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Université Aube Nouvelle Année académique 2022-2023

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L 3- Droit Public & Privé
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COURS DE DROIT SPECIAL


DES SOCIETES COMMERCIALES

Dispensé par : S. Lucien SAWADOGO


Magistrat, Juge au tribunal
de commerce de Ouagadougou
COURS DE DROIT SPECIAL DES SOCIETES COMMERCIALES

PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE

PREMIERE PARTIE : LES SOCIETES A RISQUE ILLIMITE

CHAPITRE 1 : LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF (SNC)


SECTION I- LA CONSTITUTION DE LA SNC
SECTION II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SNC
SECTION III - LA DISSOLUTION DE LA SNC

CHAPITRE II : LA SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE


SECTION I – LA PARTICULARITES DE LA SCS
SECTION II. LE FONCTIONNEMENT DE LA SCS
SECTION III – LA DISSOLUTION DE LA SCS

DEUXIEME PARTIE : LES SOCIETES A RISQUE LIMITE

CHAPITRE III- LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE (SARL)


SECTION I. LA SARL PLURIPERSONNELLE
SECTION II : LA SARL UNIPERSONNEL

CHAPITRE IV- LA SOCIETE ANONYME


SECTION I- LA CONSTITUTION DE LA SA
SECTION II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SA
SECTION III- LES TITRES DE LA SA

CHAPITRE V : LA SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEE (SAS)


SECTION I- LA CONSTITUTION DE LA SAS
SECTION II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SAS

TROISIEME PARTIE : LES GROUPEMENTS DE NATURE PARTICULIERE

CHAPITRE I : LE GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE (GIE)


SECTION I- LES TRAITS DISTINCTIFS DU GIE
SECTION II- LA CONSTITUTION DU GIE
SECTION III- LE FONCTIONNEMENT DU GIE
SECTION IV- LA DISPARITION DU GIE

CHAPITRE II : LA SOCIETE EN PARTICIPATION


SECTION I : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DE LA SEP
SECTION II LA CONSTITUTION DE LA SEP
SECTION III LA GERANCE DE LA SEP
SECTION III- LE FONCTIONNEMENT DE LA SEP
SECTION IV LA DISSOLUTION DE LA SEP
CHAPITRE III: LA SOCIETE DE FAIT ET LA SOCIETE CREEE DE FAIT

U-AUBEN / L 3 Droit Public/Privé Enseignant : M. S. Lucien SAWADOGO


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INTRODUCTION GENERALE

L’activité économique d’un pays est en partie le résultat du travail de divers agents économiques qui
produisent des biens et services. Les producteurs de richesses sont les entreprises. Cependant, le droit
ne donne pas une définition juridique de l’entreprise. L’entreprise serait selon certains auteurs, un fonds
de commerce mais cette définition est incomplète en ce qu’elle fait abstraction de l’homme dont le rôle
est déterminant dans l’activité économique. Suivant d’autre thèse, l’entreprise serait un organisme
autonome formé par l’union intime de deux cellules : la cellule économique rassemblant les éléments
matériels nécessaires à l’œuvre de la production et la cellule sociale composée des éléments humains
nécessaires à la mise en œuvre des éléments matériels de la cellule économique. Cette dernière définition
de l’entreprise semble coïncider avec celle de la société. En effet, les nécessités de l’économie moderne
dépassent les moyens dont dispose un commerçant isolé. Se sont donc développés des groupements
économiques à côté des entreprises individuelles. Ces groupements économiques peuvent être sous
forme sociétale régis par un droit spécifique, le droit des sociétés commerciales.

Dans l’espace OHADA, le droit des sociétés commerciales a pour fondements principaux l’Acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique (AUSC-
GIE). La première version de cet Acte uniforme est entrée en vigueur le 1er janvier 1998. Cet Acte
uniforme a été révisé en 2014 et c’est cette version qui est aujourd’hui applicable aux sociétés
commerciales dans l’espace OHADA. La révision de l’Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés
Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique (AUSCGIE) intervenue le 30 janvier 2014 à
Ouagadougou a été l’occasion d’introduire des innovations majeures dans le droit OHADA des sociétés
commerciales.

Le droit des sociétés comporte d’une part, des règles générales applicables à toutes les sociétés et d’autre
part, des règles spéciales applicables à chaque forme de société. Ce sont ces dernières qui seront ici
envisagées.

Il faut souligner que les sociétés sont variées et peuvent faire l’objet de nombreuses classifications :
civiles et sociétés commerciales ; sociétés de personnes et sociétés de capitaux ; sociétés par intérêt et
sociétés par actions ; sociétés avec ou sans personnalité morale ; sociétés de droit et sociétés créées de
fait ; sociétés de droit privé et sociétés de droit public ; sociétés « nationales » et sociétés étrangères ;
sociétés de droit commun et sociétés à statut spécial ; sociétés professionnelles et sociétés patrimoniales ;
sociétés opaques et sociétés transparentes, cette dernière classification étant essentiellement fiscale.

Toutes les sociétés commerciales ont en commun le « risque » présent dans toute activité commerciale.
Vis-à-vis des associés, l’étendue du risque diffère d’une société à une autre. Ainsi, certaines sociétés
sont dites à risque illimité (Ière partie) parce que la responsabilité pécuniaire des associés n’est pas limitée
à leur apport, d’autres par contre sont qualifiées de sociétés à risque limité (IIème partie) en ce que les
associés bénéficient d’une certaine protection financière car ne pouvant, en cas de défaillance de la
société, perdre que leur apport. A côté de ces deux catégories de sociétés, l’Acte Uniforme relatif au
droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique a prévu des groupements de
nature particulières (IIIème partie).
PREMIERE PARTIE : LES SOCIETES A RISQUE ILLIMITE

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Le législateur OHADA a organisé deux sociétés commerciales caractérisées par la responsabilité


illimitée des associés au passif social : chaque associé peut répondre seul de toute la dette que la société
a envers les tiers, sans qu’il n’y ait besoin de poursuivre chacun proportionnellement à sa participation
au capital social. Il en est ainsi dans la société en nom collectif (SNC) et la société en commandite simple
(SCS).

CHAPITRE 1 : LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF (SNC)

La SNC définit comme étant « celle dans laquelle tous les associés sont commerçants et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales » (article 270 de l’AUSCGIE.) est le type même de
société de personnes. Tous les associés ont du seul fait de leur appartenance à la société la qualité de
commerçant et sont assujettis à toutes les obligations de ceux-ci. Ils sont indéfiniment et solidairement
responsables du passif de la société. Compte tenu de l’étendue de cette responsabilité, on peut se
demander pourquoi les personnes qui veulent exercer leur activité dans le cadre d’une société optent
pour cette forme sociétaire. L’explication est très simple : l'adoption de cette société ne présente pas que
des inconvénients. Les personnes qui veulent exercer leur activité dans le cadre d’une société peuvent
en effet, trouver au moins deux avantages dans la création d’une société en nom collectif :

 D'une part, cette forme sociétaire convient particulièrement aux entreprises qui groupent un petit
nombre d’associés et aux commerçants ayant un patrimoine modeste ;

 D’autre part, la simplicité de ses règles de constitution et de fonctionnement la rende


particulièrement attrayante.

Nous traiterons des règles de constitution, de fonctionnement et de dissolution de la SNC.

SECTION I. LA CONSTITUTION DE LA SNC

La constitution de la SNC obéit à des conditions de fond qui sont à la fois spécifiques et générales mais
également à des conditions de forme.

I. Les conditions de fond

Les règles générales de formation des sociétés ont vocation à s'appliquer ici. Il ne sera fait état dans cette
partie que des spécificités de la SNC. Ces dernières se rattachent aux associés, au capital social et à
l'objet social.

A. Les associés

Les associés de la SNC sont indéfiniment et solidairement responsables du passif social et ont tous la
qualité de commerçant. Cela explique l’existence de règles particulières fixant les conditions exigées

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des associés de ce type de société. Ceux-ci doivent être deux au minimum puisque la SNC ne peut
résulter d’un acte unilatéral de volonté. Aucun maximum n’est cependant fixé.

Quant au consentement, il se traduit par la volonté de s’associer. Celle-ci doit être consciente ; elle doit
également être sincère.

Comme le consentement, la capacité constitue une condition importante de constitution d'une société en
nom collectif. L’incapacité est une cause de nullité de la société. Cette règle s’explique aisément. Les
associés d’une société en nom collectif étant tous des commerçants, il n’est pas concevable qu’un
incapable fasse partie de ce type de société tout au moins à l’origine, l’accès à la profession commerciale
étant refusé aux incapables.

B. Le capital social

L’AUSCGIE ne fixe aucun capital minimum pour la SNC. La règle de la responsabilité solidaire et
indéfinie des associés constitue une sérieuse garantie pour les créanciers. Dans ces conditions, le capital
social ne présente pas une grande importance dans ce type de société.

C. L'objet social

Considérés comme le genre d'activités auxquelles la société peut se livrer pour faire des bénéfices ou
réaliser des économies, l’objet social joue un rôle capital en matière de sociétés commerciales. Il
conditionne l’existence de la société. En effet, l’objet doit être déterminé et la nullité est encourue si
l’objet est illicite. Aussi, l’objet présente un intérêt particulier dans les sociétés en nom collectif. C'est
lui qui, dans ce type de société détermine les pouvoirs des dirigeants ; ceux-ci pouvant accomplir tous
les actes entrant dans l'objet social. Les associés doivent dans ces conditions, veiller particulièrement à
la détermination de l’objet social dans les statuts. Une formule vague pour fixer l’objet peut se révéler
catastrophique pour les associés de la société en nom collectif, car il permet aux dirigeants d’accomplir
les actes divers qui engagent la société et à travers celle-ci, les associés qui sont tenus indéfiniment et
solidairement du passif social.

II. Les conditions de forme

La SNC obéit presque aux mêmes conditions de forme de constitution des sociétés. La rédaction des
statuts est exigée avec l’obligation d’accomplir un certain nombre de publicités.

A. Les statuts

Le contrat de société donne nécessairement lieu à l’établissement de statuts puisqu'à défaut de statuts,
on se trouve en présence d'une société créée de fait.

En ce qui concerne le mode d’établissement des statuts, les associés ont le choix entre un acte authentique
et tout acte offrant des garanties d’authenticité déposé avec reconnaissance d’écritures et de signatures
au rang des minutes d'un notaire.

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Si les statuts ont fait l’objet d’un acte sous seing privé, il est dressé autant d'originaux qu’il est nécessaire
pour le dépôt d’un exemplaire au siège social et l’exécution des diverses formalités requises. Aussi, il
doit être remis un exemplaire original à chaque associé.

B. Les mesures de publicité

Il est nécessaire de faire connaître aux tiers, l’existence de la société. Ainsi, la société doit faire l’objet
d'une immatriculation au RCCM. L'absence d'immatriculation prive la société de la personnalité morale.
Il faut aussi une insertion d'un avis dans un journal habilité à recevoir des annonces légales dans l'Etat
partie du siège social.

SECTION II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SNC

Il est relatif à la gérance, aux pouvoir des gérants et aux droits des associés.

I. La gérance de la SNC

Les statuts sociaux organisent librement la gérance de la société. En principe tous les associés ayant
pouvoir d’engager la société sont gérants. On dit que tous les associés ont la signature sociale. Pour parer
aux difficultés liées à un tel mode de gestion, on désigne en pratique un ou plusieurs gérants chargés
d’administrer la société. Comment sont désignés et révoqués les gérants ? Quelle est l’étendue de leurs
pouvoirs ?

A. La Désignation et la révocation des gérants

1. La désignation des gérants

Les associés peuvent désigner un ou plusieurs gérants, associés ou non, personnes physiques ou morales,
ou en prévoir la désignation dans un acte ultérieur. En tout état de cause, lorsqu’une personne morale est
gérante, ses dirigeants sont soumis aux mêmes conditions et obligations et encourent les mêmes
responsabilités civiles et pénales que s'ils étaient gérants en leur nom propre, sans préjudice de la
responsabilité solidaire de la personne morale qu'ils dirigent. Plusieurs situations peuvent se présenter
(Art 276).

 Première situation : Absence de désignation d’un gérant : dans ce cas tous les associés
sont gérants, chacun d’eux ayant pouvoir pour engager la société.

 Deuxième situation : Désignation d’un associé par les statuts : Il est dit gérant associé
statutaire ; c’est un élément du pacte social. Le gérant a également cette qualité s’il est
désigné en cours de vie sociale par une modification des statuts dûment publiés.

 Troisième situation : Désignation d’un associé en dehors des statuts : Il est dit gérant
associé non statutaire ; sa désignation doit intervenir aux conditions prévues par les
statuts.

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 Quatrième situation : Désignation d’un non associé : Il s'agit là d’un mandataire


essentiellement révocable. Sa désignation se fait aux conditions prévues par les statuts.

2. La révocation des gérants

Elle est fonction de leur statut et du mode de révocation.

 La révocation judiciaire peut, dans tous les cas, être prononcée par le tribunal pour justes motifs.

 La révocation peut aussi être le fait des associés. Dans ce cas, il faut envisager plusieurs
situations.

 La révocation d’un gérant statutaire qui entraine modification du pacte social ne peut
intervenir qu’en vertu du consentement unanime des autres associés. Il en résulte que
le gérant statutaire ne prend pas part à la décision de sa révocation. C’est sans doute
pour cela que le gérant associé révoqué peut décider de se retirer de la société en
demandant le remboursement de ses droits sociaux dont le montant sera fixé, à défaut
d’accord entre les associés, à dire d'expert. Cette révocation entraine dissolution de la
société sauf clause de continuation prévue par les statuts ou décidée, à l’unanimité, par
les associés.

 La révocation du gérant non statutaire, associé, se fait par décision prise à la majorité
en nombre et en capital des autres associés.

 La révocation d’un gérant non associé non statutaire se fait par décision de la majorité
en nombre et en capital des associés.

B. Les pouvoirs des gérants

Ils sont déterminés par l’article 277 de l’Acte uniforme. Une distinction est faite entre les pouvoirs des
gérants à l'égard des tiers et leurs pouvoirs à l'égard des associés.

1. A l’égard des tiers

A l’égard des tiers, le gérant peut faire tous les actes de gestion ; pourvu que ces actes entrent dans l’objet
social.

Les statuts peuvent prévoir des clauses limitant les pouvoirs des gérants. C’est le cas notamment lorsque,
les statuts prévoient que le concours de tous les gérants est nécessaire pour des actes déterminés. De
telles clauses sont désormais inopposables aux tiers de bonne foi. L’Acte uniforme adopte les solutions
déjà en vigueur pour les sociétés à responsabilité limitée.

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En cas de pluralité de gérants, chacun d’eux possède la signature sociale et a ainsi le droit d’agir, seul,
au nom de la société. Mais l’autre co-gérant peut faire opposition à l’acte ; si cette opposition est portée
à la connaissance du tiers cocontractant, l’acte ne va pas engager la société. Lorsque le gérant agit, il
engage solidairement tous les autres associés. Il doit donc indiquer dans son engagement la qualité en
laquelle il agit.

2. A l’égard des autres associés

Si les statuts ne déterminent pas les pouvoirs du gérant, il peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt
de la société. Les autres associés sont liés par ces actes.

En cas de limitation statutaire des pouvoirs du gérant, il est tenu au respect de la limitation ; sinon Il peut
engager sa responsabilité vis-à-vis des associés. La solution est la même lorsqu'un co-gérant outrepasse
les pouvoirs à lui conférés dans le cadre d’une répartition des pouvoirs.

Lorsqu’une décision grave, dépassant le cadre des pouvoirs du gérant, doit être prise, il faut le
consentement de l’ensemble des associés. Les statuts peuvent néanmoins prévoir, dans un tel cas, que
certaines décisions seront prises à une majorité qu'ils fixent.

Les décisions collectives sont prises en assemblée ou par consultation écrite si la réunion d'une
assemblée n'est pas demandée par l'un des associés.

Les statuts définissent les règles relatives aux modalités de consultation, aux quorums et aux majorités.
Il est bon de préciser que l’AU n’a organisé et n’a rendu obligatoire que l’assemblée générale annuelle.
Elle se tient six (06) mois au plus tard après la clôture de l’exercice et a pour objet l’approbation des
rapports de gestion, de l’inventaire et des états financiers de synthèse. Elle ne peut valablement se tenir
que si elle est réunie une majorité d’associés représentant la moitié du capital sociale. Elle est présidée
par l’associé représentant par lui-même ou comme mandataire le plus grand nombre de parts sociales.

C. La responsabilité des gérants

Le gérant est responsable envers la société, les associés et les tiers des fautes qu'il commet dans l'exercice
de ses fonctions. En cas de pluralité de gérants ayant commis la faute, ils sont responsables solidairement
à l'égard des tiers. Mais dans leurs rapports, la part contributive de chacun sera déterminée par le tribunal
dans la réparation du dommage. La responsabilité pénale du gérant peut être engagée pour abus de
confiance s'il se rend coupable de détournement de fonds.

II- Les droits des associés

Lorsque le gérant a été désigné, les associés sont sans qualité pour gérer la société. Toutefois ils ne sont
pas exclus de la vie sociale car le contrat de société implique l'affectio societatis, c'est à dire la
collaboration de tous.

Par ailleurs pour la préservation de leurs intérêts, il a été conservé le principe de l’incessibilité et de
l’intransmissibilité des parts sociales.

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A. Les droits liés à la gestion de la société

Les associés ont un droit de contrôle de la gestion de la société ; ils peuvent mettre en œuvre la procédure
d’alerte et solliciter une expertise de gestion. Ils ont le droit de statuer au moins une fois par an sur les
comptes de l'exercice social ; ils ont le droit d’intervenir en cas de décision grave excédant les pouvoirs
du gérant ; les modifications statutaires n’étant possibles qu’à l’unanimité des associés, ceux-ci doivent
se prononcer sur les éventuelles modifications proposées. (Recours à un commissaire aux comptes dans
certaines hypothèses Art 289-1). Ils ont le droit de consulter les livres de commerce, le bilan et d'avoir
copie de tous ces documents, à leurs frais, deux fois par an.

Enfin les associés ont droit à une part dans les bénéfices dans les conditions déterminées par les statuts
ou alors proportionnellement aux apports.

B. Le principe de l’intransmissibilité et de l’incessibilité des parts sociales

La société en nom collectif étant fondée sur l'intuitu personae, les parts sociales sont, en principe,
incessibles et intransmissibles entre vifs. Par exception, elles pourront être cédées, mais avec le
consentement unanime des associés. A défaut, cette cession ne peut avoir lieu.

De même des clauses statutaires peuvent prévoir la possibilité de rachat par la cession des parts sociales
à titre onéreux pour permettre le retrait de l’associé cédant. Dans tous les cas, la cession qui doit se faire
par écrit n'est opposable à la société et aux tiers qu'après l'accomplissement de l'une des formalités
suivantes :
- signification de la cession à la société par exploit d’huissier ;
- acceptation de la cession par la société dans un acte authentique ;
- dépôt d'un original de l’acte de cession au siège social contre remise par le gérant d’une
attestation de dépôt.
Elle n’est opposable aux tiers qu’après accomplissement de cette formalité et après publication par dépôt
en annexe au registre du commerce et du crédit mobilier.

