut défen- docti'ine que j'ai crue véritable. Je ne laisse
dre l'amour désintéressé qu'avec un sincère dé- ignorer au Pape aucune des raisons qui peuvent
sintéressement. Il ne s'agit pas ici du point appuyer cette doctrine. En voilà assez c'est à :
d'honneur, ni de l'opinion du monde, ni de Dieu à faire le reste, si c'est sa cause que j'ai
l'humiliation profonde que la nature doit crain- défendue. Ne regardons ni l'intention des hom-
dre d'un mauvais succès. J'agis, ce me semble, mes, ni leurs procédés c'est Dieu seul qu'il
:
silence et par mon respect, d'apaiser ceux d'en- nous en avons besoin, et souffrons la correction,
tre mes confrères dont le zèle s'est animé con- quaiul même nous ne la mériterions pas.
tre moi en m'imputant une doctrine dont je Pour vous, Monsieur, vous ne devez avoir en
n'ai pas moins d'horreur qu'eux, et que j'ai tou- pailageque le silence, la soumission et la prière.
jours détestée. Peut-être me rendront-ils justice, Priez pour moi dans un si pressant besoin priez ;
Dieu par le pur inolif par lequel ou avait jus- fusé la libertéde .s'expliquer, proteste de sa sou-
qu'ici souliaiir- que les pécheurs revinssent de mi.ssion en termes fort simples et forts clairs,
leur ('•garruieut, je veux dire la boulé de Dieu est prêt i'i soutenir devant le l'ape qu'il n'a rien
infiniment aimable. Je sais (ju'on abuse du pur ditde contraire aux Articles d'hsi/ : s'W n'a pas
amour et de l'abandiiu. Je sais que des liypiuri- envoyé .son livre lalin, c'est que le roi lui a té-
tes, sous de si beaux noms, renversent l'Kvan- moi^'iié qu'il valait mieux traiter h l'amiable :
remèdes est de vouloir détruire les choses par- ri^jinal de protestation, et d'en envoyer une
faites, pour empêcher (ju'on n'eu abuse. Dieu y copie au l'ape.
saura mieux pounoir que les honuucs lliuni- On lui a si peu refusé de s'expliquer, que
lions-nous, taisons-nous; au lieu déraisonner nous avons, en seize gros cahiers, ses explica-
sur l'oraison, songeons à la faire. C'est en la tions. Elles ne sont ni bonnes en elles-mêmes,
ni conlormes au texte il répond sur la plupart
faisant que nous la défendrons; c'est dans le si- ;
lence que sera notre force. des difficultés qu'on lui a faites, et ce n'est
Va. archevêque, duc de Cambrai. qu'illusion. Il ne manquera pas de les ajuster,
et même d'en envoyer d'autres à quoi il faut :
LETTRE CXLL dra être attentif, aussi bien qu'à son Ordon-
BOSSUET A SON NEVEU. nance ou lettre pastorale explicatoire, qu'on dit
A Germigny, ce 18 août 1697. toujours qu'il prépare et (pi'il pourra bien en-
voyer à Ilome sans la publier sur les lieux.
reçn votre lettre du 30 jnillet. Vons au-
J'ai
il y a une affectation à m'altaipier seul, pen-
rez reçu présent mes lettres aux trois cardi-
l'i
unt Ullit dr M. i'a'chtrf'iut de Cambrai. Noui rovoM donnée au far giiidizio dalli primidiie libri, quello ehe sarft
Toltimi ï.rffôdent,
lutto il resto dell'opera, colm.i di erudizionc e
>Cctl« piica oit Intitulée Symma dictrina HMati liltilus • Ex- :
plication des MaximoH dot Saints. Kilo cat Imprimée en latin et pieta, veramenle in lulo degiia e [iropria délia
en rr>ii;ais, au tnme T. siia grau virlù. Uiianto bramerei |iolergli signi-
>Ce canliu.il avait ilé disciple do Molinoi. li en .sera parli plu-
tiaufb lois dans la suila. ficare il viva voce i miei sensi délia stima cosi
,
partîcolare, che conscrvo al suo merito, di che faite M. de Meaux vous prie de ne point don-
:
pno farne qualche testimonianza il sud. signor ner copie de cette dernière, ni d'en dire l'au-
ahbate, à cui ebbi jeri l'onore di condurre meco teur. L'opiniâtreté est aussi grande qu'elle peut
in carozza, per ainmii'are nella conversazione être de part de M. de Cambrai. Non-seule-
la
in suo gran talento e virtù, degno seguace e ne- ment M. l'archevêque de Paris n'y a rien gagné;
pote di un tanto prelato, corne Vostra Signoria ni M. l'évêque de Chartres, ni plusieurs qui
illustrissima, alla quale rassegnando, con l'in- s'en sont mêlés; mais il persiste avec hauteur
tinio deli' animoi niiei plu fervorosi rispetli, che dans son sentiment, quoique M. le nonce lui ait
desidero vengano esercilati dalla di Ici genti- dit que s'il ne satisfaisait pas les évêques de
lezza con in favore di molli suoi preglatissimi France, très-certainement il sera condamné à
commandi, resto con baciaie a Vostra Signoria Rome. M. de Paris doit écrire sur cette affaire;
illustrissima le mani. et M. de Meaux attend ce qu'il aura donné au
n'ai jamais eu le dessein de les divulguer et, ; si peu lui, que sur
le bruit de ces lettres vous
après tout , c'est l'effet d'une particulière per- lui en aviez demandé une copie, et qu'ainsi on
mission de Dieu. Oui, Dieu voulait que vous par- ne pouvait vous accuser en rien. Ensuite il dit
Peut-être veut-il encore que vous sou-
lassiez. à ces prélats (M. de Bayeux en était un) que
teniez votre sentiment de raisons. Faites-le puisque M. de Cambrai vantait tant les expé-
Monsieur, si Dieu vous en donne le mouvement, riences comme nécessaires pour juger sur les
et envoyez-moi votre écrit. J'en ferai l'usage que états d'oraison, on ne pouvait rejeter votre sen-
Dieu veut, et je ne cacherai pas !a lumière sous timent, vous qui, outre une science profonde,
le boisseau. Si une lettre de M. de Cambrai, qui avez l'expérience de tant de saints que vous avez
a couru dans le monde sur sa retraite, vient à conduits pendant plus de trente années. Je crois
vous, vous y sentirez sans doute, aussi bien que qu'il vous mande qu'il approuve fort que vous
moi, un très-mauvais caractère ; mais Dieu y écriviez sur celle matière mais il m'a dit de
:
mettra la main, et j'espère qu'à cette occasion la vous mander de lui moidrer ce que vous aurez
fausse spiritualité sera découverte. Je suis à vous, écrit avant de le (aire voir, parce qu'il y a des
Monsiem", de tout mon cœur. faits que vous ne pouvez bien savoir par le pu-
Rien ne m'empêchera, s'il plaît h Dieu , de blic, sur lesquels il vous avertirait. Il fera ce
vous aller voir que la conjoncture des affaires.
, qu'il pourra pour vous aller voir; ce qui me
Si j'ai huit jours de ii!)res, je ne manquerai pas parait incertain, parce qu'il ne veut pas s'écar-
d'en profiter, et je l'espèie. ter à cause du mouvement présent où sont les
m'avait engagé de vousdiio; sur quoi il m'a ré- prends quehjue chose de plus sur cotte aflairc,
tondu que depuis la lettre que M. de Cambrai je l'ajouterai à cette lettre avant que de l'en-
^ donnée au pul)lic sous le nom d'im atiii,
il n'y voyer à la poste. Je suis avec tout rallacheuient
avait plus guère de méuagcMueuls à garder, et possible, et en quoi que ce soit, Monsieur, plus
(juedepuis celle lettre il ciiangeait de manière à vous que personne du monde.
de parler. La voici avec une réponse qui y a été L'abbé Berrier.
3ô8 LETTRES RELATIVES
inuntcr en carossc pi)ur aller à l'aris y chauler pure question d'école et c'esl pourquoi je m'at-
;
le Te Di'um pour la prise tic Barcelone; mais tache, comme vous verrez, à démêler ce qui est
je lus (juehiue lemps avec M. l'abbé de Beau- d'opinion dont on dispute, et ce qui e.st de la foi
fort, qui lui prcseiil à toutes les conléreuces de où l'on esl d'accord, liciiilez-vous atlentil, vous
M. rarcbe\i}(iue de l'aris avec M. de Cambrai. 11 et M. Phelippeaux, à ce point, qui est capital en
me dit «pie celui-ci eu avait très- mal usé avec cette affaire.
M. de Paris, pour ne pas dire qu'ilTavail mal- Il importe aussi beaucoup de bien établir que,
traité; que le p.irli était fort (pic l'iiiiversilé de ;
qiiahd les explications de .M de Cambrai seraient .
Louvaiii était divisée; (pi'il j avait des évè(pies bonnes en elles-mêmes, ce qui n'est pas, c'est
eu Krance (pii M'usaicul parler, mais qui, dans le livre (pii fera le mal, et c'csl le livre qu'il
bien vu ipie l'on se repeiit pies(|ue de la con- J ajoute au Mémoire latin un Mémoire fran-
deseeiidaiicc <pie l'on a eue pour lui, ne s'élant (;ais', sur saint Franc.ois de Sales, parce que
servi de ce lemps que pour i^rossir son parti. ro|iinioii qu'on aurait ipie ce saint serait iiii-
M. l'arclievéque de l'aris est resté enferme à pli(pié dans cette cause retiendrait avec raison;
Conflans toute cette .semaine, et je crois que (.'a au lieu qu'en voyant (pie M. de Cambrai en abuse
été pour écrire sur cette alTaire, dont à présent justpi'à l'excès, ce que ce Mémoire fait paraître,
on va presser le jugement à Bome. Je lui ai dit cela donne de la confiance, et même une jiislc
une partie de ce (jue vous m'avez dit, lorscpu- indignation contre celui qui abuse de l'autorité
j'ai eu l'Iionneur de vous voir. Vos senlimenls de ce sailli.
plaisent à tous les gens de bien, et d'autant i)lus Au une lettre qu'on
surplus, je joins encore
aux que M. de Cambrai objectant tou-
prélats, |)ublie sous le nom
de M. l'abbé de Chanterac',
jours les expériences, on lui objecte les vôtres, parent et grand vicaire de M. de Cambrai. Celle
sans doute |)lus exactes aussi bien que plus éle- lettre, avec celle de M. de Cambrai, (pie vous
vées que les siennes, soit par rapjjorl à vous, devez avoir reçue, fait coniiaiti c le caractère de
soit par rapport au grand nombre de saints reli- ces esprits. Obsencz princi[>alemenl, après les
gieux que vous conduisez de|)uis si longtemps. grandes louangesqu'on donne à .M. de Cambrai,
Ainsi ce (pic vous écrirez leur fera un aussi en le représentant comme un saint, et comme
grand plaisir, qu'il sera de grand poids. un esprit au-dessus des autres, de (jiielle sorle
on conclut, cl de ipielle manière on allecte de le
LETTRE CXLV. relever, en i>ailaiit de lui comme lcsa|)Otrcs ont
BOSSUET A SON Nt:VEU. parlé de Notre-Seigneiir.
A Juilly, et 26 août 1697.
On de tout cela pour in-
se servira peut-être
reçu votre lettre du 2(> juillet. Je vous en-
J'ai timider cour de B(une; et je sais en particu-
la
voie ce (pie je vous avais promis par l'ordiiiaiie lier (pie c'est l'esprit de M. le cardinal de Bouil-
précédenl. Il a fallu joindrecet éclaiicissemeul ', lon; mais il n'y a rien à craindre le livre ne :
et cette conlirmation à notre Dcclaratioii, qui trouvera ici aucun approbateur dès la première :
devait être plus .sonimaire ; et y ajouter ce (Uii apparence de condamnation, le prélat demeu-
regardait on M. de Cambrai voulait inelire
l'iiat
rera abandonné, et n'osera souffler hii-même.
|a (jiiestion et (pielqiic clio.se en général sur ses La cour esl ferme pour la vérité, et ne sera point
explications (pie nous avons enlrc les mains, ébranlée.
mais auxquelles nous ne savons pas s'il veut se Il est vrai que les Jésuites remuent beaucoup
tenir. ici, et remueront .siins doute à Rome mais leur ;
Je ne de vous en-
laisserai pas h tout liasard pouvoir esl petit. Us atVecteut de soutenir (le^
voyer qiiebpies remanpiesî sur cet ouvrage, thès(\s amour, (jui ne font rien dan
sur le |»ur
pour vous seulement, aliii ipie vous vous en ser- le fond, mais (pii donnent néanmoins dans la
viez dans le besoin. conjoncture un air d'approbation la doctrine il
La pièce latine est fort imporlante. Hemar- suspecte. On fera ici ce (ju'il faudra.
• Cul-A.dirc, U auHiM docUiiUÊ, «U., «t Ik UtUt d'un dotltur N'oubliez pas, par parenthèse, d'écrire an P.
'
•te.
de la Chaise sur la mort de M. le comte delà
' Ca ramtrquci, (|Ug BoMutl trait d'abord rnttet par acn nartu
*«ul, forant antuile rcfun lues par l'autour, cl donnéai au pulillc C«t «cril fut publia dana le temps sou» ce litre : Troinim» Mril
'
Chaise son frère, et sur la charge donnée à son sion, comme avec un homme de condition,
neveu, avec cent mille écus de retenue ce que ; sans faire de votre côté aucune avance, puis*
le roi a fait avec toute sorte de démonstra- qu'il vous est inconnu.
tion d'estime et de considération pour ce Père. Pour cardinal Peh'ucci, c'est un homme
le
Tenez pour certain qu'il n'en sera pas pour qu'on n'a aucune obligation de cultiver il ne :
cela plus écouté dans cette affaire. faut ni le mépriser, nien faire cas.
Pour entrer un peu dans le fond de ce qu'on Vous serez plus embarrassé avec M. le car-
peut faire, Rome peut prononcer ou par une dinal de Bouillon vous pouvez lui faire con-
:
rendre attentif à tout jusqu'aux moindres cho- propos, à la pièce dont je vous envoie la mi-
ses tout est de conséquence en ces matières
: :
nute, une copie plus lisible pour le cardinal
c'est là votre principale fonction. Il n'est plus Spada. Dans la suite, quand il sera à propos,
question de ménager autrement M. de Cam- vous donnerez des copies à MM. les cardinaux
brai, qu'en n'en parlant qu'autant qu'il sera Casanatc, d'Aguirre, Noris, Colloredo, Albano,
nécessaire. Ferrari, Pansiatico, en les assurant de mes res-
Vous aurez, en voyant M. le cardinal Spada, pects particuliers. Il faudra, je crois alors, que
à lui expliquer les motifs des deux écrits que M. le cardinal de Bouillon en ait des premiers :
vous lui rendrez pour les mettre aux pieds du tout est remis à votre prudence. Surtout veil-
Pape, et à me préparer une favorable attention lez à nous envoyer les pièces et explications
sur tout ce que je pourrai envoyer par rapport qu'on donnera.
aux dispositions des esprits. Les Jésuites nous chicanent par leurs thèses
Insinuez, à qui et quand vous le jugerez fi sur le pur amour, non pour éclaircir la ma-
propos, qu'il sera utile, pour préparer la voie tière, comme vous l'entendez bien, mais ex-
à la décision, de faire paraître des r-iits forts, près pour brouiller. Ils en avaient fait une con-
où l'on instruise les peuples de l'importance de tre le Pape, qui disait tout. Ne voulant point de
la chose, en marquant toujours le respect con- bruit, je l'ai empochée on les arrêtera par
:
Vous n'avez rien à faire avec M. l'abbé de Il est vrai, Madame, comme M. de Cundom
Chanlcrac, que d'user de civilité dans l'occa- vous l'a dit, que M. rarche\è(|ne de Cambrai
3iiO LETTRES RELATIVES
rct»! la iioinellcdi' l'oriibrascmcnt de son pa- Les Pères Jésuilesjugcnt bien autrement de ce
lais avec loiiIflatiaïKjuillilL'qu'iiiic vertu solide livre : ils l'approuvent, ils le louent, ils iedi-ten-
Il me rt''|i'jutiil sinipleiiienl ià-ilessus (jn'iUaliail piété distinguée. Tous ceux qui l'ont lu en ce
ioujoiirs aimer la volunté do iJieu, et cpie nous pays admirent l'élévalioii et l'étendue du génie
le devions nn'ine lenieicier de ce qu'il avait de l'auteur, la beauté et la félicilé de ses ex-
lait son bon Sa piété est sineère, cl je
plaisir. pressions simples et sublimes, lévidence, la
trois (|u'on ne peut guère trouver une person- précision, la solidité de ses maximes et de sa
ne dont le cœur soit plus rempli des vérités de doctrine, jointes à un mépris .sincère de tout
sa rcli;iion il s'en trouverait encore moins
: son esprit naturel, et une docilité d'enfant à
dont l'esprit soit cajjable de les pénétrer si pro- l'autorité et aux décisions de l'Eglise.
fondément. Peut-être est-ce la seule cause du Voilà, Madame, ce qui a toujours été incom-
grand bruit que son livre a lait à l'aris, et qui patible avec la moindre erreur,
qui fera tou- et
retentit, me dites-vous, ju.scpi'à Bordeaux. Il jours le caractère des saints et des vrais doc-
n'e.st i)as donné à tout le monde de connaître teurs de l'Eglise. Quoique M. de Cambrai dise
les mystères ; et Jésus-Christ parlait bien diiré- des cho.ses liès-relevées, et que peu de person-
rennnenl à ses apôtres, et au reste des trDupes nes soient eapablesde le suivre de prèsdanscettc
qui venaient avec plus de zèle pour entendre sa grande élévation, on comprend bien néanmoins
doctrine. qu'il voit plus clair que les autres les vérités de
Je ne m'étonnerai point que cc,li\Tc ail le mê- la religion qu'il les goûte, qu'il les aime, et
;
portée du commun des Chrétiens, et si peu à Nous, Madame, (jui connaissons la vérité dès
l'usage de beaucoup de savants dont le cœur le comuicncement, nous pouvons rendre témoi-
desséché, comme dit sainte Thérèse, par des gnage de ce que nous avons entendu, de ce que
études stériles, ne s'ouvre point à la rosée du nous avons vu, de ce (jue nous touchons au
ciel, et ne se laisse point pénéln-r à l'onction de doigt et ce témoignage est sincère, aussi Lieu
;
Jésus-Christ. Il est vrai, c'est un mal etune trop que l'assurance que je fais ici à M. de Ponthac
grandeprésomption, quêtant de gens, qui n'ont et h vous, que je vous honore toujours, à Cam-
point de science des saints, osent se rendre ju- brai comme à Bordeaux, avec le même res-
ges des mystères les plus cachés de la parlailc pect.
charité: ce n'est pas moi qui dis qu'ils blasphè- G. DE Chamterac.
ment ce qu'ils ignorent. LETTRE CXLVII.
Les écrits de sainte Tliérè.se, du bienheureux BOSSUET A se» NEVEU.
Jean de la Croix et de saint François de Sales A Ccrmigny, ce 2 sept. 1G97.
sez d'attention (|ue la plénitude du Saint-Esprit tion des choses. M. le nonce est venu chez moi,
parait une ivresse aux yeux du monde, et que pour me la montrer: on la donnera au roi, et
la folii-, don! saint l'aid lire toute sa gloire, est je la verrai.
une profonde sagesse devant Dieu. On a nouvelle d'.Vvignon de M. le cardinal de
Il n'est |)as possible, Madame, qu'une per- Janson, ipii sera le fi à Paris.
sonne sans prévention puisse dire que ce livre fa- On qu'on vendra toutes les charges de ia
dit
vorise les (piiètistes. Je vous as.sure qu'il les con- maison de M ""' de Bourgogne, et que celle de
damne avec i>lus de sévérité qu'il ne parait dans premier aumônier sera de cent vingt mille li-
la censure de Rome contre les soixanle-(piatre vres que je ne donnerai pas.
propositions; et vous verrez que ce méchant pré- Je vous envoie mes (pialitications sur les pro-
cxte découvrira bientôt l'injusUce et les motifs positions extraites du livre de M. de Cambrai ;
secrets des premiers auteurs de ce grand éi lai. l'usage eu est marqué dans la |iage suivante.
A L'AFFAIRE DU QUIÊTISME. 361
Vous observerez M***, qui est un homme tement, aux décisions de l'Eglise, ou à la sainte
fort ignorant et non moins impertinent. Le dis- Ecriture. Pour peu ou de
qu'il y ait d'obscurité
cours qu'il a tenu sur les livres de M. de Cam- besoin de raisonner, on s'en tient à la qualifi-
bi'ai et les miens, est le même
que celui que M. cation d'erroné, qu'il faut prendre dans le moin-
de Cambrai répandait pour amuser. On
ici dre doute, plutôt que l'autre, qui demande une
s'en est moqué, et il en faut faire de môme. évidence absolue. Il y a là bien de l'arbitraire
Les lettres de Rome font connaître qu'on etdu dégoût; mais ce qu'il y a de certain, c'est
y sait que le roi a écrit au Pape sur M. de que l'erroné suffit presque toujours en cette
Eambrai. occasion.
Si ce n'était jeudi mon synode, je meren-
LETTRE CXLVIII.
drais à Paris, pour voir M. le cardinal de Janson.
Je n'y serai que lundi. l'abbé PHELIPPEAUX A BOSSUET.
Il faut laisser procéder les députés, pour A Rome, ce 3 sept. 1G9?.
étant juste qu'ils fassent la loi plutôt que de la par laquelle vous me marquez souhaiter que je
recevoir. reste à Rome dans conjoncture présente j'en
la :
Ce qui sera le plus facile sera une condam- vois assez la nécessité. Il faut se soumettre aux
nation en général, sans rien spécifier ; et après ordres de la Providence; trop heureux si je
cela, une condamnation par un respective, soit puis servir à la défense de la vérité, et vous
à l'Inquisition, soit dans une bulle comme celle marquer en cette occasion mon attachement in-
de Molinos. Il faut seulement représenter à violable à vos intérêts.
quelques personnes affidées, qui sachent le dii'e J'ai reçu votre Déclaration avec une autre ex-
à propos, tant pour le lieu que pour le temps, plication, et la lettre française de M. Cambrai.
que comme c'est à la France qu'on veut pro- J'espère qu'avec ces secours, et les autres que
fiter, il serait à désirer qu'on fit des choses que vous nous faites espérer, on mettra la vérité
la France puisse recevoir directement et sans dans une telle évidence, qu'elle sera reconnue
réserve. de tout le inonde. J'étudie sérieusement la ma-
11bien prendre garde de ne faire en-
faut tière, et je crois que je pourrai dans la suite
ou de difficile. De quel-
visager rien de pénible faire mémoire, dans lequel je donnerai plus
que façon qu'on prononce, M. de Cambrai d'étendue aux articles remarqués dans la Décla-
demeurera seul de son parti, et n'osera ré- ration, et j'en ferai voir la fausseté pai' les prin-
sister. cipes que je tirerai de votre livre. Car il faut
On croit que dont je vous ai en-
ses lettres, nécessairement instruire les examinateurs, et
voyé copie, tendent à faire peur à Rome, et à même les cardinaux, dans des choses si méta-
lui faire craindre de s'engager dans une grande physiques et qu'on ne manquera pas d'embrouil-
affaire. Prenez le contre-pied, et montrez que, ler et de déguiser autant qu'on le pourra. 11 sera
quoi qu'on fasse, il n'y a rien à craindre d'un bon de m'envoyer quelque explication sur le
honune qui ne peut rien. Il est regardé dans trente-troisième Article, où l'on prélondra trou-
son diocèse comme un hérétique ; et dès qu'on ver la même doctrine que dans M. de Cambrai ;
verra quelque chose de Rome, dans Cambrai 20 sur l'essence de la charité, pour ne tomber
surtout et dans les Pays-Ras, tout sera soulevé pasdansla question purement scolastique; 3» sur
contre lui. ce qu'il dit qu'il n'exclut pas l'amour et le désir
Quoique je présume bien qu'on aura peine à de la félicité comme volonté de Dieu, mais seu-
entrer dans les qualifications particulières, et lement comme bonheur de l'homme; en quoi
qu'on ne jugera pas le démêlé assez imporlant il s'appuiera sur votre livre. Je sais ce que vous
pour demander une bulle, j'envoie cependant y répondrez; mais je crois qu'il faut bien expli-
mes qualifications •, qui vous serviront, en quer ces trois choses. Je tâcherai de profiler de
tout cas, d'instruction, ainsi qu'à M. Phclip- vos lumières, et n'épargnerai rien pour laire
peaux. triompher la vérité. Je ne doute guère du suc-
La difiérence d'hérétique
et d'erroné ne vous cès, (|iu'lque cfl'ort qu'on fasse de la part de M.
est pas inconnue. Iléroli(iue est ce qui est con- de Cambrai.
traire expressément, en termes clairs et dircc- Je vous ai mandé dans ma dernière, que je ne
^oiis nionl de grandes oblipalions. Il tient le sonne et pour le Saint-Sièffe. Cette lettre a pro-
nie me iMiigant"'!'"^ les Jésuites, entre a litres le duit d'abord tout le bon effet qu'on en pouvait
1'. (icntel, Français cl pénitencier de Saint- attendre elle a avance l'examen de l'aflaire de
:
Pierre, qui dit (|uc le livre de iM.de Cambrai plus de six mois. Vous savez quels sont les sept
est admirable qu'il aura la
;
fortune des bons examinateurs nommes. Le Pape leur a parlé
livres, (|uisontconibaltus dans les conimencc- à tous, leur recommandant de ne rien faire et
ments, mais qui, victorieux dans la suite, de- de ne rien dire qui |n"it les rendre suspects il ;
vait pas se mêler, pour son lionneur, de cette les propositions particulières qu'on extraira.
affaire et on m'a assuré que ces discours
;
La Dcclaration des trois cvêqiies éclaircira
avaient bien ralenti son ardeur. beaucou|) celte manière, fort obscure parelle-
Il vient ici plusieurs Jésuites de Flandre, mèmeelencore plusembrouilléedans le livre
entre autres le confesseur de l'arclievèque dont il est question. C'était ce qui faisait le
de Malines, et un autre pour défendre Pape- plus de peine aux cardinaux et aux examina-
brock, dont on examine quebiues œuvres qui, teurs mais on y a bien pourvu. Celle Décla-
;
selon la relation des examinateurs, pourront ration est nette, précise et courte elle donne :
Je doute fort i|ue le livre du P. Dez passe. par cette suite de proi)ositions qui font voir
J'en ai demandé des nouvelles à une personne tout l'esprit du livre, et elle produira un très-
qui pouvait m'en dire sûrement, et elle m'a bon accourcira la matière.
effet et
Augustin. Ces Pères ne peuvent pas agir ici cette doctrine. Elle est publique ici on l'a fait :
Je vous ai envoyé le nom des examinateurs remaïquable on voit son but, les apologies et
:
du livre de M. de Cambrai. On n'a jioi.Mt de les excuses qui se [irepare on aperçoit surtout :
nouvelle de l'arrivée de son grand vicaire : que le silence auquel il se dispose en cas de
on l'attend pour avoir les Mémoires (ju'il doit malheur, sera comme son dernier refuge. Je ne
communiquer. Je vois que l'atlaire tirera en crois jias que l'air |)laintif et opprimé qu'il veut
longueur, et nous voilà restés a Home du se donner lui serve de rien; car on sait déjà ici
moins jiour tout l'Iiiver, où nous n'aurons pas les ménagements qu'on a eus pour lui en toute
grand contentement du nouveau ministère. façon avec quelle douceur et quelle charité
,
On parle même de s'en retourner en France on l'a traité. Le cardinal Casanate m'a assuré
au printemps si l'indisposition continue
,
: qu'on approuvait fort que le roi ne lui ait
c'est la meilleure chose qu'on pourrait faire. pas permis de venir à Rome. On attend les
Jo suis avec un profond respect, etc. personnes instruites qu'il envoie pour tra-
vailler à sa justification il faut : compter que
LETTRE CXLIX. ses amis ne s'oublient point.
l'ABDÉ BOSSIET A SON ONCtE. On veut ici (je dis toute la cour) que les Jé-
A llomc, co 3 septembre 1097. suites soutieniientsous main celivrc j'ai bien :
M. de Cambrai ne saurait éviter la condamna- ses démarches, surtout des explications qu'il
tion mais il y aura bien des tortillemenls et
;
pourrait porter. J'ai répondu à ce que j'ai pu
des chicanes aussitôt que le grand vicaire sera
: prévoir si vous pouvez les avoir, il faudra me
:
arrivé, il aura un espion, et nous serons ins- les envoyer aussitùt-; je donnerai toutes sortes
truits. Le cardinal Petrucci court ici chez les d'éclaliclssemeuts. Ce monsieur lâchera d'em-
moines, pour leur donner une grande idée de brouiller, et c'est tout ce qu'il pourra luire. Sa
M. de Cambrai c'est un bavard qui né sait
: lettre, dont je vous ai envoyé copie, fera con-
rien, un emporté. Vous ne saurez croire com- naître le caractère de son esprit, qu'on dit assez
bien il est important que le nonce continue à de même genre que celui de M. de Cambrai,
bien laire. sinon qu'il est moms aigu et aussi plus solide.
LETTRE CL.
Vous voyez comme il est livré.
Voilà encore une lettre qu'on vient de pu-
BOSSUET A M. DE LA BROUE.
blier M. de Cambrai ré[)ète ce qu'il avait déjà
1.
A Germigny, ce 3 sept. 1697.
dit à tout le monde, qu'on était d'accord sur le
J'ai reçu votre
lettre, Monseigneur, du 23 fond des choses; ce qui n'est pas vrai. Vous
d'août. Je ne puis vous rien dire de nouveau avez vu dans les écrits précédents ce qu'on
n'ayant encore rien appris du côté de Rome, pense de ses explications.
depuis l'exécution des choses dont vous avez su Le roi a été bien aise de voir la diligence
le projet. M. de Cambrai est chez lui, et il passe qu'on fait à Rome, et le caractère des examina-
pour constant que c'est par ordre du roi. Je ne teurs que vous marquez.
sais quel changement il arriva du côté de la Toutes les personnes de Rome qui ont ici
maison des princes. Il n'a pas tenu à mon té- correspondance écrivent en conformité.
moignage que M. l'abbé de Catelan ne fût as- On vous envoie la Déclaration des trois évc-
suré, et, en effet, je ne vois aucune raison d'y qiies, imprimée. On l'a fait imprimer pour dis-
craindre aucun changement. siper les faux bruits que 31. de Cambrai faisait
Il ne s'agit point du tout d'avoir recours au semer, qu'on n'avait pu rien trouver à repren-
Saint-Office, dont il n'est fait mention dans au- dre dans son livre
I cun acte. C'est M. de Cambrai lui-même qui a
et aussi afin qu'elle vînt
;
dénonciateurs ni accusateurs nous parions : nières corrections: vous eu aurez des exem-
comme témoins et comme appelés en garantie plaires corrects au premier ortilualre. Rcmar-
par M. de Candjrai. Je n'ai point eu de loisir (juez que, dans l'exemplaire manuscrit ipie nous
pour m'appliquer à d'autres affaires qu'à celle- avons signé pour Sa Sainteté, on avait laissé
là, depuis qu'elle est entamée. On va commen- des fautes même assez considéra Ides, surtout
cer à donner les éclaircissements nécessaires, |)Our les citations, par le peu d'exactitude des
dont l'un sera le livre (|ue vous avez vu con- réviseurs : on s'était chargé de cette révision à
cernant la même matière. Pour l'autre, dont l'archevêché.
vous souhaitez que je traite au plutôt, il en Les lettres de Caud)rai poi'tcnt cpie M. l'ar-
faut laisser venir les occasions, qui ne sont pas boime mine, et qu'on croit
ehevêiiue y fait (ju'il
éloignées. Du reste, je suis, Monseigneur, y fera une ordonuanee pour expliiniei- son Ihre,
comme vous savez, avec tout le respect pos- mais qu'il la tiendra secrète. Si elle est pui.'li-
sible, etc.
que, nous l'ain'ous. Je ne vols dans cette affaûi'.
J'ai reçu de gros paquets de M. de Saint-Pons de la part de ce prélat, (|ue llnesse, artidcc el
sur la nouvelle rupture avec les Récollets il :
embrouillement.
m'écrit aussi sur la matière du tom|)s et me ouve
La cabale est puissante ; mais le livre li
M. le eardiual de Janion dit ici mille biens de père que la suite lui parailra encore plus im-
vous; il parle aussi lrès-l)ien de M. l'iielippeaux: portante. Il est, Slonsei,^neur , de la dernière
il doit vous écrire à tous deux. Celle Emineuce
conséquence qu'on donne le dernier coup au
a écrit à queltpies-uiis des examinaleurs. Elle quiéti.sine, qui avec de belles paroles réduit la
ni'a dit (pi-'il tallail laisser quelqu'un à Rome piété à des cho.ses vaines le lait consister en
,
pour observer M. le cardinal de Bouillon et le [(blases, en rabat tous les motifs, et pose des
tenir en bride. M. le cardinal de Janson, aussi
principes d'où l'on lire des conséquences af-
bien que M. le cardinal d'E>trées, parlent du freuses. Ce de plus à craindre sont les
qu'il y a
cardinal de Bouillon comme des Jésuites, qu'on é(piiv()(|ues, dans lesrpielles on dcgiiisc el on
sait être pour M. de Cambrai.
renferme loul le venin. Je souhaile, .Mimsci-
M. le ranlinal de Jaiison dit que vous et gneur, que la siulé de Voire Eminence lui per-
M. I'lielii)peaux vous pouvez vous servir ulile- mette d'entrer en celle alT.iire.
meiil de .M. Cliarlas', à qui le cardinal Albano Je porle envie à mon neveu de l'honneur qu'il
cl le cardinal Casanale se (ienl. J'ai lait i)arler Si vous étiez venu en France
a de vous voir.
le cardinal de Janson, touchant ce que le pre-
pour y prendre les b;iiiis connue on l'assurait,
mier vousnvait dit sur son compte il m'a paru ;
nous parlions à rinstaut, M. de Reims et moi,
ne rien savoir de tout cela, ni rien du tout par pour jouir de la i>réscncc désirée, et de la can-
rapport fi moi, qu'en (iénéral l'estime du Bape. deur, de la piété, du savoir d'un tel ami que
M. l'abbé de Barrière m'a vu, et n'a rien dit Votre Eminence. Je la supplie de tout mon
davaulajie on ne souiieonne rien.
;
cœur de continuer à mon neveu cl à moi la pré-
Ou dil ici que M. le cardinal .\lbano e.st fort cieu.se amitié dont M. le cardinal de Janson me
ami de M. le cardinal de Bouillon. Je suis fAclié rend un si |)récieux témoiu;nage. Je suis lou-
de l'indispo^ilion de celle Emiaencc il faut :
joms avec un respect sincère, etc.
espérer (juc ce ne sera rien.
LETTRE CLIII.