SECTION III. LA DISSOLUTION DE LA SNC

En dehors des causes de dissolution communes à toutes les sociétés, il y a des causes spéciales de
dissolution aux SNC touchant à l’intuitu personae. Cependant des clauses statutaires peuvent écarter la
dissolution pour permettre la continuation de la société.

I. Les causes de dissolution

Il faut distinguer la cause de dissolution tenant au décès d’un associé qui fait l’objet d'une disposition
particulière des autres causes de dissolution.

A. La dissolution tenant au décès d’un associé

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En principe le décès d’un associé entraîne la dissolution de plein droit de la SNC. puisque le contrat de
société est conclu en fonction de la personne même des associés. Mais une telle dissolution peut avoir
des conséquences désastreuses surtout si la société est prospère. C’est pourquoi à travers les statuts, on
peut écarter la dissolution par des clauses appropriées dites clauses de continuation soit avec les associés
survivants, soit avec tous les héritiers, soit avec certains héritiers.

1. La clause de continuation avec les associés survivants

Lorsqu’un associé décède, la société peut continuer avec les associés survivants s'il en a été stipulé ainsi
dans les statuts ; la validité d'une telle clause est affirmée par l’article 290 de l'Acte uniforme. Il y a lieu
de souligner qu’il est indispensable qu'il y ait au moins deux associés survivants car s'il ne reste qu'un
seul associé, la société devra être dissoute si dans le délai d'un an elle n'a pas été régularisée.
Lorsque la société continue avec les associés survivants, quel est le sort réservé aux héritiers du de
cujus ?

Les associés sont indéfiniment et solidairement tenus au rachat de leurs parts sociales. La valeur de la
part sociale est fixée d'après le dernier inventaire c'est-à-dire l'exercice social précédent le décès. En cas
de désaccord, l'évaluation sera faite à dire d'experts. Cette méthode est plus judicieuse car prenant en
compte la situation réelle de l'entreprise au jour du décès de l'associé.

2. La clause de continuation avec tous les héritiers

Cette clause est valable et rend la part sociale transmissible à cause de mort. Les héritiers s'entendent
des personnes appelées à la succession. Juridiquement, Ils donnent leur consentement à la société en
acceptant la succession. La clause peut subordonner l'entrée des héritiers à un agrément des associés
survivants. S’ils n'obtiennent pas cet agrément, ils seront remboursés de leurs droits.

Si les héritiers sont mineurs, l'application de la clause se heurte à une difficulté. En effet les associés en
nom sont commerçants et les mineurs ne peuvent pas l'être. Dans un tel cas, la société devra se
transformer, dans le délai d'un an à compter du décès, en une société en commandite simple dans laquelle
les mineurs seront commanditaires. Avant cette transformation, les mineurs ne répondent des dettes
sociales qu'à concurrence des parts de leur auteur.

3. La clause de continuation avec certains héritiers

Dans cette hypothèse, l’acte de société contient une clause selon laquelle la société continuera avec l'un
des héritiers, ou avec quelques-uns des héritiers.

Cette clause s'analyse en un pacte sur succession future car elle exclut à l'avance certains héritiers d'une
succession non ouverte ; aussi une partie de la Jurisprudence annulait-elle une telle clause.
Mais les chambres réunies de la Cour de cassation, par application de l'article 1868 du code civil, ont
admis la validité de la clause de continuation avec certains héritiers (ch. réunies 28 Avril 1961 D. 1961.
697). Cette solution est entérinée par l'Acte uniforme qui, en son article 290, prévoit la possibilité pour
la société de ne continuer qu'avec certains héritiers.

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B. Les autres causes de dissolution

Il s'agit de l'incapacité, de la faillite, de l'interdiction d'un associé. En effet, aux termes de l'article 291
de l'Acte uniforme : « la société prend également fin lorsqu'un jugement de liquidation des biens, de
faillite ou des mesures d'incapacité ou d’interdiction d’exercer une activité commerciale sont prononcés
à l'égard d'un associé... ».

Dans de tels cas, l’associé ne peut plus faire partie d'une société en nom puisque, désormais, il ne peut
exercer le commerce. Mais généralement une clause des statuts va prévoir la continuation de la société
pour éviter qu'une société prospère puisse être dissoute. Il sera alors versé à l'associé incapable en faillite
la valeur de ses droits sociaux qui sera déterminée à l’amiable ou à dire d'experts.

II- Les effets de la dissolution

Il s'agit de liquider la société c'est-à-dire de réaliser toutes les opérations destinées à régler le passif de
la société dissoute, à recouvrer et éventuellement à réaliser l'actif de la société ; enfin à établir les
comptes entre les associés. Pour les besoins de la liquidation la société conservera la personnalité morale.

En cas d'actif social supérieur au passif, le boni de liquidation sera partagé conformément au pacte social
ou proportionnellement aux apports. En revanche, si le passif est supérieur à l'actif, les associés étant
solidairement et indéfiniment tenus des dettes sociales, chacun d'eux pourra être poursuivi pour régler
la totalité de ce passif ; à charge pour lui de se retourner contre les autres pour leur part contributive.

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CHAPITRE II : LA SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE

La société en commandite simple comme la société en nom collectif, est une société dont les membres
sont liés par l'intuitu personae. L’article 293 de l’Acte uniforme la définit comme une société dans
laquelle coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et solidairement responsables des dettes
sociales dénommés « associés commandités », avec un ou plusieurs associés responsables des dettes
sociales dans la limite de leurs apports dénommés « associés commanditaires » ou « associés en
commandite », et dont le capital est divisé en parts sociales. Selon l’article 293-1 de L’AUSCGIE, les
règles de la SNC sous réserve des dispositions particulières sont applicables à la SCS.

SECTION I. LA PARTICULARITES DE LA SCS

L’une des particularités de la SCS est relative à la dualité de statut des associés. En effet la SCS est
composé d’une part, d’associés commanditaire qui n’ont pas la qualité de commerçant et d’autre part,
d’associés commandités qui ont seul cette qualité. Ainsi aux termes de l’article 294 de l’Acte uniforme,
la dénomination sociale comprend le nom des associés commandités ou de certains d'entre eux, précédée
ou suivie en caractères lisibles des mots : « société en commandite simple » ou du sigle « S.C.S. ». Le
nom d’un associé commanditaire ne peut en aucun cas être incorporé à la dénomination sociale, à défaut
de quoi ce dernier répond indéfiniment et solidairement des dettes sociales.

La deuxième particularité se trouve au niveau des énonciations des statuts. Ceux-ci en effet doivent
mentionner conformément à l’article 295 le montant ou la valeur des apports de tous les associés, la part
dans ce montant ou cette valeur de chaque associé commandité ou commanditaire, la part globale des
associés commandités et la part de chaque associé commanditaire dans la répartition des bénéfices et
dans le boni de liquidation.

En principe les associés reçoivent en contrepartie de leurs apports des parts sociales. Selon l’article 296
les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le consentement de tous les associés. Toutefois, les
statuts peuvent organiser d’autres modalités de cessibilité. Ils peuvent ainsi stipuler que :
1°) les parts des associés commanditaires sont librement cessibles entre associés ;
2°) les parts des associés commanditaires peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société avec le
consentement de tous les associés commandités et de la majorité en nombre et en capital des associés
commanditaires ;
3°) un associé commandité peut céder une partie de ses parts à un associé commanditaire ou à un tiers
étranger à la société avec le consentement de tous les associés commandités et de la majorité en nombre
et en capital des associés commanditaires.
Comme en matière de SNC, l’article 297 de l’Acte uniforme exige une forme pour la cession de parts
de SCS, elle est constatée par écrit. Elle n'est rendue alors opposable à la société qu'après
accomplissement de l'une de ces formalités :
1°) signification à la société de la cession par exploit d'huissier ;
2°) acceptation de la cession par la société dans un acte authentique ;
3°) dépôt d'un original de l'acte de cession au siège social contre remise par le gérant d'une attestation
de dépôt.

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Elle n'est opposable aux tiers qu'après l'accomplissement de cette formalité et après publication par dépôt
au RCCM. Les parts sociales sont transmissibles à condition que le statut le prévoit (Art 308).

SECTION II. LE FONCTIONNEMENT DE LA SCS

I. La gérance

La SCS est gérée par les commandités. L’article 298 de l’Acte uniforme décide ainsi que cette société
est gérée par tous les associés commandités, sauf stipulation contraire des statuts qui peuvent désigner
un ou plusieurs gérants, parmi les associés commandités, ou en prévoir la désignation par un acte
ultérieur, dans les mêmes conditions et avec les mêmes pouvoirs que dans une société en nom collectif.
Les articles 299 à 301 de l’Acte uniforme précisent que l’associé ou les associés commanditaires ne
peuvent faire aucun acte de gestion externe, même en vertu d’une procuration. En cas de contravention
à cette prohibition, l'associé ou les associés commanditaires sont obligés indéfiniment et solidairement
avec les associés commandités pour les dettes et engagements de la société qui dérivent des actes de
gestion qu'ils ont faits. En ce sens donc, le commanditaire ne peut être gérant ni en droit, ni en fait, ni à
un quelconque titre, même s'il s'agit d'un acte isolé. En dehors de cette hypothèse les avis et conseils, les
actes de contrôle et de surveillance n'engagent pas les associés commanditaires.

Ces derniers contribuent aux dettes sociales à concurrence de leur apport contrairement aux associés
commandités qui eux sont indéfiniment et solidairement tenus du passif social.

II- Les décisions collectives

Les commandités et les commanditaires peuvent se réunir en assemblée dans les mêmes conditions que
celles de la SNC. Ils reçoivent les comptes et participent aux décisions que la loi ou les statuts soumettent
à la compétence des associés.

Les articles 302 à 305 de l’Acte uniforme organisent les modalités de prise des décisions collectives.
Ainsi, il est admis que ce sont toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants qui doivent être
prises par la collectivité des associés. Les statuts organisent la prise de décision par la collectivité des
associés quant aux modalités de consultation, en assemblée ou par consultation écrite, aux quorums, et
aux majorités. Toutefois, la réunion d'une assemblée de tous les associés est de droit, si elle est demandée
soit par un associé commandité, soit par le quart en nombre et en capital des associés commanditaires.
Lorsque les décisions sont prises en assemblée générale, l'assemblée générale est convoquée par le ou
l'un des gérants au moins quinze jours avant sa ténue, par lettre au porteur contre récépissé, par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception, télécopie ou courrier électronique. Les convocations
par télécopie et courrier électronique ne sont valables que si l'associé a préalablement donné son accord
écrit et communiqué son numéro de télécopie ou son adresse électronique. II peut à tout moment
demander expressément à la société par lettre recommandée avec demande d'avis de réception que le
moyen de communication susmentionné soit remplacé à l'avenir par un envoi postal. La convocation
indique la date, le lieu de réunion et l'ordre du jour.

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Toute assemblée irrégulièrement convoquée peut être annulée. Toutefois, l'action en nullité n'est pas
recevable lorsque tous les associés étaient présents ou représentés. Le procès-verbal doit être signé par
chacun des associés présents. En cas de consultation écrite, il en est fait mention dans le procès-verbal
auquel est annexée la réponse de chaque associé et qui est signé par les gérants.

Toute modification des statuts est décidée avec le consentement de tous les associés commandités et la
majorité en nombre et en capital des associés commanditaires. Les clauses édictant des conditions plus
strictes de majorité sont réputées non écrites.

Selon l’article 306 de l’Acte uniforme l’assemblée générale annuelle est tenue chaque année, dans les
six mois qui suivent la clôture de l'exercice ; au cours de l’assemblée, le rapport de gestion, l'inventaire
et les états financiers de synthèse établis par les gérants sont soumis à l'approbation de l'assemblée des
associés. A cette fin, les documents susvisés, le texte des résolutions proposées ainsi que, le cas échéant,
le rapport du commissaire aux comptes, sont communiqués aux associés au moins quinze jours avant la
tenue de l'assemblée. Toute délibération prise en violation de ces dispositions peut être annulée.
L’assemblée générale annuelle ne peut valablement se tenir que si elle réunit une majorité d'associés
représentant la moitié du capital social ; elle est présidée par l'associé représentant par lui-même ou
comme Mandataire le plus grand nombre de parts sociales. Toute clause contraire aux dispositions de
cet article est réputée non écrite.

III- Les moyens de contrôle

Dans la SCS la désignation d’un commissaire au compte est facultative. Toutefois outre la procédure
d’alerte ou la demande d’expertise de gestion, les associés, commandités ou commanditaires non gérants
conformément à l’article 307 de l’Acte uniforme ont le droit, deux fois par an, d'obtenir communication
des livres et des documents sociaux et de poser par écrites questions sur la gestion sociale, auxquelles il
doit être répondu également par écrit.

SECTION III – LA DISSOLUTION DE LA SCS

Les causes de dissolution et leurs effets sont les mêmes que pour la SNC. Plus spécifiquement l’article
308 de l’Acte uniforme prévoit que la société continue malgré le décès d'un associé commanditaire. S'il
est stipulé que malgré le décès de l'un des associés commandités, la société continue avec ses héritiers,
ceux-ci deviennent associés commanditaires lorsqu'ils sont mineurs non émancipés. Si I ‘associé décédé
était seul associé commandité et si ses héritiers sont alors mineurs non émancipés, il doit être procédé à
son remplacement par un nouvel associé commandité ou à la transformation de la société dans un délai
d’un (1) an à compter du décès. A défaut, la société est dissoute de plein droit l’expiration de ce délai.

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DEUXIEME PARTIE : LES SOCIETES A RISQUE LIMITE

Il s’agit de la société à responsabilité limitée (SARL), la société anonyme (SA) et la société par action
simplifiée (SAS)

CHAPITRE I- LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE (SARL)

A l’article 309 AUSCGIE, le législateur OHADA définit la SARL comme étant une société dans laquelle
les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports. En contrepartie
de leurs apports, les associés de la SARL reçoivent des parts sociales. Pour certains auteurs la SARL a
une nature hybride. Elle emprunte aux sociétés de personnes les difficultés liées à la cessibilité des parts
sociales, le contrôle par les associés des nouvelles adhésions et emprunte aux sociétés à capitaux le fait
que la responsabilité des associés est limitée au montant de leur apport.

SECTION I. LA SARL PLURIPERSONNELLE

SOUS-SECTION 1. LA CONSTITUTION DE LA SARL

En plus des règles communes à toute société, la SARL doit être constituée selon quelques règles
spécifiques de fond et de forme, assorties de sanctions.

A. Les conditions de fond

Elles sont relatives aux associés, au capital et à l'objet social.

1. Les associés

L’Acte uniforme n’a pas limité le nombre des associés. Ces derniers peuvent être des personnes
physiques ou morales. Aucune condition de capacité n’est en principe exigée, puisque les associés ne
sont pas des commerçants. Dès lors peuvent en faire partie les incapables, les interdits, les personnes
frappées d’incompatibilité de faire le commerce ou même les époux1.

Les associés reçoivent en contrepartie de leurs apports des parts sociales. Ceux-ci sont des titres non
négociables, étant entendu que la SARL ne peut émettre de valeurs mobilières. Cependant, les parts
sociales de SARL sont en principe cessibles entre vifs, transmissibles pour cause de décès et peuvent
être nanties. Les articles 317 et suivants de l’Acte uniforme organisent l’ensemble de ces opérations
relatives aux parts sociales de SARL.

1
1 Toutefois, d'après une certaine jurisprudence, lorsque la société est constituée avec des apports en nature, on doit émettre une réserve : étant donné que
les associés étaient déjà conformément à la loi de 1925 -et aujourd’hui de l’article 312 alinéa 5 de l’Acte uniforme- responsables solidairement et indéfiniment
de l’évaluation faite des apports en nature, on pourrait dès lors envisager l'exclusion des incapables de la société

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2 – Le capital social

Le principe est que le capital social minimum d’une société à responsabilité limitée est de un million
(1 000 000) F CFA divisé en parts sociales égales dont la valeur nominale ne peut être inférieure à 5000
f CFA (art.311). Toutefois, la même disposition a admis la possibilité pour les Etats membres de déroger
à ce minima par l’adoption de textes internes. Ainsi le Burkina-Faso à l’instar du Sénégal a adopté dans
un premier temps le DÉCRET N°2014-462/PRES du 26 mai 2014 portant fixation des dispositions
nationales applicables à la forme des statuts et au capital social pour les sociétés à responsabilité
limitée au Burkina Faso. Ce décret fixait à 100 000 F CFA le capital minimum d’une SARL au Burkina.
Ce décret a été modifié par le Décret n° 2016-314 du 03 mai 2016 qui prévoit désormais que le capital
social de la SARL est fixé librement par les associés dans les statuts.

L’article 311-1 vient combler le vide en précisant désormais le régime de la souscription et de la


libération des apports. Ainsi les parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés. Elles
doivent être intégralement libérées lorsqu'elles représentent des apports en nature. Les parts représentant
des apports en numéraire sont libérées lors de la souscription du capital de la moitié au moins de leur
valeur nominale. La libération du surplus intervient en une ou plusieurs fois dans un délai de deux (2)
ans à compter de l’immatriculation de la société au registre du commerce et du crédit mobilier, selon les
modalités définies par les statuts.

Les statuts doivent nécessairement contenir l’évaluation de chaque apport en nature et les avantages
particuliers stipulés. Il appartient aux associés de le faire. Mais cette évaluation est faite par un
commissaire aux apports dès lors que la valeur de l’apport ou de l’avantage considéré ou que la valeur
de l’ensemble des apports ou avantages considérés, est supérieur à cinq millions (5.000.00) de francs
CFA. A l’unanimité, les futurs associés désignent le commissaire aux apports choisis sur la liste des
commissaires aux comptes. A défaut, c’est le président de la juridiction compétente qui va le faire sur
demande des fondateurs ou de l’un d’entre eux.

Le commissaire aux apports désigné va établir un rapport annexé aux statuts. Si le commissaire aux
apports n’évalue pas faute d’être désigné ou s’il l’est mais que les associés ne retiennent pas cette
évaluation, ces derniers sont indéfiniment et solidairement responsables de l’évaluation faite des apports
en nature et des avantages particuliers stipulés pendant une période de cinq ans (Art 312)2. Le dépôt des
numéraires provenant de la libération des parts sociales est fait soit dans un compte ouvert au nom de la
société en formation, soit en l’étude d’un notaire. Dans ce dernier cas, le notaire constate le dépôt des
fonds par une déclaration notariée de souscription et de versement. Jusqu’à l’immatriculation, les fonds
déposés sont indisponibles. Par contre, à compter de ce jour, ils sont mis à la disposition du ou des
gérants régulièrement nommés par les statuts ou acte postérieur.
Si la société n’est pas immatriculée dans le délai de 6 mois à compter du premier dépôt des fonds en
banque ou chez le notaire, les apporteurs peuvent soit de façon individuelle, soit par mandataire les
représentant collectivement, demander au président de la juridiction compétente l’autorisation de retirer
le montant de leurs apports (Art 314).

2
Cette responsabilité est pratiquement la seule hypothèse dans laquelle les associés de SARL sont solidairement et indéfiniment tenus. Qu’elle soit délictuelle
ou contractuelle selon des opinions doctrinales, cette obligation légale qui pèse sur ces associés s’explique par la nécessité de garantir l’existence du capital
social. Celui-ci doit dans la mesure du possible être constitué par des biens justement évalués.

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3. L’objet social

La seule condition exigée ici est la licéité de l’objet. Dans la pratique cependant certaines activités ne
pourront véritablement pas être constituées sous forme de SARL. Il s’agit notamment des activités
bancaires ou d’assurance. L’explication semble résider dans la faible capacité financière des SARL et la
faiblesse des garanties. Il arrive toutefois que des dirigeants s’engagent personnellement comme caution
pour palier à cette carence.

B. Les conditions de forme

L’associé ou les associés doivent tous à peine de nullité intervenir à l’acte constitutif de la société en
personne ou par mandataire justifiant d’un pouvoir spécial. Par acte constitutif on peut entendre la forme
des statuts, l’immatriculation au RCCM, la publication de l’avis de constitution dans un journal
d’annonces légales, etc. En tout état de cause, les premiers gérants et les associés auxquels la nullité de
la société est imputable sont solidairement responsables envers les autres associés et les tiers du
dommage résultant de l’annulation. L’action se prescrit par trois ans à compter du jour où la décision
d’annulation est passée en force de la chose jugée. Le décret de 2016 préconise la forme notariée pour
les statuts.

SOUS-SECTION II. LE FONCTIONNEMENT DE LA SARL

Il s’agit des opérations relatives aux parts sociales (cession, nantissement), des modalités de gestion de
la SARL, de prises de décisions et du contrôle de la SARL.

I. Les opérations relatives aux parts sociales

Les opérations relatives aux parts sociales sont la cession des parts sociales et leur nantissement.

A. La cession des parts sociales

Concernant la cession des parts sociales, il faut distinguer selon que le cédant et le cessionnaire sont
vivants et la cession pour cause décès.

1. La cession entre vifs

Elle est régie par les articles 317 à 320 de l’Acte uniforme. La cession doit être constatée par écrit.
Ensuite pour son opposabilité à la société, il est exigé l’accomplissement des formalités prévues aux
articles 317 AUSGIE en l’occurrence :
1°) signification de la cession à la société par acte extrajudiciaire ;
2°) acceptation de la cession par la société dans un acte authentique ;

3°) dépôt d'un original de l’acte de cession au siège social contre remise par le gérant d'une
attestation de ce dépôt.

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Pour l’opposabilité aux tiers, il est recommandé la modification des statuts et la publication de la cession
au RCCM.

La cession peut se faire entre associés ou entre un associé et un tiers. Dans la première hypothèse, les
modalités de la cession des parts sont organisées par les statuts. Si ce n’est pas le cas, la cession est libre.
Les statuts peuvent également prévoir les modalités de cessions entre conjoints, ascendants et
descendants sinon, les parts sociales sont cédées librement entre les intéressés. Dans la seconde
hypothèse, c’est aux statuts d’organiser les modalités sinon la cession n’est possible qu’avec le
consentement de la majorité des associés non cédants représentant les 3/4 des parts sociales déduction
faite des parts de l’associé cédant. Dans ce cas, en outre l’associé qui veut céder ses parts doit notifier le
projet de cession à la société et à chacun des autres associés. La société a trois mois à compter de la
notification pour répondre sinon elle est présumée avoir accepté. Si la société ne veut pas consentir à la
cession, les associés sont indéfiniment et solidairement responsables dans un délai de trois mois
d’acquérir les parts à un prix fixé entre les parties et si les parties ne s’entendent pas, une partie peut
demander au Président de la juridiction compétente de désigner un expert afin que celui-ci fixe le prix.
Le délai de 3 mois peut être prorogé une seule fois par le Président de la juridiction compétente. Mais
cette prolongation ne peut excéder 120 jours. La société peut, avec le consentement de l’associé cédant,
décider de réduire le montant dans un délai de 3 mois.

2. La transmission des parts pour cause de décès

La transmission peut se faire également parce qu’un associé est décédé. Cette cession peut être prévue
par les statuts. Ainsi, l’héritier ou le successeur ne peuvent devenir associés qu’après avoir été agréer à
des conditions définies par les statuts. Les délais accordés à la société pour l’agrément des héritiers ou
du successeur ne peuvent dépasser trois ou quatre mois et la majorité pour l’agrément ne peut être
supérieure aux 3/4 requis pour la cession des parts aux tiers prévus à l’article 319 AUSCGIE. Si la
société agrée les héritiers ou le successeur, elle les informe par lettre au porteur contre récépissé ou par
lettre recommandée avec accusé de réception. Dans le cas contraire, les articles 318 et 319 s’appliquent
et s’il n’y pas de solution prévue, l’agrément est réputé acquis. Il en est de même si aucune notification
n’a été faite aux intéressés.

B. Nantissement des parts sociales

Les parts sociales peuvent être données en garantie : il s’agit du nantissement. Il s’agit d’une sûreté
grave, en ce sens que si le débiteur ne peut payer sa dette, le créancier qui a ainsi un gage sur les parts
sociales peut les réaliser ; dans ce cas, le cessionnaire, nouveau titulaire des parts sociales, va se retrouver
associé de la SARL. Or, l’intuitus personae d’une telle société commande que l’entrée des tiers dans la
société soit contrôlée. Le législateur communautaire a donc à juste titre réglementé le nantissement des
parts sociales. D’après l’article 322 de l’Acte uniforme, la société doit donner son consentement à un
projet de nantissement de parts sociales dans les conditions prévues pour la cession de parts à des tiers ;
ce consentement emporte agrément du cessionnaire en cas de réalisation forcée des parts sociales
régulièrement nanties, à moins que la société ne préfère, après la cession, racheter sans délai lesdites
parts en vue de réduire son capital. Pour l'application de ces dispositions et pour être opposable aux tiers,

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le nantissement des parts peut être constaté par un acte notarié ou par acte sous seing privé signifié à la
société et publié au RCCM.
Les conditions et la publicité du nantissement des parts sociales sont par ailleurs organisées par les
articles 44 et 45 de l’Acte uniforme portant sur le Droit commercial général, et les articles 64 et suivants
de l’Acte uniforme portant organisation des sûretés.

II- La gérance de la SARL

Nous-nous intéresserons à l’organisation de la gérance, aux pouvoirs des gérants et à leur responsabilité.

A. Désignation et révocation du gérant

Un ou plusieurs gérants associés ou non peuvent diriger la société. Comme déjà dit, une personne morale
ne peut être gérante. Le ou les gérants sont nommés soit dans les statuts (gérants statutaires) ou dans un
acte postérieur. Dans le second cas, la décision est prise à une majorité des associés représentant plus de
la moitié du capital sauf si les statuts exigent une majorité supérieure.

Si les statuts ne précisent pas la durée des fonctions du ou des gérants, ceux-ci sont nommés pour 4 ans.
Ils sont rééligibles. Les fonctions de gérant sont soit gratuites soit rémunérées dans les conditions fixées
dans les statuts ou dans les décisions collectives des associés.

Qu’il soit statuaire ou non, le gérant est révocable par décision des associés représentant plus de la moitié
des parts sociales et toute clause contraire est réputée non écrite. Mais cette révocation doit être décidée
avec justes motifs sinon elle peut donner lieu à des dommages et intérêts.

Le gérant peut être révoqué par le juge compétent pour les affaires commerciales dans le ressort duquel
est situé le siège social ; pour cause légitime à la demande de tout associé. Il peut aussi démissionner
librement. Toutefois, cette démission doit se faire avec juste motif sinon la société peut demander en
justice réparation du préjudice qu’elle subit.

B- Pouvoirs des gérants

Les pouvoirs du dirigeant s’apprécient dans les rapports entre les associés et dans les rapports entre
associés et tiers.

Dans le premier cas, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société si ses
pouvoirs ne sont pas déterminés par les statuts. Autrement dit les statuts peuvent prévoir des limites au
pouvoir du gérant. S’il y a plusieurs gérants, chacun détient le pouvoir d’agir dans l’intérêt de la société
mais tout dirigeant peut s’opposer à toute opération d’un autre gérant avant qu’elle ne soit conclue. Cette
opposition reste sans effet à l’égard des tiers de bonne foi.

Dans le second cas, le gérant peut agir en toute circonstance au nom de la société et celle-ci est engagée
même si le gérant accomplit des actes qui dépassent l’objet social à moins que la société prouve que le
tiers savait ou était en mesure de savoir qu’il y avait dépassement de l’objet social. Le seul fait de publier

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les statuts n’est pas une preuve de la connaissance par les tiers de ce dépassement. Les clauses statuaires
limitant les pouvoirs des gérants sont opposables aux tiers.

C. Responsabilité des gérants

Les gérants sont responsables, individuellement ou solidairement, selon le cas, envers la société ou
envers les tiers, soit des infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables aux
sociétés à responsabilité limitée, soit des violations des statuts, soit des fautes commises dans leur
gestion.

La responsabilité civile ou pénale des gérants est soit individuelle soit solidaire. Il s’agit d’une
responsabilité à l’égard de la société et à l’égard des tiers. Les causes de cette responsabilité relèvent soit
de la violation de la loi (infraction prévue à l’article 891 AUSCGIE : le fait pour le dirigeant d’une SARL
de faire, de mauvaise foi, des biens ou du crédit de la société un usage contraire à l’intérêt de celle-ci, à
des fins personnelles, matérielles ou morales) soit de la violation des statuts, soit des fautes commises
dans leur gestion (répartition de dividendes fictifs, publication ou présentation aux associés d’une fausse
image des opérations de l’exercice). Le juge compétent en matière commerciale doit déterminer la part
de contribution de chaque dirigeant s’ils ont été plusieurs à coopérer aux mêmes faits.

Les associés représentant le 1/4 des associés et le 1/4 des parts sociales peuvent, au-delà de l’action en
réparation du préjudice subi personnellement, intenter l’action sociale soit individuellement, soit en se
regroupant. Si l’action sociale réussit, on doit allouer à la société des dommages et intérêts. Toute clause
statuaire ayant pour effet de subordonner l’exercice de l’action sociale à l’avis préalable ou à
l’autorisation de l’assemblée, ou qui comporterait par avance renonciation à l’exercice de cette action
est réputée non écrite. De même, l’assemblée ne peut décider d’éteindre l’action en responsabilité contre
les gérants pour faute commise dans l’accomplissement de leur mandat.
En tout état de cause, l’action en responsabilité se prescrit par 3 ans à compter du fait dommageable ou
de sa révélation s’il a été dissimulé. Mais si le fait est qualifié de crime, l’action se prescrit par dix ans.

III- Les décisions collectives des associés

Régies par les articles 333 et suivants, les décisions collectives renvoient nécessairement aux assemblées
générales ordinaire et extraordinaire au cours desquelles les associés exercent leurs droits de vote et
participent ainsi à la vie de la société. Les deux assemblées bien au-delà de leur spécificité ont en partage
des règles qui leur sont toutes communes.

A- Les règles communes

Les décisions collectives des associés sont prises soit en assemblée soit par consultation écrite si les
statuts en décident ainsi sauf s’il s’agit d’une Assemblée Générale Annuelle. Le droit de participer aux
décisions appartient à chaque associé et le nombre de voix équivaut au nombre de parts sociales. Dans
l’hypothèse de la SUARL, c’est l’associé unique qui prend seul les décisions de la compétence de
l’assemblée. Le droit de représenter un autre associé n’est possible que si les statuts le permettent et si
les associés ne sont pas au nombre de deux. Le mandat donné à un autre associé ou un tiers ne vaut que

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pour une seule assemblée ou pour plusieurs assemblées successives, convoqués avec le même ordre du
jour. En outre, le mandat ne peut être divisé, c'est-à-dire qu’un associé ne peut demander à son
mandataire de voter pour une partie de ses parts et de voter en personne pour l’autre partie. Toute
disposition contraire aux développements consacrés à la représentation est réputée non écrite.

Peuvent convoquer les assemblées le gérant ou à défaut le commissaire aux comptes s’il en existe un,
un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts sociales ou détenant le ¼ des parts sociales s’ils
représentent au moins le ¼ des associés, un mandataire judiciaire.

L’assemblé générale est convoquée quinze jours avant la réunion par lettre au porteur contre récépissé
ou par lettre recommandée avant demande d’avis de réception. On remarque donc qu’aucune assemblée
ne peut être convoquée verbalement. De plus, la lettre de convocation doit indiquer l’Ordre du Jour à
peine de nullité. Si les associés demandent la tenue d’une assemblée, le gérant la convoque en indiquant
l’Ordre du Jour souhaité par les associés. Il faut préciser une chose importante : la communication aux
associés avant la tenue de l’AG annuelle (celle qui se tient dans les 6 mois de la clôture de l’exercice),
de l’état financier de synthèse et du rapport de gestion établis par le gérant, du texte des résolutions
proposées et le cas échéant, du rapport général du commissaire aux comptes ainsi que du rapport spécial
du commissaire aux comptes relatif aux conventions intervenues entre la société et un gérant ou un
associé.

A partir de la date de communication de ces documents, tout associé peut poser par écrit des questions
au gérant qui est tenu d’y répondre au cours de l’assemblée. S’il s’agit d’une assemblée autre que
l’Assemblée Générale annuelle, les documents qui doivent être communiqués sont le texte des
résolutions proposées, le rapport du gérant et le cas échéant, le rapport du commissaire aux comptes.
Toute résolution prise en violation de ces documents à communiquer peut être annulée. De même si une
assemblée, quelle qu’elle soit est irrégulièrement convoquée, elle peut être annulée à moins que tous les
associés soient présents ou représentés.

Les décisions peuvent être également prises par consultation écrites. Dans cette hypothèse, le texte des
résolutions ainsi que les documents nécessaires à l’information des associés sont adressés à chaque
associé par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception. Les associés ont quinze jours à partir de la date de réception des projets de résolutions pour
voter. Il appartient au gérant ou à l’un d’eux de présider l’assemblée des associés. S’il n’y a aucun gérant
associé, l’assemblée est présidée par l’associé présent et acceptant qui possède le plus grand nombre de
parts sociales et cas d’égalité, par le plus âgé.

Les délibérations des assemblées sont constatées par des procès-verbaux contenant : la date et le lieu de
la réunion, les noms et prénoms des associés présents, les documents et rapports soumis à discussion, un
résumé des débats, le texte des résolutions mises aux voix et le résultat des votes. Le procès-verbal doit
être signé par chacun des associés présents. Dans l’hypothèse d’une consultation écrite, il est fait mention
dans le procès-verbal, auquel est annexée la réponse de chaque associé, signé par le ou les gérants. En
tout état de cause, les copies ou extraits des procès-verbaux des délibérations des associés sont
valablement certifiés conformes par un seul gérant. Désormais l’article 338-1 précise que l'assemblée ne

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peut délibérer sur une question qui n'est pas inscrite à son ordre du jour. Néanmoins, elle peut, même si
cette question n'est pas inscrite à l'ordre du jour, révoquer le gérant et procéder à son remplacement.

On ne saurait faire abstraction des droits des associés qui en plus du droit de communication préalable à
la tenue de l’A.G ont un droit de communication permanent sur les affaires sociales (de la société). C’est
ainsi qu’à toute époque, l’associé peut obtenir copie de l’état financier de synthèse de l’exercice, du
rapport de gestion, du rapport du commissaire aux comptes etc. (Voir Art. 345 AUSCGIE) des trois
derniers exercices. De même, tout associé non gérant peut, deux fois par exercice, poser des questions,
par écrit, au gérant sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Il s’agit d’un
droit d’alerte. Le gérant communique sa réponse au commissaire aux comptes (s’il en existe un bien sûr
car la désignation d’un Commissaire aux comptes n’est obligatoire qu’à certaines conditions prévues à
l’article 376 AUSCGIE). Au-delà du droit de communication, l’associé d’une SARL a droit aux
dividendes. Il appartient aux associés de répartir les bénéfices dans les statuts, sans pour autant
transgresser les règles impératives communes à toutes les sociétés. Sur le bénéfice net (bénéfice de
l’exercice – pertes antérieures) il est prélevé une part appelée réserve légale. Cette dotation cesse d’être
obligatoire lorsque la réserve atteint le 1/5 du capital social. Si des dividendes qui ne correspondent pas
au bénéfice réellement acquis ont été distribués, on peut demander (l’AU ne précise pas celui qui doit
agir en répétition) dans un délai de trois ans à compter de la date de mise en distribution du dividende,
aux associés de les rendre.

B- Les règles spécifiques à l’assemblée générale ordinaire

Réglementée par les articles 347 à 356, l’assemblée générale ordinaire se réunie pour :
- statuer sur les états financiers de synthèse de l’exercice écoulé,
- autoriser la gérance à effectuer les opérations subordonnées dans les statuts à l’accord préalable
des associés,
- de procéder à la nomination et au remplacement des gérants et, le cas échéant, du commissaire
aux comptes,
- d’approuver les conventions intervenues entre la société et l’un de ses gérants ou associés,
- et, plus généralement, de statuer sur les questions qui n’entrainent pas la modification des statuts.
Lorsqu’il s’agit d’une SUARL, les décisions devant être prises en AGO ou extraordinaire le sont par
l’associé unique. Elles revêtent la forme de procès-verbaux qui sont versés aux archives de la société.
Toute décision qui est soumise à la publicité doit être faite.

Dans les SARL, il faut préciser que les décisions sont adoptées par un ou plusieurs associés représentant
plus de la moitié du capital. Au cas où cette majorité n’est pas obtenue, les associés sont convoqués ou
consultés une seconde fois et là les décisions sont prises à la majorité des votes émis quelle que soit la
proportion du capital représenté. Il faut tout de même préciser que la révocation des gérants ne peut
intervenir qu’à la majorité absolue. La société peut conclure des conventions avec l’un de ses gérants ou
associés. Il y a deux conventions explicites : il s’agit des conventions réglementées et des conventions
interdites ; et une convention implicite.

Les conventions réglementées sont celles autorisées par l’AGO. C’est à cette occasion que les associés
décident d’approuver ou non les conventions entre le dirigeant et les associés. Pour ce faire, le gérant ou

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le commissaire aux comptes s’il en existe un, présente à l’AGO annuelle ou joint aux documents
communiqués aux associés, un rapport sur les conventions intervenues directement ou par personne
interposée entre la société et l’un de ses gérants ou associés. Il en est de même pour les conventions
intervenues avec une entreprise individuelle dont le propriétaire est simultanément gérant ou associé de
la Société A Responsabilité Limitée ; pour les conventions intervenues avec une société dont un associé
indéfiniment responsable, gérant, administrateur, directeur général ou secrétaire général est
simultanément gérant ou associé de la société.

S’il existe un commissaire aux comptes dans la SARL, le gérant l’avise des conventions susmentionnées
dans le délai d’un mois à compter de la conclusion desdites conventions. Lorsque l’exécution de
conventions conclues au cours d’exercices antérieurs est poursuivie au cours du dernier exercice, le
commissaire aux comptes est informé de cette situation dans le délai d’un mois à compter de la clôture
de l’exercice. En tout état de cause, il faut relever que le rapport du gérant ou du commissaire aux
comptes contient un certain nombre d’éléments prévus à l’article 353 de l’AUSCGIE. En outre, l’AGO
se prononce sur les conventions dans les six mois de la clôture de l’exercice mais également dans le
respect des règles de majorité à savoir majorité absolue (plus de la moitié du capital) lors de la première
convocation et de la majorité simple lors de la deuxième convocation. L’associé (le gérant aussi)
concerné ne prend pas part au vote et ses voix ne pas prises en compte pour le calcul de la majorité.