M. de Cambrai continue à semer partout que
BOSSUET A M. DE LA UnOUE.
c'est moi seul qui remue la cabale qui est contre
A l'aris, re 21 septembre, 1697.
lui. 11 m'a cru le meilleur do ses amis, quand
Je VOUS envoie. Monseigneur , la Déclaration
il m'a prié de le sacrer, et qu'il a remis tant de
que nous avons enfin été contraints d'envoyer 5
fois sa mes mains. Toidc la ca-
doctrine entre
Rome, après ipiou a eu perdu toute espérance
bale a été de relner de l'enlèlement de M""
le
de ramener .M. de Cambrai par la douceur. Il
Guyon h quoi j'ai Iravailli' de concert avec
,
égard, et touU' ma cabale. Cependant il m'a a dit ipi'il ferait par lui-même. J'ai écrit h l'abbé
Bosquet ce qu'il faut, et il sera utile à Rome. Le
mis la léle desa |iroteslaliou à M. h; nonce,
seul à
roi cl M'"" de Maintenon peiMSlenl. Les Jésuites
et supprimé M. de Paris, avec leipiel il m'a-
il a
se déclarent beaucoup. On a parlé de divers
vait mis la piemièic fois. Le reslc de sa prote-
station n'a rien de loi t remarquable
mouvements fi la cour. Je puis vous assurer que
qui soit ,
je liens pour vous. Je ne vois rien à craindre
venu à ma connaissance.
pour M. l'abbé de Calelan qui se conduit bien.
' AntniLo riitrlu. de l> tI'.U de Conieruis, iUit supérieur du Je ne Uinlerai pas à me rendre à Fontaine-
«émln*irr de runier», tousM. Cttilot. Aprii la mort de ce pr^Ul
les violence! iju un eicr^a dans le dioc^te, 4 l'occation de la Ù^aU, bleau. Nous savons que M. de Rieiix parle en
robligirent de Mirlir deFr<nce,ct de te ndigicr i Rome, où il vacillant sur le livre el sur la malicre qu'il
composa toD litre l)t tibtrIoiibuM Eccinir Callican*, i|uc 1J<>^!,udi
T'Iuto souvent dans «a r>'/rai( di la Déclaration. (Edil. de Ver«.) parait ne pas Irop bien euleiuh e. Ceux qui ne
voient prennent ceci pour des poin-
|ius le loiid
tillés.
,
commode que dangereux. 11 a mandé au roi que devait partir hier, aujourd'hui et tous les jours;
le livre dé M. de Cambrai n'éviterait pas la con- mais M. le cardinal de Bouillon l'a retardé, et on
damnation. ne sait plus quand il part. Comme il pourrait le
faire partir dès demain tout à coup, je commence
M. de Paris fera paraître bientôt une instruc-
tion pour prémunir contre l'erreur, en attendant à vous écrire aujourd'hui, ayant bien des choses
le jugement de Rome. On imprime actuellement
à vous communiquer.
Sumwa rfocïrniœ; à quoi je joindrai J'ai reçu, la semaine passée, votre lettre de
l'écrit intitulé
une courte résolution des trois questions que M. Germigny, du 2 septembre, avecles qualifications
de Cambrai m'a faites et de deux autres. ,
dont nous ferons l'usage qu'il faut; elles sont
Nous dinàmes hier chez M. le nonce il fit un :
très-précises et très-nécessaires. J'ai reçu hier
ni la considération où il est à la cour et dans lettre du 20, que vous n'entendiez pas, qui est
toute la prélature. Il me lit voir une lellre de M. pourtant très-importante, ainsi quelessuivantes,
le cardinal Spada, qui lui mandait d'envoyer pour connaître ce pays-ci. Tout chemine et che-
sept exemplaires de mon
en spécifiant les livre,
minera suivant l'idée que je vous donne le car- :
additions, et sept de celui de M. de Cambrai; dinal de Bouillon et les Jésuites sont toujours les
dès aujourd'hui, sans parler de mol. Pour les a vu le cardinal de Bouillon, l'abbé de la Tré-
niouille, le gt-iiéral des Dominicains, le P. Es-
miens, vous les pourrez fournir, moyennant les
liennol et |)lusieurs fois le cardinal Spada il a
,
six que je mis encore îi la posle par le dernier
;
ordinaire, et quatre que j'enverrai par le pro- eu audience du l'ai)e. Il n'a encore rien donné.
Le Pape et le cardinal Spada souliaiteiaient tort
chain.
qu'il eut apporté des exemplaires du livre de M.
M. de Paris a reçu un bref fort honnête. Le
(le Cambrai, pour les mellii' entre les mains des
Pape lui a fait dire par M. le nonce qu'il accor-
derait des pensions aux curés inlirmes de son
examiiiateiiis.qui n'en ont tiiie deux en tout. Son
but de retarder tant (lu'il |)ouria, crojaiil que
est
diocèse par forme d'aliment, à certaines condi-
qui a temps a vie, surtout en ce pays, où il arrive
tions. J'en demanderai autant; niais je réserve
tant de changements tout ;» coup c'est la vue du
d'en parler, aussi bien que de votre induit, jus-
:
quoique nous en sachions le contenu, la propre pas la Iriiduclion latine; je m'en suis toujours
bien doute, parce (pie cela abregeiait la matière,
Icnciir est bonne à garder 2.
si la traduction était conforme à l'original; et si
Cctto confidence a»alt pour objet lo Si'Jdur qiio ccl obbû devait
•
elle ne l'était pas, ce serait .sa coiidamnalion par
(tira k Runii-, peur milvre laffalic de M. de Cambrnl.
3 11 parait bien ctaireBieiit que lJus!>uct n'était pas autour do c«tto reconimando h son neveu do lui envoyer de Rome mie copie, peur
'.•Urc, comme Ici partisans de Fcnclon le rtpandalent, puùqu'il p uvoir la coniervor.
, ,
liii-in^mc. Quand messieurs les cardinaux in'oiil (leCambrai dans son tort de tous les côtés. Cet
parlé (le celle liailiulioii repondu en,
je leur ai abbé parle b)UJours dans le sens de la lettre de
ce M'ii>; ci ils vcrrunl, si M. de Cambrai n'a pas M. deCambi.ii Nur les propositions du livre, dont
fait (le traduction, le dessein et la mauvaise loi il .souhaite ()u'un marque lessens. Mais la réponse
de l'auteur, ipii n'avait promis cette traduction à cette lettre fait voir la mauvaise foi de cette
que pour auiuser. Ce trait bien relevé fera son vue; et celle lettre ne produit pas ici l'effet que
effet j'ai déjà dit lortement ce que j'en pensais
;
son auteiu' en avait espéré; j'ose dire qu'elle en
au cardinal Spada et à W(;r Cenci maitre de
, , un tout contraire.
fait
cliambre de sa Saiideté, qui m'iionore de son On ne doute pas ici que le P. Dcz ne travaille
amitié particulière. Cela peid aller plus loin, pour la défen.se du livre; je n'en puis rien a.s.su-
d'autant que le Pape attendait cette traduction rer. Je sais seulement (piil m'en parle toujours
dvec empressomeiit. On parle seulement d'unC avec une grande affectation. Le secret du Saint-
tradition prétendue de|iuis saint Thomas, dit-on, OKice fait qu'on aura plus de peine à être instruit
jusciu'à celle heure. (Jn n'a encore rien reçu; le du particulier; avec cela rien d'essentiel ne nous
canlinal Casanate m'en a assuré. échappera, s'il plait à Dieu.
On sait, à n'en pouvoir doider, que les Jésuites 11 faut à présent que je vous parle de M. le
sonl le conseil de M. l'abbé de Chauterac : il
y cardinal de Bouillon, et de ce qui s'est passé
passe très-souvent trois ou quatre heures du jour entre lui et moi.
et de la nuit. Je vous dirai d'abord qu'il se porte toujours de
M. de Clianlcrac répand ici que M. de Cambrai mieux en mieux, et qu'il commence se com- îi
n'a jamais eu aucune liaison parlicidière avec nmniquer. Il vint hier ici de Frcscati, poin* la
M"" Guyon; que c'est plutôt à il. de Meaux qu'on congrégation du Saint-Office, qui se tient devant
peut reprocher, puisqu'il a été très-contenj
le le Pape tous les jeudis, et où on devait parler
d'elle etde sa coiiduile; (lu'il lui a donné des té- de l'affaire des missions de !a Chine, c'est-à-ilire
nioitrnages aulhenli(pies et l'a reçue aux sacre- de cesactesd'idolàtiiedonl onaccii.sc lesJisiiiles.
ments, lui permellaMt même de conununier tous Au retour, j'eus l'honneur de le voir; et comme
les jours. Je ne sais que croire de tout cela et c'était l'uinque fois que je l'aie vu en étal de
tout ce qui s'est passé : je dirai ce qu'il faut; m'enlendre, je le priai de me donner un moment
mais c'est pour vous taire voir la bonne foi avec pour pouvoir exécuter les ordies dont vous
laquelle on parle et on agit. Le même dil encore m'aviez chargé depuis un mois, et lui faire part
que vous n'avez d'abord et pendant six semaines dcvosdisposilionssurralïairede M. de Cambrai.
rien trouvé à reprendre au liv re de M de Candirai . Il me dil qu'il me savait très-bon gré de ne lui
cl que vous ne vous en êtes avisé que loMgtenq)S en avoir pas parlé plus lot, à cause de l'état où
après; il ajoute que M. de Paris et M. Pirot il avait élé; qu'il était incapable de tout; (ju'il
ont vu et approuvé le livre avant son impression. me priait de venir le lendemain, quie.sl aujour
Pour ce qui vous regarde, j'ai dans vos lettres de d'Iiui, diner îi l're.scali, où nous aurions le temps
ce temps-là la conviction du contraire; et pour de parler et de lire ce que je voudrais lui
M. de Paris et M. Pirot, supposé (|uc ce qu'il dit montrer.
soit vrai, comme me l'a soutenu encore M. le J'ai donc été ce matin à Frcscati, et après le
cardinal de Houillon on voit bien (|ue ce n'est
, diner nous nous .sommes enfermés. Je lui ai
qu'une iirpi'ise manifeste de la part de IM. de
, déclaré tous les pas (jue j'avais faits auprès ilu
Cambrai. Mais d'un anlie coté, cela même ne
, cardinal Spada, àquij'avaisremisentre les mains
montre (pietropclairementlc venin caché de son les écrits <|uevous m'aviez adres.sés, et dont on
livre, (ju'ils ontenliu découvert et condamné pu- des copies, de l'ordre de Sa
ilevait iléjà avoir lait
bli(iuement; <"t doit rendre le sort de ce livre Sainteté, |)our les distribuer aux examinateurs
tout à fait sendtlable à celui de Al. Molinos, qui etaux cardinaux du Saint-Olfice. Il m'a dit cpiil
fut approuvé par desévé(iuesetparles|)rincipaux ne les avait pas encore vus, mais (|u'il cio\ait
religieux île tous les ordres, (jui se laissèrent pourlanhpion lesluiavail donnés. Je lui .li parlé
éblouir h l'air de pieté que l'auteur affeclaildans de l'eciitfpie vousaviezenvojéàM de Candirai ',
ce livre. du V6 Juillet : il a .souhaité île le voir, je le lui ai
L'abbé de Clianterac ajoute que vous n'avez lu. Il n'en a été {|ue trop content, et je l'ai vu
conummi(|ué à M. de Caiid)rai aucune de vo^ étonné : il m'a dil ipi'il n'y avait rien à .njouler
difticullés; j'ai la preuve du contraire en poche il m'en a demandé une copie, que je fais laire.
;
dans l'écrit que vous lui avez envoyé par les Je ne |>cnsc pas, après cela, qu'il croie que M. de
mains de M. de l'aris , de Marly le 15 de juillel,
' Col rrlui qui esl Intllulr J'rtmit' Kril ou M-moire dt il. té-
dont je fais ici un Irès-Lon usiigo, et oui mel M. r/yut iti AI. ilt Mtaui à M, J'arcAn-^iu dt Cambrai, etc.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 367
Cambrai n'a pas été instruit, que vous lui ayez faut; mais il est sûr que non. J'espère en avoir
rien voulu cacher, et que vous n'ayez pas poussé des preuves démonstratives, peut-être dans peu.
à son égard la charité aussi loin qu'elle pouvait Je sais la force avec laquelle le roi a écrit mais ;
pu faire dire à 31. le cardinal de Bouillon que M. Saint- Office m'en a assmé, aussi bien que M.
de Cambrai eût tort. le cardinal Casanate.
Au reste, j'ai cru ne devoir plus faire de mys- LETTRE CLVI.
tère sur mon séjour ici; il m'est revenu de toutes
BOSSUET A SON NEVEU.
parts qu'on écrivait de Paris que mon retour était
retardé pour cela, et j'ai dit à M. le cardinal de A Meaux, ce 29 septembre 1697.
Bouillon, à qui j'avais assuré mon départ au mois J'ai reçu votre lettre du 10 ;au moins j'ai lu
de septembre, que vous m'aviez mandé de retarder ainsi,quoique le chiffre fût un peu brouillé.
encore quelque temps pour voir le commence-
,
Tâchez d'écrire les dates, les chiffres et les noms
ment de celte affaire que néanmoins je n'étais
;
bien nettement. La lettre de M. Phelippeaux,
chargé de rien mais que je ne laisserais pas de
, qui était dans le même paquet, était du 2.
m'iuslruire de tout, et de lui communiquer ce que L'addition du P. Damascène aux examina-
j'apprendrais sur celle affaire. 11 m'a prié de teurs ï est fâcheuse. Voilà trois examinateurs
trouver bon qu'il ne me fil aucune part de ce que indisposés contre les Français et contre nous,
M. de Chanterac lui diiail et lui communiquerait, à cause du cardinal Sfondralo cela paraît ici ;
comme il me promellail d'en user de môme pour bien affecté. J'en parlerai à M. le nonce à Fon-
ce que je lui pourrais dire. Je l'ai bien assuré que tainebleau, où je serai jeudi. Je coucherai mer-
je ne lui demandais le secret en rien, pour ce qui credi à la Forlelle.
regarde M. de Caudjrai cl M. de Chanterac, ne Nous savons que M. de Cambrai envoie son
voulant jamais lui dire rien que je ne puisse dire livre en latin avec quelques notes: la question
à M. de Chanterac et à M. de Cand)rai lui-même, sera principalement de voir si le tout sera bien
parce que je n'avançais jamais rien que fondé conforme à l'original.
sorte de raisons, de retourner, je vois bien la vingt Addilions \ M. le nonce m'a .ail voir dans
nécessité où je suis de rester. une lettre de M. le cardinal Spada, qu'on do-
Le but de M. le cardinal de Bouillon est de
h» P. Damascène, do l'ordro des Mineurs conventuels, lïtnit l'ap
*
lirer en louf^ucur; la seule diflicidlé sur celle probatcur du Nodus prudalina lions dissolulut du cardiiinl Sfon*
alïaire viendra de sa part. S'il agitde bonne fui, drate.
'
Il s'agit des additions faites par Dostuct 1 :>on Jn$lruclioH lur
dans trois mois l'atluirc est liiiic, et connue il la Hall d'oraiion. luy. toui. V.
368 LEITRES RF.LATIVES
niandcfort les Additions. On yjointun Mémoire d'une personne de confiance qui agisse sous les
ijKiiiiiscrit, sur lequel on a fait la Dèclaraliou. ordres du roi, mais (jui néanmoins ait unccom-
il beaucoup plus de choses, les traite
conijireriil niission particulière de lui de voir le Pape, les
Mon amplement, et qualifie; c'est pour
plus ministres, et d'agir, s'il est nécessaire, en son
cela qu'on ne l'a point l'ait ini|)riincr. Vous nom. Pendant le séjour (|uc je ferais ici, celte
n'aurez aujourd'hui «pie la première partie, qui commission me ferait beaucoup d'honneur, et
consiste vin;;t leinanpies
en il y en a encore :
me donnerait une certaine liaison avec les af-
qu'on enverra par l'ordinaire pro-
vinfît- trois, faires, qui, je vous avoue, non-seulement me
chain. On pourra mettre ces instructions en ferait plaisir, mais me serait utile et avanta-
mains arfidécs: étudiez-les, vouset M. Phelip- geuse. Vous ne doutez pas que je ne fisse tout
peaux, vous y trouverez tout mais nous avons ;
de mon mieux pour m'en bien acquitter. Je
voulu nous réduire h ce qui est de plus essen- suis, pour M. le prince de Conli, tout porté sur
tiel.Il est hou qu'il y ait des gens qui voient les lieux, d'une manière qui ne lui fera pas
tout; vous pouvez montrer le mémoire îi Gra- déshonneur. Je ne lui demande rien, el j'ai ici
nclH 1. des entrées partout.
On verra au premier jour une Lettir paxtornle M. l'électeur de Saxe a envoyé ici, depuis trois
de M. de Paris, qui ne se publiera point que semaines, un gentilhomme à lui, en qualité de
nous ne l'ayons vue. Je fais imprimer pour son envoyé, et ipii fait ici ses affaires. Ce serait
vous, mais non pas divulguer ici, l'écrit latin une commission ipii ne m'engagerait ici qu'au-
intitulé : Summa doctriiiœ. tant que je le voudrais, et que les antres aiïaires
J'attends les nouvelles de l'arrivée de M. de m'y arrêteraient, et qui pourrait toujours m'êlre
Chanlerac il est Ibrt artificieux.
;
avantageuse en tous sens, aussi bien qu'à vous,
Je vous prie, vous et M. Phclippeaux, de bien me donnant occasion de parler au Pape de tout.
couvrir votre marche, et de concerter tons vos Faites-y, s'il vous plaît, réflexion : consultez,
pas; cela est de la dernière cousé(|uencc pour sur cette vue, M. le cardinal de Jansonet M. de
les deux cours, et pour tous les spectateurs. Reims; et prenez, si cette proposition ne vous
déplait pas, auprès de M. de Pomponne, du roi
LETTRE CLVII. et de M. le prince de Conli, les mesures que
l'abbé dossuet a son oncle. vous jugerez à propos ou tenez mon idée se-
;
et au pied : du reste, il se porte bien. M. le car- aise de vous voir appliqué à l'ouvrage sans trop
dinal de Bouillon est reparti pour Frescati; la de confiance.
bonne santé de ce cardinal ne change rien à Avant mon arrivée ici, le roi avait parlé à M.
l'eslime et à l'amitié qu'on a pour lui. 11 ne veut le nonce de Damascène, comme d'un surnumé-
encore voir personne à la campagne il est et : raire suspect, qu'il fallait ôter. On avait aussi
sera toujours incapable d'un grand travail. parlé de Gabrieli, Feuillant, sans le nommer
Je vois bien qu'il feia ses efforts pour que le parce qu'on ne savait pas le nom. J'ai empêché
livre soit mis seulement à l'index. Il faut, pour qu'on ne poussât plus loin cette affaire, et je l'ai
l'empêcher, que le roi en parle à M. le nonce, et fait de concert avec M. le nonce, qui parait tou-
en écrive à M. le cardinal de Bouillon, comme jours bien disposé nous le tiendrons en bonne
:
n'a pas eu de part à ce qui s'est fait au sujet des vous ai déjà écrit. La dernière correction n'y est
examinateurs, quoiqu'il soit constant qu'il en pas, parce qu'on n'a eu aucune vue de les tlon-
est l'auteur. ner au public, surtout à cause des qualifications;
C'est ce cardinal qui a demandé en grâce un mais des gens instruits s'en pourront servir pour
délai pour les Jésuites. découvrir le venin du livre.
Au ne puis m'empêcher de vous faire
reste, je On fait grand bruit à Paris de deux livres en-
souvenir du pauvre chevalier de la Grotte ', qui voyés à Rome de la part de M. de Cambrai l'un ;
est désespéré, et qui mourrait ici de faim sans autorisé par M. de Paris, alors évoque de Chà-
moi. Vous ne m'avez fait aucune réponse sur son lons, c'est le livre du frère Laurent, dontje crois
sujet. Je vous ai envoyé, il y a longtemps, un que nous avons parlé; l'autre s'appelle les
reçu de lui de six cents livres pour M. de Malé- Fondements de la vie spirituelle approuvé de
zieux. Je lui donne de l'argent à proportion ; moi étant doyen de Metz, où l'on prétend que
mais cela m'incommode fort. Une réponse, s'il la nouvelle spiritualité est tout du long, mais
Chaul(!rac porte la version latine du livie des iiK^us dans celui-ci, dont voici l'iiisloire eu peu
Maximes des saints, avec des notes. Je suis bien de mois.
M. le cardinal de Rouiliou tenait (le|>iiis huit
' C"cst lo mCnie quo le ch«vnller Tartnre, dont Dossuet fuit l'iii»-
jours, à cliaipif momcnl, ceeoiiiiicr evlraordi-
toirc diiiis uiio lettre à M. da Pontcliartroin. Voir tom. 1er, Pièces
JUltlAcutiTU' (Kdil. de ViiTt.) naire, nommé Raisin, en suspens. ((iiMiue de
B. ioM. VI.
:i7(» LETTRES RELATIVES
vnnt pnriir : enfin il se résolut de le faire paiiir lequel j'ai raison de croire (pi'on a eu quelque
\t- |)iTiiiicr ocloine au malin. J'en fus averti sû- dessein, à M. de Reims, el celui de M. de Reims
renienl, cl en ni<}nie lenips qu'il u'élail jias Irop à M. le marquis de Barbesieux : j'en écris un
Bùr (l'envojer les lettres, ()u'on voulait faire par- mot h M. de !'.( l.ii.s.
je vous renvoie à présent, je le lis donner par sur. Cela ne laisserait pas d'être très-important
mon \alol de cliaudne au courrierqui promit de quel(|uefois, dans de certaines circonstances où
s'en charger et de vous le rendre; et en même il faudrait que vous hissiez instruit de ceqai se
temps un autre paquet pour M. le cardinal de |)asse ici, aussiti'it qu'on le pourrait f'trc, afin
Janson. M. le cardinal de Bouillon le sut appa- d'avoir la réponse prête à ce qu'on pourrait dé-
remment : ce (pii est de certain, c'est que, quand guiser ou mander (le faux. Je ne sais s'il serait à
le courrier fut [larti, cin(| on six heures après, propos d'endire un mol au roi, ouà M. de Torcy,
un laquais de cette Kminence rapporta ce pa(iuct ou à M. de Barbesieux, ou à M. l'cllelier, afin
et dit que le courrier l'avait ouhlié. Où la malice qu'on avertit les courriers de prendre mes lettres,
fut plus grande, c'est qu'on laissa aussi partir le sans les faire passer parccsgens-ci; ou quelqu'un
courrier ordinaire qui partait cette miil-là, et de .ses ministres trouvât bon qu'on leur adressAt
(pie je ne pus envoyer mon paquet, ni par l'cx- les paquets; ou enfin quehpic expédient de celte
iraordiuaire. ni par l'ordinaire. J'avoue que cela nature, .sans pourtant que cela vint à la connais-
m'a un peu jjicpié, sachant, ù n'en pouvoir dou- sance (leM. le cardinal de Bouillon, s'il est pos-
ter, (ju'on n'a pas voulu que le courrier portât sible. Au reste, les paqueLs qui vous seront
mou paquet, qui s'adressait à vous. Pour celui adressés auront toujours le dessus écrit dénia
(le M. le cardinal de Janson, je suppose qu'il est main, et seront cachetés avec du pain, ceux au
parti, cuir on ne me l'a pasrenvo\é je vous prie
: moins de conséquence, et presque tous. Venons
pourtant de vous en inlornicr. au fait.
Outre ces deux paquets, que j'avais fait don- M. de Chanlerac continue ses discours ordi-
ner au courrier en main inopre, j'adressais encore naires, quejc vous ai mandés |)ar ma lettre du
un paipiel à M. lîlondel, le(]iiel j'envo\ai au se. 30.11 n'a el n'aura guère de gens (jui le croient
ciétairede M. le cardinal de Bouillon, danslequcl que ceux qui sont prévenus pour lui, lesquels
il y avait une lettre pour vous qui pn'supposait sont en très-petit nombre,
gens ignorants el les
la j)remière: une pour M. de Reims, cl une pour el mal iiilbrmés. Les Jésuites et
M. de Cambrai
M. le cardinal de Janson. Le secrétaire de Jl. le sont toujours les mêmes. On dit imbliquement
cardinal de Bouillon m'a assmé que ce paquet (pie lel*. l)ez('eril. Jus(ju'ici.M. de Chaulerac n'a
élait parti dans le sien : je m'en rapporte à sa eu que les fralrcs, hors le cardinal Spada. Le
parole. cardinal Casanaleesl le même. L'abbé de Chau-
Bcnt-étre, si vous recevrez celte lettre, aurez- lerac ne cherche qu'A embrouiller. On murmure
vous i)arlé au courrier, pour savoir ce qu'était (pi'on veut répandre de l'argent..M. deChanlcrac
devenu le |)a(|uet(picjevous marquaisvousavoir est très-peu de chose, grand parleur et ennuyeux
envoyé par le voici
lui. Enlin
je vous le renvoie : à force de répéter les mêmes choses ce .sonl les :
Je prends la liberté d'adresser ce paquet-ci sur , ce que cela veut dire, ou pluttit on voit une dé-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. ;ni
des, sous le chiffres de BB. Il [»ourra peut-être bon effet, s'il continue. 11 peut, dans l'occasion ,
nal de Casanate m'en a averti ; je le savais déjà. firmerait extrêmement tout ce que je puis
Le cardinal de Janson vous dira le caractère du dire et faire. Je mande à M. le cardinal de
personnage, qui est ici Irès-haï .-j'en ai déjà fait Janson que vous lui direz le détail de ce qui se
avertir le l'ape, qui est sur ses gardes. M. de passe ici sur tout cela. Le P. Péra, Jacobin, en
Chantcracn'a à Rome d'amis que ceux du cardi- rend compte fort exactement à M. le cardinal
nal de Bouillon et des Jésuites : c'est à la lettre ;
d'Eslrées. Vous ne sauriez assez remercier M. le
je le découvre tous les jours, et cela commence cardinal de Janson des bontés qu'il a témoignées
h se publier ici. pour moi.
C'est une chose très-utile d'avoir fait imprimer Il est certain que c'est une grosse affaire à
et publier la Déclaration des évêques: cela rend Rome d'avoir en tète le cardinal de Bouillon.
leur témoignage plus certain et plus authentique. Tout ministre est à Rome très redoutable, plus
Cet écrit éclairera tout le monde, et fera connaî- qu'en aucun lieu du monde vous en voyez bien
:
tre la malignité du livre et les contradictions. M. les raisons. On les ménage plus, en quelque sorte,
nal Pctrucci auraient cxpiii|ué toutes Icms pro- ne serait pas bon (|ue cela continuât : car pour
positions, si on le leiu- avait (jeriius. un vieillard de quatre-vingt-trois ans, la perte
M. de Chanlerac répand (pie la jalousie que du sonuneil est un giand mal. Du reste, il n'y
vous avez eu de M. de Camhrai et de son génie a pas de danger. Je ne laisse pas de vous prier
adniirableet supérieur, est cause de tout ce grand (le prendre la précaution de vous assurer de
bruit. iM. le cardinal deJanson, pourèlrcconclavisle en
J'ai reçu votre lettre du IG, de Paris ; et par le cas de maliieur suhit et inopiné. Ce sciait pour
même courrier une lettre de M. le cardinal de moi unechose très-avaiitageuseet Irês-agréalile,
Janson, aussi ohligeanlc pour vous et pour moi d'aidant plus (pie je suis persuadé qu'il aura plus
qu'elle le peut être. Il me parle de vous et de vo- de part ipie personne à ce (jui s'y iéra. Si celle
tre livre avec des éloges (|ue l'un (>t l'autre exi- Kininence ne i>eut pas m'accorder cette già("e,
gent à la vérité, mais dont il coimait liien le mé- M. le cardinal d'Eslrées ne serait peul-êlie pas
rile. Il me parle en même Icnqis de la disposi- facile de vous taire ce plaisir, et à mni. Si ees
' n doïlril «n oHot carJiiial nou^t lo ininlidcil de Clùimiil XI. deux Eininenccs me manquent, je supplieri'i
372 LETTRES RELATIVES
M. le carflinal de Bouillon, que je voudrais in. feront pas grande impression car on est Ins- ;
mal à moi de ne pas assister à ce mané;;e, où on La lettre du roi répond h une partie de ces
a|i|pren(l toujours quelque chose, et d'où je ne impostures, aussi bien (jiie l'écrit ijuc vous avez
SOI lirais pas sans l'induit (jue je souhaite, et fait communiquer à M. de Cambrai par M. de
sans d'autres prérof;alives très-utiles dans la Paris, du 15 juillel, dont vous m'avez envoyé
suite, il n'y a, comme je vous dis, aucune ap- copie. Je l'ai lu tout entier à M. le cardinal de
|iaience (|iic l'Eglise ail dans ce moment le mal- Bouillon, qui en a été surpris, et qui voit bien
iieiu-de perdre son chef; mais cette précauli(»n par là qu'on n'a rien dissimulé à M. de Cambrai.
ne Icra mal à personne, et m'assurera ce (juc je Si l'on |)ouvait faire un petit détail de la liaison
désire en cas d'accident. Présentement que nous de Ai. de Cambrai avec AI"" Guyon et de ce qui
avons la paix, le conclave est une aflaire de deux s'est passé dans celle aflaire entre M. de Cam-
courrier extraordinaire. Je vous en ai conté toute sens mauvais qu'il veut insinuer sous de belles
riiisloire dans nia lettredu 8, parlie par l'or- paroles d'amour pur, de tradition, d'épreuves
dinaire dernier, et que j'ai adressée h M. de extraordinaires.
Reims ; en même temps j'ai envoyé celle de Ce porta coup à Alolinos et fit apercevoir
(jui
M. de Reims à M. de lîarhcsieux, ayant sujet de les vices de son livre, quijusqiie là pa.ssait pour
me délier (|ue M. le cardinal de Bouillon ne fit bon, fut sa conduite qu'on découvrit, et son in-
ouvrir mes lellres et n'eût fait faire un cachet tention dans tout ce qu'il faisait. Bien d'habiles
ciniime le mien. En général, le cardinal et les gens prétendent même iiu'on aurait de la peine
Jésiiiles .sont les mêmes sur tout. il trouver dans le livre de Alolinos, De la guide,
Al. le de Bouillon parait rétabli, et
cardinal des propositions qu'on pût condamner indépen-
vient ici de temps en temps il emploiera ses :
daiimieiit de ses autres écrils, de .sesexplirations
forces et sa s,-mlé pour M. de Cambrai, mais en et de sa confession. Je ne veux pas dire par là
agissant sous main. Les Jésuites et le cardinal de (juil n'y ait pas dans le livre de AI. de Cambrai
liouillon font tous leurs efforts pour le .servir. assez de proixisitions manifestement mauvaises:
On n'a pas peu à faire h Rome, quand un nii- mais ce que je i)ropose en feiait encore décou-
nislrc est contraire. vrir le venin plus clairement à tout le inonde,
Les discours de M. de Chanlerac consistent et |>rinci|ialemenl à ceux (pii ne le vei.leiit pas
à (lireque M. de Cambrai n'a aucune liaison voir. Je fais travailler à la traduction en ita-
particulière avec M"" Guyon, dont la per- lien de votre écrit du 13 juillel. qui met AL de
sonne et les mœurs ont reçu de vous un témoi- Cambrai dans tout le tort imaginable. S'il est né-
gnage authentitjuc que la haine que vous
: cessaire, je le donnerai aux cardinaux et aux
avez conire M. de Cambrai vient de jalousie examinaleiirs.
d'auleiir et d'envie de la supériorité de génie, J'ai appris depuis hier que M. le nonce avait
d'espritel desjiii ilualité de .M. de Cambrai. Il cric envoyé des de Al. de Cambrai, et que tous
livres
h la per.sécution, dit qu'on ne s'esl pas ex|)liqué les examinalems en avaient à présent.
liaiicliemeiit avec M. Cambrai sur ce qu'on
tie J'ai appris encore ce malin ipie .M. de Chanle-
tidiivail à due son li\re
?! que .M. de l'aiis et
; rac avait dil (et c'est de r.iblié ilo la Trémoiiille
Al. l'irol l'onl approuvé avec des lermes exiraor. que je le liens qu'il ven.iil de recevoir la lia-
,
dinaires d'e>lime: (luecesl imccalialequiie per- iluclion laline du livre de M. de Cambrai. Je .se-
sécute, et mille cho.ses de cette façon, qui ne rai très-aise (ju il la fasse |iaraitre : jusqu'ici il
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 373
n'en avait pas parlé. 11 l'avait sans doute; mais ne serviront de rien. On veut juger le livre;
et
apparemment il voulait faire revoir ici et corri- nous tâcherons de faire en sorte qu'on ne prenne
ger nous saurons tout cela avec le temps.
: pas le change. Sa Sainteté est déjà avertie des
Tout le but de M. de Chariterac est d'em- tours qu'on veut donner en faveur de M. de
brouiller et d'allonger si M. le cardinal le veut,
: Cambrai ; et elle s'est expliquée clairement, di-
cela est aisé ; il peut sans peine traîner l'affaire sant qu'il était question du livre qui avait lait le
en longueur. Je doute d'en pouvoir voir la fin. scandale.
à moins que le roi ne presse et ne déclare qu'il Je crois qu'une des principales choses
où je
s'en prendra à lui; que toutes les semaines il dois être allenlif, c'esl qu'on prévienne le Pape
n'en parle au nonce, et ne le prie d'écrire au sur tout ce qu'on pouriait lui faire faire sans
y
Papeen conformité, pour qu'iln'écoute point ceux penser. C'est une de mes grandes applications:
qui par polilique et un ménagement pernlci( ux moyennant cela les examinateurs iront leur
à l'Eglise, lui insinuent d'épargner M. de Cam- train, et on ne les laissera manquer d'aucun se-
brai, à cause de sa dignité et de ses amis. cours ni d'aucune exphcation sur les difficultés.