Si les conventions susvisées n’ont pas été autorisées, elles produisent des effets, à charge pour le gérant
ou l’associé contractant de supporter individuellement ou solidairement des conséquences du contrat
préjudiciable à la société. Dans ce cas donc, on peut engager la responsabilité du gérant ou de l’associé
que s’il est avéré que les effets du contrat portent préjudice à la société. L’action en responsabilité doit
être intentée dans un délai de trois ans à compter de la conclusion de la convention ou, si elle a été
dissimulée, de sa révélation. S’il s’agit d’une SUARL, et que la convention non autorisée est conclue
avec l’associé unique, il en est seulement fait mention dans les registres des délibérations.

Au-delà des conventions réglementées nous avons les conventions interdites. En fait, l’interdiction se
justifie parce que ces conventions présentent un risque majeur pour le patrimoine social. Ainsi donc, il
est interdit aux personnes physiques gérantes ou associées, de contracter, sous quelque forme que ce
soit, des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte-courant ou
autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers. Cette
interdiction frappe également les conjoints, ascendants et descendants de ces personnes physiques
gérantes ou associées. Toute convention de ce genre sera frappée par la nullité.

Les conventions implicites, sont celles qui sont libres, c'est-à-dire qui ne nécessitent pas l’autorisation
de l’AGO. Il s’agit des conventions portant sur des opérations courantes conclues à des conditions
normales. Le législateur OHADA a précisé ce qu’il fallait entendre par opérations courantes et
conditions normales. Constitue une opération courante celle qui est effectuée par une société d’une
manière habituelle dans le cadre de ces activités. En revanche, constitue une condition normale, celle
qui est appliquée, pour des conventions semblables dans la société en cause ou, éventuellement dans les
sociétés du même secteur.

C- Les règles spécifiques à l’assemblée générale extraordinaire.

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L’assemblée générale extraordinaire a pour objet de statuer sur la modification des statuts. Dans le cadre
des décisions collectives extraordinaire, le principe est que les modifications des statuts sont décidées
par les associés représentant au moins les trois quarts (3/4) du capital social. Toute clause contraire est
réputée non écrite. Cela signifie qu’aucune clause ne saurait prévoir une majorité moindre ou élevée.
Toutefois, l’unanimité est requise en cas d’augmentation des engagements des associés, de
transformation de SARL en SNC et SAS, de transfert du siège social dans un Etat autre qu’un Etat partie.
De même, les décisions d’augmentation du capital par incorporation de bénéfices ou de réserves sont
prises par les associés représentant au moins la moitié des parts sociales. En effet, le capital social peut
être augmenté à l’occasion de nouveaux apports faits à la société ou par l’incorporation de réserves, de
bénéfices ou primes d’émission.

L’augmentation de capital peut se faire par apport en numéraire. Dans ce cas, les fonds provenant de la
souscription sont déposés en banque ou en l’étude du notaire comme quand la société est constituée et
dans les mêmes conditions. Si le gérant veut disposer des fonds provenant de la souscription, il doit
remettre au banquier ou au notaire dépositaire des fonds provenant de la souscription, un certificat du
RCCM attestant du dépôt d’une inscription modificative consécutive à l’augmentation de capital.
L’augmentation du capital doit être réalisée dans le délai de 6 mois à compter du premier dépôt des fonds
provenant de la souscription. A défaut, tout souscripteur peut demander au Président de la juridiction
compétente l’autorisation de retirer soit individuellement, soit par mandataire les représentant
collectivement, les fonds pour les restituer aux souscripteurs. L’augmentation de capital peut également
se faire partiellement ou totalement par des apports en nature. Dans ce cas, si la valeur de chaque apport
ou avantage particulier considéré ou la valeur de l’ensemble des apports ou avantages particuliers
considérés est supérieure à cinq millions (5.000.000) de francs CFA, un commissaire aux apports doit
être désigné. Le commissaire aux apports établi un rapport sur l’évaluation des biens et avantages
particuliers telle qu’elle a été faite par l’apporteur et la société. Ce rapport est soumis à l’assemblée
chargée de statuer sur l’augmentation de capital. Cette désignation du commissaire aux apports obéit
aux règles prévues par l’article 312 AUSCGIE. De même, c’est les mêmes règles qui s’appliquent si les
associés ne retiennent pas l’évaluation faite par lui.

L’AGE peut à l’unanimité des souscripteurs et avec le consentement exprès de l’apporteur ou du


bénéficiaire mentionné au procès-verbal réduire la valeur des apports ou des avantages particuliers. A
défaut de ces conditions, l’augmentation du capital n’est pas réalisée. La modification du capital peut se
faire par réduction de celle-ci. La réduction du capital peut être réalisée par réduction du nominal des
parts sociales, ou par diminution du nombre de parts. De même la réduction du capital peut être motivée
par des pertes ou ne pas l’être. Dans le premier temps, et s’il y a un commissaire aux comptes, il lui est
communiqué dans un délai de 30 jours, le projet de réduction de capital, avant la tenue de l’AGE. Il fait
connaître à l’assemblée son appréciation sur les causes et les conditions de la réduction.

En cas de consultation écrite, le projet de réduction du capital est adressé aux associés dans les conditions
prévues à l’article 340 AUSCGIE. En aucun cas, la société ne peut acheter ses propres parts. En outre,
la réduction de capital ne peut en aucun cas porter atteinte à l’égalité des associés c'est-à-dire qu’il
appartiendra à tous les associés de souffrir de la réduction du nominal ou de la diminution du nombre de
parts. De même, la réduction de capital ne peut avoir pour effet de réduire le capital à un montant

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inférieur au minimum légal, sauf augmentation corrélative du capital lors de la même assemblée (AGE)
pour le porter à un niveau au moins égal au montant légal. Si cette règle n’est pas respectée c'est-à-dire
la réduction du capital en dessous du minimum légal, tout intéressé peut demander en justice la
dissolution de la société après avoir mis en demeure les représentants de celle-ci de régulariser la
situation. L’action en dissolution s’éteint lorsque cette cause de dissolution a cessé d’exister au jour où
la juridiction compétente statue sur le fond. Dans ce second cas, les créanciers dont la créance est
antérieure à la date du dépôt au RCCM du procès-verbal de délibération, peuvent former opposition à la
réduction du capital, dans un délai d’un mois à compter de la date du dépôt. La société est informée de
cette opposition par voie extrajudiciaire. Dans ce cas, le Président de la juridiction compétente peut
rejeter l’opposition ou ordonner soit le remboursement des créances, soit la constitution de garanties si
la société en offre et si elles sont jugées suffisantes. Tant que le délai d’opposition n’a pas expiré, il ne
peut y avoir opération de réduction du capital.

Lorsque les capitaux propres de la société deviennent inférieurs à la moitié du capital social à cause des
pertes constatées dans les états financiers de synthèse, le gérant ou le commissaire aux comptes doit
consulter les associés sur l’opportunité de prononcer la dissolution anticipée de la société. Si la
dissolution n’est pas admise, la société est tenue de restituer ses capitaux propres jusqu’à ce que ceux-ci
soient à la hauteur de la moitié au moins du capital social. Cette reconstruction doit intervenir dans un
délai de deux ans suivant la date de clôture de l’exercice déficitaire. Si la société ne peut reconstituer ses
capitaux propres, elle doit réduire son capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu
être imputées sur les réserves, à la condition que cette réduction de capital n’ait pas pour effet de réduire
le capital à un montant inférieur à celui du capital légal. Si les gérants ou le commissaire au compte n’ont
pu provoquer une décision, ou si les associés n’ont pu délibérer valablement, tout intéressé peut
demander au juge compétent de prononcer la dissolution de la société. Il en est de même si la
reconstitution des capitaux propres n’est pas intervenue dans les délais prescrits.
L’action en dissolution est éteinte lorsque cette cause de dissolution a cessé d’exister au jour où la
juridiction compétente statue sur le fond.

SOUS-SECTION III- LES MOYENS DE CONTROLE DE LA SARL

Désormais dans la SARL la désignation d’un commissaire au compte est obligatoire lorsque qu’à la
clôture de l’exercice, la société remplit deux des conditions suivantes : total du bilan supérieur cent
vingt-cinq millions (125.000.000) de francs CFA ; chiffre d'affaires annuel supérieur à deux cent
cinquante millions (250.000.000) de francs CFA ; et effectif permanent supérieur à cinquante (50)
personnes (Art 376). Dans les autres cas, elle est facultative mais souhaitable.
En outre les associés ont à leur disposition la procédure d’alerte et la demande d’expertise de gestion.

SOUS-SECTION IV- LA RESTRUCTURATION DE LA SARL

Il peut s’agir d’une transformation, d’une fusion ou scission.


I. La transformation de la société

La SARL peut être transformée en société d’une autre forme. Mais cette transformation n’entraine pas
création d’une personne morale nouvelle. De plus, elle obéit à des conditions :

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- au moment de la transformation envisagée, les capitaux propres de la SARL doivent être égaux
au capital social ;
- si les associés ont approuvé les bilans des deux premiers exercices ;
- si le rapport du Commissaire aux comptes certifie que les deux conditions énoncées ci-dessus
sont remplies.
Le gérant désigne un commissaire au compte lorsqu’il n’existe pas. Toute transformation qui ne
respecterait pas ces dispositions est nulle.

En cas de transformation, les statuts de la SARL doivent être mis en harmonie avec la législation propre
au nouveau type choisi. Par exemple, si la société se transforme en SA, il faut élever le montant du
capital social à au moins dix millions.

II. La fusion et la scission

Elles sont visées par les articles 382 de l’Acte uniforme. Lorsque la fusion ou la scission est réalisée
entre certains types de sociétés en l’occurrence les sociétés anonymes ou les sociétés à responsabilité
limitée, des règles particulières sont prévues par l’Acte uniforme ; elles sont contenues dans les articles
671 à 689. Il faut en effet tenir compte de l’intervention dans la procédure de l’opération, selon le type
de société des commissaires à la fusion ou à la scission, de la soumission du projet aux assemblées
d’obligataires de la société absorbée ou scindée, et de la protection des créanciers non obligataires des
sociétés en cause.

Les dispositions des articles 672, 676, 679, 688 et 689 de l’Acte uniforme sont applicables aux fusions
ou aux scissions des sociétés à responsabilité limitée au profit de sociétés de même forme. Lorsque
l'opération est réalisée par apports à des sociétés à responsabilité limitée existantes, les dispositions de
l'article 676 de l’Acte uniforme sont également applicables.

Il ressort enfin de l’article 383 de l’Acte que lorsque la fusion est réalisée par apport à une Société à
responsabilité limitée nouvelle, celle-ci peut être constituée sans autre apport que celui des sociétés qui
fusionnent. Lorsque la scission est réalisée par apport à des sociétés à responsabilité limitée nouvelles,
celles-ci peuvent être constituées sans autre apport que celui de la société scindée. En ce cas, et si les
parts de chacune des sociétés nouvelles sont attribuées aux associés de la société scindée
proportionnellement à leurs droits dans le capital de cette société, il n'y a pas lieu à l'établissement du
rapport mentionné à l'article 672 de l’Acte uniforme (du commissaire de fusion). Dans les cas prévus ci-
dessus, les associés des sociétés qui disparaissent peuvent agir de plein droit en qualité de fondateurs
des sociétés nouvelles.

SOUS-SECTION V- LA DISSOLUTION DE LA SARL

En plus des causes communes à toute société, la SARL comporte des causes propres de dissolution. Il
s'agit de la réduction du capital au-dessous du minimum légal (article 368 de l’Acte uniforme). De plus,
l’article 371 de l’Acte vise aussi le cas de perte d’une fraction importante du capital qui pourrait entraîner
la dissolution de la société.

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Malgré l’intuitus personae de la SARL, les événements qui atteignent personnellement les associés,
n’entraînent pas la dissolution de la société. Dès lors, la mort d'un associé n'est pas en principe une cause
légale de dissolution de la SARL. Mais une clause des statuts peut en disposer ainsi. En revanche, il n'est
pas permis de stipuler conventionnellement que l’incapacité ou la faillite d'un associé sera une cause de
dissolution. En effet, l’article 384 précise bien que la société à responsabilité limitée n'est pas dissoute
en cas d'interdiction, faillite ou incapacité d'un associé.

SECTION II. LA SARL UNIPERSONNELLE

SOUS-SECTION 1 : LA CONSTITUTION DE LA SOCIETE

La SARL unipersonnelle peut être créée par décision unilatérale soit d’une personne physique, soit d’une
personne morale. Dans ce dernier cas, ce peut être une technique permettant de Filialiser une activité au
sein d’un groupe, par exemple, créer des filiales à 100 %. Toutefois, on ne peut manquer de constater
que l’institution d’une société unipersonnelle va à l’encontre de la théorie traditionnelle qui a toujours
voulu voir dans la société un contrat conclu entre deux ou plusieurs personnes œuvrant à une entreprise
commune. Dans la SARL unipersonnelle, la société résulte d’un acte unilatéral ; la participation aux
bénéfices et aux pertes n’est pas vraiment concevable et l’affectio societatis incompatible avec l’unité
d’associé. En réalité, le législateur consacre implicitement une définition de la société en tant que
technique d’organisation de l’entreprise.

L’activité de la société peut être la même que pour une société pluripersonnelle. L’associé unique réalise
un apport, en nature ou en numéraire de manière à doter la société du capital minimum de 100 000
F.CFA exigé par la loi. L’intervention d’un commissaire aux apports est possible dans les mêmes
conditions que pour la SARL pluripersonnelle. La société unipersonnelle doit avoir une dénomination
sociale, dans laquelle figure le nom de l’associé unique. Elle doit avoir un siège social et une
domiciliation précise.

SOUS-SECTION 2 : LE FONCTIONNEMENT DE LA SUARL

Pour qu’il y ait société, il faut que tout le rituel soit observé : la nomination d’un gérant et la tenue
d’assemblées ; un commissaire aux comptes doit être désigné si les seuils fixés par la loi sont atteints
(article 376 de l’Acte uniforme). La gestion est confiée à l’associé unique ou, faut-il dire, ce dernier se
confie les fonctions de gérant. Il doit toutefois veiller à bien séparer les affaires de la société et ses
affaires personnelles. En ce sens, on peut penser que le gérant associé unique peut être condamné pour
abus de biens sociaux ; il peut se voir étendre la procédure collective d’apurement du passif. Par un effort
de rigueur certain, l’associé unique gérant doit arriver à isoler ce qui se rapporte à la vie de la société.
Dans une autre hypothèse, la gérance peut être confiée à un tiers ; celui-ci a juridiquement la qualité de
mandataire ; la situation est alors semblable à celle générée par une location-gérance de fonds de
commerce. Si la société est créée par une personne morale, le gérant sera obligatoirement une personne
physique non associée puisque dans la SARL, la gérance ne peut pas être confiée à une personne morale
(Art 323).

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La société unipersonnelle obéit à certaines règles spécifiques. Elles découlent en substance des articles
558 à 561 de l’Acte uniforme. Les pouvoirs de l’assemblée sont exercés par l’associé unique sans que
bien évidemment les règles de convocation et de tenue aient à être respectées par lui. Les décisions qui
doivent être prises en assemblée, qu'il s'agisse des décisions relevant de la compétence de l'assemblée
générale extraordinaire ou de celles relevant de l'assemblée générale ordinaire, sont prises par l'associé
unique. C’est à lui que revient la mission d’approuver les comptes sociaux, de décider de la distribution
des bénéfices, de modifier les statuts..., et de dresser les procès-verbaux des délibérations qu’il certifiera
conformes. C’est lui qui doit approuver les conventions réglementées, ou respecter les conventions
interdites : il ne peut donc contracter avec la société à sa guise, bien qu’il possède 100 % du capital
social. Lorsque la convention est conclue avec lui, il en est seulement fait mention sur le registre
délibérations. Concrètement, dans les six mois qui suivent la clôture de l'exercice, l'associé des unique
prend toutes les décisions qui sont de la compétence de l'assemblée générale ordinaire annuelle. Les
décisions prises par l'associé unique revêtent la forme de procès-verbaux qui sont versés aux archives de
la société. Toutes les décisions prises par l'associé unique et qui donneraient lieu à publicité légale si
elles étaient prises par une assemblée doivent être publiées dans les mêmes formes. Il est également fait
application de toutes les dispositions non contraires relatives à la prise des décisions collectives tel qu’il
ressort de l’Acte uniforme. L’associé unique qui veut développer davantage son affaire peut ouvrir la
société à de nouveaux partenaires. L’avantage est alors qu’il n’aura pas à modifier la forme sociale. En
effet, la création de la SARL unipersonnelle facilite le passage de l’unipersonnalité à la pluripersonnalité
et vice versa ; il suffit pour cela que l’associé unique cède une partie de ses parts sociales et la société
devient ou redevient pluripersonnelle ; pourtant dans ce cas, l’augmentation du nombre des associés
n’emporte pas transformation de la société. En cas de décès de l’associé unique, il n’y a pas de
dissolution de la société tout comme dans la société pluripersonnelle. Cette règle assure la pérennité de
la société.

Les causes de dissolution sont, à l’exception de la réunion de toutes les parts en une seule main, celles
de la SARL pluripersonnelle. En tout état de cause, l’associé unique est libre à tout moment de décider
de la dissolution de la société. Il y a par conséquent transmission automatique à son profit de l’ensemble
du patrimoine social. Mais il doit alors désintéresser les créanciers sociaux.

CHAPITRE III- LA SOCIETE ANONYME (S.A)

La société anonyme est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont représentés par des actions

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(art.385). Les associés n’ont pas la qualité de commerçants et sont simplement titulaires de leurs actions
qui sont des titres négociables.

SECTION I : LA CONSTITUTION DE LA S.A

Les sociétés anonymes peuvent être constituées librement. Elles doivent seulement respecter le cadre
général de l’article 1832 du code civil. L’exploitation doit être licite. Il convient d’analyser les règles
générales de constitution avant d’examiner les règles spécifiques.

I. Les règles générales de constitution de la S.A

La constitution d’une SA se fait en différentes étapes avec un rôle très déterminant du ou des
fondateur(s).

A. La fondation de la S.A

Elle se définit comme l’ensemble des actes matériels et juridiques nécessaires pour créer l’organisme
juridique mis par le législateur à la disposition de ceux qui veulent entreprendre une exploitation qui
exige des capitaux importants.

1. Les missions du fondateur

Le fondateur est toute personne qui participe activement aux opérations conduisant à la constitution de
la société. Les missions du fondateur sont diverses et visent trois objectifs principaux : la rédaction des
statuts sociaux, la réunion du capital social et la constitution définitive de la société.

a. Les statuts de la société

Ils sont établis par acte notarié ou par tout acte offrant des garanties d’authenticité dans l’Etat du siège
social déposé avec reconnaissance d’écritures et de signatures par toutes les parties au rang des minutes
d’un notaire. Leur contenu est celui prévu pour la société commerciale en général sauf quelques
particularités propres à la S.A. Il s’agit du mode d’administration, la forme, les modalités de négociation
et de cession des actions. Ils sont en principe signés par tous les souscripteurs, en personne ou par
mandataire spécialement habilité à cet effet, après la déclaration de souscription et de versement.

b- La réunion du capital social

Le capital social est l’ensemble des apports faits par les souscripteurs à la société pour pouvoir réaliser
son objet et ces apports peuvent être en nature, ou en numéraire. Trois formalités sont nécessaires pour
sa réunion : la souscription, la libération et la déclaration notariée de souscription et de versement des
fonds.
 La souscription du capital social

Le capital social doit être intégralement souscrit au moment de la constitution définitive de la société,
c'est-à-dire que toutes les actions émises aient trouvé preneur soit avant la date de la signature des statuts,

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soit avant la tenue de l’assemblée générale constitutive. La souscription suppose le fractionnement du


capital social en action dont la valeur nominale minimum est fixée librement par les parties. En droit,
elle s’analyse en un engagement d’effectuer un apport en société contre remise de parts d’associés
représentés par un certificat négociable.

 La libération des actions

La libération d’une action est l’exécution de l’engagement pris par le souscripteur de cette action. Le
minimum imposé par la loi est la libération de la moitié de l’action souscrite lorsque celle-ci rémunère
un apport en numéraire et le reliquat est payable dans deux ans à partir de l’immatriculation au RCCM.
Mais les fondateurs peuvent fixer une quotité supérieure ou même exiger la libération intégrale des
actions.

 La déclaration notariée de souscription et de versement des fonds

Cette formalité vise la constatation de la souscription intégrale du capital social et la constatation de la


libération du ¼ au moins des actions souscrites par le notaire.

c. La constitution définitive de la société

La déclaration notariée marque la fin des opérations préconstitutives et ouvre la phase décisive de
constitution de la société. Le fondateur doit alors convoquer l’assemblée des souscripteurs dans les
formes et délais prévus par la loi.

2. La responsabilité des fondateurs

a. la responsabilité civile des fondateurs

L’AUSCGIE rend les associés fondateurs solidairement responsables du dommage résultant pour les
tiers de l’annulation de la société, mais aussi, il les déclare responsables dans les mêmes conditions du
préjudice causé soit par le défaut d’une mention obligatoire des statuts, soit par l’omission ou
l’accomplissement irrégulier d’une formalité de constitution de la société.

b. La responsabilité pénale des fondateurs

La sanction civile de la nullité de la société anonyme n’est pas toujours dissuasive en raison d’une part,
des possibilités de régularisation offertes par la loi et d’autre part, de l’insolvabilité possible des
personnes responsables. C’est pourquoi, cette sanction civile est complétée par des sanctions pénales du
droit commun (peines d’escroquerie ou d’abus de confiance) et par des sanctions réprimant certaines
incriminations propres à la constitution des sociétés et que l’on rencontre fréquemment dans les S.A.
C’est le cas par exemple de la simulation de souscription et de versement et la publication de faits faux.

B- La souscription des actions

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Si l’on définit la souscription comme l’engagement pris par des personnes d’entrer dans une société
qui sera créée, il faut bien matérialiser cet engagement. A cet effet, certaines conditions de forme et de
fond doivent être observées.

1. Les conditions de forme

L’engagement du souscripteur est constaté par la signature d’un bulletin de souscription, signature
donnée par lui-même ou par son mandataire. Ce bulletin est établi en deux exemplaires originaux dont
l’un pour la société en formation et l’autre pour le notaire chargé de dresser la déclaration notariée de
souscription et de versement des fonds.

2. Les conditions de fond

a. La capacité

Le problème ne se pose plus aujourd’hui pour la femme mariée depuis l’adoption du code des personnes
et de la famille. Elle peut, sans restriction, souscrire les actions d’une S.A. Les incapables peuvent
souscrire des actions de S.A, mais doivent suivant les cas, être représentés par leur tuteur (mineur et
interdit) ou assistés de leur conseil juridique.

b. le consentement

Le consentement à la souscription doit en principe être libre et exempt de vice.

C. Les formes et la publicité de la constitution

1. L’assemblée générale constitutive

Elle est convoquée à la diligence des fondateurs après l’établissement de la déclaration notariée de
souscription et de versement des fonds. La loi prévoit une seule assemblée constitutive s’il n’y a ni apport
en nature, ni stipulation d’avantages particuliers. Dans le cas contraire, la tenue de deux assemblées est
nécessaire dont la première désigne à l’unanimité les commissaires aux apports chargés d’évaluer les
apports en nature ou les avantages particuliers.

S’agissant de l’assemblée générale constitutive, toute personne ayant souscrit des actions de la société
en formation peut assister et cela sans considération du nombre d’actions souscrites ou se faire
représenter. Elle est convoquée à la diligence de fondateur et la convocation est faite postérieurement à
la déclaration notariée de souscription et de versement. Les décisions sont prises à la majorité des 2/3 au
moins des voix des souscripteurs présents ou représentés de sorte que les abstentions sont comptées
comme des votes négatifs.

Toutefois, dans le cas où il n’y a ni apport en nature, ni stipulation d’avantages particuliers, l’assemblée
générale constitutive a pour mission de constater que le capital social est entièrement souscrit et que les
actions sont libérées au moins du ¼ de leur valeur nominale ; d’adopter les statuts de la société qu’elle

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ne peut modifier qu’à l’unanimité des souscripteurs ; de nommer les premiers administrateurs ou
l’administrateur général selon les cas ainsi que les premiers commissaires aux comptes ; de statuer sur
les actes accomplis pour le compte de la société en formation au vu d’un rapport établi par les fondateurs
et de donner le cas échéant mandat à un ou plusieurs membres du conseil d’administration ou à
l’administrateur général selon le cas, de prendre les engagements pour le compte de la société avant son
immatriculation au RCCM .

Dans le cas au contraire où il y a des apports en nature ou stipulations d’avantages particuliers,


l’assemblée générale constitutive est en outre compétente pour émettre un vote spécial sur chaque apport
en nature et chaque avantage particulier et pour approuver ou désapprouver le rapport des commissaires
aux apports sur l’évaluation des apports en nature ou l’octroi des avantages particuliers.

2. La publicité de la constitution

a. L’immatriculation de la société au RCCM

La société doit être immatriculée au RCCM dans le mois de sa constitution.


L’immatriculation est requise par les premiers administrateurs ou par le premier administrateur général
au RCCM du siège social. Il est joint à la demande deux copies certifiées conformes des statuts sociaux,
deux exemplaires de la déclaration de régularité et de conformité ou de la déclaration notariée de
souscription et de versement des fonds, deux exemplaires de la liste certifiée conforme par les
administrateurs, deux extraits du casier judiciaire de chacun de ces derniers et, le cas échéant, une
autorisation préalable d’exercer le commerce.
L’immatriculation a pour effet de marquer le point de départ de la personnalité morale de la société.

b. La publicité de l’acte de société

Elle consiste dans les 15 jours suivant l’immatriculation au RCCM en l’insertion d’un avis dans un
journal habilité à recevoir les annonces légales du siège social.

II. La constitution de la S.A sans apport en nature et sans stipulations d’avantages particuliers

Les avantages particuliers désignent une situation privilégiée faite dans les statuts d’une société par
action conférant à son bénéficiaire des droits plus étendus par rapport aux autres actionnaires tels que le
droit de priorité sur les bénéfices, le droit de priorité sur l’actif social…

L’acte uniforme distingue trois étapes :


- Pour ce qui est de la première étape, la loi oblige à constater par un bulletin de souscription établi
par les fondateurs ou par l’un d’eux, daté et signé du souscripteur ou de son mandataire, la
souscription des actions représentant des apports en numéraire.
- La deuxième étape de cette procédure de constitution est constituée par le dépôt des fonds et la
déclaration notariée de souscription et de versement des fonds. Tout souscripteur peut prendre

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connaissance ou copie de la déclaration notariée de souscription et de versement des fonds en


l’étude du notaire.
- La troisième étape enfin consiste en l’établissement des statuts de la société. Ceux-ci doivent être
faits soit en la forme authentique soit par tout acte offrant des garanties d’authenticité. Ils sont
signés par tous les souscripteurs.

Outre les mentions générales que doit comporter tout acte de société, les statuts de la S.A constituée sans
apport en nature et sans stipulations d’avantages particuliers doivent énoncer :
• Le mode d’administration et de direction retenus.
• Les noms, prénoms, adresse, profession et nationalité des personnes physiques membres du
premier conseil d’administration ou représentants permanents des personnes morales membres
dudit conseil, ou les noms, prénoms, adresse, profession et nationalité de l’administrateur général
ainsi que ceux du premier commissaire aux comptes et de son suppléant, la forme des actions
émises, les stipulations relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des organes
sociaux et le cas échéant, les restrictions à la libre cessibilité et à la libre négociation des actions
ainsi que les modalités de l’agrément et de la préemption des actions.
Le retrait des fonds de chez le dépositaire ne peut avoir lieu qu’après l’immatriculation de la société au
RCCM.

III. La constitution de la société anonyme avec apports en nature


ou avec stipulation d’avantages particuliers

A. L’intervention d’un commissaire aux apports


Choisi sur la liste des commissaires aux comptes, le commissaire aux apports est désigné à l’unanimité
par les souscripteurs ou à défaut, par le président de la juridiction compétente à la demande des
fondateurs de la société ou de l’un d’entre eux. Il est chargé d’établir sous sa responsabilité, un rapport
décrivant chacun des apports ou des avantages particuliers, indiquant leur valeur, précisant le mode
d’évaluation retenu et affirmant que la valeur des biens ou des avantages particuliers correspondant au
moins à la valeur nominale des actions à émettre.

B. L’assemblée générale constitutive

Elle est convoquée à la diligence des fondateurs après l’établissement de la déclaration notariée de
souscription et de versement des fonds. Elle ne délibère valablement que si les souscripteurs présents ou
représentés possèdent la moitié au moins des actions sur première convocation. Ce quorum est réduit au
quart des actions sur deuxième convocation faite 6 jours au moins avant la date prévue de la réunion. Si
cette deuxième réunion n’aboutit pas faute de quorum, l’assemblée doit se tenir dans les deux mois qui
suivent la date fixée par la deuxième convocation, les souscripteurs convoqués 6 jours au moins avant
la date prévue. Le quorum reste dans ce cas le ¼ des actions. Les décisions sont acquises à la majorité
des 2/3 des voix détenues par les souscripteurs présents ou représentés.

L’assemblée générale constitutive a 2 séries de compétence :

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COURS DE DROIT SPECIAL DES SOCIETES COMMERCIALES

• C’est elle qui approuve ou désapprouve le rapport du commissaire aux comptes.


• Elle est compétente aussi pour constater la souscription intégrale du capital social et la libération
des actions au quantum fixé par les statuts ; adopter les statuts sociaux qu’elle ne peut modifier
qu’à l’unanimité des souscripteurs ; nommer les premiers administrateurs ou administrateur
général ainsi que le premier commissaire aux comptes ; statuer sur les actes accomplis pour le
compte de la société en formation au vu du rapport établi par les fondateurs ; et donner le cas
échéant mandat à un ou plusieurs membres du conseil d’administration ou à l’administrateur
général de prendre les engagements pour le compte de la société avant son immatriculation au
RCCM .

IV. Les dispositions spécifiques aux SA faisant appel public à l’épargne

A. Le champ d’application de l’appel public à l’épargne

La doctrine donnait une définition très large de l’appel public à l’épargne en visant tous les cas où les
sociétés faisaient appel au public pour réunir leur capital. L’AUSCGIE répute faire publiquement appel
à l’épargne, les sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs d’un Etat partie au traité
OHADA. Il considère également qu’il y a appel public à l’épargne dès lors qu’il y a diffusion des titres
au-delà d’un cercle de cent personnes.

Le capital minimum de la SA faisant appel public à l’épargne est de 100 000 000 FCFA. Si le nouveau
capital venait à être inférieur à ce montant, la société doit être transformée en société d’une autre forme,
sinon tout intéressé peut demander judiciairement sa dissolution.

B. L’information des tiers

L’AUSCGIE prévoit dans le cas où une SA fait appel public à l’épargne, de publier au préalable dans
l’Etat du siège social et le cas échéant, dans les autres Etats parties au traité OHADA où le public est
sollicité, un document d’information sur l’organisation, la situation financière, l’activité et les
perspectives de l’émetteur.

V- La sanction des règles de constitution de la SA

A- La nullité de la SA

Dans l’AUSCGIE, les causes communes de nullité à toutes les sociétés commerciales s’appliquent
également à la SA. Mais de disposition expresse, l’article 243 de l’AUSCGIE exclut que la nullité de la
SA puisse résulter d’un vice du consentement ou d’une incapacité sauf si dans ce dernier cas, l’incapacité
frappe tous les associés fondateurs. Il faut signaler enfin que les irrégularités commises postérieurement
à la constitution régulière de la société ne sauraient en principe entraîner la nullité de celle-ci. Elles
peuvent, tout au plus, déboucher sur sa dissolution.

B- La responsabilité de la nullité de la SA

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L’AUSCGIE déclare que les fondateurs auxquels la nullité de la SA est imputable ainsi que les
administrateurs ou l’administrateur général en fonction au moment où elle a été encourue peuvent être
déclarés solidairement responsable du dommage résultant pour les actionnaires ou pour les tiers de
l’annulation de la société. Il institue la même responsabilité pour les mêmes personnes en cas de nullité
de l’assemblée générale constitutive lorsque l’annulation subséquente de la société a causé un dommage
à des tiers.

La responsabilité des fondateurs court du jour des premières opérations ou de l’accomplissement des
premiers actes effectués en vue de la constitution de la société et prend fin dès que les statuts sociaux
ont été signés par tous les actionnaires ou après la tenue régulière de l’assemblée générale constitutive.
Quant aux dirigeants sociaux (membre du premier conseil d’administration ou le premier administrateur
général), leur responsabilité dans la constitution de la société court de la signature des statuts ou de la
tenue de l’assemblée générale constitutive pour s’achever avec l’immatriculation de la société au RCCM.

Les fondateurs et les premiers organes d’administration de la SA peuvent également engager leur
responsabilité pénale pour des infractions commises lors de la constitution de la société lorsqu’ils
émettent des actions avant l’immatriculation de la société au RCCM.

C- L’action en responsabilité pour nullité de la S A

L’action en responsabilité contre les fondateurs résultant de l’annulation de la S A se prescrit par trois
ans à compter du jour où la décision d’annulation est passée en force de chose jugée.

SECTION II. LE FONCTIONNEMENT DE LA S.A

Tout comme les autres types de sociétés, la SA fonctionne à travers les AG.

I. Les assemblées d’actionnaires


A. Les règles communes à toutes les assemblées d’actionnaires

Elles sont relatives à l’organisation et au fonctionnement des assemblées et leur violation entraîne des
sanctions.
1. L’organisation et le fonctionnement des assemblées

Les assemblées d’actionnaires sont convoquées et se tiennent suivant des règles précises qui sont, soit
statutaires, soit légales ou réglementaires. L’assemblée générale des actionnaires est convoquée suivant
le cas par le conseil d’administration ou par les commissaires au compte mais il faut pour cela que ces
derniers aient auparavant requis vainement du conseil d’administration, la convocation de l’assemblée.
Le président de la juridiction compétente peut également nommer un mandataire à l’effet de convoquer
l’assemblée générale. Il statue à bref délai. Enfin, dans le cas où la société est en liquidation, le
liquidateur a compétence pour convoquer l’assemblée générale. Les statuts organisent librement les
règles de convocation des assemblées sous certaines réserves des délais de convocation.

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Quant à la composition, tout actionnaire a le droit, en principe, de participer ou de se faire représenter


aux assemblées d’actionnaires. Quel que soit le nombre des actionnaires, la réunion de l’assemblée n’a
pas un caractère public mais un caractère privé. L’assemblée ne peut valablement se tenir que si le
quorum est atteint et ne peut délibérer en principe que sur les questions inscrites à son ordre du jour.

2- Les sanctions des règles communes aux assemblées

Les irrégularités susceptibles d’affecter les formalités de convocation sont sanctionnées par des nullités
relatives. Mais l’AU n’édicte qu’une simple faculté pour l’annulation de l’assemblée irrégulièrement
convoquée, mais il déclare aussi que l’action n’est pas recevable lorsque tous les actionnaires étaient
présents ou représentés.

B. Les règles particulières aux différentes sortes d’assemblées

1. L’assemblée générale ordinaire

En règle générale, elle a pour rôle essentiel :


- D’approuver les états financiers de synthèse de l’exercice et de donner quitus aux administrateurs
pour leur gestion. Le pouvoir d’approbation comporte celui de redresser les états financiers de
synthèse.
- De nommer les membres du conseil d’administration ou l’administrateur général, les
commissaires aux comptes et le cas échéant, l’administrateur général.
- D’approuver ou de refuser d’approuver les conventions conclues entre les dirigeants sociaux et
la société.
- D’émettre des obligations.
- Et d’approuver le rapport des commissaires aux comptes sur les acquisitions de biens des
actionnaires par la société intervenues dans les deux ans de l’immatriculation de la société
lorsque la valeur d’acquisition de ces biens est au moins égale à 5 000 000 FCFA.

L’assemblée générale ordinaire ne peut valablement délibérer sur première convocation que si elle réunit
un nombre d’actionnaires représentant le ¼ au moins des actions ayant droit de vote. A défaut de ce
quorum, à la nouvelle assemblée convoquée dans les formes et délais prévus par les statuts, elle délibère
valablement quelle que soit la portion du capital représentée.

Les délibérations sont prises à la majorité des voix exprimées.

Les actionnaires disposent à titre individuel, d’un droit de communication des documents sociaux lors
ou à l’occasion de l’assemblée générale ordinaire.
2. L’assemblée générale extraordinaire

Elle est seule compétente pour modifier les statuts sociaux dans toutes leurs dispositions et toute clause
contraire est réputée non écrite. Elle a pouvoir pour :
- autoriser les fusions, les scissions, les transformations et les apports partiels d’actifs.

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- Transférer le siège social en toute autre ville de l’Etat où il est situé ou sur le territoire d’un autre
Etat.
- Dissoudre par anticipation la société ou proroger sa durée.

En principe, l’assemblée générale extraordinaire ne peut augmenter les engagements des actionnaires
au-delà de leurs apports. Mais elle peut le faire si chaque actionnaire donne son consentement à
l’opération. Tout actionnaire, sans considération du nombre d’actions qu’il détient, a le droit de prendre
part à l’assemblée générale extraordinaire et d’y voter et la règle est d’ordre public. Le quorum requis
pour la tenue régulière de l’assemblée générale extraordinaire est la moitié des actions sur première
convocation et le ¼ sur deuxième et troisième convocation.

3. L’assemblée spéciale

C’est celle qui réunit les titulaires d’actions d’une catégorie déterminée, par exemple les actions sans
droit de vote, les actions avec droit de vote double, les actions de jouissance. Elle approuve ou
désapprouve les décisions des assemblées générales ordinaires ou extraordinaires lorsque ces décisions
modifient les droits de ses membres.

B. Le cas particulier de la SA unipersonnelle

Les décisions qui doivent être prises en assemblée, qu’elles soient de la compétence de l’assemblée
générale ordinaire ou de celle de l’assemblée générale extraordinaire, sont prises par l’actionnaire unique
dans le strict respect des règles non contraires qui régissent les assemblées.

II. L’administration et la direction de La SA

A. L’administration de la SA

La SA peut être administrée par un conseil d’administration de trois membres au moins et de douze (12)
membres au plus. Dans ce cas, elle est dirigée soit par un président directeur général, soit par un président
du conseil et un directeur général assurant en même temps la direction de la société.