Le Pape est toujours incommodé de sa goutte, Ceux d'entre eux qui sont les plus savants re-
qui le chicane et l'empêche de dormir. 11 est très- dresseront les autres. J'ai déjà eu plusieurs con-
chagrin et très-inquiet. Les uns disent que ce férences avec le père général des Dominicains,
n'est rien; mais, selon moi, c'est toujours beau- le P. Serri, lliéologien de M. le cardinal
de
coup à un homme de son âge il ne laisse pas : Bouillon, et le P. Jlassoulié, examinateur ils :
de donner audience ù tout le monde. Je vous sont bien intentionnés et bien instruits; M. de
ma dernière lettre, à tout hasard, que,
écrivis par Chanterac les a vus souvent depuis qu'il est ici,
me trouvant ici, si un malheur arrivait au Pape et c'est tant mieux
ne gâte rien à nos affai-
: il
de Coislin, en cas de refus des deux premiers. à laquelle personne ne s'attendait. On ne doute
Pour M. le cardinal de Bouillon, j'aurais peur pas (pie le cardinal de Bouillon n'en soit la
de le contraindre, si je le lui demandais, et de cause.
me conhaiiulre aussi. Ce n'est pas que le Pape Le P. Diaz a pris la qualité de procureur gé-
soit en danger; mais on ne sait pas ce qui peuf néral des Minimes, quoiqu'il yenail un autre qui
arrivera un vieillard de qualie-vingt-lrois ans en fasse les fondions c'est pour avoir un pré-
:
1)011 ou s'il est mauvais. On ne s'éloigncia pas mais je ne songeais pas à rester ici. Si nous n'y
lie cela: ses oxplicalions bonnes ou mauvaises voyez aucune app.irencc non plus (praucmie
374 LETTRES RELATIVES
raison, je serai trôs-aisi^inenl de votre avis. C'est sur cela la justice qui m'est duc. Car cela
M. le cardinal C.irio I5,irl)eriiii, dont je vous en- étant, je suis sur, .Monseigneur, que, loin
pour brouiller les évcques avec le l'ape et em- Cand)rai n'ont jamais causé la moindre dimi-
pocher les justes desseins du cleri;é de France; nution aux sentiments de vénération, d'estime
vous verrez de quoi il est question. On répand et d'amitié si anciennement gravés dans mon
ici ce mémoire secrètement, et ce sont les Jésui- cœur, et qui ne liniront (pi'avec ma vie.
tes (jui le débitent. J'ai lieude croire que par le bon air que je
Quoi(|ue dans Rome on fasse courir le bruit suis venu respirer Ici depuis plus d'un mois, je
que le l'ape est mal, cela n'est pas vrai : il n'y la prolongerai plus loin (luelle n'aurait été, si
a rien de nouveau sur sa santé. 11 se lève, mar- je m'étais opiniâtre plus longtemps h ne vouloir
cbe un peu appuyé îi la vérité; et il y a appa- pas changer d'air durant quelque temps car ;
rence que ce ne sera rien. Ne laissez pas, s'il J'étais en très-mauvais état, lorsqueje partis de
vousplaif, de prendre des mesures d'abord avec Rome pour m'en venir ici. Mes insomnies con-
M. le cardinal de Jausoii, pour lui marquer le tinuelles de[)uisque j'y étais arrivé, jointes à
plaisir que l'aurais de me revoir avec lin sinon ;
une lièvre, sans être continue, que j'avais tous
avec M. It! cardinal d'Estiées, qui est celui, en- les jours, avec des accès qui outre cela mar-
tre nous, ([ui ouvre davantai:e, et qui se sert
s quaient la lièvre quarte, me conduisaient à
plus volontiers des honnêtes gens. grands pas dans une fièvre dont la (in ap-
lente,
Je vousai mar(pié, par ma précédente, une paremment eut pour moi. Mais,
été très-funeste
nouvelle briyue qu'on lait jouer en faveur du grâce à Dieu, je suis présentement dans une
livre de M. de Cambrai elle vient des Jésuites.:
aussi parfaite santé, pour le moins, que lors-
grâce «|ue le l'ape m'a faite delà coadjutorerie une idée très-lausse.
de (Miuiy pour mon neveu l'abbé d'Auver;,'ne.
Je me suis toute ma vie fait» Monsieui-, un LETTRE CLXII.
sigrand honneiu' et un si grand plaisir dans la BOSSUET A SON NEVEU.
persuasion où j'étais d'avoir beaucoup de part
A FonI;iinebleau, m 14 octobre (f>!*7.
en votre amitié et en votre conliance, que je
soufl'rirnis avec beaucoup de peine la moindre ne sais pourquoi votre paquet ne ni'R
Je
diminution (pie je soupçonnerais y ôtre arrivée. point encore été rendu. M. le cardinal dEs-
Je souhaite (pie .M. l'abbé Rossuet, étant aussi iréesa eu le sien je ne vois pas à cpioi attri-
:
content de moi que je crois qu'il a sujet de l'ê- buer ce relaiilomont '. Je vous prie d'être soi-
tre de toute la conduite ijuej'ai tenue à .son égard gneux d'envoyer à teuq>s à la poste je suis :
depuis le premier uionient (jue je suis arrivé bien persuadé qrie vous n'y maïKiuoz pas.
dans ce pays jusqu'à présent, et (|ui .seia tou- Mous avons vu des Ictlrei où il parait que
jours la inème, me rende, par ses lettres, <On en * Tii It cauM dtni U Mttt CLI.\.
A L'AFFAIRE DU OUIÉTISME. 3"o
denrées, et que tout Rome est attentive à cette l'abbé phellippeaux a BOSSDET.
matière. A Rome, ce 11 octobre 1697.
Le P. Esliennot écrit au cardinal d'Estrées
»
mettre le livre de M. de Cambrai à l'index, sur les dix premiers articles du livre de M. de
Cambrai, qui sont les principaux. l'examine
donec corrigatur. Ce ne serait qu'augmenter le
.le
ne ferait qu'un pernicieux effet. Le cardinal voyer à la fin du mois et, si vous le jugez bon,
:
d'Estrées croit qu'il se faut contenter d'une cen- on pourra le faire imprimer sans nom, pour en
il dit que le détail causerait faciliter la communication.
sure in gtobo :
un imbroglio qui ferait tout abandonner au Les examinateurs ont enfin reçu des livres
Pape. dont ils manquaient, et vendredi ils s'assemble-
Le cardinal de Bouillon est très-mécontent de ront pour la seconde fois. Dans la première as-
vous voir à Rome. Il faut que vous et M. Pho- semblée, il fut résolu que chacun ferait l'ex-
faire trait des propositions qu'il trouverait censura-
lippeaiLX couvriez votre jeu, pour ne point
con- que tous se lescommuniqueraient en
dire que les Fran(;ais se battent. Faites bien
bles, et
commun. La traduction latine est arrivée mais
sidérer ceci à M. Phelippeaux, et considérez-le
;
mée et
Souvenez-vous bien de frère Laurent , qu'on
^
vaitnous priver d'un homme nécessaire.
peut-être Vous savez que l'affaire des missions a été re-
objecte à M. de Paris. Vous recevrez,
mise, et qu'on a accordé aux Jésuites un délai
par cet ordinaire, une lettre sur cela, sous
le
de M. de Beaufort. Elle est très-bien faite de ([ualre mois la congrégation paraissait dis-
:
nom ;
pourra la faire courir, pour peu qu'on posée à condamner Fabroni. J'ai donné un mé-
et l'on
moire italien, qui vous a été envoyé vous :
parle de ce livret.
voyez les bonnes intentions qu'on a. Fabroni
L'ordonnance de M. de Reims sur Molina et
admirée de tout le avait porté, dans l'assemblée de ses confrères,
la grâce * est ici et à Paris
une pour l'envoyer au roi, con-
lettre française,
monde il vous en envoie des exemplaires
:
;
il
Jlais un
tre le fait de M. l'archcvêtiue de Reims.
est à Reims.
d'eux, dont je vous ai quelquefois parlé, s'y
> Bcnédictin, procureur général de la congrégation do
Saiiit-Maur.
opposa, et dit que quand il laudiait écrire au
» Summa doclrinit.
roi, ce n'est pas dans ces termes.
• C'est un do ces mystiques qui ne s'expriment
jamais d une ma-
nière simple et naturelle. Bossuct
le cariictirise on un mot : • L'ex- J'ai une sccoiule lettre de M. de Cambrai, qui
ration sortent partout dans les paroles do ce
cès dil-il, et l'e.vog revient toujours ii sou principe et îi sa docilité.
bon religieux. • Pmsagts dclaircis.
C. 12.
précédent,
du célèbre Vuitasse, professeur de
Sorbonno; c'est du moins co quo qu'elle n'ait pas accoutumé de tomber sur les
17 Janvier 1698. La querelle entre M.
dit lo Journal des raviinls. du
Jésuites alors beaucoup do bruit, et 11 en sera gens de ce rang. Ce n'est (pie jalousie d'auteur;
do Reims et les flt
(l'rpiivrc : mais tanl pis ; car en a\aiil roctumii le Le cardinal de Noris m'a dit nettement qu'il
poisoii, ils se sont (ircIar<''S coiilre. Mais ce qui lui paraissait que le livre en question était une
est piiiir ni'ii un (ail noiivcan. M. de Cambrai jiistilication de .Moliuos, mais cacliéc et artifi-
k\s mains. On ne vient (uiinl au fond de l'aflairc, part de M. de Caudirai, et ils n'ont pas une
on consiste toute la diKiculh", et je crois (]n'on grande idée de M. de Cbanterac, à ce qu'ils
est peu propre pour donner de bomx^s raisons. m'ont dit ils sont remplis d'estime pour les
:
nir à Home: peid-étre s'en «ervira-t-on à plus ne sauriez trop envoyer ici de Déclarations et
iriiiie aflaire. de Summd dortrinœ.
Le couronnement du duc de Saxe fait nu 15 Il court une réplique en français de M. de Cam-
septend)re. nous fait attendre avec impatience brai h votre réponse je ne lai pas lue et on la :
nou\elles. Je suis a\ec respect, etc. peu bavard mais il nous est bon pour découvrir
;
rier extraordinaire, (pii ne partit pourtant d'ici birt partout au cardinal de liouillon, si on la
que le 13, M. le cardinal de Houillonne pouvant sait laire valoir : c'est la pure vérité, et le P.
jamais (inir ses dépùelies. J'avais reçu le matin Serri me l'a confiée à moi-même.
votre lettre du 23 de septembre. H ne s'est passé L'aveuglement de M. le cardinal de Bouillon
depuis ce jour [)rcs(|ue rien de considérable sur sur M. de Caudirai et extrême
les Jésuites est :
aucune matière. Voici ])ourlaut toujours (picl- il croit qu'il y va de son bonneur de sacrifier
que fait, et j'aiinc mieux être trop long que d'ou- tout pour ses amis.
ItlierqueUpiecbostMpiipeut étrede conséijueuce, J'ai vu, depuis vendredi, le P. Dez, qui fait
cl aider à connaitre les dispositions des gens de l'ignorant sur tout, eUpii siil bmt : il esl très-
ce pays-ci à qui nous avons à faire: les petites bien instruit des laux-bnauls de M. de Cam-
clioses servent souvent à juper des grandes. brai. Je l'ai mis insensiblement sur la matière,
Le Pape, en apparence, se porte mieux. Il n'a et il s'est enferré sans y penser. Toute leur dé-
plus de douleur de goutte, et donne auilieuce à fense sur le pur amour porte sur la délinilion de
son ordinaire; mais il est resté fort faible, et de la cbarilé. C'est aussi là où M. de Cambrai veut
fort mauvaise bumeur cela fait tout appré- : réduire toute la queslion mais on ne prendra ;
biiider pour im boiuuie de .son âge. Les pas(pn- p;is le cliange assurément; et quand il n'y au-
nades que le iicuple ingrat, dit-il, a faites contre rait que ce (\u\ regarde leur pur amour, ils ne
lui et les /.cUnils, lui oïd causé une vive dou- pouriaient jamais sauver la délinilion qu'ils
leur; et il ne s'est pas bien porté depuis. La des- donnent de dans le cinquième état,
la cbarilé
truction du Ibi'.Ure en a été l'oeeasion, et on n'a (|ni esl celui des parfaits. Car il demeurera tou-
jamais vu un diihainement si uni\ersel. il n'y a jours pour constant que la cbarilé, dans cetétat,
eu (|ue deux ou trois /.clouta, et l-abroni <pii n'e>t dilTérenle de celle du quatrième que par
voudrait bien par là être cardinal, (pu aient porté l'exclusion de la béatitude et l'indilTérence sur
le i'ajie h celle résolution. 1,1 diuiinalion.
J'ai (loimé au canlinal Casanale et au cardinal Jamais le P. De/, n'a pu se tirer de là il m'a :
Noris voire Di'rLaratioii imprimé(! : cria lait nu (lit seulement (pi'ap|tarennuent M. de Cambrai
bon faisant voir à tout le monde qu'on
effet. En n'en coinieuiliail pas, et dirait peul-êlre sim-
expose censure publi(pie ce qu'on lidiivi"
li la plement (pi'il y a des moments où on en peut
k redire au livre di- M. de Cambrai, et (pi'on faire ab.straelion ce ()ue personne ne nie, mais
;
agit ouvertement el s.Tus nnstèie, on lui porte ce (|iù ne |ieut constituer lui élat iierm.incnt et
ce qui ne le rend pas plus parfait. Cet état per- Je crois vous avoir mandé, il y a longtemps,
manent néanmoins, où l'on met la perfection, que les tableaux sont arrivés à bon port enlre
est tout le but du livre de M. de Caml)rai. Il ne les mains de M. Dupré; que la princesse les a
veut rien dire du tout, ou bien il veut établir cet reçus avec des témoignages très-grands de joie
état de perfection qui n'est, encore une fois, et de bonté particulière pour vous et pour moi,
différent de son quatrième état que par l'exclu- et qu'elle lui en parle toutes les fois qu'il a occa-
sion formelle de notre bonheur même, comme sion de la voir.
rapporté à Dieu considéré en lui-même. Je lui Je n'écris pas à M. de Reims, par cet ordi-
parlai très-doucement; mais je lui fis voir que naire, n'y ayant rien
ici de nouveau je vous prie :
d'Estrées et M. le cardinal de Coislin. Je souhaite étaient convenus que M. de Cambrai avait pour
bien n'en avoir point; mais si ce malheur arri- lui les cinq derniers siècles, dans lesquels les
vait, je serais au désespoir de rester h Rome très- mystiques avaient écrit. Je hn répondis que M.
inutile, et de ne pas avoir quelque petite part de Cambrai élait malheureux, s'il n'avait d'au-
à ce qui se fera. tres garants de la doctrine épiscopale que ceux-
J'ai vu ce matin Mgr Lenci, maître de chambre là ,
parce que le concile de Trente après ,
du Pape, qui m'a dit que le Pape se portait bien. leur naissanci!, ne les avait point proposés pour
J'ai pris occasion de lui porter la Déridratinn la règle que nous devons suivre; que s'ils avaient
(les trois évéques, pour lui faire mes compli- la tradition, ils étaient plus anciens; que s'ils
ments sur le n'-lablisscment de la santé de Sa en maïKiiiaient en certains points, ils n'élaient
Sainlolé. Il a bien de la boulé pour moi, et il pas en cela autetu's calholiipies dans la doctrine ;
m'a dit qu'il dirait à Sa Saiulelé la joie que je que si sainte Thérèse et saint François de Sales
liù témoignais de si bon C(eur de sa saule. Je me élaient comidés parmi ces mysli(iues brouillés
sers de tous les moyens ([ue |e puis imaginer avec la Iradilion, on condamnait leiu' savoir,
pour le faire penser fi vous, et lui laire ronnailre mais non la Iradilion; (pie j'esliinais que la
l'attente où le roi et toute l'Kgliseesl, d'ime dé- règle proposée par .M. de Meaux à Mlle de Duras
cision prompte et authentiipie, sur l'alfairc en emhiassant la religion ealholique, élait celle de
question. celle .sainte cl de ce .saint, comme celle encore
La lettre que je vous écrivis le 11 a été en- de Ions les saints Pèies et sainls doeleiirs en
voyée par l'abbé de la Tréuiouillc, dans le pa- parlicnlier, (juieoiisislailenciMpie chacun d'eux
quet de M. le cardinal d'Estrées. crût (ce que nous sommes obligés de croire de
,
chariin d'eux en parliculicr) que l'Eirlise catlio- théologie qu'à des religieux : et il n'y en a que
li(|iir mteiiil mieux rEcrilure que nul eu parli- très-peu qui méritent d'être choisis, pour sug-
culier. gérer h laulorilé catholi(pie cl apostolique la
M.iis. me dit-il, poiirra-t-on arriver I.'i dans Science c;dholi(pie et apostolique. L'ordre auquel
ce |i;i\s?Je lui rc'iiii(|iiai On y arrive si l)icn,
: on seconlic (la\aida;rc à Kome est celui de Saint-
(ju'un cardinal du Saiid-Ollicc adore le livre de Dominique. Le P. .Serri a de la liberté, de l'élé-
M. de Meaux, exce|)to dans l'endroit où il s'est vation et de l'attention la doctrine de la maî- .'i
arrêté à ôler avec quelque violence, dis;iit-il tresse des Eglises. L'Egli.sc fait une perte inesti-
des auteurs à M. ilc Cambrai, qiù onl dû suivre mable dans les circonstances [irésenles, s'il va à
la loi de l'Eulise, i|ui n'ont |iu laire un Evan-ile l'ailoue il reste ici jusqu'à la fin de novend)re.
:
nouveau, et qui ont écrit avant la condanuialiou Si la cour voulait conser>er un sujet actuelle-
du quiélisMie. ment appliqué à .son service, et qu'elle s'en ex-
cru (juc votre Grandeur, ne désafïrécrait
J'ai pliquât, la demande d'tmaussi grand prince dans
point celle petite histoire, d'aidant plus néces- cette occasion lui assiuerait ici un sujet très-
saire à savoir, que dans ce pa\s, à l'occasion du avec honneur d'engagcmenl avec
utile et tirerait
passage de saiid François de Sales, rapporté dans une république de consé(iuence, un ordre qui a
le yodus (lisaolutus et à la tète du livre, on y a quelque consiilération en lalie.
irés-l)ien reçu, i)arnii les aidres réponses qu'on M. Steyaert cho(|uéd'un refus d'ordination
'
fait à l'autorité de ce liou saint en matière de fait par M. de Cand)rai, sur des fondements
théolo;^ie, (ju'Alcxandre \ II, qui l'a canonisé, et raisonnables, aux ecclésiastiques du grand col-
qui écri\it ;\ messieurs de Louvain au sujet de lège de Louvain qu'il gouverne, va écrire con-
saiid Au-xustin et de saint Thomas, est convenu tre le livre de ce prélat. CeuMpie le docteur Hen-
que Dieu avait accordé au premier sn/u^f/r/a mo- ncbel représente ici lui écrivent qu'ils sont Irès-
uita, et aux autres inconcussa doqmata. mécontenls du livre, quoiciue Irès-édiliésdu re-
J'envoie, par cette poste, le Juqemeut du P. fus. Ce docteur a eu le moven de lire le livre :
Serri, que Voire Grandeursouhaitede voir. l*our il nie dit hier qu'il était insoutenable, surtout
l'avoir lait, il en coulera à l'Ej^lise de Kome la après que l'auleuravait souscrit les Irente-qualre
perte de ce sujet, si i)ropre h la servir dans celle Articles, et vu l'excellent ouvrage de M. de
rencontre, et dans l'aflaire du iS'odus Prœdesli- Meaux. Il me fit espérer que l'Université de
naliuiiis dissulutus. M. le cardinal de Bouillon Louvain recevrait au plus tôt les trente-quatre
l'cnij;a{;ea à laire cet écrit en iiarlant de Pro- Articles nous devons aujourd'hui conférer en-
:
dis-je, de la prédestination, ne peut être con- voir son livre, et qu'il souhaitait que je le visse.
damné qu'après la décision de de M. l'affaire J'ai promisde faire toutes mes diligences pour le
de Cambrai, dans laquelle Sa Majesté est en- pouvoir après quoi nous en discourrons.
lire,
trée avec autant de gloire que de religion. J'ai Il m'a été impossible jusqu'à présent de l'avoir :
d'autant plus lieu delecroire, que ses protecteurs demain le cardinal Ferrari, notre procureur
ont fait entendre au Saint-Père que la protec- général, et le P. Massoulié se retirent ici jusqu'à
tion qu'il doit à un cardinal, qui est sa créature, la Toussaint ; l'occasion est belle.
l'engage adonner le temps de pouvoir le dé- Votre Grandeur doit être avertie que les Ro-
fendre après sa mort. J'apprends néanmoins mains ont été au désespoir au sujet du théâtre
qu'à force d'étudier pour le défendre, on reste abattu par les ordres du Pape, et que c'est bien
convaincu qu'il ne peut être défendu. lui faire sa cour que lui en donner des louan-
J'ai fait un long travail, où je l'ai suivi nom- ges il en est toujours de plus en plus satis-
:
Il est à présent entre les mains d'un autre qui Bouillon de se charger d'aucun paquet, et que
en paraît satisfait je le remettrai ensuite à M.
: pu faire était de prier le se-
tout ce qu'il avait
le cardinal Casanate. J'espère toujouis de plus crétaire de Son Eminence de vous renvoyer le
en plus que cet ouvrage posthume ne sera pas vôtre sans qu'il en sache rien davantage. Les
le triomphe des ennemis de saint Augustin, ministres du roi ont leurs raisons, et c'est à vous
mais leur tombeau. à prendre d'autres mesures par les voies ordi-
Je sais l'estime qu'a Voire Grandeur pour naires.
l'Instruction paatorale de feu M. le cardinal On est bien aise ici de savoir que M. le cardi-
Denhoff sur le sacrement de pénitence. Il char- nal de Bouillon ait été si heureusement rétabli
gea M. le sacristain, M. Charlas et moi de la re- par le bonde Frcscati. J'apprends qu'il a
air
voir nous lui représentâmes certains points qui
: mandé au roi, de très-bonne
à ce qu'il parait,
méritaient quelques éclaircissements. Il ap- foi, qu'il ne se mêlerait de rien dans l'affaire
prouva nos sentiments, nous ordonna de les de M. de Cambrai. J'ai envoyé à M. le nonce
mettre par écrit, et de les faire ajouter aux édi- sept exemplaires qu'il m'a demandés du livre
tions suivantes. Je les présente à Votre Gran- français de ce prélat. Nous vous avons envoyé
deur, et la supplie de m'en apprendre au plus deux douzaines d'additions, qui serviront à
tôt son jugement ; car M. le cardinal des Ursins compléter les exemplaires de la prenùère édi-
a fait imprimer celte addition à iJénévent M. ; tion qui pourront venir par Livourno.
le cardinal d'Aguirrc, à Salarnanque, traduite On trouve ici que tout est à craindre des ai'ti-
en espagnol ; et M. le vicaire apostolique, en (ices d(î la cabale. Ou dit que l'affaire traînera
Hollande. J'en ai envoyé une traduction tVan- en longueur, qu'il arrivera quelque changc-
çaiseàM l'archevêque dlùnbrun, qui l'a reçue: nienl. On ne peut prendre conliance aux exa-
l'auteur l'avait approuvé avant sa mort. Je sup. minateurs. Je suis presque le seul qui croit (jue
lie Votre Grandeur de m'accorder sa sainte bé- Dieu fera un coup de .sa main, et ne permellra
nédiction, et de me permetlre de me dire, avec pas que la chaire de .saint Pierre se déshonore,
un très-parfait et très-profond respecl, etc. en connivant à une doctrine .si mauvaise, si
contraire à l'Evangile et à ses propres déci-
F. AU(iUSTIN.
sions.
après ma Icllre écrite, (|uc j'ai
J'ajoute ici,
M. de Cambrai a cent bouches pour débiter
vu M. Dorât', directeur de AI. Charlas: il m'a ses faux avantages. On maiule de Kome qu'on
luit cuniiuilre que M. de Cambrai leur avait fait consultera le cardinal Pclrucoi, (jui voudrait
C'cUit un ancien orclilprîtro do P.inicra, rifuglo,
'
comme Cli.ir-
tenir un milieu entre M. de Cambrai et nous.
lu, àllomr,<lopui:> l'alTairi: do lu ti'galo. Il serait bien l'irange qu'on nous mit onlre .ses
380 LErrRES RELATIVES
mains. Nous l'avons épargné, jusqu'à ne faire Depuis que examinateurs onl reçu chacun
les
nulle niciilion (les censures de ses livres '. le livre français .M. de Cambrai, il semble
de
laili's bien léllcxion à ce cjue je vous ai qu'ils veuillent aller plus vite. Ils lircnl, ven-
mandé |)ar l'ordinaiie ilernier. Allez au mieux dredi dernier, chez le inailrc du sacré palais,
plulùl (ju'au plus court, si ce n'est que vous ne la seconde session, toujours sur les préliminai-
prévissiez de grantles louL;iieurs. Le roi allend res. Avant que la po>le parte, et que je ferme
ce (ju'on aiua délenniiié sur ce (|u'il a fait dire ma letlre, je dois être informé précisément
par M. le nonce 2, cl Sa .Maje.slé pressera (piaiid de ce qui se sera passé je linirai ma leltre :
cardinal d'KsIiées, qui dit ipie tout va bien, mis aux examinateurs de voir M. de Chanterac»
mais qu'on pré|)are des longueurs. 11 faut faire et d'écouter tout ce qu'il leur voudrait dire et
entendre (|ue le livre de M. de Caud)rai est donnerpoiir leur inslriiclion, ce qu'il leur avait
court, la matière bien examinée, déjà ju^'ée en défendu d'abord, cl ce (pi ils avaient aussi exé-
la |)ersorme de ïllolinos, de La Combe, de M"" cuté. 11 n'y a pas grand mal ; il est bon mèiiie
Gu> on, de Besnières, cl qu'ainsi l'on doit être qu il ne se puisse pas plaindre de n'avoir pas été
prêt. entendu, qiioiijue le lisre parle de lui-môme.
M. le cardinal d'Estrécs m'a parlé du P. Mais il faut remanjuer que c'est une règle, re-
l'era, Jacobin, comme pouvant donner des avis ligieusement observée dans les atlaires du
sûrs. Sainl-Oflice, que
examinateurs ne s'ou-
les
La lettre de M. de Cambrai est imprimée. 11 vrent en rien aux parties, même qu'ils ne les
se fait ai)plandir dans Ions les larduns cl les éoidenl pas. L'asse.-seur leur a écrit à chacun
journaux de Hollande. Je vous en envoie l'ex- un billet, de la pari de Sa Sainteté pour le leUf
Irail c'est constamment .M. de llarlay qui a
: permeltre.
fait dresser l'article. Le dessein des amis de .M. de Cambrai est de
A\czsoin, en donnant l'imijrirné de la Dé- pousser la cho.se plus loin, et de faire en sorte
claratuiu dex évéqucs, de corriger les endroits qu'on coinnumi(pie à iM. de Cambrai les propo-
qu'on a marqués à la main: ils sont impor- sitions qu'on croira devoir extraire de son livre,
Parlez comme vous le devez sur l'ordonnance c'est que Sa Sainteté, (pii dit toujours oui au
de M. de Reims, qui est ici fort estimée. Elle dernier venu, tout d'un coup, croyant ne faire
est en elTet fort sage, fort savante, lort curieuse auemi mal, ne s'engage à (juel(pie chose de sem-
cl néce>saire, après les llièses dos Jésuites. blable, et parla n'elernise celle alTaire. Je fe-
Le roi est |iiéveuu qu'on machinera pour vous rai bien tout de mon mieux pour ipie le Sainl-
obliger à rexenir, mais on croit votre séjour h l'ère se tienne sur .ses gardes ; et si, je l'o.se dire,
LETTRE CLXVll. sur celle aHaireet la faire finir, il n'eu serait |)as
pourra le faire un peu songer à lui il est en- ; truit, qu'il ne fasse pas mal. Nous aurons l'œil à
tièrement dévoué au cardinal de Bouillon. Jugez tout, et n'oublierons rien pour inslruire tout le
par là de celle Eminence. Avec tout cela, les monde.
gens les plus sensés sont persuadés que le livre Le Pape paraît se porter considérablement
n'évitera pas la censure mais ce ne sera pas
; mieux. Il donne audience à tout le monde, et
sans peine si M. le cardinal de Bouillon conti- s'est aujourd'hui promené fort longtemps dans
nue sa mauvaise volonté cachée car, poiu- les ; son jardin. On prétend, avec tout cela, qu'il n'est
Jésuites, ils ne peuvent faire aucun mal consi- pas hors d'affaire, que l'humeur de la goutte
dérable. n'est pas dissipée, et que l'estomac ne fait pas
L'assesseur a parlé au Pape d'une manière bien ses ionctions. M. le cardinal de Bouillon
très-artificieuse sur le livre en question ; il lui a n'est pas fâché qu'on croie que le Pape ne se
parlé de M. de Cambrai comme d'un homme porte pas bien, pour avoir plus de cré(Jit et il ;
d'une très-grande considération, pour qui il est certain qu'on ménage plus les cardinaux dans
fallait avoir des égards très-grands, et ne pas les temps qu'on croit avoir besoin d'eux, comme
précipiter une affaire qui regarde de si près un dans ces circonstances.
grand archevêque ;
qu'il fallait l'écouter et voir J'oubliai dans le dernier ordinaire de vous
ses raisons; quec'étaitune affaire de la dernière écrireque le P. Diaz et les autres Cordeliers es-
conséquence, et mille choses générales de cette pagnols ont joué des ressorts très-grands depuis
façon, qui ne font qu'embrouiller l'esprit du peu, pour faire faire quelque chose en faveur du
Pape. Le but est d'allonger et de gagner du livre de la Mère d'Agréda. J'ai été bien averti
temps d'attendre, s'il se peut, la mort du Pape,
; qu'ils voulaient employer pour cela M. l'ambas-
et mille aufres accidents qui peuvent retarder sadeur d'Espagne et dans les entretiens que
;
Ce que le P. Augustin vous a mandé, dans la toute espérance de pouvoir renouveler cette af-
lettre que je vous envoyai, par l'autre courrier, faire et de ncn faire eu faveur de ce livre. Le
de la Faculté deLouvain, n'est pas vrai. Hcnne- cardinal Casanate me le dit la dernière fois que
bel, qui est ici, a reçu ordre de ne se pas mêler j'eus l'honneur de le voir.
dans cette affaire. Ce docteur i m prouve fort le
livre; et il est vrai que Steyaert dit qu'il écrit
LETTRE CLXVIH.
contre M. de Cambrai. BOSSUET A SON NEVEU.
Enfin M. de Chanterac a donné une copie du
A Germigny, ce 27 octobre 1697.
livre en latin au Saint-Ollico, qui en fait faire
(les co[)ies pour chaque exan)inatcur. J'enqiloie- Il faut commencer par vous annoncer la ré-
rai tous mes efforts pour cti avoir nue, afin de ception de vos lettres du 8 et du 11. Le deinier
vousTenvoyerincessamment, c'est-à-dire, le plus paquet m'est parvenu par M. le cardinal d'Es-
tôt que je poui'rai. Irées celui (pie vous avez mis à l'ailivsse de M.
:
Je viens d'apprendre ce qui s'est passé ven- de Reims, qui est chez lui, n'est pas encore ar-
dredi dernier à l'as-semblée dos cxaminateiu's : rivé jus(pi'à moi.
on n'a parlé que des préliminaires. Tous ont M. le cardinal de Bouillon m'a honoré d'une
parlé déjà assez désavantageusemenl du livre; grande lettre pleine de bonté. Vous jugerez par
on a résolu d'en extraire des propositions, qu'on ma réponse, que je vous envoie, de ce qu'elle
examinera l'une après l'autre; et on a voulu dé- contenait.
terminer de s'asscnd)ler tous les vendredis de Vous aurez par l'onliiiiiire prochain, sans lar-
chaque semaine, peur (pie chacun rendit compte der, la relati(Ui sur le(|niéli^me (|ue vous voulez.
(leson travail, et poin- convenir, (i'est ce (jne J'aireçu la copie que M. l'helippeaux m'a en-
j'aifait proposer, connue le meilleur moven voyée '.
d'avancer; au moins on n'aura plus besoin de Al. (le Paris prépare et imprime actuellement
nouvelles convocations. Missonlié et (iranclli une ordonnance contre M. de Cambrai.
.servent cl serviront fort l)ien et Irès-ulilcnicnl. Le mouvcinenl (jne .se donnenl ici les ajnis de
i.e I'. AHora, Jé.snile, s'est trouvé à celle assem- M. de Cambrai est iiicrojabic ce (pii nous ;
le peuple, et h préparer les mois. J'ai reçu par le même courrier, le paquet
oblige & instruire
q»'»» Mcud. Les poli lifiues de vingt Déchiratinns, et quatre de voslivrcset
voies au jnK"-'""-'"!
répaiideiil (jii'oii aura de grands iiiénagcinenls, additions. Les vingt exemplaires de la première
pour ne i.oint lU'lrir uii arclie\ôque. Je ne le édition ne sont pas encore arrivés.
puis croire : ce serait tout perdre, l'ius une er- M. de Chanterac fait fort retentir ici la grâce
reur si pernicieuse vient de liaul, plus il en faut tju'ilprétend avoir obtenue de Sa Sainteté, sur
détruire l'autoiilé. Il sera temps de ménager sa la communication de toutes les difficultés qu'on
personne, quand on aura lomlroyé une doctrine fera sur l'ouvrage de .M. de Cambrai. 11 est vra»
qui lend au renversement île toutes les prières que le billet de l'assesseur aux déjiutés contient
et de toutes les conduites de l'Kglise. que du l'ape que les examina-
c'est l'intention
Cardez toujours, avec M. le cardinal de Bouil- teurs puissent commimi(|uer de vive voix avec le
lon, les mesures de respect et de confiance que grand vicaire de M. de Cambrai sur leui-s difli-
vous ai marquées par mes lettres
précéden- cullés. C'était là un beau prétexte pour ne ja-
je
tes. mais finir, pour entas.-er diflicullé sur difficulté.
M. le maréchal de Noailles qui m'a prié
C'est Cl rendre suspects tous ceux qu'il aurait voulu :
c'est l'évèquC
dinaire pouvoir vous mander une résolution fi.\e
voir qu'elle était [.ire que le livre :
volt que Kenelon avait composé deui lmtr\>ctiont, l'une pour espll-
qurr aa dortrli>e, l'auire pour eipoter la auite de la tradition ; maia supposant toujours ipi'il ap|)rouvc toul ce qu'on
qu'aptèe II Jugea à propoa de le» fundre en une aeulc. Ou jr appreitd mil pour emiiét lier les longueurs. Si mes ilé-
encore que plutteura théoloclcna, lélrt pour la cauae de l'arcbevA-
que de Cambrai, lui Orent dra obaerrationa qui donnèrent lieu k c« marchcs ne réussissent jias, je preiulrai jieut-
prélat d'ajouter t aon Initruttiun beaucoup de cartona, comme oo être la résolution de demander une audience à
i« volt dam l'édlilon originale, oii pluaieuta pagea aonl intercalera,
d'auiree imt>rinièot en >aractero« plua roenua et par là on eipli-
;
sa Sainteté, pour lui représenter mes raisons :
l)ue d'une manière plauaible ce que dit Ici Boatuet, apparemment mais je ne ferai rien que de l'avis du cardinal
mal Informé, que Fentlon avait (ail Imprimer ton yru(>-u(ioil èO
troit ou quatre Iteui dlITarenta. (Kdtt, d» \'tr$.) CaSiinate el ilii canlinal Spada.
• HenM fuoa de TliUr.l de Bia.y, né le 25 mal \KiT, nommé év*.
On tint donc, venilredi i>5, la Iroi.Mème confé-
que de l'oul en lAnT. Il reluaa l'archevéche de B^rdetul en 1097,
et fut choial par Lo<i a XIV, ir lO mai I7t)l, |K>ur aucceetciw de rence, où l'on continua les pieliminnires: on a
Douiicl dana le aiége de Mra'il, qu'il occupa juaqu'a aa iDort. Clé-
parlé fortement ctuitre le livre en général. Jiis-
mc'it XI le Ht cardinal en 1715 II muurui • l-^rla, e Sainl^IermalD-
dca l'iea, doot U éuit tbbé, le £6 juillet 17J7. (KdU. d« \n-$J (pi'ici, tout va bien, ou étudie la matière, on a
,
les livres. Le P. Massoulié, le P. Granelli, le P. Le ami de ce cardinal, et il est certain qu'en celte
Mire, le Père procureur général des Augustins, affaire-ci M. le cardinal de Bouillon croit s'en
sans difficulté, et font bien. Le P. Damascène Je ferai de mon mieux, et tâcherai de ne rien
était à la campagne : le P. Gabrielii et le P. Al- oublier, pour instruire Dieu fera le reste et le
;
crois qu'il les faut traduire en lalin, et retran- que cela fera un bon effet, si M. le nonce a rendu
cher les qualifications. Si ceux que je consul- compte ici de la manière dont cela s'est passé à
terai là-dessiis, qui seront le cardinal Casanate Paris. Je l'ai dit au cardinal Casanate, qui est le
et le cardinal Noris, le jugent à propos, j'en fe- seul, jusqu'à cette heure, sur qui je puisse comp-
tion. Jusqu'ici, c'est mon dessein, à moins que Je n'ai point encore entendu parler des livres
je n'y voie quelque nouvelle difficulté. Cela est que vous dites qu'on objecte à Paris je ne sais :
court et clair, et démonstratif: c'est tout ce qu'il ce que c'est que ce livre du Fr. Laurent.
faut. M. le cardinal de Bouillon est toujours à Fres-
y a longtemps que j'ai présenté un de vos
Il cati : il se porte bien, et régale tout le monde.
livres à M. le cardinal de Nerli, qui est assuré- Je ne puis lui aller faire ma cour aussi souvent
ment un personnage. Le cardinal de Bouillon que je le voudrais, ni jouir de la petite maison
est assez de ses amis, le P. Damascène aussi : que j'y ai. Présentement qu'on peut retourner à
je l'ai trouvé un peu prévenu. J'ai été une heure Home sans danger et dormir, j'irai plus souvent
et demie avec lui ce malin. Comme il est homme et j'y coucherai de temps en temps une nuit ou
j'espère lui faire connaître la vérité. Je lui ai est certaine.Le ministre de l'empereur, celui de
déj;\levé bien des nuages qu'il avait sur le pro- Saxe, et les amis de cet électeur, ont fait leurs
efforts pour engager le Pape à ftiire des démar-
cédé, et sur ce qu'on avait tâché de lui insinuer.
un des ches en faveur de M. de Saxe; mais ils n'y ont
Je continuerai h le voir souvent : c'est
pas réussi, cette cour étant résolue d'attendre
plus appliqués du Saint-Office. C'est le seul car-
l'événement. Le cardinal de Bouillon ne s'est
dinal, avec le cardinal Spada, que M. de Ciian-
ami,
donné aucun mouvement sur tout cela, au grand
lerac ait vu jusqu'à celle heure. 11 est fort
ctonnement de tout le monde.
ce me
semble, du cardinal d'Estrées. Si ce car-
non-seulement Le Pape est sorti déjà plusieurs fois, malgré
dinal pouvait lui faire savoir ,
faite.
dinal de Bouillon; mais je l'ai bien instruit, il y
J'ai entieleim cl instruit M. Charlas, qu'on
a longtemps. Ce cardinal elle cardinal Nerli .sont
cardinaux papables. avait comnuMicéà prévenir; mais il est, à celle
Je rccdiniais tous les jours de plus en plus heure, dans le bon chemin, si je ne me trompe.
l'iidérèl (|iic M. le cardinal de Bouillon piiMid * i'oifts la lottro l»Uï cl'ilos»ii4.
pour Al. de Cambrai. Le cardinal Albani est fort
' Ccsl celui qui succédai liinocorit XU, soua la nom J» C14-
niint XI.
nu* LETTRES RELATIVES
quelque autre. Cela ne fait rien dans le fond, et puis dire que ce fut une joie publique dans toute
ou en est quitte pour adoucir un tant soit peu
la cour. Je verrai demain la princesse. On croit
l'expression.
que le roi, (pii n'a point nommé la cha|ielle, me
Je vous supplie, mon
cher seigneur, de bien
m'en parler
veut faire l'honneur de : il ne m'a
observer ces mois de la pa:^e "o, que si l'on cou-
encore rien dit. Nous avons résolu, mon frère et
Iniue à nous accusrr, comme un fait, clc. Il me
moi, de ne vous proposer pour rien. Il faut es-
parait(|ue ces excusesne sont pasde lasublimilé,
pérer que par votre bonne conduite, et par vos
et, pour ainsi dire, de la magu;uiimiléd'(mo ins-
services, vous obtiendrez quelque chose de mieux.
truction |iastorale. Vous paraîtrez trop ému du
Ne doutez pas que je ne in'ap|ilique à vos avan-
bon mécliant mot d'un jtrélat que v jus connais- tages jilus qu'aux miens puisque dans les choses;
Mclion. Il n'y a point eu de rigueur en cette avoir tout ce temps-là pour prévenir Rome, si
alï.iiie, pnisipi'on ne s'est déclare qu'à l'extré- l'on pouvait, etembroiiilier les affaires.
inilé. Noire DérlurnUon n'est pas un acte de Celte Instruction doit faire un effet tout con-
ngucur;elle porte si justification en elle même. traire à celui ipic railleur eu attend. On voit un
Ce n'est pas une rigueur dans \otre Instruclinn, homme qui recule sur tout, qui ne sait coniineut
•lavoir iiiar(pié en lieiile endroits les jiaroles du couvrir ses erreurs, et (jiii n'a pas riiiimilité de
livre de .M. de (^aiiihrai il est désigne troj) clai-
les avouer. Il n'en faut pas davantage pour per-
;
reiiient, pour donner lieu à aucun doute. J ole- siiadcique le livre est visiblement condamnable,
rais, pour cette raison, ces inots:/e ménaijt'mrnt puisque auteur ne le [leiit ^allver (pfeii le tour-
I
qui est ilù (lu mnilc cl nu raracthe de l'aulcur. nant à contre-sens. Cest reffet que vous atten-
Ces excuses me semblent peu nécessaires, après diez de l'explication : voiisavez très-bien raisonné
notre Di'clurnliou; et il me parait plus noble, par et, eu général, je vous puis dire que tous les
con-iéqueiit plus épiscopal, de le jiistilier par le
raisomiemen's que vous faites sur cette affaire
foiiil. C'est une assez lionne iaison(|ue celle d'al-
sont très-justes. J-vuus enverrai bientôt de cour-
teiiiirc le jugcmeni du l'ape, et je crois que le
tes remaniiies surcelte ordoniiince. Kii atten-
'
tnx nbNcrvalKini lio ilouucl en corriconl ou adouciktant lu dilTc- loralf Koniut à Cmmirai It 16 di irfirntn —
' Dt fiur/uaMM UmL
Je faut communiquer qu'à peu de personnes qui pour allonger; car il n'y a aucune bonne raison
soient sûres. à cela. On dit encore pour prétexte de cette
M. le cardinal de Janson est à Beauvais, ti'ès- remise (mais ce n'est qu'un !)ruit qui ne laisse
heureusement appliqué à son diocèse. Ne doutez pas d'avoir son fondement), que M. le nonce
a
pas de mon attention à ce que vous me marquez écrit qu'il croyait qu'on ferait (ilaisir au roi de
par rapport à lui et à M. le cardinal d'Estrées
'
: nommer d'autres examinateurs à la place de
ce dernier n'est point ici. Damascène et de Gabrieli et que cela doit se ,
continuels pour la conservation lie Sa Sainteté: m'en a touché quelque chose. Je lui ai dit à peu
et jamais Pape ne fut plus révéré ni plus chéri près ce que vous m'avez écrit sur ce sujet-là,
Assurez-vous que je ne partirai point d'ici, s'il lui taisant remarquer que le parti que les évoques
plait à Dieu, sans avoir fait résoudre ce que vous prenaient naturellement était celui de la douceur
croyez nécessaire. Le roi est toujours porté par et du respect pour ce qu'ils pouvaient croire l'in-
le même zèle, et il ne faut que lui montrer le tention du Pape et de la congrégation nous :
bien. C'en est un grand qu'il a fait d'avoir, dès verrons ce qui en sera. J'ai parlé au cardinal
le lendemain de la paix, et avant la signature de Casanate en conformité sur cet article.
l'empereur, déchargé tout le royaume de l'us- Je lui ai parlé plus fortement sur f article de la
tensile, de la capitation et de la milice c'est : communication des pièces et propositions que
relâcher tout d'un coup quarante millions. demande M. de Chanterac, et sur le billet de
M. le cardinal de Bouillon m'honore trop de l'assesseur. Il est convenu que c'était entièreuien t
ses bontéspour n'être pas bien aise de la nouvelle contre l'ordre et la règle du Saint-Office que le ;
grâce que j'ai reçue. Je vous prie de lui en donner Pape s'était comme engagé là-dedans sans le
avis de ma part, en l'assurant de mes respects. savoir. Je ne vois encore rien de précis et de
Le P. Augustin voudrait qu'on fit agir le roi déterminé là-dessus. Ces cardinaux et le cardinal
dans l'affaire du P. Serri je le voudrais, mais : Spada me rassurent; mais je ne vois point de
il faut que le temps et les circonstances se pré- contre-ordre précis. Je saurai si demain on lait
sentent. quelque chose à cesujet; cela est de conséquence.
Ce que je crains plus que tout, c'est la comnui-
LETTRE CLXXIL
rùcalion des propositions avant la condaunudiou;
l'abbé bossuet a son oncle.
ce qui serait contre toutes les règles du Saint-
A Rome, ce 12 novembre 1697. Office , cela ne s'élaut jam.iis pratiqué. J'agirai
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon- ici de mon mieux ,
pour représenter toutes les
neur de m'écriredeFonlaiuehIcau, du iioctobre. raisons contraires; je ferai toutes sortes d'ins-
Vous aurez vu, par mes préccdeules, le sujet du tances. Une seule |)arole de M, le canlinal de
retardement de nu\s lettres. J'espère, par les ré- Bouillon ferait toul; mais il ne faut pas res|)ércr,
ponses que je recevrai, apprendre le sort qu'elles et vous voyez en quel cnd)arras je suis.
auront eu. Ajoutez, de plus, (pi'il n'y a pasdejoiu'où
La suppression du livre, donec corrUfaiur deux ou trois personnes ne parlent au Pape en
paraît jusrpi'ici une chimère, et nue chose ini- faveur de M. deCand)rai, et qu'il ne sait plus où
[tossible dans l'élat des allaires, comme vous il en est. Dans le couuueucemenl, rien n'était
aurez vu par mes précédentes. pareil à son ardeur à présent il dit cpi'il faut
:
remise, du conunaridomcrd du l'ape jusipi'à , n'y a (pie moi qui lais toujours semblant d'en
nouvel ordre. Le (yrélexlc est la Iraduc.lion nou- donler. Jesais pomlant (pi'ils n'oublient rien : ils
velle avec les notes, qui e.irmncnce à |)arailre , vont sollicilanl |)ailout Italiens et Français; et le
et (ju'(ui vcul que les exaimnaleurs \oienl avant P. Dez a dit, il y a (pialre jours, (pie la société
que de coulinucr les assemblées. C'est toujours était engagée à taire aidant d'elTorls pour empê-
.loiiKngur l'un ou Iniilro do
cher la eoiulamiiatiou de ce livre, comme elle en
' Il a'(i(;lss.-iil
c.-sdon» ranliiinux A
pitulrc pour r.,nr|nviH(n rnbhù Bossuot, tl lo l'apo vonall à mourir
avait lait pour taire coiuiamuer Jan miiIus.
U. iuu. VI.
386 I.KTTRES RELATIVES
Jf ne sais ce qu'on ponrrail faire poiii- imposer c;itions en forme. J'ai déjà écrit h Naples, au
silrnfi'i'icc.sMcssi(Mirs, ipii imlilii'iil p.niunt.snns sieur Bali/.on , pour voir si on ne pourrait pas
lionle, que le roi ne i)rt'ii(l plus aucun irilt rit à faire imprimer cette traduction ; cela serait bien
celle afi'aire, et (pie M. le cardinal de Houillon conunoile et plus utile, parce qu'il en faudrait
n t'iait cliari^é de rien là-des.sus de sa pari ; faire transcrire trop de copies. Il me parait que
qu'aussi il Icumi^'iiail une parfaite indifférence. la matière .sera bien éclaircie, après la /^(''/arat/eii,
Que puis-je dire à lout cela? iNéaninoins je puis le Sumvia doctiiiur et les remarques. M. Phe-
,
mérilerait bien. Si le roi jugeait à propos de ré- beaucoup |)ar réputation et par crainte.
crire an l'ape pour faire de nouvelles instances, M. de Chanterac a lait voir ici à quelqu'un le
tenienl à M. le nonce contre commencement d'un écrit en laiin , traduit de
qu'il voidùl parier toi
la connmuiicalion des propositions, qu'il lui français, sous le nom
d'im docteur de Sorbonne,
dirait n'éUe qu'un mojen d'allonger, inutile en qui fait voir, à ce qu'on dit, pro|)Osition par |iro-
soi, injurieux au Saint-Siège, et contraire, de position, la condanmalion de .Molinos par .M. de
l'aveu des cardinaux et des e.xaminatcms, aux Candjrai. II est dit, dans cet écrit, (jne .M. de
sûrement Candjrai a pom' lui la plus grande partie de la
du Saint-Ullice, il en
règles résulterait
un bon eflel si du moins
: il ordonnait à M. le Soibonnc.
fait voir encore une réponse de M. de
Cardinal de Bouillon de i'eni|iéclier de (jueliiue Il
très-utile, jiour ilc pas dire très-nécessaire. Il ne m'a jjromis de me faire avoir tout cela cette
Serait pas moins avantageux qu'on put insinuer semaine.
au cardinal de Bouillon ([u'il lerait une chose Le point important à présent, c'est d'empêcher,
agréable, moi étant à Home pour cette aflaire, à quel(pie prix (jue ce soit, la conununicalion des
de me conununi(pier ses vues. Je sais bien que propositions rpie les examinateurs extrairont de
cela l'endiarrasscrait mais s'il délérait à cet
;
M. de Cambrai. Il ne faut point perdre de temps;
avis, il me domicrait lieu de lui représenter bien ei si on envowiil quehpie courrier extraordinaire
des choses, et de lui parler librement; ce que je poiu' faire faire les instances nécessaires et con-
venues, il sera bon que vous soyez instruit, et
ne puis faire.
11 ne faut pas oublier, s'il vous plait de fairl ,
(pie vousajez soin de iii'avertir en même temps.
Il laut être assuré, qu'à moins qu'on ne voie du
parler à M. le nonce, de l'asse.ssenr, connue d'un
ctJté du roi une persévérance constante et pu-
iionnne entièrement partial, cl de se plaindre de
sa conduite. 11 esl bon ijue cela lui revienne, et bli(iuc, on ne se pressera point de linir.
qu'il sache le méconlentemenl tant du roi que Je vous envoie dans deux leuilles séparées ce
des évèipies. Si le roi jugeait encore à pro|)os, que je sais de la traduilion latine.
quand il fera réponse aux bonnes lètes aux car- Je ne rc(;ois aucune rcpoiuse de vous au sujet
dinaux du Sainl-Ollice, de leur en loucher un du pauM'e chevalier de la Grotte, qui s^uis moi
nuit, rien ne serait plus ellicace; mais je ne sais mourrait de laiin.
J'ai perdu mon cachet à tète ainsi je suis
si cela est pratic.diie. Kiilin le mal, eu lout ceci,
;
vient du cardinal <lc Bduillon : cela produit un oblige de cacheter avec imedeNi.sc de M. i'belii>-
très-maUNais cllet pour la bonne cause. pcaux, doiil je vous envoie l'emitreinle.
Je n'ai point rc^'u encore le Sumiiui dortriiiœ:
LLITUE CLXXIIL
il me viendra apparenunenl par le prochain
BOSSL'bT A SUN NEVEU.
comrier; j'en lerai un bon usage. On ne saurait
A VcrMiJIes, ce II novembre 1697.
trop m'en cnvojer, ainsi que des Diclaraliuiis
des évèqufs. J'ai reçu votre lellre du -2-2 oclobrc. Uuoi-
Nous avons résolu de traduire les remairpies qu'après ma nommatioii on atteiulil celle du
que NOUS m'avez envojées rien nesl plus net, : reste de la chapelle, il ne s'est rien dit du lout
plus précis, |ilus La traduction
démonstratif. sur cela. On revint samedi de Jlarly, d'où je suis
ialine laite, on retranchera pcul-èire les ijualifl- Voy. U leltr* 16:1 cM*itui.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 387
venu ici. Je vais faire un tour à Paris, pour n'en peut douter; mais, encore un coup, cel;i
retourner au plus tôt à la cour. ne peut que faire un peu retarder le jugement
M. le cardinal de Bouillon a écrit sur mon Pour ce qui regarde M. de Cambrai, il est bien
sujet à M. l'abbé de Fleury ^ une lettre à peu difficile que son Hvre échappe ici à la condam
près de même sens que celle que vous pouvez nation. On aura beau cour non pres-
faire, celte
avoir comprise par ma réponse. Il se défend fort sée ira peut-être un peu lentement; mais il
de se mêler de l'affaire de M. de Cambrai, et dit faudra mettre à profit cette lenteur qui, avec
qu'il ne croit pas que vous ayez aucun sujet Je cela, ne sera pas excessive. Pour en tirer parti
il faut nécessairement traduire en latin les pre.!
vous plaindre de lui. C'est ainsi qu'il a la bonté
de parler, ajoutant même qu'il vous avait offert mières vingt remarques dont je vous parlais dans
de tenir chez lui la place d'ami, qu'y tenait M. ma dernière lettre, et les faire imprimer. J'ai
pris le conseil de M. le cardinal Casanate, de M.
l'abbé de Polignac. J'ai prié M. l'abbé de Fleury
le cardinal Noris et de plusieurs autres. On a
de faire de ma part toutes les honnêtetés que je
dois à ses bontés si obligeantes. J'ai fort assuré
trouvé fort bon l'impression de la Déclaration et
que vous étiez dans les mêmes sentiments : je
du Summa doctrinœ. Je fais voir par là que les
suis bien persuadé que vous parlerez et agirez évêques ne font rion en secretsur cette matière ;
qu'ils sont bien aises d'exposer aux yeux, et à la
sur ce même pied et je vous en prie.
,
M. de Metz'^ et l'abbé de Castries, qui sont présent l'intention de Sa Sainteté, qu'on avait
venus me surprendre ici à diner, vous font bien surprise. Ainsi les choses resteront dans l'état
où
des compliments. moins que le Pape et la con-
elles doivent être, à
démit on 1715. Il devint préccpiciir de 1-oiMi XV, caidmal en 1710, qu'il faut la permission (liicardiiial-évé<|Uf ildu
pin» miDlsIie d'Ent, et mourut k Imy, le 29 janvier 1713. (lidtt.
d* vice-roi. Cela serait long à examiner,
Yeri.J peiilèire
' Du Cambout do Colalia, nevou du catdlnil do ce nom. la permission ne serait pas sûre: ainsi nous
388 LETTRES RELATIVES
avons pris \o parli de vous envoyer, par cet ordi- faire, mai qu'on sVn tient aux principales.
.
(pi'avec cela, hien enleiidn, le livre ne peut pas examinateurs contre lui.
tenir. Vous y corrigerez ce que vous jugerez Au reste, il n'est vous pas nécessaire que
vous-mémo àpropos.On n'a pas cru devoir met- mettiez votre nom ne faut même
'i cet ouvrage. Il
discours; cela ne sera pas improuvé ici, mais et dans la forme que vous jugerez fi propos. En-
est même nécessaire. On pense qu'il est bon de core une fois, n'hésitez pas à faire imprimer ce
mettre le-; principaux passaj^es à la marge en que nous vous diMuandons pour ce pays-ci, cela
français, pour (ju'on voie d'un coup d'œil, et est absolmncnt nécessaire; mais, s'il vous plaît,
il ne faut pas perdre un moment de temi>s. Aus-
qu'on puisse confrouler aisément.
Les dernières remarques (pie j'ai reçues par sitôt mon paquet reçu, il faut faire imprimer en
le dernier courrier avec le Summa doctrinœ, toute diligence ce que nous vous envo)on.s,
(et il n'.\ a (|ue vous ijui le pIIis^i(•z (aire) en dinaires, le |)lus qu'il sera possible, aussi liien
prendre le sulislanliel, cl ce «pii lendrait 'i lor- que des Dàlarativus et des Summa doclrinœ : il
tilier les remarques, pour le
vingt [ireinières nécessaire de ic'pandre cela partout. On jugC
e.st
foudre dans ces remarques, ou le placer à la ici forl sur la répulalion : ces trois pièces .se sou-
lin mais il ne faut, s'il vous plail, prendre
: tiennent l'une l'autre, et sulïisent. Au reste, les
que ce (jui ne .souffre aucune répli(iue, et ne dernières reman)ues nous .serviront ici pour
laisse lieu à aucune échaiipatoire. Il est aussi appiiifondir la matière, et pour ré|)ondre, s'il
Chrétiens, l'.il.i sape i)ar les londemenls tout elle est très-longue. M. le cardinal m'a dit (ju'il
son système, et lui enlève les passai:! s de l'Ecri- lui paraissiittpi'il commençait à rétracter beau.
ture sainte, ilmd il abuse niaiillc.^IcMieut. La coup de choses il ne l'avait plus et l'avait ren-
:
me promettez. Il est certain que M. le cardinal qui s'en donnera. Au reste, je jinis assurer que
de Bouillon est très-indisposé contre moi. Je
ceux que je me suis donnés ont été nécessaires,
traite les affaires dont je suis chargé avec toute
et qu'ils n'ont été aperçus de personne, puisque
l'application qui m'est possible, et je rends tout
je vais, sans valet, et le soir, et
que je ne vois
le respect que je dois à chacun.
que des personnes sûres et fidèles, qui sont de
L'union entre vous, M. de Paris et M. de Char-
mes amis 11 serait peut-être bon que je
.
partout ce qui n'est pas jésuite. Je lui écris am- soir; mais comme M. le cardinal de Bouillon
plement, et choses qniassmément ne lui déplai-
Voulait être présent, peut-être (jiie les dépêches
ront pas; il vous en iiilormera.
(pi'il devait faire amont eiigi\gé à dilTêiiïr. Le
eonireM. l'nrchev^quc de Cambrai. On fit d'nbord courir colto pièce niaitre du sacré palais donna ce livre à lire au
manuscrite à Rumo, et enfin on la fit Imprimer rarinOo suivante,
I6J».
P. ftlassoulié, (jui y fil des notes. Le P. Dcz Ics
sons le litre de Bi'ponse au jnnuêniste anpinjme: jours en mon nom, sans meltrc en jeu celui
le Dominicain sVn est |)l.iint à la confirégulion du roi, dont on ne doit point se servir sans
el je ne sais conwnenl cela se terminera. ordre.
L'Ordonnance de M. île Heims contre les tlii-- Vdiis avez vu présentement sans doute Tins-
ses desJésnites sera lort estimée on a liean- : triiclion pastorale de .M. de Cambrai vous re- ;
con|i de cnriosilé de la voir. C'est nn coup Itien mar<]nez aisément que tout y est déguisement
violent ponr les [jersoniies (jni n'y sont pas ac- et aililice. Je travaille h la réfuter sonimaire-
d'insérer dans ces observations une réfutation gnes, qu'il loudi oie d'une étrange forée.
Je vous envoie une petite lettre de M. l'abbé
courte de la Lettre padorale que vous pouvez
avoir il n'en est venu ici qu'un exemplaire, ap-
:
de Reaufort à M. le maréclial de Noailles, sur le
parenuncnl pour pressentir ce (|u'on en dirait sujet du I"r. Laurent, carme déchaussé. Vous
en celle cour. On parle encore d'un écrit il'un verrez avec combien peu de ménagement un
docteur de Sorbonne, probablement supposé :
bomme de rarcbevèché, et bien avoué de son
patron, parle de M. de Cambrai.
je n'ai pu encore le voir. Il faut que ce ne soit
Outre l'instruction pastorale, M. de Cambrai
pas praiul'cbose, car on n'ose encore le com-
municpier. Après ces obser\alions, s'il se fait remplit le monde de iietits ouvrages, qu'il ré-
attend quehpie événement qui puisse retarder, mêle de rien. Cet abbé doit répondre que je crois
tout ce (pi'il dit, et que je n'entre en nulle con-
cl ([ui n'arrivera peut-être jias.
Les Jésuites ont répondu ces jours-ci que naissance de sa conduite, (|ui ne peut être que
M"" de Slaintenon avait écrit au cardinal de bonne, el conlorme aux ordres qu'il a. Je me
Bouillon en faveur de M. de Cand)rai on veut ;
réduis toujours, sans plainte el sans chagrin, à
même que le roi soit ilillérent: mais cela ne dire que cette Eniinence ne me fait pas assez de
fera pas grand effet, s'il continue à presser l'af- justice, sur ce qu'il me parait trop regarder cette
faùe. Je suis avec un prolond respect, etc. affaire comme une querelle particulière entre
M. de Cambrai et moi. Comme il parle de vous,
LETTRE CLXXVI. j'ai prié cet abbé d'a.ssurer que vous recevez de
BOSSLET A SON NEVEU. ce cardinal toute sorte de bons traitements, et
A Vcr8.iillcs, c« 9 décembre 1G97. que vous n'a>ez qu'à vous en louer. Demandez-
lui toujours sa bienveillance et sa protection ;
J'aireçu votre lettre du "2!) octobre, el je suis
vous ne sauriez rendre trop de devoirs.
lui
bien aise de vous voir toujours au fait el forl
Quant aux écrits que j'envoie, il ne faut pas
attentif. J'attends par l'ordinaire procbain d'ap-
que votre pré\ention pour moi vous empêche
prendre l'événement de votre projet <• U ne
d'examiner ce qui convient au lieu où vous êtes :
faut poii\t, sans néces.sité, demander audience
de nuin coté, je ne puis voir assurément que ce
au l'ape, ù cause que cela fe-
du grand éclat
qui con\ient ici.
rait mais agis>anl par le conseil du cardinal
;
Les amis de M. de Cambrai n'ont à dire autre
Casanate que vdus me nommez, vous ne sau-
chose, sinon (|ue je lui suis trop rigoureux. lUais
riez que bien faire. Prenez garde de parler lou- dans une querelle où
si je molli.s.sais il y va de
' Ce prwj«l coniiMait.comm» on la vu p»r les Ictlres prrcrdenlcj '
Elle eit lntilulif:/iu/r«ciin pailoralt lur la ptrfKlicm tkri-
i •Itmandcr qu'on Mconfirniit dtnt l'aflttra de M. d« Cambrai aux <wi»i< tl mr Oi rit tinirtiart. cn»lrt la ii.'iuî'nj ia/.i»M myiliquci-
c:. lin Situ'-' f.i c et qu'on ne communlqult peint à Tabbé do du oclotn lb9T.
ri,; ,
La data est l>
A L'AFFAIRE DU QUIETISME. .391
toute la religion, ou si j'affectais des délicates- aux erreurs grossières qui sont ca-
l'essentiel, et
çaises serait bien longue. M. Phelippeaux pren" tre M. de Cambrai. M. le cardinal de Bouillon
dia bien la peine d'en traduire ce qui sera plus et les Jésuiles sont bien aises de faire croire ici,
utile. Mon intention est qu'elles puissent servir que le clergé de France est entièrement div'sé
de mémoire à quelqu'un de confiance. sur cette matière, et que beaucoup de prélats et
Vous devez avoir reçu deux pièces latines, qui de docteurs ne condamnent pas le livre de M.
sont pour vous et pour des personnes alfidées : de Cambrai. Il serait bon de faire connaître le
l'une est Narratio, l'autre est Errores et qualifi- contraire à tout le monde par toute sorte de
cationes. voies.
Vous ne manquerez pas de nous écrire sur J'ai appris, ma dernière lettre, qu'on
depuis
l'Ordonnance de M. de Reims. On dit qu'il court, parlait tout basde former une congrégation de
contre cet ouvrage, une lettre fort imperti- cardinaux exprès pour cette affaire. Cela peut
nente. avoir son bon et son mauvais. Si cette nouveauté
J'attends avec impatience l'écrit latin de M. était demandée de la part du roi par M. le car-
vais; on l'attend ici dans peu. pour bon. Si c'est le contraire, ce dessein m'est
fort suspect ; et on n'y viendra que pour tâcher
LETTRE CLXXVIL de changer des choses, qu'on croit n'être
l'état
l'abbé bossuet a son oncle. pas favorable à M. de Cambrai. J'ai mis en cam-
A Frescali, ce 19 novembre 1697.
pagne deux ou trois personnes pour découvrir
ce qui en est: je le saurai dans peu et j'agirai
J'ai reçu ici, il y a trois jours, la lettre que suivant l'occurrence. Ce que vous me mandez
vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de Get'" par votre précédente lettre, qu'on verra l'effet
migny, le 2" du mois passé. Je suis venu ici que produira ce que le roi a dit à M. le nonce,
prendre l'air quatre ou cinq jours, et m'en re- me fait suspendre mon jugement: et je doule
tourne demain. Je rendi'ai inoi-mcme votre si ce ne serait pas ce projet dont vous voudriez
lettre à M. le cardinal de Bouillon, et aurai par me parler: d'un autre côté, je crois que cela
là occasion de lui parler de cette affaire, dont, vaudrait bien la peine de m'être mandé claire-
pour vous dire la vérité, nous ne parlons pas ment.
plus que s'il n'en était pas question. La raison Je suis venu ici en partie pour attendre que
pour laquelle de mon côté j'en agis ainsi, c'est je fusse mieux instruit, et n'être pas obligé de
que je vois fort bien qu'il évite tontes les occa- parler là-dessus, sans savoir ce que j'ai à dire.
sions d'entrer là-dessus en matière avec moi :
Tout ce que je puis vous assurer, c'est (pie le
et comme je veux aller mon chemin, et l'aire ce cardinal de Bouillon sera bien hardi, s'il le fait
qu'il convient pour le bien de la cause, je n'en
sans ordre du roi car, assurément, une pa-
:
veux pas être euipèclié. Je suppose toujours reille chose ne |)cut s'exécuter, sans que le car-
qu'on est i)ienaise, parce que cela doit ùlre ainsi. dinal de Bouillon y ail part.
Du reste, je ne fais rien que je ne veuille bien Les Jésuiles publient haulement que la lettre
qui soit su de tout le monde, et je garde toutes du par M. révê(|ue de Meaux
roi a été dictée :
les mesures imaginables. cela est assez insolent, et dil pour aliéner des
Enfin nous avons eu coiiie des notes latines, trois évoques l'esprit des examinateurs. Des re-
et j'ai cliaigé M. Phelippeaux de vous en envo- ligieux intrigants, à la Icle des(iuels est le P.
yer un exemplaire par cet ordinaire, il vous Diaz, cordelier esi)agnol, publieiU (pie M. de
instruira aussi de ce <iu'il a pu savoir de nouveau Cambrai est le seul dcfenseur des religieux, et
dei)uisinon dé|)arl. 11 vous doit envoyer les der- qu'ils doivent le soutenir.
nières feuilles de la traduction latine, dont nous Il est sûr ([ue le P. Damascène est exclu du
attendons ici les exemplaires avec giiuule im. nombre des examiiialenrs, doni il est Irès-I'àché,
patience, connue cliosi' très lu'cessaire. Vousavez elles examinateurs sont fort aises li'cn êlre dé-
ù pn'st'nl VOrduiniiiiire et les IS'oh's; vons|)oni- bariassés. M. Phelippeaux vous écrira ample-
ricz ajoulci ce. (jn'il faut aux eiulroils. Ce (pic je ment celle lellrc sera dans son p;i(picl.
:
prends la liberté de vous reconnnandcr, c'est |a Le Pape se porU; bien, cl a (<iil son Miailit! de
brièveté cl à cet effet de ne vous arrêter qu'à cliambie iMgr Aqiiavi\;i, iN';ipolil;iin, (jui est for!
392 LETTRES REI.ATrSTS
mon ami, et qui pourra parler au Pape plus Vous avez re(;u à présent VInsintclion pnxto-
lorlemeiit (|iic M. I.euei, qui, par modesUc» rak de M. de C.unbrai. (l'est un moyen incon-
iro>ail i«arler<ie rien. Je suis, etc. leslable pour condamner le livre: air, l'Eglise .si
avons avis qu'on a ôté Damascène du nombre que pour le favoriser plus finement et mettre
des examinateurs j'en suis bien aise, tant |)our
:
toute sa doctrine dans des exc(''s.
piire voir le /.(le du roi à défendre la bonne Je vous envoie un Mémoiie ', qui vous manjue-
cause, que pour le bien même de l'affaire. Quoi- ra, dans l'Instructinu pastorale de M. de Paris,
que ce reli;;ieux se fût expliqué pour la censure les endroits extraits du livre de M. de Cambrai.
du livre, il n'était pas à propos (ju'il fût un des Je diflère de parler, parce (pie je veux donner
examinateurs. une courte mais forte réfutation de l'Instruction
J'ai ciiuseillé de ne rien pousser pour exclure paslnrah' de cet arcbevèquc.
Caliiieli. J'admire le peu de sincérité de M. l'abbé de
M. de Cambrai et ses amis crient ici victoire ; Chanterac, lorsqu'il dit qu'on se ralentit ici. M.
mais nous ne nous étonnons pas de ce sljlc. de Cambrai, qui se vante d'avoir pour lui la
Tout lésounait de la victoire de ce prélat, quand moitié de la Sorboune, ne saurait trouver un
il lut rcnvojé de la cour le loi. (lisait-un, ne:
seul api)robatcur de sa docliiiie, ni d'aucune
se souciai! plus de l'affaire, et tout allait bien des pro|iosilions qu'on re|)rend dans son livre.
pour .M. deCaud>rai. 11 est vrai qu'alors les in- Il n'a même osé dire, comme ont fait M. de
lrigU(îs n'étaient pas telles qu'elles le sont dans Reims et M. de Paris,qu'il avait consulté des
la circonstance présente, et qu'on ne voyait pas évé(pies et des docteurs.
une cabale .si pui.ssaule et si concertée; mais Jamais il n'y eut une pareille illusion à celle
Ja vérité sera la plus forte. de .s(jn amour naturel permis, qu'il étale dans
Je vous prie de cbeicber les moyens de voir son Iiis'iuclion pantorale, pages 9 et 10. On ne
M. le cardinal de Bouillon, et de lui dire qu'en- pouvait rien inventer de moins convenable au
core que je croie tout ce qu'il lui plait sur la livre, de moins fondé en .soi-même et de plus
neutralité promet, je ne ces.serai jamais de
(pi'il outré. 11 n'y a point de |ilus claire démonstra-
me plaindre à lui avec respect du peu de jus- tion de la fausseté du livre en soi, et de l'illusion
tice (pie Son Euiinence me rend, sur la plainte que l'auteur fait ii ses lecleurs. Son impudence
que j'ai eu riiouneur de lui faiie des discours est extrême d'avoir assuré, p. 103, qu'il a tou-
qu'on avait tenus, et (pii tendaient à réduiie jours pensé de même, quand il n'y a pas trois
{•elle alTaire à ime querelle |iarlieuli('re eidre lignes de suite (jui deineurenl eu leiirenlier.