1. Le conseil d’administration

En partant du texte de l’article 22 de la loi du 24 juillet 1867 qui édictait que la société est administrée
par un ou plusieurs mandataires pris parmi les associés, deux formules d’administration étaient possibles.
Les statuts pouvaient stipuler la nomination d’un administrateur délégué unique qui assumait seul la
direction générale de la société et convoquait les assemblées générales d’actionnaires. Les statuts sociaux
pouvaient aussi stipuler l’administration de la société par plusieurs administrateurs et fixer alors un
nombre minimum et un nombre maximum.

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L’AU ne modifie pas fondamentalement cette structure d’administration de la SA. Il innove par contre
avec l’institution de l’administrateur général. Le conseil d’administration est investi des pouvoirs les
plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société. Le conseil les exerce dans les limites
de l’objet social et de ceux qui sont expressément attribués par la loi aux assemblées d’actionnaires. Il a
notamment compétence pour :
- préciser les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son administration.
- Exercer un contrôle permanent de la gestion assurée par le président directeur général selon le
cas.
- Arrêté les comptes de chaque exercice ;
Certaines conventions auxquelles un administrateur peut être partie sont prohibées. Par exemple, il est
interdit aux administrateurs, directeur généraux, leurs conjoints, ascendants ou descendant de contracter
sous formes que ce soit, des engagements auprès de la société, de se faire consentir par elle, un découvert
en compte courant ou de faire ou cautionner ou avaliser par elle, leurs engagements envers les tiers.
S’agissant de la rémunération des administrateurs, l’article 431 de l’acte uniforme prescrit qu’à
l’exclusion de toute autre rémunération, l’assemblée générale ordinaire peut allouer aux administrateurs
en rémunération de leurs activités, à titre d’indemnité de fonction, une somme fixe annuelle qu’elle
détermine souverainement et que le conseil sauf disposition contraire des statuts, repartit librement entre
ses membres. Le conseil peut aussi allouer à ses membres, des rémunérations exceptionnelles pour les
missions et mandats qui leur sont confiés ou autoriser le remboursement des frais de voyage,
déplacement et dépenses engagés dans l’intérêt de la société.

Au lieu d’un président directeur général, le conseil d’administration peut désigner parmi ses membres,
un président du conseil d’administration qui doit être une personne physique pour un mandat dont la
durée ne peut excéder celle d’un mandat d’administrateur.

2. L’administrateur général

Lorsque la SA comprend un nombre d’actionnaire égal ou inférieur à trois, elle peut, au lieu de constituer
un conseil d’administration, désigner un administrateur général qui assume sous sa responsabilité, les
fonctions d’administrateur et de direction de la société. Le premier administrateur général est désigné
dans les statuts ou par l’assemblée constitutive pour un mandat qui ne peut excéder deux (2) ans.

3. L’administration des sociétés anonymes faisant appel public à l’épargne

Les SA faisant appel public à l’épargne sont obligatoirement dotées d’un conseil d’administration
composé de trois membres au moins et de quinze membres au plus.

4- La responsabilité des administrateurs

Les administrateurs ou l’administrateur général, selon le cas, sont responsables individuellement ou


solidairement envers la société ou envers les tiers, soit des infractions aux dispositions législatives ou
réglementaires applicables aux sociétés anonymes, soit des violations des statuts, soit des fautes
commises dans leur gestion. Les actionnaires peuvent, outre l’action en réparation du préjudice subi

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personnellement, engager individuellement ou en se regroupant, une action sociale en responsabilité


contre les administrateurs ou l’administrateur général.

B. La direction de la société anonyme

La direction de la société anonyme est assurée soit par le président directeur général, soit par un directeur
général.

Dans la SA pourvue d’un conseil d’administration, celui-ci nomme parmi ses membres, un président
directeur général (PDG) qui doit, à peine de nullité de la nomination, être une personne physique, pour
deux mandats dont la durée n’excède pas celle de son mandat d’administrateur. Nul ne peut cumuler
plus de trois mandats de PDG, ni cumuler un mandat de PDG avec plus de deux mandats
d’administrateur général de sociétés anonymes ayant leur siège social sur le territoire d’un même Etat
partie. Le PDG préside les réunions du conseil d’administration et les assemblées générales, assure la
direction générale de la société et représente celle-ci dans ses rapports avec les tiers. En cas
d’empêchement temporaire, le conseil d’administration peut déléguer un autre administrateur dans les
fonctions de PDG. Mais en cas de décès, de démission ou de révocation, le conseil d’administration
nomme un nouveau PDG ou délègue un administrateur dans les fonctions de PDG.

Au lieu d’un PDG, le conseil d’administration peut désigner parmi ses membres ou en dehors d’eux, un
directeur général qui doit être une personne physique pour assurer la direction de la société et la
représenter dans ses rapports avec les tiers.

III- Le contrôle de la SA

A- Le contrôle des commissaires aux comptes

Les SA sont tenues de désigner au moins deux commissaires aux comptes lorsqu’elles font appel public
à l’épargne ou un commissaire aux comptes dans le cas contraire. Chaque commissaire aux comptes doit
avoir un suppléant.

Le commissaire aux comptes a pour mission permanente, sans s’immiscer pour autant dans la gestion
sociale, de vérifier les valeurs et les documents comptables de la société et de contrôler la conformité de
sa comptabilité aux règles en vigueur. Plus précisément, il a pour obligation, sous sa responsabilité :
- de certifier que les états financiers de synthèse de la société sont réguliers et sincères et donnent
une image fidèle des résultats de l’exercice et du patrimoine social en fin d’exercice.
- de vérifier la sincérité et la concordance avec les états financiers de synthèse, des informations
données dans les rapports de gestion du conseil d’administration ou de l’administrateur général.
- de s’assurer que l’égalité entre les actionnaires est respectée notamment que toutes les actions
d’une même catégorie bénéficient des mêmes droits.
Pour l’accomplissement de ses missions, le commissaire aux comptes opère à toute époque de l’année,
toutes les vérifications et tous les contrôles qu’il juge opportuns, et peut se faire communiquer sur place,
toutes les pièces qu’il estime utiles notamment tous contrats, livres, documents comptables et registres
de procès-verbaux.

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Les commissaires aux comptes encourent une double responsabilité civile et pénale dans l’exercice de
leurs fonctions. Ils s’exposent en outre à des sanctions disciplinaires.

B. Les autres contrôles de la société anonyme

1. La procédure d’alerte

Pour prévenir les difficultés des entreprises, les actionnaires peuvent saisir les organes d’administration
de la société à l’effet d’obtenir des informations sur tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation. Ce droit qui appartient à tout actionnaire sans considération du nombre d’action qu’il
possède ne peut être exercé que deux fois au plus par exercice social.

Le commissaire aux comptes peut lui-même recourir à la procédure d’alerte pour tout fait relevé lors de
l’examen des documents qui lui sont communiqués ou dont il a eu connaissance à l’occasion de
l’exercice de sa mission.

2- L’expertise de gestion

Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins le cinquième du capital social, peuvent soit


individuellement, soit collectivement, demander au président de la juridiction compétente du siège
social, la désignation d’un ou de plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs
opérations de gestion. La demande est portée devant le président du tribunal compétent en matière
commerciale qui statue à la forme de référé.

SECTION III. LES MODIFICATIONS STATUTAIRES


ET LA TRANSFORMATION DE LA SA

Durant la vie de la SA, celle-ci peut être amenée à modifier ses statuts ou à changer sa forme sociale.

I. LES MODIFICATIONS STATUTAIRES

A. La réduction du capital social

La réduction du capital social intervient presque toujours lorsque la société a subi des pertes.
L’AU prévoit deux procédés de réduction du capital social : la diminution du montant nominal des
actions sous réserves de ne pas descendre au-dessous du minimum légal et la diminution du nombre des
actions. Sous réserve de la publier et de respecter le minimum légal, l’assemblée générale extraordinaire
peut autoriser ou décider la réduction du capital social, avec la faculté de déléguer au conseil
d’administration ou à l’administrateur général, selon le cas, tous pouvoir pour la réaliser.
B. L’augmentation du capital social

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1. L’augmentation du capital social par appel à des fonds extérieurs

On parle d’appel à des fonds extérieurs parce que des fonds vont entrer dans la caisse sociale. Dans la
SA, l’augmentation du capital social ne peut avoir lieu que si le capital ancien a été intégralement libéré.
La violation de cette règle qui procède du bon sens est pénalement sanctionnée. L’augmentation doit
être réalisée dans un délai maximum de trois ans à compter de l’assemblée générale qui l’a décidée ou
autorisée. L’augmentation du capital social étant assimilée à la constitution de la société, elle obéit aux
règles de fond et de forme qui ont été observées pour la souscription des actions anciennes.

2. L’augmentation du capital social sans appel à des fonds extérieurs

Elle peut être réalisée par plusieurs procédés : l’incorporation de réserves au capital social, la conversion
en actions d’obligations, l’échange de ces valeurs contre des actions, etc. L’incorporation peut concerner
toutes sortes de réserves et l’opération peut être analysée en une distribution des réserves aux
actionnaires suivie immédiatement d’une souscription à l’augmentation du capital social.

3. L’augmentation du capital social par apport en nature ou stipulation d’avantages particuliers

Au lieu de l’être par des apports en numéraire, le capital social peut être augmenté par des apports en
nature ou comporter des avantages particuliers. L’A.U organise la vérification de ces apports ou de ces
avantages particuliers suivant une procédure semblable à celle qui s’applique lors de la constitution de
la société anonyme.
C. L’amortissement du capital social

L’amortissement du capital social est défini comme l’opération par laquelle la société rembourse aux
actionnaires tout ou partie du montant nominal de leurs actions à titre d’avance sur le produit de la
liquidation future de la société. L’amortissement des actions est devenu aujourd’hui exceptionnel compte
tenu des besoins de financement sans cesse croissants des entreprises pour s’adapter à l’évolution des
techniques et mieux s’intégrer dans la mondialisation.

La décision d’amortir le capital social ressortit à la compétence de l’assemblée générale ordinaire des
actionnaires lorsque l’amortissement est prévu dans les statuts, et à celle de l’assemblée extraordinaire
dans le cas contraire. Les actions intégralement amorties sont dites actions de jouissance. Les sommes
utilisées pour assurer l’amortissement ne peuvent être prélevées ni sur la réserve légale, ni sur les
réserves statutaires sauf, dans ce dernier cas, décision contraire de l’assemblée générale extraordinaire.

II- Les mutations de la société anonyme

A. La transformation de la société anonyme

Elle pose trois séries de problèmes : les conditions, la nature et les effets de la transformation.

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1. Les conditions de la transformation

L’A.U définit la transformation d’une société comme le changement de la forme juridique de cette
société. Elle est en principe possible pour tous les types de société. Dans la pratique cependant, il est
rare qu’une société anonyme se transforme, car cette forme de société est la plus élaborée. Mais si elle
est amenée à le faire, l’article 690 de l’A.U exige qu’elle soit constituée depuis plus de deux ans au
moment de la transformation et qu’elle ait établi et fait approuver par les actionnaires le bilan de ses
deux derniers exercices. La décision de transformation est prise sur le rapport du commissaire aux
comptes, rapport qui doit attester que l’actif net est au moins égal au capital social. Le cas échéant, la
transformation est soumise à l’approbation de l’assemblée des obligataires. Elle est objet à publicité dans
les mêmes conditions que celles prévues pour la modification des statuts.

Ces conditions ne sont pas requises lorsque la transformation vise la forme d’une société en nom collectif
sauf pour la publicité qui est requise pour tout type de société. La décision de transformation est prise à
l’unanimité des actionnaires. L’article 693 renvoie aux conditions prévues pour la modification des
statuts de la SARL si la transformation vise une société de cette forme.

2- La nature juridique de la transformation

En dépit de la controverse doctrinale sur la question de la nature juridique de la transformation de la


société, il faut relever que la conception qui est aujourd’hui largement acceptée est que la transformation
n’est pas une modification de la personne morale existante elle-même, mais une simple modification
dans le mode juridique d’exploitation.

3. Les effets de la transformation

a. Les effets de la transformation à l’égard de la société elle-même

En tant qu’elle ne débouche pas sur la disparition de la personne morale et la création d’un être moral
nouveau, la transformation de la société n’entraîne pas, en principe, un arrêt des comptes si elle survient
en cours d’exercice sauf décision contraire des actionnaires. La transformation ne met pas fin non plus
aux pouvoirs des organes d’administration et de gestion de la société. Le rapport de gestion est par
conséquent établi par les anciens et les nouveaux organes de gestion, chacun pour sa période de gestion.
Enfin la transformation ne met pas fin aux fonctions du commissaire aux comptes.

b. Les effets de la transformation à l’égard des associés

A l’égard des associés, la transformation d’une SA en une société d’une autre forme introduit
nécessairement dans la nouvelle société, l’intuitu personae et augmente les engagements des
actionnaires de sorte que ces derniers devront tous consentir à la transformation.

c- Les effets de la transformation à l’égard des tiers

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Il est unanimement admis que la transformation d’une société ne saurait porter atteinte aux droits des
tiers. Par conséquent, les droits et obligations contractés par la société sous son ancienne forme subsistent
sous la forme nouvelle.

B. La fusion de société

C’est l’opération par laquelle deux sociétés se réunissent pour n’en former qu’une seule soit par création
d’une société nouvelle, soit par absorption de l’une par l’autre.

1. La procédure de fusion

La fusion peut intervenir entre des sociétés de forme différente. Lorsqu’elle a lieu exclusivement entre
SA, elle est décidée par l’assemblée générale extraordinaire de chaque société participant à l’opération.
Pour garantir la pertinence des valeurs relatives attribuées aux actions des sociétés participant à la fusion
et l’équité du rapport d’échange, un ou plusieurs commissaires à la fusion, désignés par le président de
la juridiction compétente en matière commerciale, établissent sous leur responsabilité un rapport écrit
sur les modalités de la fusion. Pour la société absorbante, la fusion se résout en une augmentation du
capital social par apports en nature. Elle obéit par conséquent aux conditions de fond et de publicité
prévues pour ce type d’apport.

2- Les effets de la fusion

La fusion prend effet à la date d’immatriculation au RCCM de la nouvelle société ou de la dernière


d’entre elles, en cas de création de plusieurs sociétés nouvelles.

La société absorbante devient débitrice des créanciers obligataires des sociétés absorbées, soit que ces
derniers ont approuvé en assemblée le projet de fusion qui leur a été soumis, soit qu’ils n’ont pas
demandé le remboursement de leur créance alors que la société absorbante le leur a proposé.
La société absorbante devient également débitrice vis-à-vis des créanciers non obligataires des sociétés
absorbées.
B. La scission de sociétés et l’apport partiel d’actif

1. La scission

Elle est l’inverse de la fusion. Elle est l’opération par laquelle le patrimoine d’une société est partagé
entre plusieurs autres sociétés existantes ou nouvelles. Elle suit le même régime juridique que la fusion.
Toutefois, la scission ne nécessite pas, comme la fusion, la nomination d’un commissaire pour établir
un rapport lorsqu’elle a lieu par apport à des sociétés anonymes nouvelles. L’opération de scission n’a
pas à être approuvée par l’assemblée générale de la société nouvelle.

2- L’apport partiel d’actif

C’est l’opération par laquelle une société fait apport d’une branche autonome d’activité à une autre
société préexistante ou à créer. Il se distingue de la fusion et de la scission en ce qu’il n’entraîne pas la

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dissolution de la société qui le réalise. Il s’analyse, sur le plan comptable en une augmentation du capital
de la société bénéficiaire par apport en nature. Sur le plan juridique, il suit le même régime que la
scission. Les sociétés commerciales ont toujours recouru à ces différentes techniques de mutation pour
s’adapter à leur croissance ou à l’évolution de la conjoncture économique.

SECTION IV. LES TITRES EMIS PAR LA S.A

La société anonyme peut émettre une grande diversité de titres dont les plus importants sont les actions
et les obligations.

I. Les actions

Le mot action désigne à la fois le droit des actionnaires dans la SA et le titre qui représente ce droit. Il
existe différentes sortes d’actions.

A. Classification des actions

1- Selon la source des droits de l’actionnaire


On distingue les actions en numéraires, les actions d’apport, les actions de jouissance.

Les actions en numéraire sont celles qui ont donné lieu à une souscription et elles sont payables en argent
ou par un procédé équivalent (compensation par exemple).

Les actions d’apport sont celles qui ne répondent pas à la définition des actions de numéraire. Elles
rémunèrent des apports en nature, c'est-à-dire des biens autres que de l’argent.

Quant aux actions de jouissance, ce sont des actions de numéraire ou des actions d’apport dont le capital
a été intégralement amorti au cours de la vie de la société.

2. Selon l’étendue des droits de l’actionnaire

On a les actions de priorité ou de préférence. La préférence accordée aux actions de priorité porte le plus
souvent sur la distribution de dividende, par exemple, l’attribution de quote-part de bénéfices supérieurs
à celle qui revient aux autres actions.

3. Selon la forme de l’action

On distingue les actions nominatives, les actions au porteur et les actions dématérialisées.
Les actions nominatives sont celles dont la propriété est établie par une inscription sur les registres de la
société émettrice. C’est par la modification de cette inscription que les droits sur ces actions sont transmis
ou affectés (cession, mutation, nantissement), tout au moins à l’égard des tiers et de la société.

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Les actions au porteur sont celles qui, incorporant matériellement en elles-mêmes les droits qui y sont
attachées, se transmettent par simple tradition et confèrent à leur possesseur, l’exercice desdits droits.

Quant aux actions dématérialisées, c’est la possibilité de SA faisant appel public à l’épargne de
représenter les actions qu’elles émettent par une inscription dans un compte ouvert au nom de leur
propriétaire et tenu soit par la société émettrice, soit par un intermédiaire financier.

B. Les obligations et les droits attachés à l’action

1. Les obligations des actionnaires

Ces obligations sont essentiellement au nombre de deux : la fourniture des apports promis et l’apurement
du passif social dans la proportion des apports.

2. Les droits individuels des actionnaires

Les droits pécuniaires des actionnaires sont : droits sur les réserves, sur le boni de liquidation et sur la
réserve des primes d’émission. Les réserves sont des bénéfices cumulés non distribués et qui concourent
à la valorisation des actions. Quant au boni de liquidation ou actif net, il représente les bénéfices qui
n’ont pas été distribués au cours de la vie sociale. Il est partagé entre les actionnaires dans les mêmes
proportions que leur participation au capital social.
- le droit de vote
- la libre transmissibilité des actions
- le nantissement
II. Les obligations

Les obligations sont des titres négociables, émises par une société qui emprunte un capital important, le
plus souvent à long terme, et qui divise sa dette en un grand nombre de coupures. Chaque obligataire a
une créance ferme contre la société à la fois pour le paiement de l’intérêt promis et pour le
remboursement du capital prêté. D’une manière générale, les modalités d’amortissement des obligations
ne sont pas réglementées par la loi. Par conséquent, les obligations peuvent être remboursées en totalité
à une date déterminée. La méthode couramment utilisée est celle de l’amortissement, c'est-à-dire un
remboursement échelonné dans le temps et correspondant à la durée de l’emprunt. Le remboursement
des obligations peut être garanti par une sûreté, réelle ou personnelle, s’il en est ainsi décidé par
l’assemblée des actionnaires.

III- Les autres titres émis par la SA

A. Le certificat d’investissement

Ce sont des valeurs mobilières résultant d’un fractionnement des droits attachés aux actions et
correspondant d’une part, aux droits pécuniaires (droits aux dividendes, aux réserves et au boni de
liquidation) et, d’autre part, à l’ensemble des autres droits (droit de vote notamment). Les droits

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pécuniaires sont représentés par le certificat d’investissement et les autres droits par le certificat de droit
de vote.

B- Les titres participatifs

Ce sont des titres qui s’apparentent à des obligations mais, contrairement à celles-ci, ils ne sont pas
amortissables et, sauf exception, ne sont remboursés qu’en cas de liquidation de la société et après
désintéressement de tous les créanciers.

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CHAPITRE V : LA SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEE (SAS)

La SAS est la dernière forme de société créée dans le cadre du droit OHADA cela à l’occasion de la
réforme du 30 janvier 2014. Historiquement elle a vu le jour en France le 03 janvier 1994 3. Sa création
est intervenue à un moment où les formes de sociétés classiques, ne répondaient plus aux attentes du
monde des affaires. Ces dernières en effet étaient régies par de nombreuses règles d’ordre public. La
SAS comme alternative, devait offrir contrairement à ses devancières plus de liberté contractuelle aux
associés et de souplesse dans la prise des décisions et dans la constitution des organes de direction. Enfin
l’autre difficulté que devait résoudre cette nouvelle société était l’aménagement d’un droit de regard plus
accru des actionnaires sur les nouveaux adhérents et les sortants, par la vulgarisation des pactes extra
statutaires.

La SAS était baptisée « société des sociétés ». Cette appellation loin d’être anecdotique, se justifiait par
le fait que seules des sociétés pouvaient constituer une SAS4. Le recours à cette formule permettait alors
très souvent aux sociétés mères d’avoir un contrôle plus affiné sur leurs filiales.

Dans sa version de 1994, la SAS pour être constituée utilement devait disposer d’un capital de 250 000
Francs (Français) et comme déjà dit plus haut, les actionnaires ne pouvaient être que des sociétés
commerciales qui devaient en outre posséder un capital de plus de 1,5 millions de francs. Elle ne pouvait
pas faire appel public à l’épargne.

Le champ d’application de la SAS progressivement s’est élargi d’abord du fait de l’intervention de la loi
n°99-587 du 12 juillet 1999 sur l’innovation et la recherche, qui permet désormais à toute personne
physique ou morale, même seule, de pouvoir être actionnaire ; et enfin du fait de la loi n°2008-776 du 4
août 2008 qui supprime l’exigence d’un minimum pour le capital social. C’est cette version actualisée
qui est reprise par le droit OHADA.

Au regard des règles de base qu’elle partage avec la SA et que nous avons déjà abordées, nous
n’étudierons donc dans le présent chapitre que les éléments spécifiques de la SAS relatives à sa
constitution et à son fonctionnement.

SECTION I- LA CONSTITUTION DE LA SAS

Régie par les articles 853-1 à 853-23 de l’AUSCGIE révisé, la SAS est définie comme étant « une société
instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts prévoient librement l’organisation et le
fonctionnement de la société sous réserve des règles impératives du présent livre. Les associés de la
société par actions simplifiée ne sont responsables des dettes sociales qu'à concurrence de leurs apports
et leurs droits sont représentés par des actions ».

Dans la SAS les associés sont appelés actionnaires, ces derniers contrairement aux apparences ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports, et leurs droits sont représentés par

3
La loi n°94-1 du 3 janvier 1994
4
Cas de la joint-venture également appelée entreprise commune, est un accord passé entre plusieurs entreprises qui acceptent de poursuivre ensemble un
but précis pour une durée limitée.

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des actions. Il est interdit à la SAS de faire appel à l’épargne publique. Elle peut être constituée par une
seule personne. Les actionnaires déterminent librement le montant du capital social.

Dans le souci d’assurer une stabilité de l’actionnariat plusieurs solutions sont offertes aux actionnaires
ainsi par exemple les statuts peuvent prévoir une inaliénabilité des titres qui ne peut excéder le délai de
10 ans (article 853-17). Aussi Les statuts peuvent, dans les conditions qu'ils déterminent, soumettre toute
cession d'actions ou de valeurs mobilières donnant accès au capital à l’agrément préalable de la société
et à un droit de préemption (Article 853-18). En outre les statuts peuvent prévoir sous certaines
conditions qu'un associé peut être tenu de céder ses actions et en cas de non-exécution de cette exclusion
autorisera la suspension des droits non pécuniaires de cet associé tant que celui-ci n'aura pas procédé à
cette cession (Article 853-19).

A la lecture de ses éléments on peut affirmer que la SAS est actuellement la seule société par action qui
intègre à un niveau aussi élevé la question de l’affectio societatis entre ses associés. C’est une société
fermée. Ici les statuts prévoient librement l’organisation, la direction et le fonctionnement de la société
la loi n’intervenant alors que pour sanctionner toute violation aux dispositions convenues entre les
associés.

SECTION II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SAS

D’entame, il est bon de savoir que les règles de la SA s’appliquent à la SAS tant qu’elles sont compatibles
avec les dispositions spécifiques prévues pour la SAS dans l’AUSCGIE (853-3). Pour le reste, la liberté
laissée aux statuts est grande.

A l’égard des tiers, la société est représentée par un seul organe obligatoire qui est un président, personne
physique ou morale (article 853-8). Il est investi des pouvoirs les plus étendus (Art 853-7 et 853-8).
Outre le président, la société peut se doter d’un directeur général ou d’un directeur général adjoint.

Les dirigeants sociaux, au regard du fait que leur désignation est intimement liée aux dispositions des
statuts, peuvent selon le bon vouloir des fondateurs, être des actionnaires ou non (Article 853-7). Les
règles fixant la responsabilité des membres du conseil d'administration des sociétés anonymes sont
applicables au président et aux dirigeants de la SAS. En outre, il leur est notamment interdit à eux comme
à leurs conjoints, ascendants, descendants et autres personnes interposées, de contracter des emprunts
auprès de la société ou de faire avaliser par elle leurs engagements vis-à-vis des tiers.

Les statuts déterminent également les modalités des assemblées générales et les décisions qui doivent
être soumises aux associés collectivement à l’exclusion de certaines opérations.

Les attributions dévolues aux assemblées générales extraordinaires et ordinaires des sociétés anonymes,
en matière d'augmentation, d'amortissement ou de réduction de capital, de fusion, de scission, d'apport
partiel d'actif, de dissolution, de transformation en une société d'une autre forme, de nomination des
commissaires aux comptes, de comptes annuels et de bénéfices sont, dans les conditions prévues par les
statuts, exercées collectivement par les associés. Les décisions prises en violation de cette règle sont
nulles. Elles sont également nulles lorsqu'elles sont prises de manière collective mais en violation des

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conditions stipulées aux statuts. Dans les sociétés ne comprenant qu'un seul associé, ces attributions sont
exercées par ce dernier.

Selon l’article 853-12 chaque action donne droit à une voix au moins. L’émission, dans le cadre d’une
SAS, d’actions ordinaires ou de préférence est admise.

Certaines clauses statutaires visées aux articles 853-17, 853-18, 853-19, 853-20 ne peuvent être adoptées
ou modifiées qu'à l'unanimité des associés. Elles sont relatives à l’inaliénabilité des actions, l’agrément
de la société à un projet de cession d’action, l’exclusion d’un actionnaire, la suspension des droits non
pécuniaires et à l’obligation d’information de la société associée à la SAS en cas de changement de
contrôle.

La désignation d’un commissaire aux comptes est en principe facultative. Toutefois elle devient
obligatoire lorsque à la clôture de l’exercice social, deux des conditions suivantes :

1) total du bilan supérieur à cent vingt-cinq millions (125.000.000) de francs CFA ;

2) chiffre d'affaires annuel supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs

3) effectif permanent supérieur à cinquante (50) personnes. (Article 853-13)

La société n'est plus tenue de designer un commissaire aux comptes des lors qu'elle n'a pas rempli deux
(2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant l‘expiration du mandat du
commissaire aux comptes. Sont également tenues de designer au moins un commissaire aux comptes les
sociétés par actions simplifiées qui contrôlent, au sens de l'article 174, une ou plusieurs sociétés, ou qui
sont contrôlées par une ou plusieurs sociétés.

De ce qui précède, on peut affirmer sans risque de se tromper qu’avec la création de la SAS, c’est la
consécration du retour en force de la liberté contractuelle. Cependant le danger qui guette la survie de
ces sociétés est réel. Car rien ne dit que l’expertise dans le montage des statuts en vue de prévenir les
conflits, sera au rendez-vous.

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TROISIEME PARTIE : LES GROUPEMENTS DE NATURE PARTICULIERE

CHAPITRE I : LE GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE

Selon l’article 869, alinéa 1er de l’AUSGIE, le groupement d’intérêt économique est celui qui a pour but
exclusif de mettre en œuvre pour une durée déterminée, tous les moyens propres à faciliter ou à
développer l’activité économique de ses membres, à améliorer ou à accroître les résultats de cette
activité.

L’activité du GIE doit être le prolongement des activités des membres, c’est certainement pour mettre
un terme aux dérives constatées actuellement que les rédacteurs de l’AU ont senti la nécessité d’apporter
une importante précision dans l’alinéa 2 de l’article 861. Ce texte est ainsi conçu : « son activité doit se
rattacher à l’activité économique de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire de cette
activité ».

SECTION I. LES TRAITS DISTINCTIFS DU GIE

Le GIE n’est pas nécessairement commercial. Le GIE doit être immatriculé au RCCM, mais c’est
uniquement pour jouir de la personnalité morale et de la pleine capacité civile. L’immatriculation ne lui
confère pas cependant le caractère commercial ; elle ne fait même pas présumer la commercialité du
groupement. Cela résulte clairement de l’article 38 de l’Acte Uniforme relatif au droit commercial
général. Ce texte, après avoir indiqué que toute personne immatriculée au RCCM est présumée avoir la
qualité de commerçant, précise que cette présomption ne joue pas à l’égard des GIE.

Le caractère civil ou commercial du GIE se détermine, dans ces conditions, par rapport à la nature de
l’activité réellement exercée. Si l’activité est commerciale, le GIE sera commercial ; dans le cas
contraire, il sera civil.

Le GIE peut se constituer sans capital. Cela résulte clairement de l’article 870, alinéa 2. Aucun apport
n’est exigé et le GIE fonctionnera, dans ce cas, avec les avances faites par ses membres. La garantie des
créanciers résulte de la responsabilité solidaire et indéfinie de ses membres.

Le but du GIE n’est pas le partage des bénéfices. L’article 870, alinéa 1 er met en avant le caractère non
lucratif du GIE. Selon ce texte, le GIE ne donne pas lieu, par lui-même, à réalisation et à partage de
bénéfice.

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Le GIE peut émettre des obligations aux conditions générales d’émission de ces titres. Il doit, pour
émettre des obligations, être lui-même composé exclusivement de sociétés autorisées à émettre des
obligations.

SECTION II. LA CONSTITUTION DU GIE

Il faut des conditions de fond et de forme.

A. Conditions de fond

Le GIE résulte d’un contrat ; il faut donc remplir les conditions générales de validité des contrats ; il faut
en outre remplir les conditions particulières liées à l’objet et aux membres.

1. L’objet

Le GIE est constitué en vue de mettre en œuvre les moyens propres à faciliter ou à développer l’activité
des membres. Il en résulte que le GIE ne peut être qu’un prolongement de l’activité des membres,
puisqu’il doit la faciliter, la développer ou permettre d’en améliorer ou d’en accroître les résultats.

Le GIE ne peut pas, dans ces conditions se substituer à l’activité de ses membres et ôter à ceux-ci toute
activité propre.

L’objet du GIE doit être économique, ce qui s’entend de toute activité se rapportant à la production, à la
distribution et à la consommation des richesses. Cet objet peut être commercial ou civil ; il doit dans
tous les cas être licite.

2. Les membres

Le GIE doit comprendre au moins deux membres ; ceux-ci peuvent être soit des personnes physiques ou
morales, soit à la fois personnes physiques et morales. Ils doivent exercer une activité économique mais
pas nécessairement commerciale. L’article 871 prévoit à cet égard que les personnes soumises à un statut
législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé peuvent être membres du GIE. Les membres
doivent avoir la pleine capacité civile. Bien qu’ils soient indéfiniment et solidairement responsables du
passif du GIE, ils n’ont pas, de ce seul fait, la qualité de commerçant. Le GIE peut, au cours de son
existence, accepter de nouveaux membres dans les conditions fixées par le contrat.

Les membres ne sont pas tenus de faire des apports puisque le GIE peut se constituer sans capital. Les
droits des membres ne peuvent pas être représentés par des titres négociables.

B. Conditions de forme

Le contrat instituant le GIE doit être établi par écrit. Il est soumis aux mêmes conditions de publicité que
les sociétés. Il doit comporter les indications prévues par l’article 879. Tous les actes et documents
émanant du GIE et destinés aux tiers, doivent indiquer lisiblement la dénomination du GIE suivie des

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mots Groupement d’Intérêt Economique ou du sigle GIE. Toutes les modifications du contrat sont
établies et publiées dans les mêmes conditions que le contrat lui-même ; elles ne sont opposables aux
tiers qu’à compter de cette publicité.

SECTION III. LE FONCTIONNEMENT DU GIE

On va étudier successivement la situation des membres, des organes d’administration et des organes de
contrôle.
A. Les membres

1. La situation individuelle

a. Les droits

Les membres ont tout d’abord le droit de profiter des services du GIE. Ce droit est une conséquence
directe des raisons pour lesquelles le GIE est créé. Ainsi, chaque membre pourra profiter des différents
avantages résultant de l’activité du groupement. Ils ont ensuite le droit de vote. Ils ont enfin le droit de
se retirer ; cela résulte de l’article 876 aliéna 3 aux termes duquel « tout membre peut se retirer du GIE
dans les conditions prévues dans le contrat sous réserve qu’il ait exécuté ses obligations ».

b. Les obligations

Il s’agit essentiellement de l’obligation aux dettes. Rappelons que les membres du GIE sont indéfiniment
et solidairement responsables du passif du GIE.
Selon l’article 873 alinéa 1er, ils sont tenus des dettes sur leur patrimoine propre ; toutefois un nouveau
membre peut, si le contrat le permet, être exonéré des dettes nées antérieurement à son entrée dans le
GIE.
La décision d’exonération doit être publiée. Il faut signaler que les créanciers du GIE ne peuvent
poursuivre le paiement des dettes contre un membre qu’après une mise en demeure adressée au GIE et
restée infructueuse.

Les membres du GIE sont tenus solidairement des dettes du GIE, mais la règle n’est pas d’ordre public,
puisqu’elle peut être écartée par une convention contraire passée avec le tiers contractant.
C’est le contrat qui fixe la part contributive de chaque membre ; à défaut, la contribution se fait de
manière égalitaire.

2. La situation collective

Les membres du GIE sont réunis en assemblée dont les règles de quorum et de majorité sont fixées dans
le contrat. Dans le silence du contrat, les décisions sont prises à l’unanimité. L’Assemblée se réunit
obligatoirement à la demande d’un quart des membres. Le vote en assemblée se fait en principe par tête
et chaque membre dispose d’une voix. Toutefois, le contrat peut attribuer à chaque membre un nombre
de voix différent de celui qui est attribué aux autres. L’assemblée générale des membres est habilitée à

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prendre toute décision y compris la dissolution anticipée ou la prorogation dans les conditions
déterminées par le contrat.

B. L’administration du GIE

Le GIE est administré par une ou plusieurs personnes physiques ou morales. S’il s’agit d’une personne
morale, elle doit désigner un représentant permanent qui encourt les mêmes responsabilités que s’il était
administré en son nom propre.
Dans les rapports avec les tiers, un administré engage le GIE pour tous actes entrant dans l’objet de
celui-ci et toute limitation des pouvoirs est inopposable aux tiers. Sous réserve de ces règles, le contrat
ou à défaut l’assemblée des membres, organise librement l’administration du GIE et nomme les
administrateurs dont il détermine les attributions, les pouvoirs et les conditions de révocation.

C. Le contrôle du GIE

Il y a un double contrôle : d’une part, un contrôle de gestion et, d’autre part un contrôle des états
financiers de synthèse.

1. Le contrôle de gestion

Il est exercé dans les conditions prévues par le contrat ; toutefois, lorsqu’un GIE émet des obligations,
le contrôle de gestion doit être exercé par une ou plusieurs personnes physiques nommées par
l’assemblée. La durée de leur fonction et leur pouvoir sont fixés dans le contrat.

2. Le contrôle des états financiers de synthèse

Il est exercé dans les conditions prévues par le contrat ou par un ou plusieurs commissaires aux comptes
choisis sur la liste officielle des commissaires aux comptes et nommés par l’assemblée pour une durée
de 6 exercices.

Ces commissaires aux comptes ont le même statut, les mêmes attributions et les mêmes responsabilités
que ceux des sociétés anonymes, sous réserve des règles propres au GIE.

SECTION IV- LA DISPARITION DU GIE

A. La dissolution

1. Les causes
Les causes de dissolution sont les suivantes :
- l’arrivée du terme,
- la décision des membres prise en assemblée,
- la décision judiciaire de dissolution pour justes motifs,

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- le décès d’une personne physique membre ou la dissolution d’une personne morale


membre sauf clause de continuation,
- la survenance chez un membre d’une incapacité, d’une faillite personnelle ou d’une
interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler une entreprise sauf clause
de continuation dans le contrat ou décision de continuation prise à l’unanimité.

2. Effet de la dissolution

La dissolution entraîne la liquidation du GIE, mais sa personnalité morale subsiste pour les besoins de
la liquidation. Celle-ci s’opère conformément aux dispositions du contrat, en as de silence du contrat, un
liquidateur est nommé par l’assemblée des membres, et à défaut, par décision du présent de la juridiction
compétente.

Le liquidateur paie les dettes et répartir l’excédent d’actif entre les membres dans les conditions prévues
par le contrat ou en cas de silence du contrat, par parts égales.

B. La transformation

L’AU n’envisage que la transformation du GIE en société en nom collectif. A cet égard, il prévoit (article
882 alinéa 2) que le GIE peut être transformé en SNC sans donner lieu à dissolution, ni à création d’une
personne morale nouvelle.

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CHAPITRE II : LA SOCIEIETE EN PARTICIPATION

SECTION I : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DE LA SEP

La société en participation (SEP) est régie par le livre 1er de l’Acte uniforme révisé relatif aux sociétés
commerciales et au groupement d’intérêt économique.

Elle peut être définie comme étant la société dont les associés conviennent librement qu’elle ne sera pas
immatriculée au Registre du commerce et du crédit mobilier et qu’elle n’aura pas la personnalité morale.

La société en participation est donc en principe dissimulée aux tiers. En ce sens, elle est dite « société
occulte ». Dans une telle société, seul le gérant est connu des tiers. Celui-ci agit en son nom et pour son
compte, sans révéler aux tiers le contrat qui l’unit avec l’ensemble des participants.

Toutefois, il arrive que les coassociés révèlent aux tiers l’existence de la société en participation et, dans
cette hypothèse, la société devient ostensible. Les associés agissent alors au vu et au su des tiers, quand
bien même la société n’aurait pas été immatriculée au Registre du commerce et du crédit mobilier
(RCCM).