M. dcCandtrai et moi. Toule la France sait que Je viens de voir, dans une lellie de Rome,
jcn'ai aucune aucun démêlé avec
affaire ni cet que .M. Derniui, assesseur du saint Oflice, .se dé-
arelievè(pie, qui ne me soit couuuuu avec les clare fort partisan de .M. de Cambrai. A Dieu
autres prélats. Je ne ce.sseiai de renouveler cette ne plaise, poiullionneur du Pape et de l'Eglise
pl.iinle h .M. le cardinal de rionillon, jus(pr;\ ce romaine, (pi'elle se laisse surprendre h la plus
qu'il m'ait fait ju>li(e, et(prilait (laij^né me gro.^sièiedes illusions !
répondre sin* ce point. Du reste, toutes les let- M. de (Cambrai a écrit une nouvelle lettre au
tres de llotne disent ipiil fait .secrètement sim Pape au sujet de .sa nouvelle explication. Jaurai
affaire de celle de M. deCandirai n'en croyons :
la foi jiis(pi'au bout, que Rome ne se lai.s.scra
rien, ni vous ni moi. A^'i.ssez toujours avec lui pas surprendre.
dans les mêmes sentiments de respect et de
i|Uei sur la traduction latiiw du llrra d* M.dcCambrai, apiit 1 avoir
conliancp, quand il vous jujj'cra di{;ne de vous «ciilriiicnl parcoiiruo rai'lilemrnl.
écouter. '
i'oy. ce Miinoirï à la suite de celte lettre-
L'alilx: JJu^iui avait ciivoyo ilc Uumr, u huii uiicic, li» rciuar-
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. ?.03
EXTRAIT DE L'iXSTRrCTION PASTORALE DE M.l'aRCHEVÊQUE DE <i L'espérance désintéressée des promesses; » Explic, p. 91.
Paris contre les faux mystiques du 27 octodre 1097. Instr. past., p. 21 : « Le désir désintéressé consiste à ne
vouloir le salut qu'en tant que Dieu le veut; » Explic, p. 20,
Fait par l'évêque de Meaux. 27, qu'il cause que Dieu le veut... Instruc, ibid.: k L'âme
Instruction pastorale, pag. 7, 8, sur la tradition, riîfute la persuailée invincibleme it; •> Explic, p. 87. Instruc, ibid.:
et en particulier la p. 7, Un secret
même etc. repris de
,
,
pas volontaire'/ « Explic, 90. Instruc, ibid.: u Sa- p. 89,
VExptic. Averliss., p. 1, 2; livre, p. 261, encore, p. 7, « à crifice conditionnel... Explic, p. 87. Instr. ibid.:
absolu;»
un très-petit nombre d'âmes parfaites, » contre VExpUc, « Ne pas coopérer à toute sa grâce » Explic, p. 50. Inst., ;
p. 34. Encore, p. 8 : « La perfection nécessaire, etc. Ex- >> p. 21 « L'âme acquiesce à sa réprobation par un acte ré-
:
plic, 261. La même encore, « Doctrine cacliée fléchi... et conserve l'espérance par un acte direct; » Explic,
p. 34, 35,
aux saints; » Explic. ibid., encore Instruc past., p. 8, 9: p. 87, 90, 91.
K Si la perfection était celle dont parle l'Evangile; "Explic, Instruc past., p. 22 : « Désespoir apparent... péché appa-
la plupart des saints, et cela de peur de les scandaliser; » regarde; » Explic, p. 72. Instr. ibid.: u Le directeur n'a
Explic. des Maximes, p. 34, 35. La même Instr. ibid. -. d'autre ressource que de laisser faire un acquiescement sim-
« "Tombe dans le désespoir; » Explic, p. 9. Instruc, Ibid.-. ple » E.rplic, p. 91. Instruc, ibid.: « L'ignorance orgueil-
:
« Acquiesce à sa réprobation, » Explic, p. 91. Instr. Ibid.-, leuse de ceux qui font les maîtres en Israël, sans avoir ni
K Faire un mystère de la perfection chrétienne; » Explic, science ni vocation; » l'auteur de YExfAicalion des Maximes
p. 34, 3!), 261; et dans VAvertiss., p. 1, 2,4, 5. Instruc, désigné; et il l'était encore mieux dans la première édition
ibid.: « Le lait des enfants... la nourriture des forts,» repris qui a été retirée on y lisait : « Sans avoir les premières no-
;
tilités, abstractions, idées abstraites, jietites distinctions de de zèle pour réprimer la témérité d'une femme qui enseign.iit
métaphysique , raffmements de Sjiirilualité, et autres seni. la doctrine des nicolaïtes. » C'est un caractère de M. de
blablci répandus à toutes pages de l'Instruc. past., sur- les Cambrai et de M°" Guyon.
tout p. 12, 13, IG, 17, 25, 34, 39, 40, 41 49, 51 S2, 55 . , Instruct. past., p. 31, à la marge : « Dans le cas du pré-
62, 63, etc. C'est un caractère continuel du livre de l'Expli- cepte ;
» Explic, p. 66, 99.
cation et de son auteur, comme il est évident par l'esprit past., p. 34
Instruct. « L'amour pur consiste ii aimer :
même de l'ouvrage et par sa propre expression, p. 28, 29 Dieu pour lui-même sans rapport nous; » fifiîic., p. 28, ii
44,45,226,227. 42, 43. Instruc, ibid.: « Pour son intérêt éternel; «Explic,
Instr. past., p. 12: « On considère Dieu en lui-même, sans p. 73. Instruc, ibid.: « Nous ne serions pas dans la sainte
aucun rapport en soi; Explic, p. 28, 42, 43, Inst., ibid. . indifférence, nous ne serions que dans le degré de la rési-
« Désirer Dieu comme son bien, même en rapportant tout cela gnation » et p. 35 ;
<< Le Fils de Dieu n'aura donc été que
:
à sa gloire ; ce n'est qu'une charité mélangée ; » Explic, p. 6, dans le degré de la résignation où l'on a des désirs soumis,
8, 9, 10, 14, 15, etc. et non pas dans la parfaite indifférence oii l'on n'a plus du
Instr. past., p. 15, et 16, à la marge : « Tous les Chréti'jns désirs il soumettre » Explic, p. 49, 50. ;
appelés à la perfection; » Explic, p. 34, 35,261. Instruc, Instruc. past., p. 35 « Trouble involontaire de Jésus- :
p. 16 : « La plupart des saints n'ont pas été capables de la Christ, analiième dans le concile général; n Explic, p. 122.
perfection, quoique ce soit la simple perfection de l'Evangile; » Instruct., ibî'rf. La résignation et l'indifférence expliquées sur
Explic, p. 34, 35, 261. Instr., ibid. « Par la subtilué de : d'autres principes.
leurs précisions, contre la précision du pur amour; » Explic, Instruct. past., p. 38: « Saint Paul et saint Martin, »etc
p. 28, 29, 44. Instruc, ibid. « Avoir renoncé à tout in- : L'Explication des Maximes réfutée sur ce sujet, pag. 49, 52,
térêt, même éternel ; » Explic. p. 73. 56, 57.
Instr. past., p. 17: « La chair entièrement soumise à Instruct. past., p. 39 40 « Vouloir son salut comme , :
l'es'irit; » Explic, p. 76. Instr., p. 17 : « Uaflinements de chose que Dieu veut; ne le vouloir précisément, exclusive-
spiritualités, subtilités, précisions chimériques; » contre VEx- ment que parce que Dieu le veut « doctrine de {'Explication,
,
;
ptic, p. 28, 29, 44. p. 26, 27, 52, 53, réfutée. Instruc, ibid.: u Petites subti-
Instruc. past., p. 18 : «Sans rapport à nous; » Explic.^ lités... » c'est encore le caractère
précisions métaphysi(|ues ;
tout ce qui la regarde, non pas même pour ion intérêt éter- Instruc. past., p. 41 « Acipiicscer aux volontés connues, :
nel ;
Explic, p. 72, 73. Instruc, ibid.: « Ni perfection, et inconnues; » Explic, p. 61. Instruct., ibid.: « Excita-
ni salut, ni paradis,» de; Explic, p. 52,54,57,226. tions empressées: » Explic., p. 99, 100: « Intérêt propre...
Instr., ibid.: « Aussi un auteur cér^bre, etc.. un rafline- amour mélangé; » Ejp/i'c, pages ci-dessus cotées et dans ,
ment insensé;» /ti/ziic., p. 63. Plus trois lignes de suite tout le livre.
prises mot à mot de M. de Cambrai; Explic, art. 5, p. 59. Instruc. jiast.. p. 41 Sans l'amour d'espérance, notre
: •.
Instruc past., ibid. :«Sacrillce de notre salut dans les der- intérêt domine sur la gloire de Dieu;» Explic, p. 4, 5,8,
nières épreuves; » ExpL, p. 90. 14, 22. lléfutation de ce sentiment, attribué il saint François
Instr. past., p. 20 « Ne vouloir plus pour soi ni mérite, : de Sales par l'auteur de VExplie.
ni perfection, ni, » etc.; Explic, p. 52, 54, 57, 226. Instr., Iristru' past., p. 47. « Jamais : les justes ne regardem
ibi<l.: <• Invinciblement persuadée; « Ex\>lic, p. ti7, Instr., comme un ras possible qu'ils puis.sciit soulTrir les peines éter-
iliid.: « Acquiescer il la juste condamn.ition où elle croit être nelles, ni être privés de Dieu après l'avoir aimé toute Icui
de la (lart de Dieu; » Explic, p. 91. yiisfr., ibid.: u II vie ; il n'y a que les nouveaux spirituels qui croient ce raa|
15, 2?, 13. Instrue., jours suspendues, en attendant les ùctUs qu'on
rèt.. t«e.; Frp'tV., p. 4, 5,8, 9, 14,
« Pur aniour... vue ra<:-langée...
fl amour êlrange qui promet. On doit donner la traduction latine de
ibid
purilicalion de l'amuur... ^'preuves fu-
nous fail acquiescer...
la Lettre pnstornlc de M. lie Camlirai tout cela :
ne«U'5- » loule»
projiositions liréi» du livre de VEziilic, p. 10,
ne tend qu'à diff-irer. In se persuade qu'il arri-
(
15 -ii'.ÎS, b7, 'Jl, l'21, 113, I4i.
n est vera qnehiue coiijoiicliire qui fera diOérercctlo
Inslruc. pasi. p. 55 : • Quand on «"est échaulTe...,
il
In-.truc. past., p. 58 « L'idée abstraite de l'olreen génc tre. Ou nt'a dit que M. raiclicvèque de Reims
rai ; > Explir., p. 187. était dans le des-ein île faire de nouvelles ins-
Perdei non-Mulemenl loule image
Jnslruc. past., p. 59 du livre do
etc. La con-
tances, pour accélérer rexaineu
scnsihic, mais toute idée distincte cl nominalde,
tenip'alion pure bannit tout cela; aucun n'a cru que
la cousi- Sfondrale. Je nesais s'il ne vaudrait pas mieux
drralion de» per^onncs divines cl de j'himanité de J«us- laisser finir l'afTaire qui est commencée, qui
qu'il n'y
Chrst fut incompatible avec la pure conicmplalion ;
104. 193. Inslruc, ibid. : C'est mal parler, de dire qu'on suadé qu'elles feront tout i'ellet (ju'on en doit
p.
en perd la vue distincte au commencement; contre VEx\ilic.,
espérer. Je suis avec un profond respect, etc.
p. 191. 195 el suiv.
Imlruc. jiast., p. 69. Il réfute ceux qui croient qu' « on LETTRE CLXXX.
perd Jésus-Clirisl de vue dans les épreuves; » contre les en-
droits marqués en dernier lieu du livre de VEzplic. de» l'abbé bossuet a son oncle.
Uaximts.
u Ne pas répondre à toute l'élendua
A Rouie, ce 20 novembre 1697.
tii^.iuc. past p. 71 ,
:
de sa grâce; > Explic, p. 50 ; « Etre indilTirent ii son in- reçu la lettre que vous m'avez fait l'bon-
J'ai
térêt, même éternel; » Explic, p. 8, 73. Inslruc, ibid. :
Dieu
neur de m'écrire de .Marly, le 4 novembre. Vous
a Cet amour de nous-mêmes... que la jalousie de .at-
taque précisément en nous; n Explic, p. 8. Instruc, ibid.: ne doutez pas de la joie que m'a donnée la cer-
a L'amour qui provoque la jalousie de Dieu... ces idées titude de la nouvelle de la charjje de premier
bizarres de la jalousie de Dieu, qu'on nous a débitées;» aumônier. Je suis persuadé que tout le monde
Explic, p. 8, el ailleurs très-souvent, comme p. 7, 28, 29,
s'en réjouit à Paris et à la cour. Ici tous les lion-
73, 74, 89.
Inslruc. past., p. 75: « On sera surpris que nous n'ayons nèles gens qui vous connaissent en sont ravis:
pas prononcé sur ce de spiritualité; n C'csl celui de
livre
les cardinaux Casanate, Noiis el Albani m'ont
M. de Cambrai de VExplicalinn des Kaximes des saints,
,
en cardinal du Saint-Office, c'est-à-dire avec qu'il en serait bien aise. Il étudie la matière,
beaucoup de réserve. et en doit rendre compte au Pape. J'espère
On n'a point encore recommencé les conféren- qu'on viendra à bout de tout avec patience ;
ces des examinateurs. M. de Chanterac ne se on en a besoin dans ce pays-ci.
presse pas de donner les copies nécessaires de sa J'ai su qu'on avait tenté de faire une congré-
traduction et des notes. J'ai pourtant lieu de pen- gation nouvelle pour les raisons quej'ai soupçon
ser qu'on recommencera bientôt les assemblées; nées, et que je vous ai marquées par ma der-
il n'y a que moi qui presse la décision encore ; nière; mais cela n'a produit aucun effet. J'en ai
le faut-il faireavec modération, et par rapport parlé en confidence à M. le cardinal Casanate et
à l'humeur des gens de ce pays-ci, et par rap- à M. le cardinal Noris, qui n'en avaient pas en-
port à ce que les protecteurs de M. de Cambrai tendu parler, et qui m'ont comme assuré que
publient qu'il n'y a que la précipitation qui soit cela ne réussirait pas, parce que ce serait faire
dangereuse pour M. de Cambrai. un affront au Saint-Office.
Je prétends précisément le contraire, et quand J'ai reçu l'Ordonnance de M. de Cambrai .
je suis obligé de parler, je me restreins à de- jamais Ordonnance n'a coûté si cher; huit écus
mander et à faire instance seulement pour qu'on de port, c'est bien payer, je ne puis m'empèchcr
ne fasse rien contre les règles, et qui puisse pré- de lediie, une aussi méchante pièce. Je l'ai par.
judicier à l'honneur du Saiul-Siége. Du reste,je courue, et suis persuadé qu'elle ne lui fera ic;
suis le premier à dire qu'il faut écouter tout le aucun bien. On voit un homme qui est aux
monde, et ne se point précipiter ;
que j'espère abois, et qui, comme vous dites fort bien, veut
qu'on éclaircira bientôt cette matière, de telle couvrir ses erreurs sans avoir l'humilité de les
sorte qu'il sera évident que la seule et unique vue avouer. L'ouvrage laiin, que j'attends imprimé,
des évéques est de faire connaître la vérité et de éclaircira tout : je l'espère ainsi, et ne puis assez
dévoiler le mensonge. Au surplus j'observe qu'il vous répéter qu'il est absolument nécessaire.
est de la prudence de Sa Sainteté, et de la con- La Relation quej'ai reçue en même temps est
grégation du Saint-Office, d'éviter de donner admirable. Térenceaurait été embarrassé d'écrire
par des longueurs extraordinaires, un moyen aussi bien, sur une matière aussi peu divertis-
aux personnes mal intentionnées, qui sont en sante que celle-là.
grand nombre en France et ici, de répandre M. de Cambrai et ses [fiotecteurs mériteraient
davantage le venin de leur mauvaise doctrine qu'on la publiât mais je n'en laisserai courir
;
sous prétexte qu'elle n'est pas improuvée par le aucune copie avec cela je ne pourrai m'empè-
:
Saint-Siège, quelques instances que le roi et les cher de la lire aux gens qu'il faut nécessaire-
premiers évèciues de France aient pu faire. ment détromper, et à ceux qu'il faut confirmer.
De certaines gens aposlés ont beau ici me dé- Ils sont en bon nombre. Je ne laisserai pas de
mon devoir; en second lieu, je suis persuadé Comme elle ne contient rien que de vrai, quel
que deux mois plus tôt ou plus lard il faut que danger peut-il y avoir de la répandre? Soyez
la vérité l'emporte. J'ose dire que je ne me flatte assuré qu'on ne vous ménage pas il est juste ;
tecteurs de M. de Cambrai ont répandues depuis a pas encore parlé ici nous le tiendrons tout
;
deux mois, produiront, s'il plaità Dieu, un effet prêt eu cas de besoin. Tout ce qui peut touchiT
tout contraire à ce qu'ils .se sont imaginé, dans M. de Paris m'est aussi cher qu'à vous. Je vous
l'esprit de ceux qui ont été prévenus, quand ils prie de l'eu bien assurer, et je ne perds aucune
8C seront détrompés ; à quoi je liavaillc tous les occasion de le faire counaitre tel qu'il est : c'est
duire ce qiii nous csl nécessaire dans (|ueli|ues pussent ôlre mis dans toute leur étendue à côtd
occasiuns : il lui a fail parler el l'a (il)li;;é di' Ira- des censures que vous avez faites. Il eut été à
diiiro, pour de Cambrai, ses deux iellres. L»
M souhaiter que M. l'archevêque de Cambrai eût
misH-able et excuse qu'il a Irouvi^e sur
pclile donné, de concert avec vous, des cxi)lications
cela est pitoxable, et quand il m'en a parlé, je cl des éclaircissements aux endroits de son livre
lui ai dit qu'il avait lailà mer\eillo, el me suis où l'oti peut trouver à redire. Cette conduite
mis h rire ; cela seul montre la corde. Il n'en hiunble et défiante lui aurait éié d'ailleui-s plus
laut pas douter : rexcliision qu'a eue Damascène avantageuse; car il aurait prévenu la censure de
l'a trés-làclié, aussi bien que l'assesseur. Rome, (ju'il aura peine à éviter, à ce ([u'on me
Les Jésuites ne cbaiigentpas; on dit qu'ils oui mande de ces (piarliers-l;i.
du 1'. Dez, sur les alTaires du jansénisme. Le F, Vous verrez parles remarques ci-joinles', que
le Mire et le P. Granelli sont les examinateurs. M. l'archevêque de Cambrai, se déclare si ou-
Le dernier a déjà rendu son compte au Saiut- vertement contre son livre, dont il rapporte en
Oflice il y a grande apparence que ce lisre ne
:
trente endroits des lignes entières, qu'il ne s'y
passera pas. peut rien ajouter. M. de Chartres n'a encore
OnvientdcdireàM.Pl)elippeauxqu'oncoi)iait rien fail. L'Instruclion de 31. de Paris est très-
un écrit assez lonfjpourM. de Cambrai, fait jjar bien re(;ue, et il met .M. de Cambrai en pièces.
le P. Dez : tout cela ne sert à rien. La de M. de Beauforl, que je vous ai en-
lellre
Je crois qu'il est important qu'on laisse là voyée, sur le F. Laurent, est triomphaute. Vous
Sfondrate pour «pielquc temps : je n'en mande connaissez M. de lieaulbrf, qui est l'hoimne de
rien àiM. delSeims; maison se servira de ce pré- confiance de M. de Paris.
ici de mauvais ollices aux évô-
texte pour rendre
Le roi a encore parlé très-fortement à JI. le
ques auprès du Pape, que cette atlaire touche Nonce, et celui-ei a écrit selon l'intenliou de
vivement: enlin ce sont deux alfaires pou'' Sa Majesté.
une. M. de Cand)rai continue à faire le soumis,
Au reste, ayoz la bouté de m'envoyer une avec l'air du monde le plus arrogant. Il a fail les
douzaine d'exemplaires de la lettre des cinq derniers elïorts pour venir au mariage du duc
évéqnes sur Slondratc plusieurs caidinaux :
de Bourgogne on n'a pas voulu le lui permet-
:
des trois évêqnes, et un extrait d'un autre écrit que vous soyez averti du fait. La note était telle
de la même plume, fait avant celui-lii. Je n'au- que je vous l'ai marqué, donnant sa doctrine de
rais jamais si je ne l'avais vu, qu'on eût
cru, l'amour pur comme appartenante à la foi, et
osé écrire insolemment au sujet des évèques
si disant qu'on avait eu sur ce sujet une certaine
et de vous en particulier. Les écrits font juger économie du secret pour ceux qui 7i07i poterant
de la bonne foi de celui qui anime tout. Il faut portare modo : cela était encore plus fort que je
que lui et ses amis aient perdu l'esprit, si j'ose ne puis vous le dire.
le dire, pour en venir, comme ils font, aux in- J'ai vu ces jours passés l'assesseur, qui, après
savais bien ce, qu'ils répondaient de bouche ; mencer l'examen, d'attendre la réponse de M.
mais qu'ils l'osassent mettre par écrit, et qu'ils de Cambrai aux pièces dont cet archevêque avait
en fissent la plus forte défense de leur cause, demandé la communication, qui sont la Décla-
c'est ce que je ne pouvais m'imaginer. Cela me ration des évêqnes et le Summa doctrinai;et
paraît également injurieux au roi et aux évo- qu'on le lui avait accordé.
ques. Je ne puis m'empèclier de le dire, mais ils Ce dessein me parut un peu extraordinaire.
feront bientôt le roi janséniste. Je pris sur cela la résolution de faire parler au
J'ai reçu une lettre très-homiêfe du P. de la Pape, et de représenter à MM. les cardinaux que
Chaise, en réponse à la mienne. Elle avait été ce n'était qu'un prétexte pour allonger et recu-
envoyée apparemment aux Jésuites ici, qui ne ler la décision; que M. de Cambrai avait par là
m'ont pas fait l'honneur, ni de me l'apporter, tout ce qu'il pouvait désuer, qui était que non-
ni de me faire faire le moindre compliment sur seulement on ne jugeai point, mais qu'on n'exa-
la nouvelle grâce que Sa Majesté vous a accor- minât pas même sa doctrine; que c'était éluder
dée. Il y a même huit jours que j'y allai, et je les bonnes intentions de Sa Sainteté et les ins-
n'ai pas entendu parler de personne. Je ne sais tances de Sa Majesté, et peu répondre au zèle
s'ils ontrésoludenemepoint voir, pourse venger qu'elle témoignait pour voir la fin de cette im-
de vous, qui avez eu la hardiesse de présenter portante affaire, qui causait un si grand seau
au roiïOrdonnance de M. de Reims. Je ne laisse dale dans son royaume qu'il n'était question
;
pas de garder ici toutes les mesures possibles en que de ce livre qu'on avait en main, dont on
paroles et en actions, disant toujotu's que j'ai avait même la traduction, outre les notes expli-
peine à croire les faits qu'on me rapporte. Vous catives de M. de Cambrai; qu'on ne pouvait pas
jugerez de ces écrits, qui ne siguitient rien comprendre ce qu'on avait à désirer de plus
d'ailleurs. pour l'éclaircissemeul d'un livre qui faisait toute
Au reste, la copie des notes, que M. Phelip- la question, contre lequel seul les évèques s'é-
peaux vous a envoyée il y a quinze jours, a été taient élevés, et dont M. de Cambrai avait de-
prise sur l'exemplaire donné à Granelli et ce- ; mandé l'examen qu'il n'était eu aucune ma-
;
iuiquej'avais vu, dont je vous avais renducompte nière question des ouvrages que ce prélat pour-
et envoyé quelques extraits, était celui du maître rait faire dans la suite, où il dirait tout ce qu'il
du sacré palais, qui se trouvait entre les mains jugerait à propos; qu'il s'agissait uniquement
du P. Massoulié : c'est proprement celui qui du livre ; que ce n'élail que pour éterniser celle
avait élé donné le premier au Saint-Ohico. Ce affairequ'on employait lous ces prélexles: cnlin
malin, en parcourant l'exemplaire sur lequel que ricu du moins ne devait c.npècliei- qu'on
M. Phclippeaux a fait copier ce qu'il vous a en- ne conlinuût à examiner le livre, sauf, pour la
voyé, j'ai trouvé qu'il y manque la note dont je décision dernière, d'alleudre les éclaircisso-
vous avais qui regarde le silence i)rélendu
éciil, mcnls dont la congrégation croirait avoir be-
des pîisleurset des saints sur celle matière; note, soin.
à la vérité, bien positive, et qui sullirail seule Toutes ces raisons ont fait impression sur la
pour (aire condamner le livre. Il faut qu'ils plupart de MM. les cardinaux que j'ai pu voir,
aient jugé à propos de la su[»prinier. C'estnéan- et même sur le Pape, à qui j'ai fait parler en
moins un fait l'ai vue et lue
constaul, (pie je conibrmilé. J'espère qu'on rccouuneucora bien-
avec le P. Massoulié. Je veux un peu aller à la tôt les coul'ércnces, d'aulaul plus que je sais cpie
soiucc, et savoir ce ipiest devemic celle pre- M. le nonce a écrit, et (pie le Pape, tpii ilisail. il
mière copie. Je ne sais si, par li' ruoveii de l'as- y a queUpies jours, qu'il voidail camiiiuri' in
sesseur, ils ne l'auraii'ul jias fait siip(irimcr : qucslo iiciiolii) roi pirdr di pinttibo, rheniincr
s'ils n'ont |)as eu celle précauliou, jes|)èrt^ liu dans ecllc allaire avec un |ii(>(l de iilnuih. cdui-
laiic uu bon u.sagc. Mais il est toujours à propos n;('iii;aili\ dire qu'il lailailaller [iliis vile. Si jo
398 LETTRES RELATIVES
vois qu'on ne (1(^tfrniine rien sur les conféren- vous en voyez bien les raisons. Toutefois man-
ces dniis la prcmiireconirn^^îallon, j'ai formé la dez-moi, je vous prie, ju.>>qu'où je puis m'avan-
résoliilion de parler nuii-iiit'^ine au Pape, en cer <lans la nécessité, et dans les circonstances
pieiiaul l'occasion de lui lcuioi;,Mirr, de la part urgentes.
des Imis évéques, leur joie sur le rétahlisse- Le cardinal Spada m'a dit qu'à la place du
de sa saule. J'ai dessein de ne lui
iiicnl parfait P. Damascene, le Pape avait uouuné le Père gé-
parler que dans la ni'iessilé, pdur appuyer da- néral ou le procureiu' gênerai des Carmes dé-
vantage les choses. Ce rélablisHMneul des confé- chau.ssés i. Je ne sais ipii il est: j'ai seulement
rences me parait de la dernière iniporlanre; ouï dire, ce me send)le, il y a quehiue temps,
car si on n'examine on n'aura garde déju-
[)as, qu'il n'était pas trop ami des Jésuites avec cela :
ger, et dorcnavaiil le Pape et la congrégation je me di lie toujours de quelcpie cabale dans les
seront plusatleulifs: cet arrêté de la congrégation nouveautés. Le cardinal Spada m'a dit qu'il
ut Icterminé il y a un mois, dans le temps que était consultcur du Sainl-Olliee mais je crois ;
1 assesseur laisait tout ce qu'il voulait, et qu'on qu'il n'est pas bien informé. Je vous en dirai
éLiit sorti des règles ordinaires, comme vous davantage par le premier ordinaire.
l'avez vu. J'ai eu une longue conférence avec Fabroni :
mièrement, parce que je ne crois pas devoir me une grande couliance, quand il agit tout au con-
déclarer i)arlie si ouverlement et si en forme ; traire; cela suffit pour cet article. Je vais mon
en .second lieu, parce ipie j'aime mieux tenter chemin, el je ne manque à rien pour ce qui est
les voies indirectes, et (jue cela vienne de la du cérémonial mais je me liens pour dit ce
;
gnés ; car ils se sont bien imaginé que le roi elle est respectueusement insolente. M. l'arche-
n'avait aucun ordre, lisent dé-
donné là-dessns vêque ne s'oubliera pas. J'ai un grand plaisir
cidé qu'on donnerait h chaque cardinal l'a- de voir triompher la véritable doctrine de saint
vis des examiiialeiirs par écrit, sur lequel ils Augustin. Les Jésuites me font plus de caresses
formeront leur jugement. Ils sont résolus, à ce que jamais, quoique je défende M. de Reims,
qu'on m'a assuré, si le cardinal de Bouillon et que, etc. ; mais c'est avec modération. Le
continue, d'en faire écrire au roi. Jugez du bon roi trouve tout bon, aussi bien que ftl""^ de
effet que cela fait ici je ne puis vous dire à :
Maintenon.
quel point sa conduite est méprisée à Rome. Outre la remontrance, que les Jésuites don-
Je vous supplie de me mander quelle idée nent publiquement, sans nom pourtant ni d'au-
M"" de Maintenon et le roi ont du cardinal de teur, ni d'imprimeur, ni d'approbateur, et sans
Bouillon, et s'ils croient être bien servis ici.
privilège,il court un autre libelle outrageant
Il que le roi continue, auprès
est nécessaire contre M. de Reims : tout roule sur son hu-
du nonce, ses bons offices, et lui témoigne son meur et sur sa famille. La remontrance n'est
étonnement sur toutes ces longueurs affec- pas écrite pour le style ; mais elle énonce
tées.
faux en deux endroits; l'un où elle dit que M.
LETTRE CLXXXIV. de Reims condamne la science moyenne, l'au-
BOSSUET A SON NEVEU. tre, où elle prétend qu'il oblige d'enseigner la
A Versailles, ce 9 décembre 1697. prédestination ad gloriam ante prœvisa mérita ;
On n'a point encore reçu les lettres de ce cour- mais il a dit le contraire. Un des moyens d'au-
rier : je vous écris cependant, et si elles arri- toriser à Rome l'Ordonnance de M. Reims se-
vent, j'en accuserai la réception. rait de la faire imprimer à Rome même, avec
Toute cour est d'une magnificence
cette les marques ordinaires d'approbation comme ;
du sang. Ma-
traordinaire. Toutes les princesses qu'il y [)romette de se soumetlrc à la décision
dame entre autres, avaient à leur tète 31adame du Pape, en quelque forme qu'il parle, il me-
la duchesse de Bourgogne nace de passer ses jours à questionner le Pape
Vous aurez l'imprimé des Observations, en en particulier; et toute sa soumission ne pa-
latin, le plus tôt qu'il sera possil)le : Je suis raîtqu'un jeu.
très-content de ce que j'ai vu de l;i version. M. le cardinal de Janson m'envoya une lettre
On imprimera en même tem|)S la Réfiitnlion en ré|ionse à la vôtre, qu'il m'a aussi envoyée.
de r luslritction pastorale de M. de Cambrai, Il parle toujours de vous avec la même estime,
qui est une pépinière d'erreurs; on la niclira la même considération et la même tendresse.
à la tôle de rtws Cinq écrits ', que vous devez A du clergé de France,
l'égard de ce qu'on dit
à préstMit avoir reçus. vous savez quelle fut ma conduite dans l'assem-
V Instruction p'istorale de M. de Paris fait blée (le tt)8l et t08-2, et ce que je fis pour em-
fort bien ici. Tout le monde voit (|u'il n'y man- pêcher qu'on n'allât plus loin. Du reste, il faut
que qu(! le nom
de M. de Cambrai et de son laisser oublier cela, et prendre garde seidement
livre, (|ui de tous côli's y est mis en |iièces. à ce (|ui se dira sur mon compte. Vous connais-
Les Jésuites ont fait une remontiance à M. sez mou manuscrit sur cette matière*, que M.
I*arclievéi|iie de Reims sur son Orilminaure *
Vol/., C'-dcMui loi leltrct 140 et lri6.
' C.rt Cini/ érrili ou Mémoires, oInBl qiio la l'ri'ffire sur l'inslr, 'C« minuicrit «il U Drfem» dt /n ty^claralion du clerçi, dont
p'itt. d'j M. (Il] Ciiinbral, 10 trouvoot cl-dossus, lonio V, Doiiuot iTtll pgrmi» à l'tlibi Fleury do ptaodr* un* copia. Apiis
400 LETTRES RRLATIVFS
«le l'amltrai pont avoir en de M. de lliiii_\ ; plaisant, c'est que tout cela s'est passé sans que
mais il no laut rien irimicr. le cardinal de Itonillon en ait rien su : je doute
Li:TiKE CLXXXV.
même qu'il le s;iclie encore.
Celte Emineiice arriva avant-hier de Frescati.
L'Aliltli UOSSLET A S0.\ ONCLE
où elle était restée liiiil jours, et me parla liicr
A Rome, ce Ul décembre IC97.
comme uiilioinmei|ui n'était nullemeiit informé
J'ai rei;u la iellrc (Iiil- vous m'avez fait l'iioii- de la nouvelle résoliilion du Pape et des cardi-
nem- de m'écrire de Versailles, le 18 nuveinl)rc. naux sur celle aflaire. Je me crus obligé de lui
J'ai re(,u aussi les exeinplaires de> divers écrils dire, en général, que j'avais lieu d'espérer que
dniit M. Ledieii me |)arlail: j'en ferai rusa|j;c l'examen recommencerail bientôt: sur quoi il
qu'il faut, el les ci)UMuiiiii(iuerai ici à ceux qui parut très-surplis, et me dit que ce n'était pas
enleiidetil le franeais. l'nur les cardinaux, il ne la résolution qu'il semblait (pi'avait |>rise la
leiu" faut rien dimner, hors à (luehiues-uns, si congrégation, mais qu'il en serait bien aise. Je
ceii'esl lesobservalionsl ilines (luand elles seront lui dis ([u'à [irésenton se llallail qu'il voudrait
imprimées. Cela contient tout: la faraude quanlitc bien aider à presser cette affaire, étant doréna-
d'écritures leur lait peur il y en a iléjà assez.; vant pour tout cet hiver à Home: il ne me ré-
Vous aurez vu, jiar ma derniùre lettre, la si- pondil rien. Je vous assure que j'ai tout sujet de
des aflaires, et les pas et les instances
tuation me louer de tout ce que celte Eminence me dit
commencer les conférences des examinateurs. vait de M. de l'abbé de Fleury, l'aumonier, tout
11 de vous marquer tout ce qu'il
serait trop long ce que vous lui aviez dit à son sujet, dont elle
a fallu faire pour y par\enir je vous dirai seu- :
me témoigna une sensible joie. Vous ne devez
lement (pie Sa Sainteté el M.M. les cardinaux de pas douter (pie je ne réponde comme jedois à
la congrégation ont enfin entendu mes raisons, tant de bontés.
et qu'ils ont jugé mes instances sur ce st:jet De tous ceux auxquels je me suis proposé de
très-justes ; inùme n'a pus'y lefuser.
l'assesseur lire votre liflatiou, il ne me reste plus que les
Je n'ai paru par aucun instrument public. Le cardinaux Carpegua el Noris. Je l'ai lue aux
i'apc a été bien instruit de mes raisons, sans que cardinaux Nerli, .Slarescolti, Ferrari etCasanale.
j';iie eu aucune audience de lui; et la congréga- Les deux [iiemieis étaient très-prévenus par le
tion, sans (ju'il ait été besoin de lui présenter de cardinal de IJouillou j'ai lieu de les croire bien
:
tinuer les conlérenccs des examinateurs avec leur ai dit que vous m'aviez défendu de la pu-
toute la diligence possible, sans attendre les ré- blier, non (pic vous ne craignissiez (pi'on pût
ponses de .M. de Cambrai sur les pièces à lui vous démentir sur une chose si publi(jue, el
cuimiiimiipiées. dont vous aviez les preuves en main mais seu- ;
Le niailie du s;icré palais est très-bien inten- lement par charité pour votre confrère que ;
tionné pour linir, et en sent la conséquence. Je vous m'aviez envoyé cette Relation seulement
l'ai \u, et j'en suis très-content. L'assesseur m'a pour mon mais (jue
instruction particulière ;
ccril. Je crois savoir de bonne part ijue le I'apc Je sais que M. de Chanlerac, qui a eu vent
est réveille, el \oit <)u'on le trompait quand on d'une Ilclntinu, est très-en peine, et fait tous
lui fai&iil croire que le roi ne se souciait |ias de ses efforts pour la voir; mais Irès-iniililement,
celte alTaire, et dans ce tiu'on lui disait tnucliaiit car j'en ai même refusé des copies à ceux de
il. de Cambrai el les i'M'(pies. J'espère faire (tar- .MM. les caiiliii.mx qui me r(Uil demandée ; cl
vcnir \oUe 7iWa/ioH jusqu'à lui. Ce qu'il y a de cela pour les raison- (|ue je vous dis, (juils ont
eux-mêmes approuvées. Le nouvel evainina-
la mort lie «t ibU, cclla copio (loua à la bililioth^u* du roi, où général actuel des Cannes déchaus-
teiir est le
eMc e^i encore. —
Vny. ilani ciUc ôj tiun dcA IMuo/ei de iiottuit,
lu voluuM du Uailùanuau.
«é.s, il s'appelle le 1\ Piiiliiipe : il csl tièâ-habilc,
A L'AFFAIRE DU QUIÉTIS.iiE. 401
à ce qu'on dit, homme d'esprit, mais très-sourd. Je ne doute pas que M. le cardinal de Bouil-
On prélend qu'il n'a aucune relation avec les lon ne se fasse valoir sur la résolution prise par
Jésuites: on vient de m'assurer qu'il est même le Pape et la congrégation, s'il la sait à cette
leur ennemi, et par rapporta Papebrok, et par heure ; mais il n'y a pas la moindre part : cela
rapport à Palafox. a été déterminé d'un jour à l'autre, pendant
La note sur le quarante-quatrième article qu'il était absent.
vrai, dont je vous ai parlé, se trouve encore J'ai vu les nouvelles qualifications. 11 serait
dans l'exemplaire qu'a en main le P. Mas- bon d'avoir en main l'écrit des protestants an-
souillé je tâcherai d'en avoir copie avant de
: glais, publié dans le temps de l'affaire de Moli-
fermer ma lettre. Je l'ai bien averti de ne s'en nos, et qui est cité dans la Relation : cela a
pas dessaisir elle ne se trouve pas dans celui
: frappé tous les cardinaux mais je ne puis ; le
de GranelU je ne sais si c'est à dessein.
; trouver, quoiqu'il semble avoir été condamné
Je n'ai garde de parler au nom du roi je fais : parle Saiut-Office. Je vous prie encore de m'en-
seulement entrevoir l'intérêt qu'il prend à cette voyer un exemplaire, en blanc, d'une belle
affaire, et qui paraît assez par sa lettre. édilion de votre Exposition de la doctrine chré-
Je ne vois pas que VOrdonnance de M. de tienne, pour le cardinal Casanate, à qui ce seul
Cambrai fasse ici aucun bon effet pour son li- de vos livres manque, aussi bien que le Recueil
vre on n'a encore distribué aucun exemplaire
: des Oraisons funèbres.
aux cardinaux; je crois que les examinateurs J'ai appris sur Sfondrate, que la congrégation
l'ont. du Saint-Office est comme déterminée à pous-
Je reçus avant-hier, par le courrier, deux ser cette affaire à présent, et à presser le Pape
exemplaires de VOrdonnance de M. de Paris, là-dessus. Je vois que le général des Domini-
qui est admirable et digne de ce prélat: elle cains le souhaite fort il est des examinateurs.
:
fera bien voir ici l'union des évèques. Je la por- Le cardinal Casanate m'en a parlé; je lui ai dit
tai dès le jour même à M. le cardinal Casanate, franchement là-dessus que si je n'appréhendais
afin qu'il Pape. Je ne sais si
en pût instruire le que cette affaire retardât et embarrassât l'autre,
j'aurai le temps d'écrire, sur ce sujet, ^ M. de j'en aurai bien de la joie il m'a assuré que ;
livre de M. de Cambrai, et ce qu'il en dit à la tre dans cette affixire j'espère que Dieu fera
;
fin, est précisément comme il le fallait pour ce tout pour le mieux. Le P. Estiennot m'a dit
pays-ci, et comme je le souhaitais. que M. de Paris pressait plus ici cette affaire
Je lais transcrire, et on me l'a promis avant que M. de Reims j'ai de la peine à le croire.
;
le départ du courrier, un écrit, traduit en ita- Je sais bien que pour moi, j'ai fait ici valoir,
lien, pour M. de Cambrai. L'original est fran- tant que j'ai pu, la modération des évèques, et
çais, et fait par un Jésuite français. J'ai sujet le respect qu'ils témoignent pour la personne
(l'être assuré que c'est le P. Dez vous en juge- : du Pape par leur silence. C'est ici où les Jésui-
rez. Il est plus modéré que les autres mais on : tes ne s'oublieront pas ils ont toujours de bon-:
voit malgré cela qu'il part de la même main. nes causes à soutenir.
J'ai oublié de vous mander qu'on avait sou- Nous savons les fâcheuses nouvelles de Polo-
tenu ici publiquement à la Propagande la doc- gne: les Polonais ne méritaient pas un tel roi.
trine contraire au prétendu amour pur de M. Le cardinal de Couillon eu parait très-touché,
de Cambrai et c'est ce qu'on veut dire à la fin
; mais plus par rapport à l'ambassadeur qu'au '
b. ToM. VI.
402 LETTRES RELATIVES
est pas ébloui. Un homme du commun aurait manière : Ita se esse reprobum sanclus Franciscus
donné dons tous qu'on lui tendait
les jiiégrs Salesius in ecclesia sancti Stephani in Gressibus
mais son disccrnenient a édalé dans ces con- opinatus est : et à la marge : Opinatnsest, expres-
jonctures, autant ijue son };ran<l courage. sione vulgari , id est credidit; ce qui me para't
La traduction de M. de Cand)rai coniuiencc h affaiblir le texte.
paraître il n'y en a encore qu'un exemplaire
; : Dans la page 90, h côté de ces paroles : « Dans
on dit qu'on en fait des copies, pour en donner celle impression involontaire de désespoir, elle
à cliaipie examinateur. Cet exempi.iire a été fait le sacrilicc absolu de son intérêt propre,
donné, depuis trois jours, au niailre du sacré etc., « il met ces paroles : Sacrilicium aliquo
palais, (|ui l'a remis à Massouillé. Je le sus liier modo dixeram absolutum, et ita resiridum vo-
au soir, et j'ai été ce matin trouver le 1*. Mas- lueram. Jam immolât suam imper-
illud explico :
souillé : j'ai vu cet exemplaire. Ce que je vais fcctionem naturalem adjunctam spei superna-
vous en écrire est un peu général, mais l'ordi- turali; sed non ipsam spem ; prétendant par im-
naire prochain j'espère en pouvoir dire davan- perfectiouem naturalem entendre qu'il sacrifie
tage. Le 1'. Massouillé ne m'a pas voulu permet. toute vue d'intérêt propre, qu'il avoue être une
trc de rien copier ainsi je ne parle ici (pic de
; imperfection naturelle sans pouitant perdre l'es-
mémoire. pérance surnaturelle, (pii demeure toujours, ce
Ce qu'il y a d'abord îi remarquer, ce sont les qui me parait une contradictiou manilesle. Car»
notes. Ce manuscrit consiste donc dans le corps peut-on conqirendrc une espérance surnaturelle
du livre traduit, et à côté, à la marge, il y a des sans la vue de notre béatitude, de notre bonheur,
notes, par lesquelles M. de Cambrai prétend ex- qu'il immole connue imperfection? C'est unir
jiliquer plus clairement ce qu'il a voulu dire, et ensemble, et l'espérance et le désespoir; enfin
rendre sa doctrine incontestable et claire c'est : c'est un galimatias inintelligible.
la manière dont parlent ses agents. 40 Dans l'ai ticle xiv, à l'endroit du trouble
J'ai lu, pendant une demi-heure, plusieurs de involontaire de Jésus-Christ, il dit ; IJanc vocem
ses notes; voici ce que j'en ai pu tirer de plus tanquam alienam rejii-io; et il ajoute qu'elle n'est
important, cl <jui donne une idée du système des pas dans son original que c'est une faute d une ;
niaine, si je puis, d'avoir toutes ces notes trans- donnait occasion aux hérétiques de se mofjuer
crites. des traditions les plus authentiques. Je l'atta-
lis m'ont dit que, jusqu'à cette heure la traduc- quai fort sur ses traditions secrètes, j'insistai
tion leur avait paru fidèle, et la lalinilé bonne. surtout sur l'indifférence et sur le dixième arti-
Si je pouvais seulement avoir le tout pendant cle, sur l'unique motif qu'il admet, savoir, la
vingt-quatre heures.jeverraissi la traduction est volonté de Dieu, ce qui me paraît avoir des sui.
fidèle, et je marqueraislesendroilsoùelle man- tes f;ichcuses. Vos écrits sont venus : il a fallu
que ; pour les notes, en quatre lieures de temps les traduire et les faire copier, et j'ai cru que
elles seraient transcrites. mon travail ne servirait que pour des réponses
particulières, s'il en fallait faire mais vous épui-;
sanate,pour lui donner avis qu'il enverrait une il veut se signaler. On m'a assuré qu'il était
réponse au Summa doctrinœ et à la Déclaration, auteur de quatre écrits de trois latins, dont je:
a aussi écrit aux examinateurs tout cela ne : lien; que je fais transcrire. Je n'ai pas le qua-
tend qu'à différer. Son député est un peu em- trième: je ferai mes diligences pour l'avoir et
barrassé de ce qu'il entend dire de la Relation, pour savoir au vrai quel en est l'auteur. J'au-
qu'il fait chercher inutilement, car on n'en a rais une grande démangeaison d'écrire conire
point donné de copie, et on se contente de la ce prétendu docteur; mais vous le ferez mieux
lire. Elle ne laisse pas de faire un bon effet, cl et plus modérément que je ne pourrais faire.
d'effacer les idées qu'il avait données : il a re- On se donne ici un grand mouvement pour
cours à tout. Dimanche je le rencontrai venant s'opposer à la canonisation de Palafox. Le gé-
de la chambre du P. Dias, Cordelier espagnol néral des Jésuites a fait, dit-on, opposition chez
fort intrigant. Il estennemi de ceux qui ont fait le cardinal Casanate, ponent de cette affaire ce- :
condamner la Mère d'Agréda, dont il voulait pendant le roi d'Espagne en fait les instances et
solliciterla canonisation vous Jugez bien qui : les frais. Les Carmes déchaux se remuent fort
lui a donné cette connaissance. pour cette affaire et l'ambassadeur d'Espa-
;
Vous avez tellement ramassé tout ce que le gne n'a pas peu d'occupation de donner au-
livre de M. de Cambrai a de mauvais, et dans dience aux parties.
vos observations et dans vos écrits nouvelle- On m'a dit que M. de Cambrai avait envoyé
ment arrivés, que vous ne laissez rien à gra- sa Lettre pastorale aux évoques de Flandre par
piller aux autres; par là toutes mes animadvcr- un Père de l'Oratoire, qui devait leur eu de-
sions deviennent inutiles. J'avais pourtant fait mander leur sentiment. M. Sleyaert a dit qu'il
sentir quel'amour desoi, renfermé clans l'amour n'était pas nécessaire d'attendre son avis, qu'ii
de la béatitude, était bon, et que d'en nier la n'approuvait dochiue de l'archevêque;
i)as la
bonté, c'était doimer dans l'erreur des mani- et le lendemain soutenir une thèse con-
il a fait
chéens. J'avais amassé les passages de :-ainl Au- tre son système. Cet homme assurément n'es?
gustin, de saint Thomas, de Rornard
saint et des pas janséniste, s'il ne l'esl devenu depuis peu
scholasliques, pour prouver que l'amour jiisli- Après le rai>port du livre du P. Dez, il a été
(iant et renfermant le désir de la béatilude n'est ordonné (pi'il irait per manus des cardinaux.
point mercenaire; que les saints les plus par- Le général des Jésuites a mandé à toutes ses
fôils étaient ceux, connue dit Estius, (juc l'Ecri- maisons de faire des prières pour une grande
ture nous représente avoir été les plus touchés pcrséculion que soullrail la Société: ou croit
do la possession de Dieu. J'avais remarqué cet que c'esl pour l'affaire de Palafox.
rudioit où il est dit (pi'il n'y a point de Ijadi- Le proeureiu- des Missions étrangères do
tidii plus ('vidente (|ue celhi de son .iniour pur : France a oltleuu des bulles d'un nouvel évèelié
ce qui étant ou faux, ou du moins contesté. pour un des leurs. Ces Messietus sont tort olili-
i>H LETTRES RELATIVES
},'L'.s à cri iigcnl, et no lui rendent pas assez de niiiic, qui écrit de bon sens, et qui mande qu'il
justice, si le liriiit<|iii a couru de sa révocation concerte avec vous ; ce ijuc j'ap|irouve beau-
Un a ^raml intérùtdc l'éloigner d'ici;
était vrai. coup, et que je vous prie de continuer. Il lui
. du
L'écrit italien vient d'arriver h dix heures n'y en a point. Nous avons leurs lettres, con-
soir. Il aété coin posécn franrais.et traduit parmi traires au livre et à Vliistructian pastorale.
italien, l'abbé Mico. Le scribe a dit un de mes ;\
M. de Cambrai n'en a pas un seul pour lui, et
amis qu'un Jésuite l'avait apporté eu disant Je :
vous pou\ez le mettre en fait j'en dis autant :
ne suis pas quiéliste, mais je ne puis souffrir des docteurs. Si l'affaire n'était pas portée au
qu'on opprime ce pauvre archevêque. Selon Pape, on prendrait ici des moyens pour répri-
toutes les apparences, d'après la peinture qu'on mer une erreur si dangereuse. Mais M. de Cam-
m'en a faite, c'est le P. Dez. La copie n'étant brai s'élaut adressé lui-même au Pape, on se-
l)as tout à lait achevée, je vous enverrai le reste rait dans le dernier élonneiuent si Rome ne
pai' le premier ordinaire. condamnait pas un livre par lequel tout Moli-
nos revient.
LETTRE CI-XXXVIL
Vous aurez des exemplaires de la lettre des
BOSSUET A SON NEVEU. cinq évèques sur Sfondrale. Nous sommes con-
A Paris, ce 17 ilécembre 1697. venus qu'on ne ferait rien h présent sur cela,
et (ju'on songerait uniquement à terminer l'af-
J'ai reçu votre lettre du 26: je commencerai
faire de M. de Cambrai.
par le chevalier de la Grotte. Sa pension est
Je reçois à l'instant une lettre pleine d'ami-
assurée de 200 écus, tant qu'il sera en pays de
connaissance. A mou retour, j'entrerai dans le tiés de M. le cardinal de Bouillon, sur ma
détail.
charge de premier aumônier. Je vous prie de
l'a.ssurcr de mes respects.
domain, et ne reviendrai à Vorsîiillcs
Je i)ars
Je serais bien aise d 'avoir l'écrit du P. Dez'
que jour de saint Jean, pour le serment
le -21, •
s'il se peut.
et les autres choses. Un nous a donné pour au-
môniers ordinaires M. l'abbé de Caslries, à qui Je ne sais si je vous ai mandé que j'avais vu
vous ferez voire compliment MM. de la Bouli-
un avis du P. Serri, (pii est admirable, sur le
;
d'auteur ni d imprimeur, s;ms aveu, sans per- est un grossier ai lilice : elle est aussi vraie que
missions les passigesde saint François de Sales, dont il
: cela réussit très- mal.
J'ai fait ce matin vos conqtliments à
en a supposé, trompié, altéré et pris à contre-
M. de
sens plus de vingt
l'aris, qui m'a montré une lettre d'un Père mi-
LETTRE (^LWXVIII.
I
n
d«v»lt prOlcr wrmcnt en nnalité d« pnmicr aiimftnier da la l'abui^: uossuEr a son oncle.
duchciM de l<our^o,;..o
' M. la Tailler liii-ii.,me
avoue, dani ici lettres à lobht; Uo', u^i \ nome, ce 17 doccmbre 1697.
que la KtmonlnHn cit atitt Okh .criit, su'il y a de toni endmis
•t un rt'ptct tileriêur. L'aiiteuf do cette piica était le P. Daniel,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'hon-
et
Ml l'a lui; rin-.'c ilain le H(,util d« «» dirirt oHvragu, t. III, p. 431
' Il a'agit de l'écril italien de c» Pi^ro centra la DrcUuatio» iU§
et aiiiv. (/•;./. dt Peri.)
troia frr'ifUff.
A L'AFFAIRE DU QUifiTISME. 405
neur de m'écrire de Versailles, le 2S novembre. portiers, et qui étaient remplis d'injures contre
J'espère que mes dernières lettres vous auront un prélat qui avait rendu de grands services à
un peu plus contenté que les précédentes. Les l'Eglise ; que cela ne ferait point d'honneur aux
Je ne vous fais pas une longue lettre aujour- disent qu'il n'en est pas capable ; cependant ce
d'hui, pour une raison essentielle c'est que j'ai : fut lui qm les porta aiLX écrivains. Pour l'écrit
été saigné il y a deux heures, pour un mal de italien dont je vous envoie le reste, il a été com-
gorge et une espèce de fièvre double tierce qui posé en français, et traduit en italien par un
me prit samedi. Il n'y a aucun accident, Dieu abbé Mico, qui est écrivain du P. Dez. C'est cer-
merci, et on ne peut avoir des accès plus légers. tainement son ouvi-age ; je n'en doute point ; il
veut se signaler ici par bien des endroits.
LETTRE CLXXXIX.
Je ne sais sur quoi ces messieurs se fondent
l'abbé phelippeaux a bossuet. pour chanter victoire à Paris car je vous ré- :
trois jours. 11 s'est fait saigner aujourd'hui ; il la condamnation du livre j'espère même qu'on :
ne paraît point d'accidents dangereux. Je vous fera un extrait des propositions. Gabrieli pourra
mandai, par le dernier com'rier, qu'après les bien demeurer seul dans son sentiment peut- ;
sollicitations qu'on avait faites, on avait ordonné être aura-t-il honte d'être seul : mais, quoi qu'il
au maître du sacré palais de recommencer les en soit, le succès me paraît certain. Toute l'at-
assemblées. En effet, ils s'assemblèrent vendredi tention qu'il faut avou-, c'est à ce qu'on ne diffère
dernier, et sont intimés pour vendredi prochain; pas par quelque brigue cachée.
ce qui continuera régulièrement, du moins une J'attends vos Remarques sur la Lettre pasto-
fois la semaine car le cardinal Casanate, que
: rale. Nous avons reeu l'Instruction pastorale de
j'aivu aujourd'hui, et à qui j'ai porté un exem- 31. de Paris : rien n'est plus solide. Il condamne
plaire de vos derniers écrits, m'a fait entrevoir ouvertement l'errem-, et l'auteur de l'erreur :
qu'on s'assemblerait deux fois la semaine. Plu- elle fera un effet merveilleux. On s'en est servi
sieurs examinateurs se plaignirent qu'on avait pour montrer la nécessité de remédier au plus
ditau Pape, et répandu dans le monde, qu'on tôt une erreur qui 'se répandait en tant d'en-
à
n'avait suspendu les conférences que parce qu'ils droits. Le P. Bernardini est bien intentionné, et
avaient besoin des ccrils qu'on leur a donnés : ne songe qu'à nous seconder. Je vous envoie
ilsprotestèrent qu'ils n'avaient aucun besoin de copie d'une lettre écrileàGranelli. Il y a répondu
ces écrits pour s'éclaircir de la matière. On vou- en complimenls. Si on se fonde sur cela |)our
laitencore différer jusqu'à ce qu'on eût les ré- chauler victoire, on sera fort trompé. Je vous
ponses qu'on promet à la Déclaration et au souhaite une heureuse aimée, et suis avec un
Summa doclrinœ. Alfaro insista fort là-dessus; profond respect, etc.
mais il ne fut pas écouté, et on lui répondi;
li;ttre cxc.
qu'on ne sortait point de Rome, et qu'il fallait
procédera l'examen. Le P. Damascène envoya MADAME DE MAINTENON A BOSSUET.
une lettre pour s'excuser sur les aflaiies qu'il A Saint-Cyr, ce 2Î décembre tG97.
n subsliluéà Damascène le P. Philippe, générai vous vous réserviez pour les choses iiéecssain s.
des Carmes déchaux. Je l'ai vu je crois (|u'il ira
:
et qu'on voie ipie notre cabale n'est pas .si vive
bien. qu'on le veut persuader. Les nouvelles (jne M. l'ar-
Granclli se |)iaignit à l'abbé de Cliantcrac de ce chevètjue m'a fait voirsoiit à peu près celles que
qu'on laissait contre l'usage divers écrits h leurs vous me mandez, et il y a bien de l'apparence
406 LETTRES RELATIVES
(ju'on tirora en longueur ilans une cour où l'on seconde '. M. Pirol m'a envoyé ce que M. Vivant
ne se liAte pas. J'espère que Dieu soutiendra sa lui avait écrit sur ce sujet.
cause et celui qui la soutient, et (jnc \ousme
LETTRE CXCIL
conserverez toujours les inôuies bontés. Je suis
avec admiration et lespcct, Monsieur, votre très- BOSSIT.T A SON NEVEU.
et par cent bouches cachées et découvertes, n'élail qu'une cabale des évéques, (pii n'avaient
Cambrai. Il n'y a rien contre son Instrurtion Chanterac couuncnce il voir le péril où est le
paalorale, ni contre ses noies. Je suis convaincu livre. Rien des gens lui disent nettement qu'il
qu'il faut (]uc lîome voie par nos écrits la né- ne peut éviter la condaumaiion, et que la Le/-
cessité de |)arler c'est votre seutiuienl et celui
; trc jiastornle n'c\ci\f.c point le livre, quoiqu'elle
de M. l'hebppeaux. Vous me maniiez même tous puisse servir à justifier la personne. Le P. La-
deux séparément que nous n'emiiorterons rien lenai lui tint ce discours : et a\aut eu occasion
que par l'évidence. Ce que je ferai sera court, d'(Mi laire le récit à .M. le caiiliual de Rouillon.
les jours des lettres de tous les évoques, appro- tous deux sont bien iutenliomu's.
batives de noti e doctrine, et en particulier du Vendredi dernier, il y eut conférence des exa-
Summa ductriuœ, qui a seni .\ beaucoup de minateurs ou y traita du fond du livre, et de
;
.M. Vivant aécrit des merveilles sur la lettre I ml, et dont ossu"l était auteur.
' Ce trait o nii>; ort aux ce! \U que fit leordlnal
noulllon 'r pou
dès la première lecture, et encore plus après la toulinlr le livre du T. Dex, icjeté par le* cxamiiiatcura.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 407
possédaitbienla matière. La première conférence valescent; et on me défend (je pense avec raison),
est indiquée au lundi 30 on y doit traiter de: d'écrire et de m'appliquer. C'est pourquoi j'ai
tout ce qui regarde l'indifférence. Vos derniers priéM. PheUppeaiLX d'écrire pour moi. En gé-
écrits sont estimés autant qu'ils le méritent, et néral je puis vous dire que les affaires commen-
produiront l'effet qu'on en espère. On ne doit cent à cheminer et à être en bon train.
pas être surpris d'Alfaro : il est obligé de suivre Les Cambraisiens sont un peu affligés, et les
l'impulsion des Jésuites. Ils sont fort curieux, de Jésuites pas moins insolents : ils mériteraient
point l'auteur de cliarnali té. J'espère que le P- Cambrai. Le P. Gabrieli est douteux, et je suis
Charonnier et M^"** l'abandonneront, quand ils fâché à cette heure du ménagement que nous
le verront noyé. On saura dans la suite des nou- avons eu. Comme les autres sont plus savants et
velles plus particulières. plus braves gens, j'espère qu'ils feront leur de-
voir.
On m'a assuré que M. de Cambrai voulait faire
une seconde édition de son livre, dans laquelle Le P. Dez n'a pas daigné venir me voir, ni au-
il corrigerait tous les endroits qui ont choqué-
cun Jésuite, excepté le seul P. Charonnier.
Je suis bien fiiché de n'être pas en état d'é-
Mais qu'espère- t-il de cette démarche? Plus il
crire encore par cet ordinaire à M. de Paris sur
écrira, plus il s'embarrassera.
Granelli se plaignit à l'abbé de Chanterac des
son admirable Ordonnance : elle fait ici un très-
écrits répandus, pleins d'injures contre une per- bon effet. M. le cardinal de Bouillon m'a fait
l'honneur de me venir voir et de s'informer tous
sonne qui avait rendu de grands services à
2
savoir s'il en est l'auteur ou un autre, on n'en tleLyon du même jour. La voilà je suis très- ;
est l'auteur, autant qu'on peut savoir ces sortes nes à savoir. J'espère que la lettre de M. Phe-
lippeaux et ma lettre à mon père y auront sup-
de choses; c'est son copiste ordinaire qui l'a
pléé. Je finis à cause de ma lettre.
traduit en italien. Les uns et les autres seront peu
lus par ceux qui seront bien intentionnés. LETTRE CXCV.
L'instruction de M. de Paris est fort goûtée >
B0SSL\3T A SON NEVEU.
et M. le cardinal de Bouillon a avoué qu'on ne A Versailles, ce 30 décembre 1697.
fiouvait rien voir de plus précis ni de plus fort, lettre à mon frère, du 10. Une
J'ai vu votre
e lui ai donné lesnouveaux écrits on saura quel :
pas vous embarrasser des ports ni des
faut
effet ils produiront sur lui. Je suis avec un pro- ponrles copistes, et autres de cette nature
frais :
qu'on voudrait donner aux choses. Je m'en rapporte sm' le tout à voli'c prudence ;
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 409
et, si vous le jugez à propos, ne parlez de rien : plus haute estime, entièrement due à son grand
je suis assuréque vous ferez le tout pour le mérite.
mieux. Pardonnez-moi seulement la liberté Je suis cependant aussi respectueusement
que je prends, et faites-moi la justice d'être que je dois Monsieur, votre très-humble,
i'êti'e,
toutes vos prospérités. dans le temps qu'ils font le plus de mal. Enfin
Je suis pleinement informé de l'affaire qui le P. Dez m'est venu voir je n'ai fait semblant
;
Tout le détail qu'il vous a plu m'en faire dans votre écrit le plus court qu'il se pourra. Il n'est
votre lettre du 31 décembre, avec la co|)ie de la pas question ici de ce (pii s'est passé à l'assem-
lettre du roi au Pape, j'ai cru ne pouvoir me jjléede 1(38:2 je n'en souflle pas, et je ne vois
:
dispenser de le comiuunlcpier au grand-duc, pas qu'on parle de votre manuscrit pour la dé-
jiour lui donner la facilité de mieux compren- fense des quatre Articles. Sa Sainteté se porte
dre les démarches de M. Fédey dans cette à mer\eille. Je finis, car il est tard.
affaire. Son Altesse m'a dit que M. Fédey ne J'oid)liais île vous souhaiter une heureuse an-
pouvant pas ignorer qu'elle a écrit à des car- née je n'ai que faire de vous exprimer mes
:
dinaux el à des consullcurs du Saint-Office senLiments sur ce qui vous regarde, cpii m'est
en conformité des sentiments de M. de Meaux, |)lus clierelplus précieux que moi-même.
elle croit que son agent s'en étant aussi mêlé, M. le cardinal de Bouillon commence à tenir
il ne peut jamais avoir tenu d'autre langage un langage un peu diflërent, el dit que l'allairc
que confoiine au sien ; c'est-à-dire en la- M. de Caml)rai n'ira pas bien. Il ne m'endor-
veur di; ce que M. voire oncle [)ent sonliailer. mira pas el je n'ensuis que plus sur mes gardes
Mais, pour s'en Itien assurer, Son Altesse lui pour éviter les coups fourrés.
ordonne par ce même
onlinaire de se domier
bien de garde de ne jamais franchir aucun pas
LETTUE CXCIX.
([uino soit avanlag(Mix à la caiise soidenuc par liOSSUDT A M. Ifl-: LA ItROUE.
ce digne prélat, (pic la solidité de sa doclrint; A Versiiillcs, ce 3 janvier IC98.
cl ses énnnenles (jualités rendent à juste titre On a iu)|>rinié avec diligence, Monseigneur,
l'un des plus beaux oi iiements de rKglisc, et la IVélaee aux écrits déjà iiii|)rimés mais j'en ;
pour la personne duquel Sou Altesse a toute la ai suspendu la publieatidu, pour laiie paraître
>no LETTRES RELATIVES
à la tôle, dans cotte préface, la réfutation de de la cause de Dieu qui ne souffre nul faible
l'Iiislntction pastorale, qui aclièvera, s'il plail h ménagement, allez votre train, est assurez-vous
Uieii, la diMiionslialionde l'erreur et de l'ifrno- que vous ne serez pas abandonné. Je veux bien
rancc de M. de Cambrai. Après, je nie don- vous dire que le roi, par sa bonté, a la com-
nerai tout entier à la seconde partie, que vous plaisance de n'exiger rien de M. le cardinal de
souhaitez tant voir paraître en attendant, je : IJouilion contre M. de Cand)rai, qu'il sait que
tra\aille h beaucoup de Mémoires nécessaires. ce cardinal favorise mais c'est que Sa Majesté ;
Uu cAlé de llouie lesailaiies y lau^'uissaient par est persuadée qu'une affaire de cette nature n'a
les elVorls de la cabale puissante, qui ne t;kliait pas besoin desoKices vulgaires de ses ministres.
qu'îi les faire oïdilicr : mais j'ai envoyé des C'est une affaire pro|irement entre le Fape
instructions, par le secours desquelles mon et le roi, une affaire de confiance entre les
neveu a trouvé le moyen de ranimer tout ;
en deux puissiuues cl le roi croit (pie c'est assez
;
sorte qu'on ira bon train, s'il plait à Dieu. Le pour lui de s'expliquer à M. le nonce. Voilà ce
roi continue de presser avec zèle et vivacité. qui est de ma connaissance, sans vouloir en-
Vous seriez étoimé de voir les écrits qu'on dis- trer plus avant dans les mystères d'Etat, dont
tribue à Home de la part de M. de Cainl)rai : on je ne me mêle |)oint. Vous pouvez vous ouvrir
gieux: cnlin il est tombé dans l'aveuglement. nerde fortes atteintes mais les conjonctures rae :
guère content de ses excès ; et s'il est ébranlé M. de Cambrai était soumis, il savait si bien dis-
par l('6'i(»iwifl ilurtriitœ, j'ose assurer qu'il sera sinuder, qu'encore que je ne lusse pas sans quel-
convaincu par les écrits que j'aurai l'honneur que crainte, j'avais beaucoup plus d'espérance.
de lui envoyer. Quoiqu'il en soit, je me laisserai sur cela blimer
Je suis, Monseigneur, comme vous savez, avec tant (pi'on voudra parce que le bliltne qu'on me ;
tout le respect possible, etc. domie est l'eflel d'un zèle que je révère.
J'ai vu ici une lettre de M. Pequini à H. le
LLTTUE ce.
cardinal de Janson, qui parle de moi d'une ma-
BOSSUET A SON NEVEU.
nière (jui me donne du courage: il me fait l'hon-
A l'aris, ce C janvier 1G08.
neur de comiiariT mes écrits à ceux des Pères.
On était ici animé de
la lenteur qu'on
fort Je vous instruis de tout cela, afin que dans l'oc-
semblait vouloir apporter à l'allaire deM.de casion et à propos, sans affectation, vous me
Cand)rai, et l'on a\ait peine à couq)rendre, ménagiez les boimes grâces de ces prélats dans
après la part que le roi y prend d'une manière l'affaire dont il s'agit.
sidéilarée |)our la paix de son royaume et pour Je \errai demain M. de Paris, et lui ferai vos
le bieu de qu'on y dût procéder si
la relij,'i(in, compliments. Il sera bien aise de la manière
mollement. Il y allait même beaucoup de l'hon- dont vous faites valoir son Instruction pastorale,
neur et de l'autorité du Sainl-Siége, que ceux qui est venue dans une conjoncture où elle était
qui avaient donné ces conseils n'ont guère eus fort nécessaire : celle Instruction est très-excel.
en vue. Rlaiidonant «pie la chose reprend son lente.
train, on est liien aise de l'heureux succès de Dcmonirance h M. de Reims
Vous avez su la ,
cardinal de Itouillon a\ait ici insinué, par ses vous en samez da\anlage par le prochain ordi-
letties, i|ue noire Dcrhnatiou avait lait im naire. Les Jésuites la veulent soutenir, et \ous
mauvais rflel |)i ur nous; que le Tape l'aNait voyez ce qui en peut arriver. M. de Reims m'a
regardée comme un juj;enienl, par Icipiel nous fait voirsur son Ordoiiuanre une lettre de M. le
prévenions celui du Sainl-Siége; et (lu'enlin cardinal d'Aguirrc , qui remplit de Joie tous
nous avions perdu loule croyance. Je ^oiis '
Ce I
nrait parti lt4s-TiTcmrnt *<i r>p« contn la neuvcll*
ri'l.it
puis assurer ([u'on ne l'a pas cru, et je n'en de M- de Cambrai. Cr»t ce q\ie lk>&suet «r«it ippris par
fj'irttuftUte
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 4U
qui est digne des premiers Ces discours, tenus par une personne de poids
les pens de bien, et
instruite de nos manières, indifférente en appa-
siècles de l'Eglise 1.
rence, très-adroite et fort insinuante, a produit
LETTUE CCI. l'effet que la cabale désirait. Sa Sainteté a cru
l'abbé phelippeaux a bossuet. faire des merveilles, et grand plaisir aux évêques
A Rome , ce 7 janvier 1698. de France, de joindre des évêques aux huit
plu- examinateurs; et il y a six jours qu'elle leur joi-
Je crois que vous serez bien aise de voir
livre de gnit deux prélats. L'un est Mgr l'arclievêque de
sieurs endroits de la traduction latine du
Chicti, dont le nom propre est échappé de ma
M. de Cambrai, où il paraît qu'il a traduit dans
mémoire i
c'est un prélat napolitain, que le
vue d'insinuer sa nouvelle solution, où cor-
il ;
la
pape a fait venir depuis peu h Rome pour être
rompt le texte français: vous y ferez les réflexions
secrétaire d'une congrégation et qu'on croit qu'il
que vous jugerez à propos. Je ne vous dis rien
veut faire cardinal on dit qu'il a du mérite et
des deux examinateurs qu'on a ajoutés, ni des
:
détail. Je ne fais ;
que je craignais tant; et cela était nécessaire voyez quels ressorts ou fait jouer pour al-
pour allonger un peu, car tout avançait, et bien. longer et pour embrouiller. Ou met deux pré-
mal, au moins dans Ji la tète, don l'un
est comme déclaré, et au
11 laut lâcher de réparer le lats
apparemment bien avertie par ses émissaires bord tout à lait dévoué aux Jésuites; mais je veux
dans le Saint-Office et dans les
conférences, on croire que cela n'est pas. Je vous avoue que je nu
pourrait dire entre autres le [\ Allaro, que l'af- m'alleiulais pas à celte nouveauté aussi a-t-elle :
qu'on voulait examiner à la rigueur le sens na- meut qu'on voulait sauver M. de Cambrai. Je
tureldu livre, et sur cela juger des propositions, suis peisuadé (pion ne le sauvera i)as, mais au
ilsont voulu embrouiller les conférences. Pour moins ou donnera de l'embarras et on allongera;
cet effet, M. le cardinal de Bouillon
Irés-sùre- car il faut rccoiiuneiicer. D'ailleurs ces prélats
ment a fait insinuer au l'ape, par l'entremise de se trouvent à la tète des coiiléreuces; et s'ils sont
M. le cardinal Albaui, que l'cxauien qu'on fai- malintentionnés, ils peuvent mettre bien des
saitde ce livre serait d'un bien plus praiid poids ubslacles.
J'ai cru être obligé, et cela par le
conseil de
en France, si on ne se contentait pas de le faire
examiner par des moines, dont ou méprisait M. lecanlinal de Casauate, de parler au cardi-
nal Spada à fond sur tous ces faits. Je lui
ai
l'autorité en France; et que si l'on
joignait (jucl-
conshuiccs. Il m'a paru bien recevoir ce que je caractère du Pape. Tout cela n'a pas empêché
lui ai tlit, el je lui ;ii ili'couvcrl toutes les cabales (pie je n'aie été \oir cematin M. le sacriste, avec
qu'on loniiail. Il m'a Irouvé bien inslriiitel de (pii j'ai eu une conférence de deux heures. C'est
clioses inùnies(iu'ii ne sivait pas. Kn un mol ex- un liomme froid et qu'on dit assez franc; il s'in-
cepté sur la personne (leM. cardinal de Ikiiiillon, struira assurément. D'ailleurs, pcrsonnellcmenl
je lui ai i)arléde tout à cœur ouvert, alin qu'il il n'est pas ami des Jésuites mais il est lié avec
;
en pùl parler h Sa Sainteté, el enipéclier, s'il est le parti contraire sur les affaires de Louvain. J'ai
possible, de nouveaux clianf^ements. Je lui ai re- des personnes de poids |)oiir|)ar!er; du reste, on
présenté l'impiirlance, les grands inconvénients, ne peut répondre de rien. Pour Mgr de Chieli,
le mauvais ellet (jue tous ces cban;;enients fe- j'ai bonne o|tinion de lui. Heureusement il s'est
penser les évéques de France et le roi, quand ils les matières avec lui, et chaque jour je sais ses
Pour lui rendre ma plainte plus juste sur le fait Eminence tout le contraire. Je m'attends à quel-
de M. le sacriste, je lui ai dit qu'il y avait que plat de leur métier. Les conférences recom-
déjà très-longtemps que je vous avais instruit mencées les ont violemment irrités; mais il ne
de la prévention de ce |)rélal, et qu'il s'était dé- tiendra pas à moi de les fâcher encore davan-
claré trop favorable à M. de Cambiai. Il faut, s'il tage en faisant mon devoir. Au reste, je vous
vous plait, que vous teniez le même langage à prie d'écrire une lettre d'honnêtetés, aussi bien
M. le nonce el au roi. Avec cela, il ne faut pas que M. de Paris, àMgrGiori, prélat de cette cour,
demander sa révocation, mais se plaindre de la ami de MM. les cardinaux d'Estrées et Janson,
trop grande partialiléqu'on lait paiaitre à cha- (pli fait tout ce qu'on peut faire auprès du Pape.
que pas pour favoriser M. de (lambrai, en em- Je sais qu'il sera bien aise d'une pareille marque
brouillant l'alTaire de nouveau. d'estime et d'amitié, el cela l'excitera encore. U
Je \ous avoue (jue je suis obligé défaire ici estbon de lui écrire en latin, car il n'entend pas
un persoimag»" qui ne doit pas plaire à cette un mot de fraii(;ais vous me ferez un sensible
:
cour; car ce n'est i|ue |)0ur me plaindre de tout plaisir. Si M. cardinal de Janson voulait écrire
le
et si je ne le taisais pas, il est certain tpie rall'aire Il faut se plaindre hM. le nonce, mais ino-
ne Unirait jamais: cela ne laisse pas, comme vous d(>steinent, et m'e.xciiser de tout ce que je suis
croyez bien, d'être très-désagréable et très-l;\- obligé de faire ici. Les plaintes que je fais ne
cbeux. Je l'ai dit tout fr;mcbement au cardinal passent pas le cardinal Spada.
Spada,quimera avoué. Je neluiai pas parlé dans Témoignez, je vous prie, à M. de Paris, que
la vue (le laiie le sacrisie, mais seule-
ré\o(pier M. je vous dis beaucou|) de bien du Père Miiiin)e>
ment pour manileslemenl la part
lui laire voii' (pie je fais agir où il convient.
qu'il ail la ealiale, le mau\ais effet (|ue cela produit Je n'ai plus retrouvé dans la traduction de
(ians llome, etinmian<|uablement en France. Il M. de Cambrai ï'iiitfti'ssatus dont je vous
m'adit les plus belles paroles dumonde; mais j'ai avais parb* ;je m'étais hrouillè : il traduit aussi
pris la liberlede lui demander des ellets. Jesiiis pres(pie jiartout le motif de rintérél |)i opie, ap-
persuade que ce queje lui ai dit sur M. le .sicrisie pclilio pioprii commodi, el ajoute q'.ielijuefois
sera rapporté au Tape. Ile plus, dimanclie au (juirxtuK proprit. C'est une alleclatioii manifeste,
soir on parla fortement au l'ape de toutes ces ca- de traduire par «/)/><• /i7j() le motif. Appelitio, c'e&l
bales de MM. le.s cardinaux de liouillon et Al- désir, (pii vient de la |)art de la puissance ce ;
du côté de l'objet : cela me paraît très-considé- lat la trouve pleine de dérision et de brocards.
entendue, doit le faire condamner par lui-même. sur le manquement de respect, et sur une im-
Il faut ici de la patience plus qu'on ne peut pression sans aveu. M. de Reims a donné une
croire ; j'espère l'avoir. requête forte, mais modérée. Le provincial et
Un de mes amis, de chez M. le cardinal de les supérieurs des trois maisons des Jésuites ont
Bouillon, a fait un extrait de plusiem's passages été mandés à demain, pour venir avouer ou
de la traduction de 31. de Cambrai, sur la traduc- désavouer la Remontrance, et faire leur décla-
dution du motif intéressé qu'il traduit mercenarii» ration telle qu'ils jugeront à propos. Us avoue,
et deVappetitio proprii commodi,qui marque une ront sans doute et sur la forme leur condam-
;
Spada. Je crois que cela ne doit pas plaire au de moi-même je les reverrai demain il sera
; :
drate. Il y a dans le Saint-Office quatre consul- premier jour l'Exposition de la foi, et le Recueil
teurs du Saint-Office; deux archevêques qui d'Oraisons funèbres, que vous m'avez deman-
sont Mgrs Bottini et Darti un é\êque, qui est ;
dés. Vous aurez aussi les Remarques des An-
le sacriste et Mgr Nucci, secrétaire de la con-
;
glais ' sur M. l'abbé de Fénelon. Nous y join-
grégation du concile, drons la Remontrance à M. de Reims, sa requête,
et l'arrêt intervenu dessus pour mander les Jé-
LETTRE CCIII.
suites. fait très-civilement par un
Cela s'est
BOSSUET A SON NEVEU. greffier, qui Dongois, leur ami. Cet arrêt
est
A Paris, ce 13 janvier 1G98. préjuge assez contre eux. Continuez à servir
Votre lettre du 10 m'apprend des clioses que l'Eglise, Dieu vous aidera de plus en plus. Je
je serais fâché d'igiioicr. Je crois vous avoir ferai voir àM. le prince de Conti ce que vous
mandé que j'ai vu entre les malus du cardinal m'écrivez sur son sujet 2, qui est très-juste.
de Janson une lettre de Mgr Giori, où il écrit LETTRE CCIV.
conforniétncnt à ce que vous me marquez ;
LE CARDINAL DE BOUILLON A BOSSUET.
M. le cardinal de Janson m'a promis de la faire
Uome, ce 11 janvier IG08.
voir où il faut. On est fort aise ici de la conti-
C'est au
Monsieur, d'une longue con-
sortir,
nuation des conférences des exainiiialeurs.
versation (pie je viens d'avoir avec M. voire ne-
J'ai reçu de Flandre un petit livre coidre le
veu, que je me donne l'homieur de vous écrire.
Summa doelriuK, (pii a beaucoup de vcniti et
Dans cette conversation je lui ai parlé sur bien
de dissiniulalion. 11 y est fait miMitiou d'une
réponse à la Déclaration, qui n'est pas encore des choses avec toute l'ouverture du cœur, ten-
dresse et considération possibles. m'a con-
venue à ma cotmaissauce je l'allends pour ;
Il fait
prendre ma résolution. Je ne ferai rien (jue de naître que mou silence sur la porsuasiou
où je
Court. On MC croira pas aisémcut (pie M. le car- devais êlre de la |)uielé de vos inteulions, eu
dinal de Roiiilloii ait hàlé la suite des conlé- couihatlanl la dorlriue du livre de M. de Cam-
renccs. brai, vous avait fait de la peine. En quoi per-
son OriUinnancc (pu; les Jésuites ont fait iuipri- leur Uurnot, Anflnl!!, Imprimé en ICïlS A An\<lcr.l.ini, (oua co liU«:
Jiecuritde tlivcrSiS p>(\-es conctriuint IciiuUit^Wê^
iner. Ils la croient fort res|)eclucuse, et ce pré- ' IVy. 1.1 kltitlBT.
414 LETTRES REIATIVE8
iiNuz lorl : car me pourricz-vous croire capa- Ià-dc.<îsu8 comme je devais, en l'assurant qu'il
desoiip(;nniUT la punU-el ladroiliirodes iiilcn- devait ôtre assuré que dans mes diseoursjnmais
lion iluuo persoiiiio (|iie j'esliine, lionorc el aime cela n'écbappi rail de ma bouche, comme eflec-
au point i]uc vous savez que je vous csliino, ho- livemcnlj'ai là-dessus une réscne extrême. Je
nore et aiuieilcptiis.siloiigloiiips?Croycz donc, s il lui ajouté que je ne pouvais m'cmpécher
ai
vous j.lail, Monsieur, que je ne suis pas capable de avouer que c'était le sentiment de tout
lui
de soupçonner jamais la droiture de vos intcn- Rome et de toute la Fiance qu'il v avait donné
;
lioiis, et qu'on ne peut être plus absolument el lui-même un très-grand loinkinent, en parlant
plus vérilablemcnt à vous qucj'ysuis, aussi bien sur cette aiï.iire de la manière qu'il m'en |)arlait
qu'à M. de Cambrai. Ce qui m'a alllii^é el conti- à moi-même dans toutes les oeeasions; que je
nue il m'all)it,'cr, c'csl de voir que les deux pré- voulais bien être persuadé que c'était un elTetde
lats de France que j'estime et aime le plus se la prudence dont il cro\ ait devoir user en celte
trouvent dans des senliuienlssi opposés. Faites- cil constance qu'il y avail longlem[)S (pie vous
;
moi la justice, Monsieur, de compter en tout m'aviez encore chargé de lui renouveler vosjus-
leuq)s, et en toutes occasions plus véritablement tes |)lainles sur son silence à l'égard de l'afTairC
sur moi que sur personne. personnelle qu'il prétendait que vous aviez avec
Le cardinal de Bouillon. M. de Cambrai. Knliii, en lui parlant franche-
menl sur l'inclination qu'il témoignait h sauver
LETTRE CCV. M. de Cambrai, je lui ai dit tout ce qu'il faut,
l'abbé bossl'et a son oncle. sans qu'il ail eu le moindre sujet de trouver
I\omc, ce 14 janvier 1G98. mauvais ce que je lui ilisais, cf miiquemcnl pour
Par la lettre que j'ai reçue de mon père du qu'il connût le sentiment du public. Je ne puis
23 décembre, j'ai appris que vous étiezà Meaux, et ne veux pas vous dire ce qu'il m'a fait l'hon-
cl que mon p.iquel n'était arrivé à Rome que neur de me répondre là-dessus: contentez-vous
ce maliu-là aussi que vous l'auriez pu voir as-
: s'il vous plail, d'être assuré qu'il ne vous don.
sez à temps poiu" y laire réponse. nera là-dessus jamais aucune sali.sfaclion ;
il n'y a rien de nouveau sur l'affaire de Cam- que sou parti est pris sur la condiiile qu'il
l)rai. Jeudi passé, 9, iiycul uneconlérenceoù les veut tenir, tant h votre égard qu'à l'égard de
nou\e;uix examiiialcuis assistèrent: ils netirenl M. de Cambrai qu'il désire que je croie qu'il
,
sitions, tirées du livre, sur le cincpiième état el tat de l'esprit de .M. le cardinal deRouiUon, qui
sur l'espérance, fonilemcnt de la doctrine de sait lorl bien cei|u'ilaà faire, el qui m'assure ne
M. de Caiid)rai. Un doit, le de ce mois, faire -2'-i me vouloir aucun mal des sentiments qu'il
une nomelle conlérence, dans laquelle, après s'imaginequc j'ai pour lui. Il lui serait bien aisé,
qu'on se sera assuré que les propositions sont s'il le voulait, de me lesi'iter, si je les avais; mais
vérilablcinent dans le livre, ou en paroles ex- je ne crois pas (lu'il en veuille prendre la peine.
presses, ou équivalentes, chaque examinateur Il est, s'il vous plait, de la dernière impor-
volera, c'est-à-dire dira son sentiment sur les tance que vous ne disiez jamais ce que j'écris
qualilicalions. On m'a assuré (jue les proposi- siirM. le cardinal de Rouillon, si ce n'est à M. de
tions sont très-bien cxliailes, et d'une manière Paris, au roi el à M"" de Maintenon'
très-loi le ; el si elles demeurent dans cet état, Il est bon et même nécessaire que vous écri-
giaiiile liaison avec M. le cardinal de liouillon; tinuer. A Rome, tout le monde tremble de par-
il est homme de doctrine, elje ne |iuis eioire Ici'; vous en vovez bien la raison.
qu'il se veuille déshonorer. Tous les examiiia- J'ai appris que latibé de Clianler.ic cl les Jé-
lcuis seront inslruilsà Ibnd, liors le Jésuite, à qui suites étaient lurieux contre moi cause de .'i
aucune part à ces manières basses de se venger, Paris est content de votre lellre. Je n'ai point
mais que je méprise comme je le dois. Je vous vu M. de Reims, qui apparemment est occupé
mande seulement cela, afin que vous voyiez la de son affaire avec les Jésuites. Elle a été re-
fureur et la rage de ceux à qui nous avons al- mise entre les mains de M. le premier prési-
taire. Ils voudraient être ici maîtres du ti ipot; dent 1, en conséquence des paroles données au
mais je vais toujours mon chemin, et continue- roi par les deux parties, sur les affaires de
M.
rai, s'il plait à Dieu, à agir de môme, sans de Reims.
crainte de qui que ce soit que de lui. J'ai appris aujourd'hui de M. le cardinal
On attend ici la fin de vos Ecrils, ellâ Réponse d'Estrées qu'il y a deux nouveaux consulfeurs,
hl'Instruction deM. de Cambrai. Je crois que dont l'un est M. l'archevêque de Ciiieti, et l'au-
vous songerez aussi k m'euvoyer des Déclara- tre le sacriste de Sa Sainieté. On
que ce der- dit
tionsdes évêques. Il faut seulement convenir du nier est habile homme, et fort porté au jansé-
port à Paris, et envoyer tout cela comme im- nisme pour le premier, qu'il est un peu pa-
;
primés, comme marchandises, et non comme rent du Pape, qu'il veut être cardinal, et que
lettres. Les observations, telles que vous me le Pape s'y fie beaucoup. On ajoute que Sa
les promettez, feront bien pour les cardinaux ; Saintelé lui fait quitter son archevêché et lui
les examinateurs les ont tous vues, hors Alfaro donne une abbaye.
et GabrieU. Le bruit de l'effet de ma Relation relentil ici
Des personnes bien affectionnées pour la par toutes les lettres de Rome. C'est bien fait
bonne cause sont persuadées qu'on cabale plus de n'en point donner de copies mais il sera :
que jamais, et qu'on cherche quelque inven_ dil'ficiie de ne la pas rendre publique, si l'on
tion pour faire échouer celle affaire et juslificr se détermine à la présenter au Pape. Dans ce
M. de Cambrai. J'écoule tout, mais je ne suis cas, il faudra faire du mieux qu'on pourra. Il
pas encore arrivé à deviner ce qu'il est possible est bon que le Pape en soit instruit. Le roi con-
de faire pour réussir dans ce dessein, à moins tinue à presser M. le nonce. Vous faites fort
quele roi n'abandonne l'atfaire, et que Rome bien de vous défier des coups fourrés et de la
ne se veuille déshonorer. bonne mine. On est ici bien persuadé que le
On fera ce qu'on pourra à Paris pour gagner P. La Chaise est pour M. de Cambrai. Nous
M. le nonce les Jésuites n'oui>lient rien à cet
: nous portons bien.
effet. Il est bon, sans menacer, qu'ils soient con-
LETTRE CCVil.
vaincus que si Rome ne [iurle pas, la France est
l'abbé LEDIEU A L'aBBÉ BOSSOET.
toute prèle, aussi bien que le roi, à agir et que
A Paris, ce 20 Janvier 1G98.
rien ne l'en peut empêcher.
Ne dites, s'il vous plait, qu'avec grande pré- Dès vendredi dernier 17, il est parti d'ici,
caution ce que je vous mande sur ce qui se Monsieur, par la diligence de Lyon, un paquet
passe dans les conférences; c'est le secret du contenant douze recueils d'Oraisons fuiièbrei
Sainl-Oflice. Il est bon que vous sachiez que de noire prélat, et autant de son Exposilion,
tout le monde ici me veut tant de mal, que plu- avec un autre paquet à votre adresse, où j'ai
sieurs Emineuces m'ont fait cl fait luire des mis un recueil des pièces concernant Molinos et
compliments sur ce qu'elles souhailent que, si lesquiélisles, et où se Irouvenl aussi les lellres
M. l'abbé de la Trémouille est placé, je sois au- des Anglais, dans lesquelles il est parlé de l'ab-
diteur de Uole. Je sais ce que je dois répondre bé de Fénelon. Sons la même enveloppe, j'ai
là-dessus. Les Jésuites cl M. le cardinal de Harlity. Ce magistrat ayant représenta tu roi
'
C'était AthUI« <lc
Bouillon ne laissent pas de l'apijréhender. Je quo l'alTairc pas do naturo 1 (tre plnldi'o en plein par-
n'était
lement, lo entra dans les vues du premier prt'sidcnt, et
prince
ne puis m'cin pécher de vous dire que M. le
le chargea do trrmirter le dilTérend, dont II vouhit qu'il fût seul
cardinal de iiouillon m'a parlé ce malin en arbitre. M. do Uarlay arrêta que les supérieur» des Jésuites Iraient
cliei l'archovèque do Reims lui demander l'honneur do .von
nniitio,
petit fou. Cela seul suffit (luur savoir à quoi >»
et lui témoigner iiu'ilu ét«i<-nl sciinlilcment fjc'irs d'avoir encouru
s'en tenir. Le roi, M"" île Maiiiienon cl la disgrice. Cet arratii lut sigi.i. et Ait le londemein on alla foire visite
au prélat, qui parut avoir oublié tout le passe, t.iiit il lit do oiv-'c
France sont à plaiiuhc. Il est dillicilc (lu'il n'ar- — d'Arrigny, dé)» iv, p. ItXl.
aux Jésuites. }'oy. cité. t.
rive pas quel<ine chose qui le découvre hienlôt. (Ki/i/. lit VtTê.)
il 6 I.ETTUES l'.KLATIVES
mis encore qiialrc cxoniplaires de la Hemon- seuls déclarés : j'espère que les autres préfére-
IraiHc (les Jt'Siiilt'ï^ à M. de iU-ims sur son Or- ront la vérité h la cabale. On ne peut pas sa-
doiiuancc '\ii lî> La requête que
juillet dernier. voir de quel cAlé M. le sacristeet Mgr Rodolo-
penchent ils ne se sont pas expliqués, et
ce iin'lal a présentée au parlement sur ce sujet \ic :
ne fait cjue sortir de dessous la presse pour pas- nous avons toujours sujet d'appréhender, parla
ser entre les mains de l'auteur, qui a défende manière dont ils ont élé mis du reste, j'espère :
Depuis le départ de M. de Jle.iux jiour Ver- Pape samedi dernier seulement; el c'est cinq
appris chez M. de îVcims que les
sailles, j'ai jours avant que le Pape a donné l'ordre pour
Jésuilesdevaicnt se trouver à trois heures après Cela ; rien de plus constant.
midi chez le président, pour conclure leur ac- M. le cardinal de Bouillon, en lui rendant vo-
coinmodemenl an premier de lem- Hemon-
sujet tre réponse à son complinienl, me dit qu'il
trancc. Le prélat deniamlc qu'ils viennent lui vous avait écrit dès l'ordinaire dernier, sur ce
(jue je lui avais témoigné de votre pari. Je ne
faire salisfaction chez lui, et (ju'ils rétraclenl
leur pièce par écrit entre les mains du magistral croyais en vérité pas qu'il le lit mais j'avoue ;
Icin- arbitre. A cinq heures du soir on n'en avait que, sans man(|uer au respect qui lui est dû,
encore aucune numelle diez M. de Keims; on je lui ai parlé assez fortement, et il a jugé à
ne les y attendait que demain. propos de se raviser. Si vous ne lui avez pas en-
L'imiiression de la lîcfiitation de M. de Cam- core fait réponse quand vous recevrez cette
lettre, je vous prie de lui insinuer que les bruits
brai lire à sa lin, cl j'espère qu'on pourra vous
l'envoyer inccssannnent. Le triomphe de la vé- qui courent sur sa partialité pour M. de Cam-
rité qu'elle contient fait certainement un grand brai viennent de toutes paris, mais que vous
plaisir. Je suis etc. n'en voulez rien croire, non plus que moi. J'ai
jugé à propos, après la conlérence (|ue j'ai eue
LETTRE CCVIIL
avec lui, de donner à M. de la Trémouille, qui
L'Annii BOSSUET A. SON ONCLE. esta présent fort bien avec lui, la lettre que
Rome, ce 21 janvier 1G98. vous m'écriviez du 2o novembre, dans laquelle
J'ai reçu, par le dernier courrier, vos lettres était l'ordre que vous me donniez de lui faire
du 22 et du 23 décembre, de Meaux, et celle vos justes plaintes. J'ai trouvé, depuis le com-
du 3 de Vei saillcs.
,
mencement ju.squ'à la lin, qu'il n'y avait rien
Je croyais (pi'il n'y aurait de conférence des qui nei)ùt lui être lu, et qui ne put faire un
examinateurs, suivant ce qui avait été résolu, bon Vous y parlez avec force et
effet. vérité sur
que jeudi prochain, 23 du mois; mais mardi tout vous y manpiez que toutes les
: lettres de
passé, c'est-à-dire il y a aujourd'hui huit jours, Rome portent qu'il favorise secrètement M. de
le l'ape envoya ordre de lenir la conlércncc le Cambrai mais que nous n'en croyions rien ni
:
jeudi suivant, 16 de ce mois, etdorénavant dcu.\ vous ni moi. C'est après avoir lu cette lettre,
lois de la semaine. Il y en a déjà eu deux de- qu'il jugea à propos de parler au Pape, pour
puis ma dernière lettre car hier il s'en tint une.
; presser, dit-il, le jugement de cette affaire.
Mais en même temps le Pape dit qu'il fallait Néanmoins on publie partout que le dessein de
ilisputer. et c'était de la part de la cabale qu'é- cette cour est de la traîner en longueur cela :
tait venue celle nou\elle imajiinalion, qui ne ne laissera pas d'être dinicile, si les conférences
s'est jamais pralupiée dans le Saint-Olfice. Ef- continuent deux fois la semaine. Il est bien cer.
fedivement jeudi passé on dis|)ula avec aijîreur tain que si M. le cardinal de Bouillon voulait,
de la part d'.Mfaro et de (Jabrieli cela fut .scan- ; cela serait déjà Uni, el finirait h pré.scnt h Pà-
daleux. Je l'ai su, et j'en ai fait avertir le Pape (jues je le veux encore espérer.
:
et le cardinal Spada. 11 y a lieu d'espérer qu'on Le P. Dezest malade pouravoir trop travaillé.
mettra lin à celle manière d'examiner, qui Le P. Minime m'a dit qu'il avait écrit à M. de
n'est imatiinéc par la cabale que pom* tout Paris (ju'on ne pouvait trop éclater et trop ins-
brouiller, el tirer en lonj;ueur: car hicron com- truire en France; et il est vrai qu'il n'y a que
mença à voler. AHaro parla trois heures en fa- cela, et l'ésidence <le la matière, (|ui puisse don-
veur de M. de Candirai, el dit des choses pi- ner le branle ici, où ils tremblent sur tout.
toyables. Apparennnent tout le monde ne sera Sur la résolution que vous prenez de compo-
pas de son avis. Alfaro et Gabricli sont les ser un écrit nouveau, qui sera un précis, je me
A L'AFFAIRE DU QUIËTISME. i\l
suis déterminé ti faire faire plusieurs copies bien opposeront fousmain. M. le cardinal de Bouii.
écrites de vos Remarques traduites, qui ont ici Ion lui fait mille amitiés, et connaît son mérite.
fait sur l'esprit de tous ceux ù qui nous les avons Je me porte bien, Dieu merci, et j'ai fait de-
communiquées un effet merveilleux, et qui em- mes visites à presque tous
puis huit jours toutes
porteront assurément ce que vous fe-
l'affaire : 31M. les cardinaux et antres principaux de cette
rez ensuite sera admirable pour les cardinaux. cour, qui envoient tous les jours savoir de mes
Je ne laisserai pas de donner vos Remarques nouvelles avec une bonté infinie.
écrites à MM. les cardinaux Casanate, Noris, Je ne puis assez vous témoigner la nouvelle
d'Aguirre, Nerli, Albani et Ferrari, qui en sont obligation que je vous ai, de vouloir bien entrer
capables, et peut-être Marescolli. Je suis per- dans la dépense qu'il me reste à faire ici, sur la-
suadé qu'avec cela et le nouvel imprimé latin sui- quelle je n'aurais pu prendre aucune mesure.
tes nouveautés de M. de Cambrai, l'affaire sera J'avais ajusté toutes mes affaires pour le mois de
éclaircie et emportée. Septembre, et je ne voulais vous être à charge en
M. de Chanterac dit qu'il a déjà reçu le pre- rien, sachant les dépenses que vous êtes obligé
mier cahier de la Réponse de M. de Cambrai, de faire mais j'avoue que je ne puis y suffire
:
article par article, à la Déclaration et auSumma avec le i'eveixu de mon abbaye, qui est le seul
(loclrinœ, d'une manière courte, précise, Ihéolo- que j'aie, et qui est bien diminué par les taxes
gique et démonstrative ce sera un composé de : et par le change horrible. Vous pouvez être as-
ses notes et de sanouvellc Ordonnance. suré que la figure que j'ai été obligé de faire ici
Je crois savoir que M. le cardinal Noris a été dès le commencement a été nécessaire, et par
consulté par un grand seigneur de France, pour rapport à vous, et par rapport à moi ; que je
savoir ce qu'on pourrait taire pour sauver M. de n'ai rien fait d'excessif, et ne fais rien encore. On
Caml)rai et il a répondu qu'il fallait qu'il se ré-
; juge ici beaucoup, même les plus honnêtes gens,
tractât, qu'il désavouât son livre comme mau- par l'extérieur, et il faut m'y soutenir à présent
vais, et que par là il préviendrait la sentence, et plus que jamais par moi-môme car on ne cher- ;
se ferait plus d'iionneur. Mais ici M. de Chante- che qu'à vous avilir, et moi aussi. Je suis très
rac et M. le cardinal de Bouillon croient que les exact et très-réservé pour ma dépense mais :
affaires sont trop avancées effeclivement il ne : j'aieu à en renouveler plusieurs, depuis trois
le peut plus faire après sa dernière Ordonnance. mois, pour chevaux, carrosses et livrées, dont je
J'ai déjà fait remarquer à tous les cardinaux et ne puis me dispenser, et où j'ai ménagé de mon
examinateurs, que ce nouveau sens qu'il veut mieux. Si vous avez donc la bonté de m'aider,
donner à son livre, est contraire h toutes les ex- je vous prie de me faire savoir ce quje vous pou-
plications qu'il en a données lui-môme aux évo- vez me donner je me réglerai là-dessus et je
:
;
b. ToM. VI. il
418 LFTTRIN HKI.-wTÎVES
Rome; l'autre est le sacriste du Pape, qu'on Ces ba.sse.sses sont bien indi-'ncs d'un archevê-
dit être un savant liouime, et bien intenlionn*^ que mais j'ai vu l'accusidion du jansénisme
:
tout pn'^lcxle à M. de Caudirai de dire qu'il n'a M. de Reims : avant-hier, leur provincial cl
pas (^té entendu, on attendrait ses ri^pon.scs à les supérieurs de leurs trois maisons d'ici, qui
notre Déclaration et îi mon Summa dociriuœ ; l'ont signé, le portèrent assez humblement à
mais, en inî\me temps, qu'vju ne lui permettrait M. de Reims, qui les recul assez bien.
point d'abuser de cette juste complaisance, ni Je ne vous dirai rien de la Déclaration xur
de pou.sser trop avant celte longueur ni^ce>saire. les protestants, où l'on a suivi les instructions
On ne laisse pas cependant de continuer les de M. de Dasville de point en point. On lui est
congri^gations des cousullcurs, parmi lesquels bien obligé du soin qu'il prend des affaires de
on en voit deux déclarés pour M. de Cand)rai, la religion je vous supplie, ilans l'occasion, de
:
dont l'un est le Jésuite Alfaro, espagnol, qui lui en faire mes couiplimenls.
suit le mouvement de la Société toute déclarée
LKTTRi: CCX.
contre nous; el l'autre se nonuue f.abrieli,
ne me trompe, qui nous a été M. l)i; NOAILLES, AUCIIKVI'.QUE DE PARIS, A L'aBBÉ
l'Vuillant, si je
bossi:et.
suspect dèscouuuencemeut. On n'a pas
le
mascéue, RécoUct, édileur de Slondrale, pour appris avec bien de la joie. Monsieur, par
J'ai
ne pas paraître incidenler. Tout le monde lient la lettre (|ue vous avez pris la peine de m'écrire,
à Rome pour constant que le livre ne .se peid votre entière guérison j'y prends autant de part
:
sauver. Pour moi, par la couliance eu la hoidé que j'en avais prise à votre maladie, el je vous
cl l'imporlance de la cause, je ne doute point souliaite une parfaite et lon^;ue sanlé.
manière d'autant |this dangereuse qu'elle est je vous rends gr;\ces de tout mon co'ur des soins
la défense de notre cause. Il parait bien qu'on Mais comme je parlais au roi sur votre sujet,
la bonne pour nous, puisqu'on fait tant
croit pour le prévenir contre les mauvais offices, il m'a
d'efforts pour en éloigner le jugement. Les deux fait une histoire sur votre compte. On lui a dit que
nouveaux consulteurs n'ont apparemment été vous aviez été attaqué la nuit pistolet appuyé et
, ,
tournera h la conlusion de la mauvaise doc- grosse que le livre, et contient deux cent trente-
trine. On prendra les mesures qu'il faudra pour six pages d'un caractère assez menu, avec Res-
rompre celles des partisans de M. de Cambrai :
ponsio ad libellum cui titulus: Summa doctrinœ,
je dois aujourd'hui parler au roi sur cela. S'il y
imprimée à Bruxelles. Ce livret contient soixante-
a du temps, on vous mandera le détail. Tout douze pages: je n'ai encore pu lire ni l'un ni l'autre.
aboutira à faire connaître avec quelle affecta- Il paraît, par votre lettre, que vous avez
con-
tion on cherche à prolonger. fondu Mico avec Miro. Le premier est uncopisle,
Le mémoire que jejoindrai à malettre, sil'on qui a traduit l'écrit italien que je vous ai envoyé:
a le temps vous instruira de ta conduite que vous
, il est copiste des Jésuites, et du P. Dez en parti-
aurez à tenir. Assurez- vous qu'on n' oubliera rien culier. Le second est un Bénédictin, à qui le
personne pour préve-
ni sur la chose, ni sur votre ,
l'ape vient de donner la charge de sous-biblio-
nir les inconvénients. Le prétexte de nommer les thécaire au Vatican. Il a été examinateur du li-
deux nouveaux examinateurs est si évidemment vre du P. Dez, et l'est encore de celui de M. de
mauvais, qu'il ne fautque le montrer sans le com- Cambrai. Miro n'est point vendu aux Jésuites ni
battre. Je parlerai sobrement ;i M. le nonce de ce au P. Dez; c'est tout le contraire.
que vous m'avez mandé surMgr le sacrisle.Il ftiut, Dans les congrégations qui se sont tenues on
ie moins qu'on pourra, rendre suspect et odieux n'a point volé, le Pape ayant souhaité qu'on dis
votre ministère. cutàt la matière, et qu'un discourût sur chaque
J'ai vu, entre les mains de M. le nonce, deux proposition extraite chacun donnera après .sou
:
lettres du cardinal Spada, dans les(juelles il lâche vœu par écrit. Jusqu'ici les partisans du livre
d'appuyer les raisons du délai de l'examen, et de n'ont pas proposé une raison inobable ils sont :
lacommunication des objections à M. l'abbé de fortement réfutés par ceux qui connaissent ja
Cbantcrac. Il n'y a rien de mieux tourné nous : vérité, et qui ne sont point engagés dans quel-
aurons soin d'y répondre ce qu'il faut, pour em- que faction. Il n'y a qu'Allaroot
Gabricii qui
|)êcher qu'on n'en abuse; car le fond est bon. soient déclarés pour le livre vous en voyez bien
:
On fera écrire M. le cardinal de Janson, comme la raison, et la nécessité que le dernier a de s'u-
vous le souhaitez : on ne manquera pas aussi nir avec les Jésuites. Pour ce qui regarde le P.
d'écrire à M. Giori. Massoulié, le P. Granelli. le P. Miro, le procu-
H faut tout remarquer, et ne se point montrer reurgénéral des Augiistins et le maihe du sacré
difficile ni pointilleux. Votre conduite est dans palais, (|ui sontles plus habiles, ils sont iné-
cet esprit ;
je le vois bien, et je le fais remar- branlables pour nous, et ne changeront pas,
quer à ceux qui doivent en être instruits. étant bien persuadés par la vérité même, et in-
Je viens de chez le roi : tout va bien pour capables d'avoir aucune coniplaisance pour les
i'allaire un Mémoire, dont on
générale. J'ai fait Jésuites, ni mémo pour le cardmal de Houillon.
me doit rendre réponse dans deux jours ilcst : On ne peut rien dire de précis des trois ni>'"^'*»
"^'^^ PO'""
capable d'acheminer les allaires. ne s'élant pas encore déclarés : je»'-
420 LETTRES RELATTyf=:«!
suspect'. Le pt'^n<^ral(IosCarmes balance, etnc fait Lés Jésuites onf deiriandé dix jours de
que de inéehanles objections. l.'ar('iie\è(|uc de délai sur leur alfairc de Monfueius ou des
Chicti es! un hoinuie.sans lliéologie, l)on-lioininc, missions on fut surpris de celle demande,
:
mais les Jt'sniteslui tournent d'aitord la cervelle- (tas encore commence cet examen on m'a dit :
11 va néanmoins à la eondanmation ilu Um'c en même aujourd'liui (juc le Pape l'avait sus-
j;énéral. Je lui ai dit ()ue cela ne sullisait pas pemlu. (jabrieli a composé un (,'ros volume
pour remétlier tout au mal, et qu'il lallaii
à tail pf'ur la défense de Sfomirate c'était lui qu'il :
n'ayant pu dési;:;ner aucune pioposilion en i)ar- paraît évidemment (|ue son corjis esl partie.
licidicr. 11 sera emp(ulé' par le sacrisle, évù(|ue Ou avait lait courir le bruit ici que vous élicz
de Porphyre, (jui ne man(|ue pas d'esprit, mais fort mala<le, alin de ralentir les examens. Il n'y
de bonne volonté. Je lui ai donné tout ce qu'on a nienteries qu'on ne publie. Nous attendons
pouvait pour l'instruire. Nous avons disputé en- des exemplaires de l'/ns^j-i/fl/o?) de M. de Paris
semble ; et la dernière l'ois il nie lit des objex;- en latin clen (rançais il faut en envoyer un bon
:
tions pitoyables, me
prouver cpie le livre
pour nombre, aussi bien que de celle de M. de Char-
parlait de cinq états dilïérents dans la délinition lics. Ilsontpubiié que beaucoupd'évéques soute-
des cinq amours. Je m'apereus même cpi'il me naient le livre, que le roi nesen .soucie |>lus, que
parlait avec quebpie sorte d'ai^Teur; illallut cpie les Jésuilessonl tout-puissants à la cour, que le roi
quei|ui voudrait bien s'avancer, il pensera à lui revenus après la Lcllie pastorale de M. de Cam-
(juand il (audra voler son pays : ' lui donne des brai. Je vis avant-hier le procureur général des
la laclion de M. Caudjrai, voyant cinq per.son- me dit de vous le témoigner le plus loi que je
ncs inébraidables, a introduit leslrois derniers, pourrais. Il me redemanda l'écrit de M. de Paris*
pour avoir du moins nu paieil nombre. Us les Le maître du sacré palais travaille et combat /jro
peut-être pourront-ils bien il a traduit en italien l'écrit de
conq)lent pour eux : (iris et finis :
se tronqier dans leur calcul. Le Pape a nommé M. de Paris. H réfute vigoureusement les faux
un nouvel examinateur, que l'assesseur doit in- raisonnements d'Alfaro, et lui reproche les fal"
timer demain au Saint-Utlice la chose est en- : silicalions despass;iges qu'il Irompie. Si l'aflaire
core secrète. Je ne sais par quelle inspiration du P. Lalcnai rwussil, connue je l'espère, ce sera
on l'a mis; nous n'aurions osé le demander; un nouveau secours qui ôlera le partage: cela
ce n'est pas non plus M. de Chanterae, parce iio relardera rien, il e.sl instruit connue luide la
qu'il ne le croit pas favorable. Quand il le saura, matière. On est lorl smpris ici e(uuinenl la té-
lacho.se se peul taire; car la personne dont il est Pape n'a rien voulu établir en général, pour ne
question dans ce Mémoire mérite (ju'on la serve, pas contredire son décret; mais il a répondu ;
<
11 >'«gil ilun« p«rmi»«lon qu» Ton lolilclUU à Roma po«r lu
ur<» 'in' d< pouvoir »o roierttr un» ptation
n'aviiciilpoliil Oobicii,
«B rMlgli«iii leur cura.
A L'AFFAIUE DU QUIÉTISME. m
nues cela est excellent dans la conjoncture.
Habebîtur ratio in casibus particularibus. Ainsi
:
tre du sacré palais, le procureur général des sulter, si vous voulez demander ici quelque
Augnslins, sont sûrs. Gabrieli, Alfaro, sont les chose et après vous m'écrirez.
;
mômes que je vous les ai représentés dans mes Le P. Latenai est f;\clié de la demande que je
dernières lettres. M. le sacriste conlinueà excu- vous fis pour lui l'ordinaire dernier, craignant
ser le livre de M. de Cambrai le plus qu'il peut. que vous ne crussiez qu'il demandait votre re-
Mgr Rodolovic est encore indéterminé ; il est commandation comme une récompense d'avoir
fait son devoir. Dans le temps qu'il m'en parla,
peu savant. Le Carme est prévenu pour M. de
il nesavait rien du toutde cequ'ila appris
depuis.
Cambrai; néanmoins j'espère qu'il pourra re-
Il sera bon de le servir, mais par des voies indi-
venir. Dans les conférences on n'a fait que dis-
rectes, et pas si ouvertement, comme vous le
puter, on n'a pas encore voté.
Mgr Giori m'a dit qu'd écrivait aujourd'hui à jugerez à propos. Vous pouvez toujours en dire
la cour (je ne sais si ce sera h M. de Pomponne un mot au roi; on laisse tout cela à votre pru-
ou à M. de Torcy, à M. le cardinal de Janson dence.
ou à M. le cardinal d'Estrées) la relation de ce Je vous prie de m'envoyer un exemplaire de
qui se passa avant-hier, entre lui et le Pape, au ces lettres des protestants anglais, que vous avez
Je n'ai pu avoir que ce matin Icsdcux derniers Boudlon y aura eu une bonne pari. En arrivant
écrits imprimés de M. de Cambrai l'un eu fran- ;
ici, il l'avait fait consulter sur cette affaire ; et
çais, contre Déclaration, où il nefait{|iiH ré-
la ayant vu qu'il n'allait |)as comme il l'aurait
jjéter sa solution singulière sur les étals et la- souhaité, il ne lui parla plus de rien. Il sondait
inour naturel l'autre, contre le Summa doc-
;
aussi les gens, aliii d'inlroduiic ou d'exclure,
trinœ, en latin, où il |)réleu(l réfuter votre dé- dans le nombre des examinateurs, ceux qu'il
finition de la ciiarité. La fin contient une im- trouverait fivorables ou contraires.
posture manifeste, qui est que vous faites l'o- Jeudi dernier, le Pape nomma lescardinaux
raifon passive pres(|ue toujours continue : Noris et Ferrari pour présider et régler les con-
volis dites le contraire partout ; cela répond grégations. C'est un bien mais cela retardera;
l'archevêque de Cliieti, sur le scandale qu'a nesaurait trop jiresser de votre côté; car on fera
causé le livre de M. de Cambrai, et sur ses jouer tous les ressorts possibles pour retarder,
explications de mauvaise foi, il ne pourrait en qui est la seule chose qui leur soit favorable.
résulter qu'un très-bon effet. L'affaire allait le mieux du monde, et aurait
Je vous envoie copie de la lettre que j'ai été été finie avant Pài| ues,sans l'adjonction des deux
obligé d'écrire à M. l'abbé de Gondi,surdes examinateurs. On avait déjà examiné et qualifié
a\is queeus que l'agent du grand-duc tra-
j'ai huit ou dix des principales questions, et le reste
vaillait avecDiascontre lesévéques, pour
le P. suivait naturellement. Il n'y avait qu'Alfaro el
M. de Cambrai. Voilà la réjionse de cet abbé. Gabrieli pour le livre; le général des Carmes
M. le grand-duc a exécuté effectivement le tout, biaisait ; cela n'empêchait pas que les autres
et a envoyé à M. le cardinal Noris votre livre, n'avançassent. Nos (larlies ont su cette disposi-
croyant qu'il ne l'avait pas ou ne peut rien de :
tion, et ont vu qu'elles élaient perdues ils ont :
Je vous envoie uuquatrièmeargument, qu'on sait point de théologie, et (|ui est ami ancien des
a oublié dans la co\m de l'observation (|no je Jésuites, et le sacriste, qui s"ét;ùt déclaré dès le
vous ai envoyée par le dernier courrier, lidnil vivant du cardinal Denholî. Le sacriste n'a pas
être placé à la tiu de la deuxième illusion, qui nié à un de ses amis qu'il n'eut élé sollicilé et
regarde la solution qu'il donne, en préleiidanl gagné par M. le cardinal denuuitlon jamais il :
Ses parlis.uis ne man(|uenl pas d'exagérer le donnait espérance d'y pouvoir mettre des gens
recours (|u'il a eu au Saiut-Siége, et la néces- gagnés. Le Pape a été (cri (àcbé de cela, et a
,
nomraéles deuxcardinaux.pour assister et régler cardinaux : assurément elle ne pouvait pas faire
les choses, qui commençaient à s'échauffer de un meilleur choix. Je l'avais proposé, il y a plus
( part et d'autre. La présence de ces Eminences ar- de deux mois, au cardinal Spada et au cardinal
rêtera peut-être l'archevêque de Ghieti et le Casanate; et, depuis peu, j'avais fait quelques
sacriste. Jesaisque lecardinal Noris n'estime pas démarches nécessaires Pape y est entré. : le
naire. Mais dira-t-il que les Jésuites ne soient condamner M. de Cambrai selon lui-même, s'il
pas ouvertement déclarés ? L'abbé de Chanterac n'a pas eu le sens de \a Lettre pastorale. La con-
et le cardinal Petrucci en font gloire et le pu- séquence est bien aisée à déduire, et ils ne se
blient partout. Ils se prévalent aussi beaucoup Ureront jamais de là. Tout le but de la cabale
d'une letlreduroi, écrite au cardinal deBouillon, était d'allonger et au moins de faire en sorte, en
qu'on dit avoir été distribuée à tous les cardi- brouillant, qu'on se résolût à ne point qualifier
naux, pourfaire voir quele roi ne se soucie plus les propositions, à ne pas faire une censure
,
Paris et M. de Chartres se contentent des expli- voulait qu'on fit une censure dans les formes, et
cations de M. de Cambrai, et que les amis de ce qu'on qualifiât les propositions, si elles méritaient
prélatse multiplient de jour en jour. On ne cher- d'être censurées ;
qu'on les prendrait pour des
che qu'à amu;,er et tromper le monde. ignorants, si on et qu'on se
faisait autrement,
L'affaire de M. rarchevè((uede Reims est con- moquerait d'eux. C'est le cardinal Albani, que
sideVabJe : un bon succès.
je souhaite qu'elle ait j'ai vu ce matin, et avec qui j'ai eu une confé-
Un que si on avait em-
Jésuite disait l'autre jour rence de deux heures, qui m'a assuré que le
pêché le libraire de Rouen, on en trouverait Pape venait de le lui dire je le sais encore :
par les Jésuites, qui a proposé les derniers exa- M. le cardinal de Bouillon public partout
minateurs, qui ont lait tout l'onibanas avec le une eidière liberté. On ilit
(jue le roi lui laisse
l'ère Canne, qui est entêté juscpi'à cette heure, que l'abbé de (^Innlerac donne un extrait de
yuand on les amis, il ) avait déjà dix proposi- lettre du roi qui le manpie, à ce qu'ils préten-
tions de (piaiiliées, cl on se moquait de Ga- dcid. J'ai compiis(|ue cela se rapporte uni(|ue-
hrieliet d'Allaro: selon toute apparence, sans ment à ce que vous me mandez, que le roi ne
l'adjonction des deux derniers, l'atTairc était prétend pas forcei' la conscience de ce cardinal-
finie mais les choses ont changé de face par ]h,
;
Klail-il|)os>ible (pi'on luidcmandi'it une pareille
et on ne le pouvait ni prévoir ni empêcher. On chose? Cela vous fait voir (pi'il fautconlinner
a fait voir clairement tout cela au l'apc; mais de faire agir le roi auprès du nonce. C'est tout
il n'a SU) apporter d'autre remède que celui
que ce qui désole ces gens-ci, et le seul moyen de
vous voyez. • de luiir.
éu.ssir et
Jésuites. Les premiers quinze jours, il avait été rendre justice, cela jusqu'ici ne va qu'à ne se
bien puis les Jésuites et M. le cardinal de
:
I)as déclarer leur ennemi, et partial contre eux ;
Bouillon lui ont lait peur, et il est chanpé. Ils mais il n'y a pas d'apparence que celte vue le
lui ont fait accroire (pi'ils le feraient cardinal, fa.s.se, dans cette occasion, biaiser. Pour le car-
et sa conduite produira tout le contraire. C'est dinal Ferrari, il n'y a rien h craindre. Je crois
un ignorant, estimé tel ici de tout le monde et qu'il seiait à propos que M. de M. de l'aris,
étant trop infidèle: ils verront parla rinlidélilé- sions, cl cond)icn il est nécessaire de donner
Je leur domierai le livre article par article, sui- une règle sûre. M. lecardinal Ferrari est, je pen-
vant qu'ils l'examineront. se, celui qui écrivait à M. de Cambrai ce qu'on
doit s'y lier en rien. Jusqu'ici il a fait beaucoup à la vérité que le livre ne vaut rien mais (|ue le
;
modcrera-t-ilses insinualions. Je l'ai instruit tendez que ni l'un ni ra(drc ne vaut rien. Je sais
de tout le fait, et encore du droit. Quand on bien que tout cela est faux mais avant qu'on ait
:
viendra à la déci.sion, il sera difficile qu'il soit détruit ces f;mx bruits, ils produisent de mau-
pour le livre ; mais les voies de douceur et d'ac- vais etlels. Vous ne sauriez tous trois trop par-
commodcmeid, les tempéraments de la i)oliti- ler, troj) écrire, trop faire de bruit, s'il m'est
que sont de son génie, et son inclination l'y permis de parler ainsi. Vous croyez bien que
porte dans celte ariaire-ci. Il m'a assuré que ni moi ni nos amis ne nous oublions |)as.
le l'ape voulait une censure dans les formes, M. le cardinal de Bouilhui lait sonner bien
ou (pi'on jusIili.U le livre. Il m'a paru trouver h uit le préti'udii partage d'avis des examina-
le deiiiicr iMiimssd)le, et il l'est elïecliveuient : teurs. Cela est alleeté, cl découvre tout il faui :
dans cette affaire. M. le sacriste était déclaré cause, dans les occurrences qui demandent
avant d'être choisi: M. l'arctievêque de Cliieti promptitude.
est un ignoiant, qui est inetié par les Jé-
LETTRE CCXVI.
suites tout publiquement. Il est bon que M. de
BOSSUET A SON NEVEU.
Paris et M. de Chartres parlent en conformité
A Paris, ce 9 février 1698.
au nonce, afin qu'on ne croie pas que je sois
le seul. Ne du
parlez qu'au roi, et à vos amis, J'ai reçu votre lettre du 21 janvier. Je vous
P. Laîenai, qui peut encore être mis au nombre en envoie une pour Mgr Giori M. de : Paris
des examinateurs. J'ai été trois heures avec Ga- écrira dans le même sens je ne crois pas ; qu'il
des écrits envoyés. La Lettre pastorale, au lieu verrons si le remède que vous lâchez d'y a[)por-
de les aider, les embarrasse carils prétendaient ter aura le succès que vous en espérez i.
;
leurs écrits. •
J'ai fait part à mon vous l'écrira, de
frère, qui
Vos écrits et la Réponse en français et en latin ce qu'on en a en bon lieu. Il nous faut
dit
ne peuvent venir trop tôt. Il faudrait tâclier de mander jusqu'aux moindres circonstances, qui
faire écrire au P. Pliilippe par quelqu'un qui
servent à éclaircir tout ce qu'il y a de faux ou
lon ne faisait pas nommer son neveu. Le Pape rare. Vous pourrez tirer sur moi de petites
est plus que jamais dans la disposition de fair'' sommes, en les réilérant dans le besoin. Com-
cardinal le parent du duc do Saxe. II faut eu mencez par deux cents écus; mon frère vous
môme temps un français, et cela non par no- aidera, et nous nous entendrons ensemble pour
mination de la France, uiiiis parce que le Pape vous secourir.
croira faire plaisir d'eu choisir un de cette na- EPISTOLA CCXVIl.
tion. Ne pourricz-vouspas taire insiiuier au nonce
BOSSUETU AD CEOUIUM.
qu'il serait important qu'on ne laissai pas M. Luteliœ l'arisionim, 10 Fcb. 1698.
le cardinal de Bouillon mailre du choix ? M. de
Viro illustrissimo domino meo Georio, Jaco-
Paris pourrait avoir en ce cas la nomination de
bus Benignns Bossuelus, Meldensis episcopus,
France. Sans cela le neveu de M. le cardinal
salutem plurimam dat.
de Bouillon auiapart à la promotion, quoique
Pridem suadet animns, vir illustrissime, ut
le cardinal n'osAt jamais le proposer au roi. Al-
signilicem perlilleras maxiiuani illam exisliuia-
lé cardinal de. lîouillun assurément se moque
CoMnnuni(inez, je vous prie, avec ftJM. les vides occulta, imo vero a|)erla molimina ad
cardinaux de Jansoii et d'KsIrées, peu amis de tuendnin lilirum, quo Gallia coulurbatur. inge-
M. le cardinal de Bouillon, et conliimez à
I
Lo do Douillun fltrcprésciitor au Pape, par l'aï&CMicur
cardtiKil
Dcriiinl, quo la mati^ra iio pourrait <tro bien rclaircio. k iiiiiiai
faire connaître l'obligation (prou a à Mgr<iiori. qu'on no la discuUt \ (on\, en dlaputant sur losdiiIrroKli obJel<.iMn>
trovorsiî.s enlro .M. de Cambrai et los trois »'V^»iUr». l.o P.ipo donn«
Le moins (pi(! vous pourrez vous ab^i'ritcr de
rordro(:c disputer, co qnoUernini fli nussiliM intinior.>u( contulteiirt.
Paris cl de la cour sera le meilleur pour la ' Celui dont on débitait que l'abbik B«>«nel avait 4té inena<4.
426 LETTRES RELATIVES
saii el L'Xiilicari possc coiiliilct. Non iil iVrot vt;- (lu'im. Il n'y a rien à es|)érer, que je pense, du
non Imioceiitii Xll sapicMilia el pii-las Sacriste, ni de Gabrieli, ni d'Alfaro ; mais l'ar-
ritas, iil :
nct|iio |)cr lilaiidos sennones illiuli paliflui- Ec- l'Iievèipie de Cliieti est déjà bien ébranlé, et j'es-
clcsiw, aiit iiilVinf;! tanli ponlilicaUis -loiiam. père tout de la droiture du Carme, qui est assez
Tu \c'ri>, vir illiisliissime, (|iiein sancliis l'oii- entêté des mystiques. J'y ai travaillé ce matin»
tifox Cflel)rala univcrso orbi tei rarimi, llallia^- et j'ai fait voir à deux de ses confrères le tort
qiie iniiui/iiis, lieiicvoleiilia abiiic cliain fnliicia ipi'il faisait aux vrais mystiques, de les confon-
CdlioïK'slal, niio tnnrc luo, et lalioianli verilali dre avec les nouvcau.x*. Je verrai demain MM. les
l)occandidissimiiin |)ccliis adiniltas, cullorcin tes, dilïérentcs en quelques endroits, mais es-
liccl ac veneraloretii pra'cipmun virliilis illiiis, senliellement les mûmes, et beaucoup plus
cujiisvivam imasineiii inclyli cardinales ac duo élendui s ;
je ne sais si on les verra à Paris. On
pinpurali ordinis décora, Lslreus et Jansoniiis, soujjiie ici après votre Héfulution et vos écrits
tolies expresserunt. lllud inlerim, vir ilhistris- complets, aussi bien qu'après les observations
siuie, postulanti et (lagilanti no;;are non pôles, lalities ; tout le inonde me les demande. Le plus
quin scilicel i)enignis amibus i»roni et huinilis lût serait bien le mieux assurément ; en atten-
obscquii leslilicalioaein accipias. Vale. donne des copies de la traduction que
dant, je
Il n'y est pas tlit un mot sur l'amour
vous savez.
LETTRE CCXVIII.
naturel nous y avons ici supjjléé par quelques
;
nonuné; et cela lera ici un ellet teriible contre se tromi)e, car l'un n'empêche pas l'autre. Il
lui. La produit l'elTel que j'en
Ilclation a déjii Voudrait bien me persuader (pi'il penche pour
attendais; mais ime preuve connne celle-là, vous dans celle aflaire mais on voit trop iiiani-
;
conslanle, qui le repré.senle en France, dès ce feslement tout le contraire. Sans lui, le livrede
temps-là, comme clief du parti, est très-consi- M. de Cambrai n'aurait pas tenu lerre, el je se-
dérable : je le ferai voir au l*ape. rais très-sùremenl présenlemeiil à Paris vous :
Au resie, loul le dessein de la cabale se réduit savez comme je vous ai parlé des coups fiiurrés.
à engager c<'lle coim' à se conlenler d'une con- Les Jésuiles et le cardinal de Bouillon com-
damnalion et probiliilion du livie en général, mencent à me faire (jnelipies caresses; c'est
comme on fait pom' le li\re du Mot/rn court, et juslement ce rjui me lait craindre encore plus.
autres, et àempéelier nue qualilicaliou des pro- J'ai averti M. le cardinal de Roiiillini de la
positions mais voilà juslement le point où le
:
manière insolenle dont le Jésuite, en défendant
i'ape est très-feiine jus(prà présent. Cela lui a Sfondrale, parlait des évéïpies, et voulait gros-
été jiroposé depuis quinze jours, par vingt per- sièremenl el sédilieusement renouveler les que-
sonnes. Sa Sainteté l'a toujours rejeté connne relles passées. Il a fort bien reçu l'avis. Je ne
une chose indigne <lu Saint-Siégc dans les cir- sais si je vous ai mandé que le P. Gabrieli fait
conslauccs présentes ; il \eut absolument qu'on im[triuier un Iimc pour détendre Sfondrale.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 42T
mêmes. Vous devriez avoir circonstancié da- fortement. Le second Mémoire, qui est le petit,
vantage ce qui s'est passé à Rome ; il aurait fallu n'a pas été donné on a cru qu'il fallait voir
:
marquer qui est celui qu'on accuse du prétendu auparavant ce que deviendrait la dispute, qui
assassinat, et rapporter toute l'histoire comme peut avoir un bon effet, en faisant expliquer les
on l'a répandue. Ce n'est pas assez de dire que examinateurs entre eux avant de voter ; ce
celui qu'on croit ennemi est le meilleur
ami ; qu'ils doivent faire en secret et par écrit.
Janson a été fort mal d'un fâcheux rhume. On d'accommodement, que ce serait llctrir sa loi.
l'asidgné trois fois de ma connaissance, et il de- Vous diriez qu'on cherche des explications,
vait l'être une quatrième fois, si le mal avait quand il ne s'agit plus que d'attendre un juge-
pressé ; il est à présent, Dieu merci, hors de ment. Ihléclarc qu'il nous a offert d'écrire con-
péril. Le roi et toute la cour en ont été fort en jointement avec nous à Rome, pour demander
peine. un jugement c'est de quoi nous n'avonsjamais
:
main à M. le nonce; on a eu de bonnes raisons serai fort atlentif. M. de Paris lui a écrit par le
pour ne le pas envoyer plus tùt. Ce Mémoire cardinal de Janson. Vous avez reçu ma lettre,
dira tout ce (pi'il faut. dans hupielle je vous ai inaniué ce que le car-
de-
Je ne parle point des clioses marquées dans dinal d'Fstrées m'a dit, (pii est que M. Ciori
mes précédentes lettres. Vous n'avez à penser vait lieaiicoup se ménager ; (pi'il était trop Iranc;
devez être persuadé (ju'ou pense à ti>nt, et (pi'iin ,1.1 l*a|.c. BoMUot ratait coiniiost, c» nous lo doiiuon» à l« t"iw O'
80 sert de loid. Vous vojez hien <iu'ou est atten- celte lettre.
428 LETTRES RELATIVES
pour la première de leurs peuples, el afln qu'on soit prémuni contre son /rvrfrue-
de M. de Paris. J'apprends,
lion jmslnrate, et cent aulrei livres qui viennent de loutc6téi
fois, que ennemis de la I''raiice se mùlcnt
les '
tres d'un },'i"nnd nombre des plus excellents évù aussi sur ce livre que le roi demande une décision, et que Sa
qut's, déclarés pour nous. J'en ai aussi beau- Sainteté l'a promise.
Comme Sa Majesté tient tous les évèques et les oniversiléi
coup ; mais nous ne trouvons pas à propos de de son royaume dans l'attente du jugement du Saint-Siège,
faire agir ces prélats. il est du bien de l'Lglise el de l'honneur de ce ponlillcal que
On a découvert (pie le P. La Combe, Barna- l'espérance (pi'on y a ne soit pas trop prolongée, el qu'on ne
laisse pas échauffer une dispute qui ne cause de j a que tropde
bile, directeur de M'"" CuNon, clicf de la cabale,
scan laïc, le remède deviendrait plus difficile dans la suite.
dont
était en tout et partout un second Molinos 2,
il est
l'our cela, nécessaire de donner des bornes aux com-
cl on l'a resserré dans le cliàtcau où il est relé- munications demandées par rarcbevéi|ue de Cambrai el, saot ;
quelle elle veut proc(!iler b l'cvanicn ilu livre de l'.irchevêque crois que vous en ferez mention dans la réponse
de Cambrai, cl ôler h ce pr'lat tout pnUexIc de s'excuser, en que vous préparez, et que vous en pourrez
disant qu'on n'aura pas ouï ses réponses. On craint seulement
une occasion de tirer, cette alTairc en lon-
môme doimer l'extrait c'est ce qui m'a empê- :
la défense ilc ce livre, que contre la Dédaratinn des trois Reims, par le dernier courrier, que la plupart
éiiques (le Fr.ince. On y a aussi distribué le livre du même
arrlicvique, trailiiit en lalin, et ensemble des noies latines
des examinateurs étaient déclarés pour le livre :
très-amples sur tous les endroits qui Tont quelque diniculté. cela est très-laux rien n'a changé depuis ma
;
Il par°it donc par liique l'alTalre est sufTisamment instruite, dernière lettre.
Cl qu'il est peu nécessaire d'attendre de nouvelles réponses de
Nous avons appris ce qui a fait exclure le
cet archevêque.
Si néanmoins il voulait répondre en particulier aux objec- P. Latenai. Deux cardinaux, à qui ses amis se
tions de ces trois évcqucs, de le faire il
il n'a tenu qu'à lui plaignaient d'un tel proct'dé, (]ui pouvait lui être
j a longtemps, puisque les écrits sont imprimés depuis quatre injurieux, répondirent qu'il avait écrit contre
mois ; de sorte que la rommiinir:ilion qu'il en ilein.inJe k
prf-ient est uni" alicctition, par laiiuclle il semble vouloir tirer le livre; et je sais de bonne part que .M. le car-
la. chose en longueur, et embrouiller une affaire qui est toute dinal de Bouillon avait fait montrer l'écrit au
impie.
11 a mémedi'ji répondu, cl l'on a vu ces réponses impri-
Pape. Pei'sonne n'avait coimaissance de cet i^cril
mées k Briixellcs. d'où l'on ne peut douter qu'il ne les ait que l'auteur, M. le caidinal de Bouillon et moi.
envoyées où il a voulu. M. le cardinal de Bouillon, h sou arrivée, con-
Si les éviqucs de France publient d'autres écrits contre les
sulta tous ceux qu'il pouvait conuaitte, afin de
livrer de l'archevêque de Cambrai, ce n'est point pour l'ins-
Iruction du procès ii Rome, mais seulement pour l'initructiun les exclure, les trouvait contraires à ses in-
.s'il
ne tend qu'à différer. On examine encore le cette cour avec la nôtre. M. le cardinal de
premier article avec l'exposition des divers Bouillon est plus attentif aux affaires des Jé-
amours lous n'ont pas encore opiné. Je vis
:
suites qu'à celles du loi. Il n'arrête pas, ou
hier rarchevèque de Ghieti, que je lâchai d'ins- peut-être même favorise-t-il ces étincelles, qui
_ truire sur des points qu'on m'avait dit lui faire pourront allumer dans la suite un incendie ;
m de la peine, et je dois même lui envoyer des nos ennemis sauront profiter de tout. Les Jé-
r passages de saint Thomas il me parut mieux ;
suites ont encore demandé un délai de dix jours
disposé qu'auparavant. Nous tâcherons de savoir pour les affaires de Confucius. M. le cardinal de
son senUment, quand il aura opiné, aussi bien Bouillon envoya quérir ***, et le pria de dili-
que celui du que dépend la
sacrisle : c'est de là genter et de presser cette affaire. Celait à une
certitude qu'on en pourra avoir. reste, dans Au heure de nuit, le mardi gras, jour de poste ,
les deux dernières congrégations, il n'y eut que Timeo Danaos, et dona ferentes.
deux personnes qui parlèrent en chacune. On Je Yous prie de garder le secret sur l'affaire
ne dispute plus, on a bien vu que c'était une du P. Latenai avec M. le cardinal de Bouillon
;
quoi qu'on fasse, si l'examen continue de la trompé. 11 est certain que le crédit et le poste
manière qu'on fait, il ne peut être terminé plus du cardinal de Bouillon peut ébranler des Ita-
tôt que de Pâques en un an. Après on viendra liens, plus attachés à leur intérêt et à leur for-
aux consulteurs, on fera les extraits des vœux, lune qu'à l'amour de M. le cardinal de
la vérité.
et l'ad'aire sera portée à la congrogalion des car- Bi>uillon est pourra dans la suite
leste, et
que le Pape ne meure point. est de son hoimeur de soutenir ce qu'il a entre-
C'est à vous, Monseigneur, J» juger s'il est à pris; c'est son génie saint Cyprien aurait été
: '
propos que je reste à Koine pendant tout ce ici d'un grand secours.
L Icmps-là. Je ne doute pas que vous ou M. de Je suis bien persuadé qu'on ne doit jamais
p Paris ne trouviez facilemenl quehju'un plus in- apporter ici aucune affaire de doctrine ils sont
trop ignorants et trop vendus à la laveur et j^
:
je pourrais m'en retourner; ou même M. labbé par des évêques ou par la Soi bonne, ils n'au-
pourrait rester .seul poiu- attendre la fin de l'af- raient jamais osé rioii faire au contraire. Ils sa-
faire. Quand vos ri'iiDUscs seront venues, il n'y vent bien que la France est plus savante, et
aura plus d'insInuliDii à (loiincr ; il ne s'agua toute (jucslion de dogme les end)arrasse dans
plus (|ue d'alti'udre. .l'a|)prelieude poiu' ma l'iguorance où ils sont. Après lont, celle affaire
saiiti' pendant l'élé; car je connnenee à sentir si impurlanledcpenddesviinix de moiiu's il n'y :
dans la ItMe «.es élourdissenients, (|ui me font a |)res(|ue pas de docteurs de Sorbonne qui ne
craindre de londicr dans le même accident où
< C'est un iioin oinpriiiiK, dont nos Me
ju lombai quelque temps uvunl de parlir de pu U vralo ïlijiiincaliuu.
130 F.ETTRES RELATIVES
soient licaiiciniji |>lus lialtilos (|ircu\eii iiialière -Noris est contre le livre ; et il faudrait avoir ou-
de it'litjion. Je suis aveciiiipioruiui ic>pect, etc. blié saint Au-ïustin. pounlonner dans ces rêve-
I.ETTUKCCWII. ries et dans ces petitesses.
Loin (jue ['Instruction pastorale deM.deCam-
L'aDDK IIOSSIET A SO.N ONCLE.
brai ait adouci M. de Paris et M. de Chartres
Koinc, ce 18 fi-vricr lfi98.
sur le livre, elle les a convaincus de plus en plus
Je reçois la lettre que vous me faites l'iionneur qu est pernicieuv et nécessairement censura-
il
compter qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout et les cardinaux de leur ré|)utation, ce sera un
ce bruit, (jui s'est plutôt dissipé par sa fausseté scandale épouvantable, qui fera beaucoup de
que par le bien que certaines gens me veulent. tort à la religion.
11 est certain que tous ceux qui en ont entendu Il faut qu'on ait écrit de Rome quelque chose ^
i'aris ce que nous aurons à leur écrire. Je rends lettre qu'il lui a écrite. C'ol une manière de
bon ciMMpte au roi de ce (|ue vous et M. l'helip- noter ce caidiiial, que de fiure passer les ins-
pcaux m'écrivez. L'e.siirit même du cardinal tances que lait Sit Maje.>té par la voie du nonce.
A L'AFFAIRE DU QUIÉTISME. 431
Si l'on savait ce qu'écrit l'abbé de Fourcy, il hœc scribimus aut, quodabsit.docendam susci-
;
et ut in silentiu et in spe sil furtitudu noslra ? du général des (larmes. Le cardmal Casanatt;
Scd pcr manus hoininum loi cunimt epislola>, travaille à ramener le sacrisle je doute qu'il :
y
tôt rcsponsa prodcunl, liislriictioncs pastorales réussisse mais il le perdra dans res|)ril du
;
lanta arle spaiguiitur, ut merilo veroamur, si Pape sans cela. Poiu' (Jahricli cl .Vllaro, c'est
nihil opponimus, ne diictriuisvariixelpeiruriius toul dire, ils smt vrais moines et si leur intérêt ;
plehs Clnibli abdiitalur asitiiplicilalo Kvangclii. le dcinande, ils se rendront à loid ce que l'on
Neqiie enim hic de uniiislaiituni lihri soi le voudia. Le Pape et celte cour ont bien \u les
agitur; scd an |)ni:val('anl spirilualcs argutiit' ; faux pas qu'ils ont faits, et semblent votdoir se
veriipK; .spirilualcsah Ecclesia Koniana appro- redi'csser.
bali, dum ad asscrenda ha'c iiivonla pcrpcraiu J'ai agi et parlé Irès-modesleuienl. Depuis
liccl et inviti adducmdur, trahi vidcanlnr in huit jdurs j'ai élé chez la plupart des c.irdinaiix,
cridris consoi linm. cl li>tu° iti représeiilé à (]iiel péril la rciuilalioii
.Non ergo, emineidissimc cardinalis, lan- tlu Saint-Siège cille l'Kglise elail expusce (i.ir le
quam ud conleslundam inslrucndaiiuiue lilcui partage des exaiuiualcurs; que c'était ù eux à y
432 LETTRES RELATIVES
renuSiicr. Ils le sentent bien; et, fi la vérité, si ce même (jui me détermina enTm à le faire aussi
païUv-'e (huait, ce serait le pins ^.'lantl scandale h'gèrcment (jnc je l'ai fait. .Après m'avoir entre-
qui jamais arriver il seiail pour les liéré-
jiul : tenu de celle affaire, el m'aMÙr assuré qu'il élail
ennemis de l'Ejrlise nti sujet de dé-
li(|iies el les convaincu de la fausselé du fait ce qu'il me ré-
rision. On m'a parn lonehé de ces raisons et le ; péta cent fois, il me conseilla de ne faire aucun
cardinal Casanale, (|ni m'avait vu assez mélan- cas de ce bruit (|ui bunberail de lui-même, de
colique à cause de tons ces procédés, m'a assuré n'en point (''criri' en France, el de ne pas cher-
que je me réjouirais bientôt, et que les choses cherà me justilier, même visà-visde vous, pour
prenaient un train pins |irompl que je ne ne vous pas intpiiéler. 11 m'ajouta que si on m'en
croyais. Je leur lais entendre