Ce type de société présente enfin l’avantage de permettre aux parties de bénéficier des règles du droit
des sociétés sans devoir subir le lourd formalisme imposé. De par sa flexibilité, elle peut s’avérer très
utile, lorsque les associés souhaitent former ensemble un consortium secret ou une joint-venture (issue
de la common law)

SECTION II LA CONSTITUTION DE LA SEP

I. Les conditions de fond

Comme pour toute forme de société, la constitution d’une société en participation requiert la réunion de
plusieurs conditions de fond. Celles-ci ont trait aux associés, à l’objet social et aux apports.

A. Les associés

Concernant les associés, la SEP requiert, pour sa constitution et pour son maintien, au minimum deux
personnes. L’Acte uniforme ne prévoit, par contre, aucun nombre maximum pour le nombre d’associés.

Les associés peuvent être des personnes physiques ou morales. Ils doivent respecter les règles relatives
au consentement et à la capacité.

B. L’objet social

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L’objet social peut être civil ou commercial. Cette précision résulte de deux dispositions, les articles 855
et 856 de l’Acte uniforme relatif aux sociétés commerciales et au groupement d’intérêt économique. Les
associés conviennent en effet librement de l’objet de la société en participation. Toutefois, ils sont
soumis à une limite : l’objet social doit être licite. Serait illicite la société en participation constituée en
vue de réaliser une entente économique, ou pour détourner une réglementation professionnelle ou encore
celle qui a pour objet une activité réservée à certaines formes de sociétés.

Pour le surplus, l’objet de la société en participation doit résider dans une activité commune, et non
uniquement sur le prolongement de l’activité d’un des participants.

C. Les apports

La SEP ne dispose pas de capital social. Dans la mesure où elle ne dispose pas de la personnalité
juridique, elle ne saurait être titulaire de droits de propriété. Mais, elle suppose néanmoins des apports
sans lesquels une société ne peut se constituer. Il n’est pas indispensable qu’ils soient effectivement
réalisés. Les biens apportés restent ainsi de la propriété de l’apporteur qui n’en concède que la jouissance.
Tout type d’apport (apport en numéraire, apport en nature ou apport en nature) est admissible dans une
société en participation.

II- Les conditions de forme

Si la constitution de la société en participation est assujettie à des conditions de fond, elle se singularise
toutefois par une absence de conditions de forme. Si la rédaction d’un écrit (statuts ou autres) n’est pas
rendue nécessaire, cependant, en pratique, il sera prudent d’établir des statuts, et ce, afin de permettre
aux associés de prévoir entre eux les règles auxquelles ils entendent se soumettre.

Eu égard à l’absence de forme écrite, la preuve de l’existence de ce type de société peut être apportée
par toute voie de droit : écrits, témoignages et présomptions, ou encore livres de commerce.

Entre les associés, il y a lieu de prouver la réunion des trois éléments constitutifs du contrat de société,
à savoir l’apport, le partage des bénéfices ou des économies et pertes ainsi que l’affectio societatis.

Les tiers, quant à eux, peuvent se contenter de la simple apparence extérieure, pour autant qu’ils
établissent que « cette apparence les a portés, de bonne foi, à croire à l’existence de la société ».
L’apparence de la société s’apprécie de manière globale, sans tenir compte de l’apparence de chacun des
éléments constitutifs de toute société.

Par ailleurs, la société en participation ne nécessite pas d’immatriculation au RCCM ni de publicité


légale. Il est dans sa nature d’être et de rester occulte. Il en résulte que la société en participation ne
dispose pas de la personnalité juridique ni de patrimoine propre et qu’elle ne peut ester en justice.

Le fait, pour les associés, d’essayer de procéder à une publicité peut entrainer à leur égard des
conséquences négatives. Les tiers peuvent en effet considérer cette publicité comme étant la preuve
d’une participation des associés et, partant, de leur responsabilité dans les dettes de la société.

Précisons enfin que les règles de formation de la société en participation, bien que très souples, doivent
être respectées, sous peine de nullité.

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SECTION III LA GERANCE DE LA SOCIETE EN PARTICIPATION

I. La désignation et révocation des gérants

Conformément au principe de liberté contractuelle posé par l’article 855 de l’Acte uniforme, les associés
sont libres de désigner ou non un ou plusieurs gérants, pris parmi ou en dehors d’eux.

Le ou les gérants peuvent être des personnes physiques ou morales. Dans ce dernier cas, la personne
morale gérante sera représentée par son dirigeant légal, sauf délégation expresse de pouvoirs.

Les statuts déterminent le plus souvent les conditions de nomination. Ces derniers sont en principe
nommés à l’unanimité des associés. A défaut d’accord des associés sur la nomination du ou des gérants,
il convient d’appliquer, conformément au renvoi opéré par l’article 856 de l’Acte uniforme, les
dispositions relatives à la société en nom collectif. Il en résulte que tous les associés seront gérants de la
société en participation. Le mandat du ou des gérants de la société en participation a, en principe, une
durée identique à celle de la société même. Toutefois, une durée plus courte peut être prévue. Par ailleurs,
le gérant a la possibilité, avant la fin de son mandat, de cesser ses fonctions en démissionnant. En cas de
refus de sa démission par les autres participants et de préjudice causé à l’activité de la société, le gérant
peut être condamné à leur verser des dommages et intérêts

Les modalités de la révocation du ou des gérants sont le plus souvent prévues dans les statuts. En
l’absence de précision dans les statuts, les dispositions applicables sont celles relatives à la société en
nom collectif.

II. Les pouvoirs et obligations des gérants

Les associés prévoient généralement dans les statuts les pouvoirs du ou des gérants. A cet égard, ils ont
la possibilité d’accorder au(x) gérant(s) les pleins pouvoirs. Mais, pour ce faire, ils ne doivent procéder
à aucune limitation de leurs pouvoirs. Pareille limitation conventionnelle est toutefois inopposable aux
tiers.

En cas de silence des statuts, il y a lieu d’appliquer les dispositions relatives aux sociétés en nom
collectif, si la société en participation a un objet commercial, ou de faire référence à l’article 1848 du
Code civil, si son objet social est civil.

S’agissant des obligations du ou des gérants de la société en participation, il y a lieu de préciser que le
gérant est tenu, à l’instar de tout mandataire, de rendre compte de ses actes à chaque associé et de se
conformer aux conventions conclues entre les parties. Dans la pratique, il tient un compte de
participation ouvert en sa comptabilité personnelle, qui fournit les données nécessaires à l’arrêt des
comptes. D’autres méthodes de comptabilisation peuvent toutefois être envisagées. Chaque associé a un
droit individuel à recevoir et à approuver ces comptes. Toutefois, il leur est impossible d’exiger un
règlement des bénéfices distribuables. En effet, leur distribution ne peut avoir lieu que lors du règlement
final suivant la dissolution de la société en participation, à moins que les statuts ne prévoient le contraire.

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Tout gérant qui a commis une faute de gestion à l’occasion de ses fonctions engage sa responsabilité
civile à l’égard des coassociés. En outre, il peut voir sa responsabilité pénale engagée en cas d’abus de
confiance.

SECTION III- FONCTIONNEMENT

Le fonctionnement de la société en participation sera examiné en abordant successivement les rapports


entre associés, les relations vis-à-vis des tiers et la gestion des biens mis à la disposition de la société.

I. Les rapports entre participants

Ils sont régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom collectif, sauf disposition contraire.

C’est dans ce cadre qu’il convient d’analyser les droits que le législateur OHADA leur confie et les
obligations qui les incombent.

Les associés de la société en participation ont des droits importants, au nombre desquels figurent le droit
de participer à la gestion sociale et aux décisions collectives, le droit sur les parts et bénéfices ainsi que
le droit de retrait.

Quant aux obligations des participants, il convient de souligner que chacun d’eux est tenu de libérer
l’apport promis, dont il est débiteur envers tous les autres associés, lesquels ont la possibilité d’en
demander l’exécution. Le non-respect de cette obligation est rigoureusement sanctionnée en cas d’apport
en numéraire par l’article 43 de l’Acte uniforme, lequel dispose que « les sommes dues portent de plein
droit intérêt au taux légal à compter du jour où le versement devait être effectué, sans préjudice de
dommages et intérêts s’il y a lieu ». Précisons encore que le droit aux bénéfices a forcément comme
corollaire, pour le participant, la contribution aux pertes sociales. Toute stipulation contraire serait
considérée comme une clause léonine.

II- Les relations avec les tiers

Dans le cadre des relations qu’entretient le gérant de la société en participation avec les tiers, le principe
est celui de la responsabilité personnelle. En effet, le gérant n’agit pas comme un gérant classique ni en
tant qu’associé ; il contracte en son nom personnel. Les tiers agissant viennent ainsi en concours avec
les créanciers personnels du gérant, dont le droit est né d’une opération étrangère à la participation. De
la même manière, le coparticipant non gérant qui signe lui-même un contrat pour le compte de la
participation demeure personnellement engagé, dans la mesure où il a accompli des actes positifs
révélant, indiscutablement, aux yeux des tiers sa qualité d’associé

La responsabilité encourue par les participants agissant expressément en qualité d’associés auprès des
tiers est, par ailleurs, indéfinie et solidaire. Il en va de même pour l’associé qui, par son immixtion, laisse
croire au contractant qu’il entendait s’engager à son égard et dont il est prouvé que l’engagement a tourné
à son profit.

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III. La gestion des biens mis à la disposition de la société en participation

Le législateur OHADA opère une distinction selon que les biens soient personnels ou indivis.

A. La gestion des biens personnels

Elle est régie par l’article 857 de l’Acte uniforme, lequel dispose que « les biens nécessaires à l’activité
sociale sont mis à la disposition du gérant de la société. Toutefois, chaque associé reste propriétaire des
biens qu’il met à la disposition de la société ».

Plusieurs conséquences résultent de ce principe de propriété personnelle :

- Premièrement, chacun des associés conserve le droit d’aliéner son bien mais, il reste débiteur de
l’obligation de mise à disposition.

- Deuxièmement, l’associé qui apporte un fonds de commerce à la société reste le seul titulaire du
droit au renouvellement.

- Troisièmement, les créanciers personnels de l’apporteur peuvent exercer leur droit de gage sur
le bien mis à disposition de la société, étant donné que celui-ci est resté propriétaire de ce bien.
A l’inverse, les créanciers sociaux ne peuvent faire valoir de droit sur ledit bien.

- Quatrièmement, lorsqu’une procédure collective s’ouvre contre le gérant détenteur du bien


apporté, l’apporteur, resté vis-à-vis des tiers le propriétaire apparent, est en droit de le
revendiquer et de s’opposer à sa vente par les organes de la procédure. Il a ainsi la possibilité de
faire échapper son bien à la collectivité des créanciers.

B- La gestion des biens indivis

Elle est réglementée par l’article 859 de l’Acte uniforme, lequel dispose que « sont réputés indivis entre
les associés, les biens acquis par emploi ou remploi de deniers indivis pendant la durée de la société et
ceux qui se trouvaient indivis avant d’être mis à la disposition de la société ». Le sont également les
biens que les associés auraient convenu de mettre en indivision.

Les règles applicables à la gestion des biens qui font l’objet d’une indivision sont celles relatives, dans
chaque Etat partie, à l’indivision légale et conventionnelle. Il convient toutefois de délimiter les droits
des créanciers sur les biens indivis, lesquels divergent selon que leur titulaire est un créancier personnel
des associés ou un créancier de l’indivision.

En effet, les créanciers de l’indivision peuvent faire saisir et vendre les biens indivis pour se faire payer
sur lesdits biens. Une telle faculté n’est, par contre, pas reconnue aux créanciers personnels. Toutefois,
rien n’interdit aux associés d’insérer dans les statuts des stipulations contraires leur accordant le droit de
demander le partage des biens indivis.

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SECTION IV LA DISSOLUTION DE LA SOCIETE EN PARTICIPATION

La société en participation peut, tout d’abord, prendre fin par une des causes de dissolution communes
aux sociétés commerciales. Il convient de les adapter, compte tenu du fait que la société en participation
n’a pas la personnalité morale.

Ainsi, la société en participation peut être dissoute par :

- L’expiration du terme ;
- La réalisation ou l’extinction de l’objet social ;
- L’annulation du contrat de société ;
- La dissolution anticipée par les associés ;
- La dissolution judiciaire ; et
- Toute autre cause prévue par les statuts.
En revanche, la société en participation, contrairement aux autres sociétés commerciales, ne peut prendre
fin par jugement ordonnant la liquidation des biens de la société, puisqu’elle ne peut pas être sujette à
une procédure collective.

Les causes de dissolution des sociétés de personnes, et plus particulièrement de la société en nom
collectif, s’appliquent également à la société en participation. Ces causes de dissolution sont le décès
d’un associé, l’incapacité, la faillite ou l’interdiction d’exercer le commerce, pour autant que la société
ait un objet commercial. Toutefois, la société n’est dissoute qu’en l’absence d’une clause statutaire ou
d’une clause dans le contrat de société, prévoyant que la société persistera nonobstant la survenance de
l’une de ces causes.

L’Acte uniforme, en son article 863, prévoit enfin une cause de dissolution propre à la société en
participation. Cet article dispose en effet que lorsque la société est à durée indéterminée, l’un des associés
peut y mettre fin à tout moment moyennant une notification adressée à tous les associés, par lettre au
porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, pour autant que
cette notification soit faite de bonne foi et non à contretemps. A, notamment, été considérée comme une
notification à contretemps, celle intervenue durant la période du premier établissement et avant qu’un
associé ait pu retirer le profit des capitaux qu’il avait avancés.

Après avoir été dissoute pour l’une des causes énumérées ci-dessus, la société doit être liquidée.
Toutefois, la liquidation d’une société en participation présente quelques singularités. En effet, elle vise
seulement à établir les comptes en vue d’un règlement de compte final entre les associés. Compte tenu
de l’absence de patrimoine social, il n’y a en effet pas lieu de procéder à la réalisation de l’actif social et
au paiement des dettes de la société. Il s’ensuit que l’article 205 de l’Acte uniforme relatif aux sociétés
commerciales et au groupement d’intérêt collectif est sans application en la matière.

Le règlement des comptes est en principe établi par le gérant, le cas échéant par l’un des participants. Si
les participants ne parviennent pas à s’entendre sur la personne chargée du règlement des comptes, la
seule solution est de recourir à une désignation judiciaire.

A la suite de l’établissement des comptes, le règlement final entre associés conduit à repartir entre eux,
soit les pertes subies, soit le reliquat d’actif. En principe, chaque participant reprend, après l’apurement

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du passif et le calcul des droits de chacun, les apports en nature dont il est resté propriétaire et dont il a
cédé la jouissance à la société. Le participant a également le droit de reprendre les apports faits en
propriété.

Si l’apport fait en propriété est devenu la propriété du gérant, l’apporteur peut en demander la restitution,
sauf convention contraire. La question de savoir si la restitution doit s’effectuer en valeur ou en nature
demeure toutefois controversée en doctrine française : certains auteurs estiment qu’à défaut de
convention contraire, seule une reprise en valeur est possible ; d’autres affirment le contraire, se fondant
sur les dispositions de l’article 1844-9 du Code civil.

Quant aux biens indivis, ils sont partagés suivant la loi nationale

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CHAPITRE III : LA SOCIETE CREEE DE FAIT ET LA SOCIETE DE FAIT

La société créée de fait et la société de fait sont définies par le droit OHADA qui a précisé le contenu
des deux notions, aux articles 864 et 865 de l’Acte uniforme révisé relatif au droit des sociétés
commerciales et au groupement d’intérêt économique.

Il y a société créée de fait, lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales se comportent
comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une des sociétés reconnues par l’Acte uniforme
révisé relatif au droit des sociétés commerciales et au groupement d’intérêt économique.

En revanche, il y a société de fait, lorsque deux ou plusieurs personnes physiques ou morales ont
constitué entre elles l’une des sociétés reconnues par le présent Acte uniforme mais qui comporte un
vice de formation non régularisé ou ont constitué entre elles une société non reconnue par le même Acte.

Cette définition est à combiner avec les dispositions de l’article 115, qui prévoit également l’hypothèse
où les associés ont souhaité créer une société, mais n’ont pas établi par écrit le contrat de société (ou le
cas échéant l’acte unilatéral de volonté).

La distinction entre société créée de fait et société de fait ne réside qu’au niveau de leur processus de
création respectif.

L’existence d’une société créée de fait ou d’une société de fait peut-être prouvée par toute voie de droit.
Ainsi, cette preuve peut être rapportée par la déclaration des parties et des témoins, lesquels ont démontré
l’existence d’investissement et de dépenses communes dans l’exploitation d’une boutique5. A contrario,
l’absence d’apport suffit à caractériser l’inexistence d’une société de fait.

Au niveau des éléments constitutifs de la société créée de fait ou de la société de fait, il y a lieu tout
d’abord d’établir que des apports (en numéraire, en nature ou en industrie) ont été effectué. La
démonstration d’apports suffisamment déterminés permet d’identifier les membres de la société. Il a
ainsi été décidé que celui qui n’a pas, dans l’exploitation commune d’un laboratoire fait d’apports ne
dispose par de qualité d’associés.6

La recherche des bénéfices et la contribution aux pertes sont également retenus comme un critère de
reconnaissance de la société créée de fait ou de la société de fait.

L’affectio societatis, défini comme la volonté de collaborer à une entreprise commune est un élément
qui devra aussi être démontré. Il a ainsi été jugé que les nombreux voyages à l’étranger effectués par les
parties dans le cadre de l’Acte dit « Attestation d’association », illustrent cette volonté.

5
Cour d’appel de Dakar, arrêt du 20 janvier 2003, Gueye C/ Gueye, Ohadata J-03-147.
6
Cour suprême de la Côte d’Ivoire, Arrêt 570-02 du 04 juillet 2002

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Peu importent les dispositions dont les membres de la société de fait ont pu convenir, le régime
juridique applicable aux sociétés créées de fait ou aux sociétés de fait, dont l’existence a été reconnue
en justice, est celui qui s’applique aux sociétés en nom collectif.

Ainsi, tous les associés sont responsables indéfiniment et solidairement des dettes de la société.

Il convient, en outre, de rappeler que les créanciers sociaux doivent préalablement s’adresser à la société
débitrice ; ce n’est qu’en cas de défaillance de celle-ci qu’ils peuvent poursuivre les associés 60, voire
90 jours plus tard.

Par ailleurs, l’associé qui se retire de la société reste, même après son retrait, tenu solidairement et
indéfiniment envers les tiers des dettes sociales antérieures à celui-ci.

Enfin, s’agissant de la dissolution et de la liquidation de la société créée de fait ou de la société de fait,


il y a lieu de se référer aux règles de la société en nom collectif (articles 290 à 292 de l'Acte uniforme
révisé relatif au droit des sociétés commerciales et au groupement d’intérêt économique).

Plus spécifiquement, lorsqu’il n’y a plus d’affectio societatis dans une société de fait, la dissolution de
cette société doit être prononcée conformément aux articles 200-5 et 201, alinéa 2 de l’AUDSC et,
partant, la société doit être liquidée selon l’article 868 de l’Acte uniforme révisé relatif au droit des
sociétés commerciales et au groupement d’intérêt économique.

